модель успеха Швейцария
Magazine d’opinion. Numéro 7 / Août/Septembre 2010 / CHF 7.80 www.la-politique.ch
瑞士的成功模式
SucceSSfuL caSe La SuiSSe qui SwitzerLand réuSSit!
Sommaire
TITre
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Sur la voie de l’amélioration intégration et inSpiration paS une voie à SenS unique une Situation enviée défiS et SolutionS deS entrepreneurS reSponSableS formidable réSeau de relationS Solidarité et généroSité le général guiSan meSureS efficaceS contre la criSe JoSeph deiSS à la tête deS nationS unieS votation du 26 Septembre mobilité: la route et le rail reSponSabilité deS partenaireS Sociaux SingularitéS et SpécificitéS leS enfantS, l’avenir de notre payS
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reNDeZ-VOus
9 epf Zurich
Too small to fail. Impressum
EDITEUR Association LA POLITIQUE ADRESSE DE LA REDACTION LA POLITIQUE, Case postale 5835, 3001 Berne, tél. 031 357 33 33, fax 031 352 24 30, courriel binder@cvp.ch www.lapolitique.ch REDACTION Marianne Binder, Jacques Neirynck, Yvette Ming, Simone Hähni, Lilly Toriola, Rudolf Hofer, Muriel Haunreiter, Véronique Nüesch TRADUCTION Yvette Ming, Isabelle Montavon GRAPHISME, ILLUSTRATIONS ET MAQUETTE Brenneisen Communications, Bâle IMPRIMERIE UD Print, Lucerne ANNONCES ET ABONNEMENTS tél. 031 357 33 33, fax 031 352 24 30 Courriel abo@diepolitik.ch, abonnement annuel CHF 32.–, abonnement de soutien CHF 60.– PROCHAIN NUMERO octobre 2010
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La PoLitique 7 Août/Septembre 2010
eDITO – Jacques Neirynck, Rédacteur en chef adjoint
une politique du centre Signifie la réuSSite de la SuiSSe Crise économique. Affaire Libyenne. Secret bancaire. Carton rouge pour Behrami. Tout se ligue contre nous. Partout surgissent des problèmes. Ils pèsent lourds dans les campagnes électorales. La droite et la gauche se liguent pour blâmer le centre. Les uns nous dénoncent à Bruxelles en tant que fraudeurs du fisc. Les autres sabotent la mise en réseau avec l’économie mondiale. Selon ces critiques, un pays comme la Suisse qui vit de l'exportation, devrait boucler ses fron tières et revenir à une économie ancestrale fondée sur le troc. Pol Pot mit en œuvre une politique semblable avec le Cambodge. «Nous nous chargeons volontiers de vos problèmes, si vous résolvez les nôtres» nous a confié un diplomate grec. Dieu nous préserve des problèmes grecs, mais quels autres serionsnous amenés à traiter, si nous regardons dans le monde entier? Les taux de chômage? La morale fiscale authentique? Le revenu par habitant? Les normes environnementales? La dette publique? La maîtrise de la crise économique? Nous visons dans ce numéro d’être le plus proche de la réalité de la Suisse. Avec les succès: dans le secteur de la sécurité sociale, de l’éco nomie, de la politique familiale, de la politique de l’environnement. Nous parlerons d’engagement humanitaire, de capacité d’intégration élevée, de la relation bilatérale avec l’UE, du bilan de la session d’été des Chambres fédérales, de la concurrence fiscale, de la qualité du transport public, des PME. Cette politique du succès de la Suisse est le résultat des forces constructives du centre, par leur approche pragmatique, orientée vers la recherche de solutions concrètes. Le peuple l’approuve en soutenant dans 90% des cas les recommandations du PDC lors des votations populaires. Que ne le fontils aussi bien lors des élections fédérales où la démagogie et le populisme brouillent les cartes? Un potentiel d’optimisation existe évidemment. Mais ce modèle de succès constitue la Suisse pour nous tous. Celui qui le prétend mauvais, doit en présenter un meilleur.
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Doris Leuthard, Présidente de la Confédération
SuccèS économique grâce au pragmatiSme La Suisse progresse, pas seulement sur le plan économique. Nous obtenons les meilleurs rangs dans les classements internationaux et nous avons relativement bien maîtrisé la crise économique. Malgré tout, nous devons poursuivre nos efforts car la concurrence que se livrent les Etats ne va pas diminuer; nous sentons une pression croissante de l’étranger, et le rythme de la mondialisation s’accélère. Sommesnous en mesure en Suisse, avec nos structures poli tiques, de relever ces défis? Notre système de concordance est il toujours adapté à notre temps? Ne seraitil pas plus efficace d’avoir une seule force politique qui nous gouverne? Les résultats seraient peutêtre plus rapides, mais les solutions soutenues et acceptées par une large majorité sont meilleures et surtout plus durables.
l’Europe doit s’attendre à une croissance plus lente en raison de l’endettement élevé des Etats, de l’avenir incertain de l’euro, d’un glissement du paysage industriel vers les nouvelles tech nologies ainsi que du vieillissement de la popu lation.
La crise économique l’a aussi démontré. Ni le non catégorique de la droite dure aux me sures de stabilisation de la Confédération, ni les paquets conjoncturels disproportion nés demandés par la gauche ne nous auraient conduits là où nous sommes aujourd’hui, sur la voie de l’amélioration. Tant s’en faut, c’est grâce à la politique du centre et à la bonne collaboration avec les cantons que nous avons pu mettre en œuvre avec célérité et pragmatisme les mesures de stabilisa tion conjoncturelles. Aujourd’hui, nous nous retrouvons – con trairement à de nombreux pays – avec une dette publique qui ne s’élève qu’à 39% de notre PIB et avec un taux de chômage à la baisse. Nous pouvons en être fiers.
Dans ce contexte, la Suisse devra se position ner. Nous réussirons dans cette entreprise si la science et l’économie prennent en compte les signes d’une nouvelle ère technologique et éla borent des solutions en conséquence. Les nou velles technologies propres représentent un po tentiel important pour la place économique suisse et la création d’emplois. Nous avons des spécialistes compétents qui sont en mesure d’accroître l’efficacité des agents énergétiques tout en préservant les ressources naturelles. Nos entreprises peuvent convaincre avec leurs produits. Nous avons le potentiel de recherche nécessaire et un environnement pro pice à la recherche pour développer des solutions à toutes les questions que l’avenir nous réserve. Ceux qui réussissent à uti liser efficacement les ressources naturelles, voire à les rempla cer, seront les gagnants de demain.
Toutefois, il est encore trop tôt pour baisser la garde. Il faut continuer à faire preuve de bon sens, de pondération et de pragmatisme, car la place économique suisse va ressentir en core longtemps les effets de la crise. D’une part, en tant que pays fortement exportateur, nous sommes très dépendants de l’étranger. D’autre part, un déplacement des centres de gravité économiques va s’opérer. Ces prochaines années, la croissance viendra de l’espace asiatique. Les EtatsUnis participeront aus si à la croissance mondiale, car ils ont un grand retard à com bler dans le domaine des technologies propres. Par contre,
Nous pouvons nous positionner avec succès si la politique joue le jeu et crée des incitations favorisant un comportement res ponsable. Pour ce faire, il ne suffit pas d’en appeler à plus d’Etat ou de dire non par principe. Si nous voulons trouver des solu tions durables, il faut avoir la volonté de construire un com promis politique. C’est le propre de la concordance. Les che mins peuvent être plus longs et ils coûtent parfois beaucoup d’énergie. Mais c’est le consensus et pas la confrontation, c’est le pragmatisme et pas le désir de se profiler qui ont fait avancer la Suisse. Je suis convaincue par ce modèle de succès. ■
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Ruth Humbel, Conseillère nationale, et Muriel Haunreiter
la SuiSSe eSt La championne du monde de l’intégration Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Suisse a ac compli un énorme travail en matière d’intégration. Près de deux millions de personnes ont immigré en Suisse ou vivent dans notre pays en tant que descendants d’immigrés. Avec 21,7% d’étrangers (fin 2009), la Suisse enregistre un des pour centages d’étrangers les plus élevés d’Europe. Il apparaît en core plus grand lorsqu’il est comparé aux chiffres relevés dans nos pays voisins: l’Allemagne 8,8%1, la France 5,7%, l’Italie 5,8% et l’Autriche 10,3%. Malgré ce fort pourcentage d’étrangers, la Suisse présente l’un des taux de chômage les plus bas d’Europe. Il se situait à 3,8% à fin mai. Seuls l’Autriche (4,9%)2 et les PaysBas (4,1%) attei gnent un niveau comparable, alors que la situation est plus sombre en Allemagne (7,1%), en France (10,1%) ou en Espagne (19,7%). Bien que, dans notre pays, le taux de chômage des
étrangères et des étrangers soit supérieur à celui des Suissesses et des Suisses, les premiers contribuent de manière substan tielle à la croissance économique et au maintien du niveau de vie en Suisse. Environ une heure de travail sur quatre est effec tuée par une personne qui n’est pas de nationalité suisse. L’éco nomie suisse dépendra, aussi à l’avenir, des travailleurs étran gers peu formés aussi bien que de ceux qui sont hautement qualifiés. La Suisse réalise un exploit dans le domaine de la formation. Contrairement à de nombreux systèmes scolaires qui ne par viennent pas à compenser les différences de performances entre les Suisses et les enfants d’immigrés de première et deu xième génération, la Suisse arrive, à l’instar du Canada, de l’Angleterre et de la Suède, à réduire sensiblement l’écart entre les élèves indigènes et les immigrés de deuxième génération3.
La Su Suis isse se te terr rre e d’a d’acc ccue ueil il et d’ d’in insp spir irat atio ion n
Voltaire (1694–1778) François-Marie Arouet, dit Voltaire, est né en 1694 à Paris. Après avoir suivi des études chez les Jésuites, il devint déiste. Le philosophe et homme de lettre fut plusieurs fois exilé à cause de ses écrits dénonçant l’absolutisme, le fanatisme et les scandales religieux. En 1753, Voltaire s'installe à Genève et loue une maison à Lausanne. En 1758, il s’établit à Ferney, non loin de Genève, ville qui porte aujourd’hui le nom de Ferney-Voltaire.
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Napoléon III (1808–1873) Le président de la Deuxième République puis Empereur des Français passa sa jeunesse en Suisse. Né à Paris en 1808, Napoléon III, fils de Louis Bonaparte (frère de Napoléon Bonaparte) et de Hortense Beauharnais, se réfugie en Suisse avec sa mère à la chute de l’Empire français en 1815. Napoléon III s'intalle au Château d’Arenenberg, proche du Lac de Constance en 1823. Il accomplit sa formation à l’école militaire de Thoune, sous la direction du général Dufour. Il y rédige en 1833 ses Considérations politiques et militaires sur la Suisse.
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Richard Wagner (1813–1883) Né en 1813 à Leipzig, Richard Wagner mène une jeunesse assez mouvementée en participant à plusieurs mouvements contestataires. En plus de son talent de compositeur, il se pose comme l’un des meilleurs chefs d’orchestre de son temps. Ainsi, il écrit son premier opéra, Les Fées, en 1833, et il occupera le poste de Kappellmeister à la cour de Saxe. En 1866, Wagner s’installa à Tribschen, non loin de Lucerne. Il resta six ans sur les bords du Lac des Quatre-Cantons où il composa notamment la musique de l’opéra Les Maîtres-Chanteurs. Der Ring des Nibelungen est inspiré de la mythologie burgonde qui a occupé le haut cours du Rhin.
Friedrich Nietzsche (1844–1900) Le philosophe allemand a vécu en Suisse dès l’âge de 24 ans. Friedrich Nietzsche est né à Rocken, en Prusse, le 15 octobre 1844. En 1849, son père meurt et il est alors élevé par sa mère. Friedrich Nietzsche étudie la philosophie aux universités de Bonn et Leipzig et est reçu professeur à l’université de Bâle à l’âge de 24 ans. Il acquiert alors la nationalité suisse en 1869.
En Suisse, nous ne pouvons pas parler de formation de ghettos au sens propre du terme, bien qu’à ce propos il soit régulièrement fait allusion à Bümpliz BE, Emmen LU et Schlieren ZH. Il n’y a néanmoins pas de comparaison avec les banlieues françaises. Et pourtant la politique des étrangers soulève des problèmes qui préoccupent beaucoup notre population. Un de ces pro blèmes est la criminalité des étrangers. Elle est une des princi pales causes de certaines tensions entre les Suisses et la popu lation résidante étrangère. Il est indéniable qu’il faut agir, en particulier dans l’intérêt de la grande majorité de la popula tion étrangère qui ne cause aucune difficulté. Il y a également des problèmes dans le domaine de l’asile. Il y a toujours un nombre trop important de personnes qui viennent en Suisse pour d’autres motifs que ceux pouvant donner droit à l’asile. La procédure d’asile, en première et seconde instances, dure trop longtemps. Les modalités de renvoi des requérants d’asile déboutés ou des personnes séjournant illégalement dans notre pays présentent des lacunes. Ce qui rend la chose plus difficile encore, c’est le fait que les décisions de renvoi ne sont pas exécutées avec la même rigueur dans tous les cantons.
Albert Einstein (1879–1955) L’auteur de la célèbre formule E=mc² est né en 1879 à Ulm (Allemagne). Il fit ses études primaires et secondaires à Aarau avant d’entrer à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich en 1896. Au terme de ses études, il est engagé à l’Office des brevets à Berne. En juillet 1909, il est distingué docteur honoris causa par l’Université de Genève. En 1914, il déménage à Berlin. Dans les années 20, il subit des attaques visant ses origines juives et ses opinions pacifistes. En 1933, peu après l’arrivée au pouvoir d’Hitler, il s’installe aux Etats-Unis.
Igor Stravinsky (1882–1971) Né en 1882, Igor Stravinsky passa son enfance à Saint-Pétersbourg. Le compositeur russe qui acquit la nationalité française puis américaine décida en 1910 de s’établir dans la région de Montreux afin de bénéficier de l’exceptionnel microclimat qui était bénéfique à la santé de son épouse. C’est sur la Riviera lémanique qu’il trouve l’inspiration nécessaire à son œuvre maîtresse, Le Sacre du Printemps, composée en 1912.
De plus, la question des sanspapiers n’est pas résolue. Quelques 90’000 sanspapiers vivent actuellement en Suisse. Aucune so lution n’est envisagée. En ce qui concerne l’intégration, il reste par conséquent en core bien des choses à faire. L’article sur l’intégration inscrit dans le contreprojet à l’initiative sur le renvoi est susceptible de frayer une voie afin que l’intégration soit davantage prise pour ce qu’elle devrait être: un processus réciproque visant l’égalité des chances. Il importe d’encourager l’intégration par le biais de règles structurelles, de l’acquisition de la langue et de l’information. Conclusion: selon les évaluations internationales, les étrangères et étrangers sont bien intégrés dans le marché du travail et dans le système éducatif. La répartition géographique de la po pulation étrangère reflète également sa bonne intégration en Suisse. Le travail d’intégration accompli par la société et l’éco nomie suisse peut être considéré comme une grande réussite. ■ Chiffres tirés d’Eurostat, 31.12.2007 Chiffres d’Eurostat corrigés des variations saisonnières, fin avril 2010 3 «Terra incognita» 16/2010
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Charlie Chaplin (1889–1977) Charles Spencer Chaplin est né à Londres en 1889 d’un père acteur et d’une mère chanteuse. Le talent d’acteur de Charlie Chaplin et son génie dans le mime comique le rendent rapidement célèbre en Europe et aux Etats-Unis où il s’installa avec sa famille. Mais le succès de Chaplin ne plaisait pas à tout le monde. L’acteur était depuis longtemps dans le collimateur de la justice pour son engagement politique gauchisant. En 1952, Chaplin se rendit à Londres pour promouvoir son film Les feux de la rampe. La commission anti-communiste américaine profita de l’occasion pour interdire à Chaplin de revenir sur sol américain en supprimant son visa. L’acteur eut beau protester, rien n’y fit, et la famille Chaplin se mit à la recherche d’une terre d’asile. Elle choisit de s’établir en Suisse, plus précisément à Corsier au-dessus de Vevey.
Audrey Hepburn (1929–1993) Née en 1929 à Bruxelles, l’actrice anglaise passa sa jeunesse en Hollande, alors sous occupation allemande. A la libération, elle part suivre une école de danse à Londres. En 1951, elle tente sa chance aux Etats-Unis où elle jouera notamment les premiers rôles dans Guerre et Paix en 1956 et My Fair Lady en 1964. Audrey Hepburn vit avec son premier époux au Bürgenstock, près de Lucerne. Après son divorce en 1963, elle s’installe à Tolochenaz, sur les bords du Léman. En 1969, elle se marie à Morges avec un psychiatre italien. En 1989, Audrey Hepburn est nommée ambassadrice de l’UNICEF et tient ce rôle jusqu’à sa mort en 1993.
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Ivo Bischofberger, Conseiller d’Etat
la voie bilatérale – Semée d’embûcheS maiS fructueuSe
Le bilatéralisme se fonde sur l’évolution parallèle et autonome des deux parties contractantes, la Suisse et l’Union européenne (EU), visant à résoudre des problèmes ponctuels d’un commun accord. On ne peut et ne doit pas éluder le fait que la voie bilatérale présente des avantages et des inconvénients. Mais il s’agit d’éviter de l’interpréter comme une «voie à sens unique au niveau du rapprochement non spécifique entre notre pays et l’UE». De plus, la voie empruntée doit être soutenue par le peuple et les cantons, car le bon fonctionnement d’une collectivité pu blique suppose, comme chacun sait, que les citoyennes et ci toyens s’identifient dans une large mesure aux institutions communes.
précieuse pour notre pays En 2000, le peuple suisse s’est prononcé à une grande majorité en faveur de la voie bilatérale. Les relations avec l’UE ont ainsi été établies sur une base solide. Entretemps les électeurs ont confirmé cette décision dans le cadre de plusieurs votations. La voie bilatérale empruntée offre indubitablement à notre éco nomie une base stable et fiable pour les rapports que nous en tretenons avec nos partenaires commerciaux. Les expériences faites depuis l’entrée en vigueur des premiers accords bilaté raux et documentées par toutes les parties dans de nombreuses enquêtes le confirment. Des scénarios différents, tels que l’isole ment, l’adhésion à l’UE, la voie bilatérale avec un accordcadre, l’union douanière ou autres sont régulièrement discutés et pré sentés comme des options à la poursuite de la voie bilatérale. Celleci a prévalu et elle prévaut toujours quand le débat porte sur la souveraineté politique, sur la compétitivité et l’indépen dance fiscale, sur la politique monétaire, sur le marché du tra vail ainsi que sur le commerce extérieur. 8
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participation aux décisions Notre pays vit – que nous en soyons conscients ou non – pour une partie essentielle de sa posture internationale. Récemment, cette évidence nous a été imposée de manière positive mais aussi négative. Il s’est avéré que des bases contractuelles solides et des alliances fiables étaient indispensables à une participa tion active aux décisions prises au niveau mondial. Lorsqu’une politique de pouvoir, reposant sur le fait de donner et de prendre, est menée à l’échelle internationale, des conditionscadres juri diques sont éminemment importants pour nos entreprises axées sur la compétitivité. Et c’est précisément à ce niveau que notre pays dispose d’un potentiel diversifié, qu’il s’agit d’exploiter dans le cadre de futures négociations bilatérales. Dans un pays pauvre en matières premières comme la Suisse, ce sont avant tout ses citoyens qui déterminent son succès sur le marché. Ce sont eux qui garantissent la qualité, parce que les ressources éducatives et économiques ainsi que les infrastructures satis font à des standards de qualité élevés. Ce que nous avons réussi dans le cadre des quelque vingt accords de libreéchange conclus entretemps avec des pays importants – des pays d’Asie en par ticulier – devra être interprété comme un signe optimiste pour l’avenir, lorsqu’il s’agira de poursuivre avec succès la voie se mée d’embûches des négociations bilatérales tout en gardant le sens de la mesure. ■
reNDeZ-VOus Barbara Schmid-Federer, Conseillère nationale
L’epF De ZurIch
un haut lieu de l’éducation en suisse.
La ville de Zurich est riche d’une des principales «matières premières» de notre pays: l’éducation. L’EPF de Zurich (EPFZ), dont la valeur en la matière peut sans doute être comparée à celle d’un diamant, en est l’exemple le plus éloquent. En 1854, le jeune Etat fédéral suisse décida d’élaborer une loicadre pour l’Ecole polytechnique fédérale, ce qui conduisit à l’ouverture des portes de l’EPFZ en 1855 sous le nom de «Polytechnicum fédéral». Dès lors elle prit place aux côtés de l’Université de Zurich préexistante. L’EPFZ est aujourd’hui un bateau phare des Hautes écoles suisses et compte parmi les cinq meilleures universités européennes. Les 16 départements ras semblent environ 15’000 étudiants en provenance de 80 pays. Quelque 400 professeurs se vouent à l’en seignement et à la recherche dans tous les domaines importants. L’EPFZ s’intègre parfaitement dans le paysage éducatif suisse qui se distingue non seule
ment par l’existence d’universités de pointe telles que les EPF, mais aussi par l’offre d’une formation profes sionnelle initiale de qualité ainsi que par la présence d’écoles supérieures et de hautes écoles spécialisées. L’une des principales missions de l’EPFZ réside dans le transfert de son savoir vers l’économie et la so ciété. De fait, elle accomplit cette tâche avec succès: depuis 1996 plus de 200 sociétés sont issues de la haute école par le biais de l’essaimage (spin off). En qualité de haute école fédérale, l’EPFZ marque depuis 150 ans la vie de Zurich. La ville de Zurich profite de la haute école comme, à son tour, cette dernière en tire parti. Celles et ceux qui étudient ici ont accès à l’offre culturelle et sociale extrêmement diversifiée dans un environnement merveilleux. Là où Albert Einstein a bâti ses connaissances, les Ein stein de demain font leurs études. Ou, compte tenu des 155 ans de succès de l’EPFZ, on pourrait aussi dire que: les diamants sont éternels. ■
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Charles Juillard, Ministre des Finances, de la Police et de la Justice et Président du Gouvernement jurassien
La SuiSSe réuSSit, oSonS le dire Osons le dire. Sortons pour une fois de notre réserve naturelle pour décrire la situation enviée de la Suisse. L’attractivité éco nomique de notre pays et sa capacité à réagir aux secousses conjoncturelles, comme ce fut le cas dès fin 2008, provient pour une bonne part du développement d’une économie inno vante, souple et créatrice de forte valeur ajoutée dans un envi ronnement stable et offrant des infrastructures et un encadre ment adaptés. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si la Suisse a ravi en 2009 la première place aux EtatsUnis dans le classement sur la compétitivité mondiale établi par le World Economic Forum. Cette place d’honneur a pu être atteinte grâce à notre capacité d’innovation, stimulée sans cesse par les efforts consi dérables fournis en matière de recherche et développement dans les instituts scientifiques suisses de renommée mondiale, et par une culture de développement d’affaires très conscien cieuse, persévérante et professionnelle. Le revenu brut par habitant place la Suisse au 4e rang! D’ailleurs, il faut relever l’engagement décisif de la Cheffe du département fédéral de l’économie, Doris Leuthard.
Photo: Sandra Hüsser
un environnement privilégié Il est clair que l’environnement dans lequel évolue ce processus de développement joue un rôle fondamental. L’inflation est maîtrisée, la maind’œuvre a les qualifications requises et le franc suisse est considéré comme une monnaie de référence. De plus, la Suisse dispose d’une stabilité politique enviée, de systèmes de formation et de santé efficaces et d’un taux de charge fiscale inférieur à la moyenne des états membres de l’OCDE. En Europe, la Suisse est d’ailleurs le pays qui présente le taux le plus bas. Les autorités politiques à tous niveaux ont aussi joué leur rôle pour créer cet environnement privilégié. Le taux de chômage n’atteint pas la moitié de celui de la zone euro
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et des EtatsUnis. Sur la dernière décennie, les résultats cumu lés publiés par les collectivités publiques sont positifs (près de 24 milliards). La dette publique, quant à elle, est toujours restée inférieure aux 60% du PIB, tel que défini dans les critères de Maastricht. Le taux d’endettement est d’ailleurs redescendu à 41,3% à fin 2008. Cette situation financière saine a alors donné aux autorités de ce pays les moyens d’agir pour faire face au brusque retournement conjoncturel à fin 2008 sans mettre en danger la santé financière des collectivités, le potentiel de re prise conjoncturelle et la capacité d’agir à nouveau à court terme en cas de nouveau coup dur. La maîtrise de cette situation fi nancière a été grandement facilitée par la mise en œuvre d’ou tils de gestion, tels les mécanismes de frein à l’endettement introduits à la Confédération et dans la plupart des cantons.
optimiser l’efficacité et l’efficience Ce n’est pas seulement cela qui force l’envie des pays voisins. C’est aussi le fonctionnement du système politique suisse, à 3 niveaux institutionnels, qui force l’admiration. Ces autorités ont la capacité de se doter de règles et de moyens d’actions pour atteindre cette stabilité et cet équilibre confédéral. La RPT (sys tème péréquatif) en est un bon exemple. Elle a permis de se positionner à nouveau sur la pertinence de la répartition des tâches afin d’optimiser l’efficacité et l’efficience. De plus, elle vise à donner une chance aux cantons les plus faibles financière ment pour accentuer leur développement et réduire leur dépen dance financière. Sans vouloir remettre en cause le système introduit en 2008 seu lement, il faut pourtant admettre qu’il n’atteint pas encore tota lement ses objectifs. Ce qui est par contre positif, c’est que des réflexions et des débats pourront s’engager pour corriger le tir. Là encore, la capacité de réaction et de correction des cantons doit être mise en évidence. Ils s’engagent dans des processus d’adaptation qui peuvent être rapidement et efficacement mis en œuvre. A titre d’exemple, le Canton du Jura a accepté derniè rement un mécanisme de frein à l'endettement et une loi sur les subventions. Il a en plus mis en route une direction par objectifs et une réforme en profondeur de ses relations partenariales pour limiter ses risques financiers. Enfin, il a mis en œuvre des me sures de corrections qui ont permis de gommer la première an née déjà la moitié de son déficit de nature structurelle. Osons le dire. La Suisse au sens large n’a pas seulement de la réussite. Elle réussit financièrement car elle agit. ■
Philippe Receveur, Ministre de la Santé, des Affaires sociales et des Ressources humaines
le Jura Se poSitionne favorablement Sur la carte Sanitaire Les réformes de l’assurance maladie et l’évolution des coûts de la santé posent aux cantons des défis auxquels il faut répondre avec détermination. De nombreux autres domaines d’activités de l’Etat sont concernés. concertation étroite Dans le cadre de la révision de son plan hospitalier, le Canton du Jura a opté pour une spécialisation des trois sites de l’Hôpital du Jura selon l’adage qui veut que l’on ne fait bien que ce que l’on fait sou vent. Celleci, couplée à un renforcement et une certification du service des urgences apporte plus de qualité et de sécurité à la population jurassienne. Une telle organisation n’a été possible que grâce à une concertation étroite avec tous les acteurs. Le renforcement de l’information représente la condi tion d’une réussite durable de la réforme. Et celleci permet au Jura de geler son financement hospita lier depuis plusieurs années et de fonctionner avec un des points TARMED les plus bas de Suisse.
Photo: Sandra Hüsser
Opposé au «tout à l’hôpital», l’Etat jurassien entre prend en parallèle un rapprochement avec les mé decins installés en cabinets, en subventionnant la formation de généralistes pour améliorer une dé mographie déclinante et en associant médecins et hôpital dans les domaines des gardes et des urgences.
partenariats renforcés En renforçant ses partenariats pour toutes les disci plines hautement spécialisées, le Jura se donne les moyens de maintenir des compétences de proximité aptes à répondre à plus de 85% des besoins. Les con ventions avec les établissements du Jura bernois et du Canton de Neuchâtel sont renforcées d’un nou veau dispositif avec le Centre universitaire de car diologie du Nordouest de la Suisse à Bâle. Grâce à une stratégie de coopération à 360 º, la République et Canton du Jura a signé un accord avec le futur Hôpital Médian en France voisine. Cet établissement de plus de 700 lits sera l’un des cent plateaux tech niques reconnus par l’hexagone et l’un des plus im portants SAMU de France. Urgences vitales, forma tion à la médecine de catastrophe ou encore prise en charge du syndrome coronarien aigu et des cas d’oncologie sont à l’ordre du jour d’une coopération où le Jura prend l’initiative. acteur agissant et responsable Un futur centre de compétence en rééducation per mettra au Jura d’offrir des prestations de qualité loin à la ronde. Des discussions ont lieu avec le Rehab à Bâle. Le dernierné des cantons suisses se positionne ainsi avantageusement sur la carte sanitaire du pays où il entend bien rester un acteur agissant et respon sable. La récente adoption, à l’unanimité, par le Parlement jurassien de la loi sur la gérontologie per mettra d’adopter une planification médicosociale qui diversifie l’offre aux personnes âgées. Les deux gros projets de 62 millions de francs présentés au pu blic il y a peu par des investisseurs publics et privés attestent que le Gouvernement est sur le point de réussir son pari. Dans des domaines plus ciblés, le récent débat au Parlement jurassien sur la moderni sation du statut du personnel de l’Etat ou encore l’avancée en matière de crèches et la création de cen tres de compétences informatiques en partenariat publicprivé montrent un Jura décomplexé qui n’a pas peur d’entreprendre les réformes nécessaires pour assurer son rayonnement futur. ■ La PoLitique 7 Août/Septembre 2010
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Urs Hany, Conseiller national
pourquoi y a-t-il beSoin de pme et donc auSSi du pdc?
Plus de nonante pour cent des sociétés suisses sont des petites et moyennes entreprises qui créent plus de 75% des postes de travail en Suisse. Nous connaissons ces chiffres que l’on peut considérer comme des facteurs rigides justifiant la raison d’être des PME. Mais ces entreprises se distinguent également par des facteurs souples, tels que: – la réflexion comme compétence essentielle – la confiance entre les acteurs économiques – un esprit et une manière d’agir conviviale, une prise de conscience du bien le plus précieux des PME: le personnel!
La gestion de crises Au début de la crise économique, la classe politique a reconnu qu’il fallait redéfinir en particulier les conditions générales pour les PME. La prolongation de la durée d’indemnité en cas de réduction de l’horaire de travail de 18 à 24 mois a apporté un soutien important à la prise de responsabilité des patrons. Même si, au début de la crise, nombre de politiciens spécialisés en économie considéraient ces mesures comme trop coûteuses et inutiles, les patrons profitaient et profitent encore de cette prolongation de la durée d’indemnisation pour conserver leurs postes de travail, tout en sachant que non seulement cette me sure coûte cher à l’assurance chômage mais que la PME parti cipe également à ces coûts à raison de 30%.
un taux de chômage sensiblement inférieur à la moyenne européenne Les fournisseurs des grandes entreprises actives à l’échelle in ternationale ont été particulièrement frappés par la crise. Ils ont dû accepter – sans en être responsables – une baisse de la demande s’élevant parfois à un pourcentage à deux chiffres. En Suisse, le taux de chômage est néanmoins resté sensible ment inférieur à la moyenne européenne. Les entrepreneurs sont conscients de leur responsabilité et gèrent la crise de ma nière magistrale. Ils sont nombreux à travailler dans un cadre restreint et modeste et à se centrer sur le marché interne. Cette 12
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focalisation sur le marché interne donne lieu à la création d’un réseau de PME qui les protège quelque peu des évolutions in ternationales négatives.
Les vertus des pme Le développement sur des décennies d’un réseau économique dense et peu spectaculaire a été et reste possible, parce que les artisans suisses font ce qu’ils savent bien faire que ce soit dans nos communes, dans les régions urbaines ou dans les vallées de montagnes reculées. Grâce à leurs vertus, telles que la conscience de leurs responsa bilités et de leur valeur, la réflexion et l’efficacité, les PME ap portent un contrepoids positif aux actes irresponsables des brasseurs d’argent et des jongleurs de la finance.
La responsabilité de la politique Depuis des années, le PDC a pris conscience de sa responsabi lité à l’égard des PME. La compétence sociale est non seule ment indispensable pour les artisans mais également pour les acteurs politiques. La stabilité de nos institutions sociales pro fite aussi bien à chaque individu de notre pays qu’aux artisans dans l’exercice de leur responsabilité à l’égard de leurs collabo rateurs. Les PME renforcent notre économie. Le PDC doit continuer de soutenir activement nos artisans dans tous les domaines politiques et il va le faire. ■
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Luc Barthassat, Conseiller national
Genève, ville d’accueil, de relationS et de dialogue «Halte à la racaille française», «Priorité du travail aux Genevois». Tels étaient les slogans que l’on pouvait lire sur les murs de Genève durant la campagne électorale au Grand Conseil 2010.
En général, la cité de Calvin s’est surtout illustrée ces derniers temps par les discours populistes et xénophobes de certains de ses leaders politiques. A mille lieues de ces basses considérations politicien nes se développe la fameuse Genève internationale source de prospérité pour tout un canton.
A ces organisations internationales, il faut ajouter les organisations non gouvernementales (ONG) qui sont plus de 250 à avoir leur siège à Genève. La Genève internationale c’est aussi un formidable réseau de relations que la Suisse peut utiliser pour défendre ses intérêts. Comme le rappelle le DFAE
Photo: Stefan Bohrer
La «Genève internationale» désigne avant tout la qualité de ville hôte d’organisations internationales
de Genève. Sur les 26 organisations internationales installées en Suisse avec accord de siège, 23 le sont à Genève comme l’Office des Nations Unies à Ge nève (ONUG), l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN), l’Organisation mon diale du commerce (OMC), etc. Cette activité d’ac cueil d’organisations internationales ne date pas d’hier. Après la fin de la Première Guerre mondiale, des organisations très importantes étaient déjà im plantées au bout du lac (Société des Nations et Bu reau international du travail – BIT, 1919),
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carTe bLaNche
La Suisse qui gagne? Mais quelle est cette Suisse qui gagne? Celle qui a été témoin de l’élection de Joseph Deiss à la Présidence de l’assemblée générale de l’ONU? Celle de ce fameux un à zéro de notre équipe de football contre l’Espagne? Celle de «notre Doris», qui fait honneur au pays par une pré sidence enthousiasmante? Celle où il fait si bon vivre, selon l’enquête internationale 2010 de Mercer? «Ah non! C’est un peu court!» Notre Suisse c’est aussi celle d’un pays en redémarrage économique, affichant un taux de chômage envié par nos voisins, au secteur bancaire et financier résistant à la tempête globale. Une nation d’en trepreneurs et d’innovateurs, à l’exemple du dynamisme lémanique concentré autour de l’EPFL. Mais alors, d’où nous vient ce sentiment que malgré tout «il y a quelque chose de pourri dans le Royaume de Suisse»? Viendraitil des génuflexions répétées de nos sept sages devant tout adversaire contrarié, Libye, USA, UE, OCDE…? D’une succession de crises où nous fai sons la douloureuse expérience de nos insuffisances
«Genève est en effet avec New York, siège de l’Orga nisation des Nations Unies (ONU), un des centres de coopération internationale les plus importants du monde. Genève étant le plus grand en nombre de réunions. L’Office des Nations Unies à Genève (ONUG) est le centre de diplomatie multilatérale le plus actif du monde et il a été le théâtre de bien des négociations historiques.» Au moment où notre pays subit des attaques répétées, l’atout de pouvoir né gocier directement en Suisse avec nos partenaires étrangers n’est pas négligeable. La Genève internationale c’est enfin l’Esprit de Ge nève, une manière bien spécifique d’aborder les re lations entre Etats basée sur les valeurs suisses de dialogue, de respect de l’autre et de sérieux. N’ou blions pas la fameuse initiative de Genève qui a re présenté un des rares espoirs de résolution du conflit israélopalestinien et qui a été soutenue par des per sonnalités des deux camps. Souvenonsnous aussi
institutionnelles et de celles de notre «personnel poli tique»? La Suisse seraitelle une Ferrari conduite par des élèves d’autoécole? Il y a de ça dans la perception de bon nombre de ci toyens, qui assistent impuissants à l’érosion de l’image du «bon Suisse», pointu, avantgardiste, travailleur, ami de chacun et qui sent que nous entamons notre capital, y compris de sympathie. Et pourtant: notre pays a tou jours trouvé en lui la force de se réinventer, à contre courant de l’histoire ou sous sa pression. Ce moment est à nouveau venu. Notre vieille flotte aérienne, incarnée par ce pouvoir faible souhaité par les pères fondateurs de 1848, maîtres des équilibres intérieurs, ne résistera pas aux tempêtes du village global, avec ses défis politiques, économiques ou sociétaux. A nous de lui substituer de nouveaux appareils et de reformer nos pilotes: nous ga rantirons une Suisse gagnante et prête à décoller pour le XXIe siècle. –Raymond Loretan
des grandes avancées de l’humanité qui ont été né gociées dans cet esprit à Genève: les conventions de Genève de 1949 développant le droit international humanitaire, la convention de 1951 sur le statut des refugiés. En somme, la Genève internationale est le symbole de la prospérité du canton de Genève, prospérité qui s’est fondée sur des valeurs bien suisses d’accueil, de dialogue et d’esprit de consensus, de respect et de sérieux. Cette prospérité n’est néanmoins pas éter nelle et est constamment menacée par le populisme et la démagogie qui poussent des partis à refuser de donner à ces organisations les moyens de se déve lopper, comme le montrent les difficultés posées par la Ville de Genève à l’OMC pour agrandir son siège. Le PDC genevois est fier d’être une des rares forces politiques à refuser cette attitude arrogante et irres ponsable. ■
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Priska Spoerri, Resp. de la communication de la Chaîne du Bonheur
la SuiSSe humanitaire – n’eSt paS en perte de viteSSe
13 janvier 2010: tremblement de terre catastrophique sur Haïti. Les photos qui nous parviennent les jours suivants ne sauraient être plus dramatiques. Le nombre de victimes augmente chaque jour par milliers. Deux millions de personnes se retrouvent subitement sans abri. une population solidaire Quelques heures seulement après en avoir été informée, la Suisse, connue pour sa générosité, verse des dons sur un compte aussitôt ouvert à cet effet par la Chaîne du bonheur. Le don d’argent sert à de nombreuses personnes d’exutoire pour éva cuer les innombrables images terrifiantes qui les submergent. Jusqu’ici la Chaîne du bonheur a réuni environ 65 millions francs pour les victimes d’Haïti. Comme lors de la récolte de fonds en faveur des victimes du Tsunami de 2004, la Suisse se place une nouvelle fois au premier rang en ce qui concerne les dons individuels. Il n’est plus possible de se passer de cette im portante marque de solidarité fournie par cette «petite» nation qu’est la Suisse. Notre pays a une longue tradition humanitaire dont elle peut être fière.
Les Suisses qui font des dons se montrent très généreux. Il ressort d’une analyse internationale réalisée par l’ICFO (International Committee on Fundraising Organization) qu’ils versent en moyenne 240 euros. Ce montant est nettement supérieur à celui enregistré dans les autres pays où cette enquête a été menée (Autriche, France, Allemagne, Norvège, Pays-Bas, Suède, Grande-Bretagne, EtatsUnis et Canada). Une vue d’ensemble des dons récoltés suite au tremblement de Haïti confirme cette générosité: la Suisse occupe la première place avec un don privé de 7,10 euros par habitant, un rang que notre pays occupait aussi lors du tsunami de 2005 avec 23 euros. (se)
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L’aide humanitaire, un produit d’exportation La population suisse fait non seulement don d’argent mais elle héberge également un nombre important d’organisations hu manitaires, susceptibles de sauver des vies ainsi que d’apaiser des souffrances occasionnées par des conflits armés, par des troubles internes ou par des catastrophes naturelles. Ces orga nismes de bienfaisance agissent de façon très flexible en Suisse et à l’étranger, individuellement ou dans le cadre d’opérations internationales. Compte tenu de son expérience et de son en gagement international exceptionnel, la Suisse jouit d’une grande estime en matière d’aide d’urgence et d’aide à la survie des po pulations civiles. La Croix Rouge, fondée il y a près de 150 ans en Suisse, ne s’est pas limitée à répandre son idéologie humani taire dans le monde entier mais elle l’a institutionnalisée dans tous les pays en créant des organisations nationales. Outre les montres et le bon chocolat, l’aide humanitaire semble être un «produit d’exportation» typiquement suisse. La Chaîne du bon heur, véritable centre de collecte de fonds humanitaires béné ficiant du soutien des médias, est unique au monde: les dons ainsi réunis permettent ensuite à ses 30 organismes partenaires suisses de réaliser des projets spécifiques. malgré la crise économique Pour différentes raisons, il a été possible de développer encore l’aide humanitaire: le niveau de vie de plus en plus élevé en Suisse, la sensibilité pour les droits humains, les nouvelles tech nologies qui permettent de joindre rapidement et de manière efficace les victimes de catastrophes dans le monde entier ainsi que la diversité des moyens de communication capables de transmettre des informations même depuis les endroits les plus reculés. Même une crise économique ne saurait mettre un
IL Y a 20 aNs… C’est le 2 août 1990 à 2 heures du matin que débute la première guerre du Golfe lorsque les blindés de Saddam Hussein envahissent le Koweït. Les soldats koweïtiens sont en déroute, l'émir et une partie de sa famille échappent de justesse aux commandos irakiens et l’émirat est occupé. Les relations entre l’Irak et le Koweït étaient tendues depuis 1922, époque à laquelle les puissances coloniales avaient tracé une frontière arbitraire entre les deux pays ne laissant qu’une ouverture maritime d’une cinquantaine de kilomètres à l’Irak. Mais la principale cause de cette invasion est la situation financière catastrophique du pays affaibli après la longue guerre entre l’Iran et Irak (1980–1988). La forte production de pétrole koweïtien entraîne une baisse du prix, ce qui déplaît fortement à l'Irak qui ne sait plus comment résorber ses dettes. Par ailleurs, Saddam Hussein accuse le Koweït de ne pas respecter ses quotas et de faire chuter le prix de l’or noir. Après de nombreuses tentatives visant à mettre fin à ce conflit de manière pacifique, l’ONU autorise le recours à tous les moyens nécessaires pour rétablir la souveraineté koweïtienne. Une force multinationale à prépondérance américaine est déployée dans le Golfe et en Arabie saoudite; elle intervient contre l’Irak dès janvier 1991. Le Koweït est libéré le 28 février 1991. (ym)
frein à cette aide. Au contraire: en temps difficiles la solidarité augmente encore. En 2008, les particuliers ont versé des dons pour environ 20 millions de francs de plus que l’année précé dente. Il semble être plus facile d’éprouver de la compassion pour les personnes en détresse lorsqu’on va soimême un peu moins bien.
compassion et générosité Le jour de la récolte de fonds par la Chaîne du bonheur, une femme fait un don de 500 francs par téléphone et désire en
expliquer la raison: «Je viens de voir au Téléjournal une mère errer à travers les ruines en portant son enfant mort dans ses bras. Je n’ai pu retenir mes larmes: je sais ce que cela signifie de perdre son enfant! Il y a deux semaines j’ai enterré mon fils qui s’est tué dans un accident. C’est la chose la plus grave qui puisse arriver à une mère!» A travers cette histoire la Suisse se montre sous son plus noble visage: la manifestation d’une profonde empathie pour les personnes en détresse et la générosité à l’égard des personnes défavorisées. La tradition humanitaire est fermement ancrée dans la population suisse. ■ La PoLitique 7 Août/Septembre 2010
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Markus Somm, Ecrivain et journaliste
Photo: © Zentrale für Verkehrsförderung
une génération prodigieuSe
mobilisation.
Après avoir dû faire piquer Nobs, son cheval préféré, en 1957, le général Guisan reçut des cartes de condoléances et des cadeaux de consolation venant de toute la Suisse. Lorsqu’il mourut lui-même en 1960, il eut droit à des obsèques nationales. Quelque 300’000 personnes lui firent leurs adieux à Lausanne, l’affût contenant le cercueil fut transporté par six chevaux noirs et la radio transmit en direct les discours funéraires prononcés dans la cathédrale: les gens l’avaient aimé –, cet officier distingué mais très humain du pays de Vaud. Le commandant en chef de l’armée suisse durant la Seconde Guerre mondiale méritait sa gloire. A une époque où bon nombre de Suisses – notamment des personnalités intelligentes et in fluentes – croyaient que notre pays serait obligé de s’arranger, durant le sombre été 1940, avec le Troisième Reich d’Hitler parce qu’il n’y avait plus d’autre issue. Peu après la chute de la France, le général Guisan se fit remarquer en parlant inlassable ment de résistance. Sans abdiquer et sans se laisser abattre, il exprima de manière obstinée ce qui tenait à cœur de la majo rité de la population: rester indépendant et libre quel que fût le prix à payer. Sans s’en rendre compte, le général devint l’incar nation de ce désir profond. Rien n’avait plus d’importance à l’époque face aux crimes in concevables des nazis et à l’immense douleur qu’ils répan dirent sur les pays conquis. La Suisse eut, certes, la chance d’être épargnée par la guerre. Si les Alliés y étaient pour quelque chose, elle y contribua également activement. En repliant une majorité de l’armée dans le Réduit alpin, le général Guisan éta blit une position de défense crédible qui impressionna les Alle 18
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mands aussi bien que les Alliés – si l’on en croit de nombreuses sources. La Suisse n’attendait pas les Allemands de manière résignée et sans agir – elle était prête à se défendre. Le général Guisan fut l’astre de cette génération de Suissesses et de Suisses remarquables qui, dans des conditions très diffi ciles, mirent tout en œuvre pour assurer la survie et la liberté de ce pays et de ses habitants. Durant des semaines et des mois, les soldats étaient tapis dans des abris sombres, nettoyaient leurs fusils, s’exerçaient, tiraient, s’ennuyaient et étaient en proie à la peur. Durant des semaines et des mois, les femmes s’occupaient seules des enfants et des parents; elles cultivaient le blé, plan taient des pommes de terre, trayaient leurs vaches, s’occupaient des semailles, vivaient dans la peur et souffraient de la faim. Les générations nées après la guerre ne se sont pas vraiment rendu compte des difficultés rencontrées au cours de ces six années. «Ils furent tout de même épargnés par la guerre», diton en oubliant trop souvent que les gens de cette époque avaient vécu dans le doute jusqu’à la fin de la guerre, le 8 mai 1945. La géné ration qui endura cette période difficile – et pour qui le général
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Guisan fut l’incarnation de cet exploit – fut admirable. On lui fut personnellement reconnaissant, mais on remercia également les personnes qui dans le cadre du service actif ou de la bataille des champs permirent l’accomplissement de ce miracle. Quel fut le secret du général Guisan? Comment étaitce pos sible que cet homme digne, mais aussi vaniteux, qui résidait de préférence dans des châteaux du XVIIIe siècle, qui montait tous les matins à cheval avec son entourage, qui avait l’esprit hiérar chique et tolérait tout juste la démocratie, comment ce cheva lier putil devenir le bienaimé des démocrates? Le général Guisan était suffisamment modeste pour ne pas se vanter de gouverner la Suisse. C’est ainsi qu’il parvint, sans en être conscient, à unifier le pays et à le diriger. Il n’écouta pas les gens parce qu’il y était obligé mais parce que ça l’intéressait. C’était un général accessible qui s’entretenait librement avec chaque soldat et chaque femme au foyer, sans flagornerie. Il sentait d’instinct ce que la population pensait et la prit au sérieux sans le dire par de longues phrases. Il ne parlait pas de politique. Il ne lui serait ja mais venu à l’esprit d’interpréter le combat défensif des Suisses contre les nazis. Le message d’une grande simplicité qu’il pro nonça pour la première fois il y a septante ans sur la prairie du Grütli fut très bien perçu par la majorité de la population: les Suisses doivent rester euxmêmes. En été 1940, le Conseil fédéral n’était plus en mesure de prendre les décisions qui s’imposaient. Devant les plus hauts officiers de l’armée réunis sur la prairie du Grütli, Guisan fut promu pour former un gouvernement de crise, ce qui le mit dans une situation paradoxale: tout en s’abstenant de toute déclaration politique, il devint le général politique. Peu après, il écrivit dans un point à l’ordre du jour du 1er août 1940, transmis comme d’habitude à tous les soldats: «Au seuil d’une année décisive je vous donne cette consigne: pensez en Suisse et agissez en Suisse. Penser en Suisse veut dire: […] demeurer fidèle à ce que nous sommes, à la liberté séculaire de notre Suisse une et diverse. Agir en Suisse veut dire: […] respecter l’homme dans le voisin et l’étranger dans ses conditions, réaliser de plus en plus notre mission de soli darité civile, pratiquer l’entraide sociale, maintenir la qualité traditionnelle de notre travail. Demeurer Suisse c’est aussi le meilleur, le seul moyen de tenir. C’est à ce prix seulement que nous sauverons notre indépendance.» ■
L
e pavillon suisse est l’un des plus attractifs de l’exposition universelle de Shanghai. La Suisse est le premier pays occidental avec le quel la Chine négocie un accord de libreéchange. Elle le doit à l’ouverture de son économie sur le monde ainsi qu’à la politique économique habile menée par Doris Leuthard. Cet événement n’a guère rencontré d’écho dans les médias suisses. L’intérêt qu’ils portent toujours à la Chine est avant tout lié au Dalaïlama.
L’Expo de Shanghai est l’expression de l’extrême conscience que l’Empire du Milieu a de sa propre valeur. Un commerçant chinois me disait: «nous avons été une puissance mondiale pendant 3’000 ans, l’Europe et les EtatsUnis durant 500 ans. Cet épisode de l’histoire est révolu. Les 3’000 années à venir nous appartiennent de nouveau.» Il faut avouer que ce n’est pas plaisant à entendre, surtout lorsque les Chinois visent un niveau de vie occidental pour le plus grand nombre d’entre eux. C’est ce qu’ils réalisent effectivement. Le pavillon suisse est le magnifique symbole d’une future politique étrangère suisse: être compétitif à l’échelle internationale, entretenir ses forces en matière d’éducation, de recherche, de technologie, d’innovation et d’ordre économique libéral, rester indépendant et modeste. La Chine ne choisit pas non plus ses partenaires au hasard. Elle entame des négociations avec les nations qui lui inspirent con fiance. C’est pourquoi l’UE entre moins en ligne de compte que la Suisse. Seuls les diplomates souffrent quelque peu du bila téralisme de la Suisse. Une situation supportable pour les autres. –Gerhard Pfister
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Rudolf Hofer, Bümpliz
la criSe: victoire d’étape pour doriS Leuthard La grippe porcine et la crise économique présentent de nombreux points communs: elles ont suscité des craintes; des mesures défensives ont été prises, elles étaient moins graves qu’on ne le craignait. La différence réside dans le fait que pour la grippe porcine la menace a été exagérée alors que pour la crise économique les mesures de défense ont bien fonctionné. Une crise sert de test aussi bien pour la politique économique à long terme que pour la politique conjoncturelle. D’une part, les faiblesses structu relles sont impitoyablement mises au grand jour et, de l’autre, on peut voir si le pilotage conjoncturel est juste. C’est notamment au niveau du pilotage struc turel que la Conseillère fédérale Doris Leuthard a dû essuyer d’entrée de jeu les critiques émanant surtout des rangs du PS et des Verts (voir Reproches et faits).
Si l’on se base sur les débats au Parlement, il est sou vent difficile de savoir qui a raison. Mais en ce qui concerne la politique conjoncturelle, nous disposons de statistiques internationales fiables. On peut me surer le succès de la politique conjoncturelle suisse en comparant les résultats obtenus par notre pays à ceux de l’OCDE et de la zone euro. Les résultats en termes de croissance sont très clairs: la Suisse est audessus de la moyenne.
croissance du piB Pays 2008 Suisse 1,8 Total OCDE 0,5 Zone euro 0.5
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2010 1,8 2,7 1,2
Il en est de même pour le chômage:
taux de chômage Pays 2008 Suisse 3,5 Total OCDE 6,0 Zone euro 7,5
la criSe, une chance? «Percevoir la crise comme une chance», c’est un slogan, une figure de rhétorique. Ceux qui affirment que «la crise est une chance» pensent que la politique conjonc turelle doit servir à développer des struc tures tournées vers l’avenir. Ils argumen tent dans une perspective à long terme. Il peut certes être judicieux de développer de telles structures. Lorsque le PS et les Verts qualifient la crise de chance, ils parlent de dépenses dans le domaine de l’environne
2009 –1,5 –3,3 –4,1
ment et de l’énergie. De telles dépenses peuvent s’avérer positives – ce qu’il fau drait clarifier au cas par cas – mais sont elles également judicieuses en termes de politique conjoncturelle? En période de crise, l’Etat doit remplacer la diminution de la demande privée par des dépenses additionnelles et créer ainsi des revenus supplémentaires pour les privés, ce qui entraîne à nouveau une augmenta
2009 4,4 8,1 9,4
2010 4,6 8,5 10,1
tion de la demande. Ce n’est pas une ques tion de politique conjoncturelle de savoir si ces dépenses sont judicieuses ou non. J. M. Keynes, le fondateur de la politique conjoncturelle moderne, disait que si on n’avait pas de meilleure idée, on pouvait aussi construire des pyramides. Mais il est important que les programmes conjonc turels déploient leurs effets au moment où le manque de demande – par exemple à l’exportation – doit être compensé. S’ils interviennent trop tard, ils n’atténuent pas la crise mais entraînent l’inflation au mo ment de la reprise. Les mesures conjonctu
reprocheS et faitS Lors des débats sur la conjoncture, les critiques envers les mesures de stabilisation n’ont pas manqué. Aujourd’hui, nous pouvons mettre en relation les critiques avec les faits. On pourrait toutefois se demander si le bon résultat de la Suisse est dû au fait qu’elle avait déjà moins de chômage durant la haute conjoncture. Ce serait alors un bon point pour la politique économique à long terme qui met l’accent sur les structures. En re vanche, si on compare le taux chômage avec celui enregistré l’année précédant la crise, on peut éva luer avec une plus grande précision la politique con joncturelle au sens étroit du terme:
Le pouvoir d’achat s’effondre La chute du pouvoir d’achat était un thème cher au PS. Ainsi, la Con seillère nationale Susanne LeuteneggerOberholzer (PS, BL) annonçait le 15 septembre 2009: «Alors que la demande sur le marché intérieur étaient relativement stable depuis longtemps, la consommation privée risque aussi de s’effondrer maintenant avec l’augmentation du chômage. C’est clair, la hausse du chômage va affaiblir la consommation privée…» Et la Conseillère nationale Hildegard Fässler ajoutait encore le 24 sep tembre 2009: «…le pouvoir d’achat des gens diminue aussi chaque jour».
taux de chômage par rapport à 2007 Pays 2008 2009 2010 Suisse –0,1 +0,8 +1,0 Total OCDE +0,4 +2.5 +2.9 Zone euro +0,1 +2.0 +2.7
L’OCDE indique que la consommation privée a progressé de 1,2 pour cent en Suisse durant l’année 2009. Pour 2010, elle table sur une crois sance de 1,7 pour cent.
Malgré toutes les prédictions alarmistes, là aussi la Suisse réussit mieux que l’ensemble des pays de l’OCDE et de la zone euro.
relles doivent être applicables rapidement et elles doivent pouvoir être stoppées très vite lorsqu’elles ne sont plus nécessaires. L’idéal, c’est de réaliser plus rapidement que prévus des projets qui sont déjà prêts. Un programme conjoncturel avec un titre sonnant bien comme «transforma tion écologique» serait une bonne propa gande pour la cheffe du Département de l’économie. Mais ce serait une mauvaise politique conjoncturelle car le temps né cessaire à la préparation d’un tel projet serait trop long. Ce serait aussi une mau
ailleurs, tout est meilleur Le 14 septembre 2009, le Conseiller national JeanClaude Rennwald (PS, JU) expliquait en quoi consiste une bonne politique conjonctu relle: «Dans quelques pays comme les EtatsUnis, la France ou l’Alle magne, on observe quelques signes de reprise, ce qui n’est pas le cas en Suisse. La différence tient au fait que, dans ces pays, les différents plans de relance nettement plus ambitieux commencent à porter leurs fruits.» Si tel est le cas, la croissance économique de ces pays devrait être supé rieure à la nôtre. Comment le produit intérieur brut de ces pays atil évolué au cours de l’année 2009? Réponse chiffrée: Etats-Unis –2,4 / Allemagne –4,9 / France –2,5 / Suisse 1,5
vaise politique environnementale car il devrait être interrompu trop tôt. On peut voir les choses de différentes manières comme le démontre l’échange de vue très vif entre la Cheffe du Groupe socialiste, Ursula Wyss, et la Conseillère fédérale Doris Leuthard, le 9 mars 2009: Ursula Wyss: «Au lieu de mener une «politique du sparadrap» sans concept, le Conseil fédéral devrait considérer la crise comme une chance. … Ils (les pro grammes de stabilisation) comportent trop de petits projets isolés tirés au sort
par les autorités et rassemblés sans concept sur la base d’une simple enquête auprès de l’administration fédérale.» Doris Leuthard: «Nous n’avons pas atten du qu’une crise éclate pour la saisir comme une chance, Madame la Conseillère natio nale, cela serait vraiment catastrophique! Avec notre politique énergétique, avec les programmes d’efficacité, nous avons pré senté nos plans d’action en février 2008. C’est une politique constante du Conseil fédéral et ce n’est pas une partie d’un paquet de crise, ce qui serait complètement faux.» La PoLitique 7 Août/Septembre 2010
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un Signe de reconnaiSSance
En tant que président de la Confédération et conquérant de la Pointe Dufour, Joseph Deiss est déjà entré dans nos livres d’histoire comme le «plus haut» Suisse. Et voilà que le 11 juin 2010 l’ancien Conseiller fédéral, politicien PDC et professeur en économie a été élu à la tête des Nations Unies. Joseph Deiss était le candidat officiel du groupe des Etats d’Europe occidentale et autres (GEOA), à qui revient cette an née la présidence de la 65e session de l’Assemblée générale de l’ONU. En décembre 2009 Joseph Deiss s’est imposé au sein du GEOA face à son concurrent, Louis Michel, ancien ministre belge des Affaires étrangères et excommissaire de l’UE. La fonction de président est, outre celle de secrétaire général, formellement la plus haute fonction de l’ONU. Le président dirige les séances de l’Assemblée générale et veille à ce qu’elles se déroulent de manière correcte et efficace. En cas de vues divergentes entre les Etats membres, il s’efforce de trouver un consensus, de faire la médiation entre les différentes parties et 22
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de proposer des solutions. En outre il peut avoir une influence sur l’agenda de l’Assemblée générale. L’élection de Joseph Deiss à la présidence de l’Assemblée géné rale de l’ONU est le signe d’une reconnaissance toute particu lière. D’une part, elle témoigne des importants services rendus par l’ancien Conseiller fédéral, dont l’engagement personnel en faveur de l’adhésion de la Suisse à l’ONU a ouvert notre pays au monde entier. D’autre part, la communauté des Na tions Unies reconnaît l’engagement actif de la Suisse en tant qu’Etat membre. Notre pays est apprécié en qualité de parte naire fiable: en huit ans, il a contribué grandement à l’établis sement des objectifs et des valeurs des Nations Unies.
La Suisse, qui a mené auparavant une politique étrangère carac térisée par un certain immobilisme, s’est transformée en très peu de temps en un fervent défenseur du multilatéralisme. La nomi nation de Joseph Deiss comme président de la 65e session de l’Assemblée générale de l’ONU est l’expression de ce changement.
Photo: Stefan Bohrer
Joseph Deiss entrera en fonction le 14 septembre. Il lui tient à cœur de donner durant sa présidence une nouvelle vie aux principes de base de la Charte des Nations Unies, à savoir la paix, les relations amicales et la coopération. Il a déjà appliqué ces principes en qualité de Conseiller fédéral, en contribuant par son sens de la collégialité et de la concordance ainsi que par ses larges compétences au bon fonctionnement du gouver nement de notre pays. Parmi les sujets prioritaires de sa présidence, Joseph Deiss a cité, outre les réformes courantes au sein de l’ONU, les objec tifs du Millénaire pour le développement, auxquels sera consa crée une réunion plénière de haut niveau qu’il dirigera du 20 au 22 septembre. Par ailleurs, la communauté internationale est appelée à relever le grand défi de consolider les progrès réalisés avant la crise financière et économique et d’en accélé rer la mise en œuvre dans les domaines qui ont subi des revers. Une gouvernance globale plus représentative – au vu des nou veaux acteurs tels que le G20 – ainsi qu’une économie plus verte et plus durable feront partie des autres priorités définies par le nouveau président. ■
Dictionnaire du représentant du peuple Too big to fail, expression anglo-saxonne, signifie littéralement trop grand pour rater et par extension trop grand pour faire faillite. Cette expression est utilisée lorsqu’une entreprise – en général une banque – risque de faire faillite et d’entraîner dans sa chute l’ensemble du système financier voire économique du pays. Il est alors impensable que l’Etat ne lui vienne pas en aide pour éviter un écroulement du système. Exemples: Fortis, UBS. Par ailleurs, une nouvelle expression anglo-saxonne est en train de s’installer dans le langage politico-financier: too big to rescue, soit trop grand pour être sauvé. Affaire à suivre…
–La Rédaction de La Politique
saviez-vous que le drapeau suisse – ne date que de 1889 (message du Conseil fédéral du 12 novembre 1889) – représente traditionnellement la liberté, l’honneur et la fidélité – a une croix blanche équilatérale dont les bras sont 1�6 de fois plus longs que larges – tire son origine d’un étendard similaire du Saint-Empire romain-germanique – est issu des drapeaux de guerre et c’est pour cela qu’il est carré – qui flotte devant le siège de l’ONU à New York est plus petit que les autres drapeaux qui, à l’exception de celui du Népal, sont tous rectangulaires. La PoLitique 7 Août/Septembre 2010
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Therese Bhattacharya-Stettler
albert anker
monde intact Albert Anker (1831–1910) compte sans doute parmi les peintres suisses les plus importants du XIX e siècle. Le Musée d’art de Berne lui consacre actuellement une exposition d’envergure. Durant de longues années, Anker passait la moitié de l’année à Anet, son village natal situé dans le Seeland bernois, l’autre moitié à Paris. Il a trouvé sa propre manière de présenter la vie villageoise et rurale. Mais dans les portraits de jeunes gens et de vieillards il a atteint le sommet de son art.
dans la lignée les grands peintres européens «Jeune fille se coiffant», datant de 1887, est l’un des portraits d’enfants les plus ravissants. De par sa plasticité soignée et ses tons chauds de la terre, il fait vraiment penser à Vermeer. La jeune fille est prise de profil debout devant un intérieur obs cur, appuyée à une table sur laquelle sont posés une coupe, un linge, un bougeoir et un cahier ouvert. Le récit est réduit au minimum: le portrait d’une enfant faisant sa toilette matinale. L’artiste renonce à toute précision sentimentale et anecdo tique. Il établit juste le lien entre les magnifiques cheveux blonds et les rayons de soleil qui pénètrent par la fenêtre à gauche et font ressortir le personnage du fond sombre. La jeu nesse resplendissante est comparée au lever du jour. Le cahier ouvert place ce moment d’intimité dans la vie quotidienne en relation avec l’éducation et l’apprentissage. En sa qualité de peintre, Anker fut le témoin des changements sociaux de son époque. Ses tableaux reflètent souvent l’évolution du système scolaire et éducatif suisse qui lui était très familier, puisqu’il fit périodiquement partie de la commission scolaire d’Anet. visualisation de nouvelles impulsions pédagogiques Ce n’est que dans les années 30 du XIXe siècle que l’école pu blique obligatoire pour filles et garçons fut instaurée dans le canton de Berne. Le sort des enfants de campagne fut amélioré de manière déterminante grâce à l’introduction de nouvelles lois. Anker était intéressé par l’être humain dans son indivi dualité et son milieu. La lecture ne devrait poser problème ni à 24
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Jeune fille se coiffant, 1887 Huile sur toile, 70,5x54 cm Fondation d’art, de culture et d’histoire, Winterthour
la paysanne ni au paysan, encore moins à leurs enfants. Anker s’est entretenu de manière intensive avec les pédagogues Pesta lozzi, Rousseau et Fröbel, tentant toujours de visualiser les nouvelles impulsions pédagogiques.
expression délicate de l’âme Dans cette scène si gracieuse, l’artiste organise d’une façon on ne peut plus équilibrée les formes, les couleurs et les tonalités. La thématique s’en dégage, le caractère de nature morte se ma nifeste, et pourtant les gestes sont très discrets. Le regard rê veur de la jeune fille est l’expression silencieuse et délicate de l’âme. Dans ce genre de peinture discrète, composée avec mi nutie et se passant de toute codification énigmatique, Anker a atteint une maîtrise artistique qui le fait entrer dans la lignée des grands peintres européens. ■
COLOnnE LiBRE
Une télévision suisse pour les Suisses Le 18 mai 2010, Roger de Weck fut élu président de la SSR pour faire le ménage. Le chiffre d’affaires est de 1,6 milliard, financé à 70% par la redevance et à 30% par la publicité, mais l’exercice a entraîné une perte de 46,7 millions. Avec le budget d’une chaîne de télévision française, la Suisse soutient huit télévisions, sans même parler de 28 radios. A première vue, il ne reste qu’à augmenter les recettes, soit la redevance (impopulaire), soit la publicité (tolérée). La loi dispose que les spots publicitaires ne doivent pas dépasser 15% du temps d’émission quotidien. Les téléspectateurs sont devant leur poste pour se distraire, se détendre, s’instruire, pas pour être condi tionnés en tant que consommateurs idiots. Grincheux Il n’est pas facile d’apprendre l’allemand et la Ville de Berne tient vraiment à nous compliquer encore la tâche. En effet, au nom de l’égalité entre femmes et hommes, elle a décidé de n’utiliser dorénavant que le langage épicène, c’est-à-dire des mots bisexués pouvant être utilisés indifféremment au masculin ou au féminin. A Berne, on ne doit plus parler de mère et de père mais seulement de parent (Elter ou Elternteil). Le team remplace la Mannschaft. Si vous êtes malades, ne cherchez pas une «Artzpraxis» mais une «Praxis für Allgemeinmedezin». Si vous avez besoin d’informations, inutile de chercher la «Kundenberatung», elle a été remplacée par la «Kundschaftsberatung». Et le passage à piétons (Fussgängerstreifen) devient un passage zébré (Zebrastreifen)… depuis quand les zèbres sont-ils jaunes? Alors que nous n’avons pas encore assimilé les changements consécutifs à la réforme de l’orthographe allemande de 2005, Berne nous lance un nouveau défi!
De là découlent les huit programmes de télévision de la SSR, qui draguent largement le public manipulable par les spots, capté par des séries américaines bas de gamme conçues dans ce but. Comme ce produit standard est diffusé partout, il ne coûte pas cher, moins que ce qu’il rapporte en recettes publicitaires. Cette politique de facilité a atteint ses limites. Le nouveau président a la possibilité de concevoir une SSR sans publicité du tout, sans nécessité vitale de diffuser des émissions passepartout, achetées au rabais sur le marché international. Laisser toute la publicité au privé et affecter toute la redevance à la SSR. Avec 30% de recettes en moins, celleci pourrait écono miser sur la débilité et se concentrer sur la qualité, c’estàdire les émissions propres à la Suisse. Il en existe, les talents d’anima teurs abondent, il faudrait créer d’autres émissions, en particu lier un débat quotidien comme les émetteurs privés et les radios. Diffuser les films parfois excellents qui ne font pas l’objet de pro jection en salle. Exploiter la veine du théâtre local, de ballets prestigieux, d’opéras illustres. Se concentrer sur ce que la Suisse est seule à pouvoir diffuser à l’usage des Suisses. Les téléspecta teurs qui veulent ronronner peuvent trouver le tout venant sur des dizaines de chaînes. –Jacques Neirynck
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7 milliards de dettes, c’est trop!
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L’assurance chômage est fortement endettée. au jourd’hui, ses dettes se montent à plus de 7 milliards de francs. La loi contraint le Gouvernement d’assainir l’assurance chômage. Pour ce faire, les cotisations sa lariales en faveur de l’assurance chômage risquent d’augmenter de 0,5 point. Le Parlement reconnaît que l’endettement massif de cette assurance pose problème, mais il estime qu’un assainissement axé uniquement sur une hausse des cotisations salariales n’est pas équilibré. C’est pourquoi il a adopté, au printemps, un projet de révision qui pèsera moins sur les salaires des employés et sur les charges sa lariales des entreprises. Les chômeurs seront égale ment mis à contribution et encouragés à réintégrer le monde du travail plus rapidement. La gauche et les syndicats ayant lancé le référendum, le souverain sera appelé à se prononcer sur ce sujet le 26 septembre prochain.
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Milliards de CHF
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Pourquoi la révision de l’assurance chômage s’avère-t-elle nécessaire?
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– Parce que la révision assainit durablement l’assu rance chômage et réduit ses dettes, afin que les per
le marché du travail.
sonnes touchées par le chômage puissent continuer
En comparaison internationale, les chômeurs suisses reçoivent des indemnités élevées. Cependant, l’objectif reste toujours leur réintégration aussi rapide que pos sible dans le monde du travail. Le Oui à la révision éli mine des incitations erronées et accélère le processus d’intégration, sans toucher aux prestations de base de l’assurance chômage. Les personnes concernées conti nueront de bénéficier de l’ensemble des prestations de qualité de l’assurance chômage.
de bénéficier de bonnes prestations.
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– Parce qu’une augmentation des cotisations salariales de 0,5% menacerait la reprise économique en Suisse.
Des cotisations salariales excessives freinent l’activité économique, en particulier dans une période difficile. Elles pèsent sur les bas salaires, sur les familles, sur les particuliers en général et sur l’activité économique. La reprise ne doit pas être étouffée par des prélèvements sa lariaux inutiles. Avec la révision de l’assurance chômage, l’impact sur les salaires sera moindre, car les cotisations salariales augmenteront de 0,2 point seulement.
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– Parce que les chômeurs réintègrent plus rapidement
0 2003
2004
evolution de la dette depuis 2003 26
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2005
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Huit questions concernant la révision de la loi sur l’assurance chômage:
estce un démantèlement de notre assurance chômage?
La période d’indemnisation n’étant plus prolongée, que
Non! Il s’agit d’un assainissement financier de l’assurance chô mage. Les prestations de bases ne sont pas modifiées, le taux d’indemnisation reste de 70 ou 80% du salaire. La durée d’in demnisation reste identique. En revanche, la durée de cotisation devra être au moins aussi élevée que la durée d’indemnisation.
feront les régions en crise?
Tout le monde est mis à contribution: les salariés et les entre prises, les hauts salaires et les chômeurs. Mais le dispositif de lutte contre le chômage et d’aide à la réinsertion est entière ment préservé.
La prolongation de la durée d’indemnisation n’empêche pas les arrivées en fin de droit et ne favorise pas la réinsertion. De plus, elle n’est pas adaptée à la mobilité actuelle des travailleurs et provoque des inégalités de traitement. En effet, elle n’est pas applicable à une personne licenciée par une entreprise si cette personne réside dans un autre canton qui ne prolonge pas la durée d’indemnisation. Toutefois, les autorités fédérales au ront toujours la possibilité de décider d’une prolongation dans le cadre d’un programme conjoncturel – ce qui a été fait par exemple pour le chômage partiel.
estce vraiment aux chômeurs de payer la facture de la crise?
Ne priveton pas les jeunes sans travail de toute pers
La révision va reporter les coûts sur l’aide sociale, les
pective en réduisant l’accès aux indemnités?
cantons et les communes. qu’en estil au juste?
Certes, le nombre des indemnités pour les jeunes de moins de 25 ans sans charge de famille est réduit à 200, mais cela repré sente encore 9 mois d’indemnisation, alors que ces personnes sortent en moyenne du chômage après 6 mois. De plus, les jeunes qui ont une charge de famille ne sont pas concernés. Quant aux étudiants qui n’ont jamais cotisé, ils toucheront tout de même 90 indemnités (4 mois); la Suisse est le seul pays qui sert des indemnités chômage aux étudiants. Par ailleurs, il existe d’autres mesures qui aident spécifiquement les jeunes. Leur avenir dépend plus d’une bonne insertion dans le marché du travail que de la durée d’indemnisation.
Le Seco a évalué les conséquences sur l’aide sociale et les fi nances des collectivités de cette révision. Il arrive à la conclu sion que la répercussion se monte à environ 16% des écono mies prévues par la révision. Il n’y a donc pas d’automatisme, mais seulement un report très partiel Au total, l’augmentation des coûts pour l’aide sociale à charge des cantons et des com munes a été estimée à quelque 100 millions de francs.
un jeune devratil accepter n’importe quel travail?
Les jeunes de moins de 30 ans sans charge de famille pourront être obligés de prendre un emploi qui ne correspond pas à leurs qualifications. Mais on ne placera pas des personnes sur qualifiées dans des emplois non qualifiés, il y a suffisamment de personnes peu qualifiées à placer. Par ailleurs, il vaut mieux qu’un jeune prenne un emploi – même si celuici ne cadre pas tout à fait avec sa formation – plutôt que de chômer.
2007
2008
Les hauts salaires ne devraientils pas passer à la caisse pour assainir l’assurance chômage?
Les hauts salaires contribueront à l’assainissement de l’assu rance chômage. Un prélèvement de 1% sera effectué sur la tranche de salaire située entre 126’000 et 315’000 francs. Il s’agit d’un versement à fonds perdu, puisque cette part du salaire n’est pas assurée et ne donne pas droit à des indemnités chômage. que se passetil en cas de rejet de cette révision de l’as surancechômage?
En cas de rejet, les cotisations des salariés et des entreprises augmenteront de façon plus importante, puisque le Conseil fédéral les relèvera à 2,5%, au lieu de 2,2%. Ce surcroît de pré lèvements s’ajouterait à la hausse de la TVA pour l’AI et à celle des cotisations salariales pour l’assurance perte de gain (ser vice militaire et maternité). Un excès de prélèvements aurait un effet négatif sur le pouvoir d’achat et sur le coût du travail, et donc sur l’emploi et la reprise.
2009
2010 Source: SECO La PoLitique 7 Août/Septembre 2010
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Chiara Simoneschi-Cortesi, Conseillère nationale
idéeS viSionnaireS et déciSionS courageuSeS
Le canton du Tessin et les cantons sur l’axe nordsud ont activement participé à ce brassage d’idées, et d’activités fruc tueuses. Grâce à plusieurs innovations dans les transports, ils ont bénéficié d’un important développement culturel et d’une plus grande prospérité. Ainsi, l’ouverture avec la mule du col du Got hard au Moyen Âge, la construction du tunnel ferroviaire du Gothard à la fin du XIXe siècle et l’ouverture des nou velles transversales alpines (NLFA) d’ici 2020 sont des jalons pour le développe ment économique et le tissu social de ces régions. La Suisse moderne a rapidement réalisé qu’en tant que pays pauvre en matières premières, elle devait compter sur sa matière grise, sur ses citoyens: ainsi, elle a mis sur pied, au fil du temps, un excel lent réseau d’écoles et d’instituts de re cherche ainsi qu’une politique coordon née des transports, qui encourage et met en œuvre la mobilité individuelle et col lective, à la fois sur la route et sur le rail. Ces dernières décennies, de nombreuses décisions soutenues par le peuple nous ont amenés à développer des projets por teurs pour notre avenir. Je pense en par ticulier aux deux transversales alpines, au Lötschberg et au Gothard/Monte Ceneri, mais aussi au fonds d’infras tructure qui fournit chaque année des moyens pour développer une mobilité intelligente dans les villes. Toutes ces importantes décisions n’ont été pos
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La PoLitique 7 Août/Septembre 2010
La mo mobi bili lité té a to touj ujou ours rs ét étéé moteu teurr de dé déve velo lopp ppeeun mo me ment nt éco écono nomi miqu quee et so soci cial al d’un unee co comm mmun unau auté té.. Ma Mais is d’ pa pass se seul ulem emen ent: t: le less re rela lation onss en entr tree in indi dividu duss et co comm mmuuna naut utés és on ontt ég égal alem emen entt to touujo jour urss ét étéé pr préc écur urse seur urss de cr croi oiss ssan ance ce cu cult ltur urel elle le et so souv uventt de no nouv uvelle less pe pers rs-pe pecti ctives, s, d’ d’in inno nova vation on et de ch chan ange geme ment ntss po posi siti tifs fs.. On le co cons nsta tate pa part rtic icul uliè ière re-me ment nt ch chez ez ce ceux ux qu quii on ontt ét étéé pl plus us to touc uché héss qu quee d’ d’autr tres es pa parr le less fl flux ux de pa pass ssag ager erss et de ma marc rcha hand ndise ises, s, po pour ur de dess ra raiso isons ns co comm mmer erci cial ales es ou au autr tres es..
sibles que grâce à l’engagement ferme du PDC au Parlement fédéral. En effet, nous sommes convaincus que la mobi lité est un des facteurs stratégiques les plus importants pour le développement équilibré de notre pays. Il y a cependant un danger qui guette: en Suisse, de temps en temps, nous avons tendance à jouer les premiers de classe, en voulant être plus royalistes que le roi. Je pense aux programmes d’économies, présentés de manière cyclique, sur un ton alarmant comme si notre pays était en banqueroute. Heureusement, il n’en est rien et s’il est vrai que, dans les an nées à venir, il y aura moins de recettes il ne faut pas tomber dans le pessimisme. En particulier il n’est pas nécessaire de procéder – comme proposé par le pro gramme de consolidation – à des coupes généralisées. Si pour les frais courants, on réussit tou jours à débusquer quelques doublons, les économies dans les investissements, – surtout à moyen et long terme – par exemple dans les infrastructures, sont pernicieuses: la politique du «stop and go» est difficile à concilier avec la program mation des installations ferroviaires et/ ou routières. A fortiori, on comprend mal le projet Rail 2030 qui a été mis en con sultation auprès des cantons. Il ne pré voit aucune mesure sur l’axe nord/sud pour compléter le réseau ferroviaire et pour augmenter la capacité au nord et au sud du tunnel du Gothard et du Monte
Meinrado Robbiani, Conseiller national
pour un renouveau du dialogue Social
Ceneri (entre Chiasso et Bâle), en élimi nant les goulets d’étranglement dans le réseau. Il s’agit d’une conception aveugle qui rend vain les investissements consi dérables faits dans les constructions trans alpines. Si les NLFA sont le projet du siècle, il faut espérer que les travaux d’achèvement du réseau ferroviaire ne dureront pas un siècle, car les pertes de compétitivité se raient considérables: n’oublions pas que les nouvelles transversales permettront, comme l’exige la Constitution, un meil leur transfert des marchandises de la route vers le rail et un trajet plus rapide pour les passagers. Ceci est non seulement bé néfique pour nos concitoyens dans leurs trajets en Suisse mais également pour les voyages en Europe, en réduisant de moitié le temps nécessaire entre Milan, Zurich et l’Allemagne. Les Suisses furent des pionniers en ma tière de politique des transports et notre pays reste un exemple en la matière. Les infrastructures routières et ferroviaires desservent l’ensemble du pays et sont de bonne qualité. Mais cela ne tombe pas du ciel: il a fallu des idées visionnaires et des décisions courageuses du peuple suisse. Nous essayons d'être de dignes succes seurs. ■
Après plusieurs décennies placées sous le signe d’une solide paix du travail, les relations entre employeurs et syndicats se sont dégradées, devenant plus ins tables et tendues. La globalisation de l’économie a porté atteinte à l’espace national en tant que lieu commun de référence, où les positions et les intérêts des deux parties trouvaient plus facilement une convergence. L’économie re garde désormais en grande partie vers l’espace international, où la considéra tion des aspects sociaux est largement moindre. En se mondialisant, l’écono mie a aussi produit une flexibilité accrue du marché du travail et une précarité préoccupante des rapports de travail. De même, la financiarisation de l’économie, privilégiant les profits immédiats, a renforcé l’opposition entre capital et travail et elle est allée de pair avec une distribution de la richesse toujours plus inégale. La vision très libérale qui a supporté ces tendances et qui s’est manifestée aussi par des pressions aiguës sur l’Etat social, a entraîné les relations entre les partenaires sociaux à l’intérieur d’un cadre de plus en plus marqué par les idéologies et leur confrontation. La dimension du secteur tertiaire, devenue nettement dominant, a entretemps contribué à restreindre les zones traditionnelles où s’est développé et se noue le dialogue. Celuici s’appuie en conséquence sur une base plus fragile. Derrière cette évolution se cache tout de même un paradoxe; l’affaiblissement de la paix du travail se manifeste juste au moment où le dialogue apparaît décisif et indispensable. Dans un contexte en profonde transformation, on relève un besoin d’autant plus tangible d’y adapter les conditions de travail et le fonctionnement du marché du travail. Si on entend maintenir un monde du travail favorable et équilibré, la négociation dans ces domaines apparaît in contournable. La crise financière de ces dernières années confirme d’ailleurs visiblement l’exigence d’un dialogue et d’une collaboration accrue entre les partenaires sociaux. Elle montre clairement que la source authentique de la richesse est le travail et non pas les alchimies spéculatives d’une finance qui prétend générer de la richesse sans la produire. Il faut donc investir sur le tra vail en tant que ressource stratégique prioritaire. La même nécessité relève du nouveau cadre du marché du travail, qui s’est largement ouvert par la libre circulation. Cette ouverture exige qu’on remplace la régulation antérieure, gé rée du haut par l’autorité, avec une régulation par le bas, c’estàdire par l’action des partenaires sociaux. Dans un monde du travail en mutation constante, la responsabilité de ces derniers se trouve donc considérablement amplifiée. Il s’agit pour les employeurs et les syndicats d’assumer pleinement cette responsabilité afin de préserver un marché du travail et un tissus social stable. L’économie ne peut d’ailleurs nourrir l’illusion de pouvoir prospérer en dehors d’un territoire et d’un tissus social serein, qui la soutiennent et parta gent ses objectifs de croissance. Un dialogue social solide est une condition non seulement de cohésion et de stabilité sociale mais aussi de développement économique. ■ La PoLitique 7 Août/Septembre 2010
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Jacques Neirynck, Conseiller national
la SuiSSe multiculturelle réuSSit Depuis que la Yougoslavie et la Tchécoslovaquie ont explosé sous l’effet de leurs tensions internes, la Belgique et la Suisse partagent la singularité d’être les seuls pays européens multiculturels. Partout ailleurs nonobstant des minorités, chaque pays européen est bâti sur une culture dominante. Dans ces deux pays, on se trouve juste à l’équilibre sur la frontière linguistique entre le domaine latin et le domaine germanique. Les différences ne se si tuent pas seulement dans les langues, mais aussi dans les cultures vécues, la relation au travail, à la politique, aux loisirs. Cependant en Belgique les forces centrifuges risquent de l’emporter sur une base strictement linguistique, tandis qu’en Suisse elles sont quasiment inexistantes. Pourquoi? Quel est la recette des Suisses? Quelle est la faute des Belges?
Secret et malédiction Le secret des uns et la malédiction des autres se décodent d’abord dans la topographie. Des monta gnards peuvent se défendre contre des armées puis santes. La Suisse s’est libérée des Habsbourg, a battu Charles le Téméraire, fut respectée par Napoléon et a intimidé Hitler. En revanche, la Belgique est un territoire plat, sans frontières naturelles, sans obs tacles pour un envahisseur. Elle fut annexée succes sivement par les Romains, les Francs, les Habsbourg d’Autriche et d’Espagne, la France, les PaysBas, en vahie à deux reprises par l’Allemagne et libérée deux fois par les armées alliées. Plutôt difficile de dégager un sentiment national dans cette fantasia d’appar tenances. Si la Suisse n’avait pas disposé d’un réduit alpin, elle eût aussi été envahie par Hitler. Elle a la chance de disposer d’une topographie favorable, qui a suscité un sentiment national profond. 30
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De plus la Belgique dans ses frontières actuelles est une création relativement récente imposée par les grandes puissances, sans consultation de la popula tion. Au Congrès de Vienne en 1814, les Alliés vain queurs de Napoléon créèrent le Royaume des Pays Bas, sur le territoire actuel du Benelux, dans le but de construire une digue contre la fâcheuse propension de la France à porter sa frontière sur le Rhin. Mais les Hollandais étaient protestants et les Flamands catholiques, tandis que la bourgeoisie dans toutes les régions parlait le français et penchait vers les thèses libérales. En août 1830 éclata à Bruxelles une révolution, contre laquelle l’armée hollandaise se révéla impuissante.
deux erreurs magistrales Au terme de cette naissance convulsive et hasar deuse, les fondateurs de la Belgique commirent deux erreurs magistrales. Tout d’abord, ils choisirent le français comme langue unique alors que l’on par lait au Nord des dialectes flamands et au Sud des dialectes wallons. La Constitution ne fut même pas traduite en flamand, les universités, les tribunaux, le parlement, l’armée ne tinrent pas compte de la langue parlée par la majorité de la population. En suite, ils fondèrent un Etat unitaire, qui était divisé certes en neuf provinces, mais sans aucune autono mie. Lorsqu’en 1993, la Belgique tenta de se trans former en Etat fédéral, elle le fit de la façon la plus malhabile: au lieu de créer un ensemble d’une di zaine de cantons largement autonomes, dépositaires d’une légitimité authentique, le pays fut divisé en trois régions: Flandre, Wallonie et Bruxelles en dé finissant une frontière linguistique, la capitale étant bilingue en théorie et majoritairement francophone en réalité. Cette frontière administrative se mue sous nos yeux en frontière politique, alors qu’elle fut dé
là où la belgique échoue crétée sans être soumise à un vote démocratique des populations concernées. Et la Flandre majoritaire dans le pays, détentrice de la décision, empiéta sur des communes à majorité francophone. C’est cette construction tardive, artificielle et mala droite d’un pays appelé Belgique qui est en train de se déliter. Or, si la nation belge n’est née que pour accomplir le dessein des grandes puissances, la na tion flamande existe bel et bien depuis qu’en 1302 les milices populaires défirent à Courtrai l’armée du roi de France. Le synchronisme avec la Suisse est im pressionnant: au début du XIVe siècle la féodalité fut ébranlée deux fois. Depuis, la Flandre considère que son indépendance ne peut être conquise que par la lutte contre la langue française, bannie des écoles, des entreprises et même des services publics.
au bout de l’impasse La Belgique est maintenant parvenue au bout de l’impasse. La Flandre active et prospère ne veut plus subsidier, par le biais de la sécurité sociale, la
Wallonie ruinée et déprimée. Les Bruxellois sont souvent obligés de résider dans des communes de la périphérie: or cellesci sont réputées territoire fla mand incessible quand bien même la majorité des habitants ne parlent que le français. Il est interdit non seulement de proposer aux citoyens de décider la langue dans laquelle ils veulent être administrés, mais même de procéder à un recensement linguis tique. Il n’y a donc plus ni solidarité financière entre régions, ni respect de la volonté démocratique ou simplement de la réalité démographique.
ne pas tricher avec la démocratie Le secret de la Suisse est de s’être construite par la libre volonté de ses citoyens, appelés à s’exprimer démocratiquement sur tous les sujets. La malédic tion de la Belgique est d’avoir été créée par la vo lonté de l’étranger et d’en avoir pris l’habitude au point d’imposer la volonté de la majorité flamande à la minorité francophone. Tricher avec la démo cratie dans un pays multiculturel mène à la ruine de l’Etat. ■
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Véronique Nüesch-Amgwerd
une SuiSSe relevant le défi climatique
La lutte contre le réchauffement climatique est pour la Suisse un enjeu majeur. Il suffit de penser à la fonte des glaciers, illustrée par exemple par le retrait marquant du glacier de Diavolezza dans le canton des Grisons. La Suisse a montré la voie avec une politique climatique et énergétique innovante et à succès. Le PDC, avec un engagement constant au niveau fédéral, cantonal et communal, s’inscrit comme le seul parti du centre et de la droite à vouloir réellement relever ce défi climatique.
Si l’on veut illustrer le modèle suisse en matière de protection du climat et des ressources naturelles, le voyage commence par nos instituts de recherche et nos chercheurs disséminés sur notre territoire. En effet, si la Suisse peut se targuer d’être une réfé rence en matière de traitement et d’épuration des eaux ou de recyclage, elle le doit principalement aux technologies développées et aux techniques utilisées. Les eaux souterraines des rivières, ruis seaux et lacs suisses sont ainsi de grande qualité. Cette connaissance est une contribution précieuse de notre pays dans le cadre de ses projets d’aide au développement. Une telle connaissance et pratique permet d’aider concrètement la vie de nombreux villages du Tiers Monde. Finalement, un point fort de la Suisse est la coopération éprouvée des insti tuts de recherche et de l’économie pour d’une part encourager la recherche dans certains domaines (p.ex. cleantech) et d’autre part amener les innova tions sur le marché et les rendre accessibles ainsi aux entreprises et à la population. Dans ce voyage vers une Suisse à succès en matière climatique, il faut ensuite une volonté politique. Le PDC intervient souvent de manière décisive en 32
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soutenant sa vision qui consiste à concilier la lutte contre le réchauffement climatique et la croissance économique. Ainsi, l’article constitutionnel sur la protection de l’environnement datant de 1971 prit source dans une motion de l’ancien Conseiller na tional et aux Etats démocrate chrétien argovien Ju lius Binder. De nombreuses mesures actuelles sont façonnées par le PDC et trouvent ainsi des majori tés au Parlement fédéral: taxe CO2 incitative et pro gressive sur les combustibles afin de réduire la charge CO2, financement du programme national de rénovation des bâtiments via la taxe CO2 pour utiliser le potentiel important dans l’efficacité éner gétique des bâtiments, ou encore une augmentation des moyens pour la promotion du courant vert. Finalement, le voyage se termine par une bonne mise en œuvre des projets et des mesures adoptés de la part des communes et des cantons, et par un engagement considérable de la population suisse. Elle est farouchement attachée à son environne ment et à ses ressources naturelles et agit au quoti dien en conséquence. Au final, la préservation de l’environnement est l’affaire de chacune et chacun d’entrenous. La Suisse qui gagne est une Suisse jeune, tournée vers l’avenir et économiquement dy namique. ■
Le précurseur libéral-écologiste Julius Binder a 85 ans, ancien Conseiller national et aux Etats du canton d’Argovie, candidat PDC au Conseil fédéral et précurseur du cap libéral-écologique visé par notre parti. Julius Binder est le père de l’article sur la protection de l’environnement inscrit dans notre Constitution. Le 6 juin 1971, les Suisses ont approuvé quasiment sans opposition cet article constitutionnel qui faisait suite à une motion Binder de 1964. A l’époque, les Verts n’avaient pas encore vraiment vu le jour… L’«Aargauer Zeitung» relevait que l’article sur la protection de l’environnement fait partie des actes plutôt discrets mais durables relevant d’un conservatisme éclairé.
A bas la croix suisse! Il ne s’agit pas ici d’une revendication de la part d’un souverain étranger nourrissant des besoins expansionnistes, qui aimerait nous dominer et nous dérober de nos symboles, mais d’une conséquence rigoureuse d’un projet élaboré par le Conseil fédé ral sous le label swissness pour les cas de rigueur. Si l’intention est bonne, les répercussions d’une telle mesure n’ont guère été prises en considération. La marque suisse doit être protégée. D’accord! C’est indispensable contre certains abus! Mais il est prévu de protéger ce label suisse avec une telle force que le projet aurait un effet boomerang sur de nombreux produits suisses du secteur alimentaire. La «Basler Zeitung» intitule son article comme suit: «Le Knorrli et les Läckerli condamnés à l’exil.» Il ne serait permis d’utiliser la croix suisse et la désignation «swiss made» pour faire de la publicité qu’à condition que 80 pour cent des matières premières proviennent de Suisse. Des désagréments guettent alors nombre d’entreprises suisses tra ditionnelles. Je ne citerai ici que les moutardes Thomy, les bis
«Si nous n’accordons pas plus d’importance à la protection de l’environnement, nous devons nous attendre à un changement climatique, à une aug mentation des nuisances sonores, à l’extinction de certaines espèces et à une pollution de l’air» antici pait Julius Binder. Pour lui, écologie et économie n'ont jamais été antinomiques. L'évolution actuelle lui donne plus que raison. Si l’on compare la situation actuelle à celle qui pré valait dans les années 70, le changement est drama tique. Alors qu’à l’époque, les effets négatifs de l’in dustrialisation devenaient visibles un peu partout, le problème s’amplifie et nous devons faire face à de nouveaux défis: les ressources naturelles et les ma tières premières sont devenues des biens rares au niveau mondial. Les «géants» qui émergent en Inde et en Chine font bondir la demande, non seulement en pétrole mais aussi en plomb, en cuivre, en fer. Le prix que devront payer ceux qui ne préservent pas les ressources naturelles ne sera guère supportable du point de vue économique. C’est pourquoi le titre de l’hommage rendu en 1985 à Julius Binder peut être repris et servir de maxime à notre action: «Le courage de l’anticipation». ■ –Reto Nause, anc. Sécretaire général du PDC suisse
cuits Kambly, certaines pâtes, certains fromages ainsi que les Knorrli et les Läckerli. «Trop de swissness tue la swissness», dé clare un chef de Nestlé. Les produits précités et bien d’autres dépendent pour diverses raisons de l’importation de matières premières. Or, l’obligation d’acheter des matières premières in digènes modifierait leurs produits et en augmenterait le prix. Nos paysans en jubileraient certes, cela se comprend. Mais je tiens à rappeler que l’industrie alimentaire compte plus de 200 sociétés qui offrent quelque 35’000 postes de travail. Il s’agit de trouver un compromis politique dans le cadre du futur débat mené par le Conseil national. Il est souhaitable que la swissness renforce la swissness plutôt qu’elle ne la tue. ■ –Norbert Hochreutener, Conseiller national La PoLitique 7 Août/Septembre 2010
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Thérèse Meyer-Kaelin, Conseillère nationale
la SuiSSe qui gagne eSt une SuiSSe Jeune,
tournée verS l’avenir
et économiquement dynamique.
Ces principes ont présidé à la politique familiale menée par le PDC, politique qui a connu de nombreux succès lors des dernières années. En 2001, la politique familiale est encore pratiquement inexis tante au niveau fédéral et pourtant les constats sont là: la popu lation vieillit, le taux de fécondité est trop bas. Le désir d’enfants est cependant plus élevé que le nombre d’enfants qui naissent effectivement. Les couples renoncent à avoir un enfant ou un enfant de plus en raison de la prise en charge financière, mais le problème le plus aigu est la conciliation de la vie profession nelle et de la vie familiale. Notre parti s’est profilé nettement pour faire évoluer positive ment cet état de fait avec un programme équilibré et réaliste: – Congé maternité de 14 semaines financé par l’assurance perte de gains – Allocations familiales harmonisées avec un minimum de fr. 200 (fr. 250 pour les jeunes en formation) – Allégement accru des primes de caissemaladie pour les enfants des familles à revenus modestes et moyens – Prestations complémentaires pour les familles afin de lutter contre la pauvreté – Encouragement à la création de places d’accueil extrasco laire pour aider à la conciliation du travail professionnel et de la famille – Allégements fiscaux surtout pour les familles avec enfants Ces projets étaient moins ambitieux et onéreux que d’autres, car ils prenaient toujours en compte l’impact qu’ils auraient sur la charge des entreprises, afin de ne pas pénaliser l’offre de places de travail. Ils ont eu le mérite, pour la plupart d’entre eux, d’avoir passé la rampe et dans plusieurs cas le scrutin po pulaire.
Le congé maternité de 14 semaines, l’allègement des primes de caisse-maladie pour les enfants, l’harmonisation des allocations familiales, les allègements fiscaux ciblés sur les familles avec enfants sont en vigueur, 33’000 nouvelles places d’accueil extrascolaire ont été créées grâce au programme d’encouragement de la confédération. La loi sur les prestations complémentaires pour la famille est prête à être traitée par le Parlement et un nouveau programme d’encouragement à la création de places de crèches va, avec notre soutien, permettre d’accroître encore le nombre de ces structures tellement nécessaires. Notre parti et notre groupe ont travaillé avec prudence et in telligence. Ils ont privilégié la réussite à l’agitation de projets impossibles à financer. Par expérience, nous savons que le peuple ne donne pas son aval aux projets qui ne sont pas équi librés. Aujourd’hui, la politique de la famille existe au plan fédéral. Le taux de fécondité qui était de 1,38 est monté à 1,48 enfant par femme, notre politique a une influence qui se traduit par une amélioration. C’est encourageant et nous devons continuer nos efforts. La politique familiale n’est pas seulement une politique de so ciété, mais bien une politique à dimension économique: le manque de jeunesse produit de gros déséquilibres démogra phiques très dommageables pour le bienêtre de la société, mais aussi pour la stabilité financière de nos institutions. Les enfants sont l’avenir de notre pays, notre responsabilité nous demande de continuer d’être efficaces dans ce domaine pour la prospérité de la Suisse. ■
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La PoLitique 7 Août/Septembre 2010
GrOupe parLemeNTaIre FeDeraL
Retour sur une session rock & roll
La session d’été s’est terminée sur une note cacophonique. S’il n’y a sans doute aucun jardin d’enfants dans le pays qui fonctionne aussi mal que le Conseil fédéral, le Parlement n’a pas donné la plus belle image de la politique suisse. Dans ce contexte, le PDC a tiré son épingle du jeu, notamment grâce à une présidente de la Confédération qui fait un sans-faute et à une collaboration inédite avec les radicaux-libéraux et le Parti bourgeois démocratique. Que penser du triste spectacle donné par une UDC qui ne sait plus trop où donner de la tête depuis que son gourou a rejoint Zurich et dont les soldats de Neuchâtel à Savièse se rebiffent en prenant con science qu’ils ne sont que les caisses enregistreuses de la Bahnhofstrasse? A gauche, le PS fait pire au terme d’un chantage sans fin sur l’accord Suisse EtatsUnis, mettant en danger des dizaines de mil liers d’emplois en Suisse. Christian Levrat a tout joué et il a tout perdu. Alors il vocifère tous azimuts, mais ne daigne même pas prendre ses distances lorsque son viceprésident assimile l’attitude du PLR, de l’UDC et du PDC à de la prostitution sur des affi ches aussi explicites qu’haineuses. Quant au pDc, il termine la session sur un bilan très positif. 1. Le PDC a tenu une ligne claire sur l’accord Suisse EtatsUnis et l’a emporté, sans faire de concessions, ni à l’UDC, ni à la gauche. Dans une situation très difficile, il a montré qu’il était capable de tenir bon face aux pires pressions, de prendre ses responsa bilités et de collaborer de manière étroite et con structive avec les autres forces du centredroit.
2. Même alliance et même succès pour aboutir à un contreprojet à l’initiative des «moutons noirs». Nous voulons une politique d’intégration plus sévère et plus claire à l’égard des étrangers, une politique humaniste, exigeante, respectueuse de notre Constitution. Les criminels qui se moquent de la loi seront expulsés de Suisse. 3. Dans le domaine environnemental, le PDC a prouvé qu’il était le seul parti du centre et de droite à assumer ses responsabilités et à tenir ses promesses. La loi sur le CO2 porte sa signature. 4. Si le PDC a fait passer l’accord UBS, c’est parce qu’il est un mal nécessaire. Notre Parti est prêt à prendre des mesures efficaces contre les bonus indécents, contre le risque systémique que re présentent les grandes banques ou assurances et pour que toute la lumière soit faite sur les responsabilités d’Ospel et compagnie afin que ceuxci soient déférés à la justice. Aucun pays n’a aussi bien géré la crise économique que la Suisse. Il suffit de jeter un œil à l’étranger pour s’en convaincre. La Suisse reste un modèle de succès pour l’Europe. Le PDC contribue à ce succès depuis plus d’un siècle. Ne laissons pas l’affaiblir! Le PDC a un rôle décisif, il doit ressortir renforcé en 2011. Pour cela, il ne suffit pas d’afficher un ex cellent bilan, de mettre en avant des personnalités et de se confier à la Providence. Pour gagner il faut mobiliser nos troupes dès aujourd’hui. Je compte sur vous, toutes et tous. –Christophe Darbellay
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Le 26 septembre 2010
7 milliards de dettes, c’est trop!
Oui
à la révision de la loi sur l’assurance chômage.
www.pdc.ch