Le journal du PDC suisse, novembre 2010

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Magazine d’opinion. Numéro 9 / Novembre/Décembre 2010 / CHF 7.80 www.la-politique.ch

Passé Présent Futur


sommaire

TITres

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La règLe de saint Benoît Les réPonses du Coran L’attente du messie enFants adoPtés et Leurs origines noëL aPProChe ! La suisse de 2045 La dernière déCennie BLoCage des réFormes L’imPortanCe du tourisme Pour L’éConomie L’origine des heLvètes Le monde de demain vu Par des enFants La Loi sur Les hautes éCoLes PoLitique, Foi et sCienCe donner et reCevoir au sein de La FamiLLe L’armée de 1798 à aujourd’hui CyBer-gLossaire

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reNDeZ-VOus

17 morgarten 28 Le GrOupe parLemeNTaIre féDéraL

Impressum

EDITEUR Association LA POLITIQUE ADRESSE DE LA REDACTION LA POLITIQUE, Case postale 5835, 3001 Berne, tél. 031 357 33 33, fax 031 352 24 30, courriel binder@cvp.ch www.la-politique.ch REDACTION Marianne Binder, Jacques Neirynck, Yvette Ming, Lilly Toriola, Rudolf Hofer, Caricatures: Nico TRADUCTION Yvette Ming, Isabelle Montavon GRAPHISME, ILLUSTRATIONS ET MAQUETTE Brenneisen Communications, Bâle IMPRIMERIE UD Print, Lucerne ANNONCES ET ABONNEMENTS tél. 031 357 33 33, fax 031 352 24 30 Courriel abo@die-politik.ch, abonnement annuel CHF 32.–, abonnement de soutien CHF 60.– PROCHAIN NUMERO janvier 2011 Couverture: ©iStockphoto.com/Adrian Assalve, Coupole «Stiftskirche St. Gallen»

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La PoLitique 9 Novembre/Décembre 2010

Café du CommerCe

«Tout s’arrange!»


eDITO – Jacques Neirynck, Rédacteur en chef adjoint

Passé, Present, Futur Vous tenez entre les mains le dernier numéro de l’année 2010. Comme nous sommes proches de Noël, nous avons choisi un triple thème: D’où venons-nous? Où sommesnous? Où allons-nous? D’où venons-nous? Nous demandons à des enfants indiens adoptés quel est leur besoin de connaître leurs racines, et aux Suisses de réfléchir à leur origine et à leur singularité, à ce souci de la qualité dans tous les domaines. Où sommes-nous? Nous demandons à des représentants des trois religions monothéistes de s’exprimer sur le sens qu’ils ajoutent aux mots qu’ils utilisent. Où allons-nous? Nous demandons à des enfants et des jeunes gens comment ils envisagent leur vie dans l’avenir lointain, de même qu’à un octogénaire quelles sont ses perspectives. Nous évoquons le monde numérique sans le papier comme support de la presse. Nous vous remercions de vous être abonnés à La Politique et nous vous suggérons d’en faire cadeau à l’occasion des fêtes de fin d’année. Vous soutiendrez de la sorte notre travail et de ce fait un parti pragmatique et constructif, qui défend le modèle du succès suisse. Le PDC.

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Abbé Martin Werlen, Couvent d’Einsiedeln

eCoute et tu arriveras à Bon Port Il y a trente ans, quand j’ai compulsé pour la première fois la Règle de Saint Benoît (règle bénédictine), j’ai été enthousiasmé par ce petit livre datant du VIe siècle. Son contenu m’a beaucoup impressionné et je me suis enflammé tant je me sentais concerné. Je savais: là est ma voie. À Einsiedeln, j’étais arrivé à bon port, parce que la Règle que je tenais entre mes mains avait été traduite et commentée par l’abbé de l’époque, Georg Holzherr. À la première lecture déjà, deux mots m’ont fasciné. Quand j'ai été nommé abbé d’Einsiedeln, en 2001, je les ai choisis comme devise. C’étaient le premier de la règle: ausculta (écoute) et le dernier: pervenies (tu arriveras, parviendras).

Pour Saint Benoît, c’est dans l’écoute que l’on trouve la recette qui permet d’arriver au but. Ecouter prend toute sa signification, parce que Dieu vient à nous, encore et toujours. Dans ce sens, c’est Noël toute l'année.1

Ecoute, et tu atteindras le port! C’est la promesse que recèle la Règle de Saint Benoît.

Quand des gens bêtes en arrivent à des pensées intelligentes Michael Ende, dans son livre MOMO, décrit de manière saisissante ce que l’écoute signifie et montre comment, par une écoute attentive, sont offertes des expériences de succès: «Très peu de gens savent seuls écouter, et Momo, elle, écoutait d’une manière absolument unique. Elle savait écouter avec une intensité telle qu’à des personnes plutôt bêtes venaient soudainement des pensées très intelligentes. D’aucuns pourraient croire qu’elle suscitait ces pensées en disant ou en demandant quelque chose, mais pas du tout. Elle était là, écoutant avec toute son attention, avec toute sa compassion, en regardant l’autre de ses yeux noirs. C’est alors que du plus profond de son interlocuteur surgissaient des pensées dont celui-ci n’avait jamais soupçonné l’existence. Momo écoutait d’une manière telle que des gens complètement paumés et indécis savaient tout à coup très bien comment s’en sortir eux-mêmes: des timides acquéraient assurance et témérité, des malheureux qui ne voyaient pas le bout de leur peine retrouvaient espoir et joie de vivre. Et lorsque quelqu’un confiait tristement à la petite Momo que sa vie était complètement ratée, qu’il n’était qu’un parmi des millions d’autres, qu’il n’avait pas la moindre importance, il comprenait, tout en parlant et d’une façon mystérieuse, que tout cela était absolument faux, que tel qu’il était, il était unique parmi les hommes sur cette terre et c’est pourquoi il avait, lui aussi, son importance. Voilà comment Momo savait écouter.» ■

Tendre l’oreille de notre cœur L’écoute fait référence à Dieu, qui est le commencement et la fin (le but) de notre vie. Saint Benoît est convaincu que ce Dieu nous parle de différentes manières: par la voix de l’Ecriture sainte, de la prière, de l’étranger, des jeunes, des malades, des détracteurs, de l’abbé, par le biais des rencontres et des expériences, etc. Notre vie est réussie quand, par une écoute attentive toujours renouvelée – Saint Benoît parle de tendre l’oreille de notre cœur – nous rejoignons celui qui est à l'origine de notre vie. Programme pour une politique chrétienne Ce n’est pas un programme de vie valable seulement pour les moines. Il l’est pour tous les chrétiens. Très justement, l’Abbé Georg Holzherr a donné ce sous-titre à son édition de la Règle: «Introduction à la vie chrétienne». «Ecoute, et tu arriveras à bon port!» représente donc aussi un programme de vie pour les chrétiens engagés en politique. Avec l’oreille du cœur à l’écoute de Dieu et la main qui suit les pulsations du temps, ils peuvent activement contribuer à ce que les hommes découvrent leur véritable mission et puissent la vivre. Protection contre le populisme Une telle attitude prévient le risque de viser les succès à court terme et de s’en contenter. Elle offre une vision de la vie humaine telle que tous les aspects de cette dernière trouvent leur juste place et donc leur ordonnance. Elle permet de mieux surmonter les moments de frustration et protège de toute forme de populisme. Elle peut essuyer des défaites sans se résigner. 4

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Martin Werlen, Das ganze Jahr Weihnachten. Alltägliche Erfahrungen benediktinisch betrachtet. Orell Füssli. Zurich 32008. (Noël toute l’année. Des expériences quotidiennes vues par un bénédictin).


Ali Özgür Özdil

notre origine, notre raison d’être et notre destin Umar ibn al-Khattab (Kalif de 634–644 av. J-C.) demande à Ali ibn Abi Talib (Kalif de 656–661): «Il fut un temps où j’étais en présence du Prophète alors que tu étais absent et il fut un temps où tu étais en présence du Prophète alors que j’étais absent. J’ai une question à te poser sur trois sujets et peut-être que le Prophète t’a éclairé à ce sujet…» Voici l’une des questions: «Il y a des hommes qui ne t’ont jamais rendu de service et pourtant tu éprouves de la sympathie pour eux et il y a des hommes qui ne t’ont jamais fait de mal et pourtant tu ne les aimes pas. Pour quelle raison?» Ali lui dit: «J’ai entendu le Prophète dire: «Les hommes dont les âmes se sont rencontrées dans le monde des âmes, s’apprécient également dans la vie terrestre et les hommes dont les âmes ne s’y sont pas rencontrées ne s’aiment pas.»1

L’existence commence avant la naissance Je commence par un monde situé au-delà de l’existence terrestre. Dès lors, notre existence n’est pas uniquement biologique et ne commence pas seulement à partir de la naissance. Selon une déclaration du Prophète, le vie qui se développe dans le corps de la mère reçoit l’âme qui lui est destinée au quarantième jour de gestation. Le Coran va même plus loin en nous disant comment Dieu, le Créateur de toute l’existence fait promettre aux hommes quelque chose avant même d’arriver sur terre: «[…] ton créateur tire des reins des fils d’Adam leur descendance, il les fait témoigner contre eux-mêmes (en disant): ‹Ne suis-je pas votre créateur?› Ils disent: ‹Oui nous en témoignons!› Vous ne direz pas au jour du Relèvement: ‹Voici, nous étions inattentifs à cela!›» (Surate 7,172)2 De nombreux exégètes musulmans du Coran – parmi lesquels également le compagnon du Prophète ibn Abbas – y perçoivent un pacte originel entre Dieu et l’humanité.3

Suivre les préceptes de Dieu Le verset suivant du Coran traite de l’objectif de la création: «je n’ai créé les Djinns et les humains que pour servir.» (Surate 51,56) Le verset rend l’Homme attentif au fait qu’il est un enfant de Dieu et qu’il est par conséquent tenu de servir Dieu. Selon la conception musulmane, l’Homme sert Dieu lorsqu’il suit ses préceptes; en d’autres termes lorsqu’il n’agit pas à l’encontre de sa nature dont Dieu lui a fait don. Les cinq piliers ou obligations de l’Islam (voir Surate 6, 151–153 et Surate 17,30– 40) ne constituent qu’une partie de ce qu’implique ici la notion de service à Dieu. Finalement l’Homme a été créé avec la propriété naturelle (en arabe Fitra) de servir Dieu. «Relève ta face en fervent. Par la fente d’Allah que fendent les humains, n’altérez pas la création d’Allah: voilà la créance de rectitude. Pourtant, la plupart des hommes ne savent pas.» (Surate 30,30) Vie éternelle dans l’au-delà Enfin un verset fondamental du Coran répond à la question existentielle concernant mon origine, ma raison d’être sur terre et mon destin – «De la terre nous vous créons, nous vous destinons à elle, et d’elle encore nous vous ressusciterons.» (Surate 20,55) Il ne rappelle pas seulement à l’Homme ce avec quoi il a été créé, mais également qui l’a créé. Il lui rappelle son caractère éphémère, puisque la mort est une réalité, de même que le fait que la mort ne représente pas la fin de son existence mais bien le passage à une vie éternelle dans l’au-delà. Dans ce sens nous avons une double origine, celle de notre âme et celle du corps, une double existence, sur terre puis dans l’au-delà, ainsi qu’un double destin, temporel et intemporel. ■

Voir: Kandehlevi, Muhammed Yusuf: «Hayatüs-Sahabe», Band 3, Istanbul, 1993. Les citations du Coran sont extraites de la traduction de André Chouraqui, Edition Laffont, Paris, 1990. 3 Voir: Gramlich, Richard: «Der Urvertrag in der Koranauslegung zu Sure 7, 172–173», in: «Der Islam 60» (1983), S. 208.

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Né le 30 août 1969, ali Özgür Özdil est islamologue et pédagogue des religions. Il est directeur de l’Institut islamique scientifique et de formation et a présenté une thèse sur la théologie et la pédagogie des religions en Europe à l’Université de Hambourg. Il a publié de nombreux ouvrages (par exemple «Wenn sich die Moscheen öffnen») et il s’engage pour le dialogue interreligieux et pour la formation continue de tous les groupes professionnels qui sont en contact avec les musulmans. La PoLitique 9 Novembre/Décembre 2010

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Alfred Bodenheimer

Une patience sans faille – Des avènements jUifs De tout temps, le judaïsme a fait preuve de scepticisme à l’égard de la venue du Messie. Le doute prend sa source dans les textes bibliques: Abraham arrive, certes sain et sauf, dans le pays où Dieu, selon la Genèse, l’a conduit. Bientôt pourtant, une famine le contraint à se remettre en route et à émigrer temporairement en Egypte, le grenier à blé. Il apprend alors qu’il aura certes une nombreuse descendance, mais qu’elle sera d’abord asservie en terre étrangère, avant de pouvoir repartir.

Alors que cela se produit, sous la conduite de Moïse, il n’y a justement que ce dernier qui ne parviendra pas à retourner au pays. Certes, un dernier regard lui est accordé, mais le Midrasch, l’exégèse rabbinique du Pentateuque, s’est arrêté longtemps sur la signification de la douleur personnelle de Moïse, qui n’a pas pu lui-même entrer dans le pays vers lequel il avait conduit son peuple.

Patrie sous condition Par ailleurs, Moïse était un sceptique. Il pressentait qu’une fois arrivés au pays les Israélites ne seraient pas un peuple exemplaire et, par conséquent, il les menaça de châtiments divins au cas où ils enfreindraient les commandements de Dieu. Les Israélites purent lire écrit noir sur blanc dans leur livre des origines que leur droit d’habiter le pays était lié à leur comportement juste. Franz Rosenzweig, penseur et philosophe de la religion, a conclu que cette terre d’Israël, patrie sous condition, était un «fief» de Dieu, comme il l’a appelé, revêtant tout simplement une dimension sacrée. La domination du monde par Dieu commence en tout petit par ce projet – aucun peuple ne pouvait simplement prétendre à un pays, même pas à celui que Dieu lui avait attribué, du simple fait de son occupation ou de sa conquête. 6

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Les départs sont déterminants Dans la tradition juive, généralement les arrivées échouent, sont retardées ou conditionnelles. Ce sont les départs qui sont déterminants; témoin, celui d’Abraham, l’exode, voire d’une certaine manière les départs en exil: au VIe siècle avant notre ère en terre babylonienne, de manière réitérée ensuite vers d’autres lieux d’exil, finalement dans le monde entier. L’arrivée du Messie est toujours attendue… Le scepticisme fondamental des Juifs à l’égard de l’avènement du Messie les a également conduits à ne cesser d’attendre l’arrivée d’un messie – lorsqu’un messie est identifié comme tel, le judaïsme est tôt ou tard divisé entre ceux qui le reconnaissent et les autres, qui restent Juifs. Il en fut ainsi pour Jésus; il en fut ainsi au XVIIe siècle à l’égard de Sabbataï Zewi considéré comme le messie, dont l’aura ébranla la judéité d’Europe et d’Asie Mineure, malmenée par des guerres et des massacres. Avec sa conversion à l’Islam, sous la contrainte du sultan turc, il perdit toute crédibilité, mais pas pour tous ses disciples. …et pourtant la croyance inconditionnelle en sa venue demeure Le douzième des treize dogmes reflète à quel point la croyance juive en l’arrivée du Messie est complexe; il a été formulé par l’un des penseurs les plus importants de l’histoire de la judéité, Moïse Maïmonide (environ 1135–1204): «Je crois d’une foi entière à la venue du Messie. Et bien que cet avènement se fasse attendre, je l’attendrai néanmoins chaque jour». La croyance inconditionnelle en la venue du Messie est en lien immédiat avec la conscience que non seulement il a reporté jusqu’ici sa venue, mais qu’il continuera de la différer. Selon cette prémisse, il lui est donné de l’attendre chaque jour – ce qui impliquerait qu’un jour une partie du dogme, notamment celle qui veut que le Messie retarde sa venue, ne sera plus vraie. Le jour où le dogme sera brisé, le Messie adviendra. Le rôle d’Israël La question du Messie n’est certainement pas une question théorique: au cours des décennies passées, de profondes brèches politiques se sont creusées entre les Juifs qui ont compris la création de l’Etat d’Israël comme une étape de l’évolution de la promesse messianique et ceux qui veulent lutter ardemment


COLONNE LIBRE

Le futur d’un octogénaire

contre le fait de vouloir accélérer la Rédemption et donc contester à l’Etat sa légitimation religieuse. Ils voient la venue du Messie non pas comme un événement évolutif, mais comme un événement divinement révolutionnaire.

«Le Messie ne vient pas; il ne nous appelle pas non plus», chantait la star rock israélienne Shalom Chanoch dans l’une de ses chansons les plus connues des années quatre-vingt. C’était rompre d’une manière ironique avec une doctrine qui avait mené les Juifs à travers les siècles dans une lutte unique en son genre pour leur existence. Près d’un demi-siècle auparavant, Walter Benjamin avait dit de la période menant à la compréhension de l’Histoire du judaïsme que cette doctrine sous-entendait que «chaque instant contient la possibilité de la venue du Messie». «…chaque jour j’attendrai qu’il vienne». L’on pourrait dire que l’attente continue d’une venue intrinsèquement différée a développé une forme de patience sans faille. Dans leur histoire, les Juifs ont toujours su construire rapidement leurs propres infrastructures où qu’ils se trouvent, et ils se sont efforcés en même temps (avec plus ou moins de succès) de s’acclimater aussi aux lieux où ils se trouvaient exilés. Néanmoins, leur arrivée soudaine a souvent été assombrie par l’hostilité de leur environnement et par leur propre conscience de n’être là peut-être que provisoirement. Il semble parfois que le choc provoqué par leur véritable arrivée en Israël, d’où il n’est plus nécessaire de repartir, mais où il faut pourtant vivre, ou justement vivre, dans la tension de conflits irrésolus, a généré une nostalgie du Messie qui n’avait guère existé jusque-là, une attente exacerbée de sa venue «à chaque instant». ■

alfred Bodenheimer, professeur de judaïsme et professeur de lettres, né à Bâle en 1965. Promotion au grade de docteur à l’Université de Bâle, «habilitation» à l’enseignement universitaire à l’Université de Genève; après des activités d’enseignement et de recherche à l’Université hébraïque de Jérusalem, à l’Université Bar-Ilan (Israël) et à l’Université de Lucerne, depuis 2003, professeur d’histoire des religions et de littérature du judaïsme et directeur de l’Institut des études juives à l’Université de Bâle. Depuis 2010, premier doyen juif d’une Faculté de théologie en Europe. Son essai: «Ungebrochen gebrochen. Über jüdische Narrative», en préparation (parution prévue en 2011).

Dans moins d’un an, j’en aurai huitante. Jadis je n’imaginais même pas arriver à cet âge et encore moins m’y retrouver parlementaire, journaliste, écrivain et comédien, actif à plus de 100 pour cent. Beaucoup de mes contemporains décèdent ou sombrent dans la dépression. J’en ai déduit que le travail conserve et que le surmenage prolonge encore bien davantage. Ce n’est pas une thèse politiquement correcte, puisqu’il existe un âge officiel pour la retraite. Si on travaille au-delà, c’est presque une infraction, en tous cas une mainmise insolente sur des places qui devraient revenir aux jeunes. Plus grave: si le travail conserve vraiment, il retarde le moment du décès, il obère l’AVS, la LPP et la LAMAL. Ce genre de reproches, on les reçoit par des lettres ou des courriels prudemment anonymes. Aussi ai-je abandonné le politiquement correct pour m’abandonner à une pensée dissidente fondée sur des principes séditieux: plus longtemps on travaille, plus longtemps on vit, on jouit de la vie, on se rend utile; le revenu additionnel du retraité actif est dépensé en créant des postes de travail supplémentaires; celui, qui n’a plus d’ambition de carrière, se prononce en fonction de sa seule conscience éclairée par une longue expérience; l’âge de la retraite doit être libre et le montant de la pension calculé en prenant en compte les cotisations supplémentaires. Bref, il faut travailler plus, mieux, le plus longtemps possible, pour gagner plus en salaire, en années de vie et en vie pour ces années. Les enfants qui naissent maintenant auront une espérance de vie à 100 ans. Allons-nous les obliger à devenir oisifs dès 65 ans? –Jacques Neirynck

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Interview: Lilly Toriola

origine et identité

nadja stirnimann

hanna meier

Hanna meier dit qu’au fond sa vie n’a commencé que lorsqu’elle avait quatre ans et demi. Le 4 avril 1982 cette femme, âgée aujourd’hui de 32 ans, a été transférée d’Inde en suisse où ses parents et sa sœur l’ont prise pour la première fois dans leurs bras. elle n’avait jamais vu auparavant ces personnes qui formaient désormais sa nouvelle famille. «au fait ma première famille», déclare Hanna meier. pendant les premières années de sa vie, il n’y avait eu personne. Cette gastronome ne sait pratiquement rien sur son origine.

L’origine est également une grande inconnue pour Nadja stirnimann qui a été adoptée une année avant dans le même orphelinat de madras. Cette spécialiste de la communication ne connaît ni son âge exact ni son nom d’origine. «au début on pensait que j’étais née en 1979, puis en 1978.» Dans quelles circonstances elle est arrivée à l’orphelinat et ce qui est arrivé à ses parents biologiques sont des questions auxquelles Nadja stirnimann n’a pas de réponse.

Vous avez toutes deux été adoptées en Inde, mais vous avez passé la majeure partie de votre vie en Suisse. Que signifie le terme origine pour vous? Hanna Meier: Dans un sens je pense à l’Inde. Mais hormis le fait que j’y suis née, rien ne me relie à mon pays d’origine. C’est pourquoi j’associe la notion d’origine surtout à ma famille adoptive et non pas à ma famille biologique. Nadja Stirnimann: Moi, je ressens la Suisse comme mon pays d’origine et comme ma patrie. C’est ma famille adoptive et non mon pays de naissance qui m’a forgée. Je suis persuadée que ce ne sont pas les gènes qui sont déterminants mais le contexte social. Les valeurs, les idéaux et les notions de morale que mes parents m’ont transmis ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Je reconnais mes parents dans nombre de mes comportements.

Toutes les deux vous n’êtes jamais retournées en Inde depuis votre adoption, pourquoi? N. S.: Jusqu’à présent, je n’ai jamais vraiment ressenti le besoin de renouer avec mes racines. Je me rendrais dans un pays qui m’est totalement étranger – malgré mes origines – et dans lequel je ne serais qu’une simple touriste. H. M.: Le jour viendra où mes enfants se demanderont pourquoi nous ne nous ressemblons pas vraiment. Je peux tout à fait envisager d’entreprendre un tel voyage en famille lorsque mes deux enfants seront plus grands. Personnellement, je n’ai jamais eu le besoin de retourner dans le pays où je suis née.

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Pourquoi ne ressentez-vous pas le besoin de retourner en Inde? H. M.: Personnellement, je ne le sais pas. Peut-être que j’ai une certaine appréhension d’y retourner, de voir des choses que je n’ai pas envie de voir. La grande pauvreté par exemple. Ou de vivre des choses qui vont me perturber. Sur le plan émotionnel, ce serait certainement une expérience très forte. N. S.: Pour moi, la question est de savoir qu’est-ce que j’irais y faire? L’orphelinat dans lequel nous avons passé nos premières années n’existe plus aujourd’hui. Je ne connais personne en Inde, je ne parle pas la langue du pays et la culture m’est étrangère. Il n’y a rien à quoi je pourrais m’accrocher. Est-ce que vous n’êtes pas attirées par la possibilité d’apprendre quelque chose sur votre famille biologique? H. M.: On m’a trouvée dans la rue quand j’étais bébé ou peutêtre que quelqu’un m’a déposée à l’orphelinat. Personne ne le sait vraiment. La chance d’apprendre quelque chose sur mes origines est donc très faible. D’un côté, j’aimerais en savoir plus sur mon passé. A part deux photos, quelques habits et mon passeport, il ne me reste rien de cette époque. D’un autre côté, je ne sais pas si je souhaiterais réellement rencontrer – s’ils vivent encore – mes parents biologiques. N. S.: Je ressens quasiment la même chose. Si j’avais l’occasion de rencontrer mes parents biologiques, je ne sais pas si je la saisirais ou pas. J’aurais aussi une énorme appréhension. Pourquoi avez-vous des sentiments aussi mitigés par rapport à cette question? H. M.: J’ai une famille. Pour moi il n’y a pas d’autres parents que ceux que j’ai aujourd’hui. Avoir soudain une deuxième famille, que l’on ne connaît pas, à qui on est certes génétiquement liée mais pour laquelle on n’a pas de point de rattachement? Je ne sais pas comment je réagirais dans une telle situation. N. S.: La question de savoir comment et dans quelles conditions vivent mes parents – pour autant qu’ils vivent encore – me travaille. Quelle attitude devrais-je adopter face à eux, moi qui en comparaison vis dans l’opulence en Suisse? Quelles seraient leurs attentes? Est-ce qu’une rencontre ne compliquerait pas les choses de part et d’autres? Aurait-elle un sens? Ce sont là des questions que je me pose. Je connais des cas d’adoptions où la rencontre avec les parents biologiques issus de la même culture et parlant la même langue a été une grande déception. Vous ne savez quasiment rien de vos origines, de vos premières années de vie. Avez-vous l’impression qu’il vous manque quelque chose? H. M.: Certes, il manque une partie importante de ma vie. Ce n’est que lorsque je suis devenue maman à mon tour que j’en ai vraiment pris conscience en voyant tout ce que mon fils de

cinq ans et ma fille de deux ans et demi réalisent et comprennent déjà. On ne peut pas récupérer cette partie manquante. Pour moi, cela n’est pas grave. C’est une réalité que je ne peux pas changer et qui fait partie de ma vie. N. S.: Personnellement, je n’ai pas l’impression que quelque chose me manque mais plutôt que j’ai reçu beaucoup grâce à l’adoption. Comme je n’avais que trois ans et demi à mon arrivée en Suisse, je ne me rappelle pas du moment de l’adoption. Pour moi, il n’existe pas de «avant». Pendant l’adolescence, il y a eu des périodes où je me posais des questions sur mes racines. A cette époque, je me faisais des idées irréalistes et me demandais ce qui se passerait si ma mère s’était réfugiée en Suisse et travaillait à la caisse de la Migros. Peut-être même qu’elle me recherchait? On m’a pourtant dit que ma mère avait perdu tout son sang lors de ma naissance et que ma grand-mère m’avait apportée à l’orphelinat. A vrai dire, on ne sait rien de très précis. A certains moments, j’aurais vraiment aimé en savoir plus sur mes origines. H. M.: C’est aussi pendant l’adolescence que je me suis posé le plus de questions sur les premières années de ma vie et sur les raisons pour lesquelles j’ai été abandonnée. Il y a tant d’aspects de mon origine que j’ignore. Mais j’ai conservé des souvenirs de l’orphelinat. Aujourd’hui, je sais encore comment étaient les lieux. Je me souviens que nous mangions du riz et des galettes disposés sur des feuilles de bananes. Des images de mon arrivée en Suisse sont aussi bien présentes dans ma mémoire. La Suisse est devenue votre partie et vous restez malgré tout liées à l’Inde ne serait-ce que par votre physique. Est-ce que vous vous sentez totalement Suisses? H. M.: Ma mentalité, mes valeurs sont typiquement suisses. Parfois, j’aimerais être un peu plus décontractée, avoir une mentalité un peu plus indienne. Mais j’ai grandi ici et me sens donc totalement Suisse. N. S.: La couleur de peau est en effet la seule chose qui me rappelle mon pays d’origine. Tant ma mentalité que mes valeurs sont fortement marquées du sceau de la Suisse et je trouve que c’est bien ainsi. Quand j’étais petite, ma mère m’a fait suivre un cours de danse indienne pour me faire mieux connaître «ma» culture. L’intention était certes bonne, mais je me sentais étrangère et mal à l’aise dans cet environnement. En revanche, je ne me suis jamais sentie étrangère à l’école même si j’étais la seule enfant à la peau sombre. Dans ma vie quotidienne, je ne me rends pas compte de ma couleur de peau. Ce sont les réactions des autres qui me rappellent sans cesse que je n’ai pas le physique d’une Suissesse, même si je me sens suisse à part entière. ■

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Q Les anges dans nos campagnes Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q

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«J’aimerais offrir à Christian Levrat et à Toni

«À notre nouvelle ministre des infrastructures

Brunner le «petit livre de la Concordance» pour éviter comme ce fut le cas lors de la session d’automne, qu’ils coulent ensemble la révision de l’AVS sur le dos des retraités et les mesures d’économie nécessaires dans l’assurance-maladie. Ces alliances systématiques entre frères ennemis sont de plus en plus fréquentes. Elles paralysent le pays. Et si le livre n’existe pas encore, je suggère à Jacques Neirynck de l’écrire pour le 23 octobre 2011. Peut-être pourrions-nous ce soir-là redéfinir la concordance!» Christophe Darbellay, Conseiller national et Président du PDC suisse Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Pour son départ, le Conseiller fédéral Moritz Leuenberger nous fait cadeau de sa vision sur la sécurité routière du futur. En remerciement, je souhaiterais lui offrir un tricycle. Cet engin de mobilité ne nécessitant pas d’examen de la vue dès 50 ans et ne permettant pas d’excès de vitesse, lui donnera l’occasion de se déplacer sans risque de privation de liberté.» Paul-André Roux, Conseiller national Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q

«Je souhaite que Doris Leuthard soit élue

présidente de la Confédération pour quatre ans et qu'elle puisse librement choisir une équipe soudée pour gouverner la Suisse selon un programme clair, en disposant d’une majorité fiable.» Jacques Neirynck, Conseiller national Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q

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et de l’environnement Doris Leuthard j’aimerais offrir une «Table ronde Suisse 2030» où elle pourrait construire un consensus avec les principales forces politiques, syndicales, économiques et écologistes sur l’avenir des infrastructures et de l’approvisionnement du pays. Je pense à un grand accord cadre sur les investissements se chiffrant en milliards et indispensables pour le rail et la route ainsi que pour la couverture des coûts de leur entretien, sur une forte réduction des émissions de CO2 grâce à un important soutien fédéral aux thermopompes dans les immeubles et aux véhicules électriques sur nos routes, ainsi qu’au remplacement de nos trois plus vieilles centrales nucléaires par deux centrales de nouvelle génération, plus sûres et en mesure de nous fournir l’électricité nécessaire à remplacer efficacement les combustibles fossiles.» Filippo Lombardi, Conseiller aux Etats Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q

«A l’issue de la Conférence nationale contre la

pauvreté, je souhaite au Conseiller fédéral Burkhalter de réussir, avec l’appui du PDC et grâce au sens des responsabilités de chacune et de chacun, les réformes nécessaires au comblement du fossé social qui se creuse, afin de maintenir en Suisse la cohésion qui fait sa force et son attractivité économique.» Dominique de Buman, Conseiller national Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q


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«Un petit cadeau pour tous! Les politiciens, les

«J’offrirais à economiesuisse et plus particulière-

présidents, les dirigeants et les chefs de toutes sortes: un petit bout de terre, juste pour y garder les pieds bien posés dessus! Pour y cultiver, ce que nous avons besoin pour y vivre tous ensemble et tous égaux, avec l’espoir d’un monde meilleur, pour nous et nos enfants.» Luc Barthassat, Conseiller national Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q

«J’offrirais un lecteur CD à Doris Leuthard afin qu’elle puisse faire jouer l’hymne national juste lors de ses prochaines visites officielles.» Norbert Hochreutener, Conseiller national

ment à son président Gerold Bührer et à son directeur Pascal Gentinetta, mais aussi au PLR, une paire de lunettes 3D pour qu’ils ne voient plus l’Europe uniquement sous l’angle bilatéral mais aussi tridimensionnel.» Kathy Riklin, Conseillère nationale Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q

«J’aimerais offrir à l’UDC un livre sur le droit in-

Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q

ternational afin qu’elle puisse combler ses lacunes en matière de formation et lancer à nouveau des initiatives populaires acceptables. Pro Juventute recevrait de ma part une distinction pour la campagne qu’elle mène en faveur de la protection contre le harcèlement numérique (cybermobbing).» Barbara Schmid-Federer, Conseillère nationale

«J’offrirais à Ueli Maurer un pistolet à billes afin

Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q

que sa meilleure armée du monde reçoive en plus des pétarades de ses nouvelles voitures quelque chose qui fasse vraiment «boum»!» Philipp Stähelin, Conseiller aux Etats Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q

«Je souhaiterais offrir à notre chef du Groupe et

mon voisin au Conseil des Etats, un énorme arbre de Noël avec 52 magnifiques boules oranges en signe de remerciement et de reconnaissance pour l’énorme travail stratégique et opérationnel qu’il accomplit avec patience et persévérance.» Paul Niederberger, Conseiller aux Etats Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q

«Tout d’abord, j’offrirais aux producteurs suisses

de lait une poudre magique pour qu’ils adoptent tous la même stratégie à l’avenir et qu’ils soient unis. Ensuite, j’offrirais à la gauche et aux Verts une dose de compréhension afin qu’ils réalisent que nous ne pouvons pas garantir l’approvisionnement en électricité de notre économie uniquement avec des énergies subventionnées dites énergies renouvelables.» Markus Zemp, Conseiller national Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q Q

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Marie Chappuis, Vice-présidente du PDC Genève, Conseillère municipale en Ville de Genève

When i’m

Prêts pour le grand saut? alors décollage! Nous sommes en 2045. La Suisse s’impose comme modèle et cœur d’une Europe fédérale. Sous son impulsion, l’Europe économique s’est muée en Europe politique. L’Union prend désormais en charge, outre la compétence monétaire, les fonctions internationales (politique étrangère, défense, commerce, environnement et énergie). Conséquence inattendue de son action appréciée au sein de l’UE: la Suisse se trouve de nouveaux alliés et gagne enfin le concours de l’Eurovision, 57 ans après sa dernière victoire! L’honneur est sauf! Propulsé à la tête de la Présidence de l’Europe, notre pays obtient un succès diplomatique que plus personne n’espérait: la paix au Proche-Orient. Le traité de Paix, signé à Genève le 8 mai 2045, entre les représentants israéliens et palestiniens, impose notre pays comme le lieu du «soft power». L’avenir de la Genève internationale est définitivement assuré. Le siège genevois des Nations Unies fait même de l’ombre à celui de New York. Au niveau académique aussi, la Suisse prend son destin en main, consciente que l’avenir du pays réside plus que jamais dans sa matière grise et sa capacité d’innovation. Les montants investis autrefois dans l’armée sont désormais engagés dans la formation et la recherche. L’EPFL et l’EPFZ caracolent en tête des hit-parade américains des meilleures uni12

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64 CoMMeNT Sera La SuISSe LorSQue j’auraI 64 aNS?

Attachez vos ceintures! Décollage imminent pour la Suisse de demain, la Suisse de 2045! Rassurezvous, la destination finale n’est pas celle d’une Suisse à la «Blade Runner» où s’entasse une foule d’êtres humains artificiels qui vivent dans l’espoir de partir un jour pour des planètes lointaines. Les fondamentaux restent inchangés: la Suisse de 2045 est composée d’une majorité de Suisses allemands. Et malgré quelques frictions, les minorités romandes, tessinoises et romanches n’envisagent pas de partir pour de meilleurs cieux! versités du monde. Quant aux étudiants étrangers ayant fait leur études supérieures en Suisse, ils peuvent enfin exercer leurs talents chez nous, plutôt que de s’exiler en Amérique du Nord. Les petits Suisses apprennent eux le chinois dès la maternelle.

La Suisse investit massivement dans les «cleantech» et poursuit son virage vert. Un champ d’éoliennes fait son apparition sur le Lac Léman. Les toits du Palais fédéral sont recouverts de panneaux solaires et les villes suisses sont chauffées à l'aide de sondes géothermiques! La voiture « propre » à hydrogène, sponsorisée par le petit-fils de Nicolas Hayek, sort des usines de Swatch. Grâce à la nouvelle filiale «UBS Ethos», Swiss a racheté Lufthansa et transforme progressivement sa flotte par des avions à énergie solaire. Quant à la région lémanique, elle songe à la construction non pas d’une 3ème… mais d’une 4ème voie CFF entre Genève et Lausanne! Bref, vous l’aurez compris, alors que certains disaient, à la fin du XXème siècle, que «la Suisse n’existait pas», la Suisse de 2045 est ouverte, innovante et vivante! Seule ombre au tableau: les jumelles de Roger Federer prennent leur retraite sportive après avoir régné sans partage sur le tennis féminin, à la fois en simple et en double! Mais le changement le plus extraordinaire dépasse tout ce que vous avez pu lire ci-dessus: les Suisses romands ont enfin appris le suisse allemand! Vous n’y croyez pas? Rendez-vous dans 35 ans pour un «debriefing» au Café fédéral… en «switzerdütsch»! J’aurai alors 64 ans, et contrairement à nos voisins français, cela me semblera tout naturel de travailler pendant encore 6 ans! ■


Rudolf Hofer, Bümpliz

De 2001 à 2010: PLein Feu sur des événements marquants La dernière décennie a mauvaise presse en raison de la débâcle spectaculaire de certaines entreprises, des concessions faites aux pressions exercées par d’autres Etats et de la difficulté d’imposer des réformes. Dans quelle mesure cette réputation se justifie-t-elle? Pourquoi les événements ne se sont-ils pas déroulés comme nous l’aurions souhaité? reVerS De forTuNe

BLoCageS

Swissair – La compagnie Swissair était toute la fierté de la Suisse. Elle symbolisait notre ouverture au monde. Est-ce que tout cela s’est volatilisé lorsque les avions sont restés cloués au sol à Kloten dans l’attente de l’administrateur de faillite? Aujourd’hui ils volent au nom d’une succursale de la compagnie allemande Lufthansa. La Suisse a perdu l’un de ses atouts.

assurances sociales –Tout le monde sait qu’en raison du nombre croissant de rentiers par rapport à celui des contributeurs des modifications de l’AVS s’avèrent inéluctables. Mais la réforme de l’AVS ne progresse pas. Néanmoins un premier projet a été refusé en votation populaire en 2004 et un deuxième a été rejeté déjà lors du vote final du Conseil national en automne 2010. La réforme est nécessaire, mais elle est bloquée.

Crise de l’uBS – Nous pouvions nous fier à ce que l’on appelle une solide banque suisse. Aussi rapportait-elle beaucoup d’argent à l’Etat. Dès le moment où l’UBS a dû être sauvée, sa réputation a été ruinée et le flux d’argent s’est inversé. Il est vrai que par la suite cet argent a été récupéré avec un bénéfice considérable. La place financière, à laquelle la Suisse doit une part importante de sa prospérité grâce à une valeur ajoutée directe et à des taux d’intérêts bas, était-elle en danger? CHoCS Secret bancaire – Pendant des décennies nous entendions dire que le secret bancaire classique faisant la différence entre la fraude fiscale et la soustraction d’impôts était légitime et qu’il était une caractéristique de l’ordre juridique suisse. Lorsque l’OCDE et le G-20 on fait pression, il a paru naturel du jour au lendemain qu’une entraide administrative soit accordée même dans les cas de soustraction d’impôts. Pour quelques milliers de clients de l’UBS aux Etats-Unis elle a même été concédée avec effet rétroactif. affaire lybienne – Le fils d’un dictateur arabe est arrêté à Genève. Pour se venger de cet affront, son père fait arrêter deux citoyens suisses. Le président de la Confédération se rend en Lybie. La Suisse présente ses excuses et pourtant il faudra attendre plusieurs mois pour que les deux otages soient libérés.

Droit et sécurité– En acceptant l’initiative sur l’internement à vie des délinquants très dangereux en 2004 ainsi que l’initiative sur l’imprescriptibilité des actes de pornographie enfantine en 2008, la population a donné libre cours à sa mauvaise humeur par rapport à la politique menée par les autorités en matière de criminalité et de droit pénal. Il y a là un fossé qui sépare population et autorités. Une fois de plus, en raison de la politique de blocage menée par les extrêmes, le Parlement n’est pas en mesure de présenter des solutions plus appropriées que celles qui sont imposées par l’instrument sommaire de l’initiative populaire. SuCCèS Crise – A la suite de la crise économique et financière mondiale, la Suisse craignait l’apparition d’une crise économique et du chômage à l’intérieur de ses frontières. En ce qui concerne le faible taux de chômage et la croissance économique sur le moyen terme, notre pays occupe une excellente place parmi les Etats de l’OCDE. La crise suisse n’a pratiquement touché que des régions fortement axées sur l’exportation. Caisse fédérale – Tandis que d’autres pays se plaignent en 2009 de la crise provoquée par l’endettement et que seuls les Etats-Unis en profitent pleinement parce que les Chinois achètent des obligations américaines afin que les Américains puissent consommer, la Suisse a remboursé 11 milliards de dettes. ■ La PoLitique 9 Novembre/Décembre 2010

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Fierté suisse immobilisée au sol

seCoué mais PerFormant Lorsqu Lors quee l’ l’on po pose se la ques questi tion on de sa savoir ir qu quel elss so sont nt le qui ont ont marq marqué less év événem emen ents ts qui ué la dé déce cenn nnie ie s’ s’éten en-dant da nt de 20 2001 01 à 2010 2010,, les les ré répo pons nses es so sont nt gé géné néra rale le-ment me nt né néga gati tive ves: s: Swis Swissa sair ir, UBS, UBS, Ly Lybie, e, cr cris isee éco écono no-mi miqu que. e. Ma Mais is lo lors rsqu quee no nous us de dema mand ndon onss à ce cess même mess pers onne ness co comm mmen entt el elle less se po port rten entt su surr le mê person plan pl an pe pers rson onne nel, l, elle elless nous nous répo répond nden entt qu qu’e ’ell lles es von vontt bien bi en.. El Elle less ju juge gent nt appa appare remm mmen entt le leur ur pr prop opre re si situ tuaation d’un d’unee fa tion faço çon n di diff fféren ente te de ce cell llee de le leur ur pa pays..

Pour attester des difficultés que traverse notre pays, elles mentionnent des revers de fortune, telles que les crises de Swissair ou d’UBS, les concessions faites suite aux pressions exercées par d’autres Etats dans le cadre du secret bancaire ou l’humiliation par la Lybie. Elles critiquent également le fait que la 14

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recherche de solutions aux grandes questions piétine et elles parlent d’une «décennie perdue». D’où vient alors ce décalage entre l’appréciation de sa propre situation et de celle du pays? Lorsqu’un pays va mal, il devrait en aller de même pour les gens de ce pays. L’explication réside dans la manière dont la Suisse a du succès. Elle ne connaît pas le succès parce qu’elle n’a pas de coups durs. Mais elle réussit parce qu’elle arrive à surmonter les difficultés et qu’elle le fait rapidement. Combien de fois avons-nous pu lire que la place économique suisse n’aurait plus accès au monde en raison de la débâcle de Swissair? Mais quasiment pas une ligne sur le fait que Swiss et de nombreuses compagnies aériennes garantissent aujourd’hui cet accès. C’est la flexibilité de la Suisse, sa capacité lorsqu’elle perd une opportunité d’en trouver une autre qui caractérise le succès de la Suisse.


La maîtrise du Futur au Lieu de La PoLarisation Les courriers des lecteurs sont remplis de plaintes concernant les conflits entre politiciens, la priorité accordée aux intérêts d’un parti au détriment de l’intérêt général ou l’échec de certaines réformes soumises au Parlement ou au vote populaire. La Suisse est-elle bloquée par des conflits entre partis? Ces plaintes sont en partie normales. Mais il semble que les blocages du processus politique augmentent réellement.

La Suisse réagit de manière semblable à la pression venant de l’étranger. Elle défend des règlementations qui lui sont favorables jusqu’à ce que la pression devienne trop forte. A ce moment-là, elle cède sur des exigences acceptables et rejette les demandes exagérées. Elle évite ainsi de perdre la face et d’être livrée à la merci des autres Etats. C’est ainsi qu’au moment où la pression est devenue trop forte, la Suisse a accepté d’accorder une entraide dans les cas de soustraction d’impôts tout en refusant l’échange automatique d’informations. Ni l’obéissance hâtive, ni la résistance à tout prix n’assurent le succès à longue échéance. La combinaison d’échecs visibles et de succès à long terme donne l’impression que la Suisse perd du terrain. D’une part elle perd visiblement du terrain et de l’autre elle en gagne de manière invisible. Le résultat final est perceptible. ■

De fait le système suisse est sujet à ces blocages. En Suisse, la modification d’une loi requiert des décisions concordantes des deux Chambres ainsi que l’approbation – du moins tacite – du peuple. Mais viennent s’ajouter deux autres facteurs qui rendent le consensus encore plus difficile. D’une part les soixante-huitards perdent leur position privilégiée au niveau de l’opinion publique et, d’autre part, les partis du centre ne détiennent plus qu’environ un tiers des sièges au Conseil national. Le mouvement des années 1968 n’a pas donné naissance au socialisme, comme l’espéraient les protagonistes de la révolte. Mais il a certainement apporté de nouvelles possibilités de ne pas suivre le comportement majoritaire sans risquer de vraies sanctions. D’un côté ce mouvement d’ouverture a été absolument nécessaire. Mais d’un autre côté, l’opinion publique a donné souvent la priorité à la compréhension, pour les marginaux, ou à la tolérance face aux comportements déviants, sur les droits des citoyens qui travaillaient et assuraient le bon fonctionnement de la société. L’acceptation de l’initiative sur l’internement à vie et de l’initiative sur l’imprescriptibilité des crimes à caractère sexuel montre de manière exemplaire qu’une majorité veut poser des limites à la tolérance face à des comportements extrêmement déviants. Ce changement au niveau de l’opinion publique donne lieu à une polarisation. Ce qui va de soi pour les uns est considéré comme évidemment faux pour les autres. C’est la raison pour laquelle il est difficile d’obtenir la majorité des suffrages lors de votations. Le PS et les Verts d’un côté et l’UDC de l’autre profitent de cette polarisation pour augmenter le nombre de leurs sièges, notamment au Conseil national. Si les partis du centre comptaient plus de 114 sièges au Conseil national après les élections de 1987, ils n’en occupaient plus que 71 en 2003. Ainsi les réformes échouent au Conseil national et non pas au Conseil des Etats où les partis du centre détiennent toujours une majorité incontestée. Il ne sert à rien aux partis du centre de se plaindre de cette polarisation. S’ils veulent faire passer des solutions durables, permettant à la Suisse de rester performante, ils sont appelés à formuler un nouveau consensus politique post-68. Dans ce genre de consensus, des valeurs telles que la disposition à s’engager, la responsabilité individuelle et le respect de la vie commune joueront un rôle primordial. ■ –Urs Hany, Conseiller national La PoLitique 9 Novembre/Décembre 2010

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Dominique de Buman, Conseiller national, Président de la Fédération suisse du tourisme

Le tourisme, un PotentieL éConomique majeur… si nous Le vouLons Bien! Aussi bien le monde politique que l’opinion publique n’ont pas encore suffisamment pris conscience de l’importance du tourisme pour l’économie nationale. Notre branche, la troisième en volume financier d’exportations de la Suisse, se compose – il est vrai – de secteurs parfois en opposition d’intérêts. Et ce manque de convergence automatique se ressent dans la communication, le message et l’image que le tourisme donne de lui-même. Mais la bonne santé générale de notre économie et celle des exportations industrielles en particulier a eu pour effet la sous-estimation d’un atout majeur et irremplaçable lié au tourisme helvétique: nos paysages – le site de nos prestations – ne sont pas délocalisables! Le bien-fondé des demandes Ce défaut d’évidence du caractère primordial du tourisme pour l’économie suisse explique partiellement la peine que nous ressentons à convaincre le monde politique du bien-fondé des demandes légales et financières de la branche. Le crédit demandé au Parlement en faveur de Suisse Tourisme n’est d’autre part pas perçu à sa juste mesure comme un investissement dont les retombées fiscales constituent un multiple du montant injecté dans le circuit économique. Ce mécanisme mériterait qu’on y songe lorsque la règle du frein à l’endettement offre son oreiller de paresse à ceux qui ne savent pas distinguer une situation économique d’une situation financière.

action publicitaire accrue Un élément majeur d’actualité accélère la nécessité de cette prise de conscience en faveur de notre tourisme: la force du franc suisse, qui érode la fidélité de nos clients traditionnels européens et rend indispensable une action publicitaire accrue dans les pays émergents tels que la Chine, l’Inde, la Russie ou le Brésil qui forment des marchés potentiels immenses. Ces nouveaux clients aux moyens financiers considérables tiennent à venir en Suisse pour la beauté des paysages, la sécurité qui y règne et la qualité de ses prestations plus qu’en fonction d’un prix des prestations alors secondaire.

accroître notre compétitivité L’augmentation du volume de notre tourisme, non seulement nous garantit des emplois, mais optimalise le taux d’occupation de nos infrastructures, notamment hôtelières, et contribue à réduire le coût de revient unitaire de chaque prestation de façon à accroître notre compétitivité. La stratégie de crois16

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sance du tourisme suisse implique donc à la fois une efficience plus élevée et une plus grande collaboration intersectorielle, mais aussi l’octroi de moyens plus conséquents. Compenser par conséquent le crédit-cadre prévu pour l’innovation et la coopération (loi Innotour) par une diminution correspondante de la somme prévue par le Conseil fédéral pour Suisse Tourisme illustre bien le manque de lucidité de notre gouvernement. Inquiétant… Autant couper la queue du chat pour lui donner à manger!

Sensibiliser et convaincre Ces quelques réflexions illustrent le besoin urgent de notre branche de sensibiliser, d’éveiller, de convaincre et de s’en donner les armes. De concert avec les responsables de la branche, les parlementaires acquis aux bienfaits du tourisme ont actuellement à cœur de prendre influence dans leurs milieux respectifs pour les rendre attentifs aux impacts sur le tourisme que constituent d’autres débats, tels que celui sur la révision de la TVA et le maintien d’un taux réduit en faveur du tourisme, la consécration des AOC en politique agricole, le poids de la formation professionnelle ou les effets pernicieux de la Lex Koller. répondre aux défis de l’avenir De leur côté, les secteurs du tourisme doivent davantage oeuvrer au même diapason, et répondre aux défis de l’avenir, en mettant résolument l’accent sur les mesures d’incitation et la promotion internes à la branche, par exemple grâce au Milestone, prix du tourisme suisse décerné chaque automne et qui récompense l’innovation, la collaboration, la compétitivité, la qualité et la durabilité. Cette crédibilité croissante et justifiée devrait emporter l’adhésion des décideurs. ■


reNDeZ-VOus Gerhard Pfister, Conseiller national

mOrGarTeN

Commune d’Oberägeri, Canton de Zoug. morgarten le 15 novembre 1315, jour de la SaintOthmar. La première bataille pour la liberté de la Confédération s’est déroulée précisément ici(!), à la frontière entre les cantons de Schwyz et de Zoug. Peut-être aussi un peu plus loin. Peut-être aussi un autre jour. Peut-être qu’il n’y a pas eu de bataille. Mais une attaque spontanée contre des Autrichiens inoffensifs qui se rendaient au cloître d’Einsiedeln. Lancée par une population rurale agressive revendiquant de manière vigoureuse mais peu claire des territoires et des biens. Des Confédérés sur la bonne voie pour former la meilleure armée du monde. Armes: biologiques (bois et pierres). Morgarten, le lieu de la bataille, est un centre de la culture historique du souvenir et de l’identité de la Suisse. Malgré des faits confus. C’est pourquoi les Zougois ont rapidement érigé un mémorial, une

preuve irréfutable que la bataille s’est bien déroulée ici (!). Ce qui provoqua l’ire des Schwyzois. Ils protestèrent à Berne. Mais le Parlement ne pouvait pas davantage modifier le cours de l’histoire. La préparation de la fête du 700ème anniversaire de cette bataille démontre que les gouvernements cantonaux s’instruisent par l’expérience. Un comité d’organisation commun s’est mis au travail dans le but de coopérer pacifiquement et de faire la fête. Le tir de Morgarten qui a lieu chaque année le 15 novembre sur sol schwyzois et zougois fait partie intégrante de la culture politique de ces deux cantons. C’est ainsi que se tissent des mythes, l’histoire, le souvenir et la culture vivante. De plus, la vallée d’Ägeri forme une magnifique coulisse naturelle. Le tout ensemble signifie: la patrie. ■

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Thomas Maissen

Origine des Helvètes sauvages – l’inventiOn d’un peuple

Au XIVe siècle un grand nombre d’alliances, destinées à garantir la paix dans le pays, sont conclues sur le territoire de la Suisse actuelle. Les villes et les vallées se concertent afin de régler leurs querelles pacifiquement, d’instaurer une entraide judiciaire, d’assurer l’ordre voulu par les seigneurs en place et de sécuriser les voies de communication. Cela donne naissance non pas à une seule Confédération mais à un réseau d’alliances, bilatérales ou multilatérales, d’une durée déterminée ou indéterminée, qui s’étendent en partie loin en descendant le Rhin, jusqu’à Cologne ou dans la région souabe.

Les pactes de paix nationale de ce genre sont nombreux à l’époque. Or, les traités suisses avaient la particularité d’allier des communes urbaines avec des communes rurales et de former des agglomérations territoriales, ce qui leur valait une certaine stabilité: non seulement la Confédération mais aussi les trois Ligues rhétiques aux Grisons et la République valaisanne des Sept-Dizains. La conclusion de tels pactes était possible, car, contrairement à l’espace habsbourgeois et savoyard, les notables et les princes y étaient faibles et ne montraient que peu d’intérêt pour la région pauvre des Préalpes. Mais les aventures guerrières communes et l’exercice de pouvoir étaient également favorables aux unions: les baillages communs des Confédérés, la Valteline aux Grisons, le Bas-Valais. 18

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Nouvelle vision de l’Etat fédéral après l’Ancienne guerre de Zurich Mais ce n’est qu’à la suite d’une violente crise que les pactes fédéraux sont consolidés sur le plan idéologique. Dans le cadre de l’Ancienne guerre de Zurich (1440–1450), Schwyz et les autres cantons obligent Zurich à s’allier plus étroitement par un pacte faisant perdre à la ville du bord de la Limmat le droit de choisir librement ses alliés. Pour la ville impériale de Zurich, la dynastie des Habsbourg est jusqu’alors une solution alternative pour le moins aussi intéressante aux grands paysans et aux entrepreneurs militaires imprévisibles de Suisse centrale. Perception historique commune grâce aux ennemis héréditaires A la fin de l’Ancienne guerre de Zurich, s’impose une perception historique, forgée par la même Suisse centrale, selon laquelle les Habsbourgs sont stigmatisés comme ennemis héréditaires de la Confédération dans son ensemble. Au XIVe siècle l’historiographie n’existe pas encore; et là où elle émerge timidement en 1420, à savoir à Zurich et à Berne, elle se limite à l’étude du passé de ces villes. Un changement intervient durant la deuxième partie du siècle, lorsque la Confédération se transforme en une alliance exclusive fondée sur l’institution permanente de la Diète helvétique et devient aussi avec les guerres de Bourgogne à partir de 1474 temporairement une puissance à l’échelle européenne. Ce n’est que maintenant, mais de manière d’autant plus pressante, qu’on se pose la question suivante: qui sont au fond ces Confédérés? A la recherche des ancêtres Dans une société où la noblesse sert de modèle, la question de l’origine est fondamentale: le degré de noblesse se mesure en fonction du nombre de générations à partir du moment où la famille a obtenu


un titre de noblesse, remontant jusqu’à l’époque de Charlemagne ou de César. Ce modèle se cache derrière l’origine des Schwyzois et des habitants d’Oberhasle: originaires de Suède, ces immigrés auraient apparemment servi l’empereur et le pape contre les Wisigoths durant la grande invasion, raison pour laquelle ils auraient obtenu l’immédiateté impériale et le drapeau rouge baigné de sang avec une croix blanche chrétienne. C’est par cette légende que le nouveau peuple des «Schwyzois» entre pour la première fois dans l’Histoire mondiale en 1460 et qu’il se fait reprocher d’être composé uniquement de paysans révoltés.

un peuple élu Quelques années plus tard, l’Obwaldien Hans Schreiber imagine dans le Livre blanc de Sarnen l’histoire de la libération autour du Schwyzois «Stoupacher» qu’il met en contact avec l’Uranais Tell – une légende scandinave qui a été rendue publique trois décennies auparavant dans le cadre du Concile de Bâle. Il n’était plus question de l’origine des différents cantons, mais de leur lutte de libération commune contre les Habsbourgs érigés également par l’historiographie en éternels ennemis des Confédérés. Les victoires des «Sviceri» (nom donné toujours plus souvent à tous les Confédérés, même aux cantons urbains) sont considérées comme le jugement de Dieu envers son peuple élu. La Suisse originelle dans l’antiquité Les Humanistes font le pas décisif suivant. Ils se réfèrent aux auteurs, tels que César pour découvrir un pays, «l’Helvétie», encore inconnu dans l’Antiquité, dont les frontières recouvrent celles de la Confédération. Libres par nature, les Helvètes auraient été intégrés dans l’empire des Habsbourgs, de l’emprise duquel ils se seraient toutefois libérés:

l’Helvétie aurait retrouvé son état originel et sa liberté, déclare Aegidius Tschudi vers 1560. En particulier les auteurs de Suisse centrale inventent une origine historique commune qui remonte loin dans le temps et créent à partir d’un réseau d’alliances (urbaines) un pays, l’«Helvétie», et un «peuple alpin» (selon les dires du zurichois Johannes Stumpf en1548). ■

Thomas Maissen Geschichte der schweiz hier+jetzt Baden 2010 336 pages, 13 photos format 15,5 × 24 cm, relié ISBN 978-3-03919-174-1

dans son dernier ouvrage intitulé «geschichte der schweiz» (histoire de la suisse,) il décrit, sur la base des résultats des recherches les plus récentes, la fondation de la Confédération suisse, son étonnante continuité, mais aussi les nombreuses failles jusque dans le passé le plus récent. il s’interroge sur la raison pour laquelle la Confédération suisse divisée sur le plan religieux ne s’est pas dissoute pendant la réforme, sur la nécessité de la guerre du sonderbund pour qu’un etat fédéral voie le jour en 1848, sur la raison pour laquelle hitler n’a pas conquis la suisse en juin 1940 et sur la façon dont la suisse se positionne sur le plan international au cours de ce XXi e siècle. Ces dernières années, l’interprétation de l’histoire suisse a non seulement été controversées à l’intérieur du pays, mais elle a aussi été remise en question de l’extérieur. Cet ouvrage, écrit dans un style compréhensible, offre une vue d’ensemble des principales informations mises à l’état actuel des connaissances. il expose l’ordre politique actuel de la suisse, ses difficultés et ses chances dans leur contexte historique. thomas maissen (1962) est professeur d’Histoire contemporaine à l’Université Ruprecht-Karls de Heidelberg. En 2002 il a soutenu sa thèse d’habilitation, intitulée «Die Geburt der Republic. Staatsverständnis und Repräsentation in der frühneuzeitlichen Eidgenossenschaft». Jusqu’en 2004, il a été professeur au FNS à l’Université de Lucerne. De 1996 à 2004, Thomas Maissen a été collaborateur à la Neue Zürcher Zeitung, où il faisait des analyses historiques. Dans ce contexte, il a été appelé à commenter les travaux de la commission Bergier. La PoLitique 9 Novembre/Décembre 2010

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Des petits Valaisans de 9 ans ont répondu à la question suivante:

Comment vois-tu le monde dans 50 ans?

Les voitures voleront. La terre aura changé, toutes les portes seront automatiques, on devra seulement parler pour ouvrir la porte, allumer la lumière, pour fermer et ouvrir la fenêtre. Il y aura des robots ménagers, le GPS sera automatique, l’itinéraire sera aussi automatique, la voiture ira toute seule. Lionel Angela

De grandes maisons, des géants magasins. Il y aura de plus beaux habits. On pourra voler dans l’air. Les choses coûteront moins cher. Camila

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Les bébés auront des antennes. Les hommes et les femmes seront habillés avec des shorts et des T-shirts même en hiver car il fera chaud. Margaux

Simea

L’air sera encore plus pollué, les voitures seront modernes, beaucoup de maisons seront abandonnées. Les habits auront changé. Des hommes sortiront en slip mais ça sera encore rare. Encore plus d’usines qui pollueront la nature. Les gens auront deux têtes ou un œil. Dylan Marika

L’école ne sera pas la même. Les gens ne seront plus habillés la même chose. Il y aura plus de jeux vidéo. Les animaux seront rares. Chloé Chantal

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Anne Seydoux-Christe, Conseillère aux Etats, Membre de la Sous-commission LAHE de la CSEC-E

Nouvelle Loi fédérale sur l’aide aux hautes écoles

Le 30 septembre 2010, le Conseil des Etats (premier conseil) a adopté la nouvelle Loi fédérale sur l’aide aux hautes écoles et la coordination dans le domaine suisse des hautes écoles (LAHE) dans l’indifférence générale, ses débats ayant été occultés par des échanges passionnés au Conseil national relatifs à la protection du loup. Question de priorités… L’espace suisse des hautes écoles La LAHE met en œuvre l’art. 63a Cst (article sur les hautes écoles), accepté très nettement avec les autres articles constitutionnels sur la formation par le peuple et tous les cantons en mai 2006. Selon cet article, la Confédération et les cantons veillent ensemble à la coordination et à la garantie de l’assurance de la qualité de l’espace suisse des hautes écoles (art. 63a al. 3, 1ère phrase). Pour ce faire, la Confédération et les cantons concluent une Convention de coopération dans laquelle ils fixent des objectifs communs et créent des organes communs (art. 6 LAHE). De leur côté, les cantons devront conclure un nouveau concordat sur les hautes écoles. La LAHE est une loi de coordination et d’organisation de l’espace suisse des hautes écoles, et non une loi cadre sur l’enseignement supérieur. Elle remplace la Loi fédérale sur l’aide aux universités (LAU) et la Loi fédérale sur les hautes écoles spécialisées (LHES). Par contre, les lois cantonales sur l’université et les hautes écoles spécialisées et la Loi fédérale sur les EPF restent en vigueur.

Trois organes communs Elle prévoit la création de trois organes communs: la Conférence suisse des hautes écoles, à l’échelon politique, qui siège soit en Conférence plénière (réunissant un membre du gouvernement de chaque canton et un membre du Conseil fédéral), soit en Conseil des hautes écoles (réunissant quatorze membres 22

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des gouvernements des cantons responsables d’une haute école et un membre du Conseil fédéral); la Conférence des recteurs des hautes écoles suisses, à l’échelon académique; le Conseil suisse d’accréditation, organe autonome auquel est subordonnée l’Agence d’accréditation, établissement de droit public non autonome. L’institution de la Conférence plénière doit permettre d’associer tous les cantons aux décisions, notamment à celles d’ordre financier concernant l’ensemble des cantons.

La qualité à long terme Les hautes écoles et les autres institutions du domaine des hautes écoles contrôlent périodiquement la qualité de leur enseignement, de leur recherche et de leurs services et veillent à l’assurance et au développement de la qualité à long terme (art. 27 LAHE). L’accréditation institutionnelle (art. 28 LAHE) est une condition pour le droit à l’appellation (art. 29 LAHE), pour l’octroi de contributions fédérales et pour l’accréditation de programmes, celle-ci étant facultative. Le Conseil suisse d’accréditation statue sur l’accréditation institutionnelle et sur l’accréditation de programmes sur la base d’une proposition de l’Agence suisse d’accréditation ou d’une autre agence suisse ou étrangère reconnue par lui (art. 33 LAHE). Ses décisions ne sont pas sujettes à recours (art. 65 al. 2 LAHE). Coordination entre la Confédération et les cantons L’art. 36 al. 1 LAHE oblige la Confédération à établir conjointement avec les cantons la coordination de la politique des hautes écoles à l’échelle nationale (al. 2) et la répartition des tâches dans les domaines particulièrement onéreux (al.3). Il revient au Conseil des hautes écoles, sur proposition de la Conférence des recteurs des hautes écoles, de définir les domaines particulièrement onéreux et de décider de la répartition des tâches dans ce domaine (art. 40 al. 1 LAHE). Les principes de financement sont énoncés à l’art. 41 LAHE. En adoptant la nouvelle LAHE à l’unanimité (plus six abstentions), le Conseil des Etats a accompli un pas important pour permettre aux hautes écoles suisses d’acquérir et de conserver un haut niveau de qualité et de compétitivité. ■


CarTe bLaNCHe

Politique européenne du centre: suivisme Les élections nationales 2011 laissent planer leurs premières ombres. Le mois passé, les Libéraux-radicaux ont jeté l’adhésion européenne de la Suisse aux orties lors de leur Assemblée des délégués d’Herisau. Les dernières nouvelles du PDC que je lis sur notre site internet nous rappellent à ce sujet que notre pays «doit entretenir d’étroites relations avec l’étranger et avec l’UE. La voie bilatérale empruntée à cet effet a fait ses preuves […] Le PDC a soutenu cette stratégie […] et il a aussi été suivi par le peuple […] Grâce au PDC, la voie couronnée de succès des bilatérales est poursuivie.» Ouf! Nous voilà rassurés… Nous qui avions peur que notre position risque de rappeler le souffle d’ouverture du Congrès de Bâle de 1998 – que l’on ne retrouve d’ailleurs plus sur le site du parti – ou encore qu’elle évoque un éventuel EEE bis, un hypothétique accord-cadre ou encore ne dessine un possible avenir européen pour

Grincheux

notre pays. Quel sot, ce José Manuel Barroso, d’oser déclarer récemment à Genève que nous sommes à bout de souffle dans le bilatéralisme! Ne voit-il pas que cette construction initiée par la démocratie chrétienne – et qui a assuré pendant plus d’un demi-siècle la paix sur notre continent –, va droit dans le mur? Si le peuple nous a suivis depuis 1992, c’est parce que nous avons appris de l’UDC qu’il valait mieux suivre le peuple. Quelle naïveté que de croire qu’un parti politique puisse servir à forger l’opinion. Et pourquoi ne pas continuer dans le suivisme en demandant le retrait de la demande d’adhésion ? Question de battre aux points du populisme les Libéraux-Radicaux et tenter de récupérer notre siège au Conseil fédéral. Et après? Nous attendrons que le peuple soit prêt à ouvrir un débat sur l’adhésion. Nous suivrons … pour qu’il nous suive. –Raymond Loretan

Je suis le premier à soutenir la prévention de l’alcoolisme chez les jeunes. Mais là, on pousse quand même le bouchon un peu trop loin! Les élèves de Suisse romande ont reçu la toute dernière édition de leur livre de cuisine qui a été modifié et adapté à la version en allemand. Ce livre étant destiné à des adolescents, l’alcool a été totalement banni de la cuisine. On ne tient plus compte des goûts et traditions culinaires des régions. Certaines recettes ont été revisitées comme par exemple la fondue qui ne se fait plus avec du vin blanc mais avec du cidre sans alcool. Je suis assez sceptique… et le petit verre de kirsch pour faciliter la digestion? D’autres plats comme le jambon au madère, le coq au vin ou les poires au vin rouge ont tout simplement disparu car on n’a pas trouvé de substituts! Comme il n’est pas bon de manger trop de sucre, faut-il s’attendre à ce que la crème brûlée, la confiture, la mousse au chocolat disparaissent bientôt des livres de cuisine. Et qui disait que manger est un réel plaisir? La PoLitique 9 Novembre/Décembre 2010

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La crèche bernoise

Ar bi riv en e tô t

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Jacques Neirynck, Conseiller national

Le MoNoTHéISMe eST-eLLe La BoNNe HyPoTHèSe MéTaPHySIQue Pour faIre De La reCHerCHe SCIeNTIfIQue? «LA FOI ET LA RAISON SONT COMME DEUx AILES qUI PERMETTENT à L'ESPRIT HUMAIN DE S’éLEVER VERS LA CONTEMPLATION DE LA VéRITé.» jeaN-PauL II

Pour répondre à cette question essentielle et existentielle, il vaut la peine de revenir au texte fondateur du monothéisme, la Tora de Moïse. Dès le premier chapitre de la Genèse, Dieu, le créateur établit dans le ciel deux luminaires pour éclairer le jour et la nuit. Or, voici trente siècles à l’époque de l’élaboration de ce texte, le Soleil et la Lune étaient divinisés au sein de l’animisme, qui dominait le bassin méditerranéen. A l’époque, il ne fut pas banal de concevoir un Créateur et une création distincte, de souligner que les astres sont des objets et non des êtres d’une essence supérieure.

La volonté de plusieurs dieux L’ennui avec le polythéisme, c’est que les phénomènes naturels – saisons, tempêtes, éruptions, récoltes – reçoivent une explication magique. Ce qui se passe résulte de la volonté d’un dieu parmi d’autres. Dans certains cas, les dieux ne sont pas d’accord entre eux et transposent leur conflit sur Terre. Cela explique le comportement souvent chaotique et aléatoire des phénomènes naturels. Il ne vient à l’idée de personne de chercher des lois naturelles, expression d’un ordre universel, puisque le désordre est la règle et que son explication est d’origine divine. une réalité cohérente En revanche, dans le monothéisme d’origine juive, la réalité existe. Ce que nos sens nous révèlent n’est pas le fruit de notre seule imagination. Ce n’est pas un univers des apparences comme l’affirment la plupart des religions de l’Orient. De plus, cette réalité est voulue par un seul Dieu et elle est donc cohérente. Mais elle ne possède pas la perfection du Créateur, parce qu’elle en est distincte. Elle n’est pas davantage dualiste en ce sens qu’elle procèderait de combats entre deux divinités, l’une créatrice, l’autre destructrice comme dans l’hindouisme. En d’autres mots, le judaïsme a trouvé les bonnes hypothèses métaphysiques pour fonder l’entreprise scientifique. En effet, ce monde, créé par un seul Dieu, est soumis à une seule règle. Il n’est pas partagé entre une sphère céleste, lieu de

toutes les perfections, et une Terre, lieu de toutes les grossièretés, comme le supposaient les philosophes grecs. Il faudra attendre le douzième siècle pour que cette intuition métaphysique trouve son expression achevée grâce à Pierre Abélard, professeur à Paris. Il énonce le principe, banal de nos jours, selon lequel il existe des lois naturelles, qui permettent à l’univers de fonctionner, sans l’intervention perpétuelle de Dieu.

Les postulats de la Tora A travers l’inconscient collectif du monde judéo-chrétien, les postulats métaphysiques qui sont implicites dans la Tora ont fini par être explicités après plus d’un millénaire tandis que les autres civilisations stagnaient dans leurs interprétations traditionnelles. Ces postulats de la Tora définissent une fondation pour la recherche scientifique, qui n’est ni contraire à la foi, ni déraisonnable. Avant même de se mettre à chercher, il faut être convaincu qu’il y a quelque chose à trouver. Que veut la nature? Une fois qu’une loi naturelle a été découverte, il devient possible de s’en accommoder au mieux en l’utilisant pour préserver ou améliorer la sécurité et le confort des hommes. On ne commande à la Nature qu’en lui obéissant. Mais encore faut-il savoir ce qu’elle veut. Est-elle l’expression de la volonté d’un seul Créateur infiniment bon ou bien le champ de bataille d’une cohorte de dieux mesquins et méchants? Le développement technique de l’Occident est paradoxalement le résultat d’une confiance fondamentale envers la Nature et son Créateur. Ainsi, contrairement au préjugé commun d’un conflit frontal entre croyance et science, on doit comprendre que la foi en un Dieu unique est la condition préalable à toute entreprise scientifique. L’histoire l’a du reste démontré: ni la civilisation grécoromaine, ni l’empire de Chine, ni l’hindouisme n’ont constitué des terreaux fertiles pour l’élaboration d’une science expérimentale. En revanche juifs, chrétiens et musulmans en ont été les acteurs décisifs. ■ La PoLitique 9 Novembre/Décembre 2010

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Soins aux personnes âgées: de nouvelles voies d’accompagnement des familles s’imposent! Chacun jette un regard rétrospectif sur l’histoire de sa propre famille. Nombreux sont celles et ceux qui ont des enfants, frères et sœurs, parents, voire même des grands-parents. Nombreux sont celles et ceux pour qui la solidarité réciproque et le principe de donner et recevoir à l’intérieur du cercle familial élargi est une évidence.

De précieuses relations intergénérationnelles En raison de l’augmentation de leur espérance de vie, les personnes âgées disposent de plus en plus de temps à investir dans leurs familles et dans la communauté. Elles soutiennent activement la génération suivante et lui rendent de précieux services que ce soit en lui apportant une aide financière pour fonder une famille ou en s’occupant régulièrement des enfants en bas âge. Néanmoins arrive le moment où ces personnes âgées se voient restreintes dans leur engagement et leur mobilité et où elles ont à leur tour besoin d’aide.

Pas seulement indépendants et mobiles D’une part les personnes âgées se soutiennent mutuellement. Ainsi presque un tiers des hommes âgés assument la responsabilité des soins apportés à leur partenaire et de très nombreuses femmes vivant en couple soignent leur conjoint. D’autre part, une large majorité des membres de la génération suivante leur apportent très souvent un soutien inestimable, en leur prodiguant des soins et en les encadrant. Même si les hommes s’engagent aussi, ce sont principalement les femmes qui se dévouent pour ces tâches, soit en réduisant leur activité professionnelle, soit en y renonçant complètement. En sachant que la grande majorité des personnes âgées sont prises en charge et soignées par leurs proches, (seule une personne sur cinq passe le soir de sa vie dans un home ou un foyer 26

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médicalisé), nous devons exiger une politique générationnelle volontaire et ciblée. Il est évident qu’à l’avenir la plupart des personnes âgées souhaiteront aussi être prises en charge à la maison par les membres de leur famille. Ce faisant elles oublient souvent leurs proches, leur partenaire ainsi que leurs propres enfants adultes qui se chargent de cet accompagnement et de ces soins. Il n’est pas rare que ces personnes fassent de grands sacrifices qui souvent vont au-delà de leurs capacités. Nous ne pouvons pas continuer à les faire porter cette double charge. C’est pourquoi nous devons privilégier les deux voies suivantes: D’une part, il faut renforcer les possibilités d’allègement afin que les proches soignants puissent se reposer et pour éviter qu’ils ne tombent malades à leur tour suite à une surcharge de travail. Toute personne soignante devrait avoir droit annuellement à 7 jours à 24 heures pour vraiment se ressourcer. Cette solution augmenterait certes la charge des services d’aide et de soins à domicile qui devraient assumer ce soutien, mais elle aurait aussi pour conséquence de permettre aux bénéficiaires de soins et aux soignants de prolonger le séjour à la maison ce qui réduirait considérablement les frais de home médicalisé pour les familles concernées, de même que pour les communes et les cantons. D’autre part, lorsqu’à l’avenir nous parlerons de conciliation, nous ne devrons pas seulement considérer la compatibilité entre vie de famille (avec enfants) et profession mais également rendre la politique et les entreprises plus attentives à cette conciliation entre activité professionnelle et soins prodigués à la famille, car il s’agit de trouver un meilleur équilibre dans le futur. De fait une société humaniste et respectueuse de la dignité humaine ne peut être conçue sans relations intergénérationnelles et interfamiliales. Nous avons tous besoin de réseaux stables qui nous offrent soutien et sécurité. Des réseaux sur lesquels nous pouvons compter. C’est pourquoi il importe que nous disposions de plus de temps pour notre famille, plus de temps pour soigner nos proches! ■ –Lucrezia Meier-Schatz, Conseillère nationale


Armée – évolutions et changements

La première armée nationale a été fondée en 1798 sous la République helvétique. Déjà à l’époque, l’armée accomplissait des engagements à l’étranger, puisque la Suisse était obligée de mettre quelque 18’000 mercenaires à la disposition de la France. En Suisse, les troupes étaient appelées à intervenir en particulier contre les cantons rebelles.

En 1815, la Suisse a été reconnue comme un pays neutre par les grandes puissances. Deux ans plus tard, la création d’une armée fédérale a été décidée tout comme l’introduction du principe de milice. La taille de l’armée a été fixée à 32’880 hommes. Les cantons devaient mettre à disposition deux personnes pour cent habitants. Les recrues étaient sélectionnées par tirage au sort, mais elles pouvaient aussi s’acquitter de leurs redevances ou proposer un remplaçant. En 1850, l’organisation militaire a défini les obligations militaires générales et l’effectif de l’armée a été augmenté à 100’000 hommes. En 1874, celui-ci a passé à environ 215’000 hommes dans le cadre d’une nouvelle modification. Au tournant du siècle, les corps des officiers et les milieux politiques ont connu des tensions au sujet du développement ultérieur de l’armée, notamment en ce qui concerne la professionnalisation du corps des officiers et la formation des citoyens à la fonction de soldat. Les partis ouvriers luttaient contre l’armée parce qu’elle intervenait contre les travailleurs en grève. Ces tensions furent aussi perceptibles pendant la Première Guerre mondiale, en particulier lors de la Grève générale de 1918. Ce n’est que suite à la détérioration de la situation internationale en 1936 que les combats de tranchées

entre les partis de droite et les partis ouvriers ont pu être réglés. A la suite de la Seconde Guerre mondiale, l’armée suisse a été dotée d’équipements conséquents et de nouvelles unités ont été créées dans le cadre d’Armée 61. En raison du prolongement de la durée du service militaire, l’effectif de l’armée a même atteint les 880’000 hommes. Après la chute du mur de Berlin, l’ennemi de l’Est n’était plus redouté et la première votation sur la suppression de l’armée a été lancée. La proportion de OUI a atteint les 36%. A la suite de la réforme de l’Armée 95, la limite de l’âge de servir a été fixé à 42 ans et l’armée a été réduite à 400’000 hommes. En 2003, le peuple a pu s’exprimer sur la réforme de l’Armée XXI, à la suite de quoi l’effectif de l’armée a été ramené à 120’000 hommes affectés dans des formations actives et à 80’000 réservistes. Aujourd’hui, en 2010, nous avons en main le rapport de l’armée qui se base sur un effectif de 80’000 hommes, qui tient compte de l’évolution démographique de notre population et qui définit également les nouvelles missions de l’armée. Si nous tenons compte de la modification du contexte dans lequel les risques peuvent survenir aujourd’hui ainsi que de la coopération au sein du réseau de sécurité et si nous sommes appelés à définir l’exigence de l’armée du futur, nous pouvons nous attendre à des débats passionnants. Nous devons aborder les questions liées aux attentats et à la guerre de l’information. Il n’est plus possible de faire face à ces nouvelles menaces avec une immense armée. Des armes et des infrastructures IT modernes doivent être mises au point. Tout comme par le passé, l’armée suisse sera appelée à relever des défis à l’avenir. ■ –Ida Glanzmann-Hunkeler, Conseillère nationale

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Le GrOupe parLemeNTaIre feDeraL

Aperçu de la session d’hiver Chaque année, le budget et les fêtes en l’honneur des nouveaux présidents des deux Chambres du Parlement figurent au programme de la session d’hiver. Au début décembre, nous aurons le plaisir de fêter le Conseiller aux Etats Hansheiri Inderkum du Canton d’Uri qui accèdera à la présidence de la Chambre des cantons. La loi sur la poste et la loi sur l’organisation de la Poste donneront lieu à de vives discussions et les deux Chambres débattront par ailleurs de la politique européenne de la Suisse. Le Conseil national se penchera sur la 6 ème révision de l’AI pendant que le Conseil des Etats définira les principaux éléments des modèles de réseaux de soins intégrés dans le cadre de l’assurance-maladie. La loi sur la poste arrive au terme du processus parlementaire. Alors que le Conseil fédéral voulait ouvrir intégralement le marché des lettres en modifiant la loi, les Chambres ont opté pour une autre voie. Aujourd’hui, il n’y a aucune urgence à ouvrir le marché postal mais il est important de garantir de bonnes prestations dans toutes les régions de notre pays. La première série de mesures prévue dans le cadre de la 6e révision de l’aI poursuit deux objectifs principaux: tout d’abord, des mesures contribuant de façon déterminante à la consolidation financière de l’AI seront introduites. Cette révision vise également à instaurer une contribution d’assistance pour favoriser l’autonomie et la responsabilité propre des personnes avec un handicap. La commission préparatoire du Conseil national prévoit d’introduire un quota pour les entreprises employant plus de 250 personnes qui devraient réserver un pour cent de leurs postes de travail aux personnes handicapées. Dans le domaine de l’assurance-maladie, les assureurs disposeront d’un délai de trois ans pour offrir des modèles de réseaux de soins intégrés. Ils auront la possibilité de prévoir une 28

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Dictionnaire du représentant du peuple Tourné vers l’avenir loc. signifiant axé sur le futur, antonyme: tourné vers le passé. Dans le langage politique, on parle de stratégies, de program­ mes, de concepts, de solutions voire même de développements tournés vers l’avenir. Des lapalissades! Connaissez­vous un pays qui élabore des stratégies, des programmes ou des concepts tournés vers le passé? En général, les partis politiques se disent eux aussi tournés vers l’avenir et vers la recherche de solutions. Et pourtant des exemples récents montrent que nous avons en Suisse des partis tournés vers le passé, qui refusent les changements et les adap­ tations, notamment lorsqu’il s’agit d’assainir nos assurances sociales ou de redéfinir les missions de l’armée.

durée contractuelle d’au moins trois ans pour les assurés qui rejoignent un réseau de soins intégrés. La participation aux coûts à la charge des assurés affiliés à un réseau de soins intégrés serait de 5% (maximum 500 francs) alors que pour les autres cette quote-part se monterait à 15% (maximum 1000 francs). ■ –Alexandra Perina, Secrétaire politique du Groupe


Le COIN CuLTureL

Le rêve de voyager, Le Bonheur d’arriver Alain de Botton est connu pour sa capacité de présenter dans ses livres une philosophie à usage quotidien sans pour autant qu’elle devienne banale. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter son site www.alaindebotton.com, où il expose son école de vie. Dans son dernier ouvrage, «Une semaine à l’aéroport», il décrit la semaine qu’il a passée en résidence d’écriture à l’aéroport de Heathrow. L’intérêt philosophique de ce livre n’est sans doute manifeste que pour les personnes qui sont non seulement fascinées par l’ambiance des aéroports, par les voyages et les avions ainsi que par les prouesses humaines grâce auxquelles le miracle technologique du vol apparaît aujourd’hui une évidence, mais qui arrivent encore à s’en étonner malgré cette certitude. Les aéroports sont des univers particuliers. De Botton est d’avis que dans un monde marqué par les chaos et dérèglements, ces lieux sont des refuges dignes et fascinants d’élégance et de logique. L’aéroport serait un centre imaginaire de notre culture. Il permettrait d’expliquer de façon exemplaire à un extraterrestre les grands sujets de notre civilisation allant de la croyance au progrès technologique à la destruction de la nature en passant par la globalisation et le romantisme. Des thèmes qui parlent à l’homme qui voyage. Dans cet ouvrage, l’auteur réalise des petites études brillantes ainsi que des esquisses de personnages et de situations drôles, touchantes et fascinantes: Willy Walsh, le chef du comité de British Airways, tourmenté par des pertes quotidiennes de 1,75 millions d’euros, se réjouit néanmoins comme un gamin de l’acquisition de douze nouveaux A380, par pure passion pour le vol. L’aumônier de l’aéroport pousse un soupir résigné parce que la plupart des gens ne lui demandent pas de l’aide spirituelle mais seulement de leur indiquer où se trouvent les toilettes. Certains destins sont mis en lumière, lorsqu’Ana-Marie, une femme de ménage qui autrefois en Transylvanie avait été la meilleure de sa volée au conservatoire, raconte que sa famille croit qu’elle est une cantatrice classique de renom en Occident. De Botton ne prend jamais un ton moralisateur, même lorsqu’il parle de l’accès de colère d’un passager ayant raté l’enregistrement et à qui il recommande de lire le stoïcien Sénèque. Si vous aimez les aéroports et les voyages en avion, vous en comprendrez la raison sur une toile de fond philosophico-littéraire. ■ (gp)

Speakers Corner

Cher Christian, Depuis votre dernier Congrès, je ne comprends plus rien. Le PS voulait une armée moderne. Désormais, il veut l’abolir. Le PS voulait renforcer la sécurité au quotidien. Désormais, il s’en désintéresse et ferme les yeux sur la criminalité. Vous vouliez les bilaté­ rales. Désormais, vous proposez une adhésion à l’UE sans condition. Et puis, un mois après avoir clamé votre volonté de gouverner en bonne concordance, vous sifflez en public ceux qui dé­ fendent la position du Conseil fédéral, alors que votre deuxième Conseillère fédérale, toujours aussi collégiale, se livre à une diatribe primaire, anti centre­droit aussi fausse et déplacée que calomnieuse. A force de défendre des positions extrêmes, d’alliances contre nature avec l’UDC, d’échecs successifs, il n’est pas très étonnant que vous vous sentiez de plus en plus marginalisés. Les exemples sont légions : l’AVS, l’assurance maladie, la rémunération des top managers, l’expulsion des criminels… Seuls les Verts réussissent l’exploit de vous dépasser par la gauche. Pourquoi lâchez­vous votre nouvelle Conseillère fédérale à la première occasion? Lorsqu’elle veut serrer la vis en matière d’intégration et de crimi­ nalité, elle a raison. Ouvrez les yeux! Le PS est le seul responsable de sa propre margi­ nalisation. Le PS est de plus en plus déconnecté des attentes de la population et des intérêts du pays. Que veux­tu? Voulez­vous encore gouverner ou réduire votre influence à celle d’une simple filiale d’UNIA ou du GSSA? Avec mes cordiales salutations Christophe Darbellay

Alain de Botton une semaine à l’aéroport. Flammarion, Paris, 2010. La PoLitique 9 Novembre/Décembre 2010

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«Cyber…-GLOssaIre» le mot cyber très à la mode aujourd'hui vient du mot grec Kubernetike signifiant «gouvernail» et il était utilisé par la marine dans l'antiquité. C'est grace au livre de norbert Wiener intitulé «Cybernetics ou controle et communication dans l'animal et la machine» publié en 1948 et décrivant l'art de la régulation par rétroaction que ce mot est passé de l'antiquité au monde moderne. nous trouvons de nombreuses applications de ce principe dans notre vie quotidienne allant des chauffages et des installations frigorifiques régulés au pilotage automatique des avions en passant par la régulation du trafic. Dans les années 70, la Control Data Corporation a mis sur le marché une série de grands ordinateurs sous le nom de «cyber»; le lien avec le monde digital était fait.

CyberespaCe

Ce terme est généralement utilisé pour définir tout ce qui se trouve sur Internet. Si l’on veut être précis, le cyberespace se limite à ce que l’on ne peut pas toucher dans le monde virtuel et qui se fait au moyen d’un ordinateur ou de sa connexion. William Gibson est le premier à avoir utilisé le terme de cyberespace en 1984 dans son livre Neuromancer. Ce livre est un classique de la science-fiction qui a été traduit dans de nombreuses langues dans lequel il définit le cyberespace comme «l’hallucination collective dans laquelle les humains de toute la planète se rencontrent, conversent et échangent des informations».

Cyberjeux

Ou plus précisément mmOrpG (Massively Multiplayer Online Role-Playing Game – en français les jeux de rôle en ligne massivement multijoueurs): ces jeux illustrent tout à fait l’idée à l’origine du cyberespace. Des dizaines de milliers de joueurs participent parfois simultanément à ces jeux – comme «Second Life» – au cours desquels ils tiennent des rôles virtuels, font du commerce entre eux, se combattent, s’aiment, construisent des villes ensemble ou plongent au fin fond du cosmos. Toute la fantaisie humaine trouve sa place dans ce monde virtuel.

Cyberbullying

Ou cyberintimidation: il s’agit du harcèlement à l’encontre d’autres personnes perpétré par le biais de moyens de communication électroniques tels que les chats, les courriels, les SMS ou les réseaux sociaux. Il peut même aller jusqu’à la diffusion ciblée, dans l’entourage de la victime, d’images truquées ou intimes montrant cette dernière dans des situations embarrassantes voire dégradantes. 30

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Cybergrooming

Ce terme est utilisé pour définir les contacts que prennent les pédophiles majeurs avec des enfants ou des jeunes au travers d’Internet. Au début, les harceleurs se font généralement passer pour des enfants afin de mettre en confiance leur future victime dans l’objectif de passer du contact virtuel au contact réel.

Cyberguerre

Ce mot désigne une action belliqueuse menée grâce à la technologie de l’information. Souvent, on utilise aussi cette définition pour qualifier des actions généralement hostiles menées contre des infrastructures: espionnage, propagande, sabotage. En juillet 2010, le ver informatique «Stuxnet» a été découvert: pour la première fois, un programme ne sert pas seulement à espionner mais il peut aussi manipuler et reprogrammer le système des centrales électriques. Ce ver informatique avait déjà envahi de nombreux pays et infecté des dizaines de milliers d’ordinateurs avant qu’on le découvre.

Cyberfutur

Il est difficile de le prévoir. Une seule certitude, jusqu’à présent toutes les prévisions au-delà de deux ans étaient peu fiables. IBM n’est pas devenu le gouverneur mondial décrit dans le roman d’Orson Well (1984) et au milieu des années 90 Bill Gates était convaincu qu’Internet resterait un réseau destiné à un cercle restreint d’utilisateurs. Par contre, l’avenir du préfixe « cyber » est plus clair. Alors que dans les années 90 il était en vogue chez les jeunes et les journalistes, aujourd’hui il est surtout utilisé par les juristes, les conseillers en sécurité et les politiciens. –Tim Frey


IL Y a 40 aNs… …que le Parti démocrate-chrétien suisse a été fondé. C’est lors de l’assemblée des délégués qui s’est tenue le 12 décembre 1970 à Soleure que le Parti conservateur-chrétien a opéré un changement de nom pour le moins spectaculaire et qu’il est devenu le Parti démocrate-chrétien en s’inspirant de la grande lignée des partis démocrates-chrétiens européens. Ce même jour de décembre 1970, le parti a adopté des nouveaux statuts pour devenir un parti de membres alors qu’auparavant il était un simple parti-cadre. Et enfin, le PDC a donné une nouvelle orientation à son programme et à son action politique. Le PDC devenait la force politique du centre, une position que le parti occupe encore aujourd’hui. Bon anniversaire au PDC suisse qui va souffler ses 40 bougies le 12 décembre 2010! (ym)

PDC Responsable administratif (h/f) Secrétariat général Parti du centre moderne, le PDC assume des responsabilités au niveau des communes, des cantons et de la Confédération. Il développe des solutions qui, dans le consensus politique, débouchent sur de solides majorités. Il met l’accent sur les résultats et pas seulement sur les déclarations. Cette politique est exigeante. Il est aussi exigeant d’apporter un soutien administratif efficace à ce travail de fond, à l’organisation de cette activité et à la collaboration entre toutes les instances et groupements du parti. Les maîtres-mots sont coordination, organisation, administration, mise en réseau et planification. Une logistique efficace est indispensable pour mener des campagnes avant les élections et les votations et pour organiser des manifestations. Il est aussi important d’entretenir les contacts existants et d’en créer de nouveaux ou encore de soutenir les différents départements dans leur travail – planification des ressources et financement. En tant que

Responsable administratif (h/f) vous êtes responsable des services centraux, à savoir logistique/administration, personnel, marketing/collecte de fonds. Avec votre équipe, vous vous considérez comme un prestataire interne et externe de services. Vous êtes en quelque sorte responsable du travail non politique du parti et vous créez les meilleures conditions-cadres possibles

www.pdc.ch

pour que celui-ci puisse travailler efficacement et concrétiser ses projets. Nous voyons à ce poste une jeune femme/ un jeune homme ayant une solide formation (économie, économie d’entreprise, organisation), le goût de la coordination et diverses expériences en matière d’organisation. Vous vous voyez comme une personne faisant preuve de discrétion qui souhaite travailler en arrière-plan, apporter son soutien aux autres et trouver des solutions. Il s’agit d’un rôle que vous avez déjà tenu et dans lequel vous avez pu faire avancer les choses. Issu de la génération digitale, les possibilités IT vous sont familières. De plus, vous avez le sens du marketing : vous voyez les opportunités et les saisissez ! Et ça vous tente de travailler dans la Berne fédérale. Ce qui signifie aussi que vous vous intéressez à la Suisse, à la politique et aux gens. Et vous pouvez vous identifier aux valeurs du PDC. De très bonnes connaissances d’allemand et de français sont indispensables à ce poste. Entrée en fonction : 1er février 2011 ou à convenir. Personnes de contact : Jörg Lienert René Barmettler Jörg Lienert AG Unternehmensberatung in Personalfragen Hirschmattstrasse 15, Case postale CH-6002 Lucerne Tél. 041 227 80 20 luzern@joerg-lienert.ch

COURRIER DES LECTEURS Dans sa rubrique «Sans appel» parue dans le nu­ méro 8 de La Politique (p. 13) Marianne Binder dénonce la difficulté à comprendre des textes lorsqu’on cumule la forme masculine et féminine. Alors que les Aléma­ niques féminisent systématiquement toutes les ex­ pressions désignant des personnes ou des fonctions, les Romands optent en général pour la forme mascu­ line. Réaction d’un lecteur de langue allemande: «Quand Marianne Binder considère qu’il s’agit d’une construction, d’une contorsion de l’écriture, je trouve qu’elle porte un regard indulgent. Pour moi, cette manière d’écrire est une mise à mal de notre langue. (…) Est­ce que nos cantons romands disposent de bureaux de l’égalité chargés d’appliquer le «prin­ cipe de l’intégration de la dimension de genre»? Sur la notice d’un médicament, j’ai pu lire: «Pour de plus amples renseignement adressez­vous à votre médecin ou à votre pharmacien» alors qu’en allemand il était conseillé de s’adresser à «Ihren Arzt, Apotheker oder Drogist, bzw. Ihre Ärztin, Apothekerin oder Drogistin». Je constate qu’en Suisse romande les offices se can­ tonnent aux vrais problèmes. Félicitations!» Guido Huwyler, Binningen Votre avis nous intéresse. Envoyez-nous vos lettres de lecteurs à LA POLITIQUE, Case postale 5835, 3001 Berne ou redaktion@die-politik.ch ou commentez un article paru récemment sur notre site Internet www.la-politique.ch.

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Le nouveau Commentaire romand LLCA. À sa place dans chaque étude d’avocats. www.helbing-shop.ch


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