ENQUÊTE OÙ VA L’AFRIQUE CENTRALE ? 49e ANNÉE • N° 2518 • du 12 au 18 avril 2009
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT
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OBAMA
L’ISLAM EN FACE FRANCE SÉGO-SARKO :
DAKAR CONTRE DAKAR
ALGÉRIE
Et maintenant? ■ LES LEÇONS DE L’ÉLECTION
■ DANS LES COULISSES DU TROISIÈME MANDAT ■ LES ATTENTES DES ALGÉRIENS ÉDITION INTERNATIONALE ET MAGHREB & MOYEN-ORIENT M 01936 - 2518 - F: 3,00 E
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Bâtir aujourd'hui la richesse de demain
CE QUE JE CROIS
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BÉCHIR BEN YAHMED bby@jeuneafrique.com
Samedi 11 avril
Un voyage fondateur
C
’est la première fois dans l’Histoire que cela arrive: un chef d’État est l’homme politique le plus populaire dans son propre pays et, en même temps, dans tous les autres! C’est, bien sûr, Barack Hussein Obama, le nouveau président des États-Unis d’Amérique: les sondages internationaux l’affirment et personne ne le conteste. Il convient d’ajouter: – qu’il n’est pas le plus populaire parce qu’il est américain. Mais bien qu’il soit américain; – qu’il n’est ni blanc, ni noir, ni jaune. Silvio Berlusconi a osé dire qu’il était populaire parce que jeune, beau et… bronzé. Avec plus de simplicité et de justesse, l’intéressé dit de lui-même qu’il est mulâtre. ✷ Cet homme vient de regagner son pays après une première tournée de neuf jours dans plusieurs capitales ou villes d’Europe et d’Asie. Il s’est beaucoup exposé; il a agi et parlé. Nous le connaissons donc mieux et, à la veille de ses cent jours d’exercice du pouvoir suprême à la tête de « l’hyper puissance », on commence à avoir une idée assez précise de son apport à la fonction, de la différence qu’il va faire. ✷ Est-il seulement le côté face d’une médaille dont le revers serait le très décrié George W. Bush? N’est-il que le « gentil garçon » qui a reçu le relais des mains du « méchant » Bush pour conduire la même politique hégémonique et défendre les mêmes intérêts d’un grand pays sûr de lui et dominateur? Certains le disent; je ne le crois pas. Par ses actes et ses paroles, Barack Obama a déjà montré, selon moi, qu’il différait considérablement de son prédécesseur non seulement par le style et l’apparence, mais aussi en substance et sur le fond. Barack Obama est porteur d’une rupture; il veut une autre Amérique et qui joue, dans le monde, un autre rôle. Restera-t-il sur cette ligne et réussira-t-il à imposer ce changement au système dont il hérite? Cette double question est posée et le restera… jusqu’à plus ample informé. ✷ Il y a moins d’un an, alors qu’il était encore en campagne électorale, sa jeunesse, son inexpérience faisaient
problème et on craignait qu’il ne soit pas à la hauteur de la fonction. Élu, il a commencé par s’entourer de personnalités fortes, d’hommes et de femmes expérimentés. Investi, il s’est coulé dans l’habit sans effort apparent et, dès le premier jour, a exercé la charge comme s’il en avait une longue pratique. ✷ Sur presque tout, il a pris le contre-pied de son prédécesseur, démantelant ce que celui-ci a bâti en huit ans: il a annoncé la fermeture du camp de Guantánamo et interdit à ses services de sécurité le recours à la torture que le tandem Bush-Cheney avait autorisé et même encouragé. Il a banni du langage officiel américain l’expression stupide et maléfique de « guerre contre le terrorisme » et jeté à la poubelle le concept infondé d’« axe du mal ». Il a tendu la main à l’Iran et renoué avec la Syrie. Il a fixé un terme à la présence militaire américaine en Irak, mettant ainsi fin à une guerre que son prédécesseur a voulue et menée pendant six ans. Il s’est tourné vers cette « guerre oubliée » qu’était le conflit afghan et l’a inscrite dans un cadre stratégique. Les autres pays de l’islam? À leur endroit, il a remplacé la suspicion bushienne et le « clash des civilisations » par le respect mutuel et l’« alliance des civilisations ». Il a rouvert le dialogue avec la Russie et, plus important, il lui a proposé ce désarmement nucléaire réclamé en vain depuis deux décennies par le monde entier. ✷ Le premier grand voyage de Barack Obama hors des États-Unis, soigneusement préparé, lui a permis de frapper les esprits: du 1er au 9 avril, à Londres, Strasbourg, Prague, Ankara et Bagdad, il a participé à trois sommets, eu dix-sept entretiens avec d’autres chefs d’État ou de gouvernement, lancé sa grande idée de désarmement nucléaire et prononcé deux grands discours devant deux larges auditoires (l’un occidental et l’autre musulman). Là où il est passé, cet homme supposé être le plus puissant de la terre a tenu à se montrer modeste, voire humble, et toujours souriant. Il a traité tous ses alliés en quasi-égaux et s’est employé à réconcilier ceux d’entre eux qu’un différend oppose. ✷ À Londres, Berlusconi s’est aventuré à lui faire
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CE QUE JE CROIS observer que la crise économique était née aux ÉtatsUnis. Sans hésiter, d’une voix égale et basse, Obama reconnaît: « Ce que mon ami italien a dit est vrai: la crise a commencé dans mon pays. J’en endosse la responsabilité, même si à l’époque je n’étais pas le président. » Sarkozy, d’un ton sec, et Merkel, plus courtoisement, lui font-ils observer, lorsqu’il a dit souhaiter que la Turquie intègre l’Union européenne, qu’il revient aux Européens d’en décider, pas à l’Amérique, que sa réponse vient tout aussi sereine : « C’est vrai, nous ne sommes pas membres de l’Union européenne. Mais nous avons le droit de donner notre avis. Nous nous sommes exprimés en proches amis des Européens et des Turcs. » ✷ Il ne réduit pas la Turquie à sa dimension de grand pays musulman, mais souligne sa double appartenance orientale et occidentale et son caractère d’État laïc. Aux Iraniens, il dit ce qu’ils n’ont jamais entendu de son prédécesseur : qu’ils ont le droit d’être une puissance nucléaire, d’enrichir eux-mêmes leur uranium et de maîtriser cette technologie, mais que leur intérêt, comme celui du monde, est de ne pas passer du nucléaire civil au nucléaire militaire. Aux musulmans en général, il dit aussi ce que son prédécesseur n’a ni dit ni, bien sûr, pensé : son pays n’est pas en guerre avec eux et ne le sera jamais. Et, pour qu’il n’y ait aucun doute, il ajoute: « Je veux aussi dire clairement que les relations de l’Amérique avec le monde musulman ne peuvent pas se réduire à l’opposition au terrorisme. Nous recherchons un engagement plus large fondé sur l’intérêt et le respect mutuels. » Allant encore plus loin, il n’hésite pas à déclarer : « Les États-Unis ont été enrichis par les Américains musulmans. Beaucoup parmi les autres Américains comptent des musulmans parmi leurs proches ou bien ont vécu
dans des pays à majorité musulmane. Je le sais bien puisque je suis l’un d’eux. » (Lire l’intégralité de l’adresse d’Obama aux musulmans en p. 50.) Vous le voyez, nous sommes à des années-lumière de George W. Bush et de l’Amérique traditionnelle. Sa biographie unique distingue Obama des autres chefs d’État: qui, en dehors de lui, pourrait tenir pareil langage, adopter une ligne aussi moderne, aussi multilatéraliste? ✷ Vers la fin de ce voyage fondateur, alors qu’il était déjà en Turquie, un jeune a demandé à Barack Obama en quoi il est vraiment différent de George W. Bush. Sa réponse que voici me paraît clore le débat sur le fait de savoir s’il est porteur d’une vraie rupture avec le passé, d’un vrai changement: « Deux grandes différences parmi d’autres: j’ai été contre l’invasion de l’Irak qu’il a décidée et exécutée. Il ne se préoccupait pas de la dégradation de l’environnement et du réchauffement climatique. Je crois, moi, que c’est grave et je suis décidé à les combattre. » Une pause, puis il ajoute: « Comme tout autre grand pays, les États-Unis ne sont pas un petit hors-bord rapide dont on infléchit aisément la vitesse et l’itinéraire. C’est un porte-avions ou un gros tanker: il faut le réorienter avec la plus grande douceur; il met du temps à changer de direction… et vous le menez ailleurs. » ✷ Ses proches collaborateurs nous ont expliqué leur stratégie et ce qu’ils attendaient du voyage: « Barack Obama a en effet une biographie qui le distingue des autres chefs d’État. Sa popularité internationale et son image positive auprès de l’homme de la rue nous aideront à mieux coopérer avec les dirigeants des autres pays. Au cours de ce voyage nous avons semé et planté. Nous allons cultiver et espérons moissonner. » ■
HUMOUR, SAILLIES ET SAGESSE Pour vous faire sourire, grincer des dents – ou réfléchir –, ici, chaque semaine, une sélection subjective, la mienne, de ce qui a été dit ou écrit au cours des siècles par des hommes et des femmes qui avaient des choses intéressantes ou drôles à nous dire. B.B.Y. ■ Savoir s’étonner à propos
de tout est le premier pas sur la route de la découverte. PASTEUR ■ Un comité est un groupe d’hommes qui, individuellement, ne peuvent rien faire, et qui, ensemble, décident qu’il n’y a rien à faire. FRED ALLEN ■ L’amour seul est capable d’unir des êtres de façon à les épanouir et à les réaliser pleinement, car lui seul les mène et les rapproche par ce qu’ils ont de plus profond en eux. PIERRE TEILHARD DE CHARDIN ■ Le pessimiste est celui qui pense que toutes les femmes sont légères. L’optimiste est celui qui l’espère bien. MARCEL ACHARD
■ Pour beaucoup trop de sociétés de Bourse, les entreprises et les actions ne sont que des bouts de papier que l’on vend ou achète. WARREN BUFFETT ■ La bonne éducation consiste à cacher tout le bien que nous pensons de nous-mêmes et le peu de bien que nous pensons des autres. MARK TWAIN ■ Plus tu donnes aux riches, plus ils sont riches, plus tu donnes aux pauvres, plus ils sont pauvres! LES NOUVELLES BRÈVES DE COMPTOIRS ■ Les promesses de la nuit sont faites de beurre et fondent dès les premiers rayons du soleil. PROVERBE ARABE
■ Rien au monde n’est plus doux ni plus fin que l’eau. Pourtant, elle n’a pas son pareil pour éroder la roche. Chacun sait que le faible triomphe du fort, que le dur cède devant le doux, mais personne n’agit en conséquence. LAO-TZEU
Le fanatique est un orateur, sourd comme un pot. KHALIL GIBRAN ■
Ceux qui montent du peuple perdent parce qu’ils se transforment. La difficulté n’est pas de monter, mais en montant de rester soi. CLAUDE MICHELET
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POUR UN HOMME DE L’OMBRE, c’est une bourde aveuglante. Descendre de son véhicule face aux photographes qui mitraillent tous ceux qui entrent et sortent du 10, Downing Street, résidence du Premier ministre britannique, avec bien en vue un dossier ultra-secret dont les moindres détails ne pouvaient échapper aux FRANÇOIS SOUDAN objectifs, cela ne pardonne pas. Robert Quick, chef de l’antiterrorisme à Scotland Yard, venu briefer Gordon Brown sur l’opération Pathway – un vaste coup de filet anti-Al-Qaïda dans le nord du royaume – et qui avait oublié de cacher ses documents sous une chemise, en a fait l’amère expérience. Le 9 avril, au lendemain de sa bêtise XXL, il a remis sa démission. Existe-t-il des Bob Quick sur le continent? Rêvons un peu. Yassine Mansouri, le patron des renseignements marocains, exhibant une carte de l’implantation des cellules salafistes à l’entrée du Palais de Rabat. Le général Mohamed Mediene, directeur des services secrets algériens, photographié s’engouffrant à El-Mouradia avec le dernier sondage top secret sur le taux de participation à la présidentielle. Souheil El Allani, le chef de la Sûreté d’État tunisienne, surpris aux grilles du Palais de Carthage avec le dernier rapport sur les réseaux islamistes. Bienvenu Obelabout, patron du contre-espionnage camerounais, laissant échapper sur les marches d’Etoudi le dossier des prochaines cibles de l’opération Épervier. Le colonel Jean-Pierre Lorougnon, directeur de l’Ansi ivoirienne, sortant du Palais de Cocody et prenant la pose avec un document ultra-confidentiel sur lequel on peut lire: « La vérité sur l’affaire Kieffer, le bombardement de Bouaké, les caisses noires et autres patates chaudes. » Darwezi Mukombe, manitou de la redoutée Agence nationale de renseignements congolaise, exposant devant les caméras les comptes rendus d’écoutes téléphoniques de Vital Kamerhe. Jean-Dominique Okemba, patron, de l’autre côté du fleuve, du Conseil national de sécurité, étalant à la porte de la résidence de Mpila les secrets de la stratégie électorale de son chef… On peut rêver, effectivement, d’une Afrique sans secrets d’État, mais on rêve éveillé. D’abord parce que ces messieurs sont tous des professionnels moins étourdis que ce pauvre Mr Quick. Surtout, parce qu’il n’y a jamais eu de photographes en faction devant les palais et les présidences du ires, ça continent. Les paparazzi suicidaires, n’existe pas… ■
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Bob Quick, son dossier sous le bras, sort de sa voiture pour s’engouffrer chez le Premier ministre, le 8 avril à Londres.
SOMMAIRE DANS JEUNE AFRIQUE ET NULLE PART AILLEURS
ALGÉRIE ET MAINTENANT ?
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Au lendemain de sa large victoire à la présidentielle, Abdelaziz Bouteflika sait quʼil nʼy a plus de temps à perdre. Les Algériens attendent des réformes aussi profondes que rapides. AFRIQUE DU SUD
LA REVANCHE DU « ZOULOU BOY »
Zuma devrait devenir chef de lʼÉtat à lʼissue du scrutin du 22 avril. Il a gagné sa bataille contre lʼintelligentsia locale avec une pointe de démagogie et de populisme.
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03 08
CE QUE JE CROIS Par Béchir Ben Yahmed CONFIDENTIEL
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FOCUS
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Algérie Et maintenant ? Niger Hama bientôt devant ses juges Guinée équatoriale Mohammed VI vient en ami Lʼhomme de la semaine Anders Fogh Rasmussen Rwanda Quinze ans après lʼapocalypse Pérou « El Chino » passe à lʼombre
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LʼENQUÊTE
24
Où va lʼAfrique centrale ?
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AFRIQUE SUBSAHARIENNE
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Afrique du Sud La revanche du « Zoulou Boy » France-Afrique Péril en la demeure Ségolène Royal Le contre-discours de Dakar Spécial Cap-Vert Insolente insularité Affaire Kieffer Simone Gbagbo va parler Gabon Areva prépare son éventuel retour
PHOTOS DE COUVERTURES : ZOHRA BENSEMRA/REUTERS, KANE/EYEVINE ; LUDOVIC/RÉA ; BERTRAND GUAY, THOMAS COEX, THIERRY MOBASSE/IMAGES FORUM. ; MONTAGE : P. MARTIN / J.A.
ÉDITORIAL
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SOMMAIRE 7
INTERVIEW CHRISTINE LAGARDE
Fondée il y a quinze ans, la Cemac est à la peine. Intégration régionale balbutiante, rivalités au sommet, « affaire » de la Beac... le chantier, ouvert en 1994, est loin dʼêtre achevé.
Le 17 avril à Ouagadougou, la ministre française de lʼÉconomie dévoilera à ses homologues africains les retombées du G20 pour le continent. En exclusivité, elle se confie à J.A.
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OÙ VA LʼAFRIQUE CENTRALE ? LʼENQUÊTE
24
FRANCE-AFRIQUE
DAKAR CONTRE DAKAR
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Au Sénégal, la socialiste Ségolène Royal a pris le contrepied de Nicolas Sarkozy. Retrouvez de larges extraits de son discours.
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OBAMA
LʼISLAM EN FACE
En visite officielle en Turquie, le président des États-Unis adresse un message dʼamitié au monde musulman. Et tourne la page Bush.
PHOTOS DE COUVERTURES : ZOHRA BENSEMRA/REUTERS, KANE/EYEVINE ; LUDOVIC/RÉA ; BERTRAND GUAY, THOMAS COEX, THIERRY MOBASSE/IMAGES FORUM. ; MONTAGE : P. MARTIN / J.A.
L E D E VO I R D ʼ I N FO R M E R , L A L I B E R T É D ʼ É C R I R E
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Cameroun Scandale aux champs Nigeria Indemnisés par Pfizer
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MAGHREB & MOYEN-ORIENT
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Barack Obama Une idée neuve : la paix Interview Mohamed Cheikh Biadillah, secrétaire général du Parti marocain authenticité et modernité (PAM) Tunisie Audiovisuel : restructuration en chaîne Arabie saoudite Après Abdallah, Nayef ? Maroc Le repentir de « lʼÉmir aux yeux bleus » Iran Espionne ou monnaie dʼéchange ? Affaire Tuninter Suite et pas fin
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INTERNATIONAL
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France Sarkozy navigue à vue Confidences de... Henri Guaino Terrorisme LʼAmérique dans le bourbier « AfPak » Parcours Zêdess Corée du Nord Pétard mouillé États-Unis De lʼembarras dʼavoir une tante
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ECOFINANCE
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Interview Christine Lagarde, ministre française de lʼÉconomie : « La dévaluation du franc CFA nʼest pas à lʼodre du jour » La semaine dʼEcofinance Côte dʼIvoire Les entreprises se positionnent Transport aérien Lune de fiel entre le Maroc et le Sénégal Afrique centrale Panique dans la filière bois Technologie Samsung joue la carte verte
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LIRE, ÉCOUTER, VOIR
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Festival Il était une fois le Panaf... Musique Chant nomade de la Méditerranée Quand la musique est bonne Design La vie en rose Cinéma Western katangais Livres QuʼAlaa bénisse lʼÉgypte
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VOUS & NOUS
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Courrier des lecteurs Post-scriptum
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CONFIDENTIEL
POLITIQUE
TCHAD DÉBY ITNO PREND SES PRÉCAUTIONS EMBARQUÉ À BORD DE PICK-UP et de camions équipés d’armes lourdes, un impressionnant contingent de soldats a, dans la nuit du 6 au 7 avril, pris la direction de Mongo, à 500 km à l’est de N’Djamena. Décidée par le président, Idriss Déby Itno, et son ministre de la Défense, Wadal Abdelkader Kamougué, l’opération vise à positionner des troupes dans le centre du pays afin de décourager d’éventuelles attaques rebelles avant le début de l’hivernage, à la mi-mai. À Mongo, les soldats – ceux-là mêmes qui, en
juin 2008, ont arrêté une offensive rebelle à AmZoer – sont à deux heures, en moyenne, d’AmTiman et de Biltine, seuls points de passage que puissent emprunter les insurgés. À l’évidence, l’armée nationale tchadienne n’a aucune intention de se laisser surprendre une troisième fois. Après le raid d’avril 2006, les rebelles avaient en effet resurgi en février 2008 et contourné Adré et Adé, deux villes situées à la frontière soudanaise, pour se retrouver aux portes de N’Djamena. NIGER
À la télévision, le chef de la junte a accusé un homme d’affaires russe d’être « un voleur ».
YOURI LENQUETTE
TANDJA ET LE CASSE-TÊTE HAMA
GUINÉE QUAND LE « DADIS SHOW » DÉGÉNÈRE Le 8 avril, dans son désormais célèbre « Dadis Show » (interrogatoires de police télédiffusés), Moussa Dadis Camara, le chef de la junte guinéenne, a traité de voleur le Russe Anatoly Pantchenko, ancien directeur de l’usine d’alumine Ruski Alumini, à Fria. L’accusation a été très mal reçue et menace de provoquer un incident diplomatique. Le rappel de l’ambassadeur russe est, semble-t-il, imminent. Et la Russie, pourtant partenaire historique de la Guinée, envisage sérieusement de revoir à la baisse son aide économique. La cause de cet écart de langage ? La vente de l’usine de Fria, en mars 2007, à une société ukrainienne, à un prix – 19 millions de dollars – jugé très inférieur à sa valeur réelle par le nouveau pouvoir. Plusieurs hauts responsables guinéens, parmi lesquels l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo (2004-2006), ont été entendus par le Conseil d’État au lendemain de l’émission, à laquelle les travailleurs de l’unité industrielle, furieux du bradage de leur outil de travail, ont participé.
Visiblement, le président Mamadou Tandja ne sait plus que faire de son ancien Premier ministre Hama Amadou, qui souffre d’hypotension et d’hypoglycémie dans une cellule surchauffée (45 °C à l’ombre) de la prison de haute sécurité de Koutoukalé. Le 11 mars, Hama a été hospitalisé à Niamey. Le 2 avril, malgré un avis contraire des médecins, il a été replacé dans sa cellule. Le 10, il devait être évacué vers le Maroc à bord de Mont Bagzane, l’avion présidentiel, mais il a refusé, son médecin traitant ne disposant d’aucune information concernant l’hôpital et le plateau technique censés l’accueillir au Maroc. Hama Amadou préférerait être évacué vers l’Hôpital américain de Neuilly, près de Paris, où il est habituellement soigné. Mais aura-t-il le choix? (Voir aussi p. 18.)
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9 CÔTE D’IVOIRE
LA CENI RENAÎT DE SES CENDRES Plusieurs partis de l’opposition togolaise, dont l’Union des forces de changement, que dirige Gilchrist Olympio, organiseront une « démonstration de force » à Lomé, le 27 avril, jour de la célébration de l’indépendance, pour dénoncer la « réactivation » de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) dans la perspective de la prochaine élection présidentielle. Après avoir organisé les législatives de 2007, la Ceni devait céder la place à une nouvelle commission nommée dans le cadre de l’Accord politique global conclu en 2006 par les partis togolais. Ces derniers ne parvenant pas à s’entendre sur les modalités, elle a finalement été « réactivée » par le gouvernement, le 31 mars, avec l’accord de l’Assemblée nationale, au prix d’une modification de l’article 21 du code électoral. La Ceni sera donc chargée de « l’exécution des tâches techniques préliminaires » à l’organisation du scrutin présidentiel, qui, à en croire Pascal Bodjona, le ministre de l’Administration territoriale, se tiendra « dans le courant du mois de mars 2010 ».
Jean-Marc Simon.
DIPLOMATIE NOUVEL AMBASSADEUR DE FRANCE À ABIDJAN C’est la fin de plusieurs semaines de spéculations. Vieux routier de la politique africaine de la France (il fut en poste en Centrafrique, au Nigeria, au Gabon et avait été pressenti pour succéder à Gildas Le Lidec à Madagascar), Jean-Marc Simon a finalement été choisi pour le poste – délicat – d’ambassadeur en Côte d’Ivoire. André Janier, l’actuel ambassadeur, a eu beau remuer ciel et terre et se rendre à Paris, début avril, pour tenter d’obtenir la prolongation de sa mission, il n’a pas eu gain de cause.
F. DE LA MURE / MAEE
TOGO
AFFI NGUESSAN CHEZ LES ROSICRUCIENS C’est dans un endroit inattendu que le Front populaire ivoirien (FPI) a, le 5 avril, tenu meeting à Paris. Son président, l’ancien Premier ministre Pascal Affi Nguessan, a en effet pris la parole au siège de l’Ancien et Mystique Ordre de la Rose-Croix (Amorc). Plutôt discrète, cette société philosophique de mieux en mieux implantée en Afrique souffre, en France, d’une réputation sulfureuse depuis que son nom a été évoqué dans l’enquête sur les massacres de l’Ordre du temple solaire (OTS), en 1994, 1995 et 1997 (74 victimes réparties entre la Suisse, la France et le Canada). Les enquêteurs avaient établi que certains dirigeants de l’OTS avaient en commun d’avoir fréquenté l’Amorc. La doctrine de l’Ordre solaire empruntait d’ailleurs beaucoup à l’enseignement ésotérique des rosicruciens. Pourtant, à l’exception de cette proximité idéologique, les enquêteurs n’avaient pu établir aucun lien entre l’Amorc et les crimes de l’OTS.
RWANDA LE MYSTÉRIEUX M. SINGAYE
STR NEW / REUTERS
Gilchrist Olympio, leader des l’Union des forces de changement.
ACTUEL CONSEILLER SPÉCIAL DU PRÉSIDENT CENTRAFRICAIN, François Bozizé, le Rwandais Fabien Singaye (50 ans) est sur la sellette. Si l’on en croit le quotidien belge Le Soir, il aurait servi d’interprète au juge français Jean-Louis Bruguière lors d’interrogatoires de témoins rwandais à charge dans le cadre de son enquête sur l’attentat contre l’ancien président Habyarimana, en avril 1994. Un traducteur pour le moins engagé, au vu de documents dont Jeune Afrique a obtenu copie et qui démontrent que Singaye – deuxième secrétaire à l’ambassade du Rwanda en Suisse au début des années 1990 – entretenait une correspondance suivie avec le colonel Elie Sagatwa, secrétaire particulier de Juvénal Habyarimana, qu’il alimentait en informations de toutes sortes sur l’opposition tutsie en exil. Toujours selon ses propres dires, Singaye entretenait une relation de travail suivie avec le capitaine Paul Barril (alias « Bravo »), lequel deviendra par la suite un proche de la famille Habyarimana et l’un des enquêteurs utilisés par le juge Bruguière. Gendre de Félicien Kabuga, l’un des principaux financiers du génocide (recherché par la justice internationale, ce dernier se cacherait au Kenya), et fils d’un homme d’affaires influent de Gisenyi réfugié en Belgique, puis en France, Fabien Singaye, qui n’est pas retourné au Rwanda depuis 1994, a connu François Bozizé alors que ce denier, depuis son exil, préparait le renversement d’Ange-Félix Patassé. Il est titulaire d’un passeport diplomatique centrafricain.
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CONFIDENTIEL
ÉCONOMIE
AFRIQUE DU SUD
L’ÉLITE NOIRE SE MET AU COGNAC
Tradition britannique oblige, l’Afrique du Sud est grande consommatrice de brandys, whiskys et autres spiritueux, le plus souvent made in UK. Mais la France se taille peu à peu une place sur ce marché avec le cognac, qui connaît un succès grandissant auprès des élites noires. Depuis 2005, les importations augmentent régulièrement et n’ont même pas été ralenties par la crise économique. Leur valeur a atteint 2,77 millions d’euros en 2008.
MAROC
LES BANQUES ET L’ARGENT DES PAUVRES
FMI STRAUSS-KAHN À ABIDJAN, EN MAI APRÈS L’APPROBATION PAR le Fonds monétaire international (FMI), le 27 mars, d’un prêt préférentiel à la Côte d’Ivoire de 566 millions de dollars sur trois ans, Dominique Strauss-Kahn est attendu à la fin de mai à Abidjan. Ce sera sa première visite dans ce pays depuis sa nomination à la direction générale du FMI, en novembre 2007. Une façon de saluer la reprise de la coopération entre les bailleurs de fonds et les autorités ivoiriennes, qui espèrent obtenir un important allègement de leur dette, estimée à 12,8 milliards de dollars.
Le « low-income banking » (banque pour les personnes à faibles revenus) serait-il le nouveau cheval de bataille des banques marocaines ? Le groupe (public) des Banques populaires s’apprête en tout cas à mettre en place un réseau d’agences adaptées (chacune ne comptera que deux employés) et à proposer des produits destinés aux ménages gagnant autour de 2 000 DH (180 euros) par mois. Attijariwafa Bank (privée) va pour sa part adapter de la même manière son réseau Wafacash. Jusqu’ici limité aux opérations de change et de transfert d’argent, celui-ci compte déjà 310 agences.
ASSURANCE AFRICAINS EN CHINE Les dirigeants des grandes compagnies d’assurances africaines séjourneront en Chine du 26 juin au 12 juillet dans le cadre d’un voyage d’étude organisé par la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (Fanaf) et le cabinet ivoiro-chinois PKD. Étapes prévues : Pékin, Shanghai et Hong Kong. À terme, l’un des objectifs de l’opération est de proposer des produits adaptés aux entreprises chinoises travaillant en Afrique.
CE QUE VEULENT LES PATRONS FRANÇAIS
MARK HENLEY/COSMOS
Panneau publicitaire avant le sommet Chine-Afrique, à Pékin, en octobre 2006.
CÔTE D’IVOIRE
Lors de la Journée économique Ubifrance consacrée à son pays, le 8 avril à Paris, Charles Diby Koffi, le ministre ivoirien de l’Économie et des Finances, s’est montré optimisme. En privé, les entrepreneurs français l’étaient moins. Outre qu’ils déplorent les reports continuels de la présidentielle, beaucoup s’inquiètent de l’insécurité juridique persistante et souhaitent le règlement rapide de deux dossiers : 1. le retard de reversement d’arriérés de TVA, qui plombe la trésorerie des entreprises ; 2. l’indemnisation des entrepreneurs spoliés lors des émeutes antifrançaises de 2004.
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CONFIDENTIEL
CULTURE & SOCIÉTÉ ÉDITION
POLAR BÉNINOIS
UNESCO APRÈS MATSUURA, QUI ? Qui succédera au Japonais Koïchiro Matsuura, dont le second mandat s’achèvera à la fin de l’année, à la tête de l’Unesco ? Le conseil exécutif devait, le 14 avril, recevoir les dossiers de candidature. Le président égyptien Hosni Moubarak a demandé à Boutros Boutros-Ghali, l’ancien secrétaire général de l’ONU, de pousser la candidature de leur compatriote Farouk Hosni. Ancien ministre de la Culture, celui-ci fait figure de favori, même si ni l’Union africaine ni la Ligue arabe n’ont encore pu propulser sa candidature avec suffisament de vigueur. Du coup, l’Algérie envisagerait de présenter celle de Mohamed Bedjaoui, un ancien chef de la diplomatie. Dans les couloirs de l’Unesco, à Paris, d’autres noms circulent. Ceux de la Lituanienne Ina Marciulionyté et de la Bulgare Irina Bokava, l’une et l’autre ambassadrices de leur pays auprès de l’Unesco. Et celui de Benita Ferrero-Waldner, ancienne ministre autrichienne des Affaires étrangères et actuelle commissaire européenne aux Relations extérieures. La France tiendrait quant à elle en réserve la candidature de l’ancien ministre Jack Lang. Enfin, les chances de deux candidats « maison » ne sont pas à négliger. Il s’agit de deux directeurs généraux adjoints, le Brésilien Marcio Barbosa et, surtout, l’Allemand Hans d’Orville.
MUSIQUE LE TROUBADOUR HIP-HOP RÉCIDIVE
D.R.
Qualifié de « John Lennon du hiphop » par le magazine Rolling Stone, le rappeur somalien K’Naan (30 ans) publie un deuxième album intitulé Troubadour (Polydor/Universal). Sorti début mars aux États-Unis et au Canada, le nouvel opus (après The Dusty Foot Philosopher, en 2007) sera dans les bacs en France en juin. Il s’est classé premier sur iTunes Canada et cinquième sur iTunes USA. Enregistré dans l’ancien studio de Bob Marley et celui des Tuff Gong, à Kingston (Jamaïque), Troubadour a bénéficié de la participation d’invités de marque comme Kirk Hammet (Metallica), Stephen Marley (le fils de Bob et Rita) et le rappeur américain Mos Def.
Deuxième album pour le rappeur somalien K’Naan.
La maison d’édition Le Serpent à plumes (filiale des éditions du Rocher, elles-mêmes rachetées, en mars, par le groupe catholique Desclée de Brouwer), publiera au début de 2010 deux auteurs africains : le Somalien Nuruddin Farah et le Béninois Florent Couao-Zotti. Ce dernier proposera un polar africain. Titre provisoire: Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au cochon de le dire. ÉDITION
ASSOUMANI SE RACONTE Dans un livre d’entretiens intitulé Quand j’étais président à paraître le 25 avril aux éditions Duboiris, à Paris, le colonel Azali Assoumani, ancien président de l’Union des Comores, évoque à la fois son parcours et l’histoire de son pays, longtemps marquée par une instabilité chronique. « Si je réussis à démentir les clichés que donnent parfois les médias et qu’après m’avoir lu de jeunes Africains décident de s’engager en politique, […] je crois que j’aurai gagné mon pari », écrit-il dans l’avant-propos.
RODOLPHE ESCHER/FEDEPHOTO
ESCLAVAGE BORDEAUX REVISITE SON PASSÉ
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Instaurée en 2006 par l’ancien président français Jacques Chirac, la journée commémorative de l’abolition de l’esclavage aura lieu cette anné e le 10 mai à Bordeaux, en présence d’Yves Jégo, le secrétaire d’État chargé d e l ’o u t r e - m e r. Le fort du Hâ, où, au La capitale de XVIIIe siècle, étaient détenus les Noirs en situation irrégulière.
l’Aquitaine, qui fut, après Nantes, la deuxième ville négrière de France, poursuit ainsi son travail de mémoire. Présidé par l’écrivain Denis Tillinac, un comité de réflexion sur la traite des Noirs y a été créé en 2005. Une exposition permanente consacrée à l’esclavage y sera inaugurée, au Musée d’Aquitaine, ce 10 mai. J E U N E A F R I Q U E N ° 2 518 • D U 12 A U 18 AV R I L 2 0 0 9
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14 FOCUS
LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE
ALGÉRIE ET MAINTENANT?
Au lendemain de sa large victoire à lʼélection présidentielle du 9 avril, Abdelaziz Bouteflika sait quʼil nʼy a plus de temps à perdre. Les Algériens attendent des réformes aussi profondes que rapides. Pour changer radicalement leur quotidien. MARWANE BEN YAHMED, envoyé spécial à Alger, avec ALI MEBROUKINE et CHERIF OUAZANI
C
omme tout le monde s’y attendait, Abdelaziz Bouteflika a été réélu d a n s un f a u t e uil, l e 9 avril. Ses par tisans ont bruyamment fêté sa victoire dès le soir du 8 avril dans les rues d’une capitale totalement paralysée par les embouteillages. La surprise vient du taux de participation, supérieur aux derniers scrutins – élections législatives et locales, mais aussi à la présidentielle de 2004: 74,54 % aujourd’hui, contre 59,26 % à l’époque. L’obtention d’un taux aussi élevé – une véritable obsession pour le camp « Boutef » – est le fruit d’un travail de longue haleine. Équipes de campagne, administration, médias et entreprises – petites ou grandes – n’avaient pas lésiné sur les moyens pour convaincre les Algériens de se rendre aux urnes. Plusieurs opérateurs téléphoniques avaient été jusqu’à submerger leurs abonnés de textos les invitant à exercer, plus qu’un « droit », leur « devoir » civique… Avec 90,24 % des voix (contre 84,99 % en 2004), Bouteflika devance Louisa Hanoune, l’égérie des travailleurs (4,22 %), Moussa Touati, le candidat du Front national algérien (2,31 %), Djahid Younsi, l’islamiste d’El-Islah (1,37 %), Ali Fawzi Rebaïne (0,93 %) et l’inconnu Mohamed Saïd (0,92 %). Pas de surprise, non plus, pour l’ordre d’arrivée. Parmi ces candidats,
deux s’étaient déjà présentés il y a cinq ans. Louisa Hanoune confirme sa montée en puissance sur la scène politique – elle avait obtenu 1,16 % des voix en 2004. Une performance pour la première femme chef de parti et première candidate à une élection présidentielle dans le monde arabe. Qui a dit que les Algériens étaient machos ? Ali Fawzi Rebaïne, lui, plafonne sous la barre du 1 % (0,64 % en 2004). Voilà pour les résultats, annoncés le 10 avril, à 11 h 30, par Noureddine Yazid Zerhouni, le ministre de l’Intérieur. Des résultats provisoires, puisque seul le Conseil constitutionnel est habilité à les valider, après examen des recours. Dès la veille, dans la soirée, Moussa Touati et Mohamed Saïd avaient dénoncé des « cas de fraude » et un « taux de participation exagéré ». Djamel Benabdeslam, directeur de campagne de Djahid Younsi, évoquait un « taux gonflé ». Les observateurs envoyés par l’ONU, l’Union africaine ou la Ligue arabe parlaient, eux, d’« organisation irréprochable » et de « climat serein ». Pour les membres de l’équipe de campagne de Bouteflika, ce raz-demarée qui débouche sur un « score à la tunisienne » est tout ce qu’il y a de plus logique. « Additionnez l’électorat FLN, celui de la majorité des islamistes et celui du RND [Rassemblement
national démocratique] , et vous obtiendrez un résultat beaucoup plus simple qu’on veut bien le présenter », explique l’un d’entre eux. S’y ajoutent les zaouïas (confréries religieuses), le patronat, les syndicats, dont le principal, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) ; enfin, des moyens financiers qui n’ont rien de comparable à ceux dont disposent les autres candidats… CHAISES MUSICALES
Et maintenant ? Le plus dur est à venir. Lors de son premier mandat, Bouteflika avait pris la mesure des travaux herculéens à réaliser pour sortir son pays de l’abîme dans lequel l’avait plongé une décennie de violence terroriste. Au cours de son second mandat, consacré aux grands travaux d’in-
Un million de logements supplémentaires, trois millions de nouveaux emplois… frastructures et à la consolidation de la paix, sa maladie avait eu un impact négatif sur le rythme des réformes. Aujourd’hui, le président sait que le temps presse, que l’impatience de ses compatriotes est à son comble et que leur plébiscite n’est pas un blancseing. Outre un profond désir de stabilité, il exprime au contraire le besoin très net de voir les réformes menées à
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ULRICH LEBEUF/MYOP
Le pays va-t-il cesser de regarder en arrière et se libérer de ses pesanteurs?
nement. Il va devoir trancher dans le vif, peut-être se séparer de personnes qui l’accompagnent depuis de longues années et, surtout, veiller à maintenir les équilibres au sein d’une coalition présidentielle hétéroclite. » JOLI CASSE-TÊTE
C’est là que les difficultés commencent. Entre le RND d’Ahmed Ouyahia et le FLN d’Abdelaziz Belkhadem, son jumeau nationaliste, il y a de l’électricité dans l’air. Fort de la présence d’Ouyahia à la tête du gouvernement et de ses succès aux dernières élections législatives et locales, qui l’ont vu grignoter l’électorat du FLN, le RND réclamera sans nul doute les postes qu’il estime lui être dus. Et le FLN ne se laissera pas faire, même si l’ancien parti unique, miné par les dissensions internes, n’est plus la formidable machine de guerre d’antan. Il faudra aussi compter avec les ambitions d’un
troisième larron, le Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste), bien qu’il soit lui aussi en proie à des luttes fratricides. Un joli casse-tête en perspective pour Bouteflika… D’autant que le renouvellement du personnel politique – au pouvoir comme dans l’opposition – est réclamé par une large majorité d’Algériens. En outre, la question de la succession d’Abdelaziz Bouteflika, jamais posée jusqu’ici, ne devrait pas tarder à surgir. Et à alourdir le climat politique. « Notre génération arrive au bout de son chemin, commente l’un de ses proches. Il va bien falloir passer la main un jour. » Une chose est sûre : aujourd’hui, point de dauphin désigné ni même d’aspirants candidats. Car afficher ses intentions alors que le « boss » entame son troisième mandat serait politiquement suicidaire. « Le pouvoir ne se partage pas, encore moins ▲ ▲ ▲
leur terme. Et plus rapidement qu’entre 2004 et 2009. Abdelaziz Bouteflika devrait donc procéder, après son investiture prévue fin avril, à de nombreux changements au sein de son équipe gouvernementale. Parce qu’il va falloir tenir les promesses de la campagne: construction d’un million de logements supplémentaires, création de trois millions d’emplois, investissements massifs pour le développement (150 milliards de dollars en cinq ans !), réforme de la justice… Après avoir présenté sa démission comme il est d’usage, le Premier ministre Ahmed Ouyahia devrait, sauf coup de théâtre, poursuivre sa mission. Il faut cependant s’attendre à un jeu de chaises musicales parmi les ministres, ainsi qu’à l’arrivée de nouvelles têtes, y compris à la présidence. « La tâche sera ardue pour le chef de l’État, explique un membre du gouver-
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Dernier meeting du président Bouteflika, à Alger, le 6 avril. ▲ ▲ ▲
chez les Arabes, raille un membre éminent du FLN. Et puis, Bouteflika nous connaît tous: les opportunistes, les carriéristes, les sincères, ceux qui vont à la soupe, etc. Nul doute qu’il fera le bon choix. Mais après l’épisode Benflis [son ex-homme de confiance, qu’il préparait pour sa succession et qui s’est présenté contre lui en 2004, NDLR], je crains qu’il n’ait du mal à accorder sa confiance… ». Outre la réforme de l’État (révision du statut de la fonction publique, nouveau découpage territorial avec la création de près de quatre-vingts wilayas déléguées), Bouteflika devrait s’atteler à parachever son dossier prioritaire: la réconciliation nationale. Lors de son dernier meeting, à Alger, il a évoqué la possibilité d’une amnistie générale pour ceux qui déposeraient leurs armes. Tout en adoptant, pour la première fois, une position très ferme vis-à-vis des irréductibles, qu’il a menacés d’« éradiquer ». « Boutef » entend tourner définitivement la page du terrorisme. Ce ne devrait pas être son défi le plus facile à relever… Les Algériens, eux, n’ont cure des joutes politiques, des chicaneries partisanes ou des ambitions individuelles. Ils veulent, d’abord et surtout, que leur quotidien change radicalement. Trouver un emploi et un logement, toucher un salaire qui leur permette de vivre dignement. Ne plus avoir à supporter les passe-droits, les
pistons, l’injustice et la hogra (une humiliation née du mépris). En finir avec les tabous, les pesanteurs sociales, la bureaucratie et les tracasseries. Pouvoir se lancer dans la vie active et créer leur entreprise sans avoir à affronter un véritable parcours (administratif) du combattant. SEUL MAÎTRE À BORD
Ils réclament en outre des loisirs et des activités culturelles accessibles au plus grand nombre et un enseignement qui les prépare à affronter la vraie vie et le monde extérieur, y compris hors des frontières nationales. Toutes choses qui ont évolué depuis une d é c e nni e, m a i s p a s assez vite à leur goût. Il leur faudra cependant aussi faire leur révolution… des mentalités : ne plus tout attendre de l’État, se retrousser les manches pour être plus compétitifs, surmonter les handicaps hérités de trente ans de socialisme dirigiste et de dix ans de chaos. Last but not least, il faudra bien un jour mettre fin à l’économie du « toutpétrole » pour créer une industrie et une agriculture efficaces et productives, créatrices d’emplois et de richesse. Que de chantiers en perspective ! Mais avec un tel potentiel et autant d’attentes exprimées, l’Algérie ne
peut se permettre le luxe de passer à côté de ce moment charnière de sa tumultueuse histoire. Aujourd’hui, Abdelaziz Bouteflika est seul maître à bord. L’armée ne pèse plus du même poids que lors de sa première élection, en 1999. Celui qui a tout connu: la gloire des années Boumédiène, puis la disgrâce, l’humiliation et l’exil, avant de devenir le président qui aura « régné » le plus longtemps, sait qu’il assumera seul la responsabilité d’un éventuel échec. Jusqu’à présent, le chef de l’État s’est appuyé sur le système qui dirige le pays depuis 1962 pour le faire évoluer
La succession ? Il n’y a ni dauphin ni candidat : ce serait politiquement suicidaire. de l’intérieur, le moderniser par petites touches et à pas comptés. Mais nombre d’Algériens attendent tout simplement de lui qu’il tourne définitivement cette page héritée de la guerre de libération. Pour qu’enfin l’Algérie, libérée de ses pesanteurs, cesse de regarder en arrière et se construise un destin de nation moderne, confiante dans son avenir. Un avenir que ses enfants pourraient enfin imaginer bâtir en son sein, et non plus de l’autre côté de la Méditerranée. ■
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FOCUS 17
FRANCOPHONIE Faites vos jeux!
ANITA CORTHIER
«
Netanyahou doit donner des gages. Il n’y a pas de soutien inconditionnel des États-Unis à Israël. »
HILLARY CLINTON Secrétaire d’État américaine
T52/KPA/GAMMA/EYEDEA
« Israël ne prend pas ses ordres chez Obama. Les citoyens de ce pays ne veulent pas constituer le 51e État des États-Unis. » GILAD ERDAN Ministre israélien de l’Environnement
«
J’espère que les Sarkozy vont devenir une dynastie, en France. Pour cela, il faut trois générations qui réussissent. Je crois que mes petits-enfants sont bien partis… »
EUROPA PRESS/GAMMA/EYEDEA
DOMINIQUE MATAILLET
PAL SARKOZY Père du président français
«
On continue de construire alors que les recettes ont fondu, donc on s’endette et les Londoniens recevront la facture. Paris ne connaît pas son bonheur d’avoir raté les jeux Olympiques. » IAIN SINCLAIR Romancier, poète et cinéaste britannique
« Je n’ai pas rencontré l’homme
idéal, donc je me contente de femmes imparfaites. » FRÉDÉRIC BEIGBEDER Écrivain français
« Lagos, où j’ai grandi, c’est
comme un champ de bataille permanent. Quand on finit par en sortir, on a envie d’y rentrer au plus vite. Ce n’est pas un monde parfait, loin de là, mais chaque jour il y a un lendemain, de l’espoir. » ASA Chanteuse nigériane
VINCENT FOURNIER/J.A.
DU FOOTBALL, DE LA BOXE, de l’athlétisme, du judo, mais aussi de la danse, de la peinture, de la chanson, de la littérature… Des talents de tous ordres pourront s’exprimer à Beyrouth (Liban), du 27 septembre au 6 octobre 2009, dans le cadre des VIe Jeux de la Francophonie. L’originalité de la manifestation est en effet d’associer compétitions sportives et concours culturels. L e 9 av r il, l ’Or ganis a tion internationale de la Francophonie (OIF) a fait le point sur les préparatifs. Plusieurs médias importants, tels que RFI et TV5 Monde – Jeune Afrique est également partenaire des Jeux –, ont exposé le dispositif qu’ils déploieront pour l’occasion. Les artistes sélectionnés et les pays qualifiés pour les épreuves sportives ont été présentés. Pour le football, il a été procédé au tirage au sort des poules sous la houlette de Gérard Houllier, directeur technique na tional f ran ç ais e t an c ien entraîneur de Liverpool et de Lyon. Le pays hôte affrontera la Côte d’Ivoire, le Cameroun et le Burkina ; la France aura notamment pour adversaire le Maroc. On pouvait s’interroger : un pays éprouvé par de longues années de guerre civile, à peine remis des terribles destructions du conflit de l’été 2006 avec Israël, est-il en mesure d’accueillir une manifestation qui réunira plus de trois mille cinq cents sportifs et artistes d’une cinquantaine de pays ? Clément Duhaime, l’administrateur de l’OIF, qui souligne la qualité du travail des Libanais, est convaincu du succès des Jeux. Les questions de sécurité semblent parfaitement maîtrisées. Le vrai défi est celui de la visibilité. À Niamey, en 2005, la précédente édition avait été une réussite, mais, hélas, elle n’avait guère eu d’écho médiatique. ■
ILS ONT DIT
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18 FOCUS
CES
CHIFFRES QUI PA RL EN T
42 599
demandes d’asile en France en 2008 (+ 19,9 % par rapport à 2007), dont 36 % ont été satisfaites (29,9 % l’année précédente).
11%
des A méric ains croient qu’Obama est musulman, plus de deux mois après sa prestation de serment sur la Bible.
11,9 %
La baisse des exportations marocaines de vêtements en février, selon l’Office des changes.
115
suicides de détenus dans les prisons françaises en 2008. Et déjà 42 depuis le début de 2009.
NIGER Hama bientôt
devant ses juges LE 7 AVRIL, DANS SA CELLULE individuelle de la prison de Koutoukalé, Hama Amadou a accusé le coup. Ses avocats plaidaient la relaxe, mais les magistrats de la commission d’instruction ont décidé de le faire comparaître devant la Haute Cour de justice de Niamey pour détournement présumé de fonds publics. L’ancien Premier ministre sera donc jugé par un tribunal d’exception composé de sept députés de l’Assemblée nationale. Quand on sait que la même chambre a voté, en juin 2008, sa mise en accusation à une écrasante majorité (88 voix sur 113), on devine son inquiétude. D’autant qu’il souffre d’hypotension et d’hypoglycémie. Il a dû être hospitalisé pendant trois semaines, en mars. Depuis son arrestation, le 26 juin 2008, Hama Amadou crie à la machination politique. A-t-il détourné 100 millions de F CFA en 2001 ? « Jamais », répond l’un de ses avocats, Marc Le Bihan. « À l’époque, c’est le président Tandja, en Conseil des ministres, qui lui a donné instruction de débloquer cette somme au profit de la presse afin de mener une campagne médiatique sur les performances du régime. » Et son avocat de produire tous les justificatifs de dépenses. En fait, il n’a convaincu les juges qu’à moitié. Le montant incriminé est ramené de 100 millions à 39 millions de F CFA. Mais la loi nigérienne est sévère. Pour le détournement de telles
sommes, la peine encourue va de vingt à trente ans de prison. Bref, à 59 ans, Hama risque la réclusion à perpétuité pour 59 000 euros… À la question: « Y a-t-il un règlement de comptes politique derrière tout cela ? », un ministre nigérien glisse, avec un petit sourire : « No Comment ». La politique, tout est là. Mamadou Tandja et Hama Amadou se sont rencontrés il y a trente ans dans l’antichambre du pouvoir. Jusqu’en 2007, leur association a bien fonctionné. « Ils n’étaient pas amis mais avaient besoin l’un de l’autre », raconte un proche. Et le jour de janvier 2000 où Tandja l’a nommé à la primature, Hama a confié : « Si je n’étais pas là, ce ne serait pas bien pour le pays. » Allusion au partage du pouvoir entre l’officier et le chef de parti, entre l’homme de l’est du pays et celui de l’ouest. Tout laisse à penser que c’est l’approche de la présidentielle de novembre 2009 qui a provoqué la rupture. Un jour, le président Tandja a lâché : « De toute façon, il n’y a personne qui soit capable de me remplacer. » D’où son envie de réformer la Constitution pour solliciter un troisième mandat. Or l’ex-Premier ministre pensait que son tour était arrivé… Tandja pourra-t-il se représenter ? En tout cas, de l’avis général, à Niamey, il fera l’impossible pour écarter Hama de la présidentielle. ■ CHRISTOPHE BOISBOUVIER
200 000 000
21 euros
par trimestre, le montant d’une bourse d’étudiant en Algérie, selon le journal El Watan.
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Hama Amadou (à g.) avec le président Mamadou Tandja, à Niamey, en 2005.
A. RAMASORE / GALBE.COM
de membres pour le réseau social Facebook au 8 avril.
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FOCUS 19 LE DESSIN DE LA SEMAINE OLIPHANT • NEW YORK TIMES ( États-Unis)
Le couple Obama à Buckingham Palace, le 1er avril.
GUINÉE ÉQUATORIALE Mohammed VI vient en ami CE SONT TRENTE ANNÉES de relations privilégiées entre le Maroc et la Guinée équatoriale que Mohammed VI célébrera à l’occasion de sa visite officielle dans ce pays, du 16 au 18 avril. Dix jours après la venue du Togolais Faure Gnassingbé, le souverain atterrira à Malabo, la capitale, le 16 dans la soirée. Il partira le lendemain pour Bata, la deuxième ville du pays, où il visitera plusieurs réalisations et chantiers marocains avant de déposer une gerbe en hommage aux martyrs du « Coup de la liberté » qui porta Obiang Nguema Mbasogo au pouvoir, en 1979. Ce déplacement – le premier d’un souverain chérifien en Guinée équatoriale – témoigne de l’intérêt croissant que porte le Maroc au troisième producteur de brut du sud du Sahara. Rabat a même décidé de remplacer son chargé d’affaires par un ambassadeur, qui a pris ses fonctions le 20 janvier. Essentiellement politiques sous le règne de Hassan II, après que l’actuel chef de l’État équato-guinéen a mis fin à la reconnaissance du Front Polisario, les relations bilatérales se sont renforcées sur le plan économique. Plusieurs
protocoles d’accords de coopération dans les domaines de la formation, de l’agriculture et de l’économie maritime seront signés à l’occasion de la visite de Mohammed VI. Sur place, le Maroc compte une dizaine de grandes entreprises, qui concluent de fructueux contrats. Tête de pont de cette présence, la Société maghrébine de génie civil (Somagec) construit le nouveau port de la capitale. Elle a également décroché le marché de la distribution d’eau et de l’assainissement de Bata, et la mise en valeur touristique de l’île de Corisco. Les Marocains sont aussi présents sur le marché de la sécurité et dans le secteur médical. Le président équatoguinéen, qui a inauguré, en août 2008, une grande avenue Hassan-II dans la capitale, bénéficie de l’expertise marocaine pour sa propre protection rapprochée. Des officiers du royaume forment l’armée nationale, et des dizaines de médecins exercent dans les cliniques du pays. Mohammed VI se rendra ensuite au Gabon pour une visite strictement privée. ■ FRÉDÉRIC LEJEAL
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20 FOCUS
L’HOMME DE LA SEMAINE
Anders Fogh RASMUSSEN
Premier ministre danois, futur secrétaire général de lʼOtan
Ç
a ne pouvait plus mal commencer. Fraîchement désigné secrétaire général de l’Otan (Organisation du traité de l’Atlantique Nord), et pas encore entré en fonctions (sa nomination ne prendra effet que le 1er août), Anders Fogh Rasmussen s’est déjà pris les pieds dans le tapis. L’ancien Premier ministre danois, qui participait au deuxième forum du Sommet de l’Alliance des civilisations, le 6 avril, à Istanbul, a lourdement chuté dans les escaliers de son hôtel et est apparu à la tribune le bras en écharpe et l’épaule démise. Les esprits superstitieux y verront un signe du destin. Ankara avait tenté de s’opposer à son élection, avant de se raviser pour ne pas gâcher le soixantième anniversaire de l’Organisation. Les Turcs reprochent au Danois ses prises de position « équivoques » pendant l’affaire des caricatures de Mohammed, douze dessins jugés offensants pour le Prophète, publiés en 2005 par un tabloïd local, qui avaient déclenché la colère des musulmans. Et que le très libéral Rasmussen avait refusé de désavouer, arguant du sacro-saint principe de la liberté d’expression.
À 56 ANS, CET ÉCONOMISTE est à la tête d’un gouvernement de droite, minoritaire, mais qui gouverne depuis novembre 2001 – grâce à l’appui du DF, le Parti populaire danois – une formation d’extrême droite ouvertement xénophobe. Celui que ses compatriotes ont pris l’habitude d’appeler « Fogh » (les Rasmussen sont légion au royaume du Danemark…) rêvait d’un grand poste international. Député à 25 ans, ministre à 34, président du Parti libéral et chef de l’opposition à partir de 1998, ce sportif accompli, réputé austère mais possédant un charisme certain, avait fait de la réduction du coût de l’État-providence son cheval de bataille. Un positionnement osé dans un pays de vieille tradition sociale-démocrate, mais qui finit par payer en 2001. À la surprise générale, « Fogh » devance de justesse la gauche, s’allie avec les infréquentables du DF et obtient une majorité au Parlement. Au gouvernement, il taille dans les dépenses, mais se révèle finalement plus pragmatique qu’idéologue. Politicien sans états d’âme, il durcit considérablement les conditions d’accueil et de séjour des étrangers et érige toute une série d’obstacles, souvent insurmontables, au regroupement familial. Crédité d’un bon bilan économique, il est reconduit dans ses fonctions à deux reprises, la dernière fois en novembre 2007. Mais il commence à se sentir à l’étroit
à Copenhague et songe un temps à la présidence de la Commission de l’Union européenne (UE), car il se murmure que le Portugais José Manuel Barroso pourrait être lâché par certains grands pays, mécontents de sa gestion prudente de la crise financière. Considéré comme l’un des artisans de l’élargissement de l’Union à l’Est, entériné à Copenhague alors que le Danemark présidait l’UE, il peut compter sur les voix des nouveaux membres. Autre atout: son aisance en anglais et en français, langue qu’il parle parfaitement. Mais son profil droitier et le souvenir du « non » danois au référendum sur le traité de Maastricht, en 1992, plombent ses chances. La bataille s’annonçant incertaine, il jette son dévolu sur le secrétariat général de l’Otan. RASMUSSEN A EFFECTIVEMENT quelques titres à faire valoir. C’est un atlantiste convaincu. « Un bon petit soldat de Washington », disent ses adversaires. Proche de George W. Bush, qu’il a rencontré à huit reprises, un record pour un dirigeant danois, il a été de tous les combats du président américain, envoyant des troupes faire la guerre à Bagdad, Kaboul et Kandahar. Avec un contingent de 700 soldats – dont 22 tués –, le petit royaume scandinave est, proportionnellement à sa population, le membre européen de l’Alliance qui a consenti le plus gros ef for t en Afghanistan. Rasmussen sait que son statut de dirigeant en exercice d’un pays de l’Alliance et les soutiens dont il bénéficie du côté de Washington, Paris ou Londres lui permettront d’écarter facilement le titulaire du poste, le Néerlandais Jaap de Hoop Scheffer. Reste à surmonter les réticences turques. Entre Copenhague et Ankara, le passif est lourd. Rasmussen s’est vigoureusement opposé à l’entrée de la Turquie dans l’UE. Son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, lui, n’a toujours pas digéré l’épisode des caricatures du
Les musulmans ne lui ont toujours pas pardonné ses prises de position « équivoques » lors de l’affaire des caricatures du Prophète.
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Un atlantiste convaincu qui fut très proche de George W. Bush. « Un bon petit soldat de Washington », disent ses adversaires.
Prophète, qui ont heurté sa sensibilité de musulman, et a brandi la menace d’un veto. Le président américain Barack Obama doit finalement monter au créneau lors du sommet de Strasbourg-Kehl, le 4 avril. Il s’entretient en aparté avec le dirigeant turc, et l’amadoue. Erdogan, conscient de son isolement, cède, et se console avec la promesse qu’un Turc accéderait bientôt au secrétariat général adjoint de l’organisation. EN HABILE DIPLOMATE, Rasmussen s’est employé, dès sa nomination acquise, à donner des gages à Ankara. En expliquant, par exemple, que le gouvernement danois pourrait envisager la fermeture de la télévision kurde Roj TV, émettant depuis Copenhague, si les Turcs apportaient la preuve de ses liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). À Istanbul, il s’est fendu de belles paroles à destination des musulmans, affirmant
FABRIZIO BENSCH/REUTERS
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son « profond respect pour l’islam et ses symboles » et promettant de prêter « une grande attention » pendant son mandat aux sensibilités culturelles et religieuses. Pas sûr que ces déclarations suffisent à dissiper toutes les réserves à son égard. En réalité, sa nomination ne changera pas grand-chose au contenu de la politique de l’Alliance atlantique, car le secrétaire général de l’Otan est davantage une voix et un visage pour l’Organisation qu’un décideur. Elle n’en reste pas moins catastrophique sur le plan symbolique. Pourquoi diable Barack Obama s’est-il senti obligé de faire le forcing pour celui qui était avant tout l’ami de son adversaire George W. Bush ? Sans doute parce que, qu’on le veuille ou non et s’agissant de l’Otan, le critère de la loyauté aveugle aux États-Unis passe avant toute considération partisane ou idéologique. ■ SAMY GHORBAL
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Kigali, le 7 avril. Commémoration du génocide de 1994, qui fit près d’un million de morts.
STR/EPA/CORBIS
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RWANDA
Quinze ans après lʼapocalypse AUX PREMIÈRES LUEURS DU JOUR, venues de toutes les collines de Kigali, des grappes humaines de Nyamirambo, de Kacyiru ou de Remera affluent à pied vers la colline de Nyanza. C’est ici que, le 7 avril 1994, le contingent de Casques bleus belges avait reçu l’ordre de se replier, abandonnant à leur sort plus de cinq mille Tutsis qui s’étaient placés sous leur protection. Ils seront les premières victimes d’un génocide qui fera près d’un million de morts. Aujourd’hui, ce sont plus de vingt mille personnes qui s’apprêtent à célé-
et fierté nationale depuis ses déboires avec la justice française. Sollicitée de toutes parts, par la foule et les officiels, elle restera néanmoins à sa place: en ce moment de deuil et de souvenir, l’heure n’est pas aux acclamations. L’organisation de la cérémonie est parfaite, et la foule contenue avec intelligence. L’ambiance est lourde. La vue de rescapés portant les séquelles de cette barbarie inouïe ajoute à l’émotion. Des cris hystériques fusent. Des femmes, des hommes s’évanouissent. Ils sont immédiatement pris en charge par une nuée de bénévoles de la Croix-Rouge. Por tiques de sécurité, fouille au corps… la garde présidentielle veille sur la colline et la protection du site. Aux côtés du couple présidentiel, Cherie Blair, l’épouse de l’ancien Premier ministre britannique. Enterrement d’ossements de victimes du génocide, inauguration d’un mémorial où brûlera une flamme de l’Espoir et réalisation d’un immense jardin de pierres, fait d’un million de cailloux… À midi précis, on observe une minute de silence, durant laquelle des milliers de sanglots sont étouffés.
À midi, une minute de silence. Des milliers de sanglots sont étouffés à grand-peine. brer le quinzième anniversaire de cette « faillite de l’humanité ». Pas de cortège. Officiels, corps diplomatique et invités feront, eux, une partie du trajet en autobus. Chœur de gospel, témoignages d’un rescapé et d’un témoin américain… l’air est chargé d’émotion. Prières et méditations s’interrompent brièvement lorsque apparaît Rose Kabuye, chef du protocole du président Paul Kagamé
Le thème retenu par la Commission nationale de lutte contre le génocide (CNLG), organisatrice de l’événement, porte un titre éloquent: « Commémorons le génocide contre les Tutsis en luttant contre la banalisation et le négationnisme et en reconstruisant notre nation. » L’intervention de Paul Kagamé sera dans la même veine. S’exprimant en kinyarwanda, il cite l’adage selon lequel « à l’épreuve du feu, la vérité ne brûle pas » pour s’en prendre à ceux qui « hier ont fait preuve de lâcheté, et aujourd’hui d’arrogance ». S’adressant aux rescapés, il évoque la difficulté de reconstruire sur des cendres et exhorte ses compatriotes à « regarder vers l’avenir ». La cérémonie prend fin vers 13h30. Les grappes humaines se réapproprient les routes et les pistes pour regagner leur colline. Quelques heures de repos, et les mêmes processions se reformeront. Direction: le stade Amahoro, pour une veillée de prières. Durant cette semaine de deuil, les drapeaux sont en berne. Kigali et les autres provinces ont renoncé à la musique et aux fêtes familiales. Les fantômes du génocide n’ont pas fini de hanter le pays des Mille Collines. ■ CHERIF OUAZANI, envoyé spécial à Kigali
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FOCUS 23 EN HAUSSE
PÉROU
Le juge sud-africain, ex-procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda, est nommé président de la commission d’enquête sur les violations des droits de l’homme perpétrées à Gaza, créée par le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
JAWAD RHALIB
D.R.
Le réalisateur marocain a remporté le prix du meilleur film documentaire du Festival international du film panafricain de Cannes pour Les Damnés de la mer, évocation du quotidien des pêcheurs de la baie de Dakhla, dans le sud du Maroc.
SANOUSSI TOURÉ
D.R.
À l’issue du remaniement ministériel du 9 avril, le directeur de cabinet du Premier ministre malien, Modibo Sidibé, se voit confier le portefeuille de l’Économie et des Finances. Une nomination qui conforte le chef du gouvernement.
ISSA SESAY
Le dirigeant du Front révolutionnaire uni (RUF) s’est vu infliger la peine la plus lourde prononcée par le Tribunal spécial pour la Sierra Leone pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité: cinquante-deux ans de prison.
BEN CURTIS/AP/SIPA
TSHITENGE LUBABU M.K.
D.R.
« El Chino » passe à lʼombre LE 7 AVRIL, AU TERME D’UN PROCÈS-FLEUVE – cent soixante et une audiences en seize mois –, la justice péruvienne a reconnu l’ancien président Alberto Fujimori, 70 ans, coupable de violations des droits de l’homme et l’a condamné à vingt-cinq ans de prison. Les faits reprochés à « El Chino » – il doit ce surnom à ses origines japonaises – remontent aux années 1990-2000, durant lesquelles il a dirigé le Pérou. Il s’agit essentiellement de l’exécution, en novembre 1991, de quinze civils par les services secrets, à Barrios Altos, un quartier de Lima, la capitale. Et du massacre, en juillet 1992, de neuf étudiants et d’un professeur sur le campus de l’université La Cantuta. À l’époque, le gouvernement péruvien livrait une guerre acharnée aux groupes maoïstes du Sentier lumineux et aux guévaristes du mouvement révolutionnaire Túpac Amaru. Destin exceptionnel que celui de cet ingénieur agronome, ancien recteur d’université, élu président en 1990. Populaire, voire populiste, il mène une politique économique ambitieuse (privatisations, grands travaux…) qui vaut au Pérou quelques années de forte croissance. Mais il tient en même temps le pays d’une main de fer. De nombreuses dérives sont constatées dans la gestion des affaires publiques et dans la lutte contre les guérilleros de gauche. S’il parvient à les réduire à néant, c’est au prix de méthodes jugées illégales et brutales, qui ont conduit à sa condamnation, une première pour un ex-président d’un pays d’Amérique latine. En 2000, une affaire de corruption avait provoqué la chute d’Alberto Fujimori, alors qu’il venait de briguer un troisième mandat en violation de la Constitution. Réfugié d’abord au Japon – il a la double nationalité –, El Chino a été arrêté au Chili en 2005, puis extradé au Pérou. L’ancien président n’en a pas fini avec la justice: déjà condamné, en 2007, à six ans de prison pour abus de pouvoir, il devra faire face, dans les prochains mois, à deux nouveaux procès pour corruption. ■
RICHARD GOLDSTONE
ALAIN DESTREM
D.R.
Hilare devant une photo de Ségolène Royal en boubou bleu, prise lors du séjour de cette dernière au Sénégal, du 4 au 9 avril (voir pp. 38-40), l’élu UMP du Conseil de Paris a déclaré qu’elle lui rappelait sa femme de ménage.
Sous le coup d’un mandat d’arrêt international lancé par le Gabon, le patron de In Consulting a été interpellé et écroué près de Paris. Libreville l’accuse d’avoir détourné 2,6 milliards de F CFA lors de la livraison de fourgons blindés en 2006.
D.R.
NOTIMEX/AFP
FÉLIX BONGO
L’ancien président Alberto Fujimori, condamné par la Cour suprême à vingt-cinq ans de prison, à Lima, le 7 avril.
EN BAISSE
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24 L’ENQUÊTE
OÙ VA LʼAFRIQUE CENTRALE? Fondée il y a quinze ans, la Communauté économique et monétaire de lʼAfrique centrale (Cemac) est à la peine. Intégration régionale balbutiante, rivalités au sommet, « affaire » de la Beac..., le chantier, ouvert en 1994, est loin dʼêtre achevé.
L
PHILIPPE PERDRIX avec GEORGES DOUGUELI
«
e transpor t de marchandises ent re Doua la et N’Djamena coûte six fois plus cher qu’entre Shanghai, en Chine, et le port de Douala. Il dure également deux fois plus longtemps : soixante jours, contre trente jours. » Ce constat sans concession, et quelque peu désolant, n’émane pas d’un investisseur étranger – novice quant à l’environnement économique en Afrique centrale et volontiers donneur de
leçons – mais d’un Centrafricain, Anicet Georges Dologuélé, président de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC). « L’état des routes est parfois désastreux. En saison des pluies, cela devient très compliqué pour les pays enclavés. Il faut également compter avec les tracasseries policières. Les camionneurs sont plus souvent à l’arrêt qu’au volant », ajoute le banquier, qui écarte toutefois un manque de volonté politique pour expliquer une telle situation. Diplomate, prudent, il préfère retenir « une
pénurie de financements dans les infrastructures ». De fait, l’espace de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) – qui compte 38,6 millions d’habitants – demeure une construction avant tout théorique. Quant à l’institution, elle tente depuis son siège de Bangui d’accélérer un chaotique processus d’intégration. En dépit des raidissements identitaires et des affirmations de souveraineté. Lancée le 16 mars 1994, la Communauté est en fait l’héritière de l’Union
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PATRICK WALLET/LOOKATSCIENCES
La Forêt des abeilles au Gabon. Le Bassin du Congo constitue un patrimoine commun aux six pays de la Cemac.
douanière des États de l’Afrique centrale (Udeac), créée en décembre 1964 pour harmoniser les politiques économiques et monétaires du Cameroun, de la Centrafrique, du Congo, du Gabon et du Tchad, rejoints vingt ans plus tard par la Guinée équatoriale. Si l’union monétaire est à ranger du côté des acquis, sous la haute protection d’un franc CFA placé sous la tutelle du Trésor français, pour le reste, le bilan est mince. « L’intégration est peu avancée et la compétitivité de la zone est faible », reconnaît la présidence de
la Commission de la Cemac dans un rapport publié en janvier dernier. Et si on ne devait donner qu’un seul chiffre, choisissons celui-ci : le commerce intracommunautaire représente moins de 2 % des échanges régionaux. Plus grave, cette part est en diminution par rapport aux années 1990 alors que les six États ont, entre-temps, instauré une union douanière. « La levée des barrières tarifaires intracommunautaires a eu un effet contre-productif. Les recettes publiques étant pour l’essentiel douanières, les gouvernements
privilégient les importations extracommunautaires qui, elles, remplissent les caisses de l’État. Ce phénomène s’accentue actuellement avec la crise économique et nous ne sommes pas loin d’un protectionnisme déguisé », explique un entrepreneur présent dans plusieurs pays d’Afrique centrale. Le passeport Cemac, officiellement institué en 2000, traduit également cette marche laborieuse vers une véritable communauté de destin (voir encadré p. 28). Des exemplaires du précieux document ont été remis aux
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26 L’ENQUÊTE États membres en 2003, mais leur mise en circulation n’a cessé d’être retardée. « Les vieux réflexes policiers sont encore à l’œuvre », tempête un entrepreneur camerounais. « En fait, nous étions prêts pour généraliser la mise en circulation, mais nous avons préféré passer au biométrique. C’est en cours, et nous espérons y parvenir fin 2009 », assure un responsable de la Cemac. Les exemples comme celui-ci sont nombreux. Cela va des fortes turbulences qui ont accompagné le lancement de la compagnie aérienne Air Cemac à la rivalité entre la Bourse de Libreville et celle de Douala. Le premier dossier, initié en décembre 2001, semble enfin en phase de décollage. Après l’échec des pourparlers avec Royal Air Maroc et Brussels Airlines, la compagnie sud-africaine South African Airways va entrer à hauteur de 40 % au capital du futur pavillon. Le partenaire technique est trouvé et le lancement est prévu avant 2010. En revanche, le second dossier résonne encore comme une dérisoire bataille d’ego. La coexistence de deux places financières, qui comptent moins d’une dizaine de cotations dans une zone dont la richesse représente 2 % du PIB de la France, relève du non-sens économique. Conscient de ces travers, la Cemac a, semble-t-il, décidé de passer à la vitesse supérieure. En cela, les coups de boutoir de la Guinée équatoriale – qui s’estime sousreprésentée au sein des institutions sous-régionales – auront été utiles (voir pp. 29-30). Lors du tumultueux sommet de N’Djamena, le 25 avril 2007, le Secrétariat exécutif de l’organisation a été remplacé par une Commission avec un président, le Camerounais Antoine Ntsimi, devant rendre des comptes à toutes les capitales. Et si Malabo n’a toujours pas obtenu une rotation des postes – le consensus de Fort-Lamy adopté en 1973 tient toujours –, la réforme des institutions se poursuit. À commencer par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), où l’omnipotent gouverneur gabonais Jean-Félix Mamalepot a laissé la place à un compatriote, Philibert Andzembé, mais « cornaqué » par trois directeurs généraux : un Centrafricain, un Camerounais et, bien sûr, un Équato-Guinéen.
SIX PRÉSIDENTS, 140 ANS DE LA ZONE CEMAC, si on la compare aux autres espaces politico-économiques de l’Afrique subsaharienne, est celle où le pouvoir conserve et se conser ve le plus longtemps. Les six chefs d’État en exercice totalisent ensemble près d’un
« Le passeport Cemac biométrique devrait être mis en circulation fin 2009. »
▲ ▲ ▲
« Plus la Guinée équatoriale devient riche, plus elle revendique une place à la hauteur de ses revenus. Nous allons devoir accepter de lui donner des postes, mais il ne faut pas tout mettre par terre. Antoine Ntsimi n’est pas menacé », assure un ministre camerounais. Il n’empêche, une certaine obligation de résultat semble s’être emparée des fonctionnaires régionaux basés à Bangui. Un programme économique régional 2009-2015 a été élaboré et doit servir de base de travail. Cinq piliers de croissance ont été identifiés : l’énergie, l’agriculture, la forêt, l’élevage et la pêche, et la métallurgie. Projets ciblés, demandes de finan-
DENIS SASSOU NGUESSO
66 ans, au pouvoir depuis août 1979, soit bientôt trente ans. Militaire de formation comme ses homologues du Tchad, du Congo et de Centrafrique, il devrait se représenter à la fin de cette année pour un nouveau mandat de sept ans. Son État est le plus riche et le plus prometteur, en matière de développement, des six de la Cemac. Principale force : son patriotisme économique. Principale faiblesse : son déficit d’image extérieure.
66 ans, au pouvoir depuis octobre 1997 après l’avoir été une première fois de 1979 à 1982, soit près de vingt-cinq ans au total. Il est le seul à avoir accepté le verdict des urnes, mais c’est à l’issue d’une guerre civile que le fauteuil présidentiel lui est revenu. Il sollicitera en juillet prochain les suffrages de ses concitoyens avec de bonnes chances de l’emporter, bien que le climat préélectoral soit tendu. Principale force: avoir ramené et maintenu la paix et la stabilité au Congo. Principale faiblesse: des difficultés à gérer son entourage.
GUINÉE ÉQUATORIALE
ANDRE RAMASORE / GALBE.COM ; V. FOURNIER/J.A. ; PATRICK ROBERT ; LUDOVIC/REA
CONSTRUIRE DES ROUTES
TEODORO OBIANG NGUEMA
CONGO
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PO
DE
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POUVOIR… siècle et demi – 140 ans très exactement – aux affaires, avec de fortes disparités bien sûr, mais une même tendance rétive à l’alternance. Ce que la région y gagne en stabilité, elle le perd en renouvellement de ses élites, et les progrès réalisés
OMAR BONGO ONDIMBA
FRANÇOIS BOZIZÉ
sur la voie de la bonne gouvernance ne s’accompagnent pas assez de leur corollaire : l’avancée vers une démocratie libérale. Attention à l’effet cocotte-minute ! ■ FRANÇOIS SOUDAN
PAUL BIYA
IDRISS DÉBY ITNO 57 ans, au pouvoir depuis décembre 1990, soit un peu plus de dix-huit ans. Sa prochaine échéance présidentielle est prévue en mai 2011, mais son fauteuil a vacillé à deux reprises ces trois dernières années sous les coups de boutoir d’une rébellion soutenue par son voisin soudanais. Principale force : le courage physique. Principale faiblesse : une tendance à considérer l’État comme un domaine réservé.
GABON
CENTRAFRIQUE
CAMEROUN
73 ans, au pouvoir depuis décembre 1967, soit un peu plus de quarante et un ans. Ce qui fait de lui l’incontestable doyen des chefs d’État de la région, et même du continent. En 2012, lors de la prochaine élection présidentielle, il en sera, si Dieu le veut, à sa quarante-cinquième année d’exercice. Est-il envisageable qu’il s’y présente ? Principale force : une expérience inégalable, une sagesse éprouvée et une habilité hors pair de politicien madré. Principale faiblesse : l’usure du pouvoir.
62 ans, au pouvoir depuis mars 2003, soit six ans. Arrivé par un coup de force, puis élu démocratiquement, il repassera devant les urnes en 2010. Son « Dialogue national », fin 2008, a été une réussite et il attend beaucoup de l’avenir minier de son pays. Lequel demeure pour l’instant le plus pauvre de la Cemac. Principale force : la détermination. Principale faiblesse : une propension à l’isolement.
76 ans, au pouvoir depuis novembre 1982, soit vingtsix ans et demi. Élu à de multiples reprises, il est le plus âgé des chefs d’État de la région. Prochaine échéance : octobre 2011. Se représentera-t-il ? La Constitution lui en donne désormais le droit. Principale force : une connaissance intime de son pays et de sa classe politique, qui lui permet de fonctionner en pilotage automatique. Principale faiblesse : l’absence de toute visibilité quant à sa propre succession.
TCHAD
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28 L’ENQUÊTE ▲ ▲ ▲
cement engagées… les choses vont dans la bonne Obiang Nguema remettent en cause les équilibres et les direction. Et comme le diagnostic d’Anicet Georges Dolocontours du leadership régional. Quant aux contentieux guélé est frappé au coin du bon sens, les routes sont placées territoriaux, dont celui opposant le Gabon et la Guinée au rang de priorité absolue. Grâce notamment à des aides équatoriale sur l’îlot de Mbanié potentiellement riche en européennes, plusieurs tronçons devraient faire l’objet de or noir, ils sont autant de venins qui empoisonnent l’esprit travaux : Maroua (Cameroun)-N’Djamena (Tchad), Sangcommunautaire. ■ mélima (Cameroun)-Souanké/Ouesso (Congo), Bata (Guinée équatoriale)POLICE AUX FRONTIÈRES Kribi/Douala (Cameroun), Mouila/ Ndendé (Gabon)-Dolisie/Brazzaville Les quelque 30 millions de ressortissants de la Cemac attendent (Congo)… toujours de pouvoir voyager sans entraves dans la zone. Les six États membres ne sont pas encore parvenus à supprimer les contrôles aux QUERELLES POUR LE LEADERSHIP frontières. Le principe de la libre circulation des personnes et des « Il faut admettre que les projets d’inbiens – l’un des piliers de la Communauté – est loin d’être vécu dans tégration ont été insuffisants. Résultat, les faits. Où qu’ils se rendent, Gabonais et Équato-Guinéens doivent les réalisations concrètes font défaut, obtenir un visa. D’ailleurs, l’entrée sur le territoire de ces deux pays est reconnaît un ministre gabonais. Mais soumise à la même formalité. En revanche, par des décisions unilatéil est réducteur d’expliquer ces retards rales prises dans le cadre de la Communauté économique des États par les rivalités entre chefs d’État, de l’Afrique centrale (Ceeac), dont ils sont membres, le Cameroun, ajoute-t-il. Les considérations clanila République centrafricaine et le Congo ont décidé, en août 2004, ques ou ethniques sont le fait d’obserde supprimer les visas pour les titulaires d’un passeport de service vateurs étrangers. Et l’Europe ne s’est ou diplomatique. Les autorités camerounaises et congolaises sont pas construite en un jour. » allées plus loin dans un cadre bilatéral en supprimant purement et Reste que le jeu de fleuret moucheté simplement cette formalité pour leurs ressortissants respectifs. Ainsi, entre le « doyen » Omar Bongo Ondimentre le Cameroun et Tchad, une pièce d’identité suffit aux voyageurs ba – toujours aux avant-postes sur le camerounais et tchadiens pour passer les frontières. Attendu, le pasterrain diplomatique – et « l’énigmatiseport Cemac va peut-être enfin rendre effective une libre circulation que » Paul Biya – souvent absent lors des personnes dont on parle depuis une première convention signée des sommets – n’est pas franchement à N’Djamena en 1972, dans le cadre de la défunte Union douanière des de nature à accélérer la cadence. Les GEORGES DOUGUELI États de l’Afrique centrale (Udeac). ■ revendications de « l’offensif » Teodoro
DE FORTES DISPARITÉS ÉCONOMIQUES (2008) SOURCES : FMI (OCTOBRE 2008), BEAC, ADMINISTRATIONS NATIONALES
TCHAD CAMEROUN Taux de croissance : 3,8 % PIB : 10 699,6 milliards de F CFA PIB par habitant : 1 209 dollars Dette extérieure : 5,2 % du PIB
GUINÉE ÉQUATORIALE Taux de croissance : 7,4 % PIB : 8 008,6 milliards de F CFA PIB par habitant : 11 883,2 dollars Dette extérieure : 0,6 % du PIB
GABON Taux de croissance : 3,9 % PIB : 7 500 milliards de F CFA PIB par habitant : 10 013,3 dollars Dette extérieure : 7,5 % du PIB
Taux de croissance : 0,4 % PIB : 4 222,5 milliards de F CFA PIB par habitant: 1089,7 dollars Dette extérieure : 23,4 % du PIB
CENTRAFRIQUE Taux de croissance : 3,5 % PIB : 946,2 milliards de F CFA PIB par habitant : 449,8 dollars Dette extérieure : 47,1 % du PIB
CONGO Taux de croissance : 9,1 % PIB : 4 749,1 milliards de F CFA PIB par habitant : 2 721,8 dollars Dette extérieure : 41,4 % du PIB J E U N E A F R I Q U E N ° 2 518 • D U 12 A U 18 AV R I L 2 0 0 9
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Lʼépreuve du feu Menacé par les rebelles venus du Soudan, le président tchadien, Idriss Déby Itno, a pu tester la solidarité régionale.
PASCAL GUYOT/AFP
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ès l’attaque de N’Djamena, le 13 avril 2006, par des rebelles infiltrés en provenance du Soudan, les chefs d’État de l’Afrique centrale ont voulu marquer le coup. Réunis, quelques jours plus tard, en sommet extraordinaire de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), le Gabonais Omar Bongo Ondimba, le Congolais Denis Sassou Nguesso, l’ÉquatoGuinéen Teodoro Obiang Nguema et le Centrafricain François Bozizé ont condamné « l’agression contre le Tchad ». Ils ont voté une motion de soutien à leur homologue Idriss Déby Itno et au peuple tchadien. Mais c’est surtout après l’attaque du 2 février 2008, qui a vu les rebelles arriver aux portes du palais de N’Djamena – avant qu’ils ne soient repoussés après de violents combats et d’importants dégâts matériels –, que les chefs d’État de la sousrégion ont réagi avec plus de vigueur. Tous lui ont manifesté leur solidarité. « L’esprit Cemac » a résisté à l’épreuve du feu. Teodoro Obiang Nguema est allé plus loin encore. Il a débloqué 1 milliard de F CFA (environ 1,52 million d’euros) en guise de participation aux efforts de reconstruction de la capitale tchadienne. Le geste a touché Idriss Déby Itno, qui, en retour, a dépêché son ministre de la Défense, Wadal Abdelkader Kamougué, à Malabo, au lendemain de l’attaque du palais présidentiel par des pirates nigérians, le 17 février dernier. Déterminé à renforcer l’axe N’DjamenaMalabo, Déby Itno a ouvert une ambassade en Guinée équatoriale, confiée à son ex-directeur du Protocole, Ngaryanan Djagué Nahari. Enclavé, privé d’ouverture à l’est par la rupture de ses relations avec le Soudan, le Tchad est, avec la Centrafrique, celui qui a le plus intérêt à une Afrique centrale intégrée. Déby Itno y travaille, tentant d’arrondir les angles entre ses homologues de la sous-région : il œuvre ainsi à aplanir
Conférence de presse, le 6 février 2008, après la victoire militaire.
le différend autour de l’îlot de Mbanié entre le Gabon et la Guinée équatoriale et joue l’équilibre dans la querelle de leadership qui oppose Libreville à Yaoundé au sein de la Cemac. Lié à Bongo Ondimba, il tient à garder de bons rapports avec Paul Biya pour des raisons économiques objectives. Extrait
à Doba, le pétrole tchadien transite par Kribi, au Cameroun, pour être écoulé sur le marché international, et, depuis la crise avec Khartoum, l’essentiel des importations tchadiennes passe désormais par le port de Douala. ■ CHEIKH YÉRIM SECK,
envoyé spécial à NʼDjamena
Bras de fer à la Beac La perte de 16,4 milliards de F CFA par la Banque centrale remet à lʼordre du jour la bataille pour la répartition des postes au sein de lʼinstitution.
C
’est au cours de ce mois que la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) annoncera des profits historiques pour l’exercice 2008. En pleine tourmente financière qui a fait mettre un genou à terre à de prestigieuses institutions bancaires et financières, elle aura engrangé plus de 250 milliards de F CFA de bénéfices dans des placements qui, déduction faite de toutes les charges, dépasseront encore les 100 milliards. Tout irait donc pour le mieux pour la Banque centrale des six États de la Cemac. Alimentées par les revenus pétroliers de la Guinée équatoriale, du Gabon, du Congo, du Tchad et de ce qu’il reste d’or noir au Cameroun, les réserves
de change qu’elle gère ont atteint près de 7 500 milliards de F CFA en 2008 (5 460 milliards en 2007). Sauf que, pour la première fois de son histoire, la Beac fait face à une perte de 16,4 milliards de F CFA (25 millions d’euros), résultat malheureux d’un placement de 328 milliards de F CFA (500 millions d’euros) réalisé auprès de la Société générale, fin 2007. Le hic? L’article 11 des statuts de la Beac lui interdit d’investir dans des actions. Or le placement sur cinq ans de la Société générale comprenait 80 % d’obligations en bons du Trésor mais aussi 20 % d’actions, dont ces fameux produits dérivés, ces mélanges de titres explosifs qui ont fait sauter le système financier mondial.
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En mars 2008, elle s’aperçoit qu’elle détient une bombe à retardement et décide de s’en débarrasser. Mais si elle met un terme au placement avant la première année, elle doit acquitter de très lourdes pénalités. Et, quand elle y consent, le 28 décembre 2008, la crise financière a déjà frappé, carbonisant 5 % du placement. Mais « l’affaire » financière connaît un prolongement politique. Le gouverneur de la Beac, Philibert Andzembé, un Gabonais en poste depuis juillet 2007, est accusé d’avoir autorisé seul ce placement hasardeux. « On a voulu récupérer la situation pour déstabiliser le gouverneur et, à travers lui, l’institution, explique un dirigeant en interne qui veut rester anonyme. La Beac est une communauté de six États qui arrivent avec leur culture, leur niveau de développement, leurs besoins et leurs contradictions. » MALABO EN PREMIÈRE LIGNE
Ce qui semble sûr, c’est que le placement auprès de la Société générale a été décidé lors d’un comité de stratégie de la Beac, le 11 décembre 2007. Outre le gouverneur, il réunissait le vice-gouverneur, le Congolais Rigobert Roger Andely. Ainsi que le directeur général des études, finances et relations internationales, le Came-
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30 L’ENQUÊTE
Philibert Andzembé, patron de la Beac.
rounais René Mbappou Edjenguélé, le secrétaire général, le Tchadien Abbas Mahamat Tolli, et son compatriote Guerdita Ndoadoumgué, le directeur de la salle des marchés, qui a étudié le produit financier estampillé Société générale. Un placement dont la promotion en interne aurait été assurée par le Camerounais André Mfoula Edjomo, alors directeur des relations financières extérieures de l’institution. L’ampleur de la perte a éclaté au grand jour, le 30 janvier, à Libreville, lors de la conférence extraordinaire des
QUI FAIT QUOI ?
chefs d’État. Les jours qui ont précédé l’événement, les dirigeants, notamment Paul Biya et Omar Bongo Ondimba, et leurs émissaires ont multiplié les rencontres et les coups de fil pour sauver la tête de leurs ressortissants impliqués dans ce placement. En coulisses, la Guinée équatoriale est accusée d’avoir saisi l’occasion pour déstabiliser le gouverneur et remettre en selle son projet de gouvernorat tournant de la Beac. Nouvelle puissance pétrolière, le pays se sent injustement sous-représenté. Il apporte près de 30 % des réserves de change de la Banque, contre 25 % environ chacun pour le Congo et le Gabon. Et autour de 10 % pour le Tchad et le Cameroun. Or, depuis le consensus de Fort-Lamy, en 1973, une décision non écrite attribue le siège de la Beac au Cameroun (Yaoundé) et en confie la tête à un Gabonais, secondé par un Congolais. Le poste de secrétaire général revient à un Tchadien. En 2007, Malabo s’est vu confier le pilotage de la réforme des institutions de la Cemac. Mais, à ce jour, elle n’a pas obtenu gain de cause en obtenant « seulement » le départ de l’inamovible gouverneur gabonais Jean-Félix Mamalepot et la création de trois postes de directeurs généraux pour un Centrafricain, un Camerounais et un Équato-Guinéen. Un comité de politique monétaire a par ailleurs été institué. UN GOUVERNEUR AFFAIBLI
LE SOMMET DES CHEFS D’ÉTAT de N’Djamena, le 25 avril 2007, a donné lieu à un vaste changement de casting au sein des institutions sous-régionales. La répartition des fonctions suivant les nationalités, fixée par le consensus de Fort-Lamy, a été toutefois maintenue. Ainsi, l’ex-ministre des Finances du Cameroun, Antoine Ntsimi, est devenu le nouveau secrétaire exécutif de la Communauté puis le président de la Commission de la Cemac, dont le siège est à Bangui. Ancien secrétaire général adjoint de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (organisation regroupant outre les pays de la Cemac, l’Angola, la RD Congo, le Rwanda, le Burundi et São Tomé e Príncipe), il dispose d’une solide expérience des chantiers d’intégration. Le Congolais Jean Antchouin, élu premier président de la Cour de justice de la Cemac, a été installé à N’Djamena, et l’Équato-Guinéen Rafael Ntoung Nsoe a été confirmé comme secrétaire général adjoint de la Commission bancaire d’Afrique centrale (Cobac), dirigée par le Tchadien Mahamat Mustapha. Pas de changement à la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC), qui reste dirigée par le Centrafricain Anicet Georges Dologuélé. En revanche, le Gabonais Philibert Andzembé a succédé à son compatriote Jean-Félix Mamalepot, qui était en poste depuis 1990. Le nouveau gouverneur est un homme du sérail puisqu’il a été le directeur national de la Banque centrale du Gabon à partir de 2000. ■ PH.P
Avec « l’affaire » de la perte de 16,4 milliards de F CFA, la Guinée aurait demandé au Gabon de rembourser la Beac. « Cela a peu de chances d’aboutir, les bénéfices dégagés par la Banque centrale sont mis dans un pot commun et répartis en fonction du poids de chacun. Et quand la Guinée équatoriale n’avait pas de pétrole, elle en bénéficiait aussi. Elle doit se souvenir que ce sont les autres pays qui ont payé son ticket d’entrée à la Beac », confie un proche du dossier. « Nous voulons surtout savoir s’il n’y a pas eu d’autres prêts de ce type », explique Jeronimo Osa Osa Ekoro, le porte-parole du gouvernement équatoguinéen. Avant de conclure : « Nous défendons le principe d’une rotation des postes, une redistribution des responsabilités et une meilleure répartition des capitaux. » La bataille ne fait que commencer. ■ JEAN-MICHEL MEYER
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AFRIQUE DU SUD
LA REVANCHE DU « Jacob Zuma devrait devenir président de la République à lʼissue du scrutin du 22 avril. « Lʼhomme du peuple » a gagné sa bataille contre lʼintelligentsia locale avec une pointe de démagogie et de populisme.
M FABIENNE POMPEY
éprisé par l’élite intellectuelle sudafricaine et par une bonne partie du m o n d e d e s affaires, cloué au pilori par la presse depuis des années, Jacob Zuma n’en est pas moins le grand favori des élections du 22 avril. Le Congrès national africain (ANC), qui est assuré de remporter la majorité au Parlement, le désignera dans la foulée comme le quatrième président de l’Afrique du Sud démocratique. Jamais, pendant les huit dernières années au cours desquelles il a été l’objet de toutes les attaques, politiques et judiciaires – qu’elles soient justifiées ou non –, il ne s’est avoué vaincu. Peu importe qu’il se soit montré macho, mauvais gestionnaire, négligent et dispendieux, qu’il ait peu de morale et à peine plus de principes, il est « l’homme du peuple », qui a su conquérir un électorat en manque de leader charismatique, et surtout en manque d’espoir. La bataille qui l’a opposé au clan de l’ancien président Thabo Mbeki s’est transformée peu à peu en un combat entre l’intelligentsia noire, coupée de sa base, hautaine et sûre d’elle, et le « Zoulou Boy », porte-parole des pauvres et des laissés-pour-compte. Voilà pour la fable. La réalité, évidemment, est plus nuancée. Depuis des années, les supporteurs de l’ancien vice-président n’ont cessé de dénoncer « le complot » mené contre lui par le camp Mbeki. Accusations de corruption, de fraudes fiscales, de blanchiment d’argent… tout cela n’était à leurs yeux qu’un montage pour empêcher leur champion d’accéder à la magistrature suprême. Le 6 avril, la justice leur
a donné en partie raison. Grâce à des écoutes téléphoniques, le parquet général a démontré que Bulelani Ngcuka et Leonard McCarthy, respectivement ancien procureur général et ancien chef des Scorpions, l’unité d’élite de la police sudafricaine, avaient « manipulé » l’enquête contre Zuma à des fins politiques. Ni l’un ni l’autre n’ont jamais caché être proches de l’ancien chef de l’État. Bulelani Ngcuka n’est autre que l’époux de Phumzile Mlambo Ngcuka, ancienne vice-présidente de la République que Thabo Mbeki avait choisie pour lui succéder. Les deux hommes ont décidé de la date de l’annonce de la nouvelle inculpation de Zuma, juste après le congrès de l’ANC de décembre 2007 à Polokwane, alors qu’elle aurait pu être faite avant. Le choix aurait été motivé par des calculs politiques; une annonce avant le congrès aurait accrédité la thèse du complot. JUSTICE ET LUTTE D’INFLUENCE
Même si le juge Mokotedi Mpshe n’a pu établir l’implication directe de Thabo Mbeki dans la manipulation, il a estimé qu’il n’était « ni possible ni souhaitable » de maintenir les poursuites contre Zuma. Comme à chaque fois que Zuma est parvenu tout au long de cette procédure à faire suspendre les charges contre lui, les questions de fond ne sont toujours pas tranchées. L’opposition, qui n’a d’affinité avec aucun des protagonistes, dénonce les deux camps. Pour l’Alliance démocratique (DA), il ne s’agit que de la même histoire qui se répète : celui qui détient le pouvoir influence les juges… Hier c’était Thabo Mbeki, aujourd’hui Jacob Zuma. Un juge du Cap est d’ailleurs actuellement entendu pour avoir tenté d’influencer des membres de la Cour constitutionnelle en faveur de Zuma. Le
Meeting de l’ANC à Durban le 6 avril.
non-respect de la séparation des pouvoirs semble effectivement être une habitude partagée par les deux camps. Zuma est-il cette fois totalement sorti d’affaire ? Un autre parti d’opposition, celui des Indépendants démocrates (ID), a lancé une nouvelle procédure pour contester les conclusions du juge Mpshe.
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U « ZOULOU BOY »
ans de prison, le nom de Zuma figurait quasiment aussi souvent que le sien dans les conclusions du juge. Ce dernier avait d’ailleurs établi une « relation corrompue entre les deux hommes ». Jacob Zuma se présente donc devant les électeurs sans avoir jamais clarifié son rôle ni « lavé son honneur ». Il n’est pas blanchi, Thales non plus. Mais ils ne sont pas les seuls. Une enquête est toujours en cours en Grande-Bretagne sur un pot-de-vin de 100 millions de livres que British Aerospace aurait payé à des politiciens sud-africains. Une affaire autrement plus sérieuse que les quelques centaines de milliers de rands que Thales aurait promis à Zuma.
RAJESH JANTILAL / AFP
AUTHENTIQUE ZOULOU
De l’avis général, il y a peu de chances qu’elle aboutisse. Le dossier Zuma semble bel et bien enterré. Pourtant, Mpshe a bien précisé que le contenu lui-même de l’enquête n’était pas mis en cause. Il n’a pas fait état d’interférences sur le fond du dossier mais bien d’utilisation du dossier à des fins
politiques. Zuma est-il un politicien corrompu? A-t-il accepté un pot-de-vin de la société française Thales? A-t-il pendant des années été financé par des montages douteux de son ami, l’homme d’affaires Shabir Shaik ? Peut-être ne le saura-ton jamais. Pourtant, quand, en 2005, Shabir Shaik a été condamné à quinze
Il n’empêche, pour beaucoup de SudAfricains, l’élection d’un président aussi controversé que Zuma est un camouflet. Pour ses détracteurs, il n’est pas seulement l’homme à la probité douteuse, il est aussi celui qui croit se protéger du sida en prenant une douche, qui ne sait pas gérer ses finances personnelles, qui a quatre femmes et aux moins dix-huit enfants et qui reste incapable de proposer un programme politique très clair. Il a aussi contre lui une partie de l’ANC, qui a fait scission et a fondé le Congrès du peuple (Cope). Il est également vilipendé par des associations influentes, comme celles qui luttent contre le sida ou celles qui défendent les droits des femmes. L’attitude qu’il a adoptée lorsqu’il a été accusé de viol – accusation dont il a été blanchi – a choqué. Il s’est en effet présenté en « vrai Zoulou », l’homme qui sait reconnaître le « oui » d’une femme qui dit pourtant « non » rien qu’à la façon dont elle s’habille. La presse n’a pas manqué de rappeler qu’une de ses anciennes épouses s’était suicidée en laissant une lettre le mettant en cause. Il a aussi réussi à dresser contre lui l’une des icônes sud-africaines, l’archevêque anglican Desmond Tutu. Celui-ci a depuis longtemps émis des réserves sur l’aptitude de Zuma à diriger le pays. Réserves qu’il a réitérées peu avant le
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34 AFRIQUE SUBSAHARIENNE scrutin. « Alors que nous venons de vivre l’élection d’Obama, pouvez-vous imaginer ce que c’est que d’être abordé dans les rues de New York et de s’entendre demander qui sera votre prochain président ? Je ne peux pas dire que je sois pressé de l’avoir comme chef d’État », a déclaré Desmond Tutu. Le Prix Nobel de la paix avait demandé aux membres de l’ANC, avant le congrès de Polokwane de décembre 2007, de ne pas choisir « un président dont la plupart d’entre nous auraient honte ». Non seulement l’ANC ne l’a pas écouté, mais le soutien du parti à Zuma a été plus massif que prévu. Zuma, le « Zoulou Boy », est véritablement un homme du peuple. Il a les mêmes faiblesses que beaucoup de ses électeurs, il n’est pas policé, il n’est pas aseptisé, il se veut « comme tout le monde » et a, comme tout le monde, « droit à l’erreur », dit-il. C’est sans doute cela que ses ennemis n’ont pas compris. « Msholozi », de son nom de clan, « JZ », pour ses fans, a une qualité in-
déniable: il sait parler aux petites gens. Un ancien gardien de chèvres, un petit berger des collines du Kwazulu-Natal, qui a peu fréquenté l’école et appris à lire tout seul, s’apprête à devenir président de la République : le genre d’homme auquel de nombreux militants de l’ANC sont prêts à tout pardonner. Il est dénigré par les « intellectuels » du parti, il est conspué par la grande majorité des Blancs du pays… Cela ne fait finalement qu’accroître sa popularité. Pour assurer sa victoire, pendant la campagne, il n’a attaqué personne, ni pris de positions politiques contestables. Personne ne peut en effet le combattre sur le plan des idées, tant son programme reste flou et tant son discours s’adapte en fonction des interlocuteurs. Il a tenté de rassurer la communauté afrikaner, qu’il courtise depuis plusieurs années sur le thème du communauta-
risme. Il est un Zoulou, fier de l’être et attaché à ses traditions ; il comprend donc, dit-il, le désir de ces Blancs originaires des Pays-Bas, de France et d’Allemagne de préserver leur langue et leur culture. Il a même lancé que les Afrikaners étaient les seuls « vrais Sud-Africains blancs », au grand dam
Le candidat de l’ANC a une qualité indéniable : il sait parler aux petites gens.
À C H AQ U E J O U R S A BOURDE, son insulte ou sa menace. Les dérapages de Julius Malema, le président de la Ligue des jeunes de l’ANC (Ancyl), prêtent parfois à sourire, mais le plus souvent inquiètent. Peu après son élection, en avril 2008, à la tête de l’Ancyl, il annonçait qu’il était « prêt à prendre les armes et à tuer » pour Zuma. Depuis, il a multiplié les provocations, ne respectant ni la loi ni ses aînés… et encore moins ses adversaires politiques. Il n’a pas hésité à renvoyer Desmond Tutu à sa retraite quand celui-ci lui demandait de réfléchir avant de parler. Il a traité le chef de file de l’opposition libérale, Helen Zille, de « raciste », lui trouvant « une tête d’espionne de l’apartheid ». Et les leaders du Congrès du peuple (Cope), né d’une scission de l’ANC, ne sont pour lui que des « traîtres » à la solde des impérialistes. Malema reprend ainsi la rhétorique du complot néocolonialiste cher au Zimbabwéen Robert Mugabe. Son ami, le secrétaire général de la centrale syndicale Cosatu, Zwelinzima Vavi, lui prédit un destin à la Mandela (qui fut l’un de ses prédécesseurs à la tête de l’Ancyl). Ce qui n’a pas manqué de susciter des railleries, ses détracteurs suggérant que le « futur Mandela » passe d’abord vingt-sept ans en prison. Malgré la réputation sulfureuse de l’individu, jamais Jacob Zuma n’a voulu prendre ses F.P. distances avec le jeune trublion. ■
MUNTU VILAKAZI / SUNDAY TIMES
MALEMA L’INDOMPTABLE
des descendants de familles britanniques. Zuma est encore allé plus loin en envoyant son fidèle lieutenant, le président des jeunes de l’ANC, Julius Malema (voir encadré), à Orania, enclave « autonome » blanche, qui regroupe environ 700 Afrikaners. Des marginaux que la très grande majorité des Blancs considère comme d’indécrottables racistes, nostalgiques de l’apartheid. Aux Afrikaners des classes moyennes ou pauvres, qui s’inquiètent pour leur avenir, il lance un « Je vous ai compris », avant de promettre aux syndicalistes noirs qu’il ne lâchera pas d’un pouce sur l’Affirmative Action, qui donne la priorité aux Noirs pour tout emploi, public comme privé, et qui a conduit des centaines de jeunes Blancs à émigrer. Il promet que l’Afrique du Sud ne sera pas un « nouveau Zimbabwe », mais prévoit d’accélérer la réforme agraire. Il promet aux hommes d’affaires un environnement « favorable au marché », tout en assurant ses partenaires de la puissante centrale syndicale Cosatu et du Parti communiste qu’il protégera les salariés avec une importante intervention de l’État. « La politique économique envisagée par Zuma a été jusque-là empreinte de mystères », estimait, il y a quelques mois, l’hebdomadaire Financial Mail, qui juge les bribes de programme distillées par ses conseillers un peu « simplistes ». Depuis, le manifeste du parti a été publié, il reprend les grandes lignes de la politique suivies jusque-là par l’ANC, insistant sur une meilleure redistribution des richesses et de meilleurs services publics. Il promet d’améliorer les services sociaux, le logement, l’enseignement et la santé, sans expliquer comment il compte faire mieux que son prédécesseur dans un climat économique fortement dégradé. ■
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FRANCE-AFRIQUE
Péril en la demeure Lʼancienne Maison des étudiants des États de lʼOuest africain à Paris est jugée insalubre par les autorités municipales, qui demandent lʼévacuation des lieux. Mais lʼÉtat sénégalais, copropriétaire du site, sʼoppose à la procédure.
A
lpha Oumarou Ba ne s’en remet pas. « La situation était humiliante ! » Pour cet étudiant sénégalais, doctorant en littérature orale africaine à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco), à Paris, la descente de police survenue le 25 mars dernier à son domicile avait tout du western. Situé au 69-71, boulevard Poniatowski, dans le 12e arrondissement de la capitale, entre la pelouse de Reuilly et la nouvelle Cité de l’immigration, ce bâtiment haussmannien abrite depuis 1950 la Maison des étudiants des États de l’Ouest africain (MEEOA). Mémoire de l’Afrique à Paris, il fut le quartier général de la puissante Fédération des étudiants d’Afrique noire de France (Feanf) et le point de rencontre de personnalités devenues célèbres :
Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor, Guillaume Soro, Manu Dibango, ou encore Abdou Diouf. DESCENTE DE POLICE
Il est 6 heures et demie ce mercredi lorsqu’une centaine de policiers investissent les lieux. Par groupe de six répartis sur sept étages, des agents en civil frappent aux portes des 103 chambres et réveillent les 185 occupants – hommes, femmes et enfants – pour un contrôle d’identité. Dix autres restent en faction dans l’ent rée principale. À 9 heures, une vingtaine d’agents de la mairie entrent en scène et questionnent sommairement les locataires sur leurs conditions de vie. Aucun ne sera arrêté.
Présent lors de l’opération, le maire socialiste de l’arrondissement, Michèle Blumenthal, se défend de toute tentative d’expulsion, mais ne cache pas vouloir « accélérer les choses ». Ces « tracasseries » sont le énième rebondissement d’un bras de fer que ses services ont engagé depuis 2005 avec la MEEOA pour saisir l’immeuble après avoir relogé ses habitants. « Ce qui s’est passé est extrêmement grave, c’est un mépris de nos États », juge Aimé Dafon Segla, le président de l’Association des résidents chargé de la gestion. « Cet endroit n’appartient pas à la France, il s’agit d’une violation territoriale au même titre qu’une ambassade », estime l’avocat de cette association, Matthieu Gibert. Pour justifier son action, la mairie invoque le délabrement avancé de cet édifice surpeuplé, le non-paiement de
Pour Me Gibert, la mairie voudrait racheter l’immeuble pour un euro symbolique.
DES MURS CHARGÉS D’HISTOIRE ACQUIS EN NOVEMBRE 1950 par le gouvernement de l’Afrique-Occidentale française (AOF), l’immeuble est surnommé Beau Site. Comme d’autres bâtiments, à l’instar du 159, boulevard Haussmann, qui abrite l’ambassade du Burkina à Paris, il sera rétrocédé en 1959 par la Commission des transferts de l’AOF aux sept États constituant cette partie de l’ancien empire français. Le 69, boulevard Poniatowski accueille alors les débats de la Feanf et voit défiler les hérauts de l’intelligentsia africaine de Paris. Aimé Césaire, Senghor, Alioune Diop ou encore Cheikh Anta Diop. On y parle indépendances et négritude. En 1974, les États se retirent du conseil d’administration. La MEEAO est accusée de faire le lit d’étudiants progressistes, voire « putschistes ». C’est l’ère de l’autogestion. En 1980, le président Valéry Giscard d’Estaing dissout la Feanf et, par voie de conséquence, « l’Association des étudiants de la résidence Poniatowski ». Faute de moyens et victime d’une mauvaise gestion, l’immeuble se dégrade. Les règles d’admission ne sont plus respectées. La population change. En 1994, la France adresse une injonction aux États pour qu’ils engagent des travaux. Deux incendies se déclarent, en 1983 et 2003. Malgré les documents attestant de la propriété, la Mairie de Paris veut saisir l’immeuble. Au cours des dernières années, des comités de défense des locataires ont alerté à plusieurs reprises les États propriétaires F.L. sur la situation de ce lieu chargé d’histoire. ■
la taxe foncière et surtout l’absence de propriétaire identifié. Trois raisons qui l’ont amenée à lancer, le 8 janvier 2008, une procédure de « bien sans maître ». Celle-ci vise à demander « une ultime fois » aux propriétaires de se manifester avant que la ville de Paris ne s’adjuge l’immeuble. Les propriétaires avaient six mois pour réagir. Ce qu’ils ont fait. Les courriers et documents adressés à la mairie, notamment l’acte de propriété (Conservation des hypothèques/ Registre du 22/12/1950, vol. 1339 n°2) retrouvé au cadastre l’an dernier à la demande du président sénégalais, Abdoulaye Wade, laissent peu de doute sur l’appartenance « indivis du bien » à sept pays : le Burkina, le Mali, la Mauritanie, la Côte d’Ivoire, le Bénin, le Niger et le Sénégal. Les quatre derniers ont par ailleurs officiellement fait valoir leurs droits par la voix de leur ambassadeur. Quant à la taxe foncière, « elle est acquittée, comme le prouvent les quitus de l’administration fiscale », affirme maître Gibert, qui précise que « le principe de rénovation de l’immeuble a été accepté en 2006 par les chefs d’État de l’UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine] ». Sur cette base, ce dernier a demandé en juillet dernier l’abandon de
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VINCENT FOURNIER/J.A.
Aimé Dafon Segla, président de l’Association des résidents de l’immeuble du boulevard Poniatowsky. Ci-dessus, le titre de propriété, signé en décembre 1950.
toutes procédures. Mais le maire du 12e arrondissement ne l’entend pas de cette oreille. « Ces recours n’apportent aucun élément nouveau concernant la propriété de l’immeuble », affirme même Michèle Blumenthal dans une « Lettre ouverte » du 3 décembre 2008 envoyée aux occupants. « Ce qui nous importe, c’est le sort des locataires, particulièrement des enfants. Il y a des problèmes de saturnisme et nous avons rétabli l’électricité cet hiver malgré une facture impayée de 15 000 euros », explique Hélène Schwoerer, conseillère du maire de Paris, Bertrand Delanoë. « Nous n’entrons pas en guerre contre qui que ce soit. Nous voulons juste de
sérieuses garanties pour que l’immeuble soit géré normalement. » ODEUR PESTILENTIELLE
Il faut dire que la vétusté du bâtiment, tout comme la promiscuité imposée à ses occupants, ne plaide pas en faveur des propriétaires. Le seuil à peine franchi, la cage d’escalier dégage une odeur pestilentielle. De nombreux fils électriques pendent aux murs. Des familles s’entassent dans une seule pièce. « Il y a aussi une quarantaine de clandestins », concède un occupant. « Les travaux de réfection sont suivis par les services de l’Habitat de la préfecture de Paris. Mais les travaux sont
une chose, revendiquer la propriété d’un immeuble en est une autre », tempère Matthieu Gibert, qui accuse le maire du 12e arrondissement de vouloir « déclarer l’état de péril pour racheter le bâtiment pour un euro symbolique ». Le dossier, qui s’est déplacé sur le plan diplomatique, devrait avancer plus vite que prévu à la suite de l’intervention d’Abdoulaye Wade. Déjà alerté de la situation l’an dernier, le président sénégalais a été mandaté par ses homologues. Lors d’un entretien le 25 mars avec maître Gibert, son conseiller JeanPierre Pierre-Bloch et l’ambassadrice du Sénégal en France, Maïmouna Sourang Ndir, le chef de l’État a réaffirmé « le droit inaliénable » de son pays sur ces murs tout en s’engageant à débloquer des fonds pour leur restauration. Maïmouna Sourang Ndir a été reçue par les collaborateurs de Bertrand Delanoë le 1er avril. Une expertise de droit international diligentée par la Mairie de Paris devra permettre d’avancer sur ces différents points. Une nouvelle réunion avec la préfecture de police de Paris est prévue dans les prochains jours. Si beaucoup de locataires souhaitent être relogés, ils sont nombreux à défendre la mémoire de ce lieu, voulant le voir transformer en « maison de l’Afrique ». Mais le temps presse. La récente descente policière annonce-t-elle de futures expulsions? « Nous le craignons. Il s’agissait clairement d’un repérage », avertit l’avocat de la MEEOA. ■ FRÉDÉRIC LEJEAL
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SÉGOLÈNE ROYAL
Le contre-discours de Dakar En visite au Sénégal, lʼex-candidate socialiste à lʼélection présidentielle française a pris le contre-pied de Nicolas Sarkozy, dont lʼintervention du 26 juillet 2007 fit polémique.
L
a fille de Ouakam n’a pas voulu manquer ce nouveau retour sur la terre qui l’a vue naître il y a cinquante-cinq ans. Un séjour sénégalais, du 4 au 9 avril, placé sous le signe d’un discours à haute teneur médiatique, mais aussi d’une posture de confrontation permanente et tous terrains avec Nicolas Sarkozy. Était-ce vraiment un hasard si, le jour même où Ségolène Royal débarquait à l’aéroport de Ouakam, l’ambassadeur de France, Jean-Christophe Ruffin, s’embarquait, lui, pour Paris ? Résultat : la présidente de la région Poitou-Charentes n’a pas mis les pieds dans les locaux de la Chancellerie française. Une première. Est-ce vraiment une surcharge de calendrier qui explique que le président Abdoulaye Wade ait finalement « reporté » sine die son audience du 6 avril à 12 heures, pourtant dûment confirmée par une lettre signée de son directeur de cabinet, avec l’ex-candidate socialiste ? C’est possible. Mais on n’empêchera pas l’entourage de cette dernière d’y voir l’ombre d’une influence élyséenne. En réalité et même si l’hypothèse d’une tentative de sabotage politique de son voyage à Dakar était exacte – ce qui demeure à prouver –, Ségolène Royal ne devrait pas s’en offusquer.
À la guerre comme à la guerre en effet : le discours qu’elle a prononcé le 6 avril au siège du PS sénégalais se veut une réplique cinglante à celui du président français à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, il y a un peu moins de deux ans. Préparé et débattu depuis un mois au sein de son association Désirs d’avenir, nourri de divers entretiens (avec l’altermondialiste malienne Aminata Traoré et le politologue français Jean-François Bayart notamment), enrichi au tout dernier moment de la touche qui fera mouche (la demande de pardon pour les propos de Nicolas Sarkozy), ce texte polémique a un parfum assumé de scandale. Si le discours de Dakar et le contre-discours se rejoignent souvent dans la critique de la colonisation, ils divergent fondamentalement sur la question de la repentance (lire p. 62 la réaction d’Henri Guaino, la « plume » de Sarkozy). Comme quoi, à propos de l’Afrique aussi, il existe bien deux France. Jeune Afrique avait publié, en son temps, l’essentiel de l’allocution de Nicolas Sarkozy. Voici de larges extraits de celle de Ségolène Royal. ■ FRANÇOIS SOUDAN
« Quelquʼun est venu ici vous dire que “lʼhomme africain nʼest pas assez entré dans lʼHistoire”. Pardon pour ces paroles humiliantes. » POUR LE MEILLEUR et parfois hélas pour le pire, nos destins ont été liés. Ils sont liés. VERBATIM Le pire : ce fut l’esclavage, cette « déportation la plus massive et la plus longue de l’histoire des hommes », comme l’a écrit Christiane Taubira dans l’exposé des motifs de notre loi de 2001, qui reconnaît ce « crime orphelin » pour ce qu’il fut : un crime contre l’humanité. Le pire: ce fut la colonisation dont une partie de la droite, dans un projet de loi, a essayé de nous faire croire, en 2005, qu’elle eut des « aspects positifs ». Voici ce que je disais en 2005 au ministre de l’Intérieur à ce sujet : « La vive réaction de nos compatriotes des Antilles vous a permis de mesurer l’offense faite à la République par la loi adoptée par votre majorité, qui promeut une lecture révisionniste de la colonisation et heurte, dans l’Hexagone comme en outre-mer, celles et ceux
pour qui l’adhésion à la France ne peut s’inspirer que des valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, bafouées hier par le colonialisme et aujourd’hui par les discriminations. L’honneur de la République, c’est la lucidité d’une histoire partagée dans une France accueillante à tous les siens. » Permettez-moi d’être très claire. Qu’il y ait eu à cette époque des hommes et des femmes sincères et de bonne volonté, cela est sûr. Mais on n’a rien dit quand on n’a dit que cela. Le problème est que la colonisation fut un système. Ce système doit être condamné pour ce qu’il fut : une entreprise systématique d’assujettissement et de spoliation. Ses séquelles doivent être combattues sans fléchir. Les colonisés n’avaient pas le choix. Le travail forcé et le Code de l’indigénat étaient la règle. Et le mépris. Et le racisme. Et la violence d’un système qui fit ployer les uns sous le joug des autres. Je veux rendre honneur à ceux
qui, dans toute l’Afrique, se sont battus et sont morts dans un combat qui était le combat des Africains, oui, et de toute l’humanité. Et je suis fière qu’il y ait eu en France des consciences pour s’insurger et des militants pour se porter aux côtés de ceux qui luttaient pour leur indépendance. Ceux-là défendaient nos valeurs quand la colonisation en était la négation. Je crois que nous avons le devoir de poser les mots justes sur ce qui fut. Car les mots font plus que nommer : ils construisent la réalité et le regard qu’on porte sur elle. Nos plaies d’Histoire ne sont pas toutes cicatrisées. Le devoir de mémoire n’a pas besoin de permission. Chacun s’en acquitte avec la subjectivité et l’héritage qui est le sien. Ce dont, en revanche, nous sommes collectivement comptables et responsables, c’est du droit à l’Histoire et du devoir de vérité. Ce droit à l’Histoire et ce devoir de vérité, c’est ce qui permet de regar-
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Ségolène Royal reçue au siège du Parti socialiste sénégalais à Dakar, le 6 avril.
der les faits en face et de partager un récit qui ne soit pas ressassement du passé mais moyen de le dépasser sans amnésie et de se projeter ensemble dans l’avenir. Dans la dernière lettre qu’il a écrite à sa femme avant d’être assassiné, Patrice Lumumba a dit sa foi inébranlée dans l’établissement de la vérité historique : « L’Histoire dira un jour son mot. L’Afrique écrira sa propre histoire. » Honneur aux maîtres de la parole qui conservèrent et transmirent. Honneur aux historiens de l’Afrique qui ont rappelé au monde que non seulement l’Afrique était le berceau de l’humanité mais qu’elle était, avec l’Asie mineure, le berceau de la civilisation humaine. Honneur aux historiens de l’Afrique qui ont rappelé au monde l’existence des grands royaumes et des grands empires de l’Afrique. Honneur aux historiens de l’Afrique qui ont retracé les mille et une relations nouées bien avant la conquête, en des temps où
le Sahara, la Méditerranée et l’océan Indien n’étaient pas des frontières mais des points de passage et de mise en contact. Quelqu’un est venu ici vous dire que « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire ». Pardon pour ces paroles humiliantes qui n’auraient jamais dû être prononcées et qui n’engagent pas la France. Car vous aussi, vous avez fait l’Histoire, vous l’avez faite bien avant la colonisation, vous l’avez faite pendant, et vous la faites depuis. Et ce que Léopold Sédar Senghor et Aimé Césaire ont magistralement accompli avec le concept « négritude », vous l’avez poursuivi avec le mot « Afrique », cet étendard d’une dignité reconquise. C’est pour cela que les œuvres des historiens Cheikh Anta Diop du Sénégal et de Joseph Ki-Zerbo du Burkina
GEORGES GOBET/AFP
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Faso constituent non seulement un sommet de la science, mais aussi un sommet de la lutte pour la liberté. C’est pour cela qu’il était si important de démontrer comme ils l’ont fait que la Grèce ancienne devait tant à l’Égypte ancienne, qui, elle-même, devait beaucoup à l’Afrique. Ils ont montré que les langues africaines permettent le même
« Sans l’Afrique et les Africains, jamais la France n’aurait retrouvé sa liberté. » déploiement de la rationalité humaine que les langues européennes. Il leur a souvent été reproché d’être partisans. En insistant sur leur engagement indépendantiste et panafricain, on a voulu mettre en doute la rigueur scientifique de leurs recherches. Mais aujourd’hui, chaque jour, les découvertes de l’égyp-
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40 AFRIQUE SUBSAHARIENNE tologie valident les thèses de Cheikh Anta Diop. Une certaine histoire européenne de l’Afrique a voulu dénier aux Africains la fierté d’être africains. Et, comme le pensait Lumumba, écrire c’est agir et agir c’est écrire. Pour aujourd’hui, il est bon que se constituent autant que cela est possi-
avaient raison. Il y a des mots que le peuple français doit au peuple sénégalais et à tous les peuples africains qui ont souffert pour nous et par nous, ce sont des mots simples mais puissants, trois mots que j’ai envie de dire ici en tant que citoyenne et élue de la République française : Pardon. Merci pour
STEPHANE LEMOUTON/FACE TO FACE
Rencontre avec le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Cheikh Tidiane Gadio.
ble des équipes mixtes de chercheurs africains et européens pour retracer le destin commun de l’Afrique et de l’Europe. Car c’est en élucidant ensemble les pages communes de nos histoires que nous pourrons écrire ensemble les pages communes de nos futurs. Alors oui, il est temps que nous pratiquions davantage entre nous l’égalité vraie, loin des paternalismes, des misérabilismes, des ostracismes, loin des doubles langages qui masquent mal les doubles jeux. Oui, la France doit honorer sa dette à l’égard de l’Afrique et les Français doivent apprendre à l’école ce qu’ils ont reçu de l’Afrique. Quand notre territoire national fut envahi, l’Afrique fut un refuge et une aide pour les forces de la France libre. Les soldats africains ont contribué, sur tous les champs de bataille, à inverser le cours de l’Histoire. Le 8 mai 1945, sans l’Afrique et les Africains, jamais la France n’aurait retrouvé sa liberté. Alors comment oublier la sanglante répression menée au camp de Thiaroye contre des tirailleurs qui réclamaient simplement le respect, leur dû et le droit de porter leurs galons car ils croyaient qu’à l’égalité du sang versé devait succéder l’égalité des droits ? Ils
le passé. Et s’il vous plaît, pour l’avenir, bâtissons ensemble. Je veux que nous ayons la force de reconnaître enfin tout ce que nous vous devons et tout ce que nous pouvons ensemble. Et c’est parce que j’aime la France, parce que je la crois suffisamment forte et généreuse, que je la veux capable de regarder son histoire en face. Je la veux capable d’assumer son devoir de vérité et son devoir de responsabilité. Nous devons créer ensemble, à l’échelle de nos deux continents, une « commission Vérité du passé et avenir commun » qui aurait accès à toutes les archives c iv i les et m i l it a i res, qui accueillerait tous les témoignages et qui aurait pour mission de dire le vrai, de pacifier les mémoires et de recueillir tous les témoignages. La France républicaine mérite aussi que cesse ce qu’on appelle – et on sait ce que cela veut dire – la Françafrique et l’opacité de décisions prises dans le secret de quelques bureaux. Nos pays doivent inventer une relation fondée sur le respect et l’intérêt mutuel. Je veux une France du respect,
dénuée d’arrogance, ouverte, mais exigeante sur la défense des libertés démocratiques partout où il le faut. Il faut en finir avec cette idée fausse selon laquelle la démocratie et les droits fondamentaux n’auraient qu’un seul berceau, l’Occident. Dans une conférence donnée récemment par Stéphane Hessel sur l’histoire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, dont il fut l’un des rédacteurs, il avait donné la parole à Souleymane Bachir Diagne. Ce dernier rappelait que, dans la Charte du Mandé du XIIIe siècle, ce « Serment des Chasseurs » qui se voulait aussi adresse au monde, on trouve une définition toujours actuelle des droits de la personne humaine. Je veux rendre hommage au Sénégal, au Mali, au Ghana, au Bénin, au Liberia, à tous les pays du continent qui ont su s’ouvrir aux transitions démocratiques. Surtout, je veux rendre hommage à tous ceux qui, jeunes et moins jeunes, fidèles aux idéaux qui guidaient leurs aînés au moment des indépendances, se battent pour faire vivre leurs droits à la liberté, à l’égalité et à la fraternité. Pour nous, Français, cela veut dire que nous ne pouvons ni soutenir les dictatures ni jamais abandonner les démocrates. Le refus absolu de l’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays souverain ne signifie pas que l’on s’abstienne de lui demander des comptes toutes les fois que cela est nécessaire. C’est cela le dialogue entre égaux. Chers amis, la démocratie est un droit; elle est aussi une chance. Je crois qu’elle est un facteur fondamental de développement économique et social. Partout où les citoyens prennent part
« Soyons solidaires comme les grains de l’épi de maïs et courageux comme le lion. » aux décisions qui les concernent, les inégalités diminuent, et l’efficacité économique augmente. […] Nous devons favoriser toutes les initiatives pour faire de l’Afrique le continent du XXIe siècle. Faisons nôtre cette jolie phrase que j’ai entendue de la bouche des jeunes de Thiaroye : soyons solidaires comme les grains de l’épi de maïs, forts comme le baobab, courageux comme le lion. ■
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Dans le quartier de Plato, le centre historique de Praia.
SPÉCIAL CAP-VERT
Insolente insularité Lʼarchipel lusophone semble bien résister aux turbulences de la mondialisation. Écartelé entre lʼAfrique et lʼEurope, ce « Petit Pays » cultive sa spécificité et mise tout sur le partenariat Nord-Sud.
S
i son économie possède de nombreuses ressources pour résister au cataclysme mondial, le Cap-Vert aurait pu rêver d’un baptême du feu plus paisible. Sorti depuis le 1er janvier 2008 de la catégorie des pays les moins avancés (PMA) pour entrer dans celle des pays à revenu intermédiaire (PRI), une classification établie par la Banque mondiale dans les années 1970, le petit archipel lusophone se trouve en effet à la croisée des chemins. Son nouveau statut lui interdit de prétendre à des allègements de dette ou à des prêts aussi avantageux que ceux dont bénéficient la plupart des pays pauvres très endettés (PPTE). Et, même
si son revenu par habitant a augmenté de 1 600 % en trente ans, passant de 130 dollars (environ 96 euros) à plus de 2 300 dollars (près de 1 700 euros, à égalité avec le Congo-Brazzaville, riche en pétrole, mais encore loin des 5 430 dollars, soit un peu plus de 4000 euros, de Maurice), l’accélération de la croissance de ces dernières années – 6,9 % en 2008, contre 6,1 % en 2007 – semble remise en question : on estime que le PIB ne progressera que de 2 % en 2009. CROISSANCE MAINTENUE
Pourtant, malgré cette baisse de régime – qui n’est certes pas l’apanage du Cap-Vert –, de nombreux analystes font preuve d’optimisme. « Pour l’instant nous n’avons pas de données probantes sur ce ralentissement de l’économie, si ce n’est les dires des hôteliers, qui parlent d’une baisse de la fréquentation depuis quelques mois », témoigne Clément Jaloux, chargé d’affaires économiques et commerciales à l’ambassade de France à Praia. Effectivement, les chiffres publiés au début d’avril par l’Institut national de la statistique prouvent que, jusqu’à
présent, le moteur de la croissance capverdienne, le secteur touristique, n’a été que faiblement touché par la morosité de la conjoncture mondiale : en 2008, celui-ci a augmenté de « seulement » 22 %, contre 37 % en 2007, l’archipel recevant près de 340 000 visiteurs par an, soit une progression de 6,5 %, avec un nombre de nuitées en hausse de 27,5 % (1,8 million). L’immobilier touristique, bien sûr, accompagne cette hausse de la fréquentation. « Nous avons maintenu la performance de ces dernières années en approuvant 19 projets financés par des investissements directs étrangers (IDE), pour un montant de 2,6 milliards d’euros, soit une augmentation de 116 % par rapport à 2007 », se félicite Alexandre Fontes, l’ex-président de Cabo Verde Investimentos, l’agence cap-verdienne de promotion des investissements. La ventilation de ces investissements, qui concernent à 99 % le secteur touristique, est éloquente: la part des Anglo-Saxons (Grande-Bretagne, Irlande) est désormais la plus importante, avec 47 % du total; suivent l’Espagne et l’Italie (44 %) puis le Portugal (9 %). Si 20 % seule-
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ment des investissements attendue des recettes touÉCLAIRAGE projetés sont généralement ristiques, le gouvernement réalisés, et que ce taux peut Indépendance 5 juillet 1975 Santo Antão s’oriente vers une diversifiCAP-VERT chuter en 2009, « on ne risque cation de l’offre touristique, Sal São Vicente pas de trouver des construcSuperficie 4 030 km2 certes encore balbutiante, São Nicolau ÎLE tions fantômes, comme en perçue comme une réponse S A U-V ENT Boa Vista Population 530 000 hab. Espagne notamment, car les structurelle à la crise. Si les programmes immobiliers îles de Santiago et de Sal, Océan Atlantique Espérance de vie 72 ans sont généralement vendus par exemple concentrent NT E-VE S-L sur plans », assure encore respectivement encore OU S Maio S ÎLE Monnaie Escudo Clément Jaloux. 68 % et 19 % des IDE en Santiago Malgré la forte croissance 2008 grâce à leurs plages PRAIA Fogo PIB par habitant 2 430 $ des années 2005-2008, au de sable blanc (Boa Vista fort parfum de spéculation devant connaître un déveimmobilière (un studio de loppement similaire dans 50000 euros en 2006 pouvait se vendre les transferts de fonds de la diaspora les prochaines années), les îles de Fogo, jusqu’à 100000 euros en 2008), les varia(environ 100 millions d’euros par an), São Nicolau et Santo Antão attirent de bles macroéconomiques sont restées stasur lesquels se développent à la fois le plus en plus de sportifs et de familles en bles. À preuve, au début de mars 2009, crédit intérieur (lié à la consommation) dehors des sentiers battus du tourisme le pays a été noté B+ par l’agence interet une économie de services (75 % du de masse. Cette clientèle, plus respecnationale de notation Standard & Poor’s. PIB) dopée par le tourisme. tueuse de l’environnement, est prête à Les atouts financiers du Cap-Vert? Une payer un peu plus cher pour sa tranquilmonnaie – l’escudo – arrimée depuis HORS DES SENTIERS BATTUS lité mais aussi pour l’authenticité. Et si 2002 à l’euro, une politique prudente Cette dernière activité génère désoron est loin du luxe affiché des Seycheldu gouvernement en matière financière mais plus de 200 millions d’euros par les, dont le modèle de développement depuis 2001 et, surtout, un secteur banan, soit 25 % du PIB, une manne que les est d’ailleurs en crise, ce type de touriscaire peu exposé à la tourmente monCap-Verdiens espèrent bien conserver me « moyenne gamme » génère davandiale car reposant essentiellement sur malgré la crise. Pour amortir la chute tage de revenus pour les Cap-
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FRANCK GUIZIOU/HEMIS.FR
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Randonnée sur le volcan de Pico, qui culmine à plus de 2800 mètres, sur l’île de Fogo. Le tourisme fournit 25 % du produit intérieur brut.
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Verdiens tout en ménageant les faibles ressources hydriques du pays. Mais la vraie réponse que le gouvernement tente d’apporter à la crise s’appuie surtout sur l’accélération d’un ambitieux programme d’investissements dans les infrastructures portuaires, aéroportuaires et routières. En 2008, ce dernier a ainsi mobilisé près de 157 millions d’euros et doit être porté à 189,5 millions d’euros en 2009. « 33 % de cet effort est déjà financé par des ressources propres et 67 % par des prêts déjà garantis », affirme la ministre des Finances du CapVert, Cristina Duarte, qui compte attirer davantage d’investissements dans les transports maritimes et dans l’industrie de transformation des produits de la pêche, en insistant notamment sur la modernisation du réseau portuaire. Les investisseurs visés sont évidemment asiatiques, au premier rang desquels les Chinois, qui ont déjà annoncé l’ouverture d’un centre de stockage de poisson à Mindelo, sur l’île de São Vicente. GRÂCE À LA DIASPORA
Le port de Praia, la capitale, doit ainsi être agrandi grâce à des travaux d’un montant de 75 millions de dollars, dont 35 millions financés par les fonds américains du Millenium Challenge Account, et le reste par la banque portugaise Caixa Geral de Depósitos, qui finance aussi la réfection du port de São Pedro (São Vicente) à hauteur de 22 millions d’euros. La Banque européenne d’investissement mobilise quant à elle 47 millions d’euros pour le développement du port de Palmeira (Sal). Mais les petites installations portuaires des îles de Fogo,
Brava ou Santo Antão doivent aussi être aménagées avec des quais de déchargement permettant d’accueillir des navires rouliers. Par ailleurs, le développement des infrastructures a déjà commencé à porter ses fruits dans le domaine aéroportuaire: grâce à l’ouverture du troisième aéroport international du pays, sur l’île de Boa Vista, en juillet 2008, la reprise de l’exportation de carburant a permis aux exportations cap-verdiennes de biens de faire un bond de 62 % au second trimestre 2008. Une performance non négligeable pour la balance commerciale d’un pays aride qui importe environ 85 % de sa consommation alimentaire… Enfin, l’archipel s’intéresse également à des infrastructures moins classiques.
Celles-ci concernent les technologies de l’information (TIC), avec notamment le développement progressif des outils informatiques dans toute la fonction publique et les écoles depuis 2007 (des centres d’appels à destination du Portugal et du Brésil doivent également être créés), mais aussi les énergies renouvelables. À la mi-mars, le Portugal a ainsi doublé sa ligne de crédit pour les infrastructures de l’archipel en engageant 100 millions d’euros dans ce secteur énergétique. Battu par les vents comme par les flots de l’Atlantique, l’archipel a tout à y gagner. Objectif affiché: atteindre, à l’horizon 2020, au moins 50 % d’énergie renouvelable. « Nous n’avons ni ressources hydriques ni ressources fossiles, mais nous avons la mer, le vent et le soleil », a rappelé le Premier ministre José Maria Neves, le 14 mars, lors d’une visite de son homologue portugais José Sócrates. En réalité, outre le fléchissement du tourisme, ce que redoutent le plus les Cap-Verdiens, c’est un assèchement des transferts de fonds de la diaspora, qui, avec plus de 700000 personnes, est plus importante que la population de l’île (530 000 habitants). Mais, là encore, rien de probant : si les montants de la solidarité de la diaspora sont attendus avec impatience au premier trimestre de 2009, les chiffres du dernier trimestre de 2008 sont équivalents à ceux de la même période de 2006 (près de 25 millions d’euros). De quoi attendre la reprise mondiale… ■ PIERRE-FRANÇOIS NAUDÉ
DE PLUS EN PLUS LOIN DE L’AFRIQUE LE CAP-VERT CÉDERAIT-IL aux sirènes de sa vocation insulaire ? S’il ne remet pas en question son adhésion à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), dont il est membre depuis son indépendance en 1975, l’archipel poursuit sa marche vers la mondialisation en prenant des chemins de traverse. Peu présents dans les structures de la commission de la Cedeao, et ayant peu d’emprise sur les décisions qu’elle prend, les Cap-Verdiens sont nombreux à s’avouer déçus des progrès réalisés par l’intégration ouest-africaine et à se déclarer favorables à l’adhésion à l’Union européenne, avec laquelle un accord de partenariat spécial a déjà été établi en décembre 2007. Atlantiste par tradition, l’archipel est également candidat pour adhérer à l’Otan. Et en matière d’immigration, le ministre des Affaires étrangères a exprimé une position alignée sur celle de la France, avec laquelle un accord de gestion des flux migratoires a été signé en novembre 2008. « Nous avons été très clair avec nos homologues de la Cedeao et nous avons demandé plus de sécurité et de garanties concernant les documents d’identité de leurs ressortissants », a-t-il déclaré le 27 mars 2009 lors de la visite à Praia du ministre français de P.-F.N. l’Immigration et de l’Identité nationale, Éric Besson. ■ J E U N E A F R I Q U E N ° 2 518 • D U 12 A U 18 AV R I L 2 0 0 9
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une croissance toujours tournée vers l ’avenir Chez ASA, l’Authorité de la Sécurité Aérienne et des Aéroport du Cap Vert, nos principales priorités sont d’assurer la sécurité, le confort et l’efficacité pour nos clients et passagers. Le Cap Vert, un îlot de paradis composé de 10 îles situées au cœur de l’Océan atlantique, est au carrefour des grandes routes aériennes et maritimes qui lient les 4 continents. C’est pourquoi nous avons mis tous nos efforts à la création d’installations parmi les plus modernes et fonctionnelles d’Afrique, faisant office de plaque tournante des transports pour les passagers comme pour le fret aérien. Depuis 25 ans, ASA est le moteur du développement économique du Cap Vert, qui contribue à sa transformation en une des meilleures destinations mondiales pour le tourisme et le commerce.
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AFFAIRE KIEFFER
Simone Gbagbo va parler Cinq ans après lʼenlèvement du journaliste Guy-André Kieffer le 16 avril 2004 à Abidjan, le juge français Patrick Ramaël va enfin pouvoir entendre la première dame.
GABON
L
ras. Mais je crois qu’ils se trompent. » Le juge français veut savoir qui a ordonné l’enlèvement et le probable assassinat de l’homme qui en savait trop sur la filière cacao. Simone Gbagbo et Paul-Antoine Bohoun Bouabré vont sans doute affirmer qu’ils n’ont rien à voir avec cette affaire. Pour leur défense, ils ont engagé, outre l’avocat ivoirien Rodrigue Dadjé, deux ténors du barreau de Paris, maîtres Georges Kiejman et Pierre Cornut-Gen-
Le Français Guy-André Kieffer, disparu à Abidjan le 16 avril 2004.
tille, qui feront le déplacement à Abidjan. Le 23, la partie s’annonce serrée… En fait, lors de son dixième voyage en Côte d’Ivoire, le juge Ramaël veut aller plus loin. Depuis quatre ans, il souhaite interroger plusieurs membres de la sécurité ivoirienne. Parmi eux, l’un de chefs civils de la garde présidentielle, Patrice Baï, et l’un des anciens gardes du corps de Simone Gbagbo, Anselme Seka Yapo. À chaque fois, les autorités ivoiriennes se dérobent. Quant aux militaires, ils sont « introuvables » ! « Cette fois, le juge ne veut pas rentrer bredouille », dit Bernard Kieffer. Sous-entendu: si le magistrat ne peut les entendre, il n’est pas sûr qu’il reste à Abidjan jusqu’à l’audition du 23. Évidemment, la famille du disparu se doute que le juge français n’ira pas très loin sans un feu vert de Laurent Gbagbo. Le changement de pied de son épouse est un signe. Mais au-delà ? Le 8 avril, les deux enfants de Guy-André Kieffer, Canelle et Sébastien, ont adressé une lettre ouverte à Nicolas Sarkozy. Ils lui demandent d’intervenir auprès de son homologue ivoirien. En août 2007, le président français les a reçus à l’Élysée et leur a promis que ce dossier serait pour lui « une priorité ». Aujourd’hui, ils lui écrivent poliment qu’ils n’en ont plus « la certitude ». ■ D.R.
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inq ans après l’enlèvement de Guy-André Kieffer par un commando d’hommes armés, le 16 avril 2004 à Abidjan, le juge-enquêteur français Patrick Ramaël va enfin pouvoir entendre Simone Gbagbo, la femme du président, et Paul-Antoine Bohoun Bouabré, le ministre d’État chargé du Plan et du Développement. Dès le début de l’enquête du magistrat à Abidjan, en 2004, le ministre ivoirien a été cité par un témoin clé, Michel Legré. Cet homme a servi d’appât pour attirer le journaliste franco-canadien sur le parking où il a été enlevé. C’est plus tard, en août 2007, que le nom de Simone Gbagbo est apparu dans l’enquête. Un autre témoin clé, Berté Seydou, a alors affirmé que Jean-Tony Oulaï, le chef présumé des ravisseurs, avait été en contact téléphonique avec la première dame ivoirienne. En juillet 2008, le magistrat français a donc convoqué à Paris les deux figures politiques comme témoins. Refus des intéressés. Aujourd’hui, un compromis est trouvé. Sauf imprévu, l’audition doit avoir lieu le 23 avril à Abidjan. Pourquoi ont-ils accepté finalement d’être entendus? « Avec cette affaire, ils ont un caillou dans leur chaussure », estime Bernard Kieffer, le frère du disparu. « En allant à cette convocation, ils espèrent mettre un point final à leur embar-
CHRISTOPHE BOISBOUVIER
Areva prépare son éventuel retour
e groupe français Areva, qui prospecte dans la région de Mounana (province du Haut-Ogooué) pour relancer l’exploitation de gisements d’uranium, veut faire oublier l’impact sanitaire de ses anciennes activités minières dans la zone. Le 2 avril, le groupe nucléaire a inauguré un observatoire de santé et une commission d’information sur la radioactivité. L’observatoire sera notamment chargé d’établir un lien de causalité entre l’exploitation de la mine et les pathologies dont souffrent les anciens mineurs et les populations de la région. Dans son rapport 2006-2007, l’hôpital local évoque les cas de centaines d’enfants de 0 à 5 ans atteints de pathologies pulmonaires, malformations congénitales ou affections dermatologiques. Depuis l’arrêt des activités de sa filiale, la Compagnie des mines d’uranium de Mounana (Comuf), survenu en
juin 1999, le géant mondial du nucléaire civil est accusé par les ONG et les représentants de la population locale de n’avoir pas pris en compte les risques encourus par les mineurs travaillant dans un environnement radioactif. Une association française a même évoqué en 2007 la possibilité d’une plainte collective des victimes contre le groupe français pour « mise en danger d’autrui ». Selon Areva, la nouvelle politique de veille sanitaire s’étend à l’ensemble des sites miniers opérés par le groupe dans le monde. Le 13 mars 2007, lors d’un voyage au Niger, pays qui fournit plus du tiers du combustible brûlé dans les centrales nucléaires françaises, son PDG, Anne Lauvergeon, a proposé la même structure autour de ses sites d’Arlit et d’Akouta. ■ GEORGES DOUGUELI J E U N E A F R I Q U E N ° 2 518 • D U 12 A U 18 AV R I L 2 0 0 9
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MOHAMED NURELDIN ABDALLH/REUTERS
NIGERIA
SOUDAN EL-BÉCHIR EN TOURNÉE AU DARFOUR Le Soudan n’a pas besoin des Occidentaux pour faire justice au Darfour, a affirmé le 7 avril le président Omar el-Béchir, lors d’un meeting à Zalingei, au Darfour-Ouest. Il s’agit de la troisième visite d’El-Béchir dans cette province depuis l’émission, le 4 mars, d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
CAMEROUN
Scandale aux champs Des responsables associatifs dénoncent de graves malversations au ministère de lʼAgriculture.
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’est finalement le 24 avril que le tribunal de première instance de Yaoundé se prononcera sur la culpabilité de Bernard Njonga, directeur de La Voix du paysan et président de l’Association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic), et de ses huit « complices ». Une audience à laquelle leurs compagnons de lutte ont prévu de se rendre en nombre. Bernard Njonga est poursuivi pour avoir troublé l’ordre public, le 10 décembre 2008, en organisant un rassemblement interdit par les autorités. La manifestation, qui a conduit neuf membres de l’Acdic à une brève incarcération, a débouché sur une procédure du parquet. À l’origine, le mouvement associatif avait lancé une campagne pour dénoncer la corruption et le clientélisme au ministère de l’Agriculture (Minagri). Selon l’Acdic, en deux ans, quelque 1,2 milliard de F CFA ont été détournés du Programme national d’appui à la filière maïs. Autre fait reproché: l’attribution des tracteurs offerts par l’Inde en 2006 à une cinquantaine de personnalités (ministres, hauts fonctionnaires, militaires et députés). Le président de la République, Paul Biya, a demandé à la Commission nationale
anticorruption (Conac) de se saisir de l’affaire. Paul Tessa, son président, a longuement rencontré Bernard Njonga, le 13 décembre dernier, qui lui a livré les éléments recueillis par l’Acdic au cours d’une enquête qui a duré deux ans. Les responsables du mouvement ont tout fait pour médiatiser leur procès. Le 22 janvier, Njonga a même fait venir son ami José Bové, l’altermondialiste français à la moustache grisonnante. Faute de visa, ce dernier a dû rester dans la zone internationale de l’aéroport de Yaoundé-Nsimalen, avant de repartir le lendemain pour Paris. Les audiences ont néanmoins permis de faire parler de l’affaire même si elles n’étaient pas consacrées, a priori, au fond du dossier. À la fin de février, la Conac a remis son rapport d’enquête au président de la République. Selon des sources proches du dossier, ses conclusions seraient accablantes pour plusieurs hauts responsables du Minagri. De son côté, le vice-Premier ministre en charge de l’Agriculture, Jean Nkuete, a mis en place une commission anticorruption et a renforcé la tutelle de son administration sur la conduite des projets. ■ PASCAL AIRAULT
Indemnisés par Pfizer
A
près des années de négociations, les laboratoires Pfizer et l’État de Kano, au Nigeria, ont signé un accord qui porte à 56 millions d’euros les compensations aux familles de victimes d’un essai thérapeutique illégal. Onze enfants sont décédés après avoir participé en 1996 à un test de la trovafloxacine (vendu par Pfizer sous le nom Trovan), antibiotique aujourd’hui autorisé aux ÉtatsUnis, uniquement pour les adultes. Il y a neuf ans, les familles avaient entamé une procédure après la révélation de ce scandale par une enquête du Washington Post sur les essais thérapeutiques à travers le monde. Cinq des onze victimes avaient reçu de la trovafloxacine, les six autres avaient eu un traitement à base d’un autre antibiotique. Les tests avaient été engagés sans autorisation officielle dans un hôpital de Kano sur des malades souffrant de méningite. Pfizer s’est défendu en assurant n’être intervenu que pour aider les victimes de l’épidémie, et avec l’autorisation des parents. ■ FABIENNE POMPEY
MOT CHOISI
RACKET
La viande est chère à Abidjan. Tr o p c h è r e . P a s m o i n s d e 1800 F CFA le kilo. La faute à qui? La faute aux Burkinabè, se plaignent les Ivoiriens. Pas du tout, répondent les bouviers du Burkina, qui n’ont plus aucune envie de descendre vers la côte ivoirienne, préférant aller vendre leurs bêtes au Niger, au Togo ou au Bénin. La cause: les tracasseries sur les routes, en particulier celles qui traversent le nord de la Côte d’Ivoire. Selon eux, pas moins de 20 millions de F CFA s’évaporent ainsi chaque mois aux différents points de contrôle tenus au nom des Forces nouvelles.
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BAR ACK OBAM A
UNE IDÉE NEUVE: L Le président des États-Unis profite dʼune visite officielle en Turquie pour adresser au monde musulman un message dʼamitié. Et tourner définitivement la page Bush.
L
PATRICK SEALE
ors de sa tournée européenne, Barack Obama a réalisé un sans-faute. Éloquent, séduisant et imperturbable, il a donné, partout où il est apparu, la preuve de son immense popularité personnelle. Son message implicite – l’Amérique a laissé derrière elle l’ignorance crasse et la brutalité cynique des années Bush – a été accueilli avec un soulagement palpable. L’Amérique peut de nouveau être respectée et admirée. Mais un autre aspect de sa prestation est plus surprenant. Derrière les jolis discours gentiment prononcés, derrière la désarmante modestie, il y a une résolution en acier trempé. Barack Obama semble savoir ce qu’il veut et, plus important, paraît déterminé à suivre sa route. Le monde devrait en prendre note : ce n’est pas un président américain qui peut facilement être dupé ou détourné du droit chemin. C’est une main de fer dans un gant de velours. STANDING OVATION
Les discours d’Obama – notamment celui qu’il a prononcé le 6 avril dans l’enceinte du Parlement turc et qui lui a valu une standing ovation – contiennent un certain nombre de défis lancés aux ennemis comme aux amis de l’Amérique. Certaines de ses cibles étaient prévisibles. Comme l’on pouvait s’y attendre, il a promis « de combattre, de démanteler et de vaincre Al-Qaïda ». À leur grande satisfaction, il a affirmé aux Turcs: « Je m’engage à vous apporter notre soutien
contre les activités terroristes du PKK » – le Parti des travailleurs du Kurdistan, qui a recours à la lutte armée dans son combat pour la création d’un Kurdistan indépendant en Anatolie. Obama s’est retenu de menacer l’Iran, mais lui a tout de même adressé un message franc. Ses dirigeants, a-t-il dit, « sont face à un choix : soit ils essayent
de construire une arme, soit ils essayent de bâtir un avenir meilleur pour leur peuple… » « Les perspectives de paix dans la région seront plus grandes, a-t-il ajouté, si l’Iran renonce à ses ambitions nucléaires. » Ce qui était moins attendu, ce sont les défis qu’il a lancés à certains alliés de l’Amérique – au Premier ministre
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MAGHREB & MOYEN-ORIENT 49 Gilad Erdan a offert une réponse courroucée: « Israël ne prend pas ses ordres auprès d’Obama. » Un choc entre la détermination de chacun semble inévitable, en particulier au moment où l’envoyé spécial d’Obama, George Mitchell, est attendu dans la région pour poursuivre sa mission de paix. La position de Netanyahou n’est guère enviable. La dépendance d’Israël vis-à-vis des États-Unis est si forte qu’il serait imprudent de sa part de s’opposer frontalement au président américain. Mais s’il cède et accepte le principe de la solution de deux États – ce qu’il n’a jamais fait –, ses partenaires d’extrême droite l’abandonneront aussitôt, et son gouvernement tombera.
: LA PAIX
L’HOMME DE LA SITUATION
À Sarkozy et Merkel, Obama a parlé ainsi : « Permettez-moi de le dire clairement : les États-Unis soutiennent fermement la demande d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne… Si elle en devenait membre, cela en élargirait
Barack Obama répondant aux questions d’étudiants turcs, le 7 avril, à Istanbul.
israélien Benyamin Netanyahou, par exemple, mais aussi au président français Nicolas Sarkozy et à la chancelière allemande Angela Merkel. Il s’est adressé ainsi à Israël : « Permettez-moi de le dire clairement : les États-Unis soutiennent la solution de deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité… C’est l’objectif
que je compte poursuivre activement comme président. » C’est sans doute là le message que Netanyahou et ses collègues de droite avaient le moins envie d’entendre, eux qui ont consacré toute leur vie politique à empêcher l’émergence d’un État palestinien. À ce discours, le ministre israélien de l’Environnement et membre du Likoud
© JASON REED / REUTERS
Derrière la modestie désarmante se cache une résolution en acier trempé. et en renforcerait les fondations… La Turquie est une partie importante de l’Europe. » Ce n’est pas là un message que Sarkozy a envie d’entendre, lui qui n’a jamais caché son hostilité viscérale à l’adhésion de la Turquie. La Turquie, répète-t-il souvent, fait partie de l’Asie et doit être tenue relativement à distance par l’Europe. Merkel, elle, a insisté sur le fait qu’elle préférait un « partenariat privilégié » avec la Turquie – ce qui est un concept éloigné de l’adhésion à l’UE. Barack Obama semble enclin à commencer ses déclarations les plus importantes par ces mots : « Permettez-moi de le dire clairement… » Il y a eu une légère variation de cette formule quand il a abordé l’un des sujets les plus importants – sa détermination à mettre fin au conflit entre l’Amérique et le monde musulman [« permettez-moi de dire ceci aussi clairement que je le peux »]. Sous George W. Bush, les relations ont été mises à mal jusqu’au point de rupture par les guerres en Irak et en Afghanistan, par les excès de la « guerre contre
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50 MAGHREB & MOYEN-ORIENT le terrorisme » et par le soutien aveugle de l’Amérique à Israël. Aucun président américain ne s’était jamais adressé ainsi aux musulmans (voir ci-dessous). Et, bien sûr, aucun n’avait grandi dans le Tiers Monde ou n’était issu du métissage – ce qui fait de lui le candidat idéal pour la tâche qu’il s’est assignée. Barack Obama est un bâtisseur de paix. C’est l’un de ses traits de caractère les plus séduisants. Il veut la paix entre Grecs et Turcs à Chypre, la paix entre la Turquie et l’Arménie en dépit
du souvenir de ce qu’il a appelé « les terribles événements de 1915 », la paix entre Israël, la Syrie et les Palestiniens, la paix en Irak « parce que l’avenir de l’Irak est indissociable de celui de la région tout entière », et la paix, aussi, entre les États-Unis et l’Iran. Il semble dire clairement que la médiation turque serait la bienvenue pour amorcer le dialogue qu’il souhaite avoir avec les dirigeants de la République islamique, après trente ans d’une hostilité stérile.
Barack Obama a quelque chose du prêcheur quand il répand son baume sur les querelles et les disputes du Moyen-Orient, apaisant sa colère avec des mots doux. Son message sera-t-il entendu ? Ce qui est sûr, c’est que des mots ne suffiront pas. Pour résoudre les conflits du Moyen-Orient une bonne fois pour toutes – et pas seulement les « gérer » comme si souvent par le passé –, il faudra que la main de fer sorte du gant de velours. Le spectacle vaudra le coup d’œil. ■
« Les États-Unis ne sont pas, et ne seront jamais, en guerre avec lʼIslam » Je sais que nous avons traversé des difficultés ces dernières années. Je sais que les relations de confiance entre les États-Unis et la Turquie ont été mises à mal. Je sais que ces VERBATIM tensions sont ressenties dans la plupart des aires musulmanes. Permettez-moi de dire ceci aussi clairement que je le peux : les États-Unis ne sont pas, et ne seront jamais, en guerre avec l’Islam. De fait, notre partenariat avec le monde musulman est crucial non seulement pour faire reculer une idéologie violente que les gens réprouvent, quelle que soit leur foi, mais aussi pour offrir les meilleures chances possibles aux peuples musulmans. Je veux aussi dire clairement que les relations de l’Amérique avec le monde musulman ne peuvent – et ne pourront – pas se réduire à l’opposition au terrorisme. Nous recherchons un engagement plus large fondé sur l’intérêt et le respect mutuels. Nous allons écouter attentivement, dissiper
les malentendus, et chercher des terrains d’entente. Nous nous montrerons respectueux, même lorsque nous serons en désaccord. Nous témoignerons notre profonde reconnaissance à l’islam pour son apport au monde à travers les siècles – y compris dans mon propre pays. Les États-Unis ont été enrichis par les Américains musulmans. Beaucoup parmi les autres Américains comptent des musulmans parmi leurs proches ou bien ont vécu dans des pays à majorité musulmane. Je le sais bien puisque je suis l’un d’eux. Surtout, nous démontrerons à travers nos initiatives notre engagement pour un futur meilleur. Je veux aider plus d’enfants à bénéficier de l’instruction nécessaire pour réussir. Nous voulons promouvoir les systèmes de santé là où les populations sont vulnérables. Nous voulons renforcer les échanges et les investissements pour la prospérité de tous. Dans les mois qui viennent, je présenterai un programme spécifique destiné à atteindre ces objectifs. Nous allons nous concentrer sur ce que nous pouvons faire, en partenariat avec les peuples du monde musulman, pour faire avancer nos espoirs et nos rêves communs. Puisse-t-on dire dans quelques années à propos de l’Amérique actuelle qu’elle a tendu la main de l’amitié à tous les peuples. Un vieux proverbe turc dit : « On ne peut éteindre un incendie avec des flammes. » L’Amérique le sait, la Turquie aussi. L’emploi de la force avec certains irréductibles est parfois nécessaire. Mais la force seule ne résoudra pas nos problèmes. Elle n’est pas une alternative à l’extrémisme. L’avenir doit appartenir à ceux qui construisent, pas à ceux qui détruisent. Tel est l’avenir que nous devons préparer, et nous devons le préparer ensemble. ■ (Extraits du discours prononcé par Obama devant le Parlement turc.) J E U N E A F R I Q U E N ° 2 518 • D U 12 A U 18 AV R I L 2 0 0 9
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INTERVIEW
Mohamed Cheikh Biadillah
ALEXANDRE DUPEYRON POUR J.A.
SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU PARTI AUTHENTICITÉ ET MODERNITÉ (PAM)
« Nous sommes tous équidistants de Mohammed VI! » Cet ex-militant sahraoui hérite de la direction du PAM au moment où son fondateur, Fouad Ali El Himma, « lʼami du roi », a décidé dʼadopter un profil bas.
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essage sur le Sahara de Mohammed VI au président du gouvernement espagnol porté par Mohamed Cheikh Biadillah. Ainsi fut présentée l’information au Maroc à la fin de mars. On découvrira par la suite que plusieurs leaders de partis ont été dépêchés également à Londres, Moscou, Pékin…
Mais, dans un premier temps, seul le secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM) a eu l’honneur d’être mentionné. Est-ce à cause de ses origines sahraouies et parce qu’il fut l’un des fondateurs du Polisario? En tout cas, l’intéressé n’apprécie guère qu’on insiste sur cette qualité. « Je ne suis pas le Sahraoui de service! » réagit-il avec humeur.
Depuis qu’il a été propulsé à la tête du PAM, Mohamed Cheikh Biadillah occupe pour la première fois le devant de la scène. Sérieux, travailleur, intelligent, il est la discrétion même et apparaît comme un modèle d’intégration. Il se veut un Marocain comme les autres et il y réussit parfaitement. Son itinéraire professionnel et politique l’atteste à souhait. Professeur agrégé de médecine, il exerce à l’hôpital Ibn Rochd avant de le diriger tout en enseignant à la faculté de Casablanca. Élu député de Smara en 1977, il entame, à partir de 1992, une carrière administrative. Gouverneur de
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JEUNE AFRIQUE : Votre désignation à la tête du PAM à l’issue du congrès [Bouznika, 20 au 22 février] a créé la surprise. Pourquoi vous ? MOHAMED CHEIKH BIADILLAH : Il faut poser la question aux congressistes qui m’ont choisi. Vos origines sahraouies n’ont-elles pas été déterminantes ? Comme le Sahara reste une affaire majeure pour tous les Marocains, on a eu tendance à mettre en relief cette donnée. Mais ce n’était pas le principal facteur. Lors des réunions que nous avons tenues récemment à Erfoud et à Rissani, dans le Sud, j’ai même entendu dire que le PAM était le « parti du Sahara »! Alors que ceux qui l’animent comme ceux qui y viennent sont de toutes les origines, géographiques aussi bien que sociales ou politiques. Les parcours sont parfois on ne peut plus dissemblables. Entre un Salah El Ouadie [poète, ancien gauchiste incarcéré à Kenitra] et moi-même, il est difficile de trouver des affinités au départ, mais rien ne nous empêche de tenir un discours cohérent et de travailler pour le même objectif. Quel est au juste le rôle de Fouad Ali El Himma [FAH] ? Comme vous le savez, il est l’initiateur du Mouvement de tous les démocrates [MTD], qui a donné naissance au PAM. Mais son idée est pour ainsi dire tombée depuis dans le domaine public. Et comme elle n’est pas brevetée, elle appartient à tous! Cela dit, Fouad siège au Bureau national [BN] et il préside l’une des treize commissions, celle qui est chargée des élections. À ce titre, il a fait un exposé remarquable lors de la réunion du BN qui s’est tenue à Laayoune, en mars. Fouad est donc un dirigeant parmi d’autres, il ne joue aucun rôle particulier.
AIC PRESS
Salé jusqu’en 1998 et wali de la région Doukkala-Abda, puis de Safi. En 2002, il est nommé ministre de la Santé dans le gouvernement de Driss Jettou. Le Dr Biadillah aura besoin de toutes ses vertus de rigueur et de diplomatie. C’est qu’il hérite de la direction du PAM au moment même où Fouad Ali El Himma, l’âme du parti sinon son patron, qui s’était trop exposé ces derniers temps, a décidé d’adopter un profil bas, voire une stratégie d’effacement. Interview.
Ici avec Fouad Ali El Himma (à dr.), l’âme du parti, sinon son patron.
Tant de modestie surprend… Le PAM est le fruit d’une action du MTD. Et le MTD, c’est bien sûr Fouad, mais c’est aussi Salah El Ouadie, Hassan Benaddi, Ahmed Akhchichène, moimême et bien d’autres. Nous avons tous joué notre rôle. Et c’est la presse qui a déformé les choses en focalisant l’attention sur Fouad Ali El Himma, l’« ami du roi », etc. Pourquoi ? En proposant une autre manière de faire de la politique, nous avons suscité inquiétudes et appréhensions. Comme nous tenions un discours nouveau, original, susceptible de ramener les Marocains à la politique, on a cherché à nous confondre avec les anciens partis. À vous entendre, la proximité de FAH avec le Palais n’entre pas en ligne de compte. Nous sommes tous équidistants de Sa Majesté ! Au lendemain de votre désignation, le roi vous a reçu, contrairement aux autres leaders de partis… Lorsque Sa Majesté m’a téléphoné pour me féliciter, j’ai pris l’initiative de solliciter une audience – ce que les autres n’avaient pas fait. Voilà tout. Il ne faut y voir aucun signe particulier. Qu’a apporté le congrès du PAM ? Sans exagérer : un véritable électrochoc. La classe politique se remue, les partis bougent, les débats vont bon train en dépit des invectives… Quels sont vos adversaires ? La pauvreté et l’exclusion !
Et le PJD [Parti de la justice et du développement, islamiste] ? Le PJD n’est pas notre adversaire. Nous lui demandons seulement de ne pas oublier que l’islam est la religion de tous les Marocains (à l’exception de nos concitoyens juifs) et que nul ne devrait l’instrumentaliser. Hormis ce point de désaccord, nous considérons le PJD comme un parti légaliste contre lequel nous n’avons aucun sentiment d’animosité. Qu’en est-il des autres partis ? Le problème, c’est qu’ils n’ont pas vraiment de programme et ils sont loin des réalités. Du coup, la division entre gauche, droite et centre paraît de plus en plus obsolète. Où situez-vous le PAM ? Dans l’avenir ! Le PAM est un parti pour demain. Vous faites tout pour gagner les élections locales de juin prochain… C’est loin d’être acquis. Nous ne partons pas de zéro mais de l’addition de cinq partis qui ont derrière eux une expérience électorale honorable. L’écueil majeur reste néanmoins l’abstention, qui a atteint aux dernières législatives un taux préoccupant (70 %). C’est d’ailleurs très étrange. Depuis que le ministère de l’Intérieur ne concocte plus les élections et que les confrontations entre les partis se déroulent dans la transparence, les gens ne se rendent plus aux urnes… Comment l’expliquer ? Par l’absence de proximité avec les Marocains et de programmes articulés
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MAGHREB & MOYEN-ORIENT 53 sur leurs problèmes. Il y a un fossé entre notre classe politique et le commun des citoyens. À votre congrès constitutif, on a noté une forte présence des notables des régions… Toutes les couches de la société étaient représentées, comme elles le sont au parti. À cet égard, nous ne sommes pas différents des autres formations. Les notables dont vous parlez, on les trouve en particulier dans les instances de direction du plus grand parti de gauche. Je ne veux nommer personne, mais tout le monde sait de qui je parle. De Abdelouahed Radi, le premier secrétaire de l’USFP ? C’est vous qui le nommez ! Ce que je veux dire, c’est que la présence des notables est dans l’ordre des choses au Maroc. Dans les années 1970, le marxisme dominait l’ensemble de la gauche, mais il n’a pas réussi à modifier les structures de pouvoir en son sein : des fils de grands caïds dirigeaient hier et continuent à diriger aujourd’hui. Aux élections partielles de septembre 2008, le PAM a enregistré un résultat plutôt médiocre : 1 seul élu sur 7. Et encore, il s’agit d’un notable qui appartenait à un vieux parti. C’est vrai, mais cet élu d’Agadir a doublé ses voix. Progrès analogue pour notre candidat à Marrakech – El Habib Belkouche –, qui n’a pas été élu mais a obtenu la deuxième place en voix. Ce qui compte, c’est qu’au cours de ces consultations nous avons administré la preuve que nous étions capables de mener une campagne propre, sans recours à l’argent sale et au trafic d’influence.
clandestinement à travers le Sahara et la Mauritanie, où j’ai été arrêté en mars 1973. J’ai retrouvé en prison, à Bir Moghrein, Omar et Abdelaziz. C’est là que j’ai appris les événements de Dar Bouazza [tentative d’implantation de maquis par le Fqih Mohamed Basri]. Libéré après dix jours, je n’ai pas revu
« J’ai trois frères au Polisario. L’histoire de notre famille est très douloureuse. » El Ouali. Auprès des autres, j’ai défendu l’idée de revenir au Maroc. Ils ne m’ont pas écouté, convaincus qu’ils seraient liquidés à leur arrivée. El Ouali avait opté pour la révolution armée, qui, disait-il alors, devait embraser toute la région. Je suis rentré par Laayoune, où j’ai été interpellé par l’armée espagnole, qui m’a livré aux autorités marocaines. Après quelques péripéties pénibles, j’ai été libéré. Vous avez un frère au Polisario… Pas un, trois ! Notre famille a été déchiquetée par le conflit du Sahara. L’aîné, Mohamed, vit en Mauritanie. Un autre, Hassan, a représenté le Polisario à Madagascar avant de s’installer en Espagne. Brahim est le chef de la 2e région militaire et siège au bureau politique du Polisario. J’ai un quatrième frère, Daha, qui a fait des études à Cuba et enseigne aujourd’hui à Tindouf. Vous gardez des relations avec vos frères Polisario ? J’ai eu l’occasion de les voir pendant le « processus d’identification » du corps électoral organisé par l’ONU en vue du référendum qui s’est déroulé entre 1994 et 1998 à Ti ndou f. Je représent a i s le Ma roc et eux étaient de l’autre côté. Vous avez pa rlé avec Brahim ? Pas vraiment. Mais j’ai soigné ses filles – mes nièces. L’histoire de notre famille est très douloureuse. ■
Mohamed Cheikh Biadillah (à dr.) près de Laayoune, dans le Sud marocain, en 1970.
Propos recueillis à Rabat par DR
Vous étiez parmi les étudiants qui, à Rabat, fin des années 1960-début des années 1970, ont jeté les bases de ce qui allait devenir le Polisario… Au départ, nous avons for mé un g roupe qui s’appelait le Mouvement embryonnaire pour la libération du Sahara, et c’est moi, étudiant en médecine, qui avais suggéré d’introduire le qualificatif « embr yonnaire » pour marquer que nous n’étions
qu’au début et que notre action devait se développer. Il faut rappeler que l’objectif que nous nous assignions, « la libération du Sahara », ne signifiait nullement l’indépendance. L’intégration du « Sahara espagnol » au Maroc allait de soi. Le Sahara devait rejoindre le royaume comme l’avaient déjà rejoint les autres zones du Sud occupées par l’Espagne : Tarfaya en 1958 ou Sidi Ifni en 1969. L’expression « libération du Sahara » n’était pas entachée de la suspicion et de l’ambiguïté, qui ne sont apparues qu’à partir de 1975. Donc, c’était à Rabat en 1969. Il y avait Omar Hadrami [qui s’appelait encore Mohamed Ali Al Adhmi, l’un des principaux dirigeants du Polisario, qui se ralliera au Maroc à la fin de 1980], Mustapha Sayed El Ouali [le premier chef du Polisario, mort au combat en Mauritanie en 1976], Ma’laïnine Ma’laïnine [qui siège au Corcas, le Conseil royal consultatif des affaires sahariennes] et moi-même. En 1972, El Ouali sort du Maroc et fait un périple qui le conduit en Europe, en Algérie et en Libye. Le royaume vivait entre deux tentatives de coup d’État : Skhirat en juillet 1971 et l’attentat du Boeing royal en août 1972. Une manifestation organisée à notre initiative en juin 1972 à Tan Tan, dans le Sud, précipite les événements. El Ouali nous fait parvenir un message pour nous dire qu’il a des « informations stratégiques » à nous communiquer mais qu’il ne peut le faire qu’à l’extérieur. Parmi ceux qui ont reçu le message, Mohamed Salem Ould Salek [dirigeant du Polisario] et Mohamed Abdelaziz [son actuel chef] qu’on appelait à l’époque Mohamed Reguibi, alias H’Medtou. Je suis sorti
HAMID BARRADA
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TUNISIE
Audiovisuel: restructuration en chaîne La fin du monopole dʼÉtat en matière de radiotélévision se poursuit, ouvrant une brèche dans laquelle nʼont pas manqué de sʼengouffrer plusieurs groupes privés.
HICHEM
L
’année 2009 s’annonce comme celle de l’ouverture et de la modernisation du paysage audiovisuel tunisien. En matière de télévision, la fin de l’année sera marquée par la mise en service de la télévision numérique terrestre (TNT) via la chaîne publique TV7, une première au Maghreb. Surtout, le 20 mars, le président Zine el-Abidine Ben Ali a annoncé l’octroi au groupe de communication Karoui & Karoui World (K & K World) une licence pour lancer une chaîne de télévision généraliste, Nessma TV, qui prendra le relais de la chaîne musicale du même nom, qui émettait jusque-là depuis la France. La Tunisie devient ainsi le premier pays maghrébin à compter deux télévisions privées, la première étant Hannibal TV, opérationnelle depuis 2005 et qui a lancé en 2008 deux autres chaînes, thématiques celles-là (Hannibal Orient et Hannibal el-Ferdaws). Dans le monde arabe, outre la Tunisie, seuls l’Égypte et le Liban comptent des chaînes privées, auxquelles on pourrait, à la limite, ajouter celle de Seif el-Islam Kaddafi, le fils du « Guide » libyen. Par l’octroi d’une licence à Nessma TV, la Tunisie introduit dans son paysage médiatique un partenaire étranger leader des diffuseurs européens : Mediaset. Contrôlé par la famille de Silvio Berlusconi, le groupe italien est, depuis 2008, actionnaire dans K & K World à hauteur de 25 % (d’un capital porté à 25 millions de dollars). Là aussi, c’est une première maghrébine. Autre partenaire expérimenté: le Franco-Tunisien Tarak Ben Ammar, un grand nom de la
Nebil (à g.) et Ghazi Karoui, de K & K World, viennent de lancer Nessma TV.
production cinématographique mondiale, dont la société, Quinta Communications, est aussi actionnaire à hauteur de 25 %. À ces partenariats s’ajoutent l’apport financier de Delta Partners (Dubaï), qui a acquis 15 % du capital fin 2007, et le savoir-faire des frères Nebil et Ghazi Karoui, qui demeurent les plus gros actionnaires. Si bien que l’avenir de Nessma TV, dont on a un avant-goût des nouveaux programmes depuis le 5 avril avec les droits de diffusion en clair et en direct des matchs de football de l’Olympique de Marseille pour trois saisons consécutives, s’annonce prometteur. « Nous sommes une chaîne maghrébine qui vise les 90 millions d’habitants au sud de la Méditerranée et la communauté expatriée en Europe », a déclaré à Jeune Afrique Nebil Karoui, président de K & K World, qui dispose d’un studio de 500 m 2 à Radès et qui
est en train d’en construire un autre de 1200 m2 à Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis. « BARTERING » GAGNANT
La restructuration du secteur télévisuel, que l’on peut assimiler à une privatisation des activités autres que le métier principal de diffuseur, touche aussi les deux chaînes publiques, qui mènent une politique systématique de sous-traitance ouverte à toute entreprise privée, pourvu qu’elle soit spécialisée. Dans la pratique, il faut avoir de gros moyens pour appliquer la formule en vigueur dite de « bartering », qui consiste pour une entreprise privée à produire et à financer à 100 % des émissions prêtes à diffuser en échange d’espaces publicitaires. Pour le moment, c’est Cactus Prod qui pratique cette formule, devenant le fournisseur principal des stations publi-
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ques TV7 et Canal 21 en proTOP 5 DES TV SATELLITAIRES grammes de divertissement, personnes (voir J.A. n° 2516). Taux de pénétration dans le Grand Tunis, mars 2009 dont les principaux sont des Avant de revenir sur le sujet répliques d’émissions dont les le 4 avril en déclarant que « la droits ont été rachetés auprès critique loyale qui ne porte pas 7 T UNIS V T IE de producteurs européens. La atteinte à l’honneur des gens, qui firme, adossée au puissant groua pour but la quête de la vérité et pe Karthago de l’homme d’afqui cherche à servir l’intérêt généfaires Belhassen Trabelsi, s’est ral est acceptable. Nous l’encouradotée d’un studio de 3 500 m 2 geons et encourageons à y réagir, à Utique (à 40 km de Tunis), où quitte à corriger les faits, le cas elle tourne des émissions et des échéant, et à susciter le débat à ce feuilletons grand public, comme sujet, si nécessaire, de manière à la série Mektoub, diffusée penconsacrer le droit à la liberté d’indant le dernier mois de ramadan former et le climat démocratique et dont la suite est en cours de civilisé que nous voulons pour notre tournage. Les quatre émissions pays. » Deux jours après, et comme de Cactus Prod actuellement propour appuyer ces propos présidengrammées sont Ahna hakka (équitiels, une émission sur TV7 produite valent de Une famille en or), Andi par Cactus a mis l’administration sur ma enkollek (Y a que la vérité qui la sellette. IBAL TV N TU compte), Al hak maak (Sans aucun AN doute) et Sofiene Show, destinée aux UN « BOUQUET » EN PROJET plus jeunes. « Nos émissions passent La restructuration du paysage en prime time sur TV7 quatre jours audiovisuel est également motivée par par semaine, ce qui a permis à la le souci de faire face à la concurrence chaîne publique de reprendre la tête des chaînes satellitaires, notamment de l’audimat devant la concurrence arabes, et de préserver la chasse gar(Hannibal TV) », se félicite Kaïs Chedée territoriale des médias locaux. Plus kir, directeur chez Cactus Prod. de cinq cents chaînes arabes arrosent Le démantèlement du monopole la Tunisie, et l’on estime que ce nombre étatique en matière de radio intéresva aller croissant puisque les satellites se aussi les chefs d’entreprise. Cela a Arabsat et Nilesat sont en train de procommencé par Mosaïque FM, lancée grammer une augmentation de leurs 4 AR A BC dans le Grand Tunis par un groupe capacités. La politique du gouvernement B M d’hommes d’affaires réunis autour de consiste donc à sauvegarder l’audimat Belhassen Trabelsi et qui connaît un des chaînes nationales. D’où l’introducgrand succès commercial. Un exemtion du pluralisme et de la concurrence ple suivi par l’homme d’affaires Neji entre stations nationales de manière à Mhiri, qui a lancé Radio Jawhara FM permettre aux téléspectateurs de « zapdans la région de Sousse, et par Sakhr per tunisien ». Deux tiers des téléspectael-Materi, qui a développé le réseau de teurs tunisiens ont ainsi été « fixés » sur les la radio Zitouna, spécialisée dans les chaînes locales. émissions à caractère religieux. TV7 pourra émettre, dès la fin de 2009, Pluralisme de chaînes ne signifie pas à partir de la nouvelle maison de la télépour autant pluralisme des opinions, vision totalement équipée pour la haute IS 21 d’autant que le flou juridique actuel définition, notamment à l’occasion du MonUN laisse à penser que les licences de chaîdial 2010. Pour offrir un choix encore plus nes de télévision privées sont délivrées large, le gouvernement envisage ensuite de de manière régalienne. Mais, déjà, la constituer un « bouquet » de douze chaîconcurrence est en train de faire reculer nes, dont les deux publiques et les deux la langue de bois qui caractérisait jusqueprivées, auxquelles s’ajouteront des chaînes là les médias officiels. Cela est perceptible privées, généralistes ou non. C’est pourquoi dans les émissions de télé-réalité, aussi bien une législation est en préparation pour que sur Hannibal que sur TV7. Si l’évocation de tous les téléviseurs produits et/ou importés JAZIR sujets politiques demeure taboue, les débats soient équipés pour recevoir la TNT, la pluLsur des questions de la vie de tous les jours part des trois millions de postes en usage ne se multiplient. À tel point qu’un excès de l’étant pas. Ainsi, les Tunisiens pourront non sensationnalisme a amené le président Ben seulement profiter de la haute définition, mais Ali à intervenir, le 20 mars, pour appeler au seront aussi moins nombreux à se détourner de respect des règles déontologiques de la prola culture sociale et politique locale. ■ ABDELAZIZ BARROUHI, à Tunis fession, de l’honneur et de la réputation des
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ARABIE SAOUDITE
Après Abdallah, Nayef? Élevé au troisième rang dans lʼordre de la succession, le tout-puissant ministre de lʼIntérieur fait désormais figure de dauphin du roi Abdallah.
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es spéculations sur la succession en Arabie saoudite sont un sport national auquel on s’adonne avec discrétion ; chacun a sa petite idée, même s’il se garde de la formuler publiquement. Il n’était donc guère surprenant de voir toute la presse saoudienne couvrir de louanges le prince Nayef, 74 ans, à l’annonce de son élévation au troisième rang dans l’ordre de succession, à la fin de mars. Conservateurs ou « libéraux », tous les commentateurs et éditorialistes de la presse nationale ont salué ce choix. Les journaux saoudiens abondaient de messages de félicitations accompagnés de portraits du roi Abdallah, 86 ans, qui est aussi ministre de la Défense, et du prince Nayef, désor ma i s second vice-président du Conseil des ministres. Certains Saoudiens ont mis en ligne sur Facebook des poèmes à la gloire du « protecteur bienveillant de l’État ». Une voix discordante s’est tout de même élevée au sein même de la famille royale des Saoud. Connu pour son francparler, le prince Talal, demifrère de Nayef, a exhorté le roi Abdallah à ne pas contourner le Conseil d’allégeance – composé de trente-cinq membres de la famille –, qu’il a lui-même instauré en 2006 et auquel il revient de désigner le prochain prince héritier. « J’appelle la cour royale, a déclaré Talal, à préciser le sens de cette nomination et à dire clairement qu’elle ne signifie pas que le prince Nayef sera le nouveau prince héritier. » Le fait que la question de la succession chez le premier exportateur mondial de pétrole ait été préparée
ALI JAREKJI/REUTERS
TALAL PROTESTE
Le prince Nayef Ibn Abdelaziz Al Saoud.
– après que le roi eut passé cinq mois à l’étranger pour se faire soigner – est un motif de soulagement, aussi bien dans le royaume qu’à l’extérieur. Mais aussi un motif d’agacement pour d’autres, qui ont compris qu’on n’était pas près de confier la relève à la jeune génération et que les aînés conserveraient les rênes, plus précisément les fils – vieillissants – de feu le roi Abdelaziz, fondateur de l’Arabie saoudite. Les sujets du royaume savent gré au prince Nayef, qui est à la tête du
ministère de l’Intérieur depuis trente ans, d’avoir défendu l’État saoudien dans des moments particulièrement difficiles. C’est lui qui dirigea les opérations pour mettre fin au siège de La Mecque par des extrémistes, en 1979. Plus récemment, ses services ont eu pour mission de pourchasser les activistes d’Al-Qaïda engagés dans une vaste opération de déstabilisation de la dynastie des Saoud. Pourtant, le choix de Nayef en a étonné certains, le roi Abdallah étant
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Il était prévisible que le roi Abdallah, qui a toujours agi dans le respect des traditions, se tourne vers une personnalité éminente de la famille (Nayef est l’un des six survivants du clan des Soudaïri formé par les sept fils de Hassa Bint Soudaïri, épouse favorite
BIO EXPRESS
1934 Naissance à Taëf 1954-1956 Gouverneur de Riyad 1970 Vice-ministre de l’Intérieur 1975 Ministre de l’Intérieur 1979 Met fin au siège de La Mecque par des extrémistes 2003 Déjoue une campagne terroriste d’Al-Qaïda
du roi Abdelaziz). Les analystes ont toujours averti que la transmission du pouvoir à la nouvelle génération, telle que réclamée par les Occidentaux, provoquerait des conflits au sein des Saoud, chaque prince cherchant à promouvoir la « candidature » de son propre fils. « Le prince Nayef sera le prochain roi parce qu’il ne faut pas s’attendre à des changements radicaux en Arabie saou-
dite », explique un observateur basé à Riyad. Le choix de Nayef répond à plusieurs critères : la défense des intérêts de la famille royale, la nécessité de trouver un consensus et la primauté de l’ancienneté et des services rendus à l’État. Mais cette nomination apparaît aussi comme une mesure d’urgence au regard de la santé fragile du roi Abdallah. Les analystes saoudiens soulignent l’intégrité et l’expérience de Nayef, et s’interrogent sur sa réputation de conservateur. « Il est à l’origine de réformes majeures en matière de sécurité et exige la création du poste de procureur général, ce qui n’est pas du goût du clergé », commente Jamal Khashoggi, éditorialiste à Al-Watan, le principal journal réformateur. Un autre commentateur, Abdelaziz alQassimi, se demande si « la politique du roi Abdallah est en phase avec les opinions de Nayef, qui est davantage un faucon. Mais peut-être que ce dernier changera une fois intronisé… » ■ ABEER ALLAM et ROULA KHALAF
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MAROC
détail à l’audience, de son noyautage « d’une filière kurde de faux papiers opérant en Belgique » ? « Cela relevait d’une stratégie de défense pour instrumentaliser les médias internationaux, explique Robert. J’ai commis deux erreurs dans ma vie, la première, celle de m’être laissé embarquer dans l’islam, la seconde, d’avoir fait cette déclaration sur la DST à mon procès. » E n g rève de la f a i m depu i s le 20 mars, l’Émir repenti dit vouloir renouer avec « sa foi catholique et son identité française » et affirme avoir « perdu 12 kg ». Son seul souhait : « être traité comme un citoyen français ordinaire ». Et, à ce titre, bénéficier de la convention francomarocaine de 1981, qui permet à un Français condamné au Maroc de purger sa peine dans l’Hexagone. « Si j’avais été jugé en France, j’aurais encouru au maximum dix ans de prison », précise Robert, avec l’assurance d’un expert du code pénal. Son avocat parisien, M e Vincent CourcelleLabrousse, lui, n’évoque plus le fond du dossier. Il constate simplement que la justice marocaine « oppose la politique du silence » et « la stratégie de l’oubli » à ses demandes répétées de transfèrement en France de son client. Au président Sarkozy, il a écrit pour dénoncer « la frilosité, la gêne et le non-dit » de Paris dans ce dossier. Les derniers aveux publics de Richard Robert, qui semblent valider certaines conclusions des enquêteurs marocains, pourraient permettre à Rabat de reconsidérer enfin son cas. Et de le renvoyer dans son pays d’origine, où il s’est engagé à œuvrer pour éviter à la jeunesse de sombrer dans « l’égarement du salafisme ». ■
Le repentir de « lʼÉmir aux yeux bleus » Dans un entretien à Jeune Afrique depuis sa cellule de la prison de Salé, Richard Robert passe aux aveux. Son seul souhait : purger sa peine en France.
ARABIE SAOUDITE
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E XC LUS I F personnes pour créer un maquis islamiste et proclamer un micro-État islamiste dans le Rif, entre Tanger et Oujda. » Alors, pourquoi avoir tout nié en bloc lors de son procès ? Pourquoi avoir mis en avant « une collaboration » avec la DST française pour infiltrer la mouvance islamiste ? D’où est venue cette thèse, développée dans le
Richard Robert dans sa cellule de la prison de Salé.
D.R.
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ichard Robert, alias Yacoub, alias Abou Abderrahmane, également connu comme « l’Émir aux yeux bleus » ou le « Mollah de Saint-Étienne », s’est-il enfin décidé à dire la vérité ? En tout cas, il le prétend, dans un entretien téléphonique à Jeune Afrique depuis sa cellule de la prison de Salé. Mais la sincérité du propos doit être jugée à l’aune des nombreux revirements de ce Français de 37 ans arrêté au Maroc en juin 2003, quelques semaines après les sanglants attentats-suicides de Casablanca (45morts, le 16 mai 2003). Présenté par les autorités marocaines comme un émir salafiste ayant pour projet de renverser la monarchie, Richard Robert, converti à l’islam depuis sa vingtième année, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en septembre 2003, après que le procureur du roi eut requis la peine de mort. Depuis son procès à Rabat et jusqu’à aujourd’hui, le Stéphanois prétendait être victime d’une « manipulation judiciaire et médiatique de la DST marocaine ». Désormais, il plaide coupable, au moins partiellement. « C’est vrai, j’ai travaillé à la constitution d’une cellule salafiste d’une quinzaine de
NICOLAS MARMIÉ
Boycott choc pour dessous chic
epuis la fin de mars, les Saoudiennes ont décidé de boycotter les boutiques de lingerie tant qu’elles seront tenues par un personnel… exclusivement masculin. Les magasins et centres commerciaux ne peuvent en effet embaucher des employées, sauf s’ils sont situés dans les quelques zones réservées à la gent féminine. C’est donc en vertu de la séparation des sexes que les Saoudiennes sont obligées de traiter avec des hommes lorsqu’elles veulent acheter un soutien-gorge, un slip ou autres négligés affriolants dont elles raffolent. En outre, en l’absence de cabines d’essayage, interdites, car une femme ne saurait se déshabiller à quelques mètres
d’une présence masculine, fût-ce derrière une porte, les vendeurs sont bien obligés de jauger, à travers la abaya, l’anatomie de leurs clientes avant de leur conseiller un article. Il n’est pas rare que des vendeurs, émus par les courbes de certaines jeunes femmes, laissent échapper quelques commentaires intempestifs. D’où la campagne de boycott, appuyée par une pétition qui circule sur Facebook, réclamant des vendeuses dans les boutiques de lingerie. Pourtant, une loi autorisant l’embauche de femmes dans ce type de commerce a été promulguée en 2006, mais les plus rigoristes ont empêché son application. ■ FADWA MIADI J E U N E A F R I Q U E N ° 2 518 • D U 12 A U 18 AV R I L 2 0 0 9
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AFFAIRE TUNINTER
Suite et pas fin
N.M. (avec le Financial Times)
SAMY GHORBAL
IRAN
Espionne ou monnaie dʼéchange? Arrêtée le 31 janvier, la jeune journaliste américano-iranienne est désormais sous le coup dʼune inculpation pour « espionnage ».
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SCOTT PETERSON/GETTY IMAGES
puis Téhéran avec la BBC, NPR (la radio publique américaine) et Fox News, la chaîne tout info connue pour son militantisme néoconservateur. Mais, et c’est peut-être une des causes de son arrestation, elle préparait également un livre sur la société iranienne. Il reste que ces accusations d’espionnage témoignent de la précarité dans laquelle travaillent les journalistes indépendants en Iran. « La République islamique reste la plus grande prison du Moyen-Orient pour les professionnels des médias », conclut Reporters sans frontières (RSF) dans son dernier rapport annuel. Les collaborateurs des médias occidentaux et surtout américains sont en première ligne sur le front de la liberté d’information. La justice religieuse des mollahs est prompte à dénoncer des projets de « renversement en douceur » du régime fomentés par Washington. « La collecte illégale d’information » et « l’espionnage » constituent le socle juridique de ces poursuites. Selon RSF, au moins sept journalistes et deux « cyberdissidents » sont actuellement derrière les barreaux. ■
Roxana Saberi, le 24 juin 2005, à Téhéran.
nitialement, Roxana Saberi, 31 ans, était poursuivie par la justice iranienne pour avoir acheté une bouteille de vin, un délit dans la République islamique. Arrêtée le 31 janvier, la jeune journaliste américano-iranienne est désormais sous le coup d’une inculpation pour « espionnage », selon un haut responsable de la Cour révolutionnaire, compétente pour juger les atteintes à la sûreté de l’État. « Elle se livrait à des activités d’espionnage sous couvert d’activités journalistiques », a déclaré Hassan Haddad, qui souligne que Roxana Saberi n’avait plus d’accréditation depuis 2006. Pas plus qu’elle ne peut juridiquement prétendre à une protection consulaire, la loi iranienne ne reconnaissant pas la double nationalité. Cela n’a pas empêché Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, d’exprimer sa « vive préoccupation », à l’heure où les relations entre Téhéran et Washington commencent à peine à se décrisper. Née d’un père iranien et d’une mère japonaise installés à Fargo (Dakota), diplômée de français et de communication, ancienne finaliste du concours Miss America, Roxana collaborait de-
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a déclaration mettra peutêtre un peu de baume au cœur de Chafik Gharbi et de Lassoued Ali Kebir, le pilote et le copilote de l’ATR tunisien de la compagnie Tuninter qui s’était abîmé en mer au large de la Sicile en août 2005, causant la mort de 16 personnes. Condamnés, le 23 mars, à dix ans de prison par la justice italienne, ils ont reçu le soutien de Carlos Limon, le président de la Fédération internationale des associations de pilotes de ligne (Ifalpa), qui s’est déclaré solidaire de ses deux collègues tunisiens, qu’il a rencontrés à Tunis le 7 avril. Limon a assuré que son association allait soutenir les deux hommes, qui ont interjeté appel à l’instar d’autres responsables de la compagnie également condamnés pour négligence fatale dans cet accident consécutif à la défaillance d’une jauge d’essence. Il a expliqué que les pilotes « ont accompli leur tâche dans les règles, et tenté et réussi un amerrissage conforme aux procédures internationales ». Le jugement du tribunal de Palerme, extrêmement sévère, a été accueilli avec stupéfaction et incrédulité à Tunis. Si la responsabilité de Tuninter dans l’accident ne fait aucun doute, une jauge inadéquate ayant été installée sur l’appareil, ce qui a provoqué la panne d’essence, celle des pilotes, incriminés pour une erreur commise par la maintenance, est beaucoup plus difficile à admettre. Et la sentence prononcée à leur encontre est tout à fait inhabituelle. L’inertie médiatique de la Tunisie, qui a observé un silence radio assourdissant pendant toute la durée de l’enquête et du procès et laissé le champ libre à l’accusation et aux familles des victimes, fait aujourd’hui l’objet de vives critiques. Car elle n’a pas pu ne pas influencer négativement les jurés italiens. Morale de l’histoire : se défendre, c’est aussi bien communiquer. ■
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60 INTERNATIONAL
FRANCE SARKOZY N À la faveur de la réunion du G20, le président de la République a retrouvé une partie de son crédit dans lʼopinion. Mais la crise et le mécontentement social le contraignent à multiplier concessions et reculs.
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SERGE FAUBERT
a ficelle était un peu grosse. Qui pouvait croire sérieusement que Nicolas Sarkozy allait claquer la porte d’un G20 préparé depuis des mois et qui, de surcroît, coïncidait avec la première sortie internationale de Barack Obama ? C’eût été suicidaire. Réitéré quelques heures avant l’ouverture de la réunion de Londres, ce coup d’esbroufe était avant tout destiné à l’opinion française. Il permettait au chef de l’État d’apparaître à l’issue de la réunion comme celui qui avait réussi à faire plier les grands de la planète. Au premier rang desquels le président des États-Unis. Les Français suivent-ils ? Selon une enquête de l’institut de sondages LH2 réalisée les 3 et 4 avril, au lendemain du sommet, ils sont 48 % à avoir une bonne opinion de Nicolas Sarkozy. Un résultat qui était loin d’être acquis à l’avance. À quelques heures du sommet, une autre enquête réalisée pour la radio Europe 1 faisait en effet apparaître que 59 % des Français jugent que « depuis septembre 2008, l’action du président de la République pour lutter contre la crise financière et économique » va « plutôt dans la mauvaise direction ». Une embellie, donc. Mais qui ne parvient pas à masquer l’essoufflement sur le long terme du chef de l’État. Tous les sondages concordent : le territoire sarkozyste tend à se réduire au seul électorat UMP. La politique d’ouverture a épuisé ses ressources. Pourtant, Sarkozy a « la banane ». Entendez la frite, la pêche, le punch,
bref, le moral. C’est du moins ce qu’il a confié à quelques élus de son parti à l’issue d’un meeting, le 25 mars. Rien ne semble devoir l’ébranler. Pas même l’annonce, une dizaine de jours avant le sommet de Londres, d’une manifestation unitaire de tous les syndicats prévue pour le 1er mai. Du jamais vu depuis 1945. En mai-juin 1968, les organisations de salariés, à l’époque bien plus puissantes qu’aujourd’hui, n’étaient pas parvenues à se mettre d’accord sur un tel défilé commun. C’est dire combien le malaise social est grand. D’autant qu’avant le 1er mai il y a eu les journées de grève – elles aussi unitaires – du 29 janvier et du 19 mars. Chaque fois, des millions de manifestants ont envahi la chaussée des grandes villes… VALSE DES MILLIONS
Au lendemain de la première manifestation, le 18 février, le président a organisé un sommet social qui a débouché sur la création d’un fonds spécial doté de 2,5 milliards d’euros. En favorisant le recours au temps partiel et à la formation professionnelle, celui-ci est censé limiter les effets des plans sociaux. Mais voilà, Sarkozy ne peut quand même pas convoquer un sommet après chaque grève ! Que va-til pouvoir annoncer, au soir du 1er mai, pour apaiser la tension ? Jour après jour, la presse égrène les révélations concernant les stockoptions et autres parachutes dorés que
s’octroient généreusement les grands patrons. C’est la valse irréelle des millions. Et une bonne dose d’acide déversée sur une opinion déjà passablement irritée. Adopté dans l’urgence, le très modeste dispositif temporaire d’encadrement des rémunérations patronales – qui ne concerne que les entreprises aidées par l’État – n’a nullement calmé les esprits. Il y aurait bien la remise en question du « bouclier fiscal », ce dispositif qui, cette année, a permis de distribuer à 834 contribuables des chèques d’un montant moyen de 368261 euros, mais ce n’est vraiment pas à l’ordre du jour. « Sur le bouclier, prenez-moi bien en photo : ma capacité à reculer n’est pas d’un millimètre », a tonné Sarkozy le 25 mars, sans égard pour la syntaxe. Pourquoi tant d’intransigeance alors que, au sein même de sa majorité, des voix se sont élevées pour demander le relèvement du seuil dudit bouclier ? Parce que, a confié le président, « on perd quand on est faible ». En clair, pas question de donner l’impression de reculer et de désespérer du même coup les électeurs de droite. Cette crispation ne vaut que pour les symboles. Car, pour le reste, Sarkozy n’hésite pas à lâcher du lest quand il le faut. En Guadeloupe, par exemple, il a bien fallu se résoudre à accorder les 200 euros réclamés par les manifestants, sauf à voir l’émeute atteindre le point de non-retour. De même, la portée des réformes est revue à la baisse. Ainsi, la loi sur
Le président a, dit-il, « la banane ». Entendez: la pêche, le punch. Bref, le moral. le travail dominical – qui promettait de belles passes d’armes avec les organisations syndicales – a été discrètement vidée de sa substance : le texte se contente d’avaliser les dérogations existantes. Quant à la réforme du
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Y NAVIGUE À VUE ne l’a pas empêché de demander que les chômeurs à temps partiel soient mieux indemnisés. Et que dire des 500 euros accordés à ceux qui ne remplissa ient pas les condit ions pour recevoir des aides de l’Assedic ? Voilà qui ressemble furieusement à ce « traitement social du chômage » pratiqué peu ou prou par tous les gouvernements depuis le choc pétrolier de 1973. Bref, l’Élysée navigue à vue : il affale la voile au moindre grain, mais force la cadence dès que la brise le porte. Cela suffira-t-il à préserver la France de graves désordres sociaux ? La multiplication, ces dernières semaines, des séquestrations de patrons inquiète au plus haut point le gouvernement. Une intervention des forces de l’ordre contre des grévistes serait très mal vécue… COMPLOT SUBVERSIF
statut des enseignants-chercheurs, son instigatrice, la ministre Valérie Pécresse, a été tout bonnement abandonnée en rase campagne. Le texte doit être réécrit, et les suppressions de postes applicables, à l’origine, dès cet
automne sont reportées à 2010-2011. D’ici là, se souviendra-t-on encore du projet ? La liste des renoncements réserve d’autres surprises. Sarkozy a toujours été très hostile à « l’assistanat ». Cela
Dans l’entourage présidentiel, certains apprentis sorciers parient cependant sur cette radicalisation naissante. À leurs yeux, des troubles récurrents ne peuvent que rapprocher l’opinion du chef de l’État, car, expliquent-ils, celui-ci n’est jamais aussi crédible que lorsqu’il se pose en champion de la sécurité. Dans cet objectif, ils n’hésitent pas à réveiller le fantasme du grand complot subversif. Au lendemain du sommet de l’Otan, Frédéric Lefèv re, le porte-parole de l’ U M P, s ’e s t a i n si e mployé à amalgamer aux casseurs l’ancien trotskiste Olivier Besancenot – dont l’organisation est qualifiée de « vitrine légale » des émeutiers – et les responsables du PS et du Modem, accusés d’avoir « incité à la violence ». Excusez du peu ! Las, au même moment, un sondage paru dans le quotidien Le Parisien révélait que 45 % des Français considèrent comme « acceptable » de séquestrer les chefs d’entreprise en cas de conflit social. Visiblement, il y a encore beaucoup à faire pour retourner l’opinion… ■
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CONFIDENCES DE...
Henri Guaino Conseiller spécial du président de la République française
À passer d’un dossier à l’autre, on a l’impression que certains projets, comme l’Union pour la Méditerranée, n’avancent plus… Imposer le retour de la politique est un combat de chaque instant. La résolution de la crise géorgienne, le plan européen de sauvetage des banques, la création de l’Union pour la Méditerranée, ce sont des victoires politiques à l’arraché. Maintenant, il faut se battre encore pour inscrire l’UPM dans la durée, surmonter la tragédie de Gaza, passer par-dessus les haines et les rancœurs. Avec l’UPM, on a voulu engager non pas une logique diplomatique mais une logique de projets. Si le drame de Gaza a obligé à suspendre temporairement les rencontres diplomatiques, les projets, en revanche, continuent d’avancer avec le plan solaire, les autoroutes de la mer, la sécurité civile, le centre méditerranéen de la recherche scientifique, la politique de l’eau, la dépollution de la mer, l’Erasmus méditerranéen… La coprésidence franco-égyptienne tiendra, le 30 avril, une réunion à Alexandrie avec les bailleurs de fonds pour trouver des financements. Nous avons aussi engagé une réflexion sur l’agriculture, la santé, les nouvelles technologies, la banque de la Méditerranée. L’UPM n’est pas arrêtée, elle avance à travers des projets. Quant au secrétariat, qui en est l’institution clé, les discussions vont reprendre. Il sera installé à Barcelone avant la fin de l’année.
VINCENT FOURNIER/J.A.
JEUNE AFRIQUE : Tournée en Afrique, G20, réunion de l’Otan… Le président Sarkozy continue de sauter d’un dossier à l’autre, fidèle à son image d’hyperprésident. HENRI GUAINO: C’est le prix à payer pour le retour de la politique. Le G20 de Londres marque une étape décisive. Pour la première fois, les grands leaders se sont réunis pour prendre ensemble des décisions sur des sujets aussi importants que la moralisation de la finance et la régulation de la mondialisation. La France y a joué un rôle clé. C’est elle qui a voulu le sommet de Washington [en novembre 2008, NDLR]. Elle encore qui, avec l’Allemagne, a convaincu Barack Obama et Gordon Brown d’aller plus loin que ne l’avaient souhaité leurs propres administrations sur les paradis fiscaux, les hedge funds et la rémunération des patrons.
L’avenir de l’Afrique passe aussi par l’économie. Mais, naturellement, la relation entre la France et l’Afrique est bien plus profonde et complexe. Il est impossible de faire table rase du passé, des souvenirs, des habitudes… Partons de cette histoire commune et faisons-la évoluer dans un climat dépassionné, sur des bases saines, tout en respectant la souveraineté des États. À Dakar et au Cap, la France a dit comment elle voyait cette évolution avec une Afrique qui doit se prendre en main, s’assumer, travailler à sa propre renaissance, et dont la France entend
« À Dakar, ce fut un discours de respect et de sincérité. La France n’a pas à en rougir. »
Vous étiez du dernier voyage du président dans les deux Congos et au Niger, trois pays où les intérêts économiques ont semblé primer le politique. Pourquoi devrions-nous avoir honte de défendre nos intérêts économiques face à des pays comme la Chine?
être un partenaire et non plus un tuteur. Coresponsabilité, codéveloppement, co-investissement, solidarité, tels sont les maîtres mots de l’avenir. À Kinshasa, à Brazzaville, à Niamey, la France a creusé ce sillon dans la perspective d’une grande et forte solidarité eurafricaine. Que vous inspire la repentance exprimée par Ségolène Royal pour le discours du président Sarkozy à Dakar? La France n’a pas à rougir du discours de Dakar. C’était un discours de respect, de vérité, de sincérité, y compris sur la colonisation. ■ Propos recueillis par PASCAL AIRAULT J E U N E A F R I Q U E N ° 2 518 • D U 12 A U 18 AV R I L 2 0 0 9
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TERRORISME
ni, qui frappent en Afghanistan et sont liés à Al-Qaïda ; mais aussi le Lashkar e-Taïba, créé par l’ISI dans les années 1980 pour contrer l’influence indienne au Cachemire (il est l’auteur des attentats de Bombay, en novembre 2008). L’ISI ne se borne pas à fournir à ses « amis » de l’argent et des armes. Il recrute pour eux dans les madrasas et leur fournit plans et conseils stratégiLes services de renseignements pakistanais continuent de ques. À tel point que les Britanniques soutenir en sous-main les djihadistes. Obama somme Zardari auraient demandé aux Pakistanais de les mettre au pas. Mais ce dernier en est bien incapable! d’user de leur influence pour modérer les ardeurs des chefs talibans. ’heure des comptes pour le Un article du New York Times paru le Tandis que le gouvernement pakisPakistan ? Contrairement à la 25 mars n’incite guère à l’optimisme. À tanais promet une nouvelle fois d’agir, précédente, la nouvelle admien croire ses auteurs, qui ont recueilli les responsables de l’ISI persistent et nistration américaine n’entend des témoignages de première main, signent : nos agents constituent une pas se laisser mener en bateau. Robert l’ISI aide beaucoup plus de groupes ter« force d’appoint qui servira nos intéGates, le secrétaire à la rêts » lorsque les AmériDéfense, l’amiral Mike cains partiront d’AfghaMullen, chef d’étatnistan, plaident-ils, en major interarmes, et invoquant la nécessité R ichard Holbrooke, de conserver une « prol’envoyé spécial dans fondeur stratégique » la région, l’ont dit sans en territoire afghan ambages diplomatipour empêcher l’Inde ques : l’Inter-Services d’y pousser ses pions. Intelligence (ISI), les « Dans le domaine du services secrets pakisrenseignement, il faut tanais, doivent rompre être en contact avec une fois pour toutes l ’e n ne m i , si non on avec les talibans. avance à l’aveugle », Le 27 mars, Barack estime Javed Ashraf, Obama, qui présenun ancien directeur tait sa stratégie pour général de l’ISI. l’A fg ha n i st a n et le Un argument auquel Pakistan (« AfPak »), les Américains ne font Arrestation d’un suspect a sommé le gouvermême plus semblant après un attentat nement d’Islamabad de croire. Depuis l’été le 30 mars à Lahore. de « prouver sa déter2008, leurs forces spémination à éliminer ciales sont engagées LITANIE MACABRE Al-Qaïda et tous les des deux côtés de la 7 juillet 2008 Attentat à la bombe 27 mars Attentat contre extrémistes violents » frontière et leurs drocontre l’ambassade de l’Inde à une mosquée dans le nord-ouest s ’i l veut bénéf ic ier nes survolent les vastes Kaboul, sans doute planifié par du Pakistan : 50 morts. de l’aide américaine zones tribales du Norddes membres de l’ISI : 45 morts. (1,5 milliard de dollars Ouest pour frapper les 30 mars Attaque à la sur cinq ans). talibans et les djihadis26 novembre 2008 Attentats grenade contre un centre Le temps presse. Le tes d’Al-Qaïda au cœur de Bombay (Inde), attribués de formation de la police, président Asif Ali Zarde leu r sa nc t ua i re. au Lashkar e-Taïba : 172 morts. près de Lahore : 20 morts. dari ne pèse pas lourd Avec interdiction de face à une armée et à laisser les militaires 3 mars 2009 Attaque contre 5 avril Attentat-suicide contre des services de renseip a k i s t a n a i s g u ide r l’équipe de cricket du une mosquée chiite dans gnements infiltrés par leurs drones, utiliser Sri Lanka, à Lahore : 8 morts. le nord du Pakistan : 22 morts. des extrémistes qui, leurs hélicoptères de désormais, unissent combat et même leurs leurs forces. Selon plulunettes de vision nocsieurs experts, le Pakistan est menacé roristes qu’on ne l’imaginait. Parmi ces turne. « On ne peut pas réussir quand de sombrer dans le chaos d’ici six à derniers: les talibans du célèbre mollah il y a un tel manque de confiance », douze mois. Les attentats se multiplient Omar, basés à Quetta, près de la frondéplore Ashraf. Mais comment pour(1700 morts en dix-huit mois) et déstatière afghane; les islamistes radicaux de rait-il en être autrement ? ■ JOSÉPHINE DEDET bilisent toute la région. Gulbuddin Hekmatyar et du clan Haqqa-
LʼAmérique dans le bourbier « AfPak »
MOHSIN RAZA / REUTERS
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ILS VIENNENT D’AFRIQUE, ILS ONT RÉUSSI AILLEURS
PARCOURS
ZÊDESS En éreintant le candidat Sarkozy, le chanteur burkinabè sʼest acquis une belle notoriété sur Internet. Désormais installé à Bruxelles, il rêve de se faire un nom en Europe.
Z
êdess chante ses convictions depuis vingt ans. Au Burkina, il est une superstar. En Europe, où il réside depuis sept ans, sa popularité n’a longtemps pas dépassé le cercle des amateurs de musique africaine. Jusqu’à ce qu’une petite vidéo mise en ligne sur Internet le 2 décembre 2006 devienne l’un des gros buzz de l’année 2007 et lui permette de s’y faire un nom. En pleine campagne présidentielle française, le clip « Un Hongrois chez les Gaulois » critiquait avec un humour cinglant la politique d’immigration choisie prônée par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur et candidat à l’Élysée : « Fini l’époque du négro musclé belles dents / Aujourd’hui, il veut du Noir diplômé, intelligent / C’est ça le critère du nouveau négrier / qui a le culot d’aller en Afrique pour l’expliquer. » Le clip a été vu plus de deux cent mille fois. L’artiste a fait le tour des plateaux de télévision et… profité de l’aubaine pour accélérer la sortie en Europe de Sagesse africaine, son dernier album – autoproduit. Depuis 2005, celui-ci était distribué en Afrique, mais peinait à trouver preneur ailleurs. Le label Lusafrica, qui produit notamment la star cap-verdienne Cesaria Evora et avait déjà travaillé à deux reprises avec Zêdess, n’a pas laissé passer l’occasion : il a intégré le tube à l’opus et en a assuré la diffusion. À l’époque, certains ont accusé Zêdess – Zongo Seydou de son vrai nom – d’avoir cherché à faire un coup commercial. Protégeant son crâne du froid bruxellois par une casquette à l’effigie de Che Guevara, l’intéressé répond à peine à ces attaques. Il sait que, jalonnée de combats progressistes, sa carrière parle pour lui. Son prochain album, dont la sortie est prévue pour 2010, sera d’ailleurs, prévient-il, « le plus violent » de tous. Étudiant en anglais à l’université de Ouagadougou en 1990, il enregistrait déjà avec l’orchestre de la fac une première composition engagée. « Mimi » parlait d’un type qui n’a pas un sou en poche et se fait piquer sa copine par un autre, plus riche que lui. C’était déjà une forme de lutte contre la puissance de l’argent », commente-t-il. Si « Mimi » ouvre sa discographie officielle, Zêdess a pourtant tâté de la musique dès le Lycée technique d’Abidjan (LTA), en 1985. À l’époque, son groupe s’appelait LTA Vibrations. Lui-même était aux percussions, mais jouait aussi les choristes, à l’occasion. Pourtant, sa passion pour la musique n’a rien d’une tradition familiale. Burkinabè expatriés en Côte d’Ivoire, ses
parents vivaient de la culture du café et du cacao. Ils tenaient aussi un atelier de couture dans la région d’Aboisso, dans le sud-est du pays. « Je n’ai pas reçu de formation académique, précise l’artiste. Je fonctionne à l’instinct, à l’émotion. Depuis tout petit, je ne supporte pas l’injustice. » PARALLÈLEMENT À DES ÉTUDES DE LANGUES, Zêdess poursuit son aventure musicale. En 1992, le « home studio » d’un ami, à Ouaga, lui permet d’enregistrer un master de plusieurs chansons. Avec l’aide de quelques proches, il bricole une pochette, tourne un clip et se met en quête d’un nom de scène. Il le trouve dans un bar : ce sera Zêdess. Comme ses initiales : ZS. Quand il retourne à Abidjan pour la duplication du master sur cinq cents cassettes, il est aux anges: « C’était comme un rêve, l’objectif était d’exister en tant que chanteur. » Titre de ce premier album: Y’a plus de boulot. Mais de là à vivre de son art… Professeur d’anglais et d’histoire-géo au collège Gabriel-Taborin, à Ouagadougou, Zêdess s’obstine et, en 1995, sort un deuxième album intitulé Embouteillage. Cette fois, il s’entoure de musiciens confirmés, enregistre au studio JBZ d’Abidjan, organise une conférence de presse
« Aujourd’hui, il veut du Noir diplômé, intelligent / C’est ça le critère du nouveau négrier. » et engage un manager. À l’heure où la FM et les radios libres font leur apparition au Burkina, il est temps pour lui de professionnaliser son travail… La clé de son succès, ce sont pourtant ses textes. Dans une société encore gangrenée par la corruption, ses paroles font mouche. « Fonctionnaire sans conscience » ou « Le colon noir » évoquent les pots-de-vin et la domination du peuple par une nouvelle élite, africaine celle-là. Mais c’est avec « Ouaga sans char », une chanson sur la difficulté de se déplacer dans la capitale burkinabè sans véhicule motorisé, qu’arrive la renommée. Les concerts se succèdent, le professeur est contraint de délaisser ses élèves pour se consacrer entièrement à la musique. « Enseigner me manque, mais je continue sous une autre forme. Le micro a remplacé la craie, et le disque le tableau », se console-t-il. Deux ans après Embouteillage, Zêdess sort Où allonsnous? Troubadour des sans-voix, il y interroge les valeurs occidentales et africaines. « À Ouaga, il n’est pas rare que J E U N E A F R I Q U E N ° 2 518 • D U 12 A U 18 AV R I L 2 0 0 8
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17 mars 1966 Naissance à Aboisso (Côte d’Ivoire) 1992 Sortie de Y’a plus de boulot 1995 Sortie d’Embouteillage 1997 Premier concert en France 1998 Assassinat du journaliste Norbert Zongo 2005 Sortie de Sagesse africaine 2007 Mise en ligne du clip Un Hongrois chez les Gaulois 2010 Nouvel album, Festival de reggae de Ouagadougou
des gens viennent me trouver pour me signaler que telle ou telle chose ne va pas, raconte-t-il. Vous comprenez alors que, pour une certaine catégorie de personnes, vous comptez vraiment. » DANS LE MÊME TEMPS, DES PORTES SE FERMENT
devant lui. Plus ou moins discrètement. C’est que, avec des titres comme « Directeur voleur », l’artiste dérange. Il est moins souvent invité dans les manifestations officielles ? Qu’importe, sa notoriété s’étend peu à peu à toute l’Afrique de l’Ouest et même à la France. En août 1997, il se produit au Divan du monde, une salle parisienne spécialisée dans les musiques venues d’ailleurs. Sa prestation est diffusée sur Canal France International (CFI) et TV5. C’est alors que le label Lusafrica le repère, lui fait signer un premier contrat pour Où allons-nous ? et lui demande d’écrire un quatrième album. Zêdess reprend la plume, mais la satire a perdu de son âcreté. L’assassinat du journaliste Norbert Zongo, le 13 décembre 1998, lui a fait mal. « J’ai été déstabilisé, confie-t-il. Je respectais l’intégrité de Zongo. Avec sa disparition, une étoile s’est éteinte au Faso. » Il se reprend
vite. Enregistré à Paris, l’album Accroche-toi est dur, amer. Zêdess y dédie le titre « Mon crime » à l’homme de presse, reprenant l’une de ses phrases favorites : « Le pire n’est pas la méchanceté des gens mauvais, c’est le silence des gens bons. » Est-ce cette disparition qui l’incite à s’installer définitivement en Belgique, en 2001 ? Lui affirme que c’est d’abord pour y vivre avec l’élue de son cœur… Quoi qu’il en soit, l’expatriation est tout sauf évidente. Zêdess reste l’oreille collée à Radio France Internationale. Mais il continue de composer, participe à une compilation en faveur de l’annulation de la dette du Tiers Monde. En 2005, à Ouaga, il crée le Fredo, un festival de reggae (interrompu pendant deux ans, celui-ci devrait reprendre en 2010), et sort un cinquième album, Sagesse africaine, dans lequel il dénonce la politique de George W. Bush, la dépendance aux nouvelles technologies et les institutions financières internationales. Parce qu’on n’a « pas attendu les leçons d’un président pour prendre conscience des problèmes, en Afrique comme ailleurs ». ■ OLIVIER BAILLY, à Bruxelles
Photo : GAËL TURINE pour J.A.
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CORÉE DU NORD
Pétard mouillé
T
out se passe comme si, pour exister sur la scène internationale, le régime nord-coréen avait périodiquement besoin de défier l’hyperpuissance américaine à l’aide de sa quincaillerie balistique et nucléaire héritée des temps soviétiques – et habilement bricolée depuis. Après les crises de 1998 et de 2006, il vient de s’offrir un énième psychodrame. Le 5 avril, l’agence officielle KCNA annonce qu’un satellite expérimental a été lancé de la base Musudan-ri et placé sur orbite terrestre afin de diffuser des « hymnes révolutionnaires éternels ». Émotion immédiate à Séoul, Tokyo et Washington : s’agit-il vraiment d’un satellite? N’est-ce pas plutôt un missile longue portée capable de frapper jusqu’à l’Amérique ? L’engin tant redouté n’est
Musudan-ri, site de lancement du missile Pekin
RUSSIE SIE
CORÉE DU NORD Pyongyang
pourtant pas allé bien loin! Le premier étage de la fusée qui le transportait a plongé dans la mer du Japon tandis que les deuxième et troisième s’abîmaient un peu plus loin, dans l’océan Pacifique. Un pétard mouillé, mais peu importe. Très vite, le Conseil de sécurité de l’ONU se réunit. Comme d’habitude, les Occidentaux appellent à une aggravation des sanctions, auxquelles, comme d’habitude, Chinois et Russes s’opposent. À Pyongyang, Kim Jong-Il éclate en sanglots : dire que l’argent ainsi dilapidé aurait pu servir à « améliorer le niveau de vie du peuple » ! À Pékin, les négociations à six sur la dénucléarisation de la Corée du Nord vont reprendre et, comme d’habitude, piétiner avec application. Jusqu’au prochain sketch du M.Z. « cher leader ». ■
Trajectoire supposée suppos du missile Taepodong-2 Taepodong-2
Séoul
CHINE 500 km
COR RÉE DU S SUD
JAPON O
Tokyo Tokyo
Chute du premier étage
Chute des deuxième et troisième étages et de la charge
Océan Pacifique Navires japonais et américains équipés de systèmes antimissiles
Exclusion dʼun futur imam « républicain » FRANCE
L
a formation d’imams « à la française » vient de subir un premier revers avec l’exclusion de l’un des vingt-cinq étudiants de la deuxième promotion, un certain Abdessamad Merimi, auparavant prédicateur à Grigny, dans la banlieue parisienne. Motif : il aurait, à plusieurs reprises, tenu des propos antisémites, au point de choquer certains de ses condisciples. L’intéressé dément et plaide le « malentendu », mais son exclusion et les raisons qui l’ont motivée ont été confirmées, le 7 avril, par le ministère de l’Intérieur. C’est ce même ministère qui, en 2003 – il était à l’époque dirigé par Nicolas Sarkozy –, a été à l’initiative de la création du Conseil français du culte musulman (CFCM), puis de la formation d’imams censés enseigner, outre la théologie, le respect des valeurs républicaines. Faute de consensus au sein du CFCM, ladite formation a été confiée à l’Institut catholique de Paris, en partenariat avec l’Institut musulman de la Grande Mosquée de Paris. Ni l’un ni l’autre n’ont souhaité F.GHO. s’exprimer sur le sujet. ■
Zeituni Onyango à la sortie du tribunal de Boston, le 1er avril.
AP/SIPA
Il a suffi dʼun tir de fusée raté, le 1er avril, pour déclencher un énième psychodrame international.
ÉTATS-UNIS
De lʼembarras dʼavoir une tante
«
O
ui, Barry, ton père avait un trop grand cœur. Il donnait à tous ceux qui le lui demandaient. Et tout le monde le lui demandait. […] Il faut mettre une limite. Si tout le monde est de la famille, personne n’est de la famille. » Ainsi parle Zeituni Onyango (56 ans), la tante kényane de Barack Obama, dans Les Rêves de mon père. C’est elle qui, en 1988, est venue l’accueillir à l’aéroport de Nairobi lors de son premier séjour au Kenya. Depuis, son neveu est devenu président et elle-même a rejoint les États-Unis. Une semaine avant l’élection de novembre 2008, le Times, de Londres, a révélé qu’elle occupait illégalement un logement social de la ville de Boston et était, depuis 2004, sous le coup d’un arrêt d’expulsion. « Si elle est en contravention avec la loi, cette dernière doit être appliquée », s’est borné à commenter Obama. Le 1er avril, un tribunal de Boston a de nouveau examiné, à huis clos, la demande d’asile politique d’Onyango, qui s’occupe désormais d’assistance sanitaire aux personnes en difficulté. Mais il a différé sa décisionjusqu’au 4 février 2010. « Dieu merci! » a lancé la requérante. S’appuyant sur une canne, portant une perruque rousse, un grand manteau et des lunettes de soleil, elle a quitté le tribunal par une porte dérobée afin d’éviter les caméras massées devant l’entrée. Elle sait que son neveu ne peut pas intervenir en sa faveur : « Si tout le monde est de la N.M. famille… » ■
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ECOFINANCE M ARCHÉS
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INDUSTRIE
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M ANAGEMENT
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COMMUNIC ATION
INTERVIEW
Christine Lagarde MINISTRE FRANÇAISE DE LʼÉCONOMIE, DE LʼINDUSTRIE ET DE LʼEMPLOI
« La dévaluation du franc CFA nʼest pas à lʼordre du jour » Propos recueillis par JEAN-MICHEL MEYER et PASCAL AIRAULT
D
ébriefing au sommet le 17 avril, à Ouagadougou. À l’occasion de la réunion des ministres de l’Économie et des Finances de la zone franc qui se tiendra dans la capitale burkinabè, Christine Lagarde, 53 ans, détaillera à ses homologues africains les retombées du G20 pour le continent. Entre la vente d’une partie des réserves d’or du FMI et l’augmentation des prêts des banques régionales de développement, ce sont plus de 100 milliards de dollars qui lui seront en partie consacrés. Mais, pour faire face au dollar faible qui pénalise les exportations africaines, il ne sera pas question de mettre à l’ordre du jour la dévaluation du franc CFA ou son arrimage à un panier de devises. Première femme à la tête du ministère de l’Économie, l’ancienne avocate plaide pour le maintien de la parité du franc CFA avec l’euro, seul rempart anticrise. ■
VINCENT FO
URNIER/J.A.
JEUNE AFRIQUE: Quel message allez-vous délivrer lors du sommet de la zone franc du 17 avril? CHRISTINE LAGARDE : Je veux poursuivre le dialogue entamé avant le G20 du 2 avril dernier, à Londres. En amont du sommet, j’avais invité à Paris, le 23 février dernier, mes collègues de la zone franc pour leur rendre compte de l’état des discussions, des avancées, des perspectives, et voir dans quelle mesure ce sommet pouvait jouer un
rôle dans leur développement. Pendant le G20, je les ai tenus informés de l’évolution des positions françaises et de la manière dont on les défendait. La représentation des pays africains nécessite des relais d’information réguliers. J’essaie donc de nouer et d’amplifier un dialogue avec les pays de la zone franc. Vous vous rendrez en personne à Ouagadougou. Est-ce un autre signal fort? C’est en effet la première fois qu’un ministre français des Finances parti-
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Apporterez-vous aussi des mesures concrètes aux pays africains dans leur lutte contre la crise qui les frappe durement? Clairement, les engagements pris par le G20 les concernent directement. Que ce soit par le triplement des ressources du FMI ou par l’augmentation des interventions de 100 milliards d’euros pour les banques multilatérales de développement. Mais, pour ce der nier point, n’est-ce pas surtout l’Asie qui en profitera? Nous allons en effet fortement augmenter le capital de la Banque asiatique de développement, puisque c’est dans cette région que le dossier était le plus avancé, mais nous allons aussi regarder la situation des autres régions, et les pays d’Afrique seront bien entendu concernés.
De quelle enveloppe disposera au total le continent? Soyons clairs. Plus de 100 milliards de dollars seront actionnés par le FMI et par les banques multilatérales de développement pour venir en aide aux pays en difficultés financières et pour financer leur développement. En outre, plus de 250 milliards de dollars supplémentaires seront affectés au droit de tirage spécial (DTS) du FMI. Dont 20 milliards iront vers les pays les plus pauvres.
BIO EXPRESS
1981 Avocate au barreau de Paris 1991-1995 Gérant du bureau parisien du cabinet américain d’avocat Baker & McKenzie 2004 Présidente du comité exécutif mondial Baker & McKenzie
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cipera en personne à une réunion de la zone franc à Ouagadougou. C’est dans la suite de ce dialogue que s’inscrit mon déplacement. J’en profiterai par ailleurs pour signer une convention d’aide budgétaire pluriannuelle avec le Burkina, avec lequel nous entretenons une coopération très fructueuse.
Quand les pays africains bénéficieront-ils de ces soutiens? C ’est l’aut re ava ncée concernant le FMI, avec la détermination d’assouplir les instruments de crédits pour mettre le plus rapidement possible les prêts à la disposition des pays. On peut imaginer que le FMI travaille sur des instruments véritablement flexibles, comme il l’a fait à la demande du Mexique pour un crédit de 47 milliards de dollars à la veille du G20.
Soutiendrez-vous les États africains qui souhaitent récupérer les avoirs des anciens dirigeants placés dans des paradis fis2008 Ministre caux ? de l’Économie, Où en est-on de la vente La France soutient depuis de l’Industrie d’une partie de l’or du l’origine les initiatives de et de l’Emploi FMI? la Banque mondiale pour L’utilisation de la vente aider les pays à recouvrer d’une partie des réserves d’or du FMI est les avoirs détournés. À l’occasion de la une autre mesure qui leur est destinée transparence qui devrait résulter de l’élidès lors que les pays africains sont les mination de centres non coopératifs, il principaux bénéficiaires des instruments est probable qu’il y aura des reflux d’acconcessionnels du FMI. Au total, les tifs qui dorment pour l’instant et qui se moyens d’intervention du Fonds pour les réveilleront peut-être. Il faudra être très pays pauvres seront doublés, et la France vigilant et très attentif. n’a pas ménagé sa peine pour obtenir cet engagement de ses partenaires. Y compris pour les pays de la Françafrique? Combien rapportera cette requête Je ne sais pas ce que c’est, chacun africaine? en donne une définition différente et Tout dépendra du cours de l’or. Elle je n’aime pas ce mot car il est entouré devrait permettre l’amélioration de la d’un halo de suspicion. De toute façon, la concessionalité et l’augmentation des France coopère totalement. Elle fournit volumes de prêts pour 6 à 7 milliards de toutes les informations quand il y a des dollars. C’est un exemple très précis de demandes légitimes et fondées. l’utilisation des ressources du FMI pour les pays africains. Des États de la zone franc voudraient 2005 Ministre déléguée au Commerce extérieur
récupérer les réserves de change qu’ils placent auprès de la Banque de France. Ce sujet sera-t-il débattu le 17 avril? Non, c’est une affaire entre les États et les Banques centrales africaines. Estce que les États de la zone franc peuvent reprendre leur argent et le dépenser ? Ce n’est pas à nous d’en décider même si, en tant que garants de la convertibilité du franc CFA, nous sommes bien sûr attentifs à l’évolution des réserves de changes africaines. Mais compte tenu des incertitudes liées à la conjoncture actuelle, je ne crois pas qu’il serait prudent de les diminuer de manière discrétionnaire. Par ailleurs, les fonds que gère la France pour le compte des pays de la zone franc à travers la Banque de France sont rémunérés de manière très avantageuse. Avec un dollar faible, qui pénalise les exportations africaines, des pays réclament l’arrimage du franc CFA à un panier de devises. Y êtes-vous favorable? D’abord, l’effet d’un dollar faible est à double face. Il pénalise les pays qui exportent mais pas vraiment ceux qui importent. Ce qui est un problème pour les uns est une solution pour d’autres. D’autre part, le fait d’avoir été en zone monétaire intégrée et accrochée à l’euro a constitué une zone géographique de stabilité financière et monétaire qui a été satisfaisante. Elle a joué un rôle d’amortisseur très utile à l’occasion de cette crise face à la volatilité des matières premières et des marchés des changes. J’ai évoqué cette question avec mes collègues de la zone franc en février à Paris. Nous étions tous d’accord. Et à propos de la dévaluation? Ce sujet n’est pas à l’ordre du jour. La dévaluation et l’arrimage du franc CFA à un panier de devises sont des serpents de mer. Que répondez-vous à ceux qui dénoncent une baisse de l’aide publique au développement [APD]? En dépit de la crise, l’APD de la France est à 0,39 % du revenu national brut [RNB)] en 2008, en progression de plus de 10 % par rapport à 2007. Soit 11 milliards d’euros. Ce qui est important, c’est que l’APD progresse hors annulation de dettes. Et nous avons la volonté d’aller vers l’objectif de 0,7 % du RNB en 2015.
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Christine Lagarde dans son bureau lors de l’interview, le 8 avril.
La France s’est distinguée ces derniers mois comme l’avocat de la Côte d’Ivoire auprès du FMI pour renégocier la dette de l’État ivoirien. Avezvous fait pression dans ce sens? Que nous soyons souvent l’avocat des pays francophones n’est ni étonnant ni nouveau. Mais, dans ce cas, c’était une proposition du directeur du FMI approuvée à l’unanimité des pays membres. Car la République de Côte d’Ivoire était sous programme du FMI, elle remplissait l’ensemble des conditions nécessaires et bénéficiait de l’avis favorable du directeur du FMI, donc rien d’étonnant à cela. C’est aussi un bon point dans la marche vers les élections. Pour le reste, le pays doit se mettre en règle. Et il a encore beaucoup de chemin à parcourir en termes de transparence et de bonne gestion avant d’atteindre le point d’achèvement. Reste la dette de 6 milliards de dollars à l’égard du Club de Paris. Ferez-vous un geste fort pour la Côte d’Ivoire? Le Club de Paris se réunit le mois prochain. La France jouera son rôle de présidence du Club de Paris, ce qui l’oblige à une certaine neutralité. Pour l’instant, nous avons aidé la Côte d’Ivoire à lever les obstacles techniques sur le chemin qui la mène à l’annulation de dettes. Nous l’avons, par exemple, aidée à réaliser un prêt relais auprès de la BAD, ce qui a facilité l’apurement de la dette auprès de la banque panafricaine. C’était dans l’intérêt de la stabilité politique et du processus démocratique. Ensuite, tous les créanciers de la Côte d’Ivoire sont attentifs au respect des règles. La
France doit regarder cela d’une manière impartiale et objective. Fin 2008, la France a accordé un prêt de 125 millions d’euros au Sénégal pour qu’il paie ses arriérés auprès du secteur privé. Y a-t-il eu d’autres demandes de ce type avec la crise? Non, nous n’avons pas été saisis d’autres demandes de ce genre. Un mot sur l’Algérie, qui vient de réélire son président. Que pensez-vous des privatisations du secteur bancaire qui piétinent? Les autorités algériennes procèdent par petits pas en faisant des petites privatisations. On attend une montée en puissance plus large. Mais, compte tenu de la situation des banques, des actifs, de l’incertitude des valorisations dans bien des cas, je comprends aussi que ce ne soit pas la période la plus favorable pour privatiser des établissements bancaires.
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tel pays producteur d’uranium. De façon plus systématique, nous travaillons avec l’AFD et sa filiale Proparco dans la foulée du discours du président de la République en Afrique du Sud. C’est-à-dire de solliciter les initiatives locales privées, de les accompagner et de participer à leur financement par voie de prêts. Avec la crise, pourtant, des pays du sud de la Méditerranée, comme le Maroc et la Tunisie, s’inquiètent de voir la France rapatrier sur son sol certains investissements. Une crainte justifiée? Moi, ce que j’ai entendu au cours de ces dernières semaines de la part de grands opérateurs français – je n’en nommerai aucun –, c’est qu’ils n’envisagent pas de relocalisations vers la France, mais d’Asie vers les pays d’Afrique et en particulier vers les pays du Maghreb. Où en est le projet de TGV marocain? L’implication de la France dans le projet de Ligne à grande vitesse au Maroc, qui permettra de relier le nord du pays à la capitale, est particulièrement structurant pour le développement économique de ce pays. L’avancement des contrats est très satisfaisant. La SNCF s’est installée au Maroc depuis le début de l’année, pour être aux côtés de l’ONCF et l’assister dans la maîtrise d’ouvrage. Un contrat
« Plus de 100 milliards de dollars seront activés pour aider les pays les plus pauvres. »
Soutenez-vous les patrons des groupes français comme Bolloré ou Areva dans leurs stratégies africaines? Je les rencontre régulièrement mais pas spécifiquement sur l’Afrique. Pour Bolloré, il n’a pas besoin de mon assistance pour exercer son activité d’entrepreneur. C’est forcément différent pour Areva puisque c’est une entreprise à capitaux publics. Nous sommes régulièrement impliqués pour examiner la feuille de route d’Areva, sa stratégie, les accords, les développements avec tel ou
permettant de couvrir l’ensemble des prestations réalisées par la SNCF jusqu’à la mise en service de la LGV a été signé le 9 avril. Pour mémoire, ces prestations sont financées grâce à un don octroyé par la France. Les premiers appels d’offres devraient être lancés d’ici à la fin de l’année 2009. Suivrez-vous François Fillon en Tunisie fin avril ? Un voyage du Premier ministre qui, dit-on, promet un important volet économique. Est-ce exact? Je serai pour ma part à Washington pour les assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI. ■
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MINES
Après le Botswana, De Beers ferme la RD Congo pierres qu’ils vont traiter. Résultat, la demande mondiale de diamants bruts a chuté de 50 % entre septembre et octobre 2008 et elle devrait baisser encore de 15 % d’ici à octobre 2009. Après le Botswana, où Debswana, coentreprise créée par De Beers et l’État botswanais, a pratiquement gelé la production de ses quatre mines (voir J.A. 2515), la RD Congo est touchée par les décisions de De Beers. Celui-ci a annoncé le 3 avril l’arrêt de l’exploration diamantifère dans ce pays. Une semaine auparavant, le groupe sud-africain avait déjà fermé son siège congolais, situé à une trentaine de kilomètres de Mbuji-Mayi, chef-lieu du Kasaï oriental (centre de la RD Congo), mettant plus de 300 personnes au chômage, au motif que ses découvertes de diamants dans la province se sont révélées « non viables économiquement ». ■ AFP PHOTO/ALEXANDER JOE
DE BEERS CONSIDÈRE QUE 2009 sera la « plus mauvaise année de l’histoire du diamant », marché dont il est numéro un mondial. Le conglomérat minier s’attend à un chiffre d’affaires divisé par deux. Détenu à 45 % par Anglo American, à 40 % par la famille Oppenheimer et à 15 % par le gouvernement du Botswana, le groupe n’est pas coté et ne communique pas le détail de ses comptes. Il annonce Anticipant une baisse de 50 % des ventes, le avoir réduit de 40 % sa production groupe minier a fortement réduit sa production. par rapport à l’année précédente. « Nous pensons dégager un bénéfice en 2009 même si le chiffre d’affaires largement le secteur, dont il a détenu le chute de 50 %, a indiqué Stuart Brown, monopole pendant des décennies. À la son directeur financier, au Financial faveur de cette situation, le groupe avait Times. Comme nous avons anticipé très mis en place un système marchand, toutôt la situation, nous sommes en mesure jours en vigueur aujourd’hui, que la crise de survivre en 2009 et 2010 sans besoin financière a doublement frappé: la forte de recapitaliser. » baisse du marché du luxe a été ampliEn d’autres termes, De Beers se donne fiée par l’assèchement du crédit, alors les moyens d’échapper à une ouverture que la très grande majorité des tailleurs du capital et de continuer à dominer de diamants s’endettent pour acheter les
PATRICK SANDOULY
EN BREF ÉGYPTE MOBINIL DEVIENT ORANGE La justice a tranché en faveur d’Orange dans le conflit qui l’opposait à Orascom Telecom pour le contrôle de Mobinil, en Égypte. Orascom en détenait 28,75 % et souhaitait acquérir les 71,25 % d’Orange. C’est finalement l’inverse qui se produira. Premier opérateur de GSM du pays, Mobinil comptait 20,1 millions de clients à la fin de 2008.
TRANSPORT L’AFRIQUE SOUTIENT BOLLORÉ Le groupe Bolloré annonce un chiffre d’affaires de 7,3 milliards d’euros en 2008, en hausse de 14,56 % et un bénéfice en baisse de 80 %, à 65 millions d’euros. L’activité transport et logistique, essentiellement tournée vers l’Afrique, progresse fortement, rééquilibrant les comptes des médias et de l’industrie et leur développement.
MARITIME CMA-CGM : BÉNÉFICE DIVISÉ PAR HUIT CMA-CGM a publié un CA 2008 en hausse de 28,2 %, à 10,3 milliards d’euros, pour des volumes transportés de 8,9 millions de conteneurs EVP (+ 15,6 %). Mais le bénéfice net a été divisé par huit, à 94 millions d’euros. L’armateur lance un plan d’économies de 600 millions d’euros et reste convaincu du maintien de son activité en 2009.
MAROC ATTIJARIWAFA BANK EN GRANDE FORME Le numéro un bancaire marocain – et septième africain – annonce une hausse de 27 % de son résultat net en 2008, à 3,1 milliards de DH (279 millions d’euros) et de 25 % de son PNB. Attijariwafa Bank vise 6 millions de clients en 2012 (4,2 millions en 2008). Ses filiales en Afrique subsaharienne représentent déjà 8 % du bénéfice.
ALGÉRIE PREMIERS ESSAIS DU MÉTRO Succès pour le métro d’Alger, dont une rame a roulé lors d’un essai médiatisé le 5 avril. Pour l’heure, il n’existe qu’une seule ligne, entre Kouba et Hussein-Dey, opérationnelle à « l’automne prochain », a promis Amar Tou, ministre des Transports. Qui a également indiqué qu’une « étude de faisabilité est en cours pour la ville d’Oran », à l’ouest.
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L A S E M A I N E D ’ EC O F I N A N C E 71 2008. Côté marocain, malgré une baisse de 10 % du nombre de nuitées à la fin de février 2009, selon l’Observatoire du tourisme, l’on se satisfait de l’amélioration enregistrée à Fès (+ 14 % en un an) et Meknès (+ 8 %), alors que Ouarzazate (– 31 %), Rabat et Marrakech (– 18 %) sont très affectés.
FINANCE
First Bank renoue avec Ecobank First Bank of Nigeria annonce la reprise de négociations avec le groupe Ecobank, présent dans vingt-six pays africains, dont le Nigeria. Les deux groupes avaient déjà envisagé un rapprochement en 2005. Il aurait créé un géant ouest-africain, parmi les dix premiers groupes bancaires du continent. Les discussions avaient duré plus d’un an. First Bank est la première banque nigériane et la dixième africaine par le total de bilan, mais elle est peu présente hors de ses frontières, alors que ses concurrentes, UBA, Access et Zenith, notamment, sont parties à la conquête des marchés extérieurs depuis deux ans. D’où son intérêt pour Ecobank, qui ne l’entend pas forcément de cette oreille. Au siège du groupe, à Lomé, on confirme la reprise de négociations, tout en précisant qu’« elles sont encore loin d’être conclues ».
SÉNÉGAL
LʼÉtat cède 10 % de Sonatel Le Sénégal et France Télécom ont signé, le 8 avril, un protocole d’accord qui conduira le groupe français à acquérir 9,87 % des parts de Sonatel détenues par l’État sénégalais. Ce dernier restera actionnaire avec 17,28 %, tandis que France Télécom passera à 52,2 %. La transaction devrait intervenir d’ici à la fin de juin, avec une distribution exceptionnelle de 50 milliards de F CFA (76 millions d’euros) aux actionnaires et la cession de 987 000 actions au prix de 156 273 F CFA (238 euros) par action, soit une prime de 32 % sur le cours du 7 avril. Le ministre de l’Économie et des Finances, Abdoulaye Diop, salue « le renforcement du partenariat stratégique ». Un banquier de la place dénonce au contraire une remise en cause du business plan de l’opérateur sénégalais, qui passe sous la coupe du groupe français.
TOURISME
Tunis et Rabat optimistes
GABON
Les recettes touristiques de la Tunisie (ci-dessus, Djerba) fléchissent à peine.
COLORISE/ALL OVER
La Comilog étend son emprise
Depuis le début de la crise, les prédictions se multiplient quant à ses répercussions sur le tourisme en Tunisie et au Maroc. Côté tunisien, si le nombre de visiteurs a quelque peu fléchi au cours du premier trimestre 2009, les recettes ont gagné un petit 0,9 % par rapport à la même période en 2008. D’où l’optimisme affiché par le ministre du Tourisme, Khelil Lajimi, qui estime que les réservations du mois en cours seront supérieures à celles d’avril
Malgré la baisse prévue de la production de manganèse en 2009, la Comilog maintient ses investissements industriels. Le président gabonais, Omar Bongo Ondimba, et Patrick Buffet, PDG du groupe français Eramet – actionnaire à hauteur de 67 % de la Comilog –, ont posé la première pierre du futur complexe métallurgique de Moanda, le 7 avril. Les investissements s’élèveront à 200 millions d’euros (135 milliards de F CFA) et seront répartis entre 2009 et 2013 pour une capacité de 65 000 tonnes de silicomanganèse et de 20 000 tonnes de manganèse métal. Ce projet est conditionné par la construction du barrage de Poubara, sur le fleuve Ogooué.
AGENDA
23-24 AVRIL Tunis, TUNISIE
MONÉTIQUE 4 e édition de Cartes Afrique, forum des technologies de la carte électronique. www.cartes-afrique.org
7-10 MAI
Casablanca, MAROC
FRANCHISE Salon marocain de la franchise. www.franchisemarocexpo. com
10-11 MAI
Alger, ALGÉRIE
MAGHREB Premier Forum des hommes d’affaires maghrébins. www.fham2009.com
13-14 MAI
Dakar, SÉNÉGAL
BANQUE Assemblées annuelles du groupe de la Banque africaine de développement. www.afdb.org
14-16 MAI
Dakar, SÉNÉGAL
MANAGEMENT Assemblée annuelle du groupe de l’Association des business-schools africaines. www.aabschools.com
15 MAI
Kinshasa, RD CONGO
ENTREPRENDRE Salon de la création d’entreprise et des opportunités d’affaires en RD Congo. www.jecreeaucongo.info
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CÔTE DʼIVOIRE
Les entreprises se positionnent
«
N
ous allons mettre limentaires, développer le commerce en œuv re toute une et les nouvelles technologies. série de réformes afin La France, qui a fortement appuyé le de relancer les actidossier ivoirien auprès des institutions vités », promet Charles Diby Koffi, de Bretton Woods, souhaite jouer un ministre ivoirien de l’Économie et des rôle pivot dans la reconstruction. Jean Finances. Avant d’égrener ses engageDollé, chef de la mission économique ments : création de tribunaux de commerce, réforme de la loi sur la concurrence, accélération des procédures administratives pour le remboursement des crédits de TVA, paiement de la dette intérieure aux entreprises privées, poursuite des incitations fiscales au Nord… En visite en France du 7 au 10 avril, Diby Koffi s’est rendu à Paris et à Rennes pour promouvoir l’image de la Côte d’Ivoire auprès des hommes d’af faires français. Le point de décision de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) acquis, la Côte d’Ivoire a prévu d’engager 17 000 milliards de F CFA (26 milliards d’euros) sur cinq ans pour réduire la pauvreté, restaurer des infrastructures dégradées, relanÀ Paris, le 7 avril, Charles Diby Koffi a cer les filières agricoles et agroa-
dévoilé un plan de 17000 milliards de F CFA.
MAROC
à Abidjan, rappelle les avantages de l’économie du pays pour les entreprises hexagonales : un marché régional, un secteur privé dynamique, un espace francophone et francophile… L’Agence française de développement (AFD) a opéré son retour en 2008 et travaille dans l’optique d’un programme de sortie de crise. Dans les milieux d’affaires, on souhaite reconquérir les marchés perdus et ne pas se faire ravir la place de premier partenaire. La France en Côte d’Ivoire, c’est 700 entreprises, 40 000 emplois et de grands contrats dans le domaine portuaire, la construction, la gestion de l’eau et de l’électricité. Après avoir proposé son aide à l’Angola et à la République démocratique du Congo, la Chine commence à se positionner. « Une vingtaine d’entreprises chinoises sont déjà présentes dans l’automobile, les télécoms, les infrastructures, l’exploitation minière et pétrolière, indique M e Pierre Koffi Djemis, fondateur du cabinet d’affaires PKD. Pékin a annulé 40 % de la dette ivoirienne, réhabilité plusieurs ministères, et s’est engagé à construire des hôpitaux et des écoles. » ■ A RAMASORE/GALBE.COM
À PEINE SES RELATIONS NORMALISÉES AVEC LES BAILLEURS DE FONDS, LE PAYS ENTREPREND DE PROMOUVOIR SON ÉCONOMIE AUPRÈS DES HOMMES D’AFFAIRES FRANÇAIS. ET CHINOIS.
PASCAL AIRAULT
Veolia, Bouzid et Hakam emportent les bus de Rabat
U N CONSORT I U M COM POSÉ de Veol ia Tra n spor t (51,04 %) et des groupes marocains Bouzid (28,06 %) et Hakam (20,90 %) a remporté l’appel d’offres pour la gestion du réseau d’autobus des villes de Rabat, Salé et Témara. Il était en concurrence avec le britannique National Express et le français Keolis, filiale de la SNCF. Le contrat, qui prendra effet à partir d’août 2009, fera de la société d’exploitation le nouveau délégataire du réseau pour quinze ans. Ce contrat s’inscrit dans la politique de grands travaux entamés en 2007 dans la capitale du Maroc, dont la croissance de la population crée de plus en plus d’engorgements et où les transports en commun sont sous-développés et vétustes. Veolia a repensé intégralement le réseau des transports, en continuité avec les lignes de tramway qui seront mises en service en 2010. Six nouveaux axes seront définis et des voies dédiées aux bus seront créées sur un total de 83,3 km.
L’investissement de 180 millions d’euros sera essentiellement consacré au renouvellement du parc existant. 560 véhicules – dont 150 autobus articulés – plus confortables et plus respectueux de l’environnement seront mis en service. Veolia compte faire des bénéfices par la perception de recettes commerciales auprès des usagers. Le prix du ticket va-t-il exploser ? « Absolument pas », répond-on du côté de la wilaya comme de Veolia, qui parle de prix équivalents à ceux pratiqués actuellement (3 DH, soit 0,27 euro pour un ticket). La question de l’emploi a également occupé une place centrale dans le choix de Veolia. Pour les autorités, l’objectif était à la fois d’intégrer les salariés appartenant aux différentes sociétés privées de transports et les salariés de l’ex-Régie autonome de transport urbain de Rabat. Du côté de Veolia, on s’engage à employer et à former plus de 3 000 collaborateurs. ■ LEÏLA SLIMANI J E U N E A F R I Q U E N ° 2 518 • D U 12 A U 18 AV R I L 2 0 0 9
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MBAYE ALIOU/PANAPRESS/MAXPPP
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Après le succès des débuts, la compagnie n’a cessé de décliner.
TRANSPORT AÉRIEN
Lune de fiel entre le Maroc et le Sénégal L A RUPTURE EST CONSOMMÉE ENTRE LES DEUX ACTIONNAIRES D’A IR SÉNÉGAL INTERNATIONAL, LA RAM ET L’ÉTAT SÉNÉGALAIS, QUI SE DÉCHIRENT UNE NOUVELLE FOIS DEVANT LES TRIBUNAUX.
C
hronique d’une mort annoncée ? Le dernier épisode du différend qui oppose depuis 2007 Royal Air Maroc (RAM) à l’État du Sénégal sur la maîtrise de la destinée d’Air Sénégal International (ASI) ne laisse guère planer de doute sur l’issue fatale qui guette la compagnie aérienne sénégalaise. L’ordonnance du tribunal régional de Dakar du 6 avril a donné un avis globalement favorable aux demandes de l’État formulées le 30 mars 2009, Dakar reprochant à la RAM sa décision de se retirer totalement d’ASI au plus tard le 30 juin 2009. L’assignation à comparaître adressée à la compagnie marocaine avait pour objectif de contraindre la RAM, qui détient 51 % du capital d’ASI depuis 2001, à rester l’actionnaire de choix de la compagnie. À la grande satisfaction des pouvoirs publics, le juge a ordonné la désignation d’un expert judiciaire chargé d’auditer la compagnie et a interdit à la RAM de plier bagage avant la remise de ses conclusions « sous peine d’une astreinte financière excessivement lourde ». « Il est clair qu’il serait impossible à quiconque de maintenir le pavillon aérien sénégalais sans le concours minimal des premiers responsables de ce pavillon », a affirmé Driss Benhima, le président de la RAM, en réaction à la
sentence. Décidé à ne pas se laisser faire, il a aussitôt précisé que sa compagnie allait faire appel de la décision. À Casablanca, au siège, le ton est moins policé. « L’assignation nous a surpris, on ne s’y attendait pas du tout, concède-t-on en interne. En tout cas, ces prises de position vont à l’encontre des intérêts d’ASI, qui ne peut être que plus fragilisée, alors que plusieurs événements au cours de ces derniers mois lui ont déjà porté un lourd préjudice comme la non-attribution du pèlerinage à La Mecque, remporté par la RAM, le fait que le conseil d’administration ne se soit toujours pas réuni et, enfin, la saisie des comptes. » L’incompréhension est totale entre les deux anciens partenaires, dont le sort se joue désormais à la barre des tribunaux. « Nous avons beaucoup de
mal à comprendre la stratégie de l’État sénégalais. Un jour il veut récupérer la compagnie à son seul profit et, le lendemain, il nous assigne devant un tribunal pour nous condamner à rester dans ASI en nous obligeant à demeurer leur partenaire », poursuit-on à la RAM. Mais quelle que soit l’issue de ce bras de fer, il ne fait aucun doute qu’ASI n’en sortira pas indemne. Surtout que sa situation financière est catastrophique. DIFFÉREND STRATÉGIQUE
Tout a commencé à se gâter en octobre 2007, lorsque le ministre sénégalais des Transports aériens, Farba Senghor, a dénoncé une perte cumulée pour ASI de 12,9 milliards de F CFA (environ 20 millions d’euros) au 31 décembre 2005 et de 11 milliards de F CFA (17 millions d’euros) pour le seul exercice 2006. Accusant le partenaire marocain de mauvaise gestion, il avait alors annoncé la volonté du Sénégal de renforcer ses parts dans le capital d’ASI, qui devaient passer de 49 % à 75 % par l’apport de 20 à 24 milliards de F CFA. Le Sénégal a-t-il eu les yeux plus gros que le ventre? L’opération, qui devait ramener la part de la RAM à 25 % du capital, n’a jamais eu lieu. Dans le même temps, un différend stratégique est venu envenimer les relations entre les deux actionnaires. Dans l’euphorie du décollage réussi d’ASI, le gouvernement sénégalais a voulu accélérer le développement alors que Driss Benhima restait sur la position de départ : développer étape par étape une compagnie à l’ambition régionale limitée. Depuis, la situation n’a fait que se dégrader. Le sommet a été atteint lorsque la RAM a demandé, le 26 février 2009, la fameuse « feuille de route » définissant les modalités de son retrait. Ce qui paraît sûr, c’est qu’ASI aura mis la clef sous la porte avant que la justice ne détermine les responsabilités des deux partenaires. ■ JEAN-MICHEL MEYER et CÉCILE SOW, à Dakar
LA RAM DOMESTIQUE ATR ROYAL AIR MAROC RÉINVESTIT sur son marché domestique. En concurrence avec le tandem Regional Air Lines-Air Arabia (EAU), la RAM lancera cet été une nouvelle filiale pour les vols domestiques baptisée Royal Air Maroc Express. Pour équiper cette nouvelle entité, Driss Benhima, PDG de la RAM, vient d’annoncer la commande de six ATR (deux ATR 42-600 et quatre ATR 72-600 d’une capacité respective de 48 et 70 sièges) bénéficiant des dernières évolutions du constructeur européen. Leur livraison est prévue à partir du printemps 2011. En attendant, le constructeur ATR NICOLAS MARMIÉ louera à Royal Air Maroc 4 ATR 72-200. ■
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J.F. ROLLINGER/J.A.
Au Cameroun, l’exploitation forestière emploie plus de 20000 personnes.
AFRIQUE CENTRALE
Panique dans la filière bois L A CRISE MONDIALE FRAPPE LES FORESTIERS AU MOMENT OÙ LA LUTTE CONTRE L’EXPLOITATION ILLÉGALE COMMENÇAIT À S’IMPOSER. DES MILLIERS D’EMPLOIS SONT MENACÉS.
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out allait bien. En 2007, l’Afrique centrale a exporté 7,9 millions de m3 de bois brut vers l’Europe (60 %) et la Chine (30 %), en hausse de 6 % par an depuis 2004. Et la RD Congo, où l’exploitation reprenait progressivement, se préparait à exporter entre 6 millions et 10 millions de m3 par an à elle seule. « Nous avons enregistré une chute de 26 % des ventes au quatrième trimestre de 2008 », expliquent les dirigeants de l’exploitant forestier français Rougier. « Au Cameroun, à la fin de 2008, on s’attendait déjà à 2 000 licenciements », ajoute Samuel Nguiffo, directeur du Centre pour l’environnement et le développement (CED), qui fait autorité dans ce domaine en Afrique centrale. Il parle de 20 000 emplois directs et indirects menacés dans son pays et autant en RD Congo. « Plus de 6000 emplois sont supprimés », a annoncé, le 3 avril, le ministre ivoirien des Eaux et Forêts. La filière bois en Côte d’Ivoire emploie 15000 personnes. LES VENTES ONT CHUTÉ DE 26 %
Mais aujourd’hui, c’est la grande panne. Le BTP européen n’achète plus de bois exotiques. Les conséquences sont visibles dans les comptes de ses principaux fournisseurs. Pour Rougier,
qui emploie 3 000 personnes, le chiffre d’affaires a baissé de 11 % sur le dernier exercice, à 158,5 millions d’euros, et le groupe affiche un déficit de 3 millions d’euros. Pertes d’ampleur comparable pour le suisse Precious Woods, qui compte 2 300 salariés et présente un chiffre d’affaires en baisse de 17 %, à 87 millions d’euros, ou le leader danois DLH (3 800 employés), dont le CA a diminué de 14 %, à 671 millions d’euros. Bien qu’il soit l’un des principaux exportateurs du Cameroun, de Centrafrique et du Congo, le groupe de Hong Kong Vicwood ne communique pas de résultats.
Si les groupes à capitaux étrangers peuvent tenir – suivant les pays, ils traitent entre 50 % et 65 % des exportations –, la situation est beaucoup plus tendue pour les PME locales. Dans chaque pays, une cinquantaine d’entreprises seraient concernées. « Nous avons pris plusieurs mesures d’urgence, comme la suspension du paiement anticipé de la taxe d’abattage », explique-ton au cabinet du ministre de l’Économie forestière, à Brazzaville. VERS DES LABELS ÉCOLOGIQUES
Catastrophe ? Tout dépend de quel côté l’on se place. « Vu comment le secteur est géré, l’arrêt de l’activité est inéluctable à terme, explique Samuel Nguiffo. Autant que cela se produise aujourd’hui, que la forêt n’est pas épuisée. » Selon les sources, l’exploitation illégale toucherait entre 30 % et 60 % des exportations. Les grands exploitants soignent leur réputation en adhérant aux labels écologiques. L’objectif est double : ne prélever que ce que la forêt produit (lire encadré ci-dessous) et répondre à la pression grandissante des acheteurs de bois tropicaux. « Ceux qui ne s’y mettent pas disparaîtront tôt ou tard », prédit Marc-Antoine Mallet, directeur exécutif de Rougier, qui reconnaît que le dispositif industriel est plus efficace et la rentabilité meilleure mais que cette nouvelle forme d’exploitation revient plus cher. Lancé quand la filière était florissante, le mouvement de labellisation pourrait donc lui aussi marquer le pas. Il touche à peine 4 millions d’hectares aujourd’hui en Afrique centrale et visait d’atteindre 10 millions d’hectares à l’horizon 2012… Une goutte d’eau dans la deuxième forêt tropicale du monde, qui couvre plus de 200 millions d’hectares. ■ PATRICK SANDOULY et ANTOINE LABEY
FRAPPE CHIRURGICALE EN OCTOBRE DERNIER, le groupe français Rougier a obtenu son premier label FSC (Forest Stewardship Council) pour 688000 ha sur les 870000 ha de concessions qu’il détient au Gabon. La norme FSC comprend 10 principes et 56 critères de bonne gestion forestière. Elle impose d’effectuer un inventaire exhaustif de la forêt pour évaluer précisément la vitesse à laquelle elle se reconstitue. « Dès lors, on ne prélève que ce que la forêt produit, explique Marc-Antoine Mallet, directeur exécutif de Rougier. Les concessions ont été divisées en 30 parcelles de 60 000 ha. On exploite une parcelle par an, donc tous les trente ans, dont on extrait environ un arbre à l’hectare. » Le label FSC est reconnu aujourd’hui comme le plus sérieux par les professionnels du bois, les gouvernements et les ONG A.L. de défense de l’environnement. ■ J E U N E A F R I Q U E N ° 2 518 • D U 12 A U 18 AV R I L 2 0 0 9
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ECOFINANCE 75
TECHNOLOGIE
Samsung joue la carte verte
PREMIER TÉLÉPHONE SOLAIRE PRODUIT EN SÉRIE, LE BLUE E ARTH SÉDUIRA DAVANTAGE LES AMATEURS DE GADGETS QUE LES PROFESSIONNELS EN QUÊTE D’AUTONOMIE TOTALE.
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ans le téléphone comme De la forme d’un galet poli, le Blue ficielle. Une heure d’exposition au soleil dans l’automobile, l’écoloEarth est un mobile 3G+ équipé d’un permet de converser environ vingt-cinq gie est devenue un arguécran textile de 2,8 pouces (240 x 320 minutes. Mais pour disposer d’une automent commercial. Il est vrai pixels) et de nombreuses fonctions mulnomie de quatre heures, comparable à qu’en temps de crise tous les moyens timédias. Samsung affirme que la coque celle d’un modèle classique, il faut dix à sont bons : dans le mobile aussi, les est constituée de plastique PCM, fabriqué quatorze heures de recharge. ventes devraient baisser en 2009, de Exploitant jusqu’au bout le filon écolo5 % à 10 % – une première dans gique, le Blue Earth est doté de fonccette industrie. Voilà pourquoi les tions d’économie d’énergie et de constructeurs se lancent dans des préservation de l’environnement. modèles « verts », ou y réfléchisUn bouton permet de désactiver sent, comme Sony Ericsson avec la liaison Bluetooth, de réduire la son projet GreenHeart. Face au luminosité de l’écran et la durée Nokia 3110 Evolve et au Motodu rétroéclairage. Un podomètre rola W233 Renew, tous deux embarqué calcule les émissions peu gourmands en énergie et de CO2 économisées et le nombre construits avec des matériaux d’arbres sauvés en optant pour la recyclables, Samsung oppose le marche plutôt que la voiture. Et Blue Earth, qui, en outre, foncle chargeur secteur livré avec tionne à l’énergie solaire. En l’appareil ne consomme que 0,03 Afrique où, selon l’Agence interwatt en veille (0,5 watt pour les nationale de l’énergie, seulement plus énergétivores). Côté techni23 % de la population a accès au que, le Blue Earth n’a rien à envier réseau électrique, cette capacité aux mobiles actuels. Compatible est loin du gadget : recharger son Écran tactile d’un côté, chargeur solaire de l’autre. avec les réseaux 3G+, il est doté portable en toutes circonstances L’appareil perd en finesse mais reste élégant. d’un appareil photo numérique 5 correspond à un réel besoin. mégapixels, d’une radio FM RDS Il y a cinq ans, dans cet objectif, à partir de bouteilles recyclées. L’appaet d’un lecteur audio-vidéo. Il sortira en Motorola avait équipé certains téléphoreil intègre au dos des capteurs solaires Europe au second semestre à un prix nes d’une manivelle. L’appel à l’énergie lui permettant de s’alimenter en énergie encore inconnu. ■ CLAUDE CADELU solaire offre une alternative intéresaussi bien à la lumière naturelle qu’artisante à ce système, qui se révélait vite d’une utilisation fastidieuse. La techSAMSUNG BLUE EARTH nologie est déjà très présente en Asie – Recharge par courant électrique si besoin et soutenue par des fabricants locaux, – Écran tactile à faible consommation, visibilité tous angles à l’instar de l’accessoiriste Solio, qui – Compatible GPRS, Edge, 3G, 3G+ et Bluetooth vient de lancer un minuscule chargeur – Appareil photo de 5 mégapixels composé de trois panneaux solaires s’ouvrant en éventail. Côté construc– 10 heures de recharge par le soleil pour 4 heures d’autonomie teurs, le sud-coréen LG et le chinois – Pas de connexion WiFi ZTE travaillent à l’élaboration de por– Certaines fonctions « éco » tiennent du gadget tables rechargeables à l’énergie solaire. – Appareil plus épais et lourd qu’un iPhone Samsung est le premier à déployer cette technologie à grande échelle.
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Festival IL ÉTAIT UNE FOIS LE P
Quarante ans après avoir abrité le premier Festival panafricain de la culture, Alger retrouve ses pulsions africaines et sʼapprête à organiser, du 5 au 20 juillet, la seconde édition.
CHERIF OUAZANI
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urant les années 1960, au lendemain des indépenda nces, l’A f r ique avait connu deux grands événements culturels à l’échelle continentale : le Festival mondial des arts nègres (Fesman), à Dakar, en 1966 puis en 1977, et le Festival panafricain de la culture (Panaf), à Alger, en 1969. Ce dernier
est, depuis, entré dans l’imaginaire collectif comme symbolisant le mieux la période où Alger était La Mecque des révolutionnaires et des mouvements de libération… En 2007, quatre décennies plus tard, les ministres de la Culture de l’Union africaine, réunis à Nairobi, ont décidé de faire renaître ces deux manifestations. La capitale sénégalaise accueillera, en décembre pro-
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LIRE, ÉCOUTER, VOIR 77 Dibango tombe amoureux d’une station balnéaire algéroise, qui lui inspirera « Night in Zeralda ». Et, enfin, le saxophoniste américain Archie Shepp fait un bœuf avec une troupe touarègue sur le parvis de la célèbre mosquée de Ketchaoua, au pied de la mythique Casbah. Les autres invités se prénomment Amílcar Cabral, Agostinho Neto, Roberto Holden, Sembène Ousmane, Cheikh Anta Diop, Amadou Hampâté Bâ ou Joseph Ki-Zerbo. Autant de personnalités qui incarnent à la fois le combat libérateur, la mémoire et les pulsions du continent. Bref, une programmation ambitieuse et une première édition époustouflante. En haut lieu, au palais d’El-Mouradia, il n’est pas question que la seconde édition soit moins flamboyante que la première. Dilemme : com ment recréer le contexte de mobilisation autour de l’émancipation du continent près d’un demi-siècle après les indépendances ? Pour K halida Toumi, ministre algérienne de la Culture, l’équation est simple : « En 1969, Alger avait célébré la fin de la nuit coloniale. En 2009, elle célébrera la renaissance de la culture du continent. Algeria is back ! Africa is back, too ! » Pour réussir son rendez-vous continental, l’Algérie a débloqué un budget de plus de 55 millions d’euros, dont une quarantaine pour la réalisation du village des artistes à Zeralda – sans doute en souvenir de la participation de Manu Dibango de 1969 – d’une capacité d’hébergement de 2 500 personnes. Insuffisant, puisque sont attendus 8 000 participants originaires de 44 pays d’Afrique, des Caraïbes, d’Amérique latine et des États-Unis. La réalisation d’une nouvelle cité universitaire à Ouled Fayet, banlieue sudouest d’Alger, arrive à point nommé et devrait combler les déficits. Les grands palaces de la capitale seront également sollicités pour accueillir quelques chefs d’État. Quant au « roi des rois traditionnels d’Afrique » et président en exercice de l’Union africaine, Mouammar Kaddafi, on ignore encore où sera dressée sa tente de Bédouin et où broutera la chamelle dont il ne se sépare jamais. Durant ces deux semaines de festivités et après une cérémonie d’ouver-
Nina Simone, au Festival panafricain de la culture, à Alger en 1969.
ture que l’on annonce grandiose, sous la direction du chorégraphe algérien Kamel Ouali, et une parade populaire dans les rues d’Alger pour les 8 000 festivaliers, l’Algérie vibrera aux sons africains. Outre le volet musical avec plusieurs concerts par jour donnés par des vedettes du continent et de sa diaspora (on évoque, entre autres, le Malien Salif Keita, les Antillais de Kassav’, Khaled…), sont également prévus l’exposition de dix-huit chefs-d’œuvre du patrimoine immatériel africain et un hommage aux grands noms du théâtre subsaharien avec vingt-sept spectacles dont douze pièces algériennes créées pour l’occasion. Côté cinéma, et en sus de la projection sur tout le territoire algérien, à
GUY LE QUERREC / MAGNUM
Une programmation ambitieuse et une première édition époustouflante.
E PANAF... chain, la troisième édition du Fesman. Quant à Alger, elle abritera, du 5 au 20 juillet, quarante ans jour pour jour après la première édition, le Panaf. Un vrai défi. En 1969, Alger fait découvrir au monde entier une Zouloue encore peu connue, Miriam Makeba. Nina Simone (la diaspora était largement présente) interprète, pour la première fois, « Ne me quitte pas » de Jacques Brel. Manu
travers le ciné-bus, de l’ensemble des films primés à Carthage (Tanit d’or) ou par le Fespaco (Étalon de Yennenga), le Panaf permettra également la production de quatre documentaires dédiés à la renaissance africaine. Les organisateurs ont également sollicité douze cinéastes africains pour la réalisation d’autant de courts-métrages. Littérature et bande dessinée seront également célébrées. Le Panaf éditera plus de deux cents titres, dont quelques rééditions de grands classiques africains et caribéens. Sans oublier de nombreux colloques et conférences ainsi qu’un hommage spécial à Frantz Fanon et Aimé Césaire. Créateurs et stylistes africains seront également de la partie : plusieurs défilés de mode sont programmés durant la quinzaine. Pour l’heure, la liste des participants n’est pas encore arrêtée. La programmation musicale étant en cours de négociations avec de grandes vedettes. Laissons divaguer les fantasmes des nostalgiques du Panaf et rêvons d’un duo entre l’Américain B.B. King et le Malien Vieux Farka Touré ou d’un concert de Sékouba Bambino porté par les musiciens cubains et septuagénaires du Buena Vista Social Club. Imaginons encore une nouvelle rencontre d’Archie Shepp avec les rockers touaregs de Tinariwen. Vivement le 5 juillet… ■
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Musique Chant nomade de la Méditerranée La chanteuse tunisienne Sonia MʼBarek cultive lʼouverture musicale, entre répertoire oriental, opérette et musiques de film. de Tunis. » Au conservatoire de la capitale, où elle réside toujours aujourd’hui – entre deux déplacements en Europe, aux États-Unis ou dans le monde arabe –, elle reçoit les enseignements de maîtres, qui lui donnent le goût des traditions andalou-tunisiennes et des répertoires de l’Orient arabe. Quand le grand public la découvre, elle n’a que 12 ans. « J’ai chanté en duo avec Adnane Chaouachi “Ahkili aliha ya baba”, la chanson qui a lancé ma carrière », raconte-t-elle. Au fil des années, Sonia M’Barek cultive un certain penchant à l’ouverture musicale, approchant le théâtre lyrique, l’opérette et les musiques de film. Des expériences, des engagements. « L’artiste d’aujourd’hui doit jouer plus qu’un rôle de créateur artistique. Il représente un catalyseur de progrès
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l’instar de l’Algérie et du Maroc, la Tunisie possède un riche patrimoine musical savant. Celui-ci s’est transmis de génération en génération, notamment à travers les nombreuses écoles musicales ouvertes dès le XVIIIe siècle. Un environnement favorable à l’éclosion de talents. Un contexte privilégié d’où a émergé Sonia M’Barek, chanteuse d’importance à la voix enivrante, qui a dirigé pendant quatre années (de 2005 à 2008) le Festival de la musique tunisienne, organisé par ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine. Elle naît à Sfax, en 1969, puis, neuf plus tard, vit une nouvelle naissance. « J’ai chanté sur scène, pour la première fois, du malouf tunisien, sous la baguette de Tahar Guarsa au théâtre municipal
La Tunisienne Sonia M’Barek.
social, économique, politique et industriel. C’est également un acteur essentiel pour la communication de la culture et des pratiques artistiques dans un échange continuel avec l’autre, qu’il soit artiste ou pas. » Les 3 et 4 avril dernier, à l’Institut du monde arabe, accompagnée par une formation restreinte, elle a proposé un voyage musical en Méditerranée. L’idée de participer à un événement intitulé « Festival de l’imaginaire » lui plaisait. Ce concept revêt un sens fort pour elle. « Si l’imaginaire est une composante réelle de notre société moderne, il est également essentiel dans tout message ou travail artistique », commente la chanteuse, évoquant Baudelaire, lequel disait : « L’artiste va porter son message à travers les sens. » ■ PATRICK LABESSE
Quand la musique est bonne
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rocurez-vous sans attendre Woman in (Michel Polnareff, Manu Dibango). La rythmiLove, le second album de la chanteuse que est brillante malgré une basse peu priviléghanéenne Sophia Nelson ! À mi-chegiée par la prise de son. Quant aux claviers, ils min entre la salsa de Maraca et l’acid tiennent pour l’essentiel dans la coloration de cet jazz de James Taylor Quartet (JTQ), ce puissant album que l’on pourrait résumer par le morceau opus latin funk n’est pas destiné aux fins de soirée « Caribbean Funk ». moroses. Le titre emprunte certes au tube siruSix ans après Lotty, Sophia Nelson se dit peux de Barbara Streisand, mais la comparaison amoureuse. Elle n’en est pas moins révoltée. s’arrête là. Heureusement. Ses textes sont forts, et ses messages dénonçant Woman in Love, Arrangés par Sophia Nelson en personne, les notamment l’exploitation sexuelle des enfants de Sophia Nelson onze morceaux soigneusement travaillés invitent des bidonvilles tranchent singulièrement avec (Hard Edged) à la danse. La voix de l’ancienne choriste de Célila chaleur et l’optimisme festif de sa musique. ne Dion, de Johnny Hallyday ou d’Africando est soutenue par Quand la bonne musique rejoint un noble combat, la réussite FRÉDÉRIC LEJEAL des cuivres impeccables et la guitare relevée de Jacky Arconte peut être qualifiée de totale. ■ J E U N E A F R I Q U E N ° 2 518 • D U 12 A U 18 AV R I L 2 0 0 9
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Design Installé à New York, le créateur anglo-égyptien Karim Rashid réinvente un monde acidulé et psychédélique.
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uand il s’agit de s’habiller, Karim Rashid a deux couleurs fétiches, le blanc et le rose f uc hsia. Au gré de ses humeurs, il alterne souvent veste blanche sur chemise rose et veste rose sur chemise blanche. À ce costume de scène savamment pensé pour attirer les regards, il faut ajouter les bagues (nombreuses) et les lunettes (délirantes). Né au Caire en 1960 de parents anglo - ég y pt iens, Karim Rashid n’est pas un créateur de mode. Ou plutôt: Karim Rashid n’est pas seulement un créateur de mode. C’est surtout un designer futé capable de s’aventurer dans d’autres domaines artistiques comme la couture, la musique, l’architecture. Installé à New York, Karim Rashid expose durant tout le mois d’avril certaines de ses œuvres à la galerie Yves Gastou, dans le 7e arrondissement de Paris. À 48 ans, il a déjà créé plus de 2 000 objets, qu’il est possible de voir sur son site (www.karimrashid.com). Cet entrepreneur avisé qui a su séduire de nombreuses grandes marques (Sony, Alessi, Prada, Issey Miyake, Veuve Clicquot, Unilever…) s’est donné pour tâche de dépoussiérer le monde et de lui redonner des couleurs. En particulier dans l’espace de la maison. Du sol au plafond, il impose ses teintes acidulées – rose, vert, rouge, jaune –, ses ornements psychédéliques, ses formes rondes, ses motifs répétés jusqu’à
ROMANLEO
La vie en rose Karim Rashid.
devenir hypnotiques… Fini le plancher en bois, vive le polyester coloré ! « Flashy », le terme convient pour qualifier les chaises, les vases, les tables, les aspirateurs produits à grande échelle à partir des « dessins » de ce « designer industriel », qui utilise toutes les ressources de l’informatique pour donner forme à ses idées. Comme, par exemple, cette
Chaise longue en Plexiglas et acier.
c au seu se semblable à une fleur rose conçue pour Veuve Clicquot et permettant de boire le champagne en amoureux. C’est d’ailleurs avec une chaise en plastique aux coloris pétants – la Oh !
Chair commercialisée par Umbra – que Karim Rashid s’est rendu célèbre en 1999, six ans après avoir créé sa propre enseigne à New York. Diplômé de design industriel de la Carleton University d’Ottawa, élève du designer italien Ettore Sottsass – un autre fou des couleurs –, Karim Rashid est aujourd’hui exposé dans les plus grands musées, dont le MoMA de New York. Il a aussi conçu un restaurant chic, le Morimoto de Philadelphie, et un hôtel de luxe, le Semiramis d’Athènes. Mais à l’en croire, ce qui l’intéresse, c’est d’embellir le quotidien du plus grand nombre avec des produits bon marché. À titre d ’e xe mple , s a poubelle Garbo U – jeu de mot sur O T AS le mot a n g l a i s SG E YV IE « garbage » et le nom ER L GA de la fameuse actrice – en polypropylène coloré s’est vendue à plus de 10 millions d’exemplaires ! ■ NICOLAS MICHEL
LE MAGHREB À L’HONNEUR L’ÉDITION 2009 du Festival Rio Loco, qui se tiendra au mois de juin à Toulouse (France), sera consacrée au Maghreb. À cette occasion, la galerie de l’espace Croix-Baragnon organisera du 4 juin au 12 septembre une exposition consacrée au design maghrébin et intitulée « S’asseoir et manger ». Outre l’Algérien Chafik Gasmi, directeur artistique de Baccarat (voir J.A. n° 2495), seront présentés les Marocains Younes Duret, Khadija Kabbaj, Fatiha Zemmouri, la Tunisienne Mémia Taktak et les Algériens Yazid Oulab et Rachid Koraïchi. ■ N.M.
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Cinéma Western katangais Le réalisateur belge Thierry Michel signe un documentaire sur les mines du sudest de la RD Congo. Un film réussi grâce à la force de ses personnages.
À L’AFFICHE
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a réussite des longs-métrages tient souvent au jeu des acteurs. C’est banal lorsqu’il s’agit de fictions, avec des scénarios fondés sur les aventures et les mésaventures de personnages présentés comme des héros – ou des antihéros. Le cas est différent avec le documentaire, par définition tourné sans comédiens. Qui plus est quand ledit documentaire porte sur un sujet économique, a priori aride, comme celui de Katanga Business, de Thierry Michel. Le réalisateur belge traite en effet dans ce long-métrage de la production actuelle et du commerce des matières premières en République démocratique du Congo – à petite ou à grande échelle, licites et illicites – par des creuseurs individuels ou des multinationales. Et pourtant, ce documentaire peut être vu presque comme un film d’aventures, voire un polar ou un western. Sa réussite incontestable doit beaucoup à ses « acteurs ». À ses « seconds rôles » attachants ou inquiétants, mais toujours hauts en couleur : l’entrepreneur belge George Forrest, parfois surnommé « le vice-roi du Katanga »; l’ingénieur chinois « M. Min », qui s’intéresse de près aux richesses de l’Afri-
Retrouvez l’interview vidéo de Thierry Michel sur www.jeuneafrique.com
que pour le compte de son gouvernement; les meneurs des mouvements de revendications des travailleurs, etc. Mais, surtout, à l’un d’entre eux : omniprésent, le richissime homme d’affaires et gouverneur de la province du Katanga, Moïse Katumbi, crève véritablement l’écran. Lors de la présentation du long-métrage en avant-première au Fespaco, au début de mars, les apparitions, dans le film, du très populaire et très populiste Katumbi ont suscité de vives réactions – parfois des rires, le plus souvent des murmures approbateurs. Sans doute parce qu’il joue un rôle de protecteur, bien qu’ambigu, celui du justicier à la Zorro, qui défend sa province et ses compatriotes quand il estime qu’ils sont exploités indûment par des hommes d’affaires prédateurs, qu’ils soient congolais ou étrangers. Mais aussi parce qu’il est suivi par un réalisateur qui l’accompagne
par Renaud de Rochebrune
PONYO SUR LA FALAISE
AMOUR, SEXE ET MOBYLETTE
de Hayao Miyazaki (sorti à Paris le 8 avril)
de Maria Silvia Bazzoli et Christian Lelong (sorti à Paris le 8 avril)
Le maître incontesté du dessin animé, le Japonais Miyazaki, propose tous les trois ou quatre ans des chefs-d’œuvre presque entièrement faits à la main, comme cette fois-ci encore avec Ponyo sur la falaise, un conte écologique et fantastique moderne inspiré très librement de La Petite Sirène d’Andersen.
À la frontière de la fiction et du documentaire, une enquête sur l’amour et le sexe au quotidien dans une petite ville du Burkina. Un film léger, sans moyens ni prétention, souvent amusant, qui propose une exploration sympathique du tendre dans une Afrique populaire où l’on croit au désir, à la tendresse et à l’amour. J E U N E A F R I Q U E N ° 2 518 • D U 12 A U 18 AV R I L 2 0 0 9
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Le gouverneur du Katanga Moïse Katumbi (à dr).
THIERRY MICHEL/D.R.
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dans ses pérégrinations et même dans l’intimité de son bureau en le filmant au plus près jusqu’à lui conférer une épaisseur et un charisme qui l’apparentent aux personnages des films de fiction. CONTRE-EXEMPLE
Les grands documentaires sont souvent ceux qui explorent la réalité d’une façon telle que la différence avec les meilleurs films de fiction s’estompe. Leurs personnages principaux, grâce au talent du cinéaste, semblent si « authentiques » qu’on ne les voit plus comme de simples témoins qu’on présente ou qu’on interroge, mais comme de véritables acteurs – dans tous les sens du terme – des situations qui font le sujet du documentaire. Raison pour laquelle ces films n’ont en général pas besoin de beau-
coup de commentaires pour faire comprendre leur propos, aussi complexe soit-il. La guerre pour l’accaparement des matières premières qui se déroule au Congo est ici contée par Thierry Michel à l’aide des personnages qu’il filme, sans qu’il ait besoin de recourir au moindre exposé didactique, ou presque. Ce que voit et « entend » la caméra dirigée par un connaisseur hors pair de l’activité minière et du Congo (Mobutu, roi du Zaïre) suffit à édifier le spectateur sur l’avidité des industriels, l’exploitation des travailleurs et la démagogie des politiques. En revanche, le film de l’Égyptienne Jihan el-Tahri sur le Congrès national africain (ANC), Afrique du Sud, l’heure des bilans (deuxième prix dans la section documentaire au Fespaco), constitue à cet égard le contre-exemple parfait. Tourné comme une enquête à base d’archives, d’interviews et de commentaires sur l’histoire de l’ANC pour donner un contexte aux récents déchirements du mouvement de Nelson Mandela, ce film aide à comprendre comment des héros de la lutte contre l’apartheid, comme Mbeki ou Zuma, semblent devenus des hommes politiques « comme les autres », avides de pouvoir et prêts à bien de basses manœuvres pour atteindre leur but. Mais, sans grand souci esthétique ni empathie pour les personnages, il n’atteint pas la dimension du cinéma. Ce qui limite fortement son impact. ■ RENAUD DE ROCHEBRUNE
Katanga Business, de Thierry Michel (sortie à Paris le 15 avril). Afrique du Sud, l’heure des bilans, de Jihan el-Tahri (première diffusion sur Arte le 14 avril à 20 h 45).
REPÉRAGES ■ Prix Goncourt pour son roman Syngué Sabour. Pierre de patience, l’Afghan Atiq Rahimi adaptera une nouvelle de l’Indien Tagore (Prix Nobel 1913). Le tournage aura lieu en 2010 à Calcutta. ■ Le cinéma, dans les pays occidentaux, ne connaît pas la crise. Aux États-Unis comme en France, on a battu, en 2008, des records en nombre d’entrées et en recettes. La tendance se confirme au début de 2009. Les tournages se multiplient, provoquant un embouteillage au moment de leur sortie. Conséquence: de nombreux reports, dont celui du documentaire camerounais Une affaire de nègres, qui sera sur les écrans à Paris non pas en mai mais seulement en septembre.
DANS LA BRUME ÉLECTRIQUE
■ Amateurs de bricolage en tout genre, réjouissez-vous: les studios américains New Line adapteront au grand écran la célèbre série télévisée MacGyver, qui raconte les aventures d’un homme capable de se sortir de toutes les situations grâce à ses talents pour tout fabriquer ou réparer.
L’auteur de l’inoubliable Coup de torchon revient de façon tonitruante sur les écrans avec ce film tourné en Louisiane et qui bénéficie de la performance remarquable de Tommy Lee Jones. Il raconte, d’après un roman de James Lee Burke, la traque d’un tueur en série, laquelle permet de déterrer une vieille histoire de meurtre raciste. Un film qui tient autant du thriller que du fantastique, d’une grande beauté et à l’atmosphère très troublante.
■ Après Maradona en 2008, Emir Kusturica commencera, à la fin de 2009, à tourner un film sur Pancho Villa, figure légendaire du Mexique révolutionnaire au début du XXe siècle. Avec probablement comme acteur principal Javier Bardem.
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Jusqu’au 30 avril 2009
de Bertrand Tavernier (sortie à Paris le 15 avril)
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BRUNO LÉVY POUR J.A.
Livres
L’écrivain égyptien Alaa El Aswany.
QuʼAlaa bénisse lʼÉgypte Plus de 1 million dʼexemplaires vendus pour LʼImmeuble Yacoubian, presque autant pour Chicago, Alaa El Aswany enchaîne les succès. Et dénonce inlassablement la corruption et lʼobscurantisme religieux qui minent lʼÉgypte. Interview.
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laa El Aswany est le plus grand romancier égyptien du moment. L e plu s con nu. Sa célébr ité dépasse les frontières de l’Égypte et du monde arabe, qui ont eu la primeur de ses romans d’amour sur fond de délabrement social et politique. Ses récits sont lus avec gourmandise. Et, pourtant, l’écrivain n’est pas très tendre avec son pays. Il attribue à ses personnages des propos souvent acerbes sur l’Égypte et les Égyptiens. Mais l’image qui se dégage de ses livres est celle d’un pays magistral et ancien, grevé par la corruption, l’obscurantisme et le mépris des puissants pour les faibles et les asservis. L’espoir vient de ces derniers, à qui Aswany donne la parole dans ses romans (L’Immeuble Yacoubian, paru en français en 2006, et Chicago, 2007) comme dans ses nouvelles réunies sous le titre ironique de J’aurais voulu être égyptien (voir J.A. n° 2509). Entretien avec l’écrivain à
l’occasion de son passage à Paris pour le lancement de la traduction en français de son nouveau recueil de nouvelles. ■ JEUNE AFRIQUE : Vous êtes un écrivain très populaire. L’Immeuble Yacoubian a été traduit en vingt-sept langues et s’est vendu à plus de un million d’exemplaires. C’est le livre le plus lu dans le monde arabe après le Coran… ALAA EL ASWANY : Je n’aime pas beaucoup cette comparaison, car elle relève d’une vision orientaliste du monde arabe, qui, aux yeux de l’Occident, se réduit souvent à l’islam. Pardonnez mon immodestie, mais pourquoi ne pas comparer mon livre aux Mille et Une Nuits ou à l’œuvre de Mahfouz, qui a été, lui aussi, un auteur très populaire ? Mon deuxième roman, Chicago, va bientôt dépasser la barre symbolique du million d’exemplaires. À quoi comparerezvous ce nouveau succès ?
TOU T E S L E S M U S IQU E S D’A F R IQU E
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LIRE, ÉCOUTER, VOIR 83 On a d’ailleurs dit que vous êtes l’héritier de Mahfouz… C’est une comparaison dont je ne me sens pas tout à fait digne. Mahfouz est un modèle. Il connaissait mon père. Je me souviens d’une discussion que nous avions eue en 1982, à Alexandrie. C’était avant son prix Nobel [1988, NDLR]. Quand il a compris que je voulais écrire, il m’a encouragé, tout en me prévenant que je ne devais rien attendre de plus de l’écriture que le plaisir qu’elle procure. Lui-même a toujours refusé l’argent, les postes prestigieux, de peur de se disperser. Sa fidélité à la littérature est quelque chose qui continue à m’inspirer. Vos romans abordent sans tabou la sexualité et dénoncent l’hypocrisie religieuse. Quelles ont été les réactions des lecteurs et des autorités ? J’ai eu quelques petits problèmes. Je dis « petits », étant donné que j’aborde dans mes livres tout ce qui peut irriter un rigoriste religieux ! Lorsque Chicago est paru en feuilleton dans Ad-Dastour, le plus grand quotidien égyptien indépendant, j’ai été assailli de courriers électroniques. Il y avait des félicitations, mais aussi des insultes et des menaces. Les extrémistes avaient du mal à digérer les libertés que mes personnages prenaient en matière d’amour et de sexualité. Des scènes d’amour entre un Égyptien musul-
« Dix ans de démocratie et l’Égypte serait une puissance incontournable. » man et une Américaine juive. Une jeune femme portant le voile qui s’interroge sur sa sexualité. Il y avait de quoi la faire condamner à la lapidation mille fois. D’ailleurs, un extrémiste m’adressait chaque semaine un avertissement par mail : « Si la jeune fille voilée a une relation hors mariage, prends garde à toi ! » Vous définiriez-vous comme un écrivain engagé ? La littérature est toujours engagée. C ’est un engagement en faveur des valeurs humaines. C’est parce que je défends ces valeurs que je n’ai pas accepté que le Salon du livre de Paris célèbre, en 2008, l’anniversaire de la création de l’État d’Israël. Israël est un État coupa-
ble de crimes contre l’humanité. C’était une faute de mêler le politique et la littérature. Les écrivains israéliens valent beaucoup mieux que leur État. Cela est également vrai pour les écrivains arabes. Je refuse d’ailleurs systématiquement les invitations officielles à me rendre dans des pays arabes non démocratiques. Cela signifie que je ne puis mettre les pieds dans aucun pays arabe ! Vous avez écrit que, parmi tous les pays arabes, l’Égypte était le pays « le plus apte à accéder à la démocratie ». Vous y croyez encore ? Oui, bien sûr. Il y a des raisons à cela, historiques, démographiques, politiques. La société civile égyptienne s’est formée dès le XIX e siècle, lorsque le pays s’est doté d’une Constitution, d’un Parlement, de partis politiques. Nous étions des pionniers. Les premières élections libres du monde arabe ont eu lieu en Égypte, au début des années 1920. Le Premier ministre de l’époque, Yehia Ibrahim Pacha, a lui-même proclamé les résultats des élections, qui ont été désastreuses pour luimême et son camp. Comment expliquer alors que la démocratie tarde à s’enraciner ? L’explication est à chercher dans la situation stratégique de ce pays. Depuis Alexandre le Grand jusqu’à George Bush, en passant par Napoléon, les dirigeants des grands empires ont toujours voulu contrôler l’Égypte. Les puissances impérialistes, qui ont tour à tour exercé leur emprise sur ce pays, ne lui ont jamais permis d’être indépendant. L’expérience démocratique a toujours été tuée dans l’œuf car elle menaçait de renverser la tutelle extérieure. Il incombe maintenant à la société civile de couper le cordon ombilical avec les grandes puissances et d’affirmer son indépendance. Dix ans de démocratie suffiraient à l’Égypte pour devenir une puissance incontournable et voir son potentiel économique, géopolitique, culturel être pleinement exploité. Comme cela s’est passé pour l’Inde, par exemple, pays qui est un modèle pour tous les démocrates égyptiens. Si le rêve démocratique devait se réaliser, seriez-vous prêt à assumer des responsabilités politiques ? Non, catégoriquement non. Je n’ai auc u ne a mbit ion pol it ique. Je suis romancier et je veux rester fidèle à la cause littéraire. ■ Propos recueillis par TIRTHANKAR CHANDA
LANGAGE(S) PAR FOUAD L AROUI
POLITIQUE
En arabe, « politique » se dit siyâsa. L’étymologie du mot est intéressante : la siyâsa, à l’origine, c’est l’art du palefrenier, l’art de s’occuper des chevaux, de les dominer. Est-ce à dire qu’on doit mener les hommes comme on mène les bourrins ? Est-ce pour cette raison que la démocratie a tellement de mal à s’imposer dans les pays arabes ? Il n’est pas interdit de poser la question. Q u a n t à l ’e x p r e s s i o n « sâsat al arab », qu’on entend souvent sur les ondes pendant les bulletins d’information, elle signifie aussi bien « les politiciens arabes » que « l e s g a r ç o n s d ’é t a b l e arabes ». Qui doit se sentir insulté ? La question ne sera pas posée… Mais qu’en est-il du français ? Maréchal, le plus haut grade militaire, vient de l’ancien francique marhskalk, lui-même issu du germanique marcal, composé de marc signifiant « cheval » et de al signifiant « préposé », le tout désignant un domestique chargé de soigner les chevaux. Les palefreniers ont donc fait une belle carrière. En arabe, ils sont devenus politiciens. En français, ils ont atteint la plus haute dignité militaire. Qui a fait la meilleure affaire ? Pour nous, pauvres pékins, la bonne question est : vaut-il mieux que les palefreniers s’occupent de leur étable ou de tout le pays ? Voir la Guinée, voir Madagascar… ■
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ANNONCES CLASSÉES Concernant cette rubrique, adressez-vous à Fabienne Lefebvre Tél. : 01 44 30 18 76 – Fax : 01 44 30 18 77 – f.lefebvre@jeuneafrique.com DIFCOM Régie publicitaire centrale du Groupe Jeune Afrique - 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 Paris –France
Avis d’appel d’offres International République du Mali Programme d’Appui au Développement Sanitaire et Social en Vème Région (PADSS) AOI N° 014/DT/AGETIER/2009 1 . Le Gouvernement de la République du Mali a reçu de l’Agence Française de Développement (AFD) et de l’Etat Belge : ci-après dénommée AFD/CTB, une subvention pour contribuer au financement du Programme d’Appui au Développement Sanitaire et Social en Vème Région (PADSS). Une partie de ce fonds est destinée à couvrir les paiements au titre du marché faisant l’objet du présent Avis d’Appel d’Offres. Le Ministère de la Santé par délégation, a désigné l’AGETIER-Mali comme Maître d’Ouvrage Délégué pour la construction de certaines infrastructures.
Appel d’offres
2 . L’AGETIER-Mali invite les soumissionnaires intéressés à présenter leur soumission cachetée en vue de l’exécution des t r a v a u x d e c o n s t r u c t i o n d u N o u v e l H ô p i t a l d e M o p t i à S é v a r é d e 1 2 1 l i t s, portant essentiellement sur la réalisation des blocs suivants : M é d e c i n e ; C h i r u r g i e ; G y n é c o – o b s t é t r i q u e ; P é d i a t r i e ; O p h t a l m o l o g i e ; O . R . L . ; O d o n t o / S t o m a t o l o g i e ; R é a n i m a t i o n ; U r gences ; C o n s u l t a t i o n s E x t e r n e s ; I m a g e r i e M é d i c a l e ; L a b o r a t o i r e ; Phar m a c i e ; K i n é s i t h é r a p i e ; P C m é d i c a l ; b l o c o p é r a t o i r e ; S t é r i l i s a t i o n ; B u a n d e r i e ; A d m i n i s t r a t i o n ; A c c u e i l ; M o r g u e ; C u i s i n e / C a f e t e r i a ; A t e l i e r b i o m é d i c a l ; M a i n t e n a n c e ; L o g i s t i q u e ; I n s t a l l a t i o n f l u i d e s m é d i c a u x ; D i v e r s ; C l ô t u r e et VRD Les travaux comprennent les corps d’états suivants : terrassement ; gros œuvre ; revêtements ; étanchéité ; peinture ; menuiseries (aluminium, bois, métalliques, faux plafond…) ; plomberie sanitaire, (y compris réseau d’adduction, réseau d’assainissement, …) ; fluides médicaux (local / central, réseau) protection incendie, Électricité (courant fort, Courant faible y compris tranchées électricité et téléphone), Climatisation, ventilation, Voirie et réseaux divers (VRD). Surface bâtie : environ 6600 m2 Nombre de Lot : Un (unique) Le délai maximum de construction est de quatorze (14) mois. 3 . Les soumissionnaires intéressés peuvent obtenir de plus amples renseignements auprès de l’AGETIER Mali; à l’adresse de Mamadou SANGARE Directeur technique : Email : d . t e c h n i q u e @ a g e t i e r m a l i . c o m, et examiner le Dossier d’appel d’offres à l’adresse ci-dessous : AGETIER BP 428 Tél. 21 32 18 09 / 21 32 12 24 Fax : 21 32 18 08 Rue 545, Porte 324, Quartier Résidentiel Ségou Mali à partir de 7 h 30 mn jusqu’à 16 h tous les jours ouvrables. 4 . Les spécifications de qualification (entreprise seule ou en groupement) comprennent : - Justifier au moins de deux expériences en travaux de nature et de taille similaires à ceux de l’appel d’offres, - Avoir réalisé un chiffre d’affaires annuel moyen pour des travaux de construction, d’un montant équivalant à au moins q u a t r e v i r gule cinq (4,5) m i l l i a r ds de F CFA s o i t s i x v i r g u l e q u a t r e v i n g t s i x ( 6 , 8 6 ) m i l l i o n s d ’ E u r o au cours des trois dernières années ;. - Personnel clé : Position No. Expérience Expérience dans des globale en travaux similaires travaux (années) (années) D i r e c t e u r d e p r ojet : Ingénieur GC 1 10 05 C o n d u c t e u r G r o s œ u v r es : Ingénieur GC 2 08 05 C o n d u c t e u r d e s t r a v a u x d ’ é l e c t r i c i t é (courant fort, 3 courant faible, climatisation, ventilation…) : Ingénieur Génie électrique 08 05 C o n d u c t e u r d e s t r a v a u x d e p l o m b e r i e : Ingénieur 4 Génie Sanitaire / adduction d’eau / ou équivalent 08 05 Conducteur des travaux de fluides médicaux : 5 Spécialiste fluide médicaux 08 05 Conducteur des travaux de voirie et d’assainissement : 6 Ingénieur des Travaux Publics 08 05 - disposer d’un lot minimum de matériels de travaux tel que défini dans la formulaire 2.6 du dossier d’appel d’offres, - disposer de liquidité ou de facilités bancaires d’au moins s i x c e n t m i l l i o n s ( 6 0 0 0 0 0 0 0 0 ) F c f a . 5 . Le Dossier d’appel d’offres complet en français peut être acheté par les soumissionnaires intéressés par demande écrite à l’adresse ci-dessous contre paiement d’un montant non remboursable de d e u x c e n t c i n q u a n t e m i l l e ( 2 5 0 0 0 0 ) F C FA. Le paiement sera effectué en espèce ou par virement automatique sur le compte b a n c a i r e N°6 0 0 0 0 0 1 1 B 0 0 0 0 8 / B N D A - S é g o u. Le Dossier d’appel d’offre sera retiré à la Direction Administrative et financière de l’AGETIER Mali à Ségou à compter du 0 6 a v r i l 2 0 0 9. 6. Les Soumissions devront être déposées à l’adresse ci-dessous avant ou le 21 mai 2009 à 10 h 00. Les dépôts électroniques ne seront pas admis. Les soumissions présentées hors délais seront rejetées. Les Soumissions seront ouvertes en présence des représentants des soumissionnaires qui souhaitent y assister à l’adresse ci-dessous le 2 1 m a i 2 0 0 9 à 1 0 h 1 5 m n. 7 . Toutes les Soumissions doivent être accompagnées d’une Garantie de Soumission pour un montant d’au moins égal à s o i x a n t e c i n q m i l l i o n s (65 000 000) de francs CFA ou de sa contre-valeur dans une monnaie convertible. 8 . L’adresse mentionnée ci-dessus est : L e S e c r é t a r i a t d e l a D i r e c t i o n T e c h n i q u e d e l ’ A G E T I E R – M A L I – P o r t e 3 2 4 , R u e 5 4 5 , Quartier Résidentiel Ségou, BP 428 Tél : 21-32-18-09 et 21-32-12-24.
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AC Avis d’Appel d’Offres International Pour la fourniture et la pose de canalisations de diamètre 1000 mm sur 10 kms et 800 mm sur 2,3 kms de longueur et la construction de 2 réservoirs de capacité de 7 500 et de 10 000 m3.
Les Entreprises ou les Groupements d’Entreprises intéressés par ces travaux sont autorisés à retirer les dossiers d’appel d’offres dès le Mardi 14 avril 2009 à partir de 10 heures au Département Achats et Maîtrise d’Oeuvre (DAMO) de la SEEG, siège social, 8ème étage – porte n° 816 contre réception d’un courrier précisant leur intention de soumissionner et contre dépôt d’un chèque bancaire d’un montant de 650 000 francs CFA (ou 1 000 euros), non remboursables. Une visite des sites sera organisée par la SEEG le jeudi 30 avril 2009. Lieu de départ Immeuble siège SEEG, à 08 heures. Les Entreprises ou Groupement d’Entreprises peuvent obtenir des informations complémentaires au sujet du dossier par téléphone au 00 241 76 72 00//18/41, par fax au 00 241 76 72 99, ou par mail à kbrakchi@seeg-gabon.com ; andong@seeg-gabon.com et tovono@seeg-gabon.com Les dossiers de soumission devront être déposés ou expédiés au plus tard pour le lundi 15 juin 2009, à 11 heures (heure locale), à l’adresse ci-dessous : Secrétariat de Monsieur LE DIRECTEUR GENERAL ADJOINT DE LA SEEG 8ème étage – porte n° 805, BP 2187 - Libreville – GABON L’ouverture des plis se déroulera en séance publique le lundi 15 juin 2009, à 15 heures, en salle de réunion du 7ème étage du siège social de la SEEG.
L’eau, l’énergie pour la vie
AVIS D’APPEL D’OFFRES REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
PROGRAMME NATIONAL MULTISECTORIEL DE LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA P.N.M.L.S. ACQUISITION DE KITS D’EQUIPEMENTS AUDIO VISUELS - CINE MOBILE Don IDA H-080-DRC - DAO N° : 026/CN-PNMLS/MAL/2008 - Date de publication : 13 avril 2009
1 . Cet avis d’appel d’offres fait suite à l’Avis général de passation de marchés publié pour ce projet dans Developpement Business n° 644 du 16 décembre 2004. 2 . Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a obtenu un don de l’Association Internationale de Développement pour financer le coût du projet national multisectoriel de lutte contre le SIDA. Il se propose d’utiliser une partie du montant de ce don pour effectuer les paiements autorisés au titre du marché n° 026/CN-PNMLS/MAL/2008 relatif à l ’ a c q u i s i t i o n d e k i t s d ’ é q u i p e m e n t s A u d i o Vi s u e l s - C i n é M o b i l e . 3 . Le Programme National Multisectoriel de Lutte contre le VIH/SIDA. PNMLS en sigle, invite, par le présent avis d’appel d’offres les candidats remplissant les conditions requises à présenter une offre sous pli cacheté pour l ’ a c q u i s i t i o n d e k i t s d ’ é q u i p e m e n t s A u d i o Vi s u e l s - C i n é M o b i l e . 4 . Le processus se déroulera conformément aux procédures d’appel d’offres international décrites dans les Directives : Passation des marchés financés par les prêts de la BIRD et les crédits de l’IDA de Janvier 1997, mise à jour Septembre 1997 et Janvier 1999; tous les candidats des pays satisfaisant aux critères de provenance énoncés dans les directives son admis à soumissionner. 5 . Les candidats intéressés remplissant les conditions requises peuvent obtenir un complément d’information auprès de la Coordination Nationale du PNMLS située à l’adresse ci-dessous et peuvent examiner le dossier d’appel d’offres à l’adresse indiquée ci-après entre 9h et 16h, heure locale de Kinshasa, ou par voie électronique à l’adresse email suivante : c n _ p n m l s @ y a h o o . f r. 6 . Les candidats intéressés peuvent acheter un jeu complet de documents
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d’appel d’offres rédigés en français, sur demande écrite à l’adresse indiquée ci-après, moyennant paiement d’un montant non remboursable de cent (100) dollars des Etats-Unis d’Amérique. Le paiement devra être effectué soit par virement bancaire en faveur du PNMLS au compte n° 22002507001-76/USD Banque Internationale de Crédit (Kinshasa/ RDC), code Swift BICBCDKI, soit en espèces auprès des services financiers de la Coordination Nationale du PNMLS. Le dossier sera envoyé, contre présentation de la preuve de paiement, par courrier électronique aux soumissionnaires ne résidant par à Kinshasa (une version papier sera également adressée, tenant lieu de version officielle faisant foi) ou remis en version papier à ceux qui se présenteront à l’adresse ci-dessous. 7 . Les offres doivent être envoyées à l’adresse indiquée ci-dessous au plus tard le 2 8 m a i 2 0 0 9 à 1 0 h , h e u r e l o c a l e de Kinshasa. Elles doivent être accompagnées d’une garantie d’offre d’un montant de 4.500 (quatre mille cinq cents) USD ou d’un montant équivalent en monnaie librement convertible. Les offres reçues après le délai fixé seront rejetées. Les plis seront ouverts en présence des représentants des Soumissionnaires qui souhaitent assister à la séance d’ouverture le 28 mai 2009 à 10h30 heure locale de Kinshasa, à l’adresse indiquée ci-après : P R O G R A M M E N AT I O N A L M U L T I S E C T O R I E L D E L U T T E CONTRE LE VIH/SIDA - “PNMLS” Avenue Basoko n° 1 6 , K i n s h a s a / G o m b e R E P U B L I Q U E D E M O C R AT I Q U E D U C O N G O Téléphone : 00 243 (0) 812478000, 00 243 (0) 995643925 E-mail : cn_pnmls@yahoo.fr
Appel d’offres
Maître d’Ouvrage : République Gabonaise Maître d’Ouvrage Délégué : Société d’Eau et d’Energie du Gabon Dans le cadre de l'amélioration de l’alimentation en eau potable de la ville de Libreville, le Gouvernement de la République Gabonaise lance un Appel d’Offres International pour la réalisation du programme de renforcement du réseau de transport entre Ntoum et Libreville. A cet effet, le Gouvernement Gabonais a sollicité un prêt auprès de l’Agence Française de Développement (AFD). Cet appel d’offres est ouvert aux Entreprises de tous pays. Tous les documents seront obligatoirement en français et les interlocuteurs proposés doivent également parler français. Les travaux seront réalisés en un lot comprenant les sous lots suivants: Sous lot 1 : Canalisations fonte DN 1000 entre les réservoirs PK9 et PK6 sur une longueur de 4 000 ml environ. Sous lot 2 - A : Canalisations fonte DN 1000 entre les réservoirs PK6 et MontBouet sur une longueur de 6 000 ml environ Sous lot 2 - B : Canalisations fonte DN 800 entre les réservoirs Mont-Bouet et la voie express sur une longueur de 2 250 ml environ (tranche conditionnelle) Sous lot 3 - A : Construction d’un réservoir de capacité 7 500 m3 au PK9 Sous lot 3 - B : Construction d’un réservoir de capacité 10 000 m3 au MontBouet.
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AC Projet « MISE EN PLACE D’UN SYSTEME D’ALERTE PRECOCE A LA SECHERESSE DANS 3 PAYS DE LA RIVE SUD DE LA MEDITERRANEE : L’ALGERIE, LE MAROC ET LA TUNISIE» Référence : LIFE05TCY/TN/000150
Appel d’offres « Réalisation d’une carte de vulnérabilité structurelle à la sécheresse sur le Maghreb central » Le présent appel d’offres a pour objectif la réalisation d’une étude relative à l’élaboration d’une carte de vulnérabilité structurelle à la sécheresse sur le Maghreb Central, et ce sur la base des acquis et avancées enregistrées dans le cadre du projet Système maghrébin d’alerte précoce à la sécheresse, avec le soutien financier de la Commission européenne. Spécifiquement, il vise :
• le développement d’une méthodologie pour l’élaboration de la carte de vulnérabilité structurelle à la sécheresse à l’échelle du Maghreb central ; • la formation des partenaires nationaux sur la méthodologie de réalisation de la carte ; • l’appui aux pays du Maghreb Central pour la réalisation de la carte de vulnérabilité structurelle à la sécheresse.
Appel d’offres
Pour de plus amples informations, se référer aux termes de référence, accessibles sur le site : www.oss-online.org, Les offres techniques et financières doivent être envoyées au plus tard le 04 mai 2009 à 17 heures (heure de Tunis) uniquement par la poste sous pli fermé et en recommandé, ou par DHL à l’adresse suivante (le cachet de la poste faisant foi) :
Secrétariat exécutif de l’Observatoire du Sahara et du Sahel Boulevard du Leader Yasser Arafat - BP 31 - 1080 Tunis Cedex, Tunisie L’enveloppe extérieure ne doit comporter ni le nom ni l’adresse du soumissionnaire. Elle doit comporter la mention : « NE PAS OUVRIR - APPEL D’OFFRES : LIFE05TCY/TN/000150»
PROJET DE REOUVERTURE ET D’ENTRETIEN DES ROUTES HAUTEMENT PRIORITAIRES, « PRO-ROUTES » (P101745)
Avis d’Appel d’Offres International (AAOI) N°03/MITPR/CI/PRO-ROUTES/2009
POUR LA FOURNITURE D’EQUIPEMENT ET OUTILLAGE DESTINES AU RENFORCEMENT DES CAPACITES OPERATIONNELLES DE L’OFFICE DES ROUTES 1. Cet avis d’appel d’offres fait suite à l’Avis Général de Passation des Marchés paru le 12 février 2008 dans DGMarket. 2. Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a obtenu un don du Fonds Fiduciaire de l’Association Internationale pour le Développement (IDA) et DFID pour financer le Projet d’appui à la réhabilitation et à l’entretien des routes, PRO-ROUTES, et a l’intention d’utiliser une partie de ce don pour effectuer des paiements au titre des Marchés de fournitures figurant au tableau repris au point 3 ci-après. Ces contrats seront financés sur ce financement conjoint. La passation de Marchés sera conforme aux règles et procédures d’éligibilité de la Banque mondiale. 3. La Cellule Infrastructures sollicite des offres fermées de la part des soumissionnaires éligibles et répondant aux qualifications requises pour fournir des articles suivants repartis en 3 lots indivisibles, chaque lot constituant un marché : Lot Désignation Unité Brigade Kisangani Brigade Kalemie Quantité totale Lot 1 Postes à souder 1a Groupe de soudure autonome de chantier U 4 2 6 1b Groupe de soudure autonome mobile U 1 1 2 1c Poste à soudure triphasé U 4 2 6 1d Poste de soudage oxyacétylénique U 3 2 5 Lot 2 Equipement et outillage d’atelier 2a Equipement d’atelier Kit 1 1 2 2b Outillage d’atelier Kit 1 1 2 Lot 3 Accessoires d’atelier 3a Accessoires d’atelier Kit 1 1 2 Les fournitures susmentionnées seront livrées à Kisangani (Province Orientale) et à Kalemie (province du Katanga) suivant les quantités reprises au tableau ci-dessus et détaillées dans les tableaux figurant au point 1 de la section VI du présent DAO. 4. La passation de Marchés sera conduite par appel d’offres ouvert international (AOI) tel que défini dans les « Directives : Passation des marchés financés par les Prêts de la BIRD et les Crédits de l’IDA, édition de mai 2004 révisée en octobre 2006 », et ouvert à tous les soumissionnaires de pays éligibles tels que définis dans les mêmes Directives. 5. Les soumissionnaires éligibles et intéressés peuvent obtenir des informations auprès de la Cellule Infrastructures; sise avenue Roi Baudouin, n°70A, à Kinshasa/Gombe (RDC), Tél. (+243)810376494, e-mail: celluleinfra@vodanet.cd, et prendre connaissance des documents d’appel d’offres à
Date de publication :13 avril 2009 l’adresse mentionnée ci-dessous de 9h 00’ à 16h00’. 6. Les exigences en matière de qualification sont: la conformité aux spécifications, le délai de livraison et le montant de l’offre. Aucune marge de préférence ne sera octroyée aux soumissionnaires éligibles. Voir le document d’Appel d’offres pour les informations détaillées. 7. Les soumissionnaires intéressés peuvent obtenir le Dossier d’Appel d’Offres complet en français en formulant une demande écrite à l’adresse mentionnée ci-dessous contre un paiement non remboursable de 200 $ US (deux cents dollars américains). Ce montant peut être réglé en espèces à la caisse contre un reçu, par chèque certifié et/ou par virement direct sur le compte ci-après de la Cellule Infrastructures dans les livres RAWBANK en précisant le numéro du DAO pour lequel le versement est effectué (NUMERO DU COMPTE : 0501-0100132602-20 EURO, SWIFT: RAWBCDKIXXX, IBAN : FR76 0510005101010013260220). Le Dossier d’Appel d’Offres acquis sera expédié par voie électronique ou retrait à la Cellule Infrastructures. Sur demande du soumissionnaire et moyennant un paiement complémentaire forfaitaire de 150 USD (cent cinquante dollars américains), la Cellule Infrastructures peut se charger d’expédier ledit dossier par courrier rapide. Elle ne sera en aucun cas tenue responsable des retards ou pertes subis durant cet acheminement. 8. Les offres devront être soumises à l’adresse ci-dessous au plus tard 27 mai 2009 à 13h30 ( h e u re locale). La soumission des offres par voie électronique « n’est pas» autorisée. Les offres remises en retard ne seront pas acceptées. Les offres seront ouvertes au jour mentionné ci-dessus à 14h00 (heure locale) en présence des représentants des soumissionnaires présents, à l’adresse mentionnée ci-dessous. Les offres doivent comprendre« une garantie de l’offre », pour le montant fixé dans le Dossier d’Appel d’Offres et par lot comme suit: - lot 1: 1.900 USD - lot 2: 4.300 USD - lot 3: 1.050 USD 9. L’adresse à laquelle il est fait référence ci-dessus est la suivante : C e l l u l e I n f r a s t r u c t u r es Avenue Roi Baudouin, n° 70 A, Kinshasa/Gombe République Démocratique du Congo Téléphone : (+243) 81.037.64.94 - E-mail : celluleinfra@vodanet.cd AMIDOU SERE C o o rd o n n a t e u r
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AC Avis d’Appel d’offres International n° 1-2009 RELATIF A LA FOURNITURE ET MISE EN PLACE D'UN PROGICIEL DE GESTION INTEGRE
3, av de l'Afrique BP 11.702, Niamey, République du Niger
6 . En cas d’envoi par la poste ou tout autre mode de courrier, les frais y afférents sont à La charge de l’acheteur et la personne responsable du marché ne peut être responsable de la non réception du dossier par le candidat 7 . Les offres présentées en un (1) original et (trois) 3 copies, conformément aux Instructions aux Soumissionnaires, et accompagnées d’une garantie de soumission au moins égale à 2,5 % du montant total de l'offre, devront parvenir ou être remises à SONIDEP siège, 3 avenue de l'Afrique, BP 11.702 Niamey Niger, au plus tard à la date du 4 mai 2009 à 10 heures. 8 . L’ouverture des plis aura lieu à la date et l’heure précisées aux DPAO en présence des représentants des soumissionnaires qui souhaitent y assister. Les offres reçues après le délai fixé seront rejetées. 9 . Les soumissionnaires resteront engagés par leurs offres pour un délai de 90 jours, à compter de la date de remise des offres. Sans avoir à fournir des justifications la SONIDEP se réserve le droit de ne donner aucune suite à tout ou partie du présent Appel d’offres, et ce, sans qu'aucune indemnité ne puisse lui être réclamée.
AVIS PUBLIC D’APPEL D’OFFRES POUR LA PRÉSÉLECTION DES FOURNISSEURS La Centrale d’Achats des Médicaments Essentiels Génériques et des Consommables Médicaux (CAMEG) du Burkina Faso, lance un Appel d’Offres de présélection des Fournisseurs pour la fourniture de Médicaments Essentiels Génériques sous DCI, d’Antirétroviraux, de produits contraceptifs, de consommables médicaux, de matériel médical, de produits dentaires, de réactifs et matériels de laboratoire. Cette procédure a pour objet de dresser une liste de fournisseurs agréés, après avoir évalué la qualité du service et des produits proposés par les fournisseurs potentiels de la CAMEG. L’agrément prononcé sera valable pour une période de 4 a n s et permettra aux fournisseurs présélectionnés de participer aux Appels d’offres restreints durant cette période. Les dossiers d’Appel à la Présélection des Fournisseurs, référencés sous le numéro 1 2 / 2 0 0 9 , peuvent être retirés à partir du m a r d i 1 0 M a r s 2 0 0 9 , auprès du Secrétariat du Directeur Général de la CAMEG, à l’adresse suivante : S e c r é t a r i a t d u D i r ecteur Général de la CAMEG 01 BP 4877 Ouagadougou 01 B U R K I N A FA S O Tél : (226) 50 37 37 50/51/52/53/54 - Fax : (226) 50 37 37 57 e-mail : cameg@cameg.bf
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contre le versement d’une somme non remboursable de 100 000 F.CFA, à payer par chèque certifié ou en espèces déposés à la caisse de la CAMEG, contre reçu. A la demande des fournisseurs, le dossier d’Appel à présélection des fournisseurs pourra leur être expédié par courrier express contre le versement d’une somme supplémentaire de 50 000 F.CFA, non remboursable à payer selon les mêmes dispositions. Les dossiers de présélection seront adressés à la Direction Générale de la CAMEG, à l’adresse ci-dessus indiquée. La date limite de dépôts des dossiers de présélection accompagnés des échantillons, est fixée au Jeudi 09 Juillet 2009 à 9 h 00 T.U. L’ouverture des plis aura lieu en séance publique, dans les locaux de la CAMEG, le Jeudi 09 juillet 2009 à 10 h 00 T.U. Cet avis d’appel d’offres ne concerne pas les fournisseurs présélectionnés lors de l’appel d’offres N° 1 1 / 2 0 0 7 . Toutefois ceux d’entre eux désirant élargir leur gamme de produits pour la période de validité de leur agrément pourront se procurer le dossier contre le versement d’une somme non remboursable de 5 0 0 0 0 F C FA . Le Directeur Général Lazare BANSSE
Appel d’offres
1 . Le présent avis d’appel d’offres est adressé aux sociétés ou entreprises spécialisées dans la mise en oeuvre de solutions basées sur les Progiciels de Gestion Intégrés dans le secteur de la commercialisation des produits pétroliers. Les travaux sont prévus pour être réalisés pendant le second semestre 2009. 2 . La SONIDEP invite les candidats remplissant les conditions requises à présenter une offre sous pli cacheté pour la fourniture et la mise en place d'un progiciel de gestion intégré. 3 . La participation à la concurrence est ouverte à toutes les personnes physiques ou morales ou groupements desdites personnes en règle vis à vis de l’Administration (voir détails dans instructions aux soumissionnaires) pour autant qu’elles ne soient pas sous le coup d’interdiction ou de suspension. 4 . Les candidats intéressés peuvent obtenir un complément d’information et consulter gratuitement le dossier d’appel d’offres auprès de la SONIDEP entre 10h et 12h les jours ouvrables. 5 . tout candidat éligible, intéressé par le présent avis, doit acheter un jeu complet du dossier d’Appel d’offres, auprès de la SONIDEP et moyennant paiement d’un montant non remboursable de cinq cents mille francs CFA (500.000 FCFA).
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REPUBLIQUE DU CONGO - Ministère de l’Economie, des Finances et du Budget
Projet de Renforcement des Capacités de Transparence et de Gouvernance (PRCTG) Financement IDA Don H 288 COB
Avis d’Appel d’Offres pour la fourniture du mobilier de bureau de la Commission Nationale de lutte contre la Corruption, la Concussion et la Fraude et de l’Observatoire Anti-Corruption
Manifestation d’intérêt - Appel d’offres
N° 003 F /MEFB-CAB/PRCTG/09
1 . Le Gouvernement de la république du Congo a reçu don de l’Association Internationale pour le Développement pour financer le Projet de Renforcement des Capacités de Transparence et de Gouvernance (PRCTG), et à l’intention d’utiliser une partie de ce don pour effectuer des paiements au titre du Marché : 003 F /MEFB-CAB/PRCTG-SPM/09, four n i t u r e du mobilier de b u r eau au pr o f i t d e l a C o m m i s s i o n N a t io n a l e d e l u t t e c o n t r e l a C o r r u p t i o n , l a Concussion et de la Fraude et de l’Observatoir e A n t i - c o r r u p t i o n . 2 . L’Unité d’Exécution du PRCTG sollicite des offres fermées de la part de soumissionnaires éligibles et répondant aux qualifications requises pour fournir : 1 1 B u r e a u x M i n i s t r e ;14 Bur e a u x d i r e c t e u r s g é n é r a u x ( D G ) ; 3 2 B u r e a u x c h e f s d e s e r v i c e ; 17 Bur e a u x s e c r é t a i r es ; 05 Salons de réception en cuir ; 12 Fauteuils bur e a u M i n i s t r e ; 5 4 F a u t e u i l s b u r e a u D i r e c t e u r s G é n é r a u x ; 8 8 F a u t e u i l d e r é c e p t i o n D G ; 0 2 Ta b l e s d e réunion pour 20 personnes (éléments juxtaposables); 65 chaises de réception ; 11 A r m o i r es hautes vitrées grand for mat ; 15 Ar m o i r es hautes vitrées for ma moyen ; 09 P l a c a rds d’exposition vitré ; 04 Bacs métalliques ; 32 Splits. 3 . La passation du Marché sera conduite par Appel d‘offres international (AOI) tel que définit dans les « Directives : passation des marchés financés par les Prêts de la BIRD et les Crédits de l‘IDA», et ouvert à tous les soumissionnaires de pays éligibles tels que définis dans les Directives. 4 . Les soumissionnaires éligibles et intéressés peuvent obtenir des informations auprès de L’Unité d’Exécution du PRCTG , sis derrière le Commissariat Central de Police de Brazzaville, BP 2116, Tél 00 242 622 53 35, e-mail : prctg@yahoo.fr et prendre connaissance des documents d’Appel d’offres à l’adresse mentionnée ci-dessous de 8 heures à16 heures, heure de Brazzaville. MINISTERE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DU BUDGET P r o j e t d e R e n f o r cement des capacités de T r a n s p a r ence et de Gouver n a n c e ( P R C T G ) D e r r i è r e le Commissariat Central de Police de Brazzaville E X - D i r ection de la Prévision de la Dir ection Générale du Budget Tél (242) 635 53 22 - REPUBLIQUE DU CONGO 5 . Les exigences en matière de qualifications sont : i) capacité financière ; ii) le soumissionnaire doit fournir la preuve écrite qu’il satisfait aux exigences : exigence juridique (Registre de commerce avec l’indication du capital social de l’entreprise ; iii) prouver, documentation à l’appui, qu’il satisfait aux exigences d’expérience ci-après : réalisations au cours des trois (3) dernières années de trois (3) marchés au moins équivalent au total à une fois au moins au montant du présent marché, attestés par des copies de documents de livraison définitive dûment signés par toutes les parties et dont l’authenticité pourrait être vérifiée, documentation à l’appui qu’il satisfait aux exigen-
ces de capacité technique concourant à la réalisation des services connexes et au service après vente, notamment le personnel (joindre CV du personnel affecté à cette mission dans le cadre du présent marchés) , les pièces de rechange ; dans le cas où le soumissionnaire n’a pas d’activité dans le pays de l’acheteur, il sera représenté par un agent qui disposera des services nécessaires et sera capable d’exécuter les obligations en matière d’entretien , de réparation et de stockage des pièces de rechange (le soumissionnaire doit donner toutes les informations relatives à l’agent : accord signé entre les parties, nom commercial, adresse, téléphone, fax, e-mail…) Une marge de préférence applicable à certaines fournitures fabriquées localement ne sera pas octroyée aux soumissionnaires éligibles. Voir le document d’Appel d’offres pour les informations détaillées. 6 . Les soumissionnaires intéressés peuvent obtenir un dossier d’Appel d’offres complet en Français en formulant une demande écrite à l’adresse mentionnée ci-dessous contre un paiement non remboursable de C e n t m i l l e ( 1 0 0 0 0 0 ) f r a n c s C FA. La méthode de paiement sera en espèces, par chèque certifié ou par virement bancaire dans au compte n° 22001076350/86, domicilié à la Banque Commerciale Internationale (BCI), sise à Brazzaville. Le document d’Appel d’offres sera adressé par la poste à la charge du soumissionnaire. 7 . Les offres devront être soumises à l’adresse du PRCTG ci-dessous au plus tard le m a r di 26 mai 2009 à 12 heur es précises. La soumission des offres par voie électronique ne sera pas autorisée. Les offres remises en retard ne seront pas acceptées. Les offres seront ouvertes en présence des représentants des soumissionnaires présents en personne ou à distance à l’adresse du PRCTG mentionnée ci-dessous à 1 3 h e u r es précises. Les offres doivent comprendre une garantie de l’offre, pour un montant de trois millions (3 000 000) FCFA ou libellé dans une monnaie librement convertible sous forme de chèque certifié ou d’une caution bancaire, délivré par une banque agrée en République du Congo par la Commission Bancaire d’Afrique Centrale (COBAC) ou ayant un correspondant en République du Congo. 8 . L’adresse à laquelle il est fait référence ci-dessus est : MINISTERE DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DU BUDGET P r o j e t d e R e n f o r cement des capacités de T r a n s p a r ence et de Gouver n a n c e ( P R C T G ) D e r r i è r e le Commissariat Central de Police de Brazzaville E X - D i r ection de la Prévision de la Dir ection Générale du Budget REPUBLIQUE DU CONGO Fait à Brazzaville, le 09 Avril 2009 Le Ministre de l’Economie, des Finances et du Budget Pacifique ISSOIBEKA
REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO SERVICES DE CONSULTANTS Projet de Compétitivité et Développement du Secteur Privé (PCDSP) - Don IDA N°H366 DRC
MANIFESTATION D’INTERET Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a reçu un Don de l’Association Internationale de Développement (IDA), et a l’intention d’utiliser une partie du montant de ce don pour effectuer les paiements au titre du Contrat suivant : Audit financier des Fonds IDEF de la Régie des Voies Aériennes « RVA » L’auditeur devra se prononcer sur : a) La sincérité et la régularité des comptes, des relevés des recettes et des dépenses. Cette sincérité et cette régularité devront être appréciées par rapport aux normes comptables, aux directives de la RVA et à l’accord de financement, notamment quant à l’égibilité et à la validité des dépenses d’investissement effectuées (justification des dépenses, respect des procédures de passation des marchés) ; b) L’efficacité du système de contrôle interne, permettant à la RVA et à l’organisme de financement à préparer des rapporter financiers fiables et à maintenir une comptabilité exhaustive et probante de toutes les opérations qui sont de la responsabilité de l’organisme de financement ; c) La conformité de l’exécution des investissements par rapport aux termes de l’accord de financement et aux instructions des ministères du Portefeuille et des Transports et Voies de Communication ;
firmes ou cabinets admissibles à manifester leur intérêt à fournir les services décrits ci-dessus. Les firmes/cabinets intéressés doivent fournir les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services (brochures, références concernant l’exécution de contrats analogues, expérience dans des conditions semblables, disponibilité des connaissances nécessaires du personnel, etc.). Les firmes/cabinets peuvent s’associer pour renforcer leurs compétences respectives. Un consultant (firme/cabinet) sera sélectionné en accord avec les procédures définies dans les Directives: Sélection et Emploi de Consultants par les Emprunteurs de la Banque mondiale, édition mai 2004, version révisée octobre 2006. Les consultants (firmes/cabinets) intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires au sujet des documents de référence à l’adresse ci-dessous. Les manifestations d’intérêt rédigées en langue française doivent être déposées à l’adresse ci-dessous ou transmises par courrier électronique à l’adresse : cpm@copirep.org au plus tard le lundi 27 avril 2009. COPIREP (Cellule de Passation des Marchés) Immeuble SOFIDE, 4ème étage, Croisement des avenues Lemarinel et Kisangani n° 9-11 Kinshasa/Gombe, République Démocratique du Congo. Tel : + 243 99 99 39 531 - Site web : www.copirep.org
La mission se déroulera à Kinshasa sur une période de deux mois. Le Comité de Pilotage de la Réforme des Entreprises Publiques invite les
LE SECRETAIRE EXECUTIF ILUNGA ILUNKAMBA
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AC PROJET D’APPUI A LA CROISSANCE SELECTION DE CONSULTANTS PAR LES EMPRUNTEURS DE LA BANQUE SOLLICITATION DE MANIFESTATIONS D’INTERET N° 001/2009/SPM/UCP-PAC N O M D U PAY S : MALI N O M D U P RO J E T : PROJET D’APPUI A LA CROISSANCE SERVICE DE CONSULTANTS : Sélection d’un Consultant pour le recrutement d’un consultant chargé de l’assistance technique pour la préparation du cadre juridique et réglementaire TIC du Mali – C o m p o s a n t e T é l é c o m mu n i c a t i o n s . C r é d i t N° 4 0 3 3 M L I / D o n N° H 1 4 5 M L I
1 . Cette sollicitation de manifestation d’intérêt fait suite à l’avis général de passation des marchés de ce projet publié dans le Development Business N° 674 du 16 mars 2006 (version online 03/03/06), dans dg market en date du 3 mars 2006 et dans le Quotidien ESSOR en date du 06 mars 2006. 2 . Le Gouvernement du Mali a obtenu de l'Association Internationale de Développement (IDA) un crédit (4033 MLI) et un don (H145 MLI) pour financer le Projet d'Appui à la Croissance et se propose d'utiliser une partie de ce crédit et de ce don pour réaliser une consultation relative à l’assistance technique pour la préparation du cadre juridique et réglementaire TIC du Mali – Composante Télécommunications. L’objectif principal de ce projet est de doter le Mali d’un cadre juridique et réglementaire des technologies de l’Information et de la communication adapté aux réalités et aux mutations du secteur aux plans national, sous régional et international. Se basant sur les meilleures pratiques internationales et suite à la discussion avec le gouvernement de l’approche la plus appropriée au cas du Mali, le consultant devra selon le cas préparer un ensemble de projets de textes ou proposer des amendements à des textes existants pour permettre la mise en place d’un cadre légal propice pour adresser les aspects relatifs à (i) l’économie numérique, (ii) l’administration électronique (iii) la cybercriminalité, et (iv) la protection des données. Le consultant devra également formuler des recommandations détaillées sur les institutions à établir et à renforcer dans le nouveau cadre juridique et réglementaire développé. 3 . Le présent Avis de Sollicitation à Manifestation d'Intérêt est ouvert aux cabinets Consultants ayant une expérience prouvée dans l’élaboration du cadre juridique et réglementaire TIC ainsi qu'une expérience pratique dans le domaine des nouvelles technologies.
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4 . La durée prévisionnelle des prestations du cabinet Consultant est estimée à 1 2 m o i s 5 . Le Projet d’Appui à la Croissance invite les cabinets consultants ayant les qualifications requises à indiquer leur intérêt à fournir les prestations sollicitées. Les cabinets consultants intéressés doivent fournir les informations qui indiquent qu'ils sont qualifiés pour exécuter les prestations (brochure de présentation, description de missions semblables et expériences dans des conditions similaires au cours des cinq dernières années (références), disponibilité de compétences appropriées parmi le personnel clé du cabinet, CV, etc.). La langue de soumission des dossiers est le français. 6 . Le cabinet consultant sera sélectionné conformément à l'ensemble des procédures édictées dans les Directives de la Banque Mondiale : Sélection et Emploi de Consultants par les Emprunteurs de la Banque Mondiale, édition courante. 7 . Les Cabinets Consultants intéressés peuvent obtenir des informations complémentaires pendant les jours ouvrables à l'adresse ci-dessous de 08 heures à 16 heures (TU). Adresse : Comité de Régulation des Télécommunications, Bamako Mali, Tél : (223) 20 23 14 90, Fax: (223) 20 23 14 94, e-mail : m o t r a o r e @ s o t e l m a . m l 8 . Les manifestations d'intérêt doivent être déposées avec la mention « A s s i s t a n c e T e c h n i q u e p o u r l a Préparation du Cadr e Juridique et Réglementair e TIC du Mali - Composante Télécommunications » au plus tard le v e n d r e d i 2 4 a v r i l 2 0 0 9 à 1 6 H e u r e s ( h e u r e TU), à l'adresse ci-dessous : Projet d’Appui à la Croissance, BP: E 1314 Hamdalaye ACI 2000, Rue 394, porte 527 Bamako Mali, Tél: (223) 20 29 11 07 / (223) 20 29 56 18, Fax : (223) 20 29 56 19 Email : c o o r d i n a t e u r @ p a c m a l i . o r g, s p m @ p a c m a l i . o r g
Manifestation d’intérêt
Manifestations d’intérêt
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www.sai2000.org REPUBLIQUE DU NIGER Ministère des Transports et de l’Aviation Civile du Niger
REPUBLIQUE DU BENIN Ministère Délégué auprès du Président de la République chargé des Transports Terrestres, des Transports Aériens et des Travaux Publics du Bénin
École Commerciale Privée fondée en 1955 THIS SCHOOL IS AUTHORIZED UNDER FEDERAL LAW TO ENROLL NONIMMIGRANT ALIEN STUDENTS
PROJET AFRICARAIL INTERCONNEXION FERROVIAIRE
Comptabilité sur ordinateur Gestion de bureau sur ordinateur dBase Management® Microsoft Office Suite - Windows Traitement de texte Microsoft® Lotus Suite - (T1) Internet access
Financement : Budget du Niger et Budget du Bénin.
SOLLICITATION DE MANIFESTATION D’INTERET DES ETUDES TECHNIQUES DU CHEMIN DE FER COTONOU-PARAKOU-DOSSO
Manifestation d’intérêt - Formation
COURS INTENSIFS D’ANGLAIS
Objet : Sollicitation de manifestation d’intérêt pour la Sélection de consultants chargés de la réalisation de l’étude économique, technique et d’impact environnemental, de l’étude d’exécution et de la préparation du Dossier d’Appel d’Offres (DAO) du prolongement et de la réhabilitation du chemin de fer Cotonou-Parakou-Dosso. 1 Les Gouvernements de la République du Niger et de la République du Bénin ont l’intention de financer la réalisation des études citées en objet sur financement de leurs budgets nationaux. 2 Les Ministres chargés des Transports de la République du Niger et de la République du Bénin lancent un avis de manifestation d’intérêt pour la réalisation des prestations et comptent utiliser le financement sus-visé pour effectuer les paiements au titre des prestations citées ci-dessous : - Etude technico-économique et d’impact environnemental ; - Etude technique détaillée et élaboration DAO. A l’issue de cette manifestation, il sera constitué une liste restreinte. 3 Les titulaires installeront des experts et des équipes appropriées ayant pour mission d’effectuer les études conformément aux spécifications des marchés de prestations (Termes De Référence). 4 Les Ministres invitent les candidats à manifester leur intérêt à fournir les services décrits ci-dessus. Les consultants intéressés doivent fournir les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services (brochures, références concernant l’exécution de contrats analogues, expérience dans des conditions semblables, disponibilité de personnel compétent, etc.). les consultants peuvent s’associer pour renforcer leurs compétences respectives.
• Membre accrédité du “ACICS” • Établissement reconnu par le Département d’Éducation de l’État de New York • Commence dès ce mois-ci • Cours offerts le matin, l’après-midi et le soir. Tél. (212) 840-7111 Fax (212) 719-5922 APPEL GRATUIT SUR INTERNET PAR NET MEETING 166.84.191.135 SPANISH-AMERICAN INSTITUTE 215 W 43 St. (Times Square) Manhattan, NY 10036-3913
info@sai2000.org ETUDIEZ, TRAVAILLEZ, IMMIGREZ
A L’ETRANGER Etudier aux USA, Canada, Europe ( Chypre, Malte) Travaillez aux USA, Canada et Angleterre Immigrez au Canada, Angleterre et Australie
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Tel: 001 678 694 1500 Mob: 001 678 235 1038 Email: info@x-plore.org Site web: www.x-plore.org
5 Les consultants seront sélectionnés en accord avec les procédures nationales (DAO prestations intellectuelles). 6 Les consultants intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires au sujet des documents de référence à l’adresse mentionnée ci-dessous aux heures suivantes : du Lundi au Jeudi de 8 heures 30 à 16 heures et le vendredi de 8 heures 30 à 12 heures au Siège du Projet AFRICARAIL.
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sur le site :
7 Les manifestations d’intérêt doivent être transmises à l’adresse mentionnée ci-dessus au plus tard le 15 Avril 2009 à 10 heures 30.
www.jeuneafrique.com
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AC SELECTION DE CONSULTANTS PAR LES EMPRUNTEURS DE LA BANQUE SOLLICITATION DE MANIFESTATIONS D’INTERET NOM DU PAYS : REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE NOM DU PROJET : PROJET DE REPONSE A LA CRISE ALIMENTAIRE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE SERVICE DE CONSULTANTS : RECRUTEMENT D’UN CONSULTANT POUR LES ETUDES D’IMPACT ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL DU PROJET DE REPONSE A LA CRISE ALIMENTAIRE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE. Réf : FPCR TF GRANT NUMBER TF0926672 Le Comité Technique Permanent de Suivi des Programmes d’Ajustement Structurel (CTP-PAS) invite les Consultants individuels à manifester leur intérêt à fournir les services décrits ci-dessus. Les Consultants intéressés doivent fournir les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services (références concernant l’exécution de contrats analogues, expérience dans des conditions semblables).
Le Plan Cadre de Gestion Environnementale et Sociale (PCGES) est conçu comme étant un mécanisme de tri pour les impacts environnementaux et sociaux des investissements et activités inconnues avant l’évaluation du projet. Il se présente donc comme instrument pour déterminer et évaluer les impacts environnementaux et sociaux potentiels futurs. En outre le PCGES devra définir le cadre de suivi et de surveillance ainsi que les dispositions institutionnelles à prendre durant la mise en œuvre du programme et la réalisation des activités pour atténuer les impacts environnementaux et sociaux défavorables, les supprimer ou les réduire à des niveaux acceptables.
Un Consultant sera sélectionné en accord avec les procédures définies dans les Directives: Sélection et Emploi de Consultants par les Emprunteurs de la Banque mondiale , mai 2004 (version révisée octobre 2006).
Les objectifs spécifiques du PCGES incluront les mesures suivantes : a. Fixer les procédures et méthodologie explicites pour la planification environnement et sociale ainsi que pour l’évaluation, l’approbation et la mise en œuvre des activités afférentes aux infrastructures devant être financés dans le cadre du projet ; b. Préciser les rôles et responsabilités ad hoc, et d’esquisser les procédures de compte rendu impératives pour gérer et suivre les préoccupations environnementales et sociales relatives à ces activités ; c. Déterminer les besoins en formation, renforcement des capacités et autre assistance technique pour la mise en œuvre adéquate du PCGES ;
Les dossiers de candidature comprendront : - une lettre de motivation indiquant les domaines de compétence; - le CV détaillé. Les Consultants intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires au sujet des documents de référence à l’adresse ci-dessous : Monsieur OUANFIO Parfait Secrétaire Permanent du Comité Technique Permanent de suivi des Programmes d’Ajustement Structurel (CTP-PAS), sis bâtiment de l’Ex CAADE au Ministère des Finances et du Budget. BP : 1014 Bangui (RCA) Tél. : (+236) 21 61 58 36 / (+236) 75 55 27 86 Fax : (+236) 21 61 62 35. E-mail : ouanpaf@yahoo.fr CC: celestinbrahim@yahoo.fr et aux heures ouvrables suivantes : de 7h30 à 15 h30 mn. Les manifestations d’intérêt doivent être déposées à l’adresse ci-dessous au plus tard le lundi 27 Avril 2009 à 15 heures 30 minutes. Ils devront porter la mention :
d. Fixer le montant du financement à pourvoir par le projet pour mettre en œuvre les conditions requises par le PCGES et ; e. Fournir les moyens d’information adaptés pour exécuter le PCGES.
JEUNE AFRIQUE N° 2518 – DU 12 AU 18 AVRIL 2009
Appel à candidature pour le recrutement d’un consultant pour les études d’impact environnemental et social du projet de réponse a la crise alimentaire en république centrafricaine.
Manifestation d’intérêt
Le République Centrafricaine a reçu un Fonds Fiduciaire d’Intervention en Réponse à la Crise des Prix Alimentaires de l’Association internationale de développement (IDA), et a l’intention d’utiliser une partie du montant de ce don pour effectuer les paiements au titre du contrat suivant : recrutement d’un consultant pour les études d’impact environnemental et social du projet de réponse a la crise alimentaire en république centrafricaine.
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AC Annonce de Postes à pourvoir La Commission Sous Régionale des Pêches (CSRP) est une organisation intergouvernementale de coopération halieutique en Afrique de l’Ouest, qui regroupe sept Etats membres : Cap Vert, Gambie, Guinée, Guinée Bissau, Mauritanie, Sénégal et Sierra Leone. Les organes de la CSRP sont la Conférence des Ministres, le Comité de Coordination et le Secrétariat Permanent basé à Dakar, (Sénégal). La CSRP a engagé au cours de ces deux dernières années un processus de restructuration et de renforcement institutionnel qui a abouti en février 2009 à l’adoption par la Conférence des Ministres d’une nouvelle Politique de développement, d’organisation et de gestion des ressources humaines accompagnée d’un organigramme, d’un nouveau Règlement Intérieur et d’un nouveau Statut du Personnel. Ces réformes préfigurent un Secrétariat Permanent doté d’un personnel de qualité pouvant lui donner les capacités institutionnelles de mise en œuvre de ses missions. C’est dans ce cadre que le Secrétariat Permanent invite les candidatures des ressortissants des Etats membres de la CSRP pour le recrutement ci-dessous relevant de la catégorie « P e r s o n n e l I n t e r n a t i o n a l » :
Recrutement
A. Tr ois Chefs de Département (H/F) Catégorie P4 de la grille des salair es des Nations Unies • Un Chef de Département Recherche et Système d’Information (Ref.: DRSI) • Un Chef de Département Suivi, Contrôle et Surveillance (Ref.: DSCS) • Un Chef de Département Harmonisation des Politiques et des Législations (Ref.: DHPL) B . D e u x C h a r gés de Pr o g r a m m e ( H / F ) Catégorie P3 de la grille des salair es des Nations Unies • Un Chargé de Programme Recherche et Système d’Information (Ref.: CP/DRSI) • Un Chargé de Programme Suivi, Contrôle et Surveillance (Ref.: CP/DSCS) Le Secrétariat Permanent invite également les candidatures de ressortis-
sants des Etats membres de la CSRP pour le recrutement suivant relevant de la catégorie « Personnel Local » : • Un(e) Assistant(e) du Secrétaire Permanent (Ref.: ASP) • Un Chef du Service Communication et Relations Publiques (H/F) (Ref.: SCRP) Pour plus d’information concernant les fiches de poste ou la CSRP, merci de consulter le site w w w . c s r p s p . o r g. C o m m e n t f a i r e acte de candidatur e? Tous les candidats aux postes ci-dessus devront fournir les documents suivants: • Une lettre de motivation; • Un CV détaillé décrivant l'expérience professionnelle du candidat; • Trois lettres de référence, dont deux doivent provenir de personnes résidant dans des pays autres que le pays de résidence du candidat (uniquement pour le personnel international). La CSRP encourage les candidatures féminines et l’équilibre entre les Etats membres sans sacrifier les critères de compétence. Chaque dossier de candidature doit être envoyé sous enveloppe fermée portant la référence du poste à l'adresse suivante : M o n s i e u r l e S e c r é t a i r e Per m a n e n t Secrétariat Per manent de la Commission Sous Régionale des Pêches B P 2 5 4 8 5 , D a k a r, Sénégal Date de clôtur e : Tous les dossiers de candidature devront être envoyés au plus tard le 8 mai 2009 (date de l’envoi). Des copies électroniques de la lettre de motivation, du CV et des lettres de référence doivent être envoyés à cette date à l’adresse courriel suivante : recrutement.csrp2009@gmail.com
Avis de vacance de postes Union Africaine, bureau du Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs (MAEP) Contexte Le Mécanisme Africain d’Évaluation par les Pairs (MAEP) a été créé par le Comité des Chefs d’États et de Gouvernements chargé de la mise en œuvre du NEPAD (HSGIC), pour s'occuper de l'aspect Gouvernance de ce dernier. Son objectif et son mandat sont détaillés dans la Déclaration sur la Démocratie et la Gouvernance politique, économique et des entreprises, adoptée par les chefs d'états et de gouvernements africains lors de l'inauguration de l'Assemblée de l'Union africaine à Durban (Afrique du Sud) en 2002. Le MAEP est accessible à tout membre de l'Union africaine grâce à la signature d'un Mémorandum d'accord adopté par le HSGIC lors de sa 6e assemblée en mars 2003 à Abuja (Nigéria). En janvier 2009, on compte 29 pays participant au Mécanisme. Tous les autres états membres de l'UA devraient y adhérer. Accéder au MAEP implique l'adhésion à des principes, des règles et des standards de base qui respectent les quatre thématiques qui sont, respectivement : démocratie et gouvernance politique, gouvernance économique et gestion, gouvernance d'entreprise, développement socio-économique. Les pays membres acceptent de se soumettre à la fois à une auto-évaluation et à un examen indépendant de leurs performances dans ces domaines et, par la suite, de mettre en œuvre un Programme National d'Action sur lequel ils feront un rapport régulier. Entre 2005 et 2008, 9 pays furent évalués et 4 autres sont en cours d'évaluation en 2009. Le processus de MAEP est supervisé par un Panel d’Eminentes Personnalités qui font un rapport au Comité des Chefs d'États et de Gouvernements des pays membres. L’exécution de ce processus a été confiée à un Secrétariat situé à Midrand (Afrique du Sud). En vue des réalisations et du potentiel du processus du MAEP, le Gouvernement de la République d'Afrique du Sud et la Commission de l'Union africaine ont signé, en octobre 2008, un Accord de Siège établissant ainsi un bureau du MAEP à l'UA, comme organisme international, situé en Afrique du Sud, à la place du Secrétariat du MAEP. Le bureau du MAEP de l'Union africaine cherche à recruter des Africains qualifiés pour les postes suivants: Conditions et candidature 1 DIRECTEUR GENERAL (1 poste) poste • DEVELOPPEMENT SOCIO-ECONOMIQUE (DSE) – 1 poste Le bureau du MAEP de l’Union africaine offre les mêmes con2 DIRECTEUR, PROCESSUS D’EVALUATION DES PAYS 7 RESPONSABLE DE L’ADMINISTRATION ET DU PERSONNEL ditions, à niveau comparable, que l’Union africaine en Afrique (2 postes) (1 poste) du Sud, les mêmes immunités et privilèges prévus dans l’Accord 3 DIRECTEUR ADMINISTRATIF ET FINANCIER (1 poste) de Siège. 4 DIRECTEUR ADMINISTRATIF ET FINANCIER ADJOINT 8 RESPONSABLE DU BUDGET (1 poste) 9 RESPONSABLE FINANCIER (1 poste) Toutes les candidatures, accompagnées d’une lettre de motiva(1poste) 10 TRADUCTEUR/REVISEUR – Anglophone (1) tion, d’un CV et de trois références, doivent être envoyées avant 5 DIRECTEURS ADJOINTS (4 postes) • GOUVERNANCE DES ENTREPRISES (GE) – 1 poste TRADUCTEUR/REVISEUR – Francophone (1) le 3 0 a v r i l 2 0 0 9 . • GOUVERNANCE ECONOMIQUE ET DE GESTION (GEG) – 11 RESPONSABLE DE LA COMMUNICATION (1 poste) Pour poser votre candidature sur Internet, rendez-vous sur : 1 poste 12 DOCUMENTALISTE/ARCHIVISTE (1 poste) Le site de DBSA : w w w . d b s a . o r g • DEMOCRATIE ET GOUVERNANCE POLITIQUE (GDP) – 1 13 RESPONSABLE INFORMATIQUE ET DES OUTILS DE COM- Le site du MAEP: w w w . a p r m - i n t e r n a t i o n a l . o r g poste MUNICATION (1 poste) Le site du NEPAD: w w w . n e p a d . o r g • DEVELOPPEMENT SOCIO-ECONOMIQUE (DSE) – 1 poste 14 AUDITEUR INTERNE (1 poste) 6 ANALYSTES DE RECHERCHE (4 postes) 15 ASSISTANT SPECIAL DU PANEL DES EMINENTES PERSONOu envoyez un courrier électronique à: • GOUVERNANCE DES ENTREPRISES (GE) – 1 poste NALITES (1 poste) r ecruit@aprm-international.org • GOUVERNANCE ECONOMIQUE ET DE GESTION (GEG) – Vous trouverez les annonces dans leur intégralité sur le site Bureau du MAEP de l’Union africaine, Attn. Panel du MAEP, 1 poste w w w . j e u n e a f r i q u e . c o m et dans la publication de Jeune P.O. Box 1234, Halfway House, Midrand, Afrique du Sud. • DEMOCRATIE ET GOUVERNANCE POLITIQUE (GDP) – 1 Afrique du 05 avril.
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Investment and Advisory Positions
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Sub-Saharan Africa The International Fertilizer Development Center (IFDC), a public international organization founded in 1974 to assist in the quest for global food security, is seeking to fill the following vacancy with posting to Lomé, Togo : Programm Leader - Agribusiness Program IFDC’s North and West Africa Division, which currently operates through seven country offices in Benin, Burkina Faso, Chad, Ghana, Mali, Nigeria, and Togo, has two programsNatural Resources Management and Agribusiness. The later is a large program, with ongoing activities including three regional projects and numerous country-specific ones, and employing approximately 90 scientists and support staff in its projects. The ultimates goal of the Agribusiness Program is to ensure the well-being of the current and future generations of farmers and other agricultural sector actors in developing economies. The program aims to achieve sustainable and profitable increases in agricultural productivity and to increase the incomes and competencies of farmers and other agricultural sector actors.
IFC, World Bank Group, is the largest multilateral provider of financing for private enterprise in emerging markets. IFC provides loans, equity, structured finance and risk management tools as well as advisory services to build the private sector in developing countries. IFC seeks dynamic, creative people with solid experience in project, structured or corporate finance, or in business consulting, to help the Corporation maximize the developmental impact of its interventions in Sub-Saharan Africa.
Resident Representatives, Sierra Leone and Ivory Coast Free-Town and Abidjan, 8+ years of experience, positions nr: 090627/090626
Principal Investment Officer Dakar, 12+ years of experience, position nr: 090624
Senior Investment Officer Accra 8+ years of experience, position nr: 090628
Senior Investment Officers, Infrastructure Advisory Services Nairobi and Dakar, 8+ years of experience, positions nr: 090622/090621
Investment Officers, Infrastructure Advisory Services Nairobi, 5+ years of experience, position nr: 090620 All positions require superior interpersonal, leadership and negotiation skills, as well as experience in Africa; excellent communication skills in English, plus French for French speaking countries are equally a must. For full job descriptions, please go to www.ifc.org/careers and apply on-line to the position that realistically matches your professional profile and expectations. Deadline is April 29, 2009.
Please visit our web site www.ifdc.org. Employment, for complete job requirements and instructions for application.
www.ifc.org
UNITAID est une agence internationale établie pour fournir des financements prévisibles de long terme pour contribuer à renforcer l’accès au traitement du VIH/sida, du paludisme et de la tuberculose pour les populations des pays en développement en obtenant des réductions de prix sur les diagnostics et les médicaments de qualité, et en accélérant le rythme auquel ils sont rendus disponibles. Hébergé et administré par l'Organisation mondiale de la Santé, UNITAID est soutenu par 29 pays, ainsi que par la fondation Bill et Melinda Gates. U N I TA I D r e c r u t e u n : D i r e c t e u r, F i n a n c e s e t A d m i n i s t r a t i o n • Développer et diriger le département des finances d’UNITAID, ainsi que son service administratif et des ressources humaines. • Prendre en charge la gestion des ressources et la stratégie financière d'UNITAID. • Le/la candidat(e) idéal(e) aura d’excellentes compétences dans la gestion financière des organisations complexes et globales, ainsi qu’une bonne expérience dans l'administration des programmes de santé publique au niveau international. D i r e c t e u r, D y n a m i q u e d e M a r c h é e t O p é r a t i o n s • Diriger des experts et leur équipe dans l’unité de Dynamique de Marché et Opérations, ainsi qu’un groupe externe de consultants. • Apporter un savoir-faire technique pour l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies; ainsi que l’élaboration et le développement des procédures pour la soumission et l’exécution des propositions; assurer la gestion efficace des unités de la Dynamique de Marché et Opérations. • Le/la candidat(e) idéal(e) aura des capacités d'encadrement et de direction. Il/elle aura une vision stratégique, un mode d’opération décisif ainsi qu’une expérience solide en santé publique et en gestion de projets. Il/elle saura assurer la coordination entre les équipes pour mener à bien les différents de projets.
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C o o r d i n a t e u r, D y n a m i q u e d e M a r c h é • Appliquer la stratégie et analyser l'impact des éléments qui constituent et influencent les marchés mondiaux pour les produits de santé. Dans le but d’identifier de nouvelles opportunités pour UNITAID, suivre l'évolution des marchés pour les produits pharmaceutiques et diagnostiques destinés à prévenir, soigner et traiter le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. • Le/la candidat(e) idéal(e) aura une bonne connaissance de l’économie de la santé et une maîtrise des problématiques de marché pour les produits de santé et de leurs mécanismes de financement, de la conception des médicaments jusqu'à leur mise à disposition sur le marché. Ces postes sont basés à l’OMS, Genève, Suisse. Vous trouverez une description détaillée des postes ainsi que des informations sur la marche à suivre pour soumettre votre candidature sur les sites internet suivants : www.who.int/employment/vacancies/ www.unitaid.eu/index.php/en/Employment.html Les dossiers de candidatur es ser o n t r eçus jusqu’à la mi-mai 2009. Pour de plus amples infor mations, veuillez contacter Kor n / F e r r y I n t e r national E-mail : geneva@kor nferry.com – Tél : +41 22 310 2071
Recrutement
IFC’s mission is to promote sustainable private sector investment in developing countries, helping to reduce poverty and improve people’s lives.
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AC Avis Financier Le Groupe BGFIBANK confirme sa solidité financière malgré un contexte de crise financière internationale. Le Conseil d’Administration de BGFIBANK SA réuni le 27 mars 2009 a arrêté les comptes de l’exercice clos le 31 décembre 2008.
COMPTES CONSOLIDES AU 31 DECEMBRE 2008
Avis Financier
Total de Bilan F. CFA 853 milliards Situation nette F. CFA 127 milliards Capitaux Permanents F. CFA 188 milliards
Leader sur le marché bancaire en zone CEMAC et 2e Groupe bancaire en Afrique Noire Franco-phone par son total de bilan, ses fonds propres, son produit net bancaire et son résultat net, BGFIBANK conforte ses positions tant au niveau national qu’international. Dans une démarche dynamique, BGFIBANK place la satisfaction client au cœur de sa stratégie, et offre un éventail de produits diversifiés à travers des filiales spécialisées par métiers développant entre elles une véritable synergie.
La Banque Commerciale Dépôts de la clientèle F. CFA 625 milliards Crédits à la clientèle F. CFA 454 milliards
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BGFIBANK GABON BGFIBANK CONGO BGFIBANK GUINEE EQUATORIALE BGFI INTERNATIONAL (France)
La Gestion d’Actifs
Produit Net Bancaire F. CFA 87 milliards
• BGFI IMMO, Gestion et Promotion Immobilière • BGFI BANQUE PRIVEE, Gestion Patrimoniale • BGFI ASSET MANAGEMENT, Gestion d’actifs
Résultat Net Part du Groupe F. CFA 21 milliards
Les Services Financiers Spécialisés
Coefficient Net d’Exploitation 36 % Rentabilité sur Fonds Propres 21%
• BGFIBAIL et SOCOFIN, Crédit Bail et Leasing • BGFI BOURSE, Ingénierie Financière, Conseil et Intermédiation en Bourse • FINATRA, Crédit à la Consommation • BGFI CASH, Transfert d’Argent • BGFI BUSINESS SCHOOL, Formation • BGFI FACTOR, Affacturage
Les résultats enregistrés au 31 décembre 2008 confirment la solidité financière du Groupe qui a su s’adapter au contexte international et aux attentes variées des clients. Le Conseil d’Administration a décidé de proposer à l’Assemblée Générale des actionnaires le paiement d’un dividende de F CFA 2 587 par action et de procéder à une augmentation du capital social de F CFA 50 130 752 000 à F CFA 73 853 340 000 par incorporation des réserves.
Groupe BGFIBANK, Votre partenaire pour l’avenir Siège Social : 1295, bd de l’Indépendance B.P. 2253 - Libreville, Gabon – Tél : (241) 76 23 26 - Fax (241) 74 08 94 - www.bgfi.com JEUNE AFRIQUE N° 2518 – DU 12 AU 18 AVRIL 2009
VOUS & NOUS 95
Vos messages concernant la crise malgache condamnent unanimement le renversement du président Marc Ravalomanana.
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LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE
FOCUS 15
MADAGASCAR LE COUP DE TROP ? Le 17 mars, Marc Ravalomanana sʼest résigné à quitter le pouvoir. Son rival, Andry Rajoelina, pavoise. Mais, déjà, la communauté internationale conteste les conditions de cette « transition » fort peu démocratique.
JEAN-DOMINIQUE GESLIN
L
E 17 MARS, À M ID I , se joue le premier acte d ’un e t r a g é d ie qui en compte trois, et dont Marc Ravalomanana n’est déjà plus le personnage principal. Tout au plus la victime expiatoire. Andry Rajoelina, alias TGV, lui a définitivement volé la vedette. Depuis la veille au soir, les soldats mutins occupent le palais d’Ambohitsorohitra, en plein centre de Tana, et les partisans du « maire » ont investi les lieux dans la matinée.
Isolé à Iavoloha, édifice austère aux lignes strictes tracées par des architectes nord-coréens, « le président est triste », confie son porte-parole. Triste, mais serein… Il doit recevoir dans quelques minutes l’émissaire de l’ONU, Tiébilé Dramé, et les ambassadeurs d’Afrique du Sud et des ÉtatsUnis pour leur remettre l’ordonnance par laquelle il confère les pleins pouvoirs à un directoire militaire. En attendant les diplomates, Ravalomanana se repasse sans doute le film des événements qui l’ont finalement
Démocratie « château de cartes »
« Si, de sa tombe, Foccart... »
■ La réaction du président français, Nicolas Sarkozy, visà-vis du coup de force est pour le moins ambiguë. C’est un coup d’État, reconnaît-il, mais il faut l’accompagner, semble-t-il ajouter. À la mi-mars, Sarkozy était monté au créneau pour préconiser une solution 100 % malgache. Une fois le jeune DJ installé au pouvoir, il s’est alors empressé de faire remarquer que le perdant n’était pas sans reproches… Mais la condamnation morale de Marc Ravalomanana ne veut rien dire : il y a belle lurette que Sarkozy aurait été remplacé par Olivier Besancenot s’il ne s’agissait que de laisser en place des chefs d’État sans reproches ! Tout au plus peut-on « reprocher » à Ravalomanana son penchant anglo-sinophile dicté par le besoin de diversification des relations internationales de Madagascar. D’où une hypothèse : de sa tombe, Foccart continuerait-il à peser silencieusement sur le destin de l’Afrique ? Pour moi, le cas Ravalomanana relève de ce que j’appelle « le syndrome du mal-aimé », celui-là même qui a emporté le Congolais Lissouba et auquel l’Ivoirien Gbagbo a opposé une carapace de pachyderme, devenant ainsi un héros aux yeux de nombreux Ivoiriens et Africains. Et je ne suis pas le premier à accréditer la thèse de l’implication de la France dans la présente crise politique malgache… ILDEFONSE NDABALISHYE, ABIDJAN, CÔTE DʼIVOIRE
FABIENNE POMPEY
17 MARS, 16 HEURES, ACTE II. À l’invitation de l’archevêque de Tana, Mgr Odon Razanakolona, les représentants du corps diplomatique rencontrent les protagonistes de la crise au siège de l’épiscopat, dans le quartier d’Antanimena. ! ' ( 3 ' . & - # 1 ( ' 3 0 * %,% 2 ) ( * * . ( * $ 4 . - + * / / "
Parade victorieuse d’Andry Rajoelina à Antananarivo, le 17 mars.
Du côté des militaires loyalistes, le vice-amiral Hippolyte Rarison Ramaroson, officier le plus ancien dans le grade le plus élevé, s’est fait accompagner des deux généraux pressentis pour former avec lui le directoire. Du côté des mutins, les colonels qui ont pris la tête de la dissidence, favorables au maire de Tana, sont présents. Andry TGV, arrivé sous bonne escorte, est flanqué de son Premier ministre, Monja Roindefo. Parmi les observateurs, les dirigeants du Conseil des Églises chrétiennes de Madagascar (FFKM) et les représentants des organisations internationales, le Burkinabè Ablassé Ouedraogo
pour l’Union africaine, et le Togolais Edem Kodjo pour la Francophonie. Tiébilé Dramé lit l’ultime ordonnance prise par Ravalomanana. À peine a-t-il achevé que le maire de Tana lance violemment : « Je n’accepterai jamais cela! » Et son Premier ministre de renchérir : « Gardez votre papier ! Cela vous fera un souvenir des vacances que vous avez passées à Madagascar. » TGV se lève et quitte la salle. S’ensuit une confusion générale qui va durer plus de vingt minutes. Profitant de ce flottement, une poignée de sous-officiers mutins se ruent dans la salle, arme au poing, pour manifester leur opposition au
directoire. À leur tête, le commandant Charles Randrianasoavina exige que le pouvoir soit confié à Andry Rajoelina. Sentant le vent tourner, l’ex-Premier ministre Norbert Ratsirahonana – véritable mentor de TGV – décide de quitter les lieux : « Ça pourrait barder », dit-il aux journalistes présents à l’extérieur de l’enceinte. Finalement, religieux et diplomates évacuent l’épiscopat, laissant les militaires entre eux. Les mutins se saisissent alors des officiers censés faire partie du directoire et les embarquent pour la prison militaire du Capsat (Corps des personnels et des services administratifs et techniques).
! ! !
■ Ce qui vient de se passer à Madagascar est loin d’honorer la classe politique malgache. Et ce n’est pas la première fois que cela se passe de cette manière déplorable. Dès lors, à quoi bon mettre en place une « période de transition », ou élaborer une nouvelle Constitution et organiser de nouvelles élections dites anticipées si l’Histoire est condamnée à bégayer ? Une transition pour quoi faire ? Une nouvelle Constitution pour régenter quoi ? De nouvelles élections pour élire qui, puisqu’on ne semble pas s’accommoder des règles élémentaires de la démocratie, et que tout cet échafaudage peut disparaître le lendemain comme un château de cartes ? En tout cas, tout cela ne peut se produire que dans la République très très démocratique du « Gondwana », si chère à notre ami Mamane sur RFI. Car on a beau avoir des griefs contre Marc Ravalomanana, on a beau lui reprocher ses erreurs dans la conduite du pays ou des manquements dans sa gestion, il n’en demeure pas moins qu’il reste dépositaire de la légalité du pouvoir. ABRAHAM EZIN, NIAMEY, NIGER
EN QUELQUES HEURES, tout a été dit sur le chef de l’État déchu, Marc Ravalomanana. De « bonnes sources » parlaient d’un avion qui avait discrètement quitté le pays, sans plan de vol connu. D’autres le disaient à Maurice. Et des témoins, non moins fiables, assuraient qu’il était réfugié en Europe. À Tana aussi, la diffusion de rumeurs est un sport national. « Il est toujours à Madagascar, il n’est pas parti, il n’est pas en résidence surveillée, il n’est pas dans une résidence fixe », assurait, le 20 mars, Norbert Ratsirahonana, proche conseiller de Rajoelina (voir p. 16). Tenu « à ne pas en dire plus », il a cependant sous-entendu que des contacts téléphoniques avaient été établis entre l’autorité de transition et Ravalomanana. Accusé, entre autres, de haute trahison, ce dernier n’est pas pour autant recherché. « Nous n’avons même pas de juridiction adéquate pour le juger », explique Ratsirahonana. Le nouveau pouvoir, dans cette période encore instable, aurait préféré que le président sortant prenne le large. Celui-ci en aurait eu d’abord l’intention, puis se serait ravisé. ■
ALEXANDRE JOE/AFP
RAVALOMANANA, OU COMMENT S’EN DÉBARRASSER
conduit à abandonner la partie. Certes, l’interdiction des émissions de Viva TV, propriété du maire de Tana, fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Certes, ses refus répétés de dialoguer avec son challengeur ont conduit à tous les excès. Certes, les tirs à balles réelles de la garde présidentielle sur les partisans de TGV, le 7 février, au cœur de Tana, ont été déterminants. Mais en son for intérieur, Ravalomanana n’ignore pas que les causes de sa rupture avec les Malgaches sont plus anciennes. Arrogant avec ses adversaires jusqu’à les mépriser, le tombeur de Ratsiraka n’a jamais véritablement permis à l’opposition d’exister. Gouvernant avec une ostentation qui frisait souvent l’indécence, il a multiplié les décisions impopulaires, la plus récente étant de s’offrir un nouveau Boeing présidentiel pour la modique somme de 60 millions de dollars tandis que les ménages malgaches voyaient leur pouvoir d’achat s’effondrer chaque jour un peu plus. Ignorant totalement la sensibilité de ceux qui le portèrent au sommet, il a même tenté, en novembre 2008, de vendre plus d’un million d’hectares de terres agricoles à la multinationale Daewoo, un crime dans un pays où la terre des ancêtres revêt un caractère sacré. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si l’une des toutes premières décisions d’Andry Rajoelina sera, avant même son investiture, d’annuler le projet d’accord avec le groupe sud-coréen. En 1863, pour avoir voulu céder le sol malgache à un aventurier français, le roi Radama II fut assassiné. Étranglé avec une cordelette de soie, ainsi qu’il convenait aux personnes de son rang. Cent quarante ans plus tard, le président Marc Ravalomanana a échappé au pire. Mais il demeure poursuivi pour haute trahison.
ALEXANDRE JOE/AFP
COURRIER DES LECTEURS
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Le 17 mars, Andry Rajoelina prend le pouvoir (J.A. n° 2515).
La « boîte de Pandore » malgache
■ En poussant le président Marc Ravalomanana à abandonner le pouvoir qu’il avait conquis démocratiquement, le jeune Andry Rajoelina n’a pas rendu service à la démocratie de la Grande Île. Certes, on connaît l’autisme politique de Marc Ravalomanana et le mélange exécrable des genres qu’il affectionne, au point de confondre ses propres intérêts avec ceux de l’État. Mais considérer cette attitude comme un prétexte suffisant pour le contraindre à jeter l’éponge sous la double pression de la rue et de l’armée, c’est complètement abject. Andry Rajoelina et ses ouailles auraient été mieux inspirés d’attendre la fin du mandat de l’ex-président pour le sanctionner démocratiquement par les urnes. Malheureusement, les adversaires de Ravalomanana ont emprunté le raccourci de la rue et du coup d’État militaire camouflé pour réussir leur coup. Ce faisant, ils ont ouvert un peu plus la boîte de Pandore malgache. RICHARD KOSSÉRÉ, BONN, ALLEMAGNE
« Antananarivo nʼest pas Madagascar »
■ Les Américains ont patienté et utilisé l’une de leurs plus puissantes institutions – le vote – pour sanctionner le parti de George W. Bush (le président le plus impopulaire de leur histoire). Sans cette discipline démocratique, Obama auraitil eu une chance de s’imposer? Non. En comparaison, qu’en est-il de la légitimité populaire d’Andry Rajoelina? Dans une interview accordée au quotidien français Le Figaro, celui-ci a déclaré que, plutôt que d’être inféodés aux bailleurs occidentaux, les dirigeants malgaches devraient être à l’écoute du « peuple ». Bonne idée! Mais il y a deux problèmes. D’abord un peu d’ironie: le surnom « TGV » ne vient-il pas d’un train français à grande vitesse? Je me demande combien de Malgaches connaissent réellement ce train… Ce qui m’amène au deuxième point: le « peuple » qu’invoque Rajoelina n’est qu’une fraction de la population de l’île. Pour dire vrai: une partie des habitants de la capitale. Et Antananarivo n’est pas Madagascar. Rajoelina a nié avoir réalisé un coup d’État. En tant que politologue, j’avoue que je suis restée perplexe. En moins de vingt-quatre heures, le pouvoir est passé des mains d’un président démocratiquement élu (à deux reprises) à celles des militaires, pour finalement échoir entre celles d’un leader qui, constitutionnellement (il a moins de 40 ans)
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■ Contrairement aux apparences, les États membres de la Ligue arabe ne sont pas solidaires avec le président Omar el-Béchir. Leur attitude a pour but de convaincre leurs opinions nationales qu’il existe une solidarité arabe mais aussi de faire front contre la Cour pénale internationale, au cas où cette dernière songerait à les poursuivre. Beaucoup d’entre eux, en effet, ont des choses à se reprocher en termes de violations des droits de l’homme voire de crimes contre l’humanité. Quant aux chefs d’État africains qui critiquent la CPI, leur position est pour le moins contradictoire. Ils sont trente à avoir signé et ratifié le statut de Rome, et le seul État au monde à avoir accepté d’extrader ses propres concitoyens afin qu’ils soient jugés devant la CPI est africain (c’est la RD Congo). Si ces chefs d’État ne sont pas satisfaits de la Cour, qu’ils s’en retirent, comme le statut de Rome leur en donne le droit. Mais sans doute préfèrent-ils jouer sur deux tableaux : adhérer à la CPI pour donner des preuves de bonne gouvernance aux Occidentaux, et s’en désolidariser pour complaire aux riches Arabes. Tout cela, hélas, n’est guère honorable… HADI SHALLUF, AVOCAT AU BARREAU DE PARIS, EXPERT AUPRÈS DE LA CPI ne peut occuper le fauteuil présidentiel… Et tout ça avec la bénédiction de la Cour suprême ! Il y a de quoi dérouter beaucoup de gens, mais tant que je ne trouverai pas de raisons satisfaisantes au maintien de Rajoelina au pouvoir, je ne pourrai pas l’accepter comme mon président. NADIA RABESAHALA HORNING, MIDDLEBURY COLLEGE, ÉTATS-UNIS
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Retour du néocolonialisme
■ Les événements survenus à Madagascar ne me surprennent guère. Dès que le chef d’étatmajor de l’armée donna trois jours d’ultimatum aux belligérants – le chef de l’État démocratiquement élu par le peuple malgache et le maire de la capitale Antananarivo, tout aussi démocratiquement élu –, je me suis dit qu’il y avait un coup d’État constitutionnel. Comment un chef d’État élu peut-il laisser une fraction de seconde son armée, dont il est le chef suprême, lui dicter sa conduite ? Dans cette situation, que valent le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine et la médiation des Nations unies ? Ils auraient dû intervenir dès le début de la crise, en décembre 2008, et non en mars 2009. Et, pour éviter le retour du néocolonialisme qui sous-tend cette crise, la seule solution est d’aller vers un gouvernement fédéral africain et une monnaie africaine. Comment ? C’est toute la question… MOHAMADOUN BARÉMA BOCOUM, CONSEILLER À LʼAMBASSADE DU MALI EN ITALIE, ROME VINCENT FOURNIER/J.A.
Pourquoi la CPI fait peur
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VOUS & NOUS 97
Big-bang guinéen
Adieu à Philippe Guillaume
■ Les lecteurs de Jeune Afrique ne le connaissaient pas. Et pourtant, lui passait son temps à penser à eux. À vérifier de lourdes infos ou de petits détails, à bichonner des textes, à traquer les coquilles, à réécrire des phrases. Travailleur de l’ombre, Philippe Guillaume était correcteur, fin connaisseur de l’orthographe, de la ponctuation, de la grammaire. Avec passion, rigueur et professionnalisme, il relisait chaque semaine depuis douze ans l’ensemble des pages de chaque numéro. Depuis les bureaux parisiens de J.A., Philippe parcourait l’Afrique, du nord au sud et d’est en ouest, un stylo rouge dans une main, un dictionnaire dans l’autre. Un plaisir pour celui qui avait enseigné le français au centre culturel de Khartoum, au Soudan, au début des années 1990, et qui maîtrisait l’arabe classique et dialectal. Philippe nous a quittés brutalement le 3 avril, à l’âge de 44 ans. À sa famille et à ses proches, le Groupe Jeune Afrique présente ses sincères condoléances.
■ Rien qu’en s’attaquant à la mafia de la drogue, ce fléau sans pitié, Moussa Dadis Camara invite la jeunesse et toutes les forces vives de Guinée à faire bloc derrière lui. Bien sûr, les uns sont pressés et exigent des délais serrés pour mettre fin à la transition. Les autres, plus raisonnables, préfèrent n’avancer une date que si elle peut déboucher sur des élections propres, fiables, consolidant l’unité nationale par-dessus « tout esprit ethnique ». Si la Guinée n’est pas le Mali, nous aimerions quand même que les derniers patriotes militaires guinéens ouvrent avec nous la plus belle page de notre histoire : celle du progrès à la place de cinquante années de haine et de crimes commis par nous contre nous-mêmes. Sans pour cela tomber dans les excès des procès publics ou télévisés. Et, surtout, en évitant toute répétition des erreurs du passé. Il faut que notre jeune chef d’État sache que les opportunistes et
JEAN-DOMINIQUE GESLIN
Le courage des clandestins
■ En réaction à l’article sur les Harraga (J.A. n° 2510), je pense que le caractère massif du phénomène de l’immigration clandestine brouille une lecture plus individuelle des comportements des clandestins. Certes, l’aventure clandestine se raconte à travers un récit de fuite, où le rêve se définit comme une réaction au cauchemar. Mais le rêve peut se suffire à lui-même. Il n’a pas besoin de précarité matérielle pour s’exprimer. On qualifie volontiers d’aventurier un Occidental qui risque sa vie à l’étranger. Faut-il être occidental pour mériter ce qualificatif ? Un Africain ne serait-il qu’un homme qui fuit ? Au-delà du poids de la misère, il faut pourtant entendre la soif d’aventure, celle qui pousse certains jeunes Occidentaux à chercher le paradis perdu en Afrique. Il faut donc accepter de voir en ces clandestins non pas seulement des victimes mais aussi des aventuriers. Pas pour soulager nos consciences face à ce drame qui réclame des mesures concrètes, politiques et humanistes, mais pour rendre leur dignité propre à des hommes courageux. ÉLODIE CHEMARIN, GENÈVE, SUISSE
l’entourage clanique de Sékou Touré et de Lansana Conté sont en partie responsables du naufrage de ce pays qui était promis à un bel avenir. Aujourd’hui, il faut réformer la Constitution et faire de ce moment de transition un bigbang politique pour la Guinée. LANCINÉ CAMARA, PRÉSIDENT DE LʼUNION INTERNATIONALE DES JOURNALISTES AFRICAINS, PARIS, FRANCE
Éditorial optimiste
■ Permettez-moi de dire un grand bravo à Béchir Ben Yahmed pour son éditorial intitulé « Est-ce l’aube de la paix? » (J.A. n° 2518). J’en ai apprécié à la fois l’inspiration et les mots employés. BBY serait-il trop optimiste? Eh bien tant mieux! Que Dieu et les diplomates l’entendent. Même si ce Lieberman ne me dit personnellement rien de bon. Et que j’ai du mal à entrevoir dans son style la moindre promesse ou une quelconque espérance. VIKTOR MALKA, PARIS, FRANCE
J.A. RÉPOND À... LAURA NEKROUF PIERRE-FRANÇOIS NAUDÉ
Quʼest-ce quʼune ambassadrice ?
P
our beaucoup de gens, l’ambassadrice désigne la femme de l’ambassadeur. Mais, depuis 2002, cette acception « conjugale » est obsolète en France, où une circulaire « sur la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre » a officialisé l’acception courante (déjà sanctionnée dans
de nombreux dictionnaires) du féminin du mot ambassadeur pour désigner une diplomate représentant de manière permanente son pays à l’étranger. De même, les mots « colonelle » ou « préfète » sont désormais couramment employés. N’en déplaise aux « puristes » – femmes ou hommes – qui
ont du mal à accepter cette légère transformation du vocabulaire, la féminisation des noms de fonction découle naturellement de la féminisation tardive de certaines professions: la première ambassadrice de France par exemple, Marcelle Campana, ne fut nommée qu’en 1972, à Panamá. ■
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POST-SCRIPTUM
P O L I T I Q U E , É C O N O M I E , C U LT U R E Fondé à Tunis le 17 oct. 1960 par Béchir Ben Yahmed (49 e année)
Édité par SIFIJA
Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 PARIS Tél. : 01 44 30 19 60 ; Télécopieurs : rédaction 01 45 20 09 69 ; ventes : 01 45 20 09 67 ; Courriel : redaction@jeuneafrique.com
Toute honte bue NOUS ÉTIONS CONFORTABLEMENT installés dans un TGV à destination de Montpellier lorsque la porte s’est ouverte et qu’il est entré, son visage, jeune et enfantin, ne laissant aucun doute sur ses origines maghrébines. Une forte odeur d’alcool et de tabac s’est immédiatement répandue dans le compartiment. Le jeune homme a commencé par tituber dans le couloir, a fait plusieurs allers-retours, et a essayé en vain de rester debout sans s’agripper à nos sièFAOUZIA ZOUARI ges, les secousses du train le rejetant tantôt à gauche, tantôt à droite du couloir. Se penchant sur les voyageurs, il leur demandait à chaque fois la même chose : « T’as pas une cigarette ? » ou « Vas-y, tu veux pas me donner 1 euro ? » Évidemment, tout le monde a fait mine de ne pas le remarquer, qui admirant le paysage, qui lisant son journal… Réalisant son échec, le jeune homme a élevé la voix : « J’ai 27 ans… J’ai passé quatorze ans derrière les barreaux, quatorze ans que j’ai parlé qu’à des prisonniers. Aujourd’hui, je vous parle, je veux parler à des gens normaux. Eh ! vous les Blancs, parlez-moi… S’il vous plaît ! » Les regards ont fui davantage, personne n’a pipé un mot, et j’ai eu honte de l’indifférence de ces « Blancs », comme il disait. Il est alors parti en bougonnant, mais n’a pas tardé à revenir, encore plus saoul. L’alcool lui rendant l’injure facile, il a débité à notre adresse un chapelet de gros mots, entrecoupés de nombreux « Wallah », et a même fini par énumérer divers synonymes de son organe génital tout en multipliant les formules de remerciement divin, Allah ayant, selon lui, « bien fait les choses en vouant les Roumis aux enfers ». Et j’ai eu honte pour les musulmans, dont je suis. Puis l’impoli s’est approché de moi – l’odeur de la tribu, sans doute. Il m’a demandé de lui « filer » mon téléphone portable : « S’il te plaît, ma sœur, faut que je parle à ma mère. » À ce moment, j’ai senti tous les regards se diriger vers moi. Mais j’ai également senti cette envie un peu lâche de dire à tous ces Français de souche que si j’étais peut-être sa « sœur » en religion, je n’avais rien à voir avec lui pour autant. J’aurais voulu crier : « Ne me confondez pas avec ce voyou, les Arabes ce sont aussi des gens comme moi… propres et indifférents comme vous ! » La preuve : je n’allais certainement pas lui prêter mon portable, même si son argument – téléphoner à sa maman – émouvait la mère que je suis. Et j’ai fourré ma tête dans mon journal, comme les autres passagers. En réalité, j’avais honte de moi. Mais voilà que juste avant d’arriver à destination, un autre jeune monte dans le wagon, d’origine subsaharienne et, apparemment, dans la même errance que le jeune Maghrébin. Lorsque les deux se sont croisés dans le couloir, ça s’est enflammé. Ils s’en sont pris l’un à l’autre et les insultes ont fusé. Nous n’existions plus pour ces deux gars dont l’antagonisme était exacerbé par la misère et le manque d’affection. Soudain, nous avons entendu le Noir crier à la face du Beur : « Moi, au moins, je suis français ! » Et ce dernier de répondre : « Je suis encore plus français que toi ! » De nouveau, j’ai baissé les yeux. De honte, bien sûr. Mais cette fois pour tout le continent. ■
Direction Directeur de la publication : BÉCHIR BEN YAHMED (bby@jeuneafrique.com) Directeur général : Danielle Ben Yahmed Vice-présidents : Aldo de Silva, Danielle Ben Yahmed, François Soudan, Amir Ben Yahmed Actionnaire principal : Béchir Ben Yahmed RÉDACTION Directeur de la rédaction : François Soudan Directeurs exécutifs : Marwane Ben Yahmed, Amir Ben Yahmed Rédacteur en chef : Serge Faubert Rédacteur en chef exécutif : Cyril Petit Conseiller artistique : Aldo de Silva ; secrétariat : Chantal Lossou LES PLUS - LES DOSSIERS - LES HORS-SÉRIE Direction : Marwane Ben Yahmed ; rédacteurs en chef : Jean-Dominique Geslin, Patrick Sandouly, Cécile Manciaux, avec Jérôme Besnault Rédacteurs en chef délégués : Hamid Barrada, Abdelaziz Barrouhi, Jean-Dominique Geslin, Samir Gharbi, Dominique Mataillet, Tarek Moussa, Renaud de Rochebrune, Patrick Sandouly ; rédacteurs en chef adjoints : Jean-Michel Aubriet, Cherif Ouazani, Philippe Perdrix, Jean-Michel Meyer, Cécile Manciaux, Fabienne Pompey ; rédaction générale : Pascal Airault, Tirthankar Chanda, Joséphine Dedet, Georges Dougueli, Samy Ghorbal, Faïza Ghozali, Séverine Kodjo-Grandvaux, Frédéric Lejeal, Tshitenge Lubabu M.K., Marianne Meunier, Nicolas Michel, Pierre-François Naudé, Cheikh Yérim Seck, Leïla Slimani, Cécile Sow (à Dakar), Fawzia Zouari ; conseillers : Zyad Limam, Mathilde Rieussec ; collaborateurs : Edmond Bertrand, Christophe Boisbouvier, Xavier Chimits, Muriel Devey, Chedli Klibi, Fouad Laroui, André Lewin, Faouzi Mahjoub, Ali Mebroukine, Patrick Seale ; accords spéciaux : FINANCIAL TIMES, FOREIGN POLICY, NEW YORK REVIEW OF BOOKS RÉALISATION Maquette : Zigor Hernandorena (directeur artistique), avec Stéphanie Creuzé, Valérie Olivier, Christophe Chauvin, Émeric Thérond ; révision : Nathalie Bedjoudjou, Philippe Guillaume, Alexandra Roy ; fabrication : Philippe Martin ; service photo : Dan Torres (directrice photo), Claire Vattebled, Vincent Fournier, Nathalie Clavé ; documentation : Anita Corthier (chef de service), Angéline Veyret, Sylvie Fournier, Florence Turenne
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S.A. au capital de 3 millions d’euros – Régie publicitaire centrale de SIFIJA 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 Paris Tél.: 01 44 30 19 60 Fax: 01 45 20 08 23/01 44 30 19 86. Courriel: difcom@jeuneafrique.com
Président-directeur général : Danielle Ben Yahmed ; directeur général adjoint : Amir Ben Yahmed ; direction centrale : Christine Duclos ; secrétariat : Chantal Bouillet ; gestion et recouvrement : Pascaline Brémond ; service technique et administratif : Chrystel Carrière, Mohamed Diaf RÉGIES Directeur de publicité Florian Serfaty avec Sophie Arnould et Catherine Weliachew, assistés de Patricia Malhaire ; annonces classées : Fabienne Lefebvre, assistée de Sylvie Largillière COMMUNICATION ET RELATIONS EXTÉRIEURES Directeur général : Danielle Ben Yahmed ; directeurs adjoints : Mahamadou Camara, Marie Dugas ; chargés de mission : Balla Moussa Keita, Ekanga Shungu, David Alvarez, Francielli Mates Cadoret
REPRÉSENTATIONS EXTÉRIEURES MAROC SIFIJA, NABILA BERRADA. Centre commercial Paranfa, Aïn Diab, Casablanca. Tél. : (212) (5) 22 39 04 54 Fax : (212) (5) 22 39 07 16. TUNISIE SAPCOM, M. ABOUDI. 15-17, rue du 18-Janvier-1952, 1001 Tunis. Tél. : (216) 71 331 244 Fax : (216) 71 353 522.
SOCIÉTÉ INTERNATIONALE DE FINANCEMENT ET D’INVESTISSEMENT
S.C.A. au capital de 14.440.956 euros Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 PARIS | RCS PARIS B 784 683 484 T VA : FR47 784 683 484 000 25
Gérant commandité : Béchir Ben Yahmed ; vice-présidents : Aldo de Silva, Danielle Ben Yahmed, François Soudan, Amir Ben Yahmed Directeur général adjoint : Jean-Baptiste Aubriot ; secrétariat : Dominique Rouillon ; finances, comptabilité : Monique Éverard et Fatiha Maloum-Abtouche ; juridique et administration : Sylvie Vogel et Karine Deniau ; personnel : Dominique Gaudefroy Club des actionnaires : Dominique Rouillon IMPRIMEUR SIEP - FRANCE. COMMISSION PARITAIRE : 1011C80822. DÉPÔT LÉGAL : AVRIL 2009. ISSN 1950-1285.
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