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AVANT-PROPOS
L’urgence des ressources et des déchets
LES DÉCHETS DU BÂTIMENT
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« Un bâtiment représente une masse importante de matériaux qui, lorsque l’édifice arrive en fin de vie, ne trouvent d’autres usages que de remplir nos déchetteries. »1
Le 5 juillet 2021, au micro d’Europe 1, Christine Leconte, présidente du Conseil National de l’Ordre des Architectes, évoque les enjeux du XXIème siècle : aujourd’hui 66% des déchets proviennent du BTP et des infrastructures, issues notamment par les grandes démolitions. L’un des enjeux serait alors de moins démolir et de plutôt choisir la réhabilitation massive du parc existant, refaire de l’architecture à partir de l’existant.2
1 Jean-Louis Missika, adjoint à la Maire de Paris chargé de l’urbanisme, de l’architecture, des projets du Grand Paris, du développement économique et de l’attractivité, texte issu du livre Encore Heureux, Matière grise, Éditions du Pavillon de l’Arsenal, 2014, p. 5
2 Christine Leconte, Démolir n’est plus une option possible, Europe 1, 5 juillet 2021
PÉNURIES DE RESSOURCES ET ÉNERGIES
« A la fin des années 2000, le volume mondial des ressources extraites équivalait à 60 milliards de tonnes, tandis que le volume des déchets produits se montait à 12 milliards de tonnes », soit un prélèvement de 10 tonnes de ressources et une production de 2 tonnes de déchet par personne et par an.3 Malheureusement, la problématique écrasante des déchets n’est pas la seule composante de la crise environnementale. Parce que les humains consomment davantage que ce qu’offre la planète, les pénuries de matière, ressources, énergie apparaissent depuis l’utilisation industrielle des énergies fossiles.4 Chaque année depuis 1986, l’organisation non gouvernementale américaine Global Footprint Network détermine l’Earth Overshoot Day (ou jour du dépassement global) qui est la date théorique où l’humanité a consommé l’intégralité des ressources renouvelables pour l’année. En 2014 cette date a été calculée au 19 août. On peut réellement considérer notre dette écologique.5 Si en 2020, le ralentissement de l’économie lié à la pandémie du covid-19 a repoussé cette triste date, dès 2021 elle s’est avancé de nouveau.6 Nos modes de vie dégradent la planète plus vite que toutes nos actions réunies pour la préserver.
3 Encore Heureux, Matière grise, Éditions du Pavillon de l’Arsenal, 2014, p. 37
4 Rob Hopkins, Manuel de Transition, de la dépendance au pétrole à la résilience locale, Éditions Ecosociété, 2018, p. 5
5 Encore Heureux, Matière grise, Éditions du Pavillon de l’Arsenal, 2014, p. 11
6 Voir graphique page ci-contre Un exemple très parlant pour le domaine des ressources de la construction est celui du sable marin, composant du béton ou du verre (mais aussi utile pour la cosmétique ou les composants des ordinateurs). C’est la 2ème ressource naturelle la plus utilisée après l’eau : 15 milliards de tonnes sont extraits chaque année. Les conséquences se font d’abord sur les écosystèmes, générant ensuite des conflits entre la société civile et les groupes cimentiers : la pression sur la ressource de plus en plus forte.7
FAVORISER UNE FORME D’ÉCONOMIE CIRCULAIRE
Une solution évidente à mettre en œuvre est alors de ralentir les productions de neuf pour utiliser ce qui existe déjà. Aujourd’hui la seconde main est de plus en plus populaire dans les consommations courantes avec des entreprises comme Leboncoin ou Vinted ou la mode des friperies. Bonne nouvelle : le principe de l’économie circulaire est aussi applicable au bâtiment. On peut choisir de réhabiliter plutôt que de construire du neuf.
En 2003, la loi n° 2003-710 d’orientation et de programmation pour la ville et la rénovation urbaine dite « Loi Borloo » souligne l’importance de la rénovation aux côtés de la production neuve dans le domaine du logement en France. L’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) et le Programme National de Rénovation Urbaine (PNRU) sont créés pour réhabiliter 600 quartiers en France et Outre-Mer.
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7 Encore Heureux, Matière grise, Éditions du Pavillon de l’Arsenal, 2014, p. 37
8 https://www.anru.fr/le-programmenational-de-renovation-urbaine-pnru
DES PROGRÈS ET DES OBJECTIFS DE SOBRIÉTÉ A TENIR
« Aujourd’hui, en France, on consomme six fois moins d’énergie qu’en 1970. L’objectif annoncé de la RT2020 serait d’atteindre 12kWh/m²/an, soit une consommation vingt-cinq fois moindre qu’en 1970. »,9
RICHESSE DU TRAVAIL AVEC L’EXISTANT
Travailler avec l’existant apparait donc comme une solution vertueuse. Or, ce type de travail ne doit pas être vu comme une contrainte, mais plutôt comme une opportunité de projet riche de sens. Par exemple, le travail avec l’existant considère les liens affectifs entre les individus et les bâtiments. Il peut y avoir de réels liens sociaux entre Hommes et bâti.
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9 Philippe Rahm, exposition Histoire naturelle de l’Architecture, Pavillon de l’Arsenal, mai à septembre 2021 10 Christine Leconte, Démolir n’est plus une option possible, Europe 1, 5 juillet 2021
Graphique des Earth Overshoot Days, les dates théoriques où l’humanité a consommé l’intégralité des ressources renouvelables pour l’année
Source : https://www. overshootday. org/newsroom/ past-earthovershoot-days/