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délit | 14 février 2006 02 xle www.delitfrancais.com

Nouvelles

Du sucre équitable dans votre café équitable?

Équiterre explique comment joindre le geste à la parole et vraiment aider l’environnement. local Benoît Auclair Le Délit

C

e vendredi 10 février, l’organisme Équiterre présentait son Guide d’action pour un commerce équitable à l’occasion de la deuxième exposition PédagogieEnvironnement au collège Rosemont. De nouveaux produits équitables Au Québec, depuis 1996, qui dit «commerce équitable» dit «café». Mais ce ne sera peut-être plus le cas bientôt. En effet, TransFair Canada, l’organisme responsable de la certification équitable, prévoit ajouter d’autres produits à sa liste: artisanat, thé, banane, sucre, coton, etc. Murielle Vrins, agente d’information et de logistique pour Équiterre, explique cependant que le Canada n’est pas un chef de file en la matière. Elle associe la lenteur du processus au risque que cela représente pour le distributeur, qui doit acheter équitable sans savoir si le produit se

vendra facilement. Guide d’action Le commerce équitable se veut tout d’abord un contrepoids aux abus du système capitaliste, mais aussi une reconnaissance de l’existence des petits producteurs des pays en voie de développement devant l’expansion incessante des multinationales. Le commerce équitable procède à «la rupture des intermédiaires afin d’offrir un produit à un coût rarement beaucoup plus élevé que les autres», souligne Mme Vrins. C’est pour éduquer les consommateurs équitables que l’organisme prépare un guide d’action, qui sera prêt en début mars: «Notre guide d’action est un «comment agir et comment faire?» en tant que consommateur ou distributeur, au Québec comme à l’étranger». Ainsi, le guide et le site web créés par Équiterre offrent un moteur de recherche par région pour les distributeurs de produits équitables, des trucs pour les habitudes de consommation à la maison ou en voyage, des moyens de se lancer en affaire en promouvant le commerce équitable, de revendiquer de la nourriture équitable dans votre cafétéria, etc. Il s’agit toujours de viser le développement durable. Cégeps et vie d’adulte Pourquoi centrer

ses

énergies

à

5 à 7 d’Équiterre pour promouvoir le guide d’action de l’organisme. Benoît Auclair

promouvoir la cause du commerce équitable dans les cégeps? Mme Vrins n’a qu’une réponse: elle vante le «dévouement et l’énergie débordante» qui anime les collégiens. «Dans les collèges, ça fourmille de comités divers et d’une volonté de faire sa part. C’est aussi un moment dans une vie où une personne commence à faire ses propres choix de vie et à prendre conscience des répercussions à petite ou grande échelle» de ses gestes. Elle explique qu’Équiterre vise à éduquer la prochaine génération dans un

avenir de consommation nécessaire et non exagérée, si possible, mais à tout le moins éthique. «Notre présence ici ce soir est une reconnaissance des jeunes qui participent par cette exposition à faire valoir leur souci pour l’environnement et leur conscientisation. Nous tenons à valoriser ces gestes de sorte qu’ils se reproduisent.» x Pour en savoir plus sur le guide ou sur l’organisme Équiterre, visitez www.equiterre.qc.ca.

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Le Délit est toujours à la recherche de collaborateurs. Passez nous voir en réunion les mardis dès 16h30. Ou envoyeznous un courriel. Nos coordonnées sont à droite.


Éditorial

xle délit | 14 février 2006 www.delitfrancais.com

Fausse représentation

LE SEUL JOURNAL FRANCOPHONE DE L’UNIVERSITÉ MCGILL RÉDACTION 3480 rue McTavish, bureau B•24 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 (514) 398-6784 Télécopieur : +1 (514) 398-8318 redaction@delitfrancais.com

L’affaire David Emerson: votez pour le rouge, choisissez le bleu. national Jean-Philippe Dallaire Le Délit Il y en a qui contestent Qui revendiquent et qui protestent Moi je ne fais qu’un seul geste Je retourne ma veste, Toujours du bon côté. - Jacques Dutronc

O

n peut parfois ressentir un certain plaisir à voir ceux qui ont tiré profit d’une manœuvre douteuse se faire refaire le coup par leurs adversaires. Bien fait pour eux, se dit-on. Mais il aurait peut-être été bien mieux que rien de tout cela n’arrive. Et c’est un peu ce qu’inspire la dernière année politique et sa saga de transfuges.

Bleus ou rouges? Au printemps dernier, la conservatrice Belinda Stronach a traversé la Chambre des communes: en joignant les rangs du Parti libéral à la veille d’un vote de confiance, elle recevait un ministère. Geste teinté d’un certain opportunisme? Elle a pourtant été réélue, moins d’un an après les faits, en dépit du recul important de son parti à l’échelle nationale. Peut-être son geste reflétait-il finalement les véritables souhaits de ses électeurs. On pourrait dire la même chose de Lucien Bouchard, un transfuge dont la défection avait causé beaucoup d’émoi. Comme sa réélection et le nombre important de sièges remportés par le Bloc québécois en 1993 le démontrent, M. Bouchard avait probablement raison de faire le pari que ses électeurs soutenaient son geste. C’est une excuse que ne possède vraisemblablement pas le plus récent des transfuges, le nouveau ministre du Commerce international David Emerson. Élu sous la bannière libérale dans la circonscription de Vancouver-Kingsway le 23 janvier dernier, celui-ci a contre toute

attente été rejoindre le Parti conservateur pour être nommé au conseil des ministres le 6 février. Deux semaines, jour pour jour, après les élections! Le candidat conservateur dans la circonscription de M. Emerson n’a remporté que dix-huit p. cent des voix exprimées. Difficile, pour le nouvel élu, de se fonder sur un changement de circonstances majeur afin de justifier un revirement significatif dans les appuis dont il dispose. Au contraire, des centaines d’électeurs ont plutôt manifesté samedi dernier à Vancouver afin de réclamer la démission de David Emerson. Ce dernier, qui a admis qu’il ne s’attendait pas à ce que sa décision soulève un tel tollé, refuse de se soumettre au test d’une élection partielle. Tout comme son nouveau chef, il invoque son désir de défendre les intérêts de Vancouver et de la Colombie-Britannique au sein du conseil des ministres pour justifier son changement de cap. Stephen Harper a de plus indiqué que M. Emerson était hautement qualifié pour le poste à combler. Problème éthique Toute cette histoire pose évidemment plusieurs problèmes du point de vue de la

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Portes ouvertes à CKUT

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Les caricatures de Mahomet: la suite

démocratie. Si retourner sa veste est un geste qui n’est plus aussi rare qu’avant en politique –M. Emerson est le vingt-huitième à le poser en huit ans–, reste cependant que le seul fait que les règles le permettent ne rend pas l’exercice glorieux pour autant. Dans un parlement où la ligne de parti joue un rôle très fort, les électeurs sont tentés de voter beaucoup plus pour le parti que pour l’individu. Les médias s’intéressent aux valeurs et propositions des partis avant de s’intéresser à celles de leurs candidats. Et on s’attend rarement à ce que, une semaine après le vote, un candidat fraîchement élu rejoigne un parti adverse, encore moins au poste de ministre… Au cours des dernières élections, le Parti conservateur s’est engagé à rétablir l’imputabilité à Ottawa et a promis aux Canadiens une loi sur le sujet. Peu importe les règles, la défection de M. Emerson nous démontre qu’elles peuvent être respectées d’une façon qui pose tout de même problème au niveau de l’éthique. Espérons que la réforme promise ne portera pas seulement sur la forme, ce que la dernière semaine pourrait nousde craindre. x

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Kieffer au Musée d’art Voix d’Amérique contemporain

Si vous avez participé au journal, vous êtes invités au Délit party ce vendredi. Écrivez-nous pour les détails.

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Rédacteur en chef david.drouinle@delitfrancais.com David Drouin-Lê Chefs de pupitre–nouvelles nouvelles@delitfrancais.com Laurence Bich-Carrière Jean-Philippe Dallaire Chef de pupitre–arts&culture artsculture@delitfrancais.com Agnès Beaudry Rédacteurs-reporters Maysa Pharès Marc-André Séguin Coordonateur de la production production@delitfrancais.com Alexandre de Lorimier Coordonateur de la photographie Mathieu Ménard Coordonateur de la correction Pierre-Olivier Brodeur Chef-illustrateur Pierre Mégarbane Collaboration Benoît Auclair, Émilie Beauchamp, Christopher Campbell-Duruflé, Arnaud Decroix, Lucille Hagège, Hilary Johnson, Flora Lê, Laurence Martin, Anne-Laure Morin, David Pufahl, Samuel Saint-Pierre Thériault Couverture Mathieu Ménard BUREAU PUBLICITAIRE 3480 rue McTavish, bureau B•26 Montréal (Québec) H3A 1X9 Téléphone : +1 (514) 398-6790 Télécopieur : +1 (514) 398-8318 daily@ssmu.mcgill.ca Publicité et direction générale Boris Shedov Gérance Pierre Bouillon Photocomposition Nathalie Fortune The McGill Daily • www.mcgilldaily.com coordinating@mcgilldaily.com Joshua Ginsberg Conseil d’administration de la Société de publication du Daily (SPD) David Drouin-Lê, Joshua Ginsberg, Rebecca Haber, Rishi Hargovan, Mimi Luse, Rachel Marcuse, Joël Thibert, Jefferey Wachsmuth L’usage du masculin dans les pages du Délit vise à alléger le texte et ne se veut nullement discriminatoire. Le Délit (ISSN 1192-4609) est publié la plupart des mardis par la Société de publication du Daily (SPD). Il encourage la reproduction de ses articles originaux à condition d’en mentionner la source (sauf dans le cas d’articles et d’illustrations dont les droits avant été auparavent réservés, incluant les articles de la CUP). Les opinions exprimées dans ces pages ne reflètent pas nécessairement celles de l’Université McGill. L’équipe du Délit n’endosse pas nécessairement les produits dont la publicité paraît dans ce journal. Le Délit est membre fondateur de la Canadian University Press (CUP), du Carrefour international de la presse universitaire francophone (CIPUF) et de la Presse universitaire indépendante du Québec (PUIQ). Imprimé sur du papier recyclé par Imprimeries Quebecor, Saint-Jean-sur-leRichelieu (Québec).

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délit | 14 février 2006 04 xle www.delitfrancais.com

Controverses Plus haut, Bizarre, plus vite, bizarroïde et plus vain compagnie

sans commentaire

L

e Sport à la noble majuscule, le rêve altius-citius-fortius de Pierre de Coubertin, est à nos portes. Que ceux qui utilisent le cahier des sports exclusivement comme litière à chat persan n’ouvrent pas la télévision au bulletin de dix heures, il est plein de sport, de muscles tendus et déchirés, d’effort physique et de sueur. «Ouais, mais le sport olympique, ce n’est pas n’importe quoi, c’est la saine camaraderie, la paix par l’effort dans le physique et le mental, ce sont des espoirs désintéressés, des vrais athlètes et non des millionnaires surpayés chiquant comme des lamas, des tueurs patinant sur la bottine et autres gros goons désaxés du profil.» C’est vrai. Selon toutes probabilités, il y aura les «oh» et les «ah» des triples axels et des salchows double boucle piqué (long comme une compétence transversale), les vieilles controverses sur les nouvelles méthodes de pointage, l’humour fin de l’équipe de bobsleigh jamaïcaine, les questions philosophiques sur les victoires de notre équipe de hockey féminin (ou des déboires de l’équipe italienne, au choix): «16 à 0, est-ce qu’il y a un moment où tu devrais juste arrêter de compter des buts pour ne pas humilier ton adversaire?» Sauf que pour l’instant, du sport, on en a plus vu dans les annonces de Gatorade que dans les nouvelles de la fin de semaine. «Ben là, tu exagères, y’a pas eu de politique pendant au moins les quinze premières minutes des nouvelles, «Turin» et «sport» s’étalent sur toutes les unes depuis vendredi!» Accordé, j’exagère. Mais si peu. Car entre les blessures de Michelle Kwan et l’indignation autour de «l’affaire Gretzky», les chutes et les coups de coude, on est passé un peu vite sur la médaille d’or de Jennifer Heil. Et déjà on est passé à deux-trois histoires de dopage –mais rien de sympathique et d’idiot comme le p’tit joint de Ross Rebagliati à Nagano, plutôt ces lassants mensonges d’enfants pris la main dans le sac, dans le genre «l’EPO, c’est pour mon oncle, mon chien ou mon tricératops» ou «voyez-vous, j’écris un roman» (authentique!). En fait, en dehors des pages sportives, on n’a pas beaucoup parlé des athlètes, de leur travail et de leurs performances. Comme d’habitude, quoi. Ce qui se retrouve en une, ce sont les statues déboulonnées. Sérieusement, pensez-y. À quoi avons-nous eu droit après la cérémonie d’ouverture où les Arts se sont inclinés à la gloire du Sport –et on conviendra que c’est tout un effort quand on s’appelle Pavarotti–, où la mécanique automobile s’est faite vrombir en l’honneur de la mécanique humaine et où la beauté pour photoobjectif a salué le ciselé athlétique (je tiens à préciser que le glaçage de sequins de Carla Bruni, aussi spatial mais plus moulant que les combinaisons d’astronautes de la délégation canadienne, c’était pas fameux)? À quoi, je vous le demande? À un pseudo-scandale médico-capillaire sur José Théodore. Je résume pour ceux qui auraient été sur une autre planète, peut-être envolés sur la lune de la cérémonie d’ouverture ou en train de discuter de sécession du Québec avec Marc Garneau. Lors des épreuves de sélection pour l’équipe olympique canadienne de hockey –à laquelle il a été recalé pour avoir joué à l’écumoire autant qu’avec le Tricolore–, Théo a subi un test anti-dopage. Qu’il a échoué. «Vilain dopé!», sont immédiatement montés aux barricades ceux qui n’ont pas peur de finir dans le fond du fleuve chaussés de confortables pantoufles de béton (que le lecteur pardonne cette petite blague éculée) –les mêmes qui du bout des lèvres susurrent que Théo peut bien consommer, ou consumer, sa jeunesse, comme Boisclair, si ça lui chante. Passons sur ces médisances de fans déçus, la farce n’est pas terminée. Car ce qu’on a retrouvé dans l’organisme du gardien de but, est un produit qui sert soit à masquer la nandrolone, stéroïde anabolisant «classique», soit à freiner la perte des cheveux. Ciel! Plus croustillant que Brad et Angelina, plus terrifiant que douze matchs de curling d’affilée, plus intense qu’un Letton en luge! Le spectre du crâne luisant comme la patinoire! Et nous qui croyions béatement que la tuque à pompon, c’était pour le look. Vanité, tout n’est que vanité! x

Laurence Bich-Carrière

Plus populaire que Jésus. Plus de 2000 ans après sa disparition, le Christ se serait rendu à Rome, demeure du Saint-Siège. C’est en effet ce qu’a affirmé le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi lors de l’inauguration officielle de sa campagne aux élections législatives. L’homme s’est ainsi exclamé devant la foule: «Je suis le Jésus-Christ de la politique, une victime patiente qui supporte tout, qui se sacrifie pour tous». Ce à quoi un responsable du parti des Démocrates de gauche a répondu: «Selon des sources qui ont réclamé l’anonymat, le papa de Jésus n’a pas apprécié la comparaison avec son fils». Un responsable du parti Margharita comparait quant à lui cette affaire à celle des caricatures de Mahomet. Malgré cette déclaration et même s’il traîne de l’arrière dans les sondages, le chef du gouvernement a indiqué qu’un institut américain non identifié lui prédisait une victoire assurée. La secrétaire du petit parti Udeur n’est cependant pas de son avis: d’après ses «amis sondeurs en Papouasie», le centre-gauche aurait vingt points d’avance sur le parti gouvernemental. Qu’attend-t-on vraiment pour avoir notre propre parlement à l’italienne? (AFP/Yahoo! France) Des criminels en pleine ascension. Certains biens sont utiles là où ils se trouvent, mais deviennent rapidement plus encombrants lorsqu’on les déplace. C’est ce que des voleurs ont rapidement compris après le cambriolage d’un entrepôt du magasin de plein-air Outdoor Inc. à Memphis, au Tennessee. Les criminels, sans doute pris d’une ambition sans bornes, ont en effet dérobé un mur d’escalade de 2 700 kg et mesurant plus de 7 mètres de hauteur. La structure, laissée à l’abandon sur un terrain vacant près de l’aéroport de la ville, a rapidement été retrouvée. Côté subtilité, on a décidemment déjà fait mieux. (AP/CNEWS) Bulle immobilière. D’accord, les taxes des banlieusards de la région montréalaise augmenteront de façon importante l’an prochain. Mais pourquoi se plaindre quand il y a pire? Le propriétaire d’une résidence de Valparaiso, Indiana évaluée à 121 900$ US a en effet reçu par la poste un compte de taxes municipales de plus de 8M$. La raison? Un léger accident informatique avait altéré la valeur répertoriée pour la maison, son évaluation municipale passant ainsi à 400M$ US. L’incident n’aurait qu’eu les allures d’une farce, si ça n’avait été du fait que les prévisions budgétaires de la municipalité et de la commission scolaire ont tenu compte de cette source de revenus plutôt fictive, ce qui entraînera quelques mises à pied dans ces services. (AP/CNEWS) Quand c’est l’État qui vous entretient... Le parlement estonien vient de passer une loi qui accorde de nombreux privilèges à l’époux ou à l’épouse de celui ou celle qui accèdera à la présidence du pays. Secrétaire personnel, chauffeur et gardes de sécurité comptent parmi les mesures, mais la nouveauté qui choque, c’est l’octroi d’un salaire mensuel de 17 000 couronnes (environ 1 500 dollars canadiens), soit environ un trentième du salaire présidentiel. À cela s’ajoutera une pension à la fin du mandat présidentiel. «Il s’agit d’une mesure destinée à compenser l’engagement des épouses et époux envers leur épouse ou époux envers le pays». Ça devient lourd. (Fark.ru)

En trois vitesses En hausse Jennifer Heil La première médaille d’or canadienne des Jeux olympiques de Turin a été remportée par la skieuse Jennifer Heil. Albertaine d’origine, elle s’est beaucoup entraînée dans la région de Montréal puisqu’elle étudiait à McGill. Sa médaille dans l’épreuve des bosses lui donne de bonnes chances pour l’épreuve de ski acrobatique. (Canoë/RDS)

Au neutre René Préval On croyait qu’il remporterait les élections au premier tour, les sondages lui donnaient 60 p. cent d’appui. Or, après plusieurs jours de dépouillement, René Préval, candidat à la présidence haïtienne et proche de l’ex-président en exil Jean-Bertrand Aristide, vient de passer sous la barre des 50 p. cent. Bon, il mène quand même et on ne donne pas cher de son adversaire au second tour quand on sait que son plus proche rival, l’ancien président Leslie Manigat, obtient 11,8 p. cent des votes. Mais si la tendance se maintient, ce deuxime tour aura tout de même lieu. (AFP/ SRC)

En baisse Dick Cheney De mieux en mieux. Durant une partie de chasse à la pintade dans le Sud du Texas, le viceprésident des États-Unis a accidentellement tiré sur son compagnon, l’avocat millionnaire Harry Whittington, 78 ans. Aussi fort qu’il puisse essayer, Le Délit voit mal comment on peut confondre un avocat et un volatile. Quoi qu’il en soit, y’a une volée de plomb qui s’est perdue et y’a très certainement des faiseurs d’image qui ne doivent plus avoir de cheveux à s’arracher. (CNN/AP)

La citation de la semaine

«L

e président Washington, le président Lincoln, le président Wilson et le président Roosevelt ont tous autorisé la surveillance électronique à une bien plus grande échelle.» C’est du moins ce qu’a affirmé le Procureur général des États-Unis, Alberto Gonzalez, devant le Congrès américain lundi dernier, sur la question de la surveillance et de l’écoute électroniques. Passe encore sur la question de la «bien plus grande échelle», mais comment pouvez-vous croire quelqu’un qui vous dit que George Washington mettait sous écoute vos téléphones cellulaires en 1780? Celui qui interceptait les signaux de fumée a dû être bien content de l’arrivée du télégraphe cinquante ans plus tard!


Controverses

xle délit | 14 février 2006 www.delitfrancais.com

Le courrier du lecteur revient... Le dessin danois

Rédaction, Au Québec, une des caricatures danoises a été reproduite sur la page éditoriale du journal Le Devoir, jeudi ou mercredi de la semaine dernière. C’était un petit dessin inoffensif, on peut dire cute du Prophète, pas du tout comme celui avec une bombe comme chapeau, que je trouvais très offensif. Moi, je pense que Kamikaze Jésus serait un bon ami pour aller boire quelque chose au bar —j’ai entendu qu’il est un «riot»! — Daniel Simeone

Le retour de SuperSpaceSamuraï Yo!! Encore moi le doux baboou! Yest tellement trop hot le dessin de jesus mais ptet que vous allés avoir des menaces de mort vous aussi!!!! mcgill brule plus de cours hehe..... pis le shtroumf sur lhero aussi ctait intense!! Ou vous cherchez ses idees—la?! sinon jai oublier decrire la semaine passee pour dire que le reportage du fsm etait full interessant j’ai appris plein de choses (chavez encule w bush big time)

Scusez pour les fautes c lentousiasme qui lemporte je trouve que le delit vaut vraiment la peine comme journal etudiant de lire! — SuperSpaceSamuraï

Monsieur Samuraï, On vous aime bien. Mais, de grâce, dude, prenez le temps d’écrire décemment. Vous n’êtes pas sur MSN! — La Rédaction

Un lecteur fâché, mais rigolo Voici le troisième mail que je vous écris et je n’ai toujours pas reçu une seule réponse, que je vous contacte depuis hotmail ou McGill mail. Comment doit—on faire pour vous contacter? Un service de presse que l’on ne peut pas joindre ne mérite même pas son nom! Existe—il un Délit sérieux qui répond à ses lecteurs et à leurs propositions d’articles, ou doit—on écrire en anglais aux journaux anglophones pour obtenir une réponse? Voici le dernier mail que je vous envoie, sans réponse de votre part je considérerai que la presse francophone est inexistante à

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McGill.

— Albert de Ménonville Monsieur, Nous prenons note de vos commentaires. Malgré notre réponse, nous vous invitons à considérer que nous n’existons pas. Nous ne voudrions quand même pas que vous insultiez une personne ou un organisme en notre nom en réalisant un reportage. Nous sommes ouverts à recevoir toute insulte lors de notre réunion hebdomadaire du mardi, 16h30, une plage de disponibilité annoncée dans le journal que plusieurs ont pris l’habitude d’utiliser afin de nous contacter. Les lundis après—midi et en soirée, nous sommes à notre local afin de produire le journal. Nous sommes de plus dotés d’un numéro de téléphone, soit le (514) 398—6784. Vous pourrez ainsi vous assurer que vos commentaires nous parviennent et ne se perdent pas à travers les dizaines de courriels qu’un service de presse comme le nôtre reçoit chaque jour dans plusieurs boîtes, comme cela arrive malheureusement parfois dans toute organisation bénévole. En passant, notez qu’un membre de notre équipe a répondu à vos précédents courriels. On vous aime quand même, cher lecteur, mais avouez que votre ton n’invite pas à la courtoisie... — La Rédaction

Le Délit prévoit déjà la prochaine année. Tous ceux qui voudraient faire partie de l’équipe devraient participer dès maintenant. Contactez-nous par courriel à redaction@ delitfrancais. com ou passez à notre réunion.


délit | 14 février 2006 06 xle www.delitfrancais.com

Nouvelles

CKUT et le GRIP-Q vous attendent Portes ouvertes du 3647 University: portrait des locataires. campus Christopher Campbell-Duruflé Le Délit

U

n pied sur le campus, un pied dans la communauté. Telle est la position des deux organismes étudiants qui tenaient leur soirée portes ouvertes jeudi dernier. Portrait d’un immeuble entier loué par des organismes étudiants de McGill, où règnent la bonne humeur, la détermination, la débrouillardise et l’engagement. Et les portes sont toujours ouvertes! Dans les coulisses de CKUT RadioMcGill. La visite commence par le sous-sol de l’édifice, où est situé le micro accrédité par la CRTC du 90,3 FM. Sa plage horaire, continue il va sans dire, est divisée entre des émissions

touchant la vie étudiante mcgilloise et d’autres, plutôt axées sur la vie culturelle et communautaire. Mais la ligne est floue entre les deux types d’émission, explique Michael Zackon, étudiant et président du CA de la radio, puisqu’«une grande portion de nos animateurs et employés sont des anciens ou reliés indirectement à McGill». Ainsi tous les genres se côtoient, nouvelles francophones et anglophones, techno et reggae, émissions de nouvelles culturelles ou tables rondes étudiantes. Évidemment, bureaux, matériel et formateurs prêts à vous permettre de vous lancer en reportage, montage ou mixage sont disponibles. Rachel Doran, responsable du financement, a aussi emmené Le Délit dans les coulisses de la radio. Chaque troisième jeudi du mois, les volontaires y sont attendus et pourront devenir membres de la radio et y trouver leur compte. De la technique à la programmation, près de 300 volontaires découvrent cet univers tout en étudiant. Mais cela passera-t-il le cap? Mais la question sur toutes les lèvres était plutôt: tout ceci va-t-il disparaître? En effet, le soir même, le conseil exécutif

de l’AÉUM devait adopter une seconde question référendaire sur le financement de CKUT par les cotisations étudiantes. Procédure de routine ou danger sérieux? Pour Michael Zackon, «il s’agit plutôt de confirmer l’intérêt des étudiants pour la radio, ce qui est normal». L’Université semble craindre que la radio ne perde son ancrage sur le campus. «[C]’est un exercice qui nous oblige à redéfinir notre image de manière intéressante», explique-t-il. C’est que les quatre dollars par session par étudiant provenant de l’AÉUM résultent d’un accord tripartite entre l’Université, l’Association étudiante et la radio. Or, depuis 2001, aucun consensus ne s’était établi entre l’Université et la radio quant à la date du prochain référendum sur la durée des accords de cotisation. Cinq ans plus tard, la position des membres de CKUT est claire: obtenir l’aval des étudiants et obtenir avec l’Université un accord pour faire voter les étudiants chaque cinq ans. À surveiller donc, du 12 au 15 mars, le référendum sur les deux questions qui permettront à CKUT de continuer à recevoir son financement de l’AÉUM, une part considérable de son budget. Les questions

Semaine de prévention du suicide au Québec L’AQPS veut lever le voile sur le tabou du suicide et en faire l’affaire de tous. national Anne-Laure Morin Le Délit

L

e suicide est un phénomène qui affecte différemment chaque individu. Sans forcément le savoir, tous ont au moins un ami, un parent, un collègue ou encore un professeur qui a déjà songé au suicide. Peut-être a-t-on déjà soi-même considéré cette «option». C’est un état d’âme qui peut toucher n’importe qui, et il est parfois difficilement discerné. Les messages de l’AQPS C’est là un des messages principaux que l’Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) tente de communiquer à la communauté. Depuis sa création le 3 mai 1987, l’AQPS lutte contre le silence et les mythes entourant la problématique du suicide. C’est du 5 au 11 février que se tenait la 16e édition de la semaine de prévention du suicide. Plusieurs artistes l’ont appuyée: Lynda Lemay, les Cowboys fringants, la Volée d’castors et le Dr Marquis Fortin. Durant cette campagne de sensibilisation, les annonces radio et télévisées produites pour la campagne rappelaient que le suicide ne touche pas toujours ceux qu’on croit. Elles visaient à éduquer la population quant aux services disponibles pour les personnes en détresse et celles qui se sentent alertées par des changements de comportement de la part de leurs proches. Il n’est pas étonnant qu’on puisse compter au

Québec un peu plus d’une quarantaine d’organismes de prévention du suicide. Si Montréal a connu un des taux les plus bas de suicide au Québec avec un taux annuel moyen de 14,8 décès pour 100 000 personnes de 1994 à 1998 (en Abitibi-Témiscamingue, c’est presque le double, avec 28,2 pour 100 000 personnes), ces chiffres sont significativement élevés comparés aux autres grandes villes canadiennes. Par exemple, le taux de suicide à Toronto était de 8,3 pour 100 000 personnes de 1995 à 1997. Les lignes ouvertes Les plus importants services offerts au Québec sont les lignes d’appel. Les personnes suicidaires ou leurs proches peuvent parler de leurs intentions ou de leurs peurs en toute confidentialité avec un bénévole. Les volontaires sont entraînés à «évaluer l’urgence de la situation et, si la personne en question le désire, la référer à des spécialistes». Une volontaire à la ligne 1866-APPELLE, qui désire conserver son anonymat, affirme que le nombre d’appels de gens soupçonnant leurs proches de vouloir se suicider a fortement augmenté depuis le début de cette campagne. L’AQPS juge crucial l’appui des services d’appel dans la lutte contre le suicide. L’association indique qu’un appel est la première étape pour permettre à l’individu touché de sortir de l’isolement. Ce n’est qu’une fois ce premier pas franchi que l’aide spécialisée peut être fournie. L’AQPS reste active durant l’année et organise présentement, en collaboration avec plusieurs autres organismes de prévention, du 28 mai au 2 juin 2006, le 4e congrès international traitant le thème du suicide et des traumatismes qui en résultent. x Pour plus d’informations consulter le site officiel de l’AQPS: www.aqps.info.

porteront sur le prélèvement des cotisations et leur indexation. GRIP-Q: le Groupe de recherche d’intérêt public du Québec à McGill Les locaux du 3647 University abritent aussi le Groupe de recherche en intérêt public du Québec (GRIP-Q), cette ressource au service de tout projet étudiant axé sur la justice sociale et les causes environnementales. Indépendant de l’AÉUM, le GRIP-Q se finance à même les cotisations étudiantes (trois dollars par session, remboursables sur demande). La visite proposée par le comité des porte ouvertes a fait découvrir au Délit de multiples ressources à la disposition des comités qu’il chapeaute, dont des locaux de réunion et une bibliothèque unique spécialisée en questions de justice et de protection des minorités. La liste de leurs comités et de leurs événements (dont des conférences) est disponible sur leur site Internet ou auprès de leurs employés si accueillants. Profitez-en! x Pour plus d’information, visitez le www.ckut.ca et le ssmu.mcgill.ca/qpirg.

Plogues • Conférence sur les condamnations injustifiées organisée par Innocence McGill – mercredi 8 mars 2006, de 12:30 à 14:30, faculté de Droit (3644, Peel), Moot Court – Conférenciers: Me Bernard Grenier, anciennement juge à la Cour du Québec, Neil Barker, expert en tests polygraphiques et Stephen Bindman, expert en condamnations injustifiées du ministère de la Justice du Canada. • Exprimez-vous sur la place et les services aux francophones. Grand sondage de l’AÉUM sur son site (www.ssmu.ca). Vous pourriez gagner 100$. • Le GRIP-Q, le Black Students’ Network, Haïti Action Montreal, l’AÉUM et CKUT vous invitent à aller voir la conférence Haïti: la lutte pour une vraie démocratie avec Patrick Elie, activiste et ministre de la Défense d’Haïti (1990-1995), le 17 février, à 19h au Leacock 219. Gratuit, des dons seront recueillis à l’entrée. • Le Black Students’ Network et ses bénévoles organisent une journée d’activités pour des jeunes d’écoles primaires et secondaires dans la salle de bal du Shatner, le jeudi 16 février de 8h30 à 16h. • Le service pour les étudiants internationaux organise une Partie Patinage le jeudi 16 février de 19h à 22h à l’Atrium (1000, rue de la Gauchetière). Admission, location de patin et rafraîchissements gratuits! Inscriptions en personne au bureau 3215 du Pavillon Brown (3600 McTavish) sur présentation d’une carte étudiante. Renseignements: www.mcgill.ca/ internationalstudents.

Envoyez-nous vos événements à ploguer: redaction@delitfrancais.com


Nouvelles

xle délit | 14 février 2006 www.delitfrancais.com

Expression et religion Le débat sur les caricatures danoises aux portes de McGill. local Marc-André Séguin Le Délit

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rès de mille personnes se sont rassemblées dans le calme samedi dernier devant l’Université McGill afin de se prononcer sur les controversées caricatures de Mahomet ayant été publiées cet automne dans le journal danois JyllandsPostens, puis reprises dans divers quotidiens à travers l’Europe. Alors qu’un groupe de manifestants musulmans a répondu à l’appel de l’imam Saïd Jaziri, de la mosquée al-Qods, d’autres se sont regroupés sous la bannière de l’appui à la liberté de presse afin de protester contre cette manifestation. «L’importance d’être ici aujourd’hui, c’est de dire à certaines personnes et à certains journalistes dans le monde qu’ils doivent retourner sur les bancs d’école et apprendre à respecter les gens», a déclaré Wahid, un des manifestants venu témoigner de sa désapprobation des caricatures. «Au Canada, on a la liberté d’expression. Seulement, il ne faut pas que ça se transforme en liberté d’insulte. Je ne suis pas libre d’insulter, seulement libre de m’exprimer.» Mounir, un autre manifestant, a rajouté que «l’islam est une religion de tolérance. Notre

prophète est une personne sacrée pour nous. La liberté d’expression ne veut pas dire insulter un milliard et quatre cent millions de personnes. J’invite les gens à se documenter à propos de l’islam. Vous comprendrez alors cette colère, cette manifestation. L’islam est une autre réalité [que celle présentée dans les médias]. Je ne comprends pas pourquoi certains médias provoquent les musulmans pour rien.» En réponse au boycott de la manifestation auquel plusieurs organisations musulmanes ont appelé la semaine dernière, il a ajouté : «C’est leur choix. Eux, ils préfèrent s’exprimer dans les mosquées et organiser des portes ouvertes. Ça va aider à éclaircir notre religion et à faire des mises au point.» L’ensemble du rassemblement s’est déroulé dans le calme, malgré quelques conversations musclées entre les musulmans et le groupe venu «contre-manifester» en affirmant son appui à la liberté de presse. Même si les forces de l’ordre ont pris soin de maintenir les deux groupes de chaque côté de la rue Sherbrooke, cela n’a pas empêché des individus des deux groupes de venir débattre au sein du camp adverse. «Ils s’expriment. Tant qu’ils n’insultent pas, ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Ils sont libres, comme moi» a lancé Wahid en réponse à ce groupe. Michel Brunelle, un manifestant se présentant sous la bannière de la défense de la liberté de presse, a commenté à son tour l’événement. «Je suis venu ici non pas pour applaudir et approuver les caricatures qui ont été faites, mais pour affirmer le droit de les faire et de les publier. Je suis venu ici pour

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L’opinion de Michel Brunelle est claire: la liberté de presse avant tout. Marc-André Séguin

dire que le seul véritable respect est celui qui s’exerce de plein gré et non pas de manière forcée. Je suis enfin venu ici parce que le pire moment pour se taire est lorsqu’on nous ordonne de se taire.» Il s’est aussi montré satisfait de la tournure des évènements. «Ça a été une très belle rencontre. Les gens ont dialogué, il n’y a pas eu aucun geste de violence. Le ton a monté un peu de temps

en temps, mais si ça s’était passé comme ça partout, ce serait très beau. Espérons que ça serve de modèle ailleurs dans le monde pour des manifestations sur le même sujet.» Selon les autorités, une seule personne a été arrêtée pour incitation à la violence au début de l’événement. La personne en question avait lancé des propos haineux à la foule musulmane. x

Cette université possède un bar, le saviez-vous? Le bar universitaire Gert’s perd renommée, clientèle et argent. campus Hilary Johnson Le Délit

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vez-vous déjà passé une soirée chez Gert’s? Est-ce que le nom «Gert’s» peut être détecté dans le compterendu de la fin de semaine d’un de vos amis mcgillois? Il y a des bonnes chances que non. Si vous avez entendu parler du Gert’s récemment, c’est sûrement par le biais de rumeurs portant sur les difficultés financières du bar étudiant, allégations qui ont été confirmées par le gérant du Gert’s, Wallice Sealy, et les procès-verbaux de l’AÉUM.

La fièvre du jeudi soir. Autrefois, le Gert’s était bien différent du bar que l’on connaît aujourd’hui. Gert’s était un one hit wonder, c’est-à-dire que la clientèle ne fréquentait habituellement le bar qu’une seule fois par semaine, soit le jeudi soir. Le célèbre Thursday Night Tradition (TNT) attirait des foules et le bar prospérait.

Peu importe où l’on se trouvait à Montréal –Crescent, St-Laurent, West Island–, la tradition voulait que vers 1h00 ou 2h00 du matin, on se retrouve chez Gert’s pour terminer la soirée en beauté. Les drinks à 2$ vous séduiraient aussi, non? Si le jeudi soir le bar faisait fureur, il était toutefois désert le jour venu. Malgré cela, les traditionnels jeudis soirs suffisaient à combler tant les propriétaires que les clients. La situation s’est corsée pour l’administration quand, à la suite du déménagement du bar au sous-sol de l’édifice Shatner il y a environ cinq ans, la tradition du jeudi soir s’est éteinte. Et avec elle, exit les profits. Le Gert’s, qui dans sa jeunesse était une véritable boîte de nuit, a désormais une identité ambiguë sans ses célèbres jeudis soirs. Ajoutez à cela des gérants qui changent à maintes reprises et vous courez à la catastrophe.

et les prix du happy hour règneraient en tout temps, car les fluctuations étaient une source de pertes pour l’entreprise. Notons que le Gert’s, bien qu’il ait un contrat avec Molson, entretient une excellente relation avec Les Brasseurs du Nord, producteurs de la bière Boréale. D’après Sealy, les finances sont toujours quelque peu fragiles. Il rappelle que le Gert’s n’est pas une entreprise extérieure, mais un bar qui est supposé générer des profits pour l’AÉUM, qui par la suite dirige ces fonds vers d’autres causes étudiantes ou les réinvestit dans le bar. C’est donc un bar qui appartient en quelque sorte aux étudiants. Étant donné

Nouvelle administration: cette fois, c’est du sérieux! Wallice Sealy, qui a débuté comme gérant au mois de janvier 2005, a dû entreprendre plusieurs modifications dès son entrée en poste. Il souligne que sa priorité a été d’uniformiser les prix. Les variations qui existaient autrefois, comme les spéciaux du TNT, cesseraient dans la mesure du possible

l’implication de l’AÉUM et la participation potentielle d’étudiants, Sealy voit en Gert’s des possibilités infinies. D’ailleurs, cette année, il a remarqué un nouvel intérêt pour Gert’s chez plusieurs étudiants.

Le Gert’s, qui dans sa jeunesse était une véritable boîte de nuit, a désormais une identité ambiguë sans ses célèbres jeudis soirs.

Construire une nouvelle identité La voie de la rentabilité pourrait passer par une identité reconstruite pour le Gert’s.

Selon Sealy, «on crée sa propre expérience au Gert’s. Le Gert’s est polyvalent; il peut être un bar, un pub ou une boîte de nuit. On voit actuellement plusieurs clubs et associations étudiantes qui se servent du bar comme lieu de rencontre et cela crée une ambiance différente à chaque fois.» Plusieurs changements ont été apportés depuis quelques années afin de créer cette polyvalence tant recherchée: l’installation d’Internet sans fil, l’ajout de sofas pour donner un effet plus intime, la réintroduction des Band Nights et l’amélioration du système audio. Sealy espère que ces changements amèneront au Gert’s une clientèle de l’extérieur. Il veut également encourager les soirées sportives et précise: «nous avons 13 écrans, dont un de 40 pouces; il faut en profiter!» C’est l’ambiguïté de ce qu’est Gert’s qui est, d’après Sealy, la source du problème. L’ambiance d’un bar n’est toutefois pas née du jour au lendemain. Cela prend du temps. Sealy dit que «bâtir l’identité de Gert’s sera laborieux, mais avec l’implication des étudiants, ça va être possible». Si Gert’s est encore avec nous dans les prochaines années, le bar redeviendra peut-être un endroit branché. Mais ce, seulement si les étudiants le veulent. x


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Sans-abri de la métropole

On les croise par dizaines à chaque jour. À Montréal, les itinérants font partie du paysage. Mais pour plusieurs, leur quotidien tient autant du mystère que leur identité. Une chose reste cependant certaine, l’itinérance est un phénomène complexe et vaste. Portrait d’une réalité souvent méconnue par Marc-André Séguin.

Les sans-abri: grands inconnus du paysage urbain

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ous s’entendent pour dire que l’itinérance est difficile à définir. Selon plusieurs intervenants, elle englobe les sans-abri et les personnes incapables de rester à la même adresse pour plus de quelques mois. Dans certains cas, elle inclut même des gens habitant un logement depuis plusieurs années, recevant des prestations d’assuranceemploi, mais qui à cause d’une mentalité difficile à changer maintiennent un rythme de vie ressemblant à celui de l’itinérance. S’il arrive parfois à ces derniers de mendier –surtout en fin de mois– plusieurs continuent à aller chercher leurs vêtements auprès d’organismes communautaires qui les donnent. Bref, la réalité de l’itinérance n’est pas facilement généralisable. Monique Picard et Lise Ouellet, deux employées de l’Accueil Bonneau de Montréal, en savent quelque chose. «La pauvreté, c’est un dénominateur commun. Il y a souvent aussi une culture de la pauvreté.» L’Accueil Bonneau est un organisme recevant chaque jour des centaines d’itinérants ou de personnes dans le besoin. Il offre des services comme la cafétéria, la distribution de vêtements ou un suivi plus personnalisé à quelque 260 personnes. Après des dizaines d’années passées à travailler dans ce domaine, les deux intervenantes remarquent que leur clientèle a subi de sérieux changements. «Ce qui est choquant, c’est le rajeunissement de la clientèle. En l’espace de trente ans, l’âge moyen a baissé de près de vingt ans. Je trouve ça très révélateur d’une société. C’est l’éclatement de la société, l’éclatement des familles. L’accès à la drogue est beaucoup plus facile qu’avant. À mon avis, il y a moins de solidarité qu’avant. Les gens sont plus laissés à eux-mêmes.» D’où viennent les itinérants? Lise Ouellet, intervenante au service de promotion humaine et sociale, assure le suivi psychosocial des personnes fréquentant l’organisme. Elle constate que la majorité de ses dossiers ont des origines semblables. «Quatre-vingt p. cent des gens ont passé par le réseau social: les familles d’accueil, les foyers d’accueil. Il serait faux de prétendre que tous ceux qui vont dans les familles d’accueil deviennent itinérants, mais le contraire ressemble à notre réalité. C’est incroyable le nombre de clients qui sont passés par là.» Mme Picard renchérit: «Quand [je faisais des travaux de recherche sur notre clientèle], une de mes premières questions consistait toujours à leur demander de me parler de leur enfance. Ils me répondaient toujours qu’ils venaient de foyers nourriciers, de milieux de violence, de milieux de consommation… Pour ceux qui sont plus forts, ils réussissent à passer à travers [ce genre d’étape], mais ce n’est pas tout le monde qui a la chance d’être fort. On ne peut pas s’attendre à avoir des gens stables quand ils ont été ballottés partout pendant leur jeunesse.»

La désinstitutionalisation: un processus qui a mal tourné On décrie aussi la désinstitutionalisation, qui serait à l’origine de l’état de plusieurs personnes laissées pour compte. «La clientèle qui a des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie se retrouve avec des problématiques. Ce n’est pas tant de les mettre en institution qui serait nécessaire, mais seulement au moins de les mettre dans des milieux un peu plus encadrés, comme du logement supervisé. Mais c’est très dispendieux, et les budgets n’ont pas suivi la désinstitutionalisation.» Les principaux intéressés se retrouvent alors dans la rue, car sans supervision ils ne prennent pas leurs médicaments et il est facile pour eux de tomber dans la toxicomanie. Mme Ouellet souligne que près de cinquante p. cent de sa clientèle –au programme de

suivi– souffre de troubles de santé mentale. Laissées à elles-mêmes, ces personnes ne sont pas aptes à gérer leur quotidien. En effet, la plupart n’ont tout simplement pas les outils leur permettant de gérer leur vie, ce qui explique que plusieurs se retrouvent à la rue. «Avant, on n’avait qu’environ vingt p. cent de notre clientèle qui souffrait de problèmes de santé mentale» rappelle-t-elle. Mme Picard ne reproche pourtant pas au gouvernement d’avoir lancé des projets de désinstitutionalisation. D’après elle, plusieurs personnes en institution n’avaient pas leur place dans ces endroits. Elle souligne toutefois qu’en sortant des gens des institutions, une part des fonds de l’État aurait dû servir à les encadrer. «Si les budgets étaient sortis [des institutions] avec la clientèle, on aurait pu aider ces gens en leur offrant des alternatives. Or, l’argent est resté dans les institutions. Il n’a pas suivi. Les alternatives ont donc été peu nombreuses et pour plusieurs personnes, la seule alternative qui restait, c’était la rue.» Des solutions Outre la demande d’un réinvestissement de l’État pour mieux encadrer les personnes qui ont été sorties des institutions, Mme Ouellet soutient qu’un certain travail personnalisé doit aussi être fait auprès de chaque individu. «Quand on entend les gens nous dire qu’ils [les itinérants] sont dans la rue parce qu’ils ne veulent pas s’en sortir, que s’ils voulaient [s’en sortir], ils pourraient, je leur réponds qu’il faut aussi des outils émotifs pour se sortir de ses problèmes.» Une partie de la solution, selon les intervenantes de l’Accueil Bonneau, consisterait d’abord par cerner et régler le problème du manque d’outils émotifs chez plusieurs de ces personnes. «La lacune, elle est souvent sur le plan affectif.» Les deux notent que plusieurs n’ont reçu que très peu de marques d’affection au cours de leur vie, voire aucune en certains cas. Dans un contexte où plusieurs de ces gens ne se sentent pas valorisés au départ, il est plus difficile de les emmener à souhaiter quelque chose de meilleur. «Les habiletés sociales, ils ne les ont pas. Pour nous c’est pourtant intuitif [de savoir comment parler à son patron ou inviter quelqu’un au cinéma, par exemple]. C’est donc trop facile de dire que «s’ils le veulent, il peuvent»». À cela il faut ajouter les problèmes de santé mentale de plusieurs itinérants, ce qui fait en sorte que plusieurs d’entre eux ne peuvent pas se lancer dans des projets comme la recherche d’un emploi, voire même se faire à manger. Enfin, un autre problème avec lequel les intervenantes disent devoir travailler, c’est celui de la culture de l’itinérance. Celle-ci peut être difficile à changer, même après que certaines personnes aient été stabilisées (logées, encadrées, etc.). Plusieurs continuent à manger dans les soupes populaires. «Il y en a d’autres qui viennent s’habiller ici. Si tu leur parles de payer pour un vêtement, ils répondent en disant qu’ils ne voient pas pourquoi ils devraient payer. Il y en a donc qui restent avec l’image d’itinérants même s’ils ne le sont plus.» Victimes ou responsables? Victimes ou responsables de leur sort, les itinérants? Pour Mme Picard, la réponse est mitigée. «Il y a des raisons personnelles à chacun et il y a des raisons sociales. […] Ils ne sont plus capables de suivre la société, et ils ont des limites qui sont de moins en moins assumées par la communauté. Il y a aussi des causes qui leur appartiennent. Ils peuvent être délinquants, ou même paresseux ou fraudeurs. Ils peuvent avoir des défauts comme tout le monde.» Mme Ouellet soutient que d’abord

et avant tout, ces personnes sont des victimes d’une communauté qui ne cherche pas à les soutenir. «Oui, ils sont en partie responsables. Il y a de la paresse. Plusieurs sont aussi toxicomanes. […] Mais ils ont des problèmes d’apprentissage et beaucoup sont isolés au départ.» Monique Picard ajoute que lorsque ses clients ont fait un certain progrès et qu’ils sont prêts à l’entendre, elle n’hésite pas à les provoquer pour les

pousser à aller plus loin. «Il m’arrive de dire dans mes thérapies: «Tu peux pleurer toute ta vie sur ton enfance, tes parents, sur ta situation. Mais tu peux aussi te bâtir une nouvelle vie. Tu as quarante-cinq ans, tu as des belles années devant toi. Tu pourrais choisir de te dire que tu vas arrêter de pleurer sur ce qui t’es arrivé et te prendre en main.» Mais c’est sûr que ce n’est pas tout le monde qui est prêt à entendre ça», lance-t-elle. x

Les policiers s’adaptent

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es techniques d’intervention des policiers auprès des itinérants se sont raffinées avec le temps, affirment des intervenants rencontrés. Malgré des incidents de harcèlement décriés par le passé –qui demeurent toutefois niés par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM)– la nouvelle génération de policiers serait mieux formée pour aborder les sans-abri. Any Gravel, agente sociocommunautaire au poste de quartier 21 du SPVM –au centre-ville– partage cette opinion. «On nous en parle lors de nos formations à Nicolet. C’est sûr qu’on s’en parle, de l’itinérance. On est peut-être plus sensibilisés à ça parce qu’on a pas le choix, tellement que la chose a pris de l’ampleur.» Elle insiste sur le fait que les itinérants ne reçoivent pas un traitement différent des autres personnes. «Ce sont des citoyens comme tout le monde. C’est sûr que certains ont des problèmes de santé mentale et il faut s’adapter, mais à la base, s’ils ne font rien d’illégal, ils ne seront pas plus dérangés que quiconque.» Enfin, selon Mme Gravel, l’itinérance est une chose sur laquelle le SPVM doit se pencher conjointement avec d’autres groupes, chacun ayant sa spécialité. «C’est un problème de société, il ne faut pas se le cacher. On ne peut pas leur donner des logements. Il faut qu’on ait des partenaires pour s’aider en cours de route.» x


délit | 14 février 2006 10 xle www.delitfrancais.com

Impardonnable

Arts&Culture

L’Enfant, des frères Dardenne, sera enfin sur nos écrans, juste à temps pour la semaine de relâche. cinéma David Pufahl Le Délit

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l y a quelques mois, je couvrais pour ce journal le Festival du nouveau cinéma. J’en avais vu des vertes et des pas mûres, mais je n’avais pu vous parler que de deux films de façon détaillée (AV et De Battre mon cœur s’est arrêté). Maintenant, plusieurs films venant de ce festival commencent à se pointer en projections régulières. Le 17 février prochain, le film L’Enfant, récipiendaire de la Palme d’or lors du dernier festival de Cannes, sera présenté pour notre plus grand plaisir. Les frères Dardenne (JeanPierre et Luc) ont vraiment réussi à m’époustoufler avec leur discours direct et sans compromis. Bruno (Jérémie Renier) est un jeune délinquant qui vit au jour le jour de petits larcins et de recels. Logiquement, il devrait s’éloigner de ce style de vie afin de se prendre en main, d’autant plus qu’il vient de devenir papa. En effet, sa copine Sonia (Déborah François) vient d’accoucher d’un garçon. Il reconnaît à peine son existence et il continue ses activités illicites comme si de rien n’était. Un jour, il commet un acte irresponsable qui implique son enfant et sa copine aura beaucoup de difficultés, et avec raison, à le lui pardonner. D’habitude, je suis plus explicite que cela quand je décris l’intrigue d’un film, mais croyez-moi, vous ne voulez pas connaître quel est cet acte dont je fais mention. Lorsque cela se produira, vous n’en croirez pas vos yeux. Aussi, surveillez la réaction de Sonia lorsque Bruno lui apprendra ce qu’il a fait. Bien que j’aie vu ce film il y a quatre mois, ces scènes sont fraîches dans ma mémoire encore aujourd’hui. Je crois qu’il s’agit d’une bonne preuve que ce film-là m’a marqué. Les frères Dardenne ont un penchant pour la caméra à l’épaule qui donne une mise en scène naturelle au récit. Ceci convient très bien au contexte contemporain et au personnage principal vivant la vie comme elle vient. Aussi, à l’instar de leur précédent film Le Fils (une autre œuvre magnifique que vous devriez tenter de trouver dans votre club vidéo incessamment), il n’y a aucune trame sonore. Ce point de vue minimaliste permet au scénario et aux acteurs de prendre le dessus sur tout le reste. Vu que le scénario est de béton et que les acteurs sont excellents, l’expérience est saisissante. Parlant des acteurs, bien qu’ils soient tous de parfaits inconnus chez nous (mis à part Olivier

Gourmet qui a un petit rôle), ils sont complètement au service du film. Renier joue le jeune adulte insouciant comme s’il en était un lui-même. Sa copine (Déborah François) est aussi naturelle que lui. Le ton réaliste que les réalisateurs voulaient donner au film est donc complètement soutenu par les acteurs. Encore un peu, et on croirait que le scénario est inspiré d’une histoire vraie. Heureusement, le film est beaucoup plus subtil qu’un simple téléfilm de TQS. Il s’agit de la première fois que je critique un film avec un aussi gros laps de temps entre le visionnement et l’écriture et je dois avouer qu’il y a un avantage à cogiter un film aussi longtemps. Cela permet de mieux cerner les intentions des réalisateurs et de voir le film sous des angles qu’on n’aurait jamais crus possibles. De toutes façons, comme je le pensais en sortant de la salle de projection du FNC il y a bien longtemps et comme je le pense encore, L’Enfant est un des meilleurs films que j’aie vus dans la dernière année. x

Bruno (Jérémie Renier) avec son enfant. Christine Plenus

«On a des histoires à se raconter…» Les Rendez-vous du cinéma québécois, un évènement cinématographique à ne pas manquer. festival RENDEZ-VOUS DU CINÉMA QUÉBECOIS Du 16 au 26 février Laurence Martin Le Délit

M

ercredi 8 février. À la Cinémathèque Québécoise, dans une atmosphère très conviviale, acteurs, producteurs, directeurs photos, journalistes, organisateurs, amoureux du 7e art viennent assister à la conférence de presse de la 24e édition des Rendez-vous du cinéma québécois. C’est que tous ont très hâte à cet évènement majeur qui célèbre, du 16 au 26 février à Montréal et du 20 au 26 février à Québec, le cinéma québécois. La responsable des communications, Émilie Villeuneuve, explique d’ailleurs la mission exacte de ce festival: « Les Rendez-vous ont pour mission de soutenir et de faire la

promotion du cinéma québécois au pays et à l’étranger par le biais de divers événements.» C’est donc l’occasion d’assister à une multitude de projections du 7e art de chez nous, un art qui se porte à merveille depuis les dernières années avec environ 20 p. cent des parts du marché au Québec. Mais les Rendez-vous, c’est aussi la chance de faire des rencontres avec ses collègues ou ses idoles qui partagent tous la même passion. Tous les soirs, dans le bistro SAQ de la Cinémathèque Québécoise, sont ainsi proposés des séduisants 5 à 7, des torrides soirées bistro et même une nuit blanche endiablée dans la nuit du 25 février (dans le cadre de Montréal en lumière). La programmation promet d’ailleurs d’être des plus diversifiées. Seront en effet aux Rendez-vous 198 œuvres dont vingt films d’animation, dix-huit films d’art et d’expérimentation, vingt productions étudiantes, cinquante-trois courts métrages et fictions, cinquante-quatre documentaires et trente-trois longs métrages projetés à la Cinémathèque québécoise, au Cinéma Beaubien, au cinéma de l’ONF et à la Grande Bibliothèque. En ouverture, quoi de mieux que le drame très attendu de Robert Morin Que Dieu bénisse l’Amérique, avec notamment Gildor Roy et Sylvie Léonard, qui relate, au milieu d’une banlieue dite tranquille, une intrigue enlevante entre les voisins du quartier. De nombreuses autres primeurs sont également proposées dont la magnifique production La

Classe de Madame Lise de Sylvie Groulx qui suit pendant un an une institutrice de première année dans un quartier multiethnique de Montréal, ou encore le long métrage Steel Toes réalisé par David Gow et Mark Adam où l’on plonge au cœur d’une rencontre saisissante entre un jeune skinhead néo-nazi, accusé du meurtre raciste d’un hindou, et Danny, l’avocat désigné pour le défendre, juif humaniste de gauche. Les Rendez-vous sont aussi l’occasion de voir ou de revoir les films marquants de l’année 2005 tels, entre autres, les longs métrages C.R.A.Z.Y., La Vie avec mon père, La Neuvaine, Horloge biologique, Aurore, Le Survenant, Maurice Richard, L’Audition, les documentaires Les Voleurs d’enfance de Paul Arcand qui parlent de la maltraitance des enfants, et le superbe portrait d’un grand cinéaste québécois par Charles Binamé intitulé Gilles Carles ou L’Indomptable Imaginaire. C’est enfin De ma fenêtre, sans maison… qui clôturera les Rendez-vous avec l’excellente Louise Portal dans le rôle d’une mère québécoise qui, dix-sept ans après avoir abandonné sa fille au Liban, l’invite à venir la rejoindre à Montréal. Les Québécois ont décidément plusieurs histoires à se raconter! Alors pourquoi manquer ce séduisant rendez-vous qui, dans une ambiance «club de rencontre», vous permettra de découvrir davantage le 7e art de chez nous? x Pour plus d’information: www.rvcq.com.


Arts&Culture

xle délit | 14 février 2006 www.delitfrancais.com

Paradoxe spirituel

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Première exposition consacrée à Anselm Kiefer, première présentation majeure en Amérique du Nord des travaux de cet artiste contemporain depuis vingt ans, l’exposition Ciel - Terre est à la hauteur de ses tableaux: magistrale. arts visuels ANSELM KIEFER: CIEL - TERRE Musée d’art contemporain, 185 rue SainteCatherine Ouest Jusqu’au 30 avril Mathieu Ménard Le Délit

L

’humanité a toujours recherché l’utopie. Parfois elle prend le nom de «ciel», parfois elle s’incarne en projets de philosophes (Marx, Wagner, Mao). Cette quête fait chercher les scientifiques au-delà de la voie lactée et les gnostiques à l’intérieur des plantes. Au final, cette quête de l’ailleurs demeure un exercice de la pensée humaine. C’est en cherchant un trait d’union entre ces expériences qu’Anselm Kiefer réalise ses sculptures et ses tableaux. Le résultat, présenté dans l’exposition Ciel - Terre, a quelque chose de grandiose. Les œuvres, s’échelonnant de 1969 à 2005, s’imposent au visiteur par leurs dimensions: certaines toiles font plus de cinq mètres de longueur par trois mètres de hauteur. Kiefer

mélange librement ses sources d’inspiration. L’histoire de l’Allemagne, son pays natal, s’y déploie en architecture, en aviation, en forêts. Interviennent alors la mythologie religieuse, l’astronomie et même les tournesols poussant autour de son atelier à Barjac, en France. Le paradoxe, sinon l’ironie, suggère au visiteur une observation attentive. Avec des harmonies de couleurs terreuses, Kiefer peint des champs désolés, des bâtiments utilisés par l’Allemagne nazie, des mers tourmentées dignes du romantisme anglais. Malgré tout, une touche d’espoir ou un élément ludique questionnent cette mélancolie. On retrouve fréquemment de la cendre sur ses toiles; à la fois synonyme de destruction et engrais par excellence, cette substance traduit une des nombreuses contradictions explorées dans les œuvres. En fait, la peinture de Kiefer témoigne d’abord de l’enthousiasme du geste et de la matière. Vus de plus près, les éléments reconnaissables se perdent en de tranquilles tempêtes d’abstraction. Avec une accumulation infinie de couches de peinture et de vernis, le peintre nuance la couleur et travaille la texture jusqu’à donner

Melancholia, tableau-objet jouant avec l’esthétique du romantisme. DR

l’impression d’une surface lunaire. Ce travail méticuleux se conjugue à l’intégration d’objets (cages, tournesols, polyèdres) en un résultat unifié, un plaisir visuel manifeste. Il ne faudrait pas laisser de côté l’aspect sculptural de l’exposition. Entre les mains de l’artiste, les feuilles de plomb deviennent tout autant des ailes délicates que d’ancestrales feuilles de parchemin. Le livre est un élément essentiel du vocabulaire visuel de Kiefer, et on le retrouve sous différentes formes. Mélangeant la peinture et la photographie, les plantes et les étoiles, les cieux et les coupures de magazines, ces livres sont parfois réfugiés sous des vitrines,

parfois déployés dans l’espace comme un cylindre, comme si l’ouvrage avait perdu sa reliure pour s’ouvrir en cercle. Ciel - Terre réunit plus de quarante œuvres en sept salles réunissant des créations de facture visuelle semblable. Si l’entrée de l’exposition permet une excursion dans les premières compositions de l’artiste allemand, la persistance du visiteur est récompensée dans les salles suivantes avec les toiles monumentales. À voir absolument. x Entrée gratuite les mercredis dès 18 heures ou durant la Nuit blanche (voir page 16 pour notre couverture de Montréal en lumière).

Vous plaisantez, monsieur Tanner? À l’âge de la rénoréalité, Jean-Paul Dubois offre le récit savoureux (et un peu amer) d’un vrai chantier de rénovation, de ses déboires, de ses arnaques et de ses aberrations. littérature Laurence Bich-Carrière Le Délit

À

l’époque où Me, My House & I, RénoRona et Trading Spaces fleurissent sur tous les postes, il existe encore des gens braves ou inconscients qui se lancent dans des opérations de restauration de grande envergure, qui veulent retaper leur baraque de fond en comble, qui courent à la farce tragique dont ils seront inéluctablement le didon. Vous plaisantez, monsieur Tanner? est à la fois une ode à leur persévérance et un avertissement: les nerfs solides sont de rigueur. Portrait du calvaire de Paul Tanner, double de fiction de l’auteur Jean-Paul

Dubois, car des histoires comme la sienne, ça ne s’invente pas. Calamité, tout n’est que calamité À quel saint se vouer lorsqu’on se rend compte que son chantier a été maudit du grand dieu charpentier? et du grand dieu maçon? et du grand dieu zingueur? En bref, du panthéon de la Construction en entier? Quelle a été la faute de M. Tanner, pour ainsi être l’objet des dix plaies d’Égypte de la rénovation? Simple: avoir osé croire qu’il pouvait éviter les devis prohibitifs des contremaîtres de chantier professionnels en engageant au noir. L’erreur! C’était courir à sa perte! Au fil des faux couvreurs aux vrais molosses, des radios «qui, tel[les] un muezzin alcalin, arrosai[en]t le quartier de [leur] puissance sonore» et des divas caractérielles pour peintre de bâtiment, la rénovation de la maison héritée de son oncle se révélera une machine à susciter les ennuis. La galerie des ouvriers complètement marteaux, aux manières à vous scier le souffle et à vous court-circuiter patience, politesse et aménité est splendide! Douloureusement réelle. On voudrait croire à l’exagération, mais on sait, pour avoir eu le malheur d’en rencontrer un ou deux, que cette ivraie de la restauration existe. Dans cette anthologie des drôles de lascars du bâtiment (par essence, tous des «menaces latentes»), il ne manque que l’électricien sur les amphétamines qui vous

présente généreusement le haut de ses fesses poilues débordant de son short en spandex banane pendant qu’il se penche pour faire joujou dans votre boîte électrique. Sans doute Dubois n’a-t-il connu que la lointaine espèce que l’on retrouve en France,

l’immigré Russe qui se met les plâtriers à dos en arrachant leurs calendriers de garage pour ensuite monter un autel sur la moquette du salon, histoire d’invoquer une protection divine. La pieuse précaution est d’ailleurs aisément compréhensible quand

le propriétaire remarque, après le départ du religieux lascar, que la hotte de cuisine est liée à la lumière du couloir et que le filage ressemble aux détours des arrière-routes des AbruzzesVERIF (ce sont les pages 87 à 104). L’écriture efficace d’un calvaire bien outillé Plus poignant encore que dans Kennedy et moi (1996), aussi efficace que dans Parfois je ris seul (1992), Dubois affine son style, aiguise sa plume et son humour. Ses chapitres, il les aime courts, pointus, resserrés. Une page et trois lignes, deux pages et demi. Comme Tom Clancy, quoi (mais rassurez-vous, c’est leur seul point commun). L’écriture est travaillée, mais demeure légère. Des phrases adroites aux adjectifs florissants rendent le talent de l’auteur pour le détail humain. Un accent castillan abrasif, des pavanes faîtières, ou encore des «bourreaux amnésiques et affables» qui sont de «constantes marges d’erreurs à eux seuls». On comprend d’où lui vient le prix Femina qu’il a obtenu en 2004 pour Une Vie française. Ceux qui ont un jour failli mourir dans les vapeurs d’Epoxy, dont il a fallu refaire trois fois le caisson de réfrigérateur et dont la douche n’a aucune pression parce qu’un olibrius de rabouteur a raccordé les nouveaux tuyaux sans ôter les anciens se retrouveront dans Vous plaisantez, Monsieur Tanner? Les autres ne perdent rien pour attendre. x


délit | 14 février 2006 12 xle www.delitfrancais.com

Arts&Culture

Tomson Highway à Voix d’Amériques Invité d’honneur au Festival Voix d’Amériques, Tomson Highway, dramaturge de qualité exceptionnelle, se pointe à Montréal. festival FESTIVAL VOIX D’AMÉRIQUES Jusqu’au 17 février Samuel St-Pierre Thériault Le Délit

Tomson Highway, invité spécial du Spoken Word. Rolline Laporte

L

e Festival Voix d’Amériques est organisé par Les Filles électriques, un organisme à but non lucratif qui a comme but la diffusion de l’art oral, écrit et électronique. Le festival a comme mission plus spécifique la diffusion de l’art oratoire du texte en performance et du spoken word. Le festival bilingue en est à sa cinquième édition et les organisateurs du festival ont cette fois choisi Tomson Highway comme invité d’honneur. Celui-ci a grandement contribué au théâtre autochtone canadien et

le festival, en le nommant invité d’honneur, espère lui donner une plus grande visibilité dans notre région du pays. Devant une salle comble et accompagné de ses collaborateurs Patty Cano au chant et Ulrich Kempendorff au saxophone, le dramaturge Tomson Highway a présenté des extraits musicaux de deux de ses pièces, Rose et The Incredible Adventures of Mary Jane Mosquito. Jouant du piano, Highway a abordé le public en français et en anglais alors que ses chansons, avec l’ajout du cri, étaient

souvent trilingues. Highway écrit les textes, dirige les acteurs, compose la musique et a souvent eu des rôles à divers niveaux dans l’organisation des compagnies de théâtre avec lesquelles il travaillait. Originaire du Nord du Manitoba, Highway a vécu les premières années de sa vie avec sa famille qui vivait de manière traditionnelle et nomadique. À l’âge de cinq ans, il est envoyé à l’école résidentielle où il subit des abus sexuels et physiques de la part des prêtres qui contrôlent l’établissement.

C’est cependant là qu’il apprendra le piano, instrument qui le passionne et l’inspire encore maintenant. Il complète son secondaire à Winnipeg et étudie la musique à l’Université Western Ontario. À trente ans, après avoir travaillé pour les services sociaux, il décide d’écrire sa première pièce, Rez Sisters. La pièce, influencée par Les Belles-soeurs de Michel Tremblay, a comme sujet la vie de sept femmes vivant dans une même réserve qui ont la chance d’aller participer à la plus grande partie de bingo au monde. La pièce est très bien reçue et gagne plusieurs prix. Elle est suivie de Dry Lips Oughta Move To Kapuskasing avec laquelle Highway s’établit comme un des principaux dramaturges du théâtre autochtone canadien. Souvent drôle, Highway réussit à travers sa musique et ses textes à transmettre au public une image positive de la société autochtone moderne. Patty Cano et Ulrich Kempendorff sont des interprètes fantastiques. La voix féerique de Cano donne vie aux textes et à la musique de Highway. Le saxophone mélancolique de Kempendorff donne une sensibilité de jazz à un spectacle qui autrement aurait plutôt l’allure d’un spectacle de cabaret. x Pour plus d’information sur la programmation, vous pouvez visiter leur site Internet au www.fva. ca. Billetterie: (514) 844-2172.

Il est de retour! La comédie musicale Dracula prend l’affiche à Montréal. spectacle DRACULA Théâtre Saint-Denis, 1584 rue StDenis Jusqu’au 5 mars Arnaud Decroix Le Délit

A

nnoncée depuis plus d’un an et demi, et cinq mois après la sortie de l’album éponyme, la comédie musicale Dracula: Entre l’amour et la mort s’installe enfin au théâtre Saint Denis. Toutefois, ceux qui ont lu le roman de Bram Stoker (1847-1912) en auront pour leurs frais car il ne reste pas grand chose de l’œuvre initiale. L’histoire a été simplifiée à l’extrême: Dracula cherche depuis des siècles à retrouver sa dulcinée. Ce synopsis sert de fil conducteur, ou plutôt de prétexte, à vingt-cinq pièces, réparties en deux actes. Dans un décor recherché, où plusieurs innovations techniques sont à l’œuvre avec notamment un important jeu d’écrans et de caméras, les artistes évoluent

pendant plus de deux heures. Bruno Pelletier, maître d’œuvre du projet, est parfait dans le rôle du comte Vladimir Wallachia alias Dracula. La performance de Sylvain Cossette, qui incarne l’homme dont la «fiancée» de Dracula est en réalité amoureuse, est également remarquable et le ton de sa prestation est très juste. Andrée Watters, très attendue, joue une Mina tout à fait crédible. Toutefois, un certain malaise s’empare du spectateur. Celui-ci n’est certes pas dû aux acteurs, mais plutôt à la mise en scène. Celle-ci apparaît décousue et on peine à reprendre son souffle devant cette surenchère d’effets visuels et de talents. Ainsi, l’une des pièces du premier acte aux allures très Starmania détonne fortement de l’ensemble et on a parfois le sentiment d’un enchaînement de chorégraphies au petit bonheur la chance. Dans le même sens, si la plupart des paroles viennent nous chercher, certaines ressemblent à des suites de mots mis bout-à-bout sans recherche d’un véritable sens. On nous parle d’Holocauste, de solution finale, de Sabra et Shatila. Notre bonne conscience est sollicitée, mais pour quelle cause? Des références pseudoreligieuses sont évoquées sans être véritablement exploitées. Il en

La troupe du nouveau Dracula: un peu trop. DR

émerge une sorte de syncrétisme, de «bien-pensance», de politiquement correct, rassembleur sans doute, mais cachant mal un manque de sens. L’équipe d’une centaine de personnes qui est à l’œuvre dans cette comédie musicale a accompli un travail remarquable, mais malheureusement le résultat épuré peine à convaincre. C’est un bon exemple d’une nouvelle tendance. On assiste en quelque

sorte à un retour de boomerang pour des spectacles sans cesse plus «innovants» mais qui, à force de technique, y perdent une part de leur âme. Sans doute n’est-il pas tout à fait inutile d’en rechercher les causes. La multitude des talents réunis à cette occasion rend sans doute plus difficile la libre expression de chacun et inéluctable la nécessité de la recherche d’un juste milieu, satisfaisant pour

chacun. D’autre part, l’aspect «grand spectacle», qui doit plaire au plus grand nombre, contraint sûrement à cette prestation formelle et, en définitive, à ce manque d’audace. Toutefois, avant même le début des représentations, le succès de cette nouvelle version de Dracula ne laisse planer aucun doute. Les critiques sont d’ores et déjà unanimes et 55 000 billets ont trouvé preneurs. Alors à vous de vous faire votre propre idée. x


Arts&Culture

Néron avant la pyromanie Le metteur en scène Martin Faucher conclut son cycle d’exploration du théâtre classique avec la tragédie Britannicus de Racine. théâtre BRITANNICUS Théâtre Denise Pelletier, 4353 rue SainteCatherine Est Jusqu’au 24 février Mathieu Ménard Le Délit

L

es pièces classiques du XVIIe siècle demeurent une valeur sûre dans le monde du théâtre, mais une question épineuse se pose: comment adapter ces monuments sans les dénaturer? Entre les mains du metteur en scène Martin Faucher et d’une poignée de jeunes comédiens, Britannicus renaît avec brio, soutenu par des changements pertinents. Le premier point d’intérêt est l’installation scénique. Les sièges sont disposés là où la scène se trouve habituellement, tandis que les acteurs prennent le contrôle de l’arrière-scène. Entouré de matériaux bruts plutôt que d’une ambiance feutrée, le spectateur paraît transporté ailleurs. Le décor ne fait guère de concessions vis-àvis de la nature utilitaire de l’arrière-scène. De l’éclairage et des haut-parleurs, un triumvirat de bustes en plâtre, des coupes, un peu de verre brisé, une tache de sang sur le mur pour égayer: voilà le nécessaire pour une tragédie. La scène différente permet une utilisation astucieuse de l’éclairage. Une lumière latérale inonde les comédiens, tandis qu’un dispositif d’éclairage en contre-plongée permet

d’accentuer dramatiquement les traits du visage et de projeter contre le mur des ombres gigantesques complétant le jeu des acteurs. La musique, croisement mutant entre un clavecin et des vibrations électroacoustiques, témoigne à son tour de la balance entre l’ancien et le nouveau. Cette mouture de Britannicus conserve les alexandrins de Racine, au grand plaisir des esthètes de la langue française. Pour donner vie aux répliques, les acteurs y vont d’un jeu impulsif, violent, résolument physique. Habillés de costumes «Rome post-moderne» alliant couleurs sobres et touches de fantaisie «haute couture», les personnages sont clairement établis selon leurs tempéraments et suivant la hiérarchie du pouvoir. Mais qu’est-ce que Britannicus au juste? Cette tragédie raconte Néron abandonnant la vertu au profit de machinations monstrueuses. Tiraillé entre sa mère contrôlante et un ministre perfide, le jeune empereur tombe amoureux de Junie, la fiancée de son demi-frère Britannicus. Benoît McGinnis est brillant en Néron: tantôt fluide, tantôt brutal, il glisse sur scène sans effort, tour à tour manipulateur et manipulé. Dominique Quesnel, incarnant la mère Agrippine, traduit avec brio la chute de la souveraine perdant son influence. Malgré leur courte présence, on perçoit sans difficulté la chimie entre les fiancés séparés (Maxime Denommée et Geneviève Alarie), ou encore le contraste entre les ministres Burrhus et Narcisse (Philippe Cousineau et Sébastien Dodge). Chantal Dumoulin et Denis Gravereaux complètent rondement la distribution avec les rôles mineurs. Quand la tragédie fut présentée la première fois en 1669, la salle était pratiquement vide; le public préféra assister à une décapitation publique. Cette nouvelle incarnation n’a guère de difficulté à trouver son public, puisqu’elle a justifié l’organisation de supplémentaires jusqu’au 24 février. Mélange de classique et d’actuel, Britannicus est une expérience qui remue les tripes. x

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l’aventure du vin

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Le champagne

ersonnellement, j’en ai toujours une bouteille au frais. Et n’importe quelle occasion est bonne pour en ouvrir une, les petites comme les grandes. Je ne manque pas un anniversaire, pas une soirée romantique, mais j’aime encore plus le champagne quand il n’y a rien à fêter, le samedi soir à la maison ou le dimanche matin au brunch, un mimosa à la main (c’est du champagne avec du jus d’orange). Je me doute d’ailleurs que plusieurs feront sauter le bouchon pour la St-Valentin, et c’est pourquoi j’ai pensé qu’un petit tour d’horizon sur le champagne serait intéressant. Mousseux, effervescent, pétillant Il existe plusieurs mots pour désigner les vins blancs qui ont des bulles, mais l’emploi de l’un ou l’autre mot n’est pas aléatoire. Le terme «mousseux» est le grand représentant de tous les vins blancs qui ont des bulles, peu importe leur origine. Vous savez maintenant que les œnologues aiment faire des classements, eh bien les mousseux n’y ont pas échappé: ils sont distingués selon leurs bulles! Les vins très légèrement mousseux sont dits «perlants». C’est le cas de certains vins blancs italiens et portugais qui ont une très légère effervescence. Puis, en ordre croissant, les vins sont dits «crémants» (peut-être avez-vous déjà vu un Crémant de Bourgogne?), ou «pétillants» si le vin est riche en gaz carbonique. Enfin, un vin qui a des bulles est qualifié d’ «effervescent»; par opposition, tous les autres vins sont dits «tranquilles». Mais d’où viennent les bulles? Vous savez déjà que le vin est issu d’un processus chimique qui se nomme la fermentation, où les levures transforment le sucre du moût de raisin en alcool et en gaz carbonique. Levures + sucre = alcool + gaz carbonique. Dans le cas des vins tranquilles, rouges comme blancs, on laisse s’échapper le gaz durant la fermentation. Dans le cas des vins mousseux, c’est différent. On pourrait penser que les viniculteurs n’ont qu’à retenir ce gaz tout naturellement issu de la fermentation, mais cela aurait des effets indésirables sur la qualité du vin. Ils procèdent plutôt à une première fermentation comme s’il s’agissait d’un vin blanc normal. Ils mettent ensuite ce vin blanc dans des bouteilles, et provoquent une deuxième fermentation, celle-là uniquement dans le but de dissoudre du gaz carbonique dans le liquide. On ajoute un petit cocktail de sucre et de levures dans les bouteilles, on les bouche très fort, et puis voilà! Quand elles seront ouvertes, on se délectera du spectacle de leur cordon de mousse. D’ailleurs, avez-vous déjà remarqué comment les bouteilles de champagnes sont massives et faites de verre épais? C’est pour résister à la pression qu’exerce le gaz dans la bouteille, comme un génie qui voudrait en sortir… Le processus est en réalité beaucoup plus complexe, vous vous en doutez, mais pour l’essentiel, retenez seulement que les bulles viennent d’une seconde fermentation. Le champagne de la Champagne Pour utiliser le terme champagne, il faut absolument que ce vin soit originaire de la région de la Champagne, dans le Nord de la France. Victime de sa popularité, le champagne voit son nom galvaudé puisqu’on s’en sert pour désigner tous les mousseux. Or, les puristes champenois défendront bec et ongle qu’aucun autre mousseux dans le monde ne peut concurrencer avec ceux de la Champagne, étant donné le terroir unique qu’ils possèdent. Il est vrai que les champagnes possèdent une complexité et une richesse de saveurs difficiles à égaler. Hors de la France Il n’en reste pas moins que plusieurs pays ont imité la méthode champenoise, et non sans succès. La Californie offre des vins mousseux d’excellente qualité, et qui seront presque à tout coup meilleurs qu’un champagne du même prix (n’oubliez pas qu’en Champagne, vous payez pour le nom…) Mumm, en Californie, fait un excellent mousseux. Mon coup de cœur? Son champagne rosé, pour 34$, un excellent rapport qualité/prix. L’Espagne s’est aussi mise aux bulles, avec ses fameux cavas (c’est le terme local pour désigner le vin mousseux) que vous connaissez peut-être déjà par sa maison Codorniu. Pour les plus réticents, l’Italie fait toute une gamme de spumantes comme le Martini d’Asti qui est très fruité, pas acide du tout, voire même un peu sucré. Je dirais que c’est un mousseux «de fille», mais ceux que l’acidité fait frissonner seront séduits. Enfin, pour les plus chevronnés, tournez-vous vers la production d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Je les trouve très prometteurs. La semaine prochaine : parlons de goût. x

Flora Lê

Néron (Benoît McGinnis) corrompu par Narcisse (Sébastien Dodge). Robert Etcheverry

Question et commentaires? flora.le@mail.mcgill.ca


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Pour un dernier tango…

Parfait, aux trois quarts

L’adaptation de la pièce d’Ibsen de Peter Hinton surprend et déçoit à la fois. théâtre A DOLL HOUSE Théâtre Saidye Bronfman, 5170 chemin de la Côte-Ste-Catherine Jusqu’au 26 février Agnès Beaudry Le Délit

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Sylvie Drapeau et Jean-François Casabonne s’étreignent le temps d’une nuit, avant que lui meurt, avant qu’elle revive. Suzane O’Neill

Jeux passionnés, imaginaire fou… Le Brésilien Flavio de Souza nous prête son chef-d’œuvre Reste avec moi ce soir. théâtre RESTE AVEC MOI CE SOIR Théâtre du Rideau-Vert, 4664 rue St-Denis Jusqu’au 4 mars Émilie Beauchamp Le Délit

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on elle était absente. Il est mort alors qu’elle faisait les emplettes. Elle est revenue et il reposait sur le lit, mort. Comme ça. En paix. Voilà. Oui c’est difficile. Encore plus difficile lors d’une veillée brésilienne, alors que famille, connaissances, amis et moins amis se présentent pour honorer le décédé. Elle, elle n’attend que minuit. Car à minuit, elle a décidé de dire un dernier adieu à son chéri, de lui donner un dernier baiser, de danser un dernier tango. Avec le pouvoir de l’imaginaire, Reste avec moi ce soir nous amène dans le privilégié huis clos de la veuve et du défunt qui, le temps d’une dernière nuit, s’étreignent et s’expliquent pour l’ultime fois. Ils défont les limites tangibles du temps et de l’espace, défient la mort pour se dire encore une fois je te hais, je t’aime tant. Explications procrastinées le temps d’une vie, révélations passionnées et secrets profondément enfouis au fond de deux cœurs

avinés sont au programme. Le tout s’éteint en une ultime caresse, un abandon définitif, pour le meilleur et pour le pire, tout comme leur histoire a commencé. Malgré la traduction et l’adaptation québécoise, la pièce garde tout son caractère brésilien, chaud et exalté: la musique, la danse et le scénario restent originaux, bravo! Le thème tourne autour de la même mélodie durant toute la pièce, un célèbre tango brésilien, une romance envoûtante, «Fica com migo esta noite», une sérénade aux accents portugais relevés et charnels. Ils se sont connus sur cette musique, s’y sont promis leurs vies et leur amour, mais l’ont oubliée après leur mariage, sous des années de vie conjugale et d’obligations, de compromis et de frustrations. Ils la redécouvrent après tant d’années, tristes mais enfin heureux. La pièce est non seulement une suite de moments langoureux et passionnés, mais aussi une revue comique et satirique de leur vie. Sylvie Drapeau est simplement remarquable. Une intensité, une voix, un caractère attachant et vrai, simple en même temps. Un rôle dans lequel tout amoureux peut se reconnaître et qui est livré avec un talent incroyable! Jean-François Casabonne la complète, lui donne la réplique, mais elle vole tout simplement la vedette… Mise en scène par Jean-Frédéric Messier, jeune prodige de la mise en scène théâtrale, la pièce est un succès. En fait, Reste avec moi ce soir est un petit bijou, petit bijou si distinctif de la société théâtrale québécoise qui enfile succès sur succès. Une œuvre qui complète la panoplie de genres interprétés ici, avec un petit accent brésilien unique. À voir surtout pour la performance étourdissante de Sylvie Drapeau, car après que tout se soit estompé, Reste avec moi ce soir, c’est elle qui la fait, qui la joue, qui la crie, et qui la réussit autant! x

Arts&Culture

vêtus à la mode métropolitaine. L’idée est originale, l’effet est manqué. Le spectateur se détache des personnages, perd tout point de repère, le dialogue final en devenant quelque peu ridicule. Peutêtre Hinton a-t-il voulu mettre l’accent sur le changement psychologique subi par les personnages, sur le dénouement moderne de la pièce d’Ibsen, mais ici le symbole déçoit l’esthète. Certains jeux physiques, surtout chez le personnage de Nora, apportent à plusieurs reprises la même désillusion, ainsi que l’adaptation trop poussée de certains passages du dialogue dans un langage moderne qui jure avec le choix des costumes. Les comédiens, par contre, sont impeccables, s’adaptant au style inégal de la mise en scène. La performance d’Alison Darcy mérite des éloges: la mise en abyme créée par Ibsen, jeu dans le jeu, double masque, rend le personnage de Nora complexe donc facile à «sur» simplifier. Mais Darcy réussit à rendre naturel et réel le personnage sous tous ses visages, réussit à jouer avec brio la double personnalité de l’héroïne tout en restant, elle, cachée. Aspergis, John Gilbert (dans le rôle de Dr Rank) et Chip Chiupka (Nils Krogstad) sont aussi remarquables tandis que les performances un peu plus faibles de Debra Kirshenbaum (Annie) et Clare Coulter (Mme Linde) ne réussissent tout de même pas à décevoir. À souligner, le travail de conception du son de Troy Slocum, avec un choix de musique norvégienne qui émeut tout en rappelant les origines nordiques de la pièce et souligne avec précision ses instants dramatiques, les enrichissant. x

ans le cadre du brouhaha international entourant l’Année d’Ibsen, célébration officielle du centième anniversaire de la mort du dramaturge norvégien Henrik Ibsen, le théâtre Alvin Segal de Montréal présente A Doll House, une adaptation par Peter Hinton. Ibsen étant reconnu comme le fondateur de la prose dramatique moderne, le texte se prête en effet autant à une mise en scène fidèle à l’époque de sa création (1879) qu’à une mise en scène contemporaine. Hinton déçoit en ne sachant choisir. A Doll House (habituellement traduit A Doll’s House, mais Hinton dit trouver cette traduction inexacte), est l’histoire de Nora Helmer (Alison Darcy) qui, pour sauver son mari Torvald (Andreas Aspergis) d’une mort probable causée par une surcharge de travail, contracte une dette en contrefaisant la signature de son père. La «poupée» de Torvald, sous le masque de femme frivole et enfantine qu’elle porte pour lui plaire, a travaillé nuit et jour pour repayer la dette, vivant dans le mensonge et la peur que son mari découvre son secret et d’ainsi blesser son honneur. Hinton la décrit comme: «une pièce à propos de la renaissance, un «éveil» spirituel au sein du monde contemporain, avec ses possibilités, ses difficultés et son danger» et aussi comme «une œuvre […] dangereuse et immédiate, sexuelle, vibrante et vivante.» Et c’est bien ce qu’il crée sur la scène montréalaise malgré certaines faiblesses. Le travail de Hinton est inégal. Bien que, dans son ensemble, il soit réussi (par exemple, la dernière scène du premier acte est sans doute parmi les meilleures que j’aie vues), à plusieurs reprises se glisse une tentative manquée d’originalité, une idée pour une mise en scène nouvelle qui n’a su s’intégrer au tout. L’exemple parfait est la toute dernière scène, où Nora décide de quitter Helmer. Bien que les autres scènes se déroulent dans un décor de la fin du dixneuvième siècle, tout d’un coup la pièce fait un bond de cent ans, Nora et Helmer Aspergis et Darcy incarnent avec brio le ménage se retrouvant dans un décor créé par Ibsen. digne d’un loft new yorkais, Lydia Pawelak


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calendrier culturel

Du 14 février au 26 février Documentaire • Le McGill Outdoors Club présente le documentaire Andes Bicycle Expedition qui suit le parcours de deux cyclistes à travers l’Altiplano bolivien. Le visionnement aura lieu le mercredi 15 février à 20h dans la salle 204 du Pavillon McConnell. L’entrée est libre, mais l’espace restreint, alors réservez votre place à www.cs.mcgill. ca/~ydaoud/documentary. Rencontre d’auteur • Le département de Langue et littérature française organise une rencontre avec Sergio Kokis dans le cadre de la série Voies et voix de l’écriture. Cet auteur prolifique, dont le dernier roman s’intitule La Gare, traite de thèmes inhérents à la construction de l’identité moderne (le jeu des masques, l’art du déguisement et du maquillage notamment). La rencontre aura lieu le jeudi 16 février à 18h dans la salle 116 du Pavillon Peterson. Renseignements: voies_et_voix@yahoo.com. Lectures publiques • Le département de Langue et littérature française présente une conférence intitulée Entre miracle et singularité: La Cérémonie de l’enfant prodige et ses liturgies par Hélène Cazes, professeur à l’Université de Victoria. Elle explorera les liens entre exceptionnalité, anomalie et exception et proposera une lecture diachronique des représentations imaginaires de l’enfance, de la grâce, du savoir et de la société. La conférence aura lieu le

jeudi 16 février à 16h dans la salle 116 du Pavillon Peterson (3460, rue McTavish). Renseignements: frederic. charbonneau@mcgill.ca. • Le département d’Anglais présente une conférence intitulée Common Places: Poetry and Travel Writing in the Antebellum United States par Meredith McGill de l’Université Rutgers. Elle aura lieu le jeudi 16 février de 16h15 à 17h15 (emplacement à déterminer). Renseignements: www. arts.mcgill.ca/programs/english/ english.html • La série de lectures Standd présente une conférence intitulée Making Governence Good: Disciplining the Ghanaian State par Jonathan Langdon, candidat au doctorat de la faculté d’Études intégrées en éducation. Elle aura lieu le vendredi 17 février de 12h30 à 14h dans la salle 322 du Chancellor Day Hall (3644, rue Peel). Entrée gratuite. Renseignements: (514) 398-1813. Musique • L’école de musique Schulich présente un concert de l’Ensemble de musique contemporaine de McGill, dirigé par Denys Bouliane. Les œuvres au programme sont de Adler, DiCastri. Lindh, Galaty, Flores, Brooks et d’autres. Le concert aura lieu le jeudi 16 février à 20h dans la salle Tana Schulich du nouveau pavillon de musique Strathcona (527, rue Sherbrooke O.). Entrée libre. Renseignements: 398-4547 ou 3985145.

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les rêveries du lecteur solitaire

Caminante no hay camino…

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n 1917, Antonio Machado écrivait ces vers célèbres: «Caminante no hay camino / Se hace camino al andar» («Marcheur il n’y a pas de chemin / Le chemin se construit en marchant»). Si j’ouvre ma chronique avec eux cette semaine, ce n’est pas que pour «ploguer» ma connaissance de la langue espagnole, c’est surtout pour vous présenter un des monuments poétiques du Québec: Jacques Brault, dont l’œuvre est marquée par cette recherche du chemin. Né en 1933, Jacques Brault fut contemporain de grands noms tels que Gaston Miron et Roland Giguère; il a baigné avec eux dans l’effervescence poétique des années 50, 60 et 70. Si l’histoire n’a que peu retenu son nom, c’est sans doute que, contrairement aux autres poètes de cette époque, Brault n’a jamais fait de poésie «nationale» s’harmonisant aux trompettes de la Révolution tranquille. À tel point qu’on pourrait lui dédier ces vers de Brassens: «La musique qui marche au pas / Cela ne me regarde pas». S’il a dédaigné ce parcours collectif, c’est que Brault s’est attaché toute sa vie durant à son propre chemin. Sa poésie est une recherche de sens, un plongeon dans la mémoire, une quête gnostique et philosophique où la sincérité transparaît à travers la simplicité des mots du poète, criants de vérité. Vous ne trouverez chez Brault aucun grand mot ampoulé, nulle syntaxe

tordue, pas de métaphore éclatante. Son œuvre est toute minimaliste, mais ô combien émouvante : «Si on me demande par ici / dites que je m’éloigne sur la route / mêlant le sel de neige / au sel de mes larmes / dites aussi qu’un grand froid m’accompagne» (Moments fragiles, 1984). On sent chez lui le promeneur, l’inlassable vagabond qui tient à la fois de l’itinérant crasseux de la rue Sainte-Catherine et du sage japonais méditant sous un cerisier en fleur. Car le refus de nationaliser son œuvre a porté Brault à l’enrichir de la littérature mondiale. On sent chez lui l’influence de poètes divers, comme Machado, mais surtout celle des haïkus japonais, notamment ceux de Bashô et de Saigyo. Cette influence est source de modestie et, sans masquer l’identité du poète, l’amène à porter son attention sur le monde qui l’environne, à se questionner sur sa place dans l’univers. Après une fructueuse carrière d’essayiste, de journaliste culturel et de professeur d’université, Jacques Brault vit aujourd’hui à la campagne, comme l’ermite qu’il est, se consacrant à sa quête poétique. À l’extérieur des cercles universitaires, sombre petit à petit dans l’oubli ce poète qui a «cheminé seul et longtemps / parmi des tombes encore vides» (Moments fragiles). x

Pierre-Olivier Brodeur


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Parc MédéricMartin

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Le vendredi 17 février à 20h GA Retour dans la RUchanson E HOCHELA française, Montréal pour Paris.

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CHOQ FM (279 ST. CATHERINE FRONTENAC EST)

Radiothon annuel

Le samedi 25 février dès 20h La radio étudiante de l’UQÀM ouvre ses portes aux musiciens amateurs et aux comédiens en tout genre. Micro ouvert toute la soirée.

BOUL. DE MAISONNEUVE

RUE SAINTE-CATHERINE

Parc Bellerive

STATION C (1450 STE. CATHERINE EST)

La Nuit electronik

Parc HélèneDe Champlain

Lac aux Dauphins

Le samedi 25 février de 22h à 9h Pour la troisième année consécutive, la soirée la plus courue de la Nuit blanche rassemblera les amateurs de musique électronique. En tête d’affiche, le duo allemand Wighomny Brothers.

BASSIN BONSECOURS

METRO

PAPINEAU

Le samediThéâtre 18 février à 19h et 21h30 de Verdure Parc Rien de mieux pour se réchauffer La Fontaine en plein hiver qu’un spectacle de flamenco. La troupe, qui a parcouru le monde entier, redéfinit l’art de la danse espagnole.

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Tour de l’Horloge

Fort de en l’Île-Sainte-Hélène Patinoire plein air Musée David-M.-Stewart

Plaine

Tous les soirs dès 18h De la glace, des lames affûtées et un DJ les samedis.

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Les événements dans les cases des jeux La Poudrière Tour de Lévis bleues font partie de la Nuit blanche, entre le samedi 25 et le dimanche ÎLE SAINTE-HÉLÈNE 26 février.Toute la nuit, deux circuits Restaurant Hélène-De Champlain QUAI JACQUES-CARTIERLa Biosphère Parterre de navettes gratuites rallieront LOCALISA les quatre coins du centre-ville. METRO

Kiosque Feux d’accueild’artifices

JEAN-DRAPEAU Plusieurs soirs dès 20h Carrefour des Îles Quoi de mieux

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Le grand festiva l d’h ive r de Mo ntr éal déb ute jus te à tem ps pour la semaine de relâche. Cette ann ée, les fes tivi tés à l’ex tér Arrondissement ieu r se dép lac ent au Vieux-Port. Le Délit vous présente du Plateau-Mont-Royal une poi gné e d’é vén em ent s des plu s exc itan ts. Compilé par Alexandre de Lorimier.

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Centre Jacques-Cartier des sciences de Montréal

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Musée MarcAurèle-Fortin

Centre d’histoire de Montréal

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Parc des Écluses

HÔTEL DE VILLE (275 NOTRE-DAME EST)

Nuit blanche à l’Hôtel de ville

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Mont Orato

l’humeur qu’une poudrière La plupart des activit és sont nal Centre d’activités qui prend feu... Che du bassin olympiquegratuites et les spectacles offrent nt des rabais pour15 les étudiants. ÎLE re AV. VAN HORNE NOTRE-DAME au Pour plus d’information , visitez t-L Parterre in CH. DE LA CÔTE-SAINTE-CATH www.mon treale nlum iere.c om.

Lac des Cygnes

Place des Nations

IL L

Parc Jean-Drapeau

TG

CH

AV. PAPINEAU

Monument Sir-GeorgeÉtienne-Cartier

Le samedi 25 février dès 20h30 Spectacle laser, surdose de néons et musique rétro à volonté. Et comble du kitsch: les participants vêtus de fluo entrent gratuitement.

Hôtel-Dieu du CHUM

HER B

Square Saint-Louis

AV. DES PINS

RUE PRINCE-ARTHUR

RUE S

Place JacquesCartier

RUE BERRI

Du 16 au 26 février 2006

CH. OLMSTED

Parc Rutherford

BOUL. SAINT-LAURENT

CH. REMEMBRAN CE

AV. CEDAR

DES PINS YannAV.Perreau

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AV. PAPINEAU

AV. PAPINEAU

RUE SAINT-HUBERT

RUE SAINT-HUBERT

Centre universitaire de santé McGill

LA C ÔT

AV. DES PINS

Le jeudi 23 février à 20h AV. DOCT Vedette atomique de la pop EUR-PENFIELD montréalaise, Yann Perreau en remet après son spectacle de l’automne dernier.

RUE SAINT-DENIS

RUE SAINT-DENIS

RUE SAINT-DENIS

Lac aux Castors

CH . DE

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RUE JEANNE-MANCE

RUE JEANNE-MANCE

THE BOULEVARD

HERB RO

GEORGES-VANIER

Planétarium de Montréal

GTON RUE WELLIN

EM

RUE UNIVERSITY

AV. CEDAR

RUE S

RUE SAINT E-CATHERINE

METRO

E-DAME

RUE SAINT-URBAIN

RUE SAINT-URBAIN

AV. DU PARC AV. DU PARC

RUE DE BLEURY

d ker BicLe samedi 25 février de 19h à 3h ssin Ba Y Le maire Tremblay ouvre les portes PU -D U RRE PIE de son manoir aux fêtards. Profitez-en AV. pour découvrir les entrailles d’un des bâtiments historiques de la ville, tout en vous démenant sur des rythmes endiablés.

I CU CIR

RUE D'IBERVILLE

RUE HUTCHISON

BOUL. SAINT-LAURENT

RUE CLARK RUE CLARK

Pavillon du CINÉMA DU PARC (3575 PARC) CENTRE CANADIEN D’ARCHITECTURE lac aux Castors La noche de los cortos (1920 BAILLE) · MUSÉE DES BEAUXdu de 22h à 1h Le samedi 25 Croix février mont Royal ARTS (1380 SHERBROOKE OUEST) · Centre de Maison Smith Le cinéma préféré des mcgillois présente une série de courts métrages MUSÉE D’ART CONTEMPORAIN (185la montagne hispaniques. ¡No se lo pierdan! Parc du STE. CATHERINE OUEST) · CENTRE Mont-Royal Belvédère Grand chalet Escalier Kondiaronk DES SCIENCES DE Trafalgar MONTRÉAL Stade Percival Molson Hôpital (QUAI KING-EDWARD) · POINTESPECTRUM Royal Victoria À-CALLIÈRE (350 PLACE ROYALE) (318 STE. CATHERINE OUEST)

T-JA

RUE WILLIAM RUE OTTA WA

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Bassins Peel

RU GE BRID RUE

DAYLIGHT FACTORY (1030 ST. ALEXANDRE)

Nuit blanche au Daylight

AV. MCGILL COLLEGE

Visites au clair de lune

SAIN

RUE UNIVERSITY

Université McGill Musée des QUARTIER QUARTIER beaux-arts Musée McCord DU MUSÉE Bibliothèque LATIN de Montréal Grande RUE SHERBROOKE d’histoire canadienne nationale du Québec Musée des arts Bibliothèque Université décoratifs de Montréal Théâtre Saint-Denis du Québec Concordia SAINTMcGILL Station Centrale PEEL Cinéma LAURENT Cinémathèque BOUL. DE MAISONNEUV d’Autobus Montréal E MAISONNEUVE DE BOUL. ONF québécoise GUYPLACEMETRO METRO Centre CONCORDIA METRO DES-ARTS METRO Parc METRO Arrondissement Place Pierre-Péladeau ÉmilieCentre-ville BEAUDRY LE VILLAGE METRO Musée d’art des Arts BERRI-UQAM Gamelin de Ville-Marie RUE SAINTE-CATHERINE contemporain METRO de Montréal Théâtre du nouveau monde UQÀM Complexe Les Salles Square Monument Desjardins du Gesù Dorchester BOUL. RENÉ-LÉVESQUE National Place E Hôpital Saint-Luc Ville Marie BOUL. RENÉ-LÉVESQUE BOUL. RENÉ-LÉVESQU du CHUM CITÉ DU COMMERCE Cathédrale MarieMaison de Reine-du-Monde Radio-Canada Gare Centrale ÉLECTRONIQUE UCHETIÈRE RUE DE LA GA Place du CHAMP-DE-MARS MARIE Gare Canada SQUAREAV. VIGER BOUL. VILLELUCIENQUARTIER CHINOIS Lucien-L’Allier VICTORIA Square Viger L’ALLIER BONAVENTURE METRO METRO E E Centre AV. VIGER Palais RUE SAINT-ANTOIN AUTOROUTE VILLE-MARI METRO METRO METRO QUARTIER Bell des congrès RUE SAIN INTERNATIONAL de Montréal PLACE-D’ARMES Place T-ANTOINE E D AM Champ-de-Mars Bonaventure OTRECentre de commerce RUE N Hôtel de ville mondial de Montréal Lieu historique national de Montréal Musée du CQUES Place Bourse RUE SAINT-JA d‘Armes Sir-George-Étienne-Cartier Châteaude Montréal Ramezay

L ach

RUE CRESCENT

E-DE SLe samedi 25 février, horaires variés . ATWATE R En cette nuit de délire, AVrevisitez vos musées préférés et découvrez ceux que vous connaissez moins.

METRO

Square

UPSTAIRS ATWATER (1254 MACKAY) E

B OU Cabot Quartet Chet Doxas L. D ORC H

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INT-PATR ICK

Can al d e

RUE DE LA MONTAGNE

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VILLE -MAR IE

RUE SAINT-ANTOINE

LIONELGROULX CQU ES

Le samedi 25STER février à 20h30, L’Hôpital Centre Canadien de Montréal 22h15 et minuit d’Architecture pour enfants Le saxophoniste Chet Doxas et son groupe déclenchent la fièvre du jazz quatre mois RUE SAINT-AN TOINE trop tôt.

METRO

RUE SA

CHARLEVOIX

RUE SAIN T-PAT RICK

RUE BISHOP

Le samedi 25 février de 18h à 4h Un des événements les plus intriguants de la Nuit blanche, les installations de la Daylight Factory mélangent le design lumineux à la danse moderne.

L RUE MCGIL

COURS MONT-ROYAL (1455 PEEL) Course dans le Montréal souterrain

METRO

RUE CENT RE

PLANÉTARIUM (1000 ST. JACQUES) Arrondissement du Sud-Ouest Le Sud à Montréal

Maison Saint-Gabriel (site historique)

RUE GUY

RUE GUY

AV. GREENE

Le samedi 25 février de 22h à 5h, représentation toutes les demi-heures Vous êtes dans la lune? Découvrez les Pôle des Rapides étoiles du ciel austral au Planétarium. N TO ING Des télescopes serontWELLpointés vers la RUE voûte céleste, si la météo le permet. Parc MargueriteBourgeoys

AVENTURE AUTOROUTE BON

AV. CLARKE

NOT RE-Ddès 7h Le dimanche 19 février AME Ce dimanche, oubliez le magasinage et enfilez Marché vos Atwater souliers de course. Pour la première fois cette année, 500 coureurs traverseront les tunnels et corridors de la ville souterraine sur Lieu historique national un parcours de 5 km. Inscription requise. du Canada du Canal-de-Lachine

RUE

RUE DES SEIGNEURS

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RUE CHA RLEVO IX

HENRI CQUES RUE SAINT-JA

RUE ROSE-DE-LIMA

AV. CHRISTOPHE-COLOMB

Pavillon de la Jamaïque

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RUE PEEL

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Parc Le Ber

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AV. DU PARC-LA FONTAINE

RUE AMHERST

Théâtre des Lilas

AUTOROUTE DÉCARIE

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