Cahier de Création - Automne 2018

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Rédaction et direction du cahier Evangéline Durand-Allizé Mise en page Grégoire Collet Couverture Evangéline Durand-Allizé Artistes présenté·e·s (ordre alphabétique) Joachim Dos Santos Justin Fluenza May Hobeika Louise Hourcade Valentina Leoni Béatrice Malleret Arno Pedram

Arno Pedram

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Louise Hourcade

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Béatrice Malleret

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Justin Nelissen

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May Hobeika

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Joachim Dos Santos

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Valentina Leoni

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à propos

Il existe autant de figures de l’« artiste » que d’artistes eux·elles-mêmes. Pourtant, à chaque époque lui correspond un mythe, une figure, et une panoplie de stéréotypes collant à sa peau. Le mythe contemporain est aisément décelable. Il suffit de nous rappeler toutes les fois ou nous avons rassemblé dans un même sac l’immense variété des individus qui se retrouvent dans la création, par cette simple phrase: « Ah, tu sais, les artistes…»

Dans ce cahier, nous avons voulu donner la voix à sept jeunes artistes amatrices et amateurs, hors du système institutionnel de l’art contemporain. Nous avons posé à chacun·e les cinq même questions, les interrogeant sur leur expérience de création personnelle autant que sur leur conception plus générale de ce qui se cache sous le terme « artiste »..

Leurs réponses, preuves de la multiplicité de leurs intentions et de leurs rapports à l’art, sont à l’image de la variété inépuisable de la créativité.

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Arno Pedram

Arno Pedram

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Interprétation libre

Avec le temps, ma pratique s’est rapprochée de ce qui se passait dans ma vie, et est devenue un compagnon intime lors de mes déambulations dans la fluidité du genre

Ces oeuvres font partie d’un projet appelé « life paths » (chemins de vie) et ont plusieurs origines : ma pratique photographique, mes poésies, mon expérimentation avec les filtres photographiques et mes fusions photos-formes créées digitalement. Tout cela m’a mené à une pratique digitale « pure » (sans photographies) combinée à des phrases illustrant le mouvement des œuvres. Je préfère ne pas dire exactement comment je les ai conçues car j’aime à entendre les interprétations de chacun·e. Si j’expliquais leur logique, les gens auraient moins de place pour les interpréter à leur manière.

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L’art, un compagnon et témoin de mon identité Pourquoi je fais de l’art? Bonne question! J’ai commencé sans trop y réfléchir, en voulant juste faire de belles photos et écrire des mots qui s’enchaînaient joliment. Avec le temps, ma pratique s’est rapprochée de ce qui se passait dans ma vie, et est devenue un compagnon intime lors de mes déambulations dans la fluidité du genre: ma pratique me permettait d’avoir l’apparence (féminine et/ou raciale) que je voulais et d’avoir un témoin dans la solitude qui vient de mon identité « entre deux » raciale (mixte) et de genre (non-binaire fluide). Récemment, elle s’est détachée de ce rôle pour me faire prendre du recul sur le sérieux de mes situations, et cultiver mon humour.

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Se laisser guider par l’instinct Je ne vis pas (encore ?) de mon art, alors je fais ça par cycle. L’inspiration me vient sous forme de chocs ou déclics: dans certaines situations ou moments, je sens qu’il me faut écrire, ou prendre une photo, ou réaliser un dessin. C’est comme si je traduisais un message ou une sensation, je suis instinctivement guidé dans ma pratique. C’est important pour moi, car ce sont des moments où je communique avec moi-même de façon très cryptique et en même temps complètement claire. Ma pratique artistique s’apparente souvent à de l’auto-thérapie, en élucidant ma solitude en me permettant de l’habiter complètement.


Honnêteté dans la création Il existe une infinité d’artistes, et beaucoup d’entre eux·elles tendent à une réalisation et un approfondissement de leurs identités, à la découverte de chacun·e et d’eux·elles. Je ne sais pas s’il y a des vrai·e·s et faux·sses artistes, mais il y a des oeuvres intéressantes, et d’autres ennuyeuses. Les oeuvres qui se trouvent accusées d’appropriation culturelle comme celle de Betty Bonifassi cet été passé, pour moi représentent des oeuvres qui, en plus d’être complètement à côté de la plaque politiquement, insultantes et violentes envers les communautés à qui elles volent, sont aussi des oeuvres qui manquent cruellement d’imagination. Prendre des risques, sortir de ses cadres, de ses idées racistes—qui ont été réalisées et re-réalisées déjà une infinité de fois!—, c’est là que se trouve l’honnêteté, c’est là qu’est l’originalité!

Retrouvez Arno sur Instagram @lamba.velorum

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Louise Hourcade

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J’ai besoin de créer ! Je ne sais pas vraiment pourquoi je fais de l’art, c’est plutôt instinctif et c’est venu naturellement. Un cours de dessin à Londres m’a éveillée au dessin, et c’est progressivement devenu une routine. Le pourquoi me reste inconnu, mais j’aime transmettre des émotions, pour cela je fais aussi du chant et du théâtre. J’en ai besoin, j’en ai envie, c’est une envie dont l’origine est trouble; c’est un enthousiasme, une exubérance à calmer. Ca m’apaise, ça me rassure, ça me rend fière aussi. Il y a un truc qui doit sortir, qui tourbillonne.

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Je m’en tiendrai à cette intuition, un·e vrai·e artiste, c’est une personne qui crée.

Une part grandissante de mon quotidien

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La place que prend l’art dans ma vie a grandi avec le temps. Il y a encore cinq ans, c’était un loisir après l’école; aujourd’hui c’est quotidien, presque un engagement inconscient. Quand je ne crée pas, je ressens de l’inquiétude. Je ne sais pas encore si la créativité est un muscle ou s’il faut la laisser respirer, mais j’ai parfois cette anxiété de la page blanche, du manque d’idée. C’est aussi une attente de reconnaissance, car les regards des autres et leurs encouragements me sont importants. Mais j’essaye de ne pas m’y laisser prendre, et de créer pour moi. De lutter contre l’influence que le succès commercial de tel ou tel dessin peut avoir sur ma créativité. Je crois qu’il faut se laisser vivre, et s’écouter, même lorsque la solitude de la création devient déroutante.


Arrêtons avec les clichés !

Est artiste celui·celle qui crée

Je n’aime pas l’idée de l’artiste-caricature de lui-même, un bohème intellectuel de gauche habitant dans l’est parisien. Cette image m’agace d’autant plus que je ne lui ressemble pas. Si elle s’est formée pour des raisons historiques évidentes, je reste convaincue que n’importe qui peut être artiste, du moment qu’il ou elle en a l’envie, une envie de créer, pour soi ou pour les autres. Mais l’artiste n’a pas de profil attitré, et je peux être libérale et sensible, artiste et rationnelle, dans la lune parfois, les pieds sur Terre souvent. Toutes ces cases que l’on crée pour classifier les gens m’agacent prodigieusement. Elles sont lisses, caricaturales, et si les caractéristiques peuvent se recouper parmi les artistes, la réalité est plus complexe.

Je ne sais pas s’il y a de vrai·e·s et des faux·sses artistes. Déjà faudrait-il savoir exactement ce qu’on désigne par ce terme, car chacun semble l’utiliser comme il ou elle veut. La profession? Le fameux « état d’esprit » ou mode de vie? Ou quelque chose de plus essentiel? Quoiqu’il en soit, je n’ai pas de jugement à avoir sur l’œuvre de quelqu’un·e, ni à lui dénier le statut d’artiste uniquement parce que je n’aime pas ses œuvres. A partir du moment où l’on s’est lancé, la question ne me semble plus légitime, et toutes les réponses me paraissent limitées. Toutefois, je m’en tiendrai à cette intuition: un·e vrai·e artiste, c’est une personne qui crée.

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BĂŠatrice Malleret 12


Questionner le temps L’œuvre que je vous présente ici s’inscrit dans une série de cinq travaux. L’objectif est de questionner la notion de temporalité, celle qui conditionne la réalisation d’un travail plastique, celle présente au sein d’une œuvre même, et celle du spectateur ou de la spectatrice lorsqu’il ou elle interagit avec l’œuvre. Cette œuvre parle de la fragile temporalité des humains côte à côte avec celle de la nature. Le portrait d’une femme âgée, dont le visage porte les marques du temps et les traits s’entrecoupent de figures montagneuses, permet d’établir un parallèle entre les deux. Une nouvelle narration naît de la découpe et du réassemblage des dessins.

L’art me permet de porter un regard différent sur le monde, d’appréhender un aspect caché de la réalité en le rendant visible, audible, d’une manière qui sort de l’ordinaire.

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Voir autrement Je fais de l’art pour plusieurs raisons, mais la plus évidente pour moi, c’est que l’art me permet de porter un regard différent sur le monde, d’appréhender un aspect caché de la réalité en le rendant visible, audible, d’une manière qui sort de l’ordinaire. C’est aussi pour la gratuité fabuleuse du processus de création – l’art ne « sert » à rien, bien qu’il puisse répondre à un besoin économique. Au quotidien, je ne prends pas autant de temps que j’aimerais pour créer, mais j’y pense en permanence, et même lorsqu’un projet n’aboutit pas, j’aime ses premières étapes. De manière générale, l’art – le mien, comme celui des autres – est pour moi une intarissable source d’intérêt.

Artiste au pluriel Je pense qu’il y a autant de manière d’être artiste qu’il y a d’artistes. Mais c’est vrai que l’on cultive le stéréotype de l’artiste décalé·e, un peu en marge de la société, et le mythe selon lequel c’est de là d’où lui vient la possibilité de faire de l’art. Bien que je trouve l’idée séduisante, il me semble qu’elle restreint beaucoup trop la notion d’artiste et n’est pas forcément souhaitable, car elle place les artistes sur un piédestal qui n’est pas nécessaire. Toutefois, il me semble que créer de l’art demande un certain esprit critique, un cheminement de la pensée.

Il me semble que créer de l’art demande un certain esprit critique, un cheminement de la pensée.

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J’estime que si la notion d’artiste est insaisissable, une telle qualification requiert plusieurs étapes, la première étant de se considérer soi-même en tant qu’artiste.

Être artiste, d’abord un choix Je ne pense qu’il y ait de « faux·sses » artistes. La création est avant tout un cheminement très personnel. Il est vrai que dans le monde de l’art actuel comporte certains codes, ne permettant qu’à une poignée d’artistes de percer. Mais bien que spectateurs et spectatrices aient leur mot à dire, la définition d’ « artiste » ne devrait pas se restreindre au carcan académique du monde de l’art. J’estime que si la notion d’artiste est insaisissable, une telle qualification requiert plusieurs étapes, la première étant de se considérer soi-même comme artiste. C’est avant tout un choix personnel. Que j’ai encore du mal à faire…

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JUSTIN

NELISSEN

JUSTIN

NELISSEN

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Créer de la beauté Par mon art, je veux libérer ma créativité et enrichir l’opinion générale que l’on se fait de l’art et de la beauté. J’aime faire de belles choses, simplement, et je pense que mes créations en sont. Car en dernier lieu, mes œuvres doivent toujours leur signification à l’immense plaisir que j’éprouve à les créer. J’aime les vêtements et le style, le mien comme celui des autres, j’aime m’habiller et habiller les autres du regard.

J’aime les vêtements et le style, le mien comme celui des autres, j’aime m’habiller et habiller les autres du regard.

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L’artiste se doit alors de convaincre le monde et lui·elle-même de la nécessité de l’art – car notre monde en a besoin.

Un ingénieur Je fais de l’art car trop peu de gens en font. La plupart des gens ne se sentent pas concerné·es, alors je veux les ouvrir à une nouvelle forme de créativité. L’art, c’est un peu comme la science : de l’expérimentation dans une recherche de vérité. Sauf que nous voyons la science comme nécessaire, vitale, pour notre confort et notre progrès, quand l’art est relégué au second plan, celui du superflu. Je comprends d’où cela vient, mais je ne suis pas d’accord. J’aime me penser comme un ingénieur, amenant du progrès dans les domaines de la mode, la musique et la danse.

Un deuxième travail à plein temps L’art me trotte constamment dans la tête, ce qui est à la fois une chance et une malédiction. Être à fond dans tout ce que je fais exige de moi d’être productif, mais c’est épuisant lorsqu’on a déjà un travail à plein temps… Ce n’est que lorsque je rentre chez moi, après huit heures de travail assis devant un ordinateur, que je peux enfin m’atteler à mes projets ! Car tout mon temps libre est dédié à une activité créative, sans quoi je me sens incomplet. Mon art me prend donc beaucoup de temps, et encore plus de place. Mon appartement déborde de chutes de vêtements et de peinture, mon disque dur regorge de musique et de sons. Je suis venu à Montréal pour pouvoir m’en entourer, et ce vœu n’a pas manqué de se réaliser.

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Rendre l’art nécessaire Toute question concernant le mode de vie ou l’état d’esprit des artistes revient à la définition d’un·e artiste. Il me semble tout le monde est artiste, mais seul·es quelque un·es actualisent cette potentialité. Certain·es ne savent pas que leur production est artistique, d’autre ne sont pas promu·es comme artistes…Dans ma définition, un·e artiste actif·ve est nécessairement dans un état d’esprit particulier. Tout·e artiste doit voir l’art comme nécessaire, quand bien même la société qui l’entoure le relègue au second plan. Un·e artiste se doit de subvenir à ses propres besoin en produisant quelque chose dont personne – en théorie – n’a besoin. C’est ce qui rend la vie d’artiste si dure : quelle que soit son inventivité, son travail et sa créativité, il·elle ne peut s’empêcher de penser : « Mais à quoi bon, finalement ? » L’artiste se doit alors de convaincre le monde et lui·elle-même de la nécessité de l’art – car notre monde en a besoin. Et continuer de travailler. Retrouvez Justin sur Instagram @dromerke

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May Hobeika « Précaire Prospérité » Mes photos sont en général assez spontanées. Sans idée préalable, je tente de figurer ce qui m’entoure et m’attire, c’est-à-dire les personnes que j’aime et qui m’inspirent au quotidien : mes ami·e·s, mon frère, la manière dont je les vois. La série s’intitule « précaire prospérité », un étonnant oxymore qui est pour moi la caractéristique principale de la jeunesse. Tout est incertain, instable, ouvert ; tout est encore à créer, et nous balançons entre grands doutes et élans de vie. Et ces petits moments de grâce, Emma brandissant un oignon, Julie allongée dans l’herbe près de son vélo, Alice et Manon déguisées pour Halloween, voilà des exemples de notre richesse et notre bonheur.

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Sans idée préalable, je tente de figurer ce qui m’entoure et m’attire.


Sortir de mes pensées, entrer dans le monde Je fais surtout de la photo, et un peu de dessin et de peinture, ainsi que des installations quand le contexte s’y prête. Pourquoi ? Je l’ai dit, c’est d’abord pour me situer dans le monde qui m’entoure, représenter ce qui m’attire et que j’aime, exprimer comment je les perçois autrement qu’avec des mots. Je fais de l’art aussi pour ne pas rester enfermée dans mes pensées. J’ai toujours aimé le sport, la danse, le bricolage, la concentration sur quelque chose de très précis et concret ou visuel. Ainsi l’art, de manière thérapeutique, me permet alors d’être pleinement dans le moment présent.

Un art qui retrouve sa place J’ai du mal à évaluer la place de l’art dans mon quotidien. Au lycée, le cours d’art plastique était mon échappatoire vis-à-vis des mes relations familiales conflictuelles, ma pratique artistique embellissait mon quotidien. Ensuite, je suis entrée à l’université McGill, en environnement. Le rythme des études, mes relations sociales, m’ont un peu éloignées de ma pratique. Je n’avais plus, ou je ne prenais plus vraiment le temps, ce qui était une source de frustration. Mais aujourd’hui, je ne peux ignorer l’importance que l’art a pour moi.

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J’ai toujours aimé le sport, la danse, le bricolage, la concentration sur quelque chose de très précis et concret ou visuel. Ainsi l’art, de manière thérapeutique, me permet alors d’être pleinement dans le moment présent.

Observer, écouter, exprimer Je pense qu'être artiste implique un équilibre entre action et réflexion. Etre observateur·rice, être présent·e, ouvert·e à toutes les sensations et sentiments, faire des expériences, pas seulement artistiques, mais aussi avoir des moments de retraits, ou l’on remet en perspective ce que l’on a observé, et avoir une pratique régulière. Je pense qu’il faut aimer être seul·e, à l'écoute de son intériorité. Il faut savoir expérimenter, sans peur de ne pas être compris·e, afin d’exprimer ce qu’il est impossible de dire avec des mots.

Retrouvez May sur flickr mayhobeika

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JOACHIM

DOS SANTOS


Mon univers Les œuvres que je vous présente ici revêtent plusieurs significations. La plus importante, c’est que chaque dessin ou peinture reflète l’univers dans lequel j’ai grandi : ma mère est peintre et fait beaucoup de portraits de femmes africaines. Mes propres créations rebondissent alors sur sa vision de la peinture, sur sa manière à elle de créer. Le thème des masques est récurrent, car il me permet d’inventer sans limite, tout en me rappelant toujours à mon univers.

Le thème des masques est récurrent, car il me permet d’inventer sans limite, tout en me rappelant toujours à mon univers.

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L’art : une thérapie

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L’art occupe une grande place dans mon quotidien. C’est simple, je « passe ma vie » à en faire. C’est extrêmement thérapeutique pour moi, car cela me permet non seulement de libérer mon imagination, de me libérer moi-même, mais aussi de m’apaiser, de calmer mes angoisses.


Pour créer, il faut s’accepter Je ne pense pas qu’être artiste implique un mode de vie. Chacun·e vit comme il ou elle veut, et vit son art de la même manière. Quant à l’état d’esprit, c’est différent. Il me semble que la création requiert une certaine libération, une acceptation de soi-même, et une acceptation de se représenter dans l’intégralité de sa création, quelle que soit sa forme.

Refléter l’artiste Je ne pense pas qu’il y ait de vrai·e·s et faux·sses artistes. Il y a simplement des artistes différents. L’art a cela de génial qu’il nous permet une liberté complète dans la création, et toute création a quelque chose qui peut être apprécié. Car chacune reflète son créateur ou sa créatrice, et que l’on aime ou pas, sa singularité lui donne de la valeur.

Il me semble que la création requiert une certaine libération, une acceptation de soimême, et une acceptation de se représenter dans l’intégralité de sa création, quelle que soit sa forme.

Retrouvez Joachim sur Instagram @joachimdossantosart

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Valentina Leoni 28

AFLOAT


Valentina Leoni De l’importance de la couleur Ces quatre œuvres sont issues de deux séries différentes. ‘’AFLOAT’’ et ‘’MADness’’ sont deux œuvres dans lesquelles j’ai essayé de donner un rôle majeur à la couleur, de l’élever au même niveau que le sujet de l’oeuvre. J’ai été fortement inspirée par le travail de Viviane Sassen, une photographe. Les deux autres œuvres ‘’BLOOM’’ et ‘’POMPELMO’’ font partie d’une série que j’ai nommé SURVIE. Il s’agit de parler du monde des ‘’sens’’ qui nous entourent et que nous sommes. MADness

Créer, une nécessité Je fais de l’art tout d’abord parce que c’est une nécessité, et je ne peux pas imaginer ma vie sans en faire. J’ai toujours eu une imagination assez débordante et je ressens un besoin presque vital de m’exprimer sur papier. Je fais aussi de l’art parce que j’aime partager les sujets qui me tiennent à cœur, en les rendants visuellement sensibles. L’art est un moyen puissant et essentiel de partager des idées. Dans l’absolu, je dirais que je fais de l’art dans le but d’un jour toucher les gens, et faire ressortir une part de sensibilité qu’ils ont en eux, afin leur faire accepter leur vulnérabilité. 29


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BLOOM


Je suis dans une école d’art et design, en section illustration/ animation depuis un an, et j’ai fait une année de prépa d’art l’année dernière. J’y dédie complètement mes journées et mon temps, en faisant de l’art entre six et dix heures par jours pendant l’année. Pendant mon temps libre, cela varie énormément. Je peux y passer mes journées comme je peux y consacrer seulement deux heures, ou simplement ne pas toucher de crayon – même si ça reste rare. Si je me suis obligée à y consacrer autant de temps, c’est que j’espère pouvoir en vivre un jour et y dédier toute ma vie. Mais cela implique une énorme quantité de travail, bien que les gens ne s’en rendent pas toujours compte. Être artiste... Je pense qu’il y a énormément de clichés, certains vrais et d’autres faux, sur la « vie d’artiste ». Je dirais qu’aujourd’hui, une vie d’artiste peut prendre des formes très différentes. Mais avant tout, être artiste, c’est déjà y consacrer beaucoup d’énergie et s’y intéresser pleinement. Je pense qu’il est évident que la vie d’artiste implique un état d’esprit « flexible », beaucoup de patience, et une grande volonté pour continuer sans lâcher prise, en travaillant constamment. Du moins si on veut pouvoir en vivre. Je pense qu’une majorité de personnes ont une part de sensibilité artistique et une capacité à être elles-mêmes artistes. Bien sûr, certaines conceptions de l’art me semblent discutables, comme celles qui transforment l’art en business de masse - type Jeff Koons. Mais ce n’est pas tout à fait le même sujet...

POMPELMO

Je pense qu’une majorité de personnes ont une part de sensibilité artistique et une capacité à être elles-mêmes artistes.

Retrouvez Valentina sur Instagram @notvalentinaleoni

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Retrouvez les crĂŠations sur le site du DĂŠlit www.delitfrancais.com


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