Quart d'heure pour l'essentiel 2015

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TOUR DU MONDE Comment ils fêtent Noël > Pages 14-15

La fête, les amis... qu’est-ce qui nous rend heureux?

s n i a t r e C . l a n r u o j u d e v i t ni fi é d n o n n o i r e g Vers n a h c e r o c n e t n o v s t n e élém Tina Weiss : Plus de joie que lors des nuits endiablées > Page 20

Oh Happy Day Les origines d’un hit gospel planétaire > Page 6

Eric-Emmanuel Schmitt «Tout le monde peut rencontrer Dieu» > Page 10


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Merci de parrainer une actrice de transformation de notre hôpital au Népal

IMPRESSUM Quart d’heure pour l’essentiel est coédité par Alliance Presse et Jeunesse en Mission. Le titre Viertelstunde für den Glauben, son pendant en allemand, a été lancé par le Réseau Evangélique Suisse en 2003. Alliance Presse, groupe de presse protestant évangélique franco-suisse, édite sept magazines «bons pour la foi». Jeunesse en Mission est engagée dans la formation chrétienne, l’annonce de l’Evangile et l’aide humanitaire. Le Réseau Evangélique Suisse, organisation faîtière des protestants évangéliques en Suisse, soutient la parution de Quart d’heure pour l’essentiel.

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SPÉCIALISTE CLÉS & SERRURES IMPRESSUM Quart d’heure pour l’essentiel est un journal de grande diffusion qui paraît de façon ponctuelle. Existe depuis juin 2006 Il constitue un hors-série du Christianisme Aujourd’hui.

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TIRAGE 150 000 (version française) EDITEURS : Alliance Presse/Jordi SA, Jeunesse en Mission. RÉDACTION Markus Baumgartner, Claire Bernole, Jérémie Cavin, Thomas Hanimann, Joëlle Lehmann, Nadège Leuba, AnneCharlotte Mancebo, Gaëlle Monayron, Sandrine Roulet, Christian Willi. GRAPHISME Concept : Denis Simon, Création AG, Maquette : Alliance Presse, Aubonne IMPRESSION Espace Mittelland, Berne ADRESSE DE COMMANDE : www.quartdheure.info info@quartdheure.info

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ÉDITORIAL

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Fête... et fête

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Vous avez envie de faire la fête ? Ou au contraire vous êtes lassé d'aller au bout de la nuit sans être pleinement rempli, épanoui ? Quart d'heure pour l'essentiel, c'est le journal qui s'intéresse aux questions existentielles. Vous, nous, tout le monde souhaiterait vivre une succession de happy days. Tous, nous aspirons au bonheur, à la joie et à la paix. Or, dans la vraie vie, il ne suffit pas de vouloir pour que cela se produise. Pourquoi ? En vous proposant des portraits, des interviews et témoignages, l’équipe de rédaction de Quart d’heure pour l’essentiel souhaite partager avec vous les expériences forcément toutes uniques de femmes et d'hommes qui ont réfléchi à ces questions. Ils n'ont sans doute pas trouvé toutes les réponses, mais ils cheminent et ont été d'accord d'en parler dans ces colonnes. Certains sont croyants, d'autres non. Par ce journal qui vous est offert à l'approche de la fête de Noël, l'équipe de rédaction espère contribuer modestement à susciter votre réflexion et peut-être même à entrouvrir le portail d'un chemin nouveau. Ils sont nombreux à avoir trouvé davantage qu'une excitation éphémère: un sens à l'existence, une paix intérieure. Nous espérons que vous aurez bien du plaisir à découvrir cette nouvelle édition et qu’elle vous enrichira ! La rédaction

n o n n o i vers itive n fi . l é a d n r u o j u d s n i a t r e s C t n e m e é r o él c n e t n o v r e g n a h c

rts-philippe christin

Pourquoi ce journal ?


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SOCIÉTÉ

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« Un jour de fête

David, gros fêtard, grand insatisfait de la vie

Vécu. Petit-fils et fils de musiciens célèbres, David Reinhardt était un «fêtard est un jour mané». Il a failli y laisser son couple, mais son épouse a fait preuve d'une grande gique, hors du La fête, on pourrait dire prédécesseurs. Lorsque son périences: la drogue en fait en tournée, soit il fait la temps, avec des bringue avec ses copains. qu’il l’a dans le sang, David père décède brutalement, il partie. échanges et de «Cela a été une claque de déReinhardt. Même s’il n’a pas est sollicité pour lui rendre la chaleur. C'est connu son grand-père, le cé- hommage dans de grandes Une épouse très patiente couvrir comment il voyait la lèbre jazzman Django Rein- salles de spectacles, même Début 2010, David vie, un choc quand il m’a dit un jour partagé hardt, ce dernier a été un s’il n’est alors épouse Lady, qu’il voulait suivre l’exemple entre proches, modèle pour lui. Son père qu’adolescent. la fille d’un de son père et grand-père». où l'on nourrit Babik également, lui qui a eu Bientôt, David pasteur tziga- Lorsque David voyage pour «Boire était voyage aux une «carrière» dans le grand Toutefois, ses concerts, Lady apprend nos liens. culturel, tant ne. banditisme avant de se con- quatre coins du il n’est pas ses frasques par le biais de Parmi les fêtes dans mon sacrer à la guitare. «C’était un monde. Conprêt à renon- Facebook et découvre nomarquantes, que peuple que dans cer à son train tamment que bien des bon vivant, un grand sé- vaincu j'aime bien Noël. ducteur, un homme que beau- c’est en goû- mon métier. de vie pour femmes s'intéressent à lui. La coup enviaient», détaille le tant à tout et en elle. Très épri- dépendance de David à Chaque année, C’était un faisant les quatrentenaire. se de son Da- l’alcool n’arrange rien à la sije retrouve l'eftre cents coups vid, la jeune tuation. Il a commencé à alcoolisme qu’il aura le Sur les traces de papa femme se dit boire à quinze ans, pour ne fervescence de festif» même chariset grand-papa que l’amour plus arrêter: «C’était culturel l'enfance, la Lui aussi musicien, David me que son peut tout sur- autant dans mon peuple que réjouissance de n’a alors qu’une envie: suivre père et son grand-père, il est monter. Mais elle déchante dans mon métier, un alcoolispartager rires et les traces de ses illustres partant pour toutes les ex- rapidement. Soit David est me festif», explique-t-il. petits plats, la joie de se réunir et de se souder, le temps d'une soirée. »

Pour moi, faire la fête,

Liza Mazzone, benjamine du nouveau Parlement suisse et présidente des Verts genevois

Mathieu, 26 ans

Lorsque je pense à la fête, je vois tout de suite beaucoup de monde et spécialement des gens que j’aime. J’entends des rires, de l’excitation... Si l’on met de côté pour un court instant nos soucis, querelles et rancœurs, cela peut aider à ce qu’une fête soit réussie... Il y aura d’autres moments pour régler tout ça! Noël? J’aime trop! Mais je sais que c’est très lié avec la

bonne ambiance familiale. Avec 28 petits-enfants au total, la fête de Noël dans ma famille, c’est l’animation garantie! Nous attendons cette fête avec impatience. Cela crée une atmosphère chaleureuse dès que l’on se voit. Le fait de revoir du monde que l’on a appris à connaître, avec qui l’on a passé du temps, procure du plaisir à se retrouver pour une même cause. Et du coup, on peut tout à fait faire la fête ensemble.

Loïc, 22 ans

Mes attentes pour une fête? Qu’elle soit belle! Pour cela, il faut que je sois avec des personnes que j'apprécie. Que ce soit un moment de détente et de partage entre

Lego et je me suis retrouvé avec un aéroport quelconque. J’étais un petit peu déçu... Noël permet de se retrouver avec toute la famille et puis de partager autour d’un repas. C’est une fête où les autres passent en premier.

amis ou en famille. Il n’y a rien de plus important. J’aime bien Noël, parce que mine de rien, cette fête symbolise la naissance du Christ. Si en plus il y a de la neige et tout le reste, c’est cool. Pour moi, Noël est aussi un moment qu’on attend tous les ans depuis qu’on est gosse. Je me souviens par exemple d’un Noël que j’ai vécu quand j’étais tout petit. J’avais demandé au père Noël le château d’Harry Potter en

Johanna, 26 ans

Au cours d’une fête, j’aime m’amuser... et puis passer de bons moments entre amis, avec des gens positifs et qui savent rigoler. J’aime aussi écouter de la bonne musique


VÉCU

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Marche ou crève! Pendant deux ans, Lady supporte cette situation, mais finit par glisser dans l’anorexie et la dépression. Aujourd’hui, David ne nie pas: «J’étais un grand égoïste. Pour moi, c’était “marche ou crève”». Lady se confie à sa

belle-mère, qui lui conseille la séparation. Mais Lady aime encore son mari et cultive l’espoir; elle ne veut pas envisager cette option. Au plus profond de son malêtre, elle cherche le secours auprès de Jésus-Christ. Enfant, elle a été élevée dans la

, c’est... et aller à des concerts. Cela met une bonne ambiance. J’apprécie aussi de passer un bon moment tout simplement sans me prendre la tête, en me détendant au maximum. J’aime bien Noël, c’est une occasion de pouvoir se réunir en famille. L’an dernier, c’était un peu spécial. J’ai pu vivre cette fête en Thaïlande, dans un autre cadre, avec la chaleur et la possibilité d’être sur la plage! C’était spontané et excellent de faire la fête à l’extérieur toute la nuit sans avoir froid, avec une ambiance de folie. Mais même s’il n’y avait pas la neige, on avait quand même le bonnet du père Noël! Même loin de la famille, j’étais avec eux...

de cœur. Je n’associe pas le religieux à la fête. Pour moi, ce sont deux choses très distinctes.

Rosa, 23 ans

La fête? C’est s’amuser, rencontrer des amis et malheureusement boire un peu d’alcool, ça fait partie du truc. Mais pour qu’une fête soit réussie, il faut une bonne ambiance du début à la fin, des gens de bonne humeur et pas des gens qui gâcheraient

foi chrétienne, mais s’en est détournée. Elle prie et se sent tout de suite accueillie par Dieu. Faire la fête n’a pas comblé ses besoins profonds Bientôt, David observe la différence dans la vie de son la fête en étant pessimistes. Noël est une fête sympa, en particulier pour les enfants, parce qu’il y a une ambiance qui va avec: les sapins, la neige, les cadeaux, les bons repas étalés sur plein de jours... Quand j’étais petite, on faisait une vraie fête de Noël avec mes parents et ma sœur. Aujourd’hui, on ne fête plus beaucoup Noël dans la famille. Parce qu’à la base, on n’est pas religieux. Du coup, je n’associe pas religieux et fête. Ce n’est d’ailleurs pas ce qui m’intéresse. Je ne fête pas Noël pour Jésus ou autre. D’ailleurs je pense que la plupart des gens ne le font plus pour ça, c’est un prétexte.

Yanis, 20 ans

La fête, c’est quand il y a une bonne ambiance, que l’on est avec les gens que l’on aime, qu’il y a de l’échange et du dialogue plutôt que des

Exit les nuits de folie! Depuis cette expérience, la vie de David et Lady a pris une autre tournure. Ensemble, ils témoignent que Dieu a restauré leur couple, et de jolis jumeaux ont agrandi la famille. David ne retournerait pour rien au monde à ses nuits de folie. Il se destine à être pasteur et a sorti un CD de guitare reflétant bien son nouveau départ: Spiritual Project. Sandrine Roulet

gens qui restent là dans leur coin à ne rien dire. Noël? Pour moi, c’est bien et pas bien; cela dépend de ce que les personnes ont vécu à cette période-là. Personnellement, je n’aime pas tellement Noël; ça reste plutôt une fête comme les autres. J’ai été plus marqué par mon anniversaire: souvent, je recevais des cadeaux ou bien on m’envoyait un petit message. C’est toujours très agréable. Par contre, je crois quand même qu’à la base les fêtes sont en partie religieuses. Mais je n’y pense pas trop. Propos recueillis par Joëlle Lehmann et Nadège Leuba, Radio Réveil

miss earth suisse

épouse. Elle semble apaisée, libérée de ses angoisses et plus souriante. Il la questionne: «Tu ne m’en veux plus? Tu dors de nouveau?». Intrigué, David accompagne Lady à l’Eglise et passe de longs moments à discuter avec le pasteur. «J’avais de grandes théories sur l’existence sans jamais avoir ouvert la Bible. J’étais comme un enfant qui dit ne pas aimer un repas sans l’avoir goûté». Bientôt, il se rend compte que sa vie de fêtard ne le comble pas vraiment. Il expérimente que seul l’amour infini de Dieu peut satisfaire vraiment les aspirations du cœur humain.

«Pour moi, c’est

un jour de fête quand tous les enfants et ma petite-fille sont là! Une fête qui reste gravée dans ma mémoire est Pâques 2010, car je me suis fait baptiser. Cela a été une cérémonie très forte, après deux ans de catéchisme. Dieu a-t-il sa place dans la fête? Oui, j’ai toujours un merci envers lui, pour mes enfants qui sont bien là, vivants, parce qu’on a à manger sur la table, etc. J’en suis reconnaissante.» Claude-Inga Barbey, comédienne


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PORTRAIT

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«Oh Happy Day» a changé bien des vies

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Musique. Comment le mondialement célèbre chant «Oh Happy Day» s’est-il retrouvé en tête du hit-parade ? Rencontre avec son compositeur, Edwin Hawkins.

Edwin Hawkins avait 25 ans quand sa composition Oh Happy Day a connu une diffusion planétaire en 1969. Ce gospel avait été enregistré avec un simple appareil à deux pistes. «L’enregistrement n’avait pas été pensé à des fins commerciales ou pour la vente. C’était du live», se souvient le compositeur américain. Cerise sur le gâteau, cette chanson, qui avait été immortalisée en même temps que six autres chansons, lui plaisait bien. Sans pour autant être sa favorite. «Aujourd’hui, c’est bien sûr tout différent !». Cela fait en effet cinquante ans qu’Edwin Hawkins chante Oh Happy Day, avec un plaisir intact. «C’est elle qui a lancé et porté ma carrière.» Au top des hit-parades Car dans plusieurs pays, Oh Happy Day a figuré en

tête des hit-parades au tournant des années 70. Il a même déclassé les tubes des Beatles, Elvis Presley ou encore des Rolling Stones, durant quelques semaines. Edwin Hawkins n’avait jamais anticipé un tel succès. «Je n’imaginais même pas que ce soit possible. Mais Dieu savait ce qu’il faisait.» Plus fondamentalement, Oh Happy Day a changé le son de la musique gospel. Edwin Hawkins avait en effet emprunté des sonorités au Rythm’n’Blues. Et c’est ainsi qu’est né le style que l’on qualifie aujourd’hui de Contemporary Gospel Music. C’est à la maison que le jeune artiste a été influencé. Ses parents écoutaient toutes sortes de styles musicaux. «Ma mère achetait tous les albums gospel et

mon père ceux de country et de la musique des westerns. Quant à ma tante, elle raffolait de la musique pop et du RnB. Tout cela m’a bien sûr influencé.»

«Oh Happy Day a déclassé les tubes des Beatles et d’Elvis» Une joie plus profonde Mais quel est donc le message de cette chanson à succès ? Le bonheur... Qui ne rêve pas de vivre un happy day, un jour heureux, et même que chaque journée soit remplie de joie ? Nombreux sont ceux qui vivent des moments heureux au cours de leur existence,

mais ceux-ci durent rarement. Il en est tout autrement de la joie dont parle Oh Happy Day, résumée dans le refrain : «Jésus lave mes péchés», explique Edwin Hawkins. «Celui qui décide de vivre avec Jésus peut expérimenter que ses péchés sont totalement pardonnés.» Voilà le fondement d’une joie plus profonde, moins fluctuante. Aux yeux du compositeur, «quand Jésus entre dans notre vie, chaque jour peut devenir un jour heureux. Nous restons humains, avec des bons et des mauvais jours ; la Bible affirme que nous traverserons des épreuves. Mais la bonne nouvelle, c’est que la foi en Dieu permet de surmonter ces jours difficiles». Joyeux Noël ! Durant sa longue carrière artistique, Edwin

Hawkins a aussi sorti un album intitulé Joyful Christmas (Un Noël joyeux). Encore une question de bonheur, donc. Et pourtant, Noël rime si souvent avec stress, pressions multiples et journées tout sauf joyeuses ! Le compositeur ne prétend pas avoir de recette toute faite pour une période de fête réussie. Mais il en revient à la source du vrai bonheur : Jésus, «le plus important dans ma vie». C’est d’ailleurs le message du gospel, qui va plus loin que le seul style musical. Le mot «gospel» se traduit en effet par «Evangile» : le message biblique concernant la vie et les actes de Jésus. L’Afro-Américain en est donc convaincu  : «Lorsque nous entonnons un gospel, nous chantons forcément au sujet de Jésus.» Markus Baumgartner


RÉFLEXION

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«Faire la fête, c’est un besoin inné chez l’homme» Entretien. A quels besoins répond la fête ? Quels en sont les bienfaits ? Comment se préparer à la fête quand on appréhende ces instants particuliers  ? Le point avec le théologien Yann Brix.

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momentanément au traintrain et autres tracasseries quotidiennes pour vivre un temps plus agréable. Enfin, les fêtes permettent de passer d’une étape à l’autre, de faire le point sur notre vie, par exemple lors d’anniversaires ou du Réveillon.

La fête a existé depuis le début de l’humanité. A quels besoins répond-elle ? Elle répond tout d’abord à un besoin naturel, celui de manifester la joie. L’homme n’a pas été créé en premier lieu pour transpirer au travail et être accablé de soucis. Pour le théologien que je suis, c’est là une conséquence de la désobéissance d’Adam et Eve.

LE TRAIT D’IXÈNE

La fête vient-elle encore combler d’autres aspirations ?

Oui, à commencer par celle des estomacs : la nourriture est un élément crucial associé à la fête et à la joie. La fête répond ensuite au besoin de se réunir. Et qui dit «réunion» présuppose que les fêtes se cristallisent autour d’un lieu commun, qu’il soit religieux ou non. On peut penser à des fêtes traditionnelles, familiales ou entre amis. Qui dit fête, dit aussi coupure : en fêtant, on échappe

Quels sont les bienfaits de la fête pour l’individu et la communauté ? On peut dégager plusieurs aspects des bienfaits de la fête. Elle permet non seulement d’exprimer librement sa joie devant Dieu et les autres, mais aussi de tisser des liens fraternels. Et par conséquent de se remettre en question. Les fêtes anciennes exigeaient généralement des sacrifices et autres offrandes. Cela présupposait que l’on avait réglé nos différends. Faire la fête renforce en outre la cohésion nationale

ou religieuse. N’observe-t-on pas un rapprochement entre concitoyens au cours des fêtes nationales et des grands événements sportifs internationaux, ou une plus grande unité des chrétiens à Noël et à Pâques ? La fête a une dernière vertu : celle de fixer des points de repère afin de clôturer un cycle de vie et de venir voir le prochain. L’homme a besoin d’un calendrier pour sa santé psychique et physique. Personne ne niera que les jours fériés, les fêtes et les weekends prolongés constituent autant de jalons particuliers dans l’agenda de l’année. D’un point de vue relationnel, les fêtes sont parfois difficiles à vivre. Comment se préparer à Noël si l’on appréhende la solitude ou que la réunion de famille réveille des choses douloureuses ?

Aucune fête ne peut se célébrer seul. L’homme a besoin de points de repère dans le cycle de la vie, et ces points sont comme des connexions avec le passé. Ils permettent de «revivre» certaines situations, joyeuses ou non. Et si les fêtes font surgir des choses douloureuses, c’est donc qu’un des buts est atteint ! C’est une occasion à saisir d’affronter la situation. Nous sommes devant l’alternative suivante : rester chez soi ou solutionner. Ainsi, la fête ne serait-elle pas «l’excuse» de mettre à plat nos différends, de demander pardon, d’éclaircir la situation ? Pourquoi ne pas s’adresser à Jésus et le laisser nous transformer pour permettre le miracle de la réconciliation, qui peut produire paix et joie si propices à la fête ? Propos recueillis

par Sandrine Roulet

u d e v i t s i t n n e fi é m d é l n é o s n n n i o a i t r s r r e e e g C v n . l a a h n c r e u r o jo c n e t n vo


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SPORT

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La fête à la patinoire des Vernets, ça le connaît! dr

Portrait. John Glass est l’aumônier de Genève-Servette depuis treize ans. Un «boulot» qui lui permet de côtoyer des gens qui aiment faire la fête et gagner! «A Genève-Servette, je fais presque partie de la baraque. Je suis un peu comme le papa des joueurs, voire comme leur grand-père! Je connais certains d’entre eux depuis dix ans. On s’entend bien». Ces mots ne sont pas ceux du préparateur physique du club ou du vendeur de saucisses, mais ceux de John Glass, aumônier du club depuis treize ans. Le courant passe avec Chris McSorley Un jour, ce pasteur genevois reçoit un coup de téléphone des Etats-Unis. On lui explique qu’un certain Philip Anschutz vient d’acheter plusieurs équipes de hockey en Europe, dont Genève-Servette, et qu’il souhaiterait avoir un aumônier pour chacune d’elles. «J’ai trouvé que l’idée de me choisir était ridicule: je n’y connaissais rien au hockey sur glace, et il n’y avait pas d’aumôniers en Suisse.» John Glass rencontre tout de même Chris McSorley, l’entraîneur, avec qui le courant passe tout de suite. «Il m’a dit: “John, j’arrive à coacher les gars dans le hockey. Mais quand ils vont mal dans la tête, ça se répercute sur le hockey. Toi tu les aides dans le cœur, moi dans le hockey, et on aura une équipe de gagnants”». C’est le début d’une aventure peu commune pour ce pasteur d’origine américaine. Sexe, famille et hockey Pendant les premières années, John Glass se donne à fond, proposant des réflexions basées sur la Bible à qui veut bien l’entendre, sur quantité de sujets: le sexe, la famille, le terrorisme, le

hockey. L’occasion de créer des amitiés, de développer un lien de confiance et de répondre à quelques questions existentielles. Il prépare aussi deux hockeyeurs au mariage. Aujourd’hui, John Glass rend visite aux gars chaque se-

maine: «Je papote avec eux et leur apporte des brownies!». Il leur propose parfois un «Tour de la Réforme» à Genève, et certains viennent écouter les concerts de Noël qu'il organise avec son Eglise. «Je pensais qu’ils allaient me virer» Quel message un pasteur peut-il transmettre à des hommes qui semblent avoir une vie de rêve? La première fois qu’il les a rencontrés, il leur a cité le texte biblique de Marc 8, 36: «Que sert-il à un homme de gagner le monde entier s’il perd son âme?» et dit ceci: «Vous avez tout ce que le monde offre: vous êtes beaux, jeunes, célèbres, au sommet de votre carrière. Mais ce monde ne peut pas vous satisfaire en profondeur. Moi je suis là pour vous aider si vous avez un trou dans votre âme, qui ne peut être rempli que par Jésus». John Glass sourit: «Je pensais qu’ils allaient me virer, mais je suis toujours là!» Des hauts et des bas Il remarque en effet que,

loin des paillettes et de la fête, les hockeyeurs sont des hommes comme tout le monde. «Un jour, l’un d’eux m’a appelé pour me dire: “C’est la catastrophe dans mon couple, j’ai besoin d’aide”». L’aumônier constate que ces gars-là ont aussi une pression monumentale sur leurs épaules, une épée de Damoclès au-dessus de leur tête: «Une blessure peut mettre fin à leur carrière. Ils ont parfois la “trouille aux tripes” parce

«Dans le hockey, il n’y a que la fête qui compte» qu’ils n’ont pas le droit de mal jouer. Et puis leur carrière est courte, et le défi est de rebondir une fois qu’elle est terminée.» John Glass a donc constaté que les hockeyeurs, peutêtre plus que d’autres, naviguent constamment entre jubilation et abattement. «La vie de hockeyeur est faite de hauts et de bas très marqués. Il n’y a que la fête qui compte!». Quand l’équipe gagne, la porte des vestiaires est grande

ouverte, c’est la musique et la bière. «Mais s’ils perdent, tu n’oses pas mettre les pieds dans le couloir». Au début, John Glass commettait l’erreur de féliciter les joueurs après un match perdu malgré du beau jeu. «C’est le truc à ne pas dire! S’ils ne gagnent pas, rien n’est bon!» La vraie fête, c’est... John Glass propose de prendre du recul par rapport à ces émotions qui font le yoyo en fonction des résultats et des circonstances. Pour lui, la joie ne réside pas d’abord dans ce que la société peut nous offrir, mais dans la relation que l’on peut entretenir avec Dieu. En se confiant en lui, on développe une reconnaissance quand la vie ressemble à une fête et l'assurance qu'il prend soin de nous, même dans les difficultés. Mais John Glass ajoute que «Dieu nous a aussi donné plein de bonnes choses dans la vie pour que nous en jouissions. Je peux aller au restaurant, voyager, faire la fête et... assister à un bon match de hockey sur glace». Un sport que John Glass, après treize ans au service de Genève-Servette, a appris à apprécier! Jérémie Cavin

«Pour moi, un jour heureux est un jour passé avec des gens qu’on aime. Noël fait-il partie de ces jours heureux? C’est possible, mais ce n’est pas un jour auquel j’accorde une importance particulière. Ce n’est pas une fête qui a du sens pour moi. Chaque jour peut être un jour heureux, sans qu’il y ait nécessairement besoin d’y avoir une fête. La seule condition, c’est de voir des gens qu’on aime.» Joël Dicker, romancier


10 ENTRETIEN

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Eric-Emmanuel Schmitt, l’athée qui a rencontré Dieu

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Entretien. Connu pour ses nombreux écrits, Eric-Emmanuel Schmitt a consacré «La nuit de feu» (éd. Albin Michel) à sa conversion dans le désert du Sahara, à l'âge de vingt-huit ans.

Pourquoi avoir attendu si longtemps pour évoquer votre expérience spirituelle dans le désert, il y a 27 ans ? J’ai longtemps cru que c’était une expérience intime, personnelle, singulière qui ne concernait que moi. J’avais tort. Quand on a la chance de recevoir un peu de lumière, on doit la rendre, la diffuser. J’ai mis du temps, car je n’étais pas prêt à vivre cette expérience. J’étais un athée, paisible mais solide dans son athéisme. Quand je suis entré dans le désert du Sahara, je ne cherchais rien, en tout cas pas Dieu. Cette grâce est tombée sur quelqu’un qui n’était pas du tout prêt. Préparé sans doute, car j’avais fait de la

philosophie et je m’étais intéressé aux questions métaphysiques. J’ai mis du temps à lui laisser sa place. Il y avait sans doute une partie de mon esprit rationnel et relativiste qui renâclait. Petit à petit, cette partie qui veut nier, qui s’aime et qui veut s’enivrer de sa force, a fini par céder devant l’évidence de la révélation. Cela a donc pris des années pour que je devienne le croyant que je suis. Et puis, lorsque j’ai commencé à en parler, je n’en disais jamais assez. J’ai été lent. Mais ce qui a précipité le mouvement, c’est la violence du monde actuel. Ce monde qui retentit du vacarme d’abrutis qui tuent, massacrent et violent au

nom de Dieu. Là, je me suis dit qu’il fallait que je parle de ma foi, qui grandit dans le silence intérieur et qui n’a rien à voir avec le vacarme ambiant.

«J’ai moi-même tenté de refuser cette nuit comme elle s’est présentée, une rencontre avec Dieu» Quelles réactions vous a valu votre ouvrage La Nuit de feu ? Certains ont-ils essayé de vous raisonner, en mettant votre expérience sur

le compte des circonstances et du contexte particulier où elle s’est produite? Je l’avais fait avant eux. J’avais moi-même voulu réduire cette expérience à un phénomène physiologique ou psychologique. J’avais moi-même tenté maintes fois de refuser cette nuit comme elle s’était présentée, une nuit mystique, une rencontre avec Dieu. Donc non, «on ne me la fait pas». Aucune de ces objections ne tient. Les explications chimiques, physiologiques ne tiennent pas. Les explications psychologiques sont encore plus branlantes. Par paresse, j’aurais moi-même voulu réduire cette expérience pour conforter l’athée que j’avais

toujours été. Et donc quand certaines personnes m’objectent ces arguments, je les interroge sur leur paresse... Je leur dis : «Vous ne voulez pas penser qu’il est possible de croire ? Vous pensez que la vie de l’esprit est morte, qu’on ne peut pas avoir de surprise dans sa vie spirituelle ? D’où le savez-vous ? Et si vous ne le savez pas, pourquoi tenez-vous tant à cette illusion ?». Je renvoie la question au questionneur. Vous affirmez aussi que c’est le cœur qui sent Dieu, pas la raison... Comme le disait le penseur Pascal, Dieu s’éprouve mais ne se prouve pas. C’est ce que j’avais oublié en entrant dans le désert. J’avais


ENTRETIEN 11

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résolu le cas de Dieu. Il n’était pas visible dans mon expérience, pas productible par un raisonnement. Donc il n’avait pas lieu d’être dans mon univers mental. Et j’ai finalement éprouvé Dieu dans le Sahara. Mais éprouver n’est pas prouver. Je continue à garder un langage à la fois de croyant et d’homme rationnel. Ceci dit, il me faut ajouter que croire n’est pas savoir. Eprouver Dieu, connaître Dieu par son corps et ses sentiments, ce n’est pas connaître Dieu de façon scientifique qu’on puisse transmettre aux autres. On ne peut donc que témoigner d’une expérience. Notre époque souffre de ceux qui confondent croire et savoir  : les intégristes athées ou religieux qui interviennent de façon violente parce qu’ils se croient possesseurs d’une vérité et d’un savoir. Il me paraît très important que la foi et la raison soient humbles. La foi n’est pas une façon de connaître, mais une manière d’habiter l’ignorance, une façon de vivre le mystère, la foi. C’est énorme de croire, extraordinaire  ! Mais d’un autre côté, j’appelle à la modestie de la raison. Ce n’est pas parce qu’on ne peut pas connaître Dieu par la raison que Dieu n’existe pas. Comme je le dis dans le livre   : l’absence de preuve n’est pas une preuve de l’absence.

Comment expliquez-vous que l’intelligence et les mots ne permettent pas de saisir Dieu ? Le langage est celui d’êtres finis, limités. On ne peut pas décrire l’infini, l’illimité. Le langage a été inventé pour décrire l’ordinaire, pas l’extraordinaire ; le visible, pas l’invisible. Toute approche de la réalité divine est métaphorique. Ce n’est pas une infirmité. C’est une condition essentielle pour en parler. On peut s’approcher par le langage, exprimer ce qu’est une expérience de foi... On peut aussi arriver à exprimer ce qu’est l’absence de foi. Après vous être perdu dans le désert, vous avez survécu à une nuit de solitude et de froid. Vous dites que durant cette nuit de feu, votre être est sorti de l’enveloppe corporelle et vous a rapproché d’une force que vous avez nommée Dieu par la suite. Comment expliquez-vous qu’il soit venu à votre rencontre ? Je ne sais pas répondre à la question du pourquoi. Pourquoi moi, lui ou elle. Je n’ai aucun mérite, car je n’ai entrepris aucune démarche, qui m’aurait conduit à la révélation. Le comment, je peux le dire. Ce qui s’est passé, c’est que j’ai lâché prise, au pied du Mont Tahat ; j’ai cessé de tout vouloir dominer, tout maîtriser. J’étais un intellectuel de notre temps. Quelqu’un qui

veut tout maîtriser par sa volonté, par sa raison et qui ne supporte pas que quelque chose lui échappe. Mais cet homme qui voulait tout maîtriser était en déroute. Car tout à coup, j’étais infiniment faible. Abandonnant tout idéal de maîtrise et de raison, j’ai pu laisser la place à l’expérience. Si je n’avais pas eu cette faiblesse, par où Dieu aurait-il pu entrer ?

«Ce n’est pas parce qu’on ne peut pas connaître Dieu par la raison qu’il n’existe pas» Dans quelle mesure pensezvous que chacun peut vivre la même rencontre avec Dieu que vous ? Peut-on la provoquer ? Je pense que beaucoup de gens vivent des expériences extraordinaires, mais les mettent de côté. Beaucoup de gens sont envahis par le sentiment d’une présence extraordinaire, où d’un coup ils aperçoivent un éclair de sens dans l’univers. Ils sont saisis par la beauté et l’harmonie qui les entourent ou par la lumière d’un sourire. Tout le monde vit des moments qui ont l’air d’échap-

per au flux du temps, comme s’il y avait une percée de l’éternité. Et tout le monde met ça dans sa poche et à la périphérie de sa vie... Pourquoi  ? Par paresse, par habitude, par conformisme, parce qu’il faudrait reconstruire toute sa maison intellectuelle pour intégrer ce qui vient de se passer. Et le problème d’une révélation, c’est qu’elle est une révolution. Les cartes tombent, il faut brasser et réapprendre à jouer. Cela m’a pris des années. L’époque nous pousse à occulter tout ça. Le langage prédominant est matérialiste, pragmatique, rationnel, construit sur une espèce de préjugé intellectuel stupide qui veut nous faire croire que croire ce n’est pas moderne, que le progrès de l’humanité est de se débarrasser des religions, et que le progrès est d’aller vers des sociétés vraiment athées. Cette philosophie de l’histoire consiste à croire qu’il y a eu l’âge de l’esprit et que l’âge moderne est celui de l’athéisme. Cela me paraît une sottise totale. Devrions-nous davantage nous intéresser à Dieu ? La question de Dieu est contemporaine à l’homme. Elle n’est pas contemporaine à une époque, elle est contemporaine à toutes les époques. L’homme vit avec cette question de Dieu. Quand des croyants se rencontrent, il n’y en a pas deux qui se ressemblent. Il n’y a pas non plus deux athées qui soient semblables. Chacun vit le mystère de la condition humaine à sa façon, avec sa propre histoire, avec ses propres aspirations, ses déceptions, ses enthousiasmes et ses rencontres... On ne se débarrassera ni de Dieu ni des religions et il n’y a aucune raison de s’en débarrasser. C’est consubstantiel à la vie humaine. Est-il plus difficile de croire au 21e siècle en raison de tous les progrès techniques et de la maîtrise humaine croissante dans tant de domaines de la vie ?

Le problème qui guette l’homme depuis le 20e siècle, et encore plus au 21e siècle, c’est l’orgueil démesuré. L’homme peut s’enivrer de ses progrès scientifiques et technologiques, de la domination de la planète qu’il est en train d’opérer, de la prise en charge de son destin. L’humanité a toujours été très contente d’elle-même, mais elle a d’objectives raisons d’être très contente d’ellemême depuis la révolution industrielle et l’invention des sciences il y a quelques siècles. Cet orgueil est cependant trompeur. Il peut conduire à cette espèce de narcissisme vain, qui nous fait penser que l’homme est au-dessus de toute la création, de toutes les créatures et même d’un quelconque Créateur. Ce faisant, l’homme finit par oublier sa condition. Et il oublie de pratiquer la modestie et l’humilité qui doivent accompagner une vie d’homme. Alors oui, notre époque rend la foi difficile mais nécessaire. Le christianisme est une force de résistance contre un monde totalement matérialiste, dominé par l’intérêt et la recherche de l’argent. L’inspiration des Evangiles est un contre-pouvoir plus difficile, mais aussi plus nécessaire que jamais. Comment nourrissez-vous cette foi au quotidien ? C’est elle qui me nourrit. C’est la foi qui a pris sa place en moi. Une place énorme. Elle a changé mon rapport aux autres, au monde. Elle me donne une énergie incroyable. Le sommet de la liberté, c’est de dire oui, pas non. De consentir, d’acquiescer, d’accepter. La vie m’oblige à courir, à penser à des choses stupides, à m’occuper de mes intérêts. Je vis parfois à distance de ma foi. Ce n’est pas moi qui retourne vers elle, mais elle qui me bouscule. Elle est plus forte que moi. Ce n’est pas moi qui m’occupe d’elle, c’est elle qui s’occupe de moi. Propos recueillis par Christian Willi


12 SPIRITUALITÉ

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Le festin Jésus a enchaîné avec une deuxième parabole, toujours sur le thème de la fête. L’histoire est celle d’un homme qui voulait convier à sa table de nombreux amis. Or, tous ont décliné l’invitation. Il a donc envoyé ses serviteurs inviter les exclus dans les rues: les pauvres, les paralysés, les laissés-pour-compte. Il n’y avait plus de place pour les invités initiaux, mais une belle fête pour ceux qui ne s’y attendaient pas. La soirée fut belle et joyeuse (Luc 14, 1524)! Moralité? Jésus est venu pour convier à la fête des personnes de tous horizons, pas seulement les gens en vue dans notre monde.

Pour Jésus, les fêtes étaient importantes Jésus n’était pas un austère prédicateur indifférent à la condition humaine. La fête avait une place importante dans ses enseignements. Et lui-même a participé à bien des fêtes, comme en témoignent les Evangiles, livres de la Bible qui racontent sa vie. Un concert d’anges Sa naissance a déjà donné lieu à une fête. Rien de plus normal, tant la joie pour des parents est vive, surtout après neuf mois d’attente. Mais dans le cas de Jésus, les anges ont aussi chanté dans le ciel. Ils ont annoncé aux bergers, qui gardaient leurs troupeaux, la bonne nouvelle de cette naissance hors du commun. Les rois mages se sont rendus à Bethléem pour offrir des cadeaux à l’enfant Jésus (Luc 2, 8-15).

Huit jours de fête Un long chemin pour une longue fête: huit jours de fête pour célébrer la Pâque juive (Pessah) à Jérusalem. De quoi barber tout ado. Pourtant, Jésus, alors âgé de douze ans, en a profité pour rester plus longtemps au temple que ses parents. Durant trois jours, il s’est entretenu avec les religieux de l’époque sur Dieu et l’histoire du Peuple juif. Drôle de façon de faire la fête (Luc 2, 41-52)!

L’eau transformée en vin «Qui est cet homme, capable de transformer l’eau en vin?», s’est interrogé le personnel de service lors d’un mariage dans le village galiléen de Cana. Jésus a sans doute dû être amusé par les réactions des invités: «Pourquoi nous sert-on le meilleur vin qu’en fin de soirée?» (Jean 2, 1-12). Ce miracle de Jésus a été le premier d’une longue série. Il voulait témoigner par leur biais qu’il n’était pas un homme comme les autres, mais Dieu en personne venu sur la terre. Le tapis rouge Qui d’entre nous ne souhaiterait pas fouler un tapis rouge sous les acclamations de la foule ? Jésus a raconté à ce sujet une petite histoire (que l’on appelle parabole): «Lorsque tu seras invité par quelqu’un à des noces, ne

cherche pas les places d’honneur. Il se pourrait bien que tu te mordes les doigts si l’hôte te demandait de céder la place à un autre invité» (Luc 14, 7-11). La leçon de l’histoire: quand vous faites la fête, et dans la vie en général, ne cherchez pas à vous

«Au cours d’un mariage, Jésus a changé de l’eau en vin. Les invités en ont été étonnés» mettre en avant, mais restez humbles. En effet, Dieu ne cherche pas des gens qui se croient formidables, mais ceux qui reconnaissent leurs faiblesses.

Un repas entre amis Avant d’être crucifié, Jésus a pris un dernier repas avec ses disciples. Il a mangé du pain et bu du vin. Il a expliqué que ce pain qu’il rompait symbolisait son corps qui serait brisé sur la croix, et que ce vin faisait référence à son sang qui coulerait d’ici quelques heures. Depuis, les chrétiens partagent ensemble du pain et du vin (ou du jus de raisin) pour se souvenir de cette mort de Jésus (Matt. 26, 17-29). Plus de joie dans le ciel «Ma vie est ratée. J’ai commis trop de bêtises, graves pour certaines»: si vous pensez cela, Jésus vous annonce une bonne nouvelle. Il y a une immense joie dans le ciel quand un simple humain se tourne vers Dieu (Luc 15, 3-7). En route pour le paradis Il avait son compte. Crucifié aux côtés de Jésus, un brigand savait qu’il n’en avait plus pour longtemps. «Pense à moi quand tu arriveras au ciel», a-t-il lancé à Jésus. Et Jésus, dans la même situation que le brigand, cloué sur une croix, lui a promis que son espérance ne serait pas déçue. «Dès aujourd’hui, tu seras dans le paradis avec moi», lui répondit-il (Luc 23, 39-43). Autrement dit, il lui a promis une fête éternelle, qui viendrait remplacer cette vie de souffrance. Thomas Hanimann


La mort de Jésus, une fête gâchée? Portrait. Jésus est né dans un contexte pauvre à Bethléem. Adulte, il s’est distingué par son enseignement et par ses miracles. Cela n’a pas plu à tout le monde, et il a fini crucifié. Sa vie a-t-elle donc été un échec?

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Pas étonnant que Jésus se fasse aussi des ennemis! Les chefs politiques et religieux voient en lui une menace pour leur pouvoir. L’élite réussit à monter le peuple contre celui qui se présente comme le Sauveur. Il est mis à mort avec les brigands, comme cela se fait à cette époque en Israël.

Qui aurait pu croire, en voyant ce simple fils de charpentier, qu’il allait changer le cours de l’histoire? Jésus grandit avec ses parents, Marie et Joseph. A douze ans, il fait une déclaration étonnante, alors qu’il est dans le temple en train de parler avec les théologiens juifs de l’époque. «Je suis ici dans la maison de mon Père.» Avant de se faire connaître, Jésus est baptisé. Des témoins affirment qu’une colombe est descendue sur lui et qu’une voix, venant d’en haut, s’est fait entendre: «Tu es mon fils, qui fait toute ma joie!». C’est le début de la mission pour laquelle Jésus est venu sur la terre. Des miracles et un enseignement très fort Pendant trois ans, Jésus se fait connaître par ses miracles. Il guérit des aveugles, des infirmes, des lépreux. Il chasse aussi des démons, multiplie de la nourriture et calme des tempêtes. Ses paroles ne passent pas non plus

inaperçues. Dans le Sermon sur la montagne, il appelle les gens à aimer sans limite. Il a le plus souvent recours à des paraboles, des métaphores, pour expliquer aux gens comment donner du sens à leur vie. Son message principal est étonnant: il affirme pardonner les péchés des gens qu’il côtoie. Ni plus, ni moins. Pour l’illustrer, il raconte l’histoire d’un fils parti faire la fête après avoir demandé sa part d’héritage. Lorsque ce fils dilapide tout son argent et qu’il est réduit à manger les restes de la nourriture du bétail, il retourne chez son père. Ce dernier l’accueille les bras grands ouverts. L’enseignement de cette parabole? Dieu pardonne à tous ceux qui reconnaissent que leur vie suit une mauvaise direction et qui cherchent un nouveau départ. Le chemin, la vérité et la vie Jésus se qualifie luimême de chemin, de vérité

et de vie: sans passer par lui, personne ne peut rencontrer Dieu. Seuls ceux qui croient en lui et le suivent obtiennent la vie éternelle. Jésus fait de fréquentes références à l’avenir, la vie, la mort... et même à sa propre

«Au moment de mourir, Jésus a demandé à Dieu de pardonner à ceux qui l’avaient cloué» mort. Avec toujours cette espérance d’une résurrection en ligne de mire. Il promet aussi de revenir à la fin des temps. Condamné à mort Jésus rassemble des foules comme nul autre. Tous sont impressionnés par la profondeur de ses discours et par sa personnalité hors-norme.

Mort pour donner la vie Que se passe-t-il à ce moment-là? Sur la croix, Jésus est en train d’être puni à la place des êtres humains, qui ont tous commis des fautes. Jésus, parfait, prend leurs péchés et leur donne en échange son innocence, sa justice. Par sa mort, il est donc en train de donner la vie à ceux qui croient en lui. Au moment de rendre l’âme, Jésus trouve la force de dire à propos de ceux qui l’ont cloué: «Père, pardonneleur, car ils ne savent pas ce qu’ils font». «Cet homme était vraiment le fils de Dieu», déclare alors un officier romain en charge de son exécution. Un événement qui a changé le monde Dans l’immédiat, ses disciples déchantent. Pourtant, trois jours après sa mort et sa mise au tombeau, quelle n’est pas la surprise de tous: la pierre est roulée et le corps disparu. Le Jésus crucifié réapparaît vivant à ses disciples et à plusieurs témoins. Avant de disparaître dans une sorte de nuée, il promet aux croyants d’être avec eux toute leur vie ,et ce, jusqu’à la fin du monde. Depuis cette époque, le nombre de personnes qui reconnaissent que Jésus a changé l’histoire de l’humanité ne cesse de croître. Thomas Hanimann

« La photo de

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SPIRITUALITÉ 13

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l'enfant réfugié, échoué sur les côtes turques, reste gravée dans ma mémoire. Et pourtant c'est bientôt Noël. N'avons-nous donc pas d'autre choix que de nous livrer au pouvoir du Mal et d'accepter que l'esprit de Noël soit repoussé? Sommes-nous trop faibles pour surmonter les guerres, le terrorisme, la violence? Noël signifie: Dieu devenu homme. L'homme ne doit pas se prendre pour Dieu. Dieu est là, tout près. C'est plus d'amour que nous le méritons. Noël, c'est notre salut, une révolution qui nous engage à aider et à résister. Autre chose: les souffrants, y compris le petit réfugié syrien, sont sur le cœur de Dieu. Jésus accueille dans ses bras chaque individu sur cette terre. Il est la résurrection et la vie pour le premier et le dernier d'entre nous.» Pasteur Ernst Sieber


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Noël aux quatre coins du globe istockphoto

Tour d’horizon. Nous connaissons le Noël enneigé, sous les sapins, autour d’une dinde soigneusement apprêtée pour égayer un repas de famille. Mais ailleurs dans le monde, le scénario est un peu (ou très) différent.

En Australie, Noël sur la plage et dans les magasins Publicité

Je sais bien que lundi, quand je t’ai ramené du collège, tu m’as dit que Célia, la fille de la voisine de ta tante, viendrait Si vous avez besoin d’un décryptage, lisez Family!

à la maison pour travailler les mathématiques avec toi dans ta chambre. Et que cela signifiait, en fait, que tu voulais rester avec elle. Donc ton petit frère Timothé n’aurait pas dû rentrer à

l’improviste pour chercher son ballon. Sauf qu’à sept ans, on ne sait pas très bien ce que signifie réviser les maths avec sa voisine…

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En Australie, de nombreuses traditions de Noël sont influencées par leurs origines britanniques; mais à la différence des Anglais, les Australiens profitent de Noëls ensoleillés. Noël en été, c’est le seul et vrai Noël qu’ils connaissent. Beaucoup ont d’ailleurs une certaine compassion pour les Européens qui le vivent dans le froid! En musique! Dans les villes, Noël reste une fête mercantile. Dès le mois d’octobre, jouets et décorations font leur apparition dans les magasins. En revanche, la période de l’Avent est bien marquée par les «Christmas Carols» (chants de Noël), dont les concerts sont organisés dans les parcs ou autres endroits publics, le soir. Les in-

vitations attirent toujours énormément de monde, de tous âges. Le plus grand concert de Noël, diffusé à la télévision, aura lieu à Sydney le 24 décembre.

«La dinde est au menu, tout comme les fruits de mer» Dinde, crevette et jambon C’est seulement le lendemain matin que les enfants sont supposés ouvrir leurs cadeaux. Toute la famille se réunit ce jour-là autour d’un grand repas. La dinde est au menu, mais aussi des fruits de mer (les crevettes surtout), du jambon (la spécialité de Noël australienne), le

pudding anglais, agrémenté de glace ou de crème... Il n’est pas rare que le repas se déroule autour d’un barbecue, près de la plage ou au bord de la piscine. Près de 40 000 personnes se rendent chaque année à la plage de Bondi le jour de Noël. Evénement sportif Mais les festivités ne s’arrêtent pas au 25 décembre. Le lendemain est un jour férié: le «Boxing Day». Comme en Angleterre et dans tous les autres pays du Commonwealth, c’est le début des soldes, tant attendu par certains. Mais c’est aussi (et surtout!) le «Boxing Day Test», qui oppose l’équipe nationale de cricket à celle d’un autre pays. Par Hélène, une Française mariée à Steven, un Australien


NOËL 15

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ment leurs mouchoirs, les adolescents s’essaient à la pyrotechnie dans un sketch détonant. Même les vieilles dames gratifient le public d’une danse, donnant le rythme avec des bâtons qui viennent heurter le sol avec fracas. Pour conclure cette soirée festive, danse pour tout le monde!

Tout en musique, le Noël ivoirien! Sous les palmiers de la petite ville de Tabou, tout à l’ouest du pays, les villageois arrivent sans se presser pour la veillée organisée par l’Eglise. De larges sourires se lisent sur les visages pour cette soirée en plein air qui s’annonce longue, rythmée et chaleureuse. Les enfants donnent le

ton: le visage peinturluré, vêtus de costumes traditionnels, ils se lancent dans une danse épatante. Puis tous les âges se succèdent pour ce spectacle haut en couleur. La nuit est tombée, mais la chaleur n’a pas disparu. Les moustiques non plus. Après la chorale des dames, qui agitent majestueuse-

Sobriété et générosité Le lendemain matin, le culte du 25 décembre commence de manière bien solennelle... Assis calmement sur les bancs, les fidèles, tous vêtus du même costume traditionnel, écoutent avec respect la prédication très sobre du pasteur en langue kroumen. Le moment de chant débute sous une chaleur étouffante. Un djembé donne le tempo et le pasteur lance: «Je vais demander à la sœur Anne-Lise de nous donner un chant».

Ni une ni deux, la sœur en question entonne un cantique. L’assemblée se met à frapper des mains, à se lever et à danser à la queue leu leu. Deux heures ont déjà passé quand le pasteur rappelle que ce culte de Noël doit aussi être un culte de dons. Les femmes viennent les unes après les autres déposer sur une couverture des bananes et diverses victuailles. On profite aussi de la présence de nombreux fidèles pour faire entrer une cohorte de jeunes filles et de jeunes hommes triomphants: les «Flambeaux Lumière». La cérémonie de consécration allonge encore d’une bonne heure ce culte de Noël. Chacun poursuivra la fête à sa manière. Certains iront même se baigner dans l’océan, sous les cocotiers... Jérémie Cavin

En Roumanie, les enfants sont à l’honneur Noël approche dans le village de Teliucu-Inferior. Comme ailleurs en Roumanie, on se prépare à cette grande fête dont tout le monde se réjouit. La tradition veut que l’on tue le cochon et qu’on le prépare en saucissons, en charcuterie ou encore en boules de graisse. Pour le repas du 25 décembre, la mère de famille cuisinera aussi les inévitables «sarmale», des rouleaux de choux fourrés d’une farce à base de porc, de riz et d’oignons. Elle a aussi fort à faire pour préparer les innombrables pâtisseries dont les Roumains sont friands... En chansons dans la rue Mais avant le mets du

25 décembre, la veillée de Noël. L’occasion, pour les jeunes des Eglises, de sortir dans la rue et de chanter de tout leur cœur la Bonne Nouvelle de Jésus venu sur la terre. Pour les enfants, qui avaient l’habitude de fêter ce 24 décembre avec les grands-parents et la famille élargie, c’est une fierté de se joindre aux grands et de partager une amitié si agréable en ces temps fascinants. Guitare à la main, les jeunes frappent aux portes des maisons illuminées. L’accueil est souvent chaleureux: après tout, c’est Noël et, dans le village, le cœur est à la joie! Inépuisables, les choristes feront le tour du village, porte après

porte, parfois jusqu’à 4h du matin... Mais derrière plusieurs portes, ils ont leur récompense: des pâtisseries et un petit verre, de quoi réchauffer des organismes gelés par le froid piquant de Roumanie. Cadeaux pour tous! Le lendemain, pas question de faire la grasse matinée. Le culte de Noël, ça ne se discute pas. On ne va tout de même pas manquer les chants et les sketchs des enfants! Le banquet de famille, qui suit, n’est pas un repas

comme les autres. Tout le monde sort le grand jeu vestimentaire; et la maison décorée et enluminée donne une atmosphère toute particulière à ces moments uniques. Le sapin, par contre, n’est pas toujours de mise. Les cadeaux, oui. Aussi pour les enfants pauvres du village, d’ailleurs: les Eglises ne se priveront pas de donner un petit présent à ces gosses émerveillés qui, pour certains, n’avaient jamais ouvert de cadeau auparavant... Jérémie Cavin et Alex Vlad

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En Côte d’Ivoire, une fête joyeuse au rythme du djembé et des danses

« La fête est un

moment qui doit être synonyme de joie et de bonheur. Pas besoin d’un événement grandiose, l’essentiel est dans l’état d’esprit et le plaisir de chacun ! Et si Dieu fait partie de la fête, c’est encore mieux. Sinon, il manque quelqu’un d’essentiel ! Les fêtes marquantes ? Celle de la réception lorsque j’ai accédé à la présidence du Grand Conseil en 2013, ou celles des fins d’année quand j’étais enfant.»

Laurent Werhli, syndic de Montreux et Conseiller national


16 RELATIONS

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« Pour moi, un

jour de fête est synonyme de rassemblement, de partage, de gaieté. Les fêtes les plus marquantes pour moi sont les fêtes de Noël ou fêtes de famille, car j’ai une grande famille en France et c’est là qu’on se retrouve. Nous allons à la messe de Noël. Pour moi, Dieu a une grande importance, je suis une catholique pratiquante. Dieu est l’élément de paix, de rassemblement, dont le message est positif et plein d’espérance.»

Béatrice Métraux, Conseillère d’Etat vaudoise

Noël depuis les marges

Société. Comment les personnes en marge fêtentelles Noël ? Le manque de lien relationnel leur est souvent plus douloureux à cette période de l’année. Coups de projecteur sur les travailleuses du sexe et les sans-abri. «Je peux vous téléphoner ?»

«A cette période de l’année, les filles ont plus envie de parler», commente un policier de la sûreté vaudoise qui préfère rester anonyme. «Depuis le temps qu’on les côtoie, elles ont bien compris qu’on n’avait pas d’a priori sur elles, alors qu’auprès d’instances sociales ou religieuses, elles préfèrent cacher leur prostitution». Et cet homme de sortir de sa poche des messages qu’il a reçus sur son smartphone, en plus de cartes de vœux de la part de prostituées : «J’aimerais vous parler un petit moment, je peux vous appeler ?» et «Est-ce que je peux vous téléphoner ?» Cela dit, beaucoup de ces femmes partent à Noël pour revenir après Nouvel-An, ou prennent même trois mois de vacances. «Pour celles qui restent, la météo influence beaucoup leur taux d’activité», indique son collègue Sylvain Lienhard de la Police judiciaire lausannoise. Celui-ci évoque alors l’intérêt finan-

cier pour celles «qui assurent la permanence» vu qu’elles sont moins nombreuses. Noël ou pas, les filles restent groupées par clan. L’esprit de fête qui se propage dans la ville, ne serait-ce qu’au moyen des guirlandes, ne les pousse pourtant pas à se mélanger. Et les conditions de travail se dégradent : les travailleuses du sexe opèrent à des prix toujours plus bas, dans des lieux toujours moins sécurisés. «Tout est devenu beaucoup plus malsain. On est là pour aider les personnes qui sont vraiment victimes de la prostitution et du trafic des êtres humains», commentent les deux agents, tous deux rattachés à la police des mœurs. Attablés à la table d’un café lausannois, ils disent aimer pouvoir travailler et marquer un changement en ce sens. Pour le reste, les improbables sapins qui décorent les salons de passe restent les seuls signes tangibles de Noël.

«Paix sur la terre» Vraiment?

trouver le réconfort et la paix de Dieu?» Christine se souvient de La Marmotte est un lieu d’accueil d’urgence géré par ce couple de Roms qui lui l’Armée du Salut (ADS) pour avait demandé de prier les personnes sans abri de la avec eux en faveur de leurs enfants restés capitale vauau pays  ; de doise. Trentecelles et ceux et-une places qui ont joint sont dispoleur voix aux nibles. Le 25 refrains décembre, connus ; des c’est toujours m a i n s plein. L’offijointes ; des cière Chrispersonnes intine Staiesse y différentes chantera à aussi, qui ont 7h30 avec pourtant quelques «Comment écouté les membres bétrouver le chants tradinévoles de l’ADS. «La réconfort et la tionnels de première fois paix de Dieu ces chrétiens annonçant la que j’ai partidans le naissance du cipé à ce moment, je n’ai dénuement?» Christ. «Partager ce “Dieu pas réussi à fiavec nous” nir de chanter le cantique : voir autant de per- - qui pour moi signifie pleisonnes dans ce lieu le jour de nement Noël- m’est essenNoël m’a bouleversée. Oui, j’ai tiel», souligne encore ressenti une profonde tristesse Christine. «C’est une made voir ces femmes, ces hommes nière de dire à ces gens en sans toit, sans ami, sans famille rupture relationnelle qu’ils à qui on chantait “Joie au ciel, ne sont pas oubliés, que Jésus paix sur la terre’’. Cela m’a re- est venu pour eux à Noël ! » mise en question  : comment, Gabrielle Desarzens, dans le dénuement, peut-on RTS Religion


RELATIONS 17

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Une fête multiculturelle pour les migrants Accueil. Une Eglise accueille près de 200 migrants pour sa fête de Noël. Un rendez-vous incontournable, qui permet de tisser des liens profonds. 200 personnes de trente nationalités. Des migrants de pays arabes, africains, asiatiques, sud-américains et du sud de l’Europe, d’arrièreplans culturels et religieux variés. Un accueil proposé par une soixantaine de chrétiens. Une fête chaleureuse avec tout ce beau monde. C’est ce que propose chaque année à Noël une Eglise évangélique de Winterthour, qui a à cœur de venir à la rencontre des migrants. Ces festivités de fin d’année sont le point d’orgue des activités proposées tout au long de l’année par cette Eglise GvC Chile Hegi. Ce travail d’intégration avec les réfugiés est établi depuis de nombreuses années. Partager une histoire qui leur ressemble Mais pour cette Eglise, Noël constitue vraiment une occasion unique de partager une partie de l’histoire de Noël avec les migrants et de leur redonner de l’espoir. «Nous voulons leur montrer ce que signifie la venue de Jésus sur la terre. Les événements autour de sa naissance sont concrets pour la plupart de ces

migrants. Ils reflètent leur propre histoire», explique Daniel Rohner, responsable du travail interculturel de l’Eglise. Après le repas, l’ambiance est au recueillement  : les convives entonnent des chants, passent un moment à prier et regardent les extraits d’un film sur Jésus. Ces éléments ne les choquent visiblement pas. «Au contraire, ils sont touchés et applaudissent même suite à certaines scènes du film», témoigne Daniel Rohner. «Ils viennent d’une culture où parler de religion est normal et quotidien. Lorsqu’ils voient que nous nous intéressons nous aussi à Dieu, cela les impressionne, les rassure». Ainsi, année après année, Daniel Rohner est fasciné par l’ambiance joyeuse. Une relation de confiance Si la fête de Noël est belle, c’est aussi le fruit de tout le travail d’intégration proposé tout au long de l’année par l’Eglise. Une confiance s’est établie entre les migrants et les membres de l’Eglise. Déjà par les cours de langue pour les adultes, proposés notamment aux requérants d’asile ;

en effet, leur statut ne leur donne pas accès à des cours payés par l’Etat. Mais aussi par le soutien personnel apporté par une équipe de bénévoles, qui les aident à régler des problèmes du quotidien, telle la recherche d’un logement. La première poignée de main Daniel Rohner est le premier surpris de voir combien une fête facilite ou accélère l’intégration des migrants. Des liens et des amitiés se tissent. Il voit le mélange des cultures comme une chance, pour que les réfugiés et les migrants plus généralement trouvent leur place en Suisse.

«Nous ne devons pas faire d’efforts pour nous adapter aux différentes cultures de nos interlocuteurs. Ce pas, ce sont eux qui le font. En étant authentiques et encourageants, nous favorisons des relations de confiance. Et c’est ainsi que l’intégration devient possible.» Aujourd’hui, ce ne sont pas que les hommes qui saluent Daniel Rohner lorsqu’ils le croisent dans la rue. Les femmes de pays orientaux lui offrent souvent aussi une poignée de main. Un geste impensable dans leur pays d’origine. «Décidément, partager un bon repas, en signe d’hospitalité, peut produire des miracles !» Thomas Hanimann

L’esprit de Noël à Genève Cette année encore, l’esprit de Noël est présent dans la galerie marchande «Métro-Shopping» de la gare Cornavin. Et pas seulement par les décorations. Plus de cent bénévoles membres des Eglises évangéliques genevoises et des environs unissent leurs forces pour proposer l’action «FraterNoël Genève» aux passants, aux personnes seules ou démunies, le 24 décembre au soir. Concrètement, ces chrétiens distribuent un repas simple comprenant des

canapés, sandwiches, crêpes, de la soupe avec du pain et du fromage et des boissons. Grâce aux invendus d’une vingtaine de boulangeries de la place et aux Laiteries réunies, des desserts peuvent aussi être proposés. Mais les chrétiens offrent également de la «nourriture spirituelle» sous forme de littérature chrétienne et de chants traditionnels en plusieurs langues, parfois aussi des danses ethniques. Une équipe se tient à disposition pour écouter et prier avec ceux qui le souhaitent. Chaque année, le nombre d’hôtes atteint 300 à 400 personnes. FraterNoël existe depuis les années 60. (sr)


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Six ingrédients pour que votre fête ait du sens

Générosité. Les périodes de fêtes riment souvent avec «stress» : faire les courses, lancer des invitations, préparer les repas, trouver les cadeaux, etc. Il est toutefois possible de redonner du sens à la fête. 1. Ouvrir son cœur et sa porte Quel que soit l’événement fêté, on s’entoure de ceux qu’on aime. Noël, particulièrement, est la fête de la famille. Cette année, ne pourrions-nous pas inclure un voisin dont la famille est à l’étranger, un collègue venant de perdre sa femme, une amie divorcée ? Cuisiner pour une personne de plus n’est pas bien compliqué et apportera de la chaleur humaine à quelqu’un de seul. 2. Penser aux cadeaux différemment «Ah, la corvée des cadeaux!». A plus forte raison si la famille est grande et les magasins bondés. Voyons les choses autrement: un cadeau est une expression de l’amour. Il montre qu’on pense à la personne. Les enfants y sont spécialement

sensibles! Vous ne savez pas quoi offrir? Optez pour un cadeau «équitable», afin que le cadeau le soit aussi pour ceux qui le produisent et pour la planète. Autre idée, offrez du bien-être «immatériel»: un abonnement à un journal, un massage, une entrée à un spectacle... 3. Ralentir le rythme Les sociologues le disent, la fête apporte une rupture avec la vie quotidienne etbrise la monotonie. Pour que ce temps de fête prenne tout son sens, veillons à ralentir le rythme, à prendre le temps de profiter de chaque projet sans devoir garder l’œil sur la montre. Ralentir le rythme, c’est se rendre plus disponible pour les autres aussi, pour l’imprévu. 4. Un geste de générosité Difficile de ne pas être dé-

rangé par toute l’abondance de nos magasins, alors que tant d’êtres humains vivent dans la misère! Donner du sens à la fête, c’est aussi faire bénéficier d’autres personnes de notre prospérité. Les possibilités de faire des dons ne manquent pas. Autre option, décider avec sa famille de vivre un Noël plus simple et investir l’argent ainsi économisé dans le parrainage d’un enfant d'un pays défavorisé. 5. Donner de son temps gratuitement Donner de son argent c’est bien, mais donner de son temps est aussi précieux. Dans certaines villes et aussi Eglises, des fêtes de Noël sont organisées pour les personnes isolées ou en difficulté financière. Certaines associations cherchent également des bénévoles pour différentes actions de solida-

rité: Opération Nez Rouge, prévention du suicide... 6. Laisser une place à la spiritualité Noël, Pâques, l’Ascension et Pentecôte sont des moments-clés de l’histoire du christianisme. Mais en connaît-on encore la signification? Ces fêtes sont l’occasion de (re)découvrir la Bible ou de trouver un bon livre de vulgarisation, tel que La Bible pour les nuls (éd. First). Pendant la période de l’Avent, écouter un concert gospel ou prendre un petit temps de prière et de reconnaissance permet de se réintéresser aux valeurs chrétiennes. Et le jour de Noël, lire le texte de la Nativité aux enfants, entonner quelques chants traditionnels ou participer à une célébration donnera une autre dimension à votre fête.

« Lors d'un “happy day”, je me sens en harmonie avec mon être intérieur. En même temps, je suis ouverte à ceux que je rencontre. Je ressens une gaieté inexplicable. Ces jours heureux surviennent de façon inattendue, comme des cadeaux. Souvent, ils se produisent après que j'ai surmonté un défi important, difficile. Tout à coup, les écluses s'ouvrent et le courant passe. C'est assurément ce qu'on appelle l'amour, que l'on peut aussi bien recevoir que donner. Je grandis au-delà des limites que je m'impose et je trouve Dieu.» Dorothée Reize, actrice

Sandrine Roulet

Calendrier de l’Avent en ligne Le calendrier de l’Avent est un objet prisé en décembre, par les petits comme par les grands ! En fait, qui n’a pas, enfant, langui, trépigné, pour découvrir ce que

renfermait la petite fenêtre attribuée à un jour précis de ce calendrier? Pour décembre 2015, le site lafree.ch, en partenariat avec Quart d’heure pour l’es-

sentiel et Campus pour Christ, vous propose de connaître le même frémissement via une fenêtre quotidienne. Du 1er au 25 décembre, vous pourrez vous

émerveiller de ce qu’un artiste dira, chantera, dessinera... à propos de ce «Dieu qui s’invite à la fête». A découvrir dès le 1er décembre: www.lafree.ch


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De la mode à la soupe populaire

Samuel Schmidt

Portrait. Tina Weiss a cherché son bonheur dans la consommation, la séduction et les couleurs de la mode. Mais cet univers de la beauté extérieure n’a pas réussi à remplir son vide intérieur.

Libraire de formation, Tina Weiss entre dans le monde de la mode très jeune. De nombreuses jeunes femmes voudraient bien être à sa place. Icône de la mode, ses chroniques sont publiées et diffusées aussi bien par Playboy, Telbärn, 20 Minutes, que par le quotidien suisse le Blick. Une célébrité à laquelle il ne manque qu’une belle voix pour réaliser son rêve d’enfant: être une popstar. Côté cœur, elle papillonne d’amants en amours. Elle reste tout de même lovée dans les bras d’un même homme durant six ans. Mais juste avant d’avoir trente ans, elle considère que cette liaison ne correspond pas à son image de «Venus». Elle rompt pour donner un nouveau coup d’accélérateur à son image. Dans le monde de la fête et de la mode, on célèbre cette jeune femme qui crée une marque autour de sa personne. Elle organise des fêtes «World of Venus» et des défilés.

Le château de cartes porté de cette époque, c’est s’effondre une phrase de la prière du Mais cette vie est trop belle Notre Père: «Ne nous induis pour durer. Alors qu’elle a pas en tentation!». «Rien trente-deux ans, elle est rat- d’intéressant pour ma vie», atrapée par une sorte de psy- t-elle longtemps pensé, chose. Elle se met à éprouver même si elle n’a jamais angoisse et culpabilité. Du- consciemment rejeté Dieu. rant trois mois, elle peine à sortir de chez elle et n’est plus Choquée par la pauvreté capable de travailler. En 2011, elle côtoie la Que pourrait-elle entre- pauvreté lors d’un séjour en prendre pour changer de vie?, Afrique du Sud. «Lorsque j’ai s’interroge-tquitté les déelle. Elle tente munis, j’ai de tourner la pleuré comme page, quitte jamais aupaBerne pour ravant dans Zurich. Elle y ma vie». Sous décroche un le choc, elle m a n d a t décide de comme exvendre sa colperte de mode, lection de se lance dans fringues et la photo et dé- «J’ai été comme part pour marre sa avec un rattrapée par l’Inde propre agence mimimum de promotion. cet amour divin d’effets perMais rien n’y qui pardonne» sonnels, mais fait. Elle a beau avec un projet. chercher à Celui de res’épanouir dans son activité joindre un orphelinat à Vagrisante, le sentiment de vide ranasi, dans l’Etat d’Uttar intérieur reste tenace. Pradesh. Elle se livre alors à une Sans le savoir, elle atterrit sorte de quête spirituelle. Des dans un orphelinat chrétien pratiques ésotériques au cha- et découvre l’amour de Dieu. manisme, en passant par l’as- «J’ai été comme rattrapée par trologie ou le bouddhisme, cet amour divin qui pardonne. elle essaie tout pour faire dis- C’est comme si je ne pouvais y paraître le vide qu’elle ressent échapper. C’était l’amour que au fond d’elle-même. je recherchais depuis longLa foi chrétienne, en re- temps». Cette découverte vanche, n’entre pas en ligne l’encourage à donner à sa vie de compte. «Jésus n’était pas de meilleurs fondements. dans mon champ de vision», Très vite, elle demande à se raconte-t-elle. Elle n’est plus faire baptiser. entrée dans une Eglise depuis Elle est tellement émerle jour de sa confirmation. Le veillée que durant trois ans, seul souvenir qu’elle a em- elle rejoint plusieurs com-

maunautés chrétiennes, dont l'Abri. Sa vision du monde change. L’image qu’elle a cultivée d’ellemême et sa façon de fuir la réalité dans des paradis éphémères s’évaporent. Désormais, elle ne veut vivre que d’un amour et d’une liberté qui la remplissent . Nouvelle aventure «Je savoure la vie», nous dit Tina Weiss. Du haut de ses 42 ans, elle n’a pas abandonné son dynamisme. Elle continue d’aimer l’aventure. «Mais Jésus est désormais mon carburant», dit-elle. A Winterthour, dans la banlieue zurichoise, elle a posé sa valise dans la communauté Fingerprint, où elle partage le toit et le couvert avec des gens de la rue. Elle s’est aussi lancée dans des études de théologie. En parallèle, elle s’est engagée dans l’association du pasteur Ernst Sieber, pour venir en aide aux jeunes marginaux et sans-abri de la ville. Cet été, elle est pourtant repartie pour un lieu de fête, Ibiza, afin d'accompagner des fêtards assommés par des excès d’alcool, de drogues ou de blessures de la vie. En remettant les pieds dans cet univers de la fête, Tina Weiss a eu l’impression de rejoindre des personnes qui vivent sans accès à la vraie vie. «J’aimerais tellement que toutes ces personnes prennent conscience que Jésus peut reconstruire les relations brisées, accueillir sans jugement et rendre libre tous ceux qui placent leur confiance en lui!» Thomas Hanimann


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La fête pour oublier ses angoisses existentielles Portrait. Avide de conquêtes féminines, Simon écume les nuits genevoises. Sa vie est un véritable fiasco et ses perspectives d’avenir restent inexistantes. Jusqu’au jour où il fait une rencontre étonnante... Dix ans séparent ces deux tableaux: le premier, celui d’un ado fêtard la nuit et errant le jour. Le second, un jeune homme qui s’apprête à suivre une formation chrétienne et se destine à devenir pasteur. Les filles et l'argent A seize ans, l’argent et les conquêtes féminines symbolisent à ses yeux une vie réussie. Enfant du divorce, il vit seul dans un appartement à la frontière francogenevoise. Viré de sa place d’apprenti, comme il l’avait été de l’école publique et de deux écoles privées auparavant, il décide de ne plus se prendre la tête. «Je vivais la nuit et dormais le jour», raconte-t-il. Côté cœur, il fréquente une fille rencontrée dans une boîte de nuit. L’angoisse incessante Mais la vie de Simon est chaotique. Il ne fait rien d’autre de ses journées que de dormir et de fumer des joints. Les perspectives d’emploi sont inexistantes: «Je vivais sans espoir», raconte-t-il. «Et lorsque la fête était terminée et que je me retrouvais seul dans mon lit, il m’arrivait souvent de me réveiller en sueur, en proie à de sérieuses an-

goisses existentielles. J’avais peur de la mort, car je ne savais pas ce qui venait après», confie ce jeune homme à la carrure de boxeur, sport qu’il a par ailleurs pratiqué. Inquiets de sa vie dissolue, des parents proches proposent de l’accueillir chez eux, pour le reprendre en main. Ils lui trouvent même une place d’apprentissage. Simon s’accroche au boulot... mais la cohabitation ne tient pas: «J’avais toujours rejeté toute forme d’autorité», analyse-t-il avec le recul. «Il faut dire que j’ai vécu comme une terrible injustice le divorce de mes parents, quand j’avais sept ans. J’étais bien révolté.» Sa relation amoureuse ne tient pas le choc non plus. Avec trois copains, Simon reprend sa vie nocturne, à l'affût de rencontres féminines. «Je racontais des histoires aux femmes que je rencontrais, leur mentais sur ma situation pour avoir une chance de terminer dans leur lit». Rencontres ou à défaut consommation d’images en ligne, rien n’y fait: «J’étais mal dans ma peau et mes relations étaient difficiles.» L’Eglise au lieu des boîtes de nuit Le grand écart qui le conduit à sa situation ac-

tuelle est initié lors des cours d’apprentissage. Un autre apprenti se met à lui parler de Jésus. «C’était le début de discussions sur ce que je vivais. D’un côté, je savais bien que ma vie de mensonge et de débauche ne menait à rien. De l’autre, je ne connaissais rien d’autre». Un jour, son copain l’invite au groupe de jeunes de son Eglise. Là, c’est le grand étonnement pour Simon: des gens simples et normaux, ouverts, qui s’intéressent à lui sans arrière-pensée. «Du jamais vu!». Intrigué, il rencontre régulièrement un pasteur pour en savoir plus sur la foi chrétienne. «Lorsque qu’il m’a dit que je pouvais être pardonné de mes erreurs, je n’y ai d’abord pas cru mes oreilles: “Il te suffit de dire à Dieu que tu regrettes tes erreurs et il te pardonnera”, m’avait-il dit.» Il se met alors à fréquenter une Eglise au lieu des boîtes de nuit, même si les horaires sont très différents, et la Bible au lieu des joints... De la haine à l’amour Petit à petit, sa vie change. En 2012, il raconte qu’il a été libéré de la haine et de la rancœur. La même année, il éprouve le besoin de demander pardon à Dieu pour tous les égarements du passé. En exprimant intérieurement ses

regrets à Dieu, il sent une présence bienfaisante lui traverser le corps: «C’était comme si une goutte d’eau remplissait mon corps jusqu’à ses extrémités et qu’elle nettoyait tout.» C’est en rédigeant ce que Dieu a fait dans sa vie, en 2014, qu’il prend vraiment conscience de ce qui s’est produit. «J’ai réalisé l’amour de Dieu pour moi. Il m’a libéré de l’angoisse de la mort; désormais j’ai l’assurance d’aller au paradis après ma mort. Il a donné un sens à mon existence.» «Avant, j’avais de la haine envers les autres. Aujourd’hui, je suis capable d’éprouver de l’amour». C’est ce qui lui permet aussi d’envisager un avenir à deux. Plus besoin de mentir, de s’inventer un personnage. Il est en couple depuis trois ans et envisage de se marier prochainement. Publicité

Partager sa paix profonde Quand on l’interroge sur son avenir, il se verrait bien devenir un jour pasteur. «Je souhaite que le plus grand nombre de personnes qui ont erré comme moi puissent savoir que Dieu les aime, qu’il veut leur donner une paix profonde, comme je l’ai vécu.» Christian Willi

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DÉVELOPPEMENT PERSO 23

Vécu. Votre vie est-elle envahie par un épais brouillard et dépourvue de lueur festive ? Jean-Pierre Junod raconte comment Dieu a mis du piment dans son existence et l'a imprégnée d’une joie profonde et vivante. personne, elle remet le feu à notre vie». Pour Jean-Pierre Junod, c’est la même chose avec Jésus : «Lorsqu’on le rencontre, le tableau que l’on voyait initialement en noir et blanc devient non seulement plein de couleurs et de relief, mais commence même à s’animer.»

Métro, boulot, dodo... Des jours qui se suivent et se ressemblent affreusement. Parfois, la vie semble monotone, dénuée de tout sens, incapable de nous procurer un quelconque bonheur. Pourtant, Jean-Pierre Junod, pasteur à l’Eglise évangélique La Margelle à Lutry (dans la région de Lausanne), est convaincu qu'il est toujours possible de voir le brouillard de nos vies se dissiper. «Il y a de l’espoir pour tout le monde, jusqu’au dernier moment ! La nature elle-même nous dit qu’audessus du brouillard, il y a le soleil». Voilà la raison qui amène Jean-Pierre Junod à affirmer que lorsque notre horizon est bouché, que notre vie ressemble à une impasse, «quelque part il y a

Vers un bonheur nouveau  Cette rencontre garantitelle une vie sans embûches ? Jésus a fait des promesses de joie et de paix à ceux qui se confient en lui, rappelle Jean-Pierre Junod. A ses yeux, la source première de forcément quelqu’un à cher- ce bonheur réside dans la cher». Et cela tombe bien conviction que Dieu l'a saupuisque cette personne nous vé de l'enfer. Il a la certitude cherche aussi : Jésus. «Il faut d'avoir un accès au paradis. «L’assurance simplement d’être sauvé lui tendre la main, parce «Quand tout va est une joie qui m’habite que sa main à mal, je me quotidiennelui est déjà tendue vers blottis dans la ment et qui nous». Il nous main de Jésus» me permet de relativiser permet de beaucoup de nous élever au-dessus du brouillard et choses». Etre sauvé, n'est-ce pas la seule chose qui de la morosité ambiante. compte finalement ? Il sait que le Ciel l’attend. Rencontre étonnante N'avez-vous jamais remarqué combien une ren- La certitude d'être aimé contre peut tout changer au cœur des tempêtes Cette garantie n'exempte dans une vie ? «On sait par exemple que le célibat ou le pas le croyant de traverser veuvage sont très difficiles à parfois des épisodes de vivre. Mais lorsqu’on ren- brouillard. Jean-Pierre Jucontre un jour LA nouvelle nod n'a pas été épargné par

de petites et grosses misères. Mais au sein de l'épreuve, il a toujours été porté et réconforté par cette joie d'être sauvé par Dieu. Elle lui permet de voir la vie avec un regard positif. Jean-Pierre Junod sait aussi que Dieu ne l'a pas seulement aimé «une fois» en le sauvant, mais qu'il lui renouvelle son amour quotidiennement. Se sachant au bénéfice de cette affection divine, il a trouvé en Dieu un refuge au sein de toutes les crises et difficultés de sa vie. «Quand tout va mal, que j’ai l’impression d’être un zéro, un raté, je me blottis dans la main de Jésus. Je m’y sens bien et vraiment réconforté». Jean-Pierre Junod confie que c’est là qu’il puise la force d’élever son regard au-dessus des montagnes qui parfois semblent se dresser contre lui. Les gens heureux ont-ils besoin de Christ ? Jean-Pierre Junod raconte que lorsqu’il a rencontré Jésus, il était déjà un gars heureux. «Je ne peux donc pas dire “Ah ! j’étais malheureux, j’ai rencontré Jésus, et tout a changé !”. Par contre, même en étant heureux, il y avait un tel contraste entre la joie de Jésus et la joie que je pouvais avoir sans lui, que je n’ai pas hésité.»

Gaëlle Monayron

«Jésus était un réfugié»

La question des réfugiés ne laisse pas Philippe Kiener indifférent. Professeur d'informatique et initiateur de plusieurs collectifs, dont Donnersens.org et Rebelles de Noël, il a accueilli avec sa

famille durant trois ans une jeune réfugiée venue d'un pays du Proche-Orient. Du coup, la crise humanitaire engendrée par les conflits au Moyen-Orient lui a inspiré deux clips vi-

déos. Le premier met en scène une jeune fille qui aurait pu être Marie, la mère de Jésus, et qui rappelle que Dieu a écrit l'Histoire avec des gens simples. Le second s'est intéressé au déracine-

ment des réfugiés arrivés en Europe, avec en filigrane une info dont Philippe Kiener a pris conscience: «Jésus était lui aussi un réfugié.» www.donnersens.org et Facebook Les rebelles de Noël

dr

Echanger la monotonie contre une vie haute en couleur « Un jour de fête est un jour d’exception qui nous sort de notre quotidien. C’est un jour que l’on attend, que l’on prépare, pour lequel on se réjouit. C’est un jour de joie... Parmi les fêtes qui m’ont marqué, bien sûr, ma première Fête des Voisins. J’ai invité tous mes voisins et préparé le buffet. Après un moment d’attente angoissant pour savoir s’ils viendraient et ce que nous pourrions nous dire, les échanges, les éclats de rire, la joie de la rencontre ont été au rendez-vous. J’ai aussi découvert, dans la Communauté œcuménique du Chemin Neuf, que la fête ne se réduit pas qu’à des soirées arrosées accompagnées d’une sono hurlante. On peut tout autant s’amuser en laissant une place à Dieu.» Atanase Périfan, initiateur de la Fête des Voisins


La naissance de Jésus A cette époque, l’empereur Auguste donne l’ordre de compter les habitants de tous les pays. C’est la première fois qu‘on fait cela. A ce moment-là, Quirinius est gouverneur de Syrie. Tout le monde va se faire inscrire, chacun dans la ville de ses ancêtres. Joseph quitte donc la ville de Nazareth en Galilée pour aller en Judée, à Bethléem. C’est la ville du roi David. En effet, David est l‘ancêtre de Joseph. Joseph va se faire inscrire avec Marie, sa femme, qui attend un enfant. Pendant qu’ils sont à Bethléem, le moment arrive où Marie doit accoucher. Elle met au monde un fils, son premier enfant. Elle l’enveloppe dans une couverture et elle le couche dans une mangeoire. En effet, il n’y a pas de place pour eux dans la salle où logent les gens de passage. Dans la même région, il y a des bergers. Ils vivent dans les champs, et pendant la nuit, ils gardent leur troupeau. Un ange du Seigneur se présente devant eux. La gloire du Seigneur les enveloppe de lumière, alors ils ont très peur. L’ange leur dit : « N’ayez pas peur. Oui, je viens vous annoncer une bonne nouvelle qui sera une grande joie pour tout votre peuple. Aujourd’hui, dans la ville de David, un Sauveur est né pour vous. C’est le Christ, le Seigneur. Voici comment vous allez le reconnaître : vous trouverez un petit enfant enveloppé dans une couverture et couché dans une mangeoire. » Tout à coup, il y a avec l’ange une troupe nombreuse qui vient du ciel. Ils chantent la louange de Dieu : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et sur la terre paix à ceux que Dieu aime ! »

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Ensuite, les anges quittent les bergers et retournent au ciel. Alors les bergers se disent entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem, et voyons ce qui est arrivé, ce que le Seigneur Dieu nous a fait connaître. » Ils partent vite et ils trouvent Marie, Joseph et le petit enfant couché dans la mangeoire. Quand ils le voient, ils racontent ce que l’ange leur a dit sur cet enfant. Tous ceux qui entendent les bergers sont étonnés de leurs paroles. Marie retient tout ce qui s’est passé, elle réfléchit à cela dans son cœur. Ensuite les bergers repartent. Ils rendent gloire à Dieu et chantent sa louange pour tout ce qu’ils ont vu et entendu. En effet, tout s’est passé comme l’ange l’avait annoncé.

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L’équipe de l’Agence C vous souhaite un joyeux noël.


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