POSTEvR ) elines-Dk
a OKOLO (Gr ) Yannick B (VALENCIA LO CO E D & NANDO
#27
janvier 2011
De Colo Nandocs Valencia)
(Power
Electroni
Yannick Bokolo
(Gravelines-Dunkerque)
Du côté de chez
FABIEN CAUSEUR
© Jean-François Mollière
© Roberto
Serra/EB
via Getty
Images
ENTRETIEN
Greg BEUGNOT & Philippe hervé
04 AMARA SY 66 LEON RADOSEVIC 68 AMÉRICAINS D’ITALIE 82 CÉLINE DUMERC 84 GÉRALDINE ROBERT 90 LÉO WESTERMANN
Reportage photos
Les icônes de Limoges Boulogne vs. Le Portel
Frères ennemis Portrait
Le mystére Moïso
MADE IN FRANCE voyage au cœur de la formation
M 03247 - 27 - F: 5,00 E
© Jean-François Mollière
Claude Marquis & Christophe Léonard formès à Cholet MAXI BASKET N°27 - janvier 2011 DOM : 5,60 € - BEL : 5,40 € - Port.cont : 5,20 €
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MAXI-BASKET
DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 23
“
TACTIQUEMENT, EN FRANCE, ERMAN KUNTER, C’EST CE QUI SE FAIT DE MIEUX. PARFOIS, C'EST LUI QUI FAIT LA DIFFÉRENCE, TOUT SIMPLEMENT.
”
DU CÔTÉ DE CHEZ…
FABIEN CAUSEUR FABIEN A BEAUCOUP APPRIS CET ÉTÉ AU CONTACT DES INTERNATIONAUX. SON BON DÉBUT DE SAISON EN PRO A ET EUROLEAGUE ATTESTE QUE LE CHOLETAIS A PRIS UNE NOUVELLE DIMENSION. C ÉTAIT AVANT QU UNE BLESSURE AU PIED LE FAUCHE EN PLEIN VOL ET LE PRIVE DE MATCHES EN DÉCEMBRE. DERRIÈRE CE GROS TRAVAILLEUR, CE LATE BLOOMER, UN PERSONNAGE FONCIÈREMENT POSITIF. UN MEC BIEN. Propos recueillis par Antoine LESSARD Reportage photo par Jean-François MOLLIÈRE
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MAXI-BASKET
CÔTÉ COUR
Tes débuts dans le basket Mes parents étaient tous les deux basketteurs à Brest. Mon père dans l’ancienne Nationale 2 et ma mère en Nationale 3. J’ai commencé avec un ballon très tôt. En club, à 4 ans. Au début, ce n’était pas trop mon truc, je n’étais pas spécialement bon mais à force de rester longtemps dans les salles, j’y ai pris goût. C’est comme ça que c’est devenu une passion. J’ai été surclassé à partir des poussins et pratiquement dans toutes les sélections départementales.
Une histoire de famille Mes deux sœurs font toutes les deux du basket sur Brest. Ma petite sœur est coachée par ma mère. La grande entraînée par mon père. C’est mon père qui m’a dirigé jusqu’à mes 1213 ans. Lui-même était coaché par mon grand-père. Mon oncle a joué aussi. C’est une histoire de famille. Sur Brest, on est assez connu.
Ta croissance
Le centre de formation du STB C’était la première fois que je quittais la maison. J’avais déjà eu des propositions auparavant pour partir en CREPS mais je n’étais pas prêt. Les premiers mois n’ont pas été évidents. Je suis parti au Havre à 17 ans, l’année du bac. Mes parents n’étaient pas très chauds au début mais finalement ils m’ont laissé partir… et j’ai eu mon bac.
Né le 16 juin 1987 à Brest Taille : 1,90 m Poste : Meneur-Arrière Clubs : Le Havre (04-09), Cholet International en 2010 (13 sélections) Palmarès : Champion de France en 2010 All-Star Pro A en 2009 Stats Pro A ‘11 : 8,8 points à 47,9%, 33,3% à 3-pts, 4,2 rebonds, 3,0 passes en 29 min (6 matches) Stats Euroleague ’11 : 8,8 points à 37,9%, 26,7% à 3-pts, 3,5 rebonds, 2,3 passes en 30 min (4 matches)
Un match avec Le Havre Celui que l’on perd à cause de moi au buzzer contre Le Mans (9899, le 1er mars 2008). On menait de cinq points à 7 secondes de la fin. (Raviv) Limonad met un trois-points. Il reste deux secondes et sur la remise en jeu, c’est la panique. On me file la balle, je fais un dribble, je la perds. Limonad la récupère et marque à trois-points. Ce sont des trucs qui marquent. Je ne suis pas prêt de refaire cette erreur en tout cas.
“JE N'AI PRIS QUE QUATRE, CINQ JOURS DE REPOS CET ÉTÉ. PEUT-ÊTRE QUE JE LE PAIE UN PEU MAINTENANT AVEC CETTE BLESSURE.”
Jusqu’en minimes, je n’étais pas vraiment un joueur important dans les sélections, j’étais souvent une rotation. Après, j’ai grandi d’un coup et ça a changé beaucoup de choses. Entre mes 15 et mes 17 ans, il y a eu deux étés où j’ai pris à chaque fois 10 centimètres. Je suis passé d’1,70 m à 1,90 m en deux ans. C’est là que ça a vraiment explosé. Avant je jouais meneur, j’étais tout petit. En benjamin, je faisais 1,60 m et je chaussais déjà du 46. Tout le monde se foutait de ma gueule (rires). Après, j’ai pu jouer ailier, ça m’a aidé.
Repères
choses pour aider les gars et ça marchait plutôt bien. Christian me faisait beaucoup jouer. J’étais surpris de jouer autant (29 minutes en moyenne contre 6 la saison précédente, ndlr). Forcément avec un tel temps de jeu, on progresse beaucoup plus vite.
Jean-Manuel Sousa Lui et Franck Maignan m’ont fait grandir au tout début. Je m’entrainaîs dur et Jean me le rendait bien. J’ai beaucoup joué dès mon arrivée. Deux matches par semaine, en cadets et en espoirs, où je jouais pas loin de 30 minutes. J’ai encore fréquemment Jean au téléphone. C’est quelqu’un que je respecte beaucoup et qui m’a fait vraiment avancer.
Champion de France espoir en 2007 On avait fait une grosse saison. 31 victoires et 1 défaite. On avait une super équipe. D’ailleurs, si tu prends aujourd’hui le cinq de départ, il n’y a pratiquement que des mecs qui jouent en Pro A ou en NBA. Pape Sy, Rudy Jomby, Romain Duport, Gabriel Cayol et moi. Plus Mérédis Houmounou. On en reparle souvent cette année avec Romain et Mérédis.
Ton premier match pro C’était au Mans. Je m’entraînais bien et Christian m’avait dit « s’il y a quelqu’un qui doit jouer dans les espoirs, ce sera toi ». Je crois que j’avais pris 1 rebond en 6 minutes (exact). Même si on avait perdu de 30 points, j’étais content d’être rentré.
L’explosion en 2007-08 Une super saison, on avait vraiment une très bonne équipe (Thompson, Cox, Sommerville, Traoré, Edwards…). On était le poil à gratter du championnat, capable de battre tout le monde. Une équipe super offensive avec de gros scoreurs. On avait fini cinquième. J’avais le rôle du petit jeune qui arrivait. J’essayais de bien faire les
Première sélection de jeune en 2007
J’étais super fier de porter pour la première fois le maillot des Bleus. Je n’avais pas fait les compétitions en cadets, juniors. Même pas été appelé pour les stages. Personne ne me connaissait. Il ne faut pas cacher qu’en cadets et en juniors, l’INSEP est favorisé. Pour les autres, c’est beaucoup plus difficile. J’ai perdu mon adresse sur l’Euro mais cela reste un bon souvenir. J’ai réussi à choper la vidéo du match de mes 16 points contre la Croatie. J’avais même mis un contre en fin de match, ce qui avait fait marrer tout le monde parce que ce n’est pas mon domaine de prédilection (rires). J’aime bien conserver mes bons matches pour les regarder plus tard. Des fois, je me regarde il y a trois-quatre ans et je me trouve nul. C’est là qu’on voit comment on progresse au fil des années.
Ton départ à Cholet (en 2009) J’avais envie de gagner quelque chose. Après six ans au Havre, je me sentais prêt à partir. Il était temps de voir autre chose pour ma carrière. Cholet et Roanne se sont positionnés. Je savais que Cholet était un club formateur de jeunes et j’ai eu la chance de tomber dans une équipe compétitive. La principale différence par rapport au Havre ? C’est un peu plus organisé, plus professionnel. En déplacement, on a toujours une feuille de route par exemple. Les installations à la Meilleraie sont au top. On a tout ce qu’il faut. Des bains froids, un jacuzzi, un hammam, la salle de muscu juste au-dessus de notre vestiaire. Même l’appart’ qu’ils m’ont donné est parfait.
Erman Kunter Depuis le début de ma carrière, j’ai eu la chance assez incroyable qu’on me donne tout le temps ma chance. En arrivant à Cholet, il me fallait un temps d’acclimatation. Erman m’a beaucoup aidé. Il m’a toujours mis en confiance et continue à le faire. Après, le personnage a un sacré caractère, dur au mal. Les gars font la gueule parce qu’on ne s’arrête jamais de s’entraîner. L’autre jour, ceux qui sont rentrés de Barcelone après 10 heures de voyage ont eu un entraînement direct en arrivant à la salle. Erman appelle ça de la récupération mais il fait courir et de la musculation derrière ! (…) Tactiquement, en France c’est ce qui se fait de mieux. Parfois, c’est lui qui fait la différence, tout simplement.
Ton évolution vers le poste de meneur
Dans mon plan de carrière, c’est ce que je voulais. Être un 2-1. À tous les entraînements, Erman me fait jouer un peu aux deux postes. En match, il a commencé à le faire quand John Linehan s’est blessé l’année dernière. Et cela a bien marché. Du coup, il le fait de plus en plus.
Tes progrès au shoot J’ai beaucoup travaillé cet été. Je n’ai pris que 4-5 jours de repos. Peut-être que je le paie un peu maintenant avec cette
DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 25 blessure (aponévrose de la voûte plantaire). J’ai fait un camp de shoot avec Sylvain Lautié à Vichy, puis j’ai bossé avec Laurent Villa au Mans. Je n’ai fait que shooter pendant deux semaines. Quand je suis revenu, je me sentais vraiment bien. J’ai un petit peu modifié mon geste avec Sylvain, mais c’est surtout une question de confiance.
Une lacune Tout le monde sait que je suis un pur gaucher donc il faut que je continue à bosser sur ma main droite. J’essaie d’apporter des petits trucs en plus. Par exemple, sur pick-and-roll, bosser sur le petit pull-up. Après, on peut toujours être meilleur en défense.
La demi-finale retour des Playoffs à Gravelines Tout le monde ne me parlait que ça quand on est rentré à Cholet (Fabien avait sonné la révolte des Choletais). Les gens me remerciaient, j’avais l’impression d’avoir fait un truc de dingue. C’est sûr que j’avais fait un peu revenir l’équipe, mais ce n’était pas la première fois. Après Bercy encore, les gens me remerciaient pour le match retour à Gravelines.
Champion de France Le plus beau souvenir de ma carrière, sans hésitation. Beaucoup d’émotions. Après notre défaite contre Gravelines à la maison, on avait pris un sacré coup sur la tête. La différence s’est fait sur le mental. On était une bande de potes. Il y avait une osmose. On est reparti sur les mêmes bases cette année, il y a une super ambiance. Les nouveaux se sont super bien adaptés à la situation.
Un joueur pour qui tu paierais ta place Manu Ginobili. C’est le gaucher type. Il est super fort sur tous ses appuis, sur sa main gauche, son shoot extérieur. J’essaie beaucoup de le copier, de le regarder jouer. J’adore, depuis des années. Depuis le Kinder Bologne.
Le coéquipier avec qui il ne faut pas partager sa chambre Kevin Séraphin. L’année dernière, j’étais avec lui et le gars ronfle comme je n’ai jamais entendu quelqu’un ronfler. Impressionnant. La première nuit, j’ai dû dormir trois heures. J’avais beau le pousser et il ne se réveillait pas. Après j’ai ramené des Boules Quiès et j’ai pris l’habitude.
Ton numéro 5 Je l’ai toujours eu depuis que je suis en mini-poussin. En équipe de France, j’ai dû changer à chaque fois. J’ai eu le 11 qui est le numéro de toute ma famille. Mais le 5 est mon chiffre portebonheur. Dès que je joue à l’Euro Millions, je le mets dedans.
Le meilleur joueur que tu as affronté Juan-Carlos Navarro tout simplement. J’étais un peu impressionné d’ailleurs la première fois que j’ai joué contre lui. Un grand joueur. >>>
J'étais un peu impressionné la première fois que j'ai joué contre Juan-Carlos Navarro.
L’Equipe de France J’en ai pris plein la vue au championnat du monde. Je n’ai pas beaucoup joué mais c’était impressionnant de voir l’intensité fournie sur le terrain. J’ai beaucoup appris là-bas, rien qu’en regardant et ça m’a motivé à beaucoup travailler pour un jour rivaliser avec ces gars-là.
L’Euro 2011 Avec le retour des cadres de NBA, il y a moins de chance d’y être mais on verra bien. Il faut toujours être positif, j’espère être appelé au moins pour la présélection et après je bosserai pour essayer d’avoir ma place dans l’équipe. C’est toujours un objectif de porter le maillot, même si c’est pour avoir le même rôle que l’année dernière. Je serai toujours présent. Quand on est Français, il faut porter le maillot avec honneur.
J’étais content parce que c’était notre première victoire. Ce match a lancé notre saison d’Euroleague. J’ai fait un bon match, été agressif, tenté 14 lancers-francs. Mais franchement j’avais un peu les boules d’avoir raté 5 lancers (…) Le niveau de l’Euroleague ? Avec ce que j’ai vu cet été, je savais à quoi m’attendre. C’est surtout l’intensité dans la raquette qui m’impressionne. C’est une vraie guerre. En Euroleague, il faut se battre sur tous les ballons si tu veux avoir une chance. Tous les matches sont difficiles. On l’a encore vu hier soir (le 15 décembre) contre le Cibona. Ta blessure au pied C’est ma première vraie blessure. Les trois, quatre premiers jours, j’étais presque content parce que ça me permettait de souffler. Mais après une semaine, j’en avais marre. D’ailleurs j’ai essayé de revenir et je me suis refait mal contre Roanne. C’est de ma faute parce que j’ai dit à Erman que j’étais bien et il m’a utilisé normalement (30 minutes). Du coup, j’en ai eu pour 3 semaines derrière (Fabien a ressenti une nouvelle douleur après cette interview). C’est difficile à vivre parce qu’à Cholet, à côté du basket, il n’y a pas grand-chose à faire.
Un endroit où tu ne jouerais pour rien au monde On dit, je n’irai jamais jouer là-bas et puis il y a toujours l’aspect financier. On va dire la Russie à cause du climat.
Photo Pascal ALLEE/HOT SPORTS
20 points contre Lietuvos rytas
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CÔTÉ JARDIN L’un ou l’autre • Bière ou vin ? Bière Blonde ou Brune ? Brune Euroleague ou NBA ? Euroleague Sucré ou Salé ? Sucré Christian Monschau ou Jean-Manuel Sousa ? Ça c’est vache ! Jean-Manuel Défense ou Attaque ? Attaque Meneur ou arrière ? Meneur Vainqueur de l’Euroleague ou champion d’Europe des Nations ? Vu que mon rôle est plus important en club, Euroleague. Jour ou nuit ? Jour, je ne peux pas mettre nuit si mon coach lit ça (rires)
Si tu étais • Une femme ? Ma sœur, parce qu’elle me ressemble comme deux gouttes d’eau. On a le même caractère et elle est belle. • Un personnage de fiction ? Harry Potter. • Un jour de la semaine ? Le samedi soir, jour de match. • Une chanson ? My Time de Fabolous. • Une odeur ? La vanille. • Un plat ? Les crêpes bretonnes. • Un autre sportif ? Usain Bolt. • Une salle ? Le Madison. Ça sent le basket. • Un vêtement ? Un maillot de bain (rires) • Un animal ? Un canard. Ça va faire rire mes copains. Avec les meufs, on me traite de canard.
Breton
Une expression
C’est une grande fierté comme la plupart des Bretons. J’aime toujours être en Bretagne. Dès que je rentre à Noël, ça me fait du bien de me ressourcer. J’y ai ma famille, mes potes. À Brest, je suis à 200 mètres de la mer, c’est un endroit où je me sens bien. L’année dernière, j’ai eu un trou complet pendant un mois, un mois et demi. On a eu un week-end, je suis directement rentré chez moi et ça m’a fait beaucoup de bien.
« T’es chiant ». Quand un mec me fait rire. C’est Christophe Léonard qui dit ça tout le temps et c’est resté. Tous les Français de l’équipe le disent maintenant.
Le Gwenn Ha Du Après la finale à Bercy, j’ai sorti le drapeau breton. Ma mère ramène toujours le drapeau dans les compétitions sportives. Dès la fin du match, elle m’a passé le drapeau et j’ai couru avec sur le terrain. Personne ne comprenait ce que c’était. Les gars me demandaient « c’est quoi ton drapeau ? ». C’est juste une fierté tout simplement.
Petit tu rêvais d’être Basketteur professionnel. À partir de 8-9 ans, c’était vraiment basket. Dès que j’avais du temps, je shootais dans le jardin. Le dimanche après-midi, je ne faisais que ça. Je me prenais souvent des coups de pression par mes parents pour me concentrer sur l’école.
L’élève Fabien Causeur
Ton principal trait de caractère Je suis assez posé, sociable. Je m’entends bien avec la plupart des gens et j’essaie d’être gentil avec eux parce qu’après, ils nous le rendent bien quand on est sur le terrain.
Ta philosophie Ne jamais se reposer sur ses acquis. C’est quelque chose que j’ai toujours appliqué. Je n’ai pas les qualités athlétiques et la taille de certains mecs. Donc il a fallu que je bosse ailleurs. C’est toujours passé par le travail.
“J'AIME BEAUCOUP LE POKER ET JE GAGNE SOUVENT. JE FAIS DE TOUT. RÉEL, EN LIGNE AVEC DE L'ARGENT, AU CASINO DE TEMPS EN TEMPS”
Bavard. J’avais de la chance parce que j’apprenais vite, j’avais une bonne mémoire, et jusqu’au lycée, j’avais besoin de moins travailler que les autres. Plus j’apprenais vite, plus je savais qu’après je pouvais aller jouer. Quand j’avais de mauvaises notes, mes parents me privaient de match. Ça m’obligeait à bosser plus.
La matière que tu aimais à l’école Le sport et les maths.
Ta plus grosse bêtise à l’école Une matinée, en 4 heures de cours, j’avais pris trois mots à montrer aux parents et une colle. Du coup, j’avais peur de rentrer chez moi. J’avais même signé à la place de mes parents pour ne pas me faire engueuler. Mais ça c’est su après, du coup je me suis fait encore plus engueuler.
Ton premier job ? Au centre de tri de la Poste de Brest. Ma mère est secrétaire là-bas. C’est elle qui m’a embauché. J’y ai bossé pendant un été, de nuit. Je faisais le tri du courrier. Après cela, j’étais motivé pour faire autre chose.
Une journée sans basket Pendant la saison, ça fait toujours bizarre de ne pas jouer. C’est une drogue pour nous tous, basketteurs. Bien sûr, il y a des jours avec et des jours sans. Parfois, on arrive 30 minutes en avance, d’autres fois on traîne un peu des pieds. Mais j’aime tellement çà que je suis en manque rapidement.
Ce qui te fait rire Beaucoup de choses. Je rigole pour tout et n’importe quoi. Je suis quelqu’un de très joyeux. Cela peut être mes potes ou l’émission « Qui veut marier mon fils ? » à la télé. Ce sont des acteurs je sais bien, mais cette émission est incroyable (rires).
Ce qui te fait pleurer
Je ne pleure pas beaucoup. Je peux pleurer par amour comme beaucoup de monde. Je m’étais dit que je pleurerais après la finale si on gagnait. Mais non. J’ai eu beaucoup d’émotion en revoyant le match, on a eu un DVD avec le déplacement des supporters.
La pire chose entendue à ton sujet Cela m’énerve quand on me dit que je suis un radin. On dit toujours que les Bretons sont radins et Thomas Larrouquis n’arrêtait pas de me le dire l’année dernière.
Le plus beau compliment Que j’étais beau, tiens. J’aime bien (rires).
Un don caché Je ne sais pas si c’est un don mais j’aime beaucoup le poker et je gagne souvent. Je fais de tout. Réel, en ligne avec de l’argent, au casino de temps en temps. J’adore ça.
Un péché mignon Pendant l’été, je peux me laisser aller très facilement. Je mange autant que si je faisais deux entraînements et je prends du poids.
Ta dernière folie Ma voiture. Je me suis acheté une Audi A4 l’année dernière. C’est le plus gros truc que je me suis acheté.
Un rêve que tu veux accomplir Gagner l’Euroleague
Ta pire habitude Je prends tout le temps des bains. Un le matin, parfois trois dans la journée. Je ne sais pas pourquoi. Tout le monde me prend pour un malade. Je vais me faire engueuler par les écolos mais comme on ne paie pas l’eau…
Un super pouvoir Il y en a plein. J’adore la série Heroes et il y a plein de pouvoirs que j’aime dans cette série. J’aimerais bien pouvoir entendre ce que les gens pensent.
DU CÔTÉ DE CHEZ • MAXI-BASKET 27 La politique
Un voyage inoubliable
Ce n’est pas du tout mon truc.
New York, parce qu’il y a tout de jour comme de nuit. J’y suis allé avec l’équipe de France et je l’avais déjà fait avant, avec Romain (Duport) pour un camp des New York Knicks. On avait bossé dans leur salle d’entraînement pendant une semaine.
La religion Je suis chrétien. Je fais une prière avant chaque match comme une sorte de routine mais je ne lis pas la Bible.
Spécialiste de séries télé
Trois choses à emporter sur une île déserte
J’en regarde beaucoup. Ma préférée, c’est Entourage. Ensuite Dexter. Et puis Heroes et Les Experts. Je regarde de tout. Pendant mon temps libre, je regarde des films, je joue à la console. Je suis encore plus un fan de console que de séries. D’ailleurs Cyril Akpomedah passe son temps à me traiter de geek sur Facebook. Mais il n’est pas mieux !
Mon portable déjà parce que je ne le laisse jamais. (Il réfléchit longuement). Si je dis un PC, je vais vraiment me faire traiter de geek (rires). Alors, à manger évidemment, et mon chien.
Ce que tu refuserais de faire même pour dix millions d’euros Je ne sais pas, il faudrait qu’on me propose des trucs (rires). Je refuserais de truquer un match.
Un jeu vidéo Call of duty.. On joue en ligne avec les gars de l’équipe et pratiquement tous les gars de Gravelines sont dessus aussi. Rudy Jomby, Cyril Akpomedah, Yannick Bokolo, Jeff Greer... C’est un jeu qu’une bonne partie des basketteurs possèdent. On voulait se créer la team LNB mais ce n’est pas encore fait. (On lui demande si un joueur se démarque par rapport aux autres ?) Oui, c’est moi (rires).
Trois personnes avec qui diner Michael Jordan, Megan Fox (une actrice US) et Al Pacino.
Tes prochaines vacances Ce sera Las Vegas pendant trois jours - mais pas pour le poker – et en République dominicaine. C’est prévu déjà.
Toi dans 15 ans
Un film culte
J’espère que ce sera ma dernière année de carrière pro et que je pourrai encore aider une équipe. Sinon, me reconvertir dans le coaching. Rester dans le milieu du basket. Je vais profiter de notre statut pour passer mes diplômes le plus rapidement possible.
J’ai adoré Inception avec Di Caprio mais je mettrais le premier Saw.. À la fin du film, j’étais choqué.
Une lecture Je ne lis pas beaucoup. BasketNews.
1. Al Pacino 2. Dexter 3. Usain Bolt 4. New York 5. Crêpe Bretonne 6. Inception 2
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Photos : D.R.
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LES ICÔNES DE LIMOGES ILS REPRÉSENTENT PLUSIEURS GÉNÉRATIONS DE BASKETTEURS, DU MILIEU DES ANNÉES SOIXANTE-DIX À AUJOURD’HUI. AUCUN N’EST NATIF DE LA VILLE, TOUS ONT PORTÉ AVEC BRIO LE MAILLOT DU CSP ET LES BASKETS REMISÉS, ILS POURSUIVENT LEUR CARRIÈRE PROFESSIONNELLE À LIMOGES OÙ ILS SONT DEVENUS DES ICÔNES. Par Pascal LEGENDRE reportage Photo par Hervé BELLENGER / IS
PORFOLIO • MAXI-BASKET 27
FRANCK
BUTTER • Période au CSP 1984-85 et 90-94
• Signe particulier
•A ujourd’hui
Directeur d’un Quick.
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Formé à Limoges, il muta chez le rival orthézien pour revenir au CSP et y gagner un titre de champion d’Europe.
MAXI-BASKET
CLAUDE
BOLOTNY • Période au CSP 1976-80
• Signe particulier Ce moustachu aux cheveux longs retenus par un bandeau blanc fut le taulier de la salle des Sœurs de la Rivière, ancêtre du Palais des Sports de Beaublanc.
• Aujourd’hui Directeur sportif du centre de formation du CSP.
Maxi Basket
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PORFOLIO • MAXI-BASKET 29
APOLLO
FAYE
• Période au CSP 1977-85
• Signe particulier
• Aujourd’hui VRP à Midi Pyrénées Synthèses.
Maxi Basket
Jamais basketteur français ne fut aussi adulé que Sérigne Cheikhou « Apollo » Faye à Limoges.
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YANN
BONATO • Période au CSP 1995-97, 99-2000, 03-04
• Signe particulier Le club était en faillite, l’acte de décès imprimé, mais sous l’impulsion de leur capitaine, les joueurs se révoltèrent pour faire en 2000 un incroyable triplé championnat/ Coupe Korac/Coupe de France.
• Aujourd’hui Propriétaire de boutiques de lunettes de la marque Alain Afflelou.
Photo Pascal ALLEE/HOT SPORTS
PORFOLIO • MAXI-BASKET 31
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FRÉDÉRIC
FORTE
• Période au CSP 1988-89 et 91-97 Sa balle interceptée en finale des mains de Toni Kukoc donna définitivement le titre européen au CSP, à Athènes en 1993.
• Aujourd’hui Président du CSP.
Photo Pascal ALLEE/HOT SPORTS
• Signe particulier
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STÉPHANE
OSTROWSKI • Période au CSP 1985-92
• Signe particulier Maxi Basket
4 fois élu Meilleur Joueur français (86, 88, 89 et 90).
• Aujourd’hui Directeur du marketing du CSP.
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MAXI-BASKET
FRÉDÉRIC
WEIS
• Période au CSP 1995-2000, 2009 à aujourd’hui
• Signe particulier Il est arrivé minot, en est parti à 23 ans, pour revenir au CSP neuf ans plus tard y apporter son immense corps de 2,18m.
• Aujourd’hui Propriétaire du Royalty, une brasserie de la Place de la République.
Photo Pascal ALLEE/HOT SPORTS
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MAXI-BASKET
Photo : Noren Trotman
Darryl Dawkins, du temps où il était le showman des Nets.
RÉTRO • MAXI-BASKET 69
Maxi-Basket
En 1988, Sugar Richardson fait la couverture du mensuel italien Giganti del Basket. Le titre est explicite.
ANNÉES 80
SUPERSTARS NBA EN ITALIE DANS LES ANNÉES QUATRE-VINGT, L’ITALIE SERVIT DE TERRE HOSPITALIÈRE AUX PLUS GRANDES STARS DE LA NBA, EN PRÉ-RETRAITE OU EN TRANSIT. Par Pascal LEGENDRE
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e mercredi 5 décembre 1984, dans une salle Coubertin bien garnie avec plusieurs journalistes italiens émoustillés qui ont fait le déplacement, le Stade Français Paris donne l’hospitalité au Simac Milan pour le bénéfice d’une poule de quart de finale de Coupe Korac. Un match banal pour un événement majeur. La veille, le quotidien sportif la Gazzetta dello sport a fait à sa Une avec une photo en appoint sur un basketteur qui traverse l’Atlantique : Joe Barry Carroll, beau pur-sang de 2,13 m, âgé de 26 ans, en provenance direct des Golden State Warriors. Carroll, c’est 20,1 pts et 8,5 rbds sur ses quatre premières saisons NBA. À peine descendu d’avion, le Californien marque 17 points et le Simac de Mike d’Antoni, Dino Meneghin et Russ Schoene croque le Stade Français, 109-88. Comment pareil phénomène peut-il se retrouver en Italie ? « On savait depuis quelque temps qu’il était en désaccord financier avec son club » explique alors le coach américain du Simac, Dan Peterson, sommité du Spaghetti Circuit. « Quinze jours avant le match de Korac contre le Stade Français on l’a contacté et il nous a donné son accord. »
La proposition milanaise était supérieure aux revenus de Joe Barry Carroll en NBA. 42 matches sur le service public
Maxi-Basket
Joe Barry Carroll, beau pur-sang de 2,13m.
Simple sur le fond. Joe Barry Carroll touchait 700.000 dollars annuels aux Warriors et voulait une augmentation significative, à savoir un million. Refus du propriétaire du club. La proposition milanaise pouvait apparaître moindre ($400,000 avec diverses primes) mais net d’impôts, elle était en fait supérieure aux revenus de Carroll en NBA une fois que le fisc ait fait son œuvre. Il ne restait plus à Gianmarino Gabetti, le président milanais, qu’à libérer le blond ailier Wally Walker sous contrat - après lui avoir versé $120,000 de dédommagement -, et le tour était joué. Une bombe. Car Joe Barry Carroll, le 10 ou 12e pivot dans l’échelle des valeurs de la NBA, était la première superstar en pleine possession de ses moyens à poser ses baskets sur les parquets du Spaghetti Circuit. Avec la bénédiction de la FIBA, la Fédération Internationale de Basket… Amateur. « Tout cela ne trouble plus personne. Pas même à la FIBA où l’arrivée d’un pro américain en Europe se traduit toujours par une grosse poignée de dollars supplémentaires dans l’escarcelle de cette fédération amateur qui fait justement son beurre avec ses coupes européennes » écrivait Pierre Tessier dans un édito pour L’Equipe.
Ce qui était épatant, ce n’est pas tant que le basket italien avait l’argent nécessaire pour se payer Joe Barry Carroll, c’est qu’il avait les connexions pour entrer en contact avec lui et son agent. Milan a toujours eu à ce sujet deux ou trois guerres d’avance. C’est le club lombard, alors placé sous la bannière du Simmenthal, qui au milieu des années soixante convainquit le prodige universitaire Bill Bradley de rejoindre la Péninsule pour une saison alors qu’il poursuivait ses brillantes études à Oxford, en Angleterre. Bradley sera ensuite l’une des célébrités des New York Knicks, double champion NBA. Si vous vous procurez le listing des NBAers qui ont transité par l’Italie dans les années 80, vous serez sidéré. Spencer Haywood. Marvin Barnes. Marques Johnson. Bob McAdoo. Adrian Dantley. Micheal Ray Richardson. Darryl Dawkins. Alex English. George Gervin. Rolando Blackman. Rick Mahorn. Norm Nixon. Albert King. Greg “Cadillac” Anderson. Etc, etc. Spencer Haywood ? Un prodige qui, à 19 ans, fut le leader de l’équipe américaine championne olympique à Mexico. Un MVP de l’ABA dès sa première saison dans la ligue. Un ailier-pivot fluide qui sema ensuite la terreur pendant sept saisons en NBA. En 1981, Haywood se réfugia à Venise. 34 matches la première saison. Puis cinq autres à 30,0 pts de moyenne (et 63% de réussite) la seconde avant de retourner clôturer sa majestueuse trajectoire dans la Grande Ligue. George “The Iceman” Gervin ? Un tueur au sang froid. Un fidèle qui a accompagné les Spurs lors de leur passage de l’ABA à la NBA. 26,2 pts en moyenne sur dix saisons en NBA. La même dose à BancoRoma, à près de 35 ans. Il prolongera son plaisir en Espagne, au TDK Manresa, et en CBA. Greg “Cadillac” Anderson ? À 28 ans, l’un des top-rebondeurs de la NBA. Phonola Caserte lui proposa davantage de cash, plus une villa et une Lancia. Saison 85-86. La NBA n’a pas encore connu sa croissance à la chinoise. Le salaire moyen - 296 joueurs - n’est que de 370.000 dollars. Certains s’imaginent que l’Italie peut réellement concurrencer la ligue américaine. Rétrospectivement, cette prophétie est à ranger au niveau des élucubrations. Le Spaghetti est en apparente pleine
RÉTRO • MAXI-BASKET MAXI71 santé et fier que les trois chaînes de la RAI aient retransmis en tout 42 matches de championnat, la plupart le samedi après-midi. Simac Milan est apparu 16 fois, Mobilgirgi Caserte 10 fois… Seulement, en y regardant de plus près, on s’aperçoit que la moyenne de spectateurs en Serie A n’est jamais que de 3.199, soit près de quatre fois moins que dans la ligue américaine où l’on joue 82 matches. Le Spaghetti Circuit comme l’économie italienne, n’a jamais été construit sur du béton, en toute transparence.
Les Italiens ne touchent plus terre car ils viennent de séduire un ancien MVP (1975) et trois fois top-scoreur de la prestigieuse ligue, Bob McAdoo. Un shooteur de gala reconnaissable à sa moustache et ses longues chaussettes blanches. McAdoo place la balle très haut au-dessus de sa tête et il étire son immense corps (2,05 m) pour rendre son tir à distance intermédiaire incontrôlable. Un journaliste américain utilisera à ce propos une superbe métaphore : « On dirait un petit homme essayant de mettre une pizza dans un four surélevé. » À l’époque, Philips, sponsor de Milan, vient de lancer son rasoir Tracer et a versé au club trois milliards de lires (environ 2,4 millions d’euros) sur deux ans. Pour remercier la firme en dénichant deux énormes poissons, le président Morbelli, le general manager Cappellari, et surtout le coach Dan Peterson, ont multiplié les coups de fil et fait le voyage aux Ėtats-Unis. C’est ainsi que Tracer Milan a pu se payer ce Big Mac pour 300.000 dollars et aussi Ken Barlow pour 200.000. « En venant ici, je ne savais pas à quoi m’attendre, mais comme j’ai joué pour beaucoup d’équipes NBA, j’ai simplement considéré Milan comme une ville comme une autre » a confié McAdoo à Jim Patton pour son livre Il Basket d’Italia. « Être en dehors de mon pays ne me posait pas problème. Ma famille prenait ça bien et si votre famille est okay, vous êtes okay. Et être dans une équipe gagnante aide à bien se sentir. Le premier coach que j’ai eu, Dan Peterson, était américain, aussi il n’y avait aucun problème de communication. À mon âge, je n’ai plus besoin de jouer contre les pros chaque nuit. En Italie, nous nous contentons de deux matches par semaine, et j’en suis satisfait. Ce n’est pas le même rabâchage.» Avec Mike D’Antoni, un oriundi - un descendant d’émigré italien - et Dino Meneghin, le monument national italien, Bob McAdoo va former un Big Three de plus de 100 ans d’âge mais à l’expérience absolument unique. Des winners. Milan sera deux fois champion d’Europe, en 87 et 88. McAdoo et l’Italie, ce sera une véritable histoire d’amour. Il passera quatre saisons à Milan, deux à Forli avant de jouer encore deux matches à Fabriano et… de faire un tour en Europe avec des légendes NBA telles que Magic Johnson et George Gervin. C’est à cette époque aussi que sa femme Charlena tombera malade et décédera d’un cancer au bout de deux ans de souffrance. « J’ai eu la chance de revenir jouer à Milan avec Forli et les fans m’ont donné une standing ovation. Ils ont rendu hommage à Charlena disant qu’ils se souvenaient d’elle ; elle avait fait partie de ceux qui avaient créé une troupe de cheerleaders. C’était simplement sympa de revenir à la maison. Les gens m’ont traité comme un roi et c’est quelque chose que je n’oublierai jamais. »
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Le big mac
Baby Gorilla L’un de ses surnoms, «Baby Gorilla». Un monstre physique. 2,10 m et 125 kg à 18 ans. Il pouvait aussi courir, sauter, et son shoot n’était pas vilain. Un clown aussi. Darryl Dawkins était passé directement du lycée à la NBA, ce qui à l’époque était une première. Ce qui restera sa marque en NBA ? Ses excès. Genre 386 fautes personnelles dans la même saison. Ou mieux encore ses dunks d’une force inouïe à briser la glace, en l’occurrence les plexis des panneaux. Après en avoir pété un sur la tête de Bill Robinzine des Kings, il l’affubla de plusieurs surnoms plus savoureux les uns que les autres, « Chocolate Thunder Flyin’ , Robinzine Cryin’ , TheethShakin’ , Baby-Makin’, Rump-Roastin’, Bun-Toastin’,
Les Italiens ne touchent plus terre car ils viennent de séduire un ancien MVP de la NBA, Bob McAdoo.
Michael Ray Richardson diabolique sous le maillot de Knorr Bologne.
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Rick Mahorn commence à se plaindre. De tout...
Photo : Andrew
D. Bernstein
Bob McAdoo avec les Lakers et face aux Celtics de Larry Bird, en janvier 1983. Il s’étirait de tout son long pour shooter.
Wham-Bam Glass-Breaker I-Am Jam. » Sans oublier « Sir Slam » et l’excellent « Dr. Dunkenstein » Darryl Dawkins épatera la galerie mais sa carrière fut faite de déceptions, de frustration, d’une finale perdue sous le maillot des Sixers face aux Lakers. Il passera sept saisons de rab en Italie, à Turin, Milan et Forli. «Chocolate Thunder» a toujours eu des rapports privilégiés avec les fans. Déjà en NBA, cela lui arrivait d’inviter le voisinage à déjeuner à la maison. « Je ne comprends pas comment des gars peuvent ne pas prendre quelques secondes pour dire bonjour à un gosse ou signer un autographe. » En Italie, Dawkins animera un programme de mini-basket. Jim Patton interrogea à son sujet Lou Colabello, le directeur sportif de Forli, qui lui dira : « c’est l’Américain parfait pour l’Italie s’il correspond à votre style. C’est un mec super respecté par tout le monde. Il sait qu’il est chanceux de pouvoir jouer encore au basket, en se faisant de l’argent et il est reconnaissant. Il aime les gosses, il traite chacun avec déférence, il est drôle, il signe chaque autographe demandé, les fans l’adorent. »
Darryl Dawkins ne gâchait rien jusqu’à la caricature. Une saison, il tourna à la réussite incroyable de 88,5% en 38 matches, playoffs inclus. Seulement, en ne prenant que neuf shoots par soirée. Le Tonnerre de chocolat a brisé le cœur de ses coaches comme en NBA. « J’aime Darryl » commenta Mike D’Antoni, ajoutant aussitôt, « mais vous ne pouvez pas gagner avec Darryl. Il ne pense pas aux autres. Il n’a jamais regardé autour de lui en se disant, OK, je vais vous donner un titre ou je vais faire de vous un grand coach. »
Le coup de gueule de Messina
La plus belle rédemption en Italie fut Micheal Ray Richardson. Son surnom ? Sugar. Il était doux comme le sucre. Mais d’un totale férocité sur un terrain. De la vitesse, de la force, de la détente, de l’instinct. Un scoreur, un passeur, un as de l’interception. Si fort que Chuck Daly, coach des Pistons, déclara tout net, « s’il y a un meilleur joueur sur la planète, j’aimerais bien le voir ! » Micheal Ray ne sait plus quand il a touché pour la première fois à la cocaïne. Ce qui est certain, c’est qu’en 1982, son comportement devient incohérent. Il manque des entraînements, des avions. Le staff des Knicks perd patience. Il est envoyé aux Warriors qui engagent des détectives privés pour le filer. Les Californiens s’en débarrassent peu après et le voici aux Nets. C’est là qu’il reconnaît être sous dépendance et accepte de suivre une première cure de désintoxication. Une rémission, un trophée Year. Une rechute. Il est radié de Come Back of the Year de la NBA, à 32 ans. Un peu de CBA, et c’est alors que Knorr Bologne fait appel à lui, sachant pertinemment qui est Micheal Ray Richardson, connaissant le facteur risque. « Le premier jour où j’ai vu Micheal au camp, j’ai dit à mon assistant, « je training camp ne peux pas contrôler ce type » commente le coach Ettore Messina. « Il avait la mentalité NBA où la superstar a le pouvoir de virer le coach. Mais je ne pouvais pas accepter ça. Aussi, j’ai dit à Micheal ce qu’il devait faire, qu’il devait s’occuper du sale boulot et pas seulement marquer des points. Après quelques jours je l’ai mis sur le banc durant un match car il jouait comme un paresseux. Après le match, devant les autres joueurs, j’ai pris la parole, « Micheal, j’ai obtenu un Master en business. Je peux coacher des équipes de juniors pour le reste de ma vie car je suis très respecté pour ce job. Je n’ai pas besoin de coacher en A-1 pour vivre. Alors, hey, ils peuvent me virer, pas de problème, et il y aura un autre coach et tu seras dans la même situation. Tu auras probablement besoin de faire virer le deuxième, et puis le troisième. Aussi, c’est à toi de décider. » Je ne bluffais pas, je lui ai dit la vérité » poursuit Messina. « Micheal a compris et, à partir de ce moment-là, il a fait une saison terrible. Nous avons gagné la Coupe d’Italie et la Coupe des Coupes (avec 29 points de Sugar en finale contre le Real). Je suis devenu un coach fameux et bla, bla, bla… »
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L’addiction de Sugar
Bob McAdoo, deux fois champion avec le Philips Milan.
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Toutes ces superstars américaines n’ont pas su s’adapter aux mœurs du Spaghetti Circuit comme Darryl Dawkins et Micheal Ray. Exemple, Rick Mahorn. Un fessier énorme, un ancien Bad Boy des Pistons génération Bill Laimbeer. Il atterrit à Rome où le Messaggero lui offre 1,8 million de dollars impôts payés, une villa et une Mercedes. Et Mahorn commence à se plaindre. De tout. De la méconnaissance du jeu des Européens. Des training camps italiens qui ne sont pas comme en NBA. De la répétition lassante des fondamentaux. D’être obligé de manger avec toute l’équipe en déplacement. Du fait que tous ses amis sont en Amérique et qu’il en a marre de leur téléphoner. Il répète mille fois qu’il a été champion NBA, qu’il a été une superstar, que son salaire le prouve, etc. Gonflant, le mec. Mahorn retournera dans son beau pays, pour commencer aux Nets de Chuck Daly une seconde carrière NBA. « Ce fut un désastre en Italie. L’année dernière, il était gros et fainéant, très fainéant » commenta Ettore Messina à son départ. « En NBA, il était le bad boy, le travailleur de l’ombre. Et puis il est arrivé en disant « Maintenant, c’est l’heure de me reposer. Fuck you !, vous les Italiens et votre sale travail, je suis Rick Mahorn. » Qu’est-ce qui est arrivé ? Il est retourné en NBA et il a recommencé son job de bad boy, poser des écrans, prendre des rebonds, travailler dur. » Sugar n’avait pas le melon de Mahorn, mais son séjour à Bologne ne s’est pas pour autant conclu par un happy end. Il reste clean durant ses deux premières saisons à Knorr où il est testé chaque semaine, les résultants étant envoyés mensuellement à la Fédération Internationale. Messina n’en veut plus, mais le proprio passe outre le souhait de son coach et prolonge le phénomène avec $ 700,000 à la clé. Sugar sèche un entraînement, est suspendu cinq matches pour avoir été au cœur d’une baston. Il a toujours été volcanique. « Il a eu à cette époque la première grave blessure de sa carrière et je pense qu’il s’est rendu compte qu’il n’était pas invulnérable » explique Messina. « Cela a mis de la pression sur lui car Micheal ne pouvait pas imaginer vivre sans le basket. Il ne sait rien faire d’autre. Et il avait de gros soucis financiers avec deux divorces, sans parler du fait qu’il a des trous dans ses mains comme on dit en Italie. Ce qu’il a, il le dépense. » L’ancien NBA All-Star est de nouveau contrôlé deux fois positif. Le club étouffe l’affaire en acceptant la version biscornue du joueur qui évoque un médicament prescrit par son dentiste américain. Son agent «Lucky» Capicchioni lui trouve un contrat au Jugoplastika Split, l’ancien club de Toni Kukoc et Dino Radja. Avant un premier retour en Italie, à Livourne, pour un demi million de dollars de revenus. C’est ensuite Antibes avec un titre de champion en 95 grâce à un panier de légende du maître au buzzer. Puis Rieti. Et Cholet. Et encore Forli, Livourne. Lors de la saison 200001, Sugar dispute 5 matches avec l’Olympique d’Antibes. 10 points de moyenne. Il a 46 ans accomplis. Sa plus forte addiction, c’était le basket.
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Géraldine dans son « village », à Umbertide, entre Florence et Pérouse (Pérugia).
Géraldine Robert
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PORTRAIT • MAXI-BASKET 83
MOI, JE
GÉRALDINE ROBERT L’ITALIE À SA BOTTE « Je méritais que l’on me donne ma chance »
UNE HISTOIRE, UN PARCOURS SPORTIF HORS DES SENTIERS BATTUS. GÉRALDINE ROBERT EST UNE FORMIDABLE ATHLÈTE QUI EST DEVENUE SUR LE TARD UNE ÉTOILE DE LA LIGUE FRANÇAISE AVANT, PAR SON ÉNERGIE, SON ABATTAGE, D’ÉTONNER À SON TOUR LA LEGA ITALIENNE. POURTANT LA FRANCO-GABONAISE N’A JAMAIS PORTÉ LE MAILLOT BLEU. TROP ATYPIQUE ? Propos recueillis par Pascal LEGENDRE
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Je suis partie à l’étranger pour des raisons professionnelles et personnelles. Je ne m’étais pas fixée un pays précis, je voulais simplement découvrir autre chose que la ligue française. Faenza a été l’une des meilleures propositions. La ligue italienne est d’un niveau égal à la nôtre. Il regorge de bonnes joueuses italiennes, ainsi dans mon équipe actuelle, Umbertide, il y a Simona Ballardini et Francesca Zara. Et tout autant de bonnes étrangères, comme Isabelle Yacoubou, Janal McCarville, Elodie Godin. C’est équilibré. L’une des différences majeures avec la France, c’est la médiatisation. Un match par semaine est retransmis à la télé sur RAI Sport + généralement en live le dimanche à 18h -, une chaîne qui a une très grosse audience en Italie. Les douze équipes passent à tour de rôle et, l’année dernière, mon équipe a été télévisée cinq ou six fois. Les journaux locaux parlent aussi de nous deux ou trois fois par semaine, davantage qu’en France. C’est un grand mot de dire que l’on est «connu» car ça reste du basket féminin, ce n’est pas du foot, mais l’impact dans la ville où on habite est plus important qu’en France. La ligue italienne fut aussi la première à faire le système de l’Open ; la première journée de championnat se déroule avec toutes les équipes en un même lieu.
J’appréhendais ma première saison en Italie. Je me demandais si le coach allait pouvoir tirer le meilleur de moi sachant que mon jeu est atypique. À mon arrivée, il a voulu me parler individuellement avec la traductrice et il m’a dit qu’il avait longuement étudié les DVD de mes matches, qu’il savait exactement ce dont j’étais capable ou pas. Il voulait que je reproduise en Italie la gnaque que j’avais à Villeneuve. J’ai apprécié. Je lui ai répondu que je n’étais pas fausse, que j’allais donner 100%. L’année dernière, j’ai fait ma meilleure saison depuis que je suis professionnelle. Sur le plan individuel, j’ai eu des stats, waouh !, je me suis étonnée moi-même. J’étais la deuxième meilleure marqueuse (16,6 pts) et rebondeuse (8,5rbds) du championnat. Et surtout sur le plan collectif. Avec Faenza, on a terminé deuxième du championnat. C’est la première fois que ça m’arrive. On a été en demi-finale des playoffs. C’est Adriana, la meneuse de mon équipe, la meneuse principale du Brésil, une personne adorable, qui a été élue MVP par la ligue avec les votes des journalistes, peut-être des coaches. Elle le méritait. Je ne sais pas si j’ai eu des voix, seule la première est récompensée. J’ai été élue de mon côté Meilleure Joueuse étrangère par le site Eurobasket.com.
« Lorsque je suis au Gabon, je vais tous les jours sur des playgrounds et je joue avec des garçons. »
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PORTRAIT • MAXI-BASKET 85 Mon coach parlait essentiellement en italien. Les filles traduisaient sur le terrain et en dehors, c’était la traductrice. Entre joueuses, sinon avec une ou deux jeunes, on parle anglais. J’ai honte, je ne parle toujours pas italien ou très peu. C’est une très belle langue… mais je n’aime pas, je n’arrive pas à me connecter avec, au contraire de l’anglais que j’adore. Il faut que je m’y mette ! Je serais bien restée à Faenza mais le club a perdu quelques sponsors et c’était difficile de me garder vu mon salaire. Je suis partie avec un peu de tristesse. J’étais ouverte à toutes propositions. Umbertide avait fini 8-9e et partait sur un très bon projet avec la signature de Simona Ballardini, l’une des meilleures joueuses italiennes que j’adore. Umbertide (17.000 habitants), ce n’est pas une ville, c’est un village, il n’y a même pas de feux de signalisation, rien ! C’est au milieu des montagnes, à quelques kilomètres de Perugia. Et j’ai une phobie des montagnes. Lorsque j’ai joué ici l’année dernière, je m’étais dit, Oh ! my God, je ne pourrais jamais jouer ici et me voilà à Umbertide, au milieu de nulle part. Cela fait trois ans qu’ils sont en Lega feminnile et, cette année, ils voulaient monter d’un cran. On est un peu les reines de la ville, comme toujours dans les petits patelins. En début de saison, on s’est qualifié pour les demi-finales de la Coupe d’Italie qu’ils appellent Final Four, en battant Tarento. Tarento, c’est l’équipe de Elodie Godin avec qui je m’entends très bien, tout comme avec Isa (Yacoubou) et
Nicole (Antibe). Mais la personne avec qui je suis la plus proche, c’est Kathy Wambé (internationale belge). On a joué ensemble à Villeneuve et c’est l’une de mes meilleures amies. Sur le plan individuel, ça va, mais je suis surtout contente quand mon équipe va bien, lorsque j’apporte ce que le coach veut. C’est évident que l’on attend plus des étrangères que des locales, j’ai vu que mon statut a changé mais comme je m’entends avec tout le monde et que je me donne à fond sur le terrain, il n’y a pas de soucis.
Repérée par Cathy Melain
Je ne serai jamais assez reconnaissante à Cathy Melain. Un jour avec Rhondda, mon club anglais, j’ai rencontré son club, Venise, en coupe d’Europe. C’est elle qui est venue vers moi, en me demandant si j’étais bien Française, et ça m’a ouvert beaucoup de portes. Elle a parlé un peu de moi à gauche, à droite. J’ai reçu des coups de fil de certaines personnes dont Alain Jardel. J’ai fait deux stages en équipe de France, le premier en 2006 lorsque j’étais à Strasbourg puis en 2007. J’ai été coupée à chaque fois mais j’y allais pour acquérir de l’expérience. Bien sûr que j’ai été déçue de ne pas être appelée en équipe de France après ma saison à Villeneuve en 2008-09. Je pense que les joueuses qui sont appelées sont celles qui, sur le plan statistiques, ont fait de bonnes saisons ou qui ont évolué comparé à l’année précédente, pour
Géraldine Robert
« L’année dernière mon équipe a été télévisée cinq ou six fois. »
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les encourager à devenir meilleures. En 2008, pour les qualifications pour l’Euro, j’avais été appelée, j’avais rendez-vous chez le médecin de l’équipe de France le mercredi et deux jours avant, j’ai découvert une nouvelle liste sur Internet où mon nom n’apparaissait plus. Ça m’avait vraiment touchée. Je pense que ces dernières années, je méritais d’être au moins pré-sélectionnée, au moins que l’on me donne ma chance. Personnellement, je ne suis pas trop d’accord quand on dit que j’ai un jeu atypique, que je ne suis pas complémentaire avec les autres joueuses, mais je ne vais pas ouvrir un long débat sur ça. Pierre Vincent dit ce qu’il pense et je le respecte. Mais si on veut me faire fondre dans un collectif, je suis sûre que c’est possible. J’ai fait mes preuves en France, à Faenza et je suis en train de le faire à Umbertide. Certainement que si j’avais fait les équipes de France en jeunes, ça aurait été plus facile car mon jeu n’aurait pas été aussi atypique (elle rit). Il aurait été plus cadré. Mais je suis ce que je suis, Géraldine Robert, celle qui saute, qui court, qui n’a peut-être pas toutes les qualités techniques, mais qui essaye de se donner à fond sur un terrain de basket. C’est vrai que j’ai des qualités athlétiques. Lorsque j’étais jeune je courais le 100m. Je ne me souviens plus de mes temps mais j’ai eu le record du Gabon en cadettes ou
« Bonnes stats, mais atypique… Bonnes stats, mais atypique… »
Après huit journées, Liomatic Umbertide était invaincue dans le championnat italien.
juniors et je crois qu’il tient toujours. J’ai arrêté rapidement pour me mettre au volley. Bien sûr que je suis le parcours de l’équipe de France et je suis contente de leurs résultats. Championnes d’Europe, chapeau ! Je n’ai plus vingt ans… Ce n’est pas à moi de dire si j’ai encore ma chance de jouer en équipe nationale. Si on m’appelait, il faudrait que j’aie une longue conversation avec la personne qui ferait appel à moi. Je ne sauterais pas sur l’occasion comme ça, il faudrait voir ce qu’il attend de moi. Pourquoi maintenant ? Ceci dit, je pense avoir fait des progrès dans mon shoot, dans mon dribble. J’ai beaucoup gagné en maturité car, en tant que joueuse étrangère, j’ai un peu plus le poids de l’équipe sur mes épaules qu’à Villeneuve. Je n’ai pas porté le maillot de l’équipe de France, mais j’ai participé au All-Star Game européen (en 2009). C’est sûr que j’avais fait une bonne saison en EuroLeague mais j’étais quand même étonnée car, à chaque fois, je lisais « bonnes stats, mais atypique… Bonnes stats, mais atypique… » J’étais fière, pour ma famille, et fière de représenter la France et le Gabon.
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Une association pour les défavorisés Mon fils de dix ans est toujours sur Villeneuve avec mon père, ma mère et ma petite sœur. Je voulais qu’il soit dans un environnement équilibré avec ses amis à l’école, mes parents qui sont là 24h/24. Ça se passe bien à l’école, dans le basket, et je ne voulais pas le perturber. C’est difficile, bien sûr, mon fils c’est ma vie, mais je le vois lors de toutes les vacances scolaires et puis le téléphone maintenant, c’est gratuit. Cet été, j’ai fait la deuxième édition de mon camp avec Stéphane Lasme (un Gabonais qui a joué un peu en NBA). C’est à Port-Gentil, la ville où je suis née que j’appelle Pogles-Bains car c’est la ville la plus belle du Monde ! (Elle se marre) Ce n’était pas dans mes plans d’être basketteuse professionnelle, je pensais aux études, à ma vie de famille, et je m’estime très chanceuse d’y être parvenue. Je me suis dit que j’aimerais transmettre aux jeunes le peu de connaissances que j’ai et surtout l’importance de pratiquer un sport. Je ne savais pas à quelle porte frapper et en fait c’est Total Gabon, par l’intermédiaire de l’un de mes amis, qui est entré en contact avec moi. Ils voulaient s’investir dans un sport et comme ils ont fait construire un gymnase, ils m’ont demandé si j’étais intéressée par du bénévolat avec les enfants pour les initier au basket. Je retourne au Gabon un mois et demi ou deux mois l’été et à part faire la fête tous les soirs, je n’ai presque rien à faire. J’ai sauté sur l’occasion. Je suis en train de créer une association, Yemaly. Ye pour Yema, mon deuxième nom. Ma pour Mayeden, le prénom de mon fils. Et Ly pour Lynne, le prénom de ma petite sœur. J’ai acheté le nom de domaine Yemaly.com sur Internet il y a quelques jours et on doit faire le site pour janvier. J’ai vu l’engouement que procure mon camp de basket. J’ai fait des apparitions télé, de la pub en ville, je suis une référence dans le monde du sport, et je me suis dit, « pourquoi ne pas utiliser mon statut pour venir en aide aux jeunes sur Port-Gentil, plus tard sur le Gabon, et on ne sait jamais sur l’Afrique. » Mon association a pour vocation de recueillir des dons en France et au Gabon pour acheter des biens éducatifs, des stylos, des cahiers, pour venir en aide aux familles nécessiteuses. Et donc de promouvoir la pratique du basket. J’ai déjà un blog par l’intermédiaire
PORTRAIT • MAXI-BASKET 87 de Syra Sylla de Lady Hoop, pour partager ma vie de basketteuse professionnelle à l’étranger. J’en profite pour faire un Big up a tous ceux qui m’ont toujours encouragé, en France, comme au Gabon. J’écris en français et je traduis en anglais. Même en primaire, j’ai toujours aimé l’anglais. Lorsque je suis au Gabon, je vais tous les jours sur des playgrounds et je joue avec des garçons. J’adore ça, c’est plus challenging ! C’est comme ça que j’ai commencé pendant cinq ans sur les playgrounds de Londres. Ça m’aide à être plus forte, ça me permet de mieux m’exprimer. Comme ça, après c’est plus facile avec les filles… En Angleterre, j’ai eu comme premier job un travail chez McDo, j’ai bossé aussi dans des magasins, la vie d’une étudiante. J’ai commencé des études pour être analyste programmeur mais je ne les ai pas terminées car je suis venue en France. Il me manquait trois ans pour avoir mon Master. J’adore créer les programmes et je finirai mes études, je pense par correspondance, quand ma carrière de basketteuse sera finie. Ou peut-être dès l’année prochaine. »
Géraldine Robert
Au milieu de ses stagiaires à Port-Gentil.
RETARD À L’ALLUMAGE • Rappel : le parcours de Géraldine Robert ne ressemble à aucun autre. Née à Port-Gentil d’un père français et d’une mère gabonaise, Géraldine n’a débuté le basket qu’à son arrivée en France à Besançon, à 18 ans, après avoir tâté du sprint et du volley. Niveau Nationale 2. Ensuite direction l’Angleterre pour la poursuite de ses études avec un imprévu : Géraldine tombe enceinte. Elle reprend le basket sur les playgrounds londoniens, avec des garçons, avant de s’inscrire au London Sting. D’où son style. Elle a déjà 23 ans. Un an plus tard, elle rejoint les Rhondda Rebels et ses trois entraînements hebdomadaires. Elle est élue MVP du championnat anglais. • C’est alors un diamant brut. La ligue féminine, elle la découvre à Strasbourg avant de rejoindre pour trois saisons Villeneuve-d’Ascq. En 2008, c’est la consécration. Géraldine est la top-rebondeuse de la LFB avec 10,4 prises par match alors qu’elle ne mesure que 1,84 m. Elle se positionne à la 3e place du référendum annuel BasketNews/LFB qui désigne les meilleures joueuses françaises de la ligue derrière Isabelle Yacoubou et Céline Dumerc. Pourtant, Pierre Vincent, le coach national, ne la pré-sélectionne pas en équipe de France estimant que son format n’est pas dans les standards internationaux et qu’elle ne serait pas complémentaire des autres intérieures. L’été 2008, Géraldine va poursuivre sa carrière en Italie.