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RCADES Créations culturelles & patrimoines En Poitou-Charentes

Aux sources de l’Art Nouveau 17 ■ Royan

sur les Sentiers des Arts

79 ■ Rom

la déesse oubliée

86 ■ Châtellerault 150 ans de La Manu

16 ■ Cognac

l’avenir des chais en ville

[02] Automne 2013 Charente ■ Charente-Maritime ■ Vienne ■ Deux-Sèvres ■


La Licorne et le Bézoard Exposition 18 octobrE 2013 -16 mars 2014

© musées de Poitiers, Ch. Vignaud - Création mapie.fr

Une histoire des cabinets de curiosités d’hier à aujourd’hui

Poitiers Musée Sainte-Croix et Espace Mendès France rue Jean-Jaurès

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ARCADES en Poitou-Charentes #2

Patrimoines, attention fragile… A

ÉDITO

ntique ou industriel, paysager ou historique, immatériel ou artistique, le patrimoine peut s’envisager sous de multiples aspects. Il semble d’ailleurs plus juste de parler DES patrimoines. Ce numéro #2 d’ARCADES en Poitou-Charentes a choisi de vous en faire découvrir certaines facettes, des plus antiques au plus contemporaines. Toutes, également riches et passionnantes, racontent autant le passé qu’elles imaginent l’avenir. Car sans aucun doute, le patrimoine c’est l’avenir ! Y compris - surtout ? - d’un point de vue économique comme le souligne très justement Dominique Saumet (voir page 66-71) dans ce numéro #2. En effet, si la région figure parmi les premières destinations touristiques - et cette activité est devenue une filière économique à part entière - elle le doit principalement à ses multiples richesses patrimoniales, fondements de son attractivité grâce à la préservation, l’entretien et l’embellissement mené depuis des générations pour cet héritage commun qui « maille » notre territoire. Ce travail humain, souvent très spécialisé et « non délocalisable », est une activité économique à part entière ! Quant aux paysages, autant menacés aujourd’hui qu’il y a un siècle, leur préservation reste un combat à poursuivre encore et toujours. Ne serait-ce que pour contribuer ainsi

à cette fameuse « qualité de vie », cette aspiration commune à évoluer dans un cadre de beauté et d’harmonie. Alors rien ne doit-il évoluer ? Faudrait-il tout préserver et à tout prix ? Non, bien sûr ! Car la ville s’est toujours construite sur elle-même, et ce que l’on croit immuable n’est jamais qu’éphémère. Il suffit de quelques heures pour ruiner le travail de plusieurs siècles. L’incendie de l’hôtel de ville de La Rochelle le 28 juin dernier nous le rappelle cruellement. Certes, il sera toujours possible de reconstruire ce que la destruction a effacé, et le patrimoine bâti d’autant plus facilement. Ruiné par un incendie en 1994, le parlement de Bretagne à Rennes est aujourd’hui plus magnifique que jamais, même s’il n’est plus tout à fait identique à son original. Il en sera de même pour l’hôtel de ville de La Rochelle. Mais quid du patrimoine « immatériel » ou « paysager » ? Quid des langues que plus personne ne parle faute de locuteurs ? Des espèces animales anéanties ? Des paysages défigurés ? Des arbres centenaires abattus à jamais ? Alors oui, si le patrimoine est notre avenir… Il est aussi fragile. Très fragile. ■■Philippe Arramy Directeur de la Rédaction

Le château ruiné de Saint-Germain-de-Confolens, dominant les rives de la Vienne. Le “Site de la vallée de l’Issoire” est classé le 10 février 2005

Arcades #02

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Point 07 Contre Des navires classés… et des hommes pour en causer !

Sommaire

historiques 08 Monuments Le patrimoine, une passion française 14 Région Aux sources de l’art nouveau Rochelle 24 La L’hôtel Babut, un bijou dans son écrin 28 Cognac La seconde vie des chais 36 Airvault Ensemble, valoriser les patrimoines 38 Charente Les templiers peints de Cressac 40 Angoulême Les métamorphoses de Saint Cybard 46 Rom J’étais une déesse 50 Châtellerault La Manu, 150 ans d’histoire industrielle et ouvrière

56 Rochefort Un temple maçonnique bientôt classé 58 Portfolio Rencontres avec des arbres remarquables 66 Paysages Pour que la beauté soit durable ! Royannais 72 Pays Sur les sentiers des arts debout 82 L’homme géants en chantiers, géants enchanteurs Pyramid 86 Cie Hip-hop, au large de la danse résidences 90 En au CNAR et au Centre Intermondes 92 Actus Rendez-vous 96 Lectures

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ARCADES en Poitou-Charentes

Directeur de la publication : Philippe Arramy Direction administrative et commerciale : Joëlle Mandon Direction artistique : Cyril Fernando Développement web : Sylvain Arramy-Leroux Secrétariat de rédaction : Floréal Ont participé à la rédaction de ce numéro : Abel Désert, Delphine Hugonnard-Bruyères, Dominique Saumet, Elian Monteiro, Florent Gaillard, Isabelle Wagon-Berger, Jean Marcheur, Ludovic Malecot, Muriel Perrin, Nathalie Fiquet, Patricia Molines, Philippe Arramy, Séverine Guin-Gilbert, Stéphane Ceccaldi, Vincent Bretagnolle, Virginie Tostain. ARCADES en Poitou-Charentes tient à remercier pour leur concours et leur soutien : Béatrice Guyonnet (Pays montmorillonnais), Benoît Girard (Pays de Parthenay), Céline Deveza (Pays confolentais), Charlotte de Charrete (Royan), Christelle Bègue (Thouars), Elodie Leclair (Poitiers), Florence Dubois (Rochefort), Laeticia Copin-Merlet (Pays angoumois), Stéphanie Le Lay (Ile de Ré), Muriel Perrin (Saintes), Nathalie Gaillard (Pays mellois), Vincent Bretagnolle (Cognac), Virginie Tostain (Pays châtelleraudais), Géraldine Gillardeau (La Rochelle), Isabelle Oberson (Saintes), Aurélie Ingremeau (Poitiers), Elise Autain (Niort). ARCADES en Poitou-Charentes est édité par A&M Éditions 17 Siège social : 2, Rue Robert Geffré – ZAC les Rivauds Sud – 17000 La Rochelle SARL au capital de 6000,00€ RCS : 522 401 868 00016 – La Rochelle

Abonnements : 06 98 62 00 17 Rédaction : 06 98 39 50 02 courriel : contact@ameditions.fr COMMISSION PARITAIRE : en cours ISSN : 2267-9219 Dépôt légal : à parution Les textes, dessins et photographies publiés dans ce numéro restent la propriété exclusive d’ARCADES en PoitouCharentes. Reproduction et traduction interdites sans accord au préalable d’A&M Editions17. IMPRESSION : Achevé d’imprimer sur les presses de l’imprimerie Lussaud – Groupe Lussaud – 8 Rue Sainte-Catherine des Loges, 85200 Fontenay-le-Comte Imprimé sur du papier issu de forêts certifiées « gestion durable » et de sources controlées.


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RCADES

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Automne 2013

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s & patrimoine

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Aux ces sour de l’Art u Nouvea

Quatre départements, une région, une revue ARCADES en Poitou-Charentes Tous les trois mois, partez sur les sentiers de la création culturelle et des patrimoines et découvrez la région autrement.

n 17 ■ Roya Sentiers sur les des Arts

Retrouvez ARCADES en Poitou-Charentes sur Facebook et sur

m 79 ■ Rosse la dée oubliée

âtellerault 86 ■ Chans 150 de La Manu

ac 16 ■ Cogn r des chais l’aveni en ville

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Contre Point Monuments Historiques,

des Navires classés… et des hommes pour en causer !

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L’Angoumois, témoin de l’âge d’or de la pêche rochelaise, fait partie de la flotte du Musée Maritime de La Rochelle.

epuis 1982, des bateaux sont « élus » au titre de patrimoine, classés, enregistrés, protégés comme monuments historiques… « Enfin ! » diront certains. « Pourquoi ? » demanderont les autres. En effet, notre flotte française classée est bien différente de celles de nos voisins européens. Pas d’équivalent du Wasa, du Mary Rose où du Victory. Mais, au côté de la Duchesse Anne, du Belem et de la Belle Poule, beaucoup de bateaux de travail, de navires scientifiques ou de yachts de croisière. Dans ce paysage patrimonial particulier, les navires du Musée maritime de La Rochelle forment une collection unique : la frégate météorologique France 1, le chalutier pêche arrière l’Angoumois, le remorqueur Saint Gilles, le chalutier classique Manuel-Joël, Joshua, le ketch de Bernard Moitessier, la vedette Duperré, le canot major Drague TD6 et le canot SNSM Capitaine de frégate Leverger. La richesse et la cohérence de cette collection sont principalement liées à la connexion étroite entre les navires et la vie rochelaise. Ils rappellent un passé encore très proche mais qui a disparu du paysage de la ville. Aujourd’hui, le vieux port abrite des navires

de plaisance, tout comme le bassin des chalutiers. La Rochelle jouit d’une renommée liée aux événements qu’elle abrite, à ses innovations, et non plus à la qualité de sa pêche ! Ainsi, le classement des navires rochelais et leur rassemblement au sein du Musée Maritime permettent de garder trace de cette histoire encore récente. À la différence du patrimoine monumental, le patrimoine maritime n’est pas évalué à l’aulne de seuls critères d’âge ou d’esthétique. À ces facteurs objectifs s’ajoutent des éléments moins palpables tels que la réputation du chantier ou de l’architecte, les innovations techniques apportées, la personnalité du navigateur… Ainsi, France 1 ou la TD6 évoquent des techniques d’un autre âge, avant satellites et GPS, L’Angoumois et le Manuel-Joël représentent des tranches d’histoire économique et sociale, des histoires de vies à la mer, Joshua, Damien sont classés pour l’histoire qu’ils racontent, les symboles qu’ils représentent. Autre différence et significative : la plupart de nos navires naviguent ! Et certains, les Yachts Classiques les ancêtres de nos actuels bateaux de plaisance, amarrés sur les quais du Musée, régatent avec autant d’âpreté qu’aux jours de leur neuvage1 ! Se faisant, nos navires gardent leur esprit, et continuent à écrire leur histoire ! Le travail d’inventaire, de collecte de mémoire mené auprès des gens de mer depuis maintenant dix ans accentue cette particularité de nos navires et renforce leur identité : les quais du Musée Maritime de La Rochelle sont un espace d’échange et de rencontres entre marins et visiteurs, un espace de convivialité où les anciens évoquent savoir-faire et souvenirs de mer, l’équivalent du « banc menteux » des ports bretons. Car si les bateaux sont classés et protégés, seule la présence des hommes leur redonne une âme. ■■Nathalie Fiquet Directrice adjointe du Musée Maritime de La Rochelle Note 1 : neuvage : état d’un navire à la fin de sa construction, à son entrée en service.

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Arcades #02


La Charente-Maritime ouvre son musée à Fort Boyard…

CULTURE

Découvrez

les 4 premières

Expositions virtuelles

www.aggelos.fr - Photos © CG17 / ghoststone - Fotolia.com / Thinkstock / Aggelos / François Poche / Philip Plisson - Septembre 2013

depuis chez vous !

La traite négrière rochelaise au xviiie siècle. Un commerce pour gens ordinaires ?

Entre ciel et mer

Photographies de Philip Plisson, Peintre de la Marine.

Les Prix des

Mouettes

Un palmarès d’exception.

exposvirtuelles.charente-maritime.fr

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La Charente-Maritime, à la rencontre d’une âme

Photographies de François Poche.


Monuments historiques

HÉRITAGE

Le patrimoine, une passion française Depuis trente ans, et cette année les 14 et 15 septembre, les Journées Européennes du Patrimoine montrent l’attachement des Français aux œuvres architecturales et aux lieux de mémoires. Ce lien à un passé commun souligne et met en évidence l’attachement aux trésors façonnés par les générations passées. ■ Abel Désert

C

haque année en septembre, les Journées Européennes du Patrimoine obtiennent un succès médiatique et populaire qui ne se dément pas. Ces Journées sont un moment particulier de mise en valeur de richesses architecturales militaires et religieuses, archéologiques, industrielles . Un patrimoine que des particuliers ou institutions publiques, s’évertuent à préserver. C’est aussi, et peutêtre surtout, l’occasion de rappeler à chacun que ce patrimoine est accessible à tous, qu’il peut être visité toute l’année, avec des guides compétents. Cette année, les Journées célèbrent leur trentième anniversaire, mais aussi un siècle de protection, de classement et d’inscription à travers une loi éminemment patrimoniale. Cette loi de 1913 est « le monument » de la politique

de protection des monuments historiques et forge une véritable pensée du patrimoine en France. De fait, en 100 ans de protection, le bilan régional est éloquent. Avant la loi, 51 monuments étaient protégés, grâce notamment au travail de Prosper Mérimée au XIXe siècle. Aujourd’hui ce sont 2 150 monuments de Poitou Charentes qui bénéficient du classement ou de l’inscription à l’inventaire. Une des premières régions en France ! Beaucoup de ces « monuments » sont tout à fait accessibles tout au long de l’année. Soit par le biais de visites guidées, soit par le simple fait qu’ils sont aujourd’hui encore en pleine activité et qu’ils font partie de notre quotidien… Arcades vous propose un tour de région, dans quelques-uns de ces lieux remarquables. ⚈

Patrimoine, cent ans d’évolutions Qu’est-ce que le patrimoine ? Durant le XXe siècle, cette question va enrichir la notion même. L’extension de son périmètre est anthropologique ou ethnologique, mais aussi typologique avec l’ouverture au patrimoine industriel, scientifique et technique et le petit patrimoine rural. Depuis Ludovic Vitet et Prosper Mérimée avec les premières listes entre 1842 à 1875, le chemin a été long. La première loi sur les monuments historiques est adoptée en 1887. Les principales innovations de la loi de 1913 permettent de classer un immeuble ou un objet mobilier au titre des monuments historiques sans l’accord de son propriétaire, même privé ; des sanctions pénales sont prévues pour le non-respect des prescriptions de la loi comme des

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HÉRITAGE POITOU-CHARENTES

clauses d’inaliénabilité des objets de l’État ; un régime d’urgence permet de placer un bien sous protection pendant un an dans l’attente du classement définitif.

le patrimoine immatériel. La loi de 1927 permet, après le classement, un second degré de protection : l’inscription. Le gouvernement de Vichy adopte en 1943 la loi qui fonde le « champ de visibilité » des monuments historiques. Les travaux conduits aux abords des monuments classés et inscrits ne doivent pas nuire à ces derniers. La loi Malraux sur les secteurs sauvegardés, de 1962, consacre une nouvelle vision du patrimoine qui prend en compte les ensembles urbains, avec leur cohérence architecturale ou stylistique.

La loi de 1983 sur les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager consacre ces zones pour élargir le périmètre de protection des monuments historiques. Les années 1990 voient apparaître le « patrimoine culturel immatériel de l’humanité » qui privilégie les pratiques, représentations ou savoirfaire des communautés humaines. Il est officiellement reconnu par la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel adoptée par l’UNESCO en 2003. La loi « Grenelle II » de 2010, institue les aires de mise en valeur de l’architecture et du patrimoine (AVAP), avec un volet environnemental plus développé.

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14 & 15 SEPTEMBRE 2013

P. Blanchie

100 ANS DE PROTECTION

ARCAdES #02

www.journeesdupatrimoine.culture.fr

#JEP2013

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Saint-Martin-de-Ré,

L’hôtel des Cadets-Gentilshommes fut construit en 1776 par Louis-Joseph Bailly des Ecotais, gouverneur de l’île. Le Père Ignace Joubin des Marières dirigea les travaux, juxtaposant derrière une imposante façade trois maisons mitoyennes. Vendu au roi en 1780, l’hôtel servit à loger les cadets de la noblesse formés dans l’île pour constituer une compagnie coloniale. Après la Révolution et la disparition de cette compagnie, l’édifice abritera divers services administratifs avant que la mairie ne s’y installe en 1891. En 1907, Ernest Cognacq, fondateur de la Samaritaine et grand mécène de sa commune de naissance, permit à la ville d’acquérir le bâtiment. Inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques depuis 1965, ce bel immeuble abrite aujourd’hui la Mairie et la Poste de Saint-Martin. L’aménagement intérieur a conservé l’esprit des appartements, ainsi que leurs cheminées en pierre et les trois escaliers indépendants qui desservaient les étages des maisons originelles.

Mairie Saint Martin de Ré

l’hôtel des Cadets-Gentilshommes

Cognac,

Angoulême,

Hôtel de Ville En classant Monument historique en février 2013 l’hôtel de ville d’Angoulême, l’État reconnaît sa place prépondérante dans l’histoire de l’architecture. Construit entre 1854 et 1870 sur des plans de l’architecte Paul Abadie fils (18121884) - également auteur de la basilique du SacréCœur de Montmartre à Paris - cet édifice majestueux au beffroi vertigineux préfigure les grands hôtels de ville de la IIIe République. Éclectique, mêlant styles néomédiévaux et néorenaissants il possède une silhouette originale mettant en valeur deux tours médiévales, vestiges de l’ancien château comtal. À noter que L’hôtel de ville va bénéficier de travaux de restauration de sa façade principale nord entre septembre 2013 et février 2014. À cette occasion, la mairie d’Angoulême organise, avec Via patrimoine, de nombreuses actions de médiations à destination de tous les publics. Renseignements Via patrimoine 05 45 69 15 26 www.via-patrimoine.com

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HÉRITAGE POITOU-CHARENTES

Patrick Blanchier

Fondé en 1016, le prieuré Saint-Léger s’affirme rapidement comme le centre religieux de Cognac. Le monastère bénédictin concentre pouvoirs et richesses durant plusieurs siècles. La guerre de Cent Ans mais surtout les guerres de Religion laissent l’ensemble des bâtiments en ruines. Le prieuré est rétabli au début du XVIIe siècle avec l’installation d’une communauté de Bénédictines qui procède à sa reconstruction et à son agrandissement. Vendu comme bien national à la Révolution, le couvent connaît une histoire mouvementée au cours des XIXe et XXe siècles. Il change d’affectations à plusieurs reprises, étant même occupé pendant un temps par un garage automobile spécialisé dans les camions ! Restauré et réhabilité en 1993, le monument accueille aujourd’hui la Bibliothèque et les Archives municipales.

Ville de Cognac

Prieuré Saint-Léger.


Châtellerault,

La Maison Descartes

Au cœur de la ville médiévale, dans la rue Bourbon, cette maison fut sans doute construite vers 1500. À cette date, elle est habitée par Pierre Rasseteau, arrière-arrière grand-père d’un certain René Descartes qui passe une partie de son enfance dans cette maison, chez sa grandmère paternelle. Modifiée au XVIII e siècle, la maison a subi plusieurs restaurations. Son intérêt historique et architectural a été reconnu dès 1927, date de son classement au titre des Monuments Historiques. Acquise par la Ville de Châtellerault, elle a été restaurée en 2012-2013 et accueille aujourd’hui au rez-de-chaussée l’artothèque du Centre d’Art Contemporain du Pays Châtelleraudais. Des centaines d’œuvres peuvent ainsi être empruntées. La maison est également visible lors des visites “Laissez-vous conter Châtellerault” organisées par le service Pays d’art et d’histoire ou sur réservation pour les groupes toute l’année CAPC

Rens. : 05 49 23 64 48 ou 05 49 20 30 87.

La Rochelle,

le café de la Paix

Denis Gougeon/DAC LA Ville Rochelle

La construction du café de la Paix remonte à 1852. Il est installé à l’emplacement d’un établissement hospitalier édifié en 1712 sur les plans de l’ingénieur militaire Claude Masse et de diverses maisons dont une partie servait déjà de café militaire depuis le début du XIX e siècle. Le café es t réaménagé vers 1900 pour devenir le café de la Paix. Un cinéma y est associé dans la première moitié du XX e siècle. La décorat ion de cet établissement emblématique de La Rochelle date du début du XX e siècle. La salle d u café, avec son décor “Belle Époque”, a été restaurée en 1931 et classée Monument Historique par arrêté du 17 avril 1984.

Pays Mellois,

Le temple de Chenay

Nathalie Gailard

Inscrit Monument historique en 1998., le temple de Chenay est représentatif de l’ensemble des temples protestants que l’on trouve en Pays Mellois. Construit entre 1865 et 1867 par l’entrepreneur Melin sur les plans de l’architecte Godineau de la Bretonnerie, le temple, de style néoclassique offre un volume rectangulaire, couvert par un toit à long pans. Un oculus perce le pignon au-dessus du portail. Depuis 1982, le temple de Chenay est transformé en Maison pour tous, et reçoit encore pour quelques occasions le culte protestant. À ne pas manquer dans les environs : le temple de Sepvret converti en habitat et le temple de Chey et son presbytère particulier, aujourd’hui mairie. À visiter : Musée du Poitou Protestant : 05 49 32 83 16 Contact : Pays d’art et d’histoire du Pays Mellois : patrimoine@paysmellois.org

Arcades #02

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Niort,

Le Pilori

l’Hôtel de Ville Édifié entre 1869 et 1875, l’hôtel de ville de Poitiers est le point final d’un vaste projet d’urbanisation du centre-ville, entamé avec l’arrivée du train en 1851 et la construction de la Préfecture entre 1864 et 1869. La majestueuse façade du bâtiment est de style néo-renaissance, qui fait implicitement référence à l’hôtel de ville de Paris. L’édifice était conçu à l’origine pour abriter non seulement l’administration de la ville, mais aussi le musée municipal des beaux-arts qui quitta les lieux en 1974. À l’intérieur, l’escalier d’honneur décoré de sculptures est orné de deux compositions qui sont l’œuvre du peintre officiel de la troisième République : Pierre Puvis de Chavannes et qui datent de 1874. L’Hôtel de Ville est inscrit au titre des Monuments Historiques depuis 1975. Des visites guidées sont proposées par l’Office de tourisme de Poitiers, tout au long de l’année suivant la programmation. Renseignements auprès de l’Office de tourisme de Poitiers :

Daniel Proux / Ville de Poitiers

Poitiers,

B. Derbord

Le Pilori, ancien hôtel de ville construit au XVIe siècle sur l’emplacement d’un pilori médiéval, est désormais un espace d’art visuel, accueillant depuis 2009 des expositions d’artistes contemporains. Le projet de cet espace étant de devenir un véritable lieu d’échange entre l’artiste et le public. À ce titre, les artistes sont en quasi-permanence présents lors des visites de groupes, a fortiori dans le cadre du Parcours Pilori proposé par la Ville aux établissements scolaires. La programmation du Pilori est de plus le résultat d’une concertation entre divers acteurs, à savoir la Ville de Niort (service culture) et des représentants du secteur des arts visuels niortais, que sont Artistes de garde (arts plastiques), CACP – Villa Pérochon (photographie), Winterlong Galerie (street art), la librairie des halles et l’hydragon (BD).

Tél. : 05 49 41 21 24 www.ot-poitiers.fr

Rochefort,

Synonyme de modernité à sa création en 1857, la gare SNCF de Rochefort n’a cessé d’évoluer, entraînant dans son sillage le développement d’un quartier devenu aujourd’hui très urbain. Reconstruite sur des proportions monumentales en 1913, elle a été protégée au titre des monuments historiques en 1984, puis labellisée « patrimoine du XX° siècle » en 2012. Avec ses 89 mètres de façades et sa structure métallique qui en faisait un symbole de la modernité lorsqu’elle fut mise en chantier, elle appartient aux premiers édifices de ce type à avoir été classé monument historique.

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HÉRITAGE POITOU-CHARENTES

Ville de Rochefort

La Gare ferroviaire


Royan,

le Palais des Congrès

Ville de Royan / Mélanie Mélanie Chaigneau

Au même titre que Notre-Dame de Royan, le Palais des Congrès fait partie des monuments emblématiques de la ville. Œuvre de Claude Ferret, en collaboration avec Pierre Marmouget, Jacques Bruneau et Adrien Courtois, le Palais des Congrès de Royan a été inauguré en 1957. Il a connu depuis plusieurs programmes de transformations et un projet de réfection de la Salle Saintonge et des espaces d’accueil est en cours. Le bâtiment est inscrit au titre des Monuments historiques depuis 2011, et bénéficie du label patrimoine du XXe siècle. Ouvert toute l’année, il accueille des expositions, des conférences, des spectacles et… des congrès.

les thermes de Saint-Saloine

Ville de Saintes

Ville majeure de la province gallo-romaine d’Aquitaine, Saintes (Mediolanum Santonum) compte au moment de son apogée, vers 100 après JC, une population comprise entre 12 000 et 15 000 personnes. Elle est ainsi dotée de plusieurs établissements thermaux. L’un d’entre eux, découvert en bas du coteau SaintVivien, à la fin du XIXe siècle, correspondent à une partie de l’un d’entre eux. Il fut sans doute bâti dans le troisième quart du Ier siècle ap. J.C. A partir du IIIe siècle, ce quartier excentré fut progressivement abandonné et occupé par une nécropole. Un petit sanctuaire, dédié à saint Saloine, s’est alors installé dans les anciens thermes. Des chapiteaux en marbre d’époque paléochrétienne sont conservés au musée archéologique. Le site des thermes de SaintSaloine est classé monument historique depuis le 25 mai 1904.

Thouars,

la tour du Prince de Galles

Ville de Thouars

La Tour du Prince de Galles, également appelée Tour Grainetière ou Tour des Faux Sauniers, faisait partie des fortifications de la Ville. Sa construction remonterait au XIII e siècle. Tour de défense, entrée de ville, elle servit d’entrepôt de grains d’où son nom. Puis à partir du XVII e siècle, la tour devint une prison dans laquelle on enfermait les faux sauniers (contrebandiers du sel) à l’époque de la gabelle. La tour continua à servir de prison pendant la Révolution. Après une longue période d’inoccupation, elle servit de logement d’instituteurs vers 1880. Depuis juillet 1994, elle abrite deux œuvres d’art contemporain créées par deux artistes de renommée mondiale Jacques Vieille et Ange Leccia. témoignant de l’horreur de l’enfermement. Ces œuvres ont été réalisées dans le cadre des commandes publiques du Ministère de la Culture et de la Francophonie, en parité avec la Ville de Thouars.

Arcades #02

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D.R

Saintes,


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DÉCOUVERTE


Poitou-Charentes

Aux sources de l’Art Nouveau L’Art Nouveau a largement contribué à modeler le paysage urbain des principales villes de la région Poitou-Charentes. Dès les années 1860, et bien après la première guerre mondiale, ce mouvement artistique international est servi par une économie florissante qui favorise la construction de nouveaux bâtiments dessinés par toute une génération d’« architectes d’art »… ■ Muriel Perrin Animatrice de l’Architecture et du Patrimoine de Saintes pour le réseau des Villes et Pays d’art et histoire de la région Poitou-Charentes

ARCADES #02

Photos : Alexandre Paléologue

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A Sur le boulevard de la Côte d’Argent à Royan, la villa Hélianthe, un bel exemple de ces « folies » balnéaires construites à la fin du XIXe siècle.

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DÉCOUVERTE POITOU-CHARENTES

u tournant des XIXe et XXe siècles s’opère en Europe un profond renouveau stylistique, dans tous les domaines notamment l’architecture et les arts décoratifs, contemporain de « l’Art Moderne » et décloisonnant l’approche artistique. Il s’appuie sur la thèse que toutes les formes d‘art sont essentielles et participent à l’ornementation, jusqu’aux plus petits détails et objets. Basé sur l’observation de la nature, il conjugue inventivité, rythmes, couleurs et décors ondoyants, dans l’idée, énoncée par Émile Gallé, que « Nos racines sont au fond des bois, parmi les mousses, autour des sources ». Fer, fonte, bois, pierre, grès flammé, pâte de verre, béton, céramique se mêlent pour créer de nouvelles formes intégrées à la vie quotidienne et développer un art organique, à travers une collaboration inédite entre artistes et artisans. Ce renouveau des formes et son application transversale s’appuient sur les progrès techniques, les nouveaux matériaux et les moyens de production modernes ; il se développe

dans un contexte culturel, économique, politique et social très spécifique. Après la guerre franco-prussienne, l’Europe vit une longue période de paix, favorisant les progrès sociaux, économiques, technologiques et politiques. L’exploitation des nouvelles matières premières, les énergies et procédés de fabrication font entrer l’Europe dans l’ère industrielle.

Suivre l’évolution du monde La production augmente ; les moyens de communication et télécommunication sont en plein essor. Avec la métallurgie, l’électricité devient une source d’innovation particulièrement riche tant ses applications sont nombreuses et variées. Le positivisme et le scientisme font leur apparition. Dans toute l’Europe, la main-d’œuvre s’organise en syndicats ou en partis politiques : apparaissent ainsi les premiers partis socialistes. Sous l’influence de ce socialisme en plein essor s’exprime l’idéal d’une vie meilleure touchant toutes les classes


sociales, enlevées par la bourgeoisie. La croissance démographique, la Révolution industrielle, les idées de justice et de modernité sociales transforment profondément le paysage et les villes. Hommes et femmes prennent conscience de l’évolution du monde, de l’internationalisation des échanges. Ils entrent dans la Belle Époque portés par la foi en le progrès et la modernité, que l’esthétique doit servir. L’art a besoin du progrès de la science et de l’industrie. Cette effervescence gagne le Poitou-Charentes. L’industrialisation et l’évolution des moyens de transport bouleversent le fonctionnement des villes, connectées à un réseau d’envergure. L’arrivée d’ouvriers et de leurs familles entraîne la mutation de l’espace urbain. Des industries émergent à Angoulême, La Rochelle, Saintes, Rochefort, ou encore Châtellerault qui bénéficie d’un dynamisme sans précédent grâce à sa manufacture. Les villes côtières se développent rapidement, grâce à l’évolution des moyens de transport et particulièrement l’arrivée

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du chemin de fer à partir des années 1860 : à Royan, à Châtelaillon, à Ronce-les-Bains et à Saint-Georges de Didonne sont ainsi édifiées des villas balnéaires ou des « cafés modernes ». La bourgeoisie libérale et instruite s’ouvre aux idées socialistes et développe l’économie et le commerce. Angoulême et Cognac, villes de tradition commerçante, dynamisent la vallée de la Charente. La Vienne, au carrefour de la Touraine, de l’Anjou et du Limousin, bénéficie de l’axe Paris-Bordeaux qui la traverse. Niort, Thouars ou encore Parthenay se transforment également du fait de l’essor économique.

La ligne « coup de fouet » Le contexte social positiviste, l’économie florissante, la République triomphante accélèrent la transformation du territoire et favorisent une intense construction, l’aménagement de nouveaux quartiers, où urbanisme et architecture se font les vitrines de la modernité. En pendant de cet élan, la Révolution industrielle et l’apparition de la machine permettent de fabriquer en >>>

Le vitrail Art Nouveau, c’est aussi un jeu subtil entre intérieur et extérieur. (Melle - Place Bujault)

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Au 32 de la rue des Grandes Ecoles à Poitiers, une magnifique façade Art Nouveau, marquée par les lignes en « coup de fouet ».

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>>> série des sous-produits « d’époque », encombrant les

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intérieurs d’objets pastiches produits en masse sans cohérence artistique. Dès les années 1860 en Angleterre, William Morris, touche-à-tout - designer textile, imprimeur, écrivain, poète, peintre, dessinateur et architecte -, dénonce avec ses Arts and Crafts la décadence stylistique provoquée par les nouveaux procédés de production. Il prône le retour au travail artisanal comme moyen de dépasser l’aliénation de l’art par l’industrie, la créativité de l’individu contre la production de masse commerciale indifférente à la valeur esthétique. Il reconstruit le concept d’artisan-artiste, qui développe un art total, pour tous, animé par la volonté vivace de s’affranchir des styles du passé et de l’éclectisme dominant le siècle : « L’artiste ne se contente pas de construire dans l’idéal. Il se préoccupe de tout ce qui nous intéresse et de tout ce qui nous touche ». L’artiste doit ainsi œuvrer à l’amélioration des objets quotidiens et à la conception d’une œuvre d’art qui touche tout l’espace de vie. Le concept développé par William Morris constitue une source pour l’Art Nouveau, mais les artistes s’écartent de l’opposition entre art et industrie et veulent tirer parti des possibilités techniques et expressives offertes par les nouveaux matériaux, tels le fer, la fonte, le béton, les pâtes de verre… Ainsi, l’Art Nouveau n’est pas hostile à la production en série, il recherche une alliance entre les artistes et les industriels pour intégrer la beauté à la vie quotidienne, la mettre à portée de tous. Parallèlement à ces réflexions sur la place de l’art à l’heure de la Révolution industrielle triomphante, Owen Jones, architecte illustrateur, décorateur spécialiste de l’art oriental, publie l’ouvrage Grammar of Ornament en 1856 : cet abondant catalogue, véritable répertoire stylistique très largement diffusé,

contribue au profond renouveau de l’ornement et au retour au végétal, « base de toute construction géométrique ». L’auteur y rappelle que les plus illustres civilisations se sont tournées vers la nature afin d’en saisir les principes, les processus plus que les résultats, tout en affirmant qu’aucun art ne saurait rivaliser avec la grâce parfaite de la nature, avec ses proportions, ses courbes et ses lignes tangentes, ses ramifications ou la répartition de ses surfaces décoratives.

Recherche de l’unité formelle Hermann Obrist réalise ainsi entre 1892 et 1894 la tenture Cyclamen, sur laquelle il brode une seule et unique fleur se déployant en une série de lignes et de boucles aux courbes et au mouvement très prononcées. Un critique de la revue berlinoise Pan les compare aux courbes violentes et rapides d’un claquement de fouet et cette ligne « coup de fouet » devient l’emblème de l’Art Nouveau. Cette évolution du répertoire est renforcée par la (re) découverte de l’esthétique japonaise. Influencés par la diffusion de l’art oriental, et plus particulièrement par les estampes japonaises, les artistes tendent à une stylisation plus poussée des figures, une composition d’ensemble où les surfaces sont équilibrées, les fonds contrastés. Peu à peu se développe une esthétique fondée sur la recherche d’une unité formelle de l’œuvre. L’Art Nouveau recherche l’accord parfait entre la structure utile et la décoration, entre la forme et l’usage. Les artistes renforcent le rapport entre objet et intérieur domestique, en intervenant tantôt sur le dessin de la pièce elle-même, tantôt sur celui des formes complémentaires qui constituent son environnement. Le développement de l’Art Nouveau est considérable et rapide, soutenu par les revues, les expositions. >>>


Alexandre Paleologue

La Villa Alsace, rue Jeanne d’Albret à La Rochelle, construite dans le premier quart du XXe siècle pour des armateurs.

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Les bains douches de Rochefort, un (rare) exemple de bâtiment public touché par l’Art Nouveau.

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>>> Les foyers les plus importants sont l’Allemagne,

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l’Autriche, la Belgique emmenée par Victor Horta, et la France, où se démarquent Hector Guimard à Paris, et Émile Gallé et Daum à Nancy. La circulation des idées et des expériences particulières constituent des conditions nécessaires à l’internationalisation de ce principe stylistique, mais également à sa pénétration au cœur du territoire, loin des grands foyers, tel qu’en Poitou-Charentes où au moins 400 édifices ont été repérés, ainsi que d’importants objets mobiliers. Les catalogues de vente, tel celui des fonderies Bayard et Saint-Dizier situées près de Nancy, qui proposent des produits manufacturés, des portes, des fenêtres, des ferronneries, des carreaux de céramiques… accélèrent cette diffusion auprès du grand public, des architectes et entrepreneurs. L’Art Nouveau a particulièrement pénétré l’architecture. Tous lecteurs de Viollet-le-Duc et familiers de son analyse naturaliste de l’architecture gothique, les architectes expérimentent le principe de l’œuvre d’art total, et recherche une grande cohérence puisée dans la nature. Les architectes dessinent tout. Ils mettent en valeur l’artisan d’art et l’artiste décorateur, et veillent à

intégrer leur savoir-faire, leur ingéniosité technique et leur imagination créatrice. C’est ainsi qu’Hector Guimard, créateur des stations de métro ou encore du Castel Béranger à Paris, se définit comme un « architecte d’art ». Ce sont majoritairement des bâtiments privés et des immeubles d’habitation qui adoptent le style Art Nouveau. Les commandes émanent d’entrepreneurs, de chefs d’entreprise ou encore de membres des professions libérales, de particuliers, qui font le choix de cette esthétique moderne pour leurs maisons ou leur société. Ainsi, l’entrepreneur Lacombe conçoit sa villa Les Iris à Niort comme une vitrine et une publicité pour sa société. Ces bâtiments sont édifiés par des architectes régionaux tels qu’Eugène Colombet dans la Vienne, le duo Raymond Barbaud et Édouard Bauhain en Charente, René Chaussat en Charente-Maritime, Georges-André Lasseron dans les Deux-Sèvres… L’Art Nouveau ne touche que très peu les bâtiments publics. Les bains douches à Rochefort et Niort, l’hôtel des Postes à Poitiers doté d’un somptueux décor intérieur de grès et céramiques restent des exceptions. L’Art Nouveau touche encore moins les


Quand la ferronnerie serpente et se courbe… (Angouleme - 2 rue Saint-Gelais)

La ligne « coup de fouet », véritable emblème de l’Art Nouveau.

bâtiments religieux comptant de très rares exemples, telle l’église Notre-Dame-des-Anges à Royan. La maison est considérée comme une œuvre d’art à part entière, proposant une synthèse de tous les arts et bannissant la distinction entre arts majeurs et arts mineurs, tous participant ensemble à une même esthétique. L’architecte dessine tout : mobilier, papier peint, poignée de porte… L’art doit toucher au plus près du quotidien, l’architecture doit être domestique, adaptée à la vie quotidienne, proche de l’être. Il s’agit de donner une meilleure qualité et une nouvelle dignité aux objets usuels. Les arts appliqués sont ainsi réhabilités au sein d’expositions jusqu’alors réservées aux arts dits « nobles ». L’artiste réinterroge le rapport entre le projet architectural et la production industrielle. L’industrialisation, si elle est bien utilisée, peut affranchir de l’injustice sociale : économique, inscrite dans son temps, pratique en même temps qu’esthétique. Si dans les grands foyers, les architectes expérimentent la fusion entre la structure et l’ornement et traitent l’ensemble en un dessin continu et fluide aux lignes enveloppantes et organiques, la déclinaison PoitouCharentes de l’Art Nouveau est plus cloisonnée.

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Hormis quelques rares exemples, dont la villa Alsace à La Rochelle construite par Pierre Griset, la maison 12 rue Clémenceau à Angoulême des architectes Raymond Barbaud et Édouard Bauhain, ou encore la maison 6 rue du Tabary conçue par Eugène Colombet à Châtellerault, les plans ont rarement adopté les >>>

Portail du 22 rue de l’Hôpital à Bressuire (détail), aujourd’hui siège de la Caisse d’Épargne.

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est animée d’un décor d’anémone, iris et pissenlits. Les baies du café 41 place François Ier à Cognac (aujourd’hui devenu une pharmacie), la porte de la villa Élisabeth à Châtelaillon, ou encore les ferronneries de la maison 2 rue Ligonnier à Thouars sont marquées d’élégantes courbes coup de fouet. La fabrication en série de fontes ou de céramiques commandées sur catalogue entraîne une grande similitude dans les ferronneries de balcons, les menuiseries, les décors aux formes fluides inspirées de la nature.

« Un art comestible »

Les architectes animent les façades en leur appliquant des formes naturalistes et originales.

>>> principes du mouvement qui recentrent le bâti vers

l’intérieur, sur un puits de jour ou un escalier central souvent couverts d’une verrière à structure métallique. De même, la plupart des élévations intérieures sont restées fidèles au goût du XIXe siècle. La maison Martineau où se côtoient cheminée, vitraux, papier peint et revêtement de sol, la ville Les Iris avec ses carrelages en ciment coloré ou encore la maison du Pays Mellois et sa rampe d’escalier serpentine font figure d’exception.

Panorama picto-charentais Dans de nombreux cas, les architectes ont synthétisé les traditions de constructions locales et les nouveaux matériaux. Les nouveaux motifs décoratifs se mêlent à des modèles médiévaux, classiques, ou régionaux, proposant une cohabitation stylistique plus ou moins raffinée. La villa Les Iris à Niort porte ainsi un décor gothique mais revu par l’Art Nouveau qui bombe les arcs brisés. La Villa Charles Benoît à Royan conjugue régionalisme et Art Nouveau, la maison 4 rue des Récollets à Montmorillon mêle architecture néorenaissance et décor Art Nouveau. Les déclinaisons picto-charentaises de l’Art Nouveau sont concentrées sur la façade. L’accent est mis sur la libération de l’organisation, l’articulation des travées, l’asymétrie des ouvertures et le jeu dynamique des baies, telle la façade de la villa Val Rocas à Confolens. La façade est ainsi dotée de forts éléments plastiques illustrant ce nouveau rapport entre architecture et arts décoratifs. Les architectes vont utiliser une grande variété de matériaux – pierre, céramique, brique, fonte…- pour animer les façades et créer des formes originales et naturalistes. La maison 12 rue Georges Clémenceau

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Les façades des villas Agnès (habitée par Georges Simenon) et Alsace à La Rochelle, de la villa Lorraine à Royan sont décorées de briques vernissées, de céramiques colorées ou de grès flammés soulignant les encadrements, les transitions entre les différents niveaux. Ce jeu de matériau se retrouve, plus discrètement, sur la façade de l’usine Boisseau à Parthenay. Repensant le rapport extérieur – intérieur et la place de la lumière, en pleine apparition de l’électricité, les architectes évident les façades et les animent de bow-windows, littéralement « fenêtre en arc », qui permet de faire entrer plus de lumière, comme pour la maison 120 avenue Victor Hugo à Cognac. Ce rapport à la lumière est d’autant plus important que les maisons sont souvent construites sur des parcelles profondes. Les architectes utilisent également le vitrail, qui permet de jouer sur une luminosité diffuse : les ouvertures de la maison 2 place Bujault à Melle, ou de la Maison Martineau rue des Jacobins à Saintes, se parent de très beaux vitraux colorés et peints qui font littéralement pénétrer le jardin à l’intérieur de la maison. Ce même travail sur la lumière se retrouve dans les arts décoratifs : les objets produits par les faïenceries de Parthenay notamment sont plus ouverts, rendus transparents grâce à l’aménagement d’ouvertures à travers les surfaces pour mieux découvrir les fonds et donner l’impression d’une vibration intense, d’une contraction ou d’une dilatation. La tradition de production papetière ainsi que la fabrication des flacons et emballages pour le cognac offrent également une tribune aux artistes art Nouveau qui créent des papiers à en-tête, des étiquettes, des affiches publicitaires aux formes fluides. L’Art Nouveau est la traduction de l’ambition d’une génération d’artistes de s’occuper de tout ce qui nous touche et nous intéresse, de réinterroger l’espace, le rapport de l’Homme à la Nature. Pour cela, ils s’appuient sur une synthèse des acquis de l’art moderne et de leurs recherches et expérimentations sur les nouveaux matériaux. Le Corbusier commente ainsi ce mouvement « 1900 : un geste magnifique, on secoue les nippes d’une vieille couture » (in Œuvres complètes, 1929) et Dali le qualifie « d’art comestible ». Éloigné des grands foyers de l’Art nouveau, la région Poitou-Charentes s’avère être pourtant un terrain d’expression particulièrement intéressant et qui perdure bien après la première guerre mondiale et l’avènement de l’Art Déco, comme l’atteste la ville Ginette édifiée à Barbezieux en 1933. Une permanence qui permet de découvrir ou redécouvrir des architectes peu connus mais qui ont largement contribué à dessiner le paysage urbain des principales villes de Poitou-Charentes. ⚈


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Grâce à la magie du vitrail, le jardin semble pénétrer dans l’intérieur même de la maison (Saintes, Maison Martineau).

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PATRIMOINE

La Rochelle

L’hôtel Babut, un bijou dans son écrin La commission régionale du patrimoine et des sites a récemment inscrit au titre des monuments historiques la totalité de l’hôtel situé aux 9-11 rue Villeneuve à La Rochelle. Mais quel est donc cet hôtel particulier dont la sobriété des façades extérieures tranche avec la richesse des aménagements intérieurs réalisés aux XIXe et XXe siècles ? ■■Texte : Abel Désert

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’hôtel Babut est édifié dans un quartier - la « Ville-Neuve » - qui remonte au début du XVIIe siècle, quand l’enceinte orientale de La Rochelle s’éloigne de l’ancienne muraille médiévale. Son implantation, à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe, illustre la densification du centre ancien et son architecture est caractéristique des hôtels particuliers construits entre cour et jardin. Ses décors intérieurs, essen-

Photos : Laurent Hamels Production / Nantes

tiellement du XIXe siècle, sont faits de boiseries, lambris, cheminées, plafonds peints, escaliers monumentaux et vitraux. Au XVIIIe siècle, cet Hôtel était propriété du négociant Donnéadieu qui faisait commerce des eaux-de-vie. En 1838, il est acquis par les frères Babut, pour installer des bureaux de banque. L’un des frères, Théophile, épouse en 1845 Louise Rang, élève de Delacroix, portraitiste renommée >>>

L’hôtel présente un plan en U, avec une cour-jardin fermée côté rue par un mur percé d’un grand portail central. Les façades ont pour seul décor une corniche moulurée, et des bandeaux côté rue.

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>>> de La Rochelle (1). Nul ne sait si elle est intervenue

dans la réalisation des décors de l’hôtel, mais de nombreux éléments portent la marque de cette époque. Au début du XXe siècle, la banque Babut déménage dans le grand bâtiment à fronton construit à côté. L’aile nord de l’hôtel revêt alors son aspect actuel et un plan en U, avec une cour-jardin fermée côté rue par un mur à grand portail central. Les façades ont pour seul décor une corniche moulurée, et des bandeaux côté rue. Le long corps principal et l’aile sud sont à étage carré, avec la même corniche à double courbure en doucine. Devant le corps principal court une marquise à fines colonnettes cannelées en fonte. L’aile nord est traitée avec plus de monumentalité : grand étage carré, corniche à denticule, larges baies espacées munies de grille en fer forgé ouvragée.

Préserver les décors À l’intérieur, le corps principal, assez étroit, possède un grand escalier suspendu en pierre à rampe en fer forgé. Le rez-de-chaussée comprend une salle à manger à lambris, un jardin d’hiver et un grand salon à lambris bas et plafond peint d’un ciel en trompel’œil. Les cheminées sont en marbre sculpté. L’aile nord est principalement occupée par un vestibule imposant et richement décoré (pilastres d’angle, colonnes ioniques, grand vitrail décoratif zénithal),

avec un monumental escalier en chêne dont la balustrade se poursuit le long du couloir suspendu. À l’étage, une baie aux lignes Art Nouveau, à l’étage, présente un vitrail de 1904 signé Delon. Cette aile contient aussi une bibliothèque à cheminée en marbre blanc et beaux meubles agrémenté de motifs en bronze doré. Habité il y a encore peu de temps, cet hôtel particulier de la rue Villeneuve connaît le sort de tant immeubles anciens, difficiles à entretenir pour un propriétaire privé… tout en ne présentant que peu d’intérêt pour une collectivité ou un investisseur institutionnel. La société rochelaise Espace Investissement, spécialiste reconnue dans la réhabilitation d’immeubles historiques, va restaurer et diviser ce bâtiment d’exception en différents appartements. Il ne reste que très peu d’ensembles du XIXe siècle aussi richement décorés à La Rochelle. Il faut citer le café de la Paix, les décors intérieurs de la salle du cinéma Richelieu aujourd’hui badigeonnés de noir, l’hôtel « Le Palais » près de la Préfecture. L’inscription de cet hôtel au titre des monuments historiques doit lui permettre de préserver ses décors exceptionnels. ⚈ Pour en savoir plus (1) Voir en page Lectures la présentation d’« Émois romantiques à La Rochelle », l’histoire romancée de Louise Rang.

1 & 2 • Les décors intérieurs, essentiellement du XIXe siècle, sont faits de boiseries, lambris, cheminées, plafonds peints, escaliers monumentaux et vitraux 3 & 4 • De nombreux éléments de la décoration intérieure remontent à l’époque où Louise Rang, élève de Delacroix et portraitiste renommée de La Rochelle, habitait cet hôtel particulier. 5 • Dans le corps principal, un grand escalier suspendu en pierre à rampe en fer forgé. 6 • Devant le corps principal court une marquise à fines colonnettes cannelées en fonte.

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Patrimoine industriel

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Cognac

La seconde vie des chais

Sous ses airs de ville bourgeoise, Cognac cache un visage industriel, témoin d’une activité commerciale importante depuis près de deux siècles. Les chais, bâtiments dédiés à l’activité du cognac, sont omniprésents dans la ville. Constitutifs de l’identité cognaçaise et de son histoire, ils sont au cœur d’une problématique mêlant passé, présent et futur : quelle seconde vie pour ce patrimoine industriel ?

Stéphane Charbeau

■ Vincent Bretagnolle, Animateur de l’architecture et du patrimoine, Service Ville d’art et d’histoire - Ville de Cognac

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Ville de Cognac

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rincipal facteur du développement de Cognac au XIXe siècle, l’essor du négoce des eaux-devie a laissé une empreinte dans le paysage urbain lui conférant une bonne part de sa singularité. Au début du XIXe siècle, on ne compte guère plus d’une dizaine de maisons spécialisées dans le commerce du cognac dans la ville. Installées pour la plupart dans la partie basse de la ville à proximité de la Charente, elles possèdent alors peu de stocks. Très vite, le besoin se fait sentir de constituer des réserves importantes afin de répondre plus facilement à la demande et de mieux maîtriser la qualité du produit : le nombre et la taille des chais augmentent. En 1855, on dénombre 22 maisons de commerce. En 1895, un « plan monumental de Cognac et ses chais » en identifie 120. D’abord installés dans le vieux Cognac et les îlots à proximité du fleuve, les chais se répartissent progressivement dans la cité. Avec le développement du commerce des eaux-devie, les maisons cherchent à affirmer leur industrie. Leur emprise au sol augmente et les bâtiments tendent à répondre à des logiques commerciales

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PATRIMOINE INDUSTRIEL CHARENTE

et économiques caractéristiques du XIXe siècle. Certaines maisons installées dans la vieille ville dans des édifices construits à d’autres fins sont asphyxiées par le manque de place ; d’autres font le choix de construire des bâtiments ex-nihilo dans des quartiers en plein développement et, si possible, à proximité du fleuve.

L’empreinte du cognac dans la ville Ces nouvelles constructions sont conçues comme des ensembles fonctionnels visant à organiser les différentes étapes de production de manière rationnelle. Ainsi, en fonction de la dimension de l’entreprise, les chais sont spécialisés : chais de réception ; chais de vieillissement bien fermés et faiblement éclairés où les eaux-de-vie sont conservées ; chais de coupages ou de coupes où sont assemblés les cognacs ; chais de départ ; et puis, à partir des années 1825, chais de mise en bouteille et de caissage. Omniprésent dans la plupart des quartiers de la ville, le chai possède des dimensions et des dispositions


À la fin du XIXe siècle, la ville comptait 120 chais « intra muros ».

Les chais Monnet datent de 1839. Ce site patrimonial prestigieux abrite notamment le chai cathédrale, structure remarquable de par ses dimensions et son architecture.

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Stéphane Charbeau

originales. Il imprime sa forme architecturale à l’ensemble de la maison de négoce. Construit le plus souvent en moellons revêtus d’un enduit, il ne comporte à l’origine qu’un rez-de-chaussée et ses dimensions ne dépassent guère la trentaine de mètres pour la longueur et une quinzaine de mètres pour la largeur. À partir du milieu du XIXe siècle, les chais des grandes firmes prennent des dimensions beaucoup plus importantes : sa longueur peut facilement atteindre 80 mètres et sa largeur 20 mètres ou plus. Le chai peut se présenter seul mais il est plus fréquent de voir plusieurs de ces bâtiments identiques, alignés côte à côte, présentant sur la rue une suite de pignons aveugles. Pour éviter la monotonie, on a parfois tenu à juxtaposer les chais de manière esthétique, en jouant avant tout sur la symétrie. Les eaux-de-vie étant conservées à l’abri de la lumière, les élévations de ces bâtiments peuvent être totalement aveugles, mais ils sont le plus souvent percés de baies aussi larges que hautes, couvertes d’un arc segmentaire et à l’encadrement appareillé en pierre de taille, et restent quasiment toujours fermés. Les murs pignons en >>>

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Les façades de chais de vieillissement recouvertes du champignon Torula Compniacensis Richo qui, en noircissant les tuiles et les murs, révèle infailliblement la présence d’eau-de-vie à proximité immédiate.

>>> façade offrent généralement des ordonnances de qualité. Les matériaux et les formes utilisés restent traditionnels jusqu’au XXe siècle où le béton fait son apparition dans les constructions. Cognac est l’héritière d’un patrimoine industriel qui constitue un enjeu majeur pour son évolution urbaine. La question du devenir de ce patrimoine offre à la ville un défi d’envergure : l’opportunité de se réinventer, de construire son identité de demain en faisant revivre celle d’hier.

La majorité des chais sont aujourd’hui abandonnés ou inoccupés. Ils ont été victimes de la concentration de l’activité et de la disparition de nombreuses petites maisons de cognac. La problématique est d’autant plus forte que la modernisation des installations et l’application des normes de sécurité (Seveso) entraînent la délocalisation de la production à la périphérie de la ville. Symboles de ces friches industrielles, les chais ont souvent été détruits et transformés en parking lors des dernières décennies… Ils sont aujourd’hui l’objet d’interrogations quant à leur désaffection et leurs potentialités de reconversion, sans pour autant exclure la démolition : « Conserver, c’est choisir ». Cette question de fond sur le devenir de ces friches se place à l’interface de l’économie, de l’urbanisme et du patrimoine. L’enjeu principal de ce bâti est de permettre sa requalification en considérant d’une part leur implication dans un contexte résidentiel et d’autre part en préservant leur dimension patrimoniale. Cet enjeu est accentué par le fait que leur superficie est particulièrement conséquente et se situe au cœur du tissu urbain. Les volumes des bâtiments des maisons de négoce marquent des changements d’échelle assez radicaux dans certains quartiers de la ville et « signent » fortement l’originalité du contexte bâti cognaçais. Requalifier et réhabiliter des friches industrielles n’est pas une problématique propre à Cognac. Néanmoins, elle trouve

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Bernard Verrax

Un patrimoine industriel en héritage

ici un terrain d’expression particulièrement impactant sur l’urbanisme tant le tissu industriel façonne le visage de la ville. Le Musée des arts du cognac (MACO) et l’Espace Découverte en Pays du cognac figurent parmi les dernières grandes opérations menées sur le patrimoine industriel de la ville, mêlant architecture contemporaine, respect des conceptions anciennes et harmonie du lieu. S’ils ne sont pas directement liés au négoce des eaux-de-vie, les abattoirs constituent néanmoins un exemple pertinent de réhabilitation du patrimoine industriel. Transformés en espace culturel dédié à la diffusion musicale, ils ont été largement restaurés et aménagés tout en maintenant l’identité du lieu. Acquis par la ville en 2006, les chais Monnet sont l’objet de réflexions visant à

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faire de ce site l’un des projets majeurs de renouvellement urbain à Cognac. Les chais Monnet s’étalent sur plus de 5 ha et constituent le premier grand complexe industriel fonctionnel de la ville au XIXe siècle. Ce site revêt plusieurs enjeux importants par sa localisation à proximité du vieux Cognac, sa superficie mais aussi son intérêt architectural et patrimonial. L’objectif est de redonner vie à cet ensemble industriel par sa réhabilitation et sa requalification, en ménageant des dimensions économiques, touristiques et patrimoniales. À côté des initiatives publiques, de nombreux chais sont l’objet de projets privés de réhabilitation. Ces derniers peuvent prendre la forme de locaux commerciaux, bureaux mais aussi résidences locatives ou logements particuliers. Cognac n’a donc pas fini d’habiter ses chais ! ⚈


Le renouveau architectural des chais de Cognac

Un atout exceptionnel pour la Ville ■■Texte : Isabelle Berger-Wagon, architecte.

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ognac figure parmi les rares villes où le bâti industriel s’inscrit aussi fortement dans un ensemble urbain constitué traditionnel. Des îlots entiers sont consacrés à cette activité de production d’eau-de-vie et de nombreux chais sont implantés dans tout le centre historique et ses faubourgs. La forme urbaine engendrée par la création des établissements industriels s’est fondue dans la ville, à son échelle, les volumes bâtis se sont maintenus dans la hauteur moyenne des maisons à un ou deux étages et dans le système de l’îlot, en respectant en général l’alignement et la trame du réseau des rues du quartier dans laquelle elle s’insère jusqu’au XXe siècle.

L’utilisation de matériaux traditionnels en façade, par les structures de pierre de taille calcaire et de moellon enduit ornées de détails, tels que des porches en pierre, a contribué à harmoniser ce bâti avec les façades cognaçaises. Et ceci, malgré une typologie bien spécifique. L’évolution technologique et les problèmes de sécurité ont fait sortir de la ville les exploitations et leurs stockages. Nombre de bâtiments sont désormais vacants et de fait, la surface bâtie en voie de délaissement est considérable. Considérés comme inappropriés à des programmes architecturaux du quotidien, comme le logement, les sites industriels sont bien souvent voués à

la démolition, au curetage, après que des années d’abandon les aient rendus irrécupérables. À moins qu’ils soient investis dans les opérations d’ensemble de « renouvellement urbain ». À Cognac, le choix de conservation s’inscrit dans les doctrines relatives au patrimoine à divers titres. D’abord historiquement, les chais témoignent d’une période prestigieuse de la Ville. Ensuite le caractère exceptionnel des formes bâties permet de les considérer comme des objets d’art. Enfin, la reconstruction aujourd’hui de ces ensembles, ne permettrait pas, sauf exception, de développer des moyens aussi puissants d’expression architecturale. Ainsi, des

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Pierre de pays et matériaux modernes : un pari architectural réussi.

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Ville de Cognac

Dans ces chais réhabilités, des parties de toiture ont été enlevées pour apporter de la lumière aux habitations individuelles.

chais ont déjà été démolis au profit d’immeubles dont l’aspect est étranger à l’ambiance urbaine. On peut considérer que l’obligation de conserver, en tout ou partie, nombre d’entre eux s’inscrit dans l’une des composantes majeures du projet urbain. Pour la Ville, ces surfaces qui se libèrent dans le centre sont une aubaine si leur réutilisation est maîtrisée. Par une mutation douce des lieux, il semble possible de maintenir ce qui fait l’âme de la cité. Enfin, la spécificité du bâti de Cognac est reconnue par le label Ville d’art et d’Histoire, ce qui engage la Ville à s’approprier la protection du patrimoine. Aussi la Ville de Cognac s’est dotée d’un document d’urbanisme important : une Aire de Mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine. C’est ce document qui, juridiquement, s’inscrit dans l’un des volets du projet urbain. Il apporte les « règles du jeu » qui ouvrent les portes aux projets de réemploi, de transformation

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Il est possible d’imaginer de créer des rues intérieures ou des coursives en utilisant la grande largeur de certains chais.

et d’adaptation des immeubles à maintenir dans les opérations futures. Sachant que l’ensemble de ce patrimoine industriel ne peut être conservé en l’état, la conservation des ensembles exceptionnels représentatifs de l’histoire du Cognac dans la ville va nécessiter la recherche de programmes adaptés à leurs formes, dimensions et architectures

Quels programmes pour les chais ?

Il est certes difficile d’imaginer que les seuls programmes publics d’ampleur puissent occuper les chais (salles communales, locaux associatifs, salles de sport, lieux culturels, etc.), la commune étant déjà pourvue de nombre d’équipements. Outre le fait qu’il importe que les grandes maisons préservent leur présence parmi les chais

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emblématiques, on peut penser que tous les programmes soient possibles, suivant les types de bâtiments et la manière de s’y insérer. Parmi les programmes les plus courants, on trouve bien sûr, le logement. Dans ce cas des solutions structurantes sont suggérées. Pour la plupart des chais, la transformation architecturale est possible tout en gardant la façade sur la rue, de multiples utilisations sont possibles : services, bureaux, commerces, logements, etc. Dans ce sens, le patrimoine industriel fait l’objet de prescriptions spécifiques et d’un classement hiérarchisé en trois catégories (exceptionnel, remarquable, constitutif de l’ensemble urbain). En première catégorie de protection de l’Aire de Mise en Valeur de l’Architecture


Ville de Cognac

Construit sur plusieurs étages, ce chai a pu être réhabilité en logements collectifs.

et du Patrimoine, des immeubles doivent conserver la majeure partie de leur bâti, notamment au cœur de la cité ancienne ou sur les quais, car c’est le témoignage lisible de l’histoire de la ville et du Cognac, comme Camus, Pelisson. Les modes de transformation sont alors cadrés par des schémas de principe. En deuxième catégorie de protection de l’Aire de Mise en Valeur de l’Architecture et du Patrimoine, on peut projeter la restructuration du bâti en profondeur. On peut ainsi, créer de nouvelles baies dans le même esprit que les ouvertures existantes, déposer des parties de toiture pour créer des patios ou des jardins et apporter la lumière nécessaire à l’habitabilité, tout en maintenant les murs périphériques. En ce qui concerne les volumes plus larges on peut aussi imaginer de créer des rues intérieures ou des coursives. Toute forme de logement est donc possible, tels que l’habitat collectif social, les petites maisons de ville, des logements en duplex, des lofts. En troisième catégorie on trouve les bâtiments non protégés dont le remplacement, si nécessaire, est soumis à des règles de continuité urbaine. Ces ensembles ou bâtiments dits constitutifs de l’ensemble urbain dont la démolition

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est possible si elle contribue à un renouvellement de qualité architecturale reconnue. Cette catégorie regroupe de manière générale les chais isolés, dispersés dans la ville. Aujourd’hui, ils sont le plus souvent vacants ou transformés (habitations, garages…), car ils ne sont plus adaptés à l’activité. Il s’agit de chais qui présentent un intérêt relativement modeste sur le plan architectural et patrimonial et pour lesquels les notions d’environnement et d’échelle sont prises en compte. Ils peuvent être démolis si cela n’occasionne pas de « dent creuse » préjudiciable à la cohérence et la continuité du front bâti, et si la reconstruction présente un gain qualitatif dans la perception du front urbain. Ils peuvent également être transformés.

Pierre de pays et matériaux contemporains L’ensemble urbain traditionnel de Cognac, comme celui de la majeure partie des villes de Charente, se caractérise par l’unité de matériaux issus de la maçonnerie de pierres, d’enduits et de couvertures en tuiles. Outre la richesse des formes et des détails architecturaux, cette qualité des matériaux nobles caractérise la « douceur » du pays.

À cela s’ajoute une grande simplicité des volumes bâtis. Le mode de conservation est destiné à perpétuer ces formes que la production de notre temps a tendance soit à réduire au seul mode de l’architecture enduite, soit à compliquer par des formes parfois exubérantes. La conservation du patrimoine inscrit des thèmes et des contraintes enrichissantes pour les transformations du bâti, et il s’agit bien là d’un atout. Les matériaux modernes, le métal (cuivre, zinc patiné, acier prélaqué), le verre, le bois, s’accordent avec la pierre du pays. Quant à leur emploi, tout est ensuite une question de mesure. Les silhouettes extérieures d’une grande partie des chais sont préservées, maintenant ainsi la trace de l’histoire du Cognac dans la cité et les volumes intérieurs seront restructurés pour la création de logements, activités. La qualité de vie sera ainsi valorisée, car les surfaces d’îlots vont aussi pouvoir favoriser la réintroduction du végétal, les aménagements de jardinets publics ou privés, les plantations d’arbres, etc. La création architecturale et l’inventivité doivent ainsi apporter à la ville un renouvellement urbain appréciable, en complète harmonie avec la notion de développement durable. ⚈

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Deux-Sèvres

Ensemble, valoriser les patrimoines Airvault est nichée au creux d’une vallée du Haut Poitou, entre plaines et gâtines. Avec les communes associées de Soulièvres et Borcq, la commune compte aujourd’hui 3 226 habitants. Cette petite cité qui ne manque pas de caractère est engagée depuis plusieurs années dans une démarche de valorisation de ses patrimoines… ■■Séverine Guin-Gilbert – service patrimoine de la commune d’Airvault

A

ncienne cité médiévale aux ruelles escarpées et fleuries, Airvault possède un patrimoine naturel et bâti des plus intéressant. L’église abbatiale Saint-Pierre, mélange d’art roman et gothique, présente de remarquables sculptures. Sur son parvis, la place Saint-Pierre abrite une fontaine souterraine, seul lieu d’approvisionnement en eau jusqu’au XIXe siècle, ainsi que des Halles aux piliers de pierre reconstruites au XIXe siècle. Perché sur son éperon, le château médiéval, rare témoin de l’architecture militaire du XIe siècle, continue de veiller sur les habitations en contrebas. D’autres vestiges médiévaux, comme les ponts de Vernay

et de Soulièvres, figurent également parmi les édifices remarquables d’Airvault. Au-delà de ces monuments historiques, Airvault possède un patrimoine traditionnel situé hors du centre bourg non négligeable. Sur la commune associée de Soulièvres il existe depuis 2008 un programme citoyen de restauration et de valorisation des lavoirs, des passages à gué, des pierrées et des paysages bocagers. L’idée étant de préserver ce patrimoine rural caractéristique et d’investir les habitants comme étant des acteurs de leur territoire. Pour Jean-Marie Colin, maire délégué de Soulièvres : « ces éléments traditionnels transmettent l’histoire des hommes qui les ont conçus, utilisés et

Ville d’Airvault

Développement Les lavoirs font partie de ce petit patrimoine bâti que la commune d’Airvault s’est engagée à restaurer pour mieux le valoriser.

Airvault


entretenus. Ils méritent d’être remis en état pour devenir des lieux de référence pour les amateurs d’histoire et d’architecture locales… et pour tous ceux qui ont envie de faire une promenade agréable ». Un tel projet, sur une aussi petite commune, ne peut s’envisager sans aides. Ce programme de restauration a pu bénéficier de fonds européens (Feader), ce qui a permis aux lavoirs de Nombret et du Gué de Vaux d’être restaurés. Par ailleurs, le CAUE des Deux-Sèvres (Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement) a accompagné le projet par la réalisation d’esquisses et de conseils en restauration du bâti ancien. Parallèlement, la commune a réalisé une campagne de sensibilisation à la biodiversité à l’aide de panneaux présentant la faune et la flore locales situées aux abords des lavoirs et des gués. Des observatoires de biodiversité ont également été mis en place dans un but pédagogique. Dans le même esprit, la commune d’Airvault a mis en place depuis plusieurs années une démarche de création d’une AVAP (Aire de Valorisation de l’Architecture et du Patrimoine). Ceci afin de conserver et préserver son patrimoine bâti et sa cohésion, surtout depuis son engagement dans le réseau Petites Cités de Caractère®. Là aussi, il s’agit d’associer les habitants à la démarche. Ceci grâce à la mise en place d’actions de sensibilisation, d’accompagnement technique et financier qui mobilisent différents partenaires. Ainsi, il existe désormais des livrets comme « Restaurer le bâti ancien » ou « Les façades commerciales » destinés aux propriétaires et aux professionnels du bâtiment. Ces derniers peuvent également bénéficier d’une assistance architecturale gratuite assurée par un architecte-conseil mandaté par l’Agence de Développement Touristique des Deux-Sèvres, en étroite collaboration avec l’Association Régionale des Petites Cités de Caractère® en Poitou-Charentes. Depuis l’entrée de la commune dans ce réseau, les projets de restauration sont également éligibles au programme financier régional « Villages de Caractère ». Enfin, la convention signée entre la commune et la Fondation du Patrimoine permet aux propriétaires de bénéficier d’une subvention et d’une défiscalisation partielle du montant des travaux. Une mobilisation générale pour faire en sorte que cette petite cité rurale continue d’évoluer, tout en respectant un patrimoine qui contribue à l’embellissement de son cadre de vie. ⚈

CRTPC/M.PIDERIT

Des partenaires mobilisés

En haut :

L’abbatiale St Pierre serait née au Xe siècle de la volonté d’Aldébarde d’Aulnay, vicomtesse de Thouars.

Arcades #02

ARPCC

Ci-contre :

« Restaurer le bâti ancien » fait partie des priorités de la démarche de valorisation du patrimoine.

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Restauration

Angoumois

Les templiers peints de Cressac Dans un petit village de l’Angoumois, non loin de Barbezieux, une ancienne chapelle templière est aujourd’hui dédiée aux cultes protestants. Sa particularité ? Elle abrite un ensemble remarquable de peintures murales du XIIe siècle. Un gros travail de restauration est en cours pour redonner tout leur lustre à ces fresques d’exception… ■■Patricia Molines - Chargée de mission - Fondation du Patrimoine

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n 1902, au cours de ses pérégrinations dans la campagne charentaise, Félicien Gendre, colporteur et délégué par la Société d’Évangélisation de Paris et Genève, découvrit au bout du hameau de Temple, à Cressac-Saint-Genis, une chapelle aux murs peints, en état d’abandon, qui servait alors de grange. Il fit part de sa « découverte » au pasteur Théophile Duproix, qui en fit l’acquisition la même année. La chapelle fut classée au titre des monuments historiques en 1914. En 1923-2024, une campagne de restauration permit principalement de conforter les maçonneries et la toiture. La chapelle templière fut dédiée aux cultes protestants en 1925. Cette chapelle « miraculée » est le seul élément subsistant de la commanderie des Templiers de Cressac dont la construction remonterait à la seconde moitié du XIIe siècle. Son architecture d’une grande sobriété est composée d’un volume

Lance en avant, un cavalier croisé charge ses ennemis…

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Photos : Église Protestante Unie de Barbezieux

unique couvert d’une voûte en berceau brisé. À l’intérieur, la lumière est discrètement diffusée à l’est par un triplet* surmonté d’un oculus quadrilobé, à l’ouest par une étroite fenêtre axiale, tandis que les murs goutterots* restent totalement aveugles. La sévérité du parti se confirme dans le choix de l’ornementation sculptée, faite d’un simple cordon autour des fenêtres et de chapiteaux lisses autour du portail occidental.

Des peintures murales exceptionnelles

À la simplicité de l’architecture s’oppose l’extraordinaire richesse du décor peint intérieur. Toutes les surfaces murales étaient peintes. Si le décor du mur sud a disparu, si de nombreuses lacunes affectent les parties conservées, demeure cependant un ensemble remarquable de peintures sur les murs nord, est et ouest.


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1• Sur cette peinture du mur occidental, un cavalier couronné écrase un petit homme au sol, à côté d’une femme couronnée. 2• La façade orientale de la chapelle percée de trois petites baies identiques, surmontées d’un oculus quadrilobé. 3• Sur le mur nord, figurent des scènes d’affrontements entre cavaliers directement inspirés des croisades.

Deux cycles narratifs se déroulent sur le mur nord, en deux registres superposés : ils représentent des scènes d’affrontements entre cavaliers directement inspirés des croisades. Sur le registre supérieur, une seule scène semble se développer, narrant une bataille victorieuse des croisés contre les sarrasins. A gauche est représentée une ville fortifiée, d’où sortent les cavaliers croisés, au centre la charge d’un cavalier contre les troupes sarrasines en fuite, qui se réfugient dans la ville fermant le registre sur la droite. Le registre inférieur offre plusieurs épisodes d’affrontements, dont la signification reste obscure. Ce registre aurait été peint dans un second temps, par-dessus un décor de faux appareil de pierres de taille resté très apparent. Le décor peint est complété, sur le mur oriental, par la représentation de saint Michel peseur d’âmes et d’un évêque bénissant et, sur le mur occidental, par celle de saint Georges terrassant le dragon et d’un ca-

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valier couronné écrasant un petit homme au sol. Sans qu’un programme puisse précisément être dégagé de cet ensemble lacunaire, réalisé en deux étapes au moins, le thème de la lutte du Bien contre le Mal apparaît cependant de façon récurrente et la victoire des croisés vient en écho à celle du saint terrassant le dragon. Le décor ornemental de faux appareil qui enveloppe largement les scènes historiées, les frises continues de rinceaux, les fleurs de lys semées sur un fond blanc suggèrent une exécution autour de 1200.

En cours de restauration Les peintures de Cressac n’ont pas livré, loin de là, tous leurs secrets. Leur restauration en cours peut être l’occasion d’approfondir cette connaissance par une analyse fine des couches picturales notamment. Cette restauration, démarrée en juin 2013, s’échelonnera jusqu’en 2016. Elle comprend aussi le rejointoiement au mortier de

chaux des murs extérieurs et l’installation de gouttières pour assainir l’édifice. Malgré le soutien de l’État et des collectivités territoriales, la charge financière reste lourde pour l’Église Protestante Unie de Barbezieux, association cultuelle propriétaire de la chapelle. Un appel aux dons est lancé, auprès des particuliers et des entreprises, pour participer à la sauvegarde de ce site exceptionnel. ⚈ Plus d’informations sur : www.poitou-charentes.fondation-patrimoine. org/14450 Fondation du Patrimoine, délégation Poitou-Charentes : 05 49 41 45 54 Pour en savoir plus

Ch. Davy, « Les peintures murales de la chapelle des Templiers de Cressac », dans Congrès archéologique de France, Charente, Paris, 1999, p.171-177.

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Angoulême

UrBANIsMe

Les métamorphoses de saint-cybard

Traversé par la Charente, le quartier de Saint-Cybard d’Angoulême est un espace naturel aux pieds des remparts de la ville. Marqué par treize siècles de présences monastiques, cent cinquante ans d’activités industrielles, il est aujourd’hui dédié à la culture et à l’éducation à l’image avec cinq pôles d’excellence. Le quartier Saint-Cybard témoigne d’un dynamisme qui n’a cessé de se renouveler et continue d’évoluer au gré des politiques urbaines. Dans la Vallée de l’Image, la culture succède à l’industrie…

Musée du Papier d’Angoulême 1920

■ Florent Gaillard - Directeur du Musée du Papier - Angoulême

Le sites des Brasseries Alsaciennes (en médaillon) est devenu le siège de la cité Internationale de la Bande dessinée et de l’image, également appelé le Vaisseau Mœbius.

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P. Blanchie

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L

a Charente occupe une place centrale dans le quartier de Saint-Cybard qu’elle baigne et pour lequel elle a toujours été source de développement. Nourricier, producteur d’énergie, voie de transport, le fleuve est essentiel à la vie des hommes, pour lesquels il a toujours représenté un élément stratégique, façonné les paysages et marqué l’identité des territoires qu’il traverse à chaque grandes périodes historiques. Le site de Saint-Cybard ne fait pas exception à la règle. Il fut dans un premier temps occupé par des religieux bénédictins. Dès le VIe siècle, une abbaye est construite entre la Charente et

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les remparts de la ville, près de la grotte où vécut l’ermite saint Cybard. Pendant plus de mille ans, l’abbaye connaît des destructions, des reconstructions, des aménagements, mais pâtit également de la fondation d’autres abbayes, comme celle de La Couronne au sud d’Angoulême. À la Révolution, seuls quelques moines l’occupent encore. Devenus biens nationaux, les possessions de l’Église sont alors confisquées et vendues. L’abbaye disposait de trois moulins construits sur la Charente acquis par François Gratereau, à proximité du port L’Houmeau. Celui-ci, crée au XVIIIe siècle, fut le centre économique de la ville d’Angoulême pendant près de sept siècles.

Des moulins pour des papiers

Musée du Papier d’Angoulême

Le XIX e siècle est une période marquée par de profonds changements. Les avancés scientifiques et techniques modifient les modes de production. Cet essor a des conséquences sur la société et le paysage urbain. Dès 1835, les moulins de l’abbaye sont transformés en usine à papier par la famille Lacroix. Des ateliers de façonnage vont investir les bâtiments conventuels en 1860. Ces implantations entraînent l’installation d’industries connexes à la papeterie. L’eau de source présente sous le rempart de la ville favorise l’établissement de brasseries. La situation géographique du quartier, carrefour de voies de communication et l’activité industrielle amorcée par la papeterie, encourageant la création d’usines les plus diverses.

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Ville d’Angoulême

T. Duqueroix / Pôle Image Magelis

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URBANISME CHARENTE


À la fin du XIX e siècle, les marchandises ne sont plus transportées par voie d’eau sur des gabarres, mais par le chemin de fer. L’activité commerciale du port s’éteint progressivement. Seule se maintient l’activité industrielle. Mais les aléas de l’économie mondiale entraînent à partir de 1969 la fermeture successive de toutes les usines du site. La dernière – COFPA, usine de feutres – ferme ses portes en 1995.

Reconversion autour de l’image Après plus d’un siècle et demi d’activités industrielles, les bruits des machines se sont tus. Les employés, dont beaucoup de femmes, ont cessé d’animer le quartier. À la fin des années 1970, la Ville d’Angoulême achète plusieurs ensembles immobiliers rue de Bordeaux et amorce ainsi une politique de rénovation et de redynamisation du site. Trois structures éducatives et culturelles investissent les anciens bâtiments industriels réhabilités du « Nil ». La Maison des Syndicats et des Associations s’installe en 1980. Une école dédiée à l’art ouvre ses portes en 1987 (École Européenne Supérieure de l’Image aujourd’hui). Le Musée du Papier, qui conserve la mémoire industrielle du quartier, est quant à lui fondé en 1988. Les anciennes brasseries alsaciennes sont elles aussi transformées à la fin des années quatre-vingt par l’architecte Castro pour accueillir le CNBDI (aujourd’hui appelé Vaisseau Mœbius), temple de la BD. Depuis 1995, Magelis (syndicat mixte du pôle image) entreprend de restaurer des immeubles liés à l’industrie au profit d’établissements de

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formation aux métiers de l’image, de studios d’animation et du Musée de la Bande Dessinée ouvert en 2009. Aujourd’hui, place Dunois, l’ancienne imprimerie Charbonnaud est devenue une résidence hôtelière. Une magnifique passerelle fait pont sur le fleuve, enjambant une île, entre le Musée de la Bande Dessinée et le Vaisseau Mœbius, dans un cadre verdoyant magnifiquement préservé. Quant au logis abbatial, témoin du passé religieux, il vient d’être restauré par la Ville d’Angoulême. Protégé, comme la cheminée industrielle du Nil, au titre des monuments historiques, il marque une étape nouvelle dans la renaissance du site. Quant aux locaux de la maison des syndicats, ils sont en pleine métamorphose pour accueillir en 2014 l’ENJMIN. L’offre proposée par les écoles d’Angoulême du quartier de Saint-Cybard est complète et diversifiée dans tous les domaines de l’image fixe et animée. Des professionnels sont formés dans les domaines de la bande dessinée, de l’animation 2D et 3D, de l’audiovisuel, des effets spéciaux, du jeu vidéo, des industries graphiques ou des arts appliqués, de l’art et de la conception multimédia… Ces différents pôles d’excellence (voir encadré) témoignent du dynamisme du quartier de Saint-Cybard qui n’a cessé de se renouveler à chaque période de l’Histoire et continue d’évoluer au gré des politiques urbaines. Dans la Vallée de l’Image, la culture succède à l’industrie… La belle Angoulême et Saint-Cybard poursuivent ainsi leurs métamorphoses. ⚈

1 • Les anciennes papeteries Lacroix (1830-1910) devenues papeteries Joseph-Bardou « Le Nil » (1918-1972), ont longtemps été au cœur de l’activité économique locale. 2 • La Charente a toujours été source de développement pour ce quartier de Saint Cybard. 3 • Sur le site des papeteries Bardou, le musée du Papier (au fond) conserve la mémoire industrielle du quartier.

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Pour l’image, de l’excellence en pôles !

Plusieurs pôles d’excellence sont désormais établis dans le quartier de Saint Cybard, dans d’anciennes et superbes demeures réhabilitées, situées en bordure du fleuve. ■ Le Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM), est un grand établissement public dédié à la formation tout au long de la vie. Placé sous la tutelle du ministère chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche, il remplit trois missions : la formation professionnelle des adultes, la recherche technologique et l’innovation, et la diffusion de la culture scientifique et technique. Le CNAM a été fondé à Paris par le célèbre abbé Grégoire en 1794 (décret du 19 vendémiaire an III). C’est en 1819 qu’il dispense ses premiers cours, en Mécanique, Chimie appliquée et Économie industrielle. Suivent la création des premiers laboratoires de recherche en 1852 et l’apparition de la première promotion d’ingénieurs en 1925. Enfin, c’est en 1952 que sont créés les centres régionaux associés, parmi lesquels celui de Poitou-Charentes dont le centre d’Angoulême est une émanation, illustrant la devise du CNAM “Omnes docet ubique” (il enseigne à tous et partout) qui marque sa contribution à la requalification professionnelle des adultes sur tout le territoire et affirme ainsi sa vocation au service de la réussite des personnes et des entreprises.

1 • Sur la rive droite de la Charente, les chais Magelis sont au cœur du Pôle Image d’Angoulême. 2 • La Maison Weiller est devenue le si!ge de l’Ecole des Métiers du Cinéma d’Animation, une filière d’excellence créée en 1999. 3 • La Maison Alsacienne abrite désormais PoitouCharentes cinéma, structure chargée de l’accueil des tournages et du soutien aux professionnels de l’image.

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URBANISME CHARENTE

■ L’École Nationale du Jeu et des Médias Interactifs Numériques (ENJMIN) est un établissement public d’enseignement supérieur et de recherche, dont les formations supérieures sont reconnues dans l’univers des médias numériques. Avec plus de quarante prix et récompenses décernés aux étudiants pour les jeux développés dans le cadre de leur formation, mais également sa collaboration avec huit universités et centres de recherches dans le monde entier et l’accueil d’étudiants étrangers, la notoriété de l’ENJMIN n’est plus à démontrer. L’histoire de cette réussite débute en 1999. À cette date en effet, le Cnam Poitou-Charentes identifie, dans le cadre de sa stratégie de développement, la nécessité de créer une formation multimédia au centre Cnam d’Angoulême. La création de cette formation supérieure se fait en partenariat notamment avec les deux Universités de la Région (La Rochelle et Poitiers) et le Centre National de la Bande Dessinée et de l’Image (CNDBI). Six ans plus tard, le 13 octobre 2005, l’Enjmin est officiellement créée par le Conseil d’Administration du Cnam sous le statut de centre spécialisé du Cnam.

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L’inauguration officielle a lieu le 28 novembre en présence de l’ensemble des acteurs. Enfin, en 2006 a lieu la remise des diplômes à la première promotion du master jeux et médias interactifs numériques. Pour consacrer cette réussite, l’école, jusque-là installée dans le Vaisseau Mœbius, va prochainement s’installer dans l’ancienne Maison des Syndicats réaménagée. ■ L’École des Métiers du Cinéma d’Animation (EMCA) est une école de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Angoulême qui a été créée en 1999. Elle bénéficie du soutien financier du Fonds Social Européen et de Magelis, syndicat mixte du pôle image d’Angoulême. Elle propose une formation technique adaptée aux attentes des professionnels du cinéma d’animation et de la 3D permettant l’accomplissement du potentiel créatif de ses élèves. Le programme articule étroitement acquisitions techniques et travail personnel créatif dont la réalisation des films est l’aboutissement. L’enseignement


Philippe Metifet

comprend également des cours d’histoire et d’esthétique du cinéma qui élargissent le champ de références des élèves. Lors de leur 3e année, les étudiants réalisent seul ou en équipe un court-métrage d’animation. Ce projet est encadré par des réalisateurs ou des auteurs. L’EMCA propose un cadre de travail particulièrement remarquable réparti sur deux bâtiments : le Château de Dampierre et la Maison Weiller. ■ L’École Européenne Supérieure de l’Image (EESI) : Née de la volonté d’Angoulême et de Poitiers d’unir leurs ressources pour créer une école d’art à échelle régionale, l’ÉESI est subventionnée par le ministère de la Culture et de la Communication, le Conseil régional de Poitou-Charentes et les deux villes qui l’accueillent. Au-delà du Diplôme national d’arts plastiques, obtenu en trois ans, l’ÉESI prépare au Diplôme supérieur d’expression

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D.R

Philippe Metifet

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plastique, au grade de master. Les trois mentions de son option Art – bande dessinée, création numérique, pratiques émergentes – privilégient l’exploration des rapports entre pensée critique, production plastique et recherche. En partenariat avec l’université de Poitiers, deux masters – bande dessinée, arts interactifs – complètent l’offre de l’ÉESI. L’ÉESI attache un intérêt particulier aux relations que les étudiants peuvent établir avec les mondes de l’art. C’est pourquoi la mobilité et les stages auprès d’artistes ou au sein d’équipements culturels sont encouragés ainsi que la participation à des événements et des festivals locaux et internationaux. En encourageant les démarches expérimentales, l’attention à l’actualité de tous les champs artistiques ainsi que le dialogue avec tous les savoirs, les différentes dimensions du cursus de l’ÉESI offrent à l’étudiant-jeune artiste le

cadre et les moyens d’apprendre tout en produisant. ■ Documentaire de Création (CREADOC) : Le Master Documentaire de création (CREADOC) s’installe à Angoulême en 2005 où il bénéficie de locaux techniques adaptés et d’un matériel de tournage performant. La formation est soutenue par le SMPI Magelis (Syndicat Mixte du Pôle Image d’Angoulême) et la DRAC en tant que formation de référence du CNC. À l’issue de la formation, les diplômés sont en mesure de maîtriser l’ensemble du processus de réalisation d’un documentaire, ainsi que la pratique des différents types de diffusion. Ils peuvent prétendre aux métiers de réalisateur de documentaires, de chargé de réalisation et producteur en radio, de chargé de production de documentaires audiovisuels, de scénaristes audiovisuels, et de programmateurs de réalisations audiovisuelles.

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Pays Mellois

Archéologie

J’étais une déesse… Au musée de Rauranum à Rom (79), siège une étrange statue de pierre vieille de 1600 ans. Découverte au cours de fouilles menées sur le site de l’ancienne ville gallo-romaine, cette déesse de l’abondance aux formes typiquement gauloises est pourtant dotée d’ornements purement grécolatins. Si elle pouvait raconter son histoire, voici sans doute ce qu’elle nous dirait… ■■Texte et photos : Ludovic Malecot, directeur du musée de Rauranum.

«M

on créateur vient juste de terminer son œuvre. Il lui a fallu plusieurs heures pour arriver à ses fins, et je le sens à sa fierté. Je ne compte plus le nombre de coups de marteaux qu’il a donnés et outils divers qu’il a utilisés pour enfin obtenir ce que je suis, et ce que je serai pour l’éternité. De son œil et de ses mains, ce créateur m’a donné un regard impassible et intangible porté vers l’avenir et l’horizon, alors que déjà j’entends parler de fin d’un temps, de gens qui arrivent de loin pour apporter un renouveau religieux qui, selon moi, marque le crépuscule des anciennes croyances. Mon corps robuste et mon dos légèrement voûté montrent déjà le poids que pèse le temps sur l’esprit des hommes. Mes mains larges tiennent la corbeille des fruits de cette sagesse qui mûrira chaque année, alors que Proserpine retrouve la lumière du jour, échappant ainsi à son geôlier infernal. Il m’a également été donné de porter la corne de l’abondance, celle dont on dit qu’elle fut prise sur la tête de la chèvre Amalthée par Jupiter luimême, étant enfant. Cette corne est celle qui

apporte bonheur et plénitude, dernier vestige d’un mammifère transformé en constellation, le capricorne. Assise sur un siège en osier que l’on trouve en Gaule, je suis vêtue d’une grande robe romaine, dont les plis rappellent les lointaines époques grecques. Le soin qui m’a été apporté pousse même le détail jusqu’à ma coiffe, dont les tresses ne sont pas sans rappeler celles que pouvaient porter les romaines des premières années du règne d’Auguste. Sur mes genoux repose une corbeille de fruits, complétant ainsi la présence cette corne qui monte de ma main gauche vers ma joue.

Un syncrétisme de différentes croyances

Mon rôle est d’apporter bien sûr abondance de biens, mais certains pourront voir en moi le symbole de la fertilité, de la fécondité, du renouveau et des mélanges entre monde gaulois et origines romaines. Car les attributs que je porte, les vêtements qui sont les miens et le siège sur lequel je suis assise forment un savant syncrétisme de croyances issues de peuples aux

L’entrée du musée de Rauranum, installé dans un ancien presbytère de Rom (79).

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ARCHÉOLOGIE DEUX-SÈVRES

La déesse de l’abondance dans sa vitrine actuelle.


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origines différentes. De là où je me trouve, je peux voir l’atelier de celui qui m’a sculptée : il y a des outils, bien sûr, mais d’autres blocs de pierre sont en attente, caressant l’espoir d’être eux aussi modelés à la lueur d’un regard artistique, exerçant un subtil mélange d’inspiration et d’accès à une commande précise. Soudain deux jeunes hommes viennent me chercher et me placent dans une sorte de charrette, où ils me disposent sur une couverture de laine, calée par de la paille. Puis ils m’emmènent sur une voie imposante – 8 mètres de large – et pavée d’une ville appelée Rauranum, située à quelques lieues de la capitale de la Cité des Pictons, Limonum (Poitiers). Cette voie conduit vers la capitale des Santons, Mediolanum Santonum (Saintes). Je vois des constructions de diverses factures défiler au gré de la progression du convoi dans lequel j’ai été placé. Puis la charrette dans laquelle je me trouve s’arrête devant un bâtiment possédant une galerie de façade. Puis soudain, le noir total. Le temps se met à passer loin de toute lumière… Les jours, les mois, les années… Des siècles même ai-je l’impression. Est-ce la fin de toute

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ARCHÉOLOGIE DEUX-SÈVRES

chose, comment certains l’ont dit à maintes reprises ? Ah, non, il y a du bruit. Est-ce ma raison de pierre qui me joue des tours ? Ou estce tout simplement les souvenirs lointains du capharnaüm engendré par la chute du bâtiment où je trônais ? C’est possible. Je me sens toujours brisée, portant toujours avec difficulté les subsides d’une époque dont je ne sais plus si elle était hier ou avant-hier.

Impassible abondance Si, il y a bien du bruit. J’entends du métal frotter contre la pierre, la terre. Ca racle, ça frotte… Vient-on enfin me chercher ? Ou sont-ce ces fameux combats dont tout le monde parlait, mais qui se tenaient bien loin de Rauranum ? Car oui, des combats, dans une vie, il y en a toujours, mais à ce que j’ai entendu dire, l’Empire se porte mal, et le pouvoir grisant les hommes influe sur l’évolution du monde. À ceci s’ajoutent l’arrivée de populations étrangères, celles qu’on appellera plus tard les barbares, qui se trouvent en partie chassés de chez eux par ceux qu’on appelle les Huns. Et que dire de cet Empire qui se meurt et qui se scinde, au point de choisir deux capitales, une à

l’ouest et l’autre à l’est ? Que penser de ces généraux qui se proclament empereurs ou qui sont portés en gloire par une poignée d’hommes ? Mais je ne suis pas là pour cette abondance-là, moi. Je suis là pour apporter ce que je peux aux hommes, leur offrir l’espoir qu’un jour meilleur approche, malgré ces troubles, malgré le fait que la population préfère se déplacer vers les villes protégées par des remparts. Je suis là, toujours impassible – il est de mon devoir de garder le même regard sur le monde – attendant finalement que le sort qui s’acharne sur moi depuis des décennies me laisse un peu tranquille. Enfin, la lumière du jour… Le soleil est bien là. Je sens l’air glisser sur mes courbes de pierre. Enfin je peux à nouveau prétendre retrouver ma place et apporter à nouveau cette abondance pour laquelle je suis faite… mais ? ! Mais qui sont ces personnages habillés de bien curieuse façon ? Ils portent pour la plupart des chapeaux et des vêtements aux couleurs étranges. Certains ont même des blasons sur leurs drôles d’accoutrements. Et le pire, c’est que je ne comprends pas le moindre mot de ce qu’ils disent ! En tout cas, ils ont l’air heureux de me voir, c’est rassurant. Ils


2 1• Le visage de la

déesse a conservé son allure un peu rustre, avec un regard comme perdu dans le temps.

2• Buste en bronze

d’un bateleur, figurine datée du Ier – IIe siècle ap. J.-C.

3• Petit rasoir à lame

pliante en fer et manche en ivoire (IIIe siècle-IVe siècle ap. J.-C). Le manche a la forme d’un animal appelé oryctérope (sorte de fourmilier) qui a été utilisé pour en faire la mascotte du musée.

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ont l’air de vouloir me dorloter, tant mieux. Ils s’empressent de récupérer mon corps en morceau – il y en a quinze, je les ai comptés – et ils m’amènent dans un lieu étrange, éclairé par je-ne-sais-quoi. Tout a changé, le monde a changé.

Nouvelle vie au musée À force d’écouter ce peuple curieux, je comprends certains mots de leur langue. 1 600 ans. C’est le temps que j’ai passé à l’abri de la lumière avant d’être mise au jour. On me lave, on recolle mes morceaux, et on m’installe dans un nouveau lieu, protégé par une sorte de cage de verre. « Musée », c’est le mot qui est utilisé. C’est mieux que rien après tout : on fait attention à moi et, si j’ai bien compris, je suis très importante dans cette nouvelle vie qui m’est offerte. De là où je suis, dans ce musée, je vois des vestiges d’un temple qui a existé à Rauranum. Je peux également voir des

Arcades #02

objets et des outils qui ont été fabriqués et utilisés par ceux qui ont vécu lorsque je suis née. Je vois même un rasoir pliant, dont le manche en os et ivoire représente un animal curieux – un oryctérope - que l’on peut trouver sur le continent africain. C’est toute une vie qui se dessine devant moi, de l’artisanat au monde quotidien d’hommes et de femmes aujourd’hui disparus, rappel d’une période qui, pourrait-on le croire, n’a jamais existé. Je vois également des enfants qui rient à chercher des drôles de petites peintures placées çà et là dans cet endroit. Ils sont suivis par leurs parents, eux aussi pris par le jeu. Et chacun s’arrête devant moi. Certains rient à me voir – je ne comprends pas toujours pourquoi – d’autres s’émeuvent devant mon regard. Certains encore s’interrogent sur les formes qu’a voulu me donner mon créateur, au point d’essayer de me donner un nom. Oh j’en ai eu des

sobriquets : Falbala, Pomone (nymphe des fruits)… Mais rien y fait, jamais je ne trahirai ce nom que je préfère jalousement garder. Car je suis déesse de l’abondance, et je préfère la savoir dans l’esprit des gens sous toutes ses formes. 
Finalement, avec un peu de recul, je l’aime bien cette nouvelle vie. Je suis à l’abri des intempéries et je suis regardée par toutes et tous. Je retrouve le rôle pour lequel j’ai été créée : siéger pour l’éternité, le regard tourné vers un avenir parsemé d’enfants, de femmes et d’hommes admirant mes formes. Trôner, impassible, dans l’attente de ceux venant trouver paix et recherche d’une abondance culturelle enfin retrouvée ». ⚈ Renseignements Musée de Rauranum 1 place de l’église 79120 Rom Téléphone : 05 49 27 26 98 www.musee-rauranum.com www.facebook.com/rauranum

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RECONVERSION 50

Dans l’architecture industrielle de ces ateliers, se mêle verre, fer et briques…


Châtellerault

La Manu, 150 ans d’histoire industrielle et ouvrière De 1819 à 1968, La Manufacture Nationale d’armes

connaît son second âge d’or, après celui de la Renaissance. Ce site à l’architecture industrielle très “signée” offre de multiples possibilités de reconversion… ■ Virginie Tostain, animatrice de l’architecture et du patrimoine du Pays Châtelleraudais

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P. Fluck

de Châtellerault aura marqué la ville de son empreinte ouvrière et industrielle. Grâce à la Manu, Châtellerault


L 1 • Le Musée Auto Moto Vélo profite à plein de la structure très ouverte de l’ancien atelier 206. 2 • Le Conservatoire de musique et de danse du pays châtelleraudais Clément Janequin est désormais un établissement classé à rayonnement départemental.

a création d’une Manufacture Royale d’Armes de Châtellerault est intrinsèquement liée à la défaite napoléonienne de 1815. À cette date, la France, redevenue monarchie, perd ses territoires conquis à l’est sous l’Empire. Les grandes manufactures d’armes implantées en Alsace se retrouvent alors dangereusement proches des frontières avec les états allemands, et donc plus vulnérables en cas de conflit. Prudent, le Ministère de la Guerre se met en quête d’un nouveau site d’implantation au sud de la Loire pour transférer progressivement les manufactures du Klingenthal, de Mutzig, de Maubeuge ou encore de Charleville vers ce nouvel établissement de fabrication d’armes blanches. Plusieurs villes, telle Moulins, sont pressenties. C’est finalement Châtellerault qui est retenue. A cette époque, la ville compte environ 8 000 habitants. Elle est idéalement située au carrefour du Poitou et de la Touraine, sur un important axe de communication entre Paris et Bordeaux. La Vienne, qui traverse la ville, est un puissant cours

d’eau navigable. Dernier argument de poids : la tradition coutelière châtelleraudaise. Depuis le Moyen Âge, une coutellerie fine s’est développée localement, plus particulièrement rive gauche, dans le quartier artisanal de Châteauneuf. Ce savoir-faire, particulièrement célèbre à l’époque, incite les autorités à penser que les couteliers châtelleraudais constitueront une main-d’œuvre qualifiée pour la manufacture.

Une position stratégique Afin de favoriser l’implantation de cet établissement, la municipalité propose au Ministère d’acheter le terrain nécessaire à l’implantation pour le lui céder gratuitement. Le choix est fait d’un grand terrain à la confluence de l’Envigne et de la Vienne, au sud de Châteauneuf. Dès lors, l’ancien quartier artisanal devient plus ouvrier et populaire, bien distinct de la rive droite, bourgeoise et commerçante. Le 14 juillet 1819, une ordonnance royale rend officielle la création de la Manufacture Royale

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Des armes célèbres

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RECONVERSION CHARENTE

CAPC

Musées de Châtellerault

Parmi toutes les productions de la manufacture, quelques-unes sont restées très célèbres. En 1887, l’armée française adopte le fusil Lebel. Ce dernier a été entièrement conçu par les contrôleurs d’armes de la manufacture de Châtellerault. Plus tard, en 1891, séduit par le fusil Lebel, le tsar Alexandre III passe à la Manu une commande exceptionnelle de 500 000 fusils Mossine destinés à l’armée russe. De cette alliance franco-russe, Châtellerault conserve un présent étonnant : une cloche sculptée et dorée fondue par les fonderies de Saint-Pétersbourg, qui a parcouru 3 000 km depuis la Russie pour être installée, en grande pompe, dans le clocher de l’église Saint-Jean l’Évangéliste en 1897. Elle est visible pendant les Journées du Patrimoine. Pour finir, n’oublions pas le MAC-50 : développé puis fabriqué à la Manu, il équipait encore l’armée et la gendarmerie françaises à la fin du XXe siècle !


importantes au XXe siècle, à la faveur des deux conflits mondiaux, puis des conflits d’Indochine et d’Algérie. Mais au début des années 1960, malgré une production toujours active, des rumeurs de fermeture commencent à circuler. La fermeture est annoncée en 1961. Pendant 7 ans, l’activité ralentit : progressivement les ouvriers sont reclassés et les machines sont transférées vers la Manufacture de Tulle.

1968-2013 : la renaissance Le 31 octobre 1968, veille de la fermeture définitive, la sirène de l’usine sonne le glas. Les ouvriers encore en poste se rassemblent dans la cour, observent une minute de silence et passent, pour la dernière fois, les portes de l’usine. La page est difficile à tourner : celle qui a rythmé la vie des Châtelleraudais pendant 150 ans s’est éteinte. La friche industrielle a inspiré à Michel Lefort, fils de manuchard,

une chanson sur la mort de la Manu : “les fumées des ch’minées/ne me font plus tousser/et le marteau-pilon/secoue plus ta maison/Pépère si tu voyais/ce que c’est devenu/c’est plus rien ta Manu…” Aujourd’hui, les paroles de la chanson ne sont plus qu’un mauvais souvenir : la friche industrielle au bord de la Vienne reprend vie grâce à la réhabilitation. De fait, la reconversion du site industriel avait commencé avant même sa fermeture : l’État réutilise plusieurs bâtiments désormais désaffectés et en 1965, d’anciens ateliers sont transformés en centre de formation, devenu aujourd’hui l’AFPA. À la fermeture, EDF reprend le barrage hydroélectrique qui alimentait le site. Il est toujours en activité aujourd’hui. D’autre part, le Ministère de la Défense installe un dépôt d’archives dans un grand atelier de 8000 m². Ce dépôt, appelé Centre des Archives de l’Armement et du Personnel Civil, annexe du Service Historique de la Défense de >>>

Gérard Barrin

d’armes de Châtellerault. Dès 1819, des employés du Klingenthal se rendent à Châtellerault pour dispenser leur savoirfaire. Les débuts sont hésitants : la construction des bâtiments est en cours, la première commande du Ministère doit donc être réalisée entièrement à bras d’homme. Les 1 000 armes blanches commandées ne sont pas produites. À partir de 1824, les usines hydrauliques et les ateliers de productions commencent à fonctionner et la fabrication peut commencer. L’expérience des Alsaciens se révèle alors déterminante dans la réputation que la manufacture se forge au fil du temps. Entre 1830 et 1950, les effectifs, les productions et le site ne cessent de croître. Après 1915 et l’achat de plusieurs annexes, la superficie du site atteint 190 000 m², dont 75 000 de bâtiments, et 7 000 “manuchards” travaillent alors à la “Manu”. Les commandes sont particulièrement

Arcades #02

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des personnels civils de la Défense, des plans d’armes, et une grande partie des archives de la Manufacture. Il ouvre ses portes de façon exceptionnelle pour les Journées du Patrimoine. C’est aussi le rachat d’une partie du site par la Ville de Châtellerault qui est à l’origine d’une reconversion plus culturelle et touristique. Les Châtelleraudais, qui n’avaient jamais pénétré le site militaire du temps de son activité, investissent les lieux. De nombreux bâtiments ont été détruits, ainsi que les portes et murs d’enceinte, permettant ainsi la découverte et la circulation au cœur du site. D’autres édifices ont au contraire été restaurés et reconvertis, voire détournés de leur esthétique d’origine. En 1994, l’artiste JeanLuc Vilmouth installe, sur les deux cheminées proches du musée, une passerelle métallique dont l’escalier en colimaçon prend place au niveau de l’ancien château d’eau. Ainsi, les cheminées deviennent un belvédère d’où l’on peut observer la ville et le site. Sont également présents sur l’ancienne friche industrielle la patinoire et le Conservatoire à Rayonnement Départemental Clément Janequin. En 2012-2013, des travaux autour et sur le canal ont permis la réhabilitation de cette partie du site en lieu de promenade. Dès 1989, une partie du site de la Manu a été inscrite à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques. Le dossier de la Conservation des Monuments Historiques stipule en effet que l’architecture de la manufacture présente “un éventail des solutions proposées aux problèmes de la production industrielle”. La “première” manufacture présentait des caractéristiques qui ont été fortement oblitérées par des constructions plus tardives.

Dans le projet initial, le site était entièrement concentré autour de deux éléments forts : le bâtiment d’administration d’une part et les usines hydrauliques d’autre part. En effet, dès 1821, un barrage et un canal sont construits, afin de pouvoir alimenter en eau cinq usines hydrauliques situées entre le canal et la Vienne. Chacune est munie de roues en fonte puis de turbines qui actionnent les machines. Trois usines sont dédiées à la production des armes blanches, deux aux armes à feu. Plus à l’ouest, les ateliers et les magasins, construits en pierre, sont ordonnancés autour du bâtiment administratif, appelé plus couramment bâtiment du directeur ou encore de l’horloge. Des allées plantées ajoutent encore à la symétrie de cette composition très austère.

Un concentré d’architecture industrielle

Au fil des modernisations des machines, des bâtiments sont ajoutés, les existants sont modifiés : dans les années 1860, les usines hydrauliques sont rehaussées pour s’adapter à de nouveaux modes de productions. Dans les années 1880, de grands bouleversements énergétiques et architecturaux interviennent. Énergétiques d’abord. Depuis les années 1860, les machines à vapeur servent à alimenter les chaufferies. Puis des machines plus importantes, telle la machine Corliss qui fournit 300 chevaux-vapeur, sont installées pour supplanter l’énergie hydraulique dans l’ensemble de la chaîne de production. Les traces les plus visibles aujourd’hui sur le site sont les immenses cheminées d’évacuation, construites en briques rouges et noires. Les deux cheminées qui alimentaient entre autres le bâtiment 206 atteignent 45 mètres de haut, contre 60 mètres pour celle qu’on appelle “la

Le Musée Auto Moto Vélo, une reconversion réussie.

Gérard Barrin

En 1970, Bernard de Lassée, passionné de véhicules anciens, loue le bâtiment 206 à la Ville pour y installer sa collection personnelle et créer le premier musée de l’automobile. À la mort de Bernard de Lassée en 1991, la Ville rachète une partie de cette collection. De grands travaux de restauration sont menés dans le bâtiment 206 pour permettre l’installation du Musée Auto Moto Vélo. L’atelier 206 est un bon exemple de reconversion patrimoniale réversible : dans une grande nef baignée de lumière, le jeu des cloisons modulables ne porte pas atteinte à la structure originelle du bâtiment. Il permet une découverte particulièrement ludique de la collection, depuis les premiers vélocipèdes jusqu’aux concepts cars Heuliez.

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RECONVERSION CHARENTE

P. Fluck

>>> Vincennes, renferme des kilomètres d’archives

Avec cet escalier en colimaçon pour accéder à la passerelle métallique crée en 1994 par l’artiste Jean-Luc Vilmouth, les cheminées de la Manu deviennent un belvédère d’où l’on peut observer la ville et le site

grande cheminée”, aujourd’hui située au cœur du site du Ministère de la Défense. Bouleversements architecturaux ensuite. En 1886, la Manu commence la fabrication du célèbre fusil à répétition Lebel. Afin d’assurer la production, les effectifs humains doublent. Les bâtiments existants sont détruits pour en reconstruire de plus grands. Les logements des ouvriers, jusqu’alors implantés sur le site même, sont délocalisés dans le quartier de Châteauneuf. Les nouveaux édifices adoptent une architecture qui répond totalement aux fonctions industrielles : la structure porteuse est constituée d’une charpente métallique soutenue par des piliers en fonte. La plupart de ces piliers présentent une décoration (faux rivets, moulurations…). Les enveloppes extérieures sont en briques. Ce procédé permet d’éliminer complètement les murs porteurs en pierre et les bâtiments se passent entièrement de cloisons. La forme des charpentes, en dentde-scie, reprend celle des “sheds” inventés en Angleterre, berceau de la Révolution Industrielle, et permet d’obtenir espace et lumière. À l’aube du XXe siècle, un autre tournant architectural se profile : l’utilisation de plus en plus systématique du béton armé dans les constructions. Le pont construit en 1899 pour relier la Manu à la rive droite de la ville est le premier de cette portée construit en béton armé, ce qui lui vaut son classement au titre des Monuments Historiques. Dès 1918, la centrale hydroélectrique est également conçue en béton armé. Elle marque aussi l’avènement de l’électricité qui remplace peu à peu les machines à vapeur. Ainsi, au-delà de son histoire sociale et ouvrière, la Manu constitue donc aussi un concentré de l’histoire de l’architecture industrielle. ⚈


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Nicolas Mahu

Les charpentes des toits en dent-de-scie, les sheds, permettent d’obtenir le maximum d’espace et de lumière.


Gilles Lazenec

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Rochefort

HISTOIRE

Un temple maçonnique bientôt classé Dans la rue La Fayette, à Rochefort (17), un immeuble anodin abrite le temple maçonnique de la loge « L’Accord Parfait ». D’une grande richesse patrimoniale, il possède une bibliothèque de 4600 ouvrages et des fresques signées Moreau, le peintre qui a en partie décoré le théâtre de la Coupe d’Or. Le classement, au niveau national, permettrait de protéger et de reconnaître cet élément du patrimoine rochefortais. Ce serait une première au niveau national… ■■Stéphane Ceccaldi, conservateur du musée de la Grande Loge de France.

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es membres de l’Accord Parfait ont souhaité entamer une procédure de classement au titre des monuments historiques, fidèles au devoir de transmission qui les anime ainsi qu’à la reconnaissance et au souvenir d’illustres frères les ayant précédés : Édouard Grimaux, Toufaire, La Galissonnière, Adolphe Lesson, René Bellot… et tant d’autres. Le local dans lequel les francs-maçons se réunissent est communément dénommé temple, en grande partie par analogie au mythique temple de Salomon, considéré comme la bâtisse idéale qui incarne, phy-

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siquement ou symboliquement, la construction parfaite qui doit être le but à atteindre. L’architecture maçonnique est méconnue, il est vrai qu’elle est rarement ouverte au public, difficile à appréhender en Europe continentale en raison de sa discrétion et plus apparent dans le monde anglo-saxon. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le développement de la Franc Maçonnerie nécessite des implantations durables. La distribution intérieure des temples semble se fixer à la fin des années 1760 selon un plan type répandu depuis une vingtaine


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1 • Les décors du temple de la loge L’Accord Parfait de Rochefort – et une grande partie de son mobilier - sont restés inchangés depuis 1844. 2 • Une bonne partie du mobilier de la loge, ici le bureau du Vénérable Maître, date probablement de l’époque Empire.

Georges Lacaud

3 • Différents cartouches célèbrent la mémoire d’illustres frères maçons ayant fait partie de la loge. 4 • Les fresques peintes sur les murs du temple sont l’oeuvre de Moreau qui a participé à la décoration du Théâtre de la Coupe d’Or.

d’années. L’extérieur des locaux ne révèle aucun usage maçonnique à proprement parler et tous les bâtiments abritant des loges ne sont que de simples bâtisses sur rue, sans sigle ni symbole : la discrétion qui perdure jusqu’au XXe siècle est déjà de mise, en raison des anathèmes religieux et des mouvements anti maçonniques. Le temple maçonnique de Rochefort est probablement en France, le seul ensemble (meuble et immeuble) complet, dans son aspect d’origine. Des nombreux temples érigés dans l’Hexagone depuis le Siècle des Lumières, aucun ne semble avoir survécu. On trouve cependant quelques éléments de façade de l’immeuble, à Rochefort, ayant abrité la première loge au XVIIIe siècle avec le balcon extérieur du premier étage, décoré de symboles, au 55 de la rue Pierre Loti. Le temple actuel de la rue La Fayette, acquis en 1843, est donc une exception notoire, l’ensemble du bâtiment et sa distribution intérieure conservant un aspect d’origine.

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Le bâtiment actuel conserve sa répartition initiale en trois temples. Celui du rez-dechaussée devenu une bibliothèque sous le Second Empire, a conservé son plafond à décor symbolique d’origine.

un ensemble d’exception Le temple principal du premier étage, toujours en fonction, conserve toutes les fresques peintes pour l’inauguration en 1844. On peut remarquer la présence des appliques et luminaires d’origine ainsi que des sols et boiseries, huisseries comprises pour tout le premier étage. Le petit temple du premier étage de son côté a gardé l’ensemble de sa répartition initiale avec ses estrades et parquets mais a perdu ses décors muraux. Une bonne partie du mobilier Louis-Philippe du temple principal est encore en place dont une trentaine de fauteuils. On peut aussi citer le très exceptionnel « plateau » (bureau) du Vénérable Maître (le président de l’atelier) qui date probablement de

Georges Lacaud

Georges Lacaud

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l’époque Empire. Il pourrait provenir du premier bâtiment maçonnique de Rochefort, rue Pierre Loti. La même association qui gère les locaux depuis plusieurs siècles, désire donc aujourd’hui protéger son patrimoine. Consciente de son intérêt pour les Rochefortais en particulier et le patrimoine public en général, elle souhaite sa prise en compte officielle dans l’histoire sociale et intellectuelle de la ville et sa reconnaissance comme témoignage unique au plan national. L’inscription à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques (ISMH) est d’ores et déjà acquise à la suite d’une procédure administrative particulièrement rapide qui prouve l’intérêt que les pouvoirs publics apportent à ce véritable complexe. Le classement complet au titre des Monuments Historiques serait ainsi la preuve d’une véritable redécouverte d’un patrimoine commun dont Rochefort, déjà riche en témoignages historiques, ne peut que s’enorgueillir. ⚈

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Portfolio

Rencontres avec des arbres remarquables

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PORTFOLIO

POITOU-CHARENTES


Dominique Saumet

Sur les terres rouges des plateaux de la Saintonge et du Poitou, isolés en plein champ, se trouvent encore des arbres remarquables, chênes et châtaigniers le plus souvent. Les plus vieux sont âgés de 400 à 500 ans. Ce vénérable vieillard de 500 ans affiche un respectable tour de taille de 5,5 mètres ! En milieu de parcelle agricole, à 50 mètres du bord de l’ancienne route nationale 151 entre Chauvigny et St Savin sur Gartempe, il continue de résister à tous les assauts des siècles.

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Dominique Saumet

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PORTFOLIO POITOU-CHARENTES


À Saint Julien l’Ars, ces châtaigniers ont été protégés individuellement, alors qu’ils étaient encore magnifiques, au titre de la loi Paysage du 8 janvier 1993 de Ségolène Royal, article L.130 du code de l’urbanisme «espace boisé classé, à conserver ou à créer». Il en existe bien d’autres, enracinés depuis des siècles dans les terres du Poitou et de Saintonge. Tous sont des reliques d’anciennes cultures car durant des siècles, ces châtaigniers ont nourri humains et animaux à profusion. Avant qu’ils ne finissent sur les énormes bûchers des remembrements fonciers agricoles. Arcades #02

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Dominique Saumet

Ces châtaigniers remarquables sont des mémoires vivantes qui nous parlent des évolutions de nos cultures et des modifications apportées aux paysages. En effet, à l’origine ces arbres étaient plantés en formation de vergers, ou bien en alignement dans les haies des champs qui à l’époque étaient composés de petites parcelles. Rien à voir avec le paysage contemporain de nos campagnes.

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Jean Marcheur

Si certains de ces arbres ont résisté, ils le doivent à la permanence d’un certain bon sens paysan qui a préféré conserver quelques uns de ces anciens châtaigniers comme garde-manger. Un bon sens paysan plus fort que la règle et le compas du géomètre exécutant les directives du génie rural ou de la DDA des « trente glorieuses », ce moment historique qui a vu disparaître un écosystème millénaire.

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Jean Marcheur

Beaucoup de ces sujets vieillissants sont aujourd’hui plutôt mal en point. Non seulement ils ont subi de gros stress avec les sécheresses à répétition de ces dernières années en Poitou-Charentes. Mais de plus, ils se retrouvent aujourd’hui au milieu de cultures industrielles céréalières, subissant des labours successifs qui attaquent leurs racines. Sans compter l’agression des divers produits chimiques phytosanitaires qui leur portent préjudice. Par rapport à leur ancienne situation en prairie, ceci n’arrange pas leur état sanitaire.

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PORTFOLIO POITOU-CHARENTES


Jean Marcheur

Mais la caractéristique forte du monde végétal reste de pouvoir végéter durant des décennies, voire des siècles. Et ces vieux arbres remarquables végéteront encore longtemps. Saisons après saisons, ils continueront de lancer, imperturbables, leurs branches argentées dans le ciel. Dénudées, sans écorces, leurs ramures torturées pourraient laisser penser que ces arbres sont morts. Pourtant il n’en est rien. À chaque printemps, du vert reviendra sur leurs troncs séculaires. Comme la promesse de la vie qui perdure. Arcades #02

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Musée du Papier d’Angoulême 1920

PAYsAGes

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Région

Pour que la beauté soit durable !

Dominique Saumet, inspecteur des sites, est également chargé de mission paysages à la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement (DREAL) du Poitou-Charentes, l’antenne régionale du Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie. Au-delà de ses missions de création et de gestion des sites protégés, il intervient au titre de l’aspect paysager dans de nombreux dossiers, ainsi que dans le suivi des règlements locaux de publicité. Autant dire que du paysage naturel exceptionnel à celui, plus banal en apparence, de nos entrées de villes, ce passionné de géographie, fin connaisseur de la nature, pose un regard autant bienveillant… que vigilant ! Si pendant des décennies l’aménagement du territoire s’est fait au détriment de l’environnement, Dominique Saumet observe que les choses évoluent peu à peu. L’arsenal législatif est parfaitement au point, seules les mentalités peinent encore à intégrer que « seule la beauté est durable ». photos : Thierry Degen – DREAL Poitou-Charentes

P. Blanchie

■ propos recueillis par Philippe Arramy

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Arcades : Comment définir le paysage et en quoi fait-il partie du patrimoine ? Dominique Saumet : Le paysage, c’est l’étendue du pays qui s’offre au regard, qu’on perçoit au premier coup d’œil. Un concept évident mais défini par la convention européenne du paysage de Florence qu’en octobre 2000 ! Les premières préoccupations sur le patrimoine paysage, remontent à Michel d’Ornano, à la fin des années 1970. On lui doit la notion de préservation des paysages avec le recrutement d’inspecteurs des sites pour gérer les sites les plus emblématiques – 2 % du territoire français ! - comme l’Île de Ré, le Mont-Blanc, Gavarnie… Ces inspecteurs sont notamment chargés de l’application de la loi du 2 mai 1930, un outil merveilleux qui n’a pas beaucoup changé en 83 ans. Les plus beaux espaces protégés ne doivent pas être dénaturés. Lors de l’instruction des demandes de permis de construire, avec l’architecte des bâtiments de France, tout est fait en commun pour garder l’« esprit des lieux » qui a conduit au classement du site. Cela se fait aussi en concertation avec les élus et les porteurs de projet, avant que la commission départementale des paysages et des sites donne son avis, ainsi que la DREAL. Le ministre en fin d’instruction autorise, ou pas, les travaux. Arcades : Que dit cette loi de 1930 ? Dominique Saumet : Cette loi protège et sinon, contrôle les espaces d’intérêt général à caractère « artistique, historique, légendaire, scientifique, et pittoresque ». Y compris certains sites urbains. Dans la région, ce sont les remparts d’Angoulême,

le vieux port de La Rochelle… Il faut voir dans cette loi, l’aboutissement d’une prise de conscience de la fragilité de notre environnement. Au début du XXe siècle, le député Charles Beauquier appuie le travail de « propagande », comme on disait à l’époque, de la toute jeune Société pour la Protection des Paysages et de l’Esthétique de la France, dont il était le président. Cette société proclame dans un appel publié par la « Revue des revues » en mars 1901 : « La beauté est d’un rapport non moins certain que l’industrie et plus durable et plus sûr, car elle ne fait jamais faillite ! ». Le député affirme d’autre part : « Il ne s’agit pas de chasser les industriels mais de les empêcher de dilapider ce qui est l’héritage de la nation ». C’est aussi l’époque ou le poète Sully Prudhomme, président de la même société écrit : « il n’y a pas de plus grave attentat à la dignité d’un peuple que l’amoindrissement, chez lui, de l’attrait du beau… ». Il y a là, toutes les bases du développement durable ! Regardez le tourisme. Si des visiteurs viennent voir des espaces et sites remarquables, c’est qu’ils ont été protégés, entretenus, embellis… Et le tourisme n’est pas une ressource économique négligeable chez nous avec nos 60 millions de visiteurs annuels : son chiffre d’affaires est supérieur à celui de l’industrie et l’agriculture réunie ! Arcades : Pourquoi ce changement dans les années 1970 ? Dominique Saumet : Une demande forte se fait jour, traduite par une émission

télévisée « La France défigurée » de Louis Bériot et Michel Péricard qui dénonce les dégâts causés par le développement effréné des « trente glorieuses » sur le patrimoine et l’environnement : grands ensembles, décharges sauvages, lignes à haute tension filant droit dans le paysage, autoroutes lancées sans études d’impact, invasion des panneaux publicitaires, et dans les campagnes des châteaux d’eau érigés de toutes parts, des lotissements en rupture avec l’habitat rural et des remembrements

sous la voûte végétale des frênes têtards, le Marais Poitevin à Arçais (79) déroule ses canaux propices aux trajets en barque. Le «Marais Mouillé Poitevin» est un site classé depuis le 09 mai 2003.

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PAYsAGes POITOU-CHARENTE


La région ne manque pas de bâtisses remarquables qui participent à la beauté du paysage, exemple avec le Château de Pruniers à Pindray (86).

Les paysages sont (aussi) largement façonnés par l’homme… Comme ici avec les jardins familiaux de la promenade Louis Guerry au bord du Thouet à Thouars.

dévastateurs… Or, depuis l’Antiquité et durant des siècles, on a fait coïncider aménagement et esthétique ; tout ce qui s’est fait de la Renaissance, à l’époque classique jusqu’au Bauhaus peut en témoigner. Une rupture intervient après la seconde guerre mondiale avec le bouleversement causé par une idéologie « moderniste » occupant les têtes des décideurs administratifs ou politiques. Au nom d’une logique purement comptable, des hectares de haies ont été rasés pour libérer des surfaces agricoles. Arcades : Où en est Poitou-Charentes ? Dominique Saumet : La Région compte aujourd’hui 108 sites classés et 137 sites inscrits, de tailles et de natures très diverses comme l’Île de Ré – 12 000 hectares — le marais Poitevin -16 000 hectares sur deux régions, l’estuaire de la Charente, l’Île d’Oléron, l’île Madame et l’île d’Aix. Dans les années 1970-1980, les plus gros dangers concernaient la Charente-Maritime, à cause de la pression touristique et des projets d’aménagements qui pouvaient porter atteinte aux paysages littoraux de cette côte très sensible. Heureusement, en Charente-Maritime, on est resté dans une volumétrie raisonnable en habitat, sur les

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îles ou le littoral. L’État a su contenir cette très forte pression ainsi que le Conservatoire du Littoral qui a acheté des terrains sur les côtes et sauvegardé des plages, des arrières plages, des dunes, des forêts. Dans l’intérieur des terres, l’atlas des paysages du Poitou-Charentes en témoigne, les enjeux concernent essentiellement les vallées de la Gartempe, du Thouet, de la Charente, de la Vienne, de l’Issoire, ou des Eaux Claires aux portes d’Angoulême. Il faut conserver leurs qualités pour le bien-être de tous. Globalement, beaucoup de paysages ont été préservés dans notre région. Arcades : Que nous dit l’atlas des paysages de Poitou-Charentes ? Dominique Saumet : Ce sont des inventaires réalisés sur la demande de l’administration centrale depuis une quinzaine d’années. En Poitou-Charentes, on a délimité et identifié 80 entités très différentes. Ce qui est important par rapport à la superficie régionale. La France possède 3 000 à 4 000 entités paysagères différentes. Dans un maillage d’environ 10 kilomètres de côté, il y a toujours ici et là une demeure de caractère, un château, un manoir. Dans n’importe quelle ville de la région ! Regardez

même dans l’Aunis, tout plat, aux portes de La Rochelle le nombre de demeures historiques, et la richesse du patrimoine des communes de la Charente, des Deux Sèvres et de la Vienne est inouïe ! Arcades : Pourquoi protéger, pourquoi prendre soin des paysages ? Dominique Saumet : Parce ce qu’on vit mieux dans un espace de qualité, toutes les études sociales et médicales l’ont déjà prouvé. L’enjeu est que la France reste belle. Les choses ont évolué lentement depuis le néolithique, et très rapidement depuis l’époque industrielle. Le pays doit rester vivable pour tout le monde. Que tout ne soit pas galvaudé, uniformisé. Il n’est pas question de préserver des petits paradis sur 2 % du territoire et laisser le restant à la dérive ! Pas plus que les zones d’activité ne sont pas vouées à des désastres esthétiques. Partout où des gens vivent et travaillent, doit exister un cadre de vie de qualité. Nous devons prendre toutes les mesures en conséquence. Y compris pour le nouveau casse-tête paysager que nous pose l’installation d’éoliennes dans le grand paysage… D’ailleurs, chez les Anglais, Hollandais, Allemands, le paysage >>>

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Le phare de Chassiron domine le platier rocheux qui s’étend au pied des falaises calcaires du nord de l’île d’Oléron, site classé depuis le 1er avril 2011.

Chauvigny,un cas d’école Commune de 7000 habitants, cité historique de caractère qui se distingue par la bonne gestion de ses sites et de ses monuments historiques protégés, Chauvigny offre désormais en arrivant de Poitiers une perspective d’entrée de ville tristement banalisée. La multiplication d’enseignes publicitaires de supermarchés et de bâtiments commerciaux de type « boîtes à chaussures » vient brouiller la lecture d’un paysage autrefois d’une grande beauté, avec la vue sur la ville haute et la cité médiévale. Un beau loupé en matière de paysage et ceci en dépit de toutes les lois existantes puisque, in fine, les élus restent seuls maîtres à bord des destinées de leur commune. En l’occurrence, il aura suffi que les communes de Jardres et de Chauvigny ne s’entendent pas à l’époque, pour que la première développe une zone commerciale gigantesque dans l’axe d’entrée majeur de Chauvigny, impossible à contrer par les services de l’État. Ce qui n’a pas empêché pour autant Chauvigny de développer de son côté, trois autres zones commerciales sur son territoire sur les autres axes d’accès à ce chef-lieu de canton très actif… ■■Ph. A

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PAYSAGES POITOU-CHARENTE


Montmorillon, une charte pour le paysage Pour les défenseurs de la beauté du paysage, le pays Montmorillonnais est un cas particulièrement encourageant. Dans ce territoire pauvre qui perd de la population, depuis une dizaine d’années, une sensibilisation sur le patrimoine a été soutenue par les élus. Avec d’abord la ZPPAUP de Montmorillon puis avec le syndicat du pays Montmorillonnais qui fonctionne très bien, on a commencé à créer des chemins de randonnée à pied, à cheval, en attelage, dans les paysages merveilleux de la vallée de la Gartempe. On a, ensuite, monté une charte paysage, issue de la loi paysage de 1993. Un bureau d’études de Clermont-Ferrand a réalisé un diagnostic de départ pour définir le Montmorillonnais, pays au croisement d’influences berrichonnes, limousines, marchoises… Ce diagnostic mené en concertation, a souvent permis aux élus de découvrir les richesses et les points faibles de leur territoire. Après le diagnostic sur le bâti est venue la prospective. Il y a eu la charte architecturale pour conseiller ceux qui construisaient ou qui rénovaient un bâti ancien et éviter des erreurs. La charte paysagère en cours d’élaboration devrait être terminée en fin de l’année. Elle prendra en compte l’agriculture, encore prépondérante ici, avec des bocages, de beaux chênes anciens pour éviter que le paysage traditionnel ne soit détruit. À côté des élus, industriels, agriculteurs, artisans du bâtiment sont aussi mobilisés. ■■Ph. A

>>> est depuis toujours la porte d’entrée pour

l’aménagement du territoire. En France, le paysage a longtemps été considéré comme accessoire, on ne s’en préoccupe qu’une fois l’aménagement terminé ! On donne un léger coup de pinceau avec quelques plantations…

La traversée de St Pierre d’Oléron : il reste encore beaucoup à faire pour dépolluer les paysages urbains !

Arcades : C’est un peu le cas des entrées de ville ! Dominique Saumet : Tout à fait. Dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, comme spécialiste de la publicité, j’ai participé au travail réalisé par le sénateur du Calvados, M. Ambroise Dupont. Il y a une vraie reconquête à mener. Avec un travail énorme de police tant il y a de dispositifs en infraction : entre 15 % et 40 % suivant les régions. D’où des entrées de ville défigurées. Même si 1 350 règlements locaux de publicité ont vu le jour entre 1985 et aujourd’hui, tous n’étaient pas bons et beaucoup étaient souvent mal appliqués… Celui du maire de Poitiers en juillet 1998 interdisant la publicité en ville et dans les entrées de ville fut une grande référence à l’époque, comme celui de Chasseneuil du Poitou. Arcades : Face aux menaces, les moyens ne manquent-ils pas ? Dominique Saumet : Dans ce domaine comme dans d’autres, la France a la panoplie législative la plus complète au monde. Le problème se situe dans le rendement et dans l’application de ces lois. Nous avions déjà tous les outils dans le premier article du code de l’urbanisme, avec la création des ZPPAU, lors des premières lois de décentralisation… Tous les outils pour gérer les centres anciens avec la loi Malraux d’août 1962. Tous les outils avec la loi de

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protection et de mise en valeur du paysage de Ségolène Royal du 8 janvier 1993, qui crée les directives paysagères, les plans de gestion de paysager, les contrats de paysages, le volet paysager du permis de construire, et également d’identifier et de protéger une haie, un arbre isolé… Les outils existent, mais il faut s’en servir ! De plus s’ajoute maintenant la convention de Florence sur le paysage qui renforce tout le dispositif et souligne l’importance de mettre en place les bons outils. D’abord humains, avec des paysagistes, des architectes paysagistes conseils pour entourer et aider les élus. Ensuite, il faut que ceux-ci soient motivés et que les relais avec les services de l’état, des départements, des régions fonctionnent bien. Ce qui manque peut-être, ce sont les réflexes, une culture partagée. C’est la faiblesse française. Il y a heureusement des exceptions. Arcades : N’y a-t-il pas un risque que le paysage soit mis sous cloche ? Dominique Saumet : Rien n’est bloqué, tout évolue. Une tempête, un incendie, un raz de marée redistribuent toujours les cartes et modifient ce qu’on croyait immuable. Rien n’est jamais acquis. Les choses évoluent, parfois « à bas bruit », sourdement. Dans la charte du pays de Montmorillon (voir encadré), il n’y a pas d’interdiction en soi. Si tout est soumis à autorisation, on regarde au cas par cas. L’esthétique prime pour ne pas dénaturer l’esprit des lieux. Dans une charte paysagère, l’incitation passe avant la norme. La réflexion, le questionnement doivent précéder l’action et fournir une aide à la décision des élus. Dans cette démarche, il est essentiel que la population soit associée, car le paysage doit être de qualité pour tous. ⚈

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Land-art

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Pays royannais

Sur les sentiers des arts

De La Tremblade à Saint-Georges de Didonne, les vestiges du Mur de l’Atlantique marquent le paysage. C’est sur ce territoire que l’Agglomération Royan Atlantique propose au public jusqu’au 11 novembre prochain des itinéraires artistiques éphémères et insolites conçus par cinq artistes, sur cinq sites différents. L’ensemble étant réuni sous le titre générique de « Sentiers des arts – regards hors saison sur le Mur de l’Atlantique ». ■■ Delphine Hugonnard-Bruyère – Chargée de Mission Patrimoine Direction des Affaires Culturelles et du Patrimoine – Communauté d’Agglomération Royan Atlantique

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D

epuis les années 1960, certains artistes ont choisi d’abandonner leur chevalet et de quitter leur atelier pour investir de nouveaux paysages créatifs en utilisant le cadre et les matériaux de la nature. Une tendance de l’art contemporain très vite baptisée Land-Art, le terme Art Environnemental étant utilisé pour décrire génériquement le processus artistique, ou l’œuvre d’art, lorsque l’artiste est en dialogue direct avec l’environnement. Dans tous les cas, l’artiste choisit de se confronter directement à la nature, à ses problématiques, pour établir une relation plus forte avec les hommes et les territoires. Conséquence sur la création artistique : les œuvres ainsi produites sont soumises à l’érosion, aux intempéries et aux saisons… Souvent éphémères, elles ne deviennent durables que via la photographie ou la vidéo qui restent alors leur seule mémoire.

Regarder autrement un paysage connu

La beauté des choses existe dans l’esprit de celui qui les contemple.

des Arts - Regards hors saison sur le Mur de l’Atlantique proposent des haltes artistiques qui incitent à contempler de plus près l’environnement direct dans lequel les œuvres sont installées. Et à porter un regard nouveau sur un paysage historique que chacun croit (trop bien ?) connaître. L’image du territoire royannais et notamment celle de son littoral sablonneux, est marquée par un ensemble plus ou moins linéaire de blocs bétonnés : les anciens mais pas moins présents « blockhaus » du Mur de l’Atlantique. L’inventaire des vestiges du Mur de l’Atlantique réalisé par la Communauté d’Agglomération Royan Atlantique a révélé leur multitude ainsi que leur caractère imperturbable et immuable depuis 70 ans. Rappelons qu’une cinquantaine de positions avaient été édifiées, rassemblant vraisemblablement à l’époque, 349 ouvrages bétonnés. À ce jour, environ 280 d’entre eux sont répertoriés sur les bases de l’inventaire de la DRAC réalisé en 1998. Ces constructions standardisées à l’architecture massive et brutale, sont devenues des symboles visuels qui jalonnent le territoire, des témoins du passé et des points de repères qui s’inscrivent >>>

BUNKER-BLOCKHAUS-CASEMATE… une question d’origine Mairie de Saint-Georges-De-Didonne

Il s’agit dans tous les cas de constructions souterraines protégées. Le mot bunker est emprunté à l’allemand, lui-même provenant de l’anglais bunker signifiant « entrepôt à charbon » puis « soute à charbon » sur un navire. On privilégiera davantage le terme de blockhaus, bien que pour beaucoup il s’agisse d’un synonyme. C’est un mot allemand du XVIIIe siècle qui signifiait maison charpentée faite de poutres et de piquets en bois. En langue française, le terme casemate serait plus approprié, mot emprunté de l’italien casamatta signifiant « maison folle » ou associé au grec kasma « gouffre » ou au moyen français, matte (touffe d’herbe) voulant dire, « maison couverte d’herbes ». Dans tous les cas, la casemate devient synonyme de bunker, de blockhaus et de fortin, c’est un type spécifique de bunker abritant une arme : « abri souterrain et voûté, protégé contre les obus, les bombes ».

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Franck Moreau

Un mur sur l’Atlantique

Franck Moreau

Cette approche créative permet d’investir de nouveaux lieux de présentation artistique en proposant au public des itinéraires artistiques éphémères et insolites qui concilient Art et Patrimoine. Tel est du moins l’idée directrice de Sentiers des Arts – Regards hors saison sur le Mur de l’Atlantique *. Avec cette manifestation, il s’agit de mettre en lumière la richesse paysagère et la diversité patrimoniale de cinq sites représentatifs du territoire royannais, à travers la mise en scène d’œuvres d’artistes évoluant dans le domaine du Land-Art et de l’Art environnemental. Pour ce premier rendez-vous, c’est un patrimoine singulier qui est au cœur de la création artistique. À savoir les vestiges du Mur de l’Atlantique, ancienne ligne de défense côtière réalisée sous l’occupation allemande (1940-1945) qui marque les côtes royannaises des communes de La Tremblade à Saint-Georges-de-Didonne. C’est à travers le regard aiguisé, pertinent et parfois déroutant des cinq artistes que le public est invité à découvrir des œuvres éphémères qui s’inspirent du paysage naturel et qui transforment ces espaces en des univers d’audace et d’étonnement. Au rythme des pas de ■■ David Hume. chacun, les Sentiers


Franck Moreau

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Franck Moreau

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Entre 1942 et 1944, les Allemands construiront plus de 15 000 blockhaus le long des côtes de l’Atlantique.

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Au fil du temps, les blockhaus se sont intégrés à un environnement naturel et paysager varié en perpétuelle évolution. Construit à 1 800 mètres du rivage en 1904, le phare de la Coubre n’est plus aujourd’hui éloigné de la mer que de 150 mètres à marée haute.

Franck Moreau

Les parois de bétons des blockhaus servent aujourd’hui de supports d’expression aux graffeurs inconnus…

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1• La pointe de Suzac, face à l’entrée de l’estuaire de la Gironde, est depuis toujours un site stratégique majeur. 2• La nature reprend ses droits dans les anciennes tourelles d’observation des blockhaus du Mur de l’Atlantique.

Mairie de Saint-Georges-De-Didonne

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3• Désormais échoués sur les sable, les monstres en béton de la guerre n’effraient plus personne, surtout pas les estivants en villégiature sur la plage de la Grande Côte à Saint Palais sur Mer.

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M. Chaigneau

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>>> au cœur d’un environnement naturel et

paysager varié (plages et dunes, forêts, secteurs urbains et falaises surplombant l’estuaire de la Gironde…) en perpétuelle évolution. Ces vestiges sont les restes d’un immense chantier de fortifications côtières discontinues imaginé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale et construit le long de la côte occidentale de l’Europe et destiné à empêcher une invasion par les Alliés depuis la GrandeBretagne. Isolés sur nos côtes, parfois immergés, camouflés ou détruits, ils sont devenus des témoins d’une période dramatique. Imaginés et façonnés par un ingénieur ambitieux et ingénieux, Fritz Todt, pour le IIIe Reich, ils composent une ligne de fortification qui s’étend de la frontière hispano-française jusqu’au Nord de la Norvège, sur plus de 1 500 km, et restent le symbole d’une des plus grandes œuvres militaires jamais réalisées jusqu’à ce

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jour. Entre 1942 et 1944, les Allemands construiront plus de 15 000 ouvrages de toutes tailles le long des côtes de l’océan atlantique. Au total, plus de 10 millions de m3 de béton auront été utilisés.

Témoins visibles de notre histoire

Cependant, loin de constituer un véritable « mur », comparable à la muraille de Chine, l’Atlantikwall est en réalité un agrégat discontinu de systèmes défensifs ponctuels, d’une densité inégale selon les régions, d’ampleur variable et répondant à des finalités différentes. Ces forteresses de béton encore solidement implantées sur le faîte des dunes il y a encore quelques années, commencent à glisser, à perdre pied en mer, à se disloquer. Ainsi, l’ancienne batterie (Gi 11 Gleiwitz) érigée en 1943, au sommet des dunes au centre de la plage de la Grande Côte, était l’une des plus importantes du littoral royannais dans le cadre de l’édification du

Mur de l’Atlantique. Aujourd’hui, ayant depuis longtemps glissé jusqu’à la plage, ces ouvrages tels de grands monstres marins sont happés à chaque marée par l’océan. Pourtant malgré les différentes usures du temps, les intempéries, les destructions, les ensevelissements, les ensablements, l’érosion, les submersions, ils restent toujours des témoins visibles de notre histoire. Croire ces bunkers figés du littoral royannais serait donc erroné : le paysage et les hommes les façonnent, vivent avec… Nombre d’entre eux, notamment ceux disséminés aux alentours du phare de la Courbe, servent de supports aux expressions graphiques de graffeurs aussi talentueux qu’inconnus. Chacun à leur manière, ces sites sont des écrins naturels prêts à faire resurgir, grâce à des créations uniques, parfois intimistes, monumentales, émouvantes, provocatrices ou perturbantes, un univers propre à susciter un dialogue entre art et patrimoine. ⚈


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• sites • artistes • univers différents

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MÉMOIRE, J’ÉCRIS TON NOM

■■Philippe Vaz Coatelant

Où ? La Tremblade et Les Mathes. À proximité du phare de la Coubre.

Philippe Vaz Coatelant

« Mur de l’Atlantique, territoire d’histoire, champ de forces dans lesquels des civilisations se sont confrontées. Face à l’immensité de l’Océan, les vestiges de ces remparts d’un autre siècle semblent bien frêles… À partir de ces éléments, j’ai convoqué la poésie des mots et plus particulièrement la mélodie d’une œuvre liée aux valeurs de cette libération, aux luttes et aux aspirations qui font vibrer cette période historique. « Liberté, j’écris ton nom » de Paul Eluard se transforme « in situ » en « Mémoire, j’écris ton nom ». Un message gigantesque écrit sur

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l’horizon, les fondations des lettres ancrées à proximité du Phare de la Coubre, autant de symboles d’un avertissement : ne pas oublier les signes pluriels de ce territoire. Les signes de l’Histoire, les signes du Temps qui passe inexorablement, les signes des transformations écologiques… L’emplacement de ce message est aussi porteur d’un symbole fort : la mémoire doit être travaillée, écrite et transmise. C’est ici la vocation d’un lieu si historique. » Une œuvre monumentale visible depuis la lanterne du phare de la Coubre, Ouvert exceptionnellement les deux premiers weekends du mois d’octobre. Philippe Vaz Coatelant, par Nathalie Réveillé, historienne d’art et professeur à la manufacture de Sèvres (extraits) : « Philippe Vaz Coatelant est sans aucun doute un artiste pluriel. Ses domaines d’intervention sont multiples : sculpture, peinture, land-art, vidéo, photographie… Il aime à toucher à toutes les techniques et outils qui peuvent lui servir de médium de transmission.

(…) De formation scientifique, c’est peutêtre aussi la raison pour laquelle il analyse, tel un biologiste, toutes les traces qui peuvent a priori nous échapper et que l’on ne peut distinguer à l’œil nu. Agrandissements surprenants, détails troublants, morceaux et fragments viennent ainsi, accompagner son œuvre et ses recherches. De nos racines, de nos origines, de nos vies, de nos esprits, de nos pensées et savoirs faire, il fait une collecte qui témoignera de notre passage et de nos échanges. Il mettra dès lors en scène les éléments de la nature, totalement à son écoute et à l’affût de ce qui nous est encore imperceptible. C’est donc une véritable écriture que nous propose cet artiste. Et nous devons ici entendre le mot écriture au sens le plus premier du terme : gravures, incisions, signes, pictogrammes. Comme une trace, toujours en acte, de ce qui nous permet de nous inscrire dans l’histoire. Et c’est assurément de cette histoire dont Philippe Vaz Coatelant ne veut absolument pas se départir ».

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L’HORIZON INVERSE

■■Thierry Montoy

Où ? Saint-Palais-sur-Mer – La plage de la Grande Côte

Thierry Montoy

« Les bunkers, ces témoignages d’une histoire sont bouleversants, ils sont bouleversants de tragédie, d’erreurs, d’impasse, de bêtise et de folie comme toute ruine issue de la guerre. C’est la contrecréation absolue et dans ce sens tout oppose ces lieux chargés négativement à une intervention artistique… Comment me situer comme créateur avec mes outils artistiques dans le contexte du témoignage d’un tragique échec d’humanité ? En effet, il est impossible de nier la fonction de destruction de ces constructions inscrites comme des blessures dans un environnement littoral extraordinaire… Comment proposer un regard qui soulage, replace l’homme, interroge, assiste à la mémoire et au renouvellement du cycle de la vie ? Travailler sur le paysage et dans le paysage, intervenir durant quinze jours sur place contre vents et marées pour réaliser une œuvre à l’échelle de l’environnement dans ce site monumental. Ouvrir le paysage selon l’expression du philosophe Henri Maldiney, jouer avec les masses et les volumes titanesques qui s’inscrivent ici comme

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de véritables sculptures en équilibre instable. Inscrire une œuvre en rapport avec le Mur de l’Atlantique et l’espace paysager ouvert, par le choix d’une intervention lisible et directe sur ces blockhaus qui peu à peu disparaissent, et s’enfoncent aujourd’hui dans la mer et le sable à perte de vue. Inspirée de l’art zen, de la peinture Sumi e pour une part, de l’abstraction contemporaine et de l’art minimal pour une autre, cette véritable création in situ met en pratique une recherche personnelle sur la perception visuelle et l’étude des techniques picturales. D’un trait, rendre visible la frontière qui sépare la dimension géographique de la dimension historique, les ruines, le temps et l’espace. Simple et essentiel, ce trait blanc constitue l’œuvre avec les bunkers qui en font partie intégrante. L’horizon inverse, titre de l’installation, est à la fois une référence et un hommage poétique au travail de Paul Virilio. Cette frontière avec l’océan, cette symétrie horizontale, n’est pas un ailleurs, pas un horizon lointain mais un monde sous le trait de côte. Une frontière historique, « une ligne spatiale et temporelle » qui fait basculer le regard d’un monde dans l’autre. L’art ne rend pas le visible, il rend visible disait Paul Klee. Surligner ou tirer un trait sur le passé, libre au spectateur d’en décider ».


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PAYSAGES ÉCLATÉS

■■Woïtek Skop

Où ? Saint-Palais-sur-Mer Le jardin de l’ancienne Maison des Douanes

DR

« La guerre peut faire voler en éclat les plus beaux paysages, les défigurer, les anéantir… Vivant à 200 mètres de la Maison des Douanes depuis 20 ans, je suis quotidiennement au contact de ce paysage maritime dont j’observe passionnément l’évolution. Grâce à cette proximité, je porte aussi un regard artistique sur ce territoire. Mon imaginaire est perpétuellement interpellé par les vestiges de la Seconde Guerre mondiale… Mon intervention plastique, sept bâches monumentales présentant les paysages de notre territoire réalisées en gravures numériques, dans lesquelles je cherche à mettre en valeur des paysages exceptionnels en créant des installations avec une symbolique forte qui interpellera les promeneurs. « Paysages éclatés », parle de la fragilité de cet espace du bord de l’océan constamment érodé par

les éléments naturels ; le vent, l’eau, les changements du climat et défiguré par la dernière guerre ou menacé par les catastrophes écologiques ». Woïtek Skop : Né en Pologne en 1961, Woïtek Skop réside en France depuis 1985. Formé au lycée des Arts Plastiques de Cracovie, puis à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris et enfin à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, il devient professeur de dessin à Bordeaux notamment. Parallèlement à son propre projet artistique, il crée la galerie d’art Quai 17 à Royan. Il vit aujourd’hui à Saint-Palais-sur-Mer (Charente-Maritime). Artiste multimédia, infographiste, Woïtek Skop travaille souvent à partir d’une photographie qu’il refaçonne par le dessin, la peinture, la gravure. Ainsi, toutes les œuvres exposées sont composées d’un mélange de photos, de gravures et de peintures faites avec des encres spéciales, sur des bâches en fibre de verre résistant aux intempéries. L’installation élaborée pour cette intervention artistique est composée de quatre pôles aux thèmes différents : les blockhaus, le Pont du Diable, les plages et le phare de la Coubre, où les images à la verticale sont accompagnées par des éclats de paysage agencés au sol.

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SILENCE ■■Violaine Dejoie-Robin

Où ? Royan - La Pointe du Chay

DR

« L’image proposée pour les Sentiers des Arts, est celle de trois regards de femmes installés à l’ombre du Fort du Chay. Durant la Seconde Guerre mondiale c’est une bataille silencieuse qu’elles mèneront sur le terrain. Elles résistent à l’occupant par des actions courageuses. Elles feront passer de nombreux prisonniers de l’autre côté de la ligne de démarcation, elles seront marraines de guerre, ambulancières ; elles soutiennent, soignent, protègent les prisonniers et nombre d’entre elles entrent dans la résistance… L’ensemble de l’installation est une incitation à réinterroger notre manière d’être présent dans l’espace naturel. Le passé est là, visible, mais le regard va au-delà, il regarde l’horizon comme une promesse de jours meilleurs. Réalisés en filets de pêche, toiles de spinnaker et cadres de métal noir, ces tableaux de 1,70 mètre de haut sur 5 mètres de large sont une invitation à s’abandonner par ce que l’on voit et à se laisser porter par le paysage. » « Trames px », explications de Violaine Dejoie-Robin : « Pendant vingt ans, j’ai travaillé, en tant que cinéaste, au rythme de 24 images par seconde et aujourd’hui, je réalise une image par mois. L’image prend désormais le temps de sa matérialisation et de sa maturation. J’utilise une technique qui peut s’apparenter à de la tapisserie : je compose l’image point par point. Le geste fait corps avec un travail archaïque. Consécration de la durée et renouveau d’un rythme intérieur. Le support est un filet de pêche sur lequel je noue, d’une demi-clé à chaque intersection, des bandes de tissus en toile de spinnaker. Au préalable, je réalise un canevas obtenu par la compression numérique d’une photo. La particularité de cette image tissée est sa visibilité des deux côtés. Il n’y a pas d’envers mais une matière différente : d’un côté la trame des points (les nœuds), et de l’autre, les rubans formant l’image comme une peinture à grands traits de pinceaux. Je considère la fin d’un tissage quand je l’installe en pleine nature. Il faut un certain recul pour le découvrir dans son ensemble. Chaque tableau est installé dans un lieu particulier, et est photographié. La rencontre, l’entrecroisement, l’interaction du tableau et du site trouvent son aboutissement dans l’espace du paysage. La distance de vue nécessite un recul de 20 jusqu’à 100 mètres. Avoir de la distance ».

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LE MUSÉE AMBULANT : À chacun ses ruines ■■Régis Crozat

Où ? Saint-Georges-de-Didonne La Pointe de Suzac

* Sentiers des Arts – Regards hors saison sur le Mur de l’Atlantique Du 14 septembre au 11 novembre 2013 Une production de l’Agglomération Royan Atlantique Direction des Affaires Culturelles et du Patrimoine 107, avenue de Rochefort 17201 ROYAN Cedex Renseignements : www.agglo-royan.fr et www.pays-royannais-patrimoine.com Tel : 05 46 22 19 20

Régis Crozat

« Les modules du Musée ambulant idéal semblent tombés du ciel. L’histoire et son patrimoine se déplacent sur un lieu où la trace de l’homme est toujours présente. Extension de champ visuel du spectateur qui projette sa visite dans une unité de temps, de forme et de culture. Celle de l’architecture militaire depuis l’an 1000 et de ses vestiges… C’est une nouvelle mise en scène de ma collection (inventaire photographique des sites militaires en ruines dans le monde), pour laquelle les dimensions esthétiques et didactiques sont privilégiées. Il s’agit donc de deux cubes qui tournent selon le vent ou au gré des spectateurs. Chaque structure est une mise en scène de panneaux miroir historiés. La composition, les couleurs, les formes, la lumière évoluent en permanence grâce à la rotation des cubes. Dans ma quête d’exploration des ruines du monde entier, je veux démontrer qu’il existe depuis près de 2000 ans une architecture internationale, fruit des invasions et des échanges commerciaux. Le site de la Pointe de Suzac invite à la découverte d’un beau chaos, œuvre des différentes empreintes du temps et passages successifs de l’homme, avec les positions stratégiques de ces anciennes

batteries surplombant et surveillant l’entrée de l’Estuaire de la Gironde ». Régis Crozat, à propos de sa démarche : « Pendant 20 années mon travail de plasticien s’est attaché à la création d’œuvres bidimensionnelles, invoquant la narration. Au terme de plusieurs années d’une activité plus conceptuelle impliquant de nouveaux moyens (collage, vidéo et tridimensionnalité), la maturation de mes recherches et réflexions m’oriente vers un travail d’adaptation à des lieux, qui requiert l’utilisation de techniques et matériaux sans restriction. En 2009, je passe à une phase concrète avec les installations de land-art exécutées pour SaintSavinien. Concrétisation en 2010, création d’un collectif d’artistes destiné à l’animation d’un parcours forestier sur 1,5 km en Charente Maritime. Passionné par l’occident médiéval et plus particulièrement par son architecture militaire. Au terme de 25 années de visites de sites dans le monde, j’ai entamé la rédaction d’un ouvrage qui regroupe plus de 350 sites. Aujourd’hui, j’anime un site web autour des châteaux en ruines dans 17 pays, 200 articles sont publiés en ligne : ruine.wordpress.com ».

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Benoît Mousserion, l’Homme Debout

Géants en chantier, géants enchanteurs

Arts de la rue

Plasticien et metteur en scène, Benoît Mousserion, à la tête de la compagnie l’Homme Debout imagine des marionnettes « XXL ». Il raconte leur histoire dans des ateliers-chantiers pour les habitants des quartiers, des villages, des villes où s’installe la troupe. Chaque déambulation est l’occasion de fondre le lieu dans la légende de son personnage. ■■Elian Monteiro

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out petit déjà... Voilà un début qui commence mal si l’on prétend parler de Benoît Mousserion. Car debout, l’homme est grand. Très. Sept mètres et cinquante centimètres sous la toise, ça vous ferait même une sorte de géant, un personnage qui vous réduit à un Lilliputien décochant ses flèches à Gulliver. La question d’échelle est une partition sur laquelle aime jouer le créateur-animateur de la compagnie poitevine L’Homme Debout : au passage de l’immense marionnette – appelezla Éléonore -, et dans sa marche lente, ramener l’humain à sa fragile condition en ranimant en chacun le cœur de l’enfant qu’il fut, qu’il est. Depuis longtemps Benoît Mousserion travaille sur le gigantisme. D’abord en construisant des

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ARTS DE LA RUE Deux-Sèvres

figures de carnaval promises à la déambulation, à la condamnation populaire puis au bûcher ; plus tard en faisant de cela son métier. Il a grandi (raisonnablement!) au sud de Poitiers, en est parti puis revenu, il est devenu plasticien comme mu par une force des choses. Avec l’idée toujours de « rassembler autour... ». Autour de quoi ? De qui, plutôt? D’un géant que l’on élèverait à plusieurs ! Tel est le credo de la compagnie « L’Homme Debout » que Benoît Mousserion a réunie en 2011 créant ici et là, en France et ailleurs (à Helsinki bientôt), des ateliers ouverts aux habitants. Chacun porteur de son histoire y construit sa colossale marionnette, apprenant

Les géants Liédo et Nissa se rencontrent pour la première fois à Grenoble - quartier de la Villeneuve.

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Alexandre Paleologue

Jean-Pierre Estournet

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DARRI

Mobilisation générale pour la fabrication du géant…

>>> les gestes de sa mécanique vitale pour la balader sur les avenues. Un espace où les petites gens deviendraient des géants parce qu’ils en ont mis un au monde. « C’est un travail qui change tout. Pour moi, pour les habitants et pour leur rapport à l’endroit où ils vivent lorsqu’ils s’impliquent tous et gratuitement dans la fabrication d’un géant ».

Oser l’osier Léger, maniable, flexible, élégant. C’est l’osier qui pousse dans la mémoire des paniers d’antan et prête sa branche à la fabrication d’une méga-silhouette. Drôle de matériau pour faire géant ! « L’osier, c’est doux, ça sent bon », ajoute Benoît Mousserion ; « quand je dessine dans la perspective de construire avec ça, je pense à des courbes et à de belles choses. Dans ces chantiers, je tiens à cette idée de “faire beau” parce qu’il est essentiel de valoriser les personnes qui participent et de valoriser leur travail. » Un quartier, ce sont « des gamins, des vieux, des gens en insertion, des primo arrivants, des handicapés, des Roumains, des bourgeois... Tout le monde se met autour d’une table et tout se passe bien, simplement parce qu’on construit ensemble quelque chose ». Ce n’est pas une vue de l’esprit de bien-pensant social, c’est une réalité. La preuve à Niort fin 2012 : la construction d’Éléonore a réuni la Tour-Chabot et le Clou-Bouchet. Après quatre semaines de gestation et grandie dans ses fibres d’osier, la jolie géante a permis d’écrire sa légende et

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DÉCOUVERTE POITOU-CHARENTES

celle des deux quartiers en réhabilitation. Éléonore, incarnation de l’étoile du Nord qui guide les voyageurs, a déambulé, comme un trait d’union, pendant 24 heures -sommeil compris. « Avec le CNAR (Centre National des Arts de la Rue) qui est commanditaire de l’opération, nous allons créer un nouveau chantier en novembre. Il s’agira cette fois d’imaginer un décor pour Éléonore. On va tendre des fils entre les immeubles et des constellations aussi en osier. Le jour de l’installation, on va aller spontanément tirer les sonnettes et demander aux habitants s’ils veulent bien que l’on accroche un de ces fils chez eux. » Un exercice qu’aurait aimé Italo Calvino, écrivain des Villes Invisibles. Partout où passe la Cie de L’Homme Debout, s’éveillent et quelquefois demeurent de grands enfants d’osier avec leur prénom et leur histoire. Mais quand l’histoire est définitivement écrite, la troupe change de quartier.

Un parvis pour Liédo Au-delà de Niort, Éléonore frotte son osier aux murs plongés dans la pénombre des Nuits Romanes : à Saint-Savin, inscrit au Patrimoine mondial de l’Unesco, l’ombre de sa silhouette a fait écho aux fresques de la Genèse et de l’Exode. D’un autre exil il est question avec Liédo, lui aussi né de l’Homme Debout avec un lien fort au patrimoine. Pour les Journées 2012, on l’a vu se lever près de Notre-Dame de Poitiers et s’asseoir, après une longue et douce marche, sur le parvis de la cathédrale Saint-Pierre.


Au centre du spectacle déambulatoire intitulé Vénus, Liédo est un homme qui a dû quitter son pays en guerre. Il y retourne trente ans plus tard alors que ses parents sont morts sans qu’il n’ait jamais pu fleurir leur tombe. Chemin de croix ou chemin intérieur, c’est celui de ce personnage que l’on suit en exil et plus tard au retour, lorsque, assis dans un train, il se remémore. Fragile géant qui marche, trébuche, pose un genou à terre, se relève. « Et tout cela à moins d’un kilomètre à l’heure », souligne Benoît Mousserion dont les déambulations sont un éloge de la lenteur, un art consommé de se hâter mollement sous la direction de sept membres de la compagnie occupés à la manipulation de la marionnette, sept autres lui faisant escorte de sons et lumières. L’action, c’est le ralenti, afin de se mettre mieux au diapason de la pierre -le temps du regard le plus juste est un temps qui s’attarde-, de s’accorder au lieu invité à entrer dans la légende du personnage. Liédo improvise avec le décor, l’éclaire, y apporte sa musique, la flamme de sa torche ou le graphisme d’une pyrotechnie qui n’est pas seulement un feu d’artifice, surlignant la profondeur du soir ou l’insolence d’une gargouille… « Liédo est un support pour parler de l’endroit où l’on joue ». Un passager de la nuit, qui porte une belle part de l’âme de son créateur et de son regard sur les plus petits que soi. ⚈ Plus d’infos sur : www.cie-lhommedebout.fr

Jean-Pierre Estournet

CNAR : www.usines-boinot.fr

Liédo, le géant passager de la nuit.

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Benoît Mousserion : autobio

Benoit Mousserion

Arcades #02

J’ai grandi à la campagne au sud de la Vienne. J’ai acquis au contact de la nature les principales techniques qui composent mon travail actuel ; 25 ans après, je retrouve dans mes constructions la même excitation. À 16 ans, je pars en mission humanitaire en Yougoslavie. Le bac obtenu, dès que possible, je repars en mission. Les personnes que je rencontre portent avec dignité le poids de drames intimes. Cela me marque profondément et renforce mon désir de faire se rencontrer les gens. En 2003, je rencontre la Cie de la Trac, puis la Cie du Coq à l’Âne. Je me laisse glisser vers une pratique artistique, accompagné d’Isabelle Bouhet, comédienne-metteure en scène et Danièle Virlouvet, plasticiennemarionnettiste. J’exprime les sentiments qui

m’animent ou me paralysent grâce à la construction de formes et de volumes, de la création d’un univers et de sa mise en mouvement. Pour le Carnaval de Poitiers, je construis un géant articuléPinocchio- qui traverse le centre ville du haut de ses 7 mètres, obligeant les passants à lever la tête pour croiser son regard. La simplicité d’exécution avec l’osier me permet de réaliser des géants lors de chantiers publics. Chaque nouveau personnage est imprégné de l’endroit où il a été construit. Un chantier peut rassembler 500 personnes. Depuis trois ans, avec elles, je travaille, je les observe, j’écoute leurs histoires. Aujourd’hui, j’aimerais évoquer ces personnes dans un spectacle évoquant la fragilité des humains, leur faille que je retrouve sans cesse.

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CHORÉGRAPHIE

Compagnie Pyramid

Hip-hop, au large de la danse Sortis du quartier du Petit Marseille à Rochefort, passés par Los Angeles et Avignon, ils ont hissé la breakdance comme une grand-voile de la rue vers la scène. Leur parti pris : le travail collectif dans la création, le lien social, la transmission et une relation forte au patrimoine. ■■Elian Monteiro photos : Cie Pyramid

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’est toujours un peu la même histoire : celle de la rue et d’une enfance dans un quartier populaire. L’enfance du hip-hop s’est jouée sur un trottoir entre des tours. Parfois il s’en est extrait pour s’élever en chorégraphie, gagner des scènes et rencontrer un public qui ne l’aurait sans doute jamais vu de cet œil, celui-là même qui apprécie une œuvre d’art. Ici, c’est Rochefort ; le quartier, c’est celui du Petit Marseille et les danseurs sont une bande d’amis qui ne savent pas encore qu’ils deviendront… danseurs. Pour l’heure, ils pratiquent le foot ou glissent leurs poings dans des boules de cuir. Stade ou ring, c’est tout de même du haut niveau. Mais le achipé achopé* reste l’affaire de l’espace collectif au milieu des immeubles où ils se retrouvent. Nicolas Thebault, ancien danseur chargé de production de la Cie Pyramid se souvient pour eux : « En 1999, ils n’avaient pas 17 ans et cela a été comme une révélation : pour la première fois ils ont vu du hip-hop sur une scène ». Celui qu’ils applaudissaient était Kader Attou avec Accrorap. Dix ans plus tard, bel hasard, il deviendrait le directeur de Centre Chorégraphique National de La Rochelle, tout près de chez eux.

Un propos politique, un lien à l’actualité Youssef, Jamel, Fouad, Michaël, Mustapha, Rudy qui aujourd’hui dansent pour Pyramid, se regroupent et créent une première pièce, repérée et sélectionnée à Niort pour les Rencontres de danses urbaines de La Villette. Lorsqu’on parle hip-hop, La Villette est le rendez-vous de l’adoubement. Le spectacle Cellules livre une chorégraphie (génétique !) sur les manipulations qui propulse le groupe au titre de Révélation de l’année 2001. Pyramid y gagne son ADN : « Il y a toujours un propos de société, lié à l’actualité et notre parti pris est collectif ; c’est pour nous très important, hors du prêt-à-penser créatif qui voudrait que pour chaque pièce il y ait une signature ».

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CHORÉGRAPHIE CHARENTE-MARITIME

Toute création de Pyramid est donc un signe de groupe. Les retours du public, de la profession et de la presse sont unanimes ; le retour à Rochefort est plutôt glorieux et change l’image, jusque-là pas nécessairement positive, de pratiques urbaines auxquelles on associe désormais le terme de chorégraphie. Les jeunes danseurs quittent leurs études et se consacrent exclusivement à la compagnie qui trouve à s’établir dans sa propre salle de répétition accolée à ses locaux administratifs. Ici elle grandit et rayonne sur plusieurs pôles. Attirant chaque année à elle le gratin du hiphop international dans l’organisation du battle (une confrontation de danseurs), elle a inauguré en 2013 son premier “Break it”, festival des cultures urbaines.

Pyramid Jr. Danser ne suffit pas à ces artistes qui savent d’où ils viennent. Les créations se comptent à présent au nombre de neuf, mais dans la même dizaine d’années la compagnie n’a cessé de développer son pôle pédagogique voué à la transmission et à la formation des ados des quartiers. « Avec les salles de la région, la Coupe d’Or, la Coursive, l’Avant-scène, le CCN, le Gallia Théâtre nous obtenons des tarifs qui permettent à ces jeunes d’aller voir des spectacle de danse, du nouveau cirque et à nos danseurs de se nourrir » explique Nicolas Thebault. Si Genty, Decouflé ou Thierrée sont des référents souvent cités, à la croisée de toutes les expressions du corps et des arts, ce n’est pas tout à fait fortuit. Oussama Traoré est droit sorti de ce creuset que la compagnie a baptisé Pyramid Junior. « J’ai commencé à danser à 14-15 ans, je traînais dans la rue en me disant, pourquoi pas moi ? » Il fréquente les ateliers de Pyramid et malgré l’éloignement occasionné par ses études et les déplacements familiaux il pense danse, toujours. Revenu à Rochefort, il entre à l’Université de La Rochelle. « Mais j’ai vite senti que la Fac ça n’était pas pour moi. Pyramid m’a proposé des remplacements sur des cours, puis un emploi >>>


Arcades #02

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>>> d’avenir. » Cet été, Oussama a dansé ses premiers

spectacles. L’autre marqueur, c’est l’attachement de la troupe au patrimoine. Candidate aux Nuits Romanes en PoitouCharentes, sa proposition dansée a été accueillie très favorablement. « L’idée, c’est de créer un lien entre la danse et l’architecture. Un lien intangible » selon Nicolas Thebaut. « Il y a le lieu patrimonial et quelque chose qui bouge à côté, mais le danseur n’est plus tout à fait le centre. Le public porte un certain regard sur cet environnement patrimonial à travers ce que l’on danse. »

El Mouima, roman solo La compagnie a donc adapté quelques-uns de ses solos à l’esplanade du donjon de Pons ou à l’église d’Usson. Aux pierres de l’an mil, la breakdance marie l’histoire de El Mouima, la mère. Singulière histoire que la genèse de cette pièce. Au départ un laboratoire où chaque danseur devait créer un solo avec un objet de son choix. À cette époque, l’un d’eux a perdu sa mère, alors tous ont décidé de lui rendre un hommage en dansant ce solo. L’objet est en quelque sorte devenu la disparition. Voisine de l’école Saint-Exupéry à Rochefort, la compagnie a été invitée à l’occasion de portes ouvertes. Dans chaque espace de l’établissement, un solo de El Mouima attendait le public. De cette expérience a germé l’idée que la compagnie pourrait, de sa chorégraphie, accompagner une visite au musée Hèbre-de-Saint-Clément et bien au-delà s’ouvrir à d’autres hauts lieux patrimoniaux. « Ce qu’on aimerait bien, c’est que le conservateur du musée nous donne les clés pendant une semaine et que l’on puisse créer là, dans cet endroit chargé d’histoire(s) et imaginer un écho à tout ça ». Le message de Nicolas Thebaut est passé.

Ils ont le pied marin et lorgnaient du côté de l’Hermione grandissante. Comme tout semble leur réussir et que lorsqu’ils veulent, ils peuvent, là encore on leur a dit oui. « Nous avions cette envie de travailler sur le bateau et nous l’avons naturellement proposé à l’association HermioneLafayette ». Par travailler, entendez danser, bien sûr. Quinze représentations d’”Au large de la danse” ont eu lieu sur le pont, du 3 au 6 août, marquant une pause d’une vingtaine de minutes pour un public enthousiaste. Avec l’énergique du vocabulaire hip-hop, quatre marins pris entre roulis et tangage parlent de cette traversée pour soutenir l’Amérique dans son chemin vers l’indépendance. Et Nicolas Thebaut de remarquer que deux siècles plus tard, cette même culture hip-hop a traversé l’Atlantique depuis les États-Unis. Heureux clin d’œil de l’Histoire qui du grand large a ramené, dans un coin de rue à Rochefort, périmètre de tous les métissages, la possibilité d’une aventure artistique. ⚈ Note *HIP-HOP = achipé achopé, du nom de l’émission de télévision animée par Sidney en 1984 http://www.cie-pyramid.fr

“Exit”… Entrez dans le prochain spectacle Pour sa 9e pièce, Pyramid a remis en question son principe de création collective. La compagnie a offert à Youssef Bel Baraka de ne plus être sur le plateau mais de prendre le recul nécessaire à l’élaboration du spectacle. Exit marque aussi le changement de cap en affichant un dess(e) in abstrait, résolument graphique, beaucoup plus distant de l’humain et du sujet de société. La visite d’une usine est à l’origine de cette création qui pose au centre de la scène un cube tissé de câbles. On y parlera contrainte, enfermement, pression. Mais aussi d’ouverture. Un peu à la manière de Pyramid qui prend de nouvelles directions. Sur ce projet, la compagnie a reçu le regard bienveillant de la chorégraphe Nathalie Pernette dont la gestuelle a beaucoup apporté aux danseurs pris dans l’écheveau de ce cube. La pièce sera présentée les 14 et 15 novembre à La Coursive à La Rochelle.

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CHORÉGRAPHIE CHARENTE-MARITIME

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1 • Juillet 2013. Première présence de la Cie Pyramid en Avignon : Ballet-bar aura réuni 2600 spectateurs sur 18 représentations. 2 • Avec Exit, neuvième création de la Cie Pyramid, la troupe entend bien s’ouvrir à de nouvelles aventures artistiques. 3 • Été 2013. Quatre matelots-danseurs sur le pont de l’Hermione : un clin d’œil aux allers-retours historiques et culturels entre Rochefort et l’Amérique. 4 • Dans ses créations, la Cie Pyramid entretient une relation forte au patrimoine : ici, El Mouima devant l’église d’Echillais (17).

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ENRÉSIDENCE Centre Intermondes + La Rochelle Livres   La Rochelle

Ronelda Kamfer, Poétesse Sud-Africaine 1er octobre - 8 décembre 2013

Programme de résidence • Jeudi 3 octobre à 18h30 au Centre Intermondes Première rencontre avec Ronelda Kamfer et introduction à la scène littéraire sud-africaine par Jean-Pierre Richard (traducteur, il a fait connaître en France de nombreux auteurs d’Afrique australe ; il a dirigé en 2009 le numéro de la revue Missives consacré à la littérature sud-africaine qui publiait pour la première fois Ronelda Kamfer en français). • Mercredi 9 octobre à 18h15 au Musée des Beaux-Arts Lecture-visite de l’exposition Anna Quinquaud avec Ronelda Kamfer • Vendredi 18 octobre à 18h à Marennes, salle « La Bigaille » Lecture-rencontre avec Ronelda Kamfer dans le cadre du Festival Visions d’Afrique • Samedi 9 novembre à 14h30 à la Médiathèque Michel-Crépeau Partenariat avec le Festival Escales Documentaires Projection du film documentaire André Brink, l’Africain réalisé par Jean-Marc Bouzou et Jean-Marc Giri, suivie d’un débat avec les réalisateurs (sous réserve) et Ronelda Kamfer • Mardi 19 novembre à 19h à la Maison de l’Étudiant de l’Université de La Rochelle Partenariat avec la Maison de la Poésie de Nantes et l’Espace Culture/Université de La Rochelle Événement : Soirée poésie sud-africaine avec Ronelda Kamfer, Lebo Mashile et Denis Hirson pour une immersion trilingue (afrikaans, anglais, français) dans la poésie d’Afrique du Sud. • Lundi 25 novembre à 18h15 au Musée des Beaux-Arts Journée internationale pour l’élimination de la violence faite aux femmes Lecture-visite de l’Accrochage n° 7 (voir pages Rendez-vous) avec Ronelda Kamfer • Mardi 3 décembre à 18 h 30 au Centre Intermondes Rencontre de fin de résidence avec Ronelda Kamfer et Brigitte Bastiat (Professeur certifiée d’anglais à l’Université de La Rochelle).

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EN RÉSIDENCE CHARENTE-MARITIME • DEUX-SÈVRES

Dans le cadre des Saisons Afrique du Sud – France 2012 & 2013, l’association Larochellivre et le Centre Intermondes reçoivent la poétesse sud-africaine Ronelda Kamfer. Elle posera ses valises à La Rochelle le 1er octobre prochain pour une résidence d’écriture de 2 mois.

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lusieurs rencontres publiques permettront d’entendre une jeune voix de l’Afrique du Sud post-1994, poésie à vif, qui raconte sans afféteries ni concessions la violence au cœur de la « nation arcen-ciel », et particulièrement le sort des filles et des femmes. Née en 1981, Ronelda Kamfer a passé une partie de son enfance dans une banlieue pauvre et violente de Cape Town, expérience qui marque profondément sa vie et son écriture. Son premier recueil de poèmes paru en 2008 remporte le prestigieux Prix Eugène-Marais (2009) décerné par l’Académie sud-africaine. Le deuxième parait en 2011. Ronelda Kamfer les présente régulièrement depuis dans des festivals en Afrique du Sud et à l’étranger. Parmi ses influences, elle cite Derek Walcott, Charles Bukowski ou la poétesse sud-africaine Antjie Krog (en résidence itinérante en France cet automne).

Ronelda Kamfer vient à La Rochelle travailler à son troisième recueil de poèmes, qu’elle consacrera à la dualité des émotions et aux femmes à travers plusieurs points d’entrée : la mort de sa mère quelques semaines avant la naissance de sa propre fille, l’impact des violences faites aux femmes… Outre une forte actualité éditoriale (deux publications à venir cet automne : un opus édité par la Maison de la poésie de Nantes, « Chantiers navals », et le numéro 49 de la revue Bacchanales), Ronelda Kamfer était invitée à la Biennale Internationale des poètes en Val-de-Marne du 24 mai au 2 juin 2013. Pendant sa résidence à La Rochelle cet automne, une tournée organisée par la Maison de la Poésie de Nantes mènera Ronelda Kamfer, en compagnie de la poétesse sudafricaine Lebo Mashile, à Nantes, Rennes, Paris et Marseille à partir du 11 novembre.

Où la lire en français ? Traductions de l’afrikaans par Pierre-Marie Finkelstein Revue Missives : « 1 – l’Afrique du Sud », Jean-Pierre Richard dir., N° 253, juin 2009 Revue Confluences Poétiques N° 4, Paris, avril 2011 Afrique du Sud : une traversée littéraire, un livre-CD de Denise Coussy, Denis Hirson et Joan Metelerkamp, éd. Philippe Rey, Paris, 2011 Poésie au cœur du monde, Biennale internationale des poètes en Val-deMarne, juin 2013 Revue Poésie N° 143, éditions Belin, Paris, juin 2013


Niort

Chantiers Participatifs Le retour d’Éléonore !

Centre National des Arts de la Rue en Poitou-Charentes – Usines Boinot de Niort – 3 rue de la chamoiserie – 79000 Niort – Tél. : 05 49 28 01 83

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Plus d’infos

L’atelier Mobile

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ans le cadre du dispositif CUCS porté par la Communauté d’Agglomération de Niort, le CNAR a le plaisir de vous annoncer le retour prochain de la géante Éléonore dans les quartiers ! Que cela reste entre nous, qu’on se le chuchote de bouche-à-oreille, de portes à portes, mais cette nouvelle histoire sera placée sous le signe de l’amour, des étoiles et des fils à tisser… Pour écrire ce deuxième chapitre, la compagnie L’Homme Debout invite toutes les personnes intéressées par une aventure hors du commun à les rejoindre. Vous souhaitez intégrer ce projet aux côtés de la compagnie et des habitants qui ont donné naissance à Éléonore ? Vous êtes conviés à trois rencontres publiques pour imaginer ensemble la suite de l’histoire. Rendez-vous au CNAR les 3 et 10 octobre en début de soirée pour des temps d’échanges conviviaux sur ce projet dont l’aboutissement est prévu pour le mois de novembre 2013).

http://www.usines-boinot.fr/

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RENDEZ-VOUS Du 9 novembre au 22 décembre 2013 Charente-Maritime – La Rochelle

Fabien Mérelle à l’Espace Art Contemporain

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près Lilian Bourgeat et ses objets sur dimensionnés, l’Espace Art Contemporain de La Rochelle invite à l’automne 2013 l’artiste Fabien Mérelle, qui lui, dessine des mises en scène de son quotidien avec une minutie proche des gravures du XVIe siècle. Des techniques et des rapports d’échelles très différents donc. Fabien Mérelle réalise des dessins à l’encre noire et à l’aquarelle qui trouvent leur sens et leur inspiration dans une mise en scène de son quotidien, de son personnage, de son entourage, à la fois cruelle, ironique et douce. Il exposera à La Rochelle une sélection de ses dessins en cours, qui seront visibles en amont à la FIAC (octobre 2013) accompagnés de deux sculptures : L’Homme/arbre et L’Homme/papillon. La première pièce avait été produite pour son exposition personnelle chez Praz-Delavallade en avril 2012 à Paris. Ces sculptures sont tout aussi troublantes de réalité, en écho à celles de l’artiste de Ron Mueck, mais elles s’en échappent de part leur imaginaire. Il proposera également une œuvre inédite l’homme/papillon en trois dimensions, en cours de fabrication.

Automne 2013

Charente-Maritime - Royan

Architectures royannaise

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eux expositions cet automne sur l’histoire urbaine de Royan. La première est consacrée au Palais des Congrès dont l’architecture sans concessions, au même titre que la flèche de Notre Dame, marque le paysage de la ville. Monument historique depuis 2004, il bénéficie du label « Patrimoine du XXe siècle », depuis la labellisation « Ville d’Art et d’Histoire » de Royan. Cette exposition va permettre de présenter au public le projet de réfection de la salle Saintonge et des espaces d’accueil du Palais des Congrès… Le musée de Royan consacre pour sa part une exposition à la reconstruction de la ville à travers 120 photographies tirées des archives photographiques du Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme et qui racontent les principales étapes de cette renaissance. • Le Palais des Congrès, un patrimoine en évolution continue Exposition jusqu’au 28 mars 2014 - Du lundi au vendredi de 9 h 00 à 12 h 30 et de 14 h 00 à 17 h 30 au Palais des Congrès (Galerie de la Seudre). Entrée libre.

• Royan, photographies de la reconstruction Du 30 septembre 2013 au 20 janvier 2014 - Musée de Royan 31, avenue de Paris - 17 200 Royan – Tél. : 05 46 38 85 96. Ouvert tous les jours sauf le mardi, de 14 à 18 heures. Catalogue en vente au Musée – 15 €.

Espace Art Contemporain

28 Rue Gargoulleau 17000 Rochelle - Tél. : 05 46 41 64 65 Horaires : de 14 h 30 à 17 h 30 (sauf mardis, dimanches et jours fériés) Accessible aux personnes à mobilité réduite - Entrée libre

Deux-Sèvres - Melle

Peinture murale du Moyen Âge, découvertes

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e Pays Mellois compte plusieurs témoignages de peintures murales conservés, datant du XVe siècle. Plusieurs rendez-vous organisés par le Pays d’art et d’histoire pour découvrir les sites du Pays Mellois et se familiariser avec la technique et l’histoire de cette expression artistique. • La peinture murale - Visite & atelier d’initiation Deux cycles d’ateliers vous sont proposés en novembre pour découvrir les techniques de la peinture murale. Avec en introduction la découverte d’exemples locaux, puis la possibilité de s’exercer à cette technique en produisant un sujet. Chaque week-end se décline sur trois demi-journées. À partir de 10 ans. Renseignements et inscriptions : 05 49 29 15 10 ou patrimoine@paysmellois.org

• Conférence La couleur du temps : peintures murales médiévales en Pays Mellois et en Poitou, par Claudine Landry-Delcroix, docteur en histoire de l’art médiéval. Samedi 30 novembre, 16 heures Hôtel de Ménoc, salle d’audience, Melle. Entrée libre.

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EXPOSITIONS


Jusqu’à 2 novembre 2013 Vienne – Poitiers

livres D’heures en nuMériQue

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u Moyen-Âge, les livres d’Heures sont des livres de prières destinés aux fidèles laïcs. Ils règlent les heures de la journée selon le rythme des prières. Trop fragiles, ces ouvrages richement illustrés ne sont aujourd’hui pas consultables par le grand public. L’exposition organisée à la Médiathèque François Mitterrand de Poitiers a pour but de présenter au grand public 34 de ces ouvrages et de mettre en valeur leur version numérique. Ces ouvrages numérisés sont consultables sur des bornes tactiles dans l’exposition, mais ils peuvent l’être également « en ligne » par les chercheurs du monde entier. La constitution de ce corpus scientifique a été coordonnée par les équipes du CESCM (Centre d’Études supérieures de Civilisation Médiévale) et du SCD (Service commun de la documentation : Bibliothèque Universitaire) de l’Université de Poitiers.

« Livres d’Heures en lumière, vie quotidienne et prières, 1400-1533 »

Médiathèque François Mitterrand

4 Rue Université - 86000 Poitiers – Tél. : 05 49 52 31 51 • Mardi de 11 heures à 22 heures • Mercredi de 11 heures à 18 heures • Jeudi de 13 heures à 19 heures • Vendredi et samedi de 11 heures à 18 heures

Du 5 octobre au 14 décembre 2013 Charente-Maritime – La Rochelle

« My MoscoW » en photos

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é en 1961, chef de file de la « street photography » en Russie, Igor Moukhin photographie Moscou et les Russes depuis 1987. Marqué par l’école humaniste française mais aussi par la « street photography » américaine, en particulier par Helen Lewitt, il a saisi tous les bouleversements qui ont marqué la fin de l’URSS. De la Russie de l’ère Kroutchev jusqu’à l’installation des nouveaux régimes, il donne à voir, en Noir et Blanc, la culture rock pendant la Perestroïka, les monuments soviétiques à l’abandon et les nouveaux visages de Moscou après l’éclatement de l’URSS... Ses photographies sont présentes dans de nombreuses collections : Museum of Modern Art (New York), à la Maison européenne de la photographie (Paris), au Fonds national d’art contemporain (Paris), à la Corcoran Gallery of Art (Washington), à la galerie d’État Tretiakov (Moscou) ainsi qu’à la Maison de la photographie de Moscou.

Carré Amelot - Espace Culturel/Ville de La Rochelle

10 bis rue Amelot, 17000 La Rochelle. Tél : 05 46 51 14 70 www.carre-amelot.net Vernissage et rencontre avec l’auteur vendredi 8 novembre, à 18 h 30 Exposition ouverte • Mardi, jeudi, vendredi 12 h 30/19 heures • Mercredi 10 heures/19 heures • Samedi de 14 heures/19 heures

ANGOULÊME

Du 14 au 23 octobre 2013

et Charente

Charente – Angoulême

piano en valois

r

évéler les jeunes talents, reconnaître les maîtres contemporains, croiser les publics dans des beaux lieux d’Angoulême et de Charente, dans une vivifiante interculturalité… Telle est la volonté du festival Piano en Valois. Cette 20e édition confirme les fondamentaux de ce projet artistique. Piano en Valois reste un festival pilote en France pour son partenariat exemplaire avec l’Éducation nationale : plus de 2000 enfants et parents invités à chaque édition depuis 2000… Sa collaboration privilégiée avec le Conservatoire national supérieur de musique a permis depuis quatre ans de présenter les grands pianistes de demain.

14 au 23

20e

octobre 2O13

festival

Réservations et retrait des billets :

• Auprès du Théâtre d’Angoulême – Scène Nationale : 05 45 38 61 62/63 pour l’ensemble des concerts. • La Canopée à Ruffec : Bureau du Théâtre 05 45 31 32 82 ou Office de Tourisme de Ruffec 05 45 31 05 42 • Les Carmes à La Rochefoucauld : Office de Tourisme de La Rochefoucauld 05 45 63 07 45. Les soirs de concert, la billetterie est ouverte sur place une heure avant le début du concert (dans la limite des places disponibles).

Réservations : O5 45 38 61 62 p i a n o e n v a l o i s . f r

Rens. : 05 45 38 61 62 www.piano-en-valois.fr

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RENDEZ-VOUS Du 18 octobre 2013 au 16 mars 2014 Vienne – Poitiers

La licorne et le bézoard

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ette exposition propose de partir à la découverte des cabinets de curiosités, en donnant à voir et à comprendre ce que furent ces collections en Europe à partir du XVIe siècle. A savoir tout à la fois des espaces microcosmes, où l’on compose une « image » du monde afin de le penser, de l’observer pour tenter de mieux le comprendre, de l’admirer au sens littéral. Mais aussi parfois, des lieux de prestige et du pouvoir lié au savoir. Et enfin creusets parmi d’autres de l’évolution des sciences. Très didactique, volontairement spectaculaire et impressionnante, la scénographie joue de l’effet d’accumulation, aux confins parfois du bizarre et de l’étrange, entre « merveilles » et « raretés », dans une approche d’abord sensorielle de cette appréhension du monde antérieure à la science moderne. Grâce au concours de prestigieuses collections locales, régionales, nationales voire étrangères, sont rassemblés à la fois des pièces emblématiques et rares, et des objets « ordinaires ». L’exposition s’articule entre la salle d’exposition temporaire du musée Sainte-Croix et une salle de l’Espace Mendès-France.

Du 4 octobre au 5 janvier 2014 Charente-Maritime – La Rochelle

Anna Quinquaud, itinéraires africains dans les années 30

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e musée des Beaux-Arts de La Rochelle consacre une exposition rétrospective à l’œuvre d’Anna Quinquaud (1890 – 1984), figure singulière de la sculpture de la première moitié du XXe siècle. Après une formation académique, elle obtient en 1924 le premier second Prix de Rome ainsi que celui de l’AOF (Afrique occidentale française), Anna Quinquaud préférera l’aventure des voyages africains au confort de la Villa Médicis. Son œuvre est un hymne à la beauté de l’Afrique et à ces traditions ancestrales. Le parcours de l’exposition, qui s’articule autour d’une soixantaine de sculptures et de dessins, s’attache à mettre en avant son regard sur la femme africaine, cette femme qu’Anna Quinquaud a constamment cherché à magnifier. Musée des Beaux-Arts 28, rue Gargoulleau 17000 La Rochelle Tél. : 05 46 41 64 65 Informations pratiques : Lundi, mercredi, jeudi et vendredi : 9 h 30 – 12 h 30 & 13 h 45 - 17 heures Samedi, dimanche et jours fériés : 14 heures – 18 heures

Fermeture : 1er et 11 novembre, 25 décembre.

Informations pratiques :

Musée Sainte-Croix

Ouverture : • Mardi de 10 heures-17 heures • Mercredi au vendredi : 10 heures-12 heures / 13 h 15-17 heures • Samedi et dimanche : 14 heures-18 heures

De septembre 2013 à août 2014 Charente-Maritime – La Rochelle

Accrochage n° 7 :

Des femmes qui parlent de femmes…

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epuis 2008, le musée des Beaux-Arts de La Rochelle demande à des groupes de citoyens rochelais de faire une sélection des œuvres en réserves. Pour cette septième édition, l’accrochage du musée des Beaux-Arts a été confié à un groupe de femmes habitant le quartier de Mireuil. Assez naturellement, leur choix s’est porté sur le thème de la femme et sa représentation dans l’art au fil des siècles. Cette exposition veut inciter à une réflexion sur sa place dans notre société, souligner son intelligence, sa force, et mettre surtout en avant qu’elle est créatrice à part entière. Elle veut aussi rendre hommage à toutes les femmes de toutes conditions qui ont œuvré dans l’ombre de l’homme et qui veulent à présent le faire en pleine lumière à ses côtés.

Musée des Beaux-Arts - 28, rue Gargoulleau 17000 La Rochelle Tél : 05 46 41 64 65 Informations pratiques : • Lundi, mercredi, jeudi et vendredi : 9 h 30 – 12 h 30 & 13 h 45 - 17 heures • Samedi, dimanche et jours fériés : 14 heures – 18 heures • Fermeture : 1er et 11 novembre, 25 décembre.

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RENDEZ-VOUS EXPOSITIONS


Jusqu’au 31 décembre Charente-Maritime – Rochefort

Paroles ouvrières

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vec l’exposition Paroles ouvrières de Rochefort, il s’agit de valoriser l’histoire économique et sociale locale après la fermeture de l’arsenal maritime. D’anciens ouvriers de trois entreprises symboliques du territoire : les Bois Déroulés, Zodiac et la Pyrotechnie du Vergeroux ont généreusement livré leurs souvenirs à deux ethnologues Dominique Cambon et Marlène Le Gal, de l’association angoumoisine Passerelle Images. Soit au total vingt-deux histoires d’une durée moyenne d’une heure. Une sélection est restituée dans l’espace d’exposition au travers de trois documentaires sonores. En complément, des panneaux réalisés par le service de l’Inventaire de la Région Poitou-Charentes, des portraits photographiques imaginés et réalisés par le photographe Simon David et des documents d’archives viennent illustrer cette parole historique.

Informations pratiques Hôtel Hèbre de Saint-Clément - Musée d’Art et d’Histoire - Service du Patrimoine 63-65 avenue de Gaulle, 17300 Rochefort Tél. 05 46 82 91 60 Ouverture : 10 h 30 - 12 h 30 et 14 h 00 - 18 h 00 Ouvert tous les jours sauf le lundi, le samedi matin et le dimanche matin.

Jusqu’au 2 novembre 2013 Deux-Sèvres – Niort

Festival de street art Le 4e mur, 4e édition.

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e 4e mur rassemble à Niort la fine fleur des artistes de street art. Sous leurs mélanges de techniques et d’influences, les murs de la ville deviennent toiles. Le dessin s’incorpore à la maçonnerie, les couleurs font surgir un point de vue invisible. D’une œuvre à l’autre, les parcours sont indéterminés, le sens de l’exposition libre et multiple. À noter que cette édition 2013 accueille de nouveau l’illustrateur italien Ericailcane. Accompagné de Bastardilla, peintre colombienne originaire de Bogota, ils réaliseront lors de leur passage à Niort, une œuvre à quatre mains dans l’enceinte des anciennes usines Boinot. Autres artistes invités : Alëxone, Daniel Muñoz, Amandine Urruty, Nicolas Barrome, Jean Moderne aka RCF1. Pour cette 4e édition, deux artistes exposent également en intérieur. Alëxone - Carte blanche Du 25 septembre au 16 octobre en partenariat avec En vie urbaine - Belvédère (Scène nationale du Moulin du Roc). Exposition - Entrée libre et gratuite. Daniel Muñoz - Touché Du 1er octobre au 2 novembre - Pilori Exposition de dessins et illustrations - Entrée libre et gratuite.

Du 7 octobre au 6 décembre 2013 Vienne – Poitiers

Architecture au Canada

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a Maison de l’Architecture de Poitou-Charentes propose une exposition qui regroupe les réalisations primées au titre du Prix d’excellence en architecture au Québec. Ces Prix d’excellence, orchestrés par l’Ordre des architectes du Québec tous les deux ans, mettent en valeur les réalisations architecturales les plus réussies des deux dernières années. Les prix sont décernés conjointement aux architectes et à leurs clients, afin de démontrer que la collaboration entre maître d’œuvre et maître d’ouvrage est au cœur même de la production d’une œuvre significative. Pas moins de 26 prix ou mentions sont ainsi attribués dans plusieurs catégories relatives aux types de bâtiments ainsi qu’à certaines préoccupations incontournables de l’architecture contemporaine : recyclage, reconversion, conservation et restauration, accessibilité universelle, etc. Maison de l’Architecture de Poitou-Charentes 1 rue de la Tranchée 86000 POITIERS 05 49 42 89 79

www.mdapc.fr

Arcades #02

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LectuREs Gens d’ici, gueules de Rochelais ■Jean-Louis ■ Mahé, Jean Gaillard

Geste Éditions / 296 pages - 39 €

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ean Gaillard est né à Lyon en 1931. Il arrive à La Rochelle alors qu’il a à peine trois ans. À l’âge du travail, il commence par faire des petits boulots puis, presque par hasard, devient photographe. Autodidacte, il collabore au journal Sud Ouest en tant que pigiste de 1954 à 1965, puis comme salarié jusqu’à sa retraite en 1987. Au cours de sa carrière, il a pris des milliers de photographies de La Rochelle et ses environs. Jean Gaillard est décédé en janvier 2009. En 2012, à l’occasion de l’entrée du fonds de négatifs de Jean Gaillard dans les collections patrimoniales de la médiathèque Michel Crépeau, une exposition baptisée « Gens d’ici » présentait une soixantaine de portraits de Rochelais dans les années cinquante. Cet événement a connu un large succès et de nombreux visiteurs ont exprimé le souhait de retrouver un jour « une trace de ce moment ». Jean-Louis Mahé satisfait cette large en demande en réunissant dans ce livre, 400 portraits de Rochelais photographiés par Jean Gaillard et issues des collections de la médiathèque Michel Crépeau. Bibliothécaire à La Rochelle où il s’occupe plus particulièrement des collections de régionalisme, Jean Louis Mahé a déjà publié plusieurs ouvrages traitant de sa ville et des métiers de la mer.

La Manufacture d’armes de Châtellerault Une histoire sociale (1819-1968)

■Marie-Claude ■ Albert, Pierre Bugnet, David Hamelin, Patrick Mortal Avec la coopération du Service Historique Défense (SND) et des membres du Centre châtelleraudais d’Histoire et d’Archives (CCHA) Geste éditions - 440 pages - 25 € sine emblématique de Châtellerault, « La Manu » a profondément marqué l’histoire de la ville. Cet ouvrage consacré à la Manufacture d’armes de Châtellerault, retrace l’histoire de l’usine de 1819 à 1968. Cet ouvrage richement documenté comprend de nombreuses des photos inédites Le texte, toujours très précis du point de vue historique, est rédigé par des spécialistes de l’histoire locale et du mouvement ouvrier. De la Restauration, sous laquelle se mettent en place les statuts de cette entreprise complexe, jusqu’aux années soixante-dix, en passant par les deux guerres mondiales qui eurent chacune un impact différent sur l’usine, les quatre spécialistes reviennent sur les événements qui ont marqué la vie de l’entreprise. Les auteurs retracent l’évolution de la nature du travail mais aussi les changements des conditions de travail en lien avec le développement politique et socio-économique de l’État. Ils expliquent comment cette usine a su transformer le quotidien des châtelleraudais pendant un siècle et demi et ainsi marquer profondément la mémoire collective.

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LECTURES

Guide architectural Royan 1900 ■Frédéric ■ Chassebœuf

Éditions Bonne Anse /388 pages - 38,50 €

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près le Guide architectural Royan 1950, les Éditions Bonne Anse poursuivent l’exploration du patrimoine de Royan. L’historien et historien d’art Frédéric Chasseboeuf s’est attaché à décrire dans ce guide la naissance et le développement de cette architecture balnéaire si caractéristique de la « Belle Époque ». L’auteur a déterminé plusieurs itinéraires par quartier, Pontaillac, le Parc et l’Oasis, reproduits sur des plans. Au fil de ces promenades, les différents édifices sont décryptés, leurs architectes et propriétaires d’origine présentés, leur histoire racontée. En complément de ce catalogue très complet, plusieurs courts chapitres apportent un éclairage inédit sur le sens de cette architecture, ses typologies, ses styles, son langage. À l’appui de ces explications, les photographies de l’auteur sont autant de démonstrations visuelles. Enfin l’historien expose ses recherches biographiques sur les architectes, maîtres d’œuvre et entrepreneurs les plus marquants, dont les signatures figurent encore parfois dans la pierre. Grâce à cette lecture, le style balnéaire royannais prend toute sa place dans l’histoire de l’art et des courants architecturaux.

L’Art Nouveau en Poitou-Charentes ■Collectif ■ de recherche, en lien avec une équipe de recherche des Universités de Bordeaux et Poitiers, la Direction régionale des affaires culturelles, les animateurs de l’architecture et du patrimoine du territoire et les musées de Cognac, Niort et Parthenay

Collection « Laissez-vous conter le Poitou-Charentes ». Prix public 20 €

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’Art Nouveau est un mouvement artistique qui a profondément marqué l’histoire de l’architecture contemporaine. Dans la région, de nombreux architectes et artistes ont adopté ce nouveau « style », contribuant ainsi à son développement et à sa diffusion. L’Art Nouveau en Poitou-Charentes propose pour la première fois une synthèse des connaissances et études sur l’Art Nouveau à l’échelle régionale. Un ouvrage réalisé en lien avec une équipe de recherche de l’Université de Poitiers, la Direction régionale des affaires culturelles, les animateurs de l’architecture et du patrimoine du territoire et les musées de Cognac, Niort et Parthenay qui ont ouvert leurs collections Art Nouveau. Entre architectures originales et objets d’art organiques, cet ouvrage constitue un véritable guide de balade thématique dans la région. Il s’agit du premier opus de la collection « Laissez-vous conter le Poitou-Charentes » créée sous l’égide de la Direction Régionale des Affaires Culturelles, et du réseau des treize Villes et Pays d’art et d’histoire (VPAH) de la région. Ce label qualifie des territoires riches d’un patrimoine remarquable. Il permet de créer des passerelles entre recherche scientifique et grand public. Objectif ? Faire découvrir le patrimoine pour mieux le partager avec le plus grand nombre.


Le street art au tournant Reconnaissances d’un genre

■Christophe ■ Genin

Collection « Réflexions faites » Les impressions nouvelles - 256 pages - 28,50 €

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’argument central de cet essai en est que le street art se trouve actuellement à un tournant entre la contestation et le produit dérivé. Christophe Genin envisage le street art comme un phénomène culturel planétaire, traversé de courants multiples, voire contradictoires. Entre la résistance des autorités politiques au « vandalisme », et la reconnaissance de diverses instances « officielles », le street art est désormais bien présent dans le graphisme, le cinéma, la performance, les jeux urbains, les représentations culturelles. Voire la politique et le tourisme. Outre des observations d’œuvres, de comportements, de statuts, L’ouvrage s’appuie sur des rencontres avec de nombreux artistes de diverses générations comme Miss. Tic, Rero ou Levalet. Professeur à la Sorbonne, agrégé de philosophie et docteur ès Lettres, Christophe Genin travaille sur les cultures émergentes et populaires. Il a publié Miss. Tic, femme de l’être (Les Impressions Nouvelles, 2008) et Kitsch dans l’âme (Vrin, 2010). Amateur des inscriptions de rue, il s’intéresse aux graffitis et au street art depuis 1985.

Templiers et maisons templières en Poitou ■Robert ■ Ducluzeau Et Jean-François Lavrard

Gestes Éditions - 304 pages - 22 €

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partir de sa création en 1119 à Jérusalem, l’ordre du Temple œuvra pour la protection des pèlerins occidentaux en route vers la Terre Sainte. Pour mener à bien cette mission, les templiers avaient besoin de fonds. Mais aussi d’hommes désireux de combattre dans leurs rangs ou à leurs côtés. Hugues de Payns, le fondateur de cet ordre militaires et religieux, vint en chercher en Occident et notamment en Poitou. Dans cette région, les dons affluèrent ce qui permit aux chevaliers de construire de nombreuses « maisons du Temple », appelées plus tard « commanderies ». Ces lieux leur servirent pour recruter et former de nouveaux templiers, mais aussi pour fournir chevaux, guerriers et argent, toutes choses nécessaires à l’action en Terre Sainte… Robert Ducluzeau et Jean-François Lavrard, deux passionnés d’histoire locale, reviennent sur cette période où l’implantation et l’architecture des templiers marquèrent l’histoire du Haut-Poitou.

Émois romantiques à La Rochelle. ■Françoise ■ Legré-Zaidline

La Mercerie

Une folie charentaise

■Thierry ■ Groensteen

Les Impressions Nouvelles – 160 pages – 25 €.

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n château construit en plein XXe siècle ? Par un architecte autodidacte ? Avec une façade néo-classique de 220 mètres de long ? Et, à l’intérieur, un musée privé de près de trois cents œuvres et objets d’art, ainsi qu’une remarquable collection d’azulejos ? C’est l’étonnante histoire du château de la Mercerie, en Charente (à vingt-cinq km au sud-est d’Angoulême), dont les propriétaires, les frères Réthoré, sont morts ruinés dans les années 1980. Après trente ans d’abandon et de lente dégradation, une association de bénévoles a entrepris de sauver ce monument intrigant, fascinant, déconcertant. Et la Mercerie est à nouveau ouverte à la visite. L’auteur de cet ouvrage, Thierry Groensteen, est un spécialiste de réputation internationale dans le domaine de la bande dessinée. Il nourrit depuis l’enfance une passion pour les châteaux et réside en Charente, à quelques kilomètres de la Mercerie. Grâce à de minutieuses recherches, Thierry Groensteen est en mesure de raconter, pour la première fois, l’histoire du site depuis le XVIe siècle et de retracer l’épopée des frères Réthoré…

Dictionnaire des Peintres de Charente-Maritime ■François ■ Wiehn

Geste Éditions / 272 pages - 49,90 €

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ublié sous la forme d’un dictionnaire, cet ouvrage est un hommage à la mémoire de peintres de la Charente-Maritime, qu’ils le soient de naissance ou d’adoption, professionnels ou amateurs, décédés à ce jour. Sur plus de quatre siècles, ce dictionnaire recense les peintres charentais par fiches alphabétiques détaillant leurs œuvres (tableaux à l’appui), leur biographie et leur courant pictural. Des personnalités les plus célèbres comme Balande, Fromentin, ou encore Deman ; aux parfaits inconnus ayant développé une œuvre dans l’ombre, ce beau-livre présente 163 artistes et 234 reproductions couleurs. Ce dictionnaire, le plus exhaustif sur le sujet dans la lignée de l’ouvrage de Gérard Aubisse sur les Peintres du Poitou-Charentes, s’adresse aussi bien aux professionnels qu’aux amateurs de peinture qui devraient y trouver un outil indispensable. Son auteur, François Wiehn a été enseignant à la Faculté de droit de Poitiers, et avocat à Niort. Aujourd’hui, il vit sa retraite entre Nantes et la Saintonge et se consacre à sa passion, la peinture.

Le Croît Vif - 304 pages et hors-texte de 16 pages. 25 €.

À

compter de 1845, date de son mariage avec le banquier Théophile Babut, Louise Rang-Babut habitera un magnifique hôtel de la rue Villeneuve (voir pages 24-28 de cette édition d’Arcades). Connue comme la « portraitiste officielle de La Rochelle », cette jeune femme, a travaillé auprès des plus grands peintres de son époque, notamment Delacroix. Avant ce remariage avec Théophile Babut, Louise a épousé Sander Rang des Adrets, un marin rochelais au parcours hors du commun. Officier de marine rescapé du naufrage de la Méduse, il est aussi concepteur et directeur du port d’Alger, historien et traducteur de grands textes arabes, gouverneur de Mayotte et Nossy-Bé… Une vie pleine d’émois romantiques racontée par Françoise Legré-Zaidline, avec en arrière plan une description de la haute société de la Restauration et de la monarchie de Juillet. Françoise Legré-Zaidline est titulaire d’une maîtrise des sciences de la terre et d’un diplôme de l’École du Louvre. On lui doit la biographie du grand naturaliste rochelais, Alcide Dessalines d’Orbigny (1802-1857), publiée en 2003 chez L’Harmattan.

Arcades #02

Deux-Sèvres sauvages et naturelles ■Conseil ■ Général des Deux-Sèvres Geste Éditions - 320 pages - 35 € ocage, carrières, forêt, vallées, villes, marais… Ce beau livre réalisé par le Conseil Général des Deux-Sèvres recense tous les espaces naturels du département. Son ambition affichée est de contribuer ainsi à la sensibilisation à la biodiversité du département. Notamment à la fragilité de certains milieux spécifiques, grâce aux encarts « espaces naturels sensibles ». Au fil des 320 pages de l’ouvrage, le lecteur est invité à survoler l’ensemble du territoire grâce à des textes et à des photos inédits. Mais aussi à mieux comprendre les enjeux de la préservation de la biodiversité grâce à des portraits d’acteurs locaux, très engagés dans ce combat. Chaque chapitre comprend une carte qui permet de localiser l’espace dont il est question. Un ouvrage complet, réalisé par des spécialistes et richement illustré, pour tout savoir de la faune et de la flore des Deux-Sèvres.

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rcades en Poitou-Charentes Charente • Charente-maritime • Vienne • Deux-Sèvres [02]

RCADES

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lturelles Créations cues

Automne 2013

Charente ■ ritime ■ Charente-Ma Vienne ■ ■ Deux-Sèvres

s & patrimoine

harent En Poitou-C

Aux ces sour de l’Art u Nouvea

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