JA 2668 DU 26 FEVRIER AU 3 MARS 2012

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SÉNÉGAL LE VRAI POUVOIR DES CONFRÉRIES

REPORTAGE AU CŒUR DU NOUVEAU MAROC

CÔTE D’IVOIRE QUI VEUT ÊTRE PREMIER MINISTRE? jeuneafrique.com

de Je LE P une LUS Afriq ue

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52e année • N° 2668 • du 26 février au 3 mars 2012 BUR

KIN AF Com ASO au c paoré han gemface ent

« Sur l’Afrique et le monde arabe, Hollande n’a rien à proposer » Une interview exclusive d’Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères

Spécial 20 pages

« Sarkozy a échoué, une autre politique est possible »

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2012

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Par Jean-Christophe Rufin, académicien

FRANCE-AFRIQUE

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Cinquante ans après les accords d’Evian et le cessez-le-feu, la guerre d’Algérie reste une plaie ouverte. La réconciliation entre les deux pays paraît encore lointaine, tant le cloisonnement des mémoires et le ressentiment restent forts. Le Monde vous invite à découvrir la réalité de cette guerre au travers des travaux des historiens, des témoignages des protagonistes des deux pays, des portfolios et des documents inédits.

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LE PLUS

de Jeune Afrique

PANORAMA Après la tempête

55

RÉFORMES Une session parlementaire très chargée CARNET DE ROUTE Koudougou la rebelle ÉCONOMIE Agriculture, or, commerce… Le potentiel est là

BURKINA FASO

Compaoré face au changement JEUNE AFRIQUE

MIGUEL MEDINA/AFP

Un an après la crise sociale et militaire qui a secoué le pays, le calme est revenu. L’heure est désormais à l’adoption des réformes, tant attendues. Jusqu’où le chef de l’État est-il prêt à pousser les mutations ?

N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012



Le Plus de Jeune Afrique

LE PLUS

de Jeune Afrique

PANORAMA Après la tempête

55

RÉFORMES Une session parlementaire très chargée CARNET DE ROUTE Koudougou la rebelle ÉCONOMIE Agriculture, or, commerce… Le potentiel est là

Prélude

Marwane Ben Yahmed BURKINA FASO

Compaoré face au changement

L’énigme Blaise

A

VEC LE CAMEROUNAIS PAUL BIYA, Blaise Compaoré est le chef d’État le plus insondable d’Afrique francophone. Rare sont ceux qui le connaissent réellement et savent précisément ce qui se trame dans sa tête. Bien sûr, il a des proches, des amis, des connaissances. « Blaise » – il fait partie, avec Ali Bongo Ondimba, des présidents que l’on évoque souvent par leur prénom – reçoit, consulte, donne l’impression de tout partager avec vous. Il sait être affable et sympathique, entretient des réseaux complexes, suit les parcours de tous ses ex-protégés partis sous d’autres cieux poursuivre leur chemin, aime recevoir ou « s’encanailler » dans les dîners mondains, manière de s’informer, de garder le contact avec la réalité.

Kosyam et son pouvoir, il n’a pu que comprendre qu’il lui faudrait une nouvelle fois évoluer. Tenir compte du vent de liberté qui souffle sur le continent depuis l’épicentre tunisien, même si en la matière Ouaga est loin, très loin, de ressembler à Carthage. Il n’ignore pas non plus que le fossé qui ne cesse de se creuser entre une classe aisée constituée trop rapidement pour ne pas poser question et ceux qui souffrent d’un pouvoir d’achat chaque jour plus faible et d’absence de perspectives constitue une bombe à retardement qu’il faudra bien désamorcer. Il a également entendu les messages contradictoires qui lui parviennent: ceux qui lui enjoignent de ne pas poursuivre au-delà du terme actuel de son mandat, en 2015, aux premiers rangs desquels ses « amis » français (Lire aussi pp. 20-27) et américains, mais aussi, hélas, ceux qui, par intérêt personnel, le supplient de rester, parce que le Burkina ne pourrait se passer de son chef.

Mais attention, l’homme est déroutant, complexe, presque insaisissable. Il peut afficher des visages extrêmement différents – angélique ou sévère –, des attitudes ou des postures opposées : impassible ou passionné, C’est un caméléon, qui n’aime décontracté ou grave, c’est ni les théories ni les idéologies. selon. Il peut vous régaler d’imitations – feu Eyadéma Ou plutôt qui sait s’en affranchir. et Omar Bongo Ondimba surtout –, vous conter mille anecdotes Il écoute, toujours, mais décide seul. tirées de ses années de pouvoir ou, au Son choix est même certainement déjà contraire, être le plus sérieux et le plus arrêté. Mais comme d’habitude, il n’en dira autoritaire des hommes. Militaire, révorien, quel qu’il soit. Il ne peut s’engager à lutionnaire, « rectificateur », trublion, partir, au risque de saper son autorité et de boutefeu, pacificateur, marxiste puis libéral lancer une guerre de succession prématuà l’africaine : Blaise a connu de multiples rée, comme il ne pourrait, évidemment, vies. C’est un caméléon, qui s’adapte en annoncer qu’il s’accrochera au pouvoir… permanence à son environnement, n’aime ni les théories ni les idéologies. Ou plutôt À 61 ans, près de vingt-cinq ans de qui sait s’en affranchir quand l’intérêt, présidence au compteur, le dernier resle sien ou celui de son pays, l’impose. capé, avec Gilbert Diendéré, des cinq L’objectif, comme il le dit lui-même, hommes qui lancèrent la révolution, en importe plus que le chemin. Il s’adapte, 1983, s’apprête à effectuer sa dernière donc, mais reste lui-même, un concentré mue. À l’époque, il voulait changer le de ces multiples expériences. monde. Aujourd’hui, ses compatriotes lui Après les événements de février 2011, demandent plus simplement de changer il y a tout juste un an, qui firent vaciller le Burkina. ● JEUNE AFRIQUE

N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012

MIGUEL MEDINA/AFP

Un an après la crise sociale et militaire qui a secoué le pays, le calme est revenu. L’heure est désormais à l’adoption des réformes, tant attendues. Jusqu’où le chef de l’État est-il prêt à pousser les mutations ?

JEUNE AFRIQUE

N o 2668 DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012

PANORAMA Après la tempête

p. 58

MAJORITÉ Le parti présidentiel veut faire peau neuve p. 62 PARLEMENT Une session très chargée p. 66 DÉFENSE Silence dans les rangs p. 68

CARNET DE ROUTE Koudougou la rebelle

p. 69

BURKINA-CÔTE D’IVOIRE Comme au bon vieux temps p. 78 TRIBUNE Laurent Sédogo, ministre de l’Agriculture p. 83 INTERVIEW Jean-Paul Sawadogo, directeur général de la Sofitex p. 84 MINES La soif de l’or

p. 85

CYCLISME Tous en selle !

p. 89

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Le Plus de Jeune Afrique

AHMED OUOBA/PANAPRESS/MAXPPP

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BURKINA FASO

Après la tempête

La crise sociale et militaire qui a éclaté en février 2011 a surpris le pouvoir. Nouveau Premier ministre, réorganisation de l’armée, dialogue national pour préparer les réformes : le chef de l’État a repris les choses en main. Le calme est revenu. Définitivement ? PASCAL AIRAULT,

T

envoyé spécial

out faire pour éviter les répliques du séisme social et militaire qui a ébranlé le régime, au premier semestre 2011. D’autant que le président Blaise Compaoré, au pouvoir depuis près de vingt-cinq ans, n’avait pas vu venir la secousse dans l’euphorie de sa réélection avec plus de 80 % des suffrages exprimés, le 21 novembre 2010. Dos au mur, celui qui s’est mué depuis quelques années en icône de la médiation en Afrique de N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012

Le président réforme mais maintient le doute sur ses réelles intentions.

l’Ouest a vite tiré les enseignements d’une crise aux multiples facettes: retombées du conflit ivoirien sur l’économie nationale, usure du pouvoir, malaise d’unejeunessedopéeparlePrintempsarabe,fronde des syndicats et de la société civile, déconnexion entre la hiérarchie militaire, les sous-officiers et le reste de la troupe… MESURES D’APAISEMENT. Pour ramener pro-

gressivement l’ordre, le chef de l’État a nommé un nouveau Premier ministre (lire p. 60), réorganisé l’armée (lire p. 68) et repris le dialogue avec les syndicats. Le nouveau gouvernement a multiplié JEUNE AFRIQUE


Compaoré face au changement ð À OUAGADOUGOU, LE 8 AVRIL 2011, manifestation contre la vie chère, la corruption, la fraude et l’impunité.

6 mai 2007 Le Congrès pour la démocratie et le progrès (parti présidentiel) remporte les législatives avec 73 sièges sur 111 4 juin 2007 Tertius Zongo est nommé Premier ministre Février-mars 2008 Émeutes de la faim et contre la vie chère

les mesures, notamment une baisse du prix des produits de grande consommation et des intrants agricoles, une réduction de 10 % de l’impôt sur le revenu, un avancement des fonctionnaires ou encore une suspension des pénalités de retard sur le paiement des factures d’électricité. À la primature, Luc Adolphe Tiao mène une campagne de séduction à l’intention de la population et des partenaires économiques. L’ancien journaliste et diplomate impose plus de pédagogie. « On a la culture du secret héritée des anciennes cellules marxistes, explique l’un des ministres. Mais on s’est fait violence pour mieux communiquer. » Le gouvernement joue aussi le jeu de la transparence, avec pour objectif de prévenir plutôt que de guérir. Ainsi, lorsque survient un imprévu comme l’affaire Guiro – du nom de l’ex-directeur général des douanes, limogé le 2 janvier et soupçonné d’avoir détourné près de 2 milliards de F CFA (environ 3 millions d’euros) –, les autorités n’hésitent pas à crier haro sur le présumé coupable en affichant leur volonté de mettre fin à l’impunité des escrocs en col blanc. Elles semblent aussi s’être engagées sur la voie d’une meilleure gouvernance, du dialogue social et de l’amélioration de l’environnement des affaires, ainsi que le souligne la Banque mondiale. Les JEUNE AFRIQUE

21 novembre 2010 Blaise Compaoré est réélu (4e mandat) avec 80,15 % des suffrages 20 février 2011 Décès d’un collégien battu par des policiers à Koudougou. Les émeutes, violemment réprimées, se propagent dans différentes régions 22-23 mars 2011 Des militaires prennent les armes à Ouagadougou pour libérer cinq des leurs, détenus pour violences contre des civils. Des mutineries éclatent dans tout le pays 14 avril 2011 Mutinerie au sein de la garde présidentielle 18 avril 2011 Luc-AdolpheTiao est nommé Premier ministre

ressources des régies financières de l’État progressent, la passation des marchés publics est plus transparente, l’autorité supérieure de contrôle de l’État se veut une véritable agence anticorruption, la Cour des comptes réalise des audits financiers. Réunis à Paris début février, les partenaires internationaux ont apporté leur soutien au programme économique et social du gouvernement burkinabè (« Bâtir ensemble un pays émergent »), dont le budget total est évalué à 7 000 milliards de F CFA sur la période 2011-2015 (lire J.A. no 2666 du 12 février 2012, p. 58). Ambition : atteindre une croissance du PIB à deux chiffres, seul véritable levier de réduction durable de la pauvreté. Mais le pari est loin d’être gagné. Avec une croissance démographique de 3,1 %, l’une des plus élevées d’Afrique, et une population jeune (67,7 % des Burkinabè ont moins de 25 ans), la problématique de l’emploi est une bombe à retardement. « La vague des jeunes en quête de travail va s’accroître, prévient Madani M. Tall, représentant de la Banque mondiale dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest. Il faut mettre en place une stratégie pour l’emploi de la nouvelle génération, rechercher une meilleure adéquation entre la formation et le marché du travail, et développer les PMI-PME. » En ce début d’année, les prix du mil et du maïs sont très élevés en raison de la mauvaise récolte de 2011-2012. Les autorités tentent de prévenir une crise alimentaire se profilant à la période de soudure, à partir du mois de mai. VIGIE DÉMOCRATIQUE. Les forces du changement

sont sur le qui-vive. Les syndicats profitent des concessions accordées par le pouvoir pour élever le niveau des revendications. Les organisations de défense des droits de l’homme, très politisées, jouentunrôledevigiedémocratique,etl’Association nationale des étudiants burkinabè (Aneb) pousse ses pions sur le front scolaire, au grand dam de certains professeurs, qui parlent d’un manque d’esprit civique. Alignée sur la position des partis de l’opposition et de l’Église catholique, la société civile s’oppose farouchement à toute modification de l’article 37 de la Constitution (qui ferait sauter la limitation du nombre de mandats présidentiels), interprétée commeunepreuvedelavolontédeBlaiseCompaoré de se représenter à la présidentielle en 2015. Face à une menace latente, le chef de l’État a lancé desréformespolitiques(lire p. 66)etchoisid’injecter du sang neuf au sein de son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès (lire pp. 62-63). Mais il maintient le doute sur ses réelles intentions, alors que plusieurs pays du nord de l’Europe et les États-Unis l’appellent à passer la main. Même la France, du bout des lèvres, commence à parler d’alternance. Une chose est sûre, pour l’équilibre de la sous-région, personne n’a intérêt à ce que le Burkina explose. ● N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012

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Le Plus de J.A. Burkina GOUVERNEMENT

L’homme qui tombe à pic Pour ses débuts en politique, l’ex-journaliste et diplomate a vite pris ses marques. Dix mois après sa nomination-surprise en tant que Premier ministre, Luc Adolphe Tiao jouit d’une grande popularité.

AHMED OUOBA/AFP

60

«

J

’étais comme sonné, abasourdi… Mais à aucun moment je n’ai songé à refuser le poste. » C’est ce que confiait Luc Adolphe Tiao à Jeune Afrique, quelques jours après sa nomination, le 18 avril 2011. Ambassadeur du Burkina Faso en France depuis 2008, il est alors de passage à Ouagadougou et est convoqué par le chef de l’État. L’entretien entre les deux hommes est bref, un quart d’heure tout au plus. Le temps qu’il faut à un président affable, mais au regard perçant, pour se faire une idée sur Tiao et lui proposer de prendre la tête du gouvernement, alors même que le pays est secoué par une crise sociale et militaire sans précédent. Tout commence fin février 2011, avec les marches, émaillées de violences, qui se propagent dans tout le pays pour réclamer la fin des brutalités policières après la mort d’un collégien, Justin Zongo, passé à tabac dans un commissariat de Koudougou (lire pp. 69-71). S’y ajoutent des manifestations de fonctionnaires et de commerçants, mobilisés contre la vie chère et la corruption. À partir de fin mars, des mutineries éclatent dans N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012

LE 28 AVRIL 2011, IL PRÉSENTE LES PRIORITÉS et promet une batterie de mesures pour résorber la crise. DE SON GOUVERNEMENT

les garnisons ; l’une gagne la garde présidentielle, le 14 avril. Compaoré sent le vent du boulet. Les têtes ne tardent pas à tomber : celles de la quasi-totalité du commandement militaire et celle du Premier ministre, Tertius Zongo. « Il fallait du sang neuf », remarque un diplomate.

diplomate aguerri, Tiao n’est pas pour autant des plus malléables. De quoi plaire aux contestataires. Débonnaire et non dénué d’humour, n’appartenant à aucun clan – mais néanmoins membre du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, au pouvoir) –, le nouveau chef du gouvernement fait fi des commentaires. Il sait qu’il doit faire vite. L’une de ses premières mesures sera de subventionner les prix des produits de base ; le prix du sac de 50 kg de riz descend alors de 20000 F CFA (30,50 euros) à 16 000 F CFA, celui du kilo de sucre, de 800 à 650 F CFA. Les impôts sur les salaires sont réduits de 10 % ; les commerçants pillés, assurés d’être dédommagés… En matière de justice, Tiao invite les magistrats à traiter au plus vite le cas Justin Zongo et, dès août 2011, les trois policiers accusés d’avoir tué le jeune homme sont jugés et condamnés à des peines de huit à dix ans de prison. Enfin, il met sur les rails l’un des chantiers majeurs du quinquennat : le Conseil consultatif sur les réformes politiques (lire p. 66). Tout cela en sillonnant le pays pour rencontrer les populations et mieux leur expliquer le Burkina nouveau. Un sens de la pédagogie et du terrain qu’il a communiqué à son équipe et qui lui vaut une cote de popularité au beau fixe. Auprès des partenaires internationaux du pays, il apparaît comme un homme qui connaît bien ses dossiers. Son dernier succès ? Début février, à Paris, où il est parvenu, avec son ministre de l’Économie et des Finances, Lucien Marie Noël Bembamba, à mobiliser 4 milliards d’euros (sur cinq ans) auprès de bailleurs de fonds et d’entreprises privées françaises pour le financement de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable du Burkina Faso.

PÉDAGOGUE. Côté civil, le sang neuf, ce sera donc Luc Adolphe Tiao. C’est le premier chef de gouvernement nommé par le Débonnaire, non dénué d’humour, président burkinabè qui il n’appartient à aucun clan. Mais ne soit pas économiste. est membre du parti présidentiel. Ancien journaliste, président du Conseil supérieur de la communication (CSC) de 2001 « Pour le moment, tout va bien pour à 2008, il n’a jamais occupé de poste lui, mais jusqu’à quand ? s’interroge un ministériel. Sans être proches, les deux membre de l’opposition. Il commence à faire de l’ombre à son mentor, et ce hommes se connaissent. En 1982, le jeune journaliste a bravé ses supérieurs dernier n’aime pas beaucoup ça… » En pour interviewer le capitaine révoluattendant, le Premier ministre sait mener tionnaire Blaise Compaoré, retranché sa barque, et remercie le chef de l’État avec ses hommes à la caserne de Pô. à chaque occasion. ● À la fois homme de communication et MALIKA GROGA-BADA JEUNE AFRIQUE


Le Groupe IPS (WA) est fier de compter parmi les premiers employeurs privés, de participer au développement économique du pays et à l’amélioration des conditions de vie des populations. À travers 3 divisions ; Emballage de Transport avec FASOPLAST, Agro-industrie avec SN SOSUCO, FASO COTON et les services d’aviation avec AIR BURKINA. La coordination de l’Institution IPS (WA) intervient au Burkina depuis 1995.


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Le Plus de J.A. Burkina MAJORITÉ

Le parti présidentiel veut faire peau neuve

Plus de 3 500 cadres et militants devraient participer, du 2 au 4 mars, au cinquième congrès ordinaire du CDP. Avant la campagne pour les scrutins de novembre, il s’agit de dépoussiérer et de moderniser la formation.

sa formation tout en la rajeunissant. Preuve de cette reprise de contrôle : le futur patron du parti pourrait ne plus avoir le titre de président, mais celui de simple secrétaire général. FRONDES. Né en février 1996 de la fusion

de treize formations politiques, dont la plupart sont passées du communisme à la social-démocratie, le CDP est une machine lourde et puissante, implantée sur l’ensemble du territoire. Il a gagné toutes les batailles électorales depuis sa création. Mais la formation est en proie à de plus en plus de divisions. Il y a d’abord eu, en 2009, la fronde de Salif Diallo, l’ex-ministre de l’Agriculture qui avait dénoncé la « patrimonialisation » du pouvoir. Suspendu du bureau politique, celui-ci a connu un retour en grâce après la crise sociale de 2011. Il y a eu ensuite la défection des anciens ministres Ablassé Ouédraogo et Zéphirin Diabré, qui ont claqué la porte pour créer leur propre parti et réclamer l’alternance. Puis le mécontentement des jeunes du CDP, représentés par Salifou Sawadogo, qui dénoncent la mainmise des vieux barons qui les

Les jeunes, représentés par Salifou Sawadogo, dénoncent la mainmise des vieux barons.

«

C

ela fait dix ans que j’assume cette responsabilité, explique Roch Marc Christian Kaboré, alias RMC, le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, le parti du chef de l’État). Il faut injecter du sang neuf et donner un nouveau style d’administration à la formation. » Sans aucune amertume, le président de l’Assemblée nationale, qui a maintenu, tant bien que mal, l’unité du parti depuis 2003, a N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012

Président du parti depuis 2003, ROCH MARC CHRISTIAN KABORÉ tire sa révérence.

décidé de tirer sa révérence lors du cinquième congrès ordinaire, qui se tiendra du 2 au 4 mars, au Palais des sports de Ouaga 2000. Certains prétendent qu’il a devancé une disgrâce, mais il faut plutôt y voir la volonté du président Compaoré, très sérieusement ébranlé par la crise sociale et militaire du premier semestre 2011, de reprendre en main

empêchent de faire leur nid. Et il y a enfin un phénomène propre à chaque formation politique, la coexistence de différents courants et leurs leaders. Tout cela dans un contexte sociopolitique fragile et dominé par les incertitudes concernant la volonté ou non de Blaise Compaoré de se représenter en 2015. Ce qui aiguise, au passage, l’appétit de ses éventuels successeurs. Fort de ce constat, le chef de l’État souhaite fixer de nouveaux objectifs et moderniser l’ensemble des organes de direction. Le CDP comprend un bureau exécutif de 37 membres, un bureau JEUNE AFRIQUE


Compaoré face au changement politique de quelque 500 membres, un conseil national de plus de 1 000 militants et des représentations provinciales qui comptent près de 2 000 partisans. DÉMOCRATIE INTERNE. Les cadres

Les dirigeants vont essayer de faire de la place aux femmes et aux jeunes, l’objectif étant qu’ils occupent près de 60 % des différentes structures du parti à l’issue du congrès. Le CDP pourrait également mettre en place des collèges électoraux au niveau des provinces, chargés de proposer les candidats pour les prochains scrutins. Un progrès en matière de démocratie interne.

du CDP préparent l’aggiornamento du parti dans le cadre de trois commissions. L’une est consacrée au thème du congrès, l’impulsion d’une nouvelle dynamique « face aux mutations sociales, économiques et Avec une opposition revigorée politiques », une autre à la par les événements de 2011, vie du parti et la troisième à sa stratégie électorale dans se régénérer est une nécessité. la perspective des élections En mettant les hommes au travail, le municipales et législatives couplées chef de l’État souhaite éviter le déclenprévues en novembre 2012. « Ces commissions dressent le bilan de nos actions chement des polémiques et éventuelles passées et font des propositions, précise querelles de succession. Dans l’ombre, le patron du parti. Très souvent, entre trois candidats espèrent bien succédeux élections, nous avons tendance à der à Kaboré : Paramanga Ernest Yonli, nous reposer sur nos lauriers. Il faut que l’ancien Premier ministre, Salif Diallo, l’on se donne les moyens d’animer la l’ex-ministre de l’Agriculture, qui faisait formation tout au long de l’année, dans figure de numéro deux du régime avant les villes comme dans les campagnes. » sa disgrâce, et Arsène Bongnessan Yé,

le ministre chargé des Relations avec le Parlement et des Réformes politiques. Tous s’accordent sur une chose : il est vain de faire des pronostics sur le choix du futur leader du parti. « La configuration du bureau exécutif national ne sera connue qu’à l’issue du processus de réflexion organisé autour du président Compaoré, explique l’un des prétendants. C’est lui qui, in fine, fera son choix en tenant compte de la composition sociale et des forces émergentes. » SUPRÉMATIE. Le prochain patron du

CDP aura la lourde charge d’élaborer la stratégie pour les élections de novembre 2012. Le parti devra faire face à une opposition revigorée par les événements de 2011 et le renouvellement des listes électorales (lire encadré p. 66). S’il ne parvient pas à se régénérer, il pourrait perdre une partie de sa suprématie (avec ses alliés politiques, il totalise plus de 80 % des sièges à l’Assemblée nationale) lors des prochains scrutins. ● PASCAL AIRAULT

Investir en Afrique En tant que leader international et Chef de file mondial dans les commodités agricoles, Olam investit industriellement en apportant les dernières technologies dans le secteur de la transformation de manière à satisfaire aussi bien les besoins locaux que ceux liés à l’exportation des produits finis. Avec 45 projets en cours de réalisation y compris celui de 1,2 milliard d‘USD lié à l’usine de production d’urée au Gabon, Olam a pris part au développement des économies et a établi un partenariat avec de nombreux pays d’Afrique. Ces développements permettent de consolider les bases industrielles, créer de nombreux emplois et valoriser au mieux les ressources naturelles du continent Africain.

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63


Les Engagements Nationaux

Le Président du Faso a conçu les Engagements Monsieur Jean Christophe ILBOUDO dirige le programme depuis Nationaux comme l’une des réponses à la quête Octobre 2008. d’espérance et de progrès du peuple burkinabé.

Le palais omnisport de Ouaga 2000 un joyau architectural au service des sports de mains.

L’homme comme finalité du développement P

ortés sur les fonts baptismaux lors du meeting national sur la production, les Engagements Nationaux visaient selon leur initiateur le Président du Faso Blaise Compaoré, « à faire face, victorieusement aux défis présents et futurs. » Cet appel intervenait dans un contexte national et international marqué par de nouveaux défis, des incertitudes inhabituelles, des questionnements et des frustrations souvent légitimes des populations, qui exigeaient des gouvernants des réponses novatrices et porteuses d’espérance et de progrès.

QUELQUES RÉSULTATS ATTEINTS > ÉDUCATION

• 117 centres d’éducation

de base non formelle équipés,

• 312 écoles satellites

construites ainsi que 11 complexes éducatifs,

• 2 C E G construits, • 15 000 femmes formées en gestion et en techniques de production,

• 47 000 auditeurs alphabétisés,

• 500 enseignants formés en approche genre et droit,

• 110 conseillers pédagogiques formés en approche bilingue.

> SANTÉ

• 43 Centres de santé et de promotion sociale réalisés,

COMMUNIQUÉ

• 2 Centres de prise en

charge des femmes victimes de fistules obstétricales construits,

• 30 forages productifs construits,

• 250 tradipraticiens formés. > ENVIRONNEMENT

• 44127 055 plants produits et mis en terre,

• 58 000 ha de terres incultes aménagées et exploitées,

• 460 jardins maraîchers et forestiers,

• 9 000 guides

d’autoformation en éducation environnementale édités.

Les six axes retenus pour mettre en œuvre cet ambitieux programme de lutte contre la pauvreté, à savoir, la sauvegarde de l’environnement et la lutte contre la désertification, l’accroissement de la production agro-pastorale, l’organisation et l’appui au secteur informel et à l’artisanat, le soutien aux activités productrices des femmes, le développement des petites et moyennes entreprises et industries et l’élévation du niveau général des connaissances à la base et le développement du sport et des activités culturelles ont montré le sens aiguisé de l’histoire du Président Compaoré, si tant est qu’ils seront pour la plupart, repris et conceptualisés par l’ONU, à travers les objectifs du millénaire pour le développement (O M D). Les résultats de ce choix politique responsable, ont contribué à infléchir remarquablement la courbe de la pauvreté au Burkina Faso en se traduisant sur le terrain par la réalisation de plusieurs projets d’envergure nationale qui ont eu un impact sur le vécu quotidien des populations cibles. (voir encadré).Les résultats probants obtenus grâce à l’extraordinaire mobilisation sociale et aux soutiens des partenaires techniques et financiers ont conduit le Président du


Les Engagements Nationaux

Les Engagements Nationaux contribuent à faire de l’agriculture le moteur de la croissance burkinabé, ici une rizière dans le Centre-Est du pays.

L’épanouissement de la jeunesse figure en bonne place dans Par leur action, les Engagements Nationaux ont l’agenda des Engagements Nationaux. Ici la maison des jeunes de contribué à réduire le rayon moyen d’accès des Villy dans la région du Centre Ouest. populations aux centres de santé.

« Plus de 100 milliards ont été mobilisés pour la réalisation du programme »

La création des Engagements Nationaux était donc une réponse au souci de l’édification d’une économie ouverte et compétitive porteuse de croissance, de qualité et d’emplois et à celui de la création de conditions d’épanouissement et de valorisation du capital humain, axes majeurs de la stratégie de développement du Burkina Faso. La justice étant le fondement de l’État de droit, la promotion des droits humains constitue le dernier volet de notre action. Un programme de développement endogène qui va se poursuivre dans la mesure où la conjoncture économique internationale demeure préoccupante avec les prix des produits alimentaires qui continuent d’augmenter. Ensemble, avec les autres acteurs agissant à la mise en œuvre du programme présidentiel, « Bâtir, Ensemble, Un Burkina Émergent », Les Engagements Nationaux veulent contribuer davantage à la consolidation des bases d’une croissance durable, réductrice de la pauvreté dans un contexte de gestion rigoureusement orientée vers les résultats. Relever le défi du développement humain durable en somme.

> AGRICULTURE

• 9 528 ha de bas-fonds

aménagés pour la production de riz pluvial,

• 375 tonnes d’engrais,

279 750 kg de NPK, 186 500 KG d’urée, 168 tonnes de semences améliorées de riz, 84 batteuses et 64 décortiqueuses mis à la disposition des producteurs,

• Construction

d’un barrage à Yakouta et de l’abattoir frigorifique de Ouagadougou,

• 30 bassins de production d’alevins et 5 000 alevins produits,

• 364 tracteurs,

400 motopompes, 3 000 pompes à pédales, 200 moulins à grains, 5 000 matériels aratoires mis la disposition des producteurs.

> LUTTE CONTRE LE CHÔMAGE DES JEUNES

• 37 325 000 000 F CFA de crédits octroyés aux promoteurs,

• 15 365 microprojets financés,

• 50 831 emplois crées ou consolidés,

• 2 889 456 000

F CFA débloqués pour faciliter l’accès des femmes au crédit direct.

> PROMOTION DES DROITS HUMAINS

• Contribution

à l’exécution de l’opération de délivrance massive d’actes d’état civil,

• 5 000 jeunes filles dotées de pièces d’identité.

> DIVERS

• 4 stades avec tribunes couvertes, 62 terrains de football et 21 plateaux omnisports construits,

• 72 maisons de jeunes équipées,

• Un palais des Sports couvert de

4 600 places construit.

Secrétariat Permanent des Engagements Nationaux, 03 BP 7030 Ouagadougou 03, Tél. : +226 50 49 83 23 - Fax : +226 50 37 62 73 Email : engagementsnationaux@yahoo.fr Site web : www.spen.bf

Difcom - F.C. Photos : DR

Faso à déclarer lors du dixième anniversaire du programme que « la période qui débute doit désormais être celle de la maturité pour des conquêtes encore plus larges. » Et, dans le droit fil de sa politique de développement dont le but ultime est de garantir une existence digne à chaque burkinabè, il redéfinissait ce combat pour l’édification d’une société solidaire et prospère, autour de six nouveaux axes, à savoir, l’éducation, la santé, l’environnement, l’agriculture, la lutte contre le chômage des jeunes et la promotion des droits humains.


Le Plus de J.A. Burkina ð AU TERME D’ASSISES RÉGIONALES PUIS NATIONALES, de nombreux projets de réformes ont été retenus.

HIPPOLYTE SAMA

66

PARLEMENT

Une session très chargée

Les députés doivent débattre d’une série d’amendements législatifs et constitutionnels. Mais la question de la limitation du nombre de mandats présidentiels ne sera pas à l’ordre du jour.

V

ingt et un amendements à la Constitution et treize nouvelles lois. Autant de propositions de réformes politiques sur lesquelles les députés burkinabè devront se prononcer lors de la prochaine session parlementaire, qui s’ouvrira le mercredi 7 mars. Un agenda particulièrement chargé, donc, qui sera suivi de près par l’ensemble du microcosme politique national… et des Burkinabè. À l’origine de ces propositions, le débat ouvert après que le régime eut été confronté à la crise sans précédent du premier semestre 2011, marquée par des émeutes sociales et une vague de mutineries. S’est ensuivie la mise en place d’un Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP), boycotté par une partie de l’opposition et de la société civile, qui a tenu des assises régionales puis nationales, du 7 au 9 décembre. Une série de mesures qui faisaient consensus ont été retenues. Dans le cadre de la révision de la Constitution, les députés se pencheront sur l’augmentation du nombre de sièges à l’Assemblée nationale – on parle de 130, au lieu de 111 actuellement, en veillant à ce que chaque province en compte au moins deux –, ainsi que sur la création d’un Sénat d’environ 90 sièges. Ils devront également s’accorder sur le renforcement du rôle et de la N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012

Article37 de la Constitution

En 2000, le mandat présidentiel est passé de 7 à 5 ans, renouvelable une seule fois

responsabilité du Premier ministre (déclaration de politique générale, motion de censure…) et du Parlement (nomination des cadres de l’État, adoption des grands programmes de développement, maîtrise de l’agenda parlementaire…). Mais

aussi sur la création d’un tribunal des conflits, l’inscription dans la Constitution de la chefferie traditionnelle, du statut du médiateur du Faso et du Conseil supérieur de la communication, la limitation de l’âge des candidats à la présidentielle (entre 35 et 75 ans), la saisine du Conseil constitutionnel par les citoyens, ou encore diverses dispositions pour la nomination des présidents d’institution. CHEFFERIES. Parmi les projets de loi qui

seront soumis au vote des parlementaires, plusieurs concernent la révision du code électoral (plafonnement et contrôle des dépenses de campagne, statut de la Commission électorale nationale indépendante, modes de scrutin…) et les conditions de création des partis, pour mieux définir le statut de l’opposition ainsi que pour appuyer le travail des chefferies. « Pour tous les points non consensuels, le débat va se poursuivre, explique Arsène Bongnessan Yé, le ministre chargé des Relations avec le Parlement et des Réformes politiques. C’est notamment le cas de l’article 37 de la Constitution [relatif à la limitation du nombre de mandats présidentiels, NDLR], qui permettrait au chef de l’État, s’il était modifié, de se représenter en 2015. » Alors que l’opposition, l’Église catholique et la société civile s’y opposent farouchement, certains proches du président aimeraient qu’un référendum national soit organisé sur la question. Un débat qui n’a pas fini de faire couler de l’encre, d’autant que Blaise Compaoré lui-même ne s’est pas encore prononcé sur ce point. ● PASCAL AIRAULT

À L’HEURE DE LA BIOMÉTRIE LA COMMISSION AD HOC D’ATTRIBUTION de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a retenu la filiale française du néerlandais Gemalto pour réaliser l’identification et l’enrôlement biométrique des électeurs. À la suite d’un appel d’offres lancé fin 2011, la société spécialiste de la sécurité numérique avait émis « la meilleure offre technique et financière » : 11,6 milliards de F CFA (près de 17,7 millions d’euros). La décision a été approuvée en Conseil des ministres le 25 janvier. Les ingénieurs de Gemalto et la Ceni devront rapidement préparer les kits informatiques de façon que l’opération puisse débuter en mai et s’achever fin juin. Dans le cadre de ce processus, le fichier électoral pourrait passer de 3,3 millions à 6,5 millions d’inscrits, pour des élections législatives et municipales couplées que la Ceni souhaite voir fixées au 11 novembre – elles auraient déjà dû se tenir en mai. ● P.A. JEUNE AFRIQUE


Essakane SA

Profitable économiquement, responsable socialement

Construite à partir de 2009, la mine d’or d’Essakane est depuis sa mise en production commerciale, en juillet 2010, la plus grande du Burkina Faso. Elle est détenue à 90 % par l’entreprise canadienne IAMGOLD et à 10 % par l’État burkinabé. Un partenariat réussit, notamment grâce à la stabilité du cadre minier local, qui reflète les ambitions d’Essakane SA : profiter à toutes ses parties prenantes, ainsi qu’à ses hôtes, dans la région du Sahel, à 330 km au nord-est de la capitale, Ouagadougou. Et cela pourrait durer. Car outre son permis d’exploitation, qui couvre 100 km², la société dispose de six permis d’exploration qui s’étendent sur 1283 km².

Des investissements et des retombées fiscales records Les 228 milliards de FCFA nécessaires à la réalisation de la mine représentent le plus gros investissement jamais consenti par une entreprise privée au Burkina Faso. Essakane SA emploie environ 2000 travailleurs, dont près de la moitié dans la zone qui l’accueille, entre Dori, Falagountou et Gorom Gorom. Elle contribue au budget de l’État à hauteur de cinquante milliards de francs CFA par an. Avec des ressources

Message

indiquées de 148 tonnes d’or, l’exploration qui se poursuit et une capacité de production annuelle d’environ douze tonnes, sa durée de vie devrait atteindre une douzaine d’années.

Engagement « Zéro Incident » Essakane SA est la première société minière certifiée ISO 14 001 et OHSAS 18 001 au Burkina Faso. Deux certifications internationales qui reflètent l’engagement de l’entreprise pour atteindre les plus hautes normes en matière de santé de ses employés et pour limiter son impact sur l’environnement.

Se fondre dans la communauté L’autre engagement d’Essakane SA, c’est de travailler en collaboration avec les communautés qui l’accueillent. Elle a investi plus de 11 milliards de FCFA dans les réalisations d’infrastructures socio-économiques à travers de nombreux programmes (logement, santé, alimentation, formation…) dont voici quelques exemples : • construction de plus de 2 000 bâtiments destinés à plus de 13 000 personnes ; • forage de quarante puits équipés ; • formation de plus de mille jeunes pour favoriser leur employabilité ; • lutte contre le VIH/SIDA et le paludisme ; • construction de 30 km de pistes rurales équipées de ponts pour désenclaver la région ; • reboisement de 188 823 plants et réhabilitation de 536,8 ha de terres à des fins agro-sylvo-pastorales.

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www.iamgold.com

AMÉLIORER L’EMPLOYABILITÉ DES JEUNES IAMGOLD s’est engagée en septembre dernier dans un partenariat public-privé novateur, avec l’Agence canadienne de développement international (ACDI) et l’État burkinabé, pour améliorer l’éducation et la formation des jeunes (deux régions concernées). L’ACDI a approuvé un financement de 5 654 980 $ CA (quasi-équivalent au dollar américain) pour appuyer ce projet quinquennal. Proposé avec Plan Canada, une ONG qui promeut la justice sociale, il représente l’un des plus importants partenariats publics-privés canadiens jamais réalisés avec une entreprise extractive. « Ce projet a reçu un appui massif de la part du gouvernement du Burkina Faso et a été élaboré en collaboration avec les autorités locales », précise Steve Letwin, président et chef de la direction d’IAMGOLD. Il vise à améliorer l’éducation technique et professionnelle informelle des jeunes de 13 à 18 ans afin de leur fournir les compétences nécessaires pour réussir la transition au marché du travail et à l’auto-emploi. Un accent particulier sera mis sur la formation des filles.

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR

E

ssakane SA, la plus grande mine d’or du Burkina Faso, était depuis sa mise en service, en 2010, un exemple de partenariat réussi entre la société IAMGOLD Corporation et l’État burkinabé. Depuis, elle est également devenue un modèle de responsabilité sociale et environnementale.


Le Plus de J.A. Burkina été déférés devant la justice. En attendant leur jugement prévu pour cette année, ils croupissent en prison. Les sans-grade ne sont pas les seuls à avoir trinqué. En avril, puis en octobre, c’est l’ensemble de l’état-major qui a été renouvelé. « Les chefs n’avaientpluslaconfiancedeleurstroupes, il fallait un coup de balai », indique un collaborateur de Compaoré. « Nos chefs n’entendentaucunedenosrevendications. Ils ne pensent qu’à leurs affaires », nous avait déclaré un mutin en avril 2011. Seul le chef d’état-major particulier du président, son compagnon de route depuis plus de vingt-cinq ans, Gilbert Diendéré, a sauvé sa tête. Le Régiment de la sécurité présidentielle (RSP), qu’il dirige, s’est pourtant lui aussi rebellé en avril.

DÉFENSE

Silence dans les rangs

Ébranlée par les mutineries de l’an dernier, l’armée engage une mue sans précédent. À la manœuvre : Blaise Compaoré, qui s’est investi ministre de la Défense, et un nouveau chef d’état-major.

YEMPABOU AHMED/AFP

68

U

n état-major renouvelé dans sa totalité, des régiments entiers dissous, des centaines de soldats radiés,unenouvellestratégie en cours d’élaboration et des méthodes de recrutement et de formation revues : jamais l’armée burkinabè n’avait connu de tels bouleversements. Ébranlée par les mutineries du premier semestre2011,quiontenflammélaplupart des garnisons du pays et dont le bilan s’établit à deux morts parmi les civils, six chez les mutins, des dizaines de blessés et de nombreux dégâts matériels, l’armée a dû procéder à un examen de conscience. Nommé en avril alors que les mutineries se poursuivaient, le nouveau chef d’état-major général, le général Honoré N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012

Nabéré Traoré, en a convenu dès le mois de juillet, reconnaissant des erreurs en matière « de commandement, de recrutement et de formation ». En octobre, le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, est allé plus loin, affirmant que « les récents événements ont mis à mal la gouvernance de l’armée. » Sous la direction d’un ministre de la Défense pas comme les autres – le président Blaise Compaoré s’est lui-même nommé à ce poste en avril –, le général Traoré a d’abord sévi. Dès le mois de juillet, 566 hommes accusés d’avoir participé aux troubles ont été radiés de l’armée. La plupart étaient des soldats de 2e et de 1re classe – mais aussi 35 sergents, un adjudant et un adjudant-chef. Parmi eux, plus de 300 ont

DÉMÉNAGEMENTS. Comme pour marquer leur territoire, Compaoré et Traoré ont en outre entrepris de revisiter la carte militaire du pays. En août, quatre régiments et un centre de formation ont été dissous, tandis que trois régiments ont vu le jour. D’autres ont déménagé. Malgré ces nombreuses mesures, la colère gronde toujours dans les casernes – les militaires dénoncent un manque de moyens et de formation. Les opposants, eux, parlent de « réformettes » en trompel’œil. « Notre armée n’est pas républicaine : son attitude montre qu’elle est ð Cérémonie au s e r v i c e d’ u n de remise individu, d’un clan, de diplômes au sein du et ce n’est pas près de RÉGIMENT DE changer », dénonce le LA SÉCURITÉ défenseur des droits PRÉSIDENTIELLE, le 30 septembre de l’homme Halidou Ouédraogo. 2011. Le gouvernement assure que la mutation est loin d’être terminée. En octobre, le Premier ministre a annoncé l’organisation prochaine d’états généraux de l’armée, avec comme priorités la formation des soldats et, surtout, leur recrutement, jugé défaillant ces dernières années. De l’aveu même du chef d’état-major, trop de nouveaux venus ont été intégrés sur « interventions » extérieures et n’ont pas été suffisamment formés. Mi-février, le ministère de la Défense a en outre organisé un séminaire pour élaborer une réorientation stratégique. La dernière orientation datant de 1994, il convient de « prendre en compte un contexte de plus en plus changeant », a expliqué le général Traoré. ● RÉMI CARAYOL JEUNE AFRIQUE


Compaoré face au changement

PHOTOS : HIPPOLYTE SAMA POUR J.A.

69

LA CAPITALE DE LA RÉGION CENTRE-OUEST est située à 100 km de Ouagadougou.

CARNET DE ROUTE

Koudougou la rebelle C’est dans cette agglomération du plateau mossi qu’a éclaté la révolte de 2011. Si le climat est aujourd’hui plus apaisé, le mécontentement couve toujours dans la « cité du cavalier rouge ».

U

n an après avoir réussi à faire débarquer le gouverneur et le directeur régional de la police à la suite des émeutes, les Koudougoulais ont obtenu la tête du maire. Suspendu de ses fonctions en octobre dernier pour mauvaise gestion, Seydou Zagré était réapparu

publiquement le 20 janvier pour participer à une cérémonie de lancement de travaux de bitumage des voies. La suspension était arrivée à échéance, mais la population n’a pas apprécié ce retour aux affaires. Pour éviter tout nouveau débordement dans la cité frondeuse, les autorités ont vite réagi en le révoquant. « C’est

« Les lots aux heureux gagnants,

Photo de famille de Madame la Directrice Générale de la LONAB, marraine de la promotion du centre de formation des jeunes filles de Bogodogo.

une bonne et une mauvaise nouvelle, explique un opposant de l’ancien maire. Tout le monde désirait son départ, même les militants de son parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès [CDP, au pouvoir, NDLR]. Mais avec lui aux commandes de la ville, l’opposition était sûre de remporter les élections législatives et municipales du mois de novembre prochain. » Les autorités mettent actuellement les bouchées doubles pour organiser les festivités de l’indépendance qui auront ● ● ●

les bénéfices à la nation entière »

La Directrice Générale de la LONAB entourée de quelques collaborateurs.

LOTERIE NATIONALE BURKINABE Siège social : 436 Rue de la Chance : 01 BP 68 OUAGADOUGOU 01 Tél. : (+226) 50 30 61 21/22/23 - 50 33 36 36 – 50 31 37 60 / Fax : (+226) 50 31 19 42/ 50 31 28 16 E-mail : lonab@lonab.bf / Site Web : www.lonab.bf / Serveur vocal : (+226) 30 36 / 50 49 38 00/03


70

Le Plus de J.A. Burkina ● ● ● lieuàKoudougoule11décembre2012, avec un an de retard, la célébration ayant été annulée l’an dernier. Les habitants auront bientôt une salle polyvalente de spectacles, des bâtiments administratifs rénovés, des routes bitumées. Des parcelles seront également données à ceux qui veulent investir pour construire des logements. Et un projet d’aménagement de la place de la Nation devrait voir le jour.

Zongo, décédé après avoir été passé à tabac dans un commissariat. Aussitôt, la population était descendue dans les rues pour demander justice et réclamer la fin de l’impunité pour les violences policières. Ce fut le déclic. Un vent d’émeutes populaires et de soulèvements dans les casernes a secoué tout le pays jusqu’à la mi-2011. La révolte était spontanée. Pourtant, Yaméogo a été accusé d’avoir reçu de

leur révolte, et après on fera la nôtre. Si Compaoré veut rester au pouvoir, il ne devrait pas développer l’éducation… On comprend ce qui se passe dans le monde. » Un an après la révolte, la population de la ville, très politisée, est sur le qui-vive, et les braises de la contestation encore ardentes. « La mort de Justin Zongo a été un élément déclencheur qui a mis le feu aux poudres, explique Cyrille Zoma, correspondant de L’Observateur Paalga. Les Koudougoulais vivent une crise de confiance et ne croient plus en leurs gouvernants. » Ici, la population, composée de Gurunsis et de Mossis, est indépendante et fière de l’être. La cohabitation ethnique et religieuse se passe relativement bien, les uns et les autres s’invitant à leurs fêtes respectives. Mais personne n’a vraiment d’emprise sur les habitants. Le rôle de la chefferie est limité, et les autorités administratives ont perdu beaucoup de leur crédit. MAUSOLÉE. Surnommée la « cité du

Sur 150 000 habitants, ON DÉNOMBRE 9 000 ÉTUDIANTS.

« La tendance est aux retrouvailles et à la réconciliation, explique Hermann Yaméogo, enfant de la ville (lire p. 71) et président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD). Les partis politiques, les autorités religieuses et les chefs traditionnels se parlent dans le cadre du comité des sages et font tout pour calmer les esprits. » RAISONS DE LA COLÈRE. Le 22 février 2011, les étudiants et élèves de Koudougou avaient bruyamment protesté en apprenant la mort de leur camarade, Justin

l’argent de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo pour semer les troubles. Dans les semaines qui ont suivi, les tensions entre ses partisans et ceux du CDP ont continué, provoquant des affrontements et la mise à sac de plusieurs domiciles. Avant que le calme revienne et que le président de l’UNDD soit blanchi par la justice. Le combat politique est aujourd’hui plus civilisé, mais les esprits sont loin d’être tous apaisés. « On va enlever tous les vautours du pouvoir », rumine un cafetier. Et l’un de ses clients matinaux de renchérir : « Les Sénégalais vont faire

DES INDICATEURS SOCIAUX FRAGILES

SOURCES : ENQUÊTE NATIONALE INTÉGRALE SUR LES CONDITIONS DE VIE DES MÉNAGES (EICVM 2009) ET ENQUÊTE DÉMOGRAPHIQUE DE SANTÉ (EDS-IV 2010) ; INSD 2011 ; DEP-MEBA ; OMS ; PNUD 2011

ESPÉRANCE DE VIE

TAUX D’ACTIVITÉ

contre 50,4 ans en 2000

de la population active

84,5 %

55,4 ans

INDICE DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 0,331

POPULATION VIVANT AUDESSOUS DU SEUIL DE PAUVRETÉ

soit le rang sur 187 pays classés

(20 % en milieu urbain et 50 % en milieu rural)

181

cavalier rouge », la ville est la troisième du pays par sa population : environ 150 000 habitants, dont près de 9 000 étudiants, plus de la moitié d’entre eux fréquentant les bancs de l’Université de Koudougou (UK). Toutaulongdesonhistoire,Koudougou a connu une série de traumatismes. Notamment celui du 27 octobre 1987. Le bataillon d’intervention aéroporté (BIA) stationné localement, dirigé par le capitaine de garde Boukari Kaboré, s’opposait alors au renversement de Thomas Sankara. Les troupes du Front populaire (présidé par Blaise Compaoré) avaient débarqué dans la ville et abattu sommairement les résistants, dont certains ont été brûlés vifs, devant les yeux de leurs concitoyens. Chaque année, des sankaristes viennent se recueillir devant le mausolée abritant les cercueils de ces soldats.

e

N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012

(1,25 dollar par jour)

56,5 %

TAUX D’ALPHABÉTISATION

32,5 %

contre 21,8 % en 2000 Le seuil minimum requis pour impulser le développement étant de 40 % JEUNE AFRIQUE


Compaoré face au changement Dans les années 1970 et 1980, la ville était particulièrement animée, son économie s’organisant autour du rail (le chemin de fer la relie à Ouagadougou, mais aussi à la capitale économique ivoirienne, Abidjan, via Bobo-Dioulasso), de l’entreprise textile Faso Fani, de la fabrique de pneus et de la brasserie. Mais la fermeture de toutes ces usines a jeté des milliers de familles dans la rue. Beaucoup d’habitants considèrent que le pouvoir les a abandonnés. « La pauvreté est extrême, affirme Kisito Dakio, responsable du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP) pour la région du centre. Les gens peinent à faire deux repas par jour. » DIPLÔMÉS-CHÔMEURS. La ville vit

d’agriculture, de commerce – notamment grâce à son marché central de près de 30 000 m2 –, de petits boulots. Le chômage est très important, surtout parmi les jeunes. « La formation n’est pas adaptée aux besoins de la société, déplore Francis Nikièma, président de l’Association nationale des étudiants burkinabè (Aneb). Les diplômés vivent une traversée du désert avant de trouver un emploi. Sans perspectives, ils sont solidaires des populations locales et aspirent au changement. » La lutte pour l’amélioration des conditions scolaires n’est qu’un pan d’un combat plus général pour l’égalité des classes, l’accès au logement, une plus juste répartition des richesses du pays, la gratuité et l’accessibilité des soins et de l’enseignement. Dans ce fief contestataire, où les valeurs du marxisme vivent encore de beaux jours, l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo conserve des partisans. Beaucoup sont encore sensibles aux discours qu’il prononçait sur l’indépendance politique et économique de l’Afrique. ● PASCAL AIRAULT

TAUX BRUT DE SCOLARISATION DANS LE PRIMAIRE

77,6 %

contre 45,9 % en 2000 TAUX D’ACCÈS À L’ÉLECTRICITÉ

13,9 %

(46 % en milieu urbain et 2 % en milieu rural) JEUNE AFRIQUE

LA STATUE DU PÈRE DE L’INDÉPENDANCE, MAURICE YAMÉOGO, trône à l’entrée de la commune.

Enfants du pays Très politisée, la ville a notamment donné naissance au premier président de la République de Haute-Volta.

2003 et dont son fils, Hermann Yaméogo, a aujourd’hui repris la direction. Également natif de Koudougou: l’ancien Premier ministre Tertius Zongo, qui a dirigé le gouvernement burkinabè de juin 2007 jusqu’à son débarquement, en avril 2011.

S

CONTRE L’IMPUNITÉ. Enfin, dans la i les Koudougoulais sont atteints du mémoire des habitants, Norbert Zongo, virus de la politique, ils le doivent néàKoudougouen1949,resteraunmartyr. à d’illustres natifs de la ville. Parmi Directeur de publication de l’hebdomaeux, Kaboré Bebzinda (1920-1947), alias daire L’Indépendant, il a été assassiné en Philippe Zinda Kaboré, fut – avec Félix décembre 1998 alors qu’il enquêtait sur Houphouët-Boigny et Ouezzin Coulibaly – la mort du chauffeur du frère du chef de l’un des trois députés de la colonie de l’État. Encore non résolu, le meurtre de Côte d’Ivoire élus en novembre 1946 au ce journaliste d’investigation a révolté la Parlement français. Il est mort à Abidjan ville et en a fait un fief de la lutte contre d’une crise cardiaque six mois plus tard. l’impunité. Un combat qui a trouvé une Henri Marcel Guissou (1910-1979) fut nouvelle impulsion après les manifesquant à lui sénateur de la Côte d’Ivoire de 1947à1948,puisdéputédela Haute-Volta de 1949 à 1959. Dans la mémoire des habitants, Mais le plus célèbre des le journaliste Norbert Zongo, tué Koudougoulais est sans en 1998, restera un martyr. doute Maurice Yaméogo (1921-1993), père de l’intations de février 2011. La société civile dépendance : une statue à son effigie demande aujourd’hui la condamnation (remplacée par une nouvelle à l’occades responsables du décès de deux des sion du cinquantenaire de la ville, en décembre 2009) trône à l’entrée de la comcamarades de Justin Zongo (qui n’a aucun mune. Grand conseiller de l’Afrique-Occilien de parenté avec Norbert), tués lors de dentale française (AOF) de 1948 à 1952, ces événements. Maurice Yaméogo devient le premier préKoudougou compte aussi des artistes, sident de la République de Haute-Volta, en notamment Bernard Yaméogo, drama1959. Une coalition des syndicats appuyée turge, cinéaste, scénariste et producteur. par la chefferie traditionnelle et le clergé Auteur de pièces de théâtre, de séries suscite un soulèvement populaire qui télévisées et de documentaires, il dirige l’amène à démissionner en 1966. En 1977, actuellement Credo Media, une jeune il crée l’Union nationale pour la défense société de production indépendante. ● de la démocratie (UNDD), reconstituée en P.A. N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012

71


Mohammed MORCHID - DG ONATEL-SA

Taux de couverture de la population Taux de couverture territoriale

2007

2011

30%

91%

15 %

72 %



Le Plus de J.A. Burkina PORTRAITS

Les éveilleurs de conscience HIPPOLYTE SAMA

Politologue aguerri, cinéaste débutant ou infatigable militant… La société civile burkinabè ne manque pas d’agitateurs d’idées.

Chrysogone Zougmoré Sur tous les fronts

HIPPOLYTE SAMA

74

Inoussa Baguian Caméra au poing DEUX ANS. C’est le temps qu’il aura fallu à Inoussa Baguian, jeune documentariste de 25 ans, pour obtenir les autorisations officielles et réaliser son premier film, Une vie de cachot, tourné à Ouagadougou l’été dernier. Un documentaire de vingt-six minutes produit par Semfilms, qui lève le voile sur les réalités du milieu carcéral au Burkina Faso. L’auteur suit un condamné depuis le commissariat de police, puis au tribunal, jusqu’à sa sortie de prison. Derrière les portes blindées de la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (Maco),

Le goût du monde

un univers surpeuplé, une nourriture infecte, une infirmerie disposant de peu de moyens, des hommes qui clament leur innocence ou attendent impatiemment un jugement. Baguian est né dans le quartier populaire d’Attécoubé, à Abidjan, où il a grandi jusqu’à l’âge de 19 ans, avant de revenir au Burkina pour faire des études en droit et une formation de journaliste reporter d’image (JRI). Sujet de son prochain documentaire : la loi foncière burkinabè et le phénomène d’accaparement des terres par les élites. ● PASCAL AIRAULT

MEMBRE FONDATEUR ET PRÉSIDENT, depuisoctobre2007,duMouvementburkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), Chrysogone Zougmoré est de tous les combats. Ce juriste de 55 ans, formé à l’université de Reims (nord-est de la France) et ancien militant de l’Association des étudiants voltaïques en France (AEVF), dénonce sans relâche les interpellations musclées des forces de l’ordre, les mauvais traitements des prisonniers, les disparitions forcées à la faveur de la lutte contre le grand banditisme, sans oublier la lenteur et l’instrumentalisation politique du système judiciaire. Il rêve aussi d’une société sans impunité, sans corruption ni affairisme, et pousse les autorités à abolir la peinedemort.LeMBDHPestàl’originedu « printemps de la presse » et de la création de nombreuses associations jouant un rôle de contre-pouvoir. « Il y a une prise de conscience citoyenne depuis l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, explique Chrysogone Zougmoré. Les Burkinabè ne sont plus fatalistes et revendiquent le droit d’être bien traités par l’État, de pouvoir se nourrir et se loger. » ● P.A.

, Burkina Faso pour Servair e d n o m u d Le goût des normes respectueux c’est d’être tés locales. des spécifici et es al n io enne internat auration aéri st re la e d rs métie Le goût des roportuaires. es services aé d x u ce e d i re et auss pour répond t du service û o g le r, sû Et bien passagers tidiennes des o u q s te n te ugou. aux at de Ouagado al n io at rn te in de l’aéroport

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Compaoré face au changement

Augustin Loada « Monsieur Gouvernance »

ADIEU | Georges Ouédraogo

Hommage au Gandaogo national

PROFESSEUR DE DROIT ET DE SCIENCES POLITIQUES à l’université de Ouagadougou, Augustin Loada, 45 ans, va passer les prochaines semaines au Japon pour en étudier le système politique. Au Burkina, le directeur exécutif du Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) est de toutes les rencontres touchant aux politiques publiques, aux questions électorales, aux droits de l’homme et aux libertés. Il publie régulièrement des communications et articles sur tous ces sujets (on lui doit notamment « L’élection présidentielle du 13 novembre 2005 : un plébiscite par défaut », « Blaise Compaoré ou l’architecte d’un nouvel ordre politique » et « Burkina Faso, les rentes de la légitimation démocratique »). Surnommé Monsieur Gouvernance et très apprécié de la communauté internationale, il plaide pour le renforcement de la transparence économique et électorale. Et n’hésite pas à dénoncer les travers des politiciens de toutes obédiences. Il se réjouit des réformes politiques en cours, mais s’oppose à toute modification de l’article 37 de la Constitution, lequel limite le nombre de mandats présidentiels. ●

Le percussionniste et chanteur est décédé le 2 février, à 65 ans. Héros de l’âge d’or de l’afro-funk, il était l’un des plus grands batteurs du continent.

P.A.

Né en 1947 dans le village de Gogo, proche de LE MUSICIEN a composé une douzaine la capitale, il fréquente à d’albums et des bandes originales de films. la fin des années 1950 le Tiko-Tiko Bar de Ouaga, où se produisent l’Ivoirien Antonio ans, les compères feront le bonheur des meilleurs clubs d’Europe et soret sesTchaTchaTcha Boys. En 1965, il intègre le Volta Jazz, à Bobotiront plusieurs albums. Dioulasso. Deux ans plus tard, il sort En 1978, Ouédraogo rentre au son premier titre en mooré, Mam Burkina et poursuit sa carrière en kamisoye. Il va ensuite tenter sa solo. Il sort notamment Gnanfou chance à Abidjan, à partir de 1969, Gnanfou et, en 1982, publiera un où il évolue au sein du New System ultime album dans lequel il chantera OUA, en duo avec la jeune star ivoirienne Aïcha Koné. Depuis, avec les rééditions de sa douzaine d’albums – Gnou Zemes en 2000, Rosalie en 2003, Pop, avant de rejoindre l’orchestre Tingré (« Souvenir », en mooré) fin du trompettiste ivoirien Fax Clark au 2007 –, ses concerts et Le Bozambo, club Quartier latin. le maquis qu’il avait ouvert en 2004 En 1973, un autre musicien ivoirien, près de chez lui, à Ouagadougou, Jimmy Hyacinthe, l’invite à se joindre pour promouvoir les jeunes artistes, à lui et à Rato Venance pour créer le il restait et restera le pionnier et portegroupe Bozambo (« diminuer la triétendard de la musique burkinabè. ● cherie », en mooré). Pendant trois P.A.

HIPPOLYTE SAMA

L

E CONCERT accompagnant, le 26 janvier, la sortie de Burkina Faso : musiques modernes voltaïques, le livre du français Florent Mazzoleni, aura été sa dernière scène. Auteur, compositeur, batteur et a rr a n g e u r, G e o r g e s Ouédraogo s’est éteint le 2 février à la clinique du cœur à Ouagadougou. Surnommé le Gandaogo national (« celui qui ose », en mooré), il accordait tout son temps à son amour pour la musique depuis sa plus tendre enfance – au point qu’il arrêta l’école, au grand dam de sa mère.

HIPPOLYTE SAMA

Il sort ses plus grands succès dans les années 1970 avec son groupe, Bozambo.

JEUNE AFRIQUE

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TELECEL FASO : UNE NOUVELLE ERE COMMENCE. Dans le feuilleton judiciaire à rebondissements qui opposait Planor Afrique à Etisalat pour le contrôle de Telecel Faso, la justice française a encore donné raison à Planor Afrique. L’on se souvient qu’en date du 29 Juin 2011 le Tribunal de Grande Instance de Paris déclarait déjà exécutoire sur le territoire Français, le jugement N°71/2008 rendu par le Tribunal de Grande instance de Ouagadougou, confirmé par la Cour d’Appel de la même ville et le Cour Commune de Justice et d’Arbitrage de l’OHADA, lequel avait prononcé l’exclusion d’Atlantique Télécom du capital de Telecel Faso. La décision que vient de rendre à nouveau la justice française (cour d’appel de Paris) le 17 Janvier 2012, en annulant la sentence rendue en faveur d’ETISALAT par un tribunal arbitral sous l’égide de la Chambre de Commerce International, conforte définitivement Planor Afrique dans la paternité des actions de TELECEL FASO qu’elle détient en totalité. Les soubresauts judiciaires que Telecel Faso traînait comme un boulet sont véritablement derrière elle. Dorénavant, La société peut sereinement déployer son plan de développement et mettre les bouchées doubles pour rattraper la concurrence. Flash-back sur l’histoire de Telecel Faso redevenue par la volonté de son Président du Conseil d’Administration, Appollinaire Compaoré, un fleuron de la téléphonie mobile au Burkina Faso.

Une grosse épine ôtée du pied. Rarement affaire judiciaire n’aura connu autant de péripéties. Les décisions de justice se sont en effet succédées, les unes contredisant les autres, transformant, la situation de Telecel Faso en un véritable imbroglio. L’on se rappelle que le différend entre les actionnaires avait fait tanguer dangereusement le navire Telecel avant que Planor Afrique ne remette la société à flot. Au plus fort de la querelle, la société avait cessé tout investissement plombant ainsi son expansion et réduisant comme une peau de chagrin sa part de marché. Déjà en 2006, le tout Burkina était parcouru de bruits qui condamnaient Telecel Faso à mettre la clé sous le paillasson. C’est dans ce contexte que le différend entre actionnaires connaît, en 2008, un premier épilogue devant les tribunaux burkinabè où Atlantique Telecom est contraint de céder ses actions dans le capital de Telecel Faso à Planor Afrique. La même année, Planor Afrique engage un vigoureux plan de redéploiement pour assurer la pérennité de la société. Ce plan d’investissement prévoit la couverture de nouvelles localités et la modernisation des équipements. Pour marquer ses nouvelles ambitions, la société change de slogan. Pour l’avenir, sa signature devient "offrir plus…". Avec cette étiquette, la société entend se positionner comme une entreprise citoyenne désireuse de repartir les fruits de sa croissance. Une orientation normale quand on a à sa tête un des plus brillants hommes d’affaires du pays des hommes intègres: Appollinaire Compaoré.

Un ambitieux projet d’investissement. En l’espace de deux années, nous sommes en 2010, plus de 200 nouvelles localités sont couvertes et les tarifs de communication revues à la baisse. Mieux, l’entreprise fait le pari de mettre à la disposition de ses millions d’abonnés les avantages des nouvelles technologies. Elle lance coup sur coup les recharges électroniques et développe les services Internet par le biais du GPRS/EDGE. La même année, Telecel Faso s’acquitte auprès des autorités burkinabè de la somme de 26 milliards de Francs Cfa pour le renouvellement sur dix années de sa licence d’exploitation. Dans le même temps, un ambitieux plan d’investissement de plusieurs dizaines de milliards est rendu public par la société. Objectif: renforcer la couverture du pays et doter Telecel Faso des technologies les plus avancées du secteur. Tout de suite, la magie prend. La société commence à reconquérir des parts de marché et se classe au 1er rang des trois opérateurs téléphoniques du Burkina Faso pour ce qui est de la progression de sa part de marché. Elle lance sur toute l’étendue du territoire de spectaculaires actions de recrutement d’abonnés. Son parc

COMMUNIQUÉ

d’abonnés franchit le million dès la fin 2010. L’année suivante, Telecel Faso renforce ses acquis et entreprend de rogner fortement sur le marché de la concurrence. En une année, elle augmente de 46 % le nombre de ses clients. Elle réorganise son circuit de distribution pour assurer une disponibilité permanente des produits. A la fin de l’année 2011, Telecel Faso devient le 1er opérateur à proposer la connexion Internet par Wifi. Des bornes de connexion sont ainsi disponibles en des lieux stratégiques de la capitale Ouagadougou pour offrir aux burkinabè et aux hôtes de passage à Ouagadougou, les avantages de la connexion au réseau mondial. Le boulet judiciaire en moins, Telecel Faso voit sa

compétitivité s’accroître sur le marché. Toute chose qui pourrait contribuer à la hisser au rang des meilleurs opérateurs de télécommunication en Afrique de l’ouest.

APPOLLINAIRE COMPAORE, MODELE DE REUSSITE ET D’ABNEGATION. TELECEL FASO, Burkina Motos, SBE (Société Burkinabé d’Equipements), UAB (Union des Assurances du Burkina), Burkina Transport, etc. Toutes ces entreprises florissantes ont un point commun: Appollinaire Compaoré. L’homme d’affaires burkinabè a la réputation de transformer tout ce qu’il touche en succès. Longtemps englué dans une affaire judiciaire pour le contrôle de Telecel Faso, Appollinaire Compaoré vient de remporter la mise par K.O. La cour d’appel de Paris a définitivement débouté Etisalat et confié les rênes de Telecel Faso à Planor Afrique, la holding d’Appollinaire Compaoré. Appollinaire Compaoré vient encore de franchir un palier. Depuis, le 29 décembre 2011, il est l’un des viceprésidents de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso, représentant la catégorie «Commerce». Homme d’affaires prospère, il est surtout un modèle pour les jeunes. Le 10 décembre 2011, à Paris, il est le parrain de la Journée Parcours d’Excellence (JPEX) organisée par l’Association des cadres et cadres en devenir burkinabè (LACEB), une association créée par des burkinabés expatriés et dont l’objectif premier est d’offrir à ses membres un cadre d’échange d’expérience, de conseils de chefs d’entreprises confirmés et de formation à la création d’entreprise. Self-made man à la réussite fabuleuse, Appollinaire Compaoré fonde, en 1978, Volta Moto qui deviendra Burkina moto à la faveur du changement de dénomination du pays. La société est spécialisée dans la commercialisation des deux roues. En plus de trente années d’activités, Appollinaire Compaoré a bâti un véritable empire financier présent dans plusieurs domaines d’activités: le transport, les cyclomoteurs, les assurances, les hydrocarbures, les banques, les télécommunications,… N’allez pas chercher son nom dans les archives d’universités prestigieuses ou des grandes écoles de commerce. Vous n’y trouverez rien. Appollinaire

Compaoré n’est pas bardé de diplômes. Il n’a pas appris les techniques de Marketing sur les bancs. Son Marketing? Il l’a forgé au contact du monde des affaires. A force de volonté et de travail, Appollinaire Compaoré est la matérialisation du rêve de tout jeune entrepreneur. Sa réussite est fabuleuse. Sans tambour, ni trompette, il tisse et étend les tentacules de son empire à travers le Burkina et d’autres pays d’Afrique. Une volonté ferme et assurée de mettre au service de son pays et de son continent son savoir-faire et ses ressources pour un développement durable. Son sens inné des affaires le met sur les bonnes opportunités. A l’étranger, Appollinaire Compaoré et sa holding sont les plus grands actionnaires minoritaires de MTN Côte d’Ivoire. Dans le même pays, Il est également présent dans l’industrie avec HPC Industrie SA. Au Niger, il contrôle le capital de SOCODI SARL, etc. Homme discret et travailleur, le temps d’Appollinaire Compaoré est absorbé par les nombreux voyages et réunions d’affaires. Si bien que sa présence au pays passerait pour un évènement. Lorsqu’il n’est pas accaparé par les déplacements, Appollinaire Compaoré évite les mondanités préférant le travail dans la discrétion à l’exhibition sans fondement. Ils sont nombreux les burkinabè qui le citent en exemple sans pour autant le connaître physiquement. Ses compatriotes le citent en exemple. Sa réussite est un modèle pour chacun et constitue la preuve que tout est possible. Homme orchestre qui a su triompher de l’adversité et adapter son modèle de gestion à l’environnement ambiant, Appollinaire Compaoré force le respect et l’admiration.


Compaoré face au changement DÉCRYPTAGE Alain Faujas

Très bon élève, mais…

L

ES ÉMEUTES QUI ONT SECOUÉ le Burkina Faso au premier semestre 2011 n’avaient aucune cause économique, mais de multiples causes politiques. Il faut le rappeler, dans un temps où les « printemps » et les « révolutions » débutent le plus souvent par une paupérisation des populations. Grâce à une année exceptionnelle pour toute la filière agricole, la croissance du PIB avait atteint 7,9 % en 2010, avec une inflation nulle. Année après année, le pays des Hommes intègres confirme donc les performances qui le classent parmi les très bons élèves d’Afrique de l’Ouest (voir repères p. 79), avec une croissance moyenne de 5,5 % par an sur dix ans et un déficit budgétaire contenu à quelque 4 %. Et ce malgré sa vulnérabilité climatique et son enclavement, qui le mettent à la merci des fluctuations erratiques des prix de ses exportations (or et coton) et de ses importations (surtout en ce qui concerne l’énergie). Certains attribueront ces bons résultats à la hausse de la production d’or (une trentaine de tonnes en 2011), qui représente désormais plus de la moitié des exportations du Burkina. D’autres diront que le prix du coton, passé en quelques mois de 80 à 200 dollars (de 60 à 150 euros)

De même, pour apaiser la colère populaire de 2011, les autorités ont répondu aux attentes, mais en procédant à des réallocations budgétaires, ce qui leur a permis de demeurer dans les limites arrêtées avec le FMI et la Banque mondiale. Elles savent instaurer des « filets de sécurité » sociaux, sans que cela mette à mal les finances publiques. On le voit encore cette année avec la mise en place du Plan opérationnel de soutien aux populations vulnérables aux crises alimentaires, déclenché à la suite de la mauvaise récolte de 2011-2012. La réduction de 16 % de la quantité de céréales produites a par exemple entraîné une hausse de 50 % du prix du mil depuis le mois de septembre. Neuf mille tonnes de céréales seront vendues à moitié prix, mais elles seront réservées aux six des neuf régions du Nord en déficit. Ce Burkina sage, modeste et dur à la peine ne parvient pourtant pas à surmonter ses deux handicaps majeurs : une absence de transformation de ses productions et une croissance démographique hors de contrôle. Son incontestable vocation agricole ne l’a pas encore conduit à enrichir les produits maraîchers ou les céréales, qu’il exporte bruts vers ses voisins méridionaux. Le cas de l’élevage est symbolique de cette carence. Les troupeaux gagnent souvent à pied la Côte d’Ivoire, où les bêtes parviennent amaigries et en mauvaise condition, ce qui ne permet pas d’en tirer un bon prix. Il manque une chaîne composée d’abattoirs, de sites de conditionnement, de frigos et de transporteurs routiers pour ces produits carnés, qui, ainsi transformés et améliorés, créeraient de nouveaux emplois et apporteraient des recettes considérablement accrues aux Burkinabè. La forte fécondité, qui frise les 6 enfants par femme, empêche le Burkina de faire reculer significativement la pauvreté de ses habitants. Avec un taux de croissance démographique de 3 % à 3,5 % par an et une croissance économique de 5 % à 5,5 %, le niveau de vie ne s’améliore que de 1,5 % à 2,5 %. Autant dire qu’avec 500 000 âmes supplémentaires par an et ce faible progrès le pays ne parvient guère à faire face aux nouveaux besoins en matière d’éducation, de santé ou d’eau potable. Pour remarquable qu’il soit, le développement rapide du Burkina Faso ne peut pas encore être qualifié de durable. ●

La forte fécondité, qui frise les 6 enfants par femme, empêche le pays de faire reculer significativement la pauvreté. la tonne, a bien facilité les choses – un coup de pouce sans lendemain, le cours de cette matière première étant en chute depuis le début de 2011. D’autres encore souligneront que le pays a su jouer auprès des bailleurs de fonds de son extrême pauvreté (avec un revenu annuel par tête de 670 dollars selon le Fonds monétaire international [FMI]) et qu’il profite d’une aide de 70 dollars par habitant quand la moyenne en Afrique subsaharienne est de 50 dollars. C’est oublier que Ouagadougou s’est doté de l’un des cadres budgétaires les plus efficaces du continent, qui lui permet de contrôler ses finances publiques. Lors de la crise de la vie chère de 2008, le gouvernement a réagi en aidant les populations les plus menacées et non pas en subventionnant indistinctement les produits de base, solution de facilité qui a valu au Sénégal un sévère dérapage budgétaire. JEUNE AFRIQUE

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Le Plus de J.A. Burkina ð La réhabilitation de LA LIGNE DE CHEMIN DE FER ABIDJAN-OUAGADOUGOU et son extension jusqu’à Niamey font partie des projets communs.

HIPPOLYTE SAMA POUR J.A.

78

BURKINA-CÔTE D’IVOIRE

Comme au bon vieux temps Anciens et forts, les liens entre voisins ont pâti d’une décennie de crise politique. Depuis le retour au calme et l’arrivée au pouvoir de Ouattara, proche de Compaoré, ils retrouvent leur vigueur.

«

L

a crise est derrière nous, explique Patiendé Arthur Kafando, ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat. On a rétabli de solides échanges avec notre voisin ivoirien. La ligne de chemin de fer entre les deux pays fonctionne à plein régime, le transport routier a complètement repris, même si les transporteurs sont encore victimes de tracasseries policières. Nous discutons avec les autorités à Abidjan pour lever ces contraintes et améliorer le réseau routier transfrontalier. » Une nouvelle ère de coopération s’ouvre. Le 18 novembre, les présidents Blaise Compaoré et Alassane Ouattara ont animé un Conseil des ministres conjoint à Ouagadougou, avec au menu la diplomatie, la sécurité, les infrastructures, les mines, l’énergie, le foncier rural… Les deux États ont passé en revue les acquis et se sont engagés à développer plus encore un partenariat qui date d’avant la colonisation. PAYS DE LA COLA. À cette époque, les royaumes et chefferies du Sud et du Nord, dont les économies étaient complémentaires, échangeaient déjà nombre de marchandises : cola et autres produits de la N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012

forêt contre céréales, cuirs et peaux, ou sel du Sahel. D’où le surnom de « pays de la cola » donné à la Côte d’Ivoire. Ce commerce était alors assuré par des marchands d’origine mandingue, les Dioulas (un nom qui désigne abusivement une ethnie). Au fil des ans, il s’est étendu à bien d’autres marchandises, liant fortement les deux économies. Au début des années 2000, plus de 60 % des exportations de coton transitaient ainsi par le port d’Abidjan. La partition de la Côte d’Ivoire, en septembre 2002, a obligé les Burkinabè à trouver d’autres voies d’évacuation avant

que le commerce reprenne via des corridors sécurisés. Pourtant, malgré la crise politico-militaire qui l’a secoué au cours de la dernière décennie, le pays est resté le premier fournisseur ouest-africain du Burkina Faso, et le commerce bilatéral a connu une croissance importante. Les exportations burkinabè à destination de la Côte d’Ivoire sont aujourd’hui dominées par le tabac, les animaux vivants, la fibre de coton et les boissons. De 7,6 milliards de F CFA (11,7 millions d’euros) en 2005, elles sont passées à 9,3 milliards en 2010. Les importations ont également connu une forte hausse, passant de 103 milliards de F CFA en 2005 à 162 milliards en 2010. Les produits pétroliers (80 milliards) arrivent largement en tête devant les tabacs (18 milliards), les savons et produits de ménage (7 milliards), puis les engrais (5,5 milliards). MIGRATIONS. Ce déséquilibre de la

balance commerciale est toutefois compensé par le rapatriement de fonds de la diaspora burkinabè. Apparu durant la colonisation – il n’était alors pas volontaire –, le phénomène de migration de nombreux ressortissants de Haute-Volta vers les pays côtiers s’est poursuivi, après la fin du travail forcé, en 1946, sous l’impulsion des planteurs ivoiriens qui avaient besoin d’une main-d’œuvre bon marché. Les planteurs burkinabè se sont d’abord installés à l’est avant de migrer vers la nouvelle boucle du cacao, à l’ouest du pays, où le domaine forestier est le plus dense. Certains y sont installés depuis deux ou trois générations.

CAP SUR L’INTÉGRATION RÉGIONALE PAYS ENCLAVÉ DE L’HINTERLAND, le Burkina Faso cherche à profiter des perspectives du marché régional et coopère avec ses voisins immédiats pour le développement des grands chantiers d’infrastructures. Dans les prochaines années, les autorités burkinabè souhaitent construire avec leurs homologues ivoiriennes l’autoroute Ouagadougou-Yamoussoukro, réhabiliter la ligne de chemin de fer Abidjan-Ouagadougou et la prolonger jusqu’à Niamey, au Niger. Elles souhaitent par ailleurs accroître l’interconnexion au réseau électrique ouest-africain. La création d’un nouvel aéroport international à Donsin, en périphérie de la capitale, est également en projet, de même que la construction d’un port sec multimodal à Ouagadougou (à l’instar de celui de Bobo-Dioulasso), couplé avec la mise en place d’unités de transformation de produits agricoles dans l’espace Korhogo - Sikasso - Bobo-Dioulasso. ● P.A. JEUNE AFRIQUE


Compaoré face au changement Devant la raréfaction des terres, de nouveaux arrivants s’installent dans les forêts classées, avec la complicité des autorités militaires et des chefferies locales qui en ont fait un véritable commerce. Entre 2 et 3 millions de Burkinabè vivent actuellement en Côte d’Ivoire (qui compte 21 millions d’habitants). Selon la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), ces migrants envoient chaque année au pays des dizaines de milliards de francs CFA. Depuis novembre 2007, en tant que ressortissants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest

Le 18 novembre, les deux présidents ont animé un Conseil des ministres conjoint à Ouagadougou. (Cedeao), ils n’ont plus besoin de carte de séjour. L’arrivée de ces grands travailleurs et bons cultivateurs, à la base de la réussite agricole ivoirienne, est aujourd’hui encadrée par les Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI). RECONSTRUCTION. L’arrivée au pou-

voir d’Alassane Ouattara a également renforcé les ambitions des hommes d’affaires burkinabè qui souhaitent toucher les dividendes de la relation privilégiée qu’entretient Blaise Compaoré avec l’exécutif ivoirien. Le banquier burkinabè Idrissa Nassa, PDG de Coris Bank, a prévu d’ouvrir plusieurs agences en Côte d’Ivoire. Dans le BTP, plusieurs groupes lorgnent sur les juteux marchés de la reconstruction. Mohammed Abdulaï, directeur général de Faso Construction et Services, a ainsi ouvert une filiale à Abidjan; l’entreprise a récemment obtenu le contrat de la construction du futur complexe sportif Alassane-Ouattara de Grand-Bassam (6 milliards de F CFA) et la rénovation du Palais des sports d’Abidjan (1,3 milliard de F CFA). De son côté, le groupe Kanazoé a décroché plusieurs marchés de réhabilitation de tronçons routiers dans le Nord ivoirien. Quant à la nouvelle présidente de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso, Alizèta Ouédraogo, elle pourrait implanter à Abidjan une filiale de sa société de construction immobilière Azimmo pour attaquer le marchés des logements sociaux. ● PASCAL AIRAULT JEUNE AFRIQUE

LA CROISSANCE S’ACCÉLÈRE PIB (en milliards de dollars, en prix courants, éch. de gauche)

MALI NIGER

Ouahigouya

BoboDioulasso

GHANA

8

10

7,9

8

9

8,3

8,4

10,8 7

10

6

6

BÉNIN

4

5,2

2

TOGO

CÔTE D’IVOIRE

(variation du PIB en %, en prix constants, éch. de droite)

12

Kaya Ouagadougou Fada N’Gourma Koudougou Tenkodogo

Dédougou

Banfora

Croissance

0

100 km

3,2 2008

5,6

4,9

4

* Prévisions

2009

2010

2011* 2012*

POPULATION 15 millions d’habitants

SUPERFICIE 274 000 km2

INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS

5

3

INFLATION 2%

PIB PAR SECTEUR

# &((" 137 millions de dollars # &((2 171 millions de dollars # &('( 37 millions de dollars

# /-$!.$-% 40,5 % # ,%+01).$-% 22,7 % # *%-*$.$-% 36,8 %

Quelle place au sein de l’UEMOA ? Population

PIB 2011

(en millions d’habitants)

Côte d’Ivoire Niger Burkina Faso Mali Sénégal Bénin Togo Guinée-Bissau

(en milliards de dollars, en prix courants) 22,7

15,1 15 13,8 13,4 9,9

0

7,1 1,7 5

10

15

20

25

Côte d’Ivoire Sénégal Mali Burkina Faso Bénin Niger Togo Guinée-Bissau

Développement humain 155e 162e 167e 170e 175e 176e 181e 186e

Niger Sénégal Mali Togo Burkina Faso Bénin Côte d’Ivoire Guinée-Bissau

PIB par habitant

0

25

(en % du PIB, en 2011)

(en dollars, en 2011)

Sénégal Côte d’Ivoire Mali Bénin Burkina Faso Guinée-Bissau Togo Niger

20

Investissements

(rang sur 187 pays classés)

Sénégal Togo Bénin Côte d’Ivoire Mali Guinée-Bissau Burkina Faso Niger

23,8 14,7 11 10,1 7,5 6,5 3,6 1 0 5 10 15

Mali 1 096 Burkina Faso 1 049 Sénégal 796 756 Togo 670 Côte d’Ivoire 586 Niger 511 Bénin 428 Guinée-Bissau 200 400 600 800 1000 1200

38,8 31,5 20,4 19,4 17,9 17,8 10,8 10,4 0 5 10 15 20 25 30 35 40

Climat des affaires

(rang sur 183 pays classés) 146e 150e 154e 162e 167e 173e 175e 176e

SOURCES : FMI, SEPT. 2011 ; BANQUE MONDIALE, OCT. 2011 ; PNUD, NOV. 2011 ; CNUCED JUILL. 2011 ; ECONOMIST INTELLIGENCE UNIT N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012

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Co Conférence internationale pour le financement de la SCADD

Le Burkina Faso gagne la confiance des partenaires publics et privés

photo : BRUNO LEVY pour JA

En vue de mobiliser les ressources extépublique, de la coopération décentralisée et rieures nécessaires au financement de sa des institutions sous-régionales de déveStratégie pour la Croissance Accélérée et le loppement. La quasi-totalité des institutions Développement Durable (SCADD), le Burinvitées ayant honoré le rendez-vous. kina Faso a organisé une Conférence internationale du 1er au 3 février 2012 à Paris. Concernant le forum des investisseurs au Pour le financement de sa nouvelle stratégie deuxième jour de la rencontre, la salle de de développement, le Gouvernement Burconférence de la Banque mondiale qui a kinabè était allé présenter aux partenaires abrité les travaux, a refusé du monde. Cette publics et privés la SCADD. La démarche session a réuni plus de deux cents (200) du Gouvernement à travers l’organisation acteurs d’une centaine d’entreprises privées de la conférence avait pour objectif : de provenant d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et s’offrir une plate-forme internationale pour d’Europe. présenter sa vision et sa stratégie et à amener les partenaires à s’aligner derrière ces Au-delà de la vision globale de développriorités. Elle visait également à mobilipement du Burkina, les participants ont pu ser les différents partenaires (bilatéraux et LUCIEN MARIE NOEL BEMBAMBA, ministre passer en revue les opportunités d’invesmultilatéraux, les investisseurs privés, les de l’économie et des finances du Burkina tissements qu’offrent le Burkina Faso (lire fonds souverains, etc.) afin de sécuriser les encadré). En outre, chaque membre du ressources nécessaires au bouclage du financement global de la Gouvernement a eu l’heureuse occasion d’exposer sur les opporSCADD et enfin, à présenter les opportunités d’investissements tunités inhérentes à son secteur ministériel devant les partenaires offertes au privé et mettre en place un système de suivi des enga- techniques et financiers ainsi que les investisseurs nationaux et gements pour la SCADD, intégré avec le mécanisme de suivi déjà étrangers. Les témoignages d’entreprises installées au Burkina prévu par la stratégie de développement. Faso ont contribué à convaincre plus d’uns de la qualité de l’environnement des affaires dans un pays qui allie bonne gouvernance, Présidée par Son Excellence Monsieur le Premier Ministre, les stabilité institutionnelle, dynamisme et compétence. travaux se sont déroulés en deux étapes : la première qui a eu lieu le1er février 2012 a concerné les partenaires publics traditionnels bilatéraux et multilatéraux ; la seconde, tenue le 2 février 2012, 2 650 milliards de francs CFA annoncés était consacrée aux investisseurs privés. Aux termes des travaux, outre les suggestions qu’ils ont faites pour relever les défis, les participants se sont tous engagés à soutenir La conférence a été marquée par une forte affluence de sorte que la mise en œuvre de la SCADD. Pour confirmer cet engagement, les inscriptions ont été clôturées dès le 24 janvier 2012. Cette forte plusieurs partenaires ont annoncé leurs contributions financières. affluence apporte une fois de plus la preuve de l’intérêt que les acteurs D’autres institutions n’ont pu le faire en raison de leur programme du développement tant publics que privés portent au Burkina Faso. de coopération qui était en cours de préparation, ou de leur fonctionnement suivant une approche mono annuelle.

Des attentes amplement comblées

Au niveau du secteur public, la session a regroupé plus de cent cinquante (150) participants comprenant des partenaires techniques et financiers, des représentants du secteur privé, de l’administration

COMMUNIQUÉ

L’estimation de l’ensemble des ressources annoncées s’élève à environ 2 650 milliards de francs CFA dont un tiers pour les bilatéraux et deux tiers pour les multilatéraux. Ce montant couvre 96% des besoins de financement de la SCADD. Les 4% restants,


photo : D.R.

Ministère de l’économie et des finances Avenue Ho Chi Minh 03 BP 7012 Ouagadougou 03 www.finances.gov.bf

soient 98 milliards, seront couverts d’une part par les contributions attendues des partenaires qui ne sont pas prononcés séance tenante et d’autre part à travers les partenariats public-privé et la mobilisation de l’épargne intérieure. Après une décennie de mise en œuvre du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP), il s’est avéré nécessaire de recadrer l’action afin de consolider les acquis, de corriger les insuffisances et de relever les défis notamment en matière de réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement. C’est dans cette optique que le Gouvernement a adopté en décembre 2010, la Stratégie de croissance accélérée et de

développement durable (SCADD) pour la période 2011-2015. De manière globale, cette option stratégique vise l’accélération de la croissance, la promotion d’un développement durable, et surtout l’édification d’une société moderne et solidaire. Quatre axes stratégiques ont été retenus à cet effet : le développement des piliers de la croissance accélérée, la consolidation du capital humain et la promotion de la protection sociale, le renforcement de la bonne gouvernance, la prise en compte des priorités transversales dans les politiques et programmes de développement.

Les potentialités économiques inexploitées avec une politique ferme de protection, de 9. Une position géographique centrale sont nombreuses et variées. Les domaines garantie et de promotion des investisseau cœur de l’Afrique de l’Ouest, de la d’investissement pour le secteur privé sont ments ; Communauté économique des États essentiellement l’agro industrie, les infras- 5. Des potentialités économiques énorde l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et tructures (routes et télécommunications), mes et encore inexploitées dans les de l’Union économique et Monétaire l’énergie (verte), l’industrie du tourisme et des domaines de l’agriculture, de l’agro Ouest-africaine (UEMOA). Une frontière services. En sus des interventions strictement industrie, des mines, de l’industrie, du commune avec six États de la CEDEAO privées, le partenariat public-privé constitue tourisme et des services. Une loi sur et cinq États de l’UEMOA, donnant acune autre modalité qui pourrait être exploitée. le partenariat public-privé en cours cès à un marché potentiel de 73 millions d’adoption par le Parlement ; d’habitants dans l’espace de l’UEMOA et Le résumé de ces opportunités d’investissede plus de 280 millions dans l’espace ments en10 points : 6. Un environnement juridique et judiciaire CEDEAO ; porteur, un droit des affaires harmonisé et 1. Une stabilité politique et institutionnelle en constante amélioration dans le cadre 10. Un réseau routier international de bon fondée sur une quête permanente d’un de l’Organisation pour l’Harmonisation en niveau, assorti d’un système de transit consensus social et politique ; Afrique du Droit des Affaires (OHADA) ; international performant, faisant du ina un carrefour des échanges des Burkina 2. Un contexte macro économique stable ; 7. Une population jeune, dynamique, enpays de l’UEMOA et de la CEDEAO. treprenante ; 3. Un choix résolu pour une économie libérale ; 8. Une zone de stabilité monétaire, avec une monnaie commune au sein de l’UE4. Un cadre législatif et règlementaire proMOA, librement convertible avec une pice, novateur et particulièrement incitatif, parité fixe par rapport à l’euro ;

Difcom - F.C. Photos : DR

Dix raisons d’investir au Burkina


Créée en 1998 au Burkina Faso pour la réalisation et l’intégration des systèmes de télécommunications en Afrique en générale, ZIL TELECOM INTERNATIONAL S.A joue un rôle essentiel dans un secteur en plein essor. L’entreprise compte aujourd’hui deux cent vingt six agents (Techniciens et Ingénieurs) spécialisés dans le domaine des télécommunications.

La capacité technique et l’expérience de notre personnel nous permettent de réaliser des projets clés en main de grandes envergures. Notre domaine d’intervention est constitué essentiellement des travaux de Survey, d’ingénierie, fournitures, installation, mise en service, maintenance, assistance et contrôle en : • Transmission Faisceaux Hertziens (microwave)

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• Téléphonie, commutation et MUX

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• Élaboration de cahiers de charges

• Pylônes (haubanés et autostables) Triangulaire et quadrangulaire

• Génie – Civil des travaux de télécommunications

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• L’acquisition des sites (Recherche et Négociation) • Réalisation des surveys et études APS/APD • Stations de Montée par Satellite • Audit et Remise en état de pylône et de sites Telecom • Gestion complète de Projet

SIEGE SOCIAL 01 BP 2051 OUAGADOUGOU 01, Rue GANGA Porte 794 - Secteur 13 - Zogona, BURKINA FASO Tél. : +226 50 36 14 00 / 50 36 28 24 - Fax : +226 50 36 14 08 / 50 36 93 72 E-mail : zti@fasonet.bf - info@zil-telecom.net - www.zil-telecom.net ZIL TELECOM NIGER Tél. : +227 20 38 27 19 E-mail : zil.niger@zil-telecom.net ZIL TELECOM MALI Tél. : +223 20 24 76 90 E-mail : zil.mali@zil-telecom.net ZIL TELECOM SÉNÉGAL Tél. : +221 33 820 08 31 E-mail : zil.senegal@zil-telecom.net ZIL TELECOM TCHAD Tél. : +235 66 24 49 79 E-mail : zil.tchad@zil-telecom.net

COMMUNIQUÉ

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Compaoré face au changement

TRIBUNE

Opinions & éd ditoriaux

Le potentiel est là

V. FOURNIER/J.A.

L LAURENT SÉDOGO Ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques

E BURKINA FASO, c’est 9 millions d’hectares de terres cultivables, exploités à seulement 46 %. Des terres irrigables évaluées à 233500 ha (sans compter près de 500000 ha de bas-fonds aménageables), valorisées à seulement 14 %. Un cheptel diversifié et considérable : 8 millions de bovins, 15 millions d’ovins et de caprins, 36 millions de volailles. C’est aussi plus de 3,8 millions d’hectares (14 % du territoire) d’aires classées et une faune variée, dont près de 6000 éléphants, qui font du Faso une terre d’excellence pour l’écotourisme. Le potentiel est là. L’agriculture constitue déjà la base du développement socioéconomique du Burkina Faso : elle contribue pour 30 % à son produit intérieur brut (PIB), assure la sécurité alimentaire des populations et fournit 61,5 % des revenus monétaires des ménages ruraux. La stratégie de croissance du pays est donc intimement liée à l’essor de l’économie agricole. Celui-ci se joue actuellement à travers le Programme national du secteur rural (PNSR) 2010-2015, dont le coût global s’élève à 1 230 milliards de F CFA (près de 1,9 milliard d’euros). Le double objectif est, d’une part, de subvenir aux besoins alimentaires des familles en améliorant la production et la commercialisation des denrées et, d’autre part, de développer les cultures d’exportation à partir de pôles agro-régionaux. Ce qui doit permettre d’ancrer les populations dans le terroir, de créer des emplois et de générer des ressources sous forme de devises.

Bagré, situé dans la province du Boulgou, à 230 km de la capitale, où seront pratiqués la riziculture, la culture maraîchère, l’élevage, la pêche et l’aquaculture. L’implantation prochaine d’une unité de montage de tracteurs et de matériel agricole à Ziniaré, non loin de Ouagadougou, permettra aussi d’accroître la mécanisation. Le développement du coton OGM, du riz Nerica, de cultures hybrides de maïs ainsi que des semences de niébé et de sésame très productives vont permettre d’augmenter les rendements. La coopération avecTaiwan a permis une progression spectaculaire de la production rizicole, et la mise en œuvre du programme de développement de l’irrigation aide actuellement les producteurs à accéder à des techniques de pointe dans ce domaine (goutte-à-goutte, aspersion…) et à recourir à du matériel végétal amélioré. Reste à favoriser la commercialisation de ces produits sur les marchés nord-africain, asiatique et européen. Et à développer d’autres cultures comme l’oignon, le haricot vert, la tomate, la

Notre objectif est double : subvenir aux besoins alimentaires des familles et développer les cultures d’exportation.

Les priorités restent, bien évidemment, l’amélioration des rendements et des revenus des paysans à travers une meilleure gestion des petites exploitations familiales, mais aussi la promotion des grandes fermes. Ce qui nécessite un meilleur accès à l’eau et aux techniques et technologies agricoles. À cet égard, l’État a programmé à l’horizon 2015 la construction de 25 nouveaux barrages, la réhabilitation de 75 autres et la construction de nombreux ouvrages d’hydraulique pastorale, ainsi que l’aménagement de 50000 ha de bas-fonds, 55000 ha de périmètres en maîtrise totale de l’eau et la réhabilitation de 1500 ha pour l’agriculture irriguée. Le projet phare des prochaines années est la mise en valeur du pôle de croissance agro-industriel de JEUNE AFRIQUE

fraise ou la mangue, qui ont des débouchés locaux, régionaux et internationaux. La construction d’unités de transformation sur le modèle des complexes existant déjà dans le sucre, la filature ou l’huile de sésame permettra de générer des emplois et d’améliorer la valeur ajoutée. Ces innovations ne seront possibles qu’avec une meilleure gestion des espaces naturels. Certains dénoncent parfois l’accaparement des terres. La loi est très claire sur ce point, et la sécurisation des activités passe par le cadastrage et l’attribution de titres fonciers. Ce qui permet aussi de faciliter l’accès aux crédits bancaires. Pour les non-propriétaires, diverses formes de location sont envisageables, telles que le métayage ou l’attribution de baux emphytéotiques. La loi foncière de 2009 valorise le travail de la terre en reconnaissant trois types de propriétaires (État, collectivités territoriales et personnes physiques). L’État a sécurisé l’accès à la propriété des petits agriculteurs tout en permettant à de gros exploitants, qui disposent de moyens financiers, d’accéder au domaine agricole. ● N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012

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Le Plus de J.A. Burkina COTON

Jean-Paul Sawadogo « Sur les OGM, notre bilan est très positif » La grogne des producteurs a fait revoir à la baisse les objectifs de la campagne 2011-2012. Cependant, le directeur général de la Sofitex est confiant. Et ne manque pas d’arguments.

I

ngénieur agronome, ministre de l’Agriculture et des Ressources animales de 1992 à 1996 puis coordonnateur du Programme national de gestion des terroirs, Jean-Paul Sawadogo a pris ses fonctions à la tête de la Société burkinabè des fibres textiles (Sofitex) en juin 2011, alors que s’amplifiaient les protestations des producteurs contre les prix des engrais (jugés trop élevés) et du coton (qu’ils estiment trop bas). Il revient sur l’impact de cette crise et sa résolution, ainsi que sur le bilan, dix ans après son autorisation, de la culture d’organismes génétiquement modifiés (OGM). JEUNE AFRIQUE : Comment se porte la filière après la crise sociale et la fronde menée par certains producteurs l’an dernier ? JEAN-PAUL SAWADOGO : Les destruc-

tions de champs ne nous permettront pas d’atteindre nos objectifs pour la campagne 2011-2012. La production de la Sofitex devrait s’élever à environ 300 000 t de coton-graine pour environ 127 000 t de coton-fibre. À l’échelle nationale, la pro-

Ì L’EX-MINISTRE DE

L’AGRICULTURE ET DES

RESSOURCES ANIMALES a pris la tête de la Société burkinabè des fibres textiles en juin dernier.

versées en fonction des résultats et de l’évolution des cours mondiaux. La Sofitex a également pris ses dispositions pour que les producteurs soient payés dans les dix jours suivant l’enlèvement du coton. Les tensions sont aujourd’hui apaisées et l’engouement pour l’or blanc est revenu. Fin janvier, la Sofitex a signé deux conventions de financement ; l’une avec le pool bancaire national, de 77 milliards de F CFA, et l’autre avec le pool bancaire international, de plus de 50 milliards de F CFA. Cela va nous permettre de financer les achats, le transport, l’égrenage et la commercialisation. L’objectif est de relancer la production nationale afin d’atteindre les 500000 t pour la campagne 2012-2013.

Avec les semences transgéniques, il n’y a besoin que de deux traitements pesticides. duction devrait se situer entre 380000 t et 400 000 t de coton-graine, ce qui permet au Burkina de garder sa position de leader africain du secteur. Certains planteurs se plaignaient de la cherté des intrants et du niveau de rémunération. L’État a mis en place un cadre de concertation interprofessionnel. Nous avons fixé le prix d’achat à 245 F CFA [0,37 euro, NDLR] le kilo [au lieu des 230 F CFA/kg fixés initialement] et établi un barème de primes, qui seront N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012

Le Burkina Faso est le premier pays d’Afrique de l’Ouest à avoir autorisé le recours aux semences transgéniques en champ. Quelle est désormais la part cultivée en OGM dans le pays ?

Elle est de 50 % cette année et sera de 60 % pour la campagne 2012-2013. Si cela ne tenait qu’à eux, les producteurs cultiveraient du coton transgénique à 90 %. Nous faisons des efforts pour ramener le kilo de semences à 24 000 F CFA, au lieu de 27 000 F CFA l’an dernier. En

HIPPOLYTE SAMA

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comparaison, les variétés hybrides leur reviennent à 20 000 F CFA. Quels sont les principaux bénéfices ?

Les cotons OGM présentent plusieurs avantages. En particulier, ils réduisent la pénibilité du travail. Pour un hectare cultivé [avec des semences classiques], un planteurréaliseentresixethuittraitements phytosanitaires, ce qui lui fait parcourir environ 15 km avec 15 kg sur le dos. Avec les semences transgéniques, il n’a besoin de faire que deux traitements pesticides. Celapermetderéduirelecoûtéconomique et de sauvegarder l’environnement. Par ailleurs, le cotonnier OGM développe plus de capsules, et la productivité peut augmenter de 30 % si le programme de fertilisation est respecté. Dix ans après, le bilan est-il positif ?

Le Burkina a fait un pari technologique tout en prenant des mesures de précaution. Et le bilan des OGM est très positif. Aujourd’hui, nos voisins se rendent compte que notre production s’est améliorée, en quantité mais aussi en qualité. Ils viennent même étudier nos méthodes de culture. On discute actuellement avec la firme Monsanto [qui a introduit le gène Bt dans les variétés burkinabè] pour voir comment produire des semences OGM pour les pays de la sous-région. ● Propos recueillis à Ouagadougou par PASCAL AIRAULT JEUNE AFRIQUE


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MINES

La soif de l’or En trois ans, le pays est devenu le quatrième producteur du continent. Et ce n’est qu’un début.

D

DONNÉES VOLTA RESOURCES INC.

MALI

Banfora

LE SITE

D’ESSAKANE répondu à cet appel d’offres, et D’ores et déjà, six mines indusrecèle des trielles (Mana, Youga, Kalsaka, l’Étatdevraitannoncersonchoix réserves Taparko, Belahouro et Essakane), au mois de mars. estimées À l’ouest, la mine de Mana, à 120 tonnes. deux semi-industrielles et plus de opérée par la Société d’exploitadeux cents sites artisanaux sont en tionminièred’Afriquedel’Ouest(Semafo), phase d’extraction. L’entrée en production, vient d’entrer en phase de production ; en juillet 2010, du gisement considéré 5 t à 6 t devraient être extraites dès cette comme le plus prometteur du pays, à année. Ses réserves sont estimées à 35 t, et Essakane (Nord-Est), a donné un nouvel sa durée d’exploitation à six ans. Dans l’exélan à la filière. Opérée par le canadien trême ouest du pays, l’australien Gryphon Iamgold, la mine produit environ 10 t par Minerals lance une étude de faisabilité an, pour des réserves estimées à 120 t. pour son projet aurifère de Banfora… La En trois ans, le pays est devenu le qualiste est loin d’être exhaustive. trième producteur d’or du continent, derrière l’Afrique du Sud, le Ghana et le Mali. DEVISES. «Leboomminierestaujourd’hui Laproductionburkinabèesteneffetpassée une réalité, confie Salif Lamoussa Kaboré, de 12,2 t en 2009 à 24 t en 2010 et 32,5 t en le ministre des Mines, des Carrières et de 2011, les prévisions pour 2012 oscillant l’Énergie. Et ce n’est qu’un début, puisque entre 40 t et 42 t. quelque 605 permis de recherche ont Depuis 2009, le métal jaune est devenu été délivrés à des sociétés la première ressource de devises du canadiennes, austrapays, devant le coton, et génère quelque liennes,britanniques, 5000 emplois directs. Les mines ont rapInata sud-africaines, porté 125 milliards de F CFA à l’État en taxes et impôts en 2011, pour un chiffre etc. » Essakane d’affaires global de 750 milliards de F CFA. Karma L’an dernier, l’essor accéléré de cette Taparko industrie a provoqué des contestations Kalsaka chez ses employés ainsi qu’au sein des NIGER communautés voisines des sites aurifères. BURKINA FASO Aussi,larévisionducodeminierburkinabè, OUAGADOUGOU en cours, devrait préciser de manière plus Bomboré explicite les responsabilités des sociétés Mana Kiaka d’exploitation. L’État cherche également Poura/Larafella à améliorer sa gouvernance en mettant Youga Houndé en place l’Initiative pour la transparence BÉNIN dans les industries extractives (ITIE). Petit TOGO GHANA à petit, la filière s’organise, notamment avec l’installation, en septembre 2011, Gaoua LES GISEMENTS SE MULTIPLIENT de la Chambre des mines, qui regroupe des représentants des sociétés minières. ● Konkera

CÔTE D’IVOIRE JEUNE AFRIQUE

IAMGOLD

e l’or, encore de l’or, toujours de l’or. Pas un mois ne se passe au Burkinasansquel’onapprenne de nouveaux investissements dans la filière aurifère. En février, la société minière britannique Cluff Gold a dépensé plus de 14,4 milliards de F CFA (près de 22 millions d’euros) en espèces et en actions pour acquérir un nouveau projet à proximité de sa mine de Kalsaka (voir carte), qui a produit plus de 2 t en 2011. En janvier, le canadien Volta Resources débloquait un budget de recherche de 9,5 milliards de F CFA pour la seule année 2012 afin de mettre en valeur le gisement de Kiaka, racheté à la major sud-africaine RandgoldResourcesen2009.L’exploitation du site, dont les réserves sont estimées à 125 t, devrait débuter au quatrième trimestre 2014. En décembre, c’est un autre canadien, Avion Gold, qui annonçait un investissement de 60 milliards de F CFA pour développer le gisement de Vindaloo, à Houndé, avecl’objectifdedémarrerlaproductionen 2015. De son côté, l’État a lancé un appel d’offres pour la réouverture de la mine de Poura ; première concession du pays à avoir été exploitée (à partir de 1985), elle est fermée depuis la fin des années 1990.Lescoursdel’orayantbaissé, elle avait alors été jugée non rentable.Huitsociétésont

> 100 t

50-100 t

< 50 t

100 km

PASCAL AIRAULT

N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012



COMMUNIQUÉ


Le Plus de J.A. Burkina HÔTELLERIE

Dans le sillage du Beneb-Souka Loin de l’animation de Ouaga et des embarras de Bobo, le tourisme se développe aussi à Koudougou. La troisième ville du pays, qui mise sur son côté authentique, voit fleurir les établissements étoilés. concentrer, à partir de 2002, sur les boissons gazeuses (sodas et bières). Sa petite entreprise est devenue une importante société de distribution, avec des filiales à Ouaga, mais aussi à Lomé, au Togo, ainsi qu’à Abidjan, Korhogo et Bouaké, en Côte d’Ivoire. Les bénéfices ont tous été investis dans la construction de l’hôtel, qui a duré sept ans. Et Zoma ne regrette rien. Pour lui, « plus il y aura d’hôtels à Koudougou, plus on aura de chances d’attirer les touristes et les conférenciers qui ont envie de voir autre chose que Ouagadougou ». HIPPOLYTE SAMA POUR J.A.

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N

eûtétélacrisesociomilitaire de l’an dernier, nombre de Burkinabè auraient convergé vers Koudougou, le 11 décembre 2011, pour participer aux célébrations de la fête nationale… qui s’y dérouleront finalement en décembre prochain. Marcel Poulma Zoma a tout de même maintenu l’inauguration de son hôtel trois étoiles, le Beneb-Souka, accueillant pour l’occasion des invités de marque dont le ministre de la Culture et du Tourisme, Baba Hama, et, pour couper le symbolique ruban, le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao. Construit en plein centre de Koudougou – capitale du Centre-Ouest, à 100 km de Ouagadougou –, le complexe hôtelier fait la fierté de son promoteur : il compte 48 chambres réparties sur trois étages et deux salles de conférences, d’une capacité

LE COMPLEXE CONSTRUIT PAR MARCEL POULMA ZOMA compte 48 chambres et deux salles de conférences.

de 160 personnes pour la première et de 50 pour la seconde. Avec des prix allant de 18000 à 36000 F CFA (de 27,50 à 55 euros) la nuitée, Marcel Zoma espère que le Beneb-Souka fera vite le plein. « Nos prix sont relativement bas, pour que tous les Burkinabè puissent s’offrir une chambre chez nous, tout en maintenant le confort d’un trois-étoiles », explique-t-il, avant de faire l’apologie de l’ascenseur high-tech, des chambres spacieuses et climatisées ainsi que de l’accès à internet. « Les gens viennent visiter l’hôtel comme si c’était une attraction touristique », s’amuse-t-il. Originaire de la région, Marcel Poulma Zoma est un néophyte dans l’hôtellerie. Il a débuté en 1981 dans le négoce de produits alimentaires en gros, avant de se

NUITS ATYPIQUES. La troisième ville

du pays (150 000 habitants) espère tirer son épingle du jeu du tourisme d’affaires et culturel (lire encadré). Et force est de constater que la demande en infrastructures hôtelières va croissant à Koudougou, qui entre en effervescence tous les ans, fin novembre, avec le festival des Nuits atypiques de Koudougou (NAK). La 16e édition, en 2011, a accueilli 70 000 visiteurs. « Chaque année, nous avons de grosses difficultés à héberger les festivaliers, raconte Koudbi Koala, le directeur des NAK. L’accroissement des capacités hôtelières ne peut que faciliter l’organisation d’événements d’envergure dans notre ville. » Son vœu semble avoir été entendu par les investisseurs locaux. Plusieurs établissements sont en construction, à l’instar du Coram, qui prévoit d’ouvrir ses portes le 11 décembre. Cette nouvelle concurrence n’inquiète guère le patron du Beneb-Souka: avant même son inauguration officielle, son hôtel a accueilli la star de la musique sénégalaise Ismaël Lo. Et cela vaut toute la publicité du monde. ● MALIKA GROGA-BADA

UNE OFFRE DIVERSIFIÉE AU DÉBUT DES ANNÉES 1980, le Burkina Faso attirait 150000 visiteurs par an; aujourd’hui, il frôle les 500000 et espère doubler les recettes hôtelières (actuellement 55 milliards de F CFA, soit près de 84 millions d’euros) d’ici à 2020. Il tire profit d’un agenda culturel bien rempli: Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou (Fespaco), Salon international de l’artisanat (SIAO), mais aussi Récréthéâtrales ou Jazz à Ouaga. Les tour-opérateurs N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012

peuvent aussi miser sur des sites encore authentiques, comme le village deTiébélé (Sud) et son architecture kassena, les mares aux caïmans sacrés de Sabou et de Bazoulé (Centre), les cascades de Banfora et les pics de Sindou (Ouest), ou les ruines de Loropéni (Sud). Le Burkina Faso est aussi le premier pays ouest-africain de tourisme de conférence, et abrite tous les ans une petite centaine de rencontres et séminaires sous-régionaux. ● M.G.-B. JEUNE AFRIQUE


Compaoré face au changement

CHRISTOPHE ENA/AP/SIPA

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CRÉÉE EN 1987, LA COMPÉTITION (ici en 2008, entre Boromo et Diébougou) tiendra sa 26e édition du 8 au 18 octobre 2012. SPORT

Tous en selle!

Symbole de l’engouement des Burkinabè pour la petite reine, le Tour du Faso est le plus célèbre rendez-vous cycliste du continent. Pour 2012, le pays a programmé plusieurs autres épreuves.

V

ingt-cinq ans après le premier Tour du Faso, le cyclisme africain sera plus que jamais à la fête au Burkina en 2012. Les spectateurspourrontobserverdevaleureux coureurs du continent et leurs homologues européens s’affronter sur les routes du pays au cours d’une saison jalonnée d’épreuves. Ils verront les pelotons pédaler à vive allure, passant des routes bitumées fondues par la chaleur aux pistes cahoteuses dans un nuage de latérite. Des courses qui marquent les corps, les mécaniques et les esprits, et offrent un spectacle populaire formidable, dans un pays où le cyclisme a rang de sport roi, au même titre que le football. En 2011, les coureurs burkinabè ont raflé le Grand Prix de l’impossible, la 25e édition du Tour du Faso (remportée par Hamidou Zidweiba), ainsi que les Tours du Cameroun, du Togo et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Seront-ils aussi brillants lors de la saison 2012?

concurrents venus de Libye, du Maroc et de France. Comme chaque année, les coureurs burkinabè s’affronteront ensuite lors du championnat national sur route, prévu au mois de juin, au cours duquel Abdoul Wahab Sawadogo remettra son titre en jeu. Suivra le Grand Prix de l’impossible, la plus longue course organisée sur le sol africain: 525 km entre Niamey et Ouagadougou, qui mettront les corps à rude épreuve. Le départ est prévu le 30 juin à 22 heures, pour une arrivée le lendemain après-midi. Inscrite au calendrier de l’Union cycliste internationale (UCI), la 26e édition du fameux Tour du Faso se tiendra du 8 au 18 octobre. Et ensuite ? Une célèbre marque de bière travaille à l’organisation d’un Grand Castel, épreuve de douze jours au Burkina, au Mali et en Côte d’Ivoire et rassemblant les équipes de quinze nations africaines, qui devrait commencer juste à la fin du Tour du Faso. Ce qui permettra de garder tout le gratin du cyclisme continental dans la région pour

disputer le championnat d’Afrique, du 1er au 4 novembre au Burkina. Plusieurs épreuves sont prévues: contre-la-montre individuel, contre-la-montre par équipes et critérium. PASSION. C’est en 1955 que le Burkina – la

Haute-Volta, à l’époque – a connu sa première course cycliste, avec au départ seize coureursvenantdetroisclubs.Lapremière fédérationvoltaïquedecyclismeaétécréée en 1964 et s’est affiliée à l’UCI un an plus tard. Sous la « révolution démocratique et populaire » de Sankara, la Fédération burkinabè de cyclisme (FBC) a organisé son premier Tour du Faso en 1987. Des équipes du Sénégal, du Mali, du Niger, du Cameroun et de l’ex-URSS ont participé à cette course par étapes, remportée par le Soviétique Igor Luchinko. Au fil des ans, la compétition a gagné en expérience et en notoriété, grâce notamment à un ancien coureur français, Francis Ducreux, qui, depuis la création du tour, se charge de trouver des sponsors. L’État burkinabè finance l’épreuve à hauteur de 200 millions de F CFA (305 000 euros) et les sociétés publiques et privés répondent à l’appel, mais il est toujours difficile de boucler le budget. « La Fédération burkinabè de cyclisme a choisi de faire venir des équipes de même valeur, ce qui rend la course passionnante, explique Francis Ducreux. C’est désormais la plus connue d’Afrique. » ● PASCAL AIRAULT

EN CHAÎNE. La première épreuve sera

la Boucle du coton, du 21 au 27 mai, une compétition destinée, à ses débuts, aux cyclistes issus des pays producteurs de fibre et qui accueille aujourd’hui des JEUNE AFRIQUE

À LIRE Au Tour du Faso, textes de Louis Doucet et photographies de Christophe Ena, Le Pas d’oiseau Éditions, 2009, 96 pages, 25 euros N o 2668 • DU 26 FÉVRIER AU 3 MARS 2012


CAMEG

La santé pour tous !

CAMEG : une décentralisation réussie Le 10 novembre 2011, le Premier ministre, S.E.M Beyon Luc Adolphe TIAO inaugurait la 8e agence commerciale de la CAMEG à Tenkodogo, confortant ainsi l’enracinement de la décentralisation des infrastructures de médicament dans les régions administratives du pays. L’ouverture de l’agence de Tenkodogo s’inscrit en droite ligne de la politique de décentralisation et de déconcentration de la CAMEG, initiée pour rapprocher davantage le médicament des populations. A l’orée du point final de cette politique de décentralisation qui devrait consacrer une couverture totale des treize régions du Burkina par la construction d’une agence commerciale de la CAMEG par région, le bilan est très satisfaisant. La CAMEG dispose à ce jour de dix agences commerciales dans huit régions du Burkina Faso, avec une capacité de stockage estimée à104118 m3. Ce sont les agences commerciales de Ouaga I et Ouaga II, de Bobo I et Bobo II, de Fada N’Gourma, de Ouahigouya, de Dédougou, de Gaoua, de Tenkodogo COMMUNIQUÉ

et de Dori. Elles favorisent actuellement un approvisionnement de proximité sur toute l’étendue du territoire burkinabè, afin de permettre à chaque citoyen de se soigner convenablement. La décentralisation de la CAMEG impacte une large couverture de l’intérieur du pays en médicaments, mais consacre également le renforcement des capacités de stockage et de distribution dans les zones à forte concentration démographique comme Ouagadougou qui compte environ deux millions d’habitants. De ce fait, une super agence commerciale, conçue en une plate-forme de quatre grands magasins est en cours de construction à Tengandogo à la périphérie sud-ouest de Ouagadougou. L’initiative vise à décongestionner les agences de Ouagadougou et l’entrepôt central. La politique de décentralisation de la CAMEG, menée avec beaucoup de succès, devrait se révéler à son terme comme une révolution en matière de politique pharmaceutique en Afrique. D’ores et déjà, le modèle CAMEG fait des émules sur le continent.


Un bilan très satisfaisant. Au total, treize régions du Burkina seront couvertes par les agences commerciales de la CAMEG.

Monsieur Lazare BANSSE, Directeur Général de la CAMEG

La santé pour tous reste l’objectif majeur. Au regard du chemin parcouru, il est aujourd’hui permis d’espérer.

A cet effet, plusieurs pays de l’Afrique de l’ouest, de l’Afrique centrale et de l’Océan indien se sont inspirés du modèle de la CAMEG du Burkina pour l’élaboration de leur plan de développement. La CAMEG a investi de façon pérenne dans la logistique de transport, les infrastructures de stockage, les ressources humaines, la maîtrise de l’approvisionnement pharmaceutique, qui sont aujourd’hui les facteurs déterminants de son bon fonctionnement.

Le10 novembre 2011, le Premier ministre, S.E.M Beyon Luc Adolphe TIAO, coupant symboliquement le ruban lors de l’inauguration de la 8e agence commerciale de la CAMEG à Tenkodogo.

Un regard rétrospectif sur les actions de la CAMEG, permet de conclure que les efforts conjugués depuis plus d’une décennie ont produit des résultats bénéfiques aux populations.

Il reste à maintenir le cap avec efficacité afin de remplir pleinement le contrat qui lie la CAMEG aux Burkinabé, pour une prise en charge correcte de leur santé.

L’agence commerciale de la CAMEG de Tenkodogo

CAMEG

La santé pour tous !

CAMEG - Siège Social ZAD 01 BP 4877 - Ouagadougou 01 Tél. : +226 50 37 37 50 à 54 Fax : + 226 50 37 37 57 Email : cameg@cameg.bf Site web : www.cameg.com

Difcom - F.C. Photos : DR

La route de l’accessibilité des MEG est bien tracée et prend en compte la démographie et la densité des régions administratives du Burkina Faso.


Les investissements réalisés aujourd’hui déterminent l’avenir énergétique du monde. La demande d’énergie en Afrique devrait être de 115 pour cent plus élevée en 2040 qu’en 2010. C’est pourquoi il est essentiel que nous continuions à investir dans le développement de nouvelles ressources énergétiques qui peuvent aider à répondre à la demande en Afrique et ailleurs dans le monde. En Afrique, nous avons investi près de 25 milliards d’USD au cours des cinq dernières années pour explorer et développer de nouveaux projets énergétiques. Ces investissements créent des emplois et stimulent la croissance économique. Nous formons également les travailleurs locaux et contribuons à construire des écoles et hôpitaux. Qu’il s’agisse de prospection ou de production de nouvelles sources d’énergie, d’approvisionnement de nouveaux produits pétroliers ou d’investissement dans les collectivités, ExxonMobil fait plus qu’exploiter du pétrole et du gaz. Nous contribuons au développement futur de l’Afrique. En savoir plus sur notre travail sur exxonmobil.com


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