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Eric Delmarche (54 ans «Il fallait que je sois retraité, que je tourne la page d’une époque révolue.»

Éric est entré à la gendarmerie en 1987 à l’âge de 18 ans, et pensait y faire carrière jusqu’à sa date officielle de retraite, en 2024, à 56 ans. «À l’époque, c’était l’âge légal, aujourd’hui, il faut travailler bien plus longtemps…»

Sa carrière ne se révèle pas de tout repos. Éric choisit de gravir les échelons dans plusieurs unités spéciales, plutôt que d’arpenter le pavé en uniforme. «Un parcours valorisant»: il a tour à tour été motard à la police des autoroutes, à la PJ fédérale, enquêteur dans des affaires criminelles et à la Computer crime unit.

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«J’ai vécu le procès des CCC où j’ai eu ces personnes à mes poignets, les suites des tueries du Brabant, des a aques de fourgons et braquages divers où j’ai failli y rester avec un autre collègue, l’affaire Dutroux, les affaires politico-judiciaires carolo...»

«Tout ce qu’on a vu à la télé, je l’ai vécu! C’était trop intense. J’avais fait le tour. J’étais arrivé à saturation», explique-t-il. Mais c’est surtout la fusion des polices qui a miné sa motivation. «J’ai fait une sorte de burnout. J’étais en phase avec mes collègues de la PJF, mais plus avec le nouveau système de la police, les coups bas et la mentalité de certains.»

Éric décide alors de prendre sa pension. «Par voie médicale, sinon c’était impossible de partir aussi tôt. Je connaissais les ficelles et procédures. Il fallait que je sois retraité, j’avais cotisé durant 28 ans. Je voulais tourner la page d’une époque révolue, mais pas question de démissionner.»

Il savait ce qu’il faisait et avait également assuré ses arrières. «J’avais le choix. Même si je ne savais pas du tout combien j’allais percevoir, je pouvais me le perme re financièrement», résume-t-il. «J’avais près de 28 années de carrière, et le calcul de la pension se faisait encore alors sur la base des 10 dernières années. Je n’ai donc pas perdu beaucoup.» Il a eu droit à une pension supérieure à 1.500 euros net par mois, «ce qui est suffisant, pour avoir presté 27/35 de carrière. Aujourd’hui, cela aurait été 27/45! Certains me disent que j’ai bien fait…»

Éric savait qu’il ne resterait pas sans rien faire ni sans ressources (supplémentaires). Il avait l’intention de rester actif, mais par plaisir, pas par nécessité. «J’avais plusieurs cordes à mon arc.» Il avait en effet passé son brevet de moniteur d’auto-école en début de carrière. Il a également fait des études d’informatique qui lui ont servi durant sa carrière. Et c’est aussi ce qui lui a permis d’envisager ce e autre vie. «Je donne cours dans une auto-école depuis 30 ans. Sur un an, avec le covid, j’ai donné cours à 1.000 personnes. Je suis également maître de stage pour les moniteurs qui ont obtenu leur brevet. Mon objectif et ma plus grande satisfaction, c’est de faire réussir les jeunes et les conducteurs déchus de leur permis. Car le salaire est modeste et très taxé», explique-t-il. De toute façon, en tant que salarié, Éric est tenu de respecter un plafond, car il a pris sa retraite avant l’âge légal.

L’ancien gendarme est également bon gestionnaire. «J’ai toujours été prévoyant», assure-t-il. «J’ai fait des placements boursiers. J’ai acheté une maison que je donne en location. J’en ai racheté une autre à mes parents, qui sont invalides, et j’ai fait construire pour eux une annexe de plain-pied à mon domicile.» Mais surtout, «j’ai du temps pour m’occuper d’eux».

Muriel Michel

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