Magazine d’opinion. Numéro 1 / Janvier/Février 2011 / CHF 7.80 www.la-politique.ch
ENVIRONNEMENT Défis EconomiE naturE
sommairE
TITres
4 notrE consommation D’énErgiE 7 PromEssEs tEnuEs 8 sacs En PlastiquE 9 a l’horizon 2050 10 PaysagE global comPlExE 14 DEuxièmE PlacE Pour la suissE 16 unE écolE PrisE En otagE 19 Parcs naturEls régionaux 22 l’Eau 26 EcologiE Et économiE 32 catastroPhEs oubliéEs
10
reNDeZ-VOus
18
32
21 lE grütli VOTATION
28 initiativE sur lEs armEs CAFE DU COMMERCE
«Le bistrot, c’est notre Parlement. Et il est efficace!» Impressum
EDITEUR Association LA POLITIQUE ADRESSE DE LA REDACTION LA POLITIQUE, Case postale 5835, 3001 Berne, tél. 031 357 33 33, fax 031 352 24 30, courriel binder@cvp.ch www.la-politique.ch REDACTION Marianne Binder, Jacques Neirynck, Yvette Ming, Lilly Toriola, Florian Robyr, Simone Hähni TRADUCTION Yvette Ming, Isabelle Montavon GRAPHISME, ILLUSTRATIONS ET MAQUETTE Brenneisen Communications, Bâle IMPRIMERIE Schwabe AG, Muttenz ANNONCES ET ABONNEMENTS tél. 031 357 33 33, fax 031 352 24 30 Courriel abo@die-politik.ch, abonnement annuel CHF 32.–, abonnement de soutien CHF 60.– PROCHAIN NUMERO mars 2011 couverture: ©bc
eDITO – Jacques Neirynck, Rédacteur en chef adjoint
EcologiE = économiE Le mercredi 15 décembre lors de la discussion sur le crédit cadre pour la lutte contre le réchauffement, la présidente Doris Leuthard fut apostrophée par le Conseiller national UDC Elmar Bigger. Selon cet interlocuteur, la politique de la Confédération en la matière ne reposait pas sur les dernières connaissances scientifiques. La Conseillère fédérale dut expliquer, avec quelque agacement, que le réchauffement était un fait objectif dû aux rejets de notre activité technique et non un vague argument politique jeté au hasard d’une controverse. On en est toujours là. Une partie du monde politique, économique, médiatique entretient dans l’opinion publique un déni de réalité. Quelle est celle-ci? L’activité humaine a généré une production de CO2 telle que le pourcentage de ce gaz mesuré dans l’atmosphère est passé de 280 à 380 ppm en deux siècles. C’est un fait. Et un autre fait est l’effet de serre généré par ce gaz avec d’autres. Ce problème est en train de condenser la prise de conscience écologique qui est l’événement politique inédit surgi durant la seconde moitié du vingtième siècle. La dictature du prolétariat a baissé ses étendards devant la lutte pour la sauvegarde de l’environnement. Ceci ouvre la voie à une nouvelle révolution industrielle. Il ne s’agit plus de puiser sans frein dans des ressources en train de s’épuiser par définition et donc de plus en plus chères sur le marché mondial. Il s’agit de construire un nouveau système technique qui imite la Nature en ce sens qu’il recycle perpétuellement les matériaux en utilisant uniquement l’énergie qui entre dans notre système, celle du Soleil et de la géothermie. Pratiquement, cela signifie l’assainissement de tous les bâtiments existants, la construction d’un système de transport public global, l’érection d’éoliennes et de centrales photovoltaïques, bref la création d’une foule d’emplois qui seront durables à la mesure du concept de base de cette nouvelle économie. A ce titre, il n’y a plus d’opposition entre développer l’économie et défendre l’environnement.
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
3
Ruedi Lustenberger, Conseiller national
Plus qu’un hivEr froiD Et qu’un été chauD
Situation initiale En tant que pays industriel, la Suisse consomme énormément d’énergie sous forme d’électricité, de carburants et de combustibles. Cette consommation se répartit comme suit: – Transports: 35 pour cent – Industrie: 20 pour cent – Prestataires de service: 16 pour cent – Ménages: 29 pour cent
Début novembre 2010, la Conseillère fédérale Doris Leuthard a pris la direction du Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communi cation (DETEC). Cet héritage intéressant comporte un nombre considérable de gros chantiers politiques. Le plus grand défi, outre la révision de l’aménagement du terri toire, consistera à garantir à longue échéance un approvisionnement énergétique de notre pays qui soit en accord avec une politique environnementale efficace. Un état des lieux s’avère indispensable: les perspectives à plus long terme en matière d’énergie constituent l’un des principaux enjeux de la politique, de l’économie et de la société. Malgré de nombreuses mesures d’économie, la consommation d’énergie a légèrement augmenté au cours des vingt dernières années passant de plus de 800’000 à près de 900’000 térajoules (TJ). Le bilan global par ressource énergétique se présente comme suit: – Pétrole: 55 pour cent – Gaz naturel: 12 pour cent – Electricité d’origine hydraulique: 14 pour cent – Electricité d’origine nucléaire: 10 pour cent – Diverses énergies renouvelables: 9 pour cent. Notre approvisionnement énergétique dépend à quatre cinquièmes de l’étranger. Si l’on examine ces chiffres en détail, il importe d’évaluer prioritairement les cinq domaines suivants:
Problématique du CO 2 /protocole de Kyoto Le protocole de Kyoto a été rédigé en 1997 dans le but de maîtriser le réchauffement. La Suisse l’a ratifié en 2003. En vigueur depuis le 16 février 2005, ce document est contraignant pour 4
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
les Etat signataires sur le plan du droit international. Il exige de la part de la Suisse une réduction de 8 pour cent des gaz à effet de serre durant la période 2008–2012 en partant de la valeur de référence de l’année 1990. La loi sur le CO2, visant surtout à baisser la consommation d’énergies fossiles et donc les émissions de CO2, représente l’élément central pour atteindre cet objectif. Ceci étant, depuis le début de 2010, une taxe d’incitation de 36 francs/t de CO2 est prélevée sur les combustibles fossiles. Elle est restituée à deux tiers à la population sous forme de contributions à l’assurance maladie et aux industries en fonction de leurs masses salariales. Le dernier tiers est affecté à des fins déterminées et sert donc aux cantons à réaliser le programme Bâtiments d’envergure nationale. Pour ce qui est des carburants (essence et diesel) l’économie met en oeuvre le centime climatique. Il grève le prix du carburant de 1.6 centime par litre. Les recettes annuelles d’environ 100 millions de francs sont investies dans les énergies renouvelables, dans l’isolation thermique des bâtiments et dans l’achat de certificats CO2 supplémentaires.
Industrie de l’électricité En Suisse, la production, la distribution, le commerce et la vente d’électricité est dans les mains de multiples centrales et sociétés grandes et petites qui sont souvent propriété des pouvoirs publics, avant tout des cantons. Axpo, qui appartient aux cantons du nord-est de la Suisse, est la plus grande d’entre elles. Jusqu’à présent, la Suisse a su garder son indépendance de l’étranger au niveau de la production d’électricité, ce qui n’est pas le cas pour les combustibles et les carburants. Nous produisons chaque année environ 60 à 65 térawatt-heure d’électricité (1 TWh = 1 milliard de KWh) dont plus de 90 pour cent sont consommés à l’intérieur de notre pays. Nous vendons le reste principalement en tant qu’énergie de pointe à nos Etats voisins. Compte tenu de la situation géographique et des bonnes infrastructures, notre pays est à juste titre considéré comme une plateforme européenne en matière d’électricité. La loi sur l’approvisionnement en électricité est en vigueur depuis trois ans. En voici les principaux éléments: – Une ouverture du marché contrôlée en deux étapes à l’intérieur du pays reposant sur le principe de la liberté de choix des ménages privés et une ouverture complète pour les PME. – Le règlement désormais nécessaire du commerce avec nos Etats voisins dans le sens de l’utilité économique pour notre pays. Après tout, la Suisse a quelque chose à offrir sur le plan international en tant que pays de transit et producteur d’énergie de pointe. Nous tenons toujours un rôle de fournisseur et non pas de demandeur.
– L’implication de la promotion des énergies renouvelables. Elle représente un impératif social et environnemental de notre temps susceptible d’offrir un rendement économique. Avec le règlement de rétribution à prix coûtant du courant injecté, la préférence a été donnée à un modèle établi depuis plusieurs années en Allemagne. Les exigences relatives à la transparence au niveau de la fixation et de la structure du prix de l’électricité doivent être renforcées.
Sécurité d’approvisionnement Compte tenu des faits exposés, l’approvisionnement énergétique sera une affaire politique de premier plan ces prochaines décennies. Il s’agit premièrement de garantir la sécurité d’approvisionnement à longue échéance. Pour ce faire, il y a lieu de miser sur une production indigène et respectueuse de l’environnement. Le développement d’une stratégie globale prenant en compte l’ensemble des ressources énergétiques, des productions et des consommateurs paraît absolument nécessaire. Le ministre de l’énergie démissionnaire aurait dû nous fournir une telle vue d’ensemble avec une stratégie d’approvisionnement sur le long terme. C’est finalement l’industrie de l’électricité qui a lancé le débat il y a quatre ans en présentant ses idées pour l’avenir. Que l’on salue ou qu’on rejette ses propositions, elle a au moins fait bouger les choses… et elles bougeront encore très longtemps.
Energies renouvelables Heureusement que l’époque est révolue, où l’on qualifiait, le sourire aux lèvres, de déviationnistes rouges/verts les politiciennes et politiciens de droite et du centre qui soutenaient la promotion des énergies renouvelables dans notre pays. Lorsqu’on prend les problèmes dans leur globalité et qu’on cherche des solutions tournées vers l’avenir, il est essentiel de tenir compte des ressources renouvelables indigènes. Dans le domaine des combustibles, il convient de mentionner surtout la biomasse (le bois) et les rejets thermiques des usines d’incinération des ordures ménagères (UIOM). Dans le secteur des carburants, les perspectives d’avenir du biogaz sont bonnes. En ce qui concerne le conditionnement d’eau chaude, la technique solaire joue toujours un rôle important. Pour ce qui est de l’électricité, nous devrons relever un grand défi. Dans ce domaine, aussi bien la technique photovoltaïque, la géothermie, l’énergie éolienne que la transformation de biogaz en électricité méritent d’être encouragées en plus du développement de l’énergie hydraulique. Pour ce faire, il faut toutefois être prêt à indemniser correctement les énergies renouvelables. Il n’est pas possible de produire du courant à 5 centimes avec des énergies renouvelables La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
5
comme le font les centrales nucléaires. Là aussi, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.
Et la suite des opérations? Nous sous-estimerions le problème en prétendant pouvoir remplacer totalement notre dépendance de l’énergie nucléaire par des énergies renouvelable en trois décennies. C’est pourquoi il est urgent de reprendre la discussion engagée il y a quatre ans par Axpo. D’un point de vue réaliste, l’écart de production sera encore considérable même dans un horizon temporel de 30 ans. Néanmoins, l’idée de produire de l’électricité à partir du gaz naturel au lieu de l’énergie nucléaire ne me paraît pas tentante – et cela pas uniquement en raison des émissions de CO2 supplémentaires. Car si nous voulons combler cet écart d’approvisionnement par une production indigène, la question se pose actuellement de savoir si l’énergie nucléaire ne représente pas une meilleure option que la construction de centrales au gaz naturel supplémentaires – une autre technique qui nous paraît problématique. Que ce soit avec ou sans nouvelles centrales nucléaires: le stockage des déchets nucléaires continue d’être une priorité à ne pas négliger plus longtemps.
Missing Link
D
epuis trois mois, le DETEC a une nouvelle direction, dite à tort bourgeoise par une traduction maladroite du burgerlich allemand qui deviendrait plutôt civique en français. Au DFE, c’est au PLR de veiller maintenant à ce que l’agriculture entre un jour dans le XXIème siècle mondialisé. Quitte à accepter que les paysans qui osaient se moderniser en prenant leur destin en main soient déçus.
Il convient également d’aborder les questions d’efficacité et d’économie d’énergie. La réalisation du programme national Bâtiments d’envergure nationale qui est en cours actuellement est promise à un grand succès. Il y a encore un grand potentiel à exploiter notamment dans le domaine du bâtiment, que ce soit pour les nouvelles constructions ou l’assainissement d’objets existants qui doivent être adaptés aux nouvelles normes. Les pouvoirs publics ont là aussi un rôle de modèle à jouer en indiquant les standards requis lors des mises au concours.
Mais dans les dossiers du DETEC, il faut s’attendre à plus de jeux perpétuels que certains ne l’imaginent. Espérons que les efforts incessants fournis dans la Salle des pas perdus à Berne par les nostalgiques des régions périphériques, par l’OPEC des Alpes, par les fétichistes du bonus d’altitude et des terrains en pente permettront moins facilement de dévier vers la périphérie l’argent des contribuables produit dans les régions économiques dynamiques.
En ce qui concerne la consommation de carburants, nous suivons la cadence adoptée par les Etats de l’UE et fixons la valeur limite d’émission à 130 g de CO2/km pour les voitures neuves.
Peut-être qu’il sera possible maintenant de convaincre le Parlement que la canonisation de la Poste ne passe pas par le monopole des grammes mais par la concurrence. Ceux qui doivent faire plus de mille pas pour se rendre au prochain guichet postal ne seront plus des ermites hors du monde.
Grâce à ses centres de recherche et à ses nombreuses entreprises innovantes, la Suisse est prédestinée à jouer un rôle de pionnier à l’échelle mondiale dans la recherche et le développement en matière d’énergie et d’environnement. Pour ce faire, la Confédération et les cantons peuvent par exemple inciter par des fonds technologiques et des financements complémentaires à réaliser des installations pilotes et de démonstration. D’un point de vue économique, les défis à relever dans le domaine de l’énergie et de l’environnement recèlent au moins autant de chances que de risques. L’industrie est susceptible de créer des milliers de nouveaux emplois intéressants si nous tenons le haut du pavé dans le domaine de la technologie. Dans le domaine de l’énergie, nous serons très bientôt confrontés à des thèmes brûlants. Et ils ne vont pas seulement nous préoccuper durant un hiver froid et un été chaud! ■ 6
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
Espérons que l’on prendra acte que la question d’une nouvelle centrale nucléaire ne peut pas être repoussée aux calendes grecques. Et pourquoi pas, on osera même se poser la question de savoir ce que l’Etat a encore à faire dans Swisscom. Ou – horribile dictu – est-ce que le Parlement arrivera à la conclusion qu’une politique libérale en matière d’économie, des transports et d’énergie contribue au succès de la Suisse. Attendons. S’il existe quelqu’un capable de mener le Parlement sur une voie de la vertu en matière de politique institutionnelle, ce sera la Conseillère fédérale qui a reçu les éloges de la droite à son arrivée au DETEC. Courage! –Gerhard Pfister
Contrat électoral :
nous tenons nos promesses Avant de faire de nouvelles promesses, il faut d’abord démontrer qu’on a tenu les précédentes. Il y a quatre ans, nous avons adopté un contrat électoral à Sursee dans le Canton de Lucerne. Notre bilan est des plus positifs. Nous voulons alléger les charges financières pesant sur les familles Grâce à l’engagement du PDC, les familles paient moins d’impôts aujourd’hui. Grâce au PDC, elles ont plus d’argent dans leur porte-monnaie. Nous voulons une baisse des prix Grâce au PDC, les prix ont baissé pour les consommateurs. Nous avons pu imposer notre solution pour les importations parallèles. Depuis le 1er juillet 2010, le principe du Cassis de Dijon est en vigueur. A ce titre, il est encore trop tôt pour en mesurer les effets. Nous voulons renforcer la place économique suisse Dès le départ, nous nous sommes engagés avec succès en faveur de l’extension de l’accord sur la libre circulation des personnes avec l’UE. La voie bilatérale est celle du PDC. Grâce à notre Conseillère fédérale Doris Leuthard, la Suisse a conclu un accord de libre-échange avec le Japon, le troisième client de la Suisse et elle a été le premier pays européen à le faire. Des négociations sont en cours afin d’en conclure de nouveaux. Cela nous permet de maintenir et de créer des postes de travail dans notre pays. De plus, le PDC a soutenu les trois programmes conjoncturels. Ainsi, nous avons été en mesure, pendant la crise, d’apporter très rapidement une aide ciblée là où elle était nécessaire: aux jeunes en début de carrière, aux employés plus âgés, à l’économie d’exportation et aux PME. Grâce au PDC, la Suisse s’est mieux tirée de la crise que tous les autres pays industrialisés. Nous voulons une place financière propre Par des mesures efficaces, le PDC s’est engagé contre les bonus indus, les excès et les parachutes dorés ainsi que pour une meilleure coopération en cas de délits fiscaux. Nous avons dé-
fendu avec succès le secret bancaire suisse et son adaptation aux nouvelles normes internationales. Nous voulons garantir la pérennité du système social Nous avons assaini l’assurance-invalidité et l’assurance-chômage en évitant que ces assainissements ne se fassent aux dépens des salariés. Nous avons contribué à consolider financièrement les assurances sociales. C’est dans l’intérêt de tous. Nous voulons préserver notre environnement Le PDC est le seul parti du centre et de la droite qui s’engage aussi résolument pour l’environnement. C’est grâce à nous que plus de moyens sont consacrés aujourd’hui aux énergies renouvelables, à l’assainissement des bâtiments et à la sécurité de l’approvisionnement énergétique de la Suisse. La Suisse est un pays attrayant qui réussit, grâce à une politique du centre marquée du sceau de l’équilibre, du respect et de la recherche de consensus. Contrairement aux partis extrêmes, nous ne nous contentons pas de dénoncer les problèmes, nous trouvons des solutions. Nous voulons sortir des blocages, des alliances contre nature qui ont eu raison de l’AVS et qui ont empêché de combattre la hausse des primes-maladie. Nous luttons pour trouver des compromis raisonnables. Nous sommes partie prenante du succès Suisse. Pour la prochaine législature, nous ne ferons pas de promesses électoralistes que nous ne pourrions pas tenir mais nous nous engagerons pour construire l’avenir de notre pays. En votant pour le PDC, le pivot du système politique suisse, votre voix compte double. ■ Pour en savoir plus: www.pdc.ch/ok –Christophe Darbellay, Président du PDC suisse
Nous CoNstruisoNs l’aveNir
afin que le succès de la suisse perdure, nous nous engagerons durant la législature 2011–2015 pour les familles, pour une place économique attrayante, pour des emplois sûrs, pour de solides institutions sociales et pour une politique environnementale durable. le «contrat électoral 2011–2015» qui présente les objectifs du PDc pour la législature 2011–2015 sera adopté lors de l’assemblée des délégué-e-s du PDc du 21 janvier. Pour en savoir plus sur nos projets et sur la manière dont nous voulons construire notre avenir: www.pdc.ch. –Rédaction La PoLitique
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
7
Dominique de Buman, Conseiller national
lEs sacs En PlastiquE, un DangEr Pour l’EnvironnEmEnt A première vue, le sac en plastique peut paraître un objet anodin. Mais derrière cette image inoffensive se cache un réel danger pour l’environnement. Même le G8 a reconnu le problème, et lors d’une session sur l’environnement qui s’est tenue en 2008, le Japon, la Chine et la Corée du Sud ont appelé les autres pays du monde à donner une priorité à la réduction de la production d’ordures et à la diminution de la fabrication et de l’utilisation des sacs en plastique. Beaucoup de pays ont entendu cet appel et ont interdit les sachets en plastique: la Chine, la France, le Rwanda, l’Ouganda, l’Erythrée, l’Australie et plusieurs Etats en Inde.
Réduire, réutiliser, recycler Même si la Suisse n’est pas confrontée au même problème que les pays du Sud, elle se doit d’être un exemple dans la politique des «3 R» (réduire, réutiliser, recycler). Jusqu’à aujourd’hui, notre politique en matière de déchets a été exemplaire, mais nous devons agir aussi sur la source des déchets, dont les sacs plastiques. La durée moyenne d’utilisation d’un tel sac est de 25 minutes. Sa fabrication nécessite du pétrole et beaucoup d’énergie. Incinéré, il dégage de la dioxine. Ceux qui finissent dans la nature mettront des centaines d’années pour disparaître. Changer nos habitudes Il faut savoir que les deux plus grands distributeurs suisses consomment à eux seuls plus de 240 millions de sacs en plastique gratuits à la caisse! Il ne s’agit pas de remplacer ces sacs systématiquement par des sacs biodégradables ou en papier, mais surtout par des sacs réutilisables dont certains sont faits, par exemple à partir de PET recyclé. D’ailleurs, les consommateurs français qui vivent depuis un certain temps sans sacs plastiques jetables ont déclaré à plus de 90 pour cent être satisfaits par cette interdiction. Les premiers sondages montrent que 68 pour cent des gens utilisent de façon systématique un sac réutilisé effectivement entre 16 et 24 fois. Seuls 21 pour cent des sacs hors d’usage sont jetés à la poubelle! En France, les nouveaux sacs sont en polypropylène solide et réutilisable. En octobre 2010, j’ai déposé une motion en ce sens. Et cette vision est partagée par des milieux et des autorités diverses de plus en plus nombreux. Comme sur d’autres dossiers, le Conseil fédéral, lui, ne semble pas comprendre les signes du temps…. Affaire à suivre! ■
8
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
Jacques Neirynck, Professeur honoraire EPFL, Conseiller national
Pour l’autonomiE énErgétiquE DE la suissE à l’horizon DE 2050 La combustion de pétrole, gaz ou charbon, a modifié un des paramètres fondamentaux de la planète, la teneur en gaz à effet de serre de l’atmosphère et, partant, la régulation du climat. Or, la Terre n’est habitable que dans la mesure de la préservation d’un équilibre fragile. Par ailleurs, ces combustibles, qui sont de l’énergie solaire accumulée pendant des millions d’années par les plantes et les animaux ne sont pas inépuisables. Néanmoins la modification climatique n’est pas le problème le plus urgent: il faut d’abord assurer l’approvisionnement énergétique du pays. Nous suffoquerons par manque d’oxygène bien après avoir vu nos lampes flageoler.
Prix à la hausse La première solution qui vient à l’esprit est de remplacer les combustibles fossiles par des centrales nucléaires qui ne produisent pratiquement pas de CO2. Mais que représente le nucléaire dans cette conjoncture sinon un faux-fuyant, car les ressources en uranium ne sont pas plus extensibles à l’infini que celles de pétrole? Au fur et à mesure du renchérissement du pétrole, les producteurs d’uranium alignent leur prix vers le haut. D’ailleurs, il en est de même des propriétaires, privés ou publics, des barrages produisant de l’énergie hydroélectrique; bien que l’amortissement des frais de construction et l’exploitation des centrales ne dépendent absolument pas du coût du pétrole, le prix de l’électricité augmente à proportion: les producteurs d’énergie jouissent d’une rente de situation qu’ils ne vont pas s’interdire d’exploiter. Diminution de la consommation Posons comme principe que l’approvisionnement en électricité doit être assuré coûte que coûte. Or d’une part la consommation diminuera par amélioration
du rendement des appareils et par remplacement du chauffage électrique direct par des pompes à chaleur, mais d’autre part elle augmentera par l’introduction de la voiture électrique et la disparition des chauffages au fuel. Il est impossible de prévoir avec toute certitude de quel côté penchera la balance, mais ce sera plutôt du côté de l’augmentation.
Energies renouvelables et économies Il n’existe dès lors qu’une seule voie à long terme avec un double volet: les énergies renouvelables (solaire, éolienne ou géothermie) et une rigoureuse politique d’économies. De toute façon, à long terme, c’est la seule issue: par définition le non renouvelable ne se renouvelle pas et finit par disparaître. Autant aménager notre environnement dès maintenant lorsque nous avons une abondance de ressources plutôt que de s’y trouver contraints par une nécessité urgente. Dans cette perspective l’achat de certificats d’émission de CO2 à l’étranger relève de la politique suicidaire: les investissements doivent être effectués sur le territoire. La Suisse a la nécessité de devenir autonome et de n’importer de l’énergie électrique ou des combustibles que de façon marginale. Il faut dès maintenant se préparer à cette échéance. Si un réacteur nucléaire exige un investissement de l’ordre de cinq à dix milliards et un délai de dix ans, il faut poser la question fondamentale: avec la même somme, dans le même laps de temps, que peut-on financer comme économies et comme énergies renouvelables? Qu’est ce qui est le plus rentable en termes de kWh? C’est un problème technique plutôt que politique. Le Palais fédéral n’est ni une centrale électrique, ni un coffre fort sans fond pour financer indéfiniment l’achat de combustibles de plus en plus chers. Sans énergie, notre civilisation disparaît. Engloutie par la pollution, elle ne survit pas davantage. ■ La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
9
gouvernance globale
«Le monde est plat» nous dit l’essayiste américain Thomas Friedman; «les problèmes n’ont plus de passeport», selon l’ancien SecrétaireGénéral de l’ONU, Kofi Annan. Voilà deux façons imagées d’exprimer le fait qu’aujourd’hui, tout va plus vite, tout est plus proche, tout est plus interdépendant. Un monde globalisé Les progrès des techniques de l’information, que nous n’avions pas même imaginés il y a quelques décennies seulement, et les flux accrus des personnes, des marchandises, des services et des capitaux tissent une trame qui sous-tend la globalisation. Dans ce contexte, de nouveaux défis globaux sont apparus – changement climatique, crise économique et financière, migrations, pandémies, mais aussi terrorisme et crime global, extrémismes de tous bords –, qui sont venus s’ajouter à la guerre et à la pauvreté. Ces défis frappent tous les pays et leurs citoyens, qu’ils en soient responsables ou pas, et qu’ils le veuillent ou pas. A lui seul, un pays ne peut venir à bout de ces problèmes, des réponses collectives et urgentes sont nécessaires. Pour ce faire, nous avons besoin d’un système de gouvernance globale efficace et inclusif. Avant d’aller plus loin, il me semble utile d’apporter quelques clarifications sur ce que l’on entend par «gouvernance globale». Il ne s’agit pas d’établir un gouvernement mondial, doté d’un parlement mondial. Non. La gouvernance globale est le moyen d’organiser, à l’échelon mondial, la prise de décision par des Etats souverains qui gardent leurs institutions nationales. En 10
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
outre, il est utile de préciser aussi que le principe de subsidiarité s’applique. Les problèmes qui peuvent être résolus à l’échelon local doivent l’être à l’échelon local.
De nouveaux équilibres Depuis quelques années, de nouvelles puissances politiques et économiques, de nouveaux marchés sont apparus. La récente crise économique et financière en témoigne: les marchés dits émergents ont mieux résisté que les économies plus mûres des pays industrialisés. Par ailleurs, les flux d’échanges et d’investissements Sud-Sud, ainsi que la coopération Sud-Sud s’accroissent fortement. Cette nouvelle réalité doit être reflétée dans le système de gouvernance globale. Face à ce paysage global complexe, les institutions multilatérales traditionnelles, telles que l’ONU et les institutions de Bretton Woods, nées au lendemain de la seconde guerre mondiale, sont critiquées: leur représentativité et leur efficacité sont mises en cause. Il paraît plus simple et plus rapide de prendre des décisions au sein de forums plus étroits. Ainsi, de nouveaux acteurs sont apparus, comme le G20 ou d’autres groupes informels ad hoc. Les acteurs non gouvernementaux, secteur privé et société civile, jouent aussi un rôle de plus en plus grand.
Ces nouveaux acteurs sont indéniablement utiles. La réponse rapide et coordonnée du G20 à la crise économique et financière l’a bien montré. La question qui se pose est plutôt celle de leur légitimité. Les décisions prises par un groupe comme le G20 vont affecter l’ensemble de la communauté internationale. Par conséquent, il faut trouver le moyen de mieux articuler le besoin d’efficacité et d’action avec l’impératif de légitimité.
Le rôle clé de l’ONU dans la gouvernance globale L’ONU et son Assemblée générale ont un rôle central à jouer pour refléter la complexité de ce nouvel ordre – ou désordre – mondial et développer une structure de gouvernance globale qui soit à la fois efficace, ouverte et représentative.
façon notamment à ce que celui-ci reflète mieux les nouveaux équilibres mondiaux. Il faut encore achever le réexamen du travail du Conseil des Droits de l’homme. Il va falloir aussi renforcer les organes économiques des Nations Unies, l’ECOSOC en particulier, afin qu’ils puissent remplir la mission qui leur est impartie. Les réformes concernent ensuite les relations de l’ONU avec les autres acteurs de la gouvernance globale, Etats réunis en groupes informels comme le G20, mais aussi secteur privé, la société civile et les acteurs régionaux. Il faut donc s’assurer qu’existent les mécanismes appropriés de communication, de consultation et de coopération entre l’ONU et ces acteurs.
La relation entre l’ONU et le G20 L’ONU a une légitimité unique. Avec ses 192 Etats membres, l’Assemblée générale atteint presque l’universalité et reflète la diversité des situations et des intérêts en jeu. Sa mission est de promouvoir les droits de chaque homme, de chaque femme et de chaque enfant. Il n’y a pas de sujet qui touche à l’être humain et à notre planète qui puisse être étranger à ses débats. En tant qu’entité opérationnelle, l’ONU a une expertise et une présence sur le terrain propres à lui assurer un rôle central dans la gouvernance globale. Afin d’attirer l’attention sur la gouvernance globale, j’ai proposé, usant de ma prérogative en tant que Président de l’Assemblée générale, de prendre pour thème du débat général de l’Assemblée, qui a eu lieu à New York à la fin septembre, «la réaffirmation du rôle central de l’ONU dans la gouvernance globale». L’écho rencontré – un nombre considérable de chefs d’Etat et de gouvernement ont parlé de la gouvernance dans leurs interventions – montre qu’il s’agit effectivement d’une préoccupation majeure à l’heure actuelle. Il est clairement apparu que l’ONU est le forum central de la gouvernance globale, mais que des réformes urgentes sont nécessaires pour que l’organisation soit en mesure de remplir ce rôle.
Le besoin de réformes Ces réformes concernent d’abord l’organisation elle-même. Il faut s’attaquer résolument à la revitalisation de l’Assemblée générale – revisiter par exemple ses méthodes de travail pour la rendre plus efficace. Il faut aussi que les négociations sur la réforme du Conseil de Sécurité démarrent véritablement, de
Comme première mesure concrète dans le contexte du récent sommet du G20 à Séoul, j’ai organisé un débat informel de l’Assemblée générale avant le Sommet, avec le Secrétaire général et le pays hôte du G20, la République de Corée du Sud, le 22 octobre à New York. L’objectif de cette réunion était d’offrir un cadre institutionnel informel à tous les Etats membres, qu’ils aient été invités à participer au Sommet de Séoul ou non, pour être informés sur l’agenda du G20. Sur le même modèle, un débat informel de l’Assemblée générale a eu lieu après le Sommet, le 16 novembre, avec à nouveau la participation du Secrétaire général et d’un représentant du pays hôte, mais également celle d’un représentant du pays reprenant la présidence du G20, la France. De la sorte, les 192 Etats membres ont pu prendre connaissance et discuter les résultats du Sommet du G20 de Séoul. Il est intéressant à cet égard de noter que, malgré sa composition (taille relativement modeste et représentation au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement) favorable à la prise de décision collective, le G20 à Séoul n’a produit que peu de résultats significatifs. Il y a certes eu des avancées à saluer dans certains domaines, comme la modernisation du FMI et le renforcement de la réglementation financière. Mais il faudra encore que les organes compétents endossent ces décisions pour qu’elles soient pleinement légitimes. Le cas de la réforme du FMI, qui va devoir passer encore devant le Conseil financier et monétaire du Fonds, est un cas d’école. D’autres questions importantes ont été soulevées, mais sans guère de résultats tangibles. Il en est ainsi par exemple de la surveillance des déséquilibres macroéconomiques, ou encore La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
11
du Consensus de Séoul sur le Développement, domaines où beaucoup de travail reste à faire pour déboucher sur des mesures concrètes. Ceci montre que, maintenant que la menace d’une crise économique et financière paraît moins imminente qu’en 2008–2009, même réunis en petits groupes, les Etats ont de la difficulté à mettre de côté les intérêts nationaux et à forger le
consensus nécessaire à l’adoption de solutions favorables à tous. L’adoption de mesures protectionnistes est un bon exemple: à court terme, cela peut paraître tentant, mais à long terme, l’histoire nous l’a appris, la facture à payer est lourde pour tous. Ainsi, la capacité de décider collectivement est fortement dépendante de la façon dont sont perçus les défis. Plus la menace paraît diffuse et lointaine, plus il est difficile de sacrifier les intérêts de court terme à l’intérêt général de long terme. L’enlisement des négociations contre le réchauffement climatique en est une illustration. Ceci montre aussi que, pour rester efficace, le système de gouvernance globale va probablement se faire à géométrie variable, réunissant plus ou moins de pays selon les défis à surmonter. Le G20 n’est peut-être pas, à l’heure actuelle, dans sa forme définitive. Ce qui ne change pas, en revanche, c’est que pour être légitime, le système de gouvernance globale doit assurer qu’à un moment donné, l’ensemble de la communauté des Etats puisse s’exprimer et endosser, le cas échéant, les décisions préparées par des groupes plus restreints. C’est ce rôle charnière que l’ONU et son Assemblée générale doivent remplir de par leur légitimité et expertise uniques. C’est pour qu’elles puissent le jouer pleinement que, ainsi que je viens de le décrire, les réformes internes et l’établissement de ponts avec les autres acteurs majeurs de la gouvernance globale sont nécessaires. ■ –Joseph Deiss, Président de l’Assemblée générale de l’ONU
COLOnnE LiBRE
Vers le parti unique? Les deux votations fédérales du 28 novembre n’avaient rien à voir avec leurs objets prétendus, simples prétextes à agiter l’opinion publique avec des sujets hautement passionnels: la peur de l’insécurité, la méfiance de l’étranger et la jalousie des riches. Celle de l’UDC a réussi mais n’entraînera aucune modification immédiate de la très faible criminalité en Suisse. Celle du PS a échoué mais a mobilisé au-delà de l’électorat du parti. Dans les deux cas, le but à peine dissimulé n’était pas de résoudre un problème national mais de recruter des votes pour les élections de 2011. La double opération a réussi au-delà des pires craintes des partis du centre. Telle n’est bien entendu pas la vocation d’une initiative populaire. Elle vise à corriger un abus manifeste du pouvoir par le gouvernement ou le parlement. C’est une institution de dernier recours. Si l’on en abuse à des fins électorales, on vide la démocratie parlementaire de son essence. En opposant électeurs et élus, on aboutit à l’instauration d’un parti unique aux ordres d’un leader charismatique, voire à la disparition du parlement, comme l’ont démontré Staline, Hitler, Mao-Tse-Toung, Castro, Mussolini, Pétain. Les exemples historiques abondent et l’on aurait grand tort de s’imaginer que la Suisse serait, par élection divine, indemne de telles dérives. Yvan Perrin n’a-t-il pas confessé ingénument le 30 novembre que l’UDC n’arrêterait sa progression qu’en atteignant la cote de 100%. Si le parlement se polarise encore davantage au point d’opposer UDC et PS de part et d’autre d’un centre diminué, comment concevoir encore le fonctionnement du Conseil fédéral? Le seul résultat du 28 novembre 2010 fut d’affaiblir le fédéralisme, la concordance, la démocratie directe et les trois ordres exécutif, législatif et judiciaire. Mais le peuple a toujours le dernier mot: il aura la force d’assumer les conséquences de ses décisions. –Jacques Neirynck
12
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
Un sénateUr, Un gentleman Au cours de la session d’hiver 2010, le Conseiller aux Etats uranais Hansheiri Inderkum a été élu à la présidence de la Chambre des cantons avec le meilleur score possible. Même si la tradition veut que les Conseillers aux Etats fassent montre d’une grande courtoisie lors de ces élections, un tel résultat n’est pas coutumier, même dans ce conseil. Mais pour Hansheiri, il est plus que justifié.
Pourquoi? S’il est très apprécié au Parlement, c’est avant tout parce qu’il a des principes clairs et qu’il les défend toujours avec tact et respect devant les personnes qui ne partagent pas son opinion. Pour moi, il est un véritable sénateur, au meilleur sens du terme, avec le flegme anglo-saxon du vrai gentleman. Que ceux qui trouvent ce portrait ennuyeux sachent qu’Hansheiri Inderkum ne l’est pas du tout dans ses contacts personnels. Il est plein d’humour (le principal trait de caractère pour un politicien), intelligent (pas absolument nécessaire en politique mais ça aide), conservateur (je ne sais pas si je peux l’écrire comme cela mais je veux le voir ainsi). Il ne se bat pas avec une épée mais avec un fleuret. En se fondant sur ses profondes connaissances juridiques et sur les principes qui régissent nos institutions politiques, un savoir et des convictions qui se font rares, même au Conseil des Etats. Pour moi personnellement, Hansheiri Inderkum est une référence, surtout dans les séances du Groupe. Lorsqu’on s’énerve, qu’on hausse le ton, il est celui qui parvient toujours à apaiser les ten-
sions en mettant en évidence ce qui est judicieux et possible et surtout ce qui est juridiquement correct et les mots justes pour le dire. Avec lui, les discussions sont un enrichissement. Je comprends pourquoi le Conseil des Etats est pour lui «le plus beau de tous les Conseils» même si pour une fois je ne suis pas d’accord avec lui. Pour son année de présidence du Conseil des Etats, le Groupe PDC souhaite à Hansheiri Inderkum de nombreuses belles rencontres, de nombreux Conseillers aux Etats qui perdent leurs mauvaises habitudes prises au National, des débats vivants, et une culture politique à l’image de celle qu’il incarne. Qu’il soit considéré par certains journalistes comme inapte à participer à l’émission Arena est le meilleur compliment qu’on puisse lui faire. Car il n’y va pas par principe. Hansheiri Inderkum montre comment la politique fédérale suisse était conçue à ses débuts au XIXe siècle. Et qu’elle peut, à l’avenir aussi, être un modèle de succès pour la Suisse. Meilleurs vœux! ■ –Gerhard Pfister, (qui siège au National, un Conseil aussi très beau!) La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
13
Les pays les plus respectueux de l’environnement Depuis 2006, deux universités américaines publient tous les deux ans un classement des pays les plus respectueux de l’environnement. L’indice de performance environnementale (IPE) a été créé pour évaluer, comparer et améliorer l’efficacité de la politique environnementale. Cet indice a été développé par l’Université de Yale en collaboration avec l’Université de Columbia, le forum économique mondial et le Centre commun de recherche de la Commission européenne. Il s’agit d’un instrument scientifique conçu pour compléter les objectifs de développement internationaux convenus par les Nations Unies.
L’indice de performance environnementale repose sur 16 critères dans les domaines de la santé environnementale, de la qualité de l’air, de l’eau, de la biodiversité, des ressources naturelles et de l’énergie. Il tient compte à la fois de la situation actuelle et du dynamisme de l’écosystème. En 2006, la Suisse ne figurait pas parmi les trois pays les plus respectueux de l’environnement. En 2008, notre pays a accédé au premier rang devant la Norvège et la Suède. En 2010, la Suisse occupait la deuxième place, derrière l’Islande. Le classement a toutefois été établi avant l’éruption du volcan islandais Eyjafjalla! ■ (lt)
100–85 POINTS IPE 1 Islande 93.5 2 Suisse 89.1 3 Costa Rica 86.4 4 Suède 86.0
82 Guyane 59.2 83 Uruguay 59.1 84 Azerbaïdjan 59.1 85 Vietnam 59.0 86 Moldavie 58.8 87 Ukraine 58.2 88 Belgique 58.1 89 Jamaïque 58.0 90 Liban 57.9 91 Sao Tomé et Principe 57.3 92 Kazakhstan 57.3 93 Nicaragua 57.1 94 Corée du Sud 57.0 95 Gabon 56.4 96 Chypre 56.3 97 Jordanie 56.1 98 Bosnie-Herzégovine 55.9 99 Arabie saoudite 55.3
85–70 POINTS IPE 5 Norvège 81.1 6 Maurice 80.6 7 France 78.2 8 Autriche 78.1 9 Cuba 78.1 10 Colombie 76.8 11 Malte 76.3 12 Finlande 74.7 13 Slovaquie 74.5 14 Grande Bretagne 74.2 15 Nouvelle Zélande 73.4 16 Chili 73.3 17 Allemagne 73.2 18 Italie 73.1 19 Portugal 73.0 20 Japon 72.5 21 Lettonie 72.5 22 République tchèque 71.6 23 Albanie 71.4 24 Panama 71.4 25 Espagne 70.6 70–55 POINTS IPE 26 Belize 69.9 27 Antigua et Barde 69.8 28 Singapour 69.6 29 Serbie et Monténégro 69.4 30 Equateur 69.3 31 Pérou 69.3 32 Danemark 69.2 33 Hongrie 69.1 34 El Salvador 69.1 35 Croatie 68.7 36 République dominicaine 68.4 37 Lituanie 68.3 38 Népal 68.2
39 Suriname 68.2 40 Bhoutan 68.0 41 Luxembourg 67.8 42 Algérie 67.4 43 Mexique 67.3 44 Irlande 67.1 45 Roumanie 67.0 46 Canada 66.4 47 Pays-Bas 66.4 48 Maldives 65.9 49 Fidji 65.9 50 Philippines 65.7 51 Australie 65.7 52 Maroc 65.6 53 Biélorussie 65.4 54 Malaisie 65.0 55 Slovénie 65.0 56 Syrie 64.6 57 Estonie 63.8 58 Sri Lanka 63.7 59 Géorgie 63.6 60 Paraguay 63.5 61 Etats-Unis d’Amérique 63.5 62 Brésil 63.4 63 Pologne 63.1 64 Vénézuéla 62.9 65 Bulgarie 62.5 66 Israël 62.4 67 Thaïlande 62.2 68 Egypte 62.0 69 Russie 61.2 70 Argentine 61.0 71 Grèce 60.9 72 Brunei Darussalam 60.8 73 Macédoine 60.6 74 Tunisie 60.6 75 Djibouti 60.5 76 Arménie 60.4 77 Turquie 60.4 78 Iran 60.0 79 Kirghizstan 59.7 80 Laos 59.6 81 Namibie 59.3
55–40 POINTS IPE 100 Erythrée 54.6 101 Swaziland 54.4 102 Côte-d’Ivoire 54.3 103 Trinidad et Tobago 54.2 104 Guatemala 54.0 105 Congo 54.0 106 Rép. démocratique du Congo 51.6 107 Malawi 51.4 108 Kenya 51.4 109 Ghana 51.3 110 Birmanie 51.3 111 Tadjikistan 51.3 112 Mozambique 51.2 113 Koweït 51.1 114 Iles Salomon 51.1 115 Afrique du Sud 50.8 116 Gambie 50.3 117 Libye 50.1 118 Honduras 49.9 119 Uganda 49.8 120 Madagascar 49.2 121 Chine 49.0 122 Qatar 48.9
123 Inde 48.3 124 Yémen 48.3 125 Pakistan 48.0 126 Tanzanie 47.9 127 Zimbabwe 47.8 128 Burkina Faso 47.3 129 Soudan 47.1 130 Zambie 47.0 131 Oman 45.9 132 Guinée-Bissau 44.7 133 Cameroun 44.6 134 Indonésie 44.6 135 Rwanda 44.6 136 Guinée 44.4 137 Bolivie 44.3 138 Papouasie-Nouvelle-Guinée 44.3 139 Bangladesh 44.0 140 Burundi 43.9 141 Ethiopie 43.1 142 Mongolie 42.8 143 Sénégal 42.3 144 Ouzbékistan 42.3 145 Bahreïn 42.0 146 Guinée équatoriale 41.9 147 Corée du Nord 41.8 148 Cambodge 41.7 149 Botswana 41.3 150 Irak 41.0 151 Tchad 40.8 152 Emirats arabes unis 40.7 153 Nigéria 40.2 40–25 POINTS IPE 154 Bénin 39.6 155 Haïti 39.5 156 Mali 39.4 157 Turkménistan 38.4 158 Niger 37.6 159 Togo 36.4 160 Angola 36.3 161 Mauritanie 33.7 162 République d’Afrique centrale 33.3 163 Sierra Leone 32.1
Source: www.epi.yale.edu
14
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
cArTe blANche
Pour un Parlement solidaire! Le Parlement a dû fortement insister, mais le Conseil fédéral a fini par s’exécuter: l’aide publique au développement de la Suisse doit augmenter linéairement pour atteindre 0,5% du revenu national brut (RNB) d’ici à 2015. Enfin! C’était sans compter sur le Conseil National, qui n’a pas trouvé mieux que de procéder à des coupes de plus de 100 millions de francs dans les domaines de l’eau et du climat en matière de coopération bilatérale au développement! Actuellement, près d’un tiers de l’humanité vit dans des régions où l’eau manque. Chaque semaine, 90 000 personnes meurent de maladies liées à l’eau. Et 2,6 milliards d’êtres humains n’ont pas accès à un assainissement de base(1). Pour les pays les plus pauvres, l’accès à de l’eau potable propre et à des installations sanitaires est une question de survie!
Grâce à des programmes suisses d’aide au développement dans le domaine de l’eau, au moins 1 850 000 personnes ont pu avoir accès à un réseau d’eau potable et à des installations sanitaires entre 2002 et 2007 dans différents pays en développement. La Suisse excelle dans ce domaine et ces pays doivent pouvoir profiter de son savoir-faire. De son côté, le Conseil des Etats a tranché à une forte majorité en faveur du 0,5% du RNB. Le PDC a joué un rôle non négligeable dans cette décision. Et le Conseil national semble être revenu à de meilleurs sentiments… Faut-il rappeler que 0,5% du RNB ne constitue qu’un premier pas en direction du 0,7% du RNB que notre pays s’est engagé à atteindre dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le développement? Est-ce trop souhaiter qu’à l’avenir, dans l’intérêt des pays en développement, mais également dans celui bien compris de la Suisse et de son influence dans un monde globalisé, le Conseil fédéral et le Parlement évoluent vers plus de solidarité, sans tergiversations inutiles?… –anne Seydoux-Christe, Conseillère aux Etats
1
Direction du développement et de la coopération: «Alerte rouge sur l’or bleu!»
Les personnes ou sociétés désirant élire domicile en Valais Peuvent s’adresser à la fiduciaire
Duc-Sarrasin & Cie SA – Avenue Général Guisan 29 – 3960 Sierre Téléphone: 027/455.60.83 fiduciaire@ducsarrasin.ch – www.ducsarrasin.ch
Expert en fiscalité, organisation, révision et agent immobilier patenté La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
15
´
une ecole prise en otage
L’école serait donc en crise! Tel est le diagnostic décrété depuis quelques mois par le premier parti suisse qui tire à boulets rouges sur une institution scolaire chargée de tous les maux. Les résultats PISA 2009 viennent pourtant de contredire avec évidence le verdict négatif de l’UDC.
Aspect positif: depuis que l’UDC a fait de l’école son nouveau cheval de bataille, la politique de formation est placée au cœur du débat public. Quel contraste avec une période pas si lointaine où l’école était maintenue sur les marges de l’actualité! Flairant un thème susceptible de toucher un électorat nouveau, l’UDC a donc jeté son dévolu sur la politique scolaire, en adoptant une position propre à lui permettre de récolter des suffrages au sein d’une frange de la population qui l’ignorait jusqu’alors. L’école est le sujet idéal pour les amateurs de polarisation, de polémiques et de caricatures. Dans chaque électeur se trouve un ancien élève, un parent soucieux de l’avenir de son enfant, un grand-parent qui idéalise la période de son enfance studieuse…
Le mythe de l’âge d’or L’école a toujours essuyé des critiques, traversé des périodes de doutes et de remises en cause. Car l’école n’est pas un îlot immobile au milieu d’une mer agitée. Elle est le miroir de la société dans laquelle elle vit, travaillant à assumer la mission qui lui est confiée, à savoir la transmission des savoirs, l’éducation, l’intégration.
La «Volksschule» tient d’un thème mobilisateur pour qui ignore la réalité vécue au quotidien dans les classes et n’a que faire des solutions à trouver. C’est ça le marketing politique: on décrète qu’une institution comme l’école obligatoire est en crise, rongée par on ne sait quelle maladie. L’école est ainsi prise en otage pour servir d’outil partisan et idéologique.
Ce diagnostic est victime du mythe de l’âge d’or, de la nostalgie d’un temps idéal qui n’a jamais existé que dans un passé recomposé. Pour justifier cette politique, les néo-conservateurs sont contraints de placer l’institution scolaire dans une tension machiavélique : d’un côté, une école de la performance, de l’autorité et de la discipline; de l’autre, une école permissive, trop tolérante et ouverte.
L’école ne mérite pas cette instrumentalisation. Elle se tient au cœur de notre démocratie, comme un de ses piliers essentiels. L’école est le lieu où sont posées les bases de l’insertion sociale et professionnelle et où se construisent les générations à venir. C’est l’endroit où se façonne le vivre-ensemble, où se prépare l’avenir du pays. 16
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
Cette institution scolaire serait aujourd’hui malade? Peu importe les bons résultats annoncés par une étude internationale peu suspecte de partialité. L’école subirait une permanente baisse de niveau, serait polluée par des dogmes gauchisants et travaillerait contre l’autorité et la famille… Tel est le diagnostic de l’UDC, qui livre ainsi une nouvelle page de sa doctrine conservatrice.
Cette critique de l’école, l’UDC ne la formule que depuis peu! Ce n’est que récemment que l’école est devenue un objet de combat politique. En 2006, les articles constitutionnels sur la formation n’ont suscité que des oppositions marginales, au point d’être soutenus par 86% des Suisses et par tous les can-
tons. Les premiers pas du concordat Harmos – prolongement naturel de ces articles constitutionnels – se déroulent dans les cantons avec le soutien de l’UDC. Dans les Grands Conseils, les partis démocrates du centre œuvrent au maintien d’un climat scolaire en soutenant lois et concordats.
Une stratégie de marketing Vient le moment où les stratèges zurichois de l’UDC décident de placer l’école dans leur mire idéologique. Le concordat Harmos est aussitôt transformé en cible. Peu importe que les partis cantonaux aient applaudi à cette nécessaire harmonisation des principes de l’école obligatoire, l’UDC retourne sa veste et combat Harmos au moyen de référendums. Voyant que son combat contre l’harmonisation ne portait pas les fruits espérés – le concordat est entré en vigueur le 1er août 2009 – l’UDC décide alors d’orienter ses flèches vers le Lehrplan 21, ce plan d’études en préparation au sein des cantons alémaniques. Le Lehrplan, à l’égal du Plan d’études romand, est la mise en pratique du concordat Harmos dans chaque région linguistique. Le parti de la droite nationaliste produit même son propre Lehrplan, ne craignant aucunement le paradoxe de contredire par là-même sa conception cantonaliste de l’école. Les critiques caricaturales de l’UDC ne doivent pas détourner les personnes soucieuses de la qualité de l’enseignement d’une approche lucide de l’institution scolaire. On peut reconnaître avec elles que le besoin de réformes a conduit à des excès, que l’école de l’autoritarisme a parfois fait place à une école du laisser-faire, en fonction du balancier qui met du temps à se stabiliser après tout changement. Mais seule la mauvaise foi ou le port d’œillères idéologiques pousse certains à prétendre que la discipline et l’ordre ont déserté l’école, que le niveau scolaire est en chute permanente depuis trois ou quatre décennies, que l’enseignement intégratif est la cause d’un nivellement par le bas… L’institution scolaire suisse n’est pas en crise. Elle travaille, dans un contexte difficile, à remplir la mission que lui a confiée la société. Ses responsables politiques, ses enseignantes et enseignants le font avec la conscience des manques et des défis à relever dans une société toujours plus métissée et pluriculturelle. Mais l’avenir de l’école ne se trouve pas dans le passé ni dans la nostalgie d’une période fantasmée. Il réside dans le travail effectué avec passion par des milliers d’enseignantes et d’enseignants à travers le pays. Il passe par une harmonisation de l’école obligatoire à l’échelle du pays, par des plans d’études exigeants. Par un climat scolaire serein, à l’abri des batailles électorales… Je suis reconnaissante au PDC d’enrichir le débat scolaire par des positions constructives et empreintes de dialogue. Il contribue ainsi au maintien de la qualité indispensable du climat scolaire. ■
ProPositioNs du PdC eN matière de formatioN: Pour uNe suisse ComPétitive
En août 2010, le groupe de travail «Formation» du PDC a publié ses propositions visant à garantir, à l’avenir aussi, la qualité élevée du système éducatif suisse. L’objectif d’une éducation de qualité doit consister à aider nos enfants, nos jeunes et nos étudiants en fonction de leurs compétences à devenir des personnes autonomes et à se construire un avenir riche en perspectives. Le document présentant la position du parti en matière de formation est très complet et aborde les exigences spécifiques des différents degrés de formation. Il a été mis au point sur une année au cours d’entretiens et d’échanges menés avec les divers acteurs du système de l’éducation. Isabelle Chassot, Conseillère d’Etat et Présidente de la CDIP, a été l’une des personnalités qui ont donné des impulsions précieuses à ces travaux. Les premières interventions résultant de ces débats ont été déposées au Parlement et certaines d’entre elles ont déjà été traitées. Citons par exemple le postulat du Conseiller aux Etats Ivo Bischofberger, déposé lors de la dernière session d’hiver 2010 concernant le nombre croissant d’étudiants étrangers dans nos hautes écoles, pris en compte par le Conseil fédéral et adopté à l’unanimité par le Conseil aux Etats. Or en Suisse, la formation est une tâche qui relève essentiellement de la compétence des cantons. C’est pourquoi les délégués des partis cantonaux ont été associés aux travaux d’élaboration et ils vont déposer des interventions sur le plan cantonal. Les partis cantonaux du PDC peuvent donc s’appuyer sur le document exposant la position du parti pour étoffer leur argumentaire et inscrire le thème de la formation dans leur agenda politique. Il est prévu d’évaluer, de remanier et de développer une nouvelle fois la position durant l’été 2011. Les défis que devra relever la Suisse, pays formateur par excellence, ne vont pas diminuer si l’on veut qu’elle se maintienne en tête du classement dans le domaine de la formation. Vous pouvez consulter les propositions du PDC en matière de formation sous: www.pdc.ch/themes/positions-du-parti/ (gp)
–isabelle Chassot, Conseillère d’Etat, Fribourg La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
17
18
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
PaRCS NaTURELS RéGIONaUx: Pas DE contraDiction EntrE naturE Et culturE
La protection de la nature et du paysage peut aller de pair avec un développement régional durable. C’est ce que démontre le projet de parcs naturels régionaux qui ne met pas uniquement l’accent sur des aspects écologiques mais qui vise aussi des objectifs économiques. Il s’agit d’une part de protéger et de valoriser des espaces de vie naturels et des paysages et, de l’autre, de promouvoir un développement économique durable et notamment un tourisme proche de la nature dans une région. en modifiant la loi fédérale sur la protection de la nature et du paysage à la fin de l’année 2007, la Confédération a posé les bases légales pour la création de «parcs d’importance nationale» parmi lesquels on trouve aussi les «parcs naturels régionaux». Depuis la révision de cette loi, trois parcs naturels régionaux ont été créés en Suisse et 14 autres sont en cours de réalisation. Les parcs naturels régionaux semblent répondre à un besoin, pourquoi? Bruno Stephan Walder: Diverses régions rurales cherchent manifestement de nouvelles perspectives et de nouveaux objectifs. L’instrument des parcs naturels régionaux permet d’envisager une telle réorientation qui est à la fois durable et équilibrée. Lorsqu’une région est certifiée «parc naturel», elle voit s’ouvrir de nombreuses possibilités de promotion. Dans ce contexte, l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) a mis en place une collaboration professionnelle avec Suisse Tourisme: l’OFEV se charge de la certification et Suisse Tourisme de la promotion. Cette offensive commerciale donne aux parcs une excellente plate-forme pour promouvoir leurs offres et leurs produits tant au niveau national qu’international. quelle idée est à la base de la création de parcs naturels régionaux? Il s’agit de soutenir le développement global et durable de régions situées en zones rurales. Celles-ci se distinguent par une grande qualité de leurs paysages cultivés et des espaces de vie et par une mise en réseau des zones habitées. Leurs constructions et leurs installations s’intègrent harmonieusement dans le paysage et le site. Dans les parcs naturels, il convient d’une part de préserver et de valoriser la nature et le paysage; d’autre part, il s’agit aussi de renforcer des activités économiques régionales fondées sur le développement durable.
Les parcs dits «d’importance nationale» dont font également partie les «parcs nationaux» et les «parcs naturels périurbains» sont un instrument incitatif mis en place par la Confédération pour préserver et valoriser des habitats naturels ou des paysages exceptionnels d’importance nationale. Parallèlement, ils favorisent le développement économique d’une région, notamment dans le domaine du tourisme durable et proche de la nature tout en encourageant la formation environnementale et la découverte de la nature. quels sont les avantages concrets qu’un parc naturel régional peut apporter à une région? Les parcs naturels régionaux peuvent contribuer au maintien de postes de travail et créer de nouveaux emplois dans l’agriculture, la sylviculture ainsi que dans le tourisme. Par ailleurs, l’industrie et l’artisanat local peuvent ainsi être soutenus et mis en réseau ce qui renforce les chaînes de création de valeur. Finalement, les visiteurs et habitants peuvent bénéficier de produits et de services attrayants. La création de valeur dans une région dépend toutefois de son principal capital: une nature et un paysage intacts. Pour satisfaire aux attentes des visiteurs des parcs et de la population, les parcs doivent pouvoir garantir des paysages et des offres de grande qualité dans les parcs. actuellement, de nombreux parcs naturels régionaux sont planifiés par exemple dans la région du Gantrisch, dans la vallée de la Binn ou le Val d’Hérens. qui donne l’impulsion pour créer un parc naturel régional? Tous les parcs ont été créés suite à une initiative spontanée de communes et de régions portée par la population locale et d’autres acteurs importants. D’ailleurs, la volonté des régions a aussi eu une influence sur la législation sur les parcs: alors que le La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
19
Conseil fédéral ne voulait pas présenter un message et un projet de loi, de nombreuses interventions venant de tous les partis et des régions les plus diverses ont été déposées au Parlement. Finalement, le Conseil des Etats et le National ont adopté une base légale et ont relayé ainsi la forte volonté exprimée par les régions qui voulaient créer ces parcs. Le caractère volontaire de cet instrument ne crée-t-il pas certaines difficultés par exemple lors de la réalisation des projets? Dans plusieurs régions, la population s’est récemment prononcée contre la création d’un parc naturel. La plupart du temps, les adversaires du projet avancent des arguments objectivement incompréhensibles voire erronés, laissant ainsi craindre une mise sous tutelle de la région. Au contraire, la région concernée prend en main elle-même son développement. Pour ce faire, il faut bien entendu avoir une certaine confiance dans ce nouvel instrument promotionnel. Et il faut de la créativité et du courage pour emprunter de nouvelles voies, mais il faut aussi prendre conscience de ses propres qualités et les mettre à profit. Les régions doivent aussi être assurées de pouvoir fournir des prestations qui ne soient pas toutes directement rentables et perceptibles. Et elles doivent accepter que la Confédération fixe des exigences pour pouvoir bénéficier de cet outil promotionnel et que le montant de l’aide financière soit déterminé en fonction de la qualité des prestations. Dans le cadre de plusieurs projets, il s’est avéré que de nombreuses régions qui – avant d’avoir un parc – n’avaient pas l’habitude de collaborer ont trouvé une nouvelle identité commune grâce à un tel projet. ■ Interview: Rédaction de La Politique
20
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
les ParCs d’imPortaNCe NatioNale
Les parcs nationaux se distinguent pour leurs paysages naturels intacts. En principe, toute intervention humaine est interdite dans leur zone centrale. Le parc national de l’Engadine existe depuis 1914 et se base sur sa propre loi. Le Parc Adula dans le canton du Tessin et des Grisons est le premier à se porter candidat pour devenir un parc national. Les parcs naturels régionaux servent à préserver et à faire revivre les paysages cultivés dans les zones rurales. L’objectif est de créer des conditions favorables à un développement global et durable d’une région à savoir: l’entretien et la promotion des trésors naturels et culturels, la collaboration entre les exploitations agricoles et les entreprises industrielles et artisanales, la commercialisation des produits régionaux sans oublier la cohésion sociale de la population des régions. Aujourd’hui la biosphère UNESCO de l’Entlebuch, le parc naturel régional de Thal et celui de la Biosfera Val Müstair portent le label de parc d’importance nationale. Les parcs naturels périurbains sont pour ainsi dire des parcs nationaux en miniature et ils se trouvent à proximité des agglomérations. La dynamique naturelle n’est aucunement restreinte dans la zone centrale du parc. Dans cette catégorie, le Wildnispark Zürich Sihlwald est le premier à avoir obtenu le label de parc d’importance nationale. La superficie globale des parcs suisses est de 7'300 kilomètres carrés, soit près de 20 pour cent de celle de notre pays ou plus que celle du canton des Grisons. bruno stephan Walder est Chef de l’Etat major pour les activités internationales au Département Espèces, écosystèmes, paysages de l’Office fédéral de l’environnement; jusqu’à la fin de l’année 2010, il était Chef de la section Paysages d’importance nationale à l’Office fédéral de l’environnement
reNDeZ-VOus Elisabeth SchneiderSchneiter, Conseillère nationale
le GrüTlI Pour moi qui habite la commune de Biel-Benken dans le canton de Bâle-Campagne et qui vit tout près de la frontière alsacienne et pas très loin de la Bade-du-Sud, le Grütli ne semble pas forcément être l’endroit le plus proche pour cet article. Pourtant, le Grütli et le serment du Grütli revêtent une grande importance pour moi et pas seulement parce que, lors de ma récente assermentation dans la salle du Conseil national, mon regard s’est posé sur la fresque de Charles Giron représentant le Lac des Quatre-Cantons et la prairie du Grütli. D’une part, le Grütli est le symbole du centre historique et émotionnel de la Suisse et par conséquent le berceau de notre démocratie. Je ne considère pas ce lieu uniquement comme un héritage historique mais aussi comme une invitation à s’inspirer de la Suisse primitive pour trouver
à l’avenir aussi un équilibre entre stabilité et progrès et entre enracinement et ouverture. Réserver une place à la nouveauté, ne pas étaler les cendres d’anciens feux mais transporter la braise et allumer un feu nouveau. D’autre part, pour moi les trois doigts levés lors du serment incarnent aussi l’union entre nos diverses régions. Ainsi, le Grütli est aussi pour moi le symbole de la diversité linguistique, culturelle et géographique de la Suisse et donc le symbole de ma patrie. Une idée de la patrie et de soi-même qui pour moi qui vit dans une région frontalière est très importante. La prise de conscience de ses propres racines et l’expérience acquise en vivant à proximité de la frontière contribuent à ce que la stabilité ne devienne pas stagnation et à ce que le regard politique s’étende au-delà des frontières (du pays). ■
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
21
François Münger, Chef de la division initiatives Eau de la Direction pour le Développement et la Coopération
lEs Défis monDiaux DE L’EaU
Ressource vitale pour la planète, l’eau fait face à de nouvelles contraintes entraînant des bouleversements (santé, conflits, migrations) qui remettent désormais en ques tion notre bienêtre. S’engager pour l’eau au niveau mondial n’est pas seulement faire preuve de générosité et de solidarité internationale, c’est assumer une responsabilité dont notre prospérité dépend. A travers la DDC et le SECO, la Suisse s’engage de manière forte sur cette problématique grâce à des expériences et des savoirs acquis de longue date. Une pénurie globale Durant le XXe siècle, la population mondiale a triplé, la consommation d’eau a été multipliée par six alors que les ressources sont restées inchangées. Une fois consommées frénétiquement, les eaux usées sont souvent rejetées sans traitement et polluent nos réserves d’eau douce. Aujourd’hui le tiers de l’humanité vit ainsi dans des régions confrontées à des pénuries d’eau. Ceci a des effets directs sur la qualité de vie, l’économie et la stabilité politique. Les changements climatiques rendent en outre la situation encore plus instable, avec des pics de sécheresse qui succèdent à des inondations toujours plus fréquentes.
et équitable de cette richesse. Cette «bonne gouvernance de l’eau» nécessite par contre des réponses globales et transfrontalières, chapeautées par des institutions à même de mettre en œuvre les mécanismes nécessaires à cette gestion.
Notre pays s’engage à plusieurs niveaux La crise globale de l’eau n’est pas une fatalité et il demeure possible d’y remédier en s’orientant vers une gestion plus efficace
A travers la Direction pour le Développement et de la Coopération (DDC) et le Secrétariat d’Etat à l’Economie (SECO), la Suisse est fortement engagée dans des projets liés à l’eau dans
22
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
Photo: bc
L’empreinte eau de la Suisse Notre dépendance vis-à-vis de l’eau va bien au-delà de notre consommation directe; l’ensemble de nos produits alimentaires, biens et services, nécessitent d’énormes quantités d’eau pour leur production. L’empreinte eau de la Suisse (water footprint) indique le volume d’eau nécessaire pour produire ces biens et services. Il faut ainsi 650 litres d’eau pour produire 500g de blé tandis qu’un steak de bœuf exige 4650 litres d’eau avant d’arriver dans nos assiettes. Par ses importations, la Suisse utilise quatre fois plus d’eau qu’elle n’en possède. Nous «acquérons» ainsi de l’eau dans des pays déjà souvent sous stress hydrique.
Il Y A 10 ANs…
le monde. Une étude indépendante a relevé que quelque 370'000 personnes bénéficient chaque année d’un meilleur accès à l’eau potable et à l’assainissement grâce à cet engagement. Chaque franc investi dans ce secteur apporte par ailleurs une plus-value de 3 à 5 francs aux populations concernées.
S’appuyer sur les entreprises suisses Afin de réduire l’empreinte eau de la Suisse à l’étranger, la DDC a initié un projet pilote en Colombie. Elle a ainsi entamé un partenariat avec quatre entreprises multinationales helvétiques pour diminuer leur consommation et leurs rejets en eau dans ce pays. Outre leurs propres efforts, un dialogue a également été établi en amont avec leurs fournisseurs sur place. Ces sociétés se sont par ailleurs engagées à mener des projets à caractère écologiques et/ou sociaux liés à l’eau dans leur région d’implantation. Afin de pouvoir répliquer cette expérience novatrice, elle est suivie par des experts de la norme ISO. Ainsi, grâce aux efforts conjoints de partenaires suisses, un nouveau standard devrait bientôt être disponible pour les entreprises qui souhaitent s’engager à réduire leur empreinte eau.
Diplomatie bleue Au Moyen-Orient, la Suisse est engagée dans une démarche inédite de dialogue international sur la question de l’eau. Les ressources hydriques de la région sont rares et sont transfrontalières. Le dialogue initié par la Suisse doit dès lors permettre une meilleure gestion et répartition de l’eau entre la Jordanie, le Liban, la Syrie, la Turquie et l’Iraq. a l’échelle de nos communes Au niveau communal, l’initiative www.solidariteausuisse.ch scelle une nouvelle forme de coopération entre des services municipaux des eaux suisses et des villes des pays en développement. Grâce à cette plateforme, chaque commune helvétique peut s’investir pour améliorer l’approvisionnement en eau et les conditions sanitaires au Sud et apporter ainsi une contribution directe dans ce domaine.
Le 4 janvier 2001, le Conseil fédé ral a décidé de renoncer à l’obliga tion du port de la jaquette lors de la remise des lettres de créances et de la réception du NouvelAn. Quelque peu désuète, cette tenue a été remplacée par le complet sombre pour les cérémonies offi cielles. Le Conseil fédéral a estimé que la solennité des manifestations les plus officielles était assurée, même sans le port de la jaquette. En effet, la cérémonie de remise des lettres de créance se déroule dans un cadre festif et revêt une grande importance symbolique pour tout nouveau chef de mission diplomatique. Des voitures offi cielles viennent chercher l’ambas sadeur qui est ensuite escorté par des huissiers fédéraux en costume d’apparat avant d’être reçu dans le «salon du Président». Quant à la réception du NouvelAn, elle se déroule dans le cadre élégant de la Salle des Pas Perdus du Parlement. Depuis 2001, le costume sombre, le costume national ou l’uniforme sont de rigueur pour ces deux cérémonies. (ym)
Toutes ces démarches témoignent du dynamisme de la Suisse sur la problématique mondiale de l’eau. Ce dynamisme est absolument nécessaire si nous voulons éviter que, comme le prédisent certains modèles, la moitié de notre planète ne se trouve sous un stress hydrique excessif dans les années à venir. ■ La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
23
GlOssAIre eNVIrONNemeNT swiss new deal
système de rétribution à prix coûtant
«Swiss new deal – green economy» est le plan de mesures du La rétribution à prix coûtant du courant injecté (RPC) est un PDC pour des investissements durables. Adopté par la Présiprogramme de promotion des énergies renouvelables de la dence en mars 2009, il propose de lutter contre le réchauffeConfédération qui assure aux installations homologuées qui ment climatique en investissant vert. L’objectif est de diminuer injectent dans le réseau l’électricité issue de ces énergies un considérablement et globalement notre impact sur l’environneprix d’achat garanti par kilowattheure. La RPC est prévue pour ment (réduction d’au moins 20% des émissions de gaz à effet de les techniques suivantes: énergie hydraulique jusqu’à 10 mégaserre d’ici à 2020) et d’accroître l’indépendance énergétique watts, photovoltaïque, énergie éolienne, géothermie, biomasse de notre pays. Le PDC souhaite également que la Suisse et déchets de la biomasse. Depuis le 1er janvier 2009, les conregagne sa place de leader dans le domaine de l’innovasommateurs suisses d'électricité paient ainsi un supplétion et des énergies renouvelables, en investissant durament pour chaque kilowattheure de courant consommé. blement dans les énergies renouvelables, dans les Les fonds récoltés couvrent ainsi la différence entre véhicules propres et innovants, et dans la rele prix du marché et les taux de rétribution de ces cherche et le développement. Par de tels inénergies fixés dans l'ordonnance sur l’énergie. la protection de l’environnement vestissements, on dégage du pouvoir d’achat Les producteurs d’énergie renouvelable voient et des ressources naturelles est pour les familles et les ménages, on souainsi la possibilité de rentabiliser l’exploil’un des principes fondamentaux tient l’emploi, on prépare les marchés de tation de leurs installations. Le montant du pDc. une nature préservée demain, et on offre un tremplin aux maximal du supplément de prix du est le gage d’une bonne qualité entreprises suisses tournées vers les courant est fixé chaque année en aude vie. la protection de l’envitechnologies durables. tomne par l’Office fédéral de l’énergie ronnement donne aussi de nou(OFEN). Pour 2011, il est de 0,45 ct./ velles chances à notre économie: Normes «minergie» kWh. Grâce au soutien décisif du PDC, la demande de nouvelles technole Parlement a décidé l’an dernier (standard miNerGie) logies durables augmente dans le MINERGIE est un label Suisse de quad’augmenter la valeur maximale de ce monde entier. le pDc est le seul lité soutenu par la Confédération, les supplément de 0,6 à 0,9 ct./kWh dès 2013. parti du centre à s’engager de cantons, ainsi que l’économie privée, manière conséquente pour la qui garantit la performance énergétique Cleantech protection de l’environnement des bâtiments. Le label valorise le bâtiL’appellation Cleantech regroupe, tous secet les énergies renouvelables. ment sur le long terme en anticipant sur teurs confondus, tous les produits, services les futures réglementations et garantit qu'il et processus, respectivement des modèles de appartient à la classe A de l’étiquette énergie gestion et étapes de création de valeur en amont globale. Ce standard a pour objectif d’encourager qui apportent une contribution déterminante à une propriétaires, architectes et promoteurs à réaliser des économie durable. Cette contribution se traduit par une constructions conformes aux exigences d’un développement meilleure efficacité des ressources, une diminution des bedurable. Les quatre conditions essentielles permettant d’obsoins en surfaces naturelles, une réduction des émissions tenir le standard MINERGIE sont: une enveloppe étanche, polluantes, une atténuation des autres effets négatifs sur une isolation thermique épaisse, un bon système d’aération, et l’environnement ainsi que des changements sociaux faune production de chaleur adaptée et efficace. Le PDC souvorables. Cette appellation s’applique donc à toute techtient une généralisation de cette norme, en demandant que nologie ayant une valeur ajoutée environnementale, quel que chaque canton l’applique pour les nouvelles constructions et soit le secteur d’activité dans lequel elle s'applique et qui s’insles rénovations totales, car les bâtiments porteurs de ce label crit dans un contexte d’innovation industrielle. Le secteur des consomment 4 à 5 fois moins d’énergie. Le standard MINERcleantech comprend les éco-industries (métiers de l’environneGIE-P vise lui une consommation d'énergie encore plus basse ment: eau, air, sol, déchets, bruit), l’énergie (maîtrise de l’énerque le standard MINERGIE, en rendant par exemple l’utilisagie, énergies renouvelables, technologies associées à l’énergie tion d’énergies renouvelables obligatoire. pour les bâtiments et les transports), ainsi que les activités de services et conseils liées à l’énergie et à l’environnement (conseil, diagnostic, certification, éco-conception, éco-marketing, etc.). 24
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
système d’échange de quotas d’émission
valeurs moyennes d’émissions de Co 2
Le système d’échange de quotas d’émission est un instrument économique visant à réduire les émissions globales de CO2 et atteindre les objectifs du protocole de Kyoto. En ratifiant le Protocole, la Suisse s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 8% par rapport à 1990, entre 2008 et 2012. Le secrétariat des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) lui a alors attribué, pour cette période, des droits d’émission correspondant à cet objectif (48,25 millions de tonnes d’équivalents de CO2). Ces droits d’émission sont ensuite attribués gratuitement aux entreprises qui se sont formellement engagées à limiter leurs émissions de CO2 résultant de leur consommation d’énergie. Les droits d’émission excédentaires peuvent être vendus. Au contraire, si une entreprise génère plus d’émissions qu'elle ne possède de droits d’émission, elle devra acquérir davantage de quotas provenant du marché national ou international des droits d’émission et/ou de projets concrets de réduction menés à l’étranger. Si une entreprise ne parvient pas à atteindre ses objectifs, elle devra rembourser la taxe sur le CO2 de laquelle elle a été exemptée, intérêts compris. La Suisse a mis en place son propre système d’échange de quotas d’émissions. Toutefois, le PDC souhaite que la Suisse participe au système d’échange de quotas de l’Union européenne (Emission Trading Scheme), afin de bénéficier d’un prix unique du CO2 .
Il s’agit de la moyenne d’émissions de CO2 des véhicules neufs immatriculés en Suisse. En 2008, les émissions des voitures neuves s’élevaient en moyenne à 175 g CO2/km en Suisse. Le Parlement a fixé à 130 g CO2/km en moyenne d’ici à 2015 la limite des émissions pour les véhicules neufs, objectif qui correspond à celui de l’Union européenne. Compensation des émissions de Co 2
Pour le climat, contrairement à la pollution atmosphérique, cela ne joue en principe aucun rôle de savoir où sur la surface du globe les gaz indésirables parviennent dans l’atmosphère et où ils sont réduits. Il est important en effet que la somme des émissions mondiales de gaz à effet de serre diminue. Il est donc judicieux d’économiser ailleurs les émissions qui parviennent dans l’atmosphère à un endroit. Par compensation, on entend alors le fait de payer, à partir d’une production de CO2 donnée, une certaine somme d’argent qui est investie ensuite dans des projets de protection climatique, en Suisse ou à l’étranger. Des sources d’énergie fossiles nuisibles au climat sont remplacées par des technologies à rendement énergétique à l’aide de cet argent. –Florian Robyr
truCs et astuCes Pour éCoNomiser de l’éNerGie, du Co2… et de l’arGeNt! En suisse, chaque kilowattheure (kWh) de courant dégage environ 145 g de co2 , et coûte en moyenne 20 centimes. voici donc quelques petits trucs qui permettent de réduire la consommation: 1 l’installation d’économiseurs aux robinets et au pommeau de douche permet de réduire la consommation d’environ 700 kWh (production d’eau chaude) et de 30'000 litres d'eau. Economie: 240 chf par an; 2 une température ambiante abaissée d’un degré permet de réduire la consommation de mazout d’environ 125 litres (384 kg de co2). Economie: 150 chf par an; 3 en utilisant le programme «économie» et en remplissant le lave-vaisselle, on peut réduire la consommation de courant d’environ 600 kWh et celle de l’eau d’environ 10'000 litres. Economie: 150 chf par an; 4 faire fonctionner la machine à laver qu’une fois bien pleine et utiliser le programme à 60°c plutôt qu'à 95°c, et à 40°c plutôt qu’à 60°c, permet de réduire la consommation de courant de 200 kWh, celle de l’eau de 5'000 litres. Economie: 150 chf par an; 5 en ne laissant pas couler l’eau en se lavant les dents et en se lavant les mains à l’eau froide, on peut économiser quelque 250 kWh de courant et à peu près 10'000 litres d’eau. Economie: 90 chf par an; 6 en mettant le linge à sécher en plein air ou dans le local de séchage au lieu d’utiliser le sèche-linge, on peut économiser env. 400 kWh. Economie: 80 chf par an;
7 en évitant de mettre en veille (stand-by) les appareils tels que les téléviseurs, chaîne stéréo, magnétoscope, cela permet de réduire la consommation d’environ 400 kWh. Economie: 80 chf par an; 8 en remplaçant les lampes à incandescence et halogènes par des lampes économiques, on peut diminuer de quelque 250 kWh la consommation d’électricité. Economie: 50 chf par an. = Total d’économies potentielles avec ces 8 mesures: – 55'000 litres d’eau – 3100 kWh – 990 chf – 833.5 kg de CO2 Mais encore: − Réserver les voyages en avion aux grandes occasions; − Privilégier les transports publics pour ses déplacements; − Utiliser un véhicule économique; − Privilégier un logement dont les normes de construction sont durables et dont le chauffage ménage l’environnement; − Achetez des appareils étiquetés A+ et A++ pour ne pas gaspiller d’électricité; − Privilégier la consommation de produits alimentaires régionaux (fl)
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
25
Sep Cathomas, Conseiller national
la comPatibilité EntrE écologiE Et économiE L’approvisionnement énergétique de la Suisse dépend à 80 pour cent de l’étranger et la plus grande part réside dans l’impor tation de combustibles et de carburants fossiles. Ces agents énergétiques sont également la cause des émissions de CO 2 qui, selon le protocole de Kyoto, doivent aussi être réduites en Suisse. La question se pose de savoir si les mesures écolo giques nécessaires pour y parvenir sont compatibles avec l’évolution économique de notre pays. Les tendances et défis globaux tels que la croissance démographique, la hausse du niveau de vie, la demande accrue de ressources et les conséquences du changement climatique amènent à moyen ou long terme des pénuries, des augmentations de prix ainsi que des luttes de plus en plus dures au niveau de la répartition de ces ressources. Déjà à l’heure actuelle d’immenses superficies de terres (forêts, plantations, mines de matières premières) sont accaparées sur des marchés lointains et explorées en vue de garantir les ressources nécessaires. Pays pauvre en ressources naturelles, la Suisse a lieu de s’inquiéter pour deux raisons face à cette évolution. D’une part, nous nous sommes habitués à un train de vie élevé. D’autre part, nous sommes en mesure de produire seulement 20% de nos besoins énergétiques globaux grâce à l’énergie hydraulique, aux centrales nucléaires, à la biomasse et autres énergies renouvelables. Par conséquent, la Suisse dépend grandement du marché international de l’énergie et doit s’adapter aux évolutions des prix et de l’offre sans pouvoir les influencer. Ce n’est qu’en réussissant à réduire quelque peu cette dépendance de l’étranger que nous trouverons une issue à cette situation peu favorable. Et le seul moyen pour y parvenir consiste à réduire notre consommation d’énergie. Comme l’économie dépend de la poursuite de son développement et que la population civile ne veut pas renoncer à son niveau de vie actuel, seule une amélioration de l’efficacité énergétique peut apporter une 26
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
solution. Cette conclusion est relativement simple! Mais disposons-nous d’un potentiel d’économie assez grand en terme d’efficacité? Et notre économie est-elle en mesure de supporter financièrement la mise en œuvre de ces mesures dans une concurrence globale?
Le domaine de l’immobilier consomme 50 pour cent de l’approvisionnement global en énergie En Suisse, on dénombre 1.5 million de constructions, dont un sixième a été érigé après 1990. Une large majorité date des années 60 et 70, voire d’une époque plus ancienne. Ces bâtiments, pour la plupart mal isolés, sont de véritables dévoreurs d’énergie. Néanmoins seul 1.25 % du parc immobilier est assaini chaque année sur le plan énergétique. Seul un bâtiment sur quatre-vingt correspond aux exigences en matière d’efficacité énergétique. Conformément aux normes actuelles, l’assainissement complet d’un immeuble après 40 ans est indiqué, de sorte que le taux d’assainissement actuel devrait être doublé. D’un point de vue écologique, les investissements dans des bâtiments énergétiquement efficaces sont judicieux. Or, les assainissements d’immeubles permettent également de renforcer le marché du travail, ce qui ne représente pas un facteur négligeable au vu de la situation économique actuelle. En doublant le pourcentage des assainissements, il serait possible de créer environ 20'000 nouveaux postes de travail. Cela permettrait, selon le programme «Bâtiments» de la Fondation Centime Climatique, d’augmenter le volume des investissements annuels de 3.7 à 7.4 milliards de francs. La consommation d’énergie dans le domaine immobilier serait aussi réduite en conséquence et il serait possible de créer un potentiel de suppression des émissions de CO2 considérable.
Les nouvelles technologies constituent les futurs marchés en expansion Les efforts déployés dans le monde entier en faveur d’une utilisation efficace de l’énergie ou du remplacement des combustibles fossiles nécessitent non seulement le développement de nouvelles technologies, mais ils créent aussi de nouvelles chances pour les industries suisses d’exportation. De nouveaux marchés globaux en forte croissance voient le jour dans les éner-
CouRRieR DeS LeCteuRS
gies éolienne, solaire et hydraulique, de même que dans ceux de la biomasse et de l’efficacité énergétique. Dans ces secteurs, le marché mondial se chiffre aujourd’hui à environ 500 milliards d’euros et il aura au moins quadruplé d’ici 2020. Une étude Mc Kinsey estime que les entreprises suisses pourront augmenter leur chiffre d’affaires qui est actuellement de 10 milliards de francs pour le porter à quelque 20 milliards en 2020 sur ces marchés en expansion. Il en résulterait la création de près de 16'000 postes de travail en Suisse.
Un succès économique grâce à des mesures écologiques Ces exemples prouvent que les investissements écologiques peuvent être profitables à l’ensemble de l’économie. On peut tabler sur un impact positif non seulement pour l’industrie de production, mais aussi pour l’ensemble de l’économie publique. De nombreux secteurs importants pour la Suisse, tels que le tourisme et l’industrie textile, pharmaceutique et financière peuvent bénéficier directement d’une stratégie Cleantech. De nombreuses innovations dans ce domaine permettent en outre d’améliorer directement la qualité de vie et de réduire le bruit et d’autres émissions qui ont des répercussions directes sur la santé.
Lettre ouverte à mon cher Jacques (Neirynck), futur octogénaire, Ayant lu ton message dans le dernier numéro, j’ai bu du petit lait. Dans moins de 3 ans, j’aurai aussi huitante ans. Pourquoi faudrait-il «bloquer» la vie active à 65 ans? Ou même, plus stupide encore, à 60 ans, comme nos voisins de l’Ouest? (excepté pour les métiers pénibles, bien entendu). Comme toi, je m’occupe intelligemment et avec bonheur: lecture, études, conseils, participation à des colloques, aides diverses à la communauté, pas de bricolage (ayant deux mains gauches). Il n’y a pas d’autre alternative que celle que tu vis, très active. Et pour cela il faut se préparer. Je rencontre tous les jours des (jeunes) retraités qui sont tristes, qui se promènent du café du matin à l’apéro, puis l’âme sous le bras (comme on dit au Pays-Bas). Par ailleurs, je voudrais te dire tout le plaisir que j’ai de lire La Politique et j’apprécie l’idée du choix d’un thème par numéro. Celui du dernier est un vrai coup de maître… Nico Sneiders, Monthey Votre avis nous intéresse. Envoyez-nous vos lettres de lecteurs à LA POLITIQUE, Case postale 5835, 3001 Berne ou redaktion@die-politik.ch ou commentez un article paru récemment sur notre site Internet www.la-politique.ch.
Les chances de la Suisse de figurer parmi les gagnants sont excellentes. Pour y parvenir, il importe toutefois de prendre les mesures écologiques qui s’imposent en faveur de l’évolution économique. La création de synergies entre l’écologie et l’économie est la voie du succès pour l’ensemble de l’économie et de la société! ■
abonnez-vous à la PolitiQue. Téléphone 031 357 33 33 Fax 031 352 24 30 Courriel abonnement@la-politique.ch www.la-politique.ch
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
27
L’initiative sur les armes en bref Le 13 février 2011, l’initiative « Pour la protection face à la violence des armes » sera soumise en votation. Elle émane des milieux proches du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsa) et demande d’inscrire l’article suivant dans la Con stitution. Art. 118a (nouveau) protection contre la violence due aux armes 1 La Confédération édicte des prescriptions contre l’usage abusif d’armes, d’accessoires d’armes et de munitions. A cet effet, elle règle l’acquisition, la possession, le port, l’usage et la remise d'armes, d'accessoires d'armes et de munitions. 2 Quiconque entend acquérir, posséder, porter, utiliser ou remettre une arme à feu ou des munitions doit justifier d’un besoin et disposer des capacités nécessaires. La loi règle les exigences et les détails, en particulier pour: a. les professions dont l’exercice impose de disposer d’une arme; b. le commerce d’armes à titre professionnel; c. le tir sportif; d. la chasse; e. les collections d’armes. 3 Nul ne peut acquérir ni posséder à des fins privées une arme particulièrement dangereuse telle qu’une arme à feu automatique ou un fusil à pompe. 4 La législation militaire règle l’utilisation d’armes par les militaires. En dehors des périodes de service militaire, l’arme à feu des militaires est conservée dans des locaux sécurisés de l’armée. Aucune arme à feu n’est remise aux militaires qui quittent l’armée. La loi règle les exceptions, notamment pour les tireurs sportifs titulaires d'une licence.
«L’initiative sur les armes ne renforce pas la sécurité» Les auteurs de l’initiative sur les armes prétendent qu’elle renforce la sécurité… Jakob Büchler (Conseiller national): C’est une illusion de croire que l’initiative permettra de garantir plus de sécurité, car elle touche une mauvaise cible, à savoir les personnes qui ne présentent aucun risque. Elle jette des soupçons sur l’ensemble de nos soldats de milice et de nos citoyennes et citoyens responsables. Depuis des décennies, ils sont tous conscients de leur propre responsabilité et méritent cette confiance. Faudrait-il confier une arme à nos soldats pendant leur service et pas dans leur vie privée? En cas d’acceptation de l’initiative, il n’y aura pas un seul détenteur d’arme criminel ou illégal de moins. La législation actuelle est-il trop laxiste? Notre loi sur les armes est la plus sévère du monde. Nombre de mesures efficaces sont déjà appliquées. Il est possible de déposer de son propre gré les armes d’ordonnance à l’arsenal. Les munitions de poche ne sont plus remises aux soldats et le contrôle de sécurité a été renforcé lors du recrutement. Les soldats peuvent conserver l’arme d’ordonnance à la fin de leur service seulement contre présentation d’une autorisation de port d’arme valable. Chaque année plus de 100 armes sont confisquées aux soldats ayant un comportement étrange. L’armée assume donc sa responsabilité. Cette initiative affaiblit notre armée et elle est une attaque contre notre système de milice. Aujourd’hui déjà, l’acquisition d’une arme requiert suivant la catégorie une déclaration obligatoire, une autorisation obligatoire ou une autorisation cantonale exceptionnelle. Les armes à feu automatiques sont déjà prohibées et les fusils à pompe sont soumis à autorisation. D’ailleurs les cantons tiennent déjà des registres d’armes. La création d’un registre central au niveau fédéral n’apporte donc aucune utilité supplémentaire.
7 Elle œuvre au niveau international afin de limiter la disponibilité des armes légères et de petit calibre. ■
quelle serait l’influence de l’initiative sur le tir sportif et la chasse? Elle affaiblirait considérablement le tir sportif, où environ 85% des tireurs pratiquent ce sport avec des armes d’ordonnance. Notre pays compte quelque 3'100 sociétés de tir. Elles forment très bien nos jeunes et les instruisent sur l’usage correct d’une arme d’ordonnance. L’initiative affecterait dans une même mesure les chasseurs et les collectionneurs d’armes. La sécurité exigée par les auteurs de l’initiative est garantie en appliquant de manière systématique les lois en vigeur soit la loi sur les armes et celle sur l’armée et l’administration militaire. ■
–La Rédaction
Interview: Simone Hähni
5 La Confédération tient un registre des armes à feu. 6 Elle appuie les cantons dans l’organisation de collectes d’armes à feu.
28
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
obsErvation DE l’EnvironnEmEnt: LE PaySaGE SUISSE EST SOUS PRESSION Le paysage suisse est sous pression du fait de la croissance démographique, de l’augmentation des besoins en surface habitable, du développement des trans ports et d’une urbanisation pas toujours maîtrisée. Entre 1983 et 2007, la propor tion de surface bâtie est passée de tout juste 6% à près de 8% de la superficie totale du pays. Les surfaces touchées par le mitage ont augmenté d’environ 15 % entre 1980 et 2002 et celles touchées par l’imperméabilisation du sol de près de 30%. Depuis 1996, on ne trouve plus sur le Plateau un seul kilomètre carré de paysage plongé dans l’obscurité totale durant la nuit. Tels sont les résultats du premier rapport de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) sur l’état du paysage qui vient d’être publié. Le projet «Observation du paysage suisse» (OPS), élaboré par l’OFEV dans le cadre de l’observation nationale de l’environnement, illustre les modifications du paysage, ses évolutions négatives ainsi que les mesures permettant d'inverser la tendance. Les résultats de la première moitié des indicateurs, dont voici les plus importants, sont maintenant disponibles. – Entre 1980 et 2002, le mitage du paysage a augmenté de près de 15%. La proportion de surface bâtie est passée de tout juste 6% à près de 8% de la superficie totale du pays entre 1983 et 2007. Les zones protégées sont nettement moins touchées par le mitage que le reste du paysage. – Sur le Plateau, les zones non morcelées ont rétréci de 50% entre 1980 et 2002. Le morcellement est en général moins marqué dans les zones protégées. – Le taux d’imperméabilisation du sol est passé de 4,7 à 6% entre 1983 et 2007. Dans l’ensemble, les surfaces imperméables sont moins nombreuses dans les zones protégées. – Les surfaces bénéficiant d’obscurité nocturne sont passées de 28% du territoire en 1992 à environ 18% en 2003. Depuis 1996, on ne trouve plus sur le Plateau un seul kilomètre carré de paysage plongé dans l’obscurité totale durant la nuit.
dictionnaire du représentant du peuple Propre en ordre loc. adj. utilisée généralement pour qualifier la propreté suisse. Pour certains, c’est une vertu nationale alors que pour d’autres il s’agit d’un mythe en voie de disparition. La vérité est double. Il existe dans notre pays des fanatiques du chiffon, du balai et de la brosse à récurer qui passent tous leurs loisirs à tondre leur gazon, à astiquer leur voiture, à tailler leurs haies ou à briquer leur maisonnette de fond en comble. Mais on trouve aussi des je-m’en-foutistes qui jettent papiers et mégots par terre, qui déposent leurs déchets à côté des containers, qui laissent les crottes de chien sur les trottoirs. Peut-être que la Suisse n’est finalement pas meilleure que ses voisins européens – du moins dans ce domaine – et qu’elle vit de ses mythes!
Les indicateurs révèlent que la qualité du paysage a constamment diminué dans les dernières décennies, ce qui se répercute sur la qualité de vie, la biodiversité et le tourisme. Certains indicateurs soulignent toutefois aussi des améliorations: – 78% des rives sont naturelles ou peu atteintes. – Entre 1989 et 2003, 150 km de cours d’eau mis sous terre ont été renaturés chaque année. Cependant, dans le même temps, 120 km ont été mis sous terre par an. – Les surfaces forestières exploitées extensivement, c'est-à-dire peu influencées par l'homme, se sont étendues presque partout en Suisse, au bénéfice de la diversité des espèces, notamment de celles spécialisées. ■ Source: Office fédéral de l’environnement La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
29
lA QuesTION Du mOIs
«cE qui n’Est Pas écologiquE n’Est Pas économiquE à long tErmE » René Nef, nos combustibles fossiles s’amenuisent, le réchauffement climatique est un fait, la recherche d’énergies alternatives n’est pas pratiquée avec la force requise. L’économie de marché libérale et la durabilité écologique sontelles incompatibles? Il est vrai que les combustibles fossiles s’épuiseront très vraisemblablement un jour. La finitude de nombreuses ressources est en conflit avec le principe de durabilité, qui touche tôt ou tard toujours la limite à laquelle soit une révolution technologique, soit la reconversion à une consommation plus parcimonieuse, soit une grande catastrophe réoriente le cours de l’histoire de l’humanité.
Personne n’est en mesure de prédire ce qui se passera après la consommation, jusqu’à épuisement, des combustibles fossiles: une civilisation économe qui utilise moins d’énergie ou la découverte de nouvelles sources énergétiques ou encore la combinaison de différentes innovations et des restrictions plus ou moins volontaires de tout un chacun. Plus nous nous adaptons tôt et plus nous faisons preuve de flexibilité, plus nous diminuons le risque d’une grande catastrophe. La prise de mesures politiques contraignantes à tous les échelons est hautement problématique, car elle a souvent des effets contraires aux objectifs visés et à ceux qui s’imposent.
Grincheux Comme des dizaines de milliers de personnes, je prends tous les jours le train pour me rendre à mon travail. Chaque matin, il faut être plus futé que les autres pendulaires pour trouver une place assise. Certains passent par le wa gon 1ère classe pour être les premiers à accéder au wagon 2ème classe, d’autres n’hésitent pas à brûler la politesse à tout le monde pour être les premiers assis et si possible dans le sens de la marche! Et c’est là que ça se complique… Régu lièrement des places voire des wagons entiers sont réservés pour des groupes: courses d’école, sorties de randonneurs, virées de contemporains, camps de ski, voyages d’étude, etc… Les trains n’étant pas extensibles à souhait, estce normal que les CFF vendent deux fois les places aux heures de pointe: une fois aux pendulaires et l’autre aux groupes en excursion? Et certains parlent même d’augmenter les tarifs à ces heures sur les grandes lignes… Affaire à suivre! 30
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
Indépendamment du changement climatique, l’«homo sapiens» devrait davantage cultiver la Nature plutôt que de l’exploiter et de la détruire. L’économie de marché, qui ne tend pas vers l’autodestruction et n’est pas non plus un jeu sans conséquences, mais qui fait finalement de nous tous (mais pas tous de la même manière) des gagnants, est plus à même que l’Etat de maîtriser le phénomène de la pénurie. L’Etat (respectivement la communauté d’Etats) fixe d’abord des contingents, créant ainsi inévitablement un «droit à l’exploitation des ressources» qu’il n’est guère possible de limiter par la suite et selon lequel le point de vue de l’équité de distribution anéantit le bon sens économique et écologique. Le marché est plus rationnel. Ce qui vient à manquer renchérit et ce qui renchérit encourage le développement de meilleures technologies. Ce qui n’est pas écologique n’est pas économique à long terme. Le marché stimule les ressources de l’esprit inventif des hommes, par exemple en faveur de nouvelles technologies dans une agriculture et une sylviculture qui ne soient pas fondées sur une exploitation effrénée non-économique ainsi qu’au niveau de la suppression de la pénurie d’eau par le dessalement d’eau de mer. ■ –Robert Nef, Président de la Fondation de l’Institut libéral Zurich et de la Fondation pour l’éthique et la culture occidentale.
le lIVre Du mOIs
fais lEs bons choix Le «New Labour» de Tony Blair a réconcilié l’Angleterre avec les réformes de Margaret Thatcher. Si cette dernière a réussi à transformer un pays économiquement faible, bloqué par les syndicats et marqué par un taux de chômage de 18% en une nation libérale, compétitive et consciente de ses valeurs, Tony Blair considérait qu’il était de son devoir de renforcer l’esprit de loyauté et le tissu social en Grande-Bretagne, non pas en freinant l’économie mais en allant dans son sens, de manière vraiment libérale et sociale. Grâce à sa force de persuasion il a mené à bien la réforme des systèmes sanitaire, éducatif et social en restant fidèle à sa devise «Fais les bons choix». Tony Blair avait des principes solides qu’il appliquait pour diriger son pays, ce qui fait actuellement défaut chez la plupart des chefs d’Etat. Il est parvenu à mettre fin au conflit sanglant en Irlande, un tour de force tactique et politique, en recourant souvent avec raison à des moyens peu conventionnels. Son jugement concernant son éternel rival Gordon Brown est dur: «Calcul politique: oui. Sentiments politiques: non. Intelligence analytique: absolue. Intelligence émotionnelle: zéro.» «Un Premier ministre catastrophique.» Il ne partage pas l’opinion des médias en ce qui concerne G.W. Bush et le considère comme quelqu’un de: «malin, dur, clair et sachant exactement ce qu’il voulait.» A défaut de ces qualités, personne ne devient président des Etats-Unis. Il considère même rétroactivement les guerres menées en Irak et en Afghanistan comme justifiées. Il ne tolère aucun doute (de soi-même) sur ce point. Il pense que le monde occidental est en guerre contre l’islamisme, un combat comparable à celui contre le national-socialisme et le communisme au XXe siècle. Cette guerre durera longtemps mais l’Occident n’aura pas le droit de fléchir – comme à l’époque d’Hitler et de Staline – sans trahir ses propres valeurs. Tony Blair décrit des éléments à caractère tout à fait privé, tels que son penchant à l’alcool pour affronter la peur, la solitude, le doute et les rivalités, ainsi que sa façon de le maîtriser. Ou l’heure des questions au Parlement, un duel oratoire hebdomadaire acéré avec l’opposition qui éprouvait le sens de la rhétorique et de la répartie des adversaires en lice et que Tony Blair a redouté jusqu’à la fin. Si on la compare avec l’heure des questions au Conseil national, où les Conseillers fédéraux s’en tiennent aux propos dictés par l’administration… Ces Mémoires sont une mine d’or pour toutes les personnes qui s’intéressent à l’Histoire contemporaine. En alternant passages anecdotiques et réflexions de fond, elles jettent un regard authentique sur le règne du Premier ministre qui compte Tony blair: un voyage. parmi les politiciens qui ne se sont pas limités à Londres: Random House. gouverner un pays mais à le changer. ■ (gp) 2010.
speakers’ Corner
Mise en oeuvre de l’initiative sur le renvoi: la quadrature du cercle Le parti qui a joué sous tous les registres durant la campagne sur l’initiative sur le renvoi est assez peu loquace depuis lors. Le texte de l’initiative doit être fidèlement concrétisé, aucun compromis ne sera toléré – c’est tout ce que l’on a entendu des partisans de l’initiative. Sauf peut-être la correction des propos qu’ils avaient tenus, à savoir qu’il n’y aurait pas de renvois pour des délits bénins. Ce message répété lors de tous les débats par l’UDC est maintenant relativisé par la figure de proue du parti Ch. Blocher; il laisse entendre qu’il n’y a pas de délits bénins. Dans ce cas je peux simplement dire: «Mais alors, qu’est-ce qui est valable?» – Est-ce qu’un jeune de 15 ans qui a brisé la porte d’un kiosque et volé un paquet de cigarettes doit être expulsé? – Est-ce qu’une mère de trois enfants qui a touché une semaine de trop l’aide sociale car elle a annoncé trop tard qu’elle avait repris une activité professionnelle doit être expulsée? – Est-ce que l’escroc qui a extorqué des centaines de milliers de francs à des personnes âgées trop crédules doit toujours bénéficier du droit d’hospitalité dans notre pays? – Est-ce que la Suisse doit résilier l’accord sur la libre circulation des personnes parce que ce dernier n’autorise pas les renvois automatiques sans examen de chaque cas particulier? – Est-ce que l’article 5 de notre constitution fédérale précisant que l’activité de l’Etat doit être proportionnée doit être abrogé ou est-ce que l’UDC est prête à accepter que les renvois dépendent de la lourdeur de la peine? – Est-ce que l’initiative doit être mise en œuvre le plus rapidement possible ou est-ce que le processus législatif va devenir un spectacle politique de la droite dure et de la gauche qui ne débouchera pas sur une solution avant de longues années? C’est avec intérêt que nous attendons les réponses de l’UDC. Viola Amherd, Conseillère nationale
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
31
Catastrophes environnementales oubliées En 2010, les images du naufrage de la plateforme pétrolière Deepwater Horizon ont fait le tour du monde et ont provoqué un choc. Mais la catastrophe environnementale qui s’est produite dans le Golfe du Mexique n’est pas la seule de l’année, loin s’en faut. On peut citer la rupture d’un pipeline en Chine ou de l’assèchement de la mer Aral. Parmi les catastrophes écologiques qui n’ont trouvé que peu – ou pas – d’écho dans les médias occidentaux… l’huile de Palme la forêt tropicale indonésienne est l’une des plus anciennes du monde. aujourd’hui, deux tiers de cette forêt ont été détruits. les dernières forêts vierges et les tourbières sont saccagées, asséchés, déboisées et brûlées à un rythme affolant. Des sociétés produisant l’huile de palme créent des monocultures. leurs palmiers produisent de l’huile utilisée dans l’alimentation, les cosmétiques et les biocarburants. ce sont les populations indigènes et la faune qui souffrent essentiellement de cette évolution. un exemple: le nombre d’orang-outangs sur l’île de sumatra a diminué de 91% depuis 1990. a cause de cette déforestation, l’indonésie est devenue le troisième plus grand émetteur de co2 du monde.
le soja En raison de la très grande consommation de viande et de produits carnés, la suisse importe de plus en plus de soja du brésil pour alimenter le bétail. ces importations atteignent quelque 250'000 tonnes par an, soit presque 700 tonnes par jour. au brésil, les immenses monocultures causent des dégâts énormes à l’environnement, elles réduisent les espaces de vie naturels et mettent en péril le cadre de vie des petits paysans et des indigènes. les champs brésiliens de soja sont la plupart du temps d’énormes déserts agraires. Des pesticides et autres engrais sont utilisés en très grande quantité ce qui a de graves conséquences sur la qualité du sol et de l’eau.
tests atomiQues au KazaKhstaN il y a 60 ans, l’urss testait sa première bombe atomique dans les steppes du Kazakhstan. Depuis, 455 essais nucléaires ont été effectués. les retombées radioactives des bombes ont certes contaminé cette région mais, depuis 1951, les chercheurs déversaient également les déchets de la production de plutonium dans les fleuves et la poussière radioactive se dispersait aux alentours. Plus de 50 ans après, la terre est tellement contaminée que les services secrets occidentaux craignent que des terroristes l’utilisent pour construire des bombes sales. Depuis des siècles, les habitants de cette région cultivent des céréales et des légumes, ils pêchent dans les lacs irradiés et boivent de l’eau polluée. un enfant sur trois est infirme à la naissance, un adulte sur deux est stérile.
32
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
mer d’aral la mer d’aral se trouve à la frontière entre l’ouzbékistan et le Kazakhstan. alors que cette mer intérieure était la quatrième plus grand du monde, les scientifiques estiment qu’elle aura disparu d’ici une dizaine d’années, de par la faute de l’homme. Depuis les années 60, les deux principaux affluents de la mer d’aral ont été détournés pour irriguer les plantations de coton en ouzbékistan qui nécessitent un apport d’eau considérable. l’assèchement de cette mer a tout d’abord entraîné la mort des poissons. les anciennes villes portuaires et lieux de baignade sont aujourd’hui à 100 kilomètres des rives actuelles. que se passe-t-il lorsque l’eau se retire? un désert de sel et de poussière qui s’avère dangereux pour la santé en raison des engrais artificiels, des pesticides et autres polluants qui ont été répandus durant des décennies. la mer d’aral était un important amortisseur de chaleur. avec sa disparition, les étés seront plus chauds et les hivers plus froids. CharboN eN ChiNe le charbon est le principal agent énergétique utilisé par la chine pour répondre à ses gigantesques besoins d’énergie. la province de shanxi située au cœur de la chine est le principal fournisseur du pays avec environ un tiers des gisements. le charbon a permis à ce pays de développer rapidement son économie mais il a aussi des effets dévastateurs sur le climat. De plus, les récoltes diminuent à cause de la pollution, des villages entiers souffrent du manque d’eau, la population et les plantes étouffent sous les particules de suie. En chine, les maladies pulmonaires sont la deuxième cause de mortalité pour les adultes. Et le charbon en est la cause principale.
déversemeNts d’hydroCarbures eN ChiNe l’explosion de la plate-forme pétrolière «Deepwater horizon» dans le golfe du mexique en été 2010 a été suivie d’une autre catastrophe grave, à laquelle les médias non guère prêté attention: après l’explosion de deux oléoducs dans la ville portuaire chinoise de Dalian, une gigantesque nappe de pétrole s’est répandue sur la mer Jaune. une multitude de criques, de plages de sable et de piscicultures ont été contaminées dans la baie de Dalian. a ce jour, nous ignorons l’ampleur exacte des dégâts. greenpeace estime qu’une superficie de 1000 km2 est polluée et que la nature mettra jusqu’à dix ans pour se remettre de cette marée noire. au sinistre écologique vient s’ajouter un dommage économique: l’élevage de poissons et de fruits de mer représentait un élément important de l’économie locale. l’exPloitatioN de sable Pétrolifère l’exploitation de sable pétrolifère pratiquée surtout au canada peut être comparée aux mines de charbon à ciel ouvert: pour chaque baril de pétrole extrait du sable pétrolifère par des procédés onéreux l’émission de gaz climatiques nocifs est trois à cinq fois plus élevée que dans la production pétrolière conventionnelle. l’exploitation de sable pétrolifère, qui utilise d’énormes quantités d’eau, compte parmi les plus grands projets industriels de notre planète. Elle transforme d’énormes surfaces sylvicoles en paysages lunaires et pollue l’environnement. la province canadienne d’alberta dispose de plus de 175 milliards de barils de sable bitumeux à exploiter.
source: greenpeace
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
33
stoP aux abus sur intErnEt Connectezvous sur Internet, cliquez pour entrer dans un salon de conversation virtuel et choisissez par exemple le nom d’emprunt de «Princesse14». Je peux malheureusement vous assurer que vous allez très vite faire l’objet de harcèlement sexuel et qu’un interlocuteur va vous proposer une rencontre réelle. L’expérience fonctionne à chaque fois. Je le sais pour avoir essayé moimême et pour avoir collaboré durant trois ans avec des cyber criminalistes (spécialistes du droit criminel sur Internet). Princesse14 ••••••••
Ces criminalistes insistent sur le fait que, pour protéger les enfants, ils doivent absolument pouvoir se connecter à titre préventif sur les salons de conversation afin d’empêcher les coupables potentiels d’agir illégalement. Le nouveau code de procédure pénal entrera en vigueur le 1er janvier 2011 et les investigations secrètes avant l’ouverture d’une procédure pénale vont être supprimées. Dans toute la Suisse, les experts affichent leur incompréhension face à cette décision. C’est pourquoi le PDC demande au Conseil fédéral de combler cette lacune avant même que la loi ne soit mise en vigueur. En effet, il est inadmissible que le formalisme prime sur la protection de la jeunesse.
Empêcher le harcèlement Et le nombre d’enfants harcelés sur la toile ne cesse d’augmenter. Le cyberbullying a des conséquences nettement plus graves que le harcèlement moral vécu dans une cour de récréation. Ceux qui ont déjà visionné un photomontage montrant le visage d’une fillette placé sur un corps nu, ceux qui ont déjà vu comment ces photos sont transférées à des milliers d’internautes et ceux qui connaissent des familles ayant quitté leur village suite à un tel harcèlement, savent de quoi je parle. 34
La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
améliorer la prévention et la poursuite pénale Dans mon jeune âge, le comble de l’audace était de feuilleter le magazine Bravo qui contenait quelques photos un peu osées pour notre âge. Aujourd’hui, les jeunes ont accès 24 heures sur 24 à la pornographie dure et à la pornographie enfantine. Et même s’ils ne la cherchent pas activement, ils arrivent automatiquement sur des images qui ne sont vraiment pas de leur âge – s’ils n’en sont pas protégés. De nombreux parents ont grandi sans Internet. Même s’ils éduquent leurs enfants de manière responsable, ils méconnaissent les dangers du cybermonde. C’est là que l’Etat doit intervenir. Tout d’abord, il s’agit de mener un travail de prévention auprès des enfants mais aussi auprès des parents et des enseignants. L’école est l’endroit idéal pour se familiariser avec Internet. En matière de prévention, le mot clé est l’éducation aux médias. Il convient ensuite d’adapter notre droit pénal à Internet car des articles importants datent de l’époque où Internet n’existait pas. Et finalement, il y a lieu de prendre des mesures au niveau de la poursuite pénale. Actuellement, nous ne disposons ni du personnel ni des moyens nécessaires pour le faire.
Ne garder que le positif Sur le principe, je trouve qu’Internet est une invention positive des temps modernes. Ce système offre des possibilités d’information et de communication illimitées. De nouveaux marchés et de nouveaux domaines d’activité ont vu le jour en très peu de temps et la Suisse y participe grâce à un très bon niveau de formation et à des personnes innovatrices. Malheureusement, il s’agit d’un tout et de telles nouveautés incitent aussi des gens à monter au créneau et à concrétiser leur énergie criminelle. D’autres – comme dans le domaine du mobbing – qui ne savent pas gérer leur liberté en abusent aux dépens des plus faibles. Pour lutter contre ces abus, il est primordial de combler la lacune législative dont j’ai fait mention. Mais il est aussi nécessaire d’agir au niveau de la prévention et de l’information des jeunes, des adultes et des enseignants. Et il faut engager effectivement des poursuites pénales en cas d’abus. Il s’agit de ne garder que ce qu’Internet nous amène de positif – et je me bats à Berne pour y parvenir. ■ –Barbara Schmid-Federer, Conseillère nationale
aRT Et fORêT Branches, feuilles et troncs; fleurs, baies et mousses; aiguilles et pives de conifères; terres, sables et cailloux: la forêt, chef d’œuvre de la nature et source d’inspira tion, invite à l’activité créatrice. A chaque saison, elle fournit toute une palette de matériaux multicolores pour composer – seul, à deux, en famille ou même en groupe – des images et des sculptures aussi sédui santes qu’éphémères. Les élèves des niveaux primaire et secondaire sont invités à faire connaissance de la forêt comme lieu fascinant de découvertes sensorielles. Une occasion idéale se présente à eux en 2011, Année internationale de la forêt: dans le cadre du projet «Land art», le plus grand nombre possible de classes devrait trouver accès à ce monde mystérieux au cours de l’automne et restituer les impressions vécues sous la formes d’œuvres réalisées dans la nature. Par la suite, un recueil de photos intitulé «A la découverte des secrets de la forêt» publiera une sélection de ces créations.
«Mouvement, changement, lumière, croissance et déclin sont au cœur de la nature… Lorsque je travaille avec des feuilles, des pierres ou des bâtons, je ne me préoccupe pas que de leurs propriétés matérielles; ces éléments me donnent aussi accès à la vie qu’ils recèlent et qui les entoure. Lorsque je les abandonne, leur vie continue.» andy Goldsworthy
l’oNu a fait de 2011 l’aNNée iNterNatioNale de la forêt
les forêts abritent une grande diversité de plantes et d’animaux. Elles contribuent aussi fortement au développement économique et social en fournissant des matières premières, des emplois et des espaces de détente. l’onu a fait de 2011 l’année internationale de la forêt afin de sensibiliser la société et le monde politique à la nécessité de conserver tous les types de forêt, pour le bien des générations actuelles et à venir.
Le projet «Land art» se focalise sur la joie d’expérimenter la nature et de faire quelque chose de ses mains. L’esthétique des matériaux et l’accès ludique à la nature suscitent sans cesse de nouvelles idées qui invitent à la création artistique. Les élèves n’ont pas à se demander s’ils font juste ou faux, il n’y a ni note ni évaluation. La forêt fournit des matériaux en abondance. Moins généreux sont les budgets de la fondation «SILVIVA Education à l’environnement et forêt» et de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), qui souhaitent réaliser conjointement le projet «Land art». Ces deux partenaires recherchent donc des sponsors afin de pouvoir mener le projet dans les lieux les plus divers et avec le plus grand nombre possible d’artistes. ■ –Peter Greminger
«Je trouve que c’est une excellente idée. Je la soutiens parce qu’elle permet à nos enfants et à nos jeunes d’établir une relation émotionnelle avec la forêt.» DiMitRi, clown
Les sponsors intéressés sont invités à prendre contact avec Marcel Fierz (marcel.fierz@silviva.ch), directeur de SILVIVA. La PoLitique 1 Janvier/Février 2011
35
bc
Magazine d’opinion. Numéro 9 / Novembre/Décembre 2010 / CHF 7.80 www.la-politique.ch
input. www.la-politique.ch
Print.online.
Passé Présent Futur