LE CLASSEMENT EXCLUSIF DES
200
PREMIÈRES BANQUES
Hebdomadaire international indépendant • 55e année • HORS-SÉRIE
BANQUE DES MIGRANTS Comment les Marocains ont sécurisé le marché
INTERVIEW François Pérol « BPCE, l’Afrique et le monde »
NO 38
jeuneafrique.com
AFRIQUE CENTRALE Inamovible Oyima
PORTRAITS Sauveurs de banques
FINANCE SPÉCIAL
BANQUES l CAPITAL-INVESTISSEMENT l BOURSE l FUSIONS-ACQUISITIONS l ASSURANCES
16 E ÉDITION
Nouveaux métiers, nouveaux produits, nouveaux acteurs… Malgré les risques, les financiers africains continuent de profiter de la croissance spectaculaire de leurs activités. Notre bilan annuel. ÉDITION GÉNÉRALE France 6 € • Algérie 360 DA • Allemagne 8 € • Autriche 8 € • Belgique 7 € • Canada 11,99 $ CAN • DOM 8 € • Espagne 8 € • États-Unis 10,95 $ US • Éthiopie 95 Birr • Italie 8 € • Maroc 45 DH • Mauritanie 1800 MRO • Pays-Bas 8 € • Portugal 8 € • Suisse 14 FS • Tunisie 6,50 DT • Zone CFA 3 000 F CFA • ISSN 1959-1683
Rédaction en chef Frédéric Maury
Éditorial
Rédaction en chef technique Laurent Giraud-Coudière
Frédéric Maury
Secrétariat de rédaction Xavier Delecroix Base de données et classements Jérôme Besnault (les500@jeuneafrique.com) Directeur artistique MarcTrenson
Fabrication Philippe Martin Infographies Christophe Chauvin Iconographie DanTorres (directrice photo), Nathalie Clavé Révision Nathalie Bedjoudjou (chef de service), Juliette Bain, ClaireTarrière Publicité Laure Nitkowski (coordination), Difcom, Groupe Jeune Afrique, 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 Paris • Tél. : 33 1 44 30 19 60 ; fax : 33 1 45 20 09 67 Ont collaboré à ce hors-série Joël Assoko, Arnaud Bébien, Marie Cadoux, Nadoun Coulibaly, Éric Dupuy, Élise Esteban, Alain Faujas, Mohamed Ali Jebira, Mehdi Michbal, Baudelaire Mieu, Jacques Mutarambirwa, Madjiasra Nako,Tolu Ogunlesi, Hubert Segain, NicolasTeisserenc 200
PREMIÈRES BANQUES
Hebdomadaire international indépendant • 55e année • HORS-SÉRIE
BANQUE DES MIGRANTS Comment les Marocains ont sécurisé le marché
INTERVIEW François Pérol « BPCE, l’Afrique et le monde »
NO 38
jeuneafrique.com
AFRIQUE CENTRALE Inamovible Oyima
PORTRAITS Sauveurs de banques
FINANCE SPÉCIAL
BANQUES l CAPITAL-INVESTISSEMENT l BOURSE l FUSIONS-ACQUISITIONS l ASSURANCES
16 E ÉDITION
Nouveaux métiers, nouveaux produits, nouveaux acteurs… Malgré les risques, les financiers africains continuent de profiter de la croissance spectaculaire de leurs activités. Notre bilan annuel. ÉDITION GÉNÉRALE France 6 € • Algérie 360 DA • Allemagne 8 € • Autriche 8 € • Belgique 7 € • Canada 11,99 $ CAN • DOM 8 € • Espagne 8 € • États-Unis 10,95 $ US • Éthiopie 95 Birr • Italie 8 € • Maroc 45 DH • Mauritanie 1800 MRO • Pays-Bas 8 € • Portugal 8 € • Suisse 14 FS • Tunisie 6,50 DT • Zone CFA 3 000 F CFA • ISSN 1959-1683
VIAFRAME/CORBIS SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Qui s’intéresse aux clients africains?
«
Rédaction graphique Jean-Philippe Gauthier, Sydonie Ghayeb
LE CLASSEMENT EXCLUSIF DES
3
C
omme la bancarisation régions rurales pour espérer rentabilin’augmente pas ou très ser l’ouverture d’une agence bancaire. lentement, toute nouvelle Certains pays, comme le Maroc ou banque se développe le Kenya, ont pourtant fait des miracles surtout en séduisant les clients de ses dans le domaine de l’inclusion financoncurrents. » Ce décryptage que nous cière. Il y a plusieurs explications à cela. livre Patrick Mestrallet (lire pp. 87-88), Au Kenya, par exemple, la capacité de « banquier africain » depuis deux décenla Banque centrale à accompagner les nies, a au moins le mérite de l’honnêteté. innovations commerciales, telles que l’agency banking (lire pp. 24-26) tout Le principal défi des établissements du en restant vigilante sur la question des continent devrait être de développer ce qu’on appelle « l’inclusion financière ». risques, y est pour quelque chose. Tout Pourtant, si des progrès ont été faits, rien comme l’explosion du mobile banking n’indique que cette question soit réelle(les services financiers par téléphone portable). ment prise au sérieux par les banquiers africains. Pourquoi ? Tout d’abord, ils Mais il y a peut-être une autre raison n’en ont guère besoin. Les taux de renau manque de dynamisme de certaines tabilité des grands acteurs restent excepbanques, sur laquelle les régulateurs tionnels : au Kenya ou au devraient méditer: la localiL’innovation sation de leurs actionnaires. Ghana, les ratios bénéfices sur fonds propres ont atteint François Pérol, patron du ne peut en2013respectivement26% huitième groupe bancaire venir que et 47 %. Au Nigeria, près de européen, le concède à des banques sa manière dans l’entre20 %. En Europe, au cours de la même année, les plus tien qu’ils nous a accordé locales. (lire pp. 12-18) : le centre grandes banques ont excepde gravité du groupe BPCE, même s’il tionnellement dépassé les 10 %, et souvent oscillé entre 5 % et 10 %. s’engage en Afrique, restera en France… Comment imaginer que l’innovation L’autre raison qui explique le relatif vienne de groupes dont l’avenir et l’équimanque d’initiative des banquiers du libre ne se jouent pas sur le continent ? continent, c’est la croissance naturelle Dans ce contexte, il n’est guère surdont ils profitent grâce, notamment, à prenant que, sur plusieurs marchés, le l’émergence d’une classe moyenne africhangementsoitapportépardesétabliscaine. En 2013, le produit net bancaire sements à capitaux locaux, bien gérés cumulé en dollars de nos 200 premières et plus proches des clients africains. Ils banques a poursuivi sa progression, qui savent faire preuve de souplesse face à avait à peine été entamée par la crise des entreprises ou à des particuliers qui financière internationale: depuis 2009, ne peuvent pas toujours fournir à leur les revenus des établissements de notre banquier des garanties physiques ou des Top 200 sont passés de 42 milliards de bulletins de salaire. Or, rappelait récemdollars (33 milliards d’euros) à près de ment Paul Derreumaux, le fondateur 65 milliards, soit une augmentation de Bank of Africa, sur les 11 principaux d’environ 12 % par an. groupes d’Afrique de l’Ouest francophone, 10 sont majoritairement détenus Enfin, la conquête de clients par la seule création d’agences est une illusion. par des intérêts étrangers à la région. En dehors des grandes zones urbaines, Un phénomène récent, et qui se traduit d’autres approches commerciales de manière très positive en matière de doivent être imaginées : la densité de normes de gestion… mais ne favorise population est insuffisante dans les pas le progrès de la bancarisation. l JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
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Classements
121
53
Marchés financiers
Banques & assurances 3
Éditorial
53 CLASSEMENTS
Qui s’intéresse aux clients africains?
54 Les 200 premières banques
9 2 M A RC H ÉS F IN A N C IERS
60 Afrique du Nord 8
B AN QUES & AS S U R AN CE S
62 Afrique de l’Ouest 64 Afrique centrale 66 Afrique de l’Est 68 Afrique australe et océan Indien 70 Assurances
7 6 M A N AG EU RS
94 Enjeux 96 Portrait Vincent Le Guennou, profession : investisseur 103 Interview Ahmad Mohamed Ali, président de la Banque islamique de développement
10 Enjeux 12 Interview François Pérol, PDG du groupe BPCE 20 Législation Les Marocains marquent un point
107 Capital-risque Actis tire les bénéfices de l’expérience
24 Distribution L’« agency banking » rebat les cartes au Kenya
111 Gouvernance Agences de notation : peuvent mieux faire
29 Tribune « L’innovation est au cœur de la transformation des banques » 32 Portrait Henri-Claude Oyima, PDG de BGFI 34 Côte d’Ivoire Comment la BNI s’est refait une santé 39 Financement immobilier Le Nigeria a faim de prêts 42 Nouveaux venus Al Barid Bank ratisse large 44 Stratégie BNP Paribas tente de revenir en Afrique 48 Investissement Qui peut encore s’offrir une banque ?
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
78 Sauveurs de banques Mohamed Agoumi (BMCE), Charles Kimei (CRDB), Gideon Muriuki (Co-operative), Jean Damascène Nignan (UAB), Ahmed Rahhou (CIH), etc. 87 Interview Patrick Mestrallet, DG d’Oragroup
115 Financement Les PME font une timide percée à la Bourse 119 Tribune « La double cotation n’est pas l’ennemie des Bourses africaines » 121 CLASSEMENTS 122 Bourse 124 Capital-investissement 126 Fusions-acquisitions 128 Dette publique 1 3 0 Pos t- s c rip tum Rêve chinois ILLUSTRATIONS : JON BERKELEY POUR J.A.
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
8
BANQUES & ASSURANCES
Stagnation en Si le total de bilan cumulé en dollars des 200 premières banques africaines n’a progressé que de 0,8 % en 2013, c’est en raison de l’effondrement du rand. Mais, en monnaie locale, cette croissance demeure à deux chiffres. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
INTERVIEW
François Pérol, PDG du groupe PBCE
KENYA
L’« agency banking » rebat les cartes
PORTRAIT
Henri-Claude Oyima, l’inamovible
STRATÉGIE
BNP Paribas tente de revenir en Afrique
9
JON BERKELEY POUR J.A.
trompe-l’œil SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
10
Banques
assurances
A
u vu des chiffres, 2013, comme 2011, semble avoir été une mauvaiseannéepourlesecteur bancaire africain. Le total de bilan en dollars des 200 premières banques du continent a connu une hausse très limitée, de 0,8 %. En 2012, il avait progressé de 5,8 %. Attention, toutefois, aux mauvaises interprétations. Cette apparente stagnation s’explique largement, comme deux ans plus tôt, par l’effondrement du rand. La monnaie de l’Afrique du Sud – dont les banques sont des poids lourds du continent – a en effet chuté de près de 25 % au cours de l’année 2013. Si le rand était resté constant, le total de bilan cumulé de nos 200 géants bancaires aurait progressé de plus de 10 %, un résultat bien plus en phase avec la perception des professionnels sur le terrain. En réalité, le secteur bancaire en Afrique continue bien souvent de connaître une croissance à deux chiffres. En Afrique de l’Ouest, la croissance du total de bilan est ainsi restée forte, à plus de 7 %, tandis qu’en Afrique de l’Est, l’envolée a atteint 18 %. Du côté des revenus, la progression est marquée : le produit net bancaire (PNB) cumulé en dollars des entreprises de notre Top 500 a bondi de 7,4 % malgré l’effet de change défavorable lié à la baisse du rand. Toutefois, depuis 2008 et la crise financière internationale, l’évolution n’est plus aussi spectaculaire qu’auparavant. Qu’elle paraît loin cette année 2006, quand les revenus cumulés des établissements de notre Top 200 bondissaient de 34,3 % ! La profession est désormais abonnée à l’effet yoyo : en 2009, le PNB cumulé s’effondrait de 12,7 %, avant de rebondir fortement – 20,7 % – en 2010 puis d’être ramené à 5 % en 2011. Il n’est pas certain aujourd’hui que la tendance à la croissance soit assurée à moyen terme. Globalement, la concurrente s’est exacerbée. Dans certains pays, une vingtaine de banques se partagent un maigre marché. Certes, la bancarisation progresse – elle a globalement doublé en dix ans – mais demeure bien souvent à un niveau assez peu élevé. Cependant, le niveau global d’innovation en matière de produits, de méthodes de vente, de métiers, reste souvent trop timide par rapport aux besoins réels de financement des économies du continent. Et les banquiers en sont encore souvent réduits à se battre pour les mêmes clients: grandes entreprises, négociants, fonctionnaires et salariés du privé, pour l’essentiel.
L’AFRIQUE AUSTRALE MOINS DOMINANTE Répartition géographique
Afrique du Nord
32,3 %
Afrique australe
45,9 %
Afrique de l’Ouest
Afrique de l’Est
15,8 %
4,2 % Afrique centrale
1,8 %
Dans ce contexte, les banquiers africains ont montré leurs talents de gestionnaires. Nous consacrons notre galerie de manageurs à ces experts du redressement (lire pp. 76-90). Mais ils ont encore beaucoup à prouver en termes de développement commercial, même si les bons exemples existent. Parmi eux, le Maroc et le Kenya. Dans le royaume chérifien, le taux de bancarisation est passé de 32 % en 2003 à 56 % en 2013. Une performance qui s’explique grâce à la spectaculaire augmentation du nombre d’agences, mais aussi à la simplification des démarches d’ouverture de compte et à l’explosion des crédits immobiliers. Au Kenya, la progression a été tout aussi impressionnante, au point qu’aujourd’hui, selon la Banque centrale, on compte 21 millions de comptes pour 44 millions d’habitants. Surtout, la création de l’agency banking, une véritable révolution (lire pp. 24-26), et le boom du mobile banking ont permis de placer 58,7 % des Kényans à moins de 3 km d’un « point d’accès
Hors-série finance, le making of ! NOTRE BASE DE DONNÉES RÉPERTORIE 917 BANQUES (en augmentation de 2,45 %) et 539 sociétés d’assurances (+ 2,86 %). Chacune d’elles a été contactée au moins une fois et jusqu’à six fois pour notre enquête. Il nous aura fallu sept mois pour obtenir 395 réponses de banques et 122 de sociétés d’assurances et réaliser ainsi les classements des 200 premières banques africaines, des 100 premières sociétés d’assurances, et les classements généraux y afférents. ! Les éléments financiers ont tous une source clairement définie et nous ont été pour la plupart communiqués par les entreprises. Ces classements portent sur l’exercice 2013. Lorsque les résultats nous ont été communiqués en monnaie locale, ils ont été convertis en dollars, au taux de change en vigueur au 31-12-2013 (source: www.oanda.com). Lorsque nous ne parvenons pas à obtenir de données actualisées, nous gardons celles du classement précédent (en le signalant JÉRÔME BESNAULT en italique). Au bout de deux ans sans nouvelles d’un établissement, il disparaît du classement. l
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Banques LA CROISSANCE RALENTIT…
… MAIS LES REVENUS AUGMENTENT
Total de bilan des 200 premières banques (milliards de $)
Total du PNB des 200 premières banques (milliards de $)
1 500
1 374,9 1 200
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1 368,3
1 447,2
1 458,5
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1 199,4
60,5
60
50,1
50
900
40 600
53,3
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30
20 300 10
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financier », pour reprendre l’expression de Njuguna Ndung’u, logique d’expansion régionale est primordiale. L’exemple le gouverneur de la Banque centrale du Kenya. plus frappant de l’essoufflement de ce modèle est fourni par Mais ailleurs, les progrès sont plus décevants. Cela s’explique Ecobank, désormais présent dans 36 pays d’Afrique subsahapar la prudence des autorités de régulation, mais aussi par une rienne, mais moins rentable que la plupart des autres institutions certaine frilosité des grandes banques, qui dominent la scène du continent. Le nigérian Access Bank, qui s’était lancé dans locale. La tendance est confirmée par Devlhon Consulting, qui une aventure semblable au milieu des années 2000, a d’ailleurs publie chaque année une étude sur la progression du nombre globalement mis un terme à l’expérience. d’agences sur le continent. Selon ce cabinet, la croissance des S’il est vrai, comme nous le dit François Pérol (lire pp. 12-16), réseaux s’est tassée en 2013, même si l’Afrique patrondudeuxièmegroupebancairefrançais, reste l’une des régions du monde où elle est le que « les banques suivent leurs clients », alors Dans certains pays, plus soutenue. Mais les situations divergent onpeutpenserquelemodèlepanafricainadu tout reste à faire selon les zones : l’Afrique de l’Est a montré plomb dans l’aile: l’intégration économique en matière bancaire. entre les différents blocs du continent reste son dynamisme avec une augmentation de 16 % du nombre d’agences bancaires, en effet très faible, et les grands groupes tandis que ce chiffre diminuait de 5 % en Afrique australe et africains pouvant se targuer d’être présents dans des dizaines dans l’océan Indien, et qu’il progressait de seulement 4 % en de pays se comptent encore sur les doigts des deux mains. La Afrique de l’Ouest. Les groupes étrangers sont globalement mode est encore aux groupes régionaux, ceux dont la stratégie les moins dynamiques : ils réduisent leurs réseaux. Ce sont d’expansion est guidée par une logique économique forte. les institutions régionales qui tirent le marché. Est-ce à dire que le potentiel bancaire africain est moindre? Sûrement pas. Dans certains pays (comme en RD Congo), tout ESSOUFFLEMENT. Lesgrandsréseauxpanafricains,eux,digèrent reste à faire, ou presque. Partout existent encore de solides leur expansion rapide de ces dernières années. L’augmentation marges de progression, et le mobile banking, l’agency banking, du nombre de leurs agences s’est ralentie pour revenir à un ou les produits proposés par la finance islamique permettront rythme de 4 % à 5 %. Ces derniers temps, le modèle panafripeu à peu de gagner des parts de marché. S’il fallait des preuves cain a d’ailleurs globalement perdu de sa superbe. La banque de ce réservoir de croissance, on le trouverait sans problème d’affaires Renaissance Capital a la première sonné l’alerte dans dans l’intérêt renouvelé des grands financiers internationaux un rapport qui pointait une rentabilité décevante, des coûts en pour l’Afrique : l’achat de près d’un quart du capital d’Ecobank par Qatar National Bank en est un signe, tout comme la rapidité hausse – ce que l’augmentation du capital minimum requis un peu partout en Afrique ne va pas arranger – et l’impossibilité avec laquelle Atlas Mara, le fonds mis sur pied par Bob Diamond, de concurrencer les grandes banques internationales pour l’ex-PDG de Barclays, a levé plusieurs centaines de millions s’attirer la clientèle des multinationales. De quoi remettre en d’euros pour financer des achats de banques africaines. l FRÉDÉRIC MAURY question le bien-fondé de ce mode de développement où la SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
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Banques & assurances
ENTRETIEN
François
Pérol
« Le système financier international n’est pas à l’abri de nouvelles menaces » De la stagnation économique en Europe au développement stratégique de son groupe en Afrique en passant par les dangers de la finance non régulée, le dirigeant de BPCE, le deuxième groupe bancaire français, livre son analyse.
E
Propos recueillis par
FRÉDÉRIC MAURY
n cette mi-septembre, le grand soleil qui baigne le ciel parisien pourrait presque permettre à François Pérol de faire signe à Emmanuel Macron, de l’autre côté de la Seine. De son bureaudelarivegauche,leprésident du directoire de BPCE, deuxième groupe bancaire français né du rapprochement en 2009 de Banque populaire et de Caisse d’épargne, fait quasiment face au bâtiment de Bercy où officie le ministre français de l’Économie. Les deux hommes ont été, dans un passé pas si lointain, banquiers d’affaires à la banque Rothschild. Un point commun parmi d’autres: tous deux sont fils de médecin, diplômés de Sciences-Po Paris, de l’École nationale d’administration(ENA),etilssontpassésparlaprestigieuse Inspection des finances avant de rejoindre les ors de la République. Pas du même côté de l’échiquier, toutefois. François Pérol aura été membre des cabinets de deux ministres de l’Économie de droite, Francis Mer puis Nicolas Sarkozy, avant de suivre ce dernier en 2007 à l’Élysée au poste de secrétaire général adjoint chargé de l’Économie. Unefonctionqu’EmmanuelMacronoccuperacinq ans plus tard, mais auprès de François Hollande. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
Aujourd’hui, leur face-à-face n’est pas que géographique: il n’y a pas plus grand contempteur que François Pérol de la politique économique menée sous le gouvernement Valls. Et son diagnostic de l’évolution des économies européennes n’a rien de réjouissant ni d’encourageant pour les nombreux pays d’Afrique francophone dont les liens avec l’Europe sont encore très forts. Il est cependant bien difficile de cerner la vision économique de ce quinquagénaire : libéral dans son discours sur les rigidités du marché du travail et la lourdeur de la fiscalité, ce partisan de la nonintervention de l’État dans l’économie a paradoxalement été l’un des conseillers économiques les plus interventionnistes, participant aux sauvetages d’Alcatel, de Bull ou de France Télécom, mariant GDF et Suez, accélérant le rapprochement entre Banque populaire et Caisse d’épargne – ce qui lui a d’ailleurs valu, en février dernier, une mise en examen pour prise illégale d’intérêts… « Visiteur occasionnel et observateur » de l’Afrique, où son groupe s’est développé sans guère de logique depuis une quinzaine d’années, il se dit impressionné par la croissance soutenue que connaît le continent. Et il reconnaît, off the record, avoir été très gêné par l’idée énoncée par son mentor Nicolas Sarkozy, mi-2007, selon l l l SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
BRUNO LÉVY POUR J.A.
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Bio express 6 novembre 1963 Naît au Creusot, en Bourgogne 1990 Sort major de l’École nationale d’administration (ENA) 2002-2005 Nommé directeur adjoint du cabinet des ministres de l’Économie Francis Mer, puis Nicolas Sarkozy 2005 Devient associé-gérant de la banque d’affaires Rothschild & Cie 2007 Nommé secrétaire général adjoint de la Présidence 2009 Prend la tête du groupe BPCE, créé le 31 juillet
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l l l laquelle l’homme africain ne serait pas entré dans l’Histoire. Le continent, pour lui, est prometteur. Il assure vouloir y mener une politique d’implantation plus cohérente et plus active, après avoir passé les cinq premières années de son mandat à renforcer la solidité financière de son groupe. En partie, d’ailleurs, pour y accompagner ses clients, qui, de plus en plus, s’intéressent à cette zone. Sans pression: BPCE, qui n’est pas coté en Bourse, est maître de son temps. Début septembre, François Pérol s’est rendu au Cameroun et au Congo-Brazzaville – deux pays où le groupe est présent –, puis en Côte d’Ivoire, où il a bien failli s’implanter il y a trois ans en négociant une entrée – finalement avortée – au capital de Banque Atlantique. Une manière de poser les premières pierres d’un chantier d’avenir. Entretien.
JEUNE AFRIQUE : L’OCDE s’est alarmée en septembre 2014 du niveau anémique de la croissance dans la zone euro, tombée à 0,8 %. Pensez-vous possible un retour dans le rouge de l’économie européenne ? FRANÇOIS PÉROL: En Europe, le scénario central
est celui d’une reprise très progressive. Le potentiel de croissance est plus faible aujourd’hui qu’avant le début de la crise financière, en 2007, et il semble durablement très réduit. Les politiques budgétaires sont fondamentalement restrictives, car l’endettement public a atteint des niveaux difficilement dépassables. C’est un scénario à la japonaise que nous connaissons, particulièrement en France. Comment voyez-vous l’avenir pour la France ?
Nos prévisions sont traditionnellement plus pessimistesqueleconsensus,mais,jusqu’àprésent, les faits nous ont malheureusement donné raison pour l’année 2014. Et nous anticipons moins de 1 % de croissance pour 2015.
Il y a toujours un potentiel de croissance très important dans ce qu’on appelle le monde émergent. Une spirale déflationniste est-elle possible ?
Des mécanismes déflationnistes se mettent en place. Les acteurs économiques n’achètent pas parce qu’ils pensent que les prix vont baisser. Les négociations salariales vont se dérouler sur la base de prévisions d’inflation extrêmement basses, et les entreprises savent qu’elles ne pourront pas augmenter les prix. Je ne sais pas si nous allons entrervéritablementdansunepériodededéflation, mais ce qui est certain c’est que la croissance va rester durablement faible. En France, la demande JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
BICEC, VICTOR ZÉBAZÉ
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de crédits adressée aux banques est très limitée. Noussommesparvenusàunpointtelquelesecteur privé n’arrive plus à financer les besoins du service public et que ce dernier ne peut plus recourir à la dette. Il faut donc redonner la capacité au secteur privé de produire plus et mieux. Que faudrait-il améliorer ?
Il faut réformer le marché du travail et mettre en œuvre la simplification administrative. Sur ce dernier point, on constate plutôt un durcissement alors qu’il faudrait libérer les énergies. Est-ce le sentiment des entrepreneurs que vous rencontrez ?
Les chefs d’entreprise sont attentistes. Le gouvernement sous-estime l’impact des mesures qui ont été prises au début du nouveau mandat, sur la taxation du capital par exemple. Il y a une incompréhension généralisée en France vis-à-vis de la politique fiscale. Vous ne croyez pas à la possibilité d’une relance par la demande ?
Non, car l’appareil productif n’est pas équipé pour y faire face. Si vous relancez par la dépense publique, cela se traduira par un surcroît de déficit extérieur. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
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mouvement n’est pas terminé et ne le sera que dans quatre ou cinq ans. Mais ce qui a été fait a fondamentalement changé les établissements bancaires. Ainsi, le groupe BCPE a presque doublé le montant de ses fonds propres durs, passant de 24 à 42 milliards d’euros entre 2009 et aujourd’hui. Nous avons plus de dépôts, donc un financement plus stable. Nous avons arrêté les activités pour compte propre. Beaucoup de grandes institutions ont suivi cette tendance. Doit-on craindre une nouvelle crise financière ?
Je ne crois pas que le système financier international soit à l’abri de nouvelles menaces. Pour surmonter la crise, les banques centrales ont libéré des liquidités en quantité abondante, ce qui a produit, ici et là, des bulles spéculatives. Ces dernières finiront par exploser. Quand ? Je ne le sais pas. Et puis il reste une partie de l’industrie financière qui n’est pas régulée et qui continue de faire ce que les banques faisaient hier… Que pensez-vous de la lutte contre l’évasion fiscale ? Certains experts estiment qu’il y a plus d’argent qui s’échappe de l’Afrique vers les paradis fiscaux qu’il n’en rentre par l’aide au développement…
Partagez-vous les recommandations du patronat français sur le droit du travail, qui prône l’abandon des 35 heures, la suppression de jours fériés ?
Tout à fait. Il est souhaitable qu’en la matière on privilégie les négociations au niveau des entreprises. Si notre système était efficace, aurions-nous 5 millions de chômeurs ? Le statu quo protège aujourd’hui ceux qui ont un travail au détriment de ceux qui en cherchent. Y a-t-il toujours des locomotives économiques au niveau mondial ?
Les États-Unis n’ont pas surmonté toutes les difficultés, mais leur économie est plus dynamique que celle de l’Europe. Et il existe toujours un potentiel très important de croissance dans ce qu’on appelle, à tort, le monde émergent – car certains pays, comme la Chine, ont déjà largement émergé. Beaucoup d’États africains ont également un grand avenir. Depuis la crise financière de 2007-2008, les banques occidentales se sont-elles vraiment réformées ?
Les établissements régulés se sont adaptés à une évolution en profondeur de la réglementation, notamment en ce qui concerne le capital, le mode de financement, la résolution des difficultés. Le SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
p Lors de sa visite au Cameroun en septembre, François Pérol a rencontré le ministre de l’Économie Alamine Ousmane Mey (à dr.).
Il y a eu une évolution très importante, en Suisse par exemple. Il n’est pas normal que certains pays se spécialisent dans l’évasion fiscale. L’échange d’informations se met progressivement en place. C’est inévitable et souhaitable. Les États-Unis ont commencé à s’attaquer à ce problème en votant une loi qui oblige les intermédiaires financiers opérant hors des États-Unis gérant des comptes appartenant à des citoyens Américains à transmettre à l’administration américaine des données sur ces comptes. Il n’y a peut-être pas moins de paradis fiscaux qu’avant, mais il ne faut pas sousestimer ce qui a été fait en la matière depuis 2008. Votre groupe compte des filiales dans ces paradis fiscaux, au Vanuatu par exemple…
Je me réfère à la liste noire dressée par notre gouvernement: nous n’en avons aucune. La Bred Banque populaire a effectivement une activité à Vanuatu, mais il s’agit d’une simple banque de détail, ce qui n’est pas assimilable à une activité d’évasion fiscale. Vous vous êtes rendu en septembre 2014 en Afrique, et votre groupe y est implanté depuis une dizaine d’années. Quelle vision avez-vous de l’évolution récente des économies locales ?
Le continent, particulièrement l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, présente un potentiel de croissance extrêmement important des taux de bancarisation faibles – entre 7 % et 14 % – et il fait l’objet d’un regain d’intérêt très fort de la part des entreprises du monde entier. Je suis convaincu JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
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Banques
assurances ALGÉRIE
que la bancarisation progressera très vite grâce Natixis Algérie, filiale à 100 % aux nouvelles technologies. La tendance est : de Natixis, banque de financement du Groupe BPCE moins d’agences et plus de banques mobiles. En Côte d’Ivoire, en quatre ans seulement, les MAROC opérateurs de télécommunications gèrent Détient 5 % du davantage de comptes de monnaie électro- capital de Banque nique qu’il n’y a de comptes bancaires dans centrale populaire le pays. Cette offre, si elle était enrichie, répondrait mieux aux besoins d’une grande partie de la population. MALI A acquis 9,4 % du capital de la Banque nationale de développement Nousestimonsquenouspouvons,demanière agricole plus systématique et plus importante que ce que du Mali en nous avons fait par le passé, investir dans ces pays 2011
Des implantations hétéroclites
Dans votre plan stratégique 2014-2017, l’expansion internationale tient une place importante. Quels métiers souhaitez-vous déployer en Afrique ?
pour accompagner et accélérer le mouvement de bancarisation. Par ailleurs, nous sommes un acteur important dans la zone en matière de financement d’infrastructures, de ressources naturelles, et l’Afrique nous intéresse aussi à ce titre.
Lors d’un déplacement récent en Côte d’Ivoire, vous avez affirmé votre intention d’installer le groupe BPCE dans ce pays. Sous quelle forme ?
C’est l’une des économies les plus importantes de la zone, et nous souhaitons en effet nous y implanter. Nous travaillons sur plusieurs hypothèses. Cela peut être une acquisition ou un partenariat. À ce stade, je ne souhaite pas donner davantage de détails. Êtes-vous candidat pour entrer au tour de table de la Caisse nationale des caisses d’épargne (CNCE)?
Non. C’est une rumeur. Mais pourriez-vous entrer à 10 % ou 20 % au capital d’une banque, comme un partenaire technique?
Nous cherchons à être un opérateur industriel. Pour cela, nous devons être majoritaires. En 2011, vous avez mené de longues négociations avec la Banque Atlantique en Côte d’Ivoire. Pourquoi n’ont-elles pas abouti ?
Il n’y avait pas d’accord, ni sur la nature de la transaction ni sur le prix. Quels sont les autres pays que vous visez de manière prioritaire ?
Nous ne raisonnons pas en termes de pays. L’Afrique de l’Ouest, francophone et anglophone, est en train de former un tout, et nous la considérons comme tel.
TUNISIE
Actionnaire majoritaire de la Banque tuniso-koweïtienne, privatisée en 2008
DJIBOUTI
Bred, l’une des Banques populaires membre de BPCE, possède depuis 2007 la Banque pour le commerce et l'industrie-mer Rouge
MADAGASCAR
CAMEROUN
Possède la Bicec, l’une des principales banques du pays
CONGO-BRAZZA
La Banque commerciale internationale (BCI), filiale à 100 % de BPCE, en activité depuis octobre 2006
A acquis en 2011 auprès de BNP Paribas la Banque malgache de l'océan Indien
MAURICE
Contrôle la Banque des Mascareignes
Avant le plan en cours, vos précédentes orientations stratégiques évoquaient déjà l’expansion internationale, et notamment en Afrique…
Entre 2010 et 2014, les exigences des superviseurs et des régulateurs ont été considérablement durcies et, pour y répondre, nous avons donné la priorité au renforcement de notre solidité financière. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation qui nous permet d’aborder de manière sereine des projets internationaux dans le domaine de la banque de détail.
En Côte d’Ivoire, nous cherchons à être un acteur industriel. Pour cela, nous devons être majoritaires. On a du mal à saisir la cohérence de vos implantations sur le continent.
Elles sont liées à l’histoire. Les Banques populaires avaient investi au Cameroun et au Congo. Les Caisses d’épargne en Tunisie et au Maroc. Natixis en Algérie. le groupe BPCE a hérité de tout cela. Ensuite, la crise financière a stoppé net ses ambitions d’expansion.
Y aura-t-il une opération en 2014 ou en 2015 ?
Nous ne divulguons jamais de calendriers, qui dépendent aussi des circonstances et des opportunités. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
Au Maroc, vous étiez actionnaire du CIH avant de revendre vos parts. En 2012, vous avez investi 140 millions d’euros dans le capital l l l SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Au service de l’Afrique qui avance
L’Afrique est riche. Riche de sa jeunesse et de son énergie. Riche de son ambition et de sa créativité. Nous croyons en cette richesse. Nous croyons en une Afrique entreprenante où l’initiative et l’innovation sont encouragées. Nous croyons en une Afrique solidaire où le dialogue et le partage d’expérience sont une source d’enrichissement mutuel. Nous croyons en une Afrique compétitive qui prenne la place qui lui revient dans le monde et dans l’avenir. Groupe Attijariwafa bank. Au service de l’Afrique qui avance. Attijariwafa bank société anonyme au capital de 2 035 272 260 DH - Siège social : 2, boulevard Moulay Youssef, Casablanca. Agréée en qualité d’établissement de crédit par arrêté du ministre des finances et de la privatisation n° 2269-03 du 22 décembre 2003 tel que modifié et complété. Téléphone 0522 22 41 69/29 88 88 - RC 333.
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assurances
du marocain Banque populaire. Comment voyez-vous la relation avec ce groupe, qui rayonne désormais au sud du Sahara ?
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Noussommestrèsheureuxdenotrerelationavec ce groupe, qui est très dynamique. Il existait une relation ancienne entre la Banque populaire en France et son homonyme au Maroc. Aujourd’hui, nous sommes actionnaire à hauteur de 5 %, et je siège au conseil d’administration de BCP [Banque centrale populaire]. Nous avons noué un partenariat commercial concernant la clientèle des migrants marocains installés en France. Le groupe BCP a des ambitions en Afrique, ce qui s’est déjà traduit par l’achat de Banque Atlantique. Cette question de l’expansion en Afrique subsaharienne, nous en discutons souvent. Avez-vous un projet commun de développement au sud du Sahara ?
Pas encore. Nous prenons le temps de nous connaître un peu mieux.
Un géant bancaire français*
36
millions de clients
8,8
millions de sociétaires
115000 collaborateurs
8000
agences bancaires
21,6
L’un des deux groupes à l’origine du groupe BPCE, Banque populaire, a longtemps été le partenaire privilégié de l’un des principaux groupes panafricains, Bank of Africa, avant de couper tout lien. Il y a quelques années, Crédit agricole a cédé ses filiales au sud du Sahara. Diriez-vous que les banques françaises ont manqué leur rendez-vous avec l’Afrique ?
milliards d’euros de produit net bancaire
Je ne crois pas, en tout cas, qu’il soit trop tard. Il y a encore beaucoup de choses à faire, énormément d’innovations à mettre en place.
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Qatar National Bank a été capable de mettre près de 600 millions de dollars sur la table en dix jours pour devenir l’actionnaire principal du premier groupe panafricain Ecobank. Les banques françaises ont-elles la même force de frappe financière ?
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milliards d’euros de résultat net part du groupe
milliards d’euros de total de bilan * DONNÉES FIN 2013
Oui.
Nous voulons faire beaucoup de choses en Afrique, sans remettre en question nos équilibres. Et la même volonté ?
Cela dépend des banques françaises. En ce qui nous concerne, nous voulons faire beaucoup de choses en Afrique sans que cela ne remette en question nos équilibres. Sur nos 23 milliards d’euros de revenus, 85 % sont générés en France. Les 15 % qui restent proviennent essentiellement des États-Unis et de l’Asie. La part de l’international va, certes, augmenter. Mais notre groupe va garder le socle de son activité en France, centré, dans les régions qui composent nos territoires, sur le JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
métier de banque de proximité, en respectant nos spécificités coopératives. Ce qui n’empêche pas nos banques d’accompagner quotidiennement leurs clients à l’international… Pensez-vous que le regard sur l’Afrique a changé?
J’en suis convaincu. Il y a bien sûr en ce moment un risque sanitaire qui préoccupe tous les investisseurs. Mais, à cette réserve près, j’observe un intérêt croissant des groupes – français ou autres – pour l’Afrique. Et cet intérêt se porte sur des secteurs toujours plus variés. En tant que conseiller au sein de cabinets, au ministère de l’Économie puis à l’Élysée, vous avez œuvré à plusieurs opérations stratégiques pour l’économie française. Êtes-vous partisan d’un État stratège, voire interventionniste ?
En France, l’État est traditionnellement très impliqué dans l’économie. Probablement trop. Au cours des dernières années, je n’ai pas le sentiment qu’il ait toujours joué un rôle très positif. Le rôle de l’État doit être avant tout de créer les conditions pour favoriser le développement des entreprises, que ce soit en matière de fiscalité, de bonne gouvernance, de droit du travail ou de justice. Mais quand vous unissez GDF et Suez, ou Banque populaire et Caisse d’Épargne…
Ce furent des interventions ponctuelles. Le rapprochement de GDF et de Suez avait été annoncé avant l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir, il fallait bien trouver une solution. Est ensuite intervenue la crise financière. C’est après la faillite de la banque d’investissement américaine Lehman Brothers, en septembre 2008, que le rapprochement entre Banque populaire et Caisse d’épargne a été décidé. Et, contrairement à ce que beaucoup pensent, c’était à l’initiative des deux banques, pas à celle de l’État. Quelle est votre position concernant le nationalisme économique ?
L’État doit veiller aux intérêts stratégiques du pays, dans le domaine de la défense ou des ressources sensibles. Mais les économies sont ouvertes. On ne peut pas se réjouir de l’acquisition réalisée par un groupe français à l’étranger et, en même temps, vouloir interdire aux entreprises étrangères de faire de même en France. Vous évoquez le cas français, mais les Africains n’en sont pas encore à acquérir des entreprises françaises…
L’histoire peut changer, y compris dans le secteur bancaire. Demain, des groupes africains feront des acquisitions en dehors de leur continent. La question n’est pas de savoir si cela arrivera, mais quand… l SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
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GUILLAUME MOLLÈ POUR J.A.
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p Le siège de la Banque populaire à Casablanca, leader sur le marché des résidents à l’étranger.
Législation Les Marocains marquent un point À la pointe des services destinés aux migrants, les banquiers marocains sont parvenus à faire reconnaître en France la spécificité de cette activité, ouvrant ainsi la porte à leurs confrères africains. FRÉDÉRIC MAURY
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«
l est clair que l’Autorité de contrôle a cherché des poux dans la tête aux banques marocaines et, à un moment, j’ai même pensé qu’elle les mettait dans le même sac que les banques suisses. » Lâchée sous le sceau de l’anonymat, cette confession d’un financier français en dit beaucoup sur les longues négociations qu’ont menées Banque populaire, Attijariwafa Bank et BMCE avec les autorités financières françaises. C’est l’avenir d’un pan important de leurs activités dans l’Hexagone qui était en jeu : la commercialisation de services bancaires pour le compte des maisons mères au Maroc. La pratique est ancienne, « aussi ancienne que la présence des banques marocaines en France », estime un spécialiste du sujet. Et jusqu’alors plutôt bien acceptée : les filiales françaises des banques marocaines ouvrent ainsi pour leurs clients des comptes au Maroc, et leur font bénéficier de services bancaires simples (épargne, crédit) offerts par leurs maisons mères, à Casablanca. À la clé, une facilitation des flux d’argent entre le pays d’adoption et le pays d’origine. « Nous avions des agréments pour ces activités d’intermédiation pour le compte JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
de la maison mère, même si le code ensemble, la question est tout aussi crumonétaire restait silencieux sur ce sujet, ciale : ces « expatriés de long terme » explique Laïdi El Wardi, directeur général aident à équilibrer la balance des paiede la Banque de détail et des Marocains ments et sont un important soutien de du monde à Banque populaire. L’ACPR l’économie en y injectant chaque année [Autorité de contrôle prudentiel et de environ 5 milliards d’euros. résolution, qui surveille les banques Début janvier 2013, les trois grandes agréées en France] s’est toujours posé banques pourtant concurrentes décident des questions sur ces activités, mais, à donc de travailler ensemble sur ce dosun moment donné, elle a voulu défisier. Elles saisissent le cabinet d’avocats nir une doctrine précise concernant la question. » Dans le royaume, les comptes Début 2013, les discusdes sujets résidant à l’étranger sions s’engagent sur une base plutôt inquiétante représentent 20 % des dépôts. pour les banques marocaines. « L’Autorité de contrôle souhaiLefèvre Pelletier & Associés, qui est instait interdire cette activité, au moins tallé de part et d’autre de la Méditerranée. provisoirement », souligne un proche Dominique Strauss-Kahn, plusieurs fois du dossier. Quelque temps auparavant, ministre en France, ancien directeur les Pays-Bas avaient d’ailleurs procédé général du FMI et ami affiché du Maroc, à une interdiction comparable. s’implique également en jouant de toute son influence. La direction du Trésor, SOUTIEN. Pour les trois banques, qui puissante entité au sein du ministère de l’Économie et des Finances, est en dominent le marché des Marocains installés en France, c’est l’alarme. Dans le première ligne des négociations. Elles royaume chérifien, environ 20 % des dureront plus d’un an. dépôts bancaires (plus de 10 milliards « Les premiers projets de l’ACPR ne d’euros) sont détenus par les Marocains prenaient pas en compte la spécificité des banques marocaines », souligne résidant à l’étranger (MRE) : le travail Yoann Lhonneur, directeur associé de très actif entre les maisons mères et les Devlhon Consulting. « Notre spécififiliales françaises y est pour beaucoup. cité, c’est la bi-bancarisation, insiste l l l Pour l’économie marocaine dans son SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.
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TROIS LEADERS
Parts de El Wardi, qui rappelle que juridique permettant, sous marchés sur les les Marocains installés en certaines conditions, la comdépôts des MRE France sont, eux, déjà larmercialisation en France par gement concernés par la des établissements agréés de Banque populaire bi-bancarisation. Banque produits ou services finan% ciers de banques de pays populaire, Attijariwafa Bank tiers. Le 7 juillet, le texte est et BMCE vont pouvoir faire définitivement adopté. Dans jouer à plein leur présence Attijariwafa Bank la foulée, le code monétaire dans des pays comme la % et financier français est mis Tunisie, le Mali, le Sénégal, le à jour. « Tout cela permet de Burkina. Mais les françaises sécuriser les activités avec comme Société générale ou BMCE les migrants », se réjouit BNP, elles aussi présentes % Mouawia Essekelli. dans certains de ces pays Menée par les banques (ainsi qu’en Algérie, autre marocaines, cette bataille marché à gros potentiel), devraient également s’engouffrer dans les dépasse pourtant largement. Le texte la brèche pour accentuer la commers’applique en effet à tous les établiscialisation en France de produits bansements ayant leur siège social dans un pays figurant sur la liste des États caires offerts par leurs filiales africaines: bénéficiaires de l’aide publique au déveépargne locale, accès à un bien immobiloppement établie par l’OCDE. Soit, en lier dans le pays d’origine, rapatriement… tout, près de 150 nations à travers le monde, à la condition qu’une convenENJEU EUROPÉEN. « Cela apporte de tion existe entre l’ACPR et l’autorité de la sérénité aux acteurs historiques de contrôle de l’État en question. La réforme ce marché, mais la réforme est aussi ouvre donc la voie au renforcement des une porte d’entrée pour de nouveaux acteurs », note Yoann Lhonneur. Elle activités des banques sur le marché de tous migrants installés en France, un permet en effet à des banques étrangères pays qui compte officiellement près de qui ne possèdent aucune activité dans 200 000 subsahariens, principalement l’Hexagone de pouvoir proposer leurs Sénégalais et Maliens. offres, à condition qu’elles aient conclu « Les banques vont pouvoir passer une convention avec un établissement à la vitesse supérieure sur ces autres de crédit agréé en France. De quoi faire marchés, où il n’y a pas aujourd’hui fleurir les partenariats entre banques d’acteurs dominants », explique Laïdi françaises et africaines. L’autre enjeu est européen. « Cette Une agence parisienne d’Attijariwafa, numéro deux pour les services aux migrants. réforme française nous offre une bonne base pour mener des discussions sur le même sujet ailleurs en Europe », souligne Mouawia Essekelli, qui n’oublie pas que, en vertu du passeport européen, Attijariwafa Bank est aussi implantée en Belgique, en Italie, en Allemagne, en Espagne et aux Pays-Bas. Dans certains de ces pays, notamment l’Espagne et l’Italie, le potentiel de développement des banques sur les marchés des migrants est important. Selon nos informations, une fois publié l’arrêté français fixant notamment le champ précis des activités autorisées pour les banques étrangères, les institutions marocaines et leurs conseils entendent porter le dossier directement auprès de la Commission européenne. Leur objectif : pouvoir dupliquer un peu partout en Europe et en Afrique le modèle marocain de banque des migrants. l
Laïdi El Wardi. Nous contribuons à inclure financièrement des populations de migrants en Europe et au Maroc. Nous formalisons les transferts de fonds, qui échappent ainsi à l’informel. Nous canalisons l’épargne dans le système bancaire. » En mettant en avant le rôle qu’elles jouent en matière de codéveloppement, les banques marocaines évacuent les suspicions de sortie de capitaux : depuis 2011 et la découverte des pratiques commerciales de la banque UBS en France, suspectée de favoriser l’évasion fiscale vers la Suisse, c’est l’un des principaux sujets d’inquiétude des autorités françaises. « La Fédération bancaire française nous a bien défendus ; elle a obtenu de l’ACPR de surseoir à l’interdiction prévue, souligne Mouawia Essekelli, administrateur et directeur général d’Attijariwafa Bank Europe. Par la suite, nos demandes ont globalement été bien accueillies par nos interlocuteurs. » Début 2014, Christian Cambon (sénateur du Val d’Oise, UMP) et Jean-Claude Peyronnet (sénateur de la Haute-Vienne, apparenté socialiste) introduisent, via un amendement à la loi d’orientation et de programmation relative à la politique de développement et de solidarité internationale, quelques articles (largement préparés par la direction du Trésor) qui changent tout. Objectif affiché des deux parlementaires membres du groupe d’amitié France-Maroc : fixer un cadre
VINCENT FOURNIER/J.A.
lll
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SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Une nouvelle identité
au service d’une nouvelle ambition
Le groupe OGAR dispose d’une expérience de quarante années dans le métier de l’assurance. Se basant sur des valeurs solides telles que l’innovation, le professionnalisme, la proximité et la responsabilité sociale, le groupe est devenu leader au Gabon. Le plan stratégique Vision 2015 organise l’ambition du Groupe en axant tout particulièrement les efforts sur la satisfaction du client, le développement de la gamme de produits, l’innovation, la mise en place d’un système de management de la qualité et le développement international. Le Groupe OGAR change d’identité visuelle pour installer plus que jamais le client au cœur de son action quotidienne et mettre en avant l’accueil, la relation, la personnalisation, le conseil et la compétence. La nouvelle identité se veut moderne, dynamique et chaleureuse. Elle associe une typographie élégante et rassurante à une nuée d’oiseaux colorés, symbole de diversité et de solidarité. Elle manifeste, ainsi, la volonté du groupe d’aller plus haut et de s’internationaliser.
www.groupeogar.com
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Banques
assurances
Distribution L’« agency banking » rebat les cartes au Kenya Depuis 2010, les Kényans peuvent réaliser des opérations bancaires dans des commerces. Plébiscitée par les clients, très profitable pour les établissements, la formule redessine le paysage financier du pays. JACQUES MUTARAMBIRWA,
C
envoyé spécial à Nairobi
haque semaine, Dennis, un chauffeur de taxi de Nairobi, s’arrête à son épicerie de quartier. Pas pour faire ses courses, mais pour y déposer une partie de sa recette. La somme est immédiatement créditée sur son compte bancaire. Aussi efficace, mais plus simple que les
habituelles opérations assurées par des agences bancaires, ce service a un nom: agency banking. L’expression anglaise, sans réel équivalent en français, désigne un système dans lequel une prestation
financière est assurée par des intermédiaires – les agents bancaires – exerçant déjàuneactivitécommercialeparailleurs. Il peut s’agir de bureaux de change, de services de messagerie, d’agences postales,
Banques
assurances
25
2014*
voire de supermarchés ou de pharmacies. Les opérations proposées varient, depuis l’ouverture d’un compte jusqu’aux dépôts et aux retraits, en passant par le paiement des factures. « Le propriétaire du magasin est agréé par ma banque. Je peux venir y retirer ou y déposer de l’argent comme bon me semble », explique Dennis, qui se réjouit de « ne plus avoir à faire la queue au guichet ». Au Kenya, des témoignages de ce type sont monnaie courante. Depuis que la Banque centrale du Kenya (BCK) a accordé son feu vert, en mai 2010, à cette pratique, l’agency banking a pris son essor. Fin juin 2011, six banques commerciales signalaient avoir passé contrat avec 6 513 agents à travers le pays. Trois ans plus tard, le dernier rapport trimestriel de la BCK recense 26 750 agents actifs mandatés par 15 établissements financiers. D’avril à juin 2014, quelque 13,5 millions de transactions ont été réalisées via ce canal pour une valeur totale de 72,5 milliards de shillings (630 millions d’euros), des chiffres en hausse respectivement de 32 % et 20 % sur une année. Le Kenya se prête bien au développement d’un nouveau modèle bancaire. Le pays est un pionnier en matière de services financiers. Les paiements par téléphone mobile sont entrés dans les mœurs: le service le plus connu, M-Pesa, proposé par l’opérateur Safaricom, compte près de 20 millions d’abonnés. Et plus des deux tiers de la population a accès à des services financiers au sens large (banque, assurances, mobile banking) contre moins d’un quart en moyenne pour l’Afrique subsaharienne. Dans ce contexte, l’agency banking apparaît comme la dernière frontière de l’innovation bancaire. La formule présente des avantages pour tous les acteurs de la chaîne. Tout d’abord, les clients n’ont plus besoin de se rendre dans une agence en centreville pour effectuer leurs opérations bancaires. Le pharmacien ou le boutiquier du coin de la rue fera l’affaire. « C’est un gain de temps et d’argent », résume Evelyn, employée dans un hôtel de la capitale kényane. Et dans les zones reculées, les agents sont souvent les seuls à fournir des services financiers de base à la population. Selon Rakshit Bolar, responsable marketing au sein du SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
26 750
2013
23 477
Nombre d’agents, tous réseaux confondus Au 31-12 (sauf * : au 30-6)
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jection à fin 2014 Pro
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l’agency banking leur permet d’étendre largement leur réseau pour un coût deux à trois fois moindre que si elles devaient développer des agences classiques. D’un côté, précise cette étude, les coûts fixes sont sensiblement diminués grâce ÉQUATION GAGNANTE. Pour les agents, à l’utilisation de points de vente déjà reconnus par la banque centrale et rémuexistants. De l’autre, les coûts d’acquisinérés par les banques commerciales, ce tion (des nouveaux clients) sont allégés. service représente un apport d’activité De plus, les frais (commissions versées parfois substantiel et qui ne nécessite aux agents) ne sont déboursés que si une transaction financière est réalisée. Cette équation Les banques peuvent étendre leur gagnante dope les profits réseau à moindre coût en utilisant des établissements financiers, puisque ceux-ci des points de vente existants. engrangent des revenus pas d’investissements. L’équipement supplémentaires tout en assumant des nécessaire, d’ailleurs peu onéreux, est le charges proportionnellement réduites. plus souvent pris en charge par l’établisLes dernières données compilées sement financier. Kenneth, quincaillier par la banque centrale kényane confirdans le quartier de Mathare, à Nairobi, ment cette analyse: avec un profit global est agréé à la fois par M-Pesa pour son avant impôts de 71 milliards de shillings système de paiement par téléphone por(673 millions d’euros) pour le premier table et par Equity Bank. Il dégage ainsi, semestre 2014, en hausse de 15,6 % par selon ses estimations, « entre 15 000 et rapport à la même période l’an dernier, les établissements financiers kényans ne se 20 000 shillings [de 130 à 170 euros] de rentrées mensuelles supplémentaires ». sont jamais aussi bien portés. Equity est Soit près de 30 % de ses revenus. la championne incontestée de l’agency Mais ce sont au final les banques banking avec plus de 11 000 agents qui sont les grandes gagnantes de ce recensés – 40 % du total national –, qui système, puisque, selon une étude réaenregistrent désormais plus de transaclisée sur ce sujet par Clara Veniard, tions que les guichetiers en agence et de la Fondation Bill & Melinda Gates, les distributeurs automatiques de l l l fournisseur de solutions bancaires Craft Silicon, « une grande partie du bon taux de bancarisation que connaît le pays s’explique par le déploiement réussi de l’agency banking en milieu rural ».
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Banques
assurances
SVEN TORFINN/THE NEW YORK TIMES-REDUX-REA
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p Agences de télécoms, commerces ou pharmacies… Le Kenya compte plus de 25 000 agents offrant des services financiers. l l l billets combinés. Et l’établissement affiche le meilleur rendement sur actifs du secteur : 7 %, contre 5 % pour Kenya Commercial Bank (KCB) et Co-operative Bank, selon la société d’audit RSM Ashvir. De quoi conforter encore un peu plus sa position de « banque africaine la plus profitable », selon le dernier palmarès des 1 000 premières banques de la planète réalisé par le magazine spécialisé The Banker. La direction du groupe financier kényan attribue en grande partie cette performance au déploiement rapide et massif de l’agency banking. La banque a su mobiliser à faible coût de nouvelles ressources – les sommes déposées auprès de ses agents – pour les transformer en prêts. Les crédits accordés par l’établissement représentent l’équivalent de 98 % des dépôts collectés, le plus haut ratio du secteur. L’avance prise par Equity pourrait cependant ne pas durer. Bien déterminées à rafler elles aussi une part substantielle de ce nouveau marché, ses principales concurrentes, KCB et Co-operative Bank, recrutent à leur tour massivement de nouveaux agents (plus de 7 000 chacune) et reproduisent la formule avec un certain succès.
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Le système de l’agency banking ne peut toutefois pas se substituer complètement au réseau des agences bancaires classiques. Rakshit Bolar, de Craft Silicon, souligne que « la question de la confidentialité peut parfois constituer un motif d’inquiétude. Bien des clients ne font pas entièrement confiance aux agents : lorsqu’il s’agit de fournir des informations relatives à leur situation financière, ils préfèrent traiter avec des employés de la banque ». Autre limite du modèle, comme le relève Clara Veniard dans son rapport : au-delà des services de base tels que dépôts, retraits et paiements de factures, « les banques peuvent difficilement compter sur les agents pour vendre des
Trois leaders Equity Bank
11 009 agents KCB Bank
7 181 agents Co-operative Bank
7 000 agents
SOURCE : RAPPORTS D’ACTIVITÉ DU PREMIER TRIMESTRE 2014 DES ÉTABLISSEMENTS BANCAIRES
produits plus sophistiqués (cartes de crédit, prêts, solutions de placement) ». Cela nécessiterait de pouvoir analyser le profil de risque du client et en outre, le cadre réglementaire restreint les possibilités d’offrir davantage de services financiers. OFFENSIVE. Mais les banques kényanes
tentent quand même d’élargir l’offre proposée par leurs agents. « L’agency banking étant désormais largement diffusé, l’accent doit maintenant être mis sur la dimension commerciale, en créant de nouveaux services », analyse James Mwangi, le directeur général d’Equity. Ce dernier envisage ainsi de se lancer prochainement dans la vente de billets d’avion et le courtage d’assurance. De leur côté, Co-operative Bank et KCB prévoient d’étendre encore leur réseau en s’alliant aux enseignes de grande distribution Tuskys, Uchumi et Nakumatt. Si le modèle est désormais solidement implanté au Kenya, dans la sous-région, l’offensive ne fait que commencer. Les groupes Equity Bank et KCB reproduisent déjà la formule au Rwanda et en Tanzanie, deux pays dans lesquels ils sont implantés. En attendant d’autres terrains de conquête. l SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Au coeur du développement, au coeur de l’Afrique. Abidjan
Bamako
Cotonou
Djibouti
Dar Es Salaam
Kinshasa
Niamey
Antananarivo
Accra
Lomé
Dakar
Kampala
Nairobi
Ouagadougou
et aussi à Bujumbura et à Paris
Banques
assurances
TRIBUNE
Opinions & éditoriaux
« L’innovation est au cœur de la transformation des banques »
M
DR
« MOHAMED ALI JEBIRA Directeur Conseil chez Deloitte Tunisie
algré un taux de bancarisation qui demeure l’un des plus faibles au monde, la révolution technologique qui a débuté ces dernières années sur le continent commence à transformer considérablement les systèmes bancaires et le comportement des usagers. Ces changements amènent les établissements africains à placer l’innovation au cœur de leur stratégie pour mieux s’adapter aux nouvelles contraintes du marché: la concurrence s’intensifie avec l’expansion des grands groupes panafricains qui diversifient leur offre en proposant des services de paiement en ligne ou de transfert d’argent; l’arrivée de nouveaux produits (microfinance, paiement par téléphone portable) renforce l’inclusion financière ; le modèle de distribution doit s’adapter à la complémentarité avec la banque digitale. Pour développer leur compétitivité, les banques doivent aujourd’hui intégrer ces évolutions. Il s’agit de proposer une « nouvelle expérience bancaire ». La variété de l’offre permet de personnaliser la relation client. Le canal de distribution ne sera pas le même selon le service proposé, mais il faut aussi veiller à maintenir la simplicité des usages et la cohérence entre les différents canaux. Trois tendances technologiques représentent un véritable atout pour fidéliser la clientèle et améliorer la distribution tout en développant des services innovants et de très grande qualité : le mobile banking, les médias sociaux et le big data.
une alternative à l’argent liquide et entraînent une évolution en profondeur des mentalités dans la plupart des économies africaines. Dans la mesure où un cadre réglementaire adapté est mis en place et que se développe un véritable écosystème marchand (interconnexion entre les commerçants, les banques et les opérateurs de télécoms), le potentiel du mobile banking est énorme. Ces nouvelles pratiques vont entraîner un bouleversement majeur sur le marché bancaire africain en amenant toujours plus de nouveaux services (dépôt de chèques, trading, réception de produits marketing…). Les médias sociaux enregistrent également une croissance spectaculaire (plus de 54 millions d’abonnés Facebook sur le continent en 2013, contre 10 millions en 2009) et ils représentent une opportunité à saisir pour les banques africaines qui cherchent à séduire de nouveaux clients et à accroître leur rentabilité. Mais les stratégies adoptées jusqu’ici, fondées principalement sur la communication et très peu sur l’interaction, ne sont pas encore à la hauteur des enjeux. La fidélisation et la capture des clients
Il s’agit de proposer une “nouvelle expérience bancaire” en créant une relation client personnalisée.
Porté par une importante progression des ventes d’équipements électroniques – smartphones, tablettes, phablettes… – dans le monde, qui atteignent près de 40 milliards d’euros en 2014, et par un taux de pénétration de la téléphonie mobile de 70 % en 2013 (et 80 % d’ici à trois ans), le mobile banking – services bancaires via la téléphonie mobile – s’impose comme un axe majeur de développement. Il permet d’intégrer des populations non bancarisées, notamment dans les régions où le réseau bancaire est peu développé, et rend possibles un accès instantané aux comptes ainsi que des transactions à distance : paiement, crédit, épargne, transfert d’argent… Au quotidien, ces services proposent SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
par le biais des médias sociaux exigent une stratégie progressive. Les établissements financiers doivent mieux connaître et valoriser leur image pour bâtir une communauté d’usagers avant de proposer des produits et de développer des services adaptés aux plateformes choisies. Enfin, avec la généralisation de l’usage de l’internet fixe et mobile, les banques recueillent des volumes de données toujours plus importants qui constituent une mine de renseignements sur les clients et leurs comportements. Les techniques de big data – analyse des données en masse – sont essentielles pour en extraire des informations pertinentes et valorisables. Même si ce traitement représente un coût élevé, les banques africaines investissent de plus en plus dans ce domaine, car elles peuvent en tirer des bénéfices en matière de qualité de service, de gains de parts de marché et de fidélisation des clients. » l JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
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Jean-Louis Ekra, président d’Afreximbank (à gauche), accueilli par le Premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan à l’occasion de la création de la succursale d’Abidjan.
Afreximbank et le gouvernement ivoirien ont signé, le 22 septembre, les accords de base pour l’ouverture d’une succursale de la Banque Africaine d’Import-Export à Abidjan. La signature s’est déroulée en présence du Premier ministre ivoirien, Daniel Kablan Duncan, et du président d’Afreximbank, Jean-Louis Ekra. Les documents signés comportent un accord définissant le statut de la Banque et de son personnel à Abidjan, et un protocole par lequel la Côte d’Ivoire s’engage à fournir à l’établissement certains services et installations pour lui permettre de fonctionner efficacement. Le nouveau bureau d’Abidjan sera chargé du développement des services d’Afreximbank en Afrique de l’Ouest francophone. Il aura des activités de marketing, de gestion des relations avec la clientèle, de structuration et de gestion de prêts et sera le deuxième de la sous-région, avec celui d’Abuja au Nigeria. En juin 2014, le conseil d’administration de la banque, basée au Caire en Égypte, avait approuvé la création de nouvelles directions dédiées à l’Afrique de l’Ouest et à l’Afrique de l’Est. « L’ouverture d’antennes régionales est devenue une nécessité pour répondre à la demande croissante de nos services et pour promouvoir une meilleure répartition géographique des opérations d’Afreximbank », a déclaré M. Ekra lors de la cérémonie. « La croissance rapide et soutenue de l’activité économique et du commerce en Afrique, et en Afrique de l’Ouest en particulier, nécessite le developpement d’infrastructures pour soutenir les activités. La valeur du commerce de marchandises en Afrique de l’Ouest est passée de 33,1 milliards dollars en 1994, lorsqu’Afreximbank commençait ses opérations, à environ 266 milliards de dollars en 2012, soit un accroissement de plus de 700 % ! L’Afrique de l’Ouest francophone en représente environ 33 %. »
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Signature des accords par Jean-Louis Ekra, président d’Afreximbank (à gauche), et Moussa Dosso, ministre d’État de l’Emploi, des Affaires sociales et de la Formation professionnelle.
Le président d’Afreximbank a également indiqué que la décision de s’installer à Abidjan a été prise après une étude rigoureuse de multiples facteurs, comme la stabilité politique, économique et financière. Dans un discours prononcé après la signature, le Premier ministre Daniel Kablan Duncan a promis tout son soutien à la nouvelle succursale et a déclaré que le choix d’Abidjan est un « vote de confiance pour la Côte d’Ivoire », une reconnaissance de la consolidation de la paix dans le pays et de la réussite de la nation dans le renforcement de la reprise économique et le développement. « Notre décision s’inscrit en droite ligne de la vision des pères fondateurs qui voulaient une institution continentale qui réponde de façon efficace et effective aux besoins en financement du commerce des promoteurs africains à travers toutes les zones géographiques du continent », a conclu Jean-Louis Ekra.
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Le Président d’Afreximbank et le Premier ministre ivoirien (au premier rang, 5e et 6e à partir de la gauche) avec les participants à la cérémonie de signature.
Afreximbank ouvre une antenne régionale à Abidjan Principale institution multilatérale de financement du commerce en Afrique, Afreximbank se déploie sur le continent. La Côte d’Ivoire accueillera la succursale pour l’Afrique de l’Ouest francophone.
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Banques
assurances
Gabon Henri-Claude Oyima, l’inamovible En trente ans, il a hissé BGFI au rang de premier groupe financier d’Afrique centrale. Déstabilisé par des scandales, le banquier repart à l’offensive et fixe le cap… jusqu’en 2020. ÉLISE ESTEBAN
À
UN BANQUIER ÉNERGIQUE
57 ans, dont presque trente passés à la direction de implantations 1981-1982 « sa » banque, Henri-Claude à Brazzaville Suit des études Oyima repart à l’offensive en et à Malabo à Washington, annonçantunenouvellestratégiededéveaux États-Unis 2010-2012 (master’s degree loppement, le plan « Excellence 2020 ». Déploie le in banking) Le patron de BGFI prévoit notamment groupe dans six d’étendre ses opérations dans le secnouveaux pays, 1983 teur bancaire en Europe et en Afrique de dont la Côte Est nommé l’Ouest,maisaussiauRwanda,auBurundi d’Ivoire directeur général et en Angola. Il a également conclu un adjoint de Paribas 2013 partenariat avec l’assureur Ogar – dont il Gabon Doit faire face à préside le conseil d’administration – pour un scandale lié à 1985 fonderOgarInternational,unholdingdesdes malversations Devient directeur tiné à créer des compagnies d’assurance au sein de la général dans les pays où BGFI est déjà présent. filiale béninoise Les détracteurs du patron de la pre2003 de la banque, Préside la mière banque du Gabon, devenue preet à la mise en Confédération mier groupe bancaire d’Afrique centrale, garde à vue de patronale en sont pour leurs frais: l’homme n’est pas Brice Laccruche, gabonaise près de quitter son poste. Ses réalisations patron de BGFI (jusqu’en 2013) Bank Gabon parlent pour lui. Entre 2010 et 2012, le groupe a ouvert six filiales. Le total de 2000-2001 2014 bilan a bondi de moins de 2 milliards de Supervise le Reprend la main dollars en 2009 (1,33 milliard d’euros à changement avec l’annonce du de nom de la l’époque) à plus de 6 milliards en 2012. plan « Excellence banque et les En 2013, l’institution a digéré l’intense 2020 » politique de développement menée au cours des années précédentes et les derniers chiffres sont plus mitigés, avec une Les relations entre la présidence et le baisse de 5 % du résultat net, à 65 millions banquier, petit-neveu et ancien proche de dollars. Il faut dire que le groupe a d’Omar Bongo Ondimba, ont également fait l’objet de nombreuses spécuété secoué par des scandales au Bénin et même au Gabon. Au final, une vinglations. Des bruits de palais le disaient taine de cadres ont été limogés, dont tout en disgrâce depuis l’arrivée au pouvoir le management de la filiale à Cotonou, d’Ali Bongo Ondimba – son cousin – en où le groupe a perdu en 2012 beaucoup d’argent. Les bruits de palais le disaient Plus grave, l’un des très en disgrâce depuis l’arrivée proches collaborateurs d’Oyima à Libreville, Brice au pouvoir d’Ali Bongo Ondimba. Laccruche, a été emporté 2009. Un désaveu qui semblait corroboré par une affaire. Soupçonné de fraude par le fait que BGFI n’a pas été impliet de malversations financières, celui qué dans les accords de financement qui était alors directeur général de BGFI liés à certains grands projets comme Bank Gabon – et successeur d’Oyima à ce celui de la zone économique spéciale poste – a été placé en garde à vue mi-2013 et entendu par la police. Le patron a dû de Nkok, contrairement à Ecobank. La organiser en urgence son remplacement polémique a enflé en juin 2012 quand à la tête de l’un des piliers du groupe. l’hebdomadaire Échos du Nord (proche JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
de l’opposition) a laissé entendre que le président, soupçonnant Oyima d’avoir occulté certains avoirs financiers d’Omar Bongo Ondimba, cherchait à l’écarter pour installer ses hommes de confiance à la tête du groupe. À l’époque, le banquier avait aussitôt balayé ces rumeurs, parlant de « fantasmes ». « Mes relations avec le chef de l’État sont excellentes : il me consulte, prend mon avis… Quant aux affaires de l’ancien président, elles tombent sous le sceau de la succession, et je n’ai aucune influence là-dessus. Les valeurs de cette maison sont simples : fidélité et loyauté envers le Gabon et son chef », avait-il alors affirmé à Jeune Afrique. BGFI Bank, qui gère, entre autres, les recettes pétrolières de l’État – qui alimentent 60 % du budget national –, est une institution historiquement proche du pouvoir. Parmi ses actionnaires, on trouve notamment la Compagnie du Komo (25 % du capital) et Delta Synergie (6 %), qui regroupent tous deux des intérêts de la famille Bongo… La banque est souvent considérée comme l’héritière de la Fiba (Banque française intercontinentale, dissoute en 2000), contrôlée par Elf Gabon, et dans laquelle la famille Bongo détenait une participation de 35 %. BGFI en a d’ailleurs repris certains actifs au Gabon et au Congo. HYPERACTIF. Lors de la campagne de
déstabilisation menée en 2012, ses opposants ont un peu vite oublié qu’Oyima et la BGFI ne font qu’un, ou presque. « Il est inamovible, rien ne semble l’atteindre », confie un cadre de la banque qui tient à rester anonyme. Quel autre banquier en Afrique peut se targuer d’avoir développé et dirigé le même établissement depuis trois décennies ? Décrit comme un « homme pressé », voire « un hyperactif », il ne lui a pas fallu longtemps pour prendre la tête de la Banque Paribas Gabon, ancêtre de BGFI. Après des études au lycée français de Washington, diplômé d’un bachelor of business administration à l’American University de Washington DC en 1981 puis d’un master’s degree in banking l’année suivante, Oyima débute sa carrière comme attaché de direction dans la succursale gabonaise de Citibank. En 1983, il est nommé directeur général adjoint de la Banque Paribas Gabon, SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Banques
BRUNO LEVY POUR J.A.
une petite banque à l’époque. Il en sera propulsé directeur général deux ans plus tard. L’établissement a depuis changé plusieurs fois de nom pour devenir successivement la Banque gabonaise et française internationale (BGFI) en 1996 puis, en mars 2000, BGFI Bank. Selon son patron, la disparition de la mention « française » du nom de la société avait pour « seule motivation le souci d’avoir un intitulé qui soit simple à retenir et facile à prononcer dans toutes les langues ». Toujours est-il que, sous l’impulsion d’Oyima, BGFI Bank a connu une expansion spectaculaire qui lui a permis de se
assurances
Expansion à marche forcée Chiffres en millions de dollars Total de bilan
Produit net bancaire
154,2
163,2
1897
2 754
2009
2010
246,8 4 409 2011
383,1 6 081
2012
393,8 6 076
2013 SOURCE : BGFI BANK-JEUNE AFRIQUE
tailler une place de choix dans le paysage bancaire du continent. Le groupe est aujourd’hui présent dans neuf pays africains (Bénin, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée équatoriale, Madagascar, RD Congo et São Toméet-Príncipe) et emploie plus de 1 700 collaborateurs. Le PDG a fait de l’établissement un acteur financier diversifié qui maîtrise aujourd’hui quatre métiers : la banque commerciale, la banque d’investissement, les services financiers spécialisés et l’assurance. Un groupe qui finance jusqu’à présent sans difficultés ses développements stratégiques. RÉSEAUX PUISSANTS. Si ses amis
vantent son « parcours exceptionnel », dans un pays où les cadres supérieurs gabonais étaient quasiment absents du secteur privé au début des années 1980, d’autres rappellent que les origines familiales et géographiques d’Oyima ont aussi contribué à sa réussite. Né à Franceville (Sud-Est) le 4 décembre 1956 dans une famille de huit enfants, ce membre de l’ethnie tékée était en effet durant sa jeunesse l’un des protégés du général Idriss Ngari, ex-baron du régime et oncle de l’actuel président, plusieurs fois ministre sous Omar Bongo Ondimba (Santé, Travaux publics). Longtemps pressenti pour un ministère dans les précédents gouvernements, Henri-Claude Oyima ne s’est pourtant jamais servi de sa position de « banquier du roi » pour endosser le costumed’hommepolitique, contrairement à d’autres hommes d’affaires de sa trempe. Ses réseaux puissants lui ont en
revanche ouvert bien des portes, à tel pointquelePDGdeBGFIBankestdevenu omniprésent dans le monde des affaires gabonais. Il a dirigé pendant dix ans la Confédération patronale gabonaise (CPG), longtemps considérée comme l’antichambre des intérêts français au Gabon. Il avait ainsi l’oreille attentive du chef de l’État et pouvait pratiquer un intense lobbying en faveur des grandes entreprises. La consultante gabonaise Madeleine Berre, qui lui a succédé l’an dernier à la CPG, estime qu’il a su faire de l’organisation patronale un « interlocuteur privilégié de l’État » et que cela a permis de peser sur certaines réformes touchant au monde du travail ou à la fiscalité des entreprises. « Super Oyima », comme le surnomme la presse locale, est également à l’origine de la création, en 2004, du Club de Libreville, chargé de gérer la dette intérieure du pays (alors estimée à plus de 200 milliards de F CFA). Rassemblant une centaine d’entreprises opérant au Gabon, cette organisation vise à faciliter le recouvrement des créances auprès de l’État, qui accuse quasi systématiquement de cruels retards dans ses paiements. L’homme a récolté les honneurs – il est chevalier de l’Ordre du mérite gabonais et, depuis 2010, chevalier de la Légion d’honneur française –, mais, en dehors du travail, Oyima se fait très discret. Père de famille nombreuse, il pratique le tennis et la natation. Ce quinquagénaire entretient sa silhouette élancée dans la salle de fitness d’un grand hôtel de Libreville. Lorsqu’on lui demande comment il envisage son avenir professionnel, il se dit prêt à passer la main dans quelques années : « Les mandats ont un début et une fin. Quand ils se terminent, il faut s’y plier. Mon mandat à la tête de BGFI arrive à terme en 2020 », expliquait-il dans une récente interview à Jeune Afrique. « Pour le moment, j’ai un plan à mettre en œuvre, et nous n’avons pas, contrairement aux Anglo-Saxons, l’habitude de désigner des dauphins… » l JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
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Banques
assurances
t Pour son développement, la banque nationale mise sur les services aux particuliers.
Côte d’Ivoire Comment la BNI s’est refait une santé Ancienne caisse noire du régime, l’établissement public a renoué avec la rentabilité en diversifiant ses activités. Mais malgré le soutien de l’État, son avenir est toujours en discussion.
pour devenir une véritable banque commerciale. C’est aussi le résultat d’une offensive marketing agressive : elle a attaqué de front ses consœurs en rendant accessible l’ouverture d’un compte au plus grand nombre. Les frais bancaires ont été baissés vertigineusement, obligeant les autres banques à s’aligner.
BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan
E
n attendant la grande réforme du secteur bancaire public – qui ne devrait pas avoir lieu avant l’élection présidentielle d’octobre 2015 –, la Banque nationale d’investissement (BNI) accélère son développement. L’établissement détenu à 100 % par l’État, qui avait perdu de l’argent presque tous les ans entre 2005 et 2010, a finalement renoué avec les bénéfices en 2011, affichant même en 2012 et 2013 des profits cumulés d’environ 30 millions de dollars (23 millions d’euros). Fin 2013, son bilan, d’un total de 437 milliards de F CFA (666 millions d’euros) avait quasiment doublé par rapport à 2008, et pourrait franchir le cap des 500 milliards en 2014. Même accélération du côté du réseau : elle qui n’avait que trois agences il y a dix ans en compte aujourd’hui trente et une. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
FONCTIONNAIRES. « Nous avons
Ce spectaculaire développement dans un contexte d’hyper-concurrence – le secteur bancaire ivoirien est riche de vingt établissements – est d’abord le fruit d’une politique de diversification. S’éloignant de sa mission initiale, qui était uniquement de soutenir les opérations de l’État (lire l’encadré page suivante), la BNI a accéléré sa mue
Abidjan 16-17 mars 2015
Le rôle de l’État actionnaire : un des thèmes majeurs du AFRICA CEO FORUM 2015 www.theafricaceoforum.com
identifié les principaux segments de clientèle et défini les axes de développement commerciaux en focalisant notre offre sur les particuliers », confie Eugène Kassi N’Da, le directeur général. La banque nationale a notamment séduit les fonctionnaires, mais pas seulement : elle gérerait désormais plus de 130 000 comptes. C’est moins que les leaders ivoiriens, filiales de la Société générale ou d’Ecobank, mais la BNI a ainsi acquis du poids, devenant un acteur incontournable parmi les établissements nationaux en cours de réorganisation. De toutes les banques publiques dont l’avenir semblait incertain, elle fait partie, avec la Banque de l’habitat de Côte d’Ivoire (BHCI) et la Caisse nationale des Caisses d’épargne (CNCE), de celles dont la survie semble assurée. Pourtant, au sortir de la crise politico-militaire l l l SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
EMILIE REGNIER POUR J.A.
34
Banques
36
assurances
Croissance et bénéfices (en millions de dollars)
SOURCE : JEUNE AFRIQUE – NC : NON COMMUNIQUÉ
400
878,6
Total de bilan (éch. de gauche)
800
600
25
23,5
1000
766,2
Résultat net (éch. de droite)
560,6 6,6
506,3 452,4
734,3
15
17,5 487,7
12,9
526,6 450,5
NC.
8,5
20
10 5
du pays, est toujours en discussion. Dans le cadre de la réforme du secteur bancaire public, l’État souhaite faire de la BNI une grande banque en la dotant de ressources adéquates pour qu’elle puisse financer le développement du pays. Une fusion avec la CNCE pour créer un géant public, qui a un temps été envisagée, semble toutefois avoir été écartée.
CONFUSION. Pour se maintenir dans le Top 10 des banques du pays, l’établissement devra tout d’abord clarifier -1,1 son positionnement stratégique. « La -5 confusion entre activités publiques et NC activités concurrentielles peut entraîner -10 des prises de risque non maîtrisées 2009 2010 2011 2012 2013 et réduire la performance des deux activités », avertit un expert finanaussi (pour 38 milliards de F CFA) au cier. L’autre défi tient à la maîtrise des tour de table des travaux du prolonrisques dans un pays où la croissance gement de l’autoroute du nord reliant explose, mais qui reste encore fragile Abidjan à Yamoussoukro. économiquement. Pour être à la pointe des prestataires Dans une étude portant sur la bancaires, la BNI entend développer des restructuration du secteur bancaire services de monétique et d’e-banking, public ivoirien réalisée par le cabiet mettre en œuvre des outils d’aide à net PricewaterhouseCoopers (PwC) la décision. présentée en Conseil des ministres en mai 2014, Un temps envisagée, une fusion il était ainsi reproché à avec la CNCE pour créer un géant la banque publique une exposition non provisionbancaire public semble écartée. née envers l’État de Côte « La banque est désormais rentable, d’Ivoire (hors entreprises publiques) ce qui pourrait attirer des investisseurs pour un encours de 241 milliards de privés », décrypte un analyste financier. F CFA de crédits. Pas forcément étonMais l’évolution de cette institution, née nant, pour un établissement dont début 2004 des cendres de l’ancienne l’activité a longtemps été totalement liée au financement de l’État, mais Caisse autonome d’amortissement, préoccupant. l longtemps la caisse noire politique 0
200
-2,5
-2,8
-6,3 0 2004
2005
2006
2007
2008
qu’a traversée la Côte d’Ivoire pendant dix ans, son avenir semblait bien compromis. Sixième banque du pays en termes d’emplois et septième par ses ressources, elle a contribué de 2011 à 2013 au financement de l’économie pour environ 500 milliards de F CFA. Une somme investie notamment dans l’agriculture (78 milliards de F CFA), les grands travaux d’infrastructure (59,2 milliards), les PMI-PME (58 milliards), les services (31,2 milliards), la construction (10 milliards) et l’agroalimentaire (8 milliards). Récemment, la BNI s’est également positionnée sur quelques grandes opérations d’infrastructure, s’offrant 9 % du capital de la société de construction du troisième pont d’Abidjan et participant au financement de ce même ouvrage à hauteur de 1,2 milliard. On la retrouve lll
UNE HISTOIRE MOUVEMENTÉE
L’
acte de naissance de la Banque nationale d’investissement (BNI) a été signé officiellement en février 2004. Elle succédait à la Caisse autonome d’amortissement (CAA) après d’âpres négociations entre l’État ivoirien et les bailleurs de fonds des institutions de Bretton Woods, qui en conseillaient la dissolution. La CAA avait pour vocation première la mobilisation de ressources
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
pour le financement du développement ; elle gérait également le service de la dette publique et les dépôts des sociétés nationales. Une mission en partie réalisée puisqu’elle a mobilisé 5 000 milliards de F CFA jusqu’en 1990, et en a injecté environ 1 900 milliards dans l’économie ivoirienne, dont 600 milliards dans le transport, 500 milliards dans l’agriculture, 300 dans
l’urbanisme et l’habitat et 250 dans l’industrie. En 2001, le gouvernement ivoirien lançait une réorientation des missions de l’établissement pour le transformer en grande banque publique commerciale trois ans plus tard. Objectif : ne plus avoir à passer sous les fourches Caudines des banques privées. Sous la houlette de Victor Silué Nembelissini, à la tête de la banque jusqu’en
2010, le nom de la BNI sera toutefois associé à plusieurs scandales. « Tous les barons de l’ex-pouvoir pouvaient obtenir des lignes de crédit sans aucune garantie. Cela était problématique. Dès l’accession d’Alassane Ouattara au pouvoir, son premier mouvement a été de changer la direction de la BNI pour lui donner une nouvelle image », confie un conseiller de la présidence. l B.M. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Somagec GE, bâtir l’avenir Port de Bata
Maîtriser la mer Pour améliorer le transport maritime, Somagec GE a mené de front plusieurs chantiers portuaires en Guinée Équatoriale...
Crédit Photo © J.A. Manzano
Façonner la terre Somagec GE construit des aménagements urbains pour améliorer la qualité de vie des Équato-guinéens…
Hotel Resort à Kogo
Apprivoiser le ciel Somagec GE a réalisé l’extension de l’aéroport de Malabo et doté Bata, Annobon et Corisco d’infrastructures aéroportuaires modernes…
Aéroport d’Annobon
Construire, agrandir, moderniser les infrastructures essentielles que sont les routes, les ports et les aéroports pour encourager le développement économique, mieux relier les hommes et favoriser leurs échanges, voilà les défis que Somagec GE est fière de relever pour contribuer à bâtir l’Afrique du futur. Son engagement en Guinée Equatoriale traduit sa volonté de favoriser le développement humain, le bien-être et la prospérité des citoyens.
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Créateur de développement
partenaire des Institutions financières nationales de la Zone UEMOA En plus de 40 ans d’activités, la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) a su établir une coopération de qualité avec les Institutions financières nationales (IFN) de l’espace UEMOA (établissements bancaires, institutions de micro-finance). L’une des particularités du mécanisme de financement de projets privés au sein de la BOAD réside dans le fait que les opérations sont cofinancées avec le concours des banques commerciales, cela favorisant une meilleure appréhension des risques inhérents auxdits projets. Par ailleurs, la BOAD met à la disposition des IFN une gamme variée de produits : • lignes de crédit, • lignes de crédit-bail • accords-cadres de refinancement • avances globales spécialisées Ces produits permettent aux IFN de couvrir leurs besoins de refinancement, et de consolider ainsi leurs fonds propres. Par cet appui, la BOAD leur offre les moyens de renforcer leur activité de crédit à moyen et long termes, notamment en direction des PME, qui constituent l’un des principaux vecteurs de croissance et de création d’emplois au sein de l’UEMOA. Au 30 juin 2014, les interventions de la BOAD en faveur des IFN se chiffrent à plus de 175 milliards de F CFA pour 80 lignes. A la même date, les prises de participation de la BOAD au capital social
des banques commerciales totalisaient un montant de plus de 90 milliards FCFA pour 69 opérations. Depuis 2009, la BOAD intervient sur le segment «court terme», au vu de l’importance et de la diversité des besoins de financements des économies des Etats et des entreprises privées de l’UEMOA. Suivant le principe de la subsidiarité, la BOAD apporte son concours dans des opérations dont les besoins de financement excèdent les niveaux d’intervention des banques commerciales. A titre illustratif, on peut citer les financements des campagnes agricoles et les opérations de commerce international concernant certaines matières premières (pétrole, blé, sucre, riz, etc.) qui nécessitent des concours relativement élevés. La BOAD apporte également une assistance technique aux IFN. Elle a ainsi contribué, dans les années 80, avec la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), à la mise en œuvre du programme de réhabilitation du système bancaire de l’UEMOA, et pris une part active au redressement des banques et établissements financiers de l’Union. Par sa présence aux Conseils d’Administration de plusieurs institutions bancaires, soit en tant qu’administrateur, soit en tant que fidéicommissaire, la BOAD apporte son expertise pour l’amélioration de la gouvernance de ces institutions. Dans le cadre de la mise en œuvre de son nouveau Plan stratégique 2015-2019, la BOAD entend renforcer son partenariat avec les IFN, en vue de mieux soutenir les économies de l’espace UEMOA.
B.P. : 1172 Lomé TOGO - Tél.: +228 22 21 59 06 / 42 44 - Fax : +228 22 21 52 67 / 72 69 - site web : www.boad.org - E-mail : boadsiege@boad.org
Banques
Financement immobilier Le Nigeria a faim de prêts Trop chers, les crédits restent hors de portée de la majorité des Nigérians qui veulent devenir propriétaires. Mais le secteur est en pleine réforme. Objectif: doper l’accession à la propriété. TOLU OGUNLESI, à Lagos pour The Africa Report
E
nyi, 35 ans, vit à Lagos et tente désespérément d’obtenir un prêt immobilier. Elle s’est adressée au fonds national du logement NHF (National Housing Fund), géré par la Federal Mortgage Bank of Nigeria, détenue par l’État, qui propose les taux les plus attractifs. Mais obtenir des financements de cette institution, même pour ceux qui remplissent tous les critères d’éligibilité, prend du temps: entre douze et vingt-quatre mois, voire plus. « Le NHF est perçu comme un fonds secret, alors qu’il est supposé être accessible à tous », regrette Enyi. Plutôt que d’attendre, elle s’est donc tournée vers une autre solution : un emprunt auprès d’un établissement privé. Les délais sont plus courts, mais au prix d’un inconvénient majeur : un taux d’intérêt « scandaleusement élevé », s’indigne-t-elle, en général d’au moins
18 % par an – contre 5 % pour les prêts du NHF. Malgré cela, Enyi a décidé de tenter l’aventure. Comme le logement qu’elle convoite n’attendra pas le déblocage d’un crédit de la NHF, elle entend contracter un prêt aux conditions du secteur privé, se réservant la possibilité de basculer vers un financement public si celui-ci se concrétise. Un montage compliqué, mais qui devait au moins lui permettre de réaliser son projet… Or voilà que même l’obtention de ce crédit très coûteux est aujourd’hui bloquée. Les promoteurs immobiliers qui construisent le logement ne sont pas parvenus à prouver à la banque l’authenticité de leur titre foncier. Le manque de transparence autour des titres de propriété foncière est l’un des nombreux obstacles auxquels le secteur du logement est confronté. Ruth Obih, qui dirige la société de conseil immobilier 3Invest, souligne qu’une
assurances
douzaine de procédures sont requises pour faire enregistrer un terrain. Une lourdeur bureaucratique héritée d’une législation datant de la fin des années 1970, qui confère la propriété de toutes les terres aux autorités étatiques. Résultat: pour accomplir les formalités, il faut en passer par les arcanes administratifs… et la corruption. Lorsqu’elle travaillait comme avocate au Royaume-Uni, Obih pouvait espérer mener à bien un enregistrement foncier en quelques semaines. Au Nigeria, se lamente-t-elle, cela prend des années. PÉNURIE. Pour aggraver encore les pro-
blèmes, à la paperasserie et aux taux d’intérêts élevés, il faut ajouter des durées de prêts trop courtes. Les emprunts sur vingt ans sont rares au Nigeria. Mais le plus grand défi au développement du secteur est la pénurie de biens immobiliers. « Avant de parler de crédit, encore faudrait-il qu’il y ait des appartements à acheter ! » s’exclame Obih. Depuis des décennies, la construction résidentielle est très insuffisante pour satisfaire la demande. Résultat, il manquerait 17 millions de logements au Nigeria. Lors d’une conférence début 2014, la ministre des Finances Ngozi OkonjoIweala a affirmé que le financement immobilier ne représentait que 1 % du PIB au Nigeria contre plus de 75 % aux l l l
GWENN DUBOURTHOUMIEU POUR JEUNE AFRIQUE
q Avec Ekko Atlantic City à Lagos, le Nigeria s’offre un nouveau quartier d’affaires. Mais il manque 17 millions de logements dans le pays.
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
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Banques
assurances financé par les contribuables, a assuré le gouverneur Babatunde Fashola. « Nous n’avons pas emprunté un centime pour financer ce dispositif », explique-t-il. Les travaux de construction sont en cours, et 200 maisons sont livrées chaque mois. Comme le nombre d’acquéreurs potentiels dépasse le volume des biens proposés, un tirage au sort mensuel est organisé. « Pas besoin de connaître des gens bien placés ! », a lancé Fashola à la foule lors de l’une de ces tombolas afin de briser la croyance répandue selon laquelle le dispositif serait confisqué par ceux ayant des appuis. Le gouverneur admet que ce projet n’est qu’une goutte dans l’océan, mais reste optimiste et souligne qu’il n’y a pas que les salariés qui peuvent profiter du programme. Il bénéficie aussi aux travailleurs du secteur informel, qui représente, selon les estimations, 80 % de l’économie.
GWENN DUBOURTHOUMIEU POUR JEUNE AFRIQUE
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p Banana Island, nouveau quartier de Lagos. Les promoteurs privilégient le luxe.
États-Unis ou au Royaume-Uni, 50 % àHongKongou32%enMalaisie.Lesanalystes estiment que, si le marché du crédit hypothécaire fonctionnait normalement, cela doperait la croissance économique d’un dixième. Mais, compte tenu de la rareté des biens présents sur le marché, même si les taux d’intérêt chutaient en dessous des 10 % et que les difficultés juridiques disparaissaient, le problème subsisterait. À Lagos, les promoteurs se concentrent de manière disproportionnée sur le marché du luxe, les tarifs à la location et les prix de vente élevés étant leur meilleure assurance-risques. Du côté des financements, la Banque centrale a annoncé en 2012 une réforme du secteur, comparable à la restructuration des banques commerciales menée en 2004. Beaucoup avaient alors dû se regrouper. Début juillet 2014, le verdict est tombé. Parmi les centaines d’institutions decréditshypothécairesexistantes,seules 36 satisfont aux nouvelles exigences en matière de capitalisation. Dix ont été autorisées à opérer sur l’ensemble du territoire, les autres doivent se contenter de mandats régionaux. Celles qui ne répondent pas aux nouveaux critères seront radiées, et le sort des déposants n’est pas encore clairement défini. En plus desesdémarchespourtenterd’obtenirun prêt, Enyi s’efforce d’ailleurs de récupérer les sommes qu’elle avait déposées auprès de l’une de ces institutions. lll
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AUTOFINANCEMENT.PourdesNigérians
comme Dare Okusanya, qui, même s’il travaille dans la capitale économique comme banquier, ne souhaite pas vivre à Lagos, d’autres options existent. De même que la plupart de ses concitoyens, il pense financer sa maison grâce à son épargne. Il est propriétaire d’un bout de terrain dans l’État d’Oyo, à deux heures de voiture au nord de Lagos. C’est là qu’il projette de faire construire. Comme Enyi, il a bien tenté de se tourner vers une institution de financement. « Je voulais un crédit de la Federal Mortgage Bank, car les taux d’intérêts y sont raisonnables », explique-t-il. Mais après huit mois d’attente, il a abandonné et a demandé à être remboursé de l’acompte qu’il avait versé. Obih en est persuadée : les perspectives du secteur À Lagos, les acquéreurs des du financement immobilogements construits par la ville lier sont immenses. Les sont désignés par tirage au sort. réformes en cours et l’arrivée de NMRC devraient Le gouvernement fédéral n’est pas le entraîner une baisse du coût des créseul à vouloir transformer le secteur du dits et un allongement de la durée des logement. Les États ont aussi pris des prêts. Mais il faudra du temps avant que initiatives pour encourager l’activité. Dans les Nigérians comme Enyi et Okusanya l’État d’Ogun (sud-ouest), le gouvernepuissent profiter de cette amélioration. En attendant que les crédits bon marché ment a lancé fin 2013 un programme se généralisent, ils devront se contenter pour accélérer la délivrance de « certificats d’occupation » aux personnes ayant de la dure, longue et incertaine aventure construit sur leur terrain. Et Lagos compte de l’autofinancement. « Pour l’instant, il un nouveau dispositif, baptisé Lagos reste préférable d’épargner en vue d’un projet immobilier plutôt que de chercher Home Ownership Mortgage Scheme, lancé en février 2014, qui offre des crédits à contracter un crédit », lâche Okusanya. sur dix ans à 9 %. Un système entièrement Parole de banquier. l Cependant, des signes d’amélioration existent. Recapitalisées, les banques devraient pouvoir proposer des financements plus avantageux. Et un nouvel entrant sur ce marché promet de changer la donne : la société de refinancement hypothécaire NMRC (Nigeria Mortgage Refinance Company), lancée par le président Goodluck Jonathan en janvier 2014 pour refinancer avantageusement les banques. Cette nouvelle institution s’apparente aux américains Fannie Mae et Freddie Mac, qui, jusqu’à leur naufrage en raison de la crise des subprimes, avaient considérablement dopé l’accès à la propriété aux États-Unis.
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
NOUVEAUX VENUS
Al Barid Bank ratisse large Créée en 2010, l’héritière de l’activité de services financiers de la poste marocaine fait son entrée dans notre Top 200. Le secret de cette performance : des produits accessibles et une communication agressive.
p Par l’affichage et par son réseau d’agences, l’établissement est omniprésent. MARIE CADOUX, à Casablanca
L
orsque est créée, le 8 juin 2010, Al Barid Bank, le taux de bancarisation du royaume est de 34 %. Un niveau certes élevé pour l’Afrique, mais qui laisse encore une belle marge de progression. Sur ce marché fortement concurrentiel, la filiale bancaire de Poste Maroc n’est pas seule en lice : tous les établissements du pays s’affairent pour accroître leur part de marché et collecter davantage de dépôts. Mais, dans la course, la nouvelle venue dispose de deux atouts: tout d’abord, gérer les comptes du plus grand nombre – en particulier de ceux disposant de revenus modestes ou irréguliers – fait partie de ses missions de base ; ensuite, elle peut s’appuyer sur le vaste réseau des bureaux de poste, au plus près des clients, notamment dans les zones rurales. Au moment de sa création, l’établissement a hérité de toutes les activités financières de sa maison mère, elle-même transformée en
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société anonyme dont le capital est entièrement détenu par l’État. Il se retrouve ainsi en possession d’un portefeuille de 4 millions de clients inscrits dans 1 700 agences. Il s’agit du réseau le plus dense du royaume et le mieux réparti sur l’ensemble du territoire. Dès sa première année d’existence, Al Barid Bank participe largement à l’explosion du taux de bancarisation, qui bondit de 13 points, pour atteindre 47 %. En 2011, elle a ouvert pas moins de 480 000 nouveaux comptes, pour une clientèle issue dans sa grande
En bref Rang dans les 200 : 52 Nationalité : marocaine Date de création : 2010 Actionnaire : Poste Maroc (État) Total de bilan 2013 : 4,74 milliards de dollars Produit net bancaire 2013 : 158,3 millions de dollars
HASSAN OUAZZANI POUR J.A.
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majorité du monde rural. Depuis, la banque dirigée par Redouane NajmEddine poursuit son offensive. L’établissement continue d’afficher un rythme d’acquisition de 500 000 nouveaux comptes par an. En 2013, il parvient à atteindre l’objectif qu’il s’était fixé: dépasser les 6 millions de comptes (il en gère 6,3 millions). Avec 35,2 milliards de dirhams (plus de 3 milliards d’euros) à la fin de l’exercice 2013, Al Barid Bank détient 4,75 % de part de marché en ce qui concerne les dépôts et totalise 17,3 % des comptes d’épargne. Avec 700 guichets bancaires automatiques, il possède le quatrième parc du pays. Enfin, l’établissement est le deuxième émetteur de cartes bancaires (2 millions), derrière la Banque centrale populaire, et le premier pour les cartes prépayées (600 000, dont 350 000 distribuées aux étudiants boursiers de l’enseignement supérieur). « Avec la création de la banque comme une entité séparée de La Poste, nous avons pu mettre à niveau notre offre et, surtout, proposer une palette complète de produits à destination des particuliers, notamment le crédit immobilier et à la consommation », explique un cadre de la banque. Car l’objectif est de rajeunir le profil de la clientèle en proposant bien d’autres services que le traditionnel compte à la Caisse d’épargne nationale (un livret d’épargne). L’offre mobile banking lancée en février 2014 doit y contribuer. De plus, en juillet, l’établissement a décroché un joli contrat auprès du ministère des Finances, qui lui a confié la gestion du statut d’autoentrepreneur. Entériné en marge de la loi de finances, ce statut doit conduire tous les futurs autoentrepreneurs à passer par Al Barid Bank pour créer leur activité et ouvrir leur compte bancaire professionnel. « La conquête de nouveaux clients est appuyée par une stratégie de communication agressive, qui a hissé Al Barid Bank parmi les tout premiers annonceurs du secteur bancaire marocain », affirme la banque. De quoi faire la différence pour convaincre une population longtemps ignorée par le circuit bancaire classique. l SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Seul Ecobank vous donne L’Avantage du Réseau CORPORATE AND INVESTMENT BANKING
Traduire notre connaissance du terrain en opportunités commerciales. Réaliser des transactions rapides et sécurisées dans 36 pays. Transformer les économies africaines grâce à des contrats majeurs. C’est ce que nous appelons L’AVANTAGE DU RÉSEAU. Si vous recherchez une banque d’entreprise et d’investissement capable de vous proposer l’avantage du réseau, adressez-vous à Ecobank.
ecobank.com
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Stratégie BNP Paribas tente de revenir en Afrique En perte de vitesse depuis dix ans sur le continent, la première banque française se dote d’une nouvelle organisation pour regagner du terrain. Mais aura-t-elle les moyens de ses ambitions ? NICOLAS TEISSERENC
F
in juin, l’état-major africain de BNP Paribas se retrouvait à Dakar pour la deuxième édition de ce que Philippe Tartelin, directeur Afrique pour la banque de détail depuis 2012, décrit comme « un point d’activité intermédiaire ». En fait, selon une source interne à la banque, l’objet de cette réunion secrète concernait rien de moins que l’avenir du groupe sur le continent. Depuis plusieurs années, les rumeurs vont bon train quant à l’éventuel retrait d’Afrique du premier groupe bancaire français. Acquéreur de Fortis en 2009, BNP Paribas a poursuivi la cession des actifs africains du groupe belge, logés dans la Belgolaise, l’un des leaders en RD Congo et l’un des plus anciens groupes bancaires africains. La banque s’est séparée de ses opérations au Niger, au Togo, en Mauritanie et à Madagascar, puis a revendu, en 2012, sa filiale égyptienne à Emirates NBD pour 500 millions de dollars (400 millions d’euros). « Alors qu’ils avaient toutes les cartes en main, les dirigeants ont ignoré ce continent, oubliant qu’il pouvait se réveiller », déplore un banquier français installé en Afrique depuis les années 1980. Nombreux sont ceux qui étaient persuadés que BNP Paribas suivrait la même
pente que le Crédit agricole. Devenu dans les années 1990 dépositaire des actifs africains du Crédit lyonnais, ce dernier a récemment disparu de la partie subsaharienne du continent après avoir revendu son héritage par morceaux. Un chemin que BNP Paribas aurait bien été tenté de suivre, comme le révèle Amadou Kane, ministre de l’Économie et des Finances du Sénégal jusqu’en 2013 et désormais à la tête d’AK Associates, un cabinet de conseil aux États et aux entreprises. « En 2011, le groupe a été approché par des banques nigérianes et chinoises et a hésité à revendre tout son réseau africain », confie celui qui a dirigé la filiale sénégalaise, puis l’ensemble du réseau subsaharien de l’établissement. Kane affirme même avoir contacté à l’époque les institutions panafricaines (Banque ouest-africaine de développement, Banque de développement des États de l’Afrique centrale, Banque africaine de développement, Société financière internationale) et les managers de chaque filiale pour tenter de mettre sur pied une offre concurrente, au cas où il ne serait pas parvenu à « convaincre la direction de ne pas lâcher l’Afrique ». De là à penser, commecethommed’affairesfrançaisbasé à Johannesburg, que « BNP Paribas n’a pas saisi l’opportunité de remédier à la
Un partenaire des États et des multinationales
Décembre 2012
Conseil du Maroc pour son eurobond de 1,5 milliard de dollars
Avril 2013
Conseil du Rwanda pour son eurobond de 400 millions de dollars
2013-2014
Conseil financier de l’émirati Etisalat pour l’acquisition de Maroc Télécom
Juillet 2014
Conseil de la Côte d’Ivoire pour son eurobond de 750 millions de dollars
tragique absence des banques françaises en Afrique », il n’y a qu’un pas. Une analyse que Philippe Tartelin réfute catégoriquement: « C’est une information non fondée. » À l’entendre, BNP Paribas Afrique et ses 8500 collaborateurs sont restés en ordre de bataille, et il n’aurait jamais été question d’abandonner la
À L’OFFENSIVE DANS LA BANQUE D’AFFAIRES
E
n retrait dans le secteur de la banque de détail, BNP Paribas a choisi d’accélérer le développement de ses activités de financement et d’investissement sur le continent. En 2012, le groupe a obtenu une licence pour ouvrir une antenne en Afrique du Sud et il y développe depuis ses services: change, marchés JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
actions et obligations, conseil et financements spécialisés. En 2013, la succursale a reçu en outre une licence de fournisseur de services financiers à la Bourse de Johannesburg. La banque a également acquis une participation majoritaire dans la société de courtage locale Cadiz Securities, rebaptisée depuis BNP Paribas Securities Cadiz. Et elle a
encore accru sa présence dans le pays en reprenant – pour 250 millions de dollars – RCS Group, spécialisé dans les cartes de crédit associées à des enseignes de distribution. Enfin, en 2014, la branche de financement et d’investissement de BNP a aussi développé sa présence dans le nord du continent en obtenant le statut Casa
Finance City, un label qui donne droit à des avantages pour faire des affaires au Maroc. Mais il n’est pas exclu que la récente condamnation du groupe aux États-Unis à près de 9 milliards de dollars d’amende pour avoir violé l’embargo américain sur le pétrole au Soudan incite le groupe à plus de prudence sur ses activités de corporate N.T. finance en Afrique. l SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
45
SIA KAMBOU/AFP
t En Côte d’Ivoire, la Bicici, longtemps 2e banque du pays, a été reléguée à la 7e place.
partie. « L’Afrique subsaharienne connaît depuis quelques années un changement profond, avec l’arrivée de nouveaux intervenants, des banques panafricaines très compétitives », expose-t-il. Ce qui explique que certaines filiales aient abandonné des parts de marché face à des challengers comme le marocain Attijariwafa Bank, qui a racheté plusieurs actifs africains mis en vente par le Crédit agricole, ou encore Ecobank, la banque panafricaine établie au Togo. « Il nous faut leur emboîter le pas », poursuit le dirigeant, admettant implicitement que le groupe a pris du retard. Impossible de savoir ce qui s’est vraiment dit à Dakar en juin, mais, le 1er septembre, le groupe a mis en place une véritable direction Afrique, installée à Paris. Logée au sein du pôle Banque de détail à l’international, elle est chapeautée par Philippe Tartelin, qui dirige une nouvelle équipe forte d’une quarantaine de membres. Elle a la charge du développement des activités des dix filiales SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
du Maghreb (Algérie, Maroc et Tunisie) et de l’Afrique subsaharienne (Burkina Faso, Comores, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée, Mali et Sénégal). Elle centralise en outre la gestion des ressources humaines pour l’Afrique. BOUCHÉES DOUBLES. Pour rivaliser
avec ses nouveaux concurrents, le groupe va devoir mettre les bouchées doubles. En Côte d’Ivoire, sa plus grosse filiale africaine, la Bicici, longtemps deuxième établissement du pays en total de bilan derrière la filiale locale de la Société générale, a glissé progressivement à la 7e place en 2012, selon le classement de Jeune Afrique. Au Gabon, le groupe, qui a toujours eu pour stratégie d’être majoritaire, n’est pas parvenu à prendre le contrôle de la Bicig, et l’activité ne décolle pas (lire l’encadré page suivante). De l’aveu même de Philippe Tartelin, il reste surtout un important travail à réaliser pour conquérir les petits professionnels que ses concurrents ont commencé à
séduire. Uncombat dans lequel la banque se trouve confrontée à l’épineuse question de l’économie informelle. Elle part avec un handicap en la matière, car, selon certains professionnels, la direction de BNP Paribas est « allergique au risque ». « Les filiales du groupe ont une rentabilité sur fonds propres de 35 % à 40 %. Or l’expérience montre que, lorsqu’elles s’écartent de leur offre classique, elles deviennent moinsprofitables,dumoinsàcourtterme, expliqueuncapital-investisseurnord-africain spécialisé dans le secteur bancaire. Ajoutez à cela l’importance grandissante du risk management et vous obtenez une stratégie des plus frileuses. Dans les pays émergents, les grands groupes internationaux vont perdre du terrain à cause de ce manque d’audace », prédit-il. Là encore, Philippe Tartelin s’inscrit en faux: « En tant que banque internationale, nous sommes tenus de respecter la réglementationdanstouslespaysoùnous sommes présents », explique-t-il, tout en soulignant que certains concurrents, l l l JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
Banques
46
assurances t Au Maroc, le groupe français a obtenu le label Casa Finance City.
Implantation en retrait
Pays où l’activité a été cédée Tunisie
Maroc
BNP Paribas Egypt
Algérie Mali Sénégal Guinée
BIA Niger Cédée en août 2011 à Coris Bank
Burkina
Côte d’Ivoire Gabon
RGA/REA
Cession (quatre ans après sa création) en décembre 2010 au consortium marocain réunissant Attijariwafa Bank et Banque populaire.
pas toujours en conformité avec les règles de plus en plus contraignantes de l’Union économique et monétaire ouestafricaine (UEMAO), pourraient un jour en être pénalisés. Pour piloter le redressement, il faudra une équipe déterminée. À défaut d’une longue expérience de terrain sur le continent, Philippe Tartelin possède un CV solide dans la banque de détail. Avant de prendre les rênes de l’équipe africaine, il dirigeait le réseau d’agences de la banque dans le sud-ouest de la France.Aujourd’hui,ilentendnotamment faire profiter les filiales du continent des produits développés en Europe, notamment en matière de gestion des comptes à distance. Une évolution qui est déjà bien
entamée en Afrique du Nord, notamment en Tunisie et au Maroc, mais qui reste à concrétiser en Afrique subsaharienne. ACQUISITION. Pour conquérir des parts
de marché, le groupe va aussi proposer son service de mobile banking. Il a signé en juin un accord avec Orange Money pour proposer des services bancaires et de paiement mobiles à travers la plateforme de l’opérateur de téléphonie, très bien implanté en Afrique de l’Ouest. Cette offre est déjà disponible en Côte d’Ivoire, et elle devrait être étendue à d’autres pays de la région, à commencer par le Sénégal. La chasse aux clients passe enfin par une densification du maillage territorial, un mouvement relancé en 2011.
GABON : JE T’AIME, MOI NON PLUS LA BICIG a fêté ses 40 ans en 2013, mais l’avenir de la banque gabonaise est en suspens. Symbole de cet attentisme: son site internet n’a toujours pas bénéficié de la refonte menée à bien dans les autres filiales africaines du groupe. Actionnaire à un peu plus de 46 %, BNP Paribas ne parvient pas à en prendre le contrôle, alors que le JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
groupe veille à maîtriser ses filiales partout ailleurs en Afrique. Bien que cela soit fermement démenti par Philippe Tartelin, selon diverses sources, faute d’arriver à être majoritaire, le français a longtemps cherché à revendre cet actif. Le groupe serait finalement décidé à rester, mais c’est désormais le gouvernement
gabonais qui chercherait à le pousser vers la sortie en voulant imposer un rachat des parts de BNP par BGFI, le champion national. L’information est officiellement démentie par Henri-Claude Oyima, le patron de BGFI. Mais en attendant que la situation se débloque, les revenus de la Bicig stagnent à Libreville. l N.T.
Cession en décembre 2012 à Emirates NBD
Banque commerciale du Congo Cédée en Comores décembre 2009 à George Forrest
BNP Paribas Mauritanie
lll
Pays où BNP est présent
Banque togolaise pour le commerce et l’industrie Retrait de BNP Paribas du capital en 2005
Banque malgache de l’océan Indien (BMOI) Cession en juillet 2011 au groupe BPCE
Ainsi, au Maroc, la BMCI est passée de 280 agences fin 2011 à plus de 400 en 2014. Pour l’Afrique subsaharienne, le réseau s’est également étoffé, passant de 510 à 720 d’agences entre 2010 et 2014. Et le groupe est en passe de prendre le contrôle majoritaire de sa filiale guinéenne. Malgré l’optimisme affiché par Philippe Tartelin, les observateurs restent très critiques envers la stratégie du groupe bancaire. « Après l’immobilisme des dernières années, il y a beaucoup à faire pour changer les mentalités, relève un investisseur français. Les banques africaines sont plus réactives dans leur prise de décision. Chez BNP, tout doit remonter au siège. » Le fait que la nouvelle direction Afrique soit installée à Paris – et pas dans une capitale africaine – constitue pour certains une preuve que la banque ne se donne pas encore les moyens de ses ambitions. Se pose aussi la question du choix des directeurs locaux, qui sont français pour une écrasante majorité d’entre eux. « Même si les choses sont en train de changer, à la BNP, la culture du management n’encourage pas à prendre des initiatives », relate un ancien cadre de la banque. Il semble que seule une opération d’envergure, telle une acquisition, pourrait faire taire les détracteurs. Sur ce sujet, Philippe Tartelin dit observer attentivement des occasions d’implantation dans trois ou quatre pays prioritaires, « anglophones et francophones ». Parmi eux figure, bien entendu, le Nigeria. l SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
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48
Banques
assurances
Investissement Qui peut encore s’offrir une banque? Il faut débourser jusqu’à trois fois la valeur des fonds propres pour mettre la main sur un établissement en Afrique – trois fois plus qu’ailleurs. Mais tous ne justifient pas une telle surcote. NICOLAS TEISSERENC
C
elafaitplusd’unanquelecapital-investisseur britannique Helios cherche un acquéreur pour les 25 % qu’il détient dans Equity Bank, l’une des principales banques kényanes. Si les candidats se font attendre, ce n’est pas la qualité de l’actif qui est en cause – la banque a enregistré de très bonnes performances, avec une rentabilité des capitaux propres de 30 % en 2013, et ses perspectives sont au beau fixe grâce à une stratégie innovante de recrutement de la clientèle. L’établissement est passé maître dans l’art de conquérir des parts de marché. C’est plutôt le prix qui pose problème. Entré au capital fin 2007 pour 178,7 millions de dollars (140,8 millions d’euros), soit 2,95 fois les fonds propres de la banque à l’époque, l’investisseur espère quasiment tripler sa mise et empocher quelque 500 millions de dollars. Or personne ne semble prêt pour l’instant à débourser une telle somme pour une participation minoritaire dans cette banque cotée à la Bourse de Nairobi. Les difficultés éprouvées par Helios pour sortir d’Equity illustrent bien le problème de surchauffe des valorisations bancaires sur le continent. De Casablanca à Nairobi, en passant par Abidjan et Accra, les investisseurs se plaignent des prix « délirants », pour citer l’un d’entre eux, auxquels s’échangent désormais les meilleures banques. Sur les six premiers mois de 2013, une dizaine d’établissements ont changé de mains pour des montants qui les valorisent au moins au niveau de deux fois leurs fonds propres. Début septembre 2014, le cabinet d’analyses financières AlphaMena estimait dans une note que les banques arabes, notamment celles d’Afrique du Nord, se négociaient à un prix équivalent à près de deux fois leurs fonds propres, malgré les difficultés économiques de la zone. Dans les autres régions émergentes, une banque vaut rarement plus que ses fonds propres. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
Si les banques du continent sont si chères, c’est en partie en raison du potentiel du marché africain. Les arguments sont connus : une population en pleine explosion et sous-bancarisée, une croissance sans précédent de la classe moyenne et un décollage économique rapide. « Les services financiers sont le fer de lance de la croissance parce qu’ils représentent un canal vers toutes les autres industries », explique John Gadzi, un banquier d’affaires basé à Accra. « On constate des taux de croissance du secteur bancaire à deux chiffres, un rythme qu’on ne voit pas ailleurs, s’enthousiasme Khaled Ben Jilani, chargé d’investissements du fonds AfricInvest. En Afrique, la rentabilité des capitaux atteint 25 % à 30 %, avec des pics à 50 %, dans la banque commerciale. »
D’autres facteurs sont au moins aussi importants pour expliquer le niveau élevé desvalorisationsobservésurlecontinent. Le premier est purement technique : un grand nombre de banques africaines sont cotées, et les épargnants s’intéressent souvent à ces titres lorsqu’ils investissent sur les Bourses locales. En effet, ces sociétés sont généralement considérées comme des valeurs sûres. Pour preuve : les valorisations des établissements financiers du Ghana n’ont pas chuté dans le sillage des mauvaises nouvelles macroéconomiquesquisecouentlepaysdepuis début 2014. Et comme la croissance du secteur a été fulgurante (+ 40 % par an au Kenya et au Ghana), les analystes ont publié des recommandations à l’achat.
PORTE D’ENTRÉE. Afin de profiter de ce
dynamisme, l’acquisition d’un réseau existant reste la meilleure porte d’entrée pour qui veut atteindre rapidement la rentabilité sur ce marché très concurrentiel. Construire un réseau à partir de rien se révèle beaucoup trop coûteux. En plus des fonds propres réglementaires à apporter, soit un ticket qui va de 1 milliard de shillings au Kenya (8,6 millions d’euros) à 10 milliards de F CFA (15,25 millions d’euros) dans la zone UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), voire plus de 100 millions de dollars en Zambie (78 millions d’euros), il faut pouvoir assumer plusieurs années de pertes, le temps nécessaire à la construction du réseau d’agences. Les acteurs stratégiques et les fonds se concentrent donc sur les établissements qui leur sont offerts. « C’est une simple question d’offre et de demande : il y a tellement d’investisseurs qui se battent pour si peu de banques que les prix ne peuvent qu’être élevés ! » analyse John Gadzi. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
49
Cela ne concerne pas seulement l’Afrique subsaharienne. « Les multiples sont plus élevés sur le marché marocain car il est moins exposé et moins ouvert aux flux internationaux que d’autres marchés », explique Miguel Azevedo, directeur des activités de banque d’investissement de l’américain Citi sur le continent. Sur cette place, selon AlphaMena, BMCE Bank était valorisé début septembre à 2,37 fois ses fonds propres. À la Bourse de Tunis, ce ratio atteignait 2,46 pour la Banque de Tunisie, et même 2,8 pour Commercial International Bank à la Bourse d’Égypte. Le même mécanisme s’applique aux marchés kényan et ghanéen : la demande est concentrée sur quelques valeurs bancaires. « En réalité, le prix des banques est inversement proportionnel au niveau de sophistication des marchés financiers », précise Laureen KouassiOlsson,
directrice des investissements chez Amethis Finance, un investisseur panafricain. Au Nigeria, les valorisations des établissements cotés à la Bourse de Lagos se sont beaucoup tassées ces dernières années, et ne dépassent pas 1,7 fois le niveau des fonds propres. Seules les meilleures sont surcotées. COURSE. Car le prix à débourser pour
s’offrir une banque dépend aussi largement de ses performances. Si beaucoup d’entre elles affichent des niveaux de rentabilité des capitaux propres extraordinaires, d’autres sont beaucoup moins profitables (lire l’encadré page suivante). «MêmeauGhana,ontrouve desbanques attractives, explique Khaled Ben Jilani. Mais il faut distinguer entre celles qui sont bien gérées et les autres… » Comme le prouvent les difficultés rencontrées par Helios avec Equity Bank, les prix atteints par les meilleurs actifs bancairescommencentàposerproblème l l l
DES ACQUISITIONS À PRIX D’OR ACHAT DE 12,5 % DE BANQUE COMMERCIALE DU RWANDA (BCR) Acquéreur : Proparco Date : juillet 2012 Prix : 4,3 millions de dollars Valorisation : 1,55 fois les fonds propres ACHAT DES OPÉRATIONS DE BARCLAYS DANS NEUF PAYS D’AFRIQUE Acquéreur : Absa Date : décembre 2012, Afrique subsaharienne Prix : 2,1 milliards de dollars Valorisation : 1,7 fois les fonds propres ACHAT DE FINANCIAL BANK Acquéreur : Emerging Capital Partners Date : mars 2009 Valorisation : 2,2 fois les fonds propres TENTATIVE D’ACQUISITION DE 75 % DE MERCHANT BANK OF GHANA (OPÉRATION NON FINALISÉE) Candidat acquéreur : First Bank Date : août 2012 Prix proposé 70 millions d’euros Multiple : 2,2 ACHAT DES OPÉRATIONS AFRICAINES DU CRÉDIT AGRICOLE Crédit du Congo (81 %), Société ivoirienne de banque (51 %), Société camerounaise de banque (65 %), Union gabonaise de banque (59 %) et Crédit du Sénégal (95 %) Acquéreur : Attijariwafa Bank Date : décembre 2008 Prix : 250 millions d’euros Valorisation : 2,5 fois les fonds propres ACHAT DE 24,99 % DE EQUITY BANK Acquéreur : Helios Date : décembre 2007, Kenya Prix : 178,7 millions de dollars Valorisation : 2,95 fois les fonds propres
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
Banques
assurances
l l l pour les capital-investisseurs. « Lorsqu’un fonds achète une banque à une valorisation deux fois supérieure aux fonds propres, il prend un risque, car il réduit ses chances de réaliser une belle plus-value en sortie d’investissement », explique Laureen Kouassi-Olsson. Certains,àl’imagedubritanniqueActis, s’orientent désormais vers d’autres types d’actifs. « Nous nous intéressons toujours aux banques, assure Murray Grant, associé chez le capital-investisseur. Mais encore faut-il trouver la bonne! Leur valorisation a atteint un sommet historique. C’est pourquoi nous n’investissons pas
seulement dans les banques, mais dans les services financiers au sens large. » « Aujourd’hui, il est sans doute plus intéressant de se lancer vers l’assurance », estime un autre investisseur. Ou bien de parier sur des pays moins convoités comme l’a fait AfricInvest en investissant dans NMBZ, au Zimbabwe. Ce problème de surchauffe des valorisations bancaires en Afrique ne montre aucun signe de ralentissement pour les prochaines années, même si, en Afrique du Nord, une correction à la baisse est attendue. Car si les prix sont élevés relativement aux fonds propres, les montants
unitaires par opération restent modestes par rapport à ce que déboursent habituellement les grands investisseurs pour acquérir une banque ailleurs dans le monde. C’est d’ailleurs sur ces acquéreurs stratégiques que tablent les fonds qui misent sur les établissements financiers africains. La course pour bâtir les réseaux panafricains est fermement engagée. Elle est d’autant plus féroce que, de l’avis général, d’ici à cinq ans au maximum tous les principaux acteurs seront en place. Il faut donc se dépêcher de saisir les dernières opportunités d’entrer sur ce marché. À tout prix, ou presque… l
GEORGE ESIRI/REUTERS
50
AU NIGERIA, ATTENTION AUX FAUSSES BONNES AFFAIRES
E
n 2005, le Nigeria comptait plus de 90 banques. Quelques années plus tard, après une restructuration du secteur menée d’une main de fer par Charles Soludo, puis Lamido Sanusi, deux ex-gouverneurs de la Banque centrale, il n’en reste plus que 22. Cotées à la Bourse de Lagos, elles se divisent en plusieurs catégories selon leur taille sur le marché. Les banques dites du premier rang (Zenith, GuarantyTrust Bank, First Bank) atteignent des JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
valorisations de 1,3 à 2 fois leur valeur nette comptable, tandis que les banques de deuxième catégorie (Diamond, Fidelity, Ecobank, Skye, Sterling, UBN) s’échangent à des niveaux inférieurs à une fois cette même valeur. « Le Nigeria a une histoire à part, explique Khaled Ben Jilani, investisseur chez Africinvest. Le secteur bancaire s’y est assaini plus tôt qu’ailleurs. Les fondamentaux se sont améliorés, et les multiples
sont devenus beaucoup plus raisonnables, on peut même parler de sous-valorisation dans certains cas. » D’autres analystes se montrent plus prudents. Ainsi, Laureen KouassiOlsson, directrice des investissements chez Amethis Finance affirme que, si les valorisations ne sont pas très élevées, c’est aussi en raison d’une certaine méfiance concernant les performances réelles des banques: « À part pour quelques établissements, les
professionnels n’ont pas confiance dans les chiffres publiés, notamment parce que la gouvernance est médiocre. Un acquéreur éventuel doit prévoir des provisions post-acquisition. Si on les inclut dans le prix d’achat, on se retrouve assez rapidement au niveau de valorisation constaté dans d’autres pays d’Afrique. Ces multiples reflètent tout simplement que la qualité des fonds propres de certains établissements est sujette à N.T. caution. » l SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
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LES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES EN 2014
53
BA N Q U ES & A SSU RA N C ES
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
Banques
assurances
Pays
PDG ou DG
Total de bilan (milliers de $)
PNB (milliers de $)
Rang
Société
1
1
STANDARD BANK GROUP
Afrique du Sud
Sim Tshabalala
161 296 694
6 988 251
2
2
STANDARD BANK OF SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Ben Kruger
96 711 490
4 925 267
3
3
BARCLAYS AFRICA GROUP (EX-AMALGAMATED BANKS OF SOUTH AFRICA)
Afrique du Sud
Maria Ramos
91 391 905
3 079 815
4
4
FIRSTRAND BANKING GROUP
Afrique du Sud
Sizwe Nxasana
82 792 489
2 352 868
5
5
NEDBANK GROUP
Afrique du Sud
Mike Brown
71 361 349
2 020 144
6
6
NATIONAL BANK OF EGYPT
Égypte
Hisham Okasha
61 190 260
1 016 577
7
7
ATTIJARIWAFA BANK
Maroc
Mohamed El Kettani
46 631 991
2 162 098
8
8
GROUPE BANQUE CENTRALE POPULAIRE
Maroc
Mohamed Benchaaboun
35 108 761
1 594 110
9
9
BANQUE MISR
Égypte
Mohamed Kamal el-Din Barakat
31 199 163
944 218
10
11
BANQUE MAROCAINE DU COMMERCE EXTÉRIEUR
Maroc
Othman Benjelloun
28 626 135
1 196 218
11
13
BANQUE NATIONALE D'ALGÉRIE
Algérie
Karimedine Khelili
27 845 733
1 000 046
12
12
FIRST NATIONAL BANK SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Jacques Celliers
27 019 543
982 383
13
10
BANQUE EXTÉRIEURE D'ALGÉRIE
Algérie
Mohamed Loukal
26 599 000
575 000
14
15
FIRST BANK OF NIGERIA
Nigeria
Stephen Olasibi Onasanya
23 806 656
1 415 207
15
14
ECOBANK TRANSNATIONAL INC.
Togo
Albert Essien
22 532 453
2 003 456
16
16
ZENITH INTERNATIONAL BANK
Nigeria
Peter Amangbo
19 330 268
1 163 967
17
17
ZENITH BANK NIGERIA
Nigeria
Peter Amangbo
17 703 962
1 078 593
18
21
CRÉDIT POPULAIRE D'ALGÉRIE
Algérie
Mohamed Djellab
17 357 460
491 789
19
18
COMMERCIAL INTERNATIONAL BANK
Égypte
Hisham Abdelhafez
16 267 712
722 166
20
19
UNITED BANK FOR AFRICA GROUP
Nigeria
Phillips Oduoza
16 250 120
942 980
21
24
GUARANTY TRUST BANK
Nigeria
Segun Agbaje
12 932 505
1 183 237
22
26
QATAR NATIONAL BANK AL AHLI (EX-NATIONAL SOCIÉTÉ GÉNÉRALE BANK)
Égypte
Mohamed Osman el-Dib
11 620 828
116 455
23
30
BANCO ESPÍRITO SANTO ANGOLA
Angola
Sabrinha Aluana
11 328 924
308 012
24
23
ACCESS BANK GROUP
Nigeria
Herbert Wigwe
11 288 116
276 728
25
25
BANCO ANGOLANO DE INVESTIMENTOS
Angola
Mario Alberto Barber
10 625 663
580 334
26
–
BANCO DE POUPANÇA E CRÉDITO
Angola
Paixao Antonio Junior
10 099 214
453 780
27
44
COMMERCIAL BANK OF ETHIOPIA
Éthiopie
Zeleke Bekalu
10 092 688
442 110
28
28
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE MAROC
Maroc
Khalid Chami
9 897 609
489 444
29
37
DIAMOND BANK
Nigeria
Alex C. Otti
9 340 971
643 462
30
35
BANQUE DU CAIRE
Égypte
Mounir Al Zahib
9 312 193
488 648
31
34
ARAB AFRICAN INTERNATIONAL BANK
Égypte
Hassan E. Abdalla
9 215 938
220 409
32
32
ECOBANK NIGERIA
Nigeria
Jibril Aku
9 144 359
1 107 531
33
36
BANCO DE FOMENTO DE ANGOLA
Angola
Emidio Pinheiro
8 871 289
436 962
34
31
HSBC BANK EGYPT
Égypte
Andrew Long
8 590 114
486 436
35
33
BANQUE MAROCAINE POUR LE COMMERCE ET L'INDUSTRIE
Maroc
Laurent Dupuch
8 104 537
378 788
36
39
BANCO BIC
Angola
Fernando Teles
7 678 534
268 351
37
40
SKYE BANK
Nigeria
Timothy Oguntayo
6 867 311
379 443
38
46
FIDELITY BANK
Nigeria
Nnamdi Okonkwo
6 649 485
189 494
39
43
FAISAL ISLAMIC BANK OF EGYPT
Égypte
Abdulhamid Aboumoussa
6 486 184
264 251
40
48
GROUPE BOA
Mali
Mohamed Bennani
6 356 010
423 988
41
51
THE MAURITIUS COMMERCIAL BANK
Maurice
Antony Withers
6 262 523
308 720
42
47
FIRST CITY MONUMENT BANK
Nigeria
Ladi Balogun
6 200 923
345 222
43
41
UNION BANK OF NIGERIA
Nigeria
Emeka Emuwa
6 166 949
353 139
44
50
CRÉDIT DU MAROC
Maroc
Baldoméro Valverde
6 076 945
250 835
45
45
BGFIBANK HOLDING CORP.
Gabon
Henri-Claude Oyima
6 076 304
393 821
46
38
AFRICAN BANK
Afrique du Sud
Nithia Nalliah
6 064 856
1 070 355
47
42
BANK OF ALEXANDRIA
Égypte
Roberto Vercelli
5 852 007
341 982
48
52
BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE TUNISIE
Tunisie
Mohamed Agrebi
5 513 063
277 753
49
53
SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE BANQUE
Tunisie
Samira Ghribi
5 065 245
142 189
50
61
CRÉDIT IMMOBILIER ET HÔTELIER
Maroc
Ahmed Rahhou
5 012 957
209 269
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
CHIFFRES 2013 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2012 – ND : NON DÉTERMINÉ
Les 200 premières banques africaines en 2014 (1-50) Rang
54
Banques
assurances
55
Pays
PDG ou DG
Total de bilan (milliers de $)
PNB (milliers de $) 203 947
51
54
BANQUE NATIONALE AGRICOLE
Tunisie
Jaafar Khattech
4 804 733
52
–
AL BARID BANK
Maroc
Redouane Najm-Eddine
4 736 175
158 343
53
58
STANBIC IBTC CHARTERED BANK
Nigeria
Yinka Sanni
4 692 733
227 630
54
60
AMEN BANK
Tunisie
Ahmed El Karm
4 568 334
160 532
55
59
KENYA COMMERCIAL BANKING GROUP
Kenya
Joshua Oigara
4 451 799
375 691
56
57
HSBC MAURITIUS
Maurice
Alastair J. Bryce
4 449 677
67 728
57
55
CAPITEC BANK
Afrique du Sud
Gerhardus Metselaar Fourie
4 397 380
694 967
58
200
AFRICAN EXPORT-IMPORT BANK
Égypte
Jean-Louis Ekra
4 358 185
89 079
59
63
STERLING BANK
Nigeria
Yemi Razack Adeola
4 352 953
220 248
60
56
CRÉDIT AGRICOLE EGYPT
Égypte
François-Édouard Drion
4 091 669
164 776
61
64
BANQUE ARABE POUR LE DÉV. ÉCONOMIQUE EN AFRIQUE
Soudan
Abdel Aziz Khelef
3 901 795
ND
62
62
BANQUE DE L'HABITAT DE TUNISIE
Tunisie
Ahmed Rejiba
3 860 301
133 312
63
69
AFRILAND FIRST GROUP
Cameroun
Paul Kammogne Fokam
3 748 421
187 089
64
72
BARCLAYS BANK OF MAURITIUS
Maurice
Ravin Dajee
3 714 211
50 242
65
66
KENYA COMMERCIAL BANK
Kenya
Joshua Oigara
3 682 529
458 984
66
–
BANCO PRIVADO ATLANTICO
Angola
Carlos José Da Silva
3 648 100
157 881
67
70
STATE BANK OF MAURITIUS
Maurice
Jairaj Sonoo
3 553 008
297 144
68
65
LAND AND AGRICULTURAL DEVELOPMENT BANK OF SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Lindiwe Mdlalose
3 505 196
91 848
69
76
STANDARD CHARTERED BANK NIGERIA
Nigeria
Bola Adesola
3 394 381
277 797
70
87
ATLANTIQUE BUSINESS INTERNATIONAL
Côte d’Ivoire
Souleymane Diarrassouba
3 391 366
182 148
71
67
STANDARD CHARTERED BANK MAURICE
Maurice
Sridhar Nagarajan
3 370 950
52 305
72
73
ATTIJARI BANK TUNISIE
Tunisie
Moncef Chaffar
3 326 729
164 317
73
68
BANK AUDI EGYPT
Égypte
Hatem Sadek
3 239 144
ND
74
–
BLOM BANK EGYPT
Égypte
Mohamed Ozalp
3 180 902
54 150
75
75
EQUITY BANK GROUP
Kenya
James U. Mwangi
3 163 333
301 732
76
71
ARAB TUNISIAN BANK
Tunisie
Mohamed Férid Ben Tanfous
3 083 924
106 653
77
80
BNP PARIBAS EL DJAZAIR
Algérie
Pascal Fevre
2 979 478
165 365
78
74
ALWATANY BANK OF EGYPT
Égypte
Yasser Ismaël Hassan
2 916 781
97 567
79
84
AHLI UNITED BANK EGYPT
Égypte
Nevine El-Messeery
2 856 220
ND
80
82
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE ALGÉRIE
Algérie
Eric Wormser
2 835 994
186 837
81
88
BANCO INTERNACIONAL DE MOÇAMBIQUE
Mozambique
Manuel Marecos Duarte
2 833 655
266 672
82
83
BGFI BANK GABON
Gabon
Patricia Manon
2 758 251
154 422
83
93
BANCO COMERCIAL E DE INVESTIMENTOS
Mozambique
Paulo Sousa
2 725 507
172 195
84
90
EQUITY BANK KENYA
Kenya
James U. Mwangi
2 713 030
269 829
85
–
GRINDROD BANK
Afrique du Sud
D. A. Polkinghorne
2 705 786
ND
86
–
BANQUE SAHÉLO-SAHARIENNE POUR L'INVEST. ET LE COMMERCE
Libye
Ali Al Moktar
2 671 072
127 320
87
91
CO-OPERATIVE BANK OF KENYA
Kenya
Gideon M. Muriuki
2 633 543
317 665
88
77
SUEZ CANAL BANK
Égypte
Tarek Fathi Kandil
2 616 253
69 868
89
79
AL BARAKA BANK EGYPT
Égypte
Ashraf Ahmed Mostaf El Ghamrawy
2 608 710
ND
90
81
SOCIÉTÉ ARABE INTERNATIONALE DE BANQUE
Égypte
Mohamed Naguib
2 588 087
92 119
91
–
EASTERN AND SOUTHERN AFRICAN TRADE AND DEV. BANK
Burundi
Admassu Tadesse
2 536 282
101 184
92
95
STANDARD CHARTERED BANK KENYA
Kenya
Lamin Manjang
2 510 256
186 808
93
85
UNITY BANK
Nigeria
Henry James Semenitari
2 482 320
185 380
94
86
BANQUE DE TUNISIE
Tunisie
Habib Ben Saad
2 412 666
113 369
95
94
STANDARD BANK MAURITIUS
Maurice
Laksham Bheenick
2 393 970
29 056
96
97
EXPORT DEVELOPMENT BANK OF EGYPT
Égypte
Hisham Hassan
2 373 560
62 323 214 815
97
100
BARCLAYS BANK OF KENYA
Kenya
Jeremy Awori
2 354 757
98
92
ABU DABHI ISLAMIC BANK-EGYPT
Égypte
Nevine Loutfy
2 344 992
58 233
99
105
BANCO MILLENNIUM ANGOLA
Angola
José Reino da Costa
2 283 997
151 491
100
99
UNION INTERNATIONALE DE BANQUES
Tunisie
Kamel Néji
2 283 962
115 991
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
CHIFFRES 2013 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2012 – ND : NON DÉTERMINÉ
Société
Rang
Rang
Les 200 premières banques africaines en 2014 (51-100)
Banques
assurances
Rang
Société
Pays
PDG ou DG
Total de bilan (milliers de $)
PNB (milliers de $) 83 852
101
–
BANCO DE DESENVOLVIMENTO DE ANGOLA
Angola
Elizabeth Kinanga
2 259 115
102
96
COMMERCIAL BANK OF ERITREA
Érythrée
Tesfay Yemane
2 224 528
19 392
103
106
ECOBANK GHANA
Ghana
Samuel Ashitey Adjei
2 171 660
295 668
104
102
CRDB BANK
Tanzanie
Charles Kimei
2 162 717
ND
105
108
CCEI BANK GE
Guinée équat.
Joseph Celestin Tindjou Djameni
2 153 663
108 980
106
89
FIRST NATIONAL BANK OF NAMIBIA
Namibie
Ian Leyenaar
2 141 947
91 544
107
127
BANCO SOL
Angola
Miguel Coutinho Nobre
2 103 685
95 929
108
–
CITIBANK NIGERIA-NIGERIA INTERNATIONAL BANK
Nigeria
Omar Hafeez
2 092 977
95 450
109
101
HOUSING AND DEVELOPMENT BANK
Égypte
Fathy El Sebai Mansour
2 086 852
78 186
110
114
CFC STANBIC BANK
Kenya
Greg Brackenridge
2 056 029
184 553
NORTH AFRICA BANK
Libye
Abdulnaser Gnidi
2 035 550
11 805
WEMA BANK
Nigeria
Segun Oloketuyi
2 034 866
77 025
103
BANQUE AL-BARAKA D'ALGÉRIE
Algérie
Ahmed Yousif Adnan
2 001 110
98 862
110
NATIONAL MICROFINANCE BANK
Tanzanie
Mark H. Wiessing
2 000 913
270 349 126 620
111
–
112
119
113 114 115
98
BANK WINDHOEK
Namibie
Christo De Vries
1 964 861
116
–
STANDARD BANK NAMIBIA
Namibie
Junius Vetumbuavi Mungunda
1 922 801
65 573
117
120
DIAMOND TRUST BANK KENYA
Kenya
Nasim Devji
1 896 667
126 990
118
112
BANCO DE NEGOCIOS INTERNACIONAL
Angola
Mario Abilio Palhares
1 882 278
60 750
119
126
ORAGROUP SA
Togo
Patrick Mestrallet
1 852 852
126 592
120
111
AFRICAN BANKING CORP. HOLDING
Botswana
Douglas T. Munatsi
1 799 000
162 460
121
107
FIRST NATIONAL BANK OF BOTSWANA
Botswana
Lorato Boakgomo-Ntakhwana
1 780 310
101 074
122
131
GULF BANK ALGÉRIE
Algérie
Mohamed Louhab
1 770 383
134 029
123
109
INVESTEC BANK SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Bernard Kantor
1 765 533
5 538
124
116
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES EN CÔTE D'IVOIRE
Côte d’Ivoire
Hubert de Saint-Jean
1 739 518
122 041
125
115
UNION BANCAIRE POUR LE COMMERCE ET L'INDUSTRIE
Tunisie
Patrick Poupon
1 720 577
88 779
126
130
COMMERCIAL BANK OF AFRICA
Kenya
O. Isaac Awuondo
1 662 922
72 588
127
104
BGFI BANK CONGO
Congo
Narcisse Obiang Ondo
1 658 545
102 401
128
113
INVESTMENT & MORTGAGES BANK
Kenya
Arun S. Mathur
1 610 138
100 178
129
117
BANCO CAIXA GERAL TOTTA DE ANGOLA
Angola
Daniel Chambel
1 578 652
141 988
130
118
HSBC ALGÉRIE
Algérie
Rachid Sekak
1 573 345
61 057
131
139
CBZ BANK
Zimbabwe
J. P. Mangudya
1 558 667
95 268
132
190
STANDARD BANK DE ANGOLA
Angola
Pedro Coelho
1 517 589
28 987
133
123
MISR IRAN DEVELOPMENT BANK
Égypte
Ismail Hassan
1 490 520
32 262
134
125
STANDARD BANK MOZAMBIQUE
Mozambique
Pindie Nyandoro
1 458 381
78 434
135
132
CBAO GROUPE ATTIJARIWAFA BANK
Sénégal
Abdelkrim Raghni
1 431 251
115 597
136
121
GHANA COMMERCIAL BANK
Ghana
Simon Dornoo
1 418 158
243 220
137
145
AFRILAND FIRST BANK
Cameroun
Alphonse Nafack
1 415 255
66 004
138
122
BANK OF KHARTOUM
Soudan
Mohamed Salah
1 412 255
79 633
139
149
NATIXIS ALGÉRIE
Algérie
Jean-Yves Forel
1 404 443
89 200
140
136
NIC BANK
Kenya
John Gachora
1 378 905
82 782
141
133
ECOBANK CÔTE D'IVOIRE
Côte d’Ivoire
Charles Daboiko
1 372 877
100 141
142
128
EGYPTIAN GULF BANK
Égypte
Saïd Zaky
1 372 011
ND
143
129
INVESTEC BANK MAURITIUS
Maurice
Craig Mckenzie
1 371 598
40 977
144
143
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE CAMEROUN (EX-SOC. GÉN. DE BANQUES AU CAMEROUN)
Cameroun
Jean-Philippe Guillaume
1 356 993
90 136
145
124
BARCLAYS BANK OF BOTSWANA
Botswana
Reinette Van Der Merwe
1 319 868
102 155
146
138
BANK OF AFRICA-BÉNIN
Bénin
Faustin Amoussou
1 303 340
60 595
147
134
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES AU SÉNÉGAL
Sénégal
Yann De Nanteuil
1 295 315
99 107
148
144
BANQUE INTERNATIONALE POUR L'ÉPARGNE ET LE CRÉDIT
Cameroun
Pierre Mahé
1 286 615
99 634
149
160
BANQUE ATLANTIQUE-CÔTE D'IVOIRE
Côte d’Ivoire
Habib Kone
1 275 044
61 393
150
146
STANBIC BANK UGANDA
Ouganda
Philip Odera
1 264 223
96 625
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
CHIFFRES 2013 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2012 – ND : NON DÉTERMINÉ
Les 200 premières banques africaines en 2014 (101-150) Rang
56
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Banques
assurances
Les 200 premières banques africaines en 2014 (151-200) PDG ou DG
Total de bilan (milliers de $)
PNB (milliers de $)
151
148
ZAMBIA NATIONAL COMMERCIAL BANK
Zambie
Bruce Dick
1 252 093
99 382
152
137
STANDARD CHARTERED BANK GHANA
Ghana
Kweku Bedu-Addo
1 249 731
117 297
153
–
BANK OF BARODA-MAURITIUS
Maurice
Ravi Chaturvedi
1 241 457
5 967
154
135
FAISAL ISLAMIC BANK SUDAN
Soudan
Ali Omer Ibrahim Farah
1 220 620
46 772
155
140
PIRAEUS BANK
Égypte
Graham Moharam
1 218 354
ND
156
142
STANDARD CHARTERED BANK BOTSWANA
Botswana
Moatlhodi K. Lekaukau
1 129 931
113 438 63 951
157
161
ECOBANK BURKINA
Burkina Faso
Cheick Travaly
1 109 229
158
151
ARAB BANKING CORP. (EGYPT)
Égypte
Akram Tinawi
1 054 699
19 251
159
173
NATIONAL BANK OF KENYA
Kenya
Munir S. Ahmed
1 054 210
64 218
DIAMOND BANK BÉNIN
Bénin
Pascal Dozie
1 051 485
47 671
BIAO CÔTE D'IVOIRE
Côte d’Ivoire
Jean Kacou Diagou
1 036 189
72 465 107 252
160
–
161
155
162
150
BARCLAYS BANK OF GHANA
Ghana
Margaret Mwanakatwe
1 035 209
163
169
ECOBANK SÉNÉGAL
Sénégal
Yves Coffi Quam-Dessou
1 033 823
66 422
164
156
DASHEN BANK
Éthiopie
Berhanu W. Selassie
1 019 744
68 522 23 200
165
180
AFRASIA BANK
Maurice
James Benoit
1 007 528
166
159
BANCO REGIONAL DO KEVE
Angola
Rui Da Costa Campos
1 005 955
19 715
167
181
SOCIÉTÉ IVOIRIENNE DE BANQUE
Côte d’Ivoire
Daouda Coulibaly
1 000 478
69 566
168
152
STANDARD CHARTERED BANK ZAMBIA
Zambie
Andrew Okai
982 430
72 737
169
141
SBI MAURITIUS
Maurice
J. S. Hiremath
981 086
25 556
170
154
NATIONAL BANK OF COMMERCE
Tanzanie
Mizinga Melu
968 420
97 065
171
153
STANBIC BANK ZAMBIA
Zambie
Mukwandi Chibesakunda
956 823
116 595 62 621
172
168
ECOBANK BÉNIN
Bénin
Roger Dah-Achinanon
941 483
173
179
AWASH INTERNATIONAL BANK
Éthiopie
Tsehay Shiferaw
918 362
45 970
174
157
STANDARD CHARTERED BANK UGANDA
Ouganda
Herman Kasekende
912 205
155 242
175
170
CORIS BANK INTERNATIONAL
Burkina Faso
Idrissa Nassa
909 784
65 639
176
158
BANQUE DE DÉVELOPPEMENT DU MALI
Mali
Abdoulaye Daffe
902 611
53 080 58 657
177
–
CHASE BANK KENYA
Kenya
Duncan Kabui
897 177
178
177
BANQUE NATIONALE D'INVESTISSEMENT
Côte d’Ivoire
Eugène Kassi N'da
878 637
51 136
179
165
BANCO COMERCIAL DO ATLÂNTICO
Cap-Vert
Antonio Castro Guerra
875 311
23 798
180
162
UNION NATIONAL BANK EGYPT
Égypte
EssamMohamedMahmoAbuAhmed
866 538
ND
181
178
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Pierre Wolmarans
863 332
8 875
182
167
BANQUE INTERNAT. POUR LE COMM. ET L'IND. DE LA CÔTE D'IVOIRE
Côte d’Ivoire
Fabien Riguet
861 771
65 637
183
175
SOCIÉTÉ COMMERCIALE DE BANQUE CAMEROUN
Cameroun
Jamal Ahizoune
861 295
67 729
184
172
BANQUE INTERNAT. POUR LE COMM. ET L'INDUSTRIE DU GABON
Gabon
Claude Ayo-Iguendha
855 380
59 357
185
147
DEUTSCHE BANK MAURITIUS
Maurice
Mark Bisson
841 836
2 270
186
164
THE HONGKONG AND SHANGHAI BANKING CORP.
Maurice
Alastair J. Bryce
833 617
19 330 50 298
BANK OF AFRICA-BURKINA
Burkina Faso
Sébastien Toni
832 194
CITIBANK NA KENYA
Kenya
Daniel J. Connelly
811 454
47 791
195
ECOBANK CAMEROUN
Cameroun
Moustapha Fall
808 043
57 894
190
–
ZENITH BANK GHANA
Ghana
Daniel Asiedu
784 580
ND
191
192
ECOBANK MALI
Mali
Coumba Sidibé Touré
765 745
54 260
187
182
188
–
189
192
–
ORABANK TOGO
Togo
Guy Sauvanet
750 932
43 569
193
187
RAW BANK
Rd Congo
Thierry Taeymans
725 360
63 350
194
166
MERCANTILE BANK
Afrique du Sud
K. R. Kumbier
720 359
31 646
195
183
FIDELITY BANK GHANA
Ghana
Edward Effah
707 432
49 475
196
197
EXIM BANK TANZANIE
Tanzanie
Dinesh Arora
698 052
46 043
ECOBANK TOGO
Togo
Didier Correa
691 849
41 857
AGRICULTURAL DEVELOPMENT BANK
Ghana
Stephen Kpordzih
678 221
117 110
197
–
198
174
199
189
200
–
BANQUE INTERNAT. POUR LE COMM. ET L'INDUSTRIE DU SÉNÉGAL
Sénégal
Pierre Bérégovoy
675 239
59 615
BANK OF AFRICA-CÔTE D'IVOIRE
Côte d’Ivoire
Lala Moulaye
673 511
33 840
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
– ND : NON DÉTERMINÉ
Pays
CHIFFRES 2013 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2012
Société
Rang
Rang
58
Un RĂŞve
Une Empreinte Une Banque
Banques
assurances
Afrique du Nord Résilience Les turbulences qui ont suivi le Printemps arabe n’ont pas abattu les banques de la région. Mais la situation n’est pas stabilisée. FRÉDÉRIC MAURY
M
algrélestourmentespolitiquesetlafaible croissance observées dans la région, les banques d’Afrique du Nord résistent. Plus de trois ans après le Printemps arabe, les établissements financiers les plus exposés, ceux basés en Égypte et en Tunisie, n’ont pas sombré. « Les banques égyptiennes, libanaises et tunisiennes ont souffert de l’arrêt de la croissance des prêts aux entreprises, mais, étonnamment, la détérioration de la qualité des actifs reste à ce jour bien contenue », estimait mi-2014 l’agence de notation Standard & Poor’s, qui évalue plutôt favorablement les perspectives d’avenir de ces banques. Dans le détail, les situations sont très différentes d’un pays à l’autre et d’une institution à l’autre. En Tunisie, les banques privées se portent bien, et certaines, comme l’UIB, se développent même rapidement. Mais les trois banques publiques, qui sont les plus affectées par les mauvaises créances héritées de l’époque Ben Ali, peinent à se relever. Et le plan gouvernemental pour les aider à faire C’est le total de bilan face se fait attendre. des 50 premières banques
465 milliards
de dollars d’Afrique du Nord
CARCAN. En Égypte, la masse
des dépôts augmente de manière soutenue. Cela pousse les banques, en l’absence de demande de crédits émanant des entreprises, à investir dans la dette nationale égyptienne. Mais ce n’est pas sans susciter quelques inquiétudes, étant donné l’état des finances publiques de ce pays. En Algérie, le secteur bancaire reste enfermé dans un carcan réglementaire et pâtit de surcroît des fortes incertitudes que font peser des réformes parfois inattendues, comme, dans le passé, la décision politique de supprimer le crédit à la consommation. Quant aux banques marocaines, leur croissance a ralenti à l’intérieur du royaume, bien que leur expansion hors des frontières leur permette toujours d’afficher un rythme de développement soutenu. Même si le produit intérieur brut (PIB) s’est encore accru de 4,5 % en 2013, selon le Fonds monétaire international (FMI), les financiers se montrent plus prudents que par le passé dans la gestion de leurs portefeuilles, et ils sont en outre pénalisés par un manque quasi permanent de liquidités. l JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
23
C’est le nombre de pays dans lesquels le groupe marocain est présent après l’acquisition en septembre 2013 de 55 % de la Banque internationale pour l’Afrique au Togo et la création d’une succursale au Niger.
300 millions de dollars
C’est le montant levé fin 2013 par BMCE sous forme d’eurobonds. Une première pour une banque du Maghreb et peut-être une piste pour pallier l’insuffisance de liquidités au niveau local.
La baisse du chiffre d’affaires et du résultat financier est essentiellement le fait d’une contraction de la rentabilité des financements accordés au commerce extérieur, suite aux nouvelles directives édictées l’an dernier par la Banque d’Algérie. ÉRIC WORMSER, nommé président du directoire de la Société générale Algérie en janvier 2014
Fondée en 2010, la filiale bancaire de Poste Maroc accède directement au 22e rang de notre classement en Afrique du Nord et à la 52e place au niveau continental. Une prouesse due à son vaste réseau qui s’appuie sur les bureaux de poste (lire p. 42). HASSAN OUAZZANI POUR J.A.
60
La banque égyptienne est l’une de celles qui financera le doublement du canal de Suez, dont le coût varie de 4 à 8 milliards de dollars selon les estimations. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Banques
assurances
61
Société
Pays
PDG ou DG
Total de bilan (milliers de $)
PNB (milliers de $)
1
6
NATIONAL BANK OF EGYPT
Égypte
Hisham Okasha
61 190 260
1 016 577
2
7
ATTIJARIWAFA BANK
Maroc
Mohamed El Kettani
46 631 991
2 162 098
3
8
GROUPE BANQUE CENTRALE POPULAIRE
Maroc
Mohamed Benchaaboun
35 108 761
1 594 110
4
9
BANQUE MISR
Égypte
Ahmed Abu El Ezz
31 199 163
944 218
5
10
BANQUE MAROCAINE DU COMMERCE EXTÉRIEUR
Maroc
Othman Benjelloun
28 626 135
1 196 218
6
11
BANQUE NATIONALE D'ALGÉRIE
Algérie
Karimedine Khelili
27 845 733
1 000 046
7
13
BANQUE EXTÉRIEURE D'ALGÉRIE
Algérie
Mohamed Loukal
26 599 000
575 000
8
18
CRÉDIT POPULAIRE D'ALGÉRIE
Algérie
Mohamed Djellab
17 357 460
491 789
9
19
COMMERCIAL INTERNATIONAL BANK
Égypte
Hisham Abdelhafez
16 267 712
722 166
10
22
QATAR NAT. BANK AL AHLI (EX-NATIONAL SOC. GÉN. BANK)
Égypte
Mohamed Osman el-Dib
11 620 828
116 455
11
28
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE MAROC
Maroc
Khalid Chami
9 897 609
489 444
12
30
BANQUE DU CAIRE
Égypte
Mounir Al Zahib
9 312 193
488 648
13
31
ARAB AFRICAN INTERNATIONAL BANK
Égypte
Hassan E. Abdalla
9 215 938
220 409
14
34
HSBC BANK EGYPT
Égypte
Andrew Long
8 590 114
486 436
15
35
BANQUE MAROCAINE POUR LE COMM. ET L'INDUSTRIE
Maroc
Laurent Dupuch
8 104 537
378 788
16
39
FAISAL ISLAMIC BANK OF EGYPT
Égypte
Abdulhamid Aboumoussa
6 486 184
264 251
17
44
CRÉDIT DU MAROC
Maroc
Baldoméro Valverde
6 076 945
250 835
18
47
BANK OF ALEXANDRIA
Égypte
Roberto Vercelli
5 852 007
341 982
19
48
BANQUE INTERNATIONALE ARABE DE TUNISIE
Tunisie
Mohamed Agrebi
5 513 063
277 753
20
49
SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE BANQUE
Tunisie
Samira Ghribi
5 065 245
142 189
21
50
CRÉDIT IMMOBILIER ET HÔTELIER
Maroc
Ahmed Rahhou
5 012 957
209 269
22
51
BANQUE NATIONALE AGRICOLE
Tunisie
Jaafar Khattech
4 804 733
203 947
23
52
AL BARID BANK
Maroc
Redouane Najm-Eddine
4 736 175
158 343
24
54
AMEN BANK
Tunisie
Ahmed El Karm
4 568 334
160 532
25
58
AFRICAN EXPORT-IMPORT BANK
Égypte
Jean-Louis Ekra
4 358 185
89 079
26
60
CRÉDIT AGRICOLE EGYPT
Égypte
François Edouard Drion
4 091 669
164 776
27
62
BANQUE DE L'HABITAT DE TUNISIE
Tunisie
Ahmed Rejiba
3 860 301
133 312
28
72
ATTIJARI BANK TUNISIE
Tunisie
Moncef Chaffar
3 326 729
164 317
29
73
BANK AUDI EGYPT
Égypte
Hatem Sadek
3 239 144
ND
30
74
BLOM BANK EGYPT
Égypte
Mohamed Ozalp
3 180 902
54 150
31
76
ARAB TUNISIAN BANK
Tunisie
Mohamed Férid Ben Tanfous
3 083 924
106 653
32
77
BNP PARIBAS EL DJAZAIR
Algérie
Pascal Fevre
2 979 478
165 365
33
78
ALWATANY BANK OF EGYPT
Égypte
Yasser Ismaël Hassan
2 916 781
97 567
34
79
AHLI UNITED BANK EGYPT
Égypte
Nevine el-Messeery
2 856 220
ND
35
80
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE ALGÉRIE
Algérie
Eric Wormser
2 835 994
186 837
36
86
BANQUESAHÉLO-SAHARIENNEPOURL'INVEST.ETLECOMM.
Libye
Ali Al Moktar
2 671 072
127 320
37
88
SUEZ CANAL BANK
Égypte
Tarek Fathi Kandil
2 616 253
69 868
38
89
AL BARAKA BANK EGYPT
Égypte
Ashraf Ahmed Mustaf El Ghamrawy
2 608 710
ND
39
90
SOCIÉTÉ ARABE INTERNATIONALE DE BANQUE
Égypte
Mohamed Naguib
2 588 087
92 119 113 369
40
94
BANQUE DE TUNISIE
Tunisie
Habib Ben Saad
2 412 666
41
96
EXPORT DEVELOPMENT BANK OF EGYPT
Égypte
Hisham Hassan
2 373 560
62 323
42
98
ABU DABHI ISLAMIC BANK - EGYPT
Égypte
Nevine Loutfy
2 344 992
58 233
43
100
UNION INTERNATIONALE DE BANQUES
Tunisie
Kamel Néji
2 283 962
115 991
44
107
HOUSING AND DEVELOPMENT BANK
Égypte
Fathy El Sebai Mansour
2 086 852
78 186
45
111
NORTH AFRICA BANK
Libye
Abdulnaser Gnidi
2 035 550
11 805
46
113
BANQUE AL-BARAKA D'ALGÉRIE
Algérie
Ahmed Yousif Adnan
2 001 110
98 862 134 029
47
122
GULF BANK ALGÉRIE
Algérie
Mohamed Louhab
1 770 383
48
125
UNION BANCAIRE POUR LE COM. ET L'INDUSTRIE
Tunisie
Patrick Poupon
1 720 577
88 779
49
130
HSBC ALGÉRIE
Algérie
Rachid Sekak
1 573 345
61 057
50
133
MISR IRAN DEVELOPMENT BANK
Égypte
Ismail Hassan
1 490 520
32 262
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
CHIFFRES 2 013 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2012 - ND : NON DÉTERMINÉ
Rang dans les 200
Rang
Les 50 premières banques d’Afrique du Nord en 2014
62
Banques
assurances
Afrique de l’Ouest Continuité En 2013, les acquisitions ont été peu nombreuses, d’où une certaine stabilité dans notre classement. Mais une grosse opération pourrait changer la donne.
120 000
C’est le nombre de nouveaux clients acquis par First Bank grâce à la reprise de cinq filiales ouest-africaines du malaisien International Commercial Bank (Gambie, Ghana, Guinée, Sénégal et Sierra Leone).
1,75
FRÉDÉRIC MAURY
A
ACQUISITION. Ce ralentissement relatif s’explique
principalement par une politique d’acquisitions moins soutenue qu’au cours de 2011-2012, années qui avaient vu Ecobank racheter Oceanic Bank au Nigeria et Trust Bank au Ghana, tandis qu’Access Bank reprenait Intercontinental Bank et qu’Oragroup s’emparait du groupe Banque régionale de solidarité (BRS). En 2013, il n’y aura eu aucune opération de ce type dans la région, la principale actualité étant le développement régional du nigérian First Bank, avec la reprise des filiales d’International Commercial Bank. C’est le total de bilan des De manière générale, notre 50 premières banques Top 50 a peu bougé par rapd’Afrique de l’Ouest port aux années précédentes, les places étant assez solidement acquises. Le groupe Ecobank ayant traversé en 2013 une grave crise de gouvernance et de management – qui ne s’est toutefois pas traduite par des difficultés financières –, il a perdu le rang de numéro un régional qu’il avait ravi à First Bank en 2012. Alors qu’Access Bank a poursuivi sa politique de désengagement panafricain avec la cession de sa filiale ivoirienne au groupe Afriland fin 2013, notre classement pourrait toutefois être à nouveau bouleversé l’an prochain. Le groupe Bank of Africa (BOA), qui progresse d’année en année, s’active depuis plusieurs mois pour réaliser une acquisition de taille au Nigeria, marché stratégique, mais ô combien risqué. l
228,9 milliards de dollars
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
milliard de dollars DR
près une année 2012 spectaculaire (+ 15,1 %), le total de bilan des 50 premières banques d’Afrique de l’Ouest a enregistré en 2013 une progression plus modeste (+ 6,8 %). Ce tassement ne peut être expliqué par un ralentissement de la croissance, restée très soutenue dans la zone en 2013. Selon les chiffres du Fonds monétaire international (FMI), le produit intérieur brut (PIB) a progressé de 6,3 % au Nigeria, de 8,1 % en Côte d’Ivoire, et augmentait plus modestement de 5,4 % au Ghana, pour n’évoquer que les trois principales économies de la zone.
Je suis impatient de retrouver le groupe. UBA présente une capacité d’investissement énorme, et la banque est à un point d’inflexion dans sa trajectoire de croissance. TONY ELUMELU, nommé président du conseil d’administration d’UBA en août 2013, quatre ans après son départ du poste de directeur général
C’est le montant levé entre janvier et août 2013 dans le cadre d’émissions obligataires internationales (eurobonds) par cinq grandes banques nigérianes (Zenith Bank, Access Bank, Diamond Bank, First Bank of Nigeria et Ecobank Nigeria).
+ 11
À eux trois, les grands groupes bancaires d’Afrique de l’Ouest francophone gagnent onze rangs. Atlantique Business International, holding de tête du groupe Banque Atlantique, entre dans le Top 20.
La filiale béninoise du groupe nigérian Diamond Bank fait son entrée dans le Top 50, portée par l’ouverture ces dernières années de trois succursales dans la région (Sénégal, Togo, Côte d’Ivoire).
Le jour où nous aurons ouvert des filiales dans chacun des États membres de l’UEMOA, nous serons parvenus à créer une véritable banque universelle de l’Union. ABDOULAYE DAFFE, le PDG de la BDM, après la création de ses deux premières filiales, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Banques
assurances
63
Société
Pays
PDG ou DG
Total de bilan (milliers de $)
PNB (milliers de $)
1
14
FIRST BANK OF NIGERIA
Nigeria
Stephen Olasibi Onasanya
23 806 656
1 415 207
2
15
ECOBANK TRANSNATIONAL INC.
Togo
Albert Essien
22 532 453
2 003 456
3
16
ZENITH INTERNATIONAL BANK
Nigeria
Peter Amangbo
19 330 268
1 163 967
4
17
ZENITH BANK NIGERIA
Nigeria
Peter Amangbo
17 703 962
1 078 593
5
20
UNITED BANK FOR AFRICA GROUP
Nigeria
Phillips Oduoza
16 250 120
942 980
6
21
GUARANTY TRUST BANK
Nigeria
Segun Agbaje
12 932 505
1 183 237
7
24
ACCESS BANK GROUP
Nigeria
Aigboje Aig-Imoukhuede
11 288 116
276 728
8
29
DIAMOND BANK
Nigeria
Alex C. Otti
9 340 971
643 462
9
32
ECOBANK NIGERIA
Nigeria
Jibril Aku
9 144 359
1 107 531
10
37
SKYE BANK
Nigeria
Timothy Oguntayo
6 867 311
379 443
11
38
FIDELITY BANK
Nigeria
Nnamdi Okonkwo
6 649 485
189 494
12
40
GROUPE BOA
Mali
Mohamed Bennani
6 356 010
423 988
13
42
FIRST CITY MONUMENT BANK
Nigeria
Ladi Balogun
6 200 923
345 222
14
43
UNION BANK OF NIGERIA
Nigeria
Emeka Emuwa
6 166 949
353 139
15
53
STANBIC IBTC CHARTERED BANK
Nigeria
Yinka Sanni
4 692 733
227 630
16
59
STERLING BANK
Nigeria
Yemi Razack Adeola
4 352 953
220 248 277 797
17
69
STANDARD CHARTERED BANK NIGERIA
Nigeria
Bola Adesola
3 394 381
18
70
ATLANTIQUE BUSINESS INTERNATIONAL
Côte d’Ivoire
Souleymane Diarrassouba
3 391 366
182 148
19
93
UNITY BANK
Nigeria
Henry James Semenitari
2 482 320
185 380
20
103
ECOBANK GHANA
Ghana
Samuel Ashitey Adjei
2 171 660
295 668
21
108
CITIBANK NIGERIA - NIGERIA INTERNATIONAL BANK
Nigeria
Omar Hafeez
2 092 977
95 450
22
112
WEMA BANK
Nigeria
Segun Oloketuyi
2 034 866
77 025
23
119
ORAGROUP SA
Togo
Patrick Mestrallet
1 852 852
126 592
24
124
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES EN CÔTE D'IVOIRE
Côte d’Ivoire
Hubert de Saint-Jean
1 739 518
122 041
25
135
CBAO GROUPE ATTIJARIWAFA BANK
Sénégal
Abdelkrim Raghni
1 431 251
115 597
26
136
GHANA COMMERCIAL BANK
Ghana
Simon Dornoo
1 418 158
243 220
27
141
ECOBANK CÔTE D'IVOIRE
Côte d’Ivoire
Charles Daboiko
1 372 877
100 141
28
146
BANK OF AFRICA-BÉNIN
Bénin
Faustin Amoussou
1 303 340
60 595
29
147
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE DE BANQUES AU SÉNÉGAL
Sénégal
Yann De Nanteuil
1 295 315
99 107
30
149
BANQUE ATLANTIQUE CÔTE D'IVOIRE
Côte d’Ivoire
Habib Kone
1 275 044
61 393
31
152
STANDARD CHARTERED BANK GHANA
Ghana
Kweku Bedu-Addo
1 249 731
117 297 63 951
32
157
ECOBANK BURKINA
Burkina Faso
Cheick Travaly
1 109 229
33
160
DIAMOND BANK BÉNIN
Bénin
Pascal Dozie
1 051 485
47 671
34
161
BIAO CÔTE D'IVOIRE
Côte d’Ivoire
Jean Kacou Diagou
1 036 189
72 465 107 252
35
162
BARCLAYS BANK OF GHANA
Ghana
Margaret Mwanakatwe
1 035 209
36
163
ECOBANK SÉNÉGAL
Sénégal
Yves Coffi Quam-Dessou
1 033 823
66 422
37
167
SOCIÉTÉ IVOIRIENNE DE BANQUE
Côte d’Ivoire
Daouda Coulibaly
1 000 478
69 566
38
172
ECOBANK BÉNIN
Bénin
Roger Dah-Achinanon
941 483
62 621
39
175
CORIS BANK INTERNATIONAL
Burkina Faso
Idrissa Nassa
909 784
65 639
40
176
BANQUE DE DÉVELOPPEMENT DU MALI
Mali
Abdoulaye Daffe
902 611
53 080
41
178
BANQUE NATIONALE D'INVESTISSEMENT
Côte d’Ivoire
Eugène Kassi N'da
878 637
51 136
42
1779
BANCO COMERCIAL DO ATLÂNTICO
Cap-Vert
Antonio Castro Guerra
875 311
23 798
43
182
BANQUE INT. POUR LE COMM. ET L'IND. DE LA CÔTE D'IVOIRE
Côte d’Ivoire
Fabien Riguet
861 771
65 637
44
187
BANK OF AFRICA-BURKINA
Burkina Faso
Sébastien Toni
832 194
50 298
45
190
ZENITH BANK GHANA
Ghana
Daniel Asiedu
784 580
ND
46
191
ECOBANK MALI
Mali
Coumba Sidibé Touré
765 745
54 260
47
192
ORABANK TOGO
Togo
Guy Sauvanet
750 932
43 569
48
195
FIDELITY BANK GHANA
Ghana
Edward Effah
707 432
49 475
49
197
ECOBANK TOGO
Togo
Didier Correa
691 849
41 857
50
198
AGRICULTURAL DEVELOPMENT BANK
Ghana
Stephen Kpordzih
678 221
117 110
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
CHIFFRES 2 013 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2012 - ND : NON DÉTERMINÉ
Rang dans les 200
Rang
Les 50 premières banques d’Afrique de l’Ouest en 2014
64
Banques
assurances
Les banques de la région enregistrent une belle progression, mais le dynamisme vient surtout des petits établissements. ÉRIC DUPUY
L
’
Afrique centrale bancaire s’éveille peu à peu. Alors que la plupart des autres régions africaines affichent des taux de croissance bancaire de près de 10 %, les 50 premières institutions financières de la zone enregistrent une progression de plus de 13 % du total de bilan cumulé. Étonnamment, le leader de la zone, le groupe gabonais BGFI Bank, n’a pas participé à cette croissance. Son total de bilan a stagné en 2013, mais il avait enregistré une très forte progression les années précédentes. Avec Afriland First Group (né au Cameroun, holding basé en Suisse), BGFI Bank est d’ailleurs la seule des banques de la zone à avoir engagé un plan de développement géographique. Ces deux groupes trustent les premières places de notre classement.
ERIC LARRAYADIEU POUR J.A.
Afrique centrale Contrastes
Les revenus sont conformes à notre plan stratégique. Après une très forte période de développement, de 2010 à 2012, pendant laquelle nous avons ouvert six filiales, l’année 2013 a permis la consolidation de nos acquis. HENRI-CLAUDE OYIMA, PDG de BGFI Bank
464 937
C’est le nombre de clients de la jeune banque congolaise en 2013 (elle a été créée en 2004). Il a bondi de 77,7 %, en raison notamment de la politique de bancarisation des fonctionnaires.
PETITS MARCHÉS. C’est surtout dans les « petits »
marchés bancaires qu’il faut chercher le dynamisme. En RD Congo, un coup de fouet a été donné par la politique de bancarisation des fonctionnaires, lancée en 2011. Entre cette date et fin 2013, le nombre d’agents de l’État bancarisés a été multiplié par 25, pour atteindre 640 000. Trust Merchant Bank, l’un des établissements les plus actifs sur ce créneau, en a d’ailleurs largement profité : en 2013, son total de bilan a progressé de 23 % (en monnaie locale) et ses revenus de 70 % ! Sur le front des fusions-acquisitions, l’actualité n’a guère été animée. La vente en cours de la filiale équatoguinéenne de la Société générale, remise en question à la suite de fortes pressions politique, n’a finalement pas eu lieu, obligeant la banque française à poursuivre sur un mode ralenti. De même, les privatisations annoncées des Commercial Bank (Tchad et Cameroun),quiappartenaient C’est le total de bilan au groupe d’Yves-Michel des 50 premières banques Fotso avant d’être saisies par d’Afrique centrale l’État ou mises sous tutelle, n’ont finalement pas eu lieu. Au Rwanda, le bras commercial de la Banque rwandaise de développement est promis au fonds Atlas Mara. Quant au nigérian Guaranty Trust Bank, il s’est offert, avec Fina Bank, une entrée au Kenya, au Rwanda et en Ouganda. l
38,5 milliards
de dollars
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
Après la vente, début 2014, de sa filiale mozambicaine à Ecobank, l’allemand ProCredit Holding n’est plus présent que dans un pays en Afrique : la RD Congo. En attendant une cession annoncée…
77 %
C’est la part du capital prise par Atlas Mara dans la branche commerciale de la BRD. Cette entité n’existait pas juridiquement avant la réalisation de cette opération, en 2014.
Les défis à relever sont immenses : accompagner nos clients victimes de l’incendie du marché central de Bujumbura, mettre en œuvre de nouvelles solutions technologiques et intégrer les dernières réglementations, notamment en matière de gestion des risques. GEORGES COUCOULIS, président du conseil d’administration d’Interbank Burundi, commentant un exercice 2013 marqué par une chute de 42,9 % des profits
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Banques
assurances
65
Société
Pays
PDG ou DG
Total de bilan (milliers de $)
PNB (milliers de $)
1
45
BGFI BANK HOLDING CORP.
Gabon
Henri-Claude Oyima
6 076 304
393 821
2
63
AFRILAND FIRST GROUP
Cameroun
Paul Kammogne Fokam
3 748 421
187 089 154 422
3
82
BGFI BANK GABON
Gabon
Patricia Manon
2 758 251
4
91
EASTERN AND SOUTHERN AFRICAN TRADE AND DEV. BANK
Burundi
Admassu Tadesse
2 536 282
101 184
5
105
CCEI BANK GE
Guinée équatoriale
Joseph Celestin Tindjou Djameni
2 153 663
108 980
6
127
BGFI BANK CONGO
Congo
Narcisse Obiang Ondo
1 658 545
102 401
7
137
AFRILAND FIRST BANK
Cameroun
Alphonse Nafack
1 415 255
66 004
8
144
SOC. GÉN. CAMEROUN (EX-SOC. GÉN. DE BANQUES AU CAMEROUN)
Cameroun
Jean-Philippe Guillaume
1 356 993
90 136
9
148
BANQUE INTERNAT. POUR L'ÉPARGNE ET LE CRÉDIT
Cameroun
Pierre Mahé
1 286 615
99 634
10
183
SOCIÉTÉ COMMERCIALE DE BANQUE CAMEROUN
Cameroun
Jamal Ahizoune
861 295
67 729
11
184
BANQUE INT. POUR LE COMM. ET L'INDUSTRIE DU GABON
Gabon
Claude Ayo-Iguendha
855 380
59 357
12
189
ECOBANK CAMEROUN
Cameroun
Moustapha Fall
808 043
57 894
13
193
RAW BANK
RD Congo
Thierry Taeymans
725 360
63 350
14
–
SOCIÉTÉ GÉN. DE BANQUE EN GUINÉE ÉQUATORIALE
Guinée équatoriale
Bruno Massez
668 933
35 135
15
–
BGFI BANK GUINÉE ÉQUATORIALE
Guinée équatoriale
Julie Oye Bengono
649 025
50 646
16
–
LA CONGOLAISE DE BANQUE
Congo
Younes El Masloumi
632 336
38 930
17
–
CRÉDIT DU CONGO
Congo
Mohammed Mejbar
620 487
38 190
18
–
BANQUE DE KIGALI
Rwanda
Lalo Gurgenidze
608 199
50 681
19
–
BANQUE COMMERCIALE DU CONGO
RD Congo
Yves Cuypers
581 536
82 438
20
–
TRUST MERCHANT BANK
RD Congo
Olivier Meisenberg
485 931
44 155
21
–
ECOBANK CONGO
Congo
Lazare Noulekou
469 688
36 704
22
–
BANQUE INTERNAT. POUR L'AFRIQUE AU CONGO
RD Congo
Michel Losembe
448 526
54 242
23
–
ECOBANK TCHAD
Tchad
Zakaria Ousman Ramadane
434 042
36 953
24
–
FÉDÉRATION DES MUCODEC
Congo
Gérard Legier
424 480
34 382
25
–
STANDARD CHARTERED BANK CAMEROON
Cameroun
Ebezener Essoka
405 890
31 796
26
–
UNITED BANK FOR AFRICA CAMEROUN
Cameroun
Georges Wega
359 833
25 555
27
–
BANQUE INTERNATIONALE DE CRÉDIT
RD Congo
Louis-Odilon Alaguillaume
345 643
50 091
28
–
BANQUE COMMERCIALE INTERNATIONALE
Congo
Dominique Martinie
343 622
27 378
29
–
ECOBANK GABON
Gabon
Joseph Owondault Berre
326 290
21 122
30
–
BGFI BANK CAMEROUN
Cameroun
Edgard Anon
304 051
18 796
31
–
CITIBANK NA GABON
Gabon
Juliette Weisflog
290 632
32 132
32
–
ORABANK GABON
Gabon
Mamoudou Kane
281 909
32 765
33
–
COMMERCIAL BANK TCHAD
Tchad
Jean-Pierre Galibert
272 043
21 690
34
–
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE TCHAD
Tchad
Chemi Kogrimi
268 822
22 804
35
–
ORABANK TCHAD
Tchad
Patrick Mestrallet
263 477
25 336
36
–
BANQUE RWANDAISE DE DÉVELOPPEMENT
Rwanda
Alex Kanyankole
245 969
16 676
37
–
ECOBANK RD CONGO
RD Congo
Serge Ackre
244 292
35 239
38
–
BANQUE POPULAIRE DU RWANDA
Rwanda
Herman Klaassen
226 712
23 436
39
–
PROCREDIT BANK CONGO
RD Congo
André Radloff
203 321
24 975
40
–
BGFI BANK RD CONGO
RD Congo
Francis Selemani Mtwale
201 161
7 600
41
–
INTERBANK BURUNDI
Burundi
Callixte Mutabazi
194 919
17 791
42
–
BANQUE DE CRÉDIT DE BUJUMBURA
Burundi
Tharcisse Rutumo
187 590
20 550
43
–
ECOBANK CENTRAFRIQUE
Centrafrique
Stéphane Doukouré
185 043
13 840
44
–
I&M BANK RWANDA (EX-BANQUE COMM. DU RWANDA)
Rwanda
Lena Militisi
181 157
13 021
45
–
STANDARD BANK RDC (EX-STANBIC BANK CONGO)
RD Congo
Eric T. Mboma
174 987
16 711
46
–
ECOBANK RWANDA
Rwanda
Gilles Guerard
168 615
17 696
47
–
BANQUE COMMERCIALE DU CHARI
Tchad
Adam Madji
160 870
15 379
48
–
COMPAGNIE GÉNÉRALE DE BANQUE
Rwanda
Bonaventure Niyibizi
154 150
9 679
49
–
CITIBANK NA RD CONGO
RD Congo
Meti Mabanza
116 286
ND
50
–
GUARANTY TRUST BANK RWANDA (EX-FINA BANK)
Rwanda
John S. Taylor
112 063
4 911
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
CHIFFRES 2013 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2012 – ND : NON DÉTERMINÉ
Rang dans les 200
Rang
Les 50 premières banques d’Afrique centrale en 2014
66
Banques
assurances
Afrique de l’Est Innovation La région demeure un laboratoire à ciel ouvert pour le développement des nouvelles techniques bancaires. Mais il subsiste des freins au développement.
71,7 milliards
de dollars
VIRTUEL. Au Kenya, les projecteurs sont braqués sur
Equity Bank, deuxième banque du pays par le total des actifs, mais première, et de loin, par le nombre de clients (8,4 millions fin 2013). Très novatrice, comme elle l’a prouvé en développant l’agency banking (le recours à des intermédiaires comme les commerçants pour la réalisation d’opérations bancaires – lire pp. 26-27), la banque a décroché début 2014 une licence d’opérateur mobile virtuel. Cela va lui permettre d’offrir des services de banque mobile sans dépendre d’un opérateur de télécoms. Un choix stratégique audacieux qui suscite l’intérêt de toute la profession, bien au-delà de l’Afrique de l’Est. l JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
EQUITY 2.0
Pour mettre en place sa stratégie de transformation, la banque kényane a choisi de s’associer à la mi-2014 avec McKinsey (à gauche : Dominic Barton, PDG du cabinet de conseil avec le DG de la banque, James Mwangi).
À LA COTE
Mi-2013, la banque kényane, en pleine expansion régionale, s’est introduite à la Bourse de Nairobi.
80,1% Les bénéfices avant impôts de la filiale kényane du groupe Bank of Africa ont explosé d’autant en 2013. En trois exercices, le total de bilan de la banque a doublé.
+ 87 % C’est l’envolée des bénéfices de la banque kényane au premier semestre 2014. De quoi financer l’ouverture annoncée de dix nouvelles agences.
Nous voulons être présents au Rwanda, en RD Congo, au Soudan du Sud, au Mozambique et à Madagascar. Nous menons des études de faisabilité dans deux de ces pays, et nous devrions concrétiser une implantation dans les dix-huit mois. ALKARIM JIWA, directeur financier de Diamond Trust Bank
DR
M
algré son impressionnante réactivité, le secteur bancaire est-africain reste un poids plume à l’échelle du continent. Seules 27 banques basées dans cette zone se classent parmi les 200 premiers établissements d’Afrique (contre plus d’une cinquantaine d’institutions ouest-africaines). Principal marché de la région, le Kenya peine à jouer le rôle de locomotive. Certes, ses établissements sont les plus dynamiques et affichent un poids souvent bien supérieur à celui des banques issues d’autres pays d’Afrique de l’Est. Mais ils restent handicapés par deux éléments: l’atomisation en une multitude d’enseignes (le pays compte 43 banques commerciales) et leur expansion régionale tardive, qui, C’est le total de bilan de surcroît, concerne surtout des 50 premières banques de petits marchés (Rwanda, d’Afrique de l’Est Soudan du Sud). L’Éthiopie pourrait constituer un gisement de croissance bancaire si le secteur y était libéralisé. En attendant qu’il le soit, nombre de grandes banques, panafricaines notamment, y ouvrent des bureaux de représentation. C’est ce qu’ont fait, entre autres, Standard Bank et Ecobank, à défaut de pouvoir concurrencer directement les 19 banques en activité dans ce pays, où le paysage est dominé très largement par le géant public Commercial Bank of Ethiopia, devant quelques banques privées très dynamiques comme Dashen Bank ou Awash International Bank.
DR
FRÉDÉRIC MAURY
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Banques
assurances
67
Société
Pays
PDG ou DG
Total de bilan (milliers de $)
PNB (milliers de $)
1
27
COMMERCIAL BANK OF ETHIOPIA
Éthiopie
Zeleke Bekalu
10 092 688
442 110
2
55
KENYA COMMERCIAL BANKING GROUP
Kenya
Joshua Oigara
4 451 799
375 691
3
61
BANQUE ARABE POUR LE DÉV. ÉCON. EN AFRIQUE
Soudan
Abdel Aziz Khelef
3 901 795
ND
4
65
KENYA COMMERCIAL BANK
Kenya
Joshua Oigara
3 682 529
458 984
5
75
EQUITY BANK GROUP
Kenya
James U. Mwangi
3 163 333
301 732
6
84
EQUITY BANK KENYA
Kenya
James U. Mwangi
2 713 030
269 829
7
87
CO-OPERATIVE BANK OF KENYA
Kenya
Gideon M. Muriuki
2 633 543
317 665
8
92
STANDARD CHARTERED BANK KENYA
Kenya
Lamin Manjang
2 510 256
186 808
9
97
BARCLAYS BANK OF KENYA
Kenya
Jeremy Awori
2 354 757
214 815
10
102
COMMERCIAL BANK OF ERITREA
Érythrée
Tesfay Yemane
2 224 528
19 392
11
104
CRDB BANK
Tanzanie
Charles Kimei
2 162 717
ND
12
110
CFC STANBIC BANK
Kenya
Greg Brackenridge
2 056 029
184 553
13
114
NATIONAL MICROFINANCE BANK
Tanzanie
Mark H. Wiessing
2 000 913
270 349
14
117
DIAMOND TRUST BANK KENYA
Kenya
Nasim Devji
1 896 667
126 990
15
126
COMMERCIAL BANK OF AFRICA
Kenya
O. Isaac Awuondo
1 662 922
72 588
16
128
INVESTMENT & MORTGAGES BANK
Kenya
Arun S. Mathur
1 610 138
100 178
17
138
BANK OF KHARTOUM
Soudan
Mohamed Salah
1 412 255
79 633
18
140
NIC BANK
Kenya
James Macharia
1 378 905
82 782
19
150
STANBIC BANK UGANDA
Ouganda
Philip Odera
1 264 223
96 625
20
154
FAISAL ISLAMIC BANK SUDAN
Soudan
Ali Omer Ibrahim Farah
1 220 620
46 772
21
159
NATIONAL BANK OF KENYA
Kenya
Munir S. Ahmed
1 054 210
64 218
22
164
DASHEN BANK
Éthiopie
Berhanu W. Selassie
1 019 744
68 522
23
170
NATIONAL BANK OF COMMERCE
Tanzanie
Mizinga Melu
968 420
97 065
24
173
AWASH INTERNATIONAL BANK
Éthiopie
Leikun Berhanu
918 362
45 970
25
174
STANDARD CHARTERED BANK UGANDA
Ouganda
Herman Kasekende
912 205
155 242
26
177
CHASE BANK KENYA
Kenya
Zafrullah Khan
897 177
58 657
27
188
CITIBANK NA KENYA
Kenya
Daniel J. Connelly
811 454
47 791
28
196
EXIM BANK TANZANIE
Tanzanie
Dinesh Arora
698 052
46 043
29
–
BANK OF AFRICA-KENYA
Kenya
Kwame Ahazdi
600 059
35 867
30
–
CRANE BANK
Ouganda
Ali Reza Kalan
566 012
51 689
31
–
CENTENARY RURAL DEVELOPMENT BANK
Ouganda
Simon Kagugube
565 905
94 273
32
–
PRIME BANK
Kenya
Bharat Jani
563 360
28 443
33
–
IMPERIAL BANK
Kenya
Pramila Aggarwal
561 607
50 904
34
–
HOUSING FINANCE CO. OF KENYA
Kenya
Frank Ireri
539 765
29 083
35
–
BANK OF BARODA KENYA
Kenya
Manvi N. Krishna
534 275
28 569
36
–
BANK OF ABYSSINIA
Éthiopie
Addisu Habba
526 728
ND
37
–
UNITED BANK
Éthiopie
Birhanu Getaneh
515 248
34 026
38
–
KENYA COMMERCIAL BANK SUDAN
Sud-Soudan
John Kimanthi
509 467
7 852
39
–
FAMILY BANK
Kenya
Kamau Njunge
495 623
50 695
40
–
NIB INTERNATIONAL BANK
Éthiopie
Kibru Fondja
472 224
30 213
41
–
ECOBANK KENYA
Kenya
Ehouman Kassi
428 157
18 954
42
–
GUARANTY TRUST BANK KENYA (EX-FINA BANK)
Kenya
Franck Griffiths
417 813
ND
43
–
BANK OF AFRICA-MER ROUGE
Djibouti
Abdelali Nadifi
385 870
18 599
44
–
FARMER'S COMMERCIAL BANK
Soudan
Hashim Mohamed Tom Sulieman
378 963
6 663
45
–
BANK OF BARODA-UGANDA
Ouganda
Dhaka Birbal Singh
369 824
15 549
46
–
AL-NILE BANK FOR COM. AND DEV. (EX-ISLAMIC CO-OP. DEV. BANK)
Soudan
Abdelkhalig El Samani Abdelrazig
337 827
26 130
47
–
AL BARAKA BANK SUDAN
Soudan
Abdallah Khairy Hamid
321 792
24 660
48
–
AL SALAM BANK SOUDAN
Soudan
Mohammed Bin Omeir Bin Yousif
308 821
44 199
49
–
DIAMOND TRUST BANK TANZANIA
Tanzanie
Nasim Devji
308 475
9 839
50
–
DIAMOND TRUST BANK UGANDA
Ouganda
Nasim Devji
307 729
24 949
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
CHIFFRES 2013 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2012 – ND : NON DÉTERMINÉ
Rang dans les 200
Rang
Les 50 premières banques d’Afrique de l’Est en 2014
Banques
assurances
Afrique australe et océan Indien Inquiétudes Le ralentissement de l’économie et un développement mal maîtrisé du crédit ont fragilisé le secteur. ÉRIC DUPUY
D
ifficile année 2014 pour les banques de l’Afrique australe! Début août, African Bank a été placé sous tutelle par la banque centrale sud-africaine, inquiète d’une possible banqueroute de cet établissement, qui était devenu en quelques années le numéro cinq du pays et la 46e banque africaine. Déficitaire de 7,6 milliards de rands (545 millions d’euros) sur l’exercice en cours, à la suite de la dégradation de son portefeuille de crédits, African Bank a vu son cours de Bourse s’effondrer, obligeant la banque centrale à imposer un plan de sauvegarde de 17 milliards de rands. Ces difficultés ont fait frémir tout le secteur, car l’établissement C’est le total de bilan des avait popularisé les prêts sans 50 premières banques collatéraux, une activité déved’Afrique australe loppée ensuite par les autres et de l’océan Indien grandes banques du pays. En Angola, c’est Banco Espírito Santo Angola (Besa) qui a suscité les inquiétudes. En 2013, les autorités du pays auraient accordé très discrètement, selon l’agence Reuters, une garantie souveraine de 5,7 milliards de dollars pour couvrir le portefeuille de crédits de Besa. En août 2014, le plan de sauvetage de Banco Espírito Santo, la maison mère au Portugal, a accéléré l’intervention de la banque centrale angolaise, qui envisage la cession des actifs de l’établissement local.
667,7 milliards de dollars
À MARCHE FORCÉE. Dans ces deux crises, les choix de gestion de ces banques, qui se sont développées à marche forcée, sont naturellement en cause. Mais pas seulement: l’économie sud-africaine est en panne tandis que celle de l’Angola a vu son taux de croissance passer de plus de 5 % en 2012 à moins de 4 % attendus en 2014, entraînant, selon Reuters, « une augmentation des crédits de mauvaise qualité ». Les difficultés de ces établissements devraient ouvrir des opportunités à leurs concurrents. L’Angola reste un marché attractif, tout comme les autres pays de la zone. En témoigne l’acquisition du groupe régional basé au Botswana BancABC (African Banking Corp. Holding) par Atlas Mara, le fonds panafricain lancé par Bob Diamond, l’ancien patron du géant britannique Barclays. l JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
MARIELLA FURRER/COSMOS
68
Les hautes sphères de Standard Bank reflètent l’héritage de l’apartheid. C’est une réalité complexe qui fait partie de notre histoire. Cette situation témoigne de la répartition des connaissances, des compétences et des talents. SIM TSHABALALA, premier directeur général noir de Standard Bank, au sujet du management de la banque, où les Blancs sont toujours majoritaires
10
milliards de rands
C’est le montant (930 millions de dollars) que le groupe a annoncé vouloir investir en deux ans pour se développer au Botswana, au Mozambique, en Namibie et en Zambie, et ouvrir des bureaux de représentation en Angola et au Nigeria.
Après huit années passées à la tête de la première banque du pays, John Mangudya a été nommé en mars 2014 gouverneur de RBZ, la banque centrale du Zimbabwe.
10 MILLIONS DE DOLLARS C’est la somme perdue, en 2013 comme en 2012, par le groupe sud-africain Standard Bank dans ses activités en Angola. Mais en une année, il a plus que doublé son total de bilan.
+ 36,9 %
C’est le bond du plus petit total de bilan par rapport à l’an dernier. Résultat : la première banque malgache, BOA Madagascar, disparaît du Top 50.
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Banques
assurances
69
Société
Pays
PDG ou DG
Total de bilan (milliers de $)
PNB (milliers de $)
1
1
STANDARD BANK GROUP
Afrique du Sud
Sim Tshabalala
161 296 694
6 988 251
2
2
STANDARD BANK OF SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Ben Kruger
96 711 490
4 925 267
3
3
BARCLAYS AFRICA GROUP (EX-AMALGAMATED BANKS OF SA)
Afrique du Sud
Maria Ramos
91 391 905
3 079 815
4
4
FIRSTRAND BANKING GROUP
Afrique du Sud
Sizwe Nxasana
82 792 489
2 352 868
5
5
NEDBANK GROUP
Afrique du Sud
Mike Brown
71 361 349
2 020 144
6
12
FIRST NATIONAL BANK
Afrique du Sud
Jacques Celliers
27 019 543
982 383
7
23
BANCO ESPÍRITO SANTO ANGOLA
Angola
Sabrinha Aluana
11 328 924
308 012
8
25
BANCO ANGOLANO DE INVESTIMENTOS
Angola
Mario Alberto Barber
10 625 663
580 334
9
26
BANCO DE POUPANÇA E CRÉDITO
Angola
Paixoa Antonio Junior
10 099 214
453 780
10
33
BANCO DE FOMENTO ANGOLA
Angola
Emidio Pinheiro
8 871 289
436 962
11
36
BANCO BIC
Angola
Fernando Teles
7 678 534
268 351
12
41
THE MAURITIUS COMMERCIAL BANK
Maurice
Antony Withers
6 262 523
308 720
13
46
AFRICAN BANK
Afrique du Sud
Nithia Nalliah
6 064 856
1 070 355
14
56
HSBC MAURITIUS
Maurice
Alastair J. Bryce
4 449 677
67 728
15
57
CAPITEC BANK
Afrique du Sud
Gerhadus Metselaar Fourie
4 397 380
694 967
16
64
BARCLAYS BANK OF MAURITIUS
Maurice
Ravin Dajee
3 714 211
50 242
17
66
BANCO PRIVADO DO ATLANTICO
Angola
Carlos José Da Silva
3 648 100
157 881
18
67
STATE BANK OF MAURITIUS
Maurice
Jairaj Sonoo
3 553 008
297 144
19
68
LAND AND AGRICULTURAL DEV. BANK OF SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Lindiwe Mdlalose
3 505 196
91 848
20
71
STANDARD CHARTERED BANK MAURICE
Maurice
Sridhar Nagarajan
3 370 950
46 002
21
81
BANCO INTERNACIONAL DE MOÇAMBIQUE
Mozambique
Manuel Marecos Duarte
2 833 655
266 672
22
83
BANCO COMERCIAL E DE INVESTIMENTOS
Mozambique
Paulo Sousa
2 725 507
172 195
23
85
GRINDROD BANK
Afrique du Sud
D. A. Polkinghorne
2 705 786
ND
24
95
STANDARD BANK MAURITIUS
Maurice
Laksham Bheenick
2 393 970
29 056
25
99
BANCO MILLENNIUM ANGOLA
Angola
Jose Reino Da Costa
2 283 997
151 491
26
101
BANCO DE DESENVOLVIMENTO DE ANGOLA
Angola
Elizabeth Kinanga
2 259 115
83 852
27
106
FIRST NATIONAL BANK OF NAMIBIA
Namibie
Ian Leyenaar
2 141 947
91 544
28
107
BANCO SOL
Angola
Miguel Coutinho Nobre
2 103 685
95 929 126 620
29
115
BANK WINDHOEK
Namibie
Christo De Vries
1 964 861
30
116
STANDARD BANK NAMIBIA
Namibie
Mpunzi Pupuma
1 922 801
65 573
31
118
BANCO DE NEGOCIOS INTERNACIONAL
Angola
Junius Vetumbuavi Mungunda
1 882 278
60 750
32
120
AFRICAN BANKING CORP. HOLDING
Botswana
Douglas T. Munatsi
1 799 000
162 460
33
121
FIRST NATIONAL BANK OF BOTSWANA
Botswana
Lorato Boakgomo-Ntakhwana
1 780 310
101 074
34
123
INVESTEC BANK SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Bernard Kantor
1 765 533
5 538
35
129
BANCO CAIXA GERAL TOTTA DE ANGOLA
Angola
Daniel Chambel
1 578 652
141 988 95 268
36
131
CBZ BANK
Zimbabwe
J. P. Mangudya
1 558 667
37
132
STANDARD BANK DE ANGOLA
Angola
Pedro Coelho
1 517 589
28 987
38
134
STANDARD BANK MOZAMBIQUE
Mozambique
Pindie Nyandoro
1 458 381
78 434
39
143
INVESTEC BANK MAURITIUS
Maurice
Craig Mckenzie
1 371 598
40 977
40
145
BARCLAYS BANK OF BOTSWANA
Botswana
Reinette Van Der Merwe
1 319 868
102 155 99 382
41
151
ZAMBIA NATIONAL COMMERCIAL BANK
Zambie
Bruce Dick
1 252 093
42
153
BANK OF BARODA-MAURITIUS
Maurice
Ravi Chaturvedi
1 241 457
5 967
43
156
STANDARD CHARTERED BANK BOTSWANA
Botswana
Moatlhodi K. Lekaukau
1 129 931
113 438
44
165
AFRASIA BANK
Maurice
James Benoit
1 007 528
23 200
45
166
BANCO REGIONAL DO KEVE
Angola
Rui Da Costa Campos
1 005 955
19 715
46
168
STANDARD CHARTERED BANK ZAMBIA
Zambie
Andrew Okai
982 430
72 737
47
169
SBI MAURITIUS
Maurice
J. S. Hiremath
981 086
25 556
48
171
STANBIC BANK ZAMBIA
Zambie
Mukwandi Chibesakunda
956 823
116 595
49
181
SOCIÉTÉ GÉNÉRALE SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Pierre Wolmarans
863 332
8 875
50
185
DEUTSCHE BANK MAURITIUS
Maurice
Mark Bisson
841 836
2 270
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
CHIFFRES 2013 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2012 – ND : NON DÉTERMINÉ
Rang dans les 200
Rang
Les 50 premières banques d’Afrique australe et de l’océan Indien en 2014
70
Banques
assurances
Assurances Envolée Nommé en juin 2014 à la tête de Wafa Assurance (filiale du groupe bancaire Attijariwafa Bank), Driss Bencheikh – l’ancien patron de Centrale laitière – devra maintenir le leadership national de la société et poursuivre son expansion sur le continent.
Les taux de progression de l’assurancevie restent très soutenus, et les perspectives d’avenir sont favorables. Les acteurs continuent de se structurer au niveau du continent. ÉRIC DUPUY
E
36,7 milliards
de dollars
AUTO ET HABITATION. Toutefois, estiment les
experts, le potentiel de progression de l’assurance reste intact un peu partout sur le continent, y compris sur le plus grand des marchés, l’Afrique du Sud. Comme le reflètent les chiffres de l’année 2013, c’est du côté du segment vie et de la clientèle des particuliers que viendra l’essentiel de la croissance à venir. L’assurance santé est ainsi promise à un brillant avenir dans des régions où les systèmes publics de protection restent limités. Si cette activité est très complexe en l l l JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
3
C’est le nombre de pays (Côte d’Ivoire, Cameroun, Togo) où le co-numéro un de l’assurance au Maroc s’est implanté en acquérant 40 % du capital du groupe Belife en, avril 2014.
400 millions de dirhams
C’est le prix estimé (soit 35,5 millions d’euros) pour le rachat par CIH Bank de 10 % du capital d’Atlanta, une des deux sociétés d’assurances du groupe Holmarcom. VINCENT FOURNIER/J.A.
ncore une bonne année pour l’assurancevie en Afrique ! Selon l’étude annuelle Sigma publiée par Swiss Re, les primes relevant de cette catégorie ont augmenté de 14 % en 2013, poursuivant sur le même rythme qu’en 2012. Une progression soutenue et nettement supérieure aux taux constatés sur l’ensemble des marchés émergents (+ 6,4 % en 2013) et sur les marchés les plus matures, où les primes ont au contraire reculé en moyenne de 0,2 %. « L’assurance-vie en Afrique est appelée à croître encore davantage à moyen terme, compte tenu de l’ampleur du déficit de protection et des prévisions économiques favorables », commentent les auteurs de ce rapport annuel de référence. Signalons toutefois quelques ombres à ce tableau idyllique. Tout d’abord, la croissance des primes dans l’assurance non-vie a, elle, fortement ralenti, passant de 4,4 % en 2012 à 2,1 % en 2 013. Cette évolution est due pour l’essentiel aux difficultés économiques que traverse l’Afrique du Sud, principal marché du continent. Autre limite : la nature très hétérogène des C’est le total des primes marchés africains étudiés des 100 premières par Sigma. Ainsi, au Kenya, compagnies d’assurances. tant dans l’assurance-vie que dans le secteur nonvie, la croissance des revenus a été vertigineuse, à 14 %. Au Maroc, en revanche, l’année 2 013 a été plus difficile, avec un recul estimé à 4,5 %, alors que 2012 avait vu une progression de 13 %.
MOBILE
Maintenant que nous avons une belle couverture francophone, nous voulons nous étendre en zone anglophone en créant des filiales. Mais il n’est pas question de planter notre drapeau partout. Si nous allons au Nigeria, nous devons nous y préparer très sérieusement avec des équipes qui connaissent bien le marché. PATHÉ DIONE, président fondateur du Groupe Sunu, dont l’Union des assurances de Côte d’Ivoire-Vie (UA-Vie) est la principale entité en Afrique
Début 2014, le leader kényan des télécoms, Safaricom, a lancé, en partenariat avec Britam, son offre d’assurance mobile, Linda Jamii.
PARTENARIAT
Les groupes gabonais Ogar et BGFI Bank ont créé Ogar International, un holding commun de développement à l’international qui a pour vocation de créer des compagnies d’assurances dans les pays où BGFI Bank est présent.
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Banques
assurances
71
Société
Pays
PDG ou DG
Total des primes (milliers de $)
RN (milliers de $)
1
SANLAM
Afrique du Sud
Johan Van Zyl
9 710 400
869 557
2
LIBERTY GROUP
Afrique du Sud
Thabo Dloti
3 406 446
425 544
3
OLD MUTUAL LIFE ASSURANCE CO.
Afrique du Sud
Marshall Rapiya
3 293 349
437 158
4
MMI HOLDINGS
Afrique du Sud
Nicolaas Kruger
2 218 541
252 375
5
SANTAM
Afrique du Sud
Ian Kirk
1 964 071
111 670
6
DISCOVERY HEALTH
Afrique du Sud
Adrian Gore
1 703 414
202 871
7
MUTUAL & FEDERAL INSURANCE
Afrique du Sud
Raimund Snyders
1 077 188
ND
8
SAHAM FINANCES
Maroc
Moulay Hafid Elalamy
1 021 701
71 959
9
RMI HOLDINGS
Afrique du Sud
Peter Cooper
849 660
229 242
10
WAFA ASSURANCE
Maroc
Driss Bencheikh
693 933
94 302
11
AFRICAN REINSURANCE CORP.
Nigeria
Corneille Karezeki
670 458
84 801
12
RMA WATANIYA
Maroc
Zouheir Bensaïd
583 750
73 920
13
BOTSWANA INSURANCE HOLDINGS
Botswana
Gaffar Hassam
545 782
54 835
14
SAHAM ASSURANCE MAROC (ES-CNIA SAADA ASSURANCES)
Maroc
Kawtar Johrati
449 655
34 952
15
AXA ASSURANCE MAROC
Maroc
Michel Hascoet
441 129
ND
16
ZURICH INSURANCE CO. SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Edwynn O' Neill
388 856
– 15 625
17
SOCIÉTÉ CENTRALE DE RÉASSURANCE
Maroc
Ahmed Zinoun
284 074
36 764
18
MISR LIFE INSURANCE CO.
Égypte
Said Saad Gabr
260 861
6 476
19
COMPAGNIE CENTRALE DE RÉASSURANCE
Algérie
Hadj Mohamed Sebaa
258 813
33 672
20
BAI CO.
Maurice
Rishi Sookdawoor
238 187
9 863
21
SOCIÉTÉ NATIONALE D'ASSURANCES
Algérie
Amara Latrous
232 972
31 726
22
COMPAGNIE ALGÉRIENNE DES ASSURANCES
Algérie
Abdelkrim Djafri
230 771
24 533
23
COMPAGNIE ALGÉRIENNE D'ASSURANCE ET DE RÉASSURANCE
Algérie
Brahim Djamel Kassali
193 624
14 696
24
COMPAGNIE D'ASSURANCES SANAD
Maroc
Abdelilah Laamarti
176 790
ND
25
COMPAGNIE D'ASSURANCES ET DE RÉASSURANCES ATLANTA
Maroc
Jalal Benchekroun
174 008
ND
26
MUTUELLE CENTRALE MAROCAINE D'ASSURANCES
Maroc
Hicham Belmrah
173 367
ND
27
SOCIÉTÉ TUNISIENNE D'ASSURANCES ET DE RÉASSURANCES
Tunisie
Lassaâd Zarrouk
163 916
11 816
28
UNION DES ASSURANCES DE CÔTE D'IVOIRE-VIE
29
AVBOB INDUSTRIES
30
Côte d’Ivoire
Almamy Timite
162 720
11 009
Afrique du Sud
J. F. Rademan
162 072
49 762
GA ANGOLA SEGUROS
Angola
Robert Lewis
161 408
4 839
31
SWAN GROUP
Maurice
Louis Rivalland
153 150
8 419
32
AIICO INSURANCE
Nigeria
Edwin Igbiti
145 156
– 4 546 22 161
33
CUSTODIAN AND ALLIED INSURANCE
Nigeria
Wole Oshin
141 220
34
ZURICH COMPAGNIE MAROCAINE D'ASSURANCES
Maroc
Dirk De Nil
133 639
ND
35
CIC INSURANCE GROUP
Kenya
Nelson Chege Kuria
125 988
15 750
36
JUBILEE INSURANCE KENYA
Kenya
Patrick Tumbo Nyamemba
123 403
15 578
37
JUBILEE HOLDINGS
Kenya
Patrick Tumbo Nyamemba
122 709
28 507
38
LA MAROCAINE VIE
Maroc
Gael Loaec
122 270
ND
39
CAISSE NATIONALE DE MUTUALITÉ AGRICOLE
Algérie
Chérif Benhabiles
122 211
1 551
40
CLIENTELE LIFE ASSURANCE CO.
Afrique du Sud
Basil William Reekie
116 569
27 932
41
CAISSE NATIONALE DE SÉCURITÉ SOCIALE
Tchad
Idrissa Zampaligré
110 402
51 947
42
KENYA REINSURANCE CORP.
Kenya
Jadiah M. Mwarania
109 858
34 175
43
BRITISH AMERICAN INVESTMENTS CO. KENYA
Kenya
Benson Wairegi
100 769
30 227
44
COMPAGNIE MÉDIT. D'ASSURANCES ET DE RÉASSURANCES
Tunisie
Rachid Ben Jemia
97 392
15 909
45
COMPAGNIE INTERNAT. D'ASSURANCE ET DE RÉASSURANCE
Algérie
Tahar Soufi
96 632
3 155
46
CONTINENTAL REINSURANCE CO.
Nigeria
Femi Oyetunji
92 475
12 837 8 084
47
CIM INSURANCE (EX-ALBATROSS INSURANCE CO.)
Maurice
Vaughan Heberden
92 374
48
MUTUELLE AGRICOLE MAROCAINE D'ASSURANCE
Maroc
Rachid Guessous
87 706
ND
49
GROUPE OGAR
Gabon
Bernard Bartoszek
83 831
4 226
50
MANSARD INSURANCE (EX-GUARANTY TRUST ASSURE)
Nigeria
Deji Tunde-Anjous
83 604
12 879
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
CHIFFRES 2 013 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2012 - ND : NON DÉTERMINÉ
Rang 2 013
Les 100 premières compagnies d’assurances en 2014 (1-50)
72
Banques
assurances
matière de gestion des risques, elle permettra cependant aux compagnies africaines de montrer leur savoir-faire. Certains acteurs, comme Saham, l’assureur panafricain basé au Maroc, en ont d’ailleurs fait une priorité, ce groupe ayant même mis sur pied une filiale de gestion de cliniques baptisée Saham Santé. Les autres activités très prometteuses sont l’assurance-automobile et celle de l’habitation. Dans nombre de pays, l’obligation d’assurance dans ces deux domaines existe, mais elle n’est que rarement respectée dans les faits. Le boom de la construction de logements devrait favoriser une expansion rapide. Pour tirer parti de ce marché potentiel, les acteurs continuent de se structurer. Le marocain RMA Watanya (groupe BMCE Bank) s’est ainsi offert une implantation dans trois pays d’un coup en reprenant 40 % de Belife Insurance, présent en Côte d’Ivoire, au Cameroun et au Togo. Outre la créaLa couverture tion de Saham Santé, santé implique Saham a levé 100 millions d’euros en 2 013 auprès une gestion du holding d’investissecomplexe des ment français Wendel, risques, mais qui viennent s’ajouter aux c’est une 250 millions de dollars (194 millions d’euros) levés priorité pour l’année précédente auprès les assureurs de la Société financière africains. internationale (IFC, filiale de la Banque mondiale) et du capital-investisseur Abraaj. Désormais dirigé par Saâd Bendidi, Saham a pris en 2014 le contrôle du numéro trois de l’assurance au Rwanda (Corar-AG), et a unifié l’ensemble de ses marques. lll
ACTEURS INTERNATIONAUX. L’autre grand groupe panafricain francophone, NSIA, organise quant à lui son évolution capitalistique, alors que l’investisseur Emerging Capital Partners (ECP) souhaite céder ses parts (26 %). Pour sa part, le groupe ouest-africain Sunu continue de financer sa croissance sur ses fonds propres, convaincu que la première qualité d’un assureur est la prudence. En 2015, la surprise pourrait venir des acteurs internationaux, qui ont jusqu’à présent observé de loin le marché africain. Dirigé par l’Ivoirien Tidjane Thiam, le géant britannique Prudential a fait en 2014 ses premiers pas sur le continent en rachetant la société ghanéenne Express Life Insurance. De son côté, le français Axa, déjà bien implanté en Afrique francophone, étudie de nombreuses cibles, son objectif étant de se renforcer sur de nouveaux marchés. l JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
L’enseigne Colina disparaît. En 2014, toutes les filiales du groupe Saham au sud du Sahara ont été rebaptisées du nom de la maison mère.
DÉPART
Albert Pamsy, ancien président de Cica-Re, a pris début 2014 la direction générale de Chanas. L’ancien leader de l’assurance non-vie au Cameroun est secoué par une longue crise de gouvernance.
6
millions de dollars
C’est le montant investi mi-2013 par la Société financière internationale (IFC, filiale du groupe Banque mondiale) dans Activa, un groupe d’assurances opérant au Cameroun, au Ghana et en Guinée – où il a repris les assureurs Ugar et LGV.
CADEAU
Depuis la mi-2014, Airtel, MicroEnsure et Cornerstone Insurance se sont associés pour offrir aux plus fidèles des clients de l’opérateur de télécoms au Nigeria une couverture médicale pour l’achat de leur recharge téléphonique.
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Banques
assurances
73
Société
Pays
PDG ou DG
Total des primes (milliers de $)
RN (milliers de $)
51
ANGLO-MAURITIUS ASSURANCE SOCIETY
Maurice
Jean de Fondaumière
81 114
60 434
52
TRUSTCO GROUP HOLDINGS
Namibie
Quinton Van Rooyen
80 306
24 054
53
COMPAGNIE D'ASSURANCES TRANSPORTS
Maroc
Mohamed Saidi
78 454
ND
54
GROUPE DES ASSURANCES DE TUNISIE
Tunisie
Mohamed Dkhili
78 090
ND
55
ENTERPRISE GROUP
Ghana
Keli Gadzekpo
77 855
16 591
56
NICO HOLDINGS
Malawi
F. L. Mlusu
75 848
21 392
57
ASSURANCES MUTUELLES EL ITTIHAD
Tunisie
Lamjed Boukhris
74 971
252
58
FIRST MUTUAL HOLDINGS
Zimbabwe
Douglas Hoto
74 427
13 451
59
MAURITIUS UNION ASSURANCE CO.
Maurice
Lakshmana Lutchmenarraidoo
74 332
8 303
60
STATE INSURANCE CO. OF MAURITIUS
Maurice
K. Bhoojedhur Obeegadoo
71 512
15 756
61
ASSURANCES MAGHREBIA
Tunisie
Abdelaziz Essassi
70 631
4 201
62
COMPAGNIE D'ASSURANCES ET DE RÉASSURANCES
Tunisie
Abdelmonem Kolsi
70 479
6 812
63
ASSURANCES ET RÉASSURANCES DU CONGO
Congo
Wilfried Albert Ossie
69 264
13 163
64
SAHAM ASSURANCES CÔTE D'IVOIRE
Côte d’Ivoire
Joël Ackah
67 868
4 225
65
SWAN INSURANCE CO.
Maurice
Louis Rivalland
67 032
7 565
66
NIGER INSURANCE CO.
Nigeria
B. Zakariya
66 012
4 961
67
OGAR ASSURANCES
Gabon
Bernard Bartoszek
63 160
3 713
68
PAN AFRICA INSURANCE CO.
Kenya
Tom Gitogo
60 641
14 242
69
SOCIÉTÉ TUNISIENNE DE RÉASSURANCE
Tunisie
Lamia Ben Mahmoud
54 150
4 839
70
COMPAGNIE COMMUNE DE RÉASSUR. DES ÉTATS MEMBRES DE LA CICA
Togo
Jean-Baptiste Kouame
52 133
4 250
71
MUTUAL BENEFITS ASSURANCE
Nigeria
Akin Ogunbiyi
50 765
– 3 893
72
COMPAGNIE D'ASSURANCES ET DE RÉASSUR. TUNISO-EUROPÉENNE
Tunisie
Hassine Doghri
49 798
5 848
73
SOVEREIGN TRUST INSURANCE
Nigeria
Ephraim F. Faloughi
49 476
9 434
74
MUTUELLE ASSURANCES DE L'ENSEIGNEMENT
Tunisie
Tahar Ismaili
48 741
1 011
75
MAROC ASSISTANCE INTERNATIONALE
Maroc
Abdellah Hamza
47 336
ND
76
GROUPE ALLIANZ CAMEROUN ASSURANCES
Cameroun
Bernard Girardin
46 988
4 707
77
SEGURADORA INTERNACIONAL DE MOÇAMBIQUE
Mozambique
Rui Oliveira
46 887
13 187
78
STACO INSURANCE
Nigeria
Sakiru Oyefeso
44 121
1 740
79
ROYAL EXCHANGE ASSURANCE GROUP
Nigeria
Chikwe Mokwunye
41 411
3 761
80
SIC INSURANCE CO. (EX-STATE INSURANCE COMPANY OF GHANA)
Ghana
Doris Awo Nkani
41 060
422
81
ZIMBABWE REINSURANCE CORPORATION
Zimbabwe
Albert Nduna
39 247
5 165
82
SAHAM ASSURANCE VIE CÔTE D'IVOIRE (EX-COLINA VIE CÔTE D'IVOIRE)
Côte d’Ivoire
Raoul Didier Moloko
38 680
5 157
83
ASSURANCES GÉNÉRALES DU CONGO
Congo
Raymond Ibata
38 062
1 915
84
NSIA GABON
Gabon
Jean Kacou Diagou
37 499
1 944
85
NSIA VIE CÔTE D'IVOIRE
Côte d’Ivoire
Janine Diagou-Wodie
36 956
2 585
86
ASSURANCES ARO
Madagascar
Patrick Andriambahiny
36 864
3 603
87
JUBILEE INSURANCE TANZANIA
Tanzanie
George Alande
36 849
2 512
88
ISAAF MONDIAL ASSISTANCE
Maroc
Mahmoud Oudghiri
35 992
ND
89
TRUST ALGERIA ASSURANCES ET RÉASSURANCE
Algérie
Ghazi Abu Nahel
34 717
2 207
90
GROUPE DES ASSURANCES MUTUELLES
916
91
NSIA CÔTE D'IVOIRE
92
CORNERSTONE INSURANCE
Tunisie
Mansour Nasri
34 512
Côte d’Ivoire
Jean Kacou Diagou
33 633
967
Nigeria
Ganiyu Musa
32 676
5 291 10 089
93
JUBILEE INSURANCE UGANDA
Ouganda
Deepak Pandey
32 277
94
GROUPE SONAM ASSURANCES
Sénégal
Diouldé Niane
31 390
ND
95
ACTIVA ASSURANCES
Cameroun
Richard Lowe
30 280
2 240
96
AXA ASSURANCES GABON
1 799
97
SOCIÉTÉ AFRICAINE D'ASSURANCES ET DE RÉASSURANCES
98
NSIA NIGERIA (EX-ADIC INSURANCE)
99
ALLIANZ CAMEROUN ASSURANCES VIE
100
LASACO ASSURANCE
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Gabon
Joël Muller Sangangoye
29 889
Cameroun
Georges L. Kagou
29 517
2 424
Nigeria
Chioma Sideso
28 689
5 391
Cameroun
Bernard Girardin
28 388
1 626
Nigeria
O. Ladipo-Ajayi
28 356
316
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
CHIFFRES 2 013 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2012 – ND : NON DÉTERMINÉ
Rang 2 013
Les 100 premières compagnies d’assurances en 2014 (51-100)
Côte d’Ivoire Quand la croissance prend un visage humain Augmentation du chômage et de la pauvreté, aggravation des inégalités entre riches et pauvres, mais aussi entre régions : l’économie ivoirienne a tourné au ralenti durant la décennie 2000-2010, causant des ravages au sein d’une grande partie de la population. La relance massive des investissements initiée voici trois ans permet aujourd’hui de relever le défi de la qualité de vie. « Le panier de la ménagère ! Aujourd’hui, ce n’est plus qu’un sachet », se plaint cette femme d’affaires abidjanaise. Nous sommes fin 2012. Son pays connaît sa première année de reprise économique. Le taux de croissance, proche de zéro pendant dix ans et même négatif en 2011, caracole vers la barre des 10 %...
qui chiffre à 17 milliards d’euros les investissements nécessaires pour soutenir l’activité économique sur la période 2012-2015. Routes, ports, aéroports, énergie... Les chantiers prioritaires du PND se multiplient. Les hommes d’affaires affluent en Côte d’Ivoire, qui reconquiert peu à peu sa place de moteur de développement intégré de la région. Mais, pour de nombreux Ivoiriens, les effets de la reprise se font attendre. Le chômage reste important, la vie est chère et le taux de pauvreté approche les 50 %...
L’émergence à l’horizon 2020
COMMUNIQUÉ
Reprise économique dès 2012
En cette fin 2012, la Côte d’Ivoire n’est pas seulement dans le peloton de tête des économies les plus dynamiques au monde. Elle a retrouvé sa place dans concert des nations. La communauté internationale unanime a approuvé les réformes mises en place depuis la sortie de la crise et l’a assurée de son soutien financier. Ainsi le pays peut-il lancer un ambitieux Plan national de développement (PND),
Nous voici deux ans plus tard. Force est de constater que le PND a atteint les objectifs économiques qui lui étaient assignés : la croissance continue de flirter avec les 10 %, la dette extérieure et l’inflation sont à des niveaux plus que raisonnables et les mesures d’incitation en faveur des secteurs les plus productifs commencent à porter leurs fruits. Tout cela rend crédible l’ambition d’être un pays émergent – ce qui suppose une croissance suffisante pour doubler le PIB d’ici à 2020. De plus, la vitalité économique permet de réaliser les investissements correspondant aux objectifs sociaux du PND, dont deux font partie des engagements pris devant la communauté internationale : réduire de moitié le taux de pauvreté à l’horizon 2015 et créer un million d’emplois sur la période 2012-2015.
© Olivier pour Jeune Afrique
© Optional,TTL
© D.R.
CÔTE D’IVOIRE > DÉVELOPPEMENT HUMAIN
Dès 2011, les 75 établissements hospitaliers du pays ont été réhabilités et rééquipés. Entre 2012 et 2015, 360 milliards de F CFA seront consacrés à l’éducation, en vue d’atteindre la scolarisation universelle.
Dès 2011, la Côte d’Ivoire a pris les problème de santé et d’éducation à bras-le-corps. Les 75 établissements hospitaliers du pays ont été réhabilités et rééquipés. Quatre nouveaux hôpitaux ont été construits et 1 000 centres de santé le seront d’ici à 2015. Alors qu’aucune salle de classe supplémentaire n’avait été construite pendant les dix années précédentes, 5 000 enseignants ont été recrutés dès l’année scolaire 2011/2012, 1 500 salles de classe, soit environ 250 écoles, ont été construites et équipées. Le PND consacre un total de 360 milliards de F CFA au secteur de l’éducation entre 2012 et 2015 en vue d’atteindre, en 2015, l’objectif de la scolarisation universelle. Et si les résultats tardent à se transformer en améliorations réellement ressenties par toutes les couches de la population, c’est que la tâche est immense et les problèmes multiformes. Un exemple. La croissance crée des emplois, certes. Mais elle en crée aussi bien dans les grandes entreprises que dans celles du secteur informel. Pour les employés de ces dernières, quelle protection sociale ? Quelle formation professionnelle ? Faute de mesures appropriées, la croissance peut aussi engendrer des inégalités, entre salariés couverts et non-couverts dans ce cas...
Priorité au progrès social
Chaque année depuis 1990, le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) publie un rapport sur l’Indice de Développement Humain (IDH), véritable alternative aux mesures conventionnelles du développement, telles que le taux de croissance économique. L’occasion, pour chacun des 187 pays concernés, de faire le point sur l’évolution de sa politique sociale et environnementale. Dans l’édition 2013, la Côte d’Ivoire avait étudié l’impact de sa stratégie de développement économique sur tous les indicateurs de base. L’amélioration des résultats est sensible dès l’édition 2014 : en un an, l’IDH de la Côte d’Ivoire a autant progressé qu’entre 2005 et 2011, soit un total de six années.
À ce rythme, la Côte d’Ivoire pourrait rapidement rejoindre les pays africains les plus en avance en matière de développement humain, comme le Maroc, l’Afrique du Sud et Maurice. « En moins de dix ans », les dirigeants du PNUD en sont persuadés. C’est probablement le temps nécessaire pour que les efforts engagés en matière de santé et d’éducation obtiennent des résultats très visibles. Mais déjà, avec un revenu national brut par habitant qui a progressé de 18 % en deux ans – cet indicateur reflète le niveau de vie –, le « sachet de la ménagère » est à l’évidence mieux fourni aujourd’hui. Toutes les Ivoiriennes sont concernés : le rapport 2014 de l’IDH en Côte d’Ivoire montre que la croissance économique impacte progressivement la vie des couches les plus vulnérables.
Les objectifs 2015 L’Indice de développement humain (IDH) traduit une volonté de définition plus large du développement économique en étudiant son impact sur la santé, l’éducation et le niveau de vie.Toujours inférieur à un, l’IDH est calculé chaque année par les experts du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) à partir de critères majeurs comme l’espérance de vie à la naissance, le niveau d’éducation et le taux de pauvreté. Voici quelques uns de ces indicateurs pour la Côte d’Ivoire, dont l’IDH est à 0,452 en 2014.
Taux de pauvreté Mortalité infantile (sur 1 000 naissances)
Mortalité maternelle (pour 100 000 mères)
Taux de scolarisation brut (dans le primaire)
2010
2015
50 %
25 %
125
50
660
150
46 %
89 %
DIFCOM_CREAPUB © R. VAN DER MEEREN/LES ÉDITIONS DU JAGUAR _ N. ZORKOT/JEUNE AFRIQUE _ SAUF MENTION
Investir dans la santé et l’éducation
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MANAGEURS
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
Portraits réalisés par ARNAUD BÉBIEN, NADOUN COULIBALY, FRÉDÉRIC MAURY, MEHDI MICHBAL, JACQUES MUTARAMBIRWA, MADJIASRA NAKO et BAUDELAIRE MIEU
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
PORTRAIT
Ahmed Rahhou L’art de révolutionner le CIH
PARCOURS
Jean Damascène Nignan Le juriste qui a redonné la foi à l’UAB
INTERVIEW
Patrick Mestrallet,
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DG d’Oragroup
Sauveurs de banques
JON BERKELEY POUR J.A.
Banquiers ou assureurs, ils ont fait du redressement d’institutions financières en difficulté leur marque de fabrique. Portraits.
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
Manageurs MAROC
Ahmed Rahhou L’art de révolutionner le CIH L’ex-PDG de Lesieur Cristal a réussi à assainir et à remettre sur pied l’établissement marocain au très lourd passif. Il en a fait l’un des acteurs les plus innovants et les plus dynamiques du secteur. MEHDI MICHBAL, à Casablanca
D
ans l’histoire de CIH Bank – l’ex-Crédit immobilier et hôtelier (CIH) –, il y a un avant- et un après-Rahhou. Créée il y a près d’un siècle par l’État marocain pour financer les secteurs de la construction et du tourisme, cette banque était devenue au fil du temps synonyme de mauvaise gouvernance, de malversations et de scandales politico-financiers. C’est en tout cas l’image qui lui collait à la peau jusqu’à ce qu’Ahmed Rahhou prenne les choses en main. C’était en octobre 2009, six mois après le limogeage de Khalid Alioua, l’ex-patron, toujours poursuivi pour dilapidation des deniers publics. « L’image de la banque avait été écornée. Mais elle a eu le mérite de résister à toutes ces affaires et de renaître », résume Ahmed Rahhou, en toute simplicité. Né à Meknès en 1958 dans une famille modeste et nombreuse, il est un pur produit de l’école publique. Diplômé de l’École polytechnique de Paris, il n’oublie jamais d’où il vient. RÉVOLUTION. Quand il évoque ses
réalisations au CIH, cet homme au parcours brillant n’utilise jamais le « je » et met toujours en avant le collectif. « Il ne fait rien sans prendre l’avis des uns et des autres. Quand il a débarqué au CIH, il a tenu à faire valider sa stratégie par toute l’équipe dirigeante, et l’a impliquée dans son plan de restructuration », se souvient l’un de ses proches collaborateurs. « Il fallait que tout le monde adhère au changement. Nous avons donc tracé ensemble les contours de la nouvelle stratégie. Et, surtout, nous avons rendu sa fierté au personnel du CIH, qui était écrasé par les scandales du passé », confie le PDG de l’établissement. Assainissement du passif, mise à niveau des systèmes d’information, JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
VINCENT FOURNIER/J.A.
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SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Manageurs
Dates clés • 1958 Naissance à Meknès • 1980 Diplômé de l’École polytechnique (Paris) • 1982 Obtient son diplôme d’ingénieur de l’École normale supérieure des télécoms (Paris) • 1983 Nommé responsable du service informatique de la Royal Air Maroc (RAM) • 1986 Intègre le Crédit du Maroc et en devient le DGA huit ans plus tard • 2003 Repéré par les managers de l’ONA, qui le nomment à la tête de Lesieur Cristal • 2009 Nommé par le roi à la tête du CIH • 2011 Devient membre du Conseil économique, social et environnemental
lancement de la banque en ligne, refonte de l’identité visuelle… La stratégie Rahhou a porté pleinement ses fruits. Elle a même indirectement révolutionné tout un secteur. Un exemple parmi d’autres : la suppression des dates de valeur. Une pratique courante dans le secteur bancaire, dont Rahhou s’est séparé sans regret. « Nous avons décidé de restituer une dizaine de millions de dirhams d’intérêts à nos clients. Les dates de valeur sont une pratique dépassée », explique-t-il. Autre exemple : l’unification du service en agence. Un client de CIH Bank peut réaliser toutes ses opérations dans n’importe quelle agence du réseau, et ce sans frais supplémentaires. Dans les autres banques du pays, ce « luxe » est payant. BANQUE EN LIGNE. Mais là où elle fait vraiment la différence, c’est sur internet. « Contrairement à beaucoup d’autres institutions, même internationales, nous n’avons pas mis la banque en ligne à côté de la banque classique. Chez nous, les deux ne font qu’un », explique le PDG. Pour présenter toutes ces nouveautés, Ahmed Rahhou n’a d’ailleurs pas emprunté les sentiers battus de la communication d’entreprise. Avant SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
même de s’adresser à la presse, le PDG a organisé une rencontre avec la communauté des blogueurs, un dimanche après-midi, décontracté, vêtu simplement d’un jean, d’une chemise blanche et d’une veste noire. Pas comme Steve Jobs, mais presque. UNIVERSEL. La touche Rahhou s’est
ressentie aussi sur la palette de services que CIH Bank offre aujourd’hui. Cantonné depuis sa naissance à financer la promotion immobilière et l’investissement touristique, le CIH s’est diversifié dans tous les domaines de la finance. Dans le crédit à la consommation, la banque a pris le contrôle de Sofac Crédit, un des leaders nationaux du secteur. Une opération financée grâce à la cession des unités hôtelières héritées du passé. « Nous avons tout vendu, ou presque. Il reste quelques établissements dans notre actif que nous allons revaloriser avant de céder. Nous ne sommes pas des hôteliers mais des banquiers », tranche le PDG. Même démarche dans le leasing, où le CIH est désormais présent via Maroc Leasing, l’un des champions nationaux du secteur. Quand il ne peut pas s’implanter seul sur un marché, Rahhou s’associe. Pour les métiers de la haute finance, il s’appuie sur la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), son actionnaire de référence, qui détient plus des deux tiers des parts de la banque depuis le retrait du français BPCE, en 2011. « Nous vendons chaque année plus de 100 000 contrats d’assurances », confie le PDG, qui a annoncé en septembre 2014 l’entrée au capital de l’assureur Atlanta (à hauteur de 10 %). Résultat : l’ex-Office financier spécialisé (OFS) est devenu une vraie banque généraliste, sur les traces d’Attijariwafa, de BMCE Bank et des filiales des banques françaises. Ahmed Rahhou arrive même à faire mieux que la concurrence, selon un analyste financier. « Le CIH offre aujourd’hui l’un des taux de rentabilité les plus élevés du secteur, avec une ROE (rentabilité des fonds propres) de 12 %, contre une moyenne de 10 % pour le reste du secteur. C’est une valeur d’avenir », assure un broker casablancais. Merci qui ? l
FRANCE-CÔTE D’IVOIRE
Bernard Labadens Ex-administrateur-directeur général de la SGBCI Après huit années passées en Côte d’Ivoire au poste d’administrateurdirecteur général de la Société générale des banques de Côte d’Ivoire (SGBCI), Bernard Labadens a pris sa retraite. Au cours de l’été 2013, il quitte la banque alors qu’elle est agitée par un mouvement social : les salariés réclament une augmentation pour bénéficier des bons résultats de l’établissement. La rançon du succès, en quelque sorte… C’est que, depuis 2005, le dirigeant a remis l’autre grande filiale subsaharienne du groupe français – avec celle du Sénégal – sur les rails. Pas tant en ce qui concerne le total de bilan (elle était déjà un poids lourd au sein de l’UEMOA) qu’en matière de rentabilité. Malgré l’effet conjugué de la grave crise politico-militaire que traversait la Côte d’Ivoire et de la concurrence très agressive dans le secteur bancaire local, Labadens a fait exploser la performance financière de la banque, passant durablement au-dessus des 10 milliards de F CFA (15,25 millions d’euros) de bénéfice net annuel. Pour obtenir ce résultat, il a mis en œuvre une offensive tous azimuts : reconquête de la clientèle de particuliers, ouverture d’agences partout dans le pays, offre plus compétitive en matière de crédits. Entre 2008 et 2013, le nombre de clients de la première banque ivoirienne est passé de 187 000 à plus de 250 000. Un beau succès pour ce banquier licencié en droit et en sciences politiques qui a fait toute sa carrière à la Société générale ! Et une sacrée pression pour son successeur, Hubert de Saint-Jean, qui est arrivé directement d’Albanie. À la fin du premier semestre 2014, le total de bilan de la SGBCI atteignait déjà 862 milliards de F CFA. Le cap des 1 000 milliards semble à portée de main pour les prochains exercices. l B.M. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
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KENYA
Gideon Muriuki Redresseur en chef de la Co-operative Bank Arrivé aux commandes d’un établissement moribond en 2001, ce banquier est aujourd’hui salué comme l’artisan de la spectaculaire renaissance du groupe kényan. Portrait d’un patron en or. JACQUES MUTARAMBIRWA
D
ans la galerie des grands groupes que compte l’industrie bancaire kényane, aux côtés de la vénérable Kenay Commercial Bank (KCB) et de la conquérante Equity Bank, figure une grande revenante, la Co-operative Bank. Hier gouffre financier, aujourd’hui quatrième établissement du pays – derrière KCB, Equity et Standard Chartered – par la profitabilité, avec 105 millions de dollars (81 millions d’euros) de résultat net en
2013, l’établissement doit en grande partie son redressement à un homme : Gideon Muriuki. « Nommé PDG en 2001, Muriuki a transformé un établissement déficitaire en l’une des banques à la plus forte croissance et parmi les plus profitables d’Afrique de l’Est », s’enthousiasme Simon Brown, rédacteur en chef du magazine International Banker, qui a décerné cette année au dirigeant de la Co-operative Bank le titre de « banquier africain de l’année ». Une médaille qui vient s’ajouter à d’autres distinctions :
il est aussi titulaire de l’Order of Grand Warrior du Kenya, l’une des plus hautes distinctions accordées dans le pays, il a aussi été fait chevalier de l’Ordre national du Burkina Faso en 2006. Une reconnaissance méritée pour ce fils de paysans, tant la banque qu’il dirige depuis maintenant une quinzaine d’années revient de loin. Fondée en 1965 sous la forme d’une société coopérative, la Co-operative Bank se trouve plombée à la fin des années 1990 par de lourdes créances douteuses, victime tout autant des crises que traverse alors épisodiquement le secteur financier local que d’une gestion hasardeuse. Mal en point, elle doit se résoudre à passer des provisions massives et plonge dans le rouge avec une perte nette proche de 20 millions de dollars (15,8 millions d’euros) pour l’exercice 2000. C’est à ce moment qu’entre en scène Muriuki. Il avait été recruté comme cadre dirigeant en 1996, après avoir fait ses preuves chez Barclays et à la Standard Chartered. En 2001, le banquier se voit confier le gouvernail du navire Co-operative Bank, alors en pleine tempête, avec pour mission de le ramener à bon port. « À l’époque, la cessation d’activité était une option envisageable », se souvient un membre de la Kenya Bankers Association, qui a requis l’anonymat. SACRIFICES. Le nouveau PDG écoute,
WILLIAM OERI/NATION MEDIA GROUP
arrache des concessions (l’État, actionnaire de la banque, prend à sa charge près de 60 millions de dollars de mauvaises créances), impose des objectifs et bat le rappel de ses troupes. Il faut sauver les meubles et rebâtir la banque sur des bases financières assainies. Les sacrifices t Le PDG a fait gagner beaucoup d’argent à sa banque… et ne s’est pas oublié au passage. Il est multimillionnaire en dollars. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
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Manageurs sont lourds, des têtes tombent (à commencer par celle du prédécesseur de Muriuki, Erastus Mureithi) mais le patron mouille la chemise et la potion amère commence à faire effet. En quelques mois, la banque sort de l’unité de soins intensifs. Dès 2002, elle peut annoncer un retour aux bénéfices. Douze ans plus tard, tous les indicateurs sont au vert : des actifs sous gestion multipliés par dix (de 250 millions de dollars à 2,5 milliards de dollars) et un profit net multiplié par presque… quatre-vingt-dix (105 millions de dollars en 2013, contre 1,2 million en 2002). « La Co-operative Bank, c’est le come-back de la décennie », résume Jared Getenga, président par intérim de l’Association des fournisseurs de crédit kényans (AKCP). Contactée par Jeune Afrique, la direction de la banque n’a pas souhaité s’exprimer. Maislarepriseenmainnes’estpaslimitée à une cure de rigueur. L’établissement financier a su aussi habilement jouer de ses liens originels avec le réseau des coopératives pour étendre à bon compte
sa base de clientèle. Ajoutez à cela une gestion du risque sensiblement améliorée et une offensive marketing permanente, visant à proposer toujours plus de nouveaux produits et services.
L’établissement coopératif s’est ainsi installé au Soudan du Sud en 2013. La Bourse applaudit. Cotée sur la place de Nairobi depuis 2008, la Co-operative Bank a vu le cours de son action doubler depuis. Ce spectaculaire retour à meilleure fortune a bien profité au PDG. FORTUNE. Résultat : quatre fois plus Cinquantenaire, Muriuki est le premier d’agences (de 29 à 134 aujourd’hui), actionnaire individuel du groupe avec plus de trente fois plus de clients (de 125000 à plus de 4 millions), une banque une participation évaluée à 20 millions de dollars, obtenue en grande partie à des condiEn douze ans, le profit net a été tions très avantageuses multiplié par presque 90, pour avant l’introduction en Bourse. Sans parler des atteindre 105 millions de dollars. parts acquises dans l’assurégulièrement saluée pour ses efforts reur kényan CIC, d’une valeur estimée en matière d’innovation (International à 11 millions de dollars, et dont il est, à Banker l’a élue en 2014 « banque africaine titre personnel, le deuxième actionnaire la plus innovante dans le développederrière… Co-operative Bank. Pour ce ment des produits financiers à destination fervent pentecôtiste, marié et père de des coopératives ainsi que des petites et cinq enfants, charité bien ordonnée commoyennes entreprises »), une rentabilité mence par soi-même. Et peu importe si des actifs supérieure à 5 % (au-dessus de certains grincent des dents. Le redreslamoyennedusecteur)et,depuispeu,des sement de la Co-operative Bank valait projets d’expansion dans la sous-région. bien quelques récompenses. l
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Manageurs
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TANZ ANIE
Charles Kimei Le banquier modèle de la CRDB En quinze ans, ce docteur en économie a modernisé et assaini l’ex-banque publique tanzanienne. Il l’a hissée à la première place du pays et en a fait un exemple de développement. Avant de diriger la CRDB, cet économiste formé en Suède a été responsable de la supervision bancaire.
(840 millions d’euros à l’époque). « Ce ne fut pas une période très heureuse », se rappelle-t-il aujourd’hui. Mais son précédent poste à la supervision bancaire lui permet d’analyser rapidement les problèmes. « Chaque succursale opérait selon son bon vouloir, il n’y avait pas de stratégie commune à l’échelle du pays. » En introduisant un système plus moderne et surtout centralisé pour les opérations, Kimei dote la banque d’un avantage concurrentiel. « Avec ce centre de données unique, nous avons permis aux clients d’envoyer instantanément de l’argent à leur famille et à leurs amis. Auparavant, il fallait parfois plusieurs jours, le temps que l’ordre soit transmis de région à région », explique le sexagénaire. Autre modernisation, en 2002 : la CRDB devient la première banque d’Afrique de l’Est et d’Afrique centrale à proposer une carte de crédit. La même année voit l’apparition des premières opérations en ligne.
DR
MICROFINANCE. Au milieu des années
ARNAUD BEBIEN,
D
à Dar es-Salaam
e son bureau dominant la baie de Dar es-Salaam, la capitale économique tentaculaire de la Tanzanie, sur les bords de l’océan Indien, Charles Kimei est un peu une vigie. À 61 ans, directeur général de la Cooperative Rural Development Bank (CRDB) depuis seize ans, il est un repère rassurant dans un paysage en pleine ébullition. Écouté par le président Jakaya Kikwete, Kimei, titulaire d’un doctorat en économie obtenu en Suède en 1985, a toujours su sentir avant les autres d’où vient le vent. Avant d’entrer à la CRDB, de la redresser et d’en faire quelques années plus tard le leader du secteur, il avait travaillé durant vingt ans à la Banque centrale de Tanzanie. Entré en 1978 dans l’institution, il connaît sa première ascension à la fin de l’année 1985, à son retour de JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
Suède, quand il est nommé économiste en chef du département de la recherche en politique monétaire. Puis il monte les échelons jusqu’à hériter, au milieu des années 1990, de la direction de la supervision bancaire. En Tanzanie, l’année 1995 voit l’élection de Benjamin Mkapa à la présidence de la République, qui sonne le glas du socialisme d’État naguère promu par Julius Nyerere, le père de l’indépendance, en 1961. L’heure du libéralisme a sonné. Il s’agit de redresser les institutions étatiques, qui sont bien mal en point. C’est notamment le cas des établissements comme la CRDB, née en 1947 à l’époque de la colonie britannique, que le gouvernement tanzanien privatise en 1996. Charles Kimei en prend la direction en 1998 avec pour mission d’éponger les pertes,quis’élèventà1,2milliondedollars
2000, Kimei engage la CRDB sur le chemin de la microfinance, dans le but d’accroître sa clientèle. C’est d’ailleurs l’une de ses fiertés : l’accompagnement des plus modestes dans leur projet pour les aider à rembourser leur emprunt. « Nous avons intégré la culture locale, et nous avons pris en compte les spécificités de notre économie », dit-il, fier de présider un conseil d’administration composé presque exclusivement de Tanzaniens. La CRDB s’est aussi ouverte sur l’extérieur en misant sur la Chine : elle a été pionnière en rejoignant UnionPay, le réseau de paiement par carte bancaire chinois. Sous la présidence de Kimei, la CRDB a considérablement étendu son réseau, en passant de 16 à 110 établissements qui emploient aujourd’hui 2 400 personnes, ce qui la place au premier rang des banques du pays (20 % de l’ensemble des dépôts et 1,5 million de clients). Les derniers bénéfices avant impôt connus sont ceux de 2012, qui se sont élevés à environ 50 millions d’euros. Les pertes de la fin des années 1990 semblent bien loin. Désormais, le directeur général pousse le développement au-delà des frontières du pays puisqu’une filiale de la CRDB – une première pour un établissement tanzanien – a ouvert ses portes en 2012 à Bujumbura, au Burundi. En bonne vigie, Kimei est décidément toujours le premier à identifier de nouveaux territoires. l SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Communiqué
Banque des États de l’Afrique Centrale
Pilier de la coopération monétaire et socle de l’intégration économique en Afrique centrale. La BEAC est la banque centrale des six États qui constituent la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale, la CEMAC : Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale et Tchad. Établissement public international africain, la BEAC a été créée dans le cadre des accords de coopération monétaire signés à Brazzaville, au Congo, les 22 et 23 novembre 1972.
■ Garant de la politique monétaire
La BEAC émet le franc de la coopération monétaire en Afrique Centrale (FCFA), ayant cours légal et pouvoir libératoire sur le territoire de l’ensemble des six pays de l’UMAC et elle en garantit la stabilité. En outre, la BEAC est chargée de définir et de conduire la politique monétaire de l’UMAC, de conduire la politique de change, de promouvoir la stabilité financière, de détenir et de gérer les réserves officielles de change des États membres, de promouvoir et de veiller au bon fonctionnement des systèmes de paiement et de règlement.
■ Acteur
du développement et de l’intégration économique en Afrique Centrale
Partenaire fiable et engagé au service des États membres, des acteurs économiques et des populations de la CEMAC, la BEAC est également un organe engagé dans le développement et l’intégration économique en Afrique Centrale. Sans préjudice de son objectif de stabilité financière, elle apporte son soutien aux politiques économiques générales élaborées par les États membres. Elle prend aussi une part active à la promotion et au renforcement des marchés de capitaux en Afrique Centrale pour mieux appuyer le développement et l’intégraBEAC, Banque des États de l’Afrique Centrale BP 1917, Yaoundé, Cameroun Tél. : (+237) 22 23 40 30/22 23 40 60 - Fax : (+237) 22 23 34 68
Plus de quarante ans au service de l’Afrique Centrale
>>> Définition et conduite de la politique monétaire de l’Union >>> Émission de la monnaie fiduciaire >>> Conduite de la politique de change de l’Union >>> Gestion des réserves officielles de change des États membres >>> Supervision des systèmes de paiement et de règlement >>> Promotion de la stabilité financière tion économiques dans la CEMAC. À cet effet, elle encadre et favorise les émissions de titres publics par les États membres et œuvre à la construction d’un système bancaire sain et solide. La BEAC entretient des relations bilatérales étroites avec plusieurs de ses homologues africains et participe activement au rayonnement de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA) dont elle accueille la 38e session ordinaire des Gouverneurs en août 2014. S’appuyant sur l’esprit de solidarité et de discipline de ses États membres, la BEAC est résolument engagée à apporter son concours à l’émergence économique des États de la CEMAC au bénéfice de leurs populations.
www.beac.int
Manageurs BURKINA FASO
Jean Damascène Nignan Le juriste qui a redonné la foi à l’UAB Ce quadragénaire pilote avec succès le redressement de la quatrième compagnie d’assurances burkinabè, grevée de mauvaises créances. Il a assaini les comptes et doublé le chiffre d’affaires. NADOUN COULIBALY,
L
à Ouagadougou
e défi aurait pu en faire reculer plus d’un. Il l’a pourtant en grande partie relevé. Avec le redressement de l’Union des assurances du Burkina (UAB-IARDT), Jean Damascène Nignan est en train de se bâtir une réputation de « sauveur » de sociétés en panne. Il est vrai que le travail ne lui fait pas peur, si l’on en croit la pile de dossiers accumulés dans son bureau sur Kwame-N’Krumah, l’une une des belles avenues de Ouaga. « Le redressement est derrière nous », lâchet-il d’une voix posée. Modeste et très croyant, ce jeune patron âgé de 41 ans se serait bien vu prêtre avant d’ambitionner de devenir magistrat. Mais en 1997, fraîchement diplômé en droit, il change à nouveau d’orientation et se lance dans les assurances. Le voici à Yaoundé, au Cameroun, pour trois années d’études à l’Institut international des assurances, dont il sort armé d’un DESS. Jean Damascène Nignan intègre l’ UA B e n 2 0 0 0 comme chef du s e r v i ce s i n i stre et contentieux. Entre 2004 et 2006, il occupe le poste de directeur technique avant de rejoindre Raynal Assurances, à la création de laquelle il participe. Alors que l’UAB rencontrait des difficultés techniques et financières, il est rappelé en janvier 2008 par JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
son conseil d’administration, cette fois comme directeur général, avec pour mission de proposer et de conduire un plan de redressement. « C’était difficile. Il fallait ramener la confiance et mobiliser le personnel », résume-t-il. Pour y par parvenir, il applique sa méthode : écouter pour comprendre, traiter chacun équitablement et se montrer ferme
AHMED OUOBA
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quand il le faut. L’homme est aussi un organisateur:ilmutualiseaveclabranche assurance-vie du groupe les fonctions de support telles que la comptabilité, les services financiers ou l’informatique, et il crée un comité de direction pour trancher les décisions importantes. IMPAYÉS. Résultat : l’entreprise, qui IMPAYÉS
avait 9 milliar milliards de F CFA (13,7 millions d’euros) de primes impayées en 2010, réussit à récupérer une bonne partie de ces arriér arriérés grâce une politique efficace de recouv recouvrement combinée à des annulations pr progressives. Au 30 juin dernier, il ne restait que 950 millions de F CFA non réglés. « Au 31 décembre, je peux vous assurer que nos impayés se monteront à zéro franc franc, zéro centime », tranche-t-il. L’assainissement du bilan a perL’assa mis à la société de presque doubler son chiffr chiffre d’affaires qui est passé de 2,3 milliards de F CFA en 2008 à 4,18 milliar milliards en 2013. Pour 2014, il devrait atteindre 4,6 milliards. Grâce à ce ré résultat, l’entreprise a amélioré ses ra ratios prudentiels avec 122 % de co couverture des engagements réglementés, contre 81 % avant la réglemen restructuration. restru De plus, la mise en œuvre du plan stratégique baptisé « Toeme », qui straté signifie « changement » en mooré, sign a pe permis de restructurer le capital social de 500 millions à 1,291 milliard de F CFA grâce à l’arrivée d’un investisseur de référence, AfricInvest, un fonds panafricain. Afr « No Nous avons réussi à ouvrir le capital en parfaite cohésion cap avec l’actionnaire majoritaire, av l’homme d’affaires Apollinaire l’ Compaoré », confie Nignan. Co Désormais, la société voit l’avenir Dé en ro rose et veut « faire mieux » que la concu concurrence car « la voie est dégagée pour que l’UAB-IARDT s’impose comme une référence sous-régionale ». Foi de dir directeur général. l SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Manageurs
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MAROC
Mohamed Agoumi Le stratège de choc Directeur général délégué de BMCE Bank
VINCENT FOURNIER/J.A.
B
MCE Bank s’est retiré une épine du pied, et Mohamed Agoumi l’y a bien aidé. Alors que l’exMediCapital Bank, devenu BMCE Bank International, lui avait fait perdre 725 millions de dirhams (environ 65 millions d’euros) entre sa création en 2007 et 2011, le groupe marocain a vu ses activités européennes revenir dans le vert. En 2012, année de la nomination de Mohamed Agoumi à la tête des filiales européennes, le résultat net de l’établissement londonien – le plus en difficulté – devenait positif pour la première fois. En 2013, il a bondi de 135 %, à 2,8 millions de livres (3,5 millions d’euros). Le directeur général pour l’international a appliqué une méthode choc mais efficace : il a notamment abandonné les échanges liés aux marchés de capitaux (BMCE avait subi de plein fouet la crise financière de 2007-2008) et l’effectif européen a fondu de moitié. L’ensemble des activités en Europe – Londres, Madrid et Paris – a été recentré
sur trois axes : « la commodity trade finance, notamment dans les produits alimentaires et l’énergie, les projets de financements structurés et l’activité de market maker sur les changes afin de donner enfin un prix de marché intéressant pour les clients africains du groupe », détaille le banquier. En revanche, BMCE s’est refusé, pour l’instant, à entrer dans la course lancée par Banque populaire (Maroc) et Attijariwafa Bank pour conquérir la clientèle des Marocains résidant à
l’étranger (MRE), préférant s’appuyer sur sonalliéCréditmutuel-CICpourdéployer son offre de produits à travers l’Hexagone, via la filiale BMCE Euroservices. Un dossier que Mohamed Agoumi, ancien directeur général délégué en France de LCL-Le Crédit lyonnais, suit de près, en plus des développements, pour l’instant modestes, en Amérique et en Asie. Sa stratégie est partout la même : installer des têtes de ponts efficaces et bien gérées pour servir les activités africaines du groupe. l FRÉDÉRIC MAURY
16-17 mars 2015, Abidjan
3E ÉDITION
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Manageurs AFRIQUE DE L’OUEST ET AFRIQUE CENTRALE
Patrick Mestrallet « Restructurer une banque, ce n’est pas si compliqué » Après avoir développé la CBAO puis Financial Bank, le directeur général d’Oragroup s’attaque désormais à l’intégration du réseau des BRS. Sa méthode : miser sur le facteur humain. Propos recueillis par
FRÉDÉRIC MAURY
À
63 ans, il semble enfin tenir son plus grand défi. Familier de l’Afrique depuis le début des années 1990, banquier africain depuis 1997, Patrick Mestrallet mène l’intégration, la restructuration et le développement des Banques régionales de solidarités (BRS). Un réseau que le groupe qu’il dirige, Oragroup (ex-Financial Bank), a racheté entre 2012 et 2013. Et il semble apprécier cette mission au plus haut point. « Lorsque notre actionnaire majoritaire [Emerging Capital Partners] a racheté Financial Bank, beaucoup étaient sceptiques. Mais nous avons réussi à redresser l’établissement. Cela fait partie de notre savoir-faire », rappelait-il en 2013 dans les colonnes de Jeune Afrique. Auparavant, c’est à la CBAO qu’il
avait montré ses capacités de redresseur de banques. Pour lui, dans le secteur financier, ce sont les hommes qui font la différence. Du coup, la capacité à les motiver est la clé du succès. JEUNE AFRIQUE : Y a-t-il encore des banques à restructurer en Afrique ? PATRICK MESTRALLET: Je pense qu’il y
aencorebeaucoupàfaire.Certes,certains groupes, marocains notamment, qui sont arrivés sur le marché en reprenant des institutions existantes, ont fait du bon travail en mettant en place des procédures strictes. Mais le développement des banques dans les pays subsahariens a aussi un inconvénient: la multiplication de petits établissements, qui ne sont pas tous en très bonne santé. Dans notre métier, il y a un effet de seuil: en dessous d’une certaine taille, il est difficile d’être rentable. Comme la bancarisation
n’augmente pas ou très lentement, toute nouvelle banque se développe surtout en séduisant les clients de ses concurrents, ce qui fragilise potentiellement tout le monde. Je ne citerai qu’un seul exemple pour illustrer les difficultés du marché : celui d’Access Bank, qui a raté son entrée en Côte d’Ivoire, et en est reparti. Mais il n’y a pas eu de faillite de banque depuis longtemps…
En effet. Mais il y a tout de même eu des reprises d’établissements en difficulté, ce qui a évité de possibles faillites… Lorsque vous quittez la CBAO, en 2008, elle est devenue numéro un au Sénégal, ex aequo avec la filiale de la Société générale. Dans quel état se l l l
Un spécialiste du redressement 2001
Nommé à la tête de la CBAO au Sénégal pour dynamiser cette vieille institution
2008-2009
Pilote la fusion de la Cobaci et la Banque Atlantique Côte d’Ivoire
2009
Nommé à la tête du groupe Financial Bank pour le transformer en un véritable groupe bancaire régional
2013
VINCENT FOURNIER/J.A.
Finalise la reprise des BRS
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
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Manageurs trouvait-elle sept ans plus tôt, quand vous en avez pris la direction générale?
lll
La banque se classait au 13e rang dans l’UEMOA [Union économique et monétaire ouest-africaine] et elle était numéro trois au Sénégal. Mais elle ne gagnait pas d’argent. Elle était sous étroite surveillance de la Commission bancaire, son système informatique était dépassé, son organisation laissait à désirer, ses équipes s’endormaient un peu. Dans la banque, tout le monde vendant la même chose, ce sont les hommes qui font la différence. Nous avons donc remotivé les équipes. Il a fallu remplacer certains manageurs qui n’étaient pas pour rien dans le manque de dynamisme. Mais nous avons convaincu les cadres qu’ils pouvaient obtenir des résultats et que, s’ils en obtenaient, il y aurait une incitation financière. Dans la rémunération, il y a trois tranches : le minimum social, une variable liée aux résultats individuels et une part liée à la performance collective. Combien de temps vous a-t-il fallu pour redresser la barre ?
Les bénéfices ont vite progressé: 2 milliards de F CFA [3 millions d’euros] dès la deuxième année, puis 4 milliards, 5 milliards, 7 milliards, 10 milliards, 11 milliards les années suivantes. Cela a décollé assez vite. Mais la CBAO avait une position sur le marché qui facilitait les choses, et elle disposait de ressources. Vous participez ensuite à la fusion des deux banques du Groupe Banque Atlantique en Côte d’Ivoire. C’est un autre type de travail ?
Oui. Dans ce dossier, c’était une intervention surtout technique. Je pense d’ailleurs que je n’étais pas vraiment à ma place pour cette mission.
une quinzaine de responsables auxquels s’ajoutent 25 personnes au service informatique central. Dans ce cas, le redressement a-t-il été compliqué ?
D’une manière générale, je résumerais la stratégie du redressementdéveloppement ainsi : quand vous êtes une petite banque, il est nécessaire de gagner des parts de marché et, pour cela, il faut des fonds propres, car attirer des clients a un coût, et vous ne pouvez pas compter uniquement sur une politique de rémunération attractive. Il faut faire du volume rapidement. Au Togo, cela a fonctionné. Nous sommes passés de 3 % à 12 % de parts de marché. Le résultat net a progressé de 0 à 4 milliards de F CFA en deux ans. Nous nous sommes fait connaître. Nous avons changé le nom de Financial Bank pour devenir Orabank/Oragroup au terme
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
D’une certaine manière, votre dossier le plus compliqué, c’est celui que vous menez actuellement, avec la reprise des BRS…
Les nouvelles implantations sont le principal intérêt de cette opération, mais il fallait trouver un moyen de la mener au meilleur coût. Il aurait fallu recapitaliser les huit BRS à hauteur de 10 milliards de F CFA chacune, donc apporter
Toute nouvelle banque se développe en séduisant les clients de ses concurrents. d’un processus très sérieux. Cela a aussi eu des retombées très positives. Du coup, lorsque les privatisations arrivent au Togo, nous sommes des acteurs crédibles. Et nous décrochons la cession de la BTD, qui était très complémentaire de notre filiale locale. Désormais, nous sommes les premiers au Togo. Cela s’est-il passé aussi facilement partout ?
Non. Au Gabon, la banque a été restructurée, mais elle ne s’est pas développée en termes de parts de marché. Comme elle est la plus rentable du pays, il est peu probable que nous changions
Lorsque vous êtes nommé à la tête de Financial Bank, on vous confie une tâche difficile…
Les études préalables n’avaient pas donné un tableau exhaustif de la situation. Nous avons dû redresser toutes les filiales, et tous les directeurs généraux ont été remplacés. Par ailleurs, c’était un groupe de banques, et il a fallu le transformer en un véritable groupe bancaire. En recrutant à l’extérieur, nous avons créé un holding avec ses métiers classiques : risque, finance, comptabilité, juridique, ressources humaines, communication… L’équipe dirigeante compte aujourd’hui
radicalement les choses en nous tournant vers les particuliers. Au Tchad, un petit marché bancaire, nous avons gagné des places, nous hissant au deuxième ou au troisième rang, et la banque est profitable. Mais les perspectives sont forcément limitées. Le Bénin partait de loin, c’est la branche qui était le plus en difficulté. J’avoue que le redressement a été un peu plus difficile dans ce pays. Mais, aujourd’hui, la restructuration des ex-Financial Bank est achevée.
Abidjan 16-17 mars 2015
Performances et stratégie de développement de l’entreprise africaine font partie des thèmes majeurs du AFRICA CEO FORUM 2015 www.theafricaceoforum.com
80 milliards. Ce n’était pas envisageable. Les BRS du Togo et du Bénin ont donc été absorbées par nos filiales locales, puis nous avons restructuré le groupe en créant une banque mère, basée en Côte d’Ivoire, et en modifiant le statut des autres BRS pour les transformer en succursales. Ce qui permet de réduire l’effort de recapitalisation. La plupart des BRS sont petites, certaines ayant moins de 1 % de part de marché. Elles ne proposent pas de monétique, pas d’e-banking, et s’adressent à une clientèle assez particulière : celle qui n’a pas pu ouvrir de compte ailleurs. Nous avons changé rapidement de nom, puis nous avons modifié les équipes dirigeantes. J’ai pris la direction opérationnelle en Côte d’Ivoire. Et nous allons désormais montrer que nous sommes innovants et réactifs. Notre objectif est de développer notre clientèle cible: les PME. Lorsqu’on échange avec vous, on a l’impression que restructurer une banque, c’est simple…
En effet, ce n’est pas si compliqué. Mais cela demande du temps et beaucoup d’implication personnelle, notamment parce que, dans le monde bancaire, tout repose sur la confiance. l SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Finançons ensemble l’accès à la propriété pour tous. La Caisse Régionale de Refinancement Hypothécaire de l’UEMOA (CRRH-UEMOA) à été créée dans le but de faciliter le financement du logement dans les pays de l’UEMOA. A cet effet, elle mobilise des ressources sur le marché financier pour le refinancement de crédits à l’habitat consentis par ses banques actionnaires. Créée le 16 juillet 2010, l’actionnariat de la CRRHUEMOA est constitué à date de 48 banques commerciales de l’UEMOA, de la BOAD, première institution de financement à long terme de l’UEMOA, de la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC), institution de financement à long terme de la CEDEAO, de Shelter Afrique, institution continentale dédiée à la promotion et au financement de l’habitat en Afrique. Entrée en exploitation en juillet 2012, la CRRH-UEMOA a réalisé, à date, trois émissions obligataires d’un montant de 51,8 Mds de FCFA sur des maturités de 10 à 12 ans à des taux d’intérêts de 6% à 6.10% l’an, net d’impôt. Ces ressources ont permis de refinancer 23 banques actionnaires dans 7 des 8 pays de l’UEMOA.
Ces premiers résultats confirment l’opportunité de l’initiative, et valident le modèle économique de la CRRH-UEMOA pour les investisseurs comme les bénéficiaires. L’impact des premières opérations de la CRRH-UEMOA sur les conditions de taux et de durée pratiquées par les banques actionnaires s’observe déjà dans les pays de l’Union : des prêts à l’habitat à 15 ans, voir 20 ans, sont aujourd’hui offerts dans nombre de pays où une telle offre n’était pas accessible il y a peu avec des taux d’intérêt très sensiblement inférieurs à ceux proposés alors, et sur des durées bien plus courtes. Enfin, il faut relever la contribution significative que la CRRHUEMOA apporte à l’approfondissement du Marché Financier Régional UEMOA par les maturités offertes et les conditions de ses emprunts. Pour les années à venir, la CRRH-UEMOA recherchera le renforcement de sa capacité d’intervention avec des niveaux d’activité plus élevés et sur des maturités plus longues pour permettre aux banques d’apporter une réponse appropriée aux ménages de l’Union en quête d’un logement décent.
Caisse régionale de refinancement hypothécaire de l’UEMOA 68, av. de la libération BP 1172 Lomé-Togo - Tél : +228 22 23 27 51/22 Fax : +228 22 23 27 52 - Email : info@crrhuemoa.org
www.crrhuemoa.org
Manageurs
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TUNISIE ABDEL NASSER GARBOIA POUR J.A.
Kamel Neji Directeur général de l’UIB
ROBERT TSHABALALA/THE FINANCIAL MAIL
Kamel Neji, c’est un peu l’homme qui a sauvé la mise à la Société générale en Tunisie. Nommé en avril 2008 à la tête de la filiale locale du groupe français, le Tunisien – venu de l’extérieur, puisqu’il dirigeait auparavant la Banque tunisolibyenne (BTL) – débarque dans un établissement morose. Le groupe français avait acquis l’Union internationale de banques (UIB) en 2002, lors de sa privatisation, mais ne parvenait pas à redresser l’établissement. L’année 2007 se solde même par une perte de 100 millions d’euros, une ardoise salée, mais nécessaire pour nettoyer enfin les comptes. À peine arrivé, Neji déploie un plan offensif, en mettant surtout l’accent sur l’action commerciale. Depuis sa nomination, le total du bilan de la banque a bondi de 59 %, le produit net bancaire a presque triplé et le niveau des créances douteuses a baissé de manière importante. La banque, devenue l’une des plus actives sur le segment des particuliers, a vu ses bénéfices grossir année après année, atteignant 38 millions de dinars (16,5 millions d’euros) en 2013. Elle est aujourd’hui l’une des plus rentables F.M. du pays. l
TCHAD
Jean-Pierre Galibert Pour la banque… et l’État Directeur général de la CBT
E
n cette fin d’année 2010, alors qu’il prend les rênes de la Commercial Bank Tchad (CBT), Jean-Pierre Galibert trouve une situation difficile. L’ambianceyestalourdieparundépartdes cadres vers la concurrence et des retraits massifs des dépôts. Le Tchad a dû injecter quelque 5 milliards de F CFA (7,6 millions d’euros) dans la recapitalisation de cette banque, auparavant propriété du groupe Commercial Bank, alors détenu par le Camerounais Yves-Michel Fotso. L’opération fait alors de l’État l’actionnaire majoritaire de cette institution. Jeune retraité de l’ex-Financial Bank (devenu Oragroup), Jean-Pierre Galibert se retrousse les manches, mettant à profit l’expérienceacquiseaucoursdesalongue carrière au CIC, à Banque Atlantique et au sein de Bank of Africa (BOA), entre autres. Dans son passé de banquier, le Français a déjà remis à flot deux établissements : Banafrique, repris en 1996 par BOA en Côte d’Ivoire, et, dix ans plus tard, Financial Bank Togo, née elle aussi de la reprise d’actifs publics. Avant même son arrivée à la tête de la CBT, il a pris ses précautions. « J’ai pu obtenir de travailler sans ingérence », souligne-t-il. Au personnel, anxieux, il souligne-t explique que la mission n’est pas impossible, à condition co de travailler en équipe et d’assur d’assurer un service de qualité pour restaurer l’im l’image d’une banque écornée. À la findeladernièredécennie,l’ensembledes findeladernièr entités du groupe Commercial Bank avait été placé sous administration provisoire. Énergique malgré son âge (71 ans), Énerg Jean-Pierre Galibert file encore d’un Jean-Pier couloir à l’autre, glissant au passage un « salama salamalec » à un client. Au fil des mois,
ceux-ci ont commencé à revenir. « Ils ont vu que le naufrage annoncé n’avait pas eu lieu. Et surtout que nos gros comptes, les majors du pétrole, sont restés », explique Galibert. « À ceux qui hésitaient à revenir, je disais simplement : “Essayez, et vous verrez…” », ajoute-t-il avec un sourire. PROFITS. Entre2011et2013,leproduitnet
bancaireadoublé,passantde5,3milliards à 10,8 milliards de F CFA. Tout comme le total du bilan, passé de 74,3 milliards à 135,4 milliards. En quatre ans, les dépôts sont passés de 30 à 120 milliards de F CFA, et la banque affiche en moyenne 3 milliards de F CFA de profits annuels. Sur la table de son bureau trône le trophée Western Union de la meilleure agence 2013-2014, décerné mi-septembre 2014 par le groupe de transfert d’argent. S’il faut admettre que le sauvetage de la CBT tient beaucoup au coup de pouce que lui a donné l’État, les collaborateurs de Galibert lui reconnaissent un sens du management. « Son esprit d’équipe, son dynamisme ont permis d’assurer le fonctionnement dans les moments difficiles », explique un proche. L’avenir ? Galibert reste concentré sur l’ultime étape de sa mission: réussir la privatisation. Il y a plus d’un an, un premier appel d’offres – pour lequel le marocain Attijariwafa tenait la corde – a été déclaré infructueux. Un autre sera lancé avant fin 2014, avec l’espoir de faire grimper les enchères. Si celles-ci sont fructueuses, la tâche de Jean-Pierre Galibert devrait s’arrêter là. Le temps d’une retraite méritée ? « J’ai encore l’énergie d’un jeune homme », lâche-t-il… l MADJIASRA NAKO SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
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MARCHÉS FINANCIERS
L’attrait de Malgré le développement de la consommation en Afrique, c’est du côté des ressources naturelles que les Bourses, les capital-investisseurs et les banquiers d’affaires sont allés chercher la croissance en 2013.
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SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
PORTRAIT
Vincent Le Guennou Profession : investisseur
INTERVIEW
Ahmad Mohamed Ali, président de la BID
ACTIS
Les bénéfices de l’expérience
FINANCEMENT
Les PME font une timide percée en Bourse
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JON BERKELEY POUR J.A.
l’or noir SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
Marchés financiers
L
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e monde de la finance spécialisée a toujours une surprise en réserve. Lorsqu’on croit une tendance acquise une année, voilà qu’elle est démentie l’année suivante. Il y a deux ans, le secteur des biens de consommation explosait dans notre classement, preuve de l’engouement affiché par les capital-investisseurs pour ce segment. En 2012, c’est le rachat par le japonais TTC de CFAO, le groupe panafricain de distribution spécialisée (pharmacie, automobile et, désormais, centres commerciaux) qui confirmait cette évolution. En 2013, changement de décor ! Le pétrole aura dominé des pieds et de la tête les activités boursières, de fusion-acquisition et de capital-investissement. Sur les places financières, c’est l’introduction d’Oryx Petroleum, une junior pétrolière opérant en Afrique de l’Ouest, qui truste la première place de notre classement. Dans le domaine des acquisitions d’entreprises, non seulement l’or noir prend le premier rang (avec la création d’une coentreprise entre le brésilien Petrobras et deux financiers), mais il occupe aussi la première place en matière de montants investis. À égalité avec l’autre activité phare du continent : les mines… Même les capital-investisseurs, si friands – en paroles, en tout cas – de secteurs bénéficiant de l’envolée de la consommation africaine, ont plébiscité en 2013 les barils de brut. Le géant américain du private equity, Warburg Pincus, qui s’était déjà fait connaître en misant sur Kosmos Energy (découvreur du champ Jubilee au Ghana), a injecté (avec d’autres investisseurs) 600 millions de dollars (470 millions d’euros) dans Delonex Energy, une start-up de l’or noir. Et il n’est pas le seul : Helios s’est impliqué dans Petrobras Africa, tandis que le fonds de pension sud-africain Public Investment Corporation (PIC) misait 270 millions de dollars dans le producteur pétrolier nigérian Camac.
CHAMP GÉANT. Ce retour vers l’or noir (et plus marginalement les mines) de la part d’investisseurs qui visent pourtant le long terme a plusieurs explications. L’une est purement technique : le secteur des ressources naturelles implique des capitaux très importants. La moindre opération se compte donc immédiatement en centaines de millions de dollars, voire en milliards. À l’inverse, dans des secteurs moins matures en Afrique, comme celui des biens de consommation, les échanges portent sur des montants
FUSIONS-ACQUISITIONS Les ressources naturelles au sommet Répartition des principales opérations (en % des montants) Tabac 2 Immobilier 2 Santé 2 Énergie 2 Pétrole
58
Agroalimentaire 4 Autres 4 Construction
6
Télécoms & IT
20
plus faibles. Fan Milk, qui opère depuis longtemps dans sept pays africains où il emploie près de 2 000 personnes et fait travailler environ 25 000 revendeurs, s’est transmis sur la base d’une valorisation globale d’environ 350 millions de dollars. Soit douze fois moins que les 4,2 milliards de dollars payés la même année par le chinois CNPC à l’italien Eni pour 28,6 % d’Eni East Africa, concessionnaire d’un champ gazier au large du Mozambique. Un champ certes géant, mais qui n’entrera en activité qu’en 2018 au plus tôt… L’autre explication est conjoncturelle : ces dernières années ont connu une ruée vers les hydrocarbures en Afrique de l’Est. La zone offshore située au large de la Tanzanie, du Mozambique et de Madagascar est en effet potentiellement l’une des plus riches au monde en gaz, tandis que l’intérêt va grandissant pour plusieurs zones situées de part et d’autre de la vallée du Rift, entre Afrique centrale et Afrique orientale. D’où la vague d’opérations tournées vers cette région, jusqu’ici plutôt marginale.
Question de méthode ! Jeune Afrique publie dans les pages qui suivent des classements uniques sur le continent. Ils ont, pour la plupart, été réalisés à partir des informations publiques, recoupées auprès des conseils financiers, banquiers et avocats d’affaires. ! Pour les fusions-acquisitions, les opérations recensées sont celles dont la finalité africaine est avérée, même si elles n’ont pas eu lieu dans des juridictions situées sur le continent. Si plusieurs deals de taille importante n’apparaissent pas dans ce classement, c’est parce qu’aucune information financière les concernant n’était accessible. ! Les classements des opérations boursières et celui des sociétés de Bourse ont été complétés grâce aux publications officielles des places africaines. ! Celui des émissions d’obligations d’État a été concocté pour Jeune Afrique par les équipes du département recherche F.M. d’Ecobank. l
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SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Marchés financiers CAPITAL-INVESTISSEMENT Le développement des tours de télécoms Répartition des principales opérations (en % des montants)
BOURSE L’attrait de la finance Répartition des principales opérations (en % des montants)
Énergie Autres Ciment
4
4
Finance
5
32
Pétrole
Agroalimentaire
41
8
Immobilier 5
Finance
8
Pétrole
30
Énergie 6
Infrastructures de télécoms
13
Construction Engrais
17
Autres
10
Biens de consommation 6
Ciment
11
Comme le soulignent l’arrivée de Danone au tour de table sukuk (emprunts islamiques adossés à des actifs tangibles) de Fan Milk, en 2013, puis celle du kényan Brookside Dairy, ont été émis, l’un d’environ 200 millions de dollars par le en 2014, ou encore de Wilmar au capital de la société sucrière Sénégal et l’autre de 500 millions de dollars par l’Afrique du Cosumar, mais aussi les développements from scratch (sans Sud. Et au Maroc, l’un des principaux marchés bancaires du acquisition) de nouveaux acteurs sur le continent comme continent, des banques envisagent de créer des filiales qui Pernod Ricard ou Essilor, l’Afrique attire en tout cas une s’y consacreraient, maintenant qu’un cadre légal existe. Ce variété grandissante d’acteurs : de plus en plus d’activimode de financement est sans doute destiné à connaître tés et de nationalités sont représentées. Nos classements bientôt le succès qu’ont remporté les eurobonds (emprunts montrent d’ailleurs que les investisseurs les plus actifs internationaux émis en dollars) en Afrique. Sur les neuf en montants ont été les Asiatiques ou les Africains (Sudpremiers mois de 2014, les États africains ont levé sous cette Africains, principalement). forme plusieurs milliards de dollars, menés par le Kenya Du côté du capital-investissement, le paysage continue (2 milliards) et le Ghana (1 milliard). également de se diversifier, avec l’émergence de nouveaux Les marchés boursiers africains, quant à eux, sont en soufopérateurs. Parmi eux : Carlyle, qui a annoncé en avril 2014 france. Non pas tant en matière de performances – qui ont la clôture de son premier fonds consacré à l’Afrique subété une nouvelle fois impressionnantes en 2013 – ni d’intérêt saharienne doté de 698 millions de dollars, de la part des investisseurs locaux comme soit 40 % de plus que l’objectif qu’il s’était internationaux, mais en ce qui concerne Beaucoup fixé. Marlon Chigwende, le coresponsable les nouvelles cotations. À part le cas specd’investisseurs de la région chez Carlyle, avait alors souligné taculaire de la Tunisie, qui a attiré sur son sont des nouveaux marché plus d’une dizaine d’entreprises que, « hormis la Banque africaine de développement, qui a engagé des fonds d’une en 2013 en raison des difficultés d’accès venus en Afrique. valeur de 50 millions de dollars, la plupart aux crédits bancaires – et aussi grâce à des des investisseurs sont des nouveaux venus en Afrique ». Un exonérations fiscales –, la plupart des Bourses du continent constat qu’aurait pu faire également le français Amethis, qui n’ont vu aucune nouvelle introduction depuis bien longa levé pour son premier fonds 530 millions de dollars « avec temps. Et les majors opérant dans les ressources naturelles plus de 90 % d’acteurs privés et un total de 55 investisseurs ». sur le continent préfèrent désormais aller à Londres, Toronto ou Sydney pour trouver les fonds dont ils ont besoin. À ce SUKUK. Restent les parents pauvres de la finance spécialititre, l’appel d’Hubert Segain, associé au cabinet d’avocats sée en Afrique. La finance islamique, en premier lieu, dont Herbert Smith Freehills, à Paris, en faveur de la double Ahmed Mohamed Ali, le président de la Banque islamique cotation de grandes entreprises africaines simultanément de développement interrogé, dans ce numéro (lire p. 103) est sur une place internationale et une Bourse africaine, est à un fervent défenseur. En 2014, cette activité a commencé à lire attentivement (p. 119). l décoller, après de nombreuses années de stagnation. Deux FRÉDÉRIC MAURY SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
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MarchĂŠs Financiers
Marchés financiers
VINCENT LE GUENNOU
Profession investisseur
Ce Franco-Camerounais parcourt le continent depuis quinze ans. Avec Emerging Capital Partners, il a misé 1,8 milliard de dollars dans des entreprises privées. Son flair lui a valu de beaux succès. Mais, modeste, il revient aussi sur ses échecs.
FRÉDÉRIC MAURY
S
VINCENT FOURNIER/J.A.
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il est une constante chez c’est au dynamisme de l’économie qu’ils le doivent. Vincent Le Guennou, c’est Autrement dit à la seule progression du chiffre son style : modeste, presque d’affaires des entreprises dans lesquelles ECP timide. De ses débuts dans le investit, portées par des marchés en plein essor. capital-investissement africain au tournant du IIIe millénaire AVENTURES. Le Guennou cite les pépites qui jalonnent sa carrière d’investisseur professionnel: jusqu’à aujourd’hui, quatorze ans se sont écoulés. De quoi faire de ce Franco-Camerounais au nom en premier lieu, les paris faits dès 2000 et 2001 sur Orascom Telecom Algérie (Djezzy) et Celtel breton un « dinosaure » de la profession. À 51 ans, le financier a investi, avec ses équipes, 1,8 milliard (aujourd’hui Airtel), deux opérateurs qui deviende dollars (1,4 milliard d’euros) dans plus d’une dront des géants. Et deux entreprises africaines cinquantaine d’entreprises. Il pourrait se vanter créées par des Africains. « Les investisseurs qui d’avoir acquis une vision assez juste du capitalisme nous ont suivis dans le premier fonds pensaient que nous allions surtout participer à des priafricain et de son évolution. Mais l’homme n’aime pas se mettre en avant, sa parole reste rare, il fuit vatisations en accompagnant des multinatiocolloques et conférences… « Je n’ai pas de volonté nales. Nous l’avons un peu fait, par exemple avec Air France dans Air Ivoire, ou Veolia au particulière de transmettre mon expérience, lâcheMaroc, mais ce n’est pas ce qui a t-il. Je suis extrêmement mal à l’aise le mieux marché. » La rentabilité, avec le fait de donner des leçons. » La performance Encemoisdejuillet2014,Vincent ECP l’a trouvée dans des aventures des fonds gérés entrepreneuriales purement contiLe Guennou a enchaîné les rendezpar ECP a été nentales. Lorsque ECP investit dans vous à Lomé, Paris, Abidjan. Un Celtel et Orascom Telecom Algérie, emploi du temps habituel pour ce dopée par la financier dont la société, Emerging forte croissance ces deux opérateurs comptent Capital Partners (ECP), compte sept moins de 100000 abonnés chacun. de l’Afrique. bureaux en Afrique. De retour du L’investissement dans deux filiales Togo, il passe quelques jours dans du géant ivoirien de l’agro-industrie la capitale française, où il est désormais installé, Sifca (Cosmivoire puis Siph, cédé en Bourse) s’est avant de s’envoler pour la Côte d’Ivoire, où il a également révélé payant. vécu plusieurs années… Mais il reste disponible « Nous avons été extrêmement rigoureux pour évoquer l’évolution de son métier et la specdans nos choix et nous avons beaucoup diversifié au plan géographique », résume Vincent Le taculaire croissance enregistrée sur le continent au cours des quinze dernières années. Car si les fonds Guennou pour expliquer ces succès. Interrogé sur l’émergence d’un véritable capitalisme sur le gérés par ECP « ont affiché globalement un TRI de 25 % », comme il le fait remarquer, en référence continent, il remarque qu’« il y a beaucoup plus d’opportunités aujourd’hui ». Pour illustrer l’émerà l’indicateur (le taux de rentabilité interne) de gence de patrons africains, il cite l’exemple de l l l performance annuelle utilisée par la profession, SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
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Bio Express • 16 juin 1963 Naissance à Antony, près de Paris • 1989 Obtient son diplôme de HEC. Il décrochera plus tard dans les années 1990 un MBA à Harvard • 1990 Débute sa carrière chez Arthur Andersen, en France, où il deviendra Senior Auditeur dans la division « banque et services financiers » • 1993 Rejoint la Saur, alors filiale de Bouygues ; il sera détaché ensuite à la Compagnie ivoirienne d’électricité en tant que directeur financier • 2000 Rejoint EMP, qui lance son premier fonds Afrique • 2001 S’installe à Abidjan
• Mars 2005 Vend pour quatre fois les montants investis la participation dans Orascom Télécom Algérie • Mai 2005 Cède la participation dans Celtel pour 214 millions de dollars, soit 4,3 fois le montant investi en avril 2000 • Décembre 2005 Reprend avec Thomas Gibian, Hurley Doddy et Carolyn Campbell la partie Afrique d’EMP, formant EMP Africa rebaptisé plus tard Emerging Capital Partners (ECP) • Mai 2007 Finalise la levée du second fonds panafricain (et le premier sous la nouvelle identité), à 523 millions de dollars • 2009 Est confronté à des revers dans son portefeuille: la nigériane Intercontinental Bank frôle la faillite; plusieurs investissements miniers se révèlent très mauvais; ECP entre en conflit avec l’ancien propriétaire de Financial Bank – une mauvaise passe qui dure jusqu’en 2011
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• Juillet 2010 Finalise la levée du troisième fonds panafricain, à 613 millions de dollars • 2014 Lance le fonds ECP Africa Fund IV avec pour objectif de réunir 750 millions de dollars
Jean Kacou Diagou, qui a fondé son groupe d’assurances, NSIA, au milieu des années 1990, et dans lequel ECP a investi 35 millions d’euros en 2008, l’un de ses plus gros paris. Il évoque aussi l’histoire de la Société d’articles hygiéniques (SAH) en Tunisie. « Cette entreprise a été fondée par un couple à la fin des années 1990. En cinq ans, elle a doublé son chiffre d’affaires », se réjouit celui qui vient de céder, à l’occasion d’une introduction en Bourse, ses parts dans ce fabricant de produits d’hygiène féminine et pour bébé qui emploie plus de 2 000 personnes. Vincent Le Guennou affiche également sa fierté d’un investissement comme celui réalisé dans Nairobi Java House, une chaîne de cafés-restaurants au Kenya. « Au départ, c’est l’histoire d’un ancien membre d’une ONG qui a ouvert un coffee house… Dans la foulée, il a créé huit autres établissements. » lll
TRANSPARENCE. Sur la planète Afrique, ECP est
un cas assez rare. Par les montants qu’il a investis dans des entreprises africaines certes, mais pas seulement. Depuis ses débuts, en 2000, dans le giron de la société américaine Emerging Markets JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
Abidjan 16-17 mars 2015
Les nouveaux modes de financement du secteur privé africain figurent parmi les thèmes majeurs du AFRICA CEO FORUM 2015
www.theafricaceoforum.com
Partnership, le capital-investisseur a toujours joué la carte de la transparence, communiquant sur chacune de ses opérations et divulguant les montants injectés. « La transparence, c’est aussi une manière d’être visible », explique-t-il. Mais cela comporte un risque: celui de s’exposer en cas de revers quand d’autres préfèrent taire le nom des entreprises dans lesquels ils investissent, ou en dire le moins possible. Mi-2010, Jeune Afrique titrait d’ailleurs l’un de ses articles « La crise s’invite au tour de table d’ECP », mettant en relief les échecs du capitalinvestisseur à cette époque. L’homme n’est pas du genre rancunier. Avec le recul, il reconnaît une période difficile : « Notre deuxième fonds panafricain, de 523 millions de dollars, s’est trouvé très affecté par les difficultés rencontrées dans le secteur des mines, où nous avions investi. La crise de 2008 a plombé les cours. Depuis, nous nous sommes désengagés de ce domaine d’activité. » Une mauvaise passe pour Vincent Le Guennou et Hurley Doddy, l’autre dirigeant du capitalinvestisseur. « Leur réputation très solide, acquise avec les premiers investissements, a été écornée à cette époque », commente un concurrent. Dans la foulée, la crise financière internationale réduit les ambitions d’ECP pour son troisième fonds : au lieu du milliard initialement souhaité, seuls 613 millions de dollars seront finalement réunis. Un an plus tard, une équipe pourtant bien plus novice sur le terrain africain, celle d’Helios Investment, lèvera 900 millions de dollars pour son second fonds panafricain. TENSIONS. Cette période difficile est marquée en
outre par des tensions avec plusieurs entrepreneurs. En 2008, ECP ne parvient pas à céder ses actions dans le groupe agroalimentaire Somdiaa, acquises huit ans plus tôt via son premier fonds panafricain. Plusieurs solutions sont envisagées mais, au final, ECP force Alexandre Vilgrain, dirigeant de la société et principal actionnaire avec sa famille,àluirachetersesparts.Traditionnellement, un capital-investisseur cherche à céder ses titres à un investisseur extérieur, financier ou industriel, ou via une introduction en Bourse. « Obliger le partenaire à vous racheter vos parts n’est jamais la sortie privilégiée », regrette Vincent Le Guennou. Toutefois, depuis cet épisode, Vilgrain ne cache pas son amertume et dit tout le mal qu’il pense d’ECP et de son dirigeant. Deux ans plus tard, c’est au fondateur de Financial Bank, Rémy Baysset, qu’ECP s’oppose, après avoir découvert, ayant acquis ce groupe bancaire, des éléments troublants dans les comptes. La bataille se solde début 2011 par un accord transactionnel, qui met fin notamment à la procédure d’arbitrage international entamée par le fondateur après qu’ECP avait décidé de ne pas lui verser le solde dû dans le cadre de l’achat du l l l SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Marchés financiers
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groupe.UndésaveupourVincentLeGuennou, qui aime à dire qu’un investissement dans une entreprise africaine est en grande partie l’histoire d’une rencontre avec un entrepreneur fondée sur la confiance. Chaque mois, s’il parcourt un grand nombre de capitales économiques africaines, c’est essentiellement pour passer du temps avec les dirigeants des entreprises dans lesquelles ECP a investi ou compte le faire. Pour ses concurrents, son point fort est là : un incroyable carnet d’adresses… dans le secteur privé. Les politiques, il ne les fréquente pas particulièrement. Comme tant d’autres hommes d’affaires de sa génération, Vincent Le Guennou a commencé sa carrière dans les multinationales. Lui qui a passé quelques années de son enfance en Algérie sort diplômé de l’université Paris-Dauphine et de HEC en France, puis débute chez Arthur Andersen, l’un des plus prestigieux cabinets d’audit internationaux à l’époque. Le Guennou rejoint ensuite la Saur (gestion des services de l’eau et, à l’époque, de l’électricité), car il a « toujours voulu être un acteur du développement, plutôt du côté du secteur privé », confie-t-il. Détaché à Abidjan dans la filiale locale du groupe français, il apprend notamment à connaître de l’intérieur la Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE). Dix ans plus tard, l’électricien tombera dans le giron d’ECP. C’est lors du MBA qu’il passe à cette époque à Harvard, aux États-Unis, que se nouent les premiers liens avec le secteur du private equity. Pour les besoins de son mémoire, il rencontre alors quelques-uns des papes de l’investissement dans les entreprises non cotées. Parmi eux, une poignée d’Américains qui viennent de fonder Emerging Markets Partnership, une société d’abord tournée vers l’Asie. « EMP a recruté Kim Jaycox, l’ancien patron Afrique de la Banque mondiale, et a lancé son premier fonds africain
pour lequel une équipe a été recrutée en 2000. Je les ai rejoints malgré le scepticisme ambiant concernant les perspectives du continent. Et, en avril 2001, EMP a ouvert un premier bureau à Abidjan », raconte l’investisseur.
TONY KARUMBA/AFP
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CONCURRENTS. L’époque est aux pionniers : les
Comme tous les investisseurs, il ne jure désormais que par le consommateur africain.
En misant très tôt sur Celtel (devenu Airtel), Vincent Le Guennou a réalisé l’un de ses plus beaux coups.
acteurs du capital-investissement sont encore très peu nombreux en Afrique. « En 2004-2005, nous avons décidé de lever un second fonds, et l’équipe a voulu prendre son indépendance. Aujourd’hui, ce sont toujours les mêmes personnes qui le pilotent, à part Runa Alam, qui a fondé Development Partners International (DPI), et Papa Ndiaye (Afig). » Ensuite, ECP a vu arriver d’autres concurrents sur le continent, comme Helios ou DPI. Et, un peu plus tard, les énormes machines comme Abraaj (spécialiste du capital-investissement dans les pays émergents) ou Carlyle, avec des cibles et des montants d’investissement assez comparables : entre 50 et 100 millions de dollars par opération. « L’arrivée de cette nouvelle vague a changé les choses », reconnaît Vincent Le Guennou, qui, toutefois, ne s’estime pas réellement menacé par ces mastodontes. « Ce qui compte, c’est la compréhension locale des marchés et cette expertise. Or les grands groupes ne l’ont pas toujours », avance-t-il, s’étonnant, comme beaucoup, du montant payé par Abraaj pour prendre le contrôle du groupe agro-industriel ouest-africain Fan Milk. « Le prix d’entrée est essentiel pour pouvoir dégager une plus-value intéressante lors du désengagement », rappelle celui qui a piloté de nombreuses cessions. Pour se développer en Afrique, les nouveaux acteurs ont puisé dans des équipes déjà actives. L’un des investisseurs d’ECP, chargé du Nigeria, a d’ailleurs rejoint Carlyle, tandis qu’Abraaj, en reprenant Aureos, un capital-investisseur historique en Afrique, a intégré des collaborateurs expérimentés. « Une véritable industrie du private equity est née, et de véritables équipes Afrique se sont développées », se réjouit Le Guennou. Celle d’ECP a grossi de dix à trente employés. Tous ces investisseurs – et lui en tête – ne jurent désormais plus que par le consommateur africain. Début septembre 2014, ECP s’apprêtait d’ailleurs à annoncer un investissement dans l’éducation en Afrique de l’Est, première opération du capital-investisseur dans ce secteur. La santé est également dans son viseur, mais avant cela il faudra lever un nouveau fonds panafricain, le quatrième du genre. Les trois premiers ont, en effet, totalement été investis. ECP Africa Fund IV, c’est son nom, entend collecter 750 millions de dollars. Y parviendra-t-il dans un contexte international plus favorable que celui entourant le lancement de son précédent fonds? Vincent Le Guennou l’espère mais, comme à son habitude, il préfère rester prudent. l SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Marchés financiers
Ahmad Mohamed Ali « La finance islamique n’est pas réservée aux musulmans » Éducation, infrastructures, gouvernance… Le président de la Banque islamique de développement évoque son implication en Afrique.
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Que pensez-vous de l’arrivée d’une nouvelle banque de développement, celle des Brics ?
FRÉDÉRIC MAURY
armi les grands bailleurs de fonds multilatéraux présents en Afrique, la Banque islamique de développement (BID) n’est ni le plus connu ni le plus visible. Et pourtant, l’institution basée en Arabie saoudite a étendu très rapidement ses activités sur le continent au cours des dernières années, pour atteindre en 2013 un niveau d’intervention de 3,5 milliards de dollars (2,7 milliards d’euros). C’est deux fois moins que la Banque africaine de développement (BAD) et cinq fois moins que la Banque mondiale. Toutefois, la BID intervientsousdenombreusesformes:du prêtconcessionnel(àtauxpréférentielsou assorti d’exigences de garanties réduites) jusqu’à la prise de participation en capital. En 2008, l’institution a mis en place un programme spécial pour l’Afrique,
Sud-Sud. Nous avons commencé en 1975 avec22paysmembres.Nousencomptons désormais 56, de la Turquie au Gabon, des Philippines au Suriname. Parmi eux: 26 pays africains. La seule condition est d’adhérer à l’Organisation de la conférence islamique et de contribuer au capital de la BID. Le principal contributeur est l’Arabie saoudite.
qui sera parvenu en cinq ans à libérer 12 milliards de dollars – 7 milliards venant de la BID et 5 milliards apportés par des partenaires – pour 480 opérations. Et elle est l’un des principaux promoteurs de la finance islamique, qui peine encore à se développer sur le continent. Rencontre avec Ahmad Mohamed Ali, qui dirige la BID depuis sa création, en 1975. JEUNE AFRIQUE : Un nombre croissant d’institutions multilatérales sont actives en Afrique. La BID peut-elle être comparée à la Banque mondiale ? AHMAD MOHAMED ALI: Oui. Comme
elle nous sommes une institution multilatérale de financement. La différence principale réside dans le fait que nos membressonttousissusdespaysendéveloppement. Il s’agit donc de coopération
Nous n’avons pas encore beaucoup de détails sur cette institution, mais nous sommes heureux de l’arrivée de toute nouvelle banque de développement qui travaillerait avec nous. Nous sommes tous complémentaires. Le Groupe de la BID a approuvé l’investissement de 10,6 milliards de dollars en 2013. Quelle a été la part consacrée à l’Afrique ?
Près de 3,5 milliards de dollars, dont 1,5 milliard pour les opérations de financement du commerce et 2 milliards pour le financement de projets. Dans quels projets avez-vous été impliqué sur le continent ?
Nousavonsparticipéàungrandnombre de projets importants, notamment au l l l
ZAINAL ABD HALIM / REUTERS
Propos recueillis par
p Ahmad Mohamed Ali préside la BID depuis sa création en 1975. SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
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sukuk de 1,5 milliard de dollars. Même le Royaume-Uni s’y est mis, en émettant une obligation de 200 millions de livres [256 millions d’euros]. La finance islamique n’est pas réservée aux pays musulmans, c’est simplement une autre manière de faire des affaires.
En mars, Ahmad Mohamed Ali recevait Jim Yong Kim, le président de la Banque mondiale, au siège de la BID à Jeddah.
En 2009, vous avez racheté le réseau Banque islamique en Afrique de l’Ouest. Comment cela se passe-t-il ?
Ce réseau est implanté au Niger, en Guinée et au Sénégal. Ces banques sont toutes indépendantes, et une banque turque est également impliquée. Je dois reconnaîtrequeledéveloppementestlent et que ces banques restent très petites.
DR
Souhaitez-vous être impliqué dans tous les projets de banques islamiques en Afrique ?
l l l Sénégal, en Mauritanie et au Mali, où nous coopérons avec le Fonds arabe pour le développement économique et social. Parmi les dossiers traités, je citerai le barrage de Manantali, au Mali, ou la route transsaharienne reliant l’Algérie au Nigeria et dont la dernière portion, au Niger, devrait être terminée en 2015. Nous travaillons aussi à connecter les madrassas [écoles coraniques] aux systèmes généraux d’enseignement, afin de faciliterlepassagedel’unversl’autre.Nous l’avons fait au Tchad et au Niger, et nous allons développer la même approche au Sénégal et au Burkina.
L’association française Sherpa a fait état de « fortes présomptions de corruption » au sujet d’un contrat remporté sans appel d’offres par la compagnie finlandaise Wärtsilä.
Les questions de probité sont très importantes à nos yeux. Nous avons étudié ce dossier très attentivement et nous avons pu vérifier qu’il n’y avait pas de problème. Nous avons donc décidé d’investir. S’il n’y a pas eu d’appel d’offres sur la deuxième tranche de ce projet, c’est parce qu’il s’agissait d’une extension, et qu’il était donc plus simple de travailler avec la société qui avait réalisé la première partie du chantier. Cela se fait partout.
La question des infrastructures est essentielle pour vous…
Oui, avec l’éducation. Nous finançons en priorité les routes et les voies de chemin de fer vers les pays enclavés. Votre principal pays d’opération en Afrique est le Soudan, qui traverse de grandes difficultés économiques. Comment analysez-vous la situation ?
La BID a toujours opéré au Soudan, et nous sommes très optimistes. La partition a privé le pays d’importantes recettes pétrolières, mais l’agriculture s’y développe vite ainsi que le secteur minier en général, notamment l’extraction de l’or. Une polémique récente a touché votre institution en Mauritanie, au sujet d’une centrale électrique à Nouakchott. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
Oui, nous le souhaitons. Depuis 2014, nous possédons 21 % des parts de Zitouna Bank en Tunisie. Et au Nigeria, nous sommes au capital de Jaiz Bank, qui est sans doute la plus grande banque islamique en Afrique. Quelle importance accordez-vous au développement du secteur privé sur le continent ?
C’est un élément stratégique pour nous, et nous avons plusieurs entités qui travaillent sur ce sujet. La Société islamique pour le développement du secteurprivéaétécrééepourinvestirdans le secteur privé. L’IITFC [International Islamic Trade Finance Corporation] intervient dans les opérations de financement des échanges commerciaux, et l’ICIEG [Islamic Corporation for Insurance of
Nous finançons les routes et les voies de chemin de fer vers les pays enclavés. Votre groupe est un promoteur actif de la finance islamique qui se développe rapidement à travers le monde, mais plus lentement en Afrique. Pourquoi ?
Noussoutenonseneffetdenombreuses banques islamiques et coopérons dans le domaine de la finance islamique avec des pays non membres de la BID. Ce type de financement prend de l’importance. Le Sénégal a levé en juillet 200 millions de dollars sous la forme de sukuk [obligation souveraine conforme à la charia]. Nous venons nous-mêmes de lancer un
Investments and Export Credits] agit comme l’agence Miga, de la Banque mondiale, en apportant des garanties sur les investissements. Elle propose également des assurances en matière de crédit export. En dehors des banques islamiques, dans quelles autres entreprises africaines avez-vous investi ?
Nous avons investi dans plusieurs de cimenteries, ainsi que dans la principale société sucrière du Maroc, la Cosumar. l SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
FEDERATION DES MUCODEC
Mutuelles Congolaises d’Epargne et de Crédit
MUCODEC, une success story qui dure depuis 30 ans. En cette année 2014, la MUCODEC fête ses 30 ans. À l’origine de cette aventure, qui débuta en 1984 en zone rurale (à Madingou),des petits producteurs agricoles qui créent une coopérative dénommée COOPEC. Celle-ci se transforme sous l’impulsion de la Coopération française, de la volonté du Gouvernement congolais et du Centre International du Crédit Mutuel (CICM)en établissements de crédits mutualistes dès 1989 et devient ainsi MUCODEC (Mutuelle Congolaise d’Epargne et de Crédit). Un développement rapide, qui s’avère l’une des grandes success stories des dernières décennies dans le domaine de la micro finance au Congo et fait aujourd’hui de cette institution une référence au niveau sous régional. Au Congo, le sigle MUCODEC fait partie intégrante des symboles civils de la vie nationale.Tant il est rempli de sens positif auprès de toute la population congolaise. La raison ? La majorité des Congolais a plus ou moins un lien direct avec cette institution.Elle s’est taillée, au fur des années, une forte réputation et s’est dotée d’une grande image de marque en créant des liens affectifs avec ses sociétaires (clients) grâce à son savoir-faire et à sa particularité d’être « la banque » de toutes les catégories socioprofessionnelles : agriculteurs, artisans, artistes, fonctionnaires, travailleurs du secteur privé, petits commerçants, étudiants, femmes et hommes d’affaires. Aux MUCODEC, tout le monde accède aux divers crédits.
Le mutualisme, fondement de la structure des MUCODEC, repose sur l’autonomie et l’indépendance de l’institution. Les MUCODEC forment un réseau mutualiste fondé sur le principe : 1 homme = 1 voix. Ainsi, chaque sociétaire est à la fois copropriétaire et client de sa Caisse Locale MUCODEC. Ce fonctionnement favorise l’indépendance des Caisses Locales, dans leurs décisions et leur gestion. Les 52 Caisses Locales et Points de Vente répartis sur l’ensemble du territoire constituent le socle et le cœur du groupe.
Une entreprise citoyenne Pendant longtemps l’on parlait de la Fédération des MUCODEC, aujourd’hui, c’est un véritable Groupe MUCODEC qui s’est constitué, avec le réseau des Caisses Locales MUCODEC, la Société Civile Immobilière (SCI-MUCODEC) et la Radio MUCODEC.
PUBLI-INFORMATION
Forte d’une gouvernance solide et efficace, la valeur humaine est au centre de l’action de cette institution qui emploie près de 550 personnes et bénéficient de l’appui de plus de 320 bénévoles élus en Assemblées
Générales par les sociétaires de chaque Caisse. La fidélité à ses valeurs et sa ligne directrice se traduisent par : l’accès à la banque pour tous, la création d’emplois, les formations, la domiciliation des salaires et des pensions, le crédit et l’encadrement des jeunes par les stages d’école.
La proximité son cheval de bataille Appuyées techniquement par le Centre International du Crédit Mutuel (CICM), les MUCODEC se sont développées sur tout le territoire national en créant de nombreuses agences dans les grandes agglomérations comme Brazzaville, Pointe-Noire et Dolisie, mais aussi dans les petites localités. Désireuses d’offrir un bon cadre d’accueil aux sociétaires et de travail aux salariés et élus, depuis 2004 elles poursuivent une politique de modernisation de leurs agences en construisant des bâtiments de haut standing dans toutes les régions du pays et en introduisant la monétique de masse par l’installation de près de 60 distributeurs automatiques de billets pour près de 330 000 porteurs. Le total du bilan des MUCODEC était de 38 milliards de F CFA en 2004 et il plafonne maintenant à 211 milliards de F CFA en fin 2013. Assurer la pérennité de cette institution est un vrai challenge et les MUCODEC veulent y parvenir. Elles se dotent de nombreux outils et moyens pour y arriver : une meilleure qualité de service, un personnel bien formé, une communication efficiente et des produits adaptés. Les MUCODEC continueront de mettre en avant leurs atouts : l’écoute, le service aux sociétaires et la présence sur tout le territoire national. En outre, le savoir faire et le savoir être ne sont pas des vains mots pour cette Institution mais bien une philosophie de groupe, vécue et véhiculée à tous les niveaux de l’entreprise. Tout au long de cette année, les sociétaires et partenaires sont invités à participer aux diverses actions, afin de fêter avec les MUCODEC ce nouveau cap.
www.mucodec.com
Fédération des MUCODEC Boulevard Denis Sassou-Nguesso, BP 13237 Brazzaville - Congo Tél. : +242 06 987 90 00 / 05 987 90 00 - Fax : +242 22 283 55 61/62 - Courriel : secretariat.dg@mucodec.com
DIFCOM / Creapub - © D.R.
L’autonomie et l’indépendance des MUCODEC
¢ EN AFRIQUE C’EST…
UN ACTEUR INCONTOURNABLE DE LA TÉLÉVISION PAYANTE EN AFRIQUE FRANCOPHONE 8 FILIALES ¢ CÔTE D’IVOIRE, ¢ SÉNÉGAL, ¢ CAMEROUN, ¢ RDC, ¢ GABON, ¢ BURKINA, ¢ MADAGASCAR, ¢ CONGO PLUS DE 30 PARTENAIRES RÉPARTIS AU MALI, AU NIGER, AU TOGO, EN GUINÉE, EN GUINÉE BISSAU, EN GUINÉE ÉQUATORIALE, AU TCHAD, EN MAURITANIE, EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE, AU BURUNDI, AU RWANDA… PLUS DE 5 500 EMPLOIS DIRECTS ET INDIRECTS CRÉÉS SUR LE CONTINENT DES ENGAGEMENTS FORTS ¢ EN AFRIQUE SOUTIENT LES ACTIONS ÉCONOMIQUES ET ENCOURAGE LA PROMOTION ET LA DÉCOUVERTE DE NOUVEAUX TALENTS, NOTAMMENT À TRAVERS L’AFRIQUE AU FÉMININ ET SON NOUVEAU MAGAZINE [RÉUSSITE] CONSACRÉ À L’ÉCONOMIE AFRICAINE.
WWW.CANALPLUS-AFRIQUE.COM
Marchés financiers
Capital-risque Actis tire les bénéfices de l’expérience En un an et demi, l’investisseur britannique a injecté 500 millions de dollars dans des entreprises africaines et revendu nombre de ses participations avec profit. Radiographie d’une success-story. NICOLAS TEISSERENC
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
prises de participations, dont six sur le continent, qui représentent plus de 500 millions de dollars. « L’Afrique est aussi riche de promesses aujourd’hui que l’était l’Inde au début des années t Une robe réalisée avec un tissu de Vlisco, qui appartient à Actis depuis 2010.
CIBLES. Sur la même période, le financier
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ors du dîner officiel organisé par la Maison Blanche dans le cadre du premier sommet ÉtatsUnis - Afrique en août dernier, Jill Biden, la femme du vice-président américain, a clairement volé la vedette à Michelle Obama face à tous les chefs d’État réunis pour l’occasion. La raison de ce succès ? Une robe en wax turquoise venue de Kinshasa. Lors de l’étape congolaise d’un voyage officiel, la « vicepremière dame » l’avait achetée après avoir rencontré la propriétaire d’une boutique partenaire de la célèbre maison de tissus Vlisco, établie aux Pays-Bas. L’entreprise ne pouvait rêver meilleure publicité. Depuis quatre ans, elle est l’un des joyaux du portefeuille d’Actis, un des plus anciens investisseurs en capital sur le continent. Entré au capital de la société hollandaise en 2010 pour 120 millions d’euros, le fonds britannique a déjà entamé le processus de cession et espère tripler la mise. C’est peu dire que ce fleuron de la mode africaine – Vlisco réalise 90 % de ses ventes sur le continent – attise les convoitises. Plusieurs noms de repreneurs prestigieux circulent : les français Wendel, Groupe Arnault, Eurazeo… Vlisco n’est que l’une des nombreuses entreprises dans lesquelles Actis détient des participations. Depuis une douzaine de bureaux répartis dans les trois grandes zones émergentes que sont l’Asie, l’Amérique latine et l’Afrique, le fonds gère au total 6,5 milliards de dollars (5 milliards d’euros). Des investissements répartis entre 68 sociétés, qui emploient au total plus de 114 000 personnes. Dans cet imposant portefeuille, l’Afrique pèse déjà pour 38 %, et elle est au cœur de la stratégie de l’investisseur. Depuis début 2013, il a concrétisé une douzaine de
2000 », affirme Murray Grant, associé d’Actis spécialiste de l’Afrique. Au cours des douze derniers mois, Actis a remporté plusieurs succès sur le continent. D’abord au Cameroun, où, au terme d’un processus qui aura duré plus d’un an, il est parvenu à finaliser la reprise des parts de l’américain AES dans le capital de l’électricien national Sonel pour 202 millions de dollars. Ce dossier a prouvé la ténacité et la capacité à négocier des équipes de l’investisseur, sous la direction de John van Wyk, patron de la division africaine. Car il a fallu non seulement calmer les inquiétudes de l’État, pour qui l’actif est éminemment stratégique, mais aussi combattre les manœuvres et contre-offensives de plusieurs concurrents sérieux, parmi lesquels le géant français EDF, l’américain ContourGlobal ou encore le fonds souverain émirati Mubadala. En Égypte, Actis a investi 102 millions de dollars dans Edita Food, une entreprise leader dans la boulangerie industrielle. Et en Afrique de l’Est, il s’est emparé de 36 % d’AutoXpress, un distributeur de pneus présent au Kenya et au Rwanda. En un an, son seul échec, le fonds l’a essuyé au Maroc, dans le dossier Veolia. Officialisées en mars 2013, les négociations pour le rachat des activités de la société française dans le royaume se sont heurtées à une fin de non-recevoir de la part des autorités marocaines. Mais, dans ce dossier comme dans d’autres, Actis n’a pas dit son dernier mot… a également négocié plusieurs sorties réussies, une étape cruciale dans le cycle d’affaires d’un capital-investisseur. En Ouganda, par exemple, il a empoché 85,5 millions de dollars en cédant la part significative qu’il détenait dans la société de distribution d’électricité Umeme. En Afrique du Sud, il a revendu en juillet sa participation dans la société financière Alexander Forbes. Murray Grant explique ces succès par la capacité à identifier les bonnes cibles associée à une prise de risque maîtrisée : « Nous apportons le capital et l’expertise directement aux entreprises. Nous choisissons les sociétés pour leur potentiel. Même si, en Afrique, la sortie du capital est souvent difficile, quand l’actif a été sélectionné avec soin, nous trouvons des candidats pour reprendre nos parts. Et une sortie réussie est le gage JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
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Marchés financiers de futurs investissements. » Affichant un rendement supérieur à 20 %, Actis fait partie des meilleurs acteurs du marché. Logiquement, cela séduit les investisseurs: en 2014, il est parvenu à lever sans peine 1,15 milliard de dollars pour son fonds spécialisé dans les infrastructures. EXPERTISE. L’ADN d’Actis n’a rien à
voir avec celui de ses concurrents. La société, née sous sa forme actuelle en 2004, trouve en réalité ses origines dans le système d’aide au développement du Royaume-Uni. Il y a dix ans, en effet, l’équipe dirigeante a racheté, pour 373 000 livres (546 000 d’euros à l’époque), 60 % de la plateforme d’investissement dans les pays émergents de Commonwealth Development Corporation (CDC), le bras armé auprès du secteur privé du Department for International Development (DFID), l’agence de développement britannique. La nouvelle société a reçu la garantie qu’elle continuerait de gérer pendant cinq ans tous les investissements de CDC existants à l’étranger, soit une valeur totale de 900 millions de dollars à l’époque, répartis sur trois continents en pleine croissance.
Dix années de bonnes affaires • Décembre 2004 Investit 40 millions de dollars dans le projet The Palms, à Lagos, premier centre commercial moderne du pays. Acquiert 80 % du capital de La Banque commerciale du Rwanda lors de sa privatisation.
ressources naturelles, de la santé ou Le 1er mai 2012, Actis est définitivement encore des services financiers, l’invessorti du giron de l’État britannique, qui a revendu au management pour 8 millions tisseur gère deux autres fonds, plus spéde livres les 40 % qu’il détenait encore. Le cialisés : Actis Energy 3 (AE3), pesant 1,15 milliard de dollars et consacré à la fonds bénéficiait donc dès l’origine d’une présence internationale et d’une connaissance sans En support des agences locales, pareilles du secteur privé Londres regroupe les équipes sur le continent. « C’est l’un des rares gestionnaires à de spécialistes par secteur. connaître les marchés émergents depuis longtemps », souligne génération et à la distribution d’énergie, un avocat d’affaires londonien. et Africa Real Estate II (AREII), riche Depuis la sortie d’Actis du giron de de 280 millions de dollars et expert de CDC, son équipe de gestion a mis en l’immobilier africain. place un mode de fonctionnement Même si le fonds AE3 est surtout actif original. « Les agences locales gèrent en Asie et en Amérique latine, c’est lui les activités dans chaque région tandis qui a permis l’acquisition de la Sonel que le bureau de Londres accueille les au Cameroun et de participer au financement de la centrale d’Azito, en Côte équipes de spécialistes, secteur par secd’Ivoire. À travers AREII, Actis a piloté teur », révèle un banquier d’affaires. Né au Kenya, Murray Grant a ainsi débuté sa quelques-uns des plus grands projets de carrière en tant qu’ingénieur BTP dans centres commerciaux en Afrique. Parmi plusieurs pays d’Asie et d’Afrique avant eux : Garden City à Nairobi, Ikeja Mall à de se tourner vers l’investissement. C’est Lagos ou encore Accra Mall au Ghana. notamment cette expertise technique Des opérations qui comportent souvent qui a permis de convaincre le Cameroun une partie résidentielle en plus des surdans le dossier Sonel. La spécialisation se faces commerciales. « Pour un investisreflète aussi dans la typologie des fonds seur, il est particulièrement intéressant gérés par la maison londonienne. Car, d’intervenir dès la naissance du projet. Ce en plus d’Actis 4, doté de 1,7 milliard de sont des opportunités rares en Afrique. dollars, qui intervient dans les secteurs Nous participons à la création de belles des biens de consommation, des entreprises », se réjouit Murray Grant. l q La centrale thermique de Sonel, à Limbé. Actis vient d’entrer au capital de l’électricien camerounais.
• Mars 2005 Cède ses parts (9,3 %) dans l’opérateur de télécoms Celtel, pour plus de 300 millions de dollars (le fonds y avait investi moins de 100 millions). • Juillet 2007 Boucle l’une des plus importantes opérations de rachat sous forme de LBO en Afrique du Sud, en reprenant le groupe financier Alexander Forbes avec d’autres investisseurs. • Octobre 2010 Acquiert 100 % du fabricant de tissus Vlisco, pour 120 millions d’euros. • Juin 2014 Prend le contrôle de 56 % du producteur national d’électricité du Cameroun, Sonel, et de ses sites de production électrique à Kribi et à Dibamba. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
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Marchés financiers
SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.
u Le port autonome de Dakar a été noté par l’agence sénégalaise Wara.
Gouvernance Agences de notation: peuvent mieux faire Les sociétés cotées en Afrique de l’Ouest, pourtant tenues d’être notées, ne semblent pas pressées de faire appel aux services des agences. Les acteurs locaux tentent de convaincre… et de tenir. JOËL ASSOKO
S
éminaires pédagogiques dans les capitales africaines, présentations à Paris et à Londres, sessions d’explications et de mises à niveau : Stanislas Zézé tente de prêcher la bonne parole et de démontrer l’utilité de la notation financière. Mais pour le patron de l’agence Bloomfield Investment Corporation, basée à Abidjan, le succès est pour l’instant assez limité autant auprès des entrepreneurs et des responsables publics africains que des entreprises occidentales ayant des filiales en Afrique de l’Ouest. « Le premier obstacle au développement du métier dans la région, c’est d’abord la mauvaise gouvernance, SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
explique l’Américano-Ivoirien. Beaucoup d’entreprises rechignent à se faire noter, et pour cause : elles sont conscientes des lacunes de leurs business models. » Pour celles qui seraient tentées de franchir le pas, mais ne le font pas, c’est surtout la méconnaissance du sujet qui les retient, plaide l’ancien de la Banque africaine de développement et de Shell Afrique. « La notation n’est pas un audit, souligne-t-il, elle vise à établir la solvabilité et à évaluer la qualité de crédit d’une entité donnée. » Mais le manque de clients pour les agences s’explique aussi par des raisons économiques. « Le coût d’une notation par une agence internationale est trop lourd pour les entreprises non
financières maghrébines », explique l’analyste financier Kais Kriaa de l’agence Alphamena. Sur le continent, il n’existe plus que quatre agences de notation. Fitch, la seule institution internationale qui comptait une filiale africaine depuis l’intégration de Maghreb Rating en 2004, a finalement fermé ses bureaux de Tunis fin 2012. Celles qui restent sont toutes situées en Afrique subsaharienne. La plus puissante est Global Credit Rating (GCR), basée à Johannesburg, qui bénéficie de la maturité du marché financier sud-africain, mais qui s’est également développé au-delà de ses frontières. Les trois autres encore actives sur le continent sont concentrées en Afrique de l’Ouest. Le nigérian Agusto, qui existe depuis 1992 et se targue d’avoir attribué plus de 1 000 notations en vingtdeux ans d’existence, reste inconnu hors du pays. Il compte une part surprenante de collectivités régionales parmi ses clients. Depuis l’échec de l’installation de GCR au Sénégal et au Cameroun, seules deux agences sont basées en Afrique francophone : West Africa Rating Agency (Wara), fondée en 2006 par le Sénégalais Seydina Tandian, et Bloomfield, lancée en 2008 par Stanislas Zézé. JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
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Marchés financiers Accréditées auprès du Conseil régional de l’épargne publique et des marchés financiers (CREPMF), le régulateur de la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan (BRVM), ces deux agences ne comptent à elles deux qu’une cinquantaine de clients dans un marché qui pourtant s’étend sur huit pays et rassemble plus de 80 millions d’habitants. FRUSTRATION . « En moyenne, dans
les pays anglophones, une agence de notation met trois ans à s’imposer entre le moment où le régulateur lui accorde son accréditation et celui où elle devient un interlocuteur reconnu, habituel », note Seydina Tandian, dont l’entreprise compte parmi sa quinzaine de clients le groupe agro-industriel Sifca, le premier employeur ivoirien, le distributeur CFAO,CorisBank,l’opérateurdetélécoms burkinabè Onatel et le Port autonome de Dakar. Mais dans la sous-région les choses prennent un peu plus de temps. Lerégimegénéralencadrantlanotation dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) date de 2009 et est entré en vigueur en 2012. Il obligeait toutes les entreprises cotées à la BRVM à se faire noter avant fin 2013. Aujourd’hui, sur 37, bien peu ont déjà
fait la démarche. Lors d’une réunion organisée par le CREPMF en juin 2014, elles ont requis un nouveau délai pour se conformer à cette exigence. Selon un spécialiste de la notation basé à Dakar, ces entreprises peuvent être divisées en trois catégories : « D’abord, une petite dizaine ont déjà été notées. Ensuite, il y a un petit groupe d’à peine six sociétés qui sont opposées à la notation, parce qu’elles jugent ne pas en avoir besoin pour se financer. Enfin, la majorité est dans une attitude attentiste et tente de gagner du temps. » « Les avantages d’une notation ne sont pourtant pas minces, explique Seydina Tandian. En effet, une entreprise qui reçoit une note d’investissement peut émettre des obligations à la BRVM sans avoir besoin de garants, ce qui permet de réduire le coût du crédit de 1 à 3 points de pourcentage. » Le problème, c’est que, les entreprises cotées ne craignent pas grand-chose en cas de refus de notation. « La régulation encadrant la procédure dans la zone UEMOA ne prévoit aucune sanction ! fulmine l’un de ses collègues ivoiriens. Cela crée une inégalité entre les sociétés qui ont fait l’effort de se soumettre à la notation – et en ont assumé le coût [entre 15 000 et 75 000 euros] – et celles qui ne
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l’ont pas fait ! » L’incapacité du régulateur à imposer ses règles est l’une des critiques récurrentes dressées par les agences de l’UEMOA. Une faiblesse qui explique que les filialesdegroupesfrançaistelsqueBolloré, Total, Société générale ou BNP Paribas ne se sont toujours pas fait noter. Elles ne se seraient sans doute pas permis cette libertéenEurope.Ducoup,c’estendehors des marchés boursiers que les agences de la région recherchent leurs clients : 30 des 36 entités notées par Bloomfield – parmi elles : la ville de Dakar et la commune du Plateau, le quartier d’affaires d’Abidjan – ne sont pas cotées à la BRVM et n’ont pas pour l’instant l’intention de le faire. C’est le cas pour plus de la moitié de celles notées par Wara. Mais, depuis un peu plus d’un an, les nouvelles émissions obligataires d’entreprises réalisées à la BRVM doivent désormais être évaluées par une agence de notation, ce qui pourrait donner un coup de pouce à l’activité. De quoi alimenter l’enthousiasme de Stanislas Zézé, dont l’équipe compte aujourd’hui 17 collaborateurs : « Pour le moment, nous sommes dans une logique d’investissement. À terme, je suis certain que la rentabilité sera au rendez-vous. » Seydina Tandian, dont l’agence se réjouit de fonctionner sans dette – « et autant que possible sans découverts » – s’en tient à une gestion « saine et au cordeau ». Ce qui implique de « renoncer à certaines choses – pas de véhicules ou de bureaux luxueux – et de tenir. Nos clients nous paient et tous ont renouvelé leur contrat. » De toute façon, rappelle l’ancien élève de l’ENA, « les vrais patrons des agences de notation, ce sont les investisseurs ». Traduisez:l’influencedesagencesdépend de l’importance que leur donnent les épargnants et les analystes boursiers.
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« C’est au cours des cinq à dix prochaines années que l’influence des agences de la région se fera sentir, avertit Hermann Boua, directeur de la recherche de l’un des principaux courtiers actifs à la BRVM, Hudson & Cie. Tant qu’aussi peu d’acteurs financiers de la région se seront fait noter, les publications de Bloomfield et Wara n’auront que peu d’impact sur les marchés et de poids sur nos analyses. » l SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
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Marchés financiers
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Financement Les Bourses consacrées aux PME font une timide percée D’Abidjan à Casablanca, toutes les places financières veulent leur marché alternatif. Mais entrepreneurs et investisseurs boudent celles qui existent déjà. Comment les convaincre de franchir le pas ? JACQUES MUTARAMBIRWA
E
lles sont au nombre de 25 et pèsent plus de 1 100 milliards de dollars (850 milliards d’euros) de capitalisation cumulée : les Bourses africaines ont le vent en poupe. Mais si elles attirent toujours plus de sociétés à la recherche de financements et d’investisseurs en quête de placements, elles semblent encore inaccessibles pour nombre de petites et moyennes entreprises (PME). Intimidées par le ticket d’entrée – processus d’introduction coûteux, démarches administratives complexes et réglementation contraignante – peu de PME osent franchir le pas. Pour leur faciliter l’accès aux marchés, de plus en plus de places financières du continent lancent des compartiments qui leur sont réservés.
Fin janvier 2013, la Bourse de Nairobi inaugurait le Growth Enterprise Market Segment (Gems), destiné à accueillir les jeunes entreprises en croissance. Dans la foulée, les places de Dar es-Salaam et Kigali ont également mis en place des marchés alternatifs réservés aux PME. En Afrique de l’Ouest, l’année 2013 aura aussi été riche en annonces : en mars démarrait le Ghana Alternative Exchange (GAX) puis, en avril, l’Alternative Securities Market (Asem) voyait le jour à la Bourse de Lagos. Autant de nouvelles plateformes boursières dédiées qui viennent s’ajouter à celles qui existent déjà: AltX de Johannesburg, Nilex égyptien, Semdem mauricien, marché alternatif de la BVMT de Tunis… En tout, treize places africaines disposent
désormais d’un compartiment spécifique. Et la liste va encore s’allonger : un compartiment réservé est annoncé à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d’Abidjan, de même qu’à Casablanca, où un marché est en préparation sur le modèle de l’Alternative Investment Market (AIM) londonien. AVANTAGES. Partout, les règles du jeu
sont peu ou prou les mêmes : les critères d’admission à la cote sont assouplis, mais le régulateur ne transige pas sur les obligations légales de diffusion d’informations financières ni sur le respect des règles de bonne gouvernance. Sur le papier, la formule présente bien des avantages : les PME accèdent ainsi à moindres frais à la Bourse afin de financer leur développement, et les actionnaires peuvent espérer des l l l
MIKKEL OSTERGAARD/PANOS-REA
La Bourse de Nairobi a créé le Growth Enterprise Market Segment en 2013. Un an plus tard, une seule société y est cotée.
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Des places marginales
le défi du financement boursier des PME africaines ? Un bon connaisseur du dossier préconise « davantage d’incitations fiscales et de mesures d’accompagnement, afin de créer un écosystème plus favorable ». Même son de cloche à Tunis : « Il faudrait obliger les institutionnels locaux (assurances, caisses de retraite, banques) à investir en Bourse », estime Kais Kriaa, qui suggère également d’attirer « des investisseurs étrangers en éliminant, par exemple, les restrictions de seuils de participation ».
17,65%
1 575 sur 8 926
52 91 45
Development and Enterprise Market de Port-Louis
AltX de Johannesburg
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5,57%
0,029%
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24 sur 83 688
240
197
PRAGMATISME. Autre piste à explo-
rer : optimiser les règles de fonctionnement du marché lui-même. Référence 0,087% mondiale avec plus de 1 100 sociétés 11 22 sur 10 cotées (dont 224 étrangères) et près 25 Marché 25 240 de 39 milliards de livres (48 milliards alternatif Alternative Securities 61 de Tunis Market de Lagos d’euros) de fonds récoltés depuis ses Nilex du Caire débuts en 1995, l’AIM du London Stock 1 Capitalisation boursière Société cotées Exchange est ainsi organisé selon des Total Growth Enterprise Compartiment PME règles différentes de celles des autres Market Segment Compartiment PME compartiments alternatifs. Total (en millions de dollars) de Nairobi Il ne requiert aucune exigence de l l l rendements accrus tout en bénédu côté des épargnants, estime Olivier taille minimale, ni d’augmentation de Muneza, du courtier MBEA Brokerage, capital ou de période de lock-up (oblificiant d’un cadre juridique sécurisant. pour qui « convaincre les investisseurs Dans les faits, le système peine encore gation faite aux dirigeants actionnaires à convaincre. Lancés l’année dernière, de se porter sur de petites valeurs est de conserver leurs titres pendant une compliqué ». l’Asem nigérian et le Gems de la Bourse certaine durée après l’introduction de Nairobi ne décollent pas, tandis que Pourtant, certaines places comme en Bourse). Et l’admission à la cote y est contrôlée par les intermédiaires les marchés alternatifs des Bourses ghaTunis, où le marché alternatif compte 11 néenne et rwandaise attendent toujours sociétés cotées, commencent à trouver introducteurs (les nominated advisers), l’arrivée de leurs premières entreprises à leurs marques. « Les entreprises tuniqui font aussi office de régulateurs. Un siennes ont compris les avantages de la cote. Quant aux efforts de la place de système très souple, caractéristique l’ouverture de leur capital. D’ailleurs, Kampala pour attirer les PME sur son du pragmatisme de la City. Sans être en raison de la situation des établissegment dédié – lancé en 2003 – ils sont intégralement transposable, la recette sements financiers du pays, elles sont jusqu’à maintenant restés vains. pourrait inspirer bien des places finanLa Bourse reste pour beaucoup un bien obligées de chercher des alternacières, notamment en Afrique. univers ésotérique, et les entreprises Cela permettrait peut-être de multitives au crédit bancaire pour se financomme les investisseurs peinent à se cer », souligne Kais Kriaa, président plier les opérations réussies, qui existent représenter les potentialités offertes. du directoire d’AlphaMena, un cabinet aussi sur le continent. Introduit à la « Nous devons communiquer davanmi-août sur l’Enterprise tage », concède Edoh Kossi Amenounve, Growth Market à Dar esÀ Tunis, le compartiment dédié directeur général de la Bourse régionale Salaam après que son offre aux PME, avec 11 sociétés cotées, eut été sursouscrite de 40 %, ouest-africaine BRVM. La barrière est aussi culturelle, selon son homologue commence à trouver ses marques. l’entreprise d’exploration de la Bourse de Kigali, Pierre Célestin pétrolière Swala Oil and Gas d’analyse financière. « Mais l’absence a facilement levé 4 millions de dollars et Rwabukumba. « Beaucoup d’entrepreneurs préfèrent payer près de 20 % d’intéd’une demande institutionnelle reste clôturé sa première journée de cotation rêts à leur banque et hypothéquer tous un obstacle au développement du maren hausse de 20 %. Une belle perforleurs biens plutôt qu’ouvrir leur capital, ché alternatif en Tunisie », déplore-t-il. mance qui pourrait à l’avenir faire des être transparents et partager les profits », Un constat que pourraient aisément émules sur les compartiments PME se désole le directeur général du Rwanda reprendre à leur compte la plupart des des Bourses africaines. Mais il faudra Stock Exchange, dont le compartiment places financières du continent. encore du temps pour que l’idée fasse PME est toujours vide. Même réticence Alors comment relever avec succès son chemin et… ses preuves. l 74
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frica has development challenges that require immediate attention, like roads, housing and agriculture. Glossy brochures in the reception rooms of upmarket private equity funds in the United States (US) and Great Britain vaunt the upward trajectory of the continent, but these vital sectors do not attract many financiers from outside the continent, except for a few backing self-contained self-con lf lf-con tained projects such as high-end apartments, plantation agriculture for export and toll roads.
Local banks, despite the recent progress and pauses (see page 82), often lack the asset bases to do the heavy lifting associated with infrastructure. They do not have ha the long-term funds needed to provide housing finance, and they do not trust farmers or utility companies to pay pa them back. This is changing, and banks in some countries are now large enough to tackle expensive projects. Wole Tinubu, chief executive of Nigeria’s Oando used local banks to finance about 50% of the $1.5bn purchase of ConocoPhillips’s ● ● ●
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2 013
Understand Africa’s tomorrow...today Suivez l’actualité économique des pays anglophones ABONNEZ-VOUS ! subscription@theafricareport.com COMMANDEZ des exemplaires : sales@theafricareport.com
w w w. t h e a f r i c a re p o r t . co m
Difcom/Creapub - Photo d’illustration : Fotolia
COTE D’IVOIRE Economic phoenix rises from the ashes
HAHN
the africa report
at KENYA50
MOÏSE KATUMBI The reluctant politician in Congo’s powerhouse
NIGERIA PDP prays that the opposition fall apart
FINANCE 200 SPECIAL EDITION
2014 w w w.t hea f r ic a repo r t .c om
TOP
Double issue
PRINTED IN FRANCE
54 country reports
Marchés financiers
TRIBUNE
Opinions & éditoriaux
La double cotation n’est pas l’ennemie des Bourses africaines
L
CHRISTIAN FOURNIER
’
HUBERT SEGAIN Associé au cabinet d’avocats Herbert Smith Freehills Paris
effervescence que connaît le continent ces dernières années avec le développement de ses places boursières semble contre-productive. Le nombre de Bourses en Afrique, qui n’étaient qu’une douzaine au début des années 1990, a pratiquement doublé aujourd’hui. Une multiplication qui ne paraît pas viable économiquement, comme le souligne d’ailleurs, à l’inverse, le mouvement de concentration des Bourses en Europe, aux États-Unis ou en Asie. À l’exception de l’Afrique du Sud, dont le développement est plus ancien, du Nigeria, qui a récemment annoncé vouloir cibler 500 sociétés pour les introduire en Bourse dans les cinq prochaines années, ou de la Bourse de Tunis, qui prévoit d’atteindre prochainement l’objectif de 300 sociétés cotées, les marchés africains se caractérisent aujourd’hui principalement par un manque de liquidités et une capitalisation boursière relativement faible. L’établissement d’une Bourse panafricaine, projet développé depuis 2006 par l’Union africaine, est une initiative intéressante, mais qui paraît peu réalisable à court terme. Bien que fonctionnant sur la base d’un système de double cotation, facilité par un partage de technologies, la mise en place d’une plateforme unique de trading se confronterait en effet au problème du contrôle des changes. Des initiatives de développement assez intéressantes ont également vu le jour au niveau régional. Il existe déjà deux Bourses sous-régionales: la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), à Abidjan, et la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique centrale (BVMAC), à Libreville. Des projets plus larges d’intégration se mettent progressivement en place. La BRVM a ainsi annoncé, en mai 2014, qu’un rapprochement est en cours avec les places d’Accra et de Lagos. Elle prévoit une interopérabilité entre les trois Bourses puis, à terme, une fusion en une place unique pour constituer, à l’horizon 2020, la seconde Bourse du continent, après Johannesburg.
Burundi) développent une initiative similaire dans des délais plus courts. Cependant, ces efforts d’intégration restent confrontés à la compétition acharnée que se livrent les pays africains pour s’imposer comme chefs de file au sein de leur région, avec trois grands pôles financiers qui émergent au sud du Sahara : le Nigeria, le Kenya et l’Afrique du Sud. La possibilité que ces rivalités portent un coup aux programmes d’intégration régionale n’est pas à exclure. Dans ce contexte, il est nécessaire d’encourager les mesures favorisant la double cotation d’entreprises africaines simultanément sur un marché local et une place internationale. C’est une solution de compromis qui offre la possibilité de répondre aux besoins de développement des entreprises du continent sur les marchés internationaux tout en participant au renforcement des Bourses locales. La généralisation de cette double cotation permettrait de concilier les intérêts nationaux des États africains et la nécessité pour les entreprises de se coter sur des marchés suffisamment liquides. De plus en plus de sociétés africaines se tournent déjà vers les marchés étrangers. Le London Stock Exchange (LSE) a d’ailleurs été très actif ces dernières années pour tenter de les attirer sur sa cote. Dix sociétés africaines
Dix sociétés locales ont fait l’objet d’une introduction sur le marché londonien en 2013.
De l’autre côté du continent, les cinq pays membres de la Communauté de l’Afrique de l’Est (Kenya, Ouganda, Tanzanie, Rwanda, SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
(ou dont les actifs majoritaires se trouvent en Afrique) ont fait l’objet d’une introduction sur le marché londonien en 2013, qui en regroupe actuellement plus d’une centaine. La cotation récente de la société pétrolière nigériane Seplat à Londres et à Lagos et celle prévue prochainement à Londres de la filiale alimentaire du groupe sud-africain Bidvest (coté à Johannesburg) illustrent bien cette tendance et devraient ouvrir la voie à de nouvelles opérations de ce type. Plutôt que de combattre ces initiatives, qui ne font que refléter le besoin de financement des entreprises africaines, il serait important de les encourager et de les encadrer. La simple désapprobation ne pourra empêcher leur développement. l JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
119
CLASSEMENTS
121
M A RC H ÉS F IN A N C IERS
• boursE
Le boom tunisien
• capital-invEstissEmEnt
Pléthore d’acteurs
• Fusions-acquisitions
À l’Est, du nouveau
• dEttE publiquE
JON BERKELEY POUR J.A.
La cour se continue
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
Marchés financiers
Bourse Le boom tunisien
135
Les places financières du continent se rétablissent après une période de turbulences. Les introductions sont de retour, notamment à Tunis.
millions de dollars
C’est le montant qu’a pu lever à Londres Lekoil, une jeune compagnie pétrolière en cours de développement au Nigeria et en Namibie. Fondée en 2010, elle n’affiche pourtant aucun revenu…
FRÉDÉRIC MAURY
E
LIQUIDITÉS. D’autres marchés désespèrent d’attirer
de nouvelles entreprises : c’est le cas depuis plusieurs années des Bourses du Nigeria, du Kenya ou de la BRVM à Abidjan. En 2013, ce seront Tunis et Casablanca, d’un côté, et les places internationales, de l’autre, qui auront tiré l’activité boursière africaine. Le Maroc a ainsi connu l’une des principales opérations de l’année – et sa plus importante depuis longtemps – avec l’introduction de la compagnie électrique Jorf Lasfar Energy Company (JLEC) dans les tout derniers jours de l’année. Tunis a quant à elle brillé par l’extrême activité de son marché, enregistrant 11 introductions. Mais, une fois de plus, les plus grandes opérations ont eu lieu en dehors du continent avec l’arrivée d’Oryx Petroleum (une compagnie pétrolière active essentiellement en Afrique de l’Ouest) sur la Bourse de Toronto et l’arrivée tonitruante à Londres d’Atlas Mara, un véhicule d’investissement fondé par Bob Diamond, l’ancien patron de Barclays, pour acquérir des banques en Afrique. De plus en plus, les entreprises africaines vont chercher sur ces grandes places internationales les liquidités dont elles ont besoin, surfant aussi sur l’intérêt que suscite le continent chez les épargnants internationaux. l JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
– 50 %
Introduit à 10 dinars (4,36 euros) l’action en juin 2013, le transporteur aérien tunisien Syphax Airlines a vu son cours tomber à 5 dinars quatorze mois plus tard.
L’entrée de NCA en Bourse n’a pas été une sinécure, et l’entreprise a dû surmonter bien des écueils et des embûches. Mais cela en valait la peine. SLIM OTHMANI, président de NCA Rouiba
Nonkululeko NyembeziHeita, l’ex-PDG de la filiale sud-africaine d’Arcelor Mittal, est devenue, en décembre 2013, la nouvelle présidente de Johannesburg Stock Exchange, la première Bourse du continent africain.
6milliards 000
C’est le seuil historique en matière de capitalisation, en F CFA, franchi par la BRVM, le 29 janvier 2014. Le cap des 5 000 milliards avait été dépassé le 27 mai 2013.
MIKE ABRAHAMS
n 2013, les marchés boursiers africains ont commencé à voir le bout du tunnel, après cinq années de difficultés liées à la fois à la crise financière internationale, aux crises politiques connues par certains pays mais aussi à des problèmes internes : manque de liquidités, coûts. Du côté des points positifs, citons les performances qui ont globalement été bonnes, le Nigeria et la Zambie se classant même parmi les dix marchés financiers les plus performants au monde en 2013, selon le site spécialisé Morningstar. L’autre bonne nouvelle est venue du côté des introductions en Bourse : l’Afrique en a connu 18 en 2013, contre moins d’une dizaine en 2012. Fait notable, certaines places, jusqu’à présent largement boudées par les investisseurs, ont accueilli quelques nouvelles valeurs cotées : Alger, avec l’introduction du fabricant de boissons à base de fruits NCA Rouiba, ou la Bourse régionale d’Afrique centrale située à Libreville(BVMAC),avecSiatGabon(agro-industrie).
VINCENT FOURNIER/J.A.
122
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Marchés financiers
123
Rang
Les trente premières opérations boursières en 2013 Société
Secteur
Bourse
Nature
Montant levé (millions de $)
1
ORYX PETROLEUM
Pétrole
Toronto SE
Introduction en Bourse (augment. de capital)
406
2
ATLAS MARA
Finance
London SA
Introduction en Bourse (augment. de capital)
325
3
HOLCIM MAROC
Ciment
Casablanca SE
Augmentation de capital (fusion)
199
4
JORF LASFAR ENERGY
Énergie
Casablanca SE
Introduction en Bourse (augment. de capital)
120
5
ATTIJARIWAFA BANK
Banque
Casablanca SE
Augment. de capital (convers. de dividendes)
108
6
LEKOIL
Pétrole
London AIM
Augmentation de capital réservée
100
7
SAH (LILAS)
B. de consomm.
Tunis
Introduction en Bourse (cession de titres)
88
8
ADDOHA
Immobilier
Casablanca SE
Augment. de capital (convers. de dividendes)
67
9
CRÉDIT DU MAROC
Banque
Casablanca SE
Augmentation de capital
52
10
ONE TECH
IT
Tunis
Introduction en Bourse
51
11
BANK WINDHOEK
Banque
Namibia SE
Introduction en Bourse
39
12
LEKOIL
Pétrole
London AIM
Introduction en Bourse (augment. de capital)
35
13
CRÉDIT DU MAROC
Banque
Casablanca SE
Augment. de capital (convers. de dividendes)
30
14
BOA BURKINA
Banque
BRVM
Augment. de capital (incorpor. de réserves)
29
15
SABLE MINING AFRICA
Mines
London AIM
Augmentation de capital
27
16
CITY CARS
Distribution
Tunis
Introduction en Bourse (cession de titres)
27
17
BEACON HILL RESOURCES
Mines
London AIM
Augmentation de capital
21
18
ORYX PROPERTIES
Immobilier
Namibia SE
Augmentation de capital réservée
17
19
SYPHAX AIRLINES
Transport
Tunis
Introduction en Bourse (augment. de capital)
20
BEST LEASE
Finance
Tunis
Introduction en Bourse
21
SIAT GABON
Agro-industrie
BVMAC
Introduction en Bourse (cession de titres)
22
EUROCYCLES
Industrie
Tunis
Introduction en Bourse
23
SWALA ENERGY
Pétrole
Australia
Introduction en Bourse (augment. de capital)
11
24
NCA ROUIBA
Boissons
Bourse d'Alger
Introduction en Bourse (cession de titres)
11
25
AFRICA OILFIELD LOGISTICS
Pétrole
London AIM
Introduction en Bourse
7
26
LAND'OR
Agro-industrie
Tunis – Alternatif
Introduction en Bourse (augment. de capital)
7
27
MPBS
Industrie
Tunis
Introduction en Bourse (augment. de capital)
6,7
28
GOLDEN SAINT RESOURCES
Mines
London AIM
Introduction en Bourse (augment. de capital)
5
29
SOTEMAIL
Industrie
Tunis – Alternatif
Introduction en Bourse (augment. de capital)
5
30
LE MERITT HOLDINGS
Immobilier
Mauritius
Introduction en Bourse (augment. de capital)
4,3
15 13,2 12 11,3
Bourse
Indice
Performance en monnaie locale (%)
Performance en dollars (%)
Capitalisation du marché (milliards de dollars)
1
GHANA SE
NSE GSE ALSI INDEX
78,81
43,99
35,41
2
NIGERIAN SE
NIGERIA SE INDEX
47,19
43,92
82,41
3
ZAMBIA SE
LUSE ALSI INDEX
42,28
34,62
4,24
4
BRVM (ABIDJAN)
BRVM COMP INDEX
39,28
45,00
11,38
5
NAIROBI SE
NAIROBI 20 INDEX
37,10
36,78
23,83
6
ZIMBABWE SE
ZSEIND ALSI INDEX
32,62
32,62
5,19
7
UGANDA SE
USE ALSI INDEX
26,51
34,55
1,21
8
DAR ES SALAAM SE
DSE SHARE INDEX
25,64
26,24
3,79
9
EGYPT SE
EGYPT CASE 30 INDEX
24,17
13,74
39,41
10
NAMIBIAN SE
NSX LOCAL INDEX
21,26
– 2,39
1,75
11
MAURITIUS SE
MAURITIUS SE INDEX
20,99
23,21
7,19
12
BOTSWANA SE
BOTSWANA DCI
20,55
7,04
4,94
13
JOHANNESBURG SE
JSE ALLSHR INDEX
17,85
– 5,14
873,06
14
MALAWI SE
MSE ALSI INDEX
108,31
62,14
1,21
15
SWAZILAND SE
SSX ALSI INDEX
0,41
– 19,18
0,19
16
TUNISIE (BVMT)
TUNISIA ALSI INDEX
– 4,33
– 9,74
7,86
17
CASABLANCA SE
MOROCCAN ALSI INDEX
– 2,62
0,83
55,21
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
SOURCE : AFRICAN ALLIANCE
Rang
Les performances des Bourses africaines en 2013
124
Marchés financiers
FRÉDÉRIC MAURY
A
lors que l’année 2011 avait été marquée par le retour des grandes opérations, que 2012 s’était limitée à des niveaux d’investissements unitaires inférieurs à 100 millions de dollars (76 millions d’euros), 2013 aura vu le secteur s’ébranler à nouveau. Les pays africains se distinguent de l’ensemble des pays émergents. Selon l’association Empa, les montants investis dans les entreprises africaines avaient baissé de 7 % en 2012 tandis que les levées de fonds des capital-investisseurs dédiés y avaient chuté de 19 %. Or, selon une autre étude publiée début 2014 par la même association, 85 % des investisseurs sondés comptent augmenter leur exposition sur le continent. L’arrivée de nouveaux venus qui rejoignent les acteurs historiques (Emerging Capital Partners, AfricInvest, Actis ou Helios) illustre bien l’intérêt renouvelé des fonds pour l’Afrique. Carlyle a investi fin 2012 dans le tanzanien Export Trading Group, spécialisé dans la gestion des chaînes d’approvisionnement, puis, début 2014, dans le transporteur mozambicain J&J. Le holding d’investissement français Wendel a aussi confirmé son vif intérêt pour C’est le total des l’Afrique en réinvestissant 50 premières opérations dans IHS (tours de télécoms) de capital-investissement et en injectant 100 millions en Afrique d’euros dans le capital de l’assureur Saham. Le sudafricain Public Investment Corporation (PIC), le plus grand fonds de pension du continent, a quant à lui poursuivi son déploiement en investissant dans Dangote Cement et Camac Energy. Enfin, un autre géant mondial, l’américain KKR, a bouclé sa première opération africaine en misant, début 2014, sur le producteur de fleurs Afriflora, actif en Éthiopie. Tous ces nouveaux acteurs vont-ils faire flamber les prix? À observer le rachat, pour 350 millions de dollars, de Fan Milk par Abraaj Capital associé à Danone, on peut le penser. Cette opération avait suscité l’intérêt de tous les grands financiers de la zone. Mais ce n’est pas seulement du capital que sollicitent un nombre croissant d’entreprises auprès des investisseurs, mais aussi leur soutien en matière de management. l
4,2 milliards
de dollars
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
DE L’INDE À L’AFRIQUE
Le milliardaire égyptien Nassef Sawiris a créé un nouveau holding, OCI NV, acquéreur du groupe égyptien Orascom Construction Industries. Divers grands investisseurs, dont un fonds appartenant à Bill Gates (photo), ont injecté 1 milliard de dollars.
1,8
Nouveau venu sur la scène africaine, Delonex Energy a été créé par un Indien (Rahul Dhir), qui a fait fortune dans son pays dans l’exploitation pétrolière. Objectif : s’implanter en Afrique de l’Est, nouveau centre mondial de la recherche en hydrocarbures.
Situé au nord-est de Nairobi, Garden City, promu par les équipes d’Actis, comprendra un centre commercial, 20000 m² de bureaux, des logements ainsi qu’un parc de 3 hectares. Coût total: 200 à 250 millions de dollars.
milliard de dollars
C’est le montant levé en quelques années par IHS. Le gestionnaire s’est imposé comme le numéro un africain des tours de télécommunications : il en comptait en septembre 2014 environ 20 000. DR
L’Afrique plaît aux financiers et cela se voit : les fonds se bousculent pour investir dans les entreprises du continent.
NATI HARNIK/AP/SIPA
Capital-investissement Pléthore d’acteurs
La Côte d’Ivoire continue d’attirer les investisseurs : outre l’entrée de Cauris dans Petro Ivoire et VIPNet, les fonds Abraaj Capital, Phatisa et Injaro ont aussi misé sur des entreprises ivoiriennes – respectivement African Industrial Services (services d’ingénierie), Continental Beverage (eau minérale) et Proveto (intrants agricoles).
En Éthiopie, le fait que tout le monde vienne échanger à la Bourse a permis d’établir le véritable cours du café. Et la part du prix qui revient aux agriculteurs est passée de 38 % à environ 70 %. ELENI GABRE-MADHINE, fondatrice de la Bourse Ethiopia Commodity Exchange et promotrice, via sa société Eleni, des marchés boursiers agricoles en Afrique SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Marchés financiers
Les 50 premières opérations de capital-investissement en 2013 Rang
Société
Pays/région
Secteur
Capital-investisseurs
Montant investi (millions de $)
1
PETROBRAS AFRICA JV
Afrique
Pétrole
BTG Pactual, Helios
1 530
2
OCI NV
Afrique du Nord
Construction-Engrais
Cascade, Southeastern Asset Manag., Davis
1 000
3
DELONEX ENERGY
Afrique de l'Est
Pétrole
Warburg Pincus, IFC
600
4
IHS
Afrique
Infrastr. télécoms
Wendel, Emerging Capital Partners, Investec
550
5
FAN MILK
Afrique de l'Ouest
Biens de consommation
Abraaj Capital
350
6
DANGOTE CEMENT
Nigeria
Ciment
PIC
289
7
CAMAC ENERGY
Nigeria
Pétrole
PIC
270
8
AES SONEL
Cameroun
Électricité
Actis, Globeleq, CDC
220 195
9
EATON TOWERS
Afrique
Infrastr. télécoms
Capital International
10
SAHAM
Afrique
Assurances
Wendel
139
11
EDITA FOOD INDUSTRIES
Égypte
Biens de consommation
Actis
102 100
12
BAYPORT
Afrique
Finance
Helios
13
PAYCORP
Afrique du Sud
Finance
Actis
95
14
AMEN BANK
Tunisie
Banque
IFC, IFC Asset Management
48
15
EXCLUSIVE BOOKS AND VAN SCHAIK
Afrique du Sud
Distribution
Medu Capital
16
SEPLAT
Nigeria
Pétrole
Blakeney
39,2 37
46
17
ASSUPOL
Afrique du Sud
Assurances
Investec
18
GARDEN CITY
Kenya
Immobilier
CDC, IFC
35
19
ALLIANCES
Maroc
Immobilier
IFC
25 24
20
ZALAGH HOLDING
Maroc
Agro-industrie
IFC
21
AL MAJMOUAA AL MOURITANIA
Mauritanie
Immobilier
ICD
24
22
FERONIA
RD Congo
Agro-industrie
CDC, Phatisa
22
23
SAN JOSE LOPEZ
Maroc-Espagne
Transport
Mediterrania Capital, AfricInvest
24
ISON GROWTH
Afrique
IT
Satya Capital
21 20-30
25
SIFI (ELTON-SENBUS)
Sénégal
Divers
Afig
18
26
ORAGROUP
Togo
Banque
Proparco, Bio
18
27
BRIDGE INTERNATIONAL ACADEMIES
Kenya
Éducation
IFC, CDC
16
28
NMB BANK
Zimbabwe
Banque
AfricInvest, FMO, Norfund
15 12
29
FLEXENCLOSURE
Afrique
Infrastr. télécoms
IFC
30
LA FLÈCHE BLEUE ALGÉRIENNE
Algérie
Transport
Abraaj Capital
31
THE EXCHANGE
Ghana
Immobilier
CDC
10,8
32
CHASE BANK
Kenya
Banque
Amethis Finance
10,5
33
AFRIMAX
Afrique centrale
Internet
IFC
10
34
IROKOTV
Nigeria
Médias
Tiger Global, Kinnevik, Rice Capital
8
35
TRANSGLOBE
Égypte
Pétrole
IFC
8
36
AZALAÏ HOTELS
Mali
Hôtellerie
IFC
7,8 7
37
HEM
Maroc
Éducation
IFC
38
PETRO IVOIRE
Côte d'Ivoire
Distribution pétrolière
Amethis Finance
39
AXXEND
Afrique de l'Ouest
Conseil aux entreprises
Cauris
11
7 6,5
40
ACTIVA
Cameroun
Assurances
IFC
6
41
FAWRY
Égypte
Finance
IFC
6
42
SCATEC SOLAR
Afrique du Sud
Énergie solaire
Norfund, KLP
6
43
VIPNET
Côte d'Ivoire
Internet
Cauris
6
44
ELENI
Kenya
Finance
IFC, Morgan Stanley
5
45
DIVINETWORKS
Afrique
IT
IFC
5
46
GULF AFRICAN BANK
Kenya
Finance
IFC
47
TANZANIAN FOOD CORPORATION
Tanzanie
Agro-industrie
Agri-Vie
4,9
48
BIMA
Afrique
Assurances
Leapfrog
4,25
49
AB BANK RWANDA
Rwanda
Microfinance
FMO, IFC, DEG
50
PRODEV GROUP
Rwanda
Agro-industrie
Fanisi
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
5
3 3 JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
125
Marchés financiers
Fusions-acquisitions À l’Est, du nouveau
JOLI COUP
Racheté par l’émirati Etisalat, Maroc Télécom reprend auprès de sa nouvelle maison mère tout le réseau francophone du groupe, placé sous la bannière Atlantique Télécom. À la clé, une implantation dans cinq nouveaux pays, dont la Côte d’Ivoire.
Les hydrocarbures attirent toujours les investisseurs. Et les gisements d’Afrique de l’Est créent de nouvelles opportunités.
ÉRIC DUPUY
D
ans un contexte international de reprise des fusions-acquisitions en 2013, l’Afrique a tenu son rang, avec, selon nos statistiques, un total de plus de 35 milliards de dollars (27 milliards d’euros) pour les 50 principales opérations. En 2012, aucune n’avait dépassé le seuil des 5 milliards, et 13 avaient franchi la barre du milliard, des chiffres en baisse par rapport à 2011. En 2013, une acquisition, celle de Maroc Télécom par Etisalat, a dépassé le seuil des 5 milliards, mais dix seulement ont passé le cap du milliard. À l’échelle mondiale, le continent pèse toujours bien peu dans ce domaine, avec moins de 2 % de l’activité en valeur. Une fois de plus, le secteur des ressources naturelles a capté l’essentiel de l’attention. En 2013, dix des quinze plus grosses opérations de fusion-acquisition avaient pour objectif de mettre la main sur des actifs pétroliers C’est le total des ou gaziers. Signe de l’évolu50 premières opérations tion de la géopolitique de de fusion-acquisition l’or noir, l’Afrique de l’Est fait désormais jeu égal avec le golfe de Guinée : les plus grands investisseurs internationaux (notamment asiatiques) ont autant marqué leur intérêt pour la Tanzanie et le Mozambique que pour le Nigeria et l’Angola. La découverte de gaz au large de la côte orientale du continent ainsi que les perspectives pétrolières au Kenya sont dans l’esprit de beaucoup de professionnels.
C’est le montant que la compagnie pétrolière ONGC Videsh, filiale internationale de la société publique indienne, entend encore investir au Mozambique pour mener à terme la période d’exploration.
EMMANUEL FABER, directeur général de Danone
de dollars
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
milliards de dollars
Le rachat de Fan Milk représente une étape importante dans l’expansion de Danone en Afrique. Cette société a développé un modèle économique unique, porté par un réseau de vente de proximité. Nous sommes déjà présents au Maghreb et en Afrique du Sud, et nous pourrons désormais développer le marché des produits laitiers en Afrique de l’Ouest.
35,1 milliards
1ER NOVEMBRE 2013
Les acquéreurs de 10 sociétés de distribution et de 4 entreprises de génération d’électricité ont été désignés à cette date, dans le cadre de la privatisation et de la scission de l’ex-géant public Power Holding Company of Nigeria. Une opération record en Afrique par son ampleur et les montants concernés.
DR
DIVERSIFICATION. Autre phénomène notable, la diversification de l’origine des acquéreurs, tant sur le plan international qu’africain. Aux côtés des Chinois, toujours très présents, et des Français, qui ont participé à l’une des plus notables opérations (Fan Milk, racheté par Danone), de nouvelles nationalités apparaissent. L’Inde confirme ainsi son intérêt pour le continent, notamment dans le secteur de la santé mais aussi du pétrole. Et les pays du Golfe accélèrent le rythme de leurs investissements. Surtout, les grandes entreprises africaines ne sont pas en reste: la plupart des centrales électriques privatisées au Nigeria ont été acquises par des nationaux, tandis que les groupes sud-africains ont fait leur marché du Nigeria jusqu’à la Tanzanie. l
3
ERIC LARRAYADIEU POUR J.A.
126
L’acquisition d’Opalia Pharma est une nouvelle étape dans notre stratégie visant à accroître nos activités sur les marchés émergents. Recordati tire déjà des revenus importants de ses exportations vers l’Afrique du Nord. Opalia Pharma constitue une plateforme stratégique dans cette zone. À terme, notre objectif est de nous étendre aussi vers les pays d’Afrique centrale et du Golfe. GIOVANNI RECORDATI, PDG de Recordati SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Marchés financiers
127
Cible (part du capital acquis)
Pays/région
Secteur
Acquéreurs
Montant (millions de $)
1
MAROC TELECOM (53 %)
Maroc
Télécoms
Etisalat
5 700
2
ENI EAST AFRICA (28,6 %)
Afrique de l'Est
Hydrocarbures
CNPC
4 210
3
APACHE CORP EGYPT'S BUSINESS (33 %)
Égypte
Hydrocarbures
Sinopec
3 100
4
ROVUMA OFFSHORE AREA 1 (10 %)
Mozambique
Hydrocarbures
ONGC Videsh
2 640
5
ROVUMA OFFSHORE AREA 1 (10 %)
Mozambique
Hydrocarbures
ONGC Videsh-Oil India
2 475
6
ORASCOM CONSTRUCTION INDUSTRIES (25 %)
Égypte
Construction
OCI NV
2 210
7
TOTAL E&P CONGO (15 %)
Congo-Brazza
Hydrocarbures
Qatar International Petroleum
1 627
8
PETROBRAS OIL & GAS BV
Afrique
Hydrocarbures
BTG Pactual
1 530
9
BLOCK 31 ANGOLA (10 %)
Angola
Hydrocarbures
Sinopec
1 520
10
OPHIR ENERGY TANZANIAN BLOCKS 1, 3 AND 4 (20 %)
Tanzanie
Hydrocarbures
Pavilion Energy
1 255
11
OML 120-121
Nigeria
Hydrocarbures
Camac Energy
708
12
ATLANTIQUE TELECOM
Afrique de l'Ouest
Télécoms
Maroc Telecom
650
13
TIBER PROPERTY GROUP
Afrique du Sud
Immobilier
Growthpoint Properties
644
14
SOCIÉTÉ DES TABACS ALGÉRO-ÉMIRATIE
Algérie
Tabac
Philip Morris
625
15
BLOCK 32 ANGOLA (10 %)
Angola
Hydrocarbures
Sonangol
590
16
CIPLA MEDPRO
Afrique du Sud
Santé
Cipla
512
17
AFGRI
Afrique du Sud
Agro-industrie
AgriGroupe
476
18
TSB SUGAR
Afrique du Sud
Agro-industrie
RCL Foods
395
19
FAN MILK
Afrique de l'Ouest
Alimentaire
Danon-Abraaj
350
20
ALUCAN PACKAGING
Nigeria
Industrie
Nampak
301
21
UGHELLI POWER
Nigeria
Électricité
Transcorp
300
22
BADILA AND MANGARA OIL FIELDS
Tchad
Hydrocarbures
Glencore Xstrata
300
23
COSUMAR (27,5 %)
Maroc
Agro-industrie
Wilmar
269
24
WARID UGANDA
Ouganda
Télécoms
Airtel
250
25
VODACOM TANZANIA (17,2 %)
Tanzanie
Télécoms
Vodacom
242
26
SAPELE POWER PLANT
Nigeria
Électricité
Eurafric
201
27
ISARENE PSC (18,4 %)
Algérie
Hydrocarbures
PetroCeltic
180
28
KAINJI POWER STATION
Nigeria
Électricité
Mainstream Energy
170
29
ABUJA ELECTRICITY DISTRIBUTION (60 %)
Nigeria
Électricité
Copperbelt Energy Corp
164
30
BAYPORT FINANCIAL SERVICES
Afrique du Sud
Finance
Bayport Management
164
31
NEWSHELF 1114
Afrique du Sud
Mine
Sibanye Gold
148
32
BENIN ELECTRICITY DISTRIBUTION CO
Nigeria
Électricité
Vigeo
129
33
DELBI COAL
Éthiopie
Mine
May Flower Mining
116
34
EGYPTIAN METHANEX METHANOL
Égypte
Chimie
Arab Petroleum Investments Co.
110
35
STAFIM PEUGEOT
Tunisie
Distribution
BEH
101
36
FINA BANK
Kenya
Banque
Guaranty Trust Bank
100
37
CMC HOLDINGS
Kenya
Distribution
Al-Futtaim
86
38
VODACOM TANZANIA TOWERS
Tanzanie
Infrastructures
Helios Towers
75
39
SOUTHERN SUN IKOYI HOTEL (75 %)
Nigeria
Hôtellerie
Tsogo Sun
68
40
APOLLO TYRES SOUTH AFRICA
Afrique du Sud
Industrie
Sumitomo Rubber
41
MUTOSHI PROJECT (70 %)
RD Congo
Hydrocarbures
Gécamines
52,5
42
ESORFRANKI GEOTECHNICAL
Afrique du Sud
Ingénierie
Keller Group
50
43
SHOPRITE TANZANIA
Tanzanie
Distribution
Nakumatt
45
44
ACCESSKENYA GROUP
Kenya
IT
Dimension Data
44
45
GUINEA ALUMINA CORPORATION
Guinée
Mine
Mubadala-Dubai Aluminium
38
46
OPALIA PHARMA (90 %)
Tunisie
Santé
Recordati
38
47
MDS LOGISTICS (49 %)
Nigeria
Transport
Imperial Mobility
48
CI-11 AND LION PLANT
Côte d'Ivoire
Hydrocarbures
PetroCI
49
BANCO UNICO (36,4 %)
Mozambique
Banque
Nedbank
50
ICB WEST AFRICA
Afrique de l'Ouest
Banque
First Bank of Nigeria
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
60
27 25,3 24 21
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
CHIFFRES 2 013 - EN ITALIQUE : CHIFFRES 2012 - ND : NON DÉTERMINÉ
Rang
Les 50 premières opérations de fusion-acquisition en 2013
Marchés financiers
Dette publique La course continue En 2013, les pays africains ont levé près de 10 milliards de dollars sur les marchés internationaux. Les entreprises ne sont pas en reste. ÉRIC DUPUY
Q
uand, mi-2013, la Réserve fédérale américaine a décidé de freiner sa politique dite de quantitative easing, qui avait inondé le monde en liquidités, les observateurs ont pensé qu’il deviendrait plus délicat, pour les États africains, de se financer sur le marché de la dette internationale. Il n’en a rien été. En 2013, six pays ont émis un eurobond, pour une valeur totale de 9,35 milliards de dollars (7,1 milliards d’euros), tandis
que la Tanzanie réalisait un placement privé en dollars pour 600 millions. Un record absolu qui semble devoir être au moins égalé en 2014 avec les obligations internationales libellées en dollars d’États tels que la Côte d’Ivoire et le Kenya. À chaque fois, la demande des investisseurs a largement dépassé l’offre : le Sénégal a levé 750 millions de dollars pour un carnet d’ordres de 4 milliards, tandis que le Kenya prenait 2 milliards pour un carnet de 8 milliards.
Dans la foulée des États, les entreprises africaines sont de plus en plus présentes sur les marchés internationaux. « Les investisseurs commencent également à s’intéresser aux eurobonds émis par le secteur privé africain (tout dernièrement: First Bank of Nigeria, bientôt Ecobank ou Seven Energy) », soulignait récemment Samir Gadio, responsable Afrique marché obligataire pour la banque Standard Chartered, dans Jeune Afrique. Par rapport aux émissions sur les marchés locaux, les plus nombreuses – Ecobank, qui compile le classement ci-dessous, en a recensé plus de 130 en 2013 –, ces opérations internationales sont moins coûteuses. Mais elles restent plus chères que les prêts concessionnels et sont exposées à un risque de change. Libellées en dollars, elles financent des projets locaux, soumis aux variations de la monnaie locale. l
Les 30 premiers emprunts obligataires d’État en 2013 Pays
Mois d’annonce
Coupon (en %)
Maturité
Montant levé (millions de $)
1
ÉGYPTE
Mai
4,25
28-11-2014
2 700,00
2
AFRIQUE DU SUD
Septembre
5,88
16-05-2025
2 000,00
3
GABON
Décembre
6,38
5-12-2023
1 500,00
4
ÉGYPTE
Juin
3,50
01-07-2016
1 000,00
5
GHANA
Juillet
7,88
25-07-2023
750,00
6
TANZANIE
Mars
6,33
9-3-2020
600,00
7
RWANDA
Avril
6,63
02-05-2023
400,00
8
NIGERIA
Juillet
5,38
2-7-2018
500,00
9
NIGERIA
Juillet
6,63
2-7-2023
500,00 351,33
10
GHANA
Septembre
19,04
9-30-2018
11
KENYA
Décembre
11,53
12-21-2015
298,84
12
NIGERIA
Janvier
16,40
1-27-2022
289,02
13
GHANA
Juin
19,24
6-3-2016
264,54
14
NIGERIA
Décembre
13,05
8-16-2016
256,90
15
KENYA
Avril
12,89
4-23-2018
238,70
16
KENYA
Mars
12,94
2-23-2015
236,21 236,10
17
CÔTE D'IVOIRE
Juillet
6,00
7-29-2016
18
KENYA
Septembre
11,00
9-15-2025
235,74
19
GHANA
Mars
16,90
3-8-2016
224,86 224,79
20
NIGERIA
Janvier
15,10
4-27-2017
21
NIGERIA
Février
15,10
4-27-2017
224,79
22
NIGERIA
Février
16,00
6-29-2019
224,79 224,79
23
NIGERIA
Mars
15,10
4-27-2017
24
NIGERIA
Mars
16,39
1-27-2022
224,79
25
NIGERIA
Avril
16,00
6-29-2013
224,79
26
NIGERIA
Avril
10,00
7-23-2030
224,79
27
NIGERIA
Mai
15,10
4-27-2017
224,79 224,79
28
NIGERIA
Mai
10,00
7-23-2030
29
NIGERIA
Juillet
10,00
7-23-2030
224,79
30
NIGERIA
Août
13,05
8-16-2016
224,79
JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
SOURCE : ECOBANK RESEARCH ET JEUNE AFRIQUE
Rang
128
*+,-./01.232.42+5601.278-9
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HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL POLITIQUE, ÉCONOMIE, CULTURE
130
Post-scriptum Alain Faujas
bby@jeuneafrique.com
Édité par SIFIJA Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 PARIS Tél. : 01 44 30 19 60 ; télécopieurs : rédaction : 01 45 20 09 69 ; ventes : 01 45 20 09 67 ; courriel : redaction@jeuneafrique.com Directeur général : Danielle Ben Yahmed Vice-présidents : Aldo de Silva, Danielle Ben Yahmed, François Soudan, Amir Ben Yahmed Directeur de la publication : Marwane Ben Yahmed
Rêve chinois
RÉDACTION
E
n juillet 2014, les champions des pays émergents, surnommés « Brics » (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), ont lancé deux machines de guerre contre la domination occidentale qui s’exerce à travers la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). Ils ont créé une Banque de développement dotée de 50 milliards de dollars (39 milliards d’euros) de capital pour financer des infrastructures, et un Fonds de réserve d’urgence dotée de 100 milliards de dollars pour faire face à la spéculation contre leurs monnaies. Ces deux institutions vont leur éviter de subir les procédures tatillonnes – et parfois humiliantes – des institutions de Bretton Woods. D’abord réservés à leurs cinq membres fondateurs (mais la riche Chine n’en a pas besoin), cette banque et ce fonds devraient s’ouvrir peu à peu à d’autres pays à court d’argent. Rêvons du bon usage qui pourrait être fait du fonds. Avec 100 milliards de dollars de capital, il n’aurait pas les moyens de faire face à un effondrement des réserves et de la monnaie de pays importants comme le Brésil ou la Russie. En revanche, soutenir des pays africains dont l’économie et le système bancaire sont encore peu développés serait tout à fait à sa portée. L’apport de quelques milliards de dollars au Kenya ou au Mozambique rassurerait les marchés et éviterait les spirales monétaires et financières infernales dans lesquelles s’est trouvé pris le Zimbabwe, obligé de recourir au dollar américain après le déchaînement d’une inflation phénoménale. Cela supposerait inévitablement une coordination avec le FMI, afin que l’octroi de facilités par le Fonds de réserve des Brics se fasse dans la transparence et dans le respect des grands équilibres macroéconomiques et budgétaires. Cela supposerait aussi que les destinataires de cette aide se regroupent vraiment par zones géographiques pour coordonner leurs politiques économiques et éviter des turbulences dues à la spéculation.
Mais ne rêvons pas trop fort. Aucun fonds de réserve, aucun FMI n’exonérera les dirigeants d’un pays de veiller à son équilibre budgétaire, de maîtriser son inflation et de surveiller sa balance commerciale. Aucune perspective d’aide ne les dispensera de devoir faire preuve de prudence quand ils empruntent sur les marchés financiers, en restant cohérents avec leurs capacités de remboursement. Enfin, les pays africains qui souhaiteront profiter de la manne de la Banque mondiale et du fonds des Brics seront bien inspirés de se souvenir que c’est la Chine qui les contrôlera de facto, parce que ses réserves dépassent les 4 000 milliards de dollars, et parce que son produit intérieur brut (PIB) dépasse d’un quart la somme des PIB de ses quatre partenaires réunis. Autant dire que les aides et les prêts dépendront des intérêts politiques et économiques de Pékin, dont la générosité sera fonction de ses besoins en matières premières industrielles ou alimentaires et de ses vues stratégiques sur la marche du monde. l JEUNE AFRIQUE HORS-SÉRIE N O 38
Fondateur : Béchir Ben Yahmed, le 17 octobre 1960 à Tunis
SPÉCIAL FINANCE • ÉDITION 2014
Directeur de la rédaction : François Soudan (f.soudan@jeuneafrique.com) Directeurs exécutifs : Marwane Ben Yahmed (mby@jeuneafrique.com), Amir Ben Yahmed (aby@jeuneafrique.com) Rédaction en chef : Élise Colette (éditions électroniques, e.colette@jeuneafrique.com), Laurent Giraud-Coudière (technique, lgc@jeuneafrique.com) Secrétariat : Chantal Lossou Chefs de section : Joséphine Dedet (La semaine de J.A.), Michael Pauron (Grand angle), Anne Kappès-Grangé (Afrique subsaharienne), Tarek Moussa et Nadia Lamlili (Maghreb & MoyenOrient), Frédéric Maury (Économie), Jean-Michel Aubriet (Europe, Amériques, Asie), Cécile Manciaux avec Olivier Caslin (Le Plus de J.A.), Séverine Kodjo-Grandvaux (Culture & médias), Clarisse Juompan-Yakam (Vous & nous) Secrétaires de rédaction : Élisabeth Castaing, Sabine Clerc, Fabien Mollon Rédaction : Youssef Aït Akdim, Farid Alilat, Mehdi Ba (à Dakar), Stéphane Ballong, Pierre Boisselet, Rémi Carayol, Olivier Caslin, Julien Clémençot, Frida Dahmani (à Tunis), Georges Dougueli, Samy Ghorbal, Christophe Le Bec, Omer Mbadi (à Yaoundé), Mehdi Michbal (à Casablanca), Nicolas Michel, Haby Niakate, Cherif Ouazani, Laurent de Saint Périer, Joan Tilouine ; collaborateurs : Edmond Bertrand, Christophe Boisbouvier, Renaud de Rochebrune ; accords spéciaux : Financial Times Responsable de la communication : Vanessa Ralli (v.ralli@jeuneafrique.com), avec Fatou Tandiang RÉALISATION Maquette : Marc Trenson (directeur artistique), Christophe Chauvin (infographiste), Stéphanie Creuzé, Julie Eneau, Christian Kasongo, Valérie Olivier ; révision : Nathalie Bedjoudjou (chef de service), Vladimir Pol ; fabrication : Philippe Martin (chef de service) ; service photo : Dan Torres (directrice photo), Nathalie Clavé, Vincent Fournier, Claire Vattebled ; documentation : Angéline Veyret avec Sylvie Fournier et Florence Turenne JEUNEAFRIQUE.COM Direction éditoriale : Élise Colette ; chefs d’édition : Pierre-François Naudé, Frédéric Maury (économie) ; rédaction : Joël Assoko, Elena Blum, Vincent Duhem, Jean-Sébastien Josset, Trésor Kibangula, Mathieu Olivier, Benjamin Roger Directeur technique : Julien Hédoux ; studio : Cristina Bautista, Jun Feng et Maxime Pierdet DIFFUSION ET ABONNEMENTS Vente au numéro : Sandra Drouet (responsable adjointe) ; Maty N’Dome (chef de produit) ; abonnements : AMIX, Service abonnements Jeune Afrique, 326, rue du Gros-Moulin, BP 10320, 45200 AMILLY. Tél. : 33 2 38 90 89 53, Fax : 33 2 38 98 41 15, courriel : abonnement-ja@jeuneafrique.com COMMUNICATION ET PUBLICITÉ DIFCOM (AGENCE INTERNATIONALE POUR LA DIFFUSION DE LA COMMUNICATION) S.A. au capital de 3 millions d’euros – Régie publicitaire centrale de SIFIJA 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 Paris Tél. : 01 44 30 19 60 Fax : 01 45 20 08 23/01 44 30 19 86. Courriel : regie@jeuneafrique.com Président : Danielle Ben Yahmed ; directeur général : Amir Ben Yahmed ; direction centrale : Christine Duclos ; direction du développement : Florian Serfaty ; secrétariat : Chantal Bouillet ; chef de studio : Chrystel Carrière ; gestion et recouvrement : Pascaline Brémond ; service technique et administratif : Carla de Sousa Direction de la publicité : Laure Nitkowski, avec Catherine Weliachew, Virginie Vatin, Zehia Yahiaoui, Nsona Kamalandua (directrices de clientèle) assistées de Patricia Malhaire ; annonces classées : Fabienne Lefebvre avec Blandine Delporte, Richelle Abihssira, assistées de Sylvie Largillière Chargées de mission : Nisrine Batata, Zine Ben Yahmed, Fatoumata Tandjan REPRÉSENTATIONS EXTÉRIEURES MAROC SIFIJA, Nabila Berrada. Centre commercial Paranfa, Aïn Diab, Casablanca. Tél. : (212) (5) 22 39 04 54 Fax : (212) (5) 22 39 07 16 TUNISIE SAPCOM, Mourad Larbi (m.larbi@sapcom-jeuneafrique.com) 15-17, rue du 18-Janvier-1952, 1001 Tunis. Tél. : (216) 71 331 244 ; Fax : (216) 71 353 522 SOCIÉTÉ INTERNATIONALE DE FINANCEMENT ET D’INVESTISSEMENT S.C.A. au capital de 15 millions d’euros. Principal actionnaire : Béchir Ben Yahmed Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 PARIS | RCS PARIS B 784 683 484 TVA : FR47 784 683 484 000 25 Gérant commandité : Béchir Ben Yahmed Directeur général adjoint : Jean-Baptiste Aubriot ; secrétariat : Dominique Rouillon ; contrôle de gestion : Charlotte Visdeloup ; finances, comptabilité : Monique Éverard et Fatiha Maloum-Abtouche ; juridique, administration et ressources humaines : Sylvie Vogel, avec Karine Deniau et Adelaïde Grenier Club des actionnaires : Dominique Rouillon IMPRIMEUR SIEP - FRANCE. COMMISSION PARITAIRE : 1016C80822. DÉPÔT LÉGAL : À PARUTION. ISSN 1959-1683.
CALIBRE DE CARTIER “DIVER”
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