Le journal du PDC suisse, décembre 2011

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Magazine d’opinion. Numéro 8 / Décembre 2011/Janvier 2012 / CHF 7.80

Ca ElE dea so ctio ux uh n Fa ai s mi ts llE s

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Sommaire

TITres

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Un grand merCi eleCtionS 2011, premier bilan donner et reCevoir noUveaUx viSageS la Sainte Famille la roSe de JériCho la paix par l’aCtion gloSSaire paS Un CadeaU! menU pdC FamilleS et enFantS Conte de noël

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reNDeZ-VOus

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CAFE DU COMMERCE

«J’ai cru qu’en politique on ne se faisait pas de cadeaux! » Impressum

EDITEUR Association LA POLITIQUE ADRESSE DE LA REDACTION LA POLITIQUE, Case postale 5835, 3001 Berne, tél. 031 357 33 33, fax 031 352 24 30, courriel binder@cvp.ch www.la-politique.ch REDACTION Marianne Binder, Jacques Neirynck, Yvette Ming, Lilly Toriola TRADUCTION Yvette Ming, Isabelle Montavon GRAPHISME, ILLUSTRATIONS ET MAQUETTE Brenneisen Communications, Bâle IMPRIMERIE Schwabe AG, Muttenz ANNONCES ET ABONNEMENTS tél. 031 357 33 33, fax 031 352 24 30 Courriel abo@die-politik.ch, abonnement annuel CHF 52.–, abonnement de soutien CHF 80.– PROCHAIN NUMERO février 2012 Couverture: ©iStockphoto.com/zhev


eDITO – Jacques Neirynck, Rédacteur en chef adjoint

il y a toUJoUrS Un Cheval de troie en réServe de l’hiStoire Timeo Danaos et dona ferentes (Je crains les Grecs surtout quand ils apportent des cadeaux), tel est le vers que Virgile met dans la bouche de Laocoon, prêtre troyen, fils du roi Priam. Les Troyens découvrent un cheval de bois abandonné par les Grecs qui viennent de lever le siège de Troie. Il contenait dix guerriers qui, la nuit venue, sortent du cheval et ouvrent les portes de Troie dont la ruine est consommée. Bel apologue de ce qui se passe sous nos yeux. La Grèce d’aujourd’hui entraîne l’Europe vers la ruine. Paradoxe suprême: les Européens n’acceptent pas que la Grèce recoure au peuple pour valider les mesures d’austérité nécessaire. Les Grecs ont inventé la démocratie voici 25 siècles et ont perdu le droit de l’utiliser. Et sur ce chapitre, l’Europe pourrait prendre quelques leçons de la Suisse, fondée sur le principe du recours au peuple pour toute décision importante. Bien avant que l’on ne recoure à une votation, cette épée de Damoclès pèse sur les décisions du Gouvernement et du Parlement. Cela ne veut pas dire qu’il a toujours raison, mais bien qu’il assume les conséquences de ses choix et adhère aux institutions qui le portent au pinacle des décideurs. De même, l’analyse du résultat des élections fédérales d’octobre 2011 se doit de respecter le choix des électeurs. Il est clair que le peuple a renforcé le centre de 36 à 51 sièges au Conseil national en affaiblissant la gauche, de 65 à 62, et la droite, de 99 à 87. On pourrait s’en réjouir car la Suisse ne peut se gouverner qu’au centre, mais malheureusement ce centre est partagé entre trois formations et le PDC a perdu deux sièges. Les «cadeaux» du peuple au Parlement sont deux nouveaux partis, PBD et Verts Libéraux, un cheval de Troie face aux remparts de la politique du passé. Dès le mois de janvier les parlementaires PDC se réuniront en conclave et tireront les conclusions de la volonté populaire: le peuple ne veut plus d’une polarisation entre les extrêmes qui rend le pays ingouvernable; le peuple veut un centre qui gouverne en dégageant des solutions pragmatiques aux problèmes réels du moment.

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Christophe Darbellay, Président du PDC suisse

Un centre fort poUr Une SUiSSe Forte

Lors des dernières élections, plus de 300 000 citoyennes et citoyens nous ont donné des voix et nous ont ainsi accordé leur confiance. Des milliers de personnes nous ont apporté leur aide à travers tout le pays parfois durant des semaines que ce soit dans les rues ou lors de manifestations, presque 400 candidat-e-s ont donné un visage à notre parti et ont véhiculé nos messages dans toute la Suisse. A toutes et à tous, un très grand MERCI! Votre soutien et votre confiance sont la meilleure motivation pour nous engager de toutes nos forces durant la prochaine législature afin que la Suisse reste un modèle à succès. Il y a beaucoup à faire! Je me réjouis que le PDC dispose d’un Groupe parlementaire fort pour pouvoir relever les défis qui se posent. Et je me réjouis tout particulièrement de ne plus être le benjamin du Groupe. En effet, trois jeunes de moins de 35 ans ont été élus (GR, VS, SO). La politique du Centre, les forces orientées sur le consensus ont été renforcées, les pôles sont les grands perdants de ces élections. Par ce rejet de la gauche et de la droite pure et dure, par ce soutien à une Suisse confiante en elle-même qui ne recule pas devant les tâches difficiles et qui est prête à résoudre les problèmes, un mandat nous a été confié. Avec mes collègues, nous allons nous engager avec détermination au cours de la prochaine législature pour atteindre nos objectifs. Nous voulons continuer de décharger les familles de la classe moyenne, de lutter pour offrir de bonnes conditions-

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cadres à notre économie et de garantir ainsi les emplois, et nous mettrons tout en œuvre pour que nos enfants puissent grandir dans un environnement où il fait bon vivre. La prochaine révision de l’AVS est à l’ordre du jour; il est nécessaire d’entreprendre quelque chose contre la charge importante que représentent les primes des caisses maladie; nous voulons garantir un approvisionnement énergétique sans nucléaire. Il y a quatre ans, nous avons formulé de nombreuses promesses – et nous les avons pratiquement toutes tenues au cours de la dernière législature. Nous avons à nouveau émis des promesses pour la prochaine législature et je suis sûr que nous serons en mesure de présenter un très bon bilan au début 2015. Nous avons montré comme ça se passe! Aujourd’hui, le Centre s’est renforcé et l’original au Centre est et reste le PDC. ■


Gerhard Pfister, Conseiller national, Chef de la campagne électorale 2011 du PDC suisse

eleCtionS 2011: bilan dU pdC Les élections nationales 2011 sont derrière nous. L’élection du Conseil fédéral aura lieu le 14 décembre. Dans cet intervalle, je me permets de faire une rétrospective provisoire des élections du point de vue du PDC. Pourquoi provisoire? Parce que la Commission électorale veut prendre le temps de faire une analyse approfondie et de proposer des recommandations pour la prochaine campagne électorale et qu’elle entend présenter son rapport final à la fin janvier 2012. De plus, des deuxièmes tours pour le Conseil des Etats vont se dérouler dans plusieurs cantons et ces résultats seront également intégrés dans le document final.

Le fait que nous ayons perdu entre un cinquième et la moitié de notre électorat dans les quatre cantons les plus peuplés de Suisse (ZH, BE, AG, VD) doit nous préoccuper. Cela a un impact particulièrement important sur le pourcentage de suffrages. Ces quatre cantons ont 93 sièges au Conseil national et 8 aux Etats. Sur ces 101 mandats, le PDC n’en occupe plus que 4!

Il ressort de cette première analyse que le pourcentage de suffrages obtenu par le PDC est le plus bas de son histoire. Les pertes au Conseil national sont toutefois inférieures à celles subies par le PLR, l’UDC et les Verts qui ont également vu leur part de suffrages diminuer. Le PS a gagné des sièges alors qu’il a lui aussi enregistré une perte en pourcentage. Les vainqueurs de ces élections sont le PBP et le PVL. Au cours des quatre dernières années, ces deux partis ont eu recours à l’aide du PDC pour voir le jour: l’élection de Mme Widmer Schlumpf par le PDC et la gauche a débouché sur la création du PBD, le Groupe parlementaire multipartis auquel participait le PVL a soutenu (finances, personnel, contenu) les petits partis qui n’avaient pas assez d’élus pour constituer leur propre Groupe. Les premières analyses montrent que le PDC a certes moins perdu d’électrices et d’électeurs que d’autres partis mais qu’il n’en a pratiquement pas gagnés de nouveaux et qu’il n’a pas réussi à mobiliser autant que ces concurrents qui ont progressé. Au Centre, les nouveaux partis se profilent avant tout parce qu’ils affirment être également au Centre et – contrairement au PDC – parce qu’ils sont nouveaux. C’est la seule façon d’expliquer le succès du PVL qui n’a pas de programme et celui du PBD dont le seul «programme» est de faire réélire Mme Widmer Schlumpf.

Dans les «fiefs» du PDC (qui ne méritent plus que partiellement cette appellation), nous avons maintenu nos sièges et perdu aucun siège dans toute la Suisse centrale (2ème tour au Conseil des Etats encore ouvert). Après les élections, le PDC offre l’image d’un parti du «Sonderbund» (bien entendu avec Appenzell Rhodes Intérieures) avec des mandats isolés dans la diaspora. Cela ne peut pas nous plaire. Sans savoir déjà comment, il me semble évident que nous devons soutenir, tant au niveau des structures, du personnel que du programme, les cantons où le PDC n’a pas une position forte ou n’existe déjà presque plus.

La direction de la campagne du PDC s’est concentrée sur l’objectif de rester la première force politique au Conseil des Etats, et de gagner – en partie au moyen d’apparentements de listes – un siège dans quatre cantons: Jura, Obwald, St-Gall et BâleVille. Et nous y sommes parvenus. Nous avions vu que nous risquions de perdre un siège à Zurich, en Argovie et en Valais. La perte d’un siège à Berne et d’un deuxième siège en Argovie ont été des surprises négatives.

Les premiers debriefings ont déjà eu lieu. Le lancement des initiatives du PDC en faveur des familles a été considéré comme un très bon instrument de mobilisation qui a fait sortir nos candidat-e-s dans la rue et leur a permis d’entrer en contact direct avec la population. Mais nous avons encore un gros travail à fournir pour récolter deux fois 100'000 signatures! Si nous voulons que le succès soit au rendez-vous des élections 2015, nous devons débuter les travaux préparatoires dès 2012. Si le PDC entend rester le leader du Centre, il doit impérativement disposer de ressources humaines et financières à cet effet. Un comité stratégique devrait accompagner et analyser toutes les élections cantonales et les soutenir si nécessaire. Parallèlement, il aurait pour tâche de préparer le PDC afin que le parti puisse planifier suffisamment tôt et mettre en place une campagne vigoureuse en 2015 avec une stratégie claire, des objectifs ambitieux et des mesures appropriées. Les défaites nous donnent avant tout des occasions d’apprendre quelque chose et de faire mieux la prochaine fois. Qui est partant? ■ La PoLitique 8 Décembre 2011/Janvier 2012

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Heinzpeter Znoj, Institut d’anthropologie sociale, Université de Berne

CadeaUx moderneS et donS arChaïqUeS

Donner et recevoir des cadeaux est une forme rituelle d’échange qui fait penser aux pratiques antérieures à l’économie monétaire où l’on échangeait des dons. Ce que la cérémonie d’échange de dons, telle que le Potlatch des Kwakiutl de Colombie britannique ou la Kula des Trobriandais de Papouasie Nouvelle Guinée, a en commun avec la nôtre c’est qu’elle se distingue des transactions telles que le troc et l’achat, basés sur des intérêts économiques. Mais quelle est la similitude entre dons et cadeaux? Pratiquons-nous un échange de cadeaux «archaïque» ou moderne? Au début du XXème siècle, l’anthropologue américain Franz Boas décrit comment les chefs des Kwakiutl essayaient de rivaliser avec leurs hôtes en les gratifiant de dons excessifs. Ils leur offraient davantage de canoës, de couvertures de laine, de machines à coudre et de gramophones qu’ils n’en avaient reçus de leur part précédemment. Les cérémonies de remise de dons Potlatch étaient étroitement liées à la distribution de titres. Or, les nouveaux détenteurs de titres très prestigieux détruisaient parfois une partie des dons qui leur étaient destinés pour montrer à leurs hôtes qu’ils étaient trop peu importants et trop insignifiants pour les mériter. A la même époque, Bronislaw Malinowski, un anthropologue polonais et britannique, a découvert au cours de ses longues recherches sur les îles Trobriand que les Big Men (chefs) pratiquaient un échange de dons fort compliqué. Ils concluaient des partenariats d’échanges à vie avec plusieurs chefs qui, à leur tour, en faisaient de même avec d’autres partenaires. Ils rece6

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vaient des uns des colliers de coquillages et des autres des bracelets. En échange des colliers, ils offraient des bracelets et en échange des bracelets ils remettaient des colliers, de sorte que bracelets et colliers circulaient toujours entre eux. Selon l’analyse réalisée ultérieurement par Marcel Mauss que l’on retrouve dans son célèbre ouvrage sur le don archaïque, ces dons remplissent une fonction sociale. Ils confirment des alliances, ils consolident le statut des donateurs et des destinataires et ils assurent la paix dans les sociétés exemptes d’Etat où, à long terme, seules les alliances permettent d’éviter les guerres. Outre l’échange rituel de dons, ces sociétés pratiquent aussi, mais dans une moindre mesure, l’échange basé sur des intérêts économiques où l’utilité des biens échangés prime sur la relation sociale entre partenaires. De même, nos cadeaux revêtent avant tout une importance sociale. Nous nous offrons en général des cadeaux au sein de la famille et de la parenté, renforçant ainsi de manière rituelle nos relations. A l’occasion d’anniversaires ou de fêtes, nous pratiquons ce rite également avec des amis et des collègues afin d’exprimer notre lien affectif. Or le don et le cadeau se distinguent au niveau du type de relation qu’ils symbolisent: le don qualifie une relation politique, diplomatique et dans tous les cas officielle, alors que le cadeau est propre à une relation intime et affective qui se limite le plus souvent à la sphère privé. Une différence importante réside également dans le fait que nous pouvons et devons garder les cadeaux reçus, tandis que les dons échangés dans le cadre d’une cérémonie Potlatch et Kula peuvent ou doivent même être transmis à autrui. Un Big Man trobriandais doit remettre chaque collier reçu dans le cadre d’une Kula à l’un de ses partenaires d’échange – pas tout de suite, pour ne pas blesser son donateur, mais pas trop tard pour ne pas irriter le destinataire. Il doit faire preuve d’un certain tact comme pour nos échanges de cadeaux: s’il ne convient pas de répondre immédiatement à un cadeau par un autre ca-


teur que le destinataire mettent en exergue leur supériorité en prononçant de beaux discours et font passer au second plan les dons les plus coûteux fussent-ils. Dans le cadre d’un rite Kula ou Potlatch, il n’y a jamais de remerciements.

deau, il ne faudrait toutefois pas trop tarder avant d’en offrir un en échange. Il en va tout autrement pour l’achat et la vente: il vaut mieux que l’acheteur et le vendeur soient quittes le plus vite possible. En ce qui concerne les dons et les cadeaux, rien ne presse puisqu’il s’agit avant tout de faire preuve de générosité. Cela implique aussi d’accepter des «dettes ouvertes» et donc de ne pas attendre forcément un cadeau en retour. Enfin les différentes techniques utilisées pour remettre des dons et des cadeaux sont aussi intéressantes. Malinowski décrit comme suit la façon dont les colliers et les bracelets sont offerts dans le cadre de la Kula: «Le don est remis de manière ostentatoire et en public. L’expression des indigènes: lancer un objet de valeur décrit de manière pertinente la nature de cet acte. Car, bien que l’objet de valeur doive être remis par le donateur, le destinataire n’y prête guère attention et ne le reçoit que rarement en main propre. Le cérémonial de la transaction exige que le don soit remis d’une façon spontanée, brusque et presque agressive et qu’il soit accueilli avec indifférence et dédain par son destinataire.» D’après Franz Boas, les échanges de dons dans le Potlatch sont très similaires: aussi bien le dona-

En revanche, nos cadeaux sont le plus souvent remis en main propre et le destinataire adresse directement des remerciements chaleureux. Les cadeaux sont délicatement emballés afin de réserver un deuxième effet de surprise au moment de les déballer. Le cadeau doit non seulement convenir au destinataire mais il doit souligner la relation entre les deux protagonistes: il ne doit être ni trop bon marché ni trop cher; il doit représenter symboliquement une relation parent-enfant, une relation entre amoureux ou entre employeur et employé. C’est pourquoi les cadeaux en argent sont mal perçus: l’argent est non seulement impersonnel mais on ne le conserve pas durant toute sa vie. C’est pourquoi on invite la personne à qui on offre de l’argent de s’acheter un bel objet ou on le lui donne sous forme de bons pour un livre, un vêtement ou une entrée au cinéma. L’échange de cadeaux exige une grande compétence sociale ainsi que du tact afin de respecter des règles bien établies tout en faisant montre de spontanéité. Tout comme le don archaïque, notre cadeau permet de favoriser et de confirmer une relation sur le plan privé et non pas officiel et politique. A la différence du don archaïque, le cadeau doit convenir au destinataire et être conservé par celui-ci, reflétant ainsi notre société individualiste. En effet, les cadeaux tels que nous les connaissons n’existent pas dans les sociétés traditionnelles. En tant qu’échanges rituels non économiques, nos cadeaux symbolisent des relations dépourvues de toute volonté d’instrumentalisation économique. ■ La PoLitique 8 Décembre 2011/Janvier 2012

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liste de souhaits politiques des nouveaux parlementaires fédéraux du PDC

iSiDor BAumAnn Conseiller aux Etats UR Comme on m’a offert un siège au Conseil des Etats, je suis prêt à promettre des cadeaux mais il est encore trop tôt pour en distribuer. En tant que représentant du Canton d’Uri, je vais tout mettre en œuvre pour satisfaire les attentes de mes concitoyens. Je n’entends pas ressasser les thèmes et les défis en matière de politique familiale, énergétique, agricole, des transports, etc. et m’en tenir uniquement à l’emballage – ça sonne bien, ça a belle allure – mais je veux mettre l’accent sur le contenu et l’utilité des projets ainsi que sur leur mise en œuvre. Afin qu’au terme de la législature, nous ne puissions pas seulement présenter un cadeau mais une corbeille de cadeaux.

ChriStine BulliArD-mArBACh Conseillère nationale FR Le système suisse de formation alliant études et apprentissage professionnel a fait ses preuves. Les voies de formation doivent être aménagées de telle sorte que les étudiants et les apprenti-e-s puissent bénéficier de meilleures connaissances linguistiques, d’une plus vaste expérience professionnelle et d’une compréhension globale de l’économie et de la culture, par exemple par des séjours linguistiques et à l’étranger durant leur formation. Ainsi, on pourrait encore mieux répondre à moyen et à long terme aux besoins légitimes de notre économie en main-d’œuvre qualifié.

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YAnniCk Buttet Conseiller national VS Le cadeau politique qui me plairait: replacer l’intérêt des citoyennes et des citoyens au centre des préoccupations des élus. Le monde politique, suite à la polarisation que nous vivons actuellement, se coupe de plus en plus des vraies problématiques et défis. Gagner des voix et des sièges devient plus important que de régler les problèmes et apporter des idées. Je souhaite que cela change!

mArtin CAnDinAS Conseiller national GR Pour la prochaine législature, je souhaite une politique orientée vers les solutions. Le peuple n’attend pas de nous que nous gérions les problèmes mais que nous acceptions les défis et les relevions. En tant que jeune père de famille, je souhaite une amélioration des conditions faites aux familles et, en tant qu’habitant d’un canton périphérique, je souhaite que les préoccupations des régions de montagne soient davantage prises en compte. On ne peut pas seulement vivre d’air pur et de belles montagnes!

Au moment de mettre sous presse, le nom de la personne qui occupe le deuxième siège tessinois du PDC n’était pas confirmé.

StefAn engler Conseiller aux Etats GR J’ai deux souhaits pour 2012. Tout d’abord un souhait personnel: que je me familiarise rapidement avec les règles et les habitudes du Parlement. Et pour le PDC: qu’il trouve la potion magique pour être à nouveau un parti qui gagne.

DAniel fäSSler Conseiller national AI En tant que Landamann et Conseiller national du canton d’Appenzell Rhodes intérieures, mon souhait est tout trouvé: le principe de subsidiarité est un pilier important de notre Etat fédéral, peutêtre même la base du succès du modèle «Suisse». Durant la prochaine législature, une attention particulière doit à nouveau être portée à ce principe important pour la pérennité du fédéralisme.


AloiS gmür Conseiller national SZ Tout simplement, je souhaite la suppression des primes d’assurance-maladie pour les enfants.

JeAn-PAul gSChw inD Conseiller national JU J’ose espérer que ma modeste contribution permettra à notre parti de progresser sur l’échiquier politique du centre en faisant prévaloir des solutions qui améliorent le bien-être de la population suisse, en général, et jurassienne, en particulier, dans les domaines qui me tiennent à cœur: la famille, l’économie et l’agriculture. Je souhaite rester un homme politique de proximité, franc et généreux, abordable et à l’écoute de la base. J’espère gagner la confiance et l’estime de mes collègues parlementaires fédéraux. A travers le dialogue et la persuasion, j’espère que mon action politique, sous la Coupole fédérale, aura des retombées bénéfiques pour le Jura historique.

mArkuS lehmAnn Conseiller national BS Je souhaite que la paix sociale soit maintenue durant la période économiquement difficile qui nous attend. Je souhaite aussi qu’en politique extérieure nous ayons confiance en nous-mêmes et que nous ayons le courage de défendre nos atouts, notre stabilité politique et économique à l’intérieur comme à l’extérieur de notre pays.

ChriStiAn lohr Conseiller national TG Pour que la cohabitation au sein de notre société soit harmonieuse, il est important de trouver des solutions équitables pour l’économie mais aussi de faire face aux défis de la politique sociale. Un engagement authentique en ce sens renforce la crédibilité politique. Nous devons travailler sans relâche à la mise en pratique des principes intérieurs et les développer.

leo müller Conseiller national LU Les forces constructives de ce pays doivent former la majorité et pouvoir mettre en place les conditions qui permettent à notre population de se sentir bien et en sécurité tant sur le plan économique que social.

StefAn müller-AltermAtt Conseiller national SO Je souhaite que les politiciens qui recherchent des solutions et qui sont prêts à faire des compromis dominent le débat à Berne. Notre pays qui dispose d’un système social performant, de bonnes infrastructures et d’atouts économiques ne doit pas mettre en péril ces acquis par des blocages partisans.

fABio regAzzi Conseiller national TI Cette année, j’ai été bien sage, j’ai bien travaillé puisque j'ai été élu au Conseil national, si bien que j’aimerais bien retrouver sous le sapin un tuyau! Oui, un grand et long tube à ajouter à celui qui existe déjà sous le Gothard. 10 ans après le tragique accident qui a causé le décès de 11 personnes. Une amélioration efficace de la sécurité sous le Gothard reste toujours bloquée sur le plan politique. Et en plus des énormes préjudices économiques pour le canton du Tessin, la fermeture totale du tunnel annoncée pour 2020 et devant durer 900 jours frapperait massivement toute l’économie suisse.

mArkuS ritter Conseiller national SG Je souhaite que, durant ces quatre prochaines années, le Parlement soit en mesure d’élaborer des solutions pour notre pays dans un dialogue constructif. Pour cela, il faut mettre de côté les œillères idéologiques et oeuvrer pour le bien-être de notre population.

k Arl Vogler Conseiller national OW Baser la politique sur les principes fondamentaux qui ont fait la force de la Suisse, à savoir: le civisme, l’engagement, l’équilibre, la modestie et la retenue. Et un centre politique sûr de lui-même qui par son action montre qu’il représente de façon crédible les forces de notre pays.

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La Sainte Famille Réflexions sur un motif de l’art occidental

La Sainte Famille fait partie des sujets les plus éminents de l’Histoire de l’art occidental. Dans les œuvres d’art, elle est une figure emblématique de l’union fervente et de l’amour maternel, mais sur le plan allégorique elle peut également faire référence au mariage mystique de la communauté ecclésiale avec le Christ. L’iconographie fait donc appel au sens de la famille des croyants. Selon le professeur de littérature Albrecht Koschorke, qui a étudié dans son essai «La Sainte Famille et ses suites» l’influence de cette évidence chrétienne sur la culture occidentale, la Sainte Famille a sensiblement participé au développement de la cellule familiale moderne. Celle-ci ressemble, notamment au niveau de sa structure, grandement à la Sainte Famille (mère-père-enfant). Dans l’art, la cellule familiale est souvent élargie par l’implication de la troisième génération (Sainte Anne, mère de Marie) et/ou du jeune Jean-Baptiste comme camarade de jeu de Jésus. L’exemple le plus connu d’une représentation traditionnelle de ce genre est la peinture de Raphaël (vers 1505/06) dans l’Ancienne Pinacothèque de Munich. La composition du tableau est parfaitement harmonieuse: les deux garçons au centre sont entourés du triangle formé par Anne, Joseph et Marie. Les personnages dominent la toile sans faire l’objet d’un récit. A l’arrière-plan on reconnaît le paysage vallonné, typique du nord de l’Italie, familière au peintre originaire d’Ombrie. La Sainte famille de la maison Canigiani de Raphaël est devenue par la suite une référence importante pour les peintres de la Renaissance traitant le même sujet. Notamment la rencontre entre le Christ et Jean-Baptiste enfants est un motif qui n’est pas transmis par la Bible, mais qui fut très apprécié par les peintres florentins. La raison d’impliquer Jean-Baptiste dans les compositions de tableaux représentant la Sainte Famille réside probablement dans le fait que ce patron protecteur était originaire de Florence, l’un des centres de la Renaissance italienne. 10

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L’équilibre, la simplicité et la paix que dégage le tableau de Raphaël, appellent au recueillement et devraient inciter à l’introspection et à la réflexion sur la vie du Christ. C’est dans ce même but que le peintre britannique Everett Millais a réalisé Le Christ dans la maison de ses parents, qui a déclenché un scandale en 1850. Détachée de son contexte sacré, la Sainte Famille y est représentée dans une scène de genre. Ce tableau ressemble à une photo instantanée de la vie quotidienne de la Sainte Famille. La Bible nous dit que Joseph était un charpentier et c’est ainsi qu’il est représenté, entouré de sa famille et de ses employés à l’intérieur de son atelier. D’autre part, Marie n’est plus une beauté idéale mais une femme simplement vêtue et marquée par la vie. Le Christ lui-même est représenté comme un garçon au visage sale et aux cheveux roux embroussaillés. Est-ce une façon de représenter la Sainte Famille? Les critiques et les visiteurs de l’exposition furent outrés. L’écrivain Charles Dickens qualifia le tableau d’horrible et jugea révoltant la tentative de comparer la Sainte Famille à une simple famille d’artisan.

Un blasphème? Mais Millais n’était point un blasphémateur. Au contraire. En regardant le tableau de près, on y distingue une symbolique religieuse profonde et l’on s’imprègne de l’histoire qu’il nous

raconte: nous apercevons un clou qui sort de l’établi et qui vient de blesser Jésus qui soulève sa main gauche et montre sa blessure. Marie est agenouillée près de son fils. Elle est la mère consolatrice. Quant à Joseph, il pose sa main sur l’épaule de Jésus alors qu’Anne tend le bras pour retirer le clou maudit avec la pince posée sur l’établi. Le garçon à droite de l’image accourt avec une cuvette d’eau pour laver la plaie. Il symbolise Jean-Baptiste et la cuvette d’eau fait allusion au baptême du Christ. Dans le même esprit, la main du petit Jésus, percée par le clou renvoie à la passion du Christ. La symbolique subtile du tableau, combinée avec la représentation de Jésus, de Marie et de Joseph en tant que famille d’honnêtes artisans favorise au contraire l’identification avec la Sainte Famille. Dans le contexte de l’industrialisation et de la prolétarisation des ouvriers, cette œuvre peut également être interprétée comme un manifeste contre le travail à l’usine à l’extérieur des foyers. Selon les propos de Hildegard Erlemann, on y trouve une «touche anti-communiste». La peinture de Millais suggère finalement que n’importe quelle famille chrétienne honnête est susceptible de personnifier la Sainte Famille. Un énoncé révolutionnaire pour le XIXème siècle qui nous invite encore aujourd’hui à la réflexion. ■ –Milena Daphinoff, historienne d’art

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En Suisse, Noël est associé à la décoration du sapin de Noël, aux cadeaux offerts la veille de Noël et au repas de fête en famille. Et comment célèbre-t-on Noël aux quatre coins du monde? Au mexique, un feu d’artifice ouvre la fête avant la messe de minuit du 24 décembre. Durant la période du 16 au 24 décembre, des pèlerins présentent la scène durant laquelle Marie et Joseph cherchent un endroit où passer la nuit et vont de maison en maison en quête d’un logis: ils défilent dans les rues en costumes et récitent des versets de la Bible. Pour les enfants, le point culminant est le moment où l’on brise la Piñata, une jarre en terre cuite, joliment décorée et remplie de toutes sortes de bonbons et de fruits. La veille de Noël, la poterie est suspendue et on bande les yeux des enfants qui, à l’aide d’un bâton, doivent essayer de la casser pour récupérer les friandises. En Grande-Bretagne, les maisons sont décorées pour Noël et des chaussettes sont suspendues à la cheminée. Le 25 décembre au matin, Santa Claus vient déposer des cadeaux dans les chaussettes. Le rameau de gui est également un symbole de Noël traditionnel: les personnes qui passent sous une branche de gui ne peuvent refuser d’être embrassées! En Italie, on mange en règle générale du poisson la veille de Noël et les cadeaux sont distribués le 6 janvier. Ce n’est pas le Père Noël 12

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qui apporte les cadeaux, mais la Befana, une horrible sorcière. Elle est à la recherche de l’Enfant Jésus et vole sur son balai vers les enfants, distribuant des cadeaux à travers les cheminées. Les crèches de Noël décorées avec un raffinement tout particulier font la fierté des Italiens, tandis que les sapins de Noël sont rares. En russie et dans les autres pays orthodoxes, Noël est célébré le 7 janvier selon le calendrier julien. La visite du Grand-Père Gel (Ded Moros) et de sa petite-fille (Snegurotschka), la Fée des Neiges, est la tradition de Noël la plus connue. Selon la légende, ils se déplacent dans une luge tirée par trois chevaux pour apporter les cadeaux aux enfants. Pour sauver cette tradition, la distribution des cadeaux a été déplacée au premier de l’an sous le règne du communisme. La fête de Noël elle-même, interdite à cette époque, a été réintroduite en 1992. En suisse il y a également de petites différences entre les régions. Ainsi c’est l’Enfant Jésus qui apporte les cadeaux en Suisse alémanique, alors que c’est le Père Noël qui s’en charge en Suisse romande. ■ –Milena Daphinoff

Photo: ©iStockphoto.com/John Schulte

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Elisabeth Bürki-Huggler, Pasteure à l’hôpital de Thoune

CadeaUx – aU Chevet d’Un malade «C’est mon cadeau préféré», affirme Monsieur K. en montrant, dissimulée derrière les journaux, les jus de fruits et les pralinés posés sur sa table de chevet, une boule de la taille d’un poing, qui semble fanée. «C’est une Rose de Jéricho», ajoute-t-il en me regardant. «C’est une plante du désert que le vent transporte sur les vastes étendues de sable. Roulée ainsi en boule, elle supporte le froid, la chaleur et la solitude. Mais aussitôt qu’elle trouve de l’eau ce poing se déploie telle une main, et la boule desséchée se transforme en une belle rosette verte. Et c’est exactement ce dont j’ai besoin: de petits miracles de ce genre au cœur de mon désert.» Il pose la Rose de Jéricho dans ma main, il se recouche et ferme les yeux. «Vous restez encore un moment près de moi, même si je ne n’ai plus l’énergie de parler?» j’acquiesce d’un signe de la tête. Une grande paix se répand dans la chambre d’hôpital. C’est le soir. Les lumières de la ville se reflètent dans la pièce. On ne ressent absolument pas l’agitation des achats de Noël. Les pensées suivent leur cours. On m’a demandé récemment si j’étais disposée à écrire un article sur le sens et la valeur des cadeaux pour les malades. Pour ce faire, j’ai consulté un dictionnaire étymologique sur l’origine du mot allemand Geschenk (cadeau). Il vient de la guinguette (Schenke) où l’on servait à boire. Ce geste est ainsi associé à l’offrande d’eau, source de vie*. En tenant dans la main cette Rose de Jéricho – plante du désert – je commence à en percevoir la signification profonde. Cher lecteur, chère lectrice, vous désirez offrir des cadeaux chargés de sens; notamment pendant la période de l’Avent et plus particulièrement à des malades. Mais comment offrir de l’eau, source de vie, afin que de menus miracles se produisent au milieu du désert? Qu’est-ce qui vous a réconforté lorsque vous étiez malade vous-même? Et qu’est-ce qui pourrait faire du bien à un proche malade? Qu’en pensez-vous? J’énumère quelques cadeaux apparemment insignifiants et pourtant si précieux: se montrer attentionné et ouvert; persévérant, mais discret; ne pas avoir d’attentes; ne pas donner de conseils; éprouver de la compassion pour la situation et la na-

ture de l’autre, sans être curieux; savoir se taire; avoir du temps et sentir quand le moment est venu de partir. Complétez cette liste! Je suis sûre que vous trouverez encore une foule de cadeaux de ce genre que l’on ne peut acheter nulle part, mais qui sont néanmoins (ou justement pour cette raison) les bienvenus. Je repose délicatement la Rose de Jéricho sur la table de chevet. «Seriez-vous d’accord de la poser dans un bol d’eau?» Monsieur K. a rouvert les yeux et me jette un regard malicieux. «Lors de votre prochaine visite elle sera verte.» En versant gentiment de l’eau dans le bol, je prends conscience que la rose se déploiera sans l’intervention de l’homme. Comme c’est le cas pour tant de petits miracles qui s’inscrivent parfaitement dans l’ambiance de Noël. Et j’en éprouve un profond soulagement. ■

*Nous trouvons l’eau, source de vie également dans la Bible. J’aimerais vous indiquer trois passages fascinants : Isaïe 12,3 / l’Evangile selon saint Jean 4,14 / l’Apocalypse 21,6. Prenez le temps de lire ces passages de la Bible et de méditer. Je trouve que cela vaut la peine, pour vous et pour les personnes, auxquelles vous désirez offrir un cadeau. La PoLitique 8 Décembre 2011/Janvier 2012

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Assurer la paix du continent, non seulement par l’exemple mais aussi par l’action Napoléon. Grâce à sa neutralité armée, la Suisse a échappé aux trois conflits franco-allemands de 1870, 1914 et 1939. Concrètement elle a garanti, grâce à une armée crédible, que son territoire serait interdit à tout mouvement tournant des belligérants.

cinquante ans de paix C’est le pays de la paix perpétuelle où il fait bon se mettre à l’abri, sa personne comme sa fortune. On peut y penser à des choses importantes, vivre heureux au milieu de sa famille, travailler avec plaisir, se cultiver, prendre de l’exercice, tâter de tous les vins. Et regarder avec horreur sur l’écran de télévision la folie des autres peuples. Avons-nous gagné pour toujours? Rien n’est jamais acquis à l’homme définitivement. La guerre peut toujours se rallumer et envahir les pays qui n’en veulent pas. Si l’Europe échouait ce qui n’est pas impossible – la logique massacrante de l’histoire se remettrait en route. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître aujourd’hui, Français et Allemands recommenceraient à se quereller pour des raisons sordides. On est tellement habitué à la paix en Europe depuis cinquante ans que l’on ne se rend pas compte que c’est un moment privilégié de l’Histoire. Le modèle de la Suisse a inspiré tout un continent. La paix devient la norme plutôt que la guerre considérée maintenant comme une très vilaine habitude.

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La paix n’est pas une denrée qui s’achète gratuitement sur le marché diplomatique. Il ne suffit pas que des ambassadeurs se rencontrent dans des enceintes distinguées pour qu’à force de parlotes, les peuples décident de ne plus se battre. On peut y discuter des modalités de la paix, des avantages consentis par les battus aux vainqueurs, mais on ne décrète pas la paix si les peuples n’en veulent pas.

La neutralité armée Le peuple suisse a voulu la paix depuis très longtemps. La Suisse évolue vers la neutralité depuis quatre siècles. À l’issue de la guerre de Trente ans, aux traités de Westphalie en 1648, l’empereur germanique et les différentes puissances européennes reconnaissent l'indépendance de la Confédération helvétique. Au traité de Paris de 1814, la Suisse fait reconnaître sa neutralité et l’inviolabilité de son territoire par les vainqueurs de 14

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Au balcon de l’Histoire Si la guerre revenait troubler l’Europe, la Suisse n’en serait pas responsable. Elle n’aurait rien fait pour la susciter. Mais aussi rien fait pour l’abolir. Elle aurait les mains propres parce qu’elle n’a pas la main dans cette affaire. Elle est au cœur de l’Europe, mais pas en son sein. Elle ne s’est pas engagée dans ce gigantesque mouvement de pacification. Elle est demeurée au balcon de l’Histoire, comme une spectatrice des peines infinies des peuples de l’Europe pour construire des institutions vivables. Or ces institutions existent: ce sont celles de la Confédération helvétique. La question de la paix n’est donc pas de savoir si la Suisse doit rejoindre l’Europe mais si l’Europe doit rejoindre la Suisse. Ne nous demandons pas ce que l’Europe peut faire pour nous mais ce que nous pouvons faire pour l’Europe, c’est-à-dire pour la paix du continent. ■


reNDeZ-VOus Yannick Buttet, Conseiller national

Le VaLaIs Nous demander de parler d’un lieu qui nous inspire et qu’on apprécie lorsqu’on est Valaisan c'est comme nous demander de choisir entre une Petite Arvine de Fully, un Cornalin des côteaux sierrois ou une Amigne de Vétroz ou nous demander qui des Dents-du-Midi, du Grand Combin, de la Dent Blanche ou du Cervin est le plus beau. Ce qui m’inspire, ce sont tous ces lieux et surtout les gens qui les font vivre. Ce qui m’inspire c’est la diversité entre mon Chablais natal frondeur et indépendant et une vallée du Rhône ensoleillée et généreuse. Ce qui m’inspire, c’est aussi cette diversité entre des vallées ancrées dans la tradition et qui cultivent la force du travail, le respect de l’engagement et la loyauté et une plaine à la fois tournée vers les technologies, industrielle et agricole et qui cultive aussi des liens de solidarité entre les différentes communautés. Ce qui m’inspire c'est aussi la solidarité dont peuvent faire preuve autant les montagnards que les citadins. Au-delà de ce qui pourrait les diviser, ils ont cette capacité à se serrer les coudes quand il s’agit de

défendre leurs idées et leur coin de terre. Finalement, si j’apprécie de nombreux lieux, c’est vraiment grâce aux gens qui les peuplent et qui les mettent en valeur… Et chez ces gens, j’aime leur volonté de gérer leur destin, leur capacité de conserver des valeurs sûres qui sont à la base de toute société, cet attachement très fort à la famille et en même temps cette ouverture à l’autre qui permet un enrichissement réciproque. Bref, j’aime cet équilibre de l’individu et de la société avec la nature qui l’entoure! Je suis fier d’être Suisse et je suis fier d’être Valaisan. Quand je vois les forces et les qualités dont nous disposons, nous pouvons tous en être fiers et nous devons en tirer profit au maximum pour conserver un pays libre et prospère. Notre population est à l’image de la diversité de nos paysages que nous aimons tant: majestueuse, fière et valeureuse! ■

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IL Y a 10 aNs…

Grincheux Pourquoi les politiciens utilisent-ils des mots que personne ne comprend? Lors d’un débat, j’ai entendu parler d’un accord Rubik. Jusque-là je ne connaissais que le cube Rubik! Je me suis donc adressé à un politicien afin qu’il éclaire ma lanterne. Il m’a très gentiment expliqué que c’est un impôt libératoire perçu sur les gains et les rendements en capitaux de clients de banques suisses domiciliés à l’étranger. Me voyant perplexe, il m’a dit qu’il s’agit d’un impôt à la source prélevé sur l’argent des étrangers qui est placé dans les coffres suisses. Enfin, j’ai compris!

Signez sans attendre

l’initiative «Pour le couple et la famille – Non à la pénalisation du mariage» et l’initiative «aider les familles! Pour des allocations pour enfant et de formation professionnelle exonérées de l’impôt».

vous obtiendrez plus de détails sur les deux initiatives lancées par le pdC sous

www.initiativesfamilles-pdc.ch

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Fin 2001, nous tirions le bilan d’une année qualifiée d’«annus horribilis». Les catastrophes s’étaient succédé aussi bien dans le monde qu’en Suisse. Pour rappel: le 13 janvier et le 13 février, la terre tremble au Salvador; le bilan de ces deux séismes d’une magnitude de 7,6 et 6,6 est de 1142 morts, 2000 disparus et 1,3 million de sinistrés. Le 26 janvier, un violent séisme frappe l’Inde et tue plus de 20'000 personnes. Le 23 juin 2001 c’est au tour du Pérou d’être touché par un tremblement de terre de magnitude 7,9 faisant 115 morts, 53 disparus, 1400 blessés et plus de 70'000 sinistrés. Le 11 septembre, des attentats-suicides sont perpétrés sur le World Trade Center de New York et sur le Pentagone avec des avions détournés par des membres d’Al-Quaida, faisant près de 3000 morts. Le 21 septembre, l’usine chimique d’AZF à Toulouse explose: 31 morts, 2500 blessés et de lourds dégâts matériels. Le 2 octobre 2001, les avions de Swissair restent cloués au sol faute de liquidités pour payer le carburant, la débâcle de notre compagnie aérienne nationale est annoncée. Le 27 septembre, un homme fait irruption dans le parlement cantonal zougois et abat 11 députés et 3 conseillers d’Etat avant de retourner une arme contre lui. Le 7 octobre, les Etats-Unis commencent à bombarder l’Afghanistan, le début d’une guerre sans fin. Le 24 octobre 2001, une collision entre deux camions circulant dans le tunnel routier du Gothard entraîne un grave incendie qui coûte la vie à 11 personnes. Le 12 novembre, le vol 587 d’Américan Airlines s’écrase peu après son décollage de New York faisant 265 morts… et la liste n’est pas exhaustive… (ym)


Jürg Bleiker, Germaniste et philologue, langues anciennes

la qUeStion deS CadeaUx eSt SoUvent déliCate…

Photo: ©iStockphoto.com/phottoman

Glossaire Une grand-mère offre pour Noël à son petit-fils deux belles chemises, une bleue et une verte. Le lendemain le petit-fils apparaît avec la chemise bleue. «Ah bon», dit la grand-mère, «la verte ne te plaît pas.» Nous savons tous que la question des cadeaux est souvent délicate.

evénement Noël, les anniversaires, les jubilés – des occasions auxquelles on offre nécessairement des cadeaux. Or, ces événements éveillent des sentiments mitigés. Les enfants déchirent froidement les paquets soigneusement emballés dans du papier de fête brillant (pas bon marché) qui sont posés sous le sapin de Noël, ils inspectent leur contenu et jettent tout sur un tas, soit parce que ça ne correspond pas exactement à leurs désirs, soit parce que leur sœur aînée a la chance de déballer un objet plus passionnant. La maman ramasse les rubans de couleur, les enroule et les range dans une boîte pleine de matériel recyclable du même acabit. Ce serait dommage de les jeter…

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Affaires «Celui qui reçoit un cadeau ne doit jamais oublier que rien ne lui coûtera plus cher que les cadeaux reçus.» (Eugen Roth). Là le regard se porte sur le pied-bot qui trahit la présence du diable. Moins catégorique est la devise: «do, ut des», je donne pour que tu donnes. Dans ce cas, nous parlons de compromis, de marchandage ou de situation gagnant-gagnant, une main lave l’autre. Nous pouvons nous en accommoder. Les affaires sont les affaires. choix Au delà de l’objet «cadeau» il y a le problème de la charge émotionnelle des cadeaux. Le donateur se glisse dans notre sphère affective, dissimulée derrière notre apparence. Il cherche à toucher notre cœur, suscitant alors soit un sentiment de joie, soit un sentiment de gêne. La personne à qui j’offre un cadeau doit l’accepter et donc m’apprécier. Le cadeau doit être personnalisé. C’est pourquoi nous avons tant de peine à trouver des cadeaux appropriés et les achetons en général à la dernière minute. Dans notre détresse, nous refusons alors d’opter pour un bon d’achat valable dans le monde entier et infalsifiable (même si le destinataire n’en serait probablement pas mécontent), mais achetons un bon à la mercerie ou à l’horlogerie de la vieille ville, qui arrivera peut-être à échéance sans avoir été utilisé. Le cadeau devrait quand même être original. remerciements Certains cadeaux cachent une bombe à retardement: la lettre de remerciements ou du moins un appel téléphonique voire un 18

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Photo: ©iStockphoto.com/Skip ODonnell

recyclage Parfois, les cadeaux suscitent une certaine aversion. A cheval donné on ne regarde pas la denture. On soupçonne alors le donateur de ne plus pouvoir utiliser lui-même son vieux canasson. Un professeur, fraîchement retraité, met sa bibliothèque anglaise spécialisée à la disposition de ses collègues. Son geste éveille le commentaire suivant: «Aussi une manière de se défiler pour ne pas devoir payer les frais de déchetterie.» Ma joie de recevoir un livre joliment emballé s’est quelque peu ternie lorsque j’ai réalisé que le nom de l’ancien propriétaire inscrit sur la première page avait soigneusement été découpé. Et bien des cadeaux, tels que les serviettes en papier avec deux bougies ou les parfums ou encore les savons, laissent soupçonner qu’il s’agit d’un cadeau de seconde main. Ce qui est amusant dans l’histoire c’est que ce cadeau peu se retrouver, après moult détours, dans les mains du premier donateur.

sms. Ces remerciements dévoilent ce que le destinataire du cadeau en pense et en cas d’absence de réaction, je sais aussi ce que je représente pour lui. Une excellente occasion pour faire un examen de conscience.

Valeur La valeur du cadeau importe moins que l’esprit dans lequel se fait l’échange de présents. Dans ce sens un petit cadeau peut avoir un effet étonnant. Une chanson anglaise rappelle que: «A smile is something you can give it away, give it away, give it away; a smile is something you can give it away – and it comes right back to you!» Pendant un voyage d’études, ma cousine d’Angleterre a appris cette chanson à des élèves suisses qui l’ont chantée à pleine voix dans le train, en déformant le «s» de smile en shmile… et toute morosité avait disparu des visages des voyageurs! Voilà un véritable cadeau! offrir un sourire Un enquiquineur surgit en disant: «Faites un beau sourire – dites cheese» – et sur la photo même les plus beaux enfants ont un sourire figé. Quant aux visages toujours rayonnants et aux


sourires dégageant la confiance qui sont affichés à tous les panneaux par des candidats ambitieux avant les élections, ils ne m’inspirent pas. Le rayonnement d’un vrai sourire est différent et il peut se manifester dans un supermarché lorsque vous avez heurté une vieille dame avec votre chariot et que celle-ci vous gratifie d’un sourire radieux qui efface les années!

Don Après les cadeaux habituels que les gens s’offrent mutuellement, remplaçons le mot «cadeau» par «don». Assurance Permettez-moi juste une petite digression. Il y a 2000 ans, Vindonissa, l’actuel Windisch, hébergeait une légion romaine forte de quelque 6000 hommes très combative pour l’époque. Durs et résistants, les légionnaires n’avaient peut-être pas une condition physique comparable à celle de notre milice – les bagages et l’armure qu’ils portaient pesaient environ 50 kg – mais ils prenaient des mesures préventives, car ils avaient peur de mourir, de tomber malades ou de succomber à un accident. C’est ainsi que le légionnaire Marcus Masterna créa une sorte de «police d’assurance générale» et il érigea un autel. On pouvait y lire que Marcus Masterna, soldat de la 11e légion de la centurie de Caius Sallustius Crispus avait construit cet autel dédié aux puissances et aux divinités capables de chasser les malheurs de tout genre. Comme il ignorait qui était responsable de quoi, il était sûr de s’adresser au bon destinataire. Motif Et il y ajouté un mot décisif: LIBES, en latin classique libens, qui signifie «volontiers, de gaité de cœur», donc sans obligation et sans calcul. Tout simplement, par plaisir et par gratitude. Le légionnaire Marcus Masterna pressentait ce que Sebastian Brant formulera comme suit dans La Nef des fous à savoir que Dieu ne tient pas compte des dons qu’on fait sans joie. facultés Là il ne s’agit plus de la relation entre les hommes mais de la relation de l’homme avec Dieu et de Dieu avec l’homme. Même si notre perception de Dieu peut différer, nous ressentons presque tous qu’il existe «quelque chose» au-delà de notre horizon et de nos potentialités. Et c’est là que s’inscrit la notion de faculté pour un cadeau que nous avons reçu de cette instance étrange qui nous a attribué cette faculté. Cela peut apparaître également dans des situations tout à fait courantes.

Un pianiste que j’admirais pour son jeu (lorsqu’un chanteur n’était pas en forme, il lui proposait de baisser la mélodie d’un demi-ton et transposait l’œuvre entière en conséquence et en cas de panne de lumière il continuait à jouer sans se laisser perturber) avait réagi avec suffisance à mes compliments: «En effet, ce n’est pas donné à tout le monde.» Sur quoi j’avais répondu: «Alors tu n’as pas de quoi être fier, s’il s’agit d’une simple faculté que tu as reçue!» Et soudain nous pensons que nous sommes tous extrêmement «doués». Nous vivons dans un fleuve de facultés! Nous sommes doués de la parole, ce qui nécessite une interaction incroyable des muscles! Nous sommes capables de marcher, mais si nous devions réfléchir à tout ce qu’il faut faire pour mettre notre corps en mouvement, nous n’avancerions pas d’un pas. Nous sommes capables de respirer, de voir, d’entendre et de réfléchir: et tout cela nous paraît parfaitement naturel et évident, jusqu’au moment où l’une de ces faculté nous fait défaut.

Sérénité Dans un registre moins grave: il est tout à fait raisonnable de supposer que chaque personne que nous rencontrons puisse être plus capable que nous dans un domaine ou dans un autre. Pour son propre ego, il est salutaire de prendre conscience que l’autre est plus doué que soi dans un, voire même dans plusieurs domaines. talents Reste la question de savoir d’où nous viennent ces talents? Qui nous les a donnés? En sommes nous reconnaissants? Et nous engagent-ils à quelque chose? Cela ne nous ferait-il pas penser à la parabole, où l’un des protagonistes enterre ses talents? Rappelons qu’à cette époque le talent était une unité de monnaie élevée. Peut-être serait-il judicieux de la relire. (Matthieu 25) cadeau de Dieu Ou peut-être que les parents ont répondu à cette question en appelant leur fils Théodore ou leur fille Dorothée, deux noms qui signifient «cadeau de Dieu». Partage Revenons à des plaisirs plus terre à terre: celui qui ouvre une bonne bouteille et la partage avec ses amis, offre un cadeau délectable qui fait le bonheur de chacun. Dans cet esprit je vous souhaite de joyeuses fêtes de Noël! ■ La PoLitique 8 Décembre 2011/Janvier 2012

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Stefan Meierhans, Préposé à la surveillance des prix

Ce n’eSt paS Un CadeaU! «Ce n’est pas un cadeau!» – c’est ainsi que l’on commente des situations qui suscitent un sourire compatissant voire ironique. La remarque est railleuse car le cadeau se révèle être une charge, un présent indésirable. Ceux qui profitent aujourd’hui du libre-échange pour commander par exemple des marchandises sur Internet se voient parfois confrontés à de tels cadeaux. Lorsqu’une marchandise commandée sur Internet vient de l’étranger, il faut en général s’acquitter de taxes supplémentaires. Celles-ci peuvent même dépasser la valeur de l’objet. C’est ce qui est arrivé récemment à un citoyen qui avait commandé un porte-journaux: le prix de la marchandise était d’environ quarante francs suisses alors que les frais de dé-

douanement s’élevaient à plus de cinquante francs. Il s’est adressé à moi pour se plaindre du prix. Comme je peux comprendre sa colère! Conclusion: on est puni lorsqu’on essaie de trouver la meilleure offre sur le marché! Toujours est-il – et ce n’est qu’une remarque en marge – qu’en tant que Préposé à la surveillance des prix, j’ai réussi à négocier des accords avec la Poste et avec l’entreprise de logistique DHL afin d’endiguer ces taxes exorbitantes et nous avons obtenu des réductions allant jusqu’à cent pour cent. Et, ce faisant, nous avons contribué à ce que moins de gens se mettent en colère après avoir commandé des cadeaux empoisonnés sur Internet.

Pas toujours un cadeau? Une autre catégorie regroupe les articles qui sont présentés comme des cadeaux. Mon expérience: plus on vante un cadeau, plus il faut s’en méfier. Il existe de nombreux exemples: lors de l’achat d’une couverture chauffante, vous recevez gratuitement des figurines en argile. Ou, à l’achat de trois tubes de dentifrice, le quatrième vous est offert. Ou encore, vous recevez ce journal gratuitement, c’est un cadeau. Faut-il y croire? Devez-vous vous estimer heureux d’avoir reçu un cadeau? La vérité est: non, car vous ne recevez aucun cadeau. On vous a mené en bateau! Dans le monde économique, on ne distribue pas de cadeaux à tout va! Soit vous avez déjà payé le cadeau et vous recevez uniquement le rabais qui vous revient (par exemple un quatrième paquet gratuit). Ou vous ne payez pas avec des francs et des centimes mais par exemple par votre attention. Pensez aux journaux gratuits ou aux chaînes de TV privées suisses ou étrangères qui sont en général financées essentiellement par la publicité. Vous payez en vous exposant à la publicité, en tant qu’objet répondant aux efforts de marketing les plus divers.

Photo: ©iStockphoto.com/Yuliya Pozdniak

Ne me comprenez pas mal: sur le principe on ne peut rien objecter contre cela. Finalement, c’est toujours vous qui décidez de croire à la publicité et de dépenser de l’argent pour acheter tel ou tel produit. Toutefois, il est important de déchiffrer ces mécanismes car ils sont omniprésents. Par exemple avec les points Cumulus, les Supercards, les trophées casseroles, les comptes de Miles, les nanos et les images à coller distribués par divers commerces de détail. 20

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Quel est mon souhait? Comme Noël approche, je termine par un souhait qui est bien entendu lié aux propos que j’ai tenus ci-dessus. Je souhaite davantage d’honnêteté intellectuelle aussi dans la publicité. Chers vendeurs, réduisez massivement vos départements de marketing. N’utilisez que des programmes de fidélisation de la clientèle qui rendent effectivement vos clients plus fidèles et réduisez ainsi les coûts moyens. Par ailleurs, je suis personnellement d’avis que la qualité et le service sont les meilleurs programmes de fidélisation de la clientèle. Avec l’argent restant, vous pouvez directement baisser les prix. Et nous n’aurons plus une multitude de cartes de clients, de coupons-rabais et autres bons actions dans nos porte-monnaie. Un scénario gagnants-gagnants! Au fait, je n’exclus pas la politique de mon vœu. Que de promesses nous sont faites, notamment en période électorale. Peut-être que les résultats de cet automne sont un signe que la population en a assez de la polarisation dans notre pays, des promesses maximales de la gauche et de la droite qui se sont toutes avérées être de «faux cadeaux». Il est possible qu’en examinant leur matériel électoral, les gens aient pensé: si nous élisons celles et ceux qui font des promesses maximales et des promesses de cadeaux, alors «ce ne sera pas un cadeau!» ■

Dictionnaire du représentant du peuple Condition-cadre n. f. ne figure pas dans les dictionnaires traditionnels puisqu’il s’agit d’une spécificité suisse qui vient directement de la traduction du mot allemand «Rahmenbedingungen» fort usité dans la Berne fédérale. Le Gouvernement et le Parlement helvétiques mettent en place de bonnes conditions-cadres pour les familles, pour la place économique, pour l’agriculture, pour les chômeurs, etc. Dans les autres pays francophones, on parle de conditions, de cadre voire d’environnement mais jamais de conditions-cadres! Quelques exemples: les conditions financières, le cadre légal, les conditions pour les familles, l’environnement fiscal des entreprises, les conditions de base de l’économie…

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Menu de fête du PDC

TESSIN de Luga no mais ndue da ns la zone Recette trè s répa urge sy m bolise co la d’où je viens, o, rn ca Lo de i ss au ce à l’extér ieu r, on Ca nton. Coria le ca ractère de m e et créatif, rieur, trè s versatil mais doux à l’inté s sit uations, ple lti mu s’adapter à de le Te ss inois sa it incip es : l’indé igeant su r les pr mais re ste intra ns ex te de cr ise nt tité et da ns le co pendance, l’iden iq ue fac e au x om on éc e de sa pl ac ac tuel, la défen se ché ita lien. pres sions du mar nal Te ssin i, Conseiller natio –Fabio Regazz

*Bülbora*

ur 4 person nes ingrédients po îche 1 kg de courge fra t lai 1 l de e bl anche 1 cu illère de fa rin 1 noix de beur re 2 poig né es de riz Sel

Photo: ©iStockphoto.com/Sunnybeach

Pr ép arat ion s sem is et de s la déba rra sser de et ge ur co la ler Pe lli r la courge er en cu be s. Boui fil aments, la coup outter et ré Eg . pendant 15 m in l se de u pe un avec une ca sserole la remet tre da ns du ire en pu ré e et uter la fa rine. r à ébul lit ion et ajo avec le lait. Porte tement. Ajoulen t m in. en remuan 15 t an nd pe ire Cu 15 m in. Avant de encore pendant s ter le riz et cu ire At tent ion à ne pa beur re et remuer. la er gn pa serv ir ajouter le om cc d’a ! Je conseil le la lai sser at tacher c te ss inois. pa r un merlot bl an ge ur co velouté de

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GrISONS un Depu is mon enfance, je connais les Malu ns, rer, prépa à Facile terre. plat à base de pommes de avec ré savou être peut et ssant nouri ce plat est un bon morc eau de fromage ou avec de la purée ste de pommes ou une autre comp ote. L’art consi èmes probl les re rédui à que politi en ment égale prétendument compliqué s aux quelq ues quesexplitions de fond qui s’y cachent et à savoi r les sont ils : uler dissim à rien n’ont ns Malu Les quer. reux. savou et es simples, authentiqu ns –Stefan engler, Conseiller aux Etats, Griso

*Maluns* ingrédients pour 4 personnes 1 kg de pommes de terre riche s en amidon, mais cuite s la veille ou avant 350 g de farine 1 cc de sel Beurre, suiva nt la sécheresse des pommes de terre Prép aration Pelez les pommes de terre et râpez-les à l’aide d’une râpe à rösti. Ajoutez la farine et le sel. -les Versez la prépa ration dans une poële et faites e beurr de tité quan e bonn une dans rissoler z le jusqu’à la formation de petite s boule s. Dose pas e rôtiss ne ration prépa beurre pour que la e. à sec et qu’elle ne soit pas non plus trop grass cours en saire Ajoutez du beurre si néces de cuisson et remuez const amment avec une s. spatu le jusqu’à obtention de boulettes dorée une ou es pomm de Servez avec de la purée comp ote.


SUIS SE ALE MANIQU

E Le rôti de bœu f mar iné au cidre à la thurgovienne est non seuleme nt succ ulent mais je peux le préparer à l’ava nce. Ma fami lle n’a plus qu’à le réch auffer lorsq ue je suis à Bern e. De plus j’adore le trad ition nel rôti du dima nche. En général, nos enfa nts adultes vien nent avec leurs partena ires ou amis à la maison le dima nche et nous part ageons le repa s dans une ambianc e chaleureuse et conv iviale. C’es t l’occ asion de discuter des sujets les plus divers et pas néce ssai rement polit ique s. –Brigitte Häberli-Koller, Conseill ère aux Etats, Thurgovie

*rôti de bœuf mariné au cid re* à la thurgovienne ingrédients pour 4 personnes 1 kg de bœu f, p. ex. dans l’épaule 1 pied de veau rincé, à volonté 2 os à moelle rincé s, à volonté Mar inade: 7 dl de cidre 2 dl de vina igre de pom me 2–3 carottes pelé es 1 oignon, piqué d’un clou de giro fle et d’une feuil le de laurier 1 gous se d’ail entière Beur re à rôtir Sel, poiv re du mou lin 2 cs de farine Prép arat ion Dép osez le morc eau de bœu f, le pied de veau et les os à moelle dans un récipient en verre ou en porc elain e. Pour la mar inade, port ez tous les ingrédients à ébul lition, laiss ez-la refroidir, puis vers ez la mar inade sur la viande jusq u’à ce qu’elle en soit recouver te. Posez le couvercle sur le récipient et laiss ez ains i mar iner la viande dura nt 3 à 4 jours dans un endroit frais. Sort ez la vian de et séchez-la avec du papier mén age. Pass ez la mar inade au tam is, port ez-la à ébul lition, écum ez la mou sse et mett ez tout de côté . Chauffez le beur re à rôtir dans une cocotte, assa ison nez le morc eau de bœu f, sais issez-le de tous les côté s puis retirez-le de la cocotte. Dorez la farine dans la cocotte, vers ez la mar inade en remu ant cons tam ment. Ajoutez les pied s de veau, les os à moelle et les légumes et port er le tout à ébul lition . Dép osez le morc eau de bœu f dans la cocotte, salez, poiv rez et lasse z mijoter à couvert pend ant env. 1½ à 2 h à feu doux. Reti rez le rôti et gard ez-le au chaud. Pass ez la sauc e au tamis et faites rédu ire à feu vif. Déco upez le rôti en tranches et nappez-le de sauc e boui llant e. A serv ir avec des «spätzlis» ou des «knöpflis». Conseil : préparez le rôti la veill e, coup ez-le en tranches et réservez -le à couvert dans la cocotte au frais . Le lendema in vous le réch auffe zà feu doux. A la plac e du cidre vous pouvez utili ser du jus de pom mes (plus doux) ou du vin rouge.

S U I S S E rO M ANDE Voilà m a recette … ou plutôt notre recette à M arcia et à moi. Vu le cô té internat ional de Genève et au en ra ison de la na ss i tiona lité brés ilien ne de m a fem me, nous avon s chois i un gâteau brés ilien à l’ora nge qu pa r son côté exot i iq ue mais su rtout pa r son image et sa couleu r vit am inée rapp elle celle de notre pa –Luc Ba rthassat rti. , Conseiller natio nal, Genève

*Gâteau à l’ora nge*

ingrédients po ur 8 person nes 4 œu fs sépa ré s 35 0 gr de sucre 25 0 gr de fa rine 1 cs de lev ure 1 cs de ze ste d’o ra nge râpé 1 dem i- lit re de ju s d’ora nge fra îch ement pres sé. Pr ép arat ion Chau ffer le fou r à 18 0 de grés. Hu iler et fa riner un grand mou le. Ba ttre les bl ancs d’œ uf en neige ju sq u’à ce qu’il s deviennent bien fer mes. Da ns un autre sa lad ier, ba ttre les jau ne s av ec le sucre. Méla ger sépa rément nla fa rine, la lev ur e et le ze ste d’ora nge râpé av ant de l’ajouter pe u à peu au mélange jau ne d’o eu fs-sucre en alter na nt avec 1 quar de lit re du ju s d’o t ra nge pres sé. Aj outer les bl ancs neige en soulevan en t délic at ement la mas se. Verser da ns le mou le et cu ire une trent ai ne de m inutes ; la lame d’u n coutea u doit en re ssor tir propre lorsq ue celu i-c i es t bien cu it. Retirer du fou r et perc er de s trous à la su rface du gâteau. Verser le quar t de lit re re st ant du ju s d orange su r le gâteau chaud.

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Aider concrètement les familles Les enfants sont un enrichissement, non seulement pour leurs parents et grands-parents mais aussi pour l’ensemble de la société. Ils sont l’avenir de notre pays. S’engager pour les familles, c’est s’engager pour le modèle à succès suisse. Notre parti le fait depuis toujours. Nous renforçons les familles par notre travail politique. Nous les aidons à répondre aux défis en constant changement. Le modèle de la famille traditionnelle a été peu à peu évincé par la modernisation et le changement de la société. La cohabitation dans de grandes familles, la conception de la vie communautaire et la répartition des rôles au sein d’une famille se sont modifiées. Plusieurs modèles de famille existent à l’heure actuelle. Outre la famille classique, il y a des couples non mariés avec enfants, des familles monoparentales et recomposées. De plus en plus de mères travaillent (à temps partiel), indépendamment du fait qu’elles élèvent leurs enfants seules ou non. Elles augmentent ainsi non seulement le revenu familial mais elles contribuent aussi à notre succès économique. La conception du rôle de père a évolué au cours des dernières années: comme ils prennent activement part aux tâches éducatives et ménagères, il importe que leur employeur tienne compte de leurs besoins. La position, ainsi que l’image des familles au sein de notre société a aussi évolué. Dans les années 70, le nombre de ménages familiaux et non familiaux était quasiment identique. En 2007, un quart des ménages étaient encore familiaux alors que deux tiers d’entre eux étaient sans enfants. Par conséquent, il y a un nombre croissant de personnes qui décident de vivre sans famille et sans enfants. Cette évolution nous inquiète.

Les enfants ne doivent pas présenter un risque financier Pour contrecarrer cette tendance, il faut mettre en place des conditions-cadres favorables aux familles et aux enfants. Notre parti s’y engage de manière conséquente, par exemple avec le lancement au printemps dernier de l’initiative «Pour le couple et la famille – Non à la pénalisation du mariage». Quel que soit le modèle adopté, toutes les familles doivent être traitées de la même manière. Il est inadmissible que le droit fiscal défavorise les couples mariés par rapport aux couples concubins. Cette pénalisation des couples mariés, critiquée déjà il y a 27 ans par le Tribunal fédéral, doit enfin être supprimée. Les enfants ne doivent plus représenter un risque financier. Ils sont la base de notre société. Et pourtant, aujourd’hui encore, les familles sont plus fréquemment frappées par la pauvreté 24

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que les autres catégories de la population. En 2007, environ un quart des familles monoparentales et des couples avec trois enfants et plus vivaient en dessous du seuil de pauvreté. Ces derniers sont souvent des travailleurs pauvres (working poor): malgré une activité professionnelle d’au moins 90 pour cent, leur revenu ne couvre pas les besoins du ménage. C’est la raison pour laquelle nous nous engageons pour que les enfants et leurs familles ne basculent plus dans la pauvreté. Nous pouvons déjà enregistrer plusieurs succès dans ce sens: grâce au travail effectué par notre parti, un montant minimal a été fixé à l’échelle nationale pour les allocations pour enfants et de formation professionnelle. Chaque enfant reçoit 200 francs, chaque jeune 250 francs. Grâce à nous, quelque 75 000 enfants d’indépendants pourront désormais profiter également d’allocations familiales. Les enfants des indépendants et des salariés seront traités de la même manière. Notre proposition visant à pouvoir déduire 10 000 francs de l’impôt pour la formation initiale et continue est sur le point de voir le jour. Elle offre un appui aux familles. Avec notre deuxième initiative populaire «Aider les familles! Pour des allocations pour enfant et des allocations de formation professionnelle exonérées de l’impôt» nous voulons défiscaliser les allocations familiales. Cela permettrait de décharger en particulier les familles de la classe moyenne et de renforcer leur pouvoir d’achat. C’est le même objectif que nous poursuivons en demandant la suppression des primes d’assurance-maladie pour les enfants.

ne plus devoir choisir entre l’un ou l’autre Il est clair que notre politique familiale ne se limite pas à des allégements financiers et à l’égalité de traitement de toutes les familles. Pour que les familles bénéficient de conditions-cadres favorables, il convient de prendre aussi en considération les multiples exigences auxquelles elles doivent faire face aujourd’hui. Je pense notamment à la conciliation du travail et de la famille. Or, si les employeurs et la politique ne proposent pas d’actions concrètes, la plus grande flexibilité des familles ne sert à rien. C’est pourquoi nous demandons aux entreprises de dévelop-


per des modèles de travail répondant aux besoins des familles. C’est à eux de proposer des horaires flexibles, des structures privées pour l’accueil des enfants ainsi que des possibilités de télétravail. Il n’en demeure pas moins que la politique peut et doit également contribuer à la conciliation de la vie familiale et professionnelle. Notre parti s’est engagé pour le prolongement jusqu’à 2015 du programme d’impulsion de la Confédération visant à promouvoir la création de places d’accueil pour enfants. Par ailleurs, nous nous engageons pour l’introduction d’une allocation pour enfants en bas âge, qui permettrait aux parents de choisir librement le modèle de garde. Les parents ne devraient plus se trouver face à l’obligation de choisir entre l’une ou l’autre solution. Or, de nos jours de nombreux couples dépendent de l’acti-

renforcer les familles!

vité professionnelle des deux partenaires. C’est pourquoi nous souhaitons faciliter la reprise d’une activité professionnelle. Pour ce faire, il faut des offres concrètes qui permettent aux hommes et surtout aux femmes de réintégrer le monde du travail après une pause famille. Nous avons déjà formulé une proposition concrète dans ce sens : après avoir repris une activité professionnelle, celles et ceux qui ont accompli une formation initiale et continue pendant la phase familiale doivent pouvoir déduire de l’impôt, au titre de frais d’acquisition de revenu, les coûts de formation et de perfectionnement professionnel. Nous sommes le parti des familles. Il nous incombe d’assurer l’avenir des familles et donc de notre société et du modèle à succès suisse. ■ –Urs Schwaller, Président du Groupe

Le PDC s’engage en première ligne en faveur des familles – pour la première fois depuis longtemps en ayant aussi recours aux instruments de la démocratie directe. La récolte de signatures pour les deux initiatives jumelées du PDC a débuté il y a six mois. D’ores et déjà un franc succès!

Depuis longtemps, le PDC se bat pour exonérer de l’impôt des allocations familiales et pour supprimer la dépénalisation des couples mariés. Mais le Parlement ne fait pas de progrès dans ces domaines-là. Pour faire avancer ces dossiers, le PDC a donc lancé pour la première fois depuis longtemps deux initiatives populaires. Depuis lors, on rencontre dans toute la Suisse des conseillers nationaux et des conseillers aux Etats, des membres des autorités cantonales, des présidents de partis locaux et de nombreux membres du PDC qui récoltent des signatures en faveur de ces deux initiatives. Que ce soit dans les rues, sur les marchés ou même dans le cadre d’un concours permettant au plus beau couple de mariés de gagner un séjour dans un endroit de rêve, les membres du PDC sont sur le terrain et leur action est dûment récompensée. La récolte se déroule comme prévu. Après l’écoulement d’un tiers seulement du délai imparti, plus de la moitié des signatures ont été réunies et les réactions de la population sont toutes positives. Ce n’est pas étonnant puisqu’en cas d’acceptation de ces initiatives, l’ensemble des couples mariés et des familles, qu’elles soient petites ou grandes, riches ou pauvres, en profitera. Par conséquent les initiatives sont signées à la fois par des jeunes célibataires qui envisagent de fonder une fa-

mille, par des mères et pères célibataires et par des couples à la retraite. Les personnes qui récoltent ces signatures entendent souvent des commentaires du genre «enfin la pénalisation des couples mariés sera supprimée!» ou «les allocations familiales sont si importantes dans notre budget, que nous ne pouvons ni ne voulons plus payer d’impôts sur ces montants!» Les jeunes couples qui veulent fonder une famille ne seront plus être obligés de se poser tout d’abord la question des charges que cela implique. Ils ne seront plus contraints de réfléchir s’ils n’ont pas avantage à ne pas se marier pour des raisons fiscales. Et les couples à la retraite n’auront plus jamais à se demander s’ils ne feraient pas mieux de divorcer après 40 ans de mariage pour obtenir une rente plus élevée – voilà ce qui nous importe. Et le message passe très bien. La famille est et reste pour tout le monde la chose la plus importante dans la vie – quelle que soit la définition donnée à la «famille». C’est pourquoi il faut mener à bien cette action et redoubler nos efforts. Aidez-nous à collecter les signatures nécessaires au dépôt de ces initiatives! Pour décharger les familles. ■ –Tim Frey, Secrétaire général du PDC suisse

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Noël à RhäzüNs le soir du 24 décembre, seul dans son bureau, le maître du château de Rhäzüns écoutait, selon son habitude, l’oratorio de Noël de son cher Jean-sébastien dans l’interprétation de référence dirigée par Philippe herreweghe. Dehors la nuit d’hiver était tombée et la neige tombait sans discontinuer. les routes étaient bloquées et ne seraient déblayées qu’au petit jour, mais le château constituait une oasis de chaleur, de lumière et de bien-être: il y aurait un réveillon avec dinde farcie, purée de marron, airelles avec une bouteille de Blauburgunder sonnenberghottingen 2009. le maître s’était abstenu de déjeuner dans cette perspective et son appétit croissant le titillait agréablement. Cette méditation entre tympan et papilles gustatives fut interrompue par un doigt toquant doucement à la porte. C’était le majordome, Marwan de son prénom, que le maître avait décidé d’appeler Manfred pour faciliter son intégration. le syrien n’avait pas osé protester: aussi longtemps qu’il était dans l’enceinte du château, il ne risquait pas l’expulsion.

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Monsieur, un couple perdu dans la tempête de neige demande à passer la nuit.  Ah! Pourquoi pas? Nous avons toujours une chambre prête pour des visiteurs. D’où viennent-ils?  De Maaloula, Monsieur.  Qu’est-ce encore que ce bled, Manfred?  C’est mon village, Monsieur, en syrie. Un village chrétien où l’on parle encore l’araméen. Ils se sont enfuis parce que les musulmans les persécutent.  Bien! N’essayez pas de prétendre qu’ils sont ici par hasard. Ils ont pris contact avec vous.

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N P L

le silence de Marwan valait aveu. le couple l’avait alerté par téléphone mais il aurait fallu lui arracher la langue pour qu’il le confirme.  Je ne tiens pas une auberge, Manfred. Vous leur refusez l’entrée. Et ne discutez pas! Vous mériteriez que je vous licencie sur le champ! Et vous aurez un billet aller-simple pour la syrie.  la femme est prête à accoucher. Monsieur, je ne puis pas les mettre à la porte. Vous auriez des difficultés avec la presse ou la police.  Bien. ouvrez-leur le garage. Il est chauffé et donnez leur un matelas. Avec une alèze. Mais il n’est pas possible qu’un médecin vienne de Flims, comment va se passer l’accouchement?  Chez nous, Monsieur, cela se passe naturellement. Ils ont emporté des langes. Marwan s’éclipsa et le maître retourna à sa méditation esthétique et gastronomique en reprenant son audition de l’oratorio de Noël. Juste avant le réveillon, Marwan revint pour lui annoncer que la table était servie. le maître se souvint du garage et s’enquit de la situation.  Tout s’est bien passé, Monsieur. l’enfant est né, c’est un garçon.  Bien. Demain vous les ferez conduire à la clinique de Flims et vous préviendrez la police. Je ne tiens pas à être complice de sans papiers. N’oubliez pas de faire la déclaration de naissance à l’hôtel de ville!  oui, Monsieur. l’enfant a déjà un prénom choisi par ces parents: Immanouel.  Vous le déclarerez sous Immanuel. C’est le prénom de Kant. Espérons que cet enfant s’inspire de ce génie. Et maintenant je passe à table et je ne veux plus en entendre parler! A-t-on idée de déranger les gens un jour de fête!

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carTe BLaNche

«Les membres de l’Assemblée fédérale votent sans instructions» Selon l’art. 161 al. 1 Cst., les membres de l’Assemblée fédérale ne sont liés juridiquement par aucune instruction, de quelque institution qu’elle puisse émaner (Aubert-Mahon, Petit commentaire de la Constitution fédérale de la Confédération suisse du 18 avril 1999, Zurich/ Bâle/Genève, 2003, p. 1216-1220). Hormis ces mandats impératifs de nature institutionnelle, les députés sont évidemment soumis à toutes sortes d’influences. Pour garantir un minimum de transparence sur les votes des députés, l’art. 161 al. 2 Cst. impose à ceux-ci de rendre publics les liens qu’ils ont avec des groupes d’intérêts. Cette obligation de signaler ses intérêts est précisée à l’art. 11 LParl, qui prévoit en son alinéa 3 que «tout député dont les intérêts personnels sont directement concernés par un objet en délibération est tenu de le signaler lorsqu’il s’exprime sur cet objet au conseil ou en commission». Force est de constater que cette injonction n’est souvent pas respectée, certains députés estimant que la déclaration d’intérêts inscrite dans le registre public tenu par les Services du Parlement suffit à assurer une transparence suffisante aux débats dans les Chambres ou les commissions. Ce qui n’est pas le cas.

Dans la campagne électorale qui s’achève, j’ai été, comme tous les candidat-e-s, assaillie par des questionnaires en tous genres, sur tous types de sujets, et des demandes d’adhérer à diverses «chartes». Bien entendu, les lobbys à l’origine de ces questionnaires et de ces «chartes» attendent désormais au tournant les députés qui, confrontés à des projets législatifs concrets, voteraient dans un sens différent des réponses apportées pendant la campagne électorale à des questions générales. Pour ma part, je me suis limitée à répondre au questionnaire Smartvote, discutable mais incontournable, ainsi qu’au questionnaire concocté par un journal régional. Mais je m’interroge: sous prétexte de transparence envers les électrices et électeurs, les députés sont piégés par les lobbys avant même le début de la législature. Quelle liberté leur reste-t-il? –Anne Seydoux-Christe

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