5 minute read
de «remèdes» rapidement
Grippée, l’économie a besoin de « remèdes » rapidement
La pandémie de coronavirus qui sévit actuellement autour du globe impacte durement les entreprises suisses. Retour sur une crise sans précédent, et petite revue des mesures à prendre et des recommandations à suivre pour passer ce cap au mieux.
TEXTE JEAN-FRANÇOIS KRÄHENBÜHL JEAN-FRANCOIS.KRAHENBUHL@CVCI.CH PHOTOS SHUTTERSTOCK
C’est peu dire que le Covid-19 chamboule nos existences depuis plusieurs semaines. Les mesures graduelles prises par le Conseil fédéral dans le but de freiner la propagation du coronavirus ont pratiquement gelé toutes les activités dans le pays. Chute de productivité, commerces fermés, frontières bouclées pour les personnes, Bourses en chute libre, c’est toute l’économie qui tousse. Sur ce front, la CVCI a multiplié les informations à ses membres pour leur permettre d’avoir la meilleure vision possible des enjeux et de l’actualité de la crise.
Notre permanence juridique a reçu d’innombrables demandes de renseignements illustrant les préoccupations immédiates des entreprises. Les interrogations ont notam
ment porté sur les modalités de la réduction de l’horaire de travail (RHT ou chômage technique), sur les soucis de trésorerie avec, pour corollaire, des questions sur le fonds se chiffrant en milliards de francs que le Conseil fédéral a annoncé pour venir en aide aux entreprises. Toutes sortes de demandes concernant le droit du travail (paiement des salaires, vacances, heures supplémentaires, etc.) sont également parvenues à notre équipe de juristes.
PRÉVOIR UN PLAN DE CONTINUITÉ
Idéalement, pour faire face à une crise telle que nous la vivons en ce moment, les entreprises devraient disposer d’un plan de continuité d’activité (PCA). Il s’agit d’un processus de management complet qui vise, grâce à la préparation ciblée d’une gestion d’urgence, à assurer la stabilité de l’entreprise et à éviter toute interruption de son activité. La soudaineté de cette crise sanitaire a pris de court beaucoup de sociétés, notamment les petites entités qui ne disposent souvent ni du temps ni des moyens pour élaborer de tels plans.
Pour passer ce cap au mieux, la CVCI a élaboré un certain nombre de recommandations utiles, que nous avons publiées dernièrement sur notre site Internet. Il convient en premier lieu d’envisager plusieurs «scénarios du pire»: considérer la durée de la crise (jusqu’à Pâques? jusqu’à cet été? au-delà?) et considérer plusieurs degrés d’intensité de la crise (restrictions actuelles, restrictions supplémentaires impliquant la fermeture complète des frontières ou le confinement de tous les citoyens, «shut-down» sur demande des autorités en cas de mise en quarantaine de tout le personnel de l’entreprise).
Pour chaque scénario, il est vivement recommandé d’évaluer les impacts sur les activités de l’entreprise, et les mesures à prendre. Il convient notamment de déterminer quelles sont les activités vitales à maintenir pour assurer la survie de l’entreprise et de les maintenir en toute situation. Il faut aussi évaluer quel est l’impact des différents scénarios sur les capacités d’approvisionnement, de production et de livraison. Il est en outre in
dispensable de déterminer les ressources minimales (humaines, financières et techniques) nécessaires et à quel moment vous en aurez besoin, y compris dès le retour à la normale. La communication est essentielle: il est impératif de maintenir le lien avec les équipes, les fournisseurs, les clients et, le cas échéant, le conseil d’administration.
L’aspect financier est lui aussi central. Il est essentiel de prioriser les créanciers, les délais de paiement, quitte à les négocier lorsque c’est légalement possible. Il est très important de contacter dès que possible les bailleurs de fonds (banques et actionnaires), puis de maintenir régulièrement le lien en leur fournissant au plus vite des plans de trésorerie basés sur des analyses d’impacts et plans de mesures avec les échéances et les besoins en liquidités, en anticipant le fait qu’il y aura sans doute des retards de paiement de la part des débiteurs.
SOLLICITER DES SOUTIENS
Tout en se tenant quotidiennement informés de la situation et de l’évolution dans le monde, les chefs d’entreprise sont priés de faire des plans de trésorerie à réactualiser régulièrement. Il faut prévoir différentes mesures progressives à déployer dans l’entreprise, créer des indicateurs/seuils qui permettront d’agir vite au passage d’un seuil.
Renseignez-vous sur les autres soutiens qui seront progressivement proposés aux firmes en difficulté en vous basant sur les informations confirmées et les délais communiqués, et non sur les effets d’annonce ou les rumeurs. Le Conseil fédéral a indiqué qu’il libérait 42 milliards de francs pour soutenir l’économie, mais le détail et les délais, pas encore connus à l’heure de mettre sous presse, vont encore prendre du temps.
Les employés jouent évidemment un rôle capital au cœur de la crise. A cet égard, les chefs d’entreprises veilleront à se renseigner sur les options pour réduire les charges et obtenir de l’aide: annualisation de l’horaire de travail, ce qui implique de lâcher du lest maintenant, maintien des activités stratégiques, adaptation de la manière de faire du business (donc ajuster les ressources), et mobilisation de l’ensemble de troupes pour le redéploiement une fois la tempête passée. Anticiper les demandes de chômage technique, si c’est applicable, et jongler en conséquence avec les vacances et heures supplémentaires du personnel s’avère judicieux.
Enfin, il ne faut pas perdre de vue que tout le monde se trouve dans une situation difficile. Se montrer conciliant avec ses débiteurs et employés – dans la mesure du possible et si votre trésorerie le permet – pourra aider à rendre une entreprise plus résiliente en renforçant son image. Dans un second temps, il convient d’adapter sa stratégie en conséquence. Il n’est pas exclu que des foyers épidémiques réapparaissent une fois la crise passée à moyen ou à long terme. Il apparaît aussi que le monde économique pourrait évoluer suite à cette crise, générant des impacts sur certains secteurs à risque, créant des opportunités dans d’autres secteurs.
L’Office fédéral de la santé publique a édicté voilà déjà quelques années un Manuel pour la préparation des entreprises en cas de pandémie destiné aux PME. Cet opuscule décrit les mesures à prendre pour protéger le personnel d’une infection – ce qui constitue une obligation pour l’employeur, d’ailleurs – et pour maintenir l’activité de l’entreprise en cas de force majeure comme c’est le cas aujourd’hui. Les mesures décrites visent aussi à organiser la planification des ressources, en fournissant celles-ci en quantité suffisante pour que les unités organisationnelles puissent jouer leur rôle dans la lutte contre la pandémie et ses conséquences, ainsi qu’à développer les compétences, en préparant au mieux les employés aux tâches qui leur incomberont durant cette période. Il est utile de le télécharger pour répondre à la crise actuelle et pour mieux anticiper les suivantes.