CULTIVER



RELÈVE AGRICOLE +
FAMILLES EN AGRICULTURE
RELÈVE AGRICOLE +
FAMILLES EN AGRICULTURE
Aussi dans cette édition
• Témoignages de jeunes en cours de relève familiale
p. 4 et 5
• Sollio parle du Fonds coopératif d’aide à la relève agricole (FCARA).
p. 8
• Entrevue avec la FRAQ
p. 10 et 11
Yves Rivard
L’air de rien, annuellement, plusieurs jeunes intéressés à joindre les rangs de la relève agricole optent pour le programme de formation offert par le Collège La Cité, basé à Ottawa. Si les cohortes comptent bon nombre de personnes issues de la Montérégie-Ouest, on ne fréquente pas seulement l’établissement pour sa situation géographique, mais bien bien pour la valeur de ses enseignements. Nadia Carrier, agroéconomiste, coordonnatrice et professeure à l’Institut de formation et de recherche agroalimentaire (IFRA) de La Cité, répond à nos questions.
GTA : Détaillez-nous l’offre en matière de formation dédiée à la relève. Nadia Carrier : La Cité offre deux programmes de deux ans qui sont des techniques : Production animale et grandes cultures, puis Production de fruits et légumes. Contrairement au Québec, nos techniques, offertes en français, durent une année de moins, car il n’y a pas de cours obligatoires comme dans les cégeps.
La clientèle est constituée de trois profils : ceux qui désirent prendre la relève d’une entreprise familiale, ceux qui désirent démarrer une entreprise (issus du milieu ou non) et ceux qui viennent de l’étranger pour ensuite retourner à leur entreprise agricole.
ÉDITEUR :
Benoit Chartier
RÉDACTEUR EN CHEF : Martin Bourassa
ADJOINTE À LA RÉDACTION : Annie Blanchette
TEXTES ET COORDINATION :
Yves Rivard
CONTRÔLEUR :
Monique Laliberté
DIRECTEUR DU TIRAGE : Pierre Charbonneau
DIRECTEUR DE LA PUBLICITÉ : Guillaume Bédard
ADJOINT AU DIRECTEUR
DE LA PUBLICITÉ : Simon Cusson
DIRECTEUR DE LA PRODUCTION : Alex Carrière
PUBLICITAIRES : Louise Beauregard
Manon Brasseur
Luc Desrosiers
Linda Douville
Miriam Houle
Michel Marot
Brigitte O’Connor Isabelle St-Sauveur
D’autres cours complètent l’offre : Gestion et comptabilité, Techniques en environnement forestier et Gestion de la nutrition et des services alimentaires. Le nombre de candidatures est en hausse depuis la pandémie. Il importe de spécifier que La Cité ne reçoit pas seulement des demandes de personnes sortant directement de l’enseignement secondaire, mais aussi des adultes établis et des personnes qui veulent démarrer une entreprise agricole ou qui sont en réorientation de carrière.
GTA : Bénéficiez-vous d’aires de laboratoires et d’apprentissages pratiques?
N.C. : Oui. La Cité possède un espace de culture intérieure qui permet l’offre d’ateliers pratiques et de laboratoires visant le programme Production de fruits et légumes. Pour ce qui est de Production animale et grandes cultures, nous bénéficions d’ententes avec des partenaires locaux, ce qui permet de présenter des cours sur place, en situation réelle.
Réseautage et relations d’affaires familiales
GTA : Aborde-t-on dans les programmes le délicat sujet des relations d’affaires familiales, très important pour la relève?
N.C. : Oui, il y a des unités d’apprentissage et des modules qui traitent, entre autres, de la gestion du travail d’équipe, de la communication et des ressources humaines, soient-elles familiales, salariées ou à forfait. Le cours Finance agri-
PUBLIÉ PAR:
TÉL. : 450 773-6028
TÉLÉCOPIEUR : 450 773-3115
SITE WEB : www.dbc.ca COURRIEL : admin@dbc.ca
cole, entre autres, aborde la dynamique du transfert d’entreprise.
GTA : Le diplôme de Techniques agricoles de deux ans est-il reconnu et valide dans d’autres provinces?
N.C. : Oui, même au Québec! Les diplômés sont admissibles à la prime à l’établissement et La Cité entretient une passerelle avec l’Université Laval. Plusieurs de nos cours sont reconnus par cette université, ce qui peut alléger ceux et celles qui entreprennent un baccalauréat à cet endroit.
GTA : Comment évolue le contenu des deux programmes qui nous intéressent?
N.C. : Le département s’adapte toujours directement et rapidement aux demandes et aux besoins de l’industrie. Notre comité consultatif, composé de personnalités du milieu, tient des réunions deux fois par année, question d’évaluer si des nouveautés ou de nouvelles réalités demandent des mises à jour, des révisions. Nos enseignants contractuels sont tous des agronomes aguerris et plusieurs viennent du Québec.
GTA : L’aspect technologique de l’agriculture d’aujourd’hui et de demain figure-t-il au cursus?
N.C. : Absolument. Notre volet d’agriculture de précision aborde plusieurs thématiques et enjeux relatifs à l’utilisation des différentes technologies : drones, processus automatisés, etc.
GTA : Outre l’année de moins passée sur les bancs d’école et la qualité de la for-
Publié 12 fois par année par DBC Communications inc. 655, avenue Sainte-Anne, Saint-Hyacinthe, Québec J2S 5G4 Imprimé par Imprimerie Transcontinental SENC division Transmag, 10807, rue Mirabeau, Ville d’Anjou Québec H1J 1T7. Dépôt légal Bibliothèque nationale du Canada Copyright® Tous droits réservés sur les textes et les photos. Les articles sont la responsabilité exclusive des auteurs. Prix d’abonnement : 1 an (taxes incluses)...............40
Poste publication - convention : PP40051633
Nadia Carrier, agroéconomiste, coordonnatrice et professeure à l’Institut de formation et de recherche agroalimentaire (IFRA) de La Cité
Photo : gracieuseté.
mation, en quoi se distingue La Cité sur l’échiquier de la formation?
N.C. : Par sa vie étudiante, très dynamique et diversifiée. Au niveau de la formation, je dirais que les échanges et le réseautage distinguent certainement la façon d’envisager un parcours académique. Notre événement annuel AgriCité, qui vient de présenter sa 7e édition le 3 avril, est certainement la preuve de la volonté de l’IFRA du Collège La Cité de rassembler et de promouvoir la formation de la relève. Organisé et présenté dans le cadre du cours Relations d’affaires en Techniques agricoles, cette grande célébration vise à confirmer le concept de penser globalement et d’agir localement.
27 000 exemplaires distribués dans Le Courrier de Saint-Hyacinthe et par Postes Canada aux producteurs agricoles dans les régions suivantes : Montérégie-Est Montérégie-Ouest Centre-du-Québec
Prochaine édition 8 mai 2025 Spécial horticulture et apiculture
Yves Rivard GTA
Bien que le contexte économique soit loin d’être reluisant et propice au repreneuriat agricole, familial ou non, la jeunesse désire et doit prendre la place qui lui revient, soit celle d’assurer la continuité des activités agricoles. En région et ailleurs, les forces vives de la relève ne demandent qu’à émerger, mais encore faut-il qu’elles soient outillées et préparées pour assumer de telles responsabilités.
Comme chaque dossier de relève agricole constitue un cas unique, le journal a cru pertinent de sonder l’opinion de quelques-unes de ces personnes qui, au quotidien, découvrent les vertus de la patience, de la gestion appliquée et du transfert de savoir. Voici quatre témoignages susceptibles de donner un certain aperçu de comment se vit le processus.
Gabriel Leclair
Fermes Leclair (Sherrington)
Représentant de la troisième génération d’agriculteurs à l’œuvre au sein des fermes Leclair, Gabriel Leclair est particulièrement actif dans le développement de pratiques d’agriculture durable et au sein d’associations telles que l’UPA, la FRAQ et l’APMQ. L’entreprise familiale cultive actuellement 900 acres de productions maraîchères sur sol organique : carottes, radis, betteraves, coriandre et autres.
« Actuellement, la ferme est dirigée par mon oncle et ma tante. J’incarne la relève, plus particulièrement depuis la fin de ma formation collégiale, et j’ai davantage de responsabilités administratives depuis 2022 », précise M. Leclair. Selon lui, aucune date officielle ou officieuse n’a été annoncée pour la reprise de la ferme. « Je crois que tout se déroulera lorsque tout le monde sera prêt, lorsque ce sera le bon moment pour ceux qui quitteront et pour ceux qui prendront le relais. »
« Nous avons eu recours à des séances de conseils, de coaching, au moment où j’ai accédé au niveau administratif, et à des discussions avec notre comptable, mais pour l’heure, nous n’avons pas tenu de rencontres avec un fiscaliste ou un expert du transfert d’entreprise agricole. Cela viendra probablement, car il s’agit d’une grande entreprise ayant une grande valeur d’actifs, ce qui ne se transfère pas de manière simple et rapide. Le contexte actuel représente certainement un léger frein au processus de relève, car nous exportons beaucoup aux États-Unis, mais les gens continueront de manger. Je ne suis pas inquiet pour les entreprises maraîchères », relativise Gabriel Leclair.
Détentrice d’une formation en comptabilité ainsi qu’en horticulture et gestion des espaces verts, Mme Lemire constitue une expertise diversifiée pour Transplant CL, entreprise familiale au sein de laquelle elle incarne la relève. Pour l’heure, tout se déroule bien. « Je suis actionnaire depuis maintenant quatre ans, mais active au sein de l’entreprise depuis plus de sept ans, confie-t-elle. À ce jour, le processus se déroule sans aide professionnelle externe. Bien sûr, nous avons rencontré les experts du MAPAQ et de la Financière agricole pour discuter de prêts et de subventions, mais pour le reste, tout suit son cours. Il faut bien noter que ma mère avait pris soin de suivre plusieurs formations sur le sujet des transferts intergénérationnels avant que débute le processus de relève. »
Cela dit, Carianne Lemire dit retirer beaucoup des échanges générés par les rencontres organisées par la FRAQ et autres associations régionales dédiées à l’entrepreneuriat. « Les discussions sont productives, on y apprend beaucoup de choses et on y partage plusieurs idées. Je recommande certainement à toutes et à tous de prendre part à de tels événements de réseautage et d’avoir recours aux experts pour obtenir des subventions qui peuvent faire la différence. Il ne faut pas avoir peur de la paperasse », révèle-t-elle.
Puisque ses parents sont encore relativement jeunes, Carianne Lemire bénéficie du facteur temps, d’un apprentissage quotidien permettant d’assimiler l’ensemble des méthodes et pratiques d’affaires pour assurer la relève et, un jour peut-être, amener l’entreprise vers de nouveaux sommets.
Audrey Belval
Ferme Belval (Sainte-Hélène-de-Bagot)
Fondée en 1956 par Armand Belval, la ferme laitière Belval, qui compte 140 têtes en plus de 312 hectares de maïs-grain, de maïs ensilage et de soya, est actuellement dirigée par Gabrielle Lacharité et JeanClaude et Stéphane Belval. Mais la relève, qui incarnera la quatrième génération, est en processus d’apprentissage.
Audrey Belval, diplômée du programme GTEA de l’ITAQ en 2022, se prépare, lentement mais sûrement, à prendre les rênes de l’entreprise aux côtés de sa sœur Laurie (diplômée du programme TPA de l’ITAQ) et de son frère Michaël. « Mon père, Stéphane, qui détenait 60 % des parts de l’entreprise, m’a accordé 20 % de ses parts tout comme à ma sœur, il y a quatre ans. Nous sommes donc déjà actionnaires et admissibles, depuis la fin de nos études, à des subventions relatives au quota et à l’investissement dans la ferme. À moyen terme, notre frère devrait se joindre à nous », confie Mme Belval.
Le partage des tâches semble clair et défini. « Si Laurie et moi gérons davantage le volet laitier, Michaël, lui, sera davantage impliqué au niveau des opérations mécaniques et de la gestion des champs. Nous avons récemment obtenu une subvention pour effectuer des rénovations de l’étable; les travaux débuteront dans quelques jours. Nous sommes actives et entendons continuer de l’être », prend bien soin de noter Audrey Belval. Un dynamisme et une vision d’affaires qui ont déjà été salués par des titres honorifiques, notamment en matière de bien-être animal.
Christine Schmucki
Ferme Schmucki (Princeville)
Christine Schmucki se prépare chaque jour à prendre la relève de la ferme familiale fondée en 1980, qui gère un quota de production de 270 kg par jour avec ses 300 vaches en lactation et son troupeau de relève de 500 têtes.
Après avoir complété un DEP au Cégep de Victoriaville en Gestion et technologies d’entreprise agricole et un baccalauréat en agronomie de l’Université Laval, elle se dédie à la ferme à temps plein depuis cinq ans. En compagnie de ses deux frères, elle assurera un jour la pérennité des activités de l’entreprise pour l’heure détenue par ses parents et un oncle, en plus des grandsparents qui sont toujours très actifs sur la ferme.
« Nous sommes présentement en mode coexploitation sur bien des aspects de l’entreprise, explique Mme Schmucki. De temps à autre, la famille consulte des ressources externes, un fiscaliste, un comptable, un conseiller financier, mais à ce jour, pas de spécialiste du transfert d’entreprise familiale. Personnellement, j’aimerais bien que ce soit le cas. Pour l’instant, nous avons instauré des rencontres mensuelles visant aux discussions et à l’avancement du transfert. »
Puisque le projet de relève inclut trois personnes, les rôles à assumer sont-ils déjà définis? « Dans l’ensemble, oui, bien qu’il reste de petits détails à clarifier. Nous avons chacun nos forces et l’entreprise est assez grande pour que chaque personne gère son secteur d’activités. Mes frères sont davantage orientés vers la mécanique, l’entretien et l’opération de machinerie, alors que je penche davantage du côté de la gestion et de la régie de troupeau », conclut-elle.
Si tout le monde agricole connaît bien la bannière Sollio, la relève agricole, elle, gagne certainement à connaître les opportunités que lui offre cette grande entreprise. Stéphane Forget, vice-président principal Affaires publiques, coopération et responsabilité d’entreprise chez Sollio Groupe Coopératif, nous parle du Fonds coopératif d’aide à la relève agricole (FCARA) de Sollio, qui continue d’aider beaucoup de repreneurs à différentes étapes et à différents niveaux.
GTA : Quelle est la genèse du FCARA?
Stéphane Forget : La relève a toujours été une priorité de Sollio, qui a 107 ans cette année. On peut donc imaginer le nombre de personnes et d’entreprises que Sollio a aidées au fil des ans. À l’instar de ses membres, du siècle dernier à aujourd’hui, Sollio croit au mode coopératif et se soucie beaucoup de la relève. Le programme a été créé en 2008 par la Coop fédérée de l’époque avec la volonté de soutenir professionnellement
et économiquement la relève agricole. Deux programmes en sont issus : le FCARA et le Prix Relève Sollio, qui vise à mettre en valeur les transferts d’entreprises familiaux et non apparentés. Les trois partenaires initiaux sont toujours en poste : la FRAQ, le Mouvement Desjardins et les coops agricoles affiliées. On parle d’un programme de trois ans. Le soutien financier est assumé par Sollio et la coop affiliée du participant.
GTA : Vu les grands changements des dernières années, le soutien financier du Volet 1, d’une valeur maximale de 7500 $ par année, par candidat ou candidate, pour un total pouvant aller jusqu’à 22 500 $, pourrait-il être revu à la hausse?
S.F. : Le budget est revu annuellement. Il ne peut être augmenté que si les coops acceptent. Jusqu’en 2018, le budget maximal alloué par personne était de 5000 $ par année. Il revient au conseil d’administration d’évaluer si la valeur par personne doit être revue.
GTA : Quelles sont les principales statistiques du FCARA (demandes annuelles, parité hommes-femmes) du Québec par
Stéphane Forget, vice-président principal Affaires publiques, coopération et responsabilité d’entreprise chez Sollio Groupe Coopératif
rapport aux autres provinces desservies (Maritimes et Ontario)?
S.F. : Depuis 2008, 906 agriculteurs et agricultrices, presque exclusivement originaires du Québec, ont été accompagnés, ce qui représente près de 11 M$ en soutien financier offerts par les coops et Sollio. Côté parité, on reste très près de la réalité de l’industrie agricole actuelle avec 73 % des participants qui sont des hommes. L’âge moyen à l’inscription est de 33 ans. Environ 150 personnes, réparties dans les trois cohortes, participent annuellement au FCARA.
Une offre triée sur les volets
GTA : Le programme comprend quatre volets. L’un d’entre eux, le Volet 2, vise le mieux-être dans la façon de gérer le stress professionnel ou personnel, la gestion financière, la parentalité, ce qui apparaît comme assez avant-gardiste, la plupart des entreprises s’étant dotées de telles ressources pendant et après la pandémie. A-t-il été développé sur la base de données démontrant de nombreux cas de grands stress ou de dépression auprès de la relève?
S.F. : Le soutien psychologique pour les participants est présent depuis les débuts du programme. La formule a évolué à travers le temps, mais nous pouvons affirmer que ça a toujours été présent au sein du FCARA. Sans avoir de statistiques officielles, on sait que le milieu agricole n’est pas à l’abri de la détresse psychologique.
GTA : Parlez-nous des types de formations offertes dans le Volet 3, Développement des compétences.
S.F. : Le programme prévoit l’obtention de 21 crédits sur trois ans et l’engagement à développer leurs compétences professionnelles grâce aux formations offertes. Ils devront également s’engager à participer à des activités de vie associative offertes par leur coopérative agricole ou par Sollio Groupe Coopératif. Les formations portent sur la gouvernance, la finance, la coopération et la gestion stratégique basée sur l’identité coopérative. D’autres formations externes peuvent être reconnues pour le programme, notamment celles offertes par le CRAAQ ou AgriRéseau.
GTA : Le Volet 4, qui propose des voyages de formation et des visites d’installations de Sollio Groupe Coopératif au Québec ou dans d’autres régions du Canada, permet d’obtenir une équivalence de formation et de rencontrer d’autres jeunes de la relève. Quel en est le processus? Qui assume les frais de voyage? La participation est-elle volontaire ou obligatoire? Quelles sont les équivalences possibles?
S.F. : Nos sondages indiquent qu’il s’agit d’une activité créditée de quatre jours, facultative, et très prisée des participants. Le voyage s’effectue habituellement à l’automne, principalement dans nos installations ontariennes. Il s’agit également d’une excellente occasion de réseautage.
Yves Rivard GTA
La Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) rassemble et représente actuellement 2000 membres âgés de 16 à 39 ans. En plus de diffuser les messages de la relève auprès des différentes instances, sa mission demeure d’améliorer les conditions d’établissement en agriculture, de valoriser la profession d’agriculteur et de former et d’informer ses membres. David Beauvais, président, nous livre les plus récentes nouvelles sur les dossiers en cours.
GTA : Le plus récent congrès de la FRAQ vient tout juste de se tenir à Carletonsur-Mer. Qu’en est-il sorti, en bref?
David Beauvais : L’accès aux terres et leur propriété, tout ce qui entoure le projet de loi no 86, loi visant à assurer la pérennité du territoire agricole et sa vitalité, ont été au cœur des discussions. Des résolutions ont été apportées par les délégués de différentes régions afin de limiter, par voie de règlement, le nombre d’hectares que peut posséder un même propriétaire ou promoteur.
Le dossier du reboisement des terres agricoles en friche a également été discuté par les membres. La disponibilité de subventions pouvant être données à des personnes qui plantent rapidement quelques arbres et empochent les sommes a été dénoncée par plusieurs. Il a aussi été proposé de trouver des moyens pour demander la bonification de plusieurs programmes, vu le contexte économique actuel.
GTA : Où en est exactement la FRAQ dans le processus d’amendements apportés à la loi 86?
D.B. : Depuis l’annonce du grand chantier relatif à ce projet, la FRAQ a été proactive. L’accès à la terre est l’un des plus grands défis auxquels est confrontée la relève agricole. Ce projet de loi représente un pas décisif pour lutter contre la spéculation foncière et garantir que les terres agricoles restent entre les mains de ceux qui souhaitent les cultiver.
C’est pourquoi, en collaboration avec ses différents partenaires, dont l’UPA, la FRAQ a déposé un mémoire et assisté aux tables rondes et consultations avec le MAPAQ. Nous avons été consultés et entendus.
Si tout cela a un impact certain sur le présent des agriculteurs, il en a également un pour ceux du futur. Sans les bons amendements, quelle sera la situation dans 30 ou 50 ans pour la relève? Les terres appartiendront-elles à deux ou trois grands propriétaires? À quoi ressemblera la possibilité d’accéder à la terre? Il faut y penser maintenant. Il faut repenser le modèle qui veut que chaque génération doive racheter une terre qui a pris de la valeur, mais qui ne génère pas plus de revenus…
GTA : L’année 2025 pourrait donc être l’année charnière pour ce dossier?
D.B. : Tout se fera par règlements. Donc, 2025 et les prochaines années seront décisives pour le futur de l’agriculture et de sa relève. Mais on sent l’ouverture, la possibilité de surveiller les transactions, de savoir qui possède les terres et le nombre détenu par chaque propriétaire.
GTA : Le ministre Lamontagne parlait de la possibilité de lever un drapeau rouge lorsqu’une terre devient disponible et de veiller sur le type d’acheteurs potentiels.
D.B. : Oui. Certains producteurs agricoles croient, à tort, que cette loi vise à les empêcher d’acquérir des terres. Il faut
rectifier la situation. Le projet de loi vise à contrer les spéculateurs, ceux qui veulent acquérir des terres dans le seul but de les voir prendre de la valeur et de les revendre à profit. Le producteur qui désire acquérir une terre, la cultiver et en vivre sera toujours en mesure de le faire sans problème.
Identifier les freins à la formation
GTA : Quelques mots sur le Laboratoire vivant en reconnaissance des acquis et des compétences (RAC) agricoles?
D.B. : La RAC permet d’évaluer et de faire reconnaître des compétences développées sur le terrain sans avoir à retourner sur les bancs d’école. Cette démarche permet d’obtenir officiellement un diplôme délivré par le ministère de l’Éducation. Cela dit, la FRAQ a constaté que, selon les régions, la formation est plus difficile que d’autres. Plusieurs raisons, facteurs et situations sont observés, qui vont du drame familial, par exemple la mort du propriétaire qui force le jeune fils à prendre la relève rapidement, à la distance de la ferme par rapport aux institutions formatrices. Dans ces contextes, la reconnaissance des acquis s’avère très pertinente. Le
laboratoire vise à identifier les freins à la formation, à repérer les régions qui auraient besoin d’aide à cet égard et à offrir des pistes de solution.
GTA : N’est-ce pas surprenant qu’en 2025, alors que la plupart des fermes sont connectées à Internet et que les agriculteurs possèdent un téléphone intelligent, l’offre de formations pour la relève ne passe pas davantage par le tout numérique, sachant que certaines personnes doivent parfois rouler deux ou trois heures pour venir suivre une formation ou passer un examen?
D.B. : Oui, ça pourrait certainement constituer une option dans certains cas. Mais, les formations agricoles comportent beaucoup d’aspects techniques concrets, ce qui empêche probablement la prestation de formations en 100 % numérique.
D’un autre côté, les jeunes agriculteurs doivent obtenir la bonne information au sujet des formations. Ce n’est pas parce que l’institution offrant la formation est basée à Québec qu’ils doivent s’y rendre pour la suivre.
La cohorte est complète, je crois, et les données seront donc collectées au cours des prochains 12 à 18 mois. Les résultats
du Laboratoire suivront. Il sera alors possible d’agir en fonction des informations disponibles.
« IL FAUT REPENSER LE MODÈLE QUI VEUT QUE CHAQUE GÉNÉRATION DOIVE
RACHETER UNE TERRE QUI A PRIS DE LA VALEUR, MAIS QUI NE GÉNÈRE PAS PLUS DE REVENUS… »
GTA : La FRAQ et le Centre de formation spécialisé pour les entrepreneurs agricoles (CEMR) ont récemment entamé un partenariat. Des détails à ce sujet?
D.B. : Oui, c’est tout nouveau. Avec sa programmation, le CEMR vise toujours à accompagner les entrepreneurs agricoles vers la réussite de leur projet. Le monde agricole est de plus en plus complexe, et gérer une entreprise agricole exige des compétences approfondies en gestion et en entrepreneuriat. Le CEMR considère les producteurs agricoles en tant qu’entrepreneurs à part entière. Ledit partenariat tient dans l’offre d’un rabais de 500 $ pour
les membres de la FRAQ pour certaines cohortes. À ce jour, l’ensemble des participants aux formations en entrepreneuriat a confirmé l’acquisition de connaissances importantes pour bien gérer leur entreprise.
GTA : Cette entente est-elle la première d’autres qui visent d’autres établissements?
D.B. : C’est une possibilité. La FRAQ bénéficie de nombreux partenariats avec plusieurs maillons de la chaîne, dont des fournisseurs d’équipements qui offrent des rabais à la relève. La FRAQ est ouverte à toute entité qui vise à accompagner ses membres vers le succès.
GTA : Le succès, justement. Quels sont les derniers chiffres portant sur le succès des repreneurs?
D.B. : Selon les données datant de 2021, pour ce qui est de la relève de 5 à 9 ans, on parle de 53 % qui sont en situation de transfert familial, de 12 % en démarrage et de 36 % en transfert non apparenté. Si la proportion de la relève établie par démarrage d’une entreprise depuis 5 ans ou plus s’élevait à 66 % en 2016, elle se chiffrait à 57 % en 2021.
En ce qui concerne les jeunes de la relève établie par transfert non apparenté, 57 % étaient en activité depuis plus de 5 ans en 2021, un résultat légèrement supérieur à celui de 2016 (55 %). En 2021, 75 % de la relève établie par transfert familial était en activité depuis plus de 5 ans, un résultat sensiblement inférieur à celui de 2016 (79 %), mais toujours très élevé.
Carrolyn O’Grady Agr., conseillère en productions animales, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ)
Johanne Tessier Agr., conseillère en productions animales, Direction régionale du Centredu-Québec, MAPAQ
État de chair visé
Au Canada, l’état corporel est noté sur une échelle de 1 à 5, 1 étant extrêmement mince et 5 étant obèse. Un score moyen de 3 à 3,5 est idéal pour un troupeau de vaches de boucherie. Pour les taures, on recommande plutôt un état de chair de 3,5, car un des plus grands défis est la reproduction des femelles de deux ans qui allaitent et qui sont encore en croissance. Le tableau 1 explique les systèmes d’évaluation de l’état de chair et le changement de poids requis selon l’état.
Si vous souhaitez évaluer l’état de chair de vos bovins, voici deux outils de référence à consulter :
L’évaluation de l’état de chair d’un bovin est un excellent baromètre pour vous, les éleveurs. Elle permet de constater l’état des réserves de gras de l’animal et si son alimentation est trop riche ou trop pauvre. Pour ce faire, une observation visuelle est facilement réalisable. Lors de la contention, une palpation peut être faite aux endroits indiqués sur la figure 1. Il est recommandé de recourir à un conseiller externe à l’entreprise pour l’évaluation en vue d’obtenir un point de vue différent.
Plusieurs facteurs peuvent influencer l’évaluation visuelle de l’état de chair, aussi appelé condition de chair : la longueur et l’épaisseur du poil en hiver, l’âge de l’animal, le remplissage du rumen, le stade de gestation, l’état de déshydratation, etc. Il est recommandé d’évaluer l’état de chair des vaches aux périodes suivantes : de 60 à 90 jours avant le vêlage, au moment du vêlage et au sevrage. Le conditionnement des vaches peut être fait au sevrage et dans le dernier tiers de gestation.
Vous devez garder les registres de vos observations pour suivre l’évolution du troupeau. Un animal en bon état de chair aura une meilleure performance reproductive, une production de lait accrue, un veau plus vigoureux, etc.
Références :
- Fiche technique : Évaluer l’état de chair de vos bovins | Agri-Réseau (www.agrireseau.net/documents/114731)
- Body Condition | Beef Cattle Research Council (www.beefresearch.ca/fr/tools/body-condition/) (en anglais seulement)
Figure 1 : Les principales zones d’évaluation de la vache de boucherie. Adapté de Body Condition Score as a Nutritional Management Tool
Équivalence des systèmes canadien et américain pour la gestion du poids en lien avec le vêlage
État de chair
Système d’évaluation de l’état de chair
Tableau 1 : adapté des articles Body Condition Score as a Nutritional Management Tool et Body Condition Scoring of Beef Cattle
BEEF CATTLE RESEARCH COUNCIL. Body condition, [En ligne], octobre 2023. https://www.beefresearch.ca/tools/body-condition/
EVERSOLE, Dan E., et collab. « Body Condition Scoring Beef Cows », dans The Cattle Site, Virginia State University, [En ligne], décembre 2000. https://www.thecattlesite.com/articles/674/body-condition-scoring-beef-cows/
FARNEY, Jaymelynn K., et collab. Guide to Body Condition Scoring Beef Cows and Bulls, publication MF3274, Kansas State University, [Fichier PDF], octobre 2024. https://bookstore.ksre.ksu.edu/pubs/guide-to-body-condition-scoring-beef-cows-and-bulls_MF3274.pdf
FELIX, Tara L., Alfredo DICOSTANZO et Tiago BRANDAO FREITAS. Body Condition Score as a Nutritional Management Tool, Pennsylvania State University, [En ligne], mai 2024. https://extension.psu.edu/body-condition-score-as-a-nutritional-management-tool
Marie-Eve Bernard
Agr., conseillère en agroenvironnement et en santé des sols, Direction régionale de la Montérégie, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ)
Pourquoi faire un profil de sol?
Il s’agit de l’outil de diagnostic de santé des sols par excellence. Seuls une pelle, un couteau, un ruban à mesurer et un peu de volonté sont nécessaires. On creuse jusqu’à 75 centimètres de profondeur à deux endroits dans le champ et on observe différents paramètres visuels et olfactifs tels que la couleur et l’odeur du sol, la porosité, la qualité de la structure du sol et le développement des racines.
Montérégie présente une grande variabilité dans ses groupes de sol, allant des sols sableux de la région d’Acton aux argiles de Varennes, en passant par les terres noires de Napierville. Chaque profil de sol révèle sa propre histoire et c’est à nous, les conseillers et les producteurs, de prendre le temps de les comprendre afin de maintenir et même d’augmenter leur potentiel agricole. Pour moi, il n’y a pas de mauvais sol. Par contre, certains nécessitent plus d’attention et de précautions puisque c’est plus facile de les endommager que de les améliorer.
Du temps pour aller creuser et comprendre Il est recommandé d’inclure dans les opérations annuelles de tout producteur agricole la réalisation d’un profil de sol, non seulement pour effectuer un réel diagnostic, mais aussi pour déterminer la profondeur de travail de son équipement. On n’a pas toujours besoin de creuser très profondément. À l’automne, par exemple, lors des travaux de sol plus lourds, il faut s’assurer de travailler la zone endommagée par le passage de la machinerie et pas seulement les premiers centimètres du sol. Quelques coups de pelle permettent de connaître la profondeur à travailler et l’humidité du sol à la profondeur du travail.
Un diagnostic pour raffiner la stratégie à implanter
Bien que les diagnostics ne donnent pas toujours les résultats espérés par les producteurs, ces derniers en retirent un apprentissage et une satisfaction de mieux comprendre les problèmes dans leur champ. Le plus dur reste à faire, soit d’implanter une stratégie à court, à moyen et à long terme qui viendra assurer la résilience des sols de l’entreprise, ainsi que d’en assurer un suivi serré durant la transition.
Des sols argileux qui ont besoin d’amour
moment idéal pour creuser un profil, c’est lorsqu’il y a des racines vivantes dans le sol. Grâce à celles-ci, on peut mieux comprendre comment l’air et l’eau circulent sous terre. De manière générale, j’ai constaté que nos cultures commerciales tendent à faire moins de petites racines et concentrent leur énergie sur de grosses racines, surtout dans les 30 premiers centimètres du sol. On peut penser que cela est dû au fait que la porosité du sol est réduite par la compaction, donc les racines utilisent les macropores et les fentes de retrait pour pousser (photo 3).
Les objectifs en 2025
Le bilan des profils
L’année dernière, j’ai eu le privilège de collaborer avec des partenaires sur des projets collectifs et d’accompagner des conseillers dans la réalisation de profils de sol chez des entreprises agricoles. Au total, nous avons creusé plus de 60 profils, tous différents les uns des autres. La
Dans les dernières années, on a beaucoup parlé de la compaction de profondeur et de ses conséquences dévastatrices sur les sols. Cependant, il ne faut pas négliger la compaction de surface (dans les 30 premiers centimètres), qui aura une incidence importante sur la germination des semences, la croissance des racines de même que l’accès à l’eau – et surtout à l’air – pour les racines et les microbes du sol. J’ai observé dans la dernière année que beaucoup de champs avaient une belle structure grumeleuse dans les cinq premiers centimètres en raison du travail mécanique réalisé au printemps, mais que, juste en dessous, la structure devenait très dense, avec peu de porosité et de vie (photo 2).
Les changements climatiques se font déjà ressentir depuis quelques années au Québec. Les sols agricoles peuvent être une solution pour atténuer les conséquences qui y sont liées. Pour cela, on doit améliorer leur santé et leur résilience en adoptant des pratiques de conservation comme les cultures de couverture, les rotations longues et diversifiées et le travail minimum du sol. De plus, une attention particulière doit être portée sur la compaction de surface et de profondeur. Ces bonnes pratiques doivent cependant être intégrées graduellement dans les entreprises agricoles, en suivant le rythme du sol et sa capacité à gérer le changement. Pour une transition réussie, les entreprises doivent être accompagnées. Les membres de l’équipe santé
des sols du MAPAQ sont prêts à fournir cet accompagnement au champ aux conseillers et aux producteurs. Les connaissances sont là, les solutions existent, il ne faut qu’une étincelle dans le cœur d’un producteur pour que les solutions s’enclenchent à la ferme.
Qualité esthétique dans le marché des plantes horticoles ornementales québécois
L’industrie de l’horticulture ornementale et la production d’arbres de Noël génèrent plus de 400 millions de dollars de ventes annuelles au Québec. La qualité esthétique des plants ornementaux est un critère de la plus haute importance pour la vente aux consommateurs. Plusieurs éléments permettent d’optimiser cette qualité tout en assurant la durabilité environnementale et économique des entreprises. Des normes établies par le Bureau de normalisation du Québec (BNQ), comme le cahier des charges pour les produits de pépinières et de gazon ou le système de classification d’arbres de Noël permettent de normaliser cette qualité. Le concept de surqualité esthétique des plants doit être pris en considération pour favoriser la rentabilité de l’entreprise et la réduction de l’utilisa-
tion des pesticides. La poursuite de la qualité à tout prix, des végétaux ornementaux est difficilement atteignable et inutile. C’est ce qui définit la surqualité. En production, les interventions phytosanitaires répétées atteignent, à un moment dans le cycle de culture, un seuil où le coût de l’intervention surpasse le gain en esthétisme des cultures. La rentabilité est alors compromise et on doit choisir des stratégies phytosanitaires qui ont un impact direct sur l’augmentation des ventes
Comment savoir si c’est le bon moment d’intervenir ?
La bonne stratégie d’intervention vise à éviter les pertes financières pour l’entreprise et les risques pour l’environnement et la santé. La gestion intégrée des ennemis des cultures favorise l’utilisation rationnelle des pesticides et contribue à éviter une qualité excessive des végétaux qui ne correspond pas aux besoins réels du marché. Ce concept se décline en un cheminement en cinq étapes : la connaissance du problème, la prévention, le dépistage et le suivi, la décision d’intervenir avec le seuil de tolérance adéquat et l’évaluation avec une rétroaction qui compose la dernière étape.
Autres facteurs décisionnels à considérer
Il existe plusieurs facteurs décisionnels de l’intervention phytosanitaire. Le niveau de tolérance de chacun face aux
problématiques dans les cultures varie énormément et c’est souvent lui qui motive la décision d’intervenir ou pas. Le type de production, les critères de qualité visés, le type de dommages des
ennemis des cultures s’ajoutent aux autres facteurs qui entrent en ligne de compte pour la stratégie à utiliser.
Les consommateurs de produits végétaux sont de plus en plus sensibilisés aux risques associés à l’utilisation des pesticides, notamment sur la biodiversité, l’environnement et la santé. Le choix du consommateur pourrait se tourner vers l’agriculture la plus durable pour un produit de même qualité. Les producteurs devraient mettre de l’avant leurs efforts de réduction d’utilisation des pesticides auprès du grand public pour en tirer avantage.
Ainsi, adopter le niveau de tolérance adéquat face à un problème phytosanitaire nécessite une analyse globale de l’environnement du végétal. De plus, en appliquant le principe de gestion intégrée, on s’assure de maintenir la qualité esthétique de nos plants tout en diminuant les risques pour la santé et l’environnement. Une solution gagnante pour le futur, tout en gardant en tête que l’intervention ayant le moins d’impact est celle qui n’est pas réalisée.
L’IQDHO a collaboré au programme d’envergure pour accompagner les producteurs en pépinière et dans les arbres et sapins de Noël dans la gestion
intégrée d’organismes nuisibles. Dans le cadre du projet, conduit par Québec Vert, 17 fiches techniques, 15 vidéos et deux outils d’autoévaluation des pratiques en entreprise ont été réalisés. Ceci, sans compter les ateliers terrain préparés pour les producteurs et les conférences offertes à l’industrie.
Les fiches et vidéos détaillées des ennemis des cultures en pépinière et des arbres de Noël sont disponibles sur le site de Québec Vert : www.gestioninte gree.qu becvert.com/
Elles permettent aux producteurs de mieux connaitre le cycle de vie des organismes nuisibles, les stratégies de prévention, comment les dépister et comment cibler les bons moments pour intervenir en cas de perte de contrôle.
Ce projet a été financé par le Programme Prime-Vert, Sous-volet 2,2, Approche interrégionale.
L’IQDHO, l’Institut québécois du développement de l’horticulture ornementale, est un centre d’expertise unique au Québec. Pour plus de détails sur l’institut voici nos coordonnées :
3230 rue Sicotte, Bureau E-307 Saint-Hyacinthe, QC J2S 2M2 info@iqdho.com www.iqdho.com
Guillaume Sauvageau Ing., M. Sc., conseiller en génie agroenvironnemental, Direction régionale du Centre-du-Québec, ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ)
Le Québec bénéficie généralement d’une abondance en eau, mais il arrive que l’approvisionnement soit limité durant certaines périodes. Le captage d’eau pluviale peut représenter une source d’approvisionnement intéressante en termes de quantité et de qualité, en particulier pour les usages qui ne requièrent pas d’eau potable.
Principaux éléments du système Un système de captage d’eau pluviale est constitué à la base d’une surface de captage (souvent la toiture d’un bâtiment), de gouttières et d’un réservoir. Plusieurs autres éléments peuvent compléter le système, comme une crépine de préfiltration, un dispositif de déviation du premier flux, un approvisionnement complémentaire en eau (aqueduc, puits ou autres), un tuyau de trop-plein, un filtre, un système de traitement, une pompe, un réseau de distribution, etc. (figure 1). Ces éléments
varient selon le contexte et l’utilisation de l’eau, et influencent nécessairement le coût du projet. Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le guide Captage de l’eau pluviale pour des usages agricoles1 qui définit les bases de la conception de tels systèmes.
Le réservoir, qui peut être hors-sol ou enfoui, est souvent la composante la plus coûteuse du système. Il est donc important de le dimensionner adéquatement. Si le système est utilisé en saison froide, il faudra protéger le réservoir contre le gel, mais également toutes composantes à risque de geler. Dans le cas d’un réservoir hors-sol, l’utilisation d’un matériau opaque est préférable pour limiter la croissance des algues.
Il faut généralement prévoir une réserve capable de combler les besoins durant une période d’un à trois mois. Il est toutefois possible de dimensionner plus précisément le volume du réservoir en faisant un bilan mensuel. Pour y arriver, il faut connaître les besoins en eau, le potentiel de captage du système et la synchronisation entre les besoins et l’approvisionnement. Le calculateur EstimEau3 facilite grandement la réalisation de ce type de bilan.
Potentiel de captage d’eau pluviale Le potentiel de captage est la quantité d’eau que la toiture d’un bâtiment peut capter dans une région pour une
20132 ).
période donnée. Ce potentiel varie selon la pluviométrie de la région, la superficie de la toiture du bâtiment et le taux de captage. La superficie correspond à l’emprise au sol de la toiture du bâtiment (figure 2). Le taux de captage est la proportion de pluie réellement récupérée. Généralement compris entre 75 % et 90 %, ce taux est influencé par différents facteurs, dont le matériau de recouvrement et le dispositif de déviation du premier flux. Les matériaux les plus fréquemment utilisés en agriculture sont la tôle d’acier (peinte ou galvanisée) sur les bâtiments et les films plastiques sur les structures de serre. La pluviométrie moyenne annuelle au Québec se situe entre 725 mm et 1144 mm selon la région. Par exemple, s’il tombe 90 mm en un mois, en considérant un taux de captage de 90 %, une toiture de 1000 m² pourrait recueillir 81 m³ (81 000 L) d’eau.
Exemple de calcul : 1000 m² x 90 mm x 1 m/1000 mm x 0,9 = 81 m³
Le captage d’eau pluviale est considéré comme un prélèvement d’eau au sens de la Loi sur la qualité de l’environnement. Lorsque l’eau est captée pour un usage particulier, une autorisation du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) peut être nécessaire si le prélèvement total journalier est égal ou supérieur à 75 m³. Dans le doute, vérifiez auprès de votre direction régionale du MELCCFP.
Qualité de l’eau captée et utilisations possibles
L’eau recueillie n’est pas potable sans traitement, mais la qualité peut être
adéquate pour l’utilisation prévue. La pluie a un pH généralement acide, elle contient peu de minéraux et elle peut être exposée à une contamination microbiologique ou chimique. Des particules, des poussières ou des déjections d’oiseaux peuvent s’accumuler sur la surface de la toiture, ce qui devient une source de contamination. Jusqu’à 80 % de la contamination serait contenue dans le premier 0,75 mm de pluie. Il est donc recommandé de détourner ce volume de pluie à l’aide d’un dispositif de déviation du premier flux.
En agriculture, les usages de l’eau concernent principalement l’irrigation des cultures, l’abreuvement du bétail, les activités de lavage et l’application de produits phytosanitaires. Selon l’utilisation, il peut y avoir certaines contraintes. Par exemple, en production laitière, le Règlement sur les aliments exige que les abreuvoirs, la salle de traite et la laiterie soient alimentés en eau potable. Cette eau doit être conforme aux normes de qualité prescrites par le Règlement sur la qualité de l’eau potable. Il est possible de traiter l’eau pour la rendre potable, mais les coûts d’entretien du système augmenteront, tout comme ceux du projet. Les usages d’eau non potable devraient donc être priorisés en vue de simplifier le projet et de diminuer le risque pour la santé.
Coût
Le coût d’un système de captage d’eau pluviale peut varier selon la complexité et l’envergure du projet. Il faut généralement prévoir entre 600 $ et 1200 $ par mètre cube d’eau stocké pour une utilisation non potable.
1 https://cdn-contenu.quebec.ca/cdn-contenu/adm/min/agriculture-pecheries-alimentation/programmes/prime-vert/volet1/FI_captage-eau-pluviale-usages-agricoles_MAPAQ.pdf
2 https://publications.gc.ca/collections/collection_2014/schl-cmhc/NH15-474-2013-fra.pdf
3 https://estimeau.ca
4 https://www.twdb.texas.gov/publications/brochures/conservation/doc/RainwaterHarvestingManual_3rdedition.pdf
Les eaux usées générées par la production acéricole proviennent du processus de collecte et de traitement de la sève d’érable pour la production de sirop. La majorité de ces eaux est produite pendant la saison de concentration, représentant jusqu’à 84 % du volume total, principalement lors des opérations de nettoyage (rinçage, lavage et assainissement) du concentrateur d’eau d’érable. Une quantité plus faible est générée avant et après la saison en raison de l’entretien de l’évaporateur et d’autres composants (tubes latéraux, collecteurs et réservoirs).
Parmi les différentes opérations de traitement de la sève d’érable, le rejet de certaines eaux usées pourrait présenter un risque élevé de pollution en raison d’un pH hors des limites réglementaires. Il s’agit notamment des eaux contenant des traces de produits chimiques, comme les savons acides et basiques, utilisés pour l’entretien du concentrateur et de l’évaporateur. Lorsqu’une diminution du débit de filtration est observée au cours de la période de concentration, un nettoyage des membranes devient nécessaire. L’utilisation de savons fortement acides ou basiques est alors requise, et ces derniers peuvent se retrouver dans les eaux usées après l’opération. La réglementation la plus récente exige un pH compris entre 6 et 9,5 pour un rejet sans risque de contamination environnementale.
Un projet financé par le ministère de l’Alimentation et des Pêcheries (MAPAQ) se termine actuellement à lnstitut de recherche et de développement en agroenvironnement (IRDA). Une première phase de caractérisation, réalisée chez plusieurs producteurs en conditions d’exploitation, a permis d’obtenir
les sera également disponible sous peu sur le site Internet de l’IRDA.
Lorsqu’on parle de familles en agriculture, le cas de la famille Doré en est certainement un d’exception. Originaire des Hautes-Laurentides, plus précisément de Ferme-Neuve, la famille a marqué l’histoire de l’ITAQ avec la présence de cinq technologues depuis 50 ans. Leur formation acquise à ce même établissement (ITAcampus de Saint-Hyacinthe) leur a ouvert les portes de belles carrières.
Gaétan Doré
Diplômé en 1975 de la formation Horticulture légumière et fruitière (ITAQ), il joint la Régie de l’assurance récolte à SaintHyacinthe et agit en tant qu’agent évaluateur et de responsable des ventes. En 1981, il devient directeur régional, puis occuppe le même poste à Iberville en 1984. De 1992 à 2001, il est gestionnaire responsable des régions Estrie et Beauce à Sherbrooke. Il joint ensuite la Financière agricole à titre de directeur régional pour l’Estrie avant de partir à la retraite en 2009.
Claude Doré
Diplômé en 1976 en Zootechnologie (ITAQ), il travaille à la SCA de Montcalm (1976), à la Régie de l’assurance récolte à Charlemagne (1984) avant de fonder son entreprise Agri Montcalm inc et d’agir en tant que distributeur de semences Pionneer, Prograin, Pedigrain et Semican. En 2012, il œuvre à titre de représentant pour Synagri avant de prendre sa retraite deux ans plus tard.
Gaston Doré
Diplômé du programme Horticulture légumière et fruitière en 1979 (ITAQ), Gaston Doré afffiche une feuille de route impressionnante. De ses débuts à la SCA de Saint-Damase en tant que représentant puis de directeur général à ses fonctions de directeur des communications, de la commercialisation et de la vie associative pour le compte de la Société d’agriculture de Saint-Hyacinthe en 2017, M. Doré aura, entre autres, été directeur général du Groupe Dynaco à La Pocatière (1991), vice-président approvisionnement et logistique chez Exceldor (1998), puis successivement directeur de la division Approvisionnement de la ferme et directeur de la division Détail chez Comax. Il est retraité depuis 2024.
Sylvain Doré
Diplômé en Zootechnologie (ITAQ) en 1984, il occupera plusieurs postes importants au cours de sa carrière, dont ceux de représentant technique pour le Centre agricole coop de Lanaudière (1988), directeur général de la Coopérative Agrodor et fondateur de sa propre entreprise de vente de semences Agri Services SD inc (2002 à 2025).
Lorraine Doré
Diplômée en Génie industriel alimentaire (ITAQ) en 1985, Mme Doré se distinguera dans l’industrie de la transformation alimentaire en occupant, entre autres, les fonctions de technicienne de laboratoire chez Fromage Saputo à Saint-Hyacinthe (1985), de contremaîtresse de production – chocolat chez Confiserie Comète (1985), de technologue de procédés - jus et produits prêt à boire pour le compte des Industries Lassonde (2016) avant d’agir à titre de formatrice chez Fromagerie SaintGuillaume (2017).
Valérie Plante, agente en formation agricole
Les Collectifs en formation agricole offrent toute une panoplie de formations afin d’aider les producteurs à améliorer leurs pratiques et se garder à jour face à tous les changements qui surviennent. Toutefois, elles peuvent être utiles à ceux qui débutent en agriculture puisqu’elles leur permettent de diversifier leurs cultures ou bien de mettre en place un kiosque à la ferme. Dans le contexte économique actuel imposé par les États-Unis et les tarifs mis en place, il devient primordial de renforcer le lien entre les producteurs et les consommateurs.
Dans cette optique, il est important d’encourager les propriétaires de fermes de proximité qui sont principalement de jeunes producteurs et qui pratiquent la vente directe sans aucun intermédiaire entre le producteur et le consommateur. Dans notre catalogue en ligne, ils pourront trouver des formations qui leur permettront de développer leur marché de proximité et leurs techniques en agriculture.
L’ITAQ a offert en ligne deux fois cette année la formation sur la culture du gingembre et du curcuma en climat nordique qui a permis de connaître comment implanter cette culture et les infrastructures nécessaires au Québec. De plus, une séance ayant pour thème le budget et la rentabilité d’une ferme maraîchère diversifiée, qui permet d’optimiser le budget d’opération d’une ferme maraîchère de proximité, a eu lieu à la fin de l’année 2024.
Afin d’outiller davantage les propriétaires de ferme de proximité, la formation « Marketing de terroir »est offerte en ligne en tout temps. Elle aborde les fondements du marketing du terroir, les organismes et leviers de création de valeur, l’approche marketing du terroir et les fondations pour des réflexions futures. Vous pouvez la trouver dans notre catalogue des formations.
Afin d’intéresser les jeunes du secondaire à l’agriculture et les aider à se trouver un premier emploi dans le domaine, le projet « Jeunes à la ferme » rend accessibles gratuitement des formations reliées à certains secteurs agricoles. Pour le moment, ce sont ces cinq thématiques qui sont abordées : jeunes trayeurs, jeunes mécaniciens, jeunes maraîchers, jeunes bergers et jeunes acériculteurs. Si vous êtes intéressé à vous impliquer en
tant que formateur ou bien connaissez des jeunes qui voudraient participer, n’hésitez pas à nous contacter.
Dans un tout autre ordre d’idée, nous apprenions en décembre dernier, par voie de communiqué de la Fondation de la famille agricole, que la famille Allen-Lafond de Saint-Brunode-Guigues au Témiscamingue était proclamée 68e famille agricole. Cette reconnaissance a pour but de souligner les valeurs et la réussite des familles agricoles du Québec et octroie une fois par année le prix de la famille agricole. C’est grâce à l’entraide familiale, leur persévérance et leur altruisme que les Allen-Lafond ont su développer leur ferme, qui était constituée d’un peu moins de 15 vaches avec un quota de cinq kilos/jour, qui est maintenant une grande entreprise constituée de quatre exploitations regroupant un total de 388 kilos/jour.
Voici une véritable démonstration du succès d’une famille agricole!
Pour avoir plus d’information sur l’offre variée en formations agricoles en Montérégie, consultez le catalogue des formations U+ sur le site https://www.upa.qc.ca/producteur/ formations ou Valérie Plante au 450 454-5115 au poste 6286 ou par courriel : vplante@upa.qc.ca.
Guylaine Martin agr.
Répondante en formation agricole
Les employeurs agricoles ont l’obligation de s’assurer qu’il y a un nombre suffisant de secouristes sur le milieu de travail, en tout temps. Pour les petites entreprises (50 travailleurs et moins), ce nombre est de un secouriste, par quart de travail. La formation est offerte plusieurs fois par année. Les exemples peuvent être pris en agriculture pour des groupes agricoles.
La formation permet de donner les premiers secours à la ferme et permet également de maîtriser les techniques de base de la réanimation cardio-respiratoire (RCR). On y apprend aussi à utiliser le défibrillateur. Il s’agit d’une formation complète qui aborde plusieurs problèmes : convulsion, coup de chaleur, difficulté respiratoire, douleur thoracique, hypothermie, réaction allergique, coupure, etc.
La formation est disponible en français et en espagnol. Plusieurs groupes
en espagnol sont en préparation à St-Rémi, Napierville, St-Hyacinthe, St-Jean-sur-Richelieu.
Des groupes en français seront organisés entre décembre et mars. Les producteurs intéressés doivent contacter leur répondante en formation agricole pour signifier leur intérêt. Les formatrices se déplaceront dans des localités centrales.
Un certificat de secourisme, valide pour trois ans, est remis aux participants. La présence au cours est obligatoire. La formation est gratuite selon l’éligibilité des candidats aux subventions de la CNESST, sinon le coût est de 128 $.
Pour connaitre les dates des prochaines formations, consultez le Catalogue des formations à uplus.upa.qc.ca ou contactez Valérie Plante : 450 454-5115, poste 6286, vplante@upa.qc.ca (Montérégie) ou Guylaine Martin, 819 758-6401 poste 2702, gmartin@formationagricole.com (Centre-du-Québec).
Afin de contribuer à la réussite et au rayonnement des jeunes entrepreneurs, La Financière agricole du Québec (FADQ) tient son concours annuel Tournezvous vers l’excellence!, 20e édition. La période d’appel de candidatures étant débutée, celles et ceux qui se distinguent par leurs aptitudes professionnelles et leurs qualités de gestionnaire dans le secteur de l’agriculture sont invités à s’y inscrire dès maintenant.
Les jeunes entrepreneurs agricoles ont jusqu’au mercredi 30 avril 2025 pour soumettre leur candidature auprès de leur centre de services de la FADQ. Dix finalistes seront sélectionnés en fonction de l’excellence de leur profil d’entrepreneur, de leurs réalisations et des qualités de gestionnaire qui les animent. Le formulaire d’inscription et les critères d’admissibilité se trouvent sur la page Web du concours. Le dévoilement du nom des gagnants et des gagnantes aura lieu en novembre prochain dans le cadre de l’édition 2025 du Colloque Gestion du CRAAQ.
Faits saillants
• La personne couronnée grande gagnante recevra une bourse de 7000 $.
• Deux lauréats ou lauréates obtiendront chacun 3500 $.
• Une bourse de 2000 $ sera remise à un ou une finaliste pour ses actions en matière de développement durable.
• Le Fonds d’investissement pour la relève agricole (FIRA) remettra une bourse de 2000 $ à celui ou celle qui se sera démarqué parmi les finalistes pour l’importance de son encadrement ou de son mentorat.
• Les participants et participantes admissibles recevront un chèquecadeau d’une valeur de 150 $ applicable sur les produits, les activités ou les formations du CRAAQ.