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FRANCE COMMENT LE MONDE VOIT SARKOZY (ET INVERSEMENT) N° 2590•du 29 août au 4 septembre 2010

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT•50e ANNÉE

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Les

Riches ALGÉRIE, MAROC, TUNISIE, SÉNÉGAL, CÔTE D’IVOIRE, CAMEROUN, GABON, RD CONGO…

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SOMMAIRE

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Dans J.A. et nulle part ailleurs

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PHOTOS DE COUVERTURES : MARTIN HARVEY/GETTY IMAGES ; MARTIN PARR/MAGNUM PHOTOS

Vous retrouverez Ce que je crois de Béchir Ben Yahmed dans le no 2592 du 12 septembre 2010. CONFIDENTIEL

12

FOCUS

12 15 16 17 18 19

Sécurité Douce France... BHP Billiton-Potash Bataille boursière ONU Femmes Sept Africaines en lice Sénégal Cachez ces mendiants... Confidences de Nabil Chaath, figure historique de lʼOLP Tunisie 2014 se prépare aujourdʼhui

20

LʼEN Q U Ê T E

20

Bienvenue chez les riches

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A F R I Q U E S U B S AH AR I E N N E

32 34 37 38 38 39 39

Burkina Faso Compaoré, la voie royale Cameroun La justice vue de lʼintérieur 57 bis, rue dʼAuteuil Germain Ngoyo Moussavou, président du groupe PDG au Sénat gabonais Chine Jacob Zuma en tournée Bénin Élections groupées Érythrée Afewerki joue Paris RD Congo Viols en série

40

MAGHREB & MOYEN-ORIENT

40 44 47 48 48 49 49

Arabie saoudite Après Abdallah, qui ? Israël Bombe à retardement démographique Tunisie Retour rue du Pacha Dessin animé Outrage à Marocaines Audimat Nessma TV voit rouge Pauvreté Rabat versus le Pnud Algérie Les hooligans de la culture

50

INTERNATIONAL

50 53 54 56 56

Haïti René, Wyclef et les autres France La rigueur à contrecœur Parcours Imaad Rahmouni, architecte États-Unis Ground Zero tolérance Trafic dʼarmes Viktor Bout enfin extradé ?

57

EC O F IN AN C E

57

Retraites Un continent en quête de cotisants

20

LʼENQUÊTE

MARTIN PARR/MAGNUM PHOTOS

06

DOUCE FRANCE... Certains aspects de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy ‒ notamment les expulsions de Roms ‒ suscitent la réprobation internationale.

Bienvenue chez les Riches Petits plaisirs et gros caprices : les fortunes africaines ne font pas exception. La recherche du luxe et de lʼexcellence nʼa pas de limite. Voyage au cœur dʼun club très sélect.

32

BURKINA COMPAORÉ, LA VOIX ROYALE Le président sera candidat à sa propre succession, le 21 novembre. La victoire semble acquise. La question est déjà de savoir si la Constitution sera modifiée pour lui permettre de se représenter dans cinq ans.

40

ARABIE SAOUDITE APRÈS ABDALLAH, QUI ? Le roi a introduit quelques réformes timides, mais significatives, dans un royaume réputé pour son conservatisme. Trois hommes sont en pole position pour lui succéder. Et assumer ‒ ou renier ‒ cet héritage.

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SOMMAIRE

Le devoir d’informer, la liberté d’écrire

66

La semaine dʼEcofinance Interview Robert Rudin, vice-président grands comptes dʼEricsson en Afrique subsaharienne et DG dʼEricsson Sénégal Télécoms En quête dʼénergies alternatives Enseignement Deux projets français sʼaffrontent au Sénégal Maritime Le port dʼAlger en rade

68

L I RE, ÉC O U T E R , V O I R

68 71 72 74

Indépendances Commémorations à tous prix Médias De Culturesfrance à France Culture(s) Musique Beethoven au Congo Reportage Abou Dhabi, Mecque de la culture ?

87

VOUS & NOUS

87 88 90

Forum Un regard neuf sur le continent Courrier des lecteurs Post-scriptum

61 62

63 64

50

HAÏTI RENÉ, WYCLEF ET LES AUTRES À trois mois de la présidentielle, les soupçons sur lʼimpartialité du Conseil électoral et du chef de lʼÉtat sortant fleurissent. La campagne promet dʼêtre agitée. Lʼaprès-scrutin aussi.

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ENQUÊTE SUR LES RETRAITES AFRICAINES Le continent comptera 200 millions dʼhabitants de plus de 60 ans en 2050. Soit cinq fois plus de retraités potentiels quʼaujourdʼhui. Un défi majeur à relever.

68 INDÉPENDANCES COMMÉMORATIONS À TOUS PRIX Comment les pays africains ont-ils célébré le cinquantenaire de leur indépendance ? Avec quels moyens, quels partenaires ? Tour dʼhorizon.

ÉDITORIAL

Guinée : la carpe et le lapin SITUATION AUSSI UBUESQUE qu’inquiétante que celle de la Guinée… Après cinquante ans de descente aux enfers, le pays MARWANE BEN YAHMED semblait promis à de meilleurs lendemains avec la tenue de la première élection présidentielle démocratique et transparente, le 27 juin dernier. Un premier tour fixé et organisé en un tournemain, une campagne électorale relativement sereine : bientôt ce pays, qui méritait mieux que les dirigeants qui se sont succédé à sa tête, allait renouer avec son véritable destin, celui d’une nation au potentiel inouï. Mais le rêve menace sans cesse de virer au cauchemar, comme si la funeste malédiction qui poursuit la Guinée refusait de se dissiper. Contestation, agitation en tout genre et manifestations ont accompagné les résultats d’un premier tour aux forts relents communautaires. Nombre de dirigeants politiques, pris d’une fièvre autodestructrice, se sont plu à jouer les pyromanes, soufflant sur les braises encore brûlantes des divisions ethniques, multipliant les menaces et les accusations. Au point que le général Sékouba Konaté a dû menacer de démissionner pour obtenir un relatif retour au calme entre un premier tour express et un second tour

qui s’est (trop) longtemps fait attendre, avant d’être finalement fixé au 19 septembre. La Guinée n’en est plus à un paradoxe près. Les deux hommes qui gèrent la transition, le général Sékouba Konaté et le Premier ministre Jean-Marie Doré, tirent le pays à hue et à dia. La Fontaine luimême n’aurait pas imaginé couple plus improbable. Doré-la Carpe donne l’impression de s’accrocher à son fauteuil, multipliant les manœuvres dilatoires pour faire durer son bail : second tour fixé plus de deux mois et demi après le premier, proposition de réforme de la Constitution et du code électoral, diminution envisagée des prérogatives de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) au profit du ministère de l’Administration du territoire, qu’il contrôle, etc. Quant à Konaté-le Lapin, son empressement à céder la place, seriné en boucle et aussi étonnant puisse-t-il paraître, commence à lasser. La Guinée n’est pas une patate chaude dont il convient de se débarrasser au plus vite. Ces signaux pour le moins contradictoires envoyés aux Guinéens ne sont pas pour les rassurer. Le malaise et l’inquiétude sont palpables, les vieux démons planent toujours. Et il n’est nul saint, visiblement, à qui se vouer… ■ J E U N E A F R I Q U E N ° 2 5 9 0 • D U 2 9 A O Û T A U 4 S E P T E M B R E 2 0 10

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CONFIDENTIEL

POLITIQUE

PHOTOS : VINCENT FOURNIER/J.A.

GUINÉE KONATÉ VERS LES ÉTATS-UNIS ? CE N’EST PLUS UN SECRET, Sékouba Konaté, le président de la transition guinéenne, souhaite ardemment s’installer à l’étranger sitôt sa mission accomplie et son successeur installé. Si le Maroc et le Sénégal figurent parmi les destinations évoquées, une autre piste voit le jour. Le général vient en effet de se voir accorder un visa de trois ans (à multiples entrées) pour les États-Unis. C’est l’ambassadeur américain en personne qui lui a remis son passeport, le 25 août, invitation officielle à l’appui.

Le président de la transition, Sékouba Konaté.

UPM

BARACK OBAMA À LA RESCOUSSE Le président français, Nicolas Sarkozy, compte sur son homologue américain pour relancer l’Union pour la Méditerranée (UPM). Il a invité Barack Obama pour le 2 e sommet des chefs d’État de l’organisation, sans cesse reporté, qui se tiendrait les 21 et 22 novembre prochain à Barcelone, ville accueillant le secrétariat général. Le président américain devrait présenter la politique de Washington au Proche-Orient. En attendant, l’UPM se met progressivement en place. Ahmad Masa’deh, le secrétaire général, a pris ses fonctions dans la capitale catalane, mais dispose de peu de moyens. L’enveloppe de l’Union européenne s’élève à 800 000 euros (hors sommet) jusqu’à la fin de l’année.

BÉNIN LE PRÉSIDENT PEUT RESPIRER Officiellement, les députés qui ont lancé la procédure contre le président béninois, Boni Yayi, dans l’affaire ICC Services sont déterminés à aller jusqu’au bout. En coulisses, ils se rendent à l’évidence. Il va être difficile d’obtenir les 56 signatures – soit la majorité requise sur les 83 sièges de l’Assemblée nationale – pour saisir la Haute Cour de justice. « Il n’est pas certain que la volonté des parlementaires soit d’aller jusqu’au clash. En revanche, le lancement de la procédure a suffi à entacher l’autorité du chef de l’État », assure un membre de la mouvance présidentielle. « Peut-on se permettre une crise institutionnelle à sept mois de l’élection présidentielle ? » s’interroge un leader de l’opposition. Boni Yayi.

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7 COMORES

LARIFOU LÂCHÉ PAR L’OPPOSITION La sor tie de l’avocat franco-comorien Saïd Larifou, le 24 août sur l’antenne de RFI, n’a pas plu à ses compagnons de l’opposition. Le président du par ti Ridja a annoncé sa candidature à la vice-présidence sous la bannière de la Convergence nationale. « Il a tiré la couverture à lui alors qu’il s’agit, depuis des mois, d’un travail collectif, et qu’il n’e s t que rare ment au pays . Nous n’apprécions pas du tout », affirme Houmed Msaidié, un des leaders de la Convergence. En réaction, l’alliance des partis d’opposition devrait décider de ne pas soutenir la candidature de Larifou. TUNISIE

AHMED KEDIDI, LE RETOUR Le mouvement diplomatique annuel, dont l ’annonc e e s t immi nente, comportera au moins une surprise en Tunisie : la nomination d’Ahmed Kedidi comme ambassadeur au Qatar. Ancien député proche de Mohamed Mzali – Premier minis tre de 1980 à 1986, décédé en juin dernier –, Kedidi s’était exilé dans les pays du Golfe à la suite du limogeage de Mzali. Historien, il a enseigné la lit térature arabe à Doha où il a obser vé de près la chaîne de télévision satellitaire Al-Jazira, dont le traitement de l’information n’est pas toujours apprécié à Tunis.

TOGO BOKO AU CAMEROUN À partir de la mi-septembre, François Boko, ancien ministre togolais de l’Intérieur, dirigera la mission européenne d’appui à la justice du Cameroun. Pendant trois ans, il travaillera à améliorer le fonctionnement des tribunaux administratifs et commerciaux et sera tenu… à une stricte obligation de réserve. Nommé en 2002 par Gnassingbé Eyadéma, François Boko avait démissionné avec fracas, en 2005, après avoir critiqué l’organisation de l’élection présidentielle qui devait porter Faure Gnassingbé au pouvoir. Il vivait depuis à Paris, où il exerçait son métier d’avocat, mais avait conservé des liens étroits avec l’opposition togolaise.

GABON UN PREMIER MINISTRE SOUS SURVEILLANCE Le Premier ministre, Paul Biyoghé Mba, est l’objet de vives critiques dans l’entourage du président gabonais, Ali Bongo Ondimba. Parmi les récriminations récentes : les lenteurs du gouvernement et la gestion des fêtes de l’indépendance. Les pamphlets diffusés sur internet de Télesphore Obame Ngomo, l’un des conseillers de la première dame, Sylvia Bongo Ondimba, alimentent toutes les spéculations. « Les festivités du cinquantenaire sont un argument de plus pour démontrer le laxisme ou l’immobilisme du gouvernement. Qu’a-t-il fait des 35 milliards de F CFA (53 millions d’euros) qui lui ont été alloués pour cette occasion ? », a dernièrement osé Obame Ngomo. « Il sera difficile pour le président de le limoger, car Biyoghé Mba – un Fang de l’Estuaire – a grandement contribué à la conquête du pouvoir », estime toutefois un proche du chef de l’État. Mais les plus virulents opposants du Premier ministre, qui lui reprochent sa trop grande autonomie et des ambitions personnelles masquées, espèrent disposer d’une « fenêtre de tir » après les législatives de 2011.

CÔTE D’IVOIRE PRESSIONS DIPLOMATIQUES LE NOUVEL AMBASSADEUR AMÉRICAIN en Côte d’Ivoire, Philip Carter III, est attendu à Abidjan au début du mois de septembre. Ce diplomate chevronné – qui a servi à Madagascar, au Gabon, en Guinée et au département des affaires africaines – remplace l’Africaine-Américaine Wanda Nesbitt. Cette dernière entretenait des rapports difficiles avec le chef de l’État, Laurent Gbagbo, qui avait demandé son remplacement. La politique américaine ne devrait pas toutefois s’infléchir. Washington pousse à la tenue rapide de l’élection Le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant. présidentielle. Plus en retrait, Paris – qui ne veut plus intervenir directement dans la crise ivoirienne – envisage de relancer le projet de voyage de Claude Guéant, le secrétaire général de l’Élysée, si les Ivoiriens finissent par se mettre d’accord sur la liste électorale et par publier un chronogramme détaillé jusqu’à la présidentielle, prévue le 31 octobre.

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CONFIDENTIEL

ÉCONOMIE

MINES

AÉRIEN SERVAIR RENFORCE SES POSITIONS AFRICAINES

GILLES ROLLE/REA

Le groupe français de catering investit.

LE TROISIÈME ACTEUR MONDIAL de la restauration et de la logistique dans le transport aérien serait sur le point de s’implanter au Kenya en rachetant la société de catering (restauration collecti-

ve) NAS qui possède deux sites, à Nairobi et à Mombasa. Le premier emploie 900 personnes et produit 10 000 repas par jour. Le second compte 100 salariés et prépare quotidiennement 1 000 plateauxrepas pour neuf compagnies dont Kenya Airways, Emirates, British Airways et KLM. Avec le rachat de NAS, le français Servair, dirigé par Patrick Alexandre, concrétiserait sa treizième implantation sur le continent et renforcerait ainsi sa position de premier caterer en Afrique. D’autres implantations sont sur le point d’être annoncées, notamment au Congo, au Ghana, en Guinée et en Guinée équatoriale.

ÉLECTRICITÉ LE TOGO CONDAMNÉ À la suite de la résiliation de la concession de distribution accordée à Togo Électricité, filiale de GDF Suez, l’État togolais a été condamné par le Centre international de règlement des différends liés à l’investissement (Cirdi) à verser 66 millions d’euros, plus des intérêts, au groupe français. Le Tribunal arbitral de la Banque mondiale reconnaît ainsi la validité des arguments de ce dernier, qui accuse le Togo d’avoir manqué aux engagements pris lors de l’appel d’offres et empêché du même coup la bonne exécution du contrat. D’abord intransigeant, le gouvernement togolais tenterait désormais d’obtenir un arrangement, via l’Élysée, afin de limiter les frais.

OMC PASCAL LAMY OPTIMISTE Se dirige-t-on vers une reprise des négociations internationales pour la signature de l’accord de Doha sur le commerce et le développement sous l’égide de l’Organisation mondiale du commerce (OMC)? Entamées en 2001, les discussions butent toujours sur les divergences de vues entre pays riches et États du Sud, notamment concernant l’ouverture des marchés industriels et les protections agricoles. Pour Pascal Lamy, directeur général de l’organisation, la future présidence française du G20 est une occasion unique pour relancer le processus. « Il y a une fenêtre pour conclure un accord en 2011 avant les élections présidentielles française et américaine prévues un an plus tard, explique le Français. Nous attendons beaucoup de la réunion du G20 qui se tiendra à Séoul en novembre prochain. Des propositions sont sur la table. On espère maintenant que la volonté politique des dirigeants sera au rendez-vous. »

REBONDISSEMENTS ENTRE FIRST QUANTUM ET KINSHASA À la surprise générale, l’entreprise minière kazakhe, Eurasian Natural Resources Corporation (ENRC) a pris le contrôle de la société congolaise Metalkol en acquérant 50,5 % du capital pour 175 millions de dollars (138 millions d’euros). Créé en mai 2010, Metalkol a obtenu le permis d’exploiter le gisement de cuivre et de cobalt de Kolwezi. Ses actionnaires : l’État (5 %), la Gécamines (25 %), la Société immobilière du Congo (5 %) et l’énigmatique groupe Highwind Properties Ltd (70 %), basé aux îles Vierges et que détiendrait l’Israélien Dan Gertler. ENRC n’est pas un inconnu en RD Congo. Fin 2009, il a acquis pour 995 millions de dollars la société Camec, qui exploite un important autre gisement dans le Katanga. Problème ? Depuis 2004, le groupe minier canadien First Quantum, la Société financière internationale (SFI) – filiale de la Banque mondiale – et l’Industrial Development Corporation of South Africa (IDC), réunis au sein de Congo Minerals Developments (CMD), détenaient le droit d’exploiter le site de Kolwezi. Les autorités de Kinshasa ont retiré ce permis en août 2009. En février 2010, CMD a saisi la cour d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale de Paris, qui a rendu deux premières décisions le 20 août. Elles s’opposent au transfert du permis d’exploitation de la mine de Kolwezi et dénoncent le jugement de la cour d’appel de Kinshasa qui condamnait CMD à payer 12 milliards de dollar s de dommages et intérêts à la RD Congo.

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Document :MODELE 1 BGFIBNK GABON FINANCIER.ps;Format :(195.00 x 270.00 mm);Date :25. Aug 2010 - 10:18:03

Avis financier BGFIBank franchit la barre des 1000 milliards FCFA de Total Bilan. 30/06/2009

30/12/2009

30/06/2010

_________________________________________________________________________________

875 887 1078 Total bilan _________________________________________________________________________________

Capitaux permanents

177

187

190

129

121

146

Dépôts de la clientèle

654

635

824

Crédits à la clientèle

508

471

576

_________________________________________________________________________________

Situation nette

_________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________

217 280 352 Trésorerie nette _________________________________________________________________________________

Produit net bancaire

36

72

37

Résultat net

9

22

11

17

8

_________________________________________________________________________________ _________________________________________________________________________________

Résultat net

part du Groupe

7

_________________________________________________________________________________ En milliards de Francs CFA

Au 30/06/10, le Groupe BGFIBank affiche de bonnes performances.

Faits marquants La poursuite du développement

Durant le premier semestre 2010, le Groupe BGFIBank a poursuivi sa politique de développement avec d’une part, le démarrage effectif des activités à Madagascar et d’autre part, l’obtention de l’agrément bancaire pour deux nouvelles entités, BGFIBank Benin et BGFIbank RDC. Parallèlement, le Groupe a mis en place une nouvelle organisation en phase avec son Projet d’Entreprise CAP 2015. Cette nouvelle approche a abouti à la filialisation de l’activité bancaire au Gabon qui sera désormais exercée par BGFIBank Gabon. De ce fait, BGFIBank SA devient la société Holding dédiée exclusivement au pilotage, à la supervision, au contrôle et à la gestion des participations du Groupe. Conjointement au développement, le Groupe a réussi à maintenir un niveau de qualité reconnu. Après BGFIBank Gabon, BGFIBank Congo est la deuxième filiale du Groupe à obtenir la certification ISO 9001.

Activité Commerciale Un dynamisme commercial

Le total bilan du Groupe BGFIBank franchit la barre symbolique de 1000 milliards de FCFA en s’établissant à 1078 milliards de FCFA, soit 22% d’augmentation par rapport au 31 décembre 2009.

Grâce à une politique commerciale soutenue, l’activité de collecte a été très dynamique sur les 6 premiers mois. Les dépôts de la clientèle progressent de 30%, par rapport à décembre 2009, à 824 milliards FCFA avec un impact positif sur la trésorerie nette (+62% à 352 milliards FCFA). Dans le même temps, l’activité de crédit croît de 22% à 576 milliards FCFA, évolution en ligne avec la stratégie d’accompagnement des Clients. Ces performances commerciales renforcent la position de leader du Groupe dans la zone CEMAC.

Performances financières Une hausse de la rentabilité en comparaison avec juin 2009 Le produit net bancaire, qui ressort à 37 milliards de FCFA, témoigne de la bonne marche des activités constatée depuis le début de l’année sur l’ensemble des filiales du Groupe. Le résultat net s’élève à 11 milliards de FCFA, en hausse de 22%, grâce à la maîtrise du coût du risque et des frais généraux.

Perspectives Un renforcement de la présence géographique Les bons résultats réalisés au 30 juin, confortent le Groupe dans sa strategie de développement à l'international. Au 31 décembre 2010, BGFIBank devrait être présent dans au moins 10 pays.

Siège Social : 1295, Boulevard de l'Indépendance $ BP 2253 Libreville, Gabon $ Tél. : +"%# &! "' "! $ Fax : +241 74 08 94 $ www.bgfi.com

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CONFIDENTIEL

CULTURE & SOCIÉTÉ

AFRIQUE

CINÉMA LE FRÈRE DEBBOUZE À L’ÉCRAN

PÉAN FRAPPE ENCORE

ÉRIC ROBERT

PHILIPPE FAUCON, auteur notamment d’un des meilleurs films réalisés par un Français sur la guerre d’Algérie (La Trahison, 1995), vient de finir le tournage de Un fils perdu, qui raconte la dérive vers l’islamisme d’un jeune de banlieue française sans perspectives malgré d’excellentes études. Rashid Debbouze, le frère de Jamel, tient le rôle principal de ce long-métrage, le septième du réalisateur, qui devrait sortir sur les écrans à la mi-2011.

Le journaliste et écrivain Pierre Péan, 72 ans, livrera le 1er octobre un nouvel opus : Guerres secrètes en Afrique, aux éditions Fayard. Il s’agit pour lui de mettre à jour les dessous des nombreux conflits qui agitent l’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale : Somalie, Sud-Soudan, Rwanda, C o n g o, R D C o n g o, Érythrée, Darfour… Dans cette optique, il s’intéresse plus particulièrement au rôle des gouvernants et, surtout, à l’influence toujours importante des États-Unis et de la France. LITTÉRATURE

ÉCRIVAINS AFRICAINS, UNISSEZ-VOUS!

Rashid Debbouze.

URBANISME LE DÉFI DU SUD Urbanistes, ingénieurs, architectes, économistes, géographes et sociologues se retrouveront à Paris, le 3 septembre, pour une journée d’études sur l’aménagement du territoire dans les pays du Sud. Organisée par l’association de professionnels Villes en développement, cette manifestation accueillera notamment Jean-Michel Severino, l’ancien patron de l’Agence française de développement (AFD), et différents responsables de l’ONU-Habitat, de la Banque mondiale et d’autres bailleurs de fonds. L’accès aux services et biens publics ainsi que les partenariats avec le privé seront abordés.

Ali Soumaré.

VINCENT ISORE/APERÇU PRESSE

ÉDITION SOUMARÉ CONTRE-ATTAQUE Accusé par ses opposants de l’UMP lors des élections régionales de mars 2010 d’être un « délinquant multirécidiviste », le Français socialiste d’origine malienne Ali Soumaré revient sur son parcours politique et ses idées dans un livre intitulé Casier politique. Écrit en collaboration avec le journaliste de France 3 Jean-Marc Pitte et publié chez Max Milo, l’ouvrage retrace l’épisode qui a défrayé la chronique et paradoxalement offert à Soumaré une soudaine notoriété.

L’écrivaine ougandaise Goretti Kyomuhendo vient de créer, à Londres, l’African Writers Trust (AWT), une association qui vise à renforcer les liens ent r e é c r i va in s a f r i c a in s du continent et ceux de la diaspora, notamment entre le Royaume-Uni et l’Ouganda. L’AW T, qui a choisi pour symbole le scarabée, offrira des ateliers de création littéraire, des résidences, un centre de ressources et des bourses d’aide. Un site internet doit prochainement être créé. L’AWT envisage aussi de monter, à Kampala, une maison des Écrivains qui accueillerait six auteurs chaque année et pourrait servir de lieu de rencontres et de re cherche.

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12 FOCUS

LES DERNIÈRES NOUVELLES DU MONDE

DOUCE FRANCE... Du pape à lʼONU en passant par les institutions européennes, la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy ‒ notamment à lʼégard des Roms ‒ nʼen finit pas de susciter la réprobation internationale.

HENRI MARQUE

N

icolas Sarkozy cultive décidément l’étrange spécialité de se créer des problèmes supplémentaires par la seule façon de traiter ceux qu’il a déjà. Après les virulentes polémiques sur l’identité nationale, qui lui avaient valu autant de contestations dans la majorité que d’oppositions à gauche, les expulsions de Roms et le démantèlement de tous les camps illégaux ont pris le relais. Avec les mêmes conséquences, mais triplement aggravées cette fois-ci par les condamnations morales de l’ONU, des institutions européennes et de l’Église, dans le fracas des éditoriaux venimeux de la presse étrangère sur « la France au ban des nations ». « Le président Sarkoz y auraitil oublié d’où il vient ? » demande cruellement le Guardian de Londres au fils d’immigrés installé à l’Élysée. Mais c’est du Vatican qu’est venue l’admonestation la plus saisissante, prononcée par le pape lui-même, et très exceptionnellement en français. Au nom de la fraternité universelle, Benoît XVI rappelle à la France le devoir « d’accueillir les légitimes

diversités humaines ». Quelques mots seulement, mais qui pèseront lourd sur les consciences au sein de la communauté catholique, dont Nicolas Sarkozy a été le premier chef d’État français à se réclamer ouvertement, avant de se faire élire sur un programme de réhabilitation des valeurs. « Qu’as-tu fait de tes frères ? » lui demande à son tour la Fédération protestante. Seul le grand rabbin Gilles Bernheim, face à certaines outrances, ose remettre à l’heure les pendules de l’Histoire. Comme on lui demande ce qu’il pense des comparaisons entre les expulsions de Roms et les rafles de Juifs, il suggère d’interroger plutôt « les milliers de Tziganes qui savent bien, eux, la différence entre les camps de la mort et ce qui s’est passé cet été ». MALAISE CHEZ LES CATHOS

Les politiques le savent aussi. Mais cette nouvelle querelle empoisonnée en est arrivée au point où chacun ne dénonce les manipulations électorales des autres que pour mieux servir les siennes ou celles de son camp. Avec la répétition, en pire, de la dangereuse dérive qui avait déjà amené

Nicolas Sarkozy à suspendre, en réalité à enterrer, le débat sur l’identité nationale. Toute une partie de la droite fait cause commune avec la gauche. Quand le député communiste de la Seine-Saint-Denis Patrick Braouezec s’indigne d’une escalade qui « relève presque de la guerre civile », son collègue UMP villepiniste Jean-Pierre Grand s’élève à l’unisson contre un démantèlement des camps « qui tourne à l’ignoble ». Aux Verts, qui appellent l’opinion et les parlementaires à s’opposer aux « expulsions de la honte », Dominique de Villepin lui-même fait écho en déplorant « cette tache de honte sur le drapeau de la France », sans oublier d’appeler les électeurs de la majorité à se

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MIGUEL MEDINA/AFP

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Des manifestants de la communauté rom face aux forces de l’ordre, le 14 août, à Montreuil, dans la banlieue parisienne.

rassembler derrière lui pour préparer l’alternance républicaine. Quand, enfin, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, s’efforce, selon une tactique naguère éprouvée, d’opposer aux aspirations de la France profonde les critiques irresponsables d’une « gauche bien pensante éloignée des réalités », il s’en prend involontairement, mais inévitablement, à des dirigeants de la droite, comme Jean-Pierre Raffarin, Alain Juppé ou Christine Boutin, qui n’hésitent pas à mettre en doute l’efficacité de sa politique à travers les procès de ses méthodes. D’autant que la majorité sarkozienne ne saurait rester sourde, si l’on ose dire, au long silence observé tout l’été par François Fillon, un

de ces silences que Raymond Barre qualifiait de « fracassants ». Le Premier ministre ne l’a rompu que pour condamner non moins éloquemment les excès comme le laxisme. 8 500 EXPULSIONS

Indifférent aux commentaires et mises en garde, persuadé une fois de plus que l’avenir lui donnera raison quelles que soient les indications erratiques des sondages et le désarroi chez les catholiques, Nicolas Sarkozy, fidèle à sa stratégie, se défend en contre-attaquant et contre-attaque en accélérant. Le mot d’ordre est de souligner que la France est le deuxième pays au monde concernant le droit d’asile, derrière les États-Unis,

mais désormais devant le Canada. Elle est la plus ouverte aux étrangers en long séjour, qu’elle accueille au rythme de 170 000 par an. À Michel Rocard, qui stigmatise les expulsions – « on n’a pas vu ça depuis Vichy et le nazisme » –, le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, réplique avec des accents rocardiens que la France n’a pas vocation à accueillir tous les Roms. Quelque 8 500 d’entre eux ont été expulsés depuis le début de l’année pour situation irrégulière et occupation illégale de terrains, chaque fois sur décision de justice, et après examen individuel des dossiers. La plupart sont partis en acceptant l’aide au retour de 300 euros par adulte et 100 euros par enfant. Pour éviter que

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14 FOCUS ce subside ne les aide une fois de plus à revenir en vertu de la libre circulation européenne, de nouveaux contrôles biométriques (vérifications par empreintes digitales) seront opérés aux frontières. Tous les camps illégaux devront être démantelés. « BOOMERANG »

Et puisque la Commission européenne invite la France à mieux respecter les règles, il lui est fermement recommandé, en retour, d’exercer plus efficacement sa vigilance, par exemple sur l’emploi des milliards d’euros qu’elle verse à la Roumanie pour améliorer la situation de ses communautés roms, et dont une large partie, selon l’organisation Caritas, est détournée par la corruption.

« La politique de Sarkozy est un boomerang qui se retournera contre lui en 2012 », prophétise Ségolène Royal. De nombreux socialistes sont en même temps bien conscients que, boomerang ou pas, la politique sécuritaire du chef de l’État représente aussi un piège pour la gauche. Alors que cette dernière gère la plupart des grandes villes, elle n’a pas fait jusqu’ici la preuve d’une alternative crédible qui concilie la revendication sécuritaire, toujours très forte dans l’opinion, avec son ambition d’une immigration plus humaine. Ségolène Royal elle-même craint que la nouvelle ligne du PS, qui doit être fixée par un prochain forum, « ne soit une fois de plus celle du laxisme ».

Piège ou boomerang? À la question qui se pose dans tous les pays d’Europe, il ne peut y avoir de réponse simple, tant l’obscurcissent et la diabolisent, dans l’inconscient collectif des nations, les vieilles méfiances ataviques envers les Gitans, bohémiens, romanichels, Tziganes et autres derniers errants d’un monde toujours plus mobile et à la fois plus sédentarisé, plus ouvert et plus replié. « On nous considérera toujours comme des voleurs de poules », constate amèrement, en leur nom, Marcel Campion, prince des forains et créateur de la grande roue qui illumine à la Concorde les nuits fraternelles de Noël. La réponse ne pourra être en tout cas qu’européenne. Pour être unanime, ce constat ne va pas la faciliter. ■

les Chabaab et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). La France va poursuivre son engagement en Afghanistan et accentuer son effort en Somalie. Le président a, en outre, lancé un avertissement à l’Iran, qui « représente la principale menace à la sécurité internationale dans le domaine de la prolifération nucléaire », et promet de « protéger et de défendre les États qui se sentiraient menacés ». Il se veut enfin optimiste sur les négociations israélo-palestiniennes: « Un accord de paix peut être signé en un an. »

Le président Nicolas Sarkozy lors de son discours face aux ambassadeurs, le 25 août, à l’Élysée.

POLITIQUE ÉTRANGÈRE

Le monde selon Sarkozy DANS LA VISION SARKOZIENNE, le monde est au milieu du gué et « le sort hésite entre le meilleur et le pire… » Il revient donc au chef de l’État et à ses alliés de le lui faire franchir. C’est en substance le message adressé, le 25 août, aux 180 ambassadeurs français lors du traditionnel discours de politique étrangère. Des diplomates qui ne cachent pas leur amertume face à la réduction des moyens du Quai d’Orsay et à la désastreuse image donnée par la patrie des droits de l’homme dans « sa chasse aux Roms ». Ils auront néanmoins la lourde charge de vendre les ambitieux projets de la France, qui prendra, pour un an, le 12 novembre, la présidence du G20, et les rênes du G8 le 1er janvier 2011. Au cœur des priorités sarkoziennes, la lutte contre le terrorisme dans un « arc de crise qui s’étend des frontières du Pakistan aux confins du Sahel, en passant par l’Iran et le Proche-Orient ». Sont particulièrement visés les talibans,

HEKIMIAN/JBV NEWS

RÉGULATION ET COORDINATION

Sur le plan de la gouvernance économique, Sarkozy veut définir un nouvel ordre mondial où l’instabilité des changes et la volatilité des cours des matières premières seraient bannies. Il a dénoncé un « non-système monétaire international ». Pour lui, seul le G20 dispose du poids et de la légitimité pour imposer une « nouvelle gouvernance mondiale ». Il a proposé à la Chine de tenir un séminaire international pour réfléchir aux moyens de renforcer les mécanismes de gestion de crise, de mieux répartir les réserves mondiales entre les différentes monnaies et d’améliorer la coordination des politiques monétaires. Tirant la leçon des « émeutes de la faim en Haïti ou en Afrique », le président veut enrayer la spéculation sur les matières premières par une meilleure régulation. Il prône plus de transparence des marchés, des politiques de stockage et la création de nouveaux outils d’assurance pour faire face à la volatilité des prix. Enfin, il appelle les leaders du Sud à s’impliquer davantage dans les politiques de développement et sur la question des changements climatiques. « Nous avons semé les graines sur tous ces sujets, explique un diplomate en poste à Pékin. La Chine ne veut pas entendre parler d’un rééquilibrage du yuan, ni se voir imposer des normes trop strictes sur le climat. Elle fera des concessions, néanmoins, si elle est isolée, sur ce dernier point. Elle pourrait également appuyer les efforts français sur la réforme du Fonds monétaire international (FMI) et la bonne gouvernance. Mais le temps et les desseins sarkoziens ne sont pas ceux de la Chine. » ■ PASCAL AIRAULT J E U N E A F R I Q U E N ° 2 5 9 0 • D U 2 9 A O Û T A U 4 S E P T E M B R E 2 0 10

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BHP BILLITON-POTASH

ILS ONT DIT

Bataille boursière

CHRISTOPHE LE BEC

« L’élite des responsables politiques agit comme les prêtres

d’un culte antique, exigeant que nous nous livrions à des sacrifices humains pour apaiser la colère de dieux invisibles. » PAUL KRUGMAN, Prix Nobel d’économie 2008, dénonçant les appels à réduire les dépenses pour contrer la hausse de la dette

« Je ne connais aucun autre pays où autant de migrants

non armés semblent se faire tuer délibérément par les forces de l’ordre. Le nombre élevé de victimes suggère qu’au moins quelques responsables égyptiens de la sécurité ont pratiqué une politique du “tirer pour tuer”. » NAVI PILLAY, haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, au sujet des migrants africains tués en tentant de passer d’Égypte en Israël

« C’est vrai que c’est mon roman le plus féminin. J’ai voulu dire que la femme est le pilier de l’Afrique. » ALAIN MABANCKOU, écrivain franco-congolais, au sujet de son dernier roman, Demain j’aurai vingt ans (Gallimard)

« Le Soudan est comme une femme enceinte. Personne ne sait si elle va accoucher d’un ou de deux enfants. » MALAAK AYUEN AJOK, porte-parole de l’Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), à propos du référendum d’autodétermination prévu en janvier 2011

« Le monde le plus horrible qui pourrait être conçu est celui que veut imposer la caste des millionnaires. » FIDEL CASTRO, ancien numéro un cubain

LE DESSIN DE LA SEMAINE SCHRANK • SUNDAY BUSINESS POST (Dublin, Irlande)

CARTOONARTS INTERNATIONAL WWW.NYTSYN.COM/CARTOONS

LE CANADIEN POTASH, numéro un mondial de la potasse (fertilisant), se défend bec et ongles contre l’OPA hostile de 39 milliards de dollars (30 milliards d’euros) lancée par le géant minier anglo-australien BHP Billiton. L’acquisition de Potash permettrait à BHP Billiton, très présent en Afrique, de se diversifier dans les marchés des engrais, dont les produits suivent des cycles différents alors que les techniques d’extraction sont identiques. Mais, selon Potash, originaire du Saskatchewan, dont le sous-sol contient 52 % de la potasse mondiale, les 130 dollars par action sont inférieurs aux perspectives de l’entreprise. Pour son président, William Doyle, l’anglo-australien essaie de profiter de l’anémie actuelle du marché de la potasse pour s’offrir un leader des engrais à moindre coût, alors que les perspectives se sont nettement éclaircies grâce au développement de l’agriculture intensive en Asie et en Amérique du Sud. Pour contrer l’offensive, Potash compte sur un chevalier blanc. Le chinois Sinochem pourrait faire l’affaire. Ce partenaire de Potash (le canadien en détient 22 %) pourrait devenir actionnaire minoritaire. Les miniers Rio Tinto (anglo-australien) et Vale (brésilien) ont aussi été évoqués comme possibles repreneurs, mais ce dernier a formellement démenti avoir tout intérêt. Si Potash n’est pas présent en Afrique, l’issue de cette OPA aura des conséquences sur le continent. Le canadien est en effet un des grands clients de l’Office chérifien des phosphates (OCP), à qui il achète 500 000 t chaque année. Ce qui n’a pas échappé aux activistes sahraouis du Western Sahara Resource Watch (WSRW), qui ont annoncé leur intention d’écrire aux dirigeants de BHP Billiton pour qu’ils renoncent à acheter du phosphate à l’OCP si leur OPA était couronnée de succès. ■

ANGÉLINE VEYRET

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CES

CHIFFRES QUI PA RL EN T

72 535

litres de pesticides stockés par le Mali en prévision d’une invasion de criquets.

500

faux tableaux d’artistes modernes d’une valeur de 7 millions d’euros, ont été saisis chez des collectionneurs italiens.

23,7 %

des jeunes de 15 à 24 ans en Afrique du Nord étaient sans emploi en 20 09, selon le Bureau international du travail (BIT).

200 000

arbres seront plantés d’ici à la fin de l’année autour de Nouakchott pour contrer l’avancée du désert.

550 000

euros. Ce que Jacques Chirac devrait payer à la mairie de Paris, pour solder l’affaire des « emplois fictifs », selon un accord qui se dessinerait avec Bertrand Delanoë. L’UMP honorera le reste de la facture, dont le total s’élève à 2,2 millions d’euros.

ONU FEMMES

Sept Africaines en lice « ENTRER DANS UNE NOUVELLE ÈRE de réflexion sur la condition féminine et répondre aux attentes des femmes du monde suscitées par un leadership onusien sur la question. » C’est en ces termes que le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Ban Ki-moon, a annoncé le 2 juillet la création d’une ONU Femmes, pour l’égalité entre les sexes et l’autonomisation de la femme. L’adoption de cette résolution est le résultat de quatre années d’âpres négociations entre les États membres et d’une campagne menée par les pays de l’Union européenne (UE) pour regrouper les principaux dépar tements onusiens chargés du dossier des femmes, à savoir la Division de la promotion de la femme (DAW), l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (Instraw), le Bureau de la conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme (Osagi) et le Fonds de développement des Nations unies pour la femme (Unifem).

et de la population, et de Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères. DESIDERATA ARABES

La Tunisie espère fortement l’emporter, estimant que son expérience sur le dossier des femmes est la plus édifiante dans la région et que le CV de sa candidate est pour le moins convaincant. Les États membres arabes considèrent, quant à eux, que le choix de Ban Ki-moon reflétera son

Deux personnalités sortent du lot, la Tunisienne Nebiha Gueddana et la Rwandaise Louise Mushikiwabo.

VERDICT LE 15 SEPTEMBRE

Ouver tes en septembre 2009, les négociations sur le statut et les modalités budgétaires de cette nouvelle entité se sont poursuivies en avril 2010. Un comité de travail a été mis en place afin de solliciter des candidatures auprès des États membres pour le poste de secrétaire générale adjointe, laquelle sera chargée de chapeauter la future structure. Le nom de l’heureuse élue sera annoncé le 15 septembre, lors de l’ouverture de la 65e session de l’Assemblée générale de l’ONU. Sur les dix candidatures retenues, sept sont africaines*, ce qui place le continent en bonne position pour hériter du poste, d’autant que Ban Ki-moon s’est déclaré « prêt à nommer une femme du Sud ». En attendant, deux noms se détachent, ceux de Nebiha Gueddana, actuellement directrice de l’Office national tunisien de la famille

intérêt pour la région et sa volonté de modifier l’image négative de l’islam en Occident. Et invoquent l’absence de femmes arabes aux postes de décision au sein de l’organisation internationale, notamment depuis le départ annoncé de la Saoudienne Thoraya Obaid, directrice exécutive du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap). Mais la balance pourrait aussi pencher du côté de la ministre rwandaise des Af faires étrangères, « ce qui indiquerait clairement, confie un observateur, la volonté des Nations unies de montrer leur implication dans le dossier rwandais ». ■ FAWZIA ZOUARI

* Candidates africaines : Alcinda Abreu, ministre mozambicaine de l’Environnement; Aïssata Bagnan Fall, présidente de la section nigérienne de Transparency International ; l’Ougandaise Winnie Byanyima, directrice du programme onusien Gender Team ; la Tunisienne Nebiha Gueddana, directrice de l’Office national de la famille et de la population ; l’Ougandaise Rachel Mayanja (présentée par la Gambie), conseillère spéciale pour la parité à l’ONU ; Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères ; la Burkinabè Joséphine Ouédraogo, responsable d’Enda Tiers Monde.

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APA

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LIBRES… TOUS LIBRES

ARRÊT SUR IMAGE

Étrange trio que celui que forment, le 23 août, Roque Pascual, Albert Vilalta et Omar dit « le Sahraoui ». À gauche, les deux humanitaires espagnols enlevés il y a neuf mois par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et enfin libérés. À droite, l’homme que la justice mauritanienne avait condamné à douze ans de prison pour avoir organisé le rapt, avant de l’extrader mi-août vers le Mali. Une fois sur place, c’est un Omar libre qui a conduit les deux otages à la frontière du Burkina Faso. Avant de s’évanouir dans la nature.

SÉNÉGAL Cachez ces mendiants... LES PRESSIONS DES PARTENAIRES économiques du Sénégal auraient-elles porté leurs fruits ? Le 24 août, le Premier ministre sénégalais, Souleymane Ndéné Ndiaye, a annoncé qu’il lançait une « mise en demeure », prenant effet dès le 26 août, aux milliers de mendiants qui arpentent les rues de Dakar. Si la population, exaspérée d’être constamment sollicitée, est relativement satisfaite, ce n’est bien sûr pas le cas des marabouts, qui vivent en partie de la quête des talibés (enfants étudiant le Coran dans leurs écoles) et qui invoquent, pour se justifier, l’un des piliers de l’islam, l’aumône légale (zakat). « De la traite d’enfants! » rétorquent les ONG. Âgés entre 2 et 17 ans, les talibés seraient 50000, selon Human Rights Watch. « C’est la première fois qu’une haute autorité de l’État prend des mesures concrètes », se félicite Anta Mbow, directrice de l’Empire des enfants, un centre d’accueil d’enfants des rues. Le gouvernement entend bien cette fois faire appliquer la loi

interdisant la mendicité, qui remonte à l’époque de Léopold Sédar Senghor. Mais le texte autorise la quête dans les lieux de culte: « La mendicité est un délit, a ainsi rappelé Ndéné Ndiaye, mais le fait pour un talibé ou toute autre personne de recevoir l’aumône dans un lieu de culte n’est pas assimilable à de la mendicité. » « Cette subtilité ne fera que déplacer le problème », estime cependant Anta Mbow. Qui dénonce l’absence d’organisation et de mesures d’accompagnement pour un problème qui dépasse celui des enfants et concerne aussi des familles dépendantes de l’aumône. Le projet gouvernemental risque également de trouver une résistance chez les mourides. La confrérie prospère – qui soutient le président Abdoulaye Wade – vit en partie de la mendicité de ses membres (dont les Baye Fall). Nul doute qu’elle ne se laissera pas priver sans mot dire d’une source de revenus non négligeable. ■ MICHAEL PAURON

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CONFIDENCES DE…

Nabil Chaath

JEUNE AFRIQUE: Dans quel état d’esprit abordez-vous la reprise des négociations? NABIL CHAATH : Nous n’allons pas à Washington contraints et forcés. Si les Israéliens affichent une attitude positive, nous ferons tout pour faire avancer la paix. Mais nos chances d’obtenir quelque chose lors de ce sommet sont minces. Ce qui nous importe, c’est la reconduction du gel de la colonisation après le 26 septembre. Si le gouvernement de Benyamin Netanyahou décide de le lever, nous ne trahirons pas nos aspirations et celles du peuple palestinien. Il n’y aura aucun compromis possible: nous quitterons la table des négociations. Malgré les pourparlers indirects, les Palestiniens n’ont obtenu aucune garantie sur l’arrêt de la colonisation… Israël a totalement saboté ces pourparlers indirects. Nous avons été les seuls à avoir eu de véritables échanges de points de vue avec l’émissaire américain George Mitchell. À aucun moment les Israéliens ne nous ont fait parvenir une proposition. Nous avons quand même accepté de reprendre les négociations directes, car le gel de la colonisation est toujours en vigueur. Les discussions qui s’ouvrent à Washington sont un test.

HALEY/SIPA

Figure historique de lʼOLP, Nabil Chaath participera, en tant que membre de la délégation palestinienne, aux premières discussions directes avec Israël depuis 2008, qui sʼouvriront le 2 septembre à Washington.

conscience de la difficulté d’une telle entreprise, car la présence juive est de plus en plus importante dans les quartiers arabes. Mais les Israéliens ont la capacité de satisfaire cette exigence, comme l’a prouvé leur désengagement de la bande de Gaza, en 2005. Partagez-vous l’optimisme de Hillary Clinton, qui affirme qu’un accord de paix peut être obtenu dans un an? Oui, un accord peut être conclu rapidement. Après tout, Netanyahou est l’instigateur des accords de Wye Plantation, en 1998, qui avaient abouti à un retrait partiel de Cisjordanie. Souhaitez-vous que Barack Obama exerce de nouvelles pressions sur Israël? Il est évident qu’Israël ne serait rien sans le soutien américain. C’est pour cette raison que les États-Unis ont un rôle clé et doivent tout faire pour parvenir à une solution équitable du conflit. J’ai confiance en Barack Obama pour qu’il mette fin à la colonisation et s’engage à faire reconnaître nos droits.

« Si Israël lève le gel de la colonisation, nous quitterons la table des négociations. » Le Premier ministre israélien a déjà émis plusieurs conditions à la création d’un État palestinien… Cela fait partie du petit jeu des Israéliens. Ils souhaitent une reprise du dialogue sans conditions préalables, mais nous imposent déjà leur vision sur le tracé des frontières, les aspects sécuritaires et le caractère juif de l’État d’Israël. Je veux leur rappeler qu’il s’agit de négociations de paix entre une force occupante et une population occupée. Seules les résolutions internationales devront déterminer la forme de notre futur État. Quelle est votre position sur Jérusalem? Les Israéliens doivent se retirer de la partie est de la ville pour nous permettre d’y établir notre capitale. J’ai

Quel est le sens de la participation de la Jordanie et de l’Égypte aux discussions qui s’ouvrent à Washington? La présence de Hosni Moubarak et du roi Abdallah II doit être perçue comme un geste de soutien en faveur des Palestiniens. De leur côté, les Américains ont voulu lancer un signal fort en les conviant aux négociations. Cela prouve que la paix entre Israéliens et Palestiniens concerne toute la région. ■ Propos recueillis à Ramallah par MAXIME PEREZ J E U N E A F R I Q U E N ° 2 5 9 0 • D U 2 9 A O Û T A U 4 S E P T E M B R E 2 0 10

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La Constitution devra être à nouveau amendée pour permettre à Ben Ali de se représenter.

ABDELAZIZ BARROUHI, à Tunis

ATEF SAFADI/POOL/REUTERS

PHILIPPE-HENRI DACOURY-TABLEY

AHOUNOU/APA

Déjà gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), il est, depuis le 20 août, président de l’Association des banques centrales africaines (ABCA).

JACK LANG

CHARLES PLATIAU/REUTERS

L’ex-ministre français de la Culture a été nommé, le 26 août, conseiller spécial de l’ONU sur la piraterie. Il se penchera sur l’épineuse question du sort judiciaire des pirates capturés au large des côtes somaliennes.

THILO SARRAZIN

Avant même sa sortie, le livre de l’ex-sénateur allemand (SPD) crée la polémique. Ses propos sur les musulmans et les immigrés ont été jugés particulièrement « blessants et diffamants » par la chancelière Angela Merkel.

UNKEL/VARIO IMAGES/SIPA

CE N’EST ÉVIDEMMENT PAS OFFICIEL, mais les signaux ne manquent pas. Le chef de l’État, Zine elAbidine Ben Ali, n’a pas encore bouclé la première année de son cinquième mandat qu’il est déjà sérieusement question qu’il en brigue un sixième d’affilée à la présidentielle d’octobre 2014. Il ne s’est pas encore prononcé publiquement, mais les cercles du pouvoir le font pour lui. C’est le parti gouvernemental lui-même qui a donné le ton. Le 17 juillet, à l’issue de sa session ordinaire, le comité central du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD) a publié une motion générale contenant un bref paragraphe appelant Ben Ali « à continuer de diriger la Tunisie au cours de la prochaine étape ». Sibyllin pour le citoyen lambda, ce message est clair pour la classe politique : les spéculations chuchotées récemment dans les salons sur l’après-Ben Ali ne sont que pure fantaisie. Trois semaines plus tard, deux appels exhortant le chef de l’État à se porter candidat en 2014 sont venus confirmer que la marche de Ben Ali vers un sixième mandat avait bel et bien commencé. Le statut de leurs inspirateurs, deux illustres membres du premier cercle du pouvoir, ne laisse aucun doute. Publié le 8 août par le quotidien arabophone Achourouk, le premier appel a été signé par une liste de 64 personnalités rassemblant d’anciens ministres de Bourguiba et des artistes populaires qui déclarent : « La Tunisie a encore besoin de vous, de votre vision perspicace pour gérer ses affaires et veiller sur son avenir. » Le second appel, paru le 20 août dans les quotidiens du groupe Assabah/Le Temps, propriété de Sakhr el-Materi, gendre du président, comporte, quant à lui, les noms de mille personnalités, dont des hommes d’af faires, des avocats, des universitaires, des dirigeants d’associations. Ils déclarent « nécessaire et impérieux le maintien de Zine el-Abidine Ben Ali aux commandes du projet national tendant à assurer stabilité, quiétude et pérennité à la Tunisie »… Seulement voilà, cette fois-ci, sa candidature ne pourra être validée que si la Constitution est à nouveau amendée, afin de faire sauter le verrou de la limite d’âge de 75 ans au-delà de laquelle on ne peut postuler à la magistrature suprême. Ben Ali, qui fête ses 74 ans le 3 septembre, en aura en effet 78 en 2014. Et c’est précisément pour préparer les esprits à l’amendement de la Constitution que les appels devraient se multiplier en cette rentrée politique pas comme les autres. ■

JIMMY CARTER

Le 26 août, l’ex-président américain a obtenu, lors d’un voyage à Pyongyang, la libération d’Aijalon Mahli Gomes, un Américain condamné en avril à huit ans de travaux forcés pour être entré illégalement en Corée du Nord.

MOHSEN SHAALAN

Accusé de négligence, le viceministre égyptien de la Culture a été placé en garde à vue, après le vol, le 21 août, d’un tableau de Van Gogh (d’une valeur de 50 millions de dollars), dans un musée du Caire.

EPA/MAXPPP

aujourdʼhui

EN HAUSSE

MOHAMMED ABDALLAH HASSAN ABOUL-KHAIR

L’administration américaine a gelé, le 24 août, les avoirs d’un beau-fils d’Oussama Ben Laden aux ÉtatsUnis. Il est soupçonné de financer les activités d’Al-Qaïda.

D.R.

TUNISIE 2014 se prépare

EN BAISSE

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MANOLO MYLONAS/FEDEPHOTO

20 L’ENQUÊTE

Soirée chic à Brazzaville. J E U N E A F R I Q U E N ° 2 5 9 0 • D U 2 9 A O Û T A U 4 S E P T E M B R E 2 0 10

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les

Riches

Petits plaisirs et gros caprices, les fortunes africaines ne font pas exception. La recherche du luxe et de lʼexcellence nʼa pas de limite. Voyage au cœur dʼun club très sélect.

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MARWANE BEN YAHMED

mode échappent de moins en moins au commun des mortels. L’argent que l’on possède – et non celui que l’on dépense – lui, demeure un sujet tabou. En Afrique plus qu’ailleurs: pas de statistiques ou presque sur les patrimoines ou les capitaux, pas d’équivalent local du classement organisé par le magazine américain Forbes consacré aux seuls milliardaires. On devine, on suppose, on imagine. Et souvent, on se trompe… Terre de fantasmes par excellence, l’Afrique recèle moins de riches qu’ailleurs dans le monde. On dénombre 100000 millionnaires sur le continent, contre 400000 au Moyen-Orient, 500 000 en Amérique latine,

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iche [R i ]. Adjectif et nom masculin. Qui a de la fortune, possède des biens et spécialement de l’argent en abondance. Les critères quantitatifs d’appartenance à la « tribu » des nantis demeurent flous, mais n’ergotons point pour quelques zéros. On est riche par rapport à un environnement donné. L’être à Courchevel, Los Angeles, Saint-Tropez ou Londres, ne requiert pas les mêmes montants sur son compte en banque qu’à Dakar, Abidjan ou Tunis. Si l’on veut être plus précis, et étudier

quelques chiffres, parlons donc des milliardaires (1 011 recensés officiellement dans le monde, cinq fois plus qu’il y a dix ans) ou des millionnaires (10 millions, en 2009). En dollars ou en euros, peu importe. Mais gardons à l’esprit qu’il ne s’agit là que de ceux qui ont été « certifiés ». Les autres, les rois de l’informel, et ils sont nombreux en Afrique, échappent à tous les radars. Qui sont-ils? Où et comment viventils ? Que font-ils de leur argent ? Si pénétrer complètement leur univers est loin d’être chose aisée – tant ils rechignent à étaler leur opulence hors des sentiers battus par leurs pairs – les lieux qu’ils fréquentent, leurs lubies et les nouvelles pratiques à la

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3 millions pour la zone AsiePacifique comme pour l’Europe et 3,1 millions en Amérique du Nord. Et quand on est riche en Afrique, on l’est tout de même bien moins qu’ailleurs (moins de dix milliardaires africains). Last but not least: il y a plus de riches chez les anglophones que chez les autres. La corrélation avec le poids économique de leurs pays est une évidence : l’Afrique du Sud, le Nigeria, l’Égypte sont les seules nations à abriter ces fameux milliardaires. Chez les francophones, les nababs demeurent des « nains »… FORTUNES EXPRESS

La plupart de nos amis fortunés, les riches d’aujourd’hui s’entend, ont construit leur fortune en peu de temps, si on les compare à leurs prédécesseurs, par ailleurs bien moins nombreux. Fini (ou presque) l’import-export des produits de base et des matières premières, vive les télécoms, les banques, l’agroalimentaire, l’énergie ou les nouvelles technologies. Les économies fermées et les monopoles d’État sont désormais un lointain souvenir. Comme les marchés s’élargissent sans cesse, désormais, on peut faire fortune extrêmement rapidement. Concernant les pratiques, les similitudes entre les Africains et les autres sont légion. Et pour cause, dans cet univers aux codes parfois étranges, on aime copier son voisin et, surtout, le dépasser. La course au plus beau, au plus grand ou au plus cher est un sport relativement bien partagé. Pour leurs « petits » plaisirs, les grandes fortunes du continent dépensent donc leur argent comme les autres : d’abord les biens de luxe (voitures, bateaux, avions, etc.) puis les bijoux, l’art, les voyages, le sport (golf, chevaux), les collections (vins, antiquités, etc.). L’enquête qui suit vous invite au voyage. Plages de sable blanc, resorts de luxe inaccessibles, spas, golfs, yachting, bonne chère et vins délicats sont au menu. D’Alger au Cap, en passant par Abidjan, Marrakech, Tunis ou Libreville, les portes d’un univers qui a nourri tant de fantasmes s’ouvrent. Bonne lecture, en attendant, pourquoi pas, de faire un jour partie de ce club très sélect… ■

Côte d’Ivoire

ASSINIE-MAFIA, ENTRE SAINT-TROPEZ ET BEVERLY HILLS

Finie l’époque où la localité d’Assinie-Mafia, dans le sud-est du pays, était constituée de maisons faites de paille, de bambou et de bois. Cette presqu’île située entre l’océan Atlantique et la lagune Aby, à 95 km d’Abidjan, est devenue une plage de luxe. Si elle doit en partie sa renommée à la star internationale de reggae Alpha Blondy, qui lui a dédié une chanson dans son album Yitzhak Rabin en 1998, elle a aussi connu des temps plus difficiles quand, après le coup d’État militaire de décembre 1999, le climat d’insécurité en Côte d’Ivoire y a entraîné la fermeture des centres de vacances du Club Méditerranée et du Sporting Club Valtur. Mais ce temps-là, lui aussi, est déjà loin : aujourd’hui Assinie-Mafia s’est refait une beauté. Un changement de décor imputable aux grosses fortunes du pays qui ont envahi les lieux pour y ériger leurs résidences secondaires. Ceux qu’on appelle à Abidjan « les grands quelqu’uns » – leaders politiques, hauts fonctionnaires, patrons – se sont créé un monde sur mesure sur cette plage paradisiaque. Parmi les heureux propriétaires

NABIL ZORKOT

22 L’ENQUÊTE

« La pointe des milliardaires » d’Assinie-Mafia a attiré la haute bourgeoisie ivoirienne.

figurent notamment l’homme d’affaires Pierre Magne – président de l’Action pour le développement d’Assinie-Mafia (Adam) –, l’actuel ministre des Finances, Charles Koffi Diby, et son directeur général des impôts, Lambert Feh Kessé, l’ex-chef de gouvernement et candidat

DES « ACCOMPAGNATEURS » QUI TIRENT LEUR ÉPINGLE DU JEU ILS NE SONT PAS RICHES, MAIS PROFITENT DE L’ARGENT DES RICHES. En Côte d’Ivoire, tout gros bonnet de la politique, magnat des affaires attiré par la jet-set ou bien star du football évoluant en Europe entretient un ou plusieurs hommes de main. Dans les milieux politiques, on les appelle « chargés de mission ». Pour les stars du ballon rond, on les désigne sous le sobriquet « ropéros ». Leur travail ? Superviser les menus plaisirs de leurs richissimes patrons. Ils gèrent le cash, l’argent liquide nécessaire aux sorties dans les lounges et les boîtes de nuit les plus célèbres de la ville. Ils s’occupent également de ce qu’on peut appeler la logistique: entretien des voitures, location de véhicules de luxe, règlement des factures et notes diverses, réservations de chambres d’hôtel, etc. De quoi vivent ces hommes de main, sollicités et courtisés pour leur entregent et leur débrouillardise? Certains chargés de mission d’hommes politiques sont en fait des fonctionnaires détachés auprès de l’administration que dirige leur « grand type ». En plus de leur salaire, ils bénéficient de notes de frais et d’avantages en nature. Les accompagnateurs des vedettes du ballon rond sont plus dans l’informel. Et vivent quasi exclusivement de la générosité de leur boss, qui peut aller jusqu’à leur offrir des voitures de luxe, des vêtements de marque et des téléphones dernier cri. Ou leur fournir l’argent nécessaire pour commencer un business, notamment dans l’industrie de la nuit. ■ THÉOPHILE KOUAMOUO, à Abidjan J E U N E A F R I Q U E N ° 2 5 9 0 • D U 2 9 A O Û T A U 4 S E P T E M B R E 2 0 10

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23 LES 8 PREMIÈRES FORTUNES AFRICAINES (dans le classement mondial)

1er

50e

100e

150e

127e NASSEF SAWIRIS 5,9 milliards de dollars Égypte - 48 ans - Patron d’Orascom Construction Industries (OCI Group) 154e NICKY OPPENHEIMER 5 milliards de dollars Afrique du Sud - 64 ans - Président de la société diamantaire De Beers et d’Anglo American, la société minière créée par son grand-père Ernest Oppenheimer

200e

250e

Assinie-Mafia est devenue une escale obligée de villégiature pour la jet-set abidjanaise. « Assinie est l’équivalent de Saint-Tropez en France », avoue dans un sourire un homme d’affaires qui y possède une grosse villa, avant d’ajouter: « Pourquoi partir en vacances en Europe, quand on a Assinie? » ■

M

BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan

Maroc

MILLIONNAIRES ET PAS SEULEMENT HÉRITIÈRES

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Elle pilote des avions, a son permis moto et a été classée par le magazine Forbes au 21e rang des entrepreneuses arabes. À la tête des Eaux minérales d’Oulmès, qui a réalisé en 2009 un chiffre d’affaires de plus de 1 milliard de dirhams (plus de 90 millions d’euros), Meriem Bensalah, 47 ans, est l’une des femmes d’affaires les plus respectées du royaume. Fille de feu Abdelkader Bensalah, elle a encore l’image d’une héritière lorsqu’elle intègre, en 1990, le groupe familial Holmarcom. Diplômée de l’université de Dallas, elle s’impose rapidement comme une redoutable manageuse et continue avec succès le travail

300e SOURCE : CLASSEMENT FORBES MARS 2010 - PHOTOS : MARQUES/KR IMAGES PRESSE - ROBINSON/SOUTH-REA - PIUS UTOMI EKPEI/AFP

à l’élection présidentielle Alassane Ouattara, le président de la fédération ivoirienne de football, Jacques Anouma, l’architecte Pierre Fakhoury ou bien encore le couple présidentiel Laurent et Simone Gbagbo. Bref ! que du beau linge. On a même baptisé la portion d’Assinie-Mafia située entre les km 3 et 19 « la pointe des milliardaires ». Référence à sa rivale immédiate, qui n’est autre que « la baie des milliardaires », sur l’île Boulay au large d’Abidjan. Sous l’influence de ces nouveaux venus, la folie des grandeurs s’est emparée d’Assinie-Mafia. Des matériaux très sophistiqués sont utilisés pour bâtir d’imposantes villas. Le marbre de luxe importé d’Italie ou de Grèce a remplacé le bois. Des architectes de renom, ivoiriens comme Guillaume Koffi – qui s’est fait construire une magnifique villa –, ou expatriés, sont mis à contribution pour faire d’Assinie-Mafia une réplique de Beverly Hills (Californie) en miniature. Certaines demeures sont équipées de Jacuzzi, de piscines débordantes à eau de mer, de boîtes de nuit privées ou de caves à cigares. D’autres fortunés y ont aménagé des pistes d’atterrissage pour les hélicoptères. De nouvelles règles d’urbanisation ont été édictées.

307e ONSI SAWIRIS 3,1 milliards de dollars Égypte - 80 ans - Fondateur du groupe Orascom Construction Industries (OCI Group) 374e NAGUIB SAWIRIS 2,5 milliards de dollars Égypte - 55 ans - Patron du groupe Orascom Telecom

350e

400e

421e PATRICE MOTSEPE 2,3 milliards de dollars Afrique du Sud - 48 ans - Fondateur d’African Rainbow Minerals (mines)

450e

421e JOHANN RUPERT & FAMILY 2,3 milliards de dollars Afrique du Sud - 59 ans - Président du groupe de luxe Richemont (Cartier, Dunhill, Lancel, Montblanc)

500e

550e

600e

650e

463e ALIKO DANGOTE 2,1 milliards de dollars Nigeria - 52 ans - Fondateur de Dangote Group (transport et opérations portuaires, agroalimentaire, matériaux de construction et textile) 655e SAMIH SAWIRIS 1,5 milliard de dollars Égypte - 53 ans - Patron d’Orascom Hotels and Development

700e

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24 L’ENQUÊTE

du chef Tonio à la Résidence Maïsha Le menu de la Résidence Maïsha n’est pas le plus cher, mais le plus raffiné. Salade de caille à la truffe en entrée, homard breton en plat et tarte au chocolat en dessert, pour un total de 72 000 F CFA (110 euros). Le dîner peut s’accompagner d’un pétrus Sur la carte de Tonio: truffe et caviar. millésimé à 2 500 000 F CFA (3 811 euros). Le restaurant offre également du caviar pour 450 000 F CFA (686 euros) les 100 grammes.

DÉSIREY MINKOH POUR J.A.

• UN DÎNER À L IBREVILLE – Menu

Moins flambeuses et plus discrètes que leurs pairs masculins.

• UNE CHAMBRE D’HÔTEL À DAKAR – L’« Executive Suite » à l’hôtel Radisson Blu

L’Executive Suite du Radisson Blu, 90 m2 avec vue sur l’océan, coûte 670 euros par nuit en haute saison et 533 euros en basse saison. La suite se compose d’une chambre et d’un boudoir attenant. Le Radisson Blu est l’un des nouveaux hôtels de la capitale sénégalaise.

D.R.

• UN SPA À MARRAKECH – Les délices du Palais Rhoul Au cœur de la palmeraie, le Palais Rhoul avec sa suite à 550 euros et sa piscine dans un patio ombragé est un enchantement. L’établissement propose en outre un spa aux résidents extérieurs. Hammam et pédicure traditionnels et massage à l’huile d’argan. Le tout pour 170 euros… mais dans un « cadre unique ». Le comble du raffinement! • UNE MAISON À K INSHASA – Le standing du quartier de la Gombe Une coquette villa au loyer de 10 000 euros par mois vient d’être louée dans le quartier de la Gombe, le centre d’affaires de Kinshasa. Elle a quatre chambres, deux salles Marrakech : tout un art de bains, une piscine et une annexe pour le de vivre. personnel de maison. La résidence est entourée d’un jardin fleuri et gardée par deux agents de sécurité. • UNE VOITURE À YAOUNDÉ – Le 4x4 Mercedes-Benz GL, évidemment !

Le 4x4 Mercedes-Benz GL (toutes options comprises) coûte 100 millions de F CFA, soit 150 000 euros. Cette « Merco », pour les intimes, est commercialisée par Tractafric Motors Cameroun.

• UN YACHT À HAMMAMET – Il suffit

D.R.

d’y mettre le prix ! Le Delma, 85 m de luxe et de volupté s’offrent à vous. Les tarifs pratiqués peuvent atteindre les 600 000 euros la semaine. Basé en France, il est capable de relier en un temps record n’importe quel port. ■ MALIKA GROGA-BADA, SEVERINE LOSEMBE et JUSTINE SPIEGEL

Le Delma.

de modernisation entrepris par son père. Depuis, elle s’est fait un prénom en organisant des événements de grande envergure comme le Festival de Casablanca ou la Journée de la Terre. « Meriem Bensalah appartient à la première génération de femmes marocaines qui se sont imposées à la tête d’une entreprise et qui ont gagné beaucoup d’argent grâce à leur travail et pas uniquement grâce à leurs pères ou leurs maris, analyse un journaliste maro-

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PETITES FOLIES POUR GROSSES FORTUNES

cain. Et souvent ce sont aussi des mères et des citoyennes accomplies, très impliquées dans la vie de leur pays et désireuses de faire avancer la cause des femmes. » Dans un milieu encore empreint de machisme, les riches entrepreneuses marocaines sont souvent moins flambeuses et plus discrètes que leurs pairs masculins. Sans être pour autant complexées… À 36 ans, Salwa Akhannouch affiche de grandes ambitions. La « Madame Franchise » du Maroc est la première à avoir introduit les marques Zara et Massimo Dutti dans le royaume. Sa notoriété a dépassé les frontières de son pays depuis qu’elle a lancé son groupe, Aksal, dans l’aventure du Morocco Mall, le plus grand centre commercial d’Afrique, qui mobilisera un investissement global de 2 milliards de dirhams (180 millions d’euros). Il est prévu que ce mall luxueux, où se côtoieront Dior, la Fnac et les Galeries Lafayette, attire 15 millions de visiteurs par an et génère un chiffre d’affaires de 5 milliards de dirhams. Salwa Akhannouch parviendra peut-être ainsi à faire oublier qu’elle est la petite-fille de Haj Hmad Belfqih, un richissime homme d’affaires berbère qui a fait fortune dans le commerce du thé, et l’épouse d’Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et patron d’Akwa Group (dis-

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les Riches

Un nouveau concept à l’hôtel Radisson Blu de Dakar: le ndogou (« plat de rupture », en wolof) haut de gamme.

tribution de produits pétroliers). Mais déjà, cette femme coquette et polyglotte est devenue un modèle pour les jeunes Marocaines bardées de diplômes, bien décidées à conquérir leur indépendance et à mener un grand train de vie… Sans rien devoir à leurs maris. ■

S

Sénégal JEÛNE DE LUXE

LEÏLA SLIMANI

de pépinière pour le parti au pouvoir) et par ailleurs directeur de cabinet du ministre de la Construction. Certains se privent moins que d’autres au cours de ce « mois béni ». Ceux qui font par exemple leurs emplettes à Casino (un supermarché de niveau européen situé au cœur du luxueux quartier des Almadies) remplissent leurs Caddies avec gourmandise, bourrent les malles de leurs bolides garés au parking… et récupèrent plus aisément les vitamines perdues durant la journée. ■

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CHEIKH YÉRIM SECK, à Dakar

Gabon

LES DOUCEURS DE LA POINTE DENIS

La Pointe Denis est l’une des destinations préférées de la bonne société librevilloise. Le temps d’un weekend, on ne se refuse pas le plaisir de sauter dans une navette, savourer la traversée qui dure une vingtaine de minutes, profiter du silence,

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À Dakar, si les musulmans suivent le rituel du ramadan selon les mêmes règles de privation de nourriture et de boisson, tout le monde ne rompt pas le jeûne de la même manière, au coucher du soleil. Les tables garnies à Almadies, Sacré-Cœur, Fann Résidence, Point E… contrastent avec les ndogou (« plats de rupture », en wolof) servis à Yeumbeul, Guédiawaye, Madina et dans tous ces quartiers paupérisés où, selon l’expression aujourd’hui en vogue, « on ne voit même plus le diable pour lui tirer la queue ».

Les riches ont leurs habitudes au Radisson Blu, le nouvel hôtel luxueux et tendance qui surplombe la corniche de Dakar. La formule du « buffet ndogou », mise en place depuis le début du carême, fait un tabac. Elle attire tout ce que la capitale compte de jetsetteurs, d’hommes d’affaires ayant pignon sur rue et même de décideurs politiques. Vendu à 40 euros environ, une belle somme au regard du pouvoir d’achat moyen des Sénégalais, ce buffet est une occasion pour le Dakar qui brille de se montrer en ce mois d’abstinence et d’austérité. Au menu ce 25 août : fruits de mer, poulet au curry, veau en sauce, viennoiseries, tartes, salades de fruits… Sans oublier le traditionnel jus de bissap pour se désaltérer après une journée sans boire. Mais il y avait aussi et surtout du beau monde: notamment un jeune homme d’affaires qui a fait fortune dans le négoce international de produits alimentaires, Mokhtar Diop, et une poignée d’hommes politiques, dont le très médiatisé Abdou Aziz Diop, président de la Coordination nationale des cadres libéraux (CNCL, une sorte

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ERICK-CHRISTIAN AHOUNOU POUR J.A.

Bienvenue chez

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26 L’ENQUÊTE Ekwata Loisirs, Maringa Olando N’Tchuwa – constituent un lieu de rendez-vous apprécié. Charme et discrétion assurés. ■

A A

frique du Sud

CANAL WALK : LE TEMPLE DU SHOPPING DES « BLACK DIAMONDS »

Canal Walk, le plus vaste centre commercial de l’hémisphère Sud, fêtera en octobre ses dix ans d’existence. 250 hectares, 7 000 places de parking, 60 restaurants, cinq hôtels, un casino, un golf… « Nous sommes la preuve de l’émergence d’une classe sociale aisée, la médaille d’or de la transformation économique, si vous voulez », vante Vanessa Herbst, responsable des relations publiques. Situé à Century City, un nouveau quartier à dix minutes du Cap, ce temple du shopping est une halte obligée des « black diamonds » (diamants noirs), cette classe privilégiée qui s’empresse de rattraper par le blingbling les inégalités raciales du passé. « Toutes les stars viennent à Canal Walk », explique Cléo, coiffeuse chez Partners, qui se flatte d’avoir été aux petits soins pour le rugbyman sudafricain Bryan Habana et le chanteur jamaïco-américain Sean Kingston. « Pendant la Coupe du monde, j’ai coiffé deux joueurs, un Anglais et un Brésilien. Je ne me souviens pas de leurs noms, mais j’avais leurs gardes du corps devant la boutique. Ce que les vedettes apprécient au Cap, c’est qu’on les laisse en paix. »

Bungalows et toits de chaume pour les dignitaires gabonais. acquis une propriété. En mars 2009, son cousin Moulay Ismaïl, en visite au Gabon, y a effectué une petite virée en hélicoptère. Omar Bongo Ondimba s’y était fait construire une maison, tout comme son ami de quarante ans et président du Sénat aujourd’hui également disparu, Georges Rawiri. Ali Bongo Ondimba aussi et d’autres membres de la famille y ont leurs habitudes. Plusieurs dignitaires du régime, des membres du gouvernement, des directeurs généraux aiment se mettre au vert dans des bungalows, en bois et au toit de chaume, avec vue sur le grand large. Les établissements les plus cotés – Ndjogo Assala Lodge,

GEORGES DOUGUELI

MARTIN PARR/MAGNUM

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respirer la brise marine à pleins poumons, arpenter les plages de sable blanc, manger des fruits de mer et s’offrir bien d’autres douceurs qu’offre cette presqu’île située dans l’estuaire du fleuve Komo, sur la rive opposée à la capitale. Pour les militaires français du 6 e Bima (bataillon d’infanterie de marine) autant que pour les hommes d’affaires ou les congressistes de passage, la Pointe Denis rime avec plaisirs aquatiques. C’est aussi le paradis des amours clandestines, où l’on peut batifoler loin des regards indiscrets dans les eaux turquoise de ce littoral à la fois sauvage et romantique. Le village d’Ekwata, sur la façade atlantique de la presqu’île, où vit la plus grande colonie au monde de tortues luths, a la préférence des riches. Ici le roi du Maroc, Mohammed VI, a

Au champ de courses hippiques, à Durban.

Pour dépenser tranquille et en sécurité le long des galeries superposées truffées de repères décoratifs d’un autre monde – ici une Joconde, là un lion en plâtre copié sur ceux de Trafalgar Square –, tout est prévu, 365 jours par an, jusqu’à 3 heures du matin. Maman et papa peuvent déposer les enfants dans un centre de jeux (rollers, trampoline, karting) ou les emmener à Ratanga Junction,

LES 10 « MUST-HAVE » : TOUR D’HORIZON DE CE QU’IL FAUT AVOIR POUR EN ÊTRE… • L’IPAD 64 G WIFI + 3G, à partir de 650 euros. • L E SAC CHANEL

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Bienvenue chez

les Riches

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en a une que j’appelle “ma millionnaire”. L’autre jour, elle se plaignait que l’école française du Cap, où sont inscrits ses enfants, néglige l’enseignement de l’afrikaans. Téléphone portable à l’oreille, elle a, le temps du rendez-vous, acheté une école privée sud-africaine ! » ■

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ALEX DUVAL SMITH, au Cap

RD Congo MÉCÉNAT ANIMALIER

• L E PANAMA MONTECRISTI SUPER FINO, à partir de 2 100 euros.

comptabilisé 21 millions de visites en 2009 et un chiffre d’affaires de 3,3 milliards de rands (environ 350 millions d’euros). Chiffres à l’appui, Vanessa Herbst affirme connaître sa clientèle: « Notre cliente typique est métisse et sud-africaine. Elle a moins de 35 ans et gagne en moyenne 19970 rands (2 100 euros) par mois. » Cléo, la coiffeuse, connaît ses clientes de façon plus personnelle : « Il y

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DU GROUPE SUISSO-

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parc à thème doté d’énormes montagnes russes. Des promenades en bateaux-mouches conduisent à une réserve d’oiseaux incorporée dans Century City lors de sa construction pour satisfaire les écologistes. Et pour terminer la journée, 17 écrans de cinéma proposent une programmation continue. Eckö, Diesel, Baby Phat… Les 400 boutiques de Canal Walk ont

Jean-Claude Muyambo est l’ami des bêtes. Pour elles, ce député national et ancien bâtonnier du barreau de Lubumbashi, cheflieu de la province congolaise du Katanga, peut se faire du souci et dépenser beaucoup, beaucoup d’argent. En juillet 2009, il a ouvert un parc animalier – le Muyambo Park, tout simplement –, à 15 km du centre de « Lubum ». Coût de l’investissement : 3,5 millions de dollars (2,5 millions d’euros à l’époque), sortis de sa cassette personnelle. À l’en croire, l’enfant du pays – il est natif de Kolwezi, à 250 km à l’ouest de Lubumbashi – a fait fortune à la fin des années 1990 quand, à la faveur de la libéralisation du secteur minier, les compagnies étrangères ont rappliqué au Katanga et eu recours à ses services pour leurs formalités. Son domaine, le sieur Muyambo l’a voulu à sa mesure : 400 hectares sillonnés par quelques pistes en latérite avec, au centre, un lac protégé par des digues. Là, des dromadaires de Somalie, des girafes de Namibie, des zèbres et des gnous de Tanzanie se baladent en liberté. Tous ont été acheminés par la route, une

grandes fortunes et réalisée avec un or de 18 carats, elle propose une ligne de crédit de 200 millions de dollars (environ 160 millions d’euros).

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28 L’ENQUÊTE

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« épreuve traumatisante pour eux », confie leur bienfaiteur. Seuls prisonniers dans ce paradis, les méchants chacals, qui rongent leur

Muyambo a dépensé 3,5 millions de dollars pour son parc de 400 hectares. frein derrière des grillages importés de Chine. Pour ses protégés, JeanClaude Muyambo veut le meilleur. Chaque matin, au volant d’une petite

Jeep, il vient s’enquérir de leur nuit. « Excellence, un hibou a mangé un pigeon », annonce un garde. Sa réaction : « Des prédateurs, il y en a partout. » Le propriétaire n’a pas créé le Muyambo Park que pour lui : 300 v isiteurs sont accueillis chaque semaine, moyennant un ticket de 10 dollars (15 pour les étrangers). Dans un pays à l’État déliquescent, son objectif était de montrer « ce que peut faire l’initiative privée ». Il emploie 80 personnes. Un atout sur son CV de politicien. Tout comme son groupe de médias, Juva TV et Juva FM ( juva signifie « soleil » en swahili), et ces soirées qu’il lui arrive

d’organiser dans son jardin, avec 500 convives, des brochettes en quantité et des bulletins d’adhésion à Solidarité congolaise pour la démocratie (Scode), son parti. ■

A

MARIANNE MEUNIER

Algérie

LA PLAGE SANS LA PLÈBE

Après trois décennies de « socialisme scientifique » au cours desquelles la notion de propriété privée était hautement suspecte, et une décennie noire marquée par un ajustement structurel et une violence islamiste

LE PARIS DE LA BLACK ELITE

CHAQUE ANNÉE C’EST LE MÊME SCÉNARIO. La jeunesse dorée africaine prend ses quartiers d’été à Paris. « Nous avons l’habitude de descendre au Crillon ou au Concorde La Fayette », confie Grâce*, 21 ans, fille d’un diamantaire d’Afrique centrale. En juillet, c’est à l’hôtel de Crillon, l’un des palaces les plus luxueux de la capitale, qu’elle et sa famille dépoAvenue Montaigne à Paris: les daddy’s girls adorent. sent leurs bagages. La nuit y est facturée 1000 euros. À l’heure du déjeuner, la jeune fille retrouve son amie, montres brillent pour le moment à leur poignet: Cartier la ravissante Déborah, à la Cantine du Faubourg, à deux pour l’une, Chaumet pour l’autre. À la nuit tombée, Gucci aux pieds et Édouard, le petit pas des Champs-Élysées. L’assiette à peine débarrassée et l’addition payée (80 euros par personne), les deux frère de Grâce, à leurs côtés, les jet-setteuses en herbe daddy’s girls grimpent dans un taxi (« On ne marche retrouvent le tout-Paris dans les clubs les plus sélects. pas, ça abîme les chaussures. ») et troquent leurs es- Soirée « African Money » au Madness, mathusalem de carpins pour des mocassins. Direction les boutiques de champagne (6 l) à 1000 euros au « BC » (Black Calvados), avant des retrouvailles au VIP. « On est entre nous », asl’avenue Montaigne. Sacs Louis Vuitton modèle damier azur sous le bras sure Édouard qui, à 18 ans, flambe jusqu’à 3000 euros par (« Le marron, c’est démodé. »), elles shoppent à un soirée, soit 40 fois le salaire moyen en RD Congo. Ces jeunes princes ont beau avoir des pied-à-terre à rythme effréné dans leurs enseignes préférées. « Louis Vuitton, Ralph Lauren, Dior et Prada », énumèrent-elles. Londres, Bruxelles ou Cannes, ils se disent conscients de Montant de la facture: entre 2300 et 4000 euros pour cha- leurs privilèges. Pour les fêtes de Noël, Grâce et Déborah cune, payés cash. « Ce qu’on dépense est proportionnel à organisent d’ailleurs avec leurs parents un gala de bienfail’amour de nos parents », plaisante Grâce. Elles ont tout sance. Parce que « c’est normal de partager un peu ». ■ SÉVERINE LOSEMBE et JUSTINE SPIEGEL ce dont elles rêvent, sauf peut-être des « beaux bijoux », qu’elles comptent bien avoir plus tard. De « modestes » * Les prénoms ont été modifiés.

VINCENT FOURNIER/J.A.

Quand ils ne font pas de jet-ski à Pointe-Noire ou de brillantes études à Washington, filles et fils de politiciens et d’ hommes d’affaires africains passent leurs vacances dans la capitale française. Où ils dépensent sans compter.

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Pas franchement bling-bling, le Club des Pins à Alger est une solution de repli. Mais pour les plus chanceux, le top est d’avoir un bateau sur la Côte d’Azur.

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C

Cameroun

raton équivaut à près d’une année de salaire d’un smicard. « Le Sheraton est devenu le seul endroit où l’on est sûr de rester entre riches », affirme Issam en bombant son torse bronzé. ■

CACHEZ CET ARGENT QUE L’ON NE SAURAIT VOIR…

CHÉRIF OUAZANI

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Le mariage a été célébré en 2007 mais le gotha en parle encore… Ce jour-là, le monde de la politique et des affaires s’était donné rendez-vous dans les lieux les plus somptueux de la capitale camerounaise, Yaoundé, pour célébrer la noce de la fille du ministre de l’Économie et des CHAMPAGNE ! Finances. La robe de haute coutuLes plus gros marchés africains en 2009 (importations) re portée par la mariée, la vingtaine de limousines flambant neuves acquises pour l’occasion, PAYS VOLUME VALEUR les luxueux cadeaux offerts par (bouteilles de 75 cl) (€) des hommes d’affaires prêts à tout pour plaire au grand argentier de la République, NIGERIA 543 565 13 284 480 les hectolitres de champagne grand cru… Tout semblait AFRIQUE DU SUD 371 427 7 148 042 alors relever d’un conte des Mille et une nuits. Quelques MAROC 266 583 5 257 340 mois plus tard, le 31 mars GABON 168 754 2 893 818 2008, le super-ministre, Polycarpe Abah Abah, était arrêté et CÔTE D’IVOIRE 148 092 2 199 110 incarcéré à la prison centrale de Yaoundé, sous l’objectif de caméMAURICE 124 402 1 886 729 ras de télévision. TOGO 84 147 1 755 746 Au sein de l’élite politico-administrative insouciante et nantie, GUINÉE ÉQUAT. 68 843 1 499 547 le signal est clair : mieux vaut ne pas attirer l’attention par ces GHANA 60 680 1 343 547 temps d’opération anticorruption SÉNÉGAL 52 058 832 889 Épervier. Désormais, quand on est riche, il faut avoir le bon goût de se cacher. Lors d’une perqui-

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meurtrière et destructrice, l’Algérie a vécu ces dix dernières années un développement économique sans précédent : 300 milliards de dollars investis (environ 235 milliards d’euros). L’explosion des importations (près de 40 milliards de dollars par an), couplée à la levée du monopole d’État sur le commerce extérieur, a eu pour conséquence l’apparition d’une nouvelle caste de riches. Si les capitaines d’industrie ne se comptent que sur les doigts d’une main, le nombre de barons de « l’import-import » est évalué à plusieurs centaines. Être riche en Algérie signifie que l’on est millionnaire en euros. Comment vivent-ils ? « Très bien, merci, plaisante Issam, 23 ans, fils d’un gros importateur de pneumatiques. Mais nous vivons dans un pays qui n’est pas doté d’infrastructures pour cette catégorie de population. » Son père est un passionné de traversées maritimes. Sa surface financière lui a permis d’acquérir le yacht de ses rêves (2 millions d’euros), mais le seul port de plaisance que compte le pays est déjà saturé. Il a fini par le « domicilier » dans un port de la Côte d’Azur, en France. « Quand il a quelques jours de repos, il loue un jet, se rend à Nice et sort en mer », raconte Issam. Si ce dernier a lui aussi le pied marin, il se contente de passer ses jours dédiés à la Grande Bleue au Sheraton Club des Pins, à l’ouest d’Alger : c’est-à-dire sur « la plage à côté » de la résidence d’État éponyme où habitent ministres et hauts fonctionnaires. Car celle-ci est passée de mode pour les riches Algériens, qui préfèrent ne pas se frotter à la nomenklatura. Mais pas question de côtoyer pour autant la plèbe qui prend d’assaut les sites balnéaires de l’Algérois. La démocratisation du tourisme a rendu accessible aux cadres moyens les grands complexes du littoral, l’État-employeur subventionnant en partie les prix de location des bungalows. L’avantage du Sheraton est qu’il y a une sélection par les prix : une journée de farniente dans ce palace coûte quelque 200 euros par personne avec buffet à volonté, piscine et jeux aquatiques, et bien sûr le sable fin et blond de sa plage. Le prix que paie un couple avec un enfant pour une journée au She-

les Riches

MIGUEL TORRES

Bienvenue chez

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T

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sition au domicile d’un autre ancien ministre arrêté le même jour, des policiers se sont même attardés sur un bagage contenant d’innocentes cravates et chemises neuves… Alors que penseront-ils d’un Hummer !, se disent les notables apeurés. Les plus prudents ont discrètement revendu ces « pièces à conviction ». Mêmes les fêtards ont mis un frein aux extravagances noctambules, depuis qu’un ancien directeur de société pétrolière, en goguette dans la station balnéaire de Kribi, a attiré l’attention des inspecteurs d’État pour avoir sabré le champagne au-delà de

En ces temps d’opération Épervier, attirer l’attention est risqué. la dose prescrite. Il a lui aussi été embastillé par la suite. Ainsi privés de leur clientèle fortunée, les lieux de plaisir souffrent. Les meilleurs clients se recrutent désormais parmi les touristes et les Camerounais de la diaspora en vacances. Il faut être footballeur, millionnaire et amateur de dance-floor comme Samuel Eto’o ou Geremi N’Jitap pour reprendre, sans en attendre aucun profit, des boîtes de nuit en chute libre. Quant aux people contraints à l’hibernation par les enquêteurs anticorruption, ils s’encanaillent en Afrique du Sud. ■ GEORGES DOUGUELI

Tunisie

NICOLAS FAUQUE/IAMGESDETUNISIE.COM

30 L’ENQUÊTE

314 euros par an pour une salle de sport branchée, 1834 euros pour jouer au golf… Les Tunisois ont le choix.

UN ESPRIT CHIC DANS UN CORPS SAIN

Mieux vaut être riche, beau et en bonne santé. Les Tunisiens aisés sont adeptes de cette formule qui colle parfaitement avec leur souci d’être tendance. « Paraître en forme, c’est pour eux une question de crédibilité, confirme Selma, nutritionniste. Ces gens-là travaillent beaucoup, ils ont besoin de se rassurer, de se sentir séduisants, d’avoir aussi une sorte de prise sur le temps. » Aussi consacrent-ils une bonne part de leur temps libre à des activités de remise en forme. Ravissante quadra toute menue, Malika, à la crinière savamment méchée, a un emploi du temps aussi chargé que celui de son patron d’époux. Au programme de son marathon hebdomadaire, outre les incontournables séances chez l’esthéticienne ou le coiffeur, figurent aussi cours de fitness et parties de golf. Avec des amies, elle a même opté pour un coach à domicile qui, moyennant 50 dinars la séance (26 euros), prend soin de leur moindre relâchement musculaire. Mais paraître, c’est aussi tenir son rang. Si bien que, même pour une heure de marche ou une séance de Power Plate, Malika est toujours sur son trente et un, affichant les marques qu’il faut. Les riches cultivent leurs muscles avec soin. Pour 1 350 dinars par an, ils ont accès aux piscines des palaces (le revenu annuel moyen

en Tunisie est de 4 000 dinars, soit 2 200 euros). Ils vont transpirer, pour 600 dinars par an, dans des salles de sport branchées telles que California Gym ou Lake Club, où ils profitent d’équipements de musculation dernier cri, de cours de Pilates, d’un hammam… Mais, le fin du fin reste le golf : pour 3 500 dinars par an, la crème de Tunis compare son swing sur le green de l’hôtel Residence, à Gammarth, avant de piquer une tête dans la piscine ou de se montrer au club-house où tout le monde est bronzé, chic et en pleine forme. Mais le sport ne fait pas tout. Et pour amortir le coût des petites retouches discrètes, Malika et ses amies font Botox commun. Certaines d’entre elles disparaissent quelques semaines au printemps, le temps d’un petit lifting ou d’une liposuccion qu’elles n’avoueront jamais. Les chirurgiens esthétiques l’ont bien compris. Ils sont nombreux à disposer de deux salles d’attente afin que les clientes ne se croisent pas. Les hommes aussi ont recours à de petits ajustements, essentiellement les implants capillaires et la blépharoplastie (chirurgie esthétique des paupières). Quant à leurs poignées d’amour, ils préfèrent les confier aux soins d’un kinésithérapeute. « Ils viennent me voir pour des douleurs vertébrales, mais leur vraie demande porte sur des massages amincissants », confie Sonia. Son cabinet, situé dans la très chic station balnéaire de La Marsa, au nord de Tunis, ne désemplit pas. ■ FRIDA DAHMANI, à Tunis

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AFRICABLE 1

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32 AFRIQUE SUBSAHARIENNE

BURKINA FASO

COMPAORÉ, LA VOIE ROYALE Pas de surprise. Le président sera candidat à sa propre succession, le 21 novembre. La victoire semble acquise. La question est déjà de savoir si la Constitution sera modifiée pour lui permettre de se représenter dans cinq ans.

F

RÉMI CARAYOL

réside dans le taux de participation et dans le score que réalisera Blaise Compaoré : fera-t-il mieux que les 80,3 % obtenus en 2005? « L’élection est jouée d’avance », reconnaît-on dans les états-majors des partis. De Bénéwendé Sankara, le chef de file de l’opposition et président de l’Union pour la renaissance/Parti sankariste (Unir/PS), à Zéphirin Diabré, l’ancien conseiller du président et directeur Afrique et Moyen-Orient d’Areva, qui a fondé, en mars dernier, l’Union pour le progrès et le changement (UPC), aucun des candidats déclarés ou présumés n’espère vraiment l’emporter. « Il n’y a pas de suspense parce que nous sommes face à un parti-État », accuse Bénéwendé Sankara. « Le parti au pouvoir compte 90 % des députés, il contrôle l’administration, l’armée et l’économie. » Même les chefs traditionnels sont, globalement, dans le camp du président. « PAS D’ADVERSAIRE À SA MESURE »

Dans les rangs du CDP, on rétorque que Compaoré n’a tout simplement « pas d’adversaire à sa mesure » parmi la petite dizaine de candidats déclarés. Même les plus farouches opposants en conviennent: « Il y a plus de 150 partis dans ce pays, et la société civile n’est pas structurée. L’alternance est impossible », se désole Alidou Ouédraogo, le leader du Collectif contre l’impunité.

UN BILAN EN DEMI-TEINTE INDICE DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN

175e sur 177 en 2005

177e sur 182 en 2009

TAUX DE CROISSANCE

8,7 % 3,2 % en 2005 en 2009

INFLATION

2,6 % 5,4 % en 2005 en 2009

SOURCES: FMI, OCDE/BAD

«

ranchement, ils avaient vraiment besoin de tout ça? » Comme d’autres à Ouagadougou, Samuel reste sceptique, dans son taxi, devant le show proposé par la mouvance présidentielle le 21 août. Ce jour-là, au Palais des sports de Ouaga 2000, il y avait tout le gratin et bien plus encore – tous en tenue des grands soirs – pour assister à l’investiture officielle de Blaise Compaoré en tant que candidat à sa propre succession : les femmes, les jeunes, les anciens, les entrepreneurs et, bien sûr, les trois partis qui soutiennent le président (le Congrès pour la démocratie et le progrès, CDP ; l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain, ADF/ RDA; l’Alliance des partis et formations politiques de la mouvance présidentielle, AMP). Un « plein succès », selon le CDP, qui avait vu les choses en grand. « À croire que c’était l’événement de l’année ! » raille Samuel. « Dans la rue, les gens se disent qu’une telle démonstration de force était inutile, et dans les campagnes, ils ont d’autres préoccupations », admet un cadre du CDP, le parti de Compaoré. Il faut dire que le résultat du prochain scrutin présidentiel, le 21 novembre, ne fait guère de doute. Le seul suspense

En at tendant que le présidentcandidat dévoile son programme de campagne, ses partisans défendent son bilan avec enthousiasme. Outre l’éternel argument de « la stabilité » et de « la paix », ils mettent en avant les bons résultats économiques : une croissance supérieure à 3 % chaque année ;

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33 Premier ministre « relativement autonome », Zongo a réussi à s’imposer, malgré l’animosité d’un certain nombre de conseillers du président. « Avec Blaise, ils se sont partagé les tâches: à Zongo la gestion des affaires courantes, la réforme administrative, la lutte contre la corruption, etc.; à Blaise l’action diplomatique et les médiations internationales en Côte d’Ivoire, en Guinée et avec Al-Qaïda au Maghreb islamique. »

Le 21 août, au Palais des sports de Ouaga 2000.

la relance de la production agricole ; le boom du secteur minier… Ils louent également les mesures sociales prises après les « émeutes de la faim » de 2008, la réforme administrative censée rationaliser les dépenses publiques, les investissements engagés pour construire des routes et des hôpitaux et la lutte

contre la corruption. « C’est un grand chantier. On a énormément progressé depuis 2006 », assure Cyriaque Paré, le directeur de la communication du Premier ministre, Tertius Zongo. Depuis sa nomination en 2007, ce dernier a fait sa place. Selon un observateur indépendant, qui évoque un

AHMED OUOBA/AFP

INOPPORTUN

À l’approche de l’élection, les critiques se font nombreuses. Selon l’opposition, la corruption est de plus en plus prégnante, la misère toujours omniprésente. « Dans l’accès des populations aux besoins de base comme l’éducation, la santé, l’alimentation, la situation ne s’améliore pas. Nous sommes réputés être le pays des hommes intègres, mais des épisodes montrent que cette patrie compte en son sein des hommes de moins en moins intègres », fustige Zéphirin Diabré. Du côté des forces sociales, on dénonce « un pouvoir d’achat qui dégringole depuis des années ». Malgré tout, les attaques des opposants sont mesurées. « Nous n’avons pas une appréciation totalement négative de l’action du gouvernement. Ce régime, comme les précédents, mène des actions positives », convient Diabré. Sankara évoque pour sa part des avancées, et notamment « la diplomatie active » du président. On a vu opposition plus virulente. Comme un symbole de l’absence de suspense pour cette élection, la vraie question qui fâche renvoie… à 2015. Début août, le CDP s’est prononcé en faveur de la levée de la limitation du nombre des mandats présidentiels – une modification de la Constitution qui permettrait à Compaoré, 59 ans, de se présenter ad vitam æternam. L’hypothèse inquiète l’opposition et ne fait pas l’unanimité au sein même de la mouvance présidentielle. « Si Blaise reste après 2015, on peut s’attendre à une explosion sociale », affirme un cadre du CDP. « La question a été abordée bien trop tôt », estime un ancien ministre : « On n’a même pas passé ce scrutin qu’on parle du suivant ! C’est inopportun. Déjà qu’il y a peu d’inscrits sur les listes [3,3 millions d’électeurs pour une population totale de 15,2 millions d’habitants, NDLR], ce n’est pas comme ça que nous convaincrons les gens d’aller voter. » ■

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34 AFRIQUE SUBSAHARIENNE CAMEROUN

La justice vue de lʼintérieur Manque de moyens, lenteur, corruption... Comme ailleurs en Afrique, rares sont ceux qui font totalement confiance à lʼinstitution judiciaire. Montrés du doigt, magistrats et avocats se plaignent également. Reportage.

D

ouala, un soir d’août 2010. Montant dans la nuit, une clameur réveille le quartier populaire de Logbaba, écrasé par la chaleur suffocante de la saison des pluies. Un jeune homme aurait tenté de cambrioler un commerce. Découvert, il est pris en chasse et bientôt rattrapé par des riverains. La foule haineuse se déchaîne ; l’homme est battu à mort. Au lever du jour, son corps gît toujours sur la chaussée, dans l’indifférence générale. Dans les quartiers abandonnés par la police, le meurtre d’un voleur présumé n’émeut plus grand monde. A illeurs, dans d’autres quartiers, dans d’autres villes, les délinquants désignés à la vindicte populaire ont droit, selon les moyens disponibles et le raffinement des bourreaux, à l’injection d’une substance qui leur sera fatale (lait chaud ou produit chimique, c’est selon), au supplice dit « du fer à repasser » ou à celui du collier. Quoi qu’elle décide, cette assemblée furieuse est assurée de l’impunité.

procès », poursuit-il. Charles Tchoungang, bâtonnier de l’Ordre national des avocat s ent re 20 06 et 20 08, admet qu’il « existe un problème de confiance entre les Camerounais et leur justice ». Les procès de l’opération anticorruption dite Épervier ont beau faire les grands titres de la presse locale, les Camerounais, exaspérés, n’y croient plus. INSTRUCTION BÂCLÉE

L e nteu r, l a x i s me , c or r upt ion , partialité… Les critiques sont nombreuses, et les Camerounais souvent démunis lorsqu’ils sont pris dans les rouages de l’appareil. « Par habitude ou par paresse, l’instruction est généralement menée à charge contre la personne poursuiv ie », s’indig ne Madeleine Afité, ancienne présidente de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (Acat) à Douala. « Surtout quand le justiciable n’a pas d’argent ou ne compte pas de personnalités influentes dans son carnet d’adresses. » Ceux qui ont eu affaire au système ont retenu l a l e ç o n : au C a m e roun, la just ice n’est pas bonne fille avec les faibles. Godefroy Roger Zanga l’a appris à ses dépens. Ce sexagénaire en chaise roulante a passé quatre ans au pénitencier de Kondengui avant d’arriver à prouver que le couple qui l’accusait d’avoir violé ses deux fillettes cherchait surtout un moyen de ne pas payer ses 25 000 F CFA (38 euros) de loyer mensuel. Un dossier vide, une instruction bâclée… De cette histoire, Casimir Datchoua Soupa, 71 ans, doyen des chroniqueurs judiciaires camerounais, ne sait que rete-

« Si on livre les voleurs à la police, elle les remettra très vite en liberté. » Les autorités font mine de s’en offusquer, mais il n’y aura pas d’enquête. Après tout, ce n’était qu’un voleur… À Douala, on appelle cela « la justice populaire ». « Si on les livre à la police, elle les remettra très vite en liberté », justifie Arnaud Toguo, propriétaire d’un cybercafé. « Même pris en f lagrant délit, ils sont libérés sous prétexte qu’il n’y a pas de charges suffisantes pour ouvrir un

nir : l’incurie des magistrats qui ont fait condamner l’accusé en première instance, ou le miracle du procès en appel qui lui a rendu la liberté. Les dénouements heureux sont rares au Cameroun, mais « ces moments-là vous font penser qu’il y a encore des magistrats qui ont à cœur de faire leur travail en conscience », selon Casimir Datchoua Soupa. L’optimisme est pourtant difficile. Dans un rapport rendu public fin juillet par la Commission nationale anticorruption (Conac), la justice a été désignée comme l’une des administrations les plus corrompues du pays. Les magistrats dénoncent, eux, l’insuffisance de leur salaire, que le gouvernement a pourtant promis de réévaluer, et regrettent qu’il n’existe

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AFRIQUE SUBSAHARIENNE 35 EN CHIFFRES

72

le nombre de prisons Il y avait, en novembre 2009,

23650 détenus pour

14965 places Le pays compte

1500 avocats

924 magistrats exercent au Cameroun

360

euros

le salaire d’un magistrat en début de carrière (premier grade) avocat. C’est dans ces deux villes que se traitent les dossiers impliquant les plus grandes entreprises du pays. C’est dans leurs prétoires que se jugent les plus grosses affaires de détournement de deniers de l’État. C’est donc là que les « indélicats » peuvent espérer les commissions les plus importantes. Il n’est donc plus question de compétences mais d’entregent, et certains juges ou procureurs héritent parfois de dossiers dont la technicité les dépasse. Tout Douala se souvient encore de ce brave magistrat du parquet discourant, devant un public consterné, sur un mystérieux emprunt « obligatoire » dans une affaire relative à l’emprunt obligataire contracté par la communauté urbaine de Douala. Car

pour ne rien arranger « la formation est de moins en moins adaptée aux évolutions récentes de la société », reconnaît-on dans la corporation. Et de proposer que l’École nationale d’administ ration et de magist rature initie des sessions de remise à niveau en matière de cybercriminalité, d’économie numérique, de droit sous-régional ou d’infractions financières. COMMIS D’OFFICE

En matière de corruption, les avocats, souvent accusés de servir d’intermédiaires entre les prévenus et leurs juges, ne sont pas en reste et contribuent à la dégradation générale de l’image du système judiciaire. Mais eux aussi dénoncent la

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pas de syndicat de la magistrature capable de défendre leurs intérêts. Aude* est une jeune substitute du procureur dans une petite ville de la rég ion du Cent re. Son épou x, fonctionnaire, vit à Yaoundé avec leurs deux enfants. À eux deux, ils gagnent à peine 400 000 F CFA par mois. Avec deux loyers et les voyages de fin de semaine pour rejoindre sa famille, c’est trop peu. « J’en suis arrivée à accepter des bakchichs de 50 000 F CFA dans de minables affaires de larcins survenus dans des plantations de bananes », soupire-t-elle. En attendant une hy pothétique augmentation, « les magistrats font jouer le piston pour être affectés à Douala ou à Yaoundé, où les affaires sont plus juteuses », affirme un

SOURCE : MINISTÈRE CAMEROUNAIS DE LA JUSTICE

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payés euros par audience lorsqu’ils sont commis d’office.

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36 En f in, dans des t r ibunau x ma l éc la i rés, ma l i nsonor isés et surchauffés, ce sont souvent des dizaines de dossiers qui s’entassent en raison du nombre i nsuf f isa nt de magistrats pour les traiter (moins de 1000 pour une populat ion de 19,4 millions d’habitants).

Des détenus attendent d’être jugés à la prison de Douala. ▲ ▲ ▲

faiblesse de leur rémunération et demandent à être les seuls habilités à défendre les accusés pour que ce soit à eux, et non à de vagues mandataires ou autres clercs de notaire, qu’échoient les dossiers. Ils veulent aussi que les honoraires qui leur sont payés dans le cadre de l’assistance judiciaire soient revus à la hausse. « L’État a fixé leur montant à 5 000 F CFA par audience. À ce tarif, on ne peut pas imaginer qu’un avocat commis d’office perde son temps à étudier le dossier de son client », fustige un

membre du barreau. D’autant que ces honoraires ne leur sont versés qu’au terme d’une procédure administrative ardue. Comble de l’ironie, certaines grosses prises de l’opération Épervier bénéficient aujourd’hui de cette assistance judiciaire. Parmi eux : l’ancien directeur général du Crédit foncier du Cameroun, Joseph Edou, déjà condamné à quarante ans de prison pour un détournement de 8,7 milliards de F CFA. Aujourd’hui cité dans une autre affaire, il ne peut plus payer ses avocats.

JEAN MICHEL CLAJOT/REPORTERS-REA

Des dizaines de dossiers s’entassent dans des tribunaux surchauffés. « Parfois, j’ai 80 affaires inscrites pour une seule journée d’audience », se pla i nt Pau l*, juge à Yaoundé. « Dans ce cas, faute de temps, je renvoie au moins 70 dossiers pour un examen ultérieur. J’ouvre les débats sur les 10 affaires restantes et statue, en règle générale, sur deux ou trois d’entre elles. » Résultat, sur les 3 720 personnes détenues à la prison centrale de Yaoundé, en janvier 2010, 2 577 étaient en attente de jugement. Pour ne rien arranger, les juges peinent parfois à faire respecter leurs décisions. Ainsi, en dépit d’un arrêt de la Cour suprême ordonnant à un grand hôtel de la capitale de réintégrer un salarié abusivement licencié, la décision n’a jamais été exécutée… ■ GEORGES DOUGUELI, envoyé spécial

* Les prénoms ont été changés.

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AFRIQUE SUBSAHARIENNE 37

IL NOUS A RENDU VISITE AU 57 BIS, RUE D’AUTEUIL

Germain Ngoyo Moussavou Lʼactuel patron du groupe parlementaire du Parti démocratique gabonais au Sénat ‒ et ex-plume du quotidien LʼUnion ‒ se réjouit de lʼévolution de son pays.

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LES PREMIÈRES MESURES LES PLUS RETENTISSANTES, telles que la fin de l’exportation des grumes, la journée continue, « auraient dû être prises depuis longtemps. Il ne manquait que la volonté politique », explique-t-il. Ngoyo soutient également les grands travaux annoncés: le projet d’unité de métallurgie et la route Franceville-Libreville sont potentiellement pourvoyeurs d’emploi pour une jeunesse de plus en plus impatiente. Longtemps restés dans les tiroirs, des projets tels que les barrages du Grand Poubara (Sud-Est) et de l’Okano (Nord), la centrale électrique des chutes de l’Impératrice, sur la Ngounié, sont enfin en cours de réalisation. Sur le plan politique, l’ancien « réno » aime particulièrement le parfum de jeunesse qui émane du sommet de l’État et des structures dirigeantes du parti au pouvoir. Quid de ceux qui ont quitté le PDG et qui animent l’opposition? « Certains incarnent tous les travers que nous dénoncions en tant que jeunes militants du parti, s’insurge-t-il. Ils sont mal placés pour critiquer. » L’opposition est, selon lui, à court d’arguments, car « elle s’attendait

VINCENT FOURNIER/J.A.

e 26 août, le sénateur gabonais Germain Ngoyo Moussavou, de passage à Paris avant de se rendre en Afrique du Sud, nous a rendu visite au siège de Jeune Afrique. L’ancien directeur général de L’Union – le premier quotidien du Gabon –, qui s’était illustré en rédigeant des éditoriaux au vitriol signés Makaya, est aujourd’hui l’heureux président du groupe parlementaire du Parti démocratique gabonais (PDG) au Sénat. À ce titre, ce journaliste formé au Centre d’études et techniques de l’information de Dakar est, à 53 ans, l’un des hommes clés du système. Un de ceux qui, après avoir longtemps travaillé avec Omar Bongo Ondimba (OBO), a porté et soutenu la candidature de son fils Ali à la présidence de la République. Un an après l’élection, il porte un regard d’initié sur les premiers pas du « Gabon émergent » voulu par le petit groupe des « rénovateurs » du PDG – groupe dont il faisait partie aux côtés de l’actuel chef de l’État, de son secrétaire général, François Engongah Owono, de Léon Paul Ngoulakia (conseil national de sécurité), mais aussi d’André Mba Obame, passé, depuis, à l’opposition. à nous voir échouer dès la première année. Dieu merci, tout va bien ». Son propos est plus nuancé quand il parle d’André Mba Obame, l’ancien compagnon de route : « Nous avons mené des combats ensemble, soupire-t-il.

Après avoir travaillé avec Omar Bongo Ondimba, il s’est fait une place auprès de son fils. Mais je respecte son choix. » Avec le recul, Ngoyo porte un regard lucide sur les changements auxquels aspire la société gabonaise. Il mesure l’impatience de ses compatriotes mais prône une rupture mesurée, y compris dans le choix des hommes qui en seront les leviers. Son souci? Ne pas galvauder le programme de « l’Émergence », sur lequel s’est fait élire le chef de l’État. « Qu’il ne vire pas au slogan creux. Il doit aboutir à notre Nahda [renaissance arabe au XIXe siècle, NDLR]. » ■ GEORGES DOUGUELI

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Élections groupées

CHINE

Jacob Zuma en tournée

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est la toute première visite officielle du président sudafricain en Chine. Du 24 au 26 août, Jacob Zuma a eu à cœur de renforcer la coopération entre son pays, la première économie d’Afrique, et le géant asiatique, en passe de devenir l’un des principaux investisseurs sur le continent. Lui qui s’était engagé à pérenniser les emplois créés par la Coupe du monde a notamment invité Pékin à investir dans la construction d’une centrale nucléaire et dans des projets éoliens et solaires. Les relations commerciales entre Pékin et Pretoria ont connu un essor ininterrompu depuis 1998. L’an dernier, les exportations de l’Afrique du Sud vers la Chine ont dépassé celles vers les États-Unis. Jacob Zuma souhaite faire de son pays un interlocuteur privilégié du bloc « Bric » (Brésil, Russie, Inde et Chine). Mais selon les politologues, le président sud-africain compte surtout sur l’aide de Pékin pour se maintenir au pouvoir. « Nous savons que la Chine a soutenu Zuma lors des élections de 2009, même si le montant n’a jamais été connu », explique Hennie van Vuuren, de l’Institute for Security Studies, à Pretoria. « L’apport a été suffisamment important pour que le gouvernement refuse d’accorder un visa au dalaï-lama pour une conférence qui s’est tenue à Johannesburg en mai 2010. Zuma craint actuellement un putsch au sein de l’ANC [African National Congress, au pouvoir, NDLR] comme celui vécu par son prédécesseur, Thabo Mbeki, en 2008. » ■ ALEX DUVAL SMITH, au Cap

A

près la menace brandie par l’opposition d’une traduction devant la Haute Cour de justice dans l’affaire ICC Services, le président béninois Boni Yayi est une nouvelle fois désavoué à l’Assemblée nationale. Une majorité de députés (49 voix pour, 21 contre et une abstention) a approuvé, le 23 août, une nouvelle loi électorale qui prévoit le couplage des scrutins présidentiel et législatif en mars 2011. « Un souci d’économie », expliquent les parlementaires, prenant ainsi le contrepied du Palais, qui milite pour un découplage : la présidentielle d’abord, puis les législatives. Le chef de l’État ne s’est jamais exprimé publiquement sur la question. Mais concocter en parallèle la liste des candidats aux législatives – donc faire des mécontents – et mener une campagne présidentielle sur sa seule équation personnelle ne sera pas chose aisée.

L’autre épine concerne la Liste électorale permanente informatisée (Lepi), en cours d’élaboration mais rejetée par l’opposition, qui souligne les erreurs commises au moment de la cartographie et du recensement des populations et dénonce une fraude orchestrée par le pouvoir. Les partenaires étrangers, qui financent la quasi-intégralité de ce processus (23 milliards de F CFA, soit environ 35 millions d’euros), ont tenté de ramener le calme. En vain, pour l’instant. Les députés ont le cuir épais et demandent à la Commission électorale nationale autonome de travailler sans la Lepi si celle-ci n’est pas bouclée trois mois avant les scrutins. Cela ressemble étrangement à un enterrement de première classe… À moins que la Cour constitutionnelle – qui devrait être saisie par la mouvance présidentielle – ne tire cela au clair. ■ PHILIPPE PERDRIX

FEISAL OMAR/REUTERS

Le président sud-africain et son homologue chinois, Hu Jintao, le 24 août à Pékin.

POOL NEW/REUTERS

Les scrutins présidentiel et législatif auront tous deux lieu en mars 2011. Ainsi en ont décidé les députés.

SOMALIE SANGLANTS AFFRONTEMENTS Difficile de tenir le compte des morts, à Mogadiscio, depuis qu’ont repris les combats entre insurgés islamistes et forces gouvernementales, le 23 août. Le même jour, les Chabaab ont mené une attaque-suicide dans un hôtel, tuant au moins 33 personnes, dont 6 députés. J E U N E A F R I Q U E N ° 2 5 9 0 • D U 2 9 A O Û T A U 4 S E P T E M B R E 2 0 10

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À Asmara, en mai 2000.

ÉRY THRÉE

Afewerki joue Paris Toujours très virulent contre Washington, le chef de lʼÉtat tente malgré tout de sortir de son isolement.

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t si le président érythréen commençait à mettre de l’eau dans son vin ? Le 18 août à Asmara, l’ombrageux Issayas Afewerki a reçu longuement (plus de deux heures) un émissaire venu très discrètement de Paris, le diplomate Stéphane Gompertz, directeur Afrique au Quai d’Orsay. Une première depuis la visite en 2006 de la ministre française

de la Coopération, Brigitte Girardin. Le 8 juin, déjà, Afewerki avait fait un geste d’ouverture : il avait accepté la médiation de l’émir du Qatar dans le conflit territorial qui l’oppose à la République de Djibouti dans la région frontalière de Ras-Doumeira (zone clé du détroit de Bab el-Mandeb). À son interlocuteur français – dont le pays a de multiples intérêts à Djibouti –, le prési-

MATHIAS ELINDA/GALBE.COM

AFRIQUE SUBSAHARIENNE 39 dent érythréen a confié qu’il attendait maintenant les propositions du Qatar sur Ras-Doumeira. Souple sur Djibouti, Afewerki reste en revanche intraitable à l’égard de son grand voisin du sud : « Pourquoi l’Éthiopie veut-elle un accès au port d’Assab ? Elle a déjà Djibouti ! » Pas d’ouverture non plus sur la question somalienne. Malgré le rapport 2010 d’un panel de l’ONU sur l’assistance militaire et financière que l’Érythrée apporte aux islamistes somaliens, Afewerki continue de nier toute forme de soutien aux Chabaab de Mogadiscio. « Je sais qu’ils ne sont pas fréquentables, mais, soyez réalistes, il faut faire avec », ajoute-t-il dans ce qui ressemble à un demi-aveu. Le problème, c’est que le maître d’Asmara prétend qu’il ne sait pas comment établir le contact avec ces mêmes Chabaab… Les sanctions votées en décembre dernier par le Conseil de sécurité de l’ONU contre l’Érythrée commencent donc à produire leurs effets. Pour essayer de sortir de son isolement international, Issayas Afewerki fait les yeux doux aux Djiboutiens et aux Français. Mais il ne bouge pas d’un millimètre sur le front éthiopien et continue de traiter l’Amérique de « grand Satan ». Bref, il calme le jeu sur un front pour mieux tenir sur les deux autres. ■ CHRISTOPHE BOISBOUVIER

MOT CHOISI

RD CONGO

À

Viols en série

quoi servent l’armée congolaise et les Casques bleus positionnés dans l’est de la RD Congo ? Pour les habitants de Luvungi, à rien. Selon les organisations humanitaires, près de 200 femmes et jeunes enfants ont été violés dans cette petite ville du Nord-Kivu entre le 30 juillet et le 3 août. La plupart des exactions ont été commises en réunion, sous les yeux des familles des victimes. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s’est dit indigné et a demandé l’ouverture d’une enquête internationale. Mais les troupes onusiennes sont elles-mêmes accusées d’avoir fermé les yeux alors que ces viols se sont déroulés à moins de 30 km d’une de leurs bases. Ils auraient été perpétrés par des rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) et par des miliciens Maï-Maï qui ont occupé la ville pendant quatre jours. La région est réputée très riche en cassitérite et en coltan, des produits servant notamment à la fabrication de téléphones portables. Le Nord-Kivu en a exporté officiellement plus de 10 500 tonnes en 2009 (pour une valeur d’environ 60 millions d’euros) et revêt donc une importance stratégique aux yeux des combattants. Depuis plus d’un an et demi, l’armée régulière tente de déloger les 4 000 éléments des FDLR qui ont trouvé refuge dans les zones enclavées et boisées de cette partie de l’est de la RD Congo. Sans grand succès. En quinze ans, 200 000 cas de violences sexuelles ont été répertoriés. La moyenne actuelle est d’une quinzaine de viols par jour. ■ PASCAL AIRAULT

ZOO

Au Sud-Soudan, on ne manque pas d’imagination. C’est avec un enthousiasme certain que les autorités ont dévoilé, mi-août, leurs plans pour rebâtir les villes de la province. Pas question de faire « classique » : les grandes agglomérations auront toutes la forme… d’un animal. Si la menace urbanistique était mise à exécution – et les 10 milliards de dollars (8 milliards d’euros) nécessaires réunis – Juba deviendrait ainsi un rhinocéros, et la ville de Wau, une girafe courte sur pattes dont la queue abriterait – fort opportunément – une station d’épuration. Sitôt indépendant, le Sud-Soudan risque de se transformer en un véritable zoo!

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GILLES BASSIGNAC/GAMMA

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Le roi Abdallah Ibn Abdelaziz Ibn Saoud.

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ARABIE SAOUDITE APRÈS ABDALLAH,

QUI?

Dans la droite ligne du roi Fayçal, lʼactuel souverain a introduit quelques réformes timides, mais significatives, dans un royaume réputé pour son conservatisme. Trois hommes sont aujourdʼhui en pole position pour lui succéder. Et assumer ‒ ou renier ‒ cet héritage.

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CONSTANCE DESLOIRE

icolas Sarkozy l’attendait à Paris pour le défilé du 14 Juillet, des contrats d’équipement prêts dans un porte-documents. Mais le roi Abdallah, 86 ans, souverain d’Arabie saoudite depuis 2005, a annulé son déplacement sans donner de raison officielle. De quoi relancer les spéculations sur sa santé – et sur sa succession. D’autant que son impressionnante longévité n’est pas sans susciter l’impatience des quelque deux cents princes de la famille régnante qui pourraient tôt ou tard prétendre au trône. Dans la droite ligne du roi Fayçal (1904-1975), Abdallah a introduit une série de réformes, certes timides, dans un pays réputé pour son conservatisme et son opacité. Et œuvré au renforcement de l’influence régionale du royaume. S’il venait à disparaître, lequel de ses demi-frères lui succéderait ? Et que ferait celui-ci de cet héritage ? Depuis le décès, en 1953, d’Abdelaziz Ibn Saoud, qui a unifié le royaume d’Arabie en 1932, la transmission du pouvoir se fait selon le droit d’aînesse

– exclusivement masculin. À la mort du souverain, le trône revient au fils le plus âgé d’Ibn Saoud, et ce jusqu’à la disparition de tous les frères. Ce n’est qu’ensuite que la génération des petits-fils du fondateur du royaume pourra accéder au pouvoir. Les fils étant vieillissants, on risque d’assister au cours des prochaines années à une série de règnes de courte durée. Sous d’autres cieux, une suite de couronnements d’hommes très âgés, avec le risque de devoir destituer un roi impotent, serait de nature à ébranler le système. Mais, en Arabie saoudite, aucune succession ne porte en elle un germe de déstabilisation. Le pays est parfaitement « encadré » par les services de sécurité, et le régime wahhabite est suffisamment solide. Il faut donc s’attendre à une passation de pouvoir sereine, selon la coutume. Sont donc en pole position trois demi-frères d’Abdallah : d’abord Sultan, 82 ans, l’actuel prince héritier et ministre de la Défense, puis Nayef, 77 ans, ministre de l’Intérieur, promu

second vice-président du Conseil des ministres en mars 2009 – un poste toujours attribué au deuxième héritier dans l’ordre de succession –, et, enfin Salman, 74 ans (voir portraits). Tous trois représentent la continuité du pouvoir des Saoud. « Le point commun entre Sultan, Nayef et Salman, selon le chercheur Pascal Ménoret, de la Harvard Academy for International and Area Studies, c’est qu’ils participent au pouvoir depuis l’arrivée de Fayçal sur le trône, en 1964. Ils partagent la responsabilité du développement fulgurant du pays après le boom pétrolier de 1973, mais aussi de la progression de la corruption. » Pas de rupture à l’horizon donc avec ce trio. D’autres demi-frères d’Abdallah pourraient aspirer à devenir roi. Sur les 36 enfants mâles qu’a eus Ibn Saoud, 18 sont encore vivants – et ont tous plus de 65 ans. Bandar Ibn

Vu l’âge des prétendants, on risque d’assister à une série de règnes de courte durée. Abdelaziz, par exemple, pourtant plus âgé que Sultan et Nayef, a l’inconvénient d’avoir une mère non pas saoudienne, mais marocaine, ce qui le disqualifie. De même que, pour citer les plus influents, Miqrin et Hidhlul, de mères yéménites, et Mishal, Mitab, Talal et Nawaf, de mères arméniennes. Talal s’est d’ailleurs distingué en s’attirant la désapprobation familiale

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42 MAGHREB & MOYEN-ORIENT pour avoir souhaité que le royaume se transforme en monarchie constitutionnelle. « Le Coran est notre Constitution », avait proclamé le roi Fayçal – et c’est toujours le cas aujourd’hui. En mars 2009, Talal avait aussi exigé d’Abdallah qu’il dise clairement si la promotion de Nayef en faisait le deuxième prince héritier. Il n’a jamais obtenu de réponse. Être d’un âge avancé, avoir une mère saoudienne et être dans les petits papiers de la famille ne suffisent pas

pour autant pour être roi. D’autres règles non écrites compliquent la succession, comme l’équilibre entre les différents clans de la dynastie. Le clan des Soudaïri, par exemple, composé des enfants de Hassa Bint Soudaïri, épouse favorite d’Abdelaziz, regroupe aujourd’hui six fils très inf luents – dont les trois premiers prétendants au trône. Pour prévenir des querelles fratricides, Abdallah a créé, en 2006, un Conseil d’allégeance chargé de désigner le nouveau roi. Composé de

Sultan Ibn Abdelaziz En sursis Membre du clan Soudaïri, Sultan Ibn Abdelaziz, 82 ans, est ministre de la Défense et de l’Aviation depuis 1962. Atteint d’un cancer du côlon, il a passé, en 2008, de longs mois en convalescence loin du pays, où il n’est rentré qu’en décembre 2009. Son fils Khaled le supplée de facto au ministère. Il est également inspecteur général du royaume, président du conseil d’administration de la Saudi Arabian Airlines et fondateur de la Commission nationale pour la protection et le développement de la faune et la flore. Officiellement, on se félicite aujourd’hui de sa bonne santé, mais des voix discordantes, mais censurées, sont nettement moins optimistes et laissent clairement entendre que le premier dans l’ordre de la succession risque de disparaître avant le roi Abdallah.

Nayef Ibn Abdelaziz Le conservateur Nayef Ibn Abdelaziz, ministre de l’Intérieur et membre également du clan Soudaïri, a été nommé second vice-président du Conseil des ministres en mars 2009. Il est donc bien placé pour monter sur le trône. Depuis sa promotion, il s’est fendu de plusieurs déclarations en contradiction avec la ligne du roi Abdallah. Il a par exemple jugé qu’il n’était pas nécessaire que des femmes puissent siéger au Majlis al-Choura, ni que les députés soient élus (ils sont actuellement nommés par le roi). Mais les questions que l’on se pose à son sujet (n’est-il pas trop proche des religieux, des tribus?) sont celles-là mêmes que l’on s’était posées à propos d’Abdallah il y a quinze ans. Il est donc tout à fait possible qu’il infléchisse ses positions pour gouverner de façon médiane, à la manière de l’actuel souverain.

Salman Ibn Abdelaziz Le médiateur Autre demi-frère du roi, le Soudaïri Salman Ibn Abdelaziz, 74 ans, est gouverneur de la province de Riyad depuis 1962. Il a une expérience du terrain qui tranche avec la distance que cultivent les princes ministres. Propriétaire du journal panarabe Asharq Al-Awsat, il est considéré comme un médiateur au sein de la famille pour avoir été chargé, dans le passé, de l’attribution des rentes aux membres de la dynastie et de la résolution des conflits entre les princes. Un atout majeur dans un système où les décisions se prennent par consensus. Mais le décès précoce de deux de ses fils en raison de problèmes cardiaques fait planer une incertitude sur sa santé.

trente-cinq membres éminents de la famille royale, celui-ci est censé décider par consensus. « Le Conseil n’a pas encore eu l’occasion de se réunir pour la nomination d’un roi. La disparition d’Abdallah servira de test », estime Christopher Boucek, chercheur associé au Carnegie Middle East Center. CONTRADICTION IDÉOLOGIQUE

La succession saoudienne pourrait être un plaisant feuilleton royal si l’avenir d’une puissance majeure et influente du Moyen-Orient n’était en jeu. Avec Abdallah (qui a été, à partir de 1995, le régent informel du roi Fahd, incapable de gouverner jusqu’à son décès, en 2005), le pays semble avoir amorcé une ouverture : promotion du dialogue interreligieux, libéralisation économique, soutien à l’éducation supérieure des femmes, réforme du système judiciaire… Mais Pascal Ménoret, qui rappelle que le terme de « réforme » a été systématiquement associé à tous les rois depuis Fayçal, préfère parler d’« attentisme prudent, ponctué de déclarations de principe sur l’arabité et l’islamité d’un pays par ailleurs aligné sur la politique de Washington ». De son côté, Neil Partrick, consultant britannique sur le Golfe persique, évoque plutôt des « changements d’environnement, modestes aux yeux des standards internationaux, bien que significatifs pour l’Arabie saoudite. Mais ils ne sont pas suffisamment inscrits dans les institutions pour que leur pérennité soit garantie ». De fait, peu de textes de lois ont réellement été adoptés ou mis en œuvre. Or le royaume, fort de 29 millions d’habitants, 26e puissance mondiale, va devoir faire des choix importants, d’autant que sa jeunesse (60 % de la population ont moins de 25 ans) appelle de ses vœux des réformes, notamment en matière de démocratisation. En tant que gardien des lieux saints de l’islam (La Mecque et Médine), Riyad est dans une position délicate, car il ne peut à la fois se poser comme le tenant d’un islam fondamentaliste et faire la chasse aux djihadistes, idéologiquement proches du wahhabisme saoudien. Une contradiction embarrassante pour un pays qui se veut influent et sage, et dont l’acte diplomatique majeur fut l’Initiative de paix arabe de 2002, qui offrait à Israël la reconnaissance de tous les pays arabes en échange d’un retrait de tous les territoires

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43 de monter un jour sur le trône. Mais ses prises de position en faveur d’une émancipation progressive des femmes et ses attaques contre le salafisme l’ont écarté des cercles du pouvoir.

Les trois demi-frères d’Abdallah, à Riyad, le 13 décembre 2009.

occupés – y compris le Golan. Mais l’Arabie saoudite incarne aussi, avec l’Égypte, l’islam sunnite. Son inquiétude face à la montée en puissance de l’Iran chiite l’a poussée à se rapprocher de la Syrie – alliée de Téhéran – pour renforcer sa position dans la région, comme l’a montré la visite commune d’Abdallah et de Bachar al-Assad à Beyrouth, le 30 juillet. EXIT AL-WALID

Il est difficile de dire si les demi-frères de l’actuel souverain marcheront dans ses pas sur le terrain des réformes sociales et politiques. Et qu’en sera-t-il des princes de la deuxième génération, celle des petits-fils d’Ibn Saoud, quand arrivera leur tour ? Le roi Fahd avait promulgué, en 1992, une loi ouvrant la succession « aux fils et petits-fils » d’Ibn Saoud, dont il faudrait désigner « le plus apte ». Une procédure de nomination délicate qui n’a jamais été détaillée. Toujours est-il que la génération des petits-fils est désormais sur les rangs. Ayant entre 50 et 60 ans, ils sont pourtant considérés comme trop jeunes. Certains sont cependant assez bien placés pour

espérer, à terme, devenir roi : Mitab, 59 ans, fils du roi Abdallah et chef de la garde nationale ; Khaled, 61 ans, fils de Sultan et vice-ministre de la Défense ; ou Mohammed, 56 ans, fils de Nayef et responsable des opérations antiterroristes – activité qui lui vaut les faveurs des Occidentaux. Tous trois appartiennent au groupe des « sécuroc rates » et ont été placés par leurs pères à des postes clés… il y a déjà trente ou quarante ans ! Souvent formés en Occident, ils pourraient être favorables à une libéralisation. Dix-neuf d’entre eux siègent au Conseil d’allégeance et auront leur mot à dire – à condition de respecter l’opinion des fils d’Ibn Saoud. Le passage à la génération suivante interviendra tôt ou tard, mais il n’est pas encore à l’ordre du jour et n’entraînera pas, a priori, de grande révolution. Un personnage comme le libéral Al-Walid Ibn Talal, 55 ans et neveu du roi, sert pour l’instant de repoussoir. La 22e fortune du monde (en 2009), fils du provocateur Talal, n’a pas caché son ambition

PHOTOS : HO NEW/REUTERS

RECHERCHE DU CONSENSUS

Qui ou quoi, en dehors des Saoud, pourrait influencer la désignation du roi ? La famille régnante domine l’Arabie depuis deux cent soixante-dix ans. Mais des rivalités intestines lui ont fait perdre le contrôle du pays au XIXe siècle. Autre souvenir douloureux : l’assassinat, en mars 1975, du roi Fayçal par l’un de ses neveux, qui cherchait visiblement à venger la mort de son frère ultrareligieux tué par la police lors d’une manifestation, dix ans plus tôt. C’est donc aujourd’hui le maintien de l’héritage unificateur du fondateur, gage de stabilité, qui prime. Les Saoud choisiront un souverain à la manière dont ils dirigent le pays : par consensus. La famille recueillera l’avis des différents groupes influents, au premier rang desquels le haut clergé. C’est lui qui confirme le choix du roi en le nommant imam. Le contrat tacite est le suivant : tandis que les oulémas ont la haute main sur les questions religieuses et veillent à la pérennité du wahhabisme, le roi s’occupe des affaires du pays. Les États-Unis ont également leur petite idée : ils ne voient pas d’un œil favorable le couronnement de Sultan ou de Nayef. « Bien que proaméricain, explique Simon Henderson, du Washington Institute for Near East Policy, Sultan a la réputation d’être un

Les princes de la deuxième génération attendent leur tour avec impatience. homme corrompu. » Quant à Nayef, « il a rechigné à renforcer la sécurité après les attaques d’Al-Qaïda contre le royaume en 2003 ». Mais ni l’allié américain ni même le Majlis al-Choura, le Parlement, n’ont un accès direct aux arcanes de la famille royale. Dans les années à venir, on assistera probablement au défilé rapproché de plusieurs têtes couronnées au sommet de l’État – et à peu de changements significatifs. Au royaume des Saoud, la prudence est toujours reine. ■

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44 MAGHREB & MOYEN-ORIENT ISRAËL

Bombe à retardement démographique Forts dʼun taux de natalité supérieur à la moyenne nationale, les juifs ultraorthodoxes et les Arabes-Israéliens représentent désormais près de 30 % de la population. Deux communautés peu intégrées à la vie économique, et dont le poids grandissant pourrait menacer lʼexistence même de lʼÉtat hébreu.

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on loin du centre de Jérusalem et de son tumulte se trouve le quartier paisible de Mea Shearim, foyer de plusieurs milliers d’israélites ultraorthodoxes, dont les rues et les cours offrent une réplique saisissante de ce que furent les centres de vie juifs au XIX e siècle en Europe de l’Est. Défiant la canicule proche-orientale, les hommes continuent de porter les longs manteaux noirs et les chapeaux bordés de fourrure dont se revêtaient leurs ancêtres. De stricte observance, ils s’efforcent de fuir les lieux d’activités laïques, consacrant leur vie aux études religieuses et à la prière. Tous s’expriment encore en yiddish. Ici, la télévision, l’internet, les minijupes et la musique pop sont bannis au nom

évolution qui a plongé dans l’embarras de nombreux Israéliens et suscité les mises en garde répétées de plusieurs hommes politiques et économistes. Ces derniers pointent du doigt le virage démographique radical auquel est confronté l’État hébreu et qui aura de lourdes conséquences sur sa capacité à maintenir la croissance économique, à préserver l’équilibre des finances publiques, mais aussi à faire face aux menaces extérieures. Le problème, en gros, est que les deux communautés qui croissent le plus rapidement – les haredim et la minorité arabe-israélienne – sont aussi les plus pauvres, les moins productives et les moins éduquées. Les uns comme les autres concentrent un nombre disproportionné de personnes inactives et dépendantes des allocations sociales : 65 % des hommes chez les ultraorthodoxes et 76 % des femmes chez les Arabes-Israéliens ne travaillent pas. Autre point commun entre les deux communautés : leurs membres n’accomplissent pas, dans leur grande majorité, leur service militaire, contrairement à la plupart des autres israéliens. Ce qui accentue un peu plus la fracture entre la société laïque et les deux minorités. En outre, une frange radicale des haredim rejette l’État d’Israël, qu’elle considère comme une abomination du point de vue religieux, tandis que la communauté arabe, de son côté, est en butte à l’hostilité des ministres d’extrême droite qui mettent en cause sa loyauté. Un nombre croissant d’Arabes-Israéliens se sentent exclus d’une nation qui se définit d’abord et par-dessus tout comme juive.

Les haredim refusent de travailler et d’accomplir leur service militaire. d’un code moral rigoureux qui rejette les valeurs et les gadgets de la vie moderne. En arpentant les rues, la plupart des visiteurs découvrent un mode de vie dont les pères fondateurs du pays étaient certains qu’il disparaîtrait avec le temps. Pourtant, le quartier offre, de plusieurs manières, une fenêtre sur l’avenir. Loin de céder aux usages du mode de vie séculier, les ultraorthodoxes – ou haredim – constituent le segment de la population qui croît le plus vite. La communauté a non seulement préservé son mode de vie, mais elle est aussi en pleine expansion – sur les plans démographique et politique. Une

Deux juifs ultraorthodoxes passant près d’un marchand arabe de jus de caroube, à Jérusalem.

Les deux minorités nourrissent donc, pour des raisons différentes, beaucoup moins d’enthousiasme à l’égard d’Israël que le citoyen lambda. Autrement dit, leur expansion va vraisemblablement rejaillir aussi bien sur la politique du pays que sur son économie. Selon le professeur Sergio DellaPergola, de l’université hébraïque de Jérusalem, les femmes ultraorthodoxes ont en moyenne pas moins de six enfants, et leurs concitoyennes arabes, entre trois et quatre. Si le taux de natalité au sein de la communauté arabeisraélienne n’a cessé de reculer, il reste nettement plus élevé que la moyenne nationale. La croissance démographique des haredim ne donne en tout cas aucun signe de ralentissement. SCÉNARIO CATASTROPHE

La minorité arabe représente 21 % de la population israélienne, les ultraorthodoxes entre 8 % et 10 %. Et leur proportion combinée va très certainement aller s’accentuant. Pour les analystes, la meilleure illustration du potentiel démographique des deux communautés est à chercher du côté des chiffres de l’éducation. Dans le primaire, selon une

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enquête récente du Centre Taub pour les études sur la politique sociale, basé à Jérusalem, près d’un élève sur deux est inscrit dans un établissement ultraorthodoxe ou arabe. « Si cette tendance se confirme, estime le professeur Dan Ben-David, directeur du Centre Taub, alors la part des haredim et des ArabesIsraéliens dans les effectifs du primaire s’élèvera, en 2040, à 78 %. » Même si ce scénario ne se vérifie pas, des économistes comme le professeur Ben-David maintiennent que ce tournant démographique commence à constituer une « menace existentielle » pour Israël. Et soulignent que le nombre de citoyens apportant leur contribution à l’État hébreu en matière financière, économique et militaire est en train de décroître. « Il y a ceux qui défendent Israël, ceux qui paient des impôts, ceux qui sont docteurs ou ingénieurs. Qui les remplacera dans trente ans ? » s’interroge Ben-David. Pour le moment, la croissance économique demeure forte. Le secteur des hautes technologies fait pâlir d’envie nombre de pays développés, les instituts de recherche forcent l’admiration, et le nombre d’innovations et de brevets

est stupéfiant. En outre, tous les analystes ne sont guère convaincus de l’existence d’une quelconque menace démographique. « La société israélienne est beaucoup plus flexible qu’on le croit », estime, par exemple, le professeur DellaPergola. Les deux minorités pourront être et seront, in fine, intégrées au tissu social et économique. Mais, à ce jour, rien ne semble confirmer une telle issue. Et le temps presse, comme le rappelle le ministre israélien des Finances, Yuval Steinitz. « La croissance peut encore se poursuivre deux, trois ou cinq ans sans que l’on se préoccupe de l’intégration des haredim et des Arabes dans le monde du travail, a-t-il récemment déclaré dans une conférence, mais si nous n’agissons pas rapidement, la situation sera catastrophique d’ici à dix ans. » D’autres partagent son inquiétude, comme Omer Moav, de la faculté Royal Holloway de Londres et de l’université hébraïque, pour qui « cette évolution constitue la menace existentielle la plus sérieuse à long terme pour l’État d’Israël. Mais dans la mesure où il ne

s’agit pas d’une menace immédiate – comme la perspective d’une bombe nucléaire iranienne –, les hommes politiques rechignent à agir ». Pour Avishay Braverman, ministre chargé des minorités, la population du pays se divise en « deux catégories », séparées par l’impôt, l’éducation et l’i ntég rat ion da n s le monde du travail. « Si nous amenons les Arabes et les ultraorthodoxes à travailler, alors notre potentiel sera énorme. Je crois que nous pouvons y arriver, mais cela requiert une politique différente et une nouvelle vision, faute de quoi notre avenir économique, voire l’avenir de l’État d’Israël tout court seront compromis. » DISCRIMINATION

Un autre défi démographique a longtemps préoccupé les dirigeants israéliens. Selon de nombreuses projections, la Cisjordanie occupée, la bande de Gaza et Israël même totaliseront ensemble, d’ici à dix ans, davantage de Palestiniens que de Juifs. Une réalité qui place les hommes politiques israéliens devant une alternative simple : permettre la création d’un État palestinien, ce qui nécessiterait le démantèlement de plusieurs, sinon de toutes les colonies de Cisjordanie ; ou accepter l’émergence progressive d’un État binational à majorité arabe. Ce nouveau rapport de forces démographiques

« Il y a ceux qui défendent le pays et qui paient des impôts. Qui les remplacera demain ? » entre le Jourdain et la Méditerranée a même convaincu d’anciens « faucons » de faire leur la solution de deux États. Même si une avancée diplomatique semble pour le moment peu vraisemblable, les dirigeants israéliens savent, en tout cas, qu’il existe une réponse évidente au défi démographique pales-

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SUBVENTIONS TOUS AZIMUTS

L’intégration des haredim dans l’économie se heurte à des problèmes d’une tout autre ampleur, dont deux traits distinctifs difficilement surmontables. Le premier tient à la nature même de la société ultraorthodoxe, qui considère que l’étude de la Torah et l’observance stricte des devoirs religieux ont beaucoup plus de valeur que l’emploi rémunéré et le confort matériel. Ainsi la pauvreté et l’exclusion sociale des haredim d’Israël sont-elles, dans une certaine mesure, le résultat d’un choix. Pourtant, les communautés ultraorthodoxes n’ont pas toutes choisi de vivre dans une relative pauvreté. Comme le fait observer Avishay Braverman, le

TAUX DE CHÔMAGE En %

Ultraorthodoxes israéliens

53,4

65,1

26,9

Arabes-Israéliens

75,6

15,1 21,2

Autres Israéliens

11,9

Pays de l'OCDE

Hommes Femmes 32,0

POPULATION En millions

Autres

10 8

Autres

6

Arabes

4 2 0

Juifs

2010*

Arabes

Juifs

2030* * Projections

ÉLÈVES DU PRIMAIRE

En %

80 70 60 50 Écoles 40 publiques 30 20 10 1960 70 80

Écoles arabes et ultraorthodoxes

90 2000 10* 20* 30* 40* * Projections

SOURCES : TAUB CENTER; ISRAEL CENTRAL BUREAU OF STATISTICS

tinien en Cisjordanie et dans la bande de Gaza. Mais une solution tranchée au tournant démographique à l’intérieur même d’Israël reste à trouver. Ce n’est que récemment que la classe politique s’est attaquée à la question de l’intégration des haredim et des Arabes dans le monde du travail. Le ministère des Finances a promis cette année de consacrer 161 millions d’euros à des projets destinés à favoriser l’emploi et l’éducation au sein de la population arabe. Le ministère a par ailleurs reconnu que la discrimination n’était pas étrangère aux performances économiques médiocres de la communauté arabe. « Nous n’avons pas rempli notre part du contrat au sein du gouvernement », a même regretté le ministère. Les études montrent en effet que les communautés arabes d’Israël reçoivent nettement moins de fonds publics que les zones de peuplement à majorité juive et subissent des discriminations dans plusieurs secteurs de l’économie, y compris dans la fonction publique. « La situation des Arabes israéliens est plus facile à résoudre, estime cependant le professeur Ben-David. Leurs principaux problèmes sont liés à la discrimination et au manque d’éducation » ; deux handicaps, ajoute-t-il, dont on peut – du moins en théorie – venir à bout.

pourcentage de haredim qui gagnent leur vie est nettement plus élevé à New York et à Londres qu’en Israël. La principale cause de cette différence d’attitude face au travail entre les ultraorthodoxes de l’État hébreu et leurs homologues d’outre-mer est clairement le système de protection sociale israélien. De nombreuses familles ultraorthodoxes de l’État hébreu s’appuient en effet depuis longtemps sur les aides publiques pour subvenir à leurs besoins. Elles bénéficient notamment d’un système généreux d’aide à l’enfance et de bourses pour les étudiants en religion. Ajoutés aux revenus de certaines femmes et aux dons, ces subsides permettent de pourvoir à des besoins

frugaux, mais ils peuvent suffire – et suffisent – pour s’en sortir. Des privilèges que les citoyens laïcs ne voient guère d’un bon œil et que les hommes politiques ont souvent promis d’abolir. Mais toutes les tentatives pour obliger les ultraorthodoxes à intégrer le monde du travail ont, pour le moment, lamentablement échoué, en raison d’un second trait distinctif de la communauté tout aussi insurmontable que le premier : son influence politique. Car, en Israël, la composition d’une coalition gouvernementale finit presque toujours par dépendre du ralliement des principaux mouvements ultraorthodoxes, le Shas et le parti du Judaïsme unifié de la Torah, qui appartiennent d’ailleurs à l’actuelle majorité gouvernementale, totalisant 16 sièges (sur 120) à la Knesset. Leur soutien, comme toujours, a un prix : non seulement les ministres et députés haredim défendent bec et ongles le système d’allocations sociales, mais ils se battent aussi pour que soient maintenues les subventions publiques en faveur des écoles ultraorthodoxes, lesquelles mettent fortement l’accent sur l’éducation religieuse au détriment de disciplines séculières, comme les langues ou les mathématiques. Des efforts couronnés de succès : le montant des allocations par tête a été multiplié par cinq depuis 1970. En revanche, les investissements publics dans des domaines tels que l’éducation ou les infrastructures ont stagné durant les dernières décennies, faisant peser de lourdes incertitudes sur les perspectives de croissance. La plupart des observateurs s’accordent à dire aujourd’hui que le tournant démographique nécessite, sans plus tarder, une réponse politique audacieuse. « Il existe un point de non-retour, prévient le professeur Ben-David. Si nous le franchissons, il nous sera impossible de changer les choses démocratiquement, voire de les changer tout court. » ■ TOBIAS BUCK

© Financial Times et Jeune Afrique 2010. Tous droits réservés.

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MAGHREB & MOYEN-ORIENT 47 TUNISIE

Retour rue du Pacha

B

oudée par ceux qu’elle a vu naître et par leurs enfants, la médina de Tunis a fait figure, pendant un demi-siècle, de vieille parente délaissée. Dès les années 1960, les familles bourgeoises lui avaient préféré le confort de nouveaux quartiers plus conformes à leur aspiration à la modernité. La médina s’est alors louée ou vendue, à bas prix, livrant demeures patriciennes et palais ottomans à des familles extérieures à la cité, ainsi que des commerces ou des ateliers. Conséquence de cette désaffection : la médina de Tunis, inscrite pourtant au patrimoine mondial de l’humanité, n’a pas été vraiment entretenue. Abandonnée, elle a souvent été pillée, voire dépecée, d’innombrables éléments architecturaux d’époque ayant été revendus aux propriétaires de nouvelles villas cossues cherchant à reproduire le fantasme d’un cadre de vie originel.

NICOLAS FAUQUÉ/IMAGESDETUNISIE.COM

Grâce aux opérations de réhabilitation, la médina de Tunis est en train de retrouver son lustre dʼantan. Et sa cote dʼamour.

Entrée d’un hammam dans la rue la plus célèbre de la médina.

que « depuis trois ans la médina est à la mode et les prix flambent. Certains, dans le but de réaliser un investissement juteux, se précipitent pour acheter avant que la surenchère ne devienne prohibitive; d’autres voient la possibilité de développer des projets touristiques, mais beaucoup veulent tout simplement renouer avec cet espace ». Depuis quelques années, les tables les plus savoureuses de la capitale, les galeries d’art et les multiples manifestations culturelles ont en effet réappris aux citadins le chemin des rues pavées et des venelles discrètes. De là à songer à y vivre, il n’y a qu’un pas, qui coûte au minimum 1000 dinars (500 euros) le mètre carré, sans compter les restaurations et aménagements indispensables.

C’est l’occasion pour les Tunisois de renouer avec un art de vivre qui leur est cher. Plongée dans une semi-léthargie, la médina, qui en a vu d’autres en douze siècles d’existence, attendait son heure. Depuis mai 2010, la réhabilitation des façades et de la voirie, entreprise sous le contrôle de l’Association de sauvegarde de la médina de Tunis (ASM), a redonné tout son lustre au quartier de la célèbre rue du Pacha. Une opération séduction qui a rencontré un écho auprès de nombreux jeunes Tunisois en quête d’identité et de retour aux sources, et qui envisagent aujourd’hui d’y habiter. Un commerçant de la rue Tourbet el-Bey, où se trouve le mausolée de la dynastie ottomane husseinite, constate

NORMES TRADITIONNELLES

Le principal problème de la médina est la vétusté de ses bâtiments: les maisons ont non seulement subi l’outrage du temps, mais aussi pâti d’un manque d’entretien qui a fragilisé leur structure. « Acheter dans la médina, il faut vraiment en avoir envie, déclare Slim, qui a acquis l’étage d’un vieux palais. Il y a d’abord les négociations avec les héritiers, car les propriétaires sont sou-

vent décédés, puis les travaux, avec leur kyrielle d’autorisations et qui ne sont pas une sinécure quand il s’agit de respecter les normes traditionnelles. Mais le rêve est à ce prix! » L’approche de Sondos Belhassen, ballerine et comédienne, qui y réside depuis douze ans, est différente: « Vivre ici n’a rien d’exotique, nous y habitons comme d’autres occupent le centre historique de Rome ou de Prague. Les touristes ne sont que des visiteurs, alors que nous sommes, au quotidien, les usagers de la médina. Nous avons adapté notre mode de vie, nous nous déplaçons à pied ou à vélo et nous avons tout à proximité. Cependant, il reste beaucoup à faire, à commencer par une organisation efficace de la collecte des déchets, particulièrement ceux des ateliers, qui sont une vraie nuisance. Il faudrait également prévoir des parkings abordables afin que les ruelles ne soient plus des zones de stationnement. Améliorer les conditions de vie dans la médina est essentiel ; sans ses habitants, elle perdrait son âme. » Ce retour en grâce de la vieille ville arabe fait le bonheur de ceux qui ne l’ont jamais quittée, comme la famille Ben Saïd, aux yeux de laquelle cette valorisation est l’occasion de renouer avec un art de vivre citadin cher aux Tunisois. ■ FRIDA DAHMANI, à Tunis

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48 AUDIMAT

Nessma TV voit rouge DESSIN ANIMÉ

Outrage à Marocaines

«

T

out notre amour et notre respect au Maroc », pouvait-on lire à la une du quotidien koweïtien AlWatan, le 23 août. Sous couvert d’une déclaration spontanée à un pays frère se cachent les excuses du groupe de presse, détenteur d’une chaîne de télévision qui a diffusé, les 17 et 18 août, un dessin animé jugé outrageant par les Marocains. Le 8e épisode de la série animée intitulée Bou Qatada et Bou Nabil mettait en effet en scène deux Koweïtiens se rendant au Maroc pour y faire des rencontres. À Agadir, la mère de deux jeunes femmes avec lesquelles ils ont sympathisé verse une potion magique dans leur café pour s’assurer que les deux hommes épouseront ses filles. « Les Marocains ont leur fierté et leur dignité ! » a réagi Khalid Naciri, ministre de la Communication et porteparole du gouvernement marocain, le 21 août, sur la chaîne satellitaire Al-Arabiya. Les allusions à la sorcellerie ont offensé les officiels comme la société civile. C’est aussi la vision négative que les hommes du Golfe ont des Marocaines, qui seraient prêtes à tout pour les retenir, qui a déplu au royaume chérifien. Le ministère koweïtien des Affaires étrangères a formulé des excuses officielles. De son côté, dans son mea culpa, le groupe Al-Watan précise que la série « se focalisait surtout sur le comportement des Koweïtiens à l’étranger ». Généralement, les productions satellitaires arabes veillent à ménager la sensibilité des pays frères. Réagissant à cet incident diplomatique, un internaute s’interroge : « Les Arabes n’ont-ils aucun sens de l’humour ? » ■ CONSTANCE DESLOIRE

Coup de sang des dirigeants de la chaîne privée tunisienne, qui récusent les mesures dʼaudience communiquées par Sigma Conseil et Média Scan.

P

endant le ramadan, dès la rupture du jeûne, les téléspectateurs tunisiens ont droit chaque soir à une déferlante de spots publicitaires. Rien que sur la première semaine du mois sacré, la publicité télévisée a généré pas moins de 12 millions de dinars (5,8 millions d’euros) de recettes. Les enjeux financiers sont tels que les mesures d’audience, qui déterminent les parts de marc hé des suppor t s audiov isuels, sont scrutées attentivement par les différentes chaînes. Le 18 août, Tarak Ben Ammar, actionnaire de Nessma TV, et Nabil Karoui, PDG de la chaîne, ont ainsi récusé les chiffres de l’audimat communiqués par Sigma Conseil et Média Scan, qui attribuent à Nessma TV un taux d’audience de 34 %. Jugeant ces résultats au-dessous de la réalité, Ben Ammar a vu rouge. « Ces agences banalisent nos efforts et mettent en péril nos activités en concoctant ces statistiques dépourvues de toute logique, a-t-il protesté. Qui sont ces agences qui s’érigent en véritables juges de l’économie nationale ? » Ben Ammar recommande que le service public, dont l’audience est de 48 %, soit, comme en Europe, interdit de

publicité. Et a même plaidé la cause de Nessma auprès du président de la République en personne. « La situation est pourtant claire, affirme Khaled Aouij, directeur général du site Prosdelacom. Les annonceurs sont satisfaits de ces études, seules les chaînes privées les contestent. » Pour Hassen Zargouni, patron de Sigma Conseil, « tout cela est un débat d’experts qui fait appel aussi bien à des données techniques que sociologiques, et a peu d’intérêt pour le grand public. Nous en sommes aux balbutiements de l’ouverture de l’audiovisuel, et les méthodes de médiamétrie sont en constante évolution ». Le grand public, qui n’est pas dupe, se demande ce que cherche Nessma. « C’est une nouvelle chaîne avec une cible urbaine, elle veut attirer l’attention, mais la Tunisie profonde regarde toujours TV7 », estime Fayçal, un téléspectateur. Qui ajoute, espiègle : « Nous sommes un peu moins de 11 millions de Tunisiens, si les annonceurs avaient distribué les sommes destinées au passage télé directement aux téléspectateurs, ils se seraient vraiment fait de la pub ! » ■ FRIDA DAHMANI, à Tunis

NICOLAS FAUQUÉ/WWW.IMAGESDETUNISIE.COM

Objet du scandale, un épisode de la série animée koweïtienne Bou Qatada et Bou Nabil.

Nabil Karoui, PDG de Nessma TV, s’exprimant à l’antenne de sa chaîne. J E U N E A F R I Q U E N ° 2 5 9 0 • D U 2 9 A O Û T A U 4 S E P T E M B R E 2 0 10

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ALEXANDRE DUPEYRON

49

Selon le rapport du Pnud, le taux de pauvreté au Maroc s’élèverait à 28 %.

PAUVRETÉ

Rabat versus le Pnud Un rapport de lʼorganisme onusien déclenche les foudres des autorités marocaines.

L

e Maroc est-il plus pauvre que le Guatemala ou l’Égypte? Oui, si l’on en croit l’indice multidimensionnel de pauvreté (IMP) de l’université d’Oxford, auquel le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) envisage de se

référer à l’avenir. Contrairement à l’indice de développement humain (IDH), l’IMP intègre plus de dix critères pour mesurer la pauvreté d’un pays. Et, surprise, l’application de cet indice fait bondir le taux de pauvreté du Maroc à 28 % (soit 8,9 millions de personnes),

contre 6,4 % pour l’Égypte. Pourtant, l’étude du Haut-Commissariat au plan sur le niveau de vie des ménages faisait état, en 2007, d’un taux de pauvreté de 9 %. Pour les autorités marocaines, ces conclusions n’ont aucune valeur parce que le centre d’Oxford s’appuie sur des données datant de 2004. Or, à l’époque, l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), la politique « villes sans bidonvilles » ou le programme national d’électrification n’avaient pas encore été lancés. Dans un communiqué publié le 20 août, Rabat dénonce « le manque de rigueur et de professionnalisme de cette étude » et regrette que le Pnud « ignore les sauts qualitatifs et quantitatifs indéniables réalisés au Maroc depuis 2004 ». Face aux critiques des pays en développement, le Pnud tente depuis quelques années d’enrichir la définition de la pauvreté. L’IMP a l’avantage de mesurer avec plus de précision les degrés de pauvreté d’une population et de déterminer ses besoins les plus urgents. Un instrument très utile pour les politiques d’aide au développement… à condition que les données soient actualisées. ■ LEÏLA SLIMANI

MOT CHOISI

ALGÉRIE

Les hooligans de la culture

D

écidément, la culture égyptienne n’est pas la bienvenue en Algérie. Après la télévision nationale, qui a déprogrammé les traditionnels feuilletons égyptiens du ramadan, c’est le commissaire du Salon international du livre d’Alger (Sila), Smaïn Ameziane, qui a décidé d’interdire d’exposition les éditeurs égyptiens à la 15e édition de la manifestation (du 26 octobre au 6 novembre). Début août, il expliquait avoir pris sa décision « par respect pour le peuple algérien et pour les personnes qui ont été massacrées » dans le car de l’équipe nationale de football algérienne, au Caire, en novembre 2009. En Algérie, cette décision est loin de faire l’unanimité. Dans son édition du 22 août, Le Quotidien d’Oran regrette ce « jet de caillasses contre les livres ». Le même jour, Ahmed Bensaada, un universitaire et écrivain algérien, a lancé une pétition pour protester contre ce choix. Il dénonce « un chauvinisme délirant et une dérive qui traduit un mépris arrogant vis-à-vis de la culture ». Son appel a reçu le soutien de près d’une centaine d’intellectuels, de journalistes et d’entrepreneurs algériens. Dans les semaines à venir, il devrait lancer un appel commun avec des intellectuels égyptiens. Les éditeurs égyptiens ont saisi l’Union des éditeurs arabes, qui devrait rendre un avis avant l’ouverture du Sila. « C’est le dernier de mes soucis », considère Ameziane, qui se dit incapable d’assurer la sécurité des éditeurs égyptiens s’ils devaient venir. Quant à la ministre algérienne de la Culture, Khalida Toumi, elle a déclaré que le directeur du Sila était entièrement souverain. ■ L.S.

LAPIDATION

Méthode d’exécution remontant à l’époque homérique et généralement appliquée aux auteurs de crimes sexuels ou de blasphèmes, la lapidation est mentionnée à plusieurs reprises dans l’Ancien Testament (Deutéronome et Lévitique) et le Talmud, ainsi que dans le Nouveau Testament, mais elle est condamnée par Jésus (Jean). En revanche, elle n’apparaît nulle part dans le Coran. Et si, paradoxalement, certains pays musulmans l’appliquent encore aujourd’hui – Arabie saoudite, Iran, Soudan, Afghanistan, Pakistan… –, c’est parce qu’elle est mentionnée dans les hadiths, seconde source, après le Coran, de la loi islamique (charia). Sauf que, selon cette même charia, quatre témoins directs sont nécessaires pour établir un crime d’adultère, ce qui rend l’exécution de la sentence quasi impossible et donne à celle-ci une valeur d’abord dissuasive. Comme le dit si bien saint Paul, « la lettre tue et l’esprit vivifie »…

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50 INTERNATIONAL

HAÏTI RENÉ, WYCLEF E À trois mois de la présidentielle, le rejet de la candidature de lʼex-chanteur des Fugees relance les soupçons sur lʼimpartialité du Conseil électoral et du chef de lʼÉtat sortant. La campagne promet dʼêtre agitée. Lʼaprès-scrutin aussi.

I

RÉMI CARAYOL

l y a une vie après le chaos. Une reconstruction à mener, malgré les promesses de dons qui tardent à se concrétiser (voir p. 52). Un bac à passer – les premières épreuves ont eu lieu mi-août dans trois départements gravement affectés par le séisme du 12 janvier. Il y a aussi des élections à gagner. Depuis quelques jours, la course à la présidentielle, qui se tiendra le 28 novembre, en même temps que les législatives et sénatoriales, bat son plein à Port-au-Prince. Les médias internationaux s’y sont intéressés, à la faveur de la candidature de Wyclef Jean. Recalé par le Conseil électoral provisoire (CEP), l’ancien chanteur des Fugees, que l’on présentait comme le favori de la jeunesse, n’aura finalement pas le droit de se présenter – à moins que ses recours n’aboutissent. Motif : à l’instar

décision du CEP, le 20 août, Jean avait appelé au calme ses partisans qui, mécontents, étaient descendus dans la rue. Trois jours plus tard, son discours se fait plus tranchant : « Même avant de commencer le travail, des amis en Haïti et à l’étranger m’avaient averti qu’il y aurait beaucoup de tricheries pour me bloquer. Le CEP l’a prouvé. Ils ont violé la Constitution dans l’intérêt de leurs familles et de leurs amis, qui continuent de vivre grâce à l’argent du peuple. » Avant l’écrémage réalisé par l’instance électorale, le président, René Préval, comptait beaucoup d’adversaires. En voilà un de plus. TOUT EST FLOU

Près de huit mois après le séisme, les critiques pleuvent. Dans les camps de sinistrés, où se massent toujours des centaines de milliers d’Haïtiens, on le dit au mieux incapable, au pire corrompu. Au sein de l’opposition, on prête au chef de l’État tous les maux, à commencer par celui de vouloir s’éterniser au pouvoir. Chez les intellectuels, on tire à vue. Dans sa tribune « Wyclef, la peur et les élites », publiée début août, l’écrivain Lyonel Trouillot déplore une situation dont on pourrait rire, si ne se jouait le destin d’un pays, mais « on ne peut pas rire d’un arbitre vil, d’un match truqué, d’un sélectionneur national qui choisit les pires joueurs pour monter une équipe, d’une fédération internationale prête à cautionner toutes les saloperies pourvu qu’on lui foute la paix. Et on ne peut pas rire de la panique qui frappe certains secteurs sociaux devant la candidature de Wyclef Jean. Car la candidature de Wyclef Jean – et la réaction positive à cette candidature dans

Il ne faudrait pas grandchose pour que les jeunes décident de tout casser. de cinq autres aspirants candidats de la diaspora haïtienne également disqualifiés, il ne remplit pas les conditions de résidence requises par la loi électorale. Wyclef Jean n’en restera pas moins un acteur incontournable de la campagne. « Il n’avait que peu de chances d’être élu, mais sa parole est écoutée par les jeunes », assure un fonctionnaire international. « Il représente ce que cherchent les Haïtiens: un homme neuf, un fils du peuple qui n’a pas trempé dans les intrigues politiciennes », analyse le politologue antillais Julien Mérion. Quelle position adoptera la star du hip-hop ? Quelques heures après la

les milieux populaires urbains, chez les jeunes en particulier – est moins un problème qu’un symptôme. » Même parmi les observateurs étrangers, longtemps rassurés par un président que l’on dit travailleur et discret, on commence à se méfier. Il y a quelques mois, l’un d’eux, en poste au Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), nous assurait que René Préval était l’homme

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INTERNATIONAL 51

L’habit ne fait pas le président… La star du hip-hop Wyclef Jean, le 5 août, dans la banlieue de Port-au-Prince, quelques minutes avant de faire enregistrer sa candidature. Finalement jugée irrecevable.

de la situation et qu’il ne comptait pas s’éterniser au pouvoir. Aujourd’hui, son discours est plus mitigé : « Le jeu qu’il joue est ambigu. Il s’est constitué une machine à gagner les élections. » Une partie de l’opposition a ainsi décidé de boycotter le scrutin. Le CEP serait à sa botte. C’est cet organe qui, fin 2009, avait exclu certains partis du processus électoral, parmi lesquels le Fanmi Lavalas de l’an-

cien président Jean-Bertrand Aristide. Sa décision d’invalider 15 candidatures sur 34, le 20 août, a également été critiquée – et pas seulement par ses « victimes ». Tout en reconnaissant que « les 19 candidatures agréées offrent un large spectre politique à l’électorat », la mission d’observation électorale conjointe de l’Organisation des États américains (OEA) et de la Communauté caribéenne (Caricom) a souligné que « des explica-

STR NEW/REUTERS

F ET LES AUTRES

tions sur les raisons [des invalidations, NDLR] auraient contribué à la transparence du processus ». Ces deux structures ont prévu d’envoyer 193 observateurs pour les élections, et leur mission devrait durer plusieurs mois. Pas sûr, cependant, que cette présence calme l’opposition. Car tout est flou: les listes électorales, qui doivent être actualisées depuis plusieurs années (on estime à 9 % le nombre d’inscrits décédés) ; les

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52 INTERNATIONAL lieux de vote, la plupart des bâtiments publics ayant été détruits ; le positionnement des candidats, dont plusieurs sont proches de Préval… Le choix du candidat de la plateforme Inite, nouvelle coalition de la majorité présidentielle, prête à toutes les interprétations. Après avoir opté pour son ancien Premier ministre, Jacques-Édouard Alexis (63 ans), René Préval a changé d’avis au dernier moment. Alexis s’est finalement présenté sous la bannière de la Mobilisation pour le progrès d’Haïti (MPH), que l’on dit liée à l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier. Le président lui a préféré Jude Célestin (48 ans), un ami de longue date qui dirige le Centre national des équipements (CNE), chargé de construire les routes du pays – « une source de financement importante », disent les mauvaises langues, qui rap-

pellent que le CNE ne brille pas par sa transparence en matière de passation de marchés publics. Les dés sont-ils pipés ? Beaucoup le pensent; le pouvoir s’en défend; les instances internationales s’en inquiètent. Le 21 août, la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) a appelé « les candidats et les partis politiques à respecter la loi électorale ». FATAL POPULISME

Alors que les gangs se sont reconstitués et que les enlèvements, dont le nombre était en chute libre avant le séisme, se multiplient, des débordements ne sont pas à exclure. « La société est complètement désarticulée, l’État est en lambeaux. C’est un formidable terreau pour les discours populistes », rappelle Julien Mérion. « La grande crainte, c’est

l’après-scrutin, indique Gotson Pierre, éditeur d’AlterPresse. Ce ne serait pas nouveau : depuis des années, les élus ont perdu toute légitimité. Mais là, on sent vraiment que les tensions sont fortes. » Depuis quelques mois, l’opposition multiplie les manifestations, qui tournent parfois à l’émeute. Les slogans à tendance xénophobe (tantôt contre les humanitaires qui « colonisent » le pays, tantôt contre le voisin dominicain, où les migrants haïtiens ne sont pas toujours les bienvenus) reviennent régulièrement dans la presse. Il ne faudrait pas grand-chose pour que les jeunes, pour l’heure guidés par un sentiment de résignation, décident de tout casser, estiment les observateurs. La reconstruction, considérablement ralentie par la campagne politique, n’en serait que plus difficile. ■

Une lente reconstruction Pierre Duquesne, représentant de la France à la Commission intérimaire p ou r la r e con st r uc t ion d’Haïti (CIR H), compo sée de 26 membres, dont 13 Haïtiens et 13 représentants des bailleurs), rappelle que l’action engagée à Haïti ne vise pas à « reconstruire à l’identique » ce qui existait avant le 12 janvier, mais à construire un véritable État, sur le long terme. Récemment, la CIRH a approuvé 29 projets pour un montant de 1,7 milliard de dollars. Tout cet argent n’est pas encore là, mais il rentre petit à petit, assurent les bailleurs. Le temps de décaisser les fonds. MARCO DORMINO/UN PHOTO

LE SON DE CLOCHE EST BIEN DIFFÉR ENT, selon que l’on se trouve dans l’un des 1300 camps que compte le pays ou dans les bureaux des instances nationales et internationales. D’un côté, on se désole de ne rien voir avancer, de devoir vivre dans le prov isoire pour encore longtemps, de n’être pas informé. On met en Seuls 250000 m3 de décombres avant quelques chiffres : sur 20 millions 1,6 million de réf ugiés, ont été déblayés. 3 700 abris transitoires (en bois ou en tôle) construits sur les 125000 annoncés, 250000 m3 de décombres déblayés sur un total estimé à 20 millions et, surtout, 600 à 700 millions de dollars (475 à 550 millions d’euros) envoyés par les bailleurs, quand ceux-ci avaient promis 10 milliards, le 31 mars, à la conférence de New York. Du côté des instances chargées d’organiser la reconstruction, on rassure. « Désormais, on avance vite. Il y a du répondant du côté des autorités locales », explique Chantal Moreno. Conseillère du secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) et détachée auprès de l’administrateur de l’institution, Clément Duhaime, elle est actuellement à Port-au-Prince pour suivre la concrétisation des travaux sur le terrain. On lance aussi des chiffres pour expliquer la difficulté de la tâche : plus de 15 000 fonctionnaires sont morts le 12 janvier, l’État, déjà quasi inexistant, a été décapité – les organisations internationales également –, le séisme a causé des pertes estimées à 120 % du PIB haïtien… et on rappelle qu’à New York les pays avaient, certes, promis 10 milliards de dollars, mais sur dix ans, dont la moitié sur deux à trois ans.

QUID DE L’AIDE AFRICAINE ?

Parmi les principaux donateurs: la Banque interaméricaine de développement (BID), l’Union européenne, les États-Unis, le Canada, le Brésil, la France, la Norvège… Sur les six pays africains (Afrique du Sud, Algérie, Mali, Nigeria, Sénégal, Soudan) qui s’étaient engagés à aider financièrement Haïti, deux ont déjà versé une (petite) somme: l’Afrique du Sud (700000 dollars) et le Soudan (100 000 dollars). Sur place, on relativise, tout en alertant la communauté internationale. « La première aide d’urgence a été plutôt efficace. Mais après les premiers secours, si les bailleurs ne remplissent pas leurs promesses, on va à la catastrophe », souligne Pierre Salignon, directeur général de l’action humanitaire à Médecins du monde, précisant que cette manne aura (et a déjà eu) « des effets déstabilisateurs » sur l’économie locale. La déstabilisation sera bien R.C. plus violente si l’aide venait à se tarir en 2011. ■ J E U N E A F R I Q U E N ° 2 5 9 0 • D U 2 9 A O Û T A U 4 S E P T E M B R E 2 0 10

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INTERNATIONAL 53 FRANCE

La rigueur à contrecœur

L

e chef de l’État français vient de changer sa politique économique à 180 degrés. Lui qui avait tancé son Premier ministre, François Fillon, et sa ministre de l’Économie, Christine Lagarde, pour leur emploi du mot « rigueur » censé épouvanter les électeurs français, a bien été obligé de manger son chapeau et d’annoncer, le 20 août, à l’issue d’un séminaire gouvernemental réuni au fort de Brégançon (Var), résidence d’été de la présidence de la République, qu’il mettait le cap sur… des économies budgétaires. VOLTE-FACE PRAGMATIQUE

Deux événements ont convaincu Nicolas Sarkozy que la position qu’il avait adoptée face à la crise était devenue intenable. Le premier est venu de Berlin: l’Allemagne connaîtra une croissance de 3 % en 2010 et se met quand même à l’austérité, alors que la France

tion des transferts vers les collectivités locales, la réunion de Brégançon a ajouté un coup de rabot de 10 milliards d’euros par an sur les « niches fiscales », qui permettent à certains de payer moins d’impôts. Seraient menacés les crédits d’impôts sur les dividendes, sur les intérêts d’emprunts immobiliers, sur les projets verts, sur les investissements outremer. La liste des sacrifices sera arrêtée à la mi-septembre. Il s’agira bel et bien d’une augmentation de la pression fiscale, même si l’Élysée a précisé que « ni l’impôt sur le revenu, ni la TVA, ni l’impôt sur les sociétés ne seront augmentés ». Pour autant, Nicolas Sarkozy n’est pas tiré d’affaire par sa converNicolas Sarkozy et François Fillon à Brégançon sion contrainte et forcée à (Var), le 20 août. L’un descend, l’autre monte. la rigueur. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le centre de qui, le 17 août, a prévenu les grands recherche en économie de Sciences-Po, pays développés – et notamment la a calculé que les mesures annoncées France – qu’ils pourraient perdre leur amputeraient la croissance de la Frannote AAA, gage de sécurité absolue pour ce de 1,4 point en 2011, c’est-à-dire que les prêteurs, et donc de taux d’intérêt l’économie stagnera… ce qui rendra plus bas pour les emprunteurs, s’ils ne comdifficile la réduction des déficits! battaient pas résolument leurs déficits publics. LES VOIES DE LA POPULARITÉ Nicolas Sarkozy a joué La volte-face du président lui pose un les pragmatiques. Il a autre problème, politique celui-là. Il soureconnu que la croissance haitait se séparer de son Premier minisde l’année 2011 ne serait tre, afin de former un gouvernement à pas de 2,5 %, comme le sa main pour la bataille présidentielle de gouvernement l’espérait, 2012. Or il vient de se rallier à la frugamais de 2 %. Cette révision amputant de lité prônée de longue date par François 4 milliards d’euros le budget de l’État, Fillon… qui le devance largement dans il a fallu trouver des économies suppléles sondages : quand Nicolas se hisse mentaires pour respecter la promesse péniblement à 36 % de satisfaits, Franfaite à Bruxelles de réduire le déficit çois en affiche 53 %. Peut-on se séparer budgétaire de 8 % du produit intérieur d’un homme si populaire quand on est brut (PIB) en 2010 à 6 % en 2011. en délicatesse avec l’opinion publique? Au gel des dépenses de l’État, au nonRéponse au cours de l’automne. ■ remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite, à la stagnaALAIN FAUJAS ARSOV/SIPA

Après avoir tenu tête aux financiers européens et tancé son Premier ministre pour excès de pessimisme face à la crise, Nicolas Sarkozy mange son chapeau, contraint de se convertir à un régime dʼaustérité.

Gel des dépenses, rabot sur les niches fiscales… La liste des sacrifices sera longue. ne progressera que de 1,4 % cette année et qu’elle rechigne à se serrer la ceinture pour cause d’élection présidentielle en 2012. Les marchés ont commencé à faire savoir, fin juin, que l’insouciance française ne leur plaisait guère en faisant payer un peu plus cher les emprunts français que les allemands. Le second événement a été l’avertissement de l’agence de notation Moody’s,

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54 INTERNATIONAL

ILS VIENNENT D’AFRIQUE, ILS ONT RÉUSSI AILLEURS

PARCOURS

Imaad RAHMOUNI

Installée en France et au Maroc, lʼagence de cet architecte dʼorigine algérienne conçoit des bâtiments un peu partout dans le monde. Mais pas encore en Algérie...

I

l a conçu des bars branchés à Paris et à Londres, aménagé des tours à Tokyo et à Bangkok, érigé des hôtels au Maroc, en Espagne et en Tunisie. Mais, curieusement, l’architecte algérien Imaad Rahmouni, qui mène cet te brillante carrière internationale, n’a rien construit dans son pays natal, quitté en 1990. Il s’en est fallu de peu, pourtant. « On avait gagné un concours avec Alstom, mais à la suite de la polémique suscitée par la loi sur le rôle positif de la colonisation, l’Algérie a retiré le marché à la France pour l’offrir aux Allemands », regrette ce quadra doublement diplômé (faute d’équivalence) de l’École polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger (1990) et de l’École d’architecture de Paris-Belleville (1995). En 1999, après une première expérience auprès du prolifique designer français Philippe Starck, Rahmouni crée sa propre agence à Paris. Si elle a gardé pignon sur rue dans le 11e arrondissement, au fond du passage de la Bonne-Graine, l’agence a également ouvert un bureau à Marrakech, en 2005. Au départ, ils étaient six. Aujourd’hui, Imaad Rahmouni Offshore emploie une vingtaine de designers, architectes et graphistes originaires de 16 pays différents. Au Maroc, ils planchent actuellement sur une trentaine de projets. « On a besoin de tout et on construit énormément », précise Rahmouni lorsque l’on parvient à le rencontrer entre deux avions, le temps d’un café dans un hôtel parisien chic et cosy dont il aurait très bien pu signer le design. IL PASSE TROIS JOURS par semaine à

ou de discrimination. « Je ne suis pas parano », précise-t-il. S’il est parti, c’est pour des raisons familiales et personnelles. Au Maroc, où il vit désormais avec sa femme et ses cinq enfants, il a trouvé une sorte d’ersatz de son pays natal. « À Paris, c’est impossible d’avoir une famille nombreuse. Pour la moindre activité sportive, il faut renoncer à une journée de travail. Et puis j’avais envie que mes enfants parlent l’arabe et connaissent ma culture et ma religion. Quand j’entends al-adhan – l’appel à la prière –, ce sont tous mes souvenirs d’enfance qui remontent », explique-t-il. POURQUOI PAS L’ALGÉRIE ? « À l’époque, cela n’était

pas envisageable. Ma femme s’appelle Juliette, et mes enfants sont blonds. À Marrakech, ça ne pose pas de problème. » Outre ces raisons purement personnelles, travailler en Algérie lui semble difficile aujourd’hui. « L’architecture est un art profondément politique, on ne peut pas en faire sans être un minimum engagé. À Alger, on ne respecte pas l’espace public. On mange les trottoirs en plein centre de la capitale. On n’arrive pas à tenir un alignement sur un boulevard. Quand on ne défend pas l’espace public, c’est qu’on ne défend personne. En Algérie, il y a un véritable problème d’urbanisme qui est d’ordre politique. Seul l’État peut le gérer. Or nous avons un État faible, et le pays est dirigé par des vieux. C’est

« L’architecture est un art politique, on ne peut pas en faire sans être un minimum engagé. »

Marrakech. Le reste du temps? Il voyage. « Dans les aéroports, je me sens chez moi », dit-il. La Chine et la France sont, avec le Maroc, les pays où il travaille le plus. À Montpellier (France), son agence vient de remporter un concours pour bâtir un complexe de loisirs baptisé Odysseum. À Essaouira (Maroc), elle est chargée de Mogador, un projet qui compte notamment un musée dédié à la photographie. L’ensemble sera livré en 2012. L’agence vient également de gagner un concours à Hainan, île très touristique du sud de la Chine, où elle va construire un complexe hôtelier de 380 chambres. S’il a quitté la France, ce n’est pas parce qu’il ne l’aime pas. Loin de là. Il confie même avoir eu la chance de n’avoir jamais été confronté à la moindre once de racisme

normal que rien ne bouge quand des gens de plus de 70 ans sont à la tête d’une nation. Il faut des dirigeants jeunes pour faire avancer un pays. Sinon que voulezvous qu’ils aient envie de faire ? Moi, à leur âge, je serai à Bali en train de siroter un jus de coco », ironise-t-il. « De toute façon, l’Algérie a été livrée aux Chinois, et on a été les précurseurs en Afrique. Nous ne sommes plus capables de construire nous-mêmes », lance-t-il. Comme tous ceux qui aiment leur pays mais ont été contraints de le quitter, Rahmouni porte sur celui-ci un regard extrêmement critique. « Aujourd’hui, le projet phare en matière d’architecture, c’est la mosquée d’Alger. C’est le symptôme même d’une société décadente. Ce J E U N E A F R I Q U E N ° 2 5 9 0 • D U 2 9 A O Û T A U 4 S E P T E M B R E 2 0 10

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1967 Naissance à Alger 1991 S’inscrit à l’École d’architecture de Paris-Belleville 1999 Crée l’agence Imaad Rahmouni. Naissance de son fils aîné, Anis 2000 Ouverture du restaurant Maison blanche à Paris. Naissance d’Elias 2002 Dessine le restaurant Sens et Saveurs à Tokyo. Naissance de Soliman 2003 Signe le design du restaurant français D’Sens à Bangkok. Naissance de Sahel 2005 L’agence Imaad Rahmouni Offshore ouvre à Marrakech 2010 Naissance de Salaheddine

dont l’Algérie a besoin à l’heure actuelle, c’est d’hôpitaux et d’universités… Vous savez combien d’universités on pourrait construire avec le budget de l’armée algérienne ? Grosso modo, cinq ! » déplore celui qui n’a pas renoncé à sa liberté de ton. « UN ÉLECTRON LIBRE » : c’est d’ailleurs la première

image qui vient à l’esprit de Michael Malapert, un ancien collaborateur, quand il pense à Imaad Rahmouni. « Comme toutes les particules élémentaires, il se déplace librement et il est chargé en énergie. » Pour lui, ce qui fait la force d’Imaad, c’est sa capacité à « combiner une pensée de designer et une pensée d’architecte, de passer d’une échelle à une autre sans problème ». Rahmouni n’a pas toujours su qu’il voulait être architecte. « J’étais plutôt du genre algérois nonchalant. Je voulais être marin », confie-t-il. C’est sa mère, profes-

seure d’espagnol aujourd’hui à la retraite, qui l’a aidé à trouver sa vocation. « Elle est d’une grande sensibilité. Elle a su avant moi que j’allais devenir architecte. Quand j’ai eu mon bac, elle m’a dit : “Tu sais, mon fils, je t’ai inscrit à l’école d’architecture”. Et elle a eu raison, j’ai accroché tout de suite… » D’autres personnes qui auraient influé sur sa trajectoire ? « Un oncle, ami de Fernand Pouillon [architecte et urbaniste français qui a conçu des bâtiments publics en France, en Algérie et en Iran, NDLR] et puis Issiakhem, un peintre qui était amoureux du design. » Aujourd’hui, outre construire en Algérie, le rêve d’Imaad Rahmouni est de se voir confier la conception de logements sociaux en France ou au Maroc. Et puis, bien entendu, de s’installer à Bali pour y couler des jours heureux. ■ FADWA MIADI

Photo : RAHMANNI OUSSAMA RHALEB pour J.A.

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56 TRAFIC DʼARMES

DENIS SINYAKOV/REUTERS

Viktor Bout enfin extradé?

RUSSIE ROCK ANTI-POUTINE PLACE POUCHKINE La mairie de Moscou avait autorisé, le 22 août, le rassemblement de défenseurs d’une forêt de la banlieue nord de la capitale. Découvrant que des rockers et des rappeurs anti-Kremlin y étaient conviés, elle diligente des unités antiémeute. Saisie de la sono, arrestations. Trop tard. Le plus grand meeting d’opposition de la décennie est déjà dans la place. Sans micro, juché sur un escabeau, Youri Chevtchouk enchaîne des standards du rock engagé, repris par 3000 personnes et ponctués de paroles inédites, comme « Poutine, démission ».

À

Ground Zero tolérance

deux mois des élections de mi-mandat, la controverse suscitée par la construction d’un centre islamique à 300 m de Ground Zero, le site des attentats du 11 septembre, à New York, est devenue un enjeu politique. Porté par Cordoba Initiative, l’association de l’imam new-yorkais Feisal Abdul Rauf, fervent partisan du rapprochement entre les mondes musulman et occidental et propriétaire des lieux (voir J.A. n° 2582), le projet de Maison de Cordoue – un complexe de douze étages, comprenant une mosquée, une bibliothèque, un gymnase, une piscine, etc. – est soutenu par la municipalité et le maire de New York, Michael Bloomberg. Il a été approuvé à une large majorité par le conseil de quartier de Manhattan et validé, début août, par l’agence du patrimoine de la ville. Alors que la polémique s’essoufflait, elle a été ravivée le 20 août par Barack Obama, qui intervenait pour la première fois dans ce dossier explosif en rappelant son attachement à la liberté de culte, garantie par la Constitution. Médias et sondeurs s’engouffrent dans la brèche: un Américain sur cinq est persuadé qu’Obama est musulman, 68 % sont hostiles au projet… Le 22 août, deux

groupes de manifestants s’affrontent par bannières interposées, de part et d’autre de l’immeuble de la discorde, symbole de tolérance pour les uns, de la victoire du terrorisme pour les autres. L’occasion rêvée pour la branche populiste du Parti républicain de lancer son plan de campagne: surfer sur l’islamophobie ambiante jusqu’en novembre pour détrôner la majorité démocrate au Congrès. ■ MALIKA GROGA-BADA

DON EMMERT/AFP

ÉTATS-UNIS

Opposant au projet de centre islamique, près de Ground Zero, le 22 août.

C

est une légende vivante du grand banditisme international. Emprisonné en Thaïlande depuis son arrestation, en mars 2008, il devait être extradé fin août vers les ÉtatsUnis, où il risque la prison à vie pour « terrorisme ». Mais après avoir accepté la requête de Washington, la justice thaïlandaise a repoussé au 4 octobre prochain une éventuelle décision en ce sens. Avec ce diable de Bout, tout est possible, même l’inimaginable. S’il venait à s’évader en kayak sur le Chao Phraya avec l’aide des services secrets russes, personne ne serait surpris – de même que s’il venait à mourir opportunément lors de son transfert vers l’Amérique. Mais fi de la fiction que ce romanesque personnage inspire, voici quelques faits indubitables (ou presque). Né au Tadjikistan en 1967, ce moustachu aux yeux bleus, ancien officier de l’armée de l’air soviétique, a fait fortune en achetant de vieux avions russes (Antonov, Iliouchine), qu’il utilise pour transporter à peu près tout – fleurs, poulets, militaires et, vraisemblablement, armes – sous couvert de sociétés écrans belges ou émiraties. Dans ce domaine fort lucratif, il vend au gouvernement angolais comme à l’Unita (Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola), œuvre au Liberia, en Sierra Leone, en RD Congo. Sa flotte aurait même servi pour des actions « humanitaires » (la libération des otages de l’île philippine de Jolo en 2000) et militaires en Somalie (Restore Hope) et en Irak. Marchand habile et polyglotte, Bout a su se ménager des protections haut placées un peu partout dans le monde. S’il est tombé en Thaïlande dans un piège tendu par l’Agence antidrogue américaine alors qu’il s’apprêtait à vendre des armes à de prétendus combattants colombiens des Farc, c’est parce qu’il a sans doute commis un péché de trop : avoir approvisionné le Hezbollah lors de la dernière guerre du Liban, en 2006. ■ NICOLAS MICHEL

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ECOFINANCE |

INDUSTRIE

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SERVICES

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FINANCE

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MANAGEMENT

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COMMUNIC ATION

Dakar, 2010. Seuls 124000 Sénégalais bénéficient d’une pension, soit moins de 20 % des retraités.

RETRAITES

Un continent en quête de cotisants L’A FRIQUE COMPTERA 200 MILLIONS D’HABITANTS DE PLUS DE 60 ANS EN 2050. SOIT CINQ FOIS PLUS DE RETRAITÉS

POTENTIELS QU ’AUJOURD’HUI.

UN DÉFI MAJEUR ATTEND LES PAYS SUBSAHARIENS FRANCOPHONES, OÙ LE

SYSTÈME PAR RÉPARTITION EST ENCORE DÉFAILLANT.

CLARISSE JUOMPAN-YAKAM

Q

uarante-cinq milliards d’euros : c’est le montant estimé du déficit des caisses de retraite en France en 2020. Calqués sur le modèle hexagonal, les régimes de retraite d’Afrique subsaharienne n’en sont pas là, mais ils doivent, eux aussi, s’assurer de leur équilibre financier pour garantir leur pérennité et leur capacité à procurer un véritable revenu de substitution aux salariés partis à la retraite à 60 ans (en théorie) dans la plupart des pays :

YOURI LENQUETTE

MARCHÉS

Cameroun, Bénin, Sénégal, Centrafrique… Au Congo, en revanche, les hommes se retirent à 65 ans, les femmes à 60. Au Burkina Faso, les ouvriers ont le droit de quitter leur activité professionnelle à 56 ans, les employés, à 58, les cadres, à 60, les médecins et les enseignants, à 63 ans. Malgré ces quelques particularités, les États ont tous opté pour le système par répartition en vigueur en France, fondé sur la solidarité entre les générations (les actifs cotisent pour financer les pensions des inactifs). Un principe qui n’existe que sur le papier. Car la comparaison s’arrête là. Selon la Banque mondiale, environ 90 % de la population active ne bénéficie d’aucune couverture sociale. Parmi ceux qui peuvent compter sur une pension de retraite : les travailleurs du secteur public et les salariés des entreprises privées les plus importantes, ainsi que les cadres des multinationales, des organismes inter-

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58 ECOFINANCE

Libye

Égypte

Niger

Érythrée

Tchad

Soudan

Djibouti

Nigeria

Éthiopie

Cameroun

Centrafrique Ouganda

G. équat. Gabon Congo

Océan Atlantique

RD Congo

Somalie Kenya

Rwanda Burundi Tanzanie

Angola Zambie

Malawi

Comores

Zimbabwe Mozambique Madagascar

Namibie

RETRAITÉS PERCEVANT UNE PENSION Moins de 20 % Entre 20 % et 50 % Entre 50 % et 90 % Non communiqué

six salariés cotisaient pour un retraité. En 2010, on est passé à deux pour un. Et 124 000 personnes seulement (secteurs public et privé confondus) bénéficient d’une pension. Cette tendance devrait perdurer, voire s’amplifier, avec la baisse de la mortalité. L’Association internationale de la sécurité sociale (AISS) estime à environ 40 millions le nombre de personnes âgées de 60 ans ou plus sur le continent. Ce chiffre devrait doubler en 2030 et dépasser les 200 millions en 2050.

Botswana Swaziland Afrique du Sud

Lesotho Océan Indien

SOURCE : ASSOCIATION INTERNATIONALE DE LA SÉCURITÉ SOCIALE

Mali

Sénégal Gambie Burkina Faso Guinée- Guinée Bénin Bissau Ghana Sierra Côte Togo Leone d’Ivoire Liberia

ge

Mauritanie

ou

De l’autre côté de la barrière, les indépendants – malgré parfois des rémunérations confortables –, les personnes à faibles revenus et celles qui travaillent de façon intermittente ou évoluent dans l’informel sont tenus à l’écart de cette « caste de privilégiés ». « La question de la retraite doit être analysée à l’aune de la société tout entière, recommande le Camerounais Thomas Babissakana, responsable d’un cabinet d’ingénierie financière. Se limiter à en examiner le fonctionnement pour les 10 % de “privilégiés” revient à accepter une injustice légalisée par les États. L’Afrique subsaharienne est engluée dans un système où les prestations ne profitent qu’à une poignée de personnes, la majorité ignorant jusqu’à l’existence de ces services modernes. » Avec une pyramide des âges composée d’une forte population jeune et d’une petite minorité de seniors, tout régime par répartition aurait pourtant de beaux jours devant lui au sud du Sahara. Malheureusement, les multiples crises économiques, les politiques d’ajustements structurels à partir des années 1980, gelant les recrutements sur des décennies, ont profondément nui au développement des secteurs économiques créateurs d’emplois. Depuis, la capacité des actifs à cotiser pour les inactifs s’amenuise. Au Sénégal, dans les années 1970 et 1980,

Algérie

rR

CASTE DE PRIVILÉGIÉS

Mer Méditerranée

Tunisie

Maroc

Me

nationaux ou des banques, qui cotisent parfois à deux caisses, celle de l’État et celle de l’entreprise. Certaines de ces sociétés n’hésitent pas à faire de la cotisation retraite un élément de leur package destiné à séduire les cadres les plus performants.

« Dans la sous-région, la question des retraites se pose davantage en termes de réduction du chômage, estime Roger Tsafack-Nanfosso, professeur de sciences économiques à l’université Yaoundé-II. L’État doit améliorer le climat des affaires et permettre au privé de produire, de créer des richesses et de recruter. C’est indispensable pour élargir l’assiette des cotisations et proposer des niveaux de retraite acceptables. » Car déjà les régimes de retraite sont en proie à de fortes tensions de tréso-

AU SÉNÉGAL, LE CASSE-TÊTE DE L’INFORMEL À DAKAR, DEUX TENTATIVES d’extension de la sécurité sociale à l’informel (60 % des richesses produites) ont tourné court. Avec la première, les salariés pensaient pouvoir bénéficier de toutes les prestations contre 100 F CFA par jour (0,15 euro). Dans ce pays aux 250 000 assurés sociaux pour 4 millions d’actifs, l’État, qui avait lancé une campagne d’affiliation, a sous-estimé les obstacles : absence de spécialistes pour expliquer la démarche, incapacité des populations à lier les montants retenus à des services futurs, et désarroi face à la paperasserie à remplir. La seconde tentative visait les journaliers. Mais au bout d’une année, ils ont arrêté de cotiser pour

leur retraite (5,6 % de leur salaire avec un plafond de 156 000 F CFA mensuels), exigeant le remboursement des sommes engagées, tout comme les employeurs. Depuis, l’État parie sur le volontariat pour emmener vendeurs de journaux, épiciers et autres pêcheurs à souscrire une assurance suivant un taux qu’ils définissent eux-mêmes, mais à condition d’avoir déjà été affilié au moins une fois à un organisme de sécurité sociale. « Sous la pression des syndicats, annonce Ousseynou Diop, conseiller en communication, la question est de nouveau à l’ordre du jour avec la mise en place d’une couverture universelle incluant la retraite. » ■ C.J.-Y. J E U N E A F R I Q U E N ° 2 5 9 0 • D U 2 9 A O Û T A U 4 S E P T E M B R E 2 0 10

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ECOFINANCE 59

Au sud du Sahara,

90 % de la population ne bénéficie d’aucune couverture sociale.

INTERVIEW

LOUIS-PAUL MOTAZE Ministre camerounais de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire*

MABOUP

rerie. À en croire un responsable de la Caisse générale de retraite des agents de l’État (CGRAE) ivoirienne, c’est la vie même du système des retraites qui est en jeu, avec un déficit de 53 milliards de F CFA (81 millions d’euros) pour l’année 2010. Et les retraites anticipées n’arrangent rien. Si la retraite est à 60 ans au Congo, une personne de 50 ans ayant suffisamment cotisé peut partir par anticipation. Conséquence : la Caisse de retraite « perd » dix années de cotisations sociales, mais elle doit aussi anticiper le paiement d’une pension avant terme ! Toutefois, les exemples du Cameroun et du Gabon démontrent qu’il est possible de donner une nouvel-

JEUNE AFRIQUE : Quels sont les systèmes de retraite en place sur le continent? LOUIS-PAUL MOTAZÉ: Il y a deux écoles. Les fonds de pension, dans les pays anglophones, basés sur la capitalisation, et le système classique des pays francophones, qui repose sur un régime de répartition. Ce dernier épouse mieux la psychologie, l’environnement et le contexte des populations africaines, en mettant en exergue le concept de solidarité entre les générations. La garantie qu’apporte l’État aux régimes de répartition en fait le système idéal de retraite de base. C’est à travers des régimes complémentaires que la capitalisation peut être développée efficacement en Afrique.

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Quels sont les principaux enjeux? La pension de retraite doit participer à l’amélioration des conditions de vie des retraités et de leurs ayants droit. Cela est fondamental. Les retraités peuvent même devenir des acteurs économiques non négligeables susceptibles de créer des richesses et des emplois à travers la promotion des petites unités de production (fermes, élevage, etc.). C’est l’un des volets essentiels du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), que vient d’élaborer le gouvernement camerounais.

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L’Afrique peut-elle financer les retraites? La possibilité existe de fédérer les intérêts autour d’un projet de financement pérenne et solide. Tout le monde y gagne: l’État, les partenaires sociaux et les populations. À côté du financement, il faut résoudre l’équation de la « prise en charge du risque santé », qui grève le budget des ménages, donc des retraités. Cela pose le problème d’une « solvabilisation » accrue des populations, qui devront participer au financement des retraites. Le gouvernement camerounais explore les pistes dans ce sens.

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le vie à ces organismes chargés des retraites. Lorsque l’actuel ministre camerounais de l’Économie, LouisPaul Motazé (voir interview), a pris la direction de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) en 1999, il découvre une structure exsangue, minée par la mauvaise gestion, les fraudes et le peu d’empressement des entreprises à verser leurs cotisations. Son arrivée marque le début d’une période d’assainissement et de recherche de fonds pour payer les pensions de retraite. Ainsi, depuis 2001, une convention de partenariat lie la CNPS à l’administration fiscale avec comme conséquence l’assimilation des cotisations sociales aux créances fiscales. Leur recouvrement forcé devient plus efficace… Par ailleurs, les entreprises désireuses de répondre aux appels d’offres pour les marchés publics doivent être à jour de leurs cotisations. Cette stratégie se

Comment couvrir davantage de monde ? Au Cameroun, comme dans la plupart des pays de la sous-région, une faible partie de la population (les fonctionnaires de l’État et les salariés des entreprises privées) est affiliée à un système de sécurité sociale. La première action est de s’assurer qu’ils sont tous couverts. Il appartient aux employeurs de déclarer leurs salariés. Les gouvernements peuvent faciliter la collecte des données en croisant divers fichiers (impôts, compagnies d’électricité, de téléphonie, cadastres, services postaux…). Mais le gros du travail consiste à intégrer les travailleurs indépendants et de l’informel, soit 80 % des actifs au Cameroun. Pour les premiers, il faut définir leur profil (propriétaires de bar, de taxi, artisans, avocats, notaires, pharmaciens…) et instaurer un régime obligatoire attractif. Intégrer les seconds (vendeurs à la sauvette…) est l’un des défis majeurs des États.

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L’assurance privée est-elle une solution? Il n’y a aucune incompatibilité. Un système de sécurité sociale obligatoire fort peut s’accommoder d’un système privé d’assurance où l’adhésion constitue la règle. Les besoins de couverture des populations pour leur survie étant énormes et diversifiés, il suffit de bien définir les domaines d’intervention des Propos recueillis par CLARISSE JUOMPAN-YAKAM uns et des autres. ■

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* Louis-Paul Motazé a publié en 2008 un essai intitulé L’Afrique et le Défi de l’extension de la sécurité sociale, l’exemple du Cameroun, aux éditions Pyramide Papyrus Presse.

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révèle payante : les cotisations passent de 49 milliards de F CFA en 1999 à plus de 90 milliards fin 2008. L’embellie est telle que la CNPS cherche à placer le surplus collecté dans des produits financiers ou bancaires, pour anticiper l’augmentation du nombre de retraités.

Pour ce qui est du service aux usagers, des aménagements permettent aujourd’hui aux retraités camerounais de percevoir leur pension trois mois après leur départ. Il est loin le temps où il fallait patienter cinq ans ! Au Gabon voisin, cinq jours suffisent désormais pour payer les pensions sur l’ensemble du territoire, contre 45 précédemment pour la seule ville de Libreville. La Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a également mis sur pied une stratégie de recouvrement des cotisations, et la grande majorité des entreprises les acquittent. De son côté, Brazzaville travaille à

Edna Metani, 64 ans, habitante du Malawi. Comme elle, ils sont nombreux à devoir travailler au-delà de l’âge officiel de départ à la retraite.

manière plus ou moins légale dans leur activité. Surtout que, selon la Banque mondiale, 97 % des créations d’emploi ont lieu dans l’informel. Certaines de ces branches d’activité pourraient faire l’objet d’un suivi au travers d’organismes comme les chambres de commerce, d’agriculture ou d’artisanat. Grâce à cet encadrement, la prévoyance retraite pourrait être mieux structurée. À Nairobi, un régime de pen sion con sac ré au secteur informel a été lancé par la Kenya National Jua Kali Co-operative Society Limited. Basé sur les cotisations individuelles (20 shillings kényans au minimum par jour, soit environ 0,19 euro, épargnés via les services de transfert d’argent), il cible 8,5 millions de personnes dans les PME. Il est destiné à devenir le plus important du pays et à s’étendre par la suite à toute la région de l’Afrique orientale. Selon l’Autorité des prestations de retraite, seuls 15 % des 10 millions de travailleurs sont

Au Cameroun, les retraités perçoivent leur pension trois mois après leur départ. l’élaboration d’un système de retraite automatique. Dès la fin de sa carrière, sans démarches préalables, tout agent pourra bénéficier de ses droits. Impulsées depuis 2002 par la Conférence interafricaine de prévoyance sociale (Cipres), ces réformes butent néanmoins sur l’immense secteur informel. Au point que le véritable défi consiste en priorité à déterminer les moyens d’étendre cette protection aux travailleurs de ce secteur, installés de

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DES DÉLAIS RACCOURCIS

couverts actuellement par un régime de retraite. 70 % des non-inscrits appartiennent au secteur informel. De son côté, Roger Tsafack-Nanfosso propose d’autres pistes pour assujettir les travailleurs de l’informel à la législation sur les retraites, sans pour autant les pénaliser ou entraver leur activité. « Au Cameroun, par exemple, ils paient l’impôt libératoire [imposition annuelle sur le chiffre d’affaires, NDLR]. On peut imaginer qu’une part de cet impôt soit affectée à une caisse de retraite au prorata de ce que le travailleur aura versé. Parallèlement, les individus pourraient se prendre en charge au moyen d’assurances privées diverses, en incitant les entreprises de la microfinance à concevoir des produits plus attractifs. » On le constate, le chantier est vaste. Et tous les États n’affichent pas encore la volonté politique de prendre le problème à bras-le-corps. À moins que le prochain Forum mondial de la sécurité sociale, du 29 novembre au 4 décembre au Cap, en Afrique du Sud, ne réserve d’agréables surprises. ■

MICROASSURANCE : LA SOLUTION ? EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE, il existe depuis des décennies des formes diverses de microassurance dans l’informel. Elles vont des « tontines » (Afrique de l’Ouest) aux groupes « Friends in Need » (Afrique de l’Est) en passant par les sociétés funéraires en Afrique du Sud. « Au cours des dix dernières années, la microassurance est indéniablement devenue une option crédible, permettant aux populations africaines à faibles revenus de gérer leurs risques (accidents, maladies, décès, catastrophes naturelles…) en échange du paiement de primes d’assurance adaptées à leurs besoins et à leurs moyens », assure Craig

Churchill, responsable de l’unité microassurance au sein du département Finance sociale de l’Organisation internationale du travail (OIT). Et de préciser : « La microassurance ne doit pas être considérée comme un substitut d’une cotisation retraite, mais plutôt comme un complément. » Sur un « marché » d’environ 700 millions de travailleurs pauvres sur le continent, seulement 14,7 millions étaient couverts en 2009 selon l’OIT. « Pour la majorité des assureurs, le marché africain est porteur, et environ 40 % pensent que le marché va doubler au cours des cinq prochaines années », précise Craig Churchill. ■ C.J.-Y. J E U N E A F R I Q U E N ° 2 5 9 0 • D U 2 9 A O Û T A U 4 S E P T E M B R E 2 0 10

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L A S E M A I N E D ’ E C O F I N A N C E 61 MÉDITERRANÉE

COTON

Lʼenvolée de lʼor blanc avantage les Africains

JEAN CLAUDE MOSCHETTI/REA

L E S I N O N DAT I O N S Q U I O N T RAVAGÉ LE PAKISTAN, quatrième exportateur de coton, auront un impact désastreux sur la production (déjà 500 000 t de perdues) et donc sur l’offre mondiale. La tension exercée depuis un an sur les cours mondiaux de l’or blanc ne va pas s’arranger. Le prix de la livre a été multiplié par deux, à 0,91 dollar (environ 0,72 euro) sur le marché à terme de New York, contre 0,40 dollar un an et demi plus tôt. La demande toujours croissante de la Chine (pour ses exportations mais aussi pour son marché interne), conjuguée à des stocks en berne, maintient les marchés au plus haut. Cependant les cotonniers africains ne sont pas mécontents. Illustration avec les prix en Afrique de l’Ouest, sixième producteur mondial, qui Usine sino-béninoise de filature. La sont passés de 160 à 200 F CFA la Chine s’intéresse au coton du continent. tonne (de 0,24 à 0,30 euro). Autre preuve du regain d’intérêt pour la fibre blanche africaine, Copaco, filiale de trading de Geocoton, a signé un contrat de 466 millions de dollars avec la Chine pour la vente de coton sénégalais, burkinabè et malien. Une bonne nouvelle, alors que la commercialisation du continent a largement pâti depuis 2000 des subventions américaines à l’exportation (les États-Unis sont le premier producteur mondial). La prochaine campagne de récolte, en décembre, s’annonce prometteuse avec une hausse de 100 000 t (passant à 600 000 t). Les moins heureux seront peut-être les consommateurs, au bout de la chaîne : en répercussion, les prix des vêtements MICHAEL PAURON devraient augmenter de 10 %. ■

Une nouvelle banque en vue C H A R L ES M I L H AU D A R E M IS UN RAPPORT à Nicolas Sarkozy, le 25 août, portant sur la possibilité de créer une banque dédiée au financement du secteur privé au sud de la Méditerranée. L’ancien président des Caisses d’épargne, épaulé dans sa réflexion par Mohamed El Kettani, PDG d’Attijariwafa Bank (Maroc), et Khalil Ammar, PDG de la BFPME (Tunisie), préconise de créer « une institution dédiée sur la base de l’existant, à travers la filialisation des activités Femip (Méditerranée hors Turquie) de la Banque européenne d’investissement », qui en deviendrait l’actionnaire de référence (50 %).

Des prêts pour le solaire ÉNERGIE

L A BA NQU E MON DI A L E v ie nt d’accorder 4,3 milliards d’euros de prêts à cinq pays du Maghreb et du Proche-Orient (Maroc, Algérie, Tunisie, Égypte, Jordanie) pour le financement de projets solaires. L’ensemble de ces infrastructures, d’une capacité de production de 9 000 mégawatts, devrait être opérationnel en 2015. Le Maroc, pays le plus ambitieux dans ce domaine, envisage de porter à 42 % la part de l’énergie solaire dans sa production d’électricité à l’horizon 2020.

EN BREF TUNISIE LES IDE AUGMENTENT Les investissements directs étrangers ont crû de 8,1 % au premier semestre 2010 par rapport à la même période l’an passé. Notamment dans les secteurs énergétiques et manufacturiers.

MAURITANIE ARRIVÉE D’XSTRATA Le minier suisse a lancé le 24 août une OPA amicale de 300 millions d’euros sur Sphere Minerals, très présent en Mauritanie, notamment dans l’exploitation du fer de Guelb el-Aouj.

ALGÉRIE PATRIOTISME BANCAIRE L’Algérie étend aux nouveaux établissements bancaires étrangers l’obligation d’être détenus à 51 % par des capitaux algériens. L’État se réserve un droit de préemption en cas de cession.

GHANA KOSMOS EN SOLO Kosmos Energy a augmenté sa facilité de crédits de 275 millions d’euros, notamment pour développer ses parts du champ Jubilee, au large du Ghana, qu’il a renoncé à vendre à Exxon Mobil.

FRANCE AIGLE AZUR À BAGDAD La reprise par Aigle Azur des vols directs Paris-Bagdad, annoncée le 15 juin, est envisagée en octobre si la compagnie française obtient les droits de trafic des autorités irakiennes d’ici là.

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INTERVIEW

Robert Rudin

VICE-PRÉSIDENT GRANDS COMPTES DʼERICSSON EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE ET DIRECTEUR GÉNÉRAL DʼERICSSON SÉNÉGAL

« La vision dʼEricsson ne sʼarrête pas au smartphone » À L’OCCASION DES RÉSULTATS DU PREMIER SEMESTRE 2010, LE MONSIEUR AFRIQUE DU GROUPE SUÉDOIS

REVIENT SUR LA STRATÉGIE DU LEADER MONDIAL DES

ÉQUIPEMENTS RÉSEAUX, MARQUÉE PAR LE DÉVELOPPEMENT

GÉANT PARMI D’AUTRES Depuis le 1er avril, les opérations africaines constituent une entité géographique autonome au sein de l’organisation du géant suédois. Parmi ses clients : Orange, Zain, MTN, Telecel ou Maroc Télécom. Pour tirer son épingle du jeu, Ericsson devra batailler dur contre d’autres acteurs de poids comme Alcatel-Lucent, Nokia-Siemens Networks… et les chinois ZTE et Huawei.

JEUNE AFRIQUE: Comment expliquer les résultats décevants d’Ericsson au premier semestre 2010, avec une baisse du chiffre d’affaires global de 8 % par rapport à l’an dernier ? ROBERT RUDIN: Notre chiffre d’affaires [9,8 milliards d’euros au premier semestre 2010, NDLR] a été impacté par une pénurie de composants électroniques, également ressentie par d’autres compagnies du secteur comme Nokia. Les fournisseurs ont réduit leur production pour anticiper les effets de la crise. Dans le même temps, le succès mondial des smartphones, que personne n’avait réellement anticipé, a contribué à provoquer des ruptures d’approvisionnement. Si on excepte ces difficultés conjoncturelles, notre évolution est quasi nulle, ce qui n’est pas notre objectif mais s’explique par la situation de l’économie mondiale. Quelle est la situation en Afrique? En Afrique, le groupe a également souffert de cette pénurie, d’autant plus que notre activité est davantage orientée vers les produits que vers les services [consulting, gestion de réseaux, NDLR]. Par rapport au deuxième trimestre 2009, nous enregistrons un repli de notre chiffre d’affaires de 19 %, à 317 millions d’euros. Mais pour rester optimiste, il faut souligner notre excellente performance entre les premier et deuxième trimestres 2010, avec une progression de 22 % de notre activité. Sur cette période, l’Afrique est la deuxième zone la plus dynamique au monde derrière les États-Unis. Cela va-t-il durer? Difficile à dire. Concernant notre stratégie, l’objectif d’Ericsson est de poursuivre le développement des activités de services, qui représentent autour de 42 % du chiffre d’affaires mondial [contre 35 % à 40 % en Afrique, NDLR].

APA

DES SERVICES ET L’AFRICANISATION DES EFFECTIFS.

Où en est votre programme mondial de réduction des coûts? Ce programme a été engagé au premier trimestre 2009 en anticipation des effets de la crise sur nos activités et s’est achevé au deuxième trimestre 2010, avec la réalisation de notre objectif de réduire nos dépenses de 1,5 milliard d’euros. Bien évidemment, nous restons attentifs à l’optimisation de nos coûts. Ce plan n’a pas énormément impacté nos activités en Afrique. Un de nos axes de travail a consisté à bâtir une organisation locale qui limite le nombre d’expatriés dans nos principaux pays. Au Sénégal, où notre bureau est installé depuis seulement quatre ans, ils ne représentent que 10 % de nos 150 employés. Ce résultat peut servir d’objectif pour nos autres implantations. Il faut noter que le pays ne manque pas de bons profils, c’est nettement plus dur au Niger, en République centrafricaine ou en Guinée, pour lesquels nous mobilisons nos équipes sénégalaises. Après l’acquisition par l’indien Bharti des filiales africaines de Zain en juin, de nouvelles

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ECOFINANCE 63 annonces de rachat ne sont pas à exclure. Cette incertitude est-elle néfaste pour vos affaires? Effectivement, les périodes qui précèdent les consolidations ne sont pas très favorables. Pour simplifier, je pourrais dire que les opérateurs pensent plus à soigner leurs états financiers que leurs réseaux et, par conséquent, gèlent en partie leurs investissements. Comment répondez-vous aux attentes de vos clients qui veulent réduire leurs coûts en externalisant la gestion des réseaux ? L’externalisation de la gestion des réseaux est quelque chose d’assez nouveau en Afrique. Le premier gros contrat de ce type sur le continent est celui que nous avons conclu l’an dernier avec Zain au Nigeria. Auparavant, les opérateurs s’étaient concentrés sur leur croissance. L’attention portée à l’optimisation des coûts est donc assez récente. Même si tous les opérateurs se montrent désormais très intéressés, pour le moment aucune signature de contrat n’a été annoncée. Quels sont vos atouts sur ce créneau? Nous avons une vraie légitimité dans ce type d’activité. Nous gérons 400 millions de clients dans le monde, nous pouvons donc faire jouer des stratégies d’échelle. Plus encore, notre savoir-faire est reconnu. Nous sommes actuellement en discussion avec Bharti, pour lequel nous travaillons depuis plus de dix ans sur le sous-continent indien,

avec beaucoup de succès. Il y a quelques mois, nous avons renforcé ces liens en signant un contrat de 768 millions d’euros. Notre ambition est bien sûr de poursuivre cette collaboration en Afrique. Bharti pourrait-il confier ses contrats africains à plusieurs entreprises pour limiter les risques et, de fait, amener dans son sillage de nouveaux concurrents pour Ericsson? C’est une possibilité qui ne peut pas être exclue, mais nos succès en Inde nous laissent présager une décision positive pour Ericsson. Quels sont les résultats africains de votre activité téléphones à travers les produits SonyEricsson ? Notre dernier modèle, Xperia X10, devrait rencontrer un certain succès en Afrique, notamment parce qu’il fonctionne sous Android, un système d’exploitation ouvert [contrairement à Apple, NDLR]. En parallèle, le groupe, au travers de sa filiale ST-Ericsson, travaille à la création de nouvelles plateformes pour la téléphonie mobile, dont le prix sera très compétitif. Mais la vision d’Ericsson ne s’arrête pas au smartphone. À l’horizon 2020, nous visons 50 milliards de connexions à internet [contre environ 5 milliards dans le monde aujourd’hui, NDLR]. L’objectif est de connecter à internet tous les objets pour lesquels cela représentera un intérêt. ■

En quête dʼénergies alternatives FACE AUX DÉFAILLANCES DES COMPAGNIES D’ÉLECTRICITÉ, LES OPÉRATEURS FONT APPEL À DE NOUVEAUX ACTEURS

POUR ALIMENTER LEURS ANTENNES-RELAIS.

E

1989 Intègre le groupe Ericsson, en Suède. 1997 Responsable des comptes clés d’Ericsson Maroc. 2005 Vice-président et directeur des ventes d’Ericsson France. 2009 À 41 ans, promu viceprésident grands comptes en Afrique subsaharienne et directeur général d’Ericsson Sénégal.

Propos recueillis par JULIEN CLÉMENÇOT

TÉLÉCOMS

ntre 2003 et 2008, le nombre d’abonnés aux services de téléphonie mobile en Afrique est passé de 51 millions à 246 millions. Et selon les prévisions de l’Institut français des relations internationales, 20 % des futures souscriptions proviendront du Moyen-Orient et du continent, où le taux moyen de pénétration d’environ 40 % reste largement au-dessous de la moyenne mondiale, qui est de 80 %. Il ne fait donc aucun doute que la chasse aux abonnés et la course à l’implantation se poursuivront de plus belle, pour le plus

BIO EXPRESS

grand bonheur des usagers, mais aussi des professionnels de… l’énergie. Ces derniers prennent souvent le relais des compagnies d’électricité nationales, incapables de fournir du courant de façon continue partout. Ainsi, Zain, Orange ou encore MTN utilisent désormais dans plusieurs pays des systèmes d’alimentation hybrides comprenant des groupes électrogènes et des batteries rechargées par ces groupes. « Cela permet une économie mensuelle de 2 000 dollars [environ 1 575 euros, NDLR] par station-relais. Ce qui représente 2 millions de dol-

lars par mois pour un opérateur qui a 1 000 stations », indique un professionnel du secteur. Les défaillances des compagnies d’électricité africaines offrent pour certains de belles perspectives. « En quelques années, les besoins en déploiement des opérateurs ont nettement progressé. Et la part du marché télécoms dans notre activité, grâce à nos batteries stationnaires, aussi. Il représente plus de 50 % de notre chiffre d’affaires », indiquait, mi-juin à Dakar en marge du Weca (West and Central Africa Conference), Georges Mercier, directeur commercial d’Enersys (fabrication de batteries et de chargeurs). Autre source d’intérêt pour les opérateurs : l’énergie photovoltaïque. « Le solaire est fiable et économique, mais le matériel est fortement taxé : 50 % à l’entrée au port dans certains pays, c’est beaucoup trop », déplore Raymond Poeri, directeur administratif et financier de Solarcom, qui propose surtout, pour l’instant, des énergies de secours, et dont le principal client est Sonatel Orange, au Sénégal. ■ CÉCILE SOW, à Dakar

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DJIBRIL SY/PANAPRESS

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Atelier de ferronnerie dans le quartier de Grand-Yoff, à Dakar, en 2005. Dans les secteurs du BTP, de l’agroalimentaire ou de l’hôtellerie, le pays manque de main-d’œuvre qualifiée.

ENSEIGNEMENT

Deux projets français sʼaffrontent au Sénégal LE PAYS ACCUEILLERA EN 2011 DES NOUVEAUX CENTRES DE FORMATION PROFESSIONNELLE PORTÉS PAR DEUX ORGANISMES HEXAGONAUX, LA FONDATION CONCORDE ET L’AFD. DES INITIATIVES QUI CIBLENT LE MÊME PUBLIC, MAIS MENÉES SANS AUCUNE CONCERTATION.

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eux organismes français portant chacun un projet d’envergure au Sénégal dans la formation professionnelle. Cela pourrait être réjouissant pour un pays qui manque cruellement de maind’œuvre qualifiée. Sauf que. Derrière la communication policée, les protagonistes se regardent en chiens de faïence, et cachent difficilement leur opposition frontale. D’un côté, lancé en 2005, le projet de trois centres de formation financés par l’Agence française de développement (AFD) et soutenus par les filières professionnelles locales. De l’autre, l’Univer-

sité des métiers, promue depuis 2008 par l’aile humanitaire de la Fondation Concorde (voir encadré), financée à 40 % par le ministère de l’Immigration français et adossée à des investisseurs privés français, comme Bolloré et Alcatel. Une cible commune: les milliers de jeunes à former aux métiers porteurs du BTP, de l’agroalimentaire, des télécommunications, du transport ou de l’hôtellerie. « En Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, la formation professionnelle fait défaut », déplore Jean-Michel Douieb, responsable de cette zone chez Alcatel-Lucent. « Nous sommes entrés

en contact avec la Fondation Concorde au premier semestre 2009 pour ce projet », poursuit-il. Concrètement, le groupe franco-américain, via son université et sa filiale sénégalaise, aide à la constitution d’une filière télécoms au sein de l’Université des métiers: cahier des charges, formation des professeurs, mobilisation du secteur, mais aussi, à terme, aide à l’embauche. « Dans le cadre de ce projet, la Fondation Concorde soumettra aussi très prochainement un dossier sur la formation des jeunes filles à la Fondation Alcatel-Lucent », conclut Jean-Michel Douieb.

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ECOFINANCE 65 « Sur trois ans, nous allons mobiliser 5 millions d’euros », détaille Michel Rousseau, le président de la Fondation Concorde. « Nous avons signé en 2008 une convention avec le ministère de l’Immigration qui avait mis en place un volet de développement solidaire, raconte-t-il. Une très bonne initiative de Brice Hortefeux [alors à la tête du ministère, NDLR]. » Les partenaires privés apporteront le reste. « Nous espérons intéresser d’autres bailleurs, notamment dans les domaines de l’eau et de l’énergie, comme Suez, Veolia ou encore EDF. Nous souhaitons que l’Université des métiers soit la vitrine du savoir-faire français. » Les enseignants seront séné-

an, mais aussi des stagiaires professionnels en sessions de formation continue. « Nous subventionnerons par ailleurs les charges de fonctionnement [dont les salaires, NDLR] les six premiers mois », précise Sylvain Clément. Même calendrier, mêmes objectifs… mais aucune concertation. Les deux projets cumuleront plus de 15 millions d’euros d’investissements, et bien que chaucun se défende de se faire de l’ombre, les questionner l’un sur l’autre les fait ciller. « Ce ne sont pas du tout les mêmes initiatives », prône de son côté, un brin agacé, Michel Rousseau, qui met en avant la vocation régionale de l’Université. Ami de grands patrons français – dont Vincent Bolloré –, cet homme de réseaux aura bataillé ferme pour obtenir le sésame de l’ambassade française, alors que le soutien d’Abdoulaye Wade était tout acquis : le président sénégalais ne l’appelle-t-il pas « mon ami » pour le présenter? Et « Gorgui » (« le vieux », en wolof) n’a-t-il pas fourni la concession d’un terrain dans sa région natale… et « proposé » le titre d’« Université des métiers »? Le soutien nécessaire de l’ancien ambassadeur français Jean-Christophe Rufin était moins évident, lui qui a dénoncé la persistance des réseaux de la Françafrique – que n’affectionne pas, non plus, l’ancien président de l’AFD, Jean-Michel Severino. Jean-Christophe Rufin entretenait, en outre, des relations difficiles avec le président Wade… Ce n’est qu’en avril, deux mois avant son départ, que l’ambassadeur consentira finalement à soutenir Concorde. « Il était temps qu’il parte. Il a fait beaucoup de mal aux intérêts de la France au Séné-

C’est Abdoulaye Wade luimême qui a proposé le nom « Université des métiers ». galais, et le centre ambitionne de former chaque année 500 élèves à travers des contrats d’apprentissage. L’université, située près de Saint-Louis (nord du pays) et qui devrait ouvrir en 2011, a pour vocation de trouver l’équilibre d’ici à deux ou trois ans, les charges de fonctionnement annuelles étant estimées entre 500000 et 1 million d’euros. SOUTIEN TARDIF DE L’AMBASSADE

Du côté de l’AFD, voir émerger un projet concurrent bouclé en deux fois moins de temps fait un peu grincer des dents. L’agence met en avant la « nationalité sénégalaise » des centres en projet, ainsi que l’appui des fédérations professionnelles de chaque branche locale, initiatrices de l’opération. « D’autres secteurs se sont d’ailleurs déclarés intéressés », assure Sylvain Clément, responsable de projet à la division éducation et formation professionnelle de l’AFD. 10 millions d’euros seront mobilisés pour donner naissance à un Centre des industries agroalimentaires, un Centre de formation spécialisé pour les métiers du BTP et un Centre des métiers portuaires, qui devraient ouvrir leurs portes en 2011. Deux entités seront basées à Dakar (au lycée Maurice-Delafosse et au Centre de qualification professionnelle, près du Port autonome de Dakar) et la troisième à Diamniadio, à une trentaine de kilomètres de la capitale. Les trois centres de formation accueilleront respectivement 160, 320 et 180 élèves par

gal. Il a installé une véritable mafia ! » accuse le président de Concorde. À l’AFD, on indique ne pas soutenir le projet concurrent, évoqué avec une certaine mesure : « Je n’ai pas de réserve particulière, mais je n’ai pas non plus un optimisme fou, affirme Sylvain Clément. Si Concorde avait sollicité des banques locales, peut-être aurions-nous regardé de plus près. » SCEPTICISME

Chez les professionnels, des questions se posent aussi. Et les remarques fusent. « Il est étonnant d’implanter un centre de formation loin de Dakar alors que les besoins sont essentiellement dans la capitale », s’interroge Vincent Dujardin, directeur général de l’hôtel Teranga, propriété du groupe français Accor. Viceprésident du syndicat patronal des hôteliers, il soutient ainsi le projet de l’AFD, malgré les approches de Concorde. Pour Jean-Michel Douieb, « la situation géographique est plutôt un atout, car il y a une réelle volonté politique de développer Saint-Louis et sa région ». Autre argument mis en avant par des proches du projet Concorde, les délais de réalisation. Il aura fallu cinq ans pour voir naître les centres de l’AFD, et seulement deux ans pour l’Université des métiers. « Les bailleurs tels que l’AFD ont des procédures fastidieuses et rigides, il n’est pas évident de mettre en œuvre les choses au bon moment », explique ainsi une partie prenante à l’opération de Saint-Louis. Et de conclure: « Avec la fondation, et grâce au fait que des partenaires privés sont associés, c’est plus souple et plus flexible. » Les plus sceptiques diront probablement qu’il ne faut pas confondre vitesse et précipitation. ■ MICHAEL PAURON

CONCORDE : UNE FONDATION PROCHE DE LA DROITE FONDÉE EN 1997 « AU LENDEMAIN DES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES », la Fondation Concorde, créée et présidée par Michel Rousseau, homme de réseaux, professeur à l’Université Paris-Dauphine et élu local, se présente comme « un think-tank proche de la majorité gouvernementale actuelle ». Parmi les personnalités « ayant participé aux activités », des hommes politiques français – Jean-François Copé, l’ancien ministre Philippe Douste-Blazy, le Premier ministre actuel François Fillon, etc. –, mais aussi les économistes Philippe Chalmin, Élie Cohen… L’organisme est à l’image de son président : libéral, chrétien et proche des milieux politico-économiques. C’est au travers de son aile humanitaire, Concorde développement solidaire, que la fondation basée dans le quartier chic du 8e arrondissement de Paris (rue de Téhéran) a lancé l’initiative de l’Université des métiers. ■ M.P.

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programme d’investissement annoncé (100 millions d’euros en cinq ans) pour combattre l’exiguïté du port, l’occupation quasi continue d’une partie des quais de déchargement par des navires en panne, ainsi que la vétusté et l’inadaptation des équipements de manutention, qui allongent les délais de transbordement.

En août, le temps moyen d’attente des porte-conteneurs a atteint 25 jours.

MARITIME

Le port dʼAlger en rade DÉLAIS DE DÉCHARGEMENT À RALLONGE, VÉTUSTÉ DES INFRASTRUCTURES, CONFLIT SOCIAL… L’ACTIVITÉ CONTENEURS ACCUSE LE COUP, TANDIS QUE LES ARMATEURS S’ALARMENT.

L

a cote d’alerte est dépassée. « Je vous informe de la situation critique des opérations sur le terminal à conteneurs d’Alger. Depuis trois semaines maintenant, tous les porte-conteneurs font face à une congestion énorme et historique. Cette congestion est principalement due à l’instabilité sociale et à la période de vacances… Nous ne voyons, à ce jour, aucun signe d’amélioration. » C’est par ces mots chargés d’inquiétude que Philippe Borel, vice-président de CMA CGM, s’est adressé à ses clients dans un courrier daté du 19 août que Jeune Afrique s’est procuré. De 12 jours en mars, le temps d’attente des porte-conteneurs pour voir leur cargaison débarquée était pourtant tombé à 9,8 jours en avril et à 8,4 jours en mai. Contre un délai moyen de 1 à 2 jours ailleurs sur la planète. Mais au lieu de continuer à combler l’écart avec les ports concurrents, Alger a connu une véritable dérive au cours des deux derniers mois. En juillet, le temps d’attente des porte-conteneurs s’est élevé à 16,9 jours en moyenne, et il aura atteint 25 jours en août. Un navire a même connu une escale record de 37 jours! L’incapacité du port d’Alger à tenir les délais n’est pas nouvelle. Selon des données officielles, 70 navires attendaient

en moyenne chaque jour pour s’arrimer à un quai en 2009, ce qui a coûté à l’État 700 millions de dollars (490 millions d’euros à l’époque) de dédommagements. À croire que l’effet Dubai Port World n’a pas eu lieu. Depuis mars 2009, l’opérateur émirati gère en effet l’activité conteneurs du port à travers un jointventure, DP World El-Djazaïr, conclu avec l’Entreprise portuaire d’Alger. Mais le troisième opérateur portuaire mondial n’est pas seul responsable. L’instauration, en 2009, du crédit documentaire dans les opérations de commerce extérieur a introduit « une dose de bureaucratie surnaturelle », juge un chef d’entreprise algérien. En revanche, DP World El-Djazaïr pourrait accélérer son

SAMIR SID

MENACE DE GRÈVE

Mais l’inconnue majeure réside dans l’issue du bras de fer qui oppose, depuis juillet, les 750 salariés de DP World El-Djazaïr à la direction, intraitable. Ayant levé le pied dans les cadences de transbordement et menaçant d’un long mouvement de grève, ils réclament une hausse des salaires de 11 % à 24 %, en application de la convention de branche, et de passer de 48 à 40 heures de travail hebdomadaire, en conformité avec la législation du pays. Une cellule de crise a été installée, et le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, suit de près l’évolution du conflit. Dans ce contexte, le port d’Alger, qui tourne autour de 600 000 conteneurs par an, est encore loin de l’objectif des 2 millions qu’ambitionne l’opérateur émirati. Surtout que le port est l’un des plus chers de Méditerranée. Il vaut mieux envoyer un conteneur d’Europe vers l’Asie ou les États-Unis (500 dollars) qu’en Algérie (3 000 dollars). Et même si le conflit à Alger trouvait une solution, le problème du pays resterait entier. L’Algérie compte une dizaine de ports commerciaux, mais même les plus actifs (Béjaïa, Djen-Djen, Oran, Mostaganem…) ne sont pas aux standards internationaux. Les industriels, le patron de Cevital, Issad Rebrab, en tête, réclament la construction de trois ports en eaux profondes. Ce que n’envisage pas le nouveau plan (2010-2014) du gouvernement… ■ JEAN-MICHEL MEYER

DP WORLD À VENDRE ? POUR FAIRE FACE À SES DETTES, Dubai World a annoncé céder pour 15,3 milliards d’euros d’actifs dans les cinq à huit ans. Acculé par ses créanciers, le fonds souverain de Dubaï se séparera de l’un de ses joyaux, DP World, qu’il détient à 77 %. Le fonds se déleste aussi de sa fameuse zone franche émiratie de Jebel Ali. Présent aussi au Sénégal et à Djibouti, DP World, troisième opérateur portuaire mondial, a prévu un chiffre d’affaires de 3,1 milliards de dollars (environ 2,4 milliards d’euros) en 2010 et un résultat avant impôts, dépréciation et amortissement de 1,1 milliard de dollars. Si la vente d’actifs par Dubai World était attendue, la cession de DP World, qualifié « d’actif stratégique », est plutôt une surprise. ■ J.-M.M. J E U N E A F R I Q U E N ° 2 5 9 0 • D U 2 9 A O Û T A U 4 S E P T E M B R E 2 0 10

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Groupe de la Banque Africaine de Développement

Département des services généraux et des achats - Division des achats institutionnels Fax: + (216) 71 83 52 49

AVIS DE PRESELECTION PRESTATIONS DE SERVICE POUR L’EXECUTION DE DIVERS TRAVAUX D’IMPRESSION, DE PRODUCTION D’ARTICLES PROMOTIONNELS PERSONNALISES ET DE STRUCTURES D’EXHIBITION 1. La Banque africaine de développement (la “BAD” ou la “Banque”), publie le présent Avis à l’intention des Candidats qui souhaitent soumettre une offre pour le ou les marchés des prestations de services de travaux d’impression des supports d’information et de communication et de production de divers articles promotionnels repartis en quatre lots : LOT 1 : IMPRESSION DE SUPPORTS D’INFORMATION ET DE COMMUNICATION - ADB/ICBP/CGSP/2010/0097 LOT 2 : PRODUCTION D’ARTICLES PROMOTIONNELS PERSONNALISES - ADB/ICBP/CGSP/2010/0098 LOT 3 : PRODUCTION DE STRUCTURES D’EXHIBITION (AUTOPORTANTES) - ADB/ICBP/CGSP/2010/0099 LOT 4 : IMPRESSION DE CARTES DE VISITE, CARTES DE COMPLIMENTS, CARTES D’INVITATION ET DIVERS IMPRIMES - ADB/ICBP/CGSP/2010/0100 2. La Banque attribuera des contrats cadre non-exclusifs d’une durée initiale d’une année renouvelable trois fois pour les lots 1, 2 et 3. Un contrat-cadre unique d’une année renouvelable trois fois sera signé pour le lot 4. 3. Sont éligibles, les entreprises ou groupements d’entreprises constituées conformément à la législation d’un pays membre de la Banque, dont la majorité du capital social est détenue par des ressortissants des pays membres de la Banque et ayant leur principal centre d’activités dans l’un de ces pays dont la liste est fournie en Annexe au Dossier de présélection. 4. Les entreprises ou groupements d’entreprises éligibles peuvent soumissionner à un ou plusieurs lots. 5. L’étendue des prestations ainsi que les fiches de candidatures sont décrites dans le Dossier de présélection téléchargeable à partir du lien suivant : http://www.afdb.org/en/about-us/corporate-procurement/business-opportunities. Le dossier de présélection peut également être obtenu en adressant un courrier électronique à tender@afdb.org. Les candidats intéressés sont priés de s’inscrire à tender@afdb.org. 6. Les critères de sélection sont comme suit: a) Avoir l’expérience dans la fourniture de biens et services connexes en général, pour chaque lot, à titre d’entrepreneur, de sous-traitant ou d’administrateur de marchés pendant au moins les TROIS (03) dernières années qui précèdent la date limite de dépôt des dossiers. b) Avoir un chiffre d’affaires annuel moyen minimum au cours des années 2009, 2008, et 2007 ou des TROIS (03) derniers exercices clos (confirmés par des états financiers certifiés) de : LOT 1 (US$ 500 000 ou équivalent) - LOT 2 (US$ 200 000 ou équivalent) - LOT 3 (US$ 50 000 ou équivalent) - LOT 4 (US$ 50 000 ou équivalent) c) Avoir l’expérience en matière de fourniture de biens et services similaires, soit à titre d’entrepreneur, d’administrateur de marchés ou de sous-traitant avec des organisations nationales ou internationales de référence. Les travaux exécutés devront avoir une valeur annuelle minimale : LOT 1 (US$ 125 000 ou équivalent) - LOT 2 (US$ 50 000 ou équivalent) - LOT 3 (US$ 12 500 ou équivalent) - LOT 4 (US$ 25 000 ou équivalent) d) Avoir une position financière solide et une rentabilité prévue à long terme, ainsi qu’une capacité à avoir un fonds de roulement équivalant à : LOT 1 (US$ 100 000 ou équivalent) - LOT 2 (US$ 40 000 ou équivalent) - LOT 3 (US$ 10 000 ou équivalent) - LOT 4 (US$ 10 000 ou équivalent) e) Avoir fourni la liste et les qualifications du personnel clé ainsi que la liste exhaustive des équipements disponibles. 7. La Banque se réserve le droit de vérifier toute information fournie par les candidats. 8. Tous les dossiers de Candidature doivent être déposés en quatre exemplaires (1 original + 4 copies) en mains propres ou par courrier à l'adresse cidessous, au plus tard le jeudi 7 octobre 2010 à 15h00, heure locale de Tunis, indiquant la référence et le lot en caractères gras, de façon bien lisible et bien en vue. Les Candidatures reçues après le délai fixé seront purement et simplement rejetées: Division des achats institutionnels (CGSP.2) Banque africaine de développement - Bureau 2A2 – Immeuble EPI-B, 2ème étage Angle des trois rues : Avenue du Ghana, Rue Pierre de Coubertin, Rue Hédi Nouira B.P. 323 - 1002 Tunis-Belvédère - Tunisie - Courriel : tender@afdb.org 9. Tous les Candidats seront informés de la suite donnée à leur dossier par la Banque. Les dossiers d’appel d’offres seront adressés aux seuls candidats éligibles répondant aux critères de qualification figurant sur la liste restreinte constituée pour chaque lot à l’issue de l’examen des dossiers de candidature.


Indépendances

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COMMÉMORATIONS À Cʼétait pour beaucoup de pays le passage obligé de cette année 2010 : célébrer le cinquantenaire de lʼindépendance. Mais comment, et avec quels moyens, quels partenaires ? De manière modeste ou fastueuse ? Tour dʼhorizon des solutions retenues.

PASCAL AIRAULT

Q

ue faire en cette année de cinquantenaire ? La réponse à cette question a suscité des débats animés entre les chefs d’État et leurs états-majors dans les dix-sept pays africains qui fêtent cette année leur demi-siècle d’indépendance. Afin de commémorer l’événement, les dirigeants ont opté pour différentes options allant de la célébration artistique fastueuse au geste symbolique. Les

boîtes de communication, les groupes spécialisés dans l’événementiel et les fabricants d’images ont cherché à se positionner sur ce juteux marché. « Nous avons travaillé avec les comités nationaux chargés de la préparation des cinquantenaires, explique Emmanuel David, directeur de l’entreprise française Market Place, une filiale de GL Events. L’objectif était de coopérer avec les sociétés et les artistes locaux pour monter nos spectacles. » Ce professionnel de la com’ a tenté une première approche auprès des officiels africains

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69 l’indépendance. Le spectacle a mobilisé 170 artistes locaux, comédiens, musiciens, chanteurs, et 350 figurants. Près de 150 techniciens français et gabonais ont manœuvré 45 tonnes de matériel transporté depuis la France. Le coût de la prestation, que n’a pas voulu confirmer le responsable de Market Place, s’élèverait à près de 3 millions d’euros. Deux jours plus tôt, à Brazzaville, le stade Alphonse-Massamba-Débat a accueilli un autre spectacle qui a rassemblé plus de 15 000 spectateurs. Le metteur en scène, Feu d’artifice Daniel Charpentier, a fait à Libreville (Gabon), défiler un millier d’artistes le 16 août. et de figurants pour raconter « le territoire, l’histoire et le peuple du Congo » sur fond d’images documentaires. L’événement a été relayé sur écrans géants dans la capitale et diffusé à la télévision. « Nous sommes en négociation avec les autorités maliennes pour la préparation d’un autre grand show sur le fleuve Niger, lequel pourrait se tenir avant la fin de l’année », indique Emmanuel David.

BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

GOUROUS DE LA COM’

S À TOUS PRIX au cours des 6es Jeux de la francophonie, qui se sont déroulés à Beyrouth en 2009, dont il organisait la cérémonie d’ouverture. Il s’est ensuite déplacé au Congo-Brazzaville et au Gabon, en février dernier, en compagnie d’Olivier Roux, le vice-président de GL Events (près de 600 millions d’euros de chiffre d’affaires) et d’un lobbyiste politique bien connu en Afrique, l’ancien ministre français de la Défense, Charles Millon. Le trio a d’abord convaincu le chef de l’État congolais, Denis Sassou Nguesso, et Charles Zacharie Bowao, ministre de

la Défense et vice-président du comité du cinquantenaire, de leur confier l’organisation d’un grand spectacle. Avant d’emporter l’agrément du président du Gabon, Ali Bongo Ondimba. Dans la capitale gabonaise, le show son et lumière de cinquante minutes s’est déroulé le 16 août en face du Palais du Bord de mer. À travers différents tableaux mis en scène par Philippe Cieutat, le public a vu défiler une grande fresque historique : Gabon primitif des Pygmées, ouvrages des temps modernes, découverte de Libreville par les colons, marche vers

Autre grand gourou de la com’ à avoir tiré son épingle du jeu pour les cérémonies du cinquantenaire: Stéphane Fouks. Le patron du groupe français Euro RSCG a vendu au président camerounais, Paul Biya, auprès duquel il agit parfois comme conseiller, une réflexion prospective sur les nouveaux défis de l’Afrique… « Au lieu de nous replonger dans un passé qui indispose souvent Français et Africains, nous avons préféré nous projeter sur les enjeux de développement économiques et sociaux du continent », explique Marcel Gross, directeur associé d’Euro RSCG. Le colloque Africa 21 s’est déroulé les 18 et 19 mai à Yaoundé avec comme guest stars les présidents Ali Bongo Ondimba (Gabon), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Fradique de Menezes (São Tomé e Príncipe), les anciens secrétaires généraux des Nations unies Boutros BoutrosGhali et Kofi Annan, les ex-Premiers ministres français Michel Rocard et Alain Juppé, ou encore le conseiller à la sécurité de Nicolas Sarkozy, le très maçonnique Alain Bauer. Ce sont les équipes du centre américain de recherche Brookings Institution, de CAPafrique, think-tank présidé par le banquier d’origine béninoise Lionel Zinsou, ainsi que de son équivalent allemand, Deutsche Gesellschaft für Auswärtige Politik, qui se sont chargés de contacter certai-

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MADE IN CHINA

Enfin, Fouks a vendu une opération de célébration du premier anniversaire de la disparition d’Omar Bongo Ondimba, le 8 juin dernier. À cette occasion, Libreville arborait des photos-souvenirs et de nombreux panneaux publicitaires proclamaient: « 365 jours, papa, tu es dans nos cœurs toujours et à jamais. » Euro RSCG a, en outre, proposé ses services en Côte d’Ivoire, mais la présidence du comité d’organisation, confiée à l’ambassadeur du pays en France, Pierre Kipré,

Célébrations à Brazzaville (Congo), le 14 août.

a revu ses ambitions à la baisse, faute de moyens. En début d’année, les autorités tablaient sur un budget prévisionnel de 20 milliards de F CFA (30 millions d’euros), dont 4 milliards provenant de l’État et les 16 autres de « généreux sponsors ». Mais la plupart des entrepreneurs privés ont refusé de mettre la main à la poche, invoquant les retards dans le paiement de la dette intérieure ou les problèmes de délestage électrique. Pierre Kipré et son épouse, Angélique, ont alors mobilisé les bonnes volontés

provoquer la colère des patrons africains. En RD Congo, le dirigeant de la Société textile de Kisangani (Sotexki), Jean Léonard Ridja, s’est scandalisé de la commande de 800 000 pagnes en Asie par le Commissariat général du cinquantenaire (CGC) alors que son entreprise n’a pas été retenue.

pour organiser un défilé de mode à l’hôtel Masseran, le 7 juin à Paris, au cours duquel sept créateurs ont présenté leurs collections. « Notre pays traverse une période difficile, explique Pathé’O, le styliste des chefs d’État. Nous nous sommes déplacés gratuitement pour marquer cet anniversaire. » Les autorités ont aussi monté un colloque international à Yamoussoukro et une fresque chorégraphique au stade HouphouëtBoigny d’Abidjan, sous la direction de l’Ivoirien Georges Momboye. Leur réalisation a été confiée à des entreprises locales, notamment à Axes Marketing pour la communication. Au Bénin, le marché de l’affichage du cinquantenaire et des documents publicitaires est revenu à AG Partners Bénin. Cette filiale de l’agence parisienne est dirigée par le conseiller en communication du chef de l’État, Didier Aplogan. Les photos des présidents du pays ont été placardées le long des artères des grandes villes durant les célébrations.

Autre filiale d’un grand groupe mondial, Spirit McCann Erickson Mali, a pour sa part obtenu la réalisation de plusieurs supports du cinquantenaire (livre d’or, agenda…). Les entreprises chinoises ont bien entendu surfé sur la vague des commémorations en jouant de leur avantage comparatif : fabrication de pagnes, de bustes des pères de l’indépendance et de leurs successeurs, confection de pin’s, tee-shirts et autres cadeauxsouvenirs. Ce qui n’a pas manqué de

Crise alimentaire oblige, Niamey a préféré les gestes symboliques.

GUY-GERVAIS KITINA/AFP

nes têtes d’affiche et de produire les études techniques. Euro RSCG a aussi orchestré la réalisation d’un livre d’entretiens, L’Émergence de l’Afrique (éd. Le Cherche Midi), croisant les regards de Paul Biya, d’Abdoulaye Bio-Tchané, président de la Banque ouest-africaine de développement, et de Youssou N’Dour, musicien sénégalais, qui répondent aux questions des journalistes Christian Malard et Florence Klein-Bourdon, sur des thèmes aussi vastes que l’économie, la pauvreté ou la culture.

Au Sénégal, le f inancement du monument de la Renaissance africaine a également fait couler beaucoup d’encre. Confiée à l’architecte Pierre Goudiaby, sa construction a été financée par la vente de terres autour de l’aéroport international de Dakar. L’ouvrage, représentant un couple portant un enfant et haut de 50 m, a été construit par la société nord-coréenne Mansudae Overseas Project Group. « Cette statue n’a pas coûté un franc au budget du Sénégal : j’ai payé en donnant un terrain, s’est défendu le président Abdoulaye Wade. Sinon, même si j’ai la majorité à l’Assemblée, les députés n’auraient pas accepté de voter 12 milliards de F CFA. C’est une construction de l’esprit, une ingénierie financière qui nous permet de construire cette statue. Rien n’est assez grand pour l’Afrique ! » Le Niger, le Tchad et la Centrafrique ne risquent pas de connaître ce genre de polémique. À Niamey, alors que le pays traverse une grave crise alimentaire, les autorités de transition ont préféré les gestes symboliques. Le président du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD), le général Salou Djibo, a présidé, le 3 août, une « fête de l’arbre » dans le cadre des efforts de réhabilitation de la ceinture verte de la capitale. À N’Djamena, le président Idriss Déby Itno a reporté la célébration du cinquantenaire, le 11 août, au 11 janvier 2011. Justification: la saison des pluies et la période du ramadan sont peu propices aux festivités commémoratives. À Bangui, le président Bozizé a enfin décidé de coupler la fête du cinquantenaire, prévue le 13 août, avec la proclamation de la République centrafricaine, ancienne Oubangui-Chari, le 1er décembre 2010. Raison invoquée : les économies budgétaires. ■

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LIRE, ÉCOUTER, VOIR 71 politique », confie-t-il. Politiquement proche de Martine Aubry (Parti socialiste), cet habile diplomate se réjouit tout de même d’avoir été nommé sur décision de Jean-Luc Hees, qui, lui, doit directement son poste au locataire de l’Élysée. « Hees a choisi tout seul, il n’a pas demandé en haut lieu

« Je veux faire parler l’Afrique plutôt que parler de l’Afrique. »

Médias De Culturesfrance à France Culture(s)

Ancien ambassadeur chargé des relations culturelles extérieures de la France, Olivier Poivre dʼArvor prendra, le 6 septembre, les rênes de la prestigieuse radio.

I

l y a quelques semaines, Olivier Poivre d’Arvor (OPDA) ne savait pa s à que l le sauce i l se r a it mangé. Fraîchement débarqué de Culturesfrance, l’opérateur chargé de promouvoir la culture française à l’étranger, il escomptait un poste d’ambassadeur et caressait vaguement l’idée de s’engager en politique. Et puis il a reçu un coup de fil du président de Radio France, JeanLuc Hees. La place de directeur de France Culture venait de se libérer – Bruno Patino rejoignant l’équipe de Rémy Pflimlin à la tête de France

Télévisions – Poivre d’Arvor était-il preneur ? « J’écoute France Culture depuis l’époque où j’étais étudiant en philosophie. Je connais très bien cette radio, même dans ses évolutions. J’ai accepté tout de suite. » LIBERTÉ DE PAROLE

Le 6 septembre prochain, détaché du Quai d’Orsay, l’ancien ambassadeur deviendra journaliste. Enfin, disons plutôt : patron de presse. « Ce n’est pas parce que je retrouve une certaine liberté de parole que je vais faire de France Culture une radio

VINCENT FOURNIER/J.A.

« À l’antenne, il doit y avoir du débat. Si la parole n’est pas libre, autant arrêter ! » si j’étais le bon choix », affirme OPDA avant d’ajouter : « Le politique n’est pas l’objet de France Culture, mais, au sein d’une radio comme celle-là, il doit y avoir du débat. Si la parole n’est pas libre, autant arrêter ! » Ces jours-ci, il achève la passation de pouvoir qui permettra à Xavier Darcos, l’ancien ministre du Travail, de prendre les rênes de l’Institut français, le nouvel organisme chargé des relations culturelles extérieures de la France. Demain, OPDA redessinera à sa manière la grille de programmes de France Culture. « La culture, ça se travaille dans la durée, dit-il. Une grille ne se transforme pas du jour au lendemain. J’ai besoin de temps pour rêver mes propres projets jusqu’à la rentrée prochaine. » S’il insiste sur la « modestie » qui doit le guider pour diriger la radio, il a d’ores et déjà quelques idées bien arrêtées. Jolie trouvaille pour exprimer son ambition : il propose d’ajouter un s à France Culture… « Il n’y a plus une seule culture, il y a des cultures – urbaines, de banlieue, du monde – qui ne sont pas codées comme la nôtre. Ce sont ces cultures que je veux faire entendre, et cela ne peut pas être fait seulement par des chroniqueurs. » À ce titre, l’Afrique, à laquelle il est sincèrement attaché, devrait être un peu plus souvent invitée à l’antenne. « Il y a dans notre relation avec les cultures francophones quelque chose de particulier, et les Africains ne sont pas condamnés à écouter seulement RFI – que j’adore par ailleurs. Je veux faire parler l’Afrique plutôt que parler de l’Afrique », soutient-il. ■ NICOLAS MICHEL

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Musique Beethoven au Congo Fondé il y a seize ans par le petit-fils du prédicateur Simon Kimbangu, lʼOrchestre symphonique kimbanguiste est le seul dans son genre au sud du Sahara. Rencontre avec de fervents musiciens.

Q

ua nd i ls ent rent da ns le vaste salon aux rideaux tirés, les visiteurs se prosternent devant Armand Diangienda Wabasolele. Lui n’y prête pas attention. Il se concentre sur son récit, cherche le mot juste et, comme pour mieux le convaincre, accroche ses grands yeux noirs à ceux de son interlocuteur. La lumière peut s’éteindre avec une panne de courant, il poursuivra dans l’obscurité. « Armand », 46 ans, un visage amène et des manières délicates, est inspiré. Au début des années 1990, il était pilote de ligne, à Transport aérien zaïrois (TAZ) et à Scibe Zaïre. Mais un jour, son Fokker 27 s’est écrasé sur une colline à Goma, dans le nord-est de la RD Congo, son pays. Depuis, il est à la tête d’un autre type d’équipage : 200 musiciens et choristes, qui forment

la cour et, dans un préau attenant à son imposante maison de Ngiri-Ngiri, une commune populaire de Kinshasa, dirige les répétitions. Nous sommes un mardi, l’orchestre est réuni. Hommes d’un côté et femmes de l’autre, les chœurs se tiennent debout, au fond. Au premier rang, sur des chaises en plastique, pieds nus, deux violoncellistes s’épongent le front avec un mouchoir. Il fait 35 °C. Économies obligent, la « salle » n’est pas climatisée. Armand fait son entrée, on se lève pour le saluer. Face à l’assistance, il cherche son équilibre et finit par ancrer ses deux pieds au sol de bitume. La musique peut commencer. Baguette en main, Armand déploie des gestes précis et maîtrisés. L’orchestre suit. Sous le toit de tôle ondulée, les sursauts et les périodes de la Neuvième symphonie de Beethoven triomphent alors des bourdonnements du groupe électrogène. Pause: « Il faut vous mettre en condition comme si vous faisiez partie de la musique! » exige Armand avant de taper dans ses mains pour obtenir le silence. Les visages deviennent graves, les regards se tournent vers les partitions posées sur les boîtes des instruments. Ce soir, le maestro offre à ses visiteurs un échantillon des morceaux les mieux maîtrisés: Symphonie du nouveau

La Neuvième symphonie triomphe des bourdonnements du groupe électrogène. l’Orchestre symphonique kimbanguiste (OSK), unique orchestre symphonique en Afrique subsaharienne. Date du premier concert : 3 décembre 1994. Seize ans plus tard, l’OSK et Armand sont toujours là. Plusieurs soirs par semaine, celui-ci attrape la petite baguette qui attend sur la table basse, traverse

monde de Dvorak, Xerxès de Haendel, puis Carmina burana de Carl Orff. Au fond, coiffe bleue et tee-shirt blanc, une soprano gardera la main sur le ventre et les yeux fermés durant toute la répétition. Un souffle gracieux dans la nuit empesée de chaleur et d’humidité. Comme Marie-France, clarinettiste, Bibiche, une autre soprano, Edgar, contrebassiste, ou Jerry, violoniste, elle fera certainement plusieurs kilomètres à pied pour rentrer chez elle ce soir. Mais pour l’instant, elle est là, imperturbable. L’inspiration des membres de l’OSK? « Répandre dans le monde entier la bonne nouvelle », dira Edgar après la répétition. Au pays de la rumba, son dévouement pour les œuvres classiques européennes vient de la religion. « L’INSTRUCTION » DU PROPHÈTE

Bénévoles, tous les membres de l’OSK appartiennent à l’Église kimbanguiste. Fondée par Simon Kimbangu, prophète et guérisseur nationaliste mort en 1951, l’Église revendique 10 millions de fidèles en RD Congo (sur 65 millions d’habitants). Inspirée de la Bible, elle prône

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LIRE, ÉCOUTER, VOIR 73 Albert, responsable des instruments, formateur des musiciens et « baobab de l’orchestre », s’est débrouillé pour fabriquer trois contrebasses. Mais l’humidité abîmant les instruments, « il faut les essuyer tout le temps », dit-il. En 1999, il a fait acheter 150 instruments en Chine, des violons, des trompettes, des altos, des flûtes. Une nouvelle commande, d’une vingtaine de pièces, y a été passée en 2009. Le tout grâce à des dons et à la contribution des artistes. Aux deniers de l’Église également ? « Non, elle a d’autres soucis », dit Armand.

Les 200 membres de l’OSK se retrouvent plusieurs fois par semaine à Ngiri-Ngiri.

le respect des dix commandements, l’amour du prochain et le travail. Et proclame Simon Kimbangu, puis son fils, comme étant les réincarnations du « Seigneur Jésus-Christ ». Ce qui lui a valu d’être exclue du Conseil œcuménique des Églises en 1969. La foi d’Armand n’est pas ébranlée pour autant. Simon Kimbangu, dont il a accroché une grande photo dans son salon, entre un bouquet de fleurs et un écran plat, était son grand-père. Et c’est de lui, raconte-t-il, qu’un beau jour de 1985 il a reçu « l’instruction » de fonder l’orchestre. Près de dix ans plus tard, une fois ses études de pilote terminées et l’exercice de son métier devenu aléatoire, il est passé à l’action. Autodidacte, tout ce qu’il connaît alors de la musique

vient de la chorale, qu’il a beaucoup fréquentée dans son enfance. Il recrute des musiciens parmi les adeptes. Couturier, charpentier, étudiant, banquier, âgés de 18 à 56 ans, ils sont amateurs eux aussi et reçoivent une formation de solfège à leur arrivée. « La réussite de l’orchestre tient à l’enseignement de Simon Kimbangu », explique Armand. Pour le profane, elle est plutôt le fait d’une ténacité durable et de la volonté de démontrer qu’un orchestre noir peut s’approprier un répertoire classique. « Il n’en existe pas d’autre », dit Armand. À Kinshasa, pourtant, les conditions ne sont pas exactement réunies : difficile de trouver des crins pour les archets, qui sont remplacés par du fil de pêche. Avec les matériaux qu’il a pu trouver,

VINCENT BOISOT/LE FIGARO MAGAZINE

UN RÊVE : SE PRODUIRE EN EUROPE

L’OSK donne régulièrement des concerts. Pour une soirée à l’ambassade des Pays-Bas ou de Suède, au jardin botanique ou au centre culturel français. En juin 2009, 6 000 personnes s’y sont rassemblées. Les recettes des concerts permettent de financer la location de la salle quand elle est payante, ainsi que le transport de l’orchestre. Armand a plusieurs fois reçu des visites de l’étranger : l’orchestre de Tübingen, en Allemagne, ou des professeurs du conservatoire d’Évry, en France, venus pour des formations. Son rêve: « Donner des concerts ailleurs en Afrique, et pourquoi pas un jour traverser la Méditerranée pour aller jouer en Europe. » Armand a déjà composé trois symphonies: Souffle de vérité, Réconciliation et Mon identité. La forme classique est respectée mais les rythmes sont saccadés. Lors d’un voyage de perfectionnement en Europe, il a constaté que les musiciens du Vieux Continent avaient du mal à les exécuter. Mais ils étaient « émerveillés ». Les siens espèrent eux aussi se produire sur les terres natales des œuvres qu’ils interprètent. « Nous voulons montrer que notre vision spirituelle peut aider le monde entier », dit Jerry. Et si l’étiquette religieuse du kimbanguisme pouvait rebuter le public? « Si nous sortons, nous n’en parlons pas, cela peut faire une barrière, tranche Albert. Libre au public de s’y intéresser. La priorité, c’est d’abord de faire de la musique. » ■ MARIANNE MEUNIER, envoyée spéciale

TOU T E S L E S F E M M E S D’A F R IQU E

LE MONDE DES FEMMES

Joëlle Ededeghe Ndong dimanche 13h10 -13h40 et sur www.africa1.com 072-073 LEV Musique 2588-89.indd 73

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Reportage Abou Dhabi, Mecque de la culture ? Changer son image et attirer des touristes sur lʼîle aux musées : le riche émirat parie sur la culture comme moteur du développement.

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aadiyat Island. Une langue de terre brûlante et battue par les vents, située à quelques encablures d’Abou Dhabi. Au bord de la route, entre camions et bulldozers, quelques dizaines d’ouvriers indiens, pakistanais et philippins posent des tuyaux. Au loin, des baraquements. Difficile d’imaginer qu’ici se dressera bientôt la somptueuse île aux musées voulue par le prince héritier Cheikh Mohammed Ben Zayed Al Nahyane, fils de Cheikh Zayed, émir d’Abou Dhabi, fondateur et premier président de la fédération des Émirats arabes unis (EAU), disparu en novembre 2004. Le Saadiyat Island Cultural District (livraison programmée fin

2012) veut offrir une concentration unique d’institutions culturelles. Les maquettes exposées au siège du Tourism Development & Investment Company (TDIC) donnent la mesure des ambitions émiraties. Le musée maritime, création de l’architecte japonais Tadao Ando, rendra hommage à la vocation maritime des cités-États du Golfe. À sa droite, le centre des arts, dessiné par l’Anglo-Irakienne Zaha Hadid, servira de complexe polyvalent dédié au spectacle vivant. Avec son immense coupole-moucharabieh et ses 6 000 m² de galeries, le Louvre Abou Dabi, conçu par le Français Jean Nouvel, doit abriter le premier musée universel situé hors des frontières occidentales. Enfin, à l’extrémité du front de mer, s’élèvera la pièce maîtresse de cet ensemble architectural, le Guggenheim d’Abou Dhabi, imaginé par l’Américano-Canadien Frank Gehry, et consacré à l’art contemporain. Hend Mana Al Otaiba n’a pas 30 ans, des yeux en amande et un sourire mutin. Vêtue d’une abaya sophistiquée qui ne cache rien de son visage, la jeune femme travaille aux relations publiques

de TDIC. Bien mieux que son discours lisse, elle symbolise l’image que les Émiratis souhaitent renvoyer de leur société : une société à l’aise avec ses traditions et sa culture, mais ouverte sur le monde, et volontiers charmeuse. « Le Cultural District est la composante phare d’un projet plus vaste, visant à créer une ville nouvelle de 270 000 habitants sur Saadiyat, ditelle. Une marina, des hôtels de luxe, un golf ainsi que des villas donnant sur une plage de sable fin, doivent s’intégrer dans l’architecture de l’ensemble pour former un cadre de vie d’un genre nouveau. Une aire protégée, qui servira d’écrin à la forêt de mangrove située à l’extrémité de l’île, offrira un cachet écologique à Saadiyat Island, “l’île du bonheur” en arabe. » Un pont, achevé l’an passé, relie celleci à la capitale. Sur l’île voisine de Yas, un circuit de Formule 1 ultramoderne

À côté des projets mégalomaniaques du gouvernement d’Abou Dhabi, toute une série d’initiatives de taille plus modeste témoignent de la vitalité de la scène artistique locale. La Biennale de Sharjah, qui en est à sa neuvième édition, constitue la plus ancienne manifestation culturelle organisée dans la fédération. Dirigée par le Palestinien Jack Persekian, elle offre un espace et une visibilité aux artistes de la région. Les foires Art Dubai et Art Abou Dhabi, qui réunissent des galeries locales et internationales, ont permis au marché local de se développer. C’est à Dubaï, devenue une plateforme de l’art contemporain, qu’il est le plus dynamique. La ville de tous les superlatifs sert de point de rencontre entre créateurs et acheteurs de la région, mais aussi du sous-continent indien et d’Iran. Dubaï est un peu à l’Iran ce que la colonie britannique de Hong Kong était à la République populaire de Chine avant la rétrocession de 1997: une oasis de liberté et de permissivité. ■ S.G.

L’art contemporain à voir et à vendre lors de la foire Art Dubai.

AURORE BELKIN/ARABIANEYE-REA

ART ET BUSINESS DANS LE GOLFE

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La crise qui a frappé Dubaï n’a pas remis en cause les projets pharaoniques d’Abou Dhabi.

est déjà opérationnel. Le 28 octobre, un parc à thème Ferrari d’une superficie de 86 000 m² ouvrira ses portes. Ces attractions devraient permettre de développer le tourisme, et, peut-être, qui sait, ravir aux Dubaïotes le titre de première destination touristique du Golfe. Chaque nouvelle implantation est censée accroître la notoriété de l’émirat, selon un modèle qui a fait ses preuves à Dubaï entre 1995 et 2008. Avant d’imploser en vol… PARTENARIATS OCCIDENTAUX

Sur Saadiyat, où les travaux de construction doivent s’échelonner jusqu’en 2018, les premiers lotissements sont déjà en vente. Et la culture dans tout cela ? « La politique muséale n’est pas du ressort de TDIC », répond Hend. Effectivement. Les infrastructures seront fournies « clés en main » par les établissements occidentaux partenaires. La conception et la réalisation du Louvre Abou Dabi incombent ainsi à l’Agence France-Muséums. Le contrat de 1 milliard d’euros signé en 2006 prévoit, outre la cession de la marque Louvre, une assistance technique, la rédaction d’un « programme scientifique et culturel », l’aménagement des espaces et le prêt, pour dix ans, de 300 pièces issues des collections du musée parisien. Une commission d’acquisition, dotée d’un budget d’une quarantaine de millions d’euros par an sera mise en place. Ses achats permettront au Louvre Abou Dabi de se doter de collections propres.

Des arrangements similaires ont été conclus avec le Guggenheim. Reste que personne n’est capable de dire si les Émiratis, et plus largement les résidents des EAU – les étrangers représentent plus de 85 % de la population d’Abou Dhabi –, vont s’approprier les institutions mises à leur disposition, ni si le choix des œuvres correspondra ou non aux attentes d’une population dont les pratiques culturelles restent encore peu développées. Quoi qu’il en soit, les autorités d’Abou Dhabi ont décidé de parier sur la culture comme moteur de développement. Le coût total du « projet Saadiyat » avoisinera les 30 milliards de dollars (23,6 milliards d’euros). Il s’agit de préparer l’après-pétrole, même si l’échéance est encore lointaine. Contrairement à Dubaï, dont la production déclinante représente aujourd’hui moins de 5 % du PIB, Abou Dhabi, quatrième exportateur mondial de brut, détient 92,2 milliards de barils de réserves prouvées, l’équivalent d’un siècle de production au rythme actuel. « Les dirigeants des monarchies du Golfe en ont assez des clichés sur les Bédouins parvenus et incultes, décrypte un journaliste arabe basé à Dubaï. Ils ont envie de casser les stéréotypes dévalorisants, de se positionner là où on ne les attend pas, sur le terrain de la culture. À l’instar des princes vénitiens ou florentins du Moyen Âge, ils veulent

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apparaître en amis et protecteurs des arts. » Ce mouvement, que l’on observe aussi au Qatar ou à Bahreïn, traduit aussi un changement d’attitude vis-à-vis de l’étranger. Engagées sur la voie des réformes, ces monarchies veulent entrer en interaction avec le monde. Autre élément à prendre en considération: la compétition interne à la région. Abou Dhabi et le Qatar se sont disputé l’honneur d’accueillir la prestigieuse université de la Sorbonne et le musée du Louvre. Une concurrence plus feutrée oppose Abou Dhabi et Dubaï. Nettement plus conservatrice, la capitale des Émirats est longtemps restée en retrait,

Il s’agit de préparer l’aprèspétrole, même si l’échéance est encore lointaine. laissant Dubaï l’extravertie lui voler la vedette. Mais les choses changent depuis la disparition de Cheikh Zayed. Cheikh Mohammed, prince héritier et véritable homme fort du régime, semble nourrir des ambitions immenses pour sa citéÉtat. « Pour exister, Abou Dhabi avait besoin d’affirmer une identité différente de celle de sa voisine, poursuit notre confrère arabe. La culture va lui permettre de se démarquer de Dubaï, qui est un peu la Mecque du capitalisme, de la consommation et de la futilité. » ■ SAMY GHORBAL, envoyé spécial

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Concernant cette rubrique, adressez-vous à Fabienne Lefebvre Tél. : 01 44 30 18 76 – Fax : 01 44 30 18 77 – f.lefebvre@jeuneafrique.com DIFCOM Régie publicitaire centrale du Groupe Jeune Afrique - 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 Paris –France

BANQUE DES ETATS DE L'AFRIQUE CENTRALE

AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL

Appel d’offres

OBJET : AUDIT INFORMATIQUE DU SYSTEME COMPTABLE DE LA BEAC 1. La Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), établissement public international africain dont le Siège est à Yaoundé, République du Cameroun, exerçant la fonction d’Institut d’Emission pour les pays de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC)1, lance un appel d’offres international pour la sélection d’un Cabinet de réputation internationale pour l’audit informatique de son système comptable SYSCOBEAC, bâti sur l’ERP « ebusiness suite ». 2. Le Cabinet retenu aura principalement pour mission l’exécution des prestations ci-après : • auditer les processus ayant conduit à la définition de la solution et à la mise en œuvre du projet SYSCOBEAC ; • auditer le processus de gestion dudit projet ; • auditer les spécifications logicielles (fonctionnelles et opérationnelles) et matérielles (infrastructures matérielles) initiales de SYSCOBEAC et les rapprocher avec l’existant; • auditer la sécurité applicative ; • auditer les données de base ; • auditer les processus et les données d’exploitation ; • auditer les interfaces avec les autres applications ; • auditer les réseaux, interfaces et la mise en place de l’application au niveau des Directions Nationales/Centres • auditer l’infrastructure réseau, matérielle et logicielle support de l’application ; • auditer le processus de distribution et de support aux utilisateurs ;

• auditer les performances de l’application en termes de temps de réponse • auditer le fonctionnement optimal de tous les modules Oracle adoptés par la Banque • revoir les guides d’exploitation et les manuels utilisateurs. 3. Le cabinet chargé de l’audit informatique du système comptable de la BEAC doit être un cabinet de renom en matière d’audit et d’organisation, avec au moins dix (10) ans d’expérience dans le domaine de la conception et de la mise en place des procédures de gestion des systèmes d’informations et des bases de données (ORACLE), de préférence dans les établissements financiers et/ou organisations bénéficiant de financements publics et/ou internationaux. 4. Les Cabinets intéressés peuvent retirer les dossiers d’appel d’offres auprès de la Direction Générale du Contrôle Général au Siège de la BEAC à Yaoundé, dans les Directions Nationales de chacun des pays membres et auprès de la Délégation de la BEAC à Paris. Le dossier d’appel d’offres est également disponible sur le site de la BEAC (www.beac.int). 5. Les offres formulées conformément au dossier d’appel d’offres devront être adressées à Monsieur le Directeur Général du Contrôle Général, BEAC Siège – 736, Avenue Monseigneur Vogt – BP 1917 Yaoundé (Bureau 5411 du 14ème étage de l’immeuble) au plus tard le 20 septembre 2010 à 16 heures, le cachet de la poste faisant foi. Le Directeur Général du Contrôle Général, Jean-Michel MONAYONG NKOUMOU (1) Les pays de la CEMAC sont : Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad. JEUNE AFRIQUE N° 2590 – DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2010


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AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL OBJET : EXTERNALISATION PARTIELLE DE LA FONCTION AUDIT INTERNE DES ACTIVITES DE LA BEAC RELATIVES AUX OPERATIONS DE LA SALLE DES MARCHES, AUX OPERATIONS DU SYSTEME DE PAIEMENT SWIFT ET AUX OPERATIONS COMPTABLES 1. La Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), établissement public international africain dont le Siège est à Yaoundé, République du Cameroun, exerçant la fonction d’Institut d’Emission pour les pays de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC)1, lance un appel d’offres international pour la sélection d’un Cabinet d’audit de réputation internationale pour l’externalisation partielle de la fonction audit interne de certaines de ses activités.

3. Pendant toute la durée de cette période d’externalisation et pour les champs couverts par le présent appel d’offres, le cabinet d’audit retenu aura pour mandat de : • procéder à une évaluation des risques au sein de la Banque et de bâtir une infrastructure de gestion des risques ; • examiner la configuration des procédures courantes du dispositif de contrôle interne ; • s’assurer de la correcte application des procédures actuelles de la Banque relatives aux opérations de la Salle des Marchés, aux opérations du système de paiement SWIFT et aux opérations comptables de la Banque ; • mettre en place un plan d’audit interne de ces activités et s’assurer de sa réalisation ; • proposer, au fur et à mesure de l’exécution de son mandat d’auditeur interne, des recommandations permettant d’améliorer l’ensemble du dispositif de contrôle interne (environnement de contrôle, évaluation des risques, activités de contrôle, information, formation et communication, pilotage du contrôle, etc.) ;

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Il convient de noter que la sous-traitance de l’audit interne est une mesure temporaire qui permet à la BEAC d’assurer une vérification interne adéquate des secteurs clés tout en renforçant ses capacités d’audit interne. A cet égard, le personnel de la BEAC pourra progressivement commencer à prendre en charge l’audit des secteurs clés, au fur et à mesure du transfert de compétence. 4. Le cabinet chargé de l’audit interne doit être un cabinet de renom en matière d’audit et d’organisation, avec au moins dix (10) ans d’expérience dans l’audit interne, la conception et la mise en place des procédures de gestion et la mise en place des systèmes d’informations, de préférence dans les établissements financiers et/ou organisations bénéficiant de financements publics et/ou internationaux. 5. Les Cabinets d’Audit intéressés peuvent retirer les dossiers d’appel d’offres auprès de la Direction Générale du Contrôle Général au Siège de la BEAC à Yaoundé, dans les Directions Nationales de chacun des pays membres et auprès de la Délégation de la BEAC à Paris. Le dossier d’appel d’offres est également disponible sur le site de la BEAC (www.beac.int). 6. Les offres formulées conformément au dossier d’appel d’offres devront être adressées à Monsieur le Directeur Général du Contrôle Général, BEAC Siège – 736, Avenue Monseigneur Vogt – BP 1917 Yaoundé (Bureau 5411 du 14e étage de l’immeuble) au plus tard le 20 septembre 2010 à 16 heures, le cachet de la poste faisant foi. Le Directeur Général du Contrôle Général, Jean-Michel MONAYONG NKOUMOU (1) Les pays de la CEMAC sont : Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad.

Appel d’offres

2. L’externalisation partielle de la fonction audit interne concerne les domaines opérationnels suivants : (i) les opérations de la Salle des Marchés, (ii) les opérations du système de paiement SWIFT, et (iii) les opérations comptables.

• former le personnel de la BEAC chargé du contrôle interne de ces opérations pendant la durée du service. A cet égard, le cabinet d’audit choisi veillera à associer étroitement les Agents de l’équipe d’audit de la BEAC à tous les travaux relatifs au présent appel d’offres.


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Avis d’appel d’offres International République du Mali Programme d’Investissement Sectoriel de l’Education deuxième phase “Pise II”

AOI N° 24/DT/AGETIER/2010 1. Le Gouvernement de la République du Mali a reçu de l’Agence Française de Développement (AFD), une subvention pour contribuer au financement du Programme D’investissement Sectoriel de l’Education, deuxième phase “Pise II”. Une partie de ce fonds est destinée à couvrir les paiements au titre du marché faisant l’objet du présent Avis d’Appel d’Offres International.

Appel d’offres

Le Ministère de l’Education, de l’Alphabétisation et des Langues Nationales par délégation, a désigné l’AGETIER-Mali comme Maître d’Ouvrage Délégué pour la construction de certaines infrastructures. 2. L’AGETIER-Mali invite les soumissionnaires intéressés à présenter leur soumission cachetée en vue de la four nitur e et l’installation des équipements du nouvel Institut de For mation Professionnelle à Kayes et de l’ancien IFP de Kayes. Les fournitures comprennent des équipements pédagogiques, des matériels techniques, des outillages et du mobilier. Nombre de Lots : Deux (02) Lot 1 : les machines et outils dans le domaine de l’industrie, de l’électroménager, du froid-climatisation ; les mobiliers et équipements de bureaux, de salles de formation, d’ateliers, etc. Lot 2 : les véhicules d’occasion. Le délai maximum de fourniture est de Cent quatre Vingt (180) jours. 3. Les soumissionnaires intéressés peuvent obtenir de plus amples renseignements auprès de l’AGETIER Mali à l’adresse suivante : Email : agetier@agetier mali.com, et examiner le Dossier d’appel d’offres à l’adresse ci-dessous : AGETIER BP 428 Tél. 21 32 18 09 / 21 32 12 24 Fax : 21 32 18 08 Rue 545, Porte 324, Quartier Résidentiel Ségou Mali à partir de 7 h 30 mn jusqu’à 16 h tous les jours ouvrables. 4. Les spécifications de qualification (entreprise seule ou en groupement) comprennent :

- Justifier au minimum d’une expérience en fourniture et installation de nature et de taille similaires à ceux du lot 1, au cours des cinq dernières années. - Justifier au minimum d’une expérience en fourniture et installation de nature et de taille similaires à ceux du lot 2, au cours des cinq dernières années. - Avoir réalisé un chiffre d’affaires annuel moyen pour des fournitures au cours des trois dernières années (2007 à 2009), d’un montant équivalant à au moins : • Lot 1 : Deux milliards quatre cent millions (2 400 000 000) F CFA. • Lot 2 : Cent quatre vingt millions (180 000 000) F CFA. 5. Le Dossier d’appel d’offres complet en français peut être acheté par les soumissionnaires intéressés par demande écrite à l’adresse ci-dessous contre paiement d’un montant non remboursable de deux cent mille (200 000) FCFA. Le paiement sera effectué en espèce ou par virement automatique sur le compte bancaire N° 60000011B00008/BNDA-Ségou. Le Dossier d’appel d’offre sera retiré à la Direction Administrative et financière de l’AGETIER Mali à Ségou à compter du 30 août 2010. 6. Les Soumissions devront être déposées à l’adresse ci-dessous avant ou le 28 octobre 2010 à 10 h 00. Les dépôts électroniques ne seront pas admis. Les soumissions présentées hors délais seront rejetées. Les Soumissions seront ouvertes en présence des représentants des soumissionnaires qui souhaitent y assister à l’adresse ci-dessous le 28 octobre 2010 à 10 h 15 mn. 7. Toutes les Soumissions doivent être accompagnées d’une Garantie de Soumission pour un montant d’au moins égal à vingt cinq millions (25 000 000) de francs CFA pour le lot 1 et deux millions cinq cent mille (2 500 000) de francs CFA pour le lot 2, ou de sa contre-valeur dans une monnaie convertible. 8. L’adresse mentionnée ci-dessus est : Le Secrétariat de la Direction Technique de l’AGETIER–MALI – Porte 324, Rue 545, Quartier Résidentiel Ségou, BP 428 Tél : 21-32-18-09 et 21-32-12-24.

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AVIS D’APPEL D’OFFRES

Invite les Agences de voyage et les Compagnies aériennes à soumissionner à :

APPEL D’OFFRE A/O N° 01/2010 POUR LA FOURNITURE DE SERVICES DE VOYAGE La procédure et les conditions de soumission peuvent être consultées via les liens : http://www.dz.undp.org/ procurement/Procurement.html ou http://www.un-algeria.org Les Offres doivent être déposées avant le 29 septembre 2010 midi.

REPUBLIQUE DU CONGO

MINISTERE DES FINANCES, DU BUDGET ET DU PORTEFEUILLE PUBLIC (MFBPP), PROGRAMME D’APPUI A LA RESPONSABILITE FINANCIERE ET A LA TRANSPARENCE (PARFIT)

Appel d’offre ouvert international N° : / 001/AOI/EP/ PARFIT pour l’acquisition du matériel et équipements informatiques La République du Congo a obtenu un don de la Fondation pour le Renforcement des Capacités en Afrique (ACBF) pour le financement du Programme d’Appui à la Responsabilité Financière et à la Transparence (PARFIT), et a l’intention d’utiliser une partie du montant de ce don pour acquérir le matériel et les équipements informatiques. La cellule d’exécution du programme, invite les candidats admis à soumettre leurs offres sous pli scellé pour acquérir le matériel et les équipements informatiques. La période de livraison des fournitures est fixée au 05 janvier 2011. L’appel d’offres se fera selon les procédures d’appel d’offres international définies dans les Directives: Passation des marchés financés par les Dons de l’ACBF (édition d’avril 2010), il est ouvert à tous les candidats remplissant les conditions stipulées dans les directives. Les candidats intéressés et répondant aux critères de participation, peuvent si ils le souhaitent obtenir tous renseignements complémentaires et examiner les documents d’appel d’offres auprès du PARFIT à l’adresse ci-dessous. Un jeu complet de documents d’appel d’offres en français peut être acheté par tout candidat intéressé sur présentation d’une demande écrite à l’adresse ci-dessous et sur paiement d’un montant non remboursable de cent mille ( 100.000 ) francs CFA . Le paiement sera effectué en espèce ou par virement bancaire. Le document sera soit mis à la disposition des fournisseurs locaux, soit expédié par DHL ou par courrier électronique pour les fournisseurs étrangers à la demande de l’acheteur. Toutes les offres doivent être assorties d’une garantie de l’offre de trois millions (3 000 000) de francs CFA sous forme de chèque certifié par une banque et les offres doivent être remises à l’adresse ci-dessous au plus tard le jeudi 30 septembre 2010 à 14 heures 30 minutes. Les plis seront ouverts immédiatement après, en présence des représentants des soumissionnaires qui décideront d’assister à la séance d’ouverture qui aura lieu à l’adresse ci-dessous. Les offres reçues après le délai fixé seront rejetées. Ministère des Finances, du Budget et du Portefeuille Public (MFBPP), Programme d’Appui à la Responsabilité Financière et à la Transparence (PARFIT), 1er étage de l’annexe du bâtiment du MFBPP ( en face de l’Inspection Générale des Finances), immeuble ex – BCC, croisement des avenues FOCH et Paul DOUMER, Centre ville – Brazzaville ; BP : 2083 - Tél.: (+242) 666 86 67 / 972 95 86 - E-mail: parfitcongo@yahoo.fr Le Coordonnateur Joseph IBARA

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Appel d’offres

Lancé par : l'Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA). 1. Objet Projet de mise en place d’un système de communication unifiée d’entreprise à l’ASECNA. 2. Consultation et retrait du dossier d'appel d'of fres Le Dossier d'appel d'offres en français peut être consulté et retiré à partir du lundi 30 août 2010 auprès de la : • A DAKAR : DE LA DIRECTION DES MOYENS TECHNIQUES ET DE L’INFORMATIQUE Aéroport Léopold Sédar Senghor B.P. 8163 Dakar Yof f – SENEGAL Tel: 221 869 52 96 / 869 52 97 / Fax: 221 820 54 06 / 820 37 84 • A PARIS : DE LA DELEGATION DE L’ASECNA A PARIS EN FRANCE 75, Rue La Boëtie 75008 Paris. Tel : 33 1 44 95 07 07 Fax : 33 1 42 25 73 11 • Site web de l’ASECNA : www.asecna.aero Le retrait du dossier d’appel d’of fres se fera contre la somme de deux cent mille (200 000) francs CFA soient 305 Euros, non remboursable, payable par chèque de banque à joindre à la demande, et à établir à l'ordre de Madame l’AGENT COMPTABLE DE l’ASECNA. 3. Lieu et date limite de réception des of fres Les offres doivent parvenir au plus tard le jeudi 30 septembre 2010 à 12 heures temps universel à : Monsieur le Directeur Général de l’ASECNA, à l'attention de Monsieur le Directeur des Moyens Techniques et de l’Infor matique ASECNA B.P. 8163 Aéroport Léopold Sédar Senghor Dakar Yof f – SENEGAL 4. Lieu et date d’ouverture des plis Les plis contenant les offres seront ouverts le jeudi 30 septembre 2010 à 12h 30 Heures précises, en présence des soumissionnaires qui le souhaitent ou de leurs mandataires, dans la salle de réunion de la Direction des Moyens Techniques et de l’Informatique. Le Directeur des Moyens Techniques et de l’Infor matique P.I. Ber nard CLAVIER

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AC AVIS D’APPEL D’OFFRES POUR LE RECRUTEMENT DU COMMISSAIRE AUX COMPTES DU FONDS DE SOLIDARITE AFRICAIN Le Fonds de Solidarité Africain (FSA) est un organisme public international à caractère économique et financier. La garantie financière constitue le métier principal du FSA. Le Fonds compte treize Etats membres, à savoir : le Bénin, le Burkina Faso, le Burundi, la Centrafrique, la Côte d’Ivoire, le Gabon, le Mali, L’île Maurice, le Niger, le Rwanda, le Sénégal, le Tchad et le Togo.

Appel d’offres

Le contrôle des comptes du FSA est assuré par un Commissaire aux comptes désigné par l’Assemblée Générale pour un mandat de trois ans renouvelable une fois. Le Commissaire aux comptes a pour mission de vérifier les livres et les valeurs du Fonds, de contrôler la régularité et la sincérité des comptes et de s’assurer du respect des procédures dans l’exécution des opérations du Fonds. A l’issue de ses travaux de contrôle, le Commissaire aux comptes certifie la régularité et la sincérité des enregistrements comptables, de l’inventaire, du compte de résultat et du bilan ainsi que la bonne exécution des opérations budgétaires. Le Fonds de Solidarité Africain envisage de recruter un Commissaire aux Comptes pour un mandat d’une durée de trois ans à compter de l’exercice 2011.

A cet effet, la Direction Générale du Fonds de Solidarité Africain invite les cabinets d’expertise comptable et d’audit ayant des bureaux dans au moins un pays membre du Fonds à soumettre leurs candidatures en vue d’assurer la mission de commissariat aux comptes du Fonds de Solidarité Africain. Les dossiers de candidature devront comprendre une présentation du cabinet postulant ainsi qu’une offre financière et technique. L’offre technique comportera notamment une brève présentation des experts intervenant habituellement dans les missions de contrôle des comptes conduites par ce cabinet, les principaux cabinets avec qui il collabore ainsi qu’une liste des entreprises et organismes pour lesquels le cabinet a déjà eu à assurer la mission de commissariat aux comptes. Les dossiers de candidature sont à adresser au plus tard le 30/09/2010 à l’adresse suivante : Monsieur le Président du Conseil d’Administration du Fonds de Solidarité Africain 617, A venue du Président Karl CARSTENS B.P.382 Niamey-Niger Fax : +227 20 73 30 44 Tél : +227 20 72 26 32 à 34

AVIS D’APPEL D’OFFRES ETUDE PREALABLE AU DESENGAGEMENT DE LA BANQUE CENTRALE DU CONGO DE L’HOTEL DES MONNAIES ET DU CENTRE HOSPITALIER La Banque Centrale du Congo est une Institution de droit public régie par les dispositions de la loi n° 005/2002 du 07 mai 2002 relative à la constitution, à l’organisation et au fonctionnement de la Banque Centrale du Congo. Depuis 2004, elle met en oeuvre un plan de restructuration dont l’un des volets est son désengagement des activités qui ne sont pas liées à ses missions essentielles. Dans ce cadre, conformément à la décision de la Haute Direction, elle entend se désengager de deux de ses structures, à savoir : l’Hôtel des Monnaies et le Centre Hospitalier. A cet effet, il est prévu de mener, par une expertise indépendante, une étude portant notamment sur l’évaluation de ces deux structures ainsi que la formulation des hypothèses de désengagement assorties des conditions techniques, financières et juridiques. La réalisation de cette étude fait l’objet du présent marché, dont les conditions sont définies dans le cahier spécial des charges Réf. : n° CSCH 001/BCC/GRD/2010. Le cahier spécial des charges est disponible à la Banque Centrale du Congo/Secrétariat de la Direction du Changement (3ème étage), sise au n° 563, Boulevard Colonel Tshatshi à Kinshasa/Gombe, en République Démocratique du Congo, moyennant versement d’un montant en francs congolais équivalent à USD 2.500 (Dollars deux mille cinq cents) au cours de change officiel du jour.

Les soumissions sont introduites, sous plis fer més, chaque jour ouvrable, du lundi au vendredi, entre 09h00’ et 16h00’, auprès de la Banque Centrale du Congo/Secrétariat de la Direction du Changement (3ème étage), au n° 563, Boulevard Colonel Tshatshi, Kinshasa/Gombe, République Démocratique du Congo, par porteur, contre récépissé. Conformément à l’article 10 du cahier spécial des charges, l’offre est présentée dans deux enveloppes fermées A et B contenant, la première, la proposition technique, et la seconde, la proposition financière. Ces deux enveloppes sont glissées dans une troisième enveloppe, également fermée, à déposer à l’adresse précitée, au plus tard le vendredi 17 septembre 2010, à 16 heures. L’ouverture des offres interviendra le 22 septembre 2010, à 10 heures, au Siège social de la Banque Centrale du Congo, dans la salle de réunions de la MIMOSYS (4ème étage) à Kinshasa et ce, en présence des soumissionnaires ou de leurs mandataires. Les offres seront lues à haute voix lors de l’ouverture des soumissions. Il en est de même des rabais éventuels que les soumissionnaires pourront accorder, à condition que ces rabais aient été clairement mentionnés dans la lettre de soumission. J-C. MASANGU MULONGO Gouver neur

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African Development Bank Group Temporary Relocation Agency

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Institutional Procurement and Logistics Division Fax Number: + (216) 71 83 52 49

INVITATION FOR PRE QUALIFICATION PROVISION OF OFFICE PRODUCTS (OFFICE SUPPLIES, STATIONARY, PRINTER TONER CARTRIDGES AND ACCESSORIES) ADB/CGSP/ICBP/2010/0026 1) The African Development Bank (hereafter referred to as “The Bank”), is a regional multilateral development finance institution, established in 1963, with a mandate to further the economic development and social progress of African countries, individually and collectively. 77 member countries including all the 53 African countries and 24 non-African countries in the Americas, Europe and Asia own the Bank.

3) The Bank seeks to negotiate a 3-year contract with the selected firm(s) with the possibility of a 2-year contract extension. 4) Interested applicants must originate from one of the Bank’s member countries, list of which is provided at www.afdb.org. 5) The scope of the project and the forms to be completed are described in the prequalification document that is available for downloading from http://www.afdb.org/en/about-us/corporate-procurement/business-opportunities. Alternatively, the prequalification document may be obtained by sending a request to tender@afdb.org. 6) Candidates interested in this procurement opportunity shall register by sending an e-mail to tender@afdb.org. 7) Pre qualification will be conducted through the procedures prescribed by the Bank’s rules for internal acquisition of goods and services. The minimum requirements for pre-qualification are as follows: a) Must originate from one of the Bank’s member countries. b) Must be in business in the role of contractor, subcontractor, or management contractor for at least the last three (03) years prior to the applications submission deadline, and must have a permanent distribution center. c) Must have a minimum average turnover of at least 1,5 million USD per annum for the last three years. d) Must be providing similar services to, at least, two (2) international institutions or private organizations of international renown; these contracts should have a minimum value of US$ 50 000. e) Must have at least one (1) international client operating online ordering with purchasing card. f) Soundness of the applicant financial position and its prospective long term profitability. g) Capacity to have a cash flow amount of US$ 100 000. h) Ability to sell and deliver the required office products to Tunis, Tunisia and other Bank’s offices; The application for pre qualification should be submitted in sealed envelopes delivered at the address below by Thursday 30 September 2010 at 1500hrs Tunis, Tunisia, local time. The envelopes should be clearly marked “APPLICATION TO PRE QUALIFY – ADB/ICBP/CGSP/2010/0026”. Institutional Procurement Division, CGSP.2 EPI Block B - Office 2A2 African Development Bank ADB Temporary Relocation Agency (Tunis) Angle des trois rues: Avenue du Ghana, Rue Pierre de Coubertin, Rue Hedi Nouira BP. 323 1002 - Tunis Belvedère, Tunisia Fax : +216 71 83 52 49 Email : tender@afdb.org 9) The Bank will reject late applications. 10) Applicants will be advised, in due course, of the results of their applications. Only firms and joint ventures deemed qualified under this procedure will be invited to bid. JEUNE AFRIQUE N° 2590 – DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2010

Avis de préqualification

2) The Bank intends to pre qualify eligible firms or joint-ventures to implement its office supply program (office supplies, stationary, printer toner cartridges and accessories) at the Bank’s Temporary Relocation Agency in Tunis, Tunisia, its Headquarters in Abidjan, Côte d’Ivoire, and its Field Offices in 25 African countries.


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www.sai2000.org COURS INTENSIFS D’ANGLAIS École Commerciale Privée fondée en 1955 THIS SCHOOL IS AUTHORIZED UNDER FEDERAL LAW TO ENROLL NONIMMIGRANT ALIEN STUDENTS

Appel d’offres - Manifestation d’intérêt

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MINISTERE DES FINANCES, DU BUDGET ET DU PORTEFEUILLE PUBLIC PROJET DE RENFORCEMENT DES CAPACITES DE TRANSPARENCE ET DE GOUVERNANCE Unité d’Exécution du Projet - Don no H288 COB - Financement IDA B.P 2116 Brazzaville, République du Congo,Tel : 635 53 22, E-mail : prctg@yahoo.fr

AVIS DE SOLLICITATION A MANIFESTATION D’INTERET

« Recrutement d’une firme pour la mise en place d’un Système de Gestion Electronique des Documents (SGED) à la Direction Générale du Contrôle des Marchés Publics (DGCMP) et à l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP)» 1. Le Gouvernement de la République du Congo a obtenu auprès de l’Association Internationale de Développement (IDA) un financement (Don H288-COB) pour le Projet de Renforcement des Capacités de Transparence et de Gouvernance (PRCTG), et a l’intention d’utiliser une partie du montant dudit Don pour financer les services de consultants ci-après : Recrutement d’une fir me pour la mise en place d’un Système de Gestion Electronique des Documents (SGED) à la Direction Générale du Contrôle des Marchés Publics (DGCMP) et à l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP). 2. L’objectif de la mission consiste à mettre en place un système de gestion électronique des documents performant qui puisse répondre aux besoins spécifiques de la DGCMP et de la DGARMP. La durée de la mission est de cinq (05) mois. 3. L’Unité d’Exécution du Projet (UEP) invite les candidats intéressés à manifester leur intérêt à fournir les services décrits ci-dessus. Les firmes intéressées doivent fournir des informations pertinentes indiquant leurs capacités techniques à exécuter lesdits services. Les firmes peuvent s’associer pour accroître leurs qualifications. Le dossier de candidature devra comporter les renseignements suivants : (i) les compétences du candidat pour la mission, notamment l’indication de références techniques vérifiables en matière d’enquête sur la gouvernance (liste des précédents clients pour ce type de mission : année, coût de la mission, nom du représentant du client, méthodologie mise en œuvre et résultats obtenus) et (ii) l’adresse complète du consultant (localisation, personne à contacter, BP, Téléphone, Fax, E-mail). 4. Sur cette base, une firme sera sélectionnée conformément aux dispositions du Chapitre II des Directives de la Banque « Sélection et Emploi des Consultants par les Emprunteurs de la Banque Mondiale de mai 2004, version révisée en octobre 2006 ». La firme sera sélectionné suivant la méthode « Qualité Technique Coût ». 5. Les intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires, à l’adresse ci-dessous, les jours ouvrables, de 8 h 00 à 14 h 00. 6. Les manifestations d’intérêt doivent être déposées sous pli fermé ou en version électronique à l’adresse ci-dessous, au plus tard, le vendredi 1 septembre 2010 à 16 h 00 à : PROJET DE RENFORCEMENT DES CAPACITES DE TRANSPARENCE ET DE GOUVERNANCE UNITE D’EXECUTION DU PROJET. - SECTION PASSATION DES MARCHES B.P 2116 Brazzaville, République du Congo - Derrière le Commissariat Central de Police de Brazzaville Tel : (242) 635 53 22 ; E-mail : prctg@yahoo.fr Le Coordonnateur Marie Alphonse ITOUA

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

PMEDE - Projet de réhabilitation et de renforcement des centrales hydroélectriques d’Inga et du réseau de distribution de Kinshasa Don FAD no 2100155010866 - Programme de base - AOI n° 284/PMEDE-BAD/SNEL/BCECO/DPM/NZ/2010/MT Lot 6 – Extension du réseau 20/0,4 kV de Kimbanseke (Contrat clef en main pour étude, fabrication et essais en usine, transport, fourniture, montage et essais sur site, et mise en service)

AVIS D’APPEL D’OFFRES

La République Démocratique du Congo a reçu un don du Fonds Africain de Développement (FAD) pour le financement du Projet de réhabilitation et de renforcement des centrales hydroélectriques d’Inga et du réseau de distribution de Kinshasa (PMEDE), et a l’intention d’utiliser une partie du montant de ce don pour effectuer les paiements au titre du marché intitulé : Extension du réseau 20/0,4 kV de Kimbanseke Le Bureau Central de Coordination, en sigle « BCECO », pour le compte de la Société Nationale d’Electricité en sigle « SNEL », invite les candidats admis à concourir à soumettre leurs offres sous pli scellé pour la fourniture et le montage des installations concernées. Les installations concernées par le présent marché sont les suivantes : la commune de Kimbanseke, ville de Kinshasa. L’objet du présent marché vise l’extension du réseau de distribution par la construction et l’implantation des réseaux MT et BT dans la commune de Kimbanseke, c’est-à-dire d’électrifier cette commune qui constitue la plus grande poche noire de la ville de Kinshasa. 3. L’Appel d’offres se fera selon les procédures d’appel d’offres international ouvert (AOI) définies dans les Directives : « Règles et Procédures pour l’Acquisition des Biens et Travaux» (Edition Mai 2008) du Groupe de la Banque Africaine de Développement. Il est ouvert à tous les candidats remplissant les critères de provenance donnés dans les Règles et Procédures d’acquisition des biens et travaux de la Banque Africaine de Développement. 4. Les candidats qui le souhaitent peuvent obtenir tous renseignements complémentaires auprès du Bureau Central de Coordination (BCECO), et examiner les documents d’appel d’offres à l’adresse reprise ci-dessous de 9h à 16h (TU+1). 5. Les soumissionnaires intéressés peuvent acheter un jeu complet du dossier d’appel d’offres (y compris version informatique si requise) à l’adresse mentionnée ci-dessous sur présentation d’une demande écrite et moyennant paiement d’un montant non remboursable de trois cents dollars américains ($US 300). Le paiement sera effectué par versement d’espèces au compte n° « 0240001145502 », intitulé PROJET BCECO auprès de la STANBIC BANK/Kinshasa, code SWIFT : SBICCDKX. Le Dossier d’appel d’offres sera envoyé aux soumissionnaires, contre présentation de la preuve de paiement, par courrier. Les frais d’envoi des dossiers aux acheteurs sont en sus et à la charge de ces derniers. 6. Toutes les offres doivent être déposées à l’adresse du BCECO indiquée ci-dessous au plus tard le mardi 05 octobre 2010 à 15H00’ (heure locale, TU+1). Les dépôts électroniques ne seront pas admis. Les soumissions présentées hors délais seront rejetées. 7. Les offres doivent être accompagnées d’une garantie de soumission d’un montant de sept cents mille dollars américains (700.000 $US). La garantie de soumission sera une garantie bancaire. Cette garantie de soumission demeurera valide pendant vingt-huit (28) jours au-delà de la date limite initiale de validité des offres, ou de toute nouvelle date limite de validité demandée par l'Acheteur et acceptée par le Soumissionnaire, conformément aux dispositions de la Clause 20.2 des IS. La période de validité initiale des offres est de cent-vingt (120) jours. Les plis seront ouverts en présence des représentants des soumissionnaires qui décident d’assister à la séance d’ouverture qui aura lieu le mardi 05 octobre 2010 à 15H30’ (heure locale, TU+1) à l’adresse ci-dessous. Bureau Central de Coordination (BCECO) - Avenue Colonel Mondjiba, n° 372, Concession Utexafrica Kinshasa-Ngaliema (RDC) Local 301 E-mail : bceco@bceco.cd, dpm@bceco.cd, bcecobceco@yahoo.fr, dpmbceco@yahoo.fr - Tél : (243) 81 513 67 29 – (243) 81 99 99 180 MATONDO MBUNGU Directeur Général a.i. du BCECO

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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO MINISTERE DES FINANCES - BUREAU CENTRAL DE COORDINATION

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AVIS A MANIFESTATION D’INTERET

N° Avis : AMI N° 249/INT-GOUV/CADECO/BCECO/DG/DPM/IL/2010/SC Pays : République Démocratique du Congo Source de financement : Fonds Intervention du Gouvernement. Services de consultant : Services de Consultant (cabinet) pour la restructuration et la viabilisation de la Caisse Générale d’Epargne du Congo. Date de publication : 18/08/2010 - Date de clôture : 22/09/2010

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Manifestation d’intérêt - Divers

1. Contexte général Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo s’est résolument engagé dans le processus de redynamisation des entreprises publiques depuis le début de l’année 2007. Pour les entreprises du secteur financier, ce processus vise l’assainissement du secteur, le renforcement de la supervision bancaire et l’amélioration de l’intermédiation financière. Conformément à la loi n°08/008 du 07 juillet 2008 ainsi qu’au décret n°09/12 du 24 avril 2009 établissant la liste des entreprises publiques transformées en sociétés commerciales, la restructuration doit aboutir au désengagement de l’Etat dans les entreprises du Portefeuille à caractère commercial et bancaire. Aux termes de ce décret, la Caisse Générale d’Epargne du Congo, en sigle CADECO, a été classée parmi les entreprises publiques transformées en sociétés commerciales. A cet effet, le Gouvernement de la RDC a obtenu un allègement de la dette dans le cadre de l’atteinte de point d’achèvement de l’initiative PPTE et se propose d’utiliser une partie de son financement d’urgence intitulé « INTERVENTION DU GOUVERNEMENT » pour effectuer des paiements autorisés pour les services de Consultant (Cabinet) chargé d’assurer la mission de la restructuration et la viabilisation de la Caisse d’Epargne du Congo. CADECO, en sigle. 2. Objectif de la mission La mission a pour objectif général de procéder à la restructuration de la Caisse Générale d’Épargne du Congo en vue d’en améliorer les performances financières et sociales dans la perspective d’une intermédiation financière viable et pérenne. Le travail du consultant devra contribuer significativement à : • Évaluer les performances financières de la CADECO et établir un cahier des charges pour l’ouverture de son capital ; • Faire adopter par toutes les parties prenantes une stratégie de règlement de la dette croisée et d’apurement des dettes envers les tiers ; • Réaliser un montage institutionnel et organisationnel susceptible de sous-tendre l’amélioration des indicateurs de gestion de la CADECO. La durée de la mission susmentionnée sera déterminée par le Consultant, mais ne pourra pas dépasser le délai maximal qui sera spécifié dans les termes de références. 3. Profil du Consultant Le Consultant doit être une firme ou un cabinet disposant d’une grande expertise dans le domaine de la restructuration des banques populaires et du renforcement des capacités des institutions de la finance inclusive. Le consultant doit proposer un personnel clé ayant les qualifications et l’expérience requises pour une bonne exécution de la mission. Ce personnel clé doit être composé au minimum des experts suivants : Un économiste Financier (Chef de la mission), Un expert spécialiste en montage institutionnel et études de marchés en micro finance, un juriste expert local, des Enquêteurs et personnel local. Le personnel clé doit avoir la parfaite maîtrise du français, langue de travail du projet et une parfaite maîtrise de l’informatique, en particulier de WORD, Excel, ACCES et Power point. La connaissance du secteur financier de la RDC est un atout. Le Bureau Central de Coordination (BCECO), pour le compte de la Caisse Générale d’Epargne, CADECO, invite les Consultants admissibles à manifester leur intérêt à fournir les services décrits ci-dessus. Les consultants intéressés, doivent fournir les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services demandés (brochures et références concernant l’exécution des contrats analogues, expériences antérieures pertinentes dans des conditions semblables, disponibilité des connaissances nécessaires parmi le personnel etc.). Un Consultant sera sélectionné en accord avec les procédures définies dans le manuel des procédures édité le 02 juin 2010 du Code des marchés publics en République Démocratique du Congo d’avril 2010. Les firmes ou les cabinets intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires au sujet des termes de référence à la Division Passation des Marchés du B.Ce.Co à l’adresse indiquée ci-dessous, de lundi à vendredi aux heures suivantes : de 9h00 à 16h00 heures locales (TU+1). Les manifestations d’intérêt rédigées en langue française doivent parvenir, par courrier ou par E-mail, à l’adresse ci-dessous au plus tard le mercredi 22 septembre 2010 et porter clairement la mention «AMI N° 249 /INT-GOUV/CADECO/BCECO/DG/DPM/IL/2010 – Recrutement du Consultant/Cabinet spécialisé chargé de la restructuration et la viabilisation de la Caisse Générale d’Epargne du Congo. BUREAU CENTRAL DE COORDINATION (BCECO) Pour le compte de la Caisse Générale d’Epargne (CADECO) A l’attention de Monsieur MATONDO MBUNGU, Directeur Général a.i Avenue Colonel Mondjiba, n°372 - Concession UTEXAFRICA - KINSHASA / NGALIEMA - REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO TEL. (+243) 81 7346150 – (+243) 081 074 80 50 Email : bceco@bceco.cd avec copie à dpm@bceco.cd - bcecobceco@yahoo.fr ; dpmbceco@yahoo.fr


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AC Investment Banking & Management Consulting

recrute pour son Antenne régionale a port au prince

ISORIS, Investment Banking & Management Consulting is looking for a young and dynamic person to hold the position of CHIEF EXECUTIVE OFFICER in one of the subsidiaries of an International Banking Group operating in Asia, Europe and Africa

UN DIRECTEUR de l’antenne regionale pour les pays des caraibes (H/F)

As Chief Executive Officer of the bank, the selected candidate will be entrusted with among others with the mission of accelerating the growth and profitability of the institution. Therefore, he (she) will have to fine tune and implement the strategy defined with the Board of Directors in terms of optimisation of network size, recruitment of customers, deposit mobilization and sale of the financing and advisory products and services of the bank. Equipped with an excellent knowledge of civil and business law as well as regulations related to banking and financial market in WAEMU (UEMOA) region, the Chief Executive Officer shall also develop and maintain excellent relationship between regulatory agencies, business community and the bank leveraging on his (her) gifted interpersonal skills, wide social and business network, sense of organisation and communication skills. Holder of MBA, PhD, MPhil in Banking Economy, Accounting, Management or Finance or Graduated from a Business School or holder of a Professional Qualification such as ITB, prospective candidate must have least 5 to 10 of proven experience with tangible results in similar position or any other senior management employment in banking and financial industry. Mastering written and oral communication in French and English is a must. Offer strictly reserved to nationals from WAEMU member states.

Recrutement

Only files meeting criteria’s here mentioned will be accepted. Following documents are to be sent to ISORIS at the latest by Monday September 20th, 2010 at 12pm, Email : isorispk@hotmail.com: Application Letter, CV, Certified Copies of Degrees, Employment Certificates, Judiciary Record (Criminal Court Clearance) dated issued less than 3 months ago, Photocopy of ID Card or Birth Certificate, Photo.

Appel à candidature Dans le cadre du renforcement des capacités civiles de sa Direction Instruction, l’Ecole de Maintien de la Paix Alioune Blondin BEYE de Bamako lance un appel à candidature pour le recrutement d’un(e)

instructeur/-trice pour la composante civile Mission (pour la mission complète, voir www.empbamako.org) : - il/elle assurera la direction des stages qui lui seront attribués ; - il/elle assurera des modules de formation dans ses domaines de compétence ; - il/elle participera à la rédaction et à la mise sur pied du programme de formation civile Profil requis (pour le profil complet, voir www.empbamako.org) : - Diplôme universitaire (master ou doctorat) ; - Bilingue français-anglais ; - Expérience comme directeur/-trice de stage ; Acte de candidature : Peut faire acte de candidature, toute personne, de nationalité malienne / citoyen d’un pays de la CEDEAO / ou d’un pays africain. Pour de plus amples informations sur les documents requis, veuillez consulter www.empbamako.org. Le délai de candidature est fixé au 24 septembre 2010 à 12 h 00

Le descriptif détaillé de la fonction, les conditions d’admissibilité, le formulaire de candidature à télécharger, les précisions sur le processus de sélection et de recrutement, les conditions d’engagement ainsi que les informations sur l’Organisation internationale de la Francophonie sont disponibles sur le site http://www.francophonie.org Les personnes intéressées doivent faire parvenir à la Division des ressources humaines, le formulaire standardisé, disponible sur le site internet de l’Organisation accompagné d’un dossier complet comprenant : un curriculum vitæ, une lettre de motivation ainsi qu’une copie de leur diplôme. Les candidatures à ce poste devront être envoyées par courrier électronique à l’adresse suivante : drh.candidature@francophonie.org ou par voie postale à la Division des ressources humaines, 13, quai André-Citroën, 75015 Paris (France). Date limite de réception des dossiers de candidature : 21 septembre 2010.

L’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP)

Recrute son Directeur Général

Mission : Il est chargé de la gestion et de l’application de la politique générale de l’Autorité de Régulation des Marchés Publics (ARMP) sous le contrôle du Conseil de Régulation à qui il rend compte de sa gestion. Principales tâches et responsabilités : Le Directeur Général de l’ARMP : - assure la gestion technique, administrative et financière ; - recrute et nomme les membres du personnel ; - représente l'ARMP dans tous les actes de la vie civile et en justice ; - exécute, sous le contrôle du Conseil de Régulation (CR) et du Comité de Règlement des Conflits (CRD), toute mission relevant des compétences générales de l’ARMP ; - propose au Conseil de diligenter les enquêtes, contrôles et audits sur les procédures de passation et d’exécution des marchés publics ; - assure la préparation technique des dossiers à soumettre au Conseil de Régulation, prépare ses délibérations, assiste à ses réunions et exécute ses décisions. Aptitudes requises : - Capacités managériales - Capacités à travailler en équipe et sous pression - Esprit d’initiative - Intégrité, éthique et discrétion Expérience et qualifications : - Nationalité sénégalaise - Titulaire d’un Bac + 5 au moins - Expérience professionnelle de 15 ans dont au moins 10 ans dans le domaine des marchés publics - Connaissance approfondie des aspects juridiques, techniques et économiques des marchés publics - Pratique et parfaite maîtrise des procédures et techniques liées à la passation et l’exécution des marchés publics - Bonne connaissance de l’environnement international des marchés publics, notamment des réglementations et pratiques internationales en la matière - Bonne expérience administrative - La connaissance de l’anglais serait un atout. Merci d’adresser lettre de motivation et CV détaillé au Cabinet PROFIL BP 45561 Dakar Fann – Email : profil@profil.sn Date limite de dépôt : le 11 Septembre 2010

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AC Agence luxembourgeoise pour la Coopération au Développement

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Regional Support Team for Western and Central Africa Duty Station: Dakar, Senegal The mandate of the Regional Support Team is to provide leadership and coordinate support for an expanded UN System response to AIDS at regional and country levels. Promote, support and provide guidance to the UN System in the region on Universal Access to HIV prevention, treatment, care and support and implementing the Global Task Team recommendations. Coordinate the development of strategic information and document the trends on the epidemic and the response as well as provide intellectual leadership on the status of AIDS response in the region. Provide managerial support and technical advice and guidance to UNAIDS country offices. As well as coordinate, develop and implement communications strategy at the regional level and provide guidance and support for country communication strategies and activities focused on creating a higher profile for AIDS issues and UNAIDS within the region.

Required Qualifications: Education: University degree in communications, journalism, or public relations, or an advanced degree in a similar field. Experience: At least 7 years progressive experience in public relations, media relations, event management or journalist writing, including experience in media placement, event management with high-profile individuals and journalistic writing. Previous experience in managing media trips and organizing press conferences and briefings. Extensive experience in writing op-eds, message development and media materials. Experience in social media (Twitter, Facebook, blogs etc.) Languages: Excellent knowledge of English and French. Knowledge of another UN official language an asset. For a more detailed job description and in order to apply please visit UNAIDS’ website online at: http://www.unaids.org/en/AboutUNAIDS/Jobs/PVacancies.asp where you will find the full detailed vacancy announcement. The system provides detailed instructions for online application procedures. The deadline for applications is 10 September 2010.

JEUNE AFRIQUE N° 2590 – DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2010

Diverrs - Recrutement

Avis à manifestation d’intérêt Le projet AFR/017, Promotion des secteurs financiers inclusifs dans la zone UEMOA, recherche des Agents de déploiement (h/f) Formateurs spécialisés dans le contrôle interne en Microfinance Plusieurs postes à pourvoir dans toute l’UEMOA – Temps partiel Vos responsabilités Vous contribuez à la formation sur le système de contrôle interne au sein des Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) ; vous définissez et animez avec un point focal par SFD un plan d’actions adapté à chaque institution. Votre profil Ressortissant de l’UEMOA ; expérience confirmée de formateur ; expérience d’auditeur ou de consultant dans le domaine de la Microfinance ; organisé, autonome, éloquent et structuré ; à l’aise avec l’outil informatique. Avoir suivi la formation de formateur du CGAP est un plus. Votre réponse Envoyer avant le 10 septembre 2010 le message « Je souhaite faire connaître ma candidature au poste d’Agent de Déploiement, du projet AFR/017 » à l’adresse suivante : recrutement@sfduemoa.org Un modèle de CV et des instructions détaillées vous seront alors communiquées. Seuls les CV transmis au format prescrit seront pris en compte. Les candidatures présentées par une personne morale sont admises.


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AGENCE POUR LA SECURITE DE LA NAVIGATION AERIENNE EN AFRIQUE ET A MADAGASCAR (ASECNA)

DIRECTION GENERALE

AVIS DE VACANCE DE POSTE Référence N° 2010/16185/ASECNA/DGDD/DRHD du 17 août 2010 L’ASECNA recherche pour sa Direction Générale,

UN CONTRÔLEUR FINANCIER - Poste à pourvoir le 03 janvier 2011 - Date limite de réception des candidatures : 30 septembre 2010 I – ATTRIBUTIONS : Le Contrôleur Financier qui a rang de Directeur du Siège sera principalement chargé : • du contrôle de la conformité des actes de gestion de l’Agence et de la surveillance de toutes les opérations susceptibles d’avoir directement ou indirectement une répercussion économique ou financière ; • de l’examen des engagements soumis à son visa ; du point de vue de la disponibilité des crédits, de l’exactitude des évaluations, de l’imputation de la dépense ; et de leur conformité avec les décisions et délibérations du Conseil d’Administration et la réglementation de l’Agence ; • du contrôle de la mise en place, de la délégation et de la consommation des crédits et emplois budgétaires ; • du suivi de l’exécution budgétaire et financière ; • du contrôle indépendant, sur la base de tous pouvoirs d’investigation sur pièces et sur place, des actes des ordonnateurs de l’Agence.

Recrutement

II – PROFIL EXIGE : QUALIFICATIONS : Les candidats doivent disposer d’une formation supérieure de niveau bac + 5 ans en finances et/ou Comptabilité publiques et avoir une grande expérience en matière budgétaire. Ils doivent en outre répondre aux critères ci-après : - justifier d’une expérience probante d’au moins dix (10) années acquise au sein d’une institution publique nationale ou internationale, dans les domaines financier, comptable et du contrôle de gestion (organes de contrôle des comptables publics : Inspection Générale des Finances, Inspection Générale d'Etat, Cours des Comptes…), - justifier d’une bonne maîtrise des règles générales de préparation et de passation des marchés publics, - avoir occupé des fonctions à haut niveau de responsabilité dans le domaine susvisé, - avoir une bonne connaissance des institutions financières internationales. QUALITES REQUISES : aptitudes confirmées à la négociation et à l’encadrement d’équipes de travail dans un environnement multinational, esprit d’analyse et de synthèse, sens de la confidentialité, sens de la communication et de la négociation, sens du commandement, large disponibilité, rigueur et sens des responsabilités. AGE : Quarante (40) ans minimum et cinquante (50) maximum au 1er janvier 2011 pour les candidats externes NATIONALITE : Les candidats doivent avoir la nationalité de l’un des Etats membres de l’ASECNA. III- CLASSEMENT ET REMUNERATION: Classement et rémunération conformes aux dispositions du Statut Unique et du Code de Rémunération du Personnel de l’ASECNA. IV- DOSSIER DE CANDIDATURE : Les candidatures portant lisiblement les références du présent Avis de Vacance de Poste doivent être adressées à Monsieur le Directeur Général de l’ASECNA, 32-38 Av. Jean Jaurès B.P. 3144 DAKAR. Les pièces suivantes sont exigées : - une demande manuscrite; - une lettre de motivation; - un curriculum vitae détaillé; - un extrait d’acte de naissance ou de jugement supplétif en tenant lieu; - un extrait du livret de famille, ou une fiche familiale d’état civil; - un extrait du casier judiciaire datant de moins de trois (03) mois ; - un certificat médical datant de moins de trois (03) mois; - les copies certifiées conformes des diplômes obtenus; - les certificats de travail des derniers employeurs faisant clairement apparaître, d’une part, les activités réalisées dans les domaines visés au point II supra ; - un certificat de nationalité. Des pièces complémentaires pourraient être demandées ultérieurement. Aucune suite ne sera donnée aux candidatures non retenues et toute fausse déclaration entraînera le rejet de la candidature ou la rupture du contrat de travail subséquent. Le candidat retenu devra être disponible au plus tard le 3 janvier 2011. Toutes les candidatures internes doivent impérativement être transmises par voie hiérarchique. P/LE DIRECTEUR GENERAL ET PAR DELEGATION LE DIRECTEUR DES RESSOURCES HUMAINES MOUSSA MOHAMED JEUNE AFRIQUE N° 2590 – DU 29 AOÛT AU 4 SEPTEMBRE 2010


VOUS & NOUS 87

Forum BALTEL/SIPA

PROFESSEUR BERNARD DEBRÉ

Ancien ministre français de la Coopération, député de Paris

Un regard neuf sur le continent

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ù e n e s t l ’A f r i q u e f r a n c o p h o n e aujourd’hui ? Politiquement, les démocraties avancent à pas comptés. Il serait stupide d’être béat, dans certains pays elles sont encore balbutiantes. Faut-il s’en étonner? Regardons plutôt ce qui s’est passé ailleurs et avant. La Révolution française a été sanglante: les tueries de Vendée, les massacres de Nantes et de Lyon sont souvent occultés, la Terreur, meurtrière, n’est pas, tant s’en faut, la plus belle histoire de notre république naissante. Elle a vite débouché sur le Consulat et l’Empire. Ombres et lumières! C’est l’Empire qui a parachevé la centralisation, modernisé l’administration de la France avec, entre autres, le code Napoléon. C’est aussi l’Empire qui a mis l’Europe à feu et à sang. La IIe République, hésitante après quelques années de Restauration, a été bien courte, le prince-président devenant Napoléon III sous un second Empire marqué tant par des réformes importantes que par des guerres sanglantes. Notre République, finalement, n’a pas cent cinquante ans. Voudrait-on que les républiques africaines réalisent en cinquante ans ce que nous avons eu tant de difficulté à accomplir? Regardons plutôt l’avenir. LE CONTINENT AFRICAIN A D’IMMENSES POTENTIALITÉS. D’abord, en hommes. Depuis cette

année, plus de 1 milliard d’Africains y vivent. Ils assureront leur développement et pèseront dans l’avenir du monde entier. Ensuite, ce continent a d’innombrables ressources: métaux précieux, pétrole, agriculture, réserves marines que les Africains commencent à exploiter. Mais l’Afrique a aussi des difficultés. Elle est touchée par des maladies spécifiques comme le paludisme ou le trachome, tandis que le réseau sanitaire est très pauvre. Il existe des hôpitaux et des médecins de haut niveau qui sont regroupés dans les grandes villes et laissent les campagnes démunies. Il faut aider les Africains à élaborer des réseaux de santé. La coopération doit être manifeste: celle de la France, et celle du monde entier. Il manque une véritable coordination internationale pour créer ces réseaux. La coopération, j’en ai fait l’expérience quand j’étais ministre, est éclatée et parfois peu efficace. Il y a aussi des difficultés écologiques. Des zones entières sont déshéritées: déserts, forêts tropicales, mais aussi dévastation et pollution humaine… Là aussi, il manque un grand plan écologique pour la reforestation des zones désertiques, la préservation des forêts et des zones maritimes. Comment se fait-il que l’énergie solaire reste marginale, que les énergies vertes soient

inexistantes ? Le monde doit s’en préoccuper et aider les gouvernements africains. Il faut que ce continent puisse accéder à une énergie bon marché, fondement du développement. Il y a également des difficultés sur le plan commercial et industriel. Pendant trop longtemps, les pays du Nord ont profité des richesses de l’Afrique sans suffisamment participer à son développement. Voici maintenant que d’autres puissances la regardent avec intérêt: Chine, Inde… Sont-elles pour autant altruistes? Vraisemblablement pas. Ces nouveaux « maîtres » seront peut-être pires que ceux d’hier. LA FRANCE A ENCORE UN RÔLE À JOUER EN AFRIQUE. Ne soyons pas toujours en train de battre notre

coulpe en nous souvenant des colonies. Mais définissons l’aide au développement. Non plus seulement en saupoudrant les financements, mais en organisant avec l’Afrique et d’autres pays de véritables plans d’action. Pourquoi ne pas instituer des délégations de services publics signées par la communauté internationale ? Cela permettrait de « gérer » les projets sanitaires, écologiques ou énergétiques, l’argent étant prélevé sur les budgets de tous les pays développés participant à ces délégations internationales. Si nous baissons les bras, l’Afrique vulnérable sera victime de prédateurs, qu’ils soient institutionnels – africains ou d’autres continents – ou mafieux – utilisant ce continent pour contrevenir aux lois internationales (trafics de drogue, fabrication de faux médicaments, pillages…). Cinquante ans, c’est peu, mais c’est aussi le temps pour regarder l’Afrique avec un œil nouveau, pour éviter que ses fils s’en aillent, tant les élites, qui s’installent confortablement dans les pays riches, que les pauvres, les déshérités, proies des passeurs qui les débarquent par centaines de milliers sur nos côtes, où ils sont exploités et tombent dans l’illégalité, parfois dans la délinquance. Il faut aimer l’Afrique comme je l’aime pour appeler à un renouveau international de la coopération. ■

Voudrait-on que l’Afrique réalise en cinquante ans ce que nous avons eu tant de difficulté à accomplir ?

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COURRIER DES LECTEURS La Côte dʼIvoire en voie de disparition ?

■ De retour de la Côte d’Ivoire, ma très chère patrie, je ne retiens que la tristesse et la misère d’une grande partie de la population. Mon pays est devenu le symbole même de la corruption et de l’anarchie. L’administration est totalement pourrie et chacun fait ce qu’il lui plaît. Les autorités politiques mettent tous les dysfonctionnements sur le compte de la « guerre de trois jours » que nous avons connue. Mais la réalité est tout autre. C’est, en effet, l’incompétence, l’irresponsabilité et la médiocrité de toutes les forces politiques et de leurs dirigeants qui ont mis le pays dans cet état. Les pauvres sont plus pauvres et mendient tout le temps, et les riches sont toujours plus riches parce qu’ils pillent sans arrêt les caisses de l’État. Gbagbo, Bédié, Ouattara et Soro sont tous responsables de ce qui se passe. Le Front patriotique ivoirien (FPI), le parti au pouvoir, est en train de tuer l’État, et le Parti démocratique de la Côte d’Ivoire (PDCI), le Rassemblement des républicains (RDR) et les Forces nouvelles (FN) ont ruiné le peu d’espoir qu’il y avait dans les communes et villes sous leur contrôle. La date du 31 octobre a été avancée pour l’élection. Mais nous savons tous que dès qu’elle approchera de nouvelles difficultés volontairement provoquées apparaîtront. Il n’y a pratiquement plus d’État dans le pays, mais les différents clans dominés par les partis politiques et leurs leaders respectifs continuent à dicter leur loi au peuple

sans le moindre remords. La balle est donc dans le camp du peuple. C’est à lui de se libérer de la méchanceté de ses dirigeants. Il doit faire sa révolution afin que les choses changent définitivement et de façon durable. MOUSSA SANOGO, PARIS, FRANCE

Un coucou présidentiel onéreux

■ Étant journaliste indépendant depuis pratiquement une vingtaine d’années, le souci d’une information crédible m’est toujours resté collé à la plume. Ce faisant, avec l’interminable crise économico-financière que ne cesse de trimbaler l’Afrique subsaharienne, tel un boulet, je ne m’imaginais pas certains de nos dirigeants se permettre de perpétuer l’insolent luxe des dépenses prétendument « de prestige ». J’émettais donc des doutes sur le fait que les réparations effectuées sur l’avion présidentiel béninois étaient exorbitantes, comme l’avait laissé entendre en son temps une certaine classe politique et même certains confrères. Fort heureusement, ma lanterne a été éclairée par votre édition no 2587 du 8 au 14 août. J’ai pu savourer l’intense plaisir de découvrir qu’un avion neuf de vingt places vaut environ 20 millions d’euros, soit 13 milliards de F CFA. Or, la réfection du coucou présidentiel béninois, quasi trentenaire, a coûté 3 milliards de F CFA, soit pratiquement le quart du prix d’un appareil neuf. Pour un État pauvre comme le nôtre, c’est plus qu’un simple gaspillage des ressources : c’est un manque criant de rationalité dans la gestion des affaires de l’État. THIERRY JOSSA JOUABLE, COTONOU, BÉNIN

AGENDA SEPTEMBRE 2010 ANITA CORTHIER

1ER LIBYE Fête de la Révolution. 5-11 STOCKHOLM, SUÈDE Semaine mondiale de l’eau. www.worldwaterweek.org 6-8 LIBREVILLE, GABON Conférence panafricaine sur le thème « Biodiversité et lutte contre la pauvreté : quelles opportunités pour l’Afrique ? » 9 AFRIQUE Journée de l’Union africaine. www.africa-union.org 11 ÉTHIOPIE Nouvel an. 11 ISLAM Fin du ramadan. 12 TURQUIE Référendum sur des amendements à la Constitution.

12-16 MONTRÉAL, CANADA 21e Congrès mondial de l’énergie (CME). www.wecmontreal2010.ca 14 NEW YORK, ÉTATS-UNIS Ouverture de la 65e Assemblée générale de l’ONU. Le débat général aura lieu du 23 au 25, et du 27 au 30. www.un.org 15-17 GENÈVE, SUISSE Forum public 2010 de l’OMC. www.wto.org 15-28 GENÈVE, SUISSE 57e session du Conseil du commerce et du développement de la Cnuced. www.cnuced.org 16-19 ROYAUME-UNI Visite officielle du pape Benoît XVI. 18 JUDAÏSME Yom Kippour.

18 AFGHANISTAN Élections législatives. 19 GUINÉE Second tour de l’élection présidentielle. 20-22 NEW YORK, ÉTATS-UNIS Sommet sur les Objectifs du millénaire pour le développement. www.un.org 22 MALI Fête nationale. 24 GUINÉE-BISSAU Fête nationale. 26 VENEZUELA Élections législatives. 28 MONTRÉAL, CANADA 37e session de l’assemblée de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), jusqu’au 8 octobre. www.icao.int 28-30 ISTANBUL, TURQUIE 1er Sommet de la finance. www.ifs2010.com

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VOUS & NOUS 89 la RD Congo a connu sa première élection présidentielle au suffrage universel direct.

Journée de vote, à Bunia (RD Congo), le 29 octobre 2006.

Suffrage universel direct en RD Congo

■ Le forum publié dans la section « Vous et Nous », écrit par Thierry Vircoulon, directeur Afrique centrale de l’International Crisis Group, et intitulé « Afrique centrale : cachez ces 50 ans » (J.A. no 2586) contient, me semblet-il, une approximation. Au sujet de la RD Congo, l’auteur reprend à son compte une contre-vérité répandue dans certains médias lorsqu’il affirme que « la RD Congo a connu les premières élections au suffrage universel de son histoire en 2006 ». Or, le premier gouvernement congolais dirigé par Patrice Lumumba en juin 1960 est issu d’élections législatives au suffrage universel organisées un mois plus tôt et remportées par le Mouvement national congolais (MNC, le parti de Lumumba) et ses alliés. En octobre 1965, Moïse Tshombé, alors Premier ministre, avait organisé également des élections législatives au suffrage universel, gagnées par son camp, avant qu’il ne soit révoqué par le président Joseph Kasa-Vubu. Cette révocation inattendue provoqua une nouvelle crise politique qui se termina par le coup d’État du lieutenantgénéral Joseph-Désiré Mobutu en novembre. Il aurait fallu ainsi préciser qu’en 2006 les Congolais ont élu pour la première fois leur président au cours d’un scrutin multipartite au suffrage universel. STÉPHANE LUBAMBA DIUNGA, K INSHASA, RD CONGO Réponse : Il aurait fallu effectivement préciser qu’en 2006

JAMES AKENA/REUTERS

Honte à la France de Sarkozy

■ Je suis plus que scandalisé par les dérives xénophobes et racistes de Sarkozy, symbolisées par son projet de déchoir de la nationalité certains Français d’origine étrangère. Ils subiraient ainsi, de façon discriminatoire, la double peine. Si ce funeste dessein est validé par la suite, la France des droits de l’homme devrait à jamais se taire et ne plus donner de leçons de morale aux peuples africains qui sont toujours restés civilisés et ouverts sur le reste du monde. SÉNOUSSI HASSANA, ÉTUDIANT TCHADIEN EN FRANCE

Bardot et la viande halal

■ À quand la croisade de Brigitte Bardot contre le boudin noir, tellement prisé par bon nombre de Français et de Belges, dont je suis ? Le pauvre porc, que l’on ne peut pas égorger selon certains, parce qu’il n’a pas de cou, crie très fort quand on le saigne, au niveau du bas de la tête à défaut de cou, pour récupérer son sang qui servira à confectionner nos précieux boudins noirs. Et pendant que l’ancienne actrice y est, pourquoi ne pas, aussi, demander d’interdire sur le sol français la viande casher ? Brigitte Bardot ne serait-elle pas, sous le prétexte de la protection des animaux et de leur bien-être, un peu (trop) islamophobe ? NADIA VANHAMME, DAKAR, SÉNÉGAL

PRÉCISION

Après l’article intitulé « La bataille des jets privés » (J.A. n° 2587), il convient de préciser que c’est Netjets Europe qui a lancé une offensive commerciale au Maghreb. Contrairement à Netjets US, cette société n’est pas la propriété de Warren Buffett. Berkshire Hathaway, dirigé par le milliardaire américain, soutient financièrement Netjets Europe, mais l’actionnariat de ce dernier est majoritairement européen. ■ CHRISTOPHE LE BEC

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POST-SCRIPTUM

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL

P O L I T I Q U E , É C O N O M I E , C U LT U R E Fondé à Tunis le 17 oct. 1960 par Béchir Ben Yahmed (50 e année)

Édité par SIFIJA

Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 PARIS Tél. : 01 44 30 19 60 ; Télécopieurs : rédaction 01 45 20 09 69 ; ventes : 01 45 20 09 67 ; Courriel : redaction@jeuneafrique.com

L’Angleterre proxénète LA RÉALITÉ DÉPASSE L’AFFLICTION, DISAIT COCTEAU. Comment, en effet, être suffisamment affligé en découvrant dans la presse anglaise cette nouvelle inconcevable : les services sociaux de sa Gracieuse Majesté vont envoyer un jeune Anglais un peu perturbé à Amsterdam pour… s’envoyer en l’air avec une prostituée. FOUAD Tout cela aux frais du contribuable LAROUI qui, pour une fois, mérite vraiment son surnom de « cochon de payeur » – même si c’est un autre qui fait des cochonneries à ses frais. Dans ce petit café de Cambridge vide d’étudiants et plein de Japonais, j’ajuste mes lunettes, incrédule, pour lire la suite. S’exprimant dans le Sunday Telegraph, le travailleur social qui va accompagner l’heureux coquin justifie ainsi l’escapade : « Ce jeune homme a une phobie de l’acte de chair, ce qui affecte grandement sa vie sociale et le rend violent et agité. Le traitement que nous lui proposons va lui permettre de se réinsérer harmonieusement dans la société. » Souhaitons au jeune homme une bonne insertion et même une réinsertion. Il y a peut-être chez les courtisanes une promo du genre « deux pour le prix d’une ». Renseignement pris auprès d’un condisciple de Trinity College, il s’avère que le gouvernement travailliste avait débloqué l’an dernier 520 millions de livres sterling pour un programme intitulé Putting People First : Transforming Adult Social Care qu’il fait trop chaud pour traduire, mais qui permet aux travailleurs sociaux de faire n’importe quoi. Le soir venu, je regarde la BBC, qui consacre un programme à la question. D’accortes travailleuses de l’amour, estampillées British pur porc, protestent avec véhémence. Pourquoi a-t-on envoyé ce jeune homme si loin ? En quoi les tapineuses d’Amsterdam sont-elles meilleures que nous ? Font-elles des gâteries inconnues dans nos boudoirs ? Un professeur d’économie : « En plus, on aggrave le déficit commercial. » Vigoureux applaudissements des gagneuses patriotes. Mais, demandez-vous, qu’en pense l’Église ? Quelle drôle de question. Mais rien ! L’Église n’en pense rien. Cela fait longtemps qu’on ne songe plus à demander son avis à l’Église. Ni l’archevêque de Cantorbéry, pour les anglicans, ni l’archevêque de Westminster, pour les catholiques, ne se sont prononcés sur ce cas extraordinaire d’épectase. Dommage que cette histoire ne se soit pas déroulée au Caire ou à Téhéran. L’amateur éclairé se serait délecté des mille fatwas contradictoires qui auraient vu le jour sur un sujet pareil. Allez ! Un concours : composez votre propre fatwa et envoyez-la moi à l’adresse du journal. La plus originale vaudra à son auteur un week-end à Amsterdam… ■

Direction Directeur de la publication : BÉCHIR BEN YAHMED (bby@jeuneafrique.com) Directeur général : Danielle Ben Yahmed Vice-présidents : Aldo de Silva, Danielle Ben Yahmed, François Soudan, Amir Ben Yahmed Actionnaire principal : Béchir Ben Yahmed RÉDACTION Directeur de la rédaction : François Soudan Directeurs exécutifs : Marwane Ben Yahmed, Amir Ben Yahmed Rédacteur en chef exécutif : Cyril Petit Rédactrice en chef déléguée : Élise Colette Conseillers de la direction de la rédaction : Hamid Barrada, Abdelaziz Barrouhi (à Tunis), Aldo de Silva, Samir Gharbi, Dominique Mataillet, Renaud de Rochebrune Secrétariat : Chantal Lossou Chefs de section : Joséphine Dedet (Focus), Philippe Perdrix (Coverstory), Anne Kappès-Grangé (Afrique subsaharienne), Tarek Moussa (Maghreb et Moyen-Orient), Jean-Michel Aubriet (International), Cécile Manciaux (Le Plus), Jean-Michel Meyer (Ecofinance), Séverine Kodjo-Grandvaux (Lire, écouter, voir), Tshitenge Lubabu M.K. (Vous et Nous) Rédaction: Pascal Airault, Stéphane Ballong, Rémi Carayol, Julien Clémençot, Tirthankar Chanda, Constance Desloire, Georges Dougueli, Christophe Le Bec, Marianne Meunier, Nicolas Michel, Fabien Mollon, Pierre-François Naudé, Cherif Ouazani, Michael Pauron, Cheikh Yérim Seck, Leïla Slimani, Justine Spiegel, Cécile Sow (à Dakar), Fawzia Zouari; collaborateurs: Edmond Bertrand, Christophe Boisbouvier, Muriel Devey, Chedli Klibi, André Lewin, Nicolas Marmié, Patrick Seale; accords spéciaux: Financial Times RÉALISATION Maquette: Zigor Hernandorena (directeur artistique), Christophe Chauvin, Stéphanie Creuzé, Valérie Olivier, Émeric Thérond; révision: Nathalie Bedjoudjou (chef de service), Vladimir Pol; fabrication: Philippe Martin (chef de service), Christian Kasongo; service photo: Dan Torres (directrice photo), Nathalie Clavé, Vincent Fournier, Claire Vattebled; documentation: Anita Corthier (chef de service), Sylvie Fournier, Florence Turenne, Angéline Veyret JEUNEAFRIQUE.COM Responsable éditoriale : Élise Colette, avec Pierre-François Naudé ; responsable web : Jean-Marie Miny ; rédaction et studio : Cristina Bautista, Haikel Ben Hmida, Pierre Boisselet, Maxime Pierdet, Lauranne Provenzano VENTES ET ABONNEMENTS Directeur marketing et diffusion : Philippe Saül ; marketing et communication : Patrick Ifonge ; ventes au numéro : Sandra Drouet, Caroline Rousseau ; abonnements : Céline Champeval (ventes@jeuneafrique.com), avec : COM&COM, Groupe Jeune Afrique 18-20, avenue Édouard-Herriot, 92350 Le Plessis-Robinson Tél. : 33 1 40 94 22 22, Fax : 33 1 40 94 22 32. Courriel : jeuneafrique@cometcom.fr ■ COMMUNICATION ET PUBLICITÉ

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Gérant commandité : Béchir Ben Yahmed ; vice-présidents : Aldo de Silva, Danielle Ben Yahmed, François Soudan, Amir Ben Yahmed Directeur général adjoint : Jean-Baptiste Aubriot ; secrétariat : Dominique Rouillon ; finances, comptabilité : Monique Éverard et Fatiha Maloum-Abtouche ; juridique, administration et ressources humaines : Sylvie Vogel, avec Karine Deniau (services généraux) et Delphine Eyraud (ressources humaines) ; Club des actionnaires : Dominique Rouillon IMPRIMEUR SIEP - FRANCE. COMMISSION PARITAIRE : 1011C80822. DÉPÔT LÉGAL : AOÛT 2010. ISSN 1950-1285.

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