SÉNÉGAL WADE, SA VIE APRÈS LE POUVOIR
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52e année • No 2679 • du 13 au 19 mai 2012
jeuneafrique.com
ALGÉRIE LÉGISLATIVES : LE FLN FAIT DE LA RÉSISTANCE DOSSIER AUTOMOBILE
Spécial 10 pages
MAROC MÉDIAS ET POLITIQUE
FRANCE
Hollande et nous
Ce que l’Afrique doit attendre du nouveau président
• Chefs d’État : qui gagne ? Qui perd ? • Les « Africains » de l’Élysée • Sahel, Françafrique, immigration, Algérie… Les vraies priorités ÉDITION GÉNÉRALE France 3,50 € • Algérie 180 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 € Espagne 4 € • Éthiopie 65 birrs • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 € Portugal cont. 4 € • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285
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Ce que je crois BÉCHIR BEN YAHMED • bby@jeuneafrique.com
SAMEDI 12 MAI
France, Syrie, Union africaine…
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ÉDITORIALISTE A POUR principale mission de hiérarchiser les événements d’abord, de les éclairer ensuite : certains font beaucoup de bruit, suscitent de fortes et immédiates réactions, mais n’ont aucun lendemain ; d’autres ne font guère réagir, mais sont porteurs d’immenses changements. Lesquels ont une vraie importance ? Au-delà des apparences et du moment, quelle est la signification réelle d’un événement et que devrait-on en attendre ? En cette mi-mai 2012, j’en ai sélectionné trois que je vais tenter de « situer ». ■
1 En France, c’est l’alternance, au sens le plus fort du terme. Ce 15 mai, François Hollande succède à Nicolas Sarkozy à la présidence de la République et, dans la foulée, la gauche va remplacer la droite au pouvoir. L’événement est exceptionnel, car il ne se produit dans ce pays qu’une fois par génération et, en dépit des apparences, il est beaucoup plus important cette fois-ci qu’en 1981. Il y a trente et un ans, François Mitterrand a écarté et remplacé Valéry Giscard d’Estaing ; il a accédé alors aux affaires à la tête d’une coalition socialo-communiste. La résonance a été immense, parce que c’était une « première » et que l’événement était, d’une certaine manière, inattendu. Mais la droite n’avait alors perdu que l’Élysée et la majorité à l’Assemblée nationale ; le Sénat et les régions étaient restés sous sa coupe, et ses chefs, Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing, Édouard Balladur, Charles Pasqua, Philippe Séguin et quelques autres, encore jeunes et actifs, avaient la capacité de reconquérir le pouvoir perdu. Ce qu’ils ont commencé à faire dès 1986 et confirmé en 1993. ■
Il n’en est plus de même en 2012 : cette fois, la droite française est véritablement en perdition. Ayant déjà perdu les grandes villes, les régions et le Sénat, JEUNE AFRIQUE
elle est en passe de perdre, en outre, la majorité à l’Assemblée nationale : lorsque ce sera réalisé dans un mois, le Parti socialiste sera partout, aura presque tous les pouvoirs. Il y a plus grave encore pour la droite française : menacée dans son unité par une extrême droite rajeunie et agressive qui la talonne et la harcèle, elle n’a plus de chef reconnu et accepté. Outre qu’ils se sont brouillés et mués en adversaires, Giscard, Chirac, Balladur et Pasqua sont victimes de l’âge (jusqu’à la sénilité pour Chirac), plombés par leur passé et par les affaires. La défaite et le retrait de Sarkozy privent la droite française de son dernier chef : à partir de ce 15 mai, elle n’aura plus à sa tête que des sous-chefs minés par les rivalités et, pour certains d’entre eux, par les affaires. ■
Quid du Parti socialiste ? En 2012, il n’a pas un chef ayant l’autorité, l’envergure – et la rouerie – de François Mitterrand. Mais en ce 15 mai – date importante décidément ! –, il s’est donné en la personne de François Hollande un rassembleur auréolé du sacre que vient de lui conférer le suffrage universel. Personne n’a vu arriver cet homme que tous ont constamment sous-estimé ! Parti très tôt et de fort loin, il joue dès son premier jour au palais de l’Élysée son destin et son autorité politique sur une chose et une seule : l’économie. Soit il réussit avant la fin de 2014 – donc à la mimandat – à ramener la France sur le chemin de la croissance économique et à la mettre sur la pente du désendettement financier, et il sera irrésistible. Tout comme l’était devenu Lula da Silva au Brésil. Soit il n’y parvient pas, comme on peut le craindre, et ce sera très grave pour lui, pour la France et pour toute l’Europe occidentale. Au sein du Parti socialiste, on verra alors beaucoup de ceux qui se sont inclinés devant lui sortir les couteaux… ■
2 En Syrie, l’insurrection a éclaté il y a plus de quatorze mois. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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Ce que je crois Mais le printemps ne vient toujours pas. Pourquoi ? Les Syriens vivent depuis plus de quarante ans sous la férule d’une dictature oligarchique et minoritaire transmise de père en fils. Machiavélien, le père avait peu à peu concentré entre ses mains tous les leviers du pouvoir ; le fils, lui, est inepte et n’est que le chef nominal de la République, tenu et manipulé par des membres de sa famille et des chefs des services de sécurité (qui sont parfois les mêmes). Le régime a perdu depuis le début de l’insurrection la bataille de l’opinion publique à l’intérieur et, plus encore, à l’extérieur du pays. Mais il continue de tenir et, sauf coup d’État, assassinat ou imprévu, défiera encore longtemps ceux qui appellent à sa chute. Pour deux raisons principales : 1) L’opposition est multiple et divisée ; elle n’a ni tête ni stratégie et n’a pas fait, depuis un an, un pas dans la bonne direction. De ce fait, elle n’inspire pas assez confiance aux Syriens ni aux « amis de la Syrie ». 2) Parmi les Syriens, beaucoup craignent que les insurgés, s’ils parvenaient à renverser la dictature des Alaouites, ne se comportent à leur égard aussi mal ou plus mal encore qu’Assad et sa clique. Et se disent : « Mieux vaut le dictateur que vous connaissez… » Conclusion : tant que le régime syrien n’aura en face de lui que l’opposition actuelle, tant qu’il pourra financer le fonctionnement de l’État, s’approvisionner en armes
(et en munitions), il se maintiendra et il réprimera. Le printemps syrien ? Il n’est, hélas, pas en vue. ■
3 L’Union africaine est-elle encore en activité ? Oui, bien sûr, même si on ne l’entend ni ne la voit, même si son financement est moins bien assuré depuis que la Libye n’est plus celle de Kaddafi. En 2011, elle s’était montrée d’une prudence qui m’a paru excessive lorsqu’il s’est agi pour elle de gérer le Printemps arabe ainsi que les crises ivoirienne et libyenne. Lorsqu’il lui a fallu, au début de cette année, réélire le président de sa Commission ou en élire un autre, elle s’est divisée. Son unité n’a pas été reconstituée : depuis son dernier sommet, elle fonctionne avec un président de Commission en sursis, et cela se sent. Du coup, ce sont les organisations régionales, SADC et surtout Cedeao, qui donnent de la voix quand éclate une crise (Mali, Guinée-Bissau) ou que se rappelle à notre bon souvenir un problème non résolu (Madagascar). Est-ce moins bien ? Non, si j’en crois les acteurs et si l’on en juge par les résultats. Il n’est pas bon, néanmoins, de s’habituer à une Union africaine en semi-léthargie. On risque de se demander à quoi elle sert et si elle est bien nécessaire. À l’issue de son prochain sommet, prévu du 9 au 16 juillet dans la capitale du Malawi, nous aurons une réponse à cette importante question. ●
Humour, saillies et sagesse Pour vous faire sourire, grincer des dents – ou réfléchir –, ici, chaque semaine, une sélection subjective, la mienne, de ce qui a été dit ou écrit au cours des siècles par des hommes et des femmes qui avaient des choses intéressantes ou drôles à nous dire. B.B.Y. Ì Quand l’Europe ouvre la bouche, c’est pour bâiller. François Mitterrand
Ì Le suicide serait envisageable si c’était le seul moyen de mourir. Patrick Besson
Ì Un chef n’est pas obligé de dire tout ce qu’il va faire. Mais il est tenu de faire tout ce qu’il a promis. Massa Makan Diabaté
Ì L’art de la prophétie est extrêmement difficile, surtout en ce qui concerne l’avenir. Mark Twain
Ì Dieu créa l’homme et, ne le trouvant pas assez seul, il lui donna une compagne pour lui faire mieux sentir sa solitude. Paul Valéry Ì Pour un mot, un homme est réputé sage ; pour un mot, un homme est jugé sot. Confucius N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
Ì Il faut un bon bandit pour reconnaître un faux bandit. Proverbe africain Ì Un homme éthique accorde son métier à ses convictions, au lieu d’accorder ses convictions à sa profession. Depuis le Moyen Âge, la chose se fait de plus en plus rare. Nassim Nicholas Taleb
Ì Les lois sont comme les saucisses. C’est mieux de ne pas voir leur préparation. Otto von Bismarck Ì Je comprendrai jamais pourquoi un jour il fait beau et le lendemain c’est un temps pourri. Les Nouvelles Brèves de comptoir Ì Il est plus utile de tuer des moustiques que de faire l’amour. Mao Zedong Ì Il n’y a rien de négatif dans le changement, si c’est dans la bonne direction. Winston Churchill JEUNE AFRIQUE
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Éditorial
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Marwane Ben Yahmed
ALGÉRIE LA SURPRISE FLN Les résultats des législatives du 10 mai ont déjoué tous les pronostics.
Après Bouteflika…
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À 75 ans, Bouteflika s’apprête à dépasser Boumédiène et Chadli en termes de longévité au pouvoir. Quoi qu’en pensent ses détracteurs et malgré les sarcasmes ou les clichés véhiculés par une certaine presse française pour qui l’Algérie demeure une anomalie et une énigme, il laissera une empreinte profonde et un pays stabilisé. Pour qui se souvient des conditions dans lesquelles il est arrivé à la tête de l’État, ce n’est pas rien. Au-delà de la charge symbolique d’un tel discours, prononcé à Sétif l’année du cinquantenaire de l’indépendance, Bouteflika vient d’annoncer ce que la grande majorité des Algériens attendent depuis longtemps sans jamais y avoir cru : le changement. Il reste deux ans pour le préparer. Ou le subir… ●
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PHOTOS DE COUVERTURES : THOMAS LAISNÈ/CORBIS ; VINCENT BOISOT/RIVA PRESS
ÉCIDÉMENT, ABDELAZIZ BOUTEFLIKA n’est jamais là où on l’attend… En plein Printemps arabe – au moment où tout le monde s’interrogeait sur son éventuelle propagation à l’Algérie –, il avait prononcé un discours jugé terne, ne répondant pas, en tout cas, aux attentes de ses concitoyens. Lui, le tribun hors pair, héraut d’une Algérie à son zénith diplomatique dans les années 1970, était apparu fatigué et peu convaincant. Sa voix était à peine audible, son visage marqué. À Sétif, ce 8 mai, pour la commémoration des massacres de 1945 et moins de deux jours avant des législatives qui n’ont guère passionné les foules mais qui représentent un véritable tournant politique, « Boutef » a pris tout le monde par surprise et s’est livré comme rarement, retrouvant une verve que l’on pensait disparue. Passons rapidement sur la main tendue à François Hollande (lire pp. 22-33) et sa volonté de dépassionner les relations entre son pays et la France, pour nous intéresser à un passage, tout en subtilité certes, mais ô combien important : celui sur la transmission du témoin entre sa génération, celle qui a mené la guerre d’indépendance et qui dirige toujours le pays, et les suivantes, véritable nœud gordien d’une nation qui a longtemps sacrifié sa jeunesse – les deux tiers de la population ! – sur l’autel de l’Histoire. « Je m’adresse aux jeunes qui doivent prendre le témoin, car ma génération a fait son temps, a-t-il expliqué. L’heure de la retraite a sonné pour les anciens, qui ne peuvent plus gérer les affaires du pays. […] Ceux qui ont libéré le pays vous disent : “Nous n’avons plus la force pour continuer. Le pays est entre vos mains, prenez-en soin.” » Le ton est solennel, presque émouvant. Et lorsqu’une partie de l’assistance s’est mise à « réclamer » un quatrième mandat, Bouteflika a répondu, à sa manière, interrompant fermement les thuriféraires : « Longue vie à celui qui connaît ses limites. » Autrement dit, il s’arrêtera bel et bien en 2014, au bout d’un long chemin, celui de l’un des derniers survivants au pouvoir des tumultes de l’histoire algérienne, mouvementée, parfois tragique, nourrie de moments de gloire et de crises. Celui aussi d’un acteur majeur du demi-siècle écoulé, d’Oujda à Alger, en passant par Paris, Genève ou les Émirats, qui aura tout connu, y compris l’humiliation et l’exil.
SÉNÉGAL UN PETIT TOUR ET PUIS REVIENT Abdoulaye Wade a vite reconnu sa défaite à la présidentielle, mais le voici bien décidé à conserver les rênes de l’ex-parti au pouvoir.
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Ce que je crois Par Béchir Ben Yahmed Confidentiel
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L A SEM A IN E D E J EU N E A F RIQ U E
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Algérie La surprise FLN Malamine Konaré Otage de sa filiation ? Sacha Baron Cohen Général foutraque Tchad Affaire d’État Syrie À bout de souffle Guinée Rendez-vous manqué Sénégal Qui veut de l’avion de Senghor ? RD Congo Le business plan de Matata Tour du monde
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G RA N D A N G L E
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France -Afrique Hollande et nous
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A F RIQ U E SU BSA H A RIEN N E
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Sénégal Un petit tour et puis revient Guinée-Bissau Petit pays, grandes manœuvres JEUNE AFRIQUE
Dans Jeune Afrique et nulle part ailleurs
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GRAND ANGLE
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FRANCE Hollande et nous
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Ce que l’Afrique doit attendre du nouveau président de la République.
DOSSIER AUTOMOBILE • Maroc Dans la roue de Renault • Tunisie Des fournisseurs dans la tourmente • Sénégal Les concessionnaires ont le blues Spécial 10 pages
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REPORTAGE À DJOUBA, C’EST LE FAR WEST ! Dans la dernière-née des capitales africaines, tout est possible, à condition d’y mettre le prix.
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MAROC RÉFORME DE L’AUDIOVISUEL, SAISON 1 La polémique sur le cahier des charges continue.
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Mise au point Affaire Ntsimi Soudan du Sud À Djouba, c’est le far west !
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MAGHREB & M OYE N - O R I E N T
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Maroc Réforme de l’audiovisuel, saison 1 Israël Netanyahou s’offre les pleins pouvoirs Tunisie Association de citoyens Algérie Interview d’Abderrahmane Hadj-Nacer : « L’autorité n’a pas d’adresse »
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EUROPE, AMÉR I Q U E S, ASIE
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Europe Plébiscite pour la croissance Amérique latine Kirchner sur les traces de Chávez ? Chine Chongqing, grandeur et décadence Parcours Philippe Ebanga, républicain au long cours Brésil Favelas sous haute tension
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ÉCON OMIE
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Échanges Le Brésil aux premières loges Interview Ory Okolloh, directrice de la stratégie de Google Afrique
JEUNE AFRIQUE
CANNES L’AFRIQUE SE BALADE SUR LA CROISETTE Ils sont six Africains à concourir dans la sélection officielle ou dans les événements parallèles, à partir du 16 mai.
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Bancassurance NSIA réorganise son pôle banque
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UEMOA-Cemac La crise de l’euro, calamité ou opportunité ?
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Télécoms Armistice chez Comium
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Tunisie Wided Bouchamaoui, forcément candidate
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Sénégal Le virage stratégique de Cheikh Amar
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Maroc Centrale laitière, leader mal aimé Baromètre
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L E D O SSIER
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Automobile
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C U LT U RE & M ÉD IA S
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Cinéma Cannes : l’Afrique monte les marches La semaine culturelle de Jeune Afrique Adieu Cyprien Tokoudagba
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VOUS & NOUS Le courrier des lecteurs Post-scriptum N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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France-Afrique Le PS ne manque pas d’amis!
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CITIZENSIDE/NICOLAS KOVARIK/AFP
LUSIEURS RESPONSABLES politiques africains ont tenu à assister le 6 mai au siège du Parti socialiste, rue de Solferino à Paris, au sacre de François Hollande. C’est notamment le cas d’Ousmane Tanor Dieng, secrétaire général du Parti socialiste sénégalais, du Togolais Jean-Pierre Fabre, président de l’Alliance nationale pour le changement, de Martin Ziguélé, l’ancien Premier ministre centrafricain, et de la parlementaire marocaine Saloua Karkri Belkeziz, de l’Union socialiste des forces populaires. Eugene Ludovic Wamalwa, le ministre kényan de la Justice, était également présent à la tête d’une délégation venue observer l’organisation et le déroulement du second tour de la ! OUSMANE TANOR DIENG, secrétaire général du PS sénégalais, place de la Bastille, le 6 mai. présidentielle française. ●
Félicitations tous azimuts
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N RD CONGO, c’est le cabinet de Matata Ponyo Mapon, le nouveau Premier ministre, en concertation avec le conseiller diplomatique du chef de l’État et avec Raymond Tshibanda, le ministre des Affaires étrangères, qui a pris l’initiative de rédiger un projet de lettre de félicitations avant le second tour de l’élection présidentielle française. Signée par Joseph Kabila, la missive est finalement partie le 8 mai par les canaux officiels. La veille, son voisin Denis Sassou Nguesso avait envoyé la sienne depuis Brazzaville. Boni Yayi, le président béninois, a choisi une voie moins classique. Son ambassade à Paris n’ayant pas de contact avec l’équipe de François Hollande, il est passé par une relation parisienne pour approcher Emmanuel Macron, Kader Arif et Faouzi Lamdaoui. Rédigée à Cotonou dans la soirée du 6 mai, la lettre a aussitôt été transmise à Paris. Le 9 mai, elle était sur le bureau du nouveau président français. Par ailleurs, les demandes d’adhésion à l’Internationale socialiste émanant de partis africains se multiplient depuis le scrutin. ● N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
CAMEROUN MEBARA ACQUITTÉ, LE JUGE DOIT S’EXPLIQUER
« Faits non établis »… Ancien secrétaire général de la présidence, Jean-Marie Atangana Mebara, l’un des plus célèbres accusés de l’opération anticorruption Épervier, a été reconnu non coupable le 3 mai par le tribunal de grande instance de Yaoundé. Le dossier d’accusation s’était en effet effondré pendant le procès… Le juge Gilbert Schlick, qui préside cette instance, a donc demandé sa remise en liberté. Il a aussitôt reçu du palais d’Etoudi une demande de « note explicative », tandis que le parquet s’empressait de signifier à l’acquitté de nouvelles inculpations afin d’obtenir son maintien en détention. LA PHRASE
« Que puis-je faire e désormais en politique qui puisse se comparer à ce que j’ai vécu? » C’est la confidence désabusée de Nicolas Sarkozy à un chef d’État africain après sa défaite du 6 mai. MAROC POURQUOI EL GHAZALI A ÉTÉ REMERCIÉ
Limogés le 10 mai pour avoir approuvé « à la hâte » la feuille de route de 2M, Ahmed El Ghazali, le président de la Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca), et Nawfel Reghay, son directeur général,fontlesfraisdelapolémiquesurlecahierdescharges de la télévision marocaine JEUNE AFRIQUE
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Politique, économie, culture & société
CEMAC Après Ntsimi, qui? LE SOMMET DES SIX CHEFS D’ÉTAT de la Cemac devrait enfin se tenir à la mi-juin, à Brazzaville, et « quoi qu’il arrive » avant celui de l’Union africaine, du 9 au 16 juillet. C’est ce que l’on assure dans l’entourage de Denis Sassou Nguesso, le président en exercice, où l’on ajoute que le problème du président de la Commission sera réglé auparavant. S’il paraît acquis désormais que le titulaire du poste depuis 2007, le Camerounais Antoine Ntsimi, ne sera plus candidat, le nom de son successeur – un Centrafricain, selon le principe de rotation par ordre alphabétique – n’est pas encore connu. Pressentis, les ex-Premiers ministres Élie Doté et Enoch Derant Lakoué (que l’on dit souffrant) ne font pas l’unanimité, au point que le président Bozizé pourrait sortir de son chapeau un troisième homme: Bounandele Koumba, ancien secrétaire d’État aux Finances formé à l’école nationale des douanes de Neuilly, en France, qui connaît bien la Cemac, où il est depuis douze ans conseiller pour les affaires internationales. Il s’agirait alors d’une promotion interne, comme celle dont a bénéficié l’actuel gouverneur de la Beac, l’Équato-Guinéen Lucas Abaga Nchama. Dernière hypothèse envisagée si le blocage persiste: la Centrafrique passe son tour au profit du Congo, qui tient en réserve un candidat potentiel en la personne de Pierre Moussa, l’actuel ministre d’État chargé de l’Économie. Encore faudrait-il que François Bozizé l’accepte… ●
UNION AFRICAINE CANDIDATS EN CAMPAGNE
Ali Bongo Ondimba était à Addis-Abeba, le 10 mai, pour le World Economic Forum. L’occasion pour le président gabonais de faire campagne pour la reconduction de Jean Ping à la présidence de la Commission de l’Union africaine, que lui dispute, comme l’on sait, la SudAfricaine Nkosazana DlaminiZuma. Il s’est notamment entretenu avec l’Éthiopien Mélès Zenawi et le Nigérian Goodluck Jonathan, qui l’ont assuré de leur soutien avant la réunion de huit chefs d’État qui, le 14 mai à Cotonou, doivent aider à départager les deux candidats. De son côté, la Communauté de JEUNE AFRIQUE
développement de l’Afrique australe (SADC) continue à militer pour Dlamini-Zuma. Elle a notamment envoyé une délégation de neuf personnes le 7 mai à Brazzaville. Deux jours plus tard, c’est l’Afrique du Sud qui tentait d’arracher l’appui du président kényan à Nairobi. Mais Mwai Kibaki a décliné. Il tient en effet à ce que son compatriote Erastus Mwencha soit reconduit à la vice-présidence de la Commission. Or l’usage veut que le président et le vice-président n’appartiennent pas au même bloc linguistique.
TUNISIE AHMED NÉJIB CHEBBI, LE RASSEMBLEUR ? Depuis l’échec des formations modernistes lors des élections à l’Assemblée constituante d’octobre 2011, Ahmed Néjib Chebbi, le fondateur du Parti démocrate progressiste (PDP), se faisait discret. Même lors de la création, le mois dernier, du Hizb elJoumhouri, né de la fusion du PDP, d’Afek Tounes et du Parti républicain, il était apparu en retrait. Pourquoi
CROISSANCE LE PÉTROLE NE FAIT PAS LE BONHEUR
L’Éthiopie, le Malawi, le Rwanda, l’Ouganda, le Mozambique, la Tanzanie, la Zambie,leCap-VertetleLiberia forment le club très fermé des pays africains dépourvus de pétrole mais dont l’économie a connu la plus forte croissance depuis six ans. Autrement dit, une augmentation du PIB comprise entre 6 % et 10 % en moyenne entre 2006 et 2011 (contre 5,4 % pour l’ensemble du continent). Ce dynamisme n’a pas échappé aux investisseurs comme Schulze Global Investments, un fonds américain de gestion de patrimoine, qui va consacrer 100 millions de dollars à l’Éthiopie.
COMMENT RELANCER LA RÉCONCILIATION EN CÔTE D’IVOIRE ?
Et si Banny rencontrait Gbagbo ? CHARLES KONAN BANNY, président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, envisage de rendre visite à Laurent Gbagbo, l’ancien président ivoirien (ci-dessous), à la prison de la Cour pénale internationale, près de La Haye. Ce qui permettrait d’engager des discussions sur le processus de réconciliation. La rencontre pourrait avoir lieu avant l’audience de confirmation des charges retenues, en principe le 18 juin. Guillaume Soro, le président de l’Assemblée nationale, et Me Jeannot Ahoussou, le Premier ministre, redoutent la tenue d’un procès susceptible de rouvrir la boîte de Pandore des crimes commis en Côte d’Ivoire depuis décembre 1999 et de mettre en évidence les responsabilités de tous les protagonistes. Mais le bureau du procureur est loin d’avoir renoncé. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
VINCENT FOURNIER/J.A.
(lire pp. 46-48). Cette décision permet de maintenir à leurs postes le ministre de la Communication Mustapha El Khalfi, un protégé du chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, et Fayçal Laaraïchi, patron du pôle audiovisuel public et proche du premier cercle royal. Après s’être violemment opposés, les deux hommes devraient s’entendre sur un cahier des charges « légèrement remanié ».
ce positionnement audessus de la mêlée? Sans doute pour être en mesure de piloter le rassemblement des forces démocratiques que Béji Caïd Essebsi tente de promouvoir avant les prochaines élections législatives et présidentielle (sans doute le 20 mars 2013). Chebbi pourrait être secondé par Lazhar Akremi ou par Mohsen Marzouk, deux poulains de l’ancien Premier ministre.
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La semaine de Jeune Afrique
ALGÉRIE
La surprise
FLN
Les résultats des législatives du 10 mai ont déjoué tous les pronostics. Donné pour moribond, le Front de libération nationale reste la première force politique du pays et, contrairement à ce qui s’est passé au Maroc et en Tunisie, la vague verte a été contenue.
CHERIF OUAZANI
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arti de l’indépendance – dont l’Algérie fête cette année le cinquantenaire – et ex-parti unique, le Front de libération nationale (FLN) a fait mieux que résister à la vague verte qui a déferlé sur l’Afrique du Nord depuis que soufflent les vents révolutionnaires du Printemps arabe. Parce qu’il était miné par une dissidence interne sans précédent (voir J.A. no 2677), on le disait moribond. Pas un Algérien n’aurait parié un dinar sur sa victoire, et encore moins sur celle d’Abdelaziz Belkhadem, son très controversé secrétaire général. Mais ce 10 mai, les urnes ont parlé… et elles ont déjoué tous les pronostics : avec 220 sièges sur les 462 que compte désormais l’Assemblée populaire nationale (APN, la Chambre basse du Parlement), le FLN reste la première force politique du pays. Mieux : sa performance lui permet de gouverner seul, sans s’embarrasser d’alliés susceptibles de devenir des rivaux. Ce résultat ne surprend qu’à moitié Abdelaziz Ziari, président de l’APN sortante. En décembre dernier, ce membre du bureau politique du FLN confiait déjà ses certitudes à J.A.: « Le changement se fera dans la continuité », avait-il assuré, sans aller toutefois jusqu’à imaginer que son parti raflerait la mise. « Ce succès, expliquet-il aujourd’hui, on ne le doit pas une excellente campagne électorale, mais au discours que le président Abdelaziz Bouteflika a prononcé à Sétif le 8 mai [lire l’éditorial de Marwane Ben Yahmed p. 6, NDLR]. Cette intervention a été capitale pour stimuler la participation qui, entre 2007 et 2012, a crû de 8 points, passant de 35 % à 42,9 %, ce qui représente près de 2 millions de votants supplémentaires. Ensuite, sur le plan politique, N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
! ABDELAZIZ BELKHADEM, le secrétaire général du FLN, en meeting à Alger, le 6 mai.
en réaffirmant son appartenance idéologique au FLN, il nous a donné un sérieux coup de pouce. » Autre explication à ce score inattendu : pour de nombreux électeurs, le vote FLN a servi de vote refuge pour contrer la poussée islamiste que l’on annonçait à cor et à cri après les triomphes électoraux de cette mouvance en Tunisie, au Maroc ou en Égypte. La débâcle inattendue de ces formations constitue le second enseignement de ces législatives algériennes. BÉRÉZINA. Sûre de sa victoire, l’Alliance de l’Algérie
verte (AAV), composée des Frères musulmans du Mouvement de la société pour la paix (MSP de Bouguerra Soltani), d’Ennahda de Fatah Rebaï
Nouvelle répartition des sièges à l’Assemblée populaire nationale
Front de libération nationale: 220
Islamistes : 59
48 : Alliance de l’Algérie verte (AAV) 7 : Front pour la justice et le développement (FJD) 4 : Front du changement (FC)
RND : 68
Gauche : 47
Autres : 68
21 : Front des forces socialistes (FFS) 20 : Parti des travailleurs (PT) 6 : Mouvement populaire algérien (MPA) JEUNE AFRIQUE
FAROUK BATICHE/AFP IMAGEFORUM
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et d’El-Islah de Hamlaoui Akkouchi, avait même annoncé, la veille du scrutin, que la liste de « son » gouvernement était déjà prête. Le 11 mai, à l’issue d’une longue nuit de dépouillement, le réveil a dû être très, très dur. Avant même la publication des résultats officiels, Abderrezak Mokri, étoile montante de l’islamisme à l’algérienne, a dénoncé « les fraudes qui ont privé l’Alliance verte de sa victoire ». Seule consolation, elle remporte la majorité des sièges de la circonscription d’Alger (lire encadré). Pour les autres formations islamistes, comme le Front du changement (FC, d’Abdelmadjid Menasra) ou le Front pour la justice et le développement (FJD, d’Abdallah Djaballah), présentés comme les épouvantails du scrutin, la désillusion est grande. Ni l’un ni l’autre ne devraient disposer de suffisamment d’élus pour constituer un groupe parlementaire. C’est dire la bérézina… TIERCÉ RECONDUIT. Avec 44 partis en lice et
plus de 183 listes indépendantes, on s’attendait à un fort émiettement de la représentation nationale. Il n’a pas eu lieu. Au cours de la législature sortante, on recensait 21 formations politiques. Il y en aura 14 dans la nouvelle. La représentation féminine atteint un record avec 144 députées, soit 30 % de l’hémicycle contre 11 % dans l’Assemblée sortante. On redoutait un recul des forces républicaines et modernistes. Au contraire, elles ont bien résisté. Si le Parti des travailleurs (PT, de Louisa Hanoune) n’obtient que 20 élus contre 26 précédemment, le JEUNE AFRIQUE
Sûre de sa victoire, l’Alliance de l’Algérie verte avait déjà fait sa liste de gouvernement.
plus vieux parti d’opposition, le Front des forces socialistes (FFS, d’Hocine Aït Ahmed), absent du Parlement depuis 2002, fait un retour remarqué en remportant 21 sièges. Nouveau venu, le Mouvement populaire algérien (MPA, d’Amara Benyounes) réalise un score honorable, avec 6 élus. Enfin, l’Alliance nationale républicaine (ANR, fondée par Rédha Malek, l’ancien Premier ministre) et le Rassemblement pour la République (RPR) conservent le même nombre de sièges. Le changement, attendu par certains, redouté par d’autres, n’a donc pas eu lieu. Le tiercé de la législature sortante : FLN, Rassemblement national démocratique (RND) et Frères musulmans a été reconduit. Dans le même ordre. Toutefois, la prochaine législature ne ressemblera pas à la précédente. Si le FLN devrait hériter du poste de Premier ministre, son bureau politique a décidé de confier le perchoir à la première force de l’opposition, l’AAV. Tête de liste à Alger, le Frère musulman Amar Ghoul, actuel ministre des Travaux publics, devrait donc succéder à Abdelaziz Ziari. ●
ALGER LA BLANCHE VIRE AU VERT AVEC PRÈS DE 2 MILLIONS D’ÉLECTEURS (pour 560 000 votants seulement), la capitale est la plus grande circonscription électorale du pays. Autre particularité du vote algérois : il a donné la majorité de ses suffrages aux islamistes de l’Alliance de l’Algérie verte, qui gagne 15 élus sur 37. Le FLN y réalise un score honorable et remporte 8 sièges, suivi du RND du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et du FFS. ● CH.O. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
La semaine de J.A. Les gens
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! Le 30 avril, les « BÉRETS ROUGES » ont tenté un contre-coup d’État. Malamine Konaré est soupçonné d’être impliqué dans cette opération qui a tourné court.
Malamine Konaré Otage de sa filiation? Ce commandant de l’armée malienne a été arrêté le 4 mai. Certains y voient une façon pour la junte de faire sortir son père, l’ex-président Alpha Oumar Konaré, de son mutisme.
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urtout pas de vagues. Dans la famille de l’ex-président malien Alpha Oumar Konaré (AOK), on refuse de commenter l’arrestation de son fils, Mamadou Lamine, 36 ans, plus connu sous le nom de Malamine. Depuis le 4 mai, le commandant d’aviation, ex-membre de la Sécurité d’État (SE, services de renseignements), est aux arrêts à l’École d’application militaire de Kati, ville-garnison située à une quinzaine de kilomètres à l’est de Bamako et où siège le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDRE, auteur du coup d’État du 22 mars). Incarcérés avec lui, le général Hamidou Sissoko, dit Man, et le colonel Abdoulaye Cissé. Le premier est un proche du président déchu Amadou Toumani Touré (ATT), dont il a été le chef d’état-major particulier. Le second a été chef de la garde du président AOK, avant de devenir commandant de la zone de Sikasso, dans le sud du pays. Comme une trentaine d’autres militaires, gradés ou simples
été nommé en 2011 chef des enquêtes spéciales, bureau notamment en charge de la lutte contre le terrorisme. Malamine Konaré a cependant senti le vent tourner dès le 24 avril. Démis de ses fonctions, il a été sommé de rejoindre son corps d’origine, l’armée de l’air. Lorsque, deux semaines après son éviction, peu avant 20 heures, un officier de gendarmerie l’informe par téléphone qu’une équipe est en route pour le mettre aux arrêts, il se contente de négocier une reddition au Musée national du Mali, à Bamako, assez loin de chez lui pour « épargner sa femme et ses enfants », relate un proche. « AOK NE DIRA RIEN ». Quels qu’aient
été ses états de service, les observateurs soldats, ils sont soupçonnés d’être « impline peuvent s’empêcher de faire remarquer qués dans la tentative de déstabilisation que Malamine Konaré est le seul à avoir du 30 avril », explique la gendarmerie été démis de ses fonctions à la SE. Le malienne. Ce jour-là, les commandos jeune commandant paierait-il le prix de parachutistes – les « Bérets rouges » – sa filiation? « Ne tirons pas de conclusion menés par le colonel Abidine Guindo, hâtive, lâche un officier supérieur de ex-chef d’état-major particulier d’ATT, l’armée proche du CNRDRE. C’est une ont tenté de renverser le CNRDRE. Le affaire entre militaires et rien d’autre. » « contre-coup » a été un échec et Abidine Mais inutile de dire qu’à Bamako, on a Guindo a pris la fuite. vite fait le lien entre cette arrestation et le Si la vague d’arrestations qui a suivi mutisme de l’ex-président Konaré depuis les affrontements était prévisible, le cas Malamine Il fréquentait assidûment le « palais Konaré en a surpris plus de Kati », où l’on appréciait cet d’un. Après la chute d’ATT, officier « compétent et sérieux ». il fréquentait assidûment le « palais de Kati », où l’on appréciait l’officier compétent et sérieux, le début de la crise politico-militaire. « Les un peu turbulent, mais toujours prêt à militaires veulent le pousser à sortir du mouiller la chemise. À la demande de la bois, à prendre position dans cette crise », junte, il avait même pris une part active estime un homme politique malien. La à la libération mi-avril de Maria Sandra méthode est-elle la bonne? Pas sûr. Dans Mariani, l’otage italienne d’Al-Qaïda au l’entourage d’AOK, on est formel : « Il ne Maghreb islamique (Aqmi). Un engagedira rien, surtout s’il sait que ses propos ment logique au regard de ses fonctions. risquent d’être instrumentalisés. » ● Au contre-espionnage depuis 2008, il avait MALIKA GROGA-BADA
NOMINATIONS
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YADH BEN ACHOUR ONU Le juriste tunisien a été élu membre du Comité des droits de l’homme des Nations unies le 7 mai. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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MAKHTAR DIOP BANQUE MONDIALE Le 7 mai, l’ex-ministre sénégalais de l’Économie et des Finances a pris ses fonctions de vice-président pour l’Afrique à la Banque mondiale. JEUNE AFRIQUE
EN HAUSSE
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YOUNES BELHANDA
Sacha Baron Cohen Général foutraque
Le 10 mai, l’international marocain de Montpellier, 22 ans, a reçu le prix RFI/ France 24 Marc-Vivien Foé qui récompense chaque année le meilleur footballeur africain de la Ligue 1, la première division française.
Dans le film The Dictator, qui sort le 20 juin en France, l’acteur déjanté parodie Kaddafi. Hilarant pour ses fans, malvenu pour ses détracteurs…
ÉDOUARDTIAPÉ KASSARATÉ
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Le général de corps de gendarmerie, ex-fidèle de Laurent Gbagbo, a été nommé le 9 mai ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de Côte d’Ivoire au Sénégal.
e 6 mai au soir, à peine le résultat de la présidentielle connu, François Hollande recevait des félicitations plutôt originales. Dans une vidéo postée sur son compte Twitter (@RepublicWadiya), le général Aladeen saluait « François Hollandaise (sic) pour sa victoire sur un nain ». Avant d’ajouter : « Mais pour moi, le seul président français légitime est Dominique Strauss-Kahn. […] Je n’ai jamais vu nier un viol avec un tel brio. » Un type de provocation devenu la marque de fabrique du très british Sacha Baron Cohen. Coup de chance ou sens de l’opportunité historique ? Son nouveau film, The Dictator, arrive à point nommé. Juste après un annus horribilis pour les dictateurs marqué par le Printemps arabe et la mort de Kim Jong-il. Aladeen, satrape oriental à la longue barbe, aime le clinquant, les prostituées de luxe, parader sur la 5e Avenue à dos de chameau et les Wadiyan Games, JO à sa gloire où il rafle toutes les médailles. La tenue blanche d’amiral, les décorations pléthoriques au poitrail, les gardes du corps pulpeuses et le pistolet plaqué or sont autant de clins d’œil appuyés à Mouammar Kaddafi.
BASSEM YOUSSEF Chirurgien-cardiologue de 38 ans, il est la nouvelle star de la télé égyptienne. Son émission parodique sur OnTv, Al-Bernameg, avait déjà été vue par 3 millions de personnes sur internet, avant de séduire les téléspectateurs. EN BAISSE
MAUVAIS GOÛT ? Sacha Baron Cohen, 40 ans, reconduit les clichés, blagues potaches et quiproquos invraisemblables qui définissent son burlesque. Après les trois personnages qui ont fait sa gloire – le chroniqueur britannique Ali G, le reporter kazakh Borat et le journaliste de mode autrichien Brüno –, le comédien britannique crée le général Aladeen et reprend les plaisanteries antisémites, homophobes et sexistes qui lui ont valu des plaintes de l’Anti-Defamation League, d’associations lesbiennes, gays, bisexuelles et transsexuelles, et même du gouvernement du Kazakhstan. Car l’humour de Sacha Baron Cohen, de père gallois et de mère israélienne, ne laisse pas indifférent. Les allergiques sont aussi nombreux que les fans. Comme le disait Pierre Desproges : « On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. » ● YOUSSEF AÏT AKDIM
RICHARD MDLULI Chef de la lutte contre le crime organisé et proche de Jacob Zuma, le général de police sud-africain a été contraint de démissionner le 9 mai. Il est accusé du meurtre d’un rival amoureux et d’utilisation de fonds publics à son profit. RIMA FAKIH La première Miss États-Unis d’origine arabe (2010) a évité de peu la prison. Arrêtée en état d’ébriété dans le Michigan, elle a écopé de plusieurs condamnations, dont 20 heures de travaux d’intérêt général et 463 euros d’amende.
! LE GÉNÉRAL ALADEEN à Londres pour la première, le 10 mai. JEUNE AFRIQUE
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TAL COHEN/AFP
PIERRE SALVIAC Animateur sur la radio française RTL, il a twitté le 9 mai: « À toutes mes consœurs, je dis “baisez utile, vous avez une chance de vous retrouver première dame de France” ;-). » Sa direction l’a licencié pour ce tweet « intolérable ». N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
La semaine de J.A. Décryptage
Tchad Affaire d’État Accusé de complicité de détournement de fonds publics, Mahamat Saleh Annadif attend son procès. Et clame son innocence.
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JUSTINE SPIEGEL
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u milieu des dunes, dans sa cellule de la prison de Moussoro, Mahamat Saleh Annadif, 55 ans, ancien ministre des Affaires étrangères qui fut aussi ambassadeur de l’Union africaineauprèsdel’Unioneuropéenne, attend son procès. Le 10 mai, les juges ont rejeté la demande d’annulation des poursuites déposée par ses avocats. « C’est une cabale qui continue contre moi », avait-il confié au téléphone à l’un de ses proches juste avant d’être inculpé et placé sous mandat de dépôt. Celui qui est désormais l’exsecrétaire général de la présidence du Tchad a été arrêté le 17 avril pour « complicité de détournement de fonds publics»appartenantàladirectiongénérale des grands travaux présidentiels. Clamant son innocence, il assure avoir obéi aux ordres de son supérieur hiérarchique, le chef de l’État Idriss Déby Itno, et avoir déjà été entendu deux semaines avant son arrestation. Laquelle est étroitement liée à celle de
France pour y recevoir des soins médiMahamat Zene Bada, le directeur général caux. Quelques jours après son retour à des grands travaux présidentiels. Accusé N’Djamena, il reçoit une autre convocad’avoir détourné plus de 1 milliard de tion et se présente à nouveau devant le F CFA (1,5 million d’euros), ce dernier a juge, le 17 avril. Lequel lui signifie que été écroué en février. des preuves attestent de sa complicité Lors de l’instruction du dossier de dans cette affaire sans que – toujours Zene Bada, les enquêteurs ont découvert une mystérieuse correspondance, adressée En cause, une mystérieuse au directeur général de la correspondance qu’il a adressée Banque commerciale du à la Banque commerciale du Chari. Chari (BCC) et signée de la main d’Annadif. Ce dernier lui ordonnait d’affecter l’intégralité du selon ses avocats – celles-ci ne lui aient solde d’un compte bancaire à la direction été révélées. D’abord placé en garde à vue générale des grands travaux présidentiels, à Moursal, il est transféré à Moussoro le 22 avril. Ni les droits de la défense ni les afin de financer un projet règles de la procédure pénale n’auraient de construction. été respectés, d’après ses conseils, à qui C o nv o q u é e n tant que témoin l’on a interdit de rencontrer leur client devant le juge, avant le 5 mai (or la communication avec Annadif aurait les avocats est libre dès le premier jour de l’inculpation) et que l’on a empêchés produit, selon d’accéder à son dossier d’accusation. ses avocats, un double de la missive VACILLER. Annadif est-il la dernière portant le victime de la traque anticorruption ? Engagée par Idriss Déby Itno en 2009, visa du chef elle a déjà fait vaciller plusieurs caciques de l’État et approuvant du régime. Zene Bada, alors maire de le transfert. N’Djamena, avait déjà été écroué en Libre, il part janvier 2010 pour détournement de alors en fonds. Et l’actuel président de l’Assemblée nationale, Haroun Kabadi, avait été mis aux arrêts en octobre 2009 pour avoir reçu un pot-de-vin alors qu’il était secrétaire général de la présidence. Annadif, lui, crie au complot : après les élections communales, son nom avait circulé en vue d’une éventuelle nomination au poste de Premier ministre. ●
ð L’ANCIEN SECRÉTAIRE GÉNÉRAL de la présidence, à N’Djamena, en 2011.
V IN C
À SUIVRE LA SEMAINE PROCHAINE
20-21
MAI Sommet de l’Otan, à Chicago. Il y sera notamment question des relations avec la Russie et du calendrier de retrait des troupes d’Afghanistan. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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MAI En Afrique du Sud, verdict dans le procès des meurtriers présumés d’Eugène Terre’Blanche. Le leader extrémiste afrikaner avait été tué dans sa propriété en avril 2010.
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MAI Élections générales au Lesotho, à l’issue d’un processus de réconciliation nationale mené sous l’égide de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). JEUNE AFRIQUE
La semaine de J.A. Décryptage ! LE DOUBLE ATTENTAT de Damas, le 10 mai. Bilan : au moins 55 morts et près de 400 blessés.
AFP
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Syrie À bout de souffle Des attentats de plus en plus sanglants, un plan onusien qui s’enlise, une opposition divisée et déjà 12 000 morts depuis mars 2011… Le pays est au bord d’une guerre civile dont on n’entrevoit pas l’issue.
L
e trafic était dense ce 10 mai sur la rocade sud de Damas. La double explosion était programmée pour faire le maximum de victimes. Au milieu de la chaussée, un cratère, des carcasses de voitures et des corps calcinés : 55 morts et près de 400 blessés, l’attentat le plus meurtrier depuis le début de la crise. Symboliquement visé, le bâtiment des services de renseignements est éventré. La Syrie suivrait-elle la voie irakienne ? Depuis la fin de 2011, des attentats ont frappé plusieurs villes du pays. Les autorités ont aussitôt dénoncé une actiondesbandesterroristesqui,selonelles, cherchentàprécipiterlepaysdanslaguerre civile. Le Conseil national syrien (CNS) et l’Armée syrienne libre (ASL) imputent au contraire ce carnage au pouvoir, accusé de vouloir torpiller le plan de sortie de crise de KofiAnnan,représentantdel’Organisation des Nations unies (ONU) et de la Ligue arabe. Le général Robert Mood, chef des observateurs onusiens, a lui-même eu très peur la veille. À Deraa (Sud), son convoi a été visé par une bombe. Bilan: dix blessés parmi son escorte syrienne. Représentant de la Coordination nationale pour le changement démocratique N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
confirmer cette analyse, la marine libanaise a arraisonné un cargo en provenance de Libye, avec à son bord, selon le quotidien libanais Al-Akhbar, « des missiles sol-air Sam 7, des missiles antichars, des lance-roquettes de fabrication française ». Un armement qui, s’il était destiné aux insurgés, prouverait qu’ils se radicalisent, confortant la thèse des partisans d’Assad. Un piège du régime, rétorque le CNS… À la veille de l’attentat du 10 mai, le colonel Riad el-Assad, de l’ASL, affichait le peu de cas qu’il faisait de la mission de l’ONU, qualifiant ses observateurs de « faux témoins » et annonçant la reprise des offensives insurgées. Un autre chef de l’ASL, le général Moustapha Ahmad al-Cheikh, a appelé la communauté internationale à procéder à « des frappes ciblées contre le régime ». Une option qui s’éloigne : Barack Obama se concentre sur sa campagne électorale, et Nicolas Sarkozy, le plus va-t-en-guerre des Occidentaux, quitte le pouvoir. Qualifiée de dernier espoir de paix, la mission Annan s’enlise, bien que le diplomate continue de la défendre, déclarant que « l’activité militaire a légèrement diminué » et tablant sur l’envoi de 300 observateurs supplémentaires d’ici à la fin mai. L’opposition, elle, est plus divisée que jamais. Celle, intérieure, pacifiste et laïque, du CNCD peine à faire entendre sa voix.
(CNCD), autre coalition d’opposition – hostile, elle, à l’action armée –, Haytham Manna hésite: « À Deraa, c’est clairement l’œuvre d’un groupe islamiste opposé au plan Annan. À Damas, il peut s’agir de professionnels de type Al-Qaïda, mais on ne peut exclure un acte des services de renseignements»,expliquet-il. Mais que gagnerait le À bord du cargo arraisonné pouvoir à saboter un plan au Liban, des conteneurs remplis qui n’évoque pas le départ de missiles et de lance-roquettes. de Bachar al-Assad? Fruit d’un compromis entre les alliés russes et chinois d’Assad et Celle, extérieure, du CNS est en perte de lespuissancesquiluisonthostiles–France, légitimité sur un terrain qu’occupe l’insurÉtats-Unis et Grande-Bretagne –, il prérection. Et celle-ci est loin d’être homovoit la fin des combats comme préalable gène. Basé en Turquie, l’état-major de à des négociations. Las, le cessez-le-feu du l’ASL n’a guère d’emprise sur les groupes 12avriln’apastenuvingt-quatreheures.Les combattants, où l’on compte un nombre combats ont depuis fait plus de 900 morts. minoritaire, mais croissant, de djihadistes étrangers. Face à ce pourrissement, PIÈGE. Contrairement aux dispositions du comment ne pas être pessimiste ? Sans plan onusien, les chars de l’armée restent intervention extérieure, l’opposition sera déployés et les exactions du régime se incapable de faire tomber le régime. L’on poursuivent. Mais les insurgés ont-ils s’achemine donc vers une longue guerre respecté la trêve? Manna en doute. « L’ASL civile cantonnée à certaines régions. Avec est responsable de la moitié des attaques, le risque qu’elle s’étende et devienne et le CNS, au fond, ne veut pas du plan incontrôlable. ● Annan », estime-t-il. Le 28 avril, semblant LAURENT DE SAINT PÉRIER JEUNE AFRIQUE
ILS ONT DIT
«
Guinée Rendez-vous manqué et décembre 2011, devrait arranger le Rassemblement du peuple de Guinée Arc-en-ciel, le nouveau parti pro-Condé, qui va en profiter pour renforcer son unité et choisir des candidats consensuels. Quant aux opposants, ils pourront affiner leur stratégie fondée sur la formation de listes communes dans les circonscriptions favorables à Condé. Reste la Ceni. Sur ce sujet, l’opposition compte faire plier le pouvoir à travers une série de manifestations. Celle du 10 mai, à Conakry, a dégénéré, faisant des dizaines de blessés, dont 17 gendarmes. La balle est dans le camp du président, qui subit des pressions internationales. L’Union européenne conditionne son aide à la tenue des législatives. Garant des institutions républicaines, Condé a le pouvoir de désigner un nouveau président de la Ceni, accepté par tous, condition nécessaire à la relance du processus électoral. ●
MOHAMED NDAO, ALIAS TYSON Lutteur sénégalais
« Ce n’est pas un Printemps arabe mais un déluge [qui s’est abattu] sur les Arabes et qui a signifié la colonisation de l’Irak, la destruction de la Libye, la division du Soudan et l’affaiblissement de l’Égypte. » AHMED OUYAHIA Premier ministre algérien, critiquant ceux qui appelaient à un Printemps arabe en Algérie à l’occasion des législatives du 10 mai
«
Je suis sûr que mon pays progresse, car de plus en plus de gens réclament une société juste, et commencent à s’engager. C’est une évolution historique. Personne ne pourra revenir en arrière. » CHEN GUANGCHENG Dissident chinois
ANDRÉ SILVER KONAN
Sénégal Qui veut de l’avion de Senghor? LE CÉLÈBRE AVION PRÉSIDENTIEL La Pointe de Sangomar, acquis par Léopold Sédar Senghor en 1978, sera mis en vente d’ici à l’été. L’État sénégalais cherche un consultant spécialisé pour l’aider à réaliser cette opération et a diffusé un appel en ce sens le 8 mai dans le quotidien Le Soleil. Outre La Pointe de Sangomar, de nombreux équipements (pièces de rechange, moteurs…) seront vendus. Remisé à l’aéroport international depuis 2007 à la suite d’une série d’anomalies – notamment la fissure d’un hublot en vol –, le Boeing 727 avait été remplacé à la fin 2010 par La Pointe Sarène, l’un des deux Airbus A319 vendus par l’État français. Il en avait coûté 20,9 milliards de F CFA (32 millions d’euros), sans compter le relooking. Pendant la présidence d’Abdoulaye Wade, La Pointe de Sangomar avait suscité de nombreuses polémiques. Notamment en 2003, lorsqu’il avait été rénové pour un montant de 17 milliards de F CFA. Une somme bien inférieure aux « 50 millions de dollars » qu’aurait nécessité l’achat d’un nouvel appareil, s’était alors défendu Wade dans nos colonnes. Il avait cependant dû recourir à des financements extérieurs et puiser dans les caisses du ministère de l’Équipement. Aujourd’hui, La Pointe de Sangomar ne vaudrait guère plus de 6 milliards de F CFA. ● MICHAEL PAURON JEUNE AFRIQUE
Il n’existe pas de meilleur moyen que la lutte pour faire rêver et combattre l’émigration. »
« Je veux représenter la France, donner une belle image, faire les sourires nécessaires, être bien habillée, mais cela ne doit pas s’arrêter là. Je ne serai pas une potiche. » VALÉRIE TRIERWEILER Compagne de François Hollande, le nouveau président de la France
«
Nous ne sommes pas prêts à financer avec l’argent des contribuables allemands les promesses électorales de François Hollande. »
SEYLLOU DIALLO/AFP ; MARTIN MEISSNER/AP/SIPA
PERSONNE n’était vraiment prêt. Ni le président Alpha Condé, ni ses principaux opposants Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Lansana Kouyaté, encore moins Louncény Camara, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Le troisième report des législatives était donc prévisible. À deux mois du scrutin fixé au 8 juillet, le processus était grippé, la Ceni refusant d’associer l’opposition àlarévisiondufichierélectoral, le pouvoir écartant l’hypothèse d’unerecompositiondelaCeni et l’opposition s’obstinant à ne pasreconnaîtrel’opérateurtechnique sud-africain Way Mark. Pour justifier sa décision de ne pas convoquer les électeurs, Condé a évoqué des « problèmes techniques ». Un désaveu cinglant pour Camara, contesté par l’opposition et par certains membres de la Ceni, mais soutenu par le pouvoir. Le troisième report des législatives, après les deux premiers rendez-vous manqués de juin
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NORBERT RÖTTGEN Numéro deux de la CDU, le parti d’Angela Merkel N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
La semaine de J.A. Décryptage JEUNEAFRIQUE.COM
CARTE
VAINQUEUR AU SECOND TOUR ■ François Hollande ■ Nicolas Sarkozy ■ Pas de votants
Découvrez les résultats du vote des Français d’Afrique lors de la présidentielle du 6 mai, pays par pays.
SONDAGE L’est de la RD Congo doit-il craindre Bosco Ntaganda et ses hommes ? LE TWEET
EVAN SCHNEIDER/UN
@BarackObama « Les couples du même sexe doivent pouvoir se marier. » Son tweet a été transféré plus de 50 000 fois en douze heures. À LIRE AUSSI Mali Les dessous d’un contre-coup d’État manqué. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
RD Congo Le business plan de Matata Après cinq mois perdus en querelles électorales, le Premier ministre veut mettre le nouveau gouvernement au travail. Et ce ne sont pas les chantiers qui manquent…
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ans surprise, l’Assemblée nationale a approuvé, le 9 mai, le programme d’action présenté par Augustin Matata Ponyo, le Premier ministre nommé le 18 avril. Un feu vert au nouveau gouvernement, qui se met au travail cinq mois après les élections présidentielle et législatives du 28 novembre 2011. Contrairement à la précédente, la nouvelle équipe ne compte pratiquement aucun chef de parti. Matata Ponyo, soutenu par Joseph Kabila, a voulu, confie une source, « que ses ministres soient pour l’essentiel des jeunes, sans passé politique lourd ». Il a tenu également à garder sous sa responsabilité directe le portefeuille des Finances, confié à un ministre délégué.
JUNIOR D.KANNAH
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DÉCOLLAGE. La feuille de route du
Premier ministre se fixe pour objectifs : la bonne gouvernance, gage d’une meilleure efficacité de l’État ; le développement des infrastructures de base, qui font défaut et freinent le décollage du pays ; la redynamisation des principaux secteurs de production ; enfin, l’amélioration des conditions de vie des Congolais, alors que 80 % des personnes en âge de travailler sont sans emploi et que 71 % de la population vit avec moins de 1 dollar par jour. Pour attirer les investisseurs, le gouvernement devra remplir certains préalables, comme l’assainissement du climat des affaires (la RD Congo occupe la 178e place
! AUGUSTIN MATATA PONYO à Kinshasa, le 19 avril.
8 heures du matin. Selon un témoin, les retardataires n’ont pas été autorisés à entrer.
PATRIMOINE. Autre exemple, la transparence dans la gestion. Elle a conduit à la mise sur pied d’une commission comprenant notamment des représentants du gouvernement et de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Les responsables de cettedernière, dont le moins que l’on puisse dire Il a convoqué ses ministres est qu’elle a échoué à organiser à 8 heures du matin. Et les correctement les dernières élecretardataires ont été refoulés. tions, devront justifier l’usage des fonds qui lui ont été attribués. sur 183 dans le dernier classement Doing Enfin, selon l’un de ses proches, Matata Business de la Banque mondiale) et l’amén’hésitera pas à sévir au moindre manlioration de la production énergétique. quement de ses collaborateurs, qui ont Il devra aussi lutter sans merci contre la l’obligation de déclarer leur patrimoine corruption et l’impunité. avant d’entrer en fonction. Chacun d’entre Matata Ponyo va-t-il, peut-il, gouverner eux a reçu une feuille de route et un calenautrement ? Le 3 mai, il a présidé une drier précis. Et devra régulièrement rendre des comptes. ● réunion à laquelle tous ses ministres étaient conviés. Horaire du rendez-vous : TSHITENGE LUBABU M.K. JEUNE AFRIQUE
Montant de l’opération 60 Milliards de FCFA
*Pour les résidents en Côte d’Ivoire
Reconstruire ensemble une économie stable et forte, c’est possible. C’est pourquoi le Trésor Public de Côte d’Ivoire lance un emprunt obligataire par appel public à l’épargne dénommé TPCI 6,00 % 2012-2015.
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Cette opération a été identifiée par le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financiers (CREPMF) sous le N°EE/12-01
La semaine de J.A. Tour du monde CORÉE DU SUD-JAPON
Alliance militaire ? AGF S.R.L. REX FEATUR/REX/SIPA
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! L’HUMORISTE, ACTEUR ET BLOGUEUR BEPPE GRILLO, leader du mouvement Cinque Stelle, grosse surprise des élections locales des 6 et 7 mai. ITALIE
Cinq étoiles sur orbite
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LE CHIFFRE QUI FAIT PEUR
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EST UN PEU LE COLUCHE ITALIEN. Le succès au premier tour des élections locales (6-7 mai) des listes présentées par Cinque Stelle (« cinq étoiles »), le mouvement créé par l’humoriste, acteur et blogueur Beppe Grillo, en dit long sur l’état de décomposition de la classe politique italienne. Le Peuple de la liberté de Silvio Berlusconi? En déroute presque partout. La Ligue du Nord, le parti populiste et xénophobe? Plombé par les scandales financiers dans lesquels son ancien chef (Umberto Bossi) et sa progénituresontenglués,ildisparaîtpresquedupaysage.Lescentristes? Ils paient cher leur soutien à la politique d’austérité menée par Mario Monti. De toutes les formations traditionnelles, seul le Parti démocrate (gauche) tire son épingle du jeu et paraît en mesure de remporter au second tour plusieurs grandes villes. La grande nouveauté, c’est la multiplication des listes dites « civiques ». Et donc l’émergence de Beppe Grillo, que, depuis trente ans, on a pu voir dans d’innombrables shows télévisés, au théâtre, mais aussi au cinéma dans des films de Dino Risi ou de Luigi Comencini. Satiriste féroce et agitateur d’idées, il anime aujourd’hui le blog le plus visité d’Italie. ● ENVIRONNEMENT
Le septième continent ON LA SURNOMME le septième continent. Cette gigantesque plaque de microdéchets en plastique grande comme six fois la France et d’une épaisseur d’une trentaine de mètres barre le Pacifique Nord d’est en ouest. Sa taille et sa concentration ont été multipliées par cent depuis N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
LA CORÉE DU SUD et le Japon seraient sur le point de conclure un important accord de coopération militaire. Historiquement, les relations entre les deux pays ont toujours été houleuses. En 1910, la péninsule coréenne fut purement et simplement annexée, puis, trente-cinq ans durant, soumise à une brutale colonisation. L’alliance en gestation est donc à tous égards un événement. Elle a été imposée par les provocations nucléaires de Pyongyang et la montée en puissance militaire de la Chine.
quarante ans, ont révélé, le 9 mai, des chercheurs de l’université de Californie. Elle constitue en outre un milieu propice à la reproduction d’une araignée d’eau, grande prédatrice de zooplancton et d’œufs de poisson, ce qui pourrait entraîner un déséquilibre de l’écosystème océanique.
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C’EST LE NOMBRE de bombes nucléaires que la Corée du Nord est en mesure de fabriquer. Elle aurait accumulé suffisamment de plutonium pour en fabriquer au moins six. Et disposerait désormais de la capacité d’en produire six autres à base d’uranium enrichi (les 2000 centrifugeuses du pays produisent 40 kg d’uranium enrichi, suffisamment pour construire deux nouvelles armes, par an). RUSSIE
Chassé-croisé LE 8 MAI, l’ancien président Dmitri Medvedev a été nommé Premier ministre de la Fédération de Russie. La veille, Vladimir Poutine, son prédécesseur, avait retrouvé son fauteuil à la présidence, qu’il avait été contraint d’abandonner en 2008, faute de pouvoir briguer un troisième mandat consécutif. La manip a été entérinée sans coup férir par la Douma, la Chambre basse du Parlement, où Russie unie, le parti de Poutine, est majoritaire. Le tandem sera désormais bien difficile à déloger. Poutine envisage déjà de se représenter dans six ans. JEUNE AFRIQUE
ARRÊT SUR IMAGE
Pool • Reuters
ROYAUME-UNI
Sacré Charles! N’A-T-IL VRAIMENT RIEN D’AUTRE À FAIRE ? En visite le 10 mai au siège de la BBC à Glasgow, le prince Charles, héritier du trône d’Angleterre, a fait le clown en présentant le bulletin météo. Quel temps faisait-il sur l’Écosse, ce jour-là ? Pas terrible, évidemment. Bien entendu, la localité de Balmoral figurant en gros caractères sur la carte n’est nullement la capitale de l’Écosse. On y trouve un célèbre château appartenant à… la famille royale. C’est ça l’humour anglais ?
MEXIQUE
Cartel contre cartel PENDANT LA CAMPAGNE présidentielle mexicaine (scrutin le 1er juillet), la guerre des cartels de la drogue continue. Le 4 mai, neuf cadavres ont été découverts pendus à un pont sur une route à Nuevo Laredo (Nord-Est). Un peu plus loin, la police est tombée sur quatorze corps décapités. Un message abandonné sur les lieux suggère qu’il s’agit d’un énième épisode de la guerre qui oppose le cartel des Zetas et celui du Golfe. HAÏTI
Feu vert pour Lamothe
LA COMPOSITION DU GOUVERNEMENT et la déclaration de politique générale de Laurent Lamothe, nommé Premier ministre le 3 mai, ont été approuvées JEUNE AFRIQUE
à l’unanimité par le Sénat haïtien. Le nouveau chef du gouvernement conserve le portefeuille des Affaires étrangères. Deux nouveaux ministères ont été créés : Information et Lutte contre la pauvreté. Lamothe a promis que les élections locales et sénatoriales se tiendraient avant la fin de l’année. ÉTATS-UNIS
Obama, c’est parti BARACK A LANCÉ la campagne pour sa réélection par un meeting sur le campus de l’université de l’Ohio. Laissant de côté son bilan, il s’est employé à attaquer Mitt Romney, son adversaire républicain, bille en tête. D’abord sur son passé de businessman peu regardant en matière de délocalisations, de licenciements et d’évasion fiscale. Puis, trois jours plus tard, en prenant position, à titre personnel, pour la légalisation du mariage gay, auquel la moitié des
Américains sont désormais favorables. Une manière de contraindre Romney, otage des ultraconservateurs chrétiens, à droitiser son discours et à se couper des électeurs « centristes ». RUSSIE-CHINE
Accord parfait POUR SERGUEÏ LAVROV, le ministre russe des Affaires étrangères, qui le 27 avril s’exprimait au nom de son pays mais aussi, exceptionnellement, de la Chine, « la crise en Syrie ne pourra être résolue si la communauté internationale ne prend pas en compte nos positions ». Quelques jours plus tard, en visite à Moscou, Li Keqiang, vice-Premier ministre chinois et probable successeur de Wen Jiabao en 2013, confirmait cette vision concernant la Syrie et la Corée du Nord. Les deux pays sont résolus à faire front commun contre le bloc occidental dominé par les États-Unis. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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Grand angle
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JEUNE AFRIQUE
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France-Afrique
Hollande et nous Le nouveau président français connaît très mal le continent. Va-t-il y mener une autre politique que son prédécesseur ? Pas fondamentalement. Un changement de style ? Assurément.
FRANÇOIS SOUDAN
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CONTOURS FLOUS. Jusqu’au 20 juin, le calendrier international du nouvel élu passe par Berlin, Bruxelles, Camp David, Chicago, Los Cabos. Sans doute est-ce à Alger qu’il effectuera ensuite sa première visite bilatérale hors d’Europe, tant la décrispation des relations tendues entre les deux pays semble lui tenir à cœur. Puis, très vite, viendra le temps de poser cet « acte fondamental » que François Hollande annonçait dans Jeune Afrique en août 2011, « pour que nous puissions avoir des principes établis entre le nouveau président de la République française et les chefs d’État africains ». Les contours de cette initiative, que le candidat plaçait alors au même niveau d’importance que la refondation d’une « relation confiante et durable » avec l’Allemagne, demeurent pour l’instant extrêmement flous. Si François Hollande veut éviter la répétition des zigzags africains de François Mitterrand, avec un démarrage droit-de-l’hommiste à gauche toute suivi d’un brusque coup de frein et d’un virage réaliste pour finir sur la voie de garage de la Françafrique, un tel cadrage sous forme de feuille de route est pourtant indispensable.
JEUNE AFRIQUE
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PHILIPPE SAUTIER/SIPA
n attendait de lui, entre janvier et avril, une tournée maghrébine, un saut d’avion au sud du Sahara ou un grand discours de politique étrangère dans lequel il définirait avec précision ce que seraient les relations entre la France, l’Afrique et le monde arabe. On l’a annoncé à Rabat, guetté à Alger, espéré à Dakar, Niamey ou Cotonou. En définitive, François Hollande ne sera allé nulle part, labourant son champ électoral en terre exclusivement française, conscient que seuls les enjeux économiques et sociaux influent sur le verdict des urnes. Du continent africain, le nouveau président ne connaît guère que le Maghreb, particulièrement l’Algérie, et… la Somalie, visitée dans le cadre d’un stage de futur énarque à l’époque de Siad Barré. C’est dire s’il aborde sa politique africaine – tout le monde en a une – avec une fraîcheur bienvenue et une large liberté de choix : rien ne lui lie les mains, ni l’héritage, ni ces fils à la patte que sont les mallettes de la République, encore moins les amitiés encombrantes. Il est le premier des chefs d’État de la Ve République à accéder au pouvoir avec une telle virginité. Pour lui, l’Afrique est largement terra incognita, ce qui ne signifie pas pour autant qu’elle soit un lieu où les hommes politiques français sont condamnés à se compromettre. François Hollande n’est pas Lionel Jospin.
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Grand angle
jeune afrique .com
ð D’autres tribunes à lire sur www.jeuneafrique.com
Cette imprécision explique largement le sentiment général d’attentisme observé en Afrique francophone au lendemain du 6 mai. La victoire de Mitterrand en 1981 avait tétanisé Mobutu, cueilli à froid Hassan II et fait danser de joie les démocrates. Rien de tel aujourd’hui : face à l’énigme Hollande, les espoirs sont mesurés et les craintes raisonnées. Les temps, il est vrai, ont changé. La France n’a joué aucun rôle dans les révolutions tunisienne et égyptienne, elle ne les a même pas pressenties et le destin des peuples du Maghreb ne se joue pas à Paris. Au sud du Sahara, son influence réelle – si ce n’est symbolique et linguistique – est de
« La couleur de notre pétrole n’a pas changé le 6 mai. » UN CONSEILLER DE CHEF D’ÉTAT AFRICAIN
plus en plus relativisée par le contrepoids politique et économique des grands pays émergents. Les Africains n’ignorent pas que, entre l’idée que certains se font encore de la place de la France chez eux et ce qu’elle peut y faire en réalité, le contraste est de plus en plus saisissant. PAS DE DAKAR BIS. Certes, dans quelques
palais d’Afrique centrale, on a rouvert fébrilement de vieux carnets d’adresses afin de vérifier si les contacts de gauche, délaissés depuis dix ans, étaient encore valides. Bien sûr, les dirigeants des partis membres de l’Internationale socialiste se sont réjouis et les partisans de Laurent Gbagbo ont sablé le champagne à Abidjan le soir de la défaite de Nicolas Sarkozy. Reste que tous les Africains savent qu’un nouveau discours de La Baule aux effets déstabilisateurs sur les pouvoirs autoritaires n’est plus envisageable aujourd’hui. « La couleur de notre pétrole n’a pas changé le 6 mai 2012 », relevait non sans cynisme le proche conseiller d’un chef d’État africain. Quant aux opposants, ils ont enfin compris que leur avenir était entre leurs mains et qu’il ne servait à rien d’espérer des révolutions par procuration. Pas de La Baule bis, donc. Mais encore moins, cela va de soi, de discours de Dakar bis. C’est cette différence-là qui sans doute apparaîtra la première et qui, dans le fond, commandera toutes les autres. Un président français « normal », sans condescendance ni familiarité, sans tutoiement automatique ni tapes dans le dos, cela va changer. Si rupture il doit y avoir entre la politique africaine de Nicolas Sarkozy et celle de François Hollande, elle sera d’abord une affaire de style. ● N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
Avec l’ex-Premier ministre tunisien BÉJI CAÏD ESSEBSI, le 25 mai 2011 à Tunis.
La révolution tunisienne a laissé des traces
TRIBUNE
Zyed Krichen Directeur de la rédaction du quotidien tunisien Le Maghreb
Ici, personne n’a oublié que le président sortant s’était adapté, tant bien que mal, à la révolution et avait dû même sacrifier un ministre d’État ; du jamais vu. Qui plus est, Nicolas Sarkozy s’est gardé de venir en Tunisie, et la première visite du ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a été pour la place Al-Tahrir [en Égypte, NDLR] et non pour Sidi Bouzid. Cela a laissé des traces. Qu’y a-t-il donc à attendre de l’arrivée d’une nouvelle majorité à Paris, sachant que les recadrages en matière de politique étrangère sont lents ? On pourrait penser que les socialistes seront plus conciliants ou JEUNE AFRIQUE
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TRIBUNE
Mamadou Diouf Professeur d’histoire sénégalais à l’université Columbia de New York
FETHI BELAID/AFP IMAGEFORUM
Il ne nous connaît pas? Tant mieux!
plus offensifs. Mais nous n’en savons rien, puisque les dirigeants des deux pays n’ont jamais travaillé ensemble. On aurait également tendance à penser que les socialistes sont plus pro-Arabes, mais parfois Chirac l’a plus été que Mitterrand. Et même si des partis tunisiens, comme le Congrès pour la République, du président de la République Moncef Marzouki, et Ettakatol, du président de l’Assemblée constituante Mustapha Ben Jaafar, sont traditionnellement proches de la gauche, ces formations doivent composer avec l’autre partenaire JEUNE AFRIQUE
de la troïka gouvernementale, Ennahdha. Toutefois, des socialistes se sont mis en position d’écoute. Jack Lang a rencontré, avant et après les élections de la Constituante, les dirigeants tunisiens. Mais il faut être lucide et revenir à ce que disait de Gaulle: « La France a des intérêts plus que des amis. » Paris continuera donc à participer à l’effort de reconstruction de la Tunisie, interviendra sur la question sécuritaire, aura des rapports économiques étroits, mais cela relève plus de la loi du marché et de la stabilité géopolitique que de l’élection de François Hollande. ●
Chaque élection présidentielle française est un moment important, car elle permet d’entrevoir ce que pourraient être les relations entre la France et son ancien empire. Mais vient ensuite le catalogue des promesses non tenues. François Mitterrand n’a pas mis en acte la rupture, car il est retourné à ses anciens réseaux après l’éviction de son ministre de la Coopération Jean-Pierre Cot. Jacques Chirac a maintenu des relations classiques entre Paris et son pré carré, car il s’inscrivait dans une tradition gaulliste. Nicolas Sarkozy n’avait pas d’histoire africaine, mais il a été rattrapé par la défense d’intérêts économiques. Au final, il s’est enfoncé dans le marécage africain. Et François Hollande? Il connaît très peu l’Afrique et peut donc s’affranchir des réseaux. Ses urgences sont avant tout françaises et européennes, il n’a pas le temps d’entretenir des relations particulières et singulières – faites d’amitié et de protection – avec des dirigeants africains.Troisièmement, comme la France n’est plus seule sur le continent avec l’arrivée de la Chine, les leviers politiques ne suffisent plus pour défendre ses intérêts économiques. Dernier atout, François Hollande croit à la solidarité francophone et à la création d’un espace plus large dans lequel la France et l’Afrique ne sont plus les seuls acteurs. Ces deux partenaires ont besoin de cela. Pour toutes ces raisons, nous pouvons espérer des relations « normales ». Cette nouvelle donne est une opportunité. Il faut utiliser cette distance entre Hollande et l’Afrique pour que la France sorte du bourbier africain et que les Africains s’occupent enfin de leurs propres affaires sans se lier à Paris, qui n’a d’ailleurs plus les ressources politiques et économiques nécessaires à l’ingérence. Pour autant, cette normalisation ne sera pas une gentillesse française. Cette nouvelle période doit permettre l’examen des intérêts propres aux deux parties. L’émergence de nouveaux acteurs africains politiques et économiques, capables de définir des logiques de développement endogènes, va dans le bons sens. Si Hollande tient parole, si les Africains prennent leurs responsabilités et si toutes les cartes sont sur la table, une refondation est possible. ● N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
Grand angle DIPLOMATIE
Qui gagne, qui perd? Les chefs d’État accueillent diversement l’alternance française. Si le Nigérien Mahamadou Issoufou et le Guinéen Alpha Condé sont tout sourire, leurs homologues d’Afrique centrale se méfient.
! SCÈNE DES « ADIEUX » entre Nicolas Sarkozy et Alassane Ouattara, le 7 mai, à l’Élysée.
PHILIPPE PERDRIX
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u 6 mai, deux images vont rester. D’un côté, les concerts de klaxons à Ouagadougou et les cris de joie dans certains quartiers de Douala et de Libreville. De l’autre, la scène des « adieux » de l’Élysée entre Nicolas Sarkozy et Alassane Ouattara. D’autres chefs d’État africains, dont le président libyen Mustapha Abdeljalil, ont également téléphoné à leur homologue. Nous sommes le lendemain matin de l’élection. Le Français a de gros cernes. Visiblement, il a mal dormi. L’Ivoirien ferme les yeux, comme un homme en
TRIBUNE
Elikia M’Bokolo Historien congolais, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales de Paris
Une France nouvelle pour une Afrique majeure Ah, les jolis mois de mai en France! Il y avait eu le 10 mai 1981, avec la nuit d’orage à Paris, les hurlements de joie des plus jeunes, les larmes chargées de souvenirs des plus vieux, l’incroyable N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
BERTRAND LANGLOIS/AFP
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prière. « Ouattara et Sarkozy pleurent leur défaite », titre Le Quotidien d’Abidjan, tandis que le camp Gbagbo exulte et espère que le nouveau président Hollande « exclura toute forme de démocratie par les bombes ». Bien sûr, tout cela ne change pas grand-chose aux relations entre Paris et Abidjan. Hollande a soutenu l’action militaire de la France contre Gbagbo, Ouattara peut donc compter sur lui. Mais cette séquence émotion en dit long sur le choc du 6 mai en Afrique. Outre le président ivoirien, qui sont les perdants ? « Les chefs d’État d’Afrique
fraternisation de toutes les couleurs et de toutes les origines… Un de ces airs de Grand Soir, quand on croit que « tout est possible »! Tout autre est ce 6 mai! Il y a bien sûr la joie immense de la victoire! La gauche est de retour à la tête de cette République taillée sur mesure pour le général de Gaulle et qui semble avoir été façonnée pour assurer sans cesse la victoire de la droite. Après François Mitterrand, François Hollande. Il y a aussi, peut-être surtout, un immense soulagement. Cinq ans de Sarkozy, de « Tsarkozy » et de « Starkozy », c’en était trop! Cinq ans de plus? Inimaginable, insupportable, impossible! Ces insultes répétées contre « l’homme africain ». L’affirmation de cette
centrale », estime un diplomate français qui les connaît bien. De fait, quand on lit l’échange de communiqués aigresdoux de décembre dernier entre le Parti socialiste français et le Parti démocratique gabonais, on devine que la relation entre Paris et Libreville ne sera pas un long fleuve tranquille. « Déby Itno est préoccupé par l’affaire Ibni [opposant disparu en 2008, NDLR], Sassou Nguesso, Bongo et Obiang par celle des « biens mal acquis », et Biya par les prisonniers de l’opération Épervier. Tous sont conscients qu’ils doivent faire attention. »
prétendue supériorité de l’introuvable « civilisation occidentale ». La diabolisation des « immigrés », c’est-à-dire de nous autres, jeunes et vieux, musulmans et chrétiens, toutes catégories sociales confondues, venus de toutes les Afrique pour mettre notre main dans la construction de la France. Le déni obstiné de l’Histoire. Le trafic insidieux des mémoires. On l’a échappé belle, mais ce n’est pas le Grand Soir. D’abord parce que, dans le contexte de la crise du capitalisme mondialisé, les contraintes économiques collent aux basques de François Hollande. Or, nous attendons aussi de lui qu’il prenne, d’urgence, les mesures juridiques, légales, politiques, symboliques, pour ressouder le tissu social de la
France et refonder le lien national. Promesse phare, le droit de vote des étrangers aux élections locales n’est sans doute pas l’essentiel. Et l’Afrique? Elle a probablement des leçons à tirer de cette élection qui a d’abord été une bataille d’idées, de projets et de programmes. Elle doit aussi en attendre et en demander des changements. Non, la France n’a pas une « mission » particulière en Afrique. Qu’on en finisse avec le ministère de la Coopération, ses nostalgies colonialistes attardées, ses pesanteurs rampantes de néocolonialisme, ses réseaux honteux de la Françafrique! Que la France nouvelle prenne la mesure de notre Afrique! Une Afrique majeure qui veut accomplir elle-même son historicité. ● JEUNE AFRIQUE
Hollande et nous
OBJECTIVITÉ. Au Maghreb, avant même
le 6 mai, le secrétaire général du Front de libérationnationale,AbdelazizBelkhadem, avait confié que l’élection de Hollande changerait de manière positive les relations franco-algériennes. Habilement, le président Bouteflika a saisi l’occasion du 67e anniversaire du massacre de Sétif pour déclarer, le 8 mai: « Seule une lecture objective de l’Histoire […] est à même d’aider les deux parties à transcender les séquelles du passé douloureux pour aller vers un avenir où règnent confiance, compréhension, respect mutuel et partenariat bénéfique. » Les Marocains sont-ils perdants ? Pas forcément. Le message de félicitations de Mohammed VI est tonique : « Je suis persuadé quenotrepartenariatstratégique d’exception se raffermira davantage. » Il est vrai que la socialiste Martine Aubry a dit récemment au roi qu’elle soutenait son plan d’autonomie pour le Sahara. La palme de la missive la plus astucieuse revient au Béninois Boni Yayi. Dans une lettre, le président en exercice de l’Union africaine invite Hollande à travailler pour une meilleure gouvernance en Afrique. Surtout, il a su préparer le terrain via un émissaire officieux en contact direct avec Emmanuel Macron, le jeune sherpa qui accompagnera le président français aux prochains sommets du G8 et du G20. ● JEUNE AFRIQUE
Les « Africains » du président
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MIGUEL MEDINA/AFP
in de la diplomatie parallèle, disparition de la cellule africaine de l’Élysée, et peut-être un nouveau nom pour le ministère délégué à la Coopération… François Hollande souhaite se débarrasser, aux dires de ses proches, des oripeaux de la Françafrique. Selon les dernières indiscrétions, le 11 mai, Pierre Moscovici, directeur de campagne de l’ex-candidat, et Laurent Fabius, ancien Premier ministre, s’affrontaient pour les Affaires étrangères. Le successeur de Jean-David Levitte comme patron de la cellule diplomatique de l’Élysée est, lui, connu. Paul Jean-Ortiz, jusque-là directeur Asie et Océanie au Quai d’Orsay, animera une équipe composée de conseillers thématiques et géographiques. Ce diplomate de 55 ans a longtemps été en poste en Chine et fut conseiller de l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine de 1997 à 2000. D’autres devraient animer cette nouvelle diplomatie. Pierre Sellal, actuel secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Pascal Brice et Maurice Braud, les deux coordinateurs du pôle international de la campagne, sont appelés à jouer un rôle. On évoque aussi Pierre Vimont, numéro deux de la diplomatie de l’Union européenne (UE) derrière Catherine Ashton, et Jean-Maurice Ripert, ancien camarade de promotion du président à l’École nationale d’administration (ENA) et depuis peu ambassadeur de l’UE en Turquie. Ils sont, en tout cas, largement consultés. Pour le poste de conseiller Afrique à l’Élysée, le nom de Thomas Mélonio, responsable Afrique au Parti socialiste (PS) et cadre à l’Agence française de développement (AFD), est cité. Emmanuel Macron, un jeune inspecteur des finances passé par la banque d’affaires Rothschild & Cie, s’attelle à la préparation des prochains sommets du G8 et G20. Sur ! Pour le ministère délégué les questions militaires, il faudra compter à la Coopération, les noms de CHRISTIANE TAUBIRA et avec Jean-Yves Le Drian, président de la de KADER ARIF sont cités. région Bretagne qui pourrait être le prochain ministre de la Défense, et Christian Lechervy, un diplomate du Quai d’Orsay, nommé conseiller pour les affaires stratégiques à l’Élysée. Quant au ministère délégué à la Coopération (il pourrait être rebaptisé « Développement » ou « Partenariat international »), son portefeuille ne devrait être attribué qu’à l’issue des législatives du 17 juin. On parle du député européen Kader Arif, qui a animé le pôle coopération durant la campagne, du sénateur Robert Hue, de la députée de Guyane Christiane Taubira, de Victorin Lurel, président de la région Guadeloupe, ou encore de Jean-Paul Bachy, président de la région Champagne-Ardenne, en pointe sur les questions de francophonie. Pour l’instant, le sort de Dov Zerah, actuel directeur général de l’AFD, le bras séculier de la politique de développement, n’est pas scellé. Autour de Hollande, beaucoup souhaitent son départ. Mais issu de la promotion Voltaire de l’ENA comme le nouveau chef de l’État, il pourrait être « hollando-compatible » jusqu’à la fin de son mandat, en avril 2013, et ce bien qu’il ait été nommé par Nicolas Sarkozy. « Donner les signes d’une chasse aux sorcières ne serait pas opportun », explique un proche du président. ● PASCAL AIRAULT et PH.P. REMY GABALDA/AFP
Qui sont les gagnants? Le Sud-Africain Jacob Zuma, qui ne supportait plus « l’impérialisme de la France de Sarkozy » et qui a pu parler au téléphone avec Hollande dès le 7 mai. Et bien sûr les deux membres de l’Internationale socialiste, le Nigérien Mahamadou Issoufou et le Guinéen Alpha Condé. En privé, ce dernier est ravi de se débarrasser de Claude Guéant, proche de l’opposant Cellou Dalein Diallo. Son message de félicitations à Hollande commence par : « Cher camarade »… Le cas Blaise Compaoré est plus compliqué. D’un côté, le président burkinabè devine que, s’il modifie la Constitution, il s’attirera les foudres de Paris. De l’autre, en ces temps de lutte antiterroriste au NordMali, il sait qu’il est très utile à la France. Deux autres chefs d’État sont dans l’expectative. Joseph Kabila (RD Congo), qui espère que Hollandeneboycottera passon Sommet de la francophonie en octobre, et AndryRajoelina(Madagascar),quiconnaît le prix de l’amitié de la France depuis son coup d’État de 2009. Tous deux ont envoyé une lettre personnelle à Hollande.
N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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Grand angle de déclarations tonitruantes, seulement quelques engagements. « J’en terminerai avec ces rapports de domination, d’influence et d’affairisme », a-t-il déclaré dans une interview à Jeune Afrique en août dernier. On aurait pu s’appuyer sur un « discours de Cotonou » pour en savoir plus, mais celui-ci n’est pas venu. « Pour l’instant, je ne vois aucun réseau se constituer autour de Hollande », se rassure un habitué des questions africaines particulièrement vigilant sur ce sujet. Qu’en pense Kofi Yamgnane, ancien secrétaire d’État de Mitterrand, qui a été le « Monsieur Afrique » du candidat Hollande ? Aucun poste ne lui est réservé à Paris, mais il voyage beaucoup sur le continent.
AFRIQUE
Un continent, sept priorités Le candidat Hollande en a très peu parlé durant la campagne. Mais un certain nombre de sujets devraient rapidement s’imposer à lui. PASCAL AIRAULT, CHERIF OUAZANI et PHILIPPE PERDRIX
1.
Les sables mouvants du Sahel
La question du Sahel et du Mali n’a fait l’objet que de quelques minutes lors du débat télévisé de l’entre-deux-tours, le 2 mai. Le candidat Hollande s’est borné à dire qu’il fallait « aider » les pays profondémentdéstabilisésparAl-QaïdaauMaghreb islamique (Aqmi) et par les contrecoups de la chute de Kaddafi. « Des contacts ont été pris à Bamako et dans les autres capitales de la région », assure un proche collaborateur du nouveau président, spécialiste des questions africaines. Paris, qui espère une implication d’Alger, a deux inquiétudes: le sort des six otages français et la mainmise des groupes islamistes Aqmi et Ansar Eddine sur le nord du Mali. « La solution doit être trouvée dans un cadre multilatéral », explique la même source, qui se réjouit du rôle joué par
la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de la lettre de félicitations de Boni Yayi, dans laquelle le président en exercice de l’Union africaine se prononce pour une saisie du Conseil de sécurité de l’ONU. « Une volonté africaine suivie d’une résolution votée par les Nations unies est la bonne méthode », conclut notre interlocuteur. Cela ressemble aux scénarios ivoirien et libyen. Avec à la clé une intervention directe de la France? « Non, Paris n’est pas sur cette ligne et devrait se limiter à un soutien logistique et financier de la force de la Cedeao », assure un haut diplomate.
3. Lade bataille l’APD
« C’est un combat, mais on peut le gagner », assure un haut fonctionnaire partisan d’une hausse de l’aide publique au développement (APD) malgré la crise économique qui s’abat sur l’Europe et la cure budgétaire qui se profile. En 2011, la France a été un mauvais élève, avec une baisse de ses engagements de 5,6 % (9,3 milliards d’euros, dont 60 % en Afrique). Faute de marges de manœuvre, l’équipe Hollande mise sur la fameuse taxe sur les transactions financières, qui pourrait rapporter 40 milliards d’euros par an. Problème : les Anglo-Saxons n’en veulent toujours pas. Autre préconisation dans l’entourage du président : « Casser le thermomètre APD. » Car aujourd’hui, entre les prêts bonifiés ou non, les dons, les annulations de dette, l’assistance aux réfugiés politiques… plus personne ne s’y retrouve.
La Françafrique 2. bouge encore
Jean-Marie Bockel voulait avoir sa peau. Finalement, la Françafrique, avec ses réseaux remontant jusqu’à l’Élysée, a obtenu la tête de l’audacieux et éphémère secrétaire d’État chargé de la Coopération (2007-2008). Sur ce terrain, le candidat corrézien a opté pour la prudence. Pas
4.
FERHAT BOUDA/DPA/MAXPPP
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! REBELLES TOUAREGS dans le nord du Mali. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
Une vision apaisée de l’immigration
Leprochaingouvernementnecomprendra pas un maroquin en charge de l’Immigration,encoremoinsunportefeuilledévoluà l’Identité nationale. En revanche, il est peu probable que François Hollande abroge les huit accords migratoires bilatéraux déjà signés entre 2007 et 2009 (Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Congo, Gabon, Maurice, Sénégal, Tunisie). Si l’immigration choisie, chère à son prédécesseur, n’est plus de mise, le nouveau locataire de l’Élysée fait une nuance entre l’immigration économique, qu’il faut « limiter en temps de crise », et la venue d’étudiants étrangers, JEUNE AFRIQUE
Hollande et nous massacres de Sétif par l’armée française, le 8 mai 1945. Jusqu’à présent, le président AbdelazizBouteflikaadressaitunmessageà la nation lu à la télévision. Cette fois, année du cinquantenaire de l’indépendance oblige,ils’estdéplacéàSétif,etsondiscours aoccultélestermeshabituels:«génocide», « torture », « corvée de bois »… Il a juste demandé que Français et Algériens fassent « une lecture objective » de leur histoire commune. C’est sans conteste le premier effet de l’élection de François Hollande. Ce dernier avait choisi, en décembre 2010, Alger, une ville qu’il connaît bien pour y avoir effectué son stage de l’École nationale d’administration (ENA) à la fin des années 1970, pour afficher ses certitudes: « Je suis capable de battre Sarkozy », avait-il déclaré. Le postulant n’avait pas été reçu par Bouteflika, qui « ne voulait pas heurter la susceptibilité de Sarkozy », explique un collaborateur du chef de l’État algérien. Le 6 mai, à 19 heures, heure locale, une sourde clameur est montée des quartiers d’Alger après l’annonce de la défaite de Sarkozy, hostile à toute repentance pour les crimes coloniaux. Depuis, une folle rumeur circule en Algérie: « Et si Hollande venait participer aux cérémonies du cinquantenaire de l’indépendance ? »
7.
« une chance pour eux-mêmes et pour la France ». D’ailleurs, l’une de ses premières mesuresserad’abrogerlacirculaireGuéant, qui interdit aux étudiants étrangers de travailler en France à la fin de leurs études. Concernant l’expulsion des clandestins, aucun chiffre n’a étédonné parle candidat, mais il a précisé que le recours aux centres de rétention devait être « exceptionnel ».
la 5. Traverser Méditerranée
Attaché aux bonnes relations avec le Maghreb, qu’il connaît mieux que l’Afrique subsaharienne, Hollande a fait travailler son équipe de campagne sur la question euro-méditerranéenne,etparticulièrement l’ex-sénatrice des Français de l’étranger Monique Cerisier-Ben Guiga, les députés européens Vincent Peillon et Kader Arif et JEUNE AFRIQUE
le candidat aux législatives dans la 9e circonscription des Français de l’étranger, Pouria Amirshahi. Certains sont plus favorables à un dialogue resserré avec les pays d’AfriqueduNord,d’autres,commePeillon, plaident pour une relance de l’Union pour la Méditerranée. Le nouveau président n’a pasencoretranché.Ilsouhaiteaupréalable consulter ses partenaires en Europe et au Sud. Ses lieutenants insistent sur la nécessité de se recentrer sur des projets dans l’énergie et l’eau, et sur la création d’une banque de développement. Pour ne pas abandonner la région aux pays du Golfe et aux puissances asiatiques.
complexe 6. Lealgérien
Deux jours après la victoire du candidat socialiste, l’Algérie commémorait les
L’après-Juppé au Rwanda
L’ex-ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner avait parlé de « faute politique » lors d’un voyage à Kigali, en 2008. Deux ans plus tard, le président Sarkozy avait reconnu les « graves erreurs » de la France au Rwanda avant le génocide de 1994. La normalisation était en marche. Mais l’arrivée au Quai d’Orsay, en février 2011, d’Alain Juppé – mis en cause dans un rapport rwandais qui accuse la France d’avoir « participé » au génocide – a bloqué le processus. Échanges d’amabilités entre le ministre et le président Paul Kagamé via Jeune Afrique ; rappel à Paris de l’ambassadeur français en poste au Rwanda ; refus de Kigali d’agréer le successeur… Il y a de la friture sur la ligne entre les deux capitales. Hollande et Kagamé peuvent-ils renouer le dialogue? « Hubert Védrine [également mis en cause dans le rapport Mucyo en tant que secrétaire général de l’Élysée en 1994, NDLR] n’est pas dans les premiers cercles de Hollande, cela peut faciliter les choses », explique un spécialiste des relations entre les deux pays. ● N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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Grand angle
ÉCONOMIE
La Corrèze avant le Zambèze Les caisses de l’État français sont vides, la croissance est anémique. Pas simple dans ces conditions de relancer la machine et de maintenir les ambitions internationales du pays, notamment en Afrique. ALAIN FAUJAS
M
ême au cours de la dernière semaine de campagne où tout indiquait qu’il allait conquérir l’Élysée, François Hollande n’a pas cédé à l’euphorie. Il allait répétant à ses partisans: « Je n’ai pas de délai de grâce. Les problèmes du pays ne vont pas disparaître avec le départ de Nicolas Sarkozy. Il ne va pas emmener avec lui la dette publique, le chômage, les urgences sociales. » À Forbach (Moselle), le 4 mai, il prévenait la foule : « Ce sera dur après. » C’est en effet un quinquennat sur le fil du rasoir des crises économique, financière et sociale qui l’attend. La situation dont il héritera le 15 mai est sombre (voir infographies). La compétitivité de l’Hexagone est au plus mal, comme le prouve un déficit commercial record en 2011 de 69,6 milliards d’euros, quand l’Allemagne réalisait un excédent de 158 milliards. Comment pourrait-il en être autrement quand le coût horaire de la main-d’œuvre s’élève à 34,20 euros en France – contre 30,10 euros outre-Rhin – et que les exportations du pays vers l’Union européenne ont reculé de 3,1 % au cours
PIB en milliards d’euros Un (à prix constants, échelle de gauche)
des années 2000? La crise économique, les délocalisations et la désindustrialisation propulserontletauxdechômageenFrance métropolitaine à 9,7 % fin juin, contre 9,1 % un an plus tôt. Quelque 2,9 millions de Français se trouvent sans emploi (4,3 millions si on inclut ceux exerçant une activité réduite) et plus de 8 millions dans la pauvreté. Les comptes de la République ont viré au rouge vif. Les déficits publics se sont élevés à 106,5 milliards d’euros en 2011, soit 5,3 % du PIB, alors que la règle européenne voudrait que ce pourcentage ne dépassepas3%.Àcejour,ladettepublique atteint 1 800 milliards d’euros, soit 90 % du PIB, seuil à partir duquel les experts considèrent qu’elle étouffe l’activité économique. L’agence Standard & Poor's a retiré à la France sa note d’excellence AAA pour ces raisons. a recensé les « défis » qui l’attendent lors de son premier discours d’après victoire à Tulle(Corrèze),le6mai:«Leredressement de notre production pour sortir notre pays de la crise, la réduction de nos déficits pour maîtriser la dette, la préservation de ● ● ●
produit intérieur brut qui stagne
2 000
Devenons partenaires !
CONTRADICTIONS. François Hollande
La vie politique française et ses campagnes électorales passionnent toujours autant les opinions publiques africaines. Mais entre 1958 et 2012, entre le général de Gaulle, premier
Croissance en % (échelle de droite) 4 3
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Président francobéninois du fonds d’investissement PAI Partners
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! En meeting de campagne à Forbach (Moselle), le 4 mai : « CE SERA DUR APRÈS. »
président de la Ve République, et François Hollande, son septième chef d’État, l’Afrique a encore plus changé que la France. Quatre-vingts pour cent des Africains n’étaient pas nés en 1958. L’Afrique est devenue politiquement puis économiquement indépendante. Depuis quinze ans, sa croissance économique est plus du double de celle de la France. Ses partenaires économiques et ses modèles de développement se sont diversifiés. Pour la France de François Hollande, cette Afrique forte n’est plus un marché captif, elle n’est pas une charge, elle est une nouvelle chance. Le nouveau président veut être jugé par l’Histoire sur la justice et la jeunesse. Mais il sera d’abord jugé par ses électeurs JEUNE AFRIQUE
sur la croissance. Le continent africain a les mêmes objectifs de faire avancer la justice et de mettre au travail sa jeunesse, encore laissée-pour-compte du développement. Les thèmes de dignité et de respect que François Hollande a imposés dans la campagne présidentielle française lui seront très utiles pour dialoguer avec l’Afrique, car les deux mots sont au cœur des révolutions arabes et au cœur des attentes d’une Afrique subsaharienne qui n’acceptait pas qu’on lui parle de hiérarchie des civilisations. Quant au défi de la croissance, la France va maintenant tenter de le relever dans l’Union européenne. Il ne serait pas moins important de négocier aussi avec l’Afrique un nouveau pacte de croissance.
Il y a des interlocuteurs nouveaux et qualifiés: les dirigeants d’une Afrique du Nord à la recherche d’une croissance juste, la Cedeao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, NDLR] présidée par Alassane Ouattara, l’Union africaine sous l’impulsion de Thomas BoniYayi, l’Afrique du Sud avec qui la confiance est à reconstruire… Il y a aussi de la matière pour la créativité: financements innovants des infrastructures, politiques monétaires actives, révolution numérique de l’éducation et de l’administration, coopération énergétique et agricole, recherches scientifiques partagées, nouvelle politique consulaire… De nombreux projets sont sur la table, dont ceux du G20
sous présidence française. Il faut y ajouter la volonté, l’enthousiasme et le sens des priorités. Le fait nouveau, c’est qu’on peut compter sur les entreprises françaises: leur poids suffirait à faire la différence et à vaincre l’indifférence. Il ne manque à ces acteurs de l’économie française qu’une vision commune et une coordination. Pour cela, l’État reste nécessaire dans la patrie de Colbert. Mais en face, il faut dissiper ce qui est devenu un certain scepticisme des opinions africaines. Ne laissons pas s’installer les doutes. Devenons partenaires! L’accélération de la croissance africaine pourrait être une des clés de la création de richesses et d’emplois dans la France de François Hollande. ● N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
Grand angle
ODD ANDERSEN/AFP IMAGEFORUM
en décembre 2011 par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, il a souhaité que des mesures de soutien à la croissance y soient adjointes. L’hostilité de la chancelière allemande à cet ajout, que réclament aussi les chefs de gouvernement espagnol, italien et belge et même la Commission européenne et le gouverneur de la Banque centraleeuropéenne,faiblirait. Une victoire pour le nouveau présidentfrançais,quis’estfélicité d’avoir prouvé qu’« enfin l’austérité ne pouvait plus être une fatalité ». Mais les mesures allant dans ce sens (dont la création d’une banque publique d’investissementàdestination desPME,dotéede20milliards d’euros de capitaux propres) mettront du temps à relancer la machine. Et elles risquent d’être annihilées par les dizaines de milliards d’euros d’impôts rendus nécessaires par la réduction des déficits budgétaires. Ledilemmerigueur-croissancesedouble d’uneautrecontradiction:cellequioppose lespromessesd’équitéetl’impératifd’améliorer la compétitivité de la France. Le
! Principal point de désaccord avec la chancelière allemande ANGELA MERKEL : la « règle d’or » prohibant les déficits excessifs, à laquelle Hollande s’oppose.
notremodèlesocialpourassureràtous le même accès aux services publics. » Mais le nouveau président se trouvera confronté à des exigences contradictoires. Ainsi de l’opposition entre la rigueur nécessaire et lacroissanceindispensable.Dèssonentrée en lice, il avait fait de l’assainissement des comptes publics l’un de ses chevaux de bataille et annoncé qu’ils reviendraient à l’équilibre en 2017 – pour la première fois depuis 1974 –, ce qui impliquera d’économiser une centaine de milliards d’euros en cinq ans. En l’absence de toute marge d’action budgétaire et avec une croissance anémique, comment parviendra-t-il à ce
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En milliards d’euros (échelle de gauche) 2 000
résultat tout en embauchant 60000 personnes dans l’éducation nationale, en revenant à un départ à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans et en augmentant de 25 % l’allocation de rentrée scolaire pour 3 millions de parents modestes? Le « choc fiscal » d’une trentaine de milliards d’euros suffira-t-il?
Le nouveau président dira-t-il que « l’État ne peut pas tout », comme Lionel Jospin en 1997 ?
HOSTILITÉ. Depuis quelques semaines, François Hollande a mis astucieusement en avant la nécessité de ne pas s’enfermer dans la rigueur qui risque d’étouffer, elle aussi, l’économie. En annonçant qu’il demanderait la renégociation du pacte de discipline budgétaire concocté
Une dette publique qui se creuse
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programme de François Hollande prévoit d’abroger la TVA sociale et les allègements de charges « Fillon » sur les bas salaires. Uneindexationaccruedusalaireminimum sur la croissance est annoncée. Ce train de mesures risque d’alourdir le coût du travail et de peser sur la compétitivité. Sans compterquela«conférencenationalepour l’emploi»quiseréuniraitenjuilletdonnera aux syndicats ayant soutenu le candidat socialiste l’occasion de faire pression en matière de salaires ou de retraites… Pour compliquer encore l’équation, les aléas internationaux n’ont jamais été aussi forts et la France ne peut les ignorer, elle dontlesortestliéàceluidel’Europe.Certes, les marchés ne semblent pas s’effrayer de l’arrivée au pouvoir des socialistes, comme lemontrentlestauxtoujoursbasdemandés JEUNE AFRIQUE
Hollande et nous
PRAGMATISME. Et puis il y a les relations
avec l’Allemagne, à consolider au plus vite. Carpasd’Europesansaxefranco-allemand fort. Pas de croissance européenne avec la panne actuelle des deux grandes économies de la zone euro. Pas de confiance des marchés sans une coordination de leurs politiques budgétaires, financières et même sociales. À l’heure actuelle, leurs points de vue sont antagonistes. La chancelière allemande ne veut entendre parler que de la « règle d’or » interdisant les déficits excessifs, tandis que le président français veut remettre celle-ci en question afin d’obliger l’Allemagne à soutenir la croissance. D’après les experts, le pragmatisme d’Angela Merkel et de François Hollande devrait leur permettre de trouver un terrain d’entente.
Laissons du temps au temps « Nicolas Sarkozy terrassé: le bourreau de Gbagbo est tombé », « La France rejette définitivement Sarkozy: un ennemi de l’Afrique est tombé ».Tels étaient le lundi 7 mai les titres à la une des quotidiens Notre Voie et Le Nouveau Courrier, tous deux proches de l’ancien président ivoirien. S’il y en a qui se sont réjouis de la défaite de Nicolas Sarkozy beaucoup plus que de la victoire de François Hollande, ce sont bien les partisans de Laurent Gbagbo. Pour eux, c’est le président français sortant qui a bouté leur héros hors de son palais à coups de bombes, pour l’expédier ensuite à La Haye. JEUNE AFRIQUE
En milliards d’euros (échelle de gauche) 150
Des déficits publics permanents
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Le pire n’est donc pas sûr pour le nouvel hôte de l’Élysée, et il lui sera aisé de préparer les législatives en décidant, dans les prochains jours, le blocage du prix des carburants pendant trois mois, une baisse de 30 % de sa propre rémunération et de celle de ses ministres ou le retrait des troupes d’Afghanistan avant la fin de l’année. Le « dur » arrivera dans la foulée sous la forme d’une avalanche de suppressions d’emplois qui pourraient concerner Carrefour, Citroën, Air France, la SNCM, Arcelor, Petroplus et toutes les entreprises, grandes et petites, qui ont suspendu leurs réductions d’effectifs sous
Du côté des partisans d’Alassane Ouattara, c’était plutôt l’amertume. « Merci Sarko! » a titré le quotidien Le Patriote, proche du RDR [Rassemblement des républicains, NDLR]. Le parti de l’actuel chef de l’État n’avait pas ménagé son soutien à Nicolas Sarkozy pendant la campagne électorale en France et avait même signé un accord de partenariat avec l’UMP avant le premier tour de l’élection. Cela n’a cependant pas empêché le porte-parole du RDR de féliciter François Hollande pour sa victoire. Une fois les réactions émotionnelles passées, que devons-nous attendre de François Hollande? L’un des gros palabres que les Africains ont avec la France est l’existence de la fameuse Françafrique. Nombreux sont les intellectuels africains et les
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lapressionduchefdel’Étatsortant,Nicolas Sarkozy, soucieux de préserver son bilan en termes de chômage. À ceux qui le presseront alors d’intervenir, le nouveau président répondra-t-il que « l’État ne peut pas tout », comme le Premier ministre Lionel Jospin en 1997? Ou bien trouvera-t-il un moyen pour y « pouvoir quelque chose »? Dans tous les domaines économiques, la nouvelle présidence sera ainsi placée sous l’injonction paradoxale d’agir… sans grands moyens; ce qui voudra dire trancher rudement et déplaire à beaucoup. François Hollande devra forcer sa nature. ●
ONG françaises qui la dénoncent. L’arrivée de François Mitterrand au pouvoir avait fait espérer sa disparition, mais qu’apporta à l’Afrique l’arrivée de la gauche au pouvoir en France? Pas grandchose. Il y eut certes le discours de La Baule, mais il ne fit partir aucun dictateur. Au début de son mandat, Nicolas Sarkozy avait lui aussi annoncé qu’il raserait le village de la Françafrique. Il tint alors son discours de Dakar puis fila chez le père Bongo, un des vieux sages de la Françafrique. Lequel obtint la tête de Jean-Marie Bockel, le ministre de la Coopération. Que va faire François Hollande? Sous son mandat les djembés retrouveront-ils leur vocation première ou continueront-ils de servir de
TRIBUNE
Venance Konan Directeur du groupe de presse ivoirien Fraternité Matin
moyens de transfert d’argent? Laissons-lui le temps de tremper les orteils dans notre marigot. L’autre palabre concerne la délivrance des visas pour se rendre en France. Hollande assouplira-t-il les choses? Il ne faut pas trop rêver. Et nos sans-papiers qui se trouvent déjà en France ne devraient pas non plus se faire d’illusions. Avec la crise que connaît l’Hexagone en ce moment, ce n’est pas demain qu’ils seront massivement régularisés comme en 1981. ● N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
SOURCE : FMI
pour l’achat de la dette française. Et l’on peut espérer que le Portugal, l’Espagne et surtout l’Italie parviendront à rassurer les investisseurs sur leur capacité à réduire leursdéficitssansétranglerleurcroissance. Reste la Grèce, qui a voté massivement le 6 mai contre les plans d’austérité. De nouvelles et fortes turbulences pourraient contaminertoutelazoneeurosilenouveau Parlement grec refusait de poursuivre dans la voie de la rigueur.
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Afrique subsaharienne
SÉNÉGAL
Un petit tour et puis La retraite, très peu pour lui. Abdoulaye Wade a vite reconnu sa défaite à la présidentielle, mais le voici bien décidé à mener la bataille des législatives. Bien décidé aussi à conserver les rênes de l’ex-parti au pouvoir. Tant pis pour ceux qui pensaient que leur tour était venu.
pour y réaliser une fois de plus le petit pèlerinage, déposer son sac de péchés et implorer la grâce divine. Mais le temps n’est pas venu. « Pourquoi voulez-vous que le président quitte le pays? s’étonne un de ses plus proches collaborateurs. Wade est né pour se battre. Il mourra en se battant. »
RÉMI CARAYOL
A
u lendemain de sa défaite à la présidentielle, la rumeur l’annonçait au Maroc pour une retraite bien méritée. Il est vrai que Mohammed VI l’y a invité. Elle l’envoyait aussi en France, le pays de son épouse, Viviane, où le couple possède une villa dans les Yvelines. Ou dans l’un des pays du Golfe, où lui et son fils, Karim, ont tissé des liens étroits pendant douze ans… Il y avait dans chacun de ces bruits une part de vérité : bientôt, Abdoulaye Wade ira reprendre des forces sous le soleil marocain, il se rendra à Paris pour voir ses trois petites-filles et il foulera le sol de La Mecque N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
Omniprésent, l’ancien chef de l’État veut rester le maître du marigot.
FOUS DE RAGE. La retraite ? À en croire le premier cercle de ses amis, celui qui fêtera fin mai son 86e anniversaire (si l’on se fie à sa biographie officielle) n’y pense pas. Il envisage même de rouvrir un cabinet d’avocats d’affaires avec certains de ses proches qui ont, comme lui dans un passé plus ou moins lointain, porté la robe. En attendant, il fait figure d’opposant numéro un au président Macky Sall. Certes, Wade a demandé JEUNE AFRIQUE
Afrique subsaharienne
revient
la presse évoque les tableaux et les objets d’art qu’il a emportés lorsqu’il a quitté le Palais, il envoie son porte-parole(SerigneMbackéNdiaye,celui-làmême qui officiait à la présidence) rétablir sa vérité: ces objets lui appartiennent. Lorsque des proches du nouveau chef de l’État parlent de détournements de fonds et de caisses vides, il demande de nouveau à ses hommes d’intervenir pour réclamer « un audit international et national » sur sa gestion des affaires entre 2000 et 2012. Cette omniprésence dérange. Dans l’entourage de Macky Sall, on dénonce son « absence de grandeur ». Lui n’en a que faire. « C’est un homme libre et il ne brigue aucun mandat », rappellent ses amis. « Le Sénégal m’a tout donné, je dois donc tout donner au Sénégal », a-t-il l’habitude de dire à ses visiteurs. Viviane s’est toujours accommodée de son hyperactivité, mais il se dit qu’elle commence à s’en agacer. Alors un jour, pas si lointain, peutêtre « Gorgui » (« le vieux ») consentira-t-il à tirer sa révérence. Mais avant cela, il lui faut jouer une dernière fois le rôle qu’il affectionne le plus : celui de l’homme providentiel.
JULIEN TACK/ABACAPRESS.COM
DÉROUTE. Il s’agit pour lui de sauvegarder ce qu’il
à ses troupes de « ne pas gêner » son successeur, comme il avait souhaité que ses ministres apportent toutleurconcoursàlabonnemarchedelatransition gouvernementale. Il prend grand soin de ne pas se montrer en public et n’a donné aucune interview depuis sa défaite. Il refrène même les ardeurs de ses collaborateurs que les accusations de malversations lancées par le nouveau pouvoir à son encontre rendentfousderage.MaisAbdoulayeWaden’estpas Abdou Diouf. Ce dernier avait quitté le pays après sa déroute électorale en 2000. Depuis, il dirige l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) à Paris et semble se désintéresser des soubresauts politiques de son pays. Une attitude perçue comme noble par nombre d’observateurs sénégalais. Wade, lui, compte bien rester le maître du marigot. Quand JEUNE AFRIQUE
! WADE LORS DE SON DERNIER MEETING avant le premier tour du scrutin, le 24 février à Dakar. Il aura été opposant, président, puis de nouveau opposant… Toujours avec la même énergie.
restera lorsqu’il quittera ce monde : sa famille et son parti. Karim et Sindiély, ses enfants qu’il chérit tant, pourraient être dans le viseur de la justice si Macky Sall décide, comme il l’a promis, de diligenter des audits sur la gestion des structures qu’ils ont eu à diriger sous son magistère (lire encadré p. 36). Quant au Parti démocratique sénégalais (PDS), qu’il a fondé en 1974 et qui a toujours fonctionné autour de sa personne, l’implosion le guette depuis la déroute du 25 mars. La guerre de succession avait commencé bien avant la défaite du second tour. Cela faisait plusieurs mois – des années, même ! – que Pape Diop, le président du Sénat, et Mamadou Seck, le président de l’Assemblée nationale, s’y préparaient. Au fil du temps,d’autresprétendantss’étaientplacés,àl’instar d’Abdoulaye Baldé, l’ancien secrétaire général de la présidence. « Des personnalités fortes qui attendent depuis trop longtemps: tous les ingrédients sont réunis pour que le parti ne survive pas au départ de Wade, estime un de ses anciens collaborateurs devenu conseiller officieux de Macky Sall. Il sait que s’il part aujourd’hui, c’est l’éclatement total. » Et c’est pour ça qu’il a gardé, à la surprise générale, la main sur le parti. Retour en arrière. Nous sommes le 31 mars 2012. Quatre jours après l’officialisation de sa défaite, Wade monte une dernière fois dans la limousine présidentielle et prend la direction, avec son fils, du Centre international du commerce extérieur du Sénégal (Cices), où doit se tenir le congrès du PDS. Cela fait des années que Wade dirige « son » parti à la manière d’un autocrate. Le bureau politique est peuplédefaire-valoir.Cerendez-vousdu31marsdoit relancer la démocratie au sein du parti – c’est du ● ● ● N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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Excédés, ils ont fini par lui tourner le dos !
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Pape Diop Président du Sénat, 58 ans
Maire de Ziguinchor, ancien secrétaire général de la présidence (2001-2009), 48 ans
Président de l’Assemblée nationale, 64 ans
EN AVRIL, ils se sont démarqués du PDS, l’ex-parti au pouvoir, pour se lancer dans la bataille des législatives sous la bannière de l’Alliance Bokk Guiss Guiss.Tous pourtant étaient des lieutenants de Wade – et faisaient figure de possibles successeurs.
moins ce qu’espèrent la plupart de ses cadres. Les plus audacieux envisagent même ladésignation d’un nouveau chef. Mais il ne sera qu’une parodie de congrès. Aucun débat, pas même de discussions, en aparté, entre les leaders. À peine Wade est-il arrivé qu’il pénètre dans la salle surchauffée où l’attendent des milliers de militants. Un discours, et on passe au vote à main levée d’une résolution dont peu de cadres avaient eu connaissance et qui donneausecrétairegénéralcarteblancheenvuedes législatives, dont le premier tour est fixé au 1er juillet. Depuis, il reçoit. Tous les jours de la semaine (et parfois même le week-end), de 10 heures à 15 heures puis de 17 heures jusqu’au milieu de la nuit. Non plus au Palais, mais dans une villa de Fann Résidence (un quartier huppé de la capitale) qui appartient à Madické Niang, son ancien ministre des Affaires étrangères, et dans laquelle il a posé ses valises en attendant le réaménagement de sa demeure du Point E. Un habitué des lieux ne cache pas son admiration. « Quand il a quitté le Palais, il
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LES ENFANTS WADE ATTENDENT LES RÉSULTATS DE L’AUDIT LES CHOSES POURRAIENT SE COMPLIQUER pour les enfants d’Abdoulaye Wade. Le gouvernement a décidé d’auditer les comptes des grands projets menés par l’ancien régime et de donner des suites judiciaires si des malversations étaient constatées – c’était une promesse de Macky Sall. Parmi ces projets figure le Festival mondial des arts nègres (Fesman), dont Sindiély Wade était l’administratrice adjointe et dont la gestion aurait été épinglée par l’Inspection générale d’État, selon un proche de la présidence. Quant à Karim Wade, il pourrait avoir à répondre de la gestion des comptes de l’Agence nationale pour l’Organisation de la conférence islamique (Anoci), qu’il a présidée entre 2004 et 2008, ainsi que de ceux de la compagnie Sénégal Airlines, dont il a chapeauté la création en tant que ministre de tutelle. Ce dernier dit attendre « avec impatience les résultats de ces audits ». ● R.C. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
s’est reposé une demi-journée. Dès le lendemain, il recevait. Il a gardé le même rythme que quand il était président. » Ses visiteurs sont des personnalités des mondes politique, économique, culturel et sportif. Mais Wade a surtout pris soin de recevoir les représentants de toutes les fédérations du PDS. C’est lui qui, avec une poignée de collaborateurs (dont le coordinateur du parti, Oumar Sarr), a coché les noms de ceux qui pourront briguer un siège à l’Assemblée sous la bannière bleu et jaune du parti. « Tous sont des proches de Karim Wade », pestent ses détracteurs. CASSE. En restant à la tête d’un parti déjà affaibli par les départs de Macky Sall (en 2008) et d’Idrissa Seck (en 2011), Wade « limite la casse, estime un de ses conseillers. Il se donne du temps pour désigner son successeur ». Mais il s’est aussi aliéné ses principaux lieutenants. Peu de temps après le vrai-faux congrès, Pape Diop, Mamadou Seck, Abdoulaye Baldé et Moustapha Guirassy, l’ancien ministre de la Communication, ont rompu avec « le vieux ». Ils présenteront une liste alternative aux législatives: l’Alliance Bokk Guiss Guiss (« même vision », en wolof). « Wade a tenté d’imposer son fils à la tête du pays, grogne l’un d’eux. Il n’a pas réussi, alors il tente de l’imposer au parti. C’est inadmissible. » Dans la villa de Fann Résidence, on se moque de ces « traîtres ». « Des trahisons, Wade en a connu d’autres. Il n’est pas dans l’émotion », assure Amadou Sall. Celui qui était le porte-parole du candidat fait toujours partie du premier cercle. On y trouve aussi Mamour Cissé, son ancien conseiller à la présidence, Samuel Sarr, le financier de toujours, Pape Samba Mboup, son ex-directeur de cabinet, Lamine Faye, son garde du corps, Serigne Mbacké Ndiaye… Bref, tous ceux qui comptaient lors des derniers mois passés au Palais. À croire qu’il ne l’a jamais quitté. ● JEUNE AFRIQUE
ASSANE GUEYE/APA
Abdoulaye Baldé
Mamadou Seck
Afrique subsaharienne GUINÉE-BISSAU
Petit pays, grandes manœuvres La Cedeao, Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, goûtait peu la percée angolaise dans la région. Elle pourrait finir par s’accommoder du putsch du 12 avril et de ses conséquences. ! AVANT LA PRÉSIDENTIELLE du 18 mars, les militaires avaient exprimé leur hostilité au candidat Carlos Gomes Junior, l’ex-Premier ministre soutenu par Luanda.
SEYLLOU/AFP
bauxiteconstruiseunporteneauprofonde ainsi qu’une ligne de chemin de fer vers le Mali,risquantainsideconcurrencerleport de Dakar. En mars 2011, l’Angola déploie une mission de coopération militaire et policière (la Missang) censée aider le gouvernement à mener la réforme de l’armée. Cette présence devait s’accompagner de l’envoi d’une force de la Cedeao – ce à quoi l’armée bissau-guinéenne s’est opposée. Abuja,enconcurrenceavecLuandapourle leadershipcontinental,etDakar,quiexerce une forte influence sur son voisin depuis une dizaine d’années, se sont fait doubler.
L
undi 7 mai, il est près de 10 heures La suite des débats, à New York, illusàNewYork.Ilnefautquequelques trera ce fossé. Les lusophones dénoncent minutes pour que les membres du le plan de sortie de crise proposé par la Conseil de sécurité des Nations Cedeao à Dakar le 3 mai, qui « légitime unies, réuni pour étudier la situation en le coup d’État » et « ne satisfait pas au Guinée-Bissau après le coup d’État du principe de tolérance zéro ». À Bissau, on 12 avril, entrent dans le vif du sujet. C’est n’hésite pas à dénoncer le double jeu de le Rwandais Joseph Mutaboba, le chef du l’organisation sous-régionale. « En vérité, Bureau intégré des Nations unies pour le coup d’État l’a bien arrangée », affirme la consolidation de la paix en Guinéeun proche de l’ex-Premier ministre évincé Bissau (Uniogbis), qui met les pieds dans par le putsch, Carlos Gomes Junior. le plat. « La communauté internationale se doit d’être À partir d’octobre 2011, Luanda a unie dans son engagement. discrètement fait venir des armes Il est essentiel que tous les partenaires internationaux de guerre à Bissau. se mettent d’accord sur une réponse commune », lance-t-il. Dans le C’est un secret de Polichinelle. Dakar monde feutré des diplomates, on ne peut et Abuja voyaient d’un très mauvais œil guère aller plus loin. Traduction d’un fin la percée angolaise en terres ouest-africonnaisseur du pays : « Depuis le putsch, caines, entamée en avril 2010. Depuis on assiste à deux positions qui traduisent l’épisode ivoirien, personne dans la région des intérêts divergents et qui empêchent n’a digéré le discret soutien (diplomatique de trouver une solution. D’un côté, les et militaire, via des conseillers) apporté pays lusophones menés par l’Angola via par les Angolais à Laurent Gbagbo. la CPLP [la Communauté des pays de langue portugaise, NDLR]. De l’autre, les DÉLICATE. Il y a deux ans, Luanda s’est pays de l’Afrique de l’Ouest emmenés par opportunément rapproché de Bissau. Des le Nigeria via la Cedeao [la Communauté accords commerciaux ont été signés. Ils économique des États de l’Afrique de prévoyaient notamment qu’une société l’Ouest]. » angolaise qui exploite un gisement de JEUNE AFRIQUE
CHARS. Très vite, les diplomates ouestafricains se sont interrogés sur le nombre de soldats envoyés par Luanda (ils sont environ 600, parmi lesquels figurent des soldats d’élite, apprendra-t-on après le coup d’État). Leurs soupçons ont pris de l’ampleurlorsqu’enmarsdernier,quelques semaines avant le putsch, des officiers d’un pays ouest-africain de passage à Bissau ont appris avec effarement qu’en octobre 2011 les Angolais avaient acheminé du matériel de guerre (des chars et des armes lourdes) sans en avertir l’armée bissau-guinéenne et sans que l’on sache à qui il était destiné. « Étonnant, alors que leur mission devait se limiter à la réaffectation des casernes militaires », note un officier de la région. À l’époque, les généraux bissau-guinéens, irrités par la proximité entre l’Angola et Gomes Junior, lui avaient soufflé : « Si Gomes Junior est en passe d’être élu, nous agirons. » Le putsch aurait pu sonner la défaite des Angolais et le retour en force de la Cedeao. Mais les premiers, qui sont aussi suspectés de viser le pétrole bissau-guinéen, sont tenaces. Après avoir annoncé le retrait de leurs troupes, ils proposent d’envoyer non plus une simple force de la Cedeao (déjà sur le pont), mais une force conjointe CPLP-Cedeao, mandatée par l’ONU. ● RÉMI CARAYOL N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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Afrique subsaharienne
MISE AU POINT
Affaire Ntsimi (suite) RWANDA KAGAMÉ, L’HOMME DE FER Interview exclusive du chef de l’État 52e année • N° 2677 • du 29 avril au 5 mai 2012
jeuneafrique.com
DANT DA NT • HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT
CÔTE D’IVOIRE LES ORPHELINS DE GBAGBO FRANCE LE PREMIER TOUR VU D’AFRIQUE DOSSIER BTP ET INFRASTRUCTURES Spécial 12 pages
CEMAC
NOUVELLES RÉVÉLATIONS SUR L’AFFAIRE
Ntsimi
Documents à l’appui, J.A. revient sur la gestion controversée du président de la Commission, le Camerounais Antoine Ntsimi. Alors que le scandale menace, celui que l’on surnomme Chicago Boy embarrasse de plus en plus les chefs d’État de la région.
ÉDITION AFRIQUE CENTRALE France 3,50 € • Algérie 180 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 € Espagne 4 € • Éthiopie 65 birrs • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 € Portugal cont. 4 € • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285
S
uite à la publication, dans le no 2677 de J.A., du second volet de notre enquête sur la présidence de la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), nous avons reçu du cabinet PerformancesManagementConsulting Sénégal la mise au point suivante : « S’agissant de l’assistance technique au programme des réformes
institutionnelles (PRI) de la Cemac : notre cabinet a été recruté en novembre 2005 par la Cemac pour un audit institutionnel et organisationnel suite à un appel d’offres international. Le mandat d’assistance technique au programme des réformes institutionnelles qui nous lie à la Cemac depuis lors a été régulièrement renouvelé par la conférence des chefs d’État, instance suprême de ladite Communauté, sur la base des prestations satisfaisantes que nous lui avons apportées. Toutes les missions effectuées par notre cabinet au profit de la Cemac s’inscrivent dans le cadre de ce programme des réformes institutionnelles. […] S’agissant du recrutement de personnels évoqué : le renforcement des capacités de la Commission de la Cemac constitue un des volets du programme des réformes institutionnelles. Ce recrutement, réalisé en partenariat avec un cabinet international de recrutement, aura permis de collecter 4 276 dossiers (aussi bien par internet, par voie postale, que par dépôt direct à la Commission de la Cemac à Bangui), de présélectionner 378 candidats pour des interviews
et de proposer à la Commission de la Cemac 148 candidats à recruter. Conformément à la pratique en la matière, la finalisation d’un tel dossier n’incombe pas au consultant, mais au client. » ● LAMINE NOR THIAM, directeur administratif et financier
Réponse : Nous maintenons, pour notre part, ce que nous avons écrit, à savoir qu’il serait utile qu’un audit indépendant se penche sur les détails de tous les marchés conclus par la présidence de la Commission. Quant aux personnels recrutés, Performances Management Consulting oublie de préciser que 47 candidats ont reçu de sa part une confirmation d’embauche – certains avaient démissionné de leur emploi précédent – avant d’être, pour les trois quarts d’entre eux, éconduits par la Cemac. In fine, une dizaine de postulants ont trouvé un emploi dans le cadre d’une « mission d’appui technique à la sous-direction des ressources humaines » facturée par le cabinet dakarois 195 millions de F CFA. ● FRANÇOIS SOUDAN
Coulisses NIGERIA VIRÉS ! Au Nigeria, faire la grève, c’est mal. Près de 800 médecins hospitaliers qui avaient cessé le travail pendant près de trois semaines en avril l’ont appris à leurs dépens. Ils réclamaient les hausses de salaires qui leur avaient été promises fin 2010, mais leur mouvement a été déclaré « illégal » par les autorités de l’État de Lagos. Ils ont été licenciés début mai et remplacés par des N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
confrères plus jeunes, mais moins expérimentés. La grève avait grandement perturbé le fonctionnement des hôpitaux, mais la sanction est d’une sévérité sans précédent au Nigeria. BURUNDI DE VIE OU DE MORT La menace est anonyme mais bien réelle, à en croire Mohamed Rukara. Le 8 mai, le médiateur de la République du Burundi a dit avoir découvert
l’existence d’un « complot pour le tuer ». Il n’a pas cité de noms, mais laisse entendre que sa fonction lui a valu de nombreux ennemis. Élu par le Parlement début 2011, Rukara enquête notamment sur des affaires de corruption et d’assassinats ciblés. RWANDA PEINE ALLÉGÉE Ce ne sera finalement pas la perpétuité, mais trente-cinq ans de prison.
LeTribunal pénal international pour le Rwanda a revu à la baisse, le 8 mai, la peine infligée à Aloys Ntabakuze, reconnu coupable de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide en 2008. En 1994, il commandait le bataillon para-commando, une unité d’élite de l’armée rwandaise. Il avait été condamné en tant que supérieur hiérarchique pour les exactions commises par ses hommes. JEUNE AFRIQUE
Pourquoi la Communauté internationale doit aider la Centrafrique !
AFP ImageForum
République centrafricaine
M. FRANÇOIS BOZIZÉ, PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE.
L’
M. FAUSTIN-ARCHANGE TOUADÉRA, PREMIER MINISTRE ET M. BAN KI-MOON, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DES NATIONS UNIES.
MESSAGE
UNE « CRISE OUBLIÉE » EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE Le Secrétaire général des Nations unies, M. Ban Ki-moon, a déclaré à New-York, le 5 avril 2012, à l’occasion d’une réunion du groupe des « Amis de la République centrafricaine » : « Pendant que l’attention du monde est tournée vers le Moyen-Orient, l’Afrique du nord et de l’ouest, une crise oubliée continue de faire des ravages en République centrafricaine… ». C’était là un rappel qui n’avait que trop tardé. Pourtant à force de négociations et de bonne volonté,le gouvernement de Bangui avait réussi, en décembre 2008,à réunir autour d’une table, dans le cadre d’un Dialogue politique inclusif (DPI), les chefs des mouvements rebelles du nord du pays - à l’exception de ceux du FDPC (Front UN Photo/Paulo Filgueiras
élection présidentielle démocratique de janvier 2011 n’a pas suffi à rendre à la République centrafricaine, un pays plus vaste que la France mais seulement peuplé de 4,4 millions d’habitants, ce qui lui manquait le plus : la paix et la sécurité. Aujourd’hui, confronté à des difficultés récurrentes, économiques et sociales, mais aussi et surtout sécuritaires, le chef de l’État centrafricain, François Bozizé ne cesse de plaider, auprès de partenaires au développement parfois gagnés par le découragement, pour un accompagnement soutenu sur le long terme. Seul, en effet, celui-ci peut permettre à son pays de réussir enfin son décollage.
LE PRÉALABLE DU RÉTABLISSEMENT DE LA SÉCURITÉ Une prise de conscience,à l’échelle nationale et internationale, s’est bel et bien produite, mais des retards de toutes sortes,dus à la complexité de la situation, se sont accumulés, notamment dans le déblocage des crédits promis par les partenaires au développement.Aujourd’hui, la menace pesant sur la survie du processus est telle que l’impératif de sécurité prend le pas sur toutes les nécessités régaliennes de l’État centrafricain, même sur celles touchant au développement économique et social :car,sans le préalable de la sécurité retrouvée,comment développer ? Cette question prend davantage encore de pertinence si l’on considère que la Mission de Consolidation de la Paix (MICOPAX), formée de contingents des pays de la région et déployée en 2008,doit être remplacée, d’ici 2013, par les Forces armées nationales (Forces armées centrafricaines, FACA), actuellement en cours de restructuration. Car c’est alors l’ensemble de la réforme du secteur de la Sécurité (RSS) qui s’en trouve impactée. Devant tant d’inquiétudes, même le Document
de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP), élaboré en partenariat avec le FMI,qui constitue pourtant la colonne vertébrale du développement économique et social du pays, devient inapplicable. Ce ne sont plus seulement, en effet, les populations les plus déshéritées de la République centrafricaine (RCA) qui souffrent de l’insécurité chronique :c’est l’État lui-même, menacé de ne plus pouvoir exercer ses fonctions régaliennes.
L’impératif de sécurité prend le pas sur toutes les nécessités régaliennes de l’État centrafricain.
Serge Dibert - Bekoy
pour la démocratie du peuple centrafricain). Un processus de paix, intitulé Désarmement, Démobilisation, Réintégration (DDR) avait été mis en place, afin d’en finir avec des décennies d’instabilité politique et d’anarchie.Celui-ci,malheureusement, souffrait de trois handicaps qui se sont révélés, depuis, difficiles à surmonter : d’abord, la nécessité d’y faire entrer tous les chefs de guérillas, avec le présupposé de leur bonne volonté ; ensuite, son coût financier, particulièrement lourd ; enfin, les difficultés de communication entre le nord et le sud du pays, notamment pendant la saison des pluies. Ni la participation ni l’engagement total de toutes les parties n’ayant pu être acquises,des combats se sont poursuivis en 2009,2010 et 2011,infligeant aux villageois des régions excentrées du nord et de l’est, les souffrances qui sont habituellement le lot des populations civiles en zone de combats : pillages,destructions,viols,meurtres et déplacements de réfugiés.
LES FORCES ARMÉES NATIONALES CENTRAFRICAINES (FACA).
LES BAILLEURS DE FONDS AU PIED DU MUR Une mission du Fonds monétaire international (FMI) a longuement séjourné à Bangui en avril 2012, afin d’examiner les conditions de relance du plan de trois ans conclu avec la RCA,actuellement en panne.Or,cette relance de la coopération du pays avec les bailleurs de fonds - FMI,Banque mondiale,Banque africaine de développement (BAD), Union européenne (UE) - est vitale, non seulement pour la RCA, mais pour toute une région qui tend à devenir, pour les intérêts de toute la communauté internationale,celle de tous les dangers.À l’est de la RCA, en effet, l’indépendance du SudSoudan a entraîné une reprise des combats contre les autorités de Khartoum ; au nord, le Tchad se trouve toujours sous la menace de tentatives de déstabilisation, rendues plus menaçantes encore par l’implosion de l’État libyen ; au sud, la République démocratique du Congo (RDC) peine à pacifier solidement ses frontières des Grands Lacs. Guérillas, bandits de grands chemins, soldats perdus et bandes
COLONEL SYLVAIN NDOUTINGAI MINISTRE D’ÉTAT AUX FINANCES ET AU BUDGET
République centrafricaine
Les bailleurs de fonds doivent accentuer leurs efforts.
armées au service du plus offrant quadrillent aujourd’hui une Afrique centrale qui a besoin de l’Occident autant que l’Occident a besoin de ses richesses énergétiques et minières. Les bailleurs, qui ont déjà beaucoup fait pour la RCA, doivent aujourd’hui, ou bien réduire leur intervention, au risque de voir tous leurs efforts engloutis et le pays retourné sans espoir à la situation calamiteuse d’autrefois ;ou bien, au contraire, accentuer leurs efforts. En l’occurrence, c’est le réalisme qui doit primer : peut-on, à la fois, déplorer les détournements de fonds observés dans le passé au niveau des directions d’offices et sociétés d’État, et condamner la dissolution par le chef de l’État de ces mêmes directions, auxquelles a été substitué - provisoirement - un Conseil spécial de redressement et de surveillance des entreprises publiques,seul à décider de toute sortie de fonds ? De telles mesures témoignent, avant tout, de la volonté du pays de prendre, avec les faibles moyens humains et financiers dont il dispose, son destin en main. Même si elles s’écartent, pour un temps limité,de l’orthodoxie des textes adoptés par l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA). La RCA espère de ses partenaires au développement, d’une part, des appuis sectoriels au niveau des services sociaux de base, qui profitent directement à la population,et,d’autre part,des appuis budgétaires destinés à soutenir l’État dans l’accomplissement de ses missions régaliennes.
FRANCOIS BOZIZÉ SERRE LA MAIN DES EX-REBELLES DÉSARMÉS.
L’APPUI DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE L’ONU Le 5 avril 2012, se tenait à New-York, à l’invitation du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, et en présence du Premier ministre centrafricain, une réunion ayant pour but de présenter aux partenaires de la RCA un document faisant le point sur la poursuite des processus DDR (Désarmement, Démobilisation, Réinsertion) et RSS (Réformes du Secteur de Sécurité). Des opérations qui ont été conçues et mises en œuvre avec leur concours, mais malheureusement ralenties depuis, faute de
Joseph Kony, le fléau de la RCA est le chef d’un groupe rebelle ougandais, la Lord’s Resistance Army (LRA) – en français : l’Armée du Seigneur - fondé en 1987 pour lutter contre le pouvoir central de Kampala. Dans les années 1990, après qu’elle ait enlevé et tué des milliers de civils en Ouganda, la LRA a été repoussée hors des frontières, d’abord au Sud-Soudan, puis, en 2005 – 2006, en République démocratique du Congo. Depuis 2008, elle sévit en RCA, où elle pille, viole, tue, détruit des villages, enlève des hommes pour en faire des porteurs, des femmes pour en faire des esclaves sexuelles et des enfants, surtout, pour en faire des « combattants ». Dépourvue de tout objectif politique, la LRA n’ambitionne plus que d’assurer sa survie par la terreur qu’elle inspire et l’extrême brutalité qu’elle exerce, souvent gratuitement. Parce que les hommes de Kony opèrent par petits groupes et dans des régions excentrées, dépourvues d’infrastructures et difficiles d’accès, la lutte que mènent contre eux les Forces armées centrafricaines (FACA) se révèle particulièrement difficile. Mais, depuis peu, les Etats-Unis ont joint leurs efforts à ceux des pays de la région et envoyé des forces spéciales sur le terrain. La traque des dirigeants de la LRA, contre lesquels la CPI a lancé des mandats d’arrêt, a donc aujourd’hui de plus en plus de chances d’aboutir. MESSAGE
Le pays en bref ●
Superficie : 622 980 km2
●
●
Population : 4,4 millions d’hab.
● Répartition du PIB :primaire 52,9 %,
● Croissance démographique : ●
1,9 %
Densité de population : 7 hab/km2
●
Population urbaine : 38,9 %
●
Espérance de vie : 47,4 ans
● ●
●
Peuplement : Gbayas, Bandas,
secondaire 14,2 %, tertiaire 32,9 % ●
3,3 % en 2010
Alphabétisation : 55 %
●
Inflation : 3,8 %
Langues : français (officielle),
●
Principales ressources :
●
IDE : 42 millions d’US dollars
●
Exportations : 120 millions
Yakomas, Sangos…
coton, diamant, bois
Religions : catholiques, protestants, musulmans.
●
Taux de croissance :3,7 % en 2007, 2 % en 2008, 1,7 % en 2009,
sango, zandé…
●
PIB par habitant : 469 US dollars
Monnaie : Franc CFA
US dollars ●
Importations : 300 millions US dollars.
Le 6 mai 2012, le Général Xavier Sylvestre Yangongo, ministre du DDR et de la Jeunesse Pionnière nationale, a annoncé la reprise des Opérations de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion (DDR). La 1e phase des opérations concerne d’abord les éléments de l’APRD. Ces opérations sont relancées au moment où le pays fait encore face à une insécurité sans précédent.
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR SAUF MENTION.
financement. Ban Ki-moon a déclaré, par la voie de son adjoint aux affaires politiques,Lynn Pascoe, que « le dialogue soutenu par l’ONU est conçu pour créer un espace de recherche de consensus et de dialogue politique inclusif. Le soutien de l’ONU est nécessaire puisque le gouvernement se trouve dans une situation complexe et difficile. Des groupes rebelles et criminels contrôlent une grande partie du territoire, ce qui déstabilise le pays et les pays voisins. » En lançant un appel aux « Amis de la RCA » pour qu’ils continuent à soutenir financièrement les processus en cours, il les a mis en garde contre un retour au conflit ouvert, dont les conséquences, a-t-il précisé, seraient lourdes : « Vous avez, a-t-il conclu, un rôle fondamental à jouer pour éviter cela ». Soucieuses de donner, de leur côté, toutes ses chances à la poursuite du processus DDR, les autorités centrafricaines ont libéré son vice-président - par ailleurs chef de l’un des mouvements de rébellion - emprisonné depuis le mois de janvier pour « atteinte à la sécurité intérieure de l’État ».
© Les Éditions du Jaguar
Le soutien de l’ONU est nécessaire puisque le gouvernement se trouve dans une situation complexe et difficile.
Afrique subsaharienne
PHOTOS : NICOLAS MICHEL/J.A.
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LES RUES ASPHALTÉES se comptent sur les doigts d’une seule main.
À Djouba, c’est le far west! SOUDAN DU SUD
Peu de routes bitumées, quasiment pas d’eau… Dans la dernière-née des capitales africaines, les chambres d’hôtel sont installées dans des conteneurs climatisés et les ministres travaillent dans des bureaux en préfabriqué. Ici, tout est possible, à condition d’y mettre le prix. Reportage.
JEUNE AFRIQUE
NICOLAS MICHEL,
A
envoyé spécial
bdi Salah est un jeune entrepreneur somalien. Il vit à Birmingham au Royaume-Uni, mais il est pour quelques semaines de passage à Djouba, capitale du Soudan du Sud. Impeccable dans ses vêtements de marque, il sirote une Tusker fraîche à l’ombre des
manguiers du restaurant Da Vinci, face au Nil Blanc. Sur ses affaires dans le secteur de l’immobilier britannique, il demeure peu disert, mais, au regard du prix des chambresd’hôtelàDjouba,ilnefaut pas être grand clerc pour deviner qu’il a les moyens. À plus de deux cents dollars (plus de 150 euros) la nuit pour une chambre aménagée dans un conteneur, chaque jour passé ici vaut deux barils de pétrole. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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Afrique subsaharienne Reportage « Il y a beaucoup d’opportunités, le pays est neuf, confie-t-il. Je viens pour observer et prendre la température. J’ai dans l’idée de développer la vente de lait en poudre de qualité. On ne trouve que des produits très médiocres sur le marché. » Aiguillonnés par l’idée que les premiers arrivés seraient les mieux servis, nombreux sont les entrepreneursqui,commeSalahenvisagede le faire, sont venus monter leur business à Djouba. Ils sont éthiopiens, somaliens, kényans, ougandais, libanais, chinois, et chaque nation représentée a, plus ou moins, sa spécialité. Aux Somaliens le change de devises, aux Éthiopiens le commerce de proximité, aux Chinois le bâtiment et la restauration… Il faut dire qu’au premier regard toutes les conditions semblent réunies pour offrir aux amateurs de plus-values un terrain de jeu idéal. ROUILLÉ. « Ici, c’est le far west » est
sans doute la phrase qui revient le plus souvent dans la bouche des diplomates, humanitaires ou businessmencirculantdanslapoussière rouge de la ville en gros 4x4 blancs, la clim’ au maximum. En guerre pendant près de quarante ans contre Khartoum, le Soudan du Sud n’a trouvé un semblant de paix qu’en 2005, puis l’indépendance le 9 juillet 2011. Littéralement asphyxié par son voisin, il ne dispose d’aucune infrastructuredebase.Certes,l’aéroportde Djouba a pu, au prix d’incroyables efforts, accueillir les chefs d’État venus célébrer la naissance du 54e État africain. Mais la capitale manque de tout. Les routes asphaltées se comptent sur les doigts de la main.L’électricitéestessentiellement produite par des générateurs individuels – pour ceux qui peuvent se le permettre. L’eau est distribuée par des camions-citernes Isuzu bleus qui, en ville, croisent leurs semblables rouges, chargés, eux, de pomper les eaux usées. Les bâtiments de plus de deux étages sont rarissimes: les huttes en pisé dites tukul, les cabanes de tôle ondulée et les conteneurs aménagés sont la norme. Même au ministère des Transports, la ministre Agnes Poni N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
Lukudu doit se contenter d’un minusculebureaudansunpréfabriquésommaire.Leseulpontdelaville est une antiquité de métal rouillé, et les eaux du Nil ne sont guère utilisées pour l’irrigation. Papayers, bananiers et manguiers poussent en abondance, mais seulement sur les rives du fleuve. Au-delà règnent eucalyptus, acacias et calotropis faméliques. La plupart des fruits et légumes sont importés d’Ouganda et du Kenya, tout comme le café, le thé, le sucre et le tabac. L’alcool étant ici allègrement consommé, South African Breweries produit tout de même sur place plusieurs variétés de bière… « Djouba, c’est à peine un gros village », affirme Randal Rhoade, employé de l’American Refugee Committee. U n gros village qui a tout de même radicalement changé de visage ces cinq dernières années, se développant en dehors de tout cadre légal. Les estimations concer-
ÉCOLIÈRES À LA SORTIE
DES CLASSES.
Djouba compte, selon les estimations les plus basses, 350 000 habitants.
Déjà, le gouvernement veut créer une nouvelle capitale ex nihilo, un peu comme Yamoussoukro. nant le nombre d’habitants varient entre 350 000 et 500 000, mais le chiffre ne cesse d’augmenter avec le retour des exilés et celui, toujours problématique, des nationaux ayant construit leur vie au Nord. Le Soudanétantclassé169e (sur187)en matière d’indice de développement
humain (Pnud, 2011), le Soudan du Sud risque de prendre la queue du peloton. Même s’il est toujours possible de lire sur les pancartes des cérémoniesdel’indépendance:«Le 9juilletmarquelafindel’oppression etledébutdurègnedelajustice,dela liberté,delapaixetdelaprospérité.» Si hommes d’affaires et investisseurs putatifs sont là, c’est qu’ils parient sur un développement à grande vitesse: à la frontière avec le Nord, le sous-sol du Soudan du Sud regorge de pétrole. Théoriquement, les pétrodollars devraient ensemencer la latérite et faire jaillir de terre hôtels quatre étoiles et gratte-ciel de verre et d’acier… Certes, des piliers de béton armé indiquent qu’ici et là des bâtiments de plusieurs étages verrontbientôtlejour,maisdenombreux indices laissent penser que l’état de grâce demeure fragile. FIERTÉ NATIONALE. En ville, les
dollars manquent et le gouvernement rationne sa consommation d’essence. La raison de cette double pénurie est simple : en janvier, refusant de payer les taxes astronomiques exigées par Khartoum pour acheminer le pétrole sudsoudanais jusqu’à la mer Rouge, Djouba a décidé de fermer le robinet.Unedécisionaucoûtexorbitant: le pays s’est ainsi privé de 98 % de sa manne pétrolière (350000 barils par jour). Depuis, la tension n’a cessé de monter, jusqu’à ce que les armes parlent le long de la frontière JEUNE AFRIQUE
À Djouba, c’est le far west ! contestée entre les deux Soudans. L’armée du Sud a un temps tenu Heglig, zone pétrolière appartenant au Nord, avant d’en être chassée. Le président Salva Kiir a mené l’offensive diplomatique auprès du géant chinois, allié de Khartoum, pour financer la construction d’un nouveau pipeline reliant Djouba à l’océan Indien via le port de Lamu (Kenya), mais aucune solution de court terme ne semble en vue. « Si la situation ne s’améliore pas, on court à la catastrophe », confie un diplomate. Exagération ? Pas forcément. Si cela n’est pas visible au premier regard, la ville a encore bien des plaies à panser. Certes, la fierté nationale retrouvée s’exprime avec force sur les panneaux publicitaires, dans les nouveaux symboles du pays comme dans les discours des habitants. La bière White Bull porte « un toast à la nouvelle nation », l’opérateur Zain promeut l’indicatif téléphonique +211 (« Une nouvelle identité pour une nouvelle nation »), et même les campagnes de lutte contre le sida jouent sur la fibre nationaliste (« Nouveau pays,
JEUNE AFRIQUE
nouveau commencement, faites un test HIV aujourd’hui! »). Au cœur de la ville, la statue de John Garang de Mabior (1945-2005), fondateur de l’Armée populaire de libération du Soudan(SPLA)etpèredel’indépendance, semble indiquer de sa canne un avenir radieux. En face, le mausolée où son corps a été enseveli, gardé par une quinzaine de soldats, rappellenéanmoinsquedesannées de guerre et de colonisation brutale ne peuvent s’effacer d’un revers de la main. Le reclassement des militaires est loin d’être achevé, et ceuxquin’ontconnuquelaviolence ne savent pas toujours la contenir quandellesemanifeste,lesoir,après le verre de trop. Calme en journée, la ville peut devenir dangereuse après minuit… VOUÉ À L’ÉCHEC. Mais Djouba
souffre aussi d’un autre mal – ethnique –, qui pourrait à terme lui coûter son titre de capitale. La question foncière occasionne de violentes dissensions entre populations baries et dinkas, la première s’estimant spoliée de ses terres par la seconde. Le problème est
Ü LA VILLE EST UN IMMENSE CHANTIER,
mais rares sont les bâtiments de plus de un étage.
si sérieux qu’en septembre 2011 le gouvernement a annoncé la création ex nihilo d’une nouvelle capitale administrative à Ramciel (État des Lacs), à environ 200 km de là, comme l’aurait souhaité John Garang. Pour certains, c’est un projet«irresponsable»,«vouéàl’échec, comme Yamoussoukro ». Peut-être, mais au ministère des Transports le vice-ministre Mayom Kuoc Malek envisage le sujet très sérieusement : « Nous avons pour projet de construire un tout nouvel aéroport international non loin de lanouvelle capitale, à Tali », dit-il. Début avril, la compagnie sud-coréenne Korea Land and Housing Corporation, qui a remporté l’appel d’offres, a présenté au vice-président, Riek Machar, ses premières conclusions. Lesquelles doivent être complétées, danslessix mois,par desrecherches sismiques, cartographiques, environnementales, architecturales et sociales pour aboutir à une étude de faisabilité complète. Mais, pour financer un si coûteux déménagement, encore faudrait-il que le brut recommence à couler dans les pipelines. ●
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Maghreb & Moyen-Orient
MAROC
Réforme de l’audiovisuel,
saison 1
YOUSSEF AÏT AKDIM
Décidé à soumettre les télés publiques à un nouveau cahier des charges, le ministre de la Communication a déclenché sans le vouloir une polémique qui a pris les allures d’un feuilleton à rebondissements.
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ous les ingrédients d’un feuilleton du milieu d’après-midi sont réunis: un ministre islamiste et jeune face à des directeurs de télé réputés proches du Palais, quelques méchants barbus, de gentils technos et un scénario aux multiples rebondissements. Les dialogues, au Parlement notamment, sont en arabe, mais les sous-titres dans les salons sont dans la langue de Molière. Et comme dans les romans de Vargas Llosa (La Tante Julia et le Scribouillard) ou de Tonino JEUNE AFRIQUE
Maghreb Moyen-Orient
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Benacquista (Saga), ce feuilleton, qui ressemble prend des accents graves : « Il est de ma responsaau départ à un divertissement léger, deviendrait bilité de défendre la chaîne quand je sens qu’elle est menacée. » Le discours est rodé : il n’est pas presque le miroir d’une société qui se cherche et question d’attaquer la coloration politique du se recompose. Parfois, la télévision est un grand nouveau cahier des charges, mais de dénoncer cinéma. Depuis la fin de mars, les cahiers des une immixtion dans le travail des professionnels. charges des deux premières chaînes ont provoQuelques jours auparavant, le présentateur du qué un bras de fer tendu entre le gouvernement d’Abdelilah Benkirane et une parJT francophone de 2M, Ouadih tie des médias (majoritairement Dada, tirait la sonnette d’alarme : Parts d’audience francophones) qui revendiquent le nouveau cahier des charges des principales pêle-mêle la modernité, le pluraimposerait de décaler le JT de chaînes lisme, la liberté de créer. Certains 20h45 au profit d’un rendez-vous de télévision ont laissé des plumes dans cette en arabe. Il est soutenu par l’exENSEM foire d’empoigne, même s’il est ministre socialiste Ahmed Reda BLE DE trop tôt pour désigner un vainChami. Dans une tribune toniL queur. Interdiction de zapper! truante (« Ne touchez pas à mon multilinguisme, 2M IME Épisode 1 Monsieur le Ministre! »), ET 25,8 % M le député de Fès met en Trop de Al Aoula garde contre le risque 22,4 % d’un « net recul linguisprécipitation tique chez nos jeunes, 51,3 % 29 mars. La Haute qui seront désormais 2M 20,5 % Al Aoula Autorité de la commuencore moins expo11,1 % nication audiovisuelle sés aux langues étran5,8 % (Haca) approuve les nougères ». La controverse Autres veaux cahiers des charges linguistique est lancée, marocaines Etrangères des deux premières chaînes elle s’ajoutera aux accusa5,7 % 57,4 % de télévision publiques: Al Aoula tions de « dirigisme » lancées et 2M. Le communiqué du régulacontre le ministre islamiste et à sa teur cite notamment le « processus de supposée « fermeture au dialogue ». coordination soutenue » avec le ministre de la Réputé discret jusque-là, Salim Cheikh faisait Communication. Presque immédiatement, ce office de manageur efficace mais sans envergure dernier fait publier les nouvelles obligations sur le politique. Patron de régie télé, il manie les chiffres site web du ministère. Mustapha El Khalfi avance et les dossiers habilement. C’est pourquoi sa vite et veut le montrer. Accusé plus tard de forcer sortie étonne, d’autant que le patron de Radio la main aux responsables de la deuxième chaîne 2M squatte les ondes des concurrents : Atlantic, – Al Aoula restera curieusement en dehors de la puis Aswat et Luxe Radio, Cheikh réalise le grand polémique –, le ministre de la Communication chelem. Réflexe corporatiste ? Voire. rétorquera qu’il a simplement exercé ses prérogatives. « Le document a été élaboré après des Épisode 3 dizaines d’auditions et remis à la primature, qui El Khalfi contre-attaque l’a transmis le 28 mars au régulateur », détaille ce connaisseur du dossier. La Haca, qui ne contrôle 23 avril. Surpris par la virulence des critiques, le que la légalité du document, l’approuve dès le ministre fait d’abord le dos rond. Il suit la polélendemain. Première erreur de communication du mique, compte les attaques et les soutiens. Son collègue de la majorité (Mouvement populaire) ministre de tutelle. « Je crois qu’El Khalfi souhaite sincèrement réformer le secteur, confirme une Mohamed Ouzzine, ministre de la Jeunesse et des source gouvernementale, mais il a certainement Sports, directement concerné par l’interdiction voulu trop bien faire. » de la publicité pour les jeux de hasard, ne le ménage guère : « El Khalfi est un ministre de la Communication et non un mufti [“jurisconsulte”, Épisode 2 NDLR] ou un fqih [“théologien”] qui interdit et Les patrons font de la autorise. […] Ce n’est pas un problème de halal [“licite”] ou de haram [“interdit”]. » L’opposition résistance se réjouit de voir la solidarité gouvernementale 16 avril. Le directeur général de 2M, Salim Cheikh, à ce point malmenée. Visé personnellement, dégaine. Il tire sur son ministre de tutelle. Il Mustapha El Khalfi choisit de se défendre bec et ongles. Il comprend qu’il ne sert à rien de démondénonce une « approche extrêmement interventionniste », parle d’un « retour en arrière » et ter les craintes soulevées sur la langue, les appels D
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HASSAN OUAZZANI POUR J.A.
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! En pleine déroute financière, LA CHAÎNE 2M a besoin d’un coup de pouce de l’État pour survivre.
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Maghreb Moyen-Orient à la prière, les programmes religieux. Ses détracteurs n’ont, pour la plupart, même pas lu le cahier des charges en question. Sa riposte, il la lance devant le Parlement, où sa plaidoirie s’achève sous les applaudissements de la majorité. Au même moment, des fuites opportunes dans des journaux favorables au gouvernement Benkirane « révèlent » les montants de contrats de production. À la guerre, tous les coups sont permis. « Ceux qui me critiquent défendent les intérêts de lobbies particuliers, car ils se sentent menacés dans leurs privilèges », attaque El Khalfi. Pour le ministre, et tout le gouvernement, il s’agit de rassurer sa base et de ne pas céder. ABDELHAK SENNA/AFP
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! MUSTAPHA EL KHALFI, le ministre de la Communication, s’exprimant devant le Parlement, le 16 avril, à Rabat.
Épisode 4
Épisode 5
Le pacificateur
Cash me if you can 24 avril. La réunion du conseil d’administration de 2M intervient en pleine tension autour des fameux cahiers des charges. Soread-2M, la société éditrice, est détenue à 72 % par l’État, le reste appartenant à des investisseurs, dont l’ONA, le holding royal (20 %). Du coup, le ministre de tutelle préside habituellement le conseil d’administration de la chaîne. Mustapha El Khalfi n’assiste pas au CA et se fait représenter par un responsable du ministère. L’ambiance est électrique, mais la réunion se contente de valider des engagements réciproques entre l’État et 2M. Ainsi, 250 millions de dirhams (plus de 22 millions d’euros) de subventions – en réalité déjà prévues dans le cadre du contrat-programme – seront apportés au capital de l’entreprise. Car 2M est en pleine déroute financière. Sous la coupole, le benjamin du gouvernement (39 ans) vient de révéler que les pertes ont déjà absorbé 93 % du capital social. La chaîne, qui se targue de ne dépendre qu’à 5 % des subventions de l’État, contre 95 % de revenus publicitaires, a donc besoin d’un coup de pouce du gouvernement pour simplement survivre. Une source autorisée à la direction explique que la chaîne a subi de plein fouet « la crise mondiale et la réduction des budgets de communication des gros annonceurs ». Après des années de baisse continue des revenus, les perspectives 2012 sont à l’équilibre. Difficile dans ces conditions de défendre la « viabilité du modèle économique de
2M », que les responsables de la chaîne mettent en avant pour refuser le cahier des charges.
5 579 000
téléspectateurs pour la chaîne 2M en access prime time grâce à la série turque traduite en arabe marocain
Ma Tansanich
5 mai. « Cette affaire a fini par dérailler totalement, avoue ce ministre. Nous avons été submergés par un débat politicien se cachant derrière la technique. » Nabil Benabdallah vient de réunir pour la première fois une commission interministérielle pour « réaménager » les cahiers des charges. L’actuel ministre de l’Habitat a été ministre de la Communication de 2002 à 2007. À ce titre, il a été le premier à mettre en œuvre la réforme du secteur audiovisuel. Mais s’il a été chargé de cette mission par le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, c’est aussi parce que le chef du Parti du progrès et du socialisme (PPS) est la caution de gauche du cabinet. Cette commission est dominée par les ministres du Parti de la justice et de la liberté (PJD), dont le numéro deux du gouvernement, Abdellah Baha, le ministre de la Justice et des Libertés, El Mostafa Ramid, et bien sûr El Khalfi. La majorité plurielle est représentée par les istiqlaliens Mohamed Louafa (Éducation nationale) et Nizar Baraka (Finances). Le secrétaire général du gouvernement, Driss Dahak, complétant le tableau. Difficile de savoir ce qui sortira de cette médiation. Tout indique que les cahiers des charges ne seront pas totalement réécrits. Un membre de poids de la commission précise que « certains contenus seront revus, surtout dans la forme, pour dépasser les crispations apparues pendant le débat ». En attendant des cahiers « moins dirigistes et moins colorés religieusement », le gouvernement devrait valider la prorogation des anciens cahiers des charges. L’épilogue est encore loin. ●
Maghreb Moyen-Orient ISRAËL
Netanyahou s’offre les pleins pouvoirs
En annonçant, contre toute attente, la mise en place d’un gouvernement d’union nationale avec le parti centriste Kadima, le Premier ministre s’assure une écrasante majorité à la Knesset.
budget pour le prochain exercice fiscal, il semble assuré, même s’il promet de peser lourdement sur l’armée et les classes moyennes, que Shaul Mofaz avait promis de défendre au moment de son élection à la tête de Kadima. « BASSE MANŒUVRE ». La stratégie du
SEBASTIAN SCHEINER/AP/SIPA
chefcentristeinterpelle,luiquiavaitjuréde ne jamais rejoindre le gouvernement d’un « menteur ». Mais son choix évite à son parti, en chute libre dans les sondages, une débâcle électorale assurée. Son coup de théâtre, soigneusement concocté avec Netanyahou, a déclenché la fureur de l’opposition de gauche, désormais archiminoritaire. La dirigeante du Parti travailliste, Shelly Yachimovich, a fustigé « un pacte de lâches » et « le plus ridicule zigzag de l’histoire politique israélienne ». Zehava Gal-On, à la tête du parti d’extrême gauche Meretz, dénonçait pour sa part « une basse manœuvre politique », tandis que l’ancien journaliste Yaïr Lapid, dont le Parti laïc du futur préparait activement sa première campagne, s’est ! Conférence de presse commune de BENYAMIN NETANYAHOU et SHAUL MOFAZ, le 8 mai, à Jérusalem. dit « écœuré ». ourceuxquiendoutaientencore, sont convenus d’un accord le 7 mai. Comme pour adoucir la critique, Benyamin Netanyahou est un Celui-ci permet au chef de file de la droite l’accord d’union nationale prévoit une israélienne de voir sa majorité passer de « reprise du processus de paix avec les redoutable homme politique, 66 à 94 députés (sur 120), l’une des plus Palestiniens », au point mort depuis sepfin tacticien et imprévisible à la fois. Il vient de le prouver en obtenant larges de l’histoire du pays. En contretembre 2010 malgré quelques timides le ralliement-surprise de la formation partie, Netanyahou accepte de confier à tentatives de relance. Mais pour les centriste Kadima à son gouvernement. Le Kadimaplusieurspostesclés Premier ministre israélien s’épargne donc du gouvernement. « Le fait La patronne des travaillistes la délicate épreuve d’élections législatives que nous n’ayons pas fait fustige « le plus ridicule zigzag anticipées, qu’il venait pourtant de fixer partie de la coalition gouverau 4 septembre prochain dans l’espoir nementale a été une erreur de l’histoire politique » du pays. de renforcer sa coalition. « Nous allons historique. Aujourd’hui, former un gouvernement aussi large que nous la corrigeons », s’est défendu Shaul observateurs, c’est surtout la question possible pour assurer l’avenir d’Israël », Mofaz, désormais vice-Premier ministre. iranienne et une possible guerre régioa-t-il déclaré le 7 mai, juste avant que la Cette nouvelle donne survient au nale qui pourraient revenir au premier Knesset ne valide en première lecture un moment où Netanyahou semblait affaiplan. Avec l’assurance d’une coalition projet de loi autorisant la dissolution de bli par la fronde des partis religieux et stable jusqu’en novembre 2013, date du la Chambre. nationalistes au pouvoir. En ligne de mire, prochain scrutin législatif, Netanyahou Sauf que Netanyahou jouait parallèlela révision de la loi Tal, qui exempte les a désormais les mains libres pour s’en ment une autre carte, celle ouvrant la voie ultraorthodoxes de toute obligation miliprendre aux installations nucléaires de la à un gouvernement d’union nationale taire. Désormais, le Premier ministre n’a République islamique. Shaul Mofaz, milientre son parti, le Likoud, et la formation plus à craindre l’opposition des partis taire d’expérience et considéré comme Kadima, dirigée depuis six semaines par religieux et envisage même l’enrôlement un faucon, ne fait pas partie de ceux qui l’ancien général Shaul Mofaz. Au terme de s’opposent à l’usage de la force. ● des jeunes Arabes israéliens pour des négociations secrètes, les deux hommes tâches civiques. Quant à l’approbation du MAXIME PEREZ, à Jérusalem
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Maghreb Moyen-Orient
FETHI BELAID
! Meeting du mouvement DOUSTOURNA, le 11 décembre 2011, à Tunis.
l’effervescence postrévolutionnaire, près de 2 500 associations ont vu le jour, souvent avec la volonté de participer à la transition démocratique et de promouvoir la citoyenneté. Bus citoyen a sillonné le pays pour sensibiliser aux élections, Engagement citoyen a aidé les jeunes chômeurs à identifier des projets. Mais la plupart des associations ont été créées dans les régions avec des objectifs de développement social et professionnel. Elles répondaient à une demande locale, comblaient la défaillance de l’État et s’organisaient en collectifs.
INDÉPENDANCE. Actives sur le terrain à travers leurs propres réseaux, les associations ont du mal à conserver leur indépendance. Certaines sont liées à un mouvement politique, comme Bachaer Dans un contexte politique aussi complexe que confus el-Khaïr ou Academy Dar el-Hadith et un environnement socioéconomique encore instable, Bi Tounes, proches du parti islamiste la société civile émerge, prend des initiatives Ennahdha. Karima Brini, représentante et montre qu’elle est capable de mobiliser l’opinion. de Femmes et Citoyenneté du Kef, attire l’attention sur « le danger de la polie drapeau tunisien sur les épaules, d’association et d’un débat politique réel, tisation du travail associatif, d’autant Kamel Jellouli est de toutes les elle se contentait de faire de la figuration, qu’il est déjà difficile d’expliquer ce qu’est la société civile à des gens qui en manifestations. « Je suis là, et je le comme la Ligue tunisienne des droits ignorent tout. Il y a parfois une certaine serai toujours, pour dire non aux de l’homme (LTDH) ou l’Association mauvaises orientations », assène-t-il lors immaturité des associatunisienne des femmes d’un rassemblement devant l’Assemblée tions qui peinent à rester démocrates (ATFD). Priorités de la société civile constituante. Comme lui, des milliers Clubs sportifs, assoindépendantes ». par rapport à 9 éléments Les difficultés incitent de Tunisiens se mobilisent à l’appel de ciations caritatives ou constitutionnels aussi à la créativité ; la société civile et constatent qu’ils sont dédiées à la propagande de plus en plus nombreux à préférer les du régime formaient le l’association Égalité et PRIORITÉ ABSOLUE Parité diffuse un spot slogans et les bannières colorées aux plus gros du contingent ➊ Indépendance de la discours austères des hommes politiques. des 9000 associations qui mettant en relief les justice (100 %) « On dirait que les erreurs, le manque de dépendaient du pouvoir paradoxes du hidjab en ➋ Liberté de presse et cohérence des partis politiques et leurs ou, du moins, ne pouTunisie, tandis qu’Action et d’information (93,2 %) éternelles divisions servent à grossir les vaient rien sans lui. Développement solidaire ➌ Caractère démocratique rangs du tissu associatif, où ne se pose De manière spontanée propose de la formation de l’État (91,5 %) pas le problème du leadership, point senet sans concertation, et que des associations sible en politique », explique Nejla, une syndicats, associations religieuses invitent des ➍ Équilibre des pouvoirs (84,7 %) militante de l’association Forum citoyen. d’avocats et d’artistes prédicateurs. Cependant, De fait, le succès de mouvements ont soutenu l’insurrecle pays est en crise, les PRIORITÉ IMPORTANTE militants – comme Doustourna (« Notre tion populaire déclensubventions de l’État se ➎ Décentralisation Constitution »), mené par Jaouhar Ben chée le 17 décembre sont taries ; bien que les (76,3 %) Mbarek, ou Kolna Tounes, conduit par 2010. La révolution a avis soient partagés sur les ➏ Séparation religion/État Emna Mnif – dérange. Leurs dirigeants donc aussi été le fait de financements étrangers, (74,6 %) sont souvent pris à partie, diffamés ou la société civile, laquelle ce sont bien les dons des ➐ Contrôle civil des forces agressés par des éléments antiprogresignorait ses pouvoirs et militants et des pétromoarmées (69,5 %) sistes. Pourtant, la société civile, telle « avait oublié qu’elle narchies du Golfe qui ont qu’elle s’organise et s’exprime actuelavait participé à la lutte rempli les caisses des asso➑ Parité (61 %) lement, n’a que quinze mois. Sous Ben pour l’indépenciations islamiques, ÉLÉMENT SECONDAIRE Ali, bien que refuge de l’opposition, elle dance », observe tandis que les orga➒ Fédéralisme (33,9 %) nisations non goun’avait pu s’ériger en contre-pouvoir. un membre de la En l’absence d’une véritable liberté LTDH de Sousse. Dans vernementales (ONG) et TUNISIE
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SOURCE : SONDAGE DE LA FONDATION POUR LE FUTUR AUPRÈS DES 2 480 NOUVELLES ASSOCIATIONS NÉES APRÈS LE 14 JANVIER (FÉVRIER 2012)
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Coulisses
Maghreb & Moyen-Orient
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LE POIDS DE L’UGTT. Si la société civile apparaît parfois comme une nébuleuse aux actions sporadiques, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), elle, reste la force fédératrice capable, comme lors du 1er mai, de réunir 80 000 personnes à Tunis. « On compte sur l’UGTT. Ses militants sont des patriotes. Eux seuls peuvent infléchir les positions du gouvernement. Dans cette phase de transition, les centrales syndicales sont essentielles », explique Mondher Belhaj Ali, un indé-
Une force de proposition participative au moment où le pays refonde son identité institutionnelle. pendant. Mais le patronat révèle aussi son côté militant ; Wided Bouchamaoui, présidente de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), met l’accent sur le concept de l’entreprise citoyenne (voir aussi p. 70), tandis que la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect) travaille sur les principes de la responsabilité sociale des entreprises (RSE). Enfin, la société civile s’est dotée d’une nouvelle force : l’Assemblée constituante civile (ACC). Son président, Slaheddine Jourchi, considère qu’elle est « la plus grande coalition d’associations et que ses importantes ressources humaines doivent impérativement se muer en une force de pression durant cette phase de transition démocratique ». Catalyseur de changement, la société civile tunisienne, rajeunie, indépendante et rebelle, fait preuve d’un esprit constructif et entend être une force de proposition participative au moment où le pays refonde son identité institutionnelle et politique. Les élus l’écouteront-ils ? L’avenir le dira. ● FRIDA DAHMANI, à Tunis JEUNE AFRIQUE
MAHMUD TURKIA
les associations citoyennes ont bénéficié des quelque 8 millions d’euros d’aide de la France, de l’Allemagne, de l’Union européenne et des États-Unis. Mais ce qui est sans prix, c’est bien la volonté des bénévoles : disponibles, actifs, inventifs, même s’ils s’essoufflent. « On se reposera plus tard. Pour le moment, nous défendons notre présent et notre avenir ; la Constitution s’écrira aussi avec les démocrates », lâche Habib, un membre de Doustourna.
! LE PREMIER MINISTRE LIBYEN, Abderrahim el-Kib, lors des funérailles d’Ali el-Gaoud, le 9 mai.
LIBYE UN « BODYGUARD » À TERRE DES CENTAINES DE LIBYENS ont assisté le 9 mai aux funérailles d’Ali el-Gaoud, un jeune garde tué lors de l’assaut lancé par des ex-rebelles armés de la ville de Yefren (Ouest) contre le siège du gouvernement libyen. Gaoud, 19 ans, faisait partie du Comité de sécurité suprême, rattaché au ministère de l’Intérieur et chargé notamment de défendre les sites stratégiques. Selon des témoins, il
IRAK LE FUGITIF Poursuivi par Bagdad pour terrorisme, le vice-président irakien Tarek al-Hachemi est depuis le 8 mai l’objet d’une « notice rouge » d’Interpol, qui demande son arrestation pour extradition. Le dignitaire sunnite est actuellement réfugié enTurquie, qui refuse de l’extrader. Il est accusé d’avoir formé des escadrons de la mort sur la base d’aveux de ses gardes du corps, dont l’un est mort en détention. Son procès, prévu le 3 mai, a été repoussé au 15.
aurait tenté de s’interposer quand des ex-rebelles ont fait usage de leurs armes à l’intérieur du complexe gouvernemental de la route d’El-Siqa, dans le quartier Ashour de la capitale. Le Premier ministre, Abderrahim elKib, présent lors des obsèques, a dénoncé un « acte lâche » et appelé les Libyens à refuser la prolifération des armes. De son côté, le ministre de l’Intérieur, Faouzi Abdel-Ali, s’est montré ferme, menaçant d’« utiliser la force si nécessaire pour appliquer la loi et protéger la nation ». ●
ABOU QATADA RETOUR AU PAYS La Grande-Bretagne pourrait prochainement expulser le JordanoPalestinien Abou Qatada vers Amman après le rejet en appel de sa demande de réexamen de son dossier par la Cour européenne des droits de l’homme. Lié à Al-Qaïda, il avait été déjà condamné en 1998 à quinze ans de travaux forcés par la justice jordanienne. Amman a indiqué qu’il sera rejugé « dans le respect des critères
internationaux de protection des droits de l’homme ». HAMAS LE GARDIEN D’ISRAËL En vertu d’une trêve tacite avec Tel-Aviv, le Hamas palestinien, qui contrôle la bande de Gaza, a mis sur pied une force de trois cents hommes chargée d’empêcher les tirs de roquettes du Djihad islamique sur l’État hébreu. Patrouillant jour et nuit dans tout le territoire, cette force a déjà procédé à de multiples arrestations. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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ALGÉRIE
Abderrahmane Hadj-Nacer: « L’autorité n’a pas d’adresse »
Pour l’ancien gouverneur de la Banque centrale algérienne, l’opacité du « système » en place est telle qu’il échappe au contrôle de ses propres dirigeants. Au point que l’on ne sait même plus où se trouve le « centre du pouvoir ».
HAMID BARRADA TONY GAMAL GABRIEL
Propos recueillis par et
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epuis l’indépendance voilà un demi-siècle, l’histoire de l’Algérie a été jalonnée de drames: coups d’État, révoltes populaires et même une guerre civile. Mais son mode de gouvernement n’a pas beaucoup varié. S’il persiste et perdure, « le système », comme on le nomme, n’a rien perdu de son mystère. L’opacité lui est consubstantielle. On sait que tel général à telle période occupe une place centrale, mais pourquoi passe-t-il la main ? Les institutions mises en place donnent à ses mandants les pouvoirs réels, maisjusqu’àquelpointetquicontrôlequi? À ces interrogations récurrentes, un livre fournit une grille de lecture, sinon une tentative d’explication. Intitulé La Martingale algérienne. Réflexions sur une crise, on le doit à Abderrahmane HadjNacer, 60 ans, ex-gouverneur de la Banque centrale (1989-1992), qui a fait partie, autour du Premier ministre Mouloud Hamrouche (1989-1991), de ce que l’on a appelé les « réformateurs ». Dans son ouvrage, paru en 2011, il affirme notamment que « l’autorité n’a pas d’adresse » ou que « les maîtres du jeu ne parviennent pas à respecter les règles qu’ils ont mises en place ». N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
L’auteur observe aussi que, paradoxalement, la richesse pétrolière ne contribue pas au développement, et introduit même un facteur de perversion. À 15 dollars le baril, le pays se met au travail et engage des réformes. À 20 dollars, il ne fait plus d’effort. De proche en proche, tout se déglingue et la frustration se répand partout. Même la courtoisie se perd. « On ne dit même plus bonjour », écrit-il. À l’heure où les citoyens algériens sont appelés aux urnes pour renouveler leur Assemblée, s’interroger sur la nature et les ressorts du système est plus que jamais d’actualité. ● H.B. JEUNE AFRIQUE : Dans votre livre La Martingale algérienne, vous présentez l’Algérie comme un pays de frustrés… ABDERRAHMANE HADJNACER : La Martingale est un
livre d’espoir, même si la situation actuelle est frustrante. Ce qui est frustrant, c’est la dichotomie entre le potentiel humain et la réalité. Situation qu’onpeutaussidésignerparle terme de gaspillage. Gaspillage des ressources naturelles, mais aussi et surtout des ressources humaines. Lorsqu’on marche sur un trottoir défoncé, on sait qu’il est refait chaque année en plus mal… uniquement pour distribuer de l’argent, alors
qu’il y a peu nous exportions du savoirfaire dans les domaines agricole, industriel et même des services, sauf financiers. Aujourd’hui, tout le monde est mécontent. Ceux qui sont censés bénéficier de la manne pétrolière, au bas de l’échelle sociale, comme ceux qui sont au sommet de la hiérarchie. Tous ont le sentiment d’un gaspillage qui les frustre. C’est-à-dire ?
Tous savent que nous pouvons mieux faire, mais personne ne peut désigner les responsables de cette situation. Il existe un systèmeopaquequinepermetàpersonne, ni à ceux qui en sont éloignés, ni à ceux qui y travaillent, de répondre à la question : « Qui est responsable ? » Personne ne sait où se situe le pouvoir. C’est une combinaison qui vise à maintenir le statu quo. Et les dirigeants de ce système ne sont pas en mesure de le faire évoluer. Ce système est unique…
La Martingale algérienne, Abderrahmane HadjNacer (Barzakh, septembre 2011)
À ma connaissance, oui. Même dans l’ex-URSS, il n’y avait pas d’équivalent, puisque la caste a pu évoluer et se transformer en une quasi-classe sociale, avec son mode de reproduction. Ce qui manque au système algérien, JEUNE AFRIQUE
Le système algérien en panne Au niveau du DRS (ex-Sécurité militaire)?
Vous pouvez dire aussi l’état-major ou la présidence. Mais ce n’est pas vrai. On a affaire à un ensemble flou, ce qui est à la fois une force et une faiblesse. Comment le système fonctionne-t-il exactement ?
C’est un collège autodésigné et dont la composition n’est pas figée. L’erreur à ne pas commettre est de désigner un responsable en particulier. Quand on désigne un individu, on le condamne d’une certaine façon. Dès qu’il est connu, il est remplacé par un autre. Des milliers d’années après, on a le sentiment que le système algérien, par réflexe, a retrouvé le fonctionnement des anciennes djemaa berbères. À défaut d’Aguellid, figure de l’autorité dans les sociétés berbères, la collégialité fonctionne avec l’opacité en plus. Dans les années 1990, c’était Khaled Nezzar…
VINCENT FOURNIER/J.A.
On parlait aussi de Larbi Belkheir, de Mohamed Lamari… On a désigné Smaïn Lamari… Ils sont tous partis. On a parlé aussi de Toufik [Mohamed Mediène, NDLR] comme on pourrait désigner le chef de l’État Abdelaziz Bouteflika. La seule certitude, j’insiste, c’est que, chaque fois qu’un supposé maître du jeu vient à disparaître, on constate que le système ne change pas et l’on se rend compte qu’après lui tout continue comme avant.
permis à toute la société de se restructurer autour d’une nouvelle organisation. Au Maroc, on connaît le fonctionnement hiérarchique du Makhzen, qui organise sa propre pérennité selon des règles connues de tous. En Algérie, ni un général ni un pauvre hère ne peuvent se projeter dans le futur.
S’il veut aller à une bonne école, trouver un logement, il va se retrouver confronté à des règles mystérieuses. Il se rend compte que tout ce qui est apparent ne reflète pas la réalité du fonctionnement du système. Pour bénéficier d’un droit, il va devoir affronter des mécanismes opaques de fonctionnement, s’initier aux mécanismes de l’informel. À cette occasion, il perd peu à peu son statut de citoyen bénéficiant de droits opposables. Il devra entrer dans des réseaux de relations, de clientélismes divers, qui permettent au système de bénéficier d’une certaine assise. Il devient un client.
L’opacité est essentielle ?
Que vaut l’enseignement aujourd’hui ?
« Chaque fois qu’un supposé maître du jeu vient à disparaître, on constate qu’après lui TOUT CONTINUE COMME AVANT. »
au-delà de sa capacité à se maintenir et à gérer un statu quo instable, c’est précisément cette capacité de reproduction, donc la sauvegarde de sa base sociale. Son incapacité à se construire autour d’une conscience de classe explique qu’il se suicide en permanence sans le savoir. La transmission fondamentale ici ne concerne pas l’argent, mais la culture. L’absence de lisibilité du système algérien, par manque de conscience de classe, explique l’incapacité de se projeter dans laquelle toutes les catégories sociales sont placées. En Tunisie, on a assisté à la mise en place d’une classe moyenne qui a JEUNE AFRIQUE
Quels sont les obstacles que rencontre un jeune Algérien ?
Elle est consubstantielle au système. Sans elle, il n’existe pas. Cinquante ans après l’indépendance, je défie quiconque de me dire où se trouve le centre du pouvoir.
Le début des années 1980 en Algérie a vu l’émergenced’uncomportementcitoyenet l’exigence d’une gestion plus transparente delacité.Laréactiondusystèmefutd’accélérer la soumission de l’école à l’idéologie, N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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Maghreb Moyen-Orient Entretien et à l’idéologie islamique, pour encadrer la société, empêchant l’émergence de citoyens. Il a produit ainsi lui-même son contre-système avec une école qu’il a pour ainsi dire offerte à l’idéologie wahhabite. Cette école doctrinale, par sa brutalité et sa négation des sujets et de leurs cultures, explique pour beaucoup la violence contre soi et contre les autres que l’on observe chez les jeunes embrigadés dès l’école. Vous notez que si vous aviez dû écrire un livre d’économie, cela aurait été de l’antiéconomie, un catalogue de tout ce qu’il ne faut pas faire…
Dès 1962, l’Algérie a été un champ d’expérimentation qui n’a bénéficié ni d’une préparation conceptuelle ni d’une participation de la population et s’est retrouvée dans une impasse. Au lieu d’aborder la
pouvoir entre les différents protagonistes de la société, puisque le maître suprême peut arbitrer en distribuant de l’argent. La logique rentière s’est installée. C’est seulement dans les moments d’absence de recettes pétrolières excédentaires qu’on laisse les techniciens faire leur travail. Situation plus grave dans les années 19902000 : les techniciens ont été exclus de tous les rouages économiques, le système est passé à une nouvelle phase, peutêtre sans expertise, mais sûrement sans témoins gênants. Qui a mis en œuvre cette exclusion ?
On a toujours affaire à un système opaque. Mais on ne peut pas écarter la main de l’étranger. Pour autant, cela n’enlève rien à notre responsabilité. Par exemple, lorsque le Fonds monétaire
Le système a produit lui-même son contresystème en “offrant” l’école aux wahhabites. question de la réforme agraire, de tirer des leçons de la capacité des paysans algériens à faire face à des handicaps majeurs en 1962 (le départ massif des colons et des ingénieurs), on s’est lancés dans l’autogestion autoritaire pour éviter l’organisation autonome de citoyens. C’est l’exemple même d’une expérimentation volontariste qui ne tenait pas compte de la réalité sociale, de la population et de son histoire, et qui fut le premier grand échec. Les raisons de cet échec sont à chercher dans le fait que, confronté à des demandes citoyennes, ce qui était déjà le système a réagi en détournant cette demande par l’imposition d’un schéma centralisateur. Deuxième exemple en 1962 : on s’est occupés du petit commerce et de la petite industrie, c’est-à-dire des pans de l’économie qui fonctionnaient. On s’est ainsi attaqués à ce qui pouvait donner naissance à l’Homo economicus algérien, et ce faisant, on l’a tué. Selon vous, c’est le pétrole qui empêche les réformes. Vous avez même cette formule: « Quand le pétrole est à 15 dollars, on peut réformer, quand il est à 20, on ne peut plus. »
Entre 1967 et 1972-1973, l’Algérie obéissait à une logique de développement. À partir de 1973, avec le quadruplement du prix du pétrole, cettelogique s’effondre. On n’a plus besoin d’observer les équilibres de N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
international [FMI] proclame, en 1994, que « le Plan est démodé », dans un pays normal, on enlève la plaque en cuivre où était inscrit « ministère du Plan » et on la remplace par « Institut de prospective ». En Algérie, on a détruit le Plan, institution et ressources humaines. Mieux, on a fait disparaître les archives. Deuxième exemple. Le même FMI nous demande d’arrêter le financement des entités économiques non rentables. Dans un pays normal, on étudie les causes du dysfonctionnement constaté et on ferme les entreprises qui ne peuvent pas être sauvées. Celles qui ne fonctionnent pas faute de crédits peuvent être sauvées une fois les entreprises sans avenir fermées. En Algérie, on a tout fermé, sans distinction. 500 000 travailleurs ont été congédiés. Quand les cadres ont protesté, on les a jetés en prison sous couvert de mauvaise gestion. Les statistiques de cadres détenus varient, selon les journaux de l’époque, entre 4 000 et 6 000 pour la période 1995-1996. En 1986, Jacques Berque affirmait que deux pays arabes – l’Algérie et l’Irak – ne pouvaient pas exercer leur puissance, car ils possèdent à la fois la terre, la population, l’eau et le pétrole, et jamais l’empire ne le tolérera. Dans mon livre, c’est cette logique folle que j’essaie de décrypter : nous subissons les desiderata de l’empire sans même nous demander pourquoi.
Quel est cet empire ?
En fin de compte, on a affaire à deux grands électeurs, le français et l’américain. Et puis il y en a un troisième, que l’on fait voter de force et qui est ignoré par tous: la population. Dans notre région, ceux qui légitiment le système depuis l’extérieur ont besoin, pour des raisons de contrôle du rééquilibrage du monde, que les régimes s’adaptent. Ils ont conscience que ces systèmes locaux ne parviennent plus à endiguer l’émergence d’une citoyenneté. Le phénomène de l’émergence citoyenne, observé en Algérie dès les années 1980, se répandant à travers la région, il s’agit de redéfinir ces pouvoirs locaux. Que pensez-vous du Printemps arabe ?
On a demandé un jour à Zhou Enlai ce qu’il pensait de la Révolution française. Il a répondu qu’il était trop tôt pour avoir une opinion. Je peux dire néanmoins que la demande de Printemps arabe correspond à une évolution normale des peuples. Même les pays les plus pauvres ont connu un progrès dans l’éducation. Chez les populations qui ne vivent plus dans une extrême pauvreté, on constate une aspiration à participer à la gestion de la cité. Parallèlement, cette aspiration a rencontré la volonté, décrite précédemment, de l’empire américain de gérer l’ensemble du monde, en même temps qu’émergent de nouveaux pôles comme la Chine et l’Inde et qu’a disparu brutalement l’URSS. Comment expliquer la réserve des Algériens vis-à-vis du Printemps arabe ?
Ils sont instruits par ce qui s’est passé en octobre 1988 et par la tragédie de la décennie noire. Les Algériens ne sont pas naïfs. Ils sont capables de vous expliquer ce qui se passe en Tunisie, en Libye et en Syrie. Ils savent ce que c’est qu’une manipulation et que c’est toujours le peuple qui paie à la fin. La révolution tunisienne est donc perçue comme une manipulation ?
Évidemment. Ne confondons pas les aspirations du peuple tunisien, son combat, la spontanéité de sa révolution et les tentatives de récupération manipulatrice en cours. Et en Égypte ?
Moubarak n’était plus utile, alors même que l’armée égyptienne a perdu le contrôle de sa pérennité et, encore une fois, nous JEUNE AFRIQUE
Le système algérien en panne ð À partir de 1973 et du QUADRUPLEMENT DU PRIX DU PÉTROLE,
le pays a cessé d’obéir à une logique de développement.
ouvertes. Tous les régimes de la région ont besoin de l’économie informelle. Il y a une certaine circulation d’argent que l’on ne peut pas gérer dans le budget. Au nom de quels intérêts agit le Qatar ?
BILOU
Quand vous êtes l’empire, vous pouvez faire faire par le Qatar tout ce que ne vous permettent pas de faire le Congrès ou l’Assemblée nationale.
avonsobservéunappelauxislamistespour faire barrage aux aspirations citoyennes.
populations se massacrent, mais personne ne touche à l’économie pétrolière.
La Syrie ?
Qu’en est-il des relations entre l’Algérie et le Maroc ? À quand l’ouverture des frontières ?
La Syrie est un des lieux où se cristallise la gestation des futurs équilibres. Les Russes ne veulent pas disparaître, les Chinois ne veulent pas encore apparaître, mais refusent que l’empire américain gère la totalité du monde. En outre, la Syrie est une des clés de l’Iran et du pétrole. Deux puissances proches de l’Iran, la Chine et la Russie, ne peuvent pas permettre que leur approvisionnement soit contrôlé par une puissance qui veut leur interdire l’accès aux futurs équilibres du pouvoir. Je ne pense pas que la Syrie soit si fragile que ça. Avec l’Iran, elle va nous indiquer ce que seront les équilibres de pouvoir dans les prochaines années. Et pourtant, les luttes en faveur de la citoyenneté du peuple syrien sont légitimes. On va s’arrêter à la Libye…
Àmonavis,l’affairelibyenneestundommagecollatéraldelarévolutionégyptienne par la Cyrénaïque, qui possède un rapport fort avec l’Égypte. Ce sont les mouvements dans cette région qui ont donné prétexte à une intervention étrangère. En tout cas, une question se pose : pourquoi diable fait-on exploser des pays pétroliers ? Le chaos est-il nécessaire à la gestion des économies pétrolières? C’est ce qu’on voit en Irak ou en Libye. Faut-il s’attendre à ce que l’Iran et l’Algérie connaissent à leur tour le chaos ? Une chose est claire : les JEUNE AFRIQUE
Le jeu permanent, sur le plan international, a consisté à opposer l’Algérie au Maroc et à présenter le Maroc comme une alternative à l’Algérie. Ce qui se passe entre ces deux pays est important, car il met en relation deux formes de légitimité : l’une par l’inscription généalogique, l’autre par le sang versé pour la patrie. La légitimité de l’un se nourrissant de la négation de la légitimité de l’autre. L’instabilité est une demande objective des deux régimes, elle rencontre des intérêts internationaux. Les
À quoi servent les élections en Algérie ?
À rien pour la population, dans l’état actuel des choses. Elles sont utiles au systèmeetàsesinterlocuteursinternationaux. Les élections servent à réaffirmer une légitimité par les urnes, très valorisées actuellement. L’enjeu se résume, aujourd’hui, au tauxdeparticipation.L’Unioneuropéenne, en déléguant quelques observateurs – dix fois moins qu’en Ukraine –, vise à crédibiliser la modernisation apparente du système algérien, alors que les nouvelles lois dites de réforme politique sont en net recul relativement à celles adoptées il y a plus de vingt ans. On constate bien, ici, la duplicité – pour ne pas dire la condescendance – des discours « démocratistes » occidentaux, qui nient l’aspiration à la citoyenneté des Algériens en contrepartie
Les élections ne servent à rien, sinon à réaffirmer une légitimité par les urnes. questions en suspens, comme l’ouverture des frontières, trouveront leur solution quand la légitimité populaire l’emportera sur la légitimité par le sang, celui de la généalogie comme celui du combat. S’agissant des frontières, on peut comprendre que, au-delà des discours, personne n’est intéressé par leur ouverture ; et surtout pas, d’ailleurs, les porteurs d’intérêts immenses qui se nourrissent de la contrebande au-delà des seuls petits trafiquants. Des frontières fermées rapportent plus d’argent que des frontières
de la sécurité des approvisionnements énergétiques et du contrôle des mouvementsdepopulations.Onpeuts’interroger sur la perception qu’a l’Europe de ses propres intérêts comme de son avenir. Que gagne-t-elle à participer au maintien de façon violente – violences juridiques ou bombardements – des populations de la région sous le contrôle de régimes autoritaires ? Peut-elle comprendre que son avenir est dans l’acceptation des peuples maghrébinscommepartenairesetcitoyens du monde en Méditerranée ? ● N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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Europe, Amériques, Asie
EUROPE
Plébiscite pour
L’élection de François Hollande à la présidence française et, plus encore, la victoire des partis antieuropéens aux législatives grecques en témoignent : la politique d’austérité imposée par l’Allemagne et le FMI est de plus en plus largement rejetée.
CLAUDE LEBLANC
L
undi7mai.Enfindejournée,lesmédias français se sont félicités de la réaction positive des marchés à l’élection de François Hollande à la tête du pays. On avait tellement prédit une dégringolade des cours après l’arrivée au pouvoir du chantredelacroissancequedescocoricospouvaient résonner pour saluer ce que d’aucuns considèrent comme une première victoire du nouveau chef de l’État face aux défenseurs de l’austérité à tous crins. Dans les derniers jours de la campagne électorale, l’équipe du candidat socialiste avait cru déceler un frémissement chez les partenaires européens en faveur d’un pacte de croissance. Angela Merkel aurait laissé entendre qu’elle ne fermait pas la porte à des discussions, tandis que Mario Draghi, patron de la Banque centrale européenne (BCE), affirmait que les Européens devaient réfléchir à l’introduction d’une dose de croissance pour contrebalancer l’austérité, leitmotiv des gouvernements du Vieux Continent. Cette austérité, elle a été imposée de façon drastique aux Grecs, aux Espagnols et aux Italiens, fragilisantnonseulementleséconomiesnationales,mais aussi, et surtout, les pouvoirs en place. La solution a été purement et simplement rejetée le 6 mai par les électeurs grecs, lors des législatives, et français. Ces derniers ont remercié Nicolas Sarkozy, qui avait fait des mesures de rigueur la base de son programme électoral. Le succès de la coalition d’extrême gauche Syriza, farouchement hostile à l’austérité et désormais deuxième parti de Grèce, illustre le refus de la population de voir son niveau de vie réduit à néant pendant que le chômage s’envole. Dès lors, l’attitude qu’adoptera Hollande après son entrée en fonction, le 15 mai, sera déterminante pour l’avenir de l’Union européenne. Se tiendrat-il aux côtés du peuple grec contre l’austérité ? Ou soutiendra-t-il le gouvernement allemand et le N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
! À LA VEILLE DU SCRUTIN dans une rue d’Athènes, le 5 mai. LÉGISLATIF,
Discrédités, les deux grands partis grecs ne recueillent qu’un tiers des voix.
Fonds monétaire international (FMI) en admettant que le renflouement de la Grèce ne peut être renégocié? En d’autres termes: prendra-t-il la tête d’une fronde de l’Europe du Sud afin de contester la rigueur et d’isoler la chancelière allemande ? ISOLER BERLIN ? Jusqu’au 6 mai, cette dernière
pouvait compter sur le soutien de Sarkozy, à tel point qu’on avait fini par créer le néologisme « Merkozy » pour évoquer leur entente. Parlerat-on dans quelques mois de « Merkollande »? Rien n’est moins sûr. Malgré la prudence affichée par Berlin concernant le pacte de croissance défendu par le candidat socialiste, il semble aujourd’hui JEUNE AFRIQUE
Europe, Amériques, Asie
la
croissance
difficile, sur le fond, de trouver une quelconque approche commune. Pour Merkel, le plan de croissance doit se concentrer sur des réformes structurelles, notamment le renforcement de la flexibilité du marché du travail. Hollande imagine pour sa part des investissements et la création d’emplois dans le développement des énergies renouvelables et des infrastructures, grâce à l’émission d’obligations européennes – les fameux eurobonds. Les réformes structurelles sont absentes de son programme, alors qu’elles sont au cœur de la vision allemande. Si le nouveau président français devait camper sur ses positions et chercher à isoler Berlin JEUNE AFRIQUE
55 %
des Allemands favorables aux mesures d’austérité d’Angela Merkel (33 % y sont opposés)
KOSTAS TSIRONIS/AP/SIPA
CRÉDIT PHOTO
au sein de l’Union européenne, ce serait « un véritable séisme dans la politique étrangère française de l’après-guerre, fondée sur l’idée que le “couple franco-allemand” devait gérer les affaires de l’Europe. Une alliance de la France avec le Sud porterait également tort à l’image qu’elle a d’elle-même, en tant que l’une des économies les plus fortes du continent », estime le Financial Times.
BLOCAGE TOTAL. C’est évidemment une responsabilité énorme que Hollande aura du mal à assumer, en dépit des pressions qui s’exercent déjà sur lui. Sa victoire est interprétée comme une première brèche dans le dogmatisme des tenants de l’austérité. Un peu partout en Europe, les formations qui rejettent cette politique ont désormais le vent en poupe. En Irlande, par exemple, le Sinn Féin, parti nationaliste et catholique, fait le plein de voix, en particulier chez les jeunes, grâce à son discours antiaustérité. Une montée en puissance qui inquiète les formations classiques. Les élections grecques l’ont montré : les deux partis traditionnels favorables au renflouement, Nouvelle Démocratie et le Pasok, n’ont récolté qu’environ un tiers des voix et se montrent incapables de former un gouvernement. Le blocage politique est total. Il n’est pas de nature à inciter la France à jouer avec le feu en choisissant la confrontation avec Berlin. Les plus pessimistes imaginent déjà une implosion de la zone euro, voire de l’Union européenne. Le 8 mai, David Cameron, le Premier ministre britannique, a rappelé dans un entretien accordé au Daily Mail que l’euro ne pouvait pas fonctionner sans un gouvernement européen, laissant poindre son inquiétude face à la détérioration de la situation dans la zone. Il a ainsi répondu à la critique de Hollande selon laquelle le Royaume-Uni était « indifférent » au sort de la monnaie unique. Voilà pourquoi il est urgent de déterminer une ligne de conduite commune. C’est d’autant plus indispensable que les marchés craignent manifestement que la Grèce, sous l’influence d’un parti de la gauche radicale galvanisé par les résultats des législatives, ne remette en question ses engagements en matière de rigueur. Face à l’incertitude et à l’absence totale de visibilité à court terme, les Bourses enregistrent des mouvements de yoyo. À Athènes, la Bourse est tombée, le 8 mai, à son niveau d’il y a vingt ans. Pas de quoi claironner ni donner un quelconque espoir de reprise, synonyme d’un retour rapide à la croissance. ● N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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Europe, Amériques, Asie AMÉRIQUE LATINE
Kirchner sur les traces de Chávez? La nationalisation des filiales de deux groupes espagnols par les gouvernements argentin et bolivien provoque l’inquiétude des investisseurs étrangers, traumatisés par le précédent vénézuélien.
A
lors qu’elle traverse une crise économique sans précédent, l’Espagne vient d’encaisser à quinze jours d’intervalle deux mauvais coups dont elle se serait assurément bien passée. Ils viennent d’Amérique du Sud. Le 16 avril, le gouvernement argentin a annoncé de manière inopinée – et sans promesse d’indemnisation – l’expropriation du principal exploitant pétrolier en Argentine, YPF, contrôlé à 57,4 % par le géant espagnol Repsol. Afin de justifier sa décision – confirmée le 3 mai par l’adoption d’une loi –, la présidente Cristina Kirchner a déploré la faiblesse des investissements d’YPF dans l’exploration et la production pétrolières. Elle le tient pour responsable de l’explosion des importations d’hydrocarbures (+ 110 %, soit 7,1 milliards d’euros en 2011), alors quelesous-solargentinrecèled’immenses ressources. PROTECTIONNISME. La nouvelle a provo-
populistes de gauche dont les orientations anticapitalistes ne sont un secret pour personne, ont applaudi sans retenue. Le gouvernement « bolivarien » de Hugo Chávez avait d’ailleurs ouvert la voie : en treize ans, il a exproprié près de 1 millier d’entreprises. Quant au Brésil et au Pérou,
« Ces mesures auront à moyen terme des conséquences négatives sur le développement économique de l’Argentine et de la Bolivie et sur la garantie des investissements », a réagi Luis de Guindos, le ministre espagnol de l’Économie. Son pays va riposter en réduisant ses importations de biocarburant argentin. Mais un recul Son sous-sol est riche. Pourtant, global des investissements l’Argentine importe de plus directs étrangers (IDE) en en plus d’hydrocarbures. Amérique du Sud n’est pas à l’ordre du jour. Selon le dirigéseuxaussipardesgouvernementsde dernier rapport de la Commission économique pour l’Amérique latine et les gauche mais opposés aux nationalisations, Caraïbes (Cepal), cette région du monde ils s’en sont tenus à de prudentes réactions. est celle où les investissements étrangers RIPOSTE. Bien entendu, les considérations ont le plus augmenté en 2011 (+ 31 %), depolitiqueintérieurenesontpasabsentes pour atteindre 153 milliards de dollars, des décisions prises par Kirchner et soit 10 % des flux mondiaux. L’Argentine Morales: il est souvent profitable de flatter et la Bolivie ont certes envoyé un signal le nationalisme des populations. Surtout négatif aux investisseurs, mais ceux-ci pour le second, confronté à une forte peuvent fort bien se tourner vers des pays contestation ouvrière. Depuis son arrivée qui, à l’instar de la Colombie ou du Brésil, au pouvoir, en 2006, il annonce d’ailleurs offrent de meilleurs cadres juridiques et chaque année à l’occasion du 1er Mai une se montrent peu enclins à nationaliser à nouvelle vague de nationalisations. tout va. ● MARIE VILLACÈQUE
qué la colère de Madrid – YPF assure à lui seul un tiers des bénéfices de Repsol – et l’inquiétude des investisseurs étrangers. Le continent sud-américain serait-il menacé par une vague de protectionnisme? Il estencoretroptôtpourledire, mais, dès le 1er mai, le président bolivien Evo Morales a, à son tour, annoncé la nationalisation de Transport d’électricité, filiale de Réseau électrique d’Espagne (REE), en raison de l’insuffisance de ses investissements (5 millions de dollars par an depuis 1997). L’entreprise espagnole bénéficiera cependant d’une indemnisation raisonnable. En Amérique latine, les réactions ont été pour le moins contrastées. Le Mexique, la Colombie et le Chili, pays dirigés par des libéraux, ont ostensiblement pris leurs distances. À l’inverse, le Venezuela, Cuba ! MANIFESTATION DEVANT LE PARLEMENT, à Buenos Aires, le 3 mai, pour soutenir la nationalisation et l’Uruguay, dirigés par des de la compagnie YPF, filiale du géant pétrolier espagnol Repsol. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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DANIEL GARCIA/AFP
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Chongqing, grandeur et décadence Avec ses 34 millions d’habitants, c’est la première ville du monde. Sa croissance est vertigineuse. Son endettement aussi. La chute de Bo Xilai, son chef, peut-elle remettre en question son modèle de développement ?
ALEXANDER F. YUAN/AP/SIPA
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égalopole de 34 millions d’habitants perchée sur un piton rocheux dans un coude du fleuve Yangzi Jiang, la commune de Chongqing est grande comme trois fois la Belgique. Cinq années durant, elle fut dirigée par le charismatique Bo Xilai. L’éviction de ce dernier du comité central du Parti communiste (il est accusé de corruption, et son épouse du meurtre d’un Britannique) peut-elle remettre en question son extraordinaire croissance ? « Depuis 2007, les investissements étrangers ont été multipliés par dix, explique un fonctionnaire. La croissance économique a été de 17 % en 2010 et de 16,4 % l’an dernier, soit bien plus que la moyenne nationale. » Dans le hall de la mairie trône une gigantesque maquette représentant le Chongqing de demain. On y discerne un opéra à 1 milliard d’euros, des ponts traversant le fleuve en tous sens en remplacement des antiques téléphériques et une forêt de gratte-ciel à Yuzhong, le quartier des
! SÉANCE DE TAÏ-CHI-CHUAN sur le toit d’un immeuble de la mégacité.
l’égide de Bo Xilai, la ville a expérimenté un modèle économique original basé sur des projets d’infrastructures financés par la collectivité et une zone économique spéciale où les taxes sur les entreprises étrangères ne dépassent pas 15 %, soit dix points de moins que dans la capitale. Pourtant, Chongqing revient de loin. Perdue à la frontière du Sichuan, dans le sud-ouest du pays, la ville fut entre les deux guerres mondiales la capitale de Tchang Kaï-chek, le leader nationaliste. Du coup, elle Exit ruelles et bidonvilles. Place fut systématiquement négliaux autoroutes à six voies et gée par les dirigeants comaux immeubles de trente étages. munistes. Les triades, les tristement célèbres mafias affaires, copie conforme de Hong Kong chinoises, y régnèrent longtemps sans avec ses banques étrangères, ses sièges partage. Quelques mois après son arrivée, de grandes entreprises et ses centres Bo Xilai déclencha une croisade de grande commerciaux flambant neufs. En cinq envergure contre le crime organisé. Bilan: ans, Chongqing a connu une mue assez cinq mille arrestations, des exécutions, prodigieuse. un ancien chef de la police débarqué… À l’époque, pour d’évidentes raisons de VILLE-MONTAGNE. Exit les bidonvilles sécurité, il était contraint de vivre dans et les ruelles sombres partant à l’assaut une caserne sous la protection de l’armée. de cette ville-montagne. Place aux autoDans les librairies de Chongqing, les routes à six voies, aux immeubles de trente ouvrages à la gloire de Bo sont toujours là, étages et aux enseignes étrangères. Sous preuve de sa popularité intacte. « Il était JEUNE AFRIQUE
immensément riche et probablement corrompu, mais, en Chine, quel homme politique ne l’est pas ? commente un vendeur de journaux. Tout ce que je vois, c’est que notre ville s’est développée et modernisée de manière extraordinaire. Maintenant, il y a du travail pour tout le monde. Les vieux quartiers ont été détruits et nous vivons dans des appartements avec l’eau courante et l’électricité. Pour les gens comme moi, il a fait du bon travail. » QUASI-FAILLITE ? Mais tout n’est pas si
rose. À en croire certains économistes, Chongqing est au bord de la faillite. « On se demande combien de temps elle va pouvoir continuer à investir de la sorte », s’inquiète l’un d’eux, qui préfère rester anonyme tant le sujet est sensible. On estime généralement que l’endettement de la municipalité dépasse les 35 milliards d’euros. Mais certains avancent le chiffre vertigineux de 100 milliards ! « La question est maintenant de savoir si elle va pouvoir rembourser ses dettes. C’est d’autant plus essentiel que de nombreuses villes chinoises ont suivi son exemple. » ● SÉBASTIEN LE BELZIC, envoyé spécial N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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PARCOURS | D’ici et d’ailleurs
SES LIENS AVEC LE CAMEROUN sont comme un tatouage « invisible et secret ».
Philippe Ebanga Républicain au long cours Ce natif de Douala, qui a commandé le deuxième plus grand navire de guerre de la flotte, est le nouveau porte-parole de la marine française.
A
VEC SES SUBORDONNÉS, Philippe Ebanga porte le masque du capitaine de vaisseau: traits durs et ton ferme, presque autoritaire. Dans la marine, son rang équivaut à celui de colonel dans l’armée de terre. Pourtant, dans l’intimité de son bureau, sourire éclatant et regard espiègle, il se laisse parfois aller à quelques facéties… Son visage de métis est désormais celui de la marine française. Le 2 mai dernier, il en est devenu le porte-parole. La nouvelle n’est pas passée inaperçue dans cette institution réputée conservatrice qui est surnommée, souvent avec ironie, la Royale. « Un officier noir bientôt porte-parole de la marine », a ainsi souligné Jean-Dominique Merchet, journaliste spécialiste des questions militaires, sur son blog. De quoi agacer quelque peu l’intéressé. « Quand je suis entré à l’École
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navale, en 1983, la question des minorités et de l’égalité des chances n’intéressait personne. Au cours de mon parcours, j’ai passé des concours anonymes très sélectifs. Donc, je suis très tranquille à ce sujet. » On l’aura compris, sa promotion n’a rien à voir avec sa couleur de peau, héritée de son père camerounais. Non pas qu’il soit fâché avec ses origines: cet homme de 46 ans est pétri d’un idéal républicain à la française. Son enfance et son adolescence, au Cameroun, n’ont d’ailleurs pas exactement ressemblé à celles de tous ses camarades de classe. Les vacances du jeune garçon, c’était laVendée, département d’origine de sa mère (« une bonne française typique », s’amuse-t-il) et ancien bastion, sur la côte atlantique, des plus fervents royalistes pendant la Révolution française. Son père, qui avait bénéficié,
enfant, d’une bourse pour entrer au collège en France (à l’époque où le Cameroun était encore une colonie), y a terminé ses études de lettres, à la Sorbonne, pour devenir professeur d’histoire. Mais c’est bien entre Douala (sa ville natale), Nkongsamba et Yaoundé que Philippe Ebanga a grandi, au gré des mutations paternelles. Ebanga parle de « tatouage invisible » pour qualifier ses liens avec la terre natale. Indélébile, mais secret. En débarquant en classe préparatoire, au Prytanée militaire de La Flèche (centreouest de la France), l’adolescent, attiré par le commandement, a dû « s’ajuster », selon ses termes. « Quand on est l’élément exogène, explique-t-il avec son vocabulaire froid, on doit un peu faire l’effort. Pas forcément se renier, mais s’intégrer au groupe déjà constitué. » Pour réaliser son rêve, il a donc fait le choix, symboliquement fort et indispensable pour devenir officier, de renoncer à sa nationalité camerounaise. C’est donc exclusivement en tant que militaire français qu’il sera envoyé, à plusieurs reprises, sur le continent. Ainsi, en 2009, lorsqu’il entre dans le port de JEUNE AFRIQUE
Europe, Amériques, Asie
À peine de retour dans son port d’attache de Toulon, fin février, son navire repartait au large de la Libye pour lancer ses aéronefs contre les troupes de Mouammar Kaddafi. Comme à Abidjan, il n’a pas participé à l’épilogue de l’opération, mais assure n’en garder aucune frustration. « Vous ne pouvez pas le savoir, mais je sais que notre travail en amont a eu un rôle décisif dans le dénouement de ces crises », lâche-t-il sans préciser. À l’heure où l’on commence à mesurer, dans le Sahel, les effets collatéraux de l’intervention française, le militaire de retour à Paris a-t-il des états d’âme? « Non. C’est simple: je ne fais pas de politique. C’est un peu comme le chirurgien qui accomplit un geste technique avec détachement, pour se protéger de la compassion. On me dirait d’aller le faire au Baloutchistan, ça ne changerait rien. » Esprit de corps, égalitarisme, rejet de la distinction… Philippe Ebanga paraît tout à fait à l’aise dans l’uniforme français. Aux États-Unis, où il a servi dans la Navy pour un échange de trois ans (au cours desquels il est intervenu après l’ouragan Katrina), il a pourtant découvert une autre façon de faire. « Là-bas, j’ai été frappé par le fait qu’on célèbre les différences de manière tout à fait officielle: un jour la culture hispanique, un autre l’histoire des Noirs… Mais le pendant de cela, explique-t-il l’œil brillant, c’est qu’ils se rassemblent autour de cet indescriptible amour du drapeau américain. Il y a toutes les couleurs de peau, même au plus haut niveau de commandement. Et ça ne les empêche en rien d’être efficaces. » ● PIERRE BOISSELET Photo : VINCENT FOURNIER JEUNE AFRIQUE
BRÉSIL
Favelas sous haute tension À deux ans du Mondial de football, la sécurité à Rio de Janeiro s’améliore lentement. Mais à quel prix !
PABLO JACOB/AFP
Douala, c’est à bord du porte-hélicoptères Tonnerre, le deuxième plus grand navire de la flotte (après le porte-avions Charles de Gaulle), dont il est alors officier en second. Devenu commandant du navire, il devait s’y rendre à nouveau, en octobre 2010, avant d’être redirigé vers Abidjan, où la crise postélectorale menace. « J’avais été au même endroit, et presque avec les mêmes protagonistes, au début de l’histoire, en 2002, lorsque je commandais la frégate aviso Commandant Birot », sourit-il.
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es images ont fait le tour du monde. Le 13 novembre 2011, le bataillon des opérations spéciales, avec le renfort de 3 000 policiers, d’hélicoptères et de blindés, a repris le contrôle de Rocinha, plus grande favela de Rio de Janeiro et place forte du trafic de drogue. Sans qu’un coup de feu n’ait été tiré. En apparence, c’était un éclatant succès pour les autorités. Dans les faits, c’est beaucoup plus compliqué. Car, depuis le mois de février, dix personnes ont été tuées à Rocinha. Parmi les victimes, un leader communautaire poursuivi pour constitution de bande armée, mais aussi un caporal de la police militaire en service. Sur place, le climat reste très tendu. On attend toujours le déploiement par l’armée d’une unité de police pacificatrice (UPP), censée maintenir l’ordre dans les favelas théoriquement pacifiées. Chassés par la porte, les narcotrafiquants sont en effet revenus par la fenêtre. À deux ans du Mondial de football, l’enjeu est capital. Car Rocinha est située dans le sud de la ville, à proximité des quartiers cossus où sera accueillie la majorité des touristes. D’autant que d’autres quartiers posent problème. En avril, une semaine après l’arrivée des deux premières UPP, le ComplexodoAlemão,ensembledefavelas situé dans le nord de Rio, a été le théâtre de violences et d’arrestations. Niterói, de
INTERVENTION DE L’ARMÉE dans le Complexo do Alemão, en 2011.
l’autre côté de la baie, connaît lui aussi une vague de violences. Sans doute est-ce le résultat de l’arrivée de trafiquants chassés des quartiers pacifiés. Deux cents policiers supplémentaires ont été déployés à Niterói. Et 350 à Rocinha. DÉFI IMMENSE. Rio compte un millier de
favelas. À ce jour, seules vingt et une UPP ont été déployées. Une unité peut certes couvrir plusieurs favelas, mais il n’empêche : le défi reste immense. Pourtant, quand elles réussissent à s’implanter, les UPP obtiennent des résultats. Selon une étude récente, 74 % des habitants de Rio se sentent plus en sécurité depuis la mise en place, fin 2008, des premières d’entre elles. Globalement, la criminalité reste élevée mais régresse. Le taux d’homicides est passé de 56,6 pour 100 000 habitants en 2000 à 24,3 en 2010. Une évolution confirmée en 2011. Sur le plan national, en revanche, la situation reste stable: autour de 26 homicides pour 100 000 habitants. Car la géographie de la criminalité a changé. Il y a dix ans, c’est à São Paulo et à Rio de Janeiro que la situation était le plus grave. Aujourd’hui, c’est dans l’État amazonien du Pará, dans les grandes villes de l’État de Bahia et dans certains États du Nordeste. ● ÉLODIE GUIGNARD, à Rio de Janeiro N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
Économie
INTERVIEW
Ory Okolloh Directrice de
la stratégie de Google Afrique
ÉCHANGES
Le Brésil aux premières loges Prévu les 15 et 16 mai, le sommet Afrique-Amérique du Sud a été reporté sine die. Mais si ses voisins latino-américains manquent d’empressement, la sixième puissance économique mondiale s’implante durablement sur le continent. Avec comme fer de lance des champions nationaux tels que Petrobras ou Vale. JEAN-MICHEL MEYER
D
ans le ciel d’un Sahel sous tension, les patrouilles aériennes se multiplient. Avec Embraer, l’un de ses fleurons industriels et troisième constructeur aéronautique mondial,leBrésilparticipe,même indirectement,àlaluttecontreAl-QaïdaauMaghreb islamique (Aqmi) et la rébellion touarègue. Le groupevienteneffetdevendretroisSuperTucanoau Burkina Faso et quatre à la Mauritanie. L’acquisition de ces avions d’attaque au sol par Ouagadougou et Nouakchott ainsi que par Luanda (l’Angola a commandé six appareils) pour un total de 180 millions de dollars (près de 135 millions d’euros) a été révélée le 28 mars par le constructeur. « Le Super Tucano est très efficace et offre de faibles coûts d’exploitation. Ses capacités dans la surveillance aérienne et dans des missions contre-insurrectionnelles en font un appareil idéal pour l’Afrique et plusieurs autres pays sont intéressés », a assuré à cette occasion Luiz Carlos Aguiar, le patron de la branche défense et sécurité d’Embraer. Dans le domaine civil, le brésilien a déjà commercialisé en Afrique environ 150 avions de transport régional de 70 à 120 places et veut doubler ce chiffre dans les vingt ans. Présent, enfin, dans l’aviation d’affaires, le constructeur a signé en 2011 un accord de partenariat avec le nigérian Barbedos Group, spécialisé dans la location. Les succès d’Embraer sur le continent illustrent la prééminence du Brésil dans les relations commerciales entre l’Amérique latine et l’Afrique et soulignent dans le même temps la timidité des autrespoidslourdslatino-américains.Régulièrement annoncée, l’arrivée de groupes agro-industriels argentins n’a toujours pas abouti. Il en va de même N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
pour le magnat mexicain des télécoms Carlos Slim, dont le groupe, América Móvil, contrôle environ 70 % du marché national de la téléphonie mobile. En octobre 2011, il a affirmé vouloir investir en Afrique, avec le Kenya, le Nigeria et l’Afrique du Sud pour premières cibles. Mais c’est en Europe qu’il s’apprête à débourser 2,6 milliards d’euros pour monter au capital du néerlandais KPN. CONFIANCE. C’est donc sans grande surprise que l’Union africaine (UA) a annoncé le 8 mai le report à une date inconnue, « à la demande du côté sudaméricain»,dutroisièmesommetAfrique-Amérique du Sud (Africa-South America, ASA), prévu les 15 et 16 mai à Malabo. Le fait que les principaux artisans de cette coopération Sud-Sud aient été Mouammar Kaddafi et Hugo Chávez peut expliquer ce report. Mais rien de tel avec les Brésiliens. Organisée par laBanquenationaledudéveloppementéconomique et social (BNDES), la rencontre Brésil-Afrique a bien eu lieu le 3 mai à Rio de Janeiro, en présence de l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva et de représentants de grandes entreprises du pays. À cette occasion, la banque BTG Pactual a annoncé la création d’un fonds de 1 milliard de dollars pour investir dans l’énergie, les infrastructures et l’agriculture en Afrique. « C’est la démonstration de l’énorme confiance du Brésil envers cette région », a commenté son PDG, André Esteves. « Le Brésil est désormais la sixième économie mondiale et nous avons des responsabilités dans ce monde globalisé. Après la crise internationale, dont ni le Brésil ni l’Afrique ne sont à l’origine, nous avons besoin de raffermir nos relations et nos liens économiques », a justifié de son côté Lula. C’est sous sa présidence, entre 2003 et 2010, que les échanges commerciaux entre son pays et le continent ont décollé, atteignant 20 milliards de dollars à la fin
ISSOUF SANOGO/AFP
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Le Nigeria, l’Angola, l’Algérie, l’Afrique du Sud et la Libye sont ses principaux marchés. JEUNE AFRIQUE
La crise de l’euro, calamité ou opportunité ?
TÉLÉCOMS
Armistice chez Comium
PORTRAIT
MAROC
Wided Bouchamaoui
Centrale laitière, leader mal aimé
Présidente de l’Utica
SI LES ÉCHANGES ONT ÉTÉ MULTIPLIÉS PAR CINQ… Q… Évolution du commerce rce entre l’Afrique et le Brésil, en milliards de dollars
2010
4,2 2000
… LLES INVESTISSEMENTS RESTENT MODESTES
États-Unis (1 ) er
14,1 %
France (2 ) e
11,8 %
Royaume-Uni (3e) Brésil (30e)
de son mandat (voir infographie). Plus de 80 % des importations brésiliennes sont des hydrocarbures et des matières premières. Quant aux exportations versl’Afrique,ellessecomposentsurtoutdeproduits alimentaires et de biens d’équipement. Les entreprises brésiliennes sont présentes dans plus d’une vingtaine de pays, le Nigeria (32 % des échanges), l’Angola (16 %), l’Algérie (12 %), l’Afrique du Sud (10 %) et la Libye (7 %, avant le conflit) étant leurs principaux marchés. Comme avec Embraer, le Brésil s’appuie sur ses grands groupes pour pénétrer le marché africain, où ils ont investi plus de 10 milliards de dollars en 2009. Le géant pétrolier Petrobras extrait près de 57500 barils par jour sur le continent, soit 24 % de sa production mondiale. Sur la période 2009-2013, il aura engagé 900 millions de dollars en Angola et 2 milliards au Nigeria. Son compatriote Vale (mines) consacrera à l’Afrique 9,1 % des 12,9 milliards de dollars d’investissements qu’il débloquera en 2012. Danslesdeuxans,legroupeauralancél’exploitation dugisementdeferdeSimandou,enGuinée(1,2milliarddedollarsd’investissements),etdéveloppécelle de la mine de charbon de Moatize, au Mozambique (2 milliards), en mettant en place le corridor ferroviaire qui doit la relier à la mer (4,4 milliards). JEUNE AFRIQUE
20
11,1 % 0,7 %
De son côté, le groupe de BTP Odebrecht a mis un pied en Angola en 1984 pour la construction de la centrale hydroélectrique de Capanda (520 MW). Il y compte aujourd’hui 16000 salariés. Odebrecht s’est diversifié dans le diamant, les biocarburants, l’immobilier et affiche une présence dans une dizaine de pays, dont le Gabon, le Congo et Djibouti. Dans l’agriculture enfin, le Brésil veut exporter sa « révolution verte ». Le deuxième producteur mondial d’éthanol (après les États-Unis) a en projet plus de 6 milliards de dollars d’investissements dans les biocarburants au Mozambique, en Angola, au Congo et au Nigeria. Dans le domaine alimentaire, Brasília multiplie les accords : culture du riz au Sénégal, produits laitiers en Tanzanie… « Les possibilités d’investissement en Afrique sont extraordinaires », assure Luciano Coutinho, le président de la BNDES. L’institution a déjà investi 7 à 8 milliards de dollars pour suivre ses nationaux en Afrique et cherche à y financer des projets dans l’agriculture, l’énergie, les transports, les nouvelles technologies ou les services bancaires. « Nous évaluons le potentiel de coopération dans les infrastructures, le secteur privé, l’intégration régionale et l’agriculture », complète Mthuli Ncube, économiste en chef de la Banque africaine de développement. ●
Classement des principaux investisseurs en Afrique en % des sommes engagées entre 2003 et 2010
UN CHANTIER MENÉ PAR ODEBRECHT À LUANDA. Présent en Angola depuis 1984, le groupe de BTP y compte aujourd’hui quelque 16 000 employés.
N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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SOURCES : BAD, ERNST & YOUNG (RAPPORT 2012 SUR L’ATTRACTIVITÉ DE L’AFRIQUE)
UEMOA-CEMAC
Entreprises marchés INTERNET
Ory Okolloh
D IRECTRICE
« La monétisation du marché monte en puissance » Pour cette ancienne cyberactiviste kényane, l’Afrique est à un tournant. Les revenus publicitaires générés par les contenus en ligne augmentent, les demandes des internautes se diversifient. À Google d’y répondre.
DE LA STRATÉGIE DE
G OOGLE A FRIQUE
Quid du marché publicitaire ?
La monétisation du marché monteenpuissance.Deplusenplus de chaînes sur YouTube dépassent 1 million de vues, ce qui est énorme. En Afrique du Sud, un bodybuilder a appelé son programme Six Pack Factory [« l’usine à abdominaux », NDLR] et gagne sa vie en le diffusant sur YouTube. Le point de départ pour vendre de la pub, c’est un bon contenu pour accrocher les gens. La connectivité du continent va s’améliorer grâce à l’arrivée de câbles sous-marins, mais les Africains vont-ils en profiter ?
GEMMA WARE POUR T.A.R.
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A
u Kenya, elle s’est fait connaître en tant que cyberactiviste et blogueuse. Ory Okolloh, 35 ans, a rejoint Johannesburg et intégré Google Afrique en 2011. Sa principale mission au sein du géant américain : développer le potentiel africain en matière de création de contenus en ligne. JEUNE AFRIQUE : Google milite pour le développement de contenus africains sur internet. Est-ce que cela marche ? ORY OKOLLOH : Oui, nous
sommes partis de tellement loin ! Entre 1 % et 2 % seulement des contenus en ligne dans le monde proviennent d’Afrique. Mais regardez ce que nous avons été capables de faire avec nos cartes et l’utilisation de langues locales. Nous sommes à un tournant. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
Concrètement, quels services développez-vous pour l’Afrique ?
Quand on regarde les requêtes des internautes, que cherchentils? Avoir accès aux informations, se distraire et trouver un travail. Mais aussi : où puis-je obtenir un certificat de naissance, un passeport?… C’est sur ce type d’informations que nous avons commencé à travailler au Kenya avec le projet Open Government. Qu’il s’agisse du recensement, des dépenses publiques pour le développement, de la performance des écoles, toutes ces informations sont maintenant disponibles grâce à un outil appelé Google Public Data Explorer. ToujoursauKenya,l’andernier,nous avons numérisé et indexé la transcription des débats parlementaires depuis 1905, désormais accessibles en ligne. Au Ghana, nous faisons la même chose avec les décisions des plus hautes juridictions.
Profil • 2003 Cofondatrice de mzalendo.com, dont la vocation est de « garder un œil sur le Parlement kényan » • 2005 Diplômée de droit à Harvard (États-Unis) • 2008 Cofondatrice, pendant les violences postélectorales au Kenya, du site de partage d’informations ushahidi.com • 2011 Rejoint Google
Le vrai challenge, c’est la connexion du dernier kilomètre. Apporter le haut débit aux Africains est encore trop long. Il y a beaucoup d’autorisations à obtenir pour poser de la fibre optique, et cela a un impact sur les coûts. L’autre problème, c’est le vandalisme, notamment au Nigeria l’an dernier. En janvier, la start-up Mocality, qui a mis en ligne un répertoire d’entreprises au Kenya, a accusé Google d’avoir accédé illégalement à sa base de données…
Cela a été une énorme déception. Au Kenya, les équipes ont été très secouées, et en interne, nous avons pris la chose très au sérieux. Nous avons pris des mesures importantes pour régler ce problème et faire en sorte que cela ne se reproduise pas. Intégrer Google après avoir créé le site Ushahidi, c’est un grand changement…
C’était parfait, car je voulais être moins visible : dans un grand groupe, l’attention est davantage portée sur mon travail que sur moimême. Le plus important est que la marque et les ressources de la compagnie m’ont vraiment donné les moyens de défendre mes priorités. Je ne le mesure pas très bien, mais je pense que grâce à Google mon travail a plus d’impact. ● Propos recueillis à Johannesburg par GEMMA WARE JEUNE AFRIQUE
Marchés financiers Banque Guinée. Dès que les autorités ivoiriennes auront donné leur accord, il en sera de même pour BIAO-Côte d’Ivoire. Toutes les futures filiales du groupe seront ensuitenomméesselonceprincipe.
BANCASSURANCE
NSIA réorganise son pôle banque
Renforcement des fonds propres, changement de nom, volonté de développement… Le groupe ivoirien dynamise son activité bancaire.
L
eader du secteur des assurances dans les pays francophones d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest, NSIA se prépare à franchir un nouveau cap dans ses activités bancaires. Le groupe ivoirien vient en effet d’obtenir auprès de Proparco, la branche de l’Agence française de développement (AFD) chargée du secteur privé, un prêt de 25 millions d’euros. Cette somme servira notamment à renforcer les fonds propres des deux filiales (Guinée et Côte d’Ivoire) qui composent, pour l’heure, son pôle banque. « Nous
allons aussi procéder à une réorganisation capitalistique. Dorénavant, le holding du groupe sera le seul détenteur de nos participations dans toutes les filiales », explique Jean Kacou Diagou, le PDG. Jusqu’ici, BIAO-Côte d’Ivoire (43 millions d’euros de total de bilan en 2010), racheté en 2006 et troisième sur le marché domestique, était l’actionnaire majoritaire de la filiale guinéenne, dont les activités ont démarré mi-2011 avec un capital de 7,6 millions d’euros. Autre nouveauté, son nom, puisque l’ancien BIAO-Guinée devient NSIA
Investir en Afriique En tant que leader international dans les commodités agricoles, Olam investit industriellement en apportant les dernières technologies dans le secteur de la transformation, de manière à satisfaire aussi bien les besoins locaux que ceux liés à l’exportation des produits finis. Avec 45 projets en cours de réalisation y compris celui de 1,2 milliard d‘USD lié à l’usine de production d’urée au Gabon, Olam a pris part au développement des économies dans de nombreux pays d’Afrique. Ces développements permettent de consolider les bases industrielles, créer de nombreux emplois et valoriser au mieux les ressources naturelles du continent Africain.
Olam est présent en :
Afrique du Sud, Algérie, Angola, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Égypte, Éthiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée Conakry, Liberia, Mozambique, Nigeria, Soudan, Tanzanie, Togo, Uganda, Zambie, Zimbabwe. Olam International Limited
9, Temasek Boulevard #11-02, Suntec Tower 2, Singapore 038989 Tel: (65) 63394100 - Fax: (65) 63399755
www.olamonline.com
La société a obtenu un prêt de 25 millions d’euros de Proparco.
STRATÉGIE. Le groupe reste donc à
l’affût d’opportunités d’acquisitions de banques dans la sous-région d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest pour développer son activité bancaire. « Nous irons d’abord dans les pays où nous sommes déjà présents dans le secteur des assurances [zone Cima – Conférence interafricaine des marchés d’assurances,NDLR]»,préciseJeanKacou Diagou. L’objectif est de poursuivre et développer la bancassurance (s’appuyer sur les réseaux bancaires pour distribuer des produits d’assurance), considérée comme le principal axe de la stratégie du groupe. ● STÉPHANE BALLONG
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Entreprises marchés UEMOA-CEMAC
La crise de l’euro, calamité ou opportunité?
L
es yeux continuent d’être rivés sur la Grèce, ses multiples renflouements et son plan de participation du secteur privé (private sector involvement, PSI) visant à effacer une partie de sa dette, sur le risque de contagion et celui de rupture de croissance due aux (très) nombreuses mesures d’austérité des pays de la zone euro. Pourtant, à la veille du sommet du G20 de juin, et au lendemain d’un coup d’État militaire au Mali, il semble évident de parler de l’avenir macroéconomique de l’autre zone euro. Du Sénégal au Gabon, la zone franc CFA est composée de deux unions monétaires – l’Union é c o n o m i q u e e t m o n é t a i re ouest-africaine (UEMOA) et la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) – qui rassemblent quatorze pays. Depuis leur indépendance, ceux-ci ont en commun une monnaie fixe par rapport au franc français puis à l’euro – la fixité du taux de change nominal et la convertibilité illimitée sont garanties par le Trésor français en contrepartie de l’ouverture totale du compte de capital vis-à-vis de la France (donc de la zone euro) et de la centralisation de 50 % (au moins) des réserves de change de chaque banque centrale à travers un compte d’opération géré par le Trésor français. Malgré l’existence de deux banques centrales, leur politique monétaire se joue donc à Francfort. Quelles conséquences la crise de la dette souveraine en zone euro peut-elle avoir pour eux ? Quelles opportunités recèlet-elle pour la zone franc ? À court terme, trois principaux canaux de transmission N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
inquiètent. Le premier est le commerce extérieur. L’Europe est la destination de plus d’un tiers des exportations de la zone, et la contraction de la demande sur le Vieux Continent commence déjà à se faire sentir sur les revenus d’exportations de ces pays. Le deuxième concerne les transferts de fonds de migrants : la consommation atone et les hausses records du chômage (notamment en Espagne) devraient réduire significativement les montants expédiés. Or, au Mali par exemple, ceux-ci représentent jusqu’à 10 % du PIB ; deuxième source de financement externe derrière l’aide publique au développement et devant les investissements directs étrangers, ces transferts sont essentiels à l’équilibre de la balance des paiements.
WORLD BANK
L’Union européenne peine à résoudre les problèmes liés à la dette grecque et voit sa monnaie se déprécier face au dollar. Deux économistes, Vera Songwe et Ludovic Subran, en analysent les conséquences pour la zone franc CFA.
! VERA SONGWE est directrice des opérations pour la Banque mondiale en Afrique de l’Ouest et chercheuse à la Brookings Institution.
Le resserrement des conditions de crédit compromet le développement du secteur privé. Enfin, une autre courroie de transmission est à l’œuvre à travers les nombreuses banques françaises présentes dans la zone : le resserrement des conditions de crédit et l’augmentation de son coût se font déjà sentir, compromettant le développement du secteur privé, déjà limité par la faible disponibilité du crédit. DETTE. Même si l’euro se revi-
gore à chaque accord conclu sur le dossier grec – ce qui d’ailleurs laisse chaque fois un peu moins de marge de manœuvre à la zone euro comme à la zone franc –, il a vu son cours chuter de près de 15 % par rapport à celui du dollar entre avril 2011 et mars 2012. Du fait de
! LUDOVIC SUBRAN est chef économiste et directeur de la recherche chez Euler Hermes, leader mondial de l’assurancecrédit.
l’arrimage du franc CFA à l’euro, 80 % des réserves de change des pays de la zone sont déposées dans le compte d’opération géré par le Trésor français, et une dépréciation de l’euro pourrait entraîner une dépréciation réelle de ces réserves. Elle pourrait compromettre la couverture des importations de biens et services par ces réserves, qui s’élevait à environ six mois en 2011, soit trois fois plus qu’en zone euro. Par ailleurs, la dépréciation de l’euro rehausse la dette extérieure des États, souvent peu diversifiée et dont, pour un pays comme le Cameroun par exemple, près de la moitié est libellée en monnaies étrangères autres que l’euro (dont le dollar, le yuan ou le yen, devises qui se sont toutes appréciées par rapport à l’euro sur un an), ce qui alourdit mécaniquement le service de la dette des pays de la zone, déjà élevé. Un service de la dette d’autant plus menacé que le risque d’appréciation des taux offerts aux bonds (obligations) des pays de la zone franc CFA s’intensifie, avec des bonds européens qui s’échangent à des taux très élevés. COMPÉTITIVITÉ. En parallèle,
EULER HERMES
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et malgré le ralentissement économique mondial, les prix des matières premières peinent à se replier ; de nouvelles accélérations pourraient alourdir davantage la facture pétrolière et énergétique des pays de la zone qui sont importateurs nets d’or noir et de produits céréaliers, comme le Sénégal ou la Centrafrique. La flambée des prix alimentaires de 2007-2008 a eu des conséquences désastreuses sur le solde courant des pays et sur l’inflation (multipliée par quatre en 2008). Mais les pays de la zone franc peuvent voir dans la contraction de la demande européenne et la dépréciation de l’euro une occasion de relancer leur compétitivité à l’export et de diversifier leurs exportations, en termes de JEUNE AFRIQUE
PHILIPPE LISSAC/GODONG
Entreprises marchés
destinations mais aussi – pourquoi pas ? – de produits. L’élasticitéprix de leurs exportations est en effet très forte (du fait de la nature primaire des produits concernés) ; la dépréciation de l’euro leur permettrait donc d’accroître (en niveau et en part) leur commerce vers les États-Unis et la Chine, qui représentent chacun entre 20 % et 30 % des exportations de la zone. Cette crise pourrait être également l’occasion d’accroître la part des échanges intrazone, très faibles dans les deux espaces : 5 % pour la Cemac et 10 % pour l’UEMOA (contre 70 % dans l’Union européenne). Un appel à l’intégration régionale, pas au protectionnisme. Tendanciellement, et malgré la parité fixe avec l’euro, la part des exportations absorbée par l’Union européenne a baissé de plus de 10 points en dix ans. L’augmentation de la part des pays émergents s’explique malheureusement plus par un effet demande JEUNE AFRIQUE
(leur croissance étant plus forte) que par un effet compétitivité. RÉFORMES. Pour bénéficier des
gains de compétitivité résultant de la dépréciation de l’euro, les pays de la zone franc CFA devront, au-delà de la mise à jour des infrastructures, entreprendre les réformes nécessaires sur le marché du travail, dans l’environnement des affaires et concernant la gouvernance des institutions.
! UN EURO ÉGALE
655,957 F CFA : la fixité du taux de change est garantie par le Trésor français.
La chute du cours du franc CFA pourrait stimuler les exportations vers les États-Unis et la Chine. Malgré une main-d’œuvre abondante, la rigidité du marché du travailetlescoûtssalariauxengendrent descoûtssignificatifsàl’exportation. En moyenne, il est deux fois plus difficile d’embaucher un travailleur en zone franc que dans les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud); le délai d’exportation y est
huit à dix fois plus long et le prix d’un conteneur deux à trois fois plus élevé que dans les pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Ces disparités sont importantes et rappellent celles observées entre pays de la zone euro; par exemple, le coût unitaire du travail est 30 % plus élevé en Grèce ou en Italie qu’en Allemagne. Ces contraintes, en particulier les rigidités flagrantes du marché du travail, conduisent au même dilemme en zone franc qu’en Grèce : il aura été plus facile (mais tellement plus coûteux !) d’importer l’efficacité allemande que d’entreprendre des réformes lourdes mais qui changent la donne à long terme. C’est certainement ce qu’il convient de résoudre dans cette crise-ci, et la plus grande convergence des marchés (celui de l’emploi inclus) aidera certainement à la mise en œuvre plus rapide de ces réformes de fond, y compris en zone franc CFA. ● N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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Entreprises marchés TÉLÉCOMS
Armistice chez Comium Déchiré depuis 2009 par une guerre intestine, l’opérateur ivoirien voit l’horizon s’éclaircir avec le rachat par Nizar Dalloul des parts d’Eugène Diomandé. Un accord doit être conclu dans les prochains jours.
VINCENT FOURNIER/J.A.
68
P
endant huit mois, Eugène Marie Diomandé, 50 ans, a vécu en exil, un peu à Paris, beaucoup à Dubaï et ces derniers temps à Lomé. Le 28 avril, le fils de Joseph Diomandé, journaliste proche du président Houphouët-Boigny, est rentré à Abidjan pour conclure la paix des braves avec son partenaire Nizar Dalloul, fondateur de l’opérateur de téléphonie Comium. Sa fuite, Eugène Diomandé ne l’avait pas préméditée. « Après ma garde à vue [soupçonné d’avoir financé le clan Gbagbo, il a été entendu pendant vingt-quatre heures le 3 août 2011, NDLR], je pensais être plus en sécurité à l’étranger », explique-t-il. Des ennuis judiciaires qu’il associe directement à la guerre qu’il livrait à son associé, Nizar Dalloul, pour le contrôle de Comium. S’il est aujourd’hui à Abidjan, c’est parce que les deux hommes vont enfin régler leur querelle. Toujours détenteur de 13,5 % du capital de l’opérateur, Eugène Diomandé va céder ses parts contre un chèque de 3,8 millions d’euros. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
LES ARRIÉRÉS
Il renonce aussi à son poste de président du conseil d’administration, déjà confié à l’ancien Premier ministre Seydou Diarra. CHOIX RADICAUX. Grâce au
rachat des parts des actionnaires minoritaires – celles de Diomandé mais sans doute aussi celles de Mohamed Salamé, détenteur de 1,5 % du capital –, Nizar Dalloul pense pouvoir enfin finaliser la venue d’un investisseur. Des pourparlers étaient en cours ces derniers mois avec un homme d’affaires du Golfe. « Si nous ne trouvons pas de partenaire financier, nous devrons faire des choix radicaux », admet Michel Hébert, directeur général de Comium.
DUS À L’ÉTAT
dépasseraient encore 15 millions d’euros.
L’opérateur revendique 1,87 million d’abonnés, loin derrière MTN, Orange (environ 6 millions chacun) et Moov (près de 4 millions). Il a néanmoins retrouvé, selon sa direction,unniveauderentabilitéencourageant, avec une marge Ebitda (indicateur proche de la marge brute d’exploitation) d’environ 20 %. Son objectif est maintenant d’étendre son réseau pour couvrir 80 % de la population (contre 50 % aujourd’hui) d’ici deux à trois ans. Des projets de services financiers accessibles par téléphone sont également dans les cartons. Reste pour l’opérateur la question épineuse des dettes. Les arriérés dus à l’État dépasseraient encore 10 milliards de F CFA (15,2 millions d’euros). Nommé en janvier 2011 au poste de directeur général, Michel Hébertanéanmoinsremisdel’ordre dans la gestion. Des échéanciers ont été établis pour les paiements aux créanciers. Une situation héritée de l’époque où, main dans la main, Eugène Diomandé et Nizar Dalloul utilisaient une partie du budget communication de l’opérateur pour obtenir le report de quantité de taxes. Ces mauvaises pratiques ont durablement plombé les comptes aupointdecompromettrelasolidité financière de l’entreprise. Le montant inhabituel de l’augmentation de capital réalisée l’été dernier par Nizar Dalloul, faisant passerlesfondspropresdeComium de 200 millions à 50 milliards de F CFA (soit dix fois ceux d’Orange Côte d’Ivoire), n’a pas levé tous les doutes. Bruno Nabagné Koné, ministredesTechnologiesdel’information et de la communication (TIC),aavertilesacteursdusecteur: aucun opérateur ne sera artificiellement maintenu en vie. ● JULIEN CLÉMENÇOT
VERS LA FIN DES POURSUITES JUDICIAIRES QUELQUES JOURS ENCORE devraient être nécessaires pour mettre un terme au différend opposant les actionnaires. Après avoir reçu un premier acompte le 4 mai, Eugène Diomandé a abandonné les poursuites intentées en Côte d’Ivoire. Il contestait notamment la régularité de l’augmentation de capital réalisée sans son accord. Mais, prudent, il se réserve encore la possibilité de recourir à un arbitrage. Résultat : dans l’attente d’un ultime rendez-vous, Nizar Dalloul maintient sa plainte concernant un détournement de 2,4 milliards de F CFA. ● J.C. JEUNE AFRIQUE
Coulisses
Entreprises & marchés
TUNISIE
STEFAN KÖRBER - FOTOLIA
La 3G à tout prix Tunisiana a finalement obtenu une licence après avoir augmenté son offre de 25 %.
T
awfikJelassitientsonbâton de maréchal au sein de Tunisiana. Nommé il y a quinze mois président du conseil d’administration de l’opérateur, le doyen de l’ENPC MBA Paris avait fait de l’obtention des licences 3G et fixe sa priorité. Deux sésames décrochés, mais que l’on reconnaît, en interne, avoir surpayés. Après une première offre à 80 millions d’euros (le gouvernement en attendait au moins 94 millions), l’opérateur, filiale à 75 % du qatari Qtel, a promis près de 101 millions d’euros (24,6 millions pour le fixe et 76,3 millions pour la 3G). Mais aussi la création de 2 000 emplois d’ici à cinq ans dans les régions les moins favorisées et 345 millions d’euros d’investissements sur trois ans. LEADER. Avec 6,8 millions de clients en mars 2012, Tunisiana détient 62 % de part de marché, contre 52 % en janvier 2011, loin devant Tunisie Télécom (26 %) et Orange (12 %). À terme, le leader aurait souffert d’être le seul opérateur exclu de la 3G. Inenvisageable pour Qtel. Tunisiana affiche une rentabilité record, avec une marge Ebitda de 59 % au premier trimestre 2012, la plus élevée du groupe semi-public qatari. Tawfik Jelassi va désormais pouvoir plancher sur l’achat par Qtel des 25 % de Tunisiana confisqués à Sakhr el-Materi et qui devraient être cédés via un appel d’offres. L’État tunisien estime que les 460 millions d’euros payés par le gendre de Ben Ali fin 2010 ne reflètent pas la valeur des actifs. Une nouvelle fois, les Qataris devront mettre la main à la poche pour l’emporter. ● J.C. JEUNE AFRIQUE
MATIÈRES PREMIÈRES LA STABILITÉ N’EST PAS POUR DEMAIN « Jamais le monde n’a été aussi instable » : l’économiste Philippe Chalmin, spécialiste des matières premières, a ainsi introduit la nouvelle édition du rapport CyclOpe (bilan et perspectives des marchés mondiaux),
S
M
le 9 mai. Pour lui, « nous sommes encore au cœur d’un choc des marchés ; les valeurs du soja et du pétrole, par exemple, restent tendues, bien que leurs niveaux soient légèrement inférieurs à ceux de 2010 ». La demande mondiale est soutenue, tirée principalement par la Chine (avec une croissance de 9 % prévue en 2012), qui continuera de peser sur les marchés des produits agricoles et industriels, et devrait même devenir importatrice de maïs. Le blé resterait volatil, à cause des crises financières. L’Afrique va continuer à être dépendante des cours mondiaux : la volatilité extrême des prix du coton, la sécheresse qui sévit au Sahel (et devrait réduire de moitié la production marocaine de blé) et les crises politiques dans la zone constituent des éléments d’instabilité et d’incertitudes. ●
• CIMENT Addoha construit une cimenterie (500 000 t par an) à Douala (Cameroun) pour 30,5 M€ • AÉRIEN L’aéroport d’Abidjan bénéficie d’un prêt de 15 M€ pour se moderniser et s’agrandir • RAFFINAGE Le marocain Samir veut augmenter son capital de 156 M€ • BANQUE La Berd investira
S•
7,5 G$ par an pour relancer les économies d’Afrique du Nord et de Jordanie PÊCHE Les exportations marocaines ont atteint 1 G€ en 2011 (– 9,1 %)
ALGÉRIE CINQ NOUVELLES RAFFINERIES Le ministre algérien de l’Énergie, YoucefYousfi, a annoncé le 6 mai un investissement de 7,7 milliards d’euros pour la construction de cinq nouvelles raffineries de pétrole. Il s’agit pour le pays de remplacer son parc vieillissant pour faire passer sa capacité de raffinage de 26 à 56 millions de tonnes. Trois usines seront implantées dans la région des Hauts Plateaux, une dans le sud et une dans le centre du pays. ● KENYA FIRSTRAND PROSPECTE Le quatrième groupe bancaire sud-africain a annoncé son intention de racheter un établissement de taille moyenne au Kenya. Il entend saisir les occasions offertes par la réforme qui oblige les banques du pays à porter leur capital social minimum de
250 millions de shillings (2,3 millions d’euros) à 1 milliard de shillings avant fin 2012. En février, Sizwe Nxasana, le PDG de FirstRand, a affirmé qu’il était prêt à investir jusqu’à 7 milliards d’euros dans la création d’une banque d’affaires au Nigeria et dans des acquisitions dans d’autres pays. ● NIGERIA CONOCOPHILLIPS SE RETIRE Le groupe pétrolier américain a annoncé son intention de céder ses actifs au Nigeria. Ils comprennent des concessions onshore et offshore de pétrole et de gaz ainsi qu’une unité de liquéfaction de gaz naturel. ConocoPhillips est conseillé par BNP Paribas dans cette opération dont il espère retirer 2,5 milliards de dollars (près de 1,9 milliard d’euros). Les nigérians Conoil et Oando, le chinois Sinopec, l’indien ONGC et le sudcoréen Knoc sont intéressés. ● N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
69
Décideurs ð HÉRITIÈRE d’une famille d’entrepreneurs, elle a créé sa société, Maille Fil, en 1994.
HICHEM
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TUNISIE
Wided Bouchamaoui, forcément candidate Quand elle a pris la tête de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, en 2011, peu croyaient en elle. Après avoir assuré la transition durant un an, elle remet son mandat en jeu fin juin.
C
’
est une première dans le monde arabe. Une femme, Wided Bouchamaoui, gère depuis mai 2011 la phase de transition au sein de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat(Utica).CommeLaurence Parisot, son homologue française au Medef, et Emma Marcegaglia, patronne de Confindustria en Italie, elle a l’entrepreneuriat dans le sang. La saga familiale est née au début du XXe siècle à Bouchamma (Sud). L’entreprise de génie civil fondée par Ahmed, le grand-père, devient en 1948, sous l’impulsion de ses trois fils, le groupe Bouchamaoui Industries. Il prospère à partir des années 1970 dans l’industrie et l’agroalimentaire en Tunisie et en Libye, avant que chaque fils développe ses propres activités. Le père de Wided crée Hédi Bouchamaoui &Sons(pétrole,BTP,textileetindustrie), qu’elle intègre tout naturellement après un DESS en commerce international et marketing. Elle commence au bas de l’échelle et apprendàgéreraussibienlesachats N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
que le personnel. Puis, en 1994, elle crée Maille Fil, une entreprise de 200 salariés spécialisée dans les fils de coton peignés, dont elle délègue actuellement la gestion à sa famille. DÉTERMINÉE. Et pour cause. Le
vent de la révolution a porté cette femme, auparavant peu connue des milieux d’affaires, à la tête de l’Utica. Élue par le comité de transition, elle a bénéficié de l’exigence derenouvellementàlatêtedupatronat. Plutôt effacée jusque-là, elle a révélé une personnalité très déterminée face à la crise et, à 50 ans, en a profité pour se faire un prénom à travers des actions aussi innovantes qu’inattendues. Pour relancer une économie fortement affectée par les bouleversements politiques, elle a réuni tous les acteurs sociaux, aussi bien ses détracteurs que le gouvernement et les centrales syndicales. Elle a surpris en entamant des négociations sociales directes avec l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et en intervenant lors des troubles sociaux qui ont paralysé des entreprises.
Elle tente aussi de sensibiliser le gouvernement aux problèmes des sociétés et à la nécessité de revoir le code des investissements. Elle propose des solutions pour les entreprises sous séquestre, prône l’ouverture sur le Maghreb et l’Afrique, alerte sur les promesses de plein-emploi… « Il faut oser dire aux gens la vérité sur la situation du pays, ses potentialités et ce qu’il peut réellement offrir en termes d’emplois réels. Lorsqu’on ne tient pas ses promesses, on ouvre grande la porte à une seconde révolution », assène cette mère de deux garçons. Pour dynamiser une année 2012 qu’elle sait difficile, elle cherche à relancer l’investissement par du lobbyingàl’étranger,maisaussiavec des partenaires locaux, comme la Bourse de Tunis, pour faciliter les levées de fonds pour les entreprises. Ouvertement et parfois violemment critiquée par des patrons désireux d’anticiper le congrès de juin, qui met en jeu la présidence de l’Utica, Wided Bouchamaoui assure avoir appliqué sa feuille de route. « Il fallait remettre de l’ordre dans la maison, organiser des élections pour renouveler presque toutes les structures, examiner les cas des entreprises qui ont connu des dégâts après la révolution, reformuler nos rapports avec les autorités et
« Lorsqu’on ne tient pas ses promesses, on ouvre grande la porte à une seconde révolution. » les convaincre de notre volonté de participer à la vie économique », énumère-t-elle. Ménageant le suspense tout en cherchant à éviter les attaques de ses adversaires, elle n’a pas encore indiqué si elle briguera un nouveau mandat, mais son activisme actuel ne laisse guère planer de doute. « Ce que je suis en train de faire est ma contribution à ce pays que j’aime, pour faire réussir cette révolution », affirme-t-elle. Impossible de s’arrêter au milieu du gué. ● FRIDA DAHMANI, à Tunis JEUNE AFRIQUE
Décideurs SÉNÉGAL
Le virage stratégique de Cheikh Amar À 42 ans, l’entrepreneur, déjà présent dans le matériel agricole, l’immobilier et l’automobile, veut relancer les phosphates de Matam.
dans l’Hexagone qu’il a débuté sa carrière, en intégrant le géant de la distribution Leclerc. Mais en 2002, il retourne au Sénégal pour créer sa propre entreprise : Tracto Service Équipement (TSE), une société spécialisée dans l’importation et la maintenance de matériel agricole. Il bénéficie du soutien de la communauté religieuse mouride, et notamment du khalife général, Serigne Saliou Mbacké, qui lui confie rapidement
soit juste intelligent », le défend cependant un proche. L’homme d’affaires prospère et se diversifie dans l’immobilier (notamment aux Almadies, à Dakar) et dans l’automobile en intégrant le pool d’actionnaires de Seniran, qui assemble des automobiles à Thiès avec les Iraniens de Khodro. PRIVATISATION. Père de trois gar-
çons, marié à une métisse française rencontrée à Paris, Cheikh Amar se lance en 2008 dans le rachat de la Société d’études et de réalisation des phosphates de Matam (SERPM). Créée en 2007 par l’État, qui en détenait 51 % aux côtés d’actionnaires privés, la société a entièrement été privatisée au profit de Cheikh Amar. « Personne, pas même les ICS [Industries chimiques du Sénégal, NDLR], ne voulait investir », insiste-t-il, comme pour répondre à la polémique naissante sur la manière dont l’entreprise lui a été vendue. Grâce au partenariat signé la semaine dernière, il compte, entre autres, ouvrir une usine d’engrais, une autre d’acide phosphorique, acheter du matériel minier ou encore construire une cité ouvrière. ● EAHOUNOU/APANEWS
S
ept cents millions de dollars pour exploiter les phosphates de Matam (Nord) : l’accord signé la semaine dernière entre un consortium dont le nom n’a pas été communiqué, regroupant des Canadiens, des Égyptiens et des Libanais, et le Sénégalais Cheikh Amar est déjà qualifié d’historique. L’homme d’affaires n’est pas un inconnu dans le paysage économique de son pays. Patron d’Amar Group Holding, qui a réalisé un chiffre d’affaires de 45 milliards de F CFA (68,6 millions d’euros), il a connu une ascension fulgurante depuissonretourdeFranceen2001. Né à Saint-Louis, cousin d’Ameth Amar, le patron de la Nouvelle Minoterie africaine (NMA), Cheikh Amar, aujourd’hui âgé de 42 ans, a étudié en France, où il a obtenu un brevet de technicien supérieur (BTS) en commerce. C’est toujours
71
! Après avoir fondé sa première société, TSE, il a bénéficié du SOUTIEN DE LA COMMUNAUTÉ RELIGIEUSE MOURIDE.
l’approvisionnement et l’entretien du matériel de son exploitation de Khelcom (45 000 ha dans le bassin arachidier du Sénégal). Mbacké présentera d’ailleurs son protégé à l’ancien président Abdoulaye Wade, dont il deviendra un intime. D’aucuns attribuent sa réussite à cette rencontre. « Je ne doute pas qu’il
MICHAEL PAURON
ON EN PARLE
SLIM CHAKER AMEN GROUP L’ex-ministre tunisien rejoint le groupe en tant qu’administrateur chargé du développement au sein du pôle santé. Sa mission: développer l’accueil des patients africains enTunisie et la création de cliniques au sud du Sahara.
KENNEDY BUNGANE BARCLAYS L’ancien responsable de la banque d’affaires et corporate du sud-africain Standard Bank devient directeur général Afrique du groupe britannique. Il sera aussi chargé de la stratégie de la filiale sud-africaine, Absa. DR
JAMES HOGAN WTTC Le PDG de la compagnie aérienne émiratie Etihad vient d’être nommé vice-président pour le Moyen-Orient et l’Afrique au Conseil mondial du tourisme et des voyages (WTTC). Il reste bien sûr à la tête d’Etihad. JEUNE AFRIQUE
N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
Marchés financiers MAROC
Centrale laitière, leader mal aimé
En 2011, le groupe a conforté sa première place. Toutefois, ses marges se détériorent. Résultat, la Bourse de Casablanca boude le titre.
A
nnée après année, le groupe gagne du terrain. Malgré un ralentissement de la croissance de la consommation de produits laitiers, en 2011, pour la deuxième année consécutive (2 %, contre 15 % en 2009), Centrale laitière a conquis 4 points de parts de marché supplémentaires, pour atteindre près de 63 %, affichant un chiffre d’affaires consolidé en hausse de 7 % l’an passé, à 6,6 milliards de dirhams (592 millions d’euros). Cet élan ne devrait pas être entravé dans les deux ans, selon BMCE Capital, qui prédit au groupe marocain un chiffre d’affaires de 7 milliards de dirhams en 2012 (+ 6 %) et de 7,35 milliards en 2013 (+ 5 %). Un succès dû à une stratégie de diversification des marques (Centrale, Jamila, Yawmy…) et au renouvellement fréquent de l’offre via de nouvelles gammes et de nouveaux parfums. Centrale laitière est aussi le premier annonceur agroalimentaire dans les médias nationaux, une communication qui contribue à la forte notoriété de ses marques sur le marché, en dépit d’une vive concurrence ces dernières années. Un dynamisme qui ne se traduit cependant pas dans le cours de son titre à la Bourse de Casablanca, où 10 % du capital sont cotés (les principaux actionnaires, SNI et Danone, détiennent respectivement 63,4 % et 29,22 % du capital). Au cours des douze derniers mois, la valeur n’a progressé que de 1,15 %. Elle n’est pas près de s’envoler. BMCE Capital lui prédit la stabilité jusqu’en 2013 autour de 1 310 dirhams l’action, proposant même « d’alléger le poids du titre dans les portefeuilles ». N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
La raison? Principalement le fait que les comptes du groupe sont marqués par la hausse du coût des ressources naturelles. « L’embellie commerciale n’a pas profité pleinement à l’activité d’exploitation, laquelle a subi l’envolée des prix des matières premières (lait, plastique, carton…) sur les marchés internationaux. L’impact de ce renchérissement est évalué à 130 millions de dirhams », détaillent les analystes de BMCE Capital. Une situation qui a affecté le résultat net part du groupe, en recul de 21,6 % en 2011, à 458 millions de dirhams.
HASSAN OUAZZANI POUR J.A.
72
! DES MARQUES CONNUES ET
et une offre renouvelée fréquemment : pour attirer le consommateur, la stratégie est payante. VARIÉES
PRODUCTIVITÉ. « Plus de 90 %
des matières premières consommées par le secteur ont affiché des hausses significatives », précise Driss Bencheikh, le PDG. Plutôt que de subir les effets de cette mauvaise conjoncture, Centrale laitière a décidé d’agir sur plusieurs volets pour en juguler les effets. « Nous avonsfaitlechoixdenepasrépercuter cette hausse sur le prix de vente aux consommateurs afin de préserver en priorité le pouvoir d’achat », résume-t-il.Legroupeanotamment misé sur l’animation commerciale, Agroalimentaire : une capitalisation de 2,8 milliards d’euros (Ventilation du secteur par capitalisation)
l’innovation et l’amélioration de la productivité – 40 millions de litres de lait supplémentaires ont été produits l’an dernier. Dans ce dernier domaine, les efforts réalisés ont permis de générer un gain estimé à 60 millions de dirhams, sans parvenir à gommer l’impact de la flambée des matières premières sur les comptes de la société. Afficher une meilleure rentabilité est d’ailleurs une priorité. « Après avoir œuvré au cours de l’année 2011 pour le renforcement de ses parts de marché, Centrale laitière compte axer sa stratégie pour 2012 sur l’amélioration de ses niveaux de marge », indique BMCE Capital. Pour ce faire, la société entend capitaliser sur un effet volume favorable et sur la poursuite de l’amélioration desaproductivité,notammentdans la logistique et le transport. La montée en puissance de Lait Plus, la plus grande ferme laitière du continent, dans la région du Gharb, représente incontestablement un
Centrale laitière 39,7 % Cosumar 21,8 %
Cartier Saâda 0,3 %
Brasserie du Maroc 15,9 %
Dari 0,5 %
Branoma 2,6 %
Oulmès 3,7 %
Unimer 5,8 %
Lesieur 9,7 %
SOURCE : BMCE CAPITAL JEUNE AFRIQUE
Baromètre
Marchés financiers
Les banques francophones s’agitent VALEURS
BOURSE
COURS au 9 mai (en dollars)
ÉVOLUTION depuis le début de l’année (en %)
T UNIS
51,79
+ 23,43
A BIDJAN
0,09
+ 18,9
Banque de Tunisie
T UNIS
7,51
+ 9,1
Biat
T UNIS
47,67
– 0,9
BCP – Banque populaire
C ASABLANCA
22,87
– 1,3
Attijariwafa Bank
C ASABLANCA
39,11
– 4,3
BMCE
C ASABLANCA
22,77
– 8,7
CIH
C ASABLANCA
28,6
– 8,9
Crédit du Maroc
C ASABLANCA
81,84
–9
BMCI
C ASABLANCA
92
– 12,9
Amen Bank Ecobank
atout. Elle compte d’ores et déjà 4 000 têtes de bétail et ambitionne d’atteindre 10 000 vaches à terme. D’après les prévisions du groupe, elle produira alors 30 millions de litres par an, sans pour autant concurrencer les 120 000 producteurs de son réseau de collecte, qui pourront bénéficier de plusieurs jours de formation sur les techniques d’élevage afin d’améliorer leur productivité et la qualité de leur lait. Déjà, les éleveurs ont accès à une formation permanente, bénéficient d’une rémunération minimale quotidienne de 50 dirhams et touchent une aide financière, notamment une subvention pour l’achat d’aliments pour le bétail dont le montant annuel global atteint 150 millions de dirhams. Dequoipermettreinfined’exporter vers l’Europe ? Chez Centrale laitière, on indique que « cette perspective n’est pas à l’ordre du jour, le royaume n’étant pas autosuffisant en matière de production laitière ». Ce qui n’empêche pas la société de « poursuivre sa prospection dans les marchés régionaux, notamment l’Afrique de l’Ouest, qui présente un fort potentiel », relève de son côté BMCE Capital. Reste une inconnue, susceptible de dynamiser le cours. Depuis 2010, le holding SNI annonce vouloir céder le contrôle de la société, mais sans succès jusque-là. « Le désengagement de la SNI est toujours d’actualité. Néanmoins, aucune date n’est encore annoncée », rappelle BMCE Capital. ●
LES CHOSES BOUGENT parmi les banques francophones. Le tunisien Amen Bank s’envole en Bourse, alors que l’entrée au capital d’un partenaire stratégique étranger est annoncée et doit être validée au cours d’une assemblée générale extraordinaire, fin mai. Profitant de l’amélioration de ses performances financières et de sa nouvelle taille, le groupe Ecobank reprend également des couleurs. Au
Maroc, en revanche, dans un marché en berne, les valeurs bancaires reculent fortement: la filiale locale de BNP Paribas enregistre la plus forte chute. À Abidjan, les banques cotées ont publié des résultats 2011 plutôt honorables malgré la crise politique qui a paralysé le système financier pendant plusieurs mois. Et peuvent désormais enfin déployer leur stratégie de conquête. ●
Valeur en vue SGBCI Cap sur le grand public BOURSE BRVM (Abidjan) • PNB 2011 80,6 millions d’euros (– 7,5 %)
COURS 42 100 F CFA (10.5.2012) • OBJECTIF 62 000 F CFA
AVEC 60 AGENCES, la Société générale de banques en Côte d’Ivoire (SGBCI) est le numéro un du pays.À fin 2011, sa part de marché était de 18 % sur les crédits et de 18,2 % sur les dépôts. Elle offre des ratios de profitabilité élevés, avec une rentabilité des fonds propres de 18 % et un taux de distribution de dividendes de 10 %. Cette performance s’explique par une transformation plus importante de ses actifs en crédits et par sa capacité à lever des dépôts peu coûteux: elle compte environ 40 % des travailleurs du secteur public ivoirien parmi ses clients. Sa stratégie François Adjitin est de devenir plus active sur le segment de la banque Analyste chez de détail (notamment via les prêts personnels) tout Hudson & Cie en consolidant sa position sur les multinationales et les PME locales. La banque étend son réseau d’agences et de distributeurs automatiques de billets (DAB), ce qui s’est traduit par des dépenses de 25 milliards de F CFA (38,1 millions d’euros) de 2008 à 2010 et devrait entraîner des investissements de 30 milliards de F CFA entre 2011 et 2013, avec l’objectif de construire 10 agences par an. En termes de valorisation, SGBCI est l’une des valeurs bancaires africaines les moins chères, avec un ratio cours/actif net de 1,5. » ●
FANNY REY JEUNE AFRIQUE
N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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74
Dossier
Automobile
INTERVIEW
Marc Ferreol, DG Afrique
subsaharienne francophone de CFAO
Dans la roue de MAROC
Le royaume souhaite profiter de l’élan donné par le démarrage de l’usine du constructeur français. Mais, si l’emploi est au rendez-vous, les fournisseurs locaux restent encore peu sollicités. Enquête à Tanger et Casablanca.
CHRISTOPHE LE BEC,
L
envoyé spécial
e 14 mars, un navire a traversé le détroit de Gibraltar avec à son bord les 2 500 premières voitures fabriquées par Renault Tanger. Six ans après l’annonce du projet par le PDG Carlos Ghosn, la grande usine low cost marocaine est opérationnelle depuis le début de l’année, avec plus de 3 000 salariés à pied d’œuvre sur le site de Melloussa, à 25 km de Tanger et 12 km du port. Elle aura coûté 950 millions d’euros au groupe français et devrait produire 340 000 véhicules par an dès 2014. Dirigé par le Turc Tunç Basegmez, un ancien cadre de l’usine de Bursa, au sud d’Istanbul, Renault Tanger a obtenu le 27 janvier l’accord de la direction de la qualité du groupe pour la fabrication de son premier véhicule : le Lodgy, un monospace économique conçu sur la base de la Dacia Logan. Depuis, le rythme s’accélère. Les chaînes de production, qui fabriquaient dix véhicules par heure en janvier, avaient triplé leur cadence début avril. « Nous sommes en train de roder notre outil industriel, notre logistique et nos relations avec les fournisseurs. C’est remarquable, nous n’avons pas connu plus de problèmes qu’une usine expérimentée ! » se réjouit Tunç Basegmez. SILLAGE. Au-delà du démarrage de Renault
Tanger, c’est un pan entier de l’industrie marocaine qui espère être entraîné dans son sillage. Les autorités ont fait de l’automobile l’un des piliers du plan Émergence industrielle, en raison de la ramification étendue du réseau local de fournisseurs. Le secteur pèse déjà 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel – soit dix fois N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
EMPLOI
12 000
emplois créés (sur 36 000 attendus),
3 000
dont emplois directs
plus qu’en 2002. Avec la nouvelle usine, l’Association marocaine pour l’industrie et le commerce de l’automobile (Amica) espère faire progresser ce chiffre de 35 % par an. Pour le moment, même si Renault Tanger se targue d’acheter au Maroc la majorité des pièces non mécaniques (moteurs et boîtes de vitesses) du Lodgy (50 % en valeur, 85 % en volume), ce sont essentiellement les grands groupes internationaux – et leurs filiales marocaines – qui ont profité de ses commandes. « Nous avons d’abord JEUNE AFRIQUE
TUNISIE
Des fournisseurs dans la tourmente
MAROC
La location longue durée pour tous
SÉNÉGAL
Les concessionnaires ont le blues
Renault
PANORAMA
Six tout-terrain tout en sobriété
sous-traitants pour l’usine d’assemblage des Logan à Casablanca (Somaca), avant d’être retenus pour le Lodgy. « Mais d’autres se sont installés pour la première fois au Maroc à l’occasion du démarrage de Renault Tanger », ajoute Éric Buchot, qui dénombre dix-sept fournisseurs au Maroc… dont seulement deux sociétés à capitaux marocains, Tuyauto et Socafix. « Après le choix de Renault de venir s’installer à Tanger, nous avions tous l’espoir de décrocher des marchés », se souvient Adil Rais, qui dirige les équipementiers marocains Plastex et Siprof, installés à Tanger et à Casablanca. « Je fabrique du matériel de freinage. J’ai naturellement proposé mes produits à Renault. Une équipe d’acheteurs du constructeur est venue visiter une fois notre usine… Ils n’ont fait aucune ð Renault remarque, puis n’ont plus Tanger devrait jamais donné de nouvelles », produire regrette celui qui est aussi 340 000 VÉHICULES PAR AN à partir vice-président de l’Amica. de 2014. Il ajoute : « Je comprends Premier modèle les exigences élevées d’un fabriqué : constructeur, mais on ne le monospace nous a même pas expliqué Lodgy. pourquoi nous n’avions pas été retenus. Cela nous aurait aidés à nous améliorer pour être compétitifs sur les prochains appels d’offres… »
RENAULT
LOW-COST. Pour le chef d’entreprise, si Renault
consulté les membres du panel Renault, la liste des fournisseurs homologués par le groupe, tout en testant certains équipementiers locaux, explique Christophe Gontard, chef de projet achats. Nous avons analysé les offres des fournisseurs selon nos critères qualité-coût-délai. Parmi les Européens retenus, plusieurs nous ont proposé de s’installer à proximité de l’usine pour être compétitifs, en particulier pour les pièces les plus volumineuses. » L’espagnol Antolin (équipements intérieurs) et le français Treroc (acoustique) étaient déjà JEUNE AFRIQUE
FOURNISSEURS
17
au Maroc,
2
dont à capitaux marocains
a favorisé les groupes internationaux, c’est par « peur du risque », mais aussi en raison du modèle low cost choisi pour le Lodgy : « Ils ont privilégié leurs sous-traitants européens travaillant pour l’usine de Pitesti, en Roumanie. Cela leur a évité une validation de nouveaux fournisseurs… et surtout permis de faire des économies d’échelle sur des pièces utilisées dans plusieurs modèles », affirme-t-il. Larbi Belarbi, ancien patron de la Somaca, conseiller du directeur de la région Euromed de Renault et président de l’Amica, est plus patient : « On ne devient pas fournisseur automobile du jour au lendemain. Un équipementier a moins le droit à l’erreur en travaillant avec Renault Tanger, qui fonctionne en “juste-à-temps” et doit produire à terme 400 000 véhicules par an, qu’avec la Somaca, qui en assemble 70 000 », assure-t-il. Adel Ben Khaled, directeur général de la filiale marocaine de l’équipementier allemand Leoni (9 000 employés), est confiant : « En Espagne ou en Turquie, ce sont les équipementiers allemands et français qui ont formé leurs sous-traitants locaux… Avec l’expérience, certains d’entre eux ont monté d’un niveau et sont devenus leurs N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
75
Dossier Automobile concurrents. Au Maroc, c’est le même processus qui est en cours », affirme-t-il. Si l’expertise industrielle n’est pas encore dans des mains marocaines, sur le front de l’emploi, l’arrivée de groupes internationaux a déjà eu un effet bénéfique. Renault estime à 12000 le nombre d’emplois créés à ce jour. On est encore loin des 36 000 escomptés par le gouvernement, mais c’est un bon début. « Après l’annonce de l’arrivée de Renault, quatorze équipementiers internationaux se sont installés ou agrandis au sein de la Tanger Free Zone [TFZ, zone franche de Tanger, NDLR], se félicite son directeur commercial Hicham El Aloui. Les fournisseurs de Renault, tels Inergy [mécanique], Viza [armatures de siège], Valeo [éclairages], Takata [volants] et Snop [emboutissage] ont créé entre 2 500 et 3 000 emplois dans la TFZ. » NAVETTE. « Nos pièces sont volumineuses, il était
impensable d’être trop éloignés de l’usine alors que des camions font la navette sept fois par jour. Chaque année, nous ferons venir 21 000 tonnes de tôle par Tanger Med, il était essentiel pour nous d’être à côté du port », explique Tajeddine Bennis, directeur général de Snop Tanger. Le groupe, qui a investi 30 millions d’euros dans les installations industrielles, a recruté et formé 250 salariés. Casablanca et Kenitra, les deux autres « pôles auto » du plan Émergence, ont aussi profité du démarrage de Renault Tanger. « Avec l’inflation des salaires sur certains profils d’ingénieurs et techniciens dans le nord du royaume, des industriels ont préféré s’implanter à Casablanca, où le recrutement est moins onéreux », révèle Adil Rais. C’est notamment le cas de Leoni Maroc, dont les produits sont peu volumineux, qui a étendu ses installations de Berrechid et d’Aïn Sebaa, dans la banlieue de Casablanca. Son concurrent japonais Yazaki a quant à lui ouvert une nouvelle usine à
RENAULT
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L’usine a coûté 950 MILLIONS D’EUROS. Elle se situe sur le site de Melloussa, à 25 km de Tanger et à 12 km du port.
ARLÉSIENNE ALGÉRIENNE MAINTES FOIS ANNONCÉ PAR LES AUTORITÉS, le projet d’une usine Renault en Algérie – son premier marché africain, avec 75 042 voitures écoulées en 2011 – n’a jamais été confirmé par le groupe. La construction d’une usine d’assemblage pour répondre à la demande locale lui permettrait notamment d’augmenter ses marges, en évitant les taxes douanières. Renault a évoqué cette possibilité avec Alger dès février 2010. Mais l’accord pour une coentreprise avec la Société nationale des véhicules industriels (SNVI), plusieurs fois annoncé par le ministre de l’Industrie, n’a jamais été signé. Les discussions achoppent sur le volume de véhicules à fabriquer (entre 50 000 et 100 000) et sur le lieu d’implantation de l’usine. D’abord partantes pour Rouïba, dans la banlieue d’Alger, les autorités ont finalement préféré Jijel, 360 km plus à l’est, pour une question d’aménagement du territoire. Une proposition qui n’est pas du goût de Renault, qui préférerait rester proche d’un bassin de clientèle et d’une zone industrielle. ● C.L.B. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
Kenitra, en plus de ses installations de Tanger. « Avec ce tissu industriel plus étoffé qu’avant, d’autres équipementiers allemands songent à venir s’installer à Casablanca, du fait notamment de la stabilité politique au Maroc », indique Adel Ben Khaled. CRÉNEAUX. L’industrie automobile marocaine
doit toutefois s’aventurer sur de nouveaux créneaux pour augmenter le taux d’intégration locale de Renault Tanger. « Il y a ici un potentiel pour les segments de moyenne technicité comme la plasturgie, l’électronique, la petite tôlerie », indique Tunç Basegmez, qui envisage d’étendre son réseau de fournisseurs marocains dans ces domaines. « J’ai du mal à trouver des professionnels dans les métiers de la prestation de services comme la chaudronnerie, la mécanique de précision et la maintenance industrielle, ajoute le patron de Renault Tanger. Des sociétés marocaines peuvent se développer là-dessus… et le chiffre d’affaires à la clé n’est pas négligeable. » Évidemment, le tissu industriel se renforcerait plus vite avec l’annonce de l’arrivée d’un nouveau constructeur automobile. Sur ce plan, Renault est toujours bien seul. Si Hicham El Aloui indique la visite « récente » de Toyota et de Volkswagen au sein de la TFZ, aucune annonce n’a encore été faite. La morosité des économies européennes, marché naturel d’exportation du Maroc, pousse à la prudence. Quant à Nissan, partenaire industriel et commercial de Renault, il n’a pas confirmé qu’il s’implanterait sur le terrain qui lui a déjà été alloué, à Melloussa… Les Marocains espèrent que le succès de Renault Tanger entraînera la concrétisation de ces projets. ● JEUNE AFRIQUE
Dossier Automobile DISTRIBUTION
Marc Ferreol
D IRECTEUR
GÉNÉRAL
A FRIQUE
SUBSAHARIENNE FRANCOPHONE DE
« CFAO doit garder une longueur d’avance »
CFAO A UTOMOTIVE
véhicules de loisir [Sport Utility Vehicles, NDLR]. Nous voulons nous développer sur ce segment avec Suzuki et Mitsubishi. Nous collaborons aussi avec Kia, que nous représentons au Gabon. Enfin, nous souhaitons vendre des véhicules d’entrée de gamme, notamment chinois,prisésparlaclassemoyenne.
Leader en Afrique subsaharienne francophone avec une part de marché de 40 %, le groupe français doit composer avec la fusion de ses deux principaux concurrents, le belge SDA et le marocain Optorg.
Vous misez aussi sur la vente de camions…
VINCENT FOURNIER/J.A.
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JEUNE AFRIQUE : Comment se porte le marché dans les pays subsahariens francophones ? MARC FERREOL: Aprèsuneannée
2009 difficile et un léger redémarrage en 2010, le marché est reparti en forte hausse. La crise en Côte d’Ivoire [pays qui représente 15 % des ventes de CFAO dans la région, NDLR], a pesé sur notre activité au premier semestre 2011. Mais globalement, nous avons réalisé de bons résultats l’an passé. Nos ventes en Afrique subsaharienne francophone ont progressé de 5,9 %, avec 16 500 véhicules, pour unchiffred’affairesde597,1millions d’euros, soit 8,3 % de plus qu’en 2010. Aujourd’hui, nous gardons une position dominante de 40 % de part de marché, réalisée à environ 80 % avec des entreprises. Quels pays vous paraissent particulièrement porteurs pour les distributeurs ? N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
Incontestablement, des pays miniers comme la RD Congo, le Congo, le Burkina Faso et la Guinée ont le vent en poupe. Leurs marchés sont dopés par la demande des grandes entreprises extractives et du BTP. Mais le top 3 au plan des ventes de CFAO Automotive reste la Côte d’Ivoire, le Cameroun et la RD Congo. Quelle est votre stratégie pour coller au mieux aux attentes des conducteurs africains ?
Toyota reste la marque leader au sud du Sahara, et nous allons continuer notre partenariat avec le constructeur japonais. Ses modèles tout-terrain restent en tête des ventes. Nous poursuivrons aussi notre relation avec Peugeot, dont les véhicules utilitaires sont appréciés des entreprises. Nous cherchons toutefois à renforcer nos positions sur des créneaux où nous sommes moins présents, comme celui des
! « LE TOP 3
C’est un marché à fort potentiel, car il est encore dominé par l’informel au sud du Sahara. CFAO, avec son image de professionnalisme, est un distributeur de camions idéal pour les entreprises. Nous vendons déjà les marques Renault Trucks en Afrique centrale et DAF dans quelques pays subsahariens. Nous venons de signer un accord avec le chinois Dongfeng pour distribuer ses véhicules d’entrée de gamme. Pour le moment, les camions représentent une part insuffisante de notre chiffre d’affaires [15 %], mais nous voulons faire plus. Nous sommes en train de déployer pour cela un réseau spécifique.
AU PLAN DES VENTES :
la Côte d’Ivoire, le Cameroun et la RD Congo. »
Avec
82095
véhicules vendus en 2011 et un chiffre d’affaires de
1,9 milliard
d’euros, CFAO est le distributeur numéro un dans la zone Afrique, Antilles et océan Indien
Avec la fusion des filiales autos du marocain Optorg et du belge SDA, qui a donné naissance à Tractafric Motors Corporation, vous devez faire face à un concurrent sérieux…
Nous regardons avec attention l’alliance entre les numéros deux et trois du marché en Afrique francophone subsaharienne. Cela étant, CFAO vend dans cette zone trois fois plus de véhicules qu’eux deux réunis. Et nous allons continuer à ouvrir de nouvelles agences, tant dans des capitales en développement tels Kinshasa et Malabo que dans des villes de province comme Ngaoundéré [Cameroun], Kolwezi[RDCongo]etBouaké[Côte d’Ivoire]. En nous concentrant sur la densification du réseau mais aussi sur l’amélioration de notre qualité de service, nous pourrons garder une longueur d’avance. ● Propos recueillis par CHRISTOPHE LE BEC JEUNE AFRIQUE
Dossier TUNISIE
Des fournisseurs dans la tourmente
Pilier de l’industrie automobile du pays, le secteur du câblage a été secoué par la montée des revendications sociales. Crise mondiale oblige, il risque en outre de réduire la voilure cette année.
P
roximité avec l’Europe, incitations aux investissements, avantages fiscaux, main-d’œuvre qualifiée et bon marché ont fait de la Tunisie un incontournable du câble. Le pays produit 5 % des besoins du marché mondial. Quelque 29 câbleries –dont26totalementexportatrices–y emploientplusde25500personnes. Leoni, Yazaki, Sumitomo Electric Bordnetze, Delphi, Dräxlmaier, Coroplast, Cablelettra… Tous les équipementiers de renom du câblage ont investi en Tunisie, avec pour clients les plus grands constructeurs automobiles basés principalementenEurope.Stimulée
par une demande étrangère soutenue, l’industrie tunisienne du câblage automobile a donc longtemps témoigné d’une baraka insolente… jusqu’à ce qu’elle se heurte à la révolution et à la crise mondiale. De fait, il est fini le temps où les entreprises du secteur, généralement implantées dans des régions intérieures pauvres où le taux de chômage atteint les 40 %, pouvaient imposer leurs conditions comme bon leur semblait. Depuis le 14 janvier 2011, leurs sites de production font face à des troubles sociaux. Grèves et blocages les ont contraintes à revoir leur stratégie en matière de ressources humaines.
! COFICAB, filiale du groupe Elloumi, est le leader du marché.
NICOLAS FAUQUÉ/WWW.IMAGESDETUNISIE.COM
CRÉDIT PHOTO
Chez Coficab, filiale du tunisien Elloumi et leader du marché, la direction s’est très vite mise à l’écoute des ouvriers, évitant la crise interne. L’entreprise consolide par ailleurs son positionnement international avec des sites de production au Maroc, au Portugal, en Roumanie et au Brésil, tout en incitant ses fournisseurs à s’installer près de ses sites tunisiens afin d’optimiser la gestion et la logistique des achats. DÉBRAYAGES. À Mateur, l’alle-
mand Leoni, repreneur de l’activité câblage du français Valeo et pourvoyeur de 14000 emplois, a dû concilier débrayages et respect de son carnet de commandes, tout en faisant face à une hausse des coûts de production liée à la forte pression syndicale qui exigeait la titularisation d’ouvriers intérimaires. La crise économique mondiale a elle aussi beaucoup pesé sur le secteur, avec comme conséquence un recul de 11,9 % de l’activité des industries mécaniques et électriques en raison de la baisse de la demande extérieure. « Le volume des commandes a baissé de près de 8 % en trois mois. Nous sommes contraints de produire à plus petite échelle pour des commandes de dernière minute », explique un chef de ligne de Dräxlmaier à Sousse. Le Vieux Continent étant le premier donneur d’ordre de la Tunisie, « la crise européenne affecte beaucoup notre industrie », confirme pour sa part un responsable achats de Sumitomo. ● FRIDA DAHMANI, à Tunis
ZIZANIE CHEZ YAZAKI AVEC 2200 EMPLOYÉS sur cinq sites de production dans le bassin minier de Gafsa,Yazaki s’est implanté au cœur d’une poudrière sociale où les syndicats sont aussi vigilants qu’actifs. La révolution a dévoilé les bas salaires pratiqués par le groupe japonais, qui a pris comme prétexte les grèves irrégulières pour menacer d’une fermeture définitive en décembre 2011. « Ces grèves ont eu un impact sur des engagements avec un client important, contraignant le groupe à lui verser des JEUNE AFRIQUE
dédommagements et portant préjudice à son image de marque sur le marché », expliquait-on àYazaki. La menace tenait de la manœuvre: la restructuration de l’entreprise, à la suite, entre autres, d’une baisse de commandes deToyota, impliquait la fermeture du site d’Om Larayes (500 salariés). Finalement, le groupe n’a pas quitté laTunisie: il a même repris trois unités de production du câbleur italien ICV à Bizerte. Il compte par ailleurs se diversifier dans les applications de l’énergie solaire. ● F.D. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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Dossier Automobile MAROC
La LLD pour tous C’était jusque-là un service réservé aux entreprises. Budget Locasom se lance dans la location longue durée à destination des particuliers. Pour ses concurrents, l’heure est à l’attentisme.
L
a location longue durée (LLD) quand on est simple particulier ? C’est désormais possible au Maroc. Fort de plus de trente ans de LLD de véhicules aux entreprises, Budget Locasom, filiale de BMCE Bank depuis 2009, propose désormais ce service au grand public. Il permettra aux particuliers de disposer du véhicule de leur choix pendant un à cinq ans – avec une contrainte kilométrique –, moyennant un loyer mensuel fixe comprenant la prise en charge de l’assurance, des vignettes, de l’assistance et de l’entretien régulier. Contrairement à la location avec option d’achat, la LLD ne vise pas à vendre un véhicule, mais bien des services. De manière informelle, l’offre existait déjà. « Dans les faits, les particuliers intéressés par la LLD sont si peu nombreux que, s’ils la réclament et qu’ils sont solvables, cela fait longtemps qu’ils peuvent l’obtenir d’une manière
ou d’une autre, commente un opérateur membre de l’Association des loueurs d’automobiles sans chauffeur au Maroc (Alascam). Néanmoins, Budget Locasom nous a surpris. Il est le premier à leur faire une offre spécialisée. Tout le monde attend maintenant de voir ses résultats avant de réagir. » Si Adil Saoudi, directeur marketing de Budget Locasom, admet que les conducteurs marocains sont encore très attachés à la propriété de leur véhicule, plusieurs raisons le poussent à croire qu’un marché existe. « Le modèle de la LLD aux entreprises a évolué depuis quelques années, explique-t-il. La part des véhicules utilitaires est passée de 80 % à environ 50 % aujourd’hui, au profit des véhicules de fonction. Les employés qui bénéficient de ce service ont du
MAINMISE BANCAIRE LE MARCHÉ DE LA LLD AUX ENTREPRISES au Maroc, c’est aujourd’hui plus de 30000 véhicules, soit deux fois plus qu’en 2007. En même temps que le marché a crû, il s’est durci et concentré autour de quelques loueurs adossés à des banques. « Si je pratiquais les mêmes tarifs qu’eux, je louerais à perte », se lamente un loueur indépendant gérant 250 voitures, tenu de renoncer à la LLD. De son côté, Hertz Maroc, propriété du groupe Mifa, s’est depuis longtemps recentré sur la courte durée. Le marché est aujourd’hui dominé par ALD Automotive (filiale de Société générale, 4800 véhicules fin 2010), Arval Maroc (BNP Paribas, 4230 véhicules) et Wafa LLD (Attijariwafa Bank, 4099 véhicules), qui a décroché en avril un marché de 1200 voitures avec MarocTélécom. Budget Locasom (BMCE Bank) tient la cadence avec 3400 véhicules. Suivent Chaabi LLD (groupe Banque populaire) et Locafinance (groupe Avis). ● S.A.-H. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
mal à s’en défaire, et les expatriés sont de plus en plus nombreux à nous demander si la formule existe pour les particuliers. Nous ciblons aussi les jeunes cadres marocains qui n’ont pas encore les moyens d’investir dans un véhicule. » SOLVABILITÉ. BudgetLocasomsou-
haite louer entre 500 et 1 000 véhicules en 2012. Il espère à terme en écouler de 1 000 à 2 000 chaque année, pour un parc de 5 000 à 6 000 voitures. Pour y parvenir, il s’est allié à Salafin, une autre filiale de BMCE Bank, spécialisée dans le crédit aux particuliers. « Nous connaissons le risque entreprise, c’est notre métier, poursuit Adil Saoudi. Mais nous ne connaissons rien aux particuliers. Alors Salafin a développé pour nous un logiciel qui permet d’établir la solvabilité du client. » Budget Locasom réclame un dépôt de garantie de 15 % du prix hors taxes du véhicule loué (un niveau amené à baisser). Le but : responsabiliser le client et l’aider à s’approprier le véhicule. Le dépôt est remis à l’issue de la location si la voiture n’est pas dégradée. Budget Locasom a déjà ciblé les modèles les plus vendus au Maroc et signé un contrat avec Sopriam, distributeur de Peugeot et Citroën. La Peugeot 308 est ainsi proposée à partir de 331 euros par mois. ● SAÏD AÏT-HATRIT JEUNE AFRIQUE
Dossier Automobile
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LEE GOTEMI POUR J.A.
avons besoin d’un renouveau économique », indique Fabrice de Creisquer, PDG de CFAO Motors Sénégal. En toile de fond, la crainte que le décret du président Macky Sall relevant à 8 ans l’âge des véhicules interdits d’importation ne nuise au marché. « Lors du premier trimestre 2012, le marché s’est effondré de 8 % avant même que le décret soit signé », souligne Jérôme Barth. « GREY DEALERS ». Autre expli-
! Show-room de la SÉNÉGALAISE DE L’AUTOMOBILE, à Dakar. SÉNÉGAL
Les concessionnaires ont le blues Le président Macky Sall a assoupli les restrictions à l’importation de véhicules d’occasion. Une mauvaise nouvelle pour la profession alors que le marché du neuf peine à décoller, notamment chez les particuliers.
R
ien n’y fait. Malgré le décret de 2001 interdisant l’importation de véhicules de plus de 5 ans (8 ans depuis avril), le marché des voitures neuves au Sénégal évolue peu, avec une progression comprise entre 5 % et 10 % chaque année. Si le Sénégal demeure le pays d’Afrique de l’Ouest où les ventes de véhicules neufs sont les plus importantes, tout est relatif : seuls 7 350 véhicules neufs ont été importés en 2011, 585 d’entre eux ayant ensuite été acheminés dans les pays de la sous-région. BANQUES FRILEUSES. « Depuis
quatre, cinq ans, la progression du secteur est plus limitée. Le marché de l’automobile n’est ni extensible ni mature, et les banques ne prêtent qu’aux sociétés », explique Jérôme Barth, directeur général de la Sénégalaise de l’automobile, premier importateur du pays. Résultat : chez le concessionnaire CFAO Motors Sénégal, 58 % des ventes se font à des entreprises N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
privées, contre 27 % à des particuliers et 15 % à l’administration. Malgré l’émergence d’une classe moyenne au Sénégal, les banques restent frileuses quant à l’octroi de prêts, incitant les concessionnaires à proposer aux particuliers des offres incluant financement et assurance pour pouvoir capter ce marché. En 2012, les chiffres des ventes ne s’annoncent pas non plus sous les meilleurs auspices. « Le début d’année est un peu mou. Cela est lié aux élections, nous
cation à ce marché atone : la présence des « grey dealers ». « Ces concessionnaires qui n’ont ni service après-vente ni contrat avec les constructeurs nous font une concurrence déloyale », dénonce Fabrice de Creisquer. Pour contrebalancer des ventes qui plafonnent, on note l’arrivée de voitures made in China. Un créneau occupé depuis 2006 par le concessionnaire dakarois Espace Auto. « Les véhicules de moins de 5 ans en provenance d’Europe restent chers, or les gens aiment les voitures neuves… Donc autant avoir du neuf bon marché. Les marques Chery et Great Wall coûtent par exemple entre 30 % et 40 % de moins que leurs concurrentes occidentales, et la moins chère des chinoises est à 3,9 millions de F CFA [5 950 euros, NDLR] », précise Babacar Gueye, directeur général adjoint d’Espace Auto. Dernière solution pour dynamiser les ventes : le développement du crédit-bail et de la location longue durée. Un marché qui s’accroît lentement mais sûrement. ● AURÉLIE FONTAINE, à Dakar
L’OCCASION, UN CRÉNEAU PORTEUR SI, CÔTÉ VÉHICULES NEUFS, les 4x4 tiennent incontestablement le haut du pavé, le marché de l’occasion demeure quant à lui centré sur les berlines : Peugeot, Renault, Mercedes… C’est un « créneau porteur pour les revendeurs », selon Guillaume Blandin, cofondateur de dakar-auto.com, un site gratuit de petites annonces spécialisé dans les voitures d’occasion et destiné aux particuliers, les entreprises et les administrations se focalisant sur le neuf. « Les volumes proposés sont relativement importants et les tarifs très élevés. Deux raisons à cela : les prix des voitures neuves, eux aussi très hauts à cause des taxes à l’importation, et l’interdiction d’entrée sur le marché des véhicules de plus de 8 ans », ajoute-t-il. Depuis la création du site en avril 2011, 3 000 petites annonces ont été publiées. ● A.F. JEUNE AFRIQUE
Toute notre technologie ne suffirait pas sans la collaboration des pays producteurs dans lesquels nous opérons. Nous reconnaissons à ces pays la valeur de leurs ressources non seulement en termes économiques. Comme en Afrique, où nous sommes présents depuis des années et où nous développons de nombreux projets pour soutenir le territoire et les communautés, en travaillant en respect des droits des hommes et des environnements Pour eni, l’avenir est un engagement durable.
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Dossier Automobile PANORAMA
Six tout-terrain tout en sobriété Voici une sélection de modèles qui ont fait sensation lors des salons de Détroit et de Genève, en janvier et mars. Des 4x4 performants… et de moins en moins gourmands en carburant. MICHAEL PAURON
C
ertes, l’idée d’un véhicule moins énergivore continue de faire son chemin, et les modèles hybrides et qui consomment peu de carburant garnissent désormais
les stands les plus en vue des salons internationaux. Mais contrairement à ce que beaucoup pensaient, les exigences d’espace et de performance ne se sont pas totalement effacées devant les considérations
énergétiques, et les stars que sont les 4x4 tiennent encore la dragée haute aux citadines, fussent-elles écocompatibles. Gros plan sur les Sport Utility Vehicles (SUV) à ne pas rater. ●
CITROËN C4 AIRCROSS AMBITIEUSE FRANÇAISE
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résenté en première mondiale au salon de Genève, le nouveau SUV de Citroën allie le sportif au tout chemin. Cousin du Peugeot 4008 et du Mitsubishi ASX (dont il a emprunté la même base), le C4 Aircross doit relever le double défi de faire oublier le « bide » du C-Crosser (commercialisé en 2007) et de concurrencer le Nissan Qashqai. D’un gabarit relativement compact (4,34 m), stylé et économique (disponible en diesel 1,6 l et 1,8 l et technologie Start & Go de série), il se positionne aussi sur le segment des Ford Kuga, Kia Sportage, Volkswagen Tiguan et Peugeot 3008. Il pourrait cependant décevoir hors des sentiers battus, son système deux roues motrices étant un peu léger. ●
VOLVO XC60 PLUG-IN HYBRID CONCEPT PUISSANCE COMBINÉE
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près une apparition au salon de Détroit, le Volvo XC60 Plug-in Hybrid Concept fait sa première européenne à Genève. Est-il la réponse 4x4 au succès mondial de la Toyota Prius ? Le crossover du constructeur suédois (racheté par le chinois Geely avant le lancement, annoncé le 23 avril, d’une marque commune) propose un turbo essence combiné à un moteur électrique de 70 chevaux, pour une puissance totale de 350 chevaux (de 0 à 100 km/h en 6,1 secondes). Au final, cet hybride peu gourmand (2,3 l de consommation aux 100 km) contentera les nouvelles exigences environnementales et les amateurs de tout-terrain. ●
FORD KUGA 2 UN BRIN DE TOILETTE
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isponible en Europe à partir du début de 2013, le Ford Kuga 2 (après le premier modèle sorti en 2008) se remet au goût du jour : toujours sur une base de Focus, le SUV américain arbore une nouvelle face avant et un volume de chargement en hausse de 82 l. Petits gadgets intéressants: le coffre s’ouvre d’une simple pression du pied sous le pare-chocs et la commande vocale est combinée à la connectivité des appareils mobiles. Côté motorisation, signalons un 140 et un 163 chevaux pour le 2,0 l TDCI et un bloc 1,6 l EcoBoost pour l’essence. ●
N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
JEUNE AFRIQUE
Dossier LAND ROVER FREELANDER 2 SPORT LE LUXE SANS COMPLEXE
I
l décoiffe. Le Land Rover Freelander 2, édition limitée Sport, sera certes réservé à quelques privilégiés, mais ses performances méritent qu’on s’y arrête. Moteur TD4 150 chevaux ou SD4 190 chevaux, boîte six vitesses ou automatique,
système Terrain Response (pour s’adapter aux surfaces empruntées) et effort esthétique (sellerie cuir, jantes en alliage 19’’ anthracite, sortie d’échappement chromée…) ne desservent pas les performances du nouveau modèle de la marque mythique. ●
MAZDA CX-5 SKYACTIV LABELLISÉ ÉCONOME
S
on credo : l’équipement. Le Mazda CX-5 Skyactiv se distingue moins par ses performances que par son électronique embarquée (avertisseur de changement de ligne, détection de véhicule dans les angles morts…), sa sécurité et ses vertus économiques. Regroupés sous le label Skyactiv, les efforts du constructeur japonais dans ces domaines aboutissent à une consommation de 4,5 l aux 100 km pour une motorisation 2,2 l diesel (150 chevaux, deux roues motrices), sans renier ses performances grâce au double turbo. Pour les plus exigeants, la marque propose aussi une configuration 175 chevaux. ●
MERCEDES CLASSE M BASSE CONSOMMATION
L
es Allemands ne comptent pas se laisser dépasser. Pionnier des SUV de luxe, Mercedes a présenté en terre américaine sa troisième génération de Classe M : un modèle plus acéré, plus long de 24 mm, plus large de 16 mm et moins haut de 19 mm. Mais la nouvelle version est surtout plus économique. Quelle que soit la motorisation choisie entre les deux diesels (204 ou 258 chevaux) et la version essence (306 chevaux), les consommations de la Classe M sont abaissées d’un quart, soit environ 6 l aux 100 km, selon la marque. ●
TIMIDE REPRISE DU MARCHÉ L’INDUSTRIE AUTOMOBILE reprend des couleurs : en 2011, 58,9 millions de véhicules ont été vendus dans le monde, contre 50,4 millions en 2009 et 56,8 millions en 2010. Prévision pour 2012 : 62,2 millions. Le marché africain, à la hausse, suit les tendances économiques, comme l’indique CFAO Automotive, premier importateur d’Afrique subsaharienne francophone. « Les marchés africains de l’automobile ont observé une accélération de leur croissance en 2011 », note
le groupe, qui a vendu 82 095 véhicules neufs l’an dernier. Certains marchés ont même connu des croissances assez exceptionnelles : c’est le cas de l’Algérie, avec une hausse de 32,1 % de ses ventes par rapport à 2010, de l’Afrique du Sud avec + 15,9 %, ou encore du Gabon avec + 23 %. Au Maroc, les ventes ont progressé plus lentement (+ 8,38 %). En Tunisie, elles ont diminué de 23,4 % à la suite de la révolution du début d’année. ● M.P.
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Culture & médias
CINÉMA
Moussa Touré
« Aller à Cannes, c’est un bonheur et une lourde responsabilité » Entouré de cinq réalisateurs venus du nord du continent, le Sénégalais présente La Pirogue, seul film subsaharien de la sélection cannoise. Interview.. Propos recueillis par
E
CLARISSE JUOMPAN-YAKAM
n1975,MoussaTourétravailleàGorée, comme électricien, sur le tournage de L’Histoire d’Adèle H., de François Truffaut. En 1981, sur celui de Coup de torchon, de Bertrand Tavernier. En 1991,ilréaliseToubab Biet,sixansplus tard, TGV, avec Bernard Giraudeau. En 2012, il est à Cannes avec La Pirogue, un film sur la tragédie de l’immigration clandestine, à travers le regard d’un capitaine de pirogue de pêche dakarois chargé de conduire trente hommes en Europe, leur eldorado. JEUNE AFRIQUE : Avez-vous été étonné que votre film soit sélectionné pour le Festival de Cannes? MOUSSA TOURÉ : Au-delà du sujet d’actualité
dont il traite, c’est un film humain, extrêmement touchant. Sa force réside dans l’émotion qu’il dégage. Il campe de jeunes Africains qui ne se voient aucun avenir. Pour ces démunis, l’horizon, qui s’étend pourtant à perte de vue, au-delà des mers, semble avoir définitivement cessé d’exister. Ma sélection à Cannes, je la dois en partie à mon épouse. Quand elle a vu le film, elle, d’ordinaire si introvertie, en a été ébranlée. Ses pleurs m’ont convaincuque je tenais lebon bout et que je pouvais le présenter sans complexe au monde du cinéma. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
Seul Subsaharien présent sur la Croisette cette année, vous allez vous mesurer à des réalisateurs de renom. Comment le vivez-vous ?
Un cru exceptionnel Six réalisateurs africains seront présents dans le sud de la France cette année : c’est beaucoup plus que d’habitude. L’Afrique du Nord domine, notamment grâce aux très dynamiques productions cinématographiques d’Égypte et du Maroc.
C’est un bonheur et une lourde responsabilité, qui m’effraient et m’attristent aussi. Car, paradoxalement, cette désignation met l’accent sur les limites du cinéma africain, auquel je crois – ou veux croire. Nous avons des talents, de belles histoires, de sublimes paysages. Tous les ingrédients d’un cinéma de qualité sont réunis, mais, au fil des ans, le continent reste sous-représenté dans les festivals, y compris dans les plus modestes d’entre eux, faute de volonté politique et donc de moyens. C’est déprimant. Je vais à Cannes avec la fierté d’avoir franchi une étape dans mon parcours personnel, mais aussi avec l’appréhension d’étaler aux yeux du monde la misère de notre cinéma. Des institutions comme l’Organisation internationale de la francophonie font ce qu’elles peuvent, mais cela reste insuffisant. Pourtant, il existe bel et bien, ce cinéma africain…
J’ai fait plusieurs films, d’autres avant moi aussi, à l’instar de Sembène Ousmane. Il existe donc. Mais peut-on parler de cinéma dans des pays où les salles font si cruellement défaut ? On devrait JEUNE AFRIQUE
ERICK AHOUMOU POUR J.A.
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commencer par les rouvrir. Nombre de productions africaines n’ont jamais été projetées sur le continent. La Pirogue ne sera jamais accessible partout en Afrique. Vous désespérez de ce cinéma ?
Parfois. Il y a néanmoins un espoir avec le cinéma nigérian, qui a compris qu’il pouvait créer un cinéma populaire en s’affranchissant des codes occidentaux. Qu’importe si la qualité esthétique n’est pas forcément au rendez-vous. Il plaît au public local. À l’image de la France, l’Afrique francophone préfère le cinéma d’auteur, sans avoir les moyens de ses ambitions. Je ne veux pas désespérer du cinéma africain, car je fais partie des réalisateurs privilégiés. J’ai reçu une avance sur recette du Centre national du cinéma et de l’image animée [CNC, NDLR]. Des chaînes comme Canal+, Ciné+ et TV5 Monde l’ont préacheté. Toutefois, aucun organisme cent pour cent africain n’a voulu contribuer. Je n’ai pas été tendre avec le régime d’Abdoulaye Wade. Il me l’a rendu en tentant de me mettre des bâtons dans les roues. Je n’ai obtenu l’autorisation de tournage qu’après avoir menacé le ministère de la Communication d’une conférence de presse. JEUNE AFRIQUE
LE RÉALISATEUR DE TOUBAB BI ET DE TGV, le 4 mai 2012, à Dakar (Sénégal).
Le sujet est sensible…
Certainement. Pour le gouvernement espagnol aussi. Sollicité, il a refusé de collaborer au film. Selon nos informations, Madrid avait accordé à Dakar une somme de 14 milliards de F CFA [plus de 21 millions d’euros], en contrepartie du rapatriement de ses ressortissants. Sauf que ces derniers n’en ont pas vu la couleur. À leur retour, ils n’ont reçu que 10 000 F CFA chacun, plus un sandwich. La Pirogue est un film politique ?
Si présenter des faits s’apparente à faire de la politique, alors oui. Les jeunes continuent, au péril de leur vie, de transiter par la Mauritanie pour rejoindre l’eldorado européen. La jeunesse africaine doit être consciente des dangers qui la guettent. Vous avez choisi de changer le scénario qui vous avait été présenté…
La première version du scénario était assez faible, au regard de la gravité du sujet. Éric Névé a mis deux années à lui donner plus de chair. La Pirogue débute par une scène de lutte, qui laisse deviner l’âpreté du thème. Très « bavard », le premier scénario s’ouvrait sur un mariage, avec de longs dialogues répétitifs. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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Culture médias Je voulais un film silencieux, faisant la part belle à l’atmosphère, à l’expressivité des visages durant cette périlleuse aventure. L’atmosphère reste une des composantes de mon cinéma. Dans deux de mes précédents longs-métrages, je m’évertuais déjà à faire retentir le silence. J’extrais l’intériorité des êtres, avec délicatesse. Vous vous êtes engagé à réaliser le film à condition qu’on vous accorde quelques libertés avec le scénario. Le producteur a dû s’inquiéter pour le budget.
Ma casquette de technicien africain habitué des films à faible budget l’a probablement rassuré. Il m’a laissé faire et a greffé à ma production les effets spéciaux, plus onéreux que le film luimême [535 millions de F CFA]. Je suis incapable de vous dire combien il a coûté au final. Enfant de la pellicule pour avoir appris à tourner avec d’anciens modèles de caméra, je suis discipliné : nous n’avions que très peu de rushs. Ce qui laisse supposer que vous étiez tous très bien préparés.
Nous avons répété chaque jour en pleine mer, pendant trois mois. Les acteurs connaissaient par cœur chaque séquence du film mais étaient
Sur le tournage de La Pirogue, aucun des acteurs ne savait nager. J’étais responsable d’une centaine de vies!
prévenus que des changements imprévus surviendraient pendant le tournage, ce qui faisait monter l’adrénaline. En fait, je me suis largement inspiré de Master and Commander : de l’autre côté du monde, film américain de Peter Weir (2003), dans lequel deux navires s’affrontent sur l’océan Pacifique. La Pirogue est entièrement tournée sur la lagune, à Djifer (Petite Côte), vrai studio à ciel ouvert comme à Hollywood, mais adapté aux réalités locales. Au fond, on n’invente plus rien. Tous les films ont déjà été tournés un jour ou l’autre. Il faut simplement les recréer dans d’autres décors. Avez-vous eu du mal à diriger les acteurs, pour la plupart non professionnels ?
Ils ont eux aussi regardé Master and Commander pour choisir leur rôle en s’identifiant à des personnages. L’Africain excelle dans l’art du mime. La première difficulté a consisté à les réunir dans un environnement « hostile »: aucun d’entre eux ne savait nager. Et nous n’avions pas le temps de le leur apprendre. De plus, pour la crédibilité du scénario, il était important qu’ils aient l’air angoissé. Je crois que le plus gros obstacle à ce film est heureusement resté enfoui en moi : ma propre peur. C’est sans conteste le film le plus difficile de ma carrière, car j’étais responsable de plus d’une centaine de vies. ●
Ils seront aussi sur la Croisette t Un réalisateur algérien très productif et deux représentants emblématiques des cinémas marocain et égyptien : l’Afrique du Nord or a la cote, cette année ! YO YOUSRY NASRALLAH
Le successeur de Chahine Yousry Nasrallah sera le seul cinéaste du continent africain à fouler le célèbre tapis rouge du Festival de Cannes cette année, le 17 mai au soir, afin de concourir avec vingt et un autres réalisateurs de premier plan pour la prestigieuse Palme d’or. Et le deuxième depuis quinze ans, puisque seul le Tchadien Mahamat-Saleh Haroun – prix du jury en 2010 pour Un homme qui crie – a connu cet honneur en 1997. Ce choix des sélectionneursn’est a priori pas une surprise. Yousry Nasrallah, né en 1952 au Caire, est considéré depuis des années comme le plus doué des cinéastes égyptiens et, à bien des égards, comme le N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
successeur de Youssef Chahine, dont il fut ut untempsl’assistant(etlecoscénaristepour Adieu Bonaparte en 1984 et Alexandrie encore et toujours en 1990). « Le plus brillant », disait son maître en septième art. Ce n’est pourtant pas faire injure à l’auteur de Vol d’été (1988) et de la magnifique Porte du soleil (2004) – une saga racontant à travers l’histoire d’une famille le destin des Palestiniens au XXe siècle – que de penser que le choix de montrer Après la bataille sur le gigantesque écran du Palais des festivals est lié à l’actualité. Ne manquant ni de verve ni d’humour, comme il l’a montré dans Femmes du Caire en 2010, Nasrallah est en effet un homme de gauche qui est de tous les combats et ne craint pas de prendre des risques. Ainsi futiltrèssouventprésentavecsacaméraetson désir révolutionnaire sur la place Al-Tahrir dès le début du mouvement populaire qui a mis à bas le régime Moubarak. Après la bataille n’est autre qu’une fiction dont le personnage central est l’un de ces fameux « cavaliers contre-révolutionnaires » qui, manipulés, avaient attaqué les insurgés lors du soulèvement. ●
Sélectionné dès son premier film, Rengaine, réalisé avec des moyens de fortune, pour la Quinzaine des réalisateurs (la plus importante des manifestations « off » du Festival de Cannes), Rachid Djaïdani (38 ans) n’est pas un inconnu. Né de père algérien et de mère soudanaise, il abandonnerapidementlesétudespourtravailler sur des chantiers comme maçon. À 20 ans, il découvre le cinéma sur le plateau de La Haine (1995), de Mathieu Kassovitz, où il est employé comme… vigile. C’est cependant par la littérature qu’il se fait d’abord un nom. Il publie entre 1999 et 2007, aux éditions du Seuil, trois romans dont les titres sont parlants: Boumkœur, Mon Nerf etViscéral. Rengaine,l’histoire d’une union contrariée entre une jeune Maghrébine encombrée de nombreux frères et un Noir, en banlieue parisienne, devrait confirmer sur le grand écran l’avènement d’un auteur de tempérament aux multiples talents. ●
RENAUD DE ROCHEBRUNE
R.R.
RACHID DJAÏDANI RA
Premier film, premier Cannes
JEUNE AFRIQUE
CLAUDINE DOURY/AGENCE VU
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SON TAPIS ROUGE, SON STRASS ET SES STARLETTES… Le Festival de Cannes reste un rendez-vous incontournable du cinéma mondial.
MERZAK ALLOUACHE
NABIL AYOUCH NAB
Les remords du djihadiste
En tandem avec Mahi Binebine
Trente-cinq ans après sa première apparition sur la Croisette avec sa comédie Omar Gatlato, le prolifique réalisateur algérien Merzak Allouache, 67 ans, revient avec Le Repenti, qui sera présenté en avantpremière mondiale. Son film est d’ailleurs le seul long-métrage africain présent cette annéeàlaQuinzainedesréalisateurs.Dans la région des Hauts Plateaux, en pleine terreur islamiste, un jeune djihadiste repenti regagne son village. Selon laloi « de pardon et de concorde nationale », il restitue son arme, mais il va vite apprendre qu’il est difficiledes’absoudredesescrimes…Après le grand succès en France de Chouchou (2003),MerzakAllouachen’ajamaisoublié sonpays,etl’Algérietientuneplacecentrale dans son œuvre. Dans Normal!, sorti en mars, il dressait le portrait d’une jeunesse algérienne désillusionnée et aspirant à la liberté, à travers l’histoire d’un jeune cinéaste confronté à la censure. ●
Comment des jeunes désœuvrés ayant grandi dans l’immense chaos de Sidi Moumen se sont-ils transformés en kamikazes ? Le cinéaste franco-maroocain Nabil Ayouch, 43 ans, porte sur grand écran l’histoire de ces enfants perdus, auteurs des attentats de Casablanca en 2003, dans Les Chevaux de Dieu. Adaptation du roman Les Étoiles de Sidi Moumen, de Mahi Binebine, son quatrième long-métrage, tourné entre Casablanca et Mohammedia et primé au Festival national du film de Tanger en 2011, sera présenté dans la sélection officielle, dans la catégorie Un certain regard. Né d’une mère juive française et d’un père marocain musulman, Nabil Ayouch a grandi à Sarcelles, en banlieue parisienne. Dans son premier documentaire, My Land, sorti en février, c’est d’ailleurs à partir de ses souvenirs d’enfance qu’il s’interroge sur le conflit israélo-palestinien. Premier réalisateur
JUSTINE SPIEGEL JEUNE AFRIQUE
à avoir représenté le Maroc aux Oscars – avec son premier film, Mektoub (1999), puis avec Ali Zaoua (2001) –, Nabil Ayouch œuvre aussi à la promotion de jeunes talents marocains avec sa société, Ali n’ Productions. ● J.S.
FYZAL BOULIFA
Court mais dense Déjà auteur de trois courts-métrages remarqués, notamment Whore, primé à l’East End Festival de Londres en 2010, ce jeune cinéaste britannique d’origine marocaine présentera le quatrième, The Curse, tourné dans le royaume chérifien, à la Quinzaine des réalisateurs, une sélection qui a souvent révélé de futurs grands du septième art. Le scénario, dont Fyzal Boulifa est également l’auteur, laisse imaginer un petit film intense : la jeune Fatine rencontre régulièrement son amant loin à l’écart du village, mais un jour sa vie secrète est éventée par un petit garçon qui la surprend, et elle s’enfuit… ● R.R. N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
jeune afrique .com
Culture médias En vue
ð Retrouvez l’interview de Serge Daniel
ENFANCE
Haut en couleurs LES CHÈVRES AUX YEUX DOUX sont un petit régal pour les yeux… et pour les zygomatiques. À dire vrai, les contes traditionnels africains à destination des enfants abondent dans la production éditoriale francophone, au point d’en devenir un peu lassants. Mais, avec cette histoire débordante d’humour et plus chatoyante que l’arc-en-ciel, Stephen Davies et Christopher Corr parviennent à sortir des sentiers battus. Rafraîchissant! ● NICOLAS MICHEL
Les Chèvres aux yeux dou doux, de Ste Stephen Dav Davies et Chr Christopher Cor Corr, Gallimard Jeunesse, 28 pages, 12,50 euros ■■■
MANUEL
Questions d’Orient IMPRÉVUS, les bouleversements arabes de 2011 ont semblé désarmer les diplomates et désorienter les observateurs. Le manuel universitaire de géopolitique élaboré par trois jeunes chercheurs, et qui vient d’être édité aux PUF, replace ces événements dans leur cadre historique, économique, géographique et politique en apportant un panorama détaillé de cette zone hautement stratégique. Un ouvrage qui fait nettement apparaître la diversité, la complexité et les mouvements d’une région que l’opinion mondiale s’était imaginée stagnant dans les limbes de l’Histoire. ● LAURENT DE SAINT PÉRIER
Géopolitique du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Du Maroc à l’Iran, deTancrède Josseran, Florian Louis et Frédéric Pichon, PUF, 192 pages, 25 euros ■■■ N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
VINCENT FOURNIER/J.A.
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ESSAI
Les héritiers de Ben Laden Installé au Mali depuis une quinzaine d’années, Serge Daniel s’est penché sur l’évolution de la nébuleuse djihadiste.
E
ntre 2003 et 2012, une quarantaine de personnes, occidentales pour la plupart, ont été enlevées dans le Sahel. À la manœuvre ? Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), le groupe salafiste installé dans le nord du Mali et qui a fait du rapt d’Occidentaux un business très lucratif. Serge Daniel, journaliste béninois, installé au Mali depuis une quinzaine d’années, a suivi les premiers enlèvements en 2003, à l’époque où Aqmi était encore le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), originaire de l’Algérie voisine. Il a aussi assisté aux premières libérations contre rançon. « À l’époque déjà, je m’étais dit que c’était le début des problèmes », se souvient-il. Presque dix ans plus tard, la nébuleuse Aqmi aurait engrangé quelque 200 millions d’euros et étendu ses tentacules dans toute la sous-région ouest-africaine, si ce n’est au-delà.
En 300 pages, Serge Daniel passe en revue tout ce qu’il y a à savoir sur ces djihadistes qui paradent désormais à Tombouctou et Gao : histoire, organisation, têtes pensantes ou modes opératoires d’attentats ou d’enlèvements. Pour cela, il a discuté avec djihadistes et négociateurs, reconstitué des rapts. Il a aussi consulté des centaines de documents, souvent confidentiels, au Mali, en Mauritanie, au Niger entre autres. « Je sentais chez les services de sécurité des pays que j’ai visités l’envie de montrer ce qu’ils font, de prouver qu’ils n’attendent pas les bras croisés l’arrivée des terroristes », explique Serge Daniel. Le style est parfois poussif, l’information ardue – il faut faire des allersretours pour ne pas s’emmêler les pinceaux –, mais ce récit, à la fois terrifiant et fascinant, est sans conteste une Aqmi, base documentaire l’industrie de de référence sur les l’enlèvement, héritiers ouest-afride Serge cains d’Oussama Daniel, Fayard, 304 pages, Ben Laden. ● 19,30 euros ■■■
MALIKA GROGA-BADA JEUNE AFRIQUE
■ ■ ■ Décevant
■ ■ ■ Pourquoi pas
■ ■ ■ Réussi
Culture médias
■ ■ ■ Excellent
POP-UP
Et il est comment le dernier…
Visages de l’ailleurs
Masques, de Paul Rouillac, Mango, 20 pages, 23,50 euros ■■■
… Arnaldur Indridason
A PRIORI, c’était une excellente idée. Rassembler dans un livre pop-up une série de masques traditionnels venus du monde entier : japonais, sénoufo, inuit, kwele, mossi, dogon… Malheureusement, Masques, de Paul Rouillac, pèche par deux points. D’une part, la réalisation technique du livre laisse à désirer et, d’autre part, les textes explicatifs sont réduits à la portion congrue et inadaptés aux enfants. Le tout pour un prix relativement élevé. Dommage. ● N.M.
BANDE DESSINÉE
Les enfants de la révolution IL FALLAIT OSER : un an à peine après le Printemps arabe, rendre compte par le dessin des événements survenus en Tunisie. Éric Borg (scénario) et Alex Talamba (dessin) s’y sont attelés… Et le résultat est plutôt convaincant. Certes, la dramaturgie impose des raccourcis et, parfois, des arrangements avec la réalité réalité. Mais l’intrigue gagne en force ce qu’elle perd en précision historique. De la mort de Mo Mohamed Bouazizi à la fuite de Ben Ali, Sidi Bouzid Kids ds p propose une approche péda pédagogique et humaniste de la révolution, à la fois simp simple et redoutablement effi efficace. ● N.M.
ÉRIC BORG & ALEX
TALAMBA
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Sidi Bouzid Kids, d’Éric Borg et AlexTalamba, KSTR, 128 pages, 16 euros ■■■ JEUNE AFRIQUE
I
maginez : un polar de Georges Simenon sans son célèbre commissaire Maigret ou une enquête d’Alexander McCall Smith sans la perspicace Mma Ramotswe… Les auteurs de polars sont parfois prisonniers de leurs personnages. Au fil des ouvrages, les lecteurs éprouvent une certaine sympathie pour l’enquêteur qu’ils voient évoluer, se marier, avoir des enfants, divorcer, vieillir, partir à la retraite… et parfois même s’effacer. Dans son dernier roman traduit en français, La Muraille de lave, l’un des maîtres du polar islandais, publié dans 37 pays, Arnaldur Indridason, a envoyé Erlendur Sveinsson en vacances. C’est Sigurdur Oli qui mène l’enquête. Un personnage plutôt fade en comparaison avec le taiseux Erlendur, fin limier mais aussi frère meurtri, mari rejeté et père paumé. En regard, Sigurdur a tout du beauf. Jeune homme formé aux États-Unis, il aime regarder le foot américain à la télévision. Pas un seul livre ne trône sur ses étagères. Mais, au fur et à mesure, l’on découvre un personnage plus complexe qui se retrouve, sans y prendre garde, sur les lieux d’un meurtre. Une affaire de sexe qui implique l’un de ses amis. La maître chanteuse, une femme aux mœurs libertines, est assassinée. Un an plus tôt, un banquier qui avait croisé la route de la victime disparaissait mystérieusement… Paru en 2009 en Islande, au lendemain de la
banqueroute du pays, La Muraille de lave évoque la cupidité qui s’est emparée des financiers, ces « nouveaux Vikings », et dénonce la course au profit et la perte de toute valeur morale. Habituellement, chaque intrigue est un prétexte pour interroger le passé. Cette fois-ci, Indridason se penche sur le présent. Dans ses romans noirs et humanistes, le suspense est rarement haletant, le silence si typiquement islandais y impose son rythme. Le temps s’écoule précieusement, comme engoncé dans les ténèbres glacées de l’âme humaine.
La Muraille de lave, d’Arnaldur Indridason, Métailié Noir, 322 pages, 19,50 euros ■■■
La violence domestique est souvent présente. Sigurdur reçoit des fragments de pellicule et y voit l’horreur : un enfant dit non à un adulte, en vain. Le policier croit reconnaître la victime qui pourrait devenir aujourd’hui le bourreau de son tortionnaire, mais pas sûr que la vengeance ne le sauve… ● SÉVERINE KODJO-GRANDVAUX N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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Culture médias ADIEU | Cyprien Tokoudagba
Héritier des rois et des dieux Révélé à l’Occident lors de l’exposition parisienne « Magiciens de la terre », le peintre et sculpteur d’Abomey était un initié du vaudou.
I
L ÉTAIT UN MONUMENT à lui tout seul. Le peintre et sculpteur béninois Cyprien Tokoudagba, très affaibli depuis des mois, est décédé le 5 mai 2012. Il était né à Abomey en 1939 – même s’il prétendit longtemps être né en 1954 pour ne pas prendre sa retraite… Artiste autodidacte n’ayant été formaté par aucune école, Tokoudagba s’est tôt passionné pour le dessin, avant d’apprivoiser le modelage en terre glaise puis la sculpture en ciment.Très vite, il est devenu « l’homme qui savait décorer », et sa réputation dans la région est allée grandissant.Au point d’être sollicité pour restaurer un temple vaudou. Initié, adepte du dieu des eaux terrestres Tohossou, il disait: « Quand j’étais jeune, on m’a envoyé voir un prêtre vaudou, un maître. C’est un point de non-retour, on a appris à faire de la magie, à utiliser la force des mots, à créer des envoûtements efficaces et l’on a appris les secrets des plantes. » (Catalogue d’« Africa Remix », 2005). Son père voulait qu’il devienne tailleur, mais il a
JEAN-DOMINIQUE BURTON
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! L’ARTISTE BÉNINOIS CHEZ LUI à Abomey, où il avait construit son propre musée, jamais figé, toujours évolutif.
sur fond blanc. Lui qui était lié à l’histoire du Bénin par ses ancêtres, dont certains avaient occupé des postes haut placés auprès des rois Ghézo, Glélé et Béhanzin, ne cessait d’approfondir son savoir et d’alimenter son imaginaire par des recherches dans les palais royaux.
a parfois tendance à s’en déconnecter pour ne regarder que vers l’avenir, les nouvelles technologies… » L’écrivain togolais Kangni Alem se souvient pour sa part de l’émotion ressentie face aux œuvres du Béninois: « La première fois que j’ai vu sa statuaire, c’était au palais royal d’Abomey. J’ai eu cette réflexion: “Même les sourds comprendraient les En 2006, la toute jeune murmures de ses statues.” Pour moi, Fondation Zinsou lui avait cet homme dessinait et sculptait pour les gens ordinaires ce qui relève du consacré à Cotonou une exposition intitulée « Dahomey, rois et mystère de la tradition… » dieux »: il avait alors produit soixanteHabité par son art,Tokoudagba avait quatre peintures originales, créé chez lui son propre conçu dix sculptures et musée – en constante évoconstruit un temple ! lution. « C’était un personL’événement avait permis nage totalement sidérant, de faire mieux connaître assez drôle, assez filou son travail au Bénin. Marieaussi, qui avait conscience Cécile Zinsou, qui dirige la de son rôle d’artiste, dit fondation, souligne l’imporMarie-Cécile Zinsou. Ce tance de son travail: « Son qu’il faisait à Abomey, il œuvre est moderne et propensait être le seul capable fondément inspirée par de le faire. Dieu lui avait Dahomey, rois et notre passé. Il livre une confié cette tâche… » Le dieux, de Cyprien version dahoméenne de monument est devenu Tokoudagba, Fondation notre histoire, ce qui est temple. ● Zinsou, 152 pages, 30,50 euros essentiel dans un pays qui NICOLAS MICHEL
Même les sourds comprendraient les murmures de ses statues. commencé sa carrière en réalisant des peintures et des sculptures dans des temples. En 1987, il est nommé restaurateur au musée d’Abomey. Deux ans plus tard, grâce au commissaire d’exposition et spécialiste de l’art contemporain dans les cultures non occidentalesAndré Magnin, les œuvres de Cyprien Tokoudagba sont présentées au Centre Pompidou à l’occasion de l’exposition « Magiciens de la terre ». C’est aussi André Magnin qui a convaincu l’artiste d’utiliser la toile comme médium, lui ouvrant les portes des collectionneurs d’art. Dans un style qui n’appartient qu’à lui, Tokoudagba évoquait les rois, les dieux et leurs symboles, généralement N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
JEUNE AFRIQUE
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Concernant cette rubrique, adressez-vous à Fabienne Lefebvre -Tél. : 01 44 30 18 76 - Fax : 01 44 30 18 77 - Email. : f.lefebvre@jeuneafrique.com DIFCOM Régie publicitaire centrale du Groupe Jeune Afrique - 57 bis, rue d’Auteuil 75016 Paris - France
TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE DE PARIS EXTRAIT DES MINUTES DU GREFFE Par jugement contradictoire, rendu par le TRIBUNAL CORRECTIONNEL 11E CHAMBRE/1, le 13 septembre 2011. Jugement sur Ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel. Lukoki PEMBELE né le 12 mars 1954 à KINSHASA, CONGO (République Démocratique) de Emmanuel PEMBELE et de Hélène VEMBA, de nationalité congolaise, commercant, salarié. demeurant : 16, rue de Chênes 91330 YERRES.
Avis judiciaire
Mesures de sûreté : ordonnance de placement sous contrôle judiciaire en date du 30 mai 2008 avec obligation de verser un cautionnement de 600 000 € en plusieurs versements : 25 000 €, 100 000 € puis 19 versements de 25 000 €, garantissant à concurrence de 80 000 € la représentation en justice et à concurrence de 520 000 € le paiement des dommages et intérêts et amendes, ordonnance de modification du contrôle judiciaire en date du 26 janvier 2009 réduisant l’obligation de cautionnement à 280 000 € dont 190 000 € déjà versés et 90 000 € en 12 versements de 7 500 € garantissant à concurrence de 20 000 € la représentation en justice et 260 000 € le paiement des dommages et intérêts et amendes, ordonnance de maintien sous contrôle judiciaire art. 179 C.P.P. en date du 20 avril 2010, placé sous contrôle judiciaire a été condamné à : Emprisonnement délictuel : 12 mois avec sursis mise à l’épreuve, délai 2 ans (art. 132-45 1°, et 2° du Code pénal) amende délictuelle de 100 000 euros ORDONNE à l’égard de Lukoki PEMBELE la Publication du jugement dans le journal "Jeune Afrique" 1 amende douanière de 27 094 euros Infraction(s) : OPÉRATION DE BANQUE EFFECTUÉE À TITRE HABITUEL PAR PERSONNE AUTRE QU’UN ÉTABLISSEMENT DE CRÉDIT - entre le 25 mars 2002 et le 30 mai 2008, depuis temps non couvert par la prescription, à Paris, et en tout cas sur le territoire national, faits prévus et réprimés par les articles L.311-1, L.511-1, L.511-5, L.511-10 et L.571-3 C.M.F. TRANSFERT NON DÉCLARÉ DE SOMMES, TITRES OU VALEURS D’AU MOINS 10 000 EUROS ENTRE LA FRANCE ET L’ÉTRANGER SANS L’INTERMÉDIAIRE D’UN ÉTABLISSEMENT AUTORISÉ À EFFECTUER DES OPÉRATIONS DE BANQUE - entre le 25 mars 2002 et le 30 mai 2008, depuis temps non couvert par la prescription, à Paris, et en tout cas sur le territoire national, faits prévus et réprimés par les articles 151-2 du Code monétaire et financier et les articles 464 et 465 C. DOUANES. BLANCHIMENT par CONCOURS À UNE OPÉRATION DE PLACEMENT, DISSIMULATION OU CONVERSION DU PRODUIT D’UN DÉLIT PUNI D’UNE PEINE N’EXCÉDANT PAS 5 ANS - entre le 25 mars 2002 et le 30 mai 2008 - À Paris et au Congo, faits prévus et réprimés par les articles 324-1, 324-3, 324, 324-5, 324-6, 324-7 et 324-8 du Code pénal. Pour extrait conforme, n’y ayant appel, le Greffier en Chef
N° 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
JEUNE AFRIQUE
COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQUE ET MONÉTAIRE DE L’AFRIQUE CENTRALE COMMISSION DÉPARTEMENT DES INFRASTRUCTURES ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE
Avis d’Appel d’Offres APPEL D’OFFRES INTERNATlONAL OUVERT (AOlO) N° 001 /AOlO/CEMAC/DIDD/DATIT/2O12 DU 01 MARS 2012
PROJET DE FACILITATION DES TRANSPORTS ET DU TRANSIT SUR LES CORRIDORS DOUALA-BANGUI ET DOUALA-N’DJAMENA
JEUNE AFRIQUE
- Parking (PL4) de 80 camions - Parking (PL5) de 80 camions - Travaux de pose des équipements de signalisation - Travaux d’assainissement. Le Maître d’Ouvrage se réserve le droit de ne pas exécuter la tranche conditionnelle, sans réclamation de la part de l’entreprise attributaire du marché. 3. Les entreprises originaires de tous les pays et répondant aux critères d’éligibilité tels que définis dans le DAO peuvent participer à l’appel d’offres. Les clauses des lnstructions aux soumissionnaires et celles du Cahier des clauses administratives générales sont les dispositions standards du Dossier Type d’appel d’offres pour l’acquisition des travaux de taille moyenne publié par la Banque Africaine de Développement (Edition de septembre 2010). Les soumissionnaires éligibles et intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires et prendre connaissance des documents d’Appel d’Offres à la Direction de l’Aménagement du Territoire, des Infrastructures et des Transports (DATIT) de la Commission de la CEMAC, Projet : Programme de Facilitation des Transports et Transit, 4e étage. Téléphone : 00.236.75.50.00.47/00.236.75.76.21.88. Email : cemac@cemac.int ; meyosouaj@yahoo.fr ; fankourichard@yahoo.fr 4. Les soumissionnaires intéressés peuvent obtenir un Dossier d’Appel d’Offres complet rédigé en français, en formulant une demande écrite aux adresses suivantes : Direction de l’Aménagement du Territoire, des infrastructures et des Transports (DATIT) de la Commission de la CEMAC, Projet : Programme de Facilitation des Transports et Transit, 4e étage. Téléphone : 00.236.75.50.00.47/00.236.75.76.21.88. Email : cemac@cemac.int ; meyosouaj@yahoo.fr ; fankourichard@yahoo.fr Ministère des Infrastructures (MI) du Tchad/Direction Générale des Routes (DGR), email : ciscg@intnet.td. Email : klamtijeanb@yahoo.fr Cellule BAD/BM ; sise à la Délégation Régionale des Travaux Publics du Centre à Yaoundé - Cameroun, Tél (237) 22 22 44 51/22 22 22 94 ; Fax : (237) 22 23 48 78 / 22 22 22 94 ; email : csepr_badbm@yahoo.fr ; michelmbella2009@yahoo.fr contre un paiement non remboursable en espèces ou en chèque certifié (au nom de la CEMAC), d’un montant de cent mille francs CFA (100.000 FCFA) , soit 152.45 (cent cinquante deux euros quarante cinq centimes) étant donné que 1 euro = 655,957 francs CFA, contre reçu. Ce reçu devra identifier le payeur comme représentant de l’Entreprise ou “ Groupement “ d’Entreprises désireuses de participer à l’Appel d’Offres. 5. Chaque offre rédigée en langue française, en six (06) exemplaires dont un (01) original et cinq (05) copies marquées comme tels, devra être déposée contre récépissé à la Direction de l’Aménagement du Territoire, des Infrastructures et des Transports, sise Avenue des Martyrs, BP 969, Bangui République Centrafricaine, 4e étage, Tél/Fax : 00 23621613630/75500047 au plus tard le 9 juillet 2012 à 10 heures précises (heure locale) et devra porter la mention : APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL OUVERT N°001/AOIO/CEMAC/DIDD/DATIT/2012 POUR LES TRAVAUX DE CONSTRUCTION D’UN POSTE DE CONTRÔLE UNIQUE À LA FRONTIÈRE ENTRE LE CAMEROUN ET LE TCHAD À KOUSSERI » A N’OUVRIR QU’EN SÉANCE DE DÉPOUILLEMENT Les offres remises en retard ne seront pas acceptées. Les plis seront ouverts le 9 juillet 2012 à 11 heures précises (heure locale) en présence des représentants des soumissionnaires qui souhaitent être présents à l’ouverture, dans la salle de réunion de la CEMAC à Bangui, par la Commission AD HOC de Passation des Marchés nommée à cet effet. 6. Les offres doivent être accompagnées d’une garantie de l’offre d’un montant de cent (100) millions de francs CFA ou l’équivalent dans une monnaie librement convertible. 7. La durée de validité des offres est fixée à quatre vingt dix (90) jours à compter de la date limite de remise des offres. Elle permettra de maintenir les offres valides pendant toute la période de l’analyse des offres à la notification du contrat, (Cf clause 18.1 des lnstructions aux Soumissionnaires (lS)). 8. Financement : Le marché envisagé sera financé par le don FAD à hauteur de 90 % et la CEMAC à hauteur de 10 %. LE PRÉSIDENT Antoine NTSIMI
N° 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
Appel d’offres
1. La Commission de La CEMAC a obtenu du Fonds Africains de Développement (FAD) un don en diverses monnaies, en vue du Financement du programme régional de facilitation des transports et du transit en zone CEMAC. ll est prévu qu’une partie du montant de ce don sera utilisée pour effectuer les paiements attendus au titre de l’exécution du marché des travaux de construction du Poste de contrôle unique à la frontière entre le Cameroun et le Tchad à Kousséri. 2. La Commission de la CEMAC sollicite des offres sous plis fermé de la part des soumissionnaires éligibles et répondant aux qualifications requises pour exécuter lesdits travaux, comprenant : 01 bâtiment de services, 02 bâtiments guérites (Postes de Police), 01 bâtiment de la Gendarmerie, 01 bâtiment pour la pesée des essieux, 01 bâtiment énergie, 02 blocs des toilettes publiques, 01 château d’eau et des Voiries et Réseaux Divers (VRD). Les travaux regroupés en un lot unique et dont la durée prévisionnelle est de 24 mois, peuvent se résumer ainsi qu’il suit en deux tranches : Tranche ferme : A - Construction des Bâtiments : Les travaux comprennent des bâtiments administratifs uniques aux deux pays, de construction et d’entretien aisé, devant abriter les bureaux des corps de services suivants : - les Douanes ; - les transporteurs ; - les polices de frontières ; - le système de pèses essieux ; - l’infirmerie ; · - l’énergie ; - la structure de gestion du site ; - les toilettes publiques ; - un château d’eau d’une capacité de 25 m3. B - Construction des Voiries et Réseaux Divers (VRD) comprenant : - les travaux préparatoires ; - le débroussaillage et nettoyage de tout le site ; - le décapage de la terre végétale sur les voiries et parkings à aménager ci-dessous ; - des travaux d’aménagement en pavé autobloquants des voies de 12 m de large et espaces parkings suivants : - Voie 1 (voie entre les deux giratoires) d’une longueur de 398,2 ml - Voie 2 (398,2 ml) - Voie 3 (451,53 ml) - Voie 4 (509,83 ml) - Deux sections de la Voie 6 respectivement de 239,85 ml et 220,0 ml (allant chacune de l’intersection de la Voie 4 jusqu’à la sortie du poste frontière) - Deux giratoires de 618,79 ml (Voie 7) et 93,71 ml (Voie 8) - Parking (VP 8) de 63 véhicules particuliers - Parking (VP7) de 63 véhicules particuliers - Parking (PL6) de 65 camions - Parking (PL9) de 50 camions - Aménagement des voies de desserte des différents bâtiments - Une partie des travaux d’assainissement - Travaux de déplacements des réseaux (AES-SONEL, CAMWATER, téléphones, etc) - Travaux de plomberie sanitaire. - Des fournitures et équipements divers (système de pesage des poids lourds, mobiliers de bureau, etc.). Tranche conditionnelle : C- Construction des restes de voies et parkings, à savoir : - Les travaux préparatoires - Les travaux de construction des voies et parkings suivants : - Voie 5 (509,8 ml) - La section de la Voie 6 délimitée par les deux intersections de la Voie 6 avec la Voie 4 - Parking (PL1) de 75 camions - Parking (Pl.2) de 63 camions - Parking (PL3) de 70 camions
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ENERGIE DU MALI - SA Siège Social : Square Patrice Lumumba - Bamako Capital de 32 000 000 000 francs CFA Registre de Commerce : Ma Bko 2008 B 5376
AVIS D'APPEL D'OFFRES INTERNATIONAL
AAO N° 002/2012/EDM-SA/SOMAPEP - Date : 2 mai 2012 1. La Direction de la société Energie du Mali (EDM SA) invite par le présent Appel d’Offres, les soumissionnaires intéressés à présenter leurs Offres sous pli fermé pour les travaux de construction d’un château et d’un réservoir ainsi que la réalisation d’un réseau de distribution d’eau potable à Kalaban coro, Kabala et Tiébani. Les prestations sont réparties en deux lots : — Lot 2 Stockage : comprenant Ia construction d’un château d’eau de 2 000 m3 et d’un réservoir de 2 000 m3 tous deux en béton armé ainsi que la fourniture et la pose de leurs équipements hydrauliques, la mise en place de la télégestion du système bâche de stockage/château d’eau, la construction de la clôture du site des ouvrages de stockage, la construction d’un local pour l’alimentation électrique du système de télégestion et la construction d’une piste d’accès latéritique reliant la station de traitement aux ouvrages de stockage. — Lot 3 distribution : Comprenant la fourniture et la pose complète à Kalaban coro, Kabala et Tiébani d’un réseau de conduites fonte ductile et PVC d’une longueur totale de 66.7 km, l’exécution de 50 bornes fontaines et leur raccordement au réseau de distribution, la réalisation de 1 000 branchements sociaux, la pose de 10 (dix) poteaux d’incendie (conformément à la législation en vigueur au Mali). Le Ministère de l’Energie, de l’Eau et de l’Environnement a obtenu, de la Banque Islamique de Développement, un prêt pour le financement du renforcement de l’Alimentation en Eau Potable de Bamako. Une partie des sommes accordées au titre de ce projet sera utilisée pour effectuer les paiements prévus dans le cadre de l’exécution des travaux objets du présent Appel d’Offres.
Appel d’offres
2. L’Appel d’Offres est ouvert à toutes les entreprises ressortissantes de pays membres de la Banque Islamique de Développement. 3. Les travaux prévus dans le cadre de ces marchés sont à réaliser dans un délai maximum de dix huit (18) mois pour le lot 2 et douze (12) mois pour le lot 3 à partir de l’Ordre de Service de démarrer les travaux. 4. Les soumissionnaires intéressés, peuvent obtenir des informations supplémentaires et examiner les Dossiers d’Appel d’Offres dans les bureaux du Secrétariat de la Société Malienne de Patrimoine de l’Eau Potable, Quartier Magnambougou Faso Kanu, Tél. +(223) 20 22 00 26 BP-1528 Fax +(223) 20 22 02 00 (Direction de Ia Planification et des lnvestissements), bandia.cissoko@somapep.ml ou mdiakite@somapep.ml 5. Le Dossier d’Appel d’Offres pourra être acheté par les candidats, sur demande écrite aux services mentionnés ci-dessus, moyennant le paiement d’un montant forfaitaire non remboursable de deux cent mille (200 000) Francs CFA. Le soumissionnaire doit présenter une Offre pour chaque lot. Le soumissionnaire ne peut soumettre d’Offres pour une partie d’un lot ni pour les deux lots ensemble. 6. Toutes les Offres doivent être déposées à l’adresse indiquée ci-dessus à Bamako au plus tard le 05 Juillet 2012 à 10 heures 30 minutes précises et être accompagnées d’une garantie de soumission d’un montant au moins égal à Trente Millions (30 000 000) Francs CFA pour le lot 2 et Soixante Quinze Millions (75 000 000) de francs CFA pour le lot 3. 7. Toutefois, les Offres peuvent être reçues en salle, juste avant le début proprement dit de l’ouverture des plis. 8. Les soumissionnaires resteront engagés par leurs Offres pendant cent vingt (120) jours à partir de la date d’ouverture des plis, fixée au 05 juillet 2012 à 10 heures 30 minutes précises. Les plis seront ouverts en présence des représentants des soumissionnaires qui souhaitent être présents à l’ouverture, le 05 juillet 2012 à 10 heures 30 minutes précises, à la Société Malienne de Patrimoine de l’Eau Potable, Quartier Magnambougou Faso Kanu, Tél. +(223) 20 22 00 26 BP-1528 Fax +(223) 20 22 02 00. Le Directeur Général EDM SA Sekou Alpha DJITEYE N° 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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MINISTÈRE DES FINANCES, DU BUDGET ET DU PORTEFEUILLE PUBLIC - Comité de Gestion des Fonds PPTE PROJET DE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS DE TRANSPARENCE ET DE GOUVERNANCE Unité d’Exécution du Projet - Financement Budget de l’Etat- Fonds PPTE B.P 2116 Brazzaville, République du Congo, Tel : 06 635 53 22, E-mail : prctg@yahoo.fr - Site du MEFB : WWW.mefb-cg.org
Avis d’Appel d’offres International
N° 002F/MFBPP-CAB/CGFPPTE/PRCTG-UEP-SPM/12
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO - PROJET DE TRANSPORT MULTIMODAL « PTM » CELLULE D’EXÉCUTION DU PROJET DE TRANSPORT MULTIMODAL « CEPTM » - Don IDA H-5950-ZR
SERVICES DE CONSULTANTS DEVANT RÉALISER DES ENQUÊTES CAP VIH/SIDA ET IST DANS LES ENTREPRISES BÉNÉFICIAIRES DU PROJET DE TRANSPORT MULTIMODAL
Appel à Manifestations d’Intérêt
AMI N° 265/PTM/CEPTM – UPK/C/LDWM/PM/RMAL/2012 - Date de publication : 09 Mai 2012
Cette sollicitation de manifestations d’intérêt fait suite à l’avis général de passation des marchés du Projet de Transport Multimodal publié le 03 mai 2011. Le Gouvernement de la République Démocratique a obtenu un don, d’un montant de 255 millions USD, de l’Association Internationale de Développement pour financer le coût du Projet de Transport Multimodal, PTM. Il se propose d’utiliser une partie du montant de ce don pour effectuer les paiements autorisés au titre de Services de Consultants devant réaliser des enquêtes CAP VIH/SIDA et IST dans les entreprises bénéficiaires du Projet de Transport Multimodal. Les enquêtes CAP visent à évaluer les comportements, les attitudes et les pratiques des personnes ciblées vis-à-vis de l’infection à VIH et des autres IST. Ainsi, il est prévu de réaliser des enquêtes comportementales auprès des travailleurs de cinq (5) entreprises bénéficiaires des fonds du projet y compris les fonctionnaires du Ministère des Transports et Voies de Communication, des personnes à charge (membres de famille), des clients et autres communautés environnantes. Ces enquêtes permettront d’élaborer un plan d’actions qui tient compte des comportements, des attitudes et des pratiques tels que vécus au quotidien. La Cellule d’Exécution du Projet de Transport Multimodal, organe chargé par le Gouvernement de la République Démocratique du Congo de la mise en œuvre du projet, invite les candidats admissibles (firmes) à manifester leur intérêt à fournir les services décrits ci-dessus. Les consultants (firmes) intéressés doivent fournir les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services (brochures, références concernant l’exécution de contrats analogues, expérience dans des conditions semblables, disponibilité des connaissances nécessaires parmi le personnel, etc.). Les consultants peuvent s’associer pour renforcer leurs compétences respectives.
JEUNE AFRIQUE
Un consultant (firme) sera sélectionné conformément aux procédures de la Banque Mondiale définies par les Directives de Sélection et d’Emploi de Consultants par les Emprunteurs de la Banque mondiale, Edition de Mai 2004 (Mise à jour Octobre 2006). Les consultants (firmes) intéressés peuvent obtenir des informations complémentaires, du lundi au vendredi de 9H00 à 16H00, heures locales de Kinshasa, à l’adresse indiquée ci-dessous. Les manifestations d’intérêt, rédigées en langue française, doivent parvenir, de préférence, par courrier ou le cas échéant par email à l’adresse ci-dessous au plus tard le 28 Mai 2012 à 15H00, heure locale de Kinshasa et porter clairement la mention « AMI N° 264/PTM/CEPTM – UPK/C/LDWM/PM/RMAL/2012 - Services de Consultants devant réaliser des enquêtes CAP VIH/SIDA et IST dans les entreprises bénéficiaires des fonds du Projet de Transport Multimodal : Don-IDA H-5950-ZR ». Cellule d’Exécution du Projet de Transport Multimodal (CEPTM) A l’attention de Monsieur Lazare DAKAHUDYNO WAKALE MINADA, Coordonnateur C % Bureau Central de Coordination, BCECO Complexe CONGOTEX (ex. UTEXAFRICA), 372, Avenue Colonel Mondjiba Kinshasa/Ngaliema, République Démocratique du Congo Tél. : (+243) 998205204 ; (+243) 990283235 ; (+243) 812478006 ; (+243) 999986452 Email : ptmrdct@yahoo.com Fait à Kinshasa, le 08 Mai 2012. Lazare DAKAHUDYNO WAKALE MINADA Coordonnateur
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Appel d’offres - Manifestation d’intérêt
Fourniture et installation d’un (01) séquenceur et de deux (02) PCR temps réel au profit du Laboratoire National de Santé Publique (LNSP) et du Centre de Traitement Ambulatoire (CTA) de Talangaï à Brazzaville y compris la formation du personnel - Date : le Lundi 07 Mai 2012 1. Dans le cadre de la mise en œuvre de sa stratégie de réduction de la pauvreté, le heures à 16 heures et peut être acheté moyennant d’un montant non remboursable Gouvernement de la République du Congo a prévu dans son budget au titre de l’an- de six cent mille (600 000) FCFA non remboursables auprès du PRCTG à l’adresse née 2012, un financement sur Fonds PPTE. Une partie de ces fonds sera utilisée pour ci-dessous citée. Le paiement devra être effectué en espèce. effectuer des paiements au titre du présent Marché : N° 002F/MFBPP-CAB/CGF- 7. Les offres doivent être présentées en cinq (5) exemplaires dont un (1) original PPTE/PRCTG-UEP-SPM/12 concernant la fourniture et l’installation d’un (01) et quatre (4) copies, et être déposées contre récépissé au Secrétariat de l’Unité séquenceur et de deux (02) PCR temps réel au profit du Laboratoire National d’Exécution du Projet PRCTG au plus tard le Vendredi 29 Juin 2012 à 12 heures de Santé Publique (LNSP) et du Centre de Traitement Ambulatoire (CTA) de précises et devront porter la mention : APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL Talangaï à Brazzaville y compris la formation du personnel. N° 002F/MFBPP-CAB/CGFPTTE/PRCTG-UEP-SPM/12 à l’adresse ci-après : 2. Le Gouvernement de la République du CONGO par l’entremise du Ministère des PROJET DE RENFORCEMENT DES CAPACITÉS Finances, du Budget et du Portefeuille Public (MFBPP) a chargé le Projet de DE TRANSPARENCE ET DE GOUVERNANCE Renforcement des Capacités de Transparence et de Gouvernance (PRCTG) pour la UNITÉ D’EXÉCUTION DE PROJET mise en œuvre de ces fonds. SECTION PASSATION DES MARCHÉS 3. Le PRCTG sollicite des offres fermées de la part de soumissionnaires éligibles et B.P 2116 Brazzaville, République du Congo répondant aux qualifications requises pour fournir et installer un (01) séquenceur et Derrière le Commissariat Central de Police de Brazzaville deux (02) PCR temps réel au profit du Laboratoire National de Santé Publique 8. Les offres devront être valides pour une période de cent vingt (120) jours suiv(LNSP) et du Centre de Traitement Ambulatoire (CTA) de Talangaï à Brazzaville ant la date limite de dépôt des offres et doivent être accompagnées d’une garantie de y compris la formation du personnel. soumission d’un montant de vingt millions (20 000 000) francs CFA payable par 4. La passation du Marché sera conduite par Appel d’offres International (AOI) et con- chèque certifié, chèque de banque ou par caution bancaire délivré par une banque formément aux procédures en vigueur au PRCTG et ouvert à tous les soumission- commerciale agréée, du même montant et doivent être remises à l’adresse sus naires éligibles. indiquée. 5. Les soumissionnaires éligibles et intéressés peuvent obtenir des informations auprès 9. L’ouverture des plis sera effectuée au siège du PRCTG à l’adresse mentionnée cide l’Unité de Coordination et d’Exécution du projet PRCTG, sis derrière le dessus, le Vendredi 29 Juin 2012 à 13 heures précises en présence des SoumissionCommissariat Central de Police de Brazzaville, BP : 2116, Tél : 05 551 96 11 ; Courriel : naires ou de leurs représentants dûment mandatés qui souhaitent y être présents. Le Directeur du Cabinet prctg@yahoo.fr Jean-Raymond DIRAT 6. Le Dossier d’Appel d’Offres peut être consulté pendant les heures ouvrables de 9
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Annonces classées RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO - MINISTÈRE DE L’ÉNERGIE - BUREAU CENTRAL DE COORDINATION (BCECO)
AVIS À MANIFESTATION D’INTÉRÊT
N° AVIS : AMI 337/SAPMP/BCECO/DG/DPM/NNT/2012/SC - SOURCE DE FINANCEMENT : DON IDA N° H5000 - DRC NOM DU PROJET : PROJET DE MARCHÉ D’ELECTRICITÉ EN AFRIQUE AUSTRALE (SAPMP) SERVICES DE CONSULTANTS : RECRUTEMENT D’UN CONSULTANT POUR L’ÉLABORATION DU DOSSIER DE CONSULTATION POUR LA SÉLECTION D’UNE FIRME DE MAINTENANCE DES INSTALLATIONS THTCC ET HTCA DE LA SNEL ET DE CELLES ISSUES DU PROJET SAPMP DATE DE PUBLICATION : VENDREDI 27 AVRIL 2012 (PUBLICATION DANS DGMARKET) - DATE DE CLÔTURE : LUNDI 21 MAI 2012
Manifestation d’intérêt
La République Démocratique du Congo a reçu un financement de l'Association Internationale de Développement (IDA) en vue de financer le coût du Projet de Marché d'Electricité en Afrique Australe (Southern African Power Market Project, « SAPMP »), et se propose d'utiliser une partie de ce financement pour effectuer des paiements autorisés au titre du présent contrat relatif aux services de consultant pour l’élaboration du dossier de consultation pour la sélection de la firme de maintenance des installations THTCC et HTCA de la SNEL et de celles issues du projet SAPMP. La mission du Consultant consiste à élaborer les documents de consultation pour le recrutement d’une firme qui sera chargée de la maintenance des installations THTCC et HTCA de la SNEL et de celles issues du projet SAPMP. Les prestations à réaliser par le consultant consistent à : • Faire une visite exhaustive de toutes les installations concernées en vue de mieux les identifier et d’en connaître l’état pour mieux établir les spécifications techniques à annexer au dossier de consultation ; • Inventorier les manuels et documents existants pour la maintenance (notices fournisseurs, règles internes, programmes, procédures, etc.) ; • Rédiger le rapport de la visite de ces ouvrages avec ses commentaires ; • Proposer une méthodologie de travail la mieux indiquée à mettre en œuvre pour parvenir à la réalisation de la maintenance normative des installations visitées ; • Elaborer la liste de l’outillage, des équipements et de la logistique nécessaires à la réalisation de la maintenance des installations qui sera annexée au dossier de consultation ; • Elaborer le dossier de consultation, sur base de la connaissance très approfondie issue de la visite des ouvrages ; • Assister le Client pendant le processus de passation de ce marché de la firme chargée de la maintenance, à savoir : - lancement de l’appel d’offres ; - élaboration des éléments des réponses aux questionnaires des soumissionnaires potentiels ; - participation à l’ouverture des offres et à leur analyse ; - élaboration d’un projet de contrat de maintenance à proposer à la firme retenue ;
- participation au démarrage des travaux de la maintenance. Pour garantir au mieux l’objectivité de l’opinion, les prestations doivent être fournies par une firme ayant une expérience avérée dans la conduite, la définition des outillages et l’élaboration des manuels des missions de maintenance des installations électriques de production, de transport et de distribution de l’énergie électrique. La Société Nationale d'Electricité (SNEL) sarl, par l'entremise du Bureau Central de Coordination (BCECO), invite les candidats admissibles à manifester leur intérêt à fournir les services décrits ci-dessus. Un consultant sera sélectionné par la méthode fondée sur la qualité et le coût conformément aux procédures de la Banque mondiale définies dans les Directives : « Sélection et Emploi de Consultants par les Emprunteurs de la Banque Mondiale » édition mai 2004, révisée en octobre 2006. Les consultants intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires au sujet des termes de référence à l'adresse ci-dessous, tous les jours ouvrables du lundi au vendredi aux heures suivantes : de 9H00' à 16H00' (heures locales). Les manifestations d'intérêt rédigées en langue française doivent parvenir, par courrier ou par e-mail, à l'adresse ci-dessous au plus tard le lundi 21 mai 2012 et porter clairement la mention « AMI 337/SAPMP/BCECO/DG/DPM/NNT/2012/SC – Recrutement d’un consultant pour l’élaboration du dossier de consultation pour la sélection de la firme de maintenance des installations THTCC et HTCA de la SNEL et de celles issues du projet SAPMP ». BUREAU CENTRAL DE COORDINATION (BCECO) Pour le compte de la Société Nationale d’Electricité (SNEL) A l’attention de Monsieur MATONDO MBUNGU, Directeur Général a.i Avenue Colonel Mondjiba, n°372 - Concession UTEXAFRICA KINSHASA / NGALIEMA - RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO TEL. (+243) 81 513 67 29 – (+243) 81 062 51 79 Email : bceco@bceco.cd avec copie à dpm@bceco.cd ; dpmbceco@yahoo.fr ; bcecobceco@yahoo.fr Théophile MATONDO MBUNGU Directeur Général a.i
RÉPUBLIQUE DU CONGO - MINISTÈRE DE LA SANTÉ ET DE LA POPULATION - DIRECTION DES RESSOURCES FINANCIÈRES COORDINATION TECHNIQUE, ADMINISTRATIVE ET FINANCIÈRE DES PROJETS TUBERCULOSE ET PALUDISME Financement : Fonds Mondial de Lutte Contre le SIDA, la Tuberculose et le Paludisme, série 8 (COG-810-G03-M et COG-810-GO2-T)
Avis de sollicitation de manifestations d’Intérêt
AMI N° SC/12/COG-810
POUR LE RECRUTEMENT D’UN ASSISTANT TECHNIQUE INTERNATIONAL Cadre général spécifiques nécessitant une expertise précise qu’il pourrait ne pas avoir. Le Gouvernement de la République du Congo a obtenu, dans le cadre des Projets Tuberculose & Paludisme de Dans son agenda, l’ATI aura à travailler avec le Conseiller Technique du Ministre en charge de la Santé, il pourla Série 08, une subvention du Fonds Mondial de Lutte contre le SIDA, la tuberculose et le Paludisme, numéro ra étendre ces activités au niveau des programmes et à la direction chargée des questions du système d’inforCOG-810-GO3-M et COG-810-G02 T, dont le Ministère de la Santé et de la Population est chargé de la mise en mation sanitaire. oeuvre. Actuellement, le Congo détient trois subventions de la Série 8 : Ces subventions sont gérées par deux Recrutement Récipiendaires principaux : le Ministère de Santé Publique et de la Population et l’ONG Médecins d’Afrique. L’Assistant technique international sera recruté conformément aux procédures de passation de marchés prévues Deux unités de gestion ont été mises en place, à savoir une unité au niveau du Ministère de la santé et de la pop- dans le manuel du Fonds mondial. ulation qui a la charge de gérer les deux composantes (Malaria volet santé et Tuberculose) et une unité de ges- a- Profil recherché tion au niveau de Médecins d’Afrique qui a la charge de gérer le volet communautaire de la subvention Malaria. – Avoir un diplôme universitaire de niveau supérieur dans l’un des domaines suivants : Médecine, Santé Objectifs de la mission de l’ATI publique ou Économie, Gestion des finances et gestion de projets ; L’objectif de la mission de l’Assistant technique international est de contribuer à l’efficacité de la réponse – Avoir au moins 10 ans d’expérience professionnelle dont au moins 5 dans la Coordination de programmes nationale en matière de lutte contre le paludisme et la tuberculose en république du Congo. de santé tant au niveau national qu’international ; Les objectifs spécifiques de la mission de l’Assistant technique international sont les suivantes : – Avoir une bonne connaissance des procédures du Fonds mondial et des systèmes de santé en Afrique ; – permettre à l’unité de gestion d’améliorer ses capacités de coordination en renforçant ses pratiques de plani- – Avoir un esprit d’analyse, de synthèse, de diplomatie ; être un bon communicateur, organisé, méthodique et fication, de rapportage des activités du Fonds mondial et en l’aidant à améliorer ses conditions de travail, avoir une bonne capacité d’écoute ; – améliorer les capacités de l’unité de gestion à mettre en œuvre la stratégie globale du programme en l’aidant – Avoir une bonne maitrise de l’outil informatique ; à être force de proposition pour l’ensemble des partenaires, – Écrire et parler couramment le Français et avoir une connaissance de l’Anglais. – soutenir l’unité de gestion dans la levée des conditions suspensives aux décaissements du Fonds mondial, b- Composition du dossier de candidature – renforcer les capacités des partenaires de mise en œuvre des projets dans la lutte contre le paludisme et la Les dossiers de candidature comprennent les pièces suivantes : Tuberculose en République du Congo. – une lettre de motivation ; Éléments de méthodologie – un curriculum vitae ; – De manière générale, l’ATI sera positionné en réponse à la demande d’appuis transversaux et/ou spécifiques – des copies certifiées des diplômes ; au sein de la CTAF. La méthodologie de travail sera définie en fonction de la connaissance qu’il pourra se – deux photos d’identité ; faire des capacités actuelles et à mettre à jour de la CTAF. – les attestations ou certificats de travail ; – Toutefois, il aura à chaque fois une démarche en deux temps : définition/identification des besoins d’appui – les références de trois (03) personnes ou employeurs antérieurs qui connaissent le candidat et pourraient être puis réponse à la demande immédiate et à court terme. consultés pour avis. Par conséquent, le plan de renforcement devra être adapté en deux temps. Les six premiers mois de l’assis- c- Dépôt du dossier de candidature tance technique seront consacrés en partie à la mise en œuvre d’actions prioritaires et immédiates de renforce- Les dossiers de candidature devront être adressés en version électronique ou papier au plus tard le 31 Mai ment des capacités pour répondre à des demandes à court terme. En parallèle, l’ATI mettra à jour sa synthèse 2012 à 16 heures sous plis fermé, avec la mention « avis de vacances de poste pour le recrutement d’un des besoins de renforcement des partenaires. Assistant Technique International » à l’adresse ci-dessous : Ministère de la Santé et de la Il déroulera ensuite, à partir des besoins mis à jour, un plan de renforcement à moyen terme qui répondra à Population/Direction des Ressources Financières/Coordination Technique, Administrative et financière des Projets tuberculose et Paludisme (CTAF). des demandes en relation avec le cycle de mise en œuvre des plans de travail des partenaires. 13, Avenue Maréchal LYAUTEY en Face du Centre Hospitalier et Universitaire de Brazzaville Ce plan de renforcement sera validé par la CTAF, principale bénéficiaire de l’accompagnement, et entériné par (siège unité de gestion MDA/ projet de mise à l’échelle de la moustiquaire imprégnée d’insecticide) le CCN. Tél : 00242 069790315/066664258/066672229, E-mail : emekamamina27@yahooo.fr L’ATI aura à cœur de faire preuve de beaucoup de pédagogie vis-à-vis de la CTAF dans les appuis qu’il lui Brazzaville. République du Congo apportera. Il devra alterner entre appuis globaux et appuis spécifiques, au cas par cas. Le Coordonateur Dr EMEKA Jean Claude Il pourra aider à mobiliser l’expertise spécifique nécessaire à la bonne marche des programmes sur des sujets
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GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE DU BÉNIN
PROJET D'HÔPITAL DE RÉFÉRENCE EN PARTENARIAT PUBLIC PRIVÉ
APPEL À MANIFESTATION D'INTÉRÊT Le Gouvernement de la République du Bénin a entrepris des réformes au niveau du secteur de la santé en vue d'améliorer la qualité des services offerts. Dans ce cadre, le Gouvernement a initié un projet d’hôpital, situé dans les environs de Cotonou, qui pourrait être mis en oeuvre sous la forme d’un Partenariat Public-Privé et dont l’objectif serait de fournir des services de santé de qualité à la population béninoise et de la sous-région. A cet égard, le Gouvernement envisage de signer le contrat avec le(s) adjudicataire(s) sélectionné(s) d'ici la fin de l’année 2012 et de commencer la construction de l'hôpital en 2013.
Les parties intéressées sont invitées à soumettre un dossier, ne dépassant pas 10 pages, exprimant leur intérêt pour le projet. Le dossier de manifestation d’intérêt devra inclure notamment : • une brève description des activités de l’organisation ; • une brève description de son expérience en matière de santé et • une description de ses compétences spécifiques et expertise en matière de santé. Sous réserve des conclusions des études en cours, le Gouvernement envisage de lancer un appel d'offres afin de sélectionner le partenaire privé. La réponse au présent appel à manifestation d'intérêt ne constituera pas un pré-requis pour participer à l'appel d'offres. Néanmoins, les personnes ayant soumis une manifestation d'intérêt complète seront informées de l'avis de pré-qualification dans le cadre de l'appel d'offres, le jour de sa publication. Les manifestations d'intérêt, rédigées en français, et portant la mention « MANIFESTATION D'INTÉRÊT PPP HOSPITALIER AU BÉNIN » devront être adressées par courrier électronique avant le 30 mai 2012, 17 heures, heure de Cotonou, aux personnes suivantes : M. Martin N. Gbedey Président de la Commission Technique de Dénationalisation Cabinet du Premier Ministre, République du Bénin Email : gbedeynm@gmail.com M. Stefan Rajaonarivo Conseil en Transactions PPP, IFC Email : srajaonarivo@ifc.org Mme Catherine O'Farrell Conseil en Transactions PPP, IFC Email : cofarrell@ifc.org JEUNE AFRIQUE
N° 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
Manifestation d’intérêt
La Société Financière Internationale (IFC) a été sélectionnée par le Gouvernement en tant que Conseil pour la structuration et la mise en oeuvre du projet. A ce titre, le Gouvernement et IFC appellent par la présente les opérateurs et investisseurs privés nationaux et internationaux, notamment ceux pouvant faire preuve d’une expérience significative en matière de fourniture de services hospitaliers et de soins de santé, de construction d’établissements hospitaliers et d’investissement dans des projets de santé, à manifester leur intérêt pour le projet. Ce processus visant à obtenir une meilleure vision des personnes intéressées par un projet de ce type, ne fait pas partie de l'appel d'offres qui pourra, le cas échéant, être organisé pour le projet, et ne crée en conséquence aucune obligation de la part du Gouvernement ou de IFC à l'égard de quiconque choisirait de répondre.
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RÉPUBLIQUE GABONAISE AGENCE NATIONALE DES INFRASTRUCTURES NUMÉRIQUES ET DES FRÉQUENCES (ANINF) COMMISSION NATIONALE DES TIPPEE SECRÉTARIAT PERMANENT
AVIS DE MANIFESTATION D'INTÉRÊT N° AMI/004-2012/CNT RECRUTEMENT D’UN CONSULTANT (FIRME) POUR UNE ÉTUDE DE FAISABILITÉ POUR UN POINT D’ÉCHANGE INTERNET (IXP) AU GABON
Manifestation d’intérêt
Le Gouvernement Gabonais a reçu un Prêt Fonds de Préparation de Projet (PPA) de la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD) en vue de financer le coût de participation au Consortium ACE et pour financer des études préalables nécessaires. Il a l'intention d'utiliser une partie de ce prêt pour effectuer des paiements autorisés au titre des marchés relatifs à des services de conseils. Le projet CAB Gabon fait partie du programme régional CAB (dorsale fibre optique en Afrique Centrale), qui vise à contribuer à augmenter l'extension géographique des réseaux large bande et à réduire des coûts de services de communications en Afrique Centrale. Le Gabon a des coûts de connectivité internationale élevés. Le Gouvernement Gabonais souhaite réaliser une Etude de Faisabilité en vue de la mise en place au Gabon d’un point d’échange Internet (IXP) national et/ou régional. L’Etude qui fait l’objet du présent avis a ainsi pour objectif de mettre en place une infrastructure technique qui permet à différents opérateurs et fournisseurs d'accès ou de services Internet de s'interconnecter pour s'échanger du trafic, selon des accords dits de « peering ». Le Consultant (firme) orientera son analyse sur les aspects techniques, économiques, organisationnels et Réglementaires. Les Cabinets de Conseil ou d’études nationaux et internationaux intéressés et éligibles, sont invités à manifester leur intérêt, en faisant acte de candidature et en fournissant les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services décrits ci-dessus. Le personnel clef pour cette mission sera composé comme suit : - Un Expert Chef de mission de formation BAC+5 (ou équivalent) économiste ou ingénieur ayant une expérience prouvée d’au moins 10 années dans le secteur des télécommunications / TIC. Il doit avoir conduit des missions d’assistance technique dans les études de faisabilité et/ou la mise en place d’IXP et de « Carrier Hotel ». Une expérience dans les études de faisabilité ou la mise en place de « Datacenter » serait un avantage. - Un Expert juridique spécialisé dans le domaine du droit et de la réglementation des télécom de niveau Bac+5 (ou équivalent) ayant une expérience prouvée d’au moins 10 années dans le domaine précité. Il doit avoir réalisé des missions d’assistance technique dans la mise en place de concessions de Partenariats Publics Privés dans le secteur des télécommunications / TIC. Il doit avoir également une très bonne connaissance de la mise en place du cadre juridique et réglementaire dans le secteur des télécommunications en Afrique et dans la région de la CEMAC en particulier. - Un Expert technico-économique, ingénieur ou économiste de niveau Bac+5 (ou équivalent) ayant une expérience prouvée d’au moins 5 années dans l’élaboration ou l’évaluation de plan d’affaires dans le secteur des télécommunications/TIC. - Un Ingénieur de conception en réseau informatique et maintenance. Il devra être titulaire d’un diplôme d’ingénieur de conception en réseau informatique maintenance et justifier d’au moins 5 années d’expérience professionnelle y compris dans à des fonctions de conception, d’intégration ou de maintenance des systèmes IT. Il devra en outre posséder au moins une référence professionnelle en lien direct avec la mise en place ou l’exploitation de point d’échange Internet. Ces informations doivent être fournies au moyen du dossier suivant : - Lettre de candidature. - Fiche de présentation du Cabinet de conseil (domaine d’expertise et ressource du Consultant, brochure, plaquette, site web, …). - Expérience générale du candidat durant les cinq (5) dernières années. - Références récentes (trois dernières années) et pertinence en missions similaires, équivalentes ou de même complexité technique avec mention obligatoire des données suivantes : libellé des missions, pays, période d’exécution, état des réalisations. - Etat des personnels clés et appui disponibles (qualifications nécessaires à la réalisation de la mission). - Curriculum vitae du personnel clé proposé. A l’issue de la manifestation d’intérêt, il sera établi une liste restreinte de six (06) bureaux qui seront consultés, en vue de la sélection définitive du prestataire sur la base de la Sélection Fondée sur Qualité et le de Coût (SFQC) et ce, conformément aux procédures définies dans les Directives « Sélection & Emploi de Consultants par les Emprunteurs de la Banque Mondiale – Mai 2004 – Version Révisée en Janvier 2011 ». Les consultants intéressés peuvent obtenir les Termes de Référence de cette mission sur demande écrite à l’adresse ci-après : Commission Nationale des TIPPEE B.P. 22 Libreville – Gabon, Email : tippeegabon@cntippee.org et busamba@yahoo.com ou toute autre information par téléphone au n° 241 76.58.30 / +241 05 19 04 10, ou par Fax au N° 241 76.83.06 aux heures suivantes : de 8h00 à 15h00 (heure locale GMT+1). Les plis porteront la mention suivante « Manifestation d’intérêt pour la réalisation de la Mission d’Etude de faisabilité pour un point d’échange internet (ixp) dans le cadre du projet Central African Backbone (CAB) ». Les dossiers de manifestations d’intérêt seront présentés en français et en trois (03) exemplaires (un original et deux copies) et doivent parvenir par voie postale (normale, recommandée, ou rapide) ou par dépôt direct à l’adresse suivante, au plus tard le 29 juin 2012 à 15h00 (heure locale GMT + 1), Commission Nationale des TIPPEE, quartier Glass Immeuble Volvo (2ème étage) - B.P. : 22 Libreville – Gabon et par courrier électronique. N° 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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Ministère de la Promotion des Investissements, des Travaux Publics, des Transports, de l'Habitat et du Tourisme, chargé de l'Aménagement du territoire ET Agence Nationale des Grands Travaux
AVIS DE PRÉ-QUALIFICATION
Visa de conformité juridique - Date de lancement : 13 mai 2012
Appel d’Offres : N° PG0001/MPITPTHTAT/ANGT/2012
Nom du projet : Réhabilitation du réseau de collecte et de drainage des eaux pluviales de Port-Gentil. Source de financement : Agence Française de Développement et République Gabonaise - une attestation d'imposition de l'année fiscale 2010 ou une attestation de situation fiscale datant de moins de trois mois ; - une attestation de non faillite datant de moins de 6 mois. * Pour les entreprises installées hors du Gabon : - une attestation de non faillite datant de moins de 6 mois ; - une attestation de domiciliation bancaire. • Un formulaire indiquant le matériel à disposition ; • Un formulaire indiquant l’expérience du candidat dans les prestations similaires, notamment en Afrique Subsaharienne. Le candidat devra indiquer les références significatives sur les montages équivalents (conception, construction), seul ou en position de leader dans le cas de projets en groupement ; • Un formulaire indiquant le niveau du chiffre d'affaires atteint par l’entreprise au cours des cinq dernières années ; • Les états financiers certifiés des trois derniers exercices comptables clos. • Les certifications ISO obtenues. Les entreprises peuvent s’associer et présenter une candidature unique. Pour cela, elles doivent présenter un accord de groupement. Cet accord doit préciser Ie statut juridique, Ie chef de file du groupe, Ie rôIe et les titres de chaque membre. Chaque membre doit, par ailleurs, produire les pièces demandées ci-dessus. Le dossier de candidature ne doit comporter aucune proposition financière, il devra être présenté en un (1) original et quatre (4) copies. 4. CRITÈRES DE PRÉ QUALIFICATION Pour être pré-qualifié, le soumissionnaire doit répondre aux critères suivants : - Justifier de l'exécution de prestations analogues dans le domaine de l’assainissement pluvial (au moins deux marchés) ; - Justifier de l’exécution de prestations analogues en Afrique Subsaharienne ; - Justifier de références significatives sur des montages équivalents (conception, construction), seul ou en position de leader dans le cas de projets en groupement ; - Avoir réalisé un chiffre d'affaires annuel moyen sur les cinq (5) derniéres années de quarante millions d‘Euros (40M €) minimum ; - Disposer des certifications ISO 9001 et ISO 14 001 émanant d’une entité accréditée par un organisrne national figurant sur la liste des membres de l'IntemationaI Accreditation Forum. 5. DÉPÔT DES DOSSIERS ET RENSEIGNEMENTS Les dossiers de pré-qualification, sous format papier et électronique, doivent être déposés à l'adresse ci-dessus, au plus tard le mardi 26 juin 2012 à 10 heures (heure locale). Agence Nationale des Grands Travaux (ANGT) Situé au 1er étage de l’immeuble du bord de mer; (à côté de l’ancien gouvernorat) Direction des contrats, BP 23765 Libreville, Tel : (+241) 04 51 01 80 Les plis seront ouverts en présence des représentants des candidats qui Ie souhaitent à la même date à I'ANGT à 11 heures. Directeur Général de la Construction et de I'Equipement, Le Directeur Général de l'Agence Nationale des Grands Travaux Le Directeur Général des Marchés Publics Commissaire Général Jean Félix SOCKAT
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N° 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
Avis de pré-qualification - Divers
1. OBJET La République Gabonaise a obtenu de l'Agence Française de Développement un concours financier et a l’intention d'utiliser une partie de ces fonds pour effectuer les travaux de conception/réalisation pour Ia réhabilitation du réseau de collecte et de drainage des eaux pluviales de Port-Gentil. Les prestations comprennent la réalisation des travaux d’amélioration du réseau des canaux existants de la ville de Port-Gentil. Les travaux à effectuer concerneront l’approfondissement, l’élargissement et le bétonnage (section rectangulaire) d'environ 20,4 km de réseau de canaux à ciel ouvert et la construction d'un nouveau canal de 3,3 km. Les études topographique et géotechnique nécessaires devront être menées sous Ia responsabilité de l'entreprise préalablement à la phase travaux. Ces études font partie intégrante du coût du projet. Le présent avis de pré-quaIification fait suite à l’annulation de l'avis d’appeI à manifestation d’intérêt publié dans le magazine “ Jeune Afrique “ n° 2668 du 27 février 2012. Le Ministère de la Promotion des lnvestissements, des Travaux Publics, des Transports, de l’Habitat et du Tourisme, chargé de l'Aménagement du territoire et l'Agence Nationale des Grands Travaux en sa qualité de Maître d'0uvrage Délégué se proposent de retenir une liste restreinte des entreprises qui seront invitées à soumissionner pour le projet précité. 2. PARTICIPATION Le présent avis de pré-qualification s'adresse aux entreprises nationales et internationales qui ne sont pas concernées par les mesures d'exclusion de l'article 11 du décret n° 001140/PR/MEFBP du 18 décembre 2002 portant Code des marchés publics à savoir : • Les personnes physiques ou morales en état de liquidation judiciaire et les personnes physiques dont la faillite personnelle a été prononcée ; • Toute personne physique ou morale condamnée pour infraction à une disposition du code pénal ou du code général des lmpôts prévoyant l’interdiction d'obtenir de telles commandes ; • Toute Entreprise qui à la suite de la soumission d'informations inexactes ou d'un manquement grave à ses obligations contractuelles, et après avoir été invitée au préalable à présenter ses observations par écrit, est temporairement exclue de Ia passation des marchés par décision motivée de la Direction Générale des Marchés Publics ; • Les Entreprises dans lesquelles la personne responsable des marchés ou de la commission d'évaluation des offres possède des intérêts financiers personnels de quelque nature que ce soit ; • Les Entreprises affiliées à toute personne (physique ou morale) ayant contribuée à préparer tout ou partie des dossiers d'appel d'offres ou de consultation. 3. COMPOSITION DU DOSSIER DE CANDIDATURE Les dossiers de candidature doivent comprendre, entre autre, les éléments suivants : . • Ia fiche de candidature dûment remplie et signée ; • l’agrément de commerce (fiche circuit ou registre de commerce) dont l'activité est à I'objet du conforme au marché ; • les statuts ; • les principaux dirigeants et leurs pouvoirs ; • l’organigramme de l’entreprise ; • l’effectif en terme d’employés permanents de l'entreprise ; • l'adresse sociale ; • les contacts clés ; * Pour les entreprises installées au Gabon : - une attestation CNSS du 1er trimestre 2012 ;
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Annonces classées RÉPUBLIQUE DU NIGER CABINET DU PREMIER MINISTRE AUTORITÉ DE RÉGULATION MULTISECTORIELLE
Recrutement - Avis de pré-qualification
AVIS DE PRÉ-QUALIFICATION EN VUE DE L’ACQUISITION D’ÉQUIPEMENTS DE CONTRÔLE DU TRAFIC ET DE SA FACTURATION AINSI QUE DU CONTRÔLE DE LA QUALITÉ DE SERVICE DES RÉSEAUX DE TÉLÉCOMMUNICATIONS DES OPÉRATEURS DÉTENTEURS DE LICENCES Le Gouvernement du Niger a décidé de l’acquisition d’équipements de contrôle du trafic et de sa facturation ainsi que du contrôle de la qualité de service (QoS) des réseaux des opérateurs de télécommunications détenteurs de licences. Les objectifs poursuivis au travers de cette acquisition sont de parvenir à : • une évaluation exacte du chiffre d’affaire des opérateurs ; • une réduction drastique de la fraude ; • une meilleure connaissance du niveau de la qualité de service offerte par les opérateurs. Dans ce cadre, l’ARM lance le présent avis de pré-qualification à l’intention des entreprises possédant une expérience avérée ainsi que l’expertise et la capacité technique nécessaires pour la fourniture et l’installation d’équipements de contrôle du trafic et de sa facturation ainsi que du contrôle de la qualité de service (QoS) des réseaux des opérateurs de télécommunications détenteurs de licences. Les entreprises intéressées peuvent consulter le dossier de pré-qualification à partir du site web de l’ARM (www.armniger.org), ou le retirer à son siège à l’adresse : Secrétariat de la Directrice Générale Autorité de Régulation Multisectorielle 64, rue des bâtisseurs - BP 13 179 Niamey - NIGER Tout complément d’information demandé à l’Autorité de Régulation Multisectorielle doit être envoyé à l’adresse indiquée ci-dessus, par fax au numéro +227 20738591 ou par courrier électronique à l’adresse suivante: arm@arm.ne. Les manifestations doivent parvenir à l’adresse sus-indiquée au plus tard le 15 juin 2012 à 12H00 T.U. sous pli fermé.
N° 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
RECRUTEMENT Firme d’Audit, de Conseils, du Juridique et Fiscal, membre de BKR INTERNATIONAL, intervenant dans les pays de la CEMAC et en République Démocratique du Congo, recherche pour ses bureaux du CONGO Brazzaville : • Un (1) Manager Audit bilingue, ayant au moins huit (8) ans d’expérience réussie dans un Cabinet d’Audit (être Expert-comptable stagiaire ou diplômé serait un atout appréciable) ; • Deux (2) Séniors Audit bilingue, chef de mission en audit ayant au moins trois (3) ans d’expérience réussie dans un Cabinet d’Audit ; • Un (1) Sénior Juridique et Fiscal, chef de mission, ayant au moins deux (2) ans d’expérience réussie dans un Cabinet Juridique et Fiscal, ayant une bonne maîtrise : - Droit OHADA - Fiscalité pays de la CEMAC La maîtrise de la langue anglaise constituerait un atout appréciable pour les candidats. Les personnes intéressées doivent envoyer leur dossier, exclusivement, à l’adresse suivante : recrutement@cabinetgkm.com Date limite de dépôt des candidatures : 08 Juin 2012
GOMEZ-GNALI, MURE & Associés
MEMBRE INDEPENDANT DE
JEUNE AFRIQUE
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www.sai2000.org
La Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) a récemment publié deux (2) postes de direction et recherche activement des candidat(e)s hautement qualifié(e)s possédant des connaissances solides et une vaste expérience dans le domaine de la gestion et de la direction ; de préférence dans un contexte de conflit ou d’après-conflit. Les postes sont les suivants : Directeur(trice) des affaires politiques (D-2) – Chargé(e) de diriger la Division des affaires politiques de la mission, le/la candidat(e) devra faire preuve d’au moins quinze ans d’expérience dans le domaine du dialogue politique, de l’analyse, de l’établissement de rapports et de la négociation dans un cadre international. De plus, il/elle devra avoir une connaissance avérée des processus diplomatiques relatifs aux opérations de maintien de la paix. Chef de l’information (D-1) – Chargé(e) de diriger la Division de l’information de la mission, le/la candidat(e) devra faire preuve d’au moins quinze ans d’expérience dans le domaine de l’information, de la communication ou des médias. Une expérience en stratégies et techniques de communication de crise est hautement souhaitable. Les candidat(e)s doivent maîtriser l’anglais et le français. Pour postuler, veuillez consulter les différentes vacances de poste sur notre site internet consacré aux offres d’emploi : http://jobs.un.org Les candidatures féminines sont vivement encouragées.
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JEUNE AFRIQUE
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Vous & nous
Le courrier des lecteurs Envoyez-nous vos réactions, vos réflexions, vos coups de gueule ou de cœur à redaction@jeuneafrique.com ou au 57 bis, rue d’Auteuil, 75016 Paris.
Simple souci d’authenticité J’ai lu avec intérêt le très instructif article titré « L’avantgarde nègre » (J.A. no 2674-2675, du 8 au 21 avril 2012), mettant en relief ces « héros noirs » qui devraient bénéficier de la reconnaissance des Européens pour avoir contribué à l’émancipation du Vieux Continent. Cependant, je déplore que dans SOS MALI Spécial 10 pages la rubrique « Testez vos connaissances » ThomasAlexandre Davy de La Pailleterie Le vrai pouvoir des (1762-1806) ait été FRANCS-MAÇONS présenté comme le premier général de l’armée ! J.A. N 2674française d’origine 2675, du 8 au antillaise. Il aurait 21 avril 2012. fallu préciser qu’il était d’origine saint-dominguoise (ou haïtienne tout court) car la colonie française de Saint-Domingue est l’ancien nom d’Haïti. Le vocable « Antillais » désigne certainement tout individu né dans les Antilles, mais il faut également admettre que l’archipel des Antilles est connu, à travers le monde, sous sa dénomination géopolitique: la Caraïbe. D’un autre côté, le qualificatif antillais est attribué, par certains, uniquement aux Martiniquais, tandis que Thomas-Alexandre Davy de La Pailleterie vit le jour à Jérémie (les EN
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52e année • N° 2674-2675 • du 8 au 21 avril 2012
ENQUÊTE LES 50 QUI FONT LA NOUVELLE TUNISIE
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historiens sont unanimes à l’affirmer), chef-lieu de la Grande-Anse, un des dix départements géographiques de la République d’Haïti. ● JEAN-ROBERT CONSTANT, Port-au-Prince, Haïti
WALID HAMADA, Alger, Algérie
Réponse : Merci pour votre vigilance. Il y a effectivement confusion pour ce quart de finale de la Coupe d’Algérie. Toutes nos excuses aux supporteurs du Mouloudia. Cela dit, les derbys algérois sont réputés pour être eux aussi particulièrement chauds. LA RÉDACTION
Réplique idoine Lecteur assidu de Jeune Afrique, j’y puise généralement des réponses à mes multiples questions. « La leçon de Riace », le « Post-scriptum » publié dans votre édition du 6 au 12 mai (J.A. no 2678), est ainsi arrivé à point nommé. Je l’ai transmis en guise de réponse à une personne qui s’était crue autorisée à m’adresser un e-mail aux relents xénophobes, n’hésitant pas à déformer les propos de Martine Aubry, maire de Lille, sur la diversité. Merci de m’avoir procuré la réplique idoine. ● LOUIS-MARIE SERIN, Fontenay-le-Comte, France
Précision Dans votre article intitulé « Les démons du stade » (J.A. no 2677, du 29 avril au 5 mai), vous confondez le Mouloudia Club d’Alger (MC-Alger) et l’Union sportive de la Médina d’El-Harrach (USM-H). C’est cette dernière qui affrontait l’USMAlger en quart de finale de la Coupe d’Algérie, rencontre qui a tourné au fiasco, les supporteurs s’étant déchaînés, ce qui a provoqué d’énormes dégâts matériels, dont les
Oublier Sarkozy grâce à Hollande QUE DE SUPPOSITIONS sur la politique africaine du nouveau président français, François Hollande ! Qu’on le veuille ou non, Nicolas Sarkozy aura, lui, marqué les esprits sur le continent noir, notamment par son fameux discours de Dakar, dans lequel il affirmait « que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire »… Reste maintenant à savoir quel sort sera réservé à la Françafrique. Le socialisme, qui trouve grâce aux yeux d’une majorité d’Africains, va-t-il réconcilier ces derniers avec la France? Hollande parviendra-t-il à leur faire oublier Sarkozy, à redonner espoir aux milliers d’Africains que la Françafrique répugne ? ● JOSEPH DIEDHIOU, Dakar, Sénégal N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
deux caméras de la chaîne de télévision algérienne ENTV que vous mentionnez dans votre texte. ●
La béatitude des Africains Je m’étonne de la béatitude des Africains qui saluent la victoire de François Hollande. Rien ne dit que les relations entre la France et l’Afrique en seront changées. La Françafrique politique est morte ? Alors vive la Françafrique économique ! Les milieux d’affaires tireront les ficelles. Et pas sûr que nos chefs d’État aient envie de changer les choses. ● FRÉDÉRIC NGANA MWAMBA, Kinshasa, RD Congo
Un combat qui force le respect Je salue la pertinence de l’article que vous consacrez à la FrancoMarocaine Najat Vallaud-Belkacem (J.A. no 2677, du 29 avril au 5 mai), secrétaire nationale du Parti socialiste français et porte-parole du candidat François Hollande lors de la présidentielle. Ma « compatriote » lyonnaise est effectivement une battante. Dans le cadre des élections législatives de juin prochain, elle ne craint pas d’affronter le suffrage des électeurs dans une circonscription tout acquise à la droite. Son combat mérite le respect. ● JEAN-JACQUES BURICAND, Lyon, France
Jamais sans Nzita Tiago Fidèle lecteur de Jeune Afrique depuis plus de vingt-cinq ans, j’ai été étonné de découvrir, dans l’article intitulé « Au nom du Cabinda » (J.A. no 2677, du 29 avril au 5 mai), une analyse que j’estime excellente sur la forme mais contradictoire sur le fond. Car si Nzita Tiago, leader et cofondateur du Front de libération de JEUNE AFRIQUE
Vous nous
l’État du Cabinda (Flec) – issu de la fusion des trois mouvements (Mlec [Mouvement de CÔTE D’IVOIRE libération de Les orphelins de Gbagbo l’enclave du Cabinda, de Ranque Franque, ! J.A. N 2677, du NDLR], CAUNC 29 avril au 5 mai [Comité d’action 2012. d’union nationale cabindais, de Nzita Tiago] et Alliama [Alliance Mayombe, d’Antonio Sozinho]) –, reste bien l’homme le plus populaire et le plus respecté des Cabindais de l’intérieur, contrairement à vos affirmations, Alexandre Tati n’a aucune emprise sur les militaires. À preuve, les généraux cabindais, fidèles de Nzita Tiago, sont la cible des assassinats perpétrés par les Angolais. Et si Luanda reconnaît Nzita Tiago comme son seul interlocuteur, c’est parce que ce dernier jouit d’une grande estime auprès des maquisards, qu’il contrôle. La paix au Cabinda ne se négociera donc qu’avec lui. ● RWANDA KAGAMÉ, L’HOMME DE FER Interview exclusive du chef de l’État
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52e année • N° 2677 • du 29 avril au 5 mai 2012
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FRANCE LE PREMIER TOUR VU D’AFRIQUE
MALI CE MYSTÉRIEUX CAPITAINE SANOGO ALGÉRIE SOS FLN
Moïse Lida Kouassi, Marcel Gossio, Charles Blé Goudé, Bertin Kadet… Les proches de l’ex-chef de l’État ont choisi l’exil à la chute de leur mentor. Comment vivent-ils ? Que préparent-ils ? Enquête ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE DE L’OUEST
France 3,50 € • Algérie 180 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 €
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systèmes hérités du monde bipolaire s’effondrent. Cette rupture de l’ordre stratégique déconstruit le monde. Une nouvelle dynamique intervient, marquée par un glissement du centre de gravité de la planète qui s’opère d’Occident en Orient, de l’Atlantique au Pacifique, d’Amérique en Asie. L’année 2012 est désormais le théâtre d’événements incluant une relève politique dans bien des pays. Elle connaîtra des accidents de parcours qui ramèneront les forces armées sur le devant de la scène. La bombe iranienne – si son existence est avérée – risque de servir de prétexte aux puissances décadentes pour neutraliser les « perturbateurs » de l’ordre établi. Assurément, 2012 permettra une consolidation de la gouvernance mondiale en raison de la crise financière occidentale. L’émergence de nouveaux pôles de puissance répartis devrait avoir son prolongement dans la construction de nouveaux espaces de sécurité, de solidarité et de développement à l’échelle régionale à partir du contrôle de l’arc de crise Ouest-Est. ● SISSA LE BERNARD N’ZAPA A NAI COLO, philosophe, Bangui, République centrafricaine
FRANKLIN BUELAMIOKO, Bruxelles, Belgique
Bilan 2011, perspectives 2012 L’année a été marquée par des tensions multiformes: crise postélectorale en Côte d’Ivoire, Printemps arabe – amorcé fin 2010 –, résurgence des mouvements islamistes… Du Soudan (divorce consommé entre le Nord et le Sud, Darfour) au Tchad (accalmie depuis l’accord de paix avec Khartoum) en passant par l’Afghanistan (les talibans n’ont pas dit leur dernier mot) et l’Irak (la vie y est toujours rythmée par des attentats), les zones de tensions sont nombreuses. Même la construction européenne semble mise à mal par les politiques de rigueur budgétaire qui sapent la croissance, menacent l’euro et, ipso facto, l’Union européenne. Car si la crise financière affecte les économies des pays développés, elle ébranle en même temps la solidarité internationale. Une nouvelle distribution du pouvoir s’esquisse, des alliances et des dépendances inédites se profilent, les JEUNE AFRIQUE
Cemac : l’inertie de Yaoundé J’ai apprécié vos différentes publications concernant la gestion calamiteuse d’Antoine Ntsimi à la Cemac (J.A. nos 2673 et 2677). Au fond, elle ne surprend que modérément les Camerounais de bonne foi, habitués
aux indélicatesses de certains de leurs dirigeants. Seul Jeune Afrique pouvait produire ces articles de nature à ébranler le régime de Yaoundé. Je regrette d’ailleurs que votre hebdomadaire ne dénonce pas avec plus de fermeté l’inertie du Cameroun – cette supposée CEMAC locomotive de la LE GRAND DÉBALLAGE zone Cemac –, raison majeure du blocage de ! J.A. N 2673, du l’intégration 1er au 7 avril 2012. sous-régionale. ● jeuneafrique.com
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52e année • N° 2673 • du 1er au 7 avril 2012
SÉNÉGAL LA LEÇON DE DAKAR
MALI COMMENT ATT A ÉTÉ RENVERSÉ
CAMEROUN HOMOPHOBES ET FIERS DE L’ÊTRE
Spécial 16 pages
EXCLUSIF
À quelques semaines de son prochain sommet à Brazzaville, l’institution régionale traverse une crise méconnue. Enquête et révélations sur l’homme au cœur de ce malaise : Antoine Ntsimi, président de la Commission et candidat à sa propre succession.
ÉDITION AFRIQUE CENTRALE
France 3,50 € • Algérie 180 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 €
Espagne 4 € • Éthiopie 65 birrs • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 €
Portugal cont. 4 € • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1 700 F CFA • ISSN 1950-1285
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ALAIN ANGOULA, Poitiers, France
La métamorphose de Hollande Nul n’y croyait. Jusqu’aux résultats du premier tour et au débat du 2 mai, qui a révélé un François Hollande métamorphosé. Et pourtant, que n’avait-il subi comme railleries : « grand méchant mou », « livreur de pizzas » ! En 2009 déjà, Éric Besson, ministre de l’Immigration, ironisait : « François Hollande n’a aucune chance pour la présidentielle de 2012. La raison en est simple : lors de la séparation du couple, Ségolène Royal est partie avec les couilles. » (J.A. no 2522, du 10 au 16 mai 2009.) La suite, on la connaît. ● TRÉSOR G. RAMAZANI, Hamm-Westfalen, Allemagne
TROUVER UN NOM POUR DÉSIGNER L’ÉTRANGER Pendant la colonisation, les Français affublaient les peuples qu’ils rencontraient de noms divers, sans prendre la peine de leur demander comment ils s’appelaient. LesYoowa (Yoora au singulier) ont ainsi été désignés comme les Pila-Pilas, en référence à leur salutation (kpera ! : « salut ! »). Mais les peuples africains n’ont pas été moins ingénieux dans le domaine. Ils ont travaillé sur la prosodie de leur langue pour trouver la bonne formulation et nommer « l’autre ». Ainsi lesYoowa et les Dendis (dont les deux langues du même nom sont parlées dans le nord du Bénin) appellent l’Anglais inglissi et l’Allemand djaama. Pour le Français, ils se contentent de reprendre le vocable français. Léopold Sédar Senghor, lui, a sorti le grand jeu. En découvrant son poème Ndessé, le lecteur tombe sur le mot paragnessés et se jette sur son dictionnaire, avant de réaliser qu’il s’agit d’une transcription phonétiquement réussie de français en langue sérère. Qui dit mieux ? ● CONSTANT KPAO SARÈ, Bamberg, Allemagne N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
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Post-scriptum Fouad Laroui
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL POLITIQUE, ÉCONOMIE, CULTURE Fondé à Tunis le 17 oct. 1960 par Béchir Ben Yahmed (52e année) Édité par SIFIJA Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 PARIS Tél. : 01 44 30 19 60 ; Télécopieurs : rédaction : 01 45 20 09 69 ; ventes : 01 45 20 09 67 ; Courriel : redaction@jeuneafrique.com DIRECTION Directeur de la publication : BÉCHIR BEN YAHMED (bby@jeuneafrique.com) Directeur général : Danielle Ben Yahmed Vice-présidents: Aldo de Silva, Danielle Ben Yahmed, François Soudan, Amir Ben Yahmed Actionnaire principal : Béchir Ben Yahmed
C’est quoi, cette salade grecque?
RÉDACTION Directeur de la rédaction : François Soudan (f.soudan@jeuneafrique.com) Directeurs exécutifs : Marwane Ben Yahmed (mby@jeuneafrique.com), Amir Ben Yahmed (aby@jeuneafrique.com) Rédaction en chef : Claude Leblanc (c.leblanc@jeuneafrique.com), Élise Colette (éditions électroniques, e.colette@jeuneafrique.com), Laurent Giraud-Coudière (technique, lgc@jeuneafrique.com)
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E REVIENS D’ATHÈNES. Une semaine après les élections législatives, le choc n’est pas atténué. Des dizaines de milliers de Grecs ont voté pour un parti néonazi – Jawohl, mein Herr ! Mânes de Socrate… Depuis quand les Hellènes sont-ils des bons Aryens ? D’autres Grecs, des centaines de milliers, ont opté pour des partis qui rejettent la politique destinée à résoudre la crise de la dette. Mais alors, quel est leur programme ? Viva la muerte ? Avec nous le déluge ? Pendons quelques métèques ? On n’en sait trop rien. C’est le grand problème de la démocratie : chaque voix compte même quand c’est clairement la voix d’un idiot.
– Que faire ?, me demandez-vous. Eh bien, c’est simple : il faut désormais utiliser le bulletin de vote de chaque électeur pour décider de son aptitude à la démocratie. Au diable, le secret du scrutin ! Quiconque donne sa voix à un parti farfelu, un parti qui promet la lune, devra désormais aller voter sur la lune. Avec un aller simple. Et pas question pour l’État de subventionner son voyage. Quiconque vote pour les néonazis sera enfermé dans un bunker, avec obligation de lire mille livres de biologie, de paléontologie et d’anthropologie. Il ne pourra en sortir qu’après avoir compris qu’il n’y a pas de races parmi les hommes mais seulement une espèce : l’espèce humaine. Entretemps, il sera interdit de vote : soyons logique, il n’est pas simple de faire entrer un isoloir dans un bunker fermé hermétiquement.
Conseillers de la direction de la rédaction : Hamid Barrada, Abdelaziz Barrouhi (à Tunis), Aldo de Silva, Dominique Mataillet, Renaud de Rochebrune Secrétariat : Chantal Lossou, Joëlle Bouzignac Chefs de section : Joséphine Dedet (La semaine de J.A.), Philippe Perdrix (Grand angle), Anne Kappès-Grangé (Afrique subsaharienne), Tarek Moussa (Maghreb & Moyen-Orient), Jean-Michel Aubriet (Europe, Amériques, Asie), Cécile Manciaux (Le Plus de J.A.), Jean-Michel Meyer (Économie), Séverine Kodjo-Grandvaux (Culture & médias), Clarisse Juompan-Yakam (Vous & nous) Secrétaires de rédaction : Sabine Clerc, Fabien Mollon, Ophélie Négros Rédaction : Pascal Airault, Youssef Aït Akdim, Stéphane Ballong, Pierre Boisselet, Julien Clémençot, Georges Dougueli, Tony Gamal Gabriel, Malika Groga-Bada, André Silver Konan (à Abidjan), Christophe Le Bec, Frédéric Maury, Nicolas Michel, Cherif Ouazani, Michael Pauron, Laurent de Saint Périer, Justine Spiegel, Tshitenge Lubabu M.K., Fanny Rey, Marie Villacèque ; collaborateurs : Edmond Bertrand, Frida Dahmani, Muriel Devey, André Lewin, Patrick Seale ; accords spéciaux : Financial Times Responsable de la communication : Vanessa Ralli (v.ralli@jeuneafrique.com) RÉALISATION Maquette: Émeric Thérond (conception graphique, premier maquettiste), Christophe Chauvin, Stéphanie Creuzé, Valérie Olivier; révision: Nathalie Bedjoudjou (chef de service), Vladimir Pol; fabrication: Philippe Martin (chef de service), Christian Kasongo; service photo: Dan Torres (directrice photo), Nathalie Clavé, Vincent Fournier, Claire Vattebled; documentation: Anita Corthier (chef de service), Sylvie Fournier, Florence Turenne, Angéline Veyret JEUNEAFRIQUE.COM Direction éditoriale : Élise Colette ; chef d’édition : Pierre-François Naudé ; rédaction : Camille Dubruelh, Vincent Duhem et Jean-Sébastien Josset Responsable web : Jean-Marie Miny ; studio : Cristina Bautista et Maxime Pierdet VENTES ET ABONNEMENTS Directeur marketing et diffusion : Philippe Saül ; responsable des ventes adjointe : Sandra Drouet ; chefs de produit : Dhouha Boistuaud, Nawal Laadad ; abonnements : Vanessa Sumyuen avec: COM&COM, Groupe Jeune Afrique 18-20, avenue ÉdouardHerriot, 92350 Le Plessis-Robinson. Tél. : 33 1 40 94 22 22 ; Fax : 33 1 40 94 22 32. E-mail : jeuneafrique@cometcom.fr ●
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Quiconque applaudit les tribuns populistes qui constellent leurs discours de « y a qu’à », devra faire un stage de réalisme. Il devra prouver, devant une commission ad hoc, qu’il comprend les rudiments de l’économie. Par exemple, on lui posera la question : est-il possible de doubler la richesse de tous les habitants d’un pays d’un coup de baguette magique ? Ici, le piège, ce sont les mots « baguette magique ». Tout quidam qui ne répond pas immédiatement qu’un tel accessoire n’existe que dans les contes de fées devra rendre sa carte d’électeur et ne plus jamais voter.
S.A. au capital de 3 millions d’euros – Régie publicitaire centrale de SIFIJA 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 Paris Tél. : 01 44 30 19 60 Fax : 01 45 20 08 23/01 44 30 19 86. Courriel : difcom@jeuneafrique.com
Enfin, quiconque prétend mêler Dieu aux élections sera interdit de vote – jusqu’au retour du Messie – pour sacrilège : comment concevoir que Dieu ait un avis sur l’âge de la retraite, la réforme des chemins de fer ou le budget du ministère des Postes ? Vous m’objectez que cela revient à réinventer le suffrage censitaire. Pas tout à fait : ce ne sont pas les plus riches qui seraient autorisés à voter mais les plus raisonnables. Vous protestez énergiquement : le suffrage universel est un des grands acquis de l’humanité ! D’accord ; mais franchement, il y a des lendemains d’élection grecque qui nous en feraient douter… ●
MAROC SIFIJA, NABILA BERRADA. Centre commercial Paranfa, Aïn Diab, Casablanca. Tél. : (212) (5) 22 39 04 54 Fax : (212) (5) 22 39 07 16.
Président : Danielle Ben Yahmed ; directeur général : Amir Ben Yahmed ; direction centrale : Christine Duclos ; direction du développement : Florian Serfaty ; secrétariat : Chantal Bouillet ; gestion et recouvrement : Pascaline Brémond ; service technique et administratif : Chrystel Carrière, Mohamed Diaf RÉGIES : Direction de la publicité : Laure Nitkowski, avec Catherine Weliachew (directrice de clientèle), Myriam Bouchet (chef de publicité), assistés de Patricia Malhaire ; annonces classées : Fabienne Lefebvre, assistée de Sylvie Largillière COMMUNICATION ET RELATIONS EXTÉRIEURES : Direction : Danielle Ben Yahmed ; directrice adjointe : Myriam Karbal ; chargés de mission : Nisrine Batata, Zine Ben Yahmed, Fatoumata Tandjan REPRÉSENTATIONS EXTÉRIEURES
TUNISIE SAPCOM, Mourad LARBI. 15-17, rue du 18-Janvier-1952, 1001 Tunis. Tél. : (216) 71 331 244 ; Fax : (216) 71 353 522. SOCIÉTÉ INTERNATIONALE DE FINANCEMENT ET D’INVESTISSEMENT
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Gérant commandité: Béchir Ben Yahmed; vice-présidents: Aldo de Silva, Danielle Ben Yahmed, François Soudan, Amir Ben Yahmed Directeur général adjoint: Jean-Baptiste Aubriot; secrétariat: Dominique Rouillon; contrôle de gestion: Sandrine Razafindrazaka; finances, comptabilité: Monique Éverard et Fatiha Maloum-Abtouche; juridique, administration et ressources humaines: Sylvie Vogel, avec Karine Deniau (services généraux) et Delphine Eyraud (ressources humaines); Club des actionnaires: Dominique Rouillon IMPRIMEUR SIEP - FRANCE. COMMISSION PARITAIRE: 1011C80822. DÉPÔT LÉGAL: À PARUTION. ISSN 1950-1285.
N o 2679 • DU 13 AU 19 MAI 2012
JEUNE AFRIQUE
Ce numéro s’accompagne d’un encart abonnement sur une partie de la diffusion.
Acoustic - Fatoumata Diawara
Cocody Johnny
Stars Parade
vIBREZ AU SON DE L’AFRIQUE SUR
tv5mondeplusafrique.com Acoustic - Amadou & Mariam
Photos © Ali Mobarek - Benoît Peverelli - Catherine Bendayan - Elsa Dahmani - EMI Music - Maestro Sound Mali - Manivelle Productions - Youri Lenquette
Concert pour la Tolérance
Acoustic - Magic System
Acoustic - Orchestre National de Barbès
Meet me at the River
Partenaire du Festival Musiques Métisses, du 25 au 27 mai à Angoulême.