MALI COUP D’ÉTAT CONTRE LA DÉMOCRATIE
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52e année • N° 2672 • du 25 au 31 mars 2012
jeuneafrique.com
LIBYE SENOUSSI: LE RÉCIT EXCLUSIF DE SON ARRESTATION
TERRORISME DJIHAD MADE IN FRANCE DÉBAT L’AFRIQUE EST-ELLE MAUDITE ? Par Axelle Kabou et Lionel Zinsou
Idi après TCHAD
la tempête Marathon électoral, guerre en Libye, instabilité régionale… L’année 2011 aura été celle de tous les dangers. Le chef de l’État profite aujourd’hui du microclimat dont bénéficie son pays pour l’ouvrir enfin sur le monde. Spécial 32 pages
ÉDITION TCHAD France 3,50 € • Algérie 180 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 € Espagne 4 € • Éthiopie 65 birrs • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 € Portugal cont. 4 € • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285
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Définition et conduite de la politique monétaire
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Émission de la monnaie
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Conduite de la politique de change
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Promotion de la stabilité financière
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Gestion des réserves officielles de change
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Promotion des systèmes de paiement et de règlement
La Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) est la Banque Centrale de la CEMAC, pilier de la coopération monétaire, fleuron et socle de l’intégration dans la CEMAC.
Communiqué
La BEAC est la Banque centrale commune des six États qui constituent la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale, la CEMAC : Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad.
semble des pays de l’UMAC et en garantit la stabilité. Sans préjudice de cet objectif, elle apporte son soutien aux politiques économiques générales élaborées par les États membres. Chargée à ce titre de définir et de conduire la politique monétaire de l’UMAC, de conduire la politique de Les 22 et 23 novembre 1972, furent signés à Brazzaville au change, de gérer les réserves officielles de change des ÉtatsCongo les accords de coopération monétaire, qui portèrent membres, de veiller au bon fonctionnement des systèmes la BEAC sur les fonds baptismaux. de paiement et de promouvoir la stabilité Précieux héritage de leurs liens 1972-2012 : Quarante ans au financière, la BEAC est un organe essenhistoriques et privilégiés noués tiel de l’intégration économique en Afrique service de l’Afrique Centrale Centrale. avant les indépendances, la BEAC témoigne de la ferme volonté des États membres de poursuivre une coopération monétaire Grâce, d’une part, à l’esprit de solidarité et de discipline mutuellement bénéfique, pilier de l’intégration dans la de ses États membres et, d’autre part, à la capacité d’adapsous-région de l’Afrique Centrale. Ce, au service de leurs tation à son environnement en perpétuel mouvement, la Peuples respectifs. BEAC continue de donner satisfaction à tous les acteurs du développement économique et social des États de la La BEAC est un établissement public international afri- CEMAC. Son efficacité, son indépendance et son autorité cain régi par ses statuts, la Convention instituant l’Union sont le gage de la confiance des populations et des entreMonétaire de l’Afrique Centrale (UMAC) ainsi que la prises, africaines ou internationales, en la monnaie émise Convention de coopération monétaire passée entre la par la BEAC. En effet, le franc de la Coopération FinanFrance et les États membres de l’UMAC. cière en Afrique Centrale (franc CFA) est l’une des monnaies africaines les plus stables depuis les indépendances, La BEAC émet la monnaie unique, le franc CFA, ayant du fait, en particulier, d’une politique monétaire rigoureuse cours légal et pouvoir libératoire sur le territoire de l’en- et clairvoyante.
BEAC, Banque des États de l’Afrique Centrale BP 1917, Yaoundé, Cameroun - Tél. : (+237) 22 23 40 30, Fax : (+237) 22 23 34 68 - www.beac.int
MABOUP
Banque des États de l’Afrique Centrale
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GÉOSTRATÉGIE La stabilité malgré tout
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POLITIQUE Passé les scrutins, les partis se réorganisent ÉCONOMIE Coton, pétrole, aérien, banque… Quels enjeux? LOISIRS N’Djamena fait son cinéma
Marathon électoral, guerre en Libye, instabilité régionale… L’année 2011 aura été, pour ce pays fragile, celle de tous les dangers. Heureusement préservé des turbulences qui affectent ses voisins, il profite de son microclimat pour tenter d’engager une croissance durable. Et s’ouvrir enfin sur le monde.
JEUNE AFRIQUE
N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
ABDOULAYE BARRY POUR J.A.
TCHAD Après la tempête
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Prélude François Soudan
TCHAD
Genèse d’une nation
O
N NE JUGE PAS d’un patient en chirurgien myope muni d’instruments de labour, au risque de poser un faux diagnostic. Il faut ouvrir une fiche et consulter ses antécédents. Ainsi en va-t-il du Tchad, dont un ancien président français, Jacques Chirac, croyait avoir découvert la clé de tous les problèmes en expliquant qu’il était « un espace délimité par la frontière de ses voisins ». Un espace… Autant dire un accident historique, issu d’une diplomatie de la règle et du crayon qui aurait pu tout aussi bien cadastrer la Lune. Le résultat d’un jeu de hasard puisque à Berlin, en 1885, les puissances coloniales se partagèrent des morceaux de territoires dont nul ne savait, souvent, ce qu’ils contenaient.
JEUNE AFRIQUE
coups d’État ont ensanglanté les murs du Palais, N’Djamena a été ravagé par la guerre civile et un avatar gorane de Pol Pot a fait de la torture un instrument de pouvoir. Lorsqu’en décembre 1990 Idriss Déby Itno s’empare de la capitale, toutes les causes du mal tchadien, tel qu’il se posait le jour de l’indépendance, sont là, intactes. Absence de conscience nationale et de notion de l’État, tribalisme, extrême dépendance vis-à-vis de l’extérieur, mentalité d’assisté, sous-développement absolu. Vingt et un ans plus tard, où en est le Tchad ? Jugé à l’aune de 1990, la seule qui vaille, il a incontestablement progressé, même s’il est encore bien loin du Graal de la bonne gouvernance. N’Djamena s’est métamorphosé, les différends politiques ne se règlent plus à coups de kalachnikov ou dans les cellules de la sinistre Direction de la documentation et de la
Suivirent soixante-dix années de colonisation. Soixante-dix années de désintérêt, avec une administration de maintien de l’ordre qui favorisa la seule zone rentable à ses yeux – le Sud cotonnier –, au point Le puzzle tchadien, longtemps d’inverser le déséquilibre disjoint, commence à prendre les précolonial au détriment du allures d’une mosaïque d’ensemble. Nord. L’indépendance enfin, livrée en 1960 sans mode d’emploi à des cadres inexpérimentés, sécurité (DDS), une opposition désunie comme on livre un cadeau empoisonné. mais pugnace fait entendre sa voix et l’argent du pétrole a eu sur les progrès Comment être nationaliste dans un économiques et sociaux du pays des effets pays défini par des étrangers ? Pendant collatéraux incontestables. près d’un demi-siècle, cette question va demeurer, au Tchad, sans réponse. Surtout, le puzzle que constitue la La première rébellion a éclaté cinq ans population tchadienne, longtemps disaprès l’indépendance, la dernière s’est joint, commence enfin à prendre les éteinte il y a à peine quatre ans. Entreallures d’une mosaïque d’ensemble. temps, les armées française et libyenne Encore faut-il, pour en découvrir le desont fait du Tchad leur bac à sable, des sin, prendre de la hauteur… ●
ABDOULAYE BARRY POUR J.A.
Après la tempête N o 2672 DU 25 AU 31 MARS 2012
GÉOSTRATÉGIE La stabilité malgré tout p. 66 POLITIQUE La majorité sur un boulevard p. 72 ● Une opposition unie… mais frustrée p. 75 ● L’éternel second rôle féminin p. 79 ●
DÉCRYPTAGE Sursauts de croissance p. 87 ÉCONOMIE Le phénix du coton p. 88 Réconciliation autour du gazole p. 93 ● Un potentiel bancaire XXL p. 96 ● ●
MÉDIAS Télé Tchad, la petite chaîne qui monte p. 106
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De l’autre côté du Miroir
p. 109
LOISIRS N’Djamena fait son cinéma
p. 112
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ÉVÉNEMENT Fest’Africa Monde, rendez-vous en 2013 p. 117 INTERVIEW Koulsy Lamko, écrivain p. 118
JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de Jeune Afrique
GÉOPOLITIQUE
stabilité
La malgré tout À l’est, les relations avec le voisin soudanais se sont apaisées. Au nord, les « conséquences incalculables » de la chute de Kaddafi, tant redoutées par Idriss Déby Itno, n’ont pas eu lieu. De quoi se concentrer sur les problèmes intérieurs.
et de l’est du Tchad pour les amener à signer des cessez-le-feu. Il a aidé à rétablir le contact entre N’Djamena et Khartoum, « [prévenant] peut-être une guerre directe entre les deux régimes », pour reprendre les mots d’International Crisis Group (ICG). Surtout, à partir de 2008, il a choisi le camp du Tchad contre celui du Soudan. PRAGMATIQUE. Aussi, lorsque l’Otan commence
ANNE KAPPÈS-GRANGÉ
L
achuteducolonelKaddafi,leprésident tchadien Idriss Déby Itno ne l’avait sans doute pas prévue, du moins pas tout de suite, pas comme ça. Moins d’un mois avant les premiers soulèvements de Derna, Tobrouk et Benghazi, dans l’est de la Libye, le « Guide » était venu à N’Djamena pour les festivités du cinquantenaire de l’indépendance tchadienne. C’était le 11 janvier 2011. Kaddafi, fidèle à son habitude, avait paradé et bafoué le protocole, et son homologue avait fait mine de ne pas s’en offusquer. L’essentiel n’était pas là. Depuis longtemps, pour le Tchad, la Libye était un peu comme une vieille tante : utile, mais querelleuse et encombrante. Un parent proche dont on aimerait bien qu’il cesse de se mêler de tout. Ce 11 janvier, c’est la dernière fois que le leader libyen se rend à l’étranger. Pendant quelques semaines encore, Idriss Déby Itno parlera de lui comme d’un « ami », à qui il téléphone quasi quotidiennement et qu’il essaie de faire renoncer à « la force brute ». Les deux hommes se connaissent bien – s’apprécient, ce serait trop dire –, et depuis longtemps. Certes, Kaddafi n’intervient plus comme avant dans le cours de la politique locale, mais il pèse toujours dans les négociations entre le pouvoir et l’opposition armée. Dès 2005, il a utilisé ses liens avec les chefs de guerre du Darfour N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
à bombarder son grand voisin du Nord, Idriss Déby Itno s’inquiète. « Si la Libye implose, les conséquences seront incalculables », prévient-il. Au Tchad, la paix est encore récente. La dernière incursion des rebelles, en février 2008, a bien failli emporter le régime, et l’on se serait volontiers passé de ce regain de tension aux frontières septentrionales. Pragmatique, le Tchad reconnaît le Conseil national de transition (CNT) en août 2011. Mais Déby Itno, qui n’a pas encore été reçu à Tripoli (alors que le Soudanais Omar el-Béchir l’a été, à bras ouverts, le 7 janvier dernier), maintient que les bombardements sur la Libye étaient une erreur et que toute la sousContrairement à El-Béchir, le région en pâtit. Toute ? Pas si sûr. Un an a passé et, au chef de l’État n’a pas encore Tchad, il ne s’est rien passé… été reçu à Tripoli par le CNT. ou presque. « Le pays est même un petit îlot de stabilité », se réjouit un proche du chef de l’État. Les premiers mois de l’insurrection libyenne ont pourtant été difficiles. Le CNT a accusé des membres de la garde présidentielle d’avoir pris part aux combats aux côtés des troupes proKaddafi, l’ambassade à Tripoli a été mise à sac et, assimilés à des « mercenaires africains », les nombreux ressortissants tchadiens installés depuis des années en Libye ont été pris à partie. Fin décembre, près de 140 000 personnes étaient rentrées au Tchad – des jeunes de moins de 30 ans sans aucune qualification, pour la plupart. Les ● ● ● JEUNE AFRIQUE
Après la tempête ð Les présidents soudanais et tchadien, le 8 février à El-Fasher (Soudan), pour le lancement de L’AUTORITÉ RÉGIONALE DU DARFOUR.
Vingt années de tensions 2 décembre 1990 Coup d’État contre Hissène Habré. Idriss Déby Itno devient président le 2 mars 1991. 3 juillet 1996 Déby Itno est élu président. Il sera réélu en 2001, 2006 et 2011. 2 février 2008 Les rebelles entrent dans N’Djamena et assiègent le palais présidentiel. Mars 2008 Déploiement d’une force européenne, l’Eufor, dans l’est du pays, remplacée en mars 2009 par la Mission des Nations unies en République centrafricaine et auTchad (Minurcat), jusqu’en décembre 2010. 3 mai 2009 Accord de paix de Doha, signé entre leTchad et le Soudan. 8 février 2010 Première rencontre depuis six ans entre Déby Itno et le Soudanais Omar el-Béchir, qui scelle leur réconciliation. 13 février 2011 Élections législatives.
XINHUA/ZUMA/REA
25 avril 2011 Élection présidentielle. Déby Itno est réélu pour un quatrième mandat (83,59 % des voix).
JEUNE AFRIQUE
22 janvier 2012 Premières élections locales. Les maires étaient jusqu’alors nommés par le pouvoir. N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
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L’OTRT, AU CŒUR DE LA RÉGULATION DES TÉLÉCOMMUNICATIONS
L’Office Tchadien de Régulation des Télécommunications (OTRT), créé par la loi 009 d’août 1998, a principalement pour rôle d’asseoir un cadre juridique et réglementaire garantissant le jeu de la concurrence et le développement qualitatif du secteur des télécommunications. Opérationnel depuis mai 2000, l’OTRT est une institution publique, sous tutelle du Ministère des Postes et des Nouvelles Technologies de l’Information. Il est chargé de mettre en œuvre la législation relative au secteur des télécommunications. RÉALISATIONS SUR 2011 9
L’aboutissement des travaux du réseau à Fibre optique dans les délais ;
9
La réalisation régulière d’audits sur la qualité de service des réseaux des opérateurs ;
9
L’élaboration des documents sur la 3G ;
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L’acquisition du logiciel « ICTN et Sim » ;
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La refonte des textes
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L’élaboration du catalogue La commercialisation et la gestion du nom des domaines (DNS) ;
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La réglementation et la promotion des nouveaux services ;
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La publication d’une revue sur l’observatoire du marché des télécommunications au Tchad ;
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La gestion automatisée de spectre de fréquences.
UN APERÇU DE SA MISSION
Le renforcement des capacités des agents en interne et à l’étranger…
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Déterminer les règles d’attribution et d’octroi des ressources en numérotation ;
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Elaborer les cahiers des charges aux divers types de licences et d’autorisations ;
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Fixer les conditions générales applicables aux réseaux et services non soumis à autorisation;
La mise en œuvre du développement des services universels et de l’intégration de l’internet en milieu scolaire ; L’octroie de la licence 3G ;
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Déterminer les caractéristiques requises pour les équipements terminaux ;
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Fixer le taux des redevances payées par les titulaires d’agréments et/ou d’autorisations ;
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Approuver les accords d’interconnexion signés entre les opérateurs etc.
d’interconnexions; 9
réglementaires ;
OBJECTIFS 2012 9
9
BP. : 5808, N’Djamena - Tchad, Av. Gal Daoud Soumaïne - Tél. +235 22 52 15 17 www.otrt.org - Email : info@otrt.org
r, Idriss Saleh Bachar, ral Directeur Général T. de l’OTRT.
Après la tempête ● ● ● villes de Faya-Largeau, Ounianga-Kébir ou Kalaït ont vu leur population doubler en quelques mois, selon ICG. « C’est l’une des principales conséquences de la guerre en Libye, souligne Roland Marchal, chercheur au CNRS, spécialiste du Tchad et du Soudan. Ils sont arrivés par milliers sur un marché de l’emploi déjà saturé. Cela pose un vrai problème socioéconomique. » Dans le même temps, la partie nord du Tchad, très dépendante du sud de la Libye pour ses approvisionnements en produits de première nécessité et en carburant, a beaucoup souffert de la rupture des échanges commerciaux. Quant à la coopération économique entre les deux pays, elle est désormais à l’arrêt.
Une région agitée LIBYE
400 km
ALGÉRIE
Bande d’Aozou*
Révolution
TIBESTI NIGER
BORKOU Faya-Largeau
Aqmi
SOUDAN Abéché
Lac Tchad
Darfour
Mongo NIGERIA
N’DJAMENA Moundou
Sarh SOUDAN DU SUD
Boko Haram CAMEROUN
CENTRAFRIQUE Rébellion de Baba Laddé
* Occupée par la Libye de 1973 à 1987.
pour N’Djamena ? « Ce qui est sûr, c’est que la crise libyenne n’a pas eu, à court terme, les effets redoutés, et que le président a bien compris qu’il n’avait aucun intérêt à contrarier le CNT », résume un journaliste tchadien. NORMALISATION. Et quid du Soudan, qui a long-
« LA BASE FRANÇAISE SERA MAINTENUE » EN AOÛT 2010, dans le sillage de la normalisation des relations entre leTchad et le Soudan et arguant de l’absence de contrepartie financière, N’Djamena avait remis en question la présence de l’armée française sur son territoire. L’opération Épervier (950 hommes environ) n’avait plus de raison d’être, laissaient entendre les autorités. Sauf que, de départ, il n’est aujourd’hui plus question. En visite à N’Djamena fin décembre, le secrétaire d’État français aux Anciens Combattants, Marc Laffineur, a souligné le dynamisme de la coopération militaire franco-tchadienne, affirmant : « La base française auTchad sera maintenue et le nombre d’avions Mirage sera renforcé. » ● A.K.-G. JEUNE AFRIQUE
ÉGYPTE
Révolution
PATROUILLES FRONTALIÈRES. Mais rapidement,
N’Djamena a pris soin de renforcer les contrôles à la frontière. Près de 5 000 hommes y ont été déployés – ils y sont toujours. Les patrouilles ont été plus nombreuses et l’armée tchadienne a pu compter sur l’appui des militaires français pour la surveillance aérienne (lire encadré). « Contrairement à ce que l’on craignait, il n’y a quasiment pas eu d’armes venues de Libye, affirme-t-on à N’Djamena. Il y a peut-être quelques trafiquants qui en ont profité pour faire des stocks, mais rien de significatif. » « Là où nous avons eu plus de chance que le Niger ou le Mali, c’est que nous n’avons pas de Touaregs revenus avec armes et bagages, poursuit un proche de Déby Itno. Nous avons des Toubous [peuple nomade du massif du Tibesti, NDLR], mais ils sont restés dans les régions désertiques du Nord et ne sont pas rentrés avec des revendications politiques structurées. » Des Zaghawas – l’ethnie du chef de l’État – sont également revenus en nombre, mais beaucoup n’ont fait que passer et ont poursuivi jusqu’au Soudan. « Quant aux Goranes [issus principalement de la région du Borkou], ils sont globalement bien intégrés. N’Djamena a fait attention à les ménager et ils n’ont pas, dans l’immédiat, de raisons de se retourner contre le régime », remarque un fin connaisseur de la région. Tout va donc si bien
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temps soutenu des rebelles hostiles à Déby Itno (quand lui-même soutenait des factions armées opposées au président soudanais) ? « Depuis février 2010, rappelle Roland Marchal, les relations entre Déby et El-Béchir se sont normalisées. » Normalisation consacrée, en janvier dernier, par un mariage somptueux entre le chef de l’État tchadien et la fille de Moussa Hilal, chef respecté des milices Djandjawid, alliées traditionnelles de Khartoum. Restait le cas du rebelle soudanais Khalil Ibrahim, qui menaçait d’être une épine dans le pied de cette nouvelle amitié. Après la chute de Kaddafi, qui l’avait parrainé, le chef du Mouvement pour la justice et l’égalité (JEM) avait quitté Tripoli et réussi à rentrer au Darfour. Khartoum voulait que le Tchad se démarque clairement de ce Zaghawa qu’il avait longtemps soutenu et qui revendiquait un lien de parenté avec Déby Itno. Khalil Ibrahim mort (il a été tué dans un raid aérien, fin décembre 2011, dans la région soudanaise du KordofanNord), le contentieux n’a plus lieu d’être – même N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
Le Plus de J.A. Tchad si le Soudan va suivre de près les relations entre N’Djamena et le frère du défunt, Gibril Ibrahim, qui a repris les rênes du JEM. Pas d’inquiétude non plus du côté de Boko Haram. La secte islamiste fait des ravages au Nigeria voisin et les observateurs se sont alarmés de ses liens avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), redoutant une régionalisation de la menace. Mais, là encore, le Tchad s’en tire bien. « C’est un pays laïque où l’on pratique un islam modéré et où ni Aqmi ni Boko Haram ne séduisent vraiment, relève Roland Marchal. Les islamistes nigérians n’ont pas de revendications précises, et leur discours, peu structuré, a peu de chances de trouver un écho auprès des jeunes Tchadiens. » MÉCONTENTEMENT SOCIAL. Tout n’est pas rose pour autant. Les problèmes économiques sont bien réels, et la corruption, tout comme la mauvaise redistribution de la rente pétrolière (lire
p. 94), alimente le mécontentement social. Mais depuis le fiasco de 2008, qui a mis en évidence les profondes divisions de la rébellion, la menace d’une action armée contre le régime paraît s’être éloignée. Idriss Déby Itno a été réélu en avril 2011 au terme d’un scrutin boycotté par une opposition tour à tour humiliée et malmenée (lire pp. 75-76). La menace d’une action « Dans l’immédiat, il n’y a plus armée contre le régime d’enjeu de pouvoir à N’Djamena, conclut un observateur de la vie paraît s’être éloignée. politique locale. Les grandes échéances électorales sont passées, et l’argent du pétrole a permis d’aplanir un certain nombre de difficultés. Et comme il n’y a pas non plus, à court terme, de menaces sérieuses venues de l’extérieur, on peut presque dire que tout va bien. » À condition, bien entendu, que la Libye ne s’effondre pas dans les prochains mois. « Ce serait catastrophique, et là, on pourra dire que Déby avait raison. » ●
Gardien de la paix
Sur son bureau ont notamment défilé les épineux dossiers libyen et soudanais. Le ministre des Affaires étrangères et de l’Intégration africaine, Moussa Faki Mahamat, doit maintenant garantir une coexistence pacifique avec les pays voisins. le juriste a fait toute sa carrière politique aux côtés de Déby Itno, d’abord en tant que directeur de son cabinet civil, puis de sa campagne présidentielle, en 2001. NORDISTE ET ZAGHAWA. Moussa Faki
ABDOULAYE BARRY POUR J.A.
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L’EX-PREMIER MINISTRE dit réfléchir à une adhésion à la Ligue arabe et à la Cedeao.
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est un fidèle parmi les fidèles. Rien d’étonnant, donc, à ce que Moussa Faki Mahamat, 53 ans, ait été reconduit au sein du gouvernement, le 17 août 2011, au lendemain de l’investiture d’Idriss Déby Itno pour un quatrième mandat. L’arrivée de trente nouveaux membres, plus jeunes, n’a pas réussi à N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
faire basculer le chef de la diplomatie, en poste depuis avril 2008. Sur son bureau ont notamment défilé les épineux dossiers soudanais et libyen. « Sans fausse modestie, j’ai beaucoup travaillé pour la paix et la stabilité dans la région », dit-il d’une voix calme. Membre de longue date du Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir),
Mahamat fait son entrée au gouvernement en 2002. Éphémère ministre des Travaux publics et des Transports, il est nommé Premier ministre en juin 2003. Contrairement à ses prédécesseurs, il est nordiste et d’ethnie zaghawa, comme le chef de l’État. Une première au Tchad, où la règle du partage des pouvoirs veut que le chef du gouvernement soit un Sudiste. Il démissionne en février 2005, en pleine grève du secteur public, et rejoint le Conseil économique, social et culturel. Dans un environnement géopolitique régional plus incertain que jamais, la stratégie mise en œuvre par son ministère sera capitale pour le maintien de la paix, de la sécurité et de la coexistence pacifique. « Dans le cadre de la coopération, nous essaierons d’étendre nos relations avec nos voisins, confie-t-il. Nous réfléchissons à de possible adhésion à la Ligue arabe et à la Cedeao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, NDLR]. » ● JUSTINE SPIEGEL, envoyée spéciale JEUNE AFRIQUE
Le Plus de J.A. Tchad
ADJI BRAHIM/APA
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MAJORITÉ
Comme sur un boulevard Après un marathon électoral d’une année jalonné de victoires, le camp présidentiel peut se reposer sur sa confortable prééminence. Il tient cependant à garder le dialogue ouvert avec l’opposition.
L
e 25 avril 2011, Idriss Déby Itno a remporté la présidentielle dès le premier tour avec un score à faire rêver : 83,59 % des suffrages exprimés. Surprise ? Non. Le président était quasiment seul en lice, ses principaux adversaires – Saleh Kebzabo, Wadal Abdelkader Kamougué, Ngarlejy Yorongar – ayant décidé de boycotter le scrutin. Deux mois plus tôt, lors des législatives du 13 février, le Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir) avait conforté sa suprématie en raflant 113 sièges sur 188 à l’Assemblée nationale – 117 au terme des partielles du 6 mai (voir infographie p. 75).
LA PART DU LION. Le 13 août 2011, le Premier ministre Emmanuel Nadingar est reconduit dans ses fonctions et, dans la foulée, un nouveau gouvernement de 38 ministres et secrétaires d’État, dont 30 nouveaux, est formé. Le MPS s’adjuge la part du lion et laisse le reste N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
à ses partenaires de l’Alliance pour la renaissance du Tchad: le Rassemblement pour la démocratie et le progrès (RDP) et le Rassemblement national pour la démocratie et le progrès (Viva-RNDP). Objectif affiché : apporter du sang neuf pour une action efficiente. Coup de théâtre. À peine est-elle entrée en action que la machine gouvernementale se grippe. En quelques mois,
Budget en mars) passer à la trappe pour diverses raisons. La stupeur passée, les commentaires vont bon train. Beaucoup parlent d’un gouvernement de novices et d’amateurs, dont la plupart ont brûlé les étapes. Pour un membre de l’opposition, il s’agit « de jeunes gens inexpérimentés qui ont appris leur nomination en écoutant la radio. La classe politique ne se renouvelle pas par décret ». EXPÉRIENCE. Dans le collimateur des
uns et des autres, un homme : le Premier ministre, dont certains se demandent pourquoi il est encore là, « alors qu’il n’a pas fait gagner le MPS dans son fief des deux Logone [sud du Tchad, NDLR] aux communales de janvier ». Fort du soutien « Nous avons beaucoup de jeunes, de Déby Itno, et malgré c’est vrai. Mais je ne crois pas que ce des attaques venant soit un gouvernement d’amateurs. » de son propre camp, EMMANUEL NADINGAR, Premier ministre Emmanuel Nadingar ne s’en laisse pas les Tchadiens ont vu cinq ministres conter : « Je ne crois pas que ce soit un (celle de la Santé publique en décembre, gouvernement d’amateurs, se défendcelui de l’Énergie et Pétrole et celui du il. Il y a des personnalités qui ont des Plan, de l’Économie et de la Coopération références. Certains ont même dix ans internationale en janvier, celui de l’Asd’expérience ministérielle. Nous avons sainissement public en février, et le beaucoup de jeunes, il est vrai, mais ce secrétaire d’État aux Finances et au sont des cadres. » JEUNE AFRIQUE
Après la tempête ð LE DERNIER CONGRÈS DU MPS, un mois avant les législatives remportées haut la main (117 sièges sur 188).
Pour lui, la révocation d’autant de ministres en si peu de temps ne fait pas désordre. Cela découle d’une volonté de voir chacun se comporter de façon exemplaire et travailler avec rigueur. « Nous sommes un gouvernement qui se projette vers l’avenir. Le travail doit être productif en fonction des attentes du président dans le cadre du programme pour lequel il a été élu », ajoute le Premier ministre, précisant que « le signal a été très bien compris par tous ». FEUILLE DE ROUTE. Après la tempête,
la majorité doit s’atteler à la poursuite du dialogue avec l’opposition, tel que prévu par l’accord politique du 13 août 2007. Après une évaluation des actions menées dans le cadre de ce processus en juillet 2011, le Comité de suivi et d’appui de l’accord en vue du renforcement du processus démocratique au Tchad, qui comprend des représentants de la
Il est partout! Parti hégémonique, le Mouvement patriotique du salut bénéficie, à domicile comme à l’étranger, d’un efficace réseau de soutien.
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lestbiensûrprésentauTchad,d’abord, où il compte des milliers de structures, puisque son organisation est calquée sur le découpage administratif du pays. À l’étranger, ensuite, notamment en France, en Arabie saoudite, au Cameroun, en Libye, au Soudan et au Nigeria… Bref, dans tous les pays où il y a une importante communauté tchadienne, car la diaspora participe aux élections. Inutile de tenter de recenser les membres du Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir) : ils sont « si nombreux que nous-mêmes avons cessé de les dénombrer », glisse Mahamat Hissein, porte-parole du parti. Créé le 11 mars 1990 par Idriss Déby Itno, le MPS ne cesse depuis d’asseoir sa domination sur la vie politique du pays. « Le chef de l’État vient moins régulièrement, même s’il continue à suivre nos JEUNE AFRIQUE
majorité et de l’opposition, a reconnu la nécessité de continuer sur cette voie. Il faut maintenant élaborer une nouvelle feuille de route, en fonction de la configuration politique issue des derniers scrutins. Au cours de l’odyssée électorale engagée en février 2011 pour s’achever en janvier dernier avec les élections locales, rien n’a été simple : dysfonctionnements au sein de la commission électorale, boycott de la présidentielle, contestation des résultats des législatives… On a même vu des membres de la majorité se joindre à ceux de l’opposition pour réclamer l’annulation des résultats des communales. Malgré ces constats et les affaires impliquant deux députés de l’opposition qui se disent victimes d’acharnement de la part de la majorité (lire pp. 75-76), la volonté de préserver le dialogue est partagée. C’est à ce titre que des délégués tchadiens se sont rendus à l’étranger, notamment au Burkina Faso et au Mali, pour s’inspirer de leur modèle en matière de statut de l’opposition et de coexistence pacifique. ● TSHITENGE LUBABU M.K.
activités », dit Mahamat Hissein. Celui qui a emmené le parti aux élections lors des scrutins législatifs et présidentiel de 2011 n’est autre que son secrétaire général, Haroun Kabadi, par ailleurs président de l’Assemblée nationale. Il est secondé par Mahamat Ali Abdallah, ministre de l’Hydraulique urbaine et rurale. BIEN RODÉ. Une multitude d’organisa-
tions de commerçants, de femmes, de jeunes, de cadres et d’hommes d’affaires dépendent du MPS. Plus récemment, au gré des scrutins, se sont créés des bureaux de soutien au parti. Ces diverses structures reçoivent les thèmes de campagne, et chacune organise la sienne en fonction de sa spécificité. La stratégie électorale est bien rodée. Le MPS mise sur ses alliances avec les autres partis et sur les listes communes. Ainsi, lors de la présidentielle d’avril 2011, pas moins de 103 partis sur les 130 que compte le paysage politique tchadien avaient rejoint le MPS. De même, lors des premières élections communales du pays, en janvier, les listes de l’Alliance pour la renaissance du Tchad, la mouvance présidentielle, regroupaient 45 partis. ● JUSTINE SPIEGEL N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
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Après la tempête
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OPPOSITION
Frustration à tous les étages
Ils ont fait front commun aux élections locales de janvier. Aujourd’hui, les membres de la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution sont persuadés que la majorité veut, par tous les moyens, les intimider.
DR
À
peineapaiséesaprèslacontestation des élections locales du 22 janvier, les relations entre le pouvoir et l’opposition sont à nouveau tendues. Ce froid est consécutif à l’arrestation, le 4 mars, du député Gali Ngothé Gatta, chef de file de l’Union des forces démocratiques-Parti républicain (UFD-PR, opposition), pour complicité de braconnage, tentative de corruption et détention illégale d’arme. Incarcéré sans que son immunité parlementaire soit levée (on parle de « flagrant délit »), l’intéressé a été condamné à un an de prison ferme et à une amende de 200000 F CFA (305 euros). Pour le député Salibou Garba, leader de l’Alliance nationale pour la démocratie et le développement (AND, opposition) et rapporteur de la Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC), « les circonstancesdecettearrestationainsique l’acharnement du gouvernement tendent à accréditer la thèse d’une persécution ». D’aucuns pensent en effet que l’affaire Gali Ngothé Gatta est un règlement de comptes dont l’instigateur serait l’actuel président de l’Assemblée nationale, Haroun Kabadi, par ailleurs secrétaire
Les députés GALI NGOTHÉ GATTA, RAKHIS AHMAT SALEH ET SALEH KEBZABO (de g. à dr.).
général du Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir). Kabadi n’aurait pas digéré l’élection de Gali dans la même circonscription que lui (il n’y avait que deux sièges). Raison pour laquelle il chercherait à l’« humilier ». Le président de l’Assemblée nationale dément. « C’est normal que l’opposition se mette à crier, reconnaît-il. Mais j’ai la conscience tranquille. D’abord, une élection est une compétition. Si on ne peut pas remporter tous les sièges, on en gagne au moins une partie. C’est ce qui s’est passé entre Gali Ngothé Gatta et moi. Cela dit, je ne vois pas quel intérêt je tirerais de son arrestation. Les actesqui lui sont reprochés sont avérés. Si la justice ne peut plus faire son travail, où allons-nous ? »
Ce n’est pas la première fois que la majorité et l’opposition sont à couteaux tirés. Avant les élections locales, l’affaire Saleh Kebzabo a défrayé la chronique. Le chef de file de l’opposition (lire p. 76), dont le parti, l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR), compte dix députés, est accusé, par la veuve d’un chef de village, d’avoir diffamé son mari, assassiné dans la région de Léré (Sud-Est). Les députés de la majorité en ont profité pour statuer sur la levée de son immunité parlementaire. Cette décision est suspendue à l’enquête que doit mener sur le terrain une commission ad hoc dirigée par le président de l’Assemblée nationale. « C’est la législature la plus exécrable que leTchadaitconnue,estimeSalehKebzabo. L’Assemblée a perdu son autonomie par rapport au pouvoir exécutif. »
Ultraminoritaire à l’Assemblée nationale (sur 188 sièges)
* Alliance pour la renaissance du Tchad (ART, mouvance présidentielle) ** Coordination des partis politiques pour la défense de la Constitution (CPDC, opposition)
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31 10 8
RNDT-Le Réveil Autres
UNDR** URD**
SOURCE : ASSEMBLÉE NATIONALE
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SOLIDAIRES. Depuis les élections locales,
MPS* RDP* Viva-RNDP*
117
les premières du pays, où elle s’est présentée sur des listes communes, l’opposition tchadienne semble avoir retrouvé une certaine cohésion. L’époque où, dans le cadre de l’accord politique du 13 août 2007, une partie de l’opposition avait rejoint le gouvernement tandis que l’autre se tenait à l’écart, est apparemment révolue. « Même si chacun continue de prêcher pour sa chapelle, nous restons avant tout solidaires et sommes d’accord sur l’essentiel », assure Salibou Garba. L’essentiel, N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
Le Plus de J.A. Tchad c’est notamment la CPDC, dont Saleh Kebzabo est le porte-parole adjoint. Globalement, les opposants pensent que c’est un bon cadre de concertation. Toutefois, les échéances électorales désormais passées, faut-il garder la CPDC, la dissoudre ou lui donner un autre nom? Les avis sont partagés. Pour les uns, la défense de la loi fondamentale est toujours d’actualité au Tchad. Ils proposent une restructuration de la CPDC, quitte à lui trouver une autre dénomination et à l’ouvrir à d’autres partis. Pour les autres, la défense de la Constitution actuelle
n’est plus à l’ordre du jour. Une position différentes de celles de 2011 ». En attenqu’ils justifient par le fait que tous les élus dant, l’opposition a encore des batailles à – président, députés, conseillers municigagner. Celle de son statut officiel, qu’elle paux – l’ont été sur la base de cette Constitution. Les élections passées, faut-il Avec seulement une trenmaintenir la coalition, la dissoudre taine de députés sur 188, ou lui donner un autre nom ? l’opposition tchadienne doit attendre encore jusqu’en 2015 pour voir si elle peut changer la attend toujours, et celle de l’aide que l’État doit accorder aux partis afin qu’ils donne et renverser la forteresse du MPS et de ses alliés. L’exercice sera difficile, jouent leur rôle dans le fonctionnement de la démocratie. ● même si Kebzabo se risque à avancer que, « dans trois ans, les élections seront TSHITENGE LUBABU M.K.
Saleh Kebzabo, irrémédiablement contre Allié du chef de l’État le temps d’un quinquennat, le président de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau est, depuis 2001, le chef de file de l’opposition. Un statut qui lui va comme un gant.
il enchaînera les portefeuilles : Affaires étrangères en 1996 ; Travaux publics, Transports, Habitat et Développement urbain en 1997 ; Mines, Énergie et Pétrole en 1998 ; Agriculture en 1999. Jusqu’à la rupture. BOYCOTT. En avril 2001, dési-
gné candidat à la présidentielle par son parti pour se présenter contre le chef de l’État sortant, Kebzabo est limogé du gouvernement. Il finit troisième avec 7 % des voix, derrière le député 65 ans, Saleh Kebzabo Ngarlejy Yorongar (16,35 %), leader de la Fédération Action affiche vingt années de carrière politique au pour la République (FAR), et Déby compteur. Mais ses premières Itno, vainqueur dès le premier armes, il les a faites dans la tour avec plus de 63 % des sufpresse. Né à Léré, dans le sudfrages. En 2006, comme en 2011, Kebzabo et l’UNDR boycotteront ouest du Tchad, il poursuit ses la présidentielle. études primaires et secondaires Élu pour la première fois député au Cameroun. En 1966, il intègre en 1997, réélu en 2002 et 2011 le Centre de formation des jour(dans sa circonscription natale nalistes, à Paris, et, deux ans plus tard, regagne N’Djamena pour de Léré) et membre du Parlement panafricain, le sexagénaire recondébuter à l’Agence tchadienne naît avoir commis des erreurs: « Je de presse, dont il deviendra le me suis retrouvé au gouvernement directeur. Retour à Paris pour un diplôme de troisième cycle à l’Insaprès la Conférence nationale de ANCIEN DE JEUNE AFRIQUE, il a fondé le premier titut français de presse : Kebzabo 1993, sans expérience de la discusjournal privé du pays, N’Djamena Hebdo, en 1989. collabore alors à la rédaction sion. Je ne savais pas comment me de Jeune Afrique, puis à celle de comporter face à des bandits poliDemain l’Afrique. Lorsqu’il revient sur le l’un des membres fondateurs de l’Union tiques… » Au sein de l’opposition, il n’a continent, en 1982, il s’installe à Douala, nationale pour la démocratie et le renoupas que des amis non plus. En décembre, au Cameroun, où il ouvre un kiosque veau (UNDR), dont il devient président, Yorongar voyait en lui « l’homme polià journaux, puis une librairie. Revenu et se présente à l’élection présidentielle tique tchadien le plus jaloux, qui ne veut au Tchad, il crée N’Djamena Hebdo, le de 1996. Kebzabo se classe troisième avec pas voir un autre émerger …], l’un des premier journal privé du pays, en 1989. 8,6 % des suffrages et, pour le second artisans de la démolition de la démoL’année suivante, Hissène Habré est tour, choisit de soutenir la candidature cratie tchadienne ». Kebzabo, lui, se dit de Déby Itno, arrivé en tête. Dès le mois renversé par Idriss Déby Itno, et le jour« constant dans ses idées ». ● naliste entre en politique : en 1992, il est d’août, il entre au gouvernement, où T.L.M.K.
À
VINCENT FOURNIER/J.A.
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JEUNE AFRIQUE
PLUS D’UN DEMI-SIÈCLE AU SERVICE DE L’EMPLOI L’office National pour la Promotion de l’Emploi est un établissement public à caractère administratif doté d’une autonomie de gestion et placé sous la tutelle du Ministère en charge de l’emploi. C’est une institution publique à gestion tripartite impliquant les représentants de l’État, des Travailleurs et des Employeurs au sein de son Conseil d’Administration. L’ONAPE poursuit une mission de service public d’emploi.
À ce titre, il est notamment chargé de : Promouvoir l’emploi et lutter contre le chômage et le sous emploi Assurer le placement, la reconversion et la mobilité de la main-d’œuvre Développer des actions de formations, d’orientation, de conseil professionnel et d’initiation à la création de son propre emploi Délivrer les autorisations d’emploi et de viser les contrats de travail etc. Mahamat Oumar Kesou, directeur de l’ONAPE
NOS PROGRAMMES PROGRAMME AUTO-EMPLOI Objectifs du programme Siège de l’ONAPE
Encourager la création d’emplois indépendants et de micro-entreprises individuelles ou collectives Jeter les bases de la création des grandes unités économiques
Demandeurs d’emploi formé en technique de bâtiment sur un chantier école financé par l’ONAPE
LE PROGRAMME D’APPUI AUX DIPLÔMÉS SANS EXPÉRIENCE Objectifs du programme Siège : Quartier BOLOLO BP 721 N’Djamena TCHAD Téléphone : 00235 22 52 20 42 Fax : 00235 22 52 29 61 E-mail : onape@intnet.td site web : www.onapetchad.org
Appuyer le processus d’acquisition de l’expérience des jeunes sortant du système éducatif Satisfaire les besoins en main-d’œuvre expérimentée des entreprises A ces deux programmes qui contribuent considérablement déjà a la réduction du chômage, s’ajoute la participation active de l’Office à la campagne agricole nationale qui démarrera au mois d’avril 2012. Pour l’ONAPE, il s’agit de traduire dans les faits, le rêve que nourrit son Excellence IDRISS DEBY ITNO, Président de la République pour la jeunesse Tchadienne, « je rêve d’une jeunesse qui ose et qui a de l’audace ». Une jeunesse qui est d’ailleurs au cœur de l’action gouvernementale sous ce quinquennat consacré aux jeunes, aux femmes et au développement du monde rural.
« Du début jusqu’à ce jour, nous assistons au quotidien à la concrétisation des promesses que vous avez faites au tchadiens : une nation prospère.»
L
a société WADI KOUNDI est une entreprise spécialisée dans la construction de bâtiments, les travaux publics et le génie civil, installée auTchad depuis l’année 2006. Sa fondation a été soutenue par une idée toute simple, qui est de mettre à la disposition des personnes, des entreprises et de l’État le capital de compétences et d’expérience que nous avons accumulé toutes ces années dans les BTP. Aujourd’hui, la société WADI KOUNDI s’est constituée une place de choix dans le secteur en augmentant considérablement ses moyens en personnel, en parc matériel et logistique. C’est une équipe dynamique et rompue à la tâche, constituée de professionnels qualifiés et triés sur le volet. Nous disposons d’un parc de matériels modernes très performants que nous continuons à élargir afin d’être toujours à la hauteur des projets les plus ambitieux. Nos techniques et méthodes de construction sont éprouvées par les nombreuses réalisations que nous avons pu livrer autant à l’administration publique qu’à des particuliers. Nous avons à notre actif de nombreux travaux de bâtiments et des infrastructures hydrauliques dans plusieurs provinces du pays. Nous disposons en outre d’un large panel de partenaires intervenant dans le secteur et dans des secteurs connexes pour étendre notre domaine de compétences et booster nos performances. Découvrez une équipe de professionnels fiables et dynamiques qui réalisera pour vous tous travaux de construction de bâtiments, de travaux publics et de génie civil. SALEH ABDRAMANE ABAKAR, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE WADI KOUNDI
ACTIVITÉS DE LA SOCIÉTÉ WADI KOUNDI : COMMERCE GÉNÉRAL, IMPORT- EXPORT • TERRASSEMENT DÉMOLITION • AMÉLIORATION DU SOL • ÉQUIPEMENTS SPÉCIAUX • LABORATOIRE • CONSTRUCTION MÉTALLIQUE • TRAVAUX DE VOIRIE ET D’ASSAINISSEMENT • CONCASSAGE • FORAGE • DÉCORATION INTÉRIEURE.
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ENTREPRISE DE CONSTRUCTION DES BATIMENTS, DES TRAVAUX PUBLICS ET DU GÉNIE CIVIL Avenue Maldom Bada • BP 5142 • N’Djamena,TCHAD • Tél. (+235) 22 53 10 18 / 99 29 16 68 E-mail: wadikoundi@yahoo.fr • www.wadikoundi.com
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Tous ensemble pour la construction d’un Tchad prospère
Après la tempête PARITÉ
L’éternel second rôle féminin Les récentes campagnes électorales n’ont vu émerger que très peu d’élues. Pourtant, les Tchadiennes s’activent pour peser dans le paysage politique et participer au développement du pays.
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éterminées à avoir leur mot à dire, les Tchadiennes ont encore beaucoup de difficultés à émerger sur la scène politique. Lors de la formation du nouveau gouvernement, en août 2011, c’est la déconvenue. Elles n’y sont plus que quatre (contre neuf dans le précédent) : trois ministres, Fatimé Issa Ramadane (Action sociale, Famille et Solidarité nationale), Yakoura Malloum Alwihda (Microcrédits en faveur de la promotion de la femme et de la jeunesse) et Amina Kodiyana (Droits de l’homme et Libertés fondamentales) ; et une secrétaire d’État, Ruth Tédébé (Affaires étrangères et Intégration africaine). Alors que les femmes représentent 52 % de la population, la parité, qui semblait sur la bonne voie, régresse ; et la cause des Tchadiennes évolue en dents de scie. ATOUT DU NOMBRE. En 2007, en faisant
de la promotion des femmes l’une des priorités de son troisième mandat, le président Idriss Déby Itno avait pourtant promis que les Tchadiennes seraient représentées à hauteur de 30 % dans les hautes instances de décision, gouvernement compris. « Il n’y a jamais eu de véritable parité, mais une promotion du genre, dit la féministe Khadidja Toloumbaye, directrice de publication du mensuel tchadien Horizon femmes. Il y a un décalage entre les discours et les faits. »
En politique, les Tchadiennes restent en effet cantonnées aux rôles de second plan. Les campagnes électorales ne voient émerger ni élues ni cadres féminins. Alors qu’elles ont leurs propres organisations au sein de chaque parti et qu’elles mobilisent – avec un certain succès – la population autour de leurs candidats, elles n’en
Sous-représentées 28 femmes à l’Assemblée nationale, sur 188 députés
4 femmes au gouvernement, sur 38 ministres et secrétaires d’État
influencent pas la ligne politique. Très nombreuses parmi les militants, elles n’utilisent malheureusement pas cet atout du nombre pour faire basculer les orientations politiques en leur faveur. Le code de la famille dort d’ailleurs toujours dans les tiroirs. « Si nous avons du retard, c’est aussi, sans doute, parce que peu de Tchadiens en connaissent le contenu. Un travail de sensibilisation auprès des populations doit impérativement être fait », reconnaît Allamine Bourma Amina Atché, vice-présidente du Conseil constitutionnel et membre du bureau politique du Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir). Bien que le temps semble encore loin où une candidate se présentera à la ● ● ●
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Le Plus de J.A. Tchad ● ● ● présidentielle, les femmes n’hésitent pas à briguer d’autres mandats. Pour les communales de janvier, elles avaient peu de chances de remporter des sièges, puisque aucune n’était en tête de liste. Les résultats ont été plus concluants lors des législatives de 2011 : sur 188 sièges, 28 femmes ont été élues à l’Assemblée (soit 14,9 % des sièges), contre seulement neuf sur 155 en 2002 (soit 5,8 %). « Cela est dû à une prise de conscience progressive, même s’il n’y a pas encore d’organisations féministes en tant que telles », analyse Achta Saleh Damane, vice-présidente du Haut Conseil de la communication.
PESANTEURS CULTURELLES. Si elles
osent aujourd’hui s’affirmer, c’est aussi parce que d’autres femmes avant elles ont ouvert la voie. Bourkou Louise Kabo a été la première Tchadienne élue à l’Assemblée nationale, en 1962 ; Fatimé Kimto, la première femme ministre, en 1984 ; et Bintou Malloum, la première énarque et ambassadrice, en 1997. Dès les années 1980, les Tchadiennes se sont battues pour plus de reconnaissance et, malgré son instabilité, le pays a vu émerger une élite féminine hautement diplômée à des postes à responsabilités. Mais un long chemin reste à parcourir. Aujourd’hui, en milieu tant rural qu’urbain, c’est encore dans le secteur informel que les Tchadiennes sont le plus nombreuses. Dans une société patriar-
Pour les communales de janvier, aucune candidate n’était en tête de liste. cale, le déficit d’alphabétisation des filles et les mariages précoces sont autant de pesanteurs culturelles qui entravent leur émancipation, ne serait-ce que dans leur carrière professionnelle. La Semaine nationale de la femme tchadienne, organisée chaque année en mars, est l’occasion d’aborder ces tabous à travers des conférences et des débats. Avec de bonnes intentions qui sont encore loin d’être la règle au quotidien. « Les femmes sont considérées comme inférieures dans la société et donc se sous-estiment, souligne Khadidja Toloumbaye, de Horizon femmes. Leurs capacités doivent impérativement être renforcées, afin qu’elles puissent participer pleinement au développement du pays. » ● JUSTINE SPIEGEL N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
ISSOUF SANOGO/AFP
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Omniprésente aux côtés de son mari, ELLE EST DE TOUS LES RENDEZ-VOUS OFFICIELS.
Hinda Déby Itno Première dame d’influence POUR BON NOMBRE de Tchadiennes, Hinda Déby Itno est un modèle. Il faut dire que la première dame sait tenir son rôle. Scolarisation des filles, promotion du genre, construction d’un hôpital de la mère et de l’enfant, dénonciation des mariages précoces, solidarité avec les malades du sida et les femmes victimes de fistules… Ses combats sont nombreux. « Il est important pour nous que de tels discours viennent d’elle », assure une jeune Tchadienne. Omniprésente aux côtés de son mari, elle est de toutes les inaugurations officielles et est vite devenue très populaire. La parution, en 2008, de son autobiographie, La Main sur le cœur (Éditions continentales), n’a probablement pas desservi sa réputation. Toujours élégante, vêtue de tissus chatoyants, elle lance même des modes vestimentaires. Dans les jours suivant ses apparitions publiques, des tenues similaires aux siennes s’arrachent sur les marchés de N’Djamena. Mais la dame de cœur, fille de diplomate, serait aussi une femme très ambitieuse. Née le 2 avril 1980 dans une famille musulmane originaire du Ouaddaï,
région frontalière du Soudan, elle a suivi ses études primaires et secondaires dans des écoles chrétiennes. Diplômée en gestion des entreprises, elle épouse Idriss Déby Itno en 2005. Devenue directrice de son cabinet privé à la place de l’un de ses fils, elle aurait, dit-on, une influence non négligeable sur le chef de l’État. « Elle peut faire nommer ses proches ou ses amis à des postes importants », remarque un habitué du Palais. Elle a surtout toujours affiché une grande solidarité envers le chef de l’État. Lorsque celui-ci était en conflit ouvert avec les institutions financières internationales et menacé par les rebelles, elle a pris publiquement la parole pour lui apporter son soutien. Lors des campagnes électorales, elle est là, encore, sur les affiches, dans les meetings, particulièrement active. Une popularité, une présence et un tempérament qui expliquent aussi qu’elle reste sans conteste la seule première dame, même après qu’Idriss Déby Itno a épousé la jeune Amani Moussa Hilal, fille du chef présumé des milices Djandjawid Moussa Hilal, en janvier, à Khartoum. ● J.S. JEUNE AFRIQUE
Après la tempête
Delphine Djiraibé La femme des droits de l’homme VISAGE SOURIANT ET VOIX POSÉE, cette avocate de 51 ans, inlassable militante des droits de l’homme, a l’humilité des femmes de conviction. Pourtant, son nom est devenu synonyme de la lutte pour la justice des victimes de Hissène Habré. En 1990, de retour à N’Djamena après des études de droit à Washington et à Brazzaville, Delphine Kemneloum Djiraibé découvre les crimes de l’exprésident avec l’ouverture des prisons de la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS), la police politique du régime déchu. « Nous avions le devoir d’agir », explique-t-elle. Elle fonde alors, avec des amis, l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme, qu’elle présidera jusqu’en 2003.
Son nom est devenu synonyme de la lutte pour la justice des victimes de Hissène Habré. Delphine Djiraibé est également à l’origine, en 2002, de l’Appel à la paix et à la réconciliation, qui vise à rétablir le dialogue national au sein de la société civile tchadienne et à mettre fin à l’instabilité. Son combat, elle le mène aussi pour les femmes de son pays. Témoin des discriminations dont elles sont victimes et parce qu’elle « refuse cette fatalité », elle a fondé dès les années 1990 l’Association des femmes juristes du Tchad, qui continue de mobiliser la profession et de dispenser ses conseils. ● J.S.
« Pour une contribution efficace des secteurs de l’élevage, de la pêche et de l’aquaculture à l’émergence de la Sous-région CEMAC ».
MISSIONS FONDAMENTALES : Favoriser le développement harmonisé et équilibré des secteurs de l’élevage et de la pêche des États membres en vue de parvenir à une amélioration aussi tôt que possible du niveau de vie de leurs populations par l’accroissement du disponible en protéines animales. ACTIVITÉS : • Harmonisation et coordination des politiques de l’élevage et de la pêche des États membres ; • Identification et exécution des projets intégrateurs (seule ou en partenariat avec les États et/ou les organismes de développement) ; • Appuis aux États et aux opérateurs économiques.
Ü L’AVOCATE a créé l’Association des femmes juristes du Tchad.
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Avenue MOBUTOU, Quartier Moursal B.P. 665- N’Djamena (Tchad) Tél. - Fax: (235) 66 51 83 86 Standard : (235) 66 51 83 82 E-mail : cebevirha@cebevirha.org Site Web : www.cebevirha.org
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COMMUNIQUÉ
ABDOULAYE BARRY POUR J.A.
Institution spécialisée de la CEMAC regroupant : le Cameroun, la RCA, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad
Le Plus de J.A. Tchad
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ÉCONOMIE
Christian Ngardoum « L’État ne peut pas tout faire seul » Le pays a des ressources et de la main-d’œuvre, mais ne produit pas assez et emploie peu… Tel est le constat dressé par le directeur national de la Banque des États de l’Afrique centrale, qui fait appel aux investisseurs privés.
S
ous l’autorité du ministère des Finances, Christian Ngardoum, 45 ans, est le conseiller en matière économique et financière du chef de l’État et du gouvernement. Ancien cadre au siège de la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac) à Yaoundé (direction des ressources humaines), l’économiste est en poste au Tchad depuis juillet 2008. JEUNE AFRIQUE: Les réserves de change à la Beac sont-elles confortables ? CHRISTIAN NGARDOUM: Tout à fait, du
point de vue du Tchad comme de la sousrégion. En moyenne, environ 1 000 milliards de F CFA [1,5 milliard d’euros, NDLR] de devises entrent annuellement à la Beac. Pour les six pays de la Cemac [Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale], les réserves de change sont de 7 000 milliards de F CFA. Que dire de la gestion des recettes de l’État tchadien ?
Même si des efforts restent à faire en matière de suivi budgétaire, les recettes de
l’État sont gérées en toute transparence. Celles issues des revenus pétroliers, qui passent d’abord par la Beac, sont ensuite convenablement utilisées dans le cadre des conventions qui ont été signées entre l’État et la banque. Concernant les recettes fiscales et douanières, les prévisions budgétaires ont toujours été dépassées ces trois dernières années. L’État effectue d’importants investissements, notamment dans les infrastructures…
Le Tchad n’a pas de structures de production des biens de consommation de première nécessité. Ce qui est vendu sur les marchés est produit de manière plus ou moins artisanale, puisque nous n’avons ni grandes étendues ni agriculteurs professionnels. Par conséquent, l’offre de biens et de services de première nécessité ne cadre pas avec la demande, ce qui entraîne un renchérissement des coûts et donc l’inflation. L’année 2010 a été favorable, grâce à la très bonne pluviométrie, qui nous a apporté une hausse du PIB de plus de 13 %. Malheureusement, les estimations pour 2011 et 2012 sont nettement en retrait, autour de 4 %. La croissance record à deux chiffres de 2010 est par ailleurs due à un phénomène de rattrapage, car nous avons enregistré un recul du PIB en 2009, à la suite de la crise financière internationale. L’État a ainsi été contraint de freiner ses investissements.
Quelles sont les difficultés rencontrées par l’agriculture et l’agroalimentaire, secteurs traditionnellement porteurs, et quelles sont les perspectives ?
Quels sont les obstacles au développement de l’économie tchadienne ?
Eneffet,etaussibienàN’Djamenaqu’en province. Cela a un coût, mais ces investissements sont incontournables si l’on veut amorcerundéveloppement.Ilsconstituent des facteurs de croissance. C’est en ce sens que les agents économiques, notamment ceux du secteur privé, doivent accroître leur participation ; car l’État, s’il fixe les conditions, ne peut pas tout faire seul.
ABDOULAYE BARRY POUR J.A.
Ü À 45 ans, cet économiste est aussi CONSEILLER du chef de l’État.
L’offre de production et l’emploi sont les deux principaux points faibles. Dans un pays où l’on a des ressources, des espaces et de la main-d’œuvre, c’est tout à fait paradoxal que l’on n’arrive pas à produire suffisamment. Il faut faire en sorte de produire en quantité suffisante et à bon marché. L’économie tchadienne ferait par ailleurs un grand bond en avant si l’on essayait de résoudre le problème de l’emploi par l’intéressement au travail et à la terre. Il faut aussi développer d’autres secteurs porteurs, comme les services, la fibre optique ou le tourisme. Ensuite, il faudrait bien sûr que les structures sanitaires soient au point, de manière à pouvoir apporter les soins nécessaires à la population. Enfin, l’éducation doit être prise en main, afin d’assurer une formation aux cadres de demain. ● Propos recueillis par JUSTINE SPIEGEL
N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
JEUNE AFRIQUE
MINISTÈRE DE L’ÉNERGIE ET DU PÉTROLE DU TCHAD
C
réé par Décret N°891/PR/ PM/2011 du 30 août 2011, portant sur la structure générale du gouvernement et attributions de ses membres, le ministère de l’Énergie et du Pétrole est chargé de la conception, de la coordination, de la mise en œuvre et du suivi de la politique du gouvernement dans le domaine de l’énergie et des hydrocarbures. À ce titre, il a la responsabilité des actions suivantes : • Organisation, recherche et contrôle sur le plan technique et administratif de toutes les activités énergétiques et pétrolières ; • Supervision, orientation, coordination et contrôle des travaux relatifs à l’exploration, à l’exploitation, au transport, au stockage, au raffinage et à la distribution ; • Promotion et développement des énergies nouvelles et renouvelables ; • Contrôle de la production, de l’approvisionnement et de la distribution des énergies conventionnelles ; • Élaboration, réactualisation, diffusion et application des textes législatifs et règlementaires relatifs aux secteurs énergétiques et pétroliers ; Le ministère a sous sa tutelle les sociétés et organismes suivants : • La Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT);
• La Société Nationale d’Électricité (SNE) ; • L’Autorité de Régulation du Secteur Pétrolier Aval du Tchad (ARSAT) Dans le cadre de sa politique relative aux hydrocarbures, le gouvernement a mis en place une nouvelle législation pétrolière incitative et attrayante. C’est ainsi que la LOI N°006/PR/2007 relative aux Hydrocarbures et ses textes d’application ont réunis toutes les dispositions juridiques, économiques et fiscales devant permettre la sécurisation de tout investissement dans le domaine des hydrocarbures d’une part et la garantie de la stabilisation des dispositions contractuelles d’autre part. Les sociétés pétrolières qui sont actuellement en activité au Tchad sont les suivantes : • Consortium composé des sociétés ESSO, opérateur (45 %), PETRONAS (35 %) et CHEVRON (25 %) dont la production, entièrement exportée à travers le pipeline Tchad-Cameroun, a commencé dans le bassin de Doba, au sud du Tchad, depuis 2003; • Consortium composé de la société CNPCI, opérateur (90 %) et État (10 %). La production dans le bassin de Bongor a débuté en 2011. Le brut produit par la société CNPCI est acheminé par pipeline (317 km) jusqu’à la raffinerie de Djarmaya à une trentaine de kilomètres de N’Djamena. La raffinerie de Djarmaya, CNPCI (60 %) et État (40 %),
a été conçue pour une capacité de départ de 20 000 barils par jour pouvant aller jusqu’à 50 000 barils par jour. Notons que la raffinerie produira 40 MW d’électricité, dont 20 seront rétrocédés à la Société Nationale d’Électricité (SNE). • Consortiums en phase d’exploration ; - consortium OPIC opérateur, (70 %) et État (30 %) ; - consortium Griffiths, opérateur, (75 %) et État (25 %) S’agissant du secteur énergétique, le Président de la République Idriss Deby Itno, en a fait l’une de ses priorités dans sa politique de lutte contre la pauvreté. Le Tchad s’est doté d’un document de référence, le « Schéma Directeur de l’Énergie » dont les résolutions et décisions seront déclinées en actions gouvernementales à mettre en œuvre. Un nouveau Code d’Électricité est en cours d’élaboration. Plusieurs projets énergétiques sont en cours de réalisation afin de trouver des solutions durables dans l’amélioration des infrastructures de production et de distribution d’électricité. Il s’agit principalement de : • L’interconnexion électrique Cameroun-Tchad ; • La réhabilitation et extension des réseaux électriques de N’Djamena; • La construction des infrastructures de production et de distribution d’électricité ; • L’électrification périurbaine intensive; • La création d’une agence des Énergies Renouvelables.
MESSAGE
Ces différents projets énergétiques visent à garantir au Tchad son indépendance énergétique.
MINISTÈRE DE L’ÉNERGIE ET DU PÉTROLE DU TCHAD M. Brahim Alkhalil Hileou, ministre de l’Énergie et du Pétrole.
B.P 816 - N’Djamena, TCHAD Tél.: (235) 22 52 56 05 Bâtiment du ministère de l’Énergie et du Pétrole du Tchad.
MINISTÈRE DE L’ÉNERGIE ET DU PÉTROLE DU TCHAD
Historique La Société des Hydrocarbures du Tchad est un Établissement Public à caractère Industriel et Commercial, créée par la loi N° 27/PR/2006 du 23 Août 2006. Elle prend la forme d’une Société Anonyme avec Conseil d’Administration. La SHT est placée sous la tutelle du Ministère en charge des hydrocarbures.
La Société des Hydrocarbures duTchad est placée sous la tutelle du ministère de l’Énergie et du
La Société des Hydrocarbures du Tchad a pour mission de mettre en œuvre la politique industrielle et commerciale du Tchad en matière d’Hydrocarbures, à travers : • La prospection, la recherche, le développement, la production et le transport des hydrocarbures liquides et gazeux ; • Le raffinage, le transport, le stockage et la distribution des produits pétroliers finis ; • La commercialisation des hydrocarbures liquides/gazeux et des produits finis ;
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Pétrole du Tchad
Objectifs
M. Mahamat Kasser Younous, directeur général de la SHT.
Maquette du futur siège de la SHT.
• La réalisation des études en rapport avec ses activités ; • La formation et la promotion de son personnel national nécessaire à la maîtrise de tous les aspects du secteur des Hydrocarbures. Au-delà de la maximisation des revenus de l’État, la SHT apporte une contribution significative à : • La création d’emploi et l’amélioration du niveau de vie des tchadiens ; • L’industrialisation et le développement économique du pays ; • La sécurité énergétique en assurant les réserves de l’État en hydrocarbures. La Société des Hydrocarbures du Tchad assure notamment la participation directe ou indirecte à travers les activités ou opérations industrielles, commerciales ou financières, mobilières ou immobilières, sous quelque forme que ce soit, dès lors que ces activités ou opérations peuvent se rattacher à l’objet social ou à tous les objets similaires, connexes ou complémentaires, et plus généralement toutes les opérations économiques susceptibles d’en favoriser le développement.
Vision • Contribuer à la valorisation et à la gestion efficace du patrimoine pétrolier tchadien en amont et en aval; • Maximiser la création de valeur à l’actionnaire unique qui est l’État en créant des filiales et en prenant des participations avec d’autres sociétés pétrolières ; • Devenir une société intégrée et compétitive ; • Être responsable vis-à-vis de l’Etat, des partenaires économiques et de la société en général ; • Être un acteur majeur dans le secteur pétrolier Africain ; • Se projeter comme une entité de premier plan sur le marché international
Maquette d’une future station essence SHT.
Ressources Les ressources de la Société des Hydrocarbures du Tchad proviennent de : • Produits de porte feuille et de la participation dans les actions; • Produits perçus au titre de ses activités ; • Subventions de l’État. Entreprise citoyenne, la Société des Hydrocarbures du Tchad soutient diverses initiatives concourant à l’amélioration de la vie quotidienne des populations, dans le secteur de l’éducation, de la culture et du sport.
Partenariat La Société des Hydrocarbures du Tchad est partenaire dans : - l’Exploration avec la CNPC, OPIC, GRIFFITHS International ; - la production avec ESSO, CNPC ; - le Raffinage avec la SRN ; La Société des Hydrocarbures du Tchad entretien d’excellentes relations de coopération avec plusieurs
sociétés sœurs. Elle entend élargir sa base de relations à travers un partenariat gagnant-gagnant avec d’autres partenaires internationaux en amont et en aval. Les Organes dirigeants de la Société des Hydrocarbures du Tchad sont : • Le Conseil d’Administration ; • La Direction Générale. PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION:
Abdelkerim Hissein Moussa DIRECTEUR GÉNÉRAL:
Mahamat Kasser Younous DIRECTEUR GÉNÉRAL ADJOINT:
Ngote Gali Koutou
SOCIÉTÉ DES HYDROCARBURES DU TCHAD SIÈGE SOCIAL : Direction Générale B.P : 6179 -N‘djamena, TCHAD Tél.: (235) 2252 0630 Fax: (235) 2252 0729 E-mail: sht.tchad@gmail.com
www.shtchad.com
SOCIÉTÉ ANONYME AVEC CONSEIL D’ADMINISTRATION CAPITAL SOCIAL : 1.500.000.000 F CFA
MINISTÈRE DE L’ÉNERGIE ET DU PÉTROLE DU TCHAD
La Société Nationale d’Électricité du Tchad est placée sous la tutelle du ministère de l’Énergie et du Pétrole du Tchad
- Le développement d’un système de production d’électricité plus économique et plus fiable ; - La promotion des énergies renouvelables.
MESSAGE
Dans ce cadre, le Gouvernement de la République du Tchad a investi durant les deux dernières années, plus de 150 milliards F CFA pour améliorer la production, le transport et la distribution de l’énergie électrique dans la capitale et dans les principales villes du pays. Cet investissement est le plus important jamais réalisé dans le pays, depuis son indépendance. M.Mahamat Senoussi Chérif, directeur général de la SNE.
Étant donné que l’essentiel des centrales électriques fonctionnent au gaz oil, l’électricité se trouve commercialisée à un prix assez important, parfois hors de portée de la majorité de la population. C’est ainsi que le Chef de l’État a décidé de rendre l’électricité accessible à tous, en réduisant d’une manière substantielle, le coût de toutes les tranches de facturation. Un processus de développement d’autres sources d’énergie électrique est en cours, en l’occurrence, l’énergie photovoltaïque, l’énergie éolienne, biomasse, le gaz naturel et le fuel lourd.
Société Nationale d’Électricté.
SOCIÉTÉ NATIONALE D’ÉLECTRICITÉ DU TCHAD SIÈGE SOCIAL : B.P : 44 11, rue du Colonel Largeau N‘djamena, TCHAD Tél.: (235) 2252 2342 Fax : (235) 22 52 21 34 SOCIÉTÉ ANONYME AU CAPITAL DE 1.000.000.000 F CFA
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR
L
a Société Nationale d’Électricité est une société anonyme à capital public avec conseil d’administration. Elle a pour mission principale d’assurer le service public de la production, du transport, de la distribution et de la commercialisation de l’énergie électrique, la maintenance des ouvrages et des équipements, ainsi que le développement du secteur de l’énergie électrique dans l’ensemble du territoire national, en respectant autant que peut : • La règle du moindre coût ; • L’équilibre financier de l’entreprise ; • Les normes de qualité de service imposées par le cahier des charges de la convention de délégation du service public de l’énergie électrique ; • les obligations de service public ; • Les priorités de la politique énergétique du Gouvernement de la République du Tchad qui ressortent du paragraphe 7.4.2 du Document de Stratégie de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (SNRP2) à savoir :
Après la tempête DÉCRYPTAGE Alain Faujas
Sursauts de croissance
L
«
’ÉCONOMIETCHADIENNE est particulièrement cyclique, car elle est très conditionnée par le secteur primaire, c’est-à-dire le pétrole et ses prix, ainsi que l’agriculture et les conditions climatiques », résume Marlène Kanga, directrice des opérations en Afrique centrale à la Banque africaine de développement (BAD). C’est le moins que l’on puisse dire. D’année en année, le taux de croissance est sujet à un mouvement de yoyo impressionnant : – 1,2 % en 2009, 13 % en 2010, 2,5 % en 2011 et 6,9 % prévus en 2012, selon le Fonds monétaire international (FMI). De fait, tout dépend des prix du pétrole et du coton, de l’abondance des récoltes et de l’état des 20 millions de têtes des troupeaux. Par exemple, l’excellente pluviométrie de l’année 2010 a valu au pays une progression de 51,6 % de sa production agricole vivrière, ce qui est énorme, et la raréfaction des pluies en 2011 une chute de 34 %, ce qui est à peine moins impressionnant.
En l’absence de statistiques très fiables et vu l’opacité de la gouvernance tchadienne, on en est réduit à faire un certain nombre de constats. Le premier est que l’inflation est exceptionnellement modérée: après avoir été de 10,1 % en 2009 et de – 2,1 % en 2010 (record en Afrique de l’Ouest
hôpitaux, écoles, réseaux électriques, etc.) et des industries de transformation locales (cimenterie, raffinerie). Cette priorité a été rendue possible par un climat apaisé qui n’a plus nécessité l’effort d’armement du milieu des années 2000. Cette nouvelle priorité rend le secteur du bâtiment et des travaux publics particulièrement florissant et « amorce un début de diversification de l’économie », se félicite Marlène Kanga. L’inconvénient est que ces investissements ne sont pas des plus performants, car ils dépendent du bon plaisir de la présidence, qui arbitre seule entre les intérêts des clans et des lobbies. Comme le remarque ironiquement un observateur, « le gouvernement a un goût assez peu prononcé pour les études » préliminaires et, « ici, la panacée, c’est le béton ». Pourquoi en serait-il autrement, puisque le Tchad n’a pas besoin de justifier ses choix auprès des bailleurs de fonds, FMI ou Banque mondiale, avec lesquels il n’a aucun programme depuis trois ans ? Entre l’argent du pétrole et les prêts – que l’on suppose low cost – de la Chine, de l’Inde ou du Qatar, il n’a aucun problème de fins de mois. Sa prodigalité aboutit à quelques couacs. Par exemple, la raffinerie de Djermaya, construite par les Chinois et inaugurée au cours de l’été 2011, a cessé depuis de fonctionner à deux reprises, dont une interruption de quarante jours. En cause : un différend entre le gouvernement et China National Petroleum Corporation, constructeur et exploitant, à propos du prix de vente du gazole destiné au marché domestique. Il semblerait que les débouchés de la production (essence et gazole) et l’équilibre d’exploitation de la raffinerie n’aient pas été étudiés avec soin.
Entre l’argent du pétrole et les prêts de la Chine, de l’Inde ou du Qatar, le Tchad n’a aucun problème de fins de mois. et en Afrique centrale), elle a été de 2 % en 2011, ce qui est excellent pour le pouvoir d’achat de la population mais laisse supposer qu’un certain nombre de produits sont fortement subventionnés. En cas de rechute des recettes pétrolières – qui représentent 57 % du budget de l’État –, le président Idriss Déby Itno se trouvera devant le dilemme de laisser exploser les déficits ou de susciter la colère populaire. Pour l’instant, pas de souci : le cours du baril de pétrole est promis à une hausse prolongée. Mais l’inquiétude vient de ce que la production du gisement de Doba baisse plus vite que prévu et n’est pas d’une bonne qualité. Le deuxième constat est que N’Djamena a choisi d’affecter une bonne partie des rentrées pétrolières à une politique de développement accéléré des infrastructures (routes, JEUNE AFRIQUE
Étrange pays que leTchad, où les ministres se retrouvent en prison pour des motifs de corruption pas toujours clairs ; ils ne restent pas très longtemps incarcérés et on les retrouve parfois auprès du chef de l’État. Étrange pays, où le service des impôts a constaté que beaucoup de sociétés soumissionnaires à des marchés publics disparaissent une fois le marché exécuté… ou non. Étrange pays enfin, où un appel à la grève des fonctionnaires débouche, en novembre 2011, sur une promesse de doublement de leurs salaires en trois ans et où 27 % des dépenses de l’État n’apparaissent pas dans le budget. Étrange… ● N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
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Le Plus de J.A. Tchad
FRÉDÉRIC NOY/COSMOS
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CHARGEMENT DE BALLOTS À BEBONI (région du Logone oriental). Dans le Sud, plus de 3 millions de personnes vivent de cette activité.
AGRO-INDUSTRIE
Le phénix du coton
L
es images de paysans angoissés à l’idée que le coton, récolté d’habitude entre novembre et décembre, ne soit pas enlevé avant les premières pluies (mai-juin), MahamatAdoumIsmaël,patrondel’ex-CotonTchad, dit ne plus en vouloir. Nommé à la tête de l’entreprise publique en 2009, cet ancien directeurgénéraldelaCompagniesucrière du Tchad (CST, du français Somdiaa) avait pour mission de redonner vie à une société à l’agonie, avec des pertes s’élevant à plus de dix fois son capital. La faute à une forte implication de la politique dans la gestion de cette entreprise, qui était, avant l’exploitation du pétrole, un important pourvoyeur de fonds. Au fil des ans, les dettes se sont accumulées, la flotte de camions chargés de collecter le coton a vieilli, certaines usines aussi. N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
Les pistes rurales, naguère entretenues par l’entreprise pour aller chercher le coton, ne le sont plus. Dans certaines régions, les paysans ont passé deux hivernages sans voir arriver les camions devant transporter leur production à l’usine. Jusqu’à entraîner une lassitude des producteurs vis-à-vis de cetteculturederente,quifaitpourtantvivre plus de 3 millions de personnes dans le sud duTchad.Lesummumdudécouragement aétéatteintautermedelacampagne20092010, avec une chute de la production de coton-graine à 35000 tonnes, alors qu’elle dépassait les 180000 t dix ans auparavant…
C’est donc en réaction à cette situation que la question de la privatisation a été remise à l’ordre du jour. Or, pour privatiser l’entreprise sans la brader, il fallait lui redonner une santé financière. C’est ainsi qu’est née CotonTchad Société nouvelle (CotonTchad SN). « L’État s’est engagé à apurer le passif de l’ancienne société, estimé à plus de 80 milliards de F CFA [122 millions d’euros, NDLR], confieMahamat-AdoumIsmaël.Ils’engage aussi à mettre 5 milliards dans la nouvelle entreprise, pour nous permettre de repartir sur de nouvelles bases. »
Une timide remontée (Production de coton-graine, en milliers de tonnes) 250 200 150 100 50
* Prévisions 0
2001-02
02-03
03-04
04-05
05-06
06-07
07-08
08-09
09-10
10-11
11-12*
JEUNE AFRIQUE
SOURCES : COTONTCHAD, USAID
Pour relancer la production, les autorités ont décidé d’apurer le passif de l’entreprise nationale et de créer, en janvier, CotonTchad Société nouvelle. Cela suffira-t-il ?
Après la tempête
PRIVATISATION REQUISE. Le fait que
la société redémarre sur des capitaux d’État risque, à terme, de la faire retomber dans les mêmes travers. « Nous en avons conscience. Mais aujourd’hui, aucun acteur du secteur privé ne voudra mettre de l’argent dans cette société. C’est pourquoi nous avons obtenu que l’État fasse le premier pas en prenant 51 % des actions. Après, il serait bien de retomber à une simple minorité de blocage de 33 % pour rassurer les investisseurs privés », temporise Mahamat-Adoum Ismaël. Une orientation qui satisfait à moitié les
Au fils des ans, les dettes se sont accumulées, les usines ont vieilli, les pistes se sont dégradées. bailleurs de fonds – la Banque mondiale et l’Agence française de développement (AFD) –, lesquels poussent depuis plusieurs années à une privatisation totale, avec une plus grande responsabilisation des producteurs. Autre bataille à remporter: CotonTchad SN doit recouvrer la confiance des banquiers, qui ne lui prêtent plus d’argent sans l’aval de l’État. Un processus long qui ne permet pas à l’entreprise d’avoir des liquidités à temps. Début mars, alors que plus de 60 % des activités de la saison étaient réalisées, le crédit de campagne accordé par les banques commerciales avec la bénédiction de l’État n’était toujours pas mis en place… Il faut faire plus si l’on veut atteindre une production de 100 000 t en 2013. ● MADJIASRA NAKO, à N’Djamena JEUNE AFRIQUE
SUR LA BONNE VOIE LIBYE
PIB (en milliards de dollars, en prix courants, éch. de gauche) 10
TCHAD NIGER
8
SOUDAN
Les promesses qui accompagnent CotonTchad SN, officiellement créée le 18 janvier, lui permettent de croire en des jours meilleurs. La nouvelle structure, qui a été déchargée de tout le passif de l’ancienne entreprise, s’est fixé comme objectif de relancer la filière coton et semble bien partie, si l’on en croit la timide reprise de la production, qui est passée à 52 570 t en 2010-2011, pour atteindre 70 000 t cette année. Pour y arriver, l’entreprise a dû faire des efforts en collectant à temps la récolte et, surtout, en payant assez rapidement leur dû aux paysans. « Au cours de la campagne 2010-2011, nous avons pu injecter directement dans la zone de production plus de 9,5 milliards de F CFA », explique le patron de CotonTchad SN.
Lac Tchad
N’Djamena NIGERIA 400 km
CAM.
Moundou
0
15 9,6
8,4
8,6
7,1
12
6,9
9 6 3
2,5
– 1,2
0
* Estimations 2008
2009
INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS
–3
2010 2011* 2012*
POPULATION 10,5 millions d’habitants
SUPERFICIE 1 284 000 km2
9,7
1,7
2
CENTRAFRIQUE
(variation du PIB en %, en prix constants, éch. de droite)
13
6 4
Croissance
INFLATION 2%
PIB PAR SECTEUR
# &((" 234 millions de dollars # &((2 462 millions de dollars # &('( 781 millions de dollars
# /-$!.$-% 58,1 % # ,%+01).$-% 7,7 % # *%-*$.$-% 34,2 %
Quelle place au sein de la Cemac ? Population
PIB 2011
(en millions d’habitants)
(en milliards de dollars, en prix courants)
Cameroun
Cameroun
20,9
Tchad Centrafrique
4,7
Gabon
Congo
4
Congo
Gabon
1,5
Tchad
Guinée équat.
1,4
Centrafrique
0
5
25,8
Guinée équat.
10,5
10
15
20
25
19,4 16,7 15,1 9,6 2,3 0
Développement humain Gabon
106e 136
Congo
137e
e
26,1 23,5 18,1 13,6 0
PIB par habitant
14 374 10 982 3 792
Cameroun
1 234
Tchad
920
Centrafrique
483 0
5 10 15 20 25 30 35 40
Climat des affaires
(en dollars, en 2011)
Congo
30
28,9
Gabon
Centrafrique
183e
Gabon
25
35,4
Tchad
Cameroun
179e
Guinée équat.
20
Guinée équat.
Congo
150e
Tchad
15
(en % du PIB, en 2011)
Guinée équat.
Centrafrique
10
Investissements
(rang sur 187 pays classés)
Cameroun
5
(rang sur 183 pays classés)
Guinée équat.
155e
Gabon
156e
Cameroun
161e
Congo
181e
Centrafrique
182e
Tchad
183e
3 000 6 000 9 000 12 000 15 000
SOURCES : FMI, SEPT. 2011 ; BANQUE MONDIALE, OCT. 2011 ; PNUD, NOV. 2011 ; CNUCED, JUILL. 2011 N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
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Pionnière dans la construction
GROUPE SNER
centre de l’expertise tchadienne Créée en 2002, suite à la privatisation de l’ex-OFNAR (Office National des Routes), la Société Nouvelle d’Études et de Réalisations (SNER) est l’une des plus grandes entreprises de construction de routes du Tchad. À son actif, beaucoup de réalisations dans la capitale et les provinces : pont à double voie sur le Chari à N’Djamena, pont sur le Logone à Laï, la plupart des avenues et routes de la capitale, l’aéroport d’Amdjarass (en cours de travaux)…. La SNER est, de fait, un groupe diversifié dont les activités s’étendent de la construction des routes (SNER), des ouvrages d’art (AFCORP TCHAD), du concassage (Société de Concassage de Hadjar Lamis), du transport (Société Africaine de transport), l’immobilier (Société Immobilière et de l’Habitat), à la participation dans les différentes entreprises. La SNER renforce actuellement ses capacités et réalise un plan de développement remarquable : révision du mode de pilotage et de l’organisation, création d’unités spécialisées, mise en œuvre de la rationalisation et la maîtrise des coûts, formation et développement des ressources humaines… La SNER s’engage, alors, dans un plan de développement d’envergure pour lui permettre de lui assurer, une projection sur le marché de la sous-région Afrique centrale. Véritable centre de valorisation de l’expertise tchadienne et de l’emploi de la main d’œuvre locale, la SNER compte 3 500 salariés. Avec le lancement, il y a quelques mois, d’un laboratoire de TP, le plus important et le plus performant actuellement de l’Afrique centrale, elle vise l’objectif de contrôle de qualité. « Nos priorités actuelles sont la qualité, la formation profession-
Un concasseur de 150 tonnes à l’heure
COMMUNIQUÉ
nelle, le développement des ressources humaines par la promotion interne, la mise en place d’une gestion efficace, notamment la maîtrise de coûts », souligne un responsable. Hélas, ce groupe dont le portefeuille de réalisations est rempli d’ouvrages bien exécutés est victime d’une campagne de dénigrement orchestré par des personnes et institutions mal intentionnées. « Cette publicité mensongère, dont la SNER est la cible, est mal fondée. Très souvent, les routes de la SNER sont présentées comme étant les ouvrages réalisés par d’autres sociétés concurrentes. Inversement, les mauvaises réalisations faites par d’autres entreprises sont présentées comme étant celles de la SNER. C’est de bonne guerre, mais nous avons fait le choix de laisser le temps au temps pour rétablir la réalité des faits », explique un de ses dirigeants. Des investissements importants d’un montant de sept milliards de F CFA ont été réalisés au cours de l’exercice 2011, dans un cadre stratégique, pour lui donner la capacité d’exécution d’un programme d’activités correspondant à un portefeuille annuel de 130 milliards de F CFA. Ces investissements en matériel ont été financés par l’ouverture de deux lignes de crédit, l’une auprès de la BCC et, l’autre, auprès d’Ecobank. « Le taux d’intérêt est de 12 %, on peut se l’imaginer le poids que cela représente pour la société si ces investissements ne sont pas rentabilisés par rapport aux hypothèses de départ, en termes de volume de travaux, donc de chiffre d’affaires », indique un responsable.
Réalisation de colonnes du pont Hellibongo
Essai de carottage sur l’enrobé
En 2011, sept milliards de F CFA d’investissements Mise en œuvre de l’enrobé
La SNER est une société dont l’exploitation dispose de capacités lui permettant la gestion d’un marché de 200 milliards F CFA : travaux routiers, ponts, génie civil, aéroports. En ce moment, la SNER dispose d’un personnel expérimenté, de chefs de projets capables de les concevoir et les mener efficacement à leur terme. « Nous exécutons un carnet de commandes de 25 milliards de F CFA. Ce qui est bien en deçà de nos capacités de production. Nous sommes en effet, en sous-exploitation de nos capacités, soit un gap de175 milliard par rapport à notre potentiel. Par le passé, la SNER a réalisé entre 30 et 50 milliards de travaux par an », indique un dirigeant de la société. La décision de la réalisation d’investissements d’un montant de 7 milliards de F CFA relève d’un choix stratégique : se préparer et se positionner, en perspective des marchés d’infrastructures substantiels du Tchad. Malheureusement, la période actuelle est marquée par une très basse activité : la plupart du matériel sera mis en stand-by et une bonne partie de son personnel sera inemployé.
s’associer ou de passer par une entreprise locale. Nous voyons mal par exemple la SNER aller se mettre en concurrence avec en France Bouygues, ou en Chine avec la CNPCI. Dans tous les pays, les offres nationales vont prioritairement aux entreprises nationales », souhaite-t-on du côté de la direction. Cependant, force est de constater que le marché tchadien s’est largement ouvert. En cause : une mauvaise application du principe de mise en concurrence. Cela ne participe pas à la prospérité des entreprises tchadiennes mais les pénalise durement. « Nous nous retrouvons dans la situation paradoxale où, des entreprises étrangères pourraient réaliser un chiffre d’affaires de 300 milliards de F CFA, alors que la SNER qui est la première entreprise du secteur, en est réduite à un chiffre d’affaires de 25 milliards de F CFA. Il faut souligner que cela va affecter, directement, le panier de la ménagère », affirme un responsable. La SNER emploie 3 500 nationaux mieux rémunérés « si l’on considère que chaque salarié, a, au Tchad, une dizaine de personnes à charge, ce sont 35 000 Tchadiens qui pourraient être affectés par la chute de nos activités ».
L’autre défi qui pèse sur la SNER, est la concurrence déloyale d’entreprises étrangères particulièrement asiatiques. Or, le code des marchés publics prévoit la préférence des entreprises nationales dans l’attribution des contrats. « De façon générale, dans les autres pays, même dans la sous-région, lorsqu’une entreprise étrangère vient soumissionner pour un appel d’offres, elle a l’obligation de
Confection des buses en béton armé
Chargement de l’enrobé à la centrale d’enrobé
Société Nouvelle d’Études et de Réalisations Siège Social : Zone industrielle de Farcha B.P. 756 N’DJAMENA - TCHAD Tél. : +235 22 52 26 02 Fax : +235 22 52 32 74 E-mail : sner@intnet.td
Mise en œuvre de la couche de fondation de l’aéroport international d’Amdjarass Difcom - F.C. Photos : DR
Siège social 2-6 rue du commandant Galyam Negal BP 461 N’Djamena Tél : (235) 22 52 28 01 - 22 52 41 90 22 52 41 95 Fax : (235) 22 52 37 13
Faisons équipe
ENSEMBLE
Après la tempête
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HYDROCARBURES
Réconciliation autour du gazole
D
epuis fin janvier, les turbines de la raffinerie de Djermaya (à 40 km au nord de N’Djamena) tournent de nouveau et les Tchadiens peuvent s’approvisionner en carburant (surtout en gazole) sans difficultés. Les quelque 14 000 barils par jour (sur une capacité de 20 000 b/j) qui sortent de ce site couvrent largement les besoins du pays. Une partie de la production commence même à être exportée vers les pays voisins. China National Petroleum Corporation (CNPC) et l’État, qui détiennent respectivement 60 % et 40 % de la Société de raffinage de N’Djamena (SRN), sont convenus, début février, de faire en sorte que la production destinée au Tchad soit continuellement assurée. À COUTEAUX TIRÉS. Quelques semaines
plus tôt, les deux partenaires étaient à couteaux tirés. La raison de leur différend : les prix des produits raffinés. Alors que le gouvernement, qui parle de « pétrole social », souhaite appliquer des tarifs subventionnés et accessibles à la majorité des Tchadiens, son partenaire chinois ne l’entend pas de cette oreille. CNPC, l’opérateur de la SRN, veut vendre le carburant au prix du marché. Seule condition, d’après la compagnie, pour amortir dans des délais raisonnables les 450 millions d’euros qu’elle a investis dans le complexe. Fin août 2011, soit à peine trois mois après sa mise en service, les pertes de la SRN étaient évaluées par les Chinois à 3,3 millions d’euros. JEUNE AFRIQUE
FRÉDÉRIC NOY/COSMOS
La raffinerie de Djermaya, inaugurée en 2011, a brièvement fermé en janvier. En cause : un désaccord entre l’État et le chinois CNPC quant au prix des carburants sur le marché domestique. Ce différend réglé, les partenaires songent à exporter. LE BASSIN DE DOBA (Sud) renferme des réserves estimées à 950 millions de barils.
Un déficit qui a créé une tension entre les deux partenaires. De fait, la raffinerie a été fermée à plusieurs reprises. Excédées, les autorités du pays, qui estiment avoir déjà accordé de nombreuses concessions au groupe chinois, ont, le 19 janvier, décidé d’arrêter les activités de la SRN et de renégocier les termes du partenariat. Dans la foulée, le ministre du Plan, de l’Économie et de la Coopération internationale, Mahamat Ali Abdallah, et celui de l’Énergie et du Pétrole, Eugène Tabé, ont été limogés pour avoir mal négocié avec CNPC. Le directeur général chinois de la raffinerie a, lui, été prié de quitter le
générale revient ainsi à un Chinois, qui sera secondé par un directeur général adjoint tchadien. BAISSE DE RÉGIME. Producteur de brut
depuis 2003, le Tchad entend tirer le plus grand profit de son pétrole. D’autant que la quantité d’or noir extraite de son sous-sol est en baisse. Elle a atteint son plus haut niveau en 2005 – 178000 b/j – et décline depuis, se situant actuellement entre 120 000 et 130 000 b/j. Cette baisse de régime est attribuée à des problèmes techniques. « L’infiltration d’eau de la nappe phréatique dans certains puits a rendu difficile l’extraction du pétrole », explique Deux ministres ont été limogés, le directeur général chinois de l’usine un conseiller du Premier ministre. a été prié de quitter le territoire. Le brut, exporté via le port de Kribi, au Cameroun, territoire tchadien. Quelques jours plus provient essentiellement du bassin de tard, le gouvernement, satisfait d’avoir Doba – au potentiel estimé à 950 millions marqué le coup, a autorisé la réouverture de barils –, exploitable sur une trentaine du complexe. d’années. Selon la compagnie pétroAprès discussions, les deux parties lière BP, les réserves prouvées du pays se sont entendues sur « onze points étaient de 1,5 milliard de barils en 2010. d’accord », affirme Mahamat Allahou La mise en exploitation du gisement de Taher, ministre du Commerce et de l’InBongor (Sud-Ouest), qui devrait doper dustrie. Tchadiens et Chinois se sont la production nationale de 60 000 b/j engagés à mettre un terme aux fermesupplémentaires, tarde à remplir cette tures intempestives de la raffinerie, à mission. Du côté du gouvernement, on trouver ensemble des voies d’exportaassure que CNPC, qui opère ce champ, tion de l’excédent de la production vers est toujours à pied d’œuvre pour ratles pays voisins, à constituer un stock traper le retard. Et permettre au pays de sécurité pour le marché intérieur et, d’atteindre son objectif de production surtout, à équilibrer le rapport des forces de 250 000 b/j. ● dans la gestion de la SRN. La direction STÉPHANE BALLONG N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
Le Plus de J.A. Tchad CONFIDENCES DE
Gilbert Maoundonodji « L’argent du pétrole est mal réparti » Coordonnateur du Groupe de recherches alternatives et de monitoring du projet pétrole Tchad-Cameroun Selon ce représentant de la société civile, l’exploitation du projet de Doba ne profite pas aux populations locales.
P
OLITOLOGUE ET JURISTE, Gilbert Maoundonodji est le fondateur du Groupe de recherches alternatives et de monitoring du projet pétrole TchadCameroun (Gramp-TC). Ce think-tank créé en 2001 travaille sur les impacts environnementaux, sociaux et économiques de l’exploitation pétrolière.
JEUNE AFRIQUE: À combien estimet-on les revenus pétroliers duTchad? G I L B E RT M AO U N D O N O DJ I : L’exploitation du projet de Doba a généré près de 4,5 milliards de dollars [3,4 milliards d’euros, NDLR], soit beaucoup plus que les estimations initiales, de 2,5 milliards. En vertu de la loi de gestion des revenus pétroliers, 1 % de ce montant devait être destiné à la région productrice de Doba pour la période 2004-2011. Y a-t-il eu de véritables retombées pour les populations locales? La région de Doba reste l’une des plus pauvres du pays. Dans les cantons
FRÉDÉRIC NOY
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Est-ce ce qui a décidé 25220 paysans de Doba à porter plainte, en décembre, contre la Banque mondiale, qui avait approuvé ce projet pétrolier? Tout à fait. Ils ont saisi le conseillermédiateur [CAO] de la Banque mondiale, qui a jugé recevables les 115 plaintes individuelles et 25 plaintes communautaires. Du 26 février au 2 mars, une mission du CAO est venue à la rencontre des populations afin d’envisager, avec elles, des solutions à leurs problèmes. Si la plainte aboutit, elle débouchera sur des négociations en vue de réparations ou de compensations suivant un processus d’arbitrage.
Une grande partie des recettes aurait servi à l’achat d’armes. de Miandoum, Komé et Béro, on ne trouve ni eau potable, ni centre de santé, ni école à cycle complet. Non seulement les revenus du pétrole sont mal répartis, mais en plus les populations locales subissent les impacts négatifs de son exploitation: outre la pollution générée, avec la multiplication des puits et des emprises pétrolières, la pression foncière est telle qu’elles n’ont plus d’espace pour cultiver. N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
Où va selon vous l’argent du pétrole? Au moins la moitié a été utilisée à des fins non appropriées. Selon un rapport de l’ONG française CCFD-Terre solidaire rendu public fin janvier, une grande partie des recettes pétrolières a servi à l’achat d’armes durant la période d’instabilité liée aux rébellions à répétition. [Les dépenses militaires du pays sont ainsi passées de 35,3 milliards à 275,7 milliards de F CFA entre 2004
et 2008, et s’élevaient encore à 154 milliards 235 millions d’euros en 2010.] La hausse des budgets de l’éducation et de la santé est réelle, mais les experts internationaux estiment que les recettes affectées à ces secteurs auraient dû être plus élevées. De nouvelles infrastructures routières, éducatives, sanitaires et sociales sortent de terre depuis cinq ans, mais certains chantiers impliquent de gros investissements totalement disproportionnés. Si l’on ne bannit pas le processus de passation des marchés publics de gré à gré et sans appel d’offres, on encourage une corruption systémique… Résultat, il y a des éléphants blancs partout à N’Djamena. Quelles sont les perspectives? Il est primordial de lutter contre l’impunité, qui encourage la mauvaise gouvernance. Au niveau du budget, les revenus doivent être répartis équitablement au plan national et ne plus être investis uniquement dans des infrastructures qui ne sont pas durables. L’assainissement des finances publiques passe aussi par le respect des codes des marchés publics. Cela créera un climat favorable pour attirer, enfin, les investissements directs étrangers. ● Propos recueillis par JUSTINE SPIEGEL JEUNE AFRIQUE
LE MINISTÈRE DES AFFAIRES FONCIÈRES ET DU DOMAINE RÉPUBLIQUE DU TCHAD PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE PRIMATURE MINISTÈRE DES AFFAIRES FONCIÈRES ET DU DOMAINE SECRÉTARIAT GÉNÉRAL
Le bien-fondé de sa création :
Les principales actions à mener en 2012 :
• Faire de la terre, cette mère nourricière, un élément de politique de développement économique et social du Tchad,
• Faire adopter le projet de loi portant sur le Code Foncier et Domanial et ses textes d’application,
• Accélérer le processus tendant à l’acquisition, par tout Tchadien, de sa propriété,
• À travers les textes d’application, prendre des dispositions réduisant la durée de délivrance des documents cadastraux et domaniaux (plans, arrêtés de cession de gré à gré, titres de propriété),
• Rechercher les solutions aux conflits fonciers majeurs susceptibles de remettre en cause la cohésion sociale, • Anéantir le phénomène d’occupation illégale du domaine public et des prises de possession anarchiques du domaine privé.
Ses principales missions : • Définition d’une politique nationale d’accès à la terre, • Élaboration et mise en œuvre de la législation foncière, • Production, mise à jour et conservation des cartes, plans topographiques et cadastraux, • Centralisation de toutes les procédures d’affectation et de distribution des terrains du domaine de l’État, • Immatriculation et conservation de la propriété foncière, • Administration du séquestre et des biens vacants, • Administration et gestion de tous les biens relevant du domaine public et du domaine privé de l’État, • Enregistrement des actes.
COMMUNIQUÉ
Me Jean-Bernard PADARE, Ministre des Affaires Foncières et du Domaine
Bâtiment abritant le MAFD
• Aider les municipalités naissantes à disposer d’une base de données sur les propriétés construites en matériaux durables et semi-durables, les actes de cession immobilière et les baux en cours de validité en vue de leur taxation pour leur permettre de disposer des fonds nécessaires aux actions de développement, • Assurer la sécurisation de tous les documents cadastraux et domaniaux en les rendant infalsifiables, • Permettre au personnel judiciaire en charge de trancher des litiges fonciers d’avoir une formation en matière foncière et domaniale, • Recenser les biens relevant du domaine des personnes morales de droit public ; ce qui permettra de parvenir à une gestion rationnelle et optimale du patrimoine de l’État, • Améliorer les recettes provenant du foncier, de l’enregistrement et du timbre, • Faire mener par l’Observatoire du Foncier au Tchad des activités de recherche, • Améliorer les informations foncières, • Assurer la formation du personnel : le Ministère doit être doté d’un personnel répondant à ses missions dans les domaines du cadastre et de la topographie, et de l’administration domaniale.
Direction du Domaine et de la Conservation Foncière
MINISTÈRE DES AFFAIRES FONCIÈRES ET DU DOMAINE B.P. 428 N’Djamena Tél. : 22 52 21 71 E-mail : domaines@intnet.td
Direction Générale du Domaine et du Patrimoine Difcom - F.C. Photos : DR
• Assurer une gestion rationnelle et durable du domaine national,
VINCENT FOURNIER/J.A.
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Arrivé en 2006, le groupe panafricain ECOBANK caracole en tête du secteur. FINANCE
Un potentiel bancaire XXL Très concurrentiel, le marché a triplé de volume en six ans et regorge encore d’opportunités susceptibles d’attirer de nouveaux établissements. D’autant que la clientèle des particuliers reste à conquérir.
A
nnus horribilis. C’est ce qu’a été 2011 pour la Banque commerciale du Chari (BCC). Numéro deux du pays par le total des dépôts fin 2010, l’établissement a brutalement dégringolé sur l’échiquier bancaire local, passant en quelques mois au cinquième rang. « Les clients ont eu peur et ils sont
SITCOM-TCHAD
nombreux à avoir fermé leurs comptes, car ils pensaient que nous étions la banque de Kaddafi », explique Souraya Djaranabi, directrice de la communication de la BCC. Détenue à parité par Tripoli (via la Libyan Arab Foreign Bank) et N’Djamena, l’ex-Banque Tchad-arabe libyenne, devenue BCC en 1995, a payé
« LE MONDE AU BOUT DE LA CONNEXION ».
Société d’Infrastructures de Transmission des Communications électroniques par fibres optiques du Tchad.
Créée par ordonnance n°017/ PR/2011 du1ER Mars 2011, la société d’Infrastructures de Transmission de Communications Électroniques par fibre Optique dénommée « SITCOM - TCHAD » a pour objet d’établir et d’exploiter un réseau national à fibre optique sur le territoire de la République.
À ce titre, elle est chargée notamment : > D’offrir/d’allouer des capacités de transmission ; > De mettre en place un réseau virtuel pour les communications électroniques de souveraineté ; > D’assurer la sécurisation des réseaux à fibres optiques pour transporter les communications électroniques ; > De vendre des équipements de transmission ;
> D’exploiter et de maintenir le réseau de la société ; > D’assurer la veille et l’interopérabilité des équipements ; > De déployer le réseau de transport sur le territoire national. « Opérateurs et fournisseurs d’accès Internet ; grandes institutions de la République ; grandes entreprises ; investisseurs et prestataires des TICS, mobilisez vous, le haut débit est à votre portée. »
« AVEC SITCOM – TCHAD, « La qualité et la sécurité sont de rigueur ».
Après la tempête
LE SECTEUR EN CHIFFRES • Huit banques • 463 milliards de F CFA de total de bilan fin 2010 (+ 45 % en deux ans) • 437 milliards de F CFA de dépôts (+ 61 % en trois ans) • 319 milliards de F CFA de crédits (+ 49 % en trois ans)
ont manifesté leur intérêt dans le cadre de l’appel d’offres en cours », se réjouit Bertrand Tognia, secrétaire général de CBT. Difficile de savoir exactement qui sont ces candidats, mais une chose est sûre : certaines banques venues de pays voisins, comme le camerounais Afriland First Group, regardent le Tchad avec intérêt. Les succès du groupe panafricain Ecobank ou du nigérian United Bank for Africa (UBA), entrés sur le marché ces dernières années, sont des exemples encourageants. Ecobank, qui a repris en 2006 une banque historique, la Banque internationale pour l’Afrique au Tchad (BIA-Tchad), a dépassé le français Société générale et caracole désormais en tête du secteur, avec une part de marché de 26 % sur les dépôts. Tandis que UBA s’est vite fait une place, captant 6 % des dépôts en seulement trois ans.
le prix fort de la situation en Libye. Fin 2011, plus d’un tiers des sommes déposées auprès de la banque avaient été retirées. « Depuis, cela s’est calmé et les clients sont revenus », assure Souraya Djaranabi. La Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce (BSIC-Tchad), liée à la Communauté des États sahélo-sahariens (Cen-Sad) basée à Tripoli, a également souffert. Sur un marché bancaire qui a triplé en volume depuis 2005 et a crû de 7 % FRILOSITÉ. Reste à trouver des relais en 2011, il est crucial de ne pas perdre de croissance… En dehors des ONG, de temps, car les positions entre concur« les principaux clients sont l’État et rents changent vite. « C’est clairement le les grandes entreprises, soit peut-être, marché le plus concurrentiel de la Cemac au final, une dizaine de multinatio[Communauté économique et monétaire nales », souligne Loukoumanou Waidi. de l’Afrique cenLa conquête des trale, NDLR], assure Avec un taux de particuliers est L o u k o u m a n o u bancarisation de 5 %, la loin d’avoir comWaidi, directeur mencé. « L’État a général d’Orabank marge de développement la volonté de banTchad. Alors qu’au est immense. cariser l’ensemble Gabon une seule des fonctionnaires, banque tient 40 % du marché et qu’au poursuit le directeur général d’Orabank Cameroun trois établissements s’en Tchad. Mais cela peine à se traduire partagent 75 %, ici, cinq banques sont dans la réalité, car il n’y a pas d’agences proches en termes de poids et, vu la taille partout. De plus, lorsque les virements du marché, un seul crédit de 3 milliards des salaires sont effectués, les foncou 5 milliards de F CFA [4,5 millions tionnaires retirent souvent tout en une ou 7,6 millions d’euros] peut tout faire seule fois… » changer. » De fait, le pays ne compte qu’une quarantaine d’agences, soit « un ratio CANDIDATS. Avec un taux de bancarisade plus de 250 000 habitants par agence, tion qui plafonne à 5 %, le potentiel de contre 74 000 en zone Cemac », précise développement semble immense. Les Mawata Wakag-Gomon, secrétaire génécandidats à l’implantation sont d’ailleurs ral de l’Association professionnelle des nombreux. En témoigne le succès de établissements de crédit (Apec Tchad). l’appel d’offres lancé par l’État tchadien Les problèmes de sécurité et la taille du pour la cession de la majorité du capipays, notamment, expliquent la frilosité tal de Commercial Bank Tchad (CBT), des banques en dehors des grandes un établissement en difficulté, aupavilles. Mais la donne pourrait vite chanravant propriété de l’homme d’affaires ger avec l’arrivée d’acteurs bancaires camerounais Yves-Michel Fotso. « À la plus agressifs sur les nouveaux créneaux suite des efforts de restructuration, nous comme les prêts aux particuliers ou le avons doublé de taille, et douze groupes mobile banking. ● bancaires africains et internationaux FRÉDÉRIC MAURY JEUNE AFRIQUE
N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
Le Plus de J.A. Tchad
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AÉRIEN
Destination Djermaya
DR
Pour devenir une plateforme régionale, le pays construit un nouvel aéroport où il va tenter de fournir du carburant low cost. Reste à renforcer la compagnie nationale, qui traverse une mauvaise passe.
D
ans les couloirs du tout nouveau ministère des Transports et de l’Aviation civile – créé en août 2011 après redécoupage du ministère des Infrastructures et des Transports –, on le qualifie de « projet du siècle » pour la sous-région. L’aéroport international de Djermaya, à une quarantaine de kilomètres de N’Djamena, devrait modifier considérablement les plans de vols sur le continent. D’un coût de 600 milliards de F CFA (915 millions d’euros), financé grâce à un prêt chinois, il devrait être livré en 2015. D’une superficie de 24,5 km2 et doté d’une piste de 3,5 km de long sur 60 m de large, il sera relié à la capitale par une autoroute. Objectif : en faire une escale, voire une destination privilégiée des compagnies aériennes. TOURISME. Ce n’est pas le seul atout du
pays. Hors de N’Djamena, l’aéroport de Moundou, la capitale économique, au sud du pays, a été mis aux normes internationales, et celui de Faya-Largeau, dans le Nord (région de Borkou), le sera très prochainement. Depuis février, des vols venant de France – Paris ou Marseille – atterrissent dans cette ville du Sahara N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
le litre. C’est d’ailleurs après que l’État a exigé la diminution des prix des produits pétroliers – un bras de fer avec son partenaire, China National Petroleum Corporation (lire p. 93), qui a provoqué la fermeture de la raffinerie de Djermaya à la mi-janvier – que la capitale tchadienne a manqué de Jet A-1 pendant quelques jours, obligeant les autorités chargées du transport aérien à lancer un « Notam » (Notice to Airmen) à l’intention de toutes les compagnies. « L’objectif, c’est de donner envie aux avions qui font Paris-Johannesburg ou qui vont de l’Asie en Amérique de s’arrêter, pas seulement à cause des passagers, mais aussi pour le prix du Jet A-1 », explique le ministre des Transports et de l’Aviation civile, Abdelkerim Souleymane Terio.
LE CAS TOUMAÏ. Une bonne nouvelle pour la dizaine de grosses pointures qui desservent la destination, parmi lesð En difficulté, TOUMAÏ AIR TCHAD quelles Air France, sollicite l’appui Ethiopian Airlines, de l’État Asky Airlines, (actionnaire CamairCo, Kenya à 40 %) pour Airways et Toumaï se renflouer. Air Tchad, la compagnie nationale. Cette dernière est tchadien, nouvelle destination tourisen difficulté, même si elle continue de tique depuis que les pays voisins (Niger, desservir la sous-région, une partie de Mali, Mauritanie) sont devenus moins l’Afrique de l’Ouest et, sur le plan intéfréquentables à cause de l’insécurité. Un investissement de 1,4 milliard de F CFA rieur, la seule ville d’Abéché (Est). « Les permettra de doter cet aéroport, utilisé vols intérieurs sont des vols sociaux. On habituellement par les armées tchadienne ne peut pas soutenir la concurrence dans et française, d’une aérogare, de balises et la sous-région en continuant à assurer ce genre de liaisons », justifie Abdelkerim Souleymane Objectif : devenir une escale Terio. privilégiée pour les transporteurs Créée en 2004, Toumaï qui survolent le continent. Air Tchad, propriété de l’État tchadien (40 %), de des équipements nécessaires à l’accueil l’Asecna (10 %) et d’actionnaires privés, régulier de passagers. Ce remodelage est dirigée depuis 2010 par Zacharia Déby Itno, l’un des fils du chef de l’État. achevé, Faya-Largeau pourra intégrer la liste des aéroports sous la responsabilité Confrontée à un manque d’investissede l’Agence pour la sécurité de la navigaments et à des difficultés de trésorerie tion aérienne en Afrique et à Madagascar et avec seulement deux appareils (un (Asecna), qui possède par ailleurs au Boeing 737 et un Fokker 28), il lui est Tchad un centre régional de contrôle difficile de soutenir la concurrence. Avec couvrant une région d’information de plus de 3,8 milliards de F CFA de dette vol de 2,1 millions de km2. annoncée fin 2011, la compagnie sollicite Autre piste pour rendre la destination l’appui de l’État pour se renflouer. Un plan N’Djamena plus attractive pour les gros de relance est en cours d’élaboration, opérateurs qui survolent le continent : qui prévoit, entre autres, un dévelopune réflexion est en cours pour baisser pement de la flotte à cinq appareils au le prix du Jet A-1 (un carburant à base minimum. ● de kérosène), actuellement à 565 F CFA MADJIASRA NAKO, à N’Djamena JEUNE AFRIQUE
Le Conseil Économique, Social et Culturel du Tchad
! Il favorise la collaboration entre les différentes activités et catégories socioprofessionnelles, entre les différentes régions tout en facilitant leur participation à la politique économique, sociale et culturelle du gouvernement ; ! Il est chargé de donner son avis sur les questions à caractère économique, social ou culturel portées à son examen par le Président de la République, le Gouvernement ou l’Assemblée Nationale ;
Le Conseil peut être saisi par le Président de la République, par le Gouvernement, ou par le Président de l’Assemblée Nationale. Il peut s’auto-saisir pour analyser tout problème de développement économique, social et culturel. Ses sessions sont sanctionnées par des avis et/ou des recommandations adressés au Président de la République, au Gouvernement ou à l’Assemblée Nationale.
Photo de famille des membres du CESC à la cérémonie d’ouverture de la première session du CESC de 2012. Au milieu portant la chéchia rouge, le Président du CESC M. LAMANA ABDOULAYE. A sa gauche, en costume noir, le Premier Ministre EMMANUEL NADINGAR.
QUELQUES THÈMES TRAITÉS AU COURS DES SESSIONS PASSÉES (septembre 2007 - février 2012) • Opportunité et défis du quinquennat social du président de république
• Rôle et place du conseil économique, social et culturel dans la république
• La promotion de la culture au Tchad
• Dialogue social, support d’un Tchad réconcilié et pacifique
• Les effets des revenus pétroliers alloués à la région productrice • Déguerpissement et crise de l’énergie domestique • La cherté de la vie • Les effets de la dégradation de l’environnement sur la sécurité alimentaire
• Les prix des denrées de premières nécessités : cas du riz et du mil • L’impact de la violence en milieu scolaire sur le système éducatif tchadien
Difcom - F.C. Photos : DR
Le Conseil Économique, ! Il peut être consulté sur Social et Cultuel (CESC) tout projet de plan ou de est une Assemblée consultative programme de développement représentant les principales activiet peut procéder à l’analyse tés économiques, sociales de tout problème à caractère et culturelles. économique, social et culturel.
Le Plus de J.A. Tchad
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PORTRAITS
Initiateurs de dynamisme
Qui sont ceux qui, loin des cercles de décision de la sphère politique, font bouger l’économie ? Rencontre avec trois entrepreneurs de bonne volonté.
IL LE DIT LUIMÊME : à 43 ans, Amir Adoudou Artine est un homme chanceux. Lorsqu’il crée la société Geyser, en 1998, personne ne donne cher de sa petite structure, qui réalise des travaux de maintenance sur le site pétrolier de Doba. C’est le moment où le consortium formé par Shell, Elf et ExxonMobil pour développer le gisement vole en éclats. Amir Artine achète alors sur un coup de tête le matériel d’une société américaine sur le départ, Parker Drilling Company. Devenu propriétaire d’un parc immense mais endetté, il ne peut ni dédouaner ses engins ni les déplacer vers N’Djamena… Mais, deuxième coup de chance, un nouveau consortium pétrolier se crée et la Banque mondiale accorde enfin un prêt au pays. À son arrivée à Doba, le groupe Halliburton, nouveau responsable des travaux de développement du site, tombe sur Amir Artine et son matériel. Aujourd’hui, Geyser est le numéro deux tchadien sur son marché.
ABDOULAYE BARRY POUR J.A.
Amir Adoudou Artine De l’or noir à l’or vert
Centrée sur les travaux de forage, les services pétroliers et l’hydraulique, l’entreprise emploie 500 personnes et réalise un chiffre d’affaires annuel de 10 milliards de F CFA (15,2 millions euros). Par ailleurs très actif dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage, le directeur général de Geyser est aussi un passionné
de chevaux. Propriétaire d’une ferme de 420 hectares à 40 km de N’Djamena, il s’est lancé dans un ambitieux projet agropastoral baptisé Baghara. Son prochain défi: améliorer le niveau de la production laitière dans les zones de Koundoul et d’Aïche, non loin de la capitale. ● JUSTINE SPIEGEL
Achta Mahamat Saleh Droit des affaires, classe internationale
ABDOULAYE BARRY POUR J.A.
ELLE EST DE CELLES qui ne s’en laissent pas conter. De ces femmes fortes, qui se construisent seules. En novembre dernier, à 29 ans, Achta Mahamat Saleh a ouvert à N’Djamena son cabinet juridique international. Assistée d’un autre juriste, elle offre ses services aux sociétés locales et internationales, soit en se substituant à leur propre département juridique, soit en venant le renforcer. Une initiative bienvenue au Tchad, où les affaires ne sont pas formalisées, surtout dans le commerce. Si, lors de la première rencontre, les clients ont un peu d’appréhension, Achta les convainc en moins de dix minutes par sa rigueur et son professionnalisme. N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
JEUNE AFRIQUE
Après la tempête Quatre mois après l’ouverture de son cabinet, trois grandes entreprises de la capitale recourent déjà régulièrement à ses conseils. Achta est née et a grandi à N’Djamena. Avec les études vinrent les envies d’ailleurs. Après avoir décroché, au Caire, un master en droit des affaires internationales de la Sorbonne (ses professeurs étaient ceux de la célèbre université parisienne), elle s’envole pour la Suisse, où elle sera juriste auprès de la Fédération internationale de football
association (Fifa), à Zurich, pendant deux ans. De retour à N’Djamena, Achta entre en juin 2011 à la Société tchadienne des eaux (où elle exerce toujours) en tant que chef du département des affaires juridiques et du contentieux. « Il n’y a rien de plus contagieux que l’exemple », se souvient-elle avoir lu un jour dans Jeune Afrique. Ne reste alors qu’à espérer que l’énergie et les idées neuves d’Achta Mahamat Saleh essaiment allégrement à N’Djamena. ●
lexAfric
J.S.
l’Expert qui vous accompagne !
Ibrahim Badji Mollimi Le défi du privé ANCIEN HAUT FONCTIONNAIRE du ministère des Finances et ex-directeur général adjoint de la Banque commerciale du Chari, Ibrahim Badji Mollimi est, depuis un an, à la tête de la Compagnie sucrière du Tchad (CST). « Le privé et le public, c’est complètement différent, mais je m’adapte petit à petit », explique le PDG. Son objectif : « Remettre la compagnie sur les rails et investir de façon à combler la consommation du pays, qui est deux fois plus importante que celle du Cameroun. » Né en 1968 à Fada (Nord-Est), Ibrahim Badji Mollimi décroche un bac scientifique au lycée du SacréCœur de N’Djamena, une licence en sciences économiques à l’université Sidi-Mohammed-Ben-Abdallah de Fès
(Maroc), avant de se spécialiser dans la finance à l’École supérieure internationale d’administration des entreprises, en France. En 2000, de retour au Tchad, il intègre le ministère des Finances. Des diverses fonctions qu’il y a occupées, il retient surtout le combat pour l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), finalement abandonnée à cause de la rupture entre N’Djamena et la Banque mondiale. Il se souvient aussi de son passage à la tête de la Direction générale des douanes et droits indirects, de 2002 à 2004, où il a fait en sorte d’optimiser le recouvrement des recettes, notamment en luttant contre l’informel, la fraude et la contrebande. ●
Fusions-acquisitions, droit des sociétés • Gouvernance d’Entreprise • Entreprises en difficultés • Banque et Assurance • Droit du travail et relations collectives • Droit des contrats • Droit immobilier • Contentieux et Arbitrage
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ABDOULAYE BARRY POUR J.A.
Nos atouts sont notre parfaite connaissance du marché et la pluridisciplinarité de nos Experts. Nous adoptons une approche réaliste et globale de vos problématiques.
JEUNE AFRIQUE
N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
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Le PDG, Monsieur Abakar Mahamat Taher, en réunion avec les partenaires en européens
SEDIGUI INTERNATIONAL Commerce Général Import/Export Matériel médico-tedchniques Bâtiment et Travaux Publics Produits Pétroliers et Transport
La société SEDIGUI INTERNATIONAL.SA est une Société de droit tchadien dont le siège social se trouve à N’Djamena. Avec des représentations dans les différentes villes du Tchad, Sedigui International couvre plusieurs branches d’activités : commerce général, commercialisation de matériel médico-technique et produits pétroliers, BTP, transport et gardiennage. La société est un partenaire de premier rang du Ministère de la Santé Publique et de l’Éducation Nationale. Elle équipe aujourd’hui, plus de quatre-vingt pour cent des
hôpitaux sur le territoire national en matériel médico-technique, en ambulances et les écoles en mobilier scolaire. La société dispose également d’un important parc automobile d’une trentaine de citernes, semi-remorques et ravitailleurs. SEDIGUI INTERNATIONAL est agréée auprès de la Société Nationale de Raffinage de N’Djamena pour la distribution et la commercialisation de produits pétroliers et des dérivés. Elle détient un grand nombre de contrats d’approvisionnement en produits pétroliers avec plusieurs sociétés (Millicom Tchad, Coton-tchad….) et envisage de les exporter à court terme dans les pays voisins.
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un partenaire privilégié de l’État et des grandes multinationales installées au Tchad Station service de la société
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SEDIGUI INTERNATIONAL Av. Charles De Gaulle - N’Djamena TCHAD - BP : 3102/2777 Tél. : (+235) 22 51 45 13 - Fax : (+235) 22 52 36 73 - Email : sediguiinternational@yahoo.fr
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COMMUNIQUÉ
Un caterpillar Sedigui
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Après la tempête
VILLE ET SOCIÉTÉ
N’Djamena réanimée
SUR LA PLACE DE LA NATION, des écrans géants diffusent des images de la télévision nationale.
pétrole, nous reconstruisons le Tchad. » Toutefois, si la ville s’étend à vitesse grand V, c’est souvent sur des terrains inondables et de manière anarchique, puisqu’elle ne s’est toujours pas dotée de schéma directeur. « Il est actuelleDarfour avait partiellement détruit ment sur la table, assure Issa Adjideï. N’Djamena. Quatre ans plus tard, les treillis et les armes ont disparu, cédant Les grands projets, tels que les logela place aux pelles et aux pioches. ments sociaux, répondent à un plan Partout, de nouveaux bâtiments, de d’urbanisme, et, même s’il est encore nouvelles rues sortent de informel, c’est un début. » terre. Une soixantaine de Le problème est que, kilomètres de routes sont en attendant, chacun s’est construits chaque année installé où il voulait, sans dans la capitale (et 3 000 km aucun contrôle. Or la mairie dans l’ensemble du pays). dispose d’un droit d’exproChaque ministère a droit à N’Djamena est la priation. Alors, maintenant troisième ville un nouveau siège, le palais que le calme et les moyens la plus chère présidentiel est en rénosont là, pour récupérer du monde pour vation. Et les programmes ses terrains et lancer de les expatriés, d e l o g e m e n t s s o c i au x nouveaux chantiers, elle après Luanda fleurissent. et Tokyo, selon a démoli de nombreuses le classement Mercer « L’image de N’Djamena maisons au cours d’opérade juillet 2011. devait évidemment être tions de déguerpissement. En revanche, elle changée, explique Issa En compensation, selon la est presque dernière Adjideï, maire par intérim de mairie, une somme d’argent en ce qui concerne la ville. Grâce aux fonds du la qualité de vie. est accordée à chaque ● ● ●
Après des années de guerre, la capitale est méconnaissable. De nouveaux bâtiments, de nouvelles rues apparaissent. Mais ses habitants, étranglés par le coût de la vie, en profitent-ils vraiment ?
E
n cette chaude soirée de février, les mobylettes filent, soulèvent des nuages de poussière, chevauchées par des N’Djamenois tout sourire. Plusieurs s’arrêtent pour rejoindre des camarades. À la terrasse des cafés, on écoute de la musique, on rit, on discute à bâtons rompus. Autour de la place de la Nation, les bandes de copains s’installent devant des écrans géants pour regarder Télé Tchad, la télévision nationale. La ville est comme réanimée. PELLES ET PIOCHES. Quelques heures
plus tard, aux premières lueurs du soleil, la capitale se montre au grand jour. Et, après des années de guerre quasi permanente depuis son indépendance, elle est méconnaissable. Le dernier événement marquant date de février 2008 : l’attaque de 2 000 rebelles venus du JEUNE AFRIQUE
Trop chère !
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Le Plus de J.A. Tchad
Las des « lédas » Pour faire ses courses, mieux vaut ne pas avoir oublié son panier ou son cabas. Les sacs en plastique sont désormais formellement interdits.
E VINCENT FOURNIER/J.A.
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La physionomie de la ville change au gré des chantiers routiers et des PROGRAMMES DE LOGEMENT (ici dans le quartier Ndjari). ● ● ● habitant, assortie d’une promesse de relogement dans un autre quartier. L’élargissement des routes a quant à lui entraîné la destruction de nombreuses façades, rafistolées tant bien que mal avec des morceaux de tôle ou des nattes. « La somme allouée en dédommagement n’est pas suffisante pour faire de vrais travaux », déplore un N’Djamenois.
son inertie. En septembre et octobre, ils ont soutenu une grève générale de trois semaines pour réclamer une augmentation de leur traitement. Ils ont eu gain de cause : le salaire minimum est passé de 30 000 à 70 000 F CFA (de 46 à 107 euros). En outre, un décret présidentiel du 12 novembre prévoit que les salaires augmenteront progressivement de 20 % à 40 % jusqu’en 2014. INERTIE. Il faut dire que les salaires D ’autres défis attendent les sont bien bas. En quelques années N’Djamenois, notamment en matière seulement, les prix des produits alide protection de l’environnement mentaires et du carburant ont flambé, et de développement durable, dont faisant de N’Djamena l’une des villes beaucoup ne mesurent pas encore les plus chères au monde. « Nous tous les enjeux. D’où les campagnes de sensibilisation lancées La mairie a détruit de nombreuses par la mairie, relatives à la gestion des eaux maisons au cours d’opérations usées, à l’interdiction de déguerpissement. des sacs en plastique (lire ci-contre) ou importons beaucoup de produits de encore aux « blanchisseurs » qui, en première nécessité, du Cameroun faisant la lessive dans le fleuve Chari, notamment, et les coûts de transport le polluent chaque jour un peu plus sont excessivement élevés, dit El Hadj – des buanderies publiques doivent Daouda Adam, secrétaire général être construites prochainement pour de l’Association pour la défense des remédier au problème. Déjà, un sysdroits des consommateurs. La cherté tème d’égouts a été créé. Et quelques de la vie est devenue insoutenable. » espaces verts fleurissent çà et là dans Face à cette situation, les fonctionla ville. Enfin, N’Djamena va pouvoir naires ont engagé un bras de fer avec le respirer. ● gouvernement, auquel ils reprochent JUSTINE SPIEGEL N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
xaspérée de les voir s’accrocher aux arbres, planer dans les airs ou asphyxier les sols, MarieThérèse Mbailemdana, l’ex-maire de la capitale (nommée en janvier 2010, elle a été limogée en août 2011 à la suite de malversations présumées), a déclaré la guerre aux sacs en plastique non biodégradables en avril 2010. Une réussite puisque, deux ans plus tard, la plupart des N’Djamenois refusent qu’on leur remette leurs achats dans ce qu’on appelle ici des « lédas ». Bousculer les habitudes ne s’est pas fait du jour au lendemain. L’importation des lédas au Tchad a été interdite en 1993, sans grand succès. La municipalité de N’Djamena avait pris, en 2008, des dispositions pour en prohiber la vente et l’utilisation. Sans plus de réussite. Jusqu’à ce que Marie-Thérèse Mbailemdana décide d’employer la manière forte. PRISON FERME. Pendant des mois, les
policiers ont patrouillé sans relâche dans les marchés. Chaque sac en plastique trouvé était confisqué, et son propriétaire – commerçant ou consommateur – emmené au poste. La distribution de lédas est désormais passible d’un an de prison ferme et d’une amende de 50 000 à 300 000 F CFA (de 76 à 457 euros). Parallèlement, une campagne de sensibilisation a été mise en place, à grand renfort de spots télévisés et dans les établissements scolaires. L’initiative poursuit désormais son chemin en province. Le Rwanda a été le premier pays du continent à adopter, en 2004, une loi interdisant la commercialisation, la fabrication, l’importation et l’utilisation des sacs en plastique. D’autres ont suivi : l’Érythrée, l’Afrique du Sud, le Gabon (en 2010) et le Congo, où l’interdiction est entrée en application en janvier dernier. Une loi similaire a été adoptée au Mali le 5 janvier, qui entrera en vigueur en avril 2013. ● J.S. JEUNE AFRIQUE
Le Plus de J.A. Tchad
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MÉDIAS
Télé Tchad, la petite chaîne qui monte Le nouveau siège de l’audiovisuel public, en construction, sera la plus grande tour de N’Djamena. Un projet à la hauteur des ambitions de l’Office national de radio et télévision du Tchad, créé en 2007.
journalistes (CFPJ) de Paris. Concernant les métiers de la radio, des accords ont été signés avec Radio France Internationale (RFI). Celle-ci utilise les antennes régionales tchadiennes et, en contrepartie, forme les journalistes. À terme, deux nouvelles filières (production et réalisation) seront créées à l’Institut universitaire des sciences et techniques d’Abéché (Iusta), et, d’ici à 2014, un institut de formation en journalisme ouvrira ses portes. Avec trois studios numériques pour la télévision et trois autres pour la radio, la qualité des prestations va considérablement changer. D’une part, la radio nationale ne s’éteindra plus à minuit, mais diffusera ses programmes 24 heures sur 24 ; d’autre part, trois nouvelles stations (internationale, nationale et locale) ont été ouvertes.
DR
SÉRIES LOCALES. Dans un second temps,
jusqu’à quatorze chaînes de télévision thématiques pourront être créées. « Nous voulons avoir une télévision moderne Coût de cet immeuble de ONZE ÉTAGES : 29 millions d’euros. et purement africaine, explique Hassan Sylla Bakari. Télé Tchad est l’une des e Tchad fait sa révolution audiotélévision du Tchad (ONRTV), créé en rares télévisions au monde qui ne fait pas de fictions, ce qui nous oblige à visuelle. La télévision et la radio 2007. Les horaires des salariés pourront nous approvisionner en telenovelas en nationales seront bientôt enfin être davantage contrôlés et nous aurons Afrique de l’Ouest. Nous préparons donc réunies au sein d’un bâtiment enfin des outils de travail aux normes des programmes plus attrayants pour ultramoderne. Dans deux ans et demi, internationales. » l’immense immeuble de onze étages situé Le premier grand chan2014, notamment des séries à l’emplacement du siège actuel de la tchadiennes, créées par des gement, c’est la formation Innovation sur télévision nationale, dans le deuxième de nouveaux professionTchadiens. » Des cinéastes tous les fronts arrondissement de la capitale, dominera nels des médias. Près de tels que Mahamat-Saleh N’Djamena du haut de ses 70 m. 1 milliard de F CFA y sont Haroun et Issa Serge Coelo FORMATION Évidemment, le budget est astronoconsacrés cette année. (lire sa tribune p. 111) seront mique: 19 milliards de F CFA (29 millions Alors qu’auparavant les ainsi sollicités. d’euros), entièrement financés par l’État. journalistes s’occupaient Surtout, Télé Tchad sera « Notre président veut faire de N’Djamena aussi de la technique et de enfin accessible à tous : une nouvelles filières la vitrine de l’Afrique centrale ; cela a la production, des postes simple antenne hertzienne ouvriront à l’Iusta (Abéché) forcément un coût », justifie le ministre de machinistes et d’éclairasuffira pour la recevoir. de l’Information et de la Communication, gistes vont être créés. Une Aussi, pour couvrir l’enPRODUCTION Hassan Sylla Bakari. centaine de jeunes diplôsemble du pays, 18 antennes L’ONRTV sera doté de La phase d’études a été confiée à Dar més sont déjà envoyés à régionales vont être instalEl Amara, un cabinet émirati. Pour la l’étranger, notamment au lées cette année, et quatre construction,legroupetchadienAlManna Soudan, au Cameroun et autres suivront d’ici à 2013. s’est associé avec des architectes italiens au Niger, afin de se former Grâce au satellite, Télé Tchad studios numériques et tunisiens. Les premiers coups de pioche aux métiers techniques. est déjà reçue dans toute DIFFUSION ont été donnés le 15 janvier 2011, quelques Quant aux journalistes l’Afrique et dans une parmois avant la pose officielle de la première reporters d’images (JRI), tie du Moyen-Orient, ainsi pierre, le 1er avril. ils ont parfait leur savoirqu’en France, en Belgique et « Les habitudes de travail vont changer, faire pendant deux mois en Espagne. Prochain défi : antennes régionales se réjouit Doubaye Kleoutouin, directeur au Centre de formation et les États-Unis. ● seront installées général de l’Office national de radio et de perfectionnement des JUSTINE SPIEGEL d’ici à 2013
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ENCOBAT
Entreprise de construction, batiments, voiries, ouvrages d’art, périmètres hydro agricoles et adduction d’eau potable.
PDG. Ali Ahmed Ali
Visite du chantier Stade de Moundou offert aux jeunes de la ville par le chef de l’État son Excellence Idriss Deby Itno
Créée en 1997, l’entreprise dispose de trois centres d’intérêts : >> Direction générale à N’Djamena. >> Une base dans la zone pétrolière d’ESSO à Kome. >> Une agence à Moundou, deuxième ville du pays. L’entreprise dispose d’un important parc matériel et son potentiel de main d’œuvre est d’environ 400 personnes permanentes.
Travaux de voirie dans la ville de Doba
Construction du stade omnisport de Moundou, emblème de l’unité
Agence de Moundou : BP 77 Tél. : +235 22 69 10 93 Fax : +235 22 69 10 38 E-mail : hissein.ahmat@yahoo.fr
Direction Générale : BP 5375, Avenue de Koumra, N’Djamena Tchad Téléfax : +235 22 51 82 52 Tél. : +235 66 55 30 45 E-mail : encobat@encobat3a.com E-mail : moundou2007@yahoo.fr
Base de Komé : Tél. : +235 66 27 01 03 E-mail : salah1967@yahoo.fr Site web : www.encobat3a.com
Difcom - F.C. Photos : DR
COMMUNIQUÉ
Construction de la Mosquée Mohamed VI symbol de fraternité entre le Tchad et le Maroc
SIMATRAC S.A. Le socle de la mécanisation agricole au Tchad. Un service après-vente assuré, une équipe dynamique formée pour votre satisfaction.
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naugurée le 30 novembre 2009 par Son Excellence, Idriss Deby ITNO, Président de la République, Chef de l’État, la SIMATRAC S.A. est le fruit de la coopération agissante Tchado-Indienne. Cette usine d’assemblage de tracteurs est une initiative du Gouvernement Tchadien à travers le Projet TEAM 9, en vue d’augmenter la production et la productivité de l’Agriculture par la mécanisation. Il s’agit de trouver une réponse efficace à la préoccupation des autorités du Ministère de l’Agriculture et de l’Irrigation, sous la clairvoyance de la politique de Son Excellence le Président de la République qui vise la réalisation effective de la sécurité alimentaire dans tout le Pays. La vision de la SIMATRAC S.A. est de mettre à la disposition de tout le pays les tracteurs et accessoires en vue de réaliser l’autosuffisance alimentaire du Tchad et de la sous-région. Afin de rendre pérenne cette vision, Son Excellence le Président de la République a décidé de consacrer les trois premières années de son mandat quinquennal actuel au profit du développement du monde rural. La SIMATRAC S.A. a pour mission essentielle de mettre à la disposition des producteurs agricoles divers matériels afin de contribuer à la mécanisation agricole du Tchad pour favoriser un développement humain durable et valoriser ainsi le potentiel eau et terre dont notre pays dispose.
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Son ambition pour ajouter une corde à son arc : ACQUÉRIR UNE IMPRIMERIE. ÉDITION
De l’autre côté du Miroir
Caricaturiste et auteur de bande dessinée, Adji Moussa Abdou dirige l’unique journal satirique du pays. D’un trait, il souligne les dysfonctionnements de la société… pour l’améliorer.
C
la bande dessinée Palabres du Tchad et e quadragénaire a une insupportable manie: souligner sans dessine son premier album individuel, cesse ce qui ne marche pas Les Sao, saga inspirée de la littérature dans la société. Né en 1968 à orale. De quoi se faire un nom et être N’Djamena, Adji Moussa Abdou a été embauché en tant que caricaturiste par attiré, tout jeune, par le dessin. Il décide le quotidien tchadien Le Progrès, en 1998. donc naturellement de suivre cettevoie, en Cela lui permet de faire ses premiers 1986, après avoir obtenu son baccalauréat pas dans l’univers de la presse. Dans dans un lycée technique commercial de la celui de la bande dessinée, il a déjà les capitale. Le problème est qu’il n’y existe deux pieds, participant à de grands festivals (Angoulême, Yaoundé, Libreville, aucune école des beaux-arts. Il rencontre heureusement un peintre et Kinshasa, Alger…) et à des architecte français établi à créations collectives. N’Djamena, Gérard Leclaire. En 2003, Adji Moussa Ce dernier, pour encourager Abdou fonde Le Miroir, seul journal satirique du quelques jeunes passionnés d’arts graphiques, accepte pays, auquel collaborent de les former pendant les des dessinateurs bénévoles week-ends. Les camarades et des rédacteurs rémude dessin créent une assonérés. Principale cible : ciation, L’Atelier bulles du les jeunes. L’association Chari, dont la vocation Graphi-Culture, créée par est la formation de jeunes Gérard Leclaire, publie en dessinateurs. 2005 un autre album colLa Grande Épopée du Tchad, Petit à petit, Adji progresse. lectif auquel participe Adji d’Adji Moussa Abdou, Il dessine en 1994 dans le Moussa Abdou : La Grande Samy Daïna et Abou fanzine Sahibi (qui paraîtra Épopée du Tchad,quiretrace Abakar Issaka Sou, jusqu’en 1998), participe la conquête coloniale du éd. Graphi-Culture en 1996 à la réalisation de pays. Elle a également Gérard Leclaire, 2005
JEUNE AFRIQUE
publié Demain il fera jour, un recueil des meilleurs dessins du Miroir, croquant notamment les attaques rebelles de février 2008. Douloureux événements qui ont contraint le journal à suspendre sa parution pendant plusieurs mois. « LE DESSIN NE NOURRIT PAS ». Quatre
ans après, l’aventure du Miroir – rebaptisé Miroir’Tchad – continue. Adji Moussa Abdou avoue cependant que, « même en réduisant le prix de vente au numéro, les gens ne lisent pas assez »… Dans Miroir’Tchad, il s’est fixé une ligne de conduite : « Pas de politique, mais une recherche de ce qui ne va pas pour que les choses puissent marcher. » Ce qui explique qu’il n’ait jamais le moindre problème avec l’État par rapport à ses caricatures. Comme il le souligne, « seules quelques personnes privées se plaignent et nous accusent de diffamation ». Directeur de journal, caricaturiste, sérigraphe, webmaster, publicitaire… Adji ne cesse d’alterner les casquettes. « Il faut être polyvalent, confie-t-il. Le dessin ne nourrit pas son homme. » Son ambition pour ajouter une cordeàsonarc:acquériruneimprimerie. ● TSHITENGE LUBABU M.K. N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
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Après la tempête
TRIBUNE
ABDOULAYE BARRY
Opin nions & édito oriaux
ISSA SERGE COELO Cinéaste
Notre culture n’a pas de prix
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LLE EST L’ESSENCE même de la vie d’après-guerre. En nous invitant à nous écouter les uns les autres, la culture nous ouvre la voie de la pacification. Alors que nous sommes encore sous la menace de l’instabilité politique, avec les événements libyens par exemple, il est nécessaire de poursuivre nos efforts afin de lui redonner toute sa valeur. Les Tchadiens n’ont longtemps pas eu conscience du rôle de leurs artistes dans la reconstruction de la nation. Cela a changé avec le décès du grand musicienTalino Manu, en 2009, qui les a beaucoup touchés. Le gouvernement lui-même nous prête davantage d’attention. Cette année, il nous a alloué un budget honorable de 4 milliards de F CFA [6,1 millions d’euros, NDLR], mais cette somme devra augmenter tant la demande de la population est forte.
Les Tchadiens ont faim. La réouverture de la salle de cinéma Le Normandie, à N’Djamena, dont je suis l’administrateur (lire p. 112), a permis de leur redonner un peu de nourriture intellectuelle. Mon rêve de cinéaste est devenu réel. Sans offre culturelle sérieuse, N’Djamena était invivable, et nous étions honteux de parcourir le monde et de découvrir des salles de bonne qualité dans toutes les capitales, et même dans les petites villes. La nôtre est désormais la plus performante de toute l’Afrique francophone au niveau de l’image et du son comme de l’assise, et ce grâce à l’État. C’est un signal fort, qui a coïncidé avec la remise du Prix du jury du Festival de Cannes au cinéaste tchadien Mahamat-Saleh Haroun, en 2010. Alors que celui-ci œuvre, avec l’aide de l’État, à la construction d’une école de cinéma qui ouvrira prochainement ses portes à N’Djamena, je planche de mon côté sur la création d’un fonds pour soutenir la production cinématographique. Nous aimerions qu’il soit alimenté par une partie de la redevance audiovisuelle, désormais ponctionnée sur les abonnements téléphoniques. Ainsi, avec le triptyque école de cinéma, aide à la production et salle de cinéma, nous n’aurons plus qu’à nous mettre au travail. Cette émulation culturelle est un miracle, car leTchad a peu de moyens. En moins de dix ans
d’exploitation pétrolifère, nous avons fait plus que nos voisins qui ont plusieurs années d’avance. Que ce soit dans les domaines de l’audiovisuel, de la musique ou des arts plastiques, notre pays émerge. Nous avons davantage de séries, de films, de musiciens et même de concerts ou d’expositions ! Mais les artistes manquent encore de bons outils de travail. Ceux-ci arrivent petit à petit avec l’augmentation du niveau de vie. Les gens s’achètent désormais des petites caméras pour réaliser des films ou des vidéoclips. Il faut maintenant construire des salles de spectacle de qualité, afin de programmer davantage de concerts, d’accueillir plus de vedettes et d’organiser des rencontres autour des arts ou de la science. Je rêve d’en construire une à Biltine, où je suis né, et à Abéché, où j’ai vu mon premier film. Nous devons également renforcer les échanges culturels avec les autres pays, afin de nous enrichir et de nous améliorer. Au niveau de l’artisanat, lesTchadiens ont par exemple beaucoup à apprendre des Burkinabè ou des Maliens, qui réalisent un très beau travail avec le cuir, le bronze ou le coton. Nos artistes peuvent et veulent porter haut l’image de notreTchad. Aujourd’hui, quand il va à l’étranger, un Tchadien peut être fier d’être
Quand il va à l’étranger, un Tchadien peut être fier d’être reconnu par sa djellaba, ses scarifications, sa gastronomie ou sa langue.
N’Djamena City, 1 h 30, 2008
JEUNE AFRIQUE
reconnu par sa djellaba, ses scarifications, sa gastronomie ou sa langue. Cette exception culturelle d’un peuple n’a pas de prix. Nous, les artistes, ne devons cesser de l’expliquer à nos dirigeants afin qu’ils répondent à nos attentes. C’est pourquoi je place tout mon espoir d’abord en nous-mêmes, car c’est par notre travail que nous consoliderons nos acquis ; ensuite, c’est par notre union que les solutions émergeront. Nous ne sommes pas là uniquement pour chanter de belles paroles ou danser sur des rythmes folkloriques, mais aussi pour élever le débat, éveiller les consciences, façonner une identité. Notre pays est fragile et si, demain, tout est à nouveau détruit, que nous restera-t-il ? Notre culture. ● N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
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Le Plus de J.A. Tchad avec ses 470 fauteuils rouges, un écran de 12 m de large et un son dolby stéréo. Il emploie désormais une dizaine de personnes. Pourtant, les débuts ont été difficiles. Les premiers temps, la salle restait désespérément vide lors de certaines des trois séances programmées par jour. Désormais, il n’y en a plus que deux par jour en semaine (du mardi au jeudi), mais trois projections quotidiennes ont été maintenues le week-end.
CINÉMA
Flashback en capitale Tombé en décrépitude, Le Normandie a rouvert en décembre. Des grands classiques aux nouveautés, les N’Djaménois redécouvrent le plaisir des salles obscures.
ABDOULAYE BARRY POUR J.A.
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errière la belle façade jaune du Normandie, dans le centre de N’Djamena, ils sont nombreux à se presser dans la petite cour ombragée. Et pour cause ! Veer-Zaara, pure saga de Bollywood dont raffolent les Tchadiens, est à l’affiche en cette soirée de Saint-Valentin. « On essaie de programmer le plus possible de films indiens. Nous comptons même leur consacrer un jour spécial, pour fidéliser les jeunes », confie Ache Ahmat Moustapha, épouse de l’administrateur de la salle, le réalisateur Issa Serge Coelo (lire p. 111). Laissant filtrer une lumière éblouissante à l’intérieur de la salle, les portes du cinéma claquent. Les spectateurs de Titanic, programmé juste avant, sortent de la séance visiblement ravis. « Tout passe, la vie continue », glisse l’un d’eux. Sous la dictature de Hissène Habré (1982-1990), les cinémas de la ville avaient dû fermer, laissant place ici à N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
MISS TCHAD 2012, après une projection.
un commerce, là à un hôtel, à l’instar des salles des autres pays du continent, qui, depuis les années 1980, ont progressivement mis la clé sous la porte, à la fois par manque de budget pour les restaurer et sous la féroce concurrence des vidéoclubs.
BOUCHE À OREILLE. Au prix de 1 000 F CFA la place, quatre à cinq films sont à l’affiche chaque mois : l’obligation de se renouveler est grande et les spectateurs sont exigeants. Films pour la jeunesse, d’action, indiens ou africains… Ils sont choisis par Issa Serge Coelo lui-même. « Nous misons tout sur le bouche à oreille, assure son épouse. Chaque semaine, j’envoie des SMS à tout mon répertoire et chacun transfère à ses amis. » Mais Le Normandie peine encore à atteindre sa vitesse de croisière. D’abord parce que beaucoup de Tchadiens ne savent pas que le cinéma est de nouveau ouvert. Ensuite parce qu’il reste difficile pour certains de réaliser qu’une page s’est tournée. Les nostalgiques de l’ancienne salle sont d’ailleurs nombreux, et les souvenirs de chacun alimentent les conversations à l’entrée. « C’est un gâchis de ne pas remplir une salle de cette qualité, regrette Ache Ahmat Moustapha. Nous devons tout mettre en œuvre pour la pérenniser. » Elle projette, avec Issa Serge Coelo, d’ouvrir un cinéma dans le sud de N’Djamena, ainsi qu’un autre dans le quartier excentré de l’hôtel Kempinski. Et, bien sûr, la réouverture d’autres salles mythiques comme le Rio et le Shéhérazade n’est pas exclue. Un rêve partagé par un autre grand réalisateur
ÉCHAPPATOIRE. Le Normandie, lui, était tombé en décrépitude. Depuis sa réouverture en décembre dernier (après une inauUltramoderne, la salle est dotée guration officielle en jande 470 fauteuils rouges et d’un vier 2011), les N’Djaménois ont redécouvert le plaisir écran de 12 m de large. des films sur grand écran et non plus sur leurs téléviseurs, via tchadien, Mahamat-Saleh Haroun, qui des DVD piratés. Une véritable échapn’a jamais cessé d’alerter sur la dispapatoire pour nourrir l’imaginaire, alors rition des salles de cinéma africaines. que la capitale offre encore trop peu de C’est d’ailleurs sur ce sujet que portait distractions à ses habitants. son premier long-métrage, Bye-Bye Africa Financé par l’État à hauteur de 1,2 mil(1999), qui a sans doute largement contriliard de F CFA (1,8 million d’euros), le bué à éveiller les consciences. ● nouveau Normandie est ultramoderne, JUSTINE SPIEGEL JEUNE AFRIQUE
Ministère de l’Hydraulique Urbaine et Rurale Le Ministère de l’Hydraulique Urbaine et Rurale est chargé de la conception, de la mise en œuvre et du suivi de la politique du Gouvernement en matière d’hydraulique urbaine et rurale. LE MINISTÈRE DE L’HYDRAULIQUE URBAINE ET RURALE A LA RESPONSABILITÉ DES ACTIONS SUIVANTES : Initiation, suivi de la politique et réglementation des actions liées à la gestion des ressources en eau et à l’assainissement ;
Réalisation des ouvrages d’hydraulique et d’assainissement en milieu urbain et rural ;
Initiation et coordination des études relatives aux ressources en eau souterraine et de surface ;
Passation des marchés d’études, de contrôle et des réalisations des infrastructures hydraulique et d’assainissement en milieu urbain et rural ;
Mise en œuvre et suivi de la politique de gestion intégrée et rationnelle des ressources en eau ;
Contrôle du respect de la réglementation relative à la définition et à la standardisation des ouvrages et équipements hydrauliques ;
Initiation et coordination des activités dans les domaines de la météorologie et de la climatologie ; Élaboration et mise en application de la législation en matière d’eau et d’assainissement en collaboration avec les départements ministériels concernés ;
Monsieur le Ministre Mahamat Ali Abdallah Nassour
Évaluation du potentiel des ressources en eau et établissement d’une carte hydrogéologie ;
Agrément, contrôle technique et méthodologique des opérations d’assainissement en relation avec les départements ministériels concernés ;
Mise en place d’une base de données et d’un système d’échange et de diffusion des données en matière d’eau ;
Élaboration des textes relatifs à la définition et à la standardisation des ouvrages et équipements hydrauliques et hydrogéologie ;
Mise en application de la réglementation nationale des accords, des protocoles, de conventions régionaux et internationaux relatifs à la gestion de l’eau.
Puits modernes
Mares surcreusées
LE MINISTÈRE DE L’HYDRAULIQUE URBAINE ET RURALE EST STRUCTURÉ COMME SUIT : • Direction de Cabinet du Ministre ; • Inspection Générale ; • Administration Centrale ; • Services Déconcentrés ; • Organismes Sous Tutelle. L’inspection Générale veille à la régularité, à la qualité et à l’efficacité du fonctionnement des services dans le respect des valeurs et des règles d’un service public de l’État. Elle veille également à l’élaboration et à l’application de la législation, de la réglementation et des directives ministérielles.
COMMUNIQUÉ
Le Secrétariat Général comprend : • La Direction de l’Approvisionnement en Eau Potable et l’Assainissement est une structure technique de l’exécution de la politique du Gouvernement en matière d’Approvisionnement en eau Potable et d’Assainissement. • La Direction de l’Hydraulique Pastorale est une structure technique d’exécution de la politique du Gouvernement en matière d’hydraulique pastorale. • La Direction de la Connaissance du Domaine Hydraulique est une
structure technique d’exécution de la politique du Gouvernement en matière de connaissance, d’information et de réglementation sur l’eau. • La Direction des Ressources en Eau et de la Météorologie est une structure technique d’exécution de la politique du Gouvernement en matière des ressources en eau de surface et de la météorologie. • La Direction du Suivi de l’Exploitation des Ouvrages Hydrauliques est une structure technique d’exécution de la politique du Gouvernement en matière de gestion, de maintenance et
d’entretien des ouvrages hydrauliques. • La Direction des Affaires Administratives, Financières et du Matériel est une structure chargée des engagements de ressources financières mises à la disposition du ministère et de la gestion du personnel et du matériel. Outre les directions techniques, le ministère est représenté au niveau régional par dix Délégations. Les Organismes sous tutelle du Ministère sont : CBLT, ABN, OMM, ACMAD, AGRHYMET, STE, STH, EAA
Difcom - F.C. Photos : DR
Ministère de l’Hydraulique Urbaine et Rurale
Le coût de l’investissement à rechercher pour atteindre les OMD en 2015 s’établit à plus de 270 milliards de FCFA, pour les ouvrages neufs (4889 Pompes à motricité humaine et 452 AEP) et entre 70 et 100 milliards de FCFA pour les réhabilitations/extensions. Assainissement : Le taux d’accès aux services essentiels d’assainissement a progressé de 7 % à 12 % entre 2000 et 2010. L’atteinte des OMD (taux d’accès à 35 % en 2015) sera difficile tant l’écart à combler est important. Ce sous-secteur a souffert d’un manque d’intérêt, palier aujourd’hui par des investissements estimés à 340 milliards de FCFA.
Château d’eau de Baibokoum
RÉALISATIONS ET PERSPECTIVES DU SECTEUR Eau Potable : En 2010, le nombre de PMH réalisées et/ou en cours de réalisation est évalué à 9 399 ouvrages, et le nombre d’AEP à 258 unités. La population desservie est ainsi estimée à 4 954 442 personnes sur 11 658 764 de personnes que compte le Tchad à fin 2011, portant le taux d’accès à l’eau potable à 44,3 %.
STHsa.
Hydraulique Pastorale : Le sous-secteur de l’Hydraulique Pastorale a connu entre 2000 et 2010 un réel engouement. Les investissements se sont succédés et s’élèvent à plus de 36 milliards de FCFA. Ce sont quelques 1051 puits pastoraux, 9 micro barrages, 190 mares, 1 000 km de couloirs de transhumance balisés et 28 stations pastorales qui sont réalisés Toutefois, les disparités régionales des points d’eau existent encore et devront être comblées durant la prochaine décennie. L’effort devra être soutenu en termes d’aménagement de puits, de stations pastorales et de mares. Sur la période 2010-2015, l’investissement recherché est estimé à 92 milliards de FCFA pour réaliser 1 030 nouveaux puits modernes, 340 mares, 70 micro-barrages, 103 stations pastorales et 2 000 km de couloirs à baliser.
Société Tchadienne d’Hydraulique
>Systèmes d’adduction d’eau potable >Forages >Puits pastoraux et villageois
Une expertise, un niveau d’organisation, des moyens techniques et un réseau de partenaires à la mesure de l’exigence des projets ambitieux Société à capitaux et à management entièrement tchadiens, la STH capitalise des décennies d’expérience de terrain de l’ONHPV, établissement public, dont elle est issue de la privatisation, en 1998. La STH poursuit depuis ces cinq dernières années un important programme d’investissements visant à mettre à niveau son équipement, une politique intense de développement de ses ressources humaines ainsi que toutes actions dont la finalité est de lui permettre de disposer des capacités lui assurant la qualification dans la réalisation des travaux des grands projets d’hydraulique. STH : NOUS SOMMES PARTENAIRES DU FED, DE L’AFD, DE LA BAD, DE LA BADEA, DE L’OPEP, PAR L’ÉVIDENCE DE NOS RÉALISATIONS
STH sa. Chagoua, AVENUE PASCAL YOADIMNADJI BP 48 N’Djamena République du Tchad Tél. : 22 53 30 05 Fax : 22 53 30 97 Email sth@intnet.td
Entreprise citoyenne, LEADER dans le domaine de l’adduction d’eau potable en milieu urbain, de l’hydraulique pastorale et villageoise au Tchad
La Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT)
Sauver le Lac Tchad pour sauver des vies Engr. Sanusi Imran ABDULLAHI Secrétaire Exécutif de la CBLT
CBLT : « Le Lac Tchad, notre raison d’être » À l’horizon 2035, échéance fatidique selon la NASA, le Lac Tchad aura définitivement disparu si rien n’est fait d’ici là. Sauver le Lac Tchad du tarissement définitif pour sauver des dizaines de millions de vies de ressortissants de quatre pays riverains, c’est aujourd’hui la priorité des priorités de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT). La CBLT est une organisation de coopération sous-régionale créée le 22 mai 1964 par le Cameroun, le Niger, le Nigeria et le Tchad avec pour mandat, la gestion équitable, rationnelle et durable des eaux du Lac Tchad et des autres ressources naturelles du bassin éponyme, la promotion et la préservation de la paix et de la sécurité transfrontières. À ce jour, la famille CBLT s’est agrandie de deux nouveaux membres. La République Centrafricaine a adhéré en1996 et la Libye
en 2008. Pendant ce temps, le Lac Tchad a continué à maigrir dangereusement. Source de fierté écologique de l’Afrique centrale, parce que premier lac d’eau douce du monde et recelant certaines essences floristiques (la spiruline) et fauniques (la vache Kouri) que l’on ne trouve nulle part ailleurs, le quatrième grand lac d’Afrique perd irrésistiblement ses eaux depuis quarante ans. Les changements climatiques sont passés par là, les actions anthropiques ont fait le reste. De 25 000 km2 à la création de la CBLT, l’ancienne mer intérieure d’Afrique, ne fait plus que le dixième de sa superficie d’antan. Depuis lors, la CBLT se bat, bec et ongles pour sauver ce patrimoine de dimension mondiale. Une vVision de développement à l’horizon 2025 a été définie, une Analyse Diagnostique Transfrontière (ADT) du bas-
sin du Lac Tchad a été faite, un Programme d’Action Stratégique (PAS) a été élaboré, une réforme institutionnelle a été menée. Une charte de l’eau pour le bassin du Lac Tchad est préparée, un Plan d’investissement (PI) quinquennal est développé, et même, cerise sur le gâteau, une étude de faisabilité pour perfuser le Lac Tchad avec des eaux venant de l’Oubangui dans le bassin du Congo est finalisée. Toutes ces actions ont été entreprises avec le concours agissant des partenaires au développement. Il reste maintenant à mobiliser les fonds pour financer les divers projets afin que le Lac Tchad retrouve une certaine épaisseur et ses riverains, le sourire. C’est un challenge énorme que la CBLT est déterminée à relever avec ses partenaires d’aujourd’hui et ceux de demain.
Société Tchadienne des Eaux
Notre mission : de l’eau pour tous Créée le 3 Mai 2010 suite à la dissolution de la Société Tchadienne d’Eau et d’Électricité, la Société Tchadienne des Eaux (STE) est l’exploitant principal délégataire du service public de l’eau en milieu urbain et périurbain. Elle est placée sous la tutelle du ministère de l’Hydraulique Urbaine et Rurale. Couvrant actuellement le système d’alimentation en eau de dix villes, dont la capitale N’Djamena, la STE prévoit de desservir toutes les villes du Tchad dans un avenir proche.
Château grand dédit n°1.
Château jumelés de 2 000 m3 chacun.
NOS OBJECTIFS
Améliorer les conditions de vie de la population en favorisant l’accès à l’eau pour tous ; Participer à la préservation de la santé publique en fournissant une eau de qualité ; Mettre son savoir-faire au service de sa clientèle. La STE, une entreprise citoyenne Le secteur de l’eau constitue un enjeu majeur tant au niveau local, national que mondial. C’est une priorité dans les politiques gouvernementales, dans l’intervention des partenaires techniques et financiers et un élément clé des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Il s’agit bien d’un domaine sensible et un besoin essentiel de base pour les populations. C’est pourquoi, la STE, avec l’appui de gouvernement Tchadien, s’est résolument engagée à faire de l’accès à l’eau po-
Le laboratoire de la STE. Ici, un appareil d’analyse bactériologique de l’eau.
table une réalité quotidienne pour toutes les couches sociales. L’entreprise entend donc jouer pleinement son rôle sociétal : participer, par ses actions et réalisations, à la lutte contre la pauvreté et à un développement durable.
NOTRE VISION
La STE sera une entreprise de référence dans le secteur de l’approvisionnement en eau potable, engagée dans l’innovation au service du clients. Son image sera renforcée auprès de ses clients et de ses partenaires. Cette vision est en parfaite symbiose avec les missions statutaires de la STE, engage la société à renforcer ses capacités pour davantage développer le secteur de l’approvisionnement en eau potable, à tirer profit du développement technologique pour offrir des services innovants aux clients, à développer le partenariat avec
les communes, les partenaires techniques et financiers, les sociétés sœurs en Afrique et dans le monde.
NOS VALEURS
La satisfaction du client : La STE réserve un accueil chaleureux à ses clients, les écoute, et répond à leurs attentes/exigences dans les meilleurs délais. Le sens du service public : La STE favorise l’accès à l’eau potable pour les plus défavorisés et garantit l’égalité de traitement de tous les citoyens usagers. Le professionnalisme : Le personnel est compétent, intègre, engagé et rigoureux dans son travail ; il réalise sa mission avec le souci du respect de ses engagements. Société anonyme au capital de 500 000 000 F CFA N’Djamena Rue de Bordeaux B.P 2787 Tél. : (+235) 22 52 23 25 Fax : (+235) 22 52 23 25
Après la tempête ÉVÉNEMENT
Pour une exposition de l’universel Entrepreneur culturel, Nocky Djedanoum prépare le premier Festival mondial du berceau de l’humanité. Des créateurs de tous les pays seront au rendez-vous n’djaménois en 2013.
ce sera le tour de N’Djamena », explique-t-il. Né à Gounou Gaya, dans le sud du Tchad, le 10 juillet 1959, Nocky Djedanoum est journaliste de formation. Après être sorti de l’IUT de journalisme de Bordeaux (sud-ouest de la France) en 1988, il s’installe à Lille (Nord), où il décroche le diplôme de l’École supérieure de journalisme (ESJ) en 1991 puis, l’année suivante, un diplôme d’études supérieures spécialisées en gestion de projets, à l’Institut d’administration des entreprises (IAE).
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VINCENT FOURNIER/J.A.
epuisle3février,Nocky Djedanoum a une nouvellecasquette.Ila été nommé conseiller chargé de mission à la présidence de la République. Pour quelqu’un qui rêve de rassembler dans son ANTÉCÉDENTS. Avec Fest’Africa pays toutes les cultures du monde Monde, Nocky Djedanoum n’en le temps d’un festival, c’est une est pas à sa première réalisation aubaine. « Une grande opportudans le domaine culturel. C’est en 1992 qu’il fonde avec l’Ivoinité », confirme-t-il. rienne Maïmouna Coulibaly, Depuis la découverte, en juillet 2001 dansle désert du Djourab, également étudiante en journadans le nord du pays, du crâne lisme, l’association Arts et médias d’un hominidé vieux de 7 millions d’Afrique (AMA) et le festival d’annéesbaptiséToumaï,leTchad Lettres d’Afrique, qui devient est considéré comme le berceau Fest’Africa en 1994 : il assurera pendant quinze ans la direction de l’humanité. C’est autour de Avec FEST’AFRICA MONDE, il met son savoir-faire au service de la capitale, laquelle n’a encore jamais cette idée que Nocky Djedanoum artistique de ces rencontres pluaccueilli une manifestation d’une telle envergure. a construit son projet, dont l’obridisciplinaires d’une semaine jectif est de célébrer la fraternité (peinture, théâtre, écriture, phoet la solidarité de l’espèce humaine. Mais à Dunkerque (nord de la France), à Rio de tographie, musique, danse), organisées Janeiro (Brésil) et aux Antilles. chaque année à Lille jusqu’en 2007. il fallait pour cela un soutien en haut lieu. « J’ai rencontré le chef de l’État, qui est très Tout au long de ce festival où doit triomDeux éditions seront aussi organisées à sensible à la problématique des origines pher le vivre-ensemble, des débats seront N’Djamena, en 2003 et 2005. de l’homme. Il a trouvé que mon projet organisés autour de questions d’actualité En 1998, dans le cadre d’un projet de était bon et s’est engagé. » sur la santé, l’éducation, la culture de deux ans baptisé Écrire par devoir de Baptisé Fest’Africa Monde, le premier la paix, la préservation de l’environnemémoire, il emmène en résidence au Festival mondialduberceau de l’humanité ment… Il faut que cette manifestation soit Rwanda dix écrivains, deux cinéastes et doit se dérouler pendant dix jours, en l’occasion pour le Tchad de décembre 2013, à N’Djamena. Ce sera montrer ce qu’il a de plus Musique, cinéma, littérature… une sorte d’exposition universelle, où les beau sur le plan culturel. Toutes les expressions artistiques cultures tchadiennes rencontreront celles Toutefois, même s’il doit d’autres pays du monde. Toutes les expresmobiliser le monde éconoseront à l’honneur. sionsartistiques–musique,artsplastiques, mique local via le mécénat, cinéma, littérature, théâtre, etc. – seront à Nocky Djedanoum ne souhaite pas que un sculpteur. Une initiative qui aboutira l’honneur. Un grand carnaval des cultures Fest’Africa Monde reste une affaire excluà la publication de plusieurs œuvres litdu monde est également prévu. « Comme sivement tchadienne, et espère nouer des téraires et cinématographiques. Nocky nousn’avonspasl’habituded’organiserdes partenariats sur le continent et ailleurs. Il Djedanoum en tirera pour sa part un défilés de cette taille, nous irons apprendre a déjà prévu une soirée de gala à Paris, en recueil de poèmes, Nyamirambo! (éd. Le auprès de ceux qui en ont l’expérience », octobre de cette année. « Ce grand projet Figuier/Fest’Africa, 2000). Il compte aussi à explique Nocky Djedanoum. Il s’est déjà a besoin d’une grande volonté politique et son actif le Nouveau Congrès des écrivains rendu à Nice, dans le sud de la France, où il du soutien de tous, parce qu’il nécessite un d’Afrique et de ses diasporas, dont l’unique arencontrélesresponsablesducarnaval,et gros investissement. À Paris, il s’agira de édition a eu lieu au Tchad, en 2003. ● prévoitd’autresdéplacements,notamment mobiliser les célébrités africaines. Ensuite, TSHITENGE LUBABU M.K. JEUNE AFRIQUE
N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
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Le Plus de J.A. Tchad LITTÉRATURE
Koulsy Lamko « Mon pays, un terreau d’immenses beautés et d’indicibles violences » En exil depuis 1983, l’écrivain, poète et dramaturge se dit toujours « habité » par le Tchad. Depuis le Mexique où il vit, il se bat aujourd’hui pour faire entendre les voix de la diaspora noire.
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omade dans l’âme, Koulsy Lamko raconte l’errance : la sienne, mais aussi celle des femmes et hommes croisés lors de ses périples par-delà les frontières et les océans. Lui-même a quitté son pays natal en 1983, fuyant la guerre civile. Il a ensuite vécu au Burkina Faso, au Rwanda, au Togo, en Côte d’Ivoire, en France, aux Pays-Bas… avant de poser sa valise il y a neuf ans au Mexique, devenu son pays d’adoption. Écrivain prolifique et grave, Lamko a publié des pièces de théâtre, des romans, de la poésie, tout en enseignant les arts dramatiques. Son dernier roman, paru en 2011, a pour titre Les Racines du yucca (éd. Philippe Rey). Son action se déroule dans un village du Yucatán, avec pour protagonistes des rescapés de la guerre du Guatemala. Le narrateur est un écrivain africain exilé qui raconte « [son] pays de merde [qu’il] adore ». JEUNE AFRIQUE: Votre roman Les Racines du yucca est-il autobiographique ? KOULSY LAMKO : Non, quand bien
même on peut y déceler des pans de ma vie et de ma pensée. Moi aussi, mon pays d’origine m’habite, même si je n’y habite pas.
les porter sur le clavier. Le papier est une matière vivante qui peut être agressive. Il l’est à mon égard et je n’y peux rien. Je porte des gants pour lire et écrire. Mais je suis tout aussi allergique aux fleurs, au tabac, au froid, au miel et à la cruelle volonté de puissance de ceux qui écrasent du talon les plus faibles d’entre nous. Notre corps, unité dans sa multiplicité et mémoire redoutable, sait bien marquer les désaccords profonds qui nous traversent. Il y a des maladies dont on ne guérit que contre soi-même. Je voudrais ne jamais guérir d’être attentif au désaccord. Cette allergie ne cache-t-elle pas un mal-vivre existentiel ?
Mais non ! J’ai toujours su ce que je devais faire de mon existence, et cela très tôt dans ma vie… Depuis que mon professeur d’histoire de quatrième m’a raconté la traite des Noirs par les Arabes et les Européens. Le reste a consisté à vivre une veillée d’armes et le sera tant que, comme l’écrivait Aimé Césaire, « l’ocelot est dans le buisson, le rôdeur à nos portes, le chasseur d’hommes à l’affût, avec son fusil, son filet, sa muselière ». Quant au symbole de l’allergie au papier, j’en laisse le soin de l’interprétation au lecteur…
Et cette incroyable allergie au papier dont souffre votre narrateur ?
Une amie journalisteconsidérait que c’était une trouvaille géniale de romancier. Quelle ne fut pas sa déception quand elle apprit que j’étais moi-même allergique au papier ! Vieux jeu, j’écris mes textes au crayon avant de N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
Les Racines du yucca, éd. Philippe Rey, 2011, 288 pages, 19 euros
Les Racines du yucca, c’est aussi un récit très littéraire. Il y est question de romans à écrire, d’ateliers d’écriture, de journal de guerre… Diriezvous que l’écriture est le véritable thème de ce roman ?
Les Racines du yucca sont le deuxième volume d’une trilogie sur la guerre, le premier
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étant Sahr, Champs de folie, paru en 2010, et le dernier Daar Foor!, à paraître bientôt. Pêle-mêle, j’y aborde l’écriture, la langue de l’écrivain, le génocide des Mayas du Guatemala, la guerre et sa cruauté universelle dès lors qu’il s’agit d’intérêts du néolibéralisme aveugle, l’exil dans les camps de réfugiés, les insuffisances du leadership politique. La sophistication des guerres, qui détruisent d’immenses territoires physiques et sociétaux et désagrègent l’humanité en nous, m’interroge sur la pertinence, la nécessité du dire de l’écrivain, qui sait merveilleusement justifier son confort dans sa tour d’ivoire. Vous vous êtes souvent défini comme un poète engagé. En quoi consiste cet engagement ?
Je ne suis pas un donneur de leçons, surtout pas à ceux des nôtres qui croient en une littérature-monde qui les diluerait au mieux dans la nébuleuse vaporeuse. Mais mon sentiment est que, quand on est nègre et qu’on se rend compte de l’exploitation éhontée dont la terremère est l’objet, des injustices notoires, des ostracismes multiples, du mépris violent que vivent les Nègres tous les jours, dans les souks, les queues d’attente des bureaux d’emploi et des aéroports où l’on est d’emblée suspect, quelle que soit notre géographie éclatée, il y a une indécence à jouer au Nègre garde-chiourme du paquebot fou. Peut-être pourrait-on JEUNE AFRIQUE
Après la tempête Profil • 1959 Naissance à Dadouar, au Tchad • 1983 Départ en exil • 1989 Deuxième prix du Concours théâtral interafricain de RFI pour Ndo Kela ou l’Initiation avortée • 2002 Parution de son premier roman, La Phalène des collines (éd. Le Serpent à plumes) • 2009 Directeur de la Casa R. Hankili África, à Mexico juste crier pour refuser d’être complice de l’assassinat permanent dont on est l’objet. Vous êtes l’auteur d’une œuvre très riche qui embrasse différents genres: théâtre, poésies, romans, nouvelles, contes… Y a-t-il une forme avec laquelle vous vous sentez plus en phase ?
Pour moi, il s’agit d’une seule parole multiple, d’un seul discours obsédant et obsédé qui se décline dans différents genres d’expression et canaux de partage, et cela selon le public cible. Je n’ai pas de préférence.
Mon pays est un riche creuset de moult cultures, un terreau d’immenses beautés et également d’indicibles violences. Je suis émerveillé par le talent et le courage des jeunes qui inventent, se débrouillent pour exister en tant que créateurs dans un domaine déserté par un simulacre d’État, démissionnaire.
À Mexico, vous dirigez depuis 2009 la Casa R. Hankili África. Qu’est-ce ?
C’est un centre culturel de résidences ponctuelles d’écrivains en refuge et d’artistes africains et de la diaspora noire, un espace d’accueil et de promotion de cultures africaines, un pan d’Afrique implanté au pays des Aztèques et des Mayas. C’est aussi un avant-poste dans les luttes multiformes que nous menons pour exister pleinement dans la conscience des autres, en tant qu’humanité, histoire et cultures. Il s’agit, par nos conférences dans les universités, nos activités artistiques, nos publications, nos rencontres avec les communautés mexicaines, de déconstruire la chape de préjugés négatifs et de mythes qui emmurent le Nègre. Qui avez-vous reçu en résidence à Hankili África ?
L’écrivain et chercheur malien Fodé Sidibé, le musicien et griot malien
Il s’agit de déconstruire la chape de préjugés et de mythes qui emmurent le Nègre.
Comment êtes-vous venu à l’écriture ?
Dans quelles circonstances avez-vous quitté votre pays ?
Comment se prépare-t-on quand on est jeune garçon au Tchad, aspirant peutêtre déjà à devenir écrivain ?
Avant de venir au Mexique et de vous y installer, vous êtes passé par le Burkina Faso, le Rwanda, la France, les Pays-Bas… Dans lequel de ces pays auriez-vous aimé vivre ?
En 1974. J’avais 15 ans. Un acte de révolte! C’est un poème rendu à la professeure à l’endroit d’un devoir de rédaction. Elle l’a affiché au babillard du collège dans le couloir de passage, parce qu’elle le trouvait magnifique. J’en fus fier.
Vous avez oublié au passage le Togo et la Côte d’Ivoire. Mes amis de la côte Atlantique en prendraient la mouche. J’ai toujours été bien accueilli pendant mon errance. L’exil, enfer ou royaume, se décline au gré de la force d’adaptation. Le Burkina Faso demeure ma terre d’adoption privilégiée, parce qu’il a forgé ma conscience politique et artistique.
En 1983, après m’être vu fermer les portes de l’Université du Tchad pendant cinq ans par une stupide guerre civile infiniment destructrice.
Abdoulaye Diarra, l’écrivain et essayiste rwandais Vénuste Kayimahé, le jeune peintre haïtien Frenal Mezilas, l’artiste visuel mexicain Balthazar Castellano, l’essayiste camerounais Bertrand Teyou et le chorégraphe et musicien tchadien Razolo Guedoum Djimbaye, qui anime actuellement des ateliers dans la région où vivent les afrodescendants. Nous attendons un musicien mozambicain et une romancière brésilienne. ● Propos recueillis par TIRTHANKAR CHANDA
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Le Plus de J.A. Tchad MUSIQUE
Kaar Kaas Sonn, un petit coin de Tibesti Installé en France, il se dit le « fils putatif » de Georges Brassens. Ses textes corrosifs accompagnés à la guitare lui valent la reconnaissance des professionnels comme du grand public. Portrait d’un amoureux des mots.
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e par son talent et sa taille, Kaar Kaas Sonn est le Tchadien – naturalisé français – le plus connu de la Mayenne, département de l’ouest de la France. Installé à Laval, où il a suivi son épouse française en 2003, l’homme est devenu une figure locale grâce à son 1,96 m et à ses textes accompagnés de sobres accords de guitare. Des chansons souvent corrosives, qui rappellent furieusement Georges Brassens. « Je suis le fils putatif du poète Du haut de son 1,96 m, l’artiste est devenu une figure locale à LAVAL (Mayenne). moustachu, aède sétois aujourd’hui disparu », déclame-t-il dans l’un de ses titres, phrasés, et il y a quelque chose du griot Sur le plateau, il est invité par l’animateur Fils de Brassens. dans la démarche du musicien, qui revenJulien Lepers à interpréter une de ses Les ressemblances sont étonnantes, dique son souci de chanter le réel, la chansons. Sa voix généreuse et mélancotant par le ton dépouillé que vie telle qu’elle est, ses bonlique fait le reste. « Du jour au lendemain, par le contenu volontiers je suis devenu une vedette de la chanson heurs et ses abîmes. « Pour provocateur des textes. Kaar au Tchad, alors que je ne me destinais moi, la musique, c’est aussi Kaas Sonn chante l’amour, faire partager aux autres sa pas particulièrement à la musique », se la nostalgie, les souffrances, culture, sa différence, les souvient-t-il. mais dit aussi sa révolte face emmener vers des terrains aux injustices (Berceuse pour qu’ils ne connaissent pas, DÉBUTS DANS LE RAP. Né en 1973 à Sahr tyran d’Afrique), la prédales faire voyager… » Et avec (sud du Tchad), Noël Flavien Kobdigué tion sexuelle (Pédo prêtre) lui, le voyage commence dès a suivi des études de droit et de gestion 2006 ou le cynisme des puissants Tacatacatacatacata son nom de scène, Kaar Kaas afin de faire carrière dans la diplomatie. (Pétition). « Je suis citoyen Sonn… qui n’a absolument Son intérêt pour l’écriture est né de sa irréprochable qui laisse faire rien à voir avec la ville de fréquentation assidue des poètes, dès en ignorant, parfois même Carcassonne, dans le sud de son plus jeune âge. Dans les années 1990, c’est désopilant », chantela France – ni avec la chanlui-même publie un recueil de poésies t-il avec ironie, confirmant son du même nom de… et des nouvelles, mais a du mal à les sa filiation avec la grande traBrassens ! –, mais signifie faire partager dans un pays en manque dition française des chanson« l’enfant qui connaît » en d’infrastructures culturelles de base. niers. On n’est pas très loin nangjere, sa langue natale. Le rap, qu’il découvre à la même du slam non plus. Pour notre aède venu de époque en écoutant le Français – d’ori2009 N’Djamena, tout commence gine tchadienne – MC Solaar, lui semble Qui endort dîne JEU TÉLÉVISÉ. Néanmoins, par un jeu télévisé auquel être un moyen efficace pour toucher ses Kaar Kaas Sonn, qui a grandi il participe en 1999. Vivant contemporains. Il fonde le groupe Tibesti au Tchad en s’imprégnant alors au Tchad, celui qu’on et sort ses premiers albums. Il veut faire des morceaux de Lapiro de appelle encore Noël Flavien un « rap de salon », que tout le monde Mbanga (Cameroun), de Kobdigué est sélectionné peut écouter. Un rap proche de la vie des Doro Dimanta (Tchad) et de pour représenter son pays gens, comme en témoigne le titre d’un Tchico Tchicaya (Congo), à l’émission phare de la téléde ses albums sortis au Tchad : Chic choc À paraître vision publique française : chèque. Une formule qui renvoie aux n’oublie pas la musicalité africaine. Elle cadence ses Crépuscule de l’idéal Questions pour un champion. trois copains que la rumeur attribue aux PASCALE DROZNIAK
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JEUNE AFRIQUE
Après la tempête jeunes filles émancipées de « N’Djam » : français savoureux plaisent. Sa musique, le premier pour se montrer, le second qui vient de loin et résonne de façon si pour le sexe et le troisième pour assurer douce, si proche, éveille des résonances l’intendance… dans le cœur de ses auditeurs. Féru de mots, Kaar Kaas Sonn débarque Après Qui endort dîne (2009), l’artiste en Europe au début des années 2000. s’apprête à sortir son troisième opus, Il passe deux ans à Genève (Suisse) en collaboration avec le groupe qu’il a pour finir un troisième cycle en gesfondé avec des amis musiciens, La Bande tion et économie, avant de s’installer d’Aozou – référence à la zone frontalière, à Laval. C’est son premier album produit en France, Avec son groupe, La Bande Tacatacatacatacata (2006), d’Aozou, il s’apprête à sortir qui le fait connaître du milieu musical hexagonal. son troisième album. Les portes s’ouvrent, les professionnels de la chanson s’intéressent longtemps disputée, entre le Tchad et à lui, il participe à des émissions sur la Libye. L’album s’appellera Crépuscule les radios France Inter, France Culture, de l’idéal et sera produit par le chanFIP… La profondeur de ses textes et son teur lui-même. En fait, si ses chansons
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emportent aujourd’hui la conviction des professionnels comme du grand public, Kaar Kaas Sonn n’en a pas fait son gagnepain. « Je fais de la musique par passion », aime-t-il à dire. ET AUSSI DES ROMANS. Une passion
qui cohabite avec un autre dada, la littérature. Auteur de trois romans, Au Sahel les cochons n’ont pas chaud ! (éd. Kuljaama, 2007, rééd. La Sève, 2010), Avec nos mains de chèvre (éd. La Sève, 2010) et Le Prix des agneaux (éd. Sao, 2011), il a reçu en novembre le prix Nimrod du roman 2011. Des mains de l’écrivain éponyme luimême qui, avec son homologue Koulsy Lamko (lire pp. 118-119), est l’un des modèles de Kaar Kaas Sonn. ● TIRTHANKAR CHANDA
SCÈNE
En concert tous les week-ends
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ils chantaient en lingala, on dirait, à écouter leurs rythmes entraînants, qu’ils sont nés sur l’une ou l’autre rive du Congo. Pourtant, les membres de Soubyanna Music sont bien Tchadiens. Leur proximité avec la musique congolaise a une histoire. Dans les années 1960, les quelques précurseurs qui se lancent dans la recherche d’une expression musicale nationale prennent pour modèle ce qui se fait à Kinshasa et Brazzaville. Pour les aider à s’améliorer, le président Ngarta Tombalbaye les envoie en stage en RD Congo auprès de sommités comme Tabu Ley et Franco. Cet héritage, Caman Seïd, chanteur, guitariste et directeur artistique du groupe, l’assume, tout en cherchant à le dépasser. « Notre musique est un mélange, précise-t-il. Un mélange de rythmes du terroir comme le saï, le dala et le gourouna, auxquels s’ajoutent la rumba JEUNE AFRIQUE
ABDOULAYE BARRY
Il s’est donné le surnom d’Anges incontournables du Tchad. Depuis dix ans, le groupe Soubyanna Music fait vibrer N’Djamena.
Show dans le bien nommé ROYAUME CULTUREL DE SOUBYANNA (quartier de Moursal).
et le soukouss congolais. Mais c’est plus tchadien que congolais, et légèrement différent de ce qu’ont fait nos aînés du Chari Jazz. » DÉBROUILLE. Formé en août 2002, Soubyanna gagne un concours en 2003 et est alors désigné pour représenter le Tchad à l’Afrivision, à Cotonou. « Nous nous sommes débrouillés par nos propres moyens pour faire le voyage, par la route », se souvient Caman Seïd. Au bout du parcours, une honorable sixième place. En 2005, le groupe est invité au Festival panafricain de musique (Fespam) de Brazzaville. Il en profite pour y enregistrer son premier album, Éternel. Le deuxième, Se souvenir, sort en 2008, à l’occasion
d’un voyage en France. Le troisième est en préparation. Manque de soutien des autorités, rareté desproducteurs et éditeurs, droits d’auteur inexistants, piratage… Les problèmes sont nombreux et les cachets insuffisants pour faire vivre la dizaine de membres du groupe. Caman Seïd, lui, enseigne la physique dans un lycée. Mais Soubyanna s’en sort malgré tout plutôt bien, grâce à son espace culturel de Moursal (un quartier du sud de N’Djamena), qui peut accueillir jusqu’à 1000 personnes. Il s’y produit tous les samedis et dimanches et y accueille d’autres groupes. « À la fin de chaque concert, tous nos musiciens reçoivent un cachet », précise Caman Seïd. ● TSHITENGE LUBABU M.K. N o 2672 • DU 25 AU 31 MARS 2012
La Raffinerie de N’Djamena
L’ENSEMBLE DE DISPOSITIFS DE PRODUCTION DE LA RAFFINERIE DE N’DJAMENA.
Prodige technologique et fierté
MESSAGE
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uand les automobilistes partent des zones urbaines de N’Djamena à 40 kilomètres au nord de la capitale, ils tournent toujours la tête vers un site industriel moderne. Sous un ciel bleu clair, les dispositifs de production, les pipelines et les réservoirs brillent de mille feux jusqu’au soir, où les étincelles des étoiles font écho aux lumières des installations de l’usine, créant ainsi une scène surréaliste. C’est bel et bien la Société de Raffinage de N’Djaména, toute première raffinerie dans l’histoire du pays. La Société de Raffinage de N’Djamena (S.R.N.) est un consortium financé par la
République du Tchad, représentée par le Ministère du Pétrole, et la China National Petroleum Corporation International Ltd. (CNPCI). En date du 26 octobre 2008, Son Excellence Monsieur Idriss Deby Itno, le Président de la République et Chef de l’État, a participé à la cérémonie de pose de la 1ère pierre pour le projet de construction de la raffinerie. Dès cet instant, le projet a officiellement démarré. Durant les deux années suivantes, les travailleurs tchadiens et chinois, main dans la main et avec le concours soutenus des deux pays, ont pu réaliser les travaux de construction sur un terrain en friche. Le
S.E.M LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE AFFICHE FIÈREMENT SA JOIE EN TENANT UN FLACON D’ÉCHANTILLON DE PRODUIT.
Président DEBY a, une fois de plus, témoigné en personne de la mise en production de la raffinerie au 29 juin 2011. Le brut traité par la raffinerie provient des champs pétrolifères tchadiens. Les installations de l’usine englobent les différentes unités comme la distillation atmosphérique, le craquage catalytique du fuel lourd, le reformage catalyti-
VUE AÉRIENNE DU SITE DE LA RAFFINERIE.
que, le raffinement du gasoil à travers l’unité de l’hydrogénation, le fractionnement de gaz, la production de polypropylène, le stripping des eaux acides, le désulfurage de l’essence et du GPL, la régénération des solvants, le raffinement du kérosène aérien, etc. Les dispositifs auxiliaires suivants assurent le fonctionnement des activités de production : le traitement des eaux usées, l’usine de production des eaux acides, le recyclage des eaux, l’usine de purification des eaux, la station de séparation et de compression de l’air. En sus de l’approvisionnement de la raffinerie en électricité, la centrale
Société de Raffinage de N’Djamena
S.R.N. BUREAU DE N’DJAMENA B.P. 6550 - Rue de Marseille, N’Djamena - Tchad Tél.: (235) 63 01 22 07 E-mail : hanchen@cnpcint.com
SITE DE DJERMAYA Département d’Hazare Al Biar Région d’Hadjer-Lamis (à 40 kilomètres au nord de la capitale tchadienne) Tél.: (235) 63 01 22 07 E- mail : hanchen@cnpcint.com
VUE DE NUIT DE LA ZONE DE PRODUCTION.
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR
nationale
électrique de la raffinerie peut approvisionner également la Ville de N’Djamena. L’essence, le kérosène ou JetA1, le pétrole lampant, le diesel, le fuel, le GPL et le polypropylène constituent les principaux produits raffinés dont les qualités répondent aux normes internationales. Avant de sortir de la raffinerie, tous ces produits finis doivent subir une série de tests et d’examens effectués dans le laboratoire central équipé des appareillages complets. Les produits de bonne qualité répondent non seulement au besoin local et sont également exportés dans les pays de la sous-région. La SRN s’engage à prendre des responsabilités sociales et communautaires. Elle se donne les moyens de former les tchadiens, en particulier les jeunes, de leur donner l’opportunité d’accéder à l’emploi, de financer les projets éducatifs dans la communauté afin d’améliorer les conditions de travail et d’apprentissage pour les enseignants et les enfants. La SRN continuera à apporter son soutien pour l’indépendance énergétique du Tchad, pour son développement économique, pour l’amélioration des conditions de vie de la population et le maintien de l’amitié entre le Tchad et la Chine.