LE MAGAZINE DU WEEK-END DE L’ECHO 13.10.2018
BIENNALE INTERIEUR: la crème de la crème du design se retrouve à Courtrai + ENTRÉE GRATUITE «Même le chenil est moderniste» - Bienvenue dans la DEMEURE ICONIQUE de Léon Stynen TOUCHE À TOUT - Architecte, designer, artiste et éditeur: une rétrospective est consacrée à Giò Ponti à Paris «Tiens, quand ont lieu les Oscars?» - Un pas de deux avec Victor Polster, révélation du cinéma belge dans ‘Girl’
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LA CUISINE DU CHÂTEAU
© Frederik Vercruysse
Il était une fois un château de rêve en Bavière, érigé pour le roi Louis II. S’y trouvait une cuisine, redécouverte par Michaël Verheyden, Koen Roux et Bart America. Ils la présentent en avant première à la Biennale Interieur. Connaîtra-t-elle une longue et heureuse vie? Reportage: An Bogaerts
uand la nouvelle tombe, on prend garde de bien nous spécifier qu’il s’agit d’une cuisine de Michaël Verheyden, Koen Roux et Bart America. Si le premier, designer, est le plus connu des trois acteurs du projet, cette cuisine inspirée de l’architecture du château de Louis II de Bavière est une collaboration équilibrée entre trois artisans limbourgeois partageant le même sens de l’esthétique et du quotidien. Le créateur d’intérieurs Koen Roux collabore avec Michaël Verheyden depuis quelques années et l’architecte Bart America avait, lui aussi, un lien de longue date avec le designer: c’est lui qui avait aménagé ses restaurants préférés à Hasselt, Ogst et l’ancien 12-20. Sa mission était de faire en sorte que la nouvelle cuisine excelle en termes d’esthétique, comme de fonctionnalité.
Michaël Verheyden, Koen Roux et Bart America ont collaboré sur ce projet de cuisine hors du commun.
© Frederik Vercruysse
© Frederik Vercruysse
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Le luxe de la simplicité Pour ce projet peu commun, le trio limbourgeois s’est inspiré des anciennes cuisines du château de Neuschwanstein, érigé en 1886 par ce roi un peu farfelu qu’était Louis II de Bavière. Ce monument incroyable est, depuis, devenu une attraction touristique dans cet état du sud de l’Allemagne. Saviez-vous qu’il a même inspiré les studios Disney pour créer le
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château du dessin animé ‘La Belle au Bois Dormant’? Étrangement, ce château merveilleux, mais quand même un peu kitsch, disposait déjà de cuisines d’une simplicité rare. Ce détail n’a pas échappé à Michaël Verheyden, dont le travail a toujours fait la preuve que le luxe ne doit pas être forcément ostentatoire. Le travail de ce trio s’est donc concentré sur un tout autre concept que celui de “cuisine d’apparat” pour privilégier le principe d’une cuisine dans laquelle on puisse vraiment cuisiner au quotidien et où le luxe réside dans le savoir-faire et les matériaux plutôt que dans le tralala bluffant mais inutile. Parmi ces choix, on trouve le gris des Ardennes, une pierre naturelle locale dure, l’inox et l’orme local, toujours dans leur aspect naturel. Sauf si l’on préfère d’autres finitions, bien entendu. En effet, cette cuisine exposée est la proposition de Bart America et le client est libre de choisir sa version. La cuisine est exposée sur le stand Roux (hall 1 stand 133) à la Biennale Interieur, du 18 au 22 octobre, www.rouxmeubel.be
© Patricia Goijens
Poignée de porte ‘Caracas’, Quincalux.
e nom de Frederik Delbart ne vous dit rien? Point étonnant: le designer est du genre réservé, à l’image de son travail. Il aime laisser s’exprimer les matériaux et les techniques, sans show inutile. Un show auquel il ne peut cependant plus échapper: la tradition veut que le ‘Designer de l’année’ organise une exposition. «Je tiens à profiter de cette occasion pour présenter quelques nouvelles créations, bien sûr, mais, surtout, pour mettre à l’honneur les marques belges et les entreprises avec lesquelles je travaille», déclare l’heureux élu. Ce qui fait beaucoup d’entreprises. Après des études à La Cambre à Bruxelles et un stage chez Philips, Delbart devient directeur créatif du fabricant de huisserie Quincalux, à Wevelgem, et du fabricant de luminaires Aluci, à Courtrai. Il noue aussi de solides liens avec des marques telles que Moome, Ars Fabricandi, Van Den Weghe Items et PER/USE. Sur le site de la Biennale, il présentera ses classiques, dont les lampes ‘The Siblings’ pour PER/USE, le miroir ‘Mira’ pour Moome, la table ‘Arena Marble’ pour Ars Fabricandi et les poignées de porte ‘Caracas’, ‘Quito’ et ‘Royal’ pour Quincalux, mais aussi de nouvelles réalisations. «Ma collaboration avec le fabricant de mobilier Casimir a déjà été présentée en avant-première lors d’A-Track à Anvers, mais le sera officiellement à Courtrai. Il s’agit de la table en chêne ‘Sunset’ et de la collection ‘Idem’.»
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Table ‘Arena Marble’, Ars Fabricandi.
BIENNALE INTERIEUR
Première présentation
LE DESIGNER DE L’ANNÉE Lors de cette Biennale Interieur, après Sylvain Willenz, Bram Boo et Vincent Van Duysen, Frederik Delbart viendra s’ajouter à la liste des ‘Designer de l’année’. Le savoir-faire et la modestie de ce trentenaire se retrouvent dans son travail ainsi que dans l’exposition qu’il va présenter à Courtrai.
Pour Delbart, la symbiose entre fonction et matériau est particulièrement importante. «Je m’inspire de constructions architecturales et de matériaux, mais également d’objets historiques anonymes. Les créations doivent surprendre tout en étant compréhensibles, tangibles et ouvertes.» La première la plus exaltante pour le jeune designer est celle du label de mobilier Recor Home (Hasselt), où il a été recruté au poste de directeur artistique l’année dernière. «C’est la première fois que Recor Home participe à la Biennale. Nous y présentons la nouvelle lounge chair ‘Chef’ et le canapé ‘Nagoya’, ainsi que des réalisations antérieures, comme le canapé ‘Archiduc’, les poufs ‘Monk’ et ‘Zaragoza’ et les petites tables ‘Pirouette’.»
Reportage: An Bogaerts
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Collection ‘The Siblings’, PER/USE.
Table ‘Rectoverso’, Van Den Weghe Items.
D E L A C O U L E U R AVA N T TO U T E C H O S E
ROUGE VÉNITIEN 2.0
Reportage: Irene Schampaert Photos: Helenio Barbetta
’eye-catcher de ce penthouse vénitien est sans conteste le miroir rond dans l’entrée. Une astuce aussi ancienne qu’efficace pour rendre une pièce plus spacieuse et plus lumineuse. Le grand disque pivotant fait danser dans la pièce les rayons du soleil tout au long de la journée. Une idée inventive de l’architecte Alberto Nespoli qui, avec Domenico Rocca, forme Eligo Studio. En plus du miroir, les armoires réfléchissantes du salon et de la chambre à coucher renvoient aussi la lumière, plaçant la grande collection de verre de Murano littéralement sous le feu des projecteurs. Le penthouse se trouve à Cannaregio, le plus septentrional des six ‘sestieri’ (quartiers) de Venise. Les grandes fenêtres font pour ainsi dire entrer le Grand Canal dans les lieux. Pour ses propriétaires, l’appartement est un endroit pour se retrouver en famille ou entre amis. «C’est pour cela que tous les canapés peuvent être utilisés comme lits», explique Nespoli. Eligo Studio a également conçu la table ronde, une structure métallique surmontée d’un plateau en cristal. «Nous avons aussi fait une bibliothèque, parce que le maître de maison aime travailler ici.» L’architecte a installé la cuisine dans un coin sombre mais, grâce au miroir, la lumière vient se refléter sur les placards écarlates.
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Intérieur moderne Autre caractéristique: les couleurs vives sur les murs, les plafonds, les placards et le tapis rond, une création du duo vénitien Di Virgilio. Le rouge vénitien- une version plus chaude et légèrement plus sombre du rouge écarlate- tient le rôle principal dans cette
Les miroirs apportent de l’espace et de la lumière, créant des effets de trompe-l’œil, un classique de l’architecture historique italienne.
L I O N E L J A D O T FA I T D É C O L L E R S O N P R O J E T À Z A V E N T E M
fasten seat belts Quand l’architecte d’intérieur Lionel Jadot tombe sur une papeterie désaffectée de 6.000 mètres carrés à Zaventem, il n’a qu’une option: s’il veut l’occuper, il doit y attirer le plus grand nombre possible de créateurs et d’artisans pour partager le bâtiment. Et plus si affinités. Reportage: Natalie Helsen Photo: Jeroen Verrecht
© Lydie Nesvadba
e qui peut excéder les uns -rouler à la vitesse d’un escargot sur le ring extérieur de Bruxelles- peut ouvrir de nouveaux horizons aux autres. C’est ce qui est arrivé à Lionel Jadot. Alors que, par une claire et froide journée d’hiver, l’architecte d’intérieur est coincé dans les embouteillages près de Zaventem, son regard se porte sur des grands toits, en d’autres saisons cachés par le feuillage des arbres. Son agence d’architecture d’intérieur devenant peu à peu trop petite, Jadot était alors en quête de quelque chose de plus grand: «Ma curiosité a été titillée: il fallait que je sache ce qu’il y avait dans ces bâtiments.» Il découvre ce qui a été une papeterie à la fin du XIXème siècle. Le plus grand défi: sa taille de 6.000 mètres carrés. «Je n’en ai pas dormi pendant des nuits entières», se souvient Jadot. «Comment pourrais-je arriver à remplir cet espace? Je viens d’une famille de six générations de fabricants de sièges et j’ai grandi dans les ateliers, parmi les meubles et les métiers. Tout à coup, eurêka! Cette grande manufacture devait accueillir des artistes et des artisans. Il fallait que j’arrive à réunir plein de gens, ici.» Lionel Jadot établit un business plan et achète le bâtiment avec le soutien d’un investisseur privé. Les risques étaient mesurés, affirme-t-il. En effet, non seulement les inconvénients du bâtiment n’étaient pas tangibles, mais, au contraire, sa superficie avait l’avantage de permettre d’y accueillir plusieurs ateliers. Et, en raison de l’isolement de la fabrique, les machines des artisans ne généreront que peu de nuisances sonores. De plus, les installations limitées (l’eau, l’électricité et le gaz sont les seules
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Sabato ‘Spécial Design’.
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