Le journal du PDC suisse, février 2010

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LA

POLITIQUE

Magazine d’opinion.

Numéro 2 / Février 2010 / CHF 7.80 www.la-politique.ch

ITÉ

SY ÉTRIE RISQUES CARNAVAL


SOMMAIRE

TITRES

4 L’EFFET DE LA PETITE ÉGLISE DE WASSEN 6 CONTRE LE CENTRALISME 8 DU SANG BLEU 9 EGALITÉ ET DÉMOCRATIE 10 FIN D’UN RÊVE 16 DIALOGUE SUISSE

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18 ENNUYEUSE SYMÉTRIE 20 MOTARDS ET BUVEURS 24 RÉMUNÉRATIONS ABUSIVES RENDEZ VOUS

13 LOÈCHE-VILLE VOTATIONS

26 7 MARS 2010

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AU CAFÉ DU COMMERCE

IMPRESSUM

EDITEUR Association LA POLITIQUE ADRESSE DE LA REDACTION LA POLITIQUE, Case postale 5835, 3001 Berne, tél. 031 357 33 33, fax 031 352 24 30, courriel binder@cvp.ch www.la-politique.ch REDACTION Marianne Binder, Jacques Neirynck, Yvette Ming, Simone Hähni GRAPHISME, ILLUSTRATIONS ET MAQUETTE Brenneisen Communications, Bâle PHOTO TITRE Stefan Bohrer pour bc / Models: Sabrina+Vanessa, Place: ALINEA, Bâle IMPRIMERIE UD Print, Lucerne ANNONCES ET ABONNEMENTS tél. 031 357 33 33, fax 031 352 24 30 Courriel abo@die-politik.ch, abonnement annuel CHF 32.–, abonnement de soutien CHF 60.– PROCHAIN NUMERO mars 2010

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«Je suis contre l’égalité hommefemme du moment que c’est mon mari qui sort les poubelles!»


EDITO – Jacques Neirynck, Rédacteur en chef adjoint

APPRENDRE L’ÉGALITÉ DÈS L’ÉCOLE? Ma sœur fréquentait à l’époque une école de filles, dont un problème majeur était d’éviter la surenchère vestimentaire entre les élèves. Le problème avait été résolu, là comme ailleurs, par l’imposition d’un uniforme, jupe plissée bleu marine et chemisier bleu clair. Cette contrainte me remplissait de stupéfaction, car j’étais pour mon compte dans une école de garçons, dont le cadet des soucis était leurs vêtements. Tous mes condisciples étaient comme moi habillés sans y prêter beaucoup d’attention: à l’époque veston et cravate n’étaient pas obligés mais tout le monde en portait pour ne pas se distinguer; le pli des pantalons était fatigué; nos chaussures n’étaient pas aussi bien cirées qu’il l’aurait fallu; nos cheveux étaient coiffés à la va vite. Mais nous n’étions pas pour autant adeptes de l’égalité. La compétition ne portait pas sur la mode mais sur la réussite scolaire, garante, croyions-nous, de la réussite sociale future. Aussi étions-nous soumis par nos professeurs à un gavage intellectuel, à un entrainement forcené au travail, au prestige des premiers et à la honte des derniers. Si les filles s’apprêtaient à nous séduire par leurs toilettes, nous visions les emplois prestigieux et les salaires correspondants. Chacun de leur côté, garçons et filles nous apprenions les vertus de l’inégalité de naissance ou du mérite. Cela a bien changé. On en est arrivé parfois à ne même plus classer les élèves selon le rang de leurs notes. Et ils sont tous habillés, garçons et filles, de la même façon, la plus négligée qu’il soit. C’est à qui se mettra le moins en valeur, par le physique ou par l’intelligence. Les maîtres se résignent ou même encouragent cette démocratie par le bas. Cela s’appelle l’égalité dans la médiocrité, celle qui est ouverte à tous. Mais il existe une autre égalité, celle vers le haut, qui doit être promue. Jacques Neirynck LA POLITIQUE 2 Février 2010

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Christina Le Kisdaroczi, Pédagogue

ÉGALITÉ N’EST PAS UNIFORMITÉ Il y a des notions qui nous accompagnent toujours et qui constituent un tout au plus profond de nous-mêmes. Elles sont différentes pour chacun d’entre nous. Pour moi, l’égalité occupe une place relativement importante. Toutefois, plus je m’efforce de comprendre cette notion et plus elle dévoile de facettes. C’est ce que j’appelle «l’effet de la petite église de Wassen» parce que cette église située au pied du Gothard nous montre des angles différents chaque fois que l’on sort d’un tunnel.

Je quitte le premier tunnel et me revois petite fille avec un grand et un petit frère. Et je demande à ma mère: «Lequel d’entre nous préfères-tu?» Sa réponse, vous l’imaginez bien, a été: «Je vous aime tous les trois d’un amour égal». A l’époque, cela me parut totalement illogique. Cela dépassait mon imagination qu’on puisse aimer de la même manière trois enfants pourtant si différents. En revanche, maman le pensait spontanément, ce qui est tout à fait naturel de la part d’une mère.

Est-ce que l’égalité est une valeur naturelle? Maintenant, nous quittons le deuxième tunnel. La notion «normal» apparaît en contre-jour. Jeune fille, je voulais être tout sauf «normale». Pour moi la normalité était être comme tout le monde. L’égalité

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en tant que synonyme de moyenne, de médiocrité, d’ennui. Toutes mes pensées et mes actions visaient à échapper à la normalité, à me distinguer des autres.

Est-ce que l’égalité est synonyme de normalité? Cette fois, le trajet jusqu’à la sortie du prochain tunnel est plus long. Maintenant, je vois devant moi mes jumeaux monozygotes juste après leur naissance aux soins intensifs de néonatologie. Avec le décès du premier et le handicap de l’autre garçon-


Est-ce que l’égalité est une condition de l’indépendance? La lutte jadis infructueuse pour intégrer notre fils («Ne pensez-vous pas qu’il serait plus heureux avec des enfants comme lui?») m’entraîne à la sortie du prochain tunnel. En tant que pédagogue et responsable d’un bureau pour l’éducation spécialisée intégrée, pour moi la notion essentielle est aujourd’hui l’inégalité ou l’hétérogénéité. Au cours de mes études de pédagogie, j’ai appris la théorie du développement de Piaget. Que le développement soit le résultat d’un processus dynamique entre l’assimilation (maintien des structures) et l’accommodation (adaptation à l’environnement) me paraît évident. Il faut en déduire que le développement doit être compris comme un processus individuel et aussi être conçu de la sorte. Cela est aussi valable notamment pour l’apprentissage collectif, avec ou sans handicap. Je partage la conviction du sociologue Harald Bremer: aucun moyen d’éviter le paradoxe qui veut que la pédagogie soit inégale si elle entend viser l’égalité. Parce que l’égalité au sens de la synchronisation renforce l’inégalité.

net, j’ai tout à coup compris que le mot «normal» était gommé de mon – de notre – quotidien, que ce néologisme devenait un rêve voire un mantra. La lutte pour l’égalité avec des personnes de mon âge devint la mesure de toutes choses, le moteur de grands et de petits progrès mais aussi la source de tristesse et de déception. Aujourd’hui, plus de 20 ans après, sur la base d’un long cheminement accompli ensemble, je perçois un besoin d’appartenance derrière cet effort de normalité.

Est-ce que l’égalité requiert des compétences dans la manière de gérer l’inégalité? Nous sommes arrivés au dernier tunnel de ce voyage. J’écris mon travail de master et vais terminer mes études de conseillère en réorientation professionnelle en été 2010. A ce titre, je conçois la reconnaissance de la différence comme une condition de l’autonomie, de l’individualité et de la liberté. Pour moi, ce principe est important tant sur le plan personnel que sociétal. Seule une prise de conscience de la différence permet de donner un fondement à l’équité dans le sens de l’égalité sociale. Là où l’intention fondée sur l’éthique et la morale coïncide avec l’acte, la congruence se développe. Celle-ci est une condition d’une véritable participation et d’un amour désintéressé. ■

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Heidi Z’graggen, Conseillère d’Etat et candidate au Conseil des Etats, Uri

DES CANTONS FORTS: UN MODÈLE À SUCCÈS

Depuis sa création en 1848, le fédéralisme est le fondement de notre Etat. L’idée de base est aussi simple que convaincante: la responsabilité est déléguée aux structures performantes plus petites que sont les cantons. Seules les tâches d’intérêt général ou celles que les petites unités ne peuvent pas résoudre sont renvoyées au niveau immédiatement supérieur. Le système suisse crée idéalement des lois et des règlements qui répondent ainsi aux besoins locaux. La richesse d’idées au niveau de leur application donne lieu à une concurrence saine et voulue entre les cantons et les communes, susceptible de les faire progresser tous.

Ces principes de réussite sont-ils respectés en Suisse? Oui et non. La position forte des cantons et de leur égalité apparaît à l’échelle fédérale dans le système des deux Chambres et au niveau de la démocratie directe dans la majorité du Conseil des Etats. Le Parlement à deux chambres exige la coopération entre le Conseil national en tant que représentant du peuple et le Conseil des Etats en qualité de représentant des Etats. Au Conseil des Etats, qui jouit des mêmes compétences que le Conseil national, tous les cantons sont représentés par deux membres (les demi-cantons par un membre) indépendamment de leur taille. Une grande importance est ainsi accordée à l’élément cantonal par rapport à l’élément démocratique. L’influence des petits cantons au Conseil des Etats est grande. Il n’est pas rare que cette forte position suscite des commentaires. Selon certains critiques, elle doit être corrigée en faveur des villes et des cantons plus grands. Mais le poids des cantons est compensé par une représentation proportionnelle des cantons à forte popu6

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lation au Conseil national, au sein duquel les partis sont en outre mis au premier plan par le système proportionnel. L’histoire a montré de façon saisissante que la combinaison du principe de représentation et celui de fédéralisme s’est avéré positif pour les citoyens et pour l’Etat.

Les petits cantons jouent-ils un rôle de frein? On attire souvent l’attention sur le rôle de frein joué par les petits cantons pour obtenir la majorité au Conseil des Etats. Celle-ci peut faire échouer un projet, même s’il a été accepté par une majorité des voix du peuple. Selon les arguments des critiques d’importants projets de réforme capoteraient pour cette raison. Cependant, la constellation selon laquelle les (petits) cantons ont mis en minorité la majorité populaire ne s’est présentée que huit fois depuis 1848 (sur un total de 527 votations populaires jusqu’en 2006). La dernière fois en 1994 lorsque l’arrêté fédéral concernant un article d’encouragement de la culture dans la Constitution suisse a été rejeté par le Conseil des Etats. Arrêtons-nous à ce dernier exemple: est-ce que quelque chose nous a manqué depuis ce refus? Pour diverses raisons, le Parlement fédéral semble miser de plus en plus sur des solutions centralisées. La professionnalisation


MISSING LINK furtive du système de milice en est certainement une, la foi en la force curative des grandes unités en est une autre. Il faut lutter résolument contre les tendances basées sur des principes centralisateurs. Pour corriger ce cap, les gouvernements cantonaux collaborent aussi dans le cadre de conférences intercantonales.

Raffermir la force d’innovation des cantons On constate avec intérêt que les petits cantons font preuve de force d’innovation. Appenzell Rhodes-Intérieures a été le premier canton suisse à introduire l’anglais au primaire en 2001. Zoug, Nidwald et Schwyz ont pleinement réussi leur entrée dans l’histoire avec leur audacieuse politique fiscale et de développement économique, qui a eu des effets au-delà des frontières nationales. Obwald était en tête avec la Flat Rate Tax. Uri a montré qu’en respectant toutes les procédures d’aménagement du territoire le grand projet touristique de Samih Sawiris a abouti dans un délai raisonnable à l’autorisation de construire. C’est dans l’intérêt de tous que les petits cantons soient en mesure de se renforcer par leurs propres moyens. Cela requiert une marge de manœuvre créative qu’il s’agit non seulement de conserver mais d’élargir. Seuls les petits cantons sont à mêmes de mettre en œuvre certaines idées pour leur propre bien et pour celui de la Confédération. Cela les rend moins dépendants des grands cantons, ce qui soulage ces derniers dont les finances sont solides. En adoptant la Nouvelle Péréquation Financière, les électeurs et les grands cantons ont clairement ouvert la voie à la solidarité. Le fédéralisme suisse représente un avantage local et un modèle à succès. La taille n’est pas à elle seule le garant de la réussite. Ces derniers temps des événements en politique et en économie internationales nous l’ont fait vivre de manière saisissante. Nous devrions comprendre la différence entre les cantons comme une chance et un avantage au niveau de la concurrence internationale entre Etats. Une plus grande prise de responsabilité de la part des individus, des communes et des cantons ranime non seulement le fédéralisme, mais les fait tous progresser. Nous ne pouvons pas nous permettre de renoncer à ce modèle à succès, unique en son genre. ■

A

près l’annus horribilis 2008, l’année 2009 avait aussi débuté par de fortes chutes de la bourse. En mars, cette baisse vertigineuse s’était arrêtée. La crise nous avait autant surpris que ce revirement. Le marché ne fonctionne pas quand on aperçoit la lumière au fond du tunnel. Il fonctionne lorsque tout semble sombre, juste un peu moins sombre que le jour précédent. Et maintenant? Rétrospectivement, nous constatons que 2009 a été réjouissante pour la bourse. Ceux qui ont perdu leur sang-froid et vendu leurs actions pendant la crise ont raté la hausse des cours de l’année dernière. Dommage. Mais nul n’est assez riche que de mauvaises décisions ne risquent pas de le ruiner. La question est de savoir si nous en tirons les leçons. En novembre 2009, une banque privée zurichoise a émis des «Christmas warrants» et promettait de donner une «impulsion à votre portefeuille» sur une durée fabuleuse de 23 jours. Josef Ackermann fixe à la Deutsche Bank des objectifs de rendements des fonds propres de 25%, ce qui laisse entendre que l’entreprise est prête à prendre d’énormes risques. Dans le cadre de la votation sur le taux de conversion de la LPP, la gauche déplore un soi-disant vol des rentes. Une conseillère aux Etats socialiste, à qui les médias attribuent des compétences économiques, dit qu’il est possible de tabler sur une rentabilité bien supérieure à 4,5%. Elle a certainement été manipulée par des banques d’investissement qui ont omis de lui parler des risques. Mais parallèlement, certains arnaqueurs condamnent la manière dont d’autres arnaqueurs maximisent le rendement, on ne s’en sort pas! Apparemment, la gauche n’a pas plus appris de la crise que certains investisseurs. Comme le disait Albert Einstein: «deux choses sont éternelles – l’univers et la bêtise de l’homme. Mais je ne suis pas très sûr en ce qui concerne l’univers.» –Gerhard Pfister LA POLITIQUE 2 Février 2010

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Franziska Peterhans, Secrétaire générale de LCH

L’ÉGALITÉ DES CHANCES EN ÉDUCATION –

VISION ET ILLUSION

Les parcours professionnels sont très différents les uns des autres, les parcours scolaires aussi. Depuis PISA nous savons que le terrain se prépare bien avant les débuts scolaires de l’enfant. Bref: «plus son environnement est favorable à l’apprentissage, plus grande sera sa réussite scolaire». Connaissant cette corrélation, l’école obligatoire s’efforce de garantir à tous les enfants l’égalité des chances. La performance prime sur le «sang bleu» L’égalité est un principe moral issu du siècle des Lumières, puis de la Révolution française, qui devient dès le 19e siècle un critère important de la politique d’éducation. Dès lors ce n’est plus le «principe d’origine» (de famille noble ou de milieu privilégié) qui décide de l’accès à la formation mais le «principe de performance». A la place de l’origine, de l’argent, du pouvoir et des relations c’est la libre concurrence qui donne à tous les êtres humains les mêmes chances de réussite. L’égalité des chances et ses limites Il est vrai que l’école obligatoire n’est pas en mesure de produire une égalité parfaite, car malgré tous les efforts pédagogiques sérieux quelques difficultés subsistent: Le capital «dons» des enfants ne peut être déterminé en faisant abstraction du milieu de vie, car tous les concepts scientifiques sérieux définissent les dons comme une combinaison des prédispositions et du contexte social. Au moment où les dons d’un enfant entrent dans le champ visuel de la pédagogie, l’environnement familial et culturel a déjà accompli une part du travail d’encouragement, respectivement de frein à l’épanouissement. Notre forme de société libérale ne permet, ni d’interdire aux parents de déployer des efforts énormes pour stimuler leurs enfants, ni de punir ceux qui s’en occupent pas assez, à moins qu’il ne s’agisse d’un abandon manifeste. 8

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Dans notre démocratie, les moyens mis à disposition de la formation sont soumis à une lutte pour la répartition des fonds. Ils font donc concurrence à la construction des routes, aux soins aux personnes âgées, à la protection des eaux, au soutien de l’agriculture. Il faut les acquérir ou les défendre. Cela explique pourquoi il n’y a pas toujours assez de moyens pour garantir une formation optimale aux enfants. Il faut accepter les limites de l’égalité des chances qui ne doit pas obligatoirement être imputée à un échec personnel ou à un manque d’engagement de la part des personnes chargées des tâches éducatives ou de la politique. L’égalité doit être un point de mire vers lequel ces personnes doivent s’orienter et qu’elles doivent tendre à atteindre.


CARTE BLANCHE

Libres et égaux …

D’un côté, deux ressortissants suisses, prisonniers de l’Etat libyen, qui les retient de manière arbitraire depuis de longs mois. Sans les connaître, la population les plaint et réclame leur libération. De l’autre, deux frères ouïgours, détenus depuis près de huit ans à Guantanamo dans des conditions épouvantables, victimes innocentes de la lutte contre le terrorisme menée par les USA. Sans les connaître, beaucoup les craignent et les laisseraient croupir en prison pour le restant de leur vie, dans l’indifférence la plus totale. Contre toute attente, ils ont un point commun: la Suisse, d’où pourrait venir leur salut. Les uns, parce qu’ils sont nos concitoyens et que notre diplomatie s’active pour trouver une issue à cette affaire qui n’a que trop duré. Les autres, parce que notre pays a proposé d’assister le gouvernement américain dans la fermeture du centre de détention de Guantanamo, zone de non-droit, où l’une des plus grandes démocraties du monde a laissé pratiquer en toute impunité la torture et des traitements inhumains et dégradants. Forte et fière de sa tradition humanitaire, la Suisse se doit d’accueillir ces frères ouïgours, en toute indépendance … Et les opposant-e-s à leur venue devraient se remémorer l’art. 1er de la Déclaration universelle des droits de l’homme, dont on a fêté avec moult discours emphatiques le 60ème anniversaire en 2008: «Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits», qu’ils soient suisses ou ouïgours… –Anne Seydoux-Christe

S’engager en faveur de l’égalité des chances signifie surtout: – Se faire une idée réaliste des égalités et des inégalités (p.ex. par des indicateurs de formation, outils de diagnostic). – Formuler des objectifs clairs sans conceptions pédagogiques moralisatrices floues. – Acquérir et appliquer des connaissances, des compétences et des stratégies de gestion de l’hétérogénéité des classes, ainsi que demander et utiliser les ressources nécessaires. – Mettre en place des services de soutien ou d’encadrement des familles permettant de pallier aux manques liés au milieu social (structures d’accueil parascolaire, services de consultation pour parents, assistance sociale scolaire, etc.).

– Mettre au point des mesures d’appui et de soutien complémentaires pour les autres groupes d’enfants défavorisés, pour qui, malgré tout, un équilibre entre efforts, dons et réussite ne peut être trouvé au niveau de la formation. – Se libérer des préjugés socioculturels et éviter toute idée présomptueuse concernant les besoins de chacun, les droits des uns et des autres, les efforts pour y parvenir ou leur absence. Ce n’est qu’ainsi que le corps enseignant est à même de relever les défis de manière offensive et optimiste. La LCH a publié une série de documents exposant sa position dans le but d’appuyer ce processus (manifeste en faveur d’un système éducatif performant, guide de gestion de l’hétérogénéité, catalogue des conditions de réussite pour l’intégration). ■ LA POLITIQUE 2 Février 2010

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Susanne Boshammer, Professeure en Philosophie pratique, Université de Berne

QUELLE ÉGALITÉ CORRESPOND AUX BESOINS DE LA DÉMOCRATIE?

En période de crise financière et économique l’appel à un idéal en matière d’égalité est d’une brûlante actualité: le fossé entre riches et pauvres souvent invoqué se creuse de plus en plus, tant sur le plan national que mondial. La demande de combattre l’inégalité sociale croissante par des mesures fiscales appropriées se fonde souvent sur une pensée égalitaire. Mais qu’affirme exactement la profession de foi en faveur de l’égalité des citoyennes et citoyens? Et à quoi engage-t-elle l’Etat de droit libéral? L’égalité devant la loi Lorsqu’une inégalité sociale est déplorée dans le cadre de débats politiques et qu’une plus grande égalité est revendiquée, il s’agit aujourd’hui surtout des conditions économiques inégales entre citoyens. Ils sont nombreux à trouver injuste et inconciliable avec la pensée égalitaire, que par exemple un manager encaisse des bonus exorbitants, alors que les employés craignent la perte de leur emploi et que certains ne gagnent pas assez pour subvenir à leurs besoins fondamentaux sans le soutien de l’Etat tout en travaillant à plein temps. C’est notamment l’écart de richesse entre les membres de la société qui inquiète les défenseurs modernes de l’égalité et provoque leur intervention. Ceci n’a pas toujours été le cas. D’un point de vue historique la lutte politique au nom de l’égalité visait à l’origine surtout l’égalité des citoyens devant la loi. Tant les révolutionnaires du 18e siècle, auxquels nous devons la devise «Liberté, Egalité, Fraternité», que leurs successeurs ne voulaient pas s’accommoder de l’idée que des caractéristiques involontaires et guère influençables, telles que l’origine, l’appartenance à une condition, la confession, la couleur de peau ou le sexe, décident des droits et libertés d’un individu. A leur avis une seule caractéristique devrait suffire à garantir l’égalité entre tous les citoyens, à savoir: l’appartenance au genre humain. Dans ce sens le philosophe anglais John Locke soutient déjà au milieu du 17e siècle «à l’évidence, des êtres créés de même espèce et de même rang, […], doivent encore être égaux entre eux […]» (Locke, Second traité du gouvernement, §4)

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De l’égalité des droits à l’égalité des chances La lutte pour l’égalité visant à s’opposer à un traitement inégal des individus sur la base de caractéristiques involontaires se poursuit encore aujourd’hui, comme le montrent non seulement les controverses très débattues concernant l’interdiction des minarets ou l’égalité des couples homosexuels. Durant ces dernières décennies l’attention a toutefois été dirigée progressivement vers les inégalités sociales dans le sens de l’écart économique entre citoyens. Cette évolution n’est pas due au hasard. Elle est une conséquence logique, puisque les mêmes droits garantissent les mêmes libertés à condition que les citoyennes et citoyens puissent faire usage de ces droits dans une même mesure. Le même droit à une procédure équitable n’est guère utile à la personne qui ne peut pas se payer un avocat. Cette prise de conscience est à l’origine de l’introduction de l’assistance judiciaire gratuite. Dès lors la profession de foi en faveur de l’égalité des citoyens sur les plans juridique et politique, que le principe démocratique fondamental «one man one vote» exprime clairement, engage l’Etat non seulement à garantir une égalité des droits formelle mais, si possible et nécessaire, d’assurer l’égalité des chances et d’éliminer la pauvreté. Cette préoccupation exprime le souci justifié qu’une collectivité publique, dans laquelle les possibilités de participation factuelles de certains sont fortement réduites pour des raisons de chômage ou de pauvreté par rapport à celles de leurs concitoyens, risque d’imploser. La démocratie vit de la participation et de l’identification des citoyens


avec leur Etat. C’est pourquoi son fonctionnement n’est efficace qu’à la condition que tous disposent dans une mĂŞme mesure des ressources ĂŠconomiques leur permettant de faire usage de leurs droits et de rĂŠunir les informations nĂŠcessaires pour avoir un accès rĂŠel Ă ces droits. Dans ce sens la dĂŠmocratie exige bien plus qu’une simple ĂŠgalitĂŠ des droits formelle. Or, un Etat libĂŠral ne peut ni ne doit obliger ses citoyens Ă profiter des chances qui se prĂŠsentent Ă eux. Les inĂŠgalitĂŠs ĂŠconomiques dues aux libres dĂŠcisions d’individus qui ont les mĂŞmes droits et chances et qui en ont connaissance sont tout Ă fait

compatibles avec le principe d’ÊgalitĂŠ. On peut toutefois douter que ce soit le cas en pĂŠriode de crise ĂŠconomique et de chĂ´mage. â–

Susanne Boshammer est professeure assistante en philosophie pratique Ă l’UniversitĂŠ de Berne oĂš elle coordonne la filière d’Êtudes internationales dĂŠbouchant sur un Master en Philosophie politique et ĂŠconomique. Après de longues ĂŠtudes consacrĂŠes Ă l’ÊgalitĂŠ et Ă la justice, elle a publiĂŠ un livre intitulĂŠ ÂŤGruppen. Rechte. Gerechtigkeit. Die moralische BegrĂźndung der Rechte von MinderheitenÂť (Berlin/New York: de Gruyter 2003)

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Judith Stamm, Anc. Conseillère nationale, Lucerne

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LA CONCRÉTISATION DE L’ÉGALITÉ

Lorsque nous parlons d’égalité, il est important de demander d’entrée de jeu de quelle égalité il s’agit? L’égalité entre qui? Dans quel domaine? En tant qu’ancienne politicienne, il est logique que je pense tout d’abord à l’égalité politique. Et telle qu’elle se présente aujourd’hui en Suisse. Rêves concrétisés Nous pouvons tout d’abord constater que nous, les générations des pionnières et des combattantes de l’égalité politique entre femme et homme, avons atteint les objectifs dont nous rêvions! Trois conseillères fédérales siègent au Gouvernement et nous avons une chancelière de la Confédération. Et si ce n’était pas suffisant, les trois plus hautes fonctions politiques de notre pays sont occupées par des femmes en 2010: la présidence de la Confédération, du Conseil national et du Conseil des Etats. Si nous y ajoutons les mandats féminins dans les exécutifs et législatifs aux niveaux communal et cantonal, nous pouvons presque parler d’une évolution fulgurante en matière d’égalité politique depuis l’introduction en 1971 du droit de vote et d’éligibilité des femmes sur le plan national. Des hommes progressistes Les plus hautes fonctions politiques en mains féminines sont un symbole du succès de tous les efforts d’égalité fournis au sein de la société. Il convient de relever et de reconnaître ici que des hommes progressistes ont largement contribué à cette évolution. Mes compliments s’adressent aussi à eux!

Normalité ou hasard Est-ce que la participation actuelle des femmes aux plus hauts niveaux est maintenant la «normalité» comme l’écrivent en long et en large les médias? Ou est-ce seulement un signe du progrès qui a été obtenu dans cette question? Dans mes pensées, je me projette déjà dans l’avenir. Et j’imagine que dans quarante ou cinquante ans on pourra lire dans nos livres d’histoire: «Vers 2010, une nouvelle phase de l’histoire de Suisse a débuté et depuis lors notre gouvernement composé de sept membres a toujours compté trois ou quatre femmes dans ses rangs. Le poste de chancelier de la Confédération est occupé soit par une femme soit par un homme de sorte à garantir 12

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l’égalité. Toutes les autres instances politiques du pays ont adopté un système analogue.» Ce serait alors la «normalité»!

Mandat constitutionnel Dans notre pays, l’égalité entre femme et homme n’est pas simplement un objectif idéaliste. Il s’agit d’un mandat inscrit dans la Constitution fédérale et donc approuvé par le peuple. L’égalité signifie essentiellement que les femmes et les hommes doivent avoir les mêmes possibilités d’épanouissement dans tous les domaines au sein de notre société.

Révision du droit du mariage Ces dernières années, une révision législative a eu une importance toute particulière pour la question de l’égalité: la révision du droit du mariage! Cette révision a mis fin au concept patriarcal de la vie commune entre la femme et l’homme pour laisser la place au partenariat. L’article 163 du code civil relatif à l’entretien d’une famille se lit comme un programme sur l’égalité: «Mari et femme contribuent chacun selon ses facultés, à l’entretien convenable de la famille. Ils conviennent de la façon dont chacun apporte sa contribution… Ce faisant, ils tiennent compte des besoins de l’union conjugale et de leur situation personnelle.» Un processus complexe Grâce à cette révision et à celle d’autres lois, nous avons franchi de nombreuses étapes en matière d’égalité. Mais nous avons sous-estimé la durée et la complexité de la phase de consolidation du nouveau modèle d’égalité entre femme et homme tout au long de la vie. Il ne s’agit pas d’une évolution linéaire mais d’un processus avec des avancées et des reculs, avec des impondérables et des surprises de toutes sortes. Aujourd’hui, nous savons que pour obtenir l’égalité juridique, nous avons besoin d’une majorité de votants. Mais pour que l’égalité devienne réalité, nous avons besoin de l’assentiment de toute la société! Et ce n’est pas si simple de l’obtenir! ■


RENDEZ VOUS Roberto Schmidt, Conseiller national

LOÈCHE VILLE. De là, le panorama est magnifique… …sur les châteaux où résidaient des évêques, qui ne faisaient pas que prier mais qui, après s’être baignés dans les eaux thermales de Loèche-les-Bains banquetaient royalement, recevaient diplomates et ministres, ou encore brûlaient des sorcières, torturaient des bouffons et décapitaient des ennemis. …sur la prairie du château où mes compatriotes viennent aérer leurs âmes festives et rafraîchir leurs têtes pleines de soleil en buvant un (ou plusieurs) verre de Fendant, et où tous les quatre ans je mets sur pied une opérette en plein air. …sur des alpes à moutons d’un vert éclatant sur lesquelles ce ne sont pas des loups et des ours mais des renards et des lièvres qui devraient, à l’avenir aussi, se souhaiter «bonne nuit». …sur les vignobles accrochés à des coteaux ensoleillés où des vins extraordinaires arrivent à maturité et nous laissent pressentir que, malgré leur caractère bien trempé, les Valaisans sont des gens chaleureux et des bons vivants.

…sur le futur parc naturel régional «Pfyn-Finges» où nos ancêtres valeureux firent fléchir les troupes de Napoléon et où les Valaisans auraient plaisir à jouer encore «aux cow boys et aux Indiens» avec la cavalerie de Steinbrück. …sur les montagnes enneigées sur lesquelles des skieurs dévalent des pistes abruptes, et qui nous fournissent de l’énergie renouvelable et génèrent des redevances hydrauliques pour les communes de montagne. …sur des prés, des pâturages et des alpes qui nous rappellent à nous aussi, politiciens PDC/PCS, qu’en Valais les vaches donnent toujours du lait et pas encore du Coca-Cola (c’est peutêtre pourquoi nous avons des os solides et la tête dure?!?). …sur la frontière entre le Bas et le Haut Valais que l’on peut encore franchir sans passeport biométrique. …sur le Bas-Valais avec lequel le Haut-Valais a finalement d’autres liens que le seul FC Sion (encore) invaincu en finale de la coupe, parce que les extrêmes se touchent! ■

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Le Carnaval des Bolzes de Fribourg «Dimanche 17h00, procès et mise à mort du Rababou». Sur les 5 jours du Carnaval des Bolzes, c’est bien cette partie du programme qui est la plus attendue. Plus de 10’000 personnes s’agglutinent chaque année sur la place du Petit-St-Jean pour écouter le prononcé du jugement. Un espace bien insuffisant que cette petite place pour accueillir tous ceux qui attribuent au Rababou tous les malheurs tombés sur la Ville et ses habitants, les Bolzes, durant l’année. Et quand le bourreau met le feu au coupable toute la place applaudit et crie sans retenue. Personne n’est oublié durant le Carnaval des Bolzes. Ainsi, si le grand cortège et la mise à mort du Rababou font régulièrement la une des médias, le cortège des enfants du Mardi Gras n’est pas en reste. Lui aussi est suivi d’un procès et de la mise à mort du «petit» Rababou. Naturellement les Guggenmusiks sont les acteurs incontournables du Carnaval et c’est emmenées par la Guggenmusik «Les 3 Canards», Guggen officielle de la Ville, qu’elles animent le centre de la ville «haute» dès le samedi après-midi. Se déplaçant en cortège vers la Basse-Ville, elles font une halte indispensable sur la place de l’Hôtel de Ville pour recevoir du Syndic la clef de la Ville, donnant ainsi au Carnaval toutes, ou presque, les libertés jusqu’à l’aube du Mercredi des Cendres. Le Carnaval des Bolzes c’est aussi l’occasion de découvrir les restaurants du quartier de l’Auge et de visiter les nombreuses caves privées ouvertes uniquement à cette période. Charles de Reyff

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Le Carnaval de Monthey Parler de Carnaval avec des mots sérieux, allons donc! On pense d’abord à une musique endiablée, à des rues pleines de masques agités qui sautillent comiquement, vous harponnent, à quelque chose à la fois de frénétique et d’envoutant. Carnaval est sans âge, il n’a pas de rides. Il est né d’une peur du fonds des âges, du besoin de conjurer les mauvais esprits, de saluer le retour du proche printemps. Rappelons que l’origine latine du terme «Carna vale» signifie adieu la viande; il s’agit donc d’une période précédant une longue abstinence. Et tout donne à penser que la «bonne société» ainsi que les milieux cléricaux de l’époque aient tenté de canaliser les débordements populaires pour donner à ces festivités une allure plus digne. A l’appui de cette thèse on peut relever dans le journal «Le Confédéré» du 25 février 1875: «…et le curé, entouré des élus municipaux, ne dédaigne pas de prendre part à la fête, contribuant par sa présence au maintien des plus strictes convenances et de la joie permise…». En clair, ces amusements devaient rester raisonnables et de bon goût. A la même époque (1885), un chroniqueur valaisan rendait hommage à la jeunesse de Monthey pour avoir su «si bien enlever au Carnaval ce qu’il y a de burlesque et de trivial pour le rehausser au contraire par l’esthétique du genre». Monthey, justement on y vient. Le premier Carnaval répertorié remonte à 1873. Et l’histoire nous apprend que Carnaval, à Monthey, c’était aussi et d‘abord un prétexte culturel: théâtre et musique se portaient bien et présentaient des programmes étonnants de qualité et d’audace. De là vient peut-être que la Cité dispose aujourd’hui avec le Théâtre du Crochetan d‘un des plus beaux lieux de spectacle en Suisse romande. Une chose et sûre: Carnaval et ses fresques populaires collent parfaitement à l’esprit aiguisé et frondeur des Montheysans. A croire que cette belle parenthèse dans l’année est née ici tellement elle y est ancrée. Certes pas autant faste et somptueuse qu’à Venise, ni aussi grandiose qu’à Bâle mais le Carnaval à Monthey est assurément plus chaleureux, moins guindé voire un peu déjanté. Si vous êtes collet monté, passez votre chemin; le Carnaval de Monthey n’est pas pour vous! Fernand Mariétan

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Peter Gomez, Professeur à l’Université de St-Gall

SCHWEIZER DIALOG La politique, l’économie et la science se livrent à une discussion publique. La crise financière et économique n’a pas uniquement causé d’importants préjudices économiques mais elle a aussi largement ébranlé la confiance du public dans les décideurs du monde économique et politique. Alors que la crise fait place à une timide reprise, nombreux sont ceux qui n’attendent que de reprendre le cours des choses. Mais ce n’est pas ainsi que la confiance pourra être restaurée. Il s’avère donc indispensable de mener une discussion ouverte sur les fautes commises et de tracer de nouvelles voies à suivre.

Un groupe de professeurs de l’Université de St-Gall s’est fixé pour objectif de créer une plateforme afin de lancer cette discussion: le «Schweizer Dialog» (dialogue suisse). Au lieu d’avoir recours à de belles paroles et à des codes éthiques pour exiger un comportement honnête et juste, ils veulent donner aux décideurs économiques et politiques la possibilité de partager leurs points de vue et leurs convictions avec les citoyennes et les citoyens. Et ensemble se rapprocher de ce qui est considéré de part et d’autre comme honnête et juste.

Le «Schweizer Dialog» se base sur une pyramide des responsabilités à quatre étages:

Les décideurs politiques et économiques doivent juger leurs actions sous ces quatre angles et tenir ainsi compte globalement des intérêts de la société. Mais comment traduire tout cela dans la pratique?

Faire montre d’honnêteté dans les zones d’ombre Créer de la rentabilité et des ressources économiques à long terme

Rechercher une valeur ajoutée dans la société

Ni favoriser, ni tolérer de préjudices pour la société

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LES PERSONNALITÉS CI-APRÈS SONT LES PREMIERS SIGNATAIRES DU «SCHWEIZER DIALOG»: Economie Raymond J. Bär, Ulf Berg, Thomas Buberl, Josef Felder, Philippe Gaydoul, Roman Geiser, Philip Mosimann, Urs Oberholzer, Michael Pieper, Andreas Schmid, Franziska Tschudi Politique Pirmin Bischof, Martine Brunschwig Graf, Ursula Gut, Kathrin Hilber, Gerhard Pfister, Rolf Schweiger Science Andreas Binder, Hans Christoph Binswanger, Peter Gomez, Margit Osterloh, Miriam Meckel, Timo Meynhardt, Sybille Sachs


Le «Schweizer Dialog» regroupe des personnalités du monde politique, économique et scientifique qui, par une déclaration, se sont publiquement engagées à respecter rigoureusement ces principes. Ce sont de très hauts dirigeants économiques, des membres du Parlement fédéral et des gouvernements cantonaux ainsi que des professeurs d’universités et de hautes écoles. A chaque étage de la pyramide, ils se prononcent sur des thèmes concrets (salaire des dirigeants, sécurité de l’emploi, équité entre les générations) et les citoyennes et citoyens évaluent leur position. Le «Schweizer Dialog» entretient un site Internet (www.schweizerdialog.ch) sur lequel les propos des participants à ce projet peuvent être évalués en termes de crédibilité. De nombreuses personnes se sont déjà connectées et ont donné leur avis. Les premiers profils de crédibilité des participants ont déjà pu être établis. Et ensuite? Le «Schweizer Dialog» ne cherche pas à reproduire l’effet d’un livre blanc mais à encourager durablement les échanges d’opinions. C’est pourquoi il s’agit avant tout d’inciter le plus grand nombre possible de citoyennes et de citoyens à faire part de leur opinion sur ce site. Par ailleurs, le cercle des premiers signataires doit être élargi et ouvert à des personnalités qui se sentent interpelées et qui souhaitent se livrer à la discussion. Si l’impact de cette initiative est suffisamment large, alors nous pourrons aussi légitimement expliquer ce qui est considéré comme juste et honnête dans notre pays. Et contribuer ainsi à une nouvelle compréhension entre la société, la politique et l’économie.

Vendredi 5 février 2010 – Emission «Arena» à la TV alémanique consacrée aux attaques de l’Allemagne contre la Suisse. Comme des Allemands sont invités à s’exprimer, tout le monde parle le «bon allemand» et pour une fois je comprends. Certains intervenants roulent les «r» d’autres pas. Surprise! Un journaliste allemand représentant un magazine suisse argumente en «hochdeutsch» – rien d’anormal – sauf quand il lance des «wir» (nous)! Parle-t-il des Allemands ou des Suisses? Je tends l’oreille, le «wir», ce sont bien nous les Helvètes mais dans la bouche d’un Allemand, ça devient difficile à s’identifier! Toujours scotché devant ma TV, je regarde l’émission jusqu’à la fin… De la surprise, je passe à l’énervement… Aucune femme – suisse ou allemande - n’a eu droit à la parole durant tout le débat. On est au début du XXIe siècle!

–Grincheux

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Beat Zoderer

«LA SYMÉTRIE POUR LES IDIOTS» Au niveau du droit, l’égalité doit être et rester irrévocable. Mais en politique et plus encore dans le domaine culturel, l’objectif n’est pas de contraindre tout le monde à faire la même chose. Il faut des trublions qui cherchent de nouvelles idées et les expriment. Ils ont besoin d’espaces de liberté et de respect et ils doivent être pris au sérieux. Jeune artiste inconnu, j’étais assistant du Prof. P. Jenny à l’EPFZ au milieu des années 80. Bazon Brook, un philosophe de la culture, était souvent invité. Durant l’un de ses cours provocateurs, il avait lâché la phrase: «la symétrie, c’est quelque chose pour les idiots». Ces propos m’avaient foudroyé et j’étais désemparé.

Peu de temps auparavant, j’avais voyagé à travers tout le monde islamique. J’avais vu que, dans cette culture, les deux pôles «le chaos et l’ordre» doivent avoir une place bien définie. Et alors seulement, cette apogée culturelle en architecture, en musique et en art abstrait devient possible. Avec le temps, j’ai compris Bazon Brook. La symétrie ou l’égalité sont harmonieuses mais aussi ennuyeuses, prévisibles, faciles à comprendre mais aussi vite mises de côté et oubliées.

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S A N S

A P P E L

J’

ai appris par un économiste qui s’emploie à mesurer le bonheur que la Suisse vient en deuxième position parmi les pays les plus heureux d’Europe. L’Allemagne par exemple occupe la vingt-deuxième place. L’asymétrie, la faute, l’élément perturbateur d’un système retiennent plus longtemps notre attention. On en parle davantage et il faut plus de temps pour les comprendre. Chacun peut les percevoir et les associer de différentes manières et y voir quelque chose d’autre ou de nouveau. En tant que trublions et artistes, notre tâche ne consiste donc pas à chercher la symétrie. Notre tâche consiste à essayer de penser et d’agir différemment. Ainsi, nous montrons que partout des images trompeuses nous guettent – belles symétries qui veulent nous tromper! ■

Outre un pouvoir d’achat élevé, un taux de chômage bas, un réseau social bien développé et un système de formation de qualité, la démocratie directe en serait également une raison. C’est étonnant, lorsqu’on pense aux ennuis causés par les adversaires politiques, aux vociférations proférées durant les débats publics et à la déception des vaincus après avoir perdu une campagne électorale. Cependant tout guide pratique pour bien gérer sa vie préconise que l’on exprime ses problèmes. C’est ce que fait la communauté suisse en tant que grand collectif en développement personnel qui discute à fond les malaises et qui donne aux lésés les outils nécessaires, initiatives et référendums, pour guérir. Il importe que notre Conseil fédéral explique à l’étranger notre mode de fonctionnement et sa propre manière de fonctionner qui consiste à collaborer avec un peuple qui prend parfois des décisions contraires aux siennes et qui le restreint dans sa marge de manœuvre. Cela ne porte pas préjudice à l’image du gouvernement. Le fait d’être sous le contrôle efficace de citoyennes et citoyens relativement contents n’est pas plus pénible que d’être sanctionné comme dans d’autres pays tous les quatre ans par un souverain impuissant dans l’intervalle de la législature. Bien que les membres de notre Conseil fédéral payent cher le puissant spectacle de Merkel, de Sarkozy et de Berlusconi, ils restent en fonction aussi longtemps qu’ils le souhaitent. –Marianne Binder

Beat Zoderer est né en 1955 à Zurich. Il vit et travaille à Wettingen. Artiste indépendant depuis 1978, il présente régulièrement des expositions en Suisse et à l’étranger. Sa dernière exposition importante «New tools for old attitudes» a été présentée en 2008 au Haus Konstruktiv à Zurich. En Suisse, l’artiste est représenté par la Galerie von Bartha, Bâle.

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LE MOTARD TESSINOIS ET LE BUVEUR ROMAND SONT EN DANGER

On savait déjà par les statistiques que les Suisses alémaniques avaient un taux de chômage plus faible que les Latins, qu’ils pesaient moins sur l’assurance maladie, qu’ils votaient plus à droite. On ne s’attendait cependant pas à découvrir la différence en matière de conduite routière telle qu’elle ressort de l’étude publiée le 19 janvier par le Bureau de Prévention de Accidents. Le nombre de personnes gravement blessées ou tuées a diminué de 21% en Suisse alémanique entre 1997 et 2007 En Suisse romande et au Tessin, le recul n’a été que de respectivement 7% et 10%. Les motards tessinois représentaient 51% des accidents graves sur les routes du canton en 2007. C’est une proportion deux fois plus élevée qu’en Suisse alémanique, et une fois et demi plus qu’en Suisse romande. 32% des morts et blessés graves tessinois ne portaient pas de ceinture de sécurité, alors que la proportion était de 22% en Suisse romande, et de 16% en Suisse alémanique. L’alcool cause deux fois plus d’accidents graves et de morts en Suisse latine qu’en Suisse alémanique. Toujours dans la partie

romande, la vitesse est à l’origine de 34% des accidents, alors qu’elle est un facteur de risque bien moins important en Suisse alémanique (21%) et même au Tessin (8%) qui a pourtant la réputation d’abriter des Fangio en puissance. Ce n’est pas tout. Pour 100 millions de kilomètres parcourus, le nombre de femmes impliquées dans un accident grave est presque identique dans les trois principales parties du pays et trois fois plus faible que celui des hommes. Dès lors l’étude pointe sur le sexe mâle dont le comportement est à l’origine des accidents: les hommes boivent plus que les femmes et en Suisse romande conduisent plus vite. C’est une question de culture, cela ne tient pas aux lois, à la nature des routes ou aux types de voiture qui sont similaires dans toute la Suisse et qui valent aussi bien pour les hommes que les femmes. En conclusion, il est inutile de renforcer la législation. Pas de loi supplémentaire tant que ne sont pas respectées les lois actuelles. Il faut changer les habitudes. C’est beaucoup plus difficile. ■ –Jacques Neirynck

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LE GROUPE PARLEMENTAIRE FEDERAL

Présentation de la session de printemps

LA QUESTION DU MOIS COMMENT FONCTIONNE AU FAIT… LE CONSEIL D’ETAT BERNOIS SANS MOI?

RIEN NE BOUGE! Pour le Conseiller aux Etats Hansruedi Stadler, cette session sera la dernière. En effet, il a annoncé son départ. Dommage. Le Groupe a tiré profit de sa grande expérience politique et de son large savoir. Nous sommes ravis que la Conseillère d’Etat Heidi Z’graggen se soit mise à disposition pour défendre ce siège PDC.

Quatre initiatives populaires figurent au programme de la session: pour l’épargne-logement, pour un climat sain, pour des impôts équitables et contre les rémunérations abusives. Cette dernière occupera tout particulièrement le Parlement. Si elle devait être acceptée, nous sommes convaincus que cette initiative mettrait en péril la place économique et donc les emplois dans notre pays. Grâce à une proposition du PDC, la Commission des affaires juridiques est revenue sur sa décision de ne pas opposer un contre-projet à l’initiative «Contre les rémunérations abusives». Par ailleurs, deux sessions spéciales sont à l’ordre du jour de la session de printemps. L’une sera consacrée à l’immigration et l’autre au chômage. De nombreuses interventions parlementaires sont débattues lors de ces sessions spéciales qui, pour les Groupes, sont l’occasion de présenter leurs solutions aux problèmes qui préoccupent la population sans se perdre dans les détails. Le Conseil des Etats se penchera entre autres sur la loi sur l’assurance-chômage, sur divers accords de double imposition et sur l’initiative «Pour en finir avec les constructions envahissantes de résidences secondaires». Le contre-projet à l’initiative «Pour le renvoi des criminels étrangers» présenté avec succès par le PDC est un autre sujet émotionnel qui sera traité par la Chambre des cantons. Ce contre-projet résout le problème relatif aux criminels étrangers sans violer le droit international. Trois semaines de débats intéressants en vue! ■ –Brigitte Häberli-Koller Vice-présidente du Groupe

Les Bernoises et les Bernois paient les primes d’assurance-maladie les plus élevées de Suisse et rien ne bouge… le directeur de la santé transmet au Grand Conseil le dossier des soins de santé et de la planification hospitalière du Canton de Berne. Les réformes stagnent. «Gouverner, c’est prévoir». La formule d’Emile de Girardin n’est pas mise en pratique. Et pourtant, le Canton de Berne a un rôle essentiel à jouer en matière de santé en Suisse. L’hôpital de l’Ile, qui occupe une position de leader et qui est connu au niveau international dans plusieurs domaines de recherche, doit être renforcé dans la concurrence qui l’oppose à Zurich. Pour la place économique bernoise, pour le site de recherche, pour nos emplois. Avec moi, la protonthérapie viendrait par exemple à Berne. Et pourtant, les structures du système de santé doivent être adaptées au plus vite aux besoins et à l’évolution de la société. Dans 10 ans, nous aurons, dans le Canton de Berne, la population la plus âgée de Suisse. Les personnes âgées souhaitent rester le plus longtemps possible à la maison, dans un environnement qui leur est familier. Dans les régions et les campagnes, nous devons disposer de soins médicaux, de soins à domicile, de médecine gériatrique et de prestations de soins. Les jeunes familles ont besoin d’un pédiatre et d’un médecin de famille. Avec moi, ces offres de soins médicaux seraient fournies sous forme de réseaux de soins intégrés. De bonne qualité, à un prix correct. –Alexandra Perina, Candidate au Conseil d’Etat bernois LA POLITIQUE 2 Février 2010

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LA CITATION

«Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu!» Mt 22,21

Peu de citations bibliques concernant les relations entre la foi et la politique ont été aussi mal comprises et détournées idéologiquement que celle-ci. Généralement, on s’y réfère pour demander une séparation claire entre le politique et le religieux («les Eglises ne doivent pas se mêler de politique!») ou pour exiger une séparation claire entre le sacré et le profane. En principe, le monde est sans dieu, la religion est une affaire privée. Selon cet ordre (libéral classique), la politique chrétienne est une chose impossible. Il peut sembler bizarre que de tels propos aient été tenus par Jésus de Nazareth, considéré comme un agitateur politique et crucifié par les Romains. Cette citation célèbre doit être replacée dans son contexte. La question était de savoir s’il était permis ou non de payer l’impôt à César. A l’époque, la monnaie romaine était frappée à l’effigie de l’Empereur. Les Juifs très croyants refusaient de porter sur eux des pièces où figurait son portrait. D’où le piège de la question sur l’impôt. Jésus n’avait pas – c’est ce qui ressort du texte – de telles pièces sur lui. C’est pourquoi, sa réponse ne peut pas être tout simplement considérée comme une sage réponse citoyenne. Il existe aussi une variante subversive de l’interprétation: qu’il en soit fini avec cette monnaie en Israël, qu’elle retourne à Rome chez l’Empereur, là où elle doit être! Cela aurait bien entendu signifié le retrait de l’occupant romain d’Israël. Quelle que soit la variante pour laquelle on opte, il est sûr que Jésus n’a pas mis Dieu et César sur le même niveau, quasiment selon la devise: «L’Eglise appartient à Dieu et le monde à l’Etat!» Alors le christianisme aurait vraiment été relégué dans la sacristie. Heureusement, le Nouveau Testament montre que Jésus voulait que ses propos soient aussi compris comme un message qui contribue à l’humanisation de ce monde, que cela convienne ou non à César! ■ –Markus Arnold, Théologue, Université de Lucerne

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Dictionnaire du représentant du peuple Durabilité, n.f., terme apprécié pour étayer une position politique. Implique de se soucier de l’avenir et d’avoir des idées visionnaires. Se heurte à la longévité peu durable du politicien d’aujourd’hui qui ne peut pas se représenter ce que sera l’année 2050. Se heurte également à la durée du mandat qui dépend des électeurs. Et aussi durable, adj., la plupart du temps associé au développement: le développement durable de l’environnement, du système social, de la place économique suisse. Contre-exemples: 1. Le sommet de Copenhague sur le climat peut être considéré comme superflu au vu des résultats obtenus. 2. La gauche refuse d’abaisser le taux de conversion et pille la tirelire contenant les rentes des jeunes. 3. Les partisans de l’initiative Minder veulent mieux contrôler les profiteurs dans notre propre pays mais aident les investisseurs (étrangers) à déstabiliser nos entreprises suisses, à les acheter et à les affaiblir face à la concurrence internationale.


LE COIN CULTUREL

«LA NATURE, SOURCE SPIRITUELLE»

Editions Jouvence, Préface Nicolas Hulot 185 p.

Un ouvrage fascinant qui en surprendra plus d’un: écologistes ou capitalistes, adeptes de la spiritualité ou scientifiques. Tout est rassemblé pour nous faire prendre conscience qu’au-delà des causes directes de la crise écologique, il existe des causes plus profondes, liées à la relation que l’humanité entretient avec la nature. Philippe Roch, nous fait voyager à travers un monde en déroute d’abord, où il évoque les grands problèmes de l’environnement global et où il explique que la crise écologique est la résultante d’une fracture d’ordre spirituel, philosophique et moral entre l’humanité et la nature. Ensuite, le voyage de la prise de conscience traverse l’Antiquité à l’humanité moderne où il dépeint la relation avec la nature, des peuples premiers à la société technologique mondialisée qui a intellectualisé la pensée humaine et qui a contribué à renforcer l’humain, en séparant le spirituel, le rationnel et le matériel, à adopter une position dominante sur la nature. Le voyage, spirituel cette fois, se poursuit là où la nature devient source d’inspiration n’épargnant aucuns grands courants religieux, sans oublier la méditation dans la nature que pratique l’auteur. Enfin, l’accomplissement de ce voyage passe par une nouvelle alliance entre l’humanité et la nature, où science et spiritualité convergent. Rien de mieux

IL Y A 20 ANS… …les Roumains n’osaient même pas songer que leur pays allait adhérer un jour à l’UE. Ceausescu et son épouse avaient été arrêtés et fusillés le jour de Noël. Après la mort du tyran des Carpates, les frontières du pays s’étaient ouvertes laissant apparaître la pauvreté et la désolation de toute une population, des conditions de vie et d’hygiène déplorables. Un élan de solidarité avait alors vu le jour. En Suisse, des communes, des associations, des entreprises s’étaient mobilisées au début de l’année 1990 pour apporter aide et soutien en Roumanie. Des camions entiers traversaient l’Autriche et la Hongrie pour apporter nourriture, habits, médicaments, matériel scolaire à une population qui avait été oppressée durant des décennies. PS: dans les villages roumains, le tube du moment était «La lambada»! (ym)

que la projection de notre société vue par Philippe Roch en 2095, après l’épidémie mondiale de 2025–2028. Une vision réaliste, accessible et pleine d’espoir! Cet ouvrage ne laisse personne indifférent à la question de notre responsabilité envers la nature et les générations futures. ■ –Sonia Gatti

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Pirmin Bischof, Co Cons nsei eill ller er na natio tional nal

CONTRE UNE DES EMPLOIS EN SUISSE… A peine le PDC avait présenté un contre-projet indirect à l’initiative « contre les rémunérations abusives » (initiative Minder) que des fronts se sont constitués. En novembre 2009, la commission des affaires juridiques du Conseil national avait décidé d’approuver l’initiative et de ne pas lui opposer de contre-projet. Le 28 janvier 2010, sur proposition du PDC, la même commission a décidé par 17 voix contre 9 de revenir sur sa décision. Ainsi, la voie est libre pour un contre-projet crédible et convaincant à cette initiative. L’initiative Minder est populaire car elle répond à la colère justifiée de la population à l’encontre de la mentalité de profiteurs éhontée d’une poignée de dirigeants suisses. Là, des mesures doivent être prises. Mais l’initiative va dans une fausse direction. Au lieu de renforcer les droits des actionnaires, elle prévoit (dans la Constitution !) des sanctions draconiennes même pour des infractions bénignes. Par ailleurs, elle veut revêtir d’un habit juridique contraignant toutes les sociétés cotées en bourse – qu’il s’agisse de sociétés ouvertes au public ou d’entreprises familiales – même si cet habit ne leur convient pas et si les actionnaires n’en veulent pas. En revanche, le contre-projet du PDC vise à résoudre aussi bien le problème des «profiteurs» que celui des «investisseurs sans scrupules». L’assemblée des actionnaires (et non plus le Conseil d’administration) doit se prononcer sur les rémunérations du Conseil d’administration. En règle générale, le Conseil d’administration fixe les rémunérations de la direction de l’entreprise sauf si la majorité des actionnaires décide d’inscrire dans les statuts que c’est le rôle de l’assemblée générale. Grâce à un règlement précis sur les rémunérations et à un rapport qui lui est présenté a posteriori, l’assemblée des actionnaires s’assure du respect de règles judicieuses. Parallèlement, le contre-projet veut supprimer les stocks importants d’actions anonymes qui ne sont pas inscrits au registre des actions. Ces actions dites «dispo» permettent aujourd’hui à une minorité relativement faible d’actionnaires (souvent étrangers), à des investisseurs sans scrupules, de prendre discrètement le contrôle de sociétés suisses. Le contre-projet résout donc de manière ciblée et efficace le problème des profiteurs et des investisseurs sans scrupules et il permet – contrairement à l’initiative – à de grandes entreprises de garder leur siège et leurs emplois en Suisse.

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AGRICULTURE GLOSSAIRE Les paiements directs

L’agriculture fournit de nombreuses prestations d’intérêt général qui sont rétribuées par des paiements directs versés par la Confédération. Parmi ces prestations, on peut citer la garantie de la production alimentaire, la protection et l’entretien du paysage rural, la préservation du patrimoine naturel ainsi que l’occupation décentralisée du territoire. En 2008, la Confédération a déboursé environ 3.5 milliards de francs pour l’agriculture et l’alimentation dont plus de 70 pour cent sous forme de paiements directs. Le droit aux paiements directs est subordonné à des conditions écologiques précises par exemple la garde des animaux de rente respectueuse de l’espèce. Le Conseil fédéral prévoit de cibler encore davantage le système de paiements directs au cours des prochaines années afin de tenir compte des objectifs inscrits dans la Constitution. La biodiversité

La diversité biologique est essentielle à la survie et au développement de l’humanité. L’agriculture qui représente un tiers de l’utilisation des surfaces en Suisse, a une grande influence sur la diversité biologique. D’une part, l’agriculture développe la biodiversité et de l’autre elle en dépend. Aujourd’hui, on n’accorde pas suffisamment d’attention et d’importance à cette interdépendance. Comme la diversité biologique sous toutes ses formes est aujourd’hui menacée, l’ONU a déclaré 2010 l’année internationale de la biodiversité. La crise du lait

Depuis la suppression du contingentement laitier étatique le 30 avril 2009, le marché du lait relève essentiellement de la responsabilité des acteurs concernés. Une production laitière trop importante, le libre-échange du fromage avec l’UE ainsi que les fluctuations des cours de change ont exercé une forte pression sur le prix du lait en Suisse. Pour sortir de la crise du lait, le PDC table sur le sens des responsabilités et l’esprit d’entreprise du secteur agricole. Ce dernier doit élaborer un système de gestion des quantités flexible et répondant aux besoins du mar-

ché qui doit être soutenu par le Conseil fédér al et déclaré de force obligatoire générale. Des avancées en ce sens ont déjà été réalisées. Le PDC rejette l’idée de réintroduire un contingentement laitier étatique. Le cycle de Doha et l’agriculture

En 2001, à Doha, les ministres de l’économie et des finances des Etats-membres de l’OMC ont entamé des négociations en vue d’un nouvel accord global sur le commerce. Ces négociations ne sont pas encore terminées à ce jour. Des divergences existent notamment dans le domaine agricole. Le cycle de Doha ne remet pas en question le système suisse de paiements directs mais il entraînerait une diminution importante des protections douanières. Le PDC demande que la réduction des droits de douane pour les produits agricoles ne soient pas supérieure à ce qui s’avère indispensable dans le cadre des négociations de l’OMC. Dans l’optique d’une conclusion possible du cycle de Doha et du changement structurel qui en résulterait pour l’agriculture, le PDC soutient la constitution d’une réserve au bilan pour financer les mesures d’accompagnement. Un éventuel changement structurel doit être socialement acceptable et durable. Accord de libre échange avec l’UE

Depuis l’automne 2008, des négociations sont en cours entre la Suisse et l’Union européenne (UE) en vue de parvenir à un accord de libre-échange couvrant le secteur agro-alimentaire. Cet accord devrait contribuer à ouvrir réciproquement les marchés aux produits agricoles et aux denrées alimentaires. Le PDC salue ces négociations car un tel accord pourrait compenser du moins partiellement les désavantages d’un accord OMC. Pour le PDC, un accord de libre-échange agricole avec l’UE ne fait sens que si le cycle de Doha devait aboutir. Si un tel accord ne devait toujours pas être en vue au 1er septembre 2010, le PDC demandera alors au Conseil fédéral de suspendre les négociations en cours avec l’UE et d’examiner les alternatives en vue d’améliorer l’accès au marché. –Manuel Trunz

LA POLITIQUE 2 Février 2010


LE 7 MARS 2010

Pour un 2e pilier sûr Nous avons la responsabilité d’assurer la pérennité des rentes en présence d’un allongement de l’espérance de vie et d’un marché des capitaux moins favorable que par le passé. Le capital-vieillesse avec de moins bonnes perspectives de rendement doit permettre de verser des rentes pendant plus d’années qu’auparavant. Une année de rentes, c’est 28 milliards à verser! Les tranches annuelles doivent donc être modérément diminuées pour éviter l’épuisement prématuré du capital.

L’adaptation du taux de conversion à 6,4% en 2016 profite: – aux actifs car leur capital futur est préservé, l’épargne fructifie et ils ne doivent pas verser de cotisations d’assainissement; – aux retraités, leurs rentes sont garanties de toute façon, mais la bonne santé du 2e pilier permet une évolution plus favorable de leur situation en cas de renchérissement. Pensons aux prochaines générations et à nos anciens: disons OUI le 7 mars! ■ –Thérèse Meyer-Kaelin

La protection de la dignité de l’être humain De nombreuses personnes vivent avec une maladie ou une lésion incurable. La recherche donne espoir à ces personnes, à leurs amis et à leurs proches. Aujourd’hui, les dispositions légales relatives à la recherche sur l’être humain sont hétérogènes, lacunaires et elles diffèrent d’un canton à l’autre. Le nouvel article constitutionnel donne à la Confédération la compétence de réglementer cette recherche. Dorénavant, la Confédération doit adopter des directives quand la protection de la dignité humaine et de la personnalité l’exigent. Par ailleurs, le législateur doit respecter les principes suivants:

– les personnes participant à un projet de recherche doivent donner leur consentement éclairé; – les risques encourus ne doivent pas être disproportionnés par rapport à l’utilité du projet; – un projet de recherche ne peut être réalisé sur des personnes incapables de discernement que si des résultats équivalents ne peuvent être obtenus chez des personnes capables de discernement; – une expertise indépendante doit avoir établi que la protection des personnes participant au projet de recherche est garantie. Le nouvel article constitutionnel fixe un cadre clair à la recherche sur l’être humain. C’est pourquoi il est important de dire OUI le 7 mars. ■ Brigitte Häberli

La loi sur la protection des animaux la plus sévère du monde Nous n’avons pas besoin d’avocats de la protection des animaux. Notre pays a déjà la loi la plus sévère du monde. En tant qu’agriculteur, je sais par expérience que la loi sur la protection des animaux est très bien appliquée et que les contrôles sont très sérieux, notamment pour les animaux de rente. Ceux qui ne respectent pas la loi sont dénoncés et sanctionnés. De plus, les vétérinaires effectuent des «contrôles bleus». Ce sont des contrôles inopinés au cours desquels ils examinent l’utilisation des médicaments, le bien-être des animaux et leur état. 26

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Depuis l’entrée en vigueur du nouveau code de procédure pénale en 2007, les cantons ont déjà la possibilité d’instituer des avocats de la protection des animaux. Toutefois, la nécessité ne s’en fait pas sentir. Il n’est pas nécessaire que la Confédération s’immisce dans la souveraineté des cantons. Une acceptation de l’initiative entraînerait une augmentation de la bureaucratie et des coûts inutiles. C’est pourquoi le Conseil fédéral et le Parlement rejettent aussi cette initiative. ■ Jakob Büchler


Oui Le 7 mars 2010

Pour un taux LPP équitable

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