LA
Magazi zine ne d’ d’opin inion ion.. Ma Num méro 8 / No Nove vemb mbre re/Dééce cemb mbre re 20 2009 09 / CH CHF 5. 5.–– Nu www.la-pol a-polit itiq ique ue.c .ch h www
SOMMAIRE
TITRES
4 MAUVAISES NOTES DE L’OCDE 6 ETATS-UNIS: PAS DE DÉBAT SUR LA SUISSE 8 UN SAINT FIXE DES LIMITES 9 SÉCURITÉ INTÉRIEURE ET EXTÉRIEURE 12 D’UNE ALPE À L’AUTRE 14 SINGAPOUR: PAS DE CADEAU À LA SUISSE
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16 A L’ÉCART DES GUERRES MONDIALES 20 SONDAGE SUR LA SUISSE 22 SCHWIIZERTÜTSCH À BRUXELLES RENDEZ VOUS
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11 GENÈVE 10 LE GROUPE PARLEMENTAIRE FEDERAL 18 ECHO DES CANTONS
AU CAFÉ DU COMMERCE
“Après le 0,5 o/oo et l’interdiction de fumer, à quand l’interdiction de râler ?” IMPRESSUM
EDITEUR PDC suisse ADRESSE DE LA REDACTION LA POLITIQUE, Case postale 5835, 3001 Berne, tél. 031 357 33 33, fax 031 352 24 30, courriel binder@cvp.ch www.la-politique.ch REDACTION Marianne Binder, Jacques Neirynck, Yvette Ming, Simone Hähni GRAPHISME ET MAQUETTE Brenneisen Communications, Bâle IMPRIMERIE UD Print, Lucerne ANNONCES ET ABONNEMENTS tél. 031 357 33 33, fax 031 352 24 30 Courriel abo@die-politik.ch, abonnement annuel CHF 32.–, abonnement de soutien CHF 60.– PROCHAIN NUMERO janvier 2010
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LA POLITIQUE 8 Novembre/Décembre 2009
EDITO – Marianne Binder, Rédactrice en chef
LORSQU’ON VIT DANS UNE MAISON DE VERRE… …on ne lance point de pierres. Pris au sens figuré, ce conseil pratique ne peut être contesté. Il signifie que ceux qui ont des points faibles ne doivent pas en faire le reproche à d’autres. Là, un certain Nicolas Sarkozy fustige nos conditions-cadres privilégiées pour les holdings, alors que la France est quasiment imbattable avec sa tradition de protectionnisme absolu en faveur de son économie. Ici, le Premier ministre anglais Gordon Brown agite des listes grises et noires tandis que ses îles de la Manche ne figurent que sur les prospectus touristiques, sans aucune trace des comptes cachés. Là, le président des Etats-Unis demande une moralisation financière internationale, en oubliant les pratiques fiscales de l’Etat américain du Delaware où l’on peut créer une société de manière anonyme en quelques heures. Là, les Allemands poursuivent leurs citoyens sans jamais s’être demandé pourquoi la morale fiscale de leurs citoyens n’est pas aussi élevée qu’en Suisse. Et pour terminer, les Italiens radiographient les autos passant la frontière tessinoise comme si la mafia se cachait chez nous alors qu’ailleurs ils ferment les yeux. Peut-être que nous nous énervons trop, que nous devenons larmoyants. Celui qui a trop longtemps été considéré comme l’enfant modèle prend personnellement des attaques inhabituelles. Il ne voit pas qu’il s’agit moins de nous que d’un jeu d’intérêts dans un monde globalisé où chaque pays doit affirmer sa place. Il faut s’habituer à être soudain le point de mire, même de manière désagréable, car nous ne sommes pas les seuls dans ce cas. Cela implique que nous posions un regard plus attentif sur nous-mêmes de l’extérieur comme de l’intérieur, que nous soyons plus attentifs à ce qui se passe au-delà des frontières, que nous fassions preuve d’une plus grande lucidité au niveau de la réciprocité des prestations et d’une plus grande confiance en nous-mêmes. Nous avons demandé à divers auteurs de poser ce regard. Nous vous souhaitons, à toutes et à tous, de joyeuses fêtes.
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Ursula Renold, Directrice de l’Office fédéral de la formation professionnelle et de la technologie (OFFT)
L’OCDE NOUS MÉCONNAÎT Depuis des années, l’OCDE affirme que la Suisse doit augmenter le nombre de ses bacheliers, et partant le nombre de ses diplômés des hautes écoles. Cette thèse émise par une institution étrangère interpelle notre pays.
Dans ses analyses, l’OCDE se sert de grandeurs statistiques permettant l’établissement de comparaisons entre les pays qu’elle étudie. Avec un taux de maturité de près de 20 pour cent pour une même classe d’âge, la Suisse fait visiblement mauvaise figure, l’analyse comparative internationale de l’OCDE ne prenant en compte que la maturité gymnasiale. Or, si l’on inclut la maturité professionnelle, le taux dépasse les 30 pour cent. Le phénomène se répète dans le domaine dit de la «formation supérieure», où la Suisse connaît également un faible taux de diplômés des hautes écoles; or, jusqu’il y a peu, l’OCDE se refusait en effet à prendre en considération les titres délivrés dans la formation professionnelle supérieure. Toute donnée statistique comparative doit être traitée avec précaution et replacée dans son contexte avant de s’y référer pour la formulation d’exigences politiques. Si ces données ne sont pas replacées dans le contexte du système de formation et de la politique du marché du travail propres à la Suisse, elles mènent à des conclusions erronées. Devons-nous par exemple reprendre sans sourciller l’affirmation des académies suisses des sciences selon laquelle un relèvement du taux de bacheliers permettrait de pallier la carence en diplômés des hautes écoles en Suisse? Qui garantit que ce taux plus élevé suffira vraiment à fournir les «bons» titulaires recherchés par le marché du travail, tels les ingénieurs, les scientifiques et les médecins ?
Que faire alors? D’abord, gardons-nous de toute interprétation erronée et de toute conclusion hâtive et relions les données chiffrées, servant de base comparative, à d’autres grandeurs significatives. Ensuite, remettons en question certaines corrélations et engageons le dialogue avec nos partenaires étrangers. La question pertinente d’une journaliste de la télévision sud-coréenne nous y invite d’ailleurs: «Comment se fait-il que le rapport du World Economic Forum (WEF) sur le classement mondial de la compétitivité ait décerné le premier rang à la Suisse alors que celle-ci atteste d’un faible taux de bacheliers et de diplômés des hautes écoles?» D’intenses discussions sur le plan international peuvent aboutir à un examen correct des faits. Il est à relever que, dans sa dernière étude comparative consacrée à la formation professionnelle, l’OCDE a décerné à la 4
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COLONNE LIBRE Suisse une moisson de notes d’excellence et a pour la première fois reconnu que ses affirmations antérieures concernant les taux d’étudiants ayant obtenu une maturité ou un diplôme d’une haute école devaient être relativisées! Il nous faut par conséquent continuer à expliquer sur le plan international en quoi les voies de la formation de culture générale et universitaire et celles de la formation professionnelle sont complémentaires et favorisent l’innovation de l’économie et la satisfaction de la société. D’ailleurs, nous ne manquons pas d’arguments: – Dans notre pays, la plupart des filières de formation professionnelles répondent de manière ciblée aux besoins du marché du travail, ce qui assure non seulement un faible taux de chômage des jeunes, mais aussi la relève des PME. – Grâce à la présence sur le marché, côte à côte, de professionnels issus, d’une part, des filières de culture générale et, d’autre part, de celles de la formation professionnelle, les entreprises peuvent s’appuyer sur une grande diversité de qualifications nécessaire à un haut potentiel d’innovation. Toutes les idées géniales sur le plan technologique impliquent en effet des compétences très variées à tous les niveaux de formation avant d’aboutir à un produit commercialisable et de haute qualité. – La formation professionnelle crée une situation «tous gagnants» pour la Confédération, les cantons et les entreprises, car les coûts de formation des apprentis sont inférieurs au bénéfice retiré par les entreprises formatrices à la fin de l’apprentissage. Cela rend la formation professionnelle initiale attrayante pour les entreprises formatrices. – La maturité professionnelle permet aux plus doués d’acquérir, également dans le cadre de la formation professionnelle, une culture générale plus étendue et de leur ouvrir ainsi les portes d’une voie de formation supérieure, également dans une haute école. La maturité professionnelle rend l’apprentissage attractif et débouche sur des carrières professionnelles modernes et variées. – Enfin, notre système est perméable. Quiconque remplit les conditions requises peut, s’il le souhaite, passer de la formation professionnelle à une école de culture générale ou à une filière de formation d’une haute école, et vice-versa. Ainsi, toute personne voulant faire carrière n’est plus obligée d’entrer au gymnase si elle préfère s’adonner à une activité professionnelle pratique.
La Belgique, une Suisse qui n’a pas réussi C’est sous cet exergue qu’un voyage d’études a été entrepris par une demi-douzaine de parlementaires PDC latins. Ils ont donc consciencieusement écouté un parlementaire wallon, un bruxellois et un flamand. Ce que chacun disait paraissait plein de bon sens. Mais l’évidence des uns n’était pas celle des autres. Un pays de la même taille que la Suisse, installé sur la frontière entre les mondes germanique et latin, qui fut tout aussi prospère et même plus voici un siècle, se déchire aujourd’hui jusqu’au risque d’éclater. La Suisse ne connaît pas ce genre de conflits. Chaque canton gère sa culture, sa religion dominante, sa façon de boire et de manger. Les problèmes sont résolus selon le principe de subsidiarité, au niveau le plus bas possible. Et surtout dans les conflits qui surgissent ici comme ailleurs, le but est d’arriver à une solution, par concordance, consensus, compromis, accommodement, arrangement, en faisant le moins de peine au moins de citoyens. La démocratie suisse est une machine terriblement compliquée, lente et inerte dont le but est de respecter les minorités. La Belgique se débat dans l’accouchement d’un Etat fédéral à partir d’un Etat unitaire et centralisé. La tentation y est grande de réduire la démocratie à la domination de la majorité. Qui est là composée de 60 pour cent de Flamands. Si la Suisse se livrait à ce jeu, elle ne résisterait pas longtemps. En voyageant à Bruxelles, nous avons découvert les écueils à éviter. –Jacques Neirynck
Bref, au contraire de nombreux autres pays, la Suisse dispose d’un système de formation attrayant et bien développé, qui se caractérise par une forte perméabilité et une emprise directe avec la réalité des entreprises favorisant ainsi de façon idéale l’apprentissage tout au long de la vie. Nous avons donc avantage à faire connaître ce système de formation partout dans le monde plutôt que de copier les erreurs de nos voisins. ■
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Alfred Defago, anc. Ambassadeur de Suisse à Washington
PUISSANCE MONDIALE ET PETIT ETAT Les relations américano-suisses
Voilà bientôt 16 ans que je vis aux Etats-Unis. Lors de mes voyages réguliers dans ma patrie d’origine, je me suis habitué à ce que des amis et des connaissances, parfois même des inconnus, me demandent ce que les «Américains» pensent de la Suisse. Cette question posée à l’hôte venant d’Amérique reviendra indubitablement comme l’amen à l’église. Il y a un peu plus d’une décennie, lorsque notre pays faisait la une de la presse internationale à cause des fonds en déshérence et donc de son rôle durant la Seconde Guerre mondiale, la curiosité était particulièrement vive. Et pendant ces douze derniers mois, les agissements fort maladroits de l’UBS sur le marché américain ont de nouveau suscité un grand intérêt pour cette question. Il semble que de nombreuses Suissesses et
Docteur en philosophie, Alfred Defago enseigne les relations internationales à l‘Université de Wisconsin-Madison depuis 2001. Auparavant, il a été Consul général de Suisse à New York et Ambassadeur de Suisse à Washington, DC. Dans les années huitantes et nonante, Alfred Defago fut Rédacteur en chef de la Radio DRS puis Directeur de l’Office fédéral de la culture. A. Defago a publié un nouveau livre : Die USA, Barack Obama und der Amerikanische Traum. Streiflichter auf eine Nation im Umbruch (Verlag Huber, Frauenfeld, Stuttgart, Vienne)
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de nombreux Suisses supposent que l’UBS et par conséquent la Suisse soient des sujets de conversation à New York, Los Angeles, Miami et Des Moines, Iowa. Ce n’est pas le cas. Tout d’abord, une grande partie des Américains ignorent purement et simplement que l’UBS est une banque suisse. Cela dit, les gens ici aux USA ont bien d’autres soucis. L’état lamentable du marché de l’immobilier, l’augmentation massive du chômage, mais aussi la guerre en Afghanistan font la une des journaux. Et lorsque des banques font parler d’elles, ce sont en général des instituts bancaires américains, et pas européens, dont les manquements font les grands titres. Lorsque j’explique cela à mes interlocuteurs en Suisse, ils sont souvent surpris qu’il n’y ait pas un véritable débat sur la Suisse aux Etats-Unis. C’est vraisemblablement dû à «l’ignorance et l’arrogance proverbiale des Américains», augurait récemment une des mes connaissances à Berne. L’ignorance et l’arrogance ne sont toutefois pas des particularités américaines. La phrase que je viens de citer le démontre au besoin. Objectivement, les relations helvetico-américaines sont des relations interétatiques entre une nation de plus de 300 millions et une autre de quelque 7,7 millions d’habitants. En d’autres termes: il s’agit là de relations entre une puissance mondiale et un petit Etat. Il est bien entendu que la proportion ne dit rien sur la «valeur» des deux Etats. Mais elle explique pourquoi le plus grand partenaire a le regard nettement moins fixé sur ces relations réciproques que le plus petit. Du reste, ces relations sont bonnes dans l’ensemble, ou très bonnes. Que ce soit sur le plan politico-diplomatique ou économique, les deux pays coopérent étroitement et somme toute avec succès. Il y a bien entendu des hauts et des bas, des petits désaccords et parfois des plus grands. Mais cela fait partie de l’histoire de toutes les relations interétatiques.
Les relations helvetico-américaines devraient cependant être vues dans le contexte plus large des relations euro-américaines. Et là des relations nouvelles, moins étroites, se dessinent, lentement mais sûrement. L’intérêt que porte l’Amérique à l’Europe se réduit sensiblement. Tant pour des raisons géopolitiques que démographiques, la Nation s’oriente toujours plus vers l’espace pacifico-asiatique et – jusqu’à un certain point – vers l’espace latino-américain. Dans un pays qui, depuis 1965, connaît une immigration massive en provenance
d’Amérique latine, il est tout naturel que l’intérêt pour l’Europe s’estompe au fil des ans. Ceux qui spéculent sur un «Sonderfall Suisse» dans le cadre de ces relations, espèrent en vain. Cela ne signifie pas pour autant que l’on devrait négliger les relations helvetico-américaines. Au contraire. C’est justement parce que le réseau de relations non-européennes deviennent toujours plus prioritaires pour les Etats-Unis que notre relation avec ceux-ci requiert des efforts particuliers de la part de la Suisse. ■
Perché ne voudrais-je pas être italien? J’aurais probablement répondu autrement il y a quelques semaines… Mais l’amertume, due à la passe difficile des rapports entre l’Italie et le Tessin en particulier, ne doit pas me faire oublier que je suis imprégné de culture italienne et que je me sens fier de la représenter en Suisse. Sans la renier, voyons pourquoi je préfère quand-même mon pays à mon voisin. Ce qui me fait surtout apprécier la Suisse institutionnelle et politique par rapport à l’Italie, c’est le respect de l’Etat de droit, l’attention aux droits des mi-
norités et des plus faibles, le dialogue comme approche aux problèmes et la recherche du consensus comme méthode de travail. Et encore: la représentation proportionnelle des forces politiques sans blocage majorité-opposition, une politique qui tâche d’affronter les vraies questions, une administration efficace et presque toujours sans corruption, des services publics qui fonctionnent, la démocratie directe vécue et participée, le respect des procédures correctes sans coups de pouce ou coups de poing…
Sans trop me bercer d’illusions, je crois à la valeur de notre démocratie où l’on a encore – du moins parfois – le temps d’écouter les raisons de l’autre. Notamment au Conseil des Etats, «chambre de réflexion» où le combat des partis laisse généralement la place à la recherche des solutions concrètes. Chose que je ne retrouve pas dans le débat politique italien, houleux et souvent hargneux mais surtout superficiel, qu’il s’agisse des médias, des débats publics ou parlementaires. Vive la Suisse, donc, pourvu qu’elle reste elle-même et ne se mette pas à singer les autres, en commençant par les médias! ■ –Filippo Lombardi
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Pirmin Meier, Ecrivain
NICOLAS DE FLUE ET LE «DROIT LE PLUS MÉCHANT» Nicolas de Flue ne défraye plus la chronique. Sa canonisation Idiot!» lui disait une voix venant des nuages qui raillait le téen 1947 signifiait un triomphe tardif pour la Suisse catholique moignage de son fils. Nicolas de Flue refusa toujours de préqui un siècle auparavant subissait à contrecœur l’Etat fédéral. senter aux élus des cantons suisses une quelconque suggestion En 1984, le Pape Jean-Paul II exhortait à regarder par-dessus la concrète qui aurait permis de résoudre la crise constitutionclôture et, en cas de désaccord avec Nicolas de Flue, de s’en nelle de 1481. Il ne prit pas position pour l’une ou l’autre partie tenir «au meilleur droit». En 1987, un politicien d’Obwald proau conflit. «Si vous n’arrivez pas à trouver un accord à clamait lors d’une assemblée nationale des délégués à Sarnen, l’amiable, laissez le droit être le plus méchant». La phrase, transque Nicolas de Flue serait aujourd’hui formée par le Pape bien-pensant signifie: membre du PDC. En 1992, les opposants le droit est mauvais mais moins que la à une adhésion de la Suisse à l’Espace violence. Il serait mieux de se mettre économique européen ont apposé une d’accord sans devoir recourir au tribuplaque commémorative au Ranft pour nal, en forgeant un compromis, car souremercier le Père de la patrie du résultat vent la perte d’un procès, tout comme un de la votation. Des croyants pacifistes se échec en votation, attise à nouveau le sont aussi adressés avec ferveur au Saint conflit. Une conception sceptique du de la paix. En 1444, son influence apaidroit et de l’Etat. sante put se lire dans le comportement En 1481, il s’agissait là d’une contribudes votants d’Unterwald lors de la Landstion à la compréhension. Si Frère Nicogemeinde du Greifensee: alors que les las a ainsi sauvé la Suisse, il l’a sauvée Schwytzois voulaient brûler toute la garparce que justement il ne voulait pas la nison, les Unterwaldiens ne votèrent «que» sauver à n’importe quel prix. L’égoïsme, pour la décapitation des 62 soldats qui qui pour Nicolas de Flue consistait à déavaient défendu la forteresse de Greifenplacer son mont Pilate pour ne laisser see. Même si le guerrier Nicolas aimait qu’un trou, était le péché fondamental se retirer pour prier, il ne voulait pas «que de ses compatriotes. Il y avait tellement de l’ennemi puisse se vanter outrageusetravail et de misère qu’ils n’entendaient ment à cause de son inaction» comme le plus clapoter les magnifiques fontaines relève son biographe H. Wölflin. d’où coulaient le vin, l’huile et le miel. Le Saint ne pouvait guère réfréner la Mais ces fontaines étaient entourées d’une cruauté des anciens Confédérés. A Noclôture. Une frontière. Une mise au ban. vara, son petit-fils Konrad Scheuber, plus Nicolas de Flue était et est le Saint qui La plus ancienne image de Nicolas de Flue, 1492. tard ermite lui aussi, essuya les bouts de fixe des limites à ses compatriotes, qui Photo: www.bruderklaus.com cerveaux ennemis qui souillaient sa tuexhorte au calme. Ainsi, celui qui prie nique comme s’il s’était agit de sciure. A entend une mélodie qui n’est perceptible la fin, il fut complètement dégoûté d’une que si on est attentif aux petites choses. politique vénale et se retira à l’instar de son grand-père. Lors de son discours devant la tombe de Frère Nicolas en 1934, Nicolas de Flue ne devint pas ermite pour devenir le conseiller Philipp Etter avait lancé un appel en faveur de tout ce qui est voire l’instructeur de ses compatriotes en cas de querelles inpetit, de la démocratie et des solutions concertées. A l’époque, ternes ou externes. Il laissa aussi radicalement derrière lui l’ambic’était un refus du totalitarisme et donc pas une exigence fation d’une famille pleine d’avenir. Compte tenu des événements, cile. Nicolas de Flue est et reste bien le Suisse le plus silencieux il n’y avait rien à sauver ni pour lui, ni pour son pays. «Idiot! de tous les temps. ■ Pirmin Meier est l’auteur de la grande biographie «Ich Bruder Klaus von Flüe» (2ème tirage 2000). 8
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Pius Segmüller, Membre de la Commission de sécurité du Conseil national
POLITIQUE DE SÉCURITÉ GLOBALE
Le monde a changé. C’est pourquoi la sécurité doit être examinée de façon plus globale, en n’observant pas seulement ce qui se passe à l’intérieur de notre pays mais aussi à l’extérieur, et surtout en regardant davantage de l’extérieur vers l’intérieur. A lui seul, un examen portant essentiellement sur les menaces ne permet plus aujourd’hui de mettre en place un concept de politique de sécurité. En revanche, si la politique de sécurité tient compte des intérêts de sécurité de tous, les divers problèmes peuvent être posés dans un contexte juste. Ces intérêts de sécurité doivent être vérifiés avec une vision intérieure et extérieure. Vision intérieure Il s’agit de la protection et de la sécurité de l’Etat et de la société. Pour les habitants de notre pays, le besoin de sécurité au quotidien est actuellement prioritaire. Les catastrophes ou les attaques terroristes tout comme la petite criminalité quotidienne constituent des dangers pour la Suisse et sa population. Il en va de même pour les intérêts économiques de notre pays car l’insécurité et la violence croissent lorsque les gens sont dans le besoin matériel.
Vision extérieure Finalement, la Suisse a aussi tout intérêt à ce que règnent la paix, la stabilité et un ordre juridique international fort. Ce sont précisément des petits Etats qui, sans avoir recours au pouvoir militaire, peuvent aussi influencer de maintes manières la stabilité et la paix dans leur environnement. Et surtout, la Suisse incarne depuis Henry Dunant une tradition humanitaire qui peut s’avérer de plus en plus efficace dans un monde interdépendant. Une politique globale de sécurité sert nos valeurs fondamentales telles que la démocratie, l’Etat de droit, la liberté et la diversité. Les courants extrémistes doivent par conséquent être détectés très tôt et combattus car ils mettent en péril des valeurs comme la démocratie, la liberté d’opinion et la diversité. Une politique de sécurité qui repose sur les intérêts susmentionnés, une politique de sécurité qui tient compte des besoins de tous au niveau national et global, est la mieux à même de franchir les barrières idéologiques et d’obtenir des majorités politiques dans l’intérêt de tous. ■
LA CITATION
«L’éthique, c’est l’esthétique du dedans» Pierre Reverdy, Poète (1889–1960)
Le monde est globalisé. Notre société est mondialisée: tout partout et immédiatement! Quel défi pour nous tous, quel immense responsabilité pour chaque être humain de répondre à sa vocation d’humanité, humus, terre. Responsabilité partagée entre acteurs de la vie. Référence à ce qui est bien, bon, juste. Référence à notre histoire surmotivée par la foi en l’homme et en Celui qui nous appelle à dépasser la «finitude» pour nous ouvrir sur l’indescriptible beauté. Difficile de tout comprendre, de tout saisir avec notre intelligence et notre savoir. Mais facile d’accueillir tout cela dans la foi, foi en Celui qui fonde nos espérances en la vie. Vie qui n’a pas de prix, car offerte en gage de notre humanité aspirée vers plus haut. Alors l’éthique est-elle l’esthétique du dedans? Y’a-t-il adéquation entre nos aspirations individuelles, collectives et notre agir, nos agirs? Car c’est bien là que réside notre responsabilité première: voir en l’autre, en tous les autres la référence de mon moi, de notre nous! Il ne sert à rien d’être comme le jeune homme de l’Evangile qui demande à Jésus comment faire pour être heureux, sans le lâcher prise indispensable de la foi vécue. La seule réponse réside dans le regard que le Christ pose sur lui: Il se mit à l’aimer! Amour partagé, amour et dynamique d’une vie sociale qui transcendent l’esthétique du dedans en éthique de la vie individuelle et collective. Quel défi pour un parti au grand C! ■ –Abbé Nicolas Betticher, Vicaire général, Diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg
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CONSEIL DE FAMILLE
Changer les couches ou tenir un discours ? Tout le monde m’assure d’une compréhension totale si je devais, ces prochains temps, orienter mes priorités sur mon petit Louis qui pèse aujourd’hui 4,5 kilos et mesure 56 centimètres. Oui, mais ce qui est ennuyeux, c’est que ni les participants au rassemblement Antifa, ni les deux nouveaux oursons de la fosse aux ours, ni les partisans de la construction de la nouvelle caserne des pompiers ne veulent réellement tenir compte de cette réorientation de mes priorités. Le municipal qui dirige le département de la sécurité doit toujours se tenir prêt à intervenir, même le week-end et le soir. Heureusement que la pandémie de grippe semble marquer le pas, ce qui va me laisser un peu plus de temps pour mes nouvelles joies et obligations de père.
Lorsque l’assemblée générale de la société des éleveurs de lapins tombe précisément sur le seul soir libre de la semaine, qu’elle m’invite et que j’applique le principe «mieux vaut changer les couches que tenir un discours», la compréhension de ces éleveurs n’est alors qu’apparente. De surcroît, mon petit bonhomme se moque bien de savoir que son père doit défendre des projets à l’exécutif de la ville dès les premières heures du matin: s’il a mal au ventre pendant la nuit, il le fait savoir autour de lui et à haute voix. En tant que jeune père et responsable politique, je dois me partager en sept et me frayer un chemin à travers une multitude de contraintes. Cela n’est possible qu’à deux conditions: primo que cette fonction soit plus qu’un simple «job», on doit vouloir se battre corps et âme, quasiment par vocation; secundo – et en réalité l’essentiel – avoir une femme forte à ses côtés. ■ –Reto Nause, Conseiller municipal de la ville de Berne
LE GROUPE PARLEMENTAIRE FEDERAL
L’élection à la présidence de la Confédération est l’un des points culminants de la session d’hiver. C’est au tour de la Conseillère fédérale Doris Leuthard d’accéder à cette haute fonction. Je me réjouis, avec l’ensemble du Groupe, de cette élection prévue le 2 décembre. Avec sa détermination, sa maîtrise des dossiers et ses excellentes capacités de communication, Doris Leuthard va représenter la Suisse avec compétence et dignité en tant que présidente de la Confédération.
Objets importants: Le budget 2010 de la Confédération, avec un déficit de 2,4 milliards de francs, ressent fortement la crise. Pour que le niveau acceptable de l’endettement de l’Etat qui est actuellement de 120 milliards de francs puisse être maintenu, le Conseil fédéral doit procéder à un examen strict des tâches. Des finances publiques saines renforceront notre pays 10
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lors de la reprise et constitueront un avantage face à nos voisins qui se sont très fortement endettés. La 11ème révision de l’AVS. Nous sommes favorables au relèvement à 65 ans de l’âge de la retraite pour les femmes. Par ailleurs, nous soutenons une solution pour la retraite anticipée des personnes à faible revenu ayant travaillé au moins 40 ans. La révision de l’assurance-chômage pour laquelle les autres partis ont décidé de ne rien faire. Nous entrons en matière sur ce projet. La caisse du chômage doit être assainie en prenant des mesures au niveau des prestations et des cotisations. La participation de la Suisse aux programmes européens de l’éducation, de la formation professionnelle et de jeunesse: l’accès à un espace de formation ouvert sur le monde fait partie de la po-
litique suisse d’éducation, de recherche et d’innovation. Notre objectif est d’encourager les échanges de connaissances et de savoir-faire et de participer à ces programmes au niveau international. ■ –Brigitte Häberli, Vice-présidente du Groupe
RENDEZ VOUS Luc Barthassat, Conseiller national
GENÈVE – Je suis le représentant d’un endroit con-
trasté et divisé. D’un côté, il y a la Genève du repli, de la peur, celle qui a voté pour les populistes du MCG et qui aimerait voir la cité de Calvin redevenir un petit bourg de campagne. De l’autre, il y a la Genève internationale, cosmopolite, ouverte sur sa région, celle qui rassemble pour parler de paix et d’ambitions mondiales. J’aimerais vous présenter celle-ci et montrer comment elle fait profiter la Suisse de son statut. Genève est un lieu qui offre à la Confédération un cadre idéal pour mener à bien sa politique étrangère. 23 organisations internationales et 40 000 diplomates et fonctionnaires internationaux s’y retrouvent, créant un climat plurilingue. Dans cette diversité qui aurait pu tourner en tour de Babel, une nécessité s’est vite fait sentir: celle de collaborer entre gens de cultures différentes. Avec de telles conditions, la Confédération peut assurer sa fonction de médiatrice dans de grandes négociations. Pensons à ces rencontres entre l’Iran et les USA, seuls moments d’échange dans ce dialogue de sourds. Souvenonsnous aussi de l’Initiative de Genève qui a représenté un rare espoir de progrès dans le conflit israélo-palestinien. Tous ces
succès ou efforts assurent à la Suisse une renommée et une estime internationales. La Genève internationale est surtout un endroit que la Suisse doit utiliser pour forger des alliances. Jamais notre pays, même admiré, ne s’est senti si isolé. La Libye attaque le modèle multiculturel suisse, les USA et l’Europe ont réduit en lambeaux le secret bancaire, le siège helvétique au FMI est menacé… Cette litanie confirme l’urgence d’une politique internationale active de la Suisse. Le temps du réduit national est révolu. Cette approche nouvelle débutera ici, dans les salons des organisations internationales. Là, nous pouvons former les majorités qui sauveront notre place financière et assureront notre sécurité. En définitive, Genève est un des cantons qui font la richesse de la Suisse. Il faut moins retenir d’elle les accès de populisme épisodiques que les avantages que présente son statut de ville internationale. Il est donc nécessaire de préserver ce pôle d’excellence en lui fournissant les moyens de se développer. Genève est une carte de visite helvétique et il serait peu sage de la négliger. ■
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Message
D’UNE ALPE À L’AUTRE
Aucun étranger ne peut se permettre de prodiguer des conseils au PDC. Mais peut-être peut-il raconter humblement comment le Parti populaire chrétien s’est maintenu dans la colonie bavaroise depuis la Seconde Guerre mondiale. Une petite suggestion, rien de plus. Longtemps avant le déferlement des stars de la pop sur l’ensemble du pays, des gens de la CSU pleins de bon sens étaient arrivés à la conclusion que, pour avoir du succès, un parti politique devait se présenter comme un chanteur de variété. C’est-à-dire entonner une chanson qui soit facile à retenir, qui ne comporte pas de passages compliqués, qui ne contrarie personne et surtout: pas de dissonances. Des années durant, nous avons travaillé au profil politique de la CSU et aujourd’hui notre parti, l’Union chrétienne-sociale (CSU), dispose d’un spectre de couleurs ahurissant de sorte qu’aussi bien des fonctionnaires nonchalants que des jardinières d’enfants ayant une sensibilité sociale, des analphabètes en agriculture très ancrés à droite, des ménagères ésotériques,
des monteurs d’échafaudages grossiers ou encore des directeurs peuvent voter pour le parti. La population l’a récompensé pendant de nombreuses années en lui octroyant une majorité absolue et elle s’en porte bien. Dans d’autres Länder, le gouvernement change régulièrement et, après chaque élection, le parti battu envoie ses gens par centaines à la retraite avec une coquette pension. Impensable en Bavière, et nous avons ainsi économisé beaucoup d’argent. Chez nous, les mêmes gens restent au même poste jusqu’à ce qu’ils soient usés et atteignent l’âge de la retraite. Le reste de l’Allemagne nous regarde avec jalousie mais aussi avec admiration. Dans le sud, on ne parle pas trop politique. Ici on examine, on réalise et le soir on va boire une bière au bistrot. Si seulement la crise n’était pas passée par là! En elle-même, la crise ne nous aurait pas du tout perturbés mais elle est devenue grave uniquement parce que quelques crétins contaminés par la glasnost n’ont pas pu garder pour eux que 30 milliards avaient disparus. Cela nous a coûté la majorité absolue et maintenant les Libéraux ont d’un seul coup aussi leur mot à dire. Chers Confédérés, soyez-en avertis. Avec mes cordiales salutations et une youtse par delà la montagne, Georg Ringsgwandl, Cabarettiste. ■
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Notre homme à
T R I PO L I En règle générale, nul n’est prophète en son pays. Jean Ziegler, expert autoproclamé pour les questions à l’Est d’une certaine longitude et au Sud d’une certaine latitude, ami intime de Kadhafi et d’autres chefs d’Etat compliqués, est le prophète qui fait exception. Lors du «Club» (émission SF DRS) consacré à l’expédition du Président de la Confédération dans le désert, l’expert Ziegler prophétisa qu’il était clair comme de l’eau de roche que les deux otages allaient être de retour dans deux jours et que le voyage de M. Merz était donc absolument inutile. Lorsque sa prophétie s’est avérée inexacte, Jean Ziegler a expliqué que la notion du temps n’est pas la même dans le monde arabe, que deux jours ne signifient vraiment deux jours que pour les Européens et que, dans le désert, ils peuvent se prolonger à l’indéfini. Le spécialiste du Proche-Orient et du monde en général a alors promis dans l’émission «Rundschau» de faire jouer ses relations personnelles. Nous attendons toujours
le résultat. Jusque là, notre homme à Tripoli sera toujours considéré par les médias comme un expert ayant une dimension prophétique. En effet, si sa capacité de divertir n’était pas si grande, on devrait enfin le prendre au sérieux et surtout le prendre au mot. On constaterait alors qu’il affiche simplement assez de vanité, d’idéologie et d’addiction aux médias pour rendre nos émissions politiques divertissantes. Car soit il sait comment agir avec le «clan Kadhafi» (terme du Prof. Ziegler) et on lui demande pourquoi il a obtenu le même résultat que le Président de la Confédération lors de son excursion dans le désert. Soit il bluffe pour qu’on lui donne du temps d’antenne. Tout le monde a pu réaliser que son appréciation de la situation était saugrenue quand il a dit que la Conseillère fédérale CalmyRey et lui-même avaient bien en main le dossier de la Libye. Nous sommes curieux de connaître les dernières nouvelles de notre homme à Tripoli – Prochainement sur vos écrans! (gp)
A L’ HONNEUR CE MOIS Peter Gut
Le fils du désert avec ses chameaux préférés. Paru dans la NZZ du 24.10.2009
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Raymond Loretan, anc. Ambassadeur de Suisse à Singapour
DE MODÈLE À PARTENAIRE – LA SUISSE VUE DE SINGAPOUR
Quand j’ai débarqué à Singapour en 1997, la Suisse était perçue comme un fascinant modèle de développement et de succès. Tout le monde me citait la fameuse déclaration faite en 1984 par l’ancien Premier ministre Goh Chok Tong: «Nous devons atteindre le niveau de vie de la Suisse d’ici 1999!»
Pour l’homme de la rue, nous représentions un idéal à atteindre. Les hommes d’affaires admiraient la réussite économique d’un pays qui avait passé le test de la globalisation. Mais les dirigeants politiques n’ignoraient pas certaines fissures de notre modèle, qui semblait s’éloigner de ce qui lui avait permis de survivre au milieu de ses grands voisins: la volonté de rester les meilleurs. Un premier mythe s’est définitivement écroulé aux yeux des Singapouriens le 2 octobre 2001 avec le «grounding» de Swissair, qui a suscité une franche incompréhension: comment les Suisses ont-ils pu permettre un tel désastre?
Une référence Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis la déclaration du ministre Goh. Sommes-nous toujours un modèle pour nos amis de Singapour ou le disciple a-t-il rattrapé le maître? Même si le PIB par habitant de Singapour reste encore éloigné du nôtre, nos deux pays se disputent les premiers rangs de la compétitivité mondiale. Et à l’inverse d’il y a 10 ou 20 ans, Singapour est de plus en plus cité comme référence, chez nous y compris. 14
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Quelques exemples récents – Singapour arrive au quatrième rang du classement des places financières mondiales 2009 établi par le World Economic Forum, la Suisse étant reléguée en septième position. – Lors de l’émission «Infrarouge» du 6 octobre 2009 consacrée à la Loi sur l’assurance maladie (LaMal), le directeur sortant de l’Office fédéral de la santé publique, Thomas Zeltner, a cité Singapour comme exemple pour le nombre d’hôpitaux par habitants. – Au début du mois de mars 2008, le Conseil fédéral échoue devant le Parlement avec sa réforme de la législation militaire qui aurait permis d’envoyer des soldats en cours de répétition à l’étranger; Singapour le fait depuis belle lurette en envoyant ses troupes s’entraîner en Nouvelle Zélande et en Australie.
S A N S - A P P E L
– Toujours en 2008, plusieurs villes suisses ne parviennent pas à introduire un système de péage urbain devant permettre de fluidifier un trafic en constante augmentation. Singapour l’a instauré avec succès dès 1998, ce qui a lui a permis de bénéficier d’une qualité d’air supérieure à bien des villes européennes. – Enfin, en décembre 2007, lors des premiers déboires de l’UBS, c’est le fonds souverain de Singapour GIC (Government of Singapore Investment Corporation) qui a acquis, finalement à ses dépens, 9% du capital de la banque comme investisseur stratégique à hauteur de 11 milliards de francs suisses.
Une tendance qui s’inverse Pendant ces 10 ans d’«inversement de tendance», notre collaboration a continué à s’approfondir: notamment en 2003, avec la conclusion d’un accord de libre échange, en 2004 avec l’ouverture de la «Swiss House Singapore for Education, Research and Innovation» ou encore en 2005 avec la création du Swiss Business Hub ASEAN. Tout comme Singapour s’est inspirée de la Suisse, notre pays apprend aujourd’hui de la ville-Etat. Cette constatation est avant tout une belle reconnaissance de ce que nous lui avons apporté dès ses débuts en 1965. Notre relation a évolué, de «maître à élève» vers un partenariat compétitif de premier choix. Aujourd’hui encore, nous bénéficions d’un beau capital de sympathie à Singapour. Notre image d’Epinal a toutefois été relativisée, notamment du fait que nos voisins européens ont rejoint notre niveau de bien-être, mais aussi parce que Singapour n’est plus un pays émergeant. Respect pour le modèle «Suisse» Nos amis Singapouriens gardent pour nous le respect dû au «modèle», se félicitent d’une relation «d’égal à égal», mais ne feront pas de cadeaux à notre place économique et financière. Nous leur avons en partie offert les armes comme source d’inspiration sur la manière de survivre et de gagner dans la compétition mondiale et nous devons nous en réjouir. Singapour est devenue un aiguillon pour que nous restions ou redevenions nous-mêmes les meilleurs. Question de survie. ■
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our regrettable que cela puisse paraître, il ne faut pas se le cacher: les connaissances scientifiques ne font pas partie du bagage intellectuel d’une personne cultivée.» Ces propos ont été tenus par l’auteur allemand et professeur de littérature Dietrich Schwanitz dans un manuel censé nous donner des pistes sur ce que l’on doit savoir aujourd’hui pour tenir une conversation acceptable. En effet, les sciences naturelles font trop rarement l’objet de discussions à table. Combien de fois nous arrive-t-il de parler de la courbe de Gauss? Du mode de vie des pauropodes? Du plissement du Jura? Du saut quantique en tant que plus petit changement d’état d’un système? Pour autant, il ne faut pas croire que les scientifiques ne jouent aucun rôle dans les réunions en société. C’est presque un rituel que de leur dire spontanément qu’on est nul en mathématique et ignare en physique ou en chimie. Etre idiot sur ces questions ne porte pas préjudice à l’image que présente une personne. Toutefois, dans d’autres domaines, nous dissimulons nos lacunes. Qui se vanterait de n’avoir jamais lu Goethe ou ne pas connaître le Roi Soleil? Nietzsche, dont quasiment personne ne peut graver le nom sur la nappe avec une fourchette, nous fait cadeau en contrepartie du Surhomme, une notion relativement facile à retenir. On peut du reste ajouter que le philosophe est mal compris sur ce sujet. Il se retourne dans sa tombe et tandis que Nietzsche indigné bascule, nous parlons déjà du prochain livre de Soundso que nous n’avons pas lu non plus, mais qu’il suffit de pouvoir citer. Bien évidemment, il n’est pas correct de donner raison à Dietrich Schwanitz. Mais ceux qui veulent promouvoir la science ne doivent-ils pas d’abord améliorer son acceptation sociale. Comment le faire? Je ne sais pas non plus comment. Mais au moins ceux qui ont étudié les sciences et à qui nous épargnerons nos aveux d’ignorance ne manqueront pas de nous remercier. –Marianne Binder
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Erwin Teufel, anc. Ministre-président du Bade-Wurtemberg
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Je me sens proche de la Suisse. Pas seulement géographiquement parce que ma maison se trouve exactement à mi-chemin entre Zurich et Stuttgart et que je me rends dix fois par année en Suisse. Je me sens proche de la Suisse parce que la mentalité des citoyens suisses est très semblable à celle de ma patrie germanique. Mais je ressens avant tout de l’estime pour la Suisse car les citoyens suisses et leur gouvernement ont réussi à maintenir le pays à l’écart de deux guerres mondiales durant le XXème siècle alors que la guerre sévissait à toutes les frontières du pays. La soif de liberté et la participation démocratique des citoyens, l’attachement à la patrie et l’ouverture sur le monde caractérisent la Suisse. Quatre langues et cultures requièrent tolérance, doigté et esprit de compromis de la part de chaque politicien. La Suisse a d’excellentes universités et, grâce à son économie, elle s’impose sur les marchés internationaux. Pour toutes ces raisons, j’ai du respect pour la Suisse et j’apprécie ses magnifiques paysages et ses gens. Pendant de nombreuses années, j’ai entretenu des relations de voisinage avec mes collègues des gouvernements cantonaux limitrophes de Bâle jusqu’à St-Gall. J’avais aussi eu des contacts réguliers avec le gouvernement fédéral à Berne. Nous avons fait avancer de nombreux projets dans l’intérêt des deux parties. Lorsque l’on entretient de bonnes relations de voisinage, on peut aussi accepter que les autres aient des avis divergents et 16
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s’efforcer de trouver des solutions. C’est le cas lors de conflits entre cantons limitrophes en Suisse et ça l’est aussi dans les relations bilatérales avec l’Allemagne et le Bade-Wurtemberg. Nous ne pouvions pas accepter que 90 pour cent des vols d’approche à destination de l’aéroport de Zurich s’effectuent par le nord en survolant le Bade-Wurtemberg. Nous n’avons aucune confiance en Skyguide après les problèmes qu’ils ont connus avec les conséquences dramatiques que cela a entraînées. En cas d’adjudication, les artisans allemands doivent avoir les mêmes chances en Suisse que leurs homologues helvétiques en Allemagne. Lors de la mise en fermage de terre agricole en Allemagne, les paysans suisses ne doivent pas obtenir des meilleures conditions que les agriculteurs allemands. Il s’agit toujours de la même chose: de fair-play et d’égalité de traitement de part et d’autre. Pour faire bon ménage, il faut que l’équité soit de mise. Nul ne doit importer les avantages et exporter les désavantages. Lorsqu’il fallait discuter de tâches communes ou résoudre des problèmes, j’ai toujours veillé à ce que nous négocions d’égal à égal avec nos voisins suisses et à ne jamais les prendre de haut. Je recommande à Berlin d’en faire de même. Je considère certes qu’il est légitime que le Gouvernement de la République fédérale d’Allemagne conteste l’évasion fiscale pratiquée par des Allemands qui déposent leur argent en Suisse et, du Gouvernement suisse, j’attends des réglementations et une ouver-
MISSING LINK ture à la réciprocité. J’estime qu’il était complètement déplacé qu’un ministre allemand des finances insulte la Suisse et l’offense. Cela ne fait pas avancer les choses et dégrade la confiance instaurée depuis des années. En résumé, vivre et laisser vivre, ne pas exiger des autres ce qu’on ne souhaiterait pas se voir exiger. Nouer de bonnes relations humaines. C’est ainsi que l’on instaure la confiance et des relations de bon voisinage. ■
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Le groupement 60+ a été fondé à la mi-novembre lors d’une assemblée qui s’est tenue à Baden en présence d’Erwin Teufel, membre du Comité allemand d’éthique et anc. ministre-président du Bade-Wurtemberg, et de Josef Bürge, anc. syndic de Baden et président des seniors du PDC du canton d’Argovie. Ce groupement se consacre à la promotion de la politique démocratechrétienne et encourage une vie politique active. Par ailleurs, il fournit des informations sur la troisième phase de la vie et il permet de nouer et d’entretenir des contacts sociaux. Depuis des années, le PDC soutient avec succès les groupements seniors régionaux et cantonaux. «Ensemble, nous sommes forts», telle est la devise de ce nouveau groupement qui n’entend pas être centralisateur. Ses priorités sont: la mise en réseau, les échanges de vues et la coordination. Le groupement 60+ est présidé par l’anc. président du Grand Conseil thurgovien, Dieter Meile, qui peut compter sur l’appui de la conseillère nationale et viceprésidence du PDC suisse, Ida Glanzmann.
e Conseil fédéral prévoit une réforme du gouvernement. Si l’idée est tout juste susceptible d’être soutenue par une majorité, ce n’est pas le cas de son contenu. Certains souhaitent une conduite renforcée du Conseil fédéral. Le faut-il vraiment et si oui, qui doit le conduire? Le peuple qui parfois ne veut pas reconnaître la sagesse de notre haut collège et qui se montre buté lorsqu’il s’agit d’augmenter les impôts ou de participer à des alliances internationales? Le Parlement qui n’accepte pas sans broncher les propositions du Conseil fédéral mais qui porte un jugement critique, modifie les projets et parfois les renvoie même à l’expéditeur? En politique, le simple fait d’utiliser le terme «conduite» devrait déjà susciter la méfiance. La bonne conduite d’une entreprise est indispensable à son bon fonctionnement. L’entrepreneur doit conduire sa société parce qu’il assume ses décisions avec son propre argent. Un Conseiller fédéral doit lui aussi conduire son département. Ce faisant, il a besoin de qualités entrepreneuriales faute de quoi il ne lui restera qu’à suivre. Suivre l’administration, des secrétaires généraux, des collaborateurs personnels ou des conseillers en communication qui peuvent parler de tout mais qui ne veulent assumer la responsabilité de rien. Par contre, la Suisse en tant qu’Etat n’est pas une entreprise. Nos institutions sont construites de sorte que le pouvoir exercé par certaines personnes se réduit au minimum nécessaire. Ainsi, les citoyens doivent pouvoir jouir de la plus grande liberté possible. Au Conseil fédéral, nous avons besoin de personnes qui peuvent conduire leur département. Mais au sein du collège, elles devraient travailler en équipe, ne pas mettre en exergue leur personne ou leur parti et se considérer comme des serviteurs du peuple. Au profit de la liberté des hommes et des femmes qui soutiennent cet Etat.
Plus d’informations sous: www.pdc.ch/60plus
–Gerhard Pfister
LE PDC 60+, NOUVEAU GROUPEMENT DU PDC SUISSE
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ECHOS DES CANTONS
LA JEUNESSE N’EST PAS APOLITIQUE! En élisant Sabrina Mohn à sa tête, le PDC du canton de Bâle-Campagne s’est donné la plus jeune présidente cantonale de Suisse puisque la nouvelle élue n’a que 25 ans. Autoportrait. Ces dernières semaines, on m’a demandé souvent pourquoi je faisais de la politique et surtout pourquoi si jeune ? En tant que cheftaine scout, j’ai assumé très tôt des responsabilités. Cela marque. J’ai notamment appris qu’en cas d’insatisfaction il n’y avait que deux manières de réagir: soit on se fâche, soit on prend soi-même les choses en main. Je fais partie de la deuxième catégorie. La jeunesse n’est pas apolitique! Nombreux sont ceux – et pas seulement des jeunes – qui ont une image poussiéreuse de la politique! Je suis convaincue que les jeunes seraient beaucoup
5 ANS ET PLEIN D’ESPOIRS Dès sa fondation en 2004, le PDC Neuchâtelois s’est trouvé confronté à un obstacle majeur: le quorum électoral. A 10% des suffrages, il constitue un barrage à la démocratie. Notre objectif est donc d’abaisser ce quorum à 5%. Actuellement, nous dépassons ce niveau dans plusieurs communes et nous l’approchons sur le plan cantonal. Grâce à des apparentements avec les «sans parti», nous comptons trois élus dans des exécutifs communaux et plusieurs dans des législatifs. En s’affirmant tout au centre, le PDCN progresse régulièrement. Son prochain but: franchir les 5% aux fédérales 2011. ■
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plus nombreux à s’engager s’ils savaient combien le travail politique est passionnant. Il consiste à conduire le débat politique, à élaborer des solutions, à les traduire ensuite dans les faits, à prendre des responsabilités. Un de mes objectifs est donc d’associer la jeune génération à la politique du parti! La jeunesse est souvent sous-représentée dans les instances dirigeantes et elle doit payer les pots cassés par les politiciennes et les politiciens d’aujourd’hui. Il est clair que la politique nous concerne tous, aussi les jeunes! La question est maintenant de savoir comment éveiller l’envie de s’engager en politique auprès des jeunes. En premier lieu, il est important que nous communiquions de sorte à ce que notre politique PDC soit bien perçue par la jeune génération et je pense notamment à l’utilisation des médias électroniques tels que Facebook ou Twitter. De plus, il est essentiel que les jeunes qui ont rejoint les rangs du PDC soient pris au sérieux et soutenus dans leur engagement par exemple avec des programmes de mentorat. En effet, les jeunes membres du PDC ne doivent pas uniquement servir de porteurs d’eau lors des élections. Leurs besoins et leurs idées doivent trouver une oreille attentive. Enfin et surtout, je compte sur nos jeunes démocrates-chrétiens car la politique pour la jeunesse doit se faire avec les jeunes! ■
LE COIN CULTUREL
La Balade de Séprais est un chemin de sculptures monumentales en plein air, accessible à chacun et en toutes saisons, gratuitement. Il est situé sur le territoire de la commune de Boécourt, qui englobe les villages de Séprais et Montavon. Initié en 1993 par les artistes Liuba Kirova et Peter Fürst, installés dans le canton du Jura depuis plus de 30 ans, ce musée à ciel ouvert recèle de véritables chefs-d’œuvre de la sculpture moderne. Ils ont été créés au fil des années par des artistes provenant aussi bien de Suisse que d’Europe, des USA, du Japon ou encore d’Afrique. Les artistes sont invités à venir travailler en résidence pendant une à deux semaines dans la commune de Boécourt, utilisant en principe des matériaux trouvés sur place. La Balade s’enrichit chaque année de nouvelles œuvres. Elle en compte actuellement une quarantaine. Elle est
Photo: www.balade-seprais.ch
LA BALADE DE SÉPRAIS
en perpétuel mouvement, certaines œuvres disparaissant en raison de l’usure du temps, aussitôt remplacées par de nouvelles créations, certaines éphémères, la plupart durables. Quatre itinéraires sont proposés, qui permettent de visiter La Balade dans un laps de temps oscillant entre trente minutes et trois heures, sur des chemins ruraux, après avoir laissé sa voiture sur les parkings à disposition. A découvrir absolument! ■ –Anne Seydoux-Christe
POURQUOI suis-je devenu suisse? Mon histoire remonte en 1987, lorsque jeune étudiant venant de réussir brillamment mon baccalauréat, je recherchais une école d’ingénieurs qui dispense une formation pratique et professionnelle. Malgré sa beauté et sa stabilité politique, mon pays d’origine, le Bénin, ne pouvait pas combler mon rêve de formation en ingénierie. J’avais rencontré mon épouse sur le campus universitaire où nous avions suivi ensemble la formation préparatoire d’une année, à la suite de laquelle chaque étudiant est orienté en fonction des bourses d’études obtenues. Mon épouse avait réussi le concours suisse et reçu une bourse pour venir étudier à l’Ecole polytechnique de Lausanne (EPFL), tandis que le gouvernement béninois m’octroyait une bourse d’étude pour la Russie. L’instabilité politique de la Russie mais aussi mes projets de fonder une famille m’ont décidé à me réorienter par la suite
vers l’EPFL, où j’ai fini mes études d’ingénieur en informatique. La Suisse est un pays aux multiples facettes qui bénéficie de beaucoup d’atouts: beauté exceptionnelle du paysage, stabilité économique et politique, bonne image internationale, écoles de formation et centres de recherche à la pointe de la technique. Après mes études, j’ai eu l’occasion de travailler pour diverses entreprises suisses, ce qui m’a permis de consolider une expérience très recherchée dans le domaine informatique et plus particulièrement dans la recherche et développement de produits bio-tech et med-tech. Par mes activités extra-professionnelles et associatives, j’ai pu me rendre compte de la nécessité de m’impliquer activement dans cette société suisse si riche, si prospère, mais en même temps si triste. Pour mieux faire partager mon expérience et mes convictions mais aussi
pour ne plus rester un observateur passif, j’ai décidé de franchir le cap et de déposer ma demande de naturalisation. Mon dossier a été accepté et je suis donc devenu Suisse en 2005. Et c’est avec beaucoup de motivation et d’engagement que je m’implique depuis plusieurs années dans mes diverses activités professionnelles, politiques (secrétaire politique du PDC Vaud) et associatives en Suisse. ■ –Serge Sagbo LA POLITIQUE 8 Novembre/Décembre 2009
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SONDAGE SUR LA SUISSE
231 RÉPONSES DE SUISSESSES ET SUISSES AYANT ENTRE 10 ET 100 ANS : Âge
Qu’est ce que vous appréciez
et qu’est-ce que vous n’appréciez pas dans votre pays?
femmes
hommes
femmes
hommes
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Les montagnes, le paysage, pas de guerre, beaucoup de patience, de jolies villes, de beaux appartements, de nombreux loisirs, un grand choix d’articles dans les magasins, les étrangers
Les Alpes, les vacances, le paysage, la forêt, les animaux dans la nature, les loisirs, le fromage des Alpes, les zones piétonnes, de bonnes écoles, la période de Noël
Les arbres, les montagnes, le paysage, trop de travail pour la police, trop d’incendies, les chantiers, pas de mer, des junkies partout, tout est trop cher, les profs ont peur des garçons
La pluie, les hivers froids, trop de grands immeubles, l’environnement pollué par les voitures, la fumée dans les restaurants, le racisme, trop de policiers, une armée bizarre, les filles
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Le film Dirty Dancing, les canapés au saumon, la spontanéité, les beaux mecs, les sorties, les fêtes de famille, Federer, les vacances, le Paléo, les groupes de musique latino-américaine
Le HC Gotteron, un bon système de formation, la raclette, la démocratie directe, les bars multiculturels, la sécurité, les transports publics, nos chères mamans, l’alcool en général
L’odeur dans les hôpitaux, les gens compliqués, le stress, le boudin, le film Titanic, le bruit des ongles sur le tableau noir, les machos
Le dialecte suisse allemand, les clochers, les heures de fermeture des bistrots, l’interdiction de fumer, l’impôt sur le tabac, Billag, l’interdiction du cannabis, la moto et Bernard Jonzier, les salmonelles
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La salade bio, nous, les Alpes, la libéralisa- La saucisse fumée, la saison des grillades, tion des heures d’ouverture des magasins, le secret bancaire, le shopping à Zurich, le pragmatisme, les transports publics, les chemins forestiers, les loisirs l’organisation, le système de santé et celui de la formation
Les foulards, les conducteurs d’Opel, la chanteuse Sina, la médecine complémentaire dans l’assurance de base, les sondages téléphoniques, la musique dite populaire
Le FC Servette, Billag, les syndicalistes, les amis des chiens, le groupe Yello, l’esprit de clocher, l’émission A bon entendeur, les présentatrices de la météo qui restent dehors et ont le nez gelé
40
L’autonomie, un environnement prévisible, Pâques
La cohabitation de plusieurs cultures, la beauté, géniale de la perspective des oiseaux, le peu d’arbitraire dans la bureaucratie, la construction démocratique du bas vers le haut
Trop peu d’estime pour la famille traditionnelle, des emplois à temps partiel pas assez attrayants
Le manque d’espace géographique et intellectuel, les bouchons au Gothard, le stress pour la garde des enfants
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Les saisons, une qualité de vie élevée, la diversité dans tous les domaines, l’égalité entre femmes et hommes
La liberté d’opinion, l’ordre, la sécurité du droit, la prospérité, le ski, le chocolat, un environnement prévisible, la constance, les montagnes, Locarno, les femmes, la Bouchayade
La défiguration des villages par des architectes moyens ou médiocres, les jérémiades sur le temps qu’il fait, le mitage du territoire, la mise sous tutelle des citoyens, une tolérance forcée à l’égard de mouvements religieux intolérants
Le populisme de droite, le temps, l’étroitesse d’esprit, les bouchons, le brouillard, une densité d’habitations toujours plus grande, la manie de tout réglementer, rien, le vide de la Place fédérale montrant celui de la politique nationale, pas assez de places de stationnement devant le Palais fédéral, un climat de jalousie, le retard pris par d’importants projets d’infrastructures
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De bons hôpitaux, la variété des paysages, la diversité, les institutions sociales, les hôpitaux, l’ouverture, la tranquillité, les entreprises «patchwork», la prospérité, de bonnes conditions de vie dans un monde protégé
De grandes possibilités de s’épanouir librement
Peu de fortes personnalités politiques, la capacité de décision du gouvernement, trop de frontaliers, la xénophobie, une course perpétuelle, la froideur des gens, la polarisation croissante, la dégradation du climat politique, le manque d’écoute réciproque en politique, le jodle, le perfectionnisme, une certaine rigidité et parfois un manque d’ouverture au monde
La concordance et la fureur d’harmonisation, le blocage des décisions à cause de la concordance, un paysage médiatique aérodynamique, pas de diversité d’opinions, la liberté de la presse devient une bouillie médiatique
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Les quatre langues nationales, une situation géographique centrale, les normes pour la protection de l’environnement
Une compréhension très développée de la cohésion de la Suisse, la prise en compte des sensibilités, des cultures et des régions, le climat de travail notamment les relations employeurs/employés dans les PME
Que nous fermions les portes de notre appartement en cas de visites amicales non annoncées, des tribunaux trop laxistes, des enseignants n’ayant pas les qualités et l’expérience pour diriger une classe, un manque d’autorité
L’anxiété de la population et de la politique à jouer un nouveau rôle dans un monde qui a changé, les partis politiques ne s’occupent pas assez des dossiers politiques, au lieu de s’engager pour défendre des idées on réagit à ce que font les adversaires politiques
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Les cloches des églises, les rires des enfants, le sentiment de sécurité dans les montagnes, le réconfort des montagnes
Que j’aie dû apprendre le français, que la Suisse ait été le premier et le seul pays qui durant des siècles s’est développé pour devenir un pays multiculturel, tolérant, fédéraliste et tout de même homogène, que ce soit toujours et encore le peuple qui ait le dernier mot
L’écart entre les riches et les pauvres, les quais des gares sont trop bas, l’athéisme augmente, on néglige nos racines chrétiennes
Que les Romands n’aiment pas parler l’allemand, plus d’endroits où fumer tranquillement, on se couche trop tôt dans notre EMS, la classe moyenne s’appauvrit, la responsabilité envers notre prochain et envers l’environnement a souffert ces derniers temps, bientôt chacun ne verra plus que lui-même; la responsabilité allant de pair avec la liberté, il en résulte une perte de la «suissitude»
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Que l’on prenne si bien soin de nous, la gaieté du personnel soignant, l’incroyable tranquillité des montagnes, un programme radio très riche et informatif
Idée suisse, toujours plus de gens de mon âge, le fédéralisme
Rien, rien, que l’on veuille m’expliquer ce que je dois voter alors que je sais très bien moi-même que les femmes ne font suffisamment usage de leur droit de vote
En politique, on perd aujourd’hui trop d’énergie à critiquer les autres au lieu de se profiler en défendant ses propres positions, la monotonie
Une qualité de vie élevée, des soins médicaux extraordinaires
La liberté de la création artistique
La mise sous tutelle dans les EMS et en général
Un pays quelque peu anxieux avec des gens anxieux et peu d’idées courageuses
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IL Y A 10 ANS… …le 28 novembre 1999 s’est jouée la dernière page des élections fédérales. Ce jour-là, un deuxième tour de scrutin était organisé dans les cantons d’Argovie, Lucerne, Thurgovie et St-Gall. Au PDC, tous les regards étaient braqués sur St-Gall où Eugen David a défendu avec succès le siège laissé vacant par Paul Gemperli, ce qui a permis au parti de conserver ses 15 fauteuils à la Chambre des cantons. Les autres partis avaient aussi sorti leurs calculettes: le PRD occupait 17 sièges contre 12 aujourd’hui, le PS en avait 6, aujourd’hui 9, l’UDC comptait et compte toujours 7 sièges. Le Parti libéral qui n’avait pas réussi à maintenir ses deux sièges au Conseil des Etats était le grand perdant du scrutin de 1999. FORUM
QU’EN DIT-ON ? L’augmentation de la violence des jeunes est préoccupante. Il n’est pas facile de trouver des sanctions et des mesures éducatives efficaces. Le ministre CSU bavarois de l’intérieur, Günther Beckstein, fait preuve d’imagination. Il veut punir les jeunes là où ça fait mal: en leur retirant leur permis de conduire une mobylette pour une période déterminée. En cas de délit grave, un jeune pourrait aussi se voir refuser le droit de passer son permis de conduire pour voiture durant un certain temps. Est-ce qu’une telle mesure est judicieuse? Peut-on lier le droit pénal à celui de la circulation? Je trouve que cette proposition est opportune. Une peine doit être perçue comme telle, elle doit faire mal faute de quoi ce n’est pas une punition. J’en ai parlé avec des jeunes. Pour eux, une interdiction de circuler serait beaucoup plus douloureuse que les quelques jours passés à soigner des malades dans un hôpital ou toute sanction analogue. Je vais examiner cette idée et déposer une intervention en ce sens. Celui qui commet un acte de violence grave n’a pas la force de caractère requise pour conduire un véhicule. –Norbert Hochreutener, membre de la Commission juridique du Conseil national
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LA QUESTION DU MOIS
QU’ADVIENT-IL DE LA GRIPPE PORCINE ? Elle vit. Et elle fait exactement ce que prédisaient les calculs réalisés par d’éminents spécialistes: elle se propage. A un rythme très élevé et tout au tour de la terre. Elle avance mètre par mètre, sautille d’un endroit à un autre sans être perturbée ni par les milliers d’affiches placardées dans les rues, ni par les dépliants distribués un peu partout, ni par les spots de prévention diffusés par les télévisions. L’humanité réagit. Le spectre des mesures va de remèdes qui se trouvent déjà dans la Bible – éviter de trop s’approcher – jusqu’à des plans progressifs coordonnés au niveau mondial. La grippe porcine doit donc s’habiller chaudement si elle veut poursuivre sa marche triomphale. C’est alors qu’arrive l’imprévu: les virus de la grippe sont si cléments qu’on se prend à les trouver presque sympathiques et qu’on ne tient plus absolument à leur tordre le cou. Nous ne sommes guère préoccupés par le fait que les personnes vaccinées résistent au vaccin développé dans la précipitation et que les autorités font piètre figure. Une tempête dans un verre d’eau? Ne nous leurrons pas. Ce consensus apparent va se briser dès que les virus parviendront à faire ce qu’ils préfèrent faire: muter. Alors l’exercice de simulation qui fait sourire aujourd’hui peut en une nuit déboucher sur une situation grave. Et nous, qu’allons-nous faire alors? –Kathrin Amacker
Le prochain numéro de La Politique paraîtra en janvier. Nous débuterons l’année 2010 par une trilogie et consacrerons nos trois premiers magazines aux grands principes de la révolution française: liberté, égalité et fraternité. LA POLITIQUE 8 Novembre/Décembre 2009
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Jaques Neirynck, Conseiller national
SCHWIIZERTÜTSCH À BRUXELLES
La question est posée en termes diplomatiques. On la formule souvent méchamment: la xénophobie est-elle plus répandue Outre-Sarine? La cuisine romande est-elle meilleure? Les Alémaniques sont-ils plus travailleurs? Pourquoi tant de chômeurs en Suisse romande? La place de la femme est-elle la même des deux côtés de la Sarine? Quelle que soit la formulation, elle revient à attacher une différence radicale de culture, voire d’éthique, à la langue usuelle. C’est insister lourdement sur le fait que la musique des mots, le choix du vocabulaire, les structures de la syntaxe façonnent l’esprit au point de faire percevoir certaines réalités de façons différentes. Selon la langue maternelle acquise, on ne prie pas, on ne confesse pas son amour, on ne rit pas de la même façon des mêmes choses.
La Suisse n’est pas une nation homogène De ce préjugé découle l’idée selon laquelle les Suisses se répartiraient entre plusieurs tribus campant sur des territoires différents regroupés à l’intérieur des frontières d’une Confédération, créée par la volonté de ses habitants, moins peut-être par amour réciproque que par méfiance commune de tout ce qui se situe à l’extérieur. Comme nous ne parlons pas la même langue, nous ne constituons pas une nation homogène au sens des Français, des Allemands ou des Italiens. La Suisse est le résultat d’une volonté délibérée, ce n’est pas un don de la nature. Le territoire n’a pas vraiment de frontières naturelles, mais il constitue lui-même la frontière entre le Nord et le Sud de l’Europe, le monde germanique et le monde latin, édifiée entre ces deux cultures, celle du devoir et celle du plaisir. Un no man’s land, une interface, une barrière? Notre pays est au cœur de l’Europe Quand on a éliminé certaines différences superficielles, peu significatives politiquement, il en reste une de taille: les Romands sont plus ouverts sur l’Europe que les Alémaniques. Or, c’est une question fondamentale posée à la Suisse depuis des décennies. Comment être le cœur géographique de l’Europe et 22
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s’en abstraire comme si on était la Nouvelle-Zélande, perdue au milieu du Pacifique. Les relations bilatérales deviennent de plus en plus difficiles. En cas de crise, la Suisse est tragiquement isolée: elle n’a plus d’amis, de compagnons, de partenaires, seulement des adversaires. Qu’est-ce qui freine les Alémaniques, par ailleurs cosmopolites, amateurs de voyages, férus de cultures exotiques, grands commerçants? On ne peut tout de même pas supposer que la pratique quotidienne de la langue française immunise contre la xénophobie. Ou que celle-ci résulte des finesses de la déclinaison des adjectifs en allemand.
Les dialectes se portent de mieux en mieux Différence linguistique il y a, mais elle ne se situe pas où on la met d’habitude. Les Romands parlent le français avec des accents à peine perceptibles. Les Alémaniques parlent des dialectes, ils apprennent à lire et à écrire en allemand, qui n’est pas leur langue maternelle. A-t-on réfléchi à ce que cela signifie pour un enfant de découvrir que la langue parlée à la maison ne mérite pas qu’on l’écrive, qu’on l’enseigne, qu’on la lise. Malgré cette oppression scolaire, les dialectes se portent de mieux en mieux au point que la télévision les utilise en les consacrant de la sorte. La langue allemande est imposée comme une sorte de servitude officielle, celle des Eglises, des écoles, du gouvernement. Les Alémaniques sont un peuple libre asservi par une langue étrangère. Cela ne les dispose pas à s’asseoir à la table européenne entre les cousins allemands, autrichiens et luxembourgeois, par rapport auxquels ils jargonnent comme des provinciaux. Le remède est à portée de main: abandonner le mythe du Hochdeutsch, constituer les dialectes en une langue germanique de plein droit, comme le danois ou le néerlandais. On installerait alors à Bruxelles une cabine de traduction supplémentaire en plus des vingt langues déjà utilisées. En défendant leur langue propre, les Alémaniques se sentiraient égaux aux autres. C’est le commencement de toute intégration: être fier de ce que l’on est, ni trop, ni surtout trop peu. ■
Echange de courriels De: Objet: Que signifie au juste le mot «bourgeois»?
De : Christophe Darbellay [mailto:christophe.darbellay@parl.ch] Envoyé : jeudi 19 novembre 2009 06:57 À : Toni Brunner Objet : Que signifie au juste le mot «bourgeois»? Cher Toni, Le mot «bourgeois» est l’un de tes mots préférés. Ces derniers temps, avec ton UDC et la Gauche, tu as régulièrement fait couler des projets «bourgeois». En formant une alliance contre nature, vous avez fait capoter le programme d’armement tout comme les réserves de crises pour l’agriculture, vous avez combattu l’engagement de la Suisse dans le cadre d’Atalante, comme le PS et les Verts vous soutenez l’initiative Trybol qui porterait préjudice à notre économie et vous voulez affaiblir l’UBS. En tant que chef d’un parti lui aussi «bourgeois», je suis de plus en plus perplexe et j’espère que tu n’as pas viré à gauche. C’est pourquoi j’aimerais savoir ce que signifie pour toi le mot «bourgeois»? Cordialement, Christophe
De : Toni Brunner toni.brunner@parl.ch Envoyé : jeudi 19 novembre 2009 09:41 À : Christophe Darbellay Objet : Que signifie au juste le mot «bourgeois»? Cher Christophe, Cela ne m’étonne pas que tu ne saches plus ce que signifie «bourgeois». Malheureusement, ton parti a déjà quitté le camp «bourgeois» depuis bien longtemps et fait cause commune avec la Gauche. La manière dont vous avez été lâchés par vos «partenaires» lors de la dernière élection au Conseil fédéral devrait vous faire réfléchir. D’où une suggestion du Toggenburg rural: souvenez-vous de vos valeurs traditionnelles, conservatrices. Alors vous serez à nouveau un concurrent à prendre au sérieux. Je m’en réjouirais. A propos de l’élection au Conseil fédéral: le PDC a marqué de son empreinte la concordance. Pourquoi est-ce précisément vous qui vouliez définitivement l’enterrer lors de la dernière élection au Conseil fédéral. Cordiales salutations, Toni Brunner
De : Christophe Darbellay Envoyé : jeudi 19 novembre 2009 11.03 À : Toni Brunner Objet : Que signifie au juste le mot «bourgeois»? Cher Toni, Un grand merci pour ta réponse. Je peux te rassurer: le PDC reste dans le camp «bourgeois» car il n’a jamais été ailleurs. Comme tu le constates toi-même, nous n’avons pas été soutenus par la Gauche contrairement à tes pronostics. Nous ne pouvons donc pas être si à gauche. Lors de l’élection au Conseil fédéral, nous avons respecté la concordance. Offrir un choix au Parlement ne signifie pas mettre fin à la concordance. Trois sièges reviennent au Centre et notre candidat était de toute évidence mieux qualifié que celui du PLR. Si l’UDC devait à nouveau soutenir des projets «bourgeois» comme par exemple le maintien d’une armée forte ou des conditions-cadres libérales pour l’agriculture, vous seriez cordialement bienvenus au sein des forces «bourgeoises» constructives. Je me réjouirais aussi d’une telle collaboration! Peut-être déjà durant cette session? Avec mes salutations pleines d’espoir Christophe Darbellay
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Verjährung von Ansprüchen aus wesentlicher Vertragsverletzung nach UN-Kaufrecht Zivilprozessrecht
Erklärung der Nebenintervention SchKG
Beginn des Fristenlaufs bei der Arresteinsprache IPR, LugÜ, Schiedsgerichtsbarkeit
Internationale Schiedsgerichtsbarkeit; rechtliches Gehör Strafrecht, Strafprozessrecht
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