MAROC, le Pays Berbère

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Plan du (ilm : 1ère PARTIE.

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1. Séquence d’introduction générale. 2. Marrakech : Jemaa el-Fna de jour et de nuit. Le souk des tanneurs. 3. Origine, identité et légitimité des Berbères (ou Imazighens). Le calendrier, l’écriture, la langue. 4. Géologie de l’Atlas. Rencontre de Ihmad. Fossiles & gravures rupestres. 5. Argan : récolte, huile, coopérative. Safran : l’or rouge des Berbères. Ferme à spiruline. 6. Côte atlantique : les berbères de la mer. Essaouira l’authentique. 7. Désert : le Sahara du Maroc. Zagora et Merzouga. Oasis et eau. Rencontre de Zaïd Abou. 8. Les musiciens Gnaoui du village de Khamlia. 9. Aït Ben Haddou : le Mont-Saint-Michel des Chleuhs. Visite du ksar. Studios de cinéma Atlas.

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ème PARTIE.

1. Paysans berbères de l’Atlas : la vallée des Aït Bougmez. Séjour chez Fatima et Lahoucine. Projets communautaires : irrigation, construction de maison, moulin à eau, école du village. 2. Greniers collectifs des Berbères ou agadirs. Rucher collectif d’Inzerki. 3. Agroécologie : ONG Terre et Humanisme. Rencontre et interview de Pierre Rabhi, chantre de l’agroécologie. Exemples : désert d’Agafay et Douar Skoura (ferme expérimentale). 4. Village de Tizi n’Oucheg : mariage berbère. 5. Anti-Atlas : la vallée de Tafraoute. Amandiers en gleur. Musée berbère de Rachid et Mustafa. Travail de la babouche. Peintures paysagistes de Verame. 6. Kasbah fortigiée de Tizourgane. Mosquée restaurée de Tinmel. La tradition du boujloud. 7. Conclusion d’un voyage riche en rencontre et enseignement.


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EDITO

Habitué aux voyages «semi-expédition» (en autonomie et à la dure), le Maroc ne m’enthousiasmait pas particulièrement. Trop fréquenté, trop courtisé, trop présent dans les catalogues d’agences. Un pays dénaturé déjà par un tourisme trop conquérant et peu respectueux. J’avais tout faux !

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En novembre 2013, Marie-Flore et moi avions 15 jours de libre… Pourquoi pas un petit voyage facile, un premier hôtel, une voiture.., et à la bonne franquette…! Cinq mois plus tard, j’étais de retour. Avec la ferme intention de réaliser un film sur les Berbères et l’Atlas. Dès lors, j’y suis retourné quatre fois. Et j’ai eu l’impression de parcourir la terre entière !

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Pourquoi un film sur les Berbères ? Pourquoi pas ! Je connaissais déjà les Touareg du Mali, d’Algérie, de Libye ; les Bédouins et les Nubiens du Soudan et d’Egypte ; le peuple Toubou du Tchad. Bref, j’identifiais, sans les assimiler, tous ces peuples de l’Afrique du nord et du Sahara.

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Les Berbères ont leur légitimité dans l’histoire ! Ils sont les Imazighen , « les hommes ». Tout en affrontant les mutations d’un Maroc qui se mondialise, ils ne cessent de revendiquer leur identité. Des femmes et des hommes qui pratiquent une économie solidaire, basée sur l’autarcie et l’autonomie. Un sens de la communauté, une cohésion sociale qui se reflète jusqu’à l’architecture des agadirs (greniers collectifs).

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Ils s’adaptent et développent de nouveaux potentiels. Ainsi le tourisme rural et les gîtes paysans. C’est le cas dans la vallée des Aït Bougmez, « la Vallée Heureuse », une immersion au cœur agricole de l’Atlas. Ainsi de projets agraires basés sur les principes d’agroécologie. Chantre de ces nouvelles pratiques, Pierre Rabhi, paysan philosophe, est le fondateur de Terre et Humanisme. Pour lui, si l’homme agit en maître de la nature, il finit par la détruire. Et se détruire… Nous rencontrerons Pierre Rabhi.

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Les « Printemps arabes », le Maroc y a échappé ! Peut-être parce qu’une révolution islamique est difficile à justifier dans ce pays dirigé par un descendant du prophète… Ou parce que le Maroc possède de longues traditions de tolérance et d’hospitalité, un héritage berbère sans aucun doute. Voyager au Maroc devient vite une affaire de partages et de rencontres, de celles qui enrichissent la pensée. Et c’est ce Maroc-là que je vous invite à découvrir (*).

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Dany Marique

(*) Cette brochure se veut être un complément au DVD « MAROC, le Pays Berbère ».


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MAROC

Le nom MAROC provient du terme arabe al Maghreb al-Aqsa, qui signifie « le plus à l'ouest». Le pays est comme une île, bordé par l’Atlantique à l’ouest, la Méditerranée au nord et le Sahara partout autre part (en frontière avec l’Algérie). Un pays pluriel par excellence : la côte, le désert, la montagne... La variété des paysages a son importance : y voyager donne vite l’impression de parcourir tous les horizons et tous les contrastes de la planète. Une variété qu’on retrouve aussi dans la population : cohabitent ici des Juifs, des Chrétiens et des Musulmans, des Berbères et des Arabes, des sédentaires et des nomades, des retraités et des touristes ! Un pays riche en termes d’histoire, de cultures, de peuples, de traditions et de religions. Les plus importantes villes sont Casablanca, capitale économique ; Rabat, capitale officielle et administrative ; puis Fès et Marrakech, des villes dont le patrimoine architectural et historique est aussi riche que diversifié. Quand on parle des villes impériales, il s’agit des anciennes capitales historiques : Fès, Marrakech, Rabat et Meknès.

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GEOGRAPHIE

A l’intérieur, trois chaînes obliques de montagne. Moyen Atlas, Haut Atlas, Anti-Atlas.., des massifs différenciés, bien définis par les géologues. La montagne occupe plus d’un quart du
 territoire. Le Haut Atlas est le plus accidenté, né de soulèvements volcaniques. S’y trouve le sommet du Maroc : le mont Toubkal, à une altitude de
 4.167 mètres. Au nord, le Moyen Atlas est une réplique tectonique de son grand frère. Et au sud, l'Anti-Atlas s’est adossé – par la suite, mais il y a quand même 150 millions d’années ! – en appui sur le Haut Atlas.

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Sur les flans est et sud du pays, c’est le désert, le Sahara. Pour les caravanes qui le traversaient, l’Atlas représente à la fois une frontière, un repère et un refuge, et une réserve d’eau comme de nourriture.

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SUPERFICIE revendiquée 713.000 km2 mais reconnue internationalement : 446.550 km2. La différence : le Sahara Occidental (266.000 km2 au sud-ouest) que le Maroc considère comme sien. C’est la plus grande différence au monde entre superficie proclamée et superficie reconnue internationalement ! Sous la surveillance de l’ONU, le Maroc contrôle aujourd’hui 80 % du Sahara Occidental, le Front Polisario en contrôle les 20 % restant. Un problème pas vraiment résolu donc, mais qui se révèle être surtout un conflit entre le Maroc et l'Algérie. L’enjeu trouve sa source dans les ressources minières (phosphate, fer) et pétrolières de la région.


CLIMAT. Parler du climat n’est pas simple ! Lié à la géographie du pays, il est tributaire des influences océaniques, méditerranéennes, montagnardes, continentales ou désertiques. Juillet - août sont forcément les mois les plus chauds, difficile à supporter surtout dans les vallées présahariennes, au désert et dans la plaine de Marrakech. Les mois d’avril-mai et octobre-novembre sont plus favorables. Sur les côtes, l’hiver est doux et modérément arrosé, l’été chaud et sec (24 à 26 °C). Par contre, dans les chaînes de l’Atlas, les précipitations sont importantes de octobre à mai. Une fois, en fin septembre, nous y avons connu un vrai déluge. L’hiver, les superbes sommets de l’Atlas sont enneigés (station de ski à Oukaïmeden) et les températures très fraîches, il peut geler.

HISTOIRE Sa position africaine aux portes de la Méditerranée et sur l’océan Atlantique en fait un pays très convoité dès l’antiquité. Occupé déjà depuis 10.000 ans par des tribus berbères, les navigateurs et commerçants Phéniciens installent sur les côtes des comptoirs portuaires dès le Xème siècle avant notre ère. Au cours des siècles suivants s’invitent successivement les conquérants Carthaginois (les guerres puniques), les Romains après la chute de Carthage, le passage des Vandales et des Visigoths, puis l’installation des grecs Byzantins…

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En 682, l’invasion armée des Arabes venus de la péninsule arabique est un échec ! Les Berbères défendent leur territoire avec fougue. Mais la diplomatie, et surtout le commerce, vont pousser à la conversion à l’islam. De facto, l’islam deviendra la religion dominante des Berbères, qui jusque là étaient animiste en liaison avec les cycles de la nature, ou chrétiens (à partir du 2ème siècle).

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L’histoire se complique encore... Au Maghreb - qui devient le Maroc - les dynasties se querellent et se succèdent : Idrissides, Almoravides (qui fondent Marrakech en l’an 1062), Almohades, Mérinides, Saadiens, et enfin depuis 1666 les Alaouites, dernière dynastie de descendants direct du Prophète, encore régnante actuellement.

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Entretemps les Espagnols puis les Français s’intéressent à cette tête de pont sur le continent africain. En 1906, la conférence d’Algesiras place le Maroc sous la tutelle de l’Espagne et de la France. En pratique, c’est la France qui dirige le pays, sous forme d’un protectorat. Et ce, jusqu’à son indépendance acquise le 2 mars 1956, avec l’établissement d’une monarchie constitutionnelle.


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Issu de la dynastie Alaouite, Mohamed V devient le premier« roi » du Maroc (auparavant, les souverains étaient des « sultans »). Son fils Hassan II lui succède. Il règnera de 1961 à 1999. Ce souverain rattache au territoire l’ancien Sahara espagnol (Sahara occidental) et dirigera le pays d’une main ferme. Enfin, fils de Hassan II, Mohamed VI - dit M6 occupe le trône depuis 1999.

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Forme d’état. Monarchie constitutionnelle parlementaire, comme la Belgique. Sauf qu’ici, c’est plutôt une sorte de dictature royale... Car le roi au Maroc est le grand chef suprême, politique, religieux et militaire, avec des pouvoirs très étendus. Il préside le Conseil des Ministres, les nomme et les renvoie selon son bon vouloir. Le gouvernement n’est donc pas élu. Le roi peut aussi gouverner par décrets. Il est également le chef des armées. Un cabinet royal rassemble ses conseillers : c’est lui qui les nomme, à la prestation, selon ses besoins. Mais il y a des élections quand même ! Pour un Parlement de deux chambres. Celle des Représentants : 395 membres élus au suffrage universel, dont obligatoirement 90 sont des femmes et des jeunes. Et la chambre des Conseillers : 120 membres élus. Les Chambres peuvent proposer des lois. Cependant, avec Mohamed VI, le Maroc se réforme à petit pas, constitution y compris. Entre autre, sur le statut des femmes et le code de la famille, sur la liberté – toute relative - de la presse et de l’opposition. Les libertés individuelles restent malmenées, souvent liées, comme chez nous, à la politique, à la culture et à la religion. Pays en voie de démocratisation ? Ça prendra du temps. Le Maroc évolue.., lentement.., mais cela lui a déjà permis d’échapper aux Printemps arabes. Un pays assez stable, accueillant et calme, ce qui touristiquement parlant est un très grand atout. Comme pour d’autres pays du nord de l’Afrique (je pense à l’Egypte, au Soudan), le prix du pain est un indicateur important et très symbolique de la stabilité du Maroc. En quelque sorte, la monarchie et ses alliés se font les garants de la sécurité alimentaire. Le gouvernement contrôle l’importation, la production, le stockage, la distribution du blé, pour faire face aux pénuries ou aux éventuels soulèvements populaires. Que les denrées de base viennent à augmenter, et le risque de sédition augmente... Produit de première nécessité, le prix des céréales interfère donc dans la conduite stratégique de la politique du Maroc. Il faut dire que « faire son pain à la maison » fait partie de la culture marocaine, les familles paysannes préférant ce pain maison au pain industriel.


Population. On y compte 35,7 millions d’habitants (2017). Un creuset ethnique singulier s’y est forgé : il s’est construit une identité nationale. Evidemment, comme souvent, c’est le football qui en est le ciment ! Arabes et Berbères, confondus dans les recensements, représentent 85 % du total. L’Islam est la religion officielle. Majoritairement, la population est urbaine (environ 65 %, en croissance), le plus souvent dans les grandes villes côtières. Langues officielles : l’arabe et l’amazighe, la langue des Berbères. Au sud, le français est assez souvent parlé, tandis qu’au nord, l’espagnol est parfois encore pratiqué. Sur internet, la langue la plus consultée reste cependant ... le français ! Religion(s). Islam sunnite de rite malékite (99 %), christianisme, judaïsme (1 %).

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ECONOMIE

Principales productions agricoles. Céréales (blé, orge), agrumes (oranges, mandarines), arbres fruitiers (amandes, pommes, abricots...), betteraves, légumineuses, cultures maraichères dont la pomme de terre et la tomate. Point de vue élevage : ovin, caprin, bovin, camelin, avicole. L’élevage contribue pour 30 % de la production agricole globale. Le taux de croissance est fortement corrélé à celui de la production agricole. Ce secteur est aussi le premier pourvoyeur d’emplois du pays (avec 40 % de la population active). Evidemment, la gestion de l’eau est un facteur crucial pour le développement de l’agriculture. Principales productions industrielles. Industrie automobile (accord avec Renault, PeugeotCitroën, Ford), l’électronique et haute technologie, l’agroalimentaire et la pêche, l’industrie textile et cuir, l’industrie minière (phosphate, charbon, plomb, argent, or, zinc, cuivre, uranium, etc), l’industrie pharmaceutique et chimique, et depuis peu l’aéronautique (Boeing). En résumé : des productions bien diversifiées… Sans oublier le tourisme, source de devises. Le Maroc exporte essentiellement des produits de la mer, des fruits et des légumes. Mais aussi du phosphate, du phosphore, des textiles et des automobiles. Il importe du pétrole et du gaz, de l’électricité, des machines et équipements divers, des armes. Le tourisme au Maroc : industrie importante. Avec l'Afrique du Sud et l'Égypte, le Maroc se trouve dans le trio de tête des pays visités en Afrique. Parce qu’il est plus stable et plus sécurisant, il n’a pas subi l’impact des Printemps arabes. L’usage assez généralisé du français facilite le tourisme. Et il faut ajouter qu’existe ici une tradition de tolérance et d’hospitalité qui ne se dément pas. Le seul inconvénient provient d’une forme d’harcèlement ou de racolage économique que l’on subit essentiellement dans les lieux touristiques : souks de Marrakech, orée du désert à Merzouga.

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Optimisme dans le tourisme marocain. Nouvel aéroport à Marrakech : on compte doubler la capacité touristique à l’horizon 2025 et passer à 20 millions par an...


Quelques chiffres : le Maroc comparé à la Belgique et à la France. Indicateurs

Maroc

Population totale (2018)

Belgique

France

34,3 millions

11,6 millions

67,4 millions

77

379

104

25,50 %

17,20 %

18,50 %

6,90 %

18,90 %

19,80 %

18,00 %

19,00 %

23,60 %

Taux d’alphabétisation 15 et + (2015) Hommes

79 %

99 %

99 %

Taux d’alphabétisation 15 et + (2015) Femmes

59 %

99 %

99 %

Espérance de vie (2018) Hommes

74 ans

78 ans

79 ans

Espérance de vie (2018) Femmes

80 ans

83 ans

85 ans

62/38 %

98/2 %

80/20 %

38 %

1,30 %

2,90 %

2,38

1,69

1,92

Densité de population hab/km Population de moins de 15 ans (2018) Population de plus de 64 ans (2018) Taux de chômage des 15-24 ans (2017)

Proportion population urbaine/rurale (2018) Part de l’agriculture dans l’emploi (2017) Taux de fécondité – naissances par femme (2018) IDH (indice de développement humain) (2018)

0,667 (123

0,916 (17

0,901 (24

Nombre téléphones mobiles/100 habitants (2017)

129

104

103

Utilisateurs d’Internet pour 100 habitants (2016)

58

86

85

Nombre de voitures pour 100 habitants (2011)

9

56

58

Nombre de tracteurs/1000 hectares cultivés

6

estimé 72

63,5

68 %

44 %

52 %

Terres agricoles (en % des terres arables) (2015)

Belgique – Maroc : 50 ans de migration. Dans l’histoire de l’humanité, la migration est un fait Belgique – Maroc : 50 ans de migration. Dans l’histoire de l’humanité, la migration est un fait démographique qui a toujours existé, n’en déplaise à certains hommes politiques. Avec le Maroc, la démographique qui a toujours existé, n’en déplaise à certains hommes politiques. Avec le Maroc, la Belgique signe les accords dès 1964. Il s’agit alors de compenser un manque de force de travail Belgique signe des accords dès 1964. Il s’agit alors de compenser un manque de force de travail (mines, usines). De cette immigration, nous devons une partie de notre prospérité actuelle ! (mines, usines). De cette immigration, nous devons une partie de notre prospérité actuelle !

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Aujourd’hui, (provenantsurtout surtoutdu dunord nordduduMaroc) pays) constituent le Aujourd’hui,les lespersonnes personnesd’origine d’origine marocaine marocaine (provenant constituent le groupe plus important. important Mais de Belgique. à ce jour groupeethno-culturel ethno-culturelissu issude de l'immigration l'immigration le plus à ce jourMais la majorité est la majorité est issue davantage issue degénération la secondeque génération que dePopulation la première. Population d’origine davantage de la seconde de la première. d’origine marocaine marocaine résident en Belgique 2018) :environ 600.000 environ (chiffre UCL). 80 résidante en Belgique (en 2018)(en : 600.000 (chiffre UCL). Parmi eux, Parmi près deeux, 80 %près ontde acquis %laont acquis labelge nationalité belge (via naturalisation environ 25 %,Cependant, mariage oulenaissance). nationalité (via naturalisation 25 %, mariage- ou naissance). nombre d’individuslepossédant la double nationalité – ce qui est tout à fait permis - reste Cependant, nombre d’individus possédantbelge/marocaine la double nationalité belge/marocaine – ce qui est tout (probablement les(probablement trois-quarts). les trois-quarts). à approximatif fait légal - reste approximatif

Pièce commémorative de la Marche Verte (récupération Pièce commémorative de la Marche Verte (récupération du Sahara Occidental par Hassan II, roi du Maroc). du Sahara Occidental par Hassan II, roi du Maroc). #


Les BERBERES

! Origines. !

Les Berbères sont les premiers occupants du Nord de l’Afrique, depuis au moins 10.000 ans ! Un peuple autochtone donc... De nombreux historiens et chercheurs se sont penchés sur leurs origines, mais sans jamais y parvenir. Tout ou presque a été suggéré : perses, mèdes, cananéens, celtes, ibéromaurusiens, capsiens.., et même rescapés de l’Atlantide ! Peut-être plus simplement l’origine se trouve-t-elle dans un métissage de peuples nomades venus d’Asie et du Proche-Orient…

Drapeau Berbère : Le symbole central est le Z de l'alphabet Tifinagh, il représente l'Homme libre. Le bleu pour la Méditerranée et l'Atlantique - le vert pour les plaines et les montagnes - le jaune est le désert du Sahara.

On trouve des Berbères dans tous les pays du nord de l’Afrique, des Canaries jusqu’à l’oasis de Siwa en Egypte. Même les Touareg sont d’origine berbère, et très probablement aussi les Peuls au sud-ouest du Sahara. Le nom « berbère » - barbare en fait – vient des Grecs : il signifie non grec ou étranger ! Mais ce sont les Romains qui diffuseront ce nom générique. Au Maroc, ils se nomment eux-mêmes les Imazighen - les hommes libres. Envahis de nombreuses fois, les Berbères n’ont jamais été dominés. Ils ont donc leur légitimité dans l’histoire des pays d’Afrique du Nord, et particulièrement au Maroc. Ils ont façonné ce territoire, ils en ont fait leur habitat.

Problème de calendrier.

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Les Berbères possèdent toujours leur propre calendrier, bien différent de celui des Arabes ! Assez similaire à notre calendrier grégorien, conçu au 16ème siècle, il existe un décalage de 14 jours. Les Berbères fêtent donc leur nouvel an le 14 janvier : c’est le premier jour du mois Yennayer du calendrier berbère (dont l’antique calendrier Julien s’est d’ailleurs inspiré.)


Ce calendrier solaire est encore employé pour organiser les travaux agricoles saisonniers. Les fêtes calendaires sont elles aussi liées aux périodes agricoles. Au Maroc, le nom des mois reste assez comparable à ceux de notre propre calendrier (ce qui n’est pas vrai pour tous les pays du Maghreb). Mais il y a plus ! En 2020, les Berbères seront en l’an 2970. Le choix du l’an Zéro correspond à la date où le roi berbère Sheshonq a été intronisé pharaon d’Egypte : en 950 av. JC. Il est le 1er pharaon de la 22ème dynastie, parfois appelée « dynastie libyenne » (alors que dynastie berbère serait plus exact). Ce roi réussit à unifier l’Egypte, puis à envahir la Palestine et probablement à s’emparer des trésors du temple de Salomon, après le décès de ce dernier. Cette prise de Jérusalem - mentionnée dans la Bible - est la première date écrite de l’histoire berbère. Se rappeler qu’à ce moment-là les Berbères occupaient déjà l’Afrique du Nord depuis plus de 7.000 ans... Aujourd’hui, ce calendrier fait partie du patrimoine culturel et surtout de l’identité berbère longtemps occultée par les conquérants arabes. Langue et écriture. Les Berbères parlent l’Amazight, une langue orale d’origine chamitosémitique. Malgré une unité de structure, essentiellement grammaticale, la langue se présente sous diverses variantes et dialectes selon les régions. Au Maroc, l’Amazight ou Tamazight est reconnu, avec l’arabe, au titre de langue nationale. Le Tifinagh est l’écriture pour transcrire l’Amazight. L’alphabet Tifinagh - aussi appelé alphabet libyque - est complexe : l’écriture des signes s’est modifiée dès son origine jusqu'à nos jours. Il n’y a cependant pas d’influence phénicienne comme on l’a souvent dit, mais une origine endogène. Le Tifinagh revient à l’honneur et commence à être enseigné dans les écoles. Des Berbères parmi les plus célèbres : Sheshonq Ier, roi berbère devenu pharaon d’Egypte en 950 avant notre ère (il fonde la 22ème dynastie). Aujourd’hui, ils en sont encore fiers. Le calendrier berbère est fixé sur l’avènement de Sheschong 1er .

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Massinissa (238 - 148 av. J.-C.) : premier et célèbre roi de Numidie. Jugurtha est un roi de Numidie, mais également le héros d’une BD de l’hebdomadaire Tintin ! L’empereur romain Septime Sévère. La reine touarègue Tin Hinan : elle fonde son royaume dans le Hoggar, et inspire Pierre Benoit dans son roman « L’Atlantide ».

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Divers saints et papes sont d’origine berbère, le plus connu : Saint Augustin au 4ème siècle. Le philosophe et médecin Averroes (12ème siècle). L’explorateur géographe Ibn Battûta (14ème siècle). Omar al-Mokhtar, résistant à la colonisation italienne (un rôle pour Anthony Quinn dans « Le Lion du désert »).

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Parmi les politiques actuels : Arnaud Montebourg, Laurette Onkelinckx ou Najat ValloudBelkacem ont des ascendances berbères. Houari Boumédienne, Mano Dayak (leader touareg) et Muhammar Kadhafi étaient berbère.

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Comme acteurs : Marie-Josée Nat, Isabelle Adjani, Gad el Maleh, Jacques Villeret ou Dany Boon ont également des origines berbères. La chanteuse Edith Piaf aussi. En football, Karim Benzema et Zinédine Zidane sont berbère... Les écrivains Mohamed Khaïr Eddine et Yacine Kateb… Et la liste est encore longue.


Autres données identitaires.

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En fait, nombre de produits dits « marocains » font en réalité partie du patrimoine berbère : l’huile d’argan, le safran, l’eau de rose, la confiture d’amande.., et cette délicieuse cuisine de tajines et de couscous, un seul plat pour tous, ce qui incite au partage… L’artisanat aussi est spécifique : la poterie pour la fabrication des tajines, des cruches et des jarres ; le tissage pour les tapis ou les couvertures de laine ; le travail du métal et de l’argent pour les remarquables bijoux.

! Sens de la communauté. !

Tout en affrontant les mutations d’un Maroc qui se mondialise, les Berbères n’ont de cesse de revendiquer leur identité. Bien plus que l’origine commune, l’identité berbère se définit par la langue, l’écriture, les coutumes, les liens à la terre... Et également par un sens profond d’appartenir à une même communauté. Agadir.

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Cette volonté de cohésion sociale se retrouve dans l’architecture. L’agadir est un grenier collectif, souvent fortifié, une construction que la communauté se partage. Un symbole parfait de la vie sociale, politique et économique des montagnards berbères, qui sert aussi souvent de repère géographique d’un même clan. La décision d’un agadir se prend au niveau des familles d’une même tribu. Le but : se prémunir contre les disettes et les conflits. Une vocation double, à la fois défensive et de stockage, pour préserver l’existence de la tribu ou du clan. Mais il sert aussi de lieu de réunion, de discussion, de décision. Le conseil du village en assure le fonctionnement, et un cadi – sorte de juge - en est responsable.

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Une seule entrée.., ce qui renforce l’aspect de forteresse. Des escaliers de pierre ou des échelles de bois permettent l’accès aux chambres (gorfa), une par famille. On y entrepose des denrées diverses, grains et eau, documents et titres de propriétés, bijoux, argent.., et même des armes.

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C’est également un lieu d’asile, moralement inviolable : nul forfait ne peut y être commis. Un des buts ultime est de renforcer le sens communautaire : les biens entreposés sont à la fois garanties et otages de cette volonté d’union tribale. Les greniers collectifs s’intègrent aux paysages et à l’histoire de l’Atlas, un riche patrimoine, parfois encore en activité, parfois en restauration, mais malheureusement parfois abandonné… Rucher collectif.

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Autre exemple du collectivisme berbère : l’antique rucher collectif d’Inzerki, bien connu dans la communauté mondiale des apiculteurs, isolé et assez difficile à trouver. Des milliers de ruches mises en commun par les familles d’un même village…


Inzerki est le plus grand et le plus vieux rucher collectif au monde, plus de 600 ans. A une altitude de 1.000 mètres, face au sud, ce rucher - bâti de bois, pisé et bouse de
 vaches - trône au milieu de nulle part. A sa période d’occupation
 maximale, le rucher comptait 4.000 ruches, et 40.000 abeilles par ruche ! Il produisait un miel multiflore : arganiers, amandiers, palmiers, dattiers, lavande et diverses sortes de thym. Aujourd’hui, cette richesse culturelle est sommairement réhabilitée. Quelques apiculteurs sont revenus, dont Brahim, qui nous en a fait la visite. Il explique en détail l’histoire, le fonctionnement, les vertus du miel... Suit le classique thé à la menthe, la dégustation du miel et de l’Amlou, une pâte d’amandes sucrée au miel liquide. Délicieux ! Le miel artisanal du plus vieux rucher collectif au monde : ça se déguste lentement… Collectivisme rural.

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Le collectivisme berbère se marque également dans les projets ruraux de développement - souvent mais pas toujours - soutenus financièrement par des ONG de divers pays européens. Au contraire de l’aide au développement en général, ce sont ici les décisions et les demandes locales qui sont étudiées et prises en compte.

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Ainsi dans la vallée des Aït Bougmez (surnommée la « vallée heureuse »)… Les projets choisis ont pour but d’augmenter la solidarité : réseau d’adduction d’eau, consolidation de l’irrigation, collecte et triage des déchets, bloc sanitaire pour l’école, tourisme rural et à la ferme... Lahoucine Outezdot en collaboration avec Visions du Monde (France) contribue à ces réalisations.

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C’est aussi le cas au village de Tizi n’Oucheg, sur les flans de la vallée de l’Ourika, à l’instigation de Rachid Mandali. Une centaine de famille, une taille qui permet la prise de décisions communautaires et l’entraide. Première décision : la piste carrossable depuis la vallée ! C’est vrai que jusqu’à là, le village était très isolé. Ensuite, une auberge pour voyageurs, un atelier pour les femmes, un réservoir pour la distribution d’eau, etc.

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En Belgique, l’ASBL Mabel du Désert (basée à Liège, www.mabeldudesert.org + mabeldudesert@gmail.com ) intervient dans plusieurs projets au village d'Immouzer Tichka, commune de Zerkten, pas loin du col de Tizi n'Tichka : une école maternelle, un gîte rural pour les voyageurs, un local pour l’artisanat et l’alphabétisation des femmes, la formation d’institutrices préscolaires. Tout à fait indépendante, les fonds de l'ASBL sont récoltés par des activités en Belgique.


Roméo et Juliette berbère dans le Haut-Atlas.

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L’histoire des fiancés d’Imilchil vient d’un fait authentique : une rixe entre deux clans berbères. Selon la légende, une jeune fille Aït Yaaza aimait un beau Aït Ibrahim. Vu le contexte, ils connurent une destinée tragique : mourir séparés, sans pouvoir ni s’aimer ni se marier. Ils en pleurèrent si fort que leurs larmes donnèrent naissance aux lacs jumeaux Isli (le fiancé) et Tislit (la fiancée). Chacun périt noyé dans ses propres larmes. Leurs parents, repentis, décidèrent qu’une fois par an, jeunes hommes et jeunes filles pourraient se choisir librement, sans aucune opposition à leur union : c’est le fameux Moussem des Fiançailles d’Imilchil, une manifestation annuelle qui a tourné en festival commercial, folklorique et touristique. Les deux lacs se trouvent réellement sur le plateau d’Imilchil.

L’association Rayhana est une ONG marocaine (sous Facebook : Rayhana Développement et Solidarité) qui a pour objectif de réduire les inégalités entre le milieu urbain et rural. Une attention particulière est portée à l’enfance et aux populations des régions défavorisées. Ainsi, l’association organise régulièrement des caravanes médicales. L’accès gratuit aux soins médicaux est proposé aux populations rurales isolées, comme nous l’avons vu au village d’Aït Ouadrim. Y participe bénévolement médecins, pharmaciens et personnel de santé, en ce compris des spécialistes en oncologie, gynécologie, etc. Coopératives agricoles.

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Huile d’argan. De nombreuses coopératives féminines se sont créées autour de l’arganier, un arbre quasi préhistorique rescapé du Sahara. On le trouve sur les terres du Souss, région agricole majeure au sud-ouest du royaume. De l’amande de l’arganier s’extrait une huile parmi les plus chères au monde... Cette huile d’argan aux acides gras insaturés possède d’extraordinaires vertus cosmétiques et diététiques. Pour la produire : un processus long, souvent encore manuel et artisanal... Attention : il existe de fausses coopératives qui allongent l’huile d’argan avec celle du tournesol ! De plus, ce système de coopérative féminine est parfois critiqué, car s’il représente bien un accès à l’emploi et à une certaine autonomie pour les paysannes peu instruites, il les maintient également dans une précarité saisonnière.

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Safran, l’or rouge des Berbères ! Là encore des coopératives… Là encore un produit parfois falsifié, car c’est une épice de luxe, hors de prix - 30 € le gramme. Par exemple, remplacé par du curcuma – le faux safran ou safran des Indes– ou même de la simple poussière de brique ! Préférez donc l’achat du safran en filaments (stigmates) et non en poudre, c’est plus prudent. Si vous le trouvez à 10 € le gramme, c’est une arnaque…


Fleurs d’amandier

Noix de l’arganier

Crocus du safran

Le safran provient du crocus, un bulbe floral résistant au gel et au soleil. Les champs - ou safranières - sont dissimulés dans le piémont de l’Atlas, au nord-ouest de Taliouine, la capitale du safran. En automne, la fleur bleue se cueille à la pointe du jour. Pétales et stigmates sont séparés, et ces derniers mis à sécher… Plus de 150 fleurs sont nécessaires pour un gramme de stigmates ! Le safran possède des vertus anti oxydantes et analgésiques. Et puis est-ce par hasard si la couleur « safran » est celle du désir amoureux et de la volupté !?

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Eau de rose. La Vallée des Roses (près de Boulmanne Dadès) est l’autre nom de la vallée du Dadès. Elle doit ce surnom à la présence des rosiers, dont l’odeur, en se propageant partout au mois de mai, lance la récolte. De ces millions de boutons de rose, on extrait l’essence de rose pour l’industrie du parfum. Le sousproduit aqueux de la distillation sera l’eau de rose… Elle sert de cosmétique, une eau de toilette utilisée comme tonique pour le visage, nettoyant la peau des impuretés. Elle sert aussi à aromatiser délicatement quelques plats : crèmes, pâtes et certains plats de volaille. L'expression « à l'eau de rose » renvoie à un film ou un roman plutôt sentimental et mièvre. Cuisine marocaine.

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Le tajine et le couscous sont pour moi des plats emblématiques qui symbolisent parfaitement l’idée d’acte gastronomique social. Des spécialités traditionnelles, déclinables à volonté, et tous deux d’origine berbère… Ainsi, les plus anciens couscoussiers reconnus comme tel ont été découverts dans des sépultures du IIIe siècle av. J.-C., à l'époque du roi berbère Massinissa de Numidie.

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Par tradition, le tajine est un plat familial et convivial, tout compris et variable à l’infini, sucré, salé, de poisson ou de viande, et beaucoup de légumes. Il se partage autour d’une même table. Une fois le couvercle ôté, chacun pioche directement dans le plat avec trois doigts : l'index et le majeur tiennent un morceau de pain en coquille, le pouce ramène l'aliment sur le pain avant de porter le tout à la bouche. Les doigts ne peuvent pas toucher le reste du plat. Si un hôte de marque est présent, le tajine sera tourné vers celui-ci de manière à lui présenter les meilleurs morceaux. Les traditions Berbères sont toujours très présentes dans les fêtes, les mariages, les naissances ou même dans la vie quotidienne. Aujourd’hui encore, on peut rencontrer des femmes, généralement plus âgées, vêtues d’habits et de bijoux traditionnels, ou arborant des tatouages peints de henné. Les chants traditionnels résonnent dans les rues des ksour (villages), les tapis sont toujours décorés de motifs populaires, mais les bijoux s’adaptent à la vie moderne et s’allègent par l’emploi de métal plus léger.


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PIERRE RABHI

La Terre est entrée dans une nouvelle période géologique appelée anthropocène. Ce terme a été proposé pour définir la période qui débute avec l’impact significatif des activités humaines sur l'écosystème terrestre. Les scientifiques publient leurs interrogations, en gros « comment en sommesnous arrivés là » ? Attitude intéressante mais passéiste... Pierre Rabhi, paysan, écrivain et penseur français propose une approche beaucoup plus active et positive. La planète terre est à ce jour la seule oasis de vie que nous connaissons au sein de l’immense désert sidéral. En prendre soin, respecter son intégrité physique et biologique, tirer parti de ses ressources avec modération, y instaurer la paix et la solidarité entre les humains, dans le respect de toute forme de vie, est le projet le plus réaliste et le plus magnifique qui soit. (Pierre Rabhi - www.colibris-lemouvement.org)

Dans ce film sur le Maroc, nous rencontrons Pierre Rabhi. Il se bat pour une société respectueuse des hommes et de la terre. Reconnu aujourd’hui comme expert international pour la sécurité alimentaire, il a participé à la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification. Pierre Rabhi est également à l’origine de nombreux mouvements et associations : Terre & Humanisme (d’abord appelée “Les Amis de Pierre Rabhi” : https://terre-humanisme.org ), le Mouvement des Oasis en Tous Lieux, Les Amanins (ferme en agroécologie et permaculture : www.lesamanins.com ), la Ferme des Enfants et le Hameau des Buis (https://hameaudesbuis.com/ ), et plus récemment le Mouvement Colibris (voir par exemple sur www.colibrislemouvement.org/projets/projet-oasis ). Il a publié de nombreux ouvrages dont « Vers la sobriété heureuse », « Agroécologie, une éthique de vie » et « La puissance de la modération ».


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AGROECOLOGIE

Définir l’agroécologie ? Un ensemble de pratiques agricoles préservant la biodiversité, et le développement de systèmes alimentaires viables respectueux des hommes et de la terre. L’agroécologie va dans le sens du développement durable, de la souveraineté et de la sécurité alimentaire. Plus fondamentalement, c’est une éthique qui vise à remettre l'écologie et l'humain au cœur des préoccupations politiques. Un projet visant l'amélioration de la condition de l'être humain relié à son environnement naturel, pour une société plus écologique, fondé sur la sobriété, l’autonomie et le partage.

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Pratiquement, l'agroécologie est un ensemble de théories, de réalités scientifiques et de pratiques agricoles nourries ou inspirées par la connaissance de l'écologie, de la science et du monde agricole. Ainsi Pierre Rabhi propose des techniques agricoles, accessibles à tous, y compris aux plus démunis, qui préservent la diversité des patrimoines nourriciers. Parmi les techniques agraires, on trouve l’usage réfléchi de l’humus, le compost.., la reconversion des déchets organiques. L’humus, c’est la partie vivante de la terre. Sous certaines conditions, l’humus permet de réinvestir le désert, d’y replacer la vie. C’est ce que nous avons pu observer au Maroc à Douar Skoura (ferme du CIPA) et dans le désert d’Agafay (écolodge « Terre des Etoiles »).

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Cela va de soi : pas ici de désherbant, d’engrais chimique ou de machine polluante ou énergivore qui cassent les sols. Pour Pierre Rabhi, technologie et robotisation ne font qu’asservir l’homme, le rendre plus dépendant, moins solidaire. Cela rompt aussi le lien des paysans avec la terre. Au contraire, en agroécologie, l’homme est d’abord la solution. L’homme en qualité d’artisan de la nature, et non son prédateur. En fait, il s’impose en premier lieu de responsabiliser l’homme à l'égard du vivant et de sa diversité. Avantageuse pour nombre de pays sahéliens, l’agroécologie constitue pour eux une alternative viable à l’équilibre alimentaire.

! Controverses. !

Pour être considérée comme subversive d’un côté, et de l’autre comme réactionnaire, l’agroécologie est abondamment critiquée… Et il en est de même des activités de Pierre Rabhi. La critique principale consiste à lui reprocher qu’il pratique une forme d’écologie non politique, individualiste et spiritualiste, quasiment sectaire ; une écologie qui - si elle appelle bien à une prise de conscience - ne remet pas en cause le système économique dominant. En fait, Pierre Rabhi ne s’affirme ni de gauche ni de droite, il a des amis et des adeptes parmi les paysans du monde comme parmi les gens célèbres et fortunés. Ses prises de position et ses réflexions placent l’humain et la nature largement au-dessus de toute autre considération ou valeur. Par contre, son combat rejoint l’écologie radicale (centrée sur la préservation de l’écosystème planétaire avant tout, l’homme inclus dans l’ensemble). Il semble bien que - même avec les meilleures intentions du monde, devenir un « homme public » entraine automatiquement de se créer des ennemis…

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VOYAGER au MAROC

Peut-on imaginer voyager au Proche-Orient (terme impropre pour le Maroc : il est au sud !) si l’on est incapable de laisser ses préjugés à la maison ? Clairement : non. Le voyage nécessite une fraîcheur d’esprit et de cœur. Nul besoin d’emporter dans ses bagages la méfiance et les malentendus accumulés chez nous. Trop de gens confondent arabe et musulman… Mais aussi berbère et arabe. Le voyage demande le respect des populations visitées. En allant à l’étranger, on devient l’étranger. Afin d’éviter malentendus et impairs, il est important d’assimiler ce qui nous différencie. Deux facteurs essentiels conditionnent nos différences de cultures et de comportement : la religion et la tradition.

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La religion. L'Islam porte des interdits sur la chair, le corps (mais moins sur le sexe que la religion catholique par contre...) et ses déjections, y compris poil, sang..., ainsi que sur les métiers qui y touchent (barbiers, bouchers, coiffeurs...) Contrairement à ce que l'on croit, la femme n'est pas considérée comme inférieure à l'homme, mais différente en nature et astreinte à d'autres tâches.

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La coutume. Anciennement, sous la tente, l’hospitalité était la règle. Il existait un code moral et d'honneur très rigoureux qui survit de nos jours. L'hospitalité dans la brique et le béton reste une obligation, de même l'eau ou le repas offert... Quant à l'invitation, elle précisera si la femme de l'hôte peut venir aussi... Ceci est surtout vrai dans les pays plus traditionnels : Yémen, Arabie Saoudite. Par contre, Maroc, Egypte ou Jordanie jouent davantage la « modernité ». Néanmoins, il est fréquent que la femme de la maison ne reste pas à table avec les invités.

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Hospitalité donc. Franchir le seuil de la maison (ceci concerne surtout l’accueil en milieu rural). 1° Avec des formules de politesses, des salamalecs... 2° Se déchausser en entrant dans la pièce principale. 3° Ensuite, deux solutions : Assis sur une chaise (s'il y en a) : éviter les jambes croisées car tourner la plante des pieds vers quelqu'un est considéré comme offensant. Mieux vaut garder les pieds au plancher ! Assis par terre (coussin) : même remarque sur la plante des pieds... Mais de plus, évitez de manifester ouvertement de l'inconfort. Pensez yoga si ça dure... Petits détails : se moucher, se gratter le nez, se curer les dents, cracher même dans son mouchoir, laisser des rognures d'ongles, désigner explicitement quelqu'un du doigt, s'épancher amoureusement sur sa compagne…vous exposent à des regards peinés ou des surprises désagréables. 4° Un petit cadeau, le cérémonial comptant plus que la valeur, a son importance.

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On va manger ! A la question : « qu'est-ce que vous buvez ? » : préférez l'eau ou le thé car pour eux les sodas coûtent chers. Le thé a l'avantage d'être bouilli, et donc plus sûr. S’il est trop chaud, le verre est tenu de la main droite - index en bas, pouce en haut, et il peut être aspiré, brouté, éventé par succions successives et bruits divers. Une 2ème ou 3ème tournée sont acceptées, sinon secouez le verre comme pour le vider définitivement ou abandonnez-le. Gardé en main signifie : « encore, s'il vous plaît ».

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N’hésitez pas à demander une cuiller si nécessaire. Mais en l'absence de couverts, seule la main droite porte les aliments à la bouche. Si la gauche peut déchirer l'aile du poulet (par exemple), elle est réservée à autre chose : impure... Prévoyez du papier-toilette en poche... pour se laver les mains, bien que souvent une cuvette lave-mains (restaurant) ou de l'eau sont réservées à cet usage. Des morceaux de galette de pain tournés en coquille peuvent servir de cuiller, mais toujours avec la main droite. La semoule du couscous est pressée en boulette à mettre prestement en bouche. On peut manger vite sans que cela soit impoli.

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La conversation à table. N'est pas obligatoire (ouf !), mais doit sauvegarder le prestige de l'hôte ou de ses concitoyens (le roi, la religion…) Vous pouvez complimenter son accueil, ses enfants, sa maison mais pas l’excellente cuisine de sa femme ni sa beauté légendaire ! On sait quand ça commence mais... Pas de règle fixe : l'invité se lève signifiant qu'il a assez mangé, abandonnant même des reliefs, ou bien c’est l'hôte qui se lève, signifiant la fin du repas même s'il n'a guère mangé lui-même, et s'est occupé surtout à remplir l'assiette des convives.

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Plus général. En marchandage ou négociation, évitez les gestes d’impatience et d’exaspération. Ne pas s'énerver ou se fâcher. En d'autres termes, n’hésitez pas à dire et répéter « non » avec le sourire...

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L'habillement, surtout pour les femmes, à la campagne, à la mosquée et chez le particulier, a son importance : pas de t-shirt, short, jupe courte ou jeans négligés. A proscrire également les épaules dénudées, les genoux et les bras à l'air libre... Dans les villages, plus la femme se couvre, plus facilement elle sera invitée et respectée. Evidemment, dans les zones très touristiques, c'est l'inverse !

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La photo. Pour la photo des hommes, peu de problème en général. Pour les femmes, c’est plus délicat. Cependant, toujours demander avant vaut mieux qu'un refus offusqué ou violent. Parfois, on vous demandera d'envoyer la photo : faites-le. Ce qui porte uniforme reste toujours allergique à la photo... Et aussi, les endroits supposés stratégiques : pensez à éviter les ponts, postes de polices, douanes, forts militaires, stations de communications…

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Le Berbère est accueillant, curieux et fier. Son sourire n'est pas de l'intérêt pour obtenir quelque chose, même si les gosses, surtout des campagnes, n'ont pas leurs yeux dans leurs poches..! Ils ne volent pratiquement jamais, mais peuvent être chapardeurs occasionnels ! Dans les villages, chacun veut un sourire, une attention... Allez donc au Maroc.., et que le voyage vous soit salutaire. Un proverbe berbère affirme: « Voyager ajoute à la vie ».

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Dany MARIQUE

geodyssee.asbl@skynet.be

04/343.36.57



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