Le magazine 'Fonds'

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INTERVIEW

‘Les gestionnaires de patrimoine sont très inquiets. A juste titre. GINA MILLER

DOSSIER SPÉCIAL FUND AWARDS

La femme la plus influente de la City

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EDITO

Fonds à gestion (attr)active 200

fonds ne font que répliquer un indice, ce qui permet de limiter les frais. Si les trackers méritent une place dans un portefeuille, ils ne sont pas toujours des produits faciles pour l’investisseur autodidacte. Non seulement le nombre de trackers et d’indices a récemment explosé, mais la complexité de nombreux trackers a également augmenté. De plus, il n’est pas facile par exemple de répliquer un portefeuille mixte d’actions et d’obligations avec des trackers tout en s’assurant d’un bon suivi du niveau de risque. Les trackers ne constituent donc pas une solution alternative aux très populaires fonds mixtes. De plus, le développement des fonds indiciels devrait offrir des opportunités aux gestionnaires actifs, car les trackers sont soupçonnés de créer des inefficiences dans le marché. Les fonds gérés activement méritent donc toujours une place dans un portefeuille. Les lauréats des Fund Awards (cf. notre dossier) prouvent qu’il est possible de faire mieux que le marché.

milliards d’euros. C’est le montant investi par les Belges dans les fonds d’investissement. Un montant élevé, certes, mais nettement inférieur aux 271 milliards d’euros parqués sur des comptes d’épargne qui ne rapportent rien. Mais il n’est bien entendu pas évident pour tout le monde de mobiliser une partie de son épargne dans un investissement à long terme. Les fonds d’investissement offrent cependant de nombreux avantages. Par exemple, les épargnants peuvent se lancer avec un montant limité et les fonds sont gérés par des investis-

seurs professionnels, ce qui les met à la portée de ceux qui ne souhaitent pas suivre les marchés au quotidien. Les fonds doivent aussi respecter des règles strictes en matière de transparence et de diversification dont le but est de protéger les investisseurs. Hélas, la médaille a aussi son revers. Les fonds n’obtiennent pas toujours les résultats escomptés – c’est-àdire faire mieux que le marché – pour lesquels ils facturent parfois des frais élevés. Les fonds gérés activement sont de plus en plus éclipsés par des trackers, aussi appelés Exchange Traded Funds ou fonds indiciels. Ces

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PORTEFEUILLE

STRATÉGIE

INSIDES

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Interview avec Gina Miller « Investissements durables ? En tant que secteur, je pense que nous avons la responsabilité de nous demander si nous pouvons répondre à la demande du marché. » coverbeeld © Diego Franssens

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Dossier Fund Awards L’Echo a décerné 18 Awards aux meilleurs fonds et maisons de fonds. Couronnes Le fonds Echiquier World Equity Growth obtient d’emblée 3 couronnes de L’Echo.

‘La croissance des fonds indiciels offrent des opportunités pour des fonds activement gérés par une personne’ Peter Van Maldegem Coördinateur Fonds

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Investir en Chine « La croissance est de retour.» Actions mondiales Comment trouver les actions gagnantes ?

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Règlementation FIAR, le nouvel acronyme de l’univers des fonds Kafka La fiscalité des trackers pousse les investisseurs à se tourner vers l’étranger.


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fonds portefeuille

INTERVIEW

«Les gestionnaires de patrimoine continuent à chercher des excuses» Avant de devenir célèbre comme «la femme qui a traduit en Justice le gouvernement britannique» dans la saga du Brexit, Gina Miller a dardé ses flèches sur les résultats médiocres des gestionnaires de patrimoine. La bataille contre leurs frais cachés n’est pas encore terminée selon elle. «Ils sont inquiets et ils ont raison.»

KRIS VAN HAMME À LONDRES

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a confusion à propos de l’étage auquel nous avons rendez-vous avec Gina Miller dans son bureau au Berkeley Square à Londres en dit long sur les nombreuses casquettes qu’elle porte en tant qu’activiste myriapode. «Pour SCM Direct, vous devez vous rendre au premier étage», nous indique-t-on à la réception. SCM est une société de gestion de patrimoine que Gina Miller a créée avec son mari

«S’il le faut, je vais frapper à 600 portes jusqu’à ce que la bonne s’ouvre.»

et ancien gestionnaire de fonds spéculatif Alan Miller pour démontrer que la gestion de patrimoine pouvait être plus transparente et moins chère. Mais finalement, c’est au troisième étage que nous pourrons l’interviewer, là où se situe le «bureau de campagne» à partir duquel Gina Miller essaie de lutter contre le chaos du Brexit. Sa dernière campagne – «End the Chaos» – souhaite fournir aux Britanniques des informations exactes et précises sur les conséquences du Brexit. Cette semaine, Gina Miller a évoqué le sujet lors de l’Investment Conference organisée par L’Echo et De Tijd. Car Gina Miller est devenue une personnalité dans la campagne antiBrexit après avoir obligé le gouvernement, suite à une décision de Justice, à obtenir l’accord du Parlement avant de démarrer les négociations sur le Brexit avec l’Union européenne. C’était une question de principe – transparence au lieu de petits arrangements en coulisses – dont elle était loin d’imaginer les conséquences. Gina Miller et sa famille ont en effet reçu des menaces de mort à l’issue de son engagement contre le Brexit. Un comte qui promettait de l’argent pour sa décapitation a fini en prison et depuis lors, elle vit sous la protection rapprochée d’une équipe antiterroriste. Vous êtes connue comme étant une critique acerbe du secteur des fonds, que vous considérez comme «moralement en faillite». Qu’est-ce qui vous a poussée à vous lancer dans cette croisade? Je travaille depuis 1996 dans le secteur financier, au départ par le biais de ma propre agence de marketing spécialisée. Lorsque je lisais les prospectus de mes clients qui sont gestionnaires de patrimoine, je me disais: «Vous ne pourrez jamais tenir les promesses que vous faites dans ces documents». Mes craintes ont été confirmées par une enquête à grande


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© DIEGO FRANSSENS

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Le nouvel acronyme de l’univers des fonds

FIAR Les fonds alternatifs sont tendance. Après les SIF, ce sont les FIAR qui tiennent aujourd’hui la vedette au Luxembourg, l’épicentre du marché européen des fonds. L’an dernier, le nombre de FIAR a été multiplié par deux. On en compte désormais 600.

PETER VAN MALDEGEM

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e 23 juillet 2016, une loi luxembourgeoise a créé un nouveau type de fonds d’investissement: le Fonds d’Investissement Alternatif Réservé (FIAR) ou, en anglais, Reserved Alternative Investment Fund (RAIF). Cette nouvelle loi a provoqué un véritable séisme dans le secteur des fonds alternatifs. La cause? Les caractéristiques spécifiques des FIAR. Pour situer ce produit dans le vaste paysage des fonds, il faut d’abord faire la distinction entre les fonds d’investissement traditionnels et alternatifs. Les fonds traditionnels sont appelés «Organismes de placement collectif en valeurs mobilières» (OPCVM). Ces fonds, aussi connus sous l’appellation UCITS, doivent être

conformes à la directive européenne éponyme et être accessibles au grand public. Ils tombent sous le coup de la réglementation la plus stricte et ne peuvent investir que dans des titres négociables. Les Organismes de Placement Collectif Alternatifs (OPCA) font partie d’une autre catégorie. Comme leur nom l’indique, ces fonds n’investissent pas dans des actifs traditionnels, comme les actions et obligations cotées, mais dans des actifs alternatifs, comme le Private Equity, l’immobilier, le capital à risque, etc. Ces fonds ne sont accessibles qu’aux investisseurs expérimentés capables d’évaluer correctement les stratégies d’investissement et les risques afférents. Ces fonds alternatifs peuvent prendre plusieurs formes, mieux connues sous les acronymes Part II UCI, SIF, SICAR et, depuis 2016, FIAR (lire encadré). «Ce qui est révolutionnaire avec les FIAR, c’est que ces fonds ne sont pas soumis au contrôle de l’autorité luxembourgeoise CSSF (Commission de Surveillance du Secteur Financier, NDLR)», explique DenisEmmanuel Philippe, avocat chez Bloom. Contrairement aux autres fonds alternatifs, la création d’un FIAR n’exige pas l’accord préalable de la CSSF. «L’avantage, c’est que ces fonds peuvent être mis plus rapidement sur le marché», poursuit Denis-Emmanuel Philippe. Il existe néanmoins un contrôle indirect. «Le fonds doit nommer un gestionnaire agréé qui doit veiller au respect de certaines règles, comme


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la nomination d’un réviseur et la communication d’informations aux investisseurs.» Les FIAR offrent d’autres avantages également. «Par exemple, ils peuvent prendre la forme d’une société d’investissement à capital variable (SICAV) et peuvent comprendre plusieurs compartiments», explique DenisEmmanuel Philippe. Sur le plan légal, les FIAR doivent au moins représenter 1,25 million d’euros, mais dans la pratique, ils sont utilisés pour des patrimoines à partir de 20 millions d’euros. Enfin, cette structure bénéficie d’un régime fiscal avantageux dans le pays d’origine: les FIAR échappent aux impôts sur les revenus et aucun précompte mobilier n’est perçu sur les revenus distribués.

FOTO-Caption © GETTY IMAGES

Ces caractéristiques intéressantes se traduisent aussi dans les chiffres. Pas moins de 600 FIAR ont été créés en à peine plus de deux ans, ce qui est plus qu’honorable dans le monde des fonds alternatifs. Par comparaison, la catégorie des SIF (Specialised Investment Funds), qui a vu le jour

en 2007, compte aujourd’hui près de 1.100 fonds enregistrés. Mais ils sont en recul suite à l’arrivée des FIAR. En 2015 en effet, ils étaient encore au nombre de 1.602. Les FIAR ne peuvent être vendus qu’à des investisseurs expérimentés et bien informés. «Parmi eux, on trouve les investisseurs institutionnels et professionnels, mais aussi les riches particuliers. Ces derniers doivent pouvoir démontrer qu’ils disposent d’une expérience suffisante dans ces investissements alternatifs. Le montant minimum exigé pour investir dans un

FIAR accessible au public en Belgique est de 125.000 euros. S’il s’agit d’un placement privé, le montant minimum est de 250.000 euros», explique Koen Deferm, senior private banker à la Banque de Luxembourg. D’après le banquier privé, les FIAR sont essentiellement utilisés en Belgique par des investisseurs professionnels, des familles ultra-riches et des «family offices». «Ces investisseurs utilisent souvent les FIAR pour structurer et gérer des actifs alternatifs comme l’immobilier, mais aussi le Private Equity. Dans certains cas, les FIAR peu-

vent également être utilisés pour la gestion et la structuration des patrimoines familiaux», précise Koen Deferm. Avec les FIAR, BNP Paribas Asset Management s’adresse surtout à ses clients internationaux, présents entre autres en Belgique. «Il ne s’agit cependant que d’une partie des avoirs que nous gérons», nous explique-t-on chez le gestionnaire de patrimoine. Rivertree Investment Funds, connu en Belgique grâce à ses fonds commercialisés via Puilaetco Dewaay, ne propose aucun FIAR. «Notre société de gestion à Luxembourg gère plusieurs FIAR pour

UCITS

OPCVM

OPCA

Part II UCI

Undertakings for the Collective Investment in Transferable Securities. Directive européenne qui impose des règles strictes aux fonds d’investissement accessibles au grand public. La plupart des fonds proposés par les banques aux particuliers sont soumis à la directive UCITS.

Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières, en d’autres termes, il s’agit de fonds qui sont conformes à la directive UCITS.

Organismes de Placement Collectif Alternatifs, l’appellation générale des fonds alternatifs repris ci-dessous.

Fonds qui ne répondent qu’à une partie de la réglementation UCITS et qui ne sont donc pas accessibles au grand public. Ils font partie des fonds alternatifs.

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