ja 2646 du 25 septembre au 1er octobre 2011 dossier agriculture

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REPORTAGE VOYAGE EN LIBYE LIBRE N° 2646 • du 25 septembre au 1er octobre 2011

CAMEROUN 2012

Avec ce numéro

GUIDE INVESTIR

CAMEROUN

2012

CÔTE D’IVOIRE KONAN BANNY À QUITTE OU DOUBLE

INVESTIR

jeuneafrique.com

TIR CAMEROUN

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 51e année

Doing Busin ess in Africa

Supplément de 76 pages

DOSSIER OÙ VA L’AGRICULTURE AFRICAINE Spécial 14 pages

MAROC L’AUTOMNE DU 20 FÉVRIER

SÉNÉGAL Présidentielle 2012

Peut-il encore gagner? Isolé, contesté comme jamais, Abdoulaye Wade a cinq mois pour sauver son fauteuil. Loin de partir battu, il élabore en secret sa stratégie de reconquête de l’opinion. Enquête sur une opération survie.

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REPORTAGE VOYAGE EN LIBYE LIBRE N° 2646 • du 25 septembre au 1er octobre 2011

CAMEROUN 2012

Avec ce numéro

GUIDE INVESTIR

CAMEROUN

2012

CÔTE D’IVOIRE KONAN BANNY À QUITTE OU DOUBLE

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TIR CAMEROUN

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 51e année

Doing Busin ess in Africa

Supplément de 76 pages

DOSSIER OÙ VA L’AGRICULTURE AFRICAINE Spécial 14 pages

MAROC L’AUTOMNE DU 20 FÉVRIER

SÉNÉGAL Présidentielle 2012

Peut-il encore gagner? Isolé, contesté comme jamais, Abdoulaye Wade a cinq mois pour sauver son fauteuil. Loin de partir battu, il élabore en secret sa stratégie de reconquête de l’opinion. Enquête sur une opération survie.

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INTERVIEW RACHID SFAR : « LA TUNISIE MÉRITAIT MIEUX » N° 2646 • du 25 septembre au 1er octobre 2011

jeuneafrique.com

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 51e année

MAROC L’AUTOMNE DU 20 FÉVRIER

ALGÉRIE AUDIOVISUEL : LE GRAND BOND EN AVANT

ÉGYPTE AMR MOUSSA : QUAND JE SERAI PRÉSIDENT…

Voyage en Libye libre

De Tripoli à Benghazi, nos envoyés spéciaux au cœur d’une révolution singulière.

ÉDITION MAGHREB & MOYEN-ORIENT France 3,50 € • Algérie 170 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 € Espagne 4 € • Éthiopie 65 Birr • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 € Portugal cont. 4 € • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1 700 F CFA • ISSN 1950-1285


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Ce que je crois BÉCHIR BEN YAHMED • bby@jeuneafrique.com

SAMEDI 24 SEPTEMBRE

La Libye? C’est différent

N

OUS CONNAISSONS la date exacte à laquelle, au début de cette année 2011, les anciens présidents de la Tunisie, Zine el-Abidine Ben Ali, et de l’Égypte, Hosni Moubarak, ont perdu le pouvoir: le 14 janvier pour le premier, le 11 février pour le second. Ils ont été surpris, l’un et l’autre, par le soulèvement populaire qui s’est déclenché dans leur pays, y ont fait face mais n’ont pas insisté outre mesure: au bout de quelques petites semaines, ils ont successivement abandonné le combat et quitté les lieux symboles de leur pouvoir. ■

Je commence par proposer une date à ce changement: mardi 20 septembre, jour où l’ONU a accueilli le nouveau régime,obligeantl’Unionafricaineelle-mêmeàlereconnaître (elle aura été la toute dernière à le faire…) J’ajoute que les Libyens ne se seraient sans doute pas aventurés à se soulever contre leur dictateur et n’auraient pas déclenché leur révolution, le 17 février dernier, si leurs voisins tunisiens et égyptiens n’avaient ouvert la voie, montrant qu’un dictateur peut sauter comme un bouchon de champagne. Ils se sont alors engouffrés comme un seul homme dans la brèche, ont demandé de l’aide – qu’ils ont reçue –, se sont battus avec courage et opiniâtreté, ont fini par se frayer un chemin vers la victoire et par libérer le pays.

SOURCE : FINANCIAL TIMES

Mouammar Kaddafi, lui, a mis plus de six mois à s’en aller, n’a quitté sa capitale que contraint et forcé, mais dans l’espoir de survivre encore un peu à la perte du pouvoir; il a beaucoup tué et beaucoup détruit. Ne sont demeurés à ses ■ côtés jusqu’au bout que Le nouveau régime aura Production Réserves de pétrole pétrolière libyenne prouvées en Afrique ses enfants, et encore, pas autant de mal que ceux de (en millions de barils/jour) (2011, en milliards de barils) tous; entouré de quelques Tunisie et d’Égypte à troucentaines de desperados, il ver ses marques. On peut 3 n’aputrouvercommerefuge même prévoir qu’il lui sera 46,4 37,2 que l’endroit où il est né. Et plus difficile de surmonter 2 comme seul et unique remses contradictions. Nigeria Libye part, sa tribu. Mais la Libye se distingue 1 L’auteur de la « théorie de la Tunisie, de l’Égypte 12,2 9,5 universelle du pouvoir », le et de la plupart des autres 5 4,4 0 « Guide de la révolution » pays du Printemps arabe 11 Angola Soudan Égypte 1965 70 80 90 2000 Algérie et de la « République des – et africains – par un trait masses », le « roi des rois particulier qui lui confère Part de la Libye dans la production africains » aura donc fini avantage et responsabilité: mondiale de pétrole de haute qualité son parcours politique Dieul’ayantrichementdotée, à faible teneur en soufre (2010) de manière étriquée et elle dispose dès le départ archaïque. – et les aura toujours larÀ l’heure où ces lignes sont écrites, on ne l’a pas encore gement – des moyens financiers de sa reconstruction et de appréhendé, et l’on ne sait donc pas comment s’achèvera le son développement. destin de cet homme qui, s’étant emparé du pouvoir, réussit C’est là, on ne le soulignera jamais assez, une énorme à l’accaparer, pour lui-même et une poignée d’oligarques, différence. On peut même soutenir que cela change tout. pendant quarante-deux longues années. ■ Il a fini tout de même, fort heureusement, par en être En 2010, avant le soulèvement, la Libye produisait (et chassé, et je ne pense pas être excessif en affirmant que le exportait) du gaz et, surtout, 1,5 million de barils de pétrole changement qui résulte de ce départ revêt une importance par jour, soit près de 2 % des exportations mondiales. Elle considérable: en premier lieu pour la Libye et les Libyens, reviendra à ce niveau de production dès la fin de 2012 et bien sûr, mais également pour les six voisins immédiats, développera ses exportations de gaz, négligées du temps pour l’Afrique tout entière et même pour le monde. de Kaddafi. JEUNE AFRIQUE

10-15 %

N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011


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Ce que je crois On prévoit mieux encore: un doublement de cette production en une décennie. Avec près de 50 milliards de barils de réserves prouvées, la Libye pourra en effet produire jusqu’à 3 millions de barils par jour, soit presque 200 barils par Libyen et par an! Mais pour 5 à 6 millions d’habitants, la moitié de la population tunisienne, la Libye a déjà un PIB 50 % plus élevé que celui de son voisin (62 milliards de dollars – soit 45 milliards d’euros – par an, contre 44 milliards). Quant à son revenu annuel par habitant, il est trois fois supérieur à celui de la Tunisie et six fois plus élevé que celui de l’Égypte. Les avoirs financiers dont hérite le nouveau régime s’élèvent au total à près de 100 milliards de dollars. Etlorsque,danscinqàseptans,lesexportationslibyennes de pétrole dépasseront largement celles de 2010 – et pour peu que le prix du baril ne se soit pas effondré –, le pays aura un PIB annuel qui se rapprochera de 100 milliards de dollars, tandis que le revenu par habitant franchira la barre des 20000 dollars par an! Léger et à faible teneur en soufre, le pétrole libyen est très recherché par les Européens qui sont à sa porte: Italie, Allemagne, France et Espagne en sont les principaux importateurs. ■

Ses chantiers de reconstruction vont faire de la Libye, pour les vingt ans qui viennent, un marché très attrayant, non seulement pour les pays industriels d’Europe et d’Asie, dont la Turquie, mais aussi pour ses deux voisins, la Tunisie et l’Égypte, qui vont bénéficier grandement de ses besoins

en produits courants et en main-d’œuvre. Il en va de même, à un moindre degré, pour ses voisins subsahariens. La Tunisie et l’Égypte ayant dû faire appel à une aide financièreextérieurepourfairefaceauxdysfonctionnements actuels de leurs économies, la communauté internationale s’est engagée à leur prêter, ainsi qu’au Maroc et à la Jordanie, 80 milliards de dollars sur trois ans. Sortie de crise, la Côte d’Ivoire a dû, elle aussi, appeler à l’aide; elle a été secourue par le FMI, la Banque mondiale et la BAD. La Libye, elle, n’a eu besoin que du déblocage de ses avoirs financiers; et l’on ne parlera dans les prochaines semainesqueduretourenLibyedescompagniespétrolières et gazières, et de celui de centaines de milliers d’étrangers qui viendront remettre l’économie en marche. ■

Pour peu qu’elle retrouve ses équilibres, se remette au travail et consolide ses velléités démocratiques, la nouvelle Libye est donc une formidable chance de renouvellement pour elle-même et ses habitants, pour l’Afrique du Nord tout entière, et même, indirectement, pour l’ouest de l’Afrique. Intervenue le 11 avril dernier, la fin de la crise ivoirienne avait déjà marqué le début d’une ère nouvelle pour cette Afrique de l’Ouest. À la locomotive ivoirienne, dont on commencera à sentir le souffle en 2012, s’ajoutera bientôt, si tout va bien, la libyenne, et leurs effets conjugués seront bénéfiques pour près de 200 millions d’Africains. ●

Humour, saillies et sagesse Pour vous faire sourire, grincer des dents – ou réfléchir –, ici, chaque semaine, une sélection subjective, la mienne, de ce qui a été dit ou écrit au cours des siècles par des hommes et des femmes qui avaient des choses intéressantes ou drôles à nous dire. B.B.Y. Ð Le meilleur moyen de tenir sa parole est de ne jamais la donner. Napoléon Bonaparte

Ð Le vieux loup perd ses dents mais garde l’appétit. Proverbe africain

Ð Un intellectuel est quelqu’un qui est fidèle à un ensemble politique et social, mais qui ne cesse de le contester. Jean-Paul Sartre

Ð Pour ma part, je suis hétérosexuel. Mais il faut le reconnaître, le bisexuel a deux fois plus de chances le samedi soir. Woody Allen

Ð J’ai toujours pensé que les salaires devaient s’établir en raison inverse de l’intérêt que l’on prend à son travail. Françoise Giroud

Ð Le devoir de la mère ne s’arrête pas avec l’accouchement, ni avec l’allaitement, ni au mariage ; non, l’obligation de la vraie mère continue tant qu’elle est vivante. Ahmadou Kourouma

Ð Le rôle d’un ami, c’est de se trouver à votre côté quand vous êtes dans l’erreur puisque tout le monde sera à côté de vous quand vous aurez raison. Mark Twain N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

Ð La Banque centrale européenne n’est pas du tout au centre de l’Europe. Les Nouvelles Brèves de comptoir

Ð L’enseignement : apprendre à savoir, à savoir faire, à faire savoir. L’éducation : apprendre à savoir être. Louis Pauwels Ð Le journaliste, lui, peut écrire n’importe quoi et se tromper sur tout, cela ne change rien, ses journaux se vendent toujours aussi bien ou aussi mal. François Mitterrand Ð De toutes les choses qui remuent le monde et qui agitent le cœur des hommes, l’amour est la seule qui se passe d’explication, et n’en veuille pas. André Frossard Ð La chance, c’est ce qu’on ne mérite pas. Paul Guth JEUNE AFRIQUE


Pour avoir la primeur sur les nouveaux marchés.

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Éditorial

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Marwane Ben Yahmed

ACCUSÉE : LA PEINE DE MORT L’exécution de Troy Davis a soulevé une vague d’indignation. Partout, la cause de l’abolitionnisme progresse. Qui sont les derniers récalcitrants ?

Lettre de Tunis

T

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UNIS, FIN SEPTEMBRE. Plus de huit mois après la chute de Zine el-Abidine Ben Ali, il reste difficile de prendre le pouls de la révolution. Une chatte ne retrouverait pas ses petits dans cet inextricable écheveau de rumeurs, de rapports de force insondables et d’opinions, voire de certitudes assénées comme des sourates du Coran. Celui qui veut comprendre vers quoi se dirige la Tunisie doit s’attendre à de sévères maux de tête…

Seule certitude, l’inquiétude est palpable. La rumeur nourrit l’essentiel de ce sentiment largement partagé. L’angoisse de l’avenir fait le reste. Car les Tunisiens ont peur de tout et voient mille et un périls frapper à leur porte : des complots (des nervis de l’ancien régime, des islamistes ou des militaires), une contre-révolution, des forces de l’ombre qui tirent les ficelles de la transition, la crise économique, la hausse des prix, l’insécurité, l’incivisme de ceux qui se permettent tout parce qu’ils n’ont plus peur de la police, les partis politiques qui se soucieraient plus de leurs propres intérêts que de ceux du pays. Ils ont l’impression que ce qui se déroule sous leurs yeux leur échappe. Bref, l’euphorie est passée, les héros sont fatigués et inquiets. Ils ont aussi le nez dans le guidon : pas pratique pour y voir clair…

La Tunisie est aujourd’hui un formidable laboratoire grandeur nature. Les erreurs commises serviront de leçons tant que la raison l’emportera. Et l’expérience réussira. Car, comme l’écrivait Nietzsche, « tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort ». ● N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

GRAND ANGLE

Voyage en Libye libre De Tripoli à Bengh Benghazi, ghazi, nos envoyés spéciaux au cœur d’une révolution singulière.

PHOTOS DE COUVERTURES : LUDOVIC-POOL/SIPA ; AUDE OSNOWYCZ

Et pourtant, la Tunisie, compte tenu des circonstances, se porte plutôt bien. Mieux que ce que l’on pense, en tout cas. Le cap est tracé : l’élection d’une Constituante, qui travaillera pendant un an, élira un président et un gouvernement « légitimes ». Les partis, contrairement aux idées reçues, discutent, échangent, négocient et finissent par se mettre d’accord, pour les plus représentatifs d’entre eux, sur des dénominateurs communs raisonnables. La situation économique ? Pas de quoi pavoiser, évidemment. Mais les fondamentaux tiennent bon, la dette ne s’emballe pas (seulement quatre points supplémentaires, 44 % du PIB, loin du drame que vivent nombre de pays occidentaux). Dans le contexte international actuel, c’est plutôt rassurant. Toutes les révolutions ont un prix, mais celui que paient les Tunisiens, même s’ils souffrent, demeure raisonnable. L’État, lui, n’est plus cette hydre omniprésente et omnipotente des dernières décennies. Mais il assume, parfois difficilement il est vrai, ses missions principales. Les administrations, même décapitées ou sans moyens, et en dépit de la défiance d’une population qui doute de tout et de tous, poursuivent leur tâche. Last but not least, la crise libyenne, qui a longtemps constitué un boulet et une menace pour la Tunisie, représente aujourd’hui, Kaddafi parti et le Conseil national de transition installé, une véritable bouffée d’oxygène et la promesse de lendemains économiques pourvoyeurs de marchés et d’emplois, mais aussi de stabilité.

JUSTICE

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Ce que je crois Par Béchir Ben Yahmed Confidentiel

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L A SEM A IN E D E J EU N E A F RIQ U E

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Justice Accusée : la peine de mort Marc Ravalomanana Wanted ! Peter De Villiers Haut en couleur Audiovisuel Ça va zapper à Alger ! Bling-bling Un bijou de voiture ! Paléontologie Notre cousin ougandais Tunisie Fini les vacances Angola Dos Santos chahuté Tour du monde

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G RA N D A N G L E

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Voyage en Libye libre

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A F RIQ U E SU BSA H A RIEN N E

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Sénégal Wade peut-il encore gagner ? Tribune Le défi du logement pour tous Guinée En quête de vérité Rebelles touaregs Orphelins de Kaddafi Burundi Gatumba sous le choc

JEUNE AFRIQUE


Dans Jeune Afrique et nulle part ailleurs

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SÉNÉGAL

DOSSIER

PEUT-IL ENCORE GAGNER ? Isolé, contesté, Abdoulaye Wade a cinq mois pour sauver son fauteuil. Enquête sur une opération survie.

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OÙ VA L’AGRICULTURE AFRICAINE ? • Achats de terres Un business sous influences • Zone francophone Le grand retour du coton ? • Matières premières Période fertile pour les phosphates Spécial 14 pages

ÉGYPTE

AMR MOUSSA : QUAND JE SERAI PRÉSIDENT L’ex-secrétaire général de la Ligue arabe appelle Israël à prendre la mesure des révolutions. Et à en tirer les conséquences.

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MAROC

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L’AUTOMNE DU 20 FÉVRIER Empêtré dans ses contradictions, otage de ses composantes extrêmes, le Mouvement du 20 février semble donner des signes d’essoufflement.

BRUCE CLARKE, L’ENGAGÉ Impliqué très jeune dans la lutte contre l’apartheid, le plasticien sud-africain expose une cinquantaine de ses œuvres à Paris.

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Droits des femmes Encore un effort ! Côte d’Ivoire Konan Banny à quitte ou double

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MAGHREB & M OYE N - O R I E N T

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Égypte Amr Moussa : quand je serai président Initiative de Mahmoud Abbas Des Palestiniens contre, des Israéliens pour Interview Rachid Sfar : « La Tunisie n’a pas reçu l’appui qu’elle mérite » Maroc Trop de contestation tue la contestation

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EUROPE, AMÉR I Q U E S, ASIE

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France Dominique Strauss-Kahn : triste show Chine Baidu, maître du Net Allemagne Pirates à l’abordage Parcours Maty Diouf, l’autre visage de Nice Belgique Sortie de crise ?

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ÉCON OMIE

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Afrique subsaharienne Une croissance de champion Interview Yves de Talhouët, directeur général de Hewlett-Packard Europe, Moyen-Orient et Afrique

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JEUNE AFRIQUE

ARTS PLASTIQUES

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Tunisie Wiki Start Up, incubateur privé Matières premières En Afrique du Sud, un potentiel miné Maroc Mondragon au volant Portrait Mohammed Chakib Rifi se branche sur le mobile marocain Gabon Roger Owono Mba, le banquier des PME Bourse Maréchal & Associés Finance se fait une place Baromètre

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D O SSIER

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Où va l’agriculture africaine ?

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C U LT U RE & M ÉD IA S

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Arts plastiques Bruce Clarke, l’engagé Congo-Brazzaville Médias en quête de fonds Cinéma Hommage aux justes La semaine culturelle de J.A.

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VOUS & NOUS Le courrier des lecteurs Post-scriptum

N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

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ÉTHIOPIE LIBÉRALISATION DES TÉLÉCOMS

Le gouvernement éthiopien devrait ouvrir à la concurrence le secteur des télécoms dans le courant de l’an prochain. Deux licences, a priori 3G, devraient être vendues à des opérateurs privés. Orange est naturellement sur les rangs, puisque Sofrecom, sa filiale, avait été chargé début 2010 de mettre à niveau l’opérateur public en prévision de la libéralisation du marché. Un contrat soufflé au sud-africain MTN, jugé trop inexpérimenté en matière de téléphonie fixe.

TIMOTHY CLARY/REUTERS

LE CHIFFRE QUI ÉTONNE

LE PRÉSIDENT ISSAYAS AFEWERKI (À G.), avec Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, le 21 septembre à New York.

Érythrée Afewerki sur des charbons ardents

L

E PRÉSIDENT ÉRYTHRÉEN Issayas Afewerki, dont le pays est l’une des dernières dictatures incontestables de la planète – au point d’être qualifié de « prison à ciel ouvert » par les ONG –, s’est rendu à New York à la mi-septembre pour se livrer, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, à un intense travail de lobbying. Objectif : obtenir la levée des sanctions qui le frappent, lui et son régime, pour son soutien aux Shebab somaliens et l’occupation par son armée d’une portion du territoire djiboutien. Afewerki est d’autant plus fragilisé que les approvisionnements, quasi gratuits, de pétrole libyen à l’Érythrée ont cessé depuis la chute de son ami Kaddafi. L’ancien chef de guérilla marxiste, dont les centres de détention sont pleins de prisonniers d’opinion (entre 5 000 et 10 000, selon les estimations), aura fort à faire. Human Rights Watch a rendu public le 23 septembre un rapport dévastateur dans lequel il pointe la disparition en prison de vingt et un anciens ministres, généraux et journalistes arrêtés il y a dix ans à Asmara pour avoir osé lui adresser une lettre ouverte, et que nul n’a revus depuis. ● N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

25 000

Tel est, selon Mustapha Abdeljalil, le président du CNT, le nombre de victimes de l’insurrection libyenne (à la date du 20 septembre). Fin août, l’un des chefs militaires de la rébellion parlait de 50 000 tués, et le ministre de la Santé, de 30 000. Ces évaluations sont approximatives. Et sans doute exagérées. Le siège de Misrata n’a pas fait plus de 3 000 victimes, et la bataille de Zlitane, un millier. Les frappes del’Otan sont restées largement chirurgicales et les affrontements directs, hors zone urbaine, se sont à chaque fois soldés par quelques dizaines de décès. Selon un expert de l’Otan, « le chiffre de 15 000 paraît plus proche de la réalité » – ce qui est déjà convenable.

BURKINA L’ARMÉE DE L’AIR S’ÉQUIPE

Jusqu’ici très modeste, l’armée de l’air burkinabè vient d’acheter au constructeur JEUNE AFRIQUE


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Politique, économie, culture & société État gabonais), la Banque de développement des États de l’Afrique centrale (BDEAC) et Ecobank Gabon n’est pas passé inaperçu. D’autant qu’elle ne figure pas non plus en tête de liste des établissements approchés par le groupe indien Abhijeet en vue du financement d’un projet d’investissement dans les mines.

Tunisie Morjane, Ben Ali et l’affaire du passeport ZINE EL-ABIDINE BEN ALI, son épouse et plusieurs membres de sa famille se sont vu délivrer des passeports diplomatiques tunisiens par le ministère des Affaires étrangères deux jours après leur fuite en Arabie saoudite, le 14 janvier (à ce moment-là, ce n’était pas illégal). Sur son passeport, Ben Ali était présenté comme « ex-président ». Ces documents de voyage ont été annulés lorsque la justice a lancé des mandats d’arrêt contre les fuyards. À l’époque, Kamel Morjane était encore ministre des Affaires étrangères. Il avait été maintenu à son poste dans le premier gouvernement de Mohamed Ghannouchi, avant d’être contraint de le quitter sous la pression de la rue. Depuis plusieurs mois, Morjane n’est plus autorisé à voyager à l’étranger. Mais il a créé un parti politique et ne cache pas ses ambitions, malgré l’interdiction faite aux anciens responsables du RCD (l’ex-parti au pouvoir) de se présenter aux législatives du 23 octobre. ●

Moyen-Orient, s’associent au sein d’Initiative Capital Partners, un nouveau venu dans le capital-risque. But de l’opération ? Financer et apporter des compétences aux start-up et aux entreprises innovantes du Maghreb. Les deux partenaires co-investiront en moyenne 1 000 000 de DT (512 400 euros) dans chaque entreprise.

brésilien Embraer six avions d’attaque au sol Super Tucano (10 millions de dollars pièce). Cet appareil à hélice est équipé de deux mitrailleuses de 12,7 mm et peut embarquer 1,5 tonne de charges offensives (bombes, roquettes et missiles). Principal fait d’armes : en mars 2008, c’est un Super Tucano de l’armée colombienne qui bombarda un camp des Farc en Équateur, blessant à la jambe Raúl Reyes, le numéro deux du mouvement révolutionnaire (qui sera tué quelques heures plus tard par des troupes au sol).

UNION AFRICAINE BIENTÔT UN NOUVEAU REPRÉSENTANT EUROPÉEN

L’Union européenne a renouvelé jusqu’au 30 juin 2012 le mandat de son représentant spécial auprès de l’Union africaine. L’actuel titulaire du poste, le Belge Koen Vervaeke, qui vient d’être nommé directeur chargé de la Corne de

NIGERIA TUNINVEST ASSURE

PropriétédugroupeTuninvest, le fonds Africinvest s’apprête à acquérir la majorité du capital du nigérian Guaranty Trust Assurance (25 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2009). À terme, le fonds d’investissement tunisien espère faire passer cet assureur généraliste de la troisième à la deuxième place sur le marché nigérian.

JEUNE AFRIQUE

l’Afrique, de l’Afrique australe et de l’océan Indien au siège du Service diplomatique européen, devrait être remplacé à Addis-Abeba par le Britannique Gary Quince. Ce dernier n’aura d’ailleurs pas à déménager. Il occupe déjà le poste de chef de délégation de l’UE et cumulera donc les deux fonctions. GABON LA BGFI BANK EN DISGRÂCE ?

Premier groupe bancaire du Gabon, BGFI Bank serait-elle en perte de vitesse sur son marché domestique ? Le fait que la banque dirigée par Henri-Claude Oyima ne soit pas partie prenante de l’accord de financement conclu entre la zone économique spéciale de Nkok (Olam et RUMEURS À TUNIS

Nabli futur Premier ministre ?

DR

MAGHREB DU NEUF DANS LE CAPITAL-RISQUE

Innovest, le fonds d’investissement de l’homme d’affaires tunisien Mehdi Khemiri, et Swicorp, l’un des principaux acteurs du conseil financier et du capital investissement en Afrique du Nord et au

MALI AFFAIRE DE FAMILLE La Convergence africaine pour le renouveau (Care) tiendra son prochain congrès le 17 décembre, à Bamako. Et c’est Cheick Boucadry Traoré, fils de l’ancien président Moussa Traoré, que ce parti désignera pour le représenter à la présidentielle d’avril 2012. Une annonce bien tardive, puisque les candidats déclarés sont déjà légion. Sa priorité sera évidemment de se démarquer de son encombrant père, qui dirigea le pays de 1968 à mars 1991, et qui, aujourd’hui, soutient un autre candidat à la magistrature suprême : Cheikh Modibo Diarra, son gendre.

C’est le nom de Mustafa Kamel Nabli, actuel gouverneur de la Banque centrale – un technocrate, donc –, qui revient le plus souvent dans les milieux politiques pour succéder à Béji Caïd Essebsi à la tête du gouvernement. Il sera nommé par le futur président, mais sa désignation devra être approuvée par la majorité de l’Assemblée constituante issue des élections du 23 octobre. Ministre du Plan sous Ben Ali, Nabli a également occupé les fonctions d’économiste en chef au sein du département Moyen-Orient -Afrique du Nord de la Banque mondiale. N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011


La semaine de Jeune Afrique

JUSTICE

Accusée : la pei L’exécution de l’Africain-Américain Troy Davis a soulevé une vague d’indignation dans le monde. Partout, la cause de l’abolitionnisme progresse. Qui sont les derniers États récalcitrants ?

États-Unis

Cuba

PASCAL AIRAULT

L

e 21 septembre, à 22 h 53. Pénitencier de Jackson, en Géorgie (États-Unis). Troy Davis n’a plus que quelques secondes à vivre avant qu’on lui injecte un sérum mortel. Devant l’assistance, il clame une dernière fois son innocence et implore Dieu de bénir ses bourreaux. Condamné sans doute à tort pour le meurtre d’un policier (sept des neuf témoins se sont rétractés), cet Africain-Américain de 42 ans qui a passé vingt ans dans les couloirs de la mort est devenu un symbole de la lutte contre la peine capitale. De nombreuses personnalités lui ont apporté leur soutien, de l’ancien président Jimmy Carter au pape Benoît XVI en passant par l’actrice Susan Sarandon. La veille de son exécution, des manifestations ont eu lieu aux quatre coins du monde pour demander la révision de son procès. En vain. Ni le comité des grâces ni la Cour suprême des États-Unis n’ont accédé aux demandes de ses avocats. Barack Obama a fait savoir que la décision incombait à l’État de Géorgie, et à lui seul. Pour Robert Badinter, ancien garde des Sceaux de François Mitterrand, qui, il y a trente ans, abolit la peine de mort en France, « cette affaire restera comme une tache sur la justice des États-Unis ». « La peine de mort est une décision arbitraire et raciste, estime l’Américaine Elisabeth A. Zitrin, l’une des plus anciennes abolitionnistes du pays. Elle régresse néanmoins, puisque seize États ne la pratiquent plus, et elle sera certainement abolie un jour. » De fait, d’une centaine d’exécutions par an il y a dix ans, on est passé à une cinquantaine aujourd’hui. Et les derniers sondages montrent que l’opinion est partagée : 48 % des Américains sont favorables au maintien de la peine capitale, mais 49 % se satisferaient d’une peine d’emprisonnement à vie. N 0 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

Guatemala Guyana Suriname

Dans le monde Abolie Appliquée dans de rares cas

Pérou

En vigueur, mais aucune exécution depuis dix ans

Brésil Bolivie

Appliquée Chili

TROY DAVIS

au moment de son exécution

« Ce n’était pas ma faute. Je n’avais pas d’arme. Que Dieu vous bénisse. »

HO NEW/REUTERS

10

Les politiciens de tous bords hésitent encore à s’engager dans cette voie. À l’image de leur président, dont la position est très ambiguë. Lorsqu’il briguait le siège de sénateur de l’Illinois, Obama avait estimé que la peine de mort était utilisée « trop fréquemment et inconsciemment ». Puis, lors de la campagne présidentielle de 2007, il a justifié son recours contre des terroristes tels que Ben Laden. Ses adversaires républicains, eux, y sont tous favorables. À commencer par Rick Perry, le gouverneur du Texas, qui, en lice pour l’investiture de son parti à la présidentielle de 2012, assure que « l’éventualité d’avoir exécuté un innocent » ne l’a « jamais empêché de dormir ». « RECORD » CHINOIS. En moins de dix ans, plus

de trente pays ont supprimé la peine capitale. Dernier en date : le Bénin, en août 2011. Les JEUNE AFRIQUE


L’événement

11

ne de mort Russie

Biélorussie

Algérie Mauritanie Gambie Guinée Sierra Leone

Syrie Liban Israël Irak

Tunisie

Maroc

Mali Burkina

Libye Niger

Kazakhstan

Égypte

Iran

Pakistan Oman Yémen

Nigeria Éthiopie Ghana Centrafrique Soudan Cameroun du Sud Somalie Guinée Congo Kenya équatoriale

Inde Thaïlande

Malaisie Indonésie

Tanzanie

Zambie Botswana

Corée du Nord Japon Corée du Sud

Chine

Afghanistan

Arabie S.

Tchad SoudanÉrythrée

RDC

Mongolie

Malawi

Zimbabwe

Comores Madagascar

Parlements du Mali, de la Aux États-Unis Mongolie et du Guatemala 5 devraient se prononcer WASHINGTON bientôt. Aujourd’hui, 140 MONTANA 3 États sur les 192 membres 2 NEW HAMPSHIRE OREGON 1 de l’ONU ont aboli la peine DAKOTA IDAHO 1 CONNECTICUT de mort ou exercent un SUD 1 1 WYOMING OHIO moratoire. De nombreux PENNSYLVANIE NEBRASKA NEVADA 45 3 autres ont restreint son 3 20 12 7 15 DELAWARE application. En Europe, COLORADO 68 UTAH INDIANA VIRGINIE 13 5 1 MISSOURI MARYLAND seule la Biélorussie la praKANSAS 3 109 CALIFORNIE tique encore. Des leaders KENTUCKY 96 d’extrême droite comme, ARKANSAS ARIZONA 43 CAROLINE N. 6 TENNESSEE 43 OKLAHOMA en France, Jean-Marie Le 27 28 CAROLINE S. MISSISSIPPI Pen et sa fille Marine, sou53 GÉORGIE TEXAS haitent la rétablir. Cette 28 51 Abolie 474 15 dernière propose même LOUISIANE Appliquée un référendum sur la quesALABAMA 69 tion. En Russie, Vladimir FLORIDE Nombre d’exécutions depuis le Poutine se dit contre, malmoratoire de 1976 ( dont celles pratiquées depuis début 2011) gré les pressions de nombreux députés de son camp en faveur d’une levée du moratoire en vigueur depuis 1996. pour des crimes non violents (délits économiEn 2010, et sans compter la Chine, on estime ques, apostasie, sorcellerie, trafic de stupéfiants, que 527 exécutions ont été perpétrées et 2 024 adultère…). Le plus mauvais élève demeure la condamnations à mort prononcées, souvent Chine, où plusieurs milliers de détenus sont JEUNE AFRIQUE

N 0 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011


12

La semaine de J.A. L’événement exécutés chaque année. En février, Pékin a étendu la peine capitale aux personnes qui se livrent à des prélèvements d’organes mortels sur des mineurs, mais l’a supprimé pour de nombreux crimes économiques. Soucieux de son image à l’étranger, il souhaite se démarquer des régimes autoritaires. La Malaisie, la Corée du Nord, le Vietnam, Singapour, la Malaisie, Taiwan et même le Japon poursuivent leurs exécutions en Asie. AVANCÉES AFRICAINES. Au Moyen-Orient, l’Iran

(279 exécutions en 2010) devance le Yémen (53), l’Arabie saoudite (27), la Syrie (17), l’Autorité palestinienne (5) et l’Égypte (4). Les quatre pays du Maghreb (Maroc, Mauritanie, Tunisie et Algérie) y ont renoncé de facto et lorsque des tribunaux prononcent une sentence de mort, les détenus bénéficient de mesures de grâce et voient leur peine commuée. Le nouveau gouIronie de l’histoire : Moubarak vernement tunisien a ou Kaddafi pourraient se notamment annoncé l a rat i f i cat i o n d u retrouver du côté des victimes. deuxième protocole annexe au Pacte international des droits civils et politiques relatif à la peine de mort. « Le Printemps arabe est une occasion formidable de faire avancer notre combat, s’exclame Mostafa Znaïdi, journaliste marocain et représentant de l’association Ensemble contre la peine de mort. Il faut profiter de cet élan démocratique avant que, peut-être, les islamistes arrivent au pouvoir. » Ironie de l’histoire, en Égypte, l’ancien président Moubarak, dont le procès est en cours,

risque la peine capitale. Et Mouammar Kaddafi, qui, en février, menaçait de faire exécuter les manifestants, pourrait, s’il était capturé vivant, subir le sort qu’il leur réservait. En Afrique subsaharienne, on compte dix-huit États abolitionnistes. Des réformes constitutionnelles sont en cours au Ghana, en Sierra Leone, au Zimbabwe et au Mali. Si le sujet ne passionne guère les populations, les dirigeants ne s’opposent pas à la marche de l’Histoire. Le Cap-Vert est le premier pays du continent à avoir supprimé la peine de mort, en 1981. Suivront la Namibie, le Mozambique et São Tomé e Príncipe (1990), la Guinée-Bissau et les Seychelles (1993), Djibouti et Maurice (1995). En Afrique du Sud, sous l’impulsion de Nelson Mandela et de Desmond Tutu, le processus a abouti en 1997, même s’il arrive à Jacob Zuma de remettre la question sur le tapis pour des raisons électoralistes. La Côte d’Ivoire (2000), le Sénégal (2004), le Liberia (2005), le Rwanda (2007), le Burundi et le Togo (2009), le Gabon (2010) et le Bénin ont sauté le pas. En novembre 2008, la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples a adopté une résolution demandant aux États adhérant à la Charte africaine des droits de l’homme d’observer un moratoire. Une vingtaine d’exécutions ont tout de même eu lieu en 2010 (au Botswana, en Guinée équatoriale, en Somalie et au Soudan). Le Nigeria préoccupe aussi les abolitionnistes. Comme Obama aux États-Unis, le président Goodluck Jonathan n’a pas le pouvoir de s’opposer aux décisions fédérales, et, surtout, à l’application de la charia dans le nord du pays. ●

Piqués comme des chiens

est généralement composée de trois produits : un anesthésiant, un relaxant musculaire et la dose fatale qui provoque Aux États-Unis, les injections létales sont réalisées avec un produit l’arrêt cardiaque. En octobre 2010, Jeffrey utilisé pour euthanasier les animaux… Landrigan, un Amérindien de 50 ans, a été exécuté en Arizona. Problème : peu l aura fallu deux minutes. Cent vingt signe évident de souffrance du condamné, avant, le thiopental, l’anesthésiant, était secondes pendant lesquelles, sous explique la Française Sandrine Ageorgesen rupture de stock aux États-Unis. l’œil d’une caméra, il a cligné des Skinner, militante abolitionniste et épouse Certains États américains ont alors yeux et avalé sa salive, avant de fermer deHankSkinner,unAméricaincondamné trouvé un produit de substitution : le pentobarbital. Le laborales paupières. Andrew Grant De Young, 37 ans, est mort le 21 juillet à 20 h 04. Aux toire suédois Lunnbeck Les condamnés ont droit à un États-Unis, l’exécution est considérée avait une unité de fabriterrible cocktail : un anesthésiant, cation au Kansas, il ne comme « réussie » en raison de sa rapidité. La vidéo – mise sous scellés par la justice – un relaxant et la dose fatale. contrevenait donc pas au règlement européen qui avait été demandée par les avocats d’un interdit ce type d’exportations. La firme autre détenu. Ils souhaitaient démontrer à mort au Texas. Elle restera donc dans les que le recours à un produit utilisé pour archives de la prison. » Depuis le début a réagi fin juin et refuse désormais que euthanasier les animaux (le pentobarbital de l’année, vingt-cinq détenus ont été son produit soit utilisé dans les condamenl’occurrence)danslaprocédured’injecexécutés avec du pentobarbital, dont nations à mort. Sauf que les États améTroy Davis le 21 septembre. ricains ont déjà fait leurs stocks et que tions mortelles s’apparente à de la torture. L’agonie est parfois longue, terrible. « Mais Inscrite dans le code pénal de vingtla durée de vie du produit est longue. ● cette fois, les images n’ont montré aucun quatre États américains, l’injection létale JUSTINE SPIEGEL

I

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La semaine de J.A. Les gens

14

Ý La justice malgache a réactivé le MANDAT D’ARRÊT INTERNATIONAL lancé en 2010 contre le chef d’État déchu.

je serai de retour », clame-t-il. Le soir même, sur les ondes de Radio France Internationale, il se dit prêt à « rentrer immédiatement » et à se présenter à la prochaine présidentielle. Surtout, il élude la question sur ses condamnations en les qualifiant d’« illégales » car issues d’un « régime illégal ». JÉRÔME DELAY/AFP

PROVOCATION. C’en est trop pour la HAT,

Marc Ravalomanana Wanted! La feuille de route signée, l’ex-président malgache pensait pouvoir rentrer au pays. Mais il est désormais un homme traqué.

A

-t-il déjà pris son billetd’avion, comme en février, lorsqu’il l’avait brandi devant la presse avant de se voir refuser l’accès à l’appareil ? Pas sûr. Dans son cas, chat échaudé aurait bien raison de craindre l’eau froide. Car le retour de Marc Ravalomanana, 61 ans, à Madagascar est un éternel recommencement. Son exil en Afrique du Sud, en mars 2009, devait être temporaire. Mais, comme pour Jean-Bertrand Aristide, qui a passé sept longues années à Johannesburg avant de pouvoir rentrer en Haïti – en mars dernier –, Ravalomanana voit invariablement la porte du terminal de l’aéroport flambant neuf de Jo’burg se refermer devant lui au dernier moment. Le 18 septembre, il pensait bien que c’était la bonne. La veille, dix des onze entités politiques, dont la sienne, s’étaient enfin entendues pour signer la feuille de route de sortie de crise élaborée par la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et qui butait

depuis des mois sur le sort réservé aux exilés politiques. Longtemps, la Haute Autorité de la transition (HAT), présidée par Andry Rajoelina, s’est opposée à leur retour « sans conditions ». Sous la pression conjuguée de la communauté internationale et de plusieurs groupes politiques malgaches, le jeune président (37 ans) a fini par s’y résoudre. Mais il a sauvé la face. Dans une note annexe à la feuille de route, il est précisé que le retour « sans conditions » des rapatriés « n’implique pas une exonération de poursuites judiciaires », et que la SADC « reconnaît et respecte la compétence, la légitimité et l’indépendance » de la justice malgache. Or Ravalomanana est sous le coup de trois condamnations par contumace – dont une peine de travaux forcés pour la tuerie du 8 février 2009 (36 morts). S’il rentre, il sait qu’il sera cueilli par les forces de l’ordre. Qu’à cela ne tienne. Le 18 septembre, Ravalomanana s’adresse au téléphone – comme souvent depuis deux ans et demi – à ses partisans, à Tana. « Bientôt,

qui crie à la « provocation ». La riposte ne se fait pas attendre: le 21 septembre, le généralRichardRavalomanana(aucunlienavec Marc) annonce qu’une délégation de dix gendarmesetpolicierss’apprêteàs’envoler pour Johannesburg afin « d’appréhender » le président déchu. Une demande écrite est envoyée en ce sens à Pretoria. La veille, les autorités judiciaires avaient réactivé le mandat d’arrêt international qu’elles avaient lancé en août 2010. « À l’époque, nous n’étions pas reconnus par la communauté internationale. Il n’y avait eu aucunes suites. Maintenant que nous avons signé la feuille de route, cela va changer », explique le ministre de la Communication, Harry Laurent Rahajason. «Onnepouvaitpasresterlesbrascroisés face à un tel outrage! » explique un proche de Rajoelina. Et tant pis si cette décision risque de compliquer les négociations sur la répartition des postes entre les différentes mouvances dans les instances de la transition, et de rafraîchir les relations déjà glaciales entre Tana et Pretoria. Il est peu probable en effet que l’Afrique du Sud accède à la demande de la HAT. « Il n’existe pasd’accordjudiciaireentrelesdeuxpays», rappelle Me Hanitra Razafimanantsoa, l’avocate de Ravalomanana, lequel peut en outre compter sur le soutien diplomatique de Jacob Zuma. Irrité par ses sorties, qui tranchent avec l’obligation de réserve qui lui est faite, ce dernier ne serait pourtant pas fâché de le voir déguerpir. ● RÉMI CARAYOL

NOMINATIONS

OKWUI ENWEZOR ART MODERNE L’historien et commissaire artistique nigérian de 48 ans prendra la tête du Haus der Kunst, le musée d’art moderne de Munich, le 1er octobre.

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CHEIKH AHMED IBN JASSEM IBN MOHAMED AL THANI AL-JAZIRA Ingénieur dans l’industrie pétrolière, ce membre de la famille régnante qatarie a été nommé directeur général de la célèbre chaîne de télévision le 20 septembre.

JEUNE AFRIQUE


EN HAUSSE

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PIERRE HANOTAUX

Peter De Villiers Haut en couleur

Le directeur de cabinet du ministre français de la Culture, Frédéric Mitterrand, devrait succéder à Christine Ockrent comme numéro deux de l’Audiovisuel extérieur de la France (AEF), qui regroupe France 24, RFI etTV5.

Réputé pour son tempérament d’airain, le premier entraîneur noir des Springboks est à l’origine d’une nouvelle polémique.

VÉRONE MANKOU

PIERRE BOISSELET

Ý Le coach sud-africain estime que LE HAKA A ÉTÉ GALVAUDÉ.

Patron de VMK, le programmateur brazzavillois de 25 ans a présenté la première tablette tactile africaine lors de l’Africa Web Summit, le 17 septembre, à Brazzaville. La tablette sera conçue au Congo et assemblée en Chine.

Le 21 septembre, cette ex-journaliste de 51 ans a été élue présidente du Parti travailliste israélien avec 54 % des voix (contre 46 % pour Amir Peretz). Elle est la première femme à diriger le parti depuis Golda Meir.

ALEXANDRE CHAUSSET ; DR

SHELLY YACIMOVITCH

EN BAISSE

ABBA ABACHA Le fils de l’ex-dictateur nigérian Sani Abacha sera rejugé à Genève. Sa condamnation en 2010 à deux ans de prison avec sursis pour participation à une organisation criminelle avait été annulée pour vice de procédure. TONY BLAIR L’ex-Premier ministre britannique a été épinglé par la presse anglaise pour ses amitiés avec l’ex-régime libyen. Il se serait rendu discrètement en Libye en juin 2008 et en avril 2009 pour rencontrer Kaddafi. NICOLAS BAZIRE L’ex-directeur de cabinet d’Édouard Balladur et proche de Nicolas Sarkozy a été mis en examen le 22 septembre pour complicité d’abus de biens sociaux dans l’enquête sur le volet financier de l’affaire Karachi. DR

CIAMBELLI MATTEO/SIPA

P

ar les esclandres qu’il provoque régulièrement, son tempérament rappelle celui d’un première ligne. De fait, sans force de caractère, comment aurait-il pu s’imposer dans le rugby sud-africain, bastion de la culture blanche afrikaner ? Reste que lorsqu’il jouait, Peter De Villiers, 1,65 m, était demi de mêlée, un poste de stratège. Franchise instinctive ou provocation calculée ? À chacune de ses déclarations retentissantes, on peut se poser la question. C’est en Nouvelle-Zélande, où se déroule la Coupe du monde, qu’il a commis la dernière en date. « Pour moi, il y a trop de haka dans l’air, a-t-il déclaré à un journal local à propos de la danse guerrière exécutée par les All Blacks avant leurs matchs. […] Selon moi, il perd de sa force. » La nomination du premier entraîneur noir des Springboks était déjà placée sous le signe de la polémique. Pas facile de succéder à un Jake White (ça ne s’invente pas) auréolé du titre de champion du monde 2007. Surtout quand la planche a été savonnée par le président de l’Union sud-africaine de rugby (Saru), Oregan Hoskins, qui avait alors « reconnu » qu’il n’y avait pas « uniquement des questions de rugby » derrière le choix de De Villiers, citant notamment « l’objectif de la transformation ». En clair, il y a eu discrimination positive. Pourtant, « Div », comme le surnomment les Sud-Africains, avait déjà fait ses preuves en tant que coach en remportant deux titres internationaux: la Coupe du monde des moins de 21 ans en 2005 et la Coupe des nations 2007 avec l’équipe B. Pour son premier tournoi, en 2008, à la tête des « Boks », le natif de Paarl, dans la banlieue du Cap, sélectionne plus d’un tiers de joueurs non blancs. Du jamais vu jusque-là. Puis, en juin 2009, il invoque le racisme pour défendre l’un de ses joueurs. « En Afrique du Sud, avait-il déclaré, quand quelqu’un amène sa voiture chez un garagiste noir et que celui-ci se plante, il n’y retourne jamais », ajoutant que les Blancs, eux, avaient droit à une seconde chance. Avec les bons résultats sportifs, les critiques ont baissé d’intensité. La Coupe du monde offre à De Villiers, 54 ans, l’occasion de les faire taire définitivement. ●

JEUNE AFRIQUE

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16

La semaine de J.A. Décryptage

Algérie Le grand bond en avant Le monopole d’État, c’est fini. Avec le nouveau code de l’information, chaînes de télévision et stations de radio s’ouvrent aux investisseurs privés.

A

prèsundemi-siècledemonopole d’État et vingt ans de pluralisme dans la presse écrite, l’audiovisuel s’ouvre aux investisseurs privés. Plus qu’une réforme, c’est une petite révolution. Le nouveau code de l’information, qui prévoit également la dépénalisation des délits de presse, s’inscrit dans le cadre des mesures promises par le président Bouteflika le 15 avril dans la foulée des révolutions arabes, et destinées « à la consolidation des pratiques démocratiques ». « Aucune disposition privative de liberté ne sera opposée aux journalistes dans le cadre des affaires liées à leur activité professionnelle », assure le communiqué du Conseil des ministres qui a adopté, le 11 septembre, quatre projets de loi (voir J.A. no 2645) présentés comme un « premier pas dans le processus de réformes politiques profondes » du système algérien. « Les premières chaînes de télévision et stations de radio privées pourront émettre dès le début 2012 », promet Nacer LE DESSIN DE LA SEMAINE

Mehal, le ministre de la Communication. Après son examen en Conseil des ministres, le projet de loi sera soumis au vote des deux chambres du Parlement, puis promulgué par Abdelaziz Bouteflika. Auparavant, une Haute Autorité de l’audiovisuel sera créée. Sa composition et ses prérogatives feront l’objet d’un décret présidentiel, mais l’on s’attend à une participation paritaire entre l’ad-

Premier ministre Ahmed Ouyahia, il juge nécessaire « la mise en place de garde-fous » pour empêcher que le paysage audiovisuel « ne soit pollué par la diffusion d’images contraires aux valeurs de [la] culture [algérienne] ou par des chaînes dédiées au charlatanisme ». Un risque qui devrait être pris en considération lors de l’élaboration du cahier des charges.

PROBLÈME DE CONTENU. Qui sera le Bouygues algérien ? L’investissement en matière de chaînes de télévision privées représentant des sommes très élevées, seule une poignée d’hommes d’affaires figure sur la liste des potentiels patrons de ces futurs médias. On évoque l’industriel Issad Rebrab (agroalimentaire et grande distribution, près de 1,5 milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2010), Ali Qui sera le Bouygues algérien ? Haddad (BTP, 800 millions Le champion de l’agroalimentaire, de dollars) ou Djilali Mehri (hôtellerie, Pepsi Algérie, le patron de Pepsi ou le roi du BTP? 500 millions de dollars). Du côté des professionnels, les quotidiens ministration et la corporation. arabophone El-Khabar et francophone À une écrasante majorité, la classe politique a salué cette ouverture au secEl-Watan ont annoncé leur intention de teur privé. Seul le Parti des travailleurs déposer leur demande d’agrément dès (PT) a émis une réserve : son leader, que la Haute Autorité sera installée. Reste Louisa Hanoune, dit craindre que « cette le problème du contenu des programmes libéralisation ne profite qu’aux homdans un pays où les capacités de promes d’affaires et aux barons du secteur duction audiovisuelle sont faibles. Mais informel ». Quant au Rassemblement cela, c’est une autre histoire… ● national démocratique (RND) du CHERIF OUAZANI Chappatte • The International Herald Tribune • Paris

PALESTINE TOC, TOC, OUVREZ-MOI !

VOILÀ MAHMOUD ABBAS, le président de l’Autorité palestinienne, au pied du mur. Ou, plutôt, des murs : celui qui entoure la Cisjordanie et celui dressé au Conseil de sécurité de l’ONU par Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, et par Barack Obama, qui a renoncé à être l’architecte de la paix. Abbas, qui s’apprête à déposer la demande d’admission de la Palestine, hésite, attaché-case dans une main, drapeau dans l’autre. Un drapeau sans couleur pour un État sans frontières et une nation qui peine à trouver son unité… N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

JEUNE AFRIQUE


ILS ONT DIT

de dollars, au cours actuel de l’or. Mais il n’est pas à vendre. La Goldplus aurait été créée pour fêter les 5 000 ans de la joaillerie indienne. À moins qu’il ne s’agisse d’une opération de promotion pour relancer les ventes décevantes de la minicitadine… ● MICHAEL PAURON

c’est que la plupart des Tunisiens ne savent même pas pourquoi ils vont voter. Personne ne leur explique ce qu’est une Assemblée constituante et ce qui s’ensuivra. »

MOKHTAR TRIFI Président sortant de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (à propos de l’élection du 23 octobre)

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PARÉE DE 80 KG D’OR 22 carats, de 15 kg d’argent et de 10 000 pierres précieuses, voici la Goldplus, la version bling-bling de la célèbre Nano, la voiture la moins chère au monde (3 000 dollars) produite par le groupe indien Tata Motors. Cet exemplaire unique vaut, lui, quelque 4,68 millions

« Ce qui m’inquiète,

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Bling-bling Un bijou de voiture!

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« Le mouvement Y’en a marre

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traduit justement l’échec de l’opposition sénégalaise. » SERIGNE MBACKÉ NDIAYE Porte-parole de la présidence

ILS ONT DÉCOUVERT LE 18 JUILLET, dans le nord-est de l’Ouganda,lecrânequasicompletd’ungrandsingevieuxde20millions d’années. Brigitte Senut, professeure au Museum national d’histoire naturelle de Paris (MNHN), et Martin Pickford, paléontologue au Collège de France, ont présenté cet Ugandapithecus major le 19 septembre au MNHN, en présence d’Yves Coppens, le célèbre découvreur de l’australopithèque Lucy. « Comme le prouve sa dentition forte mais encore peu usée, il s’agit d’un jeune mâle d’une dizaine d’années, explique Senut. Il a les dents aussi grandes que celles d’un gorille. Bien que la taille de son cerveau soit similaire à celle d’un grand chimpanzé mâle, son gabarit correspond plutôt à celui d’un gibbon. » Primate arboricole, il a vécu bien avant la bifurcation entre la lignée des grands singes et celle des hominidés. « Son analyse permettra de mieux comprendre l’évolution des espèces durant la période qui a précédé cette bifurcation », indique Pickford. Avant de reprendre l’avion pour Kampala, le spécimen sera analysé grâce au CT-scan, un scanner ultraperformant dont s’est doté le MNHN. Cet appareil, qui a coûté 876 000 euros, permet d’observer les structures internes des ossements sans avoir recours à la moindre coupe. « Les os sont remplis de mémoire. On n’aura peut-être pas le menu complet de ce grand singe, mais tout de même un certain nombre d’informations sur les spécificités de son alimentation », se réjouit Coppens. Senut, elle, se dit impatiente de repartir en Ouganda : « Sur le site du volcan Napak, il y a du travail pour cinquante ans, si ce n’est plus. » ● ALEXANDRA BOQUILLON jeune afrique .com JEUNE AFRIQUE

SILVIO BERLUSCONI Chef du gouvernement italien (placé sur écoute téléphonique)

« Quoi qu’on dise sur M. Berlusconi et ses relations avec le beau sexe, il a montré qu’il était un homme d’État responsable. » VLADIMIR POUTINE Premier ministre russe

«

Il est quand même incroyable de voir qu’il n’y a aucun député de couleur de Seine-Saint-Denis, du Val-de-Marne, de Marseille ou de Lyon ! » GEORGE PAU-LANGEVIN Députée française (et seule élue de couleur en métropole)

Ý Retrouvez les interviews de Brigitte Senut

et de Yves Coppens sur jeuneafrique.com

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VIM/ABACAPRESS

Paléontologie Notre cousin ougandais

« Je veux passer mes journées avec des filles et faire mon métier de Premier ministre à mes moments perdus. »


La semaine de J.A. Décryptage Ý À L’HÔTEL DJERBA BEACH. Depuis neuf mois, le nombre des visiteurs étrangers a chuté de 36 % dans le pays.

NICOLAS FAUQUÉ/IMAGESDETUNISIE.COM

Tunisie Fini les vacances

Depuis plusieurs mois, l’activité touristique est au plus bas. Et ce n’est pas l’attaque du 21 septembre, à la frontière algérienne, qui va arranger les choses…

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ouveau coup dur pour le tourisme saharien : le 21 septembre, l’armée tunisienne a neutralisé un groupe armé infiltré dans l’extrême sud du pays, à une vingtaine de kilomètres de la frontière avec l’Algérie. Circulant à bord de neuf véhicules tout terrain, les assaillants ont utilisé des armes antiaériennes contre un hélicoptère de l’armée qui les pourchassait, sans l’atteindre toutefois. Cette tentative d’infiltration n’est pas la première. Depuis février, le désert tuniso-libyo-algérien est devenu une zone à risques, et l’activité touristique tunisienne dans le Sud-Ouest en pâtit. Depuis des semaines, Mehdi Houas, le

ministre du Commerce et du Tourisme, ne cesse de prédire que les résultats de 2011 seront « catastrophiques », et même les pires que la Tunisie ait jamais eus. Les statistiques le confirment. Entre le 1er janvier et le 10 septembre, le nombre de visiteurs étrangers a chuté de 36 %, les nuitées dans les hôtels de 43 % et les recettes en devises de 41 % par rapport à la même période en 2010. Comme on se trouve à la fin de la haute saison, ces chiffres donnent la tendance de l’année entière. TOURMENTE. La révolution tunisienne

et celle de la Libye voisine en sont évidemment la cause. Bien que le risque

sécuritaire soit quasi nul dans les zones balnéaires,l’industrie hôtelière est plongée dans la tourmente. La désaffection des touristes européens, mais aussi libyens et algériens, a entraîné la fermeture de 24 des 800 hôtels que compte le pays. Les propriétaires d’établissements haut de gamme (4 et 5 étoiles), qui représentent un peu moins de 50 % du parc hôtelier, sont désemparés. Près de la moitié d’entre eux avaient cru bien faire en louant leurs unités à des chaînes internationales. Or, ces dernières ont parfois pris prétexte de la baisse d’activité en période creuse (de janvier à mars) pour ne plus respecter leurs engagements contractuels. Ainsi, l’espagnol Vincci Méditerranée a suspendu depuis le début de l’année le paiement de ses traites mensuelles et exige des propriétaires qu’ils révisent leurs contrats de location à la baisse. « Cela met en péril notre entreprise et affecte également les banques qui nous ont prêté de l’argent, déplore Nouri Chaabane, propriétaire de deux palaces à Mahdia, dont l’un est loué à Vincci. C’est un coup dur pour l’économie nationale. » La Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH) signale de son côté que les touropérateurs demandent eux aussi des réductions de prix ainsi que la renégociation des contrats de gestion et de location des établissements hôteliers. Alors que la vente moyenne d’une nuitée en Tunisie serait de 15 euros, contre 40 euros pour le Maroc, ils veulent encore casser les prix. « Certaines offres sont même déshonorantes, se plaint Hédi Hamdi, un spécialiste du tourisme. Un hôtelier de Hammamet s’est même vu exiger de vendre à 7 dinars [3,60 euros] la nuitée pour l’hiver prochain. » ● ABDELAZIZ BARROUHI, à Tunis

À SUIVRE LA SEMAINE PROCHAINE

1er

OCTOBRE

Au Sénégal, début de la saison 2011-2012 de lutte. Le combat d’ouverture opposera Bazooka à Gouy Gui. Modou, Lô Eumeu Sène, Balla Gaye 2 etYékini sont eux aussi très attendus. N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

DU 6

AU

8

7

OCTOBRE

À Johannesburg, le conseil de discipline de l’ANC reprend l’examen du cas de Julius Malema. Accusé d’avoir porté atteinte à la réputation du parti, le président de sa Ligue de la jeunesse risque l’exclusion.

DR

18

OCTOBRE

Proclamation du prix Nobel de la paix, à Oslo (Norvège). Furieuse qu’il ait été attribué au dissident Liu Xiaobo en 2010, la Chine a créé son propre prix, le « Confucius de la paix ». Vladimir Poutine en est le favori… JEUNE AFRIQUE


RÉPUBLIQUE DU

CAMEROUN

AUCŒURD’UN DÉPLOIEMENT INTERNATIONAL DIVERSIFIÉ

© PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE

S

MESSAGE

PAUL BIYA, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DU CAMEROUN.

es concepteurs l’avaient baptisé « Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi » (DSCE). En laboratoire depuis 2008 pour pallier les insuffisances de son devancier, le Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP) – 2003-2008 –, le DSCE incarne le nouveau projet de société et la nouvelle vision de développement à long terme portés par le concept des « Grandes Ambitions » du président Paul Biya. Mis en œuvre en 2010 pour une durée de dix ans, le DSCE se pose désormais comme un instrument de mesure de l’évolution socio-économique nationale et un cadre de convergence de la politique gouvernementale en matière de coopération avec les partenaires techniques et financiers internationaux. Depuis deux ans, ses grandes orientations ont rythmé les secteurs sociaux névralgiques de la vie nationale du Cameroun. Le déploiement du pays à travers une coopération internationale diversifiée s’en est tout aussi abondamment nourri. Et aux partenaires traditionnels de référence sont venus désormais se mêler ceux issus de la sphère dite de l’émergence.


RÉPUBLIQUE DU

CHANTIER ROUTIER À BERTOUA.

TRAITEMENT DE L’EAU À DOUALA.

CAMEROUN

Coopération France-Cameroun : les dividendes du futur

LA PLACE DJOUNGOLO, AU CŒUR DE YAOUNDÉ.

MESSAGE

Yaoundé : la place Djoungolo fait peau neuve Il y a quelques années, circuler sur le carrefour de la préfecture à Yaoundé ressemblait à un parcours du combattant.Chaque jour,les agents de policechargés de régler la circulation étaient débordés dans cet endroit qui enregistrait un grand nombre d’accidents. GrâceauContratdeDésendettementDéveloppement (C2D), volet bilatéral France-Cameroun de l’initiative PPTE, l’aménagement de ce carrefour névralgique est devenu une réalité aujourd’hui. Il fait aujourd’hui la fierté de la capitale camerounaise, à l’exemple du giratoire Joss de Douala. En effet, les travaux lancés en avril 2008 ont permis deux ans plus tard d’y créer un giratoire avec passage souterrain, cette option présentant le meilleur niveau de satisfaction. Les conditions de mobilité y ont été améliorées, dans le but de favoriser les échanges économiques. Les travaux, évalués à 10,99 milliards de F CFA ont été conjointement financés par des fonds PPTE multilatéraux et par les fonds PPTE C2D. Le C2D de deuxième génération en cours devra prendre en compte d’autres villes du Cameroun telles que Bafoussam et Garoua, avec en prime l’amélioration des conditions de mobilité urbaine et le désenclavement des quartiers d’habitat populaire.

C’est après une longue période de crise économique sévère que le Cameroun a atteint, le 28 avril 2006, le point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). À compter de cet instant, les échéances dues par le Cameroun à la France (son partenaire séculaire) sont désormais refinancées par des dons destinés aux programmes de lutte contre la pauvreté. Il s’agit de l’allègement de la dette à travers un Contrat de Désendettement et de Développement (C2D), par ailleurs le plus important jamais signé. Financé à hauteur de 352,7 milliards de F CFA, il s’étale sur la période 2006-2010. Avec cinq points d’affectation principaux, ce contrat reste en conformité avec les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) : santé et lutte contre le sida, infrastructures, éducation de base, agriculture et sécurité alimentaire. En effet, la France est un des premiers partenaires bilatéraux du Cameroun et le premier partenaire s’agissant de l’aide au développement. La mise en œuvre d’un Contrat de Désendettement et de Développement a été l’occasion d’un approfondissement notable des relations bilatérales entre le Cameroun et la France. Ses réalisations les plus visibles sont sans nul doute l’échangeur du lieu-dit « Carrefour Préfecture » à Yaoundé et le giratoire Joss à Douala.

© ZEBAZE

© MAPOUP

Le financement par le C2D des programmes camerounais de lutte contre la pauvreté a contribué à l’approfondissement des relations entre les deux pays.

LE GIRATOIRE JOSS, À DOUALA.


USINE À YAOUNDÉ.

LE PALAIS DES SPORTS DE YAOUNDÉ.

PARC À BOIS À DOUALA.

IMMEUBLE EN CONSTRUCTION À YAOUNDÉ.

Les pays émergents comme modèles Leur stature internationale actuelle résulte d’une évolution spectaculaire partie il n’y a pas longtemps du même niveau de développement que celui du Cameroun. Celui-ci entend s’en inspirer pour émerger à l’horizon 2035.

BARRAGE HYDROÉLECTRIQUE DE LAGDO (NORD).

Un second C2D d’un montant de 213 milliards de F CFA pour la période 2011-2016 a été signé cette année. Il sera centré sur deux principaux secteurs : l’agriculture et le développement rural (60 %) et les infrastructures et le développement urbain (34 %), sans oublier l’hydraulique villageoise. Après le premier C2D axé, sur les métropoles de Douala et Yaoundé, et en relation avec la priorité donnée au secteur rural, le C2D de deuxième génération en gestation se penchera sur le développement urbain des villes secondaires telles que Bafoussam et Garoua. Il s’agira alors de faciliter l’écoulement des produits agricoles et de réorienter les projets en rapport avec le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE). En 2009, une nouvelle dynamique a été insufflée à la coopération entre le Cameroun et la France avec la signature d’un accord de partenariat de défense et d’un autre sur la gestion concertée des flux migratoires. La présence française au Cameroun est très diversifiée et le stock des investissements français représente 20 % du montant total des investissements directs étrangers (IDE). On dénombre environ 105 filiales françaises implantées au Cameroun et les domaines concernés couvrent tous les secteurs clés de l’économie camerounaise (pétrole, cultures de rente et agroalimentaire, bois, ciment, BTP, téléphonie mobile, distribution, transport, logistique, banque, assurance...). Orange est la dernière société d’envergure à s’être implantée au Cameroun (en 2000), tandis que GDF-Suez a créé en 2010 une filiale chargée de conduire les études de faisabilité du projet gazier de Kribi. Le nombre important de PME-PMI fondées par des Franco-Camerounais témoigne de la vitalité des liens économiques tissés entre les deux pays.

À Yaoundé, le discours officiel ne s’embarrasse plus de protocole pour avouer publiquement l’attrait irrésistible qu’exerce sur le pays l’exemple chinois. « La Chine a montré qu’en quelques décennies, grâce au dynamisme de son peuple et aux choix judicieux de ses dirigeants, elle pouvait passer du sous-développement au rang de pays industrialisé… Ce parcours exceptionnel suscite bien entendu de l’admiration, mais il est aussi pour les pays du Sud un modèle dont ils doivent s’inspirer…» Paul Biya, le chef de l’État du Cameroun qui parlait ainsi le 13 janvier 2011 à un haut dignitaire chinois en visite à Yaoundé, ne lui a pas caché que son pays, pour atteindre son objectif (devenir un pays émergent à l’horizon 2035), s’est préalablement doté des arguments de son ambition. Un vaste programme d’investissement dans les domaines de la production énergétique, de l’agriculture, de la distribution d’eau potable, des infrastructures routières, ferroviaires et portuaires, de l’exploitation minière, des télécommunications et de la santé… Une vision à long terme portée par le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE) et qui fonde la conviction intime du président Paul Biya qu’à cette échéance le Cameroun aura sa place dans le concert des nations en tant que pays émergent. À cette heureuse perspective nationale est venue se greffer opportunément une exaltation continentale à travers « Africa 21 », la conférence internationale sur les nouveaux défis de l’Afrique au XXIe siècle convoquée en mai 2010 àYaoundé par le président Paul Biya. Les conclusions des experts venus des quatre coins de la planète sont formelles. « Le XXIe siècle est celui du retour de l’Afrique à une forte croissance, à une limitation de son endettement et à une plus grande audience dans la communauté internationale. » Avec ses valeurs humaines, la force de sa jeunesse, la richesse de son environnement et l’abondance des ressources de son sol et de son sous-sol, les arguments ne lui manquent pas. Autant d’éléments que le développement des partenariats publicprivé et les échanges avec les pays émergents contribueront à auréoler d’une plus grande efficacité. Le chef de l’État camerounais souscrit entièrement à cette thèse et en fait chaque jour la démonstration.


RÉPUBLIQUE DU

TRANSPORT FERROVIAIRE CAMEROUNAIS.

LES HAUTS PLATEAUX AGRICOLES DE L’OUEST.

CAMEROUN

Le Brésil et la Chine en tête de peloton

PHOTOS CI-DESSUS DE HAUT EN BAS

CHANTIER DU FUTUR PORT EN EAU PROFONDE DE KRIBI. INFRASTRUCTURES DES TÉLÉCOMMUNICATIONS À KRIBI. LABORATOIRE D’ANALYSES DE L’HÔPITAL GYNÉCO-OBSTÉTRIQUE ET PÉDIATRIQUE DE YAOUNDÉ. FUTURE CENTRALE À GAZ DE KRIBI.

Après la mise en œuvre du Document de sStratégie pour la Croissance et l’Emploi et la publication des résolutions édifiantes d’Africa 21, le Brésil s’est posé pour le président camerounais comme le premier champ d’expérimentation de son nouvel engagement international. Lors de la visite officielle qu’il y a effectuée du 3 au 5 août 2010, l’émotion des retrouvailles avec « l’ami » Luiz Inàcio Lula da Silva, presque sur le départ, n’a nullement occulté la signature de quatre accords appelés à booster les relations de coopération entre les deux pays dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, du tourisme, de la promotion des activités culturelles, diplomatiques et consulaires. Avec à la clé une offensive de charme envers les investisseurs privés brésiliens, conviés à saisir les nombreuses opportunités d’affaires qu’offre un code d’investissement bien attractif. Au cours de la visite d’État que Paul Biya a effectuée en Chine en juillet 2011, la signature de sept nouveaux accords consolidant quarante années de coopération consacre un partenariat effectif dans les infrastructures routières et de la santé, la production d’énergie, l’adduction d’eau… avec, au cœur des opérations, l’Exim Bank of China. Elle intervient notamment dans le financement du projet de construction du barrage hydraulique de Memve’elé à hauteur de 243 milliards de F CFA, du port en eau profonde de Kribi pour 207 milliards de F CFA… et la construction de logements sociaux (3,5 milliards de F CFA). Dans ce contexte, la Chine a tout naturellement été hissée du statut de partenaire majeur à celui de partenaire stratégique par le chef de l’État. Au palais de l’Unité deYaoundé, le ballet diplomatique des différents dignitaires venus de Turquie, de Singapour, de l’Inde, de Malaisie, de l’Indonésie, du Pakistan, de Corée du Sud... témoigne de l’orientation multidirectionnelle imprimée désormais du sommet à la diplomatie camerounaise. Le vœu est que l’administration camerounaise puisse se hisser à la hauteur de cette nouvelle donne. Par le passé, elle ne s’est hélas pas illustrée par sa célérité en la matière. Des manquements régulièrement dénoncés par Paul Biya mais auxquels l’équation personnelle de l’homme finit par s’imposer comme antidote. Les organisations internationales lui en savent gré et ne lui ont jamais marchandé leur confiance : en témoigne, entre autres illustrations, l’implantation récente à Douala de la force de maintien de la paix de l’Union africaine.

DIFCOM/DF - PHOTOS : RENAUD VAN DER MEEREN /LES ÉDITIONS DU JAGUAR SAUF MENTION.

MESSAGE

L’éventail des nouveaux partenaires au développement englobe tout aussi bien les plus représentatifs de l’Europe balkanique que ceux issus d’Asie du Sud-Est ou méridionale.


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STÉPHANE DE SAKUTIN/AFP

OCDE

JEUNEAFRIQUE.COM

JOSÉ EDUARDO DOS SANTOS lors du 31e sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), à Luanda, le 17 août.

Angola Dos Santos chahuté Alors qu’il fête le trente-deuxième anniversaire de son accession au pouvoir, le président angolais est confronté à une contestation croissante.

E

n termes de longévité présidentielle, l’inusable José Eduardo dos Santos, 69 ans, n’a pas à se plaindre : il occupe le deuxième rang mondial. Seul Teodoro Obiang Nguema,sonhomologueéquato-guinéen, le devance de… quarante-neuf jours. En Angola, le dernier scrutin présidentiel remonte à 1992. Malgré vingt-sept ans de guerre civile, le pays s’est beaucoup enrichi grâce au pétrole. Mais tout cela ne suffit plus pour bon nombre d’Angolais, las de subir ce pouvoir autoritaire. Galvanisés par les révoltes populaires en Afrique du Nord, une poignée de jeunes avaient appelé – via des réseaux sociaux – à manifester dès le mois de mars. Seules douze personnes avaient osé se rendre à ce premier rendez-vous et réclamer « une nouvelle révolution ». ARRESTATIONS. Mais aussitôt le pouvoir

s’inquiète et prend ce petit rassemblement très au sérieux. Le 3 septembre, une manifestation, cette fois autorisée, rassemble des centaines de jeunes dans les rues de Luanda. Ils exigent la fin de « trente-deux ans de corruption et JEUNE AFRIQUE

de mauvaise gouvernance ». La police arrête vingt et une personnes, qui seront condamnées à des peines de prison. Le 8 septembre, nouvelle marche et arrestation de dix-huit personnes. Comment en est-on arrivé là ? « Ce vent de revendications démocratiques n’est pas nouveau, explique Lisa Rimli, chercheuse à la division Afrique de l’ONG Human Rights Watch. Il est à replacer dans un contexte marqué par les élections de 2008, remportées par le parti au pouvoir, et, surtout, par l’adoption d’une nouvelle Constitution en 2010, qui stipule que le président sera désormais élu au suffrage indirect. L’espace des libertés s’est rétréci. » Selon la chercheuse, ces jeunes manifestants n’appartiennent à aucun parti politique. Leur détermination inquiète le pouvoir, « car tous les mécanismes qu’il a mis en place pour étouffer toute contestation, comme la corruption et les intimidations, ont échoué ». « Pour justifier la répression et faire peur, le gouvernement brandit la menace d’une reprise de la guerre civile », conclut Lisa Rimli. Jusqu’au prochain épisode. ●

Mario Pezzini, directeur du Centre de développement de l’OCDE : « Les échanges commerciaux de la Chine avec l’Afrique seront bientôt équivalents à ceux de l’Europe. »

SONDAGE Le Conseil national de transition libyen est-il capable d’assurer l’après-Kaddafi ? ZOOM SUR : L’Afrique subsaharienne sera dans le peloton de tête de la croissance, selon le nouveau classement du FMI. Retrouvez les données, pays par pays, à travers nos cartes et tableaux.

CROISSANCE : INFÉRIEURE À -2 % ENTRE -2 % ET 0 ENTRE 0 ET 2 % SUPÉRIEUR À 2 % DONNÉES INSUFISANTES

À LIRE AUSSI : Guinée Dialogue bloqué entre Alpha Condé et l’opposition

TSHITENGE LUBABU M.K. N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011


La semaine de J.A. Tour du monde

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MALAISIE

ANDREAS LAZAROU/AFP

L’étau se desserre

TRANSPORT D’OUVRIERS sur une plateforme pétrolière au large de Chypre. TURQUIE

Tempête en haute mer

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epuis que, le 19 septembre, la République de Chypre a annoncé avoir engagé des opérations d’exploration pétrolière et gazière au large de ses côtes, en coordination avec Israël, la Turquie voit rouge. D’abord, parce qu’elle estime que les autorités chypriotes grecques n’ont pas le droit d’exploiter les ressources naturelles de l’île tant que celle-ci n’est pas réunifiée – elle est divisée depuis 1974 entre un secteur turc, au Nord, non reconnu par la communauté internationale, et un secteur grec, au Sud, membre de l’Union européenne (UE). Ensuite, parce que ses relations avec Israël sont au plus bas depuis l’affaire du Mavi Marmara (en mai 2010, neuf ressortissants turcs furent tués par un commando israélien au large de Gaza). Ankara menace de lancer ses propres explorations, sous protection militaire, et de geler ses relations avec l’UE si les négociations de paix n’aboutissent pas et si Chypre accède à la présidence tournante de l’UE, en juillet 2012. ● LETTONIE

Pro-Russes en tête POUR LA PREMIÈRE FOIS depuis l’indépendance, en 1991, de cette ex-république soviétique, un parti d’opposition pro-Russes est arrivé en tête des législatives du 17 septembre, avec 31,7 % des voix. Souvent accusé d’être inféodé à Vladimir Poutine, le Centre de l’harmonie, dirigé par Nils Oussakov (35 ans), qui s’appuie sur la N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

minorité russophone du pays (27 % de la population), devrait toutefois rester dans l’opposition. Deux formations de centre droit, le Parti de l’unité (17,3 %), de Valdis Dombrovskis, le Premier ministre sortant, et le Parti de la réforme (19,7 %) ont en effet engagé des tractations en vue de former un gouvernement.

SATISFACTION dans les rangs du Barisan National, la coalition au pouvoir en Malaisie, après le discours prononcé le 16 septembre par Najib Razak. À la surprise générale, le chef du gouvernement a en effet annoncé l’abrogation de la loi sur la sécurité publique, qui autorisait la détention sans jugement. « C’est le changement le plus important depuis la libération du joug britannique, en 1957 », a-t-il pavoisé. À deux ans des élections, il permet au moins de couper l’herbe sous le pied de l’opposition. LE CHIFFRE QUI FAIT HONTE

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LE NOMBRE de ministres brésiliens accusés de corruption et contraints à la démission depuis l’arrivée à la présidence de Dilma Rousseff, il y a neuf mois. Le dernier en date se nomme Pedro Novais (81 ans). Il a renoncé à ses fonctions de ministre du Tourisme, le 14 septembre. AFGHANISTAN

La bombe était dans le turban L’ANCIEN PRÉSIDENT Burhanuddin Rabbani, 71 ans, a été tué le 20 septembre dans sa maison de Kaboul par un kamikaze qui prétendait lui apporter un message des talibans, mais dissimulait une bombe dans son turban. Rabbani, qui est tadjik, le recevait dans le cadre de ses fonctions à la tête du Haut Conseil pour la paix. À ce titre, il était chargé d’établir des contacts avec les insurgés (en majorité pachtouns) pour tenter de mettre fin au conflit. Une mission de plus en plus improbable, les talibans multipliant attaques et assassinats. JEUNE AFRIQUE


ARRÊT SUR IMAGE

Albeiro Lopera • Reuters

COLOMBIE

Tyson sur un nuage PENSIONNAIRE DU ZOO DE MEDELLÍN, en Colombie, Tyson souffrait de sérieux problèmes dentaires, ce qui, pour un grand fauve, est sans doute un peu gênant. Ces courageux vétérinaires ont donc eu raison de le soulager, mais n’ont-ils pas eu la main un peu lourde ? Après l’opération, Tyson paraît un peu vaporeux. Comme sur un nuage. Serait-ce l’effet de l’anesthésie ? Ou de quelque plante médicinale locale ?

ÉTATS-UNIS

Homos bienvenus dans l’armée APRÈS SIX MOIS d’âpres débats, la loi dite « Don’t ask, don’t tell » (« ne rien demander, ne rien dire ») a été abrogée le 19 septembre. Elle faisait obligation aux militaires américains de dissimuler leur éventuelle obédience homosexuelle. BIRMANIE

Ça bouge à Rangoon

« HIER, C’EST HIER. Et aujourd’hui, c’est aujourd’hui. Je constate de réels progrès. » L’opposante Aung San Suu Kyi décerne un satisfecit au nouveau gouvernement civil de l’ex-général Thein Sein. Un exemple de progrès ? Le 16 septembre,

JEUNE AFRIQUE

l’interdiction qui frappait plusieurs sites internet (BBC, YouTube, Radio Free Asia) a été levée. Mais il est vrai qu’à peine 0,3 % de la population birmane a accès à internet… ITALIE

Punition

STANDARD AND POOR’S, l’agence de notation américaine, ne croit pas à l’efficacité du plan d’austérité lancé par les autorités italiennes afin de rétablir l’équilibre budgétaire et de réduire la dette (120 % du PIB). Pis, elle estime qu’il oublie l’essentiel : la relance de la croissance. Et comme elle juge la coalition au pouvoir « fragile » (elle n’évoque pas les divers scandales impliquant son chef, mais c’est sous-entendu), elle a fini, le 19 septembre, par abaisser la note de la dette italienne.

VENEZUELA

L’opposition marque un point TANDIS QUE le président, Hugo Chávez, est reparti pour Cuba, où il a subi une quatrième séance de chimiothérapie, la date de la présidentielle a été fixée. Ce sera le 7 octobre 2012. Le scrutin devrait voir émerger une nouvelle figure de l’opposition. La Cour interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a en effet autorisé Leopoldo López, ancien maire de Caracas et chef de Voluntad Popular (centre droit), à participer à la primaire de son parti. Convaincu de financement illégal d’un parti politique et de détournement de fonds, il lui était depuis 2008 interdit de briguer un mandat électif. N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

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Grand angle

REPORTAGE

Voyage

Ð PLACE DES MARTYRS, 12 SEPTEMBRE. La foule écoute le premier discours à Tripoli du président Mustapha Abdeljalil. LE

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JEUNE AFRIQUE


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en Libye libre Texte :

Photo :

JEUNE AFRIQUE

YOUSSEF AÏT AKDIM AUDE OSNOWYCZ, envoyés spéciaux

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Grand angle

Reportage

Un mois après la chute de Tripoli, les nouveaux maîtres du pays doivent asseoir leur pouvoir, soumettre les dernières poches kaddafistes, apaiser les rivalités entre factions rebelles, construire un État… Et prôner la réconciliation après quarante-deux années de dictature.

E

n cette soirée du lundi 12 septembre, Tripoli exulte. Sur l’ancienne place Verte, rebaptisée place des Martyrs, un podium a été dressé pour accueillir les leaders de la nouvelle Libye, Mustapha Abdeljalil, le président du Conseil national de transition (CNT) en tête. À droite de la tribune, des milliers de jeunes agitent le drapeau rouge, noir et vert. Hérité de la monarchie, l’emblème de leur révolution estpartout,surlestee-shirts,surlesstickers dont sont constellées les voitures, accroché aux balcons des maisons. À gauche, les femmes sont rassemblées en nombre, avec enfants. La sécurité paraît fébrile : la veille, l’arrivée du président, pour sa première visite à Tripoli depuis le début de la révolte, en février, s’est déroulée dans une pagaille totale. Au pied de l’avion,

excès de zèle, dissensions et empoignades entre services de sécurité ont gâché la fête. Abdeljalil n’a pas apprécié le spectacle et l’a fait savoir à ses collaborateurs. Surnommé, selon la proximité ou le degré de piété, raïs, moustachar (juge-conseiller, fonction occupée sous Kaddafi) ou tout simplement cheikh ou hadj, Abdeljalil est unanimement apprécié, même s’il joue (un peu) de son personnage énigmatique (lire p. 29). Il n’aime pas les honneurs de la fonction, mais en supporte pour l’instant les charges. Dans son discours, improvisé de bout en bout, en ce 12 septembre, le chef du CNT rend hommage aux villes qui se sont soulevées, remercie les pays amis et décline sa vision pour la Libye qui vient. Illuminant la nuit tripolitaine, les feux d’artifice ponctuent chacune de ses phrases. La foule entonne des « Allah Akbar ! » en réponse à sa promesse de faire de la charia

la source principale de la législation. Des hourras saluent l’attachement répété à un islammodéréetouvert.L’heureestàlafête, une ambiance qui tranche évidemment avec le quotidien toujours difficile pour la majorité des Tripolitains. Même si, jour après jour, le retour à la vie normale se précise. Les boulangeries et les épiceries ont rouvert et les semaines de siège sont déjà oubliées. L’eau et l’électricité sont également rétablies. Quant aux salaires des fonctionnaires, impayés depuis le mois de juin, les autorités promettent leur régularisation avant la fin de septembre – plus un bonus. FINIR LE TRAVAIL. Si la plupart des policierssesontportésvolontairespourretourner dans les rues, c’est pour ne pas céder la place aux jeunes rebelles, qui tiennent aujourd’hui les bawabat (check-points) et pourraient se révéler difficiles à déloger. Une jeunesse avide de changement qui a gagné au front une nouvelle hardiesse. Voire une pointe d’insolence. Quand le présidentévoquelesvillesquiontparticipé à la révolution, les manifestants scandent: « Le peuple veut libérer Bani Walid ! »

Æ LA PLUPART DES REBELLES sont de jeunes combattants. Étudiants, chômeurs, ingénieurs, mécaniciens… Ils ont rapidement appris le maniement des armes. C’est à son domicile, à Tripoli, qu’Abdallah nettoie sa mitrailleuse, après les combats.

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JEUNE AFRIQUE


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Ý EN PRIÈRE AVEC RECEP TAYYIP ERDOGAN, le Premier ministre turc (à g.), le 16 septembre, à Tripoli.

Depuis la prise rapide de Tripoli, en effet, les rebelles ralentissent le rythme et buttent aux portes des bastions de l’ancien régime : Syrte (ville natale de Kaddafi, au centre), Bani Walid (entre Syrte et Tripoli) et, jusqu’au 21 septembre, Sebha, (capitale du Fezzan, au sud). En fait, les nouveaux maîtres de la Libye disaient attendre une reddition sans combats avant le 9 septembre, date limite fixée aux partisans de Kaddafi. En réalité, cette révolte, née dans le sang de la répression kaddafiste, craint par-dessus tout de se conclure par une victoire amère, chère en pertes civiles. Dans les ultimes fiefs de l’ancien régime, les dernières forces qui résistent au nouveau pouvoir se cachent au sein de la population. Pour échapper aux frappes de l’Otan et tendre le piège de la bavure. Mais cette retenue affichée par le CNT passe aussi pour de la faiblesse et attise les rumeurs : « C’est le Premier ministre, Mahmoud Jibril, qui freine des quatre fers la liquidation de Bani Walid, car c’est la capitale des Warfala, sa tribu », souligne un proche d’Abdelhakim Belhadj, ancien djihadiste aujourd’hui maître de la capitale avec ses hommes du Groupe islamique combattant libyen (GICL). Tripoli ville conquise. Libérée. Mais toujours sous hautetension.Lescheck-pointscontinuent de rythmer la vie dans la capitale. Un virage négocié trop vite face à une route JEUNE AFRIQUE

MUSTAPHA ABDELJALIL : « LA GUERRE N’EST PAS FINIE » PRÉSIDENT PIEUX, Mustapha Abdeljalil soigne sa réputation de cheikh. Il donne ses rendez-vous très tôt mais fait patienter ses ouailles de longues heures à la porte du siège du CNT, situé dans un quartier résidentiel de Benghazi. Le visiteur peut alors observer un banal bureau se transformer en zaouïa. La sécurité filtre les entrées sans zèle excessif. Une poignée de main ferme, mais furtive. L’homme a tombé la calotte, soigne ses nœuds de cravate, mais les manches tombent, comme souvent chez les religieux. Dans une pièce immense et vide, il invite à se placer face à lui, sans cérémonial. Voix assurée, Abdeljalil répond aux questions par des phrases courtes, signifiant qu’il est pressé. L’entretien ne va durer que quelques minutes, le 18 septembre. Non, « la guerre n’est pas finie tant que Kaddafi n’est pas capturé et présenté ». Oui, « la grande bataille reste la construction d’une Libye démocratique ». Oui encore, « après la transition, les membres du CNT se retireront. Ils ont pris cet engagement en signant un document ». Bienveillant, le magistrat de profession a répondu aux questions. Brièvement. Un homme pressé, mais poli. ● Y.A.A.

bloquée, et c’est le coup de semonce. Le traditionnel kalachnikov fonctionne bien. On dit que son cours augmente encore, malgré la fin des combats. Certaines katiba (« brigades ») rebelles, notamment celles de Misrata, continuent de s’armer en s’approvisionnant au marché noir. Notoirement sous-représentés dans les nouvelles instances (CNT, Bureau exécutif, commandement militaire), les Misratis tenteront-ils d’arracher par la force ce qu’ils n’ont pu obtenir de gré ? La question des armes est loin d’être anecdotique. Depuis le début de la

rébellion, AK47 et mitrailleuses lourdes de 14,5 mm ont été disséminés dans toutes les villes. La faute, en partie, à Kaddafi, qui a accéléré la distribution de mitraillettes au « peuple en armes », mais la faute, aussi, aux rebelles, incapables de retracer l’itinéraire des armes pillées dans les arsenaux. Principale obsession des nouvelles autorités et de leurs parrains de l’Otan : mettre la main sur les centaines de missiles sol-air SAM7 dispersés dans la nature. Plus banale, l’habitude révolutionnaire du tir en l’air fait des dégâts, conséquence directe de l’amateurisme des jeunes rebelles. ● ● ● N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011


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Grand angle

Reportage

CLIN D’ŒIL Youssef Aït Akdim

Un Marocain à Tripoli

D

ans l’ordre du choc des cultures, les préjugés entre peuples du Maghreb sont tenaces. Aux yeux de leurs voisins, les Libyens sont souvent présentés comme un peuple fruste et paresseux. Une image aujourd’hui balayée par l’éveil d’une fierté nationale toute nouvelle: « Nous avons dépassé en courage les autres révolutions arabes. » Les Libyens fredonnent ce refrain lors des rassemblements publics : « Lève haut ta tête, tu es un Libyen libre! » La proximité de la langue, des histoires, bref de la culture, instille de l’émotion et crée une solidarité immédiate. Balayant ses quarantedeux années de léthargie, la Libye libre interroge logiquement le calme trompeur en Algérie et au Maroc. Alger n’a pas reconnu le CNT et ne pourra pas retarder très longtemps une décision de bon sens. Mais le peuple libyen jure ne pas en tenir rigueur aux Algériens.Tout au plus s’étonne-t-on de la frilosité d’un peuple n’osant pas défier une armée associée au pouvoir depuis des décennies. Les Libyens donneraient-ils des leçons de catéchisme révolutionnaire? En tout cas, une sorte de bienveillance s’exprime à l’égard du Maroc. La Commanderie des croyants fascine. Je n’ai nulle part ailleurs entendu autant de passionnés de l’histoire desAlmoravides qu’à Tripoli. Reste à savoir, me dit-on, pourquoi les Marocains ne font guère preuve d’esprit révolutionnaire « à la libyenne » ? Mon interlocuteur a deux explications : « Soit les réformes sont bien réelles, soit vous n’avez pas de colonne vertébrale. » Parce qu’elle invite à la curiosité et à la comparaison, la l i b e rt é e s t u n e e x c e l l e n t e nouvelle! ●

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Tripoli bruit d’anecdotes macabres d’enfants atteints par des balles perdues. Les autorités relaient pourtant les consignes de prudence, mais le mauvais exemple vient parfois d’en haut. Sur la place des Martyrs, juste après le discours du président Abdeljalil, un membre du CNT, encivil,sortsonpistoletettirequatrecoups en rafale. Signal qui déclenche immédiatement un festival de rafales. Il faudra du temps pour démilitariser les têtes ! Une guerre civile qui ne dit pas son nom a traumatisé la société. À Bab Al-Aziziya, complexe militaro-résidentiel de Kaddafi, l’ombre du dictateur plane. Devant le bâtiment où il a lancé ses imprécations hallucinées sur les rats qu’il allait nettoyer « zenga, zenga » (« rue par rue ») se retrouvent aujourd’hui les Tripolitains en goguette. Beaucoup viennent en famille. Une leçon d’histoire accélérée pour les petits. Une revanche pour les grands. Les murs sont totalement recouverts de graffitis laissés par les rebelles, lesquels ont déjà pillé ce qui avait été épargné par les bombardements. Autre vestige du régime brutal de Kaddafi, la prison d’Abou Salim est aujourd’hui désertée. C’est dans ce quartier que la résistance des kaddafistes a été le plus acharnée. Les traces de combats sont bien plus visiblesquedanslecentre-ville.Enprenant Bab Al-Aziziya, les troupes du commandant Abdelhakim Belhadj devaient avoir une pensée particulière pour leurs amis qui ont péri en prison. Un des survivants nous raconte ses six années de détention sans procès, les privations et les sévices, l’isolement, puis sa condamnation à cinq ●●●

années de prison supplémentaires. Pour Mustapha Abdeljalil, qui fut ministre de la Justice sous Kaddafi pendant quatre ans (de 2007 au 21 février, date à laquelle il a démissionné avec fracas), ces dossiers reviendront inévitablement sur la table. Il a déjà annoncé être prêt à « rendre compte » de cette période de sa vie au service du régime déchu. APPRENDRE À GOUVERNER. Embryon

de gouvernement sans ministères ni bureaux à Tripoli, le CNT se réunit dans les salons feutrés des hôtels luxueux de la capitale. À quelques centaines de mètres des taxis collectifs pour la Tunisie se dressent les deux tours du Corinthia, refuge de journalistes, d’hommes d’affaires et de dignitaires étrangers en visite. Une ruche où les gardes du corps et les officiers de sécurité sont aussi nombreux que les civils. Ici, pas d’arsenal apparent, ce qui n’est pas le cas au Radisson Blu-AlMahary, où les partisans d’Abdelhakim Belhadj défient ouvertement l’interdiction de port d’armes, notamment quand leur chef, président du conseil militaire local, fait l’une de ses apparitions surprises toujours très orchestrées. Soucieux, il ne traîne pas dans le hall où se croisent ministres et prétendants. Al-Mahary, situé juste en face d’une zaouïa, est de fait quasiment réquisitionné par le CNT, qui y loge ses collaborateurs et y tient des points de presse. Mais c’est dans les anciens locaux de la primature que Mahmoud Jibril annonce, le 11 septembre, la formation imminente d’un gouvernement d’union nationale.

Æ TOUS LES SOIRS, LES « LIBÉRATEURS » viennent fêter leur victoire, place des Martyrs. Les tirs en l’air retentissent dans une atmosphère de désordre et de joie débridée.

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VICTIMES EXPIATOIRES DE LA RÉVOLUTION QUASIMENT INVISIBLES dans les rues de Tripoli, les migrants subsahariens se terrent dans des zones désaffectées (ici au camp de Sidi Bilal, près du port). Victimes expiatoires de la révolution, ils sont considérés, très souvent à tort, comme des mercenaires de Kaddafi. Accusés d’ivresse publique, de sorcellerie, et de propager le sida, ils font l’objet de mille autres rumeurs racistes. Beaucoup sont venus en Libye pour rejoindre l’Europe. La guerre les a surpris.

« Dans une semaine à dix jours », avance cediplôméensciencespolitiquesetancien enseignant à l’université américaine de Pittsburgh, devenu le Premier ministre de fait de la nouvelle Libye. Délai non tenu. Une habitude libyenne. À l’issue d’une réunion marathon, le dimanche

18 septembre, à Benghazi, Jibril a dû reconnaître devant la presse l’« échec des consultations ». Resté à la porte de la salle de conférences, le vice-président du CNT, Abdel Hafiz Ghoga, tance un collaborateur. Moustache et lunettes sévères, l’avocat est en train de relire une liste, qui

Æ LA PRISON D’ABOU SALIM, À TRIPOLI, symbolise la férocité du régime de Kaddafi. En 1996, plus de mille détenus ont été tués pour mater une mutinerie.

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restera confidentielle. Mustapha Abdeljalil et son Premier ministre s’envoleront le soir même pour l’Assemblée générale de l’ONU, à New York. Les mains vides, mais avec la promesse d’une annonce imminente. Chargéed’expédierlesaffairescourantes jusqu’à la fin de la période de transition de huit mois, l’équipe gouvernementale devrait être resserrée, avec vingt-six ministères au lieu de trente-deux précédemment. Principal point d’achoppement des consultations: le poids de Jibril. Les islamistes décrient son passé de ministre du Développement économique de Kaddafi (alorsqu’ilsépargnentAbdeljalil,quitraîne le même boulet). En cause aussi, sa double casquettedePremierministre-ministredes Affaires étrangères. Réponse de l’intéressé: « Si quelqu’un veut bien prendre le poste de Premier ministre, je le lui offre. » En attendant, il cumule les deux fonctions, ce qui ne manque pas d’irriter les islamistes, qui voient en lui un homme de l’Occident et du Qatar. « Qu’a-t-il fait pendant la révolution? Le tour des capitales pour décrocher le soutien des puissances étrangères, rien de plus. Le vrai mérite revient aux ● ● ● N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011


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L’ANCIEN DJIHADISTE ABDELHAKIM BELHADJ (au centre) est à présent l’homme fort de Tripoli avec ses troupes du Groupement islamique combattant libyen (GICL).

rebelles qui se sont battus sur le front. Cesonteuxquionttoutarraché!»s’emporte Hamed, sympathisant islamiste. Une anecdote en dit long sur le fantasme islamiste qui habite les journalistes étrangers. Dans l’un des hôtels de luxe, un « fixeur » aborde Abdurrahim el-Keib, membre du Conseil national pour Tripoli. « Vous êtes un sympathisant des frères musulmans, n’est-ce pas? – Pas du tout. – Pourtant, vous les connaissez bien. – Qui vous l’a dit ? – C’est ce que tout le monde dit. – Vous connaissez mon nom? – Euh… » Le pauvre bougre s’est fait piéger, mais l’envoyé spécial anglophone qui l’a recruté n’a rien compris à l’échange. Il cherche par tous les moyens à donner corps à son papier, tout préparé, sur les divisions entre laïcs et islamistes. El-Keib s’amuse d’être pris pour un « barbu », lui qui a vécu longtemps aux États-Unis. « Oui, les islamistes sont présents. Mais les Libyens sont tous très attachés à un islam modéré, et la majorité d’entre eux n’a aucune culture politique », explique ce docteur en génie mécanique, souriant.

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CHARIA. Véritable obsession des journa-

listes tant ils sont difficiles à sonder, les islamistes sont incontestablement une force politique qui a le vent en poupe. Bien sûr, les déclarations d’Abdeljalil N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

LES CHECK-POINTS SONT FRÉQUENTS dans la capitale. Le retour à la vie civile, à terme, de ces jeunes insurgés est l’une des clés de la pacification du pays.

sanctuarisant « la charia, source de la législation » paraissent couper l’herbe sous le pied de tous ceux qui rêvent d’un usage politique de la religion. Sauf que les Frères musulmans, sauvagement réprimés par Kaddafi, sont auréolés de leurs décennies d’opposition et que les salafistes ont aujourd’hui un chef charismatique en la personne de Belhadj, qui comptera dans la Libye de demain. Snobé par la délégation

franco-britannique pendant la visite de Nicolas Sarkozy et de David Cameron, le 15 septembre, il est en revanche très demandé par la délégation turque, qui, le lendemain, accompagne le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan. Ses liens avec les monarchies du Golfe, notamment le Qatar et les Émirats arabes unis, font déjà jaser ceux qui voient avec inquiétude son influence grandir. JEUNE AFRIQUE


Voyage en Libye libre Mais c’est le cheikh AliSallabi qui défraie le plus la chronique, provoquant en retour des manifestations de soutien au CNT à Tripoli, Benghazi, Zawiyah. Dans une interview à l’AFP le 14 septembre, depuis Doha, Sallabi appelle Mahmoud Jibril à démissionner. En cause, les nominations de personnalités que ce dignitaire religieux – qui a joué un rôle de médiateur dans le dialogue entre le GICL et Seif el-Islam Kaddafi entre 2007 et 2009 – juge « non nationales », comme celle du ministre des Finances et du Pétrole, Ali Tarhouni, ex-professeur d’économie à l’Université de Seattle (États-Unis). En filigrane, une attaque en règle contre les libéraux, pour ne pas dire les « laïcs », insulte suprême danslabouched’unislamiste.Cestensions rejaillissent sur l’unité de façade affichée par les maîtres de la Libye. Prudents, les nouveaux « caïds » de Tripoli tentent de les relativiser : « Il n’y a pas de conflit au sein du CNT, simplement des différences de vues normales », souligne le général Omar al-Hariri, l’officier le plus gradé de la nouvelle armée libyenne. LE NERF DE LA GUERRE. Produit d’une révolution bourgeoise, portée par une jeunesse en rupture avec un régime vieux de quarante-deux années, la nouvelle Libye s’appuie sur un ordre qui dépasse l’histoire récente. Les vieilles élites monarchistes, la bourgeoisie commerçante, les exilés, tous prennentleurrevanchesurl’indépendance confisquée par une autre révolution, celle de 1969, qui les a dépossédés avant de les persécuter. Nacer est un fier habitant de Benghazi, la ville berceau de la révolte. Depuis sept mois, il vit la révolution. Ce jeunequadraaulookd’intellectueldiplômé – fines lunettes cerclées, costume sobre de laine et de soie – veut le changement maintenant. Reconnaissant envers l’aide occidentale, cet homme d’affaires préfère quand même souligner l’amitié qatarie, émiratie et, surtout, turque. Les Libyens n’oublient pas qu’Ankara a fait parvenir une aide d’urgence de 300 millions de dollars pendant le mois de ramadan. Tout un symbole. Pour Nacer, qui se définit comme un libéral tout en avouant un penchant pour les Frères musulmans, l’avenir est à l’Est. Sur le tarmac de l’aéroport de Benghazi, un garde lui rend son pistolet, l’air de rien. Mis en sécurité le temps du trajet Tripoli-Benghazi (cinquante-cinq minutes environ), il est prêt à l’emploi. Un petitclaquementpourvérifier,etilretrouve sa place sous la veste élégante de Nacer. JEUNE AFRIQUE

QUESTIONS À | Abdelmajid Ghait Seif Annasr Président du Conseil supérieur de sécurité et membre du Conseil national de transition

« Nous avons encore besoin des rebelles »

H

éritier d’une grande famille de la tribu des Ouled Slimane (centre du pays), il est l’homme des missions spéciales au sein du CNT. Plusieurs de ses aïeux se sont succédé, jusqu’au début des années 1960, au poste de gouverneur du Fezzan (Sud). Ce civil, un commerçant, supervise les commandements militaires locaux.

JEUNE AFRIQUE : Pendant combien de temps encore les rebelles circuleront-ils armés à Tripoli ? ABDELMAJID GHAIT SEIFANNASR: Les révolutionnaires font leur devoir en traquant les derniers partisans de Kaddafi, et leur appui est nécessaire pour rétablir l’ordre. Ce sont en majorité des ingénieurs, des docteurs, qui n’avaient rien à voir avec le métier de militaire. Ce sont des héros qui se sont battus pour libérer leur pays. Quand ce sera fait, la plupart retourneront vaquer à leurs occupations. Les autres, ceux qui le veulent, pourront toujours rejoindre la police ou l’armée. Nous souhaitons aussi intégrer ceux qui étaient sous le drapeau durant le régime de Kaddafi. L’impression générale est que les jeunes veulent une épuration et que les anciens préfèrent la réconciliation…

Dans une Libye entre chiens et loups, un businessman n’est jamais trop prudent. Aujourd’hui, les patrons commencent à évaluer l’ampleur des dégâts et la taille des marchés à venir. Pour la ville martyre de Misrata, on parle déjà de grosses pointures turques du BTP. Embarqués dans la délégation menée par Erdogan le 16 septembre, les Turcs ne s’embarrassent pas des scrupules de leurs homologues français et britanniques. Dans les hôtels de Benghazi et de Tripoli, les chasseurs de

Il n’y a pas de pardon possible tant que la guerre continue. Mais nous avons un plan de réconciliation nationale, avec l’installation d’une commission qui fera primer l’unité, la réconciliation et le pardon. En parallèle, les tribunaux se chargeront des criminels. Le président du CNT, Mustapha Abdeljalil, a annoncé qu’il ne briguerait aucun poste après la transition. Pourtant, tout le monde l’adule… Il y a en effet une grande considération pour le président Abdeljalil. C’était déjà le cas quand il était ministre de Kaddafi, et il y a eu accord pour qu’il dirige la transition. Tous les membres actuels du CNT devront quitter leur poste après la transition, sans pouvoir briguer de mandat ensuite. Qu’attendez-vous pour déclarer officiellement la libération ? Après la prise de Sebha, nous devons désarmer les dernières forces pro-Kaddafi, à Syrte et à Bani Walid, pour nous assurer le contrôle de toutes les voies de communication. Nous pourrons alors annoncer la libération totale de la Libye. ● Propos recueillis par YOUSSEF AÏT AKDIM, envoyé spécial

contrats européens et asiatiques réactivent discrètementleursvieuxcontacts.«Ilserait naïf de croire que toutes les relations sont à refaire à partir de zéro. Au-delà de quelquestrèshautsresponsablesdu régimequi ont déjà fui ou sont aujourd’hui détenus, les mêmes intermédiaires réapparaissent déjà », explique ce Français, actif dans le secteur pétrolier. Pour les affaires, c’est clair, la vieille maxime de Lampedusa s’applique enLibye: « Il faut que toutbouge pour que rien ne change. » ● N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

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Afrique subsaharienne

SÉNÉGAL

Wade peut-il encore

gagner?

Un parti divisé, une opposition remontée, une révision constitutionnelle avortée… À cinq mois de la présidentielle, rien ne va plus dans le camp du chef de l’État. Et pourtant, tout n’est pas perdu.

RÉMI CARAYOL

E

st-ce une maladie du pouvoir? Dans l’entourage du président sénégalais, le doute n’est visiblement pas permis : à bientôt 86 ans, Abdoulaye Wade, c’est une certitude, sera réélu l’année prochaine pour un troisième mandat. Certains pensent même qu’il n’y aura pas de second tour et qu’au soir du 26 février, dans cinq mois tout juste, « Gorgui » rempilera triomphalement pour sept ans. Aveuglement ? « Les données dont nous disposons nous rassurent », rétorque El Hadji Amadou Sall. L’ancien ministre de la Justice est aujourd’hui le porteparole du candidat Wade. S’il ne veut pas dévoiler la nature de ces « données », il assure que « la différence avec les adversaires est énorme ». La victoire, à l’entendre, est acquise. Pourtant, à Dakar, bien peu de monde est de cet avis. Les opposants ne sont pas les seuls à se demander comment, malgré toute son expérience, Wade pourrait s’en sortir cette fois. Le seul sondage digne de confiance, réalisé à Dakar et dans sa banlieue par le cabinet Moubarack Lô, le donnait il y a un an en ballottage défavorable face à son ancien Premier ministre Macky Sall (Alliance pour la République). Un an ? Une éternité. La météo était alors clémente. Le président avait bien essuyé quelques bourrasques, mais rien de grave. Rien à voir en tout cas avec la tempête qu’il a dû affronter ces derniers mois : multiplication des délestages qui mettent en colère les Dakarois ; révision avortée de la Constitution ; N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

LE 8 AOÛT 2011 une semaine avant la clôture des listes électorales

violentes manifestations des 23 et 27 juin ; dissensions au sein de son parti ; accusations de Robert Bourgi, un ami de la famille ; révélations de WikiLeaks ; multiplication des attaques contre son fils, Karim… Celui qui a longtemps joué au chef d’orchestre de la vie politique sénégalaise semble avoir perdu la main. En juin, en voulant instaurer un ticket présidentiel et le quart bloquant, puis en capitulant face à la mobilisation, Wade a bien malgré lui requinqué l’opposition. Benno Siggil Sénégal, une coalition de trente-six partis, était à l’époque au bord de l’implosion, incapable de s’entendre sur une candidature unique. Le projet du président l’a ressoudée. Un mouvement plus large encore, le M23, est né sur les cendres des pneus incendiés le 23 juin. Outre les partis d’opposition, il rassemble des ONG qui n’avaient jusque-là pas pris position, des mouvements de la société civile et des artistes autour d’un objectif, un seul : faire en sorte que Wade ne se représente pas. Même Youssou Ndour, la star internationale – son ancien protégé –, lui a tourné le dos. « TOXXU ». Cette défection n’est ni la première

5,3

millions de personnes étaient inscrites

ni la dernière. Ce n’est pas encore la transhumance des années 2000, lorsque des centaines de cadres socialistes avaient rejoint le nouveau président à la faveur du sopi (« changement »). Mais à Dakar, on parle déjà du toxxu (« déménagement »). Macky Sall, qui multiplie les appels en direction de ses anciens compagnons du Parti démocratique sénégalais (PDS), qu’il a quitté en décembre 2008, ne s’en cache pas : il continue d’avoir d’excellentes relations avec de nombreux élus libéraux. « Ils sont nombreux à attendre de voir ce qui va se passer, mais ils sont prêts à nous rejoindre », affirme un de ses collaborateurs. Quant à Idrissa Seck, l’ancien bras droit exclu du parti en avril dernier, quelques jours après la défection d’Aminata Tall, l’ex-secrétaire générale JEUNE AFRIQUE


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OLIVIER AUBERT/PICTURETANK

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de la présidence (tous deux se sont déclarés candidats), il a déjà « piqué » des alliés de poids au président. Outre Robert Bourgi, dont il s’est rapproché, il y a là El Hadji Diouf, le leader du Parti des travailleurs et du peuple, Serigne Mamoune Niasse, du Rassemblement pour le peuple, Ababacar Diop, l’ancien coordinateur de la Cellule initiatives et stratégies (CIS) du PDS, et Lamine Ba, qui n’est autre que le vice-président de l’Internationale libérale. D’autres, s’ils ne l’ont pas fait d’ici là, se lanceront le jour de l’élection. JEUNE AFRIQUE

AFFICHE DANS UNE RUE DU QUARTIER DU PLATEAU, À DAKAR. Pour se faire réélire, le chef de l’État compte sur le soutien des chefs de village et des autorités religieuses.

« Nous sommes extrêmement déçus », explique Assane Sindi, premier adjoint au maire (PDS) de Goudomp, en Casamance – un des bastions des libéraux. « Le parti ne nous consulte jamais. Nous sommes favorables à une alternance générationnelle. Le 26 février, nous serons nombreux en Casamance à voter pour Seck. » Aujourd’hui, le PDS « est un navire à la dérive », note un de ses militants. « Il s’y dégage comme une odeur de fin de règne. » Les démissions, les petites phrases dans la presse et les lettres ● ● ● N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011


Afrique subsaharienne

ASSANE GUEYE/APANEWS

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ouvertes se sont multipliées ces dernières semaines. Membre du comité directeur, le constitutionnaliste Doudou Ndoye a réclamé des primaires. Selon lui, « Wade a fini son temps ». Pour Ousmane Diouf, secrétaire administratif du PDS à Fatick, il « n’a plus le pouls du parti ». Pour l’opposition, Wade ne devra son salut, si salut il y a, que grâce à la fraude. Chez ses partisans, on estime que la victoire passe avant tout par la fin des coupures d’électricité. « C’est la priorité numéro un », convient son porte-parole. Charge au ministre de l’Énergie, Karim Wade, de régler le problème avant la fin de l’année. Le président devrait en outre jouer la carte de la « crédibilité », en mettant en avant les nombreuses réalisations (corniche de Dakar, autoroutes, aéroport) de son règne. ●●●

PARTISANS ET OPPOSANTS AU PRÉSIDENT SÉNÉGALAIS

(à g.) SONT

DESCENDUS PAR MILLIERS

DAKAR, le 23 juillet. Parmi ses plus féroces adversaires, deux anciens membres du parti présidentiel : Idrissa Seck et Aminata Tall (photo de dr.).

DANS LES RUES DE

CADEAUX. En coulisses, c’est toutefois sur un

autre registre que le président a mis l’accent. Un domaine qu’il maîtrise à merveille : ce que son ministre Mamadou Diop nomme « les instances de légitimation ». Ce sont les chefs de village, les chefs religieux, les groupements de promotion des femmes… Wade, insiste Diop, a un avantage de poids sur ses adversaires : quarante années de

EN ORDRE DE BATAILLE ALORS QUE L’OPPOSITION se cherche un leader, l’équipe de campagne d’Abdoulaye Wade est déjà constituée. Le Premier ministre, Souleymane Ndéné Ndiaye – son homme de confiance –, sera son directeur de campagne. Autour de lui, une trentaine de personnes : des ministres, des alliés membres de la coalition Cap 21, dont Iba DerThiam et Djibo Kâ, son fils Karim, qui aura pour tâche de trouver les financements, et surtout le ministre de l’Intérieur, Ousmane Ngom. C’est lui qui était déjà aux manettes en 2007, lorsque l’opposition avait crié à la fraude. « Il aura un rôle capital », assure un conseiller du président. ● R.C. N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

politique lui ont donné une « parfaite connaissance du Sénégal et des Sénégalais » ; onze ans de règne lui ont fourni les moyens de répondre à leurs attentes. L’offensive a débuté mi-juillet, lorsqu’il a promis aux quelque 20 000 chefs de village que compte le pays moult cadeaux : un salaire compris entre 50 000 et 70 000 F CFA (entre 76 et 107 euros environ), des billets pour La Mecque, des diplômes… Succès assuré. Puis il s’est rendu à Touba, le haut lieu du mouridisme, la plus influente des deux principales confréries du pays. Il y a rencontré le khalife général des mourides, Serigne Cheikh Sidy Mokhtar Mbacké. Une semaine plus tard, il était imité par des représentants de la Cap 21 (la coalition de partis soutenant sa candidature), puis par Ousmane Ngom. Depuis, il drague les marabouts les plus influents, à commencer par Cheikh Béthio Thioune. Le guide des thiantacounes compte des dizaines de milliers de disciples de par le monde. Un mot et, assure-t-il, tous voteront pour son candidat. En 2007, il avait soutenu Wade. Mais les deux hommes sont brouillés depuis. En août, ils se sont rabibochés. « Je passe l’éponge sur nos différends », a annoncé Thioune. Le marabout dit attendre une consigne de Touba. Si elle ne vient pas, il choisira lui-même son candidat. Mais rien ne dit qu’il soutiendra Wade. En août, il a également fait la paix avec Idrissa Seck… « Wade entretient des relations étroites avec les chefs religieux », indique un proche. Le porteparole des tidianes, la confrérie la plus représentative, est un ami, rappelle-t-il. L’ancien khalife des mourides l’était également. Mais, en misant sur les pouvoirs traditionnels, « Gorgui » prend un risque. Celui de l’anachronisme. « Le Sénégal a évolué, explique l’islamologue Abdoul Aziz Kébé. Le ndiguël [consigne de vote émise par les religieux, NDLR] ne fonctionne plus comme JEUNE AFRIQUE


Afrique subsaharienne

À couteaux tirés

Dans les coulisses du parti qui a porté Abdoulaye Wade au pouvoir en 2000, on s’affronte déjà pour sa succession.

À

avant. Les Sénégalais sont de plus en plus jeunes, et de plus en plus urbanisés : ils sont devenus des citoyens avant d’être des talibés. » Quant aux chefs religieux, ils ne veulent plus se mouiller, « de peur d’être désavoués par le peuple ». ALLÉGEANCE. Wade prend un risque aussi parce

qu’il n’est pas certain que son entreprise de charme fonctionne. À Touba, on rappelle que les promesses du président n’ont pas toutes été tenues. Il y a cinq ans, il avait annoncé des travaux titanesques dans la ville sainte. « Des chantiers ont vu le jour, mais on est loin du compte », avoue un élu local, pourtant membre du PDS. L’actuel khalife des mourides a par ailleurs décidé de se tenir en retrait de la politique. Il aurait fait passer ce message à Wade : « Ne demandez plus rien. » Quant aux tidianes, ils en veulent au président d’avoir longtemps favorisé les mourides. En juin 2007, l’ambassadeur américain avait rencontré leur porte-parole, qui lui aurait fait part – selon un câble diplomatique révélé par WikiLeaks – du mécontentement des membres de la confrérie, « frustrés » par les nombreuses marques d’allégeance (symboliques et financières) de Wade envers les mourides. Mais il est vrai que, à l’époque, le président – il l’avait affirmé publiquement – pensait entamer son ultime mandat. C’était même une certitude. ●

Il y a quelques mois, Abdoulaye quelques mois de la préWade l’a chargé de superviser le sidentielle, le Sénégal en renouvellement des instances du général et la banlieue dakaroise en particulier font figure puissant Mouvement national des d’arène où s’affrontent, presque femmes libérales, dirigé par Awa chaque week-end, les différentes Diop, et de l’incontournable Union tendances du Parti démocratique des jeunesses travaillistes libérales sénégalais (PDS, au pouvoir). Chefs (UJTL), emmenée par Bara Gaye, d’institution, ministres ou miliun militant actif de la Génération tants… tous y participent. Mais si du concret (GC, mouvement créé par Karim Wade). pour les uns il s’agit de jurer fidélité à Abdoulaye Wade, pour les autres l’enjeu est ailleurs : une guerre de DAUPHIN. Au sein du parti, certains (re)positionnement a bel et bien reprochent à Seck d’être un pion du lieu. Elle oppose le président du fils du chef de l’État, et l’animosité Sénat,PapeDiop,àceluidel’Assementre lui et Pape Diop s’est renforcée blée nationale, Mamadou Seck. quand le pouvoir a voulu instaurer Ex-maire de Dakar et dauphin le ticket présidentiel. Mamadou constitutionnel de Wade, Pape Diop Seck, dit-on à Dakar, aurait été fait est tombé en disgrâce depuis la vice-président et serait devenu le défaite de Karim Wade aux munidauphin constitutionnel de Wade… au détriment de Diop. cipales de 2009. On lui reproche de n’avoir rien fait pour soutenir le fils du chef Officiellement, pourtant, de l’État, candidat à le retrait du candidat du Sopi Dakar, et de profiter de l’impopularitédeKarim n’est pas à l’ordre du jour. pourconsolidersaposition. À ses côtés: le député Moussa Mais le PDS devra aussi compter Sy, qui, lors des émeutes du 23 juin, avec le Premier ministre et directeur s’est opposé au projet de réforme decampagnedeWade,Souleymane constitutionnelle; Samuel Sarr, exNdéné Ndiaye, et avec le ministre de ministredel’Énergie,hostileàKarim l’Intérieur, Ousmane Ngom. Ils sont Wade malgré une réconciliation autant de futurs leaders potentiels. de façade; Cheikh Tidiane Sy, tituÀ moins qu’ils ne rejoignent le clan laire du portefeuille de la Justice, ou d’Idrissa Seck… encore Pape Samba Mboup, le chef Officiellement, le retrait du cande cabinet du président. Peu enclin didat du Sopi n’est pas à l’ordre du aux déclarations fracassantes, Pape jour, mais, en coulisses, la question Diops’estentourédefidèlestoujours fait débat. « Si le Vieux ne se débarprêts à monter au créneau. rasse pas de Karim, il perdra. Ce sera Arrivé au perchoir après le alors l’implosion », analyse un cadre départ de Macky Sall, en 2008, du parti. Mais, en attendant, il reste Mamadou Seck occupe de fait la bien le seul maître à bord. ● place de numéro deux du parti. CÉCILE SOW, à Dakar

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Afrique subsaharienne

TRIBUNE

Éd

Marcel Belliot Président de l’AdP-Villes en développement

Le défi du logement pour tous

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ANS MOINS DETRENTE ANS, l’Afrique comptera 400 millions de nouveaux citadins. Comment faire pour les loger ? C’est la question à laquelle les membres de l’Association de professionnels-Villes en développement (AdP-Villes en développement) ont tenté de répondre, le 6 septembre, à l’occasion de leur traditionnelle Journée annuelle d’études à l’habitat dans les pays du Sud.

Le problème n’est pas nouveau, mais la très forte croissance des villes, elle-même liée à l’expansion démographique (sur le continent, le nombre moyen d’enfants par femme, bien qu’en régression, est encore de 4,38) et aux migrations rurales et transfrontalières, crée d’énormes besoins.Toutes les études prévoient un doublement de la population urbaine, qui passera, pour la seule Afrique subsaharienne, de 325 millions à 750 millions d’ici vingt à vingtcinq ans. Il faudra donc construire, en une seule génération, autant de logements et d’équipements associés (eau, électricité) qu’il en existe déjà aujourd’hui. Il a fallu attendre le Forum mondial urbain de Vancouver, en 2006, soit trente ans après la première grande réunion internationale sur la question, qui s’était tenue dans la même ville, pour que les institutions internationales admettent qu’il était vain d’essayer de freiner la croissance des villes. En 2009, la Banque mondiale recommandait même, dans son rapport sur le développement dans le monde, de faciliter la concentration urbaine dans la mesure où elle était intimement liée à la croissance économique… C’était aller un peu vite. Il est aujourd’hui urgent de revenir à une gestion réaliste de la croissance urbaine, même si le passif accumulé sera difficile à résorber.

plus ou moins significative suivant les pays (mais ne dépassant pas, dans le meilleur des cas, 15 % à 20 % des ménages), qui peut bénéficier de logements sociaux, construits avec l’aide financière de la collectivité publique. Très à la mode jusqu’à la fin des années 1970, cette politique n’est plus en vogue depuis la mise en œuvre des programmes d’ajustements structurels. La grande majorité – jusqu’à 70 % – des familles installées dans les villes en développement dépend en réalité d’une économie locale dite informelle, qui ne lui permet pas d’accéder à ces standards modernes.Toutes, bien sûr, ne vivent pas dans les bidonvilles. Des mécanismes économiques et sociaux se sont mis en place pour produire de simples lotissements, certes irréguliers mais ordonnés, même s’ils ne disposent pas de tous les équipements. Mais la réalité est là : 15 % à 20 % de citadins africains sont exclus de ce type d’habitat et vivent effectivement dans des bidonvilles. C’est le cas notamment dans les villes où les prix de l’immobilier connaissent une forte inflation. Et par endroits, le dévelop-

Dans moins de vingt-cinq ans, la population urbaine passera de 325 millions à 750 millions d’individus au sud du Sahara.

Plus que jamais s’impose la dualité des villes. Il y a, dans les villes, une minorité de ménages participant peu ou prou à l’économie mondiale et pouvant accéder à des logements modernes disposant de toutes les commodités. Cette minorité comprend la clientèle privilégiée des promoteurs immobiliers, qui cherchent notamment à la loger dans des gated communities, quartiers résidentiels dont l’accès est sécurisé et où les standards internationaux sont assurés. Elle comprend également cette catégorie de population, N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

pement de ces quartiers précaires, où se concentrent des populations démunies qui n’ont pas accès aux services de base (santé, éducation…), constitue un terreau favorable à l’expression de la criminalité et au recrutement de futurs terroristes. Les pays d’Afrique, même soutenus par les bailleurs de fonds internationaux, n’ont pas les moyens, à court terme, de constituer un parc de logements avec un minimum de confort, et les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), aussi justifiés qu’ils paraissent, semblent illusoires pour beaucoup de villes en développement. Les États et les collectivités locales doivent produire de manière continue et raisonnée des parcelles viabilisées ou des terrains qui pourront l’être ultérieurement. Certains pays, comme leTogo, le Maroc ou laTunisie, en « donnant droit de cité » à toutes les formes de production de logements, puis en portant l’effort sur l’amélioration continue de l’habitat, semblent avoir plus de chances de gagner le défi du logement pour tous… Le pari des villes sans bidonvilles. ● JEUNE AFRIQUE


PANAPRESS/MAXPPP

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GUINÉE

En quête de vérité

Deux ans après le massacre du 28 septembre, les responsables présumés n’ont toujours pas été inquiétés.

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onsternation, incompréhension et colère. Il y a deux ans, le massacre du 28 septembre au stadedumêmenom,àConakry, n’avait laissé personne indifférent. Les images de la foule tentant d’échapper à une meute de soldats avaient ému au-delà des frontières de la Guinée. Le bilan de la répression (l’opposition manifestait alors contre la candidature à la présidentielle du chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara) fut lourd: 156 tués ou disparus, 109 cas de violences sexuelles et 1 253 blessés, selon la commission d’enquête des Nations unies. Celle-ci avait conclu à la responsabilitépénaledeDadis,desonaide de camp, le lieutenant Aboubacar Toumba Diakité, et du ministre chargé de la Lutte contre la drogue et le grand banditisme, le commandant Moussa Tiégboro Camara. Quantauxenquêteursguinéens,ilsavaient désigné Toumbacomme seul responsable. À ce jour, nul n’a été inquiété. Du côté de la justice guinéenne, on assure que le dossier, confié à trois magistrats en février 2010, est entre de bonnes mains. Mais, de toute évidence, un procès n’est pas pour demain. Et pour cause : pendant la période de transition, dirigée par le général Sékouba Konaté, Moussa Tiégboro Camara a pris du galon. Devenu lieutenant-colonel, il est, depuis

JEUNE AFRIQUE

CORPS DISPOSÉS DEVANT LA GRANDE MOSQUÉE DE CONAKRY, trois jours après la tuerie. L’ONU a recensé 156 victimes.

150 personnes ont été auditionnées. Mais c’est peu, compte tenu du nombre de victimes: beaucoup craignent pour leur sécurité et n’ont pas voulu se présenter. « Comment les gens peuvent-ils se rendre auprèsdemagistratsquisontinstallésdans les locaux de la Fossepel [Force spéciale de sécurisation du processus électoral, composée de policiers et de gendarmes, NDLR] ? » s’interroge Asmaou Diallo, la présidente de l’Association des victimes, parents et amis du 28 septembre (Avipa). Cet obstacle a toutefois été levé, affirme le ministre de la Justice, Christian Sow. « De

la mi-janvier, secrétaire général à la présidence, chargé des services spéciaux, de la lutte contre la drogue et les crimes. Poste que lui a confié le président, Alpha Condé. Beaucoup ne digèrent pas non plus que le lieutenant-colonel Claude Pivi, capitaine au moment des tueries et mis en cause par de nombreux témoignages, ait reçu en août dernier des mains du chef de l’État la distinction de chevalier de l’ordre nationalduMérite(devenuminis« Il y a eu des lenteurs, tre d’État chargé de la Sécurité mais justice sera rendue. » présidentielle, il a toujours nié touteimplication).TiégboroetPivi CHRISTIAN SOW, ministre de la Justice ont de l’influence sur les troupes. C’est pourquoi Alpha [Condé] les chounouveaux bureaux bien équipés seront choute, affirme-t-on à Conakry. Quant à mis à leur disposition prochainement. Moussa Dadis Camara, il coulait encore, Il y a eu des lenteurs, mais justice sera mi-septembre, des jours tranquilles à rendue », dit-il. Ouagadougou (Burkina), et nul ne peut Reste à savoir où et quand. Au lendedire s’il comparaîtra un jour. Idem pour main du drame, les yeux s’étaient aussi tournés vers la Cour pénale internationale Toumba, qui est officiellement toujours (CPI), qui avait conclu à un crime contre en cavale et recherché pour avoir fait feu l’humanité. Mais elle n’a jamais été saisur Dadis en décembre 2009. sie – et n’a pas jugé bon de s’autosaisir. Début avril, au terme d’une mission en BEAUCOUP ONT ENCORE PEUR. En Guinée, Amady Ba, le chef de la section mai 2010, quatre organisations guinéennes, la Fédération internationale des ligues internationale de la CPI, a estimé qu’aucun des droits de l’homme et 70 personnes « signe d’incapacité des juges en charge du s’étaient constituées partie civile. Jusqu’à dossier qui peut nécessiter son transfert présent, elles n’ont pas été contactées par devant la CPI n’a été détecté ». ● la justice. Au cours des derniers mois, CÉCILE SOW N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011


Afrique subsaharienne

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REBELLES TOUAREGS

Orphelins de Kaddafi Le « Guide » les avait hébergés, financés, utilisés. Sa chute les a laissés sans mentor ni base arrière. Rentrés par milliers au Mali ou au Niger, les Hommes bleus inquiètent les autorités.

tant que chef touareg, je conseille à mes frères qui se sont repliés avec les kaddafistes de négocier pour éviter le combat, confie-t-il au Figaro. Le régime s’est effondré. Maintenant, c’est chacun pour soi. » Le cas Ibrahim Ag Bahanga est plus mystérieux. Fin août, dans une interview accordée à El-Watan, l’ex-rebelle malien lâche le « Guide ». Quelques jours plus tard, le 26 août, il se tue en voiture dans le nord du Mali. Beaucoup doutent de cette version officielle et croient savoir qu’il est mort au cours d’un accrochage avec un clan rival ou des trafiquants d’armes. Réflexion de notre conseiller à la sécurité : « S’il n’y a pas eu de représailles depuis le 26 août, c’est peut-être le signe qu’il est vraiment mort accidentellement. »

JEAN-LUC MANAUD/RAPHO

BUSINESSMEN. Quelle reconversion

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Agaly Alambo, l’un des chefs de la rébellion (ici en 2008). IL A AIDÉ UN DES FILS DU COLONEL DÉCHU À PASSER AU NIGER.

ombien de Touaregs sont rentrés au Niger et au Mali depuis la chute du régime Kaddafi ? « Sans doute quelques milliers, répond un spécialiste du Sahel. Pas seulement des combattants de la dernière heure, mais aussi des Touaregs de l’armée régulière libyenne. » Et c’est bien ce qui inquiète à Niamey ou à Bamako. Ceux qui reviennent après un séjour de dix ou vingt ans en Libye sont des hommes aguerris et ne rentrent pas les mains vides… Pour autant, le conseiller à la sécurité d’un chef d’État du Sahel refuse de s’alarmer : « Si les ex-rebelles touaregs reprennent la lutte armée, ils n’auront plus de base arrière. Pour eux, la chute de Kaddafi est une très mauvaise nouvelle. » Kaddafi et les Hommes bleus… L’histoire ne date pas d’hier. Dès les années 1990, la Libye sert de sanctuaire aux combattants touaregs. En 2009, c’est en Libye que se réfugient les deux principaux chefs rebelles de la sousrégion : le Malien Ibrahim Ag Bahanga et le Nigérien Agaly Alambo. Ce dernier N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

pour les Touaregs ? « Si le Conseil national de transition au pouvoir en Libye n’arrive pas à surmonter ses divisions, le Sud libyen va s’autonomiser et les Touaregs du Niger auront une belle carte à jouer », analyse une source proche des services de renseignement français. La chance des Touaregs, c’est que leur communauté de quelque deux millions de personnes est éparpillée entre cinq pays. Les Touaregs du Niger peuvent compter sur la solidarité de leurs frères de Libye, qui sont près de 600 000. Homme clé : l’officier libyen Husain al-Kuni, ex-ambassadeur à Niamey – pendant dix-sept ans ! – et aujourd’hui gouverneur de Ghat, dans le sud-ouest de la Libye. Si les Toubous contrôlent les

reçoit ses amis à dîner dans une belle résidence du quartier Ben Achour, à Tripoli. À partir de mars dernier, ils renvoient l’ascenseur. Au Mali comme au Niger, ils aident leur ange gardien à recruter quelques milliers de combattants, moyennant la promesse d’un salaire de 3 millions de F CFA par mois (environ De Libye, où ils ont parfois 4 570 euros). Ces merceséjourné plus de vingt ans, ils sont naires toucheront dix fois moins… revenus en combattants aguerris. CHACUN POUR SOI. Que vont devenir

les amis touaregs du colonel déchu ? Le cas Agaly Alambo est intéressant. Après l’entrée des insurgés dans Tripoli, le 21 août, il prend la route du sud. Le 4 septembre, il arrive à Agadez, au Niger, en compagnie de son officier traitant, le général libyen Abdallah Mansour. Quelques jours plus tard, sur la même piste du désert, il fait escorter par ses hommes l’un des fils du « Guide », l’exfootballeur Saadi Kaddafi, aujourd’hui réfugié à Niamey. Alambo est fidèle en amitié, mais sent le vent tourner. « En

routes Libye-Tchad, les Touaregs, eux, tiennent l’axe Libye-Niger. Demain, ils peuvent prospérer dans le commerce transsaharien. Fini les rêves de grandeur et le projet fou d’une « fédération du Grand Sahara », dont Kaddafi et les chefs touaregs avaient signé la charte à Tombouctou, lors de la fête du Mouloud (célébrant la naissance du Prophète) de 2005. Après vingt ans de lutte armée, les héritiers de Mano Dayak ont l’opportunité de devenir businessmen. Le feront-ils ? Ce sera moins glorieux, mais plus payant. ● ALAIN FAVERIE JEUNE AFRIQUE


Afrique subsaharienne

ESDRAS NDIKUMANA/AFP

Ý AU LENDEMAIN DE L’ATTAQUE, dans les couloirs de l’hôpital Prince-RégentCharles, à Bujumbura.

BURUNDI

Gatumba sous le choc

Le 18 septembre, des hommes en armes ont tué 39 clients d’un bar de la ville. Les regards se tournent vers d’anciens rebelles.

S

itué à quelques kilomètres de la frontière congolaise, dans la province de BujumburaRural, Gatumba est un lieu de villégiature apprécié des habitants de la capitale. Le soir du 18 septembre, des hommes armés ont fait irruption dans un bar de la ville et tiré à bout portant sur les clients avant de repartir, vingt-cinq minutes plus tard, sans rien emporter. Bilan : trente-neuf morts. Les Burundais, depuis, se perdent en conjectures. Qui sont ces assaillants ?

Pour le gouvernement, cela ne fait aucun doute : ce sont des bandits armés. Le ministre de la Défense nationale et des Anciens Combattants, le général Pontien Gaciyubwenge, attribue le climat d’insécurité qui règne dans le pays à Agathon Rwasa, le leader des Forces nationales de libération (FNL), repassé dans la clandestinité depuis un an, et à Léonard Nyangoma, chef historique du mouvement, lui aussi en exil. Mais les FNL peuvent-elles se payer le luxe de se mettre la population à dos ?

DROITS DES FEMMES

Encore un effort!

L’hebdomadaire Newsweek dresse la liste des pays où il ne fait pas bon être une femme. Et beaucoup sont au sud du Sahara.

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l est des classements dans lesquels il ne fait pas bon figurer. C’est le cas du Global Women’s Progress, publié le 13septembreparNewsweek.Lemagazine américain a compilé des indicateurs desNationsuniesetduForuméconomique mondial – entre autres – et listé vingt pays où mieux vaut ne pas naître femme. Parmi eux, quinze sont africains. Les pays sont notés sur une échelle de 1 à 100, en fonction de l’accès à l’éducation, JEUNE AFRIQUE

à la santé, de l’égalité des droits hommesfemmes, ou encore de la place qu’elles occupent dans le tissu économique et en politique. Tous critères confondus, ce sont le Tchad, la RD Congo, le Mali et le Niger qui occupent le bas du classement, même si l’on peut s’étonner de l’absence de pays tels que la Somalie, en proie au chaos depuis plus de vingt ans. En matière de santé, la RD Congo, le Tchad et la Centrafrique sont les plus

EXÉCUTIONS CIBLÉES. La crise qui touche le Burundi remonte à l’année dernière. Elle découle de la contestation des résultats des élections communales du 24 mai 2010, largement remportées par le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD). Mécontents, les candidats de l’opposition ont boycotté la présidentielle, en juin de la même année, et pris la route de l’exil – ou du maquis (c’est le cas d’Agathon Rwasa, qui était candidat à la magistrature suprême). Depuis, de représailles en exécutions ciblées, le climat n’a cessé de se détériorer. En septembre 2010, des hommes armés attaquent une plantation et abattent huit personnes. En mai dernier, des individus font irruption dans un bar de Bujumbura, tuant quatre personnes. Pour sortir de l’impasse, il n’y a qu’une solution, affirment de nombreux observateurs et diplomates à Bujumbura : un dialogue entre Nkurunziza et ses opposants. Aura-t-il lieu ? En juin, le président avait demandé à ses compatriotes exilés de rentrer. Le massacre de Gatumba conduira-t-il à un sursaut ou à la fermeture d’une porte entrouverte ? Nul ne le sait encore. ● TSHITENGE LUBABU M.K.

mal notés. Pour ce qui est de l’accès à l’éducation, les progrès sont assez inégaux, selon que l’on observe le Tchad ou la Mauritanie. Le Nigeria est le seul pays à passer au-dessus de la barre des 50 points dans le domaine de la justice, alors que la plus faible moyenne revient à la RD Congo. Mais tout n’est pas à désespérer. Le rôle des femmes dans l’économie reste important en Afrique, comme l’indiquent les moyennes de l’Éthiopie et du Soudan (avant la partition), de la Sierra Leone et de la Centrafrique… qui supplante dans ce domaine le meilleur pays du monde pourlesfemmes,l’Islande.Heureusement, Newsweek avait mis ses lecteurs en garde: son classement a des limites. ● MALIKA GROGA-BADA N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

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TOBY MELVILLE/REUTERS

Ý AVEC DIDIER DROGBA (à dr.), LE 20 SEPTEMBRE, À LONDRES. Le footballeur a accepté de participer au processus.

CÔTE D’IVOIRE

Konan Banny à quitte ou double

La Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation pourrait être pour son président un vrai tremplin politique. Ou un plongeoir.

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e surtout pas suggérer à Charles Konan Banny que sa nomination à la tête de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) pourrait être un piège destiné à le neutraliser politiquement. L’ancien Premier ministre ivoirien, baron du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), entre alors dans une colère qu’il peine à contenir. « Connaissez-vous la nature de mes rapports avec le président Ouattara ? s’emporte-t-il. C’est quelqu’un avec qui j’entretiens des relations profondes, un itinéraire parallèle [de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest – BCEAO – à la primature, NDLR]. Nous partageons la même vision. » Et d’invoquer avec emphase les valeurs houphouétistes de paix, d’harmonie sociale et d’unité africaine. En privé, l’ancien gouverneur de la BCEAO confie néanmoins qu’il n’est pas dupe et qu’il sait que certains cherchent à l’écarter de la guerre de succession à la tête du PDCI, mais il affirme n’avoir pas hésité une seule seconde quand le chef de l’État lui a proposé le poste, en avril. « C’est un défi national, explique-t-il. Personne ne pourra m’enlever mon droit de parole. Je fais la politique que j’aime en N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

demandant à tous les Ivoiriens d’y mettre du leur pour panser les plaies du passé. » En fait, la durée de son mandat (deux ans) lui permettra de participer, s’il le souhaite, à la prochaine présidentielle. À condition, bien sûr, qu’il réussisse sa mission. « Il a son destin entre les mains, résume l’un de ses proches. Cette commission, ce sera son tremplin ou son plongeoir. » À la tête d’une autorité administrative dotée d’une autonomie juridique et financière, Banny devrait donc jeter toutes ses forces dans la bataille et montrer son indépendance à l’égard du pouvoir. Ses premiers actes semblent, en tout cas, l’attester. Peu après l’annonce de sa nomination, le 1er mai, il a consulté tous les partis politiques, les représentants de la

société civile, les autorités coutumières et même Kofi Annan, l’ancien secrétaire général des Nations unies. Il a rencontré aussi bien les habitants du quartier d’Abobo, où de féroces combats se sont déroulés pendant la crise électorale, que les leaders du Front populaire ivoirien (FPI), soutiens inconditionnels du président déchu, et les chefs traditionnels de Gagnoa. « Nous n’avons pas le droit de renier Laurent Gbagbo, a déclaré leur porte-parole. Le chimpanzé, quelle que soit la laideur de son fils, quelle que soit la faute commise, ne jette jamais son bébé par terre. » Tous se sont montrés disponibles, à condition, ont-ils dit, que les pro-Gbagbo et les membres de son ethnie, les Bétés, ne soient pas systématiquement tenus pour responsables. Quant à Banny, il doit se rendre à Korhogo pour rencontrer l’exprésident. « Le concept de réconciliation ne lui est pas étranger, assure l’ancien Premier ministre. Il m’avait nommé, en 2006, à la tête d’un gouvernement portant ce nom. » Aujourd’hui, Banny plaide pour que Gbagbo soit jugé en Côte d’Ivoire et non pas devant la Cour pénale internationale (CPI). CATHARSIS. En attendant, il travaille

à l’organisation de la commission, officiellement installée le 28 septembre, à Yamoussoukro. Dans son équipe : six hommes et quatre femmes aux expériences complémentaires. Trois occupent la fonction de vice-président. Il y a d’abord Cheikh Boikary Fofana, à la tête du Conseil supérieur des imams (Cosim), et PaulSiméon Ahouanan Djro, archevêque de Bouaké. L’un est chrétien et l’autre musulman, un équilibre que souhaitait le chef de

REMONTER LE TEMPS, MAIS JUSQU’À QUAND ? QUELS SONT LES FAITS auxquels la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation va s’intéresser? La question devrait être tranchée dans les prochaines semaines, mais, en Côte d’Ivoire, l’histoire postindépendance est riche en périodes douloureuses. Massacre des Guébiés (1970), putschs, conflits ethniques et fonciers, affrontements politiques, débat sur l’ivoirité… Les membres de la Commission ont l’embarras du choix.Toutefois, selon toute vraisemblance, ils ne devraient pas replonger dans les années de présidence de Félix Houphouët-Boigny. Ils pourraient partir de sa mort, en décembre 1993, ou commencer quelques années plus tard, avec le coup d’État qui a renversé Henri Konan Bédié, en décembre 1999. ● P.A. JEUNE AFRIQUE


Coulisses l’État. Banny leur a adjoint Désiré Amon Tanoé, roi des N’Zima-Kotoko. Ancien ambassadeur de Côte d’Ivoire au Nigeria, il a été l’un des inspirateurs de la gauche ivoirienne opposée à Houphouët-Boigny et saura faire jouer les alliances familiales pour régler les conflits. TRIBUNE MÉDIATIQUE. À leurs côtés, cinq représentants des principales régions (Nord, Sud, Est, Ouest et Centre): Abdoulaye Koné, Marie-France Goffri, Françoise Kaudjhis-Offoumou, Zacharie Séry Bailly et Odette Kouamé N’Guessan. La Malienne Djégué Kané Diallo relaiera, quant à elle, les aspirations des résidents africains en Côte d’Ivoire – les fameux allogènes. Enfin, la diaspora ivoirienne est confiée à la star du football Didier Drogba. « Il fait preuve d’un réel engagement pour la paix, assure Konan Banny, et il nous offre une formidable tribune médiatique. » Dans les prochaines semaines, les commissaires se rendront au Rwanda, au Maroc, en Afrique du Sud, au Togo, en Sierra Leone et au Liberia pour y étudier les instances qui y ont été mises en place. Ils devraient rapidement proposer une méthode et un agenda. Banny boucle

L’ex-Premier ministre veut rencontrer Gbagbo. Et veiller à ce qu’il soit jugé en Côte d’Ivoire. actuellement son budget prévisionnel (environ 25 millions de dollars – 18 millions d’euros – par an). Seront installés, sur toute l’étendue du territoire et dans quelques villes étrangères, des bureaux où seront recueillis les témoignages des victimes. Des sous-commissions se pencheront sur les questions du foncier, de la jeunesse ou des réparations. Cette phase devrait durer entre trois et six mois. Les Ivoiriens devraient par la suite assister, comme avant eux les Sud-Africains, à des audiences publiques où bourreaux et victimes pourront exorciser leurs maux. Entre vengeance et impunité, Banny souhaite mettre en œuvre une « justice de la réparation ». À défaut de pouvoir juger les coupables, la CDVR pourra recommander à l’État de dédommager les victimes : indemnités financières, prestations médicales ou reconstruction de bâtiments détruits. ● PASCAL AIRAULT JEUNE AFRIQUE

Afrique subsaharienne

RD CONGO KABILA ILA S’EN MORD LES DOIGTS De simple formalité, le e discoursbilan – un brin ennuyeux nuyeux – prononcé par Joseph oseph Kabila le 14 septembre mbre est devenu un objett de passion en RD Congo. ngo. En cause, le passage ge dans lequel il vante te les augmentations ons de salaire consenties ies aux fonctionnaires, es, et notamment aux ux magistrats. Dans la version diffusée par plusieurs médias, le chef de l’État affirme que ceux-ci perçoivent 1 600 dollars par mois is depuis 2009. Dès le e lendemain, le Syndicat des magistrats décrète une grève générale reconductible, réclamant que ce montant devienne le salaire de base de la profession (la plupart d’entre eux touchent environ trois fois moins que la somme annoncée par le

CAMEROUN LA GAFFE ! Il s’appelle Emmanuel Tagne Ngeko. Maire de Bafoussam II, une commune de l’ouest du Cameroun, il milite depuis des années au sein du principal parti d’opposition, le Social Democratic Front (SDF), et c’est bien malgré lui qu’il a appris, mi-septembre, sa nomination au sein du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), qui venait de se réunir en congrès. Erreur vite corrigée qui aura valu à l’intéressé une attention dont il se serait bien passé.

président). Pour le ministre de la Communication, Lambert Mende, il s’agit d’une manipulation politique : Joseph Kabila aurait fait référence au traitement des plus hauts magistrats aujourd’hui. ●

AFRIQUE DU SUD MARCHE ARRIÈRE TOUTE Après plusieurs mois de controverse, le Parlement sud-africain a reporté sine die, le 20 septembre, le vote du projet de loi sur la presse. Le texte prévoyait jusqu’à cinq ans de prison pour toute personne dévoilant des secrets d’État. La société civile et la centrale syndicale Cosatu, pourtant alliée au parti au pouvoir, s’étaient publiquement mobilisées contre le Secrecy Bill, accusé de vouloir museler les médias.

SÉNÉGAL ÉCHAPPÉE BELLE Bis repetita non placent. Autrement dit, cette fois, ça suffit ! La Fédération sénégalaise de football (FSF) a annoncé, le 19 septembre, l’ouverture d’une enquête après la fuite de cinq joueurs qui venaient de prendre part au Mondial de beach soccer, en Italie. En 2007, ils avaient été trois à se faire la malle, à l’issue de la compétition disputée à Marseille. À la FSF, on craint que cette nouvelle affaire n’écorne l’image du foot sénégalais.

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Maghreb & Moyen-Orient

AMR MOUSSA

Quand je serai

président Bien placé dans la course à la magistrature suprême égyptienne, l’ex-secrétaire général de la Ligue arabe appelle Israël à prendre la mesure du Printemps arabe. Et à en tirer les conséquences.

PATRICK SEALE

A

mr Moussa, 74 ans, bien placé dans la course à la présidentielle égyptienne, appelle à une renégociation des clauses miliaires du traité de paix de 1979 entre Le Caire et Tel-Aviv. « Le traité de paix va continuer à exister, nous a-t-il expliqué lors d’une interview exclusive. Mais l’Égypte a besoin d’avoir des forces armées dans le Sinaï. Notre situation sécuritaire le commande. Israël doit comprendre que les restrictions imposées par les accords de paix doivent être révisées. » Nous avons rencontré Amr Moussa à Genève, où il avait prononcé la veille une allocution à la conférence annuelle de l’Institut international d’études stratégiques (IISS), un think-tank influent basé à Londres. Aux termes du traité de paix signé le 26 mars 1979 à Washington par le président égyptien Anouar al-Sadate et le Premier ministre israélien Menahem Begin en présence du président américain Jimmy Carter, le Sinaï, annexé par Israël lors de la guerre des Six-Jours, devait être restitué à l’Égypte. En échange, Le Caire s’engageait à le démilitariser. En janvier dernier, quand les premières manifestations anti-Moubarak ont éclaté, Israël a autorisé l’Égypte à déployer des troupes dans le Sinaï. Une première depuis la signature du traité il y a trente-deux ans. Huit cents soldats ont ainsi pris position dans la région de Charm el-Cheikh, dans le sud du Sinaï, loin du voisin N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

israélien. Insuffisant pour Amr Moussa, qui a tout autre chose en tête lorsqu’il appelle à revoir les clauses militaires du traité de paix. La révolution égyptienne a fait monter d’un cran la tension entre Le Caire et Tel-Aviv. Et suscité l’inquiétude des Américains et des Israéliens quant à l’avenir du traité de paix. En neutralisant l’Égypte, ce traité a scellé l’hégémonie militaire d’Israël dans la région pendant trente ans. Pour les Arabes, ce fut un désastre. Le traité les exposait aux agressions israéliennes. À preuve, les invasions répétées du Liban par Tsahal, le siège et l’occupation de Gaza, et la colonisation implacable des terres palestiniennes en Cisjordanie. Au moment où Amr Moussa prononçait son discours à Genève, des Égyptiens prenaient d’assaut l’ambassade israélienne au Caire, contraignant l’ambassadeur et son staff à quitter le pays. Les manifestants étaient scandalisés par la mort de cinq policiers, abattus le 18 août par des soldats israéliens, quelque part au nord des stations balnéaires de Taba l’égyptienne et d’Eilat l’israélienne. Tsahal avait pénétré à l’intérieur du territoire égyptien à la poursuite d’activistes qui avaient tué huit Israéliens quelques heures plus tôt. ERREUR D’APPRÉCIATION. « La grande erreur

d’Israël a été de croire que la révolution égyptienne ne concernait pas la Palestine, poursuit Moussa. J’ai dit : “C’est ce qu’on va voir !” L’État hébreu menace la stabilité de la région en n’arrivant pas à apprécier à leur juste valeur les changements qui bouleversent le monde arabe. Les Israéliens croient pouvoir continuer de faire comme si de rien n’était. Or c’est impossible. Les Palestiniens ont eu raison de vouloir faire reconnaître leur État à l’ONU. Ils n’avaient pas d’autre option. Aucune alternative ne s’offrait à eux. Le processus de paix était au point mort. Le temps était venu pour les puissances européennes de reconnaître qu’elles avaient commis une erreur stratégique en occultant la question palestinienne pendant toutes ces années. »

3 octobre 1936

Naissance au Caire 1957

Licence de droit 1958-1974

Attaché diplomatique 1974-1977

Conseiller aux Affaires étrangères 1981-1983 puis 1986-1990

Ambassadeur à l’ONU 1991-2001

Ministre des Affaires étrangères 2001-2011

Secrétaire général de la Ligue arabe 2011

Candidat à la présidentielle égyptienne

JEUNE AFRIQUE


DAVID DEGNER

45

Si l’opinion de cet ancien diplomate compte, c’est parce qu’il a de grandes chances de remporter la prochaine présidentielle égyptienne. Face à lui, seuls Mohamed el-Baradei, 70 ans, ancien chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), et Abdel Moneim Aboul Fotouh, 60 ans, issu de l’aile moderniste des Frères musulmans, font figure de concurrents sérieux. Baradei a la cote auprès des jeunes diplômés, mais il a passé pratiquement les trente-cinq dernières années hors du pays. Une absence qui laisse à penser qu’il aura du mal à appréhender les problèmes intérieurs de l’Égypte. Quant à Aboul Fotouh, on ignore si les Frères musulmans accepteront de voir un de leurs membres investi de la tâche colossale de trouver une solution aux nombreux problèmes socioéconomiques du pays. En fonction des résultats qu’ils obtiendront aux prochaines législatives (les projections les créditent de 30 % à 40 % des voix), ils pourraient préférer se voir confier le poste de Premier ministre, voire se contenter de deux ou trois portefeuilles dans le prochain gouvernement. Amr Moussa, qui a annoncé qu’il ne briguerait qu’un seul mandat de quatre ans à la tête de l’État, pourrait être un président fort et consensuel. On sait qu’il préfère le régime présidentiel au régime parlementaire, ce dernier pouvant conduire, selon lui, à une succession de coalitions gouvernementales impuissantes. JEUNE AFRIQUE

Il plaide pour la mise en place d’un DISPOSITIF SÉCURITAIRE

associant l’État hébreu et l’Iran. Objectif : bannir de la région les ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE. RÉGIONAL

« Notre révolution ne concernerait pas la Palestine ? Je dis : c’est ce qu’on va voir ! »

Amr Moussa n’a jamais été membre du Parti national démocrate (PND, ex-parti au pouvoir), ni fait partie de l’élite corrompue qui entourait l’ex-président et son fils. Il a une réputation de probité et une bonne connaissance des problèmes auxquels est confronté son pays. Comme il l’a rappelé lors de son discours à l’IISS, 50 % des Égyptiens vivent au-dessous du seuil de pauvreté et 30 % sont analphabètes. Le pays a besoin d’une profonde reconstruction, qu’Amr Moussa juge tout à fait possible. EXPÉRIENCE. Cet ancien diplomate a également une expérience non négligeable dans le domaine des relations internationales. Entre 1981 et 1983, puis de nouveau entre 1986 et 1990, il a représenté l’Égypte à l’ONU, avant de devenir ministre des Affaires étrangères pendant dix ans (1991-2001), puis secrétaire général de la Ligue arabe de 2001 à 2011. Il s’est opposé à l’invasion américaine de l’Irak en 2003 et a toujours critiqué l’occupation israélienne et la politique de colonisation des terres palestiniennes. Sous sa direction, la Ligue arabe a approuvé les opérations de l’Otan contre le régime de Kaddafi en Libye. En avril dernier, Amr Moussa a appelé à l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne sur la bande de Gaza afin de la protéger des bombardements israéliens. L’opération Plomb durci ● ● ● N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011


Maghreb Moyen-Orient

ANDREA BRUCE/THE NEW YORK TIMES-REDUX-REA

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Des centaines de sympathisants venus écouter un discours d’Amr Moussa, le 8 mars, au Caire. Homme d’État modéré et respecté, l’ex-patron de la Ligue arabe jouit d’une GRANDE POPULARITÉ.

– menée entre décembre 2008 et janvier 2009 par l’armée israélienne, et qui fit 1 500 morts et de nombreux dégâts matériels – avait largement contribué à la dégradation des relations entre Israël et les deux puissances régionales avec lesquelles il entretient des relations étroites : l’Égypte et la Turquie. Beaucoup d’Égyptiens ont encore honte de la manière dont Moubarak a collaboré avec l’État hébreu pour maintenir le siège de Gaza. Amr Moussa ne sera pas un président va-t-enguerre. Il veut trouver une solution durable au conflit israélo-palestinien. Une solution qui convienne à toutes les parties, semblable à celle proposée par l’Initiative de paix arabe, en 2002. L’ancien secrétaire général de la Ligue arabe plaide pour la mise en place d’un dispositif sécuritaire

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régional associant Israël et l’Iran, l’idée étant de créer une zone d’où seraient exclues les armes de destruction massive. Il rêve d’un nouveau MoyenOrient fort, stable et pacifique. « Les peuples ne supportent plus de voir leur avenir confisqué. » Amr Moussa est un homme d’État profondément raisonnable et modéré. Tout comme Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne. Si Israël veut assurer sa sécurité sur le long terme et sa complète intégration dans la région, il doit réviser ses positions. Comme nous l’a affirmé Amr Moussa, il y a un consensus général dans le monde arabe autour de la question palestinienne, laquelle doit être résolue de manière équitable et durable. « Si tel n’est pas le cas, insiste-t-il, les choses vont très mal tourner. » ●

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Maghreb Moyen-Orient

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INITIATIVE DE MAHMOUD ABBAS

Des Palestiniens contre, des Israéliens pour

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ouslesPalestiniensn’ontpassoutenu la démarche du président MahmoudAbbasàl’ONU,ettous les Israéliens ne l’ont pas désapprouvée. Le 17 septembre, au check-point deQalandiya,entreRamallahetJérusalem, des dizaines d’Israéliennes s’étaient jointes à une manifestation de Palestiniennes pour réclamer un État indépendant. Le 18 septembre, Ismaïl Haniyeh, chef du Des Israéliennes et des Palestiniennes AVAIENT MANIFESTÉ ENSEMBLE, Hamas à Gaza, avait réaffirmé son « rejet le 17 septembre, au check-point de Qalandiya, entre Jérusalem et Ramallah. de cette initiative ». Deux sondages récents avaient en effet fait apparaître des opinions plus nuancées l’Organisation de libération de la Palestine cette initiative constituait une chance (OLP), qui représente les Palestiniens de historique de relancer les négociations. Le qu’on ne l’aurait pensé. Selon une enquête publiée le 8 septembre par l’Institut israéCisjordanie et de Gaza comme ceux de 14 septembre, le forum des ONG pour la lien pour la démocratie, 43 % des Juifs l’étranger. paix entre Palestiniens et Israéliens, une Les Arabes d’Israël étaient aussi assez d’Israël s’étaient dits opposés à lademande coalition de plus de cent organisations, tièdes, car ils craignent que les Israéliens palestinienne, mais 51 % avaient estimé avait proposé « cinquante raisons pour un que leur État pouvait se permettre de voter ne profitent de l’existence d’un État pour soutien israélien à un État palestinien ». en sa faveur. De l’autre côté du mur, une durcir leurs conditions de vie, voire pour « En supposant que nous n’acceptions que étude réalisée du 15 au 17 septembre par le les forcer à migrer. Pour certains universicinq d’entre elles, n’est-ce pas suffisant? » Centre palestinien de recherche et d’anataires et intellectuels comme Jihane Sfeir, s’est interrogé Gideon Levy dans Haaretz. lyse politique avait indiqué Un autre éditorialiste israélien, Ethan que 83 % des Palestiniens Bronner, a cité l’ex-ministre travailliste 51 % des Juifs d’Israël avaient soutenaient la démarche de de la Défense Benyamin Ben Eliezer : « Si estimé que leur État pouvait se Mahmoud Abbas. Une très j’étais Netanyahou, je reconnaîtrais l’État forte majorité, certes, mais palestinien, et nous en négocierions alors permettre de voter oui. pas la totalité. les frontières et la sécurité. » Dans l’oppoAu lendemain du discours du président spécialiste de la question palestinienne, sition, Kadima est le seul parti important à del’Autoritépalestinienne(AP)confirmant « il ne s’agit pas de construire un État condamner la diplomatie de Netanyahou, son intention, la déclaration de Haniyeh avec les attributs de la souveraineté, mais sans toutefois avoir soutenu l’initiative avait révélé la fracture persistante entre le plutôt un pouvoir d’État qui légitimerait palestinienne : « Vous avez isolé Israël. Fatah (Cisjordanie) et le Hamas (Gaza), une répression accrue ». Enfin, les plus Vous restez inertealorsque les Palestiniens radicaux rêvent toujours d’un État « du mènentunecampagnede“délégitimation” malgré la réconciliation esquissée en mai, au Caire. Dénonçant une initiative prise féroce », s’indignait la députée Dalia Itsik, Jourdain à la Méditerranée » et refusent sans concertation, Haniyeh reprochait le découpage de 1967 sur lequel se fondait le 15 septembre, à la Knesset. également au Fatah d’être prêt à « faire des la demande d’Abbas. « De toute façon, ça n’y changera rien »: concessions historiques sur le territoire l’argument est utilisé aussi bien par les palestinien ou les droits des Palestiniens, OCCASION HISTORIQUE. Malgré ces adversaires que par nombre de partisans en particulier le droit au retour », alluréelles oppositions, la grande majorité de la reconnaissance de l’État palestinien sion aux six millions d’exilés. Ces derniers des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza par l’ONU. Une vision qui tranche avec le ne voyaient pas non plus d’un bon œil était favorable à la démarche présidentielle « tsunami diplomatique » prophétisé par la reconnaissance de l’État palestinien et pouvait compter sur le soutien d’Israéle ministre israélien de la Défense, Ehoud par l’ONU, car elle aurait désolidarisé la liens qui ne partagent pas l’alarmisme de Barak, ou une troisième Intifada évoquée question de leur retour d’un règlement leur gouvernement. Pour nombre d’inde Gaza à Ramallah. ● global et aurait conduit à la dissolution de tellectuels et d’associations israéliennes, LAURENT DE SAINT PÉRIER JEUNE AFRIQUE

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EDDIE GERALD/LAIF-REA

Des sondages sur la reconnaissance de l’État palestinien par l’ONU avaient révélé des opinions plus nuancées qu’on ne l’aurait pensé.


Maghreb Moyen-Orient

Rachid Sfar « La Tunisie n’a pas reçu l’appui qu’elle mérite » Réformiste de la première heure, ancien ministre, l’avant-dernier chef de gouvernement de Habib Bourguiba déplore la frilosité de la communauté internationale à l’égard de son pays et livre sa vision d’un nouveau modèle de développement.

P

lusieurs fois ministre sous Habib Bourguiba, Rachid Sfar, 78 ans, qui avait sorti le pays d’une grave crise économique en 1986-1987 et posé les jalons, dès 1992, du statut avancé de la Tunisie avec l’Union européenne (UE), a toujours affiché ses convictions. Durant l’ère Ben Ali, le fils de Tahar Sfar, cofondateur du Néo-Destour, le parti nationaliste tunisien, pratique ce qu’il désigne comme « une cohabitation forcée ». D’abord éloigné de Tunis en tant qu’ambassadeur auprès de l’UE, il garde ses distances avec le pouvoir. Pour entraver ses marges de liberté, Ben Ali le désignera d’office en 2005 comme membre de la Chambre des conseillers et membre, non élu, du comité central du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Celui qui a choisi, symboliquement, la Journée mondiale du refus de la misère, le 17 octobre, pour entamer l’écriture de sesMémoiresestunMaghrébinconvaincu qui souhaite que « les hommes trouvent un moyen de vivre ensemble dans la paix et la dignité ». Il revient pour J.A. sur la révolution, ses enjeux et ses dangers, et souligne la nécessité de remettre l’économie sur les rails au plus vite. JEUNE AFRIQUE: Votre reconstruction de l’itinéraire militant de Tahar Sfar, votre père, vous a conduit à une réflexion sur les dérives du pouvoir dont a pâti la Tunisie. RACHID SFAR : Le mouvement réfor-

miste était porteur de démocratie et les Tunisiens en avaient vu les effets, mais la personnalité de Bourguiba, à qui l’on doit par ailleurs beaucoup, a induit une dérive autoritaire dès le début des années 1930. Avec Ben Ali, il y a eu tromperie dès le départ et tout le monde a applaudi. En 1988, j’avais été le seul à signaler qu’il n’y avait pas lieu d’amender la Constitution

N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

pour la présidence à vie. Bourguiba parti, elle disparaissait de facto. Cette modification a en réalité affaibli le rôle du Premier ministre. Mais on m’avait signifié que je n’avais pas à protester ! Les promesses de soutien à la Tunisie émanant du G8 n’ont convaincu personne. Que peut attendre la Tunisie d’une Europe en crise ?

Le geste qui me semble assez conséquent est l’annulation, soutenue par Barack Obama, d’une partie de la dette égyptienne. Il correspond à une situation historique et exceptionnelle qu’il faut encourager avec un signal fort. Tout le

NICOLAS FAUQUÉ/WWW.IMAGESDETUNISIE.COM

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communauté internationale. Ce geste était pourtant dans l’intérêt des deux parties. L’approche de l’UE vous paraît-elle à ce point biaisée ?

Absolument, car l’Europe ne prend pas en compte la situation exceptionnelle du pays. Le représentant de l’UE à Tunis a déclaré que l’appui financier

Une annulation partielle de la dette tunisienne aurait constitué un signal fort. reste, notamment ce qui a été dit au cours du G8, me paraît du cinéma. Rien de précis et rien d’extraordinaire par rapport aux modesdefinancementpassés.Chaquefois que nous avons eu des projets bancables, nous avons bénéficié de financements de la Banque mondiale, de la Banque européenne d’investissement [BEI], de la Banque africaine de développement [BAD]. Au G8, en présentant un projet chiffré s’inscrivant sur le long terme, nous sollicitions des financements mais aussi des conditions intéressantes et nous avons envoyé un signal signifiant que « la Tunisie continue à avancer ». On s’attendait à un financement assorti de conditions particulières et non pas à une prorogation des modalités que nous connaissions. Nous aurions dû demander, comme l’ont fait certains députés européens, un audit et une annulation, au moins en partie, de la dette tunisienne. La Tunisie n’a pas reçu l’appui qu’elle mérite de la part de la

de la Communauté européenne sous Ben Ali a été de l’ordre de 80 millions d’euros par an en moyenne et a déjà atteint pour cette année 165 millions d’euros. Il aiguille la Tunisie vers des institutions de financement international, faisant un lot unique de toutes les aides, incluant celles apportées aux réfugiés! Mais au regard des événements qu’a connus la Tunisie, ce chiffre paraît ridicule. Que le représentant de l’UE nous conseille de nous adresser à la Banque mondiale est culotté, car cela n’a rien d’une faveur : nous en sommes un État membre et avons toujours honoré nos engagements. Qu’attendiez-vous de l’UE ?

Un geste immédiat portant sur la levée des réserves sur le statut avancé de la Tunisie. Rien n’empêchait l’UE de dire : « Nous ouvrons les négociations, même si nous avons affaire à un gouvernement provisoire. » Nous savons que l’Europe JEUNE AFRIQUE


Maghreb Moyen-Orient Il existe des outils pour lutter contre la corruption et pratiquer une bonne gouvernance. Utilisons-les plutôt que de lancer une chasse aux sorcières qui n’incite pas à investir. La répartition inéquitable des richesses a été l’une des causes de la révolution…

Ý « En période transitoire, la moindre des choses, si on est révolutionnaire, est d’appeler à la PAIX SOCIALE. »

fait face à des problèmes importants, mais un geste aurait été le bienvenu. On aurait pu amorcer les discussions pour ensuite donner à ce statut avancé son vrai contenu : un partenariat équitable offrant à la Tunisie l’accès aux « fonds structurels » destinés au développement des régions défavorisées. Le statut avancé qu’a obtenu le Maroc est sans contenu puisque le royaume ne peut prétendre aux fonds de développement. Pourtant, la coopération avec la rive sud est l’une des solutions aux problèmes de l’Europe, et elle est dans l’intérêt de tout le monde. Quelles sont les perspectives pour un pays qui accomplit une révolution ?

En toute franchise, tout ce qui a été fait sur le plan économique n’est pas mauvais. Chaque période nous a permis d’engranger de l’expérience, y compris lorsque nous avons commis des erreurs.

Cela dit, oui, je suis optimiste quant à la reprise économique. En apportant des correctifs au XIe plan, nous pouvons aboutir à un nouveau modèle de développement, car, dans les initiatives prises avant la révolution, tout n’est pas à jeter. Ce n’est pas au niveau de la conception des programmes que le bât blesse, mais bien au niveau de leur réalisation. Ce décalage entre le discours et son application est l’un des problèmes de la période Ben Ali, où un discours politique et économique idéal maquillait la réalité du terrain. Il faut des signes forts de rupture avec la corruption pour réinstaurer la confiance. Certaines lois existent. Celle concernant le patrimoine des dirigeants pourrait être utile pour répondre à un besoin populaire de transparence. On provoque une reprise économique en apportant des corrections, mais celle-ci ne peut se réaliser que dans la sérénité.

Il y a des rééquilibrages à apporter au schéma de développement, accompagné d’une décentralisation effective, avec des responsables qui assument leurs résultats, bons ou mauvais. Ce n’est pas toujours Tunis qui dicte et qui gère. En parallèle, les structures de contrôle doivent être opérationnelles et penser à un nouveau découpage pour créer une symbiose entre les régions côtières et l’intérieur. Il s’agit de bien cibler les réformes de la révolution en leur donnant des chances de réussir avec une évaluation et un suivi permanents, couplés à une délégation de pouvoirs très forte. Plusieurs facteurs, dont la contestation sociale et les échéances politiques, freinent l’économie. Est-il trop tard ?

Les Tunisiens sont des gens sensés, conscients de l’impact du temps. Plus nous tarderons à remettre l’économie sur les rails, plus l’activité et l’emploi souffriront. La locomotive doit être à plein régime en 2012, sinon nous risquons d’aller dans le mur. La moindre des choses, si on est révolutionnaire, est d’appeler à la paix sociale en période transitoire, car l’intérêt du pays doit primer. Nous devons rompre avec le passé, fonder une vraie démocratie, mais cela n’est pas incompatible avec une économie en marche. Il ne faut surtout pas perdre de temps, car la déliquescence peut ramener la dictature. ● Propos recueillis à Tunis par FRIDA DAHMANI

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Maghreb Moyen-Orient MAROC

Trop de contestation tue la contestation Empêtré dans ses contradictions, otage de ses composantes extrêmes, le Mouvement du 20 février semble donner des signes d’essoufflement.

eu le mérite d’ouvrir le débat sur la monarchie, se félicite El Rhazoui. Mais, aujourd’hui, si on escamote les questions de fond, comme la séparation des pouvoirs ou le régime institutionnel, on est voué à n’être qu’une coquille vide. » HÉTÉROGÈNE. Très hétéro-

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gène, le Mouvement rassemé dans le sillage des ble des militants d’extrême révolutions tunigauche, des apolitiques et les sienneetégyptienne, islamistes d’Al Adl Wal Ihsane. le Mouvement du Sans chef, sans structure, sans 20 février faisait sa rentrée même d’idéologie dominante, sociale et politique le 11 sepil n’a qu’un seul ressort : la rue. tembre. À Rabat, Casablanca Mais ce qui était sa force est en et Tanger, les manifestants ont train de se retourner contre lui. « À force de vouloir manifester de nouveau chanté « dignité, liberté et justice sociale ! » et trop fréquemment, ils ont pris le risque de se banaliser, voire appelé à l’arrêt du « cumul entre de lasser la population », note richesse et pouvoir ». Mais les Jean-Pierre Filiu. À l’approche observateurs n’ont pas manqué de noter que le mouvement des élections, que la majorité avait perdu de sa superbe. À d’entre eux veut boycotter, la Rabat, moins d’un millier de question de leur intégration personnes se sont déplacées. dans le jeu politique se pose. À Casablanca, où les responEn la rejetant, ils protègent leur indépendance, mais limitent sables du mouvement avaient leur capacité d’action. En l’acchoisi de défiler dans le quartier ceptant, ils prennent le risque populaire de Sidi Moumen, ils de passer pour des opporétaient entre 2 000 et 3 000. Plus tunistes dans un pays où les de six mois après sa création, hommes politiques ont une le Mouvement donne-t-il des signes d’essoufflement ? image désastreuse. « Une autre Pour ses militants, l’heure est solution serait d’y aller sous Les militants reconnaissent avoir commis des erreurs, au bilan, voire au mea-culpa. mais ils ont l’intention de CONTINUER À MANIFESTER. leur propre couleur, comme « C’est vrai, on a eu quelques cela a été le cas en Égypte », petits problèmes, reconnaît pudiqueactivistes se trouve du côté du régime, conclut Filiu. ment une membre de la coordination qui a su répondre avec un grand sens «LespositionsradicalesduMouvement, de Marrakech. Mais tout cela va vite se politique et fait des gestes substantiels », dominé par les laïcs d’extrême gauche régler. » Oussama El Khlifi, figure de proue explique le chercheur Jean-Pierre Filiu, et les islamistes d’Al Adl, font qu’il n’est du Mouvement, a fait le tour des médias auteur de La Révolution arabe, dix leçons pas audible pour une grande partie de la pour reconnaître que « des erreurs avaient sur le soulèvement démocratique (Fayard). société marocaine, très attachée à la fois été commises », s’inquiétant notamment « Il faut se rendre à l’évidence : le pouvoir à la religion et à la monarchie », analyse du rôle des islamistes d’Al Adl Wal Ihsane nous a opposé une fin de non-recevoir, Younes Boumehdi, directeur de Hit Radio (Justice et Bienfaisance). Alors que se et organisateur de débats avec les milipuisque notre revendication principale préparent les législatives du 25 novembre, tants du Mouvement. La présence des était la monarchie parlementaire », et après un référendum sur la réforme salafistes pose en tout cas un problème clame au contraire la militante Zineb de la Constitution qui a vu une écrade fond. « Le jeu avec les islamistes est El Rhazoui. sante victoire du oui, le Mouvement très dangereux. Comment des féministes Si le Mouvement peut se prévaloir et des militants des droits de l’homme se retrouve isolé et décontenancé. Le d’avoir fait réagir les autorités et d’avoir peuvent-ils s’allier avec un mouvement pouvoir a imposé son calendrier et son brisé de nombreux tabous, il doit rythme de réformes, prenant de court les aux yeux duquel hommes et femmes aujourd’hui se renouveler et s’adapter militants. « La difficulté majeure pour ces doivent manifester séparément ? » à la réactivité du régime. « Nous avons HASSAN OUAZZANI

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s’interroge El Rhazoui. « Nous sommes un mouvement de société qui respecte la démocratie, permet à tous de participer et de donner son avis », proteste Youssef, de la section de Rabat. Composé essentiellement de membres de la classe moyenne, d’étudiants et de salariés, le Mouvement veut mobiliser la classe populaire, dont il défend le droit à la dignité. Sans grand succès pour le moment. « Je rencontre des gens de milieux défavorisés qui me disent : “On est heureux. Avec les élections qui approchent, on va avoir un mouton gratuit !” On va revenir à l’ancien système comme si rien ne s’était passé », déplore Omar Balafrej, président de la Fondation Abderrahim Bouabid. La faute en revient peut-être à l’absence de réactivité de la classe politique. Après s’être sentis menacés, plusieurs partis, dont le Rassemblement national des indépendants (RNI) et l’Union socialiste des forces populaires (USFP), ont tenté de débaucher des membres du

En refusant leur intégration politique, ils s’isolent ; en l’acceptant, ils se discréditent. Mouvement. « Grâce au 20 Février, on a vu pour la première fois des ministres débattre à la télévision avec un jeune militant. Cette fois, la jeunesse pourrait être prise au sérieux par le personnel politique », s’enthousiasme Boumehdi. « Le 20 Février est un mouvement spontané, composé de jeunes qui ont conscience des problèmes que connaît la société, mais qui n’ont pas les clés pour la changer, tempère Omar Balafrej. Il aurait fallu que les partis prennent le relais, mais la classe politique manque terriblement de lucidité. » Depuis deux ans, Balafrej veut d’ailleurs créer un mouvement politique composé de sociaux-démocrates pour incarner cette demande de changement et proposer de vraies solutions. Face à une classe politique autiste et devant l’ampleur des inégalités sociales, le Mouvement a l’intention de continuer à manifester, sur le modèle des Indignés d’Europe. « Le risque, c’est que le noyau dur, qui est pacifique et mesuré, laisse la place aux extrêmes, qui croient au grand soir et à la révolution. C’est pour cela qu’il faut agir vite », conclut Balafrej. ● LEÏLA SLIMANI JEUNE AFRIQUE

Maghreb & Moyen-Orient

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ALLAN TANNENBAUM/NEWSCOM/SIPA

Coulisses

Barack Obama avec MUSTAPHA ABDELJALIL, le 20 septembre, à New York.

LIBYE LE JOUR DE GLOIRE Le 20 septembre, au moment où le président du Conseil national de transition (CNT) libyen était reçu à NewYork comme un chef d’État par Barack Obama, le drapeau tricolore, flanqué d’une étoile et d’un croissant blancs, était hissé sur l’un des deux cents mâts disposés devant l’entrée officielle de l’ONU.Autre succès diplomatique de Mustapha Abdeljalil : la reconnaissance par l’Union africaine (UA), jusque-là fort réticente, du CNT

SYRIE FRONTS DÉSUNIS Après les fronts issus des rencontres d’Antalya, d’Ankara, d’Istanbul 1, 2 et 3, des opposants syriens ont créé un énième conseil national, le 15 septembre, à Istanbul. Le 17 septembre, une Coalition des forces laïques était lancée par une dizaine de partis, à Paris. Le même jour, un Comité national pour le changement démocratique voyait le jour à Damas. Mais c’est au Conseil national créé fin août à Istanbul que les

comme représentant « de fait » de la Libye. De victoires en triomphes, les « révolutionnaires » accumulent les fruits de la chute de Tripoli et de la fuite de Mouammar Kaddafi. Dans la foulée du communiqué de la présidence en exercice de l’UA, l’Afrique du Sud a annoncé à son tour sa décision de reconnaître la légitimité du CNT, trois jours après l’admission de celui-ci au sein de l’Assemblée générale de l’ONU et de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). ●

Comités locaux pour la coordination ont appelé à se joindre, le 20 septembre. IRAN MAUVAIS SCÉNARIO Le 19 septembre, la chaîne d’information iranienne Irinn a annoncé l’arrestation de six réalisateurs « membres d’une cellule secrète de la BBC », accusés d’avoir fourni « des informations et des films à la chaîne dans le but de ternir l’image de l’Iran ». La BBC a démenti employer les réalisateurs, tout en reconnaissant avoir

acheté les droits de leurs films. ISRAËL CHAÎNE ARABOPHONE Le groupe israélien HalaTV a obtenu, le 12 septembre, une licence pour lancer une chaîne arabophone qui devrait commencer à émettre en janvier 2012. La chaîne, qui se prépare depuis plusieurs mois, proposera des programmes pour enfants, de l’information et des émissions pour les jeunes, dont un concours pour recruter des présentateurs.

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Europe, Amériques, Asie

TF1

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FRANCE

Triste show D JEAN-MICHEL AUBRIET

Pour la première fois depuis l’abandon des charges retenues contre lui, Dominique Strauss-Kahn s’est longuement expliqué, à Paris, sur l’affaire Nafissatou Diallo. Une opération de communication menée de main de maître. Convaincante ? C’est une autre histoire.

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u travail d’orfèvre calibré au millimètre. Dominique Strauss-Kahn préparait minutieusement son affaire depuis l’abandon par le procureur de New York, fin août, des poursuites pénales engagées contre lui dans l’affaire Nafissatou Diallo. Avec l’indéfectible soutien d’Anne Sinclair, son épouse, les conseils avisés des communicants d’Euro RSCG et la connivence de la journaliste JEUNE AFRIQUE


Europe, Amériques, Asie Ý « CE N’EST PAS

Claire Chazal – une amie de direction du Sofitel ? Allons donc ! Quelque barsa femme. En un sens, il n’a bouze élyséenne ? Prenons le pari : on ne verra C’EST LE pas raté son coup: l’interview rien du tout. Mais l’essentiel était d’en laisser PROCUREUR. » qu’il a accordée, le 18 septemplaner le spectre. DSK et bre, au journal de 20 heures Sur le plateau de TF1, Strauss-Kahn avait pris Claire Chazal sur le plateau sur TF1 a été suivie par plus de soin de se munir du rapport de Cyrus Vance justidu journal 13 millions de téléspectateurs fiant l’abandon des poursuites. Il l’a brandi devant de 20 heures, en moyenne. Soit 47 % de part les caméras et cité à une dizaine de reprises : le 18 septembre, d’audience. « Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le procureur. » sur TF1. Tout, l’argumentation, le L’ennui est qu’il lui fait dire ce qu’il ne dit pas choix des termes, la gestuelle, le costume (noir, bien tout à fait. Le rapport, par exemple, n’affirme à sûr), le débit, les intonations et jusqu’aux silences, aucun moment qu’il n’a pas agressé sexuellement était pensé, répété avec application et joué sans Nafissatou Diallo, mais que les enquêteurs n’ont subtilité excessive, mais avec efficacité. Ce n’était pas été en mesure d’en établir la preuve au-delà pas tout à fait du théâtre, l’acteur principal ayant de tout « doute raisonnable ». Est-ce la même quand même beaucoup perdu dans cette piteuse chose ? aventure – son poste au FMI, sa position de favori pour l’élection présidentielle de 2012, son statut CAPACITÉ DE NUISANCE. Il va de soi que DSK n’a plus le choix : il doit faire une croix sur sa carrière de chef de file du Parti socialiste et d’icône de la politique, au moins à court et moyen termes. Les gauche moderne, réaliste et gestionnaire –, mais sondages sont formels, une majorité de Français cela y ressemblait quand même beaucoup. A-t-il le souhaite. Pendant les primaires du Parti sociapour autant convaincu ? C’est une autre histoire. Kenneth Thompson, l’avocat de Nafissatou Diallo, liste pour l’élection présidentielle de 2012 (les 9 ne veut voir dans sa prestation qu’un « coup publiet 16 octobre), il va donc se ressourcer auprès citaire » et une « blague ». des siens et méditer sur Il fait son métier ? Bien la coupable « légèreté », Un rapport « inapproprié » ? sûr, mais les réactions du c’est son mot, dont il a Qu’est-ce que ça veut dire monde politico-médiatique toujours fait preuve français, si l’on excepte les avec les femmes. Mais il au juste, en français ? déclarations énamourées conserve, pour quelque d’une poignée de groupies, sont elles aussi glotemps encore, une belle capacité de nuisance. Ses balement négatives. camarades-candidats, au premier rang desquels Tout a commencé par un acte de contrition Martine Aubry, s’en sont aperçus. dans la grande tradition non pas française, mais DSK a manifestement ressenti comme une américaine. Depuis Bill Clinton confessant les trahison les distances tardivement prises avec menues incongruités commises sur la personne lui par la première secrétaire. Inquiète de l’effet de Monica Lewinsky, ça n’arrête pas. DSK a donc dévastateur dans l’électorat féminin des frasques eu, il l’admet, une relation « inappropriée » – qui sexuelles à répétition de son allié, celle-ci a fini nous éclairera sur le sens de ce mot en français ? –, par reconnaître publiquement l’existence du en tout cas brève (neuf minutes) et, selon lui, problème. Rancunier, Strauss-Kahn a donc fait sur TF1 ce qu’elle ne voulait surtout pas qu’il consentie, avec une femme de chambre guinéenne de l’hôtel Sofitel, à New York. Conscient fît : son éloge. « Nous avions en effet un pacte. d’avoir commis plus qu’une erreur dont il portera Martine Aubry est une amie ; pendant toute cette longtemps le poids, une « faute morale », il s’en période, elle a été très présente. Mais je ne veux excuse auprès de son admirable épouse, de sa pas m’immiscer dans la primaire… » famille, de ses amis et de l’humanité entière Conclu en 2008 à Marrakech, en présence de – enfin presque. Laurent Fabius, le pacte en question prévoyait que, avant la primaire, le moins bien placé dans les VERTIGE DE L’AMOUR ? Question: de quel vertige sondages s’effacerait devant l’autre. La popularité Nafissatou Diallo (32 ans) a-t-elle pu être saisie de DSK étant ce qu’elle était à l’époque, les chances pour succomber dans l’instant – et gratuitement, de « Martine » d’être candidate semblaient minpuisque la relation n’était, paraît-il, pas tarifée – au ces. D’où l’empressement de François Hollande, son grand rival, à la présenter aujourd’hui – c’est faune vieillissant et à demi nu de la suite 2806 ? Celui de l’amour ? Le charme de l’ancien députéde bonne guerre – comme une candidate « de maire de Sarcelles est connu. Mais l’hypothèse substitution ». est quand même peu vraisemblable. DSK n’avait Pendant ce temps-là, dans le Bronx, une émigrée donc pas le choix : il lui fallait évoquer à l’antenne, guinéenne nommée Nafissatou Diallo soigne, à en croire son avocat, une sévère dépression avec la circonspection requise (« c’est possible, on verra »), la thèse guère plus plausible du piège et n’a pas encore repris son travail au Sofitel de ou du complot. Monté par qui, et pourquoi ? La Manhattan. Mais qui s’en soucie ? ● MOI QUI LE DIS,

4,9/10

C’est la très mauvaise note attribuée à DSK par un échantillon représentatif de téléspectateurs réunis par l’institut Médiascopie au moment où il prononçait cette phrase: « Ce qui s’est passé ne comprend ni violence, ni contrainte, ni agression, ni aucun acte délictueux. »

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JASON LEE/REUTERS

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LI YAN HONG, ALIAS ROBIN LI, devant la page d’accueil de Baidu, lors d’une conférence à Pékin, le 2 septembre.

CHINE

Baidu, maître du Net

Créé il y a treize ans – tiens, comme Google ! –, le moteur de recherche écrase la concurrence sur le marché local. Et rêve désormais de s’imposer à l’étranger.

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Li Yan Hong, alias Robin Li, son fondateur, a des allures de play-boy. Cet ingénieur, qui a fait ses études aux États-Unis, a vite compris l’intérêt de mêler les liens publicitaires à son moteur de recherche, tout en respectant scrupuleusement la réglementation du web chinois. Pas de sexe, pas de politique, mais des services de musique gratuite en ligne, des jeux, des vidéos et des blogs. Si vous tapez le nom d’une marque de lait en poudre sur baidu .com, vous tombez immédiatementsur les

Google, Yahoo !, Baidu et les autres (en % du marché) BING 4 % Autres 1 % ASK 0,6 % AOL 0,4 %

4% 6% SOURCE : NETMARKETSHARE

D

ans les bureaux ultramodernes de Baidu, à Pékin, les appareils photosontinterdits.Etlesquestions ne trouvent que rarement des réponses. À peine une jolie hôtesse consent-elle à expliquer que le mot baidu signifie « des centaines de fois » en mandarin et serait tiré d’un poème écrit il y a huit siècles, sous la dynastie Song. Tout un programme que le groupe sert d’ailleursen première page de sa brochure de présentation. Bienvenue chez Baidu, le plus grand moteur de recherche de Chine et, bientôt peut-être, du monde. Dans cette ruche s’affairent quelque dix mille salariés. Dont une armée de programmeurs payés moins de 1000 dollars (732 euros) par mois. Baidu présente de nombreux points communs avec Google. Sa page d’accueil, par exemple, qui ressemble à s’y méprendre à celle du moteur de recherche américain, ou encore sa légendaire discrétion. Les deux firmes sont nées en 1998, l’une dans un garage de San Francisco, l’autre dans une chambre d’hôtel à Pékin. Treize ans plus tard, près de 70 % des recherches en ligne effectuées par le demi-milliard d’internautes chinois passent par baidu .com. Contre un tiers pour Google.

84 %

meilleurs annonceurs, suivis de quelques sites officiels. En revanche, aucun article sur les scandales du lait empoisonné à la mélamine ! Baidu ne badine pas avec la grande muraille électronique censée bloquer tous les sites aux contenus interdits. Et il n’hésite pas à jouer de la fibre patriotique. Son logo est un panda, l’animal préférédesChinois,etsonnouveauslogan, sans ambiguïté : « Baidu connaît mieux le chinois ! » UN ALLIÉ NOMMÉ GATES. Au douzième

étage du siège, à Pékin, les employés ne rêvent plus que de détrôner Google. Depuis le départ tonitruant de celui-ci du marché chinois, Baidu s’est allié avec Microsoft pour s’attaquer au marché mondial. Bill Gates est venu en personne à Pékin concrétiser cet accord « historique » et passer quelques nuits dans le gigantesque appartement qu’il s’est offert près du stade olympique. Les requêtes en anglais envoyées sur Baidu sont désormais traitées par le moteur Bing de Microsoft. Et les portes des marchés occidentaux commencent à s’entrouvrir. « Quand le marché chinois cessera de croître plus vite qu’ailleurs, nous regarderons vers l’étranger », confiait Li, en 2005. Le temps en est peut-être venu. Baidu vient ainsi d’ouvrir un site japonais en partenariat avec l’opérateur NTT JEUNE AFRIQUE


Europe, Amériques, Asie DoCoMoetporteàprésentsesregardsvers l’Europe. « Nous sommes à la recherche d’informations sur ce marché », reconnaît un responsable de Baidu.

ALLEMAGNE

Pirates à l’abordage

Démocratie directe, libre accès au savoir, gratuité des transports… Les contestataires du Piratenpartei ont largement séduit les Berlinois lors des élections du 18 septembre.

Sur ce terrain, Baidu s’est une fois encore allié avec Microsoft pour développer un système d’exploitation low cost et mobile adapté aux spécificités du marché local. Des projets sont en cours de développement, sur lesquels Baidu conserve un silence prudent. Il faut dire que, parallèlement, Baidu et Dell développent sous Android des systèmes mobiles d’exploitation à destination, cette fois, de l’Asie. Des partenariats tous azimuts avec les géants américains qui imposent peu à peu la marque chinoise sur les marchés internationaux. Baidu est d’ores et déjà la société privée la plus connue en Chine. De quoi enrichir encore un peu plus son fondateur. Robin Li est déjà la deuxième fortune du pays avec 9,2 milliards de dollars. La valorisation de son entreprise dépasse aujourd’hui 37 milliards de dollars. Soit plus que Yahoo! et presque autant que eBay.

Son succès a-t-il irrité en haut lieu ? En tout cas, les services antifraude multiplient les enquêtes. Un pouvoir qui commence à agacer les caciques du Parti communiste, ce qui expliquerait une série d’enquêtes diligentées récemment par les services antifraude, qui, ces temps-ci, ont tendance à accuser Baidu de tous les maux: dessousde-table, requêtes truquées, non-respect de la propriété intellectuelle, etc. « Baidu est réellement en situation de monopole dans la recherche internet, commente Bill Bishop, un spécialiste installé à Pékin. Il est peu probable que le gouvernement voie d’un très bon œil son emprise sur le marché. Ces enquêtes sont peut-être le signe que l’entreprise doit s’attendre à un examen accru de ses activités. Et à un renforcement des réglementations. » Il n’est en effet pas exclu que le succès de Baidu irrite certains moteurs de recherche moins flamboyants, peutêtre, mais soutenus par des organes officiels comme le Quotidien du peuple ou l’agence Chine nouvelle. Belle bataille en perspective ? ● STÉPHANE PAMBRUN, à Pékin JEUNE AFRIQUE

THOMAS PETER/REUTERS

SILENCE PRUDENT. Autre cible: l’Afrique.

C

Des idéaux qui ont séduit la jeunesse libre et branchée de Berlin. Selon les sondages sortie des urnes, le parti a réuni jusqu’à 14 % des suffrages chez les 18-35 ans. Difficile cependant de dresser un portrait-robot de son électeur type. Maiscelui-cisemble être plutôt de sexe masculin, urbain, éduqué et exerçant SUPPORTEURS une profession D’ANDREAS comme informatiBAUM, le chef cien, enseignant ou des Pirates, ingénieur. à l’annonce Une description des résultats du scrutin. qui convient également à ses nouveaux élus : quatorze hommes et une femme dont la moitié a moins de 30 ans. Jusqu’ici bénévoles, ils sont critiqués pour leur manque d’expérience, ce qu’Andreas Baum, son leader, ne conteste pas. « Mais nous allons apprendre très vite », prévient-il. Le score imprévu des Pirates a entraîné la défaite des grands partis traditionnels. Le SPD et les Verts, par exemple, se sont fait voler quelques points dans la dernière ligne droite. Pour

est le coup de tonnerre d’un scrutin annoncé sans surprise. Réélu pour la troisième fois, Klaus Wowereit, le maire social-démocrate de Berlin, va devoir compter avec une nouvelle force politique, le Parti Pirate. Lors des élections du 18 septembre, ce mouvement contestataire a en effet obtenu 8,9 % des voix et quinze sièges à la Chambre des députés du Land. Il avait pourtant mené une campagne minimaliste. Et d’un coût ridicule : 50000 euros. Les « Pirates » eux-mêmes ne s’attendaient pas à un tel score. Créé en Suède en 2006, le parti existe aujourd’hui dans une quarantaine de pays. Marginal presque partout, c’est dans son pays d’origine qu’il l’est le Quinze députés et 8,9 % moins : deux sièges au des suffrages exprimés : ils Parlement européen. Ni de gauche ni de droite, n’en espéraient pas tant ! le Piratenpartei a pour principales revendications la démoles libéraux, la défaite est encore plus cratie directe sur internet, l’accès illicuisante : avec 1,8 % des voix (– 5,8 %), ils sont éjectés de la Chambre. Pour mité aux savoirs et la légalisation de l’échange gratuit de fichiers. Au-delà, il la coalition Union chrétienne-démose prononce, pêle-mêle, pour la gratuité crate-Parti libéral-démocrate (CDUdes transports, la « communalisation » FDP), conduite par Angela Merkel, la de l’eau, la légalisation de certaines Superwahljahr (super-année électorale) a carrément tourné au cauchemar. ● drogues, le droit de vote sans limite d’âge et le revenu minimum pour tous. GWÉNAËLLE DEBOUTTE, à Berlin N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

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PARCOURS | D’ici et d’ailleurs

Maty Diouf L’autre visage de Nice Chargée de l’intégration à la mairie, cette Sénégalaise sarkozyste concentre les attaques de l’extrême droite, mais a su se faire accepter par une ville schizophrène.

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ICE, LA CÔTE D’AZUR, la promenade des Anglais… Et cette réputation de cité guindée, conservatrice, limite xénophobe, qu’elle n’a pas forcément volée. Voilà pour la façade. Mais dans l’arrièrecour, il y a ces quartiers populaires où se côtoient 117 nationalités qui n’ont pas grand-chose en commun avec les vieux Nissards, et qui s’entassent, pour certains, à sept ou huit dans des deux-pièces. Maty Diouf ressemble à Nice – c’est frappant. Son arrière-cour à elle, c’est son passé. Loin de l’image qu’elle renvoie d’une femme bavarde et coquette à qui la vie a toujours souri, il recèle des épreuves qui l’ont fait vaciller. Avec elle, plus qu’avec d’autres, il faut se méfier des apparences… « Quand je l’ai vue arriver dans le quartier, je me suis dit : “Ils nous ont encore refourgué la bourgeoise de service.” En général, elles aiment bien le social », raconte, ironique, un éducateur qui arpente les quartiers difficiles de Nice. C’était il y a trois ans. Maty Diouf venait d’être élue sur la liste de Christian Estrosi, un sarkozyste de la première heure. Un événement en soi: elle restera la première conseillère municipale noire de la cité. Aujourd’hui, cet éducateur dit avoir revu son jugement. Parce qu’elle est subdéléguée à l’intégration et à la lutte contre les discriminations, il la côtoie régulièrement et reconnaît qu’« elle n’est pas celle que l’on croit ». Certes, elle peut se montrer maniérée, avec son sourire parfait, son tailleur BCBG et son châle bleu et violet – de ceux dont les femmes de bonne famille aiment se parer. Mais rien à voir avec l’archétype de la bourgeoise qui fait du social pendant que son mari fait des affaires. D’ailleurs, elle n’a pas de mari. L’histoire de Maty Diouf, c’est d’abord un conte de fées franco-sénégalais.Après la mort d’un père qu’elle n’aura jamais connu, la petite Maty file en France avec

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DERRIÈRE UN SOURIRE COQUET, la jeune femme cache une grande détermination.

sa mère,Thérèse Dias, issue d’une famille cap-verdienne pauvre et catholique. Direction Neuilly-sur-Seine, la ville de Nicolas Sarkozy et de Liliane Bettencourt. Quelques mois auparavant,Thérèse a fait la connaissance de Robert Dufaut, un riche Français de passage à Dakar qui en fera sa quatrième (et dernière) épouse. L’intégration n’est pas simple. Dans l’immeuble cossu qu’elles habitent, on prend sa mère pour la femme de ménage. Mais, à l’époque, Maty etThérèse peuvent compter sur Robert. Ce beau-père, c’est l’homme de sa vie. C’est un flambeur qui parcourt l’Afrique et – il l’affirme lui-

même – « collectionne les belles voitures et les belles femmes », si possible plus jeunes que lui. C’est aussi un pur gaulliste qui fait découvrir à sa femme et à sa belle-fille la France qu’il aime, les emmène vivre à Nice, inculque à Maty « les valeurs de la République » et va jusqu’à l’inscrire au Rassemblement pour la République (RPR). « Ton premier mari doit être ton travail », lui rabâche-t-il. Mais Robert est plus vieux queThérèse. Lorsque Maty a 23 ans, il meurt d’une crise cardiaque. « On s’est retrouvées sans le sou. J’ai dû arrêter mes études pour travailler. » Des drames, elle en vivra d’autres: la perte de son premier JEUNE AFRIQUE


Europe, Amériques, Asie

Indirectement, ça lui a également ouvert les portes de la politique. « À mon retour, j’ai créé une association pour venir en aide aux mères célibataires du Sénégal. Lors d’une soirée caritative, j’ai rencontré le directeur de cabinet d’Estrosi. » C’est ainsi qu’elle se fait remarquer. Quelques mois plus tard, on lui propose d’intégrer la liste des municipales. Elle n’hésite pas. « Je suis de droite. Aucun doute à ce sujet… » Ses détracteurs la qualifient de fairevaloir. Elle ne s’en émeut pas : ellemême s’est présentée ainsi lors de sa première rencontre avec Estrosi – « Il vous faut votre RamaYade », lui a-t-elle glissé. Mais Maty Diouf se sent plus proche de Fadela Amara, une autre ex-ministre de Sarkozy venue de la banlieue. C’est qu’elle prend à cœur sa mission. « À Nice, il y a un vrai problème d’intégration.Tout est à faire », convient-elle. Dès le lendemain de son élection, elle parcourt les quartiers, s’adresse aux jeunes désœuvrés, propose au maire de commémorer l’abolition de l’esclavage et monte les « Journées du mieux vivre ensemble ». Des initiatives qui lui ont valu bien des attaques. L’extrême droite niçoise en a fait sa tête de turc depuis qu’elle a déclaré être « une citoyenne du monde ». Elle assume : « Je sais d’où je viens. Je suis profondément sénégalaise et fondamentalement française – niçoise même », dit-elle dans son bureau, à deux pas de la promenade desAnglais, encadrée par les drapeaux français et européen. ●

BELGIQUE

Sortie de crise? Après des mois de négociations infructueuses, l’un des principaux obstacles à la formation d’un gouvernement a été surmonté le 15 septembre. Il en reste d’autres.

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rivée de véritable exécutif depuis les élections législatives de juin 2010, la Belgique a fait un premier pas, encore timide, vers la réconciliation entre francophones et Flamands. Sous la houlette d’Elio Di Rupo, le socialiste francophone pressenti comme Premier ministre, les négociations entre les deux communautés, représentées par huit partis, piétinaient depuis des mois. Dans la nuit du 14 au 15 septembre, après des heures de discussions, elles ont, contre toute attente, abouti sur l’un des dossiers les plus complexes et les plus conflictuels : la scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde (BHV), un regroupement majoritairement francophone de cinquante-quatre communes à cheval sur le Brabant flamand et la région de Bruxelles-Capitale – c’est à la fois un arrondissement judiciaire et une circonscription électorale. Le sujet divise les deux communautés depuis cinquante ans… La presse belge a salué la « maîtrise incroyable » de Di Rupo. De fait, après l’annonce de la démission d’Yves Leterme, le Premier ministre qui, depuis quinze mois, expédiait les affaires courantes (il sera nommé avant la fin de l’année secrétaire général adjoint de l’OCDE, à Paris), Di Rupo a habilement dramatisé

la situation. Ce qui a eu pour effet de précipiter le retour de vacances du roi Albert II. Puis de convaincre les négociateurs « d’adoucir leurs postures ». Et d’accepter ce que, la veille encore, ils refusaient obstinément. NŒUD PAP’. D’autres questions restent en suspens, notamment celle de nouveaux transferts de compétences vers les régions – et du financement de l’opération. Les plus optimistes ne désespèrent pas qu’un gouvernement puisse être constitué à relativement brève échéance. Nul doute que Di Rupo, qui arbore en toutes circonstances un nœud papillon du plus bel effet et qu’un sondage publié le 17 septembre par le quotidien Le Soir désigne comme le « Wallon le plus influent », continuera de jouer un rôle central dans les négociations. Si celles-ci venaient à échouer, une dissolution des Chambres et la convocation de nouvelles élections deviendraient inévitables. Grand vainqueur des législatives de juin 2010, le N-VA (Alliance néoflamande) est aujourd’hui crédité de 40 % des intentions de vote. Ce parti nationaliste flamand – qui ne participe évidemment pas aux négociations – est de plus en plus ouvertement favorable à l’éclatement du pays. ● MARIE VILLACÈQUE

Æ ELIO DI RUPO, LE PREMIER MINISTRE PRESSENTI : une habile dramatisation.

THIERRY ROGE/REUTERS

enfant, âgé alors de 14 mois; la séparation d’avec le père de sa filleYelena. « Ces difficultés m’ont rendue plus forte. Je ne suis pas de ceux qui se lamentent sur leur sort », dit-elle fièrement. Elle rêvait de devenir avocate pour défendre la cause des enfants, la vie l’a poussée à enchaîner des petits boulots, puis à se lancer dans l’import-export avec des membres de sa famille, au Sénégal. « J’ai toujours gardé le lien avec mon pays », explique-t-elle. « Quand j’ai perdu mon fils, j’ai passé du temps en Casamance. Ça m’a fait renaître. »

RÉMI CARAYOL Photo : YOHANNE LAMOULÈRE/TRANSIT/ PICTURETANK pour J.A. JEUNE AFRIQUE

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N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011


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Économie

INTERVIEW

Yves de Talhouët

DG Europe, Moyen-Orient et Afrique de Hewlett-Packard

AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Une croissance de Selon les dernières prévisions du FMI, les pays au sud du Sahara seront les élèves les plus dynamiques de l’économie mondiale pour les deux ans à venir, dans un contexte global plutôt sombre. En revanche, la région Afrique du Nord - Moyen-Orient connaîtra un ralentissement.

ALAIN FAUJAS,

C

envoyé spécial à Washington

e n’est pas souvent que l’Afrique figure dans le peloton de tête de l’économie planétaire. C’est pourquoi les « Perspectives économiques mondiales » du Fonds monétaire international (FMI), publiées mardi 20 septembre à Washington, tombent à pic pour rappeler que le continent ne se réduit pas à la Corne de l’Afrique et à la famine qui y sévit. Les statistiques du FMI font apparaître que l’Afrique subsaharienne devrait être la star des deux prochaines années, la seule région du monde où la croissance progressera entre 2011 (5,2 %) et 2012 (5,8 %), car même les colosses chinois (de 9,5 % à 9 %) et indien (de 7,8 % à 7,5 %) réduiront la voilure. En 2011, le contraste est saisissant entre le champion d’Afrique subsaharienne, le Ghana (13,5 %), et le cancre, sa voisine la Côte d’Ivoire (– 5,8 %), qui pâtira encore des ravages de la guerre civile. En 2012, la croissance de l’Angola (10,8 %) sera significative, car basée sur une forte reprise pétrolière. À la traîne, outre le tout petit Swaziland (0,6 %) empêtré dans une gestion hasardeuse, on relève le Zimbabwe (3,1 %) toujours convalescent, le Gabon (3,3 %), les Comores (3,5 %) et l’économie la plus importante de la région, l’Afrique du Sud (3,6 %), plombée par son chômage et la cherté de sa monnaie, le rand.

Un continent à deux vitesses (Croissance du PIB, en %) AFRIQUE SUBSAHARIENNE 2011

5,2 5,8 Gabon 5,6 3,3 RD Congo 5 7 Cameroun 3,8 4,5

MAGHREB 2011

N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

2012

Moyenne 2,9 3,9 Algérie 2,9 3,3

SEUL POINT NOIR : L’INFLATION. Le FMI dis-

tingue trois groupes de pays. Celui des pays à bas revenus (6 % en moyenne) renoue avec « ses taux de croissance d’avant la crise », lit-on dans le rapport, par exemple parce que les combats ont cessé en Côte d’Ivoire (8,5 % en 2012), parce que les investissements se multiplient au Kenya et parce que les mines et le pétrole tirent le Niger et la Sierra Leone de leur extrême pauvreté. Les pays

2012

Moyenne

Maroc 4,6 4,6 Tunisie 0 3,9

à revenus moyens sont les moins vaillants (3,6 % en moyenne). Plus ouverts à la mondialisation, ils en subissent les hoquets, à l’instar de l’Afrique du Sud. Pourtant, le Botswana (6,2 % en 2011) et le Cap-Vert (5,6 %) tirent leur épingle du jeu. Les pays pétroliers caracolent évidemment en tête, à la suite de l’Angola, du Congo (7 %), du Tchad (6,9 %) et du Nigeria (6,6 %). Ces positions « solides » qui lui ont permis de ne souffrir que brièvement de la crise, l’Afrique subsaharienne les doit à l’assainissement de ses comptes publics depuis dix ans et à ses exportations de matières premières, qui ont dopé sa consommation domestique. Elle a été aidée, juge Rupa Duttagupta, membre de l’équipe des études sur l’économie mondiale du FMI, « par ses politiques budgétaires accommodantes et par la réorientation de son commerce vers les marchés en développement et émergents, notamment l’Inde et la Chine ». JEUNE AFRIQUE


MATIÈRES PREMIÈRES

En Afrique du Sud, un potentiel miné

DÉCIDEURS

Mohammed Chakib Rifi

DG de DataPlus

BOURSE

Maréchal & Associés Finance se fait une place

champion

Les économies les plus solides se trouvent aux extrémités de la région : le Maroc (4,6 % cette année), l’Arabie saoudite (6,5 %), qui a substitué son pétrole à celui de la Libye en guerre, et l’Irak en pleine reconstruction (9,6 %). Sans surprise, les plus fragiles vivent ou ont vécu des bouleversements : la Syrie (– 2 % cette année), le Soudan (– 0,2 %), la Tunisie (0 %) et l’Égypte (1,2 %). La gageure pour ces pays consiste, selon le FMI, à « construire une cohésion sociale » tout en évitant de dégrader des budgets déjà mal en point, sachant que, sans amélioration significative des marchés du travail, aucun progrès ne sera pérenne.

STEPHEN JAFFE/IMF

LE NORD À LA PEINE. Belles ou sombres, ces

Le seul vrai point noir est l’inflation, qui s’y élève à plus de 8 %, sous l’effet de la hausse des cours des matières premières énergétiques et alimentaires. Les pays pétroliers – en raison de leur rapide expansion monétaire – et les pays de l’Est africain – en raison de la sécheresse – sont les plus menacés par ce fléau qui déstabilise les budgets des ménages les plus pauvres. La situation des pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient est beaucoup moins enviable. Leur croissance est déclinante : 4,4 % en 2010, 4 % en 2011 et 3,6 % en 2012. L’explication de ce phénomène tient aux troubles qui ont été en partie provoqués par une forte hausse des prix alimentaires et qui ont débouché sur le Printemps arabe, libérateur des peuples mais perturbateur des économies. Comme le souligne le FMI, ses prévisions sont affectées par des « incertitudes importantes et inhabituelles » du fait de la persistance de l’instabilité politique. JEUNE AFRIQUE

Le continent est dans le peloton de tête des « PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES

» du FMI (présentées le 20 septembre à Washington). MONDIALES

perspectives sont suspendues à la santé chancelante des pays développés. En les présentant, Olivier Blanchard, économiste en chef du FMI, a pris la précaution de rappeler que « l’économie mondiale est entrée dans une phase dangereuse ». Il ne s’attendait pas au ralentissement des économies avancées, plus prononcé que prévu, avec 3,1 % en 2010, 1,6 % en 2011 et 1,9 % en 2012. Les États-Unis et l’Europe sont presque à l’arrêt, et le Japon en récession, pour cause de séisme et de tsunami. Personne non plus ne s’attendait à la panique qui a saisi les marchés, cet été, parce qu’ils « sont devenus plus sceptiques sur la capacité des gouvernements à stabiliser leurs dettes publiques » en Amérique, en Europe et au Japon. « Une croissance plus faible rend le rétablissement budgétaire plus difficile, et le rétablissement budgétaire peut ralentir la croissance », a déclaré Olivier Blanchard, qui redoute un cercle vicieux où la persistance du chômage et la peur du risque conduiraient les banques à ne plus prêter, les ménages à moins consommer et les entreprises à moins investir : la rechute serait assurée. Si ce scénario catastrophe – que le FMI dit peu vraisemblable – se mettait en place, Olivier Blanchard juge que le monde en développement en serait inévitablement affecté, ses exportations étant rendues plus difficiles par le recul de la consommation des pays du Nord. L’Afrique dépendrait alors de la capacité des pays d’Asie et d’Amérique latine à maintenir leurs capacités de croissance et leurs achats envers et contre tout. Comme en 2009. ● N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

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Entreprises marchés INTERVIEW

Yves de Talhouët

D IRECTEUR

GÉNÉRAL DE

HP E UROPE, M OYEN -O RIENT

ET

A FRIQUE

« Hewlett-Packard va ouvrir dix nouveaux bureaux en Afrique » Le groupe américain veut se retirer de la fabrication d’ordinateurs. Pour mieux se concentrer sur les infrastructures, les services et les logiciels. Des marchés très prometteurs sur le continent.

D

epuis septembre, le premier producteur mondial d’ordinateurs vit une mutation profonde: il se sépare de son activité de fabrication de PC pour se concentrer sur les services et l’édition de logiciels. Une révolution stratégique qui s’accompagne, en Afrique, par l’ouverture en cascade de dix nouvelles implantations. La raison ? « Sur les dix économies les plus dynamiques au monde, on s’aperçoit que sept sont en Afrique », explique le patron de Hewlett-Packard (HP) en charge de la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique.

Ý Jusqu’en mai dernier, CE POLYTECHNICIEN DE

JEUNE AFRIQUE: En septembre, HP a annoncé sa volonté de se séparer de son activité de fabrication de PC. Pour quelle raison ? YVES DE TALHOUËT : En 2010, le

groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 126 milliards de dollars [96 milliards d’euros, NDLR]. Concernant la décision de nous séparer de la division PC, le conseil d’administration estime que, si cette activité est autonome, elle sera plus réactive et pourra croître avec plus de dynamisme. L’idée est de créer une entité à part, sans la céder à un autre fabricant. Restera au sein de HP un ensemble de produits et de services qui représente tout de même plus de 80 milliards de dollars de revenus, incluant le matériel d’impression, les équipements destinés aux entreprises [réseaux, serveurs…], les services [maintenance…] et la partie logiciels, en forte augmentation. N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

53 ANS était à la tête de HP France.

que le continent possède les taux de croissance les plus importants, mais en plus que, sur les cinq à dix ans qui viennent, les besoins sont énormes. C’est la raison pour laquelle nous annonçons l’ouverture de dix nouveaux bureaux en plus des sept déjà existants. Ainsi, nous estimons que nous couvrirons 80 % du potentiel de croissance du continent. Le choix de s’implanter dans tel ou tel pays répond donc à une analyse macroéconomique ?

HP

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Quelle place occupe l’Afrique dans votre stratégie de développement ?

Pour décider de l’ouverture d’un bureau, nous regardons la taille du marché, sa croissance, son potentiel et la manière dont il est couvert par les implantations existantes. L’ambition de HP est d’accompagner la croissance du marché de la technologie en Afrique, qui devrait être de 8 % tous les ans pendant les trois prochaines années. Dans les dix pays dans lesquels HP ouvre un bureau, la croissance annuelle du marché de la technologie est de 10 %. Par ailleurs, nous avons l’avantage d’avoir une offre concentrée sur les infrastructures et les services de base, et qui est particulièrement adaptée aux besoins des pays africains.

Nous avons au sein de HP une Les États font donc partie de vos principaux clients ? organisationspécifiquequi ns tio observe les soixante écoEffectivement, nous entreta an pl Nouvelles im nomies les plus dynamitenons un dialogue soutenu quesaumondeets’assure avec les acteurs publics, qui que nous prenons les gèrent des budgets informatimesures adéquates ques importants et ont besoin pour profiter des bons d’être plus efficaces en matière relais de croissance. Si de collecte des impôts, de foncon se focalise sur les tionnement des systèmes de dix premiers pays, on santé… Les industries locales s’aperçoit que sept sont également au cœur de nos sont en Afrique. Et on préoccupations. Mais une parconstatenonseulement tie importante de notre chiffre JEUNE AFRIQUE


Entreprises marchés d’affaires passe par nos partenaires revendeurs ou intégrateurs [de solutions et de matériels HP]. Sans oublier les multinationales, que nos équipes suivent sur l’ensemble de leurs implantations dans le monde. C’est le cas du secteur pétrolier avec Total, BP, Shell, mais aussi avec les compagnies qui leur vendent des services, comme Schlumberger ou Technip. Nous accompagnons également un certain nombre de banques marocaines et françaises dansleurdéveloppementcontinental, sans oublier les grosses sociétés américaines, comme Coca-Cola ou Caterpillar. Quelle sera la part d’Africains dans vos équipes ?

Notre idée est de recruter dès le départ des collaborateurs africains. Dans nos bureaux les plus anciens, comme le Maroc et la Tunisie, les équipes sont composées de locaux à plus de 95 %. Par ailleurs, dans les nouveaux pays comme le Ghana, le Sénégal ou le Congo-Brazzaville, nous contactons les universités pour participer de manière active à l’élaboration des cursus en informatique. À terme, l’objectif est de

faire en sorte que nous, mais aussi l’ensembledusecteurinformatique, puissions trouver des ingénieurs répondant aux besoins du marché. Cela passe par la mise à disposition de matériel et de compétences, mais aussi par l’engagement de recruter parmi les diplômés de ces formations. C’est l’illustration de notre volonté d’être présent sur ces marchés de manière pérenne.

Notre idée est de recruter dès le départ des collaborateurs locaux. Avez-vous une stratégie d’innovation propre à l’Afrique ?

Tout à fait, plus au travers de l’élaboration d’applications sur mesure que via la fabrication de matériels spécifiques. Par exemple au Sénégal, en créant une plateforme de gestion des cours à distance, ou au Ghana et en Ouganda, en mettant à disposition de la population, via le téléphone mobile, un service pour vérifier la provenance des médicaments.

Comment considérez-vous l’effervescence autour du cloud computing ?

C’est un domaine très intéressant. Le cloud computing [qui consiste à délocaliser via internet des traitements informatiques habituellement situés sur des serveurs locaux], c’est la possibilité pour les clients d’accéder à plus de puissance informatique sans avoir besoin d’acheter leurs propres ordinateurs. Si on fait un parallèle avec l’électricité, cela revient à construire une centrale. Vous n’en construisez pas une par entreprise. On peut imaginer une centrale informatique par pays ou par groupe de pays, qui serait mise à disposition des entreprises, voire des administrations. Il y a des initiatives sur lesquelles nous discutons avec les gouvernements et les institutions parapubliques. Dans le domaine du cloud computing, nous travaillons avec beaucoup d’opérateurs télécoms qui veulent eux-mêmes proposer ce type de services à leurs clients. ● Propos recueillis par JULIEN CLÉMENÇOT

TUNISIE

Wiki Start Up, incubateur privé Cette société s’attaque à un créneau longtemps délégué aux politiques publiques. Avec des exigences et des tarifs élevés.

E

nTunisie,l’expérienceenmatière d’entrepreneuriat est contrastée. La prédation du clan Ben Ali a longtemps représenté un frein pour les porteurs de projet. Par ailleurs, la politique tunisienne de promotion de l’innovation a souvent davantage insisté sur la qualité de l’accueil des jeunes entreprises que sur leur accompagnement. Seule exception notoire : le technopôle de Sfax, dans le secteur de l’informatique. Pour l’instant, aucune initiative privée n’est réellement parvenue à compléter dans la durée l’offre des structures publiques. Un créneau sur lequel l’incubateur Wiki Start Up s’est lancé cet été. « Peu d’investisseurs s’intéressaient à cette activité, car trouver un modèle profitable n’est JEUNE AFRIQUE

pas simple », explique un de ses cofondateurs, Mondher Khanfir. Pour lui, les consultationsproposéesnedoiventpasêtre sous-dimensionnées. De fait, les entrepreneurs ne devront exiger rien d’autre que du premier choix, au vu des tarifs pratiqués: entre 400 et 500 euros la journée. FONDS D’AMORÇAGE. De tels montants

ne manqueraient pas de faire fuir la majorité des candidats, si Mondher Khanfir n’avait couplé sa structure de conseil à un fonds d’amorçage, actuellement en cours de création. Géré par l’intermédiaire United Gulf Financial Services (UGFS), il sera doté d’environ 500 000 euros et investira entre 7 800 et 78 000 euros par projet. « Le choix des candidatures sera

entièrement laissé à l’appréciation de notre partenaire », explique Mondher Khanfir. L’objectif de cet outil financier est de participer au démarrage du projet, avant de sortir du capital lors de la première levée de fonds. Wiki Start Up ne se limite pas aux nouvelles technologies : tous les domaines d’activité sont éligibles, de l’agrobusiness au secteur de l’énergie. « Parmi nos deux premiers clients, nous avons un chimiste qui souhaite fabriquer des détergents écologiques. Après avoir lancé sa société, il s’est retrouvé coincé faute d’argent. Nous allons l’accompagner pour sa deuxième levée de fonds », illustre Mondher Khanfir. L’incubateur étudie actuellement une dizaine d’autres dossiers. Côté investisseurs, des hommes d’affaires américains à la recherche d’opportunités sont attendus début novembre dans les bureaux tunisois de Wiki Start Up. ● J.C. N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

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Entreprises marchés

PASCAL MAÎTRE/COSMOS

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MATIÈRES PREMIÈRES

Au cours des dix dernières années, LA PRODUCTION D’OR du pays a été réduite de moitié.

En Afrique du Sud, un potentiel miné Malgré ses énormes ressources en or, en fer et en platine, la première économie du continent perd du terrain sur ses principaux rivaux. Elle pourrait même rater le coche de l’actuel boom minier.

D

epuis la découverte de diamants dans la région de Kimberley en 1866, l’Afrique du Sud est devenue l’un des principaux producteurs miniers du monde. Un siècle plus tard, la nation Arc-enCiel détient toujours les réserves de fer et de platine les plus abondantes delaplanète.Dopésparlademande asiatique, les prix des matières premières sont à des niveaux très élevés. L’once d’or atteint un record de 1 900 dollars (environ 1 435 euros). Le charbon pour les centrales thermiques s’échange à un prix jamais atteintde130dollarslatonne.Quant auchrome,ilsevendà15500dollars la tonne, soit le niveau le plus élevé en quinze ans. Pourtant, malgré cette longue tradition minière, ces riches gisements et ces prix élevés, les professionnels sud-africains ont le moral en berne. Marchands de métaux, banques, consultants… Tous pensent que le pays est en train de passer à côté du boom, alors qu’il a déjà raté le coche N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

du précédent: entre 2001 et 2008, les 20 principaux pays miniers du globe enregistraient une croissance moyenneannuellede5%dusecteur, quand l’activité en Afrique du Sud L’industrie perdait 1 % par an. Une opportunité extractive sud-africaine, de perdue, alors que le pays contic’est… nue d’afficher des taux de pauvreté et de chômage très élevés, dix-sept ans après la fin de l’apartheid.

1 million d’emplois

18 % du PIB

18 %

des investissements

CINQUIÈME PLACE. « Nous n’avons

pas réussi à investir suffisamment dans nos mines pour tirer bénéfice de la hausse des matières premières », regrette Martin Kingston, patron de la branche sud-africaine de la banque d’investissement Rothschild. Le sentiment de frustration à Johannesburg, qui abrite la moitié des 20 plus grosses compagnies minières du monde, est accentué par le succès de l’Australie, sa rivale de l’hémisphère Sud, aussi bien lotie en gisements. « L’Australie est en train de rafler la mise, améliorant sa productivité et ses investissements pendant que

nous échouons », confie le dirigeant d’une société minière. Au cours des dix dernières années, la production sud-africaine d’or a été réduite de moitié, passant à 192 tonnes en 2010, et avec des coûts d’exploitation plus élevés. Après plus d’un siècle de domination sans partage, la nation Arc-enCiel a dégringolé à la cinquième place mondiale des producteurs du précieux métal jaune, détrônée en 2008 par la Chine, puis par l’Australie, les États-Unis et la Russie. Dans le même temps, le pays doit faire face à de gros problèmes d’infrastructures, qui n’affectent pas seulement la filière aurifère. Eskom, la société publique d’électricité, lutte pour satisfaire, avec des infrastructures vieillissantes, une demande en constante hausse. Quant au rail, exploité par Transnet, sa capacité est nettement insuffisante pour répondre aux besoins des mines de charbon. INCERTITUDE. Le débat houleux

sur la nationalisation des mines, promue par Julius Malema, leader radical de la Ligue de la jeunesse du Congrès national africain (ANC), pèse aussi fortement sur le secteur. Les compagnies, qui ont exploité les travailleurs noirs pendant l’apartheid, restent sous le feu de la critique, alors que les résultats du Black Economic Empowerment (qui vise à donner aux Noirs l’accès aux leviers économiques) ont beaucoup déçu. Même si la majorité des miniers ont le sentiment que la nationalisation ne se fera pas, en raison notammentdel’oppositiondesprincipales figures de l’ANC, le simple fait que la discussion ait lieu nuit au climat d’investissement. « Les gens doivent comprendre que, si nous avons ce débat, il y aura des conséquences », déclare David Brown, patron d’Impala Platinum, numéro deux du secteur. « Nous courons le risque de perdre à nouveau [après le premier boom minier, NDLR], parce que nous créons nous-mêmes de l’incertitude. » ● ANDREW ENGLAND et JAVIER BLAS © Financial Times et Jeune Afrique 2011. Tous droits réservés. JEUNE AFRIQUE


Coulisses

Mondragon au volant La coopérative espagnole formera un millier de personnes par an dans l’automobile.

C

onfrontée au ralentissement économique en Espagne, Mondragon, la plus grande coopérative au monde (85000 salariés-actionnaires) veut s’implanter durablement au Maroc. Début septembre, ce groupe basque espagnol tentaculaire, qui rassemble 89 sociétés et réalise 14 milliards d’euros de chiffre d’affaires (3,4 milliards à l’export), a décroché la gestion du centre d’excellence automobile de Kenitra. Alors que Renault vient de confirmer le démarrage de son usine de Tanger le 1er janvier 2012, Alecop, filiale de Mondragon spécialisée dans la formation technique, prendra chaque année en charge, grâce à une équipe de 25 formateurs, un millierdeprofessionnelsdansl’électronique, le câblage, la plasturgie et la métallurgie. SUR MESURE. « Nous créerons à

Kenitraunservicedeformationtaillé sur mesure pour les sous-traitants qui s’y implantent », précise Juan Jizeta, responsable du projet marocain,dontlaspécificité,explique-t-il, « repose sur la forte volonté de l’État de faire décoller son industrie, dans unmodedepartenariatpublic-privé largement ouvert aux investisseurs. À Kenitra, il y aura aussi bien des sociétés japonaises que françaises, coréennes et allemandes ». À terme, l’activité de soustraitance de Mondragon, habitué à travailler avec les grands constructeurs en Espagne et en Amérique latine, pourrait suivre, avec des investissements autrement plus lourds. « D’ici à cinq ans, on verra d’autres sociétés de Mondragon au Maroc », prédit Juan Jizeta. ● CHRISTOPHE LE BEC JEUNE AFRIQUE

MARK HENLEY/PANOS-REA

MAROC

CHINE-AFRIQUE LA BAD SORT SA LOUPE « La Chine et l’Afrique : un nouveau partenariat pour le développement ? » C’est la question que se pose la Banque africaine de développement (BAD) dans un ouvrage publié le 20 septembre. « Il faut étudier ce

Entreprises

marchés

nouveau partenaire pour mieux comprendre son fonctionnement, et tirer profit de cette relation pour développer le continent », explique Mthuli Ncube, économiste en chef et viceprésident de la BAD. Entre 2000 et 2009, les échanges entre les deux zones ont été multipliés par huit, atteignant 93 milliards de dollars (environ 65 milliards d’euros). Quant aux investissements, ils se sont élevés à 11,3 milliards de dollars en 2009. Ils empruntent deux portes d’entrée : les infrastructures d’une part, et les zones et parcs industriels d’autre part. Ces derniers existent dans de nombreux pays, mais « il faudra attendre encore quelques années pour en mesurer l’impact », explique Richard Schiere, coauteur de l’ouvrage. ●

• BANQUE Le régulateur sud-africain a retardé l’attribution d’une licence à BNP Paribas, compte tenu des pressions qui pèsent sur le groupe en Europe

S•

M

S

TÉLÉCOMS Le sud-africain Vodacom est en discussion pour prendre une part

de Telekom Networks Malawi • TÉLÉCOMS (2) Alger, Abidjan et Bamako lancent les processus d’attribution des licences 3G • PÉTROLE Total s’associe à l’américain Anadarko sur plusieurs permis offshore du bassin de Lamu, au Kenya

SÉNÉGAL L’AÉROPORT BLAISE-DIAGNE LIVRÉ EN 2012 Dakar vient d’obtenir auprès d’un consortium de banques (BAD, BOAD, Saudi Fund for Development…) 404 millions d’euros pour boucler le financement du nouvel aéroport international Blaise-Diagne de Diass. Cet apport, dont la levée a été structurée par Blackpearl Finance et BNP Paribas, permettra d’achever la construction de l’aéroport en 2012. Plus de 180 millions d’euros ont déjà été injectés dans le projet, qui représente un investissement total de 567 millions d’euros. ● GABON ACCORD SUR LES LOGEMENTS SOCIAUX L’américain International Development Corporation (IDC) vient de conclure avec le Gabon un accord de financement de plus de 900 millions

d’euros pour la construction de 5000 logements sociaux au nord de Libreville. Cet accord prévoit aussi la création d’un fonds qui alimentera les crédits immobiliers à taux réduits remboursables sur trente ans. Au total, IDC compte investir plus de 2,3 milliards d’euros. ● MAROC L’OCP LÈVE LE VOILE L’émission d’un mégaemprunt obligataire de 175 millions d’euros par l’Office chérifien des phosphates (OCP), lancée le 9 septembre à Casablanca, l’a poussé à lever totalement le voile sur ses – généreux – bénéfices, au titre de ses obligations d’information des marchés financiers. On sait ainsi qu’en 2010 l’OCP a réalisé un bénéfice net consolidé de 787 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de 4,12 milliards d’euros, ce qui représente 24 % de l’ensemble des exportations du Maroc. ● N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

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Décideurs Mohammed Chakib Rifi reçoit un coup de téléphone d’Italie. La firme transalpine l’invite à une nouvelle rencontre, les négociations avec l’Égypte ayant finalement capoté. Quelques allers-retours et « beaucoup d’heures d’avion » plus tard, il reçoit le feu vert pour monter son usine. Il apportera 575000 euros sur fonds propres et empruntera à la Société générale 300 000 euros.

MAROC

Mohammed Chakib Rifi se branche sur le mobile Après avoir réussi dans l’industrie informatique, le jeune fondateur de DataPlus se lance dans la fabrication de téléphones portables. Avec l’appui du fonds Investima, nouvel actionnaire.

BIENTÔT EN BOURSE ? De

À

34 ans, Mohammed Chakib Rifi sera bientôt à la tête de la première entreprise du pays à fabriquer des téléphones portables made in Morocco. D’un montant de 350000 euros, le projet pourrait voir le jour en 2012. « Les prototypes, conçus d’après le cahier des charges des opérateurs locaux, ont été reçus il y a quinze jours, et nous sommes en train de les programmer et de réaliser le packaging », explique le jeune patron de DataPlus. La société mise sur l’identité culturelle de son produit. Farouche promoteur du savoir-faire marocain, Mohammed Chakib Rifi n’exclut pas d’avoir recours à des fabricants locaux pour certaines pièces, même si la plupart des composants seront fabriqués en Asie. La chaîne de montage sera située dans les étages inutilisés de son usine d’assemblage d’ordinateurs Olivetti. Avec 18 % de part de marché sur ce secteur au premier trimestre 2011 et un chiffre d’affaires 2010 estimé à 7 millions d’euros – l’homme, très discret, ne révélera pas le montant précis –, DataPlus s’est taillé une solide réputation face à Hewlett-Packard et Dell, les deux premières marques du royaume. Et compte bien en faire autant avec ses téléphones. L’aventure démarre en 1999 avec 10 000 euros, Mohammed Chakib Rifi n’a que 22 ans. Après une sérieuse formation chez Samsung, ce diplômé de Polytech N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

HASSAN OUAZZANI POUR J.A.

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À 34 ANS, ce diplômé de Polytech Lille (France) s’est taillé une solide réputation – et une part de marché de 18 % sur le créneau des ordinateurs.

Lille (France) devient le premier opérateur privé marocain de services télécoms et informatiques, en installant une trentaine de standards téléphoniques dans le pays. En quelques années, sa start-up s’impose dans le paysage économique. Alors qu’il vend déjà du matériel informatique, il fait en 2004 une rencontre décisive. À l’occasion d’un salon à Dubaï, il aborde l’un des dirigeants du fabricant italien Olivetti. Ce dernier lui indique avoir quasi conclu un deal avec l’Égypte pour installer une usine d’assemblage, à destination du marché maghrébin et de l’Europe. L’entrepreneur marocain ne se démonte pas et lui propose de venir s’installer au Maroc, plus près, lui dit-il, de l’Europe. L’affaire est oubliée quand, fin 2005,

2 000 ordinateurs vendus à son lancement en 2007, DataPlus devrait atteindre 30000 unités cette année. Ses principaux clients sont les administrations et les grandes surfaces. L’entreprise dispose en outre d’un réseau de revendeurs et de seize centres de maintenance agréés. Un développement rapide qui a suscité l’intérêt des investisseurs. Le fonds Investima (détenu par la Société générale, un portefeuille de 24 millions d’euros) vient d’acquérir 24 % du capital, pour 1 million d’euros. Investima devient actionnaire aux côtés de Mohammed Chakib Rifi et de son père. DataPlus est devenu, par la même occasion, une société anonyme. Et une cotation en Bourse est programmée pour dans deux à trois ans. « J’ai beaucoup travaillé, au dépens parfois de ma vie personnelle », avoue ce père d’une petite fille de 6 ans, née d’un premier mariage. Mais il est homme à embrasser l’avenir plutôt qu’à contempler le passé avec nostalgie. Unheureuxévénementàvenir,dans la foulée d’une seconde noce, l’en a convaincu. Aucun regret, donc, d’autant que la vie d’employé n’était

« Les prototypes ont été reçus il y a quinze jours, nous sommes en train de réaliser le packaging. » pas faite pour lui. Aidé par un père « qui est toujours resté salarié » pour assurer l’avenir de son fils, « le travail a fini par payer ». Aujourd’hui membre actif du Cercle des jeunes entrepreneurs, il veut transmettre sa passion aux jeunes. ● MICHAEL PAURON JEUNE AFRIQUE


Décideurs

65

PROFIL

BGD

52 ans • Diplômé de l’Essec (École supérieure des sciences économiques et commerciales, France) • Ancien numéro deux de BGFI Bank • Précédemment directeur général de l’industrie et de la compétitivité au ministère de l’Économie GABON

Roger Owono Mba, le banquier des PME Le patron de la Banque gabonaise de développement affirme vouloir jouer un plus grand rôle auprès des petites et moyennes entreprises.

C

est l’un des hommes clés de la galaxie d’Ali Bongo Ondimba. Nommé en janvier dernier à la tête de la Banque gabonaise de développement (BGD), Roger Owono Mba y remplace Christian Bongo, le propre frère du président gabonais. Sa mission: redynamiser l’institution en plaçant les PME et les PMI au cœur de son action. « Pour cela, nous avons, en début d’année, créé au sein de la BGD une structure spécialement destinée à ces entreprises. Celle-ci vise non seulement à les financer, mais aussi à les accompagner

dans la réalisation de leurs projets », explique-t-il. Car Roger Owono Mba estime que, au-delà du financement, l’accompagnementdesPMEsousforme de conseils permet à ces entreprises demieuxsestructureretdemieuxse positionner pour être plus compétitives.«Aveclacréationdelanouvelle zone économique spéciale [à Nkok, à 27 km de Libreville, NDLR], les entreprises locales doivent être préparéespourrépondreauxdemandes des grandes compagnies qui vont s’y installer », affirme-t-il. Il s’agit aussi pour la BGD de contribuer à la pérennité de ces

PME-PMI. Au Gabon, sur 100 nouvelles entreprises qui se créent, 60 à 70 disparaissent au bout d’une année. De fait, l’établissement dirigé par Roger Owono Mba envisage également de mettre plus de moyens à la disposition de ces sociétés. Si, depuis le début de l’année, une enveloppe de plus de 900000 euros a déjà été accordée aux PME locales, la BGD affirme avoir en cours d’étude des requêtes de crédits pour un montant total de plus de 21 millions d’euros. Pour financer ces demandes sans cesse croissantes, la banque devrait elle-même bénéficier de l’appui de plusieurs autres fonds créés par l’État (Caisse des dépôts et consignations, Fonds d’expansion et de développement des PME…). Autant de ressources qui incitent Roger Owono Mba à envisager la création d’un fonds de capitalrisque d’ici à trois ans. ● STÉPHANE BALLONG, envoyé spécial à Libreville

MARCEL ABEKE COMILOG Une ère nouvelle s’ouvre pour la compagnie minière de l’Ogooué (au Gabon). Son DG depuis vingtdeux ans cède sa place et rejoint la direction générale de la Française Eramet (maison-mère). JEUNE AFRIQUE

RALF LOMMEL KEYNOTE SYSTEM La société cotée au Nasdaq, spécialisée dans les services internet et mobile aux entreprises, a nommé son nouveau vice-président des ventes pour la zone Europe, Moyen-Orient et Afrique.

YVES BOUDOT AFD Précédemment à la tête de la zone Asie du Sud-Est de l’Agence française de développement, il est directeur Afrique depuis le 5 septembre, à la place de Jean-Marc Gravellini. Il fera une tournée africaine en octobre. N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

TIPHAINE SAINT CRICQ POUR J.A. ; DR ; AFP

ON EN PARLE


Marchés financiers Ý SAMUEL MARÉCHAL, fondateur et PDG, ouvre actuellement une nouvelle filiale à Brazzaville.

DR

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BOURSE

Maréchal & Associés Finance se fait une place Arrivé à Abidjan en 2007, le très discret cabinet français prépare l’introduction à Paris de deux entreprises africaines. Le point sur cette société appelée à jouer un rôle croissant dans la finance du continent.

A

lors que le monde de la finance est en pleine tourmente et que toutes les Bourses de la planète jouent au yo-yo, le cabinet Maréchal & Associés Finance, basé à Paris, occupe le terrain. Il accompagne simultanément l’entrée en Bourse de deux entreprises à capitaux essentiellement africains. Après des mois de préparation, Petro Ivoire s’introduira le 30 septembre sur le marché libre NYSE Euronext. Quelques jours plus tôt, le 27 septembre, le Sénégalais Meïssa Ngom, patron de l’entreprise de transfert de fonds Money Express, doit annoncer qu’il tente lui aussi sa chance à la Bourse de Paris (lire encadré). LE PRÉCÉDENT SIMAT. Dirigé par

Samuel Maréchal, PDG et fondateur, qui passe quinze jours par mois à Abidjan, le cabinet emploie une douzaine de personnes et n’en est pas à son coup d’essai. C’est déjà lui qui avait préparé, N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

en décembre 2007, l’introduction de la Société ivoirienne de manutention et de transit (Simat) à la Bourse de Paris. Une cotation couronnée de succès qui avait été précédée, en octobre de la même année, par l’ouverture officielle d’un bureau du cabinet à Abidjan, d’où sont pilotées aujourd’hui toutes ses opérations pour l’Afrique de l’Ouest. « Le pays demeure en pointe dans l’économie de la sous-région. Malgré la crise qui l’a affecté depuis

dix ans, il reste structuré et les fondamentaux n’ont pas été atteints. Le budget de la Côte d’Ivoire, à l’équilibre, est le plus important de la zone franc CFA. De plus, les entrepreneurs du pays ont une culture d’entreprise très solide et une très longue expérience dans la gestion des affaires », justifie Samuel Maréchal. Ce qui ne l’empêche pas d’ouvrir actuellement une nouvelle filiale à Brazzaville, la société de gestion et d’intermédiation La Financière, « pour le marché de la Cemac [Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, NDLR] », explique-t-il. L’histoire de Maréchal & Associés Finance se confond avec celle de son PDG, dont le parcours et le passé ne laissent pas indifférent. En France, l’homme a milité au Front national; il a même épousé Yann, la fille cadette de Jean-Marie Le Pen, le fondateur du parti d’extrême droite. Il divorcera pour épouser en secondes noces, en 2009, Cécile Houphouët-Boigny, petite-fille de l’ancien président ivoirien. « J’assume mon passé, mais il est loin derrière moi. Je ne fais plus de politique. La vraie question est de savoir comment rebondir », souligne Samuel Maréchal. Et de mettre en avant « ses liens » avec l’Afrique : un père pasteur qui a vécu au Tchad et une grand-mère qui dirigeait un dispensaire et un orphelinat à Bobo-Dioulasso, au Burkina. Sur le plan professionnel, il a fait ses classes auprès de l’homme d’affaires lyonnais

PETRO IVOIRE ET MONEY EXPRESS À LA COTE PREMIÈRE ENTREPRISE PRIVÉE ivoirienne de distribution de produits pétroliers, Petro Ivoire veut exploiter le gisement de la Bourse (lire J.A. no 2645), avec l’aide du cabinet Maréchal & Associés Finance. Le 30 septembre, il s’introduira au marché libre NYSE Euronext, à Paris, dans le but de lancer un emprunt obligataire de 5 millions d’euros pour financer son développement (avec notamment l’ouverture de stations-services). Le cabinet français est aussi à la manœuvre au Sénégal. Il prépare l’introduction, prévue le 29 septembre, toujours à Paris, de Money Express. Société de transferts d’argent lancée en 2002 par Meïssa Ngom, elle est présente dans plus de 50 pays, dont 24 en Afrique. Son but : une augmentation B.M. de capital de 2,8 millions d’euros, représentant 17 % du capital. ● JEUNE AFRIQUE


Baromètre

« GO-BETWEEN ». Aujourd’hui

Samuel Maréchal, qui s’est rapproché des milieux d’affaires ivoiriens, vole de ses propres ailes. Sur le continent, le cabinet a bâti sa stratégie sur l’accompagnement sur le marché boursier français – et donc européen – d’entreprises africaines à la recherche de circuits de financement non traditionnels. « Nous sommes des intermédiaires, des facilitateurs et des initiateurs d’affaires. De nombreux groupes ignorent encore le potentiel de l’Afrique, qui pourrait être le relais de leur croissance perdue. Notre présence en Europe et en Afrique constitue un véritable pont entre les différents opérateurs économiques, pour leur permettre des taux de croissance importants, dans un esprit gagnant-gagnant », explique Samuel Maréchal.

« Nous sommes des facilitateurs, des initiateurs d’affaires. » SAMUEL MARÉCHAL

Car l’activité de son entreprise dépasse le seul cadre des introductions en Bourse. Et s’il tente par exemple de mettre sur pied des projets de double cotation sur le marché Euronext de Paris et à la Bourse régionale des valeurs mobilières d’Abidjan (BRVM), il joue aussi le rôle de go-between. Ses équipes sont aussi bien sur un contrat d’investissement pour la construction d’une centrale photovoltaïque par le groupe français Schneider Electric (un chantier que se disputent quatre pays africains) que sur l’acquisition d’une entreprise française par un groupe d’Afrique de l’Ouest. À ce rythme, le cabinet, très discret jusque-là, est bien parti pour se faire un nom sur le continent. ●

Mines : l’or brille VALEUR

BOURSE

COURS au 20 septembre (en dollars)

ÉVOLUTION depuis le début de l'année (en %)

Randgold Resources

LONDRES

113,98

+ 38

JOHANNESBURG

13,43 61,62 48,04 17,66 19,39 30,75 38,55 75,59 22,04

+ 23,3 + 17 + 14,1 + 13,3 – 11 – 11,1 – 13,4 – 15,5 – 27,3

Harmony Gold Kumba Iron Ore Anglogold Ashanti Gold Fields First Quantum BHP Billiton Anglo American Anglo Platinum Impala Platinum

JOHANNESBURG JOHANNESBURG JOHANNESBURG LONDRES JOHANNESBURG JOHANNESBURG JOHANNESBURG JOHANNESBURG

PEU DE SURPRISES dans l’évolution des grandes capitalisations minières du continent. Avec deux camps clairement distincts : celui des opérateurs aurifères, qui profitent largement de l’envolée des cours de l’or, valeur refuge – Randgold Resources ne pâtit ainsi même pas de la crise en Côte d’Ivoire, où se situe pourtant l’un de ses principaux actifs –, et celui des

sociétés minières opérant dans le cuivre ou le platine, dont les cours ont chuté depuis l’été. En cause : le ralentissement économique qui s’est amplifié depuis le milieu de l’année au sein des principaux pays occidentaux. Le platine, dont l’un des premiers débouchés est l’industrie automobile, a logiquement été frappé de plein fouet. ●

Valeur en vue SMI Un potentiel de hausse encore important BOURSE Casablanca • CA 1er semestre 2011 48,4 millions d’euros (+ 83,1 %) COURS 4 404 dirhams (20.9.2011) • OBJECTIF De 6 700 à 8 140 dirhams

LA FORTE CROISSANCE des résultats de la Société métallurgique d’Imiter (SMI) semble en ligne avec nos prévisions annuelles. L’opérateur minier a profité de l’envolée des cours de l’argent, de la baisse progressive des niveaux d’engagement et de l’appréciation graduelle des cours de couverture. Cette situation devrait selon nous se poursuivre à moyen terme. Sur la période 2011-2013, l’opérateur devrait afficher un résultat net en forte progression, passant de 541 millions à 1,1 milliard de dirhams (97,7 millions d’euros), notamTaha Jaidi ment grâce à l’augmentation de la capacité de Analyste chez production de la mine d’Imiter à 300 tonnes/an et Attijari Intermédiation au maintien du cours de l’argent au-dessus des 30 dollars l’once. L’envolée récente du cours de la SMI constitue une contrainte psychologique pour la plupart des investisseurs. Mais nous estimons que le potentiel de hausse demeure très important. Sur la base d’un résultat net 2013 de 1,1 milliard de dirhams, la SMI pourrait logiquement atteindre un niveau de cours variant entre 6 700 et 8 140 dirhams. » ●

DR

Louis Thannberger, dont la société Europe Finance et Industrie est spécialisée dans l’introduction en Bourse des PME françaises à forte croissance.

Marchés financiers

BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan JEUNE AFRIQUE

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Dossier

Agriculture

INTERVIEW

Mamadou Sangafowa Coulibaly Ministre ivoirien de l’Agriculture

ACHATS DE TERRES

Un business sous

influences Milliardaires américains ou saoudiens, aristocrates portugais et britanniques, ex-ambassadeurs occidentaux… Derrière certains contrats signés en Afrique se cachent des personnalités du monde des affaires et, parfois, de la politique. Enquête sur ces nouveaux spéculateurs.

MICHAEL PAURON

S Ð LA SIERRA LEONE est très convoitée. Pour attirer les investisseurs, le pays met en avant ses 80 % de terres non cultivées.

elon la Banque mondiale, 60 millions d’hectares de terres en Afrique – soit l’équivalent du territoire français – ont déjà fait l’objet d’un deal avec des investisseurs étrangers. Mais qui se cache derrière les fonds d’investissement et les firmes privées figurant sur les contrats ? Publié en juin, le rapport du groupe de recherche américain Oakland Institute a fait l’effet d’une bombe : en décortiquant l’organigramme d’une douzaine de fonds porteurs de projets agricoles en Afrique, il met en lumière une ribambelle de richissimes et discrets hommes d’affaires américains, saoudiens, européens… Leurs intentions sont rarement claires et suscitent un certain nombre d’interrogations. Tous sont accusés de spéculer sur les terres africaines, au mépris des populations, au travers de contrats léonins ; tous s’en défendent et mettent en avant des projets de développement local. Qui sont-ils réellement ? Pourquoi lorgnent-ils les hectares disponibles du continent? Et quels sont leurs liens avec les politiques ? Éléments de réponse. LOBBYING. Si les rapports entre business et politique sont monnaie courante, ils prennent une dimension particulière quand les intéressés

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sont soupçonnés de spéculer sur le dos des plus démunis. Bruce Rastetter pourrait être l’un d’eux. Proche du gouverneur de l’Iowa, Terry Branstad – qu’il a largement financé lors de sa campagne –, il a fait sa fortune en créant ce qui deviendra la plus grosse industrie d’élevage de porcs des États-Unis (Heartland Pork Enterprises), avant de se diversifier dans la production d’éthanol, tout en œuvrant en coulisses pour un cadre législatif favorable aux biocarburants… Manier le business au profit du politique, et l’inverse, est devenu l’une de ses spécialités. À l’approche de la prochaine élection présidentielle aux États-Unis, cet Américain au sourire « ultrabright » est en tête de liste des donateurs républicains. À 55 ans, le millionnaire de l’Iowa prévoit en parallèle d’investir, à travers la société Agrisol Energy, 70 millions d’euros sur dix ans en Tanzanie. Le projet vise, selon la firme américaine et son partenaire local, Serengeti Advisers, à mettre en culture 10 000 ha dans l’ouest du pays et à y lancer une industrie de volaille. Le fonds Pharos Financial Group, basé à Moscou et à Dubaï, est également de la partie ; spécialisé dans les pays émergents, il promet à ses clients entre 13 % et 20 % de rendement. Selon Oakland Institute, Rastetter et sa firme viseraient en réalité plus de 300 000 ha. Séduire et s’octroyer les faveurs des puissants sont des qualités qu’on retrouve chez Kevin Godlington. Avec pour seul « diplôme » ses années passées dans l’armée britannique, cet Anglais de 36 ans s’est retrouvé en quelques années à la tête de plusieurs sociétés et fondations. C’est en Sierra Leone, dont il a d’abord foulé la terre en tant que militaire durant la guerre civile qui fit 200000 morts de 1991 à 2002, qu’il vient d’implanter l’une d’elle, Sierra Leone Agriculture (SLA), pour cultiver ● ● ● JEUNE AFRIQUE


ZONE FRANCOPHONE

MATIÈRES PREMIÈRES

Période fertile pour les phosphates

ALGÉRIE

Aïn Defla, royaume de la pomme de terre

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ALFREDO CÁLIZ/PANOS-REA

Le grand retour du coton ?

JEUNE AFRIQUE

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Dossier Agriculture

LE CONTRAT DE CONCESSION signé par Nile Trading Development (États-Unis) avec la province autonome du Sud-Soudan en 2008 (600 000 ha pendant quarante-neuf ans, pour 24 000 euros) a notamment pour instigateur un ex-ambassadeur américain pour les réfugiés.

● ● ● 43 000 ha. Le dandy britannique possède déjà 70 millions d’euros d’intérêts dans quatre pays africains. Son principal appui ? L’homme d’affaires britannique (né en Inde) Lord Paul of Marylebone, magnat du fer et des matières premières (dont l’huile de palme), à travers le groupe familial Caparo. Actionnaire de SLA, il est également implanté en Namibie, où il cultive 150 000 ha à travers sa filiale Caparo Renewable Agriculture Developments. Pour ces deux hommes, les ramifications politiques apparaissent assez vite. Lord Paul est un travailliste convaincu, et l’un des plus fidèles financiers du parti de Tony Blair. L’ancien Premier ministre britannique a été vu, aussi, aux côtés de Godlington lors d’une conférence à Londres, sur la Sierra Leone justement, en présence du président Ernest Bai Koroma… L’ancien militaire assure, comme si cette proximité pouvait lui être nuisible, que ses liens avec Tony Blair s’arrêtent là.

OBJECTIFS CACHÉS. La Sierra Leone récolte ainsi les fruits d’une promotion active de ses terres. Elle met en avant que « seulement 20 % d’entre elles sont cultivées, soit 5 millions d’hectares », pour attirer les investisseurs. La société portugaise Quifel Agribusiness y a acheté 126 ha pour, ditelle, de la production alimentaire à destination du marché local. Elle y teste aujourd’hui du riz, des ananas, du manioc. En haut de l’organigramme, un homme influent : le Portugais Miguel Paes do Amaral. Cet arrière-petit-fils du secrétaire du dernier roi portugais, Manuel II, a notamment bâti sa fortune dans les médias, l’agro-industrie et les nouvelles technologies. En Sierra Leone, une chose est sûre : la superficie concernée ne lui permettra pas de rivaliser avec les autres projets en cours dans le pays… mais peut-être n’est-ce pas là son objectif. Le sous-sol de la parcelle, riche en fer, diamants, or et bauxite, pourrait en N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

effet rapporter très gros à l’aristocrate portugais qui, en dehors de ses apparitions annuelles lors de la course des 24 Heures du Mans (France) – il est pilote dans sa propre écurie –, cultive avant tout… la discrétion. Le Suisse d’origine égyptienne Jean-Claude Gandur est moins secret. Collectionneur d’art, il a fait fortune en 2009 en revendant sa société d’exploration pétrolière Addax Petroleum, pour plus de 5 milliards d’euros, au chinois Sinopec ; il serait en passe de vendre le reste de ses activités (stockage, distribution de carburant…). Mais le trader ne quitte ni l’énergie ni l’Afrique, où il possédait notamment des blocs pétroliers au Nigeria ; il réinvestit massivement dans la production de bioéthanol. Il s’est lui aussi installé en Sierra Leone, sur 20 000 ha qui accueilleront une plantation de sucre de canne. Alors que les biocarburants sont accusés de prendre des terres au détriment des cultures alimentaires, Addax Bioenergy a signé au début de l’été un deal de 258 millions d’euros en partenariat avec six bailleurs de fonds, dont la Banque africaine de développement (BAD) et les agences de développement néerlandaise (FMO) et allemande (DEG). Produire des biocarburants est aussi l’ambition de PetroTech FFN Agro Mali, créé en 2007 et basé aux États-Unis et en Égypte. Derrière la société, deux hommes de pouvoir et d’argent: l’ancien ambassadeur américain William Brown, et le président de GWM Holding (gestion de fortune, finances, énergies renouvelables, basé à Genève), Ed Rosenberg. PetroTech Mali prévoit de cultiver du jatropha sur 10 000 ha dans la région de Kareri, où l’entreprise a obtenu un bail « renouvelable indéfiniment par période ● ● ●

EMMANUEL DAOU BAKARY

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UN MALIEN AMBITIEUX L’homme d’affaires Aliou Tomota, 53 ans, fait également partie des grands acheteurs de terres. Si aujourd’hui il cultive de l’arachide et du coton sur 2 000 ha dans l’Office du Niger, il envisage de s’étendre sur près de 140 000 ha, avec un investissement de 23 millions d’euros. Ces cultures serviront, dit-il, à alimenter les usines de l’Huilerie cotonnière du Mali (Huicoma), qu’il a rachetée en 2005 pour près de 14 millions d’euros. JEUNE AFRIQUE


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Dossier Agriculture

44,6%

Pourcentage de terres agricoles au sud du Sahara. Selon les pays, cette proportion varie de 86,2 % au Nigeria à 8,4 % en Centrafrique.

de trente ans », sans prix indicatif de location. Le montant de l’investissement et la part qui doit revenir à l’Office du Niger sont également absents du contrat. Seul le type de culture est précisé : en l’occurrence, celle des « oléagineux ».

●●●

AFFINITÉS SPÉCIALES. Autres conditions opaques,

celles obtenues par Nile Trading and Development (NTD). La compagnie a signé un contrat avec l’ex-province autonome du Sud-Soudan qui en ferait rêver plus d’un : 600 000 ha et une option de 400 000 ha supplémentaires, pour 24 000 euros. L’homme d’affaires britannique Leonard Henry Thatcher et l’ex-ambassadeur américain Howard Eugene Douglas sont les deux fondateurs de Kinyeti Development, principal actionnaire de NTD. Si le premier Les travailleurs locaux a toujours été dans le business, sont souvent les grands notamment en tant que banquier d’affaires et broker au London oubliés de ces deals. Stock Exchange, le second a fait toute sa carrière dans l’administration américaine, aux affaires relatives aux réfugiés sous l’ère Reagan par exemple. Thatcher a « des affinités spéciales avec le Soudan du Sud », lit-on sur le site de Kinyeti, et c’est bien lui qui a négocié ce contrat au bas duquel apparaît sa signature. Investissement minimal et rendement maximal : le contrat, d’une durée initiale de quarante-neuf ans et paraphé le 1er septembre 2008 – soit deux ans avant le référendum de séparation d’avec le Soudan –, prévoit que 60 % des revenus générés par NTD reviennent à la firme et 40 % à la coopérative soudanaise partenaire, Mukaya Payam Cooperative. Ce taux est dégressif pour atteindre 50/50… à partir de 2033. De fait, les travailleurs locaux sont généralement les grands oubliés de ces deals. EmVest, coentreprise entre Emergent Asset Management

et GrainVest, présente en Afrique du Sud, au Zimbabwe et en Zambie, est ainsi accusé d’avoir forcé les fermiers à céder 2 000 ha que le fonds entend cultiver pour produire des biocarburants d’ici à 2012. Pour EmVest, « le prix, qui ne représente qu’une petite part de celui pratiqué en Europe ou aux États-Unis », est en tête des raisons qui le poussent à investir en Afrique. Emergent Asset Management et GrainVest sont dirigés respectivement par la Canadienne Susan Payne et le Sud-Africain Frans Van den Bergh. Élue en 2007 et 2008 parmi les 100 premières femmes de la finance par le Financial News, la première a fait ses armes chez JP Morgan, au service des pays émergents. Quant au second, président du fonds RussellStone Group, ses activités vont de la nourriture animale à la production alimentaire, en passant par la finance. L’agriculture est bel et bien un « produit » qui rapporte, et ce n’est pas le milliardaire saoudien Mohammed Al Amoudi (63e fortune du monde dans le classement du magazine Forbes, avec 9 milliards d’euros) qui dira le contraire. Né en Éthiopie il y a soixante-six ans, l’homme d’affaires a fait fortune dans la construction et le pétrole (stockage, raffinerie). Il est aujourd’hui concentré sur le développement de 500 000 ha de terres agricoles (huile, sucre, blé…) et sur un projet de production de riz sur 10 000 ha (pour 1,8 milliard d’euros) dans son pays de naissance. Le milliardaire est accusé de ne pas avoir indemnisé les paysans déplacés. Mais sa proximité avec le chef de l’État, Mélès Zenawi, lui permet de faire à peu près tout ce qu’il veut. Une absence de contraintes qui, décidément, semble être la règle en matière d’achat de terres, où le pouvoir et l’argent de leurs instigateurs permettent aux projets d’être menés à bien sans réelle visibilité… ni transparence. ●

LES UNIVERSITÉS AMÉRICAINES IMPLIQUÉES Ð Campus de HARVARD (Massachussets).

PORTER GIFFORD

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CERTAINES INSTITUTIONS de l’enseignement supérieur américain, comme Harvard (Massachusetts), Vanderbilt (Tennessee) ou l’Université de l’Iowa, ont des intérêts dans des fonds impliqués en Afrique, ou se font représenter par ces derniers pour investir dans les terres. Emergent Asset Management est l’un de ces fonds. Basé à Londres, dirigé par d’anciens de JP Morgan et de Goldman Sachs, il promet aux écoles un rendement de 25 % sur leurs investissements… et aurait déjà misé pour elles plus de 350 millions d’euros en Afrique. Parfois, les universités sont tout simplement partenaires au travers de leur propre fonds d’investissement. L’Université de l’Iowa est par exemple engagée enTanzanie aux côtés d’Agrisol Energy, dont le PDG, Bruce Rastetter (lire p. 68), est un des donateurs M.P. de l’établissement… ● JEUNE AFRIQUE


LE GABON VERT

PUBLI-INFORMATION

PILIER DU GABON ÉMERGENT

A

vecplusde20millionsd’hectaresdeterresarablesinexploitées et un climat adapté aux cultures, le Gabon a les moyens de développer et promouvoir une agriculture permettant à la fois de nourrir sa population et d’exporter. Un objectif que s’est fixé le Président Ali Bongo Ondimba comme condition de l’accession du Gabon au statut de pays émergent, et que le Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage, de la Pêche et du Développement rural déploie.

PUBLI-INFORMATION

MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE, DE L’ÉLEVAGE, DE LA PÊCHE ET DU DÉVELOPPEMENT RURAL


MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE, DE L’ÉLEVAGE, DE LA PÊCHE ET DU DÉVELOPPEMENT RURAL

Les enjeux du secteur agricole

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ctuellement le secteur agricole emploie environ 95 % de la population gabonaise, alors qu’il ne contribue qu’à 5 % du PIB. Plus de 20 millions d’hectares de terres arables restent inexploités. Il existe donc un potentiel majeur pour développer ce secteur et fournir aux populations une source à la fois

Au cœur du dispositif, la sécurité alimentaire

PUBLI-INFORMATION

L

e Président Ali Bongo Ondimba a choisi de réinstaurer l’agriculture au rang des priorités en attribuant 90,5 milliards de F CFA sur cinq ans au secteur. Il a élaboré un programme ambitieux pour favoriser l’essor de l’agriculture : le Programme agricole de sécurité alimentaire de croissance (PASAC). Destiné à conduire le Gabon à l’émergence, le PASAC nécessite de nouveaux objectifs, stratégies et outils. Raymond Ndong Sima, Ministre gabonais de l’Agriculture, de l’Élevage, de la Pêche et du Développement rural, s’est engagé dans l’instauration de cet ambitieux plan, qui s’inscrit dans un programme global de croissance de 8 % sous la contrainte de la sécurité alimentaire. Un défi à la hauteur de l’engagement du Ministre puisque qu’en 2009 près de 80 % des produits alimentaires étaient importés, représentant pour l’État une facture de 250 milliards de F CFA. Une situation à laquelle il convient de remédier sachant le potentiel du pays en terres arables et en ressources humaines investies dans le secteur.

Des objectifs déterminés… Le PASAC comprend trois objectifs majeurs : • Mettre en œuvre un programme national de sécurité alimentaire (PNSA), • Soutenir la réhabilitation des exportations agricoles en difficulté (PREA), • Initier et conduire un programme agricole de production intensive (PAPI).

… dotés d’axes de déploiement… Ces objectifs seront atteints grâce à la définition et à l’application concrète de six axes stratégiques : • Information et communication sur le PASAC, • Renforcement des capacités des acteurs et appui à la recherche agricole, •Largedisponibilitéetdiffusiondelamatière végétale, animale et halieutique, • Promotion de pôles de production intensive, • Soutien à l’organisation de la collecte et de la commercialisation des produits, • Appui à l’accès au financement des activités agricoles.

d’autosuffisance alimentaire et de rentabilité financière. L’objectif du gouvernement est de porter la contribution de l’agriculture à 20 % du PIB, pour attendre un taux de croissance de 8 %, synonyme d’accession au statut de pays émergent, un défi que les rentes pétrolières ne peuvent assumer seules.

…pour des résultats attendus À tout programme d’envergure, des résultats concrets doivent être déterminés en amont afin de tracer la voie à suivre. Pour le PASAC, le Ministre Raymond Ndong Sima, sous l’égide la Présidence de la République, en a déterminé six à atteindre : • Renforcement des structures et des capacités opérationnelles des services sur tout le territoire, • Augmentation des capacités de rendement des matières végétales et halieutiques, • Aménagement de 3 sites de production intensive, • Réhabilitation des cultures de rente et bassins piscicoles, • Intensification des cultures vivrières. Loin d’être une lettre d’intention, ce PASAC a bénéficié en 2010 d’un budget de 38,4 milliards de F CFA, dont les trois quarts étaient engagés pour l’investissement global.


PUBLI-INFORMATION

Mise en place du PASAC

D

epuis le 12 février dernier, le Ministre de l’Agriculture, de l’Élevage, de la Pêche et du Développement rural, Raymond Ndong Sima, a entrepris une tournée dans les neuf provinces du Gabon afin de procéder au lancement du PASAC. « Il n’est pas raisonnable que l’essentiel de ce que les Gabonais consomment vienne de l’extérieur », a-t-il estimé dès la première étape, à Lambaréné, dans la province du Moyen-Ogooué. Et de poursuivre : « Le pays doit prendre la responsabilité de produire les aliments de base dont il a besoin. » Selon le Ministre, un seul pilier, celui de l’industrie du pétrole, ne peut pas porter seul

les ambitions d’émergence du pays, d’autant qu’il « ne crée pas trop d’emplois. L’effort global suppose que toutes les composantes participent au développement. »

Informer les populations La quantité de nouvelles terres mises en culture ne sera pas déterminante. L’élément majeur restera la hausse des rendements ce qui implique une mécanisation de l’agriculture. Avec 95 % des Gabonais travaillant dans ce secteur, une agriculture moderne et rentable ne tardera pas à produire des résultats probants. Ces interventions de terrain conduites par le Ministre en personne sont indispensables pour faire prendre conscience aux Gabonais de l’importance que le Président Ali Bongo Ondimba et son gouvernement mettent dans l’accession à la sécurité alimentaire. Avec le concours de tous les citoyens, l’objectif de réduire de 5 % chaque année la quantité d’aliments de base importés que sont le manioc, le riz, la banane, la viande et les légumes, pourra être atteint en développant une agriculture entrepreunariale de type privé. Laquelle participera à mettre le Gabon sur la voie de l’émergence.

Résultats encourageants Les premiers résultats de la mise en œuvre du PASAC par le Ministre Raymond Ndong Sima, et plus globalement des trois piliers pour l’Emergence du Gabon, sont très concluants. Fin 2010, le cabinet de consulting Oxford Consulting group a publié son rapport annuel sur les performances économiques du pays. L’attention portée à tout ce qui ne touche pas au pétrole a porté ses fruits puisque le FMI a évalué la croissance du Gabonhors pétrole- à 5,4 % pour 2011, alors que l’on s’attendait à une croissance globale de 5 %.


MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE, DE L’ÉLEVAGE, DE LA PÊCHE ET DU DÉVELOPPEMENT RURAL L’inventaire conduit par le Codex Alimentarius a permis de déterminer que le système national de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments est inefficace. Le Comité a donc tenu un grand nombre de réunions pendant ses six mois d’activité en 2010 pour y remédier. Un atelier sur la réforme du système national de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments a été organisé le 19 novembre 2010 avec l’appui de la FAO, aboutissant au choix d’un modèle d’organisation : l’agence unique. Pour 2011, les travaux porteront sur la participation à des réunions nationales et internationales ainsi que sur la poursuite des réformes et l’élaboration du texte sur la réorganisation du Comité National du Codex Alimentarius.

Premières initiatives concrètes

PUBLI-INFORMATION

Le Codex Alimentarius est essentiellement chargé de : > DE RÉVISER les textes et proposer une réforme, > D’INVENTORIER les textes nationaux et internationaux traitant des questions de sécurité sanitaire des aliments, > D’IDENTIFIER les acteurs su secteur, > D’ÉVALUER les besoins en formation et en équipement du système de contrôle de la qualité des denrées alimentaires, > DE FORMULER les réponses du pays aux propositions de la Commission, > DE DÉSIGNER les délégués pour représenter le pays, > DE CONSEILLER le gouvernement sur les meilleures décisions à prendre en ce qui concerne les normes, > DE PROPOSER des sous comités techniques selon les besoins.

P

our parvenir aux objectifs fixés par le Président de la République Ali Bongo Ondimba, le Ministre de l’Agriculture Raymond Ndong Sima a dû rapidement prendre des initiatives pour faciliter la sécurité alimentaire. Parmi les réalisations emblématiques d’ores et déjà décidées, on peut citer :

Six fermes agropastorales Six fermes agropastorales seront créées pour garantir la sécurité alimentaire et réduire la dépendance alimentaire du Gabon vis-à-vis de l’extérieur. Ce projet périurbain permettra une plus grande disponibilité des produits sur le marché et une baisse notable de leurs prix. En outre, elles promouvront des techniques modernes d’élevage et d’agriculture afin d’optimiser leur rendement. Pour ce faire, formation et encadrement adaptés seront offerts aux exploitants. Ces fermes représentent également l’occasion de construire des villages modernes, dotés de centres sociaux, d’écoles et de centres médicaux, pour un bénéfice global à toute la population environnante.

Le Projet de développement Agricole et Rural (PDAR) L’objectif du PDAR, réalisé en collabo-

ration avec la FIDA, est de réduire la pauvreté en milieu rural par la diversification et l’augmentation des revenus des populations, et l’amélioration de leurs conditions de vie. Le projet facilite l’accès des groupes cibles aux filières agricoles qui bénéficient de marchés porteurs dans la Province du Woleu Ntem, à savoir les racines et tubercules, les bananes et l’arachide. Ces filières ont de plus un fort potentiel d’impact sur les femmes et les jeunes. Dans le détail, les objectifs sont donc de : • Développer les filières porteuses prioritaires au bénéfice de groupes cibles du projet • Renforcer les capacités des acteurs des filières prioritaires et de leurs organisations • Renforcer les capacités institutionnelles en matière de services d’appui au monde rural. Pour les atteindre, le projet intervient à travers trois composantes : • Promotion des filières agricoles • Renforcement des capacités des acteurs • Coordination, suivi et évaluation du projet Ce projet est prévu pour durer 6 ans, depuis 2008 jusqu’en 2014.

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR

CODEX ALIMENTARIUS


Dossier INTERVIEW

Mamadou Sangafowa Coulibaly MINISTRE

I V O I R I E N D E L ’A G R I C U L T U R E

« La Côte d’Ivoire renoue avec l’investissement agricole » Dépendance aux importations, filière café-cacao, certificats fonciers… Au lendemain de la crise postélectorale, le secteur a besoin d’être relancé. Avec quels moyens et dans quels délais ? Explications.

L’autre axe est la gouvernance. Son amélioration consiste à prendre les bonnes décisions, à suivre leur mise en œuvre et à améliorer la qualité des dépenses. En 1960, notre pays a construit son premier tracteur et, trente ans plus tard, l’Inde et la Corée du Sud, avec lesquelles nous étions au même niveau de développement, ont commencé à nous proposer leurs tracteurs… Il n’y a pas d’autre explication que la gouvernance.

LOUGUÉ

Comment va se décliner votre stratégie de relance ?

M

algré son potentiel, la Côte d’Ivoire reste très dépendante de ses importations. Elle ne produit chaque année que 650 000 tonnes de riz, principal aliment de consommation des Ivoiriens, pour des besoins annuels de 1,5 million de tonnes. « Au final, l’importation élevée – près de 60 % des besoins – occasionne une perte de devises de près de 234 milliards de F CFA [357 millions d’euros, NDLR] », explique Mamadou Sangafowa Coulibaly, ministre de l’Agriculture. Produits laitiers (88 % d’importation), maraîchers (60 %) et halieutiques (80 %), viandes (56 %)… Les défis sont immenses. JEUNE AFRIQUE: Dans quel état se trouve l’agriculture ivoirienne ? JEUNE AFRIQUE

MAMADOU SANGAFOWA COULIBALY : Le secteur agricole

n’a pas connu d’investissements notables depuis les années 1980. Le verger est vieillissant, la mécanisation est lente. Nous devons reconnaître que notre agriculture, qui offre deux tiers des emplois actifs, a besoin d’être relancée. Néanmoins, nous demeurons le premier producteur mondial de cacao, avec près de 1,3 million de tonnes. Et nous sommes le premier producteur africain d’hévéa et de noix de cajou, avec respectivement 231 000 t et 400 000 t. Quels sont les grands axes de votre politique agricole ?

L’axe principal, c’est l’augmentation de la part du budget consacrée au secteur. En 2012, ce sera 15 %, au lieu de 1,7 % actuellement.

1,5 milliard d’euros

Soit 1000 milliards de F CFA. C’est le montant du programme national annoncé par le ministre. « Il devrait être mis en œuvre à partir de 2012, sur une durée de cinq ans », précise-t-il

Via un programme national d’investissement agricole, négocié dans un cadre régional et sous-régional, notamment au niveau de l’Union africaine, du Nepad [Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique, NDLR] et de la Cedeao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest]. Il vise une croissance agricole de 9 % par an sur cinq ans. Cela nous permettra de réduire la pauvreté de moitié d’ici à 2020, en créant des emplois et en rendant notre pays autosuffisant. En Côte d’Ivoire, quand quatre personnes sortent de la pauvreté, trois le doivent au secteur agricole, alors que 75 % des pauvres vivent en milieu rural. Ce programme de 1 000 milliards de F CFA [1,5 milliard d’euros], sur une durée de cinq ans et qui devrait être mis en œuvre à partir de 2012, identifie prioritairement les besoins agricoles et les sources de croissance agricole de notre pays. Il sera financé notamment par l’État de Côte d’Ivoire et par les organisations précédemment citées. N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

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240000

Dossier Agriculture Quant à la réforme de la filière café-cacao, elle se fera autour de la consigne ferme du président Alassane Ouattara : le prix payé au producteur ne doit pas être en deçà de 50 % du prix CAF [coûts, assurance et fret]. Cela va améliorer les revenus des planteurs. Quel est votre plan pour réduire les importations de riz ?

tonnes

Production ivoirienne de coton prévue pour la campagne 2011-2012, contre 175 000 t pour la précédente.

national de recherche agronomique] ont déjà mis au point des semences à haut rendement, d’une grande qualité organoleptique et nutritionnelle, qui permettent d’obtenir, en station de recherche, de 8 à 10 t/ha. Il nous reste à nous doter de multiplicateurs de semences, puis à diffuser ces semences.

Dans notre pays, quand quatre personnes sortent de la pauvreté, trois le doivent au secteur agricole.

No t re s t ra tégie de développement de la filière riz a pour objectif de rendre la Côte d’Ivoire autosuffisante. Pour cela, nous allons notamment réhabiliter des barrages hydroagricoles créés dans les années 1960 et 1970, pour passer de la technique pluviale à la technique d’irrigation. De plus, nos chercheurs du CNRA [Centre

Tout cela nous permettra, à l’échéance 2016, de passer à une production annuelle de 1,8 million de tonnes. Comment allez-vous régler le problème du foncier, notamment dans le centre-ouest du pays ?

La loi sur le foncier, votée en 1998, est l’une des rares en Côte d’Ivoire qui fasse l’unanimité au niveau des partis. Elle part du principe que les droits coutumiers doivent être transformés en droit moderne. Dès lors, 90 % des problèmes devraient être réglés. Depuis le vote de cette loi, notre pays n’a pas bénéficié d’un environnement sociopolitique propice pour son application. Toutefois, la délivrance de certificats fonciers n’a pas été interrompue. À ce titre, près de 4 000 comités villageois, sur les 10 000 chargés d’examiner les dossiers et de conduire les enquêtes en premier ressort, sont installés depuis 2006. Nous allons couvrir les 6 000 villages restants. Les conditions commencent à être réunies pour faire appliquer la loi. ● Propos recueillis à Abidjan par ANDRÉ SILVER KONAN

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Aux côtés des planteurs africains Parmi les plus importants négociants de produits agricoles dans le monde, nous sommes présents auprès de nombreuses collectivités en Afrique, jusque dans les pays enclavés. Spécialiste de l’approvisionnement agricole, nous sommes en relation avec des milliers de planteurs. Nous les représentons sur le marché mondial et les aidons à préfinancer leurs récoltes. Nous leur assurons des revenus réguliers grâce à notre vaste réseau sur le continent, y compris dans les pays les plus démunis. Olam est présent dans 23 pays africains : Afrique du Sud, Algérie, Angola, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Égypte, Éthiopie, Gabon, Gambie,Ghana,GuinéeConakry,Liberia,Mozambique,Nigeria, Soudan, Tanzanie, Togo, Uganda, Zambie, Zimbabwe. *Notre affaire, création de valeur

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Dossier ZONE FRANCOPHONE

Le grand retour du coton? Portée par des prix élevés, la production africaine retrouve des couleurs, après cinq ans de crise. Restructuration, libéralisation et modernisation de la filière… Autant de défis qui restent à relever.

d’investissements – notamment dans la recherche –, alors qu’ils rivalisaient avec les autres pays du monde. Cependant, le coton d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale a des atouts à faire valoir. Comparativement au coton américain ou indien, il est beaucoup plus écologique : cultivé en système pluvial, il requiert par ailleurs moitié moins de traitements insecticides. « Dans un souci de durabilité de l’agriculture, c’est une donnée non négligeable », souligne Anne Legile.

YVERGNIAUX/ANDIA.FR

RETROUVER LA CONFIANCE. « Le

L

es signes sont positifs : le coton ouest-africain semble, doucement mais sûrement, sortir de la crise des cinq dernières années. Entre 2000 et 2010, la production des pays francophones (presque la moitié de la production africaine totale) est passée de 1 million à 495 000 tonnes ; aujourd’hui, elle redémarre enfin. Ainsi, au Mali, elle devrait passer de 103 000 t pour la campagne 20102011 à 171 000 t pour 2011-2012. Le Comité consultatif international du coton prévoit 619 000 t pour la prochaine récolte dans la zone francophone (+ 25 % sur un an). Plusgrosproducteurdelazone,le Burkina n’atteindra pas son niveau record de 2005 (750000 t), de nombreux producteurs ayant délaissé le coton pour d’autres cultures, comme le maïs ; mais il a mené à bien la restructuration de la filière, avec notamment l’apurement des dettes des groupements. Le même travail a été fait au Cameroun, où, de plus, l’agrandissement des surfaces cultivées par producteur (de 0,6 à 1ha)devraitaméliorerlaproduction JEUNE AFRIQUE

(71000 t prévues, contre 68000 t un an plus tôt). Autre preuve que le secteur a le vent en poupe: le retour du groupe Geocoton en Guinée, à la suite d’un accord signé avec le président Alpha Condé le 24 juin. La filière est portée par des prix élevés qui, tirés par une demande internationalecroissante,dépassent même ceux connus avant 2005. De 145 F CFA (0,22 euro) le kilo de coton-graine – au plus fort de la crise –, le cours s’établit désormais entre 240 et 290 F CFA. Mais cette conjoncture favorable ne suffira pas à sortir définitivement le secteur de l’ornière. Anne Legile, de la division développement agricole et rural de l’Agence française de développement (AFD), explique ainsi que « le taux de change entre l’euro et le dollar [le premier est plus fort que le second, NDLR] est par exemple toujours défavorable à la zone franc [le coton étant coté en dollar, tandis que le franc CFA est arrimé à l’euro] ». De plus, poursuit-elle, les pays producteurs n’ont pas retrouvé leur niveau de compétitivité, faute

AU BURKINA, l’État a beaucoup investi dans les OGM (60 % des surfaces cultivées).

619 000 tonnes

C’est la récolte prévue dans les pays de la zone francophone pour la campagne 2010-2011 (+ 25 % sur un an)

plus important pour le secteur, c’est que les acteurs retrouvent la confiance », estime l’agronome de l’AFD. Les années de crise, durant lesquelles les paysans étaient mal payés et avec du retard, ont fragilisé les liens. Et les privatisations, parfois douloureuses, ont achevé de dégrader les relations : par exemple, celle, inachevée, de la Compagnie malienne pour le développementdutextile(CMDT) ne donne aucune visibilité aux producteurs. Par ailleurs, certains processus de libéralisation totale, avec l’arrivée de multiples acteurs privés, de la production au transport, ont totalement déstructuré les filières intégrées. C’est le cas au Bénin, pays de la zone où les prix de transport sont les plus élevés. Acontrario,auBurkina,oùl’Étata ouvert le capital de la société nationale Sofitex et permis l’établissement d’autres sociétés, les autorités continuent de réguler le secteur. Elles interviennent par exemple sur les prix, qui sont les mêmes sur tout le territoire. Ouagadougou a aussi beaucoup investi dans les OGM, qui représentent aujourd’hui 60 % des surfaces cultivées. Si les rendementsn’enontpasréellement bénéficié, le travail des paysans s’est par contre amélioré, puisque deux traitements insecticides suffisent aujourd’hui, contre six auparavant. La modernisation du secteur est de fait un autre défi de la filière, si elle veut attirer les jeunes producteurs, sans lesquels son avenir serait condamné. ● MICHAEL PAURON N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

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Dossier Agriculture de Greenpeace qui l’accuse d’avoir détruit des zones de forêt tropicale pour planter des palmiers à huile – ce que réfute Golden Agri Resources. De son côté, Sime Darby a divulgué à la même période une augmentation de 104 % de son bénéfice net au deuxième trimestre 2011, à 610 millions d’euros. SOURCE D’ÉNERGIE. Et les prix ne XAVIER BOURGOIS/AFP

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Une plantation du singapourien OLAM, à Kango (Gabon). OLÉAGINEUX

Producteurs d’huile de palme cherchent terrains Soumis à des contraintes d’espace, les groupes asiatiques multiplient les accords en Afrique. Si le pari est parfois risqué, les perspectives de la demande mondiale leur laissent entrevoir un fort retour sur investissement.

F

avorisé par la révolution verte et dépourvu de cadre tarifaire, le business de l’huile de palme a de beaux jours devant lui. Face à une demande croissante, les groupes asiatiques, qui dominent le secteur, sont à court de terrains et opèrent un véritable retour aux sources en investissant les terres fertiles d’Afrique, d’où ils ont importé leurs premiers plants dans les années 1960. Si le pari est payant, la récompense sera énorme. Mais ce n’est pas sans risques, et les planteurs pourraient aussi y perdre leur chemise : développer une plantation de 300000 ha coûte plus de 1,8 milliard d’euros, en incluant les usines pour écraser les fruits. Et beaucoup de pays qui accueillent ces investissements sortent de guerre ou d’une période d’instabilité. Le malaisien Sime Darby, qui dispose d’environ 525 000 ha en production, est entré en négociation pour l’acquisition de 300000 ha au Cameroun, en plus d’un bail signé l’an dernier sur 220 000 ha, N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

au Liberia. L’indonésien Golden Agri Resources a signé un contrat similaire au Liberia. Le singapourien Olam détient une coentreprise sur 300 000 ha au Gabon, et le groupe Wilmar, également basé à Singapour, a récemment acquis une plantation d’Unilever au Ghana. D’autres producteurs sont en quête de terres en Côte d’Ivoire, en Sierra Leone, au Nigeria et en Ouganda. Pour l’instant, l’activité est rentable. Avec la tonne d’huile de palme brute négociée à Kuala Lumpur autour de 850 euros, les groupes de plantation vendent près de 500 euros au-dessus de leurs coûts de production. Cela se traduit par une hausse marquée des bénéfices. Golden Agri Resources, coté à Singapour, a ainsi annoncé au printemps 147 % d’augmentation de son bénéfice net, à 1,05 milliard d’euros pour 2010. Et ce, malgré le fait d’avoir été mis sur liste noire, l’an dernier, par les groupes agroalimentaires Unilever, Nestlé et Kraft Foods, à la suite d’un rapport

Une offre à la traîne (hausse en 2010)

Consommation mondiale

+ 5,2

%

Production mondiale

+ 1%

devraient pas baisser : la demande reste forte pour les huiles comestibles, et les exportations vers l’Inde et la Chine, où l’appétit pour les produits transformés à base d’huile de palme (pâtisseries, chocolat et crèmes glacées) ne se dément pas, augmentent fortement. L’huile de palme est par ailleurs de plus en plus utilisée comme source d’énergie (moins de 10 % de la production actuellement). Ken Arieff Wong, analyste chez Nomura à Kuala Lumpur, estime que la consommation a augmenté de 5,2 % l’an dernier, tandis que la production n’a crû que de 1 %. Car l’offre est fortement contrainte. La Malaisie, responsable d’environ 40 % de la production, a très peu de terrains encore disponibles pour les plantations. Certes l’Indonésie,quiproduitplusde45% desapprovisionnementsmondiaux, compte beaucoup de terres ; mais la plupart sont des forêts vierges soumises à un moratoire de deux ans, voté en janvier dernier… Heureusement, la plupart des grandes entreprises ont des surfaces encore disponibles. En outre, la production peut être augmentée en améliorant les rendements : passer de 4 t d’huile par hectare aux 6 t produites par les meilleurs arbres ferait une grande différence. Enfin, des recherches sont menées sur des modifications génétiques qui pourraient accroître les rendements jusqu’à 8 t. Mais tout ceci est pour le futur, alors que les plantations sont opérationnelles sur des cycles de vingt-cinq ans – la durée de vie des arbres. En attendant, les terres africaines se révèlent providentielles. ● KEVIN BROWN © Financial Times et Jeune Afrique 2011. Tous droits réservés. JEUNE AFRIQUE


Afrique & Moyen Orient

Programme Stewardship

Chaque jour, Arysta LifeScience s’engage et agit sur le terrain pour le respect des bonnes pratiques agricoles. Le Stewardship au Maroc, l’ex l’ l’exemple du Midas® : En 2011, plus d’un millier de personnes ont pu suivre une de nos formations, à travers plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, de l’Est et Centrale.

Focus sur : Maroc Arysta LifeScience et son équipe Afrique du Nord & Moyen-Orient, vous accueille désormais dans son nouveau bureau à Casablanca : > M. Yann MIEGE, Responsable de la zone ; > M. Julien MARBOEUF, Responsable Technique et marketing ; > M. Ouadii HARFICHI, Chef de produit Fumigants/Green Products/Insecticides et Plant Nutrient ; > M. Tarik ZAHHARI, Chef de produit Fongicides/Herbicides. L’équipe est complétée de M. Philippe MORKOS, Chargé des Affaires Réglementaires et Food Chain, basé au siège du groupe, à Noguères, dans le Sud-Ouest de la France. Appuyé par deux bureaux de représentation en Afrique du Nord Moyen-Orient – en Egypte et en Iran – et un réseau de distributeurs historiques. Fiers d’une gamme de produits innovants destinés au maraîchage et aux céréales, ainsi que d’une puissante activité industrielle, le groupe compte sur un développement de ses marchés sur la zone.

Arysta LifeScience, soucieuse de la protection de l’environnement et de la santé publique s’est donné un but : celui de déterminer, prévenir et maîtriser les risques à chaque étape de la vie d’un produit de la protection des plantes. Du développement et de l’homologation, en passant par la fabrication, le stockage, le transport et la distribution, jusqu’à la bonne utilisation du bon produit à la bonne dose, et la gestion efficace des déchets et des emballages.

Afrique & Moyen Orient


Dossier Agriculture

TRIBUNE

Éd JOHN BATTEN PHOTOGRAPHY

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Jean-Marc Anga Directeur exécutif de l’Organisation internationale du cacao (OIC)

Pour un agenda mondial du cacao

A

U COURS DES DERNIÈRES DÉCENNIES, l’économie cacaoyère mondiale a alterné déficits d’offre et excédents d’approvisionnement. Même si le secrétariat de l’Organisation internationale du cacao (OIC) prévoit un excédent de près de 190 000 tonnes, voire plus, pour cette année, la plupart des observateurs, en particulier dans l’industrie du chocolat, croient que nous sommes dans une période de déficit structurel de l’offre de cacao, qui pourrait durer des années. Notre perspective est légèrement différente, et nous aimerions inciter à la prudence. En réalité, nous sommes très alarmés par le fait que, en réponse à des prix relativement élevés (autour de 3 000 dollars la tonne), l’industrie du chocolat dans les pays consommateurs ainsi que les gouvernements et les agriculteurs dans les pays producteurs aient tous entrepris de grands programmes pour accroître la production de cacao. Rappelons que le prix des fèves ne représente qu’environ 10 % du coût total de la barre de chocolat. Par conséquent, même si les tarifs venaient à doubler dans les prochaines années et atteindre 6 000 dollars la tonne, nous croyons que cela aurait un impact limité sur la consommation finale. Une hausse des prix serait une bonne nouvelle pour les producteurs, et une nouvelle pas si dramatique que cela pour le consommateur en bout de chaîne.

compétition pour les fèves et parrainent des projets visant à augmenter la productivité des pays producteurs. Jusqu’ici, nous avons identifié environ 70 initiatives concernant le cacao (dont 45 en Afrique), mises en œuvre par environ 60 organismes publics et privés dans les pays producteurs. Et la liste n’est pas exhaustive. Ces initiatives ne sont pas coordonnées et aucune tentative n’est faite pour éviter leur possible impact négatif sur les prix du cacao dans un avenir proche. En supposant que ces initiatives commencent à porter leurs fruits d’ici quelques années, on peut s’attendre à une production mondiale de 5 millions ou même 6 millions de tonnes. Si nous ne traitons pas, de l’autre côté, l’équation de la consommation, nous allons inévitablement faire face à un effondrement des prix, car le marché sera inondé de fèves. Or nous devons garder un œil vigilant sur le prix, du fait de son impact sur les revenus des cultivateurs de cacao et sur les recettes fiscales de leurs gouvernements. Notre vrai problème dans les prochaines années n’est pas la menace sur l’approvisionnement en cacao, mais plutôt le manque de vision stratégique et de coordination entre l’offre et la

Le vrai problème des prochaines années est le manque de vision stratégique et de coordination entre l’offre et la demande.

Le Ghana a augmenté sa production d’environ 632 000 t l’année dernière, pour un chiffre projeté de 960 000 t cette année ; le pays a pour objectif 1,2 million de tonnes en 2012-2013. En Indonésie, l’objectif officiel est d’élever la production de 510 000 t à 1,3 million de tonnes en 2013-2014. La Côte d’Ivoire, premier producteur mondial avec environ 1,3 million de tonnes, est déterminée à ne pas se laisser distancer ; nous attendons d’elle qu’elle essaie d’augmenter sa production, probablement à environ 1,5 million de tonnes, en visant 2 millions à moyen terme. D’autres acteurs tels que le Nigeria, le Cameroun, l’Équateur et la Papouasie-Nouvelle-Guinée renforcent leurs programmes. En parallèle des initiatives publiques, les fabricants de chocolat du monde entier sont en N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

demande, qui alimente la volatilité des prix et l’incertitude, menant à des pics suivis d’un effondrement. C’est ce que nous appelons, au secrétariat de l’OIC, le « boom and bust » (littéralement « prospérité et récession »). Et c’est ce que nous devons éviter à tout prix. Pour y remédier, nous appelons à un sommet mondial du cacao, à la mi-2012, regroupant les principaux intervenants dans l’écosystème du cacao (gouvernements, industriels, bailleurs de fonds, organisations paysannes, société civile, etc.). Le sommet devrait adopter un programme pour une économie cacaoyère mondiale durable, soulignant les défis auxquels fait face le secteur et la meilleure stratégie pour les relever. Enfin, le sommet devrait se mettre d’accord sur un mécanisme visant à mobiliser les ressources nécessaires pour mettre en œuvre l’agenda mondial du cacao. ● JEUNE AFRIQUE


Nous avons grandi avec l’Afrique Le groupe Advens est le partenaire agroalimentaire de l’Afrique depuis plus de 20 ans. Avec ses filiales Suneor et Geocoton, Advens valorise les filières agricoles de l’arachide et du coton, deux ressources essentielles pour le continent. Premier groupe à s’appuyer sur des partenariats gagnantgagnant avec tous les acteurs, du cultivateur au consommateur, Advens participe activement à l’essor de l’Afrique.

Partenaire de l’essor de l’Afrique


Dossier Agriculture

11,6 kg

C’est la consommation d’engrais par hectare de terres arables en Afrique subsaharienne. Elle est dix fois plus élevée à l’échelle mondiale.

En attendant, peut-être, l’Irak, où les deuxièmes réserves mondiales ont été découvertes en septembre.

MATIÈRES PREMIÈRES

Période fertile pour les phosphates

CLUB ÉLARGI. À l’ombre du Maroc,

les autres poids lourds du continent ontplusdemal.Cinquièmeproducteurmondial,laTunisietraverseune période délicate depuis le mois de janvier.Sonindustrietourneàmoins de 50 % de ses capacités de production, en attendant la confirmation des projets, toujours d’actualité, de l’australien Celamin dans l’ouest du pays. À Dakar, les Industries chimiques du Sénégal (ICS) ont repris des couleurs depuis l’arrivée de l’indien Iffco en 2008, mais devront attendre « 2012 ou 2013 »,

Les prix du minerai se maintiennent à un niveau élevé, alors que la demande en engrais ne cesse d’augmenter. Une aubaine pour le continent, et notamment pour le Maroc, deuxième producteur mondial.

D

ans la foulée d’une demande agricole en pleinboum,lesperspectives du marché mondial des engrais et, par ricochet, de l’une de ses principales matières premières, le phosphate, restent prometteuses. L’Afrique, premier exportateur mondial de ce minerai, dont les sous-sols renferment près des trois quarts des réserves identifiées de la planète, ressemble de fait à un véritable coffre-fort. Échangée aujourd’hui autour de 150 euros, la tonne de phosphates a certes baissé de moitié par rapport à la flambée de 2008, mais les cours restent encore dix fois plus importants qu’il y a cinq ans. Tiré par la hausse des besoins alimentaires liée àlacroissancedémographiquemondiale, « le marché devrait progresser de 2 % à 3 % par an en moyenne », estiment les experts de l’OrganisationdesNationsuniespourl’alimentation et l’agriculture (FAO) durant les prochaines décennies.

Au Togo, la SNPT, à bout de souffle, attend toujours une sortie de crise.

VINCENT FOURNIER/J.A.

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FLEURONS. Avec six pays (Maroc,

Tunisie, Égypte, Afrique du Sud, Sénégal et Togo) dans les quinze premiers producteurs mondiaux, selon le classement établi chaque année par l’Association internationaledesindustriesdesengrais(IFA), le continent entend bien profiter de l’aubaine qui se profile. Surtout qu’il compte dans le secteur quelques fleurons industriels, à commencer par le leader mondial marocain, l’Office chérifien des phosphates (OCP), assis sur les plus importants gisements de la planète et qui représente à lui seul plus de 45 % des exportations mondiales de minerai brut. Sous la houlette de son patron, Mostafa Terrab, le groupe s’est N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

lancé ces dernières années dans un impressionnant plan de développement, avec le double objectif de conforter son leadership tout en bénéficiant du niveau élevé des prix. Après avoir déjà bien profité du pic de 2008, en doublant son chiffre d’affaires à plus de 5,8 milliards d’euros, l’OCP veut investir 3 milliards d’euros dans l’ouverture de nouvellesminesetd’usinesflambant neuves, pour faire passer sa production de 30 millions à 50 millions de tonnes par an à l’horizon 2015. Le MarocdétrôneraalorslesÉtats-Unis, loin devant la Chine, qui complète le top 3 des producteurs mondiaux.

Le marché des FERTILISANTS est en pleine expansion (ici en Côte d’Ivoire).

selon Alassane Diallo, directeur général, pour atteindre les 600000 t de production annuelle fixées par les repreneurs. Au Togo, la filière attend toujours une sortie de crise. Les investisseurs ont bien répondu présent, mais le dossier de la restructuration de la Société nouvelle des phosphates duTogo(SNPT)n’avancepasdepuis plus de trois ans. « Nous espérons une décision du gouvernement avant la fin de cette année », s’impatiente Michael Hale, directeur de l’australien Sultan. À bout de souffle, la SNPT a extrait de ses mines 700 000 t l’an passé, très loin des 5,4 millions de tonnes produites en 1997, lorsque le secteur représentait encore 40 % du budget national. Pendant que les « historiques » se remettentenordredebataille,leclub despaysproducteursdevraitbientôt s’élargir en Afrique. De nombreux projets doivent prochainement voir le jour grâce aux investissements canadiens en Guinée-Bissau et au Congo, australiens en RD Congo et en Angola, indiens au Gabon ou encore chinois en Namibie. Au risque de provoquer une baisse des cours et de tuer la future poule aux œufs d’or. ● OLIVIER CASLIN JEUNE AFRIQUE


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QUALITÉ

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EXPERTISE

PA RT E N A R I AT


Dossier Agriculture

86

61 %

Contribution de l’agriculture au PIB du Liberia, champion africain en la matière. Au dernier rang, la Libye, avec 2 %.

PLANIFICATION

Les États reprennent la main

WILLIAM DUPUY/PICTURETANK

De nombreux plans nationaux ont été annoncés pour relancer le secteur rural, redynamiser les campagnes et lutter contre la famine. L’heure de la dérégulation libérale semble bel et bien révolue.

Au Sénégal, les fonds mobilisés pour la GOANA dépassent les 500 millions d’euros.

P

lace à la planification nationale. Épuisée par des décennies de programmes d’ajustements structurels, l’agriculture africaine prend ces derniers temps un nouveau virage idéologique, insufflé cette fois par les pouvoirs publics eux-mêmes. En 2003, la déclaration deMaputo,endemandantd’affecter au moins 10 % des budgets nationaux à l’agriculture, a marqué le retour aux affaires des États. Les plans d’investissements agricoles fleurissent ces dernières années, afin de relancer une production incapable de satisfaire les besoins de base des populations. « La crise alimentaire de 2007-2008 a donné un sérieux coup de fouet au processusd’élaborationdevéritables politiques nationales et régionales », constate Amel Benkahla, chargée d’études au sein de l’association sénégalaise Initiative prospective agricoleetrurale(Ipar).Qu’ils’agisse deprojetscibléssurdesfilièresidentifiées ou de grands élans collectifs, ces plans de développement font N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

tomber une pluie de billets sur les campagnes africaines. De quelques dizaines de millions d’eurospourlasubventiond’intrants au Malawi ou la réalisation de chantiersd’irrigationauNigeria,lesfonds dépassent les 500 millions d’euros pour la Grande Offensive agricole pour la nourriture et l’abondance (Goana), au Sénégal, ou le dispositif Ecowap de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Tous les financementsnesontpasencorebouclés, mais, tenus par la promesse « des 10 % » faite à Maputo, les gouvernements semblent se donner les moyens de leurs ambitions. Ils peuvent aussi compter sur le soutien des institutions régionales et

internationales, rassurées de les voir s’engager à nouveau. Les associations de producteurs observent aussi d’un bon œil « les décideurs africains porter le leadership du secteur agricole », selon la formule d’Élisabeth Atangana, qui aimerait maintenant voir sa Plateforme sous-régionale des organisations paysannes d’Afrique centrale (Propac, à Yaoundé) « associée au processus d’élaboration et d’évaluation des politiques nationales ». DÉBUT DE RÉPONSES. Sous la double pression populaire et démographique, les pays se sont fixé des objectifs ambitieux. Certes, les 6 % decroissanceannuelleannoncésen 2003 dans le cadre du Programme détaillé pour le développement de l’agricultureafricaine(PDDAA)n’ont pas été atteints grâce à ces plans; mais,«enaméliorantlaproductivité et en facilitant l’accès aux marchés, lesinitiativesnationalescontribuent à redynamiser les campagnes », observe déjà la Cedeao dans un document interne. Elles s’inscrivent donc bien dans « ce début de réponses africaines apportées à un problèmeafricain»,demandéesenaoût parDonaldKaberuka,présidentdela Banqueafricainededéveloppement (BAD),quis’inquiétaitdelasituation somaliennedevantlesreprésentants de l’Union africaine. « La prochaine étape consiste à connecter ces plans nationaux et régionaux aux autres politiques sectorielles, dans le transport, la recherche ou les finances », insiste l’Ipar.L’associationplaideaussipour la définition de modèles alternatifs dans la gestion durable des sols. L’expansion continue des zones de culture a provoqué la dégradation de près de 66 % des terres arables dans l’Ouest africain. ● OLIVIER CASLIN

« LES NIGÉRIENS NOURRISSENT LES NIGÉRIENS » NIAMEY A ADOPTÉ EN AOÛT un programme de cultures irriguées et un projet baptisé 3N (« les Nigériens nourrissent les Nigériens »). Le pays compte consacrer 15 millions d’euros à la campagne 2011-2012, afin d’assurer une production, toutes cultures confondues, de 1 million de tonnes, avec la mise en valeur de 86879 ha. Un groupe de travail, mis en place dans la foulée, est chargé de finaliser la stratégie du programme 3N d’ici à la fin de l’année. ● MICHAEL PAURON JEUNE AFRIQUE



Dossier Agriculture

88

34,1 %

Part de la population rurale en Algérie, contre 39,2 % dans l’ensemble de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, et 63,1 % au sud du Sahara.

Ý Depuis quelques années, la wilaya se tourne aussi vers L’ARBORICULTURE ET LA CÉRÉALICULTURE.

975 fellahs cultivent chaque année 20 000 ha pour assurer 40 % de la production nationale de pommes de terre. La filière est un des principaux employeurs de la région, puisqu’elle canalise 50 % de la main-d’œuvre agricole. YANN ARTHUS-BERTRAND/ALTITUDE

JUSQU’AU SAHARA. MaisAïnDefla

ALGÉRIE

Aïn Defla, royaume de la pomme de terre Introduite dans la région dans les années 1970, l’exploitation du tubercule s’est développée à tel point que, aujourd’hui, les producteurs y sont trop à l’étroit. Mais la success-story n’a pas fini de s’écrire…

E

l Hadj Douba est la mémoire vivante de Sidi Bou Adiba, petite localité agricole de la wilaya d’Aïn Defla, au centre-nord de l’Algérie. « Oui, bien sûr, j’ai assisté au développement de l’agriculture dans la région. J’ai vu comment celle-ci s’est transformée grâce à la pomme de terre. À force de travail, de pauvres fellahs sont devenus très riches », lâche-t-il entre deux ordres à une armée d’ouvriers. Septuagénaire hyperactif, El Hadj Douba est gérant de l’Établissement Bencherka, une entreprise de stockage de pommes de terre. En ce début du mois de septembre, c’est le branle-bas de combat. « Nous devons trier la semence qui a passé l’été dans les chambres froides. Ces tubercules seront récoltés l’hiver prochain, en arrière-saison. Mais il faut faire vite, les agriculteurs attendent d’être livrés », explique-t-il. En fait, les opérateurs d’Aïn Defla jouent un rôle pivot dans la filière N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

algérienne de la pomme de terre. Multiplication de la semence, stockage, production… Ils ont réussi à instaurer un véritable monopole. Une success-story qui a débuté au milieu des années 1970 grâce à un groupe de pionniers. « Ce sont des fellahs d’El-Abadia, une localité de la commune de Mekhatria, qui, les premiers, ont tenté de planter de la pomme de terre. Au début, ils n’ont fait que copier les agriculteurs de Mascara, commune longtemps considérée comme le berceau de la pomme de terre en Algérie », indique Djalali Hadj, président de la chambre d’agriculture d’Aïn Defla et lui-même producteur. Les disciples ne tarderont pas à dépasser les maîtres. « Cette réussite est à mettre sur le compte de trois facteurs : la qualité de la terre, la disponibilité de l’eau et la maîtrise des méthodes de culture. C’est ce qui fait la richesse de la région d’Aïn Defla », souligne Djalali Hadj. Les résultats sont là :

a fini par être victime de son succès. « Depuis quelques années, les propriétaires terriens ont tendance à investir dans l’arboriculture et dans la céréaliculture, afin de profiter de subventions publiques. Cette situationapoussélesproducteursàlouer des parcelles de terres dans d’autres wilayas », souligne Djalali Hadj. Les Déflaouis n’hésitent pas à aller très loin pour semer leurs patates : Bouira, Batna, Tiaret, El-Bayadh, et même dans les étendues sablonneuses d’El-Goléa. Plus étonnant encore : ces opérateurs contribuent directement au développement de cette culture à In-Salah, au centre du Sahara algérien. Yahia M’Hamed M’Hamed, directeur de l’Agriculture de la wilaya de Tamanrasset, auparavant en poste à Aïn Defla, a réussi à l’introduire en plein désert. « Nous

Trois atouts : la qualité de la terre, la disponibilité de l’eau et la maîtrise des méthodes de culture.

40 % C’est la part de la production nationale de pommes de terre (3 millions de t/an) que représente la wilaya d’Aïn Defla.

avons fait un premier essai en 2010, avec 600 quintaux de semences. Pour cette saison, l’engouement est tel que la commande de semence en provenance d’Aïn Defla a doublé », note le fonctionnaire. Les Déflaouis comptent-ils s’arrêter en si bon chemin ? Non, insiste Djalali Hadj : « Nous avons la capacité d’exporter vers les marchés européens. Mais cela doit se faire dans un cadre planifié pour éviter tout risque de rejet. » Dans quelques années, les pommes de terre d’El Hadj Douba s’échangeront peut-être sur le marché de Rungis, près de Paris… ● AHMED BEY, à Alger JEUNE AFRIQUE



Dossier Agriculture

0,3 ha

Surface de terres arables par personne en Tunisie, contre 0,2 ha sur l’ensemble du continent africain.

Ý PRÈS DE 140 000 HA appartenant à l’État ont été mis en location sur des périodes de vingt-cinq à quatrevingt-dix ans.

ONS ABID

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TUNISIE

Des surfaces à redistribuer

Sous Ben Ali, quelque 10 000 ha ont été attribués à des proches de l’ancien président. Aujourd’hui, ces concessions doivent être réaffectées. Mais à qui et dans quelles conditions ?

L

arévolutiontunisiennes’immisce jusque dans l’agriculture. Premier concerné : le plus gros propriétaire foncier… c’est-à-dire l’État, héritier de plus de 550 000 ha provenant, entre autres, de la colonisation. L’administration, dans l’incapacité d’exploiter ces domaines, avait opté pour leur mise en location, sur une période de vingt-cinq, quarante ou quatre-vingt-dix ans, en dotant certains du statut de société de mise en valeuretdedéveloppementagricole (SMVDA). Aujourd’hui, ces entités sont la cible du mécontentement des agriculteurs. Car l’exploitation de ces terres est définie par un cahier des charges spécifique à chaque projet, ce qui a pu conduire à certaines dérives, certains arrangements. Sur les 340 SMVDA créées, 270 étaient opérationnelles avant le 14 janvier 2011, jour de la chute de l’ancien régime; s’étendantsur138000ha,ellesreprésentaient 28 % des superficies du patrimoinedel’Étatet175,2millions d’euros d’investissements, financés à 58 % sur fonds propres, à 32 % par des crédits bancaires et à 10 % par des primes d’encouragement aux N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

investissements agricoles. Un système peu transparent, qui a permis à certains de s’enrichir sans réelle contrepartie. COURTISANS. Conséquence :

depuis la chute de Ben Ali, de nombreuses SMVDA ont été dévastées par despaysans et ouvriersagricoles en colère contre la corruption et le népotisme, entraînant des dégâts à hauteur de 32,5 millions d’euros. Certaines, à ce jour, sont encore occupéessansquel’État,parcrainte de représailles, puisse intervenir. Une impasse pour des terres qui dépérissent. « Des surfaces ont été confiées à des courtisans… Les paysans se sont élevés contre ces nouveaux colons qui exploitaient en cherchant le profit – ce qui peut s’expliquer–,maisennégligeantlepatrimoine qui leur avait été confié – ce qui n’est pas admissible », affirme l’économiste et homme politique Mansour Moalla. En outre, le modèle des SMVDA, viable dans les années 1980, a fait long feu. « La location, à la longue, comporte de nombreux inconvénients; il ne fallait pas la maintenir indéfiniment, souligne Mansour

Moalla. Les exploitants des SMVDA ne pouvaient ni obtenir des crédits ni offrir des garanties hypothécaires aux banques, n’étant pas propriétaires et n’ayant ni la possibilité de le devenir, ni celle de disposer pleinement des terres. » Plusieurs exploitations avaient été directement attribuées aux proches de l’ancien président. Les 10000 ha octroyés au sérail doivent être réaffectés… mais à qui et dans quelles conditions ? La question reste entière. « Si certaines SMVDA ont pu atteindre les objectifs qui leur étaient assignés en matière de développement agricole, d’emploi et de

Le modèle des sociétés de mise en valeur et de développement agricole (SMVDA) a fait long feu. gestion des ressources naturelles, la plupartlaissentàdésirer.Leurmode d’attribution qui n’a jamais été vraiment transparent, les subventions colossalesquileurontétéaccordées, ainsi que les problèmes chroniques de gestion et d’endettement excessif de la plupart d’entre elles devraient conduire à une remise à plat de ces concessions », résume Leïth Ben Becher, agriculteur et président de l’Association pour l’agriculture durable (Apad). ● FRIDA DAHMANI, à Tunis JEUNE AFRIQUE



Dossier Agriculture

- 50 %

Baisse que pourraient connaître, dans certains pays africains, les récoltes issues de l’agriculture pluviale, selon la BAD

Ý INONDATIONS (ici au Niger), SÉCHERESSE… Autant de catastrophes qui menacent les revenus des agriculteurs.

En plus de stabiliser les revenus, « cet outil de gestion des risques très précieux pour les gouvernements », selon Christian Adovèlandé, va également faciliter l’accès au crédit. Les agriculteurs pourront alors « accroître les rendements de production, améliorer les pratiques agricoles et même favoriser la diversification des cultures », tout en générant un volume d’activités supplémentaires important pour les secteurs bancaire et financier. CAROLINE GLUCK/AFP

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RISQUES CLIMATIQUES

L’UEMOA couvre ses paysans

En annonçant la création d’une assurance récolte, l’institution ouest-africaine réalise une importante avancée sociale et économique. Une initiative bienvenue en cette période de crise alimentaire.

L

Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) passe à l’action. Christian Adovèlandé, le président de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), l’a confirmé en juillet à Lomé : son institution « envisage la mise en œuvre d’une assurance récolte, sous forme de projets pilotes, dans les huit pays de la zone au cours de la période 2011-2013 ». Convaincus par les conclusions de l’étude préliminaire lancée en 2010 par la banque, les chefs d’État de l’UEMOA sont prêts à relever ce défi « tout à fait réalisable aujourd’hui dans la région », selon le document. Les experts de la BOAD explorent depuis longtemps cette piste, qu’ils estiment « très bien adaptée aux réalités du secteur », dans une région où l’agriculture emploie 80 % de la population et contribue à plus de 50 % des PIB. En plaçant la filière à l’abri des aléas climatiques, N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

l’assurance récolte sécurise les investissements et permet aux paysans de disposer d’un capital pour redémarrer leur activité. Elle

Ce dispositif s’inscrit comme une composante à part entière de la réduction de la pauvreté. s’inscrit même, en cette période de crise alimentaire, comme une composante à part entière de la relance de la croissance agricole et de la réduction de la pauvreté.

« PAS EN AVANT ». Qualifiée de « pas en avant énorme » par les organisations paysannes de la région, l’initiative de l’UEMOA ne sera une réussite « que si elle tient compte de la spécificité de chaque pays et de ses caractéristiques agricoles », estiment leurs porte-parole, également présents à Lomé. Avant son lancement officiel, la BOAD procédera à une évaluation technique et financière du mécanisme. Une seconde phase doit également être enclenchée pour définir les risques climatiques à assurer et décrire précisément le système de couverture à mettre en place, du dispositif de collecte des primesauxmodalitésderèglements des sinistres. Une fois ces dispositions prises, les huit membres de l’UEMOA pourront alors rejoindre l’Afrique du Sud, l’Éthiopie, le Kenya, le Malawi et le Sénégal au sein du club très restreint des pays subsahariens disposant d’une assurance récolte. ● OLIVIER CASLIN

AU MAROC AUSSI RABAT S’EST LANCÉ : un accord sur un produit d’assurance multirisque climatique a été signé, le 24 août, entre l’État et la Mutuelle agricole marocaine d’assurance (Mamda). Légumes et céréales, particulièrement exposés aux aléas climatiques, sont spécifiquement visés par cette couverture. Elle s’étendra dès la récolte 2011-2012 à quelque 300 000 ha, avec un objectif de 1 million d’hectares d’ici à 2015. L’État subventionnera de 53 % à 90 % de la cotisation de l’agriculteur, qui sera en définitive de 26 à 368 dirhams par hectare (de 2,30 à 32,70 euros). ● MICHAEL PAURON JEUNE AFRIQUE


Dossier à Johannesburg, avant la Conférence de Durban sur le climat (du 28 novembre au 9 décembre prochains). ●

ALIMENTATION

Objectif autosuffisance…

CACAO

… attention surabondance JIRO OSE/REDUX-REA

LA BANQUE MONDIALE, QUI, le 25 juillet, prévoyait 350 millions d’euros pour répondre d’urgence à la sécheresse dans la Corne de l’Afrique, estime que le continent devra tripler sa production agricole dans les quarante prochaines années pour nourrir sa population. Selon les statistiques de l’Institut national d’études démographiques (Ined), à Paris, la population subsaharienne devrait passer de 600 millions d’habitants en 2000 à 3,4 milliards en 2100. Il est d’autant plus urgent de s’atteler au problème que, selon la Banque mondiale, le réchauffement climatique devrait fortement affecter les rendements. « En l’absence de mesures fortes, on estime que les récoltes vont diminuer d’environ 28 % en Afrique dans les six à huit prochaines décennies, et ce même si l’on parvient à limiter le réchauffement de la température

MICHAEL PAURON

Pour nourrir sa population (ici en Éthiopie), L’AFRIQUE DOIT TRIPLER SA PRODUCTION en quarante ans.

à environ 2 °C, ce que beaucoup d’experts jugent presque impossible », a expliqué Andrew Steer, envoyé spécial chargé du changement climatique pour la Banque mondiale, lors d’une réunion

Inclure le secteur privé pour la croissance de l’agro-alimentaire en Afrique 16 - 19 octobre 2011 | Johannesburg Afrique du Sud

Rejoignez-nous et soutenez le secteur privé africain pour la croissance agro-alimentaire du continent

LES COURS DU CACAO S’AFFOLENT. Les conditions climatiques, jugées exceptionnelles et idéales, ont dopé la production, notamment en Afrique de l’Ouest. Ainsi, malgré la crise postélectorale, les exportations ivoiriennes relevées aux ports du pays ont augmenté de 22 % cette année. Le Ghana voisin récolte quant à lui les fruits de sa politique de croissance : la production de fèves a progressé de 60 % pour 2010-2011. L’offre se retrouve de facto supérieure à la demande. En conséquence, la tonne a perdu 100 dollars en une semaine à New York, et 100 livres en Grande-Bretagne. ● M.P.

L’AgriBusiness Forum d’EMRC est axé sur le renforcement du secteur agroalimentaire africain en encourageant les partenariats, les investissements et le partage des meilleures pratiques. Plus de 500 délégués représentant des _fgj VWa``cX[Y dc b\^dYj ]^W^eac[Y h banquiers, multinationales, organisations internationales, chercheurs, responsables gouvernementaux et ONG seront présents. Des rencontres B2B seront organisées pour vous permettre de rencontrer votre partenaire d’affaires idéal ainsi que des investisseurs et distributeurs. Pour plus d’informations et pour s’inscrire, veuillez contacter François Kacen : fk@emrc.be, Tel : +32.26.26.15.13 | Pour les sponsors et les opportunités d’intervention veuillez contacter Caterina Giuliano cg@emrc.be ou visiter notre site web www.emrc.be

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Culture & médias

ARTS PLASTIQUES

Bruce Clarke, Impliqué très jeune dans la lutte contre l’apartheid, le plasticien sud-africain expose une cinquantaine de ses œuvres à Paris. Qui a dit que peindre n’était pas un acte politique ?

NICOLAS MICHEL

C

estsansdouteauMexiquequela destinée du Sud-Africain Bruce Clarke s’est nouée. L’artiste, qui expose aujourd’hui ses vastes toiles à la galerie Musée des arts derniers (« Who’s Afraid? » jusqu’au 15 novembre 2011), à Paris, n’était alors qu’un jeune diplômé de l’école des beaux-arts de Leeds(Royaume-Uni).Ilavaitabandonnélapeinture et cherchait sa voie, influencé par le très conceptuel mouvement « Art and Language », pour lequel la philosophie, l’histoire et la politique jouent un rôle primordial.«Danscetteécoletrèspolitisée,j’aiappris à ne pas aimer la peinture », se souvient-il dans son atelier de Saint-Ouen, où les tableaux, enveloppés de papier bulle, attendent sagement d’être exposés. « Avant, j’aimais beaucoup la peinture, mais je ne savais qu’en faire. Je voulais influer sur le cours de la réalité », ajoute-t-il dans un français parfait. Après ses études, l’artiste, en quête de lui-même, entreprend un voyage au Mexique. Il y restera quatre

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l’en

ans. Sur place, il faut bien vivre. « Je donnais des cours d’anglais… et je peignais de petits paysages pour les touristes, c’est-à-dire exactement ce que je déteste ! » raconte-t-il en riant. C’est dans ce contexte d’interrogations et d’indécision créatrices qu’il découvre la tradition mexicaine des peintures murales. Notamment les fresques monumentales de Diego Rivera (1886-1957). « Le travail de Rivera était esthétiquement très développé, mais assez naïf sur le plan politique, à mon avis, analyse Clarke, en particulier dans cette recherche d’une continuité entrelatraditionpréhispaniqueenAmériqueduSud et la révolution russe. » Le lent travail de maturation s’accomplit: en quittant le Mexique, Clarke recommence à peindre sans abandonner sa réflexion sur le rôle social de l’art ni son implication politique. MILITER. S’il prend ses distances dès que l’on emploie le terme « engagement », galvaudé selon lui, Bruce Clarke reste un homme profondément militant. Comment pourrait-il en être autrement? Il estnéàLondresen1959,sesparentssontdeuxexilés politiques sud-africains qui ont quitté leur pays en JEUNE AFRIQUE


Culture médias m’accueillir ») et s’engage auprès de la Rencontre nationale contre l’apartheid. Sa vie est « exaltante », mais précaire. Il peint de nouveau, cherche du sens dans cet acte et vit de petits boulots. C’est au milieu des années 1990 que son style pictural « arrive à maturité ». « Si j’avais continué à peindre de beaux paysages mexicains, cela aurait été des images compromettantes confinant les gens dans l’illusion du bien-être », déclare le plasticien, qui ne redoute rien tant que les dérives décoratives.

Ý DEVANT L’UNE DE SES TOILES, dans son atelier de Saint-Ouen (banlieue parisienne).

UNIVERSEL. Son travail, figuratif sans l’être trop,

CAMILLE MILLERAND POUR J.A.

composé de collages à base de photos et de papiers déchirés,jonglantavecleblanc,lenoiretlesnuances de brun, suggère plus qu’il ne dévoile. Ici et là, des mots échappés d’un journal, d’une affiche, d’un magazine, des phrases à demi effacées par la couleur qui stimulent l’imagination et incitent les gens « à s’intéresser à quelque chose qui va les laisser frustrés ». La « peau de la rue » s’invite sur la toile, et Bruce Clarke rend palpable la présence de plusieurs couches superposées d’histoires. « Le sens est très fragile, confie-t-il. On peut arracher un bout de papier et cela va modifier l’interprétation. » La forme des profils, les couleurs employées font penser à l’Afrique – mais peut-être cela est-il dû à notre propre regard, formaté, ethnocentrique. « J’ai fait une exposition à San Francisco, aux États-Unis, et personnen’aremarquéquec’étaitafricain»,soutient leplasticien,sanspourautantrenierunengagement oùl’Afriqueoccupeuneplacecentrale.Illesouligne: «Jeneferaispascettepeinturesijen’étaispasengagé comme je le suis. » Olivier Sultan, le galeriste qui le représente depuis une dizaine d’années, assure « avoir croisé peu d’artistes qui combinent comme lui l’engagement et l’esthétique. Chez Clarke, le message ne prend pas le pas sur la forme, les deux 1958, « à l’heure où c’était encore facile de partir », se mêlent de façon harmonieuse ». Ami et complice, et, pendant son enfance, il a vécu entouré de compatriotes ayant fui le régime raciste. « On parlait tout Sultan ajoute: « Ces derniers temps, il s’est un peu le temps de politique à la maison, dit-il. Mes parents détachédesthèmesdesociétépourlaisserlibrecours recevaient beaucoup d’opposants à l’apartheid. Je à l’interprétation du spectateur. Son travail est plus n’ai presque pas connu d’Anglais! » Installé dans universel, plus ouvert. Il y a plus de tension entre les la petite ville de Rugby (Warwickshire), le jeune espaces blancs, les mots, les silhouettes. » Clarke s’imprègne d’histoire Vendues entre 3 000 et contemporaineetcommence 10000 euros, les œuvres de Depuis la fin des années à militer. S’il s’intéresse à la Bruce Clarke sont collec1990, il crée à Kigali un création,commebonnombre tionnées notamment par les mémorial du génocide. d’enfants, il n’est « pas partifondations Zinsou (Bénin) culièrement passionné par le et Blachère (France). Cela ne l’empêche pas de s’impliquer sur le terrain, dessin ». Sans surprise, il fait sien le combat de ses parents. « À l’époque, je connaissais l’Afrique du notamment au Rwanda. Depuis la fin des années Sud de manière abstraite. Je ne voulais pas y aller en 1990, il crée dans la banlieue de Kigali un mémorial touriste, et l’occasion ne s’est présentée qu’en 1990, du génocide baptisé « Le jardin de la mémoire ». quand les mouvements antiapartheid ont enfin pu Sur un terrain de 1 km2, les proches des victimes s’exprimer. » Proche du cabinet fantôme de l’ANC, peuvent venir déposer une pierre en mémoire de il est convaincu que la culture peut – et doit – jouer ceux qu’ils ont perdus. Une œuvre collective dont il un rôle majeur dans la future Afrique du Sud. n’est que le metteur en scène, par pudeur et respect À la fin des années 1980, Bruce Clarke s’installe des douleurs individuelles. Il espère qu’elle sera en France (« Paris paraissait le plus à même de terminée en 2014, vingt ans après le génocide. ●

gagé

JEUNE AFRIQUE

Actualités

« Who’ Who’s Afraid? » Exposition rétrospective au Musée des arts derniers (Paris), jusqu’au 15 novembre « La Boxe » Exposition, association Migrations culturelles Aquitaine Afrique (Bordeaux, France), en décembre Résidence à la fondation Blachère (Apt, France), en février « Résonance/ Discordance » Exposition collective à l’occasion du 9e échange TambacoundaGenève-Dakar (Genève), jusqu’au 16 octobre

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BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.

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MAIXENT FOUKOU, présentateur sur DRTV, principale chaîne privée congolaise. MÉDIAS

En quête de fonds

Si une quarantaine de télévisions privées animent aujourd’hui le paysage audiovisuel du Congo-Brazzaville, ouvert en 2001, la plupart sont toujours à la recherche d’une stabilité financière.

S

urvivre, d’abord, puis passer au tout numérique en 2015 : voilà les défis qui attendent les télévisions privées du Congo. Pour les relever, tous les moyens sont bons. Nombreux sont ainsi les Brazzavillois qui connaissent le No Comment d’Euronews repris à la sauce locale. De quoi s’agit-il ? Paul Soni-Benga, directeur général de Digital Radiotélévision (DRTV), répond : « Nous bénéficions d’une situation de monopole, mais d’autres chaînes arrivent et reprennent ce qui avait fait notre notoriété. Notre espace publicitaire rétrécit. C’est pourquoi nous avons créé No Comment. Comme les Congolais aiment bien se voir à la télévision, nous allons les filmer et nous diffusons un reportage de une minute sur leur vie. Les intéressés paient le prix d’un spot publicitaire, c’està-dire 45 000 F CFA [68 euros, NDRL]. » La téléréalité a encore de beaux jours devant elle… Depuis l’ouverture de l’espace audiovisuel, en 2001, le Congo-Brazzaville a vu apparaître quarante chaînes de télévision privées, dont sept basées dans la capitale, selon le Conseil supérieur de la liberté de communication, qui attribue et retire les autorisations d’émettre. La première télévision privée, DRTV, a été fondée en 2002 par le général Norbert Dabira. N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

il n’est pas encore question de rentabilité, mais seulement de stabilité. Également créée en 2009, Média Numérique TV (MN TV) appartient, elle, à Maurice Nguesso, frère du président. Selon son directeur, Elie Smith, l’investissement global s’élève à quelque 300 millions de F CFA. Si son personnel manque d’expérience, le projet le plus urgent de MN TV est d’être diffusée par satellite, à partir de décembre. Un investissement évalué à 1,8 milliard de F CFA pour celle qui s’enorgueillit d’être « la seule télévision à accorder la parole à l’opposition ».

La Compagnie française de l’Afrique de l’Ouest (CFAO), qui avait besoin d’une campagne publicitaire, cherchait un partenaire. Une aubaine pour Dabira, qui va s’en charger pendant trois ans contre 200 millions de F CFA, somme qui lui permet d’acheter les émetteurs. Une autre aide inattendue vient compléter sa partiCOMMUNIQUER. Si d’autres chaînes cipation personnelle: celle des opérateurs comme Réhoboth, DVS Plus Télé, Canal de téléphonie mobile Libertis et MTN Bénédiction Plus, Canal Océan, Canal 7 (325 millions de F CFA). Aujourd’hui, TV animent le paysage audiovisuel congomieux équipée que ses concurrentes, lais, elles sont toutes confrontées à la DRTV emploie une centaine de salamême difficulté : l’étroitesse du marché riés et collaborateurs, avec un budget publicitaire. Un spot de une minute coûte annuel d’environ 500 millions de F CFA. entre 40000 et 45000 F CFA à peine, quand DRTV s’est diversifiée en créant DRTV les clients ne marchandent pas ! Pour Force One, plus culturelle, en ouvrant une antenne à Une publicité de une minute coûte Pointe-Noire et en s’équià peine 40 000 F CFA, quand pant pour diffuser par satellite DRTV International. La les clients ne marchandent pas ! grande ambition de Dabira est d’en faire « la chaîne du bassin du Soni-Benga, « ceux qui doivent communiCongo », en partenariat avec les pays quer n’ont pas encore compris le rôle que de la région. peut jouer la télévision pour améliorer Parmi les chaînes plus récentes, on peut leur image et leur chiffre d’affaires ». Le citer Top TV (2009). Sa fondatrice, Claudia manque général de moyens explique le Lemboumba Sassou Nguesso, fille du préfréquent recours à des clips sans grande sident congolais, l’avait destinée au souvaleur artistique, à des films dont on ne tien du candidat Sassou Nguesso, alors en dispose pas des droits ou à de curieuses campagne. Une fois celui-ci réélu, Top TV recettes de téléréalité… ● est devenue généraliste. Pour le moment, TSHITENGE LUBABU M.K., envoyé spécial JEUNE AFRIQUE


Culture médias

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CINÉMA

Hommage aux justes

N

ous sommes en 1942, dans le Paris occupé. Pourtant, l’histoire que nous raconte le réalisateur marocain Ismaël Ferroukhi avec Les Hommes libres ne ressemble en rien à celle des nombreux films évoquant la Seconde Guerre mondiale. Younes (Tahar Rahim) est un immigré algérien, ouvrier sans emploi qui se livre au marché noir. Capturé par la police, il doit accepter une bien sale besogne : espionner la Mosquée de Paris pour le compte des autorités allemandes et du régime de Vichy. Bien que dirigée par le recteur Si Kaddour Benghabrit, qui fréquente des dirigeants pétainistes et des officiers allemands, la Mosquée est soupçonnée de pratiquer le double jeu. Elle abriterait des antinazis fabriquant des faux papiers pour des résistants et, plus grave encore, pour des Juifs opportunément transformés en musulmans… À vrai dire, on cache même certains de ces derniers dans les sous-sols de l’édifice.

TAMALET CHRISTINE

Le réalisateur Ismaël Ferroukhi salue les émigrés venus travailler en France à la veille de la Seconde Guerre mondiale.

Younes, grâce à de salutaires rencontres – notamment celle du chanteur juif d’origine algérienne Salim Halali – trahit rapidement ses employeurs pour se mettre au service des résistants. Mieux : il acquiert une vraie conscience politique et devient un militant de la liberté. La liberté de tous ceux qu’il fréquente, celle des antinazis, celle d’une jeunefemmecommeLeïla(LubnaAzabal) qui entend populariser le combat pour l’indépendance de l’Algérie que mène depuis longtemps déjà le parti nationaliste de Messali Hadj. FAITS RÉELS. Le film, contant ainsi un

épisode édifiant de l’histoire francomaghrébine, évite le piège des bons

UNE SOLIDARITÉ PEU CONNUE Leurs noms ne figurent pas sur le mémorial deYad Vashem. Pourtant, de nombreux Maghrébins musulmans ont, pendant la Seconde Guerre mondiale, sauvé des Juifs. L’historien américain Robert Satloff est l’un des premiers à avoir raconté leur histoire dans Among the Righteous (« Parmi les justes », 2007). Qui se souvient que leTunisien Khaled Abdelwahab sauva vingt-cinq Juifs en les cachant dans sa ferme? Qui se rappelle que Mohammed V, au Maroc, refusa les lois vichystes? Que les imams d’Algérie protégèrent leurs concitoyens israélites? Aujourd’hui, les descendants des communautés juives maghrébines s’escriment à faire reconnaître auprès de Jérusalem ces justes parmi les nations. ● LEÏLA SLIMANI

L’ACTEUR TAHAR RAHIM a explosé avec le film Un prophète, du Français Jacques Audiard. Ý Les Hommes libres, d’Ismaël Ferroukhi (sortie à Paris le 28 septembre)

sentiments et des figures exemplaires. Grâce à la complexité des personnages, notamment celui du recteur, interprété par un Michael Lonsdale… qui réussit plutôt bien à faire oublier qu’il est un catholique pratiquant, voire prosélyte, et que son dernier grand rôle fut celui d’un moine de Tibhirine dans Des hommes et des dieux ! Grâce, aussi, au scénario, qui s’appuie sur des faits réels. Benghabrit, fondateur et directeur de la Mosquée de Paris, a sauvé de nombreux Juifs, dont le fameux Salim Halali. Mais l’essentiel n’est peut-être pas là. Le premierméritedeFerroukhiestd’avoirpermis à des hommes jusque-là « invisibles », selon l’expression de l’historien français Benjamin Stora, de « crever l’écran ». Ces hommes, ce sont les quelque 100000 émigrés maghrébins venus travailler, dès avant la Seconde Guerre mondiale, dans une métropole qui les exploitait et les méprisait autant qu’elle les ignorait. Ce film leur rend hommage de la plus belle des manières. ● RENAUD DE ROCHEBRUNE

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Culture médias En vue

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■ ■ ■ Réussi

■ ■ ■ Excellent

GUIDE

Le Burkina sans risques UNECINQUIÈMEédition du guide consacré au Burkina est disponible en librairie, depuis le 21 septembre. Plus épais que l’édition précédente, plus fouillé aussi, le nouveau Petit Futé Burkina Faso approfondit son apport sur l’histoire, l’économie, l’environnement sociopolitique, ce qui permet de mieux comprendre le pays. La section « Faire et ne pas faire » du début sera très utile aux aventuriers trop impétueux… ● MALIKA GROGA-BADA

Burkina Faso, Petit Futé-Nouvelles Éditions de l’Université, 430 pages, 15,95 euros ■■■

MUSIQUE

Rythmes enchanteurs BANDE DESSINÉE

Éros et Thanatos en Égypte L’ÉGYPTE, SES DIEUX, ses pharaons, ses magiciens, ses complots, ses belles princesses dénudées… Avec le second et dernier tome de sa bande dessinée des Les Princesses égyptiennes, l’Ukrainien Igor Baranko propose un récit épique qui, bien que parfois embrouillé, parvient à renouveler un genre usé jusqu’à la corde. Et ce grâce à un dessin en noir et blanc très personnel, à la fois érotique et violent. ● NICOLAS MICHEL

Les Princesses égyptiennes, seconde partie, d’Igor Baranko, Les Humanoïdes associés, 128 pages, 24,95 euros ■■■ N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

Après l’émission radio et les bals, voilà la compil’. Un double CD qui n’a qu’un seul objectif : vous faire entrer dans la danse.

A

près le succès de leur émis(Guinée)… Les chansons sont aussi sion L’Afrique enchantée bien des satires sociales (« L’argent sur les antennes de Radio appelle l’argent », « Coopération », France Internationale « La Femme de mon patron ») que des (RFI), ainsi que des bals du même nom, chansons d’amour (« Sweet Mother », Soro Solo et Vladimir Cagnolari, les « Rendez-vous chez Fatimata »). La inséparables explorateurs de la musisélection est variée, du highlife ghaque africaine, sortent une compilation néen (« Adjoa », des Super Sweet Talks) baptisée L’Afrique enchantée, Ticket au blues mandingue (« It’s a Man’s d’entrée. Dans les bacs le 26 septembre, ce double CD, Variée, la sélection ressuscite sûrement le premier d’une des pépites oubliées de la longue série, ressuscite des pépites oubliées de la musimusique urbaine du continent. que urbaine du continent, Man’s World », par Sékouba Bambino), des indépendances à nos jours. en passant, bien sûr, par l’afrobeat Le parti pris des deux compères, c’est justement de ne pas en avoir. Sur (« Lady », de Fela Kuti). Le seul point chacun des disques, on retrouve avec commun de ces morceaux ? Vous entraîner dans le rythme ! En outre, émotion des légendes parfois oubliées, dont l’apport a été déterminant pour le livret qui accompagne le disque la musique d’aujourd’hui : Tabu Ley raconte des anecdotes sur l’histoire des Rochereau (RD Congo), Ernesto Djédjé interprètes ou rappelle le contexte his(Côte d’Ivoire), Las Maravillas de Mali torique et social du morceau écouté. ● (Mali), le Bembeya Jazz National M.G.-B. L’Afrique enchantée, Ticket d’entrée, Sony Music, dans les bacs le 26 septembre

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Culture médias SANS OUBLIER

DICTIONNAIRE

Langue vivante SAVEZVOUS CE QU’EST un fidalgue, un macaton, un salapoury ? Selon d’où vous venez en Afrique de l’Ouest, sans doute avez-vous déjà utilisé un de ces termes. Mais si vous ne les connaissez pas, vous en trouverez la définition dans le Glossaire des expressions et termes locaux employés dans l’Ouest africain, de Raymond Mauny. Ainsi, un fidalgue est le fils d’une personne importante, un macaton est une amulette en cuir contenant des fragments de Coran et le salapoury est une étoffe noire. ● NICOLAS MICHEL

Glossaire des expressions et termes locaux employés dans l’Ouest africain, de Raymond Mauny, Organisation internationale de la francophonie, 122 pages, 12 euros ■■■

EXPOSITION

Fantasmes et clichés Jusqu’au 8 octobre, l’Hôtel de Ville de Paris accueille une belle exposition explorant six siècles de relations entre le Maroc et l’Europe. Produite par le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) et le Centre de la culture judéomarocaine (CCJM), elle propose un vrai voyage à travers l’Histoire. De la passion orientaliste du XVIIIe siècle au protectorat de Lyautey, en passant par les attaques corsaires du XVIIe siècle, les documents mis à la disposition du public dévoilent clichés et fantasmes en vogue d’une rive à l’autre. L’exposition, passée par Rabat, voyagera ensuite à Londres, Amsterdam et New York. ● LEÏLA SLIMANI

L’anthropologue et réalisatrice Éliane de Latour présentera ses photographies de jeunes prostituées ivoiriennes à la Maison des métallos, à Paris, du 15 novembre au 15 décembre 2011. L’exposition sera intitulée : « Go de nuit, Abidjan, les belles oubliées ». Le grand magasin culturel Fnac (France) proposera, en octobre et novembre, une programmation photo consacrée à l’Afrique. Au programme : expositions, rencontres et séances de signatures… À noter, les 11 et 12 novembre, l’organisation d’un studio photo autour du Congolais Baudoin Mouanda, à la galerie photo du magasin Fnac Forum des Halles.

COLLECTION DAHAN-HIRSCH

Du 15 octobre au 12 novembre, la revue Art absolument organise à la Villa Émerige (Paris) une exposition intitulée « Paris et l’art contemporain arabe ». Avec des artistes comme l’Algérienne Zoulikha Bouabdellah, les Marocains Mahi Binebine et Hicham Benohoud, entre autres.

« Le Maroc et l’Europe, six siècles dans le regard de l’autre », Hôtel de Ville de Paris, jusqu’au 8 octobre

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Les 9es Rencontres de Bamako, biennale africaine de la photographie, commenceront à Bamako (Mali) le 1er novembre 2011 pour s’achever le 1er janvier 2012. Délégué général : Samuel Sidibé. Directrices artistiques : Michket Krifa et Laura Sérani.

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Concernant cette rubrique, adressez-vous à Fabienne Lefebvre -Tél. : 01 44 30 18 76 - Fax : 01 44 30 18 77 - Email. : f.lefebvre@jeuneafrique.com DIFCOM Régie publicitaire centrale du Groupe Jeune Afrique - 57 bis, rue d’Auteuil 75016 Paris - France

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RECRUTE POUR LE PROJET D’APPUI AU DÉVELOPPEMENT DU SECTEUR PRIVÉ D’UNE DURÉE DE CINQ (5) ANS, FINANCÉ PAR L’IDA (BANQUE MONDIALE) ET BASÉ À LOMÉ

Recrutement

UN COORDONNATEUR H/F MISSIONS : Le Coordonnateur du Projet est responsable de la gestion quotidienne du Projet. RESPONSABILITÉS : Le Coordonnateur du Projet devra assurer la gestion technique, administrative et financière du projet. TACHES : Vous serez notamment chargé de : • Animer l'ensemble de l’équipe et assurer la gestion quotidienne du Projet, y compris la coordination technique avec les différents acteurs ; • Assurer la liaison avec la Banque mondiale et veiller à l’harmonisation dans la mise en œuvre du Projet avec les interventions des autres partenaires au développement ; • Appuyer le processus de planification, la mise en œuvre des plans d’actions et le suivi des indicateurs de base du Projet ; • Veiller au suivi des contrats : appui technique, commentaires sur les rapports, contrôle qualité, etc. ; • Développer les actions pour le respect des clauses de l’Accord de Don par les différents acteurs et en assurer le suivi ; • Organiser la revue périodique des activités, conformément aux dispositions de l’Accord de Don, et fournir à l’Administration et aux partenaires au développement les documents trimestriels nécessaires pour l'appréciation de la performance dans l’exécution des activités du Projet ; • Participer à l’élaboration de la programmation budgétaire et financière des activités du projet ; • S’assurer de l’éligibilité et de la pertinence des dépenses du Projet ; • Veiller à la préparation, à l’actualisation et à l’exécution du plan de passation des marchés et suivre les opérations financières (engagements, retraits, règlements). QUALIFICATIONS ET COMPÉTENCES REQUISES Vous êtes ressortissant d’un des pays membres de l’UEMOA et titulaire d’un diplôme universitaire (minimum BAC + 5) en gestion, économie, finance, gestion de projets ou tout autre diplôme équivalent ; Vous avez une expérience professionnelle d’au moins 5 ans dans les domaines de la gestion de projets, l’économie, de la gestion ou de la finance dans le secteur public ou privé ; Vous avez une bonne connaissance du secteur privé et de ses défis; Vous êtes disponible à tems plein et dévoué pour les activités du Projet ; Vous avez une bonne maîtrise du français et des outils informatiques (Word, Excel, Power Point) ; la connaissance de l’anglais serait un atout. Vous savez faire preuve d’initiatives et disposez de bonnes aptitudes de communication; Vous disposer de bonnes aptitudes pour le travail en équipe et dans un environnement sous pression ; Vous disposer d'une bonne intégrité professionnelle. CARACTÉRISTIQUES DU POSTE Poste basé à Lomé Durée du projet : 5 ans CDD : 1 an, renouvelable Période d’essai : 6 mois Les termes de référence détaillés du poste sont disponibles sur le internet www.conseils-reunis.com et sur demande par envoi de courriel à creunis_mrh@yahoo.fr Les fonctionnaires ou les représentants du gouvernement peuvent être engagés : (i) s’ils sont en congés sans solde ; (ii) s’ils ne sont pas engagés par le Ministère du Commerce et de la Promotion du Secteur Privé immédiatement avant leur départ en congés et (iii) si leur emploi ne donne pas lieu à un conflit d’intérêts. LA RÉMUNÉRATION DES CANDIDATS SÉLECTIONNÉS EST COMPÉTITIVE

UN CHARGÉ DE PASSATION DES MARCHÉS H/F Sous la supervision du Coordonnateur du Projet, et en étroite collaboration avec les Commissions de passation de marchés du Ministère créées conformément aux dispositions du Code des Marchés Publics en vigueur au Togo, le CPM sera notamment chargé de : • Mettre en place un système simple de gestion de la passation des marchés comprenant : (i) la planification des opérations de passation des marchés, (ii) le suivi de l’avancement, (iii) l’analyse des écarts entre les réalisations et le plan de passation des marchés. • Vérifier la planification, la préparation et la consolidation des plans de passation des marchés de services, de consultants et de biens et travaux pour chaque projet. • Faciliter le contrôle de qualité de l’ensemble du processus d’acquisition et, notamment : - contrôle de qualité des dossiers d’appel d’offres et des appels à propositions (suivant les modèles fournis par l’IDA) et lancement des appels d’offres, selon les modes convenus dans les accords de prêts ou de dons ; - contrôle de qualité des rapports d’évaluation des offres et propositions reçues ; - contrôle de qualité des contrats préparés par les experts techniques ; - conception et mise en place d’une base de données des fournisseurs et développer des statistiques de gestion. • Assister les Commissions d’évaluation des offres et propositions relatives au Projet et assurera le secrétariat. • Rédiger de tous les rapports d’activités prescrits par le manuel de procédures du Projet. • Mettre en place un système de classement des dossiers de passation des marchés, en vue de permettre toute revue a posteriori des bailleurs, notamment de l’IDA. • Apporter des conseils utiles dans tout le processus de passation de marchés. N° 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1ER OCTOBRE 2011

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QUALIFICATIONS ET COMPÉTENCES REQUISES Vous êtes ressortissant d’un des pays membres de l’UEMOA et titulaire d’un diplôme supérieur en Ingénierie, Administration publique, Droit commercial, Gestion (minimum BAC+4, équivalent d'une maîtrise-Master) ou autre diplôme équivalent ; Vous avez une connaissance des techniques de passation des marchés en général et des règles de procédures de passation des marchés. La connaissance des procédures de Partenaires Techniques et Financiers tels que la Banque mondiale, la BAD, l’Union Européenne, etc. sera un atout ; Vous justifiez d’une expérience professionnelle de cinq (5) ans au moins, dont deux (2) ans au moins dans le domaine de la passation des marchés. L’occupation d’un poste en qualité de spécialiste ou d’assistant en passation de marchés sur un projet ou un programme constituera un atout ; Vous avez une bonne connaissance du code Togolais des marchés publics ; Vous avez une bonne maîtrise du français et des outils informatiques (Word, Excel, Power Point) ; la connaissance de l’anglais serait un atout. Vous savez faire preuve d’initiatives et disposez de bonnes aptitudes de communication ; Vous disposer de bonnes aptitudes pour le travail en équipe et dans un environnement sous pression ; Vous disposer d'une bonne intégrité professionnelle. CARACTÉRISTIQUES DU POSTE Poste basé à Lomé Durée du projet : 5 ans CDD : 1 an, renouvelable Période d’essai : 6 mois Les termes de référence détaillés du poste sont disponibles sur le site internet www.conseils-reunis.com et sur demande par envoi de courriel à creunis_mrh@yahoo.fr Les fonctionnaires ou les représentants du gouvernement peuvent être engagés : (i) s’ils sont en congés sans solde ; (ii) s’ils ne sont pas engagés par le Ministère du Commerce et de la Promotion du Secteur Privé immédiatement avant leur départ en congés et (iii) si leur emploi ne donne pas lieu à un conflit d’intérêts. LA RÉMUNÉRATION DES CANDIDATS SÉLECTIONNÉS EST COMPÉTITIVE

UN RESPONSABLE COMPOSANTE APPUI À L’AMÉLIORATION DU CLIMAT DES INVESTISSEMENTS H/F

Les fonctionnaires ou les représentants du gouvernement peuvent être engagés : (i) s’ils sont en congés sans solde ; (ii) s’ils ne sont pas engagés par le Ministère du Commerce et de la Promotion du Secteur Privé immédiatement avant leur départ en congés et (iii) si leur emploi ne donne pas lieu à un conflit d’intérêts. LA RÉMUNÉRATION DES CANDIDATS SÉLECTIONNÉS EST COMPÉTITIVE

Merci d’adresser une lettre de motivation, CV + Photo d’identité, au plus tard le mardi 11 octobre 2011 à 17 h 30 mn, à l’adresse suivante : Conseils Réunis 139, Rue Vanlare En face de l’ex Direction de CHEVRON-TEXACO BP : 3009 Lomé-TOGO Tél. : (228) 221 48 70 E-mail : creunis_mrh@yahoo.fr - www.Conseils-Reunis.com JEUNE AFRIQUE

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Recrutement

Le responsable de cette Composante devra appuyer la mise en œuvre de cette composante du Projet. Il aura un rôle important de coordination, d’appui technique aux différentes institutions concernées. Il aura également un rôle important de coordination avec les différents partenaires techniques et financiers (AFD, PNUD, FENU, BCEAO). Il assurera notamment les tâches suivantes : • Contribuer au renforcement de l’appui au Centre de Formalités des Entreprises (CFE) en collaboration avec le Ministère chargé du Commerce, du Secteur Privé, de l’Economie et des Finances ; • Contribuer à la mise en place de Centres de Gestion Agréés ; • Contribuer à l’appui à la simplification des procédures de transfert/enregistrement de propriété, en collaboration avec les ministères concernés ; • Contribuer à l’appui au dialogue public privé et communication, en collaboration avec les ministères concernés ; • Veiller à l’harmonisation dans la mise en œuvre de la composante avec les interventions des autres partenaires au développement intervenant dans ce domaine. QUALIFICATIONS ET COMPÉTENCES REQUISES Vous êtes ressortissant d’un des pays membres de l’UEMOA et titulaire d’un diplôme universitaire (minimum Bac + 5) en droit commercial ou droit des affaires, en économie, gestion, ou tout autre diplôme équivalent ; Vous avez une bonne connaissance du droit des affaires au Togo et êtes familier avec les principes de l’OHADA ; Vous avez une bonne connaissance de l’environnement des affaires au Togo ; Vous justifiez d’une expérience d’au moins 5 ans dans le domaine du conseil aux entreprises ou de la gestion dans le secteur public ou privé, y compris dans la mise en œuvre de programmes de changement institutionnel ; Vous avez de l’expérience dans la conception et la mise en œuvre de programmes de formations en entreprises ; Vous avez une bonne maîtrise du français et des outils informatiques (Word, Excel, Power Point) ; la connaissance de l’anglais serait un atout. Vous savez faire preuve d’initiatives et disposez de bonnes aptitudes de communication ; Vous disposer de bonnes aptitudes pour le travail en équipe et dans un environnement sous pression ; Vous disposer d'une bonne intégrité professionnelle. CARACTÉRISTIQUES DU POSTE Poste basé à Lomé Durée du projet : 5 ans CDD : 1 an renouvelable Période d’essai : 6 mois Les termes de référence détaillés du poste sont disponibles sur le site internet www.conseils-reunis.com et sur demande par envoi de courriel à creunis_mrh@yahoo.fr


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Le Programme de Renforcement des capacités de Gouvernance Economique (PRGE) de la République du Burundi a reçu un don de la Fondation pour le Renforcement des Capacités en Afrique (ACBF). Il est prévu qu’une partie du don soit utilisé pour le recrutement de consultants internationaux. C’est dans ce cadre que le PRGE voudrait recruter : 1. Un consultant international chargé de la révision du Programme de Formation de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA). 2. Un consultant international chargé de la révision /développement du programme de formation de l’Institut Supérieur de Gestion des Entreprises (ISGE) ; 3. Un consultant international chargé de l’évaluation des besoins de formation des cadres de la Fonction publique et des Acteurs Non Etatiques. Les termes de référence pour ces postes peuvent être consultés et retirés au Bureau du Programme de Renforcement des Capacités de Gouvernance Economique, Sis Quartier KIGOBE SUD n°7537/C ; B.P 3801 Bujumbura-Burundi ; Tél + (257) 22 27 69 21 ou (+257) 22 27 69 22 ; Fax : (+257) 22 27 69 20 ; E-mail : pprge@yahoo.com Les soumissionnaires intéressés par cet avis de recrutement peuvent aussi contacter le PRGE sur son adresse électronique : pprge@yahoo.com en vue d’obtenir les Termes de Références Détaillés pour les 3 postes. Les dossiers de candidature doivent indiquer le titre du poste sur l’enveloppe et doivent être composés de (i) Une lettre de motivation adressée au Coordonateur du PRGE, (ii) un Curriculum Vitae, (iii) Des photocopies de diplômes certifiés conformes à l’Original et tout autre document jugé utile pour le poste de l’intéressé. Ils doivent parvenir au bureau du PRGE ou sur son adresse électronique pprge@yahoo.com au plus tard le 10 Octobre 2011 à 17 h30. Les dossiers remis ne seront pas récupérés.

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Recrutement - Divers

Bâtiments industriels

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Annonces classées

Manifestation d’intérêt

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MONUSCO

MONUSCO

PROC/EOI- 2011/059 (tsk) - 16 Septembre 2011. DEMANDE DE MANIFESTATION D’INTERET

PROC/EOI-2011/060tk - 16 Septembre 2011. DEMANDE DE MANIFESTATION D’INTERET

Manifestation d’intérêt pour la fourniture et la livraison des incinérateurs des huiles usées et des incinérateurs des huiles disesel pour les travaux d’asphaltage à Entebbe, Uganda

Manifestation d’intérêt pour la fourniture et livraison des matériels de Routes et Ponts

1. La Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) sollicite des manifestations d’intérêt de la part des entreprises dûment enregistrées et autorisées pour la fourniture et livraison des incinérateurs des huiles usées et des incinérateurs des huiles diesel pour les travaux d’asphaltage à la base logistique de MONUSCO, ENTEBBE, Uganda. 2. MONUSCO entreprendra sous peu un exercice d'appel d'offres pour établir un contrat et a donc l'intention d’émettre un document de sollicitation aux sociétés qui doivent exprimer leur intérêt et fournir des informations pertinentes initiales démontrant leur capacité à satisfaire aux exigences de la MONUSCO. En outre, on demandera aux Sociétés intéressés de remplir le formulaire d’enregistrement des fournisseurs (seulement pour les nouveaux fournisseurs). Les spécifications détaillées seront fournies aux sociétés présélectionnées pour la réception des documents de sollicitation. 3. Les Sociétés intéressés à être présélectionnées pour recevoir le dossier d’appel d’offres de la MONUSCO, sont invitées à soumettre par écrit une manifestation d’intérêt en précisant le sujet comme indiqué ci-dessus. Les manifestations d’intérêt devraient spécifier les informations pertinentes sur la société, y compris le profil de l'entreprise, la capacité et l'expérience de l'entreprise dans la fourniture de différents types de matériaux de construction, actuelle ou antérieure aux contrats similaires entrepris dans les douze (12) derniers mois (le cas échéant) et des copies des inscriptions et de licence(s) de l'entreprise. 4. Veuillez s’il vous plait noter que cette demande n’est pas un appel d’offres. 5. MONUSCO garde le droit de sélectionner ceux qui devront prendre part à l’appel d’offres compétitif sur la base d’évaluations considérables et avérées sur le sujet des activités. La seule soumission de la demande de manifestation d’intérêt ne garantit pas automatiquement la bonne réception des documents de sollicitation. MONUSCO se réserve le droit de rejeter les manifestations reçues après le délai ci-dessous. 6. L'expression d'intérêt peut être soumise par courriel électronique à monuc-procurement@un.org et copie à kanu@un.org ou par télécopieur clairement marqués avec l'inscription « Manifestation d'intérêt pour la fourniture et livraison des incinérateurs des huiles usées et des incinérateurs des huiles diesel pour les travaux d’asphaltage à Entebbe, Uganda (Réf: PROC/EOI- 2011/059-tk) » et adressée comme suit pour être reçue au plus tard le 19 Octobre 2011, 15h00, heure de Kinshasa (GMT +1) Chief Procurement Officer - MONUSCO - Utex Africa Compound, Av Colonel Mondjiba, Ngaliema, Kinshasa, RDC - Fax: +1 212 963 0205 or +39 0831 44 6696 or +39 0831 24 5167

1. La Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) sollicite des manifestations d’intérêt de la part des entreprises dûment enregistrées et autorisées pour la fourniture et livraison de matériels de Routes et Ponts à l’entrepôt de Engineering Section, à la base logistique de MONUSCO, Entebbe, Uganda. 2. MONUSCO entreprendra sous peu un exercice d'appel d'offres pour établir un contrat et a donc l'intention d’émettre un document de sollicitation aux sociétés qui doivent exprimer leur intérêt et fournir des informations pertinentes initiales démontrant leur capacité à satisfaire aux exigences de la MONUSCO. En outre, on demandera aux Sociétés intéressées de remplir le formulaire d’enregistrement des fournisseurs (seulement pour les nouveaux fournisseurs). Les spécifications détaillées seront fournies aux sociétés présélectionnées pour la réception des documents de sollicitation. 3. Les Sociétés intéressées à être présélectionnées pour recevoir le dossier d’appel d’offres de la MONUSCO, sont invitées à soumettre par écrit une manifestation d’intérêt en précisant le sujet comme indiqué ci-dessus. Les manifestations d’intérêt devraient spécifier les informations pertinentes sur la société, y compris le profil de l'entreprise, la capacité et l'expérience de l'entreprise dans la fourniture de différents types de matériaux de construction, actuelle ou antérieure aux contrats similaires entrepris dans les douze (12) derniers mois (le cas échéant) et des copies des inscriptions et de licence(s) de l'entreprise. 4. Veuillez s’il vous plait noter que cette demande n’est pas un appel d’offres. 5. MONUSCO garde le droit de sélectionner ceux qui devront prendre part à l’appel d’offres compétitif sur la base d’évaluations considérables et avérées sur le sujet des activités. La seule soumission de la demande de manifestation d’intérêt ne garantit pas automatiquement la bonne réception des documents de sollicitation. MONUSCO se réserve le droit de rejeter les manifestations reçues après le délai ci-dessous. 6. L'expression d'intérêt peut être soumise par courriel électronique à monuc-procurement@un.org et copie à kanu@un.org ou par télécopieur clairement marquée avec l'inscription « Manifestation d'intérêt pour la fourniture et livraison de matériels de Routes et Ponts à Entebbe,Uganda (Réf : PROC/EOI2011/060-tk) » et adressée comme suit pour être reçue au plus tard le 19 Octobre 2011, 15h00, heure de Kinshasa (GMT +1) Chief Procurement Officer - MONUSCO - Utex Africa Compound, Av Colonel Mondjiba, Ngaliema, Kinshasa, RDC - Fax: +1 212 963 0205 or +39 0831 44 6696 or +39 0831 24 5167

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PROC/EOI-2011/061tk - 16 Septembre 2011. DEMANDE DE MANIFESTATION D’INTERET

PROC/EOI- 2011/062 (SR) - 15 Septembre 2011. DEMANDE DE MANIFESTATION D’INTERET

Manifestation d’intérêt pour la fourniture et la livraison des Générateurs de brouillards des aérosols thermiques

Manifestation d’intérêt pour la fourniture et livraison des peintures et matériels de peintures à Kinshasa, RDC.

1. La Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) sollicite des manifestations d’intérêt de la part des entreprises dûment enregistrées et autorisées pour la fourniture et livraison de générateurs de brouillards des Aérosols thermiques pour la dératisation à la base logistique de MONUSCO, Entebbe, Uganda. 2. MONUSCO entreprendra sous peu un exercice d'appel d'offres pour établir un contrat et a donc l'intention d’émettre un document de sollicitation aux sociétés qui doivent exprimer leur intérêt et fournir des informations pertinentes initiales démontrant leur capacité à satisfaire aux exigences de la MONUSCO. En outre, on demandera aux Sociétés intéressées de remplir le formulaire d’enregistrement des fournisseurs (seulement pour les nouveaux fournisseurs). Les spécifications détaillées seront fournies aux sociétés présélectionnées pour la réception des documents de sollicitation. 3. Les Sociétés intéressées à être présélectionnées pour recevoir le dossier d’appel d’offres de la MONUSCO, sont invitées à soumettre par écrit une manifestation d’intérêt en précisant le sujet comme indiqué ci-dessus. Les manifestations d’intérêt devraient spécifier les informations pertinentes sur la société, y compris le profil de l'entreprise, la capacité et l'expérience de l'entreprise dans la fourniture de différents types de matériaux de construction, actuelle ou antérieure aux contrats similaires entrepris dans les douze (12) derniers mois (le cas échéant) et des copies des inscriptions et de licence(s) de l'entreprise. 4. Veuillez s’il vous plait noter que cette demande n’est pas un appel d’offres. 5. MONUSCO garde le droit de sélectionner ceux qui devront prendre part à l’appel d’offres compétitif sur la base d’évaluations considérables et avérées sur le sujet des activités. La seule soumission de la demande de manifestation d’intérêt ne garantit pas automatiquement la bonne réception des documents de sollicitation. MONUSCO se réserve le droit de rejeter les manifestations reçues après le délai ci-dessous. 6. L'expression d'intérêt peut être soumise par courriel électronique à monuc-procurement@un.org et copie à kanu@un.org ou par télécopieur clairement marquée avec l'inscription « Manifestation d'intérêt pour la fourniture et livraison de générateurs de brouillards des aérosols thermiques pour la dératisation à Entebbe,Uganda (Réf : PROC/EOI- 2011/061-tk » et adressée comme suit pour être reçue au plus tard le 19 Octobre 2011, 15h00, heure de Kinshasa (GMT +1) Chief Procurement Officer - MONUSCO - Utex Africa Compound, Av Colonel Mondjiba, Ngaliema, Kinshasa, RDC - Fax: +1 212 963 0205 or +39 0831 44 6696 or +39 0831 24 5167

1. La Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) sollicite des manifestations d’intérêt de la part des entreprises dûment enregistrées et autorisées pour la fourniture et livraison des peintures et matériels de peintures, à Kinshasa, RDC pour une période de un (1) an à compter du 1er Janvier 2012 au 31 Décembre 2012. 2. MONUSCO entreprendra sous peu un exercice d'appel d'offres pour établir un contrat et a donc l'intention d’émettre un document de sollicitation aux sociétés qui doivent exprimer leur intérêt et fournir des informations pertinentes initiales démontrant leur capacité à satisfaire aux exigences de la MONUSCO. En outre, on demandera aux Sociétés intéressées de remplir le formulaire d’enregistrement des fournisseurs (seulement pour les nouveaux fournisseurs). Les spécifications détaillées seront fournies aux sociétés présélectionnées pour la réception des documents de sollicitation. 3. Les Sociétés intéressés à être présélectionnées pour recevoir le dossier d’appel d’offres de la MONUSCO, sont invitées à soumettre par écrit une manifestation d’intérêt en précisant le sujet comme indiqué ci-dessus. Les manifestations d’intérêt devraient spécifier les informations pertinentes sur la société, y compris le profil de l'entreprise, la capacité et l'expérience de l'entreprise dans la fourniture des peintures actuelle ou antérieure aux contrats similaires entrepris dans les douze (12) derniers mois (le cas échéant) et des copies des inscriptions et de licence(s) de l'entreprise. 4. Veuillez s’il vous plait noter que cette demande n’est pas un appel d’offres. 5. MONUSCO garde le droit de sélectionner ceux qui devront prendre part à l’appel d’offres compétitif sur la base d’évaluations considérables et avérées sur le sujet des activités. La seule soumission de la demande de manifestation d’intérêt ne garantit pas automatiquement la bonne réception des documents de sollicitation. MONUSCO se réserve le droit de rejeter les manifestations reçues après le délai ci-dessous. 6. L'expression d'intérêt peut être soumise par courriel électronique à monuc-procurement@un.org et copie à rodriguez13@un.org ou par télécopieur clairement marquée avec l'inscription « Manifestation d'intérêt pour la fourniture et livraison des peintures et matériels de peintures à Kinshasa, RDC » en indiquant le sujet comme suit « La fourniture et livraison des peintures et matériels de peintures à Kinshasa, RDC (Réf : PROC/EOI- 2011/062-SR ) » et adressée comme suit pour être reçue au plus tard le 10 Octobre 2011, 15h00, heure de Kinshasa (GMT +1) Chief Procurement Officer - MONUSCO - Utex Africa Compound, Av Colonel Mondjiba, Ngaliema, Kinshasa, RDC - Fax: +1 212 963 0205 or +39 0831 44 6696 or +39 0831 24 5167

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PROC/EOI-2011/063 - 16 Septembre 2011. DEMANDE DE MANIFESTATION D’INTERET

PROC/EOI-2011/066 - 16 Septembre 2011. DEMANDE DE MANIFESTATION D’INTERET

Manifestation d’intérêt pour la fourniture et livraison des stabilisateurs de Tension

Manifestation d’intérêt Cargaison par mer/océan pour la fourniture des tentes préfabriquées en peaux douces en provenance de Qingdao, China to Entebbe, Uganda

1. La Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) sollicite des manifestations d’intérêt de la part des entreprises dûment enregistrées et autorisées pour la fourniture et livraison des stabilisateurs de tension à la base logistique de MONUSCO, ENTEBBE, Uganda. 2. MONUSCO entreprendra sous peu un exercice d'appel d'offres pour établir un contrat et a donc l'intention d’émettre un document de sollicitation aux sociétés qui doivent exprimer leur intérêt et fournir des informations pertinentes initiales démontrant leur capacité à satisfaire aux exigences de la MONUSCO. En outre, on demandera aux Sociétés intéressées de remplir le formulaire d’enregistrement des fournisseurs (seulement pour les nouveaux fournisseurs). Les spécifications détaillées seront fournies aux sociétés présélectionnées pour la réception des documents de sollicitation. 3. Les Sociétés intéressées à être présélectionnées pour recevoir le dossier d’appel d’offres de la MONUSCO, sont invitées à soumettre par écrit une manifestation d’intérêt en précisant le sujet comme indiqué ci-dessus. Les manifestations d’intérêt devraient spécifier les informations pertinentes sur la société, y compris le profil de l'entreprise, la capacité et l'expérience de l'entreprise dans la fourniture de différents types de matériaux de construction, actuelle ou antérieure aux contrats similaires entrepris dans les douze (12) derniers mois (le cas échéant) et des copies des inscriptions et de licence (s) de l'entreprise. 4. Veuillez s’il vous plait noter que cette demande n’est pas un appel d’offres. 5. MONUSCO garde le droit de sélectionner ceux qui devront prendre part à l’appel d’offres compétitif sur la base d’évaluations considérables et avérées sur le sujet des activités. La seule soumission de la demande de manifestation d’intérêt ne garantit pas automatiquement la bonne réception des documents de sollicitation. MONUSCO se réserve le droit de rejeter les manifestations reçues après le délai ci-dessous. 6. L'expression d'intérêt peut être soumise par courriel électronique à monuc-procurement@un.org et copie à kanu@un.org ou par télécopieur clairement marquée avec l'inscription « Manifestation d'intérêt pour la fourniture et livraison des stabilisateurs de tension à Entebbe, Uganda (Réf : PROC/EOI-2011/063) » et adressée comme suit pour être reçue au plus tard le 19 Octobre 2011, 15h00, heure de Kinshasa (GMT +1) Chief Procurement Officer - MONUSCO - Utex Africa Compound, Av Colonel Mondjiba, Ngaliema, Kinshasa, RDC - Fax: +1 212 963 0205 or +39 0831 44 6696 or +39 0831 24 5167

1. La Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République Démocratique du Congo (MONUSCO) sollicite des manifestations d’intérêt de la part des entreprises dûment enregistrées et autorisées pour la fourniture des tentes prefabriquées en peaux douces en provenance de Qingdao, China to Entebbe, Uganda. 2. MONUSCO entreprendra sous peu un exercice d'appel d'offres et a donc l'intention d’émettre un document de sollicitation aux sociétés qui doivent exprimer leur intérêt et fournir des informations pertinentes initiales démontrant leur capacité à satisfaire aux exigences de la MONUSCO. En outre, on demandera aux Sociétés intéressées de remplir le formulaire d’enregistrement des fournisseurs (seulement pour les nouveaux fournisseurs). 3. Les Sociétés intéressées à être présélectionnées pour recevoir le dossier d’appel d’offres de la MONUSCO, sont invitées à soumettre par écrit une manifestation d’intérêt. Les manifestations d’intérêt devraient spécifier les informations pertinentes sur la société, y compris le profil de l'entreprise, la capacité et l'expérience de l'entreprise dans la fourniture des tentes prefabriquées en peaux douces actuelle ou antérieure aux contrats similaires entrepris dans les douze (12) derniers mois (le cas échéant) et des copies des inscriptions et de licence(s) de l'entreprise. 4. Veuillez s’il vous plait noter que cette demande n’est pas un appel d’offres. 5. MONUSCO garde le droit de sélectionner ceux qui devront prendre part à l’appel d’offres compétitif sur la base d’évaluations considérables et avérées sur le sujet des activités. La seule soumission de la demande de manifestation d’intérêt ne garantit pas automatiquement la bonne réception des documents de sollicitation. MONUSCO se réserve le droit de rejeter les manifestations reçues après le délai ci-dessous. 6. L'expression d'intérêt peut être soumise par courriel ou par télécopieur clairement marquée avec l'inscription « Manifestation d'intérêt pour la fourniture des tentes prefabriquées en peaux douces en provenance de Qingdao, China to Entebbe, Uganda (PROC/EOI-2011/066) » et adressée comme suit pour être reçue au plus tard le 20 Octobre 2011, 15h00, heure de Kinshasa (GMT +1) : Chief Procurement Officer - MONUSCO - Utex Africa Compound, Av Colonel Mondjiba, Ngaliema, Kinshasa, RDC Fax: +1 212 963 0205 or +39 0831 44 6696 or +39 0831 24 5167 E-mail: monuc-procurement@un.org or campbelt@un.org

Manifestation d’intérêt

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Projet de Réouverture et d’Entretien des Routes Hautement Prioritaires (PRO-ROUTES) SOLLICITATION DE MANIFESTATION D’INTÉRÊT Service de Consultant : PANEL CONSULTATIF ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL (PCES) DANS LE CADRE DU PROJET PRO-ROUTES.

Manifestation d’intérêt

« Recrutement d’un Consultant Expert en Sciences Sociales avec expérience dans les Déplacements Involontaires des Personnes (PAR) et la Protection des Populations Autochtones (PDPA). » N° Avis : AMI N° 008/CI/PRO-ROUTES/2011 - Date de l’Avis : le 23 septembre 2011

1. Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a obtenu un don de l’Association Internationale de Développement (IDA) d’un montant de $50 millions, et un don de DFID de £36 millions ($73 millions) correspondant globalement à 123 millions de USD, pour financer le Projet Pro-Routes dont l’objectif global est de contribuer à la réduction de la pauvreté grâce au rétablissement et à la préservation durable des infrastructures routières permettant l’accès des populations aux marchés et aux services sociaux et administratifs nécessaires à la relance socio-économique et à la réintégration du pays. Il a l’intention d’utiliser une partie du montant de ces dons pour effectuer les paiements au titre du Recrutement d’un Consultant Expert en Sciences Sociales avec expérience dans les Déplacements Involontaires des Personnes (PAR) et la Protection des Populations Autochtones (PDPA), dans le cadre d’un Panel Consultatif Environnemental et Social (PCES) comprenant trois (3) Experts de réputation internationale en matières sociales et environnementales pertinentes pour le projet, pour l’émission des avis et recommandations sur la pertinence et la mise en œuvre du programme environnemental et social, pour le projet Pro-Routes. 2. Les Experts du Panel Consultatif Environnemental et Social (PCES) à recruter auront pour tâches principales, chacun dans son domaine de prédilection, de : (a) Passer en revue et donner un avis en temps utile sur les TDR des EIE et des PAR qui doivent être réalisés. Il est prévu que le PCES fournisse un document unique intégrant les contributions de chacun dans un délai de deux (2) semaines suivant la réception des documents ; (b) Passer en revue et donner un avis, en temps utile, sur la préparation des TDR des EIE et des PAR, y compris les rapports finaux provisoires en portant une attention particulière au plan de gestion environnemental et au plan de gestion sociale ainsi qu’aux besoins d’amélioration de la capacité de gestion environnementale et sociale. Il est prévu que le PCES fournisse un document unique intégrant les contributions de chacun dans un délai de deux (2) semaines suivant la réception des documents ; (c) Passer en revue et donner un avis, en temps utile, sur la mise en œuvre du plan de gestion environnemental, du plan de gestion sociale, et des PAR ; (d) Conseiller et assister la Cellule Infrastructures (CI) dans le suivi du programme environnemental et social, en particulier en ce qui concerne les impacts environnemental et/ou social d’évènements non prévus par le projet et qui pourraient survenir durant sa phase de mise en œuvre ; (e) Passer en revue les consultations publiques et les actions de dissémination entreprises avant et pendant la présence du PCES ; (f) Durant son travail, dialoguer avec les experts sociaux et environnementaux du gouvernement et d’autres experts pays concernés, les experts de la Banque mondiale, les consultants chargés de la réalisation des études d’EIE et de PAR, les entreprises de travaux ; la société civile, et les personnes et parties affectées ; (g) A la demande de la CI, passer en revue les termes de référence d’études et activités sociales et environnementales supplémentaires qui pourraient être prises en charge par le Projet ; (h) Analyser et trancher les questions litigieuses d’ordre environnemental et social qui lui seront soumises par la CI ; et (i) Fournir les informations et données d’ordre environnemental et social qui lui seront demandées par la CI. Les Experts internationaux composant le Panel Consultatif Environnemental et Social (PCES) travailleront en étroite collaboration comme une équipe soudée de telle sorte que chaque Expert abordera non seulement son domaine d’expertise, mais également contribuera à une perspective multidisciplinaire et optimalisera les opportunités de développer des synergies. 3. Pour répondre aux critères de sélection, le Consultant Expert en Sciences Sociales avec expérience dans les Déplacements Involontaires des Personnes (PAR) et la Protection des Populations Autochtones (PDPA), membre du Panel Consultatif Environnemental et Social (PCES) doit disposer d’éléments justificatifs de son expérience dans l’évaluation environnementale et sociale des projets et spécifiquement la réalisation des études d’impact de chantiers routiers. Il devra ainsi répondre au profil suivant : • Être détenteur d'un diplôme de niveau universitaire en sciences de l'environnement (bac+5) ou équivalent ;

• Être un Expert environnementaliste de haut niveau avec au moins dix (10) années d'expérience globale dans le secteur ; • Avoir participé à au moins un (1) Panel Consultatif Environnemental et Social pour de projets routiers ; • Avoir participé à au moins cinq (5) études d'impact environnement et social de projets routiers, dont au moins deux (2) en RDC ; • Avoir participé à la réalisation d'au moins cinq (5) plans de réinstallation de population pour cause de projets routiers, dont deux (2) réalisés en RDC ; • Avoir participé à la réalisation d'au moins quatre (4) plans de développement des peuples autochtones dont deux (2) réalisés en RDC ; • Avoir une expérience d'au moins trois (3) ans dans la mise en œuvre des plans de gestion environnementale et sociale ; • Avoir une expérience d'au moins trois (3) ans dans le suivi-évaluation environnemental et social de projets routiers ; • Avoir une grande expérience dans le processus des Consultations publiques et dans la stratégie de communications ; • Avoir une connaissance approfondie des politiques de sauvegarde de la Banque mondiale et des lois de la RDC en la matière ; • Justifier les capacités de management de groupe pluridisciplinaire. • Avoir une connaissance des outils standards informatiques (World, Excel, PowerPoint, etc.) ; Un acquis des expériences de la gestion environnementale des projets PMURR, PUAACV et PUSPRES serait un atout. 4. La Cellule Infrastructures (CI) invite les candidats admissibles, Consultants Individuels, à manifester leur intérêt à fournir les services précités. Les candidats potentiels intéressés doivent fournir les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter ces services (un CV détaillé indiquant l’exécution des contrats analogues, expériences dans des conditions semblables, disponibilité des connaissances nécessaires, une lettre de motivation - 2 pages maximum- expliquant les motivations profondes d’intérêts pour la mission, les qualifications et expériences spécifiques pertinentes et similaires à prendre en compte pour l’examen des expressions d’intérêts en vue de la sélection, etc.). 5. Le Consultant Expert en Sciences Sociales avec expérience dans les Déplacements Involontaires des Personnes (PAR) et la Protection des Populations Autochtones (PDPA), membre du Panel Consultatif Environnemental et Social (PCES), Consultant Individuel, sera sélectionné, en accord avec les procédures définies à la section V des Directives : « Sélection et Emploi des Consultants par les emprunteurs de la Banque mondiale » , édition Mai 2004, révisées en octobre 2006 et en Mai 2010. 6. Les Consultants intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires au sujet des documents de référence à la Cellule Infrastructures (CI) à l’adresse ci-dessous, les jours ouvrables de lundi à vendredi de 9h00 à 16h00, heures locales (Les Termes de référence complets sont disponibles sur le site web de la Cellule Infrastructures). www.celluleinfra.org 7. Le démarrage des prestations est prévu à partir du mois de décembre 2011 pour une pour une durée de Cent Vingt (120) jours, échelonnée sur Trois (3) ans, avec une possibilité de renouvellement au cas où l’évaluation de ses prestations serait jugée satisfaisante. Une période probatoire de 6 mois est prévue pour apprécier les prestations du Consultant. 8. Les Manifestations d’Intérêts, rédigées en langue française, doivent parvenir par courrier ou par email à l’adresse ci-dessous au plus tard le 18 octobre 2011 à 14heures précises locales et porter clairement la mention: « AMI N°008/CI/PRO-ROUTES/2011 : PANEL CONSULTATIF ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL (PCES) DANS LE CADRE DU PROJET PRO-ROUTES : « RECRUTEMENT D’UN CONSULTANT EXPERT EN SCIENCES SOCIALES AVEC EXPÉRIENCE DANS LES DÉPLACEMENTS INVOLONTAIRES DES PERSONNES (PAR) ET LA PROTECTION DES POPULATIONS AUTOCHTONES (PDPA) ». Cellule Infrastructures du Ministère des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction. 70A, avenue Roi Baudouin - Commune de la Gombe - Kinshasa. République Démocratique du Congo - Tél.: +243.81.037.64.94 - Email : celluleinfra@vodanet.cd Kinshasa, le 23 septembre 2011. Amidou SERE Coordonnateur

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO - MINISTÈRE DES INFRASTRUCTURES, TRAVAUX PUBLICS ET RECONSTRUCTION

Projet de Réouverture et d’Entretien des Routes Hautement Prioritaires (PRO-ROUTES) SOLLICITATION DE MANIFESTATION D’INTÉRÊT

Service de Consultant : PANEL CONSULTATIF ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL (PCES) DANS LE CADRE DU PROJET PRO-ROUTES. « Recrutement d’un Consultant Environnementaliste, Expert en Gouvernance Forestière avec expérience en Exploitation et Commerce du Bois. » N° Avis : AMI N° 009/CI/PRO-ROUTES/2011 - Date de l’Avis : le 23 septembre 2011.

1. Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a obtenu un don de l’Association Internationale de Développement (IDA) d’un montant de $50 millions, et un don de DFID de £36 millions ($73 millions) correspondant globalement à 123 millions de USD, pour financer le Projet Pro-Routes dont l’objectif global est de contribuer à la réduction de la pauvreté grâce au rétablissement et à la préservation durable des infrastructures routières permettant l’accès des populations aux marchés et aux services sociaux et administratifs nécessaires à la relance socio-économique et à la réintégration du pays. Il a l’intention d’utiliser une partie du montant de ces dons pour effectuer les paiements au titre du Recrutement d’un Consultant Environnementaliste, Expert en Gouvernance Forestière avec expérience en Exploitation et Commerce du Bois, dans le cadre d’un Panel Consultatif Environnemental et Social (PCES) comprenant trois (3) Experts de réputation internationale en matières sociales et environnementales pertinentes pour le projet, pour l’émission des avis et recommandations sur la pertinence et la mise en œuvre du pro-

N° 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1ER OCTOBRE 2011

gramme environnemental et social, pour le projet Pro-Routes. 2. Les Experts du Panel Consultatif Environnemental et Social (PCES) à recruter auront pour tâches principales, chacun dans son domaine de prédilection, de : (a) Passer en revue et donner un avis, en temps utile, sur les TDR des EIE et des PAR qui doivent être réalisés. Il est prévu que le PCES fournisse un document unique intégrant les contributions de chacun dans un délai de deux (2) semaines suivant la réception des documents ; (b) Passer en revue et donner un avis, en temps utile, sur la préparation des TDR des EIE et des PAR, y compris les rapports finaux provisoires en portant une attention particulière au plan de gestion environnemental et au plan de gestion sociale ainsi qu’aux besoins d’amélioration de la capacité de gestion environnementale et sociale. Il est prévu que le PCES fournisse un document unique intégrant les contributions de chacun dans un délai de deux (2) semaines suivant la réception des documents ;

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Annonces classées (c) Passer en revue et donner un avis, en temps utile, sur la mise en œuvre du plan de gestion environnemental, du plan de gestion sociale, et des PAR ; (d) Conseiller et assister la Cellule Infrastructures (CI) dans le suivi du programme environnemental et social, en particulier en ce qui concerne les impacts environnemental et/ou social d’évènements non prévus par le projet et qui pourraient survenir durant sa phase de mise en œuvre ; (e) Passer en revue les consultations publiques et les actions de dissémination entreprises avant et pendant la présence du PCES ; (f) Durant son travail, dialoguer avec les experts sociaux et environnementaux du gouvernement et d’autres experts pays concernés, les experts de la Banque mondiale, les consultants chargés de la réalisation des études d’EIE et de PAR, les entreprises de travaux, la société civile, et les personnes et parties affectées ; (g) A la demande de la CI, passer en revue les termes de référence d’études et activités sociales et environnementales supplémentaires qui pourraient être prises en charge par le Projet ; (h) Analyser et trancher les questions litigieuses d’ordre environnemental et social qui lui seront soumises par la CI ; et (i) Fournir les informations et données d’ordre environnemental et social qui lui seront demandées par la CI. Les Experts internationaux composant le Panel Consultatif Environnemental et Social (PCES) travailleront en étroite collaboration comme une équipe soudée de telle sorte que chaque Expert abordera non seulement son domaine d’expertise, mais également contribuera à une perspective multidisciplinaire et optimalisera les opportunités de développer des synergies. 3. Pour répondre aux critères de sélection, le Consultant Environnementaliste, Expert en Gouvernance Forestière avec expérience en Exploitation et Commerce du Bois, membre du Panel Consultatif Environnemental et Social (PCES) doit disposer d’éléments justificatifs de son expérience dans l’évaluation environnementale et sociale des projets et spécifiquement la réalisation des études d’impact de chantiers routiers. Il devra ainsi répondre au profil suivant : • Être détenteur d'un diplôme de niveau universitaire en sciences de l'environnement (bac+5) ou équivalent ; • Être un Expert environnementaliste de haut niveau avec au moins dix (10) années d'expérience globale dans le secteur ; • Avoir participé à au moins un (1) Panel Consultatif Environnemental et Social pour de projets routiers ; • Avoir participé à au moins cinq (5) études d'impact environnement et social de projets routiers, dont au moins deux (2) en RDC ; • Avoir participé à la réalisation d'au moins trois (3) plans de réinstallation de population pour cause de projets routiers, dont un (1) réalisé en RDC ; • Avoir participé à la réalisation d'au moins deux (2) plans de développement des peuples autochtones ; • Avoir une connaissance approfondie des politiques de sauvegarde de la Banque mondiale et des lois de la RDC en la matière ; • Avoir mené au moins trois (3) études avérées dans un ou plusieurs projets en Afrique subsaharienne, en rapport avec la Gouvernance Forestière avec expérience en Exploitation et Commerce du Bois ; • Avoir une expérience d'au moins cinq (5) ans dans la mise en œuvre des plans de gestion environnementale et sociale ;

• Avoir une expérience d'au moins cinq (5) ans dans le suivi-évaluation environnemental et social de projets routiers ; • Avoir une grande expérience dans le processus des Consultations publiques et dans la stratégie de communications ; • Avoir une connaissance des outils standards informatiques (World, Excel, PowerPoint, etc.) ; • Justifier les capacités de management de groupe pluridisciplinaire. Un acquis des expériences de la gestion environnementale des projets PMURR, PUAACV et PUSPRES serait un atout. 4. La Cellule Infrastructures (CI) invite les candidats admissibles, Consultants Individuels, à manifester leur intérêt à fournir les services précités. Les candidats potentiels intéressés doivent fournir les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter ces services (un CV détaillé indiquant l’exécution des contrats analogues, expériences dans des conditions semblables, disponibilité des connaissances nécessaires, une lettre de motivation - 2 pages maximum- expliquant les motivations profondes d’intérêts pour la mission, les qualifications et expériences spécifiques pertinentes et similaires à prendre en compte pour l’examen des expressions d’intérêts en vue de la sélection, etc.). 5. Le Consultant Environnementaliste, Expert en Gouvernance Forestière avec expérience en Exploitation et Commerce du Bois, membre du Panel Consultatif Environnemental et Social (PCES), Consultant Individuel, sera sélectionné, en accord avec les procédures définies à la section V des Directives : « Sélection et Emploi des Consultants par les emprunteurs de la Banque mondiale » , édition Mai 2004, révisées en octobre 2006 et en Mai 2010. 6. Les Consultants intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires au sujet des documents de référence à la Cellule Infrastructures (CI) à l’adresse ci-dessous, les jours ouvrables de lundi à vendredi de 9h00 à 16h00, heures locales. (Les Termes de référence complets sont disponibles sur le site web de la Cellule Infrastructures). www.celluleinfra.org 7. Le démarrage des prestations est prévu à partir du mois de décembre 2011 pour une pour une durée de Cent Vingt (120) jours, échelonnée sur Trois (3) ans, avec une possibilité de renouvellement au cas où l’évaluation de ses prestations serait jugée satisfaisante. Une période probatoire de 6 mois est prévue pour apprécier les prestations du Consultant. 8. Les Manifestations d’Intérêts, rédigées en langue française, doivent parvenir par courrier ou par e-mail à l’adresse ci-dessous au plus tard le 18 octobre 2011 à 14heures précises locales et porter clairement la mention : « AMI N°009/CI/PRO-ROUTES/2011 » : PANEL CONSULTATIF ENVIRONNEMENTAL ET SOCIAL (PCES) DANS LE CADRE DU PROJET PRO-ROUTES : « RECRUTEMENT D’UN CONSULTANT ENVIRONNEMENTALISTE, AVEC EXPERIENCE EN GOUVERNANCE FORESTIERE ET EN EXPLOITATION ET COMMERCE DU BOIS ». Cellule Infrastructures du Ministère des Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction. 70A, avenue Roi Baudouin - Commune de la Gombe - Kinshasa. République Démocratique du Congo - Tél. : +243.81.037.64.94 - Email : celluleinfra@vodanet.cd Kinshasa, le 23 septembre 2011. Amidou SERE Coordonnateur

AVIS À MANIFESTATIONS D’INTÉRÊT RECRUTEMENT D’UN CONSULTANT CHARGÉ D’EFFECTUER UN AUDIT TECHNIQUE ET FINANCIER DU CONTRAT DE PERFORMANCE DE REGIDESO - Publication du 16 Septembre 2011

Les services comprennent notamment les tâches suivantes : 1. La vérification de l’application de chaque article du contrat par la REGIDESO d’une part, et par l’Etat de l’autre ; 2. La vérification de l’application du contrat de service et des résultats obtenus ; 3. La validation des données de base ayant servi à la fixation des objectifs de performance à atteindre par la REGIDESO et l’ajustement de ces objectifs après 12 mois d’application du contrat de performance ; 4. Le contrôle de la sincérité et de la validité des informations fournies par la REGIDESO dans ses rapports mensuels et annuels, notamment celles utilisées dans le calcul des indicateurs de performance du contrat et la vérification du calcul de chaque indicateur de performance ; 5. L’analyse et le commentaire de l’évolution de chaque indicateur, les causes des écarts constatés entre résultats obtenus et objectifs visés et leurs conséquences ; 6. La formulation des recommandations afin d’améliorer les performances de la REGIDESO et celles du secteur, notamment les mesures correctives de nature à combler les écarts entre objectifs visés et résultats obtenus ou à améliorer la pertinence du système d’information du secteur ; 7. Le suivi de la mise en œuvre de ses recommandations. L’équipe de l’auditeur sera appelé à effectuer sa mission au siège de la REGIDESO, dans les 3 centres couverts par le PEMU (Kinshasa, Lubumbashi et Matadi) et dans 3 autres importants de la REGIDESO (Bukavu, Mbuji-Mayi et Kisangani).

JEUNE AFRIQUE

L’auditeur est recruté pour une durée de 3 ans. Ses missions, d’une durée de 15 jours chacune sur site, seront trimestrielles pendant la première année et semestrielles ensuite. Le Comité de Pilotage de la Réforme des Entreprises du Portefeuille de l’Etat « COPIREP » invite les firmes ou cabinets admissibles à manifester leur intérêt à fournir les services décrits ci-dessus à manifester leur intérêt. Les firmes ou cabinets intéressés doivent fournir les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services (brochures, références concernant l’exécution de contrats analogues, expérience dans des conditions semblables, disponibilité des connaissances nécessaires parmi le personnel-clé, etc.). Les candidats intéressés peuvent s’associer pour renforcer leurs compétences respectives. Un titulaire de contrat sera sélectionné en accord avec les procédures définies dans les Directives : Sélection et Emploi de Consultants par les Emprunteurs de la Banque mondiale, édition courante. Les candidats intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires au sujet des documents de référence à l’adresse ci-dessous du lundi au vendredi de 09 heures à 16 heures. Les manifestations d’intérêt rédigées en français doivent être déposées à l’adresse cidessous au plus tard le 30 septembre 2011. Comité de Pilotage de la Réforme des Entreprises du Portefeuille de l’Etat « COPIREP » Secrétariat Exécutif / Cellule de Passation des Marchés: Immeuble SOFIDE, Croisement des av. Lemarinel et Kisangani, n°9-11 Kinshasa / Gombe – République Démocratique du Congo Tél.: + 243 15 10 10 00 – Site Web : www.copirep.org E-mail : copirep@copirep.org et cpm@copirep.org ILUNGA ILUNKAMBA Secrétaire Exécutif

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Manifestation d’intérêt

RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO PROJET D’ALIMENTATION EN EAU POTABLE EN MILIEU URBAIN (PEMU) - SERVICE DE CONSULTANTS - Don IDA H 435-DRC

Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo « RDC » a reçu un don de l’Association Internationale de Développement (IDA) pour le financement du Projet d’Alimentation en Eau Potable en Milieu Urbain (PEMU), et a l’intention d’utiliser une partie du montant de ce don pour effectuer les paiements au titre d’un Contrat pour une mission d’audit technique et financier du contrat de performance de la REGIDESO.

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Annonces classées Avis d’appel public à manifestation d’intérêt No AO/2011/06/ARTP/DG/DVSRD

Etude sur les modalités technico-économiques de l’interconnexion sur le marché des télécommunications au Sénégal 1. Le présent appel public à manifestation d’intérêt fait suite à l’Avis général de Passation des Marchés paru dans le journal « Le Soleil » du 29 janvier 2011. 2. L’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) a retenu, dans le cadre de son budget 2011, d’effectuer des paiements au titre du marché de services (prestations intellectuelles) « étude sur les modalités technico-économiques de l’interconnexion sur le marché des télécommunications au Sénégal » - No AO/2011/06/ARTP/DG/DVSRD.

Manifestation d’intérêt

3. Les services comprennent notamment : - le diagnostic de la gestion de l’interconnexion ces dernières années afin de faire ressortir les éléments positifs, les points négatifs et de dégager des axes d’amélioration ; - la formulation des recommandations pour une meilleure réglementation de l’interconnexion ; - la formulation des objectifs à court et moyen terme pour une gestion efficace du processus et un développement harmonieux du secteur des télécommunications en tenant compte de sa dynamique d’évolution ; - la prise en compte des meilleures pratiques internationales, et en particulier les méthodes utilisées par les Autorités de Régulations des Etats membres de l’Union Européenne dans leurs analyses de marchés pertinents ; - l’analyse de la segmentation actuelle du marché de gros ; - la modélisation des coûts et des outils d’appréciation de la concurrence. Cette étude se déroulera sur une période maximale de 12 semaines. 4. Les candidats intéressés sont invités à manifester leur intérêt pour la prestation des services décrits ci-dessus en fournissant les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services (la nature des activités du candidat et le nombre d’années d’expérience, les qualifications du candidat dans le domaine des prestations et notamment les références concernant l’exécution de marchés analogues, l’organisation technique et managériale du cabinet, les qualifications générales et le nombre de personnels professionnels). Le prestataire devra en outre justifier de l’exécution d’au moins cinq (5) expériences similaires. Il devra également disposer d’une expérience confirmée dans la mise en place de modèles de calcul de coûts et de tarifs d’interconnexion. Par ailleurs, le cabinet devra proposer une équipe pluridisciplinaire disposant d’une expérience avérée pour ce type de mission et comprenant au moins les ressources suivantes : - un économiste avec une expérience d’au moins huit (8) ans, ayant réalisé au moins deux missions similaires et ayant assumé au moins une fois la responsabilité de chef de mission ; - un ingénieur des télécommunications hautement qualifié (plus de cinq (5) ans d’expérience) ayant participé au moins à deux missions similaires ; - un juriste hautement qualifié ayant une expérience confirmée d’au moins cinq (5) ans dans la réglementation en matière d’interconnexion. Il est demandé aux candidats de fournir ces informations en ne dépassant pas cinq (5) pages environ. Les candidats peuvent s’associer pour renforcer leurs compétences respectives. 5. Les candidats qui se seront manifestés seront évalués comme suit : L’expérience générale (60 points) ; dans cette rubrique, le candidat doit justifier d’une expérience générale suffisante et adéquate dans le domaine de la mission et pour des missions comparables. Il doit également prouver que le domaine de la mission est une partie intégrale de son centre d’activité principal, qu’il dispose d’un nombre d’années d’expérience suffisant dans le domaine de la mission et que son personnel clé a les qualifications appropriées pour conduire la mission. L’expérience générale sera évaluée sur la base des coefficients numériques suivants : - qualification dans le domaine de la mission – 50 points - capacité de gestion technique et financière – 10 points La réputation professionnelle (20 points) ; le candidat devra avoir une réputation professionnelle satisfaisante, garantissant son aptitude technique et morale à réaliser les prestations. Ce critère technique sera évalué sur la base des coefficients numériques suivants : - expérience spécifique dans les réalisations antérieures similaires – 15 points (03 points par projet similaire à partir du cinquième projet, soit un maximum de neuf (9) projets) - réputation professionnelle (état des litiges antérieurs ou en cours) – 05 points La connaissance du contexte (20 points) ; le candidat devra avoir une bonne connaissance de la problématique technico-économique de l’interconnexion sur le marché des télécommunications au Sénégal ou dans la sous-région afin de satisfaire aux exigences que nécessite cette donnée sur la réalisation de l’étude. 6. Parmi les candidats ayant obtenu une note minimale de soixante-dix (70) points, une liste d’au moins trois (3) candidats présentant au mieux les aptitudes requises pour exécuter les prestations sera établie par l’Autorité contractante ; ces candidats présélectionnés seront ensuite invités à présenter leurs propositions techniques et financières et un candidat sera sélectionné selon la méthode de sélection sur la base de la qualité technique et du montant de la proposition (sélection qualité coût). 7. Les candidats intéressés peuvent obtenir des informations complémentaires au sujet des documents de référence à l’adresse ci-dessous et aux heures d’ouverture des bureaux : Le Directeur Général de l’ARTP - Résidence IMHOTEP – Liberté 6 extension VDN Tél : (221) 33 869 03 69 - Fax : (221) 33 869 03 70 - Courriel : etudes@artp.sn Du lundi au jeudi de 08h 00 à 17h 30 et le vendredi de 08h 00 à 13h 00. 8. Les manifestations d’intérêt doivent être déposées à l’adresse ci-après au plus tard le 12 octobre 2011 à 11h00. Il sera procédé à l’ouverture des plis le même jour à 11h00 à la salle de conférence de l’ARTP. Le Directeur Général de l’ARTP - Résidence IMHOTEP – Liberté 6 extension VDN Tél : (221) 33 869 03 69 - Fax : (221) 33 869 03 70

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Avis d’appel public à manifestation d’intérêt No AO/2011/07/ARTP/DG/DVSRD

Etude sur l’état des lieux et les perspectives de développement du secteur postal au Sénégal 1. Le présent appel public à manifestation d’intérêt fait suite à l’Avis général de Passation des Marchés paru dans le journal « Le Soleil » du 29 janvier 2011. 2. L’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (ARTP) a retenu, dans le cadre de son budget 2011, d’effectuer des paiements au titre du marché de services (prestations intellectuelles) « étude sur l’état des lieux et les perspectives de développement du secteur postal au Sénégal » No AO/2011/07/ARTP/DG/DVSRD. 3. Les services consistent notamment à : - procéder à un état des lieux du secteur postal au Sénégal, c’est à dire recueillir, collecter et organiser les données afin de dresser un panorama complet du secteur postal au Sénégal et fournir à l’ARTP les indicateurs nécessaires au suivi des activités postales et à sa mission de régulation ; - réaliser une projection du secteur postal dans un horizon de cinq (5) années sur la base de l’état des lieux et des perspectives d’ouverture du secteur postal ; - proposer un schéma de régulation et d’ouverture du secteur à la concurrence sur la base des meilleures pratiques internationales, formuler des recommandations puis proposer des mesures de réformes pour assurer une ouverture progressive optimale du secteur postal. Cette étude se déroulera sur une période maximale de 10 semaines. 4. Les candidats intéressés sont invités à manifester leur intérêt pour la prestation des services décrits ci-dessus en fournissant les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services (la nature des activités du candidat et le nombre d’années d’expérience, les qualifications du candidat dans le domaine des prestations et notamment les références concernant l’exécution de marchés analogues, l’organisation technique et managériale du cabinet, les qualifications générales et le nombre de personnels professionnels). Le prestataire devra en outre justifier de l’exécution d’au moins cinq (5) expériences similaires. Par ailleurs, le cabinet devra proposer une équipe pluridisciplinaire disposant d’une expérience avérée pour ce type de mission et comprenant au moins les ressources suivantes : - un économiste doté d’une bonne expertise dans le domaine postal, avec une expérience d’au moins huit (8) ans, ayant réalisé au moins deux missions similaires et ayant assumé au moins une fois la responsabilité de chef de mission. - un juriste hautement qualifié ayant une expérience confirmée d’au moins cinq (5) ans dans la réglementation du secteur postal ; - un expert de formation supérieure disposant d’une expérience dans le traitement statistique des indicateurs. Il est demandé aux candidats de fournir ces informations en ne dépassant pas cinq (5) pages environ. Les candidats peuvent s’associer pour renforcer leurs compétences respectives.

6. Parmi les candidats ayant obtenu une note minimale de soixante-dix (70) points, une liste d’au moins trois (3) candidats présentant au mieux les aptitudes requises pour exécuter les prestations sera établie par l’Autorité contractante ; ces candidats présélectionnés seront ensuite invités à présenter leurs propositions techniques et financières et un candidat sera sélectionné selon la méthode de sélection sur la base de la qualité technique et du montant de la proposition (sélection qualité coût). 7. Les candidats intéressés peuvent obtenir des informations complémentaires au sujet des documents de référence à l’adresse ci-dessous et aux heures d’ouverture des bureaux : Le Directeur Général de l’ARTP - Résidence IMHOTEP – Liberté 6 extension VDN Tél : (221) 33 869 03 69 - Fax : (221) 33 869 03 70 - Courriel : etudes@artp.sn Du lundi au jeudi de 08h 00 à 17h 30 et le vendredi de 08h 00 à 13h 00 8. Les manifestations d’intérêt doivent être déposées à l’adresse ci-après au plus tard le 13 octobre 2011. Il sera procédé à l’ouverture des plis le même jour à 11h00 à la salle de conférence de l’ARTP. Le Directeur Général de l’ARTP - Résidence IMHOTEP – Liberté 6 extension VDN Tél : (221) 33 869 03 69 - Fax : (221) 33 869 03 70 JEUNE AFRIQUE

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Manifestation d’intérêt

5. Les candidats qui se seront manifestés seront évalués comme suit : L’expérience générale (60 points) ; dans cette rubrique, le candidat doit justifier d’une expérience générale suffisante et adéquate dans le domaine de la mission et pour des missions comparables. Il doit également prouver que le domaine de la mission est une partie intégrale de son centre d’activité principal, qu’il dispose d’un nombre d’années d’expérience suffisant dans le domaine de la mission et que son personnel clé a les qualifications appropriées pour conduire la mission. L’expérience générale sera évaluée sur la base des coefficients numériques suivants : - qualification dans le domaine de la mission – 50 points - capacité de gestion technique et financière – 10 points La réputation professionnelle (20 points) ; le candidat devra avoir une réputation professionnelle satisfaisante, garantissant son aptitude technique et morale à réaliser les prestations. Ce critère technique sera évalué sur la base des coefficients numériques suivants : - expérience spécifique dans les réalisations antérieures similaires – 15 points (03 points par projet similaire à partir du cinquième projet, soit un maximum de neuf (9) projets) - réputation professionnelle (état des litiges antérieurs ou en cours) – 05 points La connaissance du contexte (20 points) ; le candidat devra avoir une bonne connaissance de la problématique du secteur postal au Sénégal ou dans la sousrégion afin de satisfaire aux exigences que nécessite cette donnée sur la réalisation de l’étude.


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SOLLICITATION DE MANIFESTATION D’INTÉRÊT Date début : 21/09/2011 - Date Limite : 25/10/2011 Client : COMMISSION DE LA CEDEAO. Source de Financement : Accord de Financement CEDEAO-POOL FUND Type : Sollicitation de Manifestation d'Intérêt. Titre : MANIFESTATION D’INTÉRÊT POUR LA SÉLECTION D’UN CONSULTANT POUR L’ÉTUDE VISANT À L’ÉLABORATION DES MANUELS D’OPÉRATIONS ET DE PROCÉDURES DU PPDU (UNITÉ DE PRÉPARATION ET DE DÉVELOPPEMENT DES PROJETS D’INFRASTRUCTURES). Cet avis annule et remplace l’avis de sollicitation de Manifestation d’Intérêt paru dans le magazine ‘’Jeune Afrique’’ n°2643 du 4 au 10 septembre 2011 relatif au ‘’Recrutement d’un consultant chargé d’identifier et d’établir le profil des projets et programmes de partenariats public/privé (PPP) dans la région CEDEAO.

Manifestation d’intérêt

La Communauté Economique des États de l'Afrique de l'Ouest (la CEDEAO) est un groupe régional de quinze Pays, fondé en 1975. Sa mission est de promouvoir l'intégration économique dans tous les domaines d'activité économique, particulièrement l'industrie, le transport, les télécommunications, l'énergie, l'agriculture, les ressources naturelles, le commerce, les questions socio culturelles, les questions monétaires et financières. La Commission de la CEDEAO a obtenu du Pool Fund (DFID, ACDI, Espagne) le financement d’un service de consultant pour l’élaboration des manuels d’opérations et de procédures en matière de gestion administrative, comptable, financière et de ressources humaines pour le compte de l’Unité de Préparation et de Développement des Projets d’Infrastructures (PPDU). L’idée de la création du PPDU découle de la volonté des Etats Africains de mettre en œuvre des politiques d’intégration régionales pour assurer leur développement et ceux, en lien avec les projets d’infrastructures du Plan d’Action à Court Terme (PACT) du Nouveau Partenariat Economique pour le Développement en Afrique (NEPAD). La Commission de la CEDEAO en tant que Secrétariat de la Communauté Economique Régionale Ouest Africaine a été mandatée par l’Union Africaine de mettre en œuvre le PACT dans son espace. La Commission de la CEDEAO envisage donc de recruter un Consultant (Firme) constitué pour l’élaboration des Manuels d’Opérations et de Procédures PPDU. I. Les services comprennent : • L’élaboration d’un manuel des opérations ; d’un manuel de procédures en termes administratifs, comptables et financiers ; d’un manuel de gestion du personnel ; • L’élaboration d’un Système de Gestion Informatique (SGI) sous forme de document détaillant les systèmes administratifs, financiers, comptables et gestion de ressources humaines ainsi que la gestion de base de données et un Système de Suivi et Evaluation pour suivre la mise en œuvre et les résultats obtenus des projets et tirer les leçons en vue d’améliorer leur conception future ; • S’assurer que le système de suivi et évaluation tient compte des données désagrégées en particulier sur comment les besoins des Petites et Moyennes Entreprises (PME), des opérateurs économiques informels, des producteurs, etc. ont été pris en compte dans la conception des projets et comment ces conceptions seront effectives une fois les projets mis en œuvre : les données couvriront aussi les aspects environnementaux pour assurer des investissements durables ; • Formation du personnel du PPDU sur l’utilisation des manuels élaborés ; • Développement d’un document projet pour l’acquisition, l’installation et la formation pour le système informatique du PPDU. II. La Commission de la CEDEAO invite les Consultants (Firmes) admissibles nationaux et internationaux à manifester leur intérêt à fournir les services décrits ci-dessus. Les consultants intéressés doivent fournir les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services (brochures de présentation du Consultant, références concernant l’exécution de contrats analogues avec les preuves y afférentes au cours des cinq dernières années, au moins 10 ans d’expérience professionnelle avérée dans des conditions semblables, disponibilité des connaissances nécessaires parmi le personnel du Consultant, connaissance de la région et toutes autres informations utiles à l’exécution de la mission). Les Consultants intéressés peuvent se constituer en Groupement en vue d’augmenter leur niveau de qualification. III. Un consultant sera sélectionné suivant la méthode basée sur la qualité technique et le coût conformément au Code des Marchés de la CEDEAO. La Commission de la CEDEAO n’est pas tenue de retenir sur la liste restreinte un consultant qui aurait manifesté un intérêt pour la mission. IV. Les consultants intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires au sujet des documents de référence aux adresses mentionnées ci-dessous du lundi au Vendredi de 9 heures à 16 H 00 GMT +1 : Commission de la CEDEAO, Direction de l’Administration Générale, Division Passation des Marchés, 101, Yakubu Gowon Crescent Asokoro District, P. M. B. 401 Abuja Nigeria Courriel : nkuakor@yahoo.fr ; bangoura53@yahoo.fr ; kabirnfr@yahoo.fr V. Les consultants intéressés, possédant les compétences et l’expérience pertinentes, sont invités à manifester leur intérêt à offrir leurs services en faisant parvenir sous plis fermés avec la mention « MANIFESTATION D’INTERET POUR LA SELECTION D’UN CONSULTANT POUR L’ETUDE VISANT A L’ELABORATION DES MANUELS D’OPERATIONS ET DE PROCEDURES du PPDU, à ouvrir uniquement en présence du Tender Committee » un dossier de manifestation d’intérêt (1 original et 03 copies) » à l'adresse ci-dessous au plus tard le Mardi 25 Octobre 2011 à 16 H 00 GMT + 1 : Commission de la CEDEAO, Direction de l’Administration Générale, Division, Passation des Marchés 101, Yakubu Gowon Crescent Asokoro District, P. M. B. 401 Abuja Nigeria N° 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1ER OCTOBRE 2011

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BANQUE DE LA RÉPUBLIQUE DU BURUNDI LA DIRECTION

RELANCE D’AVIS DE PRÉSÉLECTION POUR LA FOURNITURE ET L’INSTALLATION D’UN SYSTÈME DE SÉCURITÉ ÉLECTRONIQUE

1. Préambule : La Banque de la République du Burundi, désignée dans la suite par l’expression « la Banque », a publié en octobre 2009, un avis de pré sélection pour solliciter l’intérêt des entreprises spécialisées pour l’exécution d’un marché de fourniture et la mise en œuvre d’un dispositif de sécurisation électronique de la Banque et de ses Agences de Gitega et Ngozi. Aujourd’hui, la Banque a décidé de relancer l’avis de pré sélection afin d’actualiser la liste restreinte des entreprises admises à concourir pour l’exécution du marché. Les entreprises pré sélectionnées à la suite du premier avis sont invitées à confirmer leur disponibilité pour la mise en œuvre du projet, et transmettre, le cas échéant, leurs dossiers actualisés. 2. Objet Marché de sécurisation du siège principal de la Banque de la République du Burundi et des agences à Gitega et Ngozi 3. Objectifs La Banque a l’intention d’acquérir et d’installer un système intégré de sécurité et de mettre en place un dispositif sécuritaire, permettant la protection optimale des personnes, de l’infrastructure de la Banque et de ses valeurs de type matériel (fonds) et immatériel (information, documents sensibles), ainsi que du bon fonctionnement de ses opérations. Par le présent avis, la Banque invite les entreprises spécialisées dans le domaine de la sécurisation électronique à manifester leur intérêt pour la fourniture et la mise en œuvre de tous les éléments nécessaires à ce projet. Les candidats intéressés sont priés de faire parvenir leurs dossiers à la Banque, en vue de leur pré sélection. 4. Financement Le marché est financé sur les fonds propres de la Banque. 5. Systèmes, installation et services, objets du marché Le projet contient la livraison, l’installation et la mise en œuvre d’un système intégré de sécurité, y compris tous les éléments nécessaires pour le fonctionnement du dispositif. Le système de sécurité contient notamment le contrôle d’accès, la surveillance vidéo, les détecteurs anti-intrusion et un système de détection d’incendie, et en plus, l’équipement pour la détection d’objets métalliques. La livraison et l’installation de portes de sécurité, tourniquets et autres éléments de protection et agencements font également partie du projet. Les services pour la mise en œuvre et la formation du personnel, l’assistance pour la mise en opération sont inclus.

7. Dépôt des dossiers de pré sélection Les dossiers complets de pré sélection, en deux exemplaires et sous plis fermé, doivent parvenir, au plus tard le 17 octobre 2011 à 16 h, aux deux adresses suivantes : (1) Banque de la République du Burundi 1, Avenue du Gouvernement - B.P. 705 BUJUMBURA - BURUNDI Tél. : +257 22 22 51 42 ou +257 22 20 40 00 - Fax : +257 22 22 31 28 - Email : brb@brb-bi.net Les dossiers (les offres) doivent être directement acheminés au Service Organisation Et Informatique (OEI), bureau n° 1.06 (Tél. : +257 22 20 40 19 ou +257 22 20 42 21). (2) RM Risk Management AG Hertistrasse 25-CH-8304 Wallisellen/Zürich Tél.: +41 (0) 44 360 40 40, Fax: +41 (0) 41 512 10 95 - Email : rm@rmrisk.ch Les candidats peuvent, si c’est possible, envoyer leurs dossiers complets de pré sélection par courrier électronique. 8. Date d’établissement de la liste restreinte Le résultat de l’examen des dossiers de pré sélection sera connu fin octobre 2011. Le dossier d’appel d’offres pour l’exécution du marché sera immédiatement transmis aux entreprises retenues sur la liste restreinte.

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N° 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1ER OCTOBRE 2011

Avis de présélection

6. Critères de pré qualification et Informations à fournir par le candidat Pour être pré qualifié, le candidat doit répondre aux critères suivants : Disposer de références jugées suffisantes dans l’exécution de marchés similaires (en nature et en ampleur) ; Avoir une équipe d’experts spécialisés dans les divers domaines de compétence que requiert l’exécution du marché ; Disposer ou avoir accès aux installations, matériels, équipements nécessaires à l’exécution du marché ; Avoir de capacités financières jugées suffisantes pour la réalisation du marché. Le dossier de candidature à la pré sélection devra donc comporter les renseignements suivants : a La présentation de l’entreprise et des services offerts, notamment les données sur l’identification juridique et les statuts de l’entreprise, les états financiers des trois dernières années certifiés par un auditeur agréé, les dirigeants et le personnel clé ainsi que leur qualification. b Les compétences professionnelles et techniques de la société et de son personnel, y compris les CV des experts pouvant être mobilisés pour la mise en œuvre d’un projet de ce type et de cette taille. c Les installations, matériels et équipement, ou tout autre dispositif dont dispose le candidat pour exécuter le marché. d La présentation de projets similaires exécutés dans ce domaine, et préférablement pour des institutions bancaires, qui prouvent une expérience solide dans des contrats analogues et de dimension comparable. La présentation doit être illustrée de manière concrète et vérifiable, appuyée par des preuves de bonne fin des travaux et des attestations des précédents employeurs, y compris les coordonnées des ces employeurs. En particulier, la nature des projets, l’envergure et le type exact des travaux, le montant du marché et l’année d’exécution doivent être indiqués. e Toute autre information que le candidat juge utile à l’établissement de sa qualification pour l’exécution du marché.


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Le courrier des lecteurs Envoyez-nous vos réactions, vos réflexions, vos coups de gueule ou de cœur à redaction@jeuneafrique.com ou au 57 bis, rue d’Auteuil, 75016 Paris.

Tout est dit dans le Coran Dans J.A. no 2645 (du 18 au 24 septembre), l’arrêt sur image relatif à la récente découverte de Kepler-16b [une planète qui gravite autour de deux astres, NDLR] a pour titre : « Quand la fiction devance la réalité », en référence à la planète Tatooine, née dans l’imaginaire de George Lucas (Star Wars). Or, dans la sourate « Ar-Rahmane », verset 17, le Coran ne dit-il pas déjà : -17 « Rabbou l-mashriqayni wa rabbou l-maghribayni » « Seigneur des deux Levants et Seigneur des deux Couchants » (Coran, LV, 17) Tout a donc été dit dans le Saint Coran. ● MARY DIALLO, Dakar, Sénégal Élections en Tunisie : où sont les projets de Constitution ? Le  octobre prochain, les Tunisiens désigneront l’Assemblée constituante chargée de doter le pays d’une nouvelle Constitution. Les candidats à cette élection – qu’ils soient

indépendants ou affiliés à un parti politique – sont nombreux. Cependant, aucun d’entre eux n’a, à ce jour, établi de projet de Constitution. Quasi tous se présentent aux électeurs sans programme. Or élire des députés sans connaître leurs idées revient à leur donner carte blanche sur le destin du pays, ce qui va à l’encontre du concept même de démocratie. Que les uns et les autres nous disent donc clairement s’ils ont l’intention d’opter pour un régime basé sur la séparation des pouvoirs (souple ou stricte) ou, au contraire, sur la confusion et la concentration des pouvoirs. Qu’ils précisent aussi – et sans plus tarder – si leur préférence va au modèle démocratique ou théocratique. À défaut d’obtenir cette transparence à laquelle il a légitimement droit, le peuple devrait pouvoir s’exprimer par voie de référendum sur les pouvoirs qu’il souhaite accorder à cette Assemblée constituante, en ce qui concerne aussi bien l’adoption de la nouvelle Constitution elle-même que l’organisation provisoire des pouvoirs publics. C’est à la lumière de ce qu’ils auront entendu et lu durant la

campagne électorale que les citoyens – et eux seuls – devraient pouvoir dire s’ils entendent ou non donner pleine souveraineté à cette Assemblée constituante. Comme cela a pu être le cas dans d’autres pays, dont la France en 1946. Cela permettrait d’éviter qu’au lendemain de l’élection l’enthousiasme initial ne cède le pas à la déception et à la confusion. La Constitution est bien le « contrat social » dont parlait JeanJacques Rousseau au XVIIIe siècle. C’est donc ce contrat qu’il faut avant tout établir et conclure sur des bases réellement démocratiques, pour ensuite envisager l’avenir sereinement. ● ZAKARIA LAOUANI, avocat, Paris, France

Pas de justice partisane L’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et son épouse, ainsi que plusieurs de leurs proches, devraient, dit-on, être traduits devant la Cour pénale internationale pour crimes contre l’humanité. Quels seront donc les critères retenus ? Prenons-en un, au hasard : avoir donné un ordre ayant entraîné mort d’hommes. Alors : en 2002, qui a financé la rébellion et qui en était le chef lorsque celle-ci a massacré des gendarmes à Bouaké ? En 2004, la force française Licorne a tiré sur de jeunes patriotes à l’hôtel Ivoire : qui lui en a donné l’ordre ? Au plus fort de la

HOMMAGE À MAMADOU BAH LE 16 SEPTEMBRE, LE BURUNDI a honoré l’ambassadeur guinéen Mamadou Bah, mort en juin dernier. Désormais, une rue de Bujumbura porte son nom : une marque de reconnaissance à l’endroit d’un homme qui a tant œuvré pour le retour de la paix au Burundi. Mamadou Bah y est arrivé pour la première fois en mai 1992. Il accompagnait le secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (actuelle Union africaine) Salim Ahmed Salim, venu exhorter le major Pierre Buyoya à démocratiser son régime. Depuis, Mamadou Bah n’avait plus quitté ce pays, dont il connaissait parfaitement les réalités. Il s’était vite imposé comme le « grand oncle » de tous les Africains de l’Ouest qui y vivaient. Sa maison était devenue pour nous un lieu de rencontres d’autant plus apprécié que l’on y faisait « table ouverte » le week-end. On aimait alors l’entendre évoquer les heures glorieuses de l’Afrique des indépendances, l’actualité brûlante du continent et, presque toujours, sa passion pour le Burundi. Son bureau, en plein centre de Bujumbura, était le domaine réservé N o 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1 ER OCTOBRE 2011

des militaires et autres stratèges chargés de la démobilisation des ex-combattants signataires des accords de paix d’Arusha, en août 2000. C’était « [son] petit Pentagone », et il aimait s’y attarder certains soirs jusqu’aux heures du couvre-feu. Nous nous amusions alors de le voir « oublier » quelquefois de rentrer chez lui, à Kiriri, à moins de un kilomètre. Il est vrai qu’un jour il avait reçu des éclats de bombe dans sa cour, après des lettres de menaces visant à freiner son action. Excellent orateur – rien d’étonnant pour ce brillant professeur de lettres devenu homme de radio –, il savait convaincre avec des mots simples, des mots de bon sens. Lors de réunions de diplomates, ses interventions étaient toujours les plus attendues, car constamment émaillées de citations à la sauce africaine: « S’il y a des lionceaux, c’est qu’il y a eu des lionnes pour les enfanter… » ● DR

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AMADOU OUSMANE, Niamey, Niger JEUNE AFRIQUE


Vous nous

crise postélectorale, en décembre 2010, de jeunes Ivoiriens trouvaient la mort devant le palais présidentiel, tandis que les forces françaises, sous mandat onusien, appuyaient les FRCI pour faire tomber Laurent Gbagbo. D’où était venu l’ordre de tirer ? J’ose espérer qu’il n’y aura pas de justice partisane. ● DOUADJI GNAHORÉ, Maisons-Alfort, France

À propos des VIP de Kribi Excellent, « Le Plus de J.A. » (no 2645 du 18 au 24 septembre) consacré au Cameroun, ma seconde patrie depuis plus de cinquante ans (j’en ai 68!). Bien qu’il soit toujours délicat de parler de soi, puis-je vous apporter une petite précision au sujet des VIP de Kribi? Sans avoir, et de loin, la même notoriété que mes amis Yannick Noah et Samuel Eto’o Fils, je suis également « citoyen d’honneur » de

la ville de Kribi depuis 2009. Je devine votre question: « Pourquoi? » Tout simplement parce que je suis, depuis trois ans, le président du comité de J.A. N 2645, coopération du 18 au entre les villes 24 septembre 2011. de Saint-Nazaire (France) et Kribi – jumelées depuis 1987 –, après avoir occupé le poste de vice-président pendant une vingtaine d’années. C’est une raison banale, mais, en toute modestie, mes amis et moi-même œuvrons pour la population kribienne, et cela dans tous les domaines, notamment celui de la santé. Mais je ne me considère pas comme un VIP, loin de moi cette prétention. ● O

JEAN CLAUDE MATHIEU, Kribi, Cameroun

Précision À la suite du « Chiffre qui calme, 60 milliards de F CFA » paru dans la rubrique « Confidentiel » de J.A. no 2642, Cheikh Tidiane Mbaye, DG de la Sonatel, s’inscrit en faux contre ce qu’il qualifie d’« allégations ». « Aucun montant n’a jamais été proposé par moi-même au président de la République sénégalaise pour soi-disant faire renoncer à la mesure de contrôle et de surtaxe du trafic international entrant, ni à un quelconque appel d’offres. » Réponse : Nous donnons acte à M. Mbaye de ce rectificatif, même si notre source, l’une des personnes présentes dans le bureau du chef de l’État lors de la réunion du 10 août, maintient pour sa part sa version des faits.

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HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL POLITIQUE, ÉCONOMIE, CULTURE

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Post-scriptum Fouad Laroui

DIRECTION

RÉDACTION Directeur de la rédaction : François Soudan (f.soudan@jeuneafrique.com) Directeurs exécutifs : Marwane Ben Yahmed (mby@jeuneafrique.com), Amir Ben Yahmed (aby@jeuneafrique.com)

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ES PARENTS ONTILS LE DROIT de donner n’importe quel prénom à leurs enfants ? Pour les Jean, Ilham ou Boris, OK, on ne va pas créer des problèmes là où il n’y en a pas. (Encore qu’il peut sembler bizarre que le président de l’Azerbaïdjan s’appelle Ilham, malgré sa moustache virile, alors que, pour les Arabes, « Ilham » évoque une jeune fille rougissante au minois avenant…) Mais on apprend que plusieurs bébés libyens ont récemment été prénommés « Sarkozy » par leurs parents éperdus de reconnaissance envers le président de la République française. On comprend le geste, on peut même en apprécier l’audace, mais un doute nous étreint : qu’adviendra-t-il de tous ces petits Sarkozy quand l’ex-Président ne sera plus qu’une silhouette sirotant un soda sur le yacht de Bolloré ? On imagine sans peine les brimades dans la cour de récré, surtout qu’il y a une façon de prononcer « Sarkozy » qui signifie en arabe « ils ont volé le zi ». Tout un programme, mais difficile à assumer quand on est un moutard de 6 ans entouré de « grands » ricaneurs…

De l’autre côté du monde, on apprend avec une émotion à peine feinte que des parents mexicains ont baptisé leur nouveau-né Yahoo. Malgré leur insistance, ils n’ont pu obtenir de l’officier de l’état civil qu’il ajoute le point d’exclamation qui fait partie intégrante de la raison sociale de la firme de Sunnyvale. Qu’à cela ne tienne, le petit Yahoo existe et brait (en mexicain) dans ses langes. Souhaitons-lui de rencontrer un jour Miss Google ou la señorita Facebook (prononcer « Fassébouque ») pour compléter le tableau. Mais pourquoi ce prénom zarbi, demandez-vous ? Eh bien, il se trouve que les parents s’étaient rencontrés par l’intermédiaire d’un site géré par Yahoo!. Heureusement qu’ils ne se sont pas rencontrés via Hot hot hot ou Guiliguiliguili… Tout cela me rappelle qu’en 1979, dans la bonne ville marocaine d’El-Jadida, où j’habitais alors, des parents s’étaient présentés à l’état civil en clamant que leur bébé se prénommait Khomeiny, du nom d’un certain ayatollah dont on parlait à la radio. Après une période de flottement, les autorités avaient mis le holà à cette lubie en décrétant que ce nom n’était pas sur « la liste » – une liste d’autant plus contraignante que personne ne l’avait jamais vue. Et c’est ainsi qu’il n’y a jamais eu de petit Khokho gambadant sur la plage d’El-Jadida. Enfin, et pour compléter le tableau, rappelons l’histoire de Périf’ Nord, cette charmante enfant née par hasard (et dans l’urgence) au bord du boulevard périphérique du nord de Paris. L’administration refusa « Nord » au prétexte que les prénoms ne pouvaient contenir une indication géographique. Dont acte. Saluez Périf’ de ma part si vous la croisez un jour… Revenons donc à notre question de départ. Les parents ont-ils le droit de donner n’importe quel prénom à leurs enfants ? Oui, mais à condition qu’il ne soit que provisoire et qu’à sa majorité chacun de nous choisisse celui qui sera le sien pour le reste de sa vie. Gageons qu’il restera peu de Sarkozy, de Khomeiny ou de Périf’ Nord dans la vie active… ● N 2646 • DU 25 SEPTEMBRE AU 1

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Allô Sarko? Ici Khokho!

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