Les 2 Rives - Témoin de votre histoire depuis 1978

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2 - Les 2 Rives - Mardi 11 septembre 2018 - Cahier Anniversaire 40 ans


Un pont essentiel C’est avec beaucoup de fierté que nous soulignons cette année les 40 ans du journal Les 2 Rives. En tant que propriétaire et éditeur de cet hebdomadaire, cet anniversaire représente à mes yeux l’occasion idéale pour réaffirmer l’engagement des artisans à élaborer chaque semaine un journal de très grande qualité et son importance capitale pour la communauté qu’il dessert depuis sa fondation en 1978. À l’ère des réseaux sociaux et de l’information continue, nous croyons sincèrement à la nécessité et à l’avenir des médias écrits qui sont pensés, élaborés et produits par des gens de talent et des journalistes professionnels, consciencieux et aguerris. Des journalistes présents sur le terrain et toujours à l’affut d’histoires pertinentes à raconter. Depuis 40 ans, le journal Les 2 Rives représente assurément un pont essentiel dans la grande région de Sorel-Tracy. Un pont entre

ses fidèles lecteurs et ses précieux annonceurs, un pont entre les élus et la population ainsi qu’un pont entre les divers organismes culturels, économiques, communautaires et sportifs et leurs clientèles. Le journal Les 2 Rives est depuis toujours un outil démocratique de premier plan. Il est le porte-voix d’une région qui cherche à se faire entendre et un lieu où les débats de société sur les enjeux et les préoccupations citoyennes peuvent s’exprimer librement. Je profite de l’occasion pour exprimer ma gratitude envers les artisans de la première heure, ceux qui ont jeté les bases de ce journal et lui ont donné une identité propre, puis envers tous ceux et celles qui ont porté le flambeau haut et fort jusqu’à ce jour. Enfin, mes remerciements les plus sincères à ceux et celles qui nous permettent de poursuivre notre mission selon les plus hauts standards, afin que ce journal soit à la hauteur des attentes des gens d’ici : les lecteurs et les

annonceurs. C’est grâce à votre soutien et à votre confiance sans cesse renouvelés que nous sommes en mesure de célébrer nos 40 ans avec fierté et d’envisager l’avenir avec confiance et optimisme. Longue vie au journal Les 2 Rives et aux gens de SorelTracy! Benoit Chartier, éditeur

(Photo; François Larivière)

Marié à notre communauté Le 12 septembre 1978, édition 1 du journal Les 2 Rives, une des manchettes sur la Une s’intitulait « Pourquoi Les 2 Rives? ».

(Photo; NathB)

Une édition souvenir C’est avec une grande fierté que nous vous offrons cette édition spéciale pour les 40 ans d’histoire et d’union avec notre collectivité;

Merci À l’occasion de cette magnifique édition spéciale, insérée dans un journal qui totalise 88 pages, c’est un nouveau record depuis de nombreuses années qui vient d’être franchi. Nous tenons à remercier tous nos employés, ainsi que vous, nos précieux lecteurs et annonceurs, pour votre confiance et votre loyauté. Je me joins à notre éditeur pour souligner et rendre hommage aux fondateurs du journal et à nos vaillant(e)s confrères et consœurs qui nous ont précédés. Merci également aux collaborateurs du journal et à tous ceux qui ont participé de près ou de loin à la rédaction de cette édition souvenir. Merci de nous lire à chaque semaine. Vous êtes le moteur qui nous donne la motivation et la possibilité de nous surpasser. On vous promet de continuer de bien vous informer, avec rigueur et passion, en ces temps où ça compte le plus. Nous levons symboliquement notre verre, à nos noces d’émeraude avec notre communauté. Et les plus belles années sont à venir! Faites-vous plaisir et offrez-vous un bon moment pour parcourir cette édition souvenir à conserver. Et soyons fiers du parcours accompli ensemble! Bonne lecture! Marcel Rainville, directeur général

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Dès son lancement, le journal s’est donné la mission d’être la source numéro un d’information de la région. Sa recette? Offrir de la nouvelle de qualité, en symbiose, digne d’un mariage à trois, entre les lecteurs, les annonceurs et l’éditeur. Le défi était ambitieux, alors qu’il y avait déjà deux hebdomadaires à l’époque, en plus des autres médias d’information. Quarante ans plus tard, la communauté et notre métier ont tous deux grandement évolué. Les 2 Rives a non seulement perduré, mais il a atteint des sommets en gagnant la confiance des lecteurs et des annonceurs, ainsi que la reconnaissance de l’industrie. Le titre de premier choix du Bas-Richelieu s’est rapidement imposé et les artisans du journal n’ont jamais perdu de vue ses racines.

témoignant sous la plume de nos journalistes, d’une région qui n’a jamais cessé de forger son destin. Dans cette publication, nous vous proposons un regard différent sur l’actualité et sur notre propre parcours, plutôt qu’une liste chronologique et exhaustive de faits marquants. Nous vous présenterons plusieurs grands mouvements qui ont fait évoluer la région. Mouvements façonnés par des femmes et des hommes d’ici; que ce soit en s’impliquant ou en manifestant, mais non sans jamais douter ni se questionner. Leur attachement à leur région et leur fibre identitaire sont restés bien vivants durant toute cette période riche en bouleversements. C’est donc pour témoigner et rendre hommage à leur cheminement, à leur quête de se prendre en main et de se redéfinir, que nous soulignerons des faits marquants, symbolisant à nos yeux l’évolution de la région et les efforts investis, en plus de donner la parole à plusieurs intervenants. La quarantaine nous donne une belle perspective pour un journal relativement jeune, dans la quatrième plus vieille ville du pays. Faire désormais partie du groupe de presse indépendant DBC Communications, une entreprise familiale de troisième génération qui publie notamment le doyen des journaux français d’Amérique, le Courrier de SaintHyacinthe, nous donne littéralement des ailes.


Des marques indélébiles! Louise Grégoire-Racicot | Les 2 Rives

En 1981, le journal Les 2 Rives m’offrait de joindre ses rangs. Ceux d’une petite équipe qui voulait se tailler une place de choix au sein de l’information régionale. Je partageais sa vision d’un journal, partie prenante de l’évolution de son milieu, apportant une information juste, honnête, complète ainsi que des réflexions sur le sens à donner aux événements qui s’y déroulaient. Et je ne fus pas déçue.

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Le journal a évolué. Le métier de journaliste aussi. Il fallait réfléchir sur les responsabilités de la démarche, l’éthique à suivre. Un métier dont le sens n’a pas changé : informer pour engendrer une meilleure démocratie. Plusieurs moments restent gravés dans ma mémoire. J’ai été le témoin privilégié de petites et grandes choses. De joies et de misères. De discussions et de situations qui ont marqué la région. Je n’oublierai jamais les haies de policiers casqués, portant boucliers qui, tous les matins de juillet 1983, étaient assignées, côté Est du chemin Saint-Roch, pour faciliter l’entrée des cadres de Marine Industries Limited (MIL) alors en lock-out, à bord d’autobus jaune. Et du côté Ouest de la rue, des dizaines de grévistes, pancartes en main. Un jeu de chat et de souris. L’ordre à tout prix dans un désordre émanant d’un désir d’être mieux reconnu. Je n’oublierai pas non plus cette perte d’état de grâce des années 90, avec la disparition de plus de 6 000 emplois industriels bien rémunérés, dans une ville dont les travailleurs encaissant les deuxièmes meilleurs salaires au Québec en 1976 et condui-

saient le plus de Corvette per capita. A résulté une perte de dignité. Des divorces multiples. Des déménagements sans fin. Plusieurs suicides. Mais une lumière apparait. Celle d’une solidarité agissante qui donne naissance au mouvement communautaire toujours présent. En 1981, j’ai aussi couvert la première réunion d’une nouvelle table régionale : la MRC du BasRichelieu. Premier vrai contact avec le monde rural et sa réalité, ses façons de voir et de trancher. Au fil des ans, j’ai aussi assisté à une dizaine de colloques sur l’avenir de la région au cours desquels j’ai souvent senti la difficulté de rallier les élus à la volonté des intervenants et citoyens en quête d’un avenir alors imprévisible. On a cherché à changer l’image de la région, trop associée aux Hells Angels et aux arrêts de travail. Le développement durable s’y est profilé. Été 1988 : je me rappelle aussi cette soirée de consultation sur les étangs aérés, méthode prônée par Sorel-Tracy pour assainir ses eaux usées. Le maire Marcel Gauthier, devant une salle surchauffée et une opposition inspirée par une autre solution, a vertement défendu ses idées. Un bon coup qui a bien servi la région! Remarquable à mes yeux, la création du parc Regard-sur-le-Fleuve ou la transformation d’un triste site de dépôts de «tailing» en un accès privilégié au fleuve. Un rêve du maire Robert Fournier. Une réalisation de son successeur, Marcel Gauthier. Je n’oublierai pas non plus la grande marche de 2000 Sorelois à Ottawa, organisée en 1986 avec l’aide de Louis Plamondon, pour réclamer l’adjudication de construction naval par appel d’offres.

Comme je me rappelle encore l’émotion suscitée par Pierre Mondou qui, arborant son chandail du Canadien, accompagné de joueurs amis, Mario Tremblay et Mats Naslund, en janvier 1986, a patiné – son jeune fils Benoit dans les bras – aux applaudissements nourris de 5 000 personnes venues lui rendre hommage. Une blessure à l’œil l’avait forcé à prendre une retraite hâtive du hockey. Même émotion quand en avril 1987, une soirée hommage où Georges Codling, après 50 ans à la tête de l’Harmonie Calixa-Lavallée, passa sa baguette de chef à son petit-fils, Stéphane Laforest. Voilà de bons moments de fierté régionale!

Louise Grégoire-Racicot a travaillé au journal Les 2 Rives de 1981 à 2017. Elle y collabore toujours aujourd’hui en offrant ses chroniques hebdomadaires en page 8. (Photo : NathB)


La fierté d’y avoir contribué Pierre Plante | Les 2 Rives

C’est en avril 1978 que mon parcours au journal Les 2 Rives débute. Après des études en communication à Montréal, je suis de retour chez moi, à Sorel. Le journal Les 2 Rives avait été fondé quelques mois plus tôt et j’y vis une occasion en or d’y faire valoir mes talents et mon intérêt pour la région. Une première rencontre avec le directeur de ce nouvel hebdo, Robert Auger, se solde par une première assignation. Ce sera le début d’une belle aventure qui durera 33 ans. Que ce soit comme photographe, journaliste, rédacteur en chef, directeur des ventes ou directeur général, je me suis toujours impliqué avec la même passion : celle de contribuer à l’évolution du journal Les 2 Rives. Ces premiers temps de l’histoire du journal Les 2 Rives n’auront pas été faciles. La région comptait déjà deux hebdos bien établis soit la Voix Métropolitaine et le Courrier Riviera. Le défi qu’a voulu relever cette petite équipe était d’offrir une autre facette de l’information régionale centrée sur les gens d’ici. Nous souhaitions nous rapprocher des populations de tout le territoire où le journal était distribué et faire une couverture plus régulière du milieu rural. Graduellement, Les 2 Rives s’est imposé. Des transactions d’affaires ont changé le paysage médiatique dans la région : le Courrier Riviera a disparu et la Voix Métro-

Pierre Plante a accepté d’écrire une chronique au journal Les 2 Rives pour ses 40 ans, lui qui a contribué à son succès pendant 33 ans. (Photo: gracieuseté)

politaine est devenue La Voix. C’est Robert Auger qui fut à l’origine de ces changements. Le journal Les 2 Rives était désormais reconnu comme le leader dans le monde de l’information régionale. Participer jour après jour, années après années, à la réalisation d’un journal hebdomadaire est exigeant, mais combien satisfaisant, nourrissant, motivant. Contribuer à faire avancer les idées, les débats qui concernent le développement de la région et la qualité de vie de nos concitoyens faisait partie de notre mission. J’y ai participé fièrement.

Diriger un journal, c’est savoir s’adapter aux différentes réalités : prévoir et mettre en place les moyens technologiques qui permettront d’améliorer la productivité et la qualité du contenu. C’est établir un lien de confiance avec la clientèle commerciale en devenant un partenaire d’affaires. C’est aussi identifier, comprendre et mettre en valeur les enjeux et les réalités du milieu. J’ai toujours considéré que le journal avait un rôle important à jouer dans toutes les facettes du développement régional. Ce travail n’est pas passé inaperçu. D’abord, par nos fidèles lecteurs, mais aussi

par l’industrie des hebdos qui, au fil des ans, a valorisé l’excellence de notre travail par l’attribution de dizaines de prix. Un point culminant de cette reconnaissance est survenu en 2005 alors que l’Association des Hebdos du Québec a décerné le Prix de L’Hebdo de l’année au journal Les 2 Rives : l’ultime consécration. Un autre hommage nous avait aussi rendus très fiers quelques années plus tôt, en 2002, soit l’obtention du 1er prix pour notre site internet. C’était la première fois que l’Association des Hebdos valorisait une telle démarche. Ces reconnaissances sont évidemment porteuses de grandes émotions, mais la satisfaction de jouer au quotidien un rôle important dans la vitalité de la région l’est encore plus. Ainsi, faut-il souligner la contribution du journal à la création, au développement et au succès du Gala du mérite économique. Et, après 33 ans, Les 2 Rives est toujours un des piliers de cette organisation. Comme la région, Les 2 Rives a traversé plusieurs tempêtes qu’il a franchies avec succès. La récente «guerre des hebdos» aurait pu, comme c’est arrivé dans d’autres régions du Québec, apporter de désastreuses conséquences à notre journal, mais sa force a permis une heureuse conclusion. À son 40e anniversaire, notre hebdo est en bonne santé et il continuera sans doute à bien assumer son rôle de leader du monde de l’information dans la région. À Marcel Rainville et son équipe, bon 40e! Célébrez fièrement!

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Clin d’œil du caricaturiste Gilles «Bill» Marcotte

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Plus de 200 caricatures après la toute première dessinée en février 2013 au compte des 2 Rives, le caricaturiste sorelois Gilles «Bill» Marcotte tient à souligner les 40 ans du journal à sa façon... Merci Bill!


L’évolution du journalisme et du journal Les 2 Rives en 40 ans Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives

en 40 ans, la qualité de l’information prime toujours avant tout.

Mardi 12 septembre 1978. Un grand jour survient dans l’histoire régionale : le journal Les 2 Rives est distribué pour la première fois. Quelque 2 080 éditions plus tard, le seul hebdo aujourd’hui distribué à 30 275 portes dans la région est toujours en santé, fier de livrer semaine après semaine l’actualité directement chez les citoyens. Les 2 Rives : un nom bien simple, mais qui évoque fort bien la situation géographique riveraine du territoire à desservir, des deux côtés des rivières Richelieu, Yamaska et Saint-François, près du fleuve. De nombreuses transactions, la même mission Du noir et blanc à la couleur, le journal Les 2 Rives a bien entendu changé d’apparence au fil des années. Le logo a été modernisé de nombreuses fois. Quant au contenu, il fait toujours autant preuve d’une même rigueur par ses journalistes. Quatre associés, des anciens du Courrier Riviera, ont décidé de fonder Les 2 Rives : Philippe Fontaine, Kid Millette, Serge Degrandpré et Georges Demers. À cette époque, il s’agissait du troisième journal dans la région après La Voix métropolitaine et le Courrier Riviera. Il ne serait troisième que le temps de grandir, disaient à l’époque les quatre propriétaires dans la première édition du 12 septembre 1978.

Le visuel du journal a évolué au fil des années. (Photo : montage d’archives)

Toutefois, seulement quatre mois plus tard, en raison de problèmes d’argent, ils ont vendu le journal à l’homme d’affaires Robert Auger, qui en a fait une référence dans la région (voir texte en page 8). Puis en 1982, le journal est passé aux mains de Michel Auclair, de Boucherville, qui venait de fonder les Hebdos montérégiens. Son fils Philippe a joint l’entreprise en 1998. Les Auclair ont perpétué avec brio cette tradition journalistique rigoureuse, faisant du journal Les 2 Rives une référence dans la région. Québecor Média a ensuite fait l’acquisition des Hebdos montérégiens, qui incluaient La Voix et Les 2 Rives, en février 2011. Ensuite, les deux hebdos, qui partageaient alors la même salle de nouvelles depuis août 2011, ont été vendus à Transcontinental en décembre 2013. La Voix a par la suite été intégrée aux 2 Rives en décembre 2016 et seul le journal Les 2 Rives était

distribué gratuitement dans la région à ce moment. Finalement, lorsque TC Média a décidé de se départir de tous ses hebdos au Québec, DBC Communications a levé la main afin d’acquérir Les 2 Rives en octobre 2017. En 2002, le site web des 2 Rives, conçu par Diane Gervais, Maurice Parent et PierAndré Parent, remportait un premier prix aux Grands Prix des Hebdos. Avec les années, l’importance du web s’est accentué pour devenir omniprésent en 2018. Avec la venue de Québecor et TC dans les années 2010, l’instantanéité de la nouvelle obligeait les journalistes à publier quelque chose sur le web dans les minutes suivant un événement. Encore aujourd’hui, www.les2rives.com affiche une dizaine de nouvelles par jour en moyenne, non sans négliger l’édition papier du mardi, toujours aussi importante pour nos lecteurs. Peu importe le médium utilisé

Une évolution dans le travail Ce n’est pas seulement au niveau des propriétaires et du changement d’apparence que le journal a évolué. Le travail de ses artisans qui y ont contribué aussi. Les journalistes sont passés de la machine à écrire des années 80 au traitement de texte par ordinateur. Le mandat des représentants publicitaires a aussi changé. Ils allaient au devant des clients au lieu d’attendre que le téléphone sonne. La récession économique des années 80 a changé la donne à ce niveau. À l’administration, les annonces classées et les bons de commande ont été directement transférées par système réseau, ce qui a facilité la vie de tout le monde. La production du journal a aussi été améliorée. Il y a 40 ans, les graphistes devaient imprimer les textes sur papier, les passer à la cireuse avant de les mettre en page. Les photographes devaient prendre les photos sur une pellicule, faire développer les négatifs et ensuite créer des vélox. Aujourd’hui, la transition du texte à l’infographie puis à l’imprimerie se fait facilement, par informatique. Bref, le journal et le travail de ses artisans ont tous les deux évolué, mais une chose demeure : l’engagement de livrer un journal de qualité chaque semaine pour tous les lecteurs du Bas-Richelieu. Avec la collaboration de Louise GrégoireRacicot et de Patrick Turgeon

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« Produire un journal, c’était un véritable mode de vie » - Robert Auger Sarah-Eve Charland | Les 2 Rives

Alors que le domaine médiatique peut se révéler dément et concurrentiel, c’est la passion d’offrir un journal de qualité qui a permis à Robert Auger de gérer Les 2 Rives pendant 29 ans.

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« C’était la passion et l’équipe. Ce n’était pas un travail, c’était une vocation. Quand on partait sur la route, c’était un acharnement d’innover tous les jours. […] Il n’y avait pas de jour ni de nuit. Tant que le journal n’était pas fini, il n’était pas fini », se rappelle l’ancien propriétaire. Il a acheté le journal Les 2 Rives en 1979 quelques mois après sa fondation par les actionnaires Philippe Fontaine et André Millette. Il a toujours été dans le domaine des affaires. Lui-même consommateur de publicités, il s’était toujours intéressé au domaine de la presse écrite. « M. Fontaine venait me voir à mon commerce. Il me demandait si j’avais quelque chose pour lui. Je lui répondais : quand tu auras quelque chose à me proposer, tu viendras me voir. Quand je suis arrivé au journal, c’est l’une des premières choses que j’ai changée. J’en avais tellement souffert en tant qu’homme d’affaires. […] On s’est positionné comme des experts en

publicités et non comme des livreurs de publicités », affirme-t-il. C’est ce qui a permis de remettre sur les rails le média alors qu’il battait déjà de l’aile quelques mois après sa création. « On a fait le ménage. J’ai demandé aux employés s’ils souhaitaient continuer. Ils ont dit qu’ils avaient la passion. Sans ça, je ne l’aurais pas fait. C’était ardu. » Innovation était le mot d’ordre, précise M. Auger. Il fallait toujours proposer des idées nouvelles aux clients du journal. Il se rappelle du premier cahier spécial qui portait sur les piscines au printemps. En constatant le succès publicitaire, l’équipe a poursuivi en élaborant d’autres concepts publicitaires. « Quand on avait vendu nos trois pages sur les piscines, c’était la fête. C’étaient des choses qui ne se voyaient pas dans les médias de la région. C’est ce qui a fait ce qu’est devenu Les 2 Rives. Après m’être investi pendant 29 ans dans les deux journaux, je suis assez fier. On a produit deux journaux complets. » Du côté rédactionnel, le journal s’est donné une mission bien précise : être le reflet de la communauté et des événements. « Les 2 Rives et La Voix étaient des journaux autonomes avec deux visions différentes. On n’était pas imbécile pour

Robert Auger a dirigé le journal Les 2 Rives pendant 29 ans. (Photo: Archives)

faire deux fois le même journal. Ce que couvrait Les 2 Rives, La Voix ne le faisait pas. C’était une philosophie de travail à long terme. Les 2 Rives a toujours été plus fort alors que La Voix était plus réservé », se remémore-t-il. Denis Chartier, un bon ami La première édition du journal Les 2 Rives a été imprimée par l’Imprimerie Chartier qui appartenait à Denis Chartier. Cette entreprise s’est transformée en DBC Communications qui a acheté le journal Les 2 Rives en octobre 2017.

Alors que M. Auger s’est lancé dans le domaine de la presse sans en connaître les rudiments, il s’est lié d’amitié avec M. Chartier. « C’est celui qui m’a le plus aidé. Je ne l’ai jamais rencontré en personne, mais il me conseillait. Il devait ressentir comment j’étais. Ça m’a fait du bien. Il m’écoutait. Dans le monde de la presse écrite, on est tous des frères et sœurs. J’ai travaillé avec lui pendant 29 ans. Il m’a guidé dans mes tourments. Il a dit les bons mots pour m’éclairer », se rappelle-t-il, reconnaissant.


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Fusion de Sorel et de Tracy

Le comité du Non a tourné la page Sarah-Eve Charland | Les 2 Rives

Le comité du Non à la fusion des municipalités a tourné la page, assure le viceprésident de l’époque, Rosaire Landry. Même s’il demeure persuadé que la fusion n’a pas été positive pour Tracy, il assure avoir accepté cette décision.

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Leur slogan était « Tracy, j’y tiens ». Il craignait de devoir payer pour la dette de Sorel alors que celle de Tracy diminuait d’année en année. À l’époque, la dette de Tracy était évaluée à 15 M$, se rappelle-t-il. « J’étais fier de Tracy. On savait qu’on n’aurait plus de dette quelques années plus tard. À l’heure actuelle, elle aurait été payée. Finalement, la dette a continué à augmenter. [...] J’ai horreur d’avoir une dette », affirme celui qui a fondé le comité du Non. Le comité maintenait que la solution pour relancer l’économie consistait à changer les élus en place. Il remettait en cause les conclusions de l’étude commandée par le Regroupement indépendant des gens d’affaires de Sorel-Tracy et réalisée par Raymond Chabot Grant Thornton. Cette firme avait conclu dans son rapport que les quatre municipalités connaîtraient une diminution du compte de taxes pour les 10 années suivant la fusion.

« Quelques années auparavant, cette même firme avait dit au journal Les Affaires qu’il n’y avait pas d’économies d’échelle à réaliser des fusions. Et puis là, elle disait le contraire », se questionne encore aujourd’hui M. Landry. Selon ce dernier, les avantages d’une fusion municipale étaient minimes. Notamment, elle ne permettait pas de diminuer le salaire des élus. « Même si on a moins de maires, il est payé plus cher parce qu’il s’occupe d’une plus grande ville. Les gens du Oui disaient qu’une plus grande ville avait plus de facilité à relancer l’économie. On ne le voyait pas de cet œil. La preuve, on ne l’a jamais connue, cette relance économique », croit-il. Le comité du Non a été formé près d’un an avant les référendums dans les quatre municipalités : Sorel, Tracy, Saint-Josephde-Sorel et Sainte-Anne-de-Sorel. « On a convaincu bien du monde, mais cela n’a pas eu beaucoup d’impact lors du vote. On avait une visibilité moins grande que le regroupement des hommes d’affaires. C’était très peu comparativement au comité du Oui. Ils avaient plus de budget que nous », soutient-il. « J’ai tourné la page. Aujourd’hui, j’ai accepté la fusion », conclut-il.

Le président du comité du Non de Tracy, Claude Pronovost, et l’homme d’affaires dans le comité du Oui, André Lussier, se sont serré la main après le dévoilement des résultats des référendums en 1999. (Photo : Archives)


Fusion de Sorel et de Tracy

Le comité du Oui applaudit la démarche Sarah-Eve Charland | Les 2 Rives

Il y a 20 ans, à quelques jours près, des hommes d’affaires se sont regroupés avec l’objectif de fusionner Sorel, Tracy, SainteAnne-de-Sorel et Saint-Joseph-de-Sorel dans une même ville afin de favoriser le développement économique. L’un des hommes d’affaires, Benoit Théroux, croit que la démarche s’est révélée plus que positive pour la région. Bien qu’elle se soit réalisée au moment où le gouvernement imposait des fusions municipales, la fusion des Villes de Sorel et de Tracy est plutôt particulière puisqu’elle émane du milieu. C’est à ce moment qu’est né le Regroupement indépendant des gens d’affaires de Sorel-Tracy. « Je crois qu’on a réussi à relancer l’économie. Du moins, ç’a arrêté de diminuer. Beaucoup de personnes reviennent dans la région. Les parcs industriels sont bien garnis. Lorsqu’une ville est dynamique, on peut réinvestir certains surplus dans le développement économique », analyse-t-il. Au moment de lancer l’idée en 1998 qui s’est finalement concrétisée en 1999, les hommes d’affaires voulaient organiser un forum économique. Lorsqu’ils ont découvert qu’un forum avait déjà eu lieu sans résultats visibles, ils ont plutôt voulu regrouper les villes.

Le Regroupement indépendant des gens d’affaires de Sorel-Tracy a vu le jour en septembre 1998. (Photo : Archives)

« Avec toutes les fermetures d’usines, les municipalités tiraient sur leur bord pour accueillir des usines. Ça n’aidait pas le développement économique parce qu’on n’avait pas un discours uniforme. […] On voulait regrouper les décideurs et avoir une seule vision. On pensait que ce serait bon pour la région. Dès le départ, on a dit qu’il fallait

faire une étude et demeurer apolitique », se rappelle-t-il. L’idée de fusionner ces villes avait déjà fait son chemin dans le passé. Notamment en 1993, la Ville de Tracy avait adopté une résolution afin de commander une étude de faisabilité à condition que les autres municipalités concernées suivent le pas. Les autres

municipalités avaient manifesté du scepticisme. L’année suivante, la Ville de Tracy a changé son fusil d’épaule en refusant de participer à l’étude alors que plusieurs intervenants économiques s’étaient mobilisés. L’étude avait été financée grâce au budget discrétionnaire de la ministre des Affaires municipales de l’époque, Louise Harel, et grâce à une campagne de sociofinancement. En premier lieu, les maires des municipalités ne sont pas montrés chauds à l’idée, se remémore M. Théroux. « Au début, tout le monde voulait garder son royaume. On a fait valoir les mérites auprès de chaque maire. On avait de beaux exemples, comme la fusion de Saint-Pierre et de Sorel. Aussi, Drummondville était la risée dans les années 80. Dix ans plus tard, elle grossissait de façon incroyable. » Les citoyens de Sainte-Anne-de-Sorel et de Saint-Joseph-de-Sorel se sont opposés à la volonté de regrouper les municipalités. « C’était une déception. La majorité des membres du regroupement habitaient Sainte-Anne-de-Sorel. En plus, on aurait pu profiter d’attraits touristiques. Saint-Josephde-Sorel aurait pu apporter l’oxygène, avec les taxes perçues auprès des usines, qu’il faut pour faire du démarchage. On ne peut pas les blâmer de vouloir garder ce qu’ils ont. » Le Regroupement indépendant des gens d’affaires de Sorel-Tracy a remporté le prix de l’intervenant de l’année au Gala du mérite économique en 2000.

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Louis Plamondon en selle depuis 34 ans Louise Grégoire-Racicot | Les 2 Rives

Fait saillant des derniers 40 ans de vie politique richeloise? La réélection du député Louis Plamondon, dans dix scrutins successifs, entre 1984 et 2015. Ce qui en fait le « doyen de l’enceinte fédérale ».

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Deux fois, il a porté les couleurs du Parti Conservateur du Canada, défaisant en 1984 le sortant libéral Jean-Louis Leduc et en 1988. Puis celles du Bloc Québécois en 1993, 1997, 2000, 2004, 2006, 2008, 2011 et 2015. Il fut d’ailleurs un des fondateurs du Bloc Québécois, en 1990, avec Lucien Bouchard. Il en a organisé l’assemblée de fondation, au Cégep de Sorel-Tracy, en 1991. C’est là qu’il a professé sa foi en la souveraineté du Québec. Une option qu’il défend encore. Comme il défend les droits du Québec et ceux de ses commettants aux prises avec les exigences de divers ministères. L’homme est connu comme Barabbas dans la Passion. La presse nationale lui tend souvent le micro. Il a la parole facile et l’argument fin prêt. Dans le comté qu’il parcourt inlassablement à l’année longue – dès qu’il sort d’Ottawa – il reconnait tous les gens qu’il croise, racontant souvent quelque chose sur eux. Avec sa mémoire d’éléphant et sa verve, il ajuste aisément les brefs discours prononcés à ceux à qui il les adresse. Louis Plamondon a toujours entretenu ses liens avec les groupes et associations de tout ordre, mettant souvent à profit – ses adversaires politiques le déplorent – ses talents d’encanteur chinois pour leur permettre d’amasser des fonds. Tant le parti que son comté ont bénéficié de ses talents d’organisateur qui ne laisse rien au hasard. Son propre sentiment d’insécurité le pousse d’ailleurs à tout planifier, histoire de gagner la cause qu’il défend. Son organisation politique est rodée. Ses militants fidèles et actifs. Ses campagnes de

financement toujours réussies. Son parti est présent dans chaque municipalité du comté. Il connaît si bien son monde qu’il peut prédire sans grand risque de se tromper, qui votera pour qui chaque fois. Il a d’ailleurs mis son expertise au service du PQ avec qui il partage souvent sympathisants et connaissances du « métier ». Cet ancien professeur de mathématiques et homme d’affaires a aussi partagé ses talents de stratège et d’organisateur jusqu’à tout récemment avec son parti. Ainsi était-il un de ses piliers, occupant la présidence du caucus de longues années. Mais il a récemment pris ses distances du Bloc, ne prisant guère la façon dont la chef Martine Ouellet, voyait l’action de ses députés. Au moment d’aller sous presse, il n’avait pas encore annoncé s’il rentrera dans le rang ou continuera de défendre la fondation d’une nouvelle force souverainiste à Ottawa: Québec debout. À Québec Au provincial, trois ex-ministres péquistes – Maurice Martel (unioniste en 1966 puis péquiste en 1976 et 1981), Sylvain Simard (1994, 1998, 2003, 2007 et 2008, 2012) et Élaine Zakaïb (2012, 2014) – ainsi que le député Sylvain Rochon ont représenté Richelieu à l’Assemblée nationale depuis 1976. Un seul libéral, Albert Khelfa, a réussi à se faufiler entre eux, de 1985 à 1994. OUI deux fois On ne saura qu’après les scrutins provincial d’octobre 2018 et fédéral de 2019, si les électeurs de Richelieu sont toujours aussi souverainistes qu’ils l’ont affirmé, en votant OUI aux deux référendums sur l’avenir du Québec. En 1980, 51,4% d’entre eux ont appuyé l’équipe de René Lévesque. Et en 1995, 62,32% ont emboité le pas aux indépendantistes Jacques Parizeau et Lucien Bouchard.

Le député fédéral Louis Plamondon lors de sa première élection en 1984. (Photo: Archives)


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Des années militantes Louise Grégoire-Racicot | Les 2 Rives

Les années 80 furent houleuses, ponctuées de multiples et longs conflits de travail, dans les secteurs privé et public.

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René Lachapelle, alors organisateur communautaire au CLSC, explique aujourd’hui le contexte économique de cette période. « C’est vraiment le moment où Sorel entre dans la transformation de sa base industrielle alors orientée sur l’industrie lourde. La mondialisation des marchés appelle des changements majeurs et de nouvelles technologies avec lesquelles les travailleurs ne sont pas habitués à travailler. Sorel est frappée de plein fouet. L’industrie navale s’affaiblit. Des emplois tombent. » La région n’échappe guère à la récession de 1982. Cherchant à corriger la situation, les travailleurs de Marine Industries Limited (MIL) réclament, en 1984, de travailler 35 heures plutôt que 40 chaque semaine. « Déjà en 1980, la CSN avait entamé une réflexion sur la réorganisation du travail. Le syndicat de MIL était très engagé en ce sens » décrit M. Lachapelle. Ce pourquoi, dans ce conflit en particulier, qui s’est étendu sur 11 mois en 1984-85, les travailleurs ne réclamaient pas des augmentations de salaire, mais de pouvoir constituer des équipes appelées à consolider leur métier. « Car la situation demandait

beaucoup aux travailleurs habitués à fournir leur force au travail. Ils étaient obligés de revoir leurs façons de travailler, et ce, alors que leur employeur était plutôt rigide », résume-t-il. Les syndiqués ont désiré manifester leur force en descendant dans la rue où le ton a monté. La négociation stagnait malgré l’intervention de conciliateurs et de médiateurs. Jour et nuit, des travailleurs « piquetaient » devant les entrées de l’usine. La paix était menacée d’autant que l’entreprise avait gardé ses cadres au travail. Ils y accédaient chaque matin à bord d’autobus jaunes, chemin Saint-Roch. Ce qui titillait l’amertume des syndiqués. La Sûreté municipale et son chef Jean-Paul Gorman firent appel à l’escouade tactique de la SQ pour assurer l’ordre et la sécurité. Tôt le matin, ce face-à-face manifestantspoliciers suscitait un mouvement de foule dont on ne savait comment il finirait. C’était le silence, la matraque et le bouclier des policiers face aux slogans et astuces des travailleurs. Les poursuites dans les rues. Des tirs sur l’hélicoptère de la SQ qui survolait le site. Cela a duré une bonne partie de l’été, se souvient Claude Carpentier, alors responsable des opérations à la Sûreté municipale de Tracy. « Ce conflit a marqué bien du monde. On a vu des policiers et des manifestants blessés, des cadres molestés. Il y a eu du vandalisme. Des policiers ont été menacés. »

Les années 80 ont été marquées par les grèves à Sorel. (Photo : archives)

De fait, la police a arrêté 57 personnes. Certaines ont comparu devant juge et jury. Ils ont dû respecter une probation, payer une amende ou être emprisonnés. Bien des familles ont été marquées par ce conflit, car elles comptaient souvent des membres tant chez les policiers que chez les syndiqués. Des confrontations Cette décennie fut bouleversante à cause de grèves ou lock-out dans tous les secteurs qui duraient des mois. En 1981 : Stelco (4 mois), Poudres métalliques. En 1983 : Sidbec Feruni (6 mois) et Slater (4 mois). En 1984 : MIL (11 mois), Atlas (3 mois) et les Élévateurs à grains (10 mois). En 1987 : Beloit (4 mois).

D’autres furent plus courts : Tioxide (5 semaines en 1984) et Tricot Richelieu (15 jours en 1985 et 11 semaines en 1987). Des conflits ont connu des conséquences presqu’immédiates. En 1981, Célanese ferme à la suite d’une grève de 13 jours, rachetée un mois plus tard par le Beauceron Georges Lacroix qui fonda Soreltex. Quant à Tricot Richelieu, elle déménagea en Ontario en 1988 alors que MIL abandonna la construction navale. Des employés de services publics firent la grève : la traverse (6 mois en 1981), Les autobus Bonin, les enseignants du cégep, les employés de l’Hôtel-Dieu, Steinberg en 1983 et les cols blancs de Sorel (6 semaines en 1985).


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Des milliers de pertes d’emplois en moins de cinq ans Sarah-Eve Charland | Les 2 Rives

Les années de gloire de la région, alors que l’argent coulait à flot en raison de l’omniprésence de grosses usines et de travailleurs bien payés, se sont terminées à la fin des années 80. Quatre importantes usines ont fermé leurs portes, ce qui a provoqué la mise à pied de milliers de personnes en quelques années. Après avoir effectué de nombreuses mises à pied depuis plusieurs années, Marine Industries Limited a mis la clé sous la porte en 1991. Beloit a rapatrié ses activités soreloises à ses installations au Wisconsin aux États-Unis. Tioxide a cessé ses activités peu de temps après avoir reçu une amende 4 M$ pour avoir pollué des plans d’eau. Toutes ces fermetures d’usines ont entrainé un important marasme économique. En octobre 1991, une personne active sur trois se retrouvait sans emploi, selon la Corporation de développement économique de Sorel-Tracy.

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Une économie peu diversifiée Bien qu’il n’ait pas assisté à la récession économique en tant que commissaire industriel à la Corporation de développement économique de Sorel-Tracy, Reynald Bergeron n’a pas été surpris de voir la région plonger dans ce déclin économique puisqu’elle refusait de diversifier son économie. La Ville de Tracy avait refusé d’adhérer à un programme de subvention permettant le déploiement des parcs industriels dans les municipalités du Québec en 1983. « Un conseiller municipal avait dit que la Ville n’avait pas besoin de parcs industriels parce qu’elle avait plusieurs grandes usines. Elle

était l’une des rares villes au Québec à avoir refuser de se lancer dans les parcs industriels », se souvient-il. Les Petites et moyennes entreprises (PME) choisissaient donc d’autres municipalités pour s’y installer puisque des terrains clés en main étaient mis à leur disposition. Dans la région, les entreprises devaient acheter leur terrain, raccorder les égouts et l’électricité. « Ça devenait difficile de se démarquer. Les outils que je voulais pour travailler, je ne les avais pas. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai démissionné. Les gens se contentaient des grosses entreprises. C’est bien beau avoir une usine comme Marine Industries avec 3 000 emplois, mais avoir 30 entreprises avec 100 emplois, c’est bien aussi», ajoute-t-il. « Les gens croyaient que la région n’avait pas besoin des PME à cause des salaires versés par les usines. Lorsque je faisais mes études collégiales, un camarade de cours a quitté à la deuxième année pour travailler dans une usine. Le gars est revenu nous voir avec une belle Corvette rouge flambant neuve l’année suivante », se remémore-t-il. Afin de relancer l’économie, des hommes d’affaires se sont regroupés à la fin des années 90 pour promouvoir la fusion des municipalités de Sorel, Tracy, Saint-Josephde-Sorel et Sainte-Anne-de-Sorel. Les intervenants économiques ont voulu changer l’image régionale de pollueur pour se tourner vers le développement durable. Le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTEI) a été créé en 1999. En 2004, la Ville de Sorel-Tracy est devenue la deuxième au Québec à adopter une philosophie de développement durable en élaborant l’Agenda 21.

Les gens de la région s’attendaient à la fermeture définitive des installations de Marine Industries Limited en juillet 1991. (Photo : Archives)


Le monde communautaire dans la jeune trentaine Louise Grégoire-Racicot | Les 2 Rives

Le monde communautaire sorelois est né il y a 30 ans dans Pierre-de Saurel. Oui, les paroisses assuraient un certain support aux plus démunis, dans une perspective de partage, voire de charité. Mais ce sont les groupes communautaires qui ont vraiment placé la personne au centre de leur préoccupation. Et les aider à reprendre le contrôle sur leur vie. On les doit aux tensions sociales générées par le monde perturbé du travail et de l’emploi ainsi que par la récession économique qui prévalait en 1982. « C’est en 1982 qu’est véritablement né le mouvement communautaire ici. Des groupes occupaient déjà le Centre communautaire Notre-Dame grâce aux Fonds Laprade. Mais ils ne pouvaient répondre à tous les besoins générés par les mises à pied massives, la récession, la pauvreté, les divorces et l’aide sociale qui menèrent plusieurs au suicide », rappelle René Lachapelle, organisateur communautaire au CLSC dans les années 80. À l’instar de d’autres régions du Québec, des groupes sont nés pour aider et outiller. En même temps, ils permettaient à plusieurs d’assumer de nouvelles responsabilités et de développer de nouveaux liens sociaux dans l’action. Le nombre de groupes croissait si bien que plusieurs formèrent des tables (jeunes,

Le Recyclo-Centre est un bel exemple du déploiement du communautaire avec l’intégration à l’emploi. (Photo : archives)

ainés, santé, sécurité alimentaire, etc.) regroupant ceux qui travaillent avec une même clientèle, histoire de bien cerner les besoins, se concerter, apprendre, ne pas doubler les services. D’autres groupes se sont aussi investis en habitation, en affaires (entrepreneuriat collectif, économie sociale, etc.) La force du communautaire, dont les groupes sont depuis réunis au sein de la Corporation de développement communautaire, est d’être véritablement enracinés dans le milieu. La limite demeure encore aujourd’hui leur financement compliqué par les nouvelles normes d’aide gouvernementale, déplore M. Lachapelle.

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Meurtre d’Alexandre Livernoche : un crime qui marque l’esprit Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives

Dans le cadre du 40e anniversaire du journal Les 2 Rives, nous nous sommes entretenus avec plusieurs policiers de l’époque afin qu’ils nous relatent le fait divers marquant des 40 dernières années. De par sa médiatisation et l’odieux du geste, le meurtre commis par Mario Bastien sur un jeune garçon de 13 ans, Alexandre Livernoche, a été unanimement choisi. Claude Carpentier, Jocelyn Mondou, André Duchesne et Sylvain Caron ont tous les quatre eu connaissance de cet événement comme policiers ou chefs de police, à Sorel ou Tracy. Ils sont d’accord pour dire que le meurtre d’Alexandre Livernoche a marqué les esprits à Sorel-Tracy. Sylvain Caron est le mieux placé pour en témoigner. Aujourd’hui bras droit de Martin Prud’homme au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), le Sorelois a été engagé en 1981 comme policier à la Ville de Sorel. De fil en aiguille, il est devenu directeur de police et d’incendie en juillet 2000 à la nouvelle ville fusionnée de Sorel-Tracy. Seulement un mois plus tard, le vendredi 4 août 2000, un événement marquant dans sa vie allait survenir. Alexandre Livernoche,

un adolescent de 13 ans, disparaissait après une journée à travailler pour ramasser des concombres. Sa disparition a été rapportée le lendemain. « C’est certain que chaque événement a sa particularité, mais celui-là était différent, se rappelle Sylvain Caron. Quand ça concerne un enfant, c’est encore pire, surtout que c’était mon voisin sur la rue Simard. Il a fréquenté mes gars, il s’est baigné chez nous et je connaissais sa mère et son beau-père. Tout ça ensemble rend ce dossier plus spécial. » André Duchesne a travaillé aux crimes contre la personne de la Sûreté du Québec pendant 13 ans, peu de temps après avoir travaillé à la Sûreté municipale de Tracy. Il a travaillé sur de gros dossiers comme la disparition de Cédrika Provencher. « Les dossiers concernant les enfants nous marquent plus, soutient André Duchesne, qui travaillait à la Sûreté municipale de Tracy en août 2000. On se dit toujours que si c’était notre enfant, on mettra autant d’efforts à tenter de le retrouver ou de retrouver le meurtrier. » Branle-bas de combat Le samedi 5 août 2000, en début de soirée, la disparition a été rapportée. Un enquêteur a aussitôt été assigné au dossier. La Sûreté du Québec, qui gérait les crimes

Mario Bastien a commis le meurtre d’Alexandre Livernoche, 13 ans, en août 2000. Ce fait divers a été largement médiatisé à travers le Québec. (Photo: Archives)

majeurs à l’époque, a pris en charge l’enquête peu de temps après. « Il y a eu une réforme policière dans les années 2000 dans les cas majeurs de disparition comme ceux-là, alors c’est certain qu’on n’avait pas les ressources en 2000 comme on les a aujourd’hui en 2018. Par contre, les mécanismes ont été mis rapidement en branle et l’enquête s’est bien déroulée », note M. Caron. Le 9 août, soit cinq jours après sa disparition, le corps d’Alexandre Livernoche a été retrouvé. L’adolescent avait été agressé sexuellement, puis assassiné et enterré dans une sablière près du boulevard Saint-Louis. « Tant qu’on ne trouvait pas de corps, il n’y avait pas de crime. On a accompagné la SQ dans son enquête, mais ça changeait la dynamique à ce moment. » Peu de temps après, Mario Bastien était arrêté pour ce meurtre sordide. « L’arrestation a rassuré la population. Dans un événe-

ment de la sorte, il y a un sentiment d’insécurité au sein de la population », notet-il. Une fois l’enquête terminée, Mario Bastien a été livré à la justice. Près d’un an plus tard, en juin 2001, il a été reconnu coupable de meurtre prémédité et immédiatement condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans. « Une fois devant les tribunaux, ce n’est plus dans nos mains, mais comme policiers et citoyens, on continue de suivre ça de près », conclut Sylvain Caron. Plus tard, on apprendra que Mario Bastien avait été libéré quelques mois avant de commettre ce meurtre en raison de la surpopulation à la prison de Trois-Rivières. Il purgeait une peine de prison pour un autre crime. Le ministre de la Justice de l’époque a même reconnu que le pédophile et meurtrier avait été libéré trop tôt à ce moment.

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Le bunker des Hells Angels, l’incendie marquant Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives

De nombreux incendies ont marqué l’histoire et ont été couverts par nos journalistes en 40 ans, comme celui de l’Hôtel Carleton en 1999 au centre-ville ou plus récemment, le bâtiment SincennesMcNaughton sur la rue Reine en 2016. Mais aucun n’a été plus important que celui du bunker des Hells Angels, survenu le samedi 18 octobre 2008, il y a presque 10 ans jour pour jour. Seul officier-cadre en poste ce soir-là, le directeur actuel du Service d’intervention et d’urgence de Sorel-Tracy, Carl Woods, se rappelle de l’événement comme si c’était hier.

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Carl Woods s’apprêtait à écouter tranquillement le hockey chez lui, le soir. Il était de garde, mais comme sa fête était deux jours plus tard, le 20 octobre, il recevait quelques personnes chez lui. C’est alors qu’un incendie majeur est déclaré à l’intersection de l’avenue Hôtel-Dieu et du boulevard Fiset, vers 19h. Un incendie déclenché par Steve Carbonneau afin de dévier l’attention des pompiers pendant qu’il préparait un plus gros coup, apprendra-t-on plus tard. « On a tous été mobilisés à cet endroit. Après qu’on ait presque fini de maîtriser cet incendie, c’est à ce moment que l’appel du bunker des Hells Angels, sur la rue Prince, est entré », décrit M. Woods. À son arrivée sur les lieux, la scène était surréelle, se souvient-il. Il se rappelle du

L’incendie ayant fait rage au bunker des Hells Angels sur la rue Prince en octobre 2008 est le fait divers marquant chez les pompiers au cours des 40 dernières années. Les flammes étaient visibles des kilomètres à la ronde. (Photo : archives/Pascal Cournoyer)

camion-citerne entré directement dans la façade du bâtiment. Il se souvenait aussi que la semaine précédente, un vol d’explosifs

était survenu en Gaspésie et on craignait à l’époque que le crime organisé pouvait être impliqué.

« Tout ça me jouait dans la tête. Quand j’ai vu le camion à essence, j’ai tout de suite pensé au risque d’explosion. On a fait évacuer la scène, le périmètre était très grand. Ce feu était différent des autres parce qu’on est habitués de se dire: go, on rentre. Cette fois, on a reculé et tenté d’éviter la propagation aux autres bâtiments parce qu’on savait que le bâtiment était une perte totale d’avance. S’il y avait une personne à l’intérieur, elle n’avait aucune chance », souligne-t-il. « Je ne suis pas quelqu’un de stressé de nature, poursuit-il. En même temps, il a fallu gérer un certain stress parce que je ne voulais pas mettre la vie de mes pompiers en danger. Les images dépassaient la réalité. » Alors qu’une soixantaine de pompiers combattaient toujours les flammes en pleine nuit, un troisième incendie dans la même soirée a éclaté dans le secteur Tracy. Des pompiers ont dû s’y déplacer, alors que d’autres continuaient à combattre celui du bunker. « Après coup, je peux dire que je suis fier de la façon dont les gars ont géré tout ça. Tout le monde a mis la main à la pâte. On n’a pas pris de pause et on a réussi à passer au travers. Je suis arrivé à 19h le samedi soir et je suis parti à 14h le dimanche pour prendre une douche et revenir aider les enquêteurs sur place », raconte-t-il. « C’était vraiment spécial, d’autant qu’on avait coupé l’électricité dans le secteur. L’hôpital et même notre caserne sur la rue Élizabeth n’avait plus d’électricité. C’est là


des 40 dernières années que tu vois qu’un acte comme celui-là affecte pas mal plus de monde qu’on croit », témoignet-il. Une histoire de cœur L’accusé dans cette affaire, Steve Carbonneau, a finalement été acquitté pour cause de troubles mentaux quelques mois plus tard. Son oncle Jacques Beaulieu et son ami Stéphane Blanchette ont aussi été accusé

dans cette affaire. Blanchette a été acquitté, tandis que Beaulieu a écopé d’une sentence avec sursis. Carbonneau, qui avait cessé de prendre ses médicaments en 2008, était désorganisé et aurait voulu se venger d’un membre des Hells Angels qui aurait couché avec sa compagne. Dans son délire, il croyait que les Hells le suivaient partout et qu’ils voulaient causer du tort à son père, d’où l’attaque du bunker.

La journée après l’incendie, les pompiers, dont Carl Woods (photo) ont aidé les reconstitutionnistes sur la scène. (Photo; archives/Patrick Turgeon)

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Trois dossiers majeurs à l’actif de la MRC de Pierre-De Saurel Louise Grégoire-Racicot | Les 2 Rives

À la formation de la MRC du Bas-Richelieu – aujourd’hui Pierre-De Saurel – en 1981, maires ruraux et urbains ont dû s’apprivoiser. « Au début, on n’y représentait que nos villages », dit le préfet actuel, Gilles Salvas. Depuis, ils ont reçu divers mandats dont la sécurité incendie et civile. Et les municipalités ont choisi de lui en demander plus. Des dossiers majeurs qui ont parfois soulevé l’ire des citoyens. Disposer des déchets après la fermeture du site opéré par Sorel en 1987 en fut un. Après de longs palabres, sept des 11 maires chargeaient la MRC de le régler. Une première québécoise. Ils voulaient les transformer en compost et confièrent, avant-gardistes, cette tâche, pour 20 ans, à une entreprise privée soreloise, Conporec. L’usine construite à Tracy ne répondit pas aux besoins avec son bioréacteur européen inadéquat d’où émanaient des odeurs nauséabondes. En 1995, l’entreprise dut conclure un concordat avec ses créanciers et a fermé ses portes en 2008. Retour à l’enfouissement traditionnel. Acheteur de Conporec, SDD proposa un contrat de gré à gré de 20 ans. Les maires acquiescèrent, demandant à Québec de le permettre. Les voisins de l’usine étaient furieux. Ils dénoncèrent la SADC et le FIER qui l’avaient financièrement appuyé. Des élus de Sorel-Tracy menèrent le bal et firent revenir les maires sur leur décision. Coup de théâtre : en mai 2011, SDD réclama 22 M$ en dommages à la Ville de Sorel-Tracy et la MRC de Pierre-De Saurel. En décembre 2015, les parties s’entendent hors cour : le Recyclo-Centre achètera les installations de SDD pour y implanter une usine et opérera l’écocentre de la MRC sur un site adjacent. Cette usine fonctionnera quelques mois. Elle est saisie. La MRC perd sa caution. « En 2017, on a introduit les bacs bruns. 50% des gens les utilisent alors que les bacs bleus le sont pleinement. Cela représente une réelle économie dans nos coûts », dit M. Salvas.

L’éolien En 2008, la MRC devient entrepreneure. Elle propose d’ériger un parc de 12 éoliennes et vendre de l’électricité à Hydro-Québec, s’assurant de revenus autres, histoire de réduire le fardeau fiscal de ses citoyens. En 2011, elle signe un contrat, forme une société en commandite et en financera 17,5 M$. En 2013, elle commande des éoliennes plus hautes (100 m vs 80 m). La facture s’élèvera à 66 M$ et non 59,1 M$. Les profits gonfleront de 20 M$. Mais des citoyens s’inquiètent, dont des élus de Sorel-Tracy. Le risque est trop élevé et il y a peu de vent, insistent-ils. Le BAPE entend les parties et recommande, en 2014, la tenue d’un référendum sur l’acceptabilité sociale du projet. Les élus refusent : ce serait trop coûteux et retarderait le projet. Fin 2016, les 12 éoliennes entrent en fonction. « Les rendements estimés étaient bons. On a hâte de partager un deuxième chèque à l’automne », dit le préfet. Mais un défi demeure, conclut M. Salvas: « Celui de penser région. Les maires doivent se parler, mais aussi s’écouter. Le chacun pour soi, c’est fini. C’est travailler en donnant-donnant qui est avantageux! » Avec la collaboration de Sarah-Eve Charland

Une centaine de cyclistes s’étaient rassemblés en juin 2003 pour soutenir la MRC du Bas-Richelieu dans les procédures judiciaires opposant des agriculteurs. (Photo : Archives)

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Une piste cyclable « Le dossier de la piste cyclable avance. On est maintenant relié de Saint-Robert à Yamaska. Reste ce passage de la 132. On a déjà fait faire une étude, mais le projet - un tunnel ou une passerelle - est vraiment coûteux. On verra », dit le préfet.

Voilà un autre dossier qui a nécessité l’intervention de juges pour dissiper des malentendus entre neuf producteurs agricoles qui refusaient de céder l’emprise ferroviaire du CN qu’ils cultivaient et sur laquelle les cyclistes devaient circuler. Huit agriculteurs s’étaient joints à l’Union des producteurs agricoles (UPA) RichelieuYamaska afin de demander une injonction devant la Cour supérieure en 2003. Après la demande d’injonction, la MRC a reçu l’ordre de cesser les travaux de construction. Les procédures judiciaires se sont terminées en juin 2005 par une entente hors cour. « L’ancienne voie ferrée coupait les champs en diagonale. Ça n’avait pas de bon sens. On s’est opposé au projet. C’était une problématique intéressante. On a décidé d’aller en cour contre la MRC », se rappelle l’actuel président de l’UPA RichelieuYamaska, Sylvain Joyal. En 2006, elle avait consacré 1 M$ à la construction de la piste de 9 km réclamée par les cyclistes et par l’Office du tourisme. Son asphaltage (510 000$) a suivi. « Ce qui en fait une piste fort fréquentée », se réjouit le préfet.


Parc Regard-sur-le-Fleuve : un Sarah-Eve Charland | Les 2 Rives

L’aménagement du parc Regard-sur-leFleuve a été l’un des projets qui a le plus rassemblé la population de Sorel au cours des 40 dernières années. L’ancien greffier de la Ville (1977-2003), Jean Charbonneau, se souvient de l’engouement. « Les gens ont tout de suite apprécié l’idée », souligne-t-il. À l’endroit où se trouve l’actuel parc Regard-sur-le-Fleuve, on retrouvait un

dépôt d’une entreprise, un bâtiment appartenant à un club de chasse et pêche, ainsi que des terrains vacants. La Ville de Sorel a acheté le terrain et a démoli le bâtiment. « Il y avait des herbes hautes. On n’avait pas accès au fleuve ni à cet endroit, ni nulle part à Sorel. Le quai, aujourd’hui CatherineLegardeur, était occupé par le ministère. Maintenant, on est en train de démocratiser l’accès au fleuve », croit-il. L’idée de créer un parc et de le nommer Regard-sur-le-Fleuve a été proposée par le maire Robert Fournier. Il n’a pas eu le temps

Le parc Regard-sur-le-Fleuve demeure le parc le plus fréquenté à Sorel-Tracy.

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(Photo : Pascal Cournoyer)


des projets les plus rassembleurs de réaliser son projet au cours de son mandat, de 1979 à 1983. Marcel Gauthier, réélu en 1983, a repris l’idée. « Avec tous ses contacts en politique fédérale et provinciale, il est allé chercher plein de subventions. Le parc s’est réalisé de façon progressive », se rappelle M. Charbonneau. En août 1992, le parc a été inauguré durant une célébration des fêtes du 350e anniversaire de Sorel. Il s’agissait du legs laissé durant les festivités. À ce moment, le maire Gauthier avait annoncé la prolongation du parc jusqu’à la Marina, ce qui ne s’est jamais réalisé. « Aujourd’hui, les gens se demandent encore pourquoi le parc n’a pas été relié à la Marina. On ne pouvait pas faire de travaux hydriques sans obtenir l’autorisation des résidents riverains. À l’époque, c’était les pères Franciscains. Aujourd’hui, ce sont des condos. Ça ne se produira probablement jamais. Marcel Gauthier a essayé, mais n’a jamais réussi », mentionne-t-il. En 1993, la Ville a réussi à obtenir le financement pour construire le bâtiment de l’écomusée qui est devenu par la suite le Biophare. En 2012, la Ville de Sorel-Tracy avait effectué un sondage. Le parc Regard-sur-leFleuve demeurait le parc le plus fréquenté par les citoyens. Le parc Regard-sur-le-Fleuve a été inauguré en 1992 lors des célébrations des fêtes du 350e anniversaire de SorelTracy. (Photo : Archives)

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Onze décisions par référendum municipal Louise Grégoire-Racicot | Les 2 Rives

Les élus municipaux de Sorel, Tracy puis de Sorel-Tracy n’ont pas toujours su rallier les contribuables à leur cause. Et quand ces derniers n’admettaient pas que la collectivité trouverait son compte dans un projet déposé, ils avaient le loisir de demander un référendum sur la question. À la condition de départ de réunir un nombre suffisant de signatures pour réclamer une telle consultation populaire. Ce que certains ont fait sans hésiter. De 1978 à aujourd’hui, on en dénombre 11.

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OUI et NON Émile Parent fut maire de Tracy de 1987 à 2000. À ce titre, il a vu ses concitoyens rejeter du revers de la main un projet comme ils ont emboité le pas à d’autres. Il déplore que souvent, les opposants à un projet manquent d’information. Ils écoutent alors ceux qui les dénoncent. « Ça devient un jeu d’information et de désinformation, car ils ne s’informent pas eux-mêmes de la justesse des arguments. » Et d’expliquer: « Les élus proposent toujours des projets qui, selon eux, contri-

bueront au développement de leur ville. Malheureusement, la première opposition vient souvent d’un membre du conseil. » Ce fut le cas sous sa gouverne. Les citoyens opposèrent un NON ferme lors d’un référendum en 1993, pour emprunter 631 000$ et aménager la bibliothèque au centre d’achats Plaza Tracy. « On connait la suite : la Plaza s’est détériorée et nous avons perdu des subventions pour le faire », commente-t-il. Il rappelle cependant le référendum de septembre 1999 où, comme il le proposait, les Tracyens ont dit OUI à 71% à la fusion de quatre municipalités, Contrairement à ceux Sainte-Anne-de-Sorel et Saint-Joseph-deSorel qui s’y étaient opposés à 54% et 71%. À Sorel, le conseil que présidait Marcel Gauthier, n’avait pas jugé bon consulter ses citoyens sur la question, soulignant l’évidence des avantages qu’elle représenterait pour la région. De son côté, le Tracyen et conseiller municipal (1979 à 1983), Jean-Yves Landreville, a été à la tête du NON dans un référendum, en 1983, dont l’enjeu était de doter la ville d’un parc industriel. Projet de plus de 1 M$ rejeté à 55% parce que considéré trop coûteux et pas nécessaire.

Plus élus, les deux hommes sont toujours actifs. En 2012, M. Parent pilotait le comité du OUI en faveur d’un emprunt de 1,4 M$ pour rénover le marché Richelieu du VieuxSorel. Une rénovation qui a coûté 8 M$ dont 6 M$ ont été subventionnés et une collecte de fonds de financement de 214 000$. Le OUI l’avait emporté à 60%. Les deux hommes sont d’accord : les référendums sont de nécessaires outils de démocratie. Mais ils coûtent cher. Si cher, dit M. Landreville qu’on devrait en confier la tenue à des citoyens consciencieux et bénévoles. « Je serais le premier à m’y impliquer! » D’autres référendums 1977 – Construction du curling AurèleRacine; 1994 – Des travaux sur les rues Tétreau, sur le rang Sainte-Thérèse et le chemin Champagne. La question au cœur du projet : qui doit payer pour ces travaux? Le citoyen via la taxe générale ou aux riverains de ces rues via une taxe d’amélioration locale?; 1999 – Les citoyens autorisent la Ville à consacrer 4,85 M$ à la rénovation du Colisée Cardin. Un atout que Marcel Gauthier a utilisé pour convaincre la région

Le référendum au sujet de la rénovation du marché Richelieu, remporté par le OUI et son groupe Azimut diffusion, a fait beaucoup couler d’encre en 2012. (Photo: archives)

du bien-fondé d’une fusion avec Sorel. Cette dette ne serait payée que par les résidents de Sorel; 2003 – Un OUI clair de 68,4% pour exécuter des travaux de revitalisation du centre-ville (dont le mail piétonnier) et l’emprunt de 1,3 M$; En 2009, 2011 et 2018, trois consultations ont été tenues pour modifier des règles d’urbanisme ou de zonage.


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Quarante ans de fuites commerciales Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives

Reynald Bergeron a été le premier à lever le drapeau en 1978, il y a 40 ans : la région était aux prises avec d’importantes fuites commerciales. En moyenne, les Sorelois dépensaient 91 sous du dollar à l’extérieur de la région à ce moment. Un sondage dans la revue spécialisée Canada Survey of Market classait Sorel au dernier rang des régions québécoises pour l’achat local et par le fait même, au premier rang pour l’exode commercial. Le citoyen Reynald Bergeron a alors senti le besoin d’intervenir en réalisant une étude. « On a pondu un questionnaire validé par l’Institut de la statistique du Québec, puis embauché huit étudiants qui ont sillonné la région afin de sonder les gens. L’étude couvrait tous les secteurs de consommation. Même l’épicerie était faite à l’extérieur. Ça m’a jeté à terre d’apprendre ça. Je me souviens que des gens se sont servis de cette étude pour agir. Il y a par la suite eu un regroupement de gens d’affaires qui s’est formé, puis la Chambre de commerce a été relancée en 1978 », se souvient M. Bergeron.

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Campagnes d’achat local Au fil des années, plusieurs campagnes d’achat local ont été réalisées par des gens d’affaires de la région. Au début des années 90, la Chambre de commerce Sorel-Tracy métropolitain a

Une campagne d’achat local a été lancée pour contrer les fuites commerciales dans la région. (Photo: Archives)

piloté un de ses dossiers les plus importants à ce moment, soit sa campagne dont le slogan était « L’achat local… un choix gagnant! ». Tout juste avant Noël 1993, la Chambre remettait ses prix lors d’un tirage qui mettait fin à cette promotion. La campagne qui a suivi, dont le slogan était « L’achat local, c’est vital! », a aussi connu un fort succès. Robert S. Hills, ex-président de la Chambre de commerce de Sorel, a sorti cette phrase en premier, mais c’est l’entrepreneur Roger Bibeau qui a initié cette campagne.


Les Promenades de Sorel ont changé le tissu commercial sorelois Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives

En août 1989, 99 boutiques ouvraient d’un seul coup à Sorel. Plusieurs grandes chaînes comme Benny Mart, Sears, Maxi et Hart s’implantaient aux Promenades de Sorel dans l’une des ouvertures les plus marquantes de la région en 40 ans. Michèle Gauthier, qui était responsable du marketing aux Promenades de Sorel à cette époque, se souvient de l’achalandage monstre lors de l’ouverture, alors que plus de 25 000 personnes s’étaient entassées pour profiter des rabais des marchands. En une semaine, plus de 100 000 personnes avaient fréquenté le centre commercial. « Malgré tout, certaines personnes nous boudaient, se souvient Mme Gauthier. Ils se disaient : c’est tellement beau, tout doit être plus cher! On a travaillé fort pour changer cette mentalité. » « Ce qui nous distinguait, poursuit-elle, c’est qu’on a intégré beaucoup d’activités. Chaque week-end, il y avait des artistes. On voulait créer une habitude chez les gens afin qu’ils s’approprient la cour centrale. » En 1990 et 1991, seulement quelques années après l’ouverture, un ralentissement économique majeur frappait le Québec. De nombreuses chaînes ont fermé leurs portes et les Promenades de Sorel n’y ont pas échappé.

« Ç’a été difficile de se relever après ça. C’était plus difficile de ramener d’autres chaînes ensuite. Par la suite, il y a eu de la mouvance au niveau des centres commerciaux, notamment avec l’implantation de méga centres comme le Dix 30 », explique Michèle Gauthier. Achat local À la base, l’ouverture des Promenades de Sorel se voulait un frein à l’exode commercial. Les propriétaires ont pu dire en partie mission accomplie, mais le centre-ville de Sorel a pris un dur coup au départ, se souvient Mme Gauthier. « L’arrivée des Promenades a ébranlé le tissu commercial sorelois. Déjà qu’au centre-ville, il y avait des locaux à louer, puis des chaînes installées au centre-ville, comme Yellow, Cité et Aldo, ont décidé de s’implanter aux Promenades. À l’époque, c’était la mode : tous les commerces voulaient être dans des centres commerciaux. » Même avant l’arrivée des Promenades de Sorel, on entendait déjà parler de campagnes de promotion d’achat local, souligne l’ex-directrice du marketing. « Les gens avaient l’habitude de magasiner à l’extérieur, surtout aux Promenades Saint-Bruno dans ce temps-là. Avec les Promenades, on voulait augmenter l’offre, et par le fait même la rétention. Encore

Les Promenades de Sorel ont été prises d’assaut par plus de 25 000 personnes en août 1989 lors de l’ouverture officielle. (Photo : archives)

aujourd’hui, il faut continuer à travailler là-dessus », croit-elle. Malgré tout, certains commerces continuent, année après année, de tirer leur épingle du jeu à Sorel-Tracy. « La venue d’Internet et de l’achat en ligne ajoute à la difficulté du commerce de détail. Par contre,

quand je pense à des Labarre, Laramée ou Sports Experts et autres qui sont toujours là, c’est parce qu’ils offrent un service à la clientèle extraordinaire. Ils sont à l’écoute de leur clientèle qui est toujours fidèle malgré le commerce en ligne qui continue de prendre de l’importance », conclut Michèle Gauthier.

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L’école Jean-de-Brébeuf est la dernière école à être démolie en 2014. (Photo : Archives)

Fermer des écoles pour en rouvrir des années plus tard Sarah-Eve Charland | Les 2 Rives

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La région a connu une diminution démographique dans les années 90. Aujourd’hui, la situation est tout autre et la Commission scolaire (CS) de SorelTracy doit trouver des solutions pour loger tous ses élèves. Entre 1978 et 1998, neuf écoles ont fermé. De ce nombre, les commissions scolaires de Sorel et de Tracy (fusionnées en 1996) en ont fermé six dans les années 90. Aujourd’hui, on compte 15 écoles primaires et deux écoles secondaires. La baisse de la clientèle scolaire s’expliquait notamment par la récession économique. À cette époque, de nombreuses familles quittaient la région à la suite des fermetures de plusieurs usines. La diminution des élèves s’était fait sentir particulièrement dans le secteur Sorel. Elle pouvait se traduire par un baisse de centaines d’élèves d’une année à l’autre. Le gouvernement a aussi imposé au commissions scolaires de représenter les élèves au sein d’une même MRC. De cette façon, la Commission scolaire de Tracy a perdu les élèves de Contrecœur. Denis Rajotte a été élu commissaire en 1980 avant de devenir président en 1990. Encore en poste, il se rappelle de ces années. « La clientèle avait diminué beaucoup. On ne pouvait pas garder une école si on n’avait pas d’élèves. On est financé par élève. D’un autre côté, on ne voulait pas fermer les

écoles en campagne. Si on fermait une école en campagne, on fermait le village. C’était très important pour moi. Jusqu’à maintenant, on y arrive bien. On a une école dans presque toutes les municipalités rurales. Même qu’on en a deux à Yamaska et qu’on aimerait réduire à une », affirme-t-il. Depuis quelques années, le nombre d’élèves est plus stable. Cela tourne autour de 6 000 élèves alors qu’on pouvait en compter près de 8 000 dans les années 80. Au cours des dernières années, le gouvernement du Québec a changé les ratios d’élèves par classe, ce qui entraîne des problématiques d’espace. La CS a déposé à deux reprises une demande d’agrandissement et de mise aux normes de l’école primaire Saint-Viateur afin d’y loger le surplus d’élèves de l’école Saint-Gabriel-Lalemant. Ces deux demandes ont reçu une réponse négative du ministère de l’Éducation. La transformation des écoles secondaires en 2007 a aussi été un des dossiers importants gérés par M. Rajotte. L’école FernandLefebvre accueille maintenant les élèves de 3e à 5e secondaire et Bernard-Gariépy les élèves de 1re à 2e secondaire. Auparavant, tous les élèves de Sorel et des municipalités rurales se retrouvaient à l’école FernandLefebvre, tandis que les élèves de Tracy, Saint-Roch-de-Richelieu et Contrecœur allaient à l’école Bernard-Gariépy. « C’était pour donner plus de services. En rassemblant les élèves par niveau, on pouvait offrir plus d’options de cours. »

Le nombre d’élèves a toujours fait partie des préoccupations de la Commission scolaire de Sorel-Tracy. Le journal Les 2 Rives en parlait notamment en 1991. (Photo : Archives)


Une lutte historique pour obtenir un cégep Sarah-Eve Charland | Les 2 Rives

La lutte pour l’obtention d’un bâtiment pour un cégep à Tracy a été l’un des dossiers chauds de 1978, et de ce fait, l’un des premiers dossiers couverts par le journal Les 2 Rives. Enseignants, étudiants, parents et citoyens se sont mobilisés pendant des semaines afin d’obtenir le financement permettant la construction d’un établissement collégial. À l’ouverture des établissements collégiaux en 1968, Sorel-Tracy n’était seulement qu’un campus du Cégep de Saint-Hyacinthe. Un seul conseil d’administration gérait les campus de Saint-Hyacinthe, Drummondville et Sorel-Tracy. Le gouvernement de l’Union nationale avait acheté un terrain dans le boisé sur le boulevard de la mairie, où se trouve l’actuel Cégep, pour construire le futur édifice. En 1970, le Parti libéral a été élu, ce qui a ralenti le processus, selon l’ex-enseignant du Cégep, Pierre Girouard. En attendant la construction, les cours ont été donnés dans quatre pavillons, dont le bâtiment des pères Franciscains.

« Les quatre pavillons étaient plus ou moins vétustes. Je partageais mon bureau, qui n’était pas très grand, avec un autre enseignant. C’était une ancienne chambre des pères Franciscains. On avait un lavabo dans notre bureau », se rappelle M. Girouard. La revue l’Actualité avait publié un palmarès des cégeps. Elle avait qualifié l’établissement de Saint-Hyacinthe le Hitlon des cégeps. Elle avait surnommé Sorel-Tracy le taudis des cégeps. À Sorel-Tracy, des plans et devis avaient été présentés pour un bâtiment pouvant accueillir 1 200 élèves. Le gouvernement avait demandé de refaire les plans pour 800 élèves. Le 24 septembre 1978, les syndicats et les représentants de l’association étudiante ont été réunis dans le bureau de la direction. C’est à ce moment qu’ils ont appris que les nouveaux plans étaient refusés. On demandait de nouveaux plans pour 600 étudiants. « Pour nous, il y avait anguille sous roche. On était persuadé qu’au fond, la vraie volonté du ministère était d’éviter une construction à Sorel-Tracy. Nous avons dit tout simplement : il n’en est pas question. Ç’a été le début d’un conflit et d’une mobilisation

Le premier ministre du Québec, René Lévesque, était en visite durant les travaux de construction. (Photo : Gracieuseté)

générale dans le collège et dans la région », affirme M. Girouard. Le début d’une grande mobilisation Un comité de coordination a été mis sur pied. Après les journées de travail, tous les membres du comité se réunissaient jusqu’à minuit pour mener cette lutte. La représentante du personnel de soutien et membre du comité de coordination, Claire Cournoyer, se rappelle de ces démarches. « C’était important de garder une éducation postsecondaire de qualité ici. Les commerçants et les autorités municipales ont aussi manifesté. Ç’a nous a aidé. Je suis aussi allée dans les écoles pour inciter les gens à protester. Il a aussi fallu donner des informations aux parents parce qu’ils pensaient devoir payer plus de taxes. On a démystifié tout ça », ajoute-t-elle. « Notre député, Maurice Martel, était difficile à rencontrer, poursuit M. Girouard. La seule façon était de se présenter à sa maison. Sa femme nous laissait entrer et nous demandait d’attendre dans le sous-sol. Quand il arrivait, il venait nous voir. On l’a fait au moins deux fois. On s’est rendu compte qu’il était pris entre l’arbre et l’écorce. Il fallait aller plus loin parce qu’il ne poussait pas avec nous. » Plusieurs membres du comité de coordination se sont déplacés à l’Assemblée nationale. « C’était beaucoup plus facile d’entrer dans le parlement à l’époque. On a attendu que le gouvernement sorte de son caucus. Le premier qui est sorti est René Lévesque. Je l’ai interpellé. J’étais jeune. Je n’étais pas gêné. Je savais qu’il n’avait pas beaucoup de temps à m’accorder. J’ai donc tout déballé notre histoire. Il m’a interrompu pour me dire : Vous êtes qui monsieur?, en me tendant la main. C’est ce que je me rappelle de lui. Moi, ce n’était pas important qu’il se rappelle de mon nom. Je voulais juste qu’il entende notre histoire », se remémore-t-il. M. Lévesque a répondu à M. Girouard « de la brique et du béton pour l’éducation, on en a déjà pas mal mis. »

Les enseignants, étudiants et parents d’élèves ont manifesté à plusieurs reprises pendant quelques semaines. (Photos : Archives)

Le comité de coordination a commencé à s’essouffler à lutter pour ce projet tout en continuant les activités du collège. Il a choisi de fermer l’établissement collégial, avec l’autorisation du conseil d’administration, pour mener ce combat à plein temps. « Cela a duré trois semaines. On a travaillé sur de nouveaux plans en faisant diminuer les coûts. On a déposé les nouveaux plans au gouvernement. Pour montrer notre bonne foi, on a dit qu’on rentrait au travail. La décision finale est arrivée au printemps en notre faveur. De ce qu’on a su par la suite, c’est René Lévesque qui a pris la décision finale », raconte-t-il. La construction s’est terminée en 1981. Quelques années plus tard, la population avait de nouveau augmenté. Il a alors fallu construire un bloc supplémentaire.

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Un pont et une autoroute qui font jaser depuis belle lurette Sarah-Eve Charland | Les 2 Rives

Les sujets liés à la mobilité et au transport ont toujours fait jaser dans la région. Le journal Les 2 Rives a couvert de nombreux sujets, dont l’achat du traversier par le gouvernement du Québec en 1978. L’équipe journalistique s’est penchée sur deux sujets qui demeurent, encore aujourd’hui, des sujets d’actualité, soit le prolongement de l’autoroute 30 vers l’ouest et le projet d’un pont reliant SorelTracy à Lanoraie. Le maire de Saint-Robert et préfet de la MRC de Pierre-De Saurel, Gilles Salvas, se rappelle d’avoir effectué des démarches auprès du ministère des Transports du Québec il y a près de 20 ans pour promouvoir l’idée du prolongement de l’autoroute 30 vers Trois-Rivières. « C’est le maire de Sorel-Tracy, Marcel Gauthier, qui en a parlé pour la première fois. Il y avait eu un accident mortel sur la route 132. C’était un enjeu de sécurité très important. La route a des courbes et est surchargée de véhicules », affirme M. Salvas. Une étude réalisée à l’époque révélait que près de 64% des véhicules qui circulent sur le boulevard Fiset et la route 132 se dirigent vers l’autoroute 20 à Drummondville. L’objectif était de dévier le trafic dans un secteur moins résidentiel et commercial. « Plusieurs études ont été réalisées. Saint-Robert, Yamaska, Saint-David et Saint-Gérard-Majella ont adopté plusieurs résolutions au cours des années, mais ce

Jean-Yves Landreville fait la promotion d’un projet de pont reliant Sorel-Tracy à Lanoraie depuis près de 30 ans. (Photo : Archives)

projet n’était jamais prévu dans les plans triennaux du ministère des Transports », mentionne-t-il. Le projet de construction d’un pont reliant Sorel-Tracy à Lanoraie a aussi contribué à faire revivre les espoirs de prolonger l’autoroute 30. De plus, les projets de complexe portuaire à Sorel-Tracy et l’agrandissement du Port de Montréal à Contrecœur laissent présager une augmentation du transport lourd dans la région, croient les maires de la MRC.

« Les projets du pont et de l’autoroute sont complémentaires. C’est sûr qu’on travaille là-dessus. La MRC va faire une étude sur la fluidité à l’automne, que ce soit le trafic nord-sud ou est-ouest. Ça va nous faire un argument supplémentaire », croit M. Salvas. Un projet de pont qui renaît de ses cendres Dans les années 90, le projet d’un pont reliant la Rive-Sud à la Rive-Nord faisait

rêver l’ancien maire de Saint-Joseph-deSorel, Olivar Gravel. Il a alors proposé à la MRC de Pierre-De Saurel d’investir 25$ par habitant dans un organisme ayant pour objectif la promotion du projet, CALA nord-sud. Peu de temps après la formation de l’organisme, Jean-Yves Landreville a pris la présidence. Depuis, ce projet, dont il espère en voir la réalisation avant sa mort, s’est révélé le combat de sa vie. Il s’est promené de ville en ville afin d’en faire la promotion de façon tout à fait bénévole. L’entièreté des sous a finalement été remise à la MRC. « Je ne peux pas croire que Sorel-Tracy va rester un cul-de-sac. Le projet n’a finalement jamais été présenté au gouvernement. On avait fait faire des études, mais ça coutait beaucoup de sous. Les gens de SorelTracy sont souvent négatifs devant des beaux projets comme le pont », ajoute M. Landreville. Bien qu’il ait continué à promouvoir le projet dans les années 2000 par son site Internet et par le biais de son véhicule imagé, le projet du pont n’a pas fait l’objet de l’actualité avant la proposition du promoteur privé Luc Poirier en 2017. C’est la grève des travailleurs à l’automne 2015 qui l’a amené à se pencher sur le dossier. « M. Poirier a demandé à voir les plans effectués dans le passé. Il m’a approché et a pris la relève. Je suis content qu’un homme d’affaires s’investisse de cette façon. Il y a un potentiel incroyable dans la région », conclut M. Landreville.

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Une agriculture tournée

L’agriculture a bien changé au cours des 40 dernières années dans la région. (Photo : Archives)

Sarah-Eve Charland | Les 2 Rives

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Les fermes de la région se sont modernisées au cours des 40 dernières années entraînant ainsi bien des avantages, mais aussi quelques travers. En constante innovation, les agriculteurs se sont spécialisés dans chacun de leur domaine respectif. « Les agriculteurs doivent constamment innover. Ce n’est pas évident. Ce n’est pas parce qu’un agriculteur fait quelque chose de très bien à Sainte-Victoire que la même pratique peut s’appliquer à Saint-Robert à cause de différents facteurs », affirme Linda Dufault qui a présenté une conférence sur l’histoire régionale de l’agriculture à l’Université du troisième âge à Sorel-Tracy l’an dernier. Le président de l’Union des producteurs agricoles (UPA) Richelieu-Yamaska, Sylvain Joyal, se rappelle des anciennes méthodes avant la modernisation et la mécanisation des méthodes de travail. « C’était la bonne vieille charrue. Le travail minimum n’existait pas. Les insecticides étaient beaucoup plus nocifs à l’époque. Plusieurs d’entre eux sont interdits aujourd’hui. On utilisait des produits qu’on ne savait pas mauvais pour la santé. On ne s’en préoccupait pas. Les conditions de travail n’étaient pas très agréables. On avait des petits tracteurs, pas de fenêtre. On respirait le diesel directement dans la cabine », se remémore M. Joyal. Si 90% du territoire de la MRC de PierreDe Saurel est en milieu rural, 71% de la population vit en milieu urbain à SorelTracy ou Saint-Joseph-de-Sorel, selon les statistiques du Plan de développement de la zone agricole (PDZA). L’agroalimentaire représente le deuxième secteur d’activité économique en importance de la région, même si le nombre d’entreprises agricoles est désormais sous la barre des 300. Ce secteur crée aussi des emplois indirects, notamment par le Richardson International, la Laiterie Chalifoux, la Fromagerie Polyethnique, les Viandes Richelieu et Haribec. Des grands changements dans les années 80 En 1978, de grands chantiers vont profondément marquer l’agriculture avec, pour objectif, d’augmenter l’autosuffisance alimentaire des Québécois, raconte Mme Dufault. La Loi sur la protection du terri-

toire agricole est adoptée et on crée la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ). Des bureaux de renseignements agricoles se sont implantés un peu partout au Québec, dont un à Sorel. « Si les fermes laitières ont toujours ponctué le paysage rural, celui-ci va bientôt changer avec la culture de maïs qui se généralise. Les champs s’agrandissent, les fossés disparaissent, les arbres aussi… Le soya s’invite comme une nouvelle production prometteuse. Ceux et celles qui choisissent la production laitière sont encouragés à se monter des troupeaux de race pure. Le taureau prend la retraite, le recours à l’insémination artificielle se généralise », observe-t-elle. Avec la diminution du nombre de fermes laitières, les agriculteurs se tournent vers la production de maïs ou de soya au lieu du foin. Alors que la culture de foin se produisait en permanence, la culture de maïs et de soya se produit sur une base annuelle. Dans ces nouvelles façons de faire, la terre se retrouve à nu entre les rangées de maïs et de soya. « Cela a un impact sur les milieux plus sensibles comme la baie Lavallière. Les pluies fortes vont lessiver les champs. La terre va ruisseler vers les cours d’eau. Il peut y avoir des contaminations ou de la sédimentation. C’est ce qu’on essaie de prévenir. Toute cette compréhension-là évolue constamment parce qu’il n’y a rien de statique à cause des changements climatiques », croit Mme Dufault. Après les spécialisations, les agriculteurs doivent maintenant faire face aux changements climatiques. De nouveaux insectes nuisibles migrent de plus en plus dans la région. Les saisons changent peu à peu pour laisser place à des canicules interminables et des pluies torrentielles. Dès la fin des années 80, de nouvelles menaces assombrissent l’avenir de l’agriculture au point de faire hésiter plusieurs agriculteurs à investir, ajoute Mme Dufault. L’Accord de libre-échange avec les ÉtatsUnis et le Mexique ainsi que les accords de commerce international (GATT) inquiétaient les agriculteurs. Aujourd’hui encore, les sujets tapissent l’actualité, souligne-telle. Changement de leadership La présence de l’agriculture dans le quotidien des citoyens diminue de plus en plus même si elle demeure l’un des secteurs


vers la modernité d’activité en importance. Mme Dufault observe aussi une diminution progressive du poids démographique des agriculteurs. De moins en moins de citoyens ont des racines agricoles, même ceux qui choisissent de vivre en campagne, ne comprennent pas les réalités agricoles, mentionne-t-elle. Les bureaux de renseignements, mis en place par le gouvernement du Québec, ont fermé progressivement. Celui à Sorel-Tracy est disparu parmi les derniers en 2015. « Ça va au-delà de l’accompagnement. C’est tout le leadership. Il y a plein de gens qui sont des leaders dans leur domaine respectif. […] On a tant déploré la ferme-

ture des bureaux de renseignements parce que ce professionnel est un relayeur d’information. Il met des gens en lien les uns avec les autres, mais de manière professionnelle. » La MRC de Pierre-De Saurel a pris la relève en investissant dans le PDZA. « La MRC qui représente les intérêts de l’ensemble du territoire a décidé d’investir dans le développement du PDZA. Il y a des MRC qui font le PDZA, parce que cela est encouragé par le gouvernement, mais n’offrent plus de ressource pour la mise en œuvre. La MRC a décidé d’exercer ce leadership. C’est heureux », conclut-elle.

Des agriculteurs s’étaient déplacés à Ottawa en novembre 1989 pour manifester leurs inquiétudes dans le dossier des négociations des accords de commerce international (GATT). (Photo : Archives)

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Les Grands Bâtisseurs de 1986 à aujourd’hui Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives

Le prix du Grand Bâtisseur, donné chaque année par le journal Les 2 Rives, puis le comité organisateur du Gala du mérite économique dans les dernières années, récompense les accomplissements d’une personne ayant marqué la région.

Selon la définition officielle, « le prix est attribué à un individu qui a obtenu une réussite remarquable et exceptionnelle dans son champ d’activité. Il souligne les actions positives posées par ce candidat, au cours de sa carrière, qui ont contribué à améliorer l’environnement économique de la région ».

Voici donc, de 1986 à aujourd’hui, tous les gagnants de ce prix.

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19861987198819891990199119921993199419951996199719981999200020012002-

Jean-Paul Chalifoux Edmond Guillemette Lucien Danis Marcel Guertin Gordon Wells Alain Goulet Marcel Wilkie Armand Péloquin Eddy Boulet Jean-Louis Bourgeois Gilles Charrette Lucien L’Espérance Roland Gaudreau Michel Lessard Jean Paquin Rodier Michaud Denis Villiard

2003200420052006200720082009201020112012201320142015201620172018-

Angel Vasquez Dollard Cournoyer Jean-Pierre Chalifoux Eddy Savoie Daniel Tremblay Robert Beaudry André Lussier Jean Tremblay Serge Lefebvre Michel Beaudoin Jean Cournoyer Roger Bibeau Sylvain Descheneaux Gaétan Boisvert Pierre Millette Pas de grand bâtisseur


Gala du mérite économique fondé par le journal Les 2 Rives

Des entrepreneurs fiers depuis 1986 Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives

Le 19 avril 1986 marquait la toute première édition du Gala du mérite économique, qui allait devenir un incontournable pour les entrepreneurs de la région. Le fondateur du Gala, Pierre Plante, qui a été le directeur du journal Les 2 Rives de 1979 à 2013, se souvient très bien de cette journée. « À l’Association des hebdos du Québec, on m’avait demandé, à l’époque, pourquoi on n’honorait pas, dans notre milieu, quelqu’un qui a eu une distinction dans sa carrière. L’idée a fait son bout de chemin, puis j’ai rencontré Pierre Dagenais, le commissaire industriel, qui donnait déjà quelques prix du genre dans un 5 à 7. Je lui ai suggéré d’intégrer ça à une grande soirée économique où Les 2 Rives remettrait le prix du Grand Bâtisseur », décrit M. Plante. C’est ainsi que la Corporation de développement économique (l’ancien CLD), la Chambre de commerce, la SADC et le journal Les 2 Rives se sont unis pour organiser le premier gala, qui a eu lieu… dans la cafétéria de l’école secondaire Bernard-Gariépy. « Eh oui, la cafétéria. C’était très modeste!, reconnaît Pierre Plante. On a remarqué un engouement incroyable, il y avait beaucoup de monde. C’est à ce moment qu’on a décidé,

pour la deuxième année, de s’unir au Cégep de Sorel-Tracy et utiliser son gymnase. Le gala a pris son envol à ce moment grâce notamment à Serge Péloquin, qui a eu une grosse contribution au fil des années. Il se passait quelque chose chaque année », se rappelle M. Plante. Honorer la fierté De 1986 à 2018, le Gala du mérite économique a toujours eu la même mission : insuffler une dose de fierté aux entrepreneurs et leur donner une tape dans le dos pour le reste de l’année. C’était d’ailleurs le but visé au départ par Pierre Plante et son équipe. « Ça s’est développé d’année en année, les entrepreneurs y croyaient. On prenait connaissance des belles forces économiques et de comment faire grandir la région avec nos bons coups. On a une belle région, il faut s’en rappeler et s’en parler. Parfois, on a le nez collé sur l’arbre; il faut s’en éloigner pour apprécier la forêt et c’est ce que le gala permet de faire », relate Pierre Plante. Selon lui, cet événement majeur a permis de belles rencontres et des accomplissements majeurs. Il pense notamment à la création du Regroupement indépendant pour la relance économique de la région de Sorel-Tracy (RIRÉRST), qui s’est formé à la

Lors de la première édition du Gala du mérite économique en 1986, sept prix ont été remis, dont celui de Grand Bâtisseur à Jean-Paul Chalifoux, de la Laiterie du même nom. (Photo : archives)

suite d’un gala. Des gens d’affaires faisaient partie de cet organisme à but non lucratif qui a notamment permis la fusion de Sorel et de Tracy en 2000. « Des prises de conscience ont été faites aussi. Je pense notamment au moment où Serge Péloquin a présenté son projet d’Écomonde pour une première fois. Vingt ans plus tard, ce n’est plus le même projet

avec Statera, mais tout ça a démarré et a été présenté pour la première fois au Gala du mérite économique devant des gens d’affaires », souligne l’ex-directeur du journal Les 2 Rives. « Il y a toujours de l’effervescence autour de cet événement, que ce soit avant, pendant ou après. C’est encore et toujours un incontournable dans la région », conclut Pierre Plante.

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Personnalité masculine des 40 dernières années

Maurice Martel : un homme qui a laissé des traces! Louise Grégoire-Racicot | Les 2 Rives

Choix difficile et combien arbitraire que de retenir le nom de celui qu’on considère comme la personnalité masculine marquante de la région au cours des 40 dernières années.

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En discutant avec mon ex-collègue et patron Pierre Plante, on a conclu que c’est à l’ex-député et ministre du Revenu, Maurice Martel, que revient cette mention. Il a siégé comme député de l’Union nationale (1966-1970) et à titre de député péquiste (1976-1985). Non que M. Martel ait été actif au cours de ces quatre décennies, mais les institutions qu’il a contribué à implanter dans la région – le Cégep de Sorel-Tracy, le CLSC Gaston Bélanger, la MRC de Pierre-De Saurel – lui survivent et sont des atouts essentiels au développement personnel et régional des habitants de la région. Prenons l’exemple de la MRC. C’est lui qui a tranché la question du territoire qu’elle couvrirait, en 1981. Il a préféré faire coïncider ses limites avec celles de la Commission scolaire régionale Carignan, alors que la Ville de Tracy désirait plutôt rejoindre la MRC voisine avec qui, disait-elle, elle avait plus d’affinités. Mais M. Martel avait saisi qu’un territoire unique sur lequel intervenir dans plusieurs sphères d’activité était favorable à la prise de

décisions qui conviendrait mieux à son évolution. Il espérait probablement la fusion éventuelle de Sorel et de Tracy dont il reconnaissait la complémentarité commerciale et industrielle. Quant au cégep, il a, dès 1966, avec des étudiants et enseignants, lutté pour que la région ait son collège d’enseignement. En 1968, ce campus relevait de SaintHyacinthe, mais a commencé à accueillir des élèves à Sorel. Puis il est devenu autonome en 1980. Dès ce moment, M. Martel entama, avec Jean-Yvon Houle, président du c.a., la bataille de la construction d’un bâtiment neuf. Mais le ministre de l’Éducation n’en voyant pas l’utilité, M. Martel dut mener le combat en face à face avec le premier ministre René Lévesque qu’il a convaincu. Au même moment, il emboitait le pas d’un comité de citoyens réclamant un CLSC à Sorel, voyant l’occasion de regrouper sous une même gouverne divers services de soins de santé et psychosociaux. Voilà des réalisations qui s’ajoutent à celles plus courantes de travaux d’infrastructures, d’appui à des revendications régionales de tout ordre, d’interventions dans les milieux d’affaires et de travail qui sont le quotidien d’un bureau de député. Engagé Pharmacien de profession, M. Martel avait, depuis le début de sa carrière (1965),

lutté contre l’idée qu’un professionnel de la santé comme lui vende des cigarettes dans sa pharmacie. Une approche qu’il a défendue sur la place publique, au sein de son ordre professionnel ainsi que dans l’appareil gouvernemental. Ce n’est qu’en 1985, après sa défaite électorale, qu’il a poursuivi le combat jusqu’à ce que le cabinet du premier ministre Bernard Landry dépose une loi en ce sens. Dans la même veine, il a siégé au c.a. de l’Hôtel-Dieu de Sorel où il trouvait inadmissible qu’il y ait des fumoirs utilisés par les patients, les employés et les visiteurs. Son idée a fait du chemin. Les fumoirs ont été fermés. Tout comme il a réclamé avec succès que l’on cesse de brûler les déchets bio-médicaux par souci de ne pas diminuer la qualité de l’air. Outre son implication à l’hôpital, M. Martel, marié à Claire Ménard et père de cinq enfants, a aussi présidé les Fêtes du 350e de Sorel et accepté la présidence d’honneur de nombreuses campagnes de financement pour des organismes liés à la santé. Maurice Martel est décédé le 1er décembre 2015 à l’âge de 79 ans. N.B. Spécifions que plusieurs personnes pourraient être inscrites dans un palmarès régional, parce que dans leur milieu respectif, ils ont rassemblé, guidé, pris de bonnes décisions au bon moment. Ils ont dans leur sphère influencé le cours des choses. Pensons notam-

Maurice Martel est la personnalité masculine des 40 dernières années, selon Louise Grégoire-Racicot. (Photo : archives/Philippe Manning)

ment aux Marcel Gauthier, Sylvain Simard, Georges Codling, Gaston Bélanger, Dr René Bastarache, Dr Jacques Godin, René Lachapelle, Benoit Côté, André Lussier et Claude Rochon.


Personnalité féminine des 40 dernières années

Louise Grégoire-Racicot : une femme d’exception Pierre Plante | Les 2 Rives

Depuis les 40 dernières années du journal Les 2 Rives, on peut assurément décerner le titre de personnalité féminine à mon excollègue, Louise Grégoire-Racicot. Pour l’avoir côtoyée une bonne trentaine d’années, je peux affirmer que Louise possède des qualités professionnelles et humaines exceptionnelles qui lui valent largement ce titre. Au plan professionnel, ses qualités d’analyse et d’écriture sont remarquables. Au fil des ans, les lecteurs et ses collègues ont pu apprécier ses talents tout en faisant la connaissance d’une femme généreuse qui aime les gens et sa région. Ses textes d’opinions sont lus avec grande attention par les décideurs et les acteurs des différentes situations. Louise a même gagné le respect de ses plus farouches détracteurs. Elle parle des grands enjeux sans pour autant viser les décideurs ou les gens concernés. « Je veux mettre en perspective les enjeux et les faits plutôt que de m’en prendre aux gens », me rappelait-elle régulièrement. L’amour de Louise pour sa région l’amène justement à aborder des questions qui concernent sa vitalité et son développe-

Louise Grégoire-Racicot a effectué un bref passage à La Voix avant de consacrer plus de 30 ans comme journaliste au journal Les 2 Rives. (Photo: gracieuseté)

ment. Souvent, les décideurs se sont inspirés de ses propos et de ses suggestions. Aussi,

était-elle régulièrement consultée concernant une position à adopter ou une décision

à prendre. Louise est une femme de toutes les situations. Ses propos et ses propositions quant à l’évolution de la condition féminine l’ont rendu aimée et respectée des femmes de la région. Les regroupements de femmes en ont pratiquement fait leur porte-étendard comme les Femmes d’influence qui lui ont confié une présidence d’honneur. Le monde économique lui a aussi rendu hommage à plusieurs reprises. Ainsi, quand les organisteurs du Gala du mérite économique ont instauré la tradition de confier le leadership de cette soirée à un(e) président(e) d’honneur, c’est Louise qui a été choisie pour assumer cette prestigieuse responsabilité en 1995. Plusieurs de ses textes ont été primés par L’Association des hebdos du Québec. Reconnue par l’industrie, par les lecteurs et les décideurs, elle a su inspirer plusieurs journalistes qui l’ont côtoyée dans la salle de rédaction du journal. Toujours de bon conseil, elle a su mettre les choses en perspective, nous aidant ainsi à comprendre les enjeux des différents dossiers. Bravo Louise pour ta ténacité, pour ton implication, pour ta chaleur humaine et pour ta grande générosité envers la région. Nous te devons tous un gros MERCI.

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Des publicités hors de l’ordinaire Rédaction | Les 2 Rives

Au fil des années, les concepts publicitaires ont évolué dans le journal Les 2 Rives. L’équipe rédactionnelle a prélevé plusieurs publicités qui ont attiré notre attention en feuilletant les archives. Les applications de rencontre comme Tinder n’existaient pas dans les années 90. Les personnes à la recherche de l’amour pouvaient publier une annonce dans le journal Les 2 Rives dans l’espoir de rencontrer l’âme sœur. (Photo : Archives)

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Les publicistes devaient user de créativité pour attirer l’attention des lecteurs comme c’est le cas dans cette page pleine de publicité d’un magasin de meubles. (Photo : Archives)

L’époque des tourne-disques n’est pas si lointaine. (Photo : Archives)

Dans les années 90, il était toujours possible de consommer un repas complet pour seulement 3,25$. (Photo : Archives)

Autre époque, autres mœurs...Des publicités révélatrices pouvaient se retrouver dans le journal Les 2 Rives. (Photo : Archives)


Hommage aux premiers annonceurs Rédaction | Les 2 Rives

Plusieurs entreprises ont cru dès le départ en la pertinence du journal Les 2 Rives. Encore aujourd’hui, plusieurs d’entre eux continuent à investir dans l’information locale. L’équipe a tenu à leur rendre hommage en présentant les publicités publiées dans la toute première édition du journal le 12 septembre 1978.

Meubles André Beaulieu (Photo : Archives)

Boutique Lise Bibeau (Photo : Archives)

Laflamme Fourrure (Photo : Archives)

Agence de voyages Richelieu (Photo : Archives)

Sports Experts (Photo : Archives)

Boutique Laramée (Photo : Archives)

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Redéployer le Festival de la gibelotte Louise Grégoire-Racicot | Les 2 Rives

Le Festival de la gibelotte marqua vraiment l’entrée de Sorel dans le tourisme de loisir. Son instigateur, Michel Lessard l’a voulu, en 1978, pour attirer des clients à la vente-trottoir du centre-ville.

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Le festival est vite devenu prétexte à plus grand. Une fête culturelle. Une rencontre sociale régionale qui durait une semaine et a attiré jusqu’à 200 000 visiteurs, selon ses organisateurs. « On a commencé à petit budget privé, une petite programmation qui, chaque jour, s’adressait à une clientèle cible. On y servait de la gibelotte. La première année, on a perdu 20 000$ », se rappelle M. Lessard. C’est pour la région qu’il l’a faite, admetil. « Il a fallu quelques années pour trouver la bonne formule! Celle qui attirerait des foules plus importantes. » Au fil des ans, le festival s’est étalé sur neuf jours, a reçu des chanteurs populaires québécois, comme de réputation internationale, dont Julien Clerc et Renaud. « On avait fait la preuve que notre organisation bénévole était bien gérée. » Le festival faisait alors des profits. On pouvait en enrichir sa teneur. On commanda une scène placée, selon les éditions, à différents endroits. En 1993, 25 000 macarons d’entrée sont vendus. « Nous avions une bonne marge de manœuvre. De l’argent pour initier des choses. Mais les gens habités à l’accès gratuit contestaient que l’on impose un frais

d’entrée. Pourtant, nous étions alors un des dix plus gros festivals québécois. Notre réputation était faite », se souvient-il fièrement. André Bélanger lui succéda, puis Sylvio Bouchard, Denis Gagné et Laurent Cournoyer à la tête du groupe. En 2002, on a rejoint une foule record de 208 000 festivaliers. La décroissance Mais en 2003, un restaurateur du centreville menace de faire lever une injonction dès l’ouverture du festival, arguant qu’une nouvelle loi interdisait d’imposer un frais d’entrée quand les rues sont fermées pour la tenue de l’activité. On s’y est conformé, dit Sylvio Bouchard, de peur que cette injonction force à annuler l’édition 2004. « Et on a déménagé le site derrière le Colisée. Ce fut un désastre », reconnait-il. Trois ans plus tard, les administrateurs avouaient avoir puisé 140 000$ dans le surplus accumulé pour l’édition de 2003, alors que la clientèle avait baissé de 42%. Des pertes jamais récupérées par la suite. « En 2006, on envisageait revenir au centre-ville pour la 30e édition (2007) », dit M. Bouchard. Une consultation confirme l’idée. Bon augure, le comité vendra même 10 000 cartes « Ami du festival » en décembre pour assurer une partie de l’autofinancement de l’activité. Ce qui le soulageait, sa marge de crédit étant alors entamée de 130 000$. 55 000 entrées sont enregistrées.

Michel Lessard croyait en son festival, comme en témoigne cet article des 2 Rives de juillet 1979, lors de la deuxième édition. (Photo : archives)

Dans les années suivantes, on peaufine le site. Mais la fréquentation continue de baisser, déplore M. Bouchard. En 2011, on a enregistré des profits de 121 000$ au lieu des 210 000$ visés. Aucune formule ne semble remporter de succès. Et le cercle vicieux de la décadence s’amorce. Si bien qu’en 2016, le festival prend une pause pour la première fois en 39 ans. Alors qu’elle attendait une garantie de 240 000$ de la Ville, cette dernière lui en offre 90 000$.

En 2017, elle se redéploie modestement avec un nouveau groupe. À la suite de plusieurs démissions au sein du c.a., un autre noyau de bénévoles est venu relancer le festival en 2018 en changeant de nom : Gib Fest. « Je suis heureux de voir que la fête se restructure. Elle devra trouver sa nouvelle clientèle. Le festival qu’on avait connu n’a plus d’avenir. Avec son nouveau nom, il saura se redéfinir. C’est une fête si importante pour la région », conclut M. Lessard.


L’Hôtel-Dieu de Sorel était présenté comme un hôpital à la fine pointe de la technologie dans les années 80 et 90. (Photo : Archives)

L’Hôtel-Dieu de Sorel, un petit hôpital qui se compare aux grands Sarah-Eve Charland | Les 2 Rives

L’Hôtel-Dieu de Sorel a depuis longtemps possédé de nombreuses spécialités qui lui permettaient de se placer parmi les grands malgré son titre d’hôpital régional. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui ont poussé le chirurgien André Comtois à s’installer à Sorel-Tracy il y a 32 ans.

Des pouvoirs régionaux moindres « Dans les années 80 et 90, on pouvait suivre la parade. Dans les années 2000, nos moyens ont diminué même si on avait une équipe médicale très complète. On n’avait pas tous les moyens pour émettre les diagnostics qu’on voulait », affirme le Dr Comtois. Le pouvoir financier et décisionnel s’est peu à peu dégradé au début des années 2000 et s’est poursuivi avec le regroupement des hôpitaux de Sorel-Tracy, Saint-Hyacinthe et Longueuil au sein d’un Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) Montérégie-Est en avril 2015. « C’est un gros problème. La preuve, on essaie d’obtenir la radiographie par résonance magnétique depuis 12 ou 13 ans et on n’est pas près de pouvoir l’obtenir. […] Dès que j’ai appris la fusion des hôpitaux, j’étais craintif. On se retrouve dans une fusion où

Le Dr André Comtois a donné des entrevues au journal Les 2 Rives dans le passé. (Photo: archives)

on est le plus petit hôpital. On est en danger. J’ai dit à mes collègues de garder les yeux ouverts », mentionne-t-il. Un vieillissement de la population qui s’accentue Le vieillissement de la population de la MRC de Pierre-De Saurel préoccupait déjà le Dr Comtois au début des années 2000. Il avait d’ailleurs approché la défunte Agence régionale de la santé pour aborder cette problématique. À l’époque, les personnes âgées de 65 ans et plus représentaient 16% de la population, comparativement à 7% en Montérégie et à 10% pour l’ensemble de la province. Selon M. Comtois, il est de notoriété que cette clientèle utilise près de 90% des soins de santé. « Ça coûte plus cher pour un hôpital comme Sorel-Tracy. On avait suggéré à l’Agence d’utiliser Sorel-Tracy pour élaborer des moyens pour faire face aux problèmes qui surviendront 10 ou 15 ans plus tard dans le reste de la province. On voulait faire des projets-pilotes. Malheureusement, ils n’ont pas profité de cette situation. On se retrouve avec un vieillissement de la population généralisé sans que le ministère ait trouvé de solution », analyse-t-il. Le Dr Comtois a pris sa retraite en mai dernier après avoir exercé pendant 38 ans en chirurgie générale. « Mon souhait, c’est que, quand j’en aurai besoin, je puisse avoir la même qualité de services que j’ai pu donner », conclut-il.

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Il pratiquait depuis cinq ans à Mont-Laurier lorsqu’il a choisi de changer d’hôpital. À cet endroit, le peu de spécialités ne lui permettait pas d’offrir les soins qu’il voulait. « Au point de vue médical, celui de Sorel était un hôpital très bien pourvu au niveau technologique. Il était très fonctionnel pour un hôpital régional. Il avait un très beau taux de rétention. C’est d’ailleurs encore le cas aujourd’hui », se rappelle le docteur aujourd’hui à la retraite. À son arrivée, la Fondation Hôtel-Dieu de Sorel avait lancé une campagne de financement pour acheter la technologie tomographie axiale. Deux ans plus tard, elle récoltait des sous pour obtenir la technologie de laparoscopie. « On a toujours suivi de près les avancées médicales. On s’est adapté rapidement. […] On a beaucoup de spécialités à Sorel-Tracy malgré la grandeur de l’hôpital. Depuis que je suis arrivé, on n’a pas eu de nouvelles spécialités. Malgré plusieurs tentatives du ministère, on a réussi à les conserver au fil des années. C’est ce qui a probablement agacé le ministère. On a réussi à garder un hôpital de cet envergure dans une petite ville comme Sorel », croit-il.


La présence de la religion diminue, les valeurs demeurent Sarah-Eve Charland | Les 2 Rives

Avec le départ récent des Franciscains et des dernières Sœurs, la place de la religion a évolué dans la région en 40 ans. Alors qu’on comptait 33 prêtres en 1978 au moment où l’abbé Benoit Côté a été ordonné, on n’en compte maintenant que six dans la région.

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Le prêtre Benoit Côté a accepté d’accorder l’entrevue quelques semaines avant son départ de la région. Originaire d’ici, il a passé la majorité de sa carrière à s’impliquer à Sorel-Tracy et dans les communautés rurales. Il se rappelle des premières églises à être vendues. La Ville de Sorel s’est portée acquéreur des églises Saint-Maxime et Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours en 1990. « Saint-Maxime appartenait aux Franciscains. Elle était toujours archi pleine. Les pères Franciscains étaient très modernes dans leur animation à l’époque. C’était chaleureux. Il y avait un stage band. C’était festif, chantant. Ce n’était pas juste des personnes âgées. Tout le monde trouvait son compte », se remémore-t-il. Chaque paroisse avait ses caractéristiques. À Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, l’abbé Jean-Guy Laflamme réussissait à remplir l’église lors de ses messes grâce à sa grande influence, ajoute-t-il. L’appartenance d’une communauté à son église passait principalement par l’influence du prêtre, selon M. Côté. « Une relation se crée entre le prêtre et la communauté. Un

Le prêtre Benoit Côté a observé les changements qui ont marqué les églises dans la région au cours des 40 dernières années. (Photo : Pascal Cournoyer)

prêtre va adopter une communauté et les gens adoptent un prêtre. » La vague des fermetures d’églises s’est déroulée au début des années 2000. À Sorel-Tracy, sept églises ont fermé, soit Saint-Maxime, Notre-Dame-de-PerpétuelSecours, Saint-Jean-Bosco, Saint-Joseph, la chapelle Sainte-Anne, Saint-GabrielLalemant et Maria-Auxiliatrice. De ce nombre, trois ont été démolies et les quatre autres ont été vendues.

Enfant-Jésus et Saint-Pierre ont été classées patrimoniales par le Conseil du patrimoine religieux du Québec. Leur statut d’édifice patrimonial leur permet d’obtenir des subventions, jusqu’à 70%, pour les entretenir et les restaurer au besoin. Les pères Franciscains ont quitté la région en 2011 après avoir été présents pendant 88 ans. Les deux dernières sœurs religieuses ont quitté Sorel-Tracy au printemps 2017.

Une église de moins en moins présente La place de la religion s’est peu à peu retirée pour laisser les organismes communautaires prendre de l’essor. Dans les années 80 et 90, l’abbé Côté offrait, notamment, des cours de ressourcement, des cours de renouement conjugal et des services d’orientation des foyers. Les ateliers des Alcooliques anonymes se retrouvaient également dans les églises. « À mon point de vue, l’individu n’était pas laissé à lui-même. Aujourd’hui, on lui dit : bonne chance! On lui offrait une certaine formation qui l’aidait pour le restant de leur vie. Ça donnait des ressources intérieures pour longtemps. Tout ça alimentait l’église. Ce n’est plus seulement un enseignement de la religion, il y a un soutien humain et spirituel », croitil. Selon l’abbé Côté, les valeurs de la religion catholique continuent d’inspirer la région, notamment dans les organismes communautaires même si ces personnes ne se disent pas pratiquantes. « Pour ce qui est de la popote roulante ou l’aide des malades, on a l’impression que c’est juste social. Toutes les personnes qui font ça ont un côté spirituel. Ils ont des valeurs qui rejoignent l’église. Se retrouver près des malades userait les personnes si elles n’avaient pas une ressource intérieure. Pour moi, être prêtre, ce n’est pas juste dans ce qu’on nomme dans la pastorale, c’est aussi ce qui permet de créer des liens entre les gens », conclut-il.


En 1992, les Sorelois s’étaient entassés derrière la Maison des gouverneurs pour un spectacle grandiose dans le cadre du 350e anniversaire de Sorel. (Photo : gracieuseté)

De grands événements pour célébrer la fierté Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives

En 40 ans, de nombreux événements ont marqué l’histoire de la région. Certains ont attiré des touristes, mais d’autres, comme des anniversaires, ont été fréquentés majoritairement par des gens de la région afin de développer leur fierté.

Les feux d’artifice ont explosé dans différents événements. Parmi ceux-ci, le Grand 375 en 2017, sur le quai Catherine-Legardeur. (Photo : archives/Pascal Gagnon)

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C’est le cas du 350e anniversaire de Sorel, fêté en 1992, ou le 375e, en 2017. À Contrecœur, le 325e anniversaire de la ville a aussi été célébré en grand en 1993, tout comme le 350e cette année, en 2018. Des municipalités de la MRC de Pierre-De Saurel ont aussi célébré des fêtes importantes, comme SaintJoseph-de-Sorel avec son 125e anniversaire en 2000 et Saint-Ours avec son 150e anniversaire en 2016. Le maire de Sorel-Tracy, Serge Péloquin, s’est fait connaître de la population soreloise par ses réalisations artistiques dans de grands rendez-vous. Lors du 350e anniversaire de Sorel en 1992, Serge Péloquin avait entre autres présenté l’événement « La rivière raconte son histoire » derrière la Maison des gouverneurs. Des comédiens avaient été mis à contribution, un spectacle

visuel et sonore et des feux d’artifice avaient diverti les Sorelois présents. À la suite du succès de l’événement, le comité a confié à Serge Péloquin le mandat de la fête de fermeture en octobre. « Tous les événements créés ont pour but de raviver la fierté. On marquait l’imaginaire des gens avec du son et des images. On affichait toujours une connotation positive afin de nourrir notre fierté collective. On se réunit, on raconte nos bons coups et on brainstorm sur l’avenir », souligne M. Péloquin. S’il n’a pas activement participé à concevoir les fêtes du 375e anniversaire de SorelTracy, il y a plutôt assisté comme maire et spectateur de premier plan. Des activités majeures ont été organisées, dont la visite de grands voiliers en juillet 2017 qui ont attiré près de 20 000 personnes en trois jours. « J’ai aussi organisé la cérémonie d’ouverture du 325e à Contrecœur en 1993 et les 125 ans de vie à Saint-Joseph-de-Sorel en 2000. Chaque fois, on ramenait le sentiment de fierté des citoyens envers leur ville avec des effets visuels et une trame sonore. Je me fais encore parler aujourd’hui de ces grandes fêtes organisées à cette époque », conclut M. Péloquin.


Un trio gagnant a Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives

Quand on parle de tourisme dans la grande région de Sorel-Tracy, impossible de passer à côté du trio gagnant fondé dans les années 80. Ce trio, composé du Théâtre du Chenal-du-Moine (TCM), de la Grange du Survenant et des croisières du Survenant, attirait entre 30 000 et 60 000 visiteurs annuellement.

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« On a été le premier théâtre d’été au Québec à avoir l’humilité de dire : on ne sera pas les seuls à attirer les gens, se rappelle le fondateur du Théâtre du Chenal-du-Moine, Reynald Bergeron. On a basé notre marketing sur le fait qu’en venant nous voir, les touristes pourront profiter en même temps d’un souper à la Grange du Survenant et d’une croisière. On avait aussi des forfaits avec le Restaurant Tracy, puis plus tard, avec d’autres restaurants. » M. Bergeron soutient qu’au plus fort du tourisme dans la région, soit de 1986 à 1989, 60 000 visiteurs par année ont profité des installations du TCM et ont pu faire d’autres activités. « De 1985 à 1993, nous étions devenus le théâtre d’été le plus achalandé au Québec. Vers 1984 et 1985, le phénomène des croisières a planté au Québec. C’est alors qu’on a décidé de garder la croisière du Survenant, mais d’ajouter de l’hébergement aux forfaits, ce qui a été un succès », se rappelle Reynald Bergeron.

En 2006, M. Bergeron a quitté l’entreprise qu’il a laissée entre les mains de ses deux fils, Vincent et Mathieu. Malgré la baisse de touristes, ils ont su tirer leur épingle du jeu en offrant des nouveautés comme la pièce Dieu Merci! pendant quelques années. « Ils n’ont pas quitté le TCM en 2016 parce que l’aventure n’était pas rentable. Plusieurs humoristes remplissaient la salle l’automne et l’hiver. Ils ont poursuivi mon rêve quand ils ont pris la relève en 2006, puis aujourd’hui, ils poursuivent leur rêve à eux », conclut Reynald Bergeron. Les croisières du bateau Le Survenant ont cessé en 2014. Le Théâtre du Chenaldu-Moine a fermé ses portes en décembre 2016. Le Survenant, un seconde souffle au tourisme La sortie du film Le Survenant, en 2005, a inspiré le Bureau d’information touristique de la région à créer la campagne promotionnelle « Bienvenue au pays du Survenant ». Le Bureau (ex-Office du tourisme) a même remporté deux prix, en 2006, lors des Grands Prix du tourisme du Québec pour cette campagne de promotion. Même si le tourisme n’est pas revenu au même stade que dans les années 80, la région a ressenti un second souffle, souligne le directeur du Biophare et président de l’Office de tourisme de Sorel-Tracy, Marc Mineau. Une hausse de 2 781 visiteurs a été notée en 2005 comparativement à 2004 au


propulsé le tourisme Bureau d’information touristique de juin à septembre. « Le Survenant a été le moteur fort du développement touristique dans les années 2000, souligne M. Mineau. Avec la Grange, le bateau du Survenant et le TCM, c’était le trio gagnant. Déjà que le mot Survenant était sur toutes les lèvres, la sortie du film a donné un boost et a relancé quelque chose déjà existant. Beaucoup de gens venaient à l’époque sur le chenal du moine puisque des gens identifiaient leurs chalets dans les îles avec le nom des personnages du téléroman. » M. Mineau cite d’ailleurs en exemple la fameuse gibelotte des Beauchemin, vendue en 1945 sur l’île aux Fantômes, quelques années avant la sortie du téléroman de Germaine Guèvremont. En route vers Statera Avec le tourisme qui s’est avéré moins important au cours des dernières années, la région a misé gros sur la nouvelle aventure de Statera, une expérience immersive et interactive sur le quai du traversier, inauguré en 2018. Ce projet émane de l’idée de Serge Péloquin, actuel maire de Sorel-Tracy, qui s’appelait Écomonde il y a une vingtaine d’années. « L’Écomonde proposait une visite des îles, un restaurant, des salles de congrès, une plage urbaine, de l’hébergement, une croisière, etc. On a tout ça avec Statera. Le restaurant Les Années folles est bien

La croisière du Survenant a été fort populaire pendant de nombreuses années. (Photo : gracieuseté)

implanté sur le quai. Quant à l’hébergement, Statera offre des forfaits avec l’Hôtel de la Rive. C’est très positif comme projet, tout le monde autour en bénéficie. La preuve; le Biophare n’a jamais eu autant de visiteurs », explique Serge Péloquin. De son côté, Marc Mineau soutient que ça prend du temps pour changer la perception des gens de l’extérieur par rapport à la région. Beaucoup de travail a été fait autour du lancement de Statera et de nombreuses entreprises ont donné de l’argent pour que ce projet touristique fonctionne. « C’est un travail de longue haleine. C’est pour ça que la nouvelle stratégie de l’Office du tourisme a été intitulée «La campagne aux 104 plaisirs». On veut présenter un portrait différent aux touristes pour leur montrer qu’on parle toujours des 103 îles, un incontournable, mais que quelque chose de nouveau s’est ajouté, la 104e île », conclut le président.

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Les 2 Rives : la source d’information régionale

48 - Les 2 Rives - Mardi 11 septembre 2018 - Cahier Anniversaire 40 ans

Le journal Les 2 Rives ne serait rien sans ses lecteurs. Pour certains d’entre eux, il s’agit d’une source d’information régionale essentielle à la communauté. Ils ont répondu à la question suivante : qu’est-ce que le journal Les 2 Rives représente pour vous?

« C’est une source d’information pour toute la MRC de Pierre-De Saurel. Ça nous permet d’apprendre ce qui touche la région, non seulement à Sorel-Tracy, mais aussi ailleurs. » - Éric Gagnon

« C’est une excellente source d’information régionale. Par exemple, on peut apprendre qu’il y a un spectacle dans le coin et ça pourrait nous intéresser. Ça nous permet d’en apprendre sur la région, de Sorel-Tracy à Yamaska. » - Daniel Beauchemin

« J’aime regarder mon journal papier. Il y en a beaucoup qui regardent les nouvelles sur l’ordinateur, mais nous, à notre âge, on n’y va pas beaucoup. On aime mieux la formule papier. » - Johanne Marcotte

« Le journal est très important pour la communauté. C’est une bonne manière de s’informer sur ce qui se passe ici. J’espère qu’il va y rester pendant longtemps. Il faut que ça continue. » - Denise Berthiaume


Chute d’une météorite à Saint-Robert : des échos encore aujourd’hui Sarah-Eve Charland | Les 2 Rives

Le journal Les 2 Rives a couvert de nombreux événements marquants dans les municipalités rurales au fil des années dans, que ce soit la mort de Réal Nadeau lors d’un affaissement de la route à Yamaska en 2011 ou le suicide du Hells Angels René « Balloune » Charlebois dans le chalet de Germaine Guèvremont à l’Îlette-au-Pé à Sainte-Anne-de-Sorel en 2013. Notre équipe journalistique a choisi de s’attarder sur l’un des événements ayant eu le plus d’échos au niveau national et international : la chute d’une météorite à Saint-Robert en 1994. En entrevue, Sylvain Forcier se rappelle comme si c’était hier la soirée où son frère a trouvé un fragment de météorite dans le champ derrière leur maison à Saint-Robert

le 14 juin 1994. L’événement a changé la vie de toute la famille. Il se rappelle des sifflements qu’il a entendus en provenance du ciel avant d’entendre un bruit d’impact. Il se souvient d’avoir vu ses vaches sursauter. Les plus jeunes se levées et ont pris peur en traversant le champ. Son frère, Stéphane Forcier, a alors trouvé un trou qui venait de se former plusieurs mètres derrière la maison. Il était profond d’un pied. Il y a découvert une roche. « On pensait qu’un avion avait ce bruit à ce moment-là. On trouvait ça bizarre qu’un avion laisse tomber une roche. On l’a mis sur le bord de la maison et on est rentré. Quelques minutes plus tard, on écoutait les nouvelles à la télévision. Les gens disaient qu’il y avait eu une chute de météorites. C’est là qu’on a compris ce que mon frère avait trouvé », raconte-t-il.

Sylvain Forcier et Stéphane Forcier posent avec la météorite. (Photo : Gracieuseté)

Paul-Aimé Forcier, Gilberte Bonnier-Forcier et Sylvain Forcier ont vu leur vie changer lorsqu’ils ont trouvé une météorite dans leur champ. (Photo : Sarah-Eve Charland)

Dès le lendemain aux premières heures, plusieurs médias cognaient à sa porte. Au fil des jours, Stéphane Forcier a donné des entrevues à des médias canadiens et américains. La nouvelle a fait le tour du monde. La famille Forcier possède encore des coupures de journaux du Figaro et de médias autrichiens. « Ça appelait de partout dans le monde. Un collectionneur américain est arrivé deux jours après. Il était au Japon lorsqu’il a appris la nouvelle. Il a sauté dans le premier avion pour venir ici à Saint-Robert. Il voulait acheter la météorite », ajoute-t-il. Des offres, la famille en a eues de toute part. Certains sont venus faire une offre afin de fabriquer des bijoux avec les météorites. D’autres voulaient toucher le fragment dans l’espoir de guérir un cancer. Les gens de la municipalité se sont mis à chercher dans les champs pour trouver leurs propres morceaux de météorite. Une vingtaine de fragments ont été trouvés aux alentours. Ces morceaux ont été attestés comme une partie de la météorite par le conservateur de la Commission géologique du Canada, Richard K. Herd, qui avait fait le voyage depuis Ottawa pour l’occasion.

« Les gens venaient nous voir avec des roches avec l’espoir de se faire dire que c’était des météorites. Souvent, c’était de simples roches », ajoute-t-il. Vendre à la recherche Le morceau de météorite trouvé par Stéphane Forcier a été vendu à la Commission géologique du Canada quelques semaines après la découverte. « Il était tanné de se faire déranger pour ça, explique Sylvain Forcier. On nous disait qu’il ne fallait pas vendre ça à n’importe qui parce que c’était un trésor canadien. Il a choisi de le vendre au gouvernement pour permettre de faire avancer la recherche. » Un deuxième morceau de météorite a également été trouvé dans ce même champ. Il a été vendu à la Commission géologique du Canada en 2007 au coût de plusieurs dizaines de milliers de dollars. Ces météorites ont été par la suite cédées au Musée canadien de la nature à Ottawa. Un des deux morceaux peut être observé dans la salle Logan, gérée par la Commission géologique du Canada.

Cahier Anniversaire 40 ans - Mardi 11 septembre 2018 - Les 2 Rives - 49


La musique, au cœur de la vie culturelle soreloise Louise Grégoire-Racicot | Les 2 Rives

Que de chemin parcouru depuis 1978, alors que Sorel était proclamée ville de hockey et de sports! Aujourd’hui, la vitalité du secteur culturel est incontestable. Celle de la musique enviable.

50 - Les 2 Rives - Mardi 11 septembre 2018 - Cahier Anniversaire 40 ans

L’ex-ville de Tracy avait ouvert la voie avec son centre culturel, son service de loisir préoccupé de culture. Depuis, Sorel-Tracy et la MRC de Pierre-De Saurel ont adopté des politiques culturelles qui reconnaissent la culture comme un volet important de la qualité de vie de leurs citoyens. Ils en ont même fait un élément moteur de développement. Les musiciens de l’Harmonie CalixaLavallée avaient ouvert la voie. Sous la gouverne de Georges Codling, ils étaient, en 1978, déjà reconnus pour la qualité de leur jeu, le choix de leur programmation et ce, tant dans la région où leurs concerts étaient assidument suivis qu’au niveau québécois où ils remportaient chaque année des premiers prix. À ce chapitre M. Codling, un bâtisseur de musiciens, en a initié plusieurs à la musique. Ils ont poursuivi des formations supérieures et sont devenus des membres de grands orchestres, d’ensemble ou enseignant. Puis en 1988, M. Codling a passé la baguette à son petit-fils, Stéphane Laforest qui dirige aujourd’hui son propre orchestre en plus de se produire sur plusieurs scènes québécoises.

Quant à l’harmonie, elle fut dirigée jusqu’en 2017 par Josée Laforest, la sœur de ce dernier, musicienne flûtiste. C’est elle qui y a introduit un nouveau répertoire. Sous sa gouverne, l’harmonie fut reçue à Cholet, en France. D’autres musiciens d’ici se sont plutôt consacrés à la chanson comme auteurcompositeurs ou interprètes. Ils sont légion et leur répertoire est fort diversifié allant de la musique traditionnelle au jazz en passant par la musique pop, indy, folklorique ou country, etc. Plusieurs s’exécutent sur la scène québécoise. L’un d’eux y a laissé sa trace : Normand L’Amour. D’autres, comme les membres du groupe Malajube, par exemple, ont connu une audience d’estime internationale, mais brève. Visiblement la musique exerce encore son attrait sur une relève de plus en plus créative. Ses auteurs ont des choses à dire et les expriment finement via différents rythmes musicaux. D’autres ont participé à plusieurs concours, comme le Festival de musique de Granby, Ma première Place des arts, Star Académie, La Voix, etc. et ont impressionné juges et public. Des chorales Fous de musique, plusieurs Sorelois se sont intégrés dans diverses chorales amateures, dont le Chœur en liesse, invité en Belgique en 1988 (patrie du père de son fondateur et musicien sorelois August Liessens), le Chœur du Bas-Richelieu, l’Ensemble vocal du Bas-

Richelieu dont les concerts composés de comédies musicales fascinaient, le Chœur Gospel notamment. Tous proposaient des musiques différentes, en concert souvent très recherchés. La vie de ces chorales a chaviré au cours des temps, souvent faute de choristes ou d’administrateurs. Mais subsistent encore des chorales dont un jeune chœur mené par la soprano Louise Marcotte, une Soreloise qui avait rempoté un réputé concours de chant classique à Paris et qui est revenu vivre dans son patelin d’origine, Sainte-Anne-de-Sorel. Classique La musique classique s’est, au cours des dernières décennies, taillé une place de choix, propulsée par Rachel Doyon qui n’a pu se contenter d’organiser un festival de musique classique où des musiciens de tout le pays se disputent des bourses importantes. Elle a aussi fondé La Maison de la musique qui propose des concerts intimes. Et où de jeunes musiciens utilisent locaux et instruments pour apprendre, pratiquer ou encore suivre des cours de maître. Mme Doyon travaille en étroite collaboration avec des professeurs de musique de la région dont plusieurs élèves atteignent des formations supérieures avec des résultats remarquables. Laurence Manning et Antoine Laporte en sont des exemples flagrants. Peut-être suivront-ils la trace ouverte par un musicien sorelois phare de la musique contemporaine, Walter Boudreau. Ou peut-être fonderont-ils leur propre

Georges Codling a été un pilier dans la région dans le domaine de la musique. (Photo : Harmonie Calixa-Lavallée)

ensemble comme le guitariste classique Alexandre Éthier l’a fait avec Forestare. Oui la région regorge de musiciens fort talentueux. Comme elle bénéficie du travail d’Azimut diffusion, organisme para-municipal qui présente chaque année de nombreux spectacles dans sa nouvelle salle rénovée du marché Richelieu. Azimut présente tant des artistes réputés qu’émergents, ainsi que du théâtre, des humoristes, etc. Enfin, il serait trop long d’énumérer le nombre important de musiciens qui ont produit des albums.


Des installations adéquates Louise Grégoire-Racicot | Les 2 Rives

Dès que les villes se sont intéressées à la culture, elles ont aménagé des lieux où apprivoiser des techniques, tenir des activités et rencontres tant professionnelles qu’amateures. Ce qui a permis l’éclosion de plusieurs talents. En équipant le café-théâtre Les Beaux Instants du centre culturel, dans les années 90, c’est une suite presque continue d’activités culturelles que la ville de Tracy a permis. Et quand Sorel-Tracy a rénové le théâtre du marché dans les années 2010, c’est un air nouveau qu’elle insufflait à toutes les activités mises de l’avant par Azimut diffusion, un organisme para-municipal offrant divers spectacles tant d’artistes réputés qu’émergents, du monde de la chanson, du théâtre, et de l’humour. L’ouverture de salles comme la Galerie Horizon ou le Centre d’art de la Maison des Gouverneurs a facilité l’accès tant à la peinture figurative que non figurative. Aujourd’hui, Sorel-Tracy s’apprête à faire place au Centre d’art contemporain du Québec, sur le quai Richelieu, où les Sorelois apprivoiseront cet art sous ses diverses facettes. Le patrimoine Sorel-Tracy a, depuis une vingtaine d’années, un centre d’interprétation sis au parc Regard-sur-le-Fleuve, le Biophare. D’abord consacré à la conservation du patrimoine sorelois et à sa mise en valeur, il traite aujourd’hui de l’environnement du lac Saint-Pierre. Il a mis en ligne trois exposi-

L’exposition de Germaine Guèvremont a amené beaucoup de visiteurs au Biophare dans les derniers mois. (Photo: archives)

tions virtuelles démystifiant la région et ses richesses naturelles. Moment mémorable Un moment clé de culture a certes été l’exposition « Mandeville, un village iroquoien » montée en 1988 grâce à Claude Chapdelaine, archéologue sorelois qui a découvert ce site logé tout à coté du Club de golf Les Dunes, alors qu’il complétait ses études. L’exposition comptait des murales et vidéos révélateurs des maisons longues appartenant aux premiers habitants de la région. L’exposition a accueilli 12 500 visiteurs. L’exposition du Biophare reprend certains de ses éléments. Enfin, l’organisation des Journées de la culture ou Les Salons des métiers d’art témoignent depuis 1996 de la vitalité des artistes de la région.

Cahier Anniversaire 40 ans - Mardi 11 septembre 2018 - Les 2 Rives - 51


Une évolution du hockey et des sports Jean-Philippe Morin | Les 2 Rives

Tous les sports ont connu une évolution marquée en 40 ans. Le hockey, maître en 1978 aux débuts du journal, est toujours le sport #1 des Sorelois 40 ans plus tard. De grandes équipes ont évolué à SorelTracy, comme les Éperviers dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec ou les Riverains dans la Ligue midget AAA. Des ligues de grand calibre ont aussi fait les frais au Colisée Cardin, comme la Ligue continentale ou plus récemment, la Ligue nordaméricaine de hockey avec ses équipes senior. De grands événements de hockey ont aussi été organisés dans la région, comme la Coupe Air Canada en 1990 ou la Coupe Dodge en 2007. René Cournoyer, président de l’Association du hockey mineur du Bas-Richelieu de 1997 à 2007, a longtemps été entraîneur et bénévole au hockey mineur. Il s’est aussi impliqué dans toutes les facettes du hockey dans la région. « Je n’ai rien contre les autres sports, mais Sorel a toujours été une ville de hockey. À l’époque des Éperviers, le Colisée était toujours plein, même quand ils ont quitté Sorel en 1981. C’était l’activité première à l’époque », se souvient-il. À propos de son évolution, René Cournoyer admet que plusieurs aspects du sport ont changé en 40 ans. « C’est surtout du côté technique que ç’a changé. Les joueurs sont plus rapides

La région a accueilli de nombreux événements d’envergure au hockey au fil des années. (Photo : archives)

aujourd’hui, il y a des plans de match plus élaborés aussi. La venue du sports études a aussi changé la donne, puisque les jeunes pouvaient avoir un plan B s’ils ne parvenaient pas à percer au hockey », constate M. Cournoyer. Sorel-Tracy a toujours été une pépinière de bons joueurs. Après les succès de Pierre Mondou avec les Canadiens de Montréal, les Sorelois François Beauchemin, MarcAndré Fleury et Anthony Beauvillier ont tour à tour suivi le pas afin d’accéder à la Ligue nationale de hockey. « Le hockey a très bien évolué. On a toujours eu de bons instructeurs, ce qui a permis à certains jeunes hockeyeurs d’atteindre leur rêve », conclut-il.

Sans oublier les autres sports Le football a énormément évolué au fil des années. Fini le temps où les contacts violents étaient monnaie courante dans les pratiques. Harold Turbide, qui est l’entraîneur-chef des Polypus depuis 1986, remarque la tendance. « Il n’y a même pas le quart de contacts entre joueurs qu’il y avait, explique M. Turbide. Tout le monde a été sensibilisé au phénomène des commotions cérébrales. La prise de conscience s’est faite : les joueurs ne peuvent plus plaquer comme avant. » Côté tactique, le football a aussi changé. « Quand on coordonnait des jeux dans les années 80, c’était beaucoup plus simple. Aujourd’hui, il faut prévoir que si on fait tel jeu,

la défensive va répliquer avec ça et il va falloir faire ça pour la contrer. C’est complètement différent », analyse celui qui a remporté des Bols d’Or en 2003 et 2007 ainsi que plusieurs bannières de championnats régionaux. « Le football est de loin le sport où les athlètes sorelois rayonnent le plus à l’extérieur, que ce soit au collégial, à l’université ou même chez les pros avec Michel Lamy, qui a joué plus de 10 saisons dans la Ligue canadienne de football », conclut-il. Le baseball était fort populaire dans les années 80. Seulement à Sorel et à Tracy, près de 1 000 joueurs étaient inscrits et une dizaine de terrains étaient sollicités à pleine capacité, sans oublier les joueurs de balle molle qui étaient aussi nombreux. C’est sans compter les municipalités rurales qui comptaient, pour la plupart, sur des équipes et un terrain. « C’était le sport numéro un l’été. Le contexte n’était pas le même. Par exemple, le golf n’était pas accessible à tous comme avant », explique Donald Pelletier, qui est impliqué dans le baseball depuis 1963. C’est d’ailleurs lui qui est à l’origine du retour des Survenants junior BB en 1999. « Avec le départ des Expos en 2004, les inscriptions ont déboulé », constate M. Pelletier. Au début des années 80, Tony Devos avait amené des centaines de jeunes à aimer le soccer. Le sport a gagné en popularité dans la région surtout grâce à l’arrivée de l’Impact au milieu des années 90 qui a propulsé à la hausse le nombre d’inscriptions . Aujourd’hui, environ 1 000 jeunes sont inscrits au soccer comparativement à 200 au baseball.

Le chemin de la gloire!

52 - Les 2 Rives - Mardi 11 septembre 2018 - Cahier Anniversaire 40 ans

Patrick Turgeon | Les 2 Rives

Vouloir résumer 40 ans de vie sportive en 500 mots, c’est comme rêver chausser les patins dans la Ligue nationale de hockey et suivre les traces des Mondou, Beauchemin, Fleury et Beauvillier; défendre les couleurs de l’Impact de Montréal comme le fait Samuel Piette; frapper une longue balle dans les ligues majeures en série mondiale ou se retrouver parmi l’élite de tous sports confondus. Le défi est grand, mais il s’avère réalisable si on ne s’y perd pas dans ces nuances d’interprétation et ces longues énumérations d’exploits individuels et collectifs accomplis. Ça ne laisse que peu de places à tous ces athlètes, entraîneurs, arbitres, événements et coups gagnants qui ont façonné depuis quatre décennies l’actualité régionale et contribué à changer le portrait des pratiques sportives. Vous savez les grands des grands, ceux qui ont soulevé bien haut leurs bras en signe de grandes conquêtes. On se souviendra à jamais de leurs exploits, mais bien plus encore de l’héritage qu’ils ont laissé à leur sport. À la fin, la réelle victoire, celle qui compte vraiment, ce n’est ni la médaille d’or remporté en séries, ni la conquête du trophée du champion marqueur, c’est le sport et son développement de ces jeunes athlètes prometteurs! Il y a quelques décennies, on jouait principalement au hockey pendant l’hiver et au baseball ou à balle-molle pendant la saison estivale. En 2018, la carte des sports est beaucoup plus diversifiée. De tout pour

tous : soccer, hockey, football, golf, vélo, tennis, curling, gymnastique, planche à roulettes, taekwondo, ski alpin, planche à neige, ski de fond, natation, pour en nommer que quelques-uns. Certes, le portrait du sport a changé; la façon de le couvrir aussi! D’une époque où on parvenait à garder une nouvelle dans son ordinateur pendant quelques jours afin de la publier en primeur dans l’édition hebdomadaire, aujourd’hui, on la publie sur le web le jour même question de ne pas se la faire brûler par un concurrent sur Facebook ou Twitter. À une autre époque, les journalistes sportifs de la région couvraient les activités des Éperviers et des Riverains, par exemple, sur une base quasi quotidienne. On rapportait les moindres faits et gestes des joueurs et des entraîneurs de ces équipes de hockey, un peu comme le font les médias nationaux avec les représentants de nos équipes professionnelles. Aujourd’hui, les médias sociaux et le web ont forcé les journalistes régionaux à adapter leur couverture sportive, tout en gardant bien en vue leur objectif dans le viseur : bien informer en toute objectivité. Au cours des 40 années de présence des 2 Rives, maints journalistes sportifs ont rédigé des milliers de textes portant sur des résultats en compétition, des médailles et championnats remportés par des équipes de notre région, des événements majeurs qui ont fait grandir la région et le sport ainsi des portraits d’athlètes en devenir. Toutefois, rares sont ceux qui ont vraiment réalisé l’importance du «portrait» publié dans la «gazette» de ce jeune qui a terminé 5e à la

Patrick Turgeon a longtemps couvert la section sportive du journal Les 2 Rives, de 1999 à 2011. (Photo; archives)

compétition de cyclisme, son meilleur résultat à vie. En fait, de l’importance du journal dans le développement du sport dans son milieu. Il est un acteur hebdomadaire important lorsqu’il prend sa place, pas celle qu’on lui accorde au profit d’autres secteurs, mais SA place! Évidemment, le journal se doit de demeurer un partenaire de premier plan et de jouer un rôle important dans le développement du sport, au centre d’une relation entre les lecteurs et ceux qui nourrissent les différentes pratiques sportives dans notre milieu. Chacun a sa recette, ses ingrédients qui lui sont propres, tous dans un seul but à atteindre : faire grandir le milieu sportif

pour ses acteurs. Que ce soit par ses reportages sur des sujets factuels, ses dossiers d’enquête, ses prises de positions dans certains dossiers, le journal doit permettre au sport régional de toujours poursuivre son ascension afin de faire comprendre aux citoyens l’importance du sport pour une région. Et de la visibilité qu’il offre pour le milieu et ses acteurs. Il est rassembleur, mobilisateur, source de fierté lors de conquêtes ou d’événements. D’où l’importance de ne pas ralentir le rythme et de suivre ses compétiteurs à tous les points de vue. Certes, on n’y échappe pas, ils nous reviennent en mémoire rapidement les grands coups gagnants tels des championnats majeurs remportés par les formations sportives de la région, des grands événements présentés sur le territoire bas-richelois depuis 1978, des athlètes, entraîneurs et arbitres qui ont connu de grandes carrières nationales et internationales. Mais 40 ans de couverture journaliste sportive, c’est bien au-delà de cela : c’est d’abord et avant tout le sourire perçu sur les lèvres du jeune patineur qui parvient à faire ses premiers coups de patins sans tomber sur la glace; la fierté perçue sur le visage de la gymnaste qui réussit enfin un mouvement sur la poutre après des mois de travail acharné; le cri du vainqueur suite à une pierre lancée parfaitement au 10e bout d’un match de curling et toutes ces petites victoires à l’entraînement et en compétition acquises sans avoir abandonné. Souvenons-nous tous : si on croit vraiment en nos projets et rêves et qu’on y met les efforts nécessaires, on y parviendra!


Cahier Anniversaire 40 ans - Mardi 11 septembre 2018 - Les 2 Rives - 53


Défis pour chacun! Louise Grégoire-Racicot | Les 2 Rives

Comme un texte de 600 mots est insuffisant pour rappeler toutes les grandeurs et misères d’un milieu! Inévitablement, il faut faire des choix. Retenir des éléments, en rejeter d’autres, même marquants, pour l’évolution du milieu.

54 - Les 2 Rives - Mardi 11 septembre 2018 - Cahier Anniversaire 40 ans

C’est le sort de tout journaliste : être signifiant malgré des contraintes de temps et d’espace! Cette édition jette donc un regard incomplet sur la ville-centre et sa région d’appartenance. Mais un regard lucide. Et si les lecteurs, comme les annonceurs, le veulent, il en sera de même pour bien des années à venir. Car il faut garder les yeux rivés sur les défis à relever en ces temps de bouleversement économique et climatique. Comment la région y répondra-t-elle? En ayant le souci d’agir. En ayant la garantie qu’elle peut compter sur ses gens, leurs idées, leurs forces, leurs talents, leur expérience! Trop longtemps, elle a attendu un sauveur. C’est normal, il y avait toujours eu des investisseurs venus de loin qui ont contribué à la développer. Ce qui avait exonéré ses dirigeants de prendre en main le destin régional, d’assurer son avenir. Il aura fallu la fermeture de plusieurs usines, la perte de milliers d’emplois bien rémunérés, pour que la région réalise la fragilité de ses assises. Qu’elle repense ses

façons de travailler, de négocier, voire même de vivre. Elle doit maintenant reprendre les rênes de son développement. Déjà, elle pense des moyens concrets et structurants de profiter des retombées que générera l’agrandissement du port de Montréal à Contrecœur et le développement d’un pôle logistique de transports qui s’y annonce. Reste à trouver dans quel créneau avantgardiste, dans quel secteur de pointe – comme elle l’avait fait en métallurgie – elle veut prendre sa place à l’avenir. Elle mise aussi sur un développement touristique. Ses cours d’eau sont des atouts imparables. Et des investissements privés, dont Statera, parfois aidés du secteur public, sont une pierre d’assise intéressante, mais insuffisante, pour atteindre sa pleine potentialité. Vrai, on ne peut plus proposer aux visiteurs de venir glisser sur la modeste côte du pont! Il faut avoir beaucoup plus à leur montrer en toute saison. Pas qu’elle n’ait pas d’attraits. Au contraire. Mais elle doit se distinguer des autres régions qui comptent aussi sur la nature et la culture pour séduire. Seul, le privé n’y arrivera pas. Il faudra que les élus mettent l’épaule à la roue, au risque de devoir justifier longuement leurs décisions. Car ils doivent, outre gérer, désormais rassembler. C’est urgent! Comme les maires de Shawinigan et Drummondville l’ont fait avant, il est essentiel de travailler en cohé-

La région des 40 dernières années a connu tour à tour confort et insécurité. Qu’adviendra-t-il d’elle lors des 40 prochaines? (Photo: Pascal Cournoyer)

sion et ouvertement pour obtenir des résultats flagrants. Un autre grand défi est de contrecarrer la démographie. De rajeunir sa population. On ne peut plus plus compter que sur les bas prix de son parc immobilier pour y arriver. Mais sur la qualité de vie qu’on y permet, en qualité de vie et d’environnement, en santé, formation, culture, travail et loisir. Chaque citoyen doit aussi porter ces défis. En s’impliquant dans des dossiers, en contribuant ses idées et visions. Non sur le ton de la critique, du blâme ou des insultes,

mais sur celui de l’ouverture, de la saine discussion, de la quête de consensus. En cessant aussi de se voir comme un résident de l’ancien Sorel ou Tracy, mais comme un citoyen du Bas-Richelieu qui souhaite que sa région s’ouvre aux nouveaux venus, peu importe leur région ou pays d’origine, leur formation ou leur culture. La région des dernières 40 années a connu tour à tour confort et insécurité. Silence et revendications. Manifestations et accalmie. Elle a ramé pour survivre. Qu’adviendra-t-il d’elle lors des 40 prochaines?


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56 - Les 2 Rives - Mardi 11 septembre 2018 - Cahier Anniversaire 40 ans


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