JA 2709 DU 9 AU 15 DECEMBRE 2012

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MAROC GAUCHE CHERCHE GUIDE SUPRÊME

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 53e année • no 2709 • du 9 au 15 décembre 2012

TUNISIE LE GRAND BAZAR

MAURITANIE OULD ABDELAZIZ : « Je n’ai jamais redouté un coup d’État »

jeuneafrique.com

DOSSIER TRANSPORT MARITIME Spécial 14 pages

ARMÉES AFRICAINES

POURQUOI SONT-ELLES SI NULLES ?

Du Mali à la RD Congo, le mot « militaire » rime avec débâcle et humiliation. Enquête sur un naufrage collectif. ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE SUBSAHARIENNE France 3,50 € • Algérie 180 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 € Espagne 4 € • Éthiopie 65 birrs • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 41 NK • Pays-Bas 4 € Portugal cont. 4 € • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285


Groupe Public Système Hopscotch SA-RCS Nanterre 602 063 323 - Crédit Photo © Philip Plisson


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Ce que je crois BÉCHIR BEN YAHMED • bby@jeuneafrique.com

SAMEDI 8 DÉCEMBRE

À l’ère du changement «

N

OUS VIVONS BIEN PLUS qu’une crise : un changement du monde. » Prononcée il y a près de un mois par François Hollande, cette phrase a été prise pour un propos de circonstance ou un simple constat. Elle est, à mon avis, bien plus que cela. En réalité, le nouveau président de la République française faisait part de son analyse de la situation, situait son action au niveau mondial et donnait le fil conducteur qui permet d’en suivre le déroulé. Et d’ailleurs, ce « nous vivons un changement du monde » ne fait-il pas écho à ce que chacun de nous ressent quotidiennement lorsque les médias lui relatent ce qui se passe – ou se dessine – sur les cinq continents de notre planète ? Je ne traiterai ci-dessous que de l’Europe et de l’Afrique, deux continents proches l’un de l’autre géographiquement et dont les destins sont liés. ■

L’Europe Tout au long de l’année qui s’achève, on nous a abreuvés d’informations alarmantes sur la crise européenne et celle, plus aiguë encore, de la zone euro. De cette dernière on nous a même dit et répété qu’elle était au bord de la dislocation. J’ai, pour ma part, constamment soutenu que les dirigeants politiques et économiques du Vieux Continent étaient à la hauteur de la tâche, qu’ils avaient la volonté et les moyens de sortir leurs pays des difficultés où les avait plongés le laxisme d’une génération précédente de gouvernants grisés par la richesse du continent européen. Leurs successeurs d’aujourd’hui, les dirigeants européens des cinq dernières années, ont été surpris par la crise, déconcertés par son ampleur et sa durée. Ils ont pris leur temps, fait des erreurs mais, peu à peu, ils ont corrigé le tir. Ils se sont mis à tailler dans les déficits de leurs pays et à consolider leurs finances. Leur endettement ayant atteint et parfois dépassé les limites, ils se sont employés à renoncer aux « hérésies » et aux « bêtises » JEUNE AFRIQUE

qui avaient conduit à alarmer les nombreux créanciers de la riche Europe. Les courbes du chômage et du désendettement n’ont pas encore amorcé leur descente, la croissance économique n’est pas encore de retour. Mais, un peu partout, la confiance et l’assurance reviennent. En tout cas, la plupart des observateurs pensent désormais que 2013 fera la transition vers un retour de l’Europe et, en particulier, de la zone euro, dans le club des pays ayant recouvré la santé. François Hollande, dont l’avenir politique dépend de la santé économique de son pays, avait donc raison de situer son action dans ce sillon qu’il a appelé « le changement du monde »… ■

L’Afrique Libérée du colonialisme à partir des années 1960, on en a dit, à juste titre, qu’elle était « mal partie ». Mais, au début de ce siècle, elle a donné l’impression de se ressaisir. Et de fait, les crises et les guerres se sont presque toutes résorbées, les partis uniques monopolisateurs du pouvoir se sont étiolés ; leur ont succédé progressivement, ici et là, des régimes qui prétendent à la démocratie et à une meilleure gouvernance. La Chine ayant découvert l’Afrique comme Christophe Colomb l’a fait naguère pour l’Amérique, les matières premières africaines ont trouvé preneurs, leurs prix retrouvé des couleurs et les investisseurs internationaux le chemin qui mène à ce continent qu’ils avaient superbement ignoré. Il a suffi d’un bouche à oreille positif pour que s’amorce une décennie de croissance économique africaine soutenue, à un taux annuel voisin de 5 %. Du coup, on a parlé de « décollage africain », de « nouvelle frontière économique », et l’on a même annoncé, pour les années qui viennent, une croissance économique « à la chinoise »… Au risque de passer pour « un empêcheur de danser en rond » ou un « doucheur d’enthousiasme », je dis N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012


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Ce que je crois que l’Afrique n’en est hélas pas là et qu’on ne rend pas service aux Africains en leur faisant croire que leurs problèmes sont résolus ou en bonne voie de l’être, que l’avenir est parsemé de roses sans épines. ■

Les plus grands pays d’Afrique par leur population n’ont pas encore pris la voie du développement et ne sont pas entrés dans le cercle vertueux qui y mène : l’Égypte, le Soudan, l’Éthiopie, la République démocratique du Congo et même le Nigeria, pour ne citer qu’eux, ne sont ni émergents ni près de le devenir. Le Zimbabwe ? Je ne le cite que pour mémoire. Mais c’est le sort de l’Afrique du Sud qui devrait nous préoccuper le plus : ce grand pays qui s’est libéré de l’apartheid il y a près d’un quart de siècle se trouve être, lui, une vraie puissance économique émergente. Mais n’est-il pas aujourd’hui, en raison d’une croissance dramatiquement faible – et d’une présidence contestable et contestée –, menacé de régression économique et sociale ? Pour deux autres raisons (principales) qui s’ajoutent à la précédente, le continent africain n’est pas au bord du décollage économique : 1) Il n’a pas d’infrastructures dignes de ce nom : pas de chemins de fer, pas de routes, pas de ports ni d’aéroports suffisamment modernes pour soutenir des économies évoluées. Il faut des décennies pour s’en doter et un investissement qui se chiffre en centaines de milliards de dollars.

2) Sauf trop rares exceptions, les pays africains n’ont ni le système d’éducation (primaire, secondaire et supérieur), ni le système de santé qui accompagnent le développement économique et le rendent possible. Et là également, il faut des décennies et des centaines de milliards de dollars pour s’en doter. ■

Thabo Mbeki et quelques autres ont galvaudé le beau mot de renaissance en la promettant inconsidérément aux Africains. Ne les berçons donc plus d’illusions et évitons de leur faire des promesses fallacieuses. Disons-leur la vérité : le XXIe siècle ne sera celui de l’émergence africaine qu’à deux conditions : 1) Il faut que les vingt ou vingt-cinq pays les plus avancés et les plus dotés de ce continent, qui en compte plus de cinquante, soient durablement bien gouvernés pour disposer de la croissance économique qui leur permettra de continuer de se moderniser. 2) Il faut que l’Union africaine, qui a pris pour modèle l’Union européenne, fonctionne comme elle et instaure entre ses membres la même solidarité et la même entraide que celles utilisées par les Européens les plus avancés pour aider leurs retardataires à les rattraper. Les Européens se sont attelés à cette tâche avec patience et détermination dès le début des années 1950. Ils la poursuivent encore en 2012, soixante ans après, sans relâche et sans jamais baisser les bras. Il faut souhaiter aux Africains de se montrer capables de la même patiente persévérance. ●

Humour, saillies et sagesse Pour vous faire sourire, grincer des dents – ou réfléchir –, ici, chaque semaine, une sélection subjective, la mienne, de ce qui a été dit ou écrit au cours des siècles par des hommes et des femmes qui avaient des choses intéressantes ou drôles à nous dire. B.B.Y. Ì On se lasse de tout, sauf de comprendre. Virgile Ì On se souvient des écrivains pour leur meilleure œuvre, des politiciens pour leurs pires erreurs, et on ne se souvient à peu près jamais des hommes d’affaires. Nassim Nicholas Taleb Ì Les défauts de l’esprit augmentent en vieillissant, comme ceux du visage. François de La Rochefoucauld Ì Que m’importe que Dieu n’existe pas. Dieu donne à l’homme de la divinité. Antoine de Saint-Exupéry N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

Ì J’ai mis un moment à réaliser qu’on nous avait cambriolés. Je croyais que c’était mon mari qui avait cherché des chaussettes propres. Patricia M. Carlson Ì La circulation du sang, c’est le système du radiateur. Brèves de comptoir Ì La femme adultère, chez les Saxons, on la brûlait. Chez les Égyptiens, on lui coupait le nez. Chez les Romains, on lui coupait la tête. Aujourd’hui en France, on se moque de son mari. Alphonse Karr Ì L’art de réussir consiste à savoir faire travailler les autres. Alice Parizeau

Ì Chaque expérience de beauté, si brève dans le temps tout en transcendant le temps, nous restitue chaque fois la fraîcheur du matin du monde. François Cheng Ì Un ami est un homme qui se croit en toute occasion le droit de vous dire une vérité blessante, de vous donner un conseil inutile et de vous emprunter votre argent sans vous le rendre. Daniel Stern Ì La pauvreté dans la liberté est préférable à la soumission dans l’opulence. Ahmadou Kourouma JEUNE AFRIQUE



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Éditorial François Soudan

La rumeur de Lomé

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L

E MONDE N’EN A RIEN SU, mais Faure Essozimna Gnassingbé, 46 ans, unique président célibataire d’Afrique subsaharienne et chef de l’État du Togo, est mort pendant deux jours, les 30 novembre et 1er décembre 2012, avant de ressusciter. C’est un confrère qui nous a alertés, vendredi matin, à quelques heures du bouclage. Selon des informations de plus en plus précises en provenance de Lomé, celui que tout le monde là-bas appelle Faure aurait succombé dans la nuit à une leucémie dans un hôpital de Tel-Aviv, après y avoir été admis en secret. Le fait que le président togolais se soit rendu en Israël pour une visite officielle ne serait donc qu’un leurre : arrivé subclaquant, il a aussitôt rendu l’âme. Rapidement, la nouvelle se propage par SMS, entre dans la sphère internet, tétanise les Togolais et fait le tour des capitales de la région. Rares sont ceux qui en doutent et tous ou presque ont une source qui la confirme. À preuve : le chef de l’État d’un pays voisin aurait fait mettre ses drapeaux en berne, et si l’on en croit une Nana Benz influente, qui le tient de la meilleure copine de l’épouse du général chef d’état-major, ce dernier serait d’ores et déjà aux manettes…

Malins, nos présidents ont vite appris à faire bon usage de ce type de rumeur. Pour s’offrir à leur retour un accueil d’empereur romain – on l’a vu tout récemment avec le Mauritanien Ould Abdelaziz –, pour tester un entourage politique dont la loyauté, en période d’incertitude, est souvent chancelante et pour mesurer le degré d’angoisse d’une population saisie par la peur du vide. En attendant que s’instaure une communication transparente sur les pathologies dont souffrent les « grands » – ce qui n’est pas pour demain, en Afrique comme ailleurs –, la rumeur, tapie dans son coin, se tient prête à ressurgir, convaincue d’avoir un jour ou l’autre raison. Qu’est-ce que la vie après tout, si ce n’est une maladie dont on finit toujours par mourir ? ● N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

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AFRIQUE DU SUD JACOB ZUMA, L’HOMME À ABATTRE Le chef de l’État va tenter de conserver la direction du parti au pouvoir. Mais ses ennemis sont nombreux. Et bien décidés à le faire chuter.

PHOTOS DE COUVERTURES : AP PHOTO/JEROME DELAY, PASCAL PARROT ; FOTOLIA ; ARCHIVES JEUNE AFRIQUE

Il a fallu que le concerné réapparaisse dans la nuit à l’aéroport de Lomé-Tokoin, fasse constater qu’il était « toujours en vie » et se dise « désolé de décevoir ceux qui ont colporté ces ragots » pour que le virus de la rumeur, qui avait sérieusement affaibli les défenses immunitaires de ses compatriotes, cesse enfin – et sans doute, provisoirement – d’agir. À J.A., nous n’avions pas tardé à tordre le cou au canard : un ou deux coups de fil bien placés et surtout une solide expérience de ces morts avant l’heure qui font pschitt. Celle du président algérien Abdelaziz Bouteflika, hospitalisé à Paris, avait ainsi tenu plus de deux semaines fin 2006. Celle de son homologue camerounais Paul Biya, en villégiature en Suisse à la mi-2004, douze jours, avant que ce dernier ne rentre à Yaoundé et ne prononce avec gourmandise ces quelques mots : « Le fantôme vous salue bien. » Celle de l’Angolais José Eduardo dos Santos, « décédé » au Brésil en 1996, cinq jours. Sans compter les bruits de fond permanents qui circulent à propos de l’état de santé des chefs : à les écouter, rares sont ceux qui n’ont pas de cancer caché ou de sida inavoué.

TUNISIE À COUTEAUX TIRÉS Affrontements politiques, économie anémique, réformes au point mort… Deux ans après la révolution, le pays n’est toujours pas stabilisé.

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Ce que je crois Par Béchir Ben Yahmed Confidentiel

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L A SEM A IN E D E J EU N E A F RIQ U E

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Tunisie À couteaux tirés Khalifa Sall Élu mention très bien Chakib Benmoussa Un crack à Paris Zone franc Enfin réunifiée Burkina Diabré marque des points Côte d’Ivoire Prêteurs sur gages Classement Asphalt Jungle Palestine Mechaal triomphal Calendrier Pirelli Enfer et carnations Polémique Kanouté rate son but Tour du monde

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G RA N D A N G L E

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Armées africaines Pourquoi sont-elles si nulles ?

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A F RIQ U E SU BSA H A RIEN N E

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Afrique du Sud Jacob Zuma, l’homme à abattre JEUNE AFRIQUE


Dans Jeune Afrique et nulle part ailleurs

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GRAND ANGLE

ARMÉES AFRICAINES Pourquoi sont-elles si nulles? Du Mali à la RD Congo, le mot « militaire » rime avec débâcle et humiliation. Enquête sur un naufrage collectif.

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EXPOSITION PLACE AUX ARTISTES ! Le musée du Quai Branly crée l’événement avec « Nigeria. Arts de la vallée de la Bénoué », qui remet en question la lecture occidentale de l’art africain traditionnel.

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FRANCE ARNAUD MONTEBOURG ET LES MOULINS À VENT Grand pourfendeur de patrons et chantre de la démondialisation, le ministre du Redressement productif joue volontiers les Don Quichotte.

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MAROC GAUCHE CHERCHE SAUVEUR Très affaiblie, l’Union socialiste des forces populaires s’apprête à élire son premier secrétaire. Sa mission : rendre au parti ses lettres de noblesse.

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Sécurité aérienne Ces crashs que l’on pourrait éviter Tribune Les droits des femmes ont-ils progressé ? Oui, mais pas assez ! Togo Un lutteur au tapis

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MAGHREB & M OYE N - O R I E N T

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Maroc Gauche cherche sauveur Tunisie Ahlem Belhaj, au nom de toutes les miennes Libye L’affaire Kikhia à moitié élucidée Algérie Amara Benyounes, étoile montante Interview Mohamed Ould Abdelaziz, président de la Mauritanie Palmarès Excellence arabe

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EUROPE, AMÉR I Q U E S, A SIE

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France Arnaud Montebourg et les moulins à vent Corée du Sud Duel pour la Maison bleue États-Unis Susan, l’autre Rice Parcours Noureddine Khalid et Messaoud Zeggane, cavaliers de l’Atlas Médias 30 millions de dollars en fumée

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JEUNE AFRIQUE

74 TRANSPORT MARITIME AU BONHEUR DES ARMATEURS L’Afrique échange de plus en plus avec le reste du monde, essentiellement par voie maritime. Une aubaine pour les opérateurs… Dossier 14 pages

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ÉC O N O M IE

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Afrique subsaharienne La Tunisie manque à l’appel Algérie Pas de pause pour Petroser Mines Les Sud-Africains font leur trou Sénégal CSI-Matforce, électrique et éclectique Agroalimentaire Graine de champion Droit des affaires L’avocat qui a bonne mine Capital-investissement Premier pas en Afrique Baromètre

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D O SSIER Transport maritime

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C U LT U RE & M ÉD IA S

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Exposition Place aux artistes ! Photographie Piqué au sang Cinéma Femme de caractère La semaine culturelle de Jeune Afrique

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VOUS & NOUS Le courrier des lecteurs Post-scriptum N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

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! IDRISS DÉBY ITNO FRANÇOIS HOLLANDE sur le perron de l’Élysée, le 5 décembre.

ALAIN GUILHOT/DIVERGENCE

ET

Tchad-France Ce qu’ils se sont dit

L

E 5 DÉCEMBRE, à 15 heures, le président tchadien, Idriss Déby Itno, a enfin été reçu par François Hollande à l’Élysée. L’entretien a duré cinquante minutes, dont quinze en tête à tête au cours desquelles, dit-on de source française, le cas d’Ibni Oumar Mahamat Saleh, l’opposant tchadien disparu en février 2008, aurait été évoqué. En présence cette fois de leurs collaborateurs, les deux hommes ont également parlé de l’affaire de l’Arche de Zoé, dont le procès s’est ouvert le 3 décembre à Paris. Le président tchadien se sent floué. En mars 2008, il avait gracié les six

MAURITANIE AZIZ DE RETOUR À PARIS

Mohamed Ould Abdelaziz a fait un retour remarqué dans la capitale française, où il avait été soigné après la blessure à l’abdomen que lui avait infligée, le 13 octobre (officiellement, à la suite d’une méprise), un jeune lieutenant de l’armée de l’air mauritanienne. À partir du 30 novembre, le chef de l’État a séjourné à l’hôtel Balzac, un établissement cinq étoiles du quartier des Champs-Élysées, encompagniedesonépouseet de la plus jeune de leurs filles. Il a subi une série d’examens médicaux complémentaires N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

membres de l’association condamnés à huit ans de travaux forcés. Par la suite, ces derniers avaient été transférés en France, mais Déby Itno rappelle que les 6,3 millions d’euros de dommages et intérêts que Nicolas Sarkozy s’était verbalement engagé à verser aux familles ne l’ont jamais été. Réponse de Hollande : ce litige concerne des personnes privées, l’État français n’a pas à s’en mêler. Autre dossier évoqué : la crise malienne. Le président français a réitéré le souhait, déjà exprimé par téléphone en juillet, de voir l’armée tchadienne participer militairement à la reconquête du Nord-Mali. Déby

dont les résultats se sont révélés satisfaisants. Dans l’immédiat, il ne devrait donc plus être contraint de revenir à Paris. SÉNÉGAL EX-BARONS DANS LE COLLIMATEUR

Karim Wade, fils de l’ancien président, n’est pas le seul baron de l’ancien régime sénégalais à être dans le collimateur de la justice française. La plainte déposée, fin novembre à Paris, par les avocats du Sénégal dans le cadre de diverses enquêtes concernant de présumés enrichissements illicites (parallèlement aux procédures engagées à Dakar), vise aussi plusieurs

Itno s’est montré réservé (« que les Maliens se mettent d’accord, nous verrons ensuite »), mais a quand même tenu à rassurer son interlocuteur sur un point : la situation sécuritaire à la frontière orientale du Tchad est, à l’en croire, « à peu près stabilisée ». Il s’est en revanche montré inquiet de l’évolution de la situation en Centrafrique, après l’attaque par des rebelles d’une base de l’armée dans la région de Kabo (Nord). En politique intérieure, le président tchadien a prévu de rétablir un cadre de dialogue avec l’opposition, celui établi en 2007 étant arrivé à son terme. ●

LE CHIFFRE

200

milliards de dollars

C’est le montant que devraient atteindre, et même dépasser, cette année les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique, selon la sud-africaine Standard Bank, premier établissement bancaire du continent. Le chiffre n’était que de 166 milliards de dollars l’an dernier.

personnalités nommément citées. Ce qu’Aminata Touré, la ministre de la Justice, n’a pas jugé nécessaire de préciser. Désormais, le pôle financier du parquet de Paris (précisément : la section « biens mal acquis », celle-là même qui a diligenté des enquêtes contre les entourages des présidents équato-guinéen, gabonais et congolais) a trois mois pour décider s’il y a lieu de donner suite. À noter qu’une autre enquête est en cours aux ÉtatsUnis, où un procureur a été nommé. Dans ce pays, l’État sénégalais n’a pas eu besoin de porter plainte, une simple requête officielle a suffi. JEUNE AFRIQUE


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Politique, économie, culture & société

Le traditionnel sommet des chefs d’État de l’Union africaine (UA) du mois de juillet sera l’an prochain avancé au mois d’avril, afin de le faire coïncider avec le cinquantième anniversaire de la création de l’Organisation de l’union africaine (OUA), le 25 mai 1963 à Addis-Abeba. Nkosazana Dlamini-Zuma, la nouvelle présidente de la Commission de l’UA, souhaite profiter de l’événement – à l’organisation duquel ses conseillers travaillent déjà – pour célébrer le panafricanisme et la renaissance africaine. FRANCE-RWANDA L’ENCOMBRANT MONSIEUR Z Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) presse la France d’accueillir sur son territoire quatre Rwandais bloqués à Arusha faute d’un pays d’accueil (trois ont été acquittés par ses soins, le dernier a purgé sa peine). Une délégation conduite par Roland Amoussouga, porte-parole du tribunal, et Pascal Besnier, greffier intérimaire, a été reçue au Quai d’Orsay, le 4 décembre. Au temps de Nicolas Sarkozy, des demandes de visa concernant ces Rwandais – parmi lesquels Protais Zigiranyirazo, alias Monsieur Z, le propre frère d’Agathe Habyarimana – avaient été rejetées au motif de possibles « troubles à l’ordre public ». Le TPIR veut croire que les nouvelles autorités françaises adopteront une autre attitude. Les quatre Rwandais redoutent qu’un nouveau refus les oblige à rentrer à Kigali, où ils craignent pour leur sécurité. Or le Rwanda, qui conteste l’acquittement de plusieurs JEUNE AFRIQUE

d’entre eux par le TPIR (celui de Monsieur Z avait provoqué des manifestations à Kigali, en 2009), risque de ne pas apprécier de les voir lui échapper.

MALI DES DISCUSSIONS, VRAIMENT ?

La médiation burkinabè souhaiterait faire valider par les Maliens l’idée d’une « autonomie avancée » pour les régions du Nord, puis mettre en place rapidement une cellule de réflexion à ce sujet. Encore faut-il au préalable que les autorités maliennes accordent leurs violons. Et que Touaregs, islamistes et indépendantistes parviennent à s’entendre sur une plateforme commune. Ce qui semble relever de la

gageure, tant sont vives les rivalités tribales et les querelles d’ego. Ansar Eddine, par exemple, n’a pas l’intention de renoncer à appliquer une charia « light » dans la région de Kidal. Encore moins de laisser le MNLA parler au nom de « tous les enfants de l’Azawad ». Bref, le bout du tunnel est encore loin. CÔTE D’IVOIRE AGENDA CHARGÉ POUR OUATTARA

Les 20 et 21 décembre, le président ivoirien recevra Goodluck Jonathan, son homologue nigérian, dans le cadre d’une visite d’État dont l’objectif est de dynamiser la coopération entre les deux pays. Des rencontres d’hommes d’affaires sont prévues à cette occasion. Du 10 au 13 janvier, il accomplira

à son tour une visite d’État au Maroc. Plusieurs accords de coopération devraient être conclus, les deux pays souhaitant développer des partenariats dans divers secteurs: défense et sécurité, logement social, construction, transports, banques et télécoms. TUNISIE JEBALI MENACÉ ?

Selon des proches de la direction d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, le leader du mouvement, souhaiterait écarter le Premier ministre, Hamadi Jebali, pour le remplacer par Abdellatif Mekki, l’actuel ministre de la Santé. L’opération est censée lui permettre de retrouver le soutien des radicaux du parti, qui ne ménagent pas leurs critiques envers Jebali, jugé trop modéré et consensuel.

DR

UNION AFRICAINE DLAMINI-ZUMA ET LE PANAFRICANISME

! MOHAMED ALAEDDINE KIYALI, abattu par des inconnus le 4 décembre à Damas.

Maroc Qui a tué le consul? « À UNE SEMAINE DE LA RÉUNION, le 12 décembre à Marrakech, du groupe des Amis du peuple syrien, le clan Assad a voulu punir le Maroc. » Ainsi s’exprime une source policière à Rabat au lendemain de l’assassinat, dans la soirée du 4 décembre, du consul général du royaume à Alep. Ce dernier, l’architecte syrien Mohamed Alaeddine Kiyali, 51 ans, a été abattu par des hommes en civil alors qu’il sortait d’un restaurant situé dans la zone tenue par les forces pro-Assad de cette ville que se disputent gouvernementaux et rebelles. À en juger par son message de condoléances adressé le 6 décembre, Mohammed VI n’a aucun doute quant à l’identité des auteurs de cette « agression criminelle abjecte » puisqu’il réitère « le soutien permanent du Maroc au vaillant peuple syrien pour la réalisation de ses aspirations légitimes à la liberté, à la démocratie et à la dignité ». Le royaume, qui a rompu ses relations diplomatiques avec Damas il y a plus de un an, est particulièrement en pointe sur ce dossier. De son côté, le régime syrien menace de fournir de l’aide, y compris militaire, au… Front Polisario. Reste à savoir comment. ● N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012


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La semaine de Jeune Afrique

TUNISIE

À couteaux Affrontements politiques, économie anémique, réformes au point mort… Deux ans après la révolution, le pays n’est toujours pas stabilisé. Et pâtit de l’intolérance et de l’incompétence d’une frange du parti Ennahdha.

MARWANE BEN YAHMED

L

a Tunisie s’enfonce. Chaque jour un peu plus. Les signes inquiétants se multiplient, et les affrontements, qui ne sont pas seulement verbaux, sont quasi permanents. Les sentiments les mieux partagés ? Bellicisme pour les plus engagés ; irrésolution pour les autres. Voici aussi venu le temps des démonstrations de force: un jour, les salafistes; le lendemain, l’opposition ou les habitantsdesrégionsdéfavorisées;lesurlendemain, les syndicats ou les désormais célèbres comités N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

de défense de la révolution, sombres émanations miliciennes d’Ennahdha. Dernier épisode en date: l’attaque, le 4 décembre, par lesdits miliciens, du siège de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la puissante centrale syndicale devenue le véritable fer de lance de l’opposition aux islamistes. Une grève générale est annoncée pour le 13 décembre. Certaines localités, dont Gafsa, Kasserine, Sidi Bouzid et Sfax, s’y sont mis dès le 6. Voilà qui promet… Lecontextedecesjoutesn’estguèreplusrassurant: plus de un an après les élections, la Constituante avance à un rythme de tortue luth, le chômage progresse, les prix flambent et les investisseurs attendentuneéclairciequinevientpas.Commenten est-on arrivé là? Il y a d’abord des raisons objectives, inhérentes à une transition menée dans un pays où les élites, qui n’ont connu que la dictature, n’ont jamais été préparées à diriger, et où la perspective JEUNE AFRIQUE


L’événement ! MEMBRES de l’UGTT contre islamistes, lors de l’attaque du siège du syndicat, à Tunis, le 4 décembre.

Évolution régionale de l’emploi 2011-2012 Bizerte

Sousse Monastir Kasserine

Sidi Bouzid

Sfax

Gafsa

Mer Méditerranée

TUNISIE Tunis

– 16,5 %

CHEDLY BEN IBRAHIM/CORBIS

– 20,8 %

Sfax

– 15 %

LIBYE

Sousse

– 17,1 %

Bizerte

– 11,3 %

Monastir

Kasserine – 21,9 %

+ 4,4 % Sidi Bouzid

Gafsa

+ 23,8 %

tirés d’accéderenfinaupouvoiraaiguisétouslesappétits. Mais il en existe d’autres, dont la moindre n’est pas le comportement d’Ennahdha. Car la formation islamiste est bel et bien au cœur de ce maelstrom. FRACTURE. Jusqu’aux élections du 23 octobre

2011, le parti de Rached Ghannouchi, traversé de courants contradictoires mais au mode de fonctionnement interne beaucoup plus démocratique qu’on ne le pense, avançait masqué. À l’époque, son principal clivage interne opposait modernistes et conservateurs. Depuis son arrivée au pouvoir, qu’il partage avec des partenaires beaucoup moins puissants, le Congrès pour la République du président Moncef Marzouki, et Ettakatol, de Mustapha Ben Jaafar (à la tête de l’Assemblée), cette fracture interne s’est déplacée sur un autre front, celui de l’intérêt général. D’un côté, ceux qui, conscients qu’il faut sortir le pays de l’ornière et renouer les JEUNE AFRIQUE

Légitimés par les urnes mais fragilisés par leur bilan, les islamistes sont tentés de passer en force.

SOURCE : INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE

ALGÉRIE

Tunis

fils du dialogue politique, ont le sens de l’État. De l’autre, une frange de dirigeants et de militants qui n’ont qu’une idée en tête : conquérir chaque pan d’un pouvoir qu’ils ne veulent plus partager. Cette opposition épouse les contours historiques d’une formation dont les membres ont suivi deux parcours distincts. Les uns ont passé de longues et éprouvantes années dans les geôles de Ben Ali, les autres ont vécu en exil. Les premiers, paradoxalement, incarnent le camp des « patriotes » et ne semblent guère assoiffés de revanche. Ils connaissent vraiment la Tunisie, ont noué des relations parfois étonnantes en prison et sont moins sensibles au chant des sirènes wahhabites venues du Moyen-Orient que leurs collègues qui en ont été bercés à Londres ou ailleurs. Une dualité que l’on retrouve au sommet du parti, entre un Hamadi Jebali qui fait montre d’un certain sens de l’État et un Ghannouchi dont les discours font souvent froid dans le dos. Résultat : Ennahdha, divisée, ne parvient pas à maîtriser un pouvoir trop lourd pour elle. Ce qui ne l’empêche nullement d’installer ses ouailles à tous les échelons, y compris au sein d’une administration jadis réputée efficace. À force de placer ses partisans – qui sont souvent loin d’avoir le niveau requis –, elle s’expose à une volée de critiques sur son incompétence. CONTRE-POUVOIRS. Légitimée par les urnes mais

fragilisée par son bilan, Ennahdha n’est plus aussi sûre de dominer la scène politique. L’opposition s’est réorganisée autour de Béji Caïd Essebsi, l’ancien Premier ministre, et de sa formation, Nidaa Tounes. Le président Marzouki prend ses distances. La société civile et l’UGTT s’érigent en contre-pouvoirs. Ennahdha est donc souvent tentée de passer en force. Elle veut ainsi coûte que coûte contrôler l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), chargée d’organiser les prochains scrutins, présidentiel et législatif. Résultat, il semble peu probable que l’échéance fixée, autour de juin 2013, puisse être tenue. Kamel Jendoubi, ex-(et peut-être futur) patron de l’Isie, estime en effet à huit mois le délai nécessaire, une fois la composition de l’Instance décidée et les textes adoptés – ce qui n’est toujours pas fait – pour tout mettre en place. L’issue de la transition et l’avenir des Tunisiens sont pour l’essentiel entre les mains d’Ennahdha. Les termes de l’équation, finalement, sont simples: si les islamistes comprennent que, compte tenu des spécificités du pays, de son histoire et de l’intérêt général, c’est à eux d’évoluer et de s’adapter aux réalités d’une Tunisie plurielle, ouverte sur le monde en général, et sur l’Europe en particulier, l’espoir est permis. Si, au contraire, ils s’entêtent à vouloir imposer par la contrainte un projet de société dont une grande partie du pays ne veut pas et à gouverner seuls, la révolution, lancée il y a maintenant deux ans, aura échoué… ● Avec FRIDA DAHMANI, à Tunis N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

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La semaine de J.A. Les gens

Khalifa Sall Élu mention très bien Au sommet Africités, le maire socialiste de Dakar a été couvert d’éloges. Son action séduit même les libéraux. Au point que beaucoup voient en lui un futur présidentiable…

A

vec Khalifa Ababacar Sall, « la relève est là ». C’est Nicéphore Soglo qui le dit. Le 4 décembre, l’ancien président béninois a profité de la tribune du 6e sommet Africités, qui s’est tenu à Dakar durant quatre jours, pour encenser le maire socialiste de la capitale sénégalaise. Il n’a pas été le seul à lui rendre hommage. Plusieurs personnalités qui ont présidé la cérémonie d’ouverture devant 5 000 participants ont elles aussi vanté « son dynamisme », notamment Bertrand Delanoë, le maire de Paris, et Macky Sall, le président du Sénégal. Le premier l’a pris en affection. Fin novembre à Abidjan, il a fait en sorte que l’édile soit porté à la tête du secrétariat général de l’Association internationale des maires francophones. Le second, pour l’heure, ne semble pas s’inquiéter de la rivalité que leur promettent les commentateurs politiques. Au contraire, aux dires d’un proche du président, les deux hommes s’entendent plutôt bien. Outre leur homonymie, ils ont en commun une réserve plutôt rare sur la scène politique nationale et l’obsession du résultat. En avril, « Macky » avait proposé à « Khalifa » un poste de ministre de premier plan. Celui-ci a refusé. Officiellement pour poursuivre son œuvre dans la capitale. Mais peut-être aussi parce qu’il sait qu’en 2017, s’il est candidat à la présidence face à « Macky », il lui sera ainsi plus aisé d’attaquer son bilan. Certes, « Khalifa-la-relève » n’est plus tout jeune – 56 ans, cinq printemps de plus que le chef de l’État. Mais – est-ce

PHILIPPE STERCZEWSKI/RESERVOIRPHOTO

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! LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL de l’Association internationale des maires francophones.

son visage juvénile, sa silhouette athlétique, ou son activité incessante qui épuise ses collaborateurs ? – il semble ne jamais vieillir. C’est oublier qu’il y a vingt-huit ans il était déjà adjoint au maire de Dakar. Qu’il y a dix-sept ans il faisait son entrée dans le gouvernement de Habib Thiam. Et qu’il y a onze ans il était élu député. C’est aussi oublier que Sall compte quarante ans de militantisme au sein de la famille socialiste. MARQUE. Il est vrai que cet enseignant de

formation n’a réellement pris la lumière qu’il y a trois ans et demi. Nous sommes en 2009 : alors que Karim Wade brigue le vieil hôtel de ville qui domine le port de Dakar, c’est Sall qui l’emporte largement. La capitale aux mains de l’opposition: du jamais vu au Sénégal. Depuis, il imprime sa marque à la ville, multipliant les projets innovants et mobilisant les fonds pour la moderniser. Mais c’est surtout son action

sociale qu’il met en avant. En trois ans, toutes les écoles ont été réhabilitées et plusieurs centres de santé ont vu le jour. En prônant transparence et dialogue, en reversant les fonds de dotation en temps et en heure aux mairies d’arrondissement, il a conquis les membres du Conseil municipal. « Il a réussi sa mission, indique l’un d’eux. Pourtant, ça n’a pas été simple. Son action a sans cesse été torpillée par Abdoulaye Wade. » Aujourd’hui, Sall compte peu d’ennemis – paradoxalement, les plus nombreux se trouvent au sein de son parti, où on lui reproche un « socialisme mou », alors qu’il fait figure de favori à la succession d’Ousmane Tanor Dieng à la tête du mouvement. Même les libéraux sont séduits. « Il a complètement modifié le visage de Dakar », admet l’un de ses opposants. Un bon point dans un pays où tous les yeux sont braqués sur la capitale. ● RÉMI CARAYOL, envoyé spécial

NOMINATIONS

JEAN FRANCIS BOZIZÉ CENTRAFRIQUE Le fils du président centrafricain François Bozizé a été nommé général de brigade à l’occasion de la fête de l’indépendance, le 1er décembre. Jean Francis Bozizé est par ailleurs ministre délégué à la Défense depuis 2008. N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

YVES BIGOT TV5 MONDE Le 5 décembre, le journaliste français a été nommé directeur général de la chaîne francophone en remplacement de Marie-Christine Saragosse, partie en octobre diriger l’Audiovisuel extérieur de la France. JEUNE AFRIQUE


EN HAUSSE

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QUVENZHANÉ WALLIS

Chakib Benmoussa Un crack à Paris

Barack Obama ou Oprah Winfrey en sont fans! Découverte dans Les Bêtes du Sud sauvage, cette Américaine de 9 ans pourrait devenir la plus jeune comédienne jamais nominée pour l’Oscar de la meilleure actrice, en février prochain.

L’ex-ministre marocain de l’Intérieur devrait devenir ambassadeur en France. Une nouvelle étape pour ce technocrate très apprécié.

C

BENOÎT XVI Le pape fait un pas dans le monde virtuel. Le 3 décembre, le Vatican a annoncé que le souverain pontife avait ouvert un compte sur le réseau social Twitter : @pontifex a recueilli plus de 500 000 abonnés en cinq jours. RACHIDA DATI Première victoire pour l’ex-garde des Sceaux française: le 4 décembre, la justice a demandé un test de paternité pour déterminer si Dominique Desseigne est bien le père de sa fille. L’homme d’affaires conteste et refuse de s’y soumettre. DR

hoisi pour devenir ambassadeur du Maroc à Paris, Chakib Benmoussa ne devrait pas attendre longtemps l’agrément du Quai d’Orsay. Le poste était vacant depuis le départ d’El Mostapha Sahel, nommé conseiller royal en octobre 2011. Fines lunettes cerclées, cheveux ras et petite moustache, Benmoussa a le verbe précis. Excellent francophone, formé dans les grandes écoles de l’Hexagone (Polytechnique, Ponts et Chaussées) mais aussi aux États-Unis, au prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), il passe pour l’un des plus brillants hommes d’État de l’ère Mohammed VI. Après une carrière fulgurante dans le monde des affaires, notamment au sein du holding royal ONA, Benmoussa est nommé ministre de l’Intérieur en 2006. En quatre ans, il organise sans anicroche deux rendez-vous électoraux : législatives en septembre 2007 et communales en juin 2009. La campagne de ces dernières est l’occasion d’un bras de fer avec le Parti Authenticité et Modernité (PAM) de Fouad Ali El Himma, autour de l’interdiction de la transhumance des élus. Duel perdu, avec les honneurs.

EN BAISSE

lors du remaniement de janvier 2010 ? En tout cas, il faut croire qu’on ne se prive pas longtemps des têtes bien faites au Maroc. Lorsque le roi a voulu donner une première réponse au mouvement de contestation du 20 février 2011, il a installé, dès le lendemain des premières manifestations, un Conseil économique et social (CES) dont la présidence a échu à Benmoussa. Ce dernier a su dynamiser une institution dont la création était restée un vœu pieux durant quinze ans. Une membre du CES témoigne : « Je ne connais aucun autre ingénieur doué de pareils talents littéraires. Chakib a une grande capacité de travail, de synthèse, pour concilier des points de vue en apparence totalement opposés. » Un autre proche loue « ses qualités humaines, sa pondération et sa rigueur ». Même le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane, consultait régulièrement les avis du CES et disait, en privé, le plus grand bien de Benmoussa. ●

MOKHTAR BELMOKHTAR En disgrâce auprès de sa hiérarchie, l’Algérien, ancien émir d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), a décidé de fonder sa propre organisation, Al-Mouaqi’oun bi dam (« ceux qui signent de leur sang »). LE SPERME FRANÇAIS Il n’y a plus ni la quantité ni la qualité! Une étude réalisée entre 1989 et 2005 montre que sa concentration en spermatozoïdes a diminué de 32 %. Les « survivants » sont aussi plus souvent mal formés. La faute à la pollution, au tabac et à l’obésité.

YOUSSEF AÏT AKDIM

MOLEMO MAAROHANYE

! Il préside depuis février 2011 LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL du royaume.

Le rappeur sud-africain a été condamné à vingt-cinq ans de prison, le 5 décembre. En mars 2010, alors qu’il conduisait sous l’emprise de la drogue, il avait percuté un groupe d’écoliers et tué quatre d’entre eux. DR

JOSEPH BARRAK/AFP

PONDÉRATION. Est-ce la raison de son remplacement

N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012


La semaine de J.A. Décryptage

Zone franc Enfin réunifiée La convertibilité entre les francs CFA d’Afrique centrale et ceux d’Afrique de l’Ouest devrait être bientôt rétablie. Parmi les objectifs de la Beac et de la BCEAO : la lutte contre le blanchiment.

P

rès de vingt ans après sa suspend’activités terroristes), les autorités trasion, la convertibilité entre les vaillent également sur les mécanismes francs CFA émis par la Banque de surveillance. Il n’est pas encore prévu des États de l’Afrique centrale que les billets puissent être utilisés dans (Beac) et ceux émis par la Banque centrale les deux zones, mais un détenteur de francs CFA émis par la Beac pourra, en des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) devrait être bientôt rétablie. La nouvelle arrivant en Afrique de l’Ouest, échanger a été annoncée le 23 novembre par Lucas ses espèces dans une banque – et vice Abaga Nchama, le gouverneur d’une Beac qui céléÌ LUCAS ABAGA NCHAMA, brait ce jour-là à Malabo le le gouverneur quarantième anniversaire de la Beac. de sa création. Avec son homologue de la BCEAO, Tiémoko Meyliet Koné, ils ont prévu de se rencontrer à Dakar lors de la troisième semaine de décembre afin de finaliser les modalités du processus. Les discussions techniques sont bien avancées, notamment en matière de transfert bancaire. Chacune des deux banques centrales devrait installer une représentation dans l’autre zone. Le but poursuivi étant de mieux contrôler les trafics (blanchiment, spéculation, financement

versa. Cette opération ne devrait pas être taxée. FLUIDIFICATION. C’est en 1993 que la

Beac, confrontée à une fuite des capitaux due à des rumeurs de dévaluation, avait décidé d’arrêter de racheter ses billets en zone BCEAO, suspendant ainsi unilatéralement la convertibilité. « Il faut [la] rétablir, plaide l’économiste togolais Kako Nubukpo, ancien analyste pour la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). Cela n’a pas beaucoup de sens de devoir passer par l’euro pour convertir le franc CFA d’Afrique de l’Ouest en celui d’Afrique centrale ! » Selon des experts, l’interchangeabilité des monnaies réduit le coût des transactions commerciales entre les deux zones, ce qui devrait faire augmenter leurs volumes. Les autorités parient sur les bénéfices de cette fluidification deséchanges pour pallier les éventuels effets pervers. ● JACQUES TORREGANO/FEDEPHOTO POUR J.A.

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GEORGES DOUGUELI, envoyé spécial à Malabo

Burkina Diabré marque des points Le parti au pouvoir maintient sa domination à l’Assemblée. Mais – surprise – une nouvelle opposition s’installe.

L

e score est provisoire, mais les jeux sont faits. Après un dépouillement validé à 90 % par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) le 6 décembre, la physionomie de la nouvelle Assemblée nationale se dessine. Avec au moins 58 sièges sur 127, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) reste la première force politique, preuve que le renouvellement des cadres initié en mars 2011 s’est révélé moins déstabilisateur que prévu. Le parti au pouvoir n’en subit pas moins un recul par rapport à la précédente législature (74 députés). N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

Aux sièges du CDP s’ajoutent ceux obtenus par une multitude de partis satellites, notamment l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) qui se maintient à l’Assemblée (15 sièges). Le parti de Gilbert Noël Ouédraogo, ministre des Transports, des Postes et de l’Économie numérique, devrait rester dans sa logique d’alliance avec la majorité présidentielle. MAIGRE MOISSON. La vraie surprise

vient du camp adverse, qui se recompose et gagne du terrain. Participant pour

la première fois à ce scrutin national, l’Union pour le progrès et le changement (UPC) de Zéphirin Diabré fait son entrée à l’Assemblée avec au moins 15 députés. « Le parti du lion » devient ainsi le chef de file de l’opposition, et va pouvoir former son propre groupe parlementaire. La moisson est maigre, en revanche, pour le reste de l’opposition. À l’heure où nous mettions sous presse, les résultats du Kadiogo, province qui englobe Ouagadougou, n’étaient pas encoreconnus.CDPetUPC(quiydénonce des fraudes) revendiquent tous deux la victoire. Et pour cause : qui domine le centre peut dominer le pays. ● ABDEL PITROIPA JEUNE AFRIQUE



La semaine de J.A. Décryptage

Côte d’Ivoire Prêteurs sur gages À Paris, Alassane Ouattara a reçu des promesses d’aide des bailleurs de fonds au-delà de ses espérances. Mais ces derniers attendent en retour des progrès en matière de sécurité et de réconciliation.

MEHDI FEDOUACH/AP/SIPA

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! LE PRÉSIDENT IVOIRIEN en face de François Hollande, à l’Élysée, le 4 décembre.

D

onner un nouveau souffle. C’est l’ambition d’Alassane Ouattara, qui, après avoir remanié son gouvernement, a obtenu le soutien financier de la communauté internationale. C’était les 4 et 5 décembre à Paris, lors de la réunion du Groupe consultatif pour le financement du Plan national de développement (PND). Accompagné de Daniel Kablan Duncan, son Premier ministre, et d’une dizaine de membres du gouvernement, le président ivoirien s’est employé à rassurer bailleurs de fonds et investisseurs privés : « La Côte d’Ivoire est en passe de réussir son décollage… Ce grand mouvement ne sera pas affecté par quelques épisodes de violence localisés. »

Examen de passage réussi. L’État ivoirien a reçu des promesses de prêts et de dons de 8,6 milliards de dollars (6,6 milliards d’euros) d’ici à 2015 même si les bailleurs n’entendent pas signer un chèque en blanc et attendent de sérieux progrès en matière de sécurité, de lutte contre la corruption et de respect des droits de l’homme. Reste au gouvernement à mobiliser l’ensemble de ces fonds. « Je fais confiance au Premier ministre pour mettre tout le monde en ordre de bataille », confie Madani Tall, directeur des opérations de la Banque mondiale en Côte d’Ivoire. « On recrute des experts dans tous les ministères. » Les autorités se sont fixé des objectifs ambitieux : une croissance à deux

chiffres et la réduction de moitié de la pauvreté (qui touche 50 % de la population) d’ici à trois ans. À Paris, Ouattara s’est aussi efforcé de rassurer son partenaire français, principal soutien, avec 630 millions d’euros de dons d’ici à 2015. Reçu à l’Élysée par François Hollande, le président ivoirien a fait le point des avancées dans trois dossiers importants : justice, réforme de l’armée, dialogue politique. « J’ai récupéré une justice en piteux état, mais nous progressons. Nous serons en mesure d’accélérer les procédures et de mieux lutter contre l’impunité », a expliqué Ouattara à son homologue. Il lui a également promis que les enquêtes sur les violences postélectorales aboutiraient, quels que soient les auteurs des exactions (plus de 700 décès sont attribués aux forces pro-Ouattara et plus de 1 400 aux pro-Gbagbo). SOUTIEN. Les deux chefs d’État ont ensuite évoqué la réforme de l’armée ivoirienne, à qui la France fournit une formation et un soutien technique. Quelque 3 300 ex-combattants y ont été intégrés sur les 30 000 concernés. Enfin, les relations avec l’opposition ont été abordées, dans la perspective des élections municipales et régionales de février 2013. Les conseillers élyséens ont reçu le 23 novembre une délégation du Front populaire ivoirien (FPI, parti fondé par Laurent Gbagbo) qui leur a soumis une série de demandes : libération de l’ancien président, financement des partis, recomposition de la commission électorale. Ouattara s’est dit prêt à relancer le dialogue. ● PASCAL AIRAULT

À SUIVRE LA SEMAINE PROCHAINE

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DÉCEMBRE Législatives anticipées au Japon. Dans les derniers sondages, le conservateur Shinzo Abe devanceYoshihiko Noda, le Premier ministre sortant, de centre gauche. N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

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DÉCEMBRE À Niamey (Niger), sommet des chefs d’État du Conseil de l’entente. Au menu de l’organisation de coopération régionale : la situation sécuritaire et le plan d’action 2013-2016.

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DÉCEMBRE En Espagne, tirage d’El Gordo, la plus grande loterie au monde par l’ampleur de ses gains (2,5 milliards d’euros) et de ses participants (4 Espagnols sur 5). JEUNE AFRIQUE


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Classement Asphalt Jungle

«

Après la révolution des Œillets de 1974, deux groupes se sont opposés : le premier considérait les partisans de la révolution comme des traîtres à la patrie qui ont laissé s’éparpiller cet empire séculaire ; le second réduisait les colons à un ramassis d’ordures qui exploitaient les Noirs. » MIGUEL GOMES Réalisateur portugais, auteur de Tabou

« Si Morsi avait vraiment voulu réaliser les objectifs de la révolution, il l’aurait déjà fait. En réalité, il défend les seuls intérêts des Frères. » ALAA AL-ASWANI Écrivain égyptien

OÙ FAITIL MIEUX VIVRE dans le monde ? Sur le Vieux Continent bien souvent, à en croire le cabinet de conseil Mercer, qui a publié son classement annuel (221 villes et 39 critères retenus). Mais entre les deux extrêmes – Vienne, qui confirme en 2012 son statut de cité offrant la meilleure qualité de vie au monde, et Bagdad, qui ferme la marche –, plusieurs agglomérations subsahariennes ont progressé depuis un an. À l’instar de Maputo, qui grimpe au 165e rang alors que la capitale mozambicaine n’occupait que la 181e position en 2011. Port-Louis (82e), Le Cap (89e), Johannesburg (94e) et Victoria (96e) figurent, elles, dans le top 100. Il n’empêche, quatorze villes africaines occupent encore les vingt dernières placesduclassement.Bamako

fait une chute importante, passant de la 197e position en 2011 à la 209e. Une régression directement liée à la dégradation de la situation sécuritaire dans le nord du pays, qui rend la capitale malienne peu recommandable. À l’inverse, après le vent du Printemps arabe, « la reconstruction politique et économique, combinée aux investissements » a fait remonter des villes du Maghreb dans le classement. Tunis (109e), Rabat (114e), Casablanca (122e) grappillent chacun une place. Le Tripoli d’après Kaddafi en gagne six, se hissant désormais au 196e rang. En revanche, la situation encore volatile en Égypte n’a pas permis à sa capitale de suivre le même élan: Le Caire régresse de six crans, et n’est plus que 141e. ● TRÉSOR KIBANGULA

«

La Libye, comparée à la Tunisie ou à l’Égypte, fait figure de Printemps réussi – et ceux qui l’ont aidée peuvent être fiers de ce qu’ils ont fait. » BERNARD-HENRI LÉVY Écrivain français

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« La réconciliation ne peut

se faire qu’avec ceux qui sont en Côte d’Ivoire aujourd’hui. Gbagbo, lui, est à La Haye. C’est une question dépassée. » PHILLIP CARTER Ambassadeur des États-Unis en Côte d’Ivoire

«

Grâce à mon mari, je suis devenue beaucoup plu plus femme. Parce qu’il a dévoré le petit garç garçon qui était en moi. » CARLA BRUNI BRUNISARKOZY Épouse de l’ l’exprésident fr français

Palestine Mechaal triomphal  APRÈS CELUI OÙ JE SUIS VENU au monde et celui où j’ai échappé à la tentative d’assassinat israélienne en 1997, ce jour est pour moi une troisième naissance. » Khaled Mechaal (à g.), chef du bureau politique du Hamas, en exil depuis quarante-cinq ans, a été accueilli le 7 décembre à Gaza par une foule enthousiaste et par les dirigeants de ce parti islamiste, dont Ismaïl Haniyeh (à dr.), chef du gouvernement gazaoui. « J’espère que Dieu m’accordera le martyre à Gaza », a déclaré Mechaal. ● LAURENT DE SAINT PÉRIER JEUNE AFRIQUE


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La semaine de J.A. Décryptage

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Calendrier Pirelli Enfer et carnations

V

ous qui parcourez cette40e édition du calendrier Pirelli, quittez tout espoir de badinage. Ce n’est pas le neuvième cercle de l’Enfer, mais presque. Sommes-nous bien à Rio? Oui, mais loin des plages, des filles dénudées et des cocotiers. L’ambiance est lourde, crépusculaire, vaguement menaçante. On voit des murs lépreux,

des graffitis, des créatures brunes et mystérieuses. Qu’attendent-elles? L’Américain Steve McCurry, qui met en scène ces images de fin du monde, est photographe de guerre. Depuis plus de quarante ans, il court la planète en tous sens, de l’exYougoslavie au Cambodge et du Liban à l’Afghanistan. L’horreur, il connaît. « On peut photographier des nus n’importe où,

dit-il, mais ces mannequins-là sont vêtues, chacune d’elle mène une action caritative. Elles ont un but et un idéal. » On pourrait lui objecter qu’il est possible d’avoir un idéal et de se dévêtir, mais passons. Le calendrier Pirelli a-t-il changé ? Oui, on dirait. Sa canonisation est-elle en bonne voie ? Ce serait une bonne nouvelle. ● J.-M.A.

ð Née en 1978 à Addis-Abeba, LIYA KEBEDE, qui vit aujourd’hui à New York, est l’une des modèles les mieux payées au monde. En 2010, elle figurait dans le top 100 des personnalités les plus influentes établi par Time Magazine. Quand elle n’apparaît pas à l’écran aux côtés de Nicolas Cage ou de Jamel Debbouze, elle s’efforce « d’aider les femmes du Tiers Monde ».

JEUNE AFRIQUE

PHOTOS : STEVE MCCURRY/PIRELLI CALENDAR

Ì Nouvelle égérie de la marque Lancôme (après Penélope Cruz et Julia Roberts), HANAA BEN ABDESSLEM milite pour l’amélioration des établissements de santé en Tunisie, son pays. Elle est aussi la marraine d’Esmaani, association qui tente de venir en aide aux plus démunis. N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012


La semaine de J.A. Décryptage

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JEUNEAFRIQUE.COM

ÉVÉNEMENT

MARCELO DEL POZO/REUTERS

LE TWEET

@daily_chomsky « Je suis contre un État musulman, contre un État blanc, contre un État chrétien, pourquoi devraisje être favorable à un État juif ? » Noam Chomsky, linguiste et philosophe américain

! FRÉDÉRIC KANOUTÉ exhibe un tee-shirt « Palestine » dans le stade Ramón-Sánchez-Pizjuán de Séville, en janvier 2009.

BIAN/SIPA

Polémique Kanouté rate son but

Retrouvez toutes les informations sur le procès des militaires français accusés du meurtre de Firmin Mahé dans notre dossier spécial

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Aqmi : Droukdel tente de renforcer sa stature de jihadiste en chef

VIDÉO

DR

Dismas Kitenge, vice-président de la Fédération internationale des droits de l’homme : « Des exactions ont été commises à la fois par les rebelles et l’armée dans le Nord-Kivu, en RD Congo. »

Le footballeur franco-malien a lancé une pétition dénonçant l’organisation d’une compétition de l’UEFA en Israël. Problème : ses camarades nient l’avoir signée.

F

rédéric Kanouté est réputé pour sa discrétion. Né à Lyon – où il a joué – en 1977, exilé à 22 ans en Angleterre (West Ham, Tottenham) pendant cinq saisons avant de faire le bonheur du FC Séville et de la sélection malienne, après avoir joué pour l’équipe de France espoirs, il ne goûte guère l’exercice médiatique. Mais quand il le fait, nul ne peut l’ignorer… Converti à l’islam lorsqu’il avait une vingtaine d’années,Kanoutéavaitdéboursé500000euros en 2007 pour sauver une mosquée de Séville de la fermeture. La même année, le joueur franco-malien avait refusé de porter le maillot de son club, qui arborait une publicité pour une société de paris en ligne. Et, en janvier 2009, en plein match du championnat espagnol, il avait exhibé un tee-shirt de soutien à Gaza, alors en guerre avec Israël, écopant d’une amende de 4 000 dollars. En ce début décembre, c’est à nouveau à propos de Gaza que l’attaquant du Beijing Guoan se rappelle au bon souvenir des médias. Avec un succès très relatif. Son site officiel a annoncé que soixante-deux footballeurs professionnels avaient signé une pétition envoyée à l’UEFA pour protester contre l’organisation en Israël de

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l’Euro 2013 des moins de 21 ans, « regrettant qu’elle ferme les yeux sur la récente offensive israélienne à Gaza », et dénonçant la mort de quatre personnes lors du bombardement du Palestine Stadium de Gaza, le 10 novembre. Mais rapidement, plusieurs joueurs cités comme signataires ont démenti cette information, dont l’Ivoirien Didier Drogba, les Ghanéens André et Jordan Ayew, les Français Rod Fanni, Gaël Angoula, Steve Mandanda, Yohan Cabaye et Anthony Le Tallec. La radio RTL a précisé que le défenseursénégalaisSouleymaneDiawara avait bien signé la pétition avant de s’en désolidariser. Enfin, le 5 décembre, le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) a déposé une plainte, à Paris, pour « incitation à la propagation de la haine antisémite ». Face à la polémique, Kanouté a publié le 6 décembre un communiqué énigmatique: « J’ai reçu, de la part d’amis, la déclaration sur la Palestine me demandant si je désirais la signer. J’ai, à l’instar de plusieurs autres footballeurs, accepté de le faire, en geste de solidarité avec une population qui vit sous occupation. » On attend la suite de ses explications avec impatience… ● ALEXIS BILLEBAULT JEUNE AFRIQUE


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ITALIE

À gauche, une primaire normale

U

NE ÉLECTION PRIMAIRE qui ne tourne pas au psychodrame façon UMP, c’est quand même reposant, non? Le 2 décembre, la gauche italienne a désigné sans problème (60,8 % des suffrages) son chef de file pour les élections générales du printemps prochain. Et donc son candidat pour la présidence du Conseil. Il s’agit de Pier Luigi Bersani (61 ans), ancien du PCI plus ou moins converti au libéralisme, ancien ministre de Romano Prodi et actuel secrétaire général du Parti démocrate (centre gauche). Son adversaire malheureux, le jeune (37 ans) maire de Florence, Matteo Renzi, a sportivement reconnu sa défaite, n’a pas exigé un recomptage des bulletins et n’envisage pas une seconde de porter l’affaire en justice. Avant le scrutin, il s’était pourtant juré d’envoyer Bersani « alla rottamazione ». Autrement dit : à la casse. Reste à savoir quels seront les autres candidats. Mario Monti ? Il était censé ne faire qu’une pige au palais Chigi après le départ forcé de Silvio Berlusconi, mais sait-on jamais ? Il Cavaliere, luimême ? Non, s’il vous plaît, ne ! PIER LUIGI BERSANI, secrétaire général du Parti démocrate et chef de file de parlons pas de malheur ! ● la gauche aux prochaines législatives.

ARCHITECTURE

Niemeyer éteint la lumière IL ÉTAIT CENTENAIRE, athée convaincu, communiste indéfectible et architecte de génie. En soixante-dix ans de carrière, il avait participé à la réalisation de quelque six cents œuvres, parmi lesquelles le siège de l’Organisation des Nations unies, à New York. Mais c’est surtout la construction ex nihilo de Brasília, la capitale du Brésil inaugurée en 1960, qui l’avait rendu célèbre dans le monde N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

entier et lui avait valu le Pritzker Price, le Nobel de l’architecture, en 1988. Oscar Niemeyer est décédé le 5 décembre à Rio de Janeiro. ASIE DU SUD-EST

Gros temps en mer de Chine LES PATROUILLEURS maritimes chinois ont reçu ordre à partir du 1er janvier 2013 « d’aborder, de saisir et d’expulser les bateaux étrangers pénétrant illégalement dans les eaux » de la mer de Chine méridionale. On sait

CORÉE DU NORD

Énième provocation L’ANNONCE PAR PYONGYANG d’un nouveau tir de fusée entre le 10 et le 22 décembre ravive les tensions dans la péninsule à la veille de l’élection présidentielle au sud, le 19 décembre (lire p. 57). La menace est prise très au sérieux par les États-Unis, qui soupçonnent un tir déguisé de missile balistique à longue portée. En août, ils avaient secrètement dépêché une délégation à Pyongyang pour tenter de convaincre le jeune Kim Jong-un de mettre un terme à ses provocations. Sans grand succès, apparemment. LE CHIFFRE

LUCA BRUNO/AP/SIPA

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220

MILLIARDS D’EUROS LE MONTANT des capitaux qui, selon la Banque d’Espagne, ont quitté le pays au cours du premier semestre de cette année pour être investis ailleurs. C’est trois fois plus que pendant toute l’année 2011. MEXIQUE

Nieto au pied du mur FELIPE CALDERÓN a tiré sa révérence, et Enrique Peña Nieto (46 ans), élu au mois de juillet, est officiellement devenu président du Mexique le 1er décembre. Le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), qui présida aux destinées du pays JEUNE AFRIQUE


ARRÊT SUR IMAGE

Marcos Moreno • AFP ImageForum

ESPAGNE

Interception en haute mer CE SUBSAHARIEN TENTAIT DE FRANCHIR LE DÉTROIT DE GIBRALTAR, l’un des endroits au monde les moins favorables à la navigation, en compagnie d’autres clandestins embarqués dans trois canots pneumatiques, le 3 décembre. La flotille a été interceptée par la marine marocaine et les garde-côtes espagnols. Un à un, les passagers sont hissés à bord d’un navire du Salvamento Marítimo. L’odyssée se termine là.

de 1929 à 2000, revient ainsi aux affaires, dont il avait été écarté par les conservateurs du Parti action nationale (PAN). Son principal défi : la lutte contre le narcotrafic, qui, depuis six ans, a déjà fait quelque soixante mille morts. Nieto a annoncé un « changement de stratégie ». Sans plus de précisions. BIRMANIE

Aung San Suu Kyi et le parrain chinois LE 29 NOVEMBRE, les forces de l’ordre ont brutalement dispersé des opposants réclamant la fermeture d’une mine de cuivre gérée par la Chine à Monywa, dans le nord-ouest de la Birmanie. Bilan : des dizaines de blessés et un sentiment de gêne. Dans un premier temps, Aung San Suu Kyi, l’ex-opposante devenue parlementaire, n’a en effet pas bronché face à des méthodes qui ressemblent à s’y méprendre à celles de la défunte junte. JEUNE AFRIQUE

Même si elle a finalement exigé des excuses du gouvernement (qui s’est exécuté) et a été nommée à la tête d’une commission d’enquête, elle n’a pas vraiment pris parti. Par crainte des représailles du parrain chinois ? ALLEMAGNE

Merkel plébiscitée

À L’ISSUE DU CONGRÈS de Hanovre, le 4 décembre, Angela Merkel a été pour la deuxième fois reconduite à la tête de la CDU, le parti démocrate-chrétien, avec 97,94 % des suffrages. Mais pour la chancelière le plus dur commence. Sa popularité est certes au zénith, mais la CDU a perdu toutes les élections locales depuis trois ans. Plus grave, ses alliés libéraux sont crédités de 4 % des intentions de vote : insuffisant pour faire élire des députés au Bundestag lors des législatives du 22 septembre 2013. Dans cette hypothèse, Merkel serait contrainte de constituer une coalition

gouvernementale de rechange, soit avec les sociaux-démocrates, soit avec les Verts. BELIZE

American Parano

FONDATEUR ET ANCIEN PATRON de la société de protection informatique qui porte son nom, l’Américain John McAfee (67 ans) est un type très, très bizarre. Établi depuis 2009 sur l’île d’Ambergris Caye, au large du Belize, avec Sam Vanegas, sa compagne de quarante-sept ans sa cadette, il est plus ou moins directement impliqué dans le meurtre de Gregory Faull, son compatriote et voisin. La police bélizienne souhaite l’entendre comme témoin, lui se déclare victime de persécution politique. Le 4 décembre, il a franchi clandestinement la frontière du Guatemala et demandé l’asile politique. Il a été arrêté le lendemain et devrait être expulsé. N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

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26

Grand angle

ARMテ右S AFRICAINES

POURQUOI SONT-ELLES SI

NULLES?


Grand angle

27

Les crises actuelles au Mali et en RD Congo le confirment une nouvelle fois. Mal équipées, mal commandées, mal entraînées et… mal aimées, la plupart des forces de sécurité subsahariennes sont dans un piteux état. Enquête.

L

e patron d’Africom – le commandement militaire américain pour l’Afrique – est allé droit au but lors d’un briefing accordé le 3 décembre au Homeland Security Policy Institute, un think-tank réputé de Washington. Prié de s’exprimer sur les chances de réussite d’une opération militaire au Nord-Mali, le général Carter F. Ham s’est dit très sceptique sur les capacités d’une force conjointe africaine à mener seule une telle action. Depuis des années, a-t-il expliqué, les rares armées opérationnelles du continent ont été entraînées et équipées pour participer à des opérations de maintien de la paix, mais elles sont incapables de mener une guerre offensive. En d’autres termes: si nous, Occidentaux, ne prenons pas les choses en main – ce qui, en l’état, n’est ni envisageable ni souhaitable –, il ne se passera rien. Le diagnostic est cruel, mais il est juste. Et ce qui vaut pour l’armée malienne en déroute, chassée de Kidal, Gao et Tombouctou en moins de trois mois après avoir abandonné armes, bagages et munitions aux mains des insurgés, vaut aussi pour une bonne partie de l’Afrique francophone : cinquante ans après les indépendances, aucune armée ou presque n’est en mesure de défendre son propre territoire national. Comme d’habitude, c’est de ce révélateur des crises africaines qu’est la RD

Congo que nous viennent les images les plus choquantes de cette faillite. La chute de Goma, le 20 novembre, a jeté sur la route de Bukavu un troupeau informe d’hommes en uniforme de l’armée congolaise, officiers en tête, comme aspirés par le siphon de la débâcle. Une masse à la fois folle et molle soldant au fil des kilomètres ce qui lui restait de dignité dans l’allure comme dans la tenue, les bras chargés du butin des pillages, souvent abrutie par l’alcool et le chanvre, délivrée de toute discipline. Ces naufragés débraillés aux visages hébétés de fatigue, raclant le sol de leurs godillots, de leurs baskets ou de leurs tongs, le casque sur l’oreille, constituent pour les civils réfugiés auxquels ils se mêlent une menace latente. Derrière ce défilé pathétique des chemineaux de la défaite, c’est toute une nation qui s’effondre. De Bamako à Kinshasa, quand une armée en déroute ne suscite plus de la part des citoyens que colère, amertume, sarcasmes et parfois terreur au passage de la cohorte chancelante et prédatrice de ces silhouettes avachies qui se nourrissent sur la bête, c’est le pays tout entier qui subit une sorte de castration symbolique. Ce mauvais film où une soldatesque en fuite dépouille ceux qu’elle est censée protéger, les habitants des deux Kivus ne l’ont que trop vu depuis quinze ans. Mais ils ne sont pas les seuls. En 1996 et 1997, ce sont toutes les villes

! SOLDATS MALIENS À MOPTI, en août 2012.

MARCO GUALAZZINI/THE NEW YORK TIMES-REDUX-REA

FRANÇOIS SOUDAN


28

Grand angle

Armées africaines

supplétifs incontrôlés : Maï-Maï en RD Congo, traversées lors de leur retraite éperdue que les Ganda-Koy et Ganda-Izo au Mali, Libériens et ex-FAZ, ces Forces armées zaïroises dont Mobutu Dozos en Côte d’Ivoire, Djandjawid au Soudan. était si fier, ont soumises à la loi du racket. En Centrafrique, le moindre coup de boutoir d’une rébellion de coupeurs de route fait reculer la Garde PEUR. Les raisons de cet échec collectif ne tiennent présidentielle jusqu’aux portes de la capitale. En évidemmentpasàlaqualitéintrinsèquedeshommes Ouganda, les tueurs de l’Armée de résistance du de troupe, ni à la formation des officiers (tout au seigneur (LRA) et leur chef Joseph Kony se jouent moins les officiers supérieurs), issus souvent des depuisdesannéesdesbataillonsdel’arméerégulière meilleures écoles. Outre la logistique et les moyens lancés à leur poursuite. En Côte d’Ivoire, les Forces adéquats,cequimanqueleplusàcesarméesengesde défense et de sécurité de Laurent Gbagbo ne tation sont la motivation et le sens de la mission qui sont jamais parvenues à reprendre le contrôle de leur est confiée. Se battre sans savoir pourquoi on se la moitié nord du pays et la nouvelle bat et avec l’impression constante armée de son successeur Alassane de ne pas être respecté ni soutenu Des soldats Ouattara n’a de républicaine que le par un pouvoir politique fort et un de parade, aussi nom, tant sa composition et son comleadershipunisontdeshandicaps remarquables portement sur le terrain paraissent rédhibitoires. Au Mali comme en unilatéraux. Au Congo-Brazzaville, RD Congo, les militaires ont eu la les jours de cinq mois de guerre civile en 1997 conviction d’avoir été trahis par défilé qu'inaptes n’ont même pas permis à l’armée l’arrière, au point de développer sous le feu. loyaliste de s’emparer des quartiers une obsession de la cinquième nord de la capitale, avant de se faire colonne comme syndrome compensatoireàleurproprehumiliation.Ilsseméfientde balayer par les miliciens Cobras. L’on pourrait l’État et l’État se méfie d’eux, au point qu’aujourd’hui multiplier les exemples de ces armées de parade, encorecertainschefsd’état-major,voirecertainspréaussi remarquables les jours de défilé qu’inaptes sous le feu, aussi redoutables dès qu’il s’agit de taxer sidents, ne distribuent armes et cartouches qu’avec les véhicules qui s’aventurent aux abords de leurs une extrême parcimonie, de peur qu’elles ne se barrages qu’incapables de tenir leurs positions retournent contre eux. Tout en somme est affaire sous la mitraille, souvent contraintes par carence de gouvernance. Et sur ce point, l’Afrique a encore et aboulie de sous-traiter les lignes de front à des un long chemin devant elle… ●

MAURITANIE 20 870 SÉNÉGAL 18 620 190 $

GAMBIE 800

GUINÉEGUINÉE BISSAU 19 300 6 458 SIERRA LEONE 10 500 50$ LIBERIA 2 050

DÉPENSES MILITAIRES EN % DU PIB + de 3 % 2,5 % 2% 1,5 % 1% – de 0,5 %

MALGRÉ TOUT, QUELQUES BONS ÉLÈVES

L

es problèmes structurels dont souffrent les armées subsahariennes ne doivent pas occulter leurs qualités, ou les progrès accomplis au cours des dix dernières années par certaines d’entre elles. Après avoir contribué avec succès à la transition de l’apartheid à la démocratie, l’armée sud-africaine reste ainsi l’une des plus puissantes du continent, en particulier grâce à son aviation de combat et de transport… En outre, elle déploie un peu plus de 1 000 hommes au sein de la Mission des Nations unies pour la stabilisation de la RD Congo (Monusco). Le Kenya compte parmi les autres armées bien notées : ses troupes N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

s’entraînent régulièrement, y compris avec les Britanniques et les Américains. Les bénéfices sont là, comme en témoigne le bon comportement des soldats kényans engagés contre les Shebab à travers la Mission de l’Union africaine en Somalie (Amisom). Même si son matériel est vieillissant, il reste tout à fait opérationnel. Cette efficacité se traduit par les déploiements à l’étranger : observateurs en RD Congo, importants contingents en Somalie et au Soudan du Sud, instructeurs en Ouganda… Toujours en Somalie, les 5 000 soldats ougandais engagés ont fait preuve d’une certaine efficacité

en dépit de lourdes pertes, tandis que le pays modernise son arsenal et que les États-Unis pourraient transférer des appareils de surveillance et de reconnaissance. Accusé par l’ONU de soutenir les rebelles du M23 en RD Congo, le pouvoir de Kampala a fait savoir qu’il pouvait envisager un retrait de Somalie. S’il survenait, l’Éthiopie enverrait alors une dizaine de milliers d’hommes. Ses militaires connaissent déjà bien le terrain pour y avoir affronté et battu les Shebab. Également accusé de soutien au M23, le Rwanda dispose de forces efficientes, surtout dans le domaine des opérations d’infanterie légère et de

lutte antiguérilla. Déployées notamment au Darfour, ces troupes sont reconnues aux Nations unies pour leurs compétences, en particulier dans les actions civilomilitaires. D’autres pays entrent également dans cette catégorie des élèves en net progrès : le Ghana et la Tanzanie participent à plusieurs opérations de maintien de la paix des Nations unies ; le Tchad et la Mauritanie, avec leurs unités spécialisées, sont considérés par les experts militaires comme les seuls pays de la sous-région à vraiment pouvoir faire la différence face aux jihadistes dans le nord du Mali. ● LAURENT TOUCHARD JEUNE AFRIQUE


Pourquoi sont-elles si nulles ?

SOUDAN

MALI 20 000 120 $

NIGER 10 700

TCHAD

ÉRYTHRÉE

126 800

201 750 33 $

34 850

120 $

BURKINA FASO 11 450 240$ CÔTE D'IVOIRE GHANA 15 500 200 $ 40 000

TOGO 9 300

DJIBOUTI 12 950

NIGERIA 162 000 305 $

BÉNIN 7 250 90$

ÉTHIOPIE SOUDAN DU SUD 140 000

CENTRAFRIQUE 3 150

CAMEROUN 23 200 GUINÉE ÉQUATORIALE 1 320 GABON 500 $ 6 700

75 $

29

CONGO 12 000

RD CONGO

138 000 SOMALIE

OUGANDA KENYA 46 800 29 120 1 028*$ 1028 *$ *pour ceux engagés en Somalie

100 000 65 $

Pauvres troupes !

TANZANIE 28 400

Les budgets de la défense représentent en moyenne 1,6 % du PIB dans la région. À titre de comparaison, ce chiffre est de 4,7 % aux États-Unis, et de 2,3 % en France.

RWANDA 80 $

35 000

BURUNDI

51 050

ANGOLA MALAWI 6 800

35

117 000

ZAMBIE 16 500 ZIMBABWE MOZAMBIQUE 11 200 50 800

35

01

37

NAMIBIE 15 200

MADAGASCAR 21 600

91

BOTSWANA 10 500

BUDGET ANNUEL DE LA DÉFENSE (En millions de dollars)

62 082 900 $

LESOTHO 2 000

EFFECTIFS

$ SOLDE MENSUELLE EN DOLLARS

60 0 59 4 Af

7,2 4,6

riq

ue

du S An ud go So la ud So ud Nig an an er du ia Su Ke d Ér nya y Ca thr Cô me ée te rou d' n Bo Ivoi ts re w Ét ana hi o Na pie m Ou ibie ga n Za da m b T ie Ta cha nz d a Sé nie né ga RD M l Bu Co ali rk ng in o a Fa Co so ng Ga o bo n M Gha au n rit a a G nie Zi uiné M mba e oz b am we bi Rw que an M B da ad é ag nin as c Ce T ar nt og ra o fri qu Ni e g M er al Bu awi ru Si Les ndi er o ra tho Le Gu D one Gu in ji in ée bo ée -B ut éq iss i ua au to ria Lib le e Ga ria m bi e

8

24 3 24 2 21 7 20 7 18 3 16 3 14 0 13 3 12 5 11 5 11 5 99 ,9 93 ,8 86 ,3 77 ,2 65 ,6 55 ,7 55 ,1 52 ,9 49 ,2 48 ,6 46 ,9 45 ,6 42 ,9 36 ,9 15 ,7

27 6

35 2 33 8 32 9

36 8 35 3

46 9

AFRIQUE DU SUD

JEUNE AFRIQUE

N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

SOURCES : THE MILITARY BALANCE 2012 – SIPRI

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SWAZILAND


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Grand angle

Armées africaines

LES 7 PÉCHÉS CAPITAUX

Des états-majors jusqu'aux hommes de troupe, des forces spéciales en passant par les unités de soutien… Tour d'horizon de tout ce qui ne va pas.

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Commandement incompétent

LES AFFAIRES DE FAUX DIPLÔMES touchent aussi les forces armées. Récemment, les autorités maliennes ont radié plusieurs élèves de l’École militaire interarmes (Emia) et de l’École nationale des sous-officiers d’active (Esoa). Au Cameroun, 108 volontaires se sont inscrits à l’école de gendarmerie en 2006, pour être radiés trois ans plus tard. Il ne s’agit là que de la partie émergée de l’iceberg. Solitoki Esso, ministre togolais de la Fonction publique et des Réformes administratives, met en garde en novembre 2010 : « Les nouvelles technologies favorisent la reproduction parfaite mais frauduleuse des documents administratifs. » Des sites web proposent même tout un panel de diplômes pour des prix allant de 100 à 400 dollars (de 76 à 305 euros), avec paiement en ligne par carte bancaire ! Résultat, selon des conseillers militaires européens, certains officiers ne savent même pas lire une carte. C’est gênant. Les formateurs belges déployés en RD Congo ont été confrontés à cette situation. De quoi expliquer, entre autres, la déroute de Goma,prisesansdifficultéparleshommes du M23 le 20 novembre dernier. Les anciens rebelles sans formation ni instruction devenus officiers constituent un autre problème. Deux exemples emblématiques : la RD Congo encore (avant leur mutinerie en avril 2012, les combattants du M23 avaient été intégrés au sein de l’armée congolaise début 2009) et la Côte d’Ivoire où l’on retrouve des comzones dans la haute hiérarchie des Forces républicaines (FRCI). Difficile d’attendre de ces « officiers broussards » qu’ils mènent efficacement, et dans la discipline, leurs troupes. Pour ne rien arranger, la disparité des équipements radio nuit au bon fonctionnement de la N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

chaîne de commandement et à la circulation de l’information. Pas simple dans ces conditions de fixer sur une carte les positions des uns et des autres pour définir une stratégie. La prise de Goma est encore un bel exemple de ces dysfonctionnements (lire p. 33). Enfin, à une bureaucratie inefficace et coûteuse s’ajoute souvent un trop grand nombre d’officiers supérieurs, comme l’a montré la crise malienne : 50 généraux pour 20 000 hommes, toutes armées et unités paramilitaires confondues, ce qui représente un général pour 400 hommes! Le Niger, lui, compte un général pour 600 hommes.

! GÉNÉRAUX MALIENS dans un salon VIP, à l'aéroport de Bamako-Sénou, le 13 février 2012.

2

Renseignement négligé

LA PRIORITÉ DONNÉE AUX SERVICES de sécurité politique, enclins à dire aux dirigeants ce qu’ils veulent entendre, a pour corollaire l’indigence des services de renseignements stratégiques et militaires. Dès lors, les chefs d’État ne connaissent rien ou pas grand-chose de leurs adversaires militaires potentiels, guérillas et officiers putschistes compris. En Sierra Leone, le Front révolutionnaire uni (RUF) de Foday Sankoh, composé seulement d’une centaine de combattants au début des années 1990, a ainsi dévasté le pays et a fini par faire tomber le président Ahmad Tejan Kabbah en 1997. Au Mali, le chef de l’État, Amadou Toumani Touré, était-il vraiment au courant du danger représenté par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) puis de la menace que constituait la nouvelle rébellion touarègue du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) avant l’attaque de Menaka en janvier 2012 ? Il semble que non. ATT est tombé le 22 mars.


Pourquoi sont-elles si nulles ?

3

Logistique défaillante

VÉHICULES DE TRANSPORT en nombre insuffisant, manque de pièces de rechange, peu ou pas d’ateliers de réparation, voies de communication en mauvais état… Résultat: les lignes de ravitaillement et d’approvisionnement entre le front et l’arrière sont loin d’être optimales. La plupart des armées africaines souffrent de graves carences en matière de logistique. Ainsi, le rapport entre les effectifs des unités combattantes et ceux des unités de soutien est insuffisant. Au Ghana, il est de trois combattants pour un homme. Dans l’armée américaine en

revanche, un combattant reçoit l’appui de cinq hommes ! Concrètement, un bataillon ghanéen de 600 soldats en première ligne ne sera soutenu que par 200 hommes, tandis qu’une unité américaine équivalente le sera par… 3 000 hommes ! Un soutien de qualité, ce sont des blessés correctement pris en charge, un ravitaillement constant et suffisant, du matériel endommagé rapidement réparé…

4

Équipement insuffisant

OUTRE L’OBSOLESCENCE des matériels (occasions, pièces de rechange indisponibles car plus fabriquées, manque d’entretien…), des choix contestables dans les politiques d’armement s’ajoutent souvent. Intermédiaires véreux, acquisitions suspectes dans de vieux stocks de l’ex-bloc soviétique, achats de prestige de matériels surdimensionnés…, les décisions sont prises en toute opacité, sans concertation avec des spécialistes civils ou militaires. Plusieurs armées alignent ainsi des équipements qui ne répondent

pas aux besoins réels. Ce n’est pas sans conséquence. « Personne n’a jamais cru que les pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) pouvaient à eux seuls constituer la force africaine au Mali et en assurer sa logistique », explique un haut diplomate africain. En RD Congo, certains des 100 chars T-72 livrés par l’Ukraine (pour environ 84 millions de dollars) ont défilé sur le boulevard du 30-Juin lors de la fête de l’indépendance, mais ils ne sont d’aucune utilité dans le Nord-Kivu. Quant aux chasseurs bombardiers F7 chinois du Nigeria, des copies du Mig-21 russe, ils dessinent de belles courbes dans le ciel, mais leur efficacité est jugée limitée.

5

Corruption endémique

LES ARMÉES SONT SOUVENT PER ÇUES par ceux qui les dirigent comme une source d’enrichissement. Outre les généreuses commissions sur les achats d’armes, détourner les soldes versées aux hommes de troupe et surévaluer les effectifs est l’une des pratiques les plus en vogue. Les soldats fantômes constituent alors un véritable jackpot. Ils étaient au moins 18 000 dans l’armée ougandaise entre 1990 et 2002 ! Grâce à ce petit jeu, bon nombre de hauts officiers ont accumulé une solide épargne. Si aucun pays n’échappe à ce fléau, il n’y a pas de fatalité. En RD Congo, un nettoyage du fichier a été opéré dans le cadre de la réforme des forces de sécurité appuyée par l’Union européenne. Alors qu’on estimait le nombre de soldats à 340 000 en 2010, un peu plus de 100 000 cartes biométriques ont finalement été distribuées cette année. Sachant que la solde de base s’élève à 65 dollars par mois, il s’agit d’une substantielle source d’économies pour le Trésor public.

Gardes prétoriennes toutes puissantes

6

EMMANUEL DAOU BAKARY

Autre souci : la non-sécurisation des télécommunications. Souvent, les radios ne sont pas cryptées et les procédures de confidentialité n’existent pas… Ainsi, selon des experts du renseignement, le pouvoir de Khartoum et ses milices savent beaucoup de choses sur les unités déployées au Darfour dans le cadre de la Mission de l’Union africaine au Soudan (Amis). L’inverse n’est pas vrai.

DE NOMBREUX POUVOIRS EN PLACE n’hésitent pas à utiliser les forces armées pour briser brutalement toute forme de contestation, à l’image du massacre du stade de Conakry, le 28 septembre 2009, où les Bérets rouges de la Garde N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

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32

Grand angle

Armées africaines

présidentielle ont violé les femmes et massacré au moins 150 personnes lors d’un rassemblement pacifique. Ces formations « d’élite » ne défendent plus un État, elles sont au service d’un dirigeant. Souvent, le chef recrute ses hommes au sein de son ethnie : il s’assure ainsi de leur loyauté, mais aussi de leur cohésion jusque dans l’horreur la plus absolue, à l’instar du Rwanda en 1994 où la Garde présidentielle a été le « fer de lance » du génocide. Hormis quand il s’agit de réprimer des manifestations civiles ou de mener des coups d’État, ces prétoriens ne se montrent guère utiles : leurs capacités opérationnelles et leur niveau d’entraînement ne sont pas meilleurs que ceux des troupes « régulières », et peuvent même leur être inférieurs. En témoignent l’effondrement de la Division spéciale présidentielle de Mobutu en 1997, ou encore la défaite de la Garde présidentielle de Joseph Kabila le 20 novembre, incapable de tenir l’aéroport de Goma face au M23.

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Moral à zéro

MATÉRIELS INOPÉRANTS, soldes ridicules, commandement tout à la fois brutal et distant, casernes décrépies, camps militaires à l’abandon… Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que le moral des soldats soit aléatoire. Et comme si cela ne suffisait pas, les maladies, en particulier la pandémie du sida, frappent durement. En Afrique du Sud, on estime que 17 à 24 % des soldats sont contaminés. Les lacunes en matière d’entraînement affectent aussi l’état d’esprit des militaires. De nombreuses écoles existent pourtant, à commencer par les Écoles nationales à vocation régionale (ENVR). Seize ont été créées depuis 1997, en partenariat avec la France, dans dix pays du continent. Elles ont formé 14 000 élèves : École d’état-major de Koulikoro (Mali), École d’application de l’infanterie de Thiès (Sénégal), Centre de perfectionnement aux techniques postconflictuelles de déminage et de dépollution d’Ouidah (Bénin), etc. Un bilan positif, certes, mais qui reste modeste au regard des besoins – 14 000 stagiaires en quinze ans, c’est l’équivalent des forces régulières maliennes. Autre souci, le fonctionnement de ces écoles dépend pour l’essentiel de l’aide étrangère. ● LAURENT TOUCHARD N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

CRISES

ÉTAT D’URGENCE

Les forces maliennes et congolaises ont échoué dans leur mission. Les unes ont été incapables de défendre le nord du pays, les autres ont laissé les rebelles prendre Goma.

d’armement commandé sous Amadou Toumani Touré puis bloqué au port de Conakry. De quoi galvaniser les troupes, mais est-ce suffisant? « L’armée a été dévitalisée, déclarait à Jeune Afrique le colonel Séga Sissoko, directeur général du musée consacré à isciplinée, bien formée, bien équil’institution militaire. Le népotisme et pée… L’image d’armée modèle a la corruption jadis proscrits ont atteint volé en éclats sous les coups de boutoir le commandement. » Négligée après des rebelles touaregs et de leurs alliés la révolution démocratique de 1991, islamistes. Si les unités ont résisté aux l’armée malienne a sombré. Elle s’est premières heures du conflit, en janvier, elles n’ont pu tenir face à un ennemi paupérisée. Les rangs de soldats gonflés organisé en petites unités mobiles très de désœuvrés et de diplômés-chômeurs, réactives. Le coup d’État du 21 mars et avec des soldes indigentes, sont démoson cortège d’arrestations d’officiers tivés. À l’inverse, une partie de la hiérarchie s’est embourgeoisée, en profitant ont fini de désorganiser les troupes parfois des trafics qui prospèrent à la qui, sur le champ de bataille, ont reçu ordres et contrordres d’une hiérarchie lisière du Sahel. L’expérience acquise par désarticulée via des canaux de commudes officiers et sous-officiers formés en nication piratés par les Algérie, en Allemagne, assaillants! Fin mars, l’aren France ou aux ÉtatsLes rangs, mée avait quitté toutes Unis n’a pas été mise gonflés de ses positions, abandonà profit. Au mieux, ils nant des stocks entiers se sont retrouvés éloidésœuvrés d’armes et de munitions gnés des centres de et de chômeurs, ainsi que ses véhicules. formation, cantonnés sont démotivés. Du plus haut gradé au à des tâches adminispetit soldat, on martèle tratives. L’intégration que le moral est au beau fixe et que l’on d’ex-rebelles touaregs, après la signature piaffe d’impatience de reconquérir le dupactenational(1992),n’arienarrangé: Nord. Encore faut-il pouvoir remettre beaucoupontétéaffectésdansleurrégion l’armée d’aplomb. De l’aviation, il ne d’origine et ont fini par y créer des baronreste plus grand-chose. La dizaine de nies échappant au pouvoir central. chasseurs-bombardiers de type Mig-21 Dur de gagner une guerre avec des sont loin d'être tous opérationnels et au troupes peu soudées qui n’ont plus moins deux des trois hélicoptères de confiance en leurs chefs. « La clé, c’est combat MI-24 sont cloués au sol. Quant de confier le commandement des aux pilotes – qui totalisent peu d’heures opérations à des hommes respectés », de vol –, on peut se demander s’ils sont analyse un officier supérieur nigérien. encore à la hauteur… Trois noms reviennent fréquemment: L’infanterie comptait bien une cinles colonels Didier Dacko, Mohamed quantaine de véhicules de reconnaisAbderrahmane Ould Meydou et El Hadj sance (BRDM), une quarantaine de Ag Gamou. Visiblement, leur rôle déterblindés légers (BTR-60) et des chars (PTminant a aussi été perçu par l’ennemi. Le 76etT-55)d’originebulgareousoviétique, 2 décembre, Gamou, installé au Niger avec ses hommes depuis mai, a été vicmais une grande partie de cet arsenal time d’un attentat. ● est aujourd’hui inutilisable. Depuis le 4 décembre, le Mali a récupéré son stock MALIKA GROGA-BADA

Mali Opération remobilisation

D

JEUNE AFRIQUE


GORAN TOMASEVIC/REUTERS

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! RETOUR DES TROUPES GOMA, le 3 décembre 2012.

RÉGULIÈRES À

RD Congo Traitement de choc obligatoire

L

es derniers combats, en novembre, entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les insurgés du Mouvement du 23-Mars (M23) ont laissé un goût amer aux Congolais. Pourtant, selon un responsable de la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco), les soldats n’ont pas fait que piètre figure. « Ils ont infligé des pertes importantes aux rebelles au cours des premières batailles [en juillet dernier, NDLR]. Mais ils ne savent pas garder longtemps une position », résume la source. « À Rutshuru [à quelque 70 km de Goma], grâce à l’appui aérien de la Monusco, les rebelles ont été malmenés. Malheureusement, nos hommes se sont retrouvés à court de munitions et ils ont décroché », ajoute un officiel depuis le chef-lieu du Nord-Kivu. Sans oublier que deux bataillons entiers s’étaient JEUNE AFRIQUE

des équipements. Résultat : le moral volatilisés, avant de réapparaître dans des hommes a été sapé et la troupe le camp ennemi. s’est transformée en « une bande de Tout le monde en convient : l’armée congolaise est malade. Première raison : va-nu-pieds ». les FARDC sont, en réalité, un ensemble Les FARDC sont également rongées composite comprenant des éléments des par l’ethnicisation. « Le commandement groupes armés qui ont sévi ou continuent est essentiellement katangais ou origià sévir principalement dans les deux naire de l’est du pays, swahiliphone », Kivus depuis 1996. C’est ce qu’on appelle reconnaît une source gouvernemenle « brassage ». Ainsi, d’anciens chefs de tale. Qui ajoute : « Le salut passe par guerre ont été bombardés officiers. « On la détribalisation de l’armée, la fin de a mis ensemble des gens l’affairisme au niveau sans aucune formation. de la hiérarchie, le Les FARDC : Conséquence : l’armée paiement de soldes souffre d’un manque de plus conséquentes en un ensemble discipline et d’un double recourant à l’informacomposite de commandement », indique tique [pour éviter les groupes armés. un diplomate européen à vols], la construction Kinshasa. Au sein de ces de casernes afin que les bandes armées, rares sont ceux qui militaires aient un cadre de vie digne. » savent lire et écrire. « Dans l’est du pays, La réforme du secteur de la sécurité les officiers sont avant tout animés par a été entamée. Quelques progrès ont des appétits miniers et se sont partagé été réalisés : recensement des effectifs, la rente avec de nombreuses compliciattribution de numéros de matricule et tés sur place et à l’étranger », assure un de cartes biométriques, remise en route expert international. de centres de formation, à l’instar de Mais ils ne se sont pas arrêtés là. Ils celui de Kananga, au Kasaï-Occidental… ont gonflé le nombre de soldats et mis Mais, de l’avis de tous, il faut aller plus en place un système de détournement vite. Le temps presse. ● des soldes, des rations de combat et TSHITENGE LUBABU M.K. N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012


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Afrique subsaharienne

AFRIQUE DU SUD

Jacob Zuma,

GALLO IMAGES

l’homme à abattre


Afrique subsaharienne Le chef de l’État va tenter de conserver la direction du parti au pouvoir. Mais ses ennemis sont nombreux. Et bien décidés à le faire chuter.

PIERRE BOISSELET

A

Longtemps considéré comme l’un des partisans les plus zélés de Msholozi (surnom de Zuma) – il s’était dit prêt « à tuer pour lui » en 2007 –, Malema est devenu son détracteur le plus féroce et le porte-drapeau des contestataires. Depuis qu’il a perdu son poste à la tête de l’Ancyl, qui lui promettait un bel avenir politique, il n’a plus qu’une idée en tête : faire chuter son tombeur pour revenir dans le parti. Ses amis restés en place au sein de l’Ancyl (ils ont refusé de lui désigner un successeur) ont d’ailleurs publié une liste de dirigeants qu’ils veulent voir prendre la direction du parti à la place de l’équipe de Zuma. Motlanthe y figure en bonne place. Mais on y trouve aussi deux hommes d’affaires prospères, réputés proches de Malema: le trésorier général de l’ANC, Mathews Phosa, et le ministre du Logement, l’influent Tokyo Sexwale. Fikile Mbalula, le ministre des Sports et prédécesseur de Malema à la tête de l’Ancyl, en fait aussi partie.

vec sa barbichette blanche, Kgalema Motlanthe, 63 ans, est réputé calme, discret et expérimenté. Mais son trait de caractère qui fait le plus parler est sans conteste son indécision. Appelé depuis des mois par tous les adversaires du chef de l’État, Jacob Zuma, à briguer la présidence du Congrès national africain (ANC) lors de la conférence de Mangaung (centre du pays), qui se tiendra du 16 au 20 décembre, le vice-président sud-africain Mais, dans le plus vieux parti du continent, on a entretenu l’ambiguïté, évitant soigneusement préfère les luttes discrètes aux insultes publiques. de se déclarer, sans toutefois démentir une La ligne politique fait rarement l’objet de débats, possible candidature. même lorsque les temps sont difficiles. Et c’est L’enjeu est important. Celui qui le cas cette année : la croissance écoremportera ces élections internes, nomique est retombée à 2,6 % cette organisées tous les cinq ans, est année, selon le Fonds monétaire Créé en 1912, quasiment assuré d’être élu à la international (FMI), bien loin de le Congrès national présidence de l’Afrique du Sud l’objectif des 7 %. Des grèves africain (ANC) compte en 2014 – l’ANC étant certain dans les secteurs agricole de remporter à nouveau le et minier (la plus violente, scrutin. celle de la mine de platine de membres. Comment interpréter le de Marikana, a fait 44 morts, Ses 4 500 délégués se silence de Motlanthe ? Est-ce dont 34 tombés sous les balles réuniront du 16 au un positionnement tactique de la police) ont perturbé l’éco20 décembre nomie… Jusque-là, l’ANC est parpour éviter d’apparaître comme venu à contenir la contestation. Une un traître dans un parti prompt à mettre en avant le collectif ? Ou hésitemotiondecensurecontreZuma,déposée t-il à faire campagne, laissant aux militants la par l’opposition en novembre devant l’Assemblée responsabilité de se prononcer sur son avenir ? nationale, a été repoussée sans débat par le parti. Les procédures complexes du parti permettent Mais il arrive parfois que le choc souterrain des aux différentes branches régionales de désigner ambitions éclate au grand jour dans des guerres leur favori pour le poste de président, même si fratricides. Jacob Zuma en sait quelque chose : celui-ci ne s’est pas encore déclaré. il est le vainqueur de la dernière en date, celle qu’il a menée contre Thabo Mbeki à la conféHOSTILITÉS. Déterminés à le voir reconduit rence de Polokwane, en 2007. Mbeki cherchait dans ses fonctions jusqu’en 2019, les partisans alors à être reconduit à la tête du parti pour de Jacob Zuma, 70 ans, ont peu goûté ce suspens un nouveau mandat. Zuma, son grand rival qui menace leur champion. Et c’est une petite de l’époque, est parvenu à s’imposer, mais la phrase, noyée dans une biographie autorisée bataille a laissé des traces. Mbeki a été contraint de Motlanthe, opportunément sortie trois mois de quitter la présidence du pays avant la fin de avant la conférence, qui a déclenché les hostilités. son mandat – ce qui avait permis à Motlanthe, Le vice-président (du pays et de l’ANC) y confie déjà vice-président, de devenir chef de l’État notamment à son auteur, Ebrahim Harvey, qu’il par intérim, entre septembre 2008 et mai 2009. juge « fondamentalement mauvaise » la manière Surtout, une partie des militants proches de dont Julius Malema, l’ex-chef de la Ligue de Mbeki avaient quitté le navire pour fonder le jeunesse de l’ANC (Ancyl), a été écarté du parti Congrès du peuple (Cope), qui a remporté 7,4 % des voix aux élections générales de 2009. ● ● ● en avril dernier.

plus de 1 million

! S’IL EST RECONDUIT

À LA DIRECTION DU PARTI,

lors du congrès de Mangaung, le chef de l’État est quasi assuré de remporter ensuite un nouveau mandat à la tête du pays.

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Afrique subsaharienne

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Un tel scénario peut-il se reproduire à ●●● Mangaung ? La précampagne semble donner une nette avance à Jacob Zuma. Six branches provinciales sur neuf l’on désigné comme leur favori fin novembre. Zuma a enregistré le soutien attendu de son fief, le KwaZulu-Natal, devenu sous son mandat la fédération la plus puissante de l’ANC. Mais aussi, et c’est plus surprenant, celui du Cap-Oriental, d’où est originaire Mbeki et qui pèse encore d’un poids décisif. Officiellement, trois régions soutiennent Motlanthe: le Cap-Occidental, le Limpopo (province d’origine de Malema) et le Gauteng. Cette dernière abrite Johannesburg et Pretoria. Elle est présidée par l’ambitieux ministre des Arts et de la Culture, Paul Mashatile, qui a appelé de ses vœux « une nouvelle génération de dirigeants pour un changement radical ».

SIPHIWE SIBEKO/REUTERS

SURPRISES. La démonstration de force de Zuma

! La photo a été prise en mars. À g., JULIUS MALEMA, adversaire déclaré du chef de l’État. À dr., KGALEMA MOTLANTHE, vice-président du pays et de l’ANC, et rival supposé de Jacob Zuma.

masque cependant mal des divisions profondes. Certains hauts responsables du parti doutent de sa capacité à les diriger jusqu’en 2019. Par ailleurs, le scrutin se déroulera à bulletin secret, et les surprises sont toujours possibles. Comme le rappelle Essop Pahad, ancien ministre à la présidence de Thabo Mbeki, « rien n’oblige les 4 500 délégués qui voteront à Mangaung de respecter le choix de leur branche d’origine ». Enfin, les partisans de Zuma ont placé Motlanthe dos au mur en proposant un autre que lui pour le poste de vice-président de l’ANC : le contesté Cyril Ramaphosa, ancien leader syndical devenu un richissime membre du conseil d’administration de Lonmin, qui détient la mine de Marikana. Motlanthe n’a plus que deux choix : s’effacer, au risque de devoir quitter les instances dirigeantes du parti, ou se battre pour le présider. ●

L’ANC, LE PARTI OÙ TOUS LES COUPS SONT PERMIS « LES GENS QUI SOUTIENNENT L’ANC ont besoin que nous soyons unis et concentrés. Plus nous passons de temps à nous disputer, plus nous plongeons notre pays dans la crise […]. Nous ne pouvons plus nous permettre de perdre ou d’exclure qui que ce soit. » Ce SMS, message de paix teinté d’une inquiétude sourde, a été écrit par Wandile Mkhize, un responsable local de l’ANC du KwaZulu-Natal. C’est un testament involontaire: une N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

heure après l’avoir envoyé, le 30 juin dernier, il a été abattu. Le crime portait la trace d’un règlement de comptes politique. Ce cas n’est pas isolé. À l’échelon local, la violence est de plus en plus utilisée pour résoudre les différends politiques. Depuis février 2011, au moins 38 membres de l’ANC ont été tués dans la seule province du KwaZulu-Natal, la région d’origine du président Zuma. La lutte entre factions rivales du parti est parfois en cause. Le

30 novembre, le secrétaire général de l’ANC dans la province du Nord-Ouest, Kabelo Mataboge, a ainsi été pris pour cible devant chez lui alors qu’il revenait d’une réunion de soutien au vice-président Kgalema Motlanthe. Mais le plus souvent le mobile est bassement crapuleux. Si les effectifs de l’ANC ont d’ailleurs à ce point grossi ces dernières années (de 600000 à plus de 1 million de membres entre 2007 et 2011), c’est aussi parce que nombreux

sont ceux qui espèrent obtenir des postes à responsabilité au niveau local – et percevoir les pots-de-vin qui vont avec. Dumisani Malunga, ancien président de l’ANC dans la petite ville d’Oshabeni et favori pour un siège au conseil municipal, tué le 9 septembre, a fait les frais de cette logique. Sfiso Khumalo, 22 ans, a été condamné à vingt-deux ans de prison après avoir avoué avoir commandité l’assassinat pour prendre P.B. son poste. ● JEUNE AFRIQUE


Afrique subsaharienne SÉCURITÉ AÉRIENNE

Ces crashs que l’on pourrait éviter

Le 30 novembre, 32 personnes sont mortes dans un accident d’avion à Brazzaville. Les conditions météo étaient mauvaises, et l’appareil, un vieil Iliouchine, n’aurait jamais dû être autorisé à voler. de construction occidentale, rappelait Thomas Windmuller, secrétaire général de l’Association internationale du transport aérien (Iata), aux patrons de compagnies africaines réunis fin novembre à Johannesburg. C’est neuf fois plus qu’ailleurs dans le monde. » Surtout, ce chiffre n’inclut pas les accidents sur des appareils de fabrication soviétique, comme celui de Brazzaville.

LOUIS OKAMBA/AP/SIPA

À PRIX CASSÉS. « Ce qui pose problème

! L’AVION-CARGO QUI S’EST ÉCRASÉ AU CONGO appartenait à une compagnie arménienne.

A

prèslecrashd’unavion-cargo à Brazzaville, qui a provoqué la mort de 32 personnes le 30 novembre, la consternation régnait dans la capitale congolaise. L’équipage arménien de l’Iliouchine T76, de fabrication soviétique, avait pris la décision d’atterrir alors qu’une tempête tropicale s’abattait sur la ville. Pris dans des vents violents, l’appareil a raté son atterrissage et s’est écrasé sur des logements jouxtant la piste de l’aéroport. Propriété de la compagnie arménienne Rij Airways, l’avionopéraitpourlecompteducongolais Aéro-Service. « Un pilote qualifié attend toujours que la tempête se calme avant d’atterrir ! » assure Jean-Pierre Delpech, président de Quali-audit, une société de certification aérienne présente au Congo. « Aéro-Service avait déjà trois crashs à son actif. Depuis qu’un autre de ses appareils a eu un accident à Pointe-Noire, en

2008, il n’avait plus l’autorisation de transporter des passagers et s’était replié sur le fret », rappelle Fatima Beyina Moussa, directricegénéraled’unecompagnielocale concurrente, EC Air. Quant à Olivier Baric, patron d’Egis au Congo, la société qui gère l’aéroport de Brazzaville, il regrette l’inefficacité de l’aviation civile locale. « Elle manque de moyens, elle est peu qualifiée et elle n’est pas suffisamment regardante lors de ses inspections », affirme-t-il. Ce nouvel accident ne va pas améliorer les mauvaises statistiques de l’Afrique subsaharienne en matière de sécurité aérienne en 2012. Le 2 juin, 20 personnes ont été tuées dans un accident à Accra. Le lendemain, le crash d’un avion sur Lagos a fait 163 morts. Comme à Brazzaville, la forte urbanisation autour des aéroports a été un facteur aggravant. « En 2011, l’Afrique a enregistré 1 accident pour 305 000 vols effectués sur des appareils

sur les Iliouchine et les Antonov des années 1960, c’est une maintenance défectueuse et le manque d’entraînement des pilotes, explique le consultant Cheick Tidiane Camara, du cabinet spécialisé Ectar. Après l’éclatement de l’URSS, des compagnies ukrainiennes, russes, géorgiennes, kazakhes ou arméniennes sont venues avec ces avions en Afrique. Elles ont proposé leurs services à prix cassés, souvent au mépris des règles de sécurité. Ces appareils sont encore nombreux au Congo, en Angola, en Guinée, en Guinée équatoriale et en RD Congo, des pays qui avaient des liens avec le bloc soviétique. » L’Organisation de l’aviation civile internationale (Oaci) affirme pourtant que l’Afrique progresse. « En 2011, les États du continent se sont engagés à rendre obligatoire la conformité de leurs compagnies aux normes internationales d’ici à 2015 », fait valoir Mam Sait Jallow, son directeur pour l’Afrique centrale et occidentale. Mais les deux Congos sont très en retard sur les autres pays. « Les accidents qui y surviennent expliquent une large part des résultats médiocres du continent en matière de sécurité. Nous sommes prêts à les aider à progresser, mais nous ne pouvons pas nous substituer aux États », conclut-il. ● CHRISTOPHE LE BEC

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Afrique subsaharienne

TRIBUNE

Opinions & éd ditoriaux

Les droits des femmes ont-ils progressé? Oui, mais pas assez!

L

SOMALI CERISE Chef de projet au Centre de développement de l’OCDE

égalité des sexes en Afrique a pris une tournure prometteuse. Cette année, une femme, Joyce Banda, a, pour la première fois, accédé à la présidence du Malawi. La Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma a été élue à la tête de la Commission de l’Union africaine. Au Sénégal, 43 % des parlementaires sont désormais des femmes. Est-ce une bonne chose ? Oui. Est-ce suffisant ? Non. Il ne faudrait pas que ces victoires soient l’arbre qui cache la forêt. L’égalité des sexes est indispensable. En Afrique comme ailleurs, c’est une condition nécessaire à la réduction de la pauvreté et à la croissance économique. Le continent doit donc trouver le moyen de lutter contre les discriminations dont est toujours victime l’immense majorité des jeunes filles et des femmes en Afrique.

De la même manière, malgré les progrès réalisés et l’adoption de lois pour combattre les violences faites aux femmes, le viol au sein du couple n’est toujours pas considéré comme un crime dans la moitié des pays du continent.Très souvent, aucune loi ne punit les violences domestiques, pourtant très fréquentes, au point qu’au Congo-Brazza, en RD Congo, en Éthiopie, en Guinée, au Mali et en Somalie plus de 75 % des femmes disent que les violences domestiques sont, dans certains cas, justifiées. Malgré tout, il y a aussi des raisons d’être optimiste. Bien que les mutilations génitales demeurent répandues, certains pays ont montré des améliorations significatives ces dernières années. C’est le cas du Bénin, du Ghana, du Kenya, du Malawi et duTogo. Des pays comme l’Érythrée, le Kenya et l’Ouganda ont même adopté des lois interdisant les mutilations.

Le Centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a établi un indice (l’indice sur les institutions sociales et l’égalité hommes-femmes*) qui atteste de ce niveau élevé de discrimination. Neuf

Les nouvelles sont encourageantes aussi en matière de participation des femmes à la politique : 17 pays africains ont des quotas pour encadrer leur participation aux niveaux national et régional. Plusieurs pays du continent ont atteint, voire dépassé, l’objectif de 30 % de femmes au Parlement. Le Rwanda, avec 56 % de femmes au Parlement et un tiers de ministres femmes, se situe en tête du classement. L’Afrique du Sud reconnaît maintenant des droits de succession dans les mariages coutumiers. Le Rwanda a adopté une loi sur la violence contre les femmes. En 2010, les Kényans ont voté pour des réformes constitutionnelles majeures afin d’accorder aux femmes des droits égaux en matière de droit de la famille et de la propriété. Quelles sont désormais les priorités pour éliminer la discrimination à l’encontre des femmes et des jeunes filles en Afrique ? Il est indispensable d’adopter des réformes juridiques pour garantir l’égalité et protéger les femmes contre les pratiques discriminatoires et la violence. Il faut mobiliser les communautés pour faire évoluer des normes et des attitudes sociales solidement enracinées. Il faut, enfin, adopter des mesures d’incitation et de soutien économique pour changer les comportements discriminatoires. ●

La moitié des pays d’Afrique ne considèrent pas le viol conjugal comme un crime. des dix pays les moins bien classés se situent au sud du Sahara, la Somalie, la RD Congo, le Soudan et le Mali se classant respectivement 82e, 84e, 85e et 86e sur 86 pays recensés. L’Afrique du Sud, classée en 4e position, la Namibie (21e) et le Rwanda (28e) font figure d’exception. Comment expliquer ces résultats ? De nombreuses lois continuent de discriminer les femmes au sein de la famille. Et, même lorsque des textes ont été votés pour assurer l’égalité des droits à l’héritage ou à la propriété, ils ne sont pas nécessairement mis en œuvre ou respectés au niveau local en raison de la persistance des normes sociales et des attitudes discriminatoires. L’âge du mariage des jeunes femmes, leur accès aux ressources productives telles que la terre, la propriété et le crédit, sont de véritables problèmes dans la région.

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* www.genderindex.org

JEUNE AFRIQUE


Afrique subsaharienne

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TOGO

Un lutteur au tapis

Inculpé pour complicité d’escroquerie, Pascal Bodjona croupit en prison depuis le 1er septembre. L’ancien ministre, réputé puissant et proche du président, paierait-il le prix de son ambition ?

I

JEAN-CLAUDE ABALO

l est détenu dans un deux-pièces climatisé spécialement aménagé au sein d’une caserne de gendarmerie, en plein cœur de Lomé. À 46 ans, Pascal Bodjona est en train de s’habituer à sa nouvelle vie de prisonnier. La journée de l’ancien ministre de l’Administration territoriale, mis en cause dans une escroquerie à 36,5 millions d’euros, commence tôt par le défilé de ses visiteurs : ses avocats, ses amis et sa femme, Zaïna, une Libano-Togolaise qui, à la mi-journée, lui apporte ses repas et surveille l’évolution de son taux de glycémie. Le choc de son arrestation, le 1er septembre, et ses grosses colères, qui ont fait trembler les murs de sa geôle lors des premiers jours de sa détention, ont inquiété ses proches. Par précaution, un médecin passe régulièrement mesurer sa tension artérielle. Mais l’éruptif ancien ministre a fini par se calmer. Parfois, de l’autre côté du mur de sa cellule, il entend les ronflements de l’ancien président d’Elf, le Français Loïk Le Floch-Prigent, l’autre suspect inculpé dans la même affaire. Mais les deux hommes ne se parlent pas, ne se voient pas. Les jours d’audience chez le juge, ils sont escortés jusqu’au tribunal par des soldats d’élite. Jusqu’à présent, ils ont été entendus séparément. PILIERS. Ces jours-là, Bodjona passe en

mode guerrier. Il n’est plus le détenu dont la santé inquiète, mais le fier lutteur évala, tout droit venu du pays kabyé – région du nord du Togo dont ce natif de Kouméa est originaire. Car l’homme est bien décidé à prouver son innocence. À faire en sorte que la justice reconnaisse qu’il n’a rien à voir avec l’arnaque à la « nigériane » dont a été victime le richissime homme d’affaires émirati Abbas al-Youssef. Surtout, il refuse de croire que le régime togolais, dont il a longtemps été l’un des piliers, s’accommode aussi bien de sa chute. « C’était un collègue, un ami, soupire un membre du gouvernement. Cette affaire est douloureuse pour nous. Nous avons si longtemps travaillé avec lui et nous avons vécu tant de choses ensemble… » Dans le même temps, ce JEUNE AFRIQUE

! AVANT D’ÊTRE EN CHARGE DE L’ADMINISTRATION TERRITORIALE, il avait dirigé le cabinet de Faure Gnassingbé de 2005 à 2007.

proche du président Faure Gnassingbé regrette que Bodjona « [ait] laissé son épouse organiser des marches de protestation et crier au règlement de comptes politique sur les antennes de radios hostiles au pouvoir ». Cet activisme, affirme-t-il, « a compliqué les médiations visant à obtenir un règlement du litige à l’amiable ». À Lomé, la rumeur ne se contente plus d’une banale affaire d’escroquerie. On évoque une dispute autour de l’héritage politique du général Gnassingbé Eyadéma, on glose sur la volonté d’écarter un homme qui aurait pu, un

jour, devenir présidentiable… L’affaire Bodjona est aussi l’histoire d’un divorce au cœur du pouvoir. D’un côté, Faure Gnassingbé, le chef de l’État, le plus discret des fils Eyadéma. De l’autre, Pascal Bodjona, l’énergique ministre de l’Administration territoriale, fils d’Antoine Bodjona, un opposant encarté à l’Union des forces de changement (UFC) décédé en 2011. Pascal Bodjona est de ceux qui, par leurs conseils, ont aidé Faure Gnassingbé à accéder à la présidence. Alors que le jeune Faure poursuit ses études de gestion en France puis aux N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012


Afrique subsaharienne États-Unis, Bodjona fait son entrée sur la scène politique des années 1990. Il est à la tête de l’Hacame, une amicale estudiantine aux allures de groupe paramilitaire qui soutient le pouvoir du général-président, malmené par la conférence nationale souveraine organisée en juillet 1991. Bodjona et ses amis règnent sur le quartier d’Adewi, considéré comme acquis au parti au pouvoir. Peu studieux, il est pris en flagrant délit de tricherie pendant un examen et exclu de l’université. BASSES BESOGNES. Le pouvoir ne le

laissera pas tomber. Il obtient une bourse et s’en va étudier les sciences politiques à l’université de Columbus (Ohio, ÉtatsUnis). Ambitieux, il va vite et vise haut. En 1998, à seulement 32 ans, il est bombardé ambassadeur du Togo à Washington et se rapproche de Faure Gnassingbé, venu poursuivre ses études outre-Atlantique. Il rentre au pays en 2005 pour se mettre au service de celui qui vient d’accéder

à la magistrature suprême. Il sera son directeur de cabinet jusqu’en 2007, date de son entrée au gouvernement. Les deux hommes sont-ils amis ? Bodjona est persuadé d’être tenu en bien plus haute estime. Il se considère comme le frère du président, même si ses détracteurs voient surtout en lui l’homme des basses besognes. Il donne du « maman »

peu à peu sorti du cercle des intimes de « Faure ». Il n’est plus de ces privilégiés que le président convie dans son avion pour ses voyages à l’étranger. Il n’est plus de ceux qui partagent le secret de l’univers fermé du jeune chef de l’État togolais. Bodjona n’a pas fait mystère de son opposition au projet de dissolution du Rassemblement du peuple togolais (RPT), par lequel Faure Gnassingbé espère « Faure » n’est pas un ami, écarter les historiques du pense-t-il. Plutôt un frère qu’il parti de son père. Bodjona, a aidé à accéder à la présidence. malgré son jeune âge, se sent proche d’eux. L’opération est à la mère du président, sourit des rôles donc confiée à l’un des conseillers du président, Gilbert Bawara, et l’Union qu’on lui prête, puisque tous soulignent sa pour la République (Unir) voit le jour proximitéavec le chefde l’État. Redoutable le 14 avril dernier. débatteur face à l’opposition, porte-parole Hasard du calendrier ? Le scandale du gouvernement, il lance LCF, une téléde l’escroquerie éclate à peu près au vision basée à Lomé chargée d’appuyer même moment. En mars, un homme la communication du gouvernement. Il d’affaires, un certain Bertain Agba, est prend son rôle au sérieux. arrêté. Il est accusé de s’être fait passer Au fil des mois, pourtant, leurs liens pour un ancien ministre de l’Intérieur ont fini par se distendre. Bodjona est

LE FLOCH-PRIGENT AU BOUT DU ROULEAU INCARCÉRÉ À LOMÉ depuis le 15 septembre, Loïk Le Floch-Prigent va mal, très mal. « Il risque de perdre sa jambe », a prévenu son avocat togolais, Rustico Lawson Banku, le 23 novembre, devant les juges qui devaient statuer sur une demande de remise en liberté provisoire. À 69 ans, l’ex-patron d’Elf souffrirait d’un cancer de la peau. Inculpé pour escroquerie, il espère être rapatrié en France. « Une expertise judiciaire a attesté de l’imminence des soins qu’il doit subir au risque d’une évolution cancéreuse métastatique », explique un autre de ses défenseurs, Patrick Klugman. Mais les juges togolais ont exigé le versement d’une caution de 4,7 millions d’euros. Le Floch-Prigent ne les a pas, il doit donc rester en détention. « Qu’attend-on? Que mon mari meure? » s’est indignée son épouse, N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

JEAN-CLAUDE ABALO

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! L’ANCIEN PATRON D’ELF, le 17 septembre, à Lomé. À 69 ans, il souffrirait d’un cancer de la peau.

Marlène, sur les ondes de la radio RTL. Le 5 décembre, le Quai d’Orsay a répondu. Il s’est dit préoccupé par l’état de santé du détenu et favorable à une évacuation sanitaire. Mais pourquoi les magistrats sont-ils aussi

durs avec lui? Paierait-il une réputation de malade « providentiel »? À Lomé, certains le soupçonnent d’exagérer ses problèmes de santé. Un site proche du pouvoir, Republicoftogo .com, parle d’un simple psoriasis. En 2002, à

quelques jours de l’ouverture du procès Elf, il avait déjà été hospitalisé, et le procès avait été reporté. Finalement condamné à cinq ans de prison en 2003, il avait été libéré l’année suivante… pour raisons de G.D. santé. ● JEUNE AFRIQUE


Coulisses

Afrique subsaharienne

auprès d’Abbas al-Youssef, qu’il aurait présenté à Bodjona alors que ce dernier était toujours au gouvernement. Rapidement, l’affaire se retrouve devant les tribunaux. Un juge d’instruction s’enhardit et veut entendre le toutpuissant ministre de l’Administration territoriale, mais il lui faut l’autorisation du chef de l’État… Le magistrat n’aura pas besoin d’en arriver là. Le 11 juillet, le Premier ministre, Gilbert Houngbo, est « démissionné » ; son gouvernement est dissous. Le 23, une nouvelle équipe est nommée et Bodjona n’en fait pas partie. Il est remplacé par son rival, Gilbert Bawara. CONVOCATION. Le désormais ex-

ministre sent le vent tourner et demande à rencontrer le président, qui le reçoit le 8 août. « L’ambiance était bonne », assure son frère, Luc Abaki, joint au téléphone par Jeune Afrique. « Faure, continue-t-il, a semblé ne pas être au courant de la convocation du juge, et les deux hommes se sont juré fidélité. Pascal est reparti rassuré. » Mal lui en a pris. Le 10 août, le président se rend à Accra pour les obsèques de son homologue ghanéen, John Atta Mills. Bodjona est convoqué chez le juge à 17 h 45 (« après le départ des fonctionnaires, pour ne pas attirer l’attention », affirme encore son frère). Une simple formalité, l’a-t-on assuré. Il s’attend à être entendu comme témoin, pas à être inculpé. Il le sera trois semaines plus tard. Retourné chez lui, dans sa villa du quartier de Cacavelli, il a reçu, dans l’après-midi du 12 août, un appel du président l’invitant à rester serein. Le 1er septembre, pourtant, il est arrêté puis accusé de « complicité d’escroquerie » à la suite d’une deuxième plainte d’AlYoussef, qui le vise directement. Depuis, il attend dans sa cellule. Ses avocats, dont Zeus Ajavon et Isabelle Améganvi, sont des activistes du collectif Sauvons le Togo, très proche de l’opposition, et, à Lomé, Bodjona est maintenant soupçonné de soutenir les adversaires politiques du président. Est-il en train de payer ses ambitions présidentielles ? A-t-il réellement été complice d’une arnaque à 36,5 millions d’euros? Seul un procès équitable pourra apporter des réponses aux questions que se posent les Togolais. ● GEORGES DOUGUELI JEUNE AFRIQUE

SÉNÉGAL ŒIL POUR ŒIL… Le gouvernement vient de trancher un vieux débat. Faut-il appliquer la réciprocité dans la délivrance des visas aux étrangers? En d’autres termes: faut-il les faire payer? Les gouvernements précédents s’étaient déjà posé la question, mais le lobbying des opérateurs touristiques avait à chaque fois payé. Ce n’est plus le cas : à compter du 1er janvier (dans les textes) et du 1er juillet (dans les faits), la réciprocité sera la règle. Le ministre desAffaires étrangères l’a annoncé début décembre. « L’argumentaire selon lequel [cette décision] pourrait influer négativement sur les flux touristiques n’a pas été démontré », a-t-il expliqué. Officiellement, cette décision relève d’une question de souveraineté. Officieusement, deux autres raisons sont avancées. Il s’agit d’abord d’une réplique à la France, dont le consulat à Dakar s’est fait remarquer ces derniers temps en refusant des visas à plusieurs personnalités du monde des lettres et des arts. Mais le principal argument est financier. En ces temps de vaches maigres, les visas pourraient représenter une manne financière non négligeable.

ÉRYTHRÉE LES FILLES DE L’AIR Disparus ! Envolés ! Le 4 décembre, dix-sept footballeurs érythréens et leur soigneur se sont fait la belle à Kampala (Ouganda), où ils étaient venus participer à un tournoi. Ils ont déposé une demande d’asile politique. Ce n’est pas la première fois que cela arrive. En 2007, six joueurs avaient demandé l’asile en Angola et, en 2009, douze autres avaient fait de même au Kenya. BURUNDI EN CATIMINI Sans surprise, l’opposition burundaise rejette la nouvelle Commission électorale nationale indépendante (Ceni), chargée d’organiser la présidentielle et les législatives de 2015. Elle regrette que sa composition ait été votée,

le 4 décembre, « en catimini, contre toute attente et contre la loi ». Surtout, l’ancien président de la CENI, que l’opposition accuse d’avoir aidé le parti au pouvoir à remporter les dernières élections, a été reconduit. MALI BLACKLISTÉS Le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a été ajouté à la liste noire des Nations unies. Le Conseil de sécurité l’avait menacé de sanctions s’il ne prenait pas ses distances avec le terrorisme. Depuis le 6 décembre, les membres du Mujao, qui tiennent la ville de Gao au Mali, sont désormais visés par un gel des avoirs, un embargo sur les armes et une interdiction de voyager. N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

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Maghreb & Moyen-Orient

Gauche cherche sauveur MAROC

Très affaiblie, l’Union socialiste des forces populaires s’apprête à élire son premier secrétaire. Sa mission : rendre au parti ses lettres de noblesse.

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JEUNE AFRIQUE


! Comme en 2008, LE CONGRÈS NATIONAL DE L’USFP se tiendra à Bouznika, du 14 au 16 décembre. HAMID BARRADA, envoyé spécial à Rabat

A

près le congrès de l’Istiqlal, qui, en septembre, a vu l’ascension spectaculaire du « fils du peuple » Hamid Chabat, c’est au tour de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) de faire l’actualité. Le « parti de Ben Barka et Bouabid » tient son 9e congrès du 14 au 16 décembre à Bouznika. Des questions essentielles voire existentielles se posent aux socialistes. L’USFP, qui n’a pas démérité au gouvernement, s’est dangereusement éloignée de ses bases populaires et a dégringolé aux législatives de novembre 2011 à la cinquième place pour être rejetée dans l’opposition. Va-telle donc, à la faveur de ses assises, arrêter le processus de dégradation et se refaire une JEUNE AFRIQUE

Poids des socialistes à l’Assemblée (en % des sièges) 20 18

15

15 12

10

10

5 0

1997 2002 2007 2011

santé ? Saura-t-elle mettre à profit son expérience unique en matière d’opposition, accumulée dans l’adversité au cours des années Hassan II, pour faire face à la coalition au pouvoir dirigée par Abdelilah Benkirane, le leader du Parti de la justice et du développement (PJD) ? Enfin, sera-t-elle en mesure de constituer une coalition de rechange, avec un programme crédible, susceptible d’accélérer l’alternance de demain ? Bien entendu, c’est l’élection du premier secrétaire qui sera le clou du congrès. Aucune femme en lice, mais cinq hommes : Fathallah Oualalou, Driss Lachgar, Habib El Malki, Ahmed Zaïdi et Mohamed Talbi. Tous sont connus, à l’exception du cinquième. L’homonymie aidant, on s’est beaucoup interrogé sur son identité. Il s’agit d’un journaliste, et il se présente parce que, lors d’une réunion, le leader du parti, Abdelouahed Radi, a négligé de lui donner la parole… Donc quatre candidats en fait, dont voici, le profil et les chances de succès. N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

ALEXANDRE DUPEYRON

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Maghreb Moyen-Orient RADI, UN BILAN EN DEMI-TEINTE

N

ous avons gagné la réforme constitutionnelle mais perdu les élections », résume Abdelouahed Radi en guise de bilan de ses quatre années passées à la tête de l’USFP. Souvent accusé d’inertie, le premier secrétaire du parti de la rose, élu lors du 8e congrès en novembre 2008, rappelle que les socialistes ont adressé un mémorandum au Palais royal appelant à une révision de la loi fondamentale. C’était le 8 mai 2009. Mais ce document est resté dans les tiroirs jusqu’à l’avènement du Printemps arabe et de sa déclinaison marocaine, le Mouvement du 20-Février. Le roi a alors lancé le débat sur la réforme constitutionnelle à laquelle ont pleinement participé les

ALEXANDRE DUPEYRON

«

! ABDELOUAHED RADI, premier secrétaire sortant.

socialistes. « On a fait une centaine de propositions, et 97 % ont été retenues », précise Radi. Le parti a ensuite fait campagne pour le oui au référendum et préparé les législatives de novembre 2011, qui se sont traduites par une débâcle, l’USFP arrivant cinquième.

« Les Marocains ont voté pour une réforme progressiste et une majorité conservatrice », déplore le premier secrétaire. Un scrutin qui a vu les ténors socialistes se quereller pour les têtes de liste. Aujourd’hui, les socialistes sont retournés dans l’opposition pour,

nomie, se distingue en faisant campagne depuis trois ans. De son passage au gouvernement il n’a pas laissé un souvenir impérissable. Au ministère de l’Éducation, il s’est appliqué à ménager les syndicats, quitte à laisser en souffrance une réforme plus nécessaire que jamais. « Il n’a pas fait de mal, confie un ancien collègue, il n’a rien fait ! » C’est que chez Habib El Malki, comme dans tout ce qu’il a entrepris, le fairesavoir a tendance à l’emporter sur le savoir-faire. Que pense de lui le peuple ittihadi (usfpéiste) ? « Il est plus connu que populaire. » Le député natif de Bejaad avait déjà brigué le poste de premier secrétaire en 2008. Il était arrivé quatrième, derrière Radi, Oualalou et Lachgar. Cette fois, il a beaucoup semé en sillonnant les régions. Nul ne sait ce qu’il va récolter en décembre. Il pourrait constituer la surprise. N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

JOËLLE VASSORT

HABIB EL MALKI, 66 ans, professeur d’éco-

JOËLLE VASSORT

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disent-ils, se reconstruire et préparer un projet d’alternative de gauche ouvert aux autres formations. Mais le parti est en petite forme. Il a perdu quelque 20 000 adhérents et n’en compte plus que 40 000. Il est aussi en proie aux divisions. Dans une lettre adressée aux militants, trois cadres du bureau politique, initiateurs de la plateforme l’Union pour l’avenir, Mohamed El Achaari, Ali Bouabid et Larbi Ajjoul, estiment que les conditions ne sont pas réunies pour moderniser l’USFP. Pour eux, « la compétition pour la direction du parti se trouve vidée de tout contenu politique permettant une contractualisation claire entre la direction et la PASCAL AIRAULT base ». ●

FATHALLAH OUALALOU a franchi le seuil des 70 ans, mais, comme les Chinois, il n’a pas d’âge. Son secret ? S’il travaille sans cesse, il mène une vie très saine. Oualalou n’est pas socialiste, il incarne le socialisme pour ses concitoyens et les camarades de l’Internationale socialiste. Tout son itinéraire d’une constance exceptionnelle en témoigne. À l’Union nationale des étudiants du Maroc (Unem), à l’université, au Parlement, au gouvernement, il a fait le boulot avec les mêmes qualités : travail, pragmatisme, modestie. Son engagement total à gauche n’a pas empêché Hassan II de faire appel à lui pour participer à l’éducation du prince Moulay Rachid. Après son long passage au ministère des Finances (onze ans), chacun le reconnaît aujourd’hui, il a assaini les comptes du pays et favorisé son essor économique. Bien que son parti n’ait obtenu que de piètres résultats aux élections municipales, les autres formations, du PJD au PAM en passant par l’Istiqlal, l’ont propulsé à la tête de la mairie de la capitale. Comme le sage chinois (décidément…), JEUNE AFRIQUE


Maghreb Moyen-Orient

Lachgar: « Je veux refaire de l’USFP un parti populaire »

Oualalou peut dire : « Nul ne peut rivaliser avec moi, car je ne rivalise avec personne. » Ceux qui ont à cœur de sauver l’USFP, menacée, selon son leader Abdelouahed Radi, de « suicide collectif », ont fait appel à lui. C’était déjà le cas en 2008 et il a perdu à vingt voix près. Il s’agissait alors d’un scrutin à un tour. Aujourd’hui, la configuration est totalement différente avec l’introduction du scrutin à deux tours ; si, en principe, tous les candidats sont crédités au premier tour de scores équivalents, seul Oualalou, l’homme du rassemblement, devrait l’emporter au second tour. Encore faut-il qu’il y soit… Il peut parfaitement être victime du syndrome Jospin. On attend un grand moment de télévision dans le sillage du congrès socialiste. Les cinq candidats ont accepté de participer ensemble à Moubacharatan Maakoum (« En direct avec vous »), la principale émission politique de 2M. Les cinq ont eu un certain courage, d’autant qu’ils ont renoncé aux meetings communs initialement prévus. L’édition spéciale sera diffusée le 12 décembre à 21 h 30 (le prime time au Maroc). Une première et un pari louable sur la démocratie.

JEUNE AFRIQUE : Quelles sont les grandes lignes de votre projet ? DRISS LACHGAR: Je me suis fixé quatre grands objec-

tifs : la résurgence du projet social-démocrate après la redéfinition, à l’échelle internationale, des enjeux du socialisme par-delà le simple clivage droite-gauche à travers ce qu’on appelle la troisième voie. Le deuxième objectif sera de porter les couleurs du pluralisme, qu’il soit politique, social, culturel, linguistique, conformément aux principes inscrits dans la Constitution. Ensuite, je compte donner au parti une visibilité et une vigueur qu’il a quelque peu perdues, notamment en rompant avec la langue de bois et avec la forme trop diplomatique du discours actuel. Enfin, je veux refaire de l’USFP un parti populaire, un vrai parti de masse, dynamique et combatif. Quel est votre diagnostic sur l’état actuel du parti ?

AHMED ZAÏDI, 59 ans, vient de la télévision.

JEUNE AFRIQUE

Alors que nous avons longtemps été en pointe dans la revendication démocratique pour les libertés publiques et d’expression, force est de constater que nous sommes aujourd’hui à la traîne. Notre parti doit reconstruire sa base électorale. Notre but ne sera plus d’être une simple opposition parlementaire mais de proposer un vrai projet de société alternatif. Pour cela, il faut que le prochain premier secrétaire envisage son action sur le long terme, qu’il ait du souffle. La place de l’USFP est-elle dans l’opposition ?

TARIK FETTAH

Outre le JT de la 1re chaîne, il s’est fait remarquer pour sa couverture du conflit du Sahara, ou des activités royales, ou encore pour ses interviews de chefs d’État étrangers : Senghor, Moubarak, le roi Hussein… Quatre lustres de journalisme officiel. En 1976, il se présente aux élections locales du côté de Bouznika et siège au conseil communal. En 1992, il est propulsé à la tête de la commune de Cherrat. Pour les législatives de 1997, c’est une autre paire de manches du fait du truquage. Mais il arrachera de haute lutte (on a dû voter à quatre reprises !) le siège de député de Bouznika en 2003. Aujourd’hui président du groupe socialiste à la Chambre des représentants, il affiche un réel talent d’exposition plutôt qu’une maîtrise des dossiers. « Comme à la télé », note un député. Homme de consensus, Ahmed Zaïdi n’aime pas les confrontations et cultive de bonnes relations avec tout le monde. Originaire d’une riche région agricole, il bénéficie du soutien des notables des villes et surtout des campagnes. Dans le combat pour le leadership de son parti, il a reçu l’appui de tous ceux, en particulier de nombreux députés comme Ahmed Reda Chami, qui entendent barrer la route à Driss Lachgar.

En cas d’échec avéré et reconnu du gouvernement ou d’élections législatives anticipées, nous en rediscuterons… Pour l’instant, notre mission est de mener une opposition plus active, plus visible.

Dans une interview accordée à J.A. (no 2702), Hamid Chabat, fraîchement élu à la tête de l’Istiqlal, semblait vous soutenir. Comment réagissez-vous ?

Hamid Chabat a démenti me soutenir. Et puis de toute façon, l’USFP est le seul parti qui, historiquement, ne se fait jamais dicter qui en sera le chef. Chez nous, il n’y a pas d’intervention extérieure, seuls les militants ont voix au chapitre. Quel jugement portez-vous sur le gouvernement Benkirane ?

Je suis convaincu que, sous ce gouvernement, le pays a déjà connu plusieurs reculs. La femme marocaine a par exemple vu sa condition se dégrader; la communication du gouvernement a également été déplorable, même sur le plan des valeurs ; ce gouvernement n’est même pas encore parvenu à fixer le calendrier des prochaines élections locales. ● Propos recueillis par SOULEÏMAN BENCHEIKH N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

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Maghreb Moyen-Orient DRISS LACHGAR, 58 ans, avocat, ne passe pas inaperçu. Il en impose autant par son gabarit que par sa fougue oratoire. C’est un pur produit ittihadi. Dans le sillage d’Abdelhadi Khayrat, une figure populaire du parti, il a milité à la Jeunesse, avant de s’affirmer comme un organisateur hors pair. Contrôlant l’appareil, il a longtemps été proche de Mohamed Elyazghi, qui a dirigé le parti à partir de 2002. Son éloignement du premier secrétaire a considérablement affaibli ce dernier, qui a été évincé en 2007. Il ne pardonnait pas au chef de l’USFP de l’avoir « oublié » lors des négociations pour la formation du gouvernement Abbas El Fassi. Militant sans peur et sans reproche, Driss Lachgar a la réputation d’être un bon juriste. Député de Rabat, il s’est acquitté convenablement de sa mission de président du groupe. Au Parlement, il lui revenait de défendre le gouvernement (Youssoufi et Jettou) contre les attaques du PJD. Après la naissance du Parti Authenticité et Modernité (PAM), en 2008, il lui a réservé ses

HASSAN OUAZZANI POUR J.A.

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flèches, esquissant même un rapprochement avec les islamistes. Après avoir perdu son siège en 2007, il explique les déboires électoraux du parti par sa participation au gouvernement et plaide pour un retour salutaire dans l’opposition. Ses critiques se sont néanmoins tues lorsqu’il a été invité en 2010 à entrer au gouvernement pour s’occuper des relations avec le Parlement. Ces fluctuations, ces fidélités changeantes desservent Driss Lachgar quand bien même nul ne conteste son ardeur militante et son patriotisme de parti. Il garde la haute main sur les réseaux. C’est d’ailleurs son principal atout dans la bataille pour la direction. Par plusieurs traits – bagout, capacité de travail, efficacité, populisme… –, Driss Lachgar fait penser à Hamid Chabat. Mais il n’apprécie pas du tout ce parallèle. Il est vrai que le maire de Fès n’a pas bonne presse parmi les socialistes, qui ne lui pardonnent pas ses sorties contre Mehdi Ben Barka. ●

Oualalou: « Je n’ai pas créé de clan » JEUNE AFRIQUE : Comment se porte l’USFP ? FATHALLAH OUALALOU : Le parti est

essoufflé. Il accumule depuis dix ans les échecs, tombant jusqu’à la cinquième place aux dernières législatives. Pourquoi ?

D’abord notre participation au gouvernement Driss Jettou en 2002, constitué en dehors de la « méthodologie démocratique ». En 2007, notre maintien dans le gouvernement El Fassi, composé dans des conditions scandaleuses, a aggravé le malaise. Aujourd’hui, ce n’est pas seulement l’USFP mais toute la politique qui se porte mal. Nous sommes dans une situation paradoxale. Nous avons une bonne Constitution et, en même temps, nous constatons un recul du politique. Or le rétablissement du parti passe par la réhabilitation du politique, et vice versa. Comment ?

Les Marocains ont besoin de l’USFP. Ils associent naturellement notre parti à la lutte pour la démocratie. Tenez, on crédite le Mouvement du 20-Février de la revendication, réputée audacieuse entre toutes, d’une « monarchie parlementaire ». Or elle figure déjà dans les résolutions du 3e congrèsde1978.Silerégimemarocainse N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

définitdésormaiscommeune«monarchie constitutionnelle et parlementaire », c’est grâce aux socialistes. Que reprochez-vous au gouvernement Benkirane ?

Précisément de ne pas faire de politique! La politique, ici, consiste à mettre en chantier les lois organiques pour mettre en pratique la Constitution, et qui concernent les prérogatives du gouvernement, du Parlement, des offices, la parité, les droits de l’homme, etc. Or Benkirane est au pouvoir depuis un an et n’a pratiquement rien fait. C’est une année blanche. Comment avez-vous réagi à l’élection de Hamid Chabat à la tête de l’Istiqlal ?

Je n’ai rien à dire sur le débat à l’intérieur d’un autre parti. Le chef de l’Istiqlal appelle de ses vœux des Chabat partout…

Chaque parti a son histoire, et chacun doit respecter l’autonomie de l’autre. Vous ne craignez pas une contagion ?

Je viens de vous répondre.

Le même Chabat souhaite la résurrection de la Koutla…

La question des alliances n’est pas à

l’ordre du jour, puisque les élections sont prévues pour 2016. Et puis c’est dans le combat que les alliances trouvent leur raison d’être et leur crédibilité auprès du pays. L’opposition aligne l’USFP, le PAM et le RNI. On ne les voit pas à l’œuvre…

C’est la conséquence du recul du politique. Le challenge de notre congrès est de faire de l’USFP la locomotive de l’opposition comme elle l’a été dans le passé. Quels sont vos atouts pour diriger le parti ?

Ma crédibilité inséparable de mon itinéraire militant, que ce soit à l’Unem ou au Parlement, dans l’opposition comme au gouvernement. Un détail: je n’ai jamais créé ou entretenu un groupe, un clan ou une coterie. Chacun sait que je serai, si je suis élu, le premier secrétaire du rassemblement. Vous bénéficiez, paraît-il, de la sympathie discrète de Youssoufi…

Je ne lui demanderai jamais de sortir de son retrait. Mais dans mon long cheminement, c’est l’avantage de l’âge, je me suis trouvé, avec une égale proximité, aux côtésdeBenBarka,BouabidetYoussoufi. ● Propos recueillis par HAMID BARRADA JEUNE AFRIQUE


Maghreb Moyen-Orient TUNISIE

Ahlem Belhaj, au nom de toutes les miennes Distinguée par le magazine américain Foreign Policy, cette féministe de longue date est décidée à se battre pour préserver les acquis de ses concitoyennes et servir les vrais objectifs de la révolution.

ONS ABID

connu pour ses positions libertaires, qu’elle épousera en 1993. Intelligente, syndiquée et politiquement engagée, elle a tout pour déplaire au régime Ben Ali, qui ne réussit à contrer ni son ascension professionnelle ni ses activités militantes. Tracasseries multiples, harcèlement et poursuites judiciaires ne l’empêcheront pas d’être, dès 1992, membre du bureau exécutif de l’ATFD, dont elle assurera une première présidence en 2004. Au lendemain de la révolution, elle rejoint la Ligue de la gauche ouvrière (LGO), une des formations participant au Front populaire pour la réalisation des objectifs de la révolution, qui regroupe les mouvements de la gauche radicale et les nationalistes arabes.

S

! LORS D’UN COLLOQUE organisé par l’ATFD, le 17 juin, à Tunis.

es cheveux courts et son air décidé lui donnent l’allure d’un petit soldat, mais elle n’est jamais rentrée dans le rang. Native de Korba, au cap Bon (NordEst), Ahlem Belhaj, 47 ans, dont trente au service de la lutte contre toutes les inégalités, rejette les diktats de l’islamisme ambiant, qui voudrait retirer aux Tunisiennes certains de leurs acquis. « Le projet de Constitution nous fait très peur. La femme n’est pas une sous-citoyenne », s’insurge celle qui a rempilé en 2011 pour un second mandat à la tête de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD). Elle prône une égalité des sexes « parfaite ». Pour avoir exigé que les femmes aient leur mot à dire dans le nouveau monde arabe, Ahlem Belhaj vient d’être distinguée par le magazine américain Foreign Policy – qui l’a classée 18e dans son top 100 des « Global Thinkers » 2012 –, après avoir reçu, au nom de l’ATFD, le prix Simone-de-Beauvoir pour la liberté des femmes en janvier 2012. Les distinctions jalonnent le parcours de cette moderniste, mère de deux enfants, qui aurait pu être une athlète de haut niveau. Adolescente, JEUNE AFRIQUE

elle était spécialiste du saut en longueur et du 100 m, remportant de nombreux titres jusqu’à être sélectionnée en équipe nationale. Mais, si le sport n’a pas été sa destinée, il lui aura donné le goût de l’endurance et de l’effort, le sens de la discipline et un mental d’acier, forgé également au contact d’un père enseignant. GAUCHE RADICALE. Professeure agrégée

« RIEN N’EST ENCORE JOUÉ ». Pour Ahlem Belhaj, les conquêtes politiques et la cause des femmes sont interdépendantes. « Je m’insère dans une gauche radicale qui exige des solutions socioéconomiques et fait de la position de la femme une préoccupation fondamentale. Notre projet de société passe par l’instauration d’un modèle équitable quant aux rapports hommes-femmes, ce qui changera le reste des rapports sociaux », assure-t-elle. Si les lendemains de la révolution se sont révélés difficiles, la militante n’a pas baissé les bras, loin s’en faut, dénonçant les discriminations faites aux femmes en matière d’autorité parentale et de droit successoral, ainsi que la féminisation de la pauvreté et l’inégalité face à l’emploi.

de médecine, chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Razi de La Manouba, c’est à la faveur de ses études qu’elle s’initie, dès l’âge de 17 ans, au militantisme. Dans les années 1980, les facultés tunisiennes sont « Le projet d’Ennahdha n’apporte en ébullition. Le débat pas de réponse aux attentes des autour de l’activité syndicale et de l’apparition Tunisiennes. » de la mouvance islamiste fait rage. Ahlem Belhaj y rencontre le Elle estime aujourd’hui que « rien n’est féminisme le 8 mars 1983, lors de la encore joué, ni dans un sens ni dans l’autre. Ce qui est certain, c’est que le célébration de la Journée internationale de la femme. Elle s’engage aussi dans la projet d’Ennahdha n’est pas modéré et lutte syndicale au sein de l’Union génén’apporte pas de réponse aux attentes rale tunisienne des étudiants (UGTE) et des Tunisiennes. En d’autres termes, la intègre un groupe marxiste aux côtés de révolution continue, c’est une révolution Sadri Khiari, Olfa Lamloum, Afifa Souissi permanente » ! ● et Jalel Ben Brik Zoghlami, un opposant FRIDA DAHMANI, à Tunis N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

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Maghreb Moyen-Orient LIBYE

L’affaire Kikhia à moitié élucidée l’ambassadeur au Caire, mais surtout le sinistre Abdallah Senoussi, qui peut seul reconstituer le puzzle.

La dépouille de l’ancien ministre des Affaires étrangères disparu en 1993 a été retrouvée. Mais le mystère de son enlèvement et de son assassinat reste entier.

GANGSTÉRISME D’ÉTAT. Impliquant

ABDULLAH DOMA/AFP

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! Les funérailles de L’UN DES PLUS CÉLÈBRES OPPOSANTS DE MOUAMMAR KADDAFI, le 3 décembre, à Benghazi.

A

aussi le voisin égyptien, l’enlèvement de Mansour Kikhia est emblématique de la répression kaddafiste. Comme l’affaire Ben Barka au Maroc, il incarnait aux yeux des opposants l’archétype du gangstérisme d’État. C’est le transfert en Libye, le 5 septembre, du chef des services de renseignements Abdallah Senoussi qui a tout débloqué. Ce n’est pas pour rien que l’homme est surnommé « la boîte noire ». Les secrets les mieux gardés de la longue nuit kaddafiste, c’est lui. Devant les enquêteurs libyens, il n’a apparemment pas tardé à parler. Sur ses indications, trois corps ont été retrouvés enterrés dans le jardin d’une villa à Tripoli. Au départ, on a pensé à Moussa Sadr, l’imam chiite enlevé en 1978 et devenu l’objet d’une adoration mystique au Liban. Les autorités de Beyrouth insistaient depuis des mois auprès du CNT pour élucider cet autre mystère. Mais les analyses ADN ont été catégoriques. On a alors contacteé le frère de Mansour, Rachid Kikhia, pour aider à l’identifier. Ce qui a été fait minovembre grâce à de nouvelles analyses ADN à Sarajevo.

l’opposition libyenne à l’initiative de près dix-neuf ans d’attente, Kikhia, en octobre 1993, moins de deux l’enlèvement de Mansour mois avant son enlèvement. Le mystère Kikhia, opposant notoire de Kaddafi, est en passe de troude son kidnapping et de l’assassinat reste ver son épilogue. La dépouille de l’ancien entier. Son épouse, Baha Kikhia, qui s’est ministre libyen des Affaires étrangères a battuesansrelâchepourque toute la lumière soit faite, a été enterrée à Benghazi, sa ville natale, le L’audition du sinistre Abdallah 3 décembre. La veille, une cérémonie officonfié à J.A. que son mari Senoussi, ex-chef des services de cielle,enprésencedenombredesescamaavait été contacté, avec insisradesdel’oppositionenexil,aétéorganisée tance, par des proches de renseignements, a tout débloqué. par le ministère des Affaires étrangères Kaddafi pour une rencontre à Tripoli. Étaient également présents le Pendant dix-neuf ans, la famille Kikhia avec ce dernier. Elle a aussi établi qu’un président du Congrès général national a frappé à toutes les portes, enquêtant, émissaire libyen, un dénommé Nejm, (CGN, Parlement), Mohamed el-Megainterpellant le colonel Kaddafi, plaidant avait rencontré Kikhia le 10 décembre et ryef, et d’autres membres la cause du disparu auprès des dirigeants que quatre berlines diplodu gouvernement ou du matiquesavaienttraverséla étrangers, dont le président Bill Clinton – Conseil national de tranBaha, l’épouse de Kikhia, a la nationalité frontière à l’ouest d’Alexansition (CNT), aujourd’hui drieaulendemaindesadisaméricaine –, mais sans résultat probant. dissous. Chacun a eu un parition. Hosni Moubarak Depuis longtemps, face aux rumeurs mot à la mémoire du plus n’ajamaisvraimentenquêté contradictoires, ses proches avaient fini célèbre des opposants de sur cette « non-affaire », ce par ne plus accorder de crédit aux « révéKaddafi. qui a permis à Kaddafi de lations » qu’on leur vendait comme on Kikhia avait disparu dans constamment se défausser jette une dose de drogue à un toxicomane. la soirée du 10 décembre sur ses voisins. Pourtant, Puis le soulèvement de 2011 et la guerre 1993 après avoir quitté des dignitaires libyens contre Kaddafi ont ouvert l’odieuse boîte à l’hôtel Safir, au Caire. étaient fort nombreux secrets du régime. Maintenant que le sort Certains de ses camarades autour du Sheraton, au de Mansour Kikhia est connu, le combat ! J.A. N 1725, daté du même moment. Parmi pour juger les coupables ne fait que comse sont souvenus de la ren27 janvier au 2 février contre d’Alger, réunissant eux, Brahim Bechari, mencer. ● YOUSSEF AÏT AKDIM 1994. O

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JEUNE AFRIQUE


Maghreb Moyen-Orient ALGÉRIE

Amara Benyounes, étoile montante Confirmée lors des scrutins du 29 novembre, la percée électorale du Mouvement populaire algérien (MPA) fait de son patron un acteur majeur de la scène politique.

A

TROISIÈME FORCE. Le MPA a désormais 1 493 élus communaux, dont 256 femmes, et 103 élus régionaux, dont 28 élues. Il dispose de la majorité absolue dans 12 communes, de la majorité relative dans 47, et se ! EN CAMPAGNE, le 21 novembre, à Tizi-Ouzou. trouve à égalité de sièges dans 36. L’émiettement des voix dû à une explosion de l’offre (52 partis engagés) secrétaire général du MPA – et ministre de n’est pas pour faciliter la constitution l’Aménagement du territoire, de l’Envid’alliances pour le choix du président ronnement et de la Ville – précise que son de l’Assemblée populaire communale. mouvement est avant tout rassembleur Le MPA ne fait pas mystère de ses affiet reste ouvert à toutes les sensibilités nités politiques ; priorité sera donnée politiques, mais à la condition de partager aux alliances avec les partis issus de la le respect des valeurs de la république et coalition gouvernementale: FLN, RND et de la démocratie. Alliance nationale républicaine (ANR, du « Il est urgent de rassembler la famille secrétaire d’État à la Communauté natiorépublicaine et moderniste », martèle nale à l’étranger, Belkacem Sahli). Bien Amara Benyounes, qui n’a pas le triomphe qu’ex-membre fondateur du RCD et hosmodeste : « Devenir la troisième force tile à tout compromis avec l’islamisme, le politique du pays n’est ni une surprise JEUNE AFRIQUE

ni le fruit du hasard. Le MPA n’a pas fini de grandir. » Convaincu que son parti a comblé un vide dans la représentation des courants modernistes qui traversent la société, Benyounes explique son succès par le projet de société qu’il prône : une Algérie républicaine et démocratique, riche de sa diversité politique et culturelle. A N T I - I S L A M I S T E . Ancien

membre du staff de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika, en 2004 et en 2009, Benyounes soutient l’idée d’un quatrième mandat pour l’actuel chef de l’État si ce dernier décide de se représenter en 2014. « La limitation du nombre de mandats n’est pas un préalable à la démocratie, arguet-il. Depuis soixante ans, la reine Élisabeth II est chef de l’État du Royaume-Uni, cela n’a jamais constitué un handicap pour la démocratie britannique. » S’il ne va pas jusqu’à s’attribuer le déclin électoral des islamistes, Benyounes s’en félicite et ne cache pas sa fierté de voir son pays emprunter d’autres voies que celle du Printemps arabe. « Nous ne voulons pas d’une démocratie produit de révolutions factices, imposées par l’Otan ou par les réseaux sociaux, et qui prend ses instructions auprès d’une pétromonarchie », assène le secrétaire général du MPA, qui relève le calme qui a prévalu lors du scrutin du 29 novembre en regard de l’instabilité et de l’agitation qui caractérisent les pays sur lesquels a soufflé le vent du Printemps arabe. Quant à la pétromonarchie en question, il s’agit bien sûr du Qatar. Hasard du calendrier, au lendemain de cette déclaration, le 3 décembre, Amara Benyounes s’est envolé… pour Doha, où il représentera le président de la République au sommet sur le réchauffement climatique. L’accueil risque d’être des plus frais… ● CHERIF OUAZANI BILLELZ

u vu des résultats des élections locales et régionales du 29 novembre, l’échiquier politique algérien reste nettement dominé par le courant nationaliste, incarné par l’ex-parti unique, le Front de libération nationale (FLN), et le Rassemblement national démocratique (RND, d’Ahmed Ouyahia). En revanche, l’intrusion dans le tiercé de tête du parti frais émoulu, le Mouvement populaire algérien (MPA, d’Amara Benyounes, voir J.A. no 2707), conforte l’affirmation du courant moderniste. Cette formation née en février 2012 dans le sillage des réformes politiques post-Printemps arabe a réussi le tour de force de recueillir plus de 524 000 suffrages, faisant mieux que le Front des forces socialistes (FFS, de Hocine Aït Ahmed) et le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD, de Mohcine Belabbas) réunis, qui incarnaient jusque-là le courant démocrate.

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Maghreb Moyen-Orient

Mohamed Ould Abdelaziz « Je n’ai jamais redouté de coup d’État » Presque rétabli, le président mauritanien revient sur « l’accident » qui a failli lui coûter la vie et sur sa convalescence. Sans oublier ses relations avec l’opposition, qu’il souhaite voir plus responsable.

I

l a perdu du poids, son visage s’est creusé. Mais sa démarche est restée énergique et sa poignée de main ferme. Mohamed Ould Abdelaziz, 55 ans, va mieux. Beaucoup mieux que le 14 octobre, lorsqu’il était évacué vers la France à bord d’un avion médicalisé. La veille, le président mauritanien avait été blessé par balle à l’abdomen par un jeune lieutenant de l’armée de l’air. Par méprise, selon la version officielle. Rentré en Mauritanie le 24 novembre, « Aziz » a tenu à montrer que c’est encore lui le patron (voir J.A. no 2708), bien qu’il soit contraint à un « suivi médical soutenu ». Depuis son putsch, en août 2008, et plus encore depuis son élection, en juillet 2009, il est l’homme fort de la Mauritanie. Fidèle à sa réputation, il n’a pas délégué officiellement ses pouvoirs après son « accident ». Pour sa première interview depuis son retour à Nouakchott, Aziz a reçu J.A. au palais présidentiel. JEUNE AFRIQUE: L’épisode du 13 octobre a-t-il fait de vous un autre homme ? MOHAMED OULD ABDELAZIZ : Non, je

suis toujours le même. Cela n’influe ni sur mes activités, ni sur mon comportement, ni sur ma vision des choses. Quant à l’incident, c’était un acte isolé de la part d’un officier qui a sans doute agi avec le souci de sécuriser une partie du territoire, alors qu’il n’en avait ni les prérogatives ni les moyens. Il ne visait personne en particulier. En tant que président, je n’ai pas voulu m’arrêter à ce contrôle irrégulier, c’est tout. Vous avez tout de même failli perdre la vie. Pourquoi cet officier a-t-il été libéré le soir même ?

Parce que l’enquête, qui a été menée le soir même, a révélé qu’à aucun moment il n’avait pensé ouvrir le feu sur le président. Il a tiré pour arrêter un véhicule. Certes, il aurait pu être sanctionné. Mais ce n’était N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

qu’une initiative malheureuse. Il était inutile d’envenimer la situation. N’avez-vous jamais douté de sa bonne foi?

À aucun moment. Comment aurait-il pu s’imaginer que j’étais dans la voiture et que j’allais passer par cette route ? Il ne m’a pas vu au volant. Quels soins avez-vous reçus ?

J’ai subi ma première opération à Nouakchott, car il fallait parer au plus pressé et arrêter l’hémorragie. Selon les médecins, j’ai perdu au moins 2,5 litres de sang. Après avoir été évacué vers la France, j’ai à nouveau été opéré. Je suis resté trente-cinq jours sans manger ni boire, cela a été très difficile. J’ai perdu pratiquement 20 % de mon poids. De 80 kg je me suis retrouvé à environ 68 kg. Mais j’ai depuis remonté la pente, et les choses sont rentrées dans l’ordre.

Pendant votre convalescence, avez-vous délégué certains de vos pouvoirs à des hommes de confiance ?

Non, ce n’était pas nécessaire. J’ai toujours gardé toutes mes facultés mentales et physiques. Même blessé, après l’accident, j’ai continué à conduire moi-même mon véhicule. J’ai tout organisé. J’ai moi-même

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Pas même au chef d’état-major de l’armée, Mohamed Ould Ghazouani ?

L’a-t-on vu renvoyer des ministres ou nommer des gouverneurs ? Il n’a fait que tenir son rôle. Avez-vous craint un coup d’État militaire pendant votre absence ?

Cette idée ne m’a même pas effleuré. Si par le passé le pays a connu beaucoup de coups d’État, c’est parce que l’armée était en déliquescence. Ce n’est plus le cas. Cela dit, la Mauritanie n’est pas à l’abri de quelques individus qui continuent d’agir de manière anarchique. Dans leurs meetings ou dans la rue, ils prônent la violence ou le changement par la force. Mais cela n’a rien à voir avec l’armée.

J’ai perdu au moins 2,5 litres de sang. Et suis resté trente-cinq jours sans m’alimenter. convoquélesmédecins.J’aimarchéjusqu’à l’hôpital, je n’ai jamais été sur une civière. Je ne me suis jamais senti affaibli. Donc vous n’avez pas délégué ?

J’aicontinuéàgérerlepaysetàm’enquérir quotidiennement de la situation. Je n’avais pas à déléguer : j’étais conscient et en vie.

Vous faites allusion aux leaders de la Coordination de l’opposition démocratique (COD) ?

Je ne parle pas de la COD, mais de quelques personnes connues dont le comportement, inapproprié dans une démocratie, me paraît irresponsable. Si elles veulent du changement, cela doit passer par les urnes. JEUNE AFRIQUE


Maghreb Moyen-Orient ð AU PALAIS PRÉSIDENTIEL, le 29 novembre, à Nouakchott. Concrètement, que préconisez-vous ?

Au lieu de faire la guerre à 60 % du territoire malien, il faut essayer de résoudre les problèmes. Nous conseillons à l’État malien de discuter avec le MNLA [Mouvement national pour la libération de l’Azawad] et Ansar Eddine [groupe jihadiste]. Ils sont présents dans des régions où les populations se sentent parfois lésées. On ne peut pas laisser cette situation perdurer. C’est vrai que leurs revendications sont parfois extrêmes, mais, en dialoguant, on peut les raisonner. C’est une position que vous avez réaffirmée à François Hollande lors de votre rencontre le 20 novembre ?

Je l’ai réaffirmée partout. Non pas parce que la Mauritanie serait faible et n’aurait pas les moyens de se défendre. Nous connaissons bien la situation. L’ancien président de la transition, Ely Ould Mohamed Vall, qui est aussi votre cousin, a tenu des propos très critiques en votre absence…

Je suis habitué à ces critiques, qui ne changent pas grand-chose. Le pays continue malgré tout, depuis 2008, d’avancer. Je prendscelaavecbeaucoupdephilosophie.

En votre absence, une partie de l’Union pour la République (UPR, parti présidentiel) a accepté de dialoguer avec la COD. Est-ce une bonne chose ?

Les dirigeants de l’UPR m’ont consulté, je leur ai dit d’accepter la proposition de la COD. Il ne faut pas y voir une trahison. D’ailleurs, je suis prêt à recevoir les leaders de la COD s’ils le souhaitent. Justement, comment résoudre cette crise de confiance avec la frange de l’opposition la plus radicale, qui exige toujours votre départ ?

Encore une fois, dans une démocratie, la meilleure solution pour régler les problèmes, c’est les urnes. Le meilleur jugement, c’est celui du peuple. Pour garantir la transparence des élections législatives et municipales [elles ont été reportées sine die en novembre 2011, NDLR], nous avons d’ailleurs mis en place une Commission électorale nationale indépendante [Ceni] et un état civil fiable, biométrique. Aujourd’hui, on a plus de 78 % d’électeurs potentiels recensés. JEUNE AFRIQUE

Quand ces élections vont-elles enfin se tenir ?

Le plus vite possible. Mais c’est la Ceni qui doit en fixer la date, pas le gouvernement.

Quelles sont vos relations avec le président français ?

Nous entretenions de très bons rapports avec son prédécesseur, rien n’a changé avec François Hollande.

L’idée d’un gouvernement d’union nationale est dépassée. Cela ne rimerait à rien. Le président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, propose la formation d’un gouvernement d’union nationale…

Cette proposition est dépassée. Mettre en place un tel gouvernement pour deux ou trois mois déstabiliserait le pays. Nous avons déjà un gouvernement stable. Cela nerimeraitàrien,etlepeupleensouffrirait. Pourquoi la Mauritanie ne veut-elle pas s’engager militairement dans le NordMali ?

Parce que nous n’aimons pas faire la guerre. Dans le passé, nous sommes intervenus ponctuellement dans le Nord-Mali, mais c’était uniquement pour sécuriser notre territoire. Ce n’était pas par plaisir que nous franchissions nos frontières et perdionsdeshommes.LeMaliestmembre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). C’est à elle de régler ce problème.

Vos opposants vous reprochent de faire le jeu de la France dans le Sahel…

Nous ne sommes inféodés à personne. Nous utilisons nos armes, nos munitions, nos hommes, notre aviation. Il n’est pas question de la France là-dedans, même si nous partageons la même vision des choses et la même stratégie.

Que pouvez-vous nous dire du jihadiste français récemment arrêté à Néma ?

Il s’agit d’un Français de souche qui a été arrêté au moment où il tentait de sortir par une zone contrôlée, après être entré par le Nord. Une enquête est en cours. Ce que nous savons, c’est qu’il a traversé tout le Maghreb, puis la Mauritanie pour apprendre l’arabe. Il est même déjà allé à Tombouctou. Il n’était pas armé, il n’avait pas de grenades sur lui, ni d’explosifs, donc il ne constitue pas une menace immédiate. ● Propos recueillis à Nouakchott par JUSTINE SPIEGEL N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

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jeune afrique .com

Maghreb Moyen-Orient

ð Retrouvez la galerie de portraits

des lauréats des Takreem Awards

DR

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PALMARÈS

Excellence arabe

LES LAURÉATS OU LEURS REPRÉSENTANTS autour du prince Abdallah Ibn Hamad Al Khalifa. Tout à gauche, l’organisateur, Ricardo Karam.

Manama a accueilli la troisième édition des Takreem Awards, récompensant les talents du Moyen-Orient et du Maghreb.

A

«

ujourd’hui, le monde arabe a besoin de moins de leaders et de plus d’hommes d’action », lance le Libanais Habib Haddad, son trophée à la main, depuis la scène du hall de conférence du ministère bahreïni de la Culture apprêtée comme un plateau télé. Cette année, le trentenaire, fondateur de plusieurssociétésinternets’estvuattribuer le Takreem Award du jeune entrepreneur par un jury de onze personnalités arabes, dontl’AlgérienLakhdarBrahimi,l’Égyptien Mohamed el-Baradei, le Franco-LibanoBrésilienCarlosGhosnetleMarocainAndré Azoulay.Lavocationdeceprixcrééen2009 par le journaliste libanais Ricardo Karam: « Rendre fiers 350 millions d’Arabes. » De l’excellence culturelle aux sciences et technologies, de la philanthropie à la défense de l’environnement, il récompense des

réussites arabes remarquables dans neuf catégories. Après Beyrouth et Doha, la troisième édition se tenait cette année à Manama, capitale de Bahreïn. « Il s’agit aussi de contrer les stéréotypes internationaux courants sur les Arabes et d’inspirer les jeunes générations, en manque de modèles positifs », explique Karam. Après avoir été décerné en 2011 à la Tunisienne Souhayr Belhassen, le prix de la Femme arabe a été attribué en 2012 à une autre Africaine, la Soudanaise Magda el-Sanousi, de l’ONG Oxfam, qui dirige depuis Beyrouth des programmes pour l’égalité des sexes au Moyen-Orient. Autre Africain à avoir été couronné, le médecin égyptien Nagy Habib pour ses découvertes essentielles dans le domaine du traitement du cancer du foie. Mais les personnalités du continent restent encore peu nombreuses, tant parmi le jury

que parmi les lauréats : « Cette initiative s’adresse à l’ensemble du monde arabe, et nous faisons beaucoup d’efforts pour sensibiliser les acteurs et le public d’Afrique du Nord, poursuit Karam. Nous envisageons d’organiser l’édition 2013 à Marrakech, personnellement je ne demande que ça! » BÉMOL. Polémique : pourquoi l’événe-

ment a-t-il été organisé à Bahreïn, pays où le « printemps » éclos en février 2011 s’est mué en guerre froide entre le régime et l’opposition après une répression brutale ? « Manama était cette année capitale arabe de la culture, elle reste l’une des villes les plus ouvertes de la région, justifie Karam. Le prix est aussi porteur d’un message de paix qu’il était utile de délivrer ici. » Pour Amin Maalouf, écrivain franco-libanais récemment admis à l’Académie française et membre du jury, « l’idée de récompenser des initiatives arabes positives est bonne, quel que soit le contexte régional ou local ». ● LAURENT DE SAINT PÉRIER, envoyé spécial

Coulisses QATAR LE VERS DETROP Pour avoir composé un poème critiquant l’émir du Qatar, Mohamed al-Ajami, alias Ibn al-Dhib, jugé pour « incitation contre le régime, diffamation du prince héritier et atteinte à la Constitution », a été condamné, le 1er décembre, à la réclusion à perpétuité. Selon ses soutiens, ce serait en fait N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

un autre poème qui lui a valu les foudres princières. « Nous sommes tous la Tunisie face à une élite répressive », avait-il écrit. LIBAN COEXISTENCE ARMÉE De violents combats ont à nouveau éclaté àTripoli le 4 décembre, de part et d’autre de la rue de Syrie, qui sépare le quartier alaouite de Jabal Mohsen

et celui, sunnite, de Bab el-Tabbaneh, faisant 7morts et 57 blessés. Des violences consécutives à la mort, dans une embuscade tendue par l’armée syrienne, d’une dizaine de combattants libanais venus se joindre à l’insurrection. MAROC REVOICI SIDACTION! L’Association de lutte contre le sida (ALCS)

organise la quatrième édition de Sidaction Maroc. Jusqu’au 31 décembre, l’association recueille les dons par téléphone, par virement bancaire ou sur son site web alcsmaroc.ma. Point d’orgue de cette mobilisation, la soirée télévisée du 14 décembre, diffusée sur 2M Maroc, avec comme maître de cérémonie Ali Baddou (Canal+). JEUNE AFRIQUE



Europe, Amériques, Asie

FRANCE

Arnaud

Montebourg et les moulins à vent

Grand pourfendeur de patrons et chantre de la démondialisation, le ministre du Redressement productif joue volontiers les Don Quichotte. Sa tentative avortée de nationaliser les hauts fourneaux de Florange est une nouvelle – et très amère – désillusion. ALAIN FAUJAS

D

ésavoué le 30 novembre par des patrons ? Faut-il, comme certains syndicats, le Premier ministre, Jean-Marc crier « au fou » avec la CFE-CGC, ou s’ébaubir avec Ayrault, qui a préféré trouver la CFDT : « Enfin un ministre qui a des couilles » ? un accord avec ArcelorMittal Son plaidoyer en faveur de la nationalisation plutôt que nationaliser les hauts provisoire des hauts fourneaux de Florange dans fourneaux de Florange (Moselle) l’hypothèse où Mittal aurait refusé de vendre la comme il le préconisait à cor et à cri, Arnaud totalité du site lui a valu un satisfecit de plusieurs Montebourg, ministre du Redressement proténors de l’opposition, comme François Bayrou, ductif, a failli démissionner du gouvernement, le Jean-Louis Borloo et Henri Guaino, même si 1er décembre. Un sérieux accroc ces derniers ont aussi déploré à la crédibilité de ce pourfencertaines de ses déclarations au « Ségolène Royal n’a deur de patrons et chantre de canon (« nous ne voulons plus qu’un défaut: son la « démondialisation ». de Mittal en France »). compagnon », Car Montebourg ne laisse personne indifférent et brouille persiflait-t-il en 2007. ARABO-MORVANDIAU. Ce drôle les cartes par ses prises de Quatre ans plus tard, de ministre est né le 30 octobre position à l’emporte-pièce qui 1962 à Clamecy (Nièvre). Il il rejoint Hollande! séduisent jusqu’à une partie rappelle à qui veut l’entendre de la droite et exaspèrent cerque son grand-père maternel, tains de ses amis de gauche. Est-il « dangereux », Khermiche Ould Cadi, était algérien d’Oran, et que, comme le pense Alain Juppé (UMP), ou seulement du côté de son père, on était charcutier de père en « excessif », comme on le concède à l’Élysée ? fils, à Autun. Il serait donc « arabo-morvandiau ». Zigzague-t-il en tous sens comme « un canard La vérité est que son père était fonctionnaire des sans tête », comme le dit, de manière imagée, impôts, et sa mère professeure d’espagnol. Cette Xavier Bertrand (UMP), ou agit-il « en faveur filiation fait certes un peu moins « peuple » que des entreprises de manière parfois énergique », la légende qu’il entretient complaisamment, comme l’en félicite Laurence Parisot, la patronne mais elle a accéléré sa carrière, via Sciences-Po N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

OLIVIER CORET/DIVERGENCE

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Europe, Amériques, Asie Paris puis le barreau, où il s’est débrouillé pour défendre des causes très médiatiques : de l’affaire du Carrefour du développement à l’affaire Villemin, en passant par l’appartement public parisien indûment occupé par Alain Juppé. Cet ambitieux est socialiste de longue date, et son militantisme a payé. Député de Saône-etLoire depuis 1997, président du conseil général depuis 2008, ministre du Redressement productif depuis cette année, il a su mener sa barque avec maestria. À ses débuts, il était proche de Laurent Fabius. En 2007, il était le porte-parole de Ségolène Royal, dont il estimait perfidement qu’elle n’avait qu’« un seul défaut : son compagnon » (autrement dit : François Hollande). En 2008, il entrait dans l’écurie de Martine Aubry, en 2011, il ralliait le camp de François Hollande… IMPRÉCATION. Son fonds de commerce, c’est

la dénonciation. Avocat devenu procureur à l’Assemblée nationale, il a d’abord pris pour cible les tribunaux de commerce, qui « s’enrichissent aux dépens des entreprises et de leurs salariés », puis les paradis fiscaux, puis l’ancien président Jacques Chirac, qu’il ambitionnait de faire traduire en Haute Cour. Raté. Ses attaques n’ont pas épargné ses camarades de parti. En 1999, il a réclamé la démission du Conseil constitutionnel de Roland Dumas, empêtré dans l’affaire Elf : « Partez, si vous êtes toujours socialiste ! » En 2011, il a lancé un brûlot contre Jean-Noël Guérini, le président du conseil général des Bouches-du-Rhône, accusé de « dérives dans l’usage de l’argent public ». Encore raté. Son style, c’est l’imprécation. Il a comparé Nicolas Sarkozy à Vladimir Poutine ; dénoncé « la tradition délinquante » de TF1, qui, à l’en croire, véhicule de façon éhontée les valeurs de l’argent, de la cupidité et de la violence ; qualifié l’action d’Angela Merkel de « politique à la Bismarck » ; et cloué au pilori son propre parti, composé « d’administrateurs de collectivités locales coupés de la société ». Ce Savonarole n’est jamais à court d’idées – de préférence bruyantes –, telles la fondation d’une VIe République ou la création de jurys citoyens. Il a même organisé dans sa circonscription un référendum sur le transit des poids lourds sur la nationale 73 ! Rendons-lui cette justice : il a aussi été, avec Olivier Ferrand, le patron aujourd’hui décédé du think-tank de gauche Terra Nova, le promoteur de la primaire socialiste, qui, en 2011, désigna le candidat à l’élection présidentielle. Gagné, cette fois ! D’ailleurs, il y a fait un tabac en s’adjugeant avec 17,2 % des suffrages la troisième place derrière François Hollande et Martine Aubry. Son positionnement cocardier, son livre prônant « la démondialisation » et ses moulinets verbaux ● ● ● ! À L’ASSEMBLÉE NATIONALE, le 5 décembre. JEUNE AFRIQUE

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Europe, Amériques, Asie ● ● ● ont séduit « les perdants de la mondialisation », comme l’analyse François Kalfon, secrétaire national du PS chargé des études d’opinion. Nommé au gouvernement comme caution de gauche, Montebourg s’y est déchaîné contre les patrons et a ferraillé sur tous les fronts. Il a accusé la famille Peugeot de dissimuler la situation de PSA, avant de devoir faire machine arrière : échec. Il a tenté d’interdire la fermeture de l’usine d’Aulnay-sous-Bois : échec. Il a entrepris de taxer les hotlines pour faire revenir des emplois en France, avant de soutenir qu’il ne l’avait jamais proposé : échec. Il a démarché la Libyan Investment Authority pour sauver la raffinerie normande de Petroplus et ses 470 emplois. Pour l’instant, échec. Il a posé pour un magazine vêtu d’une marinière Armor-Lux de fabrication exclusivement

française et exhibé un mixeur Moulinex qui ne l’est pas moins. Il a poussé à la création de rayons made in France dans les grandes surfaces… un peu comme les rayons halal ou cashers. Reste que sa démarche est passéiste et défensive. Peut-être permettra-t-elle de sauver une poignée d’emplois, mais elle ne déclenchera pas Une démarche défensive les investissements sans et passéiste qui risque lesquels il n’y aura ni de faire fuir les investisseurs. créations d’entreprises, ni croissance des exportations, ni reprise du marché du travail. Sans-culotte et matamore, Montebourg risque même de les faire fuir, au moment où la France en a le plus urgent besoin pour améliorer sa compétitivité dégradée. ●

Astérix chez les Maures D’Alger à Rabat, le défenseur du made in France a parfois bien du mal à savoir raison garder.

FAROUK BATICHE/AFP

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! AVEC CHERIF RAHMANI, le ministre algérien de l’Environnement, le 4 novembre.

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près avoir fugitivement envisagé de démissionner, Arnaud Montebourg s’est rendu le 2 décembre en Algérie, pays où il a des attaches familiales fièrement revendiquées. Après avoir évoqué son grand-père originaire de la région d’Oran et les « sentiments très forts » qu’il lui inspire, le N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

ministre a surtout fait la promotion de la prochaine visite d’État du président François Hollande. Tout à sa volonté de plaire, il s’est laissé aller à des parallèles hasardeux : « Nous avons, a-t-il estimé, des problèmes similaires. Les économies algérienne et française reposent, l’une en tant que productrice, l’autre en tant que consommatrice, sur les

hydrocarbures. » Productrice, consommatrice… La nuance est quand même de taille ! Au Maroc voisin, où il est attendu les 12 et 13 décembre dans le cadre d’une « réunion de haut niveau » dirigée par Jean-Marc Ayrault, Montebourg serait bien inspiré de ne pas se montrer moins diplomate. Et d’éviter, par exemple, les charges protectionnistes contre les délocalisations. L’été dernier, le chevalier de Montebourg avait enfourché son plus fier destrier de pourfendeur de la mondialisation pour s’indigner qu’un marché du Syndicat des transports d’Île-de-France ait pu être attribué au centre d’appels « marocain » Webhelp – en fait, une filiale d’un groupe… français. Le marché a depuis été relocalisé. Président de l’association marocaine de la relation client, Youssef Chraïbi souhaite « dépassionner ce débat ». Sa société, Outsourcia, vient de racheter un centre d’appels à Dreux. Et de sauver ainsi des emplois français. Pour préserver ceux de la raffinerie Petroplus, le ministre du Redressement productif n’avait pas hésité à démarcher directement la Libyan Investment Authority (LIA) – et à le faire savoir. En vain, puisque le fonds souverain a fini par démentir « les informations rapportées par certains médias concernant [son] intention d’acheter une ancienne raffinerie en France ». Aux dernières nouvelles, une entreprise iranienne, Tadbir Energy, serait sur les rangs des repreneurs potentiels. ● YOUSSEF AÏT AKDIM JEUNE AFRIQUE


Europe, Amériques, Asie

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idée en tête : améliorer leur quotidien. « Nous ne raisonnons plus comme la génération née dans les années 1960, explique un militant déçu. Moon Jae-in est comme Roh Moo-hyun (président de 2003 à 2008) : un idéaliste et un faible. »

LEE JAE-WON/AP/SIPA

EXCUSES. Sauf que pour vaincre Park Geun-hye, il va quand même falloir se retrousser les manches ! La popularité de cette célibataire de 60 ans, déjà surnommée la « dame de fer de Corée », inquiète l’opposition : elle paraît bien placée pour devenir la première femme à diriger le pays. D’ailleurs, elle connaît bien la Maison Bleue (le siège de la présidence), puisqu’elle y a vécu. Elle est en effet la fille du général Park Chung-hee, qui dirigea le pays d’une main de fer de 1963 à 1979. La filiation est à ce point gênante qu’elle a été contrainte de s’excuser officiellement pour les crimes de son dictateur de père. Pas surprenant, donc, que dame Park séduise les nostalgiques du miracle économique. « C’est grâce au général Park, martèlent ces derniers, que notre pays a réussi à intégrer le “club des 20-50”. » Autrement dit, les sept pays comptant plus de 50 millions d’habitants et disposant d’un PIB par habitant supérieur à 20 000 dollars. À la veille de l’échéance, Moon Jae-in et Park Geun-hye sont au coude à coude dans les sondages. La clé du scrutin, c’est évidemment leur capacité à séduire les 20 % de jeunes électeurs frustrés par l’abandon d’Ahn Cheol-soo. Pour l’instant, ces derniers hésitent encore entre l’abstention et le vote de dépit. ●

! LES DEUX CANDIDATS AU COURS D’UN DÉBAT TÉLÉVISÉ, le 4 décembre, à Séoul. CORÉE DU SUD

Duel pour la Maison Bleue Le retrait de la course à la présidentielle d’Ahn Cheol-soo, le candidat des jeunes branchés, laisse face à face Park Geun-hye, fille d’un ancien dictateur, et le centriste peu charismatique Moon Jae-in.

S

GEEK. C’est donc Ahn Cheol-soo (50 ans),

véritable héros de la jeunesse, qui a cédé sa place pour mieux barrer la route à Park Geun-hye, la candidate du parti conservateur au pouvoir. Un choc pour ses électeurs, qui voyaient en ce geek millionnaire sans réelle expérience politique une véritable alternative à la vieille génération d’hommes politiques. Mais est-il pour autant assuré que les voix qu’il aurait dû recueillir se reporteront sur Moon ? La question se pose. Oh certes, ce dernier, ancien avocat de 59 ans, fait des efforts JEUNE AFRIQUE

méritoires. Il a par exemple troqué les montures carrées de ses lunettes pour des rondes dans l’espoir de paraître plus « branché ». Mais rien à faire, il peine à séduire la « génération des 880000 wons » (630 euros, allusion au montant de leur salaire), tout acquise à Ahn. Nés entre 1974 et 1983, ces jeunes gens n’ont connu ni la dictature militaire ni la lutte pour la démocratie de la fin des années 1980 et ont grandi dans une relative aisance. Débarrassés de tout a priori idéologique, ils n’ont qu’une

JULIETTE MORILLOT

Park ou Moon : les intentions de vote (en %) PARK GEUN-HYE

MOON JAE-IN

NE SE PRONONCENT PAS

60 50

55,4

54,5

52,2

44,9

46,6

40

42,3 36,4 32,3

30

48,3 44,6

19

15,5

0

12,2

21 sept.

30 déc. 2011

9 fév.

18 juin

43,9

12,8

20 sept.

9

9,3

4 oct.

18 oct.

7,1

4 nov.

43,4 37,6

23 novembre Retrait d’Ahn

17

10

47,5 44,6

30 octobre Moon propose à Ahn d’unifier leurs candidatures

33,3

25,6

20

43,2

18,1 8,6

18 nov.

24 nov.

2012 N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

SOURCE : SBS/TNS

«

i nous continuons à nous quereller, le peuple sera la principale victime de notre différend. » Non, il ne s’agit pas d’une déclaration de François Fillon ou de Jean-François Copé saisi d’un brusque remords, mais du constat fait le 23 novembre par Ahn Cheol-soo, le troisième homme de l’élection présidentielle sud-coréenne, devant un parterre de militants atterrés à qui il venait d’expliquer les raisons de son retrait inattendu de la course: laisser à Moon Jae-in, son rival et partenaireduPartidémocrateunifié(centre gauche),lesmeilleureschancesdel’emporter. À la veille du scrutin (le 19 décembre), il était plus que temps. Les interminables bisbilles entre les deux candidats entraînaient l’opposition dans le mur.


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Europe, Amériques, Asie ÉTATS-UNIS

Susan, l’autre Rice

Elle n’a aucun lien de parenté avec Condoleezza, mais, à son exemple, avait les meilleures chances d’accéder au secrétariat d’État. L’hostilité des républicains menace de tout faire capoter.

A

mbassadrice des États-Unis auprès des Nations unies, Susan Rice (48 ans) avait été pressentie pour devenir la prochaine secrétaire d’État du président Obama, en remplacement de Hillary Clinton. Mais sera-t-elle désignée ? Ses chances sont compromises par les cafouillages de l’administration concernant l’attaque du consulat américain de Benghazi, en Libye, le 11 septembre. Cette diplomate chevronnée aura-t-elle donc gravi tous les échelons, sauf le dernier ? Rappel des faits. Dans les jours qui suivirent l’attaque (qui coûta la vie à l’ambassadeur Christopher Stevens), la Maison Blanche privilégia la thèse de la manifestation spontanée ayant dégénéré, alors qu’il s’agissait d’une attaque terroriste. Les zones d’ombre qui entourent ce dramatique épisode, qui, on s’en souvient, donna lieu à une passe d’armes mémorable entre Mitt Romney et Barack Obama lors du deuxième débat de la campagne présidentielle, ne sont d’ailleurs pas toutes dissipées. Elles devraient l’être lorsque la commission d’enquête du Congrès (celle qui a entendu le général David Petraeus, l’ex-directeur de la CIA démissionnaire pour cause d’affaire extraconjugale) rendra ses conclusions.

Le 16 septembre, Clinton ayant décliné les invitations pour cause d’agenda surchargé, Rice est envoyée sur les plateaux des sacro-saints talk-shows du dimanche matin pour donner la version de l’administration. Les mauvaises langues suggèrent que la secrétaire d’État, sentant venir le coup fourré, se serait prudemment défaussée… Quoi qu’il en soit, Rice ne fait que reprendre les « éléments de langage » préparés par les agences de renseignements. Pourtant, quelques jours plus tard, les républicains demandent sa tête. Ils

reste convaincu que Rice n’est « pas suffisamment qualifiée pour le poste ». Or rien n’est moins sûr. Diplômée de Stanford et d’Oxford (Angleterre), elle semble au contraire toute désignée pour prendre la tête de la diplomatie américaine. Car, contrairement à l’autre Rice, qui fut secrétaire d’État de George W. Bush et première Noire à occuper ce poste, Susan, qui a de lointaines origines jamaïcaines, est une enfant du sérail. Ancien gouverneur de la Réserve fédérale, Emmett John, son père, décédé l’an dernier, était une figure du tout-Washington, ami proche de Madeleine Albright, la secrétaire d’État de Bill Clinton, que, très tôt, la jeune Susan fut amenée à côtoyer. IRRÉPROCHABLE. En 1992, à 28 ans,

cette dernière entre ainsi au Conseil de sécurité nationale, qui dépend directement du président. De 1993 à 1995, elle est directrice des organisations internationales et Elle a des origines jamaïcaines, du maintien de la paix au mais c’est une enfant du sérail. département d’État, puis, Son père fut gouverneur de la FED. de 1997 à 2001, sous-secrétaire chargée des Affaires africaines. Après l’élection d’Obama, elle jurent aujourd’hui qu’ils s’opposeront à sa nomination au secrétariat d’État lors de accède au poste prestigieux d’ambasson audition devant le Congrès. Quatresadrice auprès des Nations unies. De vingt-dix-sept représentants républicains l’aveu de beaucoup, Rice a fait du bon travail. « Irréprochable » même, à en ont joint le geste à la parole en envoyant à Obamaunelettredanslaquelleilsestiment croire Dianne Feinstein, la présidente que Rice a trompé le pays. Le plus virudémocrate de la Commission du renlent d’entre eux se nomme John McCain. seignement du Sénat, qui l’a défendue L’ancien candidat à la présidentielle a-t-il contre les assauts, trop virulents pour voulu faire payer à Rice ses féroces criêtre honnêtes, des républicains. tiques de 2008 ? Même s’il a récemment Négociatrice acharnée, cette femme mis un peu d’eau dans son vin, McCain élégante, qui vit à Washington avec son mari, producteur sur la chaîne de télévision ABC, et ses deux enfants, a notamLE MISSOURI AVANT LA SYRIE ment obtenu l’adoption de résolutions LES ÉTATS-UNIS imposant de sévères sanctions à l’Iran euro – sans parler des doigts pour qu’une SONT À soubresauts qui ne et à la Corée du Nord. Mais elle est aussi crise internationale RECONSTRUIRE, le manqueront pas de se majeure ne vienne pas connue pour son style sans fioritures, monde attendra. C’est, produire, ici ou là –, contrarier l’effort de qui détonne dans l’univers feutré de la en simplifiant à peine, les États-Unis tiendront redressement intérieur diplomatie. Après un veto sino-russe l’état d’esprit de Barack leur rang, sans plus, à une résolution sur la Syrie, madame en cours. Les priorités, Obama à l’aube de son et ne s’engageront l’ambassadrice n’a par exemple pas désormais ? La réforme second mandat. On a hésité à tweeter : « Vraiment dégoûtée en force que si leurs du système éducatif, suffisamment critiqué intérêts vitaux sont l’immigration, la que la Russie et la Chine aient empêché l’interventionnisme et menacés. Jusqu’en réfection du réseau le Conseil de sécurité de remplir la seule le militarisme délirants 2014, les troupes routier et la mise en mission qui est la sienne. » d’un George W. Bush américaines vont donc place d’un réseau Traumatisée par le génocide de 1994 au pour le déplorer. Mais Rwanda et l’inaction de l’administration progressivement se internet véritablement il faut le savoir : du retirer d’Afghanistan. haut débit. Comment Clinton à laquelle, on l’a vu, elle apparMoyen-Orient à la mer Et, jusqu’en 2016, tenait déjà, cette africaniste (son père dit-on « la Corrèze de Chine méridionale l’administration avant le Zambèze » en contribua à la mise en place du système en passant par la zone Obama croisera les J.-M.A. bancaire nigérian dans les années 1960) américain ? ●

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JEUNE AFRIQUE


Europe, Amériques, Asie

RON SACHS-CNP-PHOTO/NEWSCOM/SIPA

générale. « Après les grandes déclarations d’aujourd’hui, les Palestiniens vont se réveiller demain en voyant que rien n’a changé sur le terrain. » Il n’est même pas sûr – mais pas exclu non plus – que cette déclaration ait eu pour objectif de désamorcer l’hostilité des républicains à son égard.

! SUSAN RICE, ambassadrice des États-Unis auprès de l’ONU.

s’est en effet juré de tout faire pour éviter qu’une telle tragédie puisse se reproduire. De concert avec Hillary Clinton, elle a notamment convaincu Obama de soutenir l’intervention de l’Otan en Libye. Rice a souvent eu maille à partir avec Omar el-Béchir, le président du Soudan, que la Cour pénale internationale accuse de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis au Darfour. De même, son inimitié à l’égard de Scott Gration, ancien envoyé spécial d’Obama au Soudan et ancien ambassadeur au Kenya (il a démissionné en juin 2012), JEUNE AFRIQUE

était de notoriété publique. Elle est en revanche très proche du président rwandais Paul Kagamé, ce qui expliquerait que les États-Unis aient récemment édulcoré une résolution onusienne condamnant l’avancée du M23 en RD Congo, que Kigali est fortement soupçonné de soutenir. Comme presque toute la classe politique américaine, elle est très pro-israélienne. Le 29 novembre aux Nations unies, après que 138 pays eurent octroyé à la Palestine le statut d’État observateur non membre, Rice, œil noir et mâchoires serrées, a douché l’euphorie

BASKET-BALL. Le principal atout de Susan Rice – et c’est précisément ce que les républicains ne lui pardonnent pas –, c’est sa proximité avec Obama. Leur relation s’est nouée au tout début de la campagne présidentielle victorieuse de 2008. Elle n’a depuis cessé de se renforcer, notamment sur… les terrains de basket, où la jeune femme, nul ne s’en étonnera, est une joueuse très accrocheuse. Il a pu arriver dans le passé que Hillary Clinton en prenne ombrage… « Susan Rice est extraordinaire, a déclaré Obama lors de sa première conférence de presse après sa réélection. Et ceux qui lui cherchent des noises devraient plutôt s’en prendre à moi. » Mais quelles solutions de rechange a-t-il ? Thomas E. Donilon, son conseiller pour la sécurité nationale? Pas assez connu du grand public. John Kerry, le sénateur du Massachusetts? Sa désignation au département d’État présenterait l’inconvénient d’entraîner un nouveau scrutin pour élire son successeur. Après avoir gardé le silence pendant deux mois, Rice a fini par rappeler que, dans sa déclaration sur Benghazi, elle n’avait fait que reprendre les « éléments de langage » fournis par la CIA et le FBI. Laquelle des deux centrales a fait disparaître la mention d’Al-Qaïda ? L’une et l’autre se renvoient aujourd’hui la balle. Le 27 novembre, l’ambassadrice a rencontré à huis clos McCain et ses tourmenteurs républicains. Lesquels n’ont manifestement pas été impressionnés par ses arguments. Certains en viennent donc à se demander si, face à un tel mur d’intransigeance, Obama n’aurait pas intérêt à lâcher Rice et à nommer Kerry à sa place – lui au moins est assuré d’être confirmé par le Sénat. En échange, cela permettrait peut-être au président de relancer les capitales négociations budgétaires en cours avec les républicains. On sait que celles-ci doivent impérativement aboutir à un accord avant le 31 décembre. Or elles sont actuellement au point mort… Pour Susan Rice, la pilule serait très dure à avaler. ● JEAN-ÉRIC BOULIN, à New York N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

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PARCOURS | D’ici et d’ailleurs

Noureddine Khalid et Messaoud Zeggane Cavaliers de l’Atlas Ces deux acrobates originaires du Maroc brillent dans la dernière création équestre de Bartabas, Calacas.

C

EST UN LIEU HORS DU TEMPS, un havre de poésie où le merveilleux le dispute au rêve. Une fois passée la haute palissade en bois et gravies les quelques marches à l’entrée de ce temple équestre, vous aurez vite fait d’oublier les tours HLM en brique rouge de la sinistre cité des Courtillières qui fait face au théâtre Zingaro et l’assourdissante route nationale qui borde ce camp retranché adossé au fort d’Aubervilliers (près de Paris). Un lieu de spectacle, de création mais aussi de vie. Derrière l’édifice en bois du majestueux théâtre, le célèbre Bartabas, celui qui crée des spectacles uniques avec ses chevaux, a déposé ses guêtres et installé sa roulotte il y a déjà plus de vingt ans. L’y ont rejoint tous les membres de sa compagnie… Hommes et chevaux. Car ici, la plus noble conquête de l’homme est un artiste comme les autres qui, par ses capacités et son talent, peut imposer un mouvement plutôt qu’un autre au chorégraphe français. « C’est ce qui est formidable avec lui, reconnaît Messaoud Zeggane. On peut lui suggérer des pas en fonction des capacités des chevaux dont nous nous occupons. Il y a une grande liberté que nous ne pourrions pas forcément avoir ailleurs. » C’est par un pur hasard que le Marocain a découvert cet univers.Tout comme son compatriote Noureddine Khalid, avec qui il partage l’affiche de Calacas, un spectacle réjouissant sur la mort dans lequel les deux cavaliers mènent une danse poétique endiablée avec leurs montures. Né en 1971 au milieu des dunes, près de Merzouga, à la frontière algérienne, Messaoud Zeggane a grandi au sein de la culture gnawa. Avant de troquer sa tente pour la roulotte qu’il occupe désormais au

N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

! NOUREDDINE KHALID (à g.), L’ACROBATE, ET MESSAOUD ZEGGANE, LE CASCADEUR, en compagnie du pur-sang arabe Majestic Narav.

cœur du village Zingaro, le nomade a dû parcourir bien du chemin. Et user de bien des malices. À l’âge de 13 ans, quand une équipe de cinéma débarque tout droit de Hollywood pour tourner un long-métrage dans le désert, comme tous les gosses des alentours, il se présente pour faire partie des figurants. Retenu, il côtoie les cascadeurs marocains du film. Et découvre l’équitation. Première promenade, première chute…

Mais ce n’est pas ça qui va effrayer le jeune homme téméraire, qui s’adapte très vite aux nouvelles situations. Lorsque l’équipe du film quitte la mer de sable, il n’a qu’un rêve: accompagner les artistes qui retournent dans le HautAtlas, où se situe une académie de cascade équestre. Son oncle accepte de couvrir son départ et de calmer la fureur paternelle. En 1992, lorsque l’école ferme, il traverse la Méditerranée JEUNE AFRIQUE


Europe, Amériques, Asie

Un choix que l’homme léopard qui fait danser les morts dans Calacas n’a jamais regretté et qu’il a vivement conseillé à Noureddine Khalid… Même si ce dernier n’avait jamais approché un cheval de sa vie lorsqu’il s’est présenté à l’inventeur du théâtre équestre! Inconscient, le timide acrobate de Tanger ? Pas vraiment. Travaillant à sa dernière création, Bartabas souhaitait intégrer des éléments d’acrobatie marocaine traditionnelle à sa chorégraphie. Finalement, il n’en fera rien, mais en quelques mois, Noureddine Khalil deviendra, à 30 ans, l’un de ces joyeux squelettes à grosse tête qui surgissent hors de la nuit dans Calacas. Issu d’une fratrie d’acrobates autodidactes spécialisés dans les pyramides humaines, ce natif de Larache envisageait de mettre fin à sa carrière d’artiste après avoir sillonné l’Europe pendant plus de dix ans. Doué, volontaire, intrépide, il n’a pas eu de mal à se plier aux règles du nouvel exercice. « Grâce à Messaoud notamment, et à toute l’équipe de Zingaro, j’ai vite appris. Contrairement à ce que l’on pourrait s’imaginer, communiquer avec un cheval est très facile », confirme le jeune homme avant de poursuivre, un doux sourire au visage : « Bartabas m’a fait confiance et m’a offert une nouvelle vie. » ● SÉVERINE KODJO-GRANDVAUX Photo : VINCENT FOURNIER JEUNE AFRIQUE

MÉDIAS

30 millions de dollars en fumée Seul quotidien consultable exclusivement sur tablette numérique, The Daily cessera de paraître le 15 décembre. Pour le magnat américano-australien Rupert Murdoch, la facture est salée !

V

oilà, c’est fini. Moins de deux ans après son lancement en grande pompe, le 2 février 2011, le seul quotidien consultable sur iPad et autres Kindle disparaît de l’espace numérique. Rupert Murdoch, patron de News Corp et initiateur du projet, en a ainsi décidé, le 3 décembre, après avoir investi quelque 30 millions de dollars (23 millions d’euros) dans cette aventure éditoriale d’un nouveau genre. En bon anticipateur, le magnat australien avait estimé que les habitudes de lecture changeraient avec la diffusion massive de l’iPad, dont la première génération avait été commercialisée en avril 2010. Mais, en tant qu’entrepreneur, il n’a guère laissé le temps de s’installer à cette publication d’un genre nouveau. En février dernier, Greg Clayman, l’éditeur du Daily, avait déclaré à Poynter .org, le site d’information consacré aux médias, que son quotidien numérique comptait cent mille abonnés payants, chiffre « en complète adéquation avec

MARK LENNIHAN/AP/SIPA

pour un avenir meilleur. Il sera éducateur pour jeunes en difficulté près de Nîmes. À travers l’équitation, il leur rend cette estime de soi qui leur fait défaut. « Grâce au cheval, ces jeunes en rupture avec la société renouent avec un moyen de communiquer. Un cheval, ce n’est jamais raciste! » Deux ans plus tard, le jeune homme ne résiste pas à l’appel d’un cirque itinérant. Mais l’expérience tourne court. « Je suis un nomade qui aime prendre son temps, expliquet-il. Là, tout se faisait dans la précipitation, sans aucun respect des animaux. » Malgré ses appréhensions et la réputation d’homme difficile, autoritaire et cabochard de Bartabas, il se présente à un casting pour Éclipse, le nouveau spectacle de la compagnie Zingaro, qu’il intègre en 1996.

[ses] attentes ». Il ajoutait cependant qu’il « fallait faire preuve de patience dans la mesure où une nouvelle publication a besoin de cinq à sept ans pour s’installer dans le paysage », mais que « The Daily ne demandera pas autant de temps ». En définitive, la maison mère ne lui en aura pas laissé du tout. SCANDALE. La décision de mettre un

terme à cette expérience unique en son genre n’est pas seulement la conséquence de la relative faiblesse de son lectorat, mais, avant tout, de la situation du groupe de presse auquel appartenait le quotidien. Empêtré dans le scandale des écoutes au Royaume-Uni, News Corp a perdu l’un de ses joyaux, le tabloïd hebdomadaire News of the World, gravement mis en cause dans cette affaire. Affaibli, il s’est alors résolu à scinder ses activités médiatiques : Fox Television, son fleuron, d’un côté ; la presse écrite de l’autre. Ce changement a pesé sur le destin du Daily, dont le budget initial adopté avant le scandale était sensiblement le même que lors de son lancement. Il a finalement été divisé par deux. L’issue fatale ne faisait plus guère de doute. Au sein du quotidien, on s’attendait à une fermeture en juin 2013, à la fin de l’année fiscale. En l’annonçant pour le 15 décembre, Murdoch a surpris tout le monde. Et, sans doute, incité d’éventuels entrepreneurs à la prudence : 30 millions de dollars pour rien, ou presque, ça fait réfléchir, non ? ● CLAUDE LEBLANC

! RUPERT MURDOCH, PATRON DE NEWS CORP, lors du lancement du quotidien numérique, le 2 février 2011. N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

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Économie

ALGÉRIE

Pas de pause pour Petroser

MINES

Les Sud-Africains font leur trou

AFRIQUE SUBSAHARIENNE

La Tunisie manque à l’appel Présentes sur les marchés européen et maghrébin, les entreprises du pays brillent par leur absence au sud du Sahara. Héritée en partie de l’ancien régime, cette situation tarde à se débloquer. JULIEN CLÉMENÇOT

M

général du Centre de promotion des exportations (Cepex). Même constat au sein des grands groupes tunisiens, selon Aziz Mebarek, cofondateur de la sociétédecapital-investissementTuninvest,présente depuis quinze ans au sud du Sahara. « Beaucoup y pensent,maispeumettentenplacedesplansd’action pour concrétiser leurs intentions », déplore-t-il.

i-novembre,danslessalonsde l’hôtel InterContinental de Genève, en Suisse. Quelque 500 patrons profitent de l’Africa CEO Forum – coorganisé par le groupe Jeune Afrique et la Banque africaine de développement DÉBOUCHÉS NATURELS. Pour Ismaïl Mabrouk, qui (BAD) – pour étoffer leur réseau, repérer des opporcopilote avec son frère Mohamed Ali l’un des pretunités d’affaires et, pour certains, conclure des miersgroupesdupays,cettesituationtientavanttout contrats. Parmi eux, une douzaine d’Algériens, une à la position géographique de la Tunisie. « La Libye vingtaine de Marocains… mais seulement quatre et l’Algérie représentent deux débouchés naturels Tunisiens. Une présence réduite pas totalement pour nos entreprises », constate-t-il. Ce sont donc surprenante pour un observateur averti. Alors que sur ces marchés à fort potentiel que des groupes le continent fait l’objet de toutes les convoitises francommeMabrouk,Poulina,Alliance,AlteaPackaging çaises, chinoises ou marocaines, rares ou Telnet se sont concentrés au cours sont les dirigeants tunisiens pour qui il de la dernière décennie pour diversifier Rares sont représenteuneréellepriorité.Preuvede leur clientèle. Plus de 2 600 sociétés les patrons tunisiennes seraient inscrites sur le cetteindifférence,lacession–pasencore officielle – de l’opérateur mauritanien registreducommercealgérien…quand pour qui Mattel par Tunisie Télécom. Pourtant, elles sont au maximum 500 à opérer le continent comptetenudesincertitudesquipèsent sur l’ensemble des pays subsahariens, représente sur la scène intérieure, beaucoup de selonleCepex.«Lesgroupesontprisdu sociétés doivent en partie miser sur une priorité. retard à cause de leur mode de gestion, leur internationalisation. souligne un PDG tunisien. La direction Si les exportations vers les pays subsahariens ont est trop centralisée, la transmission aux héritiers a progressé de 120 % en cinq ans, leur montant reste parfois trop tardé. En outre, pendant longtemps, globalement faible: environ 311 millions d’euros, les patrons tunisiens traînaient les pieds dès qu’il dont un tiers concentré sur les huit pays de l’Union fallait voyager plus d’une journée. » économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest « Nous manquons d’ambassadeurs dans tous les (UEMOA). Les investissements tunisiens au sud du domaines », analyse Abdellatif Hamam. Et notamSahara sont, eux, quasi négligeables. Le discours du mentauniveaudiplomatique.Ainsi,quandleMaroc gouvernement sur l’intérêt stratégique de l’Afrique possède 21 représentations au sud du Sahara, la Tunisie doit se contenter de neuf. Et ces relais sont a beau s’affirmer, les moyens consacrés au dévelopd’autant moins efficaces que les effectifs, obligés pement de ces marchés manquent cruellement, explique en substance Abdellatif Hamam, directeur d’opérersurplusieurspays,sontlimités.Undispositif N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

! TUNISAIR ne dessert que trois destinations africaines hors Afrique du Nord : Dakar (photo), Abidjan et Bamako. Un obstacle au déploiement extrarégional des groupes tunisiens.


SÉNÉGAL

DÉCIDEURS

Houd Baby

PDG des Moulins du Sahel

CAPITAL-INVESTISSEMENT

Wendel, premier pas en Afrique

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SYLVAIN CHERKAOUI POUR J.A.

CSI-Matforce, électrique et éclectique

symboliquedelapolitiquedel’ancienrégime,orientée vers la sous-traitance des marchés européens, qui représentent toujours 78 % des exportations tunisiennes. Si bien que « quand l’Europe tousse, comme c’est le cas aujourd’hui, c’est la Tunisie qui s’enrhume », admet Tarek Chérif, président de la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect). « Ben Ali cherchait à limiter l’essor des opérateurs économiques pour qu’ils ne deviennent pas un contre-pouvoir. Avoir trop de visibilité, c’était risquer la prédation de l’entourage du palais de Carthage. Aujourd’hui, nous n’avons pas d’aides, mais nous sommes libres », explique Bassem Loukil, dont le frère Walid intensifie depuis la révolution le développement du groupe familial – Loukil – en Afrique subsaharienne. VIDE BANCAIRE. Résultat : même si quelques

groupes structurés comme Soroubat (BTP), SCET (ingénierie) ou Tuninvest (finance) se distinguent, l’économie tunisienne manque de locomotives sur

le continent. À commencer par le secteur bancaire. « Obtenir des financements ou une assurancecrédit pour travailler sur les marchés africains est très difficile, surtout pour les PME, rappelle Tarek Chérif. Avec BMCE Bank [implanté dans douze pays subsahariensviaBankofAfrica,NDLR]etAttijariwafa Bank [sept payssubsahariens], les entreprises marocaines n’ont pas ce problème. » Sous-capitalisées, handicapées pour certaines par des créances douteuses, pas une banque tunisienne n’est pour le moment venue combler ce vide, même si Banque internationalearabedeTunisie(Biat)ouAmenBank nourrissent quelques ambitions. « Dans les années 1970, nous avions pourtant une longueur d’avance, avec la prise de participation de STB [Société tunisienne de banque, principale banque publique] dans Sonibank au Niger », déplore le président de la Conect. Aujourd’hui, le Maroc pourrait encore creuser l’écart grâce au projet Casablanca Finance City,unhubfinancierlargementtournéversl’Afrique. «UnprojetsimilaireauraitdusensenTunisies’ilavait N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012


Entreprises marchés Tunis exporte trois fois plus au Maghreb

TUNIS

(exportations 2011 en millions d’euros et évolution depuis 2007)

2%

1 075

néga négal ga gal Sénégal

333

% 20 +1

311

Côte d’Ivoire

18

Éthiopie Éthi

Cameroun Camero Ca roun un

Top 5 des destinations subsahariennes

18

Rw da Rwanda

19

887

eb su bs ah A ar friq ie u nn e e

(exportations 2011 en millions d’euros)

hr

SOURCE : INSTITUT NATIONAL DE LA STATISTIQUE

+4

ag

un positionnement complémentaire, en misant par exemple sur la finance islamique. Avoir un marché des capitaux dynamique est essentiel pour accompagner les entreprises à l’international », plaide Jalloul Ayed, ancien ministre tunisien des Finances. Pour aider les entreprises nationales à jouer la carte de l’Afrique, Tunis devra aussi apporter des solutions aux difficultés logistiques qui nuisent à la fluidité des échanges. C’est notamment le cas dans le domaine aérien. Ainsi, quand Royal Air Maroc offre à Casablanca une véritable plateforme vers le continent avec 25 destinations africaines hors Afrique du Nord, Tunisair ne dessert que Dakar, Abidjan et Bamako. Même indigence concernant le transport par bateau. « Il n’y a pas de route maritime vers l’Afrique subsaharienne à partir du port de Radès. Les transbordements doivent être effectués en Europe », regrette Bassem Loukil. Des obstacles qui ne dissuadent pas tous les chefs d’entreprise. « Bien sûr que l’Afrique reste un marché d’avenir! Croyez-moi, la croissance ivoirienne [8,6 % prévus en 2012] ne laisse personne insensible », jure Tarek Chérif, qui, fin octobre, s’est rendu à Abidjan avec une vingtaine de patrons. « Grâce aux appuis apportés par les bailleurs internationaux, il y a beaucoup d’opportunités », confirme Bassem Loukil. Un discours également relayé par Abdellatif Hamam après sa récente visite au Niger: « Nos entreprises sont petites? Et alors? C’est souvent bien perçu par leurs homologues africaines qui hésitent à discuter avec les multinationales. » Mais le directeur général du Cepex sait aussi que, pour réussir, elles doivent de plus en plus souvent apporter des financements à leurs clients. Un dispositif actuellement en discussion avec le gouverneur de la Banque centrale de Tunisie pourrait apporter un début de solution en fédérant les banques publiques. ●

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Addis-Abeba loin devant

L’Éthiopie est le premier client subsaharien de la Tunisie, devant le Sénégal. Doté d’un marché intérieur dynamique, le pays d’Afrique de l’Est représente en outre une plateforme de transit vers les États voisins pour l’industrie pharmaceutique, les secteurs mécanique et électrique, les matériaux de construction, le textile et l’agroalimentaire. La troisième place du Rwanda tient à l’attribution du contrat d’électrification rural à la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg, entreprise publique). Suivent, en quatrième et cinquième positions, les partenaires traditionnels que sont le Cameroun et la Côte d’Ivoire.

REVANCHE MAGHRÉBINE

À

la traîne par rapport au Maroc dans ses échanges avec les pays subsahariens – le royaume y exporte deux fois plus –, la Tunisie est en revanche loin devant lorsqu’on considère les exportations des deux nations vers les autres pays maghrébins: 1,075 milliard d’euros pourTunis en 2011, contre 268 millions pour Rabat (et 1,135 milliard pour Alger, dont le commerce extérieur repose presque exclusivement sur les hydrocarbures). C’est la Libye qui consomme le plus de biens N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

tunisiens (566 millions d’euros), devant l’Algérie (337 millions) et le Maroc (173 millions). Outre les produits agroalimentaires (environ 40 % du total), Tripoli importe des matéria ux de construction, des produits électriques et des composants télécoms. De nombreux groupes tunisiens espèrent tirer parti de la reconstruction du pays et de l’essor de secteurs comme la distribution. Le marché algérien, dont le Maroc est en partie privé en raison des relations

difficiles entre les deux pays, fait aussi rêver beaucoup de sociétés tunisiennes. Mais l’application de droits de douane élevés (parfois plus de 30 %) limite leur attractivité, alors qu’un accord de libre-échange est appliqué par Tunis. Un sujet de mécontentement évoqué par Wided Bouchamaoui, présidente de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), lors de sa visite à Alger le 2 décembre. Le renforcement des liens entre les deux pays est

d’ailleurs également réclamé par le milieu des affaires algérien. Slim Othmani, PDG de NCARouiba (leader national des jus de fruits), plaide par exemple pour la création d’un fonds d’investissement privé algéro-tunisien. A contrario, le Maroc, concurrent sur les marchés européens, ne fait pas figure de cible prioritaire pour la plupart des entreprises tunisiennes. À l’exception des producteurs de dattes, dont c’est le premier marché. ● J.C. JEUNE AFRIQUE


Entreprises marchés stations-service. « Notre objectif est d’en avoir 250 à l’horizon 2017, centrées principalement sur la vente de GPL », explique Abdelmalek Sahraoui. Celui-ci souhaite cependant développer tout un arsenal de services à destination des voyageurs. « À partir de notre produit d’appel qui est le carburant issu des raffineries nationales, nous avons l’ambition d’étendre la gamme des services proposés dans nos stations : aires de repos, lavage de voitures, shopping, restauration… » détaille-t-il. PETROSER

TOUR DE TABLE. Pour mener à bien les projets de Petroser, « les mesures incitatives du gouverne! La société compte passer d’une cinquantaine ment en matière d’investissement, à 250 STATIONS-SERVICE d’ici à 2017. d’avantages fiscaux et de foncier ALGÉRIE industriel décentralisé s’avèrent précieuses », assure le patron. Ce qui ne l’empêche pas de regarder à l’extérieur pour financer son déveEn quatre ans, l’entreprise a triplé son chiffre d’affaires. Spécialisée loppement. Ainsi, en octobre 2008, dans la production et la commercialisation de produits pétroliers le groupe familial a ouvert son tour et dérivés, elle entend décupler ses capacités dans tous les domaines. de table à un investisseur financier. Dans le cadre d’une augmentation en 2013. Dans cette perspective, de capital, la banque d’investisos lubrifiants l’alliance nouée en 2005 avec BP sement Swicorp, basée en Arabie ont récemment est un atout certain. Elle lui donne saoudite et qui rayonne dans tout été homologués par les construcl’exclusivité de la commercialile monde arabe, a alors pris une teurs Man, Mercedes et Volvo… en sation en Algérie des lubrifiants participation minoritaire. attendant que d’autres suivent. » du groupe pétrolier britannique. « Nous avons investi 15 millions Mais Petroser compte aussi sur Abdelmalek Sahraoui, PDG de de dollars [10,6 millions d’euros, Une filiale de sa propre production (marque Petroser, ne boude pas son plaisir. Promo Invest NDLR], souligne Nabil Triki, resLe patron algérien sait que cette Power Speed). Entrée en service ponsable du private equity chez nouvelle est la promesse d’un suren 2009 mais inaugurée officielSwicorp. Le marché algérien a un croît de revenus pour l’entreprise lement en avril dernier dans la fort potentiel de croissance Holding créé qu’il a fondée en 1998, un an après zone industrielle de Hassi dans beaucoup de domaines, en 2010 la fin du monopole de l’État sur la Ameur (wilaya d’Oran), notamment celui des lubriContrôlé par distribution d’hydrocarbures. Le fiants, qui figure parmi son usine de fabrication secteur reste dominé par Naftal, de lubrifiants aux stanles activités centrales de Abdelmalek Sahraoui filiale du groupe public Sonatrach, dards internationaux disPetroser. Par ailleurs, nous Divisé en 5 pôles : mais, à la faveur de l’ouverture à la pose pour l’instant d’une avions souhaité nous énergie, travaux publics, concurrence, Petroser a su se faire capacité de 45000 tonnes associer à un entrepreagriculture, tourisme, par an. Un chiffre qu’Abdelneur ambitieux qui ait le une place dans la production et logistique malek Sahraoui souhaite désir et l’envie de réussir. » C’est la commercialisation de produits porter à « 80 000 t d’ici à manifestement le cas d’Abdelpétroliers et dérivés (carburants, cinq ans », affirme-t-il. De malek Sahraoui qui, estimant lubrifiants, bitume). Aujourd’hui, même, dans le domaine pour sa part que « l’entrée de l’entreprise voit son chiffre d’afdes bitumes, Petroser possède un faires décoller: environ 60 millions Swicorp a été bénéfique en matière dépôt de stockage d’une capad’euros (6 milliards de dinars) en de vision stratégique, de gouver2011, contre 20 millions en 2007. cité de 6 000 m3 qui est amené à nance et d’expertise managériale », s’étendre prochainement. voit désormais encore plus loin: « À La société, filiale du holding Promo Invest (voir ci-contre), À côté de ses activités de producterme, pourquoi ne pas exporter emploie plus de 300 personnes et nos produits sur le continent afrition et de commercialisation de vise entre 15 % et 20 % de part de cain et même ailleurs ? » ● produits dérivés, Petroser compte marché dans la vente de lubrifiants également une cinquantaine de RYADH BENLAHRECH

Pas de pause pour Petroser

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JEUNE AFRIQUE

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Entreprises marchés MINES

Les Sud-Africains font leur trou En retard sur leurs concurrentes australiennes et canadiennes, les compagnies d’Afrique du Sud renforcent leur présence continentale. La crise qui a secoué le secteur minier du pays n’y est pas étrangère.

L

premier groupe minier du pays, ongtemps, les groupes dirigé depuis Londres : Anglo miniers sud-africains Platinum, De Beers et AngloGold sont restés repliés sur euxAshanti. Disposant d’actifs miniers mêmes. « Avec l’apartheid, importants, dotées de moyens leur management a été maintenu financiers solides et cotées sur à l’écart du reste du monde. Les plusieurs Bourses (Johannesburg, opérations internationales étaient mais aussi Londres et New York), menées depuis Londres », raconte ces compagnies ont été promptes l’avocat Otsile Matlou, spécialisé à saisir les opportunités dans l’or, sur les questions minières au sein le diamant et le platine. du cabinet sud-africain Edward Nathan Sonnenbergs. « Dans les années 1980, quand je me rendais à POIDS LOURD. Ainsi, AngloGold desconférencesminièresailleurssur est vite devenu un poids lourd de la lecontinent,monnomn’apparaissait filière aurifère en Afrique de l’Ouest mêmepassurlalistedesparticipants grâce au rachat du ghanéen Ashanti parce que j’étais Sud-Africain », se Goldmines en 2004. Il est aussi bien souvient Nielen Van Der Merwe, présent côté anglophone (Ghana, directeurdel’institutminierdel’uniTanzanie, Namibie) que francoversité du Witwatersrand, heureux phone (Mali, Guinée, RD Congo). que les temps aient changé. Émancipé de son ancienne maiAvec leur longue histoire minière, son mère en 2007, le groupe basé les Sud-Africains sont présents à Johannesburg est, avec 5,1 mildepuis des décennies dans les liards d’euros de revenus en 2011 postes d’encadrement des projets (6,57 milliards de dollars), le preafricainsdemultinationalescomme mier minier du continent : « La BHP Billiton, Xstrata ou production africaine Rio Tinto. Mais, de 1994 – hors Afrique du Sud – représente déjà à 2005, les sociétés sud- Les juniors africaines elles-mêmes, basées à 35 % de notre chiffre confrontées aux chal- Johannesburg d’affaires », indique lenges économiques et Richard Duffy, vicepeuvent sociaux postapartheid, président chargé de nesesontguèrerisquées compter sur la région. Avec l’entrée ailleurs en Afrique. Les le soutien enproductiondedeux multinationales et mines en RD Congo des banques juniors australiennes d’ici à 2014, cette proet canadiennes ont été chinoises. portion devrait encore plus rapides qu’elles à augmenter. lancerdesprojets.«Depuiscinqans, De son côté, la célèbre compales Sud-Africains veulent rattraper gnie diamantifère De Beers, entrée le temps perdu, et cela s’est accécomplètementdanslegirond’Anglo léré ces derniers mois. Le fait que American en août, a étendu sa préla Commission de l’Union africaine sence au Botswana. Le numéro un soitdésormaisprésidéeparuneSudmondial du diamant y exploite le Africaineestunsignalpolitiquepour gisement de Jwaneng, le plus riche les entreprises minières du pays », au monde, et a lancé sa mine de note Otsile Matlou. Damtshaa en 2003. En 2013, il transLes pionniers sud-africains ont féreramêmeàGaboronel’ensemble d’abord été des filiales ou héride ses activités de taille (générant tières du géant Anglo American, plus de 4,5 milliards d’euros de N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

Des grands projets dans 14 pays

MALI AngloGold Ashanti

GUINÉE AngloGold Ashanti LIBERIA Petmin (exploration) GHANA AngloGold Ashanti Gold Fields

GABON Lonmin CONGO Exxaro ANGOLA De Beers

Platine Or Cuivre

NAMIBIE AngloGold Ashanti Gold One (exploration)

Fer Diamant Charbon

BOTSWANA De Beers revenus) grâce à un accord fiscal préférentiel signé avec le gouvernement. Enfin, De Beers développe ses activités d’exploration en Angola. Quant à Anglo Platinum, il est resté très sud-africain – le pays recèle 80 % des réserves de platine du globe – mais est présent au Zimbabwe. Après la crise sociale et économique qui a touché le secteur minier sud-africain de septembre à mi-novembre, l’africanisation des compagnies du pays devrait s’accélérer. Les incidents violents de la mine de Marikana et les grèves à répétition ont entraîné, dans la plupart des groupes, une revue de JEUNE AFRIQUE


Entreprises marchés Typologie des miniers sud-africains 4 Les juniors qui montent

1 Les « Big Three »

Petites, elles sont souvent cotées sur des Bourses plus « risqueuses » que celle de Johannesburg

Héritiers ou filiales d’Anglo American, ils ont été les premiers à s’aventurer sur le continent et y sont les plus présents

Y AngloGold Ashanti Y Anglo Platinum Y De Beers

2 Les medium « black »

Après avoir bénéficié du Black Economic Empowerment, ces groupes cherchent à se diversifier dans de nouveaux minerais et d’autres pays

Y Africa Rainbow Minerals

Y Exxaro

3 Les medium « anglo »

Ces compagnies ont leur siège à Londres, mais leur management est majoritairement sud-africain

Y Lonmin

Y Randgold Resources*

Y GoldOne

Y Petmin

Y Coal of Africa

5 Les outsiders

Présents seulement en Afrique du Sud, ils cherchent des licences d’exploration sur le reste du continent

Y Village Main Reef Y Hernic Ferrochrome

6 Le grand absent

Y Harmony a choisi de se développer en Papouasie-Nouvelle-Guinée

* Non indiqué sur la carte, car société immatriculée à Jersey, dont le siège opérationnel est à Londres.

RD CONGO AngloGold Ashanti Lonmin (exploration) African Rainbow Minerals (exploration) TANZANIE AngloGold Ashanti ZAMBIE African Rainbow Minerals MOZAMBIQUE Coal of Africa (exploration) Gold One (exploration) ZIMBABWE Anglo Platinum Impala Platinum Aquarius Platinum portefeuille qui poussera à une plus forte internationalisation. « Dans la filière platine, les groupes n’ont, sur le long terme, guère d’autre choix que de continuer à lancer des projets en Afrique du Sud, compte tenu des réserves inégalées du pays. Les investissements reprendront dès que les cours seront repartis à la hausse. Mais dans l’or, des groupes comme AngloGold Ashanti, Gold Fields et Harmony vont préférer investir ailleurs », estime Wickus Botha, associé chargé du secteur minier chez Ernst & Young. Une orientation confirmée par AngloGold Ashanti, échaudé par les 293 000 onces d’or non produites à JEUNE AFRIQUE

cause des grèves. « Nos nouveaux projets seront tous à l’extérieur du pays », indique Richard Duffy, qui affirme scruter les opportunités en Afrique de l’Ouest, en Égypte, en RD Congo et au Gabon. Toutefois, si l’internationalisation paraît inéluctable, les grands groupes sud-africains ne considèrent pas l’Afrique comme une priorité absolue et regardent aussi ailleurs. AngloGold Ashanti attend beaucoup de ses projets sud-américains, De Beers est au Canada, Gold Fields en Australie et au Pérou. Quant à Harmony, ses seuls projets à l’étranger sont… en Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Des acteurs sud-africains de taille moyenne lorgnent toutefois d’autres pays du continent. Parmi eux, African Rainbow Minerals (ARM), de Patrice Motsepe, et Exxaro, de Sipho Nkosi. Deux compagnies bâties grâce aux politiques du Black Economic Empowerment, permettant aux Sud-Africains noirs d’obtenir des facilités pour racheter des actifs miniers. Affichant respectivement 1,5 milliard et 1,2 milliard d’euros de revenus, ils cherchent à diversifier leurs actifs. « Nous sommes présents dans le charbon et le platine en Afrique du Sud, mais nous voulons absolument développer notre filière cuivre pour avoir un portefeuille plus équilibré. Pour cela, il nous fallait aller en Zambie et en RD Congo », explique Dan Simelani, directeur général d’ARM. La compagnie vient ainsi de démarrer l’exploitation de la mine zambienne de Konkola North (avec le brésilien Vale) et développe le projet Kalumines en RD Congo (avec la Gécamines). Exxaro, présent dans le charbon et le zinc, est encore plus agressif dans son internationalisation: en février, il a offert 275 millions d’euros à l’australien Equatorial Resources pour prendre la majorité des parts du projet de fer African Iron, au Congo (l’offre a été acceptée en juin). EN EMBUSCADE. Desjuniorsbasées

à Johannesburg – et souvent cotées à Toronto ou Sydney – sont aussi en embuscade pour racheter des permis d’exploration en dehors de la nation Arc-en-Ciel. « Elles savent que les projets africains dans le fer, le cuivre, le charbon et la bauxite ont un bel avenir. Des compagnies comme Petmin ou Coal of Africa sont à suivre », estime Wickus Botha, d’Ernst & Young. Ces sociétés devraient trouver un soutien en Chine: « Après avoir réalisé des partenariats miniers chez nous, les banques et les sidérurgistes chinois sontprêtsàfinancerdesprojetspilotés par des Sud-Africains ailleurs sur le continent », observe l’avocat Otsile Matlou, confirmant que l’isolement des miniers sud-africains appartientdéfinitivementaupassé. ● CHRISTOPHE LE BEC, envoyé spécial N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

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Entreprises marchés

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MATFORCE

! Une usine d’assemblage de TABLEAUX ÉLECTRIQUES a récemment été installée.

SÉNÉGAL

CSI-Matforce, électrique et éclectique La Compagnie sahélienne d’industries inaugurera le 21 décembre une centrale de 30 MW au Mali. Un contrat de 10 millions d’euros qui illustre bien la diversification du groupe au-delà de la distribution automobile.

«

N

ous sommes le plus ancien distributeurdevéhicules Hyundai au monde », aime rappeler Mamadou Sow, PDG de la Compagnie sahélienne d’industries (CSI-Matforce). Le groupe, qui représente également la marque japonaise Mazda, vend un petit millier de véhicules par an au Sénégal et est par ailleurs franchisé Europcar pour la location de véhicules. L’automobile n’est pourtant plus son activité principale. D’une entreprise de négoce implantée en 1898 sous le nom – bien connu – d’Unilever, CSIMatforce s’est transformé en un groupe diversifié employant 300 personnes et actif aussi bien dans la distribution (et la maintenance) de véhicules que dans la production d’énergie et la climatisation. Chacune de ces activités représente désormais un tiers de son chiffre d’affaires, N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

qui s’est stabilisé à 18,4 milliards de F CFA (28 millions d’euros) en 2011, après une baisse de 18 % en 2010. « Nous tablons sur un chiffre d’affaires 2012 en hausse, autour de 20 milliards de F CFA », assure le patron, rencontré à Dakar au siège du groupe, à deux pas de la place de l’Indépendance, au premier étage d’une concession où luisent, sous un soleil de plomb,

les carrosseries neuves des derniers modèles importés. Si l’activité de vente de véhicules est historique, le groupe a décidé d’accélérer début 2000 un virage stratégique amorcé plus tôt avec la vente et la location de groupes électrogènes. « En voyant les besoins criants de l’Afrique en matière d’énergie, il était évident pour nous qu’il fallait investir dans ce secteur », explique Mamadou Sow. Outre les industriels, les opérateurs téléphoniques et les entreprises publiques comme la Société nationale d’électricité (Senelec) font appel à lui pour la conception, la fourniture, l’installation et la maintenance d’équipements électriques. SOLAIRE. Le 21 décembre, CSI-

Matforce inaugurera d’ailleurs une unité diesel de 30 MW à Kayes, au Mali. Un contrat de 10 millions d’euros signé avec le cimentier indien Diamond Cement, qui démarrera dans la foulée ses activités sur place. D’autres discussions sont en cours avec des miniers dans l’est du Sénégal, dont Randgold Resources. En 2011, le groupe a également décroché une licence avec le français EDF pour la construction de centrales solaires ou classiques au Sénégal. « Nous venons de réaliser nos premiers raccordements », précise Mamadou Sow. « CSI-Matforce a une réelle capacité en matière de fourniture

UNE CROISSANCE BIEN FINANCÉE AUREOS CAPITAL cédera ses parts dans Matforce au début de 2013. Le capital-investisseur, entré au tour de table de l’entreprise en 2007 et qui y a investi 1,2 million d’euros (auxquels s’ajoutent 2 millions d’euros au titre des garanties bancaires), l’a soutenue en réinvestissant en 2009.

Actionnaire majoritaire depuis le départ de son associé Jacques Conti en 2010, Mamadou Sow devrait en toute probabilité racheter les 10 % détenus par Aureos. Car la croissance du groupe est bien financée. Il a levé récemment sur le marché régional quelque 6 millions d’euros, garantis à 100 % par

la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et le Fonds Gari. D’autres prêts accordés récemment devraient lui permettre de financer sans difficulté les commandes de matériel. Avant une éventuelle cotation en Bourse? C’est une éventualité que Mamadou Sow F.M. n’écarte pas. ● JEUNE AFRIQUE


Coulisses

Entreprises & marchés

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d’énergie aux entreprises. Il peut installer des centrales et les gérer », affirme Kodjo Aziagbe, associé pour l’Afrique de l’Ouest francophone du capital-investisseur Aureos Capital (lire encadré p. 68), actionnaire depuis 2007 du groupe sénégalais présent en Gambie, en Guinée-Bissau, en Guinée-Conakry, au Mali, au Niger et en Côte d’Ivoire. Nouveau défi : développer les énergies renouvelables dans toute la sous-région. Partenaire du chinois Suntech, avec qui il installe des modules familiaux d’électrification en zone rurale, Mamadou Sow souhaite passer à la vitesse supérieure : « Nous travaillons sur des centrales d’une puissance de 50 à 100 MW, mais il y a un blocage politique, déplore-t-il. Je ne comprends pas que nos États ne s’impliquent pas plus pour promouvoir l’énergie solaire ! » Des contacts ont aussi été pris avec le géant américain du secteur, First Solar. FROID. Ces derniers mois, CSI-

Matforce a installé une usine d’assemblage de tableaux électriques, lancé une unité de production de gaines et inauguré en octobre un atelier de fabrication de liquides de refroidissement. Ces deux dernières activités viennent soutenir l’activité de production de froid, le troisième grand pôle du groupe après l’automobile et l’énergie. Mais ce vaste plan d’investissement ne s’est pas encore traduit par une augmentation des revenus et des bénéfices. « Ce n’est pas la demande qui a fait défaut, souligne Kodjo Aziagbe. Mais les principaux fournisseurs de la société, Cummins [fabricant de moteurs, NDLR] et Hyundai, ont accusé d’importants retards en matière de livraison, ce qui a freiné CSI-Matforce. » Fier d’avoir accroché récemment aux cimaises de son bureau la double certification ISO 9001 (qualité) et 14001 (environnement), qu’il est l’un des rares industriels africains à avoir obtenue, Mamadou Sow reste malgré tout confiant. ● MICHAEL PAURON, envoyé spécial, avec FRÉDÉRIC MAURY JEUNE AFRIQUE

TÉLÉCOMS ORANGE LORGNE UNE NOUVELLE FOIS LE MAROC Dans un entretien au quotidien français Le Figaro, Stéphane Richard (photo), PDG de France TélécomOrange, juge Maroc Télécom, dont Vivendi (propriétaire de 53 % des parts) cherche à se défaire, « stratégiquement intéressant ». Il rejoint ainsi la liste plus ou moins officielle des candidats au rachat : Qtel, Etisalat, MTN et Saudi Telecom. Une telle acquisition poserait pourtant un problème au groupe français, qui devrait alors se désengager du capital de Méditel, numéro deux au Maroc. De même, la présence subsaharienne de Maroc Télécom ne serait pas sans créer de difficultés à France Télécom. Celui-ci y gagnerait certes une présence au Burkina Faso, au Gabon et en Mauritanie, mais il serait contraint de se défaire de Sotelma, la filiale de Maroc Télécom au Mali, où l’opérateur français possède déjà le leader Orange Mali. Stéphane Richard a par ailleurs indiqué que les moyens de France Télécom pour réaliser des acquisitions étaient limités. ●

GILLES BASSIGNAC, ABACA PRESS POUR ORANGE

Retrouvez toute l’actualité économique et financière du continent sur economie.jeuneafrique.com

• BTP Le pont qui reliera Brazzaville et Kinshasa sera construit à Maluku,

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à environ 60 km en amont des 2 capitales • TRANSPORT Le français Alstom a été retenu comme soumissionnaire préféré pour un contrat de 4 400 M€ en Afrique du Sud • ÉNERGIE Le britannique Blue Energy a annoncé qu’il allait construire au Ghana la plus grande centrale solaire du continent (155 MW)

• FINANCE Le capital-investisseur ouest-africain Cauris Management va injecter 6,1 M€ au capital du groupe hôtelier malien Azalaï Hôtels

PROGRAMME DE PRÊTS LE FMI POURRAIT LÂCHER KINSHASA Faute d’avoir donné des renseignements suffisamment précis sur la vente de 25 % d’une société minière par la Gécamines à un acheteur mystérieux, la RD Congo pourrait définitivement perdre 172 millions d’euros de prêts promis par le Fonds monétaire international (FMI). Le programme de prêts sur trois ans, d’un total de plus de 400 millions d’euros, avait été conclu fin 2009 entre le FMI et Kinshasa. Il arrive à terme le 10 décembre. ● BANQUE D’AFFAIRES ECOBANK CAPITAL BOUCLE TROIS OPÉRATIONS La banque d’affaires du groupe panafricain Ecobank vient de piloter trois levées de fonds d’un montant total de 331 millions d’euros au profit

de trois entreprises. Le sénégalais Suneor a collecté 61 millions d’euros, le ghanéen Volta River Authority 115 millions d’euros et le nigérian IHS 155 millions d’euros pour financer l’acquisition de tours relais en Côte d’Ivoire et au Cameroun. ● ÉMISSION DE DETTE RABAT EMPRUNTE MOINS CHER QUE MADRID Le Maroc a réalisé son premier emprunt obligataire en dollars sur les marchés financiers, pour un montant de 1,5 milliard de dollars (1,15 milliard d’euros). Une première tranche de 1 milliard de dollars d’une maturité de dix ans a été souscrite au taux de 4,25 %. La seconde tranche de 500 millions de dollars, remboursable dans trente ans, s’est adjugée à 5,5 %. À titre de comparaison, l’Espagne emprunte à dix ans à un taux de 5,41 %. ● N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012


Décideurs redémarrer sa production en mars », assure-t-il. Voilà pour la première étape d’une expansion régionale planifiée sur cinq ans et qui devrait permettre au groupe d’être présent au Burkina Faso, au Bénin, en Guinée-Bissau et en Côte d’Ivoire d’ici à 2015. Au final, quelque 30 milliards de F CFA seront injectés. À l’étranger, les ventes sont notamment portées par les commandes du Programme alimentaire des Nations unies (PAM) – environ 1 400 tonnes de farine de maïs enrichie en 2012 –, mais aussi par celles des brasseries… « Nous venons de décrocher un marché avec la Brasserie du Burkina Faso et comptons progressivement convaincre les autres brasseries de la sous-région », affirme l’homme d’affaires.

AGROALIMENTAIRE

Graine de champion Le Malien Houd Baby entend faire des Moulins du Sahel un leader régional de la transformation de céréales. Il vient d’entamer son expansion ouest-africaine avec une première acquisition au Niger.

EMMANUEL DAOU BAKARY

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l y a trente ans, Houd Baby, BTS de gestion des entreprises en poche, vendait du ciment à Bamako. Aujourd’hui à la tête du holding Houd Investissement, présent dans trois activités principales (hôtellerie, immobilier et distribution de gaz), l’homme d’affaires malien négocie un virage stratégique dans l’agroalimentaire pour élever son groupe au rang de leader sous-régional de la transformation de céréales. « Dans l’hôtellerie, nous avons confié la gestion de nos participations à notre partenaire Azalaï Hôtels, et nous sommes en train de sortir petit à petit du gaz », affirme-t-il. Sa priorité désormais : le développement des Moulins du Sahel, une entreprise qu’il a créée en 2009 et qui a démarré ses activités début 2011. Malgré la crise sociopolitique qui pénalise l’économie malienne, la société, qui a réussi à s’imposer sur son marché domestique aux côtés de poids lourds comme le groupe Achcar Mali Industries (détenteur des Grands N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

Moulins du Mali notamment) et Grand Distributeur céréalier du Mali (GDCM, de Modibo Keita), s’en sort plutôt bien. Après un chiffre d’affaires de 7,5 milliards de F CFA en 2011 (environ 11,4 millions d’euros), les Moulins du Sahel tablent sur 12 milliards de F CFA cette année. L’entreprise installe même un deuxième moulin d’une capacité de 120 tonnes par jour, qui sera opérationnel dès février prochain. RÉNOVATION. Bien implanté

au Mali, Houd Baby, 55 ans, met maintenant le cap sur le reste de l’Afrique de l’Ouest. Au Niger, il vient ainsi de racheter un moulin pour 1,62 milliard de F CFA – une opération financée notamment par la Banque d’investissement et de développement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (BIDC) – et compte investir 1,88 milliard de F CFA supplémentaires pour « rénover cette nouvelle structure, qui devrait

! L’HOMME D’AFFAIRES se désengage petit à petit des secteurs de l’hôtellerie et du gaz.

11,4 millions d’euros

C’est le chiffre d’affaires réalisé par les Moulins du Sahel en 2011

VISIBILITÉ. Pour se donner toutes

les chances d’atteindre cet objectif, Houd Baby, qui a repris ses études en 2005 pour décrocher une maîtrise en finance d’entreprise à l’Institut africain de management (IAM) de Bamako, tente d’accroître sa visibilité. Il a créé un nouveau holding, baptisé la Sahélienne de transformation de céréales, qui va chapeauter toutes les filiales nationales sous le nom commercial de Groupe Sahel. Il sera détenu à 51 % par Houd Investissement, les 49 % restants ayant vocation à être cédés à d’autres investisseurs. Le patron malien est déjà en discussion avec Cauris Management, un gestionnaire de fonds de capital-investissement actif en Afrique de l’Ouest francophone. « Nous avons été séduits par la vision de Houd Baby et par son sérieux dans la gestion de ses affaires. Nous estimons par ailleurs que ses ambitions sont raisonnables et méritent d’être soutenues », indique Noël Eklo, PDG de Cauris Management. Houd Baby entend aussi attirer Proparco, la filiale de l’Agence française de développement (AFD) dévolue au secteur privé, de même que la Société financière internationale (SFI), du groupe Banque mondiale. ● STÉPHANE BALLONG JEUNE AFRIQUE


Décideurs ! LE FRANCO-AUSTRALIEN a commencé à travailler en Afrique en 1989.

VINCENT FOURNIER/J.A.

Au prix actuel du fer, le Cameroun estime que laconvention luirapportera entre 6 milliards et 9 milliards d’euros de royalties en vingt-cinq ans, avec une production annuelle de 35 millions de tonnes. Reste à statuer sur la date de démarrage de l’exploitation, encore inconnue compte tenu du rachat en cours de Sundance par le chinois Hanlong. DROIT DES AFFAIRES

L’avocat qui a bonne mine

Christophe Asselineau, associé du cabinet américain Shearman & Sterling, vient de conclure un deal entre Sundance et Yaoundé.

D

epuissonbureauparisien des Champs-Élysées, Christophe Asselineau savourelasignatureavec l’État camerounais de la convention minière de Mbalam, le 30 novembre à Yaoundé : « Cela fait quatre ans que je travaille avec mon équipe sur ce dossier auprès de la compagnie australienne Sundance Resources. Il nous fallait définir les conditions de l’exploitation minière, mais aussi celles de la voie ferrée de 500 km sur laquelle transitera le minerai, de la construction de la route bitumée attenante destinée aux populations locales et du terminal sur le port de Kribi », détaille l’associé chargé de

l’Afrique au sein du cabinet américain Shearman & Sterling. Au total, plus de 1,7 milliard d’euros seront nécessaires pour réaliser ce projet transfrontalier d’exploitation de gisements de fer camerounais mais aussi congolais. « Les discussions ont pris du temps car le Cameroun n’a pas de tradition minière. Il voulait partir du bon pied»,indiquel’avocat,quiavaitdéjà travaillé dans le pays lors du montage de l’oléoduc Tchad-Cameroun. « La signature de la convention congolaise,moinscomplexe,devrait aller vite, car Brazzaville a l’habitude d’octroyer des permis sur les ressources naturelles », ajoute-t-il.

CHAMP D’ACTION. Inscrit aux bar-

reaux de Paris, Londres et Sidney, Christophe Asselineau n’en est pas à son coup d’essai dans le secteur minier en Afrique. Il a commencé à travailler sur le continent à Kinshasa, en 1989, sur un contrat impliquant Marc Rich, le fondateur controversé de Glencore. « Jeune avocat, je me suis retrouvé à la table des négociations avec le président Mobutu.C’étaitautrementplusintéressant que les dossiers sur lesquels travaillaient les confrères de mon âge en Europe », se souvient celui qui n’a, depuis, plus quitté les mines africaines, élargissant notamment son champ d’action à la Guinée, au Mali et au Gabon. À 49 ans, avec son expérience africaine et sa double nationalité franco-australienne, l’avocat est dans une position idéale pour travailler avec les compagnies anglo-saxonnes qui dominent les mines du continent. ● CHRISTOPHE LE BEC

DR

ON EN PARLE

MARIE ODILE SENE KANTOUSSAN CGF BOURSE Spécialiste du marché financier ouest-africain, elle a été nommée directrice générale de la société de gestion et d’intermédiation basée à Dakar, qu’elle a intégrée en 1999. JEUNE AFRIQUE

RAFAËL TUNG NSUE COSUMAF Ancien secrétaire général adjoint de la Commission bancaire de l’Afrique centrale, l’Équato-Guinéen prendra la présidence de l’autorité de régulation du marché financier sous-régional le 14 décembre.

RAMZ HAMZAOUI CITIBANK ALGÉRIE Diplômé de Sciences-Po Paris, le nouveau directeur général de Citibank Algérie était auparavant à la tête de BMCE Bank International, à Londres. Il avait déjà travaillé pour Citibank de 1989 à 2000. N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

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Finance ! LE HOLDING aurait déjà examiné une dizaine de dossiers, pour un montant d’investissement pouvant aller jusqu’à 200 millions d’euros par opération.

l’investisseur ne se fixe aucun objectif de volume et entend rester à l’affût. Même s’il dit être plus intéressé par l’Afrique subsaharienne, le groupe est également prêt à s’engager au Maghreb, plus particulièrement au Maroc. TEMPÉRATURE. Le continent n’est

ERIC PIERMONT/AFP

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CAPITAL-INVESTISSEMENT

Premier pas en Afrique Après s’être emparé d’un quart du capital du nigérian IHS, le français Wendel affiche sa volonté de se développer sur le continent. Priorités : les télécoms, l’agro-industrie et la distribution.

E

n octobre, le holding d’investissement Wendel, coté sur le marché libre NYSE Euronext, à Paris, a créé une petite surprise dans le monde du private equity. En s’octroyant 25 % du capital de l’opérateur d’antennes relais nigérian IHS pour 125 millions de dollars (97 millions d’euros), la prestigieuse société financière, produit d’une longue tradition industrielle française (lire encadré), a bouclé sa première opération en Afrique.

FONDS PROPRES. Qualifiée d’opportuniste par un analyste, l’opération n’est que le premier pas d’une stratégie à plus long terme, à en croire Stéphane Bacquaert, directeur associé de Wendel chargé notamment du développement en Afrique. « Nous sommes à la recherche d’investissements dans des sociétés panafricaines en forte croissance aux N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

côtés d’investisseurs reconnus sur le continent, affirme-t-il. Nous pourrons investir en fonds propres jusqu’à 200 millions d’euros par opération. » Une dizaine de dossiers auraient été examinés, mais

pas totalement inconnu de l’investisseur français. En tant qu’actionnaire de référence de plusieurs sociétés actives en Afrique, Wendel a déjà pu y prendre la température des affaires. La société de certification Bureau Veritas, dans laquelle le groupe a investi dans les années 1990, est ainsi présente dans 25 pays africains, où elle emploie quelque 3 000 personnes. L’investisseur détient également Mecatherm, une société française leader mondial dans les équipements de boulangerie industrielle, qui a installé seize lignes de fabrication de pain dans divers pays d’Afrique, notamment en Côte d’Ivoire, au Nigeria, en RD Congo, en Tunisie, au Sénégal et au Mali. Wendel possède enfin Materis, un groupe présent au Maroc avec sa filiale Arcol (peinture

DES FORGES À LA FINANCE NÉ EN LORRAINE en 1704, Wendel s’est développé pendant près de trois siècles dans la sidérurgie, avant d’être obligé de repenser son métier avec la crise du secteur en France dans les années 1970. Devenu investisseur en capital, le groupe privilégie des participations majoritaires de longue durée, comprises entre 200 millions et 500 millions d’euros,

dans des sociétés de préférence non cotées et actives en Europe. En 2011, il a lancé Oranje-Nassau Développement afin d’investir des montants plus faibles sans limite géographique. Wendel vient de traverser une période de turbulences. En 2007, il avait acquis 21,5 % de Saint-Gobain en recourant à un fort effet de levier, une pratique

qui peut se révéler risquée. Rattrapé par la crise des subprimes, Wendel a vu ses émissions obligataires classées « spéculatives » par Standard and Poor’s en 2008. Depuis, il s’est délesté d’environ 4 milliards d’euros d’actifs. Détenu à près de 35 % par la famille Wendel, il gère 9,7 milliards d’euros d’actifs bruts N.T. en 2012. ● JEUNE AFRIQUE


Baromètre décorative) et en Afrique du Sud avec ABE Construction Chemicals. « La connaissance du terrain est un point clé dans ce métier, juge Pierre Boucheny, analyste chez Kepler Capital Markets. Sans compter que l’Afrique représente une terre de croissance à un moment où Wendel cherche à se désensibiliser au marché français : la décision d’y investir semble très cohérente. » Pour se développer sur le continent, Wendel a mis sur pied une entité baptisée Oranje-Nassau Développement. La volonté affichée est de co-investir avec des poids lourds de l’investissement en fonds propre en Afrique, qu’ils soient bailleurs de fonds publics ou acteurs privés, sans se fixer de limite de durée. Ainsi, IHS comptait déjà parmi ses actionnaires des grands noms du private equity africain comme Emerging Capital Partners, le sud-africain Investec Asset Management, la Société financière internationale (SFI, filiale de la Banque mondiale) et la banque de développement néerlandaise FMO.

Période d’incertitude au Caire VALEUR

SECTEUR

COURS au 5 décembre (en euros)

ÉVOLUTION depuis le début de l’année (en %)

National Société générale Bank

BANQUE

4,50

+ 95,72

Commercial International Bank Mobinil TMG Holding Orascom Telecom Holding Orascom Construction Industries Alexandria Mineral Oils Co Sidi Kerir Petrochemicals Co Abu Qir Fertilizers Co Telecom Egypt

BANQUE

4,27 17,78 0,51 0,44 29,80 9,27 1,54 15,66 1,59

+ 85,88 + 79,78 + 36,49 + 17,79 + 13,27 + 8,66 + 3,27 – 2,5 – 6,13

APRÈS UNE NETTE REPRISE début 2012 et une spectaculaire envolée de juin à septembre, la Bourse égyptienne dégringole depuis plusieurs semaines et entre, en raison du chaos dans le pays, dans une période de très forte incertitude. Depuis le début de l’année, l’indice des 30 principales valeurs de la Place affiche tout de même toujours une hausse de 40 %,

PAS DE SAUPOUDRAGE. Afin de

répartir le risque-pays, Wendel cible en priorité des sociétés panafricaines. En matière de secteurs, le groupe affirme chercher à contribuer « fondamentalement » à la croissance et s’intéressera en priorité aux télécoms, à l’agroindustrie, à la distribution, à la bancassurance et à la santé. Et pour minimiser les risques de corruption, le holding annonce vouloir investir seulement dans des industries privées, « cloisonnées des pouvoirs publics ». Comme en Europe, Wendel investira majoritairement en capital, sans avoir recours à la dette. « Nous ne voulons pas saupoudrer, mais réaliser de vrais paris industriels pour lesquels nous sommes prêts à réinvestir pour financer la croissance », résume Stéphane Bacquaert. De futures injections de capital dans IHS ne seraient d’ailleurs pas exclues. ●

Finance

TÉLÉCOMS IMMOBILIER TÉLÉCOMS BTP PÉTROLE CHIMIE CHIMIE TÉLÉCOMS

la capitalisation globale étant plus modestement en augmentation de 20 %. Les titres des plus grandes sociétés cotées sont pour la plupart très nettement en hausse, les valeurs bancaires faisant preuve de la plus grande résistance. Les valorisations restent, malgré tout, très nettement en dessous de ce qu’elles étaient avant la révolution de 2011. ●

Valeur en vue TELECOM EGYPT Enfin le mobile ! TELECOM EGYPT A GLOBALEMENT réussi un bon troisième trimestre 2012, avec une progression de 5,6 % de son chiffre d’affaires, à 313 millions d’euros. La croissance de l’activité internet (+ 9,9 %), grâce à la hausse du nombre d’abonnés ADSL (+ 20 %), a soutenu le segment grand public. Les services de télécommunication en gros ont crû de 5,7 %, à 158 millions d’euros. Cette bonne performance a dopé le chiffre d’affaires des neuf premiers mois de 2012, à 951 millions d’euros (+ 2,8 % sur un an). Malgré tout, l’opérateur n’a Fatma Zalila pas réussi à raffermir ses marges, principalement en Analyste raison de l’augmentation des charges de personnel. chez AlphaMena Alors qu’il devrait obtenir sa propre licence de téléphonie mobile, dont le lancement est prévu pour le second semestre 2013, Telecom Egypt sera dans l’obligation de céder les 44,5 % qu’il détient dans Vodafone Egypt, dont la contribution au résultat net part du groupe a atteint 30,5 % au 30 septembre. Notre potentiel de hausse de 75 % ne tient pas compte de l’acquisition de la licence mobile. » ● BOURSE

CA 2012 (9 premiers mois)

COURS (5.12.2012)

OBJECTIF

Le Caire

951 millions d’euros (+ 2,8 %)

12,42 livres égyptiennes

21,70 livres égyptiennes

NICOLAS TEISSERENC JEUNE AFRIQUE

N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

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74

Dossier

Transport maritime

DESSERTE

Au bonheur

des armateurs Forte de son économie florissante et dopée par l’essor de sa classe moyenne, l’Afrique échange de plus en plus avec le reste du monde, essentiellement par voie maritime. Une aubaine pour les opérateurs, qui renforcent leurs lignes à destination du continent.

OLIVIER CASLIN

E

n Afrique, contrairement aux autres régions du monde, le transport maritime ne connaît pas la crise. Tiré par la croissance forte et continue de l’économie ces dernières années sur l’ensemble du continent, le secteur profite de l’augmentation des échanges commerciaux (qui, en Afrique, passent pour 95 % des volumes par voie maritime) pour aligner lui aussi les bons résultats. Dopés par la poussée démographique et par l’émergence d’une classe moyenne consommatrice de biens d’équipement, « les flux maritimes, tous modes confondus, affichent en Afrique des taux de 10 % à 12 % de croissance par an. Mais il ne faut pas oublier que le continent part aussi de très bas. Il y a donc un effet de rattrapage par rapport à des marchés déjà plus matures », explique Yann Alix, délégué général de la Fondation Sefacil, spécialisée dans les questions de transport et de logistique. Les compagnies maritimes ne s’y trompent pas et réorganisent leurs flottes pour répondre au mieux aux évolutions de la demande mondiale, l’Afrique épongeant actuellement les pertes enregistrées par les plus grands sur un axe Asie-Europe qui tourne au ralenti. Quand Maersk Line, premier armateur mondial, avec une part de marché de 16 % sur les trafics conteneurisés, annonce en octobre une réduction de 21 % de ses capacités, en retirant 19 porte-conteneurs des routes maritimes asiatiques, il poursuit dans le même temps la mise en ligne, le long du golfe de Guinée, de navires tout neufs de classe Wafmax (dotés d’un tirant d’eau de 13,5 m et d’une capacité de 4 500 EVP, ou équivalents vingt pieds, une unité de mesure du trafic en conteneurs) pour plusieurs milliards de dollars d’investissement. Idem pour le numéro N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

deux du secteur, l’italo-suisse MSC, arrivé tardivement sur le continent et qui met les bouchées doubles ces dernières années pour desservir les terminaux africains depuis son port d’éclatement de Las Palmas, dans les îles Canaries. LA CHINE AU PREMIER PLAN. « L’Afrique est de mieux en mieux connectée au reste du monde », confirme Yann Alix, qui, comme l’ensemble des experts, s’attend à une explosion des volumes traités par les interfaces portuaires du continent, notamment en matière de trafic conteneurisé, considéré comme le plus représentatif de l’état de l’activité maritime d’une région. L’Afrique ne représente toujours que 3 % des volumes Les experts s’attendent mondiaux, avec une quinzaine de millions d’EVP manutentionnés sur à une explosion des l’ensemble du continent en 2011. volumes, notamment Mais au rythme actuel, le continent pourrait en traiter 38 millions dès du trafic conteneurisé. 2020, selon les prévisions concordantes du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, avant de culminer à 176 millions d’EVP vingt ans plus tard. Pour atteindre de tels volumes, certaines tendances vont devoir se poursuivre, à commencer par la croissance du trafic enregistrée depuis 2000 sur l’axe Afrique-Asie, qui représente aujourd’hui un bon quart du commerce africain grâce à la Chine, pays avec lequel le continent échange le plus. Bien que constitués de biens de consommation et d’équipement à l’import et de vracs miniers ou agricoles à l’export, les volumes restent équilibrés entre les deux partenaires, qui ont échangé pour 123 milliards de dollars (93 milliards d’euros) en 2010, soit dix fois plus que dix ans plus tôt mais deux fois moins que les estimations établies par les ● ● ● JEUNE AFRIQUE


DIVERSIFICATION

Lars Reno Jakobsen

Vice-président d’AP Moller-Maersk

PORTS

CMA CGM met le cap sur l’hinterland

CORNE DE L’AFRIQUE

La révolution est lancée

Un futur concurrent pour Djibouti ?

–1% – 42 %

L’Asie, un partenaire de premier plan

– 40 % TUNISIE 0,49

+ 22 %

+2% ÉGYPTE

MAROC

6,56

2,16

CÔTE D'IVOIRE

–8%

1,25

0,70

7% +2%

0,46 SOUDAN

0,54 NIGERIA GHANA

0,63 DJIBOUTI

0,73

+ 20 %

KENYA

+3% AFRIQUE DU SUD

+4%

+ 25 %

3,97

COURANTS COMMERCIAUX OMMERCIAUX

TRAFIC TR CON CONTENEURISÉ PAR PAYS

En millions d’EVP (équivalents vingt pieds)

Échanges en hausse

CAPACITÉ EN AFRIQUE DE L'OUEST DES 5 PRINCIPAUX ARMATEURS

TOP 10 DES PORTS À CONTENEURS AFRICAINS PORT

PAYS

1

Port-Saïd

Égypte

3 474

+ 5,3

2 3 4

Durban Tanger Damiette Le Cap

Afrique du Sud Maroc Égypte Afrique du Sud

2 529 2 058 1 096 696

+ 0,2 + 68,4 – 9,6 + 12,6

Sokhna Djibouti Abidjan

Égypte Djibouti Côte d'Ivoire

607 602 530

+ 42,2 + 15,6 – 13,1

Tunisie Tanzanie

423 409

+ 12,5 + 25,1

Radès 10 Dar es-Salaam

JEUNE AFRIQUE

TRAFIC

En EVP (équivalent vingt pieds)

(en milliers d’EVP)

Maersk Line

890 000

CMA CGM MSC SOURCE : CNUCED

SOURCE : CONTAINERISATION INTERNATIONAL YEARBOOK 2012 (CHIFFRES 2010)

Échanges en baisse

5 6 7 8 9

75

SOURCE : CNUCED

INTERVIEW

550 000 161 000

NileDutch

118 000

Grimaldi

106 000 N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012


Dossier Transport maritime

YU FANGPING/IMAGINECHINA

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bailleurs de fonds pour 2015. Dans la foulée, les liaisons maritimes entre les deux continents continuent de se développer. Ainsi, l’Afrique du Sud est aujourd’hui mieux connectée à la Chine (avec quatorze services réguliers) qu’au Nigeria (seulement huit). Les armateurs asiatiques en ont profité pour étendre leur réseau à l’Afrique, selon des routes et des stratégies différentes. Si le japonais Mitsui ou le singapourien Pacific International Lines (PIL) la desservent en direct depuis leurs ports d’attache respectifs, les chinois Cosco et China Shipping (lire p. 77), débarqués au tournant de ce millénaire, ont préféré passer des accords de partenariat avec des compagnies occidentales pour desservir l’ouest et le nord du continent, suivant en cela l’exemple du japonais NYK ou du taïwanais Evergreen Line, présents en Afrique depuis les années 1990. Les escales directes de navires chinois dans les ports africains restent donc rares, une fois passée la première rupture de charge dans les hubs de Tanger, au nord, ou de Durban, au sud. ●●●

GROUPES AFRICANISÉS. « Leur présence est

limitée, sur un marché qui reste difficile à pénétrer », confirme le consultant Marc Abeille, du cabinet spécialisé Copetrans. « Maersk Line ou CMA CGM sont incontournables sur le continent car ils se sont africanisés », explique Yann Alix : le premier en reprenant Safmarine en 1999 (lire p. 79), le second en mettant la main sur Delmas en 2006. « Les Asiatiques ne peuvent pas en faire autant puisqu’il n’y a plus d’armateurs africains à acheter », poursuit le spécialiste. Surtout que la couverture est déjà très bien assurée par les grands opérateurs installés. « Les places sont prises, sur un marché certes en croissance mais qui reste étroit », rappelle Marc Abeille. Si la côte ouest-africaine a en N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

! LE TAÏWANAIS EVERGREEN LINE parvient à tirer son épingle du jeu derrière les trois poids lourds du secteur, Maersk Line, MSC et CMA CGM.

effet battu des records en réceptionnant 3 millions d’EVP en 2010, « cela ne représente qu’un mois d’activité à Shanghai », tempère Yann Alix. Derrière le trio de tête des compagnies maritimes, constitué en Afrique comme partout ailleurs de Maersk Line, MSC et CMA CGM, seul Evergreen Line arrive à tirer son épingle du jeu sur le continent, grâce à sa desserte de la côte est. Non contents de se tailler la part du lion sur mer, avec des flottes « parfaitement dimensionnées pour répondre aux contraintes nautiques et techniques des ports africains », dixit les experts, les trois grands font également la loi sur les terminaux. Les ports peuvent bien multiplier les investissements pour améliorer leurs services et se mettre aux standards internationaux, dans l’espoir de jouer le rôle de hub sous-régional aujourd’hui incontournable dans la desserte du continent, « au final, ce sont les armateurs qui imposent leur choix en fonction de leurs propres stratégies », observe Nguessan Nguessan, consultant en transport multimodal auprès de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la Banque mondiale. INTÉGRATION. Sur la côte ouest-africaine,

AP Moller-Maersk (APMM, la maison mère de Maersk Line), qui dispose déjà d’un port d’éclatement à Tanger, a jeté son dévolu sur le Nigeria (lire pp. 78-79), alors que CMA CGM semble vouloir rester fidèle à Abidjan (lire pp. 82-83) et que MSC favoriseSanPedroetLomé.«Si,pendantlongtemps, c’est le navire qui suivait la marchandise, c’est aujourd’hui plus complexe », constate Reynaldo Bench, conseiller à la Banque mondiale. Davantage encore depuis que les transporteurs, dans leur logique de massification des trafics et d’intégration des services terrestres et maritimes, ne se contentent plus de faire leur travail. Ils deviennent aussi opérateurs portuaires et logis« Les places sont tiques, à l’instar d’APMM, quand ils prises, sur un marché ne passent pas d’accords commercertes en croissance ciaux, comme CMA CGM avec Bolloré mais qui reste étroit. » Africa Logistics (BAL). Combinée à la présence d’acteurs historiques comme BAL et renforcée par celle de géants de la manutention comme DP World (Dakar, Djibouti, Maputo) ou Hutchison Port Holdings (Alexandrie, Dar es-Salaam), l’arrivée de ces opérateurs privés renforce la productivité des ports, « en même temps qu’elle en dépossède les Africains », regrette Nguessan Nguessan. Après la disparition des compagnies maritimes africaines ces vingt dernières années, celle des sociétés de manutention semble déjà programmée surlestraficsconteneurisésdesgrandesplateformes sous-régionales, alors que la mise en concession des terminaux spécialisés, réalisée aujourd’hui à plus de 50 %, doit se poursuivre pour que l’Afrique puisse traiter le plus efficacement possible le flot de marchandises qu’on lui prédit. ● JEUNE AFRIQUE


Dossier

China Shipping, l’eau qui dort La compagnie dessert le continent depuis une décennie, mais son activité n’y a pas encore décollé. La donne pourrait changer en 2013.

C

hina Shipping Container Lines (CSCL) a fait de la discrétion une marque de fabrique. Elle est pourtant l’une des plus importantes entreprises de transport par conteneurs au monde. Avec ses 150 navires, elle dessert une centaine de pays. À un rythme hebdomadaire, les bateaux en provenance d’Asie rejoignent, via le canal de Suez, la plateforme de Port-Saïd puis se dirigent vers l’Europe et la Turquie. Les conteneurs chargés de produits manufacturés ou de matières premières destinées à l’industrie débarquent ensuite dans différents ports du Maghreb. Le transporteur a pris pied en Afrique au début des années 2000.

Certains évoquent une fusion avec Cosco, l’autre géant chinois.

« Nous sommes leur consignataire navires et conteneurs en Tunisie depuis 2005, témoigne Hassen Younsi, directeur des ventes de Tuniship. Après avoir été très agressif sur les prix, CSCL s’est aligné sur la concurrence en 2007 et a abandonné la destination Libye », entraînant une chute de sa part de marché de 4 % à 1 % sur la zone. Mais la société « va restructurer son service Méditerranée en 2013 et compte y engager 5 à 6 cargos supplémentaires », dévoile-t-il. INVESTISSEMENTS. CSCL dessert

aussi le continent par le sud grâce à un service hebdomadaire entre l’Asie et l’Afrique de l’Ouest, via Durban. « Ils font partie des rares

armateurs à proposer ce trajet en direct, assure Rodolphe Tortora, directeur Afrique de Navitrans, agent maritime de CSCL à Abidjan, Lomé, Alger et Cotonou. Les bateaux arrivent pleins de motos, de textile ou de matériaux de construction et repartent avec du coton et du bois. » Desserte de nouveaux ports, augmentation de la taille et de la cadence des bateaux… Selon lui, les perspectives de CSCL sur le continent sont énormes, et les investissements devraient être importants. Certains évoquent même une possible fusion avec l’autre géant maritime chinois, Cosco. En 2013, Pékin pourrait renforcer son soutien à ces deux compagnies d’État. Déjà usine du monde, l’empire du Milieu affirmerait alors sa domination sur l’ensemble du cycle de production, de la fabrication à la livraison. ● BRICE TAHOUK

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Dossier Transport maritime INTERVIEW

Lars Reno Jakobsen

« Nous voulons continuer à grandir dans le portuaire » Le premier transporteur mondial de conteneurs réduit la voilure en Asie, mais l’Afrique reste au cœur de la stratégie de développement d’AP Moller-Maersk.

C

omptant dans ses filiales les armateurs Maersk Line et Safmarine, ainsi quel’opérateurportuaire APM Terminals, le groupe danois AP Moller-Maersk (APMM) est aujourd’huil’undes poidslourdsdu secteur maritime sur le continent. Il y multiplie les investissements portuaires et pétroliers depuis les récentes découvertes dans l’offshore angolais. Lars Reno Jakobsen, vice-président d’APMM chargé de l’Afrique, détaille l’actualité du groupe sur le continent. JEUNE AFRIQUE : Comment évoluent les activités du groupe APMM en Afrique ? LARS JAKOBSEN : L’économie y

position en Afrique. Nous allons recevoir dans les prochains mois les derniers exemplaires des 22 navires de classe Wafmax, construits tout spécialement pour les ports africains, et cet investissement de 2,4 milliards de dollars [1,8 milliard d’euros, NDLR] symbolise notre engagement sur le continent. Maersk Line est aujourd’hui l’un des tout premiers armateurs à desservir l’Afrique. Nous connectons quotidiennement une quarantaine de ses pays aux

N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

autres continents avec plus d’une centaine de navires mis en ligne, entre Maersk Line, spécialisé dans le conteneur, et Safmarine, qui travaille aussi dans les vracs et les marchandises générales. Notre branche portuaire est présente également dans les ports les plus importants du golfe de Guinée, et nous sommes aujourd’hui l’un des principaux acteurs du secteur maritime en Afrique, où nous employons plus de 10 000 personnes. Un an après l’intégration complète de Safmarine, quel bilan tirez-vous de l’opération ?

Cette intégration concernait essentiellement les services administratifs. Safmarine garde sa propre organisation, ses clients, ses activités et sa stratégie opérationnelle. La compagnie jouit depuis longtemps d’une excellente réputation auprès de sa clientèle, il n’y avait donc aucune raison d’interférer dans ces relations. Nous voulons au contraire jouer la carte de la complémentarité autour de deux marques différentes au sein du même groupe.

Le plus important pour nous est de proposer à nos clients la plus grande fiabilité et les temps de transit les plus courts du marché, en desservant directement les ports ou en nous appuyant sur notre hub de Tanger pour des opérations de transbordement. Nous disposons de deux très bonnes options, très complémentaires, pour assurer la meilleure desserte possible du continent, depuis l’Europe comme depuis l’Asie. En attendant l’arrivée d’un second hub en Afrique de l’Ouest, qui pourrait bien être situé au Nigeria.

Crise économique oblige, vous venez d’annoncer le gel de vos investissements dans le secteur maritime. Quelles en seront les conséquences sur le continent ?

Il n’y en aura aucune ! Comme tous les armateurs, nous sommes évidemment touchés par les effets de la crise, mais nos résultats, bien qu’inférieurs aux années précédentes, restent positifs. APMM, à travers Maersk Line et Safmarine, s’est engagé à maintenir, et si possible à renforcer, ses activités et sa

V ICE - PRÉSIDENT A FRIQUE D ’APMM

Entendez-vous néanmoins réorganiser votre desserte du continent?

affiche de très bons résultats, et nos activités sur le continent, qui représententenviron10%denotrechiffre d’affaires, suivent la tendance. Nos volumes de marchandises transportées vers ou depuis l’Afrique ont progressé de 19 % l’an dernier et nous prévoyons une nouvelle hausse cette année.

C’est le projet Badagry au Nigeria, qu’APMM vient de confirmer…

M A ER SK

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Nous disposons déjà de deux terminaux au Nigeria, dans lesquels nousenregistronsd’excellentsrésultats. Avec un marché potentiel de JEUNE AFRIQUE


Dossier ! LE PORTE-CONTENEURS NUBA, entré en service en 2008 entre l’Afrique de l’Ouest et l’Europe.

Vu la croissance continue du trafic de marchandises en Afrique, tout ce qui concerne le développement portuaire est, en général, positif. Ces dernières années, les armateurs ont tendance à favoriser le transbordement sur les marchés les plus importants, en s’appuyant sur des infrastructures dimensionnées pour recevoir les géants des mers mis en ligne par les compagnies actuellement. Dans cette logique, tous les investissements sont donc bons à prendre, surtout qu’en la matière l’Afrique manque encoredenombreuxéquipements.Mais sa croissance économique actuelle et à venir va très certainement faciliter ces investissements. Quelle est votre stratégie de croissance dans le domaine maritime pour le continent ?

Nous voulons continuer à grandir dans le portuaire. Avec neuf terminaux dans huit pays, APM Terminals compte déjà parmi les tout premiers opérateurs en Afrique et nous voulons poursuivre nos investissements en allant là où le marché nous attend. Nous croyons aussi beaucoup au développement des ports secs et des corridors de transport à travers le continent. La constitution d’un véritable réseau logistique est fondamentale dans sa desserte, car elle permet de doper les volumes à l’export et pousse en conséquence les compagnies à mieux servir leurs ports. ● Propos recueillis par OLIVIER CASLIN JEUNE AFRIQUE

SAFMARINE

170 millions de personnes, l’un des plus importants de l’Afrique de l’Ouest, un nouveau terminal s’impose comme une évidence, surtout que le futur port en eau profonde de Badagry devrait disposer de la meilleure connectivité possible avec les marchés domestique et sous-régionaux. Une fois réalisé, ce port sera le plus grand de toute l’Afrique subsaharienne en termes de capacité, avec ses 3 km de quais polyvalents et ses 2 000 ha de terrains portuaires. L’attribution de la concession est attendue pour début 2013, et nous espérons démarrer nos opérations à l’horizon 2016, avec une attention particulière portée au transbordement régional. Justement, beaucoup de ports africains, notamment le long du golfe de Guinée, annoncent d’importants projets pour développer leurs activités de transbordement. Est-ce justifié ?

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Safmarine reste le maître à bord Absorbée par Maersk en octobre 2011, la compagnie a conservé sa marque, mais aussi son indépendance stratégique et commerciale.

D

opération qui lui aura permis de grandir. éjà liée depuis 1999 au groupe En douze ans, les volumes transportés danois AP Moller-Maersk par l’armateur sont passés de quelque (APMM), la compagnie maritime Safmarine (née de la fusion de deux 400000 EVP (équivalent vingt pieds, unité sociétés belge et sud-africaine) a fini par de mesure du trafic conteneurisé), « à être entièrement absorbée par le premier près de 2 millions en 2011 », selon Grant armateur mondial en octobre 2011. Dans Daly, qui souligne également « l’accès les faits, pourtant, rien ne semble avoir aux capacités financières du groupe ». Safmarine en a profité pour lancer un vraiment changé, et les fameux navires important programme de modernisation à coque blanche qui sillonnent les côtes africaines depuis 1946 assurent toujours de sa flotte, qui a réceptionné 27 nouvelles le service dans près d’une cinquantaine unitésdepuis2004pouruncoûtsupérieur de ports du continent. à 770 millions d’euros. Trois nouveaux « L’intégration de Safmarine dans porte-conteneursdelacatégorieWafmax, d’une capacité de 4 500 EVP, doivent Maersk répondait surtout à des impératifs économiques, rendus plus évidents encore par le Grâce aux capacités financières contexte de crise finandu groupe, la filiale modernise cière », explique Grant Daly, sa flotte, avec 27 nouvelles unités. PDG de la filiale d’APMM depuis février dernier. Les entrer en service cette année pour relier services généraux ont fusionné, mais en plus de sa marque distincte, Safmarine l’Asie aux ports d’Afrique de l’Ouest. garde son indépendance stratégique et Le continent représente près de 60 % commerciale, au nom d’un savoir-faire de l’activité de la filiale (la moitié de cette qui lui permet d’être encore aujourd’hui part étant réalisée en Afrique du Sud). En l’un des principaux opérateurs maris’appuyant sur les marchés émergents times à desservir l’Afrique. Acheté par (Inde et Moyen-Orient), et malgré la crise APMM après une tentative infructueuse générale du secteur, Safmarine a enredu danois de s’installer sur le marché sudgistré une hausse de 8 % de ses activités africain, Safmarine peut se féliciter d’une l’an dernier. ● O.C. N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012


Port d’Abidjan

De grands projets de développement pour un avenir prometteur

R

edevenir le géant de l’industrie maritime et portuaire de la Côte Atlantique d’Afrique, tel est l’objectif que se sont assignés les Autorités portuaires d’Abidjan. Dans cette perspective des projets ambitieux à court, moyen et long terme vont être initiés pour d’une part réhabiliter les infrastructures existantes et d’autre part en sans cesse croissants du secteur et faire face à la concurrence sous-régionale. Au nombre de ces projets, l’on peut citer : 1. la construction d’un deuxième terminal à et particulièrement celui des conteneurs en transbordement. Ce terminal disposera d’une longueur totale d’accostage de 1100 m linéaire et sera dragué à terme à – 18 m hydro pour accueillir des navires de 350 m de long. Il s’étendra sur d’environ 35 hectares et pourra traiter 1 500 000 TEU par an.

quai ouest pour permettre l’accueil de navires conventionnels et vraquiers exigeant un tirant d’eau allant jusqu’à 13.5 m. 4. la réhabilitation et la modernisation du port de pêche qui se traduira par la réalisation de quais de 8 à 10 m de tirant d’eau et la création de 19 ha de terrain industriel par remblaiement de la darse existante et du môle à construire. A travers ce projet, les responsables du port d’Abidjan pêche par l’accueil de tous types de navires et d’autre part de dégager de nouveaux espaces pour l’implantation d’industries de pêche. 5. la construction d’une station de traitement industries, la possiblité de se délester de leurs résidus liquides dans de meilleures conditions de sécurité garantissant la protection de l’environnement marin et lagunaire. 6. la construction d’un terminal RORO aux quais roulier et disposer d’un véritable terminal moderne. Ce projet consiste à construire un quai de 250 m linéaires avec 13,5 m de tirant d’eau d’une part et un quai retour de 350 m linéaires avec 13,5 m de tirant d’eau d’autre part. Ce terminal aura une 10 ha et sera réalisé par remblaiement.

Communiqué

L’appel d’offre pour la construction Vue générale du port d’Abidjan avec l’implantation des projets de ce second terminal à conteneurs a déjà été lancé et le démarrrage des La mise en œuvre de tous ces projets permettront travaux est annoncé pour le début de l’année 2013. au port d’Abidjan non seulement de rattraper son 2. l’élargissement et l’approfondissement de la passe d’entrée du canal de vridi. Il permettra au port d’Abidjan d’accueillir en tout temps des navires porte-conteneurs et conventionnels de plus de 250 m de long et de 16 m de tirant d’eau dans de meilleures conditions de sécurité. 3. l’approfondissement des postes 6, 7 et 8 du

retard dû à la faiblesse des investissements de développement, du fait de la crise ivoirienne de ces dix dernières années, mais également de faire

autorités portuaires qui est de créer en Afrique un troisième hub port de référence internationale après Tanger et Durban.



Dossier Transport maritime

! La société NE PRÉVOIT PAS D’ACQUÉRIR

UNE NOUVELLE

ou un réseau déjà existant.

MARQUE

DIVERSIFICATION

CMA CGM met le cap sur l’hinterland Le troisième armateur mondial se renforce sur le continent. Il souhaite être présent d’un bout à l’autre de la chaîne logistique pour desservir les pays qui n’ont pas d’accès à la mer.

C

estàunvéritablechangement de paradigme que se livre le troisième groupe mondial de transport maritime dans son développement opérationnel sur le continent. Alors que le transport conteneurisé est en pleine expansion (il représente plus de 90 % des volumes au niveau mondial), le nouvel objectif de CMA CGM est de devenir dans les cinq prochaines années un opérateur intégré sur toute la chaîne du transport maritime et de la logistique portuaire et terrestre. « Il y a une volonté très marquée de Rodolphe Saadé [directeur général délégué de CMA CGM, NDLR] de se renforcer en Afrique »,

souligne Lars Kastrup, directeur général de CMA CGM Agencies Worldwide, le réseau des agences de l’armateur. Le continent « continue sa croissance malgré la grave crise financière internationale qui essouffle l’Asie, l’Amérique et l’Europe. L’activité y progresse de 10 %. Nous y intensifierons nos opérations », estime Kastrup. Le groupe compte également les diversifier : « Dans certains pays, nous ne nous contenterons plus de rester dans les ports où nous avons connu un développement important. Nous allons nous implanter à l’intérieur des terres, dans certains pays de l’hinterland, pour répondre à la demande de nos clients. »

JAN

VIER

30

2013

Résultat de l’appel d’offres pour le 2e terminal à conteneurs d’Abidjan. CMA CGM est candidat, associé à Necotrans, Movis (groupe Geodis) et ICTSII

À cette fin, le groupe a ouvert en juillet dernier en Côte d’Ivoire une filiale dénommée CMA CGM Transit Transport. Objectif: organiser le transport des marchandises jusqu’au client final dans les pays dépourvus de façade maritime. Plusieurs bureaux et agences ont ouvert en Afrique de l’Ouest (au Burkina Faso et au Mali). Ce réseau dans l’hinterland devrait s’étoffer au cours des prochains mois, avec en point de mire le Malawi et la Zambie notamment. La diversification passe pour l’instant surtout par la route. CMA Rail, filiale ferroviaire du groupe, n’opère en effet pas en Afrique subsaharienne. Des réflexions sont en cours sur une éventuelle implantation; en attendant,l’armateursecontentedelouer des wagons à d’autres compagnies. GESTION PORTUAIRE. CMA

CGM n’envisage pas d’acquérir une nouvelle marque ou un réseau déjà existant ; il se contentera de renforcer sa marque Delmas. Son plan de développement ne semble pas mettre en péril son alliance

UN REDRESSEMENT ENCOURAGEANT AUTROISIÈMETRIMESTRE 2012, le groupe familial a enregistré un chiffre d’affaires de 4,2 milliards de dollars (3,3 milliards d’euros), en hausse de 9 % par rapport à la même période en 2011. Avec un résultat net de 371 millions de dollars sur N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

ce trimestre, CMA CGM affiche la meilleure performance de l’industrie maritime, devançant le danois Maersk et l’italo-suisse MSC. Pour poursuivre son développement sur le continent, qui est devenu l’une de ses priorités,

l’armateur doit se recapitaliser et redresser ses finances. Sa dette n’est pas réglée malgré l’apport de 150 millions de dollars du Fonds stratégique d’investissement français en échange de 6 % du capital. Reste qu’un premier pas a

été franchi au cours des neuf premiers mois de 2012, durant lesquels 550 millions de dollars ont été économisés. Le groupe turcYildirim, déjà actionnaire, a de son côté apporté 100 millions de dollars complémentaires. ● B.M. JEUNE AFRIQUE

CMA CGM

82


Dossier

ÉCONOMIES. Quelques ombres

planent toutefois sur ces ambitions africaines. La saturation des installations portuaires, notamment. « Dans plusieurs ports du continent, le délai d’attente des navires pour accoster est trop important : cela a une incidence sur les coûts logistiques et les délaisd’acheminement. C’est une bonne chose que les pays africains aient compris la nécessité de développer davantage les infrastructures portuaires », estime Lars Kastrup, citant les exemples de Douala (Cameroun), Pointe-Noire (Congo), Libreville (Gabon), Tin Can (Nigeria) ou Conakry (Guinée). La situation financière du groupe, surtout (lire encadré p. 82) CMA CGM doit se développer à moindre coût tant que sa dette, estimée à 5 milliards de dollars (3,9 milliards d’euros), ne sera pas soldée. Un plan lancé par Rodolphe Saadé a déjà permis de réaliser des économies encourageantes. Des progrès qui doivent être confirmés pour que le géant des mers puisse espérer atteindre sa vitesse de croisière en Afrique. ●

FORMATION

À l’école de Bolloré Le groupe français a mis en place un centre pour familiariser ses salariés du secteur portuaire aux bonnes pratiques et aux nouvelles technologies.

D

epuis 2008, le groupe Bolloré dispose d’un outil unique dans lesecteurmaritimeafricain,avec la mise en place d’un centre de formation aux métiers portuaires et logistiquesouvertàl’ensembledesessalariés.«Le but était de professionnaliser nos pratiques en intégrant les nouvelles technologies, de veiller à leur diffusion et d’améliorer la sécurité en formalisant les connaissances acquises sur le terrain », explique Fatou Racine Cissé, directrice adjointe du Centre de formation portuaire panafricain (CFPP). D’abordouvertesauxcaristes,cesformations d’une durée de cinq à vingt-cinq jours se sont ensuite étendues aux autres métiers du secteur, des chauffeurs routiers aux professions portuaires (grutiers et conducteurs de portiques). « Avec, à chaque fois, la mise en place d’un système pédagogique spécifique etlabellisé»,préciselaresponsableducentre, situéàdeuxpasduPortautonomed’Abidjan. Réservées dans un premier temps au personnel ivoirien, les prestations ont été élargies à l’ensemble des filiales africaines du groupe. La première mission extérieure a été organisée en 2010 au Nigeria, auprès des opérateurs de la concession de Tin Can Terminal. Les formateurs ivoiriens, choisis pour leur expérience et leurs compétences, se sont depuis rendus à Moroni (Comores), Freetown(SierraLeone),Conakry(Guinée),

Tema (Ghana) ou Pointe-Noire (Congo), au rythme des contrats remportés par Bolloré Africa Logistics (BAL) sur le continent. Plus de 2 100 personnes auraient à ce jour bénéficié de leur expertise. RECONNAISSANCE. Les vingt-cinq for-

mateurs du CFPP sont tous des professionnels, qui passent des quais aux classes – et inversement – en fonction des programmes de formation. Grâce à cette nouvelle fonction, Alphonse, grutier depuis vingt ans chez BAL, affirme redécouvrir son métier, « mieux le comprendre pour pouvoir mieux le transmettre ». En plus de donner « un sentiment valorisant de reconnaissance et d’appartenance au groupe, pour les formateurs comme pour les stagiaires », selon Fatou Racine Cissé, ces programmes permettent surtout d’améliorer les performances sur les terminaux, de réduire les accidents de personnes et les avaries sur l’outillage. « Au point de susciter l’intérêt grandissant de la concurrence », sourit la directrice adjointe, qui rêve de voir son centre équipé, à terme, d’un simulateur de portique. En attendant, elle s’est attaquée au volet social en mettant en place l’an dernier un programme d’alphabétisation qui connaît un franc succès auprès des salariés du groupe. ● OLIVIER CASLIN

! STAGIAIRE MANŒUVRANT UNE GRUE GOTTWALD au terminal à conteneurs de Pointe-Noire.

BOLLORÉ

avec Bolloré Africa Logistics dans les activités de manutention et de transport terrestre sur le continent, qui court jusqu’en 2016. Il ne détourne en tout cas pas l’armateur français de ses ambitions en matière de gestion portuaire. En Côte d’Ivoire, celui-ci suit de près l’appel d’offres pour la concession du second terminal à conteneurs du Port autonome d’Abidjan. Présélectionné avec trois autres consortiums, CMA CGM – adossé à son compatriote Necotrans, à l’ivoirien Movis (groupe Geodis) et au philippin ICTSI – a déposé son offre commerciale définitive le 19 novembre et soumettra son offre financière début janvier. En cas de succès le 30 janvier, date de la publication des résultats, le consortium prévoit d’investir entre 200 et 250 millions d’euros sur la plateforme abidjanaise, où les cargaisons de CMA CGM représentent déjà 80 % de l’activité de transbordement et 50 % des opérations sur le terminal à conteneurs.

BAUDELAIRE MIEU, à Abidjan JEUNE AFRIQUE

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N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012


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JEAN-MICHEL RUIZ

85

! Depuis 2004, 7,5 milliards d’euros ont été investis à TANGER MED.

INFRASTRUCTURES

La révolution est lancée

De Tanger à Pointe-Noire, les projets portuaires ambitieux se sont multipliés ces dernières années. À la manœuvre, les opérateurs privés concessionnaires des terminaux.

les convoitises des investisseurs et des opérateurs », poursuit-il.

C

la manœuvre, on trouve essentiellement des grands groupes, notamment le français Bolloré et le danois Maersk. Lorsqu’ils remportent un appel d’offres et sont désignés pour gérer un port, les grues ne tardent pas à envahir les docks. Il faut agrandir les quais, aménager de plus amples aires de stockage, creuser des canaux plus profonds, ou encore mettre en place des portiques de quais et de parcs. Ces travaux s’étalent dans le temps pour suivre la montée en puissance du port. « Nous investissons en moyenne 250 millions d’euros par an sur les ports africains », indique Dominique Lafont, président de Bolloré Africa Logistics (BAL). Depuis que le groupe a remporté une première concession à Abidjan en 2003, les chantiers se succèdent, de la Guinée au Congo en passant par le Nigeria. À Pointe-Noire (Congo), l’extension des quais de 270 m, gagnés sur la mer, est terminée, et le dragage est en cours pour atteindre 15 m de profondeur. Le terminal à conteneurs, qui enregistrait 120000 mouvements d’EVP (équivalent vingt

est le plus gros porteconteneurs au monde. Avec ses quelque 400 m de long pour 54 m de large et un tirant d’eau de 16 m, le Marco Polo a besoin de ports à sa dimension. Au nombre des escales prévues pour son premier voyage figure Tanger, où il est arrivé le 6 décembre. Sur la façade ouest-africaine, le port marocain est eneffetleseulàpouvoiraujourd’hui l’accueillir. Ce joli coup de pub pour Tanger est le résultat d’investissements colossaux – 7,5 milliards d’euros entre 2004 et 2012 – qui ont permis la mise en service de Tanger Med et de ses infrastructures modernes, il y a cinq ans. Les quais s’y étalent sur 1 600 m et les deux terminaux actuellement en service traitent plus de 2 millions de conteneurs à l’année. Tanger Med n’est cependant pas un cas isolé. Dans son sillage, les ports de toute la façade ouest-africaine ont clairement entrepris leur mue, à grand renfort de centaines de millions d’euros. On sait depuis longtemps que les installations JEUNE AFRIQUE

obsolètes et les infrastructures sous-dimensionnées de la région entravent le développement des pays côtiers comme de ceux de l’intérieur – en jouant le rôle de goulet d’étranglement à l’import comme à l’export. Mais la donne change. Entre Dakar et Cotonou, « tous les grands ports généralistes ont, depuis le milieu des années 2000, lancé des projets de concession pour l’exploitation, la gestion et le développement des activités conteneurisées. Sur la rangée Dakar-Douala, ce sont près de 2 milliardsdedollars[environ1,5milliard d’euros, NDLR] qui devraient être investis par les acteurs privés sur les terminaux à conteneurs », fait valoir Yann Alix, le délégué général de la Fondation Sefacil, institution de recherche spécialisée dans les stratégies logistiques. Les ports ouest-africains de cette portion de côte gèrent en 2012 moins de 1 % du total des manutentions conteneurisées mondiales, selon la Fondation Sefacil. « Mais la perspective de voir ces volumes tripler dans la prochaine décennie éveille

250 millions d’euros

C’est le montant annuel moyen des investissements de Bolloré Africa Logistics dans les ports du continent

MONTÉE EN PUISSANCE. À

N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012


Dossier Transport maritime pieds, unité de mesure du trafic en conteneurs) en 2006, en compte aujourd’hui 500 000, et l’opérateur vise le million en 2014. « Ces travaux sont indispensables pour pouvoir accueillir des bateaux de plus de 6 000 EVP et disposer d’une véritable plateforme de transbordement en Afrique centrale », poursuit Dominique Lafont. En parallèle, les travaux en cours sur le port de Lomé (Togo) visent à quintupler les quelque 200 000 mouvements annuels, tandis qu’à Conakry (Guinée) le groupeBollorés’estengagéàinvestir 500 millions d’euros en vingt-cinq ans, notamment pour tripler la longueuractuelledesquaisduterminal à conteneurs et atteindre, là aussi, le million de mouvements par an. Exactement comme à Cotonou, au Bénin, où l’opérateur annonce avoir déjà enregistré une hausse de 50 % des volumes depuis 2006 et dont il ambitionne de faire une annexe du port de Lagos. OBSTACLES FINANCIERS. Le

français n’est pas le seul à investir dans les ports de l’Ouest africain. À Dakar, au Sénégal, c’est l’émirati DP World qui a été choisi en 2007 pour une concession de vingt-cinq ans, comprenant la modernisation des infrastructures. Selon la Banque africaine de développement (BAD), ce projet, d’un coût de 210 millions d’euros, est presque achevé ; le temps d’attente moyen des navires en rade a été réduit de quinze à deux heures et celui des camions de plusieurs heures à moins de trente minutes. À São Tomé, la construction d’un nouveau port en eau profonde,

2014. Chez BAL, on assure ne pas avoir décalé ou revu à la baisse les investissements prévus. « Mais il fallait être assez culotté pour faire ce que nous avons réalisé à Conakry ou à Pointe-Noire malgré la crise », sourit Dominique Lafont. Pour lui, les financements ne font pas réellement défaut ; c’est avant tout aux autorités publiques de décider de leurs schémas directeurs – et donc de la modernisation éventuelle de ports où la saturation est prévisible, comme au Ghana ou au Gabon. PANACÉE. Cette temporisation

ANTONIN BORGEAUD POUR J.A.

86

! En 2012, les ports de l’axe Dakar-Douala gèrent MOINS DE 1 % DU TOTAL MONDIAL des manutentions conteneurisées.

prévue depuis 2008, a été confirmée en mai dernier par CMA CGM. « S’il faut donner une date, je dirais 20162017 pour mettre tous les travaux en place. L’aspect financier avait été un obstacle […], mais pour le moment ce n’est plus le cas », affirme Farid Salem, directeur de Terminal Link, filiale de CMA CGM. Comme à São Tomé, certains grands projets prennent du retard ou restent dans les cartons à cause de la crise mondiale, à l’instar de Tanger Med 2. Celui-ci devait initialement entrer en service en 2012, mais seul l’un des deux terminaux vientdetrouverunconcessionnaire. Il sera finalement opérationnel en

forcée n’a d’ailleurs peut-être pas que des inconvénients. Dans une publication récente de la Banque mondiale intitulée Pourquoi les marchandises restent-elles des semaines dans les ports d’Afrique subsaharienne ?, des économistes mettent en garde contre la tentation de voir dans les travaux d’aménagement portuaires la panacée. En effet, selon l’ouvrage, utiliser le port comme zone de stockage reste avantageux dans de nombreux cas pour les importateurs africains. En outre, les procédures de transit ou de contrôle douanier – relativement indépendantes de la modernité des infrastructures – sont très lentes. Résultat: la durée d’immobilisation des marchandises est de plus de quinzejourssurlafaçadeouest-africaine contre trois à cinq jours dans lerestedumonde…cequiengendre un surcoût. « Un investissement dansuneinfrastructuredetransport ne réduit pas nécessairement le prix du transport si les structures de marché sont défaillantes », conclut Gaël Raballand, l’un des auteurs. ● SÉBASTIEN DUMOULIN

LA FAÇADE ORIENTALE À LA TRAÎNE « LE CONSTAT MAJEUR sur la façade est-africaine est sa pauvreté en infrastructures portuaires d’envergure. Seuls une quinzaine de ports disposent de quais, moins d’une dizaine de grues et de portiques », constatait l’Institut supérieur d’économie N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

maritime (Isemar) dans une note de synthèse de mars 2010. Déconnectés des grandes routes maritimes, installés historiquement sur des sites peu favorables à l’établissement de ports en eau profonde, les ports de la façade est ont également

pris du retard en ne suivant pas le mouvement de passage au privé opéré sur la façade occidentale. DP World est arrivé en 2000 à Djibouti, où il a bâti le port à conteneurs de Doraleh, et en 2006 à Maputo, au Mozambique, mais « outre DP World et Hutchison [en

Tanzanie, NDLR], aucun opérateur mondial n’a investi en Afrique de l’Est », souligne l’Isemar. Signe que les choses changent, le gigantesque projet portuaire à Lamu, au Kenya (près de 19 milliards d’euros) a été officiellement lancé en mars dernier. ● S.D. JEUNE AFRIQUE


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Dossier Transport maritime Pour faire le poids, Berbera devra rénoversesinfrastructures.Lesautorités veulent faire passer le tirant d’eau du port de 12 m à 20 m – des travaux qu’elles évaluent à 65 millions de dollars (près de 50 millions d’euros). À cela s’ajouteraient 150 millions de dollars pour la rénovation du corridor Berbera-AddisAbeba. « Les délais et les coûts d’un tel projet sont considérables. Il faut des bailleurs, des financements… Cela fait beaucoup de conditions », nuance Arthur Foch, auteur de « Djibouti, une nouvelle porte de l’Afrique ? », paru en 2010 dans la revue Afrique contemporaine.

PASCAL MAITRE/COSMOS

88

! Les autorités veulent faire passer LE TIRANT D’EAU DU PORT DE 12 M À 20 M.

CORNE DE L’AFRIQUE

Un futur concurrent pour Djibouti? Le développement de Berbera, au Somaliland, permettrait à l’Éthiopie de diversifier ses débouchés maritimes. Mais, faute d’investisseur, le projet stagne.

D

jibouti a tout pour plaire. Une position stratégique à l’entrée de la mer Rouge, à la croisée de l’Afrique de l’Est et du mondearabe,unestabilitépolitique rare dans la région et un puissant voisin qui n’a pas d’accès à la mer, l’Éthiopie. Celle-ci exporte plus des trois quarts de ses marchandises via le port de Djibouti depuis 1998 (la guerre contre l’Érythrée l’ayant privée d’un débouché maritime), assurant près de 80 % de son trafic. Mais Addis-Abeba veut sortir de cette dépendance et lorgne depuis plusieursannéesleSomaliland(une région de la Somalie qui a proclamé unilatéralement son indépendance en 1991) et son port de Berbera, sur le golfe d’Aden. Situé sur la route du pétrole, celui-ci offrirait à l’Éthiopie un corridor complémentaire. « Si ce pays utilisait Berbera, ne serait-ce que pour exporter la moitié de ses marchandises, cela pourrait grandement changer la donne économique de la région », note Mohamed Abdullahi Omar, ministre des Affaires étrangères N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

de la République du Somaliland (non reconnue). « Pourrait », car aucun bailleur de fonds ne s’est officiellement positionné, « même si le président [du Somaliland, NDLR]Silanyoademandéàl’Union européenne de soutenir ce projet », indique Paul Smith, de l’unité somalienne du Service européen pour l’action extérieure (l’organe diplomatique de l’Union). Pour l’instant, l’UE a accepté de financer à hauteur de 3,8 millions d’euros une étude de faisabilité (qui doit débuter en février) sur la réhabilitation du corridor de Berbera.

APPEL. En octobre 2009, Bolloré

Africa Logistics (BAL) avait déclaré son intention d’investir 500 millions d’eurosdansleprojetdeBerbera.En septembre 2010, il annonçait avoir remporté un appel d’offres pour la gestion et le développement de la plateforme portuaire. Depuis, c’est le statu quo, et BAL se montre peu enclin à communiquer sur le sujet. Berbera attend donc toujours. « Avec les revenus et la force de frappe des groupes des pays émergents, tout peut aller très vite : Djibouti en est la preuve, souligne Arthur Foch. Des investisseurs chinois, très présents en Éthiopie, sont tout à fait susceptibles d’être intéressés. » En effet, le chinois PetroTrans a manifesté son intérêt, mais, depuis l’été 2011, plus rien. À tel point que le 25 avril le gouvernement du Somaliland a lancé un appel aux investisseurs pour développer le port de Berbera. Un projet qui devrait rebondir une fois l’étude de faisabilité achevée, au printemps 2014. ● GAËLLE LALEIX

GRÂCE À DORALEH, UNE LONGUEUR D’AVANCE EXTENSION DU PORT AUTONOME international de Djibouti, le port de Doraleh dispose d’un terminal à conteneurs d’une capacité annuelle de 1,2 million d’EVP (équivalents vingt pieds) et d’un terminal pétrolier de 340000 m3, gérés par l’émirati DP World, ainsi

que d’une zone franche de 17 ha. « Avec les investissements réalisés [de l’ordre de 400 millions d’euros, NDLR], Djibouti s’est donné vingt ans d’avance sur ses concurrents africains », estime l’économiste Arthur Foch. En février, une nouvelle

étape a été franchie. L’Éthiopie, Djibouti et le Soudan du Sud ont signé un mémorandum d’entente prévoyant la construction d’infrastructures de télécommunications et de transport ferroviaire et pétrolier entre les trois pays. ● G.L. JEUNE AFRIQUE



Dossier Transport maritime

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PORTRAITS

Petits mais costauds

Alors que les grands groupes mondiaux se bousculent au portillon, rencontre avec des dirigeants d’opérateurs portuaires bien décidés à profiter de l’embellie de la manutention sur le continent.

Stéphane Eholié

PDG de Simat

« Serial » entrepreneur

OLIVIER POUR J.A.

L

es activités liées au transport et à la logistique sont souvent aux mains de grands groupes. La Société ivoirienne de manutention et de transit (Simat), dirigée par Stéphane Eholié, fait donc figure d’exception. Diplômé de l’université française Paris-Dauphine, cet Ivoirien a fait ses armes chez Bolloré mais, en 1996, son « goût d’entreprendre », comme il aime à le répéter, l’a poussé à quitter la multinationale alors qu’il en était directeur de la manutention. Suivent deux tentatives avortées de lancement d’entreprise. Puis, en 2001, Eholié crée Simat. La PME spécialisée dans la manutention, la consignation, la logistique, l’entreposage et le transit maritime s’est ensuite diversifiée dans l’aérien. Ouverte à Abidjan, Simat dispose désormais d’une antenne à San Pedro. « À l’origine, j’avais une quarantaine d’employés, se souvient le PDG. Nous sommes aujourd’hui 250. » En 2007, à la recherche d’investisseurs, Eholié a même introduit 20 % du capital de Simat en Bourse. Au grand regret du « serial entrepreneur », sa PME reste l’une des rares sociétés ivoiriennes cotées à Euronext. « J’aimerais développer mon activité dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, glisse-t-il. Si j’y arrivais, ce serait une belle success-story ! » Les clients étant les mêmes d’un État à l’autre, il estime que son souhait pourrait devenir réalité d’ici à 2015.

« C’est aussi pour éviter de mettre tous mes œufs dans le même panier », explique-t-il. Le business de Simat a beaucoup souffert pendant la crise postélectorale. Son chiffre d’affaires a chuté de plus de 20 % en 2011, à environ 13,3 millions d’euros, mais devrait retrouver cette année son niveau de 2010. Maintenant que les indicateurs économiques du pays sont au vert (environ 8 % de croissance prévue en 2012), Stéphane Eholié espère bien en profiter. « Chaque point de PIB en plus se transforme en millions de tonnes de marchandises échangées dans nos ports », sourit l’entrepreneur, qui souhaite vivement « apporter [sa] contribution au développement économique du continent ». ● BRICE TAHOUK

Soumanou Seibou Toléba

Directeur général de Sobemap

Le réformateur

E

SOBEMAP

nseignant-chercheur à l’université d’Abomey-Calavi, secrétaire général du ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, puis ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme… Riche d’une carrière déjà bien remplie, Soumanou Seibou Toléba a été nommé en juillet 2011 à la tête de la Société béninoise des manutentions portuaires (Sobemap), dont il veut « faire une entreprise moderne, leader dans le domaine de la manutention, du transit et de la consignation ». Pour cela, il compte réformer en profondeur cette société d’État, qui

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bénéficie d’un monopole sur la manutention du trafic conventionnel au Port autonome de Cotonou. « J’ai mis un accent particulier sur l’assainissement des finances, explique-t-il. Je me suis attelé au recouvrement des créances et à la mise en place d’une Commission d’attribution des marchés publics. » Le « professeur » – comme l’appellent les Béninois – a aussi mis en place une série de partenariats stratégiques, par exemple avec Bolloré et Maersk Line. Avec un objectif ambitieux : « Faire du port de Cotonou le plus grand des petits ports de la sous-région. » ● B.T. JEUNE AFRIQUE


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Dossier Transport maritime

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Édouard Fochivé

Directeur général de 2M

Désirs d’export

E

NICOLAS EYIDI POUR J.A.

n matière de logistique et de transport, son pays lui doit beaucoup. Édouard Fochivé, 52 ans, a contribué à créer l’Institut supérieur de transport et des affaires maritimes du Cameroun avant de prendre la tête de cet organisme de formation. « Nous avons délivré les premiers BTS en 2006 », se souvient-il, enthousiaste. C’est aussi cette année-là qu’il a été désigné expert à la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), chargé de la formation des cadres dans les ports ouest-africains. Mais avant d’enseigner, Édouard Fochivé est allé à bonne école. Formé en économie à Bordeaux, puis aux transports maritimes et à la logistique à l’Institut portuaire d’enseignement et de recherche (Iper) du Havre, en France, le Camerounais a été repéré dès la fin de ses études par Bolloré. « À cette époque, le groupe voulait intégrer des Africains à des postes d’encadrement, se souvient Édouard Fochivé. J’y suis resté seize ans. » Il est responsable de la logistique des transports au sein de Bolloré Cameroun lorsqu’il quitte la multinationale française. En février dernier, il devient directeur général du groupe 2M (pour Marine Magistrale). L’entreprise, qui réalise environ 1,85 million d’euros de chiffre d’affaires et emploie 180 personnes, est spécialisée dans la gestion portuaire. « Nous sommes la première société nationale de transport multimodal », assure Édouard Fochivé. Très actif à Douala et à Kribi, 2M envisage d’étendre son activité à d’autres ports d’Afrique centrale. ● B.T.

Djelloul Achour Directeur général de l’Entreprise portuaire de Bejaïa L’œil sur les délais

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d’un terminal à conteneurs. Désormais, le port est réorganisé en plusieurs terminaux: bois, céréales, papier, rouliers… » précise Djelloul Achour. Au chapitre de ses priorités, il cite des projets d’agrandissement du port et du terminal à conteneurs afin d’augmenter la capacité d’accueil des marchandises. En outre, des plateformes logistiques financées par EPB seront mises en place dans un avenir proche à l’extérieur du port. Concernant les délais d’attente, le patron reste optimiste. « Actuellement, les conteneurs sortent du port dans un délai de 12 à 15 jours. Nous souhaitons réduire cette attente prochainement en établissant des moyens de contrôle plus efficaces et plus rapides, notamment en termes de scanning et au niveau du laboratoire de vérification. » ● DR

A

près avoir occupé des postes à responsabilités dès 1980 au sein du groupe algérien Sonatrach, Djelloul Achour a rejoint l’Entreprise portuaire de Bejaïa (EPB) en mars 1991 en tant quechefdudépartementTravaux.Vingtansplustard, cet ingénieur en génie civil, aujourd’hui sexagénaire, en prend la direction générale. Depuis les années 2000, près de la moitié du volume d’affaires d’EPB – qui a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 3,8 milliards de dinars (environ 38 millions d’euros) – provient de la manutention. Dans un secteur portuaire dépourvu de concurrence, l’entreprise publique aux 1 500 employés s’est rapprochée d’un seul opérateur étranger. « En 2003, nous avons signé un partenariat avec le groupe singapourien Portek pour la construction et l’exploitation

RYADH BENLAHRECH JEUNE AFRIQUE


1er réseau de logistique intégrée sur le continent africain 1er opérateur de partenariat public-privé portuaire en Afrique 23 000 collaborateurs

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Dossier Transport maritime

TRIBUNE

L’Afrique doit devenir un acteur du droit maritime international

Opinions & édiitoriaux

P DR

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PATRICE REMBAUVILLENICOLLE Avocat, membre titulaire du Comité maritime international

OUR LA PREMIÈRE FOIS depuis qu’existe le Comité maritime international (CMI), sa conférence internationale – la quarantième du genre – s’est tenue en Chine, à Pékin, du 14 au 19 octobre, à l’invitation de l’Association chinoise de droit maritime. Impensable il y a une petite vingtaine d’années, cet événement constitue un nouvel indicateur du rôle de ce pays dans le concert international et, par le biais du droit, de sa place désormais éminente dans le monde du commerce et du transport maritimes – le CMI ayant pour objet d’élaborer et d’unifier le droit maritime international via les associations nationales. Depuis plusieurs années, les conventions de droit maritime ne sont certes plus l’œuvre du CMI, auquel se sont progressivement substitués des organismes tels que la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) et plus encore l’Organisation maritime internationale (OMI). Cependant, le CMI, grâce à l’indiscutable compétence des membres des associations nationales de droit maritime qui le composent, a su conserver un rôle essentiel d’initiative et de conseil, qui lui vaut d’être quasi systématiquement consulté, notamment par l’OMI, à l’occasion de la négociation et de la rédaction des nouvelles conventions internationales.

En un temps où se développent inexorablement le concept et la réalité de la « Chinafrique », il serait dommageable que le continent ne s’organise pas, peut-être sous l’égide ou l’impulsion des instances multinationales existantes, pour que soient créées dans tous les États concernés – tout au moins dans les pays côtiers – des associations nationales de droit maritime qui deviendront membres du CMI. De quoi permettre à chacun de ces pays, comme à l’Afrique dans son ensemble, de veiller au mieux à la protection de ses intérêts. Il n’est pas trop tard. Les règles du commerce international et celles du droit maritime sont en constante évolution. Par conséquent, l’Afrique est tout à fait en situation d’entrer dans l’histoire du

Il serait dommageable que le continent ne s’organise pas pour défendre ses intérêts.

Si la Chine a su prendre la place qui lui revient, les pays africains ayant un accès à la mer ne semblent, quant à eux, pas encore avoir pris la mesure de cette impérieuse nécessité. Le Maroc et la Tunisie sont membres de longue date du CMI, mais parmi les pays d’Afrique subsaharienne le Comité ne compte dans ses rangs que le Nigeria et l’Afrique du Sud. Les candidatures du Cameroun, du Sénégal, du Kenya et de la République démocratique du Congo seraient toutefois envisagées. Exception faite de laTunisie, tous ces pays africains, auxquels il faut ajouter le Ghana, étaient représentés à la conférence de Pékin.

commerce et du droit maritimes et d’y jouer le rôle qui lui revient. Elle pourrait en saisir l’occasion en prenant une part active à la prochaine conférence internationale du CMI, qui se tiendra en 2016 à NewYork. Il lui faut pour cela s’organiser afin de constituer une sorte de bloc cohérent à même de servir les besoins et les intérêts communs et spécifiques du continent – même si chaque pays peut en outre avoir des intérêts propres, dictés par exemple par la géographie et la géopolitique, qui commandent les flux du commerce maritime. Dans cette perspective, on pourrait imaginer la tenue d’un sommet africain en vue de constituer – est-ce réaliste? – un Comité maritime continental dont l’existence permettrait aux associations nationales de droit maritime de confronter leurs points de vue et de se concerter, ce qui n’exclurait pas que chacune d’entre elles adhère individuellement au CMI. Parmi les multiples angles d’approche, la création d’une entité regroupant les pays francophones, qui ont pour la plupart en commun un même système juridique, serait aussi envisageable. ●


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Construire, agrandir, moderniser les infrastructures essentielles que sont les routes, les ports et les aéroports pour encourager le développement économique, mieux relier les hommes et favoriser leurs échanges, voilà les défis que Somagec GE est fière de relever pour contribuer à bâtir l’Afrique du futur. Son engagement en Guinée Equatoriale traduit cette volonté de favoriser le développement humain, le bien-être et la prospérité des citoyens.

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Dossier Transport maritime ALGÉRIE

Béjaïa, futur port pétrolier

FARAH ABDI WARSAMEH/AP/SIPA

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! L’ÉPAVE D’UN BATEAU DE PÊCHE TAÏWANAIS, abandonnée à Hobyo (Somalie) après la libération de l’équipage contre une rançon. AFRIQUE DE L’EST

En 2011, le surcoût entraîné par l’insécurité au large de la Somalie a dépassé 5 milliards d’euros. Un montant payé à 80 % par les armateurs.

G

du montant total). Suivent les dépenses de sécurité, qui dépassent le milliard de dollars – embauche d’escortes et achat d’équipements confondus. Parmi les autres postes importants figurent les frais d’assurances couvrant les risques de guerre ou de rapt (635 millions de dollars) et le coût des déviations des navires pour éviter les secteurs dangereux (au moins 486 millions de dollars). S’y ajoutent 195 millions de dollars versés au personnel navigant sous forme de primes de risque ou d’indemnités en cas de prise d’otage, ainsi que 160 millions de dollars de rançons. Autre répercussion de la piraterie: l’augmentation des primes d’assurance et des coûts de transport rend les produits africains moins compétitifs. ● FANNY REY

Le chiffre qui gagne

1,5

MILLIARD DE DIRHAMS

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TUNISIE

Frictions entre CTN et Grimaldi

La facture salée de la piraterie râce aux mesures de protection dont les navires croisant au large de la Somalie font l’objet, le nombre d’actes de piraterie y a chuté de 163 à 69 entre le premier semestre 2011 et le premier semestre 2012, selon un rapport du Bureau maritime international. Bonne nouvelle pour les armateurs, qui supportent environ 80 % du coût direct de la piraterie dans la zone (les 20 % restants étant assumés par les gouvernements sous forme de dépenses militaires). Un coût total évalué l’an dernier à plus de 6,6 milliards de dollars (plus de 5 milliards d’euros) par le programme Ocean Beyond Piracy. La surconsommation de carburant due à l’accélération dans les zones à risque en est la première composante (environ 40 %

UN NOUVEAU TERMINAL à hydrocarbures sera réalisé dans le port de Béjaïa (Kabylie) d’ici à 2015, plus précisément au sein de la zone maritime de Sidi-Ali Lebhar. Objectif : augmenter les capacités nationales de chargement, mais aussi préparer le port à accueillir un transit massif de pétrole brut et de condensat à destination de l’Europe ou à réceptionner d’autres types d’hydrocarbures (produits blancs et raffinés). ●

Soit 134 millions d’euros, c’est le montant de l’offre qui a permis à Marsa Maroc de remporter la gestion du troisième quai à conteneurs de Casablanca. Le français CMA CGM et l’espagnol TCB allié à SNI étaient également en lice. ●

LE TRANSPORTEUR maritime Grimaldi ayant obtenu l’autorisation d’effectuer trois dessertes hebdomadaires de Gênes et Livourne à partir de la Tunisie, la Compagnie tunisiennedenavigation (CTN), qui exploite ces deux lignes depuis plus de quarante ans, craint de perdre des parts de marché. Elle accuse le groupe italien de « concurrence déloyale »; celui-ci réplique en soulignant qu’il « respecte la réglementation internationale ». ●

SÉNÉGAL

Dakar tourne au ralenti VOILÀ TROIS SEMAINES que plusieurs dizaines d’employés dakarois de DP World sont en grève. À l’origine de ce mouvement : le non-versement d’indemnités aux dockers et aux grutiers. La situation s’est envenimée lorsque l’opérateur dubaïote a embauché des journaliers pour maintenir l’activité du terminal à conteneurs, ce qui « viole le droit de grève », selon Abass Ba, le représentant des travailleurs. Les diverses tentatives de conciliation sont pour l’instant restées lettre morte. ● JEUNE AFRIQUE


Somagec GE, expert de l’aménagement portuaire Malabo, premier port en eaux profondes de la région Un outil stratégique de développement Devenu un port international de transbordement aux standards internationaux, le port de Malabo sert d’étape sur la route maritime vers l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique centrale et l’Afrique australe. Lancée par Somagec GE en 2006, son extension a permis de faire face à la forte croissance du trafic, d’améliorer la qualité des services portuaires, de réduire les coûts de passage et de fret maritime. Le nouveau port de Malabo comprend 1 240 mètres linéaires de quais, dont 390 mètres linéaires à -9 mètres avec un poste ro-ro pour le trafic roulier multipurpose, un terminal à conteneur international de 529 mètres linéaires de quais à -16 mètres, un terminal mixte de 339 mètres linéaires à -16 mètres, et un quai de 40 mètres linéaires. S’y ajoutent 144 mètres d’appontements flottants et plus de 100 hectares cumulés de terre-pleins gagnés sur la mer.

Devenu un des ports les plus modernes d’Afrique subsaharienne, le port de Malabo contribue à l’accroissement des échanges et à la diversification de l’économie équatoguinéenne. Depuis sa création en 2005, Somagec GE a mené de front plusieurs autres chantiers portuaires. Contribuant au désenclavement de la Guinée Equatoriale et à son développement économique, Somagec GE a construit ou assuré l’extension des ports de Bata (avec 2 000 mètres linéaires de quais et 50 hectares de terre-pleins), de Kogo, de Corisco, et d’Annobon…

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Culture & médias

EXPOSITION

Place aux ar Le musée du Quai Branly crée l’événement avec « Nigeria. Arts de la vallée de la Bénoué », qui remet en question la lecture occidentale de l’art africain traditionnel.

SÉVERINE KODJO-GRANDVAUX

I

l est des révolutions qui ne disent pas leur nom. Pendant des décennies, l’ethnologie, cette science coloniale, a assené avec aplomb qu’il n’y a jamais eu d’artiste dans les cultures africaines traditionnelles. Elle s’est même demandé si l’on pouvait véritablement parler d’art concernant les masques et autres statuettes africaines. Et voici qu’une douzaine

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de pièces de l’exposition « Nigeria. Arts de la vallée de la Bénoué » présentée jusqu’au 27 janvier 2013 au musée du Quai Branly (Paris) sont signées du nom des artistes qui les ont conçues. Une première. Ainsi peut-on découvrir, par exemple, que plusieurs des masques exposés sont l’œuvre d’un certain Ochai. Trois de ses œuvres présentées côte à côte (photo ci-dessus) révèlent un style expressif propre. Originaire d’Otobi (sud-est du Nigeria), Ochai était sculpteur à plein temps et a exercé entre 1910 et 1950. Réputé, il se déplaçait pour réaliser des commandes bien au-delà de son propre village. C’est grâce aux travaux de l’Américain Roy Sieber de la fin des années 1950 puis ceux réalisés dans les années 1970-1980 par son compatriote Sidney Littlefield Kasfir, l’un des

JEUNE AFRIQUE


tistes! commissaires de l’exposition, que l’on connaît l’existence de cet artiste. « Il y a eu un intérêt anglo-saxon pour l’identification des artistes dès la colonisation », explique Hélène Joubert, responsable des collections Afrique du musée parisien et co-commissaire de l’exposition. « Dans les années 1930, préciset-elle, Kenneth Murray, le futur fondateur du Musée national du Nigeria à Lagos, a créé des collections et lancé des enquêtes de terrain qui ont permis d’identifier les auteurs des œuvres. Murray avait une formation de professeur d’arts plastiques et était donc très sensible à cette question. » D’autres administrateurs coloniaux et quelques chercheurs ont prolongé cette démarche privilégiée. Après l’indépendance, le Britannique JEUNE AFRIQUE

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TROMPER L’ENNUI Des masques-heaumes à têtes d’animaux, des tabourets, des figures d’autel ou décoratives, des boîtes à cosmétiques, d’autres à miroir dont le verre était censé attirer l’éclair… La création de l’artiste originaire du village d’Ukuaja, près de Dekina, Umale Oganegi est très riche. Son style ? Une simplicité caractéristique, une décoration incisée élaborée, et une certaine rondeur. Le haut du corps de ses statuettes est noirci grâce à une lame ou un tisonnier chauffé à rouge. Dans le dos, un lézard est gravé dans le bois. Actif dans les années 1940-1970, cet autodidacte est venu à l’art pour tromper l’ennui. Gravement handicapé à la suite d’un accident lorsqu’il était enfant, Umale Oganegi a trouvé dans la sculpture sur bois un moyen de s’occuper, a-t-il expliqué à la Britannique Susan Picton.

John Picton et sa femme, Susan, à qui l’on doit les informations concernant l’autodidacte Umale Oganegi (lire ci-dessus), poursuivent ce travail. Grâce à ces recherches réalisées au Nigeria, l’on sait que dans cette région les statuts des artistes étaient variables. Tous n’étaient pas sculpteurs à temps plein. Mais certains avaient acquis une renommée régionale. Contrairement à une lecture ethnologique dominante en France, tout un courant de pensée anglo-saxon, dès les années 1930, affirme donc haut et fort l’existence d’artistes dans les sociétés africaines dites traditionnelles et montre dans quelle mesure ceux-ci peuvent s’éloigner des codes artistiques en vigueur et développer leur propre style. « La production d’œuvres destinées à une utilisation rituelle ou à la cour d’un roi ou d’un chef était certes codifiée. Mais il existait néanmoins un espace de liberté de création. Ces artistes testaient ces limites et s’efforçaient d’aller le plus loin possible tout en restant dans un cadre précis. C’était ce qui était apprécié », affirme ●●● Hélène Joubert. N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

DON COLE / FOWLER MUSEUM, UCLA

JACQUES TORREGANO POUR J.A.

! Masques réalisés par OCHAI.

Culture médias


Culture médias SANDRINE EXPILLY/MUSÉE DU QUAI BRANLY

LE MAÎTRE ET L’ÉLÈVE

GÉNIE CRÉATEUR Un style inimitable. Soompa, artiste originaire de Mapeo, a réalisé entre 1920 et 1940 d’intrigantes statues reconnaissables entre toutes. L’anthropologue britannique Richard Fardon et l’historienne allemande Christine Stelzig ont répertorié 15 de ses doubles sculptures représentant des couples mariés, composées des bustes d’un homme et d’une femme reliés par des hanches communes et reposant sur une seule paire de jambes.

L’affirmation de l’existence d’artistes dans les sociétés africaines dites traditionnelles a des conséquences qui débordent largement le monde de l’art et remet en question tout un discours occidental portant sur les réalités africaines. Car « à travers le gommage des producteurs et l’indexation sur la tribu, explique le philosophe camerounais Jean-Godefroy Bidima dans son ouvrage L’Art négro-africain, […] le raisonnement est le suivant: l’Africain ayant une pensée collectiviste qui est incapable de dire “je”, il suffit d’identifier dans quelle collectivité une œuvre a été produite pour en savoir long sur elle; à la limite, l’auteur (le Sujet) n’importe pas, ce qui compte, c’est le groupe, qui détermine tout. C’est une lecture occidentale, mais tribaliste : l’individu en Afrique n’existe pas, seul le groupe existe, et le sculpteur, incapable de pensée, d’inspiration et d’aspiration personnelles, ne parle pas et ne sculpte qu’au nom de la tribu, contre laquelle il ne pourra jamais aller ».

Auteur notamment d’un masque éléphant Itrokwu hautement stylisé qui symbolise la grandeur et le potentiel destructeur du chef local, et de nombreuses figures d’autel produites entre 1930 et 1950, Oba est originaire du village d’Otobi (sud-est du Nigeria). On suppose qu’il était l’élève du sculpteur réputé Ochai. Une situation plutôt inhabituelle, le système d’apprentissage n’étant pas développé dans la culture idoma.

TRAVIS FULLERTON/VIRGINIA MUSEUM OF FINE ARTS

●●●

L’EXCEPTION FÉMININE C’est la seule femme parmi les artistes présentés dans le cadre de l’exposition « Nigeria. Arts de la vallée de la Bénoué ». Azume (décédée en 1951) était très réputée et fort appréciée de l’élite goemai. Son matériau de prédilection : la terre cuite, qu’elle modelait dans un style naturaliste pour confectionner le plus souvent des figures féminines. Objets de prestige ou statuettes à vocation rituelle, on ne connaît pas la finalité de ses œuvres.

BRASSAGES. Conscients des implications de ce

processus d’identification des artistes, les commissaires de cette exposition conçue en 2011 par le Fowler Museum de l’université de Californie à Los Angeles (UCLA) ont également tenu à remettre en question la lecture ethnique de l’art africain ; et ce d’autant que la vallée de la Bénoué a connu de forts brassages de populations. Sont indiquées uniquement les zones où ont circulé des pièces qui « témoignent d’une interaction ancestrale entre N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

« Nigeria. Arts de la vallée de la Bénoué », jusqu’au 27 janvier 2013 au musée du Quai Branly, à Paris

JACQUES TORREGANO POUR J.A.

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les communautés. Les œuvres réalisées par un groupe ethnique pouvaient trouver une nouvelle vie chez un autre groupe. Dès lors, les styles de la région ne se rattachent que très rarement à une population ou à un lieu particuliers ». Cette exposition est importante à plus d’un titre. Pour la lecture de l’art africain qu’elle propose. Pour les a priori qu’elle bouscule et la remise en question d’une compréhension occidentale – héritée de la colonisation – des réalités africaines. Mais aussi pour la rareté des pièces exposées, dont la majeure partie est montrée au public pour la première fois. Salutaire. ● JEUNE AFRIQUE


Culture médias

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PHOTOGRAPHIE

Piqué au sang Avec sa dernière œuvre, l’artiste aux origines libanaise et sénégalaise Hady Sy souhaite sensibiliser au don du précieux liquide rouge.

A

BÉNÉDICTE KURZEN POUR J.A.

vec One Blood, Hady Sy n’a qu’un but : sensibiliser au don du précieux liquide rouge. Il a pour cela photographié 366 donneurs sur les cinq continents. Visages anonymes ou célèbres, Noirs ou Blancs, jeunes ou vieux, les sujets, de 90 origines différentes, sont présentés dans une installation semicirculaire dont l’intérieur, où figurent des gouttes et des poches de sang scannées, est censé rappeler celui du corps humain. Présenté en avant-première lors de la première quinzaine de septembre, au 24e festival international de photojournalisme Visa pour l’image, à Perpignan (France), le projet sera exposé à Beyrouth du 13 décembre 2012 au 13 janvier 2013. Blessé lors de la guerre du Liban (1975-1990), le photographe libanosénégalais a choisi de travailler sur « le sang donné et non pas le sang versé ». Pendant quatre ans, il a parcouru la ! HADY SY AU MILIEU DE L’INSTALLATION ONE BLOOD, présentée à Perpignan en septembre. planète. Ce projet l’a même amené en 2009 à rentrer à Beyrouth après trois décennies d’absence. Hady Sy s’est attade la drépanocytose, qui nécessite des exposer les portraits de ceux qui, malché à connaître l’histoire personnelle de transfusions sanguines fréquentes. Son gré leur souhait, ne pouvaient pas être chacun : chercheur d’or en Amazonie, portrait clôt d’ailleurs l’exposition. donneurs. « Lorsque j’étais à Dubaï, j’ai Inuit d’Alaska, érudit en Mauritanie, Déjà, en 2004 et en 2007, il avait prérencontré un homme de petite taille à moine au Népal ou encore ministre en qui les médecins ont refusé de prélever le senté des travaux sur des thématiques Afrique. « J’ai voulu insister sur le fait sang car il pesait moins de 50 kg, racontesemblables : In God We Trust (des radioqu’une personne très difgraphies de son corps) est une réaction férente d’une autre peut aux attentats du 11 septembre 2001 – il Blessé lors de la guerre du Liban, sauver celle-ci en donnant vivait alors à New York –, tandis que Not il a choisi de travailler sur « le sang for Sale passe en revue les armes les plus son sang, explique-t-il. Un albinos sénégalais, par meurtrières depuis la Première Guerre donné et non le sang versé ». exemple, a voulu poser mondiale jusqu’à nos jours. Naturalisé t-il. J’ai alors décidé de photographier avec son fils pour montrer qu’il ne lui français après ses études de communiceux qui voulaient mais ne pouvaient pas avait pas transmis sa maladie et qu’il cation à l’Efap (Paris), Hady Sy a vécu donner parce qu’ils étaient porteurs du pouvait donc être donneur. » dans l’Hexagone entre 1984 et 1996. Quelques touches de couleur parsèVIH, tatoués, malades, âgés… Du coup, le Le 14 juin dernier (Journée mondiale projet est devenu beaucoup plus riche. » ment l’ensemble des photographies en du don de sang), il a achevé One Blood noir et blanc. Blonde vêtue de rouge, au Centre national de transfusion sanDRÉPANOCYTOSE. Néen1964àBeyrouth guine de Dakar. « Maintenant, j’ai envie May Chidiac, la journaliste libanaise d’un père sénégalais, ambassadeur au de monter un gros projet sur l’Afrique, qui fut victime d’un attentat, détonne pays du Cèdre, et d’une mère libanaise, confie-t-il. J’ai déjà réfléchi à mon protrès franchement. Ce choix est purement Hady Sy a très jeune été marqué par la chain sujet : l’eau. » ● « esthétique », justifie l’artiste, qui est maladie de sa sœur, Youmna, atteinte MARIE VILLACÈQUE également plasticien. Il a aussi voulu JEUNE AFRIQUE

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Culture médias

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CINÉMA

Femme de caractère

L’actrice palestinienne Hiam Abbass passe derrière la caméra avec un film bien plus engagé qu’il n’y paraît au premier abord.

«

C

BRUNO LÉVY POUR J.A.

e n’est pas un film politique! » affirme à qui veut l’entendre Hiam Abbass, la grande actrice palestinienne qui réalise un premier longmétrage très attachant. Héritage, au sens strict, n’est en effet qu’une histoire familiale, un film choral. Il raconte, sur fond de bruits de guerre en Galilée, les déchirements d’une famille palestinienne. Alors que celle-ci s’apprête à célébrer un mariage, le grand-père et patriarche tombe dans le coma ; ce qui suscite des convoitises sur sa fortune. Mais, au même moment, une sœur de la future épouse, Hajar, magnifiquement interprétée par Hafsia Herzi, décide contre l’avis de tous de prendre sa liberté et de partir vivre au loin avec son amoureux britannique.

Un film apolitique? Non, évidemment. Comment pourrait-il en être ainsi alors que Hiam Abbass raconte une véritable guerre familiale dans une ambiance explosive qui permet de faire apparaître les dilemmes auxquels sont confrontés les Palestiniens d’Israël quels que soient leur âge, leur profession, leur statut social, leur vie en ville ou à la campagne, leur position vis-à-vis de la tradition ? Impossible de ne pas ressentir la dimension immédiatement métaphorique de cette histoire, qui est celle d’une population en recherche d’identité, prise « en sandwich » – l’expression est celle de la réalisatrice – entre deux cultures. Mais Hiam Abbass craint de voir son film accueilli simplement comme une œuvre de plus évoquant après tant d’autres le

sort tragique des Palestiniens. D’où ce déni – surjoué bien sûr – du caractère éminemment politique d’Héritage. ÉVIDENCE. Un déni pour le moins paradoxal, d’ailleurs, de la part d’une femme au physique certes menu, mais au caractère on ne peut plus affirmé et aux convictions bien ancrées. Ainsi, lorsqu’on lui demande ce qu’elle pense de la récente percée de la Palestine à l’ONU, Hiam Abbass affiche tout de suite son enthousiasme. Et quand on remarque qu’elle ne parle que de « Palestiniens d’Israël » et jamais d’« Arabes d’Israël », elle n’y va pas par quatre chemins pour s’insurger contre la seconde formule tant prisée par ceux qui nient la spécificité du peuple auquel elle appartient. D’autant qu’elle se souvient de l’époque où l’on ne pouvait pas prononcer à voix haute le mot « Palestinien » en Israël. Et le rêve pour l’avenir de cette récente cinquantenaire, la solution qu’elle appelle de ses vœux pour que sa terre retrouve à jamais la paix ? « Un seul État sur toute l’étendue de la Palestine », sans hésitation. Essentiellement connue comme actrice, en vedette dans beaucoup de « petits films » très remarqués (Satin rouge, Les Citronniers, La Fiancée syrienne, etc.) mais aussi courtisée par les plus grands metteurs en scène, d’Alejandro González Iñárritu (Babel) à Amos Gitaï (Free Zone) en passant par Steven Spielberg (Munich), excusez du peu, pourquoi a-t-elle éprouvé le besoin de passer derrière la caméra? Elle ne sait que répondre car c’était devenu depuis un bon moment une évidence pour cette ancienne photographe. Elle a donc tourné deux courts-métrages au début des années 2000 puis, réécrivant un scénario qu’on lui avait proposé, a « porté » jusqu’à son terme le film qui sort le 12 décembre en salle. Ellecommencedéjààpenserausuivant, qui devrait lui faire quitter le décor de son Moyen-Orient natal pour l’univers de l’Occident, où elle réside – à Paris – depuis une vingtaine d’années. Sans pour autant songer le moins du monde à abandonner sa carrière de comédienne, au théâtre ou sur le grand écran. Nul risque d’ailleurs qu’on oublie cette facette de son talent : elle sera à l’affiche de pas moins de quatre films – dont le prochain de la Marocaine Leïla Marrakchi – en 2013 ! ● RENAUD DE ROCHEBRUNE

! LA RÉALISATRICE d’Héritage (sortie le 12 décembre). JEUNE AFRIQUE


■ ■ ■ Décevant

■ ■ ■ Pourquoi pas

■ ■ ■ Réussi

En vue

■ ■ ■ Excellent

Culture médias

CINÉMA

Fille courage

RENAUD DE ROCHEBRUNE

Les Bêtes du Sud sauvage, de Benh Zeitlin (sortie le 12 décembre) ■■■

THÉÂTRE

! UNE MISE EN SCÈNE qui reproduit le studio d’enregistrement des émissions de la RTLM.

Mauvaises ondes Appelant aux pires exactions pendant le génocide, la radio des Mille Collines a fasciné les Rwandais, hutus comme tutsis.

ROMAN

Barque sur le Nil Après le succès de Taxi, plongée dans Le Caire à travers la gouaille des chauffeurs (publié chez Actes Sud en 2009), Khaled Al Khamissi revient avec un nouveau récit polyphonique, paru en arabe avant le soulèvement de 2011. L’Arche de Noé retrace le destin de douze personnages tentés par l’émigration. L’auteur sème mille informations ethnographiques. Il dissèque, mais tendrement, la société égyptienne, ses doutes et ses espoirs. Et dont on perçoit que la condition ne va pas s’arranger avec le déluge islamiste. ● YOUSSEF AÏT AKDIM

L’Arche de Noé, de Khaled Al Khamissi (traduit par Soheir Fahmi et Sarah Siligaris), Actes Sud, 368 pages, 22,80 euros ■■■

SANS OUBLIER

Ken Bugul, SamiTchak, Amin Zaoui… Une vingtaine d’écrivains et de critiques se retrouveront du 9 au 19 décembre à Nouakchott et à Kaédi à l’occasion de la 3e édition des rencontres littéraires Traversées mauritanides. JEUNE AFRIQUE

DANIEL SEIFFERT

L’OURAGAN KATRINA est annoncé, les eaux montent, la catastrophe est imminente dans ces marais de Louisiane où vit une population misérable qui refuse d’évacuer les lieux comme on le lui demande. Celle qui fera face avec le plus grand courage et la plus grande détermination à la situation, c’est Hushpuppy, une incroyable petite fille africaine-américaine de 6 ans que rien n’arrête, malgré la disparition de sa mère depuis sa naissance et son encombrant père cardiaque qui ne lui facilite pas la vie. Un premier film mi-réaliste mi-fantastique qui est un coup de maître. Grâce en grande partie à la petite Quvenzhané Wallis, 5 ans au moment où elle a été sélectionnée parmi 4000 candidates, une force de la nature et un concentré d’émotions, irrésistible dans le rôle de Hushpuppy. ●

E

lle hypnotisait les tueurs et terrorisait les rescapés. Même les rebelles tutsis du Front patriotique rwandais (FPR), venus combattre ses initiateurs, n’en perdaient pas une miette. Tous ceux qui ont entendu la Radio Télévision libre des Mille Collines (RTLM) au Rwanda en 1994 sont d’accord sur un point : cette station privée était fascinante. En dépit des appels au meurtre, diffusés à longueur de journée sur les ondes, la RTLM n’était pas aussi sinistre qu’on pourrait l’imaginer : on y proposait la meilleure musique zaïroise de l’époque, on y parlait un langage gouailleur inédit dans les médias rwandais, on y faisait des blagues « qui faisaient rire même ceux qui étaient traqués », comme l’explique très justement l’introduction de Hate Radio, la pièce du Suisse Milo Rau qui lui est consacrée. Cette œuvre est une plongée dans la mécanique perverse de ce média de la haine, qui n’aurait jamais été aussi efficace s’il n’avait pas été aussi attrayant. Plus de dix-huit ans après et en dépit de la mise en scène, qui reproduit le studio de la radio, il est parfois difficile de saisir toute la dimension novatrice de la RTLM à l’époque. Car ce qui fascinait tant les Rwandais c’était aussi le décalage entre cette antenne et les radios rwandaises préexistantes, sorte de voix de l’autorité au langage très corseté. Pour reconstituer une heure de programme à partir de séquences réelles, dans leurs langues originales (le français et le kinyarwanda, surtitré), Milo Rau a fait appel à des acteurs rwandais ou d’origine rwandaise. L’un d’eux, Diogène Ntarindwa, dit Atome, qui interprète l’animateur Kantano Habimana, a été lui-même un soldat du FPR pendant le génocide. À l’époque, il avait longuement écouté la voix de son personnage. ● PIERRE BOISSELET

Hate Radio, écrit et mis en scène par Milo Rau, jusqu’au 15 décembre auThéâtre Paris-Villette

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ANNONCES CLASSÉES

Concernant cette rubrique, adressez-vous à Fabienne Lefebvre -Tél. : 01 44 30 18 76 - Fax : 01 44 30 18 77 - Email. : f.lefebvre@jeuneafrique.com DIFCOM Régie publicitaire centrale du Groupe Jeune Afrique - 57 bis, rue d’Auteuil 75016 Paris - France

RÉPUBLIQUE DU NIGER CABINET DU PREMIER MINISTRE AUTORITÉ DE RÉGULATION MULTISECTORIELLE

AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL

Le Gouvernement du Niger a décidé de l’acquisition d’équipements de contrôle du trafic et de sa facturation ainsi que du contrôle de la qualité de service (QoS) des réseaux des opérateurs de télécommunications détenteurs de licences. C’est dans ce cadre que l’Autorité de Régulation Multisectorielle lance le présent avis d’appel d’offres international à l’intention des entreprises possédant une expérience avérée ainsi que l’expertise et la capacité technique nécessaires pour la fourniture et l’installation d’équipements de contrôle du trafic et de sa facturation ainsi que du contrôle de la qualité de service (QoS) des réseaux des opérateurs de télécommunications détenteurs de licences. Les personnes intéressées peuvent consulter le dossier d’appel d’offres sur le site web de l’ARM (www.armniger.org), ou le retirer à la direction des services généraux de l’ARM à l’adresse suivante : Madame la Directrice des Services Généraux de l’ARM 64, Rue des Bâtisseurs BP 13 179 Niamey-NIGER Tel : (227) 20 73 90 08, Fax : (227) 20 73 85 91. Email : fati.ibrahim@arm.ne ou arm@arm.ne Les offres sont à déposer au Secrétariat de la Direction des Services Généraux contre paiement d’un montant forfaitaire non remboursable de cinq cent mille francs (500.000) FCFA. La date limite de dépôt des offres est fixée au plus tard le 11/02/2013 à 09H00 et la séance publique d’ouverture des plis aura lieu le même jour à 10H00, dans la salle de réunion de l’ARM située au 64, Rue des Bâtisseurs, Niamey, Niger en présence des représentants des soumissionnaires qui souhaitent y assister. Par décision motivée, l’ARM se réserve le droit de ne donner aucune suite à tout ou partie du présent Appel d’offres. Pour tout complément d’information s’adresser aux contacts ci-dessus indiqués.

RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE MINISTÈRE DE LA POSTE ET DES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION

Appel d’offres

APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL N° F 467 / 2012 OBJET : Fourniture d’équipements informatiques, de logiciels et d’accès internet pour le projet « un citoyen, un ordinateur » FINANCEMENT : FONDS NATIONAL DES TÉLÉCOMMUNICATIONS (FNT) Ministère de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication ARTICLE 1 : AUTORITÉ CONTRACTANTE Immeuble Postel 2001 – Plateau 21è étage – Bureau N° 03 - 17 BP 1404, ABIDJAN 17, Le présent Appel d’Offres International est lancé par le Ministère de la Poste et des Techniques Téléphone (225) 20-34-73-66 / 09-31-67-16 - Téléfax (225) 20-34-73-53 de l’Information et de la Communication. Email : ahoutou.kouadio@egouv.ci ARTICLE 2 : OBJET DE L’APPEL D’OFFRES Voir M. KOUADIO Ahoutou Le présent Appel d'Offres est lancé pour la sélection d’un équipementier et de fournisseurs d’acContre le paiement d’une somme forfaitaire non remboursable de : cent cinquante mille cès internet pour la fourniture d’équipements, de logiciels et d’accès Internet pour le pro(150 000) Francs CFA, en espèces. jet « un citoyen, un ordinateur ». ARTICLE 8 : REMISE DES PLIS ARTICLE 3 : NATURE DES PRIX DU MARCHÉ ET ALLOTISSEMENT Les offres seront déposées au plus tard le 16 janvier 2013 à 09h 30 minutes, à l’adresse Les marchés sont passés sur prix unitaires. Les fournitures, objet du présent appel d’offres, sont ci-dessus indiquée à l’article 7 ou portées directement à la séance d’ouverture. Elles seront préconstituées en deux (02) lots. sentées sous double enveloppe fermée et dans le strict respect des prescriptions du règlement Lot n° 1 : La fourniture d’ordinateurs de bureau, d’ordinateurs portables et de tablettes intérieur particulier d’appel d’offres. équipées d’un système d’exploitation MICROSOFT dernière version française ainsi que la suite bureautique MICROSOFT office Home ou Student dernière ARTICLE 9 : OUVERTURE DES PLIS L’ouverture des plis sera effectuée par la Commission d’Ouverture des plis et de Jugement des version en français avec Africa Pack ; Offres en séance publique le 16 janvier 2013 à 10 heures, dans la salle de conférences du Lot n° 2 : La fourniture d’un accès Internet. 21 ème étage de l’immeuble Postel 2001, Abidjan Plateau. ARTICLE 4 : FINANCEMENT ARTICLE 10 : PUBLICATION DES RÉSULTATS Les marchés issus de cet appel d’offres seront financés par le Fonds National des Les résultats du présent appel d’offres seront publiés dans le Bulletin Officiel des Marchés Télécommunications (FNT) Publics de la République de Côte d’Ivoire (Journal des Marchés Publics) et affichés à l’adresse ARTICLE 5 : CAUTIONNEMENT PROVISOIRE suivante : Les soumissionnaires devront joindre à leur offre un cautionnement provisoire établi par une Ministère de la Poste et des Technologies de l’Information et de la Communication banque, un établissement financier ou un tiers agréé par le Ministère de l’Economie et des Immeuble Postel 2001 – Plateau 21è étage – Bureau N° 03 Finances, d’un montant par lot fixé comme suit : Lot n° 1 : Fourniture d’ordinateurs de bureau, d’ordinateurs portables et de tablettes ARTICLE 11 : DURÉE DE VALIDITÉ DES OFFRES Les soumissionnaires restent tenus par leurs offres pendant un délai de 90 jours à partir de la UN MILLIARD DE FRANCS CFA (1.000.000.000) Lot n° 2 : Fourniture d’un accès Internet CENT CINQUANTE MILLIONS DE FRANCS date limite fixée pour la réception des offres. CFA (150.000.000) ARTICLE 12 : DROIT D’ENREGISTREMENT ARTICLE 6 : CONDITIONS DE PARTICIPATION Les marchés issus du présent appel d’offres seront soumis aux formalités de timbres d’enregistrement et de redevance de régulation (0,5% du montant hors-taxes) aux frais des titulaires. Peuvent participer à la concurrence, toutes personnes physiques ou morales établies ou non en Côte d’Ivoire pour autant qu’elles satisfassent aux conditions et réglementation Ivoiriennes. ARTICLE 13 : LÉGISLATION REGISSANT LE MARCHÉ Le présent appel d’offres est soumis aux lois et règlements en vigueur en Côte d’Ivoire, notamARTICLE 7 : RETRAIT DU DOSSIER D’APPEL D’OFFRES ment au Décret N° 2009-259 du 06 août 2009, portant Code des Marchés Publics et ses textes Le Dossier d'Appel d'Offres Technique peut être consulté et retiré à l'adresse suivante : d’application.

N° 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

JEUNE AFRIQUE


RÉPUBLIQUE TUNISIENNE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE NATIONALE

MINISTÈRE DES INFRASTRUCTURES ÉCONOMIQUES

RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE Union - Discipline - Travail

AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL N° 13/DAT/2012

AVIS DE REPORT

La Division Achat et Transit de l’Armée de mer se propose de lancer un appel d’offres international pour l’acquisition des chaines et manille.

PROJET D’AMÉNAGEMENT DE LA ROUTE BOUNA-DOROPOFRONTIÈRE BURKINA EN DEUX FOIS UNE VOIE EN RÉPUBLIQUE DE CÔTE D’IVOIRE

Les soumissionnaires intéressés peuvent retirer les dossiers de l’appel d’offres pendant les jours ouvrables (horaires administratifs) à l’adresse suivante : Division Achat et Transit de l’Armée de Mer Base Navale de la Goulette – 2060 – LA GOULETTE Le coût du dossier est fixé à la somme de 25,000 Dinars payable par mandat postal adressé au nom du Régisseur des Recettes du Ministre de la défense Nationale CCP n° 616-82.

Les candidats intéressés par cet appel d’offres sont informés que la nouvelle date limite de dépôt des offres est fixée au mardi 15 Janvier 2013 à 10 heures (heure locale) au secrétariat de la Direction des Marchés et Contrats de l’AGEROUTE. L’ouverture des plis aura lieu le même jour à 10 heures 30 minutes (heure locale) à la salle de conférence de l’AGEROUTE. Les autres informations restent inchangées. AGEROUTE Ville : Abidjan ; Pays : Côte d’Ivoire Avenue Terrasson de Fougères au Plateau face au Conseil Economique et Social Immeuble AGEROUTE 3ème étage Code postal : 08 BP 2604 ABIDJAN 08 Tel: (225) 20 25 14 82 - Fax : 20 25 10 23 / 20 32 28 95 E-mail: ageroute@ageroute.ci / info@ageroute.ci Web : www.ageroute.ci

RÉPUBLIQUE TUNISIENNE

SOCIÉTÉ NIGÉRIENNE D’ÉLECTRICITÉ

MINISTÈRE DE LA DÉFENSE NATIONALE

AVIS DE PRÉ-QUALIFICATION RECRUTEMENT D’UN ÉDITEUR POUR LA FOURNITURE ET LE DÉPLOIEMENT D’UN ERP (PROGICIEL DE GESTION INTÉGRÉ)

AVIS D’APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL N° 14/DAT/2012

Dans le cadre de la modernisation de son système d’information, la Société Nigérienne d’Electricité (NIGELEC) compte recruter sur financement propre un intégrateur et/ou éditeur de logiciel pour le déploiement d’un ERP.

La Division Achat et Transit de l’Armée de mer se propose de lancer un appel d’offres international pour l’acquisition des bouées.

Par le présent avis d’appel d’offre international, NIGELEC se propose de sélectionner des intégrateurs informatiques, disposant de l’expertise requise pour fournir et déployer un ERP dans des entreprises de la taille et du métier de la NIGELEC, en vue de constituer une Short List.

Les soumissionnaires intéressés peuvent retirer les dossiers de l’appel d’offres pendant les jours ouvrables (horaires administratifs) à l’adresse suivante :

Les candidats présélectionnés à la suite du présent avis de pré-qualification seront invités à soumettre leurs propositions pour : • Fournir un Progiciel de Gestion Intégré (ERP) ; • Installer et paramétrer le progiciel ; • Former les utilisateurs et administrateurs du progiciel ; • Appuyer la NIGELEC dans la mise en œuvre et le déploiement du Progiciel. Les candidats intéressés peuvent obtenir toute information complémentaire auprès de : Société Nigérienne d’Electricité (NIGELEC) Projet de mise en place du Système de Gestion Intégré BP 11202 Niamey (NIGER) Tél: (+227) 20 72 26 92 / 93 / 94 / 95 / 96 Fax: (+227) 20 72 32 88 E-mail: nigelec@intnet.ne et pgi@nigelec.ne Horaires de travail : Lundi au jeudi, de 8h à 13h et de 14h30 à 17h30 - Vendredi : de 8h à 13h.

Division Achat et Transit de l’Armée de Mer Base Navale de la Goulette – 2060 – LA GOULETTE Le coût du dossier est fixé à la somme de 25,000 Dinars payable par mandat postal adressé au nom du Régisseur des Recettes du Ministre de la défense Nationale CCP n° 616-82. Les offres doivent être adressées à l’adresse ci-dessus indiquée dans une enveloppe cachetée, recommandée ou remis directement au bureau d’ordre de la DAT et portant lisiblement en haut et à gauche « Ne pas ouvrir Appel d’Offres N° 14/DAT/2012 pour l’acquisition des bouées » au plus tard le 18 janvier 2013, le cachet du bureau d’ordre de la DAT faisant foi.

JEUNE AFRIQUE

Le jeu complet de l’avis à pré-qualification en Français peut être retiré au Service Achats Commandes et Marchés (SACM), moyennant paiement d’un montant non remboursable de trois cent mille (300.000) FCFA. Les offres doivent être remises à l’adresse ci-dessus indiquée au plus tard le Mardi 15 Janvier 2013 à 11h GMT ; l’ouverture des plis se fera le même jour à 11h30mn GMT en présence des représentants des soumissionnaires qui le désirent. N° 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

Appel d’offres - Avis de pré-qualification

Les offres doivent être adressées à l’adresse ci-dessus indiquée dans une enveloppe cachetée, recommandée ou remis directement au bureau d’ordre de la DAT et portant lisiblement en haut et à gauche « Ne pas ouvrir Appel d’Offres N° 13/DAT/2012 pour l’acquisition des chaines et manilles » au plus tard le 18 janvier 2013, le cachet du bureau d’ordre de la DAT faisant foi.

APPEL D’OFFRES INTERNATIONAL N° T 605/2012


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Annonces classées RÉPUBLIQUE DU SÉNÉGAL MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ÉQUIPEMENT RURAL MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE PROGRAMME ÉCONOMIQUE RÉGIONAL

AGETIP PROJET DE CONSTRUCTION DE RÉHABILITATION DE BASSINS DE RÉTENTION ET D’AMÉNAGEMENT DE DEUX CENT HECTARES (200 ha) DE VALLÉES SYLVO AGRO PASTORAUX ET HALIEUTIQUES AU SÉNÉGAL DANS LES RÉGIONS DE DAKAR, KAFFRINE, KAOLACK ET TAMBACOUNDA SERVICES DE CONSULTANTS (MAITRÎSE D’ŒUVRE) POUR LES ÉTUDES TECHNIQUES, ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES ET LA SUPERVISION DES TRAVAUX

Manifestation d’intérêt

Date : 10 décembre 2012 - Avis n° 064/12 1. L’UEMOA, dans le cadre du rapprochement de l’intégration vers les peuples et de l’exécution de son Programme Economique Régional (PER) de lutte contre la pauvreté, décide d’appuyer la République du Sénégal pour la réalisation d’ouvrages de retenue d’eau et la réhabilitation de bassins de rétention déjà réalisés et l’aménagement de deux cent (200) hectares (ha) vallées à des fins agro sylvo - pastorales et halieutiques. Le projet mis en place de par ses actions participe à la promotion de la maîtrise de l’eau et à l’amélioration des performances de l’agriculture sénégalaise à travers la mise en oeuvre d’activités agricoles concourant au renforcement de la sécurité alimentaire et génératrices de revenus additionnels aux populations. Le projet prévoit de proposer aux populations rurales bénéficiaires une amélioration à l’accès à l’eau productive pour lutter aussi contre la pauvreté et l’exode rural. En outre le programme favorisera la diversification des systèmes de production et l’accroissement des rendements. La mise en oeuvre du programme permettra aussi la création de milliers emplois permanents et saisonniers, ce qui limitera l’exode rural. Ces effets seront rendus possibles grâce à la construction et à la réhabilitation de bassins de rétention et l’aménagement de vallées portant sur 200 ha, et la mise en oeuvre d’actions d’accompagnement dans les domaines du renforcement des capacités des producteurs , du genre et de l’environnement. Il est prévu qu’une partie des sommes accordées au titre de ce financement soit utilisée pour effectuer les paiements relatifs aux contrats de prestations de maîtrise d’oeuvre (Etudes techniques, environnementales et sociales et supervision des travaux de construction et de réhabilitation de bassins de rétention et d’aménagements de deux cent hectares (200 ha) de vallées agro sylvo pastoraux et halieutiques au Sénégal ». 2. Les services pour lesquels les consultants sont invités à manifester leur intérêt consistent à assurer les missions d’études techniques, environnementales et sociales et de supervision de travaux de réalisation d’ouvrages de retenue d’eau, de réhabilitation de bassins de rétention déjà existants et d’aménagement de périmètres hydro agricoles à des fins agro sylvo pastorales et halieutiques au Sénégal. Les zones ciblées sont les régions de Dakar, Kaffrine, Kaolack et Tambacounda. 3. Les candidats intéressés sont invités à manifester leur intérêt pour la prestation de services décrits ci-dessus en fournissant les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services (la nature des activités du candidat et le nombre d’années d’expérience, les qualifications du candidat dans le domaine des prestations et notamment références concernant l’exécution de marchés analogues, l’organisation technique et managériale du cabinet, les qualifications générales et le nombre de personnels professionnels). Les candidats peuvent s’associer pour renforcer leurs compétences respectives. Les candidatures seront évaluées suivant la grille d’analyse ci-dessous : DÉSIGNATION DU CRITERE

NOTE

1. Nature des activités du candidat en rapport avec le domaine des prestations 2. Nombre d’années d’expérience du candidat 3. Qualifications du candidat dans le domaine des prestations 4. Organisation technique et managériale 5. Qualifications générales et nombre de personnels professionnels

10 points 10 points 35 points 10 points 35 points

TOTAL

100 points

A l’issue de l’analyse, les cabinets qui auront obtenu les meilleures notes supérieures ou égales à la note minimale de 70 points seront retenus pour constituer la liste restreinte. 4. Une liste des candidats présentant au mieux les aptitudes requises pour exécuter les prestations sera établie par l’Autorité contractante, et ensuite invités à présenter leurs propositions techniques et financières et un candidat sera sélectionné selon la méthode de sélection sur la base de la qualité technique et du montant de la proposition (sélection qualité-coût). 5. Les consultants intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires à l’adresse mentionnée ci-dessous : AGETIP : Boulevard Djily MBAYE x Bérenger FERRAUD B.P. 143 – Téléphone : (221) 33 839 02 02 – Fax (221) 33 821 04 78 - Dakar et aux heures suivantes : 8 H 00 à 17 H 00 GMT ou consulter ce même avis de manifestation d’intérêt à partir du site Agence : www.agetip.sn 6. Les manifestations d’intérêt doivent être déposées à l’adresse mentionnée ci-dessus au plus tard le jeudi 10 janvier 2013 à 15 heures. Le Directeur Général N° 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

JEUNE AFRIQUE


Annonces classées

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RÉPUBLIQUE DU SÉNÉGAL MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DE L’ÉQUIPEMENT RURAL MINISTÈRE DE L’ENVIRONNEMENT ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE PROGRAMME ÉCONOMIQUE RÉGIONAL

AGETIP PROJET D’AMÉNAGEMENT DE 800 HECTARES DE BAS FONDS À DES FINS SYLVO AGRO PASTORAUX AU SÉNÉGAL DANS LES RÉGIONS DE KOLDA, TAMBACOUNDA ET FATICK SERVICES DE CONSULTANTS (MAÎTRISE D’ŒUVRE) POUR LES ÉTUDES TECHNIQUES, ENVIRONNEMENTALES ET SOCIALES ET LA SUPERVISION DES TRAVAUX Date : 10 décembre 2012 - Avis n° 065/12

DÉSIGNATION DU CRITERE

NOTE

1. Nature des activités du candidat en rapport avec le domaine des prestations 2. Nombre d’années d’expérience du candidat 3. Qualifications du candidat dans le domaine des prestations 4. Organisation technique et managériale 5. Qualifications générales et nombre de personnels professionnels

10 points 10 points 35 points 10 points 35 points

TOTAL

100 points

A l’issue de l’analyse, les cabinets qui auront obtenu les meilleures notes supérieures ou égales à la note minimale de 70 points seront retenus pour constituer la liste restreinte. 4. Une liste des candidats présentant au mieux les aptitudes requises pour exécuter les prestations sera établie par l’Autorité contractante, et ensuite invités à présenter leurs propositions techniques et financières et un candidat sera sélectionné selon la méthode de sélection sur la base de la qualité technique et du montant de la proposition (sélection qualité-coût). 5. Les consultants intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires à l’adresse mentionnée ci-dessous : AGETIP : Boulevard Djily MBAYE x Bérenger FERRAUD B.P. 143 – Téléphone : (221) 33 839 02 02– Fax (221) 33 821 04 78 Dakar et aux heures suivantes : 8 H 00 à 17 H 00 GMT ou consulter ce même avis de manifestation d’intérêt à partir du site Agence : www.agetip.sn 6. Les manifestations d’intérêt doivent être déposées à l’adresse mentionnée ci-dessus au plus tard le jeudi 10 janvier 2013 à 15 heures. Le Directeur Général JEUNE AFRIQUE

N° 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

Manifestation d’intérêt

1. L’UEMOA, dans le cadre du rapprochement de l’intégration vers les peuples et de l’exécution de son Programme Economique Régional (PER) de lutte contre la pauvreté, décide d’appuyer la République du Sénégal pour l’aménagement de huit cent (800) hectares (ha) de bas fonds à des fins agro sylvo - pastorales. Le projet mis en place de par ses actions participe à la promotion de la maîtrise de l’eau et à l’amélioration des performances de l’agriculture sénégalaise à travers la mise en œuvre d’activités agricoles concourant au renforcement de la sécurité alimentaire et génératrices de revenus additionnels aux populations. Le projet prévoit de proposer aux populations rurales bénéficiaires une amélioration à l’accès à l’eau productive pour lutter aussi contre la pauvreté et l’exode rural. En outre le programme favorisera la diversification des systèmes de production et l’accroissement des rendements. La mise en oeuvre du programme permettra aussi la création de milliers emplois permanents et saisonniers, ce qui limitera l’exode rural. Ces effets seront rendus possibles grâce à l’aménagement de bas fonds portant sur 800 ha et la mise en oeuvre d’actions d’accompagnement dans les domaines du renforcement des capacités des producteurs, du genre et de l’environnement. Il est prévu qu’une partie des sommes accordées au titre de ce financement soit utilisée pour effectuer les paiements relatifs aux contrats de prestations de maîtrise d’oeuvre (Etudes techniques, environnementales et sociales et supervision des travaux d’aménagements de huit cent hectares (800 ha) de bas fonds agro sylvo pastoraux au Sénégal ». 2. Les services pour lesquels les consultants sont invités à manifester leur intérêt consistent à assurer les missions d’études techniques, environnementales et sociales et de supervision de travaux d’aménagement de périmètres hydro agricoles situés dans des bas fonds à des fins agro sylvo pastorales au Sénégal. Les zones ciblées sont les régions de Kolda, Tambacounda et Fatick. 3. Les candidats intéressés sont invités à manifester leur intérêt pour la prestation de services décrits ci-dessus en fournissant les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services (la nature des activités du candidat et le nombre d’années d’expérience, les qualifications du candidat dans le domaine des prestations et notamment références concernant l’exécution de marchés analogues, l’organisation technique et managériale du cabinet, les qualifications générales et le nombre de personnels professionnels). Les candidats peuvent s’associer pour renforcer leurs compétences respectives. Les candidatures seront évaluées suivant la grille d’analyse ci-dessous :


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Annonces classées République du Sénégal Un peuple – un but – une foi ---------------

MINISTÈRE DE LA PÊCHE ET DES AFFAIRES MARITIMES ---------------

AGENCE NATIONALE DES AFFAIRES MARITIMES

AVIS DE RELANCE

/" <#80:45:<;" .9 !"0!9;"3"2; sur l’Afrique Batiment / Construction

AVIS D’APPEL PUBLIC INTERNATIONAL À MANIFESTATION D’INTÉRÊT POUR LA SÉLECTION DE CANDIDATS POUR LES ÉTUDES D’AMÉNAGEMENT ET DE RÉHABILITATION DU PORT DE PÊCHE DE SAINT-LOUIS (RELANCE). ANAM : NO C-DTP-010.

Directeur(trice) Commercial(e)

1. L’Agence nationale des Affaires maritimes (ANAM), agissant au nom et pour le compte du Ministère de la Pêche et des Affaires maritimes, a l’intention de réaliser, sur financement de l’Agence française de Développement (AFD), les études de faisabilité comprenant : un avant-projet sommaire (APS), avant-projet détaillé (APD) et le dossier de consultation des Entreprises (DCE) pour le Projet d’aménagement et de réhabilitation du Port de Pêche de Saint-Louis.

Réf. : QKFE 597909

2. Sur la base des besoins exprimés par les acteurs publics et privés, le Consultant retenu doit définir : - les travaux d’aménagement et d’extension nécessaires pour rendre cette zone « de l’hydrobase » utilisable pour l’échouage sur berge, l’accostage et l’amarrage des différents types de pirogues de la pêche artisanale (en tenant compte de l’ordre de grandeur des unités de pêche, de leur nombre par type d’unités et, de la nature des captures) ; - les infrastructures et les équipements nécessaires pour le débarquement, le mareyage et les autres activités, en amont et en aval, des opérations de débarquement (lavage, nettoyage, entretien, etc.) et la sécurisation de l’enceinte du quai (clôture) ; - les infrastructures nécessaires à l’exercice des missions régaliennes de l’Etat (Affaires maritimes, Météo, etc.).

Manifestation d’intérêt - Recrutement

Les offres ." 54 <"34:2" ." Michael Page Africa

Le Consultant, à partir des caractéristiques des pirogues de pêche artisanale en activité à Saint-Louis, des conditions naturelles du site, des prévisions du trafic des produits de la pêche devant être transférés sur le site, devra proposer un aménagement évolutif des infrastructures et équipements du nouvel ensemble portuaire et les interventions à faire qui permettront d’améliorer l’accès et la navigabilité entre la mer et le fleuve Sénégal, à travers la brèche. Il sera établi et expliqué les paramètres de dimensionnement des nouvelles installations et des nouveaux équipements. Le Consultant mènera une étude technique et élaborera les plans préliminaires de toutes les composantes du nouvel ensemble portuaire et devra présenter les documents suivants : - un plan de masse de principe ; - un plan d’aménagement portuaire selon les ordres de priorités, y compris coupes et autres détails. De plus, le Consultant fournira un programme de réalisation préliminaire, identifiera les actions nécessaires en vue d’assurer, avec succès, sa mise en œuvre. Le Consultant devra évaluer les coûts d’investissement et d’exploitation des infrastructures en fonction des caractéristiques techniques et des modes d’exploitation des infrastructures et des équipements. Les estimations de coûts devront être disponibles pour chaque volet et, les coûts extérieurs séparés des coûts locaux, les imprévus techniques et les imprévus liés au prix devront être estimés de manière adéquate. 3. Les candidats intéressés sont invités à manifester leur intérêt pour la prestation des services décrits ci-dessus en fournissant les informations, ci-après, indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services : - la nature des activités du candidat et le nombre d’années d’expérience ; - les qualifications du candidat dans le domaine des prestations et notamment références concernant l’exécution de marchés analogues ; - l’organisation technique et managériale du cabinet ; - les qualifications générales et le nombre de personnels professionnels. Il est demandé aux candidats de fournir ces informations en ne dépassant pas 15 pages environ. Les candidats peuvent s’associer pour renforcer leurs compétences respectives. 4. Les consultants seront présélectionnés selon les règles de procédure du décret 2011-1048 du 27 Juillet 2011 et sur la base de la sélection « qualité-coût » et de la grille d’évaluation des critères ci-après : - Nature des activités du candidat et relation avec le domaine des prestations (15 pts). - Nombre d’années d’expérience (10 pts). - Qualifications du candidat dans le domaine des prestations (30 pts). - Organisation technique et managériale du cabinet (15 pts). - Qualifications générales et le nombre de personnels professionnels (30 pts). 5. Le nombre minimum de points requis est de soixante dix (70) et une liste restreinte des candidats présentant au mieux les aptitudes requises pour exécuter les prestations sera établie par l’Autorité contractante ; ces candidats présélectionnés seront ensuite invités à présenter leurs propositions techniques et financières et un candidat sera sélectionné selon la méthode : qualité-coût. 6. Les candidats intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires au sujet des documents de référence à l’adresse mentionnée ci-dessous et aux jours et heures suivants : du lundi au vendredi de 09 heures à 16 heures. 7. Les dossiers de candidatures doivent être déposés à la Direction générale de l’Agence nationale des Affaires maritimes sise au 12, Rue Vincens X Avenue Faidherbe Dakar-Sénégal - Téléphone : +221 33 849 16 99 Fax : +221 33 823 68 62 au plus tard le jeudi 27 décembre 2012 à 10 heures 30 mn (heures locales), date et heure d’ouverture des plis.

N° 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

KINSHASA (RDC) 6)* $ +, 1% 2";

Logistique / Transport

Directeur(trice) 7828!45&"DAR ES SALAM (TANZANIE) 6)* $ '(( 1% Réf. : QPKO 597203 Retrouvez les détails de ces postes et postulez en ligne sur www.michaelpageafrica.com

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RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO - MINISTÈRE DES FINANCES - BUREAU CENTRAL DE COORDINATION

AVIS À MANIFESTATION D’INTÉRÊT N° AVIS : AMI 408/INT-GOUV/MINFIN/BCECO/DG/DPM/PM/2012 - FONDS INTERVENTION DU GOUVERNEMENT SERVICES DE CONSULTANT (CABINET) CHARGÉ DE L’AUDIT DES COMPOSANTES DE LA STRUCTURE DES PRIX DES PRODUITS PÉTROLIERS. DATE DE PUBLICATION : 05/ 12 / 2012 - DATE DE CLÔTURE : 26/ 12 / 2012

Le personnel clé de la mission devra comporter au moins : Un responsable de la mission, ExpertComptable diplômé, inscrit au Tableau d’un Ordre des Experts-Comptables reconnu, et justifiant d’au moins 10 ans d’expérience d’audit financier et ayant une bonne connaissance du cadre institutionnel et règlementaire régissant le secteur pétrolier en RDC. Il devra disposer d’une expérience avérée de missions d’investigations ; Un Expert compétent ayant une expérience d’au moins dix (10) ans dans les enquêtes économiques internationales, et ayant une expérience avérée en matière d’audit de la structure des prix des produits pétroliers ; Un Expert de niveau BAC+5 au moins, familiarisé avec le secteur pétrolier et ayant au moins cinq (5) ans d’expérience avec les sociétés pétrolières, maîtrise de l’audit des charges d’exploitation des sociétés commerciales ; Un Expert ayant une formation universitaire (BAC+4) et au moins cinq (5) ans d’expérience professionnelle dans le secteur des hydrocarbures ou similaires et une bonne connaissance en passation des marchés ainsi que du circuit de commercialisation-distribution (interne/import) des produits pétroliers. 4. Méthode de sélection Le Bureau Central de Coordination (BCECO), pour le compte du Ministère des Finances et celui du Ministère de l’Economie et du Commerce, invite les candidats admissibles à manifester leur intérêt à fournir les services décrits ci-dessus. Les consultants intéressés doivent fournir les informations indiquant qu’ils sont qualifiés pour exécuter les services demandés (brochures et références concernant l’exécution des contrats analogues, expériences antérieures pertinentes dans des conditions semblables, disponibilité des connaissances nécessaires parmi le personnel avec des curriculum vitae, équipe disponible pour la mission, etc.). Un Consultant sera sélectionné en accord avec les procédures définies dans le décret n°10/22 du 02 juin 2010 portant manuel des procédures de la loi relative aux marchés publics en République Démocratique du Congo d’avril 2010, plus précisément sur base de la méthode fondée sur la qualité et le coût. Les cabinets intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires au sujet des documents de référence à l’adresse ci-dessous, de lundi à vendredi aux heures suivantes : de 9h00 à 16h00 (heure locale). Les manifestations d’intérêt rédigées en langue française doivent parvenir, par courrier ou par E-mail, à l’adresse ci-dessous au plus tard le mercredi 26 décembre 2012 et porter clairement la mention « AMI N° 408/INTERV- GOUV/MINFIN/ BCECO/DG/DPM/PM/2012/SC – Recrutement d’un Consultant (firme) chargé de l’audit des composantes de la structure des prix des produits pétroliers. Bureau Central de Coordination (B.Ce.Co) A l’attention de Monsieur MATONDO MBUNGU, Directeur Général a.i 372, Avenue Colonel Mondjiba, Concession Utexafrica, Kinshasa / Gombe (RDC) Tél. : (243) 09 98.58.45.60 ou (243) 09.98.17.64.80 E-mail : bceco@bceco.cd, dpm@bceco.cd MATONDO MBUNGU Directeur Général a.i

Spécialistes en Energie Aider à améliorer la situation énergétique en Afrique sub-saharienne est une de nos priorités. Les personnes sélectionnées participeront à l’appui aux réformes et aux investissements menés au niveau du pays de base et de la sous-région, principalement dans le secteur de l’électricité et du gaz. Profil : Grandes capacités analytiques (tournées vers la définition de solutions pratiques), de gestion de projets complexes, et de communication. Français (essentiel) et anglais (préférable). Compréhension des projets/procédures de la Banque mondiale un plus. Formation : Diplôme d’ingénieur de niveau maîtrise ou supérieur. Une formation additionnelle, par exemple en économie, est un plus. Expérience : 5 années ou plus d’expérience dans le secteur de l’énergie, particulièrement dans la planification, et la mise en œuvre pratique, du développement de systèmes électriques ou de réformes dans le secteur de l’électricité. Les candidat (e) s sont invité (e)s à soumettre leur dossier sur le site de la Banque Mondiale: www.worldbank.org/careers. Une fois sur le site, cliquez sur > employment opportunities> Non Managerial > job number # 122840 pour le poste basé a Kinshasa (DRC) et sur > job number # 122841 pour le poste basé a Ouagadougou (Burkina Faso). La politique de recrutement du groupe Banque Mondiale soutient la diversité en termes de genre, de nationalités, de cultures, de parcours académiques, d’intégration des personnes vivant avec un handicap... Aussi, toutes les candidatures sont encouragées et seront traitées avec le même intérêt selon les critéres du poste. La date de clôture des candidatures est fixée au 24 Décembre 2012. Seules les personnes retenues pour les interviews seront contactées.

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Manifestation d’intérêt - Recrutement

1. Contexte général La rémunération en vigueur des charges d’exploitation à partir de la structure des prix des produits pétroliers pose le problème d’une répartition inégale des charges entre les sociétés commerciales et surcharge la structure des prix des produits pétroliers. Les conclusions de l’Audit des composantes de la structures des prix permettront de répondre à la préoccupation de pouvoir déterminer les charges d’exploitation unitaires, par zone géographique, afin d’améliorer la politique de fixation des prix des produits pétroliers. Dans sa démarche visant, d’une part à stabiliser les prix des produits pétroliers et d’autre part, à contrôler et maîtriser les charges d’exploitation des sociétés commerciales œuvrant dans le secteur pétrolier ; le Ministère de l’Economie et Commerce s’est proposé de diligenter un Audit sur les composantes de la structure des prix et sur les charges d’exploitation des transporteurs et distributeurs des produits pétroliers. Cette démarche a été examinée et discutée au cours de la réunion de la TROÏKA stratégique du 17 septembre 2012, à l’issue de laquelle, il a été décidé de recruter un Cabinet d’Audit pour mener une mission de contrôle des composantes de la structure des prix des produits pétroliers, plus particulièrement le volume structure, le différentiel de transport, la marge bénéficiaire, le Prix Moyen frontière et les charges d’exploitation des sociétés commerciales pétrolières. C’est dans ce cadre que le Bureau Central de Coordination (BCECO), pour le compte du Ministère des Finances et de celui du Ministère de l’Economie et Commerce sollicite maintenant des manifestations d’intérêt en vue de la fourniture des Services de Consultant (firme) chargé de l’audit des composantes de la structure des prix des produits pétroliers. 2. Objectif de la mission La mission se propose de : (i) maîtriser les charges des intervenants dans la structure des prix des produits pétroliers ; (ii) Accroitre le potentiel fiscal dans la structure des prix en minimisant davantage la prise en charge de la fiscalité par l’Etat ; (iii) Rémunérer tous les intervenants à la juste hauteur de leurs charges ;(iv) Maîtriser les variations des prix et l’évolution des indices d’inflation ;(v) Avoir une plus grande facilité de rapprocher les déclarations fiscales aux activités des opérateurs économiques et définir ainsi, des critères de risques objectifs. 3. Profil du Consultant Le Consultant doit être un Cabinet d’Audit et d’Expertise Comptable indépendant, faisant profession habituelle de réviser les comptes et régulièrement inscrit au Tableau d’un Ordre des ExpertsComptables reconnu au plan national ou régional par l’IFAC. L’Auditeur devra avoir une expérience confirmée en audit financier et organisationnel, notamment de missions d’audits/investigations relatives à des structures du secteur des hydrocarbures ou similaires , ainsi qu’une bonne connaissance de l’environnement local. L’Auditeur devra avoir une expérience confirmée en audit financier et organisationnel et avoir déjà réalisé au moins trois missions d’audit des structures de prix dans le secteur des hydrocarbures et d’autres secteurs de même complexité. Il devra aussi avoir une bonne connaissance du cadre institutionnel et règlementaire régissant le secteur pétrolier en RDC.


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DESCRIPTION DE POSTE :

Titre du poste : Expert en Administration Publique (finances publiques) Lieu du travail : Centre Africain de Formation et de Recherche Administratives pour le Développement (CAFRAD) Tanger et ensuite Rabat, Maroc. Durée : 2 ans, renouvelables après une évaluation réussie des résultats Date de début : Le plus tôt possible Langues : Les langues officielles du CAFRAD sont au nombre de trois : Anglais, Français et Arabe. Le candidat doit être capable de travailler dans au moins deux de ces langues. Statut : Recrutement dans le cadre du projet CAFRAD / ACBF sur le renforcement des capacités institutionnelles du CAFRAD. A propos du CAFRAD : Le Centre Africain de Formation et de Recherche Administratives pour le Développement (CAFRAD), est une organisation intergouvernementale panafricaine dont le siège est situé à Tanger (Maroc). Créé en 1964, le Centre compte actuellement 38 Etats membres. Sa mission principale est d'améliorer la performance des services publics et des institutions étatiques à travers la réforme des services et des institutions, ainsi que le développement des capacités humaines. C'est une organisation indépendante travaillant avec tous les gouvernements africains, par le canal du Ministère chargé de la fonction publique et / ou de la réforme administrative. En outre, le CAFRAD travaille en étroite collaboration avec diverses organisations nationales, régionales et internationales en matière de partenariat et de complémentarité. Qualifications : • Maîtrise ou Doctorat (ou diplôme équivalent) en Administration Publique, avec spécialisation en finances publiques ou domaines connexes. • Au moins 10 années d'expérience professionnelle dans l’instauration d’innovations et de réformes dans le secteur public, particulièrement dans le domaine des finances publiques. • Expérience dans la conception et la mise en œuvre des programmes et projets de formation, de recherche et de consultation, y compris la préparation d’ateliers, de conférences, du budget et de rapports.

C.A.F.R.A.D

• Parfaite maîtrise de l'utilisation d'Internet et des logiciels d'application standard (Word, Excel, Power Point, etc.) Fonctions et responsabilités : • Concevoir des programmes et projets de formation, de recherche et de consultation sur la réforme, l’innovation et la modernisation des systèmes et services des finances publiques ; • Mener des études sur les systèmes existants des finances publiques en vue d'introduire l'amélioration ; • Mettre en place des approches, des techniques et des systèmes novatrices dans la gestion des ressources financières dans le secteur public, y compris les systèmes fiscaux, la budgétisation, l’audit et la reddition des comptes ; • Concevoir et mettre en place des systèmes de budget axé sur la performance et les résultats ; • Mettre en place des réseaux virtuels de services des finances publiques pour l'amélioration, la performance, et la reddition des comptes ; • Renforcer les capacités des fonctionnaires, des services et des institutions en matière de gestion financière à travers différentes activités de formation. Rémunération : Salaire et autres avantages comparables à ceux offerts par d’autres organisations africaines similaires. Pièces à fournir : • Lettre de motivation • Curriculum vitae détaillé Date limite de dépôt des candidatures : Les candidatures doivent parvenir au CAFRAD au plus tard le 31 Décembre 2012. Adresse : Veuillez envoyer votre candidature par e-mail à l’adresse suivante : CAFRAD - Tanger – MAROC Tél. (212) (6) 61 30 72 69 - Fax (212) (5) 39 32 57 85 E-mail: cafrad@cafrad.org Pour plus d’informations sur le CAFRAD, visitez notre site : www.cafrad.org

DESCRIPTION DE POSTE :

Recrutement

Titre du poste : Expert en e-Gouvernance/e-administration (application des TIC dans le secteur public et la gouvernance) Lieu du travail : Centre Africain de Formation et de Recherche Administratives pour le Développement (CAFRAD) Tanger et ensuite Rabat, Maroc. Durée : 2 ans, renouvelables après une évaluation réussie des résultats Date de début : Le plus tôt possible Langues : Les langues officielles du CAFRAD sont au nombre de trois : Anglais, Français et Arabe. Le candidat doit être capable de travailler dans au moins deux de ces langues. Statut : Recrutement dans le cadre du projet CAFRAD / ACBF sur le renforcement des capacités institutionnelles du CAFRAD. A propos du CAFRAD : Le Centre Africain de Formation et de Recherche Administratives pour le Développement (CAFRAD), est une organisation intergouvernementale panafricaine dont le siège est situé à Tanger (Maroc). Créé en 1964, le Centre compte actuellement 38 Etats membres. Sa mission principale est d'améliorer la performance des services publics et des institutions étatiques à travers la réforme des services et des institutions, ainsi que le développement des capacités humaines. C'est une organisation indépendante travaillant avec tous les gouvernements africains, par le canal du Ministère chargé de la fonction publique et / ou de la réforme administrative. En outre, le CAFRAD travaille en étroite collaboration avec diverses organisations nationales, régionales et internationales en matière de partenariat et de complémentarité. Qualifications : • Maîtrise ou Doctorat (ou diplôme équivalent) en administration publique ou domaines connexes, avec un diplôme supplémentaire en TIC ; Ou Maîtrise ou Doctorat en TIC avec diplôme supplémentaire en administration publique. • Au moins 10 années d'expérience professionnelle dans la conception, la gestion et la mise en œuvre des systèmes des TIC dans divers domaines des services publics et des institutions de l’Etat.

N° 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

• Parfaite maîtrise des logiciels d'application standard, de la mise en réseau à Internet et de la fonctionnalité World Wide Web. (y compris le développement et la gestion des portails, sites web, base de données, mise en réseau, système de partage des connaissances, etc.) Fonctions et responsabilités : • Concevoir, coordonner et mettre en œuvre des programmes et projets de formation, de recherche et de consultation en matière d’e-gouvernance/ e-administration (utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC) dans la gestion des services publics et des institutions étatiques) ; • Mener des études sur les systèmes existants d’e-gouvernance/e-administration pour amélioration ; • Mettre en place des approches, des techniques et des systèmes novateurs concernant l'utilisation des TIC dans le secteur public ; • Mettre en place des réseaux virtuels pour l'amélioration des services et de la performance ; • Renforcer les capacités en e-gouvernance/e-administration à travers diverses activités de formation. Rémunération : Salaire et autres avantages comparables à ceux offerts par d’autres organisations africaines similaires. Pièces à fournir : • Lettre de motivation • Curriculum vitae détaillé Date limite de dépôt des candidatures : Les candidatures doivent parvenir au CAFRAD au plus tard le 31 Décembre 2012. Adresse : Veuillez envoyer votre candidature par email à l’adresse suivante : CAFRAD - Tanger – MAROC Tél. (212) (6) 61 30 72 69 - Fax (212) (5) 39 32 57 85 E-mail : cafrad@cafrad.org Pour plus d’informations sur le CAFRAD, visitez notre site : www.cafrad.org

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DESCRIPTION DE POSTE :

Titre du poste : Expert en Gouvernance (Coordinateur) Lieu du travail : Centre Africain de Formation et de Recherche Administratives pour le Développement (CAFRAD) Tanger et ensuite Rabat (Maroc). Durée : 2 ans renouvelables après une évaluation réussie des résultats Date de début : Le plus tôt possible Langues : Les langues officielles du CAFRAD sont au nombre de trois : Anglais, Français et Arabe. Le candidat doit être capable de travailler dans au moins deux de ces langues. Statut : Recrutement dans le cadre du projet CAFRAD / ACBF sur le renforcement des capacités institutionnelles du CAFRAD. A propos du CAFRAD : Le Centre Africain de Formation et de Recherche Administratives pour le Développement (CAFRAD), est une organisation intergouvernementale panafricaine dont le siège est situé à Tanger (Maroc). Créé en 1964, le Centre compte actuellement 38 Etats membres. Sa mission principale est d'améliorer la performance des services publics et des institutions étatiques à travers la réforme des services et des institutions, ainsi que le développement des capacités humaines. C'est une organisation indépendante travaillant avec tous les gouvernements africains, par le canal du Ministère chargé de la fonction publique et / ou de la réforme administrative. En outre, le CAFRAD travaille en étroite collaboration avec diverses organisations nationales, régionales et internationales en matière de partenariat et de complémentarité. Qualifications : • Maîtrise ou Doctorat (ou diplôme équivalent) en Administration Publique, Droit ou domaines connexes ; • Au moins 10 années d'expérience professionnelle en Gouvernance et/ou en gestion des services publics et des institutions de l’Etat, y compris les institutions de formation et de recherche, les Ministères et les agences de l’Etat, etc. • Expérience dans la conception des programmes et projets de formation, de

recherche et de consultation dans les divers domaines de la Gouvernance, d’administration publique et de bonne gouvernance, y compris séminaires, ateliers, retraites et conférences. Fonctions et responsabilités : • Concevoir des programmes et projets de formation, de recherche et de consultation dans les divers domaines de Gouvernance ; • Mener des études sur l’état de Gouvernance dans les pays africains pour amélioration et meilleur rendement ; • Mettre en place des innovations en Gouvernance et réinventer la gouvernance dans les pays sortant de conflits ; • Organiser et mener des cours de formation en réforme, modernisation et réinvention de la gouvernance ; • Mettre en place des réseaux virtuels au niveau national et régional pour améliorer l’échange de connaissances et d’informations sur la gouvernance ; • Renforcer les capacités des fonctionnaires, services et institutions dans les nouvelles stratégies et approches de gouvernance et de leadership. Rémunération : Salaire et autres avantages comparables à ceux offerts par d’autres organisations africaines similaires. Pièces à fournir : • Lettre de motivation • Curriculum vitae détaillé Date limite de dépôt des candidatures : Les candidatures doivent parvenir au CAFRAD au plus tard le 31 Décembre 2012. Adresse : Veuillez envoyer votre candidature par email à l’adresse suivante : CAFRAD - Tanger – MAROC Tél. (212) (6) 61 30 72 69 - Fax (212) (5) 39 32 57 85 E-mail : cafrad@cafrad.org Pour plus d’informations sur le CAFRAD, visitez notre site : www.cafrad.org

Grant Thornton recrute en Guinée Grant Thornton est une des principales organisations mondiales d’Audit et de Conseil, regroupant à ce jour 30 000 collaborateurs à travers plus de 100 pays. Notre cabinet en Guinée recherche : ! Des Juristes Fiscalistes expérimentés : Bac+5 minimum, comptant au moins 5 ans d’expérience réussie en cabinet dans la sous-région. Aisance en anglais indispensable, à l’écrit comme à l’oral. Rémunération attractive – Nombreux avantages. ! Manager et collaborateurs expérimentés en Expertise Comptable : de formation comptable et financière (DCG, DSCG ou Master CCA), comptant au moins 3 ans d’expérience réussie en cabinet, aisance en anglais indispensable, rémunération attractive.

Dossier de candidature : Merci d’envoyer CV et lettre de motivation à l’adresse mail suivante : contact@grant-thornton-gn.com avant le 31 décembre 2012.

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le CERDI organise le Programme de formation en Gestion de la Politique Economique (GPE) Appel à candidatures pour la 20e promotion (session 2013/2014) Master d'une durée de 14 mois • Formation de 11 mois au CERDI, articulée en modules thématiques consacrés à l'analyse et à la conception des politiques économiques dans le cadre spécifique des pays en développement et dans le contexte de la mondialisation • Stage de 3 mois dans des institutions internationales ou régionales, administrations, banques, cellules d’analyse de politique économique… Organisé à l'intention des économistes des pays en développement • Diplômés de l'enseignement supérieur, niveau Master 1 / Maîtrise es sciences économiques exigée • Agés de moins de 40 ans, présentant au minimum 5 années d'expérience professionnelle dans la gestion des politiques économiques et dans l'étude des questions de développement Admissibilité sur dossier • Formulaire CERDI disponible par téléchargement à partir de : www.cerdi.org ou de www.ferdi.fr • Envoi du dossier au CERDI avant le 28 février 2013 par courrier postal Possibilité de bourse accordée par la Banque mondiale (JJ/WBGSProgram) • Formulaire JJ/WBGSProgram 2013 disponible par téléchargement à partir de : www.worldbank.org/wbi/scholarships (lien sur www.cerdi.org et www.ferdi.fr) • Envoi du dossier à la Banque mondiale avant le 31 mars 2013, sous condition de présenter une attestation d'admissibilité du CERDI Programme GPE (CERDI/FERDI) 65, boulevard François-Mitterrand 63000 Clermont-Ferrand (France) Téléphone : +33 (0)4.73.17.74.34 Contacts : Philippe Messéant, Administrateur (philippe.messeant@ferdi.fr) Amandine Riberolle, Assistante (amandine.riberolle@ferdi.fr) Sites internet : www.cerdi.org et www.ferdi.fr N° 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

Recrutement - Formation

Sous le parrainage de la Banque mondiale, à travers le Joint Japan / World Bank Graduate Scholarship Program, et celui du Ministère français des Affaires étrangères et européennes


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Vous & nous

Le courrier des lecteurs Envoyez-nous vos réactions, vos réflexions, vos coups de gueule ou de cœur à redaction@jeuneafrique.com ou au 57 bis, rue d’Auteuil, 75016 Paris.

Mahé Couverture médiatique a minima MERCI À JEUNE AFRIQUE, qui marque son intérêt pour le procès des tueurs présumés de Firmin Mahé, une affaire absolument terrifiante. Faire passer de vie à trépas un blessé, et de sang-froid, est un acte qui me rappelle les documentaires sur les camps de concentration. Et pourtant, certains trouvent encore des raisons de justifier la barbarie des accusés, des êtres a priori civilisés! Mahé a-t-il été le témoin gênant d’exactions insoupçonnées ? Ce qui m’étonne davantage, c’est le silence de la presse et des autorités ivoiriennes : tandis que la première se borne à

reprendre quelques titres du quotidien français Le Monde, les secondes, elles, continuent de signer accords et contrats, laissant aux criminels présumés le soin de prononcer leur propre sentence ! Au cœur de la cité parisienne, bien loin de la jungle ivoirienne, la raison du plus fort reste toujours la meilleure ! ●

Foot Reviens, Adebayor ! LA COUPE D’AFRIQUE des nations (CAN) 2013 pourrait voir évoluer une équipe togolaise privée d’Emmanuel

Parue dans votre édition no 2705, votre enquête intitulée « Destins de veuves » appelle les mises au point suivantes: 1/ En tant que veuve du président Moktar Ould Daddah et présidente de la Fondation Moktar-Ould-Daddah, créée en 2004, je n’ai pas à me réconcilier avec le peuple mauritanien pour la simple raison que je n’ai jamais été en conflit avec lui. 2/ Je ne dispose d’aucun bureau à la présidence de la République et n’exerce de présidents aucune fonction publique. Je prends seulement acte des décisions prises par les autorités mauritaniennes en faveur de la mémoire du président Moktar Ould ! J.A. N 2705, du 11 au 17 novembre. Daddah et de la période fondatrice de la Nation mauritanienne, mémoire systématiquement occultée durant près de trois décennies. […] Tout en appréciant ces décisions à leur juste valeur, la Fondation est consciente qu’un long chemin reste encore à parcourir pour que la mémoire de cette période fondatrice et de celui que les Mauritaniens nomment respectueusement et affectueusement le Père de la Nation, soit reconnue comme partie intégrante du patrimoine historique national et enseignée aux enfants de Mauritanie. Je poursuis donc mon combat avec confiance. Enfin le vrai Obama?

jeuneafrique.com

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 53e année • n° 2705 • du 11 au 17 novembre 2012

DOSSIER TÉLÉCOMS

AFRICA CEO FORUM

LA GRANDE PEUR DES PETITS OPÉRATEURS

À Genève, l’entreprise au cœur des enjeux

MALI

SUR LA PISTE DES JIHADISTES FRANÇAIS

Spécial 32 pages

Veuves Elles s’appellent Houphouët, Mobutu, Ahidjo, Sankara, Bokassa, Touré… Et furent des premières dames craintes et courtisées. Aujourd’hui, elles luttent contre l’oubli et un patronyme lourd à porter. Enquête.

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Portugal cont. 4 € • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285

O

MARIEM DADDAH, présidente de la Fondation Moktar-Ould-Daddah, Nouakchott, Mauritanie

Réponse

Mme Daddah n’a effectivement pas de bureau à la présidence.Toutes nos excuses pour cette méprise. Quant à la « réconciliation » que nous évoquions, elle ne renvoie pas à un conflit ouvert, mais au fait que, dans les années 1990, le nom de Daddah a pu être lourd à porter. ● N o 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

ARCHÉDUC THÉO, Tchado-Togolais, N’Djamena, Tchad

BERNARD BAMOGO, Ouagadougou, Burkina Faso

MARIEM DADDAH RÉAGIT ÉTATS-UNIS

Adebayor. C’est triste, mais fort possible, l’attaquant de Tottenham ayant menacé la Fédération togolaise de football de ne pas participer à la compétition si de meilleures conditions de préparation n’étaient pas garanties aux Éperviers. Je demande à Adebayor de revenir sur sa décision et de jouer, non pas pour ces dirigeants fort incompétents du foot togolais, mais pour son peuple, qui l’adore. ●

Sénégal Aminata les séduit tous L E C T E U R A S S I D U d e v o t re hebdomadaire, je voudrais dire, dans ses colonnes, mon admiration pour Aminata Niane, ex-directrice générale de l’Agence pour la promotion des investissements et des grands travaux (Apix), désormais conseillère du président sénégalais Macky Sall. Qu’elle sache qu’au-delà de son pays elle est admirée par bien des Africains, notamment des Ivoiriens. Et je lui souhaite beaucoup de réussite dans ses nouvelles fonctions. ● LANCINA KARAMOKO, San Pedro, Côte d’Ivoire

RD Congo Les Grands Lacs ont besoin de paix J’AI LU avec beaucoup d’intérêt l’éditorial de François Soudan sur le différend entre la RD Congo et le Rwanda (« La vache et la lance », J.A. no 2707, du 25 novembre au 1er décembre), et je le félicite pour son objectivité. Kigali n’en a pas fini de démentir les rapports des « experts » onusiens faisant état de son soutien au M23. À mon sens, les récentes incursions des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) prouvent une fois de plus que certains, dans l’ombre, ont intérêt à voir le Rwanda poursuivre les infiltrés jusqu’en RD Congo et donner ainsi aux « experts » matière à produire de nouveaux rapports, toujours plus « accablants ». Malgré les explications de plusieurs de ses ministres (Défense, Affaires étrangères et Coopération, ainsi que Finances) JEUNE AFRIQUE


Vous nous

devant députés et sénateurs, le 4 décembre derRD CONGO nier, le « nain aux bottes de Goliath » doit encore mener une guerre médiatico-diplomatique pour faire entendre sa voix. Tout se passe comme s’il y avait un comÌ J.A. N 2707, plot international du 25 novembre au 1er décembre. visant à distraire les Congolais – en désignant des boucs émissaires –, les empêchant ainsi de débattre des problèmes de fond à l’origine des conflits dans l’Est et dans le Nord-Kivu. La chute de Goma est une opportunité pour un vrai débat. La région des Grands Lacs a besoin de paix. ●

ÉVÉNEMENT DANS LES COULISSES DU AFRICA CEO FORUM Du 25 novembre au 1er décembre 2012 • jeuneafrique.com

LE PLUS

Le prix Kourouma toujours d’actualité

de Jeune Afrique

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 53e année • no 2707

URBANISME

ALGÉRIE LE GRAND TEST

GAZA LENDEMAINS DE GUERRE par Béchir Ben Yahmed

CÔTE D’IVOIRE OUATTARA PREND (TOUT) LE POUVOIR

Des villes et des hommes Spécial 26 pages

AU DESSUS DU VOLCAN Kagamé et Kabila face à la tragédie des Grands Lacs.

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France 3,50 € • Algérie 180 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 €

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Portugal cont. 4 € • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 5,90 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285

O

GEORGES MUPENZI, Kigali, Rwanda

Les responsables du Salon international du livre de Genève, qui organise en son sein, depuis 2004, un Salon africain du livre, ont été particulièrement choqués à la lecture de la chronique de Jean-Louis Gouraud, intitulée « Kourouma met le feu au lac » (J.A. no 2708, du 2 au 8 décembre). Le fait que des discussions soient actuellement en cours pour revoir l’organisation du prestigieux prix littéraire Ahmadou-Kourouma – qui en avait besoin pour des raisons que nous aurions volontiers communiquées à Jean-Louis Gouraud s’il avait pris la peine de nous contacter – ne légitime en aucune manière la violence de ses propos. Nous tenons à rassurer le monde littéraire africain : le prix AhmadouKourouma continuera à récompenser des écrivains magnifiques, telle Scholastique Mukasonga, lauréate 2012 pour son ouvrage Notre-Dame du Nil, en respectant à la lettre son esprit. Le Salon africain du livre de Genève est déjà en train de travailler à l’édition 2013, qui sera marquée par un hommage appuyé à l’immense écrivain ivoirien dix ans après sa disparition. Et à donner les moyens au prix Kourouma de récompenser y compris des auteurs publiés par des maisons d’édition africaines, lesquelles font preuve d’un dynamisme qui force l’admiration. ● ADELINE BEAUX, directrice du Salon international du livre, de la presse et de la culture de Genève

Réponse : Dont acte. Mais vous ne répondez pas à la seule question posée : pourquoi changer une équipe (qui gagne) ? ●

GROUPE JEUNE AFRIQUE

J.-L.G.

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Groupe international de presse et d’édition (25 millions € C.A. – 130 collaborateurs) spécialisé sur l’Afrique et le Moyen-Orient recherche, dans le cadre de son développement :

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PROFIL : MISSIONS : Idéalement issu(e) d’une école de jourDoté(e) d’une très bonne connaissance des acteurs et de nalisme ou titulaire d’un diplôme de l’environnement politique et social de la région (Maghreb), de sciences politiques ou littéraire, vous avez sérieuses capacités d’enquêteur et de contacts sur la zone, vous au minimum 3 ans d’expérience dans la viendrez enrichir notre équipe de journalistes, composée d’une écrite quotidienne ou magazine. quarantaine de personnes, avec comme premières : depresse Formatmissions total (avec débords coupes) Dynamique et rigoureux(se), vous savez # 8* /+%)% ,* "52.-+2"%-6 ,*/ 72'/ ,:!- ):+/ 2+1*$ L = 200 x H = 140 faire preuve de créativité, de disponibilité la responsabilité; et d’esprit d’équipe. # 82 71:7:/%-%:! ,5*!4+3-*/ *- ,* 1*7:1-2&*/9 Vous Surface utile (déllimitée en noir)possédez un réel sens d’investiga# 82 16,2.-%:! ,521-%."*/ 7:+1 !:/ ,%((61*!-*/ 7+0"%.2-%:!/ tion, une réactivité face à l’information et (papier et web). L = 185 x H = 130 des qualités rédactionnelles et relationUne réelle maîtrise des enjeux et de l’actualité d’un ou plusieurs nelles. Un très bon niveau d’anglais est pays de la région est indispensable. exigé, la connaissance de l’arabe serait Réf. : REDJA 0411 un plus. Envoyer C.V., lettre de motivation et prétentions sous références REDJA 0110 à : Jeune Afrique – Service Ressources Humaines – 57 bis, rue d’Auteuil 75016 PARIS ou par email : recrutementja@jeuneafrique.com

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HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL POLITIQUE, ÉCONOMIE, CULTURE

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Post-scriptum Fawzia Zouari

DIRECTION

RÉDACTION

J

E PROFITAIS D’UN PASSAGE ÉCLAIR à Tunis pour me faire une idée de la situation dans le pays. Je ne voulais pas frapper à la porte d’un responsable politique, craignant de choquer avec mon allure occidentale et mon français qui n’est même plus la langue de la diplomatie tunisienne ; je me refusais à parler à un député, appréhendant de tomber sur Mehrezia Labidi, la bête noire des Tunisiens ; je n’avais pas non plus envie d’entendre l’avis de mes amis intellectuels qui passent leur temps derrière leurs écrans, croyant inverser le cours de l’islamisation effrénée de la Tunisie via Facebook. Et si je faisais un tour du côté des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), le plus vieux festival de cinéma africain ? Sauf que, cette année, peu de stars ont fait le déplacement, des cinéastes l’ont boycotté, et le ministre de tutelle a eu droit au fameux « Dégage ! ». Pas de quoi donner envie. J’ai donc résolu de prendre un taxi pour un tour en ville. Mon neveu a tenté de m’en dissuader : « Tu ne vas pas monter dans un taxi maintenant ! – Il n’est que 19 heures ? – Tu n’as aucune garantie de rentrer saine et sauve. – Avant la révolution, je rentrais seule ou en taxi à 3 heures du matin: après minuit les flics n’avaient plus le droit d’arrêter les femmes au volant. – Les temps ont changé, chère tante, les femmes courent le risque de se faire violer par ceux-là mêmes qui sont censés les protéger. » J’ai pris le taxi malgré tout. Sitôt à l’intérieur, j’entends le clic de la fermeture centralisée. « Je ne tiens pas à me faire agresser, dit le conducteur. – À cette heure-ci ? – Les bandits et les affamés sont partout. C’en est fini de la sécurité d’avant. » Pour un peu, il me ferait l’éloge de Ben Ali. Mais il change de sujet : « La dernière fois, j’ai fait monter un barbu. Il m’a demandé si j’avais une fille, et, quand j’ai répondu par l’affirmative, il m’a lancé : “Fais attention, mon frère. Dès qu’elle atteindra 9 ans, il ne faut plus que tu t’assoies près d’elle, ni que tu la touches, c’est interdit par la religion.” Est-ce que je suis encore en Tunisie, Madame ? »

J’ai failli dire « non » en regardant par la vitre les nombreuses silhouettes « niqabées » qui déambulaient dans le quartier chic d’ElManar aussi nombreuses que dans les quartiers défavorisés. Soudain, je demande au taxi de s’arrêter, je viens de voir une copine. Bonjourbonjour. Que fait-elle ici ? Elle attend devant le Monoprix qu’une connaissance passe, un homme de préférence ou une Européenne, elle n’ose plus aller acheter elle-même sa canette de bière. Ah bon ! Je repars dans un autre taxi. Cette fois, le chauffeur est une femme. Et elle n’a pas peur : « La plupart de mes clients sont des clientes, alors je suis tranquille. C’est que beaucoup de mecs refusent de monter avec moi. Ils prétendent qu’un homme et une femme seuls dans un habitacle clos, comme ce taxi, ne font que tenter le diable. Ils ont un sexe à la place du cerveau, ou quoi ? » Et elle a éclaté de rire. J’ai reconnu là la verve et la modernité des femmes de mon pays, comme j’ai dû reconnaître l’efficacité de ce bon vieux tuyau journalistique : en matière d’info, le taxi vaut l’agence de presse, le terrain et le bon mot en plus. ● N 2709 • DU 9 AU 15 DÉCEMBRE 2012

Édité par SIFIJA Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 PARIS Tél. : 01 44 30 19 60 ; Télécopieurs : rédaction : 01 45 20 09 69 ; ventes : 01 45 20 09 67 ; Courriel : redaction@jeuneafrique.com Directeur de la publication : BÉCHIR BEN YAHMED (bby@jeuneafrique.com) Directeur général : Danielle Ben Yahmed Vice-présidents: Aldo de Silva, Danielle Ben Yahmed, François Soudan, Amir Ben Yahmed Actionnaire principal : Béchir Ben Yahmed

À Tunis, en taxi

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Fondé à Tunis le 17 oct. 1960 par Béchir Ben Yahmed (53e année)

JEUNE AFRIQUE

Directeur de la rédaction : François Soudan (f.soudan@jeuneafrique.com) Directeurs exécutifs : Marwane Ben Yahmed (mby@jeuneafrique.com), Amir Ben Yahmed (aby@jeuneafrique.com) Rédaction en chef : Claude Leblanc (c.leblanc@jeuneafrique.com), Élise Colette (éditions électroniques, e.colette@jeuneafrique.com), Laurent Giraud-Coudière (technique, lgc@jeuneafrique.com) Conseillers de la direction de la rédaction : Hamid Barrada, Abdelaziz Barrouhi (à Tunis), Aldo de Silva, Dominique Mataillet, Renaud de Rochebrune Secrétariat : Chantal Lossou, Joëlle Bouzignac Chefs de section : Joséphine Dedet (La semaine de J.A.), Philippe Perdrix (Grand angle), Anne Kappès-Grangé (Afrique subsaharienne), Tarek Moussa (Maghreb & Moyen-Orient), Frédéric Maury (Économie), Jean-Michel Aubriet (Europe, Amériques, Asie), Cécile Manciaux (Le Plus de J.A.), Séverine Kodjo-Grandvaux (Culture & médias), Clarisse Juompan-Yakam (Vous & nous) Secrétaires de rédaction : Sabine Clerc, Fabien Mollon, Ophélie Négros Rédaction : Pascal Airault, Youssef Aït Akdim, Stéphane Ballong, Pierre Boisselet, Julien Clémençot, Georges Dougueli, Malika Groga-Bada, Trésor Kibangula, Christophe Le Bec, Nicolas Michel, Haby Niakate, Cherif Ouazani, Michael Pauron, Abdel Pitroipa, Fanny Rey, Laurent de Saint Périer, Justine Spiegel, Tshitenge Lubabu M.K., Marie Villacèque ; collaborateurs : Edmond Bertrand, Christophe Boisbouvier, Rémi Carayol, Frida Dahmani (à Tunis), Muriel Devey, Patrick Seale ; accords spéciaux : Financial Times Responsable de la communication : Vanessa Ralli (v.ralli@jeuneafrique.com) RÉALISATION Maquette: Marc Trenson (directeur artistique), Stéphanie Creuzé, Julie Eneau, Jean-Philippe Gauthier, Éric Le Mière, Valérie Olivier; révision: Nathalie Bedjoudjou (chef de service), Vladimir Pol; fabrication: Philippe Martin (chef de service), Christian Kasongo; service photo: Dan Torres (directrice photo), Nathalie Clavé, Vincent Fournier, Claire Vattebled; documentation: Anita Corthier (chef de service), Sylvie Fournier, Florence Turenne, Angéline Veyret JEUNEAFRIQUE.COM Direction éditoriale : Élise Colette ; chefs d’édition : Pierre-François Naudé, Frédéric Maury (économie) ; rédaction : Vincent Duhem, Jean-Sébastien Josset, Mathieu Olivier, Benjamin Roger et Nicolas Teisserenc Responsable web : Jean-Marie Miny ; studio : Cristina Bautista et Maxime Pierdet VENTES ET ABONNEMENTS Directeur marketing et diffusion : Philippe Saül ; responsable des ventes adjointe : Sandra Drouet ; chefs de produit : Dhouha Boistuaud, Nawal Laadad ; abonnements : Laetitia Banelle avec: COM&COM, Groupe Jeune Afrique 18-20, avenue Édouard-Herriot, 92350 Le Plessis-Robinson. Tél. : 33 1 40 94 22 22 ; Fax : 33 1 40 94 22 32. E-mail : jeuneafrique@ cometcom.fr ●

COMMUNICATION ET PUBLICITÉ AGENCE INTERNATIONALE POUR LA DIFFUSION DE LA COMMUNICATION

S.A. au capital de 3 millions d’euros – Régie publicitaire centrale de SIFIJA 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 Paris Tél. : 01 44 30 19 60 Fax : 01 45 20 08 23/01 44 30 19 86. Courriel : regie@jeuneafrique.com

Président : Danielle Ben Yahmed ; directeur général : Amir Ben Yahmed ; direction centrale : Christine Duclos ; direction du développement : Florian Serfaty ; secrétariat : Chantal Bouillet ; chef de studio : Chrystel Carrière ; gestion et recouvrement : Pascaline Brémond ; service technique et administratif : Mohamed Diaf RÉGIES : Direction de la publicité : Laure Nitkowski, avec Catherine Weliachew, Virginie Vatin, Zehia Yahiaoui (directrices de clientèle), Nsona Kamalandua (chef de publicité), assistées de Patricia Malhaire ; annonces classées : Fabienne Lefebvre avec Blandine Delporte, Richelle Abihssira, assistées de Sylvie Largillière Chargées de mission : Nisrine Batata, Zine Ben Yahmed, Fatoumata Tandjan REPRÉSENTATIONS EXTÉRIEURES MAROC SIFIJA, Nabila Berrada. Centre commercial Paranfa, Aïn Diab, Casablanca. Tél. : (212) (5) 22 39 04 54 Fax : (212) (5) 22 39 07 16. TUNISIE SAPCOM, Mourad Larbi. 15-17, rue du 18-Janvier-1952, 1001 Tunis. Tél. : (216) 71 331 244 ; Fax : (216) 71 353 522. SOCIÉTÉ INTERNATIONALE DE FINANCEMENT ET D’INVESTISSEMENT S.C.A. au capital de 15 millions d’euros Siège social : 57 bis, rue d’Auteuil – 75016 PARIS | RCS PARIS B 784 683 484 TVA : FR47 784 683 484 000 25

Gérant commandité: Béchir Ben Yahmed; vice-présidents: Aldo de Silva, Danielle Ben Yahmed, François Soudan, Amir Ben Yahmed Directeur général adjoint: Jean-Baptiste Aubriot; secrétariat: Dominique Rouillon; contrôle de gestion: Sandrine Razafindrazaka; finances, comptabilité: Monique Éverard et Fatiha Maloum-Abtouche; juridique, administration et ressources humaines: Sylvie Vogel, avec Karine Deniau (services généraux) et Delphine Eyraud (ressources humaines); Club des actionnaires: Dominique Rouillon IMPRIMEUR SIEP - FRANCE. COMMISSION PARITAIRE: 1016C80822. DÉPÔT LÉGAL: À PARUTION. ISSN 1950-1285.

Ce numéro s’accompagne d’un encart abonnement sur une partie de la diffusion.


É L E CT R I C IT É

D ’ H A ÏT I

APPEL À MANIFESTATION D’INTÉRÊT POUR LA SÉLECTION DE FIRMES POUR LA RÉALISATION DU PLAN DE REDRESSEMENT FINANCIER DE L’EDH EDH/DP/2013/S-003 L’Electricité d’Haïti (EDH), organisme d’Etat autonome créé en 1971 et placé sous la tutelle du Ministère des Travaux Publics Transports et Communication (TPTC). Cet organisme détient le Monopole de la production, du transport, de la distribution et de la commercialisation de l’Energie Electrique sur tout le territoire de la République d’Haïti. A ce compte, il assure : (i) le service à la clientèle, soit en utilisant ses propres capacités de production, soit en s’approvisionnant à partir d’autres compagnies autorisées à produire pour son compte à travers des contrats de fournitures ; (ii) le transport, la distribution et la commercialisation du courant électrique. L’Electricité d’Haïti (EDH) a signé en août 2012 avec le Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications (MTPTC) et le Ministère des Finances (MEF) un protocole relatif à son Plan de redressement financier (PDRF) 2013-2016 sur financement des Fonds de Petro Caraïbe. Ce plan s’articule autour de quatre (4) composantes : 1. Prévisions de la demande nationale d’énergie électrique pour l’horizon 20132016 et au-delà dans une deuxième phase ; 2. Plan directeur de production, de transport, de distribution et d’électrification de la Région Métropolitaine de Port-au-Prince et des Provinces 2013-2016 ; 3. Plan d’affaires 2013-2016 ; 4. Etude tarifaire. L’objet de ce plan est de rendre à nouveau l’EDH viable, c’est-à-dire financièrement saine, rentable et solide. A cet effet, le plan doit améliorer progressivement la performance technique, commerciale et financière de l’EDH et mettre fin à toutes les subventions qu’elle reçoit des Pouvoirs publics. DESCRIPTION DES SERVICES a) Prévisions de la demande nationale d’énergie pour l’horizon 2013-2016 et audelà Les prévisions seront ventilées par zones géographiques et par types (catégories) d’abonnés. b) Plan Directeur de Production, de Transport et de Distribution A partir des prévisions de la demande future d’énergie électrique, il sera déterminé les investissements de production, de transport et de distribution ainsi que les moyens d’exploitation (combustible, entretien et personnel). Tous ces investissements seront accompagnés d’une étude technico-économique et d’une étude financière. c) Programme d’électrification Ce plan comprend : - Le Plan directeur électrification Région Métropolitaine de Port-au-Prince - Le Plan directeur électrification des Provinces - L’impact de l’électrification sur l’équilibre de l’EDH d) Plan d’affaires (Business plan) Le modèle financier devra donner les informations suivantes : - Les résultats clés - Les états financiers des 5 dernières années en input - Les états financiers prévisionnels, conformes aux normes comptables internationales (Bilan, Compte de résultat, Etat des variations des capitaux propres, Tableau des flux de trésorerie) e) Etude tarifaire : - Phase 1 technico-économique : Calcul des coûts économiques marginaux, Affectation des coûts, Etude Financière ; - Phase 2 : Analyse de la clientèle, Détermination des tarifs, Prix moyens de ventes nécessaires, Formule d’indexation. APPEL À MANIFESTATION D’INTÉRÊT La réalisation de ces études nécessite la mobilisation d’experts justifiant des compétences nécessaires pour mener à bien les prestations dans les domaines. A cette fin, l’Electricité d’Haïti (EDH) invite les Firmes ou Consultants intéressés à soumettre leurs expressions d’intérêt pour la réalisation du plan de redressement financier de l’Electricité d’Haïti (EDH) conformément à la loi du 10 juin 2009 fixant les Règles générales relatives aux marchés publics et aux conventions de concession d’ouvrage de service public. Le présent appel à manifestation d’intérêt est ouvert aux Firmes ou groupements de

Consultants justifiant : - Une connaissance approfondie des sociétés d’électricité des pays en voie de développement ; - Les Firmes, consultants ou groupements intéressés doivent fournir toutes les informations qu’ils jugent utiles à l’établissement de leur qualification pour exécuter les services demandés (brochures, références concernant l’exécution de contrats analogues déjà réalisés, le montant des honoraires facturés correspondants, expérience dans des conditions semblables, disponibilité des connaissances et des compétences nécessaires parmi le personnel, etc.). Ils doivent communiquer notamment : la présentation de leur structure, le Curriculum Vitae du ou des dirigeant(s) et du personnel clé, les domaines d’intervention de la Firme, du consultant ou du groupement. - Une compétence confirmée et une expérience avérée dans le diagnostic et le redressement des entreprises d’électricité en difficulté et des choix stratégiques - Une maîtrise solide de la prévision de la demande d’électricité, de prévision à long terme de la courbe de charge, de la planification des investissements, de production, des réseaux de transport et d’interconnexion, du développement des modèles de prévisions à long et moyen terme dans les sociétés d’électricité, d’optimisation de l’exploitation des moyens de production et du réseau, de tarification au coût marginal et en plan d’affaires. En plus des références (Expérience générale et spécifique), les Firmes, Consultants ou Groupements doivent avoir un personnel de très haut niveau dans les domaines de cette mission. Toutes les études seront réalisées en français et la Firme doit donc prouver sa capacité à travailler dans cette langue. La participation à la concurrence est ouverte aux personnes physiques nationales et internationales dotées de la capacité juridique et aux personnes morales nationales et internationales régulièrement constituées, les personnes morales nationales devant être en règle avec le fisc. (Quitus, patente, carte d’immatriculation fiscale, moniteur). Les personnes morales internationales doivent fournir l’adresse légale dans le pays ou la firme est constituée, l’année de constitution et les statuts de la firme. Pour les Groupements, le nom légal de chaque membre, la lettre d’intention et un chef de file. PASSATION DE MARCHÉS Les firmes seront sélectionnées selon les exigences requises ci-dessus. Pour être retenue, une firme doit répondre à tous les critères. Le nombre de candidats qui seront retenus et qui seront invités à présenter des propositions techniques et financières est de cinq (5). Critères d’évaluation : • L’éligibilité de la firme 10% ; • L’expérience de la firme dans l’exécution de contrats analogues 30% ; • La disponibilité de connaissances nécessaires parmi son personnel 10% ; • La situation financière de la firme (bilan 3 dernières années) 30% ; • La capacité à former et à travailler en français 20% ; Les consultants intéressés peuvent obtenir des informations supplémentaires au sujet du projet à l’adresse ci-dessous aux heures d’ouverture des bureaux entre 8H30 et 15H30 (heures locales d’Haïti) pendant les jours ouvrables jusqu’au mardi 08 janvier 2013 La durée des composantes (durée du projet) est de l’ordre de huit (8) mois et court de la notification du marché au dépôt du rapport final. Les Firmes, Consultants ou Groupements intéressés sont invités à faire parvenir ou à déposer les manifestations d’intérêt rédigées en langue française, sous plis fermés scellés et en cinq (5) exemplaires portant la mention « Appel à manifestation d’intérêt pour la réalisation du plan de redressement financier », au plus tard, le mercredi 23 janvier 2013, à 10 h AM date limite d’ouverture des plis à l’adresse suivante : Electricité d’Haïti Direction Planification Commission Spécialisée des Marchés Publics Angle Rue Charéron et Blvd. Harry Truman, Cité de l’Exposition, Port-au-Prince – Haïti, L'ouverture des plis en séance publique interviendra à 10H30 le mercredi 23 janvier 2013 à la salle de conférence de l’Electricité d’Haïti en présence des soumissionnaires ou de leurs mandataires dûment autorisés désirant y participer.



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