Les prochaines élections… Election, du verbe élire, ou tenir la queue pendant des heures, derrière une foule surexcitée, sur-motivée par cette ferveur de démocratie et de patriotisme, pour mettre une croix devant le nom de celui qu’on imagine être le plus franc, le plus charismatique, le meilleur. Cette extase, cette exaltation, cette euphorie de participer à ce qu’on imagine être l’établissement d’un meilleur lendemain pour sa patrie, on l’a tous ressenti lors de ce fameux jour du 23 Octobre 2011. Un rêve qui se réalisait, le succès d’années de lutte contre la dictature, une journée absolument pas comme les autres pour ce peuple. Pour en arriver là, la transition entre la Tunisie Benaliste et la Tunisie postélections n’a pris que 10 mois, mais 10 mois où le peuple de cette fière patrie a subi un endoctrinement massif, une formation politique bâclée, à la va vite, pour faire de cette populace apolitique de potentiels électeurs. Télévisions, Radios, Rues, Réseaux sociaux, animés de débats bouillants, de déclarations scandaleuses pour les unes, provocatrices pour les autres, de manifestations, de grèves, avaient été improvisés écoles de politique. Les victimes de la dictature se tuaient à être présentés dans le resplendissant costume de ‘’mounadhel’’, militant. Les coopérants du régime déchu eux prenaient toutes les peines du monde affin de redorer leur blason. Le peuple, éternel suiveur, prenait part pour telle ou telle partie, croyant défendre ses idéaux, s’imaginant protecteur de la ‘’révolution’’, se constituant une pseudo-idéologie inspirée des juteux discours des néo-politiciens en herbe. Mais le 23 Octobre, ce peuple que Nahdha et consorts avaient réussi à ciseler, à partager, s’était réuni devant les écoles primaires du pays pour ‘’faire entendre pacifiquement et démocratiquement’’ sa voix. Un an après cette date, un nouvel 23 Octobre se profile, mais bien plus pâle, bien plus triste pour cette pauvre Tunisie qui souffre, qui saigne, mais qu’on n’arrête cependant pas de martyriser. Les élus avaient menti, ce n’est nul un avis mais désormais une réalité de ce qu’il y a de plus objectif, seuls dénieront ceci quelques fanatiques ayant laissé tomber leur cervelle en quête de ce qu’ils appellent ‘’démocratie’’. Ceux qui avaient voté ont oublié cette extase du jour J, ceux qui avaient enfoncé leur index dans l’encre bleu aussi collant que nauséabond ne se rappellent plus pourquoi ils l'avaient fait. A-t-on entendu leurs voix ? A-t-on pris en considération leurs opinions et requêtes ? Ont-ils réellement influencé le courant de l’histoire de leur pays ? Chacun peut avoir son avis sur la question… Après ce nouveau 23 Octobre, que certains ont fêté, étant la commémoration d’une ancienne date qui avait jadis procuré joie et ... légitimité. D’autres avaient sonné la fin de la récréation pour les ‘’élus du peuple’’, avaient fait leur mea
culpa, regrettant de n’avoir servi en fin de compte que de carburant pour la machinerie électorale, de numéros de plus dans les chiffres que les ‘’leaders’’ politiques utilisent pour s’entretuer sur les plateaux médiatisés, et ce affin d’en attirer de nouveaux dans leur collimateur. Au lendemain de ce 23 Octobre, de nouvelles élections se profilent, ou peut être pas, bref rien n’est bien prévisible. On nous parle, on nous baratine certes avec quelques sédatifs tels que ‘’mois de Mars’’ ou ‘’on l’annoncera prochainement’’, mais l’amère expérience que ce peuple a eu avec les politiques l’a appris à se méfier, à ne rien croire, à être limite parano. Y a-t-il eu des changements par rapport aux dernières élections ? Oui, sans doute, surtout si l’on veut parler ‘’politique’’ : Ettakatol a perdu sa base électorale à cause de la lâcheté de ses chefs, le CPR a vu sa cote à la baisse de pars le ridicule dans lequel ne cesse de s’enfoncer son numéro 1, La nahdha bataille à garder sa notoriété, la gauche gesticule et essaie de se réunifier après le désastre qu’ont été les élections de l’ANC, Sebsi dans le costume du fin bourgeois adorateur de la Tunisie Bourguibiste, et surtout grand leader du courant anti-islamiste. Oui ! Des changements, il y en a eu. Mais qu’est ce qui a réellement changé ? Qu’a gagné le tunisien électeur en humilité, en estime, en citoyenneté ? Qu’a changé, et qu’est ce qui peut changer pour les pères de famille ouvriers de fortune ou chômeurs, s’imaginant un plus bel avenir en pointant le bout de leurs stylos sur le joli papier coloré ? Que peut espérer la Tunisie de cette revalorisation de la balance de bulletins de vote ? Maintenant que la saison de la chasse aux électeurs s’apprête à repartir, avec tout ce qui va avec en chèques bien garnis, en dons de moutons, de couffins bien garnis, en œuvres de charité, en mariages, cérémonies de circoncision, soirées en boites, portant tous les emblèmes des partis politiques bienfaisants. Auraient-ils fait part de tant de générosité dans d’autres circonstances ? Auraient-ils prêté quelconque considération pour les enfants du peuple si ces derniers n’étaient pas en position d’être perçus comme des bulletins de vote ambulants ? Et ce peuple qu'on a ridiculisé, duquel on s'est foutu, auquel on a menti, qu'on a trahi sa confiance, serait-il prêt à s'y remettre dans ce processus désormais dégoûtant, répugnant, synonyme de bloeuf et de bafouillage pour nombreux? Les avis divergent… Les prochaines élections auront lieu, et d’autres les suivront, mais qu’est ce qui va changer ? Qu’est ce que nous électeurs pouvons changer ? Oublions un moment ces provocateurs spots publicitaires incitant à joindre les écoles primaires le jour du scrutin : quel lendemain ? Quoi après ? N’y a-t-il pas d’autres moyens pour révolutionner, pour pousser, pour faire réellement bouger les choses, pour jeter aux oubliettes cette médiocrité qu’est notre quotidien, qu’est notre destin comme oseraient dire certains fatalistes ? Sommes nous obligés de passer par la case élections pour aspirer à si peu, et est-ce que ce
passage est en force de garantir aux Tunisiens ce beau lendemain duquel ils rêvent ? Là aussi les avis divergent‌