TUNISIE FLICS OU VOYOUS ?
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52e année • No 2700 • du 7 au 13 octobre 2012
jeuneafrique.com
LE PLUS
de Jeune Afrique
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RD CONGO GO
bonjour
changement ?
CÔTE D’IVOIREGHANA LA GUERRE DES NERFS BUSINESS CHERCHEZ LA FEMME
COMPAORÉ
« Je n’ai pas changé » Vingt-cinq ans après son arrivée au pouvoir, il demeure un homme mystérieux, qui se livre peu. Mali, Côte d’Ivoire, Kaddafi, Hollande et Sarkozy, Sankara, son pays, l’avenir… Une interview exclusive du chef de l’État burkinabè. ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE France 3,50 € • Algérie 180 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 € Espagne 4 € • Éthiopie 65 birrs • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 € Portugal cont. 4 € • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285
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Ce que je crois BÉCHIR BEN YAHMED • bby@jeuneafrique.com
SAMEDI 6 OCTOBRE
Menaces de guerres
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OUR NOMBRE DE PAYS, l’agenda des derniers mois de 2012 et du premier trimestre de 2013, que ce soit sur le plan national ou international, s’annonce très chargé. Dans un mois, les 6 et 8 novembre, les deux premières nations de la planète – États-Unis et Chine – éliront ou confirmeront l’homme qui sera leur président pour les prochaines années. Aucun des deux ne sera de sexe féminin ; ces deux hommes seront les dirigeants les plus puissants du monde, et nous dépendrons alors de leur sang-froid et de la qualité de leurs réflexes. ■
L’une de ces deux grandes puissances, les États-Unis d’Amérique, nous a déjà prévenus qu’elle irait, au besoin, jusqu’à la guerre pour empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire. De toutes parts, on nous assure que le pays de Khamenei et d’Ahmadinejad en aura acquis la capacité dans les sept mois qui viennent, et le Premier ministre d’Israël – il se sera, d’ici là, fait réélire – sera là pour intimer aux États-Unis d’aller jusqu’au bout de leur pouvoir, c’est-à-dire jusqu’à la guerre. Faute de quoi il lui reviendra, à lui et à son pays, d’agir. Il ne nous reste donc que sept mois environ avant de nous trouver, pour la première fois depuis bien longtemps, au seuil d’une guerre régionale qui risque de devenir internationale. Les malheureux Syriens seront-ils sortis d’ici là du calvaire qu’ils endurent depuis dix-huit mois et qui provoque chez eux plus de trois cents morts par semaine ? Et d’ailleurs, cette guerre civile syrienne aurait-elle eu l’ampleur d’aujourd’hui si le régime Assad n’avait eu le malheur de s’allier avec l’Iran ? ■
Beaucoup plus près de nous, dans le temps et dans l’espace, s’annonce une autre guerre qui promet, elle aussi, d’être régionale, de durer bien plus longtemps que ne le pensent ceux qui sont sur le point de s’y engager la fleur au fusil. Je veux parler de l’expédition pour libérer le Nord-Mali de l’emprise des jihadistes qui en ont pris le contrôle il y a six mois, l’ancrant dans la sécession. Il s’agit, comme on le sait, d’un vaste territoire désertique – 822 000 km2 – et peu peuplé : 1 million d’habitants, JEUNE AFRIQUE
contre 15 millions pour le reste du Mali. Un coup d’œil sur la carte montre qu’il jouxte la Mauritanie, l’Algérie, le Niger et le Burkina. Les Maliens sont déterminés à lui faire réintégrer la République. Ils verront plus tard s’il convient de tenir compte des revendications autonomistes des Touaregs qui l’habitent ou d’aller jusqu’à envisager de faire évoluer le Mali vers le statut d’État fédéral. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), à laquelle appartient le Mali, consent un soutien politique, financier et militaire : certains de ses membres participeront au corps expéditionnaire constitué pour libérer le Nord-Mali par la force des armes. L’Union africaine (UA) a donné sa bénédiction et les Nations unies voteront une résolution marquant l’expédition militaire du sceau de la légalité internationale. ■
Se distinguant du reste de l’Europe et des ÉtatsUnis, ignorant les appels à la prudence de la principale puissance limitrophe du (Nord-)Mali qu’est l’Algérie et du secrétaire général de l’ONU lui-même, la France a pris la tête des partisans d’une action militaire déterminée et rapide. François Hollande lui-même l’a dit sans ambages : « Toute perte de temps serait une complication supplémentaire… La France assumera toutes ses responsabilités et apportera un soutien logistique ; elle réclame avec force et au plus vite une nouvelle convocation du Conseil de sécurité [pour autoriser l’action militaire, NDLR]. » C’est la France qui rédigera les résolutions de l’ONU et appellera à les faire voter. Du côté malien, c’est le Premier ministre de transition, Cheick Modibo Diarra, qui pousse à la roue avec le plus de véhémence. Dans Le Monde du 1er octobre, il a dit notamment ceci, qui se passe de commentaire : « Les débats [sur la résolution] vont commencer au Conseil de sécurité dès la semaine prochaine afin qu’elle soit adoptée avant la mi-octobre. […] Il faut donc que la force de la Cedeao soit prête pour un déploiement presque immédiat, dès l’adoption de la résolution. […] Le Mali et la Cedeao joueront un rôle clé, mais il faut inviter des pays de la zone, tels que l’Algérie et la Mauritanie, dont la participation est incontournable. Des amis, comme le N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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Ce que je crois Maroc ou le Tchad, bref tous ceux qui pourraient venir nous aider à contenir le problème dans une zone restreinte en attendant que la communauté internationale – France, États-Unis, Grande-Bretagne notamment – prépare sa force d’intervention pour faire un travail propre et rapide. […] Des négociations feraient perdre un temps précieux. Chaque jour qui passe, les terroristes se renforcent, mettent en place des infrastructures de plus en plus sophistiquées. Ce n’est pas un problème entre Maliens mais un problème avec des terroristes, des narcotrafiquants, des preneurs d’otages, des bandits de toutes sortes. C’est contre tout cela que la communauté internationale doit se soulever. » ■
Il y a quatre mois, dans ces colonnes (J.A. no 2682, du 3 au 9 juin), j’ai recommandé de « renoncer à l’idée utopique qu’un gouvernement de transition, nécessairement faible et dont la durée de vie est par définition limitée, aura la capacité de réunifier le pays, que ce soit par la force ou par la négociation et la persuasion ». Et de « rassembler les forces vives du pays autour de la nécessité de doter la République malienne, le plus vite possible, d’un président et d’un Parlement élus. Ils seront légitimes, même si l’élection n’a pas couvert le Nord, devenu provisoirement inaccessible ». Rien de ce qui s’est passé depuis quatre mois ne m’a fait changer d’avis ; je regrette que l’on n’ait pas utilisé ce temps pour doter le Mali d’un président et d’un Parlement élus. N’auraient-ils pas été plus légitimes et plus forts que MM. Dioncounda Traoré et Modibo Diarra, président et
Premier ministre de la transition, pour s’attaquer, dans les prochainessemaines,auxproblèmesduMali,dontleNord? ■
Réoccuper militairement le Nord ? Même avec des effectifs militaires faibles et mal coordonnés, on parviendra probablement à libérer en 2013 ses trois villes de l’emprise des terroristes et des jihadistes. Mais il faudra ensuite le pacifier, le ramener dans le giron national malien, résoudre mille et un problèmes complexes d’ordres politique, social, ethnique ou liés à la mondialisation. Vaste programme, œuvre de très longue haleine… On a évoqué les précédents afghan ou somalien et rappelé qu’ils sont là, insolubles, depuis dix et vingt ans. Pour s’être engagé à ne pas se doter d’institutions stables tant qu’il n’aura pas récupéré et réintégré le Nord, le Mali devra-t-il rester cinq ou dix ans avec à sa tête un président et un gouvernement de transition ? La République française s’était-elle mise entre parenthèses tant que la France n’avait pas récupéré l’Alsace-Lorraine ? ■
La voie que le Mali est sur le point d’emprunter nous fera regretter sans aucun doute, en 2013 et 2014, de n’avoir écouté ni Ban Ki-moon et ses appels à la prudence, ni l’Algérie et les États-Unis, qui ont connu de coûteux échecs dans leur lutte contre le terrorisme, mais que l’on refuse d’écouter lorsqu’ils disent : « Une guerre, on sait quand elle commence, jamais quand elle finira… » ●
Humour, saillies et sagesse Pour vous faire sourire, grincer des dents – ou réfléchir –, ici, chaque semaine, une sélection subjective, la mienne, de ce qui a été dit ou écrit au cours des siècles par des hommes et des femmes qui avaient des choses intéressantes ou drôles à nous dire. B.B.Y. Ì Que serait la francophonie si personne ne parlait français ? François Mitterrand
Ì On ne cuit pas le pain quand le four s’est refroidi. Proverbe africain
Ì Ceux qui ne pensent pas que le salariat est un esclavage systématique sont soit aveugles, soit salariés. Nassim Nicholas Taleb
Ì Je suis toujours prêt à apprendre, bien que je n’aime pas toujours qu’on me donne des leçons. Winston Churchill
Ì Une victoire racontée en détail, on ne sait plus ce qui la distingue d’une défaite. Jean-Paul Sartre
Ì L’homme n’est ni bon ni méchant, il naît avec des instincts et des aptitudes. Honoré de Balzac
Ì Si haut que l’on soit placé, on n’est jamais assis que sur son cul. Montaigne Ì L’art d’être tantôt très audacieux et tantôt très prudent est l’art de réussir. Napoléon Bonaparte N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Ì Est vraiment sage celui qui, sans présumer d’avance qu’on cherche à le tromper ou qu’on se méfie de lui, est capable de déjouer au moment voulu les ruses. Confucius
Ì On s’étudie trois semaines, on s’aime trois mois, on se dispute trois ans, on se tolère trente ans et les enfants recommencent. Hippolyte Taine Ì Le paradis, c’est une bonne idée. Brèves de comptoir Ì Mourir d’amour : ça s’est vu, mais, en général, c’est l’amour qui meurt le premier. Micheline Sandrel Ì Notre tête est ronde pour permettre à la pensée de changer de direction. Francis Picabia Ì Le hasard, c’est quand Dieu se promène incognito. Albert Einstein JEUNE AFRIQUE
Standard Bank
Partenaire de l’avenir minier en RDC
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u haut de ses 150 ans, le groupe Standard Bank a établi une plateforme d’opération avec un vaste réseau global. En effet, le Groupe ancre sa présence tant sur le continent africain (le Groupe est présent dans 18 pays), qu’aux quatre coins du globe (nous sommes établis dans 16 pays). La Standard Bank est fière d’être une banque d’envergure internationale aux profondes racines africaines. Son ambition est claire : libérer le potentiel inégalé des économies africaines. Pour y arriver, elle connecte l’Afrique aux marchés émergents en se basant sur sa longue expérience et son expertise incontestée dans le domaine des ressources naturelles. Chris Newson, Directeur Général de Standard Bank Afrique pense qu’avec sa position stratégique située au cœur de l’Afrique, la RDC est un marché clé. Ses immenses ressources naturelles ainsi que sa capacité à jouer un rôle crucial dans une économie mondiale où les cartes sont en pleine redistribution expliquent tant l’intérêt porté à ce pays, que la présence de groupes mondiaux (BHP Billiton, Rio Tinto, Ashanti Gold, FMI ou Glencore) attirés par ses considérables perspectives pour les décennies à venir.
Communiqué
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR
La vision est claire : bâtir une banque dotée d’une compréhension approfondie des contextes macro et microéconomiques des pays dans lesquels le groupe opère, mais aussi une connaissance granulaire des secteurs qui alimentent la croissance mondiale, tel que les mines. En outre, Standard Bank collabore étroitement tant avec les organisations internationales que les gouvernements. « La Banque est sur le terrain aux cotés de ses clients avec une offre personnalisée. » ajoute-t-il. Récemment, Chris Newson a annoncé la nomination de M. Éric Mboma au poste de Directeur Général de la Standard Bank RDC. Il lui a confié la responsabilité de mettre en place la stratégie de croissance du
Groupe en RDC tout en soutenant les investissements miniers et infrastructurels dans l›ensemble de la région de l’Afrique centrale et de l’Ouest. Eric Mboma a déclaré « Même si la RDC reste confrontée à d’importants défis qui affectent sa confiance en elle, le Congo est indéniablement en pleine mutation. Il est face à ce que je décrirais comme une fenêtre d’opportunité. Cette décennie lui offre de transformer structurellement l’essai sur le plan économique et social en répondant à la demande mondiale de ressources naturelles. Indiscutablement, il est exaltant de faire partie de la stratégie de développement de la Standard Bank et de mettre en place son agenda consistant à renforcer les échanges entre l’Afrique et les marchés émergents. Conduire cette stratégie en RDC est un défi des plus enthousiasmants. Il était impensable de repousser cette opportunité. Fort du dynamisme ce et de l’expérience de l’ensemble de mes collaborateurs, et doté de la me vision ambitieuse que nourrit le vi Groupe, Standard Bank RDC Gr est outillée pour relever es les défis spécifiques à le l’l’un des marchés les plus prometteurs pl au monde.» ▲ Éric Mboma, Directeur Général de Standard Bank RDC
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Éditorial
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TUNISIE RETOUR DE BÂTON L’institution policière n’a jamais été réformée depuis la révolution. Résultat : les dérapages se multiplient et les Tunisiens sont sur le qui-vive.
François Soudan
Tempête de sable
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PHOTOS DE COUVERTURES : MOISES SAMAN/THE NEW YORK TIMES-REDUX-REA ; MARK RENDERS ; CHRISTOPHE MORIN/IP3
N N’A PEUTÊTRE PAS PRIS TOUTE LA MESURE – ni mesuré toutes les conséquences – de l’implosion malienne, dont les origines se situent autant dans la sidérante incurie sécuritaire des dernières années du régime d’Amadou Toumani Touré que dans la dispersion de l’arsenal libyen. Ainsi que le décrit avec précision un document de synthèse sur la situation au Sahara, partagé entre plusieurs services de renseignements européens et maghrébins, et dont J.A. a pris connaissance, la mainmise de groupes islamistes sur le nord du Mali a créé un formidable appel d’air dans lequel s’engouffrent chaque jour, depuis plus de six mois, des centaines de jeunes recrues venues des cinq pays du Maghreb. Le voyage se fait de nuit à bord de Toyota Land Cruiser, via les filières rodées par les trafiquants de drogue et de cigarettes. La prime d’embauche versée à l’arrivée à Gao, Kidal ou Tombouctou est de 4000 euros, et les raisons qui poussent ces nouveaux jihadistes sur les sentiers de la guerre sont les mêmes que celles qui animent les émigrés clandestins entassés dans les pateras en Méditerranée: la misère sociale et l’espoir d’un eldorado. Cette absence d’avenir, cet horizon opaque générateur de toutes les folies, nul ne le ressent plus que les jeunes Sahraouis des camps du Front Polisario de la région de Tindouf, qui toute leur vie n’ont eu pour toit que les tentes de leurs campements, dressés dans le désert algérien. C’est la raison pour laquelle on les retrouve de plus en plus nombreux dans les rangs d’Aqmi ou du Mujao. Formés au maniement des armes, endoctrinés par des imams salafistes qui prônent ouvertement dans les camps la création d’un État islamiste au Sahara occidental, ces combattants sont accueillis à bras ouverts par leurs frères algériens. Certes, comme le décrit notre document, l’entente entre ces différents groupes est loin d’être permanente. L’histoire des katibas islamistes du Sahara depuis des années est aussi faite de captures, de rançons, d’affrontements fratricides sur fond de partage des fruits impies du trafic des otages ou de celui du haschich. Mais l’irruption récente au cœur de cette nébuleuse terroriste, qui a désormais trouvé son sanctuaire, de desperados issus des rangs de la dernière guérilla d’Afrique ajoute encore à la dangerosité ambiante. Ni le Maroc – qui a renforcé ses mesures de sécurité dans le Sud par crainte des attentats –, ni la Mauritanie – qui fait ce qu’elle peut, avec détermination –, ni l’Algérie n’ignorent cette nouvelle donne. D’où l’incompréhension manifestée par ses partenaires, tant africains qu’européens, vis-à-vis de cette dernière. Pourquoi Alger, qui détient l’une des clés majeures de la solution, essentiellement militaire, à la menace terroriste saharienne refuse-t-elle de s’en servir ? Pourquoi, alors que rien de ce qui se passe au sein du Polisario ne lui échappe, ce grand pays laisse-t-il à ce point se déliter la situation, alors que la direction du Front semble avoir perdu tout contrôle sur sa base ? Pourquoi le Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc), mécanisme conçu à Alger pour faire face au péril Aqmi et qui regroupe plusieurs États sahéliens, est-il étrangement paralysé, comme en état d’hibernation, depuis le début de la crise malienne ? Sauf à susciter, un jour ou l’autre, des réponses désagréables à ces questions, il est temps de sortir de l’attentisme et de l’expectative. Chaque jour qui passe rapproche un peu plus de celui où le Nord-Mali ne sera plus récupérable. ●
CÔTE D’IVOIRE-GHANA GUERRE DES NERFS Entre les deux pays, les relations sont depuis longtemps compliquées. Surtout, Abidjan ne pardonne pas à Accra d’héberger de virulents partisans de l’ancien président Gbagbo.
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Ce que je crois Par Béchir Ben Yahmed Confidentiel
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L A SEM A IN E D E J EU N E A F RIQ U E
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Tunisie Retour de bâton Brunot Dogbo Blé Un dur à cuire sur le gril Rachida Dati Papa people Mode « Made in black » Cameroun Éternels prisonniers Cyclisme MTN au rayon pro Aide au développement Quand le FMI en fait des tonnes Maroc Tous à la rescousse Tour du monde
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G RA N D A N G L E
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Burkina Interview de Blaise Compaoré
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A F RIQ U E SU BSA H A RIEN N E
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Côte d’Ivoire-Ghana Guerre des nerfs 57 bis Pierre Ngolo, secrétaire général du Parti congolais du travail Tendance Des fesses survitaminées !
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JEUNE AFRIQUE
Dans Jeune Afrique et nulle part ailleurs
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GRAND ANGLE
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CULTURE MON CHEVEU, MA BATAILLE Une exposition et un beau livre explorent les significations politiques, sociales, religieuses ou métaphysiques des modes capillaires dans le monde entier. Original.
BLAISE COMPAORÉ
« Je n’ai pas changé »
Le président burkinabè parle de tout : crise malienne, situation en Côte d’Ivoire, mort de Kaddafi, ses vingt-cinq ans de pouvoir, la fin de son mandat en 2015…
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FRANCE QUAND LES ÉTRANGERS VOTERONT… C’est que la majorité de gauche aura réussi à convaincre la majorité de l’opinion du bien-fondé de cette réforme. Ce qui est loin d’être gagné.
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ISRAËL-IRAN JUSQU’OÙ IRA LE POKER MENTEUR À l’ONU, Benyamin Netanyahou semble avoir déclenché le compte à rebours d’une frappe contre les installations nucléaires de Téhéran…
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Érythrée Désertion de haut vol Portrait Nkosazana Dlamini-Zuma, présidente de la Commission de l’UA
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MAGHREB & M OYE N - O R I E N T
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Israël-Iran Jusqu’où ira le poker menteur ? Libye Des milices très encombrantes Tunisie Interview de Béji Caïd Essebsi, fondateur de Nida Tounès
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EUROPE, AMÉR I Q U E S, ASIE
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France Quand les étrangers voteront… Pakistan Roméo et Juliette à Islamabad Géorgie Bons baisers de Russie États-Unis Le lièvre et la tortue Parcours Leïla Kaddour-Boudadi, l’art de bien présenter Corée du Sud La déferlante PSY Chine L’usine à champions tourne à plein régime
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LE PLUS DE J E U N E A FR I Q U E
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RD Congo Mbote changement ?
JEUNE AFRIQUE
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RD CONGO MBOTE CHANGEMENT? Alors que le pays accueille le 14e sommet de la Francophonie, une petite révolution semble en marche à Kinshasa.
ÉC O N O M IE Business Cherchez la femme Ghana Coface assure son avenir En kiosque Hors-série « spécial finance » Formation MDI Business School voit plus grand Guinée Louncény Nabé, le monnayeur Aérien Fabrice Ebner, directeur commercial et marketing d’Aigle Azur Tunisie Banques publiques : attention danger ! Baromètre C U LT U RE & M ÉD IA S Exposition Mon cheveu, ma bataille Spectacle Une biennale au féminin Humeur Les gens, l’art et l’argent La semaine culturelle de Jeune Afrique VOUS & NOUS Le courrier des lecteurs Post-scriptum
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ISSOUF SANOGO/AFP
TUNISIE POULINA À LA RESCOUSSE
Sahel
! COMBATTANTS ISLAMISTES À GAO, dans le nord du Mali, en juillet.
Le Mujao, principale menace?
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il ne fait aucun doute que le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) est la moins puissante des forces en présence dans le Nord-Mali, beaucoup s’interrogent sur le véritable poids d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Réponse d’un spécialiste ouest-africain qui s’est rendu à de multiples reprises dans cette partie du pays tenue par les islamistes : « Aqmi se vide de sa substance. Un temps séduites par l’argent dont dispose cette organisation essentiellement composée d’Algériens et de Mauritaniens qui ne connaissent pas le terrain, les populations locales rejoignent de plus en plus les rangs d’Ansar Eddine et du Mujao. Ce dernier est manifestement le plus puissant, le mieux équipé et, surtout, le plus dangereux. Il recrute beaucoup de Subsahariens, phénomène nouveau et sous-estimé. » À l’en croire, la puissance de feu et les équipements dont disposent les différentes factions dans le Nord sont « supérieurs à ceux des armées malienne, nigérienne et burkinabè réunies ». Voilà qui promet. ●
Un Français intercepté avant de rejoindre Aqmi
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utre deux Français binationaux identifiés dans le Nord-Mali par les services secrets occidentaux, un autre Français – qui, celuilà, n’est pas binational – a été repéré et arrêté fin septembre dans une capitale sahélienne. En provenance de Paris, il tentait de rejoindre l’une des katibas d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Son ordinateur et son téléphone ont « parlé ». L’individu n’a pas de passé jihadiste (il n’a pas séjourné au Pakistan), mais il a « un dossier en France », selon une source proche des services de renseignements à Paris. Est-ce un cas isolé ? « Sans doute pas. Les services soupçonnent l’existence d’une filière jihadiste entre l’Europe et le Nord-Mali. » ● N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Pour tenter de rétablir un climat de confiance avec les milieux d’affaires, le gouvernement tunisien compte sur Abdelwaheb Ben Ayed, patron de Poulina, premier groupe privé du pays, qui vient d’être nommé au conseil d’administration de la Banque centrale deTunisie(BCT).Àl’issued’un entretien largement médiatisé avec le Premier ministre Hamadi Jebali, Ben Ayed a d’ailleurs annoncé le lancement de plusieurs investissements importants. Beaucoup voient dans cette opération de promotion l’indice de l’influence grandissante de Maher Kallel, actionnaire de Poulina et conseiller économique officieux de Jebali. CÔTE D’IVOIRE OUATTARA ET BANNY EN QUÊTE DE SOLUTIONS
Alassane Ouattara a, le 1er octobre,demandéàCharles Konan Banny de lui faire des propositions afin de relancer le processus de réconciliation. Le président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) était venu lui remettre au palais présidentiel les conclusions de ses récentes consultations avec les partis politiques et la société civile. Le chef de l’État regrette l’attitude du Front populaire ivoirien (FPI), qui, selon lui, refuse de s’inscrire dans le processus, mais il se dit prêt à lui tendre de nouveau la main. La CDVR pourrait organiser prochainement une grande concertation nationale sur la question. FRANCE-CÔTE D’IVOIRE MÉLENCHON ENTRE EN SCÈNE
Jacqueline Chamois, mère du fils de Laurent Gbagbo, et l’avocate ivoirienne Habiba Touré ont récemment rencontré le député européen JeanLuc Mélenchon, candidat du JEUNE AFRIQUE
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Politique, économie, culture & société LE CHIFFRE
13 milliards
de dollars: le montant estimé par le ministère des Domaines de l’État des avoirs et des biens (immobiliers, sociétés, automobiles, titres fonciers) confisqués à la famille de l’ancien président Zine el-Abidine Ben Ali et à son parti, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD).
ALGÉRIE-FRANCE OPÉRATION DÉMINAGE Alger et Paris tentent d’aplanir leurs divergences avant la visite de François Hollande, en décembre. Deux dossiers, surtout, posent problème. 1. La renégociation des accords de 1968 relatifs au statut dérogatoire des Algériens résidant en France. 2. La situation dans le Nord-Mali: les deux pays préconisent en effet des solutions difficilement compatibles. Pour empêcher que « la bombe du Sahel » pollue le climat des futurs entretiens, Abdelkader Messahel, le ministre algérien délégué aux Affaires africaines, s’est rendu le 4 octobre à Paris, où il a été reçu au Quai d’Orsay et par la cellule africaine de l’Élysée. Le lendemain, Abdelmalek JEUNE AFRIQUE
Sellal, le Premier ministre, a de son côté abordé la question avec François Hollande, en marge du sommet des 5+5, à Malte.
MALI CONCERTATION IMPOSSIBLE ?
La concertation nationale malienne censée faciliter le retour à la démocratie aurait dû avoir lieu les 27 et 28 septembre,maisaétéreportéesine die. Motif ? Pro- et antiputsch du21marssedisputenttantsur la méthode de travail que sur les thèmes à aborder. Résultat: la Coalition patriotique pour
CINÉMA LE HANDICAPÉ QUI DANSAIT
Le tournage du prochain film du réalisateur tchadien Mahamat-Saleh Haroun commencera fin octobre à N’Djamena. L’auteur de Un homme qui crie (prix du jury à Cannes en 2010) y évoquera l’histoire, inspirée de faits réels, d’unhandicapéquidansepour gagnersavie.Pourleconseiller, il a fait appel au danseur et chorégraphe tchadien Taïgué Ahmed, qui interprétera le rôle… d’un chorégraphe.
ALGÉRIE TAJ PREND DU POIDS
L’adoption, le 1er octobre, par l’Assemblée populaire nationale (APN) du plan d’action présenté par le gouvernement d’Abdelmalek Sellal a permis de mesurer le poids du nouveau venu sur la scène politique locale : le mouvement Espoir de l’Algérie, dont l’acronyme arabe, TAJ, signifie « couronne » (voir J.A. no 2699). Amar Ghoul, son président, qui a hérité une nouvelle fois du ministère des Travaux publics, est sans doute le plus populaire des membres de la nouvelle équipe au pouvoir. À l’en croire, une quarantaine de députés ont déjà rejoint les rangs de son parti. Les formations islamistes ayant appelé à censurer le gouvernement, les résultats du vote à main levée ont révélé l’ampleur des défections au profit de ce dernier. Le non n’ayant recueilli que 41 voix, alors que les islamistes comptent59députés,ilestclair que TAJ chasse aussi sur les terres des nationalistes et des démocrates.
JEAN PING Il y a une vie après l’UA
BRUNO LEVY POUR J.A.
Front de gauche à la dernière présidentielle française, pour le sensibiliser au sort des détenus politiques en Côte d’Ivoire – dont notamment, bien sûr, Michel Gbagbo. Le 4 octobre, Mélenchona,dansuncommuniqué, demandé au président Hollande d’exiger d’Alassane Ouattara des explications sur ce point. « Citoyen français, il [Michel Gbagbo] est emprisonné depuis dix-huit mois. Son seul crime: porter le nom de l’ancien président », écrit-il.
le Mali (Copam, proputsch) se déclareprêteàyparticiper,tandis que le Front du refus (FDR, antiputsch), qui regroupe la majorité des formations représentées au Parlement, traîne les pieds. Cheick Modibo Diarra, le Premier ministre, a donc confié le dossier à Oumar Kanouté,sondirecteurdecabinet. Problème: ce dernier, qui fut secrétaire général de l’organisation de la jeunesse du parti de l’ancien président Moussa Traoré,nefaitl’unanimitédans aucun des camps.
LE 15 OCTOBRE, Nkosazana DlaminiZuma succédera à Jean Ping à la tête de la Commission de l’Union africaine (lire pp. 46-49). Entre les deux ex-rivaux, les relations sont désormais au beau fixe. « Les rivalités sont oubliées, confie un proche du président sortant. Ping veut tout faire pour l’aider avant de partir. » Que fera-t-il ensuite ? Pressenti pour être l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies au Sahel, le Gabonais a fait savoir que, dans l’immédiat, il désirait avant tout « se reposer ». Il n’a pas davantage souhaité prendre le relais du Nigérian Ibrahim Gambari en tant que représentant spécial de la force hybride ONU-UA au Darfour (Minuad). « Il a eu de nombreuses propositions et il a aussi beaucoup de projets », explique-t-on dans son entourage. Envisage-t-il de créer une fondation ? Réponse : « Pourquoi pas. » ● N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
La semaine de Jeune Afrique
TUNISIE
Retour de Oppressive sous Ben Ali, cible de la colère populaire en janvier 2011, l’institution policière n’a jamais été réformée depuis la révolution. Résultat : les dérapages se multiplient et les Tunisiens sont sur le qui-vive.
FRIDA DAHMANI
Q
uand un flic t’ordonne de t’arrêter, n’obtempère pas! » conseillent désormais les parents à leurs filles. Depuis le viol en banlieue de Tunis, dans la nuit du 3 au 4 septembre, d’une jeune femme par deux policiers pendant qu’un troisième rackettait son compagnon, les relations entre forces de l’ordre et citoyens se sont encore dégradées. Un viol accompagné d’une tentative de racket n’est hélas pas un fait exceptionnel. L’ultramédiatisation de celui-ci, y compris au-delà des frontières de la Tunisie, a mis en évidence la persistance de pratiques que l’on croyait révolues, suscité un vrai débat de société et révélé que la réforme de la police est au point mort. Depuis des mois, les abus se multiplient. Preuves à l’appui, l’avocate Radhia Nasraoui cite des cas de tortures – parfois mortelles – et de viols – y compris sur des hommes – commis dans des commissariats. Ceux dont la mission est de nous protéger peuvent devenir nos agresseurs, constate une opinion publique qui a toujours exécré une police répressive.
«
CONFUSION. Les forces de l’ordre ne semblent pas avoir tiré
les leçons du 14 janvier 2011. Pourtant, à la révolution, ils avaient été la cible principale de la colère populaire. Pas moins de 240 commissariats avaient été saccagés et les Tunisiens avaient symboliquement pris d’assaut le siège du ministère de l’Intérieur pour se libérer de la dictature et s’affranchir de la peur. Le 12 janvier, lors de l’un des ultimes soubresauts de son régime, Zine el-Abidine Ben Ali avait nommé un nouveau ministre de l’Intérieur pour maîtriser l’insurrection. Contraint d’agir dans la précipitation, Ahmed Friaa avait géré la crise dans la plus grande confusion – à moins que l’appareil n’ait tout simplement échappé à son contrôle: dans tout le pays, la police avait ouvert le feu sur les manifestants et fait des victimes. À ce jour, les tribunaux n’ont pu faire la lumière sur ces événements tragiques et désigner les donneurs d’ordre. Un contentieux douloureux entre la population et la police… L’on savait que le ministère de l’Intérieur était un véritable État dans l’État. Mais l’opacité de son fonctionnement et l’existence de sphères d’influence en son sein ont éclaté au grand jour le 27 janvier 2011 lorsqu’un magistrat ● ● ● N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
ONS ABID POUR J.A.
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L’événement
bâton
! POLICIERS ANTIÉMEUTES devant l’ambassade de France à Tunis, le 21 septembre, pour prévenir une manifestation contre les caricatures de Charlie Hebdo.
11
La semaine de J.A. L’événement
HICHEM
basé à Genève), est approuvé. L’intention semblait être sincère, et pourtant, aujourd’hui, aucune de ces mesures n’a été appliquée et les projets n’ont pas avancé d’un iota. « Il manque une vraie volonté politique. Le gouvernement atermoie sous prétexte qu’ilestprovisoire.Rienn’achangé,nisurleplandes mentalités ni sur celui des infrastructures, regrette Abdessatar Ben Moussa, président de la Ligue tunisienne des droits de l’homme. La seule différence [avec l’ère Ben Ali], c’est que la société civile, l’opposition et les médias peuvent faire pression. »
indépendant, Farhat Rajhi, a succédé à Ahmed Friaa. Ce « Monsieur Propre » dont on espérait tant a été menacé et agressé dans ses propres bureaux quatre jours plus tard. L’opposition interne était si vive qu’il n’a pu réorganiser un corps sclérosé par des décennies de mauvaises pratiques et de corruption. Il a été évincé de son poste en mars 2011. ●●●
EFFUSIONS. Dans les semaines qui ont suivi la
révolution, c’est au tour de la police d’avoir peur. Elle s’efface au profit de l’armée, laisse un vide sécuritaire que les citoyens compensent en s’organisant en comités de quartier. Elle ébauche ensuite une sorte de mea culpa, revendique son appartenance aupeuple,créelespremierssyndicatsetassociations des forces de l’ordre tout en multipliant effusions et démonstrations d’amitié avec les citoyens. Sous cette apparence républicaine, elle laisse entendre qu’elle va revoir son mode de fonctionnement et réclamer un cadre juridique clair pour ses interventions. On annonce la fin de la police politique.Leministèredel’Intérieurvajusqu’àouvrir ses sous-sols au public pour proclamer la fin de la torture et de l’omerta. Un livre blanc proposant une restructuration des corps sécuritaires est élaboré sous le gouvernement de Béji Caïd Essebsi. Un programme portant sur la réforme de la législation en matière de sécurité, encadré par le Centre pour le contrôle démocratique des forces armées (DCAF,
! SUR LA PLACE DES DROITS-DEL’HOMME À TUNIS, le 29 septembre. Manifestation de soutien à la jeune femme violée.
51 %
des Tunisiens estiment que la police est l’institution la plus corrompue du pays
66 %
pensent que le taux de criminalité a augmenté depuis la révolution
5%
des personnes interrogées affirment qu’elles ou un de leurs proches ont été victimes de violences policières
SOURCE : THE WORLD JUSTICE PROJECT, 2012
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BANDITISME. Instrument de répression et de contrôle sous Ben Ali, et avant lui sous Bourguiba, l’appareil policier continue donc de fonctionner selon le même système – le seul qu’il ait jamais connu. L’arrivée au pouvoir des islamistes, euxmêmes persécutés par l’ancien régime, n’a pas changé la donne. Au contraire : alors que les actes de délinquance et de banditisme sont en nette augmentation, les forces de police semblent essentiellement se concentrer sur l’instauration d’un nouvelordremoralqui,souslecouvertd’uncontrôle des mœurs, attente aux libertés individuelles, en particulier à celles des femmes. Depuis la répression brutale d’une manifestation pacifique le 9 avril dernier, une autre fracture est apparue entre la police et la population. Celle-ci dénonce désormais une politique du deux poids, deux mesures. Constatant que les salafistes violents ne sont pas inquiétés, elle s’interroge sur les rapports qu’entretiennent les milices islamistes avec la police. Et, aussi, sur la formation et les consignes qui ont été données aux 3 000 recrues engagées depuis le mois de mai. S’il est certain que la Tunisie doit s’atteler au chantier complexe de la réforme de sa police, les dérives de cette dernière – qui semblent plus fréquentes car elles sont aujourd’hui ouvertement dénoncées – demeurent le fait d’une minorité. Elles n’en remettent pas moins en question le contrat de confiance qui devrait, dans un cadre démocratique, lier la police et les citoyens. Dans un pays en quête de stabilité et dont l’image extérieure est largement écornée, l’enjeu est énorme. ●
LE FLÉAU DE LA JUSTICE
T
out comme la police, la justice est loin d’avoir entamé sa réforme: elle doit, elle aussi, solder les comptes du passé et prouver son indépendance. Instructions interminables, verdicts incohérents, application de lois pourtant tombées en désuétude… Elle semble ne pas faire preuve de la plus grande objectivité et être encore au service du pouvoir.Tout tient essentiellement au fait que le ministère public dépend N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
directement du ministre de la Justice et se plie ainsi aux diktats d’une hiérarchie. Les magistrats ont engagé un bras de fer avec le gouvernement, qui refuse d’octroyer un statut indépendant à l’Instance supérieure de la magistrature, et font pression pour que la future Constitution ne se contente pas de proclamer l’indépendance de la justice mais détermine l’architecture et le fonctionnement de l’institution judiciaire.
« Aujourd’hui encore, la décision d’engager ou non des poursuites dépend de la volonté du pouvoir exécutif, par le biais du ministre. Aucun corps indépendant ne se prononce en ce domaine. Nous vivons une crise au sein de la justice, alors que la société a un besoin pressant de vérité », s’exclame le juge Mokhtar Yahyaoui, qui, sous Ben Ali, s’était illustré en critiquant le système judiciaire et s’était vu aussitôt révoquer. ● F.D. JEUNE AFRIQUE
La semaine de J.A. Les gens
Brunot Dogbo Blé Un dur à cuire sur le gril Accusé de meurtre, le chef de la Garde républicaine de Laurent Gbagbo risque la réclusion à perpétuité.
S
anglé dans un gilet pare-balles, casque sur la tête, escorté par une escouade impressionnante de gendarmes cagoulés, le général Brunot Dogbo Blé a fait une arrivée théâtrale, le 2 octobre, au palais de justice d’Abidjan. La dernière fois que l’on avait vu le chef de la Garde républicaine, c’était le 15 avril 2011, quatre jours après l’arrestation de Laurent Gbagbo. Les hommes du commandant Vetcho, fidèles à Alassane Ouattara, l’avaient débusqué dans sa garçonnière, au Plateau, à Abidjan, où il se terrait avec sa maîtresse. Tiré du lit sans ménagement, hagard dans son pyjama bleu, il avait été exhibé devant les caméras comme un trophée de guerre. Cet irréductible qui a défendu l’ancien régime jusqu’à la dernière heure est aujourd’hui accusé, avec trois officiers, d’avoir enlevé, séquestré et assassiné le colonel-majoràlaretraiteAdamaDosso,en
En avril 2011, il avait été débusqué au saut du lit et exhibé dans son pyjama mars 2011. Durant ce procès, une quarantaine de militaires pro-Gbagbo devraient répondre d’une série de crimes commis durant la période postélectorale. Pour Jean-Marc Simon, l’ancien ambassadeur de France à Abidjan, Dogbo Blé était un « combattant pugnace » mais un « soldat perdu », coupable de nombreuses exactions. Les partisans de Gbagbo font bien sûr entendre un tout autre son de cloche: pour eux, le général est un « héros
qui s’est opposé vaillamment à la conquête du pouvoir par Ouattara aux ordres des grandes puissancesoccidentales». Pendant la crise postélectorale, Dogbo Blé a joué un rôle clé dans la répression des manifestations pro-Ouattara et le blocus du Golf Hôtel, où le président élu était reclus. Il a ensuite animé ! LE GÉNÉRAL (à dr.) à Abidjan, le 2 octobre. la résistance à Abidjan, encerclé par les troupes de Guillaume Soro, transformant la prépour faire barrage à cette « imposture ». sidence en poudrière. Il est aussi soupDogbo Blé choisit son camp: ce sera celui çonné d’avoir fait enlever et exécuter de Gbagbo. Il convainc le capitaine Jean quatre ressortissants étrangers, dont les Siaka Remarck, lui aussi saint-cyrien, de Français Yves Lambelin, dirigeant de donner l’assaut à la poudrière d’Akouédo. Sifca, et Stéphane Di Rippel, le directeur Objectif: faire sortir les chars pour attaquer du Novotel d’Abidjan. le palais présidentiel, où se sont retranNé en 1952 à Daloa (Centrechés Gueï et ses hommes. Ces derniers Ouest) et bété comme Laurent prendront finalement la fuite. Remarck est Gbagbo, Dogbo Blé fait partie abattu d’une balle dans le dos à Akouédo. d’une génération de brillants Qui l’a tué? Le mystère demeure. L’officier bleu. officiers ivoiriens. Il sort parmi voulait que l’on reprenne le processus les tout premiers de sa proélectoral en faisant participer Bédié, « son » motion de l’école militaire de Saint-Cyr candidat,etOuattara.Pasvraimentleprojet Coëtquidan, en France. De retour en de son frère d’armes… Côte d’Ivoire, il dirige le peloton blindé Une fois installé au pouvoir, le président d’Akouédo à la fin des années 1990. Gbagbo confie à Dogbo Blé le soin de Son destin bascule dans la nuit du 24 professionnaliser la Garde républicaine. au 25 octobre 2000. À Abidjan, l’annonce Fidèle parmi les fidèles, ce discret sécudes premiers résultats de l’élection présirocrate du régime gravit tous les échelons dentielle est bloquée par le général Robert pour devenir général de brigade. Si son Gueï, qui a renversé Henri Konan Bédié un mentor était encore au pouvoir, il serait probablement aujourd’hui chef d’étatanplustôtets’entêteàconserverlepouvoir. Laurent Gbagbo, son rival, lance un appel major des armées. ● PASCAL AIRAULT SIA KAMBOU/AFP
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NOMINATIONS
❘
NALEDI PANDOR AFRIQUE DU SUD Cette Sud-Africaine a été nommée par le président Jacob Zuma ministre de l’Intérieur, en remplacement de Nkosazana Dlamini-Zuma, devenue présidente de la Commission de l’Union africaine. Elle détenait jusqu’alors le portefeuille des Sciences et desTechnologies. N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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ALI FASSI FIHRI MAROC Le 4 octobre, il a été nommé par le roi Mohammed VI directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable, produit de la fusion des deux offices publics de l’eau et de l’électricité, qu’il dirigeait respectivement depuis 2001 et 2008. JEUNE AFRIQUE
EN HAUSSE
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ELEMOTHO
Rachida Dati Papa people
Le chanteur namibien a été récompensé du prix Découvertes RFI-France 24 pour l’année 2012, le 2 octobre. Il empoche 10 000 euros et se voit offrir l’organisation d’un concert à Paris et d’une tournée en Afrique.
On croit enfin savoir qui est le père de Zohra, la fille de l’ancienne ministre française de la Justice. Un grand patron, riche et célèbre. Surprenant, non ?
HEDI SLIMANE Avec sa première collection de prêt-à-porter féminin pour Saint Laurent Paris, présentée le 1er octobre, le styliste français d’origine tunisienne a réussi à donner un second souffle à la célèbre maison de couture. HENDRY ANGWE-MEZAH
DR
Ce Gabonais de 18 ans a décroché la médaille d’or du meilleur apprenti de France, catégorie cuisine froide, lors de la finale organisée par la Société des meilleurs ouvriers de France, à Paris, le 28 septembre. EN BAISSE
IKEA Le géant suédois du meuble s’est attiré les foudres de deux ministres de son pays, le 1er octobre. Elles lui reprochent d’avoir effacé toutes les femmes qui apparaissaient sur les photos de son catalogue distribué en Arabie saoudite. MICHEL MARTELLY Face à la hausse des prix, les manifestations se multiplient à Port-au-Prince pour demander la démission du président. Les Haïtiens lui reprochent de ne pas mettre en œuvre le « changement » promis durant sa campagne en 2011. JOHN NUMBI Le 3 octobre, un tribunal belge a rejeté la plainte de l’ancien chef de la police de la RD Congo. Celui-ci voulait interdire l’affiche du film sur l’assassinat du militant des droits de l’homme Floribert Chebeya. DR
ÉRIC DESSONS/JDD/SIPA
Q
ui est le père de Zohra Dati ? On avait fini par se faire une raison : le feuilleton people des années Sarkozy resterait à jamais sans dénouement. Comme en suspens. Les Trois Mousquetaires sans Vingt Ans après. Ou La Recherche du temps perdu sans Le Temps retrouvé. Bien sûr, on affectait de s’en moquer, mais au fond de nous… Quoi de plus délicieux qu’une curiosité déçue ? Le 2 octobre, l’hebdomadaire Le Point a cruellement brisé le mystère en révélant que l’ancienne garde des Sceaux avait déposé une plainte en reconnaissance de paternité contre… Non, pas contre le prédécesseur de François Hollande – c’eût sans doute été un peu gros – ni même contre François, son frère, dont l’hypothétique responsabilité fut un moment évoquée par les gazettes ; Ni contre José María Aznar, l’ancien président du gouvernement espagnol, qui, à l’époque où les plus lourds soupçons pesaient sur lui, dut se fendre d’un démenti officiel qui ne déplut pas à son épouse ; Ni contre Ali Ibn Fetais al-Marri, le procureur général du Qatar, qui, mis en cause avec insistance, fut à son tour contraint de s’absoudre, dans les termes les plus nets, de toute implication génitrice ; Ni contre Henri Proglio, l’éminence du CAC 40 (il dirige aujourd’hui EDF), dont la proximité avérée avec Dati ne déboucha apparemment sur rien de concret ; Ni contre l’ancien rugbyman (et secrétaire d’État aux Sports) Bernard Laporte, qui, au sortir, peut-être, de quelque banquet, protesta un jour d’une innocence que personne n’avait jamais sérieusement mise en doute ; Ni contre Arthur, l’animateur télé dont la notoriété s’estompe peu à peu sans que personne ne s’en émeuve ; Ni même contre une éprouvette anonyme, puisque l’hypothèse d’une insémination artificielle ne fut pas négligée par les limiers de la presse trash. Vous ne trouvez toujours pas? Rachida (46 ans) a porté plainte contre Dominique Desseigne (68 ans), patron d’une célèbre chaîne d’hôtels et de casinos. Pas trop déçus ? Reste à savoir pourquoi, mais c’est une autre histoire. ● JEAN-MICHEL AUBRIET
N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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partenaires
African Development Bank Banque africaine de développement
rainbow
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La semaine de J.A. Décryptage
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! SOIRÉE DE LANCEMENT, le 4 octobre.
CAMILLE MILLERAND POUR J.A.
la Dakar Fashion Week), c’est la première initiative du genre dans la capitale française. Pour elle, aucun communautarisme là-dedans. « La Black fashion, c’est plus une question d’attitude que de couleur. C’est une mode libre, qui casse les codes! » argumente-t-elle, avant d’ajouter : « Les créateurs d’Afrique subsaharienne, du Maghreb ou des Antilles ont énormément de talent. Ce qui leur manque, ce sont les occasions de se développer. »
Mode « Made in black »
Prolongeant la Fashion Week de Paris, un événement organisé par la styliste sénégalaise Adama Ndiaye a mis en avant les créateurs d’Afrique et des Antilles. Une première dans la capitale française.
P
onctuéed’exclamationsenjouées et d’embrassades, la soirée de lancement a des allures de retrouvailles. Pour les personnalités présentes, la Black Fashion Week Paris (du 4 au 6 octobre) est avant tout le prolongement de la semaine de la mode « classique », achevée la veille. Designers, LE DESSIN DE LA SEMAINE
mannequins, photographes et acheteurs sont là pour célébrer la mode « black »… avec parfois quelques réticences. « J’ai peur que ce genre d’événements ne nous mette dansunecase»,glisseuncréateurbrésilien. Organisée par la styliste sénégalaise AdamaNdiaye(plusconnuesouslenomde sa marque, Adama Paris, et à qui l’on doit
CARTES DE VISITE. Il est vrai que peu de créateurs, qu’ils soient Africains ou même Américains, arrivent à se faire une place dans les traditionnelles semaines de la mode. Pour la plupart jeunes, travaillant en indépendants, ils peinent à trouver des investisseurs. Conséquence: difficile de remplir les critères pour participer aux fashion weeks de Londres, Paris, Milan ou Tokyo. Critères qui vont de la capacité de production au nombre d’employés en passant par la domiciliation de la société dans une capitale de la mode. Pour Adama Ndiaye, le but est de réunir talents et acheteurs, « pour qu’ils échangent ». « C’est de là que naissent les collaborations », assure-t-elle. Et son objectif semble atteint. Entre deux coupes de champagne, des cartes de visite sont échangées. Mais Adama Paris a déjà les yeux ailleurs. La Black Fashion Week de Montréal, c’est à la mi-novembre. ● MALIKA GROGA-BADA
Mix & Remix • L’Hebdo • Suisse
CHINE LA POMME ET LE BÂTON
EN JANVIER DÉJÀ, le lancement de l’iPhone 4S en Chine avait tourné à l’empoignade dans plusieurs magasins. Cette fois-ci, l’émeute n’est pas le fait des fans du tout nouveau smartphone de la marque à la pomme… mais des petites mains de l’iPhone 5 ! Dans la nuit du 23 au 24 septembre, une rixe impliquant 2 000 ouvriers – sur 79 000 – a éclaté dans une usine chinoise du taïwanais Foxconn, sous-traitant d’Apple, faisant une quarantaine de blessés. Quelque 5 000 policiers ont été déployés pour mettre fin aux troubles. JEUNE AFRIQUE
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ILS ONT DIT
« Je ne sais pas quelle James Bond Girl embrassait le mieux parce que je pensais à l’Angleterre. »
Cameroun Éternels prisonniers AMAIGRIS, visiblement exténués mais debout, ils étaient arrivésautermed’unepeinede réclusion de quinze ans pour détournement de fonds et croyaient le bout d’une longue nuit arrivé. Condamnés le 4 octobre à vingt ans de prison ferme par le tribunal de grande instance de Yaoundé, Thierry Michel Atangana, homme d’affaires franco-camerounais (48 ans), et Titus Edzoa, ancien secrétaire général de la présidence (67 ans), vont devoir passercinqansdeplusderrière les barreaux, la première peine étant prise en compte. Dans cette nouvelle affaire, un juge d’instruction avait requis un non-lieu en 2008, décision qui fut suspendue, le procureur ayant fait appel. Au bout du compte, les accusés sont déclarés coupables d’un détournement de 1,1 milliard deFCFA(1,7milliond’euros)et de tentative de détournement
ROGER MOORE Acteur britannique, ancien interprète de James Bond (le célèbre espion fête ses 50 ans de cinéma)
« Trois cents millions d’Américains
consomment chacun autant que trente-deux Kényans. Ils font payer l’addition à tout le monde : émissions de gaz, réchauffement climatique, déforestation, élevage de masse. » JARED DIAMOND Biologiste américain
« En France, le raï c’est terminé. Ça s’est transformé en course aux cachets… C’est le hold-up du siècle. »
de 59,4 milliards de F CFA. Ce jugement a été retardé par d’incessants rebondissements. Deuxjugesdelacollégialitéont été remplacés après les débats et les plaidoiries de la défense. « Encore une fois, je subis cette terrifiante mise en scène. Je n’ai plus la force de lutter », soupire Atangana, que le soutien de la France n’a pas sauvé. Pour l’accabler, l’accusation a même dénoncé « l’ingérence » de l’ancienne puissance coloniale. Pourtant, dedroitecommedegauche,les gouvernementsfrançaisjouent pour l’instant la prudence, même si, sur l’insistance de l’ambassadeur Bruno Gain, les conditions de détention du prisonnier ont été améliorées. Me Philippe Missamou, avocat du Franco-Camerounais, demande à Paris de formuler en sa faveur une demande de transfèrement en France. ● GEORGES DOUGUELI
RACHID TAHA Chanteur franco-algérien
Cyclisme MTN au rayon pro
« Il faut laisser du temps à François
Hollande. Voyons si sa politique produit des effets. On le sait, les Français sont très, très difficiles à gouverner. Ils ne sont jamais contents. » BERNADETTE CHIRAC Épouse de l’ex-président Jacques Chirac
« La Somalie n’est plus ce qu’elle était. Comment reconstruire un pays qui s’autodétruit sans cesse ? » NURUDDIN FARAH Écrivain somalien
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JACQUES JACQ UES TORR TORREGANO/FEDEPHOTO TORREGAN EGANO/FE O/FEDEPHOTO POUR J.A.
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LA PETITE REINE AFRICAINE débarque dans la cour des grands. En 2013, une équipe du continent, la sud-africaine MTN-Qhubeka, évoluera pour la première fois en Continental Pro, la deuxième division du cyclisme professionnel. L’admission de l’équipe, formée par le premier opérateur téléphonique africain et l’ONG Qhubeka (« aller de l’avant » en zoulou et xhosa), spécialisée dans la distribution de vélos, doit être officialisée le 1er novembre mais est déjà certaine depuis la miseptembre. Cet agrément, qui lui permettra de prétendre aux grandes courses européennes, n’est qu’une étape pour cette formation dotée d’un budget de plus de 3 millions d’euros. Douglas Ryder, son manageur, espère obtenir sa première participation au Tour de France d’ici à 2015. Pour se renforcer, MTN-Qhubeka a créé un centre d’entraînement à Lucca, en Italie, et recruté des Européens expérimentés, comme l’Allemand Gerald Ciolek, champion du monde espoirs 2006, et le Lituanien Ignatas Konovalovas, vainqueur du contre-la-montre final du Tour d’Italie 2009. L’objectif n’est pas d’« européaniser » l’effectif, mais de hisser au plus haut niveau cette équipe à vocation panafricaine. L’Algérien Youcef Reguigui vient d’ailleurs de rejoindre les coureurs du continent (quatre Érythréens, dix Sud-Africains, un Éthiopien, un Namibien et un Rwandais) déjà présents. « Les Africains dominent la course de fond, rappelle Douglas Ryder. Pourquoi pas le cyclisme ? » ● PIERRE BOISSELET JEUNE AFRIQUE
OLAM, ENGAGÉ POUR LE MIEUX ÊTRE DES POPULATIONS
2,2 MILLIARDS DE DOLLARS
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La semaine de J.A. Décryptage
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Aide au développement Quand le FMI en fait des tonnes Le Fonds monétaire international a vendu une partie de son stock d’or entre 2008 et 2010. La plus-value de cette opération devrait bénéficier aux pays les plus pauvres, sous la forme de prêts à taux zéro.
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’
est une excellente nouvelle pour les pays les moins favorisés : le 28 septembre, le conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a décidé à l’unanimité d’allouer 2,7 milliards de dollars (2 milliards d’euros) au financement de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et pour la croissance (FRPC). Grâce à ce « guichet », le Fonds octroie des prêts à 0 % sur trois ans aux pays démunis qui luttent contre la pauvreté, afin de les aider à équilibrer leur balance des paiements. Cette manne, qui profitera en premier lieu à l’Afrique, s’ajoute au 1,1 milliard de dollars qui avait été affecté à la FRPC en 2009. D’où vient cet argent? En 2008, lorsque Dominique StraussKahn, alors directeur général du FMI, élabore un plan pour rééquilibrer les comptes déficitaires du Fonds, il prévoit de vendre une partie de son stock d’or, soit 403,3 tonnes. Mais, pour ne pas perturber le marché du métal précieux, les ventes sont étalées sur deux ans. Durant cette période, le cours de l’or a quasiment doublé et l’opération a dégagé une plusvalue substantielle, excédant ce qui était nécessaire à la consolidation budgétaire du FMI et amenant le conseil d’administration à débattre de son utilisation. À l’initiative de la France, du Japon et du Royaume-Uni, principaux contributeurs à la FRPC, il a été décidé d’affecter ce surplus aux prêts en faveur des pays à bas revenus.
Christine Lagarde, l’actuelle directrice générale du FMI, s’est félicitée de cette décision. « Cette stratégie arrêtée par le conseil dote l’institution de moyens supplémentaires, destinés à aider nos membres à faibles revenus à résister aux chocs à venir et à appuyer leurs efforts en faveur d’une croissance plus forte et plus soutenue. » Le seul inconvénient de cette démarche est sa lenteur. En effet, l’attribution des 2,7 milliards de dollars ne pourra avoir lieu que lorsque les États membres propriétaires de l’or – et donc de sa plusvalue – auront donné la garantie qu’ils reverseront bien 90 % de cette somme au Fonds. Cette procédure compliquée
mais statutaire explique que la première tranche de 1,1 milliard de dollars affectée à la FRPC en juillet 2009 pour les mêmes raisons n’ait pas encore été utilisée. Les États se souciant peu d’accélérer le processus, le pourcentage de retour au Fonds atteint 87,4 %, à un cheveu des 90 % requis. Rageant, quand on connaît les besoins financiers des pays les plus pauvres ! Le réseau associatif Jubilee USA, qui rassemble plus de 75 ONG américaines militant pour l’établissement de « relations équitables entre les nations », a tout de même applaudi cette mesure qu’il réclamait depuis deux ans et qui, estime-t-il, apportera une vraie bouffée d’oxygène aux pays les plus défavorisés. ● ALAIN FAUJAS
À SUIVRE LA SEMAINE PROCHAINE
15-20 OCTOBRE
16 OCTOBRE
Exposition « 25 ans de créativité arabe, art contemporain » (jusqu’au 3 février 2013) à l’Institut du monde arabe, à Paris, qui fête son vingt-cinquième anniversaire.
19 OCTOBRE
Première session de dialogue Algérie - ÉtatsUnis, à Washington. Au menu, la coopération économique, sécuritaire et politique entre les deux pays.
DR
Sommet de la FAO sur la sécurité alimentaire mondiale, à Rome. Un G20 agricole pourrait se réunir à cette occasion, afin de coordonner la réponse internationale à la flambée du prix des céréales.
JEUNE AFRIQUE
N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
La semaine de J.A. Décryptage JEUNEAFRIQUE.COM
DÉBAT Le prix Nobel de la paix au peuple syrien : bonne ou mauvaise idée ?
FOCUS
Peine de mort : l’Afrique en progrès, sauf en Gambie
OSNOWYCZ AUDE/SIPA
INTERVIEW Abdelfattah Mourou, cofondateur d’Ennahdha : « LesTunisiennes subissent des discriminations terribles »
À LIRE AUSSI
Pollution : les pêcheurs nigérians et Shell, remake de David contre Goliath ? N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Maroc Tous à la rescousse
Les socialistes défendent bec et ongles l’ancien ministre Khalid Alioua, accusé de corruption. Un lobbying qui connaît quelques ratés…
L
e bureau politique de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) a décidé, fin septembre, de lancer une campagne de lobbying pour la libération de Khalid Alioua, un ancien dirigeant du parti. Porte-parole
financières remontant à cette époque. On lui reproche l’octroi de prêts sans contrepartie, la gestion irrégulière d’hôtels, propriétés de la banque, et de s’être accordé des avantages personnels, tels que l’achat de biens immobiliers à bas prix. Driss Lachgar, tonitruant ténor de l’USFP, a pris la tête d’un comité de soutien qui, depuis le 3 octobre, compte parmi ses membres Hamid Chabat, le nouveau secrétaire général de l’Istiqlal. Les défenseurs d’Alioua réclament sa libération, condition sine qua non selon eux à un jugement équitable. DIFFAMATION. Les socia-
listes animent la chronique judiciaire. Abdelhadi Khairat, un député USFP qui a dirigé une commission d’enquête parlementaire sur le CIH, a maladroitement déclaré, lors d’un meeting, que d’autres personnes avaient bénéficié de prêts sans garanties, « dont le “prince rouge”, Moulay Hicham, qui a [pris] 4 milliards [de dirhams] sans même déposer de caution ». Refusant les demi-excuses ! KHALID ALIOUA, ex-dirigeant du Crédit immobilier d’Al-Ittihad al-Ichtiraki, le et hôtelier, est incarcéré depuis le 29 juin. journal officiel du parti, le du gouvernement d’alternance (1998cousin germain de Mohammed VI a porté 2000), puis ministre de l’Enseignement plainte pour diffamation. supérieur (2002-2004), Alioua, étoile Coup de théâtre, le 17 septembre, le montante de cette formation politique, prince s’est déplacé en personne, sous passait pour le successeur potentiel les flashs des photographes, au tribud’Abderrahmane Youssoufi jusqu’à son échec à la mairie Un bruyant comité de soutien, de Casablanca, en 2003. Il des déclarations maladroites, avait quitté l’USFP en 2009. et un prince qui porte plainte. L’année suivante, un rapport de la Cour des comptes épinglait sa gestion du Crédit immobilier nal de première d’instance d’Aïn Sebaa. et hôtelier (CIH), une banque publique L’audience, reportée deux fois, doit qu’il dirigeait depuis cinq ans. reprendre le 15 octobre. Aux dernières Le 29 juin dernier, Alioua a été placé nouvelles, un avocat socialiste négocierait en détention provisoire après l’ouverture un règlement à l’amiable. ● d’une instruction sur des malversations YOUSSEF AÏT AKDIM ABDELHAK SENNA/AFP
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JEUNE AFRIQUE
La Francophonie, la voix de la diversité Bâtir un espace de solidarité sur les principes d’humanisme, de démocratie et de respect de la diversité des cultures et des langues, tel est le but poursuivi par la Francophonie, fondée sur le partage d’une langue, le français. L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) compte 75 États et gouvernements, dont 19 observateurs, répartis sur les cinq continents.
© AUF
© Vincent Ohl/OIF
© Patrick Lazic/OIF
La Francophonie représente un ensemble unique en son genre qui, à partir du lien de la langue française, développe une coopération politique, économique et culturelle entre ses membres.
La soLidarité entre des pays et des peuples que l’histoire, la géographie et surtout le dévelop-
pement économique peuvent séparer est une valeur clé pour la Francophonie. En soutenant les plus défavorisés, elle rappelle le devoir d’entraide entre riches et pauvres.
L’écoute attentive de ses gouvernements permet à la Francophonie d’adapter sa coopération
aux réalités du terrain et aux besoins des populations. En offrant le savoir-faire de spécialistes, elle accompagne les responsables politiques et les acteurs de la société dans leurs efforts de développement.
Création LUCIOLE • août 2012
La concertation, démarche privilégiée tant au sein de l’espace francophone qu’avec la communauté internationale, assure la complémentarité de l’action politique et de coopération de la Francophonie avec celle des autres organisations internationales et régionales.
flashcode
www.francophonie.org
Création de l’OIF le 20 mars 1970 au Niger
75 États et gouvernements
sur les 5 continents
www.francophonie.org
220 millions 890 millions 14 % de francophones de la population d’habitants
mondiale
dans le monde
96,2 millions de francophones en Afrique
Le français, langue officielle de 32 États et gouvernements membres de l’OIF
La semaine de J.A. Tour du monde FRANCE
BRÉSIL
Hollande décroche
Parlementaires corrompus
E TRAITÉ BUDGÉTAIRE EUROPÉEN, qu’il jugeait naguère « inacceptable » et jurait de renégocier ? Il a été contraint de l’avaliser sans presque en changer une virgule et doit aujourd’hui batailler pied à pied pour imposer sa ratification par le Parlement (avant la fin de ce mois). Les plans sociaux, auxquels le pétulant (mais un rien présomptueux) Arnaud Montebourg, son ministre du Redressement productif, avait été chargé de s’opposer coûte que coûte ? Ils se multiplient. La fiscalité « juste » qu’il avait promis d’instaurer ? Elle est assimilée par beaucoup à un matraquage et a suscité sur les réseaux sociaux la fronde des patrons de start-up et de PME – les autoproclamés « pigeons ». Il n’est donc pas illogique que la cote du président François Hollande n’en finisse pas de baisser dans les sondages. Aux dernières nouvelles (sondage TNS Sofres Sopra-Group du 5 octobre), seuls 41 % des Français ont encore de lui une bonne opinion. Soit 9 points de moins qu’en septembre. ●
L’AFFAIRE DITE DES MENSAL ÃO (mensualités), qui remonte aux premières années de l’ère Lula (2003-2005), est jugée depuis la fin du mois d’août devant la Cour suprême. Le 1 er octobre, celle-ci a confirmé l’existence d’un système d’achats de votes au Parlement mis en place par le Parti des travailleurs, que dirigeait l’ancien président, et condamné douze nouveaux accusés (vingt-deux l’ont déjà été). Lula accuse l’opposition d’exploiter politiquement ce procès à l’approche des élections municipales.
L
! SEULS 41 % DES FRANÇAIS approuvent encore son action.
MALAISIE
Razak l’arroseur NAJIBRAZAK,lePremier ministre de Malaisie, ne regarde pas à la dépense – publique ! – pour séduire les électeurs avant les législatives du printemps 2013 (en principe). Le 28 septembre, lors de la présentation du budget, il a promis de réduire le déficit mais aussi d’augmenter de 8 % les dépenses afin de donner un coup de pouce aux foyers les plus modestes. Les cadeaux vont donc pleuvoir : N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
127 euros pour les ménages gagnant moins de 759 euros mensuels, 63 euros pour les célibataires dont le salaire est inférieur à 506 euros… Sans parler de la distribution aux 20-30 ans de bons de réduction sur les smartphones ! SPORT
Plus dure sera la chute JEUX OLYMPIQUES, championnats du monde et d’Europe: ils ont, à maintes reprises, tout gagné. Mais
BANGLADESH
Violences antibouddhistes
ANTONIOL ANTOINE/SIPA
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pour les handballeurs français, la roche Tarpéienne était proche du Capitole. Surtout pour ceux de l’illustre club de Montpellier. Le 30 septembre, à l’issue d’un match contre le PSG, plusieurs d’entre eux – au premier rang desquels la star Nikola Karabatic – ont été interpellés par la police et placés en garde à vue. Ils sont accusés d’avoir parié sur le résultat d’un obscur match du championnat national – ce qu’ils ont reconnu – et, plus grave, d’avoir favorisé la défaite de leur équipe – ce qui reste à démontrer.
VILLAGES ATTAQUÉS, temples réduits en cendres… Dans la nuit du 29 au 30 septembre, plusieurs dizaines de milliers de musulmans s’en sont pris à la communauté bouddhiste de la région de Ramu, près de la frontière birmane. À l’origine des violences: une photo blasphématoire publiée sur Facebook. Cet incident a attisé le ressentiment de la communauté musulmane (90 % de la population) dans une région où les réfugiés rohingyas, musulmans eux aussi, chassés de Birmanie par les bouddhistes, ne cessent d’affluer. COLOMBIE
Président dur à cuire Résolu à jouer la transparence, Juan Manuel Santos (61 ans), le président colombien, a annoncé le JEUNE AFRIQUE
ARRÊT SUR IMAGE
Vladimir Pirogov • Reuters
KIRGHIZISTAN
Ça chauffe à Bichkek! DANS LA CAPITALE DU KIRGHIZISTAN, LE 3 OCTOBRE, une manifestation réunit quelques centaines de personnes sur la principale place de la ville. Les protestataires exigent la nationalisation d’une mine d’or et tentent de prendre d’assaut le Parlement. La police réplique par des tirs de grenades aveuglantes et de gaz lacrymogènes. Des manifestants sont blessés et plusieurs chefs de l’opposition arrêtés, tandis que le grand voisin russe appelle au calme. On ignore en revanche absolument les raisons de la rixe entre ces deux manifestantes. L’une d’elles est-elle une policière ? Une actionnaire de la mine d’or ? Une amoureuse bafouée ?
1er octobre qu’il était atteint d’un cancer de la prostate, mais que ses chances de s’en sortir étaient évaluées par ses médecins à 97 %. Il a été opéré deux jours plus tard et, en principe, ne devrait pas subir de chimiothérapie. Simplement, il devra s’abstenir de voyager pendant les trois semaines que durera sa convalescence. RUSSIE
Staline, ce héros C’est ce que tente de faire accroire un certain Nikolaï Starikov, auteur d’une hagiographie du dictateur qui JEUNE AFRIQUE
vient de paraître à Moscou (Staline. Souvenons-nous ensemble ; premier tirage : 20 000 exemplaires). On y apprend que le Petit Père des peuples était un « homme de grande valeur » victime d’un « tas de mensonges ». Songez que certains historiens
insinuent qu’il aurait allègrement fait massacrer plusieurs dizaines de millions de ses compatriotes ! Il faut à la Russie d’aujourd’hui un nouveau Staline, estime Starikov. Par chance, Vladimir Poutine « avance dans le même sens ». CQFD.
LE CHIFFRE
2 000
C’EST LE NOMBRE DES SOLDATS américains tués en Afghanistan depuis le début de l’invasion, en 2001. Ce cap a été atteint le 30 septembre dans l’est du pays au cours d’un affrontement avec des militaires afghans. 1 190 autres soldats de la coalition (Isaf) ont trouvé la mort au cours de la même période.
JAPON
Chant du cygne Alors que son principal opposant, le « faucon » Shinzo Abe, vient d’être élu à la tête du Parti libéral-démocrate (PLD), le Premier ministre Yoshihiko Noda tente, en dépit de son impopularité, d’éviter une cuisante défaite à son parti (centre gauche) lors des prochaines législatives anticipées. Le 1er octobre, il a annoncé un vaste remaniement gouvernemental aux allures de chant du cygne. Très critiqué pour son incapacité à juguler la déflation, le ministre des Finances a notamment été remplacé. N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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Grand angle
BURKINA
BLAISE COMPAORÉ
« Je n’ai pas changé » La crise malienne, la situation en Côte d’Ivoire, la mort de Kaddafi, ses relations avec François Hollande, Thomas Sankara, ses vingt-cinq ans de pouvoir, la fin de son mandat en 2015… Le président burkinabè parle de tout. Avec sa réserve coutumière.
Propos recueillis à Ouagadougou par
O
MARWANE BEN YAHMED
uagadougou, fin septembre. La saison des pluies s’achève et les nouvelles sont bonnes pour ce pays si dépendant des précipitations. De bonnes récoltes à l’horizon… Autre rayon de soleil, l’envol d’un secteur minier désormais florissant et créateur d’emplois. Pour beaucoup, c’est la ruée vers l’or, avec des salaires deux fois supérieurs à ceux pratiqués, par exemple, dans la restauration. Un vrai bol d’air pour l’État, d’autant que les découvertes se multiplient. Ouaga reste Ouaga, une exception en Afrique de l’Ouest. On y travaille dur et on n’aime guère y soutenir les murs. L’oisiveté n’est pas burkinabè. On ne mendie pas, on vend, même n’importe quoi, une carte postale, un verre de thé, des cigarettes au goût étrange, peu importe. Direction Kosyam, le palais présidentiel, situé dans la nouvelle ville de Ouaga 2000, extension de la capitale qu’elle désengorge, cœur institutionnel du pouvoir et lieu de résidence des nantis. Sécurité discrète, armes rangées, organisation impeccable. Le rendez-vous a été fixé à 11 heures avec Blaise Compaoré, le chef de l’État. Il arrive pile à l’heure, comme toujours, sans l’habituelle
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cohorte de conseillers et de responsables du protocole ou de la sécurité que l’on rencontre sous tant d’autres cieux africains. « Blaise », 61 ans, n’a jamais apprécié les interviews. Pas son truc, lui, l’homme d’action, le pragmatique qui ne s’embarrasse jamais de long discours. Mais éteignez le magnétophone et sa parole se libère : secrets politiques, anecdotes de sommets voire imitations de certains de ses pairs (il excelle dans celle de feu Omar Bongo et de Gnassingbé Eyadéma) seront au rendezvous. L’entretien a duré près de deux heures, et il n’a éludé aucune question. Il a simplement répondu à sa manière. Quand il s’agit de on, en passionné du football, il multiplie les feintes et les dribbles, dégageant parfois en touche. Le jeune capitaine jadis installé dans son fief de Pô est aujourd’hui, vingt-cinq ans après son arrivée au pouvoir, un chef d’État craint ou respecté et un caméléon de la politique. Toujours aussi insaisissable, à moins de savoir lire entre les lignes…
JEUNE AFRIQUE
DENIS ALLARD/REA
Grand angle 27
Grand angle
Burkina
JEUNE AFRIQUE:Après des semaines de tergiversations, Bamako s’est enfin résolu, le 24 septembre devant l’ONU, à demander une intervention militaire de la Cedeao pour l’aider à reconquérir le Nord. Pensez-vous, en tant que médiateur de la crise malienne, que cette intervention est proche? BLAISE COMPAORÉ: Pour réconcilier les Maliens,
la priorité demeure évidemment le dialogue politique avec ceux qui réclament soit l’indépendance, soit l’application de la charia. L’intervention militaire ne constitue qu’une option de dernier recours, si jamais ce dialogue n’aboutissait pas, et vise surtout les terroristes ou les trafiquants en tous genres qui profitent de cette crise pour menacer la région, voire le reste du monde. Le feu vert de la communauté internationale est une bonne chose, il nous permet d’agir plus efficacement et de faire sentir aux différents protagonistes dans le Nord que tout n’est pas permis. Existe-t-il des divergences relatives à la stratégie à employer pour résoudre cette crise au sein de la Cedeao ou avec la France et les États-Unis, principales puissances occidentales concernées?
Non, plus maintenant. Au départ, il est vrai, les pays membres de la Cedeao n’avaient pas les mêmes opinions. Quand nous nous sommes mis d’accord, c’est alors le Mali qui peinait à accepter la perspective d’une intervention militaire, jusqu’à il y a peu d’ailleurs. Désormais, nous sommes tous sur la même longueur d’onde : dialogue politique d’abord, intervention en cas d’échec. La communauté internationale, compte tenu du fait que nous sommes désormais unis, nous accompagne. Quel serait le scénario précis de cette possible intervention militaire ?
Le volet opérationnel est bouclé, nos chefs d’étatmajor respectifs se sont réunis et ont élaboré l’ensemble de l’intervention. Mais vous comprendrez aisément que ce ne sont pas des informations que l’on divulgue au grand public. Ce qu’il reste cependant à approfondir, ce sont les questions relatives au soutien financier et logistique que nous attendons de nos partenaires.
AHMED OUOBA/AFP
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! AVEC LE PREMIER MINISTRE MALIEN, CHEICK MODIBO DIARRA, le 22 juin, à Ouagadougou.
une fois, pour l’instant, il ne s’agit que des troupes de la Cedeao. L’objectif semble être de s’appuyer sur l’armée malienne. Estimez-vous que cette dernière est apte à mener la reconquête du Nord ?
L’armée malienne doit effectivement prendre le leadership de cette intervention. Il faut pour cela la restructurer, la préparer à ce rôle et lui donner les moyens de cette ambition. Avec l’aide des formateurs de la Cedeao, nous estimons à deux, voire à trois mois le temps nécessaire pour cela.
Qui fournirait l’essentiel des troupes ?
Cela également est déjà prévu : Nigeria, Ghana, Bénin, Burkina bien sûr… La participation de troupes tchadiennes a un temps été évoquée. Est-ce exact ?
Je n’ai pas entendu parler de cela. Même si nous sommes ouverts à la composition d’une force africaine élargie, nous nous concentrons sur les membres de la Cedeao.
Quid de la France, qui dispose notamment de forces spéciales basées au Burkina ?
Nous n’avons rien demandé en ce sens. Encore
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La population malienne, dans le Nord comme dans le Sud, semble craindre le comportement des troupes de la Cedeao sur le terrain…
La population dit parfois ce qu’on lui dit de dire. Les troupes de la Cedeao ont la capacité de mener ce type d’opérations dans les règles de l’art. Il n’y a aucune crainte à avoir. Pensez-vous réellement que le dialogue politique a encore une chance d’aboutir ?
Nous devons tout mettre en œuvre pour lui donner le plus de chances possible de réussir. La guerre serait la pire des solutions. Nous en JEUNE AFRIQUE
Blaise Compaoré étaient au départ contre la Cedeao. Cela ne les a pas empêchés de changer d’avis.
OYEM/APANEWS
Compte tenu de l’histoire particulière entre le Mali et le Burkina, marquée par deux guerres et moult tensions, pensez-vous, avec le recul, que vous impliquer dans la médiation était une bonne chose ?
arriverons peut-être à cette extrémité, mais il faut tout faire pour l’éviter. Vous avez entamé des discussions avec des membres d’Ansar Eddine et du MNLA.Votre stratégie semble consister à diviser les différents acteurs présents dans le Nord, en tout cas à les dissocier d’Aqmi. Or récemment, depuis Ouagadougou, des dirigeants du MNLA ont menacé de s’allier avec Aqmi si Bamako persistait à ne pas vouloir entamer un dialogue avec eux…
Je ne cherche à diviser personne. Il faut bien comprendre que la médiation n’a pas encore commencé, car cela supposerait que les différentes parties se rencontrent. Je me borne, pour l’instant, à porter le message de la Cedeao au MNLA et à Ansar Eddine : le rejet de l’indépendance ou de la volonté d’imposer par la force la manière dont l’islam doit être pratiqué au Mali. En revanche, d’autres questions, en partie à l’origine de ce conflit, qui concernent le développement, le sentiment d’avoir été ostracisé, l’économie ou la gouvernance, peuvent et doivent être traitées. Les discussions que vous évoquez avaient donc surtout pour but d’encadrer le dialogue à venir. Vos interlocuteurs vous ont-ils paru réceptifs à ce message ?
Ils nous ont écoutés et ont marqué leur disponibilité à entamer un véritable dialogue. C’est une bonne base… Votre médiation est souvent contestée. Certains estiment que vous êtes hostile aux autorités de Bamako; d’autres, dont les militaires ou une partie de l’opinion publique, peut-être motivés par un fort sentiment nationaliste, font preuve d’une défiance très nette. Comment réagissez-vous ?
Dans toutes les médiations que j’ai menées, j’ai été confronté à ce type de réactions. Je tiens compte de ce sentiment, mais je fais mon travail en mon âme et conscience, en cherchant d’abord à comprendre et à analyser la situation et en essayant de me débarrasser de toute subjectivité. Les Maliens JEUNE AFRIQUE
! UNE DÉLÉGATION DU MOUVEMENT ISLAMISTE
ANSAR EDDINE reçue par le chef de l’État, le 18 juin.
Je me suis impliqué à la demande des chefs d’État de la Cedeao. Le Mali n’est par ailleurs ni le Malawi ni le Mozambique : nous partageons 1 200 km de frontière avec ce pays, dont près de la moitié se trouve le long de la zone déstabilisée. Le Burkina n’avait pas le choix.
Peut-on sortir de cette crise sans un investissement plus poussé de l’Algérie ?
L’Algérie est exactement dans la même situation que nous: elle est concernée au premier chef par les événements du Mali. Et elle a toujours fait preuve de disponibilité. Elle semble pourtant ne pas vraiment vouloir s’impliquer et, surtout, elle paraît réticente à toute intervention militaire, a fortiori si les Occidentaux s’en mêlent…
Si l’Algérie ne souhaite pas d’intervention militaire, cela rejoint ce que la Cedeao prône aujourd’hui : un dialogue politique avant tout.
Dans une interview accordée à une chaîne d’information française, vous vous êtes montré pour le moins critique envers les autorités de Bamako, pointant du doigt le « manque de leaders ». Pensezvous que Dioncounda Traoré ou Cheick Modibo Diarra sont des erreurs de casting ?
Cette interview date. À l’époque, compte tenu de la gravité de la crise, nous ne parvenions pas à obtenirdeBamakounepositionclaire.Nousnagions dans l’ambiguïté la plus totale. Cela appartient désormais au passé.
La guerre serait la pire des solutions au Mali. Il faut tout faire pour l’éviter. Il semble que le vrai patron dans le Sud soit le chef de la junte, le capitaine Sanogo. Quelles relations entretenez-vous avec lui ?
Je n’ai aucune relation avec lui. Si le président par intérimoulePremierministremalienspensentqu’ila unrôleàjouer, c’est àeux de le gérer, pas àlaCedeao. Il ne représente pas un frein à votre action ?
Non.
En Côte d’Ivoire, où vous avez également mené une longue et difficile médiation, le processus N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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Grand angle
Burkina
de réconciliation patine et la tension demeure palpable. Êtes-vous inquiet ?
Non. Après une crise aussi grave, il fallait s’y attendre. Il faut du temps, une réelle volonté de dialogue et que chaque camp fasse un pas vers l’autre. À commencer par l’opposition, qui doit accepter clairement le résultat de la présidentielle et la victoire d’Alassane Ouattara.
Vous connaissez bien Laurent Gbagbo, depuis longtemps. Son incarcération à la CPI, à La Haye, vous semble-t-elle une bonne chose ? N’aurait-il pas mieux valu le juger en Côte d’Ivoire ?
Je n’ai pas de commentaire à formuler sur cet état de fait: la CPI et la justice ivoirienne travaillent ensemble et c’est la Côte d’Ivoire qui a demandé son transfèrement.
Comprenez-vous les critiques adressées à la CPI, cette « justice de Blancs qui ne s’intéresse qu’aux Africains » ?
Je comprends évidemment cette opinion, mais je ne la partage pas. Ce genre de débats a toujours existé. C’est surtout l’Afrique qui demande à la CPI d’agir. Notamment en raison d’un besoin d’impartialité. Les crimes qui y sont jugés représentent des plaies béantes pour notre continent. Et sans la CPI, il n’est pas sûr qu’ils auraient été examinés…
Les partisans de Laurent Gbagbo reprochent également à la CPI de pratiquer une justice des vainqueurs et de ne s’intéresser qu’à la responsabilité de l’ex-président, pointant du doigt le fait que les ex-chefs rebelles ou Guillaume Soro, entre autres, jouissent, eux, d’une totale impunité…
Vous et moi ne connaissons même pas le dossier dont dispose la CPI. Faisons-lui confiance, laissons-la travailler, nous jugerons ensuite. En outre, les partisans de Laurent Gbagbo devraient aborder ces questions autour de la table des négociations plutôt que de déstabiliser le pays.
Compte tenu des tensions actuelles en Côte d’Ivoire, reprendriez-vous du service si on vous le demandait ?
Je n’en vois pas l’utilité : les Nations unies sont sur place et les Ivoiriens ont désormais la possibilité de se parler sans intermédiaire.
Quel regard portez-vous sur la présidence d’Alassane Ouattara ?
Il a de grandes ambitions pour son pays. Il dispose également d’une adhésion certaine des Ivoiriens pour redonner à la Côte d’Ivoire son lustre d’antan et de la disponibilité de la communauté internationale. À mon avis, il a de grandes chances de réussir, même s’il faudra du temps et fournir beaucoup d’efforts pour réconcilier les Ivoiriens. N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Vous êtes très proche de Guillaume Soro. Estimezvous que ses ambitions présidentielles, après Alassane Ouattara, sont légitimes ?
Vous avez lu cela dans Jeune Afrique [rires] ? Ce genre de débats est prématuré et ne repose pas sur grand-chose. La Côte d’Ivoire est une démocratie. Si elle doit un jour confier de grandes responsabilités à Guillaume Soro, elle le fera. Votre conseiller, le Mauritanien Moustapha Chafi, a été l’objet d’une demande de mandat d’arrêt émise par Nouakchott, qui l’accuse de « financement du terrorisme, d’intelligence avec des groupes terroristes et d’appui logistique et financier à des groupes terroristes en activité dans le Sahel ». Déjà, sous l’ancien président Ould Taya, il était recherché pour son soutien présumé aux « Cavaliers du changement », auteurs d’une tentative de coup d’État. Comment avez-vous réagi?
Cette question est entre les mains de la justice. Moi, je constate que les Mauritaniens ne m’ont ni averti ni demandé quoi que ce soit. Et que Moustapha Chafi est libre de ses mouvements et n’a été l’objet d’aucune condamnation.
Il est extrêmement critique vis-à-vis du président Ould Abdelaziz. N’est-ce pas plutôt une forme de règlement de comptes ?
C’est pourquoi il serait souhaitable que la Mauritanie étaie ses accusations et fournisse des preuves…
Comment avez-vous vécu la victoire de la SudAfricaine Nkosazana Dlamini-Zuma lors de l’élection à la présidence de la Commission de l’Union africaine? Vous souteniez le Gabonais Jean Ping…
Il fallait un vainqueur et sortir du blocage auquel nous avions assisté lors du précédent sommet. Mme Zuma, que nous connaissons bien, l’a emporté, nous l’avons immédiatement félicitée et la soutenons dans sa mission. Il n’y a donc aucun problème.
Les partisans de Gbagbo devraient s’asseoir à la table des négociations plutôt que de déstabiliser le pays. Une règle non écrite voulait pourtant que la présidence de la Commission échappe aux grandes puissances du continent, dont fait partie l’Afrique du Sud. N’est-ce pas gênant ?
Les règles non écrites n’ont, par principe, pas grand intérêt, donc je n’y vois aucun inconvénient. La nationalité du président ou de la présidente importe peu, d’ailleurs, puisque l’autorité suprême de l’Union africaine, c’est la conférence des chefs d’État. JEUNE AFRIQUE
KAMBOU SIA/AFP
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Vous avez vu comme tout le monde les images de la capture et de la mort de Mouammar Kaddafi, que vous connaissiez très bien, même si vous aviez pris vos distances avec lui depuis quelques années. Qu’ont-elles suscité chez vous ?
C’est un moment triste pour les Africains. Son régime, totalitaire et violent, est tombé. Cela devait arriver. Mais pas de cette manière… Je me dis que nous avons une responsabilité parce que nous ne sommes pas parvenus à lui faire entendre raison. Était-il homme à vous écouter ?
Je me souviens, en 2006, il me faisait une énième leçon sur l’impérialisme occidental et la menace qu’il représentait pour l’Afrique. Je lui ai répondu, devant témoin : « Tu sais, le jour où tu tomberas, car tu tomberas, ce n’est pas l’impérialisme qui t’emportera, c’est ton peuple. » Il en a été ébranlé, puis il y a eu quelques tentatives timides de réformes en Libye, notamment à travers son fils, Seif. Il écoutait, certes, mais je doute qu’il fût dans des dispositions réelles pour vraiment changer. Vous avez rencontré le nouveau président français, François Hollande, lors de votre visite à Paris, mi-septembre. Comment cela s’est-il passé?
Très bien. Je l’avais déjà rencontré à l’époque où il était premier secrétaire du Parti socialiste. Il demeure le même homme.
Qu’attendez-vous de lui, concrètement, concernant l’évolution des relations entre la France et l’Afrique ?
L’Afrique a pris beaucoup de retard, en termes politiques, économiques et de développement. Elle a besoin de s’ouvrir au monde, de soutien, mais aussi de compréhension. L’aide que nous attendons c’est… de faire en sorte que nous ayons JEUNE AFRIQUE
! LE « MÉDIATEUR DE LA CRISE IVOIRIENNE » AVEC LAURENT GBAGBO, en septembre 2009, à Yamoussoukro.
de moins en moins besoin d’aide, de subsides, justement. Cela signifie des investissements, de la formation, des transferts de technologie, etc. Vous a-t-il donné l’impression de réellement s’intéresser aux affaires africaines ?
Vous savez, les socialistes entretiennent des relations de proximité avec les partis de gauche africains. Cela crée des liens. François Hollande a en tout cas fait preuve d’une grande disponibilité, à un moment où il a par ailleurs peut-être d’autres chats à fouetter. Lors de votre séjour parisien, vous avez également rencontré Nicolas Sarkozy…
[Il interrompt.] Non, nous nous sommes parlé par téléphone. Et de quoi avez-vous discuté ?
De choses et d’autres, de sa nouvelle vie, de se revoir. Mais pas du continent, si c’est votre question. Comment l’avez-vous trouvé ?
Comme toujours, spontané. Libéré et enthousiaste également, heureux de pouvoir voyager, d’avoir du temps pour lui et pour sa famille. Dans une interview à Jeune Afrique, son ancien ministre des Affaires étrangères Alain Juppé disait vous avoir déconseillé, lors d’une conversation téléphonique en 2011, de jouer les prolongations après le terme de votre mandat, en 2015. Vous lui auriez répondu que cela n’entrait pas dans vos intentions. Est-ce exact ?
[Surpris.] Très franchement, je n’ai aucun souvenir de cette conversation, ni même d’en avoir jamais eu une avec lui par téléphone. N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Grand angle
Burkina La rumeur prête l’intention à votre frère François de vous succéder. Dans une interview que vous nous aviez accordée, il y a cinq ans, vous aviez déclaré que vous seriez contre. Est-ce toujours valable ?
François Hollande vous a-t-il posé, lui, la question ?
Non. Nous n’avons pas parlé de politique intérieure, ni burkinabè ni française, d’ailleurs.
Je ne vais pas sempiternellement accorder de l’importance aux rumeurs. Il n’en a aucune intention, n’en a parlé ni à moi ni à personne. Sa position et son patronyme font que certains tirent des plans sur la comète. Libre à eux. Mais je n’ai pas le temps de brasser du vent.
Vous allez célébrer, le 15 octobre, vos vingt-cinq ans de pouvoir. Quel bilan faites-vous ?
L’essentiel, à mes yeux, est que mon pays se modernise et qu’il a accompli d’importants progrès, sur les plans tant démocratique qu’économique et social. Le Burkina est devenu un pays stable, uni et ouvert. Qui compte plus en Afrique et au-delà que ce que son poids économique pouvait laisser supposer. Un pays aussi, et c’est important, dont les perspectives sont bonnes.
Le Burkina a vécu une crise sans précédent en 2011 avec la mutinerie d’une partie de l’armée et les violences qui ont suivi. Comment l’avezvous vécue ?
Ce fut une crise très difficile, qui s’est installée dans la durée. Je me suis posé beaucoup de questions. J’ai cependant constaté que certains radicaux ont essayé de récupérer politiquement cette épreuve, mais que cela n’avait rien donné. Tout le monde s’est mobilisé pour sortir de cette situation, et c’est aujourd’hui derrière nous.
Quel est votre principal regret ?
Je n’ai pas de regret. J’ai commis des erreurs, sans aucun doute. Mais moi, j’ai besoin d’avancer, de me projeter, de faire preuve d’audace, pas de ressasser le passé. Et souvent une erreur vous fait mille fois plus progresser qu’un succès… De nos jours, vingt-cinq ans de pouvoir, ce n’est plus vraiment très « politiquement correct ». Envisagez-vous de poursuivre votre chemin à la tête du Burkina à la fin de votre mandat, en 2015?
La distorsion entre l’avis des élites ou des journalistes et ce que pense la population est flagrante. Ce qui préoccupe les Burkinabè, c’est le développement de leur pays, le progrès, sentir que leurs attentes sont prises en compte. Je n’ai même pas fait la moitié de mon mandat qu’on me demande si je vais partir ! Mon seul souci, pour être franc, n’est pas de me dire qu’il faut que je satisfasse à certains critères. J’ajouterais que notre Constitution est très claire: le terme de mon mandat est en 2015. Pour changer cela, il ne suffit pas que je le décide dans mon coin. Sauf à considérer que la voix des Burkinabè ne compte pas. Tout le reste, c’est de la littérature. Si je dis aujourd’hui que je m’en vais, ce sera un problème, y compris pour moi parce que je pourrais alors être tenté de lever le pied, comme on dit. Si je dis le contraire également, parce qu’on m’accusera de m’accrocher au pouvoir. Le pouvoir use, dit-on. Ressentez-vous une certaine lassitude ?
Mon travail est exaltant. Consultez mon agenda des dix dernières années, par exemple, dans mon pays ou en dehors, au chevet des crises qui ont marqué le continent, et vous verrez que je n’ai même pas le temps de me poser cette question. Le pouvoir isole et coupe des réalités également…
Je ne m’intéresse qu’à ce qui est pratique et concret. J’élabore des programmes et me fixe des objectifs très précis, je suis leur exécution. Écoles, accès à l’eau potable, santé, électricité…
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NYABA OUÉDRAOGO POUR J.A.
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! LORS DE L’ENTRETIEN, dans un salon du palais de Kosyam, le 29 septembre.
Cela pourrait-il se reproduire ?
Personne ne peut prévoir ce type d’événements. Il suffit parfois d’une étincelle, d’une information fausse pour que les choses s’emballent. L’essentiel, c’est de disposer d’institutions capables de prévenir ou de gérer ce type de crises. C’est le cas au Burkina. Vous avez nommé un nouveau Premier ministre, l’ex-ambassadeur à Paris Luc-Adolphe Tiao. En êtes-vous satisfait ?
Oui. C’est un bon chef d’équipe, soucieux d’obtenir des résultats, qui sait communiquer et qui est suffisamment humble pour se remettre en question, essayer de comprendre plutôt que d’asséner des certitudes.
Des élections couplées, législatives et municipales, sont prévues début décembre prochain. Une partie de l’opposition réclame leur report, notamment pour améliorer le fichier électoral. Qu’en pensez-vous ? JEUNE AFRIQUE
MOHAMED CHALLOUF
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Il y a plus d’une centaine de partis politiques chez nous. S’il fallait écouter les doléances de ceux qui réclament un report uniquement pour gagner du temps et s’organiser, on ne ferait jamais d’élections. Même si elles avaient lieu en 2015, seraient-ils d’ailleurs prêts ? Qui plus est, ils ne sont pas majoritaires. L’opposition burkinabè a souvent été faible ou divisée. Pensez-vous qu’il en va de même aujourd’hui, après les événements de 2011, le Printemps arabe ou l’arrivée d’anciens collaborateurs à vous dans ses rangs ?
Ce sont les élections qui nous le diront.
Parmi vos anciens proches qui ont basculé dans l’opposition, l’ex-ministre des Finances Zéphirin Diabré ou celui des Affaires étrangères Ablassé Ouédraogo. Les craignez-vous ?
Ils participent à une élection pour la première fois de leur vie [Zéphirin Diabré a déjà été élu député, mais sous la bannière du parti au pouvoir, NDLR]. Je ne sais donc pas combien ils pèsent… Votre parti, le Congrès pour la démocratie et le progrès, comme d’autres formations au pouvoir au sud du Sahara actuellement, semble vouloir effectuer une grande mue, peut-être sous l’effet des changements qui s’opèrent en Afrique du Nord. En quoi consiste-t-elle réellement ?
L’essentiel, c’est le renouvellement des cadres et l’élargissement de la base. Nous souhaitons que les jeunes mais aussi les femmes prennent toute leur place et que notre réflexion ne s’arrête plus aux seuls militants mais s’étende aux sympathisants. Nous devons donc rassembler plus largement.
Le 15 octobre est également le 25e anniversaire de la mort de Thomas Sankara. Le voile sera-t-il levé un jour sur les circonstances et les auteurs de sa disparition ?
Ce qui s’est passé chez nous, à l’époque, n’est pas
JEUNE AFRIQUE
! « LA RÉVOLUTION A MONTRÉ SES LIMITES. » Avec (au centre) Thomas Sankara (photo non datée).
différent de ce qui arrive ailleurs dans le monde. Les régimes fermés, totalitaires et liberticides, ne finissent jamais bien. La révolution était une expérience historique unique, mais qui a montré ses limites. Quand les libertés n’accompagnent pas ce type de mouvements, cela ne peut pas marcher. Pour Thomas, l’enquête n’a pas abouti, dans un contexte, à l’époque, d’état d’exception. Les affaires non élucidées ne sont pas l’apanage du Burkina. Aussi longtemps après sa mort, il demeure une sorte de mythe, y compris auprès d’une jeunesse qui ne l’a pas connu. Cela vous gêne-t-il ?
Pas du tout. Même si je pense qu’il vaut mieux vivre dans le Burkina d’aujourd’hui.
La Constitution est très claire. Pour la changer, il ne suffit pas que je le décide dans mon coin. Sa veuve, Mariam, n’a pas été tendre avec vous. Elle a même demandé à François Hollande de ne pas vous recevoir…
Je n’étais même pas au courant : j’ai découvert cela en arrivant à Paris. Chacun ses opinions.
Vous êtes un homme complexe et avez connu un parcours hors du commun : militaire, révolutionnaire puis politique, d’extrême gauche avant de vous convertir au libéralisme, déstabilisateur puis faiseur de paix… Qui est le véritable Blaise Compaoré ?
Celui que vous avez en face de vous. Je n’ai pas changé, j’ai fait des choix dans la vie, j’ai pu me tromper mais j’ai toujours suivi des idéaux. J’assume tout cela.
Comment imaginez-vous votre vie après le pouvoir ?
Devenir aussi libre que vous [rires] ! ●
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Afrique subsaharienne
CÔTE D’IVOIRE-GHANA
Guerre des Entre les deux pays, les relations sont depuis longtemps compliquées. On ne peut pas être si proches sans être aussi rivaux. Mais surtout, Abidjan ne pardonne pas à Accra d’héberger de virulents partisans de l’ancien président Gbagbo.
PASCAL AIRAULT,
avec
J
VINCENT DUHEM
ohn Dramani Mahama avait tenté de se montrer rassurant. En visite à Abidjan début septembre, le tout nouveau chef de l’État ghanéen avait promis qu’il ne laisserait pas des partisans de Laurent Gbagbo monter un mauvais coup depuis le territoire ghanéen. Alassane Ouattara, avait-il poursuivi, ne devait pas s’inquiéter : son pays ne servirait pas de base arrière à des activités « subversives ». N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Le 21 septembre pourtant, ce sont bien des assaillants venus du Ghana qui ont attaqué le postefrontière de Noé, dans le sud-est de la Côte d’Ivoire – Alassane Ouattara en est convaincu. Le soir même, le chef de l’État ivoirien décidait de fermer la frontière : des opérations de déstabilisation seraient planifiées depuis le Ghana, qui héberge des anciens militaires ivoiriens, des cadres du parti de Laurent Gbagboetplusieursdesesfidèles.Lescommandants Kacou Brou et Abéhi ainsi que le colonel Gouanou n’y ont-ils pas trouvé refuge ? Début août, les renseignements ivoiriens avaient déjà soupçonné les deux premiers de préparer un coup d’État (voir J.A. JEUNE AFRIQUE
nerfs no 2694). Pour ne rien arranger, Abidjan a engagé un bras de fer avec Accra pour obtenir l’extradition de plusieurs fidèles de l’ex-président ivoirien dont celledesonancienporte-paroleJustinKonéKatinan, inculpé de « crimes économiques » et de « crimes de sang » dans son pays. Pour Mahama, cette crise survient au plus mauvais moment. Porté à la présidence le 24 juillet dernier après le décès brutal de John Atta Mills, il est le candidat du Congrès national démocratique (NDC) à la présidentielle du 7 décembre. Pour l’instant, son principal adversaire, Nana AkufoAddo, candidat du Nouveau Parti patriotique (NPP), n’a pas exploité ce soudain refroidissement avec Abidjan. Mais Mahama doit éviter tout faux pas. Si la défaillance de ses services de sécurité était avérée ou si lui, le chef de l’État, décidait d’interférer dans des questions qui sont du ressort de la JEUNE AFRIQUE
SIA KAMBOU/AFP
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! CAMIONS BLOQUÉS AU VILLAGE D’ELUBO, du côté ghanéen de la frontière dont le chef de l’État ivoirien a ordonné la fermeture, le 21 septembre.
justice, les critiques pourraient fuser. Au Ghana, la séparation des pouvoirs entre exécutif et judiciaire est très nette. Les pro-Gbagbo ont introduit des demandes d’asile politique et bénéficient de titres de séjour provisoires, ce qui complique une éventuelle extradition. En définitive, Accra s’offusque autant de l’insistance des Ivoiriens qu’Abidjan peine à comprendre les réticences des Ghanéens. SÉCUROCRATES. Certes, le 26 septembre, à la
tribune des Nations unies, Mahama a de nouveau affirmé qu’il n’accueillerait « aucun individu ou groupe ayant l’intention d’utiliser le Ghana comme une base d’opérations destinées à saper la sûreté et la sécurité d’une autre nation ». Ouattara et lui se parlent d’ailleurs régulièrement au téléphone. « Leurs relations sont plutôt bonnes, reconnaît un proche du président ivoirien. C’est en dessous que N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Afrique subsaharienne cela ne fonctionne pas : les services de sécurité ghanéens n’ont pas encore coupé les ponts avec les anciens sécurocrates de Gbagbo et ne coopèrent pas franchement. » À Abidjan, on s’inquiète notamment de l’influence qu’a conservée Jerry Rawlings sur l’appareil sécuritaire ghanéen et du soutien que l’ex-président pourrait apporter aux exilés comme Charles Blé Goudé, l’ancien leader des Jeunes patriotes ivoiriens. Présent au mariage de Entre Houphouët-Boigny l’une des filles du couple et Nkrumah, les relations Gbagbo,Rawlingsn’ajamais étaient exécrables. caché sa sympathie pour le président déchu. Il s’est indigné quand il a été capturé, en avril 2011, et a dénoncé son transfert à La Haye. Dans l’entourage de Ouattara, on évoque aussi les réseaux religieux pentecôtistes, très puissants dans le sud du Ghana et qui sont autant de relais d’opinion pour les exilés ivoiriens. Le Ghana aurait-il délibérément manqué à sa parole pour des raisons quasi « sentimentales » ? C’est aller un peu vite en besogne. « Qu’il y ait des affinités, c’est une chose. De là à dire qu’elles peuvent influer sur la position ghanéenne, je ne crois pas », estime Franklin Cudjoe, directeur du think-tank Imani, à Accra. Mais Mahama peut-il contrarier l’influent Jerry Rawlings alors que celui-ci ! ALASSANE OUATTARA (à g.) et JOHN DRAMANI n’a pas encore dit s’il allait MAHAMA s’entendent soutenir le candidat du plutôt bien. C’est NDC à la présidentielle? entre leurs services Peut-il lui préférer son de sécurité que le épouse, Nana Konadu courant passe mal. Rawlings, qui pourrait également se lancer dans la course ?
Quoi qu’il en soit, les ressorts psychologiques de la crise ivoiro-ghanéenne sont anciens. Entre Félix Houphouët-Boigny et Kwame Nkrumah, les relations étaient exécrables. Le chef de l’État ghanéen effectua sa première visite en Côte d’Ivoire en avril 1957, alors qu’elle était encore dans le giron français. Auréolé du prestige de celui qui a conduit son pays à l’indépendance (proclamée le 6 mars 1957), Kwame Nkrumah afficha ses divergences de vues avec Houphouët-Boigny, partisan du maintien d’un lien fort avec l’ancienne puissance coloniale. Le contentieux s’aggrava à partir de 1959, quand le président ivoirien accusa son voisin d’héberger les indépendantistes du Sanwi. ZIZANIE. La discorde perdura jusqu’au renver-
sement de Nkrumah, en 1966. Ensuite, Abidjan s’est inquiété de la multiplication des coups d’État (1966, 1972, 1979 et 1981) et de la montée en puissance du lieutenant Rawlings, alors considéré comme un dangereux révolutionnaire communiste. À l’époque, c’est le président ghanéen qui accuse la Côte d’Ivoire d’héberger les opposants à son régime. Des années plus tard, c’est le sport qui va de nouveau semer la zizanie. Le 1er novembre 1993, l’Asec Abidjan affronte l’Ashanti Kotoko en demi-finale de la Coupe d’Afrique des clubs champions. À
ISSOUF SANOGO/AFP
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JEUNE AFRIQUE
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Ils sont voisins… et concurrents ! BURKINA MALI
BÉNIN
CÔTE D’IVOIRE
GUINÉE
GHANA
1,47
Yamoussoukro
33 000 LIBERIA
CACAO en millions de tonnes (campagne 2011-2012)
PÉTROLE Abidjan
en barils/jour
TOGO
0,85 80 000
Accra
Golfe de Guinée CÔTE D’IVOIRE GHANA
Golfe de Guinée
! Gisement pétrolifère
300 km
Dans les années 1970, c’est le Ghana qui était le premier producteur mondial de cacao. Aujourd’hui, c’est la Côte d’Ivoire.
ET POUR QUELQUES (MILLIONS) DE BARILS EN PLUS
E
ntre Accra et Abidjan, le pétrole aussi pose problème. Depuis longtemps, les deux pays sont en désaccord sur le tracé de leur frontière maritime. Ils avaient donc décidé de ne pas exploiter les nappes qui pourraient se trouver dans la zone litigieuse (voir infographie). Le Ghana, pourtant, a fini par passer outre et a accordé des permis d’exploration dans la zone. Tout se complique quand, en 2010, l’irlandaisTullow Oil annonce la découverte d’un gisement offshore sur le champ de Tweneboa. Les sommes en jeu sont considérables, les experts estimant qu’il y aurait là plus de 1 milliard de barils. Accra et Abidjan décident alors de la mise en place d’une commission bilatérale pour régler le différend, JEUNE AFRIQUE
mais les premières réunions d’experts achoppent sur les critères techniques retenus pour la délimitation de la frontière. En octobre 2011, les présidents Ouattara et Atta Mills avaient réitéré leur souhait de régler le problème à l’amiable. « Mais avec le décès du président ghanéen en juillet dernier et la perspective d’une nouvelle élection, les discussions sont au point mort, explique l’un des négociateurs. Une fois le scrutin passé et la passion sécuritaire retombée, ils devraient reprendre les pourparlers. Si la volonté politique est là, on pourrait s’accorder sur la mise en œuvre d’une zone d’exploitation commune dont il restera à définir le contour et à répartir P.A. les retombées. » ●
Kumasi, au Ghana, où se joue le match, les supporteurs ivoiriens sont pris à partie. Du coup, à Abidjan, les Ghanéens sont victimes d’une véritable chasse à l’homme et plusieurs milliers d’entre eux sont évacués. Après septembre 2002, le président John Kufuor et son ministre des Affaires étrangères, Akufo-Addo (qui parle parfaitement le français), s’impliquent personnellement dans la résolution de la crise ivoirienne en organisant les pourparlers entre la rébellion et les leaders politiques à Accra. En 2011, sollicité par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) lors de la crise postélectorale, John Atta Mills privilégie la solution diplomatique et s’oppose à l’envoi de troupes régionales en Côte d’Ivoire. On murmure alors qu’il doit beaucoup à Gbagbo, qui l’aurait aidé financièrement à mener campagne pour l’élection présidentielle. FRAUDULEUX. Après le 11 avril 2011 et l’arresta-
tion de Gbagbo, Atta Mills va toutefois aider Paul Yao N’Dré, le président du Conseil constitutionnel ivoirien, à rentrer à Abidjan pour légitimer le nouveau chef de l’État. Ouattara apprécie le geste et se rend au Ghana dès le mois d’octobre pour resserrer les liens. Sont à cette occasion évoqués le projet d’autoroute entre Abidjan et Accra, les passages frauduleux de cacao entre les deux pays, la coopération dans le domaine agricole et la sécurisation de la frontière terrestre. Ouattara souhaite faire de son voisin un allié, d’autant que la Côte d’Ivoire et le Ghana sont tous deux riches en hydrocarbures et en cacao. Fini les années postindépendance où l’on se voyait en concurrents ; fini l’époque où le Ghana était le premier producteur mondial de fèves et où Nkrumah rêvait de surpasser économiquement la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, le Ghana a rattrapé son retard pendant que la Côte d’Ivoire se perdait dans une interminable crise politique. Les investisseurs y affluent, les activités se développent et le pays s’équipe en infrastructures. Depuis 2010, l’exploitation du pétrole lui offre de nouvelles perspectives, même si, là encore, les deux pays ont trouvé de quoi aiguiser leur rivalité (lire encadré). Dans le cacao, l’heure est à la coopération. Des experts réfléchissent à la manière d’harmoniser les politiques en vigueur. À eux deux, le Ghana et la Côte d’Ivoire représentent plus de 60 % des exportations mondiales. Une Bourse des produits agricoles est même à l’étude, et le Nigeria y serait associé. « On attend les résultats de la présidentielle pour dynamiser la coopération, conclut un ministre ivoirien. Mais rien ne pourra se faire si le pouvoir ghanéen ne nous aide pas à régler nos problèmes de sécurité. » ● N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Afrique subsaharienne Il nous a rendu visite au 57 bis | PIERRE NGOLO secrétaire général du Parti congolais du travail
Le parti, tout le parti, rien que le parti C’est à Denis Sassou Nguesso qu’il doit sa nomination, en juillet 2011. Depuis, il travaille à la modernisation de la formation présidentielle.
À
58 ans, Pierre Ngolo, qui a rendu visite à Jeune Afrique le 26 septembre, a encore les allures d’un jeune homme combatif. Quand il parle, on sent ce qu’il a gardé de ses longues années de militantisme au sein du Parti congolais du travail (PCT) du temps du marxismeléninisme et du socialisme scientifique: le sens de la dialectique. Il a aussi conservé ce qu’il doit à sa formation (il a étudié la philosophie à l’université Marien-Ngouabi, à Brazzaville, puis à celle de Reims, en France, avant d’enseig n e r c e tt e m a t i è r e d a n s l e secondaire).
Quand il évoque son parcours, Pierre Ngolo se souvient de son adolescence. En 1975, il fait partie de la première promotion sortie du lycée SalvadorAllende de Makoua (Cuvette). « À l’époque, j’étais déjà premier secrétaire de l’Union de la jeunesse socialiste congolaise [UJSC, l’organisation des jeunes du PCT, NDLR] au niveau du lycée », se souvient-il. En 2002, il est élu député dans la circonscription d’Ongogni (Plateaux) et devient premier secrétaire à l’Assemblée nationale, fonction qu’il occupera durant dix ans. En 2004, Pierre Ngolo dirige le groupe congolais à l’Union parlementaire africaine. Député de Ouenzé, un arrondissement de Brazzaville, depuis 2007, il a été porté en 2010 à la tête de la Commission interparlementaire de la Communauté économique et monétaire
VINCENT FOURNIER/J.A.
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! AU SIÈGE DE J.A., le 26 septembre.
Lorsqu’on lui demande pourquoi il est entré en politique, l’ancien professeur de philosophie répond sans hésiter: « C’est par conviction, parce que j’avais quelque chose à apporter. » Pour Ngolo, le PCT a complètement changé depuis le congrès de 2011. « Avant, le parti ne fonctionnait pas, les règles n’étaient pas observées. Il fallait sortir de cette léthargie », dit-il. Résultat : le parti, à l’en croire, a enregistré 127000 nouveaux adhérents. Pourtant, la participation aux élections législatives des 15 juillet et 5 août derniers a été faible, même si le PCT a obtenu la majorité absolue à l’Assemblée nationale. Désaffection des citoyens? Ngolo a une explication: « Nous sommes en train d’examiner les vraies raisons de cet absentéisme. On a encore un problème de listes électorales. » En même temps, les partis politiques qui s’étaient fondus dans le PCT l’année dernière reprochent au
Nous cherchons à comprendre la faible participation aux législatives. de l’Afrique centrale (Cemac). En juillet 2011, à la surprise générale, il devient secrétaire général du PCT lors du sixième congrès extraordinaire de l’exparti unique. Un choix personnel du président Denis Sassou Nguesso, pensent alors les observateurs. N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Comité national d’investiture d’avoir favorisé les anciens membres à l’heure du choix. « C’est un faux procès! Ceux qui ont été investis le méritaient bien. Il n’y a pas eu de discrimination », rétorque Pierre Ngolo. Les résultats des élections ont été dénoncés par l’opposition, qui accuse le parti au pouvoir de fraude. Le numéro un du PCT ne cache pas son indignation. Il rappelle que des candidats du PCT, y compris des ministres, ont été battus. Et explique le succès de son parti par « le travail de terrain entrepris depuis un an ». Et d’insister: « Le PCT s’attelle à la construction d’une démocratie pluraliste. C’est lui qui a conduit le pays vers la démocratie. En 1992, le président Sassou Nguesso a été battu à la présidentielle. Il était général d’armée et avait les moyens pour s’accrocher au pouvoir, il ne l’a pas fait. Ce n’est pas lui qui a déclenché la guerre de 1997. » ● TSHITENGE LUBABU M.K. JEUNE AFRIQUE
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ALFREDO D’AMATO/PANOS-REA
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TENDANCE
Des fesses survitaminées!
saignements de nez, acné… ». Comme beaucoup de ses confrères, il regrette le silence des pouvoirs publics et l’absence de campagne d’information. Les vendeurs, eux, s’improvisent pharmaciens. « Je te conseille de choisir entre crème et suppositoires. Tu ne peux pas utiliser les deux en même temps », explique Aria par téléphone. Le traitement complet est livré à domicile (même à l’étranger) pour la « modique » somme de 100 euros, dont la moitié doit être réglée à la commande. En véritable experte, elle affirme qu’« après l’application de la crème il faut frotter avec l’huile ». Les fesses deviendraient ensuite « bombées et bien molles ». Elle-même dit avoir utilisé ses produits et gagné trois tailles de pantalon. Mais pour la composition des crèmes, il faudra repasser : pas de notice ni de posologie, mais une simple étiquette qui signale la présence de beurre de karité, de salive d’escargot, de racines de fromager et de plantes du Brésil. BOUILLON CUBE. Et puis il y a le fameux
bouillon cube Maggi, ingrédient quasi incontournable de la gastronomie africaine, sur lequel nombre de femmes croient pouvoir compter pour grossir : introduit par voie anale, il permettrait consacrées à ces « recettes miracle » ne se une accumulation de graisse au niveau comptent plus. On y discute des mérites des fesses… Une aberration pour Léonce des vitamines, des antidépresseurs, des Zoungrana, qui dénonce l’« absence de corticoïdes, du sirop contre l’asthme et preuve scientifique » et s’inquiète des même des hormones de croissance pour conséquences sur la santé des utilisaanimaux… Des produits que l’on se protrices. « Du fait de sa forte teneur en cure facilement en pharmacie ou sur les sel, le bouillon cube peut être corrosif marchés, et en grande quantité. pour les muqueuses et entraîner des En RD Congo, certaines vont jusqu’à infections. Les complications peuvent s’injecter des doses de Deca-Durabolin, mettre en jeu la vie de ces femmes ! » produit très apprécié des culturistes. Le Chez Nestlé, le numéro un mondial de l’alimentaire, qui fabrique le cube Maggi, on s’étonne des Suppos, corticoïdes, hormones de pouvoirs attribués au produit croissance… Les recettes miracle et on affirme que tout cela sont nombreuses et dangereuses. est « trompeur » et « dénué de tout fondement ». Dr Léonce Zoungrana, gastroentérologue Angela, 33 ans, aujourd’hui installée et nutritionniste à la clinique de l’Amià Paris, reconnaît avoir utilisé des pomtié à Ouagadougou, explique que c’est mades et des cachets pendant près de « un stéroïde anabolisant qui favorise le six mois quand elle vivait à Abidjan. Elle voulait « de grosses fesses », parce que làgain de poids. Bien sûr, cela va favoriser le développement des muscles fessiers, bas « c’est un signe de beauté ». En tout, combiné à une rétention d’eau dans les elle en a eu pour 60 000 F CFA (environ tissus. Mais les effets secondaires sont 90 euros). Et est-ce que ça a marché ? nombreux : hypertension, maux de tête, « Non, pas vraiment. » ● HABY NIAKATE
Au sud du Sahara, la mode est aux formes rondes et haut perchées, mais les produits vendus peuvent être néfastes pour la santé.
«
B
ienvenue dans l’Institut Botcho ! Vous voulez notre crème pour faire grossir les fesses? » C’est par cette formule qu’Aria accueille ses clientes sur sa page Facebook. Elle dit habiter Abidjan et déroule une présentation bien rodée de ses produits miracle : suppositoires d’huile de foie de morue, crème Bobaraba ou crème verte… Tous feraient grossir le postérieur de ces dames en quelques semaines et tous leur promettent un formidable « botcho » – comprendre : un fessier volumineux et haut perché, en argot abidjanais. Canondebeautéafricain,synonymesde richesse ou de bonne santé… Les formes rebondies sont depuis longtemps très prisées au sud du Sahara. Mais c’est au début des années 2000 que les femmes ont commencé à ingurgiter toutes sortes de substances pour faire gonfler rapidement leurs fesses, leurs seins ou leurs hanches, et le phénomène a désormais gagné internet. Sur les blogs, les forums de discussion et les réseaux sociaux, les pages N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
JEUNE AFRIQUE
La provinc province du
Katanga La Province dont le Gouverneur, Moïse Katumbi, initie, gère et assure le suivi des programmes
MESSAGE
depuis 5 ans.
A
ujourd’hui le Katanga est considéré comme un centre névralgique d’impulsions innovatrices. C’est la province de tous les superlatifs : d’explosion démographique, d’harmonie sociale, mais aussi et surtout d’initiatives infinies.
Les retombées de l’interdiction d’exportation des minerais bruts au Katanga aprés cinq ans
L
MESSAGE
e premier acte de bravoure que le Gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, a posé aussitôt après son investiture en 2007, a été d’interdire aux entreprises minières d’exporter les minerais bruts. Moïse Katumbi, avec l’appui du Chef de l’État Joseph Kabila, avait ordonné aux industriels miniers de construire au Katanga les usines de raffinage de leurs métaux. Au début, les miniers avaient considérés cette mesure comme un véritable beefsteak que Moise Katumbi venait de leur enlever de la bouche.Quelles menaces,quelles pressions n’at-il pas subi de l’intérieur comme de l’extérieur du pays.Tous les détracteurs préféraient leurs intérêts personnels rejetant l’intérêt collectif. Alors que ces pressions s’accentuaient,Moïse Katumbi impassible, a augmenté la pression sur les miniers. Un matin, il est descendu sur le premier poste de Péage à 7 heures du
matin pour contrôler.Au bout de trois heures, il a intercepté une centaine de trucks chargés de minerais bruts.Il a ordonné d’ouvrir les big bags et a fait peser les charges transportées. Quel contraste entre le tonnage déclaré sur papier et celui transporté. Sur papier 37 tonnes déclarées,sur la balance 77 tonnes. De nombreux chauffeurs ne connaissaient même pas les propriétaires de ces cargaisons et d’autres n’avaient aucun papier d’exportation. La plupart des produits provenaient des installations de la Gécamines.Moïse Katumbi avait, ce jour là, semé le trouble dans la ville. Quel gâchis pour l’État qui perdait chaque année des centaines de millions de dollars par fraude minière. Le Gouverneur a maintenu sa décision en renforçant davantage les mesures de contrôles aux postes frontaliers. Au bout de deux ans, les industriels se sont enfin conformés aux règles. Les unités de transformation ont commencé à être érigées de toutes parts.
La provinc province du
Katanga Chaque entreprise doit cultiver 500 hectares pour nourrir ses travailleurs.
Les conséquences 1. Se réapproprier la taxe sur la valeur
ajoutée des produits marchands destinés à l’exportation.
2.Augmentation pour ces mêmes industriels
de leurs chiffres d’affaires et de bénéfices importants,avec comme corollaire passer de 100 USD des Smig imposé par le Gouverneur à plus de 200 USD aujourd’hui.Le Gouverneur a profité de cette occasion pour imposer le port d’une tenue règlementaire et le transport décent pour les travailleurs.
3. Après concertation, les miniers sont revenus auprès du Gouverneur de Province, le remercier pour cette décision salutaire qui a permis de créer des emplois et augmenter leurs gains.
4 . Le Gouverneur a éradiqué la fraude douanière en mettant en place des services destinés à apprécier la juste valeur marchande des produits exportés.
5. Moïse Katumbi qui ne reste jamais inactif a saisi cette opportunité pour s’interposer de nouveau. Chaque entreprise doit cultiver 500 hectares pour nourrir ses travailleurs et lui épargner les devises en important la farine de maïs, aliment de base de la population. Le Gouverneur de Province venait une fois de plus de leur trouver un filon d’investissement rentable. Les miniers et le Gouvernement Provincial venaient de signer un autre pacte. Une véritable manne pour les industriels miniers.
La provinc province du
Katanga La guerre des 40 %
MESSAGE
T AVAN
APRÈS
T AVAN
APRÈS
dû essentiellement à sa capacité d’initier les programmes, de les gérer et d’en assurer le suivi pour les parfaire.Cette capacité est doublée par la parfaite connaissance du terrain et par le désir croissant de la population de voir la Province sortir de la misère dans laquelle, les anciens dirigeants du pays l’ont plongé.
Réorganiser les finances de la Province, maîtriser le circuit de perception et des dépenses publiques.
Aujourd’hui le Katanga est considéré comme un centre névralgique d’impulsions innovatrices.C’est la Province de tous les superlatifs: d’explosion démographique,d’harmonie sociale, mais aussi et surtout d’initiatives infinies. Le travail de la reconstruction de la Province a été facilité par la collaboration qui s’est tissée entre le parlement provincial et le gouvernement. Surtout entre les animateurs de ces deux institutions. Kyungu wa ku Mwanza et Moïse Katumbi. Les deux hommes forment un tandem soudé.
DIFCOM/D.F. - PHOTOS : DR.
L’
autre combat mené du début du mandat de Moïse Katumbi,est la retenue à la source des 40 % des recettes provinciales reconnues par la constitution. 40 % programmées par la Province dans toutes ses prévisions budgétaires. À force d’attendre ce qui ne venait pas, le Gouverneur de Province a créé ses propres ressources en instaurant des taxes locales autorisées, en signant accords des partenariats avec les industriels miniers ainsi que d’autres partenaires sociaux pour réaliser ses promesses à la population. Grâce à sa personnalité, à sa notoriété et son expérience dans le management, il a réussi à réaliser ses ambitions politiques : réorganiser les finances de la Province,maîtriser le circuit de perception et des dépenses publiques. Il a donné à l’État son vrai sens de garant du bien-être de la population.Le succès de Moïse Katumbi au cours de ces 5 ans d’exercice est
Coulisses
Désertion de haut vol Le 4 octobre, deux pilotes d’élite se sont fait la malle à bord du jet du président Afewerki.
L
e 2 octobre au matin, les radars saoudiens repèrent un appareil suspect en provenance de la Corne de l’Afrique et rasant la mer Rouge. Aussitôt, deux chasseurs F-15 décollent de la base aérienne de Khamis Mushait afin d’intercepter l’avion, qui vient de pénétrer l’espace aérien du royaume sans s’être annoncé. Sommations et vérifications faites, il s’avère que ce sont deux officiers de l’armée de l’air érythréenne qui étaient aux commandes et que c’est à bord du jet présidentiel qu’ils ont déserté.
ASILE POLITIQUE. Escortés jusqu’à l’aéroport de la ville côtière de Jazan, les capitaines Yonas Woldeab et Mekonnen Debesai ont aussitôt demandé l’asile politique. Ils ont été pris en charge par les autorités saoudiennes en attendant une décision sur leur sort. À Asmara, on n’avait pas vu venir cette désertion. Les deux militaires étaient des pilotes d’élite, parmi les rares en Érythrée à avoir reçu une formation de qualité, et ils bénéficiaient de la confiance du régime d’Issayas Afewerki. Ils étaient de toutes les missions, des plus officielles (quand il fallait convoyer le président et les hauts dignitaires dans leurs déplacements, y compris à l’étranger) au plus officieuses (celles qui réclamaient une certaine discrétion). Du coup, bien des secrets pourraient s’être envolés avec eux et, dans l’entourage d’Afewerki, que la communauté internationale soupçonne de parrainer le terrorisme dans la sous-région, on craint qu’ils ne tombent dans des oreilles indiscrètes. Cette défection vient s’ajouter à d’autres abandons de poste. En 2006, deux pilotes avaient déjà fui en Arabie saoudite avec leur hélicoptère. En 2010, une quinzaine d’officiers et de sous-officiers s’étaient réfugiés chez le grand voisin éthiopien. À ce rythme, il pourrait bien ne plus y avoir de pilote dans l’avion, ni même d’avion tout court. ● ABDEL PITROIPA JEUNE AFRIQUE
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BÉNIN HOUNGBÉDJI SUIT LE MOUVEMENT… En mars 2011, il jugeait les résultats de la présidentielle « nuls et non avenus » et se considérait comme « le président élu des Béninois ». En octobre 2012, Adrien Houngbédji est sur le point de rejoindre la mouvance présidentielle. Première étape : un député de la majorité va rejoindre le groupe parlementaire de sa formation, le Parti du renouveau démocratique (PRD). Deuxième étape : une entrée au gouvernement ? « C’est trop tôt pour en parler, mais Houngbédji et Boni Yayi ont eu de nombreux entretiens », explique un conseiller du chef de l’État. Parmi les alliés de Boni Yayi, des dents commencent à grincer, notamment au sein de la Renaissance du Bénin (RB) de Léhady Soglo, qui avait soutenu la candidature de Houngbédji en 2011. D’autant que le PRD ne cache pas ses ambitions pour les élections municipales de 2013 à Cotonou, le fief des Soglo. « Cette arrivée va fragiliser la coalition gouvernementale », regrette un habitué du Palais. ●
SÉNÉGAL C’EST LA PORTE Malick Noël Seck a été exclu, le 3 octobre, du Parti socialiste (PS). Il avait gagné en notoriété en octobre 2011 quand il avait été arrêté pour avoir envoyé une lettre de menaces au président du Conseil constitutionnel – il contestait à l’époque la validité de la candidature d’Abdoulaye Wade à la présidentielle. Depuis, il s’est montré très critique à l’égard d’OusmaneTanor Dieng, le patron du PS. NIGERIA UN HIPPO DANS MA MAISON ! Dans le centre du Nigeria, les inondations sont particulièrement fortes cette année : elles ont fait plusieurs centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés, les cultures ont été détruites…
DR
ÉRYTHRÉE
Afrique subsaharienne
Conséquence plus insolite : portés par les eaux, des hippopotames, des crocodiles et des serpents se sont installés dans les maisons… Les autorités conseillent aux habitants d’attendre un peu avant de rentrer chez eux. DESMOND TUTU FORT EN GUEULE Comme quoi, le franc-parler, ça peut payer : le 4 octobre, la Fondation Mo Ibrahim a décerné un prix spécial à l’archevêque sud-africain DesmondTutu pour récompenser « son engagement de toute une vie à dire la vérité aux pouvoirs en place ». Il se verra décerner un prix de 1 million de dollars. Prix Nobel de la paix en 1984 pour son rôle dans la lutte contre l’apartheid, DesmondTutu n’a pas hésité à critiquer les dérives de la jeune démocratie sud-africaine. N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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Afrique subsaharienne
PORTRAIT
Le fabuleux destin de
Nkosazana Dlamini-Zuma
C’est dans la lutte contre l’apartheid qu’elle s’est forgé un nom, mais c’est en Éthiopie qu’elle devra porter haut les couleurs du continent. Réputée dure mais intègre, l’ancienne ministre sud-africaine prendra les rênes de la Commission de l’Union africaine le 15 octobre.
PIERRE BOISSELET
E
lle ne parvient pas à retenir ses larmes. Ce 19 septembre, la voix nouée par l’émotion, Nkosazana Dlamini-Zuma prend la parole devant le Parlement sud-africain, qui vient de lui rendre hommage. « J’irai à Addis-Abeba non pas en sauveuse, mais comme un humble serviteur du continent », bredouillet-elle. Élue mi-juillet à la tête de la Commission de l’Union africaine (UA), elle entrera officiellement en fonction le 15 octobre. À la tribune, elle avale quelques gorgées d’eau et se ressaisit: « Ne vous inquiétez pas. Je pleure quand je suis heureuse et je pleure quand je suis triste. Aujourd’hui, je suis les deux. » À 63 ans, elle est la nouvelle femme forte du continent. Le sourire est charmeur, les pagnes sont colorés, mais en Afrique du Sud on sait depuis longtemps que la ministre de l’Intérieur est surtout une femme politique redoutable. Elle y est réputée dure mais intègre, austère mais brillante, opiniâtre, têtue,même,selonsesdétracteurs… Et le portrait que l’on fait souvent d’elle cadre mal avec cette soudaine manifestation d’émotion. Poids lourd du Congrès national africain (ANC, au pouvoir), Nkosazana Dlamini-Zuma a été N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
ministre sans interruption depuis les premières élections démocratiques, en 1994. Lorsque Nelson Mandela décide de lui confier le ministère de la Santé, elle est la première étonnée, mais se fait vite remarquer. En quelques mois, elle met en œuvre une réforme du système de santé instaurant la gratuité dessoinspourlesfemmesenceintes et les enfants de moins de 6 ans. Elle affronte quelques-uns des lobbys les plus puissants de la planète pour faire voter une loi antitabac puis pour que les malades du sida aient accèsauxmédicamentsgénériques.
TANT PIS SI ELLE FÂCHE... SUR LE SAHARA OCCIDENTAL En 2004, l’Afrique du Sud reconnaît la République arabe sahraouie démocratique. Dlamini-Zuma est à l’époque ministre des Affaires étrangères SUR LE SOUDAN Elle estime que le mandat d’arrêt de la CPI contre le président El-Béchir est « regrettable » et qu’il pourrait avoir des « conséquences négatives sur le processus de paix en cours au Soudan » (mars 2009) SUR LE ZIMBABWE « Je ne pense pas que des sanctions internationales soient utiles en ce moment, déclare-t-elle en octobre 2008. Ce qui est utile, c’est de les aider à former un gouvernement »
Elle est encore ministre de la Santé, en 1998, quand elle divorce de l’actuel président sud-africain, Jacob Zuma, après seize ans de mariage et quatre filles. Publiquement, elle se contentera de mentionner des « différences irréconciliables », mais en coulisses il se dit qu’elle ne supportait plus les autres épouses de son mari, alors numéro deux de l’ANC. POIGNE. Lorsqu’elle fait son
entrée sur la scène diplomatique africaine l’année suivante, elle est donc déjà réputée pour sa poigne. Thabo Mbeki, qui vient d’arriver au pouvoir, en fait sa ministre des Affaires étrangères, et l’opposition blanche raille cette nomination. « Un éléphant dans un magasin de porcelaine », lance Tony Leon, son leader de l’époque, avec une inélégance à laquelle elle a dû s’habituer. Nkosazana Dlamini-Zuma tient bon.S’opposeàMouammarKaddafi, le«Guide»libyenquirêvededevenir celui du continent. « Elle s’est fermement prononcée contre son projet d’États-Unis d’Afrique, se souvient l’Ivoirien Amara Essy, président de la Commission de l’Organisation de l’unité africaine [OUA] puis de l’Union africaine [UA] entre 2001 et2003.QuandKaddafinousinvitait àTripoli,ellevenaitàsesfraisetrefusait tout ce qui venait de lui. » ● ● ● JEUNE AFRIQUE
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! DANS LES TIKSA NEGERI/REUTERS
COULOIRS DU SIÈGE
DE L’UNION
AFRICAINE,
à Addis-Abeba, le 16 juillet. JEUNE AFRIQUE
N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Afrique subsaharienne Portrait ● ● ● Quelques années plus tard, Thabo Mbeki envisage de la nommer vice-présidente (DlaminiZuma déclinera la proposition). Sans doute a-t-il décelé chez elle une détermination profondément enracinée. L’un comme l’autre ont été marqués par la lutte contre l’apartheid et sont persuadés qu’un futur digne et prospère pour l’Afrique ne peut être qu’arraché aux puissances occidentales. Pendant les dix années que Dlamini-Zuma passe à la tête de la diplomatie sud-africaine, cette conviction est une constante. Au risque, parfois, de ménager des régimes qui ne le méritent guère. Face au Zimbabwe de Robert Mugabe, elle défend farouchement une « diplomatie silencieuse » aux antipodes des vertes réprimandes de la Grande-Bretagne. Une politique toujours défendue par son entourage de l’époque, malgré des résultats mitigés. « C’était la bonne attitude à adopter, clame Essop Pahad, ministre à la Présidence de Thabo Mbeki. Et nous devons faire en sorte que l’UA résiste à toutes les interventions des puissances occidentales à l’avenir. » Les critiques des médias internationaux piquent Dlamini-Zumaau vif. « Je n’ai jamais eu bonne presse. Tout ce que je touche est critiqué », lâchera-t-elle un jour à un journal sud-africain.
par des missionnaires dans la banlieue de Durban. Elle y sera marquée par une scène qui résume l’absurdité violente du régime : un enseignant blanc s’emporte un jour violemment contre un de ses collègues noirs, un professeur que Dlamini-Zuma admire profondément mais qui a osé boire dans une tasse réservée aux Blancs. Zouloue à l’orgueil contrarié, elle commence à militer dès l’âge de 16 ans, mais c’est à l’université
Zouloue à l’orgueil contrarié, issue d’un milieu modeste, elle a été de tous les gouvernements. du Natal, où elle étudie, qu’elle rencontre Steve Biko, héraut du Black Consciousness Movement (Mouvement de conscience noire). Biko prône une ligne plus radicale que celle de l’ANC. Ensemble, ils participent à la création de l’Organisation des étudiants sud-africains (Saso), dont elle devient la viceprésidente à 27 ans. Contrainte à l’exil peu de temps après, elle finit ses études de médecine en Grande-Bretagne, où elle exerce brièvement comme pédiatre. Au début des années 1980, elle poursuit sa carrière (et ses activités politiques) au Swaziland; c’est là qu’elle rencontre Jacob Zuma. Il est arrivé que ses ardentes convictions l’aveuglent. Quand elle était à la Santé, elle a défendu le Virodene, un médicament contre le sida fabriqué en Afrique du Sud qui s’est révélé inefficace. Une campagne contre le virus restera d’ailleurs l’un de ses pires souvenirs : en 1995, son ministère finance une comédie musicale pour sensibiliser
FILLE AÎNÉE. Mais la ministre
sait encaisser les coups. Élevée dans un milieu modeste dans le KwaZulu-Natal, elle est l’aînée de huit enfants, et l’on imagine sans peine les difficultés d’une enfance sous l’apartheid. Son père, instituteur catholique, l’envoie étudier à l’Adams College, une école fondée
SIMON MAINA/AFP
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les jeunes. Mais le budget du spectacle (près de 5 millions d’euros) choque, et la presse suspecte des irrégularités dans l’attribution de certains contrats. Après deux représentations, Dlamini-Zuma jette l’éponge. De ses détracteurs, elle dit que « ce sont des Blancs qui cherchent à tirer les Noirs vers le bas ». « Bien sûr, elle a été blessée par cette affaire, confirme Essop Pahad. Mais qui ne l’aurait pas été? Elle a été l’objet d’une campagne injuste. » Il lui faudra attendre son arrivée au ministère de l’Intérieur,
UNE FAMILLE TRÈS POLITIQUE UN COUPLE DIVORCÉ à deux postes clés du continent… L’élection de Nkosazana Dlamini-Zuma à la présidence de la Commission de l’Union africaine (UA) a abouti à une situation inédite qui durera au moins jusqu’à la fin du premier mandat de N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Jacob Zuma à la tête de l’Afrique du Sud, en 2014. Mais si Dlamini-Zuma a conservé le nom de son ex-mari et a toujours de bonnes relations avec lui, elle s’est montrée très indépendante par le passé. Elle est aussi liée avec le ministre zimbabwéen de
l’Industrie et du Commerce, Welshman Ncube, dont le fils a épousé en 2008 Gugulethu Zuma, une des filles de Nkosazana et de Jacob. Figure de la scène politique à Harare, Welshman Ncube est le chef d’une faction dissidente du Mouvement pour le
changement démocratique (MDC, opposition). Les adversaires de Ncube en ont évidemment profité pour dénoncer le favoritisme dont il bénéficierait de la part du médiateur de la crise politique… Un certain Jacob Zuma. ● P.B. JEUNE AFRIQUE
Le fabuleux destin de Nkosazana Dlamini-Zuma
après l’élection de Jacob Zuma, en 2009, pour que ses compétences soient unanimement reconnues. Sa rigueur fait merveille dans une administration longtemps synonyme de corruption et de lenteur, maisaujourd’huiconsidéréecomme l’une des mieux gérées du pays. APPÉTITS SUD-AFRICAINS. En2011
et 2012, la bataille qui l’opposa au Gabonais Jean Ping pour la tête de la Commission de l’UA fut rude, mais rares sont ceux qui doutent de sa compétence : sa formation académique, son habileté et son expérience diplomatique plaident pourelle.Panafricanisteconvaincue, elleconnaîtparfaitementlesrouages de l’institution pour avoir participé à la rédaction de ses statuts. Si, pendant les premiers mois de la campagne, elle a parfois paru manquer dedétermination,sagrandeforcede travail devrait compenser. « Il n’était pas rare qu’elle nous convoque à 2 heures du matin pour annoncer les résolutions de l’UA », se souvient JEUNE AFRIQUE
! DIVORCÉS DEPUIS 1998, LES EX-ÉPOUX ZUMA ont conservé de bonnes relations. Ici le 16 juillet, à Addis-Abeba, après l’annonce de la victoire de Nkosazana Dlamini-Zuma face à Jean Ping.
Liesl Louw-Vaudran, une journaliste sud-africaine qui l’a suivie au cours de plusieurs déplacements en Éthiopie. Ses réflexes et ses convictions en feront un défenseur constant des leaders africains critiqués par les Occidentaux. Après son élection à la Commissiondel’UA,ellead’ailleurs réaffirmé son soutien au président soudanais Omar el-Béchir, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI). Élue contre la volonté d’une partie des pays francophones et de quelques anglophones effrayés par les appétits sud-africains, elle devrait mettre l’accent sur les projets de fond, moins polémiques : elle fait du développement des infrastructures sa priorité et veut faire progresser le statut des femmes en Afrique. L’attitude qu’elle adoptera face aux crises du continent est plus incertaine. Elle est convaincue que le dialogue et la recherche d’un consensus sont essentiels pour résoudre les conflits – idée qu’elle
a mise en pratique pendant les négociations intercongolaises, qui, sous la médiation de l’Afrique du Sud, ont abouti aux accords de Sun City en 2002. Comment réagira-t-elle face à la crise au Mali ? Le scénario d’intervention qui se dessine place les troupes maliennes et celles de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en première ligne, mais le soutien logistique proposé par les Occidentaux (la France en tête) n’a pas pu lui échapper. S’immiscerat-elle dans les affaires de l’Afrique de l’Ouest, qui ne l’a guère soutenue face à Jean Ping ? On sera vite fixés. Parviendra-t-elle à défendre les intérêts du continent plutôt que ceux de son pays d’origine ? « C’est le problème, affirme un proche de l’ancien président de la Commission. Son intelligence et ses compétences ne font pas de doute, mais il est peu probable qu’elle réussisse à prendre ses distances vis-à-vis de Pretoria. » ● N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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ISRAËL-IRAN
Jusqu’où ira
le poker menteur? N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
DON EMMERT/AFP PHOTO
Maghreb & Moyen-Orient
SETH WENIG/AP/SIPA
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À l’ONU, Benyamin Netanyahou semble avoir déclenché le compte à rebours d’une frappe contre les installations nucléaires de Téhéran. À moins que, d’ici là, un effondrement de l’économie iranienne, fragilisée par les sanctions, ne provoque la chute du régime.
JEUNE AFRIQUE
! BENYAMIN NETANYAHOU À LA TRIBUNE DE L’ONU, le 27 septembre. À droite, le siège vide du représentant iranien.
MAXIME PEREZ , à Jérusalem
D
u discours tant attendu de Benyamin Netanyahou à la tribune de l’ONU, le 27 septembre, beaucoup ne retiennent que le grotesque dessin d’une bombe brandi par le Premier ministre israélien pour expliquer que l’Iran se rapproche dangereusement de son but ultime : l’arme atomique. Son explication, certes simpliste, a suscité l’amusement et inspiré sur la Toile de nombreuses répliques de la « Bibi Bomb ». Ses détracteurs l’ont analysée comme un nouvel exercice de communication politique aussi méprisant que ridicule, et sans réel fondement. Pourtant, derrière ces appréciations mitigées, l’allocution de Netanyahou avait des allures d’ultimatum, comme si l’avertissement qu’il lançait à la communautéinternationaleétaitledernieravantun passage à l’acte contre Téhéran. Il faut dire qu’après JEUNE AFRIQUE
DÉPENDANCE PÉTROLIÈRE Les ventes d’or noir comptent pour
80 %
dans les rentrées en devises
avoir maintes fois tiré la sonnette d’alarme, c’est bien la première fois qu’un leader israélien se risque à définir publiquement une « ligne rouge » sur le dossier du nucléaire iranien; la première fois aussi qu’uneéchéanceclairesembleseprofileràl’horizon. L’équation israélienne est la suivante : d’ici au printemps prochain, si la République islamique ne renonce pas à ses activités d’enrichissement d’uranium,elleauraacquissuffisammentdecombustible – soit 240 kg – pour fabriquer une bombe ou, plus exactement, faire un usage militaire de l’énergie nucléaire. C’est ce cap fatidique que Benyamin Netanyahou veut empêcher à tout prix l’Iran de franchir, quitte à précipiter l’État hébreu et son allié américain dans un conflit régional dévastateur. ALARMISME. « Je n’ai jamais renoncé au droit d’Israël d’agir à tout instant, et ce droit est clair aux yeux de tous, confiera-t-il à la télévision israélienne au lendemain de son intervention remarquée à New York. L’Iran se trouve à un certain stade de N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Maghreb Moyen-Orient ses activités d’enrichissement d’uranium, et j’ai transmis le message qu’il était hors de question que l’Iran puisse les mener à leur terme. Nous devons donc arrêter son programme nucléaire avant cela, ce qui, au rythme où vont les choses, ne nous laisse pas beaucoup de temps. » Tout en maintenant un alarmisme de circonstance, le chef du gouvernement israélien estime avoir rempli ses objectifs en replaçant le dossier du nucléaire iranien au cœur des préoccupations internationales. Netanyahou est-il pour autant crédible et, surtout, a-t-il réellement l’intention de lancersonarméeàl’assautdescentralesiraniennes? Le ton employé le suggère, d’autant que, en fixant une période butoir au-delà de laquelle il sera trop tard pour neutraliser les ambitions nucléaires de Téhéran, le Premier ministre israélien engage plus que jamais sa crédibilité et, au passage, celle de son pays. Par conséquent, à moins d’un étonnant coup de bluff, le voici condamné à joindre in fine les actes à la parole. SECRET BIEN GARDÉ. Mais il existe une autre grille
DON EMMERT/AFP PHOTO
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! LE PRÉSIDENT AHMADINEJAD dénonce « une guerre cachée » de l’Occident contre Téhéran.
de lecture de la position israélienne. D’abord, les observateurs noteront que, en repoussant l’heure de vérité au printemps prochain, l’État hébreu éloigne le spectre de frappes préventives avant l’élection présidentielle américaine de novembre, longtemps
LA CRAINTE D’UN TCHERNOBYL IRANIEN QUELS DÉGÂTS HUMAINS provoqueraient des frappes contre les centrales nucléaires iraniennes ? À cette question largement occultée par le débat public, un rapport scientifique e américain donne pour la première fois des réponses alarmantes. D’après ès le Hinckley Institute of Politics, dans l’Utah, ah, plus de 80000 Iraniens pourraient être tre tués, blessés ou contaminés des suites d’un bombardement israélien. Pour ur le professeur Khosrow Semnani, ni, qui a enquêté durant deux ans, le danger le plus grave proviendrait de la libération dans l’atmosphère de matières res hautement toxiques qu’abritent tent les sites lié par le fait iraniens. Un risque démultiplié que la République islamique a dispersé ses installations nucléaires à proximité de grands centres urbains. Ainsi, insi, à Bouchehr, considéré comme e l’une des cibles prioritaires deTsahal, hal, les nuages radioactifs pourraientt facilement atteindre les pays du Golfe, voisins de l’Iran. Les populations se retrouveraient rouveraient alors exposées à des problèmes èmes de santé similaires à ceux rencontrés ontrés après la catastrophe deTchernobyl. ● M.P. N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
PLONGÉE HISTORIQUE DE LA MONNAIE NATIONALE
12rials 200
pour 1 dollar au début de septembre
24rials 800
pour 1 dollar le 24 septembre
34rials 800 pour 1 dollar le 1er octobre
redoutées par la Maison Blanche. « Des lignes rouges ne mènent pas à la guerre, elles servent à l’empêcher », a martelé Netanyahou à l’Assemblée générale de l’ONU. Dans le cas présent, elles lui seraient utiles pour rallier à sa cause l’administration américaine, en premier lieu le président Barack Obama, pour qui la voie diplomatique n’a pas encore été épuisée. Jusqu’ici, seul le candidat républicain Mitt Romney a ouvertement défendu l’idée d’une action militaire israélienne contre le régime iranien. Mais, dans son ensemble, l’appareil sécuritaire américain y reste fermement opposé. op En témoigne la dernière étude du très sérieux magazine Foreign Policy, qui, à l’aide des têtes pens pensantes du Pentagone, démonte scénarios d’attaque d’une aviation un à un les scénar israéliennedépourvued’appuilogistiqueoudebase israéliennedépourvu arrière proche. De l’a l’avis de très nombreux généraux américains, toute tent tentative serait vouée à l’échec où, causerait que des dommages limités du moins, ne causer nucléaires iraniennes pour une aux installations nu maximale. prise de risque maxi Parallèlement,tout semble indiquer qu’Israéliens Parallèlement,tou et Américains sont engagés dans une partie de poker menteur. « Le partage de renseignements extraordinaire et sans précédent », sur l’Iran est extraor affirme une source pr proche du dossier à Washington, une faille, et non des moindres: tout en admettant un « Dès qu’il s’agit de plans d’attaque, les Israéliens rien. C’est leur secret le ne nous communiquent communiq gardé. » Du coup, bien que peu mieux gard disposés à se retrouver engagés dans une nouvelle guerre ap après leurs délicates campagnes afghane, les États-Unis n’ont d’autre irakienne et afghane choix que de se prép préparer au pire. En cas d’escalade, leurs troupes stationnées stationn dans les régions du Golfe et du Caucase sont p promises à une violente riposte JEUNE AFRIQUE
Maghreb Moyen-Orient iranienne. Le maintien de trois porte-avions près du détroit d’Ormuz ne paraît pas étranger à cette perspective. Mais tandis que les spéculations vont bon train, une autre éventualité est évoquée avec insistance: un effondrement brutal de l’économie iranienne. Fortement dépendante du pétrole, celle-ci affiche pour la première fois des signes de fléchissement sous la pression des sanctions occidentales. Ainsi, à en croire un rapport interne du ministère israélien des Affaires étrangères, lesexportationsd’ornoirauraientlourdement chuté au cours du premier semestre 2012, entraînant des pertes colossales évaluées à près de 50 milliards de dollars (environ 40 milliards d’euros). Ce manque à gagner pénalisedirectementlesressourcesbudgétaires du gouvernement iranien. ÉTRANGLEMENT. Conjuguée à la hausse
vertigineuse du chômage, à l’inflation galopante et à la dégringolade du rial à son plus bas niveau historique, cette nouvelle donne écorne sérieusement l’image d’une « économie de résistance » bâtie par les dignitaires du régime pour contourner les sanctions. Le président Mahmoud Ahmadinejad
DES EXPORTATIONS DE PÉTROLE EN CHUTE LIBRE En juin-juillet 2012, Téhéran a exporté
800 000 2,3 barils/jour, contre
MILLIONS de barils/jour en juin-juillet 2011
SOURCES : AGENCE DE PRESSE DES ÉTUDIANTS IRANIENS (ISNA), PRÉSIDENCE IRANIENNE
a, dans un premier temps, imputé la crise à une mauvaise gestion des autorités, suscitant des tensions internes qui se seraient cristallisées autour du soutien à la Syrie. Depuis le début de la révolte, pas moins de 10 milliards de dollars ont été accordés à Bachar al-Assad. Mais Ahmadinejad a fini par reconnaître, le 2 octobre, que son pays rencontrait des « difficultés » pour vendre son pétrole en raison de « la guerre cachée » menée par l’Occident contre Téhéran. À l’évidence, la stratégie d’« étranglement » économique voulue par les Occidentauxsembleenfinportersesfruits. « Nous allons maintenant intensifier les sanctions », a promis un diplomate européenimpliquédanslesnégociations avec l’Iran, comme pour asséner le coup de grâce à son programme nucléaire. Désormais, Israël nourrit secrètement l’espoir de voir les Iraniensseretournercontreleurrégimeet,pourquoi pas, provoquer son renversement. « Les manifestations de l’opposition qui ont eu lieu en juin 2009 vont revenir avec plus de force, a prédit le chef de la diplomatie israélienne, Avigdor Lieberman. Il va y avoir une révolution de la place Al-Tahrir à la mode iranienne. » ●
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Maghreb Moyen-Orient LIBYE
Des milices très encombrantes
Auréolés de prestige pour avoir renversé Kaddafi, les groupes de combattants rebelles posent aujourd’hui un problème à la transition politique. Peuvent-ils encore faire partie de la solution?
E
nterré le 26 septembre dans sa ville natale de Misrata, Omran Ben Chaabane a rejoint le cortège macabre des martyrs de la révolution libyenne. Ben Chaabane, 22 ans, avait gagné une éphémère notoriété mondiale lors de la capture de Mouammar Kaddafi, le 20 octobre 2011. Ce jour-là, il exhibait fièrement devant les caméras le colt doré de l’ex-« Guide ». Après ce quart d’heure de gloire, le jeune rebelle – surnommé par ses pairs « l’homme qui a capturé Kaddafi » – avait intégré le Comité suprême de sécurité, un corps parallèle de la police. L’exemple d’une reconversion réussie d’un rebelle en recrue de l’État libyen (re)naissant. Jusqu’à cette nuit de juillet 2012 où le jeune soldat est blessé puis fait prisonnier à Bani Walid, dernier bastion des kaddafistes. Détenu pendant cinquante jours, torturé, il ne sera libéré qu’en septembre et décédera à Paris le 25. Cette tragédie survient deux semaines après la mort, à Benghazi, de l’ambassadeur américain. L’attaque du consulat des États-Unis n’était que l’un des nombreux attentats restés impunis qui ont visé depuis l’été les bureaux de l’ONU et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) ainsi que le convoi de l’ambassadeur du RoyaumeUni. En réalité, chaque jour voit son lot d’attaques armées contre des symboles du gouvernement libyen ou des intérêts privés, d’arrestations abusives, voire de combats à l’arme lourde entre tribus ou brigades rivales. Les miliciens sont-ils une menace pour la sécurité ou l’embryon d’une armée et d’une police régulières ? Les deux, mon commandant ! Une typologie est d’ailleurs possible, par ordre d’importance. L’appellation de milices recouvre des réalités parfois contradictoires. Bien équipées et très expérimentées, les brigades révolutionnaires représentent de 75 % à 85 % des combattants armés et expérimentés, selon Small Arms Survey, une publication de référence de l’Institut de hautes études internationales et du développement (Genève). Ces N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
! MILICIENS paradant dans les rues de Tripoli, le 14 février 2012.
ABDEL MAGID AL-FERGANY/AP/SIPA
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À Misrata seul, 236 brigades révolutionnaires sont enregistrées, soit quelque 40 000 combattants, 820 tanks et 2 300 véhicules équipés de mitrailleuses lourdes et de canons antiaériens SOURCE : SMALL ARMS SURVEY, NOTE DE RECHERCHE, JUIN 2012
révolutionnaires de la première heure contrôlent l’écrasante majorité de l’arsenal de Kaddafi. Disciplinés, ils obéissent à un commandement hiérarchisé sous forme de coalitions de brigades ou de conseils militaires locaux. Sous l’autorité du chef d’état-major, Youssef elMangoush, une partie forme même les Forces du bouclier libyen, un corps paramilitaire loyal mais concurrent de l’armée nationale. CHAOS. Trois grandes brigades révo-
lutionnaires dominent la Cyrénaïque. La Brigade des martyrs du 17 février est la plus puissante, avec près de 3 000 hommes. Active dans l’Est et dans le Sud, elle est commandée par Fawzi Boukatif, un Frère musulman.
La Brigade des martyrs d’Abou Slim est l’une des premières à s’être organisée pendant la rébellion. Très active à Derna, elle rassemble des islamistes radicaux. Également menée par un islamiste, la Brigade Raf Allah el-Chahati a essuyé la colère des manifestants à Benghazi. Elle a dû restituer un terrain qu’elle occupait comme base d’entraînement mais conserve un arsenal impressionnant. Son chef, Ismaïl el-Salabi, est le frère du cheikh Ali el-Salabi, le grand parrain de l’islamisme libyen installé à Doha. À ceux qui réclament le démantèlement de sa brigade, il rappelle que ses hommes ont protégé les bulletins électoraux et les stations de vote le 7 juillet dernier. En Tripolitaine, le conseil militaire des révolutionnaires de Zintan a été JEUNE AFRIQUE
Coulisses
FAIBLESSE. Mais l’échafaudage est ins-
table. Car de nombreux groupes refusent de jouer le jeu. Il y a d’abord les brigades indépendantes, qui ont quitté les structures précédemment citées ou n’ont jamais accepté de les rejoindre. Mais il y a aussi et surtout tous les opportunistes qui ont rempli le vide laissé par l’effondrement de l’appareil sécuritaire de Kaddafi et même des groupes extrémistes, voire criminels, dont certains font de la contrebande. Une évidence : tout ce beau monde prolifère sur le terreau de la faiblesse de l’État. Les images de civils rendant leurs armes légères à l’armée dans des comptoirs ouverts, dans les grandes villes, offrent un maigre réconfort. Elles sont un cache-misère, comme la colère des manifestants qui ont expulsé Ansar el-Charia de sa base de Benghazi. L’ultimatum lancé ensuite par les autorités de transition pour la dissolution de toutes les milices « qui ne sont pas sous la légitimité de l’État » a déjà expiré. « L’initiative est bonne, explique William Lawrence de l’International Crisis Group (ICG). Mais il ne faut pas espérer de succès à court terme. Il faudra entre trois et dix ans pour faire disparaître les milices et doter le pays de véritables forces de sécurité. » ● YOUSSEF AÏT AKDIM JEUNE AFRIQUE
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! DANS LE VILLAGE TURC D’AKÇAKALE, après le bombardement syrien, le 3 octobre.
AP PHOTO/ANATOLIA
formé pendant la guerre pour réunir les brigades de la ville de Zintan et des montagnes avoisinantes du djebel Nefoussa. Depuis novembre 2011, il détient Seif el-Islam Kaddafi, ce qui a valu à l’un de ses commandants, Oussama el-Jouili, d’occuper le portefeuille de la Défense de novembre 2011 à octobre 2012. Misrata, d’où est originaire le chef d’état-major Youssef el-Mangoush, est l’autre vivier de brigades révolutionnaires, également réunies sous l’égide d’un conseil militaire local, qui a joué un rôle déterminant dans la libération de Tripoli et dans l’assaut final contre Syrte. Ces brigades prêtent formellement allégeance aux autorités de transition, certaines collaborant effectivement avec les ministères de la Défense et de l’Intérieur. Mieux, cet empilement de structures permet avec souplesse de régler les multiples conflits et accrochages que causent la dissémination des armes et la persistance de tensions entre villes et tribus voisines qui, dans certains cas, étaient antérieures à la guerre de 2011 entre kaddafistes et révolutionnaires.
Maghreb & Moyen-Orient
SYRIE-TURQUIE NOUVEL ACCÈS DE FIÈVRE Le 3 octobre, des obus syriens se sont abattus sur le village frontalier turc d’Akçakale, tuant cinq civils. En représailles, l’armée turque a bombardé des cibles militaires en Syrie. À Bruxelles, l’Otan s’est réunie d’urgence, exigeant « la cessation immédiate de telles agressions contre un allié ». Les condoléances présentées par Damas n’y ont rien fait : le 4 octobre, le Parlement turc a autorisé des opérations militaires en Syrie, même s’il n’est pas question d’entrer en guerre. Par ailleurs, le seuil maximum des 100 000 réfugiés que lesTurcs avaient déclaré pouvoir accueillir est bientôt atteint et ces derniers voient d’un très mauvais œil le pacte conclu en juillet entre Damas et le Parti de l’union démocratique (PYD), qui a laissé à la principale formation kurde de Syrie le contrôle du nord-est du pays. Car le PYD est allié au PKK, ennemi numéro un d’Ankara, qui n’hésite plus à le traquer jusqu’en Irak. ●
SYRIE-HAMAS RUPTURE CONSOMMÉE Rien ne va plus entre le Hamas et le régime syrien depuis que le mouvement palestinien a délocalisé ses bureaux damascènes au Qatar. « Nous regrettons profondément les attaques et les insultes contre le frère Khaled Mechaal, chef du mouvement, et contre le mouvement lui-même », a affirmé le Hamas, le 3 octobre, en réponse à la déclaration d’une présentatrice de télé publique syrienne : « La Syrie est contente d’avoir été abandonnée par celui qui a vendu la résistance pour le pouvoir. » ÉGYPTE NASSER, LE RETOUR Abdelhakim Nasser, fils du premier président égyptien, a annoncé le 28 septembre, jour du
42e anniversaire de la mort de son père, la fusion de quatre partis arabes socialistes au sein d’un parti nassérien pour faire pièce aux islamistes qui dominent le Parlement et le gouvernement. Hamdine Sabbahi, candidat des partis nassériens, était arrivé troisième à la présidentielle de 2012. PRÉCISION Contrairement à ce que nous avons indiqué dans l’article « Docteur Folamour » (J.A. no 2698), Uzi Arad n’occupe plus de fonction officielle dans le cabinet de Benyamin Netanyahou, lequel continue cependant de le consulter de manière informelle, notamment à propos de l’Iran. Uzi Arad serait ainsi à l’origine du concept de « ligne rouge » formulé par le Premier ministre israélien devant l’ONU le 27 septembre. N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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Ì Avec notre collaboratrice, LE 25 SEPTEMBRE, À TUNIS. N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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TUNISIE
Béji Caïd Essebsi « La transition démocratique est mal engagée »
Vieux routier de la politique formé à l’école bourguibienne, l’ex-Premier ministre provisoire dénonce l’immobilisme de la troïka au pouvoir. Et appelle l’opposition à se rassembler autour de son mouvement, Nida Tounès, pour préparer l’alternance. Propos recueillis à Tunis par
FRIDA DAHMANI
C
elui qui a conduit la Tunisie à ses premières élections libres en tant que Premier ministre provisoire ne transigera pas. Pour lui, la transition démocratique n’est pas négociable. C’est pourquoi Béji Caïd Essebsi a lancé, en janvier 2012, l’initiative Nida Tounès (l’« appel de la Tunisie ») et, tirant les leçons des élections pour la Constituante, a appelé l’opposition à se rassembler. En juillet, son mouvement s’est mué en parti, enregistrant en à peine deux mois plus de 100000 adhésions. Inquiète face à cet engouement, la troïka au pouvoir a contre-attaqué, notamment par la voix des islamistes. Lotfi Zitoun, l’un des dirigeants d’Ennahdha, a ainsi accusé la nouvelle formation d’être « un ramassis de caciques de l’ancien régime et de vouloir porter un coup à la révolution et à la sécurité nationale ». Pas moins. Reste que le phénomène Nida Tounès perdure. Il est devenu le symbole de la réorganisation d’un contre-pouvoir progressiste et patriote. Avec « Bajbouj », comme le surnomment affectueusement les Tunisiens, l’élan bourguibien revit et rassure, même si certains JEUNE AFRIQUE
préféreraient voir émerger d’autres options modernistes. Vieux routier de la politique formé par Bourguiba, Béji Caïd Essebsi, partisan, comme l’ancien président, de la stratégie des étapes, revient pour INTENTIONS DE VOTE EN CAS D’ÉLECTIONS LÉGISLATIVES EN 2013 Ennahdha 30,4 % Nida Tounès 20,8 % El-Joumhouri 7,6 % Congrès pour la République 6,5 % Parti communiste ouvrier tunisien 5,6 % El-Aridha 5,4 % Ettakatol 4,1 % Union patriotique libre 2,9 % El-Moubadara 2,9 % Ettahrir 2,0 % El-Massar 1,5 %
SOURCE: 3C ÉTUDES (ENQUÊTE CONDUITE DU 17 AU 21 SEPTEMBRE AUPRÈS D’UN ÉCHANTILLON REPRÉSENTATIF DE 1009 PERSONNES)
J.A. sur la relance de la transition démocratique et sur sa conception du nécessaire consensus gouvernemental qui doit voir le jour après le 23 octobre, date à laquelle prend fin le mandat de l’Assemblée nationale constituante (ANC). JEUNE AFRIQUE : À peine Nida Tounès a-t-il fait son entrée sur la scène politique qu’il occupe déjà la deuxième place dans les intentions de vote aux prochaines élections. Comment expliquezvous cet engouement ? BÉJI CAÏD ESSEBSI: Avant même
que Nida Tounès ne devienne un parti, l’intérêt qu’il suscitait était surprenant. Pour rappel, le meeting organisé à Monastir en mai avait attiré plus de 12 000 personnes. C’est symptomatique ; les gens voient en Nida Tounès une planche de salut et un espoir. Cela nous responsabilise d’autant plus. Quel est le modèle économique et social de Nida Tounès ?
Pas moins de cinquante experts ont planché sur le projet, qui sera soumis incessamment à nos structures pour qu’elles le discutent et avalisent la version définitive. Envisagez-vous une alliance avec El-Joumhouri (« le parti républicain ») et d’autres formations pour constituer une force d’alternance capable de l’emporter lors des prochaines élections ?
C’est le propre de notre projet. Nida Tounès se veut aussi une initiative destinée à rassembler. Nous
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Maghreb Moyen-Orient Entretien avec Béji Caïd Essebsi avons pris contact avec d’autres partis comme El-Joumhouri ou El-Massar (« la voie »), et sommes ouverts à toutes les formations de la même famille de pensée. L’objectif est de parvenir à une plateforme commune et d’établir une feuille de route pour cette période transitoire. Nous sommes conscients qu’un parti seul ne peut rien et n’est pas la solution. Ne sachant pas quel
type de régime sera adopté par la Constitution, il est prématuré de dire si nous organiserons des primaires pour désigner un candidat à la présidentielle. Pour le moment, nous devons nous concentrer sur le redémarrage du processus de transition démocratique. Vous êtes très critique à l’égard du gouvernement Jebali; Nida Tounès
LES HOMMES DE BCE « Ils sont en CDD électoral »,
ironisent les mauvaises langues à propos des personnalités venues d’horizons divers qui ont rallié Nida Tounès et dont l’attelage paraît hétéroclite. Mais un quatuor très proche de BCE est chargé d’organiser et de cimenter le mouvement.
MONDHER BEL HAJ ALI TAÏEB BACCOUCHE Secrétaire général de Nida Tounès
Universitaire et ancien syndicaliste, ce stratège fort en gueule fait un tabac sur les plateaux de télévision. Son sens de la repartie et ses analyses en font un adversaire redoutable pour les islamistes, qu’il déstabilise régulièrement. Mais il est aussi l’un de ceux qui œuvrent à nouer des alliances.
Nous ne sommes pas un parti d’opposition au sens classique ; nous souhaitons que le gouvernement réussisse la transition démocratique. S’il échoue dans cette deuxième phase, cela signifiera que la première phase n’a pas abouti. Or force est de constater que la transition démocratique est
LAZHAR AKREMI Chargé de l’organisation Cet ancien journaliste devenu avocat connaît bien les rouages de l’administration et de la police pour avoir été, après la révolution, ministre chargé des Réformes auprès du ministère de l’Intérieur. Le livre blanc qu’il a élaboré est resté lettre morte malgré la nécessité de réorganiser le secteur sécuritaire.
MOHSEN MARZOUK Chargé des relations extérieures Militant des libertés et spécialiste des transitions démocratiques, le secrétaire général de la Fondation arabe de la démocratie est un promoteur de la société civile et l’initiateur d’une Assemblée constituante civile, une force de contre-proposition pour l’élaboration de la Constitution.
PHOTOS :ONS ABID
L’ancien président de l’Institut arabe des droits de l’homme a été secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), mais aussi ministre de l’Éducation après le 14 janvier. Ce linguiste qui en impose et ne se départ jamais de son calme est un fin politique dont le discours simple et concis plaît.
Chargé des affaires politiques
se range-t-il dans l’opposition ou est-il une force de proposition ?
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mal engagée, avec un trop-plein de revendications sociales et de promesses non tenues. L’objectif principal est de réussir le projet démocratique, lequel se construit par étapes. Quand nous étions au pouvoir, nous avons fait en sorte que les élections aient lieu, mais les élections ne sont pas la démocratie. Il s’agit plutôt d’enraciner un paysage politique équilibré et de réunir les conditions de l’alternance. La démocratie ne se décrète pas, elle se pratique. Aussi devons-nous renforcer la position du gouvernement par un large consensus. Que va-t-il se passer après le 23 octobre ?
Le gouvernement va perdre sa légitimité électorale, mais il n’y aura pas de vide institutionnel. Cette date marque un tournant. Vu les circonstances, le gouvernement ne pourra pas gouverner, puisqu’il a failli à sa mission. Il lui faudra chercher un consensus. Dans un objectif d’efficacité pour le pays, nous avons proposé qu’il réduise de moitié son nombre pléthorique JEUNE AFRIQUE
Lors de la CONFÉRENCE DE PRESSE
qu’a donnée Béji Caïd Essebsi le 20 septembre à Tunis, après l’attaque de l’ambassade américaine.
de portefeuilles et confie à des indépendants les ministères de souveraineté afin qu’aucune position partisane n’entache cette étape cruciale de la transition démocratique. La transition démocratique, même chaotique, est-elle toujours d’actualité ?
Elle est presque à l’arrêt et il faut qu’elle reparte, il n’y a pas d’autre choix, sinon notre révolution n’aurait pas de sens. Nous n’avons pas fait la révolution pour des revendications religieuses, mais pour des demandes d’ordre démocratique. Quel type de relations envisagezvous avec l’exécutif puisque vous ne souhaitez pas participer à un gouvernement d’union nationale?
Si le gouvernement formé est valable et compétent, nous l’appuierons. Il pourra compter sur notre soutien et notre expertise. Quelles sont les mesures qui seraient à même d’apaiser les tensions actuelles ?
Les grands problèmes sont le chômage, la pauvreté et la marginalisation des régions où est née la révolution. Si le gouvernement réunit le plus large consensus, nous pourrons alors lancer un projet important axé sur la diminution du chômage pour relancer la machine économique et soulager la pression sociale. Des crédits importants sont nécessaires. Ils ne sont pas prévus au budget de l’État, mais il n’est pas exclu, avec un gouvernement jouissant d’une crédibilité nouvelle, de pouvoir faire appel, grâce au retour de la confiance, à la participation populaire. Quel regard portez-vous sur l’action de l’Assemblée nationale constituante (ANC) ?
Elle s’est, pendant très longtemps, occupée d’autres choses que de la rédaction de la Constitution, mais elle est la seule source de légitimité tout en n’étant souveraine que pour rédiger la Constitution. Le fait est que la majorité avait plus soif de gouverner que de légiférer. Ses membres ont oublié pourquoi ils étaient là. ●●● N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Maghreb Moyen-Orient Entretien avec Béji Caïd Essebsi Le distinguo entre islam et politique est difficile ; l’islam embrasse toutes les formes de vie en société et il y a des principes intangibles à respecter, mais notre islam est un islam d’ouverture et de progrès, et non une religion rétrograde qui ramènerait la société en arrière. Ennahdha s’en est-elle prise selon vous à l’héritage de Bourguiba ? Est-ce que l’État civil est menacé?
C’est principalement le fait de RachedGhannouchi;ilrefusemême de demander la miséricorde divine pour Bourguiba. Vous vous êtes prononcé contre l’exclusion des anciens du RCD (Rassemblement constitutionnel démocratique). Que répondezvous à ceux qui, au CPR (Congrès pour la République) et à Ennahdha, sous-entendent que Nida Tounès recycle des caciques du régime Ben Ali ?
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De nombreux élus et transfuges d’autres partis vous ont rejoints. Nida Tounès peut-il constituer à travers eux un groupe parlementaire ? A-t-il entamé des discussions avec les autres formations pour peser sur la version finale de la Constitution ?
●●●
Nous ne formerons pas de groupe parlementaire, mais les députés qui nous ont rejoints seront présents. Si notre mouvement s’appelle Nida Tounès, ce n’est pas par hasard. Nous sommes ouverts à tous les Tunisiens patriotes et progressistes qui souhaitent défendre les acquis du pays et qui préfèrent un État du XXIe siècle à un retour au Moyen Âge. N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Nida Tounès entend-il influer sur les décisions gouvernementales de l’intérieur de l’ANC ?
L’ANC va terminer sa mission. Nous irons alors vers des élections législatives selon ce qu’aura prévu la Constitution. Pourquoi êtes-vous si sévère avec Ennahdha ?
Je ne suis pas sévère avec Ennahdha, mais avec ceux qui veulent aller à l’encontre de la réalité et du tempérament des Tunisiens. Ennahdha entend changer la société mise en place et lui imposer un recul. Que pensez-vous de l’islam politique ?
« Nous n’avons pas fait la révolution pour des revendications religieuses, mais pour DES DEMANDES
DÉMOCRATIQUES. »
Nous sommes contre l’exclusion des Tunisiens quels qu’ils soient. Tous ont le droit de participer à la vie politique de leur pays. Les en empêcher équivaut à les déchoir de leur nationalité. C’est une décision grave qui sanctionne en principe des crimes et ne peut relever que de la justice. Nous proposons que ceux qui se sont rendus coupables d’actes illicites soient jugés, mais nous réclamons, pour tous les autres, le droit d’exercer leur citoyenneté en participant à l’action politique qui leur convient. Vous avez clairement laissé entendre que les États-Unis pourraient renoncer à soutenir la Tunisie. Sur quels éléments vous appuyez-vous ?
J’ai juste dit que ce qui s’était passé en Tunisie risquait d’inciter les Américains à changer de politique vis-à-vis du Printemps arabe. Nous avons eu le soutien d’Obama face au Congrès, ce n’est pas négligeable. Nous avons bénéficié d’appuis américains importants. Aussi peut-on comprendre qu’ils puissent réviser ●●● leur enthousiasme. JEUNE AFRIQUE
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À réserver séparément Conférenciers confirmés
Jacques Marraud des Grottes, Cadre dirigeant,Afrique, Total, Immanuel Mulunga, Commissaire au Pétrole, Ministre des Mines et de l’Énergie de Namibie, Dr Abullahi Haider, Commissaire au Pétrole, Ministère de l’Eau, de l’Énergie, du Pétrole & des Ressources minérales, Gouvernement fédéral, République de Somalie, Hon Hussein Abdi Dualeh, Ministre, Ministère des Mines, de l’Énergie & de l’Eau, Somaliland, Carlos Aguilera, VP du Développement commercial, Afrique & Amérique Latine, Chevron Corporation, Dr Nick Cooper, PDG, Ophir Energy plc, Keith Hill, Directeur & PDG, Africa Oil Corporation, Matt Wilks, Country Manager, Tanzania, BG Group, Wade Cherwayko, Directeur & PDG, Mart Resources, Joseph Pili Pili Mawezi, Secrétaire général des Hydrocarbures, Ministère des Hydrocarbures, DRC, Dr Duncan Clarke, Directeur & PDG, Global Pacific & Partners, John Baillie, Cadre dirigeant au Développement & à la Stratégie de Croissance, Addax Petroleum, Ebbie Haan, Directeur général, Sasol Petroleum International, Tim O’ Hanlon,Vice-Président,Affaires africaines, Tullow Oil, Galib Virani, Directeur adjoint, Afren, Karl Thompson, PDG, African Petroleum Corporation, Dr Kase Lawal, Directeur & PDG, Camac Energy, Adewale Tinubu, PDG, Oando, Cadre supérieur, Eni E&P Division, Mthozami Xiphu, PDG, PetroleumAgency SA, Frederik Dekker,Directeur général,Wessex Exploration, Peter Hill,PDG, Global Petroleum, Xiao Zongwei,Directeur général,CNOOCAfrica, Dr Eleanor Rowley,Directeur Nouvelles Entreprises Cairn India, Phil Loader, Cadre dirigeant, Exploration, Mubadala Petroleum Jeff Waterous, Directeur, Deloitte JMW Energy Advisers, Jasper Peijs, Directeur Exploration – Hémisphère est, BP plc, Oumar Torbo Djarma, Conseiller technique, Ministre de l’Energie et du Pétrole, Chad, Ken Kuroda, Cadre dirigeant & Directeur général, Secteur de l’Énergie, Mitsubishi, Dr Ketsela Tadesse, Directeur, Petroleum Licensing, Ministère des Mines & de l’Énergie, Éthiopie, Dave Jennette, Directeur de l’Exploration, Europe,Afrique, Moyen-Orient, Apache Corp, Fredrik Ohrn, Directeur & PDG, Svenska Petroleum Exploration, Mark Llamas, Directeur général, First Energy Capital, Steve Ilett, Directeur de l’Exploration, Impact Oil & Gas, Paul Welch, PDG, Chariot Oil & Gas, Christopher Pitman, PDG, Surestream Petroleum, Barry Rushworth, PDG & Directeur, Pancontinental Oil & Gas, Mark Weller, Directeur des Opérations, Madagascar Oil, Lindsay Elliott, Exploration Nouvelles Entreprises, Beach Energy, Steve Noske, Directeur général, WHL Energy, Robin Vela, PDG, SacOil, Peter Wakeling, Directeur général, Bahari Resources, Rob Tims, Directeur général, Standard Chartered Bank, Hon Mohadji Fouad, Vice-Président, L’Union des Comoros, Eddy Belle, Président Directeur Général, PetroSeychelles Frank Patterson, Vice-Président, Exploration internationale, Anadarko Petroleum, Shi Jicheng, Directeur général, BGP East Africa, Nishant Dighe, PrésidentAfrique, Panoro Energy, Phil Frank, Directeur de l’Exploration, Sterling Energy, John Downey, Exploration internationale & Nouvelles Entreprises, Dana Petroleum, TonyAtherton, Responsable de l’Exploration, Europe,Afrique, Moyen-Orient, CEI, Talisman Energy, CampbellAirlie, Directeur technique, Seven Energy, Raymond Kargbo, Responsable, Petroleum Directorale, Sierra Leone Petroleum Directorate, Scott Aitken, PDG, Atlantic Energy, Chris Faulkner, PDG, Breitling Oil & Gas, Robert McBean, Président exécutif, Wentworth Resources, Jeffery Schrull, Directeur général, Rialto Energy, Sudhir Kamath, Directeur général, Suntera Energy, Halfani Halfani, Directeur de l’Exploration & de la Production,Tanzania Petroleum Development Corporation, Ernest Rubondo, Petroleum Commision, Uganda, Narendra Verma, Directeur de l’Exploration, ONGCVidesh, Marcio Mello,PDG, HRT, Osten Olorunsola,Directeur,Department of Petroleum Resources, Nigeria, PedroAugusto Bastos,Directeur du Développement commercial international de l’E&P, Petrobras, Ahmed Salem Ould Tekrour, Directeur Général du Pétroleum, Ministère de l’Énergie & du Pétrole, Mauritanie, Rufus Tarnue,VP, Services techniques, National Oil Company of Liberia, Hon Gabriel Nguema Lima, Ministre, Ministère des Mines, de l’Industrie & de l’Énergie, Guinée équatoriale, Thore Kristiansen, Cadre dirigeant, Production & Développement,Amérique du Sud &Afrique subsaharienne, Statoil, Sumayya Hassan-Athmani, PDG, National Oil Corporation of Kenya, Francisco Pulit, Cadre dirigeant, Développement des Entreprises, Pluspetrol, Ousseini Assane Boureima, Directeur de l’Exploration, Ministere des Mines et de l’Energie, Niger, Daniel Gnangni, Directeur général, , Petroci, Ian Craig, VP exécutif, Afrique subsaharienne, Shell E&P Africa, Lagos, Nigeria, Arsenio Mabote, Président, The National Petroleum Institute Mocambique, Antoine Rostand, Directeur général, Schlumberger Business Consulting, Tewodros Ashenafi, Directeur et PDG Southwest Energy (HK) Ltd, Lumen Sebastio, Chef Géologue, Sonangol, Angola, Derek Stewart, Cadre dirigeant, Exploration & Nouvelles Entreprises, Murphy Exploration & Production, Dr Lalaoharijaona Rasoambolanoro, Directeur général adjoint, OMNIS Madagascar
14e Course pour l’Afrique : Séance d’informations sur la stratégie le 29 octobre 2012
Présentations faites par Dr Duncan Clarke, Directeur & PDG de Global Pacific & Partners
9e Forum des indépendants en Afrique - le 30 octobre 2012 19e Conférence en amont d’Afrique - du 31 octobre au 2 novembre 2012 47e Dîner PetroAfricanus en Afrique - le 29 octobre 2012
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Maghreb Moyen-Orient Entretien avec Béji Caïd Essebsi
TRIBUNE
Trois scénarios
Op pinions & éditoriau ux
P ONS ABID
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PAR MOHAMED SAHBI BASLY Ancien ambassadeur de Tunisie et président fondateur du parti El-Moustaqbal
ERSONNE N’EST EN MESURE DE DIRE ce qui se passera après le 23 octobre 2012. La Constituante n’ayant pas respecté le délai de un an pour la rédaction de la nouvelle Constitution, la troïka au pouvoir a failli à la mission que lui ont fixée les électeurs. Elle n’a pas non plus su gouverner. Et elle est d’autant moins capable de le faire qu’elle est minée de l’intérieur par des luttes intestines. Mais tout se passe comme si les gens qui nous gouvernent, oubliant qu’ils sont comptables de leur action devant le peuple, voulaient se maintenir au pouvoir coûte que coûte. Dans ces conditions, trois scénarios sont envisageables après le 23 octobre. 1) La troïka au pouvoir choisit l’immobilisme et la langue de bois, suscitant l’ire de la société civile, appuyée par l’opposition, qui appellera ses militants à manifester, d’où un risque de confrontation et de débordements. L’intervention de l’armée serait alors inévitable pour rétablir l’ordre républicain. Ce scénario du pire pourrait déboucher sur une escalade de la violence, d’autant que des armes circulent vraisemblablement dans le pays. 2) Le gouvernement lance une initiative unilatérale et tardive pour définir une feuille de route, qui apparaîtra, quel qu’en soit le contenu, comme une tentative de gagner du temps pour rester un peu plus aux commandes et consolider ses positions. Cette perpétuation du statu quo ne sera pas acceptée par l’opposition, qui veut aller au plus vite aux urnes. 3) La troïka engage, avant le 23 octobre, un dialogue avec toutes les forces en présence – partis politiques siégeant ou non à la Constituante, partenaires sociaux, représentants de la société civile, indépendants – dans le cadre d’une conférence nationale qui aura pour objectif de rédiger une feuille de route et de former un gouvernement d’union nationale. Cette initiative pourrait être parrainée par l’armée, qui serait garante de l’ordre républicain ainsi que de l’indépendance de la justice et de la presse, de l’administration et de l’instance des élections. Enfin, ce consensus national serait consolidé par trois mesures essentielles : – organiser les élections (municipales, législatives et présidentielle) avant le 31 décembre 2013 ; – obtenir un moratoire sur les revendications des partenaires sociaux pour une durée de un an ; – traduire en justice les responsables de l’ancien régime qui se sont rendus coupables de crimes afin de tourner définitivement cette page douloureuse et rétablir par là même dans leurs droits ceux qui ont servi la République et laTunisie. C’est cette dernière option qui me semble la plus raisonnable. En prenant date avec l’Histoire, la troïka se grandirait et ferait la preuve de sa maturité, démentant une fois pour toutes ceux qui pensent qu’elle s’accroche au pouvoir à tout prix. Je n’ai jamais eu de différend avec aucune des formations politiques actuelles, ce qui m’autorise à dire à tous mes amis de la troïka, notamment au sein d’Ennahdha, que la solution est entre leurs mains et qu’il est encore temps de trouver une issue négociée afin que cette révolution demeure pacifique et exhale à jamais un parfum de jasmin. ●
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● ● ● Où en sont les relations de la Tunisie avec la France et avec ses voisins maghrébins ?
Nous avons toujours de bonnes relations avec tous nos partenaires, mais elles sont au point mort. Or il s’agit de choix stratégiques en matière de politique étrangère. La Tunisie s’est dite favorable à une intervention armée arabe en Syrie. Quelle est votre position ?
Les interventions armées n’ont jamais été ni dans nos choix ni dans nos traditions diplomatiques. La Tunisie ne s’est engagée sous la bannière de l’ONU que quand celle-ci appelait ses pays membres à soutenir une action de paix. Depuis l’intervention au Congo, la Tunisie s’est distinguée dans ces missions. Il semble que nos dirigeants aient une autre vision et privilégient l’intervention militaire. Comment la Tunisie est-elle aujourd’hui perçue par la communauté internationale ?
L’image de la Tunisie est endommagée. C’est compréhensible non seulement à cause de l’attaque de l’ambassade américaine, mais aussi en raison du comportement des responsables d’Ennahdha qui ont laissé, ces derniers mois, passer des appels au meurtre et à la violence quand ils ne les ont pas eux-mêmes soutenus. En politique, l’important n’est pas la réalité des faits, mais comment ils sont perçus par les gens. Or la perception actuelle du gouvernement est de plus en plus négative. Êtes-vous inquiet ?
Cette étape est fragile et la situation préoccupante, donc l’inquiétude est légitime. On doit reprendre le chemin de la transition démocratique, parce que, si la Tunisie rate cette étape, il n’y aura pas de Printemps arabe. J’espère que nous avons juste trébuché. Mais je suis certain que la Tunisie retrouvera son chemin vers le progrès. Les Tunisiens sont comme le roseau de la fable : ils plient sous l’adversité mais ne rompent jamais. ● JEUNE AFRIQUE
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Europe, Amériques, Asie
FRANCE
Quand les étran … aux élections municipales, c’est que la majorité de gauche aura réussi à convaincre les deux tiers des parlementaires ou, à défaut, la majorité de l’opinion du bien-fondé de cette réforme. C’est encore loin d’être gagné. JUSTINE SPIEGEL
F
aut-il autoriser les étrangers à voter lors des élections municipales ? Oui, répondait sans ambages le candidat François Hollande. Dans son « agenda du changement », il fixait même une date limite pour la tenue de cet engagement : juin 2013 (le prochain scrutin aura lieu l’année suivante). La mesure était censée concerner tous les étrangers non communautaires résidant en France depuis au moins cinq ans. Oui, peut-être, rien ne presse, semble dire le président François Hollande. Son gouvernement cherchant manifestement à gagner du temps, l’incertitude gagne jusqu’aux rangs du Parti socialiste (PS). Conscient du danger, Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, a tenté d’enrayer la spirale du doute. « Cet engagement doit être tenu », a-t-il plaidé le 20 septembre. EMBARRAS. Le droit de voter aux élections locales est reconnu depuis 1998 aux ressortissants des pays membres de l’Union européenne. Le nombre d’électeurs non communautaires virtuels est estimé à 1,8 million. Si la mesure est finalement adoptée, les bénéficiaires pourront donc voter et être élus conseillers municipaux. Les fonctions de maire et de grand électeur (pour l’élection des sénateurs) leur resteront, en revanche, interdites. À droite, l’UMP n’a jamais eu une position unanime et immuable sur cette question. Nicolas Sarkozy, par exemple, a été tour à tour pour, puis contre. Là, elle tente de tirer profit des embarras socialistes – c’est de bonne guerre politicienne. Le 19 septembre, elle a lancé sur son site internet une pétition contre le vote des étrangers qui a déjà recueilli plus de 40 000 signatures. Principal argument : la N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
JEUNE AFRIQUE
Europe, Amériques, Asie
gers voteront… menace d’éventuelles d’évent dérives communautaires. Claude Guéant, l’ancien ministre de l’Intérieur, avait donné le ton dès le mois de mars : « Nous ne voulons pas que des conseillers municipaux étrangers rendent obligatoire la nourriture halal dans les repas des cantines ou réglementent les pi piscines à l’encontre des princip cipes de mixité. » L’ar L’argument est jugé « au mieux stupid stupide, au pire odieux » par Pouria Amirsh Amirshahi, député socialiste des Français de l’étranger : « A-t-on déjà vu, dit-il, des communautés religieuses françaises créer des listes communautaires ? » Quant à l’ex l’exigence de réciprocité entre les pays concernés évoquée par Sarkozy en 2008, elle ne convainc pas – mais ce n’est pas une surprise ! – Razzy Hammadi, député de la SeineSaint-Denis et représentant de l’aile gauche du PS : « Je ne pense pas souhaitable de mettre en place un droit à géométrie variable. Cela signifierait que les étrangers originaires de pays non démocratiques ne pourraient jamais se voir accorder le droit de voter en France. »
FREDDY MULLER/FEDEPHOTO
MITTERRAND, DÉJÀ. Dans le passé, l’octroi de
JEUNE AFRIQUE
ce droit a souvent été évoqué par les socialistes. Sans suite, par crainte d’un rejet de l’opinion. François Mitterrand fut le premier à aborder la question. En 1981, la mesure figurait même dans son programme électoral. Elle n’a jamais été ! RASSEMBLEMENT mise en œuvre. Réélu en DEVANT LE SÉNAT, en 1988, il finira par se faire décembre 2011. une raison : « L’état de nos Symbole des mœurs […] ne nous permet années 1980, pas » d’engager une telle la célèbre main jaune de SOS réforme. En 2000, l’AssemRacisme reprend blée nationale vota une du service. proposition de loi en ce sens, mais Lionel Jospin, alors Premier ministre, renonça à la soumettre au Sénat. Début décembre 2011, six mois avant la présidentielle, la réforme, tel un serpent de mer, ressortit des cartons… avant d’y retourner aussitôt. Un texte fut adopté par la nouvelle majorité de gauche au Sénat, mais n’a jamais été mis à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Si François Hollande paraît aujourd’hui marcher sur des œufs, c’est que la Constitution N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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Europe, Amériques, Asie lie explicitement le vote à la nationalité française. Et qu’il faudra donc la modifier. Qu’elle soit confiée au Congrès (qui réunit, à Versailles, l’ensemble des parlementaires, députés et sénateurs) ou qu’elle donne lieu à un référendum, l’opération s’annonce délicate. D’une part, le gouvernement ne dispose pas au Congrès de la majorité des trois cinquièmes requise ; de l’autre, seuls 39 % des Français, selon un sondage Ifop du 19 septembre, se déclarent favorables au vote des étrangers. Ils étaient 55 % dans ce cas en décembre 2011. Hollande ne risque-t-il pas d’être tenté, comme beaucoup d’autres avant lui, d’enterrer la réforme en douceur ? « Pas du tout ! proteste Pouria Amirshahi. Nous travaillons à obtenir une majorité au Congrès qui dépasse le clivage gauche-droite. » Ce dernier est signataire avec 74 autres jeunes parlementaires socialistes d’une tribune publiée le 18 septembre par le quotidien Le Monde exhortant le chef de l’État à tenir sa promesse. « Nous avons voulu mettre le sujet à l’ordre du jour, car l’affaire ne se réglera pas en un jour », explique Razzy Hammadi, l’un des initiateurs de l’opération. « LES CONS! » Un coup d’éclat qui a agacé jusque
dans les hautes sphères du PS. « Les cons ! », aurait grincé Manuel Valls, qui, dans un premier temps, avait estimé que cette mesure n’était ni « une revendication forte de la société française » ni un « élément puissant d’intégration ». En l’absence de sondages (les statistiques ethniques sont interdites), difficile de savoir ce qu’en pensent les premiers concernés. Patrick, un Camerounais de 35 ans installé en France depuis onze ans (il est en formation banque-assurance), compte bien aller voter : « Les étrangers qui participent à la vie de la société en payant
QUAND LE MAROC, LE BURKINA OU LA GUINÉE MONTRENT L’EXEMPLE SEULS 8 PAYS AFRICAINS (sur 54) accordent aux étrangers le droit de voter aux élections locales, certains sur la base de la réciprocité. C’est par exemple le cas du Cap-Vert (depuis 1997) et de la Guinée (1991). L’exemple le plus marquant est celui du Maroc, qui, sous
l’influence de l’Espagne, a introduit ce principe dans l’article 30 de sa Constitution, en juin 2011. Sans appliquer la réciprocité, d’autres pays accordent le même droit à tous les étrangers, quelle que soit leur nationalité. C’est le cas du Burkina depuis 1993 avec
une obligation de résidence de dix ans, du Rwanda depuis 2001 (un an minimum), de la Zambie depuis 1992 (trois ans) et de l’Ouganda depuis 1997. Le Malawi est le seul à autoriser le vote lors des élections nationales, mais il exige une résidence de sept ans. ● M.V.
des impôts doivent avoir un droit de parole, mais la laïcité doit en être la condition. » Même son de cloche du côté d’Amal, 23 ans, assistante financière de nationalité tunisienne établie dans la banlieue parisienne depuis trois ans, qui reconnaît cepenSelon un sondage, seuls dant que des « garde-fous » 39 % des Français sont sont nécessaires. Pour Jeanfavorables à la réforme. Philippe, 22 ans, étudiant en économie ivoirien qui vit en France depuis très longtemps, « octroyer de nouveaux droits aux étrangers est toujours une étape difficile, mais le risque de dérives extrémistes est minime ». Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, a promis qu’un projet de loi serait soumis au Parlement l’an prochain. ●
EUROPE: LES POUR ET LES CONTRE
L’
Union européenne autorise les ressortissants de pays qui la composent à voter, s’ils le souhaitent, dans celui de leur choix. Dix-sept d’entre eux ont choisi d’étendre ce droit aux résidents non communautaires. Mais les modalités d’application diffèrent d’un pays à l’autre. Le Royaume-Uni n’autorise à voter que les citoyens des pays du Commonwealth. Le Portugal fait de même pour les lusophones, mais exige une durée minimale N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
de résidence sur son territoire de deux ans. Même chose en Espagne, en Belgique, au Danemark, au Luxembourg, en Bulgarie, aux Pays-Bas, en Suède, en Finlande, en Lituanie, en République tchèque, en Estonie, en Hongrie, en Slovaquie et en Slovénie, où la durée de résidence exigée varie de quelques mois à cinq ans. Le pays le plus tolérant en la matière est l’Irlande, qui autorise à voter tout étranger justifiant d’une résidence dans le pays, sans
limite dans le temps. Le Portugal et l’Espagne associent à cette condition de résidence une exigence de réciprocité du droit de vote dans le pays d’origine, le plus souvent une ancienne colonie (lire encadré). Hors de l’Union européenne, la Norvège, l’Islande et plusieurs cantons suisses autorisent eux aussi les non-nationaux à participer aux scrutins locaux. Outre la France, le « front du refus » se compose de
l’Italie, où plusieurs projets de loi sont néanmoins à l’étude (à Milan, la mairie de gauche propose que les immigrés résidant dans la ville depuis au moins un an puissent voter), de l’Allemagne, en raison de l’inflexible opposition de la CDU d’Angela Merkel (le SPD y serait plutôt favorable), de l’Autriche (sauf à Vienne), de Chypre, de la Grèce, de la Lettonie, de Malte, de la Pologne et de la Roumanie. ● MARIE VILLACÈQUE JEUNE AFRIQUE
Europe, Amériques, Asie
PAKISTAN
Roméo et Juliette à Islamabad
Une romance entre le fils du président et la belle ministre des Affaires étrangères ? Partie du Bangladesh, la rumeur balaie tout le sous-continent !
A
ttentats de groupes proches d’Al-Qaïda, persécutions des minorités chrétiennes, scandales politico-financiers… L’actualité du Pakistan ne fait pas vraiment rêver. Pourtant, depuis quelques jours, un vent de passion souffle sur le pays. Il a même gagné l’Inde, où la haine de l’ennemi héréditaire se teinte d’une incoercible fascination. Deux des personnalités les plus en vue de l’establishment seraient a-mou-reux ! Tout est parti de Weekly Blitz, un obscur tabloïd bangladais, qui ne cite aucune source à l’appui de son récit. Depuis, ce Roméo et Juliette local fait fureur. Dans le rôle du prétendant transi, Bilawal Bhutto Zardari, 24 ans. Ce garçon au
visage mollasson dirige le Parti du peuple pakistanais (PPP) en tant qu’héritier de la dynastie Bhutto: il est le fils de Benazir, l’ex-Première ministre assassinée en 2007, et d’Asif Ali Zardari, l’actuel président.
ascension ministérielle – aux Finances et aux Affaires économiques dans les années 2000 – à Shaukat Aziz, le Premier ministre del’époque.Unerumeur–déjà!–leurprête des projets de mariage, mais la belle, qui collectionnelunettesetsacsàmaindeluxe, DE LUXE. Dans le rôle de l’amante audaépouse un richissime homme d’affaires, cieuse, Hina Rabbani Khar, 34 ans. Issue avec qui elle aura deux filles. Pour épicer d’un clan très influent – père gros propriéson récit, Blitz raconte que Hina aurait taire terrien, oncle ancien gouverneur de tenté de se suicider après avoir découvert que son mari entretenait une liaison. Elle la province du Pendjab –, elle est ministre des Affaires étrangères depuis 2011. se serait consolée dans les bras de Bilawal. Diplômée en management à l’univerTrès impopulaire et détesté de l’estasité de Lahore, Hina a terminé ses brilblishmentmilitaire,leprésidentZardariest lantes études aux États-Unis. Elle doit son constamment sur la sellette. Il redoute que les frasques de son rejeton ne le fragilisent davantage encore. Et que ce dernier ne saborde sa carrière naissante en roucou! HINA lant avec une femme mariée. RABBANI KHAR Pendant que quelques mollahs réclaET BILAWAL ment un châtiment, l’époux offensé crie à BHUTTO la conspiration : on cherche, dit-il, à salir ZARDARI. l’image de Hina. « On » ? L’Inter-Services Idylle ou conspiration ? Intelligence(ISI),lesservicesderenseignements, que la ministre aurait mécontentés en favorisant une enquête onusienne sur des centaines de disparitions inexpliquées survenues dans la province du Baloutchistan–disparitionsquipourraient impliquer des responsables militaires et des agents secrets. L’ISI a publié un démenti le 30 septembre. ● MANISH SWARUP/AP/SIPA
MANUEL BALCE CENETA/AP/SIPA
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JOSÉPHINE DEDET
GÉORGIE
Bons baisers de Russie
Cruelle défaite du pro-occidental Mikhaïl Saakachvili lors des législatives du 1er octobre.
L
a révolution des Roses estelle terminée ? Les Géorgiens viennent en tout cas d’infliger un sévère camouflet à Mikhaïl Saakachvili, le jeune et très pro-occidental chef de l’État. C’est en effet Rêve géorgien, l’hétéroclite coalition dirigée par le milliardaire Bidzina Ivanichvili, qui a remporté sans conteste les législatives du 1er octobre. Inconnu il y a encore un an, ce dernier n’a cessé pendant la campagne de vilipender le « régime criminel » de son rival. Et de promettre à ses compatriotes, las du libéralisme sans frein N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
de Saakachvili, justice indépendante et réformes socioéconomiques. Après avoir d’abord revendiqué la victoire, le président a fini par reconnaître sa défaite. Ce qui n’a pas empêché son très probable futur Premier ministre d’appeler à sa démission. Ainsi débute une délicate cohabitation qui pourrait durer jusqu’au terme du second mandat de Saakachvili, dans un an – il ne peut en briguer un troisième. Réformateur très hostile à la Russie, le président en place avait été porté au pouvoir en 2004 après la chute d’Edouard
Chevarnadze, le vieil apparatchik soviétique. Mais depuis, sa popularité n’a cessé de s’éroder en raison du caractère de plus en plus autocratique de son régime. Deux semaines avant les législatives, la révélation du scandale des tortures dans les prisonsgéorgiennesaachevédelediscréditer. Mais l’enjeu majeur est ailleurs. La Russie contrôle depuis la guerre de 2008 les deux Républiques sécessionnistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud. Or Ivanichvili n’a pas caché son intention de rétablir avec elle des relations normales. ● JUSTINE SPIEGEL JEUNE AFRIQUE
Europe, Amériques, Asie ÉTATS-UNIS
Le lièvre et la tortue Mitt Romney était en bien mauvaise posture avant son premier duel télévisé avec Barack Obama. Mais celui-ci a clairement tourné à son avantage. Un come-back est-il encore possible ?
B
ien sûr, la prudence reste de mise. Les débats télévisés qui, d’ici à l’élection présidentielle du 6 novembre, opposeront Barack Obama à Mitt Romney peuvent encore changer la donne. Consacré à l’économie, le premier d’entre eux, le 3 octobre à Denver, a d’ailleurs clairement tourné à l’avantage du second. Il en reste deux à Obama pour rectifier le tir. Mais les démocrates ont quand même de bonnes raisons de se montrer optimistes. Au niveau national, le démocrate et le républicain sont encore au coude à coude dans les sondages. La dernière enquête CNN (réalisée avant le duel de Denver) crédite le premier de 49 % des intentions de vote, et le second de 47 %. Mais Obama s’envole dans les États clés, les fameux swing states. Deux cent trente-sept grands électeurs sont d’ores et déjà acquis à Obama (États de la côte ouest, New York, etc.) et 191 à Romney (Texas, États du Sud, etc.). Restent neuf États qui votent tantôt républicain tantôt démocrate. Sans eux, impossible d’atteindre le nombre fatidique de 270 grands électeurs requis pour être élu président des États-Unis. Il s’agit de la Floride, de l’Ohio, du Colorado, du Nevada, du New Hampshire, du Wisconsin, de l’Iowa, de la Caroline du Nord et de la Virginie. En raison de l’importance de leur population, les plus importants sont la Floride et l’Ohio, qui élisent respectivement 29 et 18 grands électeurs. Et dans ces deux États, selon les sondages, Obama vire largement en tête. En Floride, il recueillerait 53 % des intentions de vote, contre 44 % pour Romney. Une avance qui s’explique d’abord par le projet républicain de démanteler Medicare, l’assurance santé dont bénéficient les Américains les plus âgés. La Floride est en effet l’État où la proportion de retraités est le plus importante… Dans l’Ohio, l’avance d’Obama a augmenté de 3 points en un mois : 53 %, contre 43 % pour son adversaire. Dans le passé, jamais un républicain n’a été élu président en étant devancé dans cet État. Le démocrate gagne même du N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
PABLO MARTINEZ MONSIVAIS/AP/SIPA
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! ÉCHANGE D’AMABILITÉS à l’issue du premier débat présidentiel, le 3 octobre.
terrain dans certains bastions républicains, comme l’électorat ouvrier blanc. Les blue collars n’ont manifestement pas oublié qu’en 2009, c’est Obama qui a sorti du gouffre l’industrie automobile, très importante dans l’Ohio. En ultralibéral qu’il est, Romney s’était pour sa part opposé à tout plan de sauvetage. Tous les autres signaux sont au vert. Obama recueille ainsi 50 % d’opinions favorables, son taux le plus haut depuis deux ans. Selon un tout récent sondage du Washington Post, 45 % des Américains jugent qu’il ferait un meilleur commandant en chef des forces armées que Romney (35 %). Et 43 % lui font davantage confiance qu’à son adversaire (27 %) pour garantir la pérennité de Medicare – un enjeu crucial de l’élection. Plus
préoccupant encore pour le républicain, les Américains sont désormais 46 % (contre 45 %) à estimer qu’Obama est le candidat le plus à même de créer des emplois. Le taux de chômage est pourtant censé être son talon d’Achille… Romney n’est plébiscité que pour la réduction du déficit budgétaire. Résultat, la plupart des commentateurs voient Obama s’imposer sans coup férir le 6 novembre. Nate Silver, l’analyste vedette du New York Times, évalue même ses chances à 81 %. Tous insistent sur la calamiteuse campagne menée par le candidat républicain. CAFOUILLAGES. Depuis la convention
de Tampa, Romney a en effet multiplié cafouillages (comme lors de l’attaque du consulat américain de Benghazi) et JEUNE AFRIQUE
bévues. Enregistrée à son insu, sa sortie sur les 47 % d’Américains qui ne paient pas d’impôt et vivent aux crochets de l’État aénormémentchoqué.Désavouéejusque dans son propre camp, elle n’a pas manqué d’être exploitée par le camp Obama. Dans un spot publicitaire massivement diffusé dans les swing states, on entend ainsi les mots de Romney accompagnant des images de nécessiteux, de retraités et de vétérans… Tout est donc perdu pour le candidat du Grand Old Party? Non, il conserve des atouts dans sa manche. Romney n’a pour l’instant dépensé que 534 des 784 millions de dollars (415 millions d’euros sur 610), super PAC compris, qui constituent son trésor de guerre. Obama a lui dépensé 612 des 779 millions collectés par ses partisans. D’autre part, il n’est pas certain que les jeunes et les minorités votent aussi massivement pour Obama qu’en 2008. D’autant que les mesures adoptées par certains États républicains (production d’une pièce d’identité, etc.) pour, sous le couvert de la lutte contre la fraude électorale, les empêcher de prendre part au vote auront certainement un impact. Depuis que Romney a publié sa feuille d’impôt pour 2010 et 2011, le malaise autour du montant de sa fortune (entre 175 millions et 250 millions de dollars) se dissipe peu à peu. Une majorité d’Américains y voit mêmedésormaisunélémentpositif,même si près de 60 % d’entre eux continuent de penser que, s’il venait à être élu, Romney serait d’abord le président des (très) riches. COMPASSION. Surtout, le républicain a
assoupli son discours sur l’immigration et celui sur Medicare afin de marquer quelques points dans certains segments clés de l’électorat, comme les Latinos ou les retraités. Et il n’hésite plus à fendre l’armure. La semaine dernière, dans l’Ohio, il a ainsi manifesté un semblant de compassion pour les victimes de la crise qu’il venait de rencontrer. Son cœur, paraît-il, « souffrait »… S’il a fini par se décider à attaquer le président sur ses points forts, comme son bilan de commander in chief, Romney compte surtout, pour inverser la tendance, sur les deux derniers débats qui vont l’opposer à Obama. Il s’entraîne dans cette perspective depuis de longues semaines. Avec un certain succès comme on l’a vu le 3 octobre. S’il parvenait à s’imposer le 6 novembre, ce serait quand même un sacré come-back. ● JEAN-ÉRIC BOULIN, à New York JEUNE AFRIQUE
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PARCOURS | D’ici et d’ailleurs
Leïla Kaddour-Boudadi L’art de bien présenter Férue de lettres, la présentatrice du journal télévisé d’Arte a débuté comme enseignante avant de céder à ses premières amours et de se consacrer au journalisme.
D
E SA PREMIÈREVIE, celle d’une professeure de français et de lettres classiques à Poitiers, Leïla Kaddour-Boudadi a gardé un amour inconditionnel pour la transmission du savoir. Qu’importe le sujet, la journaliste-présentatrice met un point d’honneur à exprimer clairement sa pensée et à délivrer un message parfaitement compréhensible. « J’ai toujours aimé le monde des lettres, dit-elle. C’était quelque chose de très important au sein de ma famille. J’ai été élevée avec un fort désir d’intégration et d’excellence. » Née en 1980 à Aubergenville dans les Yvelines, petite-fille de harkis débarqués en France en 1962, Leïla Kaddour-Boudadi n’a cessé, tout au long de sa scolarité puis de son ascension professionnelle, de rendre hommage à l’école républicaine, « la seule divinité qu’on adore et respecte à la maison ». « Devenir prof était un moyen de restituer ce qu’on m’avait appris et de faire honneur à mes parents. J’étais heureuse d’enseigner, je me sentais utile et cette notion fondamentale a toujours guidé mes choix. » Comme celui, après six années d’enseignement, de reprendre à l’âge de 28 ans le chemin de l’école. Car après avoir passé pendant des années les vacances scolaires à arpenter les rédactions télé, radio et presse écrite en tant que simple stagiaire, de RFI à Marianne, de France 3 à la presse locale et institutionnelle, la jeune femme tranche: elle se donne trois ans pour percer dans le journalisme, le temps de mise en disponibilité accordé par l’Éducation nationale aux fonctionnaires désireux d’explorer de nouvelles voies. « Je ne voulais pas me réveiller à 45 ans avec des regrets. Je me suis dit: essayons, sachant que j’avais la possibilité de retrouver mon poste en cas d’échec. » Ce parachute lui donne aussi la liberté
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! « JE NE PEUX LE NIER, J’APPARTIENS À LA DIVERSITÉ, et tant mieux si l’on me perçoit ainsi », dit la jeune femme.
de refuser les compromis. Après une année spéciale à l’école publique de journalisme deTours, elle démarre dans le web chez afrik.com, un site d’actualité panafricaine qui lui apprend la rigueur. Puis elle est contactée pour participer à l’émission Direct chez vous, sur France 3. Reportages, portraits, présentation, Leïla Kaddour-Boudadi apprivoise la caméra. Elle embraie ensuite sur Paris Première dans Ça balance à Paris, un programme auquel elle collabore toujours: « Une vraie récréation pour moi. » Anticiper, avoir un coup d’avance – « une petite fenêtre en vue », selon ses mots – lui permet de s’assurer toujours d’autres perspectives.Trentenaire hyperactive, elle multiplie les expériences en
télévision, devenue son mode d’expression par occasion plus que par choix. « J’ai toujours voulu faire du documentaire, du long reportage en phase avec mon profil universitaire, prendre le temps de fouiller et de raconter les choses… Je me voyais davantage derrière la caméra que devant. J’ai d’ailleurs un sujet tout trouvé: l’école! » Mais c’est pourtant chez i>Télé, aux manettes du journal télévisé du week-end, dans un rythme de hot news impitoyable qu’on la retrouve ensuite pour une saison. Une année sportive et épuisante, formatrice mais presque violente. Elle apprend à assumer son image, et la femme-tronc d’i>Télé se mue peu à peu en présentatrice du journal d’Arte, en pied, une semaine sur deux. C’est là, à Strasbourg, qu’elle officie depuis début 2012, au terme d’une progression aussi fulgurante que méritée. « C’est un beau rendez-vous, JEUNE AFRIQUE
Europe, Amériques, Asie
La « veine Afrique » découverte chez RFI, explorée chez afrik.com et qui depuis ne l’a manifestement pas quittée, inspire une question : cette intello du PAF qui a écrit sur les « médias monochromes » et a choisi le thème de la diversité pour son devoir de fin d’études est-elle consciente de l’incarner aujourd’hui? « Je n’aime pas parler de minorité, ça sous-entend une majorité, une construction intellectuelle et politique d’influence, selon moi. Mais la question est fondamentale. Quand j’étais gamine, les infos étaient présentées par Rachid Arhab. C’était la première fois que je voyais à la télé un homme qui me ressemblait, qui ressemblait à mon père, à mes oncles. Et avec un nom pareil, au cas où ce ne serait pas clair!Tout cela est capital pour l’imaginaire collectif. Je ne peux le nier, j’appartiens à la diversité, et tant mieux si l’on me perçoit ainsi, c’est utile… même si je ne me qualifie pas ainsi, moi qui suis une pure Occidentale! » Leïla explique encore qu’elle ne se sent pas algérienne. L’histoire compliquée de ses parents, celle d’une population « sinistrée de l’Histoire », lui est en revanche indispensable pour se définir. D’ailleurs, elle souhaite ardemment découvrir leur pays et Oran, la ville dont ils sont issus. « C’est un voyage que je veux faire doucement. Je sais que ce sera très fort, alors j’ai besoin de commencer d’abord comme une touriste avant de partir sur leurs traces. Je suis une intello, j’ai besoin de sédimenter », conclut-elle avec un sourire effectivement studieux. ● LAURANNE PROVENZANO Photo: PASCAL BASTIEN pour J.A. JEUNE AFRIQUE
CORÉE DU SUD
La déferlante PSY Avec Gangnam Style, son clip déjanté, le rappeur de Séoul balaie tout sur son passage : plus de 350 millions de visionnages sur YouTube. Le phénomène prend même une dimension politique !
«
J
e suis petit, gros et moche ! Et me voilà invité sur tous les plateaux de télé du monde! » LerappeurcoréenPSY–Park Jae-sang, de son vrai nom – n’en revient toujours pas du succès planétaire de Gangnam Style, son clip. En deux mois et demi, la vidéo a été visionnée plus de 326 millions de fois. C’est le titre le plus « aimé » de l’histoire de YouTube ! Gangnam Style? Quatre minutes douze d’une chorégraphie loufoque, de « déhanchés galopants » exécutés par un play-boy gominé, boudiné dans son smoking mais entouré d’une armada de jolies filles. En se hissant à la première place du hitparade au Royaume-Uni, il a réussi là où les artistes lisses et branchés de la K-Pop (la pop coréenne) ont échoué: conquérir l’Europe. « Je voulais juste écrire un truc marrant pour mes potes », explique ce gosse de la bonne société de Séoul, un peu rebelle, très gâté et issu de l’univers superficiel et bling-bling des quartiers sud de la capitale. C’est justement ce milieu de nouveaux riches qu’il connaît
si bien que PSY raille dans son tube. Il y a trente ans, dans le quartier de Gangnam, il n’y avait que des rizières à perte de vue. Aujourd’hui, avec ses gratte-ciel et ses boutiques de luxe, il est le symbole de tous les maux de la société contemporaine, ultracompétitive, superficielle et obsédée par les apparences. Cette critique des dérives d’une certaine jeunesse échappe aux fans occidentaux. Mais la Corée du Nord ne s’y est pas trompée. Sur Uriminzokkiri, son site internet officiel, elle a aussitôt parodié le fameux clip pour ridiculiser Ahn Cheol-soo, le candidat indépendant à la prochaine présidentielle sud-coréenne. Richissime entrepreneur, celui-ci est partisan d’une plus grande fermeté à l’égard du régime de Pyongyang. « Yushin », son slogan de campagne, désigne cet ordre nouveau et autoritaire instauré autrefois (1971-1979) par le dictateur Park Chung-hee. Quand on sait que Park Geun-hye, la fille de ce dernier, est elle aussi candidate, on ne peut que sourire de l’humour des responsables nord-coréens ! ● JULIETTE MORILLOT
! PARK JAE-SANG, ALIAS PSY: « Je voulais juste écrire un truc marrant pour mes potes. »
JASON DECROW/AP/SIPA
une manière de faire de l’information qui me ressemble, j’y retrouve cette notion d’utilité qui m’était chère dans l’enseignement. » Ce qui la séduit aussi, c’est la dimension internationale de l’actualité délivrée par la chaîne, la rédaction binationale qui œuvre à ses côtés et le souci de rompre avec l’ethnocentrisme de rigueur dans les journaux nationaux européens. « Je suis médusée de voir le peu de temps accordé à l’international. L’Afrique, par exemple: un continent immense dont on ne parle pas, ou alors quand il s’y passe quelque chose de vraiment grave. »
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Europe, Amériques, Asie CHINE
L’usine à champions tourne à plein régime Pépinière de sportifs de très haut niveau, l’académie Shichahai accueille six cents jeunes de 6 à 16 ans. Objectif : les Jeux olympiques de Rio, dans quatre ans.
D
ès les premières heures de la matinée, ils sont à l’entraînement. Plusieurs dizaines de joueurs en uniforme bleu marine travaillent inlassablement leur revers. Le plus jeune n’a que 6 ans, le plus âgé 16 ans. On n’entend que les ordres de l’entraîneur et le cliquetis incessant des petites balles orange ou blanches. En Chine, le tennis de table est un sport national. Alors, à l’académie Shichahai, les entraînements sont pris très au sérieux. « Le matin j’étudie et l’après-midi je m’entraîne pendant deux heures et demie, puis encore une heure et demie le soir. Pendant les vacances, je m’entraîne en plusdeuxheuresetdemiechaquematin.Je progresse, mais je dois encore travailler », expliqueZhuZheyang,10ans.Cequ’ilveut être plus tard? La réponse claque comme un smash : « Champion du monde ! »
NG HAN GUAN/AP/SIPA
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! PONGISTES EN HERBE à l’école des athlètes de Pékin.
cinquante-quatre ans, elle forme les plus grands sportifs du pays – et pas seulement des pongistes ! À son palmarès, déjà 7 titres olympiques et 40 titres mondiaux. Tous les sports olympiques sont enseignés, mais l’école propose aussi MODÈLE SOVIÉTIQUE. « Le ping-pong des entraînements dans des disciplines est un sport de stratégie, commente Gu comme le kung-fu, un proche parent du Yunfeng, l’un des entraîneurs. Il faut savoir karaté. « La Chine a fait beaucoup d’efforts s’adapter à son adversaire. C’est bénéfique pour développer cet art martial et en à la fois pour le corps et pour l’esprit. » Lors faire un sport de pointe dans lequel nous des derniers Jeux olympiques de Londres, serons les meilleurs, lance Sun Wenhong, la Chine a tout raflé dans cette discipline. l’entraîneur. Le kung-fu représente cinq mille ans d’histoire de la Chine. » Ce qu’il veut être plus tard ? L’école est gratuite et La réponse claque comme un les enseignements pris en charge par l’État. Mais il smash : « Champion du monde ! » faut accepter de travailler Bien sûr, tous ne décrocheront pas une dur. Lever à 6 heures et internat obligamédaille. Les moins valeureux resteront toires pour tout le monde. Pyramidal sur le carreau. À Shichahai, seul un élève et centralisé, le système sportif chinois sur trois passe professionnel. Dans cette impose une impitoyable sélection dès l’école primaire. Au terme d’un vrai usine à champions conçue sur le modèle parcours du combattant, les meilleurs des camps d’entraînement soviétiques des années 1960, on mange, on dort et finissent par intégrer soit l’une des 3 000 écoles de sport que compte le pays, on pense sport. À longueur de journée. Les coachs y sont tous d’anciens sportifs soit l’un des 300 internats d’élite, comme de haut niveau. Shichahai. Pour espérer devenir l’un des C’est à ce prix que l’école est deve23 000 athlètes « agréés par l’État », ou nue une véritable institution. Depuis l’un des 60 000 professionnels eux aussi N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
intégralement pris en charge, les apprentis champions doivent se soumettre à une discipline de fer, accepter d’être séparés de leur famille et encaisser de colossales charges de travail. JEU ÉGAL. « Nous savons que si quelqu’un
veut devenir un bon athlète il doit bien sûr avoir un bon niveau technique, mais il doit aussi être capable de bien réfléchir, commente Shi Fenghua, le directeur adjoint de Shichahai. Nous attachons donc beaucoup d’importance à l’enseignement scolaire. Pendant les neuf premières années, nos pensionnaires suivent les mêmes cours que les étudiants normaux. » « Les nouvelles directives officielles nous demandent de nous concentrer davantage sur la formation académique, renchérit Zhang Yang, la directrice. Nous essayons de former des athlètes complets, capables de réussir leur vie même s’ils échouent à mener une carrière sportive de haut niveau. » Aux Jeux de Séoul, en 1988, la Chine n’avait remporté que 5 médailles d’or. Loin derrière les États-Unis (36). Cette année, à Londres, l’écart s’est beaucoup resserré : 38 contre 46. À Rio, dans quatre ans, elle espère faire au moins jeu égal. ● SÉBASTIEN LE BELZIC, à Pékin JEUNE AFRIQUE
LE PLUS
de Jeune Afrique
FRANCOPHONIE Un sommet nommé désir…
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PORTRAIT Matata, l’homme de la rigueur ÉCONOMIE Virage à 180 degrés SORTIR Jours et nuits à Kinshasa
RD CONGO
Mbote
changement ?* MADS NISSEN/PANOS-REA
Alors que le pays s’apprête à accueillir le 14e sommet de la Francophonie, une petite révolution semble en marche à Kinshasa. Six mois après la nomination du nouveau gouvernement, les premiers signes d’une réelle volonté de remettre enfin le géant sur les rails se font sentir.
* Bonjour changement ? (en lingala)
JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de Jeune Afrique
LE PLUS
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de Jeune Afrique
Prélude François Soudan
RD CONGO
Mbote
changement ?
Ça va un peu
L
ES ÉLECTIONS encouragent- et le contrôle. C’est qu’entre-temps les elles la démocratie ? Leur fragiles piliers sur lesquels reposait le répétition est-elle bénéfique miracle – une Constitution équilibrée, pour les progrès de la bonne un Parlement fort, un exécutif compégouvernance et, en définitive, pour tent – se sont affaissés. Les députés se le mieux-être des citoyens ? sont endormis sur leurs Nissan Patrol À ces questions d’école, le pays neuves et leurs 6 000 dollars mensuels, hôte du prochain sommet de la deux titulaires somnolents se sont Francophonie apporte des réponses succédé à la primature et le scrutin à bien mitigées, à la mesure de la com- tour unique est venu sonner le glas du plexité des enjeux. Il y a tout juste six débat pluraliste. Dans la rue, on finit ans, elles auraient au contraire incité par dire : « Après les élections = avant à l’optimisme. les élections. » Comme on disait, au On se souvient de ce scrutin histo- milieu des années 1960: « Après l’indérique de 2006, première consultation pendance = avant l’indépendance. » véritablement pluraliste et démocratique depuis l’indépendance, marD’où vient alors que, en dépit du qué par un minimum de fraude et un délabrement social, de la guerre dans élan patriotique émouvant, remporté l’Est, du mirage chinois des « cinq chandans la dignité et sans contestation valable Depuis quelques mois, une nouvelle par un Joseph Kabila alors au faîte de sa dynamique de responsabilisation popularité. On se sou- semble souffler sur la RD Congo. vient de notre inquiétude, presque de notre compassion, tiers » (que les Congolais appellent, pour ce jeune président confronté avec leur inimitable sens de l’humour, à une tâche immense : rendre réel les « tcheng tchang tché ») et de bien un État virtuel. De nos espoirs aussi d’autres petits et grands malheurs, quand, dans son discours d’investiture, les Kinois vous avouent malgré tout il annonça qu’était venu le temps de qu’aujourd’hui « ça va un peu » ? la rigueur et de la discipline, et qu’un Sans doute parce qu’une nouvelle Parlement pugnace lui emboîta le dynamique de responsabilisation, pas, revisitant sans états d’âme une impulsée par un président qui a pris soixantaine de grands contrats miniers conscience des risques de l’isolement et dont pas un n’était conforme à la loi. par un nouveau chef du gouvernement, plus gestionnaire que politique, semble Cinq ans plus tard, hélas, la depuis quelques mois souffler sur la seconde élection présidentielle de l’ère République démocratique du Congo. Kabila a paru inverser les données. Si, encouragé par le sommet de l’OIF, Tensions, violences larvées, fraude, ce mouvement positif se poursuit, contestations… on pourra alors penser que l’élection La communauté internationale, réussie de 2006 et celle, bancale, de qui avait largement subventionné la 2011 s’équilibrent en un seul et même consultation de 2006, a perdu la main balbutiement démocratique. ● JEUNE AFRIQUE
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FRANCOPHONIE Un sommet nommé désir…
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GOUVERNEMENT Matata, l’homme de la rigueur
p. 84
OPPOSITION Désaccords majeurs p. 88 ITINÉRAIRE URBAIN Kin sur son trente et un p. 92 ÉCONOMIE
Virage à 180 degrés p. 97 Environnement des affaires, un microclimat chargé p. 102 Ce qui bouge dans les différents secteurs (banque, agriculture, transports, médias…) p. 104 SOCIÉTÉ Immobilier, décoration, shopping : les tendances de la capitale p. 127 PORTRAITS Féminin pluriel
p. 134
LOISIRS Sortir à Kinshasa
p. 140
LANGUES VIVANTES Le français en version ambiancée, par l’écrivain Lye M. Yoka p. 150
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Le Plus de Jeune Afrique
ÉVÉNEMENT
Un sommet nom Du 12 au 14 octobre, la capitale congolaise accueille les délégations des 75 États et gouvernements de la Francophonie. Une première qui n’a pas été simple à mettre sur pied.
D
ans toute l’histoire de la Francophonie,jamaisunsommet n’aurasuscitéautantd’attentionni cristallisé tant de tensions diplomatiques. « Depuis la première édition, en 1986, nous sommes allés dans toutes les régions francophones, mais jamais en Afrique centrale. Celle de 1991 devait se tenir à Kinshasa [cela n’a pas été le cas en raison N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
PHILIPPE PERDRIX
de la crise dans le pays, NDLR], je suis donc heureux que ce projet aboutisse », explique Abdou Diouf, le secrétaire général de la Francophonie, qui se dit tout à la fois heureux et soulagé (lire J.A. n° 2699 du 30 septembre). Il y a de quoi, tant l’accouchement fut difficile. La lente agonie du Zaïre, la guerre dans une RD Congo sortant péniblement du chaos, puis une laborieuse reconstruction ont eu jusqu’alors raison d’une évidence démographique. Cet immense espace allant des forêts du bassin du Congo jusqu’aux savanes de l’Afrique australe, des côtes de l’océan Atlantique jusqu’aux rives du lac Tanganyika, est le pays francophone le plus peuplé au monde, avec plus de 70 millions d’habitants. Il se devait donc d’accueillir cette JEUNE AFRIQUE
Mbote changement ? ! LE PALAIS DU PEUPLE où se tiendront les rencontres entre chefs d’État.
de la Francophonie sans le chef de l’État français était impensable », reconnaît-il aujourd’hui. « L’inquiétude a été vive », ajoute un fonctionnaire de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF).
mé désir... grand-messe. L’invitation a été finalement lancée par le président, Joseph Kabila, lors du précédent sommet de Montreux, sur les bords du lac Léman, en octobre 2010. Sauf que depuis, les scrutins présidentiel et législatifs de novembre 2011 ont douché l’optimisme de Montreux. Àl’Élysée,leprésidentfrançais,Nicolas Sarkozy, avait effacé le sommet de son agenda. Après sa victoire à l’élection présidentielle de mai 2012, François Hollande semblait être sur la même ligne que son prédécesseur. Depuis ses bureaux parisiens, avenue Bosquet, Abdou Diouf se mue alors en arbitre. « Un sommet JEUNE AFRIQUE
Les précédents sommets africains de l’OIF
1989
3e – Dakar (Sénégal)
1995
6e – Cotonou (Bénin)
2004
10e – Ouagadougou (Burkina)
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
CONDITIONS. Début juillet, Raymond Tshibanda, le ministre congolais des Affaires étrangères, entreprend une tournée européenne. Et déclare à Jeune Afrique : « Hollande à Kinshasa, j’y crois. » Sauf qu’au même moment un communiqué du Quai d’Orsay dresse la liste des conditions: « des progrès concrets » dans le domaine des droits de l’homme et la transparence électorale. Le 7 juillet, dans son bureau du Palais de la nation, Joseph Kabila se fâche et laisse entendre qu’il préfère renoncer à cet événement plutôt que d’obtempérer aux oukases parisiens. « De toute façon, j’ai la guerre dans l’Est », conclut-il. Le 8 juillet, le réalisateur belge Thierry Michel, qui venait présenter son film sur l’affaire Chebeya, est refoulé à l’aéroport de Kinshasa. Aussitôt, Paris « regrette profondément » cette décision. Le 9 juillet, François Hollande reçoit à l’Élysée Abdou Diouf et lui rappelle ses exigences pour envisager un déplacement. Deux jours plus tard, le secrétaire général de la Francophonie rencontre à Bruxelles le président de l’Assemblée nationale congolaise, Aubin Minaku. « La balle est dans le camp congolais », explique un proche de Diouf. ORDRE DU JOUR. C’est durant cette séquence que le calendrier législatif congolais commence à se caler. Objectif : envoyer des signaux positifs. La réforme de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), tant décriée durant les scrutins de novembre 2011, est lancée. Elle doit conduire à l’éviction de son président, Daniel Ngoy Mulunda, dont la tête est demandée par les bailleurs de fonds du processus électoral. « Avec lui, nous savions que nous allions à la catastrophe », explique un ambassadeur en poste à Kinshasa. La création d’une Commission nationale des droits de l’homme est également promise. Ces deux lois doivent être votées tout prochainement. De quoi rassurer et satisfaire Paris ? Apparemment oui. Le 27 août, le président français annonce qu’il se rendra au sommet de la Francophonie. Hollande vient, mais il prononcera, au Palais du peuple, un discours qui pourrait faire grincer quelques dents kinoises, et rencontrera en tête à tête l’opposant Étienne Tshisekedi (lire pp. 88-89). Le 29 septembre, son parti, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a indiqué qu’il ne manquerait pas de donner de la voix pendant la durée du sommet « pour dire au monde » son refus du résultat de la présidentielle de ● ● ● N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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Le Plus de J.A. RD Congo QUESTIONS À | Séraphin Ngwej
Ambassadeur itinérant de RD Congo
« C’est le chef de l’État qui prend toutes les initiatives »
L
e pays est souvent critiqué pour ses choix considérés comme erratiques en matière de politique internationale. Pourtant, selon l’ambassadeur itinérant de RD Congo, sa diplomatie a bien changé. JEUNE AFRIQUE : La RD Congo a-t-elle une démarche diplomatique plus claire ? SÉRAPHIN NGWEJ: À chaque époque correspond une forme de diplomatie. Aujourd’hui, nous sommes engagés dans une dynamique de paix et de reconstruction du pays, dont nous devons redorer le blason.
Sur la gestion de la crise dans l’Est, n’y a-t-il pas cafouillage ? Je ne crois pas. Pour la toute première fois, nous avons réussi à inverser les rapports de force. Si nous n’avions pas été actifs, le rapport des experts des Nations unies avec ses annexes sur le caractère flagrant du soutien du Rwanda au M23 n’aurait jamais été publié. Les États qui comptent ont adopté des positions claires et sont allés au-delà de la simple diplomatie. Ce n’est pas du tout symbolique. C’est la preuve que nous agissons. On a le sentiment que les résultats sont plutôt maigres… Au contraire. La RD Congo se déploie à tous les niveaux pour contraindre le Rwanda à arrêter de soutenir le M23 et à retirer ses troupes. Les Nations unies et le Conseil de sécurité doivent tirer les leçons du rapport des experts. Nous œuvrons sérieusement N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
novembre 2011. L’UDPS n’assistera pas à la cérémonie d’ouverture, mais appelle à une « journée ville morte » le 9 octobre et à une opération « occupation des rues » le 12. De son côté, la présidence congolaise s’apprête, et cherche des appuis. Les présidents Jacob Zuma (Afrique du Sud), José Eduardo dos Santos (Angola) et Jakaya Kikwete (Tanzanie) – trois pays non membres de l’OIF – pourraient être les trois invités surprise. Quant aux équipes de l’OIF, elles mettent les bouchées doubles. À l’ordre du jour, du 12 au 14 octobre : la situation internationale, la place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale, l’environnement, le développement économique et bien évidemment la langue française. « Mais il va de soi que les chefs d’État parleront beaucoup de la crise malienne et de la situation en RD Congo », avance Près de la moitié un proche collaborateur du secrétaire général de des 220 millions la Francophonie. À prode francophones pos du Mali, au même dans le monde moment à New York, sont africains les diplomates onusiens plancheront sur un projet de résolution prévoyant le déploiement d’une force internationale. Sur la situation en RD Congo, tous les regards seront braqués sur le Nord-Kivu. Le 1er octobre, les mutins du mouvement M23 ont menacé de prendre la ville de Goma. Pour entrevoir une sortie de crise, Abdou Diouf espère obtenir la présence du président rwandais, Paul Kagamé. Ce serait un joli coup pour une francophonie dont l’avenir se situe sur le continent.
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pour qu’une résolution claire vienne établir les responsabilités sur le terrain. Pourquoi le ministre des Médias parle-t-il plus que celui des Affaires étrangères ? Qui fait quoi ? C’est le chef de l’État qui prend toutes les initiatives. Il contacte ses pairs, les informe. Le Premier ministre [Augustin Matata Ponyo, NDLR] assure le suivi de ces initiatives pour mieux les encadrer. De son côté, le président de l’Assemblée nationale [Aubin Minaku] dispose d’un outil d’accompagnement à travers la diplomatie parlementaire. Mais la cheville ouvrière de notre diplomatie reste le ministre des Affaires étrangères, Raymond Tshibanda. Il connaît bien les chefs d’État et les enjeux de la région grâce à sa longue expérience des questions internationales acquise aux Nations unies. Av e z - v o u s d e n o u v e a u x soutiens ? La situation a complètement changé. Nous traitons directement avec le département d’État américain. Les Britanniques, nos premiers pourvoyeurs d’aide, sont demandeurs d’une nouvelle vision dans notre coopération. Ils pensent qu’une RD Congo bien organisée au niveau de ses ressources minières peut être une réponse à beaucoup de problèmes locaux et un réel moteur de croissance pour l’Afrique. ● Propos recueillis à Kinshasa par TSHITENGE LUBABU M.K.
BENJAMIN MANANIKA MASU
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BUSINESS. En 2050, 85 % des francophones seront africains, soit 700 millions de personnes. « Si le sommet avait été reporté ou déplacé, cela aurait été un affront fait à l’ensemble du continent. La francophonie aurait en quelque sorte tourné le dos à son avenir », explique un responsable de l’OIF. « Et Kabila aurait tout misé sur les Chinois et les Sud-Africains pour le business », ajoute un opérateur économique français, qui reconnaît qu’un lobbying a été mené dans les bureaux des palais de la République. Ce dernier argument a convaincu notamment Stephen Harper, le Premier ministre du Canada, pays comptant quelques champions miniers. « François Hollande n’y a pas été non plus insensible », assure le même interlocuteur qui rappelle, entre autres, que le français Areva dispose en RD Congo d’une convention de prospection d’uranium. Silencieux comme à son habitude, Joseph Kabila avait certainement évalué la force de ces différents paramètres. Dans la langue de Shakespeare, cela donne : business as usual. ● JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de J.A. RD Congo GOUVERNEMENT
Matata, l’homme de la rigueur
par hasard que, devenu Premier ministre, Matata Ponyo a préféré garder lui-même le contrôle du portefeuille des Finances en y nommant un ministre délégué.
MIRACULÉ. S’il est membre du Parti du peuple pour la reconstruction et la Avec le soutien du chef de l’État, malgré un naturel discret, démocratie (PPRD, présidentiel), Matata Ponyo, qui n’y exerce aucune fonction le Premier ministre a imposé son style, sa méthode… officielle, est plutôt discret et, même en et un programme qui ne laisse rien au hasard. tant que grand argentier du pays, n’était pas très connu du grand public. Jusqu’au n swahili, matata veut dire proune corruption profondément ancrée 12 février dernier. Ce jour-là, il est avec blèmes, difficultés et, par extendans les mœurs du pays et inscrite dans d’autres personnalités dans un avion sion, on dit de quelqu’un de peu le quotidien, de celui des taxis, contraints qui s’écrase sur l’aéroport de Bukavu, malléable qu’il est matata. En de payer régulièrement les forces de l’ordre dans le Sud-Kivu. L’un des passagers, lingala, matata est employé dans un Augustin Katumba Mwanke, très proche pour pouvoir circuler, à celui des grands contexte conflictuel et, dans l’entendedu président Joseph Kabila, est tué sur le marchés publics. coup. Donné pour mort, le ministre des ment populaire, une personne est matata Le chef du gouvernement n’est pas un Finances est finalement sauf. « Je suis lorsqu’elle est compliquée. Augustin professionneldelapolitique.Issudesrangs resté inconscient pendant une heure. Je Matata Ponyo l’est-il? Rien n’est moins sûr. des technocrates, il est devenu ministre revois Katumba, cet homme réputé toutC’estunhommede48ansempruntdesimen février 2010, dans le gouvernement plicité, auquel certains reprochent d’être puissant, qui est monté dans l’avion habillé d’Adolphe Muzito, au portefeuille des trop droit, trop rigoureux, trop tatillon, Finances. Une entrée remarquée puisque très simplement, sandales aux pieds, se etc. Certes, le nouveau Premier ministre lesaspirationsetlestyledel’économisteont souvient le miraculé de Bukavu. Rescapé, montre une volonté manifeste de sortir tout de suite détonné avec les (mauvaises) je n’avais plus le même regard sur la vie. » de l’ordinaire. Y compris dans les détails. habitudes. Il a ainsi interdit à certains Après des soins en Afrique du Sud, contre Après sa nomination, en avril, en prenant commerçants étrangers, passés maîtres toute attente, Matata est nommé Premier possession de ses bureaux à La Gombe, dans l’art de graisser la patte, de mettre les ministre le 18 avril. le long du fleuve, là où tous les Premiers pieds dans son ministère, et fait refouler le Le grand public découvre alors un ministres ont œuvré, à commencer par cortège d’importuns qui, abusant de leur homme aux costumes sombres, aux chePatrice Lumumba en 1960, le nouveau qualité, venaient encombrer ses couloirs mises blanches et aux éternelles cravates locataire a estimé qu’ils étaient dans un rouges. Lesquelles poussent certains de sans aucun rendez-vous. Beaucoup de état crasseux, indignes d’une primature, ses compatriotes à le soupçonner d’approches collaborateurs de ses collègues et décidé qu’il était temps de les remettre d’alors, habitués à venir chercher leurs partenir à une loge maçonnique, à un enfin en état. Même chose pour le pays. cercle ésotérique ou, mieux, d’avoir des pouvoirs surnaIl a préféré garder le contrôle turels. Le Premier ministre RÉSISTANCE. Depuis que Matata Ponyo est à la tête du gouvernement, un nouveau s’en amuse. « J’ai adopté ce du portefeuille des Finances, en vocable est en vogue à Kinshasa, le verbe style vestimentaire quand y nommant un ministre délégué. je suis devenu ministre « matatiser ». Matatiser ? L’intéressé en sourit. « Les gens ont inventé ce verbe des Finances. Pour moi, le parce que j’ai décidé de bloquer tous les enveloppes pour des dépenses prétendurouge symbolise l’abnégation. » Issu d’un circuits par lesquels passe la corruption et mentpubliques,sesouviennentêtrerentrés milieu très modeste, malgré sa réussite, qui empêchent ainsi l’État de percevoir ce bredouilles. Ce qui importe alors pour Matata Ponyo continue de penser que « l’argent n’est qu’une apparence ». Pour qui lui est dû. » lui, c’est la stabilisation du cadre macroÉvidemment, les critiques pleuvent. économique, la lutte contre les passelui, l’équilibre repose d’abord sur Dieu « Depuis que Matata est là, l’argent ne (c’est un protestant pratiquant), ensuite droits, la fraude fiscale et le détournement quasi systématique des deniers publics. sur la famille (il est marié et père de quatre circule plus, commente un député de la majorité. D’ailleurs, dans Kin, beaucoup Bref, tout ce qu’il faut pour se faire des enfants) et, enfin, sur le travail bien fait. de chantiers, essentiellement dans le bâtiennemis,mêmeauseindugouvernement. ment, sont à l’arrêt. » Mais Matata Ponyo, La résistance du ministre des Finances ORDINAIRE. Jusqu’à quel point pousse-tsûr de son fait, ne s’en laisse pas conter. aux pressions venant de toutes parts finit il l’abnégation et la rectitude? Son bureau « Si tout l’argent dû à l’État rentrait dans parpayer.LesinstitutionsdeBrettonWoods n’a pas de dimensions démesurées, il ses caisses, nous réaliserions beaucoup de et autres bailleurs de fonds apprécient. En est plutôt ordinaire. Derrière lui, sur choses sans nous endetter. Il faut fermer juin 2010, la RD Congo atteignait le point un meuble, des photos en couleurs de les robinets de la corruption », confie-t-il. d’achèvement de l’Initiative en faveur des ses enfants. Grand lecteur et homme de l’écrit, Matata Ponyo note, annote, Selon l’économiste congolais Oasis Kodila pays pauvres très endettés (PPTE) et bénéTedika, 55 % des recettes du Trésor public ficiait de l’annulation d’une très grande souligne et ne résiste pas souvent à la tense volatilisent à cause de la corruption, partie de sa dette extérieure. Ce n’est pas tation d’émailler ses discours de citations.
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JEUNE AFRIQUE
Mbote changement ? qui compte pour lui, ce sont les compétences, les curriculum vitæ des uns et des autres, qu’il examine avec le plus grand soin », souligne son directeur de cabinet, José Sele, 44 ans, originaire de Gemena (Équateur), qui le connaît depuis seize ans et travaille avec lui depuis dix ans. D’après Sele, les personnes originaires du Maniema (Centre-Est), la province natale du Premier ministre, sont plutôt minoritaires autour de lui. C’était déjà le cas lorsqu’il dirigeait le Bureau central de coordination (BCECO), entre 2003 et 2010.
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
MAINS LIBRES. La méthode Matata, qui,
! « UNIFORME » QUOTIDIEN du chef du gouvernement : costume sombre, chemise blanche et cravate rouge.
Premier arrivé à la primature, entre 5 heures et 6 heures du matin, il en repart toujours tard. Selon un membre de son cabinet, « pour lui, la ponctualité est une qualité essentielle ». Lors des premières réunions de son équipe, les ministres retardataires n’ont pas été autorisés à entrer dans la salle. Une leçon qu’ils n’ont pas oubliée. À l’instar des membres de son gouvernement, ses collaborateurs ont été amenés à adopter rigueur et efficacité, JEUNE AFRIQUE
notamment en passant à des méthodes de travail modernes. Le temps étant précieux, plus de secrétaires ni de dactylographes pour saisir leurs textes, ils s’en chargent eux-mêmes, sur leurs ordinateurs et, chaque fois qu’ils reviennent de mission, ils savent que le plus urgent est d’envoyer leur rapport « au patron ». Contrairement à beaucoup de décideurs et responsables congolais, Matata Ponyo ne joue pas la carte ethnique, tribale ou régionale. « Ce
on l’aura compris, ne plaît pas à tout le monde, est tout entière articulée autour de la transparence. Transparence du patrimoine des membres du gouvernement et autres collaborateurs, qui fait l’objet d’une déclaration. Transparence de l’action gouvernementale, via une feuille de route donnée à chaque ministre, qui, avec obligation de résultats, « doit rendre compte ». Afin d’aborder les questions spécifiques au champ d’action de chacun des membres du gouvernement, des réunions en comité restreint sont organisées quasi quotidiennement. Auxquelles s’ajoutent, évidemment, des échanges permanents avec le chef de l’État. « Le Premier ministre est un brillant sujet qui travaille dur et qui a une vision. Ce n’est pas un politique, mais un technocrate pur ; les politiques aménagent, pas les technocrates, confie un membre du gouvernement. Il sait mettre de l’ordre, imposer la discipline et a, en plus, le sens des responsabilités. Comparé à Muzito, il a les mains plus libres et les ministres le respectent. » Fier d’avoir été formé dans son pays – il est licencié en économie monétaire et internationale et détenteur d’un diplôme d’études approfondies (DEA) en économie du développement de l’université de Kinshasa, où il a été professeur assistant de 1988 à 2000 –, Matata Ponyo voudrait parvenir à mobiliser le plus de ressources locales possibles plutôt que de tout attendre des bailleurs de fonds. Pour arriver à ses fins – et à ces moyens que, il en est convaincu, la RD Congo possède largement –, la seule voie possible est d’assainirlemilieudesaffaires,derenflouer les caisses de l’État et d’éradiquer la corruption… Plusieurs fronts mais une seule et même bataille, décisive, qu’il doit mener en résistant aux tenants du statu quo. ● TSHITENGE LUBABU M.K., envoyé spécial N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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Le Plus de J.A. RD Congo POUVOIR
La vie après Katumba Depuis la disparition du plus proche conseiller et ami du chef de l’État, le cercle des hommes du président a changé.
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usqu’à son décès le 12 février, il était généralement admis qu’Augustin Katumba Mwanke, très proche du président Joseph Kabila, jouait un rôle fondamental dans les affaires de l’État. C’était, disait-on, un tireur de ficelles dont l’influence lui permettait de « diriger un gouvernement bis », avec l’aval du chef de l’État.
lesquelles d’autres décidaient à sa place. Pour lui, c’était pire qu’une humiliation. C’est pourquoi il a décidé de reprendre les choses en main. » Cette reprise en main auraitcommencédèslesélectionsde2011. « Le chef de l’État s’est pleinement investi dans la campagne pour que personne ne puisse prétendre qu’il lui doit sa réélection, même pas Daniel Ngoy Mulunda [le pré-
majorité dans le gouvernement de Matata ? Toujours est-il que plusieurs de ces membres actuels, « nouveaux » ou « reconduits », ont son oreille. C’est le cas de Raymond Tshibanda Ntungamulongo, 62 ans, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération internationale et de la Francophonie, un ancien « très écouté par le président », dit-on à Kinshasa. Tout comme Richard Muyej Mangenz, 57 ans, un autre ancien à qui a été confié le stratégique portefeuille de l’Intérieur, ou encore Lambert Mende Omalanga, 59 ans, ministre des Médias, internationalement connu pour ses prises de position lorsqu’il est question de « défendre » la République, notamment dans le différend avec le Rwanda. FRÈRES ET SŒURS. Parmi
les nouvelles têtes, l’économiste Daniel Mukoko Samba, vice-Premier ministre chargé du Budget, ne passe pas inaperçu. Ancien directeur de cabinet adjoint d’Adolphe Muzito, Mukoko Samba est ministre pour la première fois. Très disert, il ne rechigne pas à passer devant les micros et les caméras afin d’expliquer l’action du gouvernement. En dehors de cette équipe, quelques autres personnalités proches du chef de l’État sont entrées un peu plus dans la lumière, notamment sur la scène parlementaire, comme ! JOSEPH KABILA (à d.) et RAYMOND TSHIBANDA, son ministre des Affaires étrangères, à l’Assemblée Aubin Minaku, le président générale des Nations unies, à New York, le 25 septembre. de l’Assemblée nationale. Bien qu’il ne soit pas un poids Présupposés ou réalité? Huit mois après la sident décrié de la Commission électorale lourd du parti présidentiel, Minaku a été nationale indépendante, NDLR]. Ayant disparition de Katumba, les avis semblent récompensé pour son attachement sans plus nuancés. Certains affirment qu’il repris l’initiative, le climat s’étant “assaini”, faille au chef de l’État, qu’il soutenait déjà n’était pas aussi puissant que cela. Mais Kabila veut être le seul maître à bord : les lors de la campagne pour la présidentielle lui a-t-on trouvé un remplaçant ? « La de 2006, et profite de sa foncfonction qu’il exerçait a éclaté. Il était à tion pour mener des actions Élue députée fin 2011, Jaynet la fois le grand frère, l’ami, le confident, diplomatiques. On remarque Kabila, la jumelle de Joseph, le conseiller technique et financier du aussi l’affirmation de Jaynet chef de l’État… Beaucoup de personnes Kabila, 41 ans, la sœur reste discrète. Et influente. cherchent à lui succéder, mais une telle jumelle du président, élue gens qui comptent ne le doivent plus à personnalité est irremplaçable », estime députée lors des dernières législatives et le leader d’un petit parti de la majorité l’influence qu’ils exercent sur lui, mais désormais présidente de la Commission présidentielle. aux fonctions qu’ils occupent ; il écoute, des sages de l’Assemblée nationale. Si elle mais la décision lui appartient. » reste discrète, son influence n’en est pas À en croire l’un des très proches collaborateurs du chef de l’État, l’époque Est-ce pour bien faire passer le message moins réelle. À noter que son adjointe des maîtres à penser est de toute façon s’appelle… Caroline Bemba, la sœur de que Joseph Kabila n’a pas reconduit, révolue. « Le président a beaucoup soufJean-Pierre. Ça ne s’invente pas. ● à quelques exceptions près, la plupart fert moralement des allégations selon TSHITENGE LUBABU M.K. des ex-ministres chefs de partis de la ELIOT PRESS
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JEUNE AFRIQUE
LES INDICATEURS D’UNE RELANCE EFFECTIVE
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epuis le lancement de son Plan Stratégique de Développement 2012-2016, la GÉCAMINES SARL ne cesse de faire des pas de géant dans son effort de redressement avec pour objectif 1 milliard de dollars de chiffres d’affaires annuel en 2016. En effet, la signature le 1er août 2012 d’un accord de financement avec la Banque Sud-Africaine de Développement (DBSA) en témoigne à suffisance. « Cet accord est destiné à un accompagnement dans les opérations de relance et la levée des fonds pour soutenir le programme d’investissement de la société » a précisé Ahmed Kalej Nkand, l’administrateur Délégué de GÉCAMINES SARL.Au total 631 millions de dollars sont requis pour matérialiser les objectifs que l’entreprise s’est assignés, le but étant d’arriver,d’icicinqansàuneproduction de 100.000 tonnes de cuivre par an. GÉCAMINES SARL a prioritairement relancé les activités de prospection pour un coût de 72 millions afin de confirmer ses réserves et d’identifier de nouveaux gisements sur une zone d’environ 7 000 km². Elle compte ainsi, dans une première phase, certifier plus de 4 millions de tonnes de cuivre de réserves. Sur le plan financier, l’exécution de son Plan lui a ouvert de nouvelles opportunités. Devenue fréquentable, l’entreprise a bénéficié de 94 % de réduction de sa dette de la part de l’Agence Française de Développement. Récemment, GÉCAMINES SARL a remporté une victoire retentissante contreunfondsvautourFGHemisphère devant le Privy Council (la Cour suprême britannique) dont la décision
fera désormais jurisprudence. Avec une trentaine de contrats de partenariat, elle gère un important portefeuille de participations ; l’amélioration de la gestion desdits partenariats, notamment à travers des audits, est un des axes de son plan stratégique. « Tout ce que nous désirons, c’est nous rassurer que la GÉCAMINES SARL obtienne ses rétributions lors de l’exécution des contrats de joint-ventures… » a affirmé AlbertYuma, président du Conseil d’administration de la GÉCAMINES SARL.Etc’estdansceregistrequeGÉCAMINES SARL a conclu un accord avec Copperbelt (Somidec) en vue de la résiliation du contrat d’association pour l’exploitationdesgisementsdeDeziwaet Ecaille C, et la récupération des 68 % des parts détenues par celles-ci dans cette JV. En date du 25 septembre 2012, GÉCAMINES SARL vient de racheter les 60 % des parts qui revenaient à l’Entreprise Générale Malta Forrest dans la société Compagnie Minière du Sud Katanga où elle détenait déjà 40 %. Enfin, l’entreprise, sous la direction de l’Administrateur Délégué Kalej Nkand s’active sur le plan interne à développer en Centres de profit son importantréseaud’ateliersdefabrication secondaire en appui à la production et ses bureaux d’études, et ouvrir ce réseau à la clientèle extérieure. Tout est donc mis en marche pour remettre ce géant minier qu’est Gecaminessurl’orbitedegrandesentreprises africaines et mondiales. L’ambition est telle que chaque jour qui passe l’Entreprise marque des points tant sur plan de l’exploration, de l’exploitation, des partenariats que de l’amélioration des conditions de travail.
COMMUNIQUÉ
Ahmed Kalej Nkand
Administrateur Délégué de GÉCAMINES SARL.
LA GÉNÉRALE DES CARRIÈRES ET DES MINES
SOCIÉTÉ PAR ACTIONS À RESPONSABILITÉ LIMITÉE
SIÈGE SOCIAL : 419, boulevard Kamanyola - Lubumbashi, République Démocratique du Congo
Tél. : 00 243 23 41 105 - Fax : 00 243 23 41 041 - Courriel : info@gecamines.cd
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Un plan de relance ambitieux, des actions concrètes et des résultats probants.
Le Plus de J.A. RD Congo OPPOSITION
Désaccords majeurs Entre leaders aux abonnés absents et élus exclus de leur formation, la partition que jouent les partis depuis les scrutins de novembre 2011 s’avère de plus en plus difficile.
L
a présidentielle et les législatives du 28 novembre 2011 ont donné lieu à de nombreuses et virulentes contestations qui continuent d’alimenter les conversations. Le fait le plus marquant de la présidentielle à un tour aura été l’incapacité de l’opposition à se mettre d’accord pour présenter un seul candidat. La guerre des ego entre les Tshisekedi, Kamerhe et Kengo a en effet empêché tout dialogue constructif, donnant raison à ceux qui pensent que, dans cetteopposition,chacunprivilégied’abord ses propres intérêts. Pis, cette difficulté des ténors de l’opposition à s’entendre a incité des observateurs à conclure que certains opposants amusaient la galerie et n’avaient aucune intention d’accéder au pouvoir, tandis que d’autres faisaient tout simplement le jeu de la majorité. Parmi les candidats à la présidentielle, un discours a prévalu : celui, intransigeant, d’Étienne Tshisekedi wa Mulumba, dont la seule préoccupation aurait été le ralliement des autres à sa personne. « Tshisekedi, c’est le manichéisme absolu, commente l’un de ses anciens collaborateurs. Quand il ne trouve pas son compte, rien ne lui importe. Le consensus ayant
JUNIOR DIDI KANNAH/AFP
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Ü ÉTIENNE TSHISEKEDI n’a toujours pas reconnu les résultats des élections.
MNC-Kalonji. Dans les années 1990, lors des travaux de la conférence nationale souveraine et des luttes intestines qui s’ensuivirent, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, fondée en 1982 par Tshisekedi et douze autres parlementaires), de loin la plus importante formation de l’opposition, se divisa en UDPS tendance Tshisekedi (se voulant « légitime ») et en UDPS-Kibassa Maliba. Quant à ceux qui s’étaient retrouvés, en 1998, dans la rébellion menée, avec le soutien du Rwanda, Dissensions ou transhumances contre Laurent-Désiré Kabila n’ont aucune base idéologique – dénommée Rassemblement et résultent de sautes d’humeur. congolais pour la démocratie (RCD) –, ils n’ont pas non plus échappé aux démons de la division. Non défendre les couleurs du MLC. « Dans ce seulement le mouvement éclate en plupays, ce qu’on appelle un parti politique sieurs RCD, mais certains de ses membres ne se forme pas autour d’un projet de se retrouvent dans les rangs du pouvoir. société, déplore-t-il. Tout tourne autour Toutes ces dissensions et transhud’un homme, et les élans tribaux sont mances n’ont aucune base idéologique. réels. Lorsque cet homme n’est plus en Elles résultent de sautes d’humeur, de selle, la pérennité des regroupements querelles personnelles ou d’un opporpolitiques devient fragile. Il n’y a plus tunisme motivé le plus souvent par des d’élément de soudure. » préoccupationsmatérielles.Letoutengendrant un climat de suspicion généralisé DÉCHIREMENT PERMANENT. Les et permanent. divisions et les déchirements au sein des formations politiques ne datent SANS IDÉAL. L’avocat Pathy Joseph pas d’aujourd’hui. Elles remontent à Lendo, candidat malheureux aux législal’époque coloniale, juste après que les Belges eurent autorisé les partis, en tives de 2011 dans le camp de l’opposition, octobre 1958. La première scission touche n’est pas tendre envers ses camarades. le Mouvement national congolais (MNC), « Tout est biaisé dès le départ, dit-il. Les désormais représenté par deux tendances gens entrent en politique par accident, se réclamant toutes deux du nationasans idéal. Et ils ne savent pas à quoi lisme : le MNC-Lumumba et le ils s’opposent, sinon à des été impossible à établir, les conditions de la défaite étaient réunies. » Avant les élections, on a aussi vu le principal parti d’opposition d’alors, le Mouvement de libération du Congo (MLC), adopter une attitude étrange en décidant de présenter la candidature de son président, Jean-Pierre Bemba, pourtant détenu à La Haye. Cette posture a conduit au départ de François Muamba, son secrétaire général, qui s’attendait à
Mbote changement ?
SANS (PORTE-)PAROLE. L’autre problème
de l’opposition est son incapacité à se choisir un porte-parole, comme le prévoit la loi. La fonction, toujours vacante, aurait dû revenir à Jean-Pierre Bemba ou à un membre du MLC, et, compte tenu du nombre de députés élus sous l’étiquette de l’UDPS,cedevaitêtreletourdeTshisekedi… mais l’« opposant historique » fonctionnant en dehors du système n’est pas intéressé. Quant à Samy Badibanga, autre membre de l’UDPS, il est en quasi-rupture avec son chef… Quid alors de Vital Kamerhe, ex-président de l’Assemblée et président de l’Union pour la nation congolaise (UNC)? « Kabila n’en veut pas », lâche un membre de la majorité. Et le secrétaire général du MLC, Thomas Luhaka ? « Il serait accusé d’être instrumentalisé par le pouvoir », selon un observateur. Pour Martin Fayulu, « la question du porte-parole est un piège tendu par la majorité. Certains veulent occuper cette fonction uniquement pour jouir des privilèges qu’elle offre et créer des problèmes au sein de l’opposition. Il faut se méfier… » En attendant, l’opposition reste égale à elle-même. Atone. ● TSHITENGE LUBABU M.K. JEUNE AFRIQUE
QUESTIONS À | Philippe Biyoya Makutu
Professeur de sciences politiques à l’université de Kinshasa et à l’université de Lubumbashi
DR
individus. Le pouvoir en profite pour créer sa propre opposition. C’est pourquoi nous proposons une opposition “scientifique”. » Le député Martin Fayulu, coordonnateur de la plateforme Forces acquises au changement (FAC), a soutenu l’idée d’un candidat commun de l’opposition (en l’occurrence Tshisekedi) et voulait ratisser large à travers la Dynamique Tshisekedi président. Il constate que « l’opposition n’existe pas », tout en tenant à souligner qu’« on va trop loin en disant qu’elle ne peut pas se mettre d’accord » et qu’il a accepté de siéger à l’Assemblée nationale afin de « lutter de l’intérieur pour sortir le pays de la situation exécrable dans laquelle il se trouve et non pour gagner de l’argent, comme beaucoup le font ». Pendant ce temps, les FAC, qui continuent de soutenir Tshisekedi, ont traversé une nouvelle crise interne en septembre (liée au comportement flou de certains de leurs membres). Quant à l’UDPS, devenue la première force d’opposition avec une quarantaine de députés, elle menace d’imploser, son chef s’obstinant à ne pas reconnaître les résultats officiels des élections et ayant implicitement banni ceux de ses membres élus qui ont accepté de siéger dans l’hémicycle, parmi lesquels l’un des vice-présidents de l’Assemblée nationale.
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« Transformer la société n’est malheureusement pas à l’ordre du jour des partis » JEUNE AFRIQUE : Pourquoi les partis politiques congolais, en particulier ceux de l’opposition, sont-ils en permanence l’objet de critiques ? PHILIPPE BIYOYA MAKUTU : Quand on se replace dans le contexte colonial, on se rend compte que nos partis ne se sont pas constitués pour accomplir des idéaux propres à toute formation politique, mais pour remplacer les colonisateurs, c’est-à-dire un groupe de gens qui avaient des privilèges. Raison pour laquelle, depuis les années 1960, nos partis sont des clubs d’amis qui n’aspirent pas au bien-être collectif. Leur objectif n’est pas la conquête du pouvoir, mais l’accès aux
d’importance que les partis, qui ne sont plus que des clubs de football auxquels on adhère parce que certaines couleurs attirent. L’unique débat politique tourne donc autour de la forme de l’État : fédéralisme ou unitarisme. Aucun débat sur la place de la RD Congo dans le monde d’aujourd’hui et de demain. Rien non plus qui unisse les fondateurs d’un parti, à part l’ambition d’entrer au gouvernement ou d’être candidat à quelque chose. Transformer la société n’est malheureusement pas à l’ordre du jour. Est-ce aussi la raison pour laquelle l’opposition ne parvient pas à se choisir un leader ? C’est en effet là aussi une querelle d’ambitions. Opposition par rapport à quoi ? Lorsqu’on a formé le gouvernement 1 + 4 [un président et quatre viceprésidents, comme prévu après le dialogue intercongolais de Sun City, NDLR], il y avait des opposants à Mobutu, des opposants à Kabila et au gouvernement. La fonction de porte-parole de l’opposition rapporte des dividendes et chacun veut y accéder pour en profiter. Et puis le pouvoir n’a jamais compris que ses performances et sa force dépendaient de la qualité de l’opposition. Il préfère une opposition à sa mesure. ●
On dirait des clubs de football auxquels on adhère parce que certaines couleurs attirent. privilèges. Ce sont des structures de survie. Le gouvernement luimême apparaît comme une sorte d’arche de Noé qui sauve les plus chanceux. Peut-on faire avancer le débat politique dans de telles conditions? Le premier handicap vient de l’absence de relations entre la vie de l’État et l’existence des partis : les provinces, les tribus ont plus
Propos recueillis par T.L.M.K. N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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Le Plus de J.A. RD Congo DÉCENTRALISATION
Le grand rendez-vous manqué constitutionnelle étant largement dépassée. Pour le professeur Tshiyembe Mwayila, qui s’intéresse notamment à la problématique de la décenbl tralisation en Afrique rente-six mois pour passer tr Nordsubsaharienne, le de onze à vingt-six provinces. su Bas-Uele Haut-Uele Ubangi Plus de cinq ans après, un seul retard pris dans la re SudUbangi constat : le tour de magie promise en place de noumi Mongala mis par le constituant congolais n’a pas velles provinces en ve Ituri fonctionné. La loi sur la décentralisaRD Congo ne peut Tshopo tion a été promulguée en 2008, mais se justifier que par Équateur les nouvelles entités territoriales n’ont « l’absence de volonté Nordjamais vu le jour. Absence de volonté politique ». Le directeur nté po Tshuapa Kivu politique ou viabilité douteuse de de l’Institut panafricain certaines des futures provinces ? de Nancy s’insurge contre La question divise. « toute idée déguisée » de Mai-Ndombe Aux détracteurs et défenseurss renvoyer ce découpage aux re Sud-Kivu Sankuru du projet s’ajoutent désormais calendes grecques. « C’est ésormais ca Maniema les adeptes d’un une grande mascarade, un un Kinshasa Kwilu Kasaï s’écrie-t-il. Il ne s’agit pas découpage « au cas as s’ occidental Kongo central d’un problème de moyens par cas ». Parmi mi d’ Kasaï oriental financiers ou autre queseux, Philippe fi Kwango Tanganyika Muanda-Vuidi, le tion de ce type, car toutes Lulua Lomami les villes du monde se rapporteur de l’assemblée provinle ciale du Bas-Congo. L’élu du territoiree sont construites sur du so Haut-Lomami de Lukula considère que le pays n’avaitt néant. Lancer ce découn Lualaba pas bien mesuré l’ampleur de la tâche. page inciterait les nouvelles provinces à produire « Avant d’installer les nouvelles provinces, il faut disposer des infrastructures des richesses pour le plus grand de Haut-Katanga nécessaires. Or dans certains coins de la bien de la RD Congo », soutient bi RD Congo, il n’existe pas de bâtiments le chercheur. Et d’ajouter: « Le adéquats pour abriter les institutions pays aura alors une idée pa ! Le pays comptera VINGT-SIX administratives locales », explique-t-il. claire des provinces qui cl PROVINCES au lieu de onze. Le député de l’Union pour la reconspeinent à décoller, avant pe truction du Congo (Urec) préconise d’apporter des correctifs au d’ n’avons pas fait d’étude de faisabilité donc d’« établir des critères pouvant sur les plans financier, fiscal, technique mécanisme mis en place. » permettre d’évaluer en amont la viabilité et logistique de ce découpage », avait Dans l’Ituri, au nord de la Province orientale, les députés ne jurent que par d’une nouvelle province à créer ». reconnu Louis Koyagialo, alors ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation. le passage de leur district au statut de Lors de la révision constitutionnelle du province. « Nous, nous sommes prêts MASCARADE. Début 2011, le gouver20 janvier 2011, la majorité au pouvoir à tenter l’expérience », affirme Wilson nement congolais s’était lui aussi décide de rectifier le tir : elle maintient Adirodu, élu du territoire d’Irumu. Pas rendu compte que le processus était le découpage du territoire en vingt-six sûr que Kinshasa approuve l’idée. En mal engagé. « Je siégeais au Parlement tout cas, pas avant la tenue des élections provinces, mais prévoit qu’une « loi de transition lorsqu’a été élaborée la de programmation déterminera [leurs] provinciales et sénatoriales, à nouveau Constitution qui a prévu le découpage modalités d’installation », l’échéance reportées… sine die. ● TRÉSOR KIBANGULA territorial. Je le dis et le confirme, nous
Quatre ans après l’adoption de la loi, le redécoupage territorial n’est toujours pas entré en vigueur. Et les débats redeviennent houleux.
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Du 10 au 14 octobre, retrouvez toute l’actualité du XIVe Sommet de la Francophonie dans les journaux de TV5MONDE et sur www.tv5monde.com/francophonie TV5MONDE Afrique, 1ère chaîne internationale en RDC.
Une banque de confiance au cœur du continent africain La Trust Merchant Bank (en sigle TMB) est une banque basée en République Démocratique du Congo. Elle est active dans de nombreux secteurs du marché bancaire local, notamment dans les services offerts aux particuliers, aux PME et aux entreprises. Depuis son ouverture en 2004, la TMB n’a cessé de s’étendre et elle est aujourd’hui devenue l’une des banques les plus importantes en République Démocratique du Congo. Grâce à son total des actifs, la Trust Merchant Bank a atteint le rang de quatrième banque en RDC et elle compte actuellement plus de 200.000 clients répartis parmi les particuliers, les PME et les grandes entreprises. Au regard de son nombre de clients, la banque couvre 20% de part de marché. De deux agences ouvertes dans la ville de Lubumbashi en 2004, la TMB compte actuellement 47 agences réparties sur l’ensemble de la RDC dont 25 succursales ont vu le jour durant ces deux dernières années. En 2011, un compte en banque sur quatre a été ouvert à la banque TMB. Avec ses objectifs d’ouverture de cinq nouvelles agences d’ici la fin de l’année, la Trust Merchant Bank sera présente dans 22 villes et elle couvrira 10 des 11 provinces du pays. Avec des services sur-mesure adaptés aux besoins des clients, la banque accorde une grande importance à son service à la clientèle, notamment grâce à son système de formation.
Elle investit dans des programmes de formation de ses employés afin que ceux-ci acquièrent professionnalisme et flexibilité. En 2010, la TMB a été la première banque congolaise à recevoir le prix du Service d’Excellence à la Clientèle décerné par CITIBANK. En 2011, la banque a remporté le prix de “Meilleure banque en RDC 2011” décerné par EMEA Finance. A l’occasion des CFI Awards 2012, la TMB s’est vue décerner les prix de: “Meilleure banque commerciale en RDC”; de “Meilleure banque congolaise pour les particuliers” et le prix de “Contribution exceptionnelle au développement des PME en Afrique” Une pierre angulaire du modèle économique de la TMB est un engagement absolu envers les meilleures pratiques internationales en ce qui concerne l’éthique d’entreprise, y compris la lutte contre le blanchiment d’argent et le strict respect de toutes les exigences nationales et internationales dans la façon de réaliser des affaires. La banque est en partenariat avec des institutions internationales telles que USAID et Citigroup ; elle est également partenaire de VISA et MasterCard. Elle bénéficie d’une étroite collaboration avec ses banques correspondantes clés, notamment ING, BNP Paribas Fortis, Citibank, Commerzbank et Nedbank. La TMB travaille actuellement sur le lancement d’une application bancaire par téléphone mobile qui sera un service ajouté au produit Internet Banking qui connaît déjà un grand succès. Cette nouvelle application permettra aux clients de la banque de gérer leurs comptes avec simplicité, sécurité et efficacité. Le secteur bancaire en RDC est en plein essor et la Trust Merchant Bank espère que son implication dans le secteur bancaire local pourra aider au développement du pays à travers un système bancaire fiable et efficient. Le succès connu par la banque en 8 ans d’activités et sa détermination à s’implanter durablement dans le paysage bancaire congolais résument parfaitement le slogan de la Trust Merchant Bank: “TMB, notre banque pour la vie”.
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Le Plus de J.A. RD Congo ORGANISATION
Kin sur son trente et un À quelques jours du sommet de l’OIF, la capitale est en ébullition. L’État a mis les bouchées doubles pour aménager les espaces publics et les principaux sites d’accueil.
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jour où tout cela s’arrêta. En même temps ls sont reconnaissables à leur uniforme bleu ou vert le jour, jaune fluo que sa démographie explosait, progressila nuit. Ils touchent, dit-on, 30 dollars vement, Kin la Belle se décomposait. Et (23 euros) par semaine. À quoi ces fut rebaptisée « Kin la Poubelle ». hommes et ces femmes, dont la présence inhabituelle n’a pas échappé aux Kinois, TRANSFORMATION. La capitale congopassent-ils donc leur temps? À balayer les laise semble toutefois renaître de ses cendres, même si elle ne s’est pas encore avenues de la capitale. Une méticuleuse séparée du schéma hérité de l’urbanisme énergie déployée essentiellement sur sa principaleartère,leboulevarddu30-Juin,à colonial avec, d’un côté, un centre-ville La Gombe (le centre administratif et des réservé aux Européens et, de l’autre, une affaires de Kinshasa, voir p. 142), cité indigène. Jusqu’à présent, et sur le boulevard Triomphal les principales transformaKinshasa, (qui passe devant le Palais tions ont été réalisées dans du peuple), à Lingwala, la commune de La Gombe, deux communes de la l’ancienquartiereuropéen. partie septentrionale de Ontrouved’autresendroits est la première ville désormais mieux aménala ville, où sont concentrés les principaux lieux gés, voire cossus, à sa périfrancophone de réunion et d’accueil phérie, dans Ngaliema ou au monde des délégations conviées au Limete. Mais la plupart des 14e sommet de la Francophonie communes nées « spontané(du 12 au 14 octobre). ment » lors de l’explosion démograL’enjeu est de taille. Il est loin, en phique attendent toujours leur entrée effet, le temps où Kin la Belle enchantait dans la modernité. les musiciens du continent, comme le Cestroisdernièresannées,desvillas,des Camerounais Francis Bebey, auteur d’un immeubles de bureaux et de logements mémorable Kinshasa, et où elle incitait les (lire p. 127), des hôtels, des restaurants, chanteurs à entonner, en lingala, Kinshasa, des magasins et centres commerciaux Poto moyindo (« Kinshasa, l’Europe (lire pp. 128-131) sont sortis de terre, noire »). Les rues étaient propres, les caniréalisés par le secteur privé. À l’heure veauxaussi,parceque,touslessamedis,les actuelle, la mégapole congolaise compte Zaïrois d’alors, suivant la volonté du parti officiellement 1 049 hôtels (excepté ceux qui ne répondent à aucune norme), soit unique, s’adonnaient au salongo, les travaux collectifs d’assainissement. Jusqu’au quelque 12470 lits, pour la plupart situés
10 millions d’habitants,
encentre-ville,maispasexclusivement.Les établissements de trois à cinq étoiles représentent 2 % de l’ensemble. Parmi les plus anciens, citonsle Memling (180 chambres) etleGrandHôtelKinshasa(422chambres), qui a été repris par le britannique Lonrho. Parmilestoutrécents,l’hôtelFleuveCongo (237 chambres) a pris ses quartiers dans l’immeuble rénové de l’ex-Centre de commerce international du Zaïre (CCIZ). D’autres hôtels de 50 à 150 chambres et de moyen standing contribuent aussi à l’amélioration des conditions d’hébergement dans la capitale. C’est, par exemple, le cas du Phénix, du Royal, du Faden House, du Sultani ou encore de Chez Léon (propriété d’un Brazzavillois). DU VILLAGE AU PALAIS. Une grande
! LE BOULEVARD DU 30-JUIN (à La Gombe), principale artère de la capitale.
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
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partie des efforts de l’État a porté sur l’aménagement des artères principales et des espaces publics du centre-ville. Point de départ et d’arrivée de centaines de milliers de Kinois qui viennent y travailler ou y transitentpourgagnerd’autrescommunes, le boulevard du 30-Juin a été élargi pour rendre la circulation plus fluide, mais aussi pour améliorer la sécurité et l’image de la ville. Des feux de signalisation et des passages pour piétons ont été installés. Le cheminement étant aussi aléatoire sur les trottoirs, les autorités ont débarrassé ces derniers de tous leurs étals informels et, une première, les ont dotés de poubelles.
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! DERNIER-NÉ DES CINQ-ÉTOILES l’hôtel Fleuve Congo (vu depuis le Grand Hôtel).
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
KINOIS,
Si le boulevard du 30-Juin compte maintenant plusieurs voies, les Kinois regrettent la disparition des arbres qui le bordaient. Un petit espace a été aménagé place de la Gare – là même où trônait, de l’époque coloniale au début des années 1970 et avant que le gouvernement de Mobutu ne la fasse déboulonner, une statue de Léopold II, roi des Belges. Même si l’endroit n’a rien d’exceptionnel, des familles, des couples d’amoureux, des piétons fatigués viennent s’y détendre et prendre des photos. Traversantplusieursquartierspopulaires de la zone orientale de Kinshasa et long d’une vingtaine de kilomètres (il va de la commune de Limete jusqu’à l’aéroport international de Ndjili, dans la commune de Nsele, à l’est), le boulevard Lumumba a lui aussi été rénové. Il s’agissait notamment de réaménager, en prévision du sommet de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), le tronçon situé entre l’échangeur de Limete et l’aéroport, en mauvais état.
Autre épicentre de la capitale, le stade des Martyrs, situé dans la commune de Kinshasa, est le plus grand du pays avec ses 80 000 places. Les autorités ont fait construire à ses abords une sorte de village de la Francophonie, avec des pavillons représentant chaque pays participant. Les Kinois ont déjà pris l’habitude de se retrouver sous les paillotes érigées pour l’occasion. Non loin de là, à Lingwala, se tient le Palais du peuple, construit
viennent immortaliser d’heureux événements (voir photo pp. 80-81). Les spectacles prévus pendant le sommet se dérouleront principalement au Théâtre de verdure, un espace à ciel ouvert situé sur le mont Ngaliema, dans la commune du même nom, où travaillait l’ancien président Mobutu Sese Seko. Ce théâtre de plein air de 3 500 places, qui était à l’abandon, a été restauré grâce à la coopération belge. Sur le mont Ngaliema se trouve également le Musée national, Autour du stade des Martyrs, l’occasion de découvrir ou des paillotes ont été érigées, de redécouvrir la diversité et représentant les pays participants. les richesses culturelles du pays. Une exposition d’art par des opérateurs chinois à la fin des contemporain est par ailleurs prévue à années 1970. Dans ce haut lieu de la l’échangeur de Limete, sur le boulevard capitale, siège du Parlement congolais, Lumumba. Car la famille francophone, c’est aussi et avant tout l’émulation, sinon se dérouleront les travaux du sommet le plaisir, de faire se retrouver, se confronde l’OIF. Aux abords du bâtiment ont ter et s’éprouver l’Histoire, les histoires et été créés de petits espaces publics, avec les cultures. ● jets d’eau et jeux de lumière la nuit. Un endroit où les jeunes mariés, entre autres, TSHITENGE LUBABU M.K.
République démocratique du Congo
PUBLIREPORTAGE
LE POTENTIEL DE DÉVELOPPEMENT DE LA RDC EST ÉNORME... ...Encore faudra-t-il en canaliser les grands axes dans une démarche qualitative d’éthique et de bonne gouvernance – tant publique que privée – au profit du plus grand nombre. Les banques ont un rôle de premier rang à jouer dans cette mouvance ; la BCDC entend y tenir plus que jamais la place de référence d’une banque de qualité, fiable, rentable et solvable. Créée en 1909, la Banque Commerciale Du Congo est une des plus anciennes entreprises en activité dans le pays, un modèle aujourd’hui apprécié pour son savoir-faire.
UN OPÉRATEUR FINANCIER DE PREMIER RANG AU CŒUR DE L’ÉCONOMIE <7 P^ +) ;CE $!;9C!=)M ^I :858 E2I AI; -);;D +2!E4);9!= AC7= I--CFAI&E)= ^); )E9=)A=!;); EI9!CEI^); )9 !E9)=EI9!CEI^); +IE; ^)7= +D4)L ^CAA)F)E9M 9C79 )E AC7=;7!4IE9 7E) +DFI=-$) +) A=C[!F!9D )9 +) ?7I^!9D I7 A=CP9 +); 3R\J 3RW )9 +); AI=9!-7^!)=;K
Un symbole apprécié du savoir-faire bancaire en RDC
SI :858 -CFA9) ,. I&)E-); GIE-I!=); full services !FA^IE9D); +IE; ^); -)E9=); D-CL ECF!?7); FIa)7=; +7 AIY;K 5) EC74)^^); I&)E-); ;CE9 )E -C7=; +2C74)=97=)K
UNE ENTREPRISE DE RÉFÉRENCE ET D’EXCEPTION SI :IE?7) 8CFF)=-!I^) 57 8CE&C ;) AC;!L 9!CEE) -CFF) 7E) GIE?7) FC+)=E) +) =D'DL =)E-) )9 +2)[-)A9!CE I7 ;)=4!-) +) 9C79); ^); -CFF7EI79D; I-9!4); +IE; ^) AIY;K :IE?7) -CFF)=-!I^) -^I;;!?7)M )^^) C''=) ^); A=C+7!9; ^); A^7; +!4)=;!PD;M AI=9!-7^!B=)F)E9 )E ;I ?7I^!9D +2!E9)=4)EIE9 +) A=)F!)= =IE& dans les opérations de crédits. S2)[A)=9!;) +) ;); +!=!&)IE9; ^7! A)=F)9 +) FCE9)= +); CAD=I9!CE; -CFA^)[); +) PEIEL -)F)E9 +2!FAC=9I9!CE; )9 +2)[AC=9I9!CE;K \^^) ;2IAA7!) # -)9 )'')9 ;7= 7E !FAC=9IE9 =D;)I7 +) GIE?7!)=; -C==);ACE+IE9; # 9=I4)=; ^) FCE+)K Z=c-) # ;); -CE-C7=; # ^2D-CECF!)M )^^) ;2I'L P=F) -CFF) FC9)7= ;!&E!P-I9!' +7 +D4)^CAL A)F)E9 D-CECF!?7) )9 ;C-!I^ +) ^I 158K
Sur le boulevard du 30 Juin à Kinshasa, le bâtiment bien connu du siège de la BCDC.
République démocratique du Congo
PUBLIREPORTAGE
UNE VRAIE « BANQUE CONSEIL » SI :858 FI=?7) ;I +!''D=)E-) +) 6 Gc9!;;)7=; +2I4)E!=; ] AI= ^) A=C');;!CEEI^!;F) )9 ^) ;I4C!=L'I!=) +) ;); D?7!A);K 8CFF)E9 +B; ^C=; IGC=+)= ^I A=CG^DFI9!?7) +7 -^!)E9 @ Yves CUYPERSM A=D;!+)E9 +7 -CF!9D +) +!=)-9!CE _ « Que &K F%BC <A FKH?B&K "6A' .GH<'". %A "6A' .!KCBC. &>BK'C4 '%CHK !HK(BKH H->K KFC A' H->K "K &%'FKB>0 E%AH I<BHK A' &H,"BC "K &<BFFK4 B> 'K I<AC !<F *CHK A' G,'BK3 9<BF !%AH !H%!%FKH >< I%H(A>K "K &H,"BC >< (BKA) <"<!C,K4 B> I<AC &%''<#CHK >K (,1 CBKH "K ;<'JABKH4 &K JAB '6KFC !<F FB FB(!>K4 KC &%(!HK'"HK >K ><'G<GK KC >K ;KF%B' "A &>BK'C0 2<'F F%' H->K "K &%'FKB>4 >K ;<'JABKH <"<!CK <B'FB >6%IIHK $ >< "K(<'"K K' I<BF<'C !HKA?K "K &H,<CB?BC,0 => I<AC <@%ACKH $ &K>< JAK '%F GH<'"F &>BK'CF 5%H!%H<CK / K' !<HCB&A>BKH >KF GH<'"F GH%A!KF B'CKH'<CB%'<A) / F,>K&CB%''K'C
>KAHF ;<'JABKHF K' !%HC<'C A'K <CCK'CB%' !<HCB&A>B+HK <A HKF1 !K&C "KF '%H(KF "K G%A?KH'<'&K >KF !>AF FCHB&CKF KC $ >< JA<>B1 C, "A CH<BCK(K'C "KF %!,H<CB%'F '<CB%'<>KF KC B'CKH'<CB%'<>KF0 :6B'C,GHBC, KC >6D%'1 '*CKC, F%'C "KF &HB1 C+HKF I%'"<(K'C<A) "K FA&&+F <A)JAK>F F6<@%ACK'C ;BK' K'1 CK'"A >KF &%(!,1 CK'&KF4 >K F<?%BH1I<BHK KC >6<HC "A &%'FKB>0 E>AFBKAHF "K '%F GH<'"F &>BK'CF %'C &D%BFB >< 8525 !%AH &KF H<BF%'F0 7
Les chiffres qui illustrent les deux graphiques sont exprimés en millions USD sur base des taux de change CDF/USD au 31 +D-)FG=) +) -$I?7) IEED)K W^; =)OB9)E9 ^I +YEIF!?7) -CFF)=-!I^) )9 ^I =)E9IG!^!9D =D-7==)E9) +) ^I :858 ?7! ;2I'P=F) A^7; ?7) aIFI!; -CFF) 7E) GIE?7) ;C^!+)M PIG^) )9 AD=)EE) I7 ;)=4!-) +) 9C7; ^); CAD=I9)7=; D-CECF!?7); +) ^I 158K
TOTAL DU BILAN
RÉSULTAT NET
Kinshasa Siège social
Mongbwalu Bunia Beni Butembo
Boulevard du 30 Juin
Agences Limete Matonge Plaza Village Royal Unikin
Kisangani
Goma Bukavu
Matadi
Lukala
Kananga Mbujimayi
0!B&) ;C-!I^ _ :C7^)4I=+ +7 *H V7!E T :3 ,"`b T UWQ0X<0< . /D^K _ N,(*K`` ``. `" %, T +!=>G-+-K-+
www.bcdc.cd
Kolwezi
Fungurume Likasi
Lubumbashi
BGFIBank RDC
S
du secteur financier africain,
satisfaisante, prenant en compte les
BGFIGroup lance le défi de la conquête
caprices de son marché local. Banque
BGFIBank RDC finance également
du marché Congolais. Dotée d’une
multi-métiers, BGFIBank RDC
des projets important qui marquent
population de 70 millions d’habitants
souhaite profiter de l’organisation du
le paysage économique national. Des
dont seulement 1 % sont bancarisés,
XIV Sommet de la Francophonie dans
projets tel que la construction du Congo
la République Démocratique du Congo
sa ville hôte pour marquer son encrage
Trade Center, inauguration prévue
représente une opportunité immense.
dans le paysage bancaire congolais.
avant le Sommet de la Francophonie,
Cet évènement d’ampleur international
le partenariat avec Hawkwood
Le 4 Octobre 2010 a vu le démarrage
sera une opportunité pour BGFIGroup
Properties pour la construction de
des activités de la filiale BGFIBank
présent dans neuf pays francophones,
la Cité du Fleuve, démontrent la
RDC à Kinshasa, capitale de la RDC.
d’accroître sa visibilité et d’asseoir sa
volonté de la banque de participer au
Apres vingt mois d’exploitation, la
notoriété.
développement de la RDC.
plus 100 millions de dollars américains.
En RDC, la banque exerce les trois
BGFIBank RDC poursuit ainsi l’ambition
Cette performance commerciale sera
métiers : la Banque de Détail, la
d’intégrer le trio des banques de tête
confortée par le projet de déploiement
Banque Privée et la Banque de
à la fin de son troisième exercice,
de ses agences bancaires en vue de
financement en offrant des taux
appétence réalisable sur cette scène
développer sa politique de proximité :
d’intérêts concurrentiels.
financière dynamique.
ur la base d’expertises et de
2011, BGFIBank RDC a affiché
produit offert exclusivement aux
connaissances approfondies
une rentabilité des fonds propres
membres de l’Assemblée Nationale.
e
banque a enregistré un total bilan de
l’inauguration d’une agence à Matadi et l’ouverture prochaine de trois
La qualité de ses services la distingue
agences dans les villes provinciales de
de la compétition. Au titre de sa
Mbuji-Mayi, Bunia et Lubumbashi.
clientèle haut de gamme, la banque compte dans son portefeuille client,
Les premiers indicateurs de l’activité
des institutions de grande marque
de la banque sont prometteurs avec
en général et les institutions de l’État.
une croissance du portefeuille clientèle
En particulier, la banque a procédé
de 40 %. Pour le compte de l’exercice
au lancement du Compte Honorable,
COMMUNIQUÉ
www.bgfi.com
Mbote changement ?
97
ÉCONOMIE
Virage à 180 degrés Frémissement des indicateurs, amorce d’un réel assainissement dans la gestion des affaires… Le pays espère faire son grand retour. Pourtant, pointeà l’horizon l’amorce d’une lueur. Après les règnes de Mobutu et de Kabila père, qui ont vu le niveau de vie dégringoler pendant vingt ans et l’inflation grimper à 10 000 %, la croissance atteint en moyenne 6,1 % par an depuis huit ans. L’inflation est en train de revenir autour de 10 %. Le taux de change est stabilisé. Malgré un environnement des affaires détestable et les goulets d’étranglement sidérants que sont l’absence de routes et le rationnement de l’électricité, « il faut apprécier la situation du pays en tendance etsaluerleseffortsderedressementquiont
marqué les élections présidentielle et législatives et les incertitudes qui en ont résulté pour le régime ont constitué un premier coup de semonce. Le président, mal réélu, semble avoir entendu la leçon. D’autantque,le12février2012,Augustin Katumba Mwanke, député du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) et éminence grise de Joseph Kabila, périssait dans le crash d’un avion à Bukavu (lire p. 86). Deuxième coup de semonce. Il était le parrain de la caste au pouvoir dénoncée par l’ambassadeur américain à Kinshasa, celui par qui passaient les contrats miniers et grâce à Après celui des mines, le secteur qui le pouvoir ne manquait agricole devrait bénéficier de la jamais d’argent pour asseoir prochaine ruée d’investisseurs. son autorité. La classe dirigeante est fragilisée, et le préété réalisés sur le plan macroéconomique, sident a une raison de plus de se racheter souligne Christian Yoka, directeur d’une une conduite en confiant le gouvernement antenne de l’Agence française de dévelopà des techniciens respectés. pement (AFD) à Kinshasa. Par exemple, tout le monde pensait qu’en 2011, année DISCIPLINE. Car, pour la première fois, électorale, on allait raser gratis. Eh bien il le Premier ministre – l’ex-ministre des n’en a rien été ! » Finances Augustin Matata Ponyo, nommé Deux événements hautement polile 18 avril (lire pp. 84-85) – pose comme tiques et symboliques semblent amorcer condition de son accès à la primature le le passage de l’économie de la RD Congo choix d’une grande partie des membres d’un enfer à un début de purgatoire. Le du gouvernement, réduit de quarante-six 28 novembre 2011, les remous qui ont à trente-six ministres. Il se réserve le ● ● ● ð MINE DE CUIVRE DE KAMOTO, dans le Katanga.
KML
L
a République démocratique du Congo souffre. Certes, en Afrique, il existe d’autres pays martyrisés que, dans son jargon, la Banque mondiale qualifie « d’économies postconflit ». Mais aucun de cette taille: quelque 50 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté sur une population de 72,5 millions… L’extrême pauvreté s’y manifeste dans tous les domaines: 17,6 ans d’âge médian de la population, 70 % de chômage chez les 15-24 ans, 40 % de malnutris chroniques, 18 % de foyers raccordés à l’électricité, à peine 10 % de terres arables cultivées, et des réserves en devises réduites à un mois et demi d’importations. D’autre part, la RD Congo occupe le 187e rangdes187paysclassésselonl’indice de développement humain de l’ONU, à la 178e placedes 183 paysdu classement de la Banque mondiale en matière de climat des affaires et dans les profondeurs du classement de Transparency International sur la perception de la corruption. Le budget de l’État n’est exécuté qu’à 46 %. N’oublions pas qu’à ses frontières orientales des petits chefs de guerre entretiennent la chienlit et que, dans ses mines, des prédateurs nationaux et internationaux détournent la formidable rente des matières premières dont regorge son sous-sol.
Le Plus de J.A. RD Congo POUSSÉE DE CROISSANCE PIB
CROISSANCE
(en milliards de dollars, en prix courants)
(variation du PIB, en %, en prix constants)
13,1
11,1
18,8
17,3
15,7
7
6,9
6,5
6,7
2010
2011
2012*
2013*
2,8 2009
POPULATION
SUPERFICIE
72,5
2 344 860 km , 2
soit le 2e pays le plus vaste du continent après l’Algérie
millions d’habitants INDICE DE DÉVELOPPEMENT HUMAIN (IDH) 0,286, soit le
187
e
PIB PAR HABITANT
rang sur 187 pays classés
232
dollars
SOLDE BUDGÉTAIRE
TAUX D’INFLATION
– 6,3 %
14 %
du PIB
INVESTISSEMENTS (en % du PIB)
27
28,6
31,6
19,4
2009
2010
2011
2012*
INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS (flux entrants, en millions de dollars, en prix courants) 2 939
1 727
1 687
664 2008
2009
2010
● ● ● portefeuille des Finances et le délègue à l’un de ses proches, Patrick Kitabi Kibol. Ils’adjointunvice-Premierministrechargé du budget, Daniel Mukoko Samba. Quelle sera la marge de manœuvre de ce triumvirat de choc ? Résistera-t-il aux pressions venues de son propre camp ? Pour Serge Michailof, enseignant à Sciences-Po Paris, « il s’agit d’une sorte de gouvernement Monti [Italie, NDLR], formé de technocrates que l’État a chargés de redresser la barre du pays ». Leurs mots d’ordre sont comparables à ceux qui ont cours à Rome : rigueur et discipline.
LeprogrammedugouvernementMatata est impressionnant. Il compte pousser la croissance de 6,5 % cette année à 15 % en 2016 et réduire l’inflation de 14 % en 2012 à 4 % en 2016. Soulignons quelques pépites dans la myriade de chantiers ouverts par le Premier ministre : le triplement des recettes publiques, notamment par une mise à contribution plus substantielle du secteur minier, l’adhésion à l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada, lire p. 99), la rédaction d’un code minier, la création
QUELLE PLACE AU SEIN DE LA COMMUNAUTÉ ÉCONOMIQUE DES ÉTATS DE L’AFRIQUE CENTRALE (CEEAC) ? CROISSANCE (en % du PIB, en 2012)
PIB (en milliards de dollars, en 2012)
Angola Tchad RD Congo Gabon São Tomé et Príncipe Burundi Cameroun Guinée équatoriale Centrafrique Congo
Angola Cameroun 25,5 Guinée équatoriale 22,3 Gabon 18 RD Congo 17,3 Congo 15 Tchad 9,9 Burundi 2,5 Centrafrique 2,2 São Tomé et Príncipe 0,3
121,5
16 026 Guinée équatoriale Guinée équatoriale Gabon 11 662 Gabon Cameroun 6 009 Angola São Tomé et Príncipe 3 671 Congo Burundi 1 587 São Tomé et Príncipe Angola Cameroun 1 190 RD Congo Tchad 921 Congo Centrafrique 451 Centrafrique Burundi 284 Tchad RD Congo 232
48
12,4 11,1
3
155e 156e 161e 163e 169e 172e 178e 181e 182e 183e
INVEST. DIRECTS ÉTRANGERS (flux entrants, en millions de dollars, en 2011)
INVESTISSEMENTS (en % du PIB, en 2011) 36,4 34,8 28,6 28,5 25 20,7 18,4
5,6 5,5 4,8 4,1 4 4
CLIMAT DES AFFAIRES (rang sur 183 pays classés, en 2011)
PIB PAR HABITANT (en dollars, en 2012)
São Tomé et Príncipe Tchad Guinée équatoriale RD Congo Gabon Congo Burundi Cameroun Centrafrique Angola
9,7 6,9 6,5
Congo 2 931 Tchad 1 855 RD Congo 1 687 Guinée équatoriale 737 Gabon 728 Cameroun 360 Centrafrique 109 São Tomé et Príncipe 18 Burundi 2 Angola – 5 586
2011
* PRÉVISIONS N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
JEUNE AFRIQUE
SOURCES : FMI, AVRIL 2012 – BANQUE MONDIALE, NOVEMBRE 2011 – CNUCED, JUILLET 2012
98
Mbote changement ? de cinq zones économiques spécialisées, la construction de dix nouvelles centrales hydroélectriques… Ces efforts nécessiteront de mobiliser 48 milliards de dollars (plus de 37 milliards d’euros) entre 2012 et 2016. En comparaison, l’accord sino-congolais de 6 milliards de dollars « infrastructures contre minerais » de 2007 paraît presque médiocre. PREUVES À L’APPUI. On saura dans cinq
ans si cet ambitieux projet commence à panser les plaies du géant de l’Afrique centrale – son administration évanescente, ses routes inexistantes, ses agriculteurs empêchés de nourrir leur propre pays et, surtout, une grave immoralité. Car Matata entend aussi enseigner à ses concitoyens « le respect des valeurs républicaines et morales que sont la rigueur, l’honnêteté, la ponctualité, l’humilité, la responsabilité, la courtoisie, l’impartialité, la compétence, la conscience nationale et le respect de l’intérêt public ». Des vœux qui ne sont pas aussi pieux que les cyniques le prétendent et qui sont fort utiles pour rassurer les investisseurs. Car, quand on parle à ceux-ci de la RD Congo, ils répondent aujourd’hui : « Houla ! C’est un pays difficile. » Effectivement, reconnaît Romuald Wadagni, associé de Deloitte France, « la RD Congo est un pays qui revient de loin, mais si nous venons d’ouvrir un bureau Deloitte à Kinshasa pour accompagner nos clients, c’est parce que nous notons une réelle volonté de changement de la part des autorités, volonté traduite
par plusieurs initiatives concrètes visant à améliorer le climat des affaires et à encourager les investissements ». Quelles preuves fournissent-elles? « La création de la TVA depuis le 1er janvier, répond-il, l’adhésion à l’Ohada depuis le mois de juillet, la réduction du taux de l’impôt sur les sociétés de 40 % à 35 % et la création de zones spéciales d’activité comportant des allègements fiscaux. » Les secteurs les plus prometteurs? « On
cite toujours les mines, rappelle Romuald Wadagni, or tout est à faire en agriculture, et les réserves foncières ou forestières sont immenses – la RD Congo regroupe à elle seule 50 % des réserves foncières de l’Afrique. Je crois que le secteur agricole est ledeuxièmeoùl’onassisteraàuneruéedes investisseurs dans les prochaines années. » Après vingt ans de rudes efforts à soutenir, un jour le paradis ? ● ALAIN FAUJAS
Au diapason de l’Ohada L’adhésion du pays à l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires devrait rassurer les investisseurs.
L
’
entrée de la RD Congo dans l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada) était en discussion depuis 2004. En 2010, l’adhésion avait été annoncée à deux reprises par le président, Joseph Kabila, et l’un de ses ministres, Olivier Kamitatu. En réalité, le dossier était en souffrance, à cause « de blocages au Palais, au Parlement et dans certains milieux d’affaires », explique un entrepreneur congolais. De fait, le droit
Nous vous accompagnons
à travers le monde
commercial et celui des sociétés – remontant, au mieux, aux années 1960 et, au pire, à des arrêtés royaux de la fin du XIXe siècle – étaient une incitation aux petits arrangements, tant les dispositions étaient à rebours des standards internationaux. Création d’entreprise, contentieux juridique, pacte d’actionnaires… « La singularité congolaise était source d’insécurité juridique et de corruption », conclut le même interlocuteur. « Les documents sont sur le bureau du chef de
l’État, assurait en mars le ministre des Finances Augustin Matata Ponyo. L’adhésion sera officialisée après la composition du nouveau gouvernement et un vote au Parlement. » Encore une fausse annonce ? Le mois suivant, l’ex-argentier est devenu Premier ministre et a fait de l’environnement des affaires son cheval de bataille. Le 13 juillet, Kinshasa présentait à l’Ohada ses « instruments de ratification », laquelle entrait en vigueur le 12 septembre. ● PHILIPPE PERDRIX
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99
PUBLI-INFORMATION
De CCT à Orange-RDC,
parcours d’un opérateur de téléphonie mobile
Déjà présent dans 22 pays africains, le Groupe France Télécom Orange va bientôt devenir opérationnel en RDC. Rencontre avec Jean-Léon BONNECHÈRE, actuel Directeur Général de CCT, qui a piloté le processus d’acquisition de cette entreprise appelée à devenir Orange-RDC dans les prochains jours. La téléphonie a encore de beaux jours en République Démocratique du Congo. Le Groupe Orange l’a bien compris en rachetant CCT, anciennement détenu à 51% par l’équipementier chinois ZTE et à 49% par l’Etat Congolais. Depuis octobre 2011, le géant mondial de la télécommunication prépare son installation dans un marché à fort potentiel : 70 millions d’habitants, taux de pénétration de la téléphonie mobile inférieur à 20%, demande croissante en services innovants. Pour Jean-Léon BONNECHÈRE, le rachat de CCT a été rendu possible grâce à la cohésion et au dynamisme de l’équipe qui a mené cette opération. Le Directeur Général de CCT souhaite maintenir cette motivation et cette volonté de réussir chez les agents actuels de CCT appelés à intégrer les différentes valeurs d’Orange : « La différence est perceptible entre le CCT d’hier et le CCT d’aujourd’hui. Notre filiale est en pleine évolution pour atteindre le niveau requis des standards de qualité dans le Groupe Orange. Nous sommes engagés dans une transformation en profondeur en termes de revalorisation et de formation des ressources humaines, de mise en place d’infrastructures, d’amélioration de la qualité du réseau et du service commercial. » Orange RDC s’installe durablement. L’entreprise privilégie des relations de qualité en son sein : plans de formation pour le personnel, accession en interne à des postes à responsabilités, recrutement en externe en RDC et dans d’autres pays du Groupe pour apporter l’expertise et l’expérience qui manquaient dans certains domaines. JeanLéon BONNECHÈRE le dit avec fierté : « Cette transformation est une aventure à la fois humaine et multiculturelle. » Cette mise à niveau se matérialise autant par l’apparition de nouveaux services que d’innovations. « Nous développons en ce moment des produits classiques, mais qui étaient absents chez CCT, notamment le Roaming. Ce service est actuellement disponible en Prépayé pour nos abonnés qui se rendent en Belgique, en France, dans la majorité des pays limitrophes de la RDC ou encore dans les pays ou Orange opère (Afrique, Moyen Orient et Europe). Nous sommes engagés dans un vaste mouvement de transformation et les utilisateurs de CCT s’en rendent déjà compte. Certains des produits en cours de développement seront lancés bientôt, d’autres attendront la fin de la mise à niveau aux standards d’Orange », explique Jean-Léon BONNECHÈRE.
,,
REDYNAMISER EN INNOVANT L’investissement humain et matériel est à la hauteur des enjeux. 600 personnes travaillent au quotidien à ce projet. Si vous les questionnez, ils vous répondront que c’est un challenge passionnant et extraordinaire : « Nous allons développer une stratégie nationale et continuer de nous étendre sur tout le territoire de la RDC. L’ancrage à l’intérieur du pays existe, il ne reste plus qu’à le développer et à l’améliorer. » « L’investissement en RDC est un pari sur l’avenir », fait remarquer Jean-Léon BONNECHÈRE. « Plus de la moitié de la population a moins de 25 ans et les jeunes aiment énormément communiquer. Nous allons innover et redynamiser ce marché; nous faisons le pari sur un développement de ce marché ces prochaines années. » La redynamisation du marché passe par une amélioration de la qualité du réseau et la diversification des services. Le futur Orange RDC entend offrir à ses abonnés de nombreux services dont « Orange Money », un des produits phare du groupe français. « Des millions d’abonnés utilisent déjà Orange Money dans les pays où nous sommes présents. Notre valeur ajoutée se situe au niveau de la technologie que nous utilisons, des services et applications que nous développons autour du produit, de l’Ecosystème que nous mettons en place (Sécurité, Partenariat, emplois créés, etc.) et par le parcours client propre à Orange qui est simple et pratique. » Le Groupe Orange offrira aux Congolais du divertissement grâce aux différents partenariats conclus avec les grands noms du secteur. Des contenus variés seront proposés: jeux, musique, social networking avec Facebook notamment.
L’équipe du Service Marketing
,,
La différence est perceptible entre le CCT d’hier et le CCT d’aujourd’hui qui est en pleine évolution pour atteindre le niveau requis dans le groupe Orange
,,
Jean-Léon Bonnechère, Directeur Général de CCT
,,
Nous sommes concurrents sur les services, mais nous avons les mêmes besoins d’infrastructures et d’une connectivité internationale.
ENJEU DES INFRASTRUCTURES
SPONSORING ET OEUVRES SOCIALES
Même si le Groupe Orange a acquis les droits d’exploitation de la licence 3G lors du rachat de CCT, le manque d’une connectivité à l’international constitue un handicap pour le développement des différents services que le Groupe souhaite offrir aux Congolais : « La 3G nous permet d’offrir de nouveaux services aux abonnés de la RDC. Mais vous avez besoin d’une bonne vitesse de connexion si vous souhaitez offrir des services internet de qualité à vos abonnés. La RDC souffre d’un retard important dans la connectivité internationale offerte par les câbles sous-marin. La taille du pays est aussi un handicap car il vous faut une connexion au Nord, à l’Est et au Sud pour offrir au plus grand nombre de Congolais l’accès à ces services internet. Nous espérons bientôt bénéficier d’une connexion sur la côte atlantique par le câble sous-marin, WACS, consortium dont l’Etat Congolais fait partie. Nous travaillons en partenariat avec l’Etat Congolais sur ces sujets. »
Le sport véhicule des valeurs fortes auxquelles France Télécom Orange s’identifie pleinement. Bien avant sa transformation en Orange RDC et fidèle à la tradition du groupe, CCT s’implique déjà dans le sponsoring de différentes activités sportives organisées en RDC. Ainsi, l’entreprise est l’un des trois sponsors principaux du Cercle de Kinshasa pour les trois prochaines années : « Nous avons décidé de sponsoriser les activités de ce cercle de golf, de squash et de tennis. Cela nous permet d’approcher une clientèle premium et corporate. Comme l’entreprise va devenir Orange et que le groupe français est le partenaire officiel de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), nous allons, comme dans tous les autres pays où nous sommes établis, participer et faire profiter aux Congolais ce partenariat sportif. Une Fondation Orange devrait voir rapidement le jour en RDC et axer ses interventions sur l’éducation, la santé ou encore la culture. »
102
Le Plus de J.A. RD Congo
TRANSPARENCE
Mission impossible? Priorité du gouvernement, l’amélioration de l’environnement des affaires est un chantier pharaonique. Pour espérer en venir à bout, pouvoirs publics, patronat et bailleurs de fonds se mobilisent.
C
nationales du climat des affaires. Outre orruption, tracasseries et des chefs d’entreprise et des représenincompétence de l’administants des pouvoirs publics, elles ont réuni tration, insécurité judiciaire des diplomates et des fonctionnaires et juridique, surimposition des sociétés formelles, manque de finande la Banque mondiale. À l’issue de ce forum, quatre pages de recommandacement et d’énergie… la RD Congo n’en finit pas de figurer dans les derniers rangs tions et de mesures ont été adressées au des classements annuels de l’indice de gouvernement. Elles portaient notamment sur les conditions de création d’une perception de la corruption publié par entreprise, la mise en place d’un guichet Transparency International ou du rapport « Doing Business » de la Banque mondiale « Il faut revoir tout le système, (lire pp. 97-99). Un climat notre économie est désintégrée. » délétère décrié notamment par la Fédération des entreMICHEL NSOMWE, directeur général de la Fenapec prises du Congo (FEC), et que reconnaît Alexis Mangala, délégué unique, le commerce transfrontalier, principal du Comité de pilotage pour l’accès au financement et à l’électricité, l’amélioration du climat des affaires et des les questions fiscales et la protection des investissements (CPCAI), une structure investisseurs. rattachée au ministère du Plan. Si l’initiative a bien mobilisé le milieu Il fallait réagir. C’est ainsi qu’à l’initiades affaires, des questions, voire des doutes, demeurent. Le pays n’en est tive du Premier ministre Augustin Matata pas, en effet, à son premier forum en Ponyo et du CPCAI ont été organisées à la matière. Kinshasa, du 27 au 29 août, les Assises N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
« Le ministère du Plan a piloté pendant un an la commission du climat des affaires en RD Congo. Une autre commission, sous l’égide du ministère de l’Économie, s’était occupée du même problème. Toutes deux ont établi le même diagnostic et formulé les mêmes propositions. Mais rien n’a fondamentalement changé », souligne Michel Nsomwe, le directeur général de la Fédération nationale des artisans, petites et moyennes entreprises congolaises (Fenapec). Une situation liée, selon ce dernier, à la difficulté qu’éprouvent les pouvoirs publics à conceptualiser la réalité économique du pays. « On prend des mesures qui concernent une économie normale, alors que la nôtre est désintégrée et désarticulée. Elle fonctionne sur deux systèmesquinepartagentaucunesynergie. On pense le climat des affaires en fonction des entreprises étrangères, qui dominent notre économie, et non de l’ensemble. Il faut revoir tout le système », martèle-t-il. Un avis partagé par ce chef d’entreprise: « Le climat des affaires est un état d’esprit, pas seulement une question de mesures. Veut-on ou non des investisseurs pour développer ce pays? Tout part de là. » MENTALITÉ. Autre problème, la justice. Si
l’adhésion de la RD Congo à l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada, lire p. 99) est un point positif, elle a ses limites. « Ce sera le recours ultime, et toutes les entreprises, en particulier les petites, ne pourront pas y faire appel. Si l’on n’assainit pas le système judiciaire congolais et si l’on ne combat pas la corruption, le clientélisme et autres abus, rien ne changera sur le fond », affirme un avocat. Pour la première fois, le climat des affaires mobilise aussi de simples citoyens. Ainsi, un groupe de Congolais a fondé la Ligue pour l’amélioration de l’environnement des affaires en RDC (LAEA), qui revendique une plus grande place des nationaux dans le tissu économique et un changement de mentalité. « Il faut établir une liste des choses à ne plus faire. Et cela concerne tout le monde », assure Me Don DeoGracias Midagu, son président. Mais c’est promis, tout va s’arranger. « Nous avons la volonté politique de combattre toutes les entraves à l’amélioration du climat des affaires. Le Premier ministre en fait son cheval de bataille. Sur ce plan, d’autres pays ont réussi, pourquoi pas nous ? » s’interroge Mangala. ● MURIEL DEVEY, envoyée spéciale JEUNE AFRIQUE
Mbote changement ?
Privatisations et valses-hésitations Les modalités du désengagement partiel ou total de l’État des ex-entreprises publiques sont à l’examen. Un dossier sensible.
A
prèslatransformation, en 2008, d’une vingtaine d’entreprises publiques en sociétés commerciales dont les statuts ont été adoptésendécembre2010,quid du désengagement de l’État ? « Il n’a pas encore commencé. Après le changement juridique, il faut passer à la transformation économique de ces entreprises et arrêter des stratégies de réforme. Le désengagement pourra être partiel ou total. Tout dépend de la nature de l’entreprise, et de l’impact économiqueetsocialdesesactivités», expliqueLouiseMungaMesozi, la ministre du Portefeuille. Cap donc sur l’assainissement
financier de ces sociétés ainsi que sur la détermination de la propriété de leurs actifs et des activités à privatiser. C’est sur la base des études stratégiques en cours de finalisation que les décisions seront prises. Pour les entreprises intervenant dans les secteurs de l’énergie et des transports, les stratégies de réforme sont déjà arrêtées. Les options retenues vont du contrat de service avant instauration d’un partenariat public-privé (PPP), pour la Régie de distribution d’eau et la Société nationale d’électricité (Snel), au contrat d’assistance, assuré par Aéroports de Paris International pour la Régie des
quel’exploitationdesesactivités portuaires et ferroviaires sera cédée à des privés. En revanche, aucune option n’a encore été arrêtée pour les autres entreprises, dont les minières – la Gécamines, la Société minière de Kilo-Moto (ex-Okimo) ou la Cohydro. Autant dire que le désengagement de l’État interpelle plus d’un Congolais. « Quel modèle
voies aériennes (RVA), dont les activitésserontensuiteséparées en deux entités. La gestion du trafic aérien sera assurée par un établissement publicet l’exploitation aéroportuaire relèvera d’un PPP. Pour la Société nationale C’est sur la base des études descheminsdefer stratégiques en cours que du Congo, c’est la mise en œuvre les décisions seront prises. d’un contrat de gestion, confié à Vectoris, qui économique veut-on pour la a été prévue. Il sera suivi de la RDC ? À quand la promulgaconcession de l’activité ferro- tion de lois libéralisant tel ou tel viaireàunopérateurqualifié.La secteur?IlfautqueleParlement Société commerciale des trans- débatte de ces questions lors de ports et des ports (ex-Onatra), la prochaine législature », marpour sa part, sera transformée tèle un opérateur économique ensociétédepatrimoine,tandis congolais. ● MURIEL DEVEY
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Le Plus de J.A. RD Congo BANQUE
Un petit million de comptes, pour le moment… Vingt établissements sont présents dans le pays, soit quatre fois plus qu’en 2005. La concurrence est rude, mais le potentiel de développement immense.
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
104
! Les leaders étendent LEUR RÉSEAU D’AGENCES (Rawbank, place de la Victoire à Matonge).
F
in2011,letotaldebilandusecteur bancaire en RD Congo affichait une croissance annuelle supérieure à 30 %, pour atteindre 2,8 milliards de dollars (2,16 milliards d’euros) d’actifs, soit 23 % du produit intérieur brut (PIB), la moyenne sur le continent étant de 32 %, selon la Banque mondiale. Des chiffres qui illustrent un mouvement de fond. Vingt banques opèrent désormais sur le territoire congolais, contre seulement six en 2005, et le nombre de comptes en banque a fortement augmenté, passant de 30 000 en 2005 à plus de 1 million en 2011, coopératives comprises. Toutefois, malgré cette impressionnante progression (3 330 %), le potentiel de développement du secteur est bien plus impressionnant encore, dans cet immense pays de quelque 70 millions d’habitants où le taux de bancarisation est encore très faible – de l’ordre de seulement 7 %, d’après Ecobank. Un réservoir de « bancarisables » sans commune N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
mesure en Afrique, estimé à 13 millions de comptes. Avec la naissance d’une classe moyenne (lire pp. 128-131) et la création de nombreuses PME (notamment dans les activités commerciales) observées ces dernières années, il n’est guère étonnant que les groupes étrangers aient voulu être présents en RD Congo afin de capter cette clientèle en plein essor de « corporate » (entreprises, institutions…) et de particuliers. OBSTACLES . Implantées de longue date, la Banque commerciale du Congo (BCDC), fondée en 1909, Citigroup ou la Banque internationale pour l’Afrique au Congo (Biac, ex-filiale de Banque internationale pour l’Afrique occidentale) ont donc vu quinze concurrentes lancer leurs activités depuis 2005. Parmi elles, les congolaises Rawbank et Trust Merchant Bank (TMB), ainsi que les grands groupes panafricains et régionaux comme Ecobank, Afriland First Bank
(Cameroun), BGFI (Gabon), Standard Bank (Afrique du Sud) et UBA (Nigeria). Ainsi que le montrent le classement et les données recueillies auprès des établissements (voir tableau p. 105), les résultats sont inégaux, plusieurs banques essuyant des pertes considérables, en partie inhérentes à leurs coûts de développement. Cependant, selon un banquier de la place kinoise, sur le premier semestre de 2012, « les dépôts ont continué d’augmenter, même si leur rythme est moins soutenu, et les crédits sont aussi en légère hausse ». Il faut dire que les obstacles sont légion, à commencer par l’alimentation en électricité, défaillante presque partout, qui implique de coûteux équipements en groupes électrogènes ou panneaux solaires (exemple : TMB dépenserait 1 million de dollars par an pour faire tourner ses groupes électrogènes dans les différentes provinces). Résultat, seules quelques banques, comme Rawbank, TMB ou la Banque internationale de crédit (BIC), ont implanté des agences dans les différentes provinces du pays et au-delà des grandes villes. GARANTIES . En avril dernier, quatre
mois après la réélection de Joseph Kabila aux commandes, la nomination de l’équipe d’Augustin Matata Ponyo, considérée comme un gouvernement de « technocrates » (lire pp. 84-85), a redonné confiance aux investisseurs et aux institutions financières. De même que l’adhésion du pays, le 12 septembre, à l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada, lire p. 99), notamment en matière d’arbitrage et de droit des sûretés – garantie accordée à un créancier qui lui permet d’obtenir paiement de sa créance en cas de défaillance du débiteur. Désormais, les banques qui veulent financer des opérations importantes bénéficient de garanties réelles et personnelles et, en cas de litige, peuvent se référer à la Cour commune de justice et d’arbitrage d’Abidjan. Une assurance de plus pour les opérateurs, sachant que la RD Congo n’est pas signataire de la convention de New York en vertu de laquelle une sentence arbitrale rendue dans un État signataire a force exécutoire dans les autres. Cependant, malgré les 6,5 % de croissance économique observés cette année, l’incertitude plane. Elle est d’abord JEUNE AFRIQUE
Mbote changement ? politique, avec une situation de crise aggravée dans le Kivu. « Tous les signes d’une guerre sont là, avec la crainte d’un effet boule de neige au Katanga », confie un investisseur basé à Kinshasa. L’incertitude est aussi économique. « Le gouvernement a restreint les dépenses pour satisfaire les exigences du Fonds monétaire international mais, du coup, l’argent ne circule plus depuis six mois. Le pays souffre d’un manque de dépenses publiques, avec seulement 1,4 milliard de dollars d’investissements prévus sur les cinq prochaines années… Un montant dérisoire. Pendant ce tempslà, les bailleurs de fonds sont quasi absents », explique un banquier. ●
QUESTIONS À | Éric Mboma, CEO de Standard Bank Group Kinshasa
A
près quatre ans à Singapour, où il était à la tête de la section Afrique des activités commerciales de la branche exploration du groupe minier BHP Billiton, le Kinois a pris, fin août, la direction générale de la filiale en RD Congo du sud-africain Standard Bank, le premier groupe bancaire du continent en termes de bilan.
RÉSULTAT DES ÉTABLISSEMENTS EN 2011 BILAN
RÉSULTATNET
RAWBANK
531,1
6,9
BCDC
416,7
8,2
BIAC
410,9
1,2
TRUST MERCHANT BANK
314,3
0,9
BIC
229,2
1,8
STANDARD BANK
165,1
1,8
PROCREDIT BANK
154,9
0,2
ECOBANK
135,3
2,1
CITIBANK
118,9
– 0,8
BGFI
91,0
– 2,6
AFRILAND FIRST BANK
62,5
2,5
FIBANK
59,3
0,3
ACCESS BANK
38,9
– 0,9
BANK OF AFRICA
30,4
– 3,5
BYBLOS BANK
19,4
1,2
SOFIBANQUE
18,5
– 1,1
ADVANS BANQUE
13,5
– 2,0
MINING BANK OF CONGO
13,4
2,8
UBA
12,2
– 1,5
N. C.
N. C.
En millions de dollars
SOURCE : RAPPORTS DES COMMISSAIRES AUX COMPTES
LACRUCHEBANQUE
JEUNEAFRIQUE : Quel regard portezvous sur l’évolution de l’environnement des affaires et du secteur bancaire congolais ? ÉRIC MBOMA : L’un et l’autre se sont améliorés, mais le marché exige davantage. Il y a encore des ajustements importants à réaliser, tant pour améliorer le climat des affaires que pour mieux réglementer le secteur financier. Les banques doivent définir un business model plus adapté au contexte local. Il ne s’agit aucunement d’éviter le risque, mais de lui donner un juste prix. L’Association congolaise des banques et le gouvernement y travaillent. Que représente le marché congolais pour un groupe comme le vôtre ? Depuis quelques années, nous avons opéré un recentrage stratégique. Dans un premier temps, nous avons réduit notre présence en Amérique latine, maintenu nos positions asiatiques, et nous nous appuyons désormais sur nos deux piliers d’origine, à savoir l’Afrique (car la croissance future sera continentale) et le secteur minier. Nous nous posons en plateforme entre les pays émergents et le continent,
où, hormis l’Afrique du Sud, notre base historique, nous sommes présents dans 17 pays : le Nigeria, le Ghana, le Kenya, l’Ouganda, etc. Avec ses 70 millions d’habitants et ses nombreuses ressources naturelles, la RD Congo est un enjeu stratégique. Nous croyons en ce pays. Nous sommes présents à Kinshasa et à Lubumbashi. Et, d’ici à la fin de l’année, nous le serons aussi à Kolwezi, à Goma et à Matadi. Quelle est la vocation de Standard Bank en RD Congo ? Le groupe y est surtout une banque « corporate », c’est-à-dire principalement tournée vers les multinationales, les organisations internationales et les entreprises minières, ainsi que les secteurs annexes, comme ceux des infrastructures énergétiques ou de transport. Notre bilan et nos ressources nous confèrent une forte capacité pour financer les entreprises du pays.Toutefois, en RD Congo, nous octroyons principalement des prêts à court terme (trésorerie, lettres de crédit). Nous intervenons en appoint des grands groupes miniers et soutenons surtout les juniors, tout en gardant un œil attentif sur les autres secteurs, car les miniers ont besoin d’un tissu de PME locales pour développer leurs activités. Nous avons déjà accordé à des entreprises locales des prêts allant jusqu’à 5 millions de dollars (3,9 millions d’euros). ● Propos recueillis à Kinshasa par MURIEL DEVEY
DR
« Nos piliers ? L’Afrique et le secteur minier »
NICOLAS TEISSERENC
En millions de dollars
105
COMMUNIQUÉ CABINET DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Palais de la Nation Kinshasa / Gombé République Démocratique du Congo
Le pari de la modernisation gagné avec Joseph Kabila Kabangé Q
uatrième Président de la République Démocratique du Congo (ex-Zaïre), Joseph Kabila Kabangé est le fils de Mzee Laurent Désiré Kabila, à qui il succède par sa prestation de serment du 26 Janvier 2001 De son parcours atypique, on retient essentiellement que Joseph Kabila est né le 4 juin 1971 à Hewa Bora II, Collectivité de Lulenge, Territoire de Fizi, Province du Sud-Kivu en République Démocratique du Congo. Il est originaire de la localité d’Ankoro, chef-lieu de la Collectivité – secteur de Kamalondo, Territoire de Manono, District du Tanganyika. Après des études primaires en République Démocratique du Congo et des études secondaires en Tanzanie, Joseph Kabila entame une formation militaire en Tanzanie. En 1996, il est nommé Commandant des Opérations sur l’axe Kisangani ensuite Lubumbashi et Kinshasa pendant l’avancée des troupes de libération vers Kinshasa. Il se rend en Chine en 1997 pour parfaire ses études militaires à l’Université de la Défense Nationale de Pékin. Et il est ensuite nommé Chef d’État – Major Général adjoint des FAC (Forces Armées Congolaises) en 1998 puis en devient Chef d’État-Major de la Force terrestre en 2000. Après avoir consenti d’énormes efforts pour pacifier la République Démocratique du Congo, jadis minée par des rebellions de
toute part, Joseph KABILA dirige de 2003 à 2006 un gouvernent de transition issu des négociations politiques de Sun City avec l’opposition armée et non armée dont la mission principale est l’organisation des élections. Joseph Kabila est proclamé en 2006 vainqueur des premières élections présidentielles libres, démocratiques et transparentes au suffrage universel direct avec 58% des voix. Il assumera pendant son
mandat la Présidence de la Communauté Économique des États de l’Afrique Central (CEEAC) et des années plus tard, celle de SADC. En novembre 2011, lors des scrutins financés à plus de la moitié par le trésor public, il est réélu Président de la République. Des « 5 chantiers de la République » à la matérialisation de la « Révolution de la Modernité », plusieurs projets de modernisation gigantesques et grande envergure sont initiés
afin de contribuer efficacement à l’amélioration des conditions de vie des populations. La République Démocratique du Congo renaît de ce pas de ses cendres, ses ambitions sont rehaussées. Le Chef de l’État communique clairement sa vision et sa détermination de faire de la République Démocratique du Congo non seulement un pays Fort et Uni, mais aussi une puissance africaine émergente parmi les nations de ce monde.
Mbote changement ? Stockholm), proposent une solutionmobile,maisVodacom se prépare à lancer le système M-Pesa (« M » pour mobile, pesa signifiant « argent » en swahili). Jo n a t h a n Johannesen, directeur des services financiers de Tigo en RD Congo, dit viser 1 million d’abonnés à son portefeuille électronique, Tigo Cash, soit un tiers de son parc d’abonnés. Tigo utilise les banques pour loger les fonds et compte la Biac, la BIC, Ecobank et ProCredit parmi ses partenaires. À terme, il souhaite fournir un service universel en permettant de transférer l’argent quelle que soit la plateforme d’origine. De son côté, Airtel s’est associé à Ecobank pour lancer Ecobank Mobile Banking en juillet. Si la banque mobile apparaît comme une solution évidente pour bancariser le plus grand nombre et permettre des échanges entre des zones très éloignées, certains s’inquiètent de ce que son développement ne se fasse au détriment des agences en dur. Par exemple, il n’y a qu’une seule agence bancaire dans le Maniema, une province de plus de 2 millions d’habitants, or l’activité entrepreneuriale a besoin de fonds plus importants que ce que permettent actuellement les services mobiles. ●
! IDÉAL POUR LES PARTICULIERS, mais pas adapté à des mouvements de fonds importants.
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
UNIVERSEL.
INNOVATION
Attraction électronique Compte tenu du manque d’infrastructures, la banque mobile apparaît comme la meilleure solution pour doper le marché.
L
e gouvernement d’Augustin Matata Ponyo a récemment décidé de faire appel aux banques pour rémunérerlesfonctionnaires.Et si les opérateurs mobiles Tigo et Airtel, qui concouraient contre elles, ont perdu le marché, ils seront indispensables à sa mise en œuvre. « Il nous est impossible d’ouvrir 20 000 comptes en quelques semaines, admet le patron d’une banque présente sur tout le territoire. Nous
sommes entrés temporairement en partenariat avec les opérateurs pour sous-traiter la paie [à travers leurs agents de distribution non bancaires, NDLR],maisnousréfléchissons à notre propre solution. » En effet, le cadre législatif adopté fin 2011 autorise opérateurs et banques à proposer leurs propres systèmes en concurrence, à la différence de la plupart des pays africains. La banque centrale supervise les
activités de monnaie électronique des différents établissements et exige que ces derniers disposent d’un capital social minimum de 2,5 millions de dollars (1,9 million d’euros), limite la taille maximale du portefeuille à 3 000 dollars et les transferts quotidiens à 500 dollars (2500 par mois maximum). Pour l’instant, seuls Airtel, filiale de l’indien Bharti, et Tigo, filiale de Millicom (société luxembourgeoise cotée à
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107
COMMUNIQUÉ CABINET DU 1 ER MINISTRE
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Avenue Roi Baudoin n°5 Kinshasa / Gombé République Démocratique du Congo
Matata Ponyo Mapon : l’artisan de la stabilité du cadre macro-économique Investi depuis le 9 mai 2012, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo a un Chef de Gouvernement : Matata Ponyo Mapon.
célébrait d’ailleurs le cinquantenaire de son accession à la souveraineté internationale, le taux de change du franc congolais est demeuré stable. Ce qui permit à la RDC d’atteindre le point d’achèvement en juin 2010, après avoir atteint le point de décision en 2003.
À côté de cette carrière scientifique, l’homme a fait ses preuves au sein des Institutions Financières et Techniques du pays, notamment la Banque Centrale du Congo (BCC) et le Bureau Central de Coordination (BCECO). Après avoir été plus d’une fois Conseiller Économique du Ministre des Finances, Matata Ponyo Mapon fait son entrée au Gouvernement de la République Démocratique du Congo le 19 février 2010, sous la direction de Monsieur Adolphe Muzito, jadis Premier Ministre et ce, après remaniement de la première équipe en qualité de Ministre des Finances, poste qu’il gardera jusqu’à ce qu’il soit élevé à la fonction de Premier Ministre. Son parcours est particulièrement marqué par la Présidence en 2011 du Caucus des Gouverneurs Africains auprès du Fond Monétaire International et de la Banque Mondiale, fonction qui lui a permis de défendre, du 23 au 25 septembre 2011 dans la capitale fédérale américaine, les grandes lignes de la Déclaration de Kinshasa, adoptée le 4 août 2011 au terme de la rencontre dudit Caucus. Membre du Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD), Matata Ponyo Mapon a exercé
Depuis sa nomination à la tête du Gouvernement, il a piloté avec succès plusieurs réformes importantes dont certaines ont abouti à des lois : Le nouveau Code des Douanes, la Loi sur les Finances Publiques, le nouveau Code des Marchés Publics, la Taxe sur la Valeur Ajoutée... Après l’atteinte du point d’achèvement, il a conduit des négociations avec les pays du Club de Paris et des créanciers commerciaux pour les allégements à consentir dans le cadre de l’IPPTE. À ce jour, la RDC a conclu des accords d’allégement ou d’annulation de la dette notamment avec les États-Unis, la Belgique, la France, l’Italie, les Pays-Bas, l’Allemagne.
les fonctions de Ministre des Finances alors que le pays venait de conclure un programme avec le FMI dans le cadre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (IPPTE). Dans un contexte mondial marqué par les effets pervers de la
crise financière internationale, l’homme a le mérite d’avoir contribué à la stabilisation de l’économie congolaise dont les principaux équilibres étaient rompus pendant plus de cinq années. On se rappellera qu’en ce moment précis où le pays
Dans un contexte politicomilitaire pourtant perturbé par les troubles à l’Est du pays, l’évaluation des cent premiers jours de la feuille de route de mise œuvre du Programme d’Action de son Gouvernement dévoile les prémisses indéniables d’une bonne gouvernance et d’un élan certain de croissance en vue d’accompagner le Président de la République dans la matérialisation de sa noble et légitime ambition de la Révolution de la Modernité.
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
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AGRICULTURE
Le champ des possibles Objectif de la nouvelle politique agricole : qu’en cinq ans le secteur propulse à lui seul le pays au rang des émergents. Est-ce réaliste ?
FRÉDÉRICK ET LAURENT MUHASHIRWA NOTERMAN
P
Jambo, un duo vitaminé
souligne Paluku Mivimba, le président de lus de 135 millions d’hecla Confédération nationale des paysans tares de terres arables. Une du Congo. C’était autrefois l’occasion communauté agropastorale de 14 millions de ménages. d’expliquer aux paysans la politique agricole pour l’année à venir et, Le potentiel agricole du payss est agrico énorme… pour une production n parfois, de lancer une nouvelle par Le secteur a ridicule au regard de la taille culture. » Surtout, le gouvercu généré plus de et des besoins alimentaires nement a décidé de mobiliser de la RD Congo, contrainte 23 millions de dollars (17,8 mild’importer la plus grande lions d’euros) sur fonds propres partie des denrées de base pour cette campagne agricole po du PIB en 2011 qu’elle consomme. 2012-2013, auxquels s’ajoutent 20 Une situation qui va peutmillions de dollars du Fonds eut10 m être enfin s’inverser. Pour la première national d’entretien routier (Foner) pour fois depuis plus de vingt ans, une camla mise à niveau des dessertes agricoles. pagne agricole a en effet été lancée, le 27 juillet, à Dumi, dans la ville-province CAMPAGNE. La part la plus importante de Kinshasa. « C’est une bonne chose de ce budget est destinée à la producque d’avoir renoué avec cette pratique, tion végétale, animale et halieutique ● ● ●
39 %
VAN COOLEN/EUREKA SLIDE-REPORTERS-REA
! RÉCOLTE DU THÉ dans le Kivu.
JEUNE AFRIQUE
ILS SONT INSÉPARABLES. C’est ensemble que Frédérick et Laurent Muhashirwa Noterman, nés dans le Nord-Kivu, ont créé Jambo (« bonjour, bienvenue » en swahili), une unité de production de jus de fruits frais 100 % congolais. L’idée leur est venue alors qu’ils étudiaient en Belgique. « J’ai travaillé chez un oncle qui faisait des jus de fruits à Bruxelles, et je me suis dit que l’on pouvait faire cela au pays », explique Frédérick. De retour à Kinshasa en 2010, les deux frères investissent leurs économies dans l’achat de machines et installent leur atelier dans le quartier de Bon Marché, à La Gombe. L’usine produit actuellement 100 à 150 litres de jus de fruits frais par jour – ananas, pamplemousse, orange, citron… – avec un bestseller: le jus de maracuja (fruit de la passion). Pour porter la production à 300 l/j et abaisser les coûts, les patrons de Jambo, qui s’approvisionnent directement chez les producteurs, cherchent de nouveaux fournisseurs. Après les marchés de la capitale, ils vont prospecter désormais dans le Bas-Congo et étudient les différentes solutions pour organiser la chaîne de transport le plus efficace possible. Reste à trouver les financements. Et à encourager les Congolais à modifier leurs habitudes. Car « ici, on préfère les sodas, alors que le pays regorge de fruits totalement bios », regrette Laurent Muhashirwa, qui reconnaît que, pour le moment, les purs jus de fruits de Jambo (vendus en moyenne 3500 francs congolais, soit 2,80 euros, la bouteille d’un demi-litre) s’adressent plus à une clientèle aisée, notamment celle des grands hôtels, centres commerciaux, traiteurs et MURIEL DEVEY pâtisseries chics. ● N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Le Plus de J.A. RD Congo ● ● ● (fourniture gratuite d’engrais, de grandes lignes de sa politique agricole et avec la nouvelle loi sur l’agriculture, semences et autres intrants, appui aux producteurs et à leurs organisations), promulguée en décembre 2011 et dont le reste étant affecté à l’entretien de les textes d’application sont en cours pistes rurales pour désenclaver les d’élaboration, sous la houlette d’une zones de production, ainsi qu’à l’amécommission ad hoc. Parmi les princilioration des conditions de vie des pales préoccupations, le financement populations rurales, notamment avec du monde rural, qui ne parvient pas à l’approvisionnement des villages en eau obtenir de crédits auprès des banques potable. Un financement conséquent, locales. qui ne représente cependant que 3,7 % du budget de l’État Techniciens et agronomes et qui doit être partagé entre du ministère renâclent à toutes les filières du secteur s’installer à la campagne. – agriculture, élevage, pêche et pisciculture. Par ailleurs, au Si la loi agricole prévoit la mise en moment où il a été annoncé, fin juillet, place d’un fonds de développement de « la campagne agricole avait déjà commencé dans la plupart des provinces. l’agriculture, alimenté par l’État, par des Pour cette année, ce sont donc surtout taxes sur les importations alimentaires le Bas-Congo et le Bandundu qui proet par des apports extérieurs, des quesfiteront des intrants mis à disposition tions restent en suspens: comment faire par le gouvernement », regrette Paluku pour que le fonds serve vraiment aux Mivimba. producteurs ? Où sera-t-il logé ? Il s’agit aussi de réduire les taxes, de défiscaliser FONDS. Les acteurs du secteur le carburant, l’eau et l’électricité pour s’inquiètent aussi de ce que les le monde agricole, de favoriser la procompétences des agronomes et des duction nationale avant de viser l’export techniciens du ministère n’ont pas été (qui concerne surtout les investisseurs mises à niveau depuis longtemps, et que étrangers) et de sécuriser le foncier, ceux-ci renâclent à s’installer dans les notamment les terres coutumières. campagnes, qui ont pourtant besoin « Elles ne sont pas délimitées par un acte d’aide technique. Enfin, les centres juridique, explique Paluku Mivimba. Du coup, elles peuvent être attribuées à un de recherche ne fonctionnant plus, d’où va-t-on importer les semences investisseur sans que les communautés améliorées ? puissent les défendre. Il faut compléter Pas de pessimisme pour autant. À l’article 18 de la nouvelle loi agricole. » condition que le gouvernement harUn dossier sensible. ● monise la prochaine campagne avec les MURIEL DEVEY
PLUS DE SOUPLESSE ET DE COMPLÉMENTARITÉ UN CONSENSUS a finalement été trouvé pour modifier le très décrié article 16 de la nouvelle loi agricole. Exit la clause qui imposait à tout investisseur étranger d’être minoritaire dans le capital d’une société agricole, dont le promoteur peut être soit une personne physique congolaise, soit une personne morale de N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
droit congolais, pouvant donc s’associer avec des étrangers. Pour le moment, il n’existe encore aucune entreprise agricole de dimension industrielle détenue par des Congolais. La solution envisagée pour pallier ce manque est de mettre en place des partenariats fondés
sur la complémentarité entre grands et petits producteurs : les premiers fournissant un appui technique aux petits exploitants, qui pourraient alors écouler une partie de leur production auprès d’eux et en tirer les moyens nécessaires pour se hisser à un stade semi-industriel. ● M.D.
MURIEL DEVEY
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MONSE KENZIKI
La charcuterie à la sauce Gaana UN PETIT COUP de pouce du Club des maîtres saleurs de France, dont Monse Kenziki est devenu membre, a permis à cet ingénieur agronome qui s’était spécialisé dans l’industrie de la viande à Caen (nord-ouest de la France) d’ouvrir une charcuterie à Kinshasa, en 1993, et de mettre à la disposition des Congolais des produits adaptés à leurs traditions et à leur goût. Jambons, saucisses, saucissons… La Générale d’agroalimentaire nationale adoptée (Gaana) produit aujourd’hui près de 5 tonnes de charcuterie par jour, dont les deux tiers sont fabriqués à Kinshasa et le reste à Matadi, dans le Bas-Congo, où Monse a ouvert une unité « pour approvisionner le Bas-Congo et l’Angola ». Présents dans la plupart des provinces congolaises grâce à un vaste réseau de distributeursgrossistes, de supérettes, de restaurateurs et de chaipeurs (« petits revendeurs »), les produits estampillés Gaana sont aussi exportés vers le Congo-Brazzaville. Seulement 10 % de ses approvisionnements sont couverts par ses élevages dans le Bandundu (près de Nioki, où Monse Kenziki est né, en août 1966), l’essentiel des matières premières – viande, épices, mais aussi emballages – étant encore importé d’Europe. « Cela représente entre trois et six conteneurs par mois »… et un bon paquet de tracasseries au port de Matadi (lire p. 115). Entrepreneur dans l’âme, Kenziki a créé trois supérettes sous l’enseigne Central African Food, au Cap, en Afrique du Sud, dont les produits sont destinés principalement à la diaspora congolaise de plus en plus importante dans la nation Arc-en-Ciel. Il projette d’ailleurs d’y ouvrir une chaîne de restaurants servant, évidemment, des spécialités congolaises. De quoi grossir le chiffre d’affaires du groupe, qui s’établit déjà à 4,6 millions de dollars (3,6 millions M.D. d’euros) par an. ● JEUNE AFRIQUE
COMMUNIQUÉ MINISTÈRE DU PLAN ET SUIVI DE LA MISE EN ŒUVRE DE LA RÉVOLUTION DE LA MODERNITÉ
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
4155, Rue des Coteaux, Quartier Petit Pont, Kinshasa / Gombé, B.P. 9378 Kin I Tél. : +243 0819922666 / 0898695710 / 0993339258
« La vision, les idées fortes et le programme pour un Congo émergent » Le ministère du Plan et Suivi de la Mise en œuvre de la Révolution de la Modernité, dirigé par le Ministre Célestin Vunabandi Kanyamihigo, fonde sa mission principalement sur « la vision, les idées fortes et le programme pour un Congo émergent » du Président de la République, Joseph Kabila Kabangé. Ces missions matérialisées dans l’ordonnance coulée dans le journal officiel indique que le ministère du Plan s’occupe de la planification et la coordination technique du Programme d’Action du Gouvernement, d’assurer le pilotage des programmes sectoriels, de développer les statistiques et le suivi des projets interministériels, le Ministère du Plan et Suivi de la Mise en œuvre de la Révolution de la Modernité s’occupe de la promotion des investissements privés et publics ; la coordination, au niveau de la coopération au développement, de l’action de mobilisation des ressources extérieures, en collaboration avec les ministères ayant la Coopération Internationale et les Finances dans leurs attributions. Le Ministère assure également le suivi de l’utilisation
des ressources extérieures afin d’en garantir l’affectation aux investissements prioritaires ; l’incitation et l’encouragement d’une politique de relance de la production dans le cadre des investissements privés y compris ceux réalisés par les Organisations Non Gouvernementales ; la coordination de la participation de la RDC aux efforts concertés de développement économique et social de l’Afrique, à travers le NEPAD, en collaboration avec le ministère ayant la coopération internationale dans ses attributions ; et le pilotage des travaux macroéconomiques dans le cadre du plan de développement, en collaboration avec les ministères concernés. L’autre mission importante de ce ministère, c’est le suivi de la mise en œuvre de la Révolution de la modernité. Elle procède par la conception et la mise en place des mécanismes de suivi qualitatif des projets et programmes en vue de leurs concours à la modernisation de la RDC. Actuellement, le ministère du Plan et Suivi de la Mise en œuvre de la Révolution de la Modernité développe, dans le cadre
Au centre, le Ministre Célestin Vunabandi Kanyamihigo.
de la concrétisation de ces missions, plusieurs grands projets logés sous sa tutelle. De tous ces projets, nous pouvons citer le 2ème Recensement général de la population et de l’habitat (Rgph2), le projet sur la mobilisation et la revitalisation des ressources humaines de l’Administration Publique (PMR-RH), le projet de renforcement des capacités en gouvernance (Prcgap), la Stratégie Nationale de Développement de la Statistique (Snds) et les enquêtes nationales 1-2-3, enquête 1-2-3, Eds et Mics3. Le Ministère du Plan et suivi de la Mise en œuvre de la Révolution assure également le pilotage de l’Initiative pour la Transparence des Industries Extractives (ITIE), de la Plate-forme de l’Aide et des Investissements (PGAI) et du Comité de Pilotage du Climat des Affaires et des Investissements (CPCAI). Il assure la tutelle de l’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANAPI) et de l’Institut National de la Statistique (INS). Parmi les actions prioritaires en cours, le Ministre du Plan est entrain d’élaborer le Programme
d’Actions Prioritaires (PAP) du Gouvernement pour la période de 2012 à 2016, le Programme d’Investissements Publics (PIP) et le Plan Numérique National à l’Horizon 2020 (PNN H2020). Cette nouvelle tâche de Suivi confiée au Ministre Célestin Vunabandi Kanyamihigo par le Premier Ministre et Chef du Gouvernement, Augustin Matata Ponyo Mapon, vise également, entre autres, la matérialisation de l’ambition dans la logique de laquelle le Président de la République, Joseph Kabila Kabangé, prend les engagements et fixe les objectifs à savoir : - Faire du Congo un pool d’intelligence et du savoir-faire ; - faire du Congo un vivier de la nouvelle citoyenneté et de la classe moyenne ; - faire du Congo un grenier agricole ; - faire du Congo une Puissance énergétique et environnementale ; - faire du Congo un pool économique et industriel ; - faire du Congo une terre de paix et de mieux-être ; - faire du Congo une puissance régionale au cœur de l’Afrique.
DU FLEUVE
! À 150 KM DE L’EMBOUCHURE CONGO, le port a une position hautement stratégique.
TRANSPORT ET LOGISTIQUE
du chemin de fer entre Kinshasa et Ilebo, une exigence des autorités kinoises. Pour l’heure, le projet de pont routePrincipal point d’entrée et de sortie des marchandises rail (dont les études de faisabilité sont en cours sur un financement de la Banque du pays, le port doit investir pour rester dans la compétition africaine de développement – BAD) face à la concurrence régionale. inquiète les Congolais de RD Congo, en particulier ceux de la province du BasMatadiayantétéconçuàl’originepourle Congo, qui craignent un détournement ngorgement, tracasseries administratives, effectifs surabondants transit et non pour le stockage, son engordu trafic du port de Matadi, mais aussi et services pléthoriques (bien gement reste l’un des problèmes les plus du port de Boma (situé en aval) au profit plus que les quatre prévus par le complexes à résoudre, malgré les travaux de Pointe-Noire. C’est pourquoi, tout en décret présidentiel de 2002), taxes redonentrepris pour gagner des espaces d’entrereconnaissant le bien-fondé dantes… Principal port maritime du pays, posageetl’arrivée,enmarsdernier,denoude cet ouvrage pour son rôle Matadi, situé sur le fleuve Congo (à 150 km veauxenginsdemanutentionpourle d’intégrateur régional et contienviron de son embouchure), dans la chargement et le déchargement nental, ses pourfendeurs posent province du Bas-Congo, est devenu un desconteneurs.Actuellement, comme préalable à sa réaliseuls sept quais sur dix sont véritable goulet d’étranglement dans la sation la création du port opérationnels, et le délachaîne de transport de l’ouest du pays, et de Banana. « C’est le seul TRAFIC un casse-tête pour ses utilisateurs. brement du chemin de moyen pour la RD Congo fer, qui ralentit l’écouleUn constat d’autant plus préoccupant d’être à armes égales avec que le trafic est en constante augmentation ment des marchandises le Congo et d’entrer en de tonnes par an vers la capitale, n’arrange compétition loyale avec (notamment les importations) et que se EVP* rien. Pour pallier le proson port », martèle un opéconcrétise le projet de pont route-rail ing t p par mois nte Kinshasa-Brazzaville qui, si aucune solublème, des opérateurs ont rateur congolais. ied s », l’unité représe fait aménager de petits ports tion n’est trouvée, pourrait compromettre Il est vrai qu’en la matière la l’avenir du port au profit de celui de Pointesecs aux abords de Matadi, mais ce concurrence se renforce. À Malabo, Noire, au Congo-Brazzaville. n’est qu’une solution transitoire. Pour faire en Guinée équatoriale, les travaux du port Afin d’assainir la situation de Matadi à face à la croissance du trafic, il faudrait en en eau profonde sont en voie d’achèvecourt terme, des mesures doivent donc installer aussi à Kinshasa, à Mbuji-Mayi, ment. Luanda, en Angola, envisage un ouvrage du même genre à Soyo, en face être prises, qui portent sur l’instauration à Kisangani et à Goma. d’une gestion rationnelle et transpade Banana… Reste à savoir pourquoi le rente du port, sur le renforcement de INQUIÉTUDE. À terme, l’issue serait de projet du port de Banana n’a pas encore vu son informatisation (afin d’assurer la construire un port en eau profonde à l’ombred’undébutdecommencement.Ce traçabilité des marchandises) et – ainsi Banana (également dans la province du n’estpasfautedepropositions.Depuisplus que l’a recommandé le Premier ministre, Bas-Congo) pour désengorger Matadi. de dix ans en effet, des sociétés de diverses Augustin Matata Ponyo, fin juillet – sur Une réalisation qui permettrait aussi de nationalités font des offres et proposent voir venir avec plus de sérénité le promême de moderniser Boma et Matadi. l’élimination des taxes et services illégaux, jet de pont route-rail entre Kinshasa et qui contribuent à en faire l’un des ports Mais rien. Est-ce seulement un problème Brazzaville, qui intègre le prolongement de financement? ● MURIEL DEVEY les plus chers au monde.
La bataille de Matadi
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JEUNE AFRIQUE
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MURIEL DEVEY
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Le Plus de J.A. RD Congo
AÉRIEN
Décollage bientôt sécurisé
Nouvelle tour de contrôle, piste remise à neuf et dégagée des militaires et des badauds. L’aéroport de Kinshasa renoue peu à peu avec… la normalité.
R
éfectiondelapiste,construction d’une nouvelle tour de contrôle, d’une caserne incendie et d’une centrale électrique… L’aéroport international de Ndjili (à une vingtaine de kilomètres à l’est du centre-ville de Kinshasa) fait enfin peau neuve. Des travaux très attendus, qui devraient être achevés d’ici à un an et demi, mais pas de perturbation du trafic aérien, puisque l’entreprise chargée du chantier travaille la nuit – de 22 heures à 6 heures du matin. À l’œuvre, le chinois Sinohydro Corporation, qui a remporté l’appel d’offres international.
également les aéroports de Lubumbashi et Kisangani. Les efforts pour moderniser l’aéroport ne s’arrêtent pas là. Financé par la Banque mondiale, un nouveau centre de contrôle régional, combiné avec la nouvelle tour de contrôle, viendra renforcer la surveillance aérienne. Des mesures ont également été prises pour sécuriser l’accès à la zone aéroportuaire. « Il n’y a plus de militaires ni de badauds traînant aux abords de la piste à la recherche d’un quelconque butin,
Les travaux de la piste de l’aéroport de Ndjili bénéficient d’un financement de 65 millions de dollars (50 millions d’euros), prêt de l’Eximbank à la Régie des voies aériennes (RVA) garanti sur la redevance En attendant de pouvoir en pour le fonds de dévelopconstruire un autre, le terminal pement pour les infrasera relooké par Safricas-Congo. structures aéroportuaires (Idef, lire encadré), tandis ni d’incidents autour des appareils », que 150 millions de dollars (don de la assure un opérateur. Banque africaine de développement et Quant aux épaves d’avion qui croupiscontrepartie gouvernementale assurée saient sur le tarmac, elles sont détruites et par l’Idef ) seront consacrés aux autres travaux de mise à niveau, qui concernent évacuées. Enfin, les autorités ont procédé
UNE AGAÇANTE REDEVANCE ELLE FAIT COULER BEAUCOUP D’ENCRE, agace plus d’un passager et suscite maintes interrogations sur son utilisation. Instaurée en 2009, la redevance pour le fonds de développement pour les infrastructures N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
aéroportuaires (Idef), appelée couramment Go Pass, est prélevée par la Régie des voies aériennes (RVA) sur chaque passager et dans tous les aéroports du pays, à raison de 10 dollars (7,75 euros) pour les vols intérieurs et de
50 dollars pour les vols internationaux. Impossible d’y échapper. Le passager qui n’est pas en mesure de présenter son Go Pass au pied de l’avion ne peut embarquer. L’Idef, qui générerait 20 millions de dollars par an, sert de
contrepartie aux institutions financières pour l’octroi de prêts. Jusqu’à présent, ce fonds a permis de financer la construction du pavillon présidentiel de l’aéroport de Ndjili. ● M.D. JEUNE AFRIQUE
Mbote changement ? délimitation de l’emprise aéroportuaire. De quoi satisfaire les compagnies nationales, comme Korongo Airlines, flyCongo et la Compagnie africaine d’aviation (CAA), ainsi que les opérateurs étrangers, parmi lesquels un nouveau venu depuis fin août, Turkish Airlines.
! LE GROS POINT FAIBLE DE NDJILI reste son aérogare, vétuste, exiguë, sans confort.
à la mise à jour de la législation, incluant des dispositions pénales pour sanctionner les abus et les vols. Reste à promulguer les textes et à les faire appliquer. D’autres mesures pour améliorer la sécurité aérienne et celle du tarmac sont envisagées, comme la création d’une zone de fret et l’installation d’un mur de
MURIEL DEVEY POUR J.A.
TRACASSERIES. Reste l’aérogare, le gros
point faible de Ndjili. Elle se distingue en effet par la vétusté de ses locaux et de ses équipements, par son exiguïté, son manque de confort, de sécurité… Sans parler des tracasseries causées par les agents aux voyageurs et aux opérateurs. Là encore, promesse des autorités, il va y avoir du changement. « Nous allons améliorer les opérations du terminal, mettre aux standards internationaux les comptoirs d’enregistrement et d’embarquement, installer un scanner et de nouvelles signalisations pour orienter les passagers », explique Vincent Futa, le directeur général adjoint de l’aéroport. Un contrat a été signé avec la société Safricas-Congo pour relooker le terminal, en attendant la construction d’une nouvelle aérogare. Pas de date arrêtée cependant pour le chantier de cette dernière (« nous sommes en phase de recherche de financements », précise Vincent Futa). Les passagers devront donc prendre leur mal en patience. ● MURIEL DEVEY
La Turquie entre dans la danse Dans le sillage de l’arrivée de Turkish Airlines sur le tarmac de Ndjili, les relations d’affaires entre Kin et Istanbul s’intensifient.
I
ls ne seraient encore qu’une centaine. Cependant, l’arrivée de Turkish Airlines à Kinshasa et, avec elle, le développement des relations commerciales et d’affaires entre la RD Congo et la Turquie devraient favoriser une présence plus importante des opérateurs économiques turcs dans la capitale congolaise… voire dans le reste du pays si affinités. À Kinshasa, quelques entreprises turques ont déjà pris pied dans les secteurs du commerce, de la JEUNE AFRIQUE
confection textile (comme la maison de prêt-à-porter pour hommes Hatemoglu, qui a une boutique boulevard du 30-Juin) et de la menuiserie-mobilier. FILIALES. Ainsi, la société Yenbu, qui propose notammentuncanapéconvertible fabriqué localement (baptisé Benda-Lala, « à tirer pour dormir », en lingala), envisage,vulesuccèsdeses produits,demettreenplace un système de revendeurs agréés. Les commerçants congolais sont aussi de
plus en plus nombreux à s’approvisionner en Turquie, et les autorités turques espèrent que leurs entreprises qui exportent déjà des vêtements, tissus, objets d’ameublement et matériaux de construction vers la RD Congo vont rapidement y installer des filiales. Une mission confiée à l’attaché commercial auprès de l’ambassade de Turquie à Kin, qui, depuis début octobre, prospecte activement le marché congolais. ● M.D. N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
COMMUNIQUÉ MINISTÈRE DU PORTEFEUILLE
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
N¡ 707, avenue Wagenia commune de la Gombé / kinshasa Tél. : +243 125 100 592 –Tél. : +243 99 99 70 203 Tél. :+243 99 99 56 621 E-mail : minportefeuille2007@yahoo.fr
Le portefeuille de l’État à l’heure de la révolution de la modernité Sous l’impulsion du Chef de l’État, son Excellence Joseph Kabila Kabangé, la RDC est engagée dans un vaste programme de réforme qui vise la moder-
Madame Louise Munga Ministre du Portefeuille de la RDC
nisation de son économie. Les axes stratégiques de cette réforme sont le désengagement de l’État du secteur marchand, son recentrage sur son rôle régulateur et normatif de l’activité économique et la promotion du secteur privé comme source de création de richesse et moteur de la croissance. Dans le cadre de cette réforme, le Président de la République a promulgué des lois dont celle qui transforme certaines entreprises publiques en
sociétés commerciales ou la loi sur le désengagement de l’État des entreprises du Portefeuille qui permet aux opérateurs privés d’assurer la gestion ou de prendre des participations dans le capital des entreprises publiques. La modernisation du mode de gestion des entreprises publiques constitue le plus grand chantier de cette réforme pilotée à l’heure actuelle par Madame la Ministre Louise Munga.
MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE ET COMMERCE
Les entreprises publiques, cibles de cette réforme, opèrent dans les secteurs dont les effets d’entraînement sur l’économie sont importants en termes de contribution au produit intérieur brut, aux finances publiques, à la création d’emplois et favorisent la croissance et la connexion des autres secteurs d’activité économique. Que le secteur privé réponde massivement à cette ouverture qui s’accompagne de l’amélioration du climat des affaires.
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Boulevard du 30 juin, Building SCTP (ex ONATRA) Rez-de-Chaussée, Aile Régina B.P. 8500 Kin / Gombé Tél. : +243 9970108000 / 812123393 E-mail : mineconat@yahoo.fr / minecomex@yahoo.fr.
Pour une économie congolaise émergente Pour donner corps à l’ouverture politique voulue par le Président de la République Joseph Kabila Kabangé, le Ministère de l’Économie et Commerce a été confié à Jean-Paul Nemoyato, une des personnalités de l’opposition politique congolaise. L’objectif affiché par le Gouvernement Matata est clair et simple : « Faire de l’économie Congolaise, une économie émergente à l’horizon 2030 ». La République Démocratique du Congo a vu ses indicateurs économiques s’améliorer, affichant à
la fin de l’année 2011 un taux de croissance du PIB de 6,9 % supérieur à la moyenne africaine. Le ministre Nemoyato se propose de tout mettre en œuvre en vue d’assurer les conditions
Son Excellence Jean-Paul Nemoyato Bagebole, Ministre de l’Économie et du Commerce
idoines pour la création des richesses afin de placer l’économie congolaise sur l’orbite de la croissance économique soutenue pour recréer une classe moyenne congolaise, gage d’un développement durable. L’équipe Matata est déterminée et sa feuille de route assortie des actions prioritaires pour les 100 premiers jours au Ministère de l’Économie et Commerce, est réalisée de manière satisfaisante. Les prix des produits pétroliers et des produits de première nécessité (chinchards, sucre,
ciment) ainsi que ceux des tarifs de prestation de service sont contrôlés et stables ; toutes les taxes illicites et sans contre partie sont supprimées, notamment celles portant sur les agents maritimes ; l’opérationnalisation du guichet unique électronique intégral sera bientôt perceptible avec le recrutement de l’opérateur privé gestionnaire. Bien sûr, l’effort doit continuer et l’amélioration du climat des affaires et des investissements demeure au centre des préoccupations du Gouvernement.
Mbote changement ?
DR
! LE BÂTIMENT DE NOCAFEX offre des balades au fil de l’eau, version grand luxe.
PLAISANCE
Croisières sur le Congo Pour renouer avec le tourisme fluvial, plusieurs projets d’aménagement sont en cours sur les berges.
P
our ceux qui rêvent de faire une croisière au long cours sur le Congo, le Majestic River arrive à point nommé. C’est sur ce bateau, de 53 m de long et de 11 m de large, qui peut loger jusqu’à trente personnes dans ses coquettes cabines conçues pour une ou deux personnes et ses suites élégantes, toutes dotées de salles de bain, qu’ils pourront embarquer. Du grand luxe, avec salle à manger, petits salons, terrasse et ponton. Et cuisine raffinée. L’idée de renouer avec les croisières fluviales, fréquentes jusqu’au milieu des années 1990, est venue de l’homme d’affaires Jean-Claude Hoolans, patron de la Nouvelle Compagnie africaine d’exportation (Nocafex), une entreprise
Gwaka, que les plaisanciers rejoindront par petit porteur. L’occasion, au passage, de survoler la forêt équatoriale. Après une nuit passée dans la plantation d’hévéa, de palmiers à huile et de café de Hoolans, place à l’aventure au fil de l’eau. « Quelque cinq à six jours seront nécessaires pour gagner la capitale, avec un arrêt à Mbandaka, le chef-lieu de l’Équateur », explique Hoolans. Les plus anciens, qui se souviennent des croisières d’antan, notamment sur le Kamanyola, le célèbre bateau de l’ex-président Mobutu, en rêvent déjà. Pour ceux qui n’auront pas la chance, le temps ou les moyens de faire un tel voyage, le Majestic River propose des « journées ou des week-ends fleuve », à la demande. « On peut aller jusqu’au village de Kinkole ou jusqu’à Maluku, une petite cité portuaire située à quelque 80 km en amont de la capitale. » Autre possibilité : la location du bateau pour organiser une soirée, un cocktail ou une fête. Les balades sur le fleuve avec piquenique sur les îles du Pool Malebo (là où commencent les rapides infranchissables), qui s’étaient redéveloppées depuis quatre ans, devraient se multiplier. L’hôtel Fleuve Congo (lire pp. 92-93), dernier-né des cinq-étoiles kinois situé au bord de l’eau à La Gombe, compte en effet faire aménager un petit port de plaisance, à deux pas de sa tour. De quoi faire
spécialisée – entre autres – dans le transport fluvial, qui possède aussi une plantation agro-industrielle à Gwaka, dans la province Les plus anciens se souviennent de l’Équateur. « Nous avons du Kamanyola, le célèbre fait retaper et réaménager bateau de Mobutu. ce bateau. Tout a été prévu pour assurer notre autonomie en essence, en eau, en vivres et en concurrence au Nautic Club Kinshasa, matériel pendant une croisière », précise un pittoresque port de plaisance dans Hoolans. la commune de Barumbu. Pour les petites bourses, il restera les LES CAPRICES DU FLEUVE. Puisqu’il berges du fleuve, à Kinsuka, en aval de faut tenir compte des caprices du fleuve, Kinshasa. L’ambiance y est plus populaire. dont les crues et décrues rendent difMais la bière ou le poulet grillé que l’on ficile la navigation pendant plusieurs peut déguster dans l’une des innommois, seuls deux ou trois voyages seront brables nganda du coin, en admirant les organisés chaque année. Plutôt en début couchers de soleil sur le fleuve, n’ont pas de saison sèche. Le départ aura lieu de leur pareil. ● MURIEL DEVEY
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Le Plus de J.A. RD Congo INTERNET
Du haut débit au compte-gouttes
Sur un territoire de plus de 2 millions de km2, le réseau à fibre optique est un enjeu majeur. En attendant que le sien soit opérationnel, le pays se connecte via Brazzaville et l’Afrique du Sud.
S
urlesdouzemembresduconsortium West Africa Cable System (Wacs), la RD Congo reste le seul pays à ne pas être connecté directement à la fibre optique et l’un de ceux où le taux de pénétration d’internet est le plus faible (moins de 2 %). Bien que le câble sous-marin ait été posé début 2011 à Moanda, unique agglomération côtière du pays (dans la province du Bas-Congo), le chantier de la station d’atterrage ne sera en effet pas achevé avant la fin de l’année. Rageant pour les entreprises, les opérateurs, et encore bien plus pour le gouvernement, qui espérait que ses propres infrastructures soient prêtes pour l’accueil du sommet de la Francophonie. Qu’à cela ne tienne, le haut débit par fibre optique sera quand même au rendezvous.Enattendantqueleréseaunationalet la station de Moanda soient opérationnels, la RD Congo a opté pour une connexion via Brazzaville (qui dispose du haut débit depuis mai) et, dans le sud du pays, par le sud-africain Liquid Telecom, chargé de connecter la province du Katanga. DIFFÉRENDS. Ces derniers mois, le
chantier est allé bon train. Mais pas assez pour rattraper les retards causés
VINCENT FOURNIER/J.A.
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À PEINE 2 % DE LA POPULATION a accès à internet.
par les différends entre l’ex-ministre des Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologiesdel’informationetdelacommunication (PT-NTIC), Simon Bulupiy Galati, et l’ex-administrateur directeur général de la Société congolaise des postes et télécommunications (SCPT), Jean-PierreMuhongo,surlechoixdusoustraitant chargé de réaliser l’infrastructure. Le premier soutenait la candidature de l’indien SM Creative Electronics, tandis que le patron de l’opérateur public « roulait » pour une autre firme indienne, SmartIdeasTrading.Danslemêmetemps,
A
la question de savoir dans quel pays africain il est intéressant d’investir aujourd’hui, la République Démocratique du Congo ne vient sûrement pas en première position… Toutefois, à y regarder de plus près, ce pays « diamant brut » mérite mieux que des raccourcis négatifs. Et c’est exactement ce que veut démontrer cette dynamique firme de conseil, Congo-Invest Consulting, « C.I.C. », animée avec créativité par une nouvelle génération de congolais, Teza BILA, Francys MOZO, Nathy MAFUTA et Popol IKAMBA. Indéniablement, grâce à certaines de ses missions et signatures, C.I.C. a su faire mentir ce méchant dicton qui voudrait faire de la RDC ce trou noir au cœur de l’Afrique. Convaincus, Teza Bila, FrancysMozo et leur équipe admettent que l’image de leur pays mérite d’être améliorée : les projets aurifères réussis du Groupe RandGold ($400MM) avec la société d’Etat Sokimo, ceux du Banro Gold ($200MM), la reprise de la fragile MIBA, à l’arrêt depuis 2008, grâce à diverses subventions
l’ex-ministre du Portefeuille, Jeannine Mabunda, contribuait à bloquer la situation en annonçant sa décision de créer une société – Congo Câble – entre l’État (55 %) et les opérateurs privés (45 %) pour gérer la fibre optique en lieu et place de la SCPT, à laquelle devait revenir l’exclusivité de la gestion du réseau. Sachant que cette dernière « devrait générer au moins 20 millions de dollars [15,5 millions d’euros, NDLR] par mois », estime John Ekunda Mbale, le président de la délégation syndicale nationale de la SCPT, cette annonce avait évidemment soulevé un tollé chez l’opérateur public. Finalement, le chantier a été confié par la nouvelle équipe au belge Doreco. Les travaux de construction de la station d’atterrage sont achevés, le français Alcatel-Lucent a reçu le solde de 5 millions de dollars qui lui était dû, et les derniers matérielssontacheminésàMoanda.«Plus de 90 % du travail est réalisé », explique Kin Kiey Mulumba, le nouveau ministre des PT-NTIC, qui précise que le pays est par ailleurs en train de régulariser sa situation dans les livres du consortium, auquel il a déjà versé « près de 17 millions de dollars sur les 25 millions du montant global ». ● BIENVENU-MARIE BAKUMANYA, à Kinshasa
(depuis 2007, plus de $55MM en subsides et rachat de dettes de fournisseurs impayées), l’arrivée de la compagnie de télécommunication française Orange ($78MM), la relance de l’hôtel Karavia sont de nombreuses histoires à succès qui ont emmené cette firme de conseil à tracer un sillon prometteur. Aussi, C.I.C. s’affirme comme une passerelle pour les investisseurs nationaux et étrangers désireux de trouver de nouvelles opportunités d’affaires en RDC : industrie agricole (sucre, palmeraie, caoutchouc, cacao, riz…) ; services (centres commerciaux, hôtellerie, complexes résidentiels…), ressources naturelles saines et transparentes, secteur du transport et des infrastructures. Pour investir en RDC aujourd’hui, il faut compter avec Congo-Invest Consulting dans vos bagages…une équipe de professionnels avec une formation et une expérience locale et internationale.
Email : Web : Téléphone : Adresse :
Info@congo-invest.com www.congo-invest.com +243 81 875 6695 Immeuble crown tower,7ième/suite 703 av.batetela n° 3098, commune de la gombe kinshasa,RDC
COMMUNIQUÉ MATUHITPR
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Ministère de l’Aménagement du Territoire, Urbanisme, Habitat, Infrastructures, Travaux Publics et Reconstruction Boulevard Tshatshi n°26, Kinshasa / Gombé Tél. : +243 817061384 E-mail : contact@minitpr-rdc.com Site Web : www.minitpr-rdc.com
Relever le défi du développement des infrastructures de la RDC
RN1, Tronçon Nsele-Lufimi (2008-2010). ACTION ENGAGÉE Financement BAD-RDC.
Boulevard du 30 juin à Kinshasa (Prog Sino-RDC). ACTION ENGAGÉE Financement Prog Sino-RDC
LE MATUHITPR a des missions multiples qui sont respectivement : - L’aménagement du territoire, permettant l’organisation et l’équilibrage entre zones agricoles, minières, forestières, pétrolières et environnementales en RDC, - L’urbanisme et habitat pour la création des nouvelles villes ou de la modernisation des villes existantes, - Les infrastructures, travaux publics et reconstruction pour la conception, la modernisation, et l’entretien des infrastructures.
juillet 2012 pour définir les actions et recommandations face notamment au taux d’urbanisation des villes en perpétuelle croissance (± 50 % de l’exode rural).
Les infrastructures physiques en général et routières en particulier constituent l’un des facteurs déterminants de développement, de la croissance économique, de la réduction de la pauvreté.
Le réseau routier national de la RDC (15 2350 km) est géré par trois opérateurs à savoir (i) l’Office des Routes (58 129 km de routes d’intérêt général), (ii) l’Office des Voiries et Drainage (7 400 km des voiries urbaines) et (iii) la Direction des Voies de Desserte Agricole (86 821 km de routes d’intérêt local). Les actions engagées par le Gouvernement portent principalement sur un réseau ultra prioritaire de 15 800 km sur les 58 129 km du RIG. En ce qui concerne le volet urbanisme et habitat, une table ronde regroupant le MATUHITPR et les différentes provinces a été organisée fin
RN4, Kisangani-Buta (Prov. Orientale). Ouverture des routes en terre. ACTION ENGAGÉE Financement DFID-BM-RDC.
En vue d’atteindre ses objectifs et garantir un développement harmonieux de la RDC, le MATUHITPR s’emploie à réaliser : - A moyen terme, une proportion de 5% des routes asphaltées du réseau routier, soit environ 7 500 km des routes bitumées sur les routes nationales ultra prioritaires. - Un schéma national d’aménagement du territoire et un plan directeur routier.
- Un plan directeur national des transports. - Un système de financement des logements économiques adapté à son environnement tels que les coopératives, le PPP, le BOT etc. - Des réformes de l’administration et le renforcement de ses capacités pour une restauration de l’efficacité. Enfin, s’inscrivant dans le cadre de la révolution de la modernité, le MATUHITPR est engagé dans la spécialisation de son secteur pour plus d’efficacité et de cohérence dans son action.
RN5, Kasomeno-Kambu (Prov. Du Katanga). ACTION ENGAGÉE Financement DFID-BM-RDC.
Le Plus de J.A. RD Congo MÉDIAS
Quand profusion rime avec saturation
Des centaines de chaînes de télé et de radio, autant de journaux. Tous soumis à une influence politique ou économique, et une seule petite poignée vraiment rentables… La presse congolaise se dit malade.
E
n RD Congo, il existe une telle profusion de journaux et de chaînes de radio et de télévision que même les responsables du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), l’organe de régulation créé en 2011 par le gouvernement, ont du mal à s’y retrouver. Il en naît tous les joursoupresque.Laseulevillede Kinshasa compte une soixantaine de chaînes de télévision, plusieurs dizaines de radios, autant de titres de presse écrite. Mais si, en une vingtaine d’années, le nombre de médias a explosé, une question se pose toujours et de façon de plus en plus aiguë: cetteproliférationest-ellesynonymedeviabilité économique, de professionnalisme, d’indépendance et de responsabilité dans le traitement et la diffusion de l’information? Rien n’est moins sûr. L’audiovisuel privé est né à un moment où, après l’ouverture de l’espace politique, en 1990, la soif de parole était grande. C’est dans ce contexte que, en 1994, Ngongo Luwowo, un ancien journaliste de TéléZaïre entré en politique, a lancé Télé Kin-Malebo (TKM), la première chaîne de télévision privée du pays. Comme le souligne un observateur, « à l’époque, l’inaccessibilité à certains médias créait
le besoin de posséder le sien ». Au fil des années, détenir sa propre chaîne de télévision ou de radio est devenu une préoccupation majeure pour quiconque caresse des ambitions politiques et rêve de peser surlecoursdesévénements.Jusqu’àceque la quasi-totalitédes médiasaudiovisuels se trouve appartenir à des politiques, qui les gèrent directement ou via leurs hommes de confiance. VIABILITÉ. Beaucoup de chaînes ont ainsi
vu le jour à la veille d’élections avant de disparaître sitôt le scrutin passé. Car fonctionner sur le long terme n’est pas simple. Surtout si, comme c’est souvent le cas, il y a un couplage télévision-radio. « Les médias audiovisuels sont confrontés à un problème général de moyens, constate Chantal Kanyimbo, rapporteuse du CSAC. Le marché de la publicité est très étroit. Il n’y a donc pas de budget et le personnel est rarement rémunéré. La question du non-respect du cahier des charges et de la déontologie se pose aussi. Sans parler du piratage. » Un constat que partage Kibambi Shintwa, responsable de Numerica TV. D’après lui, il y a trop de chaînes inutiles. « Kinshasa a besoin de dix chaînes de
TOUJOURS PLUS, MAIS MOINS CHER LA MULTIPLICITÉ des chaînes locales n’émousse pas la curiosité des téléspectateurs congolais. Ils en veulent toujours davantage et profitent des très attractives offres d’abonnement proposées par le plus ancien des trois opérateurs agréés, TéléSat, distributeur officiel des bouquets Canalsat et DSTV N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
depuis dix ans. La formule pérenne est à 10 dollars (7,75 euros) par mois. Elle permet de capter 56 chaînes étrangères de télévision et de radio en plus de la chaîne nationale. « Nous avons développé une offre d’abonnement populaire en vue d’augmenter le nombre de nos abonnés. Ce n’est pas très rentable, mais
c’est un investissement à long terme », explique Désiré Kabasele, secrétaire général de TéléSat. Une fois l’abonnement souscrit, le client doit encore s’équiper. L’antenne parabolique et le décodeur lui coûtent 89 dollars en période de promotion, et 99 dollars sans promotion. ● T.L.M.K.
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télévision au maximum, explique-t-il. Au lieu de mettre en commun nos moyens, de prendre de grandes initiatives, nous nous contentons de créer de petites télés sans ambition parce que chacun veut être patron. Ce n’est pas à soixante que nous pouvons espérer des lendemains meilleurs. Si nous nous regroupons, nous aurons de grandes chaînes. » Avec 3 dollars (2,30 euros) la seconde de publicité et des annonceurs qui ne se bousculent pas au portillon, l’avenir n’est pas rose. Pourtant, quelques chaînes semblent tirer leur épingle du jeu. Parmi les mieux organisées, on trouve Antenne A (dont le propriétaireestisraélien),Raga(dirigéepar des Pakistanais), Digital Congo (propriété de Jaynet Kabila, la sœur du président), RTG@ (du député Pius Muabilu Mbayu). Née en 2009, B One Télévision sort du lot en termes d’équipement. Son propriétaire, Jean-Pierre Mutamba, qui affirme y avoir investi 2 millions de dollars (1,5 million d’euros), jette un regard critique sur le paysage audiovisuel. « Les gens ont vite déchanté après avoir découvert que les chaînes non seulement ne sont pas regardées, mais coûtent cher. Avec B One, nous ne voulons pas rester figés dans le rôle de diffuseur, parce qu’ici la production se limite au live. Nous allons nous lancer JEUNE AFRIQUE
Mbote changement ? et des sociétés de téléphonie mobile « qui ne distribuent que des miettes ». Sur le plan technique, la vétusté des machines est telle qu’aucune imprimerie n’est en mesure de tirer 10000 exemplaires en une nuit. Quant au lectorat, « il n’existe pratiquement pas. Hier, il était composé essentiellement de fonctionnaires qui avaient les moyens d’acheter un journal. Aujourd’hui, ils ne peuvent plus et se rabattent sur des photocopies vendues moins cher que les originaux ». À moins qu’ils ne se contentent de lire et de commenter les unes exposées par les vendeurs.
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
PASSION. Une aide de l’État à la presse,
LA CHAÎNE PRIVÉE B ONE TÉLÉVISION sort du lot en termes d’équipement.
dans l’événementiel, la production de séries, de musiciens, de comédiens. Et signer des contrats de partenariat avec des entreprises locales. Nous visons désormais la rentabilité. » C’est dans cette perspective que, après avoir rénové et modernisé ses installations, Mutamba projette de construire un studio de deux cents places consacré aux spectacles musicaux. MALFORMATION. En même temps que les radios et télévisions, une profusion de journaux sont nés avec le changement démocratique. Ces derniers n’échappent pas au clivage classique qui veut que les uns soient en faveur du pouvoir et les autres pour l’opposition. « Les journaux ont vu le jour avec les mêmes motivations: assurer la survie d’un acteur politique, le rendre visible, lui trouver une parcelle de pouvoir, lui servir de tremplin, lui
sous forme directe (subvention) ou indirecte (défiscalisation sur les intrants et autresmatérielsimportés),seraitlabienvenue. Mais elle n’est pas d’actualité. Marcel Ngoyi Ngoyi Kyengi, éditeur du quotidien La Prospérité, qui existe depuis douze ans et tire à 1000 exemplaires du lundi au vendredi, estime que les frais d’impression, de transport, de communication et la masse salariale sont trop élevés, pour un niveau de ventes très faible. « Pour tenir le coup, nous comptons sur les abonnements, les insertions publicitaires, les reportages facturés. Mais ce métier est d’abord une passion, une sorte d’apostolat », insistet-il… tout en déplorant moult entorses à la déontologie. « Si le pouvoir en place était plus regardant de ce côté-là, beaucoup de confrères seraient en prison. Il y a dans nos journaux plus d’attaques
permettre de faire chanter les gens, etc. Victime d’une malformation congénitale, lapresseesttrèsmalade»,commenteAlain NkoyNsasies,vice-présidentduCSAC,éditeur d’AfricaNews et enseignant à l’Institut facultaire des sciences de l’information et delacommunication(Ifasic) de Kinshasa. Beaucoup de chaînes ont vu le Parmi les causes de cette jour à la veille d’élections, pour crise, il évoque la loi de 1996 disparaître sitôt le scrutin passé. sur la liberté de la presse, « source de confusion parce qu’on n’y parle pas de journalistes, mais personnelles que d’informations. Certains de professionnels des médias ». Ainsi, journalistes s’en prennent aux gens dans quiconque est en mesure de payer une l’espoir d’attirer l’attention. La misère les taxe de 500 dollars peut créer une société pousse à inventer des choses… » Et Ngoyi de presse. « Mais ce ne sont pas des entreNgoyi, en amoureux qui châtie bien, est prises », souligne Nkoy Nsasies, ajoutant de ceux, nombreux, qui pensent qu’en que pour grossir les recettes il ne faut pas RD Congo, dans le monde des médias, compter sur les annonceurs, dans un martout est à refaire. ● ché publicitaire dominé par des brasseries TSHITENGE LUBABU M.K.
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Le Plus de J.A. RD Congo la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) congolaise, dont Pygma a créé le logo, le Comité de pilotage de la réforme des entreprises du portefeuille de l’État (Copirep) et la Direction générale des impôts, dont elle a conçu les campagnes. En revanche, pas de politiques. L’un des points forts du groupe est la réalisationdepublireportagesaudiovisuels et de productions particulièrement remarquéesparlestéléspectateurscongolais,tels l’émission de téléréalité Miss Vodacom et le spot publicitaire pour la bière Primus (l’une des marques de Bralima).
ENTREPRISES
Une affaire d’images Sur un marché de la publicité et de la communication en pleine expansion, la créativité fait la différence. Dans ce domaine, Pygma Group donne le ton.
CONCURRENCE. Le nombre d’entreprises
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
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U
! UNE ANTENNE DE Pygma Communication à Kinshasa.
n chiffre d’affaires d’environ 15 millions de dollars (11,6 millions d’euros), une soixantaine de collaborateurs plutôt jeunes et branchés, un coquet portefeuille de clients… Pygma Communication et ses filiales se portent bien. La « boîte de com’ qui monte » a installé son siège à deux pas du fleuve Congo, à La Gombe, dans le décor insolite d’un entrepôt de l’exOnatra. Des locaux à la sobriété étudiée, un juste dosage de rouge et de gris anthracite, à l’image du slogan de l’entreprise (« Vos pubs, ternes ou pygmantées ? »), et une ambiance feutrée pour permettre à l’équipe – infographistes, créateurs et chefs de publicité – de travailler en toute tranquillité, les yeux rivés sur l’écran de leurs ordinateurs. Pygma Communication fait partie de la galaxie des entreprises de Pygma Group, un holding né en Afrique du Sud à l’initiative de trois Congolais de RD Congo, d’un Rwandais et d’un Sud-Africain. Pygma Group, qui emploie plus de 200 personnes rien qu’en Afrique du Sud et en RD Congo, opère dans des secteurs divers: le conseil en management (Pygma Consulting), N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
l’immobilier (Oxyprop – construction), la finance (Pygma Investments) et la communication (Pygma Communication). Outre en RD Congo et en Afrique du Sud, le groupe est également implanté aux États-Unis.
allant croissant en RD Congo – de même que celui des produits proposés à des consommateurs eux aussi plus nombreux et enclins à se laisser tenter (lire pp. 128131) –, le marché de la publicité et de la communication est en pleine expansion. D’autres agences s’y développent, parmi lesquelles Creat’in, Agressive, CMCT FCB, DivoetDispromalt.Mais,commel’explique Melissa Lubanzadio, sa directrice clientèle, Pygma Communication – qui a également des marchés au Congo-Brazzaville, au Cameroun et au Rwanda – en est l’un des leaders. Reste que, pour maintenir et élargir sa position, il doit développer d’autres produits. « Nous voulons être plus présents sur le segment des supports écrits, tels que les brochures de présentation d’entreprises et les rapports d’activité », insiste Patrick Pakonss, un passionné de musique, bien connu du monde audiovisuel local. Autre secteur dans lequel l’agence veut s’affirmer : celui de la vente de panneaux publicitaires. « L’affichage
À Ki n s ha s a, P y g ma Communication, opérationnel depuis 2004, compte plusieurs départements ou sociétés Créée par trois Congolais, un autonomes, dont Pygma Rwandais et un Sud-Africain, la Advertising, Pygma PR, Impact Media, Exo, Seven société emploie 200 personnes. Events et Sims Production, qui interviennent sur quasiment toute se développe de plus en plus hors de La la chaîne de la communication et de la Gombe. Le gouvernorat est en train de le publicité : relations publiques, conceprestructurer. Une commission a été mise en place avec des experts, et la Fédération tion et gestion d’événements, création d’image, production audiovisuelle, conseil des entreprises pour le réglementer et le en plan médias, vente et achat d’espace et standardiser. » Un créneau rentable, même de panneaux publicitaires, etc. Une palette si les prix sont plus bas à la Cité qu’à La de services, prestations et produits que la Gombe, « où le prix moyen du mètre carré société dispense à une clientèle étendue: est de 25 dollars », explique Jean-Michel opérateursdetéléphoniemobile,banques, Pépé Yamungu, responsable des relations publiques chez Pygma. De quoi pimenter compagnies minières, concessionnaires automobiles, entreprises de l’agroalimenle chiffre d’affaires du groupe. ● taire… et nombre d’institutions, comme MURIEL DEVEY PA L E T T E .
JEUNE AFRIQUE
COMMUNIQUÉ MINISTÈRE DES TRANSPORTS ET VOIES DE COMMUNICATION
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Tél. : +243 813331287 / +243 815417945 Tél. : +243 990999050 E-mail : transvcom@gmail.com
Le transport au service du social et de la croissance économique ATTRIBUTIONS - Organisation et gestion des transports ; - Exploitation des infrastructures des transports et de météorologie ; - Équipements des transports ; - Qualification du personnel technique en transport ; - Élaboration de la politique nationale des transports ; - Promotion de l’intermodalité des transports et ses platesformes ; - Octroi des titres d’exploitation et de sécurité de transport et auxiliaires. PRINCIPAUX OBJECTIFS - Améliorer la sécurité et la mobilité des usagers du secteur routier national ; - Améliorer la qualité des services aux aéroports et réduire les facteurs de risques de
catastrophes aériennes et fluviales ; - Accroître l’offre de services sur les lignes ferroviaires. BILAN ET PERSPECTIVES - Dans le domaine aérien, modernisation en cours des pistes des aéroports internationaux de N’djili à Kinshasa, de la Luano à Lubumbashi, de Bangboka à Kisangani et de l’aéroport national de Kolwezi ; - Lancement des travaux de la construction de la nouvelle tour de contrôle de l’aéroport de N’djili à Kinshasa et de la Luano à Lubumbashi ainsi que des casernes anti-incendie ; - Dans le secteur fluvial, lancement de la campagne de balisage du bief navigable sur le fleuve Congo, axe KinshasaKisangani (1 734 km) et sur la rivière Kasaï, axe Kwamouth et
Ilebo (605 km) sur financement de l’Union Européenne, dont le coût global est évalué à 60 000 000 ; - S’agissant du domaine routier, réhabilitation des bus dans la ville de Kinshasa ainsi que la commande en urgence de 200 bus neufs ; - Concernant le domaine ferroviaire, le Ministère a procédé au renforcement de la circulation du train urbain de la SCTP avec 5 rotations au lieu de 3 précédemment. Les tractations sont en cours avec la Banque Mondiale et l’Afrique du Sud pour relancer la SNCC qui dessert la partie Sud-Est et Centre du pays ; - Dans le domaine maritime, il est prévu la construction du port en eaux profondes à Banana, la réhabilitation et la modernisation des ports de Matadi et de Boma.
« Moderniser le secteur des Transports et Voies de Communication pour accroître la mobilité des personnes et des biens, et renforcer la compétitivité de l’économie, une matérialisation de la vision du Chef de l’État de faire de la République Démocratique du Congo un pays émergent à l’horizon 2025, un challenge pour le Gouvernement ».
Me Justin KALUMBA MWANA-NGONGO Ministre des Transports et Voies de Communication
COMMUNIQUÉ MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT, CONSERVATION DE LA NATURE ET TOURISME
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
15, avenue papa Ileo (ex-des Cliniques), Kinshasa / Gombé, BP. 12.348 Kin. I, Tél. : +243 811788277 E-mail : mecnt@yahoo.fr Site web : www.mecnt.gouv.cd
RDC, puissance environnementale assurée
Située au cœur de l’Afrique, la RDC en est son sanctuaire écologique et le foie de l’humanité, disposant des ressources forestières incomparables, d’un assemblage unique d’habitats, des mangroves aux glaciers, des savanes aux forêts marécageuses, des ressources en eaux uniques et d’une biodiversité exceptionnelle, lesquelles offrent d’énormes services environnementaux à l’homme et leur exploitation rationnelle contribue durablement à la réduction de la pauvreté et à la régulation du climat. Le patrimoine forestier de la RDC est immense et représente 10% des réserves forestières tropicales du monde, la moitié des forêts denses humides d’Afrique, 60% des forêts du Bassin du Congo. Second massif après l’Amazonie, la RDC est l’un des 10 pays de la méga-biodiversité au monde, suite à l’immensité de son territoire et à la variété des conditions physi-
co-climatiques. Plusieurs espèces animales et végétales, dont certaines endémiques, le place ainsi en tête des nations africaines pour plusieurs catégories taxonomiques. Celle-ci jouit d’une relative protection dans les aires protégées, représentant11 % du territoire national, réparti entre 8 parcs nationaux, 57 réserves et domaines de chasse, 3 réserves de biosphère, 117 réserves forestières, 6 jardins zoologiques et botaniques. En vue d’y inclure l’ensemble des écosystèmes naturels rencontrés dans le pays, le Gouvernement a décidé de porter cette superficie à 17 % de son territoire. En outre, elle dispose des ressources en eaux uniques, douces et souterraines, évaluées à 52 % de la réserve continentale, riche en espèces au monde, dont le bassin s’étend sur une superficie de 3,8 millions d’hectares, dont les trois quarts en RDC.
Par la variété de ses milieux naturels et la richesse de ses parcs, la RDC possède un potentiel touristique exceptionnel, source évidente des revenus, mais nettement sous rentabilisé. Néanmoins, une reprise s’observe, avec le concours des partenaires. Le Gouvernement s’emploie à développer d’autres formes de tourismes. Signataire de 3 conventions cadres des Nations Unies sur les changements climatiques, la désertification et la biodiversité, la RDC conforte sa puissance environnementale par la mise en œuvre des mesures de convergence à l’échelle régionale et internationale pour la préservation et la valorisation de ses écosystèmes. Elle est leader africain de la REDD, dont le plan d’investissement, validé en juin 2011, sera mis en œuvre dès 2013.
Bavon N’Sa Mputu Elima Ministre/MECN-T
Au niveau sous-régional, la RDC assume depuis 2010 la présidence en exercice de la COMIFAC, après l’avoir été pour la CICOS et l’IBN. Dans ce cadre, elle contribue à la mise en œuvre des mécanismes innovants, tels le fonds fiduciaire, la promotion de l’économie verte, le développement des énergies nouvelles et renouvelables. La gestion durable de ces écosystèmes, confrontée à l’impérieux défi de la pauvreté, se réalise avec le concours des certains partenaires, bi et multilatéraux, dont la BM, la BAD, l’UE, la GIZ, l’AFD, l’USAID, l’ACDI, la JICA, la DFID et la CTB.
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IMMOBILIER
Des mètres carrés à prix d’or Malgré les programmes de logements et de bureaux, les loyers s’envolent dans le centre de la capitale.
À
ESCALADE. Cette flambée des prix tient au fait que La Gombe reste la commune de prédilection des expatriés (cadres des groupes étrangers, personnels des ambassades et organismes internationaux, principaleclientèledes locations), de laplupart desgrandesentreprisesetadministrations, qu’elle est la mieux desservie et, en cas de troubles sociopolitiques, la mieux située pour les évacuations. À GB, quartier de la commune voisine de Kintambo, les tarifs sont à peu près aussi élevés. Plus au sud, à Ngaliema, les quartiers Mont-Fleury et Ma Campagne JEUNE AFRIQUE
MURIEL DEVEY
! AU CONCORDE, À LA GOMBE, le loyer d’un quatre pièces atteint 7 000 dollars (5 300 euros) par mois.
sont légèrement plus abordables, avec une où ils trouvent à louer des villas, leur mode prédominance de villas, peu d’immeubles d’habitat préféré. élevés, quelques nouveaux bâtiments… Quant à acheter ou faire construire une Mais tout porte à croire qu’ils seront la maison, cela reste un rêve pour la classe future cible des promoteurs. moyenne congolaise. À La Gombe, le prix À Mont-Fleury, le Beverly Hills kinois, des terrains atteint 1 000 dollars/m2 et quartier le plus demandé pas moyen de trouver la après ceux de La Gombe, moindre villa en vente à le loyer des villas s’est déjà moins de 300 000 dollars. envolé pour s’établir entre Mêmeconstatpourl’immo5500 et 13000 dollars/mois. bilier tertiaire. Ces derniers Ses atouts: de belles maisons mois, l’offre s’est pourtant entourées de vastes terrains étoffée avec la construcavec jardin et piscine, proxition d’immeubles le long PLUS CHÈRE mité de La Gombe et meildu boulevard du 30-Juin QUE LOS ANGELES leure desserte (depuis que (dont la Future Tower et la Rang mondial sur 214 villes classées selon le coût de la vie la voirie y a été réhabilitée). Crown Tower) et de l’ave(de la plus chère à la moins chère) Avec ses problèmes de cirnue du Colonel-Ebeya. Luanda (Angola) 1re culation et son éloignement Le boulevard du 30-Juin Tokyo (Japon) 2e des lieux d’évacuation, Ma détient le record des tarifs N’Djamena (Tchad) 3e Campagnen’apasencoreété de location: de 22 à 30 dolLibreville (Gabon) 12e lars/m2. Ailleurs, les prix pris d’assaut, mais les loyers e Lagos (Nigeria) 41 y oscillent déjà entre 3000 et vont de 18 à 24 dollars/ Douala (Cameroun) 56e 4 000 dollars/mois pour m2, sans les charges, soit e Kinshasa (RDC) 61 quatre pièces avec piscine. 150 à 400 dollars/mois, Abidjan (Côte d’Ivoire) 67e Une escalade qui contraint selon qu’elles incluent ou e Los Angeles (É.-U.) 77 la plupart des Kinois qui non l’entretien, le gardienNairobi (Kenya) 108 e résidaient dans ces quarnage, l’eau, l’électricité ou la Johannesburg (Af. Sud) 131e tiers à s’installer dans des connexion internet. ● Kigali (Rwanda) 156e Addis-Abeba (Éth.) 211e communes moins chères et MURIEL DEVEY SOURCE : MERCER 2011
Kinshasa,latrèschiccommune de La Gombe, en particulier son quartier du fleuve, détient le record des tarifs élevés dans l’immobilier. Si la floraison récente d’immeubles de logements et de bureaux haut de gamme n’a pas joué en faveur d’une baisse ni des loyers ni des prix de vente, la hausse est encore plus flagrante pour les maisons de standing, devenues une denrée rare dans la commune. Ainsi, une villasanspiscines’yloueentre4000et8000 dollars/mois (entre 3000 euros et plus de 6000 euros/mois, les prix de l’immobilier étant toujours fixés en dollars) et, avec piscine, entre 5500 et 20000 dollars/mois (à ce tarif, les prestations intègrent beau jardin et salle de fitness). Pour un appartement de trois chambres avec séjour, les prix varient de 3 000 à 7 000 dollars/mois dans un immeuble avec piscine et salle de sport collectives. Loyer auquel il faut ajouter les charges, qui peuvent aller jusqu’à 600 dollars/mois. Comparativement, dans le centre-ville de Pointe-Noire, la balnéaire capitale économique du Congo voisin, le loyer d’un trois chambres avec séjour n’excède pas 3 millions de F CFA (4600 euros, soit près de 6000 dollars).
N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Le Plus de J.A. RD Congo SOCIÉTÉ
Consommation quand tu nous tiens Avec l’émergence d’une classe moyenne et l’affluence d’expatriés arrivent de nouvelles envies, et une flopée de boutiques et de centres commerciaux mêlant l’utile à l’accessoire.
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
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! Dans la GALERIE DU GRAND HÔTEL KINSHASA, à La Gombe (avenue du Lieutenant-Colonel-Lukusa).
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epuis quelques années, Kinshasa voit régulièrement s’ouvrir de nouveaux temples de la consommation. Des boutiques, des centres commerciaux et des supermarchés qui ne proposent plus seulement le nécessaire, mais aussi, et surtout, l’accessoire, le futile et les marques à la mode. Avec une gamme de produits et de services considérablement étoffée. Autant dire que, vu leurs prix, ces derniers sont réservés à une petite élite de Congolais et d’expatriés de toutes origines aux revenus confortables. La plupart de ces magasins sont d’ailleurs localisés à La Gombe et dans quelques quartiers huppés ou branchés des communes voisines de la capitale, dont Kintambo, Ma Campagne, Bandalungwa, Binza et Limete. CHAÎNES. Dans le domaine de la grande
distribution, 2012 a été marquée par la réouverture, après plusieurs années de fermeture, du centre commercial de la N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
comprend trois étages. Au rez-de-chausfamille Bemba dans le quartier GB (à Kintambo), sous l’enseigne Shoprite. C’est sée, un supermarché, GG Market, géré en effet à cette chaîne de distribution sudpar un patron indien. Au premier étage, africaine que les Bemba ont confié, pour quelques boutiques, dont un coiffeur et dix ans, la gestion de leur supermarché un bar à l’ambiance feutrée, le Panoramic (bâtiment et commerce). Un bel espace, Lounge Bar. Au deuxième, une salle polyéquipé de parkings et d’un vaste magasin, valente, Les Antoinettes, avec restaurant, où l’on trouve désormais de nombreux petits salons et terrasse. produits sud-africains. À Kintambo Hôpital, où Les Bemba ont confié la gestion elle est déjà propriétaire du de leur établissement du quartier supermarché Peloustore, la GB au sud-africain Shoprite. famille Ndombasi, qui est parmi l’un des rares opérateurs congolais du secteur, a implanté Ces nouveaux espaces viennent grossir une nouvelle enseigne, Moni-Shop. Les le nombre déjà croissant ces dernières Ndombasi possèdent par ailleurs trois années des malls et supermarchés de la supermarchés (à La Gombe, Binza UPN capitale congolaise – Hasson et Frère, City et Limete) et la supérette Netty’s, dans Market (Sun Rise), Regal (Gay Impex), la concession d’Utexafrica, à Kintambo. Kin Marché, Kin-Mart, Super Marché Tout nouveau également, le centre Michael, Alimentation Express, Saba commercial Kin Mazière, avenue Mpolo, à Supermarkets, etc. –, et de sa kyrielle deux pas de l’hôtel Memling. Le bâtiment, de supérettes – Munuprix, S&K, Febol entouré d’un vaste parking – assez rare Market, Kin Store, etc. –, dont la majorité en plein centre-ville pour être signalé –, est détenue par des hommes d’affaires JEUNE AFRIQUE
Mbote changement ? CLIN D’ŒIL
Opiniions & éditoriau ux Muriel Devey
Connaissezvous les Chinois du Congo?
MURIEL DEVEY
C
" LE SUPERMARCHÉ HASSON ET FRÈRE a été le premier à louer des espaces haut de gamme dans son enceinte (comme le Café Mozart).
indiens et libanais. Sans parler des boutiques hors taxes (duty free), qui proposent principalement vins, alcools, cigarettes et cosmétiques. envies de consommation de l’élite congolaise et des « expats », de petites boutiques proposant vêtements, chaussures, accessoires, bijoux fantaisie, cosmétiques, tissus d’ameublement, mobilier, vaisselle et matériel électronique ont progressivement fait ou refait surface dans les beaux quartiers de la capitale. Bien barricadées derrière leur rideau de fer, elles se sont tout particulièrement développées dans la zone des Galeries présidentielles, autour du rond-point Forescom, à la Galerie du Fleuve, à deux pas du Beach Ngobila, du début de l’avenue du LieutenantColonel-Lukusa jusqu’au carrefour Chantilly et le long du boulevard du ●●● 30-Juin, en face de la poste. JEUNE AFRIQUE
! GALERIE DU FLEUVE, l’un des magasins de décoration de Kin.
MURIEL DEVEY
BIJOUX. Toujours pour satisfaire les
’est bien connu, à Kinshasa, les Chinois sont partout. Ils refont la voirie, rénovent, construisent des immeubles, opèrent dans l’agriculture périurbaine, notamment dans le domaine de Nsele. Voilà pour les grandes sociétés chinoises, implantées dans le pays à la faveur du contrat sino-congolais et des accords de partenariats bilatéraux, qui ont évidemment fait venir en RD Congo nombre d’ingénieurs et d’ouvriers chinois. Dans leur sillage, des centaines de petits indépendants ont suivi, pour la plupart des boutiquiers, également à l’œuvre dans le commerce d’import et celui de détail, une activité jusqu’à présent réservée, en principe, aux Congolais. Établis sur les marchés et au fin fond des quartiers populaires de toute la capitale, ils proposent dans leurs échoppes des vêtements, de l’électronique et autres produits manufacturés made in China. Il existe aussi une autre catégorie d’entrepreneurs chinois, présente dans la petite industrie, pharmaceutique notamment, et dans la restauration. À la différence de nombreux expatriés, ces petits commerçants et grands patrons chinois ne parlent pas français mais lingala, une langue qu’ils ont apprise en Chine ou en arrivant sur place, pour mieux communiquer avec les Congolais. Petits ou grands, les milieux d’affaires chinois se sont organisés au sein de deux structures, une chambre de commerce, créée en 2002, et l’Association chinoise pour l’assistance mutuelle, créée en 2006. ● N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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Le Plus de J.A. RD Congo Déjà distribuée par une boutique kinoise (place de la gare centrale), l’enseigne de prêt-à-porter Zara, du groupe espagnol Inditex, ouvrira bientôt son propre magasin au pied de la Crown Tower (avenue Batetela).
●●●
TENDANCE DÉCO. Après Ebeny Gallery,
au cœur du centre-ville de La Gombe, et quelques boutiques derrière l’Institut national des arts, les petits et grands magasins entièrement consacrés à la décoration intérieure fleurissent. Comme Sixième Sens, face à la clinique Ngaliema, qui propose des meubles de luxe importés et fait office d’espace culturel (des expositions et des concerts y sont régulièrement organisés) et, surtout, Kitea, une franchise accordée par le groupe marocain du même nom à la Fabrique nationale de meubles et d’articles ménagers (FNMA), une entreprise de la famille Bemba. « Outre notre label qualité, nous assistons la FNMA dans la gestion et assurons la formation du personnel », explique Noureddine, l’un des gestionnaires du magasin. Implanté à Limete, dans la 14e Rue, ce dernier soumet le chaland à quelque 4000 m2 d’espaces d’exposition et de tentations (univers cuisine et salle de bains, univers salon et séjour, espace luminaire…) qui s’adressent à une clientèle très aisée – compte tenu des prix pratiqués, il se rapproche en effet plus de son cousin européen Habitat que d’Ikea.
! LE MAGASIN FRANCHISÉ DU MAROCAIN KITEA (à Limete) est géré par la Fabrique nationale de meubles
Pour le moment, les meubles, la vaisselle et les accessoires sont importés du Maroc, d’Europe et d’Asie, mais bientôt la FNMA fabriquera ses propres meubles, notamment des salons, dans sa menuiserie, qu’elle a installée près de
son show-room et qui réalise déjà des bancs scolaires pour le Bureau central de coordination (BCECO). Elle sous-traitera également la confection d’objets de décoration à des artisans congolais, qui s’inspireront de l’artisanat traditionnel et
" IMPORTÉS POUR LA les meubles design restent chers. PLUPART,
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et d’articles ménagers (FNMA).
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Bonaventure NZOLANTIMA L’affichage XXL
! LE PDG-FONDATEUR DE DISPROMALT développe ses activités dans la sous-région.
utiliseront des matériaux locaux, comme le cuivre et le raphia. Un accord a entre outre été signé avec la Banque commerciale du Congo pour l’octroi à la clientèle de prêts, baptisés Kiti, dont les montants, de 300 à 2 000 dollars (de 230 à 1 550 euros), sont remboursables sur plusieurs mois. PLANTES VERTES. Dernière tendance kinoise, celle du jardinage. Si le nombre d’arbres et d’espaces verts diminue au fur et à mesure des travaux routiers et des constructions, le besoin d’aménager, d’entretenir les jardins et de décorer en plantes vertes bureaux, bars, restaurants et appartements se développe. Un besoin que comblent quelques pépiniéristes et paysagistes d’intérieur tels que Manga Flore ou Art vert, le dernier-né. Place à la green attitude. ● MURIEL DEVEY
I
l n’a pas changé le nom de son entreprise, Dispromalt, créée en 1982 pour le négoce de bière. Pourtant, l’ingénieur chimiste de formation a rapidement et radicalement changé son activité depuis 1987 pour se consacrer à la conception, à l’impression et à l’affichage publicitaires. La société possède sa propre imprimerie, Label Print, dotée d’un parc de machines digitales de dernière génération. C’est la chute des ventes de bière liée à la crise économique qui sévissait alors et une
opportunité qui ont amené Bonaventure Nzolantima à changer de métier. Fort de ses marchés dans onze provinces du pays et d’une implantation au CongoBrazzaville, Dispromalt emploie désormais 86 personnes. L’agencearévolutionné l’affiche publicitaire, traditionnellement peinte, et a été la première à installer des panneaux « trivision » dans la capitale congolaise. Parmi sa clientèle, des brasseries et nombre d’entreprises de l’agroalimentaire, des compagnies aériennes, de téléphonie mobile…
et des politiques. Après avoir raflé le marché des affiches de la campagne électorale de Joseph Kabila en 2006, l’agence a décroché de nouveaux contrats pour les élections générales de novembre 2011 : elle a conçu et imprimé des affiches de campagne pour divers partis politiques et pour de nombreux candidats aux législatives. Cap maintenant sur les élections provinciales (prévues en 2013), mais aussi sur l’ouverture de filiales de l’agence au Gabon et en Angola. ● M.D.
COMMUNIQUÉ
Le Plus de J.A. RD Congo
PORTRAITS
Féminin pluriel
Qu’elles soient de Kinshasa, du Sud-Kivu ou de la diaspora, chefs d’entreprise, intellectuelles ou artistes, ces Congolaises sont toutes des battantes. Elles rappellent qu’outre des devoirs, la femme a, des droits.
O
n reconnaît qu’elles portent à bout de bras les familles et font bouillir la marmite. Pourtant, on les cantonne souvent aux champs, aux activités informelles et aux postes subalternes. Du riche univers de la scène et de la musique congolaises, on ne retient que les danseuses… La réalité est tout autre. Les Congolaises sont, aussi, des femmes
entrepreneuses, entreprenantes, bourrées de talents, et qui n’hésitent ni à s’exprimer ni à s’investir à 100 % pour que leurs projets réussissent. Chacune à sa façon. Certaines plus dans l’image, comme Mbumba Tandu Sweet et Rachel Mwanza, à Kinshasa, ou Tatiana Giraud et Noëlla Coursaris Musunka, à Londres. D’autres par la parole et l’écrit, comme la journaliste
Aziza Bangwene, à Bukavu, et l’essayiste Françoise Mianda, à Genève. Ou encore par la profondeur de leurs voix et de leurs mélodies, comme l’auteure-compositrice et interprète Maryse Ngalula, qui fait aujourd’hui honneur aux grandes dames de la musique zaïroise que furent Mbilia Bel, Mpongo Love ou Tshala Muana. ● MURIEL DEVEY
Noëlla Coursaris Musunka Un modèle de top 29 ans, mannequin, présidente-fondatrice de la Georges Malaika Foundation
N
ée le 25 décembre 1982 à Lubumbashi d’un père chypriote et d’une mère congolaise, la belle Noëlla Coursaris Munsuka ne se contente pas de se faire photographier et de défiler sur les podiums des grandes villes occidentales. La mannequin se consacre aussi à l’humanitaire. En particulier à l’éducation des jeunes filles démunies de la RD Congo, son pays natal, qu’elle a quitté à l’âge de 5 ans. Élevée en Belgique et en Suisse, elle fait des études de comptabilité et de commerce. Quand elle retourne en RD Congo, elle y découvre la pauvreté mais aussi les violences que subissent les femmes dans l’Est, en proie à des groupes armés. En 2007, elle crée la Georges Malaika Foundation, en souvenir de son père, Georges, malaika signifiant ange en swahili. La fondation fournit du matériel scolaire, ! DEPUIS 2007, Noëlla lutte sanitaire et logistique à des ONG et contre les orphelinats congolais, et leur offre violences aussi des repas. Parmi ses principales faites aux actions de lobbying : la diffusion, en femmes dans 2008, devant les parlementaires congol’Est. lais, d’un documentaire présentant des témoignages de jeunes filles violées dans l’est du pays. Ainsi que l’invitation en RD Congo de Khaliah Ali, la fille du légendaire Mohamed Ali, à l’occasion du trente-cinquième anniversaire du fameux combat qui a opposé son père à George Foreman, en 1974 à Kinshasa. Un voyage qui a permis aux deux femmes de rencontrer diverses associations qui se consacrent aux jeunes filles congolaises. ● M.D. N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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Mbumba Tandu Sweet Tourbillon multicolore
32 ans, consultante en communication audiovisuelle
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" LA CRÉATRICE DU LOGO OFFICIEL du 14e sommet de l’OIF.
lle restera dans les annales de l’Organisation internationale de la francophonie comme celle qui a remporté, parmi 176 concurrents, le concours du logo officiel du 14e sommet de l’organisation. Son œuvre : « Un tourbillon, aux cinq couleurs de la Francophonie, qui évoque le dynamisme de la jeunesse et de la culture congolaises. Dans son œil, j’ai placé un okapi, animal endémique de notre pays », explique Mbumba Tandu Sweet. Passionnée par le design, le graphisme et l’audiovisuel, la jeune femme est titulaire d’une licence en communication des organisations et des entreprises, obtenue à l’Institut facultaire des sciences de la communication et de l’information (Ifasic) de Kinshasa. Après avoir travaillé au sein de l’agence kinoise Maxim Agency Studio 7 et pour le projet franco-congolais Sesam (Service pour l’éducation, le savoir et l’appui à la maîtrise et à l’usage du français) lancé en 2009 dans les différentes provinces du pays afin de développer l’usage de la langue française, elle est à présent consultante indépendante en audiovisuel. ● M.D.
Rachel Mwanza Graine de star
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n février, la toute jeune comédienne a remporté l’Ours d’argent, le prix d’interprétation féminine, au festival du film de Berlin 2012 pour son premier rôle dans Rebelle, le long-métrage du réalisateur québécois Kim Nguyen, tourné mi-2011 en RD Congo, en français et en lingala. Le film sera projeté en présentation spéciale à Kinshasa les 11 et 13 octobre dans le cadre du sommet de l’OIF, et sa sortie en France est prévue le 28 novembre. Rachel Mwanza y incarne Komona, une adolescente de 12 ans enlevée par des rebelles pour devenir enfant-soldat et qui est contrainte de tuer ses parents. Leurs fantômes l’accompagneront jusqu’à sa délivrance… Rien ne prédestinait ce pétillant petit bout de femme à faire du cinéma. Après leur divorce, ses parents quittent successivement Kinshasa et l’abandonnent à sa grand-mère. Elle n’a que 9 ans. Rachel JEUNE AFRIQUE
se retrouve plus souvent dans les rues que chez son aïeule. Puis tout le temps dehors. Jusqu’à ce que, en 2010, elle croise par hasard le chemin d’un réalisateur qui la prend comme figurante dans le documentaire qu’il tourne à Kin. Et c’est ainsi que l’équipe de Rebelle la repère. Si le film et les prix qu’elle a obtenus ont bouleversé sa vie, Rachel Mwanza n’en garde pas moins les pieds sur terre (et, désormais, chez sa grand-mère). Elle est en train de réaliser un « vieux » rêve, celui d’aller à l’école (qu’elle avait dû abandonner alors qu’elle était en troisième année de primaire), et en caresse un autre : devenir une actrice professionnelle. ● M.D.
PASCAL LE SEGRETAIN/GETTY IMAGES – AFP
15 ans, comédienne
! POUR SON RÔLE D’ENFANT-SOLDAT, l’actrice a reçu l’Ours d’argent à Berlin en 2012.
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Aziza Bangwene Onde de choc 46 ans, journaliste, coordinatrice d’Ondes des Grands Lacs
L
" ELLE A CRÉÉ l’Association des femmes des médias du Sud-Kivu.
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e journalisme, le droit des femmes et la lecture. Ce sont les trois passions qu’Aziza Clotilde Bangwene cultive chaque jour. Née en juin 1966 à Bukavu (Sud-Kivu), où elle a fait des études universitaires de linguistique africaine, elle débute sa carrière en tant qu’enseignante. En 1994, elle rejoint la radio communautaire Maendeleo, où elle devient journaliste et rédactrice en chef, et où elle anime notamment des émissions sur la promotion des droits de la femme et des droits humains en général. « Nous avons accompagné la population de l’est du pays dans la dénonciation des violations commises pendant les conflits et avons créé l’Association des femmes des médias du Sud-Kivu », ajoute-t-elle. Menaces, intimidations, arrestations, pillage et fermeture de la radio, rien ne l’arrêtera. Depuis 2009, elle coordonne le projet Ondes des Grands Lacs de l’Institut Panos Paris avec l’appui de l’Union européenne,
de l’ONG néerlandaise Cordaid et de la coopération suédoise. Un projet qui consiste à mettre en réseau des acteurs
médiatiques et à soutenir le processus de paix et de réconciliation entre le Burundi, le Rwanda et la RD Congo. ● M.D.
Maryse Ngalula Un blues singulier Auteure-compositrice et interprète
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! AKACIA, SA TOUTE NOUVELLE MAISON DE PRODUCTION, est destinée aux instrumentistes congolaises.
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ne voix puissante et grave, des textes incisifs dénonçant l’injustice, notamment celle faite aux femmes, une musique toute personnelle où se mêlent harmonies jazz, rythme mutwashi du Kasaï et soul universelle… Ce n’est qu’un N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
bref aperçu des talents de la chanteuse et guitariste congolaise Maryse Ngalula, originaire de Kananga (capitale du Kasaï occidental). Ses études commerciales ne l’ont pas détournée de la musique, une tradition familiale. « Mon père et mon
frère sont des musiciens, et, très jeune, je chantais dans des chorales », confie Maryse qui, dès l’adolescence, écrit des textes et apprend à jouer de la guitare. En 1998, elle remporte le premier prix du Festival des jeunes talents organisé à Kinshasa par le Centre culturel français. En 2001, elle part en tournée au Sénégal, au Cameroun, en Centrafrique et en Afrique du Sud, où elle réside pendant sept ans et demi. « Cette expérience sud-africaine m’a permis d’être plus libre sur la scène et de travailler la puissance de ma voix. » De retour au pays, elle remporte le premier prix du concours Visas pour la création de l’Institut français, en 2011, qui lui vaut une résidence de cinq mois à Paris. Elle vient de lancer Akacia, une maison de production destinée aux femmes instrumentistes congolaises (qui « doivent se prendre en charge et mettre en valeur ce qu’elles font », martèle-t-elle), et d’entamer, en septembre, une tournée à travers quatorze pays africains pour présenter les titres phares de son premier album, Ma différence. ● M.D. JEUNE AFRIQUE
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À la rencontre ncontr ncontre d’un pays fascinant… > Format : 13,5 x 26 cm. 256 pages couleur. Cartes, plans et photos inédits. Prix de l’ouvrage : 26 e ISBN : 978-2-86950-481-3
C
e pays grand 5 fois comme la France mérite que l’on aille à sa rencontre. Le majestueux fleuve Congo traverse forêts, champs de blé, vergers, savanes, face aux neiges éternelles du Ruwenzori et à la plus remarquable région volcanique du globe, les Virungas. Kinshasa sa capitale accueille en octobre 2012 le Sommet de la Francophonie.
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Françoise Mianda Son cœur fait boom
44 ans, écrivaine, fonctionnaire au sein du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme
«
je serai grande, je serai une femme de lettres », disait-elle Q uand à sa mère quand elle était petite. La publication l’an dernier de
DR
l’ouvrage Boom au Congo-Zaïre (éditions Monde Nouveau-Afrique Nouvelle, Suisse) est son premier pas, sinon dans la littérature, du moins en tant qu’essayiste. Et l’essai est plutôt réussi. Françoise Mianda y distille un message qui lui tient particulièrement à " SON ESSAI, cœur : celui que la RD Congo ne regorge pas seuleBoom au ment de ressources naturelles, mais aussi de matière Congo-Zaïre, grise et d’esprit d’initiative, d’hommes et de femmes est paru bourrés d’énergie et de créativité, porteurs d’une en 2011. révolution culturelle qui doit aboutir à un véritable boom économique et social… À condition que les Congolais changent de mentalité. « Arrêtons de rendre les autres, quels qu’ils soient, responsables de nos problèmes ou de tout attendre d’eux, explique-t-elle. C’est nous qui changerons notre pays. » Née en 1968 dans la capitale congolaise, où elle a grandi et fait ses études jusqu’à sa licence de droit, Françoise Mianda a été consultante au centre Wallonie-Bruxelles, puis pour les Nations unies à Kinshasa, avant de rejoindre, en 2003, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, à Genève. ● M. D.
Tatiana Giraud Coureuse de fonds Directrice générale de GTM Models, PDG de la TG Foundation
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ée en France d’une mère congolaise et d’un père français, Tatiana Giraud a grandi entre l’Hexagone et le Royaume-Uni. Installée dans la capitale britannique après une courte carrière en tant que mannequin et une licence en sciences politiques et sociales de l’université de Londres, elle a travaillé près de huit ans au sein de grands groupes financiers de la place, avant de prendre, en février 2012, la direction de GTM Models, l’agence de mannequins qu’elle ! POUR RECUEILLIR DES a montée. DONS, elle Choquée par les guerres et les atroorganise des cités qui frappent l’est de la RD Congo, événements son pays de cœur, elle se bat pour venir sportifs. en aide aux victimes de violences et notamment de viols, via la TG Foundation, qu’elle a créée en 2009. Outre les aides financières qu’elle apporte aux victimes, la fondation sponsorise des programmes médicaux et éducatifs. Pour lever des fonds, Tatiana organise divers événements, dont des dîners, des ventes aux enchères, des expositions et des rassemblements sportifs. Et elle n’hésite pas à se dépenser sans compter. Elle a ainsi participé en 2010 au Royal Parks Foundation Half Marathon de Londres et, l’an dernier, au marathon de Stockholm. ● M. D.
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Cuvée Rosé. Inimitable.
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. À CONSOMMER AVEC MODÉRATION.
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Le Plus de J.A. RD Congo SORTIR
Bienvenue à Kin cha-cha
Ici, c’est déjeuner indien en parlant art contemporain, boire une coupe de champagne dans un bar branché ou danser sur le son des meilleurs DJ… Ambiance.
«
W
inshasa Kiese, Kin Kiese biloko ngelingeli », ainsi chantait le groupe Zaïko Langa Langa en 1978. Littéralement, cela donne : « Kinshasa, ville joyeuse et éclatante ». Au bord du fleuve Congo, la ville est une véritable ruche. Combien compte-t-elle d’habitants ? On parle généralement de 10 millions. Mais le dernier recensement de la population et de l’habitat réalisé en RD Congo remonte à… 1984. Époque où elle s’appelait encore Zaïre. Ce qui est indéniable et n’a jamais changé, c’est le côté festif de cette mégalopole qu’on appelle affectueusement « Kin ». Mais on ne peut jamais oublier que la belle a deux visages. « La ville » d’un côté, c’est-à-dire la commune de La Gombe, ancien quartier européen, qui tranche par son calme une fois la nuit tombée. « La cité » de l’autre, où vivait la population congolaise à l’époque coloniale. Alors que dans le centre-ville on avance à pas feutrés, à la cité le rythme trépidant ne semble jamais ralentir. À l’instar de ces overdoses de décibels s’échappant non-stop d’innombrables bars où la bière, impérativement fraîche, coule à flots – en souvenir des « tontons » belges !
toujours là. Si à présent Matonge n’est plus que l’ombre de lui-même, on peut encore y trouver des boutiques vendant d’excellents disques congolais ou des vêtements de marque et quelques bars, comme Muana Kin, rue Oshwe, ou Tété Climatiseur, une petite boîte située dans la même rue, qui attirent encore du monde.
! LE BOULEVARD DU 30-JUIN, autour duquel se concentrent la plupart des lieux les plus tendance.
DE MATONGE AU BON MARCHÉ. À Kinshasa, particulièrement dans les quartiers populaires, le bruit est roi. Et personne ne s’en offusque. Ici, la fureur, l’envie, la joie de vivre sont contagieuses. Emblème du quartier populaire, voici Matonge, place de la Victoire (commune de Kalamu, Centre-Est). Il est célèbre pour avoir symbolisé, des décennies durant, le côté ambianceur des Kinois – du temps de sa splendeur, Matonge portait d’ailleurs l’éloquent surnom de Cité d’ambiance. C’est ici qu’habitaient nombre de vedettes de la musique congolaise et le Tout-Kin branché se retrouvait au bar Vis-à-vis, aujourd’hui disparu. À quelques mètres de ce dernier, la non moins célèbre église Saint-Joseph est N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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Mbote changement ? Ce n’est plus le cas. Et on peut y déguster d’excellentes spécialités de la cuisine congolaise, Chez Flore ou à La Marmite africaine, deux restaurants très fréquentés placés côte à côte. Après avoir mangé du poisson d’eau douce ou du gibier, on peut aller, le soir venu, danser au Cheetah 2, avenue Kabasele-Tshamala (nom du
célèbre Kallé, auteur de la chanson culte Indépendance Cha Cha). Attention, il est interdit d’y fumer… et d’y entrer avec une arme à feu. En quittant le Bon Marché par l’avenue Kabasele-Tshamala, le dos tourné à Barumbu, on se dirige vers La Gombe (Nord), le centre-ville de Kinshasa. ● ● ●
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
C’est aussi l’un des seuls endroits de la capitale où une boulangerie reste ouverte jusqu’à 2 heures du matin. Mais Matonge a rendu les armes. Il a été détrôné par le Bon Marché, dans la commune de Barumbu (Nord-Est). Il y a quelques années encore, le Bon Marché était un quartier résidentiel très calme.
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BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
●●●
! Tous les jeudis, AU FIESTA CLUB, c’est la « Special Ladies’ Night ». ● ● ● On peut s’arrêter en chemin au Charbon, un restaurant tenu par un couple indo-libanais qui propose des spécialités… italiennes et des grillades, d’où son nom. Originalité de l’endroit :
on y sert le tiramisu dans une coupe. Ce restaurant-café lounge (lire article p. 145) dispose par ailleurs d’un bar, avec billards et baby-foot. Juste à côté du Charbon, dans un bâtiment neuf, trône
Chez Harry’s, un restaurant indien également doté d’un bar lounge aux lumières tamisées, qui, la soirée avançant, se transforme en boîte de nuit. Les amuse-gueules grillés y sont dé-li-cieux. CUISINE ET COSMOPOLITISME. C’est
à La Gombe qu’on trouve la plupart des restaurants (et des night-clubs) qui font la fierté de la capitale. La cuisine est locale, mais aussi internationale, preuve, s’il en était BANDUNDU CONGO Mb besoin, de son cosmopolitisme ali Maluku Île jamais démenti. Beaucoup de Nse le ces établissements sont localiKINSHASA Nsele sés dans les parages immédiats 718 m du boulevard du 30-Juin, la plus grande artère du centre725 m ville. Parmi les tout nouveaux BAS-CONGO restaurants, les deux incontournables sont le Corleone vers 20 km Matadi (spécialités italiennes), de l’hôtel Fleuve Congo, et la Fête parfaite, avenue de la Justice, qui propose des mets congolais sous des NSELE tentes installées dans un grand jardin Aéroport MASINA fleuri et arboré. Les amateurs de cuisine libanaise NDJILI trouveront leur compte avenue de la Paix au restaurant Aladin, non loin de l’ambassade de Belgique. Juste à côté, une KIMBANSEKE boîte de nuit, la bien nommée The ● ● ●
La partie urbanisée représente 20 % de la ville-province o
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LA GOMBE
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KINSHASA
KASA-VUBU
BANDALUNGWA
Gare KALAMU
LIMETE
NGIRI-NGIRI BUMBU NGALIEMA
MAKALA NGABA
LEMBA
MATETE
SELEMBAO
KISENSO
MONT-NGAFULA
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KINTAMBO
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BARUMBU
LINGWALA
2 km
JEUNE AFRIQUE
COMMUNIQUÉ MINISTÈRE DES MINES :
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
3e Niveau, Immeuble Gécamines, Ex-Sozacom Boulevard du 30 juin – Kinshasa / Gombé E-mail : info@mines-rdc.cd Site Web : www.mines-rdc.cd
Le secteur minier est porteur de croissance À l’horizon 2016, le Ministère des Mines de la République Démocratique du Congo, vise la certification des potentialités de diverses ressources, par la prospection et la recherche minières, considérant que la connaissance géologique du sous-sol congolais ne dépasse pas les 30 % du territoire national. Par ailleurs, pour faire bénéficier le pays et sa population de l’exploitation des mines qui sont une ressource épuisable, le Ministère des Mines promeut la trans-
l’installation des unités de manufacture, ainsi que la reconversion des revenus des mines en infrastructures, à même de participer au développement durable du pays.
Depuis le 5 mars 2007, Monsieur Martin Kabwelulu anime le Ministère des Mines. Il totalise à ce jour cinq ans et cinq mois à la tête de ce Ministère.
Le Ministère des Mines pourra ainsi contribuer à l’amélioration du PIB national, et par ricochet à l’amélioration des conditions de vie des congolais.
formation des produits miniers en produits sem-finis et finis, afin de leur donner une plus value. Ce qui implique à moyen terme,
En tant que secteur intégrateur pour le développement du pays, le secteur minier constitue, avec ses prévisions de production
MINISTÈRE DES HYDROCARBURES
de 15 millions de tonnes de cuivre, 12 tonnes d’or et autres à l’horizon 2016, le secteur porteur de croissance par excellence. Des défis majeurs à relever contribueront également à faire du secteur minier le secteur porteur de croissance, c’est notamment, le défi de l’énergie électrique, le défi des infrastructures de transports pour l’évacuation des produits miniers, et le défi de la construction des cimenteries pour assurer l’approvisionnement du ciment pour les besoins nationaux.
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Immeuble COHYDRO Commune de la Gombé - Kinshasa E-mail : min.hydro@yahoo.fr
La RDC s’apprête à rejoindre le cercle des grands producteurs et exportateurs La République Démocratique du Congo (RDC) s’apprête à entrer dans le cercle fermé de grands pays producteurs et exportateurs du pétrole. Le secteur des Hydrocarbures en RDC a deux branches principales : L’Amont et l’Aval pétrolier. L’Amont pétrolier s’occupe de l’exploration et la production. À ce stade, Monsieur Crispin Atama Tabe s’est attaqué à l’assainissement du secteur en vue d’assurer la transparence dans l’attribution des blocs pétroliers et tout contrat
pétrolier est désormais publié au journal officiel. Aussi, l’attribution de ces blocs pétroliers sera faite par la procédure d’appel d’offre suivant les critères bien définis. Des campagnes de
Le Ministre Crispin Atama présentant les priorités de son ministère
Pré-exploration et d’exploration pétrolière sont renforcées sur l’ensemble des bassins sédimentaires. Du côté Aval pétrolier, les efforts sont multipliés pour améliorer le climat des affaires. Ainsi, l’accent sera mis sur la matérialisation des conditions de sécurité des installations pétrolières et des produits pétroliers. La politique d’approvisionnement sur l’ensemble du pays de façon efficace constitue le cheval de bataille du Ministre des Hydrocar-
bures. Cela étant, Son Excellence Crispin Atama a lancé des travaux de réhabilitation du dépôt de stockage des produits pétroliers de Bumba avec l’espoir de l’inaugurer en décembre 2012. Selon le ministre, le Chef de l’État congolais, Joseph Kabila compte beaucoup sur ce ministère pour que le pays produise du pétrole qui, lorsqu’il sera commercialisé, produira des capitaux pour renflouer le budget national qui pourrait passer de 9 milliards USD à 30 milliards USD ou plus.
COMMUNIQUÉ MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE, SECONDAIRE ET PROFESSIONNEL
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Site Web : www.eduquepsp.cd E-mail : ministreepsp@eduquepsp.cd E-mail : ministreepsp@yahoo.fr
« …Ce projet vise à faire de la RDC un pool d’intelligence et de savoir-faire, un vivier de la nouvelle citoyenneté…» La vision du Gouvernement est de construire un système éducatif inclusif et de qualité pour la croissance économique, la lutte contre la pauvreté, la promotion de la paix et de la citoyenneté. Une stratégie vient matérialiser cette vision et vise l’accroissement de l’accès, l’accessibilité et la rétention des élèves, l’amélioration de la qualité et de la pertinence des
apprentissages ainsi que le renforcement de la gouvernance du système. La gratuité de l’enseignement primaire, une nouvelle donne avec comme incidence la prise en charge des frais scolaires par l’État. Les effets induits quelques mois après l’application indiquent un accroissement de 15% du taux d’accès des enfants à l’école. La RDC
Le Ministre de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel proche des apprenants.
Endossement du PIE par le Partenariat Mondial de l’Éducation.
Président de la République Joseph Kabila Kabangé poursuit les efforts pour atteindre endossement par les partenaires davantage des résultats satisfai- consacre l’adhésion de la RDC au sants en matière de rétention des Partenariat Mondial de l’Éducation élèves à l’école et lutter au mieux (PME). contre l’abandon scolaire. La Mutuelle de santé des enseiUn Plan Intérimaire de l’Éduca- gnants (MESP), une expérience tion (PIE) met en relief les actions unique avec plus de 27000 enprioritaires à mener par le Gou- seignants enregistrés soit 13500 vernement de la République et bénéficiaires d’une prise en charge en détermine les contours finan- médicale totale à ce jour. ciers, humains, matériels, etc. Son L’informatisation de l’Examen Une des d’État (Baccalauréat) a permis la ambulances de la Mutuelle de Santé correction en 8 jours de 2024460 des enseignants items pour 506115 élèves de l’année scolaire 2011-2012.
MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DÉVELOPPEMENT RURAL
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Croisement Boulevard du 30 juin et Avenue Batetela Kinshasa - Gombe République Démocratique du Congo
Agriculture : Premier secteur de développement économique Avec ses 2 345 millions de km2 de superficie, la République Démocratique du Congo regorge d’abondantes ressources minérales. Bien que les grands centres de populations soient à l’extérieur des forêts tropicales, la base de production potentielle de l’agriculture demeure énorme dans ce pays : 80 millions d’hectares (Ha) de terres arables dont 4 millions sont irrigables, la diversité climatique et l’eau abondante favorisent deux récoltes annuelles caractérisées par une variété de cultures. Les ressources des pâturages et
halieutiques intérieures pourraient respectivement soutenir environ 40 millions de bovins et permettre un approvisionnement annuel estimé à près de 700000 tonnes. Conscient des enjeux et des contraintes liés au développement de ce secteur, le pays s’est déjà engagé à réhabiliter de manière efficiente le système de transport. Cette approche a facilité notamment aux agriculteurs l’accès aux marchés et les incite à favoriser une augmentation de la production. L’État compte éga-
lement moderniser les techniques de production et renforcer les capacités institutionnelles. En effet, l’Agriculture est le premier secteur de production porteur de croissance et ses domaines de développement sont aussi riches que diversifiés. Considérant que la densité tend à être plus élevée dans les zones à fort potentiel agricole, tels dans les plateaux de la Région des Grands Lacs, le pays entend redynamiser sa politique agricole et impulser son développement grâce, par
exemple, à la mise en œuvre récente d’une campagne agricole pour l’hémisphère Sud du territoire pour un coût global évalué à environ 20 millions $, la dernière datant d’il y a 20 ans. Depuis, des efforts sont consentis pour consolider davantage l’accès à la finance rurale et des services connexes, à renforcer les ressources humaines et les capacités institutionnelles dans un contexte d’amélioration des conditions de l’environnement politique en faveur de la bonne gouvernance.
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
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! UNE SOIRÉE SAPEURS, grande spécialité congolaise.
Fiesta, attend les ambianceurs. Ceux qui préfèrent la cuisine française iront au Caf Conc, avenue des Aviateurs. Le maître des lieux est un Français qui a fait du Congo sa seconde patrie. Dans son cadre chic, les gourmets apprécient le menu et ne regardent pas à la dépense. Géré par un couple franco-congolais, l’Ibiza Bar, voisin immédiat du Caf Conc, peut également les séduire, puisque son nom aussi torride que trompeur cache des spécialités inattendues: galettes et crêpes bretonnes. Le Limoncello, restaurant italien situé avenue Tombalbaye, au style sobre, est tout indiqué pour les amoureux des pâtes, pizzas, vins et autres produits du pays de Dante. Les Portugais ont eux aussi leurs restaurants, notamment le Tabuinhas, à Ma Campagne (commune de Ngaliema, Ouest), et O Poeta (« le poète », en hommage à Luís Vaz de Camões), avenue du Cercle, à La Gombe, dont la carte variée dépasse le cadre lusitanien pour embrasser les cuisines congolaise et italienne. Les Grecs sont dignement représentés par le Mythos, sur le boulevard du 30-Juin. Où s’affiche la Chine à travers Le Mandarin, alors que les meilleurs mets japonais et coréens se dégustent chez Acachia. Enfin, pour manger congolais, il faut absolument aller chez Philo, non loin
●●●
JEUNE AFRIQUE
du boulevard du 30-Juin. Ses crevettes pimentées ravissent les papilles, à moins qu’on ne jette son dévolu sur le… crocodile. Inutile de s’effrayer. Une fois tué, dépecé et cuit, le monstrueux reptile est aussi tendre qu’un poisson. Parmi les autres restaurants qui valent le détour et servent des plats congolais et européens: Le Rêve de Sophie, La Fleur de sel, sur le boulevard du 30-Juin, L’Extrême,
avenue de l’Équateur, ou encore Le Plein Vent (spécialiste de fondues et pierrades), au 7e étage d’un immeuble de l’avenue Lumpungu, avec sa vue imprenable sur le fleuve, qui rivalise avec celle du Panoramic, avenue du Président, dans le bâtiment de l’ex-Kin Mazières. Sortir à Kinshasa c’est aussi aller chez Maman Colonel (spécialités congolaises), avenue Kimbondo (à Bandalungwa), ou ● ● ●
La « lounge attitude »
F
ini le bar classique et ses décibels assourdissants. La lounge attitude a gagné les adresses chics de la capitale congolaise. Il faut désormais siroter son cocktail, sa coupe de champagne ou sa bière détendu et relaxé. Ambiance cosy, éclairage de faible intensité avec jeu de stores le jour et lumière tamisée le soir, déco design, canapés
douillets et « musique lounge » (comprenez : douce et envoûtante), soirées à thèmes… Les patrons de bar, y compris dans les grands hôtels, rivalisent de concepts et d’idées pour capter et fidéliser la clientèle. Pour commencer ou finir une soirée, le must est d’aller boire une coupe de champagne au Privilège Champagne, à La Gombe, ou de
prendre un verre au Sir Harry’s Lounge Bar, avenue du Flambeau, ou encore au Klubb, au Fiesta Club, au Panoramic, au Muzik Bar… Outre les happy hours et les after 7, les soirées spéciales se multiplient. Comme la « Special Ladies’ Night » du Fiesta Club où, tous les jeudis, ces dames peuvent déguster gratuitement la boisson de leur choix. ● MURIEL DEVEY N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
COMMUNIQUÉ MINISTÈRE DES FINANCES
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Boulevard du 30 juin, Kinshasa / Gombé E-mail : cabfinances@minfinrdc.com Site web : http/minfinrdc.cd
Mettre les finances publiques au service de la croissance et de la réduction de la pauvreté Le programme d’actions du gouvernement se chiffre à 48 milliards USD pour la période 2012-2016. Pour réaliser ce vaste programme, deux missions importantes sont assignées au ministère des Finances, à savoir : la mobilisation accrue des recettes internes et la stabilité du cadre macroéconomique. Mobilisation des recettes. Le modèle de développement suivi par la RDC s’articule, depuis plus de quatre décennies, autour de l’exploitation des produits primaires
exportables. Du fait de cette extraversion, l’économie congolaise demeure à la fois dépendante de sources de financement externes et très vulnérable aux chocs extérieurs. La crise financière internationale de 2008-2009 en est
Patrice Kitebi, Ministre délégué auprès du 1er ministre en charge des finances
un exemple éloquent. Dans ce contexte, la mobilisation accrue des recettes internes est une priorité incontournable. La stratégie déployée par le ministère des finances consiste, notamment, à améliorer le recouvrement des droits, impôts et taxes, améliorer le rendement du contrôle fiscal, lutter contre la corruption et la fraude fiscale, rationaliser les exonérations fiscales, renforcer la stratégie d’accompagnement de la récente mise en œuvre de la TVA, revoir la fiscalité des ressources naturelles non renouvelables.
MINISTÈRE DE LA JUSTICE
La consolidation de la stabilité du cadre macroéconomique. En vue d’asseoir un climat favorable aux affaires, le ministère des finances s’emploie à préserver la stabilité des prix intérieurs et du taux de change. Un accent est mis sur une gestion monétaire et budgétaire prudente. L’objectif ultime demeure celui de consolider et d’accélérer le processus de croissance économique en vue d’atteindre un taux de croissance à deux chiffres et ainsi assurer une redistribution équitable des fruits de la croissance.
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3e Niveau, Immeuble Gécamines, Ex-Sozacom Boulevard du 30 juin – Kinshasa / Gombé E-mail : info@mines-rdc.cd Site Web : www.mines-rdc.cd
Le dynamisme féminin Parité, émancipation…, seraiton tenté de croire, auraient présidé au choix de Mesdames Wivine Mumba Matipa et Sakina Binti Selemani, aux postes respectivement, de Ministre et vice-Ministre de la justice et droits humains, pour redresser la barque de la justice congolaise qui, dans un climat social gangréné de corruption, flotte à contre-courant de l’éthique, au gré de la vague de l’impunité. Le climat, justement, celui des affaires, Maître Mumba Matipa en a fait son crédo. Elle l’a en effet rappelé lors du dépôt
au Sénégal, des instruments d’adhésion de la République Démocratique du Congo à l’Ohada, lorsqu’elle affirmait que « ce dépôt est une raison supplémentaire de croire à la volonté du Gouvernement congolais d’assainir le climat des affaires. » Que dire de son bilan 100 jours après ? Le Premier Ministre Matata Ponyo avait soumis à son équipe une feuille de route contenant les objectifs majeurs que le Gouvernement devait atteindre 100 jours après sa mise en
place. Le ton était donc donné. Cent jours après, en attendant le résultat escompté, toutes les actions prévues ont été menées, ce qui a valu la note de confiance du Chef du Gouvernement à Madame Wivine MumbaMatipa.
Wivine MUMBA MATIPA Ministre de la justice et droits humains
Sa philosophie en un mot : une tolérance zéro à la dépravation tant des mœurs que du système politique lui-même, pour un changement radical des mentalités, rempart utile pour une nouvelle citoyenneté et gage ultime d’investissements.
Mbote changement ?
DANSE ET DOUCEUR. Ceux qui veulent
danserontl’embarrasduchoix.Ilspeuvent choisir les discothèques du centre-ville, comme le Klubb (avenue Tombalbaye), très en vogue actuellement, Chez Temba (rond-point Forescom), L’Atmosphère, au Grand Hôtel, L’Aphrodisiaque (avenue Mongala), le Jet 7 (avenue Colonel-Ebeya) ou encore le VIP (avenue du Tchad). Le Quita (avenue Luambo-Makiadi) se singularise par les instruments de musique qui composent le décor… mais peuvent à tout moment servir à des musiciens de passage ou être loués. On peut aussi sortir de La Gombe et trouver son bonheur à « la cité ». Dans la commune de Kasa-Vubu, le groupe Zaïko Langa Langa se produit tous les vendredis sur la scène du Mubila Gila, un bar à ciel ouvert où l’on a toutes les chances, dit-on, de rencontrer le gouverneur de Kinshasa. Zaïko joue également au Club Saï-Saï, à Ma Campagne. Pour ceux qui rêvent de voir le chanteur Koffi Olomidé, il suffit d’aller chez Bibi, à Kintambo. L’ambiance est tout aussi chaude à Planète Sono, à Lingwala, qu’au XXL, à Bandalungwa. Au matin, comme à toute heure de la journée, rien de tel que le Patachoux, la crème de la crème des salons de thé et pâtisseries, dans la Crown Tower, au croisement du boulevard du 30-Juin et de l’avenue Batetela, la Pâtisserie Nouvelle ou encore le Chantilly, avenue Lukusa, Le Café Mozart, sur l’avenue de la Libération, à Lingwala. L’occasion aussi de goûter au calme et à la douceur kinoise en visitant la célèbre Académie des beaux-arts toute proche, à La Gombe, près de la cathédrale Notre-Dame-du-Congo, ou en déambulant dans les allées du Jardin botanique, sur l’avenue Kasa-Vubu, à côté du marché central et face au Théâtre du Zoo. Un havre de verdure au cœur de la ville. ● TSHITENGE LUBABU M.K.
JEUNE AFRIQUE
Rendez-vous chez Beki
S
ur l’avenue du HautCommandement, à quelques mètres du boulevard du 30-Juin, un panneau sur fond blanc : « Quick Poulet Chez Beki ». Quick Poulet ? La première idée est qu’il s’agit sans doute d’une restauration rapide, où le poulet est mis à toutes les sauces… Mais une fois franchie la porte de la parcelle, on change vite d’avis. D’un côté, une paillote coiffée d’une toiture en bambou décoré, des tables dressées et des chaises en fer forgé. D’un autre, le bar. Deux téléviseurs diffusent un match de football. Une partie de
la cour attire l’attention : elle est remplie de tableaux entassés et ostensiblement exposés, au point de ressembler à une galerie d’art à ciel ouvert. Les murs sont peints eux aussi… Et voilà Beki. Métisse, mince, elle a ouvert son restaurant il y a un an et le gère avec son mari. Chez elle, les spécialités sont congolaises, essentiellement des grillades de poulet, de chèvre ou de poisson, et de nombreux plats du terroir. En attendant d’être servis, des clients jouent aux échecs, certains aux dames… « C’est pour faire la différence et sortir de la monotonie. » Beki
a elle-même assuré la décoration du restaurant. Les œuvres d’art y sont présentées dans le cadre d’une exposition-vente, car la patronne tient à promouvoir les artistes. Beki donne aussi l’occasion aux vieilles gloires de la chanson congolaise de remonter sur scène. C’est ainsi que Jeannot Bombenga Wewando, ancien de l’African Jazz et de Vox Africa (que beaucoup croient mort), vient égayer les nostalgiques une fois par semaine, accompagné par le guitariste Jean-Paul Vangu, dit Guvano, qui a joué jadis avec Tabu Ley. ● T.L.M.K.
BAUDOUIN MOUANDA POUR J.A.
● ● ● dans tous les petits nganda, tous les malewa disséminés à travers la ville où l’on peut manger du poulet et de la chèvre, braisés ou grillés, arrosés de bière fraîche.
147
! OUVERT IL Y A UN AN, l’établissement mêle cuisine, musique et art.
N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
COMMUNIQUÉ MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES, COOPÉRATION INTERNATIONALE ET FRANCOPHONIE Av. Place de l’Indépendance, Commune de la Gombé / Kinshasa
FRANCOPHONIE RDC-OIF : Raymond Tshibanda et Abdou Diouf à Paris, le 10 juillet 2012.
Raymond Tshibanda et Laurent Fabius à l’issue d’un entretien bilatéral au Quai d’Orsay. Paris, 1er août 2012. (Photo Jean- Paul Baziyaka, Minaffecif-RDC)
Diplomatie congolaise, un nouveau souffle Il est évident et incontestable qu’en République Démocratique du Congo, tout est en mouvement dans tous les secteurs de la vie nationale. Les acteurs politiques s’adonnent à cœur joie à la mise en œuvre de la vision novatrice prônée par le Chef de l’État congolais dans le cadre des Cinq Chantiers de la République. C’est un vaste programme de reconstruction du pays qui promeut la Révolution de la Modernité. Dans cette optique, la diplomatie congolaise, conduite par Raymond Tshibanda N’Tungamulongo, sous l’impulsion du Président de la République Joseph Kabila Kabangé, applique la volonté du peuple congolais de voir le pays se hisser aux rangs des pays émergents d’Afrique avec vocation légitime d’accéder au club des puissances mondiales. La coopération internationale au développement, mutuellement avantageuse, offre à la République Démocratique du Congo et à ses différents partenaires extérieurs le cadre d’actions appropriées aux objectifs de cette vague de révolution du développement.
Il faut retenir que Raymond Tshibanda N’Tungamulongo, nouveau Chef de la Diplomatie congolaise, et ancien Ministre de la Coopération Internationale et Régionale depuis la restructuration du Gouvernement en novembre 2008. À la suite d’un bilan largement positif dans la conduite de la politique de son pays en matière de coopération au développement, Raymond Tshibanda a vu son action couronnée de succès lorsque, au dernier remaniement du samedi 28 avril 2012, il est reconduit et ses attributions élargies au sein de la nouvelle équipe gouvernementale. Il assume désormais les fonctions de Ministre des Affaires Étrangères, Coopération Internationale et Francophonie. Raymond Tshibanda est assisté dans cette lourde tâche de deux ViceMinistres, à savoir Tunda Ya Kasende en charge des Affaires Étrangères et Dismas Magbengu Swa Na Emina Monzia de la Coopération Internationale et Régionale, tous deux Juristes. Avec cette équipe, la feuille de route du Ministère des Affaires Étrangères, Coopération
RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
Internationale et Francophonie poursuit cinq objectifs majeurs dans les domaines de la diplomatie, de la coopération au développement et de la Francophonie. Sur le plan de la diplomatie et politique extérieure de la RDC, elle vise à : - Identifier les enjeux actuels au plan international ainsi que les défis qu’ils posent à la diplomatie congolaise ; - Redéfinir une nouvelle politique étrangère de la RDC (conception, validation technique et adoption par le Gouvernement) ; - Régulariser la situation du personnel diplomatique tant à la centrale qu’à l’étranger ainsi que la protection du patrimoine immobilier de l’État à l’extérieur ; - Accentuer la stratégie de la diplomatie de la RDC en direction des pays émergents du BRICS pour donner un nouveau souffle aux relations internationales ; - Assurer une participation efficiente de la RDC à tous les forums internationaux ou des programmes de mise en œuvre d’une diplomatie de développement appellent la disponibilité agissante de notre pays et sauvegardent ses intérêts ; - Finaliser et adopter la stratégie de mobilisation de la contribution efficace de la diaspora congolaise à la reconstruction du pays et, en même temps, appuyer cette stratégie sur l’adoption du projet de statuts du corps des diplomates congolais dans le projet global de reconstruction de l’Administration Centrale des Affaires Étrangères.
Dans le cadre de la Coopération au développement, la diplomatie congolaise ambitionne : - La promotion de l’intégration régionale comme facteur de croissance économique et de stabilité sous-régionale en Afrique et dans le monde ; - La mobilisation des ressources extérieures pour le financement du développement par le renforcement de la coopération bilatérale et multilatérale ; - La prévention et la gestion responsable des conflits pour favoriser et promouvoir les conditions de paix et d’amitié entre les Nations ; - Le renforcement des capacités humaines, techniques et matérielles du pays comme moteurs de développement et facteurs d’émergence globale ; - La promotion du leadership naturel de la nation en Afrique, dans le monde et dans l’espace francophone.
Raymond Tshibanda N’Tungamulongo, Ministre des Affaires Etrangères, Coopération Internationale et Francophonie.
Dans le cadre de la Francophonie, elle tend à : - Renforcer qualitativement et quantitativement la participation de la RDC aux programmes de l’OIF et des opérateurs directs ; - Accroître la mise en œuvre des différents programmes de l’OIF et des opérateurs directs répondant aux besoins spécifiques du pays ; - Promouvoir et appuyer les initiatives nationales de promotion de la Francophonie et de la langue française ; - Assurer l’appui technique à la préparation et à la bonne tenue des assises francophones de 2012 en RDC ainsi que la meilleure participation aux instances.
Arrivée de Raymond Tshibanda au Quai d’ Orsay à Paris. Le Chef de la diplomatie congolaise est accompagné de l’Ambassadeur itinérant du Chef de l’État, Séraphin Ngwej et Monsieur ILEKA, Ambassadeur de la RDC en France, le 1er août 2012. (Photo Jean-Paul Baziyaka, Minaffecif-RDC).
Le Plus de J.A. RD Congo LANGUES VIVANTES
Le français en version ambiancée
Alors que Kinshasa s’apprête à accueillir la Francophonie, l’écrivain congolais Lye M. Yoka évoque l’histoire de la langue de Molière en RD Congo.
L
angue officielle de la RD Congo, le français y cohabite avec quatre langues nationales : le lingala, le kiswahili, le tshiluba et le kikongo. Il est donc employé au travail et dans l’administration dans le pays en général et à Kinshasa en particulier. Du fait de son statut de capitale, cette dernière, qui va accueillir le prochain sommet de la Francophonie du 12 au 14 octobre, se sent tout particulièrement concernée pour mettre en lumière sa pratique du français. C’est le 14 mai 1886 que ce dernier a été décrété « langue de travail et d’administration » de l’État indépendant du Congo, par ordonnance de l’administrateur général, le représentant du roi des Belges à Boma, alors capitale congolaise. Ainsi, la langue française, qui a conservé ce statut jusqu’à nos jours, totalise cent vingt-six années de présence en RD Congo. Le pays compte actuellement un peu plus de 17 millions de francophones, soit environ 23 % de sa population totale. Par son statut, cette première langue étrangère jouit d’une situation de monopole; elle ne rencontre aucune concurrence.
Lorsque le pays a accédé à l’indépendance en 1960, avec toutes les mutations que cela a entraînées, le français, bien qu’ayant gardé son statut de langue officielle, n’était plus un symbole de prestige, de « classe » et de pouvoir. Les promotions sociales, à cause de la dégradation de l’école et de l’inversion des valeurs, étaient davantage fonction du positionnement politico-tribal et du poids économique. Cela a découragé beaucoup de jeunes vis-à-vis de l’école et de la pratique de la
publication d’ouvrages et de journaux en quatre langues nationales dans les différentes capitales provinciales concernées, l’ouverture de bibliothèques publiques, l’instauration des feuilletons dramatiques radiophoniques, etc. Néanmoins, pendant la période coloniale, le français – cette langue du maître ou de l’instituteur – est resté Les changements de régime pour « l’évolué » un symbole politique ont amené sur la scène de prestige. Il a été à cette des leaders anglophones. époque considéré comme la condition nécessaire et essentielle à toute promotion sociale : un langue française. En outre, les tracasseries travail rémunérateur, un changement de rencontrées dans l’obtention de visas pour grade ou de statut, la considération. C’est la Belgique ou la France les ont poussés à aussi le français qui servait d’indicateur émigrer vers des destinations plus accespour définir le niveau d’intégration ou sibles, dont l’Afrique du Sud et les pays d’Asie, où l’anglais est prédominant. Il suffit d’assimilation.
PARADOXE. L’histoire de la langue française en RD Congo est paradoxale. Colonisé par un pays, la Belgique, tiraillé lui-même depuis le XIXe siècle par des querelles linguistiques tendues entre les Flamands et les francophones, le Congo a en fait hérité de la position de suprématie de la bourgeoisie wallonne, alors au pouvoir. La langue française s’est imposée au sein des écoles et des institutions, le flamand étant relégué au rang de seconde langue étrangère. Autre paradoxe : c’est pendant l’époque coloniale que la promotion des langues nationales a été déterminante, avec, pour la première fois en Afrique noire, la traduction de la Bible (en kikongo), la THOMAS DORN
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! Recteur de l’université chrétienne Cardinal-Malula, L’AUTEUR VIENT DE PUBLIER Combats pour la culture aux éditions Hémar (253 pages). N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
JEUNE AFRIQUE
Mbote changement ? d’observer le nombre croissant d’écoles de langue anglaise dans la plupart des capitales provinciales de la RD Congo pour se rendre compte de cet engouement migratoire. Les derniers changements de régime politique ont amené sur le devant de la scène des leaders généralement anglophones. Et la ruée vers les minerais de l’Est et du Sud-Est (en particulier du Katanga) a imposé le choix de l’anglais aussi bien aux nouveaux employeurs qu’aux jeunes en quête d’embauche. VÉHICULAIRE. Pourtant,lorsdel’adoption
de la Constitution de la IIIe République, en 2005, le statut du français n’a connu aucune modification. De toute évidence, il reste le véhicule de la culture et de la science : la majorité des artistes, des inventeurs et des acteurs politiques réfléchit et pense à la fois en français et en langue nationale. Dans les secteurs de la presse, de l’administration, de l’enseignement et de la recherche scientifique, l’usage du français domine. Il joue le rôle de langue véhiculaire – au-dessus de la mêlée interculturelle – également dans les relations publiques ou interpersonnelles. De plus en plus, l’acquisition préscolaire du français en famille devient une donne importante dans les milieux urbains, surtout dans les foyers à revenus intermédiaires ou supérieurs. Il y devient même la langue maternelle. Le prétexte étant pour certains des parents que le français favorise la maîtrise des connaissances. APPRIVOISÉ. Cela n’empêche pas les débats de plus en plus houleux entre théoriciens et praticiens de la langue autour d’un « partenariat » entre le français et les langues nationales. Pour la plupart des théoriciens, on reviendrait ainsi, comme à l’époque coloniale, à une formule qui imposait les langues nationales au cours des trois premières années du cycle primaire ; le français serait adopté pour les autres promotions du cycle secondaire jusqu’à l’université. Les praticiens jugent ce débat d’arrière-garde, puisque artistes,
Petit lexique de « créolisation »
A B C D L
L’AMBIANCEUR
est une personne qui aime la vie, la musique, la danse et les femmes
BIPER
décrit le fait qu’une jeune fille provoque le regard des hommes par des atouts anatomiques trop voyants
CIRAGER
équivaut à cirer, mettre du cirage. Le cireur est un « cirageur »
DÉSARMER
s’emploie lorsque quelqu’un parvient à ravir la femme ou le mari d’autrui
LA LONDONIENNE
est une prostituée qui court les rues de Kinshasa à l’instar des filles de Londres souvent habillées en minijupes comme les call-girls kinoises
M
MALAFUTIER
du kikongo « malafu », désigne un tireur de vin de palme
journalistes et écrivains optent de plus en plus pour les langues nationales. Ils estiment que l’inventivité des Congolais est telle que le français a été apprivoisé par les langues nationales (et inversement) au point de produire une sorte de « créolisation » riche, féconde et populaire. L’avenir du français en RD Congo doit être envisagé à travers la mise en place de différents mécanismes. En premier lieu la réhabilitation du système éducatif national, avec l’accent porté sur l’enseignement des langues nationales, du français et d’autres langues étrangères, mais aussi sur la formation des experts
M P
MANQUER QUELQU’UN
signifie offenser une personne, lui manquer de respect ou le froisser
PEMBENISER
de « pembeni » en lingala, a le sens de mettre à l’écart ou abandonner un copain, un ami ou un conjoint
R S S Z
RAPIDITER
signifie se hâter ou se précipiter davantage
SIDA
désigne un « salaire insuffisant difficilement acquis »
SKIVEUR
du français « esquiver », caractérise un homme rusé, un roublard
ZIBULATEUR
du kikongo « zibula », est un ouvre-bouteilles
du système scolaire, et enfin sur l’élaboration des politiques nationales du livre scolaire. Il serait également important d’implanter des campus numériques francophones. La mobilité scientifique et les échanges universitaires doivent aussi être soutenus. À Kinshasa et dans les provinces, des centres de lecture et d’animation culturelle seraient les bienvenus. Et, bien entendu, la redynamisation des alliances franco-congolaises et d’autres projets de promotion de la langue française pourraient compléter ce tableau de perspectives. ● LYE M. YOKA
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INTERVIEW
Malta David Forrest
CEO du Groupe Forrest International SA
CEO du Groupe Forrest International, l’un des principaux opérateurs économiques et employeurs privés en République Démocratique du Congo, Malta David Forrest est aussi Consul honoraire de la République française dans la Province du Katanga.
«
Le Sommet de la Francophonie est une occasion de renforcer les liens entre l’Europe et l’Afrique
Dans votre discours du 14 juillet en tant que Consul honoraire de France, vous avez souhaité la présence du Président de la république française. Il s’agissait pour moi d’une évidence. La RDC a besoin d’encouragements. En participant au Sommet de Kinshasa, les pays francophones se montrent disposés à accompagner la RDC dans son processus de réformes. Les efforts politiques, aujourd’hui, sont réels. Ces progrès doivent être soulignés.Si des critiques doivent être émises,il appartiendra au Président de la République française, François Hollande, de les aborder avec son homologue congolais,Joseph Kabila. Cette double attitude me semble la plus saine et la plus pertinente, également la plus à même, pour la France, de se faire entendre. En ce sens, la participation de François Hollande est un choix politique juste et judicieux. Vous êtes aussi CEO d’un des principaux opérateurs économiques de la RDC, le Groupe Forrest International. Quels rapports entretenez-vous avec les autorités congolaises ? Je ne fais pas de politique.Je respecte les institutions congolaises et je fais ce que j’ai à faire, en l’occurrence investir et travailler.Les autorités politiques le savent.Dans ce contexte, les relations sont bonnes.C’est notre manière d’accompagner les réformes en cours,nous investissons et créons de l’emploi. La culture du Groupe Forrest International a toujours été de saisir les opportunités quand elles se présentent et de
MALTA DAVID FORREST
nous y investir avec sérieux et professionnalisme. Nous avons par exemple créé la compagnie aérienne congolaise Korongo Airlines en partenariat avec Brussels Airlines. Nos avions respectent les normes d’application en Europe, notamment en matière de sécurité. Nous y avons investi parce que le contexte s’y prêtait.Avec cette compagnie, la RDC a maintenant la possibilité de sortir de la liste noire de la Commission européenne. Vous mentionnez l’aviation mais votre Groupe est fort diversifié : aviation, mines, construction, agroalimentaire, ciment, etc. Certains domaines sont-ils prioritaires aujourd’hui ? Oui, nous avons évidemment une stratégie d’entreprise, déterminée en fonction du contexte économique mondial, régional et national.La diversification est une des pistes que nous suivons. Dans l’énergie, l’agroalimentaire, la construction… L’Afrique centrale offre d’énormes opportunités. La Sommet de la Francophonie est l’occasion de montrer ce potentiel et de réaffirmer parallèlement les liens particuliers entre cette région du monde et le continent européen.
Groupe Forrest International SA Avenue USOKE 359 Lubumbashi Katanga – RDC Tél. : +243 99 534 00 00 +243 81 558 10 10 Fax : +243 (0) 23 42 223 E-mail : hdh.gfi@forrestgroup.com
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DIFCOM/D.F. _ PHOTOS : D.R.
Malta Forrest, vous avez activement soutenu l’organisation du Sommet de la Francophonie à Kinshasa… Je suis heureux que le Sommet ait lieu à Kinshasa. Il s’agissait d’un véritable défi pour la RDC. Elle l’a relevé. Nous pouvons en être fiers.
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Mbote changement ? HUMEUR Tshitenge Lubabu M.K.
Mots et merveilles du franlingala
L
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INVENTIVITÉ DES KINOIS EST BIEN CONNUE et ne se limite pas à l’art de se tirer d’affaire en toute circonstance. Elle s’étend à un domaine peut-être bien plus vaste, celui du français ou, plus précisément, de la façon de marier la langue de Molière à celle de Kinshasa, le lingala, en donnant à certains de ses mots un sens inattendu. Ce franlingala, permettez, est absolument génial ! Prenons une « momie ». En français, ce glaçant vocable s’emploie pour désigner un cadavre embaumé ou, par analogie, une personne sèche, très maigre. Dans la bouche d’un Kinois s’exprimant en lingala, la « momie » devient la « fille, femme, maîtresse, épouse, copine… » Rien à voir, donc. Quant à la « mère supérieure », elle ne règne pas, comme vous pourriez le penser, sur un couvent, mais sur un homme. C’est tout simplement la femme légitime. Le « grand prêtre » n’est pas, lui non plus, un homme de Dieu
si la situation s’envenime vraiment, tout simplement lui demander de « gazer ». Dans ce cas, on lui intime de dégager. Après cela, libre à vous de « phaser ». Ce verbe n’existe pas en français, en franlingala, si. Son sens? Dormir. On peut notamment « phaser », dans son « palais », autrement dit sa maison. Mais, attention, le « phaseur » n’est pas pour autant quelqu’un qui dort tranquillement, encore moins dans son palais… puisque le terme « phaseur », lui, évoque en fait un enfant des rues. Nous voici donc dans les rues de la capitale. Les transactions y vont bon train et y sont menées aussi bien en francs congolais qu’en dollars.Toutefois, si vous retirez de l’argent dans un distributeur, sachez que vous n’aurez que des billets verts. C’est peut-être à ce moment-là qu’on vous parlera de « feuille ». Entendez un billet de 100 dollars. Autre partie de plaisir urbaine, la circulation à Kin, où les transports en commun ne sont pas une solution, mais un véritable casse-tête. La situation se complique quand s’en mêlent les « esprits de mort », ces fameux Minibus Mercedes 207 antédiluviens et déglingués, cause de nombre d’accidents. Mais les « faux têtes » (sic) n’en ont cure, ils continuent de resquiller malgré la vigilance des contrôleurs, qui, eux, à voir leurs « façades » (visages), finissent par « bâiller », c’est-à-dire par en avoir marre. En tout cas si, dans la pagaille, un lingalaphone vous parle d’un « danger » (parfois on entend « danzé »), pas de panique, il n’y a pas péril en la demeure. C’est une façon d’exprimer toute l’admiration qu’on a pour une femme, un homme que l’on trouve « grave » (superbe) ou pour un objet sortant de l’ordinaire, le top du top. Le « pétrole » désignant un produit rare et le « bord », un objet ou un bien quelconque… ou un sexe. Un « faux bord » étant une femme de petite vertu. Méfiez-vous aussi du « six-neuf ». C’est un détraqué. Quant au « trente-trois tours »… Évidemment, nostalgie oblige, vous pensez sans hésiter à nos bons vieux vinyles. Erreur ! C’est un antimoustique de couleur verte en forme de spirale (et made in China) dont on allume l’une des extrémités pour qu’il dégage une fumée censée chasser les terribles bestioles. Enfin, sachez que quand un Kinois, sciemment ou non, donne un faux rendez-vous, ses victimes ne font allusion à aucun lapin, mais n’apprécient pas, en revanche, qu’on leur ait mis un… « poteau ». Vous avez l’embarras du choix, le franlingala est plus vivant que jamais. ●
Si la colère monte, on peut « gazer » (engueuler) son interlocuteur ou simplement lui intimer de « gazer », c’est-à-dire de dégager. ou un prédicateur. C’est juste un homme considéré, à tort ou à raison, comme aisé. Et si, en franlingala, le mot « mystique » revient souvent dans les conversations, il ne se réfère pas aux mystères de la religion, de la sorcellerie, ni à une quelconque quête d’absolu. Il s’agit juste de qualifier quelque chose ou quelqu’un d’insaisissable, d’extraordinaire. Aucun mysticisme dans tout cela. Il n’est nullement question de vie après la mort non plus, ni même de simple trépas, lorsque le mot « bourreau » est employé en franlingala. Il ne s’agit pas de celui qui exécute la sentence. Encore moins de celui qui fait chavirer les cœurs. Mais d’une personne très grosse. L’« aventurier » cache lui aussi bien son jeu puisqu’il désigne celui qui raconte des histoires drôles et fait rire les autres. Le terme peut d’ailleurs être utilisé pour désigner un acteur comique. En revanche, le « farceur » est nettement moins amusant: ce n’est qu’un vulgaire menteur. Et un « esquiveur » (ou « skiveur ») ? C’est pire. Il est non seulement menteur, mais aussi peu fiable, pas du tout sérieux, et escroc par-dessus le marché. Bref, un sinistre personnage qui peut contrarier. Dans une discussion avec ce type d’énergumène, on peut donc être amené à manifester son mécontentement, voire à « varier », c’est-à-dire se mettre en colère. On peut aussi « gazer » son interlocuteur, autrement dit l’engueuler et, JEUNE AFRIQUE
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Économie
GHANA
Coface assure son avenir
! Chaque année, le WOMEN’S FORUM DE DEAUVILLE (France) entend donner une visibilité accrue aux femmes d’affaires du monde – et de l’Afrique.
femme
BUSINESS
Cherchez la
Malgré les beaux discours, les chiffres sont formels : les cercles de pouvoir des grands groupes restent largement hermétiques aux Africaines. Si bien qu’un nombre croissant d’entre elles ont décidé de prendre les choses en main. Enquête.
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JEUNE AFRIQUE
FORMATION
MDI Business School voit plus grand
DÉCIDEURS
TUNISIE
Louncény Nabé, gouverneur
Banques publiques : attention danger !
de la Banque centrale de Guinée
HABY NIAKATE
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«
lles viennent du Kenya, du Sénégal, d’Éthiopie, de Zambie ou encore d’Afrique du Sud… Il y en a une quantité ! Et ce phénomène n’existait pas il y a quinze ans. Elles montent en flèche aujourd’hui. » Jacqueline Franjou, vice-présidente du Women’s Forum, n’en revient pas : les femmes d’affaires africaines sont chaque année de plus en plus nombreuses à se presser au grand rendez-vous mondial des femmes de pouvoir, dont la huitième édition se tient du 10 au 12 octobre à Deauville (France). PDG, directrices générales, cadres dirigeantes… Loin des clichés de l’Africaine cantonnée au microcrédit et au commerce informel, certaines d’entre elles occupent désormais de très hauts postes au sein des grandes entreprises du continent. Les organisateurs du « Davos au féminin » songent d’ailleurs sérieusement à organiser une édition africaine du Women’s Forum, comme au Brésil en juin dernier… DOMINATION MASCULINE. Malheureusement,
Deauville n’est pas Dakar, Casablanca, Lagos ou Nairobi. Et les chiffres restent imperméables aux beaux discours: dans les conseils d’administration des vingt-cinq plus grandes capitalisations africaines (hors Afrique du Sud), seul un membre sur dix est une femme. Pis, « PLACARD » onze de ces groupes ne comptent OU CRÉNEAU? pas la moindre représentante féminine. « Lorsqu’on travaille à des niveaux de direction, y compris en Europe, il y a toujours une domides femmes travaillant dans le top nation masculine. Mais en management des grandes entreprises Afrique, cette dimension est et des banques africaines pilotent beaucoup plus importante », le marketing, la communication confirme Paul Mercier, direcou les ressources humaines teur général de Michael Page Africa, l’un des cabinets de recrutement internationaux les plus actifs sur le continent. Dans le secteur privé africain, une femme salariée sur vingt-six occupe un poste de direction, contre un homme sur cinq, selon des chiffres publiés par la Banque mondiale (« Enquête sur les entreprises 2010 »). Alioune Gueye, PDG du groupe marocain de conseil Afrique Challenge et fin connaisseur des MEIGNEUX/SIPA
65 %
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Entreprises marchés entreprises du continent, abonde dans le même sens : « À l’Africa Singapore Business Forum [les 29 et 30 août à Singapour, NDLR], sur environ 400 personnes, je pouvais compter les Africaines sur les doigts de la main ! » PLAFOND DE VERRE. Les difficultés que ren-
contrent les femmes du continent pour accéder aux postes de direction dans le milieu des affaires sont multiples. En plus des paramètres socioculturels souvent évoqués à raison (patriarcat des sociétés, préjugés sur le leadership féminin, regard de la société…), s’ajoutent des barrières plus directes et concrètes. Abdoulaye Binate, directeur des ressources humaines de l’agro-industriel Sifca, premier groupe privé de Côte d’Ivoire, constate : « Le concept de “plafond de verre” dans le haut de la pyramide organisationnelle des entreprises, bien connu dans le monde, s’applique également aux entreprises africaines. » Selon ce principe, il existerait au sein des entreprises un ensemble d’obstacles, plus ou moins visibles, qui conduiraient à écarter rapidement les femmes des positions de pouvoir. Au premier rang de ceux-ci : les modes de cooptation et de promotion. « Ce sont des mécanismes qui ne disent pas leurs noms mais que les hommes manient avec brio », déplore Alioune Gueye.
La Tu Tunisie est mieux lotie Selma Elloumi Rekik Membre du conseil d’administration GROUPE ELLOUMI (1,08 milliard d’euros de chiffre d’affaires)
DR
La faible représentation des femmes dans le milieu des affaires est aussi à chercher à la source, au niveau du nombre de candidatures et du vivier de talents féminins existant. « On note certes une augmentation des profils de femmes dirigeantes dans les CV reçus, mais les proportions restent inférieures à 10 %, les taux oscillant généralement entre 5 % et 8 % », observe Abdoulaye Binate. Le décalage est presque structurel et les dés comme pipés. La scolarité des filles étant un processus enclenché tardivement et plus difficilement que celui des hommes, les femmes sont aujourd’hui moins nombreuses à pouvoir prétendre à de hauts postes. L’accès à l’éducation et à une formation
Les mentalités évoluent Laurence do Rego
Administratrice exécutive Finances & Risques ECOBANK (923 millions d’euros de produit net bancaire)
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vec Evelyne Tall [directrice générale déléguée, NDLR], nous avons la chance de travailler dans un groupe qui met un point d’honneur à promouvoir la femme. À compétences égales, le traitement est le même pour les deux sexes : salaires, respect des autres collègues, exigences professionnelles. Le plus jeune directeur général du groupe est une femme. La pression, nous nous la mettons nous-mêmes pour montrer l’exemple à la jeune génération. En Afrique de manière générale, il reste certainement du chemin à parcourir, mais il est évident que les mentalités évoluent. Un nombre croissant de femmes occupent des postes de premier plan, aussi bien en politique que dans les entreprises. Certains chefs d’État et des grands patrons montrent l’exemple, et passent parfois par des textes pour obliger les institutions et les sociétés à donner plus de place aux femmes. Ce problème n’est pas spécifique à l’Afrique. En France, où j’ai travaillé entre 1981 et 2002, il était encore plus difficile pour une femme de s’imposer, et lorsqu’on y arrivait, c’était souvent pour un salaire inférieur à celui des hommes. Dans ce pays, une loi prévoit désormais que les conseils d’administration des grandes entreprises comptent 20 % de femmes en 2014 et 40 % en 2017. C’est dommage qu’on soit obligé d’utiliser la manière forte, mais l’essentiel est d’y arriver. » ● Propos recueillis par STÉPHANE BALLONG
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VINCENT FOURNIER/J.A.
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Entreprises marchés
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ommes ou femmes, nous sommes tous égaux devant le travail. À compétences égales, l’accès aux postes de management est plus difficile pour les femmes dans le privé que dans le public. Mais cette tendance est en train de s’infléchir : il est indéniable qu’aujourd’hui les femmes sont présentes à des postes clés dans tous les domaines. La Tunisie a été le premier pays arabe à avoir une femme présidente du patronat, et les femmes chefs d’entreprise y sont très actives. Nous sommes mieux loties que d’autres, mais il faut continuer à encourager les femmes à entreprendre. » ● Propos recueillis par FRIDA DAHMANI
MENTION AUX BANQUES. « Il n’y a pas de hasard,
souligne Paul Mercier, de Michael Page Africa. Lorsque vous obtenez un MBA à l’université de Columbia [New York], le fait que vous soyez une femme ou non ne changera pas grand-chose ! Vous serez embauchée par une grande banque, par exemple, et elle vous mettra le pied à l’étrier. » Le secteur financier africain, qui recrute ses talents les plus prometteurs dans les grandes écoles internationales, est d’ailleurs l’un des plus avancés sur le continent en termes de féminisation du management. Les banquières représentent ainsi 71 % des 456 femmes évoluant dans les cercles de direction des principales entreprises africaines. Chez Ecobank, deuxième banque d’Afrique de l’Ouest, 44 % des employés et 31 % des cadres sont des femmes. Sans doute inspirées par l’exemple de Maria Ramos, grande patronne sud-africaine à la tête d’Absa, deuxième banque du continent, ou par celui de Wendy Luhabe, qui lança dès les années 1990 un fonds d’investissement pour les businesswomen sud-africaines, un nombre croissant de femmes ont décidé de prendre les choses en main. Nicole Gakou, présidente de l’Union des femmes chefs d’entreprise du Sénégal et ellemême patronne d’une imprimerie et d’une maison d’édition, explique avoir mis en place ce réseau pour créer de « l’entraide ». « On ne se retrouvait JEUNE AFRIQUE
QUID DES QUOTAS ? La Banque africaine de
développement (BAD) multiplie aussi les projets, comme l’initiative Femmes africaines chefs d’entreprises. « Il y a un besoin immense pour les jeunes femmes d’être parrainées et aidées par les femmes qui ont réussi, pour qu’elles puissent marcher dans leurs pas et atteindre plus rapidement leurs objectifs », explique Lucy Kanu, une jeune Nigériane, directrice générale de l’ONG Idea Builders Initiative. La présence de femmes dans les élites du pouvoir politique est également vue comme un facteur positif. Mais en Afrique comme ailleurs dans le monde, la question des quotas divise. Pour beaucoup, ils permettraient d’imposer radicalement et rapidement une parité dans les entreprises. Pour d’autres, leur capacité à changer les mentalités est encore à prouver. Le débat est ouvert. ●
Une présence rentable Salwa Idrissi Akhannouch PDG GROUPE AKSAL (180 millions d’euros de chiffre d’affaires)
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universitaire reste donc un défi fondamental pour favoriser l’arrivée des femmes aux plus hautes responsabilités au sein des grandes entreprises. L’exemple des Africaines habituées des cercles de décision économiques suit d’ailleurs une logique imparable. Formées initialement sur le continent, elles ont toutes ou presque poursuivi leur formation à l’étranger, dans les plus prestigieuses universités américaines ou européennes (Harvard, université de Chigaco, London Business School…). Maïté Yog, présidente de l’African Business Club, une association parisienne qui regroupe diplômés et étudiants africains issus des grandes écoles françaises, note que « 37 % des adhérents sont des femmes ». Un chiffre encourageant pour l’avenir.
pas dans les préoccupations des hommes. Nous sommes pour la plupart des mères de famille, donc notre degré de contrainte est plus élevé », concède-t-elle. Graça Machel, épouse de Nelson Mandela, a également fondé, en 2009, New Faces New Voices, un réseau de professionnelles de la finance.
Ê
tre une femme ne m’a jamais paru un obstacle dans ma carrière. Le fait d’être la fondatrice d’un tel groupe projette une image positive qui peut créer un engouement. Cela m’a permis d’attirer et de recruter parmi les meilleurs profils féminins du Maroc et de mobiliser des compétences dans divers métiers de la mode. Chez Aksal – et ce n’est pas une volonté calculée –, nous avons autant d’hommes que de femmes, à tous les niveaux. C’est en très grande partie lié au secteur [mode et distribution, NDLR] dans lequel le groupe évolue, mais cela produit en tout cas des synergies extraordinaires. Ce n’est pas parce que la parité est formalisée politiquement qu’elle devient de fait réellement appliquée. C’est avant tout une question d’évolution des mentalités. Il a été démontré à maintes reprises que la présence de femmes à des postes de direction entraîne souvent une meilleure rentabilité de l’entreprise, et c’est bien pour cela que nous recrutons autant de femmes. » ● Propos recueillis par CHRISTOPHE LE BEC N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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Entreprises marchés GHANA
Coface assure son avenir
La compagnie d’assurances française ouvre un nouveau bureau à Accra. Elle confirme ainsi sa stratégie de développement en Afrique, devenue un important réservoir de croissance.
À
l’instar des groupes internationaux qui, confrontés au ralentissement des marchés occidentaux, vont chercher des relais de croissance en Afrique, le français Coface, l’un des leaders mondiaux de l’assurance crédit (voir infographie), renforce ses positions sur le continent. Déjà installée dans dix pays africains dont le Maroc, l’Algérie et le Gabon, cette filiale de Natixis (groupe BPCE) annoncera le 11 octobre à Casablanca l’ouverture d’un nouveau bureau à Accra. Exportateur d’or, de cacao et de pétrole, le Ghana, avec un PIB en hausse de 8,8 % en 2012, affichera l’une des plus fortes croissances du continent. Le groupe français entend tirer le plus grand profit de cette performance. Coface précisera à cette même occasion les principaux axes de sa stratégie de développement en Afrique. « Le marché de l’assurance
crédit est historiquement européen, les groupes de cette région sont habitués à l’utiliser, notamment lorsqu’ils exportent en Afrique. Mais les entreprises africaines aussi commencent à apprécier les services que leur offre l’assurance crédit : prévention, gestion et couverture des risques qu’elles prennent en commerçant avec d’autres entreprises africaines ou européennes », explique JeanChristophe Batlle, directeur adjoint de la zone Méditerranée-Afrique. Cet ancien directeur général de la filiale marocaine d’Euler Hermès, numéro un mondial de l’assurance crédit et principal concurrent de Coface en Afrique, a été débauché par la compagnie française pour piloter son développement dans cette région, devenue un important réservoir de croissance. Au premier semestre de cette année, le chiffre d’affaires de la plateforme Méditerranée-Afrique du groupe a ainsi progressé de
L’ASSURANCE CRÉDIT, COMMENT ÇA MARCHE ? 1
Le vendeur souscrit une assurance crédit (de 0,2 % à 0,5 % du chiffre d’affaires)
Le groupe entend tirer le plus grand profit de la croissance ghanéenne, de 8,8 % en 2012. du Sud) s’élèvent à quelque 6 milliards d’euros, les marchés africains sont sous-exploités malgré leur fort potentiel. CONVAINCRE. Dès lors, le groupe,
COFACE EN CHIFFRES (2011)
Chiffre d’affaires
1,55
milliard d’euros Créances garanties
2
Le vendeur réalise une vente à crédit auprès d’un acheteur
433
milliards d’euros Clients en assurance crédit
3 En cas de défaillance de l’acheteur L’assureur verse une indemnisation au vendeur…
35 000 Présence
66
pays à travers le monde … et engage une procédure de recouvrement auprès de l’acheteur
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10,3 % sur un an, à 106 millions d’euros, contre une hausse de seulement 5,8 % à l’échelle globale (808 millions d’euros). Parmi les principaux marchés du continent, l’Afrique du Sud enregistre une croissance de 12 % à 14 % par an, tandis que le Maroc s’envole de 30 % à 40 %… Reste que, pour l’heure, les montants en jeu sont faibles. Si, avec les flux d’exportation de la France, de l’Espagne, de la Chine, de la Turquie et de l’Italie, les engagements de Coface sur l’ensemble de la zone (hors Afrique
Collaborateurs
4 600
qui s’allie localement aux principales banques (BNP Paribas, Société générale, BGFI…) et aux assureurs (Cagex, Axa, Activa, Chanas…) pour vendre ses produits, affirme que le principal défi est « d’animer ces marchés et de sensibiliser leurs acteurs pour toucher le plus grand nombre d’entreprises », selon Jean-Christophe Batlle. Concrètement, il s’agit pour Coface de convaincre les sociétés africaines de sécuriser leur commerce (sur le plan régional et national) en consacrant chaque année entre 0,2 % et 0,5 % de leur chiffre d’affaires à une assurance crédit. Pour élargir sa base, le groupe mise aussi, avec ses partenaires banquiers, sur des solutions de financement permettant aux PME d’asseoir leur développement. « Nous avons mis en place, dans plusieurs pays dont le Maroc, des solutions qui permettent aux entreprises d’obtenir plus facilement, grâce à leur assurance crédit, des financements auprès des banques locales », explique le directeur adjoint. Ce type de partenariat, lancé en 2009, devrait s’étendre à l’ensemble des pays de la zone. ● STÉPHANE BALLONG JEUNE AFRIQUE
Entreprises marchés EN KIOSQUE | Hors-série « spécial finance »
La finance au rapport
Ì La 14e édition de notre hors-série est en vente à partir du 8 octobre Ì Au sommaire, un classement exclusif des 200 premières banques africaines
À de rares exceptions près, les banques africaines ont en effet relativement bien digéré l’instabilité politique qui a frappé la Tunisie, l’Égypte ou la Côte d’Ivoire l’année dernière. Ces crises, ainsi que la restructuration bancaire au Nigeria, ont toutefois rappelé à tous les acteurs une double exigence : une diversification progressive de leurs actifs (en termes de clientèles et de produits mais aussi de pays) et une gestion encore plus fine des risques. Car le plus grand péril qui pèse aujourd’hui sur les institutions financières du continent vient du côté des créances douteuses. Elles ont explosé, ces dernières années, en Tunisie ou au Nigeria. Plus généralement, dans les autres pays, ce phénomène, couplé à un niveau souvent assez faible de fonds propres, est inquiétant. L’enjeu est d’autant plus grand que les banques, soumises à la fois à la pression de la concurrence et à celle des États, s’engagent les unes après les autres dans d’ambitieuses stratégies de conquête : celle du grand public, notamment. La tendance est la même partout : sur des grands marchés plutôt matures comme le Maroc, où les trois grandes banques de la place ouvrent des centaines JEUNE AFRIQUE
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A
VEC LE MOIS D’OCTOBRE vient le hors-série annuel de Jeune Afrique consacré à la finance. Une nouvelle fois, la quatorzième édition, en kiosque à partir du 8 octobre, fait la part belle aux classements exclusifs développés par la cellule statistiques de votre hebdomadaire: les 200 premières banques africaines, les 100 premiers assureurs, les principales opérations boursières, de capital-investissement, de fusionacquisition… Pour tous, l’année 2011 aura été moins mauvaise que prévu.
Entre explosion de la concurrence et pression des États, le monde de la finance africaine repense sa stratégie et part à la conquête de nouveaux marchés. Notre bilan annuel.
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HORS-SÉRIE NO 31, 132 pages, 6 euros (3 000 F CFA dans la zone franc CFA).
d’agences chaque année, comme sur des marchés moins sophistiqués ou plus fermés tels que l’Algérie et la RD Congo. Du britannique Barclays, qui semble décidé à redonner de l’entrain à sa politique africaine, au capital-investisseur Abraaj en passant par la banque d’affaires Lazard, les acteurs internationaux de la finance semblent également décidés à imprimer leur marque en Afrique. Surtout, ils sont de plus en plus diversifiés en termes de nationalités et de métiers. Reste l’épineuse question des Bourses africaines : alors qu’on connaît l’importance des marchés financiers pour le développement économique – puisque c’est là l’un des principaux moyens pour les entreprises de lever des fonds –, le bilan reste déprimant. Les Bourses souffrent d’une liquidité généralement trop faible, l’activité en termes d’introduction ou d’augmentation de capital est toujours au plus bas… Un paradoxe, alors que l’intérêt des grands fonds d’investissement
mondiaux pour les nouvelles zones émergentes, notamment l’Afrique, n’a jamais été si grand. Attirer quelques grandes compagnies capables de capter l’attention étrangère, ouvrir les marchés aux PME ayant réellement besoin de fonds, drainer vers les marchés l’importante épargne qui existe en Afrique, doper le marketing… Les solutions sont relativement connues et pourtant les choses ne semblent guère avancer – notamment à la Bourse régionale des valeurs mobilières, à Abidjan. La profession du capital-investissement africain, de son côté, est face à un mur. Alors qu’elle a de manière générale su montrer sa capacité à financer les entreprises africaines de façon rentable depuis une décennie, elle reste très largement soutenue par les subsides des grandes agences financières de développement. Le hors-série « spécial finance » met cette étonnante association en débat. Pour les capitalinvestisseurs africains, l’un des principaux défis des années à venir est en effet là : attirer parmi les souscripteurs de leurs fonds des épargnants privés (fonds de pension, assureurs, particuliers fortunés), africains ou non. ● FRÉDÉRIC MAURY
À LIRE DANS CE HORS-SÉRIE CLASSEMENTS Banques, assurances, Bourses, capital-investissement, etc. DOSSIER BANQUES Au secours, l’État revient ! PORTRAITS Les 30 financiers qui ont marqué l’actualité STRATÉGIE Ce que préparent BEA, Rawbank, Barclays, Lazard, Abraaj… N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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Entreprises marchés FORMATION
MDI Business School voit plus grand Leader en Algérie, l’école de management va construire un établissement prévu pour 1 200 étudiants. Elle veut attirer des élèves de toute l’Afrique francophone.
P
our la première fois depuis sa création en 1996, MDI Business School accueille des étudiants étrangers. Trois Chinois, deux Tunisiens, un Camerounais et un Égyptien. « Parmi eux, nous avons une étudiante qui vient de Tunis pour suivre un MBA. Les autres travaillent tous en Algérie dans des filiales de groupes étrangers », précise Brahim Benabdeslem, directeur général et fondateur de l’école privée algérienne de management, qui voit dans cette évolution un début de conquête des marchés nordafricain et subsaharien. Leader en Algérie, MDI Business School ambitionne en effet de devenir une école de dimension régionale. « Nous avons le potentiel pour être une destination des étudiants des États voisins : Sénégal, Mali, Niger, Tchad, Mauritanie. Ces pays envoient des centaines d’étudiants en Tunisie et au Maroc », affirme Brahim Benabdeslem qui, avant de créer MDI, fut chargé de cours à l’École supérieure de commerce (ESC) d’Alger et consultant. INSERTION. L’établissement
cultive déjà une dimension internationale à travers son partenariat avec les universités françaises de Lille-I et Paris-Dauphine, l’IAE Paris (rattaché à l’université Panthéon-Sorbonne) et Grenoble École de management. Il propose deux types de formations. L’une est destinée aux manageurs et cadres d’entreprises qui veulent obtenir un MBA. Facturée 1 million de dinars (plus de 9 600 euros) par an pour chaque candidat, elle dure dix-huit mois. L’autre est réservée N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
aux étudiants ayant terminé un premier cycle à l’université et qui veulent obtenir un master pour 560 000 dinars par an. « Nous avons 120 étudiants en master et 63 en MBA, sélectionnés sur 247 postulants », détaille le directeur général. Dotée d’un centre de documentation de 12 000 ouvrages et d’un abonnement à Cyberlibris (la première bibliothèque digitale en Europe), MDI Business School mise sur la qualité de ses formations pour garder sa place de numéro un algérien et se développer hors de ses frontières. « 60 % de nos programmes sont assurés par des professeurs européens. Nos diplômés en master trouvent facilement du travail. En 2011, leur taux d’insertion était de 85 % », souligne Brahim Benabdeslem, qui veut constituer la première grande école privée de management du pays. « Nous venons d’obtenir l’accord du Conseil national de l’investissement pour construire une école à la ville nouvelle de Sidi Abdellah, près d’Alger, pour
! Deux types de formations sont proposés : MBA ET MASTER.
LEADERS AFRICAINS
Dans notre top 10 des écoles de commerce en Afrique francophone (J.A. no 2651-2652), les algériennes MDI Business School et Esaa occupaient respectivement le 2e et le 3e rang
7 millions d’euros, avec une capacité de 1200 étudiants », ajoute-t-il. Deux facteurs empêchent toutefois l’Algérie de devenir un grand pôle régional de formation en management. « D’abord, on ne fait pas de campagne de communication dans les pays voisins pour démarcher leurs entreprises afin qu’elles envoient leurs manageurs faire des formations chez nous. Ensuite, le manque de loisirs en Algérie rend notre pays peu attractif aux yeux des étudiants », explique Benabdeslem, qui cherche d’abord à satisfaire l’énorme demande locale, évaluée à 1 million d’heures de formation par an pour les cadres. « Le marché est estimé à 100 millions d’euros annuels », souligne-t-il. Depuis le début des années 1990 et l’instauration de l’économie de marché après trente ans de dirigisme, la demande a littéralement
UNE CONCURRENTE LOCALE CRÉÉE EN 2004 DANS LE CADRE d’un accord de coopération entre l’Algérie et la France, l’École supérieure algérienne des affaires (Esaa) a entamé ses programmes l’année suivante. « Nous assurons des formations en Executive MBA pour les dirigeants d’entreprise, MBA junior pour les cadres et
master pour des étudiants ayant terminé leur premier cycle universitaire. Aujourd’hui, nous avons 300 étudiants au total », explique Lilian Cadet, son directeur général. La tutelle de cette école basée aux Pins maritimes, à l’est d’Alger, a été confiée à la Chambre algérienne de commerce et d’industrie
(Caci). De son côté, la chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP) coordonne un consortium d’appui qui définit la pédagogie avec cinq écoles et universités françaises. « Soixantedix pour cent des programmes de l’Esaa sont assurés par des professeurs étrangers vacataires », ajoute Lilian Cadet. ● H.G. JEUNE AFRIQUE
Coulisses
Entreprises & marchés
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DR
FINANCE ISLAMIQUE LES PROMESSES DU PRINTEMPS ARABE
explosé. Les grandes entreprises publiques comme Sonatrach (hydrocarbures), Sonelgaz (électricité et gaz) ou BCR (boulonnerie, coutellerie, robinetterie et éviers) ont payé des formations en management à leurs cadres. Au début des années 2000, le privé a pris le relais – « aujourd’hui, il forme beaucoup plus que le public », note le directeur général. Une aubaine pour MDI Business School, quasi seule sur le marché jusqu’à l’arrivée en 2004 de l’École supérieure algérienne des affaires (Esaa), fruit d’un accord algéro-français (lire encadré p. 160). CROISSANCE. En dehors de la capitale, aucune grande ville du pays n’est dotée d’une école de management. « Parmi nos clients figurent aujourd’hui de grands groupes privés comme Cevital [agroalimentaire, distribution et industries légères, NDLR], ETRHB [travaux publics] et les filiales locales de groupes étrangers comme Lafarge, Orascom Telecom Algérie, Wataniya Telecom Algérie, Knauf, BNP Paribas et des laboratoires pharmaceutiques », ajoute Brahim Benabdeslem. De quoi nourrir la croissance de l’établissement, qui enregistre depuis sa création des taux de progression à deux chiffres, selon son directeur général : « Cette année, notre chiffre d’affaires atteindra 250 millions de dinars, contre 220 millions de dinars en 2011. » ● HAMID GUEMACHE, à Alger JEUNE AFRIQUE
Dans un rapport sur la banque islamique en Afrique du Nord, Standard & Poor’s (S&P) a souligné l’amélioration des perspectives de cette activité dans la foulée du Printemps arabe. Selon l’agence de notation, des facteurs économiques et un paysage sociopolitique favorables devraient accélérer sa croissance dans la région et soutenir son développement à travers le monde. L’agence juge néanmoins que la croissance de la banque « chariacompatible » sera graduelle et estime à deux ou trois ans le temps nécessaire avant qu’elle ne décolle vraiment. D’après S&P, le développement des activités de finance islamique en Égypte, au Maroc et en Tunisie pourrait aider à alléger la pression financière à laquelle ces pays font face et améliorer la bancarisation et l’intermédiation financière. L’Égypte compte treize institutions financières islamiques. En Tunisie, le secteur demeure embryonnaire. Et il n’a pas encore démarré au Maroc. ●
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JOCHEN TACK/ARABIANEYE-REA
Retrouvez toute l’actualité économique et financière du continent sur economie.jeuneafrique.com
• TUNISIE Le français Groupama vient de renouveler pour 2 ans son pacte d’actionnariat avec l’assureur Star • NAMIBIE Groot Group annonce la constitution de Hakahana Wire and Cable, la plus grande usine africaine de câbles, pour un investissement de 1 G$ • NIGER Niamey a annoncé un programme 2,5 G$ pour sécuriser et développer la zone désertique du nord du pays • MAROC BMCE Bank compte introduire sa filiale Bank of Africa à la
Bourse de Casa dans 2 ou 3 ans • CAMEROUN Yaoundé veut agrandir la flotte de Camair-Co avec 2 Boeing 787 Dreamliner à l’horizon 2015, pour 332 M€
MINES RIFIFI À ABIDJAN Les sociétés aurifères actives en Côte d’Ivoire s’affrontent avec le gouvernement au sujet de l’adoption d’une taxe sur les profits de 19 %. Selon AdamaToungara, ministre des Mines, si le taux est négociable, le principe ne l’est pas. L’État entend s’arroger une part des profits exceptionnels dus à un cours de l’once d’or particulièrement élevé. La Côte d’Ivoire devrait produire 14 tonnes d’or en 2012, soit le double de 2010. La production pourrait atteindre 25 t d’ici à 2015. ● AÉRIEN SAA DANS LE ROUGE Pretoria a accepté, le 2 octobre, d’apporter sa garantie pour permettre à la compagnie nationale South African Airways d’emprunter 465 millions d’euros sur les marchés.
Le transporteur, qui avait pourtant affiché de bons résultats en 2011 (74,2 millions d’euros de résultat net), est aujourd’hui dans le rouge. Les analystes s’attendent que la compagnie présente des pertes massives en 2012 en raison de la crise de gouvernance qui la secoue. ● INVESTISSEMENT LA SFI MISE TOUJOURS PLUS La Société financière internationale, bras armé de la Banque mondiale pour le secteur privé, compte investir en 2013 au moins 3,3 milliards d’euros au sud du Sahara, contre 3,1 milliards en 2012. Parmi les secteurs prioritaires : l’agrobusiness, l’énergie et les transports. Arrivé à Dakar le 1er octobre pour sa première visite sur le continent depuis sa nomination comme vice-président de la Banque mondiale, Jin-Yong Cai a rappelé que l’institution faisait du développement de l’Afrique sa priorité. ● N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Décideurs
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GUINÉE
Louncény Nabé, le monnayeur
Près de deux ans après son entrée en fonction, le gouverneur de la Banque centrale (BCRG) se dit satisfait. L’inflation a été domptée, la planche à billets remisée et le système bancaire assaini.
Profil • Né le 20 mars 1955 • Diplômé des universités de Conakry (1980) et d’Ostrava (1987, ex-Tchécoslovaquie) • Actif à la BCRG depuis 1989
DR
• Ministre des Mines d’août à décembre 2008
N
ommé gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG) après l’électionduprésidentAlphaCondé, en novembre 2010, Louncény Nabé savait que la tâche ne serait pas simple. L’institution monétaire a derrière elle une histoire chaotique. Sur les dix dernières années, le franc guinéen, séparé de la zone franc CFA depuis 1960, a connu une dépréciation vertigineuse. En 2002, 2 000 francs guinéens s’échangeaient pour 1 euro environ. Aujourd’hui, ils ne valent qu’à peine plus de 0,20 euro. En l’absence d’une gouvernance adéquate, l’inflation a atteint 39 % en 2006, vers la fin du régime de Lansana Conté. Puis 21 % en 2010, souslajunte.«Quandnoussommes arrivés, il fallait stopper l’hémorragie. L’État faisait fonctionner la planche à billets sans discernement », se souvient le gouverneur, qui a fait l’objet d’accusations de détournement et de menaces de la part de l’ex-chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, en 2009. Formé à l’Institut polytechnique deConakrypuisàl’Écolesupérieure des mines d’Ostrava (ex-Tchécoslovaquie), Louncény Nabé, 57 ans, est N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
un pur produit de la BCRG. Entré au sein de l’institution en 1989, il en a gravi tous les échelons après une spécialisation bancaire au centre d’études de l’Agence française de développement (AFD). Originaire deDabola,danslecentredupays,ce père de deux enfants a fait l’essentiel de sa carrière dans des fonctions d’audit. ROBINET FERMÉ. Éphémère
ministre des Mines d’août à décembre 2008 – jusqu’à la prise de pouvoir de la junte –, il revient à la BCRG en 2009. « Pendant la campagne présidentielle, je me suis prononcé en faveur d’Alpha Condé, mais on ne peut pas dire que je sois un militant très actif », tient à préciser celui qui est aussi proche du ministre de l’Économie, Kerfalla Yansané. Depuis son arrivée à la tête de l’institution, ce gouverneur jovial, qui dit apprécier le travail en équipe, ne chôme pas : « En dix-neuf mois, nous avons fermé le robinet des liquidités et assaini le système bancaire en portant le coefficient de réserves obligatoires de 9,5 % à 22 %. Nous avons mis en place un vrai marché interbancaire des changes qui a permis la stabilisation de la monnaie. Et l’inflation
a été maîtrisée [12 % en 2012, NDLR] », énumère-t-il, non sans fierté. Parmi les projets en cours, le retrait de la circulation des billets de 10 000 francs guinéens, de mauvaise qualité, imprimés en 2006 et 2010. De nouvelles coupures, mieux protégées contre les faussaires, ont été introduites cet été pour les remplacer. NOUVEAUX VENUS. Du coup,
les relations avec les banques se sont améliorées. En plus des trois premiers établissements du pays – Ecobank, Bicigui (groupe BNP Paribas) et SGBG (groupe Société générale) –, de nouveaux venus se sont installés. « En 2008, il y avait six banques, aujourd’hui elles sont quatorze », constate le gouverneur. Conscient de l’impact qu’auront nécessairement les investissements miniersmassifs(prèsde12milliards d’euros d’ici à 2016) sur le taux de change, Louncény Nabé s’entoure d’experts de la Banque mondiale et de Standard Bank pour rendre la BCRG plus réactive.
« Nous avons bousculé des habitudes dans l’administration. Mais les résultats sont là. » Après l’atteinte du point d’achèvement de l’Initiative en faveur des payspauvrestrèsendettés(PPTE),le 26 septembre, qui a permis au pays l’effacement de 1,6 milliard d’euros de dettes, le banquier central affiche sa satisfaction : « C’est vrai, nous avons bousculé des habitudes dans l’administration et parfois retardé les paiements publics. Mais au final, les résultats sont là, nous avons retrouvé la stabilité macroéconomique. Il reste encore énormément à faire, notamment pour appuyer le secteur agricole, mais nous sommes sur la bonne voie. » ● CHRISTOPHE LE BEC JEUNE AFRIQUE
Décideurs AÉRIEN
Fabrice Ebner
D IRECTEUR
COMMERCIAL ET MARKETING D ’A IGLE
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A ZUR
« Les diasporas restent notre priorité » davantage des deux derniers. Nous affichons un taux de remplissage de 85 % vers Tunis, une bonne performance. Entre Paris et Bamako, nous tournons à 60 %, seulement 10 points de pourcentage de moins qu’il y a un an.
Sous la houlette de l’ancien directeur d’Etihad Airways en Afrique australe puis en France, Aigle Azur poursuit son expansion des deux côtés de la Méditerranée.
sommes le deuxième groupe aérien français. En 2011-2012, 1,8 million de personnes ont voyagé sur nos lignes, soit 100 000 de plus que l’année précédente. L’exercice clos au 31 mars 2012 a généré un chiffre d’affaires de 320 millions d’euros, soit 33 millions de plus qu’en 2011. Nous opérons plus de 300 vols hebdomadaires desservant l’Algérie, la Tunisie, le Mali, le Portugal et, depuis juillet, la Russie. Ciblez-vous toujours les diasporas vivant en France ?
Elles restent notre priorité, mais nous développons en parallèle des offres pour les hommes d’affaires [notamment en Algérie, NDLR] et les touristes selon les destinations.
AIGLE AZUR
JEUNE AFRIQUE: Comment se porte la compagnie au sortir de l’été ? FABRICE EBNER : Bien ! Nous
Quelle organisation avez-vous mise en place pour résister ?
! IL A PRIS SES FONCTIONS EN JANVIER au sein de la compagnie, filiale française du groupe GoFast.
Notre positionnement marketing ne change pas, mais nous cherchons à toucher d’autres marchés, en Afrique de l’Ouest notamment. Nous sommes particulièrement intéressés par le Sénégal. Et nous réfléchissons à l’ouverture d’une ligne entre Paris et Tripoli. Avez-vous souffert du Printemps arabe et de la crise malienne ?
Le segment « affinitaire » [des diasporas] est moins affecté par les aléas politiques que ceux des touristes et des hommes d’affaires. Nousavonsdoncmoinssouffertque nos concurrents, qui dépendent
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C’est le nombre de
destinations africaines du
transporteur depuis la suspension de ses vols vers Kayes (Mali)
Nous avons fait preuve de flexibilité. Le ramadan estival a entraîné un pic d’activité en septembre, un moisdéjàchargédufaitdelarentrée scolaire. Pour faire face, nous avons augmenté les liaisons avec des vols supplémentaires, notamment vers l’Algérie, et la création de nouvelles lignes depuis Nice, Bordeaux et Strasbourg vers Alger. Au Mali, nous avons interrompu momentanément la ligne ParisKayes, lancée il y a un an. Cette décision n’est pas due qu’à la baisse de la fréquentation, mais surtout à l’impossibilité de se ravitailler en carburantsurplace:ilfallaitfaireune escalesupplémentaire–coûteuse–à Bamako, ce qui rendait la ligne peu rentable. En revanche, nous avons conservélaligneParis-Bamako,avec cinq vols hebdomadaires, et nous restons optimistes sur l’avenir. ● Propos recueillis par C.L.B.
PAUL-HARRY AITHNARD ECOBANK Jusqu’ici directeur de la recherche du groupe bancaire panafricain, il prend en charge, en plus de cette fonction, le département de gestion d’actifs et de courtage. JEUNE AFRIQUE
JACQUES PROST RENAULT L’actuel directeur de l’ingénierie mécanique du constructeur automobile deviendra le 1er novembre directeur général du groupe français au Maroc.
PIERRE LABBÉ SANOFI ALGÉRIE Nommé à la tête de la branche algérienne du laboratoire (à compter du 28 octobre), il était jusqu’à présent directeur général de Diamal, filiale automobile de CFAO dans le pays. N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
DR ; LUC PERENOM/RENAULT ; SANOFI
ON EN PARLE
Marchés financiers
! Un appel d’offres est en cours pour sélectionner des cabinets chargés D’AUDITER BNA, STB ET BH.
NICOLAS FAUQUÉ/WWW.IMAGESDETUNISIE.COM
164
TUNISIE
Banques publiques: attention danger! Résultats en chute libre, créances douteuses vertigineuses… Malgré la situation calamiteuse de ses établissements, l’État temporise.
E
ndépitdelamultiplication des alertes, le gouvernement tunisien ne semble pas encore avoir pris la mesure de l’urgence de restructurer les banques publiques. Il aura fallu attendre près de neuf mois pour que la Société tunisienne de banque (STB), la Banque nationale agricole (BNA) et la Banque de l’habitat (BH) présentent leurs résultats 2011. Celui de STB, la plus importante des trois, est particulièrement catastrophique. Sans une dotation de 117 millions de dinars (57,5 millions d’euros) votée in extremis par l’Assemblée nationale constituante, elle afficherait une perte de 106 millions de dinars. De leur côté, BNA et BH ont publié des résultats en baisse de 17,8 % et 37,6 % respectivement. Ces établissements accumulent en outre un stock inquiétant de créances douteuses. Si les résultats consolidés de STB pour 2011 n’ont pas encore été publiés, la banque N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
affichait déjà en 2010 1,9 milliard de dinars de créances classées dont seulement 50 % sont provisionnées, selon les analystes d’AlphaMena. La situation n’est pas plus reluisante chez ses consœurs. En 2011, BNA présentait ainsi 1 milliard de dinars de prêts compromis, provisionnés à 71 %, et BH 672 millions de dinars, provisionnés à 53 %. En moyenne, les créances douteuses des banques publiquesreprésentent20%dutotal de leurs crédits, un chiffre légèrement supérieur à la moyenne des établissements tunisiens (presque 16 %) et près de cinq fois plus important que pour le secteur bancaire marocain (voir le tableau).
Dans son dernier rapport « Banking Industry Country Risk Assessment » (Bicra), Standard & Poor’s dresse un portrait alarmant du secteur bancaire tunisien, attribuant au pays une notation du risque de 8 sur 10 (10 étant le plus risqué). Même si l’agence de notation reconnaît que l’État a montré son soutien au secteur, elle souligne que sa capacité financière ne serait pas suffisante pour faire face à une crise systémique. Dans une déclaration qui traduit la faiblesse de ses attentes, la Banque centrale de Tunisie (BCT) semble se satisfaire que le pays se trouve au même niveau de risque que le Liban ou le Nigeria. SINE DIE. Un temps envisagée, une
fusion de STB et BH a été reportée sine die. Selon Dhafer Saïdane, maître de conférences en économie à l’université française de Lille-III, c’est pourtant la seule solution: « Il conviendrait de consolider les trois banques publiques en un seul établissement à vocation universelle et de ne conserver que trois ou quatre banques privées. Sur ce point, la Tunisie peut prendre exemple sur ce qui s’est passé en Afrique subsaharienne, où les exigences de fonds propres ont été relevées de manière à consolider le secteur. En Tunisie, 21 banques se partagent un marché de 10 millions d’habitants et leur bilan cumulé pèse à peu près autant que celui d’Attijariwafa Bank », la première banque marocaine. Les plans de restructuration figuraient déjà dans le programme électoral de l’ancien président Ben Ali en 2009. Trois ans plus tard, le ministre des Finances par intérim, Slim Besbes, a indiqué qu’un appel d’offres était en cours pour sélectionner des cabinets d’audit pour les trois banques publiques et huit de leursfiliales« afindemettre en place
Un marché tunisien fragmenté et fragile (Chiffres à fin 2011) Pays
Nombre de banques
(en milliards d’euros)
Total de bilan
Taux de créances douteuses (en %)
Tunisie
21
32,5
16,1
Maroc
19
87,1
4,8 SOURCE : BANQUES CENTRALES, ALPHAMENA JEUNE AFRIQUE
Baromètre
Selon les observateurs, une faillite reste inenvisageable. Les banques pèsent plus de 40 % de la capitalisation boursière de la Place de Tunis et leur mauvaise santé met en danger l’ensemble de l’économie. Selon les observateurs, la faillite d’un établissement public est certes inenvisageable. « Cela n’est jamais arrivé et n’arrivera jamais », martèle un banquier. Mais face à l’ampleur de la tâche, la puissance publique paraît démunie. La BCT, dont les réserves de change sont au plus bas, a perdu un peu de son indépendance à la suite du limogeage de son ancien gouverneur,MustaphaKamelNabli, après un long feuilleton politique qui s’est terminé en juillet. Et avec des élections dans moins de un an, l’impopularité des mesures à prendre semble insurmontable pour le gouvernement. Mais plus il tarde, plus il risque d’être spectateur d’une catastrophe annoncée. ●
La distribution à l’abri des cycles VALEUR
OK Zimbabwe Ennakl Auto Hall Shoprite Artes Monoprix Auto Nejma Magasin général Label’Vie Fenie Brossette
BOURSE
COURS au 3 octobre (en euros)
ÉVOLUTION depuis le début de l'année (en %)
H ARARE
0,14
+ 40
T UNIS
6,49 6,32 1 607,22 4,57 14,06 156,86 77,59 130,13 18,43
+ 36,88 + 27,97 + 27,28 + 21,71 + 19,39 + 15,8 + 15,44 + 4,42 – 31,28
C ASABLANCA J OHANNESBURG T UNIS T UNIS C ASABLANCA T UNIS C ASABLANCA C ASABLANCA
PARADOXALEMENT, les valeurs de la distribution alimentaire et de la distribution spécialisée sont restées largement insensibles au ralentissement économique constaté en Afrique du Nord. Toutes ou presque ont enregistré de fortes performances en Bourse, portées notamment par l’amélioration de leurs résultats financiers dans un secteur où les perspectives de développement restent fortes.
Malgré un cru 2011 difficile sur le plan des revenus et de la rentabilité, Ennakl a même retrouvé des cours comparables à ceux qu’il connaissait avant la révolution tunisienne. Même cas de figure pour le géant panafricain Shoprite, qui a vu son chiffre d’affaires progresser de 14,4 % en 2011-2012 malgré les difficultés de son principal marché, l’Afrique du Sud. ●
Valeur en vue LABEL’VIE Des ventes en nette augmentation Label’Vie a fait état de réalisations financières globalement en nette amélioration, conformes à nos attentes mais inférieures aux prévisions du management annoncées dans la note d’information de l’émission obligataire de décembre 2011. Les ventes du groupe ont crû de 6,3 %, avec une progression en valeur sur périmètre constant de 5 % pour le segment supermarchés et hypermarchés et de 3 % pour les magasins Metro Cash & Carry (MCCM). À noter : l’augmentation de 42 % Maha des ventes en valeur pour le point de vente Metro Cash Karrakchou & Carry d’Aïn Sebaa à la suite de sa conversion en Analyste chez Carrefour Maxi en mars 2012. Deux nouveaux supermarCFG Group chés ont été ouverts. La marge brute s’est améliorée grâce aux synergies liées à l’acquisition de MCCM, qui confèrent au groupe un plus fort pouvoir de négociation auprès des fournisseurs. Pour l’ensemble de l’année 2012, nous maintenons inchangées nos prévisions: les ventes consolidées devraient croître de 21,2 % pour s’établir à 5,9 milliards de dirhams (529 millions d’euros). Le résultat net devrait progresser de 60 %, à 74 millions de dirhams. » ● BOURSE
CA 1er semestre 2012
COURS (3.10.2012)
OBJECTIF
Casablanca
241,3 millions d’euros (+ 5 %)
1 441 dirhams
1 606 dirhams
DR
une stratégie de réforme cohérente du système financier ». « Une perte de temps », juge le patron d’une grande banque privée: « Il faut des actions réelles pour sortir définitivement de l’ornière avant que la réputation des banques privées ne soit entachée à son tour ! » Au-delà d’une restructuration, c’est le modèle économique même des banques, basé sur la collecte de dépôts à taux très bas et l’octroi de crédits à taux élevés, qui doit être remis en question. « Les établissements ne proposent pas de produits innovants, leur activité de marché est marginale, et la partie corporate est traitée comme de la banque de détail », regrette Kais Kriaa, analyste chez AlphaMena. Un point agace tout particulièrement les hommes d’affaires tunisiens: « Les banquiers accordent encore des prêts sur des bases personnelles », lâche un patron qui regrette que ceux-ci n’aient pas encore « pris la mesure du changement qui s’est opéré dans la société ».
Marchés financiers
NICOLAS TEISSERENC JEUNE AFRIQUE
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Culture & médias
Mon cheveu, ma bataille
EXPOSITION
Une manifestation au musée du Quai Branly et un beau livre explorent les significations politiques, sociales, religieuses ou métaphysiques des modes capillaires dans le monde entier. Original.
! SÉRIE HAIR STYLE, NIGÉRIAN J.D.’OKHAI OJEIKERE, consacrée aux coiffures arborées par les Nigérianes au quotidien. DU
Culture médias NICOLAS MICHEL
F
risés ou défrisés, ordonnés ou en bataille, colorés ou naturels, raides ou rebelles, tantôt gominés, tantôt rasés ou tout bonnement absents, les cheveux se prêtent – avec plus ou moins de bonne volonté – à tous nos caprices. Choisir la raie au milieu, le chignon, la boule à zéro, les anglaises, la brosse, la permanente, les tresses ou l’accroche-cœur témoigne de notre état d’esprit, de notre humeur, de nos goûts, mais peut aussi revêtirbiendessignifications – politiques, sociales, religieuses, métaphysiques… Avec un certain courage, le musée du Quai Branly (Paris) s’est essayé à débroussailler le sujet et propose, jusqu’au 14 juillet 2013, une exposition intitulée « Cheveux chéris, frivolités et trophées », sorte de promenade esthétique dans la brousse capillaire.
ver… Le commissaire de l’exposition, Yves Le Fur, écrit d’ailleurs en préambule: « La multiplicité des mises en œuvre des cheveux et des coiffures crée un miroitement quasi infini d’agencements, autant que d’individus, qui pourtant se fige en conformités suivant des prescriptions d’ordre social, politique, religieux. Si le cheveu est une réalité naturelle et individuelle, les sociétés et les groupes à l’intérieur des sociétés en font en effet un vecteur de leurs représentations, différenciations et classifications. Ils en affichent la norme, voire sa contestation. » Dans un langage moins ampoulé, un peu plus loin : « Le crâne rasé peut dire le moine, le bonze ou le skinhead. » On pourrait ajouter : le militaire, le prisonnier, le jeune entrant dans l’âge adulte chez certaines populations… C’estdoncessentiellementpourleplaisirdesyeux que l’on déambulera dans la mezzanine du musée ou que l’on tournera les pages du beau catalogue édité pour l’occasion. Si beaucoup de sujets y sont effleurés – les rites initiatiques, la mode, la vieillesse, la maladie, la religion, etc. –, aucun n’est réellement approfondi. Les raccourcis sont parfois même extrêmement brutaux et dépourvus de sens, notamment quand le spectateur passe d’un film sur l’humiliante tonte des femmes pour collaboration en France, en 1944-1945,àunetrèsbellephotodel’écrivain William Burroughs saisi à la fin de sa vie par Annie Leibovitz… Mieux vaut en prendre son parti et se contenter d’apprécier l’inventivité des hommes en matière de kératine. De ce point de vue, il y en a pour tous les goûts ! Un peu à la manière d’un gigantesque cabinet de curiosités, le parcours proposé par le musée offre de belles et étranges découvertes promptes à enflammer l’imagination, entre Éros et Thanatos. JEUNE AFRIQUE
NEIL BARR
CURIOSITÉS. Le fil directeur ? Difficile de le trou-
! LES BOUFFANT BELLES, athlètes texanes réputées pour leurs performances et leur coiffure, qui permettait de « mieux courir en empêchant les cheveux battus par le vent de revenir sur le visage ».
Afro, une céléb célébration, lébration de Katell Pouliquen, La Martinière, 176 pages, 29 euros. Cheveux chéris, frivolités et trophées, musée du Quai Branly/ Actes Sud, 272 pages, 42 euros, catalogue de l’exposition présentée jusqu’au 14 juillet 2013.
Sortie du bronze grâce au sculpteur Charles Cordier (1827-1905), une femme noire coiffée de courtes dreadlocks, poitrine saillante, jette un regard hautain et troublant sur les visiteurs. Plus loin, une sublime métisse « tagalo-chinoise » photographiée aux Philippines à la fin du XIXe siècle jette au temps le défi de sa beauté. Sculptures du quotidien, les coiffures photographiées en noir et qu blanc par le Nigérian J.D.’Okhai Ojeikere donnent un aperçu de l’immense créativité humaine dans le domaine de l’apparat… Les plus fétichistes apprécieront les boucles blondes d’une certaine Emma, coupées avant d’entrer au couvent et achetées aux puces de Saint-Ouen par André Breton, ou encore une épingle à cheveux ayant appartenu à une victime du célèbre serial killer français Henri Désiré Landru. fr SCALPS. Bien entendu, les divers usages SCA du cheveu sont aussi présentés à travers des objets venus de tous les continents, tirés pour la plupart des collections du musée. Coiffe du Congo composée de cheveux, de terre, de pigments et de fibre végétale, coiffe de chef fang du Gabon décorée de boutons blancs, ornements de coiffure jivaro (Équateur) alliant mèches noires et plumes de toucan rouge et jaune, parure de jeune fille d’Ouzbékistan en tresses, soie et ● ● ● N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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GAUTIER DEBLONDE/MUSÉE DU QUAI BRANLY
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fils dorés, col de chemise indienne d’Amérique du Nord… vraisemblablement assorti de scalps d’ennemis tués au combat, tout comme ceux ornant cette tunique de chef sioux venue du Dakota (États-Unis). La mort n’est jamais loin, et les cheveux, réputés imputrescibles, se parent de pouvoirs magiques divers. Les scalps disent la valeur guerrière d’un homme, les ceintures en cheveux des Jivaros « sont utilisées comme talismans protecteurs », les fibres employées dans les parures, les statues, les bijoux, les masques peuvent relier les vivants aux ancêtres morts… Cette momie du Pérou, cette tête momifiée en Égypte et couverte d’or doivent en partie à leurs cheveux leur troublante présence – miroir déformant mais clairvoyant de ce qui nous attend. ●●●
FASCINATION AMBIGUË. De ce capharnaüm jouissif qui semble sorti des fantasmes d’un collectionneur obsessionnel, le travail du photographe Samuel Fosso (voir J.A. no 2478) émerge comme l’un des plus politiques. Dans sa série African Spirits (2008), l’artiste né au Cameroun se glisse dans la peau d’Africains célèbres, héros des indépendances ou du mouvement américain des droits civiques, comme Mohammed Ali, Martin Luther King, Malcolm X, Nelson Mandela, Haïlé Sélassié ou encore Angela Davis. Pour ce faire, il revêt bien sûr les costumes de ses personnages, mais adapte aussi sa coupe de cheveux – arborant ainsi une superbe tignasse « afro » pour devenir la célèbre militante. Cette dimension politique du cheveu africain, peu développée au musée du Quai Branly, est au cœur du livre de la journaliste française Katell Pouliquen intitulé Afro, une célébration. Richement illustré, proposant de constants allers-retours entre passé et présent, entre l’Afrique, le Nouveau Monde et le Vieux Continent, voguant N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
! SAMUEL FOSSO rend hommage aux héros des indépendances africaines ou du mouvement américain des droits civiques. (Au premier plan : sainte MarieMadeleine, dont les cheveux de séductrice vont se transformer, après sa conversion, en bure de pénitente.)
allègrement entre arts – musique, danse, arts plastiques – et revendications identitaires, le livre part d’une simple coiffure pour raconter l’histoire d’une émancipation – de la Harlem Renaissance au Black Power, de Martin Luther King à Michelle Obama, de Miles Davis à Oxmo Puccino. Et loin d’en rester là, l’auteur prolonge la réflexion pour montrer non seulement comment les cultures s’interpénètrent et se fécondent, mais aussi comment le marketing et la mode digèrent tous les mouvements rebelles pour les recracher, bien souvent, en une bouillie fade et inoffensive. Dessinant « les contours d’une vivifiante histoire collective », Afro, une célébration envisage aussi « les pièges de l’exotisme et des bonnes intentions, la fascination ambiguë pour le corps noir et ses représentations parfois équivoques ». Au bout de la visite, au bout de la lecture, un seul constat: ni l’exposition ni le livre n’épuisent le sujet. Gageons qu’ils auront une riche postérité. ●
DANS L’« HAIR » DU TEMPS EN 1949, LE NIGÉRIAN J.D.’OKHAI OJEIKERE a 19 ans. Sur les conseils d’un voisin, il achète un appareil Brownie D et se lance dans la photographie. Talentueux, il travaille pour la West Africa Publicity pendant plus de dix ans avant de créer son propre studio, Foto Ojeikere, en 1975. Mais dès 1968, il se lance dans un long processus: faire entrer toute la culture nigériane dans la petite boîte noire d’un Rolleiflex 6x6. Pour ce faire, il traverse le pays de long
en large, approfondissant des recherches qu’il organise par thèmes. Hair Style rassemble près de 1000 clichés de coiffures arborées par des femmes nigérianes au quotidien. Comme l’écrit André Magnin, qui le représente: « Son œuvre, aujourd’hui riche de milliers de clichés, constitue, par-delà le projet esthétique, un patrimoine unique à la fois anthropologique, ethnographique et N.M. documentaire. » ● JEUNE AFRIQUE
! ELLA GANGA (au premier plan) dans Où vers ?, de DeLaVallet Bidiefono.
Culture médias
ANTOINE TEMPÉ
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SPECTACLE
Une biennale au féminin
Le festival Danse, l’Afrique danse ! s’est tenu du 28 septembre au 7 octobre à Johannesburg. Une neuvième édition contrastée.
B
onne nouvelle ! Elles sont de retour! Contrairement à 2010, la biennaleDanse,l’Afriquedanse!, qui s’est tenue à Johannesburg du 28 septembre au 7 octobre, a fait la part belle aux femmes. Quasi absentes à Bamako en 2010, elles étaient davantage représentées cette année. « Nous avons été attentifs à cela, reconnaît Sophie Renaud, directrice du département Échanges et coopérations artistiques de l’Institut français (ex-CulturesFrance). Parmi les quelque 250 candidatures reçues, il y avait plus de propositions féminines que lors des précédentes éditions. Elles étaient aussi plus nombreuses à avoir intégré des compagnies. » HIÉRATIQUE. Le Congolais DeLaVallet Bidiefono, lui, a attribué le rôle principal à sa compatriote Ella Ganga, dans Où vers?, une création dynamique et inventive qui rend hommage au combat quotidien que lesAfricainesdoiventmenerpouraffronter une société machiste. « Le parcours d’Ella m’a inspiré, confie le chorégraphe originaire de Pointe-Noire. Son mari estimait que sa place n’était pas sur scène mais à la maison. Il lui a demandé de choisir entre lui et la danse. Elle a préféré la danse. » Charismatique, l’allure hiératique, cette N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
remarquable interprète porte la pièce sans pour autant effacer ses partenaires. Femmes brutalisées, corps rudoyés également chez Radhouane El Meddeb, qui, avec Ce que nous sommes, évoque la violence de la perte de son père, mais aussi celle de la société tunisienne. Cette pièce écrite en 2010 trouve un écho particulier deux ans plus tard. Les danseurs exécutent la brutalité des rapports hommes-femmes, et l’on ne peut s’empêcher de penser à cette Tunisienne violée par des policiers début septembre et accusée d’atteinte à la pudeur (lire p. 10). Autre violence, évoquée par la métisse sud-africaine Desiré Davids (Who Is This?… Beneath My Skin) : celle héritée de l’apartheid et qui met les gens dans des cases en fonction de la couleur de leur peau. Hélas, toutes les artistes femmes programmées n’étaient pas à la hauteur de l’événement et n’avaient pas la technique de la Sud-Africaine Teresia Mojela, l’une des deux danseuses de Wake Up, la pièce – prometteuse – en cours de création de Grégory Maqoma et Florent Mahoukou. SURPRISE. Pour son édition sud-africaine,
dont les 600 000 euros de budget ont été financés par l’Institut français, le Soweto Theatre, Total et le National Arts Council
of South Africa, la biennale itinérante a abandonné le concours qui a permis, au fil des années, de faire émerger de véritables talents comme Robyn Orlin, Salia Sanou et Seydou Boro, Nelisiwe Xaba et Kettly Noël ou encore Faustin Linyekula, devenus aujourd’hui des habitués des grandes scènes mondiales. « De plus en plus d’artistes estimaient que ce concours limitait la création », justifie Sophie Renaud. Cependant, le bilan de 2012 est plutôt mitigé avec, aux côtés d’œuvres qui tournent à l’international, comme celle de Radhouane El Meddeb, Le Cargo de Faustin Linyekula, Aaleef de Taoufiq Izeddiou, ou encore Kharbga, jeux de pouvoir de Hafiz Dhaou et Aïcha M’Barek, des pièces prétentieuses, voire narcissiques, d’autres inabouties. Mais, plus décevant, l’absence de public due en grande partie à une communication plutôt faible du côté sud-africain. « C’était ma crainte », avoue Sophie Renaud. « C’est un vrai problème, regretteunchorégraphed’Afriquecentrale. À Bamako et à Tunis en 2008, un effort important avait été fait pour que cela soit un événement populaire. La dynamique est cassée. » Quelques bonnes surprises tout de même. Avec Point 1, 2, 3 notamment, le Sud-Africain Lucky Kele a offert dix brèves minutes très denses. De secousses en tressautements, il évoque l’emprisonnement, le handicap, la mort. Intense. Bonne chance Lucky pour la suite ! ● SÉVERINE KODJO-GRANDVAUX, envoyée spéciale à Johannesburg JEUNE AFRIQUE
Culture médias HUMEUR Nicolas Michel
Les gens, l’art et l’argent
C
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ÉTAIT IL Y A QUELQUES SEMAINES, quand paraissait dans chaque numéro de Jeune Afrique une rubrique consacrée aux artistes africains contemporains intitulée « À l’œuvre ! » Alors que je pensais avoir rendu hommage au travail d’un plasticien internationalement reconnu, voilà que je reçois un coup de fil courroucé de ce dernier. Aurais-je écrit une bêtise ? Me serais-je trompé ? Aurais-je mal interprété sa démarche? Non, il ne s’agit pas de cela. L’homme s’emporte en réalité parce que j’ai mentionné la valeur de son œuvre, achetée par un grand musée pour une somme rondelette. Je me défends, bien sûr, le prix est une information, un fait avéré, et son importance confirme la reconnaissance du marché de l’art pour cet artiste du continent, à une époque où ils ne sont pas si nombreux à pouvoir se vanter d’atteindre une telle cote. Mais les arguments de l’homme en colère portent. En Afrique, dit-il en substance, ce n’est pas pareil. Dès qu’une somme est ainsi rendue publique, l’artiste doit non seulement affronter les services fiscaux de son pays, pour lesquels il y a anguille sous roche et matière à grappiller quelques deniers, mais aussi la marée des parents quémandeurs qui souhaitent toucher leur part… La rançon du succès peut se révéler coûteuse…
aussi des galeristes, des critiques d’art, des collectionneurs, des musées, des maisons de vente aux enchères. Dans notre monde capitaliste, à de rares exceptions près, le temps de l’art pour l’art est bel et bien révolu. Ignorer ou feindre d’ignorer la valeur d’une œuvre sur le marché, c’est donc oublier un élément d’appréciation essentiel. Cependant, comment ne pas comprendre les préoccupations de notre artiste énervé qui déclare que c’est fini, il ne parlera plus aux journalistes de Jeune Afrique ? Les services fiscaux comme les quémandeurs de tout poil ignorent sans doute que la valeur de marché d’une œuvre ne correspond jamais à l’argent qui tombe dans la poche du créateur. Il faut en effet en déduire les coûts de fabrication, d’assurance et de transport, la commission du
Le temps de l’art pour l’art est révolu. Ignorer la valeur d’une œuvre sur le marché, c’est oublier un élément d’appréciation essentiel.
galeriste par le biais duquel elle a été vendue… Tout en sachant qu’un plasticien met des années à se faire connaître, qu’il ne peut multiplier les créations sans prendre le risque de s’autodévaloriser et qu’il doit jouer des coudes pour que sa tête émerge du flot. Depuis que le marché (occidental) de l’art existe – c’estQue taire ? Que dire ? Le mensonge par omission n’étant à-dire depuis que les artistes produisent des œuvres pour pas une qualité en journalisme, je continuerai – dans la des collectionneurs, des amateurs, des musées –, c’est lui mesure du possible – de donner la valeur d’une œuvre sur qui fait ou défait des carrières. On peut le déplorer, mais à le marché. Mais si les uns et les autres, services fiscaux y l’exception de quelques cas très particuliers – comme celui compris, voulaient bien se documenter sur les us et coutumes de Vincent Van Gogh –, les artistes restés dans l’histoire de du marché de l’art et comprendre que les plasticiens apparl’art ont été reconnus de leur temps par le marché. Et tiennent à la catégorie des espèces à protéger, si, en France comme dans d’autres pays, il est de bon cela simplifierait les choses. Et perton de ne pas mélanger art et argent dans une dismettrait d’éviter, notamment, que cussion entre personnes bien élenombre d’entre eux se domicilient vées, cela n’empêche he Eur en Europe ou aux Étatspas que tout un Unis. La fuite des monde de marpinceaux est une Dysfunctiona l Family, chands, avec ses terrible perte pour The Vis itor, règles propres, le continent. ● eur, gravite autour des J’aime la coul plasticiens, peintres ! PENDANT HUIT euls, Les P SEMAINES, EN JUILLET 5,61 et autres photoET EN AOÛT, J.A. est graphes. Une œuvre re revenu sur les œuvres se met à exister parce ce majeures de l’art qu’il y a un créateur, eur, contemporain du bien entendu, mais continent. Culture médias
L’œuvre
dysfonctionnelle » caractérise une famille où l’individuation n’est pas possible, aucun membre ne pouvant 75
Voici quatre sculptures conçues à partir d’une représentation très occidentale de
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N o 2689
JEUNE AFRIQUE
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té propre en dehors d’elle. Il s’agit souvent de familles où majeure création s’exercent présente une des août, J.A. vous bien vivant majeure en juillet et en que l’art est violences physiques tion nt Chaque semaine, ain, afin de montrer ou une créa bien viva artiste contempor psychiques ente est réalisée par un s prés que l’art – comportements J.A. vou trer sur le continent. août, de mon ensuite reproduits t et en par in, afin en juille tempora les enfants, qui MICHEL aine les Par NICOLAS sem te con considèrent comme Chaque par un artis L’œuvre normaux. réalisée tinent. de beaucoup con Comme dans sur le Samba se tableaux, Chéri . Attitude lui-même te représen Le s’explique. quititre mais narcissique, certes, il accrochait ses q Autrefois, quand se de son atelier, il uv s à la porte uvre œuvre œuvres se un passant pour to ou it toujours ouva trouva trouvait noises et lui chercher des a aî reconnaî reconnaître de Du coup, il a décidé gom (et du gombo). nière d’un tant Né à Londres en 1962, Yinka Shonibare a vécu de 3 à 16 ans, avant à Lagos de Royaume-Uni. Seseule revenir terminer ses études au créations – souvent mais aussi des photosn des sculptures, et des vidéos – portent questions de (néo)colon sur les oin multiculturalisme… . ialisme, de race, de classe, de Elles institutions commeenne »,sont exposées dans de grandes le Museum of Modern York, la Tate de Art de New Londres et, pour Dysfunctional Family, re Walker Art Center uv il le de Minneapolis, en L’œ qui l’a acquise en 2000. Ce dernier Créée cette s de de refusant donner son prix, rappellera qu’en on 1993, de Chéri Samba 2011es ze r la chez Christie’s pour l’installation Hound s’est vendue de trei trée pou série à 194 500 dollars (environ posée a été mon d’initiation 141 300 euros de com res l’époque). Shonibare tre S) de ambassadeur de est actuellement sculptu fois au Cenérieur (CIE le la culture pour l’olympiade ière n sur sup de Londres 2012. L’artiste prem culturelle ement sensatio ion de Chéri de faire l’exposit l’enseign it dû Let titre naître de avan N’zingo , lors nt con Paris, apeur, Samba wa Mbimba à des Artsvéritableme a de la qui le On associe le décembre 1956 pont Il y fit peintre« lui-même wax à l’Afrique, Samba, né le 30 uple, des qui le l’un les C’est , mais iste. l’univers réalité il s’agit en sur est devenu l’art 1999 esl’univers, c’est de couleur Sow. être forgeron, il « La Sow de v son d’un tissu d’origine indonésien Avant liqu mes séri c’est trav:ail laevie. » Une peinture « populai s’est ledit ne produit dans peintureexp les par les Hollandais défenseur d’une sur mane qu’il s’ fait connaître.puispour c’est tail accroché enclae vie, la être exporté sur le peuple kinois viol Actuel, s’opposer à toute d’Ous le marché africain. Le dé c’est d’abord par ensuel français Les J’aime le« fait bas aussi, de manière, s les pages du mensuel de l’exposition que Nou s ls racisme. travail publié dans nt san e an, il quelque chose soit pidou, à Paris, lors par considéré Peude forme tableaux comme africain Georges-Pompidou, idé, ver man Les Sculptae une dizaine de en réalité alors que c’est uis cimaises du Centre » en 1989. Produisant a déc faire de la e, Ous le résultat de qu’il existe trois grandes mouton, terre liens culturels , de modèl rendu même œuvre. Il plutôt complexes Magiciens de la galais versions plus Depuis 50 ans ’est versions de la m .» simpl e une d’une dizaine de de Sow s’estaave iste séné oires, m) et plus peut réaliser plusieurscouleur (2 m x 3 m ce e avecc l’âge JEUNE ère, l’arttion à Mém ice la peuplad re Samba depuis 1991, célèbre » qu’il ChériAFRIQUE versions de J’aime pr isatr réac Le tit métier à part enti ière Magnin, qui représente ai mo « mat e lui-même e et réal ves. En 130 000 euros. petites. Selon André r e son es successi photograph réaliser Les ite i entre 120 000 et coct peu ptur aujourd’hu con ensu lous scul tableau vaut lique par séri enstahl, mencé par , Les Zou de qui et app ossature d 1988 1993. travaillede Leni Rief il a com er, To saïs en ethnie – en surr une le et de le livre d’Adolf Hitl Les Mas pail propre (r fer,, de géants ont, proche en 1987. PuisPeuls – sa l’ Je confirme que te.. Ses ar été e art, jute Noubas et enfin Les pteur la plup mon travail Che et scul film pour Fonderi en 1991 à la Fo érapeute sur un mes » provient de la moulés bertin kinésith à Dakar hom son bande dessinée de Cou ) afin de l’ancien urd’hui des grands pas mieux aujo « 1935, prenant c lés Pablo Picasso […]. Je ne trouve (France être cou Né en cte travaille série dite Merci, com i Charles de , mes une a réalisé Les pour faire passer ulée auss on Mandela pouvoir ze. L’inspiration autodidation et sur toujours voulu et intit père, mais , lles messages. J’ai Demoise King o, Nels en bron d’anima ma liberté. Rien propre Victor Hug tin Luther pour n en x garder intacte d’Avigno peu africains ? Chéri par les Kinois ste Gaulle, ed Ali, Mar s œuvres Je ne onnage ticu ler masques t de m’est dicté, ni ne la à s’inspiran ève ieur L’arti » emprunter plepas pour de perse peut s’ar Mohamm isé plus gêne me Gen Hugo, secou ni par les Européens.Fondation uillage is : pour cette Samba nele a réal s com admire Samba, le maq perm le rest ls, c’est occidental e ce qu’il etc. Il pte de ville (Victor e (in J’aime Chéri propos repris Peu tradition .le travail du qui m’adans nçon j’ai contemporain, Les l’art près com sann ros el puisé pour Besa le ) Cartier lequ boro il as à peu T 2012 fameuse, (1898-1972 migré), l’Enfant), Lau départ, au Magnin). mes pour œuvre 21 JUILLE moi Cornelis Escher (L’Im recueillis par André de hom 15 AU is Maurits huit e et • DU ligne Museum of of Union. on desNéerlanda N 2688 Bond ble, en l’idée du tableau L’Hommreur sur la ucti le , sem nis) 2010 (États-U de séd iser l’en et il a repris (Le Cou JO). 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Par NICOLAS MICHEL
En psychana lyse, l’expression « famille
• DU
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N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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172
Culture médias En vue
■ ■ ■ Décevant
■ ■ ■ Pourquoi pas
■ ■ ■ Réussi
■ ■ ■ Excellent
COMPILATION
La magie des Suds Le festival de référence des musiques du monde à Arles (sud de la France) regroupe les meilleurs moments de ses seize premières éditions.
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nlieupeut-ilexalter l’inspiration d’un musicien ? On ne peut en douter après avoir écouté l’Anthologie des moments précieux à Arles. Cette compilation recense vingt-cinq beaux moments du festival de référence des musiques du monde Les Suds dans un coffret CD/DVD habillé par Christian Lacroix. Ce coffret s’attarde sur un rendez-vous particulier du festival, le « moment précieux », situé dans la cour de l’Archevêché. Un lieu où la magie semble opérer sur le talent des artistes aidé par une acoustique exceptionnelle
ainsi qu’une lumière somptueuse qui baigne le lieu à l’heure de la programmation des concerts. Ces instants rares sont ainsi révélés à l’auditeur sur le CD regroupant des prestations d’artistes d’horizons divers… de Madagascar au Maroc en passant par l’Iran, l’Inde ou le Pays basque. Mais l’alchimie opère surtout avec le DVD dévoilant ces moments intimes où les musiciens semblent ne faire qu’un avec le lieu et les éléments extérieurs, nous donnant la possibilité de découvrir le pianiste cubain Omar Sosa répondre
aux oiseaux avec quelques notes ou bien d’entendre les cigales s’inviter sur la trova quasi mystique des Cubains de Claras Luces. Chaque morceau offre un moment d’espièglerie,
de grâce (Mayra Andrade, digne héritière de Cesaria Evora), de folie, voire d’absurdité. De quoi nous faire patienter avant de découvrir l’édition 2013. ● JÉRÔME BESNAULT
Anthologie des moments précieux des Suds à Arles, World Village/Harmonia Mundi
DOCUMENTAIRE
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ROMAN
Le Lion n’est pas mort LE LION, ICI, C’EST BOUKARY KABORÉ, l’une des figures de la révolution burkinabè et l’un des derniers fidèles de Thomas Sankara. Après l’assassinat du capitaine il y a vingt-cinq ans, « le Lion », en charge d’une brigade d’élite, avait mené la résistance avant de s’exiler. On le retrouve dans l’ouest du Burkina en cultivateur passionné, dans ce documentaire 100 % burkinabè. Il revient sur son combat et révèle qu’il est à l’origine de la nouvelle appellation donnée par Sankara au pays (anciennement Haute-Volta). Un reproche : l’absence de regard critique sur un personnage attachant mais controversé. ● RÉMI CARAYOL
Sur les traces du Lion, de DimancheYaméogo, 52 minutes. Production : Semfilms ■■■ N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Pour faire revivre Mme Messali Elle a cousu de ses mains dès 1929 le drapeau vert et blanc qui deviendra celui de l’Algérie enfin libérée du colonialisme. Elle a participé à la rédaction des grands discours du « père » du nationalisme algérien. Elle l’a soutenu et défendu ardemment quand il fut tant de fois incarcéré ou mis en résidence surveillée par les autorités françaises. Et elle est morte en 1953 dans la solitude à Alger, malade, à la veille du déclenchement de la guerre de libération, début novembre 1954. Elle, c’est Emma,
Émilie Busquant pour l’état civil, militante internationaliste originaire des milieux ouvriers de Lorraine, la « parfumeuse » du titre de l’ouvrage, qui doit ce surnom à son travail au rayon parfums des Nouvelles Galeries à Paris à l’époque où elle rencontra Messali Hadj. Pendant trente ans, elle sera sa compagne et sa
collaboratrice. Pour avoir « raté » le lancement de la lutte armée et s’être opposé au FLN, Messali sera ostracisé après 1962. La mère de ses enfants sera, elle, carrément effacée de l’Histoire. Aujourd’hui, l’ancien directeur du quotidien algérien Le Matin la fait revivre à travers un roman biographique qui réhabilite cette figure du combat nationaliste algérien. Et retrace par là même dans cette « fiction vraie » l’histoire des prémices de la révolution. ● RENAUD DE ROCHEBRUNE
La Parfumeuse, de Mohamed Benchicou, Riveneuve, 270 pages, 18 euros
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Culture médias MUSIQUE
Raggasonic de retour Après quinze ans d’absence entrecoupés d’embrouilles, le duo Raggasonic, responsable des plus grandes heures du ragga français, refait surface. Le flow demeure tranchant mais le verbe a mûri, l’énergie reste la même mais n’hésite pas à s’aventurer hors des dogmes, comme sur le – trop – court « Lukie D », le futuriste « Grime Style », l’hymne « Monkey Star » ou le reggae assoupli de « Dans la rue ». Un retour annoncé qui éclate entre les baffles avec une hargne intacte, en dépit de quelques titres dispensables. ● THOMAS BLONDEAU
Raggasonic 3, de Raggasonic, Kif Records/Believe, sortie le 15 octobre ■ ■ ■
JAZZ
Afrique cosmique TRENTECINQ ANS APRÈS leur dernier album, les Pyramids reviennent avec un opus de « free jazz cosmique ». Ce groupe originaire de l’Ohio est parti dans les années 1960 à la découverte de l’Afrique. Ils y ont puisé leur inspiration à travers des senteurs, des paysages, des sensations qu’ils ont mis en musique en s’appuyant sur des instruments typiques jamais entendus auparavant dans le jazz. Lequel se retrouve savamment mêlé de spiritual et de musique psychédélique. Un album non dénué d’intérêt mais difficile d’accès qui ravira essentiellement les amateurs avertis. ● J.B. Otherworldly, des Pyramids (Disko B), sortie le 10 octobre
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Lu et approuvé ALAIN MABANCKOU Écrivain franco-congolais
LE LIVRE DE MON PÈRE
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N POURRAIT PRENDRE un raccourci et présenter Jean Grégor comme le fils de Pierre Péan, le célèbre journaliste d’investigation dont les ouvrages soulèvent un tollé à chaque parution. Jean Grégor est avant tout un écrivain dont l’œuvre s’impose de plus en plus en France.Avec son dixième ouvrage, L’Ombre en soi, il signe l’un des livres les plus remarquables de cette rentrée littéraire française dont on regrettera longtemps l’absence dans les sélections des grands prix d’automne. Pendant son enfance, à Paris, Jean Grégor a vécu ces moments d’angoisse où le téléphone sonnait et qu’à l’autre bout du fil un anonyme proférait des menaces de mort contre son père, dont les livres dérangeaient certains : « Quand j’étais adolescent, il y eut un contrat sur la tête de mon père. Il avait écrit un livre qui s’intitulait Affaires africaines, dont l’action – si je puis dire – se déroulait au Gabon. » La famille vit donc dans une tension permanente. Des hommes cagoulés font irruption à la maison et emportent des documents « dans des sacs à céréales ». Une bombe explose devant le garage et impose la présence des gendarmes dans les parages pendant un mois. Le soir, lorsque le père tarde à regagner le domicile, l’angoisse plane dans la maison. Que lui est-il arrivé ? Pierre Péan est contraint de rouler à moto pour mieux semer ses ennemis. Un homme est engagé pour le liquider, mais ce contrat ne se
réalisera pas et Péan entretiendra même une amitié avec celui qui aurait été son tueur. C’est en 2008 qu’Yves Corvaisier meurt. Celui-ci était le « parrain » de Grégor, dont l’existence va être bouleversée par la disparition de cet être cher qui est à l’origine de sa vocation d’écrivain. Grégor veut écrire son « roman familial ». Au départ, Péan voit d’un mauvais œil ce projet, puis il lui donne indirectement le feu vert. Le quadragénaire se lance alors dans une longue enquête qui le mène jusqu’en Afrique. C’est sur ce continent que son père a fait ses premiers pas. C’est là-bas que ses parents se sont connus. Pour lui, c’est presque un retour aux sources. Mais c’est aussi en Afrique que s’est retiré l’homme qui devait tuer son père, un certain
L’un des ouvrages les plus remarquables de cette rentrée littéraire. Jean-Michel, qu’il veut rencontrer. Pourquoi n’avait-il pas honoré son contrat ? Jean Grégor remue son passé non pas en journaliste, mais en véritable romancier soucieux de donner à ses personnages une autonomie par rapport à l’écrivain. Ce qui nous donne ce livre éblouissant dont la fluidité de l’écriture et la maîtrise de la narration dépassent le cadre d’un simple inventaire d’une vie pleine de turbulences. ● L’Ombre en soi, de Jean Grégor, Fayard, 256 pages, 19 euros N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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ANNONCES CLASSÉES
Concernant cette rubrique, adressez-vous à Fabienne Lefebvre -Tél. : 01 44 30 18 76 - Fax : 01 44 30 18 77 - Email. : f.lefebvre@jeuneafrique.com DIFCOM Régie publicitaire centrale du Groupe Jeune Afrique - 57 bis, rue d’Auteuil 75016 Paris - France
AVIS DE RECRUTEMENT Sur Décision n°CM/UMOA/006/05/2012 du Conseil des Ministres de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA), la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), établissement public international constitué entre les huit (8) États membres de l'UMOA (Bénin, Burkina, Côte d'Ivoire, Guinée-Bissau, Mali, Niger, Sénégal et Togo) a été autorisée à créer une agence régionale d'appui à l'émission et à la gestion des titres de la dette publique par les Etats précités, dénommée « Agence UMOA-Titres ». Cette Agence, dont le Siège sera situé à Dakar (Sénégal), a vocation à apporter son concours aux Etats membres de l'Union en vue de mobiliser, sur les marchés de capitaux, les ressources nécessaires au financement de leurs politiques de développement économique, à des coûts maîtrisés. Elle apportera ainsi son assistance aux Trésors Nationaux pour le renforcement de leurs capacités, la détermination et la formulation de leurs besoins, la programmation et la coordination de leurs interventions sur les marchés de capitaux, la promotion des titres publics auprès des investisseurs nationaux, régionaux et internationaux, ainsi que la gestion opérationnelle des émissions. Par ailleurs, l'Agence offrira aux Trésors Nationaux un service de placement de leurs excédents de trésorerie, sur la base d'instructions expresses et en fonction des conditions du marché. Dans la perspective du démarrage imminent de ses activités, l'Agence UMOA-Titres recherche des ressources humaines expérimentées et hautement qualifiées en ingénierie financière, macroéconomie, statistique, économétrie et droit. Ces personnes, toutes ressortissantes des Etats membres de l'UMOA, devront également être dynamiques, intelligentes et engagées.
Recrutement
Les postes à pourvoir sont les suivants : ✓ Un (1) Directeur : sous l'autorité du Conseil d'Orientation de l'Agence UMOA-Titres, le titulaire du poste assurera la direction et gestion courante de l'Agence et sa représentation dans ses rapports avec les tiers. Qualifications requises : le titulaire du poste, âgé de cinquante (50) ans au maximum, devra justifier d'un diplôme de niveau BAC + 5 au minimum en finance, économie, audit ou droit d'une école supérieure de commerce, d'une école d'ingénieurs, d'une université ou d'une institution équivalente. Des qualifications en management et en administration d'entreprise seraient un atout. En outre, il devra avoir au moins douze (12) années d'expérience, dont cinq (5) ans dans des fonctions managériales. ✓ Un (1) expert en ingénierie financière : sous l'autorité de la Direction de l'Agence UMOA-Titres, le titulaire du poste assurera la définition de la stratégie de mobilisation des ressources, la définition des instruments de mobilisation des ressources et la conception des caractéristiques techniques des titres, ainsi que la formulation du programme régional d'émission de titres publics. Qualifications requises : le titulaire du poste, âgé de quarante (40) ans au maximum, devra justifier d'un diplôme de niveau BAC + 5 au minimum en finance d'une école supérieure de commerce, d'une école d'ingénieurs ou d'actuariat, ainsi que de solides compétences quantitatives (mathématiques, économétrie, calcul de probabilités, etc.). En outre, il devra avoir au moins sept (7) années d'expérience dans le domaine d'activité du poste, une expérience dans une Salle des marchés étant un atout. ✓ Un (1) expert macroéconomiste : sous l'autorité de la Direction de l'Agence UMOA-Titres, le titulaire du poste devra assurer l'analyse de l'environnement économique interne et externe de l'UMOA, ainsi que de l'évolution et des perspectives des marchés de capitaux régional et international, en vue de fournir les éléments de base nécessaires pour asseoir les stratégies d'émission. Qualifications requises : le titulaire du poste, âgé de quarante (40) ans au maximum, devra justifier d'un Doctorat en économie, DEA ou DESS en macroéconomie ou diplôme d'Ingénieur Statisticien Economiste (ISE). En outre, il devra avoir au moins sept (7) années d'expérience dans le domaine d'activité du poste, une expérience de deux (2) ans sur les marchés de capitaux étant un atout. ✓ Trois (3) Chargés des Opérations : sous l'autorité de la Direction de l'Agence UMOA-Titres, les titulaires des postes devront assurer la définition de la stratégie et des instruments de mobilisation des ressources, la conception des caractéristiques techniques des titres, la gestion opérationnelle des émissions, la formulation et la mise en œuvre du programme régional d'émission de titres publics, le suivi du règlement / livraison des titres et des événements sur les titres de la dette publique, l'appui aux Trésors nationaux pour le suivi des risques financiers et opérationnels liés aux opérations d'émission. Qualifications requises : les titulaires des postes, âgés de trente-cinq (35) ans au maximum, devront justifier d'un diplôme de niveau BAC + 5 au minimum en finance d'une école supérieure de commerce, d'une école d'ingénieurs ou d'actuariat, ainsi que d'une expérience professionnelle d'au moins cinq (5) années dans le domaine d'activité du poste, une expérience dans une Salle des marchés étant un atout.
N° 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
JEUNE AFRIQUE
Conditions générales de candidatures : pour tous les postes ci-dessus, les candidats devront avoir d'excellentes aptitudes à communiquer en anglais. Le détail des postes proposés peut être consulté sur le site internet de la BCEAO, à l'adresse suivante : www.bceao.int Modalités du recrutement : les candidats retenus seront engagés sur la base de contrats de travail à durée indéterminée, assortis d'une période d'essai d'un (1) an. Le présent avis de recrutement et le formulaire de candidature sont disponibles sur le site web de la BCEAO, à l'adresse susmentionnée. Les candidatures seront présentées exclusivement sous format électronique suivant le formulaire précité sur la période du 2 au 23 octobre 2012. Aucune candidature ne sera reçue après la date limite indiquée ci-dessus. L'enregistrement des candidatures devra impérativement être accompagné par la transmission, dans le délai susvisé, d'un dossier physique de candidature (support papier) comprenant notamment : • la lettre de motivation ; • le curriculum vitae ; • les copies certifiées conformes des diplômes requis ; • les certificats et/ou attestations de travail justifiant de l'expérience professionnelle alléguée. Ce dossier physique devra être transmis, sous pli confidentiel, à l'adresse suivante : Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest Avenue Abdoulaye FADIGA - BP 3108 DAKAR – (Sénégal) A l’attention du Directeur de la Gestion des Ressources Humaines Très important : 1 - Seules les candidatures enregistrées en ligne sur le site internet de la BCEAO (www.bceao.int) seront examinées. 2 - Seuls les candidats présélectionnés seront contactés. 3 - Aucune contrepartie financière n'est demandée pour l'enregistrement des candidatures. 4 - L'Agence UMOA-Titres se réserve le droit de ne donner aucune suite au présent avis de recrutement.
Société Équatoriale des Mines [SEM]
JEUNE AFRIQUE
N° 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Recrutement
La SEM est une société en forte croissance dans le secteur minier au Gabon. Elle disposera à terme d’un portefeuille de projets très diversifiés au Gabon et a l’étranger. Pour le développement de ses activités, la SEM recherche son Secrétaire Général. Ce poste, basé à Libreville, Gabon, est rattaché à la direction générale, et assure la responsabilité du pôle fonctionnel de la societé. Le candidat retenu sera chargé de la mise en oeuvre effective de toute l’organisation du pôle fonctionnel de la société récemment créée. Le/la Secrétaire Général[e] est membre du comité de direction et supervise les fonctions suivantes : - Finances, - Ressources humaines, - Systèmes d’information, - Services généraux. Les activités principales exercées sont : - Contrôle de gestion et gestion financière, - Conseil et assistance en matière financière : financement des projets d'investissement, etc., - Supervision de la gestion comptable, - Supervision de la gestion budgétaire, - Gestion administrative : achats, gestion des ressources humaines, - Gestion des systèmes d’information, - Participation aux décisions stratégiques. Profil : Issu[e] d'une formation de type Ecole de commerce, Bac +5 en gestion, finance, comptabilité, ressources humaines, sociologie, informatique ou diplôme équivalent ; doublée d'une expérience professionnelle et managériale réussie d'au moins 8 ans dans diverses fonctions au sein d'une entreprise ou toute autre organisation. La maîtrise de la langue anglaise à l'écrit et à l’oral est nécessaire. Rémunération : un package compétitif est offert. Si vous êtes un homme ou une femme dynamique, mature, qui a le sens du travail en équipe, dans un environnement multiculturel, vous aimez relever les défis, envoyez votre candidature [curriculum vitae plus lettre de motivation] à : contact@iadl-job.com Date limite de réception des dossiers de candidatures le 15 novembre 2012.
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Annonces classées APPEL À CANDIDATURES L’Office National de l’Eau Potable de Côte d’Ivoire (ONEP) recrute son DIRECTEUR GÉNÉRAL
Recrutement
Tâches principales • Elaborer la stratégie de développement de la Société selon les orientations définies par les organes de tutelle et mettre en place l’organisation correspondante ; • Elaborer et suivre les programmes et projets d’infrastructures hydrauliques ; • Participer en tant que Maître d’ouvrage délégué à la recherche de financements et à la mobilisation des ressources pour la mise en œuvre des projets et programme ; • Développer au sein de la société une politique de qualité et de transparence axée sur les résultats : mettre en place et assurer le fonctionnement régulier du système d’information et de reporting ; • Elaborer l’organigramme, recruter le personnel, animer, motiver, fédérer et développer les compétences de ses équipes ; • Animer les réunions du Comité de Direction. Diplômes et formations Etre titulaire d’un diplôme de niveau ingénieur bac + 5 minimum. Qualifications • Parfaite maitrise des concepts et méthodes de gestion des projets sur financement national et international ; Excellente maitrise de la conception, du financement, de la réalisation, de l’exploitation et de la maintenance d’infrastructures économiques ; • Excellente pratique des outils bureautiques et de communication. • Des qualifications complémentaires dans les domaines suivants seront appréciées : • Bonne pratique de l’anglais dans le domaine des projets d’infrastructures économiques ; • Méthodes de management des équipes ;
FORUM DE RECRUTEMENT
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2012 DES MANAGERS POUR L’AFRIQUE
• Gestion des programmes sociaux : techniques d’information, communication et sensibilisation ; • Gestion de la qualité et techniques d’évaluation ; Délégation de service publique et régulation ; Expérience requise • Justifier d’au moins quinze (15) ans d’expériences professionnelles dont 5 ans à des postes de Direction ; Prouver une expérience de gestion réussie dans la conduite de grands projets ; • Expérience confirmée de montage et de gestion de projets sur le cycle complet ; • Une expérience de conception et de conduite opérationnelle de chantier de travaux publics, de préférence dans le secteur de l’hydraulique serait un atout ; • Une expérience de maitrise d’ouvrage et/ou maitrise d’œuvre publique d’ouvrages d’hydrauliques humaines serait un atout. Profil recherché • Rigoureux, pragmatique, fiable, communicatif, polyvalent, disponible et autonome ; • Très bonnes capacités rédactionnelles ; • Excellent communicateur et ayant une aisance relationnelle, un sens du contact pour gérer les relations avec les différents partenaires publics et privés. Les candidats intéressés doivent envoyer un CV (avec indication du détail des tâches effectuées, du nombre de professionnels encadrés et les montants des budgets gérés), une lettre de motivation, une copie des diplômes universitaires obtenus, trois références professionnelles et les prétentions salariales à recrutementdeloitte@deloitte.fr au plus tard le 21 octobre 2012. Les candidats jugés éligibles seront invités à participer à une série d’entretiens.
Paris,
le 19 octobre aux Salons Hoche
Rendez-vous sur : www.africtalents.com
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Les offres de la semaine de Michael Page Africa Le spécialiste du recrutement sur l’Afrique Matériaux de Construction
Responsable Commercial(e) Côte d'Ivoire ! H/F ! 40 M CFA Réf. : QAEA 596162
Services aux entreprises
Directeur(trice) Général(e) Guinée ! H/F ! US$ 96K Réf. : QKFE 595551
Retrouvez les détails de ces postes et postulez en ligne sur www.michaelpageafrica.com
Séminaires Internationaux à Tunis et à Casablanca sur • Passation de Marchés, procédures Banque Mondiale et BAD (niveau de base et avancé) • Gestion de Projets • Gestion Comptable et financière • Suivi et Evaluation des Projets Contact : www.est-formations.com info@est-formations.com +222 4525 62 38 - +222 4643 2885 Fax : +222 4524 7174
Recrutement - Formation
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www.sai2000.org
RÉPUBLIQUE TUNISIENNE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE NATIONALE
COURS INTENSIFS D’ANGLAIS
AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL N° 12/DAT/2012
École Commerciale Privée fondée en 1955 THIS SCHOOL IS AUTHORIZED UNDER FEDERAL LAW TO ENROLL NONIMMIGRANT ALIEN STUDENTS
Comptabilité sur ordinateur Gestion de bureau sur ordinateur dBase Management® Microsoft Office Suite - Windows Traitement de texte Microsoft® Lotus Suite - (T1) Internet access • Membre accrédité du “ACICS” • Établissement reconnu par le Département d’Éducation de l’État de New York • Commence dès ce mois-ci • Cours offerts le matin, l’après-midi et le soir. Tél. (212) 840-7111 Fax (212) 719-5922 SKYPE : StudentClub SPANISH-AMERICAN INSTITUTE 215 W 43 St. (Times Square) Manhattan, NY 10036-3913
Appel d’offres - Formation
info@sai2000.org
La Division Achat et Transit de l’Armée de Mer se propose de lancer un appel d’offres international pour la fourniture et l’installation d’une grue portuaire à la Base Navale Principale de Bizerte. Les soumissionnaires intéressés peuvent retirer les dossiers de l’appel d’offres pendant les jours ouvrables (horaire administratif) à l’adresse suivante : Division Achat et Transit de l’Armée de Mer Base Navale de la Goulette 2060 – LA GOULETTE Le coût du dossier est fixé à la somme de 25,000 Dinars payable par mandat postal adressé au nom du Régisseur des Recettes du Ministère de la Défense Nationale CCP n° 616-82. Les offres doivent être adressées à l’adresse ci-dessus indiquée dans une enveloppe cachetée, recommandée ou remis directement au bureau d’ordre de la DAT et portant lisiblement en haut et à gauche « Ne pas ouvrir Appel d’Offres N° 12/DAT/2012 pour l’acquisition grue portuaire » au plus tard le 20 novembre 2012, le cachet du bureau d’ordre de la DAT faisant foi. RÉPUBLIQUE TUNISIENNE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE NATIONALE
DIRECTION GÉNÉRALE DES TRANSMISSIONS ET DE L’INFORMATION
AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL N° 10/2012/D.G.TRSM.I RELATIF À L’ACQUISITION D’ÉQUIPEMENTS RADIO VHF PORTATIFS La Direction Générale des Transmissions et de l’Informatique lance un appel d’offres international pour l’acquisition d’équipements radio VHF portatifs. Les soumissionnaires intéressés peuvent retirer le dossier d’appel d’offres à l’adresse suivante : MINISTÈRE DE LA DÉFENSE NATIONALE DIRECTION GÉNÉRALE DES TRANSMISSIONS ET DE L’INFORMATIQUE BASE MILITAIRE BAB-SAADOUN 1005 TUNIS Contre paiement de la somme de vingt cinq (25) dinars libellé au nom de monsieur le Régisseur des Recettes du Ministère de la Défense Nationale, par chèque ou par mandat (CCP N° 17001000000006168224). Les offres doivent parvenir sous plis fermés par la poste recommandé ou par rapide poste ou déposées directement au bureau d’ordre de la Direction Générale des Transmissions et de l’Informatique portant mention « à ne pas ouvrir Appel d’offres international N° 10/2012 acquisition d’équipements radio VHF portatifs » comportant seulement la caution de soumission, les pièces administratives, l’offre technique et l’offre financière et ce au plus tard le 16 novembre 2012 (Le cachet du bureau d’ordre de la Direction Générale des Transmissions et de l’Informatique faisant foi). N° 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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SODEXAM
SOCIÉTÉ D’EXPLOITATION ET DE DÉVELOPPEMENT AÉROPORTUAIRE AÉRONAUTIQUE ET MÉTÉOROLOGIQUE 15 BP 990 ABIDJAN 15 TRAVAUX DE MODERNISATION ET D’EXTENSION DE L’AÉROGARE FRET DE L’AÉROPORT INTERNATIONAL FHB D’ABIDJAN (N°T 508/2012) ARTICLE 1 - AUTORITÉ CONTRACTANTE Le présent appel d'offres est lancé par la Société d’Exploitation et de Développement Aéroportuaire Aéronautique et Météorologique (SODEXAM). ARTICLE 2 - OBJET Le présent appel d'offres a pour objet les travaux de modernisation et d’extension de l’aérogare de Fret de l’Aéroport International FHB d’Abidjan. ARTICLE 3 - NATURE DU PRIX DU MARCHÉ ET ALLOTISSEMENT Les marchés sont passés sur prix unitaires. Les travaux, objet du présent appel d’offres, sont constitués de deux (2) LOTS. ARTICLE 4 - FINANCEMENT Les marchés issus de cet appel d’offres seront financés par la Banque Islamique de développement (BID). ARTICLE 5 - CAUTIONNEMENT PROVISOIRE Les soumissionnaires devront joindre à leur offre, un cautionnement provisoire établi par une banque, un établissement financier ou un tiers agréé par le Ministère de L’Economie et des Finances d’un montant par lot fixé comme suit : Lot 1 : 260.000.000 FCFA Lot 2 : 60.000.000 FCFA ARTICLE 6 - CONDITIONS DE PARTICIPATION Peuvent participer à la concurrence, toutes personnes physiques ou morales établies ou non en Côte d’Ivoire pour autant qu’elles satisfassent aux conditions et règlements en vigueur ivoirienne.
ARTICLE 8 - REMISE DES PLIS Les offres seront déposées au plus tard le 27 Novembre 2012 à 10heures 00 minute à l’adresse ci-dessus indiqué à l’article 7 ou portées directement à la séance d’ouverture. Elles seront présentées sous double enveloppe fermée, et dans le strict respect des prescriptions du règlement particulier d'appel d'offres. ARTICLE 9 - OUVERTURE DES PLIS L'ouverture des plis sera effectuée par la Commission d'Ouverture des plis et de Jugement des Offres en séance publique le 27 novembre 2012 à 10 heures 30 minutes dans la salle de réunion de la Direction Générale de la SODEXAM sise à l’aéroport FHB. ARTICLE 10 - PUBLICATION DES RÉSULTATS Les résultats du présent appel d’offres seront publiés dans le Bulletins Officiel des Marchés Publics de la République de Côte d’Ivoire (Journal des marchés Publics) et affichés à l’adresse indiquée à l’article 7. ARTICLE 11 – DURÉE DE VALIDITÉ DES OFFRES Les soumissionnaires restent tenus par leurs offres pendant un délai de 180 jours à partir de la date limite fixée pour la réception des offres. ARTICLE 12 - DROITS D'ENREGISTREMENT Les marchés issus du présent appel d'offres seront soumis aux formalités de timbres et d'enregistrement aux frais du titulaire. ARTICLE 13 - LÉGISLATION RÉGISSANT LE MARCHÉ Le présent appel d'offres est soumis aux lois et règlements en vigueur en Côte d'Ivoire, notamment au Décret n° 2009-259 du 6 août 2009 portant Code des Marchés Publics.
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N° 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Appel d’offres
ARTICLE 7 - RETRAIT DU DOSSIER D’APPEL D’OFFRES Le dossier d’appel d’offres peut être consulté ou retiré à l’adresse suivante : SODEXAM - Direction Générale - Service Courrier 15 BP 990 Abidjan 15 - Tél 21 27 87 36 / 21 58 20 01 - Fax : 21 27 73 44 contre paiement en espèces d’une somme forfaitaire non remboursable de 300 000 francs CFA.
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Annonces classées RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO
MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE, SECONDAIRE ET PROFESSIONNEL
SECRÉTARIAT GÉNÉRAL DE L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE, SECONDAIRE ET PROFESSIONNEL LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL AVIS N° MINEPSP/SG/80/PME/01/2012
PROJET FINANCÉ PAR LE PARTENARIAT MONDIAL POUR L’ÉDUCATION (PME)
Passation de marchés
AVIS GÉNÉRAL DE PASSATION DES MARCHÉS La République Démocratique du Congo (RDC) a soumis une requête de Financement auprès du Partenariat Mondial pour l’Education (PME) pour un montant de 100 millions de dollars américains avec l’appui de l’Association Internationale de Développement (IDA), en vue de financer les activités du Plan Intérimaire pour l’Education (PIE) du Ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel (MEPSP) et se propose d’utiliser une partie de ces fonds pour régler des fournitures, travaux et services devant être acquis dans le cadre de ce projet. Le projet comprendra les composantes suivantes : - Composante 1 : Accroissement de l’Accès à l’Education Primaire ; - Composante 2 : Amélioration de la Qualité de l’Education ; - Composante 3 : Renforcernent Institutionnel et Gouvernance. Au cours de l’exécution du projet, les marchés de travaux et services de consultants ainsi que les acquisitions de biens par l’appel à la concurrence internationale prévus pour être financés sont les suivants : Marchés de Fournitures - Impression des manuels scolaires du niveau primaire (Mathématiques, Français, Sciences, Education civique et morale) et leur distribution aux écoles primaires dans les différentes Provinces Educationnelles (Proved) ; - Impression des guides des enseignants et leur distribution aux écoles primaires dans les différentes Provinces Educationnelles (Proved) ; - Achat des cartes SD pour duplication modules audio et AV ; - Acquisition des postes radio avec modem pour cartes SD ; - Acquisition des lecteurs vidéo type ipad avec panneaux solaires ; - Acquisition des motos et bicyclettes pour les bureaux gestionnaires. Marchés de Travaux - Réhabilitation et Reconstruction des infrastructures des écoles primaires dans 2 provinces ciblées de la République. Services de Consultant - Agences Locales d’Exécution (ALE) - assistance au Maître d’Ouvrage pour les travaux de réhabilitation des infrastructures des écoles primaires ; - Bureaux de contrôle et surveillance des travaux de réhabilitation des infrastructures des écoles primaires ; - Services de consultants pour l’élaboration d’une stratégie nationale de scolarisation des filles ; - Services de consultants spécialistes en élaboration des supports AV et formation des formateurs ; - Services de consultants en évaluation des apprentissages ; - Services de consultants en évaluation des manuels et matériel didactique et suivi des programmes scolaires ; - Services de consultants en organisation et méthodes, amélioration des Bases des Données et élaboration du manuel des procédures de mécanisation des enseignants pour le Service de Contrôle et de Paie (SECOPE) ; - Etudes et enquêtes de suivi auprès des Bénéficiaires ; - Services de consultants pour le renforcement des capacités des agents des ministères ; - Audits financiers et qualitatifs Les marchés seront passés conformément aux procédures spécifiées dans les Directives : Passation des marchés de fournitures, de travaux et de services (autres que les services de consultants) par les Emprunteurs de la Banque mondiale dans le cadre des prêts de la BIRD et des crédits et Dons de l’AID (édition Janvier 2011), et sont ouverts à tous les candidats qui remplissent les conditions stipulées dans les directives. Les consultants seront choisis conformément aux Directives : Sélection et emploi de consultants par les emprunteurs de la Banque mondiale dans le cadre des Prêts de la BIRD et des Crédits et Dons de l’AID (édition Janvier 2011). Les avis relatifs aux différents marchés qui doivent être passés conformément aux procédures d’appel à la concurrence internationale de la Banque mondiale seront publiés, dès leur communication, dans Development Business, dgMarket, Jeune Afrique et dans les journaux locaux. Les soumissionnaires potentiels satisfaisant aux critères de provenance et souhaitant figurer sur la liste des destinataires d'avis de présélection/d’appel d’offres dans le cadre des procédures d'appel à la concurrence internationale, ou ceux ayant besoin de renseignements complémentaires, devront s’adresser à l’adresse ci-dessous : Secrétariat Général du Ministère de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel Attn : M. LUFUNISABO BUNDOKI, Secrétaire Général Avenue Virunga, Commune de la Gombe, Kinshasa (à côté du Ministère des Affaires Etrangères) Tél. (243) 81 091 99 65, (243) 991 40 72 71 - Adresse électronique : sgepsp@yahoo.fr, celluleepsp@yahoo.fr République Démocratique du Congo N° 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
JEUNE AFRIQUE
Annonces classées MINISTÈRE DES POSTES ET TÉLÉCOMMUNICATIONS
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RÉPUBLIQUE TOGOLAISE Travail - Liberté - Patrie
AVIS D’APPEL À MANIFESTATIONS D’INTÉRÊT POUR LA SÉLECTION D’OPÉRATEURS DE RÉSEAU MOBILE VIRTUEL ÉTENDU « FULL MVNO » POUR LA FOURNITURE DE SERVICES DE COMMUNICATIONS ÉLECTRONIQUES MOBILES
N° 0379/MPT/CAB/12
1. Le gouvernement de la République Togolaise envisage d’octroyer des licences d’opérateur de réseau mobile virtuel étendu « full MVNO » à travers un processus d’appel à manifestations d’intérêt qui sera suivi d’un appel d’offres restreint. Le gouvernement, en lançant cet appel d’offres, entend renforcer la concurrence et assurer la diversification de l'offre des services de communications électroniques mobiles notamment par : • la promotion de l’innovation en termes de services et de structures tarifaires afin de mieux servir les besoins du marché ; • l’accroissement de la pénétration de l’Internet haut débit et des services y afférents ; • l’amélioration de la qualité de service. 2. Le gouvernement invite les investisseurs potentiels à soumettre leurs offres en vue de l’exploitation d’un réseau mobile virtuel au Togo. Les personnes intéressées sont tenues de produire des informations sur leur capacité et expérience démontrant leur intérêt pour le secteur des télécommunications, leur qualification à assurer l’exploitation d’un réseau mobile virtuel étendu « full MVNO » avec des références de prestations similaires, leur assise financière, etc.
Autorité de Réglementation des secteurs de postes et de télécommunications (ART&P) Secrétariat Central Tokoin Tamé, derrière SOS Village d’enfants, côté Est BP 358 Lomé-Togo Téléphone : (228) 22 23 63 80 - Télécopie : (228) 22 23 63 94 Courriel : artp@artp.tg / Site web : www.artp.tg 4. La date limite de dépôt des soumissions est fixée au 16 novembre 2012 à 15h30 GMT au plus tard. Les dossiers sont déposés à l’adresse suivante : Ministère des Postes et Télécommunications Avenue Abdoulaye FADIGA – 01 BP 3679 Lomé TELEPHONE +228 22 21 25 28 - TELECOPIE +228 22 20 44 25 E-mail : cabinet.ministre@postel.gouv.tg ou secretariat.part@postel.gouv.tg 5. Une séance publique d’ouverture des plis est prévue le même jour à 16h 00 mn, heure GMT au Ministère des Postes et Télécommunications. Le Ministre des Postes et Télécommunications JEUNE AFRIQUE
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Manifestation d’intérêt
3. Le dossier d’appel à manifestations d’intérêt rédigé en français, est disponible sur le site web http://mvno.artp.tg et peut aussi être consulté en version papier à l’adresse indiquée ci-après, tous les jours ouvrables à compter du lundi 1er octobre 2012 de 8h00 à 12h00 et de 15h00 à 17h30.
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THE INTERNATIONAL FINANCE CORPORATION REQUEST FOR EXPRESSION OF INTEREST FOR ARCHITECTURAL & ENGINEERING SERVICES FOR INTERNATIONAL FINANCE CORPORATION OFFICE IN DAKAR, SENEGAL REI NO. 13-0340
Manifestation d’intérêt - Divers
The International Finance Corporation (IFC), a member of the World Bank Group, requests Expression of Interest (REI) to pre-qualify firms for the receipt of a solicitation for providing Architectural & Engineering (A&E) Services for its proposed office in Dakar, Senegal. Scope A new office building is to be built to accommodate over 100 staff and provide surface parking for 100 vehicles. The approximate area requirement is about 4,100 square meters which will include open & closed offices, meeting rooms, video conferencing facility, lobby, kitchen, dining facility, guard houses, parking etc. The office will require security and safety systems, access control, electrical works, air conditioning systems, communication facilities, plumbing works etc. The building is to be designed as a showcase IFC’s commitment to climate change and sensitivity to cultural context. The quality of the building should be that of a class A office building. The project requires services for the shell and core as well as interior design and fit out. The retained A&E firm will have the required licenses for Dakar, Senegal, or be affiliated with a licensed local firm that has such licenses, and preferably have experience within the local context. Copy of REI 13-0340 may be obtained by sending an e-mail to the designated Contracts Officer, Rajiv Parankusam (e-mail: rparankusam@worldbank.org) with a copy to ahatleberg2@worldbank.org referencing the following information: Solicitation Number: REI 13-0340 Company Name: Contact Person Name and Title: Address: Telephone & Fax Number: Contact’s Email Address:
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AVIS À MANIFESTATION D’INTÉRET
EN VUE DU RECRUTEMENT D’UN CONSULTANT INDIVIDUEL CHARGÉ DE RÉALISER L’AUDIT ORGANISATIONNEL DU CENTRE DES FORMALITÉS ADMINISTRATIVES DES ENTREPRISES (CFE) Le Gouvernement de la République du Congo a obtenu, auprès de l’Association Internationale de Développement (IDA), un crédit de cofinancement dans le cadre du Projet d’Appui à la Diversification de l’Economie (PADE), qu’accompagne le groupe de la Banque mondiale. Dans le cadre de l’exécution dudit projet, le Centre des Formalités Administratives des Entreprises (CFE), structure phare du dispositif d’appui à la création et au développement des entreprises sera réformé et bénéficiera en outre d’une assistance afin que soient améliorées son image et sa visibilité. C’est dans ce sens que pour améliorer le service du guichet unique du CFE, l’Unité de Coordination du PADE voudrait recruter un expert en audit organisationnel qui sera chargé de réaliser un audit des procédures de création d’entreprise au guichet unique du CFE afin d’améliorer la qualité du service client et réduire les coûts, le nombre de procédures et par conséquent les délais. I- Rôles et Responsabilités Les services du consultant consisteront à : • Recenser des lignes d’activité ou processus de tâches en partant des missions principales et des fonctions du CFE par rapport à sa mission et ses objectifs de Guichet Unique pour la création des entreprises. Il y a lieu de s’assurer, lors de l’enquête, que les données collectées sont complètes et dépouillées de toutes particularités occasionnelles, et que les facteurs externes influençant l’atteinte des objectifs sont inventoriés (concordance avec les descriptions d’emploi, les comportements du personnel, l’existence de capacités spécialisées, l’absence de ligne d’activité nécessaire à la réalisation de l’objectif, la surcharge du poste, ligne d’activité disponible et non pourvue ou assignée, …) ; • faire l’analyse détaillée des liens entre les processus et la détermination de leurs effets sur la qualité des services offerts par le CFE, doit être établie par rapport à ses objectifs ; le recours à la méthode SWOT (Points forts, Points faibles, Opportunités, Risques) pourrait aider à identifier les problèmes, proposer des solutions adéquates, et établir des indicateurs permettant de renseigner sur les progrès réalisés par rapport aux résultats attendus ; • Elaborer une matrice d’actions appropriées susceptible d’éliminer les dysfonctionnements, de contribuer à réduire le nombre de procédures, le niveau des coûts, et augmenter la productivité du personnel du CFE ainsi que la qualité des services offerts aux entreprises ; • Faire une synergie étroite avec le consultant qui sera recruté par la Banque Africaine de Développement (BAD) qui sera chargé de l’élaboration du schéma directeur informatique du CFE et de ses cinq (5) antennes départementales ainsi que des administrations partenaires en vue d’informatiser les procédures du CFE sur la base du rapport d’audit organisationnel et des recommandations proposées par le consultant. II – PROFIL (Qualifications académiques et professionnelles) : • Etre détenteur d’un diplôme de troisième cycle (Bac + 5) en audit organisationnel/stratégique, orgaN° 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
nisation/gestion ; • Avoir une expérience professionnelle avérée d’au moins dix (10) ans en audit, management des organisations et en communication ; • Avoir une bonne connaissance des critères de classement de Doing Business du Groupe de la Banque Mondiale et de la problématique de l’entrepreneuriat au Congo, voire en Afrique subsaharienne ; • Avoir coordonné et réalisé des études similaires dans le secteur public et dans le domaine du genre ; • Avoir une excellente connaissance des institutions publiques et de leur fonctionnement ; • Avoir une bonne connaissance des techniques d’analyse SWOT (Points forts, Points faibles, Opportunités, Risques) ; • Avoir une parfaite connaissance de la langue française ; • Avoir une bonne maîtrise de l’outil informatique ; • Avoir une aptitude à communiquer de manière claire et concise ; • Avoir une excellente capacité de coordination. III - DUREE DU MANDAT La durée du mandat est de deux mois. Le travail de l’expert sera considéré achevé après la validation de son rapport général et la réalisation d’un plan de mise en œuvre des recommandations qui renseignera l’élaboration et la mise en œuvre d’un schéma directeur informatique. La cellule de passation des marchés du PADE invite les candidats à manifester leur intérêt et à fournir les services décrits ci-dessus ainsi que les informations indiquant leur motivation ainsi que leur qualification pour exécuter les services (lettre de motivation, CV, copies des diplômes, certificats de travail ou tout autre document justifiant la formation, références concernant l’exécution de contrats analogues etc.) En outre ils doivent disposer d’une excellente aptitude à communiquer oralement et par écrit en langue française. L’expert sera sélectionné en accord avec les procédures définies au chapitre V des Directives de la Banque Mondiale « Sélection et Emploi des consultants par les emprunteurs de la Banque Mondiale de Mai 2004, version révisée en Octobre 2006 et Mai 2010 Les experts intéressés peuvent obtenir des informations complémentaires à l’adresse ci-dessous, les jours ouvrables de 08h à 15h. Les manifestations d’intérêt (CV+ lettre de motivation+ diplôme et attestation justifiant la qualification pour le poste) portant la mention « Avis n° » doivent être déposées sous pli fermé à l’adresse ci-dessous au plus tard le 25 octobre 2012, au siège du projet sis, Rue Locko n°05 et 06 (dans le secteur de Blanche Gomez), Brazzaville/République du Congo, Tél : 05 522 23 66/05 568 87 06/04 405 33 05, E mail : pade.pacadec@yahoo.fr JEUNE AFRIQUE
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JEUNE AFRIQUE
N° 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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Vous & nous
Le courrier des lecteurs Envoyez-nous vos réactions, vos réflexions, vos coups de gueule ou de cœur à redaction@jeuneafrique.com ou au 57 bis, rue d’Auteuil, 75016 Paris.
Caricatures Autodérision Lecteur de JEUNE AFRIQUE depuisdesannées–peutêtre aussi parce que vous ne souffrez d’aucune concurrence –, je reviens sur l’éditorial de François Soudan paru dans le no 2698. Je laisserai de côté CÔTE D’IVOIRE 2002-2012 : DIX ANS, DIX ÉNIGMES jeuneafrique.com
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HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 52e année • N° 2698 • du 23 au 29 septembre 2012
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! J.A. NO 2698, du 23 au 29 septembre.
le film, dont l’islamophobie fait l’unanimité, pour parler plus particulièrement des dessins de Charlie Hebdo. Et je me demande, d’un, si vous jugez la majorité des musulmans incapables d’autodérision, et de deux, si par cet éditorial vous ne cherchez pas à vous désolidariser de vos confrères pour mieux vendre, au risque de tomber vous-même dans le travers que vous dénoncez. La ligne de conduite de Charlie Hebdo est connue et on ne peut pas leur reprocher de la tenir. Ceux qui jettent de l’huile sur le feu sont ceux qui récupèrent une publication réservée aux lecteurs de Charlie Hebdo au profit de leurs propres intérêts, quels qu’ils soient. ● PHILIPPE CAMPANA, France
Sport Quelle place dans J.A.? DEPUIS PLUSIEURS ANNÉES, à Bangui ou maintenant en Guyane, je me débrouille toujours pour me procurer J.A. L’actualité politique occupe bien naturellement une place centrale, avec des pages consacrées à l’économie et à la culture. Mais quid du sport? Il y a pourtant de belles compétitions, des disciplines en plein développement, des initiatives à soutenir, et aussi de belles histoires… Traiter du sport en Afrique, ce serait aussi aborder des sujets connexes majeurs: le fonctionnement des clubs, le sport au féminin, l’éducation, etc. Et s’il faut appâter le lecteur, l’argent (Tout-Puissant Mazembe), le dopage (coureurs de fond) et les drames font recette. Que diriez-vous de deux pages, l’une consacrée aux résultats et à l’agenda, l’autre à un article de fond sur un événement, un athlète ou un club. Ce qui n’exclut pas, de temps à autre, des dossiers plus fouillés. ● DIMITRI MALLET, Saint-Laurent-du-Maroni, Guyane
Réponse : La vocation d’un hebdomadaire n’est pas de donner à lire les résultats sportifs. En revanche, sur tout le reste, notamment les « belles histoires » et les enquêtes de fond, entièrement d’accord avec vous. Nous y veillerons. ● LA RÉDACTION N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
Réponse : On pourrait effectivement discuter de la pertinence de l’autodérision en matière de religion si Charlie Hebdo était un journal dont les propriétaires et les caricaturistes étaient euxmêmes… musulmans. Pour le reste, si comme vous le pensez la majorité des musulmans est en mesure d’accepter ces caricatures, reconnaissez alors que J.A. n’a pas cherché à leur plaire et encore moins à « vendre » ! ● F.S. Édito 1 Haro sur les extrémismes Paru dans votre édition no 2699 sous le titre « Mauvaise foi », l’éditorial de Marwane Ben Yahmed m’a ému par son côté… « désemparé ». Désemparé face à la perception occidentale du monde musulman. Nos points de vue se rejoignent largement, le mien étant celui d’un athée qui n’a aucune sympathie pour les extrémismes religieux, chevillés aux trois religions monothéistes. Aucune sympathie non plus pour le rôle invraisemblable de la religion dans le système américain ! La prétendue liberté absolue des religions « reconnues » aux États-Unis n’est-elle pas la porte ouverte à tous les sectarismes? On met sur le même plan la possible élection d’un mormon et le symbole que fut celle d’Obama… On croit rêver. L’extrémisme juif est tout aussi inquiétant, bien qu’il faille le distinguer du sionisme, plus dangereux. Quant à l’extrémisme musulman, il est à mettre sur le même plan, mais sa visibilité et les moyens
que lui procurent les pays du Golfe et l’Arabie saoudite effraient justement. Comment ignorer que les prisonniers de ces idéologies (qui n’ont pas de fondement religieux), une fois au pouvoir, supprimeront toute liberté de penser, dont celle de ne pas croire ? L’Inquisition l’a fait, nous n’en voulons plus ! ● PATRICE CHEVY, Garches, France
Édito 2 La foi dans la laïcité Ancien catholique converti à la laïcité, je ne peux que souscrire au dernier éditorial de Marwane Ben Yahmed, qui pointe entre autres l’inertie des musulmans face à la stigmatisation de l’islam par l’Occident. Quand j’ouvre mes vieux livres d’histoire, je vois le sang rouge de 30 000 protestants sacrifiés par les catholiques se répandre sur notre terre. Ce sont les massacres de la Saint-Barthélemy, qui, à partir du 24 août 1572, se propagèrent de Paris à toute la France. Quand je lis mon journal aujourd’hui, je vois le sang rouge couler des bras amputés des « impies » dans les pays où règne la charia, comme dans le Nord-Mali passé sous le contrôle d’Ansar Eddine depuis quelques mois. Alors je me dis que le dieu des hommes doit être aveugle, sourd ou même sénile pour laisser faire de telles cruautés. Aussi, tout en respectant les croyances de mes amis pratiquants, je me réjouis d’avoir trouvé la foi dans la laïcité. Et je souhaite que, dans tous les pays du monde, « laïques » et « modérés » reprennent courage et davantage de pouvoir, pour plus de justice et pour la fin de toutes ces « pratiques religieuses » d’un autre âge. ● JEAN-LUC HERPIN, Mignaloux-Beauvoir, France JEUNE AFRIQUE
Vous nous TUNISIE ADIEU LIBERTÉS ?
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PLUS HEBDOMADAIRE BDOMAD ADAIRE AD RE INTERNATIONAL INT NTER ERNA ER NATIONAL INDÉPENDANT • 52e année • No 2697 • du 16 au 22 septembre 2012 NA de Jeune
Afrique
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ND I
tour sur sc ène
Congo-Brazzaville Honte aux délateurs ÀBrazzaville,certains journaux croient décrocher la lune en s’alliant aux pourfendeurs des autorités en place. À coups d’articles qui dissimulent mal leur jalousie, ils accablent aussi bien le président de la République que sa famille et ses collaborateurs. En septembre dernier – formation du premier gouvernement postlégislatives 2012 oblige –, manipulations et intrigues ont redoublé d’intensité. Plutôt que de se dissimuler derrière de « petits journalistes » eux-mêmes planqués derrière des pseudonymes, les politiciens congolais devraient avoir le courage de leurs positions et assumer leurs idées en les affichant ouvertement sur la place publique, comme l’exigerait la morale. ● NICOLE SARR, Paris, France
! ANDRÉ LEWIN.
Guinée À mes amis guinéens Je n’étais malheureusement pas en état de célébrer au milieu de mes amis guinéens, ni à Paris ni à Conakry, la date historique du 28 septembre 1958, qui a mis fin de manière spectacul a i re à d e s d é c e n n i e s coloniales. Ce que je souhaite, plus d’un demi-siècle après cette éclatante manifestation de JEUNE AFRIQUE
GUINÉE LE MIRAGE ÉLECTORAL
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SAMUEL ETO’O RÉPOND
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MONDE ARABE LA REVANCHE D’AL-QAÏDA
Foot, fric et frasques Quand les rois du bling-bling perdent la tête.
L’attaquant camerounais réagit après la publication de notre article « Foot, fric et frasques », paru dans J.A. n° 2697, du 16 au 22 septembre.
Votre article me dépeint comme un bad boy devenu « l’ami » des présidents, qui « veut paraître sérieux » et « s’achète une nouvelle image » de « businessman multimillionnaire » avec « un goût immodéré pour la fête et la frime », à la tête d’une entreprise qui ne serait pas si ! J.A. N 2697, du 16 au « bien gérée » ; un « enfant gâté du continent » dont la vie 22 septembre. tranche avec celle « d’autres sportifs de haut niveau qui se couchent tôt, boivent peu ou pas d’alcool et se ménagent en dehors des stades ». Force est de constater que de nombreuses informations me concernant sont avancées sans prudence ni distanciation. L’auteur conviendra avec moi qu’un parcours sportif comme le mien ne peut être que le résultat de beaucoup de travail, de détermination et d’une hygiène de vie stricte. Ceux qui me connaissent savent que je suis à l’opposé de ces étiquettes que l’auteur me colle. Quant à mon train de vie et mes goûts, ils relèvent de ma vie privée. Je sais d’où je viens et j’assume parfaitement mes origines modestes qui sont ma fierté. Je suis d’autant plus fier qu’un magazine comme Forbes Afrique, dont le sérieux ne peut-être contesté, ait choisi de mettre un tel itinéraire en avant. Je regrette toutefois le sarcasme dont a fait preuve votre journaliste en parlant du lancement de ce magazine car l’accès à l’élite n’est pas réservé qu’à certains. J’ose donc espérer que mon exemple, et celui des autres footballeurs talentueux cités dans cet article, permettront de briser le déterminisme dans lequel semble enfermé son auteur. Le contenu de cet article porte gravement atteinte à ma réputation et à mon image, mais aussi et surtout à la fondation qui porte mon nom et vient en aide à des enfants dans de nombreux pays d’Afrique. ● SAMUEL ETO’O ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE
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O
volonté, c’est que toutes les Guinéennes et tous les Guinéens s’attachent main dans la main à la mise en valeur de l’exceptionnel potentiel économique, culturel et humain de leur pays, et que, sans oublier le passé – qu’il faut expliquer (y compris les responsabilités de la France, ce que j’ai tenté de faire pendant les années où j’ai servi en Guinée) sans pour autant le justifier –, toutes les générations, toutes les ethnies, toutes les religions, toutes les cultures, toutes les régions unissent leurs efforts et leurs capacités en mettant de côté leurs ambitions, pour légitimes qu’elles leur paraissent, et travaillent ensemble de manière équilibrée et démocratique pour s’assurer à eux-mêmes et
surtout à leurs enfants l’avenir qu’ils méritent. ● ANDRÉ LEWIN, ancien ambassadeur de France en Guinée
sommes les témoins d’une mutation de la politique belge au Congo… À vous de juger, mais la RD Congo a besoin de tous pour construire la paix. ● DJEFF MUNGONDJI,
RD Congo Hypocrite plaidoyer ? Devantl’assembléegénérale des Nations unies, fin septembre, le Premier ministre belge Elio Di Rupo s’est livré à un véritable plaidoyer pour le retour de la paix dans l’est de la RD Congo. Il a exhorté les voisins de Kinshasa au respect des frontières définies par la conférence de Berlin en 1885. Avant d’inviter le chef de l’État congolais à mieux s’organiser pour affronter les agressions extérieures. De deux choses l’une : soit nous avons assisté à une belle démonstration d’hypocrisie belge, soit nous
Gbadolite, RD Congo
Rectificatif Dans « Le Plus » de Jeune Afrique consacré au Burundi (J.A. no 2697, du 16 au 22 septembre), une erreur s’est glissée, page 74, dans l’orthographe du surnom, en Kirundi, du président Pierre Nkurunziza. C’est « Umuhuza », le médiateur, le réconciliateur, plutôt que « Muhuzu », comme il est écrit. Toutes nos excuses. LA RÉDACTION N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
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HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL POLITIQUE, ÉCONOMIE, CULTURE
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Post-scriptum Tshitenge Lubabu M.K.
Fondé à Tunis le 17 oct. 1960 par Béchir Ben Yahmed (52e année) Édité par SIFIJA Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 PARIS Tél. : 01 44 30 19 60 ; Télécopieurs : rédaction : 01 45 20 09 69 ; ventes : 01 45 20 09 67 ; Courriel : redaction@jeuneafrique.com DIRECTION
Dérives citoyennes
I
L RÈGNE UNE AFFLUENCE INHABITUELLE au ministère où j’ai rendez-vous. La salle d’attente est pleine comme un œuf. Dehors, quelques petits groupes attendent. Je préfère rester à l’écart, me disant que mon ami le ministre – un ami de très longue date –, qui m’a invité à déjeuner, doit avoir quelques soucis avec les agents de son département. Je flaire un problème de salaires non payés depuis de longs mois, une promesse non tenue. Mais il n’y a aucune agitation. Curieux. À intervalles réguliers, des hommes et des femmes entrent dans le bâtiment où se trouve le bureau du ministre. Le temps passe. Je finis par m’annoncer. La secrétaire est étonnée : « Le ministre vous attend depuis longtemps. Venez », dit-elle. « Mais je vais le déranger… » « Non, non ! Venez ! » J’accepte. Me voici dans l’antichambre, elle aussi bondée. Le ministre arrive, me sourit franchement et me fait entrer dans son bureau. Quelques personnes s’y trouvent déjà. Mon ami m’explique que c’est la journée « portes ouvertes ». Il reste debout et continue à discuter avec ses hôtes. Ce que j’entends est édifiant. Chaque visiteur a un problème à soumettre. De jeunes diplômés au chômage demandent une recommandation du ministre auprès de l’un de ses collègues pour être embauchés dans une entreprise dépendant de son département. L’ami leur explique que, de toutes les façons, cela ne sert à rien parce que l’entreprise en question est en difficulté. Ils insistent. D’autres sont venus déposer leur CV pour que le ministre leur trouve du travail. Ce dernier répond que c’est inutile, étant donné que l’État ne recrute pas, et leur propose d’attendre le moment où des investisseurs viendraient créer des entreprises. Ils insistent. Une mère plaide la cause de son fils. Les échanges s’éternisent. À chacun le ministre glisse dans la main un billet de banque plié en quatre. Pour le transport.
J’ai assisté, bien malgré moi, dans un pays d’Afrique centrale, à cette rencontre entre un ministre et le peuple. Et cela me pousse à me poser beaucoup de questions. Partout où je suis passé sur le continent africain, j’ai toujours entendu le peuple critiquer sévèrement les dirigeants, les traitant de tous les noms : voleurs, fornicateurs invétérés, menteurs, corrompus, tribalistes et j’en passe. Mais là, j’assiste à une réunion où le peuple demande à un membre du gouvernement d’intercéder auprès de ses pairs pour obtenir une faveur. Si celui-ci avait été soudoyé, cela aurait un nom: trafic d’influence. Dans ce cas précis, il s’agit de clientélisme. Ou de népotisme. Ou encore de favoritisme. Comment ceux qui ont la dent dure, la critique féroce, peuvent-ils réclamer pour eux-mêmes ce qu’ils ont toujours reproché aux hommes politiques ? On me dira que la vie est difficile, que les gens n’arrivent pas à s’en sortir. Très bien. Mais cela suffit-il pour justifier ce recours à des pratiques qui maintiennent nos pays dans l’arbitraire, l’injustice, l’exclusion ? Des méthodes qui condamnent nos États à être des entités sans foi ni loi ? C’est ce que le peuple veut ? Enfin, le rôle d’un ministre est-il de trouver du travail aux sans-emploi, aux sans-espoir, aux sans-rien ? J’aimerais bien qu’on m’explique pourquoi le peuple marche sur ses principes. ●
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Président : Danielle Ben Yahmed ; directeur général : Amir Ben Yahmed ; direction centrale : Christine Duclos ; direction du développement : Florian Serfaty ; secrétariat : Chantal Bouillet ; gestion et recouvrement : Pascaline Brémond ; service technique et administratif : Chrystel Carrière, Mohamed Diaf RÉGIES : Direction de la publicité : Laure Nitkowski, avec Catherine Weliachew, Virginie Vatin, Zehia Yahiaoui (directrice de clientèle), assistées de Patricia Malhaire ; annonces classées : Fabienne Lefebvre, assistée de Sylvie Largillière COMMUNICATION ET RELATIONS EXTÉRIEURES : Direction : Danielle Ben Yahmed ; directrice adjointe : Myriam Karbal ; chargées de mission : Nisrine Batata, Zine Ben Yahmed, Fatoumata Tandjan REPRÉSENTATIONS EXTÉRIEURES MAROC SIFIJA, NABILA BERRADA. Centre commercial Paranfa, Aïn Diab, Casablanca. Tél. : (212) (5) 22 39 04 54 Fax : (212) (5) 22 39 07 16. TUNISIE SAPCOM, Mourad LARBI. 15-17, rue du 18-Janvier-1952, 1001 Tunis. Tél. : (216) 71 331 244 ; Fax : (216) 71 353 522. SOCIÉTÉ INTERNATIONALE DE FINANCEMENT ET D’INVESTISSEMENT S.C.A. au capital de 15 millions d’euros Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 PARIS | RCS PARIS B 784 683 484 TVA : FR47 784 683 484 000 25
Gérant commandité: Béchir Ben Yahmed; vice-présidents: Aldo de Silva, Danielle Ben Yahmed, François Soudan, Amir Ben Yahmed Directeur général adjoint: Jean-Baptiste Aubriot; secrétariat: Dominique Rouillon; contrôle de gestion: Sandrine Razafindrazaka; finances, comptabilité: Monique Éverard et Fatiha Maloum-Abtouche; juridique, administration et ressources humaines: Sylvie Vogel, avec Karine Deniau (services généraux) et Delphine Eyraud (ressources humaines); Club des actionnaires: Dominique Rouillon IMPRIMEUR SIEP - FRANCE. COMMISSION PARITAIRE: 1016C80822. DÉPÔT LÉGAL: À PARUTION. ISSN 1950-1285.
Ce numéro s’accompagne d’un encart abonnement sur une partie de la diffusion. N o 2700 • DU 7 AU 13 OCTOBRE 2012
JEUNE AFRIQUE
RÉPUBLIQUE GABONAISE Union - Travail - Justice
CONSEIL D’ADMINISTRATION DU FONDS ROUTIER AVIS D’APPEL À MANIFESTATION D’INTÉRÊT Date de lancement : 01 octobre 2012 Avis d’appel d’offres N° : 0l/PCA-FR/DG/2012. Nom du projet : audit technique et financier des travaux financés par le Fonds Routier à travers son guichet entretien (exercices 2009-2010 et 2011) 1. Le Conseil d’Administration du Fonds Routier envisage de recruter des consultants ayant une bonne expérience dans des missions similaires en vue de réaliser les audits technique et financier des travaux financés par le Fonds Routier (Guichet Entretien) pendant la période 2009-2011. Ces audits se feront conjointement. Le marché sera attribué en un lot unique. 2. Le présent appel à manifestation d’intérêt vise à arrêter une liste restreinte de consultants qualifiés qui seront autorisés à soumissionner en application des dispositions de l’article 47 du décret n° 0254/PR/MEEDD du 19 juin 2012 portant Code des Marchés Publics. 3. L’exécution des prestations nécessite les compétences d’une équipe de spécialistes, travaillant sous la coordination d’un chef de projet dans les domaines suivants : • Audit financier ; • Passation des marchés publics ; • Entretien routier. 4. Les candidats peuvent s’associer pour renforcer leurs capacités techniques et leur aptitude à exécuter les prestations attendues. Dans ce cas, les informations incluses dans le dossier de candidature porteront sur les différents membres du groupement en faisant apparaître les moyens et les qualifications de chacun d’eux et en précisant le consultant chef de file. 5. Les candidats intéressés devront joindre à leurs dossiers les pièces administratives ci-après impérativement produites en originaux ou en photocopies légalisées par l’autorité émettrice, datant de moins de trois (3) mois : Pour les consultants installés au Gabon : • une déclaration de manifestation d’intérêt signée du représentant de la société faisant apparaître son nom, sa qualité, son adresse, sa nationalité et les pouvoirs qui lui sont délégués ; • les documents arrêtant la constitution ou le statut, le lieu d’enregistrement et le domicile légal de la société ; • une attestation signée du Directeur Général des impôts ou d’un de ses délégués certifiant qu’il a effectué la ou les déclarations réglementaires en matière d’impôts ; • une attestation de non-faillite delivrée par le Greffier du tribunal de première instance de Libreville ; • une attestation C.N.S.S. signée du Directeur Général de la C.N.S.S. certifiant qu’il est à jour de ses cotisations sociales. Pour les consultants installés hors du Gabon : • une déclaration de manifestation d’intérêt signée du représentant de la société faisant apparaître son nom, sa qualité, son adresse, sa nationalité et les pouvoirs qui lui sont délégués ; • les documents arrêtant la constitution ou le statut, le lieu d’enregistrement et le domicile légal de la société ;
• une attestation de non-faillite delivrée par le Greffier du tribunal de première instance de Libreville ; • une attestation de domiciliation bancaire ; 6. Les candidats intéressés devront joindre les informations indiquant leurs capacités techniques à exécuter les services décrits ci-dessus notamment : les brochures et les références concernant l’exécution des contrats analogues, les expériences antérieures pertinentes dans les conditions semblables, la disponibilité des ressources humaines qualifiées dans les domaines de la mission (organigramme, liste des personnels avec leur fonction respective, cursus, ancienneté et type de contrat liant chaque agent au bureau d’études). Pour ce faire, ils devront indiquer, pour chaque contrat similaire exécuté dans les mêmes conditions au cours des cinq (5) dernières années : - la désignation de la mission et le lieu de l’exécution ; - le nom et l’adresse du client ; - le profil du personnel clé et le nombre d’employés de l’entreprise chargés de la mission ; - la valeur financière approximative du contrat en FCFA ; - les noms des éventuels bureaux d’études associés ou partenaires. Pour ce qui concerne l’audit technique, les candidats fourniront les références du laboratoire en charge des investigations techniques des projets. 7. Un dossier d’information peut être consulté sur le site http://www.marchespublics.gouv.ga ou retiré, à l’adresse suivante : Fonds Routier 1er étage de l’immeuble des Jardins d’ambre B. P. : 16 201 Libreville Tél. : (241) 01 76.93.90 ; Fax : (241) 01 76.93. 97 8. Les dossiers de candidature ne doivent comprendre aucune proposition financière. Celle-ci sera demandée aux candidats qui seront retenus à l’issue de cette première étape. 9. Les dossiers de candidature, rédigés en français, doivent être déposés, à l’adresse mentionnée ci-dessus, dans une enveloppe cachetée, portant la mention “ appel à manifestation d’intérêt relatif à l’audit technique et financier des travaux financés par le Fonds Routier ’’, au plus tard le 31 octobre 2012 à 12 heures. Les candidats intéressés pourront assister à la séance d’ouverture solennelle des offres qui aura lieu le 17 décembre 2012 à 13h30 dans les locaux du Fonds Routier. Le Directeur Général des Marchés Publics Commissaire Général Jean Félix SOCKAT Le Président du Conseil d’Administration Général Raphaël MAMIAKA
UNE BANQUE. DEUX SIÈCLES. ET DES MILLIONS DE REMERCIEMENTS.
1812
CITI OUVRE SES PORTES À NEW YORK.
1866
CITI FINANCE LE PREMIER CÂBLE TRANSATLANTIQUE.
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© 2012 Citigroup Inc. Citi and Arc Design is a registered service mark of Citigroup Inc.
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Depuis nos débuts en 1812, nous avons eu le privilège de soutenir quelques idées parmi les plus grandes de l’histoire moderne. Nous souhaitons remercier tous nos clients et nos employés qui, au fil des siècles, ont contribué à les concevoir et à les concrétiser. Vos idées, votre ingéniosité et votre passion ont aidé à bâtir un monde meilleur. Visit citi.com/200