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Avril 2014 -N°1

EDITO

Le comité de rédaction de Fanm ouvè zié’w, le journal de notre association féministe Culture Égalité, a décidé à l’unanimité que notre premier numéro serait consacré au sexe. Pourquoi le sexe ? C’est en effet ce sexe biologique qui ferait de nous le sexe faible que l’on domine, que l’on humilie, que l’on chosifie, que l’on vend. Bien sûr, nous n’avons pas la prétention de dire aux femmes ce qu’elles doivent penser ou faire, nous voulons juste offrir à nos lectrices des éléments de réflexion, une autre grille de lecture des rapports hommes-femmes : Fanm ouvè zié’w, ce sont des témoignages, des quizz, des données brutes, avec peu ou pas de commentaires pour vous laisser libres de vous les approprier, de vous questionner. Ce premier numéro s’ouvre avec le récit d’un calamiteux PREMIER RAPPORT SEXUEL. Une façon de s’interroger sur ce moment censé être librement choisi, supposé faire de nous des femmes, des vraies. Pour un peu plus de 8 femmes sur 10, le premier rapport n’est donc pas une réussite. Est-ce une fatalité d’avoir mal ? Si l’on s’en tient à la simple biologie, NON. Une des explications tient sans doute au fait que LES FEMMES CONNAISSENT TRÈS MAL LEUR SEXE et leurs besoins. Manque de curiosité induit par un conditionnement social ?

Les femmes n’auraient donc d’autre regard sur leur sexe que celui des hommes – qui n’ont pas non plus appris à se soucier de connaître le sexe et les besoins des femmes. La MARCHANDISATION DU SEXE, un secteur extrêmement florissant et lucratif, majoritairement aux mains d’hommes et dont les femmes sont les objets.de très nombreuses femmes se plient au diktat tant le conditionnement est si fort que nous imposons nous-mêmes des contraintes qui viennent s’ajouter à celles (multiples) que la société a déjà dressées devant nous. Autre exemple, nous sommes tellement amenées à penser que nous sommes des sexes – des femmes – avant d’être des êtres humains, que nous sommes nombreuses à subir au quotidien, sur le lieu de travail ou dans la rue, du HARCÈLEMENT SEXUEL sans même nous en rendre compte ou en l’acceptant parce que « ça toujours été comme ça ». Le chemin vers la liberté ne commencerait-il pas par un questionnement personnel ? Alors ouvrons les yeux, restons vigilantes face à tout ce qui peut entraver cette liberté ! Géraldine de Thoré (Membre de l’association Culture Egalité et du comité de rédaction de Fanm ouvè zié’w)

« MA PREMIÈRE FOIS »

J’étais vaguement amoureuse de R., il embrassait bien et puis j’avais 17 ans, il était temps que je saute le pas. Le jour où j’ai perdu ma virginité, je n’avais jamais vu de sexe en érection. Depuis quelque temps R. se faisait de plus en plus pressant et j’avais donc décidé de céder, beaucoup par amour, un peu par curiosité et vaguement par désir. C’était les vacances. R. avait préparé un pique-nique de nuit, à la lueur des bougies. Il était gentil, R. J’étais un peu inquiète, mais sans plus. Ça a commencé par des baisers, puis sentant que j’étais d’accord pour « le faire » et de peur que je change d’avis, R. a mis le turbo. En 2 mn chrono, mon tee-shirt et mon soutien gorge étaient tassés en gracieux boudin autour de mon cou et je n’avais plus de culotte. A ce stade, mon désir s’était totalement évanoui, mais R. avait l’air tellement content ! Il y avait cependant un détail assez énervant : R. persistait à vouloir m’écraser l’entrejambe avec son genou. J’attirai donc son attention sur ce fait. Lorsqu’il me répondit d’une voix rauque « c’est pas mon genou », je compris que les choses allaient mal tourner. Comment vous dire ? Vous vous souvenez des puzzles de votre enfance où il fallait mettre le rond dans le trou du rond, le carré dans le trou du carré et l’étoile dans le trou de l’étoile ? Eh bien là, j’avais l’impression qu’on essayait de faire rentrer par la force le carré dans le trou du rond. L’horreur. Pourquoi ai-je supporté cela ? Je ne sais pas. Si j’avais dit à R. que j’avais très mal, il aurait sans doute arrêté. Bien entendu, le lendemain, j’ai refusé de revoir cet être monstrueux, ce trépied humain. Le pauvre, il n’a pas compris pourquoi.


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