Echange international : Rapport d'étonnement

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ÉCHANGE INTERNATIONAL RAPPORT D’ÉTONNEMENT

Damien Elias 2013-2014



ÉCHANGE INTERNATIONAL RAPPORT D’ÉTONNEMENT



SOMMAIRE

LE JEU DES MILLE DIFFÉRENCES Quid de l’étonnement Un apprentissage intuitif Biroscaaaaaa ! Marcher dans la ville Marcher dans les champs Voyager Grande ville - grande nature IAU : DES MANIERES D’APPRENDRE Capacitation BESTIAIRE DE VIE PRATIQUE OUVERTURE

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LE JEU DES MILLE DIFFÉRENCES

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Santa Teresa - RJ


Quid de l’étonnement

Partir à l’étranger peut demander une certaine préparation mais il existe un paradoxe à imaginer de quoi sera faite une année d’échange à l’étranger. Comment anticiper quelque chose qui, par définition, a pour objectif d’être pure découverte, de renverser son univers et ses repères jusqu’à son environnement physique? Je ne me suis pas préparé à une « année d’échange international », je me suis préparé à un voyage, comme on le ferait si on ne savait pas quel temps il fera ni ce que l’on verra : en emportant tout et rien avec soi. je vais au Brésil donc j’ai quand même une petite idée du climat.

Le voyage est avant tout la réalisation d’une envie et/ou d’un besoin de surprise. A ce titre, la surprise, l’étonnement, se manifeste lorsque l’on se rend réceptif aux changements induits par le dépaysement, lorsque l’on se rend disponible à la nouveauté. Il se traduit par un contraste avec la France qui permet d’appréhender au quotidien le paysage et la culture du Brésil: la boulangerie à l’angle de la rue, le chemin de l’école, le « bonjour ! » au réveil et le « bonne nuit ! » en se couchant, le « joyeux anniversaire ! » et le gâteau qui l’accompagne. Ainsi, en confrontant des repères natifs, l’étonnement instaure progressivement des repères nouveaux, nécéssaires à la poursuite même du processus de découverte. Il me faut alors identifier le nouveau, dans la langue, dans les gestes, dans les lieux et dans les habitudes pour m’intégrer même en tant qu’étranger au Brésil et pour entrer plus profondément dans le partage de cette nouvelle culture.

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Un apprentissage intuitif Les premiers jours à São Carlos sont comme un jeu permanent où l’apprentissage de la langue passe par un « triangle de langues latines » : Français, Espagnol et Portugais. Je me surprend à comprendre certains mots que je n’ai jamais entendu, je me crée de petites règles grammaticales pour deviner des mots. Lorsque je m’exprime, je passe d’une langue à l’autre pour trouver le sens d’une phrase. Je me trompe, on me corrige, et j’apprend. J’apprend la langue, j’apprend les gestes, aussi le « bonjour » au Brésil n’est pas un moment formel où, bras tendus, on secoue une main timide en échangeant un regard furtif comme il peut parfois l’être en France. Le « bonjour » comme le « au revoir » d’ailleurs est un câlin amical, une accolade chaleureuse accompagnée d’une bise et d’un « à bientôt ». De plus, cette proximité assez surprenante, s’accompagne, comme en anglais, d’une langue épurée de toute notion de vouvoiement et tutoiement (tout le monde se vouvoie mais impliquer le tutoiement c’est faire apparaitre la notion de civilité). Il est même « normal » de rencontrer un professeur dans un couloir et de le saluer, l’appelant par son prénom en lui faisant la fameuse accolade. Cet apprentissage par le tatonnement est intuitif car il passe par une situation « d’inconfort » lors de laquelle opère un renversement des habitus, puis par une assimilation plus ou moins immédiate de la nouveauté comme un réflexe à reproduire. De cette manière, j’intègre progressivement les codes brésiliens de la courtoisie comme ceux du langage informel, je commence à parler un portugais bourré de girias (tournures de langage). Je me familiarise avec la manière de me déplacer en ville, de commander du pain à la boulangère et de prendre un tiquet pour attendre mon tour au bureau de poste, de m’alonger dans un hamac (dans lequel je passerais ma première nuit au Brésil). Pour moi, l’imprévu et l’immersion sont des éléments fondateurs pour progresser dans la découverte d’une culture. Notamment, la vie « au contact » plutot que « à coté » de l’étranger permet s’impliquer dans sa vie au lieu de se sentir observateur et ainsi gommer jusqu’à son propre statut de visiteur. Ainsi, vivre avec des brésiliens est, dans mon cas, un atout incontournable dans la découverte et le partage culturel.

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Fusca azul, Coccinelle bleue - SC

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Biroscaaaaaa ! Ma maison au Brésil s’appelle la Birosca, c’est une Républica, une collocation comme on en trouve beaucoup dans les villes étudiantes et c’est le foyer de 8 personnes dont mon camarade Thomas avec qui je réalise cet échange et avec qui je partage une petite chambre dotée d’un lit superposé, d’un matelas posé au sol et d’un petit bureau un peu encombré. Les habitants restent très peu dans leur chambre, la Birosca est un lieu de communauté où vivre de son coté n’a pas de sens : elle est pour ainsi dire, le lieu idéal de l’échange à tous les sens du terme. La « Sala » est le grand séjour où mes colocataires et moi restons la plupart du temps, écoutant la musique des Pink Floyd, celle de Caetano Veloso et Tin Maia ou jouant avec les chiens, Angela, puis Ticão et Shiva. Lorsque nous sommes tous réunis, des mélodies de guitare, de basse et de percussions improvisées font vibrer les fresques peintes sur le fond jaune des murs de la salle. La maison est un lieu d’expression et d’appropriation par l’art et le propriétaire, César Luiz est plutot tolérant quant à notre manière de nous approprier les lieux. Un petit jardin sépare le monde extérieur de la paix qui règne au dedans. Un grand couloir passe devant les fenêtres des chambres et se termine sur une petite cour où s’agencent des pots de fleurs au dessus desquels se balancent la résille bleue du hamac et le linge séchant au vent. « Tant qu’on n’est pas allé jusque dans la cuisine d’un habitant, c’est le fond de la maison, c’est la dernière pièce, on ne connaît pas le pays » André Brugiroux. C’est en effet autour d’un repas que le partage commence: quand on s’échange des saveurs. La cuisine au Brésil est le cadre d’une gastronomie toute particulière où le arroz e feijão (riz et haricots) sont la composante principale du repas à laquelle s’ajoutent les rires et les grandes discussions. Le piment sur la table, les casseroles encore sur le feu, chacun prend son assiette, y mélange un peu de chaque mixture, et saupoudre le tout de farofa (semoule de manioc). Lors des occasions spéciales, ou juste lorsque l’on a envie de profiter du soleil et d’une bonne compagnie, le cadie de supermarché qui semblait abandonné au fond de la cour, se transforme en barbecue et on voit crépiter le charbon de bois, s’élever le fumet des saucisses pimentées achetées au boucher dans la matinée et les chiens courir entre les jambes à la recherche d’un morceau tombé à terre.

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Cuisine, BIROSCA - SC

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Salle, BIROSCA - SC

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Quintal, BIROSCA - SC

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Marcher dans la ville A São Carlos, aller à l’école, au supermarché, à la poste ou même au fast-food de hamburgers américain mondialement connu dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, ne change pas de lorsque j’étais en France: pas beaucoup de différences dans ma destination ( Il y a un Carrefour à quelques ilots de chez moi et je ne suis pas non plus dépaysé par le système postal brésilien). La surprise viens de mon itinéraire, zigzaguant au travers du plan en damier, caractéristique de l’urbanisme moderne au Brésil. Sur cet itinéraire, ce sont les petites maisons, fermées sur la rue par de haut portails surmontés de barbelés et les cris des chiens, hystériques de voir l’ombre d’un passant au travers des barreaux d’acier qui me surprennent. Ma propre maison est grillagée et l’ensemble de ses limites sont cerclées tant et si bien que je ne me risquerais pas à en « sortir par effraction ». Parfois, depuis la rue, l’îlot de 100 m de coté ressemble plus à un pénitencier bariolé qu’à une suite de maisons pour lesquelles un simple petit panneau « protection par grilles électrifiée » ou « chien méchant » n’est certainement pas assez dissuasif. Je ne doute pas que derrière ces grilles, s’étende un beau petit jardin au milieu duquel s’élève le grand palmier dont j’aperçois la couronne. Sur mon trajet, je suis également « étonné » par certaines échoppes: elles peuvent vendre des produits très variés à prix unique (tout-à-2 R$), ou bien être spécialisées dans les hormones de croissance vendues par barils de 5Kg. Les billetteries de loterie où les gens viennent payer leurs factures, remplacent nos bureaux de tabac et les restaurants, les cafés et les boulangeries se chargent de vendre les cigarettes. Le trottoir est un des ravissements qui fait de la rue brésilienne ce qu’elle est (surtout à São Carlos où la ville est construite sur de hautes collines). En effet, la responsabilité, l’entretien et de fait le dessin des trottoirs sont à la charge de la maison qui occupe le terrain concerné par la portion de trottoir. Il est donc courant de voir, le dimanche, des habitants passer des jets d’eau devant chez eux et balayer les cailloux et la poussière ramenés par le vent dans leur caniveau. Au delà de cette préoccupation privée de l’espace public, les habitants modifient le dessin standard des trottoirs (pavés lusitains ou bloc béton) et réalisent des extensions de leur maison dans la rue. Ainsi, en remontant la rue, je marche d’abord sur un dallage de petites pierres blanches, puis sur un béton peint en vert sombre assorti à la couleur du crépi étalé sur le mur, puis sur des pierres disposées comme un chemin au milieu d’une petite pelouse et ça et là, des arbres on été plantés dans un minuscule carré de terre pas beaucoup plus grand que le tronc de l’arbre lui-même.

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Photo : Thomas Petit - SC

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Marcher dans les champs

Dès lors qu’on s’habitue à cet environnement nouveau, vivre à São Carlos n’est pas un défi, la ville est hospitalière et elle se laisse apprivoiser par le petit piéton que je suis. Comme Grenoble, en somme, elle se « pratique » à pied et à vélo, sa dimension n’est pas celle d’une grande capitale comme São Paulo et il faut peu de temps pour sortir de l’agglomération et entrer dans une campagne sereine où le balancement des cannes-à-sucre donne le tempo d’une vie tranquille. En suivant la « Trilha » le long d’un des canaux d’irrigation qui s’éloignent de la ville, je regarde l’horizon, interrompue par la silhouette de grands bosquets de bambous. Comme une structure de Mikados géants, ils s’entre-mêlent et créent de véritables cathédrales de fuseaux, jaunis par le soleil. Les feuilles séchées qui jonchent le sol forment un épais tapis et cachent une vie digne de Microcosmos. Un peu plus loin, j’entend le son de la chute d’eau qui vaporise dans l’air les eaux des canaux qui se rejoignent à son sommet.

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Champs de canne- SC

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Bambou - SC

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Voyager Si São Carlos est un petit univers où tout se fait à pied, le Brésil est un continent et arpenter son territoire a toujours été un défi. Avant l’automobile, les trains sillonnaient la « Mata-Atlantica » d’un bord et rejoignaient les montagnes andines de l’autre. L’industrialisation et la consommation de voitures à donné la priorité à l’installation d’un réseau routier de bonne qualité dans les états riches de la Costa Verde, mais, dans les états plus modestes, il se résume à des pistes de terre ou à du bitume brut dont les éclatements, chaque été, sont maladroitement réparés. Sur ces routes transcontinentales qui relient les capitales des états fédéraux se sont développées de plus ou moins grandes villes, profitant de la présence d’un fleuve exploitable ou d’une géographie stratégique. C’est ainsi qu’est née São Carlos, ville étape entre Campinas et Araraquara elles-même à la croisée des chemins entre São Paulo et Cuiabá. Dès lors, chaque ville si petite soit elle possède l’organe de base de la mobilité au Brésil : une gare routière, et c’est sous ces grandes installations d’acier ou de béton que je passe de nombreuses heures dans l’espérance que le chauffeur sera ponctuel (jusque là, rien à voir avec les trains français). Le voyage en bus régionaux est confortable: petite tablette, élément du fauteuil pour reposer les jambes, parfois des gobelets d’eau minérale scellés placés dans un frigo à l’arrière du bus et une pause toutes les deux heures. Faire de long trajets s’avère encore plus enrichissant au vu du nombre de paysages et des accents rencontrés successivement. Ainsi, le voyage en bus est une bonne manière de progresser au travers d’un territoire vaste et d’en appréhender la diversité, d’entrer graduellement dans un nouveau paysage, évitant ainsi un contraste trop brutal qui choque au delà de surprendre. Voir les champs qui entourent São Carlos se transformer en collines urbanisées jusqu’à entrer dans une aire urbaine d’une densité inimaginable est pour moi un mal nécessaire à la compréhension de la complexité de la ville à outrance au Brésil. De même, les deux trajets de 24h de bus qui séparent São Carlos de Porto Velho, sur le fleuve Madeira, au Sud de la forêt amazonienne, sont des voyages durant lesquels la prise de conscience de la réalité physique de la déforestation et de l’omniprésence de l’agriculture bovine est un processus incontournable pour qui souhaite s’intéresser au « Poumon de la Terre » sans y être parachuté comme un simple touriste.

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« Au bord de l’eau » - Manaus

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À cette progression dans l’intérieur du pays s’ajoutent les voyages en bateaux sur le fleuve Madeira, au travers des lagunes de la région de Manaus et sur les fleuves plus petit qui affluent de toutes part de cette grande région qu’est l’Amazonie. Sur ces embarcations, il est nécessaire de rester entre 2 et 5 jours pour atteindre sa destination, dormant dans un hamac, suspendu entre trois autres personnes et l’ambiance de fête et de partage avec les passagers est incomparable avec celle d’une croisière sur la Méditerranée. Durant cette année, j’aurais développé ce sens du tourisme « radical » comme me le répète souvent Marco, un ami qui nous guida, Thomas et moi, durant quatre jours dans l’intérieur des rives du fleuve Madeira. Le tourisme radical c’est celui qui prend le chemin de traverse, qui s’engouffre dans l’inattendu et l’alternatif, qui voit le car de voyageurs allemands, hollandais ou même français (c’est fou ce qu’il y a de français au Brésil) et qui vas à contre courant. Pour pouvoir voyager et découvrir le monde de cette manière, il faut aller voir le pêcheur qui débarrasse son petit bateau sur le port et négocier avec lui un aller simple vers la plage déserte qui n’est pas sur la carte. Pour trouver l’authenticité, il faut dormir dans les campings où s’arrêtent les baroudeurs, ceux qui vivent de l’artisanat, du cirque de rue et de la musique, emportant avec eux leurs étals et leur guitare. Il faut parler avec eux, partager une mangue tombée des arbres durant la nuit et aller voir les coucher de soleil au bord du fleuve en écoutant leurs histoires et en contant les siennes. Cette manière d’arpenter l’inconnu comme une aventure en devenir peux parfois sembler périlleuse, et trop incertaine pour valoir la tentative mais lorsque la curiosité nous amène dans des espaces desertés ou inconnus du tourisme classique, le sentiment d’exploration qui nous envahit et l’enthousiasme qui s’empare alors de nous est le synonyme d’une authenticité du vécu et le gage de souvenirs impérissables. Lorsque Matteus, Caroline, Caroline, Thais, Thomas et moi, arrivons sur la plage de Martim de Sá et que nous rejoignont l’océan en traversant l’étang sur un étroit pont. Lorsque Thomas, Pierrick et moi, atteignont le toit d’un hotel abandonné et que les parapentes au dessus de nous répondent à nos cris d’alégresse. Lorsque Marco, Thomas et moi, entrons pieds nus, vers l’intérieur d’une plantation de manioc après avoir traversé le fleuve Cunumã à la nage.

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Photo : Thomas Petit - Martim de Sรก

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Hotel abandonnĂŠ - RJ

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« Départ » - Pouso de Cajaiba

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Rio CunumĂŁ - Nova Olinda do Norte

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Lago verde - Alter do ChĂŁo

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Lago verde - Alter do ChĂŁo

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Jabarraqua - Rio Tapajoj

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« Au bord de l’eau » - Manaus

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Cachuera, Cascade - SC

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« Isso é só para loucos » - Presidente Figuereido

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ÂŤ Capoeira na cozinha Âť - Presidente Figuereido

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Football - Manaus

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Grande ville - grande nature Le Brésil est un territoire continental marqué par la diversité des paysages. On peut y trouver une multitude de natures différentes si on parviens à le parcourir dans son ensemble. De l’atlantique aux contreforts des Andes, s’étendent des milliers de kilomètres et de nombreux fuseaux horaires. Une grande majorité de habitants n’ont jamais vu n’ont jamais vu la mer, d’autres ne sont jamais sortis de la ville. Une double dimension de l’isolement règne ainsi sur le territoire : la grande nature face à la grande ville et le peu de mobilité possible entre les deux. La grande ville, c’est une idée qui dépasse le concept de la métropole. Ici, il est question d’une méga-ville, d’une ville territoire autour de laquelle il est difficile de tracer des limites. Elle prend ses racines dans une histoire récente, une immigration explosive motivée par une exode rurale intense. Elle est donc marquée par l’installation spontanée de populations modestes et elle s’étend comme une flaque d’eau sur le territoire qui l’entoure jusqu’à se heurter aux limites physiques de sa géographie. São Paulo, 21 millions d’habitants. D’un certain coté, une telle ville est effrayante, d’un autre c’est un paysage comme un autre, seulement c’est un paysage uniquement urbain. Lorsqu’on y rentre ou qu’on en sort, on perçoit les strates urbaines qui le décomposent, une sorte de transition dans le tissu qui passe des grandes étendues industrielles et des ensembles de tour de logement de la grande périphérie à un maillage indéfini de favelas qui s’étend dans tous les interstices laissés par les réseaux de voirie et les fleuves. On entre ensuite dans un tissu dense, abandonné à son sort en attendant d’être remplacé par l’expansion tentaculaire d’un centre ville essentiellement composé par des assemblages d’édifices, chacun marqués d’un immense logo et/ou surmontés par une immense antenne, sorte de petite Tour Eiffel contaminant l’air de ses ondes fétides. Dans ce lieu où l’argent est roi, les « vagabonds » comme ils sont appelés par la « haute » errent le long des avenues en vendant leurs marchandises durant le jour et dorment sur le perron des grandes banques durant la nuit. Dans le ciel, les plus riches se déplacent en hélicoptère d’un immeuble à l’autre, point de mélange, la rue n’est pas pour eux. Le reste de la population, loin d’être prisonnière de cette jungle urbaine, vit avec simplicité dans la tradition brésilienne. De petites entités se dessinent dans la multitude, le boucher, le coiffeur, le bar « du coin », comme un village dans la ville.

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Vue depuis de COPAN - SP

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La grande nature elle, est présente au delà de l’au-delà. Lorsque les limites de la ville et de la campagne n’existent plus depuis longtemps et que l’on se rend compte que l’on est dans un tout autre type d’isolement. La grande nature est tout autant hostile et difficile à appréhender que la grande ville et comme elle, la nature est un paysage impliquant une progression lente dans son rapport dedans-dehors. Ainsi, pour entrer dans la grande nature, il ne suffit pas de quitter la ville, de traverser sa campagne et de voir ce qu’il y à au delà. Entrer dans la grande nature signifie abandonner une certaine forme d’urbanité : laisser de coté la voiture car il n’y a plus de routes, oublier son téléphone car il n’y a plus de réseau et s’adapter aux conditions de vie et de mobilité de ce territoire sauvage. A ce titre, « l’arrachement » décrit par le sociologue Georg Simmel lorsqu’il explicite le processus d’affranchissement des valeurs traditionnelles de l’individus dans la grande ville fonctionne également à l’inverse : il existe un arrachement aux valeurs individuelles issues de la vie de citadin et une adaptation à la vie dans la nature. Dans ce paysage très peu dense en hommes, la valeur de la collectivité, voire de la communauté, remplace celle de l’individu.

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Liane - Jabarraqua

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IAU : DES MANIERES D’APPRENDRE

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Capacitation

Capacitation. nf. néologisme issu du mot portugais capacitação. La capacitation est le moment de l’acquisition de compétences ciblées dans des domaines particuliers. Durant mon échange universitaire, en parallèle de la découverte de la culture et du paysage brésiliens, j’ai entrepris un processus de capacitation dans divers domaines pour lesquels j’ai un fort intérêt. Pour moi, ce processus de formation spécifique entre en jeu durant toute l’année à travers mon activité à l’université et en autodidacte par l’abordage et l’approfondissement de certaines compétences et par une réflexion personnelle et la pratique d’un regard critique sur ma découverte du Brésil. L’année d’échange s’inscrit dans mon cursus comme une année de formation parallèle, elle me permet de me focaliser sur des sujets à la fois théoriques et pratiques que je n’ai pas abordé durant ma licence. Mon choix à ce titre est de considérer dans leur ensemble, d’une part les apports de connaissance théoriques et d’autre part, les expériences techniques. Lors du choix des enseignements que je devrais suivre durant cette année à l’Institut d’Architecture et d’Urbanisme de São Carlos, j’ai privilégié les thématiques qui m’intéressent à la stricte logique universitaire de mon cursus. J’ai alors sélectionné parmi les enseignements proposés, des matières dispensées en première année, en seconde, en troisième ainsi qu’en quatrième année. Ce choix porte notamment sur des enseignements d’histoire qui me permettent d’approfondir mes connaissances sur le Brésil, son développement institutionnel et économique et puis plus particulièrement d’aborder l’étique en architecture à travers l’histoire de l’architecture moderne au Brésil. J’ai également porté mon regard curieux sur les enseignements de projet d’architecture, d’urbanisme et de paysagisme à travers des matières focalisées sur chacun de ces domaines mais

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dont les exercices d’application croisent les compétences entre elles. Ainsi, le projet d’architecture de quatrième année est dominé par le dessin à une échelle urbaine étendue mais la définition des typologies d’habitat et le dessin des espaces publics appelle à l'interaction entre architecture, urbanisme et paysagisme. Le projet de paysagisme de deuxième année, lui, fait interagir plus particulièrement architecture et paysage car il s’inscrit dans une échelle urbaine proche de l’architecture : l’ilot, le quartier. Enfin, mon intérêt pour les théories et les techniques du design paramétrique m’a amené à m’orienter vers des enseignements d’initiation et d’approfondissement de la pratique d’outils numériques dans le projet d’architecture. J’ai ainsi parcouru une échelle plus proche de l’usage : celle du mobilier urbain, du pavillon. En marge de ces enseignements spécifiques à la théorie et la pratique de l’architecture, j’ai voulu participer à un enseignement de langage visuel mettant en relation architecture, ville et corps en mouvement. Cet enseignement propose de répondre, par la vidéo, à une problématique autour de la perception de la ville et par l’analyse du comportement d’un « personnage urbain », ici : l’autobus. Durant cette année, ma pratique de la vidéo est un point central à la fois de la perception et de la restitution de mes expériences de voyage. Cet exercice est donc l’occasion de sortir du cadre du loisir pour mettre en application ma pratique des techniques du montage et du tournage vidéo autour d’une problématique ciblée sur la mobilité dans la ville.

Je détaille dans un autre document l’ensemble des productions théoriques et pratiques réalisées durant l’année :

ÉCHANGE INTERNATIONAL

DOSSIER DE TRAVAUX

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BESTIAIRE DE VIE PRATIQUE

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Belvedère - RJ


AÇAÍ - Au Brésil, le soleil parfois lourd pèse sur le quotidien et il n’est rien de plus agréable que de déguster une préparation d’açaí en fin de journée. Cette baie typique est généralement mélangée avec le guarana, très présent également. Ajouter à cela quelques morceaux de banane et du miel pour un rafraichissement gourmand et revigorant : l’açaí et le guarana sont des énergisants naturels très riches, à consommer avec modération ! AGRESSION - Malheureusement, le Brésil est un pays dont la pauvreté est un fléau et les inégalités entre les populations démunies et les riches se creusent de plus en plus. La misère entrainant l’insécurité, être européen au Brésil est un risque à courir. Première évidence : ne pas tenter le diable en exhibant des objets de valeur dans les rues (appareil photos, montres, ordinateur). Ensuite, mieux vaut laisser ses documents à l’hôtel ou la maison et toujours emporter de la monnaie à donner aux personnes dans le besoin. En cas d’agression, ne pas tenter le rapport de force, réagir avec calme et sans résister reste la meilleure manière d’éviter les malheurs. ARGENT - La monnaie brésilienne : le réal, est généralement évalué par rapport à l’euro autour de 1Euro = 3 Reais. Le cout de la vie peut donc s’avérer assez faible pour un européen en échange cependant le salaire minimum au brésil équivaut à 250 Euros. Un conseil quant au choix du mode de paiement à l’étranger : privilégiez les cartes MasterCard qui sont rattachées au réseau Banco 24H, elles permettent de retirer en bornes en toute liberté. ARTISANAT - Le Brésil un bassin culturel où s’entrecroisent de nombreuses cultures. Les peuplements précolombiens ont développé l’art du tissage et le macramé, les fameux « bracelets brésiliens » son issus de cette tradition. L’élaboration de « filtres de rêves » à base de lianes, de fils, de graines percées et de plume est un exercice long mais passionnant. AVION - Se déplacer rapidement dans un territoire aussi grand que le Brésil demande parfois d’emprunter des modes de transports tels que l’avion. Au delà des 12H de vol à surmonter entre la France et le Brésil, il est impressionnant d’arriver au dessus de São Paulo de nuit ou bien de survoler la foret amazonienne en journée. L’avion, en dehors du moyen de transport est un formidable moyen de percevoir l’étendue des paysages qu’offre le Brésil. BATEAU - Parcourir les ruisseaux, les fleuves et les océans n’est pas chose aisée et le bateau joue un rôle important dans la mobilité sur le fleuve ou

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dans l’accessibilité de lieux totalement isolés où aucune route ne mène. Il existe ainsi de nombreux types de bateaux dont la forme et la vitesse varie selon les besoins du passager ou de la marchandise. Embarquer avec 200 personnes, 200 hamacs et 100 motos sur un navire remontant l’Amazone est une aventure en soi. Monter à bord d’un petit bateau de pèche qui fait l’aller retour entre le port et une petite plage isolée au milieu d’une réserve naturelle en est une autre. Certains bateaux transportent des camions quand d’autres embarcations transportent les chauffeurs. Il ne faut pas hésiter à monter sur le pont, ce sont des moments de contemplation où la vie ralenti et s’accélère selon la vitesse du courant. BLOG - Mon expérience d’échange international est faite d’une multitude de moments indescriptibles cependant, à la maison, des parents et des amis peuvent attendre des nouvelles. Partager ces moments pour soi et pour les autres est un plaisir et l’internet n’a pas de frontières : www.damisawayfromkeyboard.tumblr.com BRECHO - Les vêtements sont souvent assez cher au Brésil, ils correspondent en réalité aux standards européens. Cependant, les brécho, ces petites friperies ouvertes sur rue qui vendent d’occasion des vêtements rétro et des déguisements sont un moyen de s’habiller avec peu de moyens et sans se soucier du nouveau courant de la mode. CAFÊ DA MANHA - Le petit déjeuner. Un moment très important dans la journée au Brésil, les buveurs de café s’abreuvent, de petits pains (appelées « pains français » ) sont garnis de mozarella, de jambon et on mange du melon d’Espagne et de la pastèque. Le goûter, appelé cafê da tarde sera le moment de reprendre du café ( cf. Oldelaf : Le Café) CAPOEIRA - Sans e dans l’o. A l’origine, un art martial afro-brésilien pratiqué par les esclaves noirs et prohibé, il est mélangé avec des danses traditionnelles africaines jusqu’à s’y confondre définitivement. Parfois d’une grande violence, c’est une activité physique très répandue dans le monde depuis le XX°, impressionnant par son caractère acrobatique et ses rythmes caractéristiques. CARNAVAL - Il faut savoir que le mythe du carnaval de rue comme on le conçoit en Europe n’est plus comme « dans le temps ». Victime de son succès, le carnaval de Rio et le défilé des écoles de samba se fait aujourd’hui dans le Sambodrome, une arène où les spectateurs s’assoient et regardent passer les chars des heures durant. Loin de la

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fête qu’on peut avoir à l’esprit, l’authentique carnaval a lieu derrière cette façade touristique, dans les cafés populaires et dans les villes où le cliché n’a pas pris le pas sur la tradition. CATRACA - La catraca c’est le tourniquet, un dispositif plutôt classique pour créer une barrière entre un espace payant et un espace libre de passage. Au brésil, cette barrière est présente dans tous les systèmes de transports urbains : vous entrez dans le bus à l’avant, un espace est aménagé derrière le conducteur où les personnes âgées peuvent s’asseoir puis, vous payez le voyage au cobrador (littéralement : celui qui fait payer ») et vous franchissez l’étroit tourniquet. CHURRASCO - Barbecue. Tradition familiale des grillades. Le churrasco est un art, saucisses pimentées, pains à l’ail, courgettes grillées et boeuf à toutes les sauces. Si vous êtes un grand carnivore, vous apprécierez les buffets à volonté de viande pour 25 R$. Ne pas négliger les fruits au dessert : ananas à la cannelle et bananes frites. COPA - La coupe du monde de football... En quelques mots : Polémique et Déception. Entre les détournements de fonds publics ; les constructions précipitées ; la suppression d’activités commerciales traditionnelles ; la « pacification » des favelas et « hygienisation » de l’espace public ; l’inutilité voire l’aberrance de la construction du stade de Manaus et les financements controversés de celui de São Paulo ; la mobilisation réprimée par la police anti-émeute et la passerelle d’autoroute qui cède et s’écrase sur un bus, la coupe du monde 2014 est un échec cuisant dont les retombées positives dans l’économie brésilienne sont prévues pour dans une centaine d’années et dont les retombées sociales et urbaines de gentrification des espaces populaires et d’exclusion des habitants des favelas sont immédiates. Au delà de la mauvaise prestation de son équipe en demi-finale contre l’Allemagne, le Brésil (son peuple), paye les pots cassés de la politique de ses dirigeants mais il donne à la contestation une visibilité internationale pour exprimer les conditions dans lesquelles vit ce « peuple du foot ». CORREIO - Le courrier !! Qui n’a jamais écrit un message parfois ensoleillé, parfois pluvieux au dos d’une photo cartonnée montrant une magnifique plage dont le nom, écrit en blanc sur noir fera rêver le chanceux destinataire ? Pour les cartes postales, aucun soucis, le système postal Brésilien est efficace sauf quand il fait grève (ce qui peut parfois durer quelques mois). Le point important à soulever n’est pas au sujet de l’envoi de courrier depuis le Brésil vers le Brésil ou même vers la France, mais a propos de la réception de paquets depuis la France vers

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le Brésil. Si vous attendez avec impatience votre boite de foie gras et votre bouteille de chartreuse (comme cela m’est arrivé cette année), je vous encourage à faire attention à la taxe d’importation élevée à 60% du prix de la marchandise à l’entrée du territoire brésilien. Ainsi, votre colis pourrait vous couter assez cher à la réception. Pour pallier à cette disposition propre aux pays en développement (qui exportent plus qu’ils n’importent, importation uniquement de produits de luxe = fortes taxes..) je vous conseille de ne pas déclarer de grande valeur sur le formulaire du colis, indépendant de toute démarche d’assurance. CUISINER - Pour les petits marmitons, la cuisine au Brésil dépend bien sur de la régions dans laquelle vous vous trouvez mais pour la grande généralité, la base de l’alimentation : le riz (arroz) et les haricots (feijao). Il faudra passer le test de la préparation de ce plat typique à un moment donné car on ne peut pas partir sans savoir assaisonner les haricots (partie réputée pour être délicate). Dans sa généralité, la culinaire brésilienne use très volontiers d’aliments comme le manioc, l’aubergine, le concombre et la pomme de terre bien sûr. La friture fait partie du quotidien mais on préfèrera les bolinhas caipiras aux french fries. DUCHA - A savoir sur les douches au Brésil : c’est une merveilleuse résistance qui chauffe l’eau directement à la pomme de douche (appelée poétiquement chuveiro issu de chuva : la pluie). Il faudra donc user de malice pour ne pas prendre de châtaignes comme on dit dans le jargon de l’électricité, puis pour trouver le juste milieu entre température et débit (vous l’aurez compris, plus il y a de débit, moins ça chauffe..). FACEBOOK - La jeunesse brésilienne est connectée, les moins jeunes également : amis, parents, professeurs, les réseaux sociaux sont parti prenante de la vie au Brésil. Ne soyez pas surpris de voir le groupe de projet vous inviter à partager votre ressenti sur la correction de la semaine passée via Facebook ou même de devoir rendre votre travail directement sur le réseau social. Si vous étiez capable de résister à entrer dans cette sphère numérique, vous serez malgré vous forcé de vous y impliquer. FANFARES - Les fanfares universitaires brésiliennes sont des groupes essentiellement composés de percussions. Vous vous rappellerez peut être d’un rythme de cloches, de tambours et d’un sifflet qui semble ne jamais s’arrêter, vous y êtes presque. Elles accompagnent les défilés mais on les voit le plus souvent s’entrainer en plein air et faire « résonner la Terre »

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FAVELAS - L’habitat spontané du Brésil, on pourrait le qualifier de vernaculaire dans le contexte de la « Grande ville ». La favela est un tissu urbain spécifique à la périphérie des grandes métropoles brésiliennes, installés très rapidement, ses habitants on eu recours à l’auto-construction où aux services d’artisans pour édifier des maisons, les renforcer et les agrandir au cours du temps. Devenu un symbole et une attraction touristique, la favela intrigue par sa culture et le paysage urbain qu’elle dessine sur l’horizon. Au delà de cette image fantasmée, la favela est un lieu de conflits sociaux, entre trafics et corruption, les habitants sont isolés de la ville, pris en étaux dans un système où un petit groupe a la main mise sur les ressources et les hommes. FRUITS - Les fruits sont l’une des richesses du Brésil. Comme souvent dans les pays au climat tropical, on trouve bon nombre de goyaves, fruits de la passion, ananas, mangue, papaye, noix de coco, et de nombreuses autres sortes de fruits aux formes insolites. Avec une telle variété, le mixeur à domicile deviens rapidement une nécessité. HAMAC - Invention des indigènes, le hamac s’intègre à l’ensemble de la culture sud-américaine. Au brésil, on le retrouve sur le perron de chaque maison, suspendu à deux crochets spéciaux profondément plantés dans les parois. On s’y balance agréablement à quelques centimètres du sol. Durant un long voyage il deviens un atout imparable du moment qu’on trouve des arbres pour le suspendre. HAVAIANAS - La « tong », chinello en portugais est incontournable. Bien que connue partout dans le monde comme un icône du mode de vie chillout elle n’en est pas moins un accessoire de tous les jours : pour caler une porte battante, pour tuer un moustique un peu trop courageux ou encore comme éventail et souffler de l’air sur un feu timide. LATEX - Le caoutchouc naturel, dit latex issu du traitement de la sève d’hévéa fut l’une des ressources exploitée dans l’Amazonie au cours du XX° siècle. Quand l’automobile entre dans une phase d’expansion, l’industrie du pneu demande une grande quantité de gomme, fournie par une sorte de ruée vers l’or appelée au Brésil : siècle de la borracha durant lequel un grand nombre de personnes en quête de richesse s’installe dans la forêt ou l’hévéa est très présent. Pour faire baisser le prix du latex, la grande Bretagne implante l’hévéa dans ses colonies antillaises et la borracha tombe décadence. Aujourd’hui, les séringueiros produisent du latex pour fournir de petits ateliers d’artisanat de latex naturel, fabricant des sandales, des bijoux ou encore de véritables balles rebondissantes.

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MOUSTIQUES - De toutes les sortes, les moustiques du Brésil sont hargneux. Vous développerez peut être une capacité à la traque en milieu sombre ou bien une insensibilité mais voici les quelques moyen pour éviter de vous réveiller avec une certaine idée de comment vous étiez enfant lorsque vous aviez la varicelle. Premièrement, l’imparable moustiquaire, utile voire indispensable en foret (existe aussi dans le modèle hamac). Il vous faudra vous armer une fois sur place d’un véritable anti-moustique mais sachez que les indigènes se protègent grâce à un produit si gras que je moustique ne parviens pas à piquer tant il glisse. L’anti-moustique naturel serait (parait-il) de gober une tête d’ail au petit matin, de prendre un thé à la citronnelle ou encore de se passer une lotion à base d’arnica. MUSICA - Chico Buarque, Tin maia, Joao Gilberto, Caetano Veloso, Ney Matogrosso et j’en passe. La musique brésilienne est un miel pour les oreilles des amateurs de jazz, elle enchante les coeurs et parle du brésil. La samba, le maracatu, le forro, le carimbo, autant de musiques et de danses qui emportent les esprits dans des jeux de jambes hors du temps. OKTOBERFEST - Aussi surprenant que cela puisse être, le Brésil fête la bière. L’immigration de populations allemandes dans le sud du pays importe avec elle des pans entiers de culture. Ainsi, au delà de retrouver de nombreux noms germaniques dans la diversité des brésiliens, la fête de la bière est une tradition devenue brésilienne. POISSONS - Pirarucu, Tambaki, Tucunaré ; les poissons de l’Amazonie sont parfois si mystérieux qu’ils ne laissent pas de trace lorsqu’ils parviennent à happer un malheureux naufragé vers les fond de la rivière mais ces trois spécimens sont bien connus et les déguster après les avoir grillés au dessus d’un feu en bord de fleuve est une expérience à connaître et renouveler. POLICE - L’autorité au Brésil est représentée dans la rue par la police. Qu’elle soit municipale, militaire (fédérale), rurale ou encore routière, la police est une force de l’ordre qu’il vaut mieux éviter et son action est souvent caractérisée par un grand racisme. Difficile d’aborder le sujet de la police sans parler de la forte répression des manifestations et sur les préjugés dont sont victimes les populations noires au Brésil (50% de la population). PRATO FEITO - Le « plat fait » c’est le menu du jour, souvent aux alentours de 15R$, il est toujours composé d’une assiette de riz et de haricot accompagnés d’une viande (poulet, boeuf ou poisson frit). Ce type de repas correspond à une réfection classique mais il est souvent possible

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de commander un assortiment comparable disposé dans un plat d’aluminium appelé marmita ou de composer directement son repas et de payer son assiette selon un prix fixé « au kilo ». RELIGION - Le Brésil est un état laïque dans sa constitution mais la religion est toutefois un élément indissociable de sa politique. L’avortement est un crime fédéral, le mariage homosexuel est loin d’être autorisé et la part conservatrice de l’opinion publique adhère à ces mesures. L’intérieur du pays est marqué par une forte présence d’églises évangéliques dont la pluralité est surprenante : méthodiste, évangélique, adventiste, etc... L’importance de la parole du pape n’est pas négligeable. REPUBLICA - Terme pour qualifier les maisons abritant une colocation d’étudiants. A l’origine, les républicas sont les maisons des étudiants de l’école des mines de Ouro Preto, certaines approchent la centaine d’années d’existence. Ma maison est une républica depuis 17 années, partager une chambre avec Thomas me reviens à 100Euros (factures et courses générales inclues), comme quoi la colocation est entrée dans la tradition. SANTE - Le système de santé du Brésil est aussi inégalitaire que le Brésil lui même. Bénéficier de soins décents est un combat en interne aux hôpitaux. La surcharge de demandes de soins et la faible capacité à répondre à ces besoins rend le système de santé très peu efficace et de nombreux malades ne trouvent pas de solutions. Par exemple, la majorité des traitements en orthodentie commencent à partir de 20 ans car les personnes encore enfant n’ont aucun moyen de payer leurs frais médicaux. Un très grand contraste avec la France. TOILETTES - Peu de choses à dire à propos de la privada, seulement que les tuyaux d’évacuation des toilettes sont généralement étroits. Il existe donc un usage commun qui veut qu’on jette le papier toilette dans une poubelle à coté afin d’éviter de boucher les canalisations. Bon à savoir. VACCINS - Un certain cocktail de piqûres sont obligatoires pour se rendre au Brésil, notamment la fièvre jaune, la typhoïde et les hépatites. Cependant, une grande préoccupation reste autour des maladies non virales comme la dingue et la malaria (palud). Pour ces dernières, il est préférable de se protéger chimiquement (produits répulsifs) et de garder bras et jambes couverts lors des début et fin de journées. Les médicaments préventifs du palud ne sont pas nécessaire, ils compliquent le traitement plus qu’ils ne vous protégeront à moins de suivre un traitement rigoureux avant pendant et après.

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OUVERTURE

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Coucher de soleil - Rio Madeira


Il n’est pas d’expérience plus formatrice que celle du voyage, du partage, de la découverte. L’échange international offre une chance indéfinissable de grandir humainement. Il apporte une perspective neuve à l’ensemble du vécu avant lui et donne un nouveau regard pour vivre un après. Lorsque je reprend le fil de cette année passée, j’ai du mal à réaliser la complexité impliquée par l’ensemble des expériences vécues, des rencontres faites. Je me sens évidement nostalgique de l’énergie de la découverte qui s’emparait alors de moi et m’emmenait par la seule curiosité à l’aventure au travers des paysages les plus impressionnants qu’il m’ai été donné de contempler. Faire le bilan d’une année d’une telle richesse à la fois sensorielle, culturelle, intellectuelle et humaine dans son ensemble n’est pas chose aisée et je ne le souhaite pas. En réalité, si je peux admettre que l’expérience de cette année d’échange comme elle s’est déroulée dans le temps est en soi terminée, l’expérience de mon ouverture sur le monde et l’exercice de ma soif de culture et de paysages ne fait que commencer. Voir du pays était mon premier souhait en entreprenant de réaliser un échange à l’étranger. La décision de partir au Brésil s’est prise en un petit quart d’heure, assis sur une table d’un terrasse à Grenoble. Décider de voir le monde et de l’embrasser dans son ensemble, je l’ai réalisé au fur et à mesure de ces douze mois passés : un processus long et court à la fois au travers duquel j’ai tissé les amitiés les plus fortes, vécu les moments les plus intenses et perçu la beauté et la fragilité de notre monde.

Je peux dire à tous ceux qui souhaitent s’y perdre, dans ce chemin il suffit de marcher et de se laisser guider. Je souhaite remercier ce peuple merveilleux, ceux qui ont fait de ce voyage une odyssée. Quero agradecer esse povo maravilhoso, os que fizerem dessa viagem uma odyssea.

DAMIEN ELIAS

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