Le journal du PDC suisse, avril 2012

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Magazine d’opinion. Numéro 3 / Avril/Mai 2012 / CHF 7.80 www.la-politique.ch

TradiTion GeStion du CHanGeMent LeS 100 anS du PdC La SuiSSe Qui rÉuSSit


SoMMaire

TITres

4 5 6 8 10 14 16 20 22 26 27

100 anS PaSSÉ et Futur toP SeCret CuLture SuiSSe GÉnÉrationS et ConFLitS SCHWiiZertÜÜtSCH BiG BrotHer CoMPÉtenCeS PoLitiQueS 3 vŒuX droit de vote PaSSaGe du tÉMoin reNDeZ-VOus

13 Mon jardin

Impressum

ÉDITEUR Association LA POLITIQUE ADRESSE DE LA RÉDACTION LA POLITIQUE, Case postale 5835, 3001 Berne, tél. 031 357 33 33, fax 031 352 24 30, courriel binder@cvp.ch www.la-politique.ch RÉDACTION Marianne Binder, Jacques Neirynck, Yvette Ming, Lilly Toriola TRADUCTION Philipp Chemineau, Isabelle Montavon GRAPHISME, ILLUSTRATIONS ET MAQUETTE Brenneisen Communications, Bâle IMPRIMERIE Schwabe AG, Muttenz ANNONCES ET ABONNEMENTS tél. 031 357 33 33, fax 031 352 24 30 Courriel abo@die-politik.ch, abonnement annuel CHF 52.–, abonnement de soutien CHF 80.– PROCHAIN NUMERO Juin 2012

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ÉDITO – Jacques Neirynck, rédacteur en chef adjoint

Le ProGrèS vÉritaBLe n’eSt Qu’une tradition Qui Se ProLonGe Dans son discours de réception de Marguerite Yourcenar à l’Académie française, Jean d’Ormesson a dit ceci de remarquable: «La plus haute tâche de la tradition est de rendre au progrès la politesse qu’elle lui doit et de permettre au progrès de surgir de la tradition comme la tradition a surgi du progrès.» La tradition n’est finalement qu’un progrès qui a réussi, au point que l’on finisse par oublier qu’il lui a fallu remplacer une tradition plus ancienne, qui elle-même n’était qu’un progrès qui avait réussi. Et ainsi de suite. Pour le PDC cela signifie à la fois que le C dans son sigle n’est plus suffisant pour que des électeurs se sentent obligés de soutenir ce parti, par simple appartenance confessionnelle, au nom de la tradition du vieux parti catholique conservateur du XIXe siècle. Ce parti avait à l’époque surmonté le blocage des institutions dans la trainée de la guerre du Sonderbund, dont les cantons catholiques étaient sortis vaincus. Et la Réforme elle-même au XVIe siècle n’était que la légitime révolte contre la mainmise traditionnelle de la Papauté sur le christianisme, etc, etc. Il n’y a donc aucune raison de se débarrasser du C, mais il faut lui attribuer une autre vertu. Il représente les valeurs d’origine chrétienne dont le PDC se fait maintenant le défenseur : la responsabilité individuelle et la solidarité sociale, inextricablement liées et non pas opposées comme elles le sont dans le duo droite-gauche. Ces valeurs sont celles qui caractérisent la classe moyenne, qui est peuplée de travailleurs acharnés, toujours soucieux de s’améliorer dans leur formation professionnelle, afin de garantir l’entretien de leur famille sans avoir recours à une assistance quelconque de l’Etat. Ils paient et ne reçoivent rien. Les mots ont de la peine à exprimer ce que ce sentiment si profond a de noble et de discret. C’est celui unissant les couples qui ont ce courage fou de fonder une famille, de mettre au monde des enfants, de les élever dans les mêmes valeurs. La tradition demeure enfouie au plus profond des motivations, mais elle s’extériorise selon des manifestations toujours renouvelées. Ainsi nos enfants ne sont pas identiques à leurs parents, mais ils en ont hérité bien plus que ce qu’ils croient.

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Grâce à la fondation, il y a 100 ans, du Parti conservateur populaire la ou plutôt l’une des pierres angulaires du PDC suisse (sous sa forme actuelle) a été posée. De fait, l’idée de créer un parti national sur la base des sections cantonales du mouvement catholique a surgit peu après la fondation de la Confédération. Mais de nombreuses années se sont écoulées avant que ce projet n’aboutisse. Et les discussions de l’époque ont marqué notre parti jusqu’à nos jours. Christophe Darbellay, président du PDC suisse

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L’idée de créer un nouveau parti national est apparue rapidement. Si des projets et des espoirs ont été formulés dès 1893, 1903 et 1908, ils n’ont été réalisés que quatre ans plus tard. Le Parti conservateur populaire a été fondé le 22 avril 1912 dans l’«Unionssaal» de Lucerne. Toutefois, cet accouchement laborieux a donné naissance non seulement à un nouveau parti, mais aussi à quelques caractéristiques qui se reflètent encore aujourd’hui dans notre politique et dans notre contact avec les gens.

Ainsi, le Parti conservateur populaire a anticipé les idées de la démocratie chrétienne moderne qui remontent aux années 1940. Près de 60 ans plus tard, notre parti a changé de nom et d’apparence. «Une politique du centre dynamique», tel était le soustitre du premier programme d’action du PDC en 1971. Notre parti a souligné ainsi sa position et son rôle unique: le centre ne se définit pas uniquement par sa position dans l’éventail des partis, mais également au travers de son activité politique.

Contrairement aux autres partis de droite et du centre, le Parti conservateur populaire s’est inscrit dès le début dans une veine sociale particulièrement marquée. Il était uni au niveau de l’idéologie, mais les positions défendues en son sein étaient très divergentes. Sur la base de la doctrine sociale catholique, les milieux chrétiens sociaux ont inscrit dans leur programme le principe de la solidarité. L’éloignement progressif des intérêts des différents partis cantonaux et des associations impliquées a conduit à l’institution du principe de la subsidiarité. La recherche constante d’un équilibre raisonnable s’est alors présentée comme la meilleure piste à suivre, rien qu’au niveau des négociations.

Je préside volontiers un parti qui place l’individu et sa famille, le travail et l’environnement au centre de sa politique. Voici ce qui nous caractérise: la constante pondération des intérêts, la recherche de l’équilibre entre les forces divergentes, de même que la disposition à assumer une certaine responsabilité. Et jusqu’à nos jours, notre principale force réside dans la création de conditions générales qui font avancer notre pays. Au centre, nous sommes les seuls à tenir ce rôle depuis 100 ans. ■

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Jacques Neirynck, conseiller national

une Bonne innovation S’enraCine danS une juSte tradition

Cela s’appelle la continuité, l’art de ne pas créer de rupture. Ce n’est pas à la portée de tous les régimes politiques. Certains, fondés sur la dictature d’un homme providentiel ou sur la prédominance d’une oligarchie, ne parviennent pas à évoluer, se cramponnent à des lois (ou une absence de loi) élaborées dans un contexte dépassé. A un certain moment, la réalité l’emporte sur la fiction. Il en résulte des convulsions violentes, comme celles qui agitent maintenant le Sud de la Méditerranée.

Edition commé­ morative pour les 100 ans du PDC Le PDC suisse – fondé en 1912 sous le nom de Parti conservateur (PC) – fête cette année ses 100 ans! A cette occasion, le magazine La Politique publiera dans ses prochains numéros des articles sur l’histoire du parti. Et en automne, paraîtra une édition commémorative à la création de laquelle VOUS pourrez contribuer. Etesvous en possession de photos, d’enregistrements sonores ou de témoignages écrits susceptibles de documenter l’histoire du PDC suisse? Ou désirez-vous rédiger un article sur un aspect de sa genèse ou sur une personnalité exceptionnelle du PDC? Alors n’hésitez pas à contacter la rédaction de LA POLITIQUE (courriel: redaktion@ die-politik.ch, tél. 031 357 33 33). Rédaction LA POLITIQUE

Passion de la continuité Par opposition à cette histoire chahutée, la Suisse a la passion de la continuité. Les institutions, les lois, les mœurs mutent en profondeur, en restant identiques en apparence. Le pouvoir fédéral de 2012 est démesuré à l’aune de ce qui avait été imaginé en 1848, mais il n’a fallu ni révolution, ni guerre civile pour en arriver là. La nécessité de centraliser a été reconnue, non sans réticences et retards, mais elle a fini par s’imposer. De même les concordats intercantonaux gèrent à un étage intermédiaire ce qui ne peut être ni décentralisé, ni centralisé. Telle est la vertu de la démocratie authentique. Elle permet de calquer l’évolution des institutions et des lois sur celle des mœurs et des opinions. Un vieil adage latin, rédigé par Horace dans sa vingt-quatrième ode, affirmait: «Quid leges sine moribus, quid mores sine legibus?», ce qui signifie en français: «Que sont les lois sans les mœurs, que sont les mœurs sans les lois?». A quoi sert-il de formuler des lois qui ne seront jamais observées parce que l’évolution des mœurs les a dépassées ou encore parce que les lois dépassent les moeurs?

La règle d’or Toutes les questions passionnelles en politique obéissent à cette règle d’or : le divorce, l’avortement, la contraception, l’homosexualité, la peine de mort, la torture, l’objection de conscience, le secret bancaire, l’alcool au volant, etc… Ce qui était interdit est devenu autorisé, ce qui était autorisé est devenu interdit quand le problème a mûri au sens quasiment agricole du terme. Alors que la marque même d’une dictature, ouverte ou larvée, est de rendre obligatoire tout ce qui n’est pas interdit, d’interdire tout ce qui n’est pas obligatoire, et de n’en pas démordre. Pression sur les mœurs En sens inverse, la loi doit parfois exercer une douce pression sur les mœurs pour les faire évoluer: que seraient les mœurs sans les lois? C’est ce qui s’est passé avec les accidents de la route: 349 morts en 2010 contre 1773 en 1971. Il a fallu lutter contre les excès de vitesse, imposer la ceinture et l’airbag, réduire l’alcoolémie. Autant d’innovations qui allaient à l’encontre de la tradition machiste du mec au volant, engagé dans des courses périlleuses pour affirmer sa virilité. En voiture aujourd’hui, on se déplace, on n’essaie plus de se dépasser. En politique helvétique, on concilie tradition et innovation, loi de la majorité et respect de la minorité. Cela s’appelle la démocratie et cela ne s’invente pas à moins de sept siècles d’effort. ■ La PoLitique 3 Avril/Mai 2012

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Pirmin Bischof, conseiller aux Etats

abandon du secreT bancaire, oui ou non?

«Perquisition au domicile de Blocher», «Blocher a-t-il violé le secret bancaire?» Voici le genre de titres que l’on a pu lire récemment dans la presse, lorsque le ministère public zurichois a ouvert une procédure pénale contre l’un des Suisses les plus riches et les plus influents. Outre les aspects «crime» et «personnalité», en quoi cette affaire nous concerne-t-elle? Qu’y a-t-il de mal à violer le secret bancaire? N’est-il pas déjà mort? Absolument pas! Affirme l’UDC qui plaide pour que le secret de la clientèle bancaire, de même que celui auquel sont tenus les médecins et les avocats ne soient pas abandonnés, mais qu’au contraire ces piliers de notre sphère privée soient défendus et mieux protégés pénalement. La question qui a fait beaucoup de bruit a été de savoir si le président de la banque nationale Philipp Hildebrand aurait dû intervenir, lorsque son épouse a effectué un achat de dollars. Les opinions étaient divisées. Philipp Hildebrand a démissionné.

Qu’est-il arrivé? La question de savoir pourquoi l’«affaire» a été rendue publique a longtemps été occultée. Entre-temps, nous savons qu’un collaborateur de la banque y avait soustrait secrètement certaines données bancaires du couple Hildebrand et que des représentants du plus grand parti suisse ont transmis ces informations volées aux autorités fédérales et à un organe de presse qui leur est proche. Contrairement à l’achat de dollars précité, la violation du secret bancaire est une infraction grave, sanctionnée d’une peine privative de liberté de trois ans au plus. C’est pourquoi le ministère public a procédé à des interrogatoires et à des perquisitions auprès des suspects. Il est tout à fait juste que les milliardaires soient traités au même titre que les Suisses «normaux». Ce qui rend l’affaire particulièrement piquante c’est qu’il s’agit de représentants du parti qui prétend depuis des années protéger le secret bancaire et vouloir même l’inscrire dans la Constitution. Encore récemment, ce même parti a eu raison de condamner de façon virulente le gouvernement allemand qui avait acquis et utilisé les données bancaires de clients suisses. Et voilà que la réaction arrive par retour de courrier: la presse financière allemande recommande 6

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à la Suisse sur un ton sardonique de ne plus jamais critiquer l’Allemagne pour l’utilisation de données bancaires volées, puisque des représentants du plus grand parti suisse en font de même. Le vice-président de l’UDC Christoph Blocher (appelé «chef» par les représentants du parti dans les échanges de courriels) a d’abord contesté avoir utilisé des données bancaires volées, mais après avoir été questionné à plusieurs reprises par les journalistes au sujet de ses déclarations contradictoires, il a fini par expliquer ses actes en affirmant: «En fait, nous mentons à longueur de journée.»

réactions virulentes Choqués par ces paroles, certains spécialistes ont vivement réagit. «Cette soustraction de données a porté un préjudice grave à la place financière et aux institutions politiques en général», déclare le président d’économiesuisse Gerold Bührer. «Le vol de données est la plus grave infraction à laquelle une banque puisse être confrontée», renchérit Christoph Gloor, vice-président de L’Association des Banquiers Privés Suisses. Même la «Neue Zürcher Zeitung», généralement si réservée, demande: «Est-ce que Blocher a menti…? Cet homme fort de l’UDC doit répondre à ces questions, surtout qu’il serait malséant pour l’ancien ministre de la justice de colporter des données bancaires volées.» La NZZ formule la demande suivante: «Il y a lieu de citer sans ménagement en justice les potentiels responsables d’infractions commises sur le plan pénal ou en


matière de droit des médias. Cela vaut en particulier pour Christoph Blocher en personne».

avons-nous besoin du secret bancaire? Le secret bancaire appliqué en Suisse désigne l’interdiction qu’ont les banques de divulguer des informations sur leurs clients à des tiers. Ce n’est pas la banque qui est protégée mais le client. Il en va de même pour le secret auquel sont tenus les médecins et les avocats: ni les uns ni les autres ne sont protégés, mais leur patient, respectivement leur client. Et contre quoi ces derniers sont-ils préservés? Ils sont protégés dans la mesure où personne ne joue avec les informations privées ou secrètes les concernant. Cela ne regarde en rien mes voisins de connaître ni la maladie dont je suis atteint ni les médicaments que je prends. Cela ne concerne pas la rédaction d’un journal de savoir quels différents j’ai eus avec mon ex-mari à propos de l’obligation d’entretien des enfants. Et cela ne regarde en rien mes collègues d’une société locale de connaître le compte ban-

caire dont j’ai hérité. Sauf si je le leur dévoile. Le secret, auquel sont tenues les banques, les médecins et les avocats, n’a donc rien à voir avec la soustraction d’impôts, bien qu’il puisse être utilisé abusivement à cette fin. Les abus doivent être combattus, mais le secret doit être systématiquement protégé contre toute violation. Le droit à la sphère privée n’est ni un mal ni une revendication douteuse, mais c’est un droit fondamental dans un Etat libéral. C’est bien la raison pour laquelle médecins, avocats et employés de banques, à savoir les «porteurs de secrets» particuliers sont cités en justice et sanctionnés d’une peine privative de liberté lorsqu’ils dévoilent ces informations privilégiées sur leurs patients, respectivement leurs clients. Et avec raison! De même, leurs complices ou leurs instigateurs sont à juste titre passibles d’une sanction.

Le secret bancaire présente des lacunes sensibles Les événements de ces derniers mois, tels que l’affaire Blocher/ Hildebrand, de même que celle des CD comprenant des données bancaires volées (apparus en France et en Allemagne), ont toutefois montré que la protection pénale du secret de la clientèle bancaire suisse présente des lacunes sensibles. L’article 47 de la Loi fédérale sur les banques et les caisses d’épargne prévoit effectivement de sanctionner la violation du secret professionnel par un employé de la banque, de même que l’incitation, la tentative d’incitation et la complicité, mais ni la transmission ni l’utilisation ni la publication des données bancaires volées. Il en va de même pour la violation des secrets de fabrication et d’affaires, pour le service de renseignements économiques ainsi que pour la soustraction illégale de données. Il est vrai que selon l’article 160 du code pénal le recel est passible d’une sanction, mais d’après la doctrine et la jurisprudence, il ne comprend que les «biens» corporels et non pas les données électroniques. Il en résulte une situation insatisfaisante puisque les receleurs et autres intermédiaires restent souvent impunis en cas de soustraction illégale de données. Par conséquent, tant la protection pénale de la sphère privée que l’ordre économique présentent des lacunes sensibles. Le Pdc demande de combler les lacunes C’est pourquoi sur la base d’un nouveau document de position, le PDC a déposé, au cours de la session de printemps, des interpellations auprès des deux conseils invitant le Conseil fédéral à combler les lacunes actuelles au niveau de la punissabilité de la transmission, de l’utilisation et de la publication des données soustraites illégalement (notamment les informations sur les patients des médecins, respectivement sur les clients des avocats et des banques) ainsi qu’à proposer un système de protection cohérent. ■ La PoLitique 3 Avril/Mai 2012

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David Vitali, chef de la section Culture et société, Office fédéral de la culture

La SuiSSe vit SeS traditionS

L’Office fédéral de la culture a dressé en collaboration avec les cantons une liste des traditions suisses qui présentent un caractère unique et qui sont particulièrement typiques de notre pays. Cette liste donne un aperçu de la richesse étonnante de la culture populaire suisse. Un inventaire détaillé de ce patrimoine sera publié en été 2012 par l’Office fédéral de la culture, accompagné de commentaires scientifiques et d’images évocatrices. En 2008, la Suisse a ratifié la Convention de l’UNESCO pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. En ce faisant, elle s’est engagée à dresser un inventaire du patrimoine immatériel du pays, une liste des «traditions vivantes», ces coutumes qui loin d’être oubliées sont encore partie prenante de la vie quotidienne dans notre pays. Un tel travail d’inventaire a pour but de promouvoir la reconnaissance, la mise en valeur et la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. L’inscription sur la liste des traditions vivantes en Suisse est une condition pour la nomination sur les listes internationales de l’UNESCO du patrimoine culturel immatériel. L’Office fédéral de la culture a choisi de dresser cet inventaire avec les cantons, partenaires essentiels qui sont proches des traditions régionales. Fin mai 2011, l’Office fédéral de la culture présentait les 387 traditions vivantes proposées par les services culturels cantonaux pour inscription sur une liste nationale. Un groupe d’experts a déterminé parmi elles les 167 traditions dignes de figurer sur cet inventaire national. Cet inventaire sera publié à l’été sous forme d’un site internet doté de commentaires et d’illustrations. Par la suite, un certain nombre de ces traditions seront proposées à l’UNESCO pour figurer, à côté du tango argentin, sur la liste classée par l’UNESCO.

Que disent ces traditions de nous? La sélection des traditions qui figureront sur cette liste prestigieuse a été accompagnée de débats approfondis et passionnants: Qu’est-ce que qui nous caractérise vraiment? Quelle 8

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image culturelle la Suisse veut-elle transmettre d’elle-même avec cet inventaire? Comment représenter équitablement la diversité culturelle de notre pays? Le groupe de pilotage a veillé en particulier à l’équilibre des régions et des domaines. Les traditions qui concernent plusieurs régions, comme le yodel ou le carrnaval, ont été inscrites dans leur variante ou leur ancrage local ou régional, ce qui correspond à la structure fédérale du pays.

un pays attaché à ses coutumes La sélection met l’accent sur les coutumes, démontrant ainsi que le patrimoine culturel, c’est d’abord les rituels, c’est avant tout le plaisir des fêtes. En revanche les traditions de la vie quotidienne, comme par exemple la manière particulière de produire des fruits dans le canton d’Argovie, sont plus rares dans la sélection. Les connaissances et pratiques artisanales, dont la tradition est riche en Suisse, n’apparaissent pas encore de manière suffisante dans l’inventaire. Mais il faut comprendre la liste comme un processus ouvert et non encore abouti. Elle peut à l’avenir être agrandie et complétée. Priorité de l’encouragement fédéral de la culture pour la période 2012 à 2015 La création de la liste s’inscrit dans le contexte de la priorité «Traditions vivantes» de l’encouragement fédéral de la culture. A travers divers projets, l’Office fédéral de la culture, Pro Helvetia, la Bibliothèque nationale suisse et le Musée national suisse mettront en évidence l’importance des cultures régionales et traditionnelles pour la vie culturelle et sociale suisse. ■


traditions vivantes de suisse abbayes de tir vd almanach romand messager boiteux vd alphorn und büchel ch appenzeller Witz und satire ar-ai automates et boîtes à musique vd bärensymbolik be bénichon Fr blasmusikpraxis ch bootschnen ch carnaval jurassien ju le chant du ranz-des-vaches Fr les consortages en valais vs cortège de la Fête des vendanges de neuchâtel ne la cueillette et la culture des plantes sauvages vs découpages du pays-d’enhaut vd dentelle de neuchâtel ne economie d’alpages en gruyère Fr eidgenössisches Feldschiessen ch eierleset ag-so und bl elevage du cheval de race Franches-montagnes ju l’escalade ge l’esprit de genève ge la Fabrique ge Fasnacht in der zentralschWeiz lu-ur-sz-oW-nW-zg Fekker-chilbi ch Fête des Fontaines de môtiers ne

Fête des vignerons vd Fêtes des jeunesses campagnardes vd la Fête-dieu à savièse vs le Feuillu ge FiFres et tambours du valais vs la Fondue comme repas Fr und ganze schWeiz gelebte zWeisprachigkeit in biel be la gestion des risques d’avalanches vs und alpenraum graFik-design und typographie ch le guet du beFFroi de la cathédrale de lausanne vd haute horlogerie vd und ge, ne, ju, be, so, sh hürnen und mazza cula gr l’illustration, la bande dessinée et l’aFFiche genevoises ge l’italianità en valais vs jassen ch jeu de quilles neuchâtelois ne konsenskultur und direkte demokratie ch maiensässFahrt gr marche commémorative de la révolution du 1er mars 1848 ne murailleurs ch patinage sur le doubs ne patois du valais romand en scène vs und Fr patois jurassiens ju poya Fr pratiques chorales dans le canton Fribourg Fr

les promotions ge und vd, ne, Fr la saint-nicolas à Fribourg Fr schWingen ch le secret ju und Fr st. nikolaus-brauchtum lu-ur-sz-oW-nW-zg stäcklibuebe ag-so stierenmarkt in zug und viehschauen in der zentralschWeiz lu-ur-sz-oW-nW-zg st-martin en ajoie ju tavillonnage Fr und vd la torrée ne und ju touristische landschaFtserschliessung lu-ur-sz-oW-nW-zg la tradition botanique genevoise ge troccas gr les tschäggättä au lötschental vs uhrencup in grenchen so vereinsWesen ch viehzucht und kuhkämpFe im Wallis vs volksmusikpraxis und naturjodel im appenzell und toggenburg ai-ar-sg volkstanzpraxis in der zentralschWeiz lu-ur-sz-oW-nW-zg voyage belle-epoque vd und vs, ge WallFahrt nach einsiedeln sz WallFahrt nach mariastein so WeidlingFahren und Weidlingsbau sh und ganze schWeiz Wetter- und klimaWissen lu-oW-nW-ur-sz-zg Wilderergeschichten nW

Pour la liste complète des traditions vivantes de la Suisse: www.bak.admin.ch/kulturerbe/index.html?lang=fr La PoLitique 3 Avril/Mai 2012

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Markus Zürcher

Qu’eSt-Ce Que La PoLitiQue deS GÉnÉrationS? Le changement démographique, le manque de forces de travail qui se profile à l’horizon et l’avenir de l’assurance-vieillesse sont des défis essentiels à relever. Des réformes sociopolitiques s’imposent, mais jusqu’ici il n’a pas été possible de trouver un consensus, comme le montre le bilan sociopolitique de la période de législature 2008 à 2011. Il y aurait grand besoin de privilégier de nouvelles approches qui n’entraînent pas aussitôt des conflits de distribution. Au cours des quatre dernières années, l’Académie suisse des sciences humaines et sociales (ASSH) en a développées plusieurs sous le titre de «Politique des générations». Le présent article, intitulé «Qu’est-ce que la politique des générations? Un positionnement clair», désigne les mesures concrètes à prendre dans les six domaines politiques suivants: la politique familiale, la politique de l’éducation, l’organisation de la vie active, la politique fiscale et de transfert, la politique sociale ainsi que le droit de la famille et le droit des successions. Ils aspirent tous à encourager la conciliation entre la vie familiale et la vie professionnelle et à libérer les différentes phases de la vie des contraintes qui y sont rattachées.

adaptation de l’ordre institutionnel Les conditions de vie ont sensiblement changé en Suisse: les hommes comme les femmes participent activement aussi bien à la vie professionnelle qu’à la vie de famille. Les formes de vie se sont multipliées et le mariage n’est plus le garant de la stabilité et de la sécurité. Le taux des naissances diminue, tandis que l’espérance de vie des personnes en bonne santé augmente. Trois conséquences de cette évolution se manifestent déjà: on ne peut plus s’attendre à ce que la prise en charge des générations dépendantes, les enfants et les personnes âgées tributaires de soins, fasse automatiquement partie des obligations des femmes. Grand nombre de personnes âgées sont non seulement capables, mais également intéressées à participer à la 10

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un PoSitionneMent CLair

vie active au-delà de l’âge actuel de la retraite. D’ailleurs le manque de forces de travail, qui se fait déjà sentir aujourd’hui dans le secteur de la santé et dans certains domaines technologiques clés, deviendra encore plus criant. C’est pourquoi il est impératif d’adapter l’ordre institutionnel aux besoins actuels et futurs des familles et du monde professionnel. La politique sociale à elle seule ne parvient pas à corriger le tir. Pour y parvenir, on a besoin d’une compréhension globale que seule la politique des générations est à même de proposer.

Participation active Ni la répartition des tâches familiales et professionnelles en fonction du sexe, ni le respect d’un ordre chronologique des différentes phases de vie (formation, activité professionnelle et familiale, retraite) ne constituent des modèles recevables. Il convient de mettre en place une prise en charge extra-familiale précoce des enfants, qui fasse partie intégrante du système éducatif et financée par les fonds publics, une scolarisation précoce, l’horaire continu, des structures d’accueil ainsi que des services de relève des proches soignants et des services de soutien pour les personnes nécessitant des soins. L’application d’horaires flexibles et de congés réglementés, de même que l’acquisition de nouvelles qualifications et d’activités adaptées aux capacités en constante mutation, contribuent de manière décisive au maintien des personnes dans la vie active. Il y a lieu de supprimer les incitations à la préretraite de même que la limitation de l’âge de la retraite. La participation de la


ressources. La prise en charge extra-familiale d’enfants améliore non seulement leurs perspectives de vie et favorise l’égalité des chances, mais elle se traduit plus tard par des revenus plus élevés (entraînant des charges fiscales et sociales plus importantes). Au vu de l’évolution démographique ainsi que de la garantie financière des institutions sociales, le développement, la gestion et la conservation des ressources humaines de même que l’utilisation et l’exploitation du potentiel qui en découle est urgent. Il n’est nécessaire ni d’engager plus d’argent ni de développer ce qui existe déjà. Il est en revanche possible d’encourager les personnes de toutes les catégories d’âge à agir de façon responsable et à faire preuve d’autonomie en investissant dans des conditions de vie favorables ainsi que dans l’élargissement de leur champ d’action.

personne âgée à la vie active peut être favorisée en repoussant le départ à la retraite sans y fixer de limite tout en respectant les prescriptions actuarielles. Une imposition séparée et une politique salariale et d’emploi, axée rigoureusement sur les performances et indépendante du sexe et de l’âge, favorisent l’équité des prestations. Il est possible d’encourager la réinsertion dans le marché du travail grâce aux systèmes de répartition du salaire, aux mesures d’activation, de qualification et de conseil, à une gestion par cas («case management»), aux systèmes basés sur les besoins, à une renonciation à l’imposition du minimum vital et à une imposition modérée du revenu péniblement gagné par l’intéressé.

des potentiels plutôt que des déficits La fixation du débat sociopolitique sur l’endettement des institutions sociales est une erreur qui va à fin contraire: au cours des dernières décennies, on a investi massivement dans le stock de capital, exposé aujourd’hui aux contradictions des marchés financiers globaux. Par contre, l’investissement dans les ressources humaines sont négligés. Or, la prime enfance revêt une importance primordiale pour la constitution de ces

renforcement de l’autonomie et de la revalorisation du travail de soins Dans la mesure où aussi bien les femmes que les hommes participent à l’activité professionnelle, il ne convient plus de considérer le travail de soins comme une évidence. Les services de relève des proches soignants ainsi que les prestations d’aide et de soins à domicile pour les personnes tributaires de soins renforcent l’autonomie et l’esprit d’initiative de ces dernières. En raison de leur taux d’occupation réduit, les personnes effectuant du travail de soins n’ont souvent pas accès aux systèmes de sécurité sociale. Il serait possible d’obtenir rapidement des améliorations grâce à l’abaissement du salaire annuel minimal assuré par la caisse de pension, au partage de tous les avoirs de prévoyance professionnelle en cas de la séparation de couples mariés et non mariés ainsi que grâce à une réglementation (compatible avec les devoirs de prise en charge) en matière d’admissibilité d’un emploi et de capacité de réinsertion dans le cadre de l’assurance-chômage. Il y a lieu d’examiner l’extension des bonifications pour les tâches d’assistance en faveur des partenaires non mariés et autres proches. Il importe de réfléchir aussi à la question de savoir s’il y a lieu d’indemniser non seulement les héritiers légaux pour les prestations d’assistance, mais également d’autres personnes qui les ont fournies. ■ Markus Zürcher est secrétaire général de l’Académie suisse des sciences humaines et sociales (ASSH) «Qu’est-ce que la politique des générations? Un positionnement clair», Berne 2011, Académie suisse des sciences humaines et sociales (ASSH). Vous trouverez de plus amples informations sous: www.sagw.ch/generationen La PoLitique 3 Avril/Mai 2012

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L’initiative de l’ASIN

est nuisible à l’économie L’initiative de l’ASIN soulève le fait que notre Conseil fédéral n’a pas toujours fait bonne figure en politique extérieure. Ce problème existe bel et bien. Mais l’initiative ne le résout pas. En ne précisant pas ce qu’il faut comprendre par textes «importants» à soumettre impérativement au peuple, les auteurs de l’initiative laissent libre cours à toute interprétation. Ce qui, en Suisse, paraît «important» pour un groupe déterminé ne l’est de loin pas pour un autre. C’est précisément la raison pour laquelle notre système politique prévoit le référendum facultatif: 50'000 électrices et électeurs sont à mêmes de décider ce qui est «important». Ensuite la majorité du peuple suffit. Selon l’avis des auteurs de l’initiative, les nombreuses conventions de double imposition qui viennent d’être décidées par le Parlement devraient toutes faire obligatoirement l’objet d’une votation populaire. Le peuple serait ainsi appelé à voter sur au moins 10 objets dans le cadre d’une seule votation. La Constitution fédérale dicte les objets sur lesquels il sera impérativement amené à se prononcer et en fixe le moment. Cette démarche a fait ses preuves, et si elle ne l’a pas fait une fois, c’est qu’il y a eu erreur d’appréciation de la part du Conseil fédéral. «Bad cases make bad laws» (les cas regrettables font de mauvaises lois). La Constitution n’y est pour rien lorsque certains conseillers fédéraux commettent des impairs. De fait, il y aurait lieu de ne pas réélire ceux qui font des erreurs graves, ce qui n’est pas le cas ici. Modifier la Constitution pour des cas isolés est synonyme d’utiliser un canon pour tirer sur une fourmi. Certains de ces traités internationaux concernent des accords qui sont très importants pour l’économie reliée au réseau international, mais ne changent rien aux droits politiques des Suisses. En soumettant ces accords obligatoirement au vote populaire, on cause à l’économie un préjudice énorme ou du moins on en

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accepte le risque. L’initiative de l’ASIN est nuisible à l’économie – c’est la raison pour laquelle même certains parlementaires de l’UDC, qui agissent dans un esprit entrepreneurial, se distancient par rapport à cette initiative. Au cours des 90 dernières années, le référendum n’a été organisé que 10 fois sur 247 cas et deux fois seulement le peuple a refusé le traité international. Les conventions vraiment importantes sur lesquelles le peuple s’est prononcé ont toutes été approuvées: l’accord sur la libre circulation des personnes, les accords bilatéraux, les accords de Bretton Woods, les passeports biométriques. Les auteurs de l’initiative sont probablement plus contrariés par le fait que la volonté populaire était contraire à leur opinion que par le «problème» qu’il s’agissait d’une votation sur un référendum facultatif. La mauvaise habitude de ne vouloir reconnaître la volonté du peuple que lorsqu’elle leur convient est répandue notamment chez ceux qui se réclament le plus souvent du peuple. Il importe de rejeter l’initiative pour les trois raisons principales suivantes: elle est nuisible à l’économie, à la Suisse, à la démocratie directe. C’est pourquoi il faut dire NON à l’initiative de l’ASIN. Pour la coprésidence du PDC contre l’initiative de l’ASIN –Gerhard Pfister, conseiller national –Elisabeth Schneider-Schneiter, conseillère nationale –Pirmin Bischof, conseiller aux Etats

Le 17 juin

Initiative sur les accords internationaux

non

www.initiative-asin-non.ch Vous trouverez plus d’informations concernant les trois textes soumis à la votation du 17 juin 2012 sous www.pdc.ch/votations/


reNDeZ-VOus Christine Bulliard-Marbach, conseillère nationale

DaNs mON jarDIN Je me balade tous les matins pendant au moins dix minutes à travers mon jardin, un lieu de paix, de détente, de réflexion, d’inspiration et de travail créatif. C’est là que je développe mes idées pour le futur et c’est là aussi que je prends mes décisions politiques. Aujourd’hui, j’ai le bonheur d’apprécier en votre compagnie le jeu d’ombres et de lumières, de partager avec vous mon admiration devant les fleurs multicolores et les buis taillés avec art, d’humer tantôt les effluves émanant du jardin des roses et de vivre l’harmonie entre les plantes, les pierres et l’eau qui règne dans la nature. Nous nous arrêtons devant la flutiste en bronze, un de mes lieux préférés. La musique me procure de la joie. Son harmonie est le symbole de ma vision politique qui aspire à ce que les personnes des deux sexes, les diverses générations et les différentes cultures cohabitent, en

accord avec l’environnement, dans le respect, dans la complémentarité et sur un pied d’égalité. En qualité de politicienne, je souhaite non seulement garder à l’esprit les intérêts de tous les citoyens de notre pays en tenant compte de leur dignité, de leur responsabilité et de leur liberté individuelle, mais je désire aussi favoriser le bien-être des familles, des communes et de l’Etat par le biais d’actions solidaires et durables. Ce n’est que lorsqu’un individu n’arrive plus à maîtriser son destin que les pouvoirs publics doivent lui accorder une aide subsidiaire, sans pour autant le déresponsabiliser. Je mise sur une politique crédible en matière de formation initiale et continue car elle permet à tout un chacun de s’épanouir au mieux et d’être indépendant sur le plan économique. ■

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Speakers’ Corner

C’est l’allemand qui confirme la règle Je suis un cas particulier, comme il y en a beaucoup. J’ai grandi avec le français et avec l’allemand. Le bon allemand, le «Hochdeutsch». J’ai certes passé une bonne partie de mon enfance en Suisse romande, mais grâce à une maman autrichienne, prof d’allemand au collège de la prestigieuse et royale abbaye de SaintMaurice, j’ai été élevé avec la conviction de maîtriser l’allemand comme une langue maternelle. Ce qui est le cas, tout du moins à l’oral. C’est à Brigue – au collège Spiritus Sanctus – que j’ai vécu une première désillusion. A la fin de l’année, pendant les journées sportives, on m’a expliqué comment bien entretenir un vélo. En allemand. Ou, plus précisément, dans un dialecte alémanique qui n’a pas subi la seconde mutation consonantique (ensemble de modifications phonétiques survenues entre le IVe et le VIIIe siècle): le parler du Haut-Valais, le «Walliserdeutsch». Lorsque la personne a nettoyé les engrenages, j’ai compris qu’elle m’expliquait comment nettoyer les engrenages. Lorsqu’elle a changé la chambre à air, j’ai deviné qu’elle me montrait la meilleure manière de remplacer une chambre à air. Ce qui me console, c’est que même les autres Suisses allemands (non valaisans) affirment souvent ne pas comprendre le dialecte du Haut-Valais. Après mes études de traduction et d’interprétation à l’Université de Vienne, en Autriche, je suis parti à la recherche d’un poste utile au sein de la Confédération suisse. Déjà pendant mon stage, les germanophones

auxquels je m’adressais en allemand me répondaient en français. Un phénomène qui trouve une explication tout à fait raisonnable: «Mais tu es francophone, non?» ou «Comme ça, je peux exercer mon français.» Les mauvaises langues prétendront aussi que les Suisses allemands agissent ainsi par crainte du ridicule parce qu’ils confondent le datif et l’accusatif. C’était quelque peu frustrant pour moi, car j’avais l’impression qu’ils me parlaient en français par politesse, voire par pitié. Un état d’esprit que j’ai fort heureusement dépassé. Mon allemand à consonance légèrement autrichienne avait souvent été pris pour un accent francophone. Maîtriser le suisse allemand? Il n’est pas facile d’apprendre un dialecte alémanique. Tout d’abord, parce que les Suisses germanophones sont généralement très courtois. S’ils s’aperçoivent que l’on ne comprend pas le «Tütsch», ils passent aussitôt au bon allemand, voire au français. Ce qui m’a permis de passer maître dans l’art de la déception, en particulier, lorsqu’il s’agit de faire croire que j’ai parfaitement saisi quelque chose qui, en vérité, m’est totalement incompréhensible (merci de ne pas révéler cette information à ma supérieure). Vais-je – un beau jour – comprendre parfaitement le «Schwiizertütsch»? Probablement. Vais-je un jour le parler? Je ne sais pas. Philipp Chemineau

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notions utiles pour définir la Suisse Si l’on doit définir la Suisse en une phrase, la réponse est «c’est différent d’un canton à l’autre». Si l’on a un peu plus de temps, alors on peut tisser la trame d’une définition avec les notions suivantes:

Diversité: la Suisse est un pays qui concentre dans un espace réduit une grande diversité topographique, climatique, linguistique, religieuse et culturelle. Ce méli-mélo résulte d’une part de la politique de conquête et d’alliance menée par les anciens confédérés qui défendaient tous des intérêts différents. D’autre part, les représentants des grandes puissances européennes réunies au Congrès de Vienne ont circonscrit ce réseau d’alliances dans des frontières déterminées, afin de créer un Etat tampon auprès de la France gangrenée par la révolution. La Suisse existe uniquement en tant qu’entité politique. Montagnes: les touristes comme les citoyennes et citoyens suisses voient dans la Suisse un pays de montagnes. Le financier zurichois d’une banque d’investissement, la collaboratrice bâloise d’une industrie pharmaceutique, le diplomate genevois, l’employé d’hôtel tessinois et le fonctionnaire fédéral bernois sont au fond tous des bergères et des bergers. Ainsi un malentendu universel peut créer un lien fort. Plurilinguisme: quatre langues reconnues sont parlées en Suisse. Mais le plurilinguisme individuel n’est de fait pratiqué que par les élites et les personnes vivant à la frontière des régions linguistiques. Les conflits linguistiques ont joué un rôle secondaire par rapport aux conflits entre confessions et classes différentes. Fédéralisme: les Suisses n’ont ni inventé ni introduit le fédéralisme. Ils se sont limités à retarder fortement le processus de centralisation et, par la suite, à le réaliser avec beaucoup d’hésitations. Les cantons suisses jouissent d’une souveraineté étendue. Dès lors, ils décident de façon absolument indépendante de la hauteur des impôts directs, ce que les Länder de la RFA ne peuvent pas faire. Neutralité: la défaite de Marignan en 1515 marque le début de la neutralité suisse. Deux raisons profondes expliquent l’abandon de la politique de conquête par la Confédération. D’une part, la mutation militaire des temps modernes, des canons et des armes à feu portatives, constamment améliorés, dépassait les possibilités de l’ancienne Confédération qui ne disposait ni de l’organisation militaire, ni de la logistique re-

quises, ni même d’une administration publique susceptible de fournir les moyens nécessaires. D’autre part, la participation après la Réforme à des guerres européennes aurait soumis la Confédération à une épreuve à laquelle elle n’aurait guère survécu. Compte tenu de la rivalité entre la France et l’Allemagne, les querelles confessionnelles se sont substituées au conflit linguistique.

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Démocratie directe: les Suisses se définissent le plus souvent au travers de la démocratie directe. Ils confortent ainsi la thèse que la Suisse est, dans sa globalité, une entité politique et que la culture qui réunit l’ensemble du pays est une culture exclusivement politique. La possibilité de vérifier, dans un cas individuel, les décisions prises par les députés élus, est le signe d’une démocratie accomplie. Consensus: la recherche du consensus, à savoir du soutien le plus large possible pour les décisions, est une caractéristique typique de la politique suisse. Depuis les années nonante, l’UDC a toutefois adopté une stratégie allant à l’encontre du consensus. Elle lui a valu encore récemment des succès électoraux. Mais en refusant d’accepter un compromis, il lui devient de plus en plus difficile de faire aboutir ses objectifs au sein des parlements. Concordance: la concordance se traduit par la volonté d’augmenter la probabilité de trouver un consensus grâce à une répartition proportionnelle des différents magistrats. Paradoxalement, aucun consensus n’a pu être établi sur la question de savoir ce que signifie concrètement «concordance». Stabilité: la Suisse est considérée tout particulièrement à l’étranger comme un pays très stable. Il est étonnant de constater que les Etats-Unis n’ont apporté que 27 modifications à leur constitution depuis 1790, alors que la Suisse en a effectué un nombre plus élevé, rien que durant la période de 1996 à 2012. La Suisse dégage une impression de stabilité parce qu’elle fait continuellement de petites modifications. Dans les domaines social et économique, la Suisse compte sans doute parmi les pays développés qui connaissent les mutations les plus importantes. –Rudolf Hofer, Bümpliz

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Karin Frick, Institut Gottlieb Duttweiler

L’ère de La tranSParenCe

L’inondation de notre vie par des données est une réalité. Quelles chances présente-t-elle? Jour après jour, les mailles du réseau d’informations mondial se resserrent. Le volume des données augmente à une vitesse croissante au fur et à mesure que nous l’exploitons. Notre monde devient plus transparent grâce aux données interconnectées. L’établissement d’algorithmes de plus en plus raffinés permet de mieux comprendre et prévoir certaines évolutions et certains comportements. Nous assistons à une révolution des données sociales. Les traces des données des personnes interconnectées génèrent des bouleversements au sein de la société et dans l’économie. Les données constituent la nouvelle matière première, sur laquelle les sciences et l’économie greffent des attentes très élevées. L’analyse des flots de données croissants démontrera le fonctionnement des gens et des marchés: elle permettra de développer des produits et prestations nouvelles, de rendre la vie plus simple et plus sûre et de rendre le monde entier plus intelligent. Le «simulateur de la Terre vivante», un projet de recherche de grande envergure mené par l’UE, témoigne de la mesure des espoirs nourris. Il vise à simuler toute la vie sur notre planète, y compris les systèmes économiques et financiers ainsi que les processus sociaux. Le simulateur utilisera des données de sources diverses (analyses financières, études, internet et jeux en ligne) afin de déceler les problèmes dès qu’ils se profilent, qu’il s’agisse de crises financières, d’épidémies, de pénuries de matières premières ou de conflits sociaux. 16

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La vision d’un monde intelligent est fascinante. L’automobiliste détecte un bouchon avant qu’il ne se forme; la police dépiste des crimes avant qu’ils ne soient commis et le médecin identifie les maladies bien avant leur apparition. Mais l’idée d’une prévisibilité et transparence complète suscite aussi la crainte de l’émergence de discriminations et de manipulations, de la fin de tous les secrets et de l’oubli ainsi que de la perte de la liberté d’opinion et de décision. L’évolution de la notion de vie privée et de celle de transparence est influencée par diverses tendances, notamment:

Le pouvoir de la mathémagie Même si notre monde globalisé confie les décisions à des systèmes informatiques experts, les résultats des savants algorithmes (mathémagie) qui régissent notre quotidien doivent être cernés par la raison humaine, des résultats dont la complexité entrave la transparence. Les émotions collectives confortent les décisions extrêmes Nous tendons à baser nos opinions sur celles de nos amis, sur des informations subjectives et des préjugés ce qui conduit à des réactions émotionnelles collectives extrêmes. du «big brother» à la «big mother» Notre attitude envers la technologie passe de la peur du contrôle du «big brother» à un sentiment de confort éveillé par


la «big mother» qui nous protège et nous soutient davantage si elle connaît nos forces, nos faiblesses et nos désirs grâce au réseau de communication mondial.

Visualisation Comme le cerveau humain est incapable de traiter l’énorme volume de données brutes, la présentation visuelle des données et des résultats d’analyses, nécessaire à leur compréhension, sera centralisée et lancée sur le marché par des designers au gré des tendances de la mode. La révolution des données sociales changera nos rapports avec nous-mêmes, nos amis, l’Etat et les entreprises.

La recherche de soi dans le miroir des données Grâce à l’interconnexion de multiples données corporelles et comportementales, diverses applications enregistreront non seulement des données visant à surveiller et à améliorer notre état de santé, mais elles permettront aussi d’accroître notre productivité et notre sécurité, bref de dresser un portrait virtuel pluridimensionnel et dynamique de nous-mêmes («DataMe»).

La liaison au réseau prime sur la sphère privée Internet fait partie de l’identité de nombreuses personnes dont les qualités morales cadrent avec celles du monde virtuel. Dans l’ère des réseaux sociaux, il est plus important d’être relié au réseau que de préserver sa sphère privée: l’ouverture est la compétence clé. nouvelles formes d’amitié Dans le contexte des réseaux sociaux, notre succès professionnel ne dépend plus de qui nous connaissons, mais du nombre de nos connaissances et surtout de l’intensité de nos échanges, le pouvoir des facteurs d’influence classiques (médias, publicité, experts) s’étant affaibli au profit de notre réseau relationnel personnel comme principale source d’information, de motivation et d’orientation.

systèmes de contrôle étatiques de plus en plus puissants Face à l’euphorie de la révolution Twitter et Facebook, un sentiment d’impuissance est éprouvé devant les systèmes de surveillance nationaux, la censure d’internet et les pare-feu étatiques de plus en plus raffinés. Ce n’est qu’à longue échéance que l’on saura si la révolution des données sociales va déboucher sur une démocratisation globale et sur une nouvelle qualité de démocratie. Le savoir plus que jamais synonyme de pouvoir Si les consommateurs obtiennent de moins en moins d’informations sur les produits auprès des fournisseurs, ces derniers connaîtront néanmoins toujours mieux les besoins de leur clientèle grâce à la révolution des données sociales et seront même en mesure de les anticiper. de la fidélisation à la libération des clients C’est un sentiment d’impuissance et de dépendance face à une technologie imposante qui accroît la résistance que les usagers conscients de la valeur de leurs données opposent à ces réseaux tentaculaires et non pas la peur que des escroqueries, mensonges ou péchés ne soient décelés. L’agrégation de nos données ne peut être arrêtée, l’inondation de notre vie par des données ne vient que de commencer. Mais nous voulons garder la haute main sur les conclusions qui en résultent: décider qui parmi nous a le droit de consulter les données, lesquelles et à quelles conditions. C’est pourquoi nous avons besoin d’un nouvel accord en matière de protection de la vie privée («new privacy deal»), selon lequel ce ne sont pas les fournisseurs mais nous-mêmes qui disposons de nos données. Les principales conditions garantissant le succès de la révolution des données sociales consistent à assurer à l’usager transparence, liberté de choix, contrôle et une nette valeur ajoutée. ■ Les résultats détaillés de l’étude sont disponibles sous www.gdi.ch/de/studien La PoLitique 3 Avril/Mai 2012

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COLONNE LIBRE

Le pouvoir en Suisse est l’acratie En grec, la lettre alpha placée en tête d’un mot signifie l’inexistence de ce qui suit. Ainsi, l'asepsie consiste à empêcher la contamination d'une zone ou d'une surface par des micro-organismes étrangers (bactéries, parasites…): elle empêche la putréfaction. De même la Suisse est organisée autour d’un concept qui va plus loin que la démo-cratie (gouvernement par le peuple): il s’agit de l’a-cratie (pas de gouvernement). On en a régulièrement des applications. Ainsi l’injonction de fermer la centrale nucléaire de Mühleberg par le tribunal administratif fédéral constitue un exemple extrême. Il y a des raisons techniques pour le faire: fissure dans l’enveloppe du réacteur, danger de séisme, existence d’un barrage en amont qui peut noyer la centrale comme un tsunami, etc. Mais ces dangers n’ont pas été jugés suffisamment contraignants pour le Conseil fédéral, pour le parlement, pour l’administration, pour l’exploitant et surtout l’inspection fédérale des sites nu-

cléaires. Ni l’exécutif, ni le législatif n’ont pris la décision qui a glissé vers le judiciaire. Comment des juristes dans de douillets bureaux ont-ils pu prendre une décision qui ne s’imposait pas aux ingénieurs? Ou bien ont-ils l’esprit plus libre du fait de leur ignorance de la technique? Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Les votations populaires en regorgent. Comment le peuple peut-il juger du prix du livre de part et d’autre de la Sarine avec des convictions opposées? Comment le peuple des villes peut-il imposer aux montagnards de réduire le nombre de logement de vacances qui constituent une ressource essentielle de ces derniers? Comment la majorité peut-elle mettre dans la Constitution un article interdisant les minarets? On peut admettre que le peuple a toujours le dernier mot sans prétendre pour autant qu’il est toujours sage.

100% d’énergie renouvelable

Notre vision de l’avenir se veut tournée toute entière vers les énergies propres. C’est pourquoi nous couvrons 100% de nos besoins en électricité avec de l’énergie renouvelable indigène. Nous sommes l’un des plus gros consommateurs d’électricité provenant de l’énergie éolienne et solaire en Suisse.

Notre engagement en faveur de l’environnement et de la société www.swisscom.ch/allolavenir

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DÉbaT pubLIc OrgaNIsÉ par Le grOupemeNT pDc 60 +

Le pouvoir n’est pas seulement partagé verticalement entre les trois ordres exécutif, législatif et judiciaire comme il convient, mais il est encore exercé par un quatrième pouvoir, le peuple. Et il se distribue horizontalement sur cinq niveaux: fédéral, intercantonal, cantonal, intercommunal, communal. Bref la possibilité de confisquer un pouvoir aussi émietté est nulle. Ce système n’est pas très rapide, ni très imaginatif, mais le paradoxe veut qu’il finisse par garantir une véritable efficacité: moins de chômage, un niveau de vie élevé, une espérance de vie parmi les meilleures du monde, un excellent système de santé, une criminalité basse. Ainsi l’acratie n’engendre pas l’anarchie, la confusion, la corruption, bien au contraire. Un vieux proverbe affirme que «tout pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument». L’intégrité helvétique repose en fin de compte sur l’inexistence du pouvoir. –Jacques Neirynck

Ce qui fait la Suisse

Il y a bien sûr l’amour de la patrie et du travail bien fait, le plurilinguisme et le multiculturalisme, la créativité et l’innovation! Mais de mon point de vue, ce qui fait avant tout la Suisse, c’est la volonté de vivre ensemble dans la meilleure harmonie possible, le respect de l’autre et la détermination de trouver des compromis dans l’intérêt général. La structure fédéraliste de la Confédération, dans laquelle aucun parti ne peut dominer le débat politique, nous force à imaginer jour après jour des voies pour pérenniser le succès suisse. A l’heure des populismes, c’est véritablement un défi à relever!

eCouter PouSSer L’HerBe Que L’on a SeMÉe? Les médias hésitent entre arrogance et adaptation – analyse critique de la situation. L’affaire Thomas Borer a commencé par des photos floues dans un parking souterrain, celle de Philipp Hildebrand par la violation supposée du secret bancaire et celle de Christian Wulff par une réponse donnée au Parlement régional qui dissimulait une partie de la vérité: de fait, ils ont tous été acculés par les médias à démissionner. La fin justifie-t-elle tous les moyens médiatiques utilisés? Quel rôle jouent les médias au sein de la société et de la démocratie? A quel titre les médias revendiquent-ils le droit de défendre une morale qui ne tient pas entièrement compte des lois et des règles? Les médias assumentils leur rôle d’escorte critique des milieux politiques et économiques? Les médias ont-ils une tâche fondamentale constructive à accomplir au sein de notre société? Les personnes suivantes débattront de ces questions sous la direction de Norbert Hochreutener, ancien conseiller national: – Hannes Britschgi, membre de la direction du groupe Ringier AG – Kurt Imhof, professeur à l’Université de Zurich – Iso Rechsteiner, chef Communication d’entreprise de la RTS (SSR SRG) – Markus Spillmann, rédacteur en chef de la NZZ.

Mercredi 9 mai 2012, à 14 heures Au Volkshaus de Zurich, Stauffacherstrasse 60 En tram n° 3 ou n° 14, depuis la gare centrale jusqu’à Stadion Stauffacher. La manifestation organisée par le groupement PDC 60 + du PDC suisse est publique.

anne Seydoux-Christe, conseillère aux États

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Quirin Weber

Le ParLeMent, eSt-Ce Là Que Se Prennent LeS dÉCiSionS PoLitiQueS?

Plus l’Etat doit assumer de tâches, plus le Parlement et le gouvernement sont appelés à approfondir leurs connaissances. Dans les domaines qui évoluent très vite, tels que le droit en matière d’environnement, de risque, de gestion économique, de régulation et de santé, ces institutions ne possèdent pas toujours le savoir requis pour piloter une administration à la fois différenciée et pluraliste. Vu la complexité croissante des tâches de l’Etat qui échappent de plus en plus à une gestion hiérarchique, le problème du manque de connaissances contraint le législateur parlementaire à n’intervenir que rarement et à abandonner à leur propre logique d’action les systèmes partiels tels que l’économie et la société. L’Etat et le Parlement outrepassent de plus en plus leurs capacités lorsqu’ils interviennent dans les marchés, les réseaux mouvants. Ils ne disposent plus guère des connaissances nécessaires pour agir car celles-ci évoluent constamment dans les systèmes partiels de la société. Le changement au niveau des rapports entre l’Etat et la société ainsi que la diversité du système administratif fédéral (et européen) à plusieurs niveaux ont quelque peu modifié le droit de regard du Parlement et du gouvernement sur la gestion et sur le contrôle. Il devient problématique de trouver un consensus entre les différents groupes d’intérêt pour résoudre les problèmes politiques.

systèmes de négociation, autres facteurs de pilotage Depuis longtemps les parlements nationaux ne peuvent plus être seuls à fournir cette légitimation. Dans les domaines juridiques mentionnés, ils sont remplacés par un nouveau type d’organisations flexibles et évolutives, que représentent les réseaux politiques transfrontaliers, les organes de négociation ou autres entités. Très indépendants les uns des autres, ces derniers ont une certaine légitimation démocratique et assument des fonctions de gestion politique. Les formes (alternatives) de pilotage politique, auxquelles les sociétés modernes recourent de plus en plus, consistent à négocier au sein de ces réseaux, à viser des objectifs précis, à développer et à ajuster finement les systèmes de négociation, auxquels l’Etat ne participe pas directement. 20

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L’importance croissante des systèmes de négociation est un effet secondaire de l’évolution des structures de l’économie et de la société. Or, ce n’est pas l’harmonie qui caractérise ce type de constellations, qui sont plutôt un mélange entre conflits d’intérêts et tentatives de résoudre conjointement des problèmes. D’où le risque de bloquer les prises de décisions ou de se mettre d’accord sur des solutions de compromis peu satisfaisantes. L’importance accordée à la loi n’est pas exclusive, mais reste essentielle. D’autres facteurs de pilotage, tels que la concurrence, l’organisation, le personnel et les finances gagnent par contre en importance.

Position du Parlement et du gouvernement Les parlements sont prioritairement responsables de l’organisation des processus décisionnels nationaux. La répartition du savoir au sein de l’Etat est en constante mutation. Ceci étant, pour pouvoir assurer les tâches de l’Etat sans trop de problèmes les décideurs sont obligés de coopérer avec les milieux économiques et avec la société sous le signe de l’internationalisation, de l’européanisation, de la privatisation et d’adapter l’organisation de l’Etat en conséquence. C’est le cas de l’activité législative ainsi que du contrôle de l’exécutif par le Parlement et le peuple. La séparation des pouvoirs inscrite dans la constitution enraye non seulement le pouvoir gouvernemental dans sa tâche de


Photo: parl.ch

l’administration. Il est vrai que les députés peuvent soulever des questions et faire des propositions dans le cadre de leur fonction de surveillance et de contrôle. Mais ce n’est que par leurs compétences en la matière et par une certaine dynamique qu’ils parviennent à inciter le gouvernement, ainsi que les ministères concernés, à procéder aux changements d’orientation qui s’imposent. Le législateur parlementaire est confronté à la nécessité de se décharger et de réorganiser la répartition des tâches entre l’Etat, les milieux économiques et la société (modernisation de l’administration). Dans le cadre du processus de légitimation basé sur la répartition des tâches, il doit remplir son rôle d’organisateur politique. Celui-ci consiste non seulement à trouver un consensus et à accepter des décisions politiques au service de la population à l’aide d’une législation efficace et de programmes normalisés appropriés, mais également à mobiliser les potentiels innovateurs des différents acteurs et à fixer les priorités au niveau de l’organisation politique. Celle-ci comprend principalement le contrôle concomitant et participatif qui intervient dans toutes les phases du processus de décision au sein de la majorité parlementaire, alors que l’opposition parlementaire est reléguée au contrôle a posteriori en recourant aux outils de contrôle formels. La légitimité du système parlementaire dépend de sa capacité à résoudre des problèmes et de sa stabilité. La stabilité implique la mise au point de règles (constitution, lois, ordonnances, etc.) susceptibles de favoriser la capacité d’apprentissage, l’efficacité et la viabilité du système politique.

garantir la liberté individuelle et politique, mais elle donne aussi à l’Etat le pouvoir d’agir dans un régime démocratique. Le pouvoir gouvernemental n’est pas concentré dans un Etat constitutionnel, mais il est réparti au sein des trois organes que sont le Parlement, le gouvernement et les tribunaux. Une nouvelle fonction du principe de séparation des pouvoirs est apparue en raison de la croissance des tâches de l’Etat et de la différenciation administrative qui en découle. La séparation fonctionnelle des pouvoirs permet d’attribuer des compétences aux organes en tenant compte de leurs fonctions spécifiques afin qu’ils puissent accomplir leurs tâches de façon appropriée et efficace. De fait, une assimilation et un traitement adéquats des informations ainsi que la souplesse de réaction dans le cadre d’un processus décisionnel dépendront de l’efficacité dont fera preuve la personne qui exerce une fonction gouvernementale.

renforcement du Parlement Il importe de concevoir la démocratie comme une tâche organisationnelle; sinon les milieux politiques qui aspirent à améliorer les conditions de vie de la population perdraient leur raison d’être. A ce propos, la Constitution attribue au Parlement une fonction importante de (co)organisateur lui conférant une certaine légitimation démocratique. Or, ce dernier ne peut remplir ce rôle qu’à condition qu’il résolve ses problèmes d’adaptation et de légitimation lui-même et qu’il exploite les possibilités à sa disposition dans le système à plusieurs niveaux d’un Etat fédéral (et de l’UE), afin de pouvoir exercer de nouveau une plus grande influence sur les décisions politiques à long terme, en particulier dans le domaine de la législation et des finances politiques. ■

Potentiel restreint au niveau des contrôles et des sanctions Dans un Etat fédéral (et l’UE) – un système à plusieurs niveaux fondamentalement décentralisé en matière d’organisation et de mise en œuvre – le potentiel du Parlement en termes de contrôles et de sanctions se révèle limité par rapport à celui de

Quirin Weber, docteur en droit et en Lettres (Muri, AG), était secrétaire de l’Union patronale suisse et chef de la communication de l’Union suisse du commerce et de l’industrie (l’actuelle economiesuisse). Il est l’auteur d’une étude menée dans les domaines du droit et de la politologie, intitulée «Parlament – Ort der politischen Entscheidung? Legitimationsprobleme des modernen Parlamentarismus – dargestellt am Beispiel der Bundesrepublik Deutschland», paru en 2011 à la maison d’édition Helbing Lichtenhahn, à Bâle. La PoLitique 3 Avril/Mai 2012

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La vie consacrée, don de Dieu, par sœur Marie du Sacré-Cœur, communauté des Béatitudes

Quelle femme choisit de devenir religieuse? Elevée dans une famille catholique pratiquante, j’ai pu goûter dès mon jeune âge au choix du mariage ou de la vie religieuse. Comment une femme peut-elle répondre à la vie religieuse par les vœux de pauvreté, chasteté et obéissance? Ce n’est pas parce que l’on sait ou que l’on voit ou même que l’on côtoie ce milieu que l’on répond oui automatiquement! Les premières femmes dans l’Église L’idée du mariage me traversait sans cesse l’esprit puisque j’avais le modèle devant moi de la fidélité, de l’amour conjugal. Nous étions plusieurs enfants et nous vivions en vérité l’idéal de la famille que tant de jeunes voudraient vivre aujourd’hui. Il n’est pas nécessaire de l’idéaliser; la famille grandit et se fortifie par les souffrances et les épreuves! Passionnée par la musique, c’était ma priorité et toute ma vie. Il y avait toujours au fond de moi un choix à faire: soit le clavecin (mon instrument), soit les enfants. En effet, je n’imaginais pas élever des enfants en étant sans cesse absente. L’enfant a besoin de sa maman; j’en avais fait l’expérience. Petite, j’en avais éprouvé le besoin, mes enfants auraient donc aussi ce même besoin maternel. Mon cœur – grâce à l’éducation reçue de mes parents – était libre. Comment répondre à un appel à la chasteté aujourd’hui? J’habitais dans un appartement à Lyon, indépendante, ne gagnant pas un gros salaire, mais suffisamment pour passer de bons moments entre amis, profiter du présent et posséder ce que je désirais. Alors comment répondre à un appel à la pauvreté après avoir usé de mes biens comme je l’entendais? Je vivais comme je le voulais, sans que personne ne me dise comment travailler ou réussir, sans que l’on vienne vérifier. Autonome et indépendante, comment pourrais-je répondre à l’appel de l’obéissance? 22

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Si Jésus dans les évangiles appelle à sa suite directe les apôtres qui sont des hommes, Il donne cependant une place à sa Mère et aux Saintes Femmes qui se mettent à son service. Dans son sacrifice ultime sur le chemin de la croix, ce seront les femmes qui le consoleront. De là, jaillit, au cœur même de la femme, son désir de s’offrir totalement au Christ. C’est un appel qui comprend celle qui est choisie par le Seigneur pour ce chemin vocationnel particulier.

Quel est leur rôle? Par ma vocation, ma place dans l’Église est de porter, en mon cœur et mon corps avec le Christ, les prêtres et particulièrement ceux qui sont éprouvés. Dans ce don total à Dieu, dans une offrande de prière intense et avec l’aide d’un accompagnement spirituel, ma vie est toute transformée et prend un sens qui me comble de joie et de sérénité.

célibat…? Parce que c’est ainsi que Jésus a vécu. Dans mon offrande pour les prêtres, je veux lui ressembler intimement. Mon vœu de chasteté devient fécond et porte un fruit immense au-delà de ce que l’on peut voir. Dieu agit sûrement par mon cœur donné en de multiples actes d’amour caché.


Il devient un témoignage d’un amour plus grand qui nous dépasse. Les jeunes que je côtoie aujourd’hui sont toujours frappés de s’apercevoir que c’est possible de donner sa vie totalement pour le Christ. Ils sont bien souvent étonnés de voir à quel point une «consacrée» peut être pleinement épanouie sans que rien ne lui manque… Je ne peux répondre au vœu de chasteté que si j’y suis appelée! Je ne peux être heureuse dans cet appel que si mon désir est de donner entièrement ma vie au Christ.

Pauvreté…? Je peux répondre au vœu de pauvreté parce que j’ai été appelée par Jésus lui-même qui s’est fait pauvre. Par ce vœu, ma place dans le monde est de montrer à mon entourage que même avec un minimum, la vie est extraordinairement belle. Si j’étais submergée par le matériel, il m’empêcherait de voir l’essentiel, la finalité en Dieu.

obéissance…? Je peux obéir à mes supérieurs parce que Jésus à obéit au Père jusqu’à monter sur la croix. Il n’est pas facile d’obéir, il est beaucoup plus simple de savoir soi-même ce que l’on veut et ce qui est bien. Oui, c’est ce que me répète sans cesse le monde. Vous allez me dire que c’est extrême, que je n’ai plus de liberté. Cependant, ma liberté, je la trouve dans la joie d’appartenir au Christ en passant par ceux qui m’enseignent et me montrent la route.

… pour mettre dieu et les autres à la première place Nous vivons dans un grand égocentrisme et oublions ceux qui sont proches et qui ont tout à nous apprendre. Mes idées sont belles, mais celles de mon prochain sont encore meilleures. Mes convictions sont éduquées, mais celles de mes supérieurs sont approuvées par Dieu. Ma volonté est pleine de joie et d’empressement, mais celle de mon frère ou de ma sœur dépasse de loin la mienne. Ma vie vaut la peine d’être vécue uniquement si elle est attachée à Jésus, Lui qui a désiré accomplir la volonté du Père. Je prends la Vierge Marie comme celle qui a accepté le Christ dans sa vie. Elle qui a dit son oui total à Dieu. Je la suis, elle qui est restée jusqu’à la croix pour suivre son Fils. Ma vie dans l’Église Ma vie est portée par l’Église qui me permet de répondre pleinement à mon appel et de me donner au Christ sans réserve en toute paix et liberté. Je remercie l’Église qui me montre tous les jours le chemin du Christ, par Sa Parole et Ses Sacrements. Je rends grâce à Dieu de m’avoir appelé au sein de son Église, Elle qui même dans la persécution reste fidèle au Christ. ■

IL Y a 50 aNs… Le 5 avril 1962 est une date importante dans les relations entre la Suisse et l’Italie. En effet, c’est ce jour-là que s’est achevé le percement du Grand-St-Bernard, premier tunnel autoroutier à travers les Alpes. Comme la roche le permettait, ce tunnel a été creusé presque exclusivement avec des explosifs. De plus, dans les années soixante, l’utilisation des tunneliers était peu répandue. Les travaux avaient débuté en 1958 et l’inauguration officielle de cet ouvrage long de 5828 mètres a eu lieu le 14 mars 1964. L’entrée du tunnel du GrandSt-Bernard se situe à 1915 mètres d’altitude du côté suisse et à 1875 mètres sur le flan italien. Afin qu’il soit accessible toute l’année, des tranchées couvertes ont été construites sur environ cinq kilomètres jusqu’à Bourg Saint-Pierre (VS) et jusqu’à Etroubes (I). Plus de 600'000 véhicules empruntent le tunnel chaque année et le record remonte à 2001 avec 814'000 véhicules (fermeture durant un certain temps du tunnel du Gothard et de celui du Mt-Blanc). Pour de nombreux Romands, le tunnel du Grand-St-Bernard est depuis une cinquantaine d’années synonyme de départ en vacances et d’escapades sur les marchés du nord de la péninsule! (ym)

La PoLitique 3 Avril/Mai 2012

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Initiative populaire fédérale «Aider les familles ! Pour des allocations pour enfant et des allocations de formation professionnelle exonérées de l’impôt» Publiée dans la Feuille fédérale le 3.5.2011. Les citoyennes et citoyens suisses soussignés ayant le droit de vote demandent, en vertu des articles 34, 136, 139 et 194 de la Constitution fédérale et conformément à la loi fédérale du 17 décembre 1976 sur les droits politiques (art. 68s.), que: La Constitution fédérale1 est modifiée comme suit: Art. 116, al. 2, 2e phrase (nouvelle) 2 … Les allocations pour enfant et les allocations de formation professionnelle sont exonérées de l’impôt. Seuls les électrices et électeurs ayant le droit de vote en matière fédérale dans la commune indiquée en tête de la liste peuvent y apposer leur signature. Les citoyennes et les citoyens qui appuient la demande doivent signer de leur main. Celui qui se rend coupable de corruption active ou passive relativement à une récolte de signatures ou celui qui falsifie le résultat d’une récolte de signatures effectuée à l’appui d’une initiative populaire est punissable selon l’article 281 respectivement l’article 282 du code pénal.

Canton

No

Nom

écrire à la main et en majuscules

Prénom

écrire à la main et en majuscules

No postal

Commune politique

Date de naissance exacte jour/mois/année

Adresse exacte rue et numéro

Signature

manuscrite

Contrôle

laisser en blanc

1 2 3 Important: cette liste, entièrement ou partiellement remplie, doit être renvoyée au comité d’initiative: CVP / PDC / PPD / PCD, «Allocations pour enfants et jeunes en formation, sans impôts!», Case postale 362, 3052 Zollikofen. Le comité se chargera de demander l’attestation de la qualité d’électeur des signataires. D’autres listes peuvent être commandées par courriel à l’adresse info@cvp.ch ou téléchargées sur www.initiativesfamilles-pdc.ch. Expiration du délai imparti pour la récolte des signatures: 3.11.2012 Le/La fonctionnaire soussigné/e certifie que les (nombre) signataires de l’initiative populaire dont les noms figurent ci-dessus ont le droit de vote en matière fédérale dans la commune susmentionnée et y exercent leurs droits politiques.

Sceau

Le/La fonctionnaire compétent/e pour l’attestation (signature manuscrite et fonction officielle)

Lieu: Date: Le comité d’initiative, composé des auteurs de celle-ci désignés ci-après, est autorisé à retirer la présente initiative populaire par une décision prise à la majorité absolue de ses membres ayant encore le droit de vote: Darbellay Christophe, Le Perrey, 1921 Martigny-Croix; Schwaller Urs, Rossackerstrasse 4, 1712 Tafers; Binder Marianne, Müntzbergstrasse 21, 5400 Baden; David Eugen, Marktgasse 20, 9000 St. Gallen; de Buman Dominique, Place de Notre-Dame 12, 1700 Fribourg; Frey Tim, Freiensteinstrasse 6, 8032 Zürich; Glanzmann-Hunkeler Ida, Feldmatt 41, 6246 Altishofen; Häberli-Koller Brigitte, Im Furth, 8363 Bichelsee; Hany Urs, Chileweg 8, 8155 Niederhasli; Meier-Schatz Lucrezia, Haus zum Bädli, 9127 St. Peterzell; Pedrazzini Luigi, Sentiero alle coste 1, 6600 Solduno; Pfister Gerhard, Gulmstrasse 55, 6315 Oberägeri; Romano Marco, Via Carlo Pasta 21, 6850 Mendrisio; Seydoux Anne, Rue du Mont-Terri 15, 2800 Delémont. 1

RS 101

Initiative populaire fédérale «Aider les familles ! Pour des allocations pour enfant et des allocations de formation professionnelle exonérées de l’impôt» Publiée dans la Feuille fédérale le 3.5.2011. Les citoyennes et citoyens suisses soussignés ayant le droit de vote demandent, en vertu des articles 34, 136, 139 et 194 de la Constitution fédérale et conformément à la loi fédérale du 17 décembre 1976 sur les droits politiques (art. 68s.), que: La Constitution fédérale1 est modifiée comme suit: Art. 116, al. 2, 2e phrase (nouvelle) 2 … Les allocations pour enfant et les allocations de formation professionnelle sont exonérées de l’impôt. Seuls les électrices et électeurs ayant le droit de vote en matière fédérale dans la commune indiquée en tête de la liste peuvent y apposer leur signature. Les citoyennes et les citoyens qui appuient la demande doivent signer de leur main. Celui qui se rend coupable de corruption active ou passive relativement à une récolte de signatures ou celui qui falsifie le résultat d’une récolte de signatures effectuée à l’appui d’une initiative populaire est punissable selon l’article 281 respectivement l’article 282 du code pénal.

Canton

No

Nom

écrire à la main et en majuscules

Prénom

écrire à la main et en majuscules

No postal

Commune politique

Date de naissance exacte jour/mois/année

Adresse exacte rue et numéro

Signature

manuscrite

Contrôle

laisser en blanc

1 2 3 Important: cette liste, entièrement ou partiellement remplie, doit être renvoyée au comité d’initiative: CVP / PDC / PPD / PCD, «Allocations pour enfants et jeunes en formation, sans impôts!», Case postale 362, 3052 Zollikofen. Le comité se chargera de demander l’attestation de la qualité d’électeur des signataires. D’autres listes peuvent être commandées par courriel à l’adresse info@cvp.ch ou téléchargées sur www.initiativesfamilles-pdc.ch. Expiration du délai imparti pour la récolte des signatures: 3.11.2012 Le/La fonctionnaire soussigné/e certifie que les (nombre) signataires de l’initiative populaire dont les noms figurent ci-dessus ont le droit de vote en matière fédérale dans la commune susmentionnée et y exercent leurs droits politiques.

Sceau

Le/La fonctionnaire compétent/e pour l’attestation (signature manuscrite et fonction officielle)

Lieu: Date: Le comité d’initiative, composé des auteurs de celle-ci désignés ci-après, est autorisé à retirer la présente initiative populaire par une décision prise à la majorité absolue de ses membres ayant encore le droit de vote: Darbellay Christophe, Le Perrey, 1921 Martigny-Croix; Schwaller Urs, Rossackerstrasse 4, 1712 Tafers; Binder Marianne, Müntzbergstrasse 21, 5400 Baden; David Eugen, Marktgasse 20, 9000 St. Gallen; de Buman Dominique, Place de Notre-Dame 12, 1700 Fribourg; Frey Tim, Freiensteinstrasse 6, 8032 Zürich; Glanzmann-Hunkeler Ida, Feldmatt 41, 6246 Altishofen; Häberli-Koller Brigitte, Im Furth, 8363 Bichelsee; Hany Urs, Chileweg 8, 8155 Niederhasli; Meier-Schatz Lucrezia, Haus zum Bädli, 9127 St. Peterzell; Pedrazzini Luigi, Sentiero alle coste 1, 6600 Solduno; Pfister Gerhard, Gulmstrasse 55, 6315 Oberägeri; Romano Marco, Via Carlo Pasta 21, 6850 Mendrisio; Seydoux Anne, Rue du Mont-Terri 15, 2800 Delémont.

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Paquet vitaminé du PDC pour les familles – nous avons besoin de votre soutien! En mai 2011, le PDC a lancé une initiative populaire pour la troisième fois au cours de ses cent ans d’existence. En fait, il s’agit de deux initiatives: l’une demande de mettre fin à la dépénalisation du mariage et l’autre d’exonérer de l’impôt les allocations pour enfants et les allocations de formation professionnelle. Cela représente un certain défi pour notre parti, dont la structure est sans doute la plus fédéraliste et la moins hiérarchisée de tous les grands partis suisses. Jusqu’en automne 2011, nous avons très bien progressé puisqu’au bout du premier tiers du temps qui nous est imparti nous avons rassemblé plus de deux tiers des signatures requises. Mais durant l’hiver, notre action a fait un peu du sur place, même si nous savions qu’il était plus facile de réunir des signatures avant les élections qu’après. Mais avec l’arrivée des beaux jours, il est temps que nous attaquions la dernière ligne droite! Il y a des élections dans plusieurs cantons, une occasion idéale pour marquer notre présence dans les rues. Les membres de notre groupe sont également tenus de s’engager et de faire acte de présence – car finalement les représentants du peuple ont également pour fonction de se positionner en public! Nous publions une newsletter donnant des informations plus détaillées sur l’état de la récolte des signatures, sur les actions réussies ou sur les succès particuliers remportés par certaines sections locales ou cantonales. La direction du projet s’est fixée pour but de rassembler deux fois 100 000 signatures d’ici le mois de juin 2012. Cet objectif implique un grand engagement de la part de tous! Est-ce que vous récoltez des signatures en tout temps et en tout lieu? Prenez toujours des feuilles de signatures avec vous; elles sont disponibles sous www. initiativesfamilles-pdc.ch. Envoyez sans délai les feuilles même partiellement remplies et signées à l’adresse indiquée! Si vous avez besoin de soutien, n’hésitez pas à vous adresser à notre secrétariat général à Berne. Un grand merci pour votre engagement en faveur du PDC. –Gerhard Pfister, responsable du projet Initiatives PDC

Grincheux Le 11 mars dernier, les Suisses disaient non à l’initiative demandant six semaines de vacances pour tous. Quelques jours après ce scrutin, j’ai reçu un appel de mon cousin français qui me demandait sur quelle planète je vivais. J’ai eu beau lui présenter toute la panoplie des arguments économiques et lui rappeler que pour gagner plus il fallait travailler plus, rien à faire… Il ne peut pas concevoir qu’un peuple refuse d’avoir plus de vacances. Et quand je lui ai précisé que tous les cantons aussi bien urbains que ruraux, alémaniques que latins avaient dit non, j’ai bien cru qu’il allait s’étrangler au téléphone. Pour ne pas me fâcher avec mon cousin, nous avons rapidement changé de sujet de conversation – et évité de parler des résidences secondaires!

www.initiativesfamilles-pdc.ch La PoLitique 3 Avril/Mai 2012

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Voter,

une tradition dépassée? Les électeurs genevois ont accepté, lors des votations du 11 mars dernier, de renforcer la loi cantonale sur les manifestations afin d’élever les responsabilités des organisateurs de manifestations. Mécontents, le Parti Socialiste et Les Verts ont menacé de faire recours au Tribunal fédéral pour contester le résultat issu des urnes. Personne ne semble en revanche s’inquiéter du faible taux de participation aux scrutins cantonaux et fédéraux. Or, comme le rappelait très justement le PDC à l’occasion des élections fédérales, voter est pourtant «la manifestation la plus utile».

La population suisse serait-elle saturée de politique? Peut-être. Et au vu du niveau actuel du débat politique, parions que la courbe de participation ne va malheureusement pas repartir à la hausse ces prochaines années. Surtout à Genève. Comment en effet en vouloir à ceux qui se lassent de la politique lorsqu’ils sont confrontés, jour après jour dans les médias, aux scandales à répétition et autres chamailleries stériles de la classe politique. J’étais fière de faire de la politique. Aujourd’hui j’ai parfois honte.

En Suisse, le vainqueur des votations a un nom, toujours le même depuis des années: l’abstention. Près de 6 citoyens suisses sur 10 n’ont pas participé aux votations du 11 mars dernier. Ils étaient aussi nombreux à déserter les urnes lors des élections fédérales d’octobre dernier.

Il est temps de se ressaisir. Charge à nous les élus, chacun à notre niveau, de redonner un peu de noblesse à la politique. De revenir à cette tradition du débat en confrontant nos idées plutôt qu’en s’envoyant des noms d’oiseaux à la figure. De montrer l’exemple afin de redonner le goût de l’engagement aux jeunes comme aux moins jeunes.

Au palmarès des abstentionnistes, les jeunes trustent la 1ère place du podium. Et pourtant, jamais il n’a été aussi facile de voter. A Genève par exemple, il est désormais possible d’exprimer son opinion, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, sans bouger de chez soi grâce au vote électronique.

«L’enfant croit au Père Noël. L’adulte n’y croit pas, il vote», disait Pierre Desproges. Plus aucun citoyen ne croit aujourd’hui qu’il pourra changer sa vie grâce à son bulletin de vote. S’il pouvait au moins être encouragé à respecter sa classe politique, ce serait déjà un bon début! –Marie Chappuis, 30 ans, Conseillère municipale Ville de Genève

Cent lettres aux notables de l’Helvétie

De 2003 à 2011, le conseiller Jacques Neirynck a publié une centaine de lettres ouvertes dans le magazine l’Hebdo. Elles étaient adressées à des hommes politiques, des patrons d’industrie, des syndicalistes, des fonctionnaires, et même des prélats. Ce sont des notables au sens propre du terme en ce sens qu’il n’est pas 26

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possible de ne pas les remarquer par leur présence dans les médias. Or, tous ces notables, malgré leurs opinions diverses et contradictoires partagent la même tendance à esquiver les débats les plus brûlants. Ils emploient donc la langue de bois, citent des faits imaginaires, résonnent de façon approximative et ne dévoilent surtout jamais le fond de leur pensé. Ils en arrivent au point où on ne sait pas ce qu’ils pensent vraiment parce qu’ils ne savent même plus qu’il est possible de penser. C’est à épingler ces ridicules que servent ces cent lettres, chroniques humoristiques d’une décennie politique très agitée.

Les lecteurs de La Politique peuvent se procurer l’ouvrage avec une dédicace personnalisée de l’auteur, à un prix de faveur de 25 francs en adressant une demande aux Editions à la Carte. par écrit: Editions à la Carte, Place de la gare 4, 3960 Sierre par courriel: edition@edcarte.ch ou par téléphone: 027 451 24 28 N’oubliez pas de mentionner le prénom de la personne à laquelle vous désirez faire dédicacer l’ouvrage. –La rédaction


IL Y a VINgT aNs…

Dictionnaire du représentant du peuple La crise, n.f., une phase difficile à traverser, une rupture d’équilibre. Depuis 2007, le monde passe d’une crise à l’autre. Tout a débuté avec la crise des subprimes qui était une crise de solvabilité des emprunteurs américains dont les revenus ne permettaient pas d’obtenir un crédit immobilier classique auprès des institutions financières. C’est très logiquement que cette crise a entraîné une crise financière qui a très vite traversé l’Atlantique pour s’installer en Europe. Et qui dit crise financière, dit crise économique. Pour faire face à cette nouvelle crise, certains pays n’ont pas hésité à s’endetter très lourdement. Résultat: deux nouvelles crises, celle de l’endettement des Etats et celle de l’euro. Et dernière crise en date, la crise grecque qui a nécessité une action coordonnée de tous les pompiers européens pour éviter qu’elle ne se propage au Portugal, en Espagne, en Italie voire en France.

…Yvette Ming (photo) a commencé à travailler en tant que traductrice au secrétariat général du PDC suisse. Il y a un mois, elle a pris une retraite anticipée pour faire le tour du monde avec son mari. Outre le fait qu’elle nous manque à tous au secrétariat général, l’absence d’Yvette Ming laisse également un vide au sein de l’équipe rédactionnelle de La Politique. Elle était responsable de l’édition romande du magazine, elle transformait les textes allemands en véritables chefs-d’œuvre de la langue française. En tant que membre, elle fourmillait d’idées et faisait preuve d’une créativité exceptionnelle. De plus, elle avait une belle plume. A ce propos, il est temps de dévoiler un secret: Yvette Ming était la rédactrice des rubriques «Il y a…» et «GRINCHEUX». Tout cela ne dévoile rien de son caractère. Au contraire: Yvette Ming était la charmante représentante de la culture romande, joyeuse et spirituelle. Un grand merci, chère Yvette, pour ton immense engagement dans la mise en place de La Politique et dans la conception de son édition française. La Politique, c’était Yvette. Philipp Chemineau a pris la place d’Yvette Ming dans l’équipe rédactionnelle. Nous sommes heureux de pourvoir travailler avec notre nouveau collègue. Et voici le fruit de son travail: le premier numéro de La Politique, façonné par Philipp. –Marianne Binder, rédactrice en chef de LA POLITIQUE

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Pour ne pas mettre la Suisse hors jeu.

I

s d r o c c A x u A n o I t A n r e t n Le 17 juin

Initiative sur les accords internationaux

non


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