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L’édito
Marwane Ben Yahmed
@marwaneBYSi vilain que ça, le petit Qatar?
Ce devait être un motif de fierté, le point d’orgue d’une stratégie de soft power et de développement économique baptisée « National Vision 2030 ». L’organisation par le Qatar de la 22e édition de la Coupe du monde de football, la première disputée en terre arabo-musulmane, obtenue il y a douze ans au détriment des États-Unis, n’en finit pourtant pas de susciter des polémiques. De son obtention, donc, toujours contro versée, car nimbée d’un épais voile de suspicion de corruption, à son coût faramineux (6 milliards d’euros pour la seule construction des huit stades nécessaires), en passant par les conditions de travail des milliers d’ouvriers venus d’Asie du Sud et d’Afrique, le non-respect des droits de l’homme (en particulier concernant les homosexuels) ou le non-sens écologique de l’édition la plus énergivore de l’histoire de la compétition. La tempête de protesta tions soulevée en Occident a atteint un niveau jamais égalé Et les appels au boycott n’ont jamais été aussi nombreux. Conclusion logique de
l’émir du Qatar : « Mon pays a été la cible d’une campagne de dénigre ment qu’aucun autre pays hôte n’a subie »
L’émirat a-t-il mérité ce traite ment? Si nombre de critiques sont fondées et auraient mérité une autre réponse de la part des dirigeants qataris qu’un déni hautain, on ne peut que constater leur virulence et la sélectivité d’une indignation essentiellement occidentale. Les accusations de corruption? C’est le lot de toutes les éditions de la Coupe du monde et des jeux Olympiques aussi d’ailleurs –, comme l’attestent le Fifagate et les multiples scandales qui ont émaillé l’histoire contempo raine de l’institution, dont seule la partie émergée de l’iceberg a donné lieu à des condamnations. Imaginer que les États-Unis, la Russie, le Brésil ou la plupart des autres candidats n’ont jamais essayé d’obtenir de manière illicite les faveurs des « décideurs » à Zurich ou ailleurs confine à l’hypocrisie Les morts sur les chantiers? Sans nier les faits et encore moins le drame humain que
cela représente, il est tout de même étrange qu’un chiffre sorti de nulle part les 6 500 morts évoqués à l’origine par le journal britannique The Guardian, en février 2021 soit à ce point repris et martelé partout dans les médias en Occident, comme s’il était parole d’évangile. Mais comme le ridicule, lui, ne tue pas, le comité chargé de la construction des stades au Qatar évoque… trois décès directement dus à des accidents de travail sur les chantiers… Les droits humains? Étrangement, la question s’est focalisée sur la non-recon naissance des droits des personnes LGBTQ+. La marque d’un fossé entre deux mondes l’Occident et le Sud, pour caricaturer qui n’ont pas les mêmes priorités Mais le premier veut à tout prix imposer les siennes au reste de l’humanité. Le sort des homosexuels, par exemple, est-il plus important que celui des femmes? Aucun déluge de critiques similaires en matière de droits de l’homme ne s’est abattu sur la Chine ou sur la Russie lors des JO d’hiver 2022 ou de la Coupe du monde 2018. Les deux ne sont pourtant guère des parangons
de vertu dans ce domaine. « Deux poids, deux mesures », pense une partie de la rue arabe qui, elle, exalte sa fierté de voir un « pays frère » organiser l’événement sportif le plus populaire de la planète.
Si leur ressentiment à l’égard du traitement infligé à la « Coupe du monde des Arabes », comme l’avait appelée l’émir Tamim Al Thani lors du passage de témoin avec Vladimir Poutine, en 2018, est réel et en partie fondé tant les critiques peuvent sembler excessives, condescen dantes, hypocrites et, dans certains cas, tout simplement racistes, les « frères » arabo-musulmans du petit émirat gazier doivent cependant pousser leur réflexion un peu plus loin. Le Qatar mérite-t-il vraiment leur soutien pour d’autres raisons que le pavlovien réflexe de fierté identitaire? Pas vraiment… Déjà, à l’occasion de ce fameux Mondial, les autorités de Doha, qui n’ont pas vraiment de problèmes de fin de mois ni de trésorerie, auraient pu inviter des ressortissants de la région et du Maghreb, a fortiori parmi les suppor teurs des nations qualifiées pour la phase finale ou à tout le moins leur proposer des tarifs plus accessibles. Des jeunes, des étudiants, des fans de foot, ceux qui n’ont pas les moyens de voir jouer leurs idoles, des dirigeants et des cadres de clubs modestes, des orphelins, que sais-je. C’était le moment d’ouvrir les bras, de faire preuve de solidarité et de prouver que cette édition était bien celle de tout un peuple, de Rabat à Bagdad. Résultat : walou, comme on dit chez nous…
Au-delà de cet acte manqué ponctuel, et donc cette occasion gâchée de faire montre d’empa thie à l’égard des siens, le Qatar a également largement démontré depuis plus d’une décennie qu’il ne pouvait incarner un exemple et un soutien pour le monde arabe. Si le troisième détenteur de réserves gazières au monde, aux moyens quasi illimités, s’est efforcé d’imposer sa « marque » en investissant massivement dans le sport (Paris Saint-Germain, BeIN Sports, Coupe du monde), dans
les villes les plus chics et leurs palaces (Paris, Londres, New York…) ou dans les grandes entreprises (Accor, EADS, Volkswagen, Total, Lagardère, Rosneft…), portant à près de 500 milliards de dollars les actifs
Humour
Pour réfléchir ou sourire, chaque mois, notre sélection des citations les plus marquantes, les plus intelligentes ou les plus drôles. M.B.Y.
Le monde appartient aux optimistes, les pessimistes ne sont que des spectateurs François Guizot
de son fonds souverain, force est de constater que son empreinte dans le monde arabe est presque nulle, pour ne pas dire négative. L’émirat avait fait des Printemps arabes la matrice de sa supposée volonté d’accompagner la démocratisation de la région. Il en est finalement arrivé à participer financièrement et militairement au renversement de Mouammar Kadhafi en Libye, avec les conséquences que l’on connaît, et à appuyer les mouve ments islamistes un peu partout dans le monde, notamment les Frères musulmans en Égypte et Ennahdha en Tunisie. En revanche, quand il s’est agi d’aider ces deux derniers États, et non la formation politique de leur choix, à gérer des transitions démocratiques délicates ou à les accompagner financière ment pour sortir de la crise, fût-ce par des prêts, rien du tout. Idem en Libye. Pis, les « frères » palestiniens, dont la plupart des dirigeants arabes parlent à longueur de discours pour évoquer le drame qui les accable et la nécessaire solidarité dont ils devraient être l’objet, n’ont jamais rien vu venir de Doha.
Si le Qatar ne mérite sans doute pas l’avalanche de critiques qui s’est abattue sur lui à l’occasion de cette Coupe du monde, il ne mérite pas non plus le soutien d’un monde arabe qui visiblement ne lui importe guère plus que la dernière lubie de Neymar ou l’achat d’un énième immeuble dans le 8e arrondissement de Paris…
On ne secoue pas un sac de piment lorsqu’on ne connaît pas la direction du vent Ligeor Nsongola
Un jour l’amour a dit à l’amitié : « Pourquoi existes-tu puisque je suis là? » L’amitié lui a répondu : « Pour amener un sourire là où tu as laissé des larmes » Friedrich Nietzsche
Chaque parole a une conséquence. Chaque silence aussi. Jean-Paul Sartre
Les émotions les plus belles sont celles que tu ne sais pas expliquer Charles Baudelaire
Aucundélugede critiquessimilaires nes’estabattusur laRussieen2018ou surlaChineen2022.
C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas.
Victor Hugo
On a deux vies. Et la deuxième commence le jour où l’on se rend compte qu’on en a qu’une. Confucius
et sagesse
PREMIER
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Jaynet Kabila
La sœur jumelle de l’ancien présidentcongolais,qui jouit d’une grande influence auprèsde son frère, s’estlivrée àune attaqueenrègle contre Kigalidevant le Parlement panafricain.
1 Aînée
«Elle estnée le même jour que Joseph, mais avant lui », souligne l’un desintimesdelafamille Kabila. Jaynet esteneffet la premièredes jumeaux àvoirlejour le 4juin 1971, àHewaBora, dans le Sud-Kivu. Ils sont depuis toujoursextrêmement proches.
2 Fille de
Parmi lesseptenfants, c’était la seule que Laurent-DésiréKabila «craignait », selon le terme d’un membredeson entourage. Petite, elle était le plus souvent épargnée par la colère–etles punitions –de sonpère.
3 Fervente protestante
Elle joue le rôle de cheffedefamille auprès de ses frères et sœursetde leursenfants. C’estelle qui acrééla
fondation Laurent-DésiréKabila et qui s’occupedes affaires familiales. Ferventeprotestante, elle ne se déplace jamais sans une Bible et n’a jamais étémariée.
4 Combattante
Néedans le maquis, elle aété formée dèsl’enfance àl’usage desarmes. Elle afait une grande partie de soncursus scolaireenTanzanie, où elle aégalement effectué son service national. En 2019, alors qu’il forme une coalition avec le camp Tshisekedi, Joseph Kabila la choisit pour présider la Commission défenseetsécuritédel’Assemblée nationale
5 Discrète
Elle estdécritecomme une femme complexemais discrète. Sesprises de parole sont rares,elle atoujours refusédecirculer en convoietne s’ de gardesducorps.
(FCC). Lors desréunions du parti, elle esttrèsécoutée.
8 «Mauvaise foi »rwandaise
«Nousavons certes120 groupes armésauCongo, maisleplus grand problème,c’est le Rwanda, qui soutient le M23»,a-t-elle asséné début novembredevant le Parlement panafricain, en Afrique du Sud. «Les FDLR [Forcesdémocratiquesdelibé ration du Rwanda] ont tué beaucoup plus de Congolais que de Rwandais. C’estdelamauvaisefoi [de la part du Rwanda] de continuer àparler de cettehistoire», a-t-elle poursuivi, alorsque Kigali, accusépar la RDC de soutenir le M23, reproche à Kinshasad’aider lesFDLR.
9 Communicante
sonprésident de ticipéaux législa ans la circonscrip Kalemie.Personne n’apu se présenterde 2018.Elle estdonc l’une desreprésen nganyika, dont sonfrère erneur avant d’être 21
écoutée eillèrelaplus influente seph Kabila lorsqu’il au pouvoir,elle continue àjouer un rôle majeur auprès de lui comme au sein du Front commun pour le Congo
Elle estla copropriétairedeDigital Congo, chaîne de télévision fondée en 2005 pour soutenir la campagne de Joseph Kabila en vue de la présidentielle de 2006.Elle asuivi desétudesdecommunication, notamment en Namibie,où elle aobtenuundoctorat.
10 Panama Papers
Elle aété citée en 2016dans l’enquête desPanama Papers. Selon celle-ci, elle acrééune sociétéoffshorebasée dans le Pacifique sud, dèsl’arrivée au pouvoir de sonjumeau, en 2001. Elle codétenait cettesociétéavecun proche,Kalume Nyembwe Feruzi, le fils de l’ancien patron de l’Agence nationale de renseignement (ANR), Didier Kazadi Nyembwe. Elle aaussi étéindexée par CongoHold-Up, une enquêteselon laquelle sa famille s'est enrichie de plusieursdizaines de millions de dollarsdurant la présidence de Joseph Kabila.
Anna Sylvestre-Treiner
SÉROPOPSTAR
Aujourd’hui, avec lestraitements, une personne séropositivepeutavoir desenfants sans transmettreleVIH. Plusd’infos sur QuestionSexualité.fr
Réalisé dans le respect des protocolessanitaires. Continuons de respecterles gestes barrières Continuons de porter un masque partoutoùilest recommandépar lesautorités scientifiques.
Joël Té-LéssiaAssoko
Forcemajeure
surviennent des«cas de force majeure»,des «actes de Dieu ». Entendez :des décisions des Occidentaux.Ilsedit que les déboires d’Accraont étéexacerbés par lesagences de notation occidentales. Des financiers africains pourtant bien informés adhèrent àlathèse selon laquelle une application irraisonnéedes critères ESG(environnementaux,sociaux et de gouvernance) explique la dégradation de la notation du pays, qui aurait par ricochet aggravé la dépréciation du cédi, l’inflation et le malheur despopulations locales.
«Carcan monétaire »
Les autorités économiques et monétaires françaises auraient pu nous épargner l’incongru moment d’autosatisfaction enduréàlami-novembre, àlasortiedudernier rapport économique et financier sur la coopération avec leszones monétaires africaines. «Imaginez, si le Mali ou le Burkina Faso,en proieàdes successions de crises politiquesetsécuritaires,avaient leur propremonnaie.Celles-ci s’effondreraient face aux devises internationales, avec comme conséquence la “dollarisation” deséconomies»,ont-elles indiqué à Jeune Afrique.Est-il sage de relancer le débat sur le franc CFA, alorsque l’habituel chœur dénonçant la «servitude monétaire»semble dépassé par lesévénements? Peut-être. Depuisledébutdel’année, le cédi acédé57%face au dollar américain, contre8,6 %pour le francCFA. Ducôtéd’Accra, l’inflation aatteint 37,2 %en septembre, soit quatrefois la limitesouhaitée parles autorités monétaires.Etcela malgréles interventionsdésespérées de la Banque du Ghana,qui arelevéson taux directeur de 11points depuis un an. Le Nigeria s’en sort mieux, si l’on peut dire,avecune inflation de 20,8 %seulement, soit deux
fois àpeinelalimite supérieure souhaitée par la CBN. Entre temps, elle resteau-dessous de 8% dans la zone Uemoa, et de 4,1% dans la Cemacselon la BCEAO. Lescontempteursdufranc CFA souhaitent-ils àces pays le sort du Ghana? «Ils diront que leschiffres publiésnesont pas vrais et que la population ghanéennevit bien J’ai déjà entendu cela », regrette un financier abidjanais
La France peut se défendre–ou s’enfoncer –touteseulequand il s’agit de ses relations avec sesanciennescolonies. Mais le fait estqu’il n’yanimiracle ni malédiction en matièrede politique économique.Hormis pour ceux qui persistent àcroire que lesdécisions prises parles Étatsafricains n’ont aucune conséquence,que catastrophes et réussites adviennent comme
Personne n’aobligé le gouverne ment d’Accra àaccroîtresadette extérieure, à82%du PIBen2021, quand Abidjan maintenait ce ratioautour de 51 %, au-dessous de la limitede70% imposée par le «carcan monétaire»,c’est-àdireles critères de convergence économique de la zone Uemoa. Pense-t-onvraiment que les autorités ivoiriennesn’auraient passouhaitéobtenir plus de financements? Et qui abien pu «contraindre »legouvernement du président Nana Akufo-Addo de recourir àdes endettementsdecourtterme aussi onéreux?Ils sont estimésà plus de 16 %deladetteexterne, soit quatrefois le niveau observé en Côte d’Ivoireetplusdecinq fois celui du Cameroun.Qui peut croireque c’estl’expertise économique desimpayables autorités militaires de Bamako qui aconvaincu le marché régional de prêter 12 milliards de FCFA (18,2 millions d’euros)au Mali au début de novembre, au taux extraordinairede6,6 %pour une maturitédeseptans?C’est à peine 1point de plus que le taux exigépar lesinvestisseurspour la Côte d’Ivoire. Et ce alorsque la detteghanéenne d’une maturité similaireatteint un taux d’intérêt de 40 %. La soliditédufranc CFA estaucœur de cesdifférencesde traitement. CQFD.
Rédacteur en chef adjoint à JeuneAfriqueLe fait estqu’il n’yanimiracle ni malédiction en matièredepolitique économique.
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MARWANE BEN YAHMED ILLUSTRATIONS : ADAM ILCI POUR JAQue retenir de cette année qui s’achève ? Dans la continuité de 2020 et de 2021, le sentiment le plus perceptible est l’inquiétude ; le constat le plus objectif, la régres sion. Coups d’État militaires et transitions tronquées au Mali, en Guinée, au Tchad, au Soudan et au Burkina. Propagation du jihadisme au Sahel. Guerre civile tragique en Éthiopie. Résurgence du conflit qui mine l’est de la RD Congo et menace d’embraser la région des Grands Lacs Croissance en berne Pis, l’Afrique est confrontée à de puissants vents contraires et à des
crises dont elle n’est pas respon sable : Covid-19, réchauffement climatique, guerre en Ukraine, creusement des inégalités, hausse sidérante du coût de la vie, affres d’un système financier international qui la pénalise.
Les adeptes de la méthode Coué pourront toujours évoquer cette formidable résilience qui fait que l’édifice ne s’effondre pas malgré les lézardes qui se multiplient. Ils n’auront pas tout à fait tort Mais serrer les dents, faire le dos rond en priant de voir poindre le bout du tunnel ne fait pas office de stratégie pour en sortir, ni, surtout, pour préparer l’avenir
L’Afrique de demain, plus moderne, plus juste et fière d’elle-même car elle exploiterait enfin de manière souveraine ses ressources inouïes et ce potentiel
que tout le monde lui reconnaît, se construit aujourd’hui. Hélas ! ce n’est pas grâce à nos dirigeants, qui, dans leur grande majorité, ne brillent pas par la sagesse de leur gouvernance ou par leur vision. « Le politicien pense à la prochaine élection. L’homme d’État, à la prochaine génération », écrivait le théologien américain James Freeman Clarke. Nous avons donc affaire à des politiciens…
Courage et détermination
En revanche, dans la plus grande discrétion mais aussi dans le plus criant manque de reconnaissance –, de nombreux Africains s’efforcent de changer notre continent, refusant la fatalité de l’inertie Chacun dans leur domaine, grâce à leur détermination et à leur courage, ils font bouger les lignes, secouent le cocotier, s’évertuent à briser les multiples plafonds de verre et les carcans qui freinent le progrès ou excluent des pans entiers de nos populations, en particulier les femmes et les jeunes. Ils se battent pour la justice, l’État de droit, la démocratie, la préservation de l’environnement, l’innovation et la recherche, une finance plus accessible et plus solidaire, l’émergence d’indus tries culturelles et créatives. Et tentent de mettre fin à la corruption, aux conservatismes en tout genre, aux systèmes politiques qui secrètent tant d’inégalités ou de gabegie.
Nous avons choisi de consacrer l’« Enquête » de ce mois, le dernier de l’année, à ces héros plus ou moins anonymes qui méritent d’être encouragés, soutenus et reconnus. Ils incarnent ce que l’Afrique a de meilleur, cette énergie et cette inventivité qui essaiment dans chacun des cinquante-quatre pays qui la composent, notamment parmi les plus jeunes d’entre nous. Espérons qu’ils susciteront de très nombreuses vocations…
POLITIQUE
DANIÈLE DARLAN ET MARTHA KOOME UN SEUL CREDO : LE DROIT
Le bras de fer était perdu d’avance,maiselle aura mené la bataille jusqu’aubout. Envoyée àlaretraite par FaustinArchangeTouadéra (FAT), et donc littéralement éjectée, le 25 octobre, de sonposte de présidentedelaCourconstitutionnelle de la République centrafricaine,qu’elleoccupait depuis 2017,Danièle Darlan restera dans lesmémoires comme la magistratequi aosé direnon auprésident. Engagé depuis desmois dans un projet de réformeconstitutionnelle qui lui permettrait de briguer, en 2025,untroisièmemandat, FAT s’estheurtéàune damedefer.
Durant lescinq années qu’elle apassées àlatêtedelaplus hautejuridiction du pays,cette ex-enseignante en droit public de l’universitédeBangui s’était déjà distinguée à plusieurs reprises.Enaoûtdernier,par exemple, elle s’étaitopposée
au projet re àl’adoption la cryptomon naie,soutenu parTouadér DanièleDarl pasdavantag cadeaux àl En décembr avait invalid de l’ancienp Bozizé,aum l’objet de poursuites judiciaires.
S’agissant de l’actuel projet de réformedelaConstitution, la magistratesesavait attendue au tournant,aussi bienpar l’opposition que par la majorité. L’examen de la requêtedevant laCourconstitutionnelle s’est d’ailleursdéroulédans un climat délétère, entremenacestéléphoniques, communiquésde presse incitant àlaviolence et manifestations devant le siège de l’institution. Pour avoirrefusé de céder,Darlan afinalementété remplacéepar un intérimaire, jugé proche de Touadéra.
Attendue au tournant, Martha Koomel’était elle aussi. En qualitédeprésidente de la ur suprême du Kenya, il lui combait de trancher le conteneux opposant William Ruto,le e-président,à sonrival, Raila inga.Cedernier contestait les sultatsde la présidentielledu oûtdonnant Ruto vainqueur avec àpeine 233000 voix d’écart.
Tous lesregards se sont donctournésversMartha Koome.Cettemagistrate a succédéàDavid Maraga, entrédans l’histoire du paysunjour de septembre2017après avoirprislacoura geusedécision d’invalider lavictoire
chef face plus hauteinstitution du pays en exemplepour lecontinent, et ajoutédela pression sur lesépaules de la successeusedujugeMaraga.
Àl’origine,Martha Koome n’était paspressentie pour ce poste.Avant sa nomination, en mai 2021,cette avocatede formation s’était surtout illustrée dans la défensedenombreux opposantsemprisonnéssous le régimedeDaniel arap Moi. Raila Odinga en faisait partie Ce passéaux côtésdecelui que certains surnomment «Baba» n’apas empêché la magistrate de retoquer,enmarsdernier, le projet de réformeconstitu tionnellequ’il promouvait avec Kenyatta.
Cettefois-ci, la juriste était parfaitementconscientede l’impactque représentaitsa décision dans un pays encore traumatisé parles violences postélectoralesde2007-2008 Odinga avait d’ailleursannoncé la couleur en faisantdecette nouvelle bataille judiciaire«un combat pour la démocratie et la bonnegouvernanceface aux cartels de la corruption ». Martha Koomen’a pasfléchi. Le 5septembre, elleavalidé l’élection de William Ruto.Une décision finalement«respectée» par Raila Odinga Romain Gras
AHMED RAHHOU
LE M. LOYAL DE LA CONCURRENCE
Pas un gendarme.Unarbitre. C’estainsi qu’Ahmed Rahhou voit sa nouvelle fonction de président du Conseil de laconcurrence du Maroc. À64ans, cet ingénieur originairedeMeknès, diplômé de l’École polytechnique de Paris en 1980,fait partie de ceshauts commis de l’État polyvalentsdont Mohammed VI aime às’entourer.Passé parRoyal Air Maroc, LesieurCristal, ou encore le Crédit immobilierethôtelier,qu’il asauvé de la faillite et transformé en l’une des banquesles plus compétitivesdupays, Ahmed Rahhou aensuitevécuentre Bruxelles et Rabat, àlasuitedesanomination, en février2019, au posted’ambassadeur du Maroc auprès de l’Union européenne.
En mars2021, le roile place àlatêteduConseil de la concurrence.Créée en 2009,l’institution est chargée d’assurer la transparencedes relations économiquesetdeveiller àleuréquité. Le profil éclectique et l’intégrité de Rahhou –ilnetraîne aucune casserole –fontdelui la personne idéale pour occuper ce postesensible
Sonemploi du tempsest particulièrement chargé. Depuis la libéralisation du marché des hydrocarbures,en2015,les entreprises du secteur sont en effetrégulièrementaccuséesdeprofiter de la hausse desprix pour réaliser d’énormes bénéfices. Aziz Akhannouch,l’actuelchefdu gouvernement,est d’ailleursactionnairedel’une d’elles,Afriquia.
Àlafind’avril 2022,alorsque la guerre en Ukraine aaccentuél’inflation et que lesaccusations de conflitsd’intérêts envers le gouvernement sont àleur paroxysme,leConseil de la concurrence s’autosaisit du sujet. Objectif :vérifier lesconsé quencesdel’inflation «sur le fonctionnement concurrentieldes marchésnationaux ».
L’avis qu’il émet, le 31 août, estsans appel:«Les marchésdugasoil et de l’essencesont fortement concentrés,aussi bienenamontqu’en aval, et ce malgrél’arrivéedenouveauxopérateurs, dont la taille, lesmoyens et l’originen’ont paspermis d’insuffler une nouvelle dynamique concurrentielle au sein de ces marchés. »
En théorie,les prérogativesduConseil, renfor cées en 2014, lui confèrent un pouvoir de sanction Ahmed Rahhou troquera-t-il sonmaillotd’arbitre pour un uniformedegendarme? SoufianeKhabbachi, àCasablanca
ASMAOU
DIALLO
LA CONSCIENCE DE LA GUINÉE
Douzeannéesdurant, Asmaou Diallo,accompagnée d’autres victimes, acommémoré le massacredustade de Conakry,survenu le28septembre2009.«Pour se faire entendre»,malgrétout, d’un gouvernement qui,sous AlphaCondé, ne manifestait pas la moindreintention d’ouvrir un procès.
En 2022, cetteGuinéenne vit l’aboutissementde ses longuesannéesdelutte:onzegradés au pouvoirà l’époque,dont Moussa DadisCamara,l’ancien président de latransition, comparaissent devant un tribunal. Ce funestejourde2009,lefils aîné d’Asmaou Diallo, Ali, professeur d’histoire, était allé manifester contre la candidatureducapitaine putschiste, quibriguaitlamagistraturesuprême.Ilaété tué,ainsi que 156 protestataires,
Despas auDacieux, un granD objectif
RencontRezlescRéateuRs delanouvellegénéRation quisontlesfutuRsleadeRs, poRte-paRoleet successeuRsdel’afRique.
Cettehistoirecommence en 1820 avec un garçonde ferme dans une petiteville d’Écosse.Ilseprénommait John Walker.Iln’avait pas beaucoup de ressourcesmatérielles, mais il avait une étincelle dans les yeux, une passion débordanteetun esprit innovateur.Ilvoulait être un grandhomme d’affaires et pour se lancer dans cette aventure, il vendit la ferme de sonpèreetyouvrit une épicerie. Une fois cela accompli, il avu l’opportunitédecréer et de mettre en bouteille un mélange unique de whisky pour le vendreàses clients. Au fil des ans, le petit hobbyde John dans l’arrière-boutique s’est transformé en une gigantesque distillerie écossaiseetilcommença le voyage avec sesfils pour créer ce que nousconnaissons aujourd’hui comme l’emblématique Johnnie Walker
Aujourd’hui encore, le scotch whisky primé Johnnie Walker recherche activement et célèbreceux dont l’esprit ne recule jamais. Johnnie Walker,encollaboration avec Trace Africa, acommencéson voyage au début de l’année pour trouver les 30 meilleurscréateursafricains de la prochaine génération dans les domaines de la musique, de la mode, de l’art, des médias et du cinéma. Ces créateurssontdes ambitieux, ceux qui défient le statu quo et repoussent les limites de ce qui pourrait être.Allons àlarencontrede ceux qui continuent àmarcher
De Kinshasa et Maputoà Addis et Abidjan, cescréateursont fait avanc er leur carrièreendisant “oui” aux opportunités qui se présentaient à eux. Pour beaucoup d’entreeux, la décision de fairelepremier pas aété prise.
Une fois ce premier pas franchi, tout le restesemet en place. Pour l’Ivoirienne LafalaiseDion, créatricedemode, cela acommencé par une vocation créativeetle choix de suivrecette voie.Lafalaise utilisedescaurispourcréerdesbijoux complexes, mais ce sont plusque de simples œuvres d’art -c’est aussiune déclaration de prospérité, de spiritualitéetdestatut. Comme l’explique Lafalaise, “la missionquejem’engage àmener àbien estpersonnelle, intime et collective. [...] C’est un devoir d’honorer mon héritage et d’éleverlavoix de mes ancêtresafin de briser les idées fausses qui entourent les pratiques ancestrales africaines. Je crois qu’il est important de découvrir,d’apprendreetdepartager l’expertise des artisans africains àtravers le monde.”
Le masque facial en cauris de Lafalaise, appelé Lagabaja, aété portépar la reine de la musique populaire, Beyoncé. Àson tour,cela aeuunimpactsur la carrièrede Lafalaiseetsur sonobjectif audacieux.
Cependant, emprunter le chemin de l’invincibilitéest souvent semé d’embûches. Pour la plupart des membres du Top30, seule la détermination àréussir les guide. C’est le cas d’Evelyne Ily, réalisatriceetactrice, originairedela Côted’Ivoire. Après avoir acquis de l’expériencedevant et derrièrelacaméra, Evelyne acréésa propresociété,Yevedi Production, qui viseàformer les jeunes femmes souhaitant rejoindrel’industrie du divertissement. Il est difficile pour une femme d’êtrepriseausérieux dans l’industrie du divertissement et Evelyne veut défier ce stéréotype en montrant que les femmes peuvent
être des productrices, des caméramans et des narratrices audacieuses.
Non loin d’Evelyne, l’artistevisuel Obou Gbais achoisi de considérer la pandémie du COVID comme une bénédiction plutôt que comme un défi. Comme il le dit lui-même, “la pandémie aaffecté ma créativité de manièreproductiveetpositive. J’aisoudaineuplusdetemps seul chez moi pour me concentrer sur montravailetessayerdenouveaux élémentsetméthodes. Beaucoup degens ont dû se limiter au mini mumpendantcettepériode,cequi peut être unesource d’inspiration, surtoutpourlesartistes.”
Obou acanalisésacréativité dans des pièces qui parlaient d’identité, de traumatisme et de la condition humaine. Ses œuvres ont été reconnues pour leur impact émotionnel dans le monde entier et luiont valu plusieurs expositions.
On peut affirmer que lorsque le Top 30 décidé d’aller de l’avant, il le fait àgrands pas. Ils deviennent inar rêtables, persévérantsetféroces. Ils brisent les attentes et tirentle meilleur parti de chaque situation, qu’il s’agisse d’un défi ou d’une opportunité.
Que peut apprendreleTop 30 à ceux qui veulent repousser les limites ?Ehbien, pour reprendre les motsdeJohnWalker,“Keep Walking!”
Consultez la listecomplète du Top30deKeep Walking Africa sur afRicatop30.tRace.tv
ListedeSource: BubblegumClub OkayAfrica Obou Gbais Catégorie :Art Lafalaise Dion Catégorie :Mode Evelyne Ily Catégorie :Cinéma L’abus d’alcool est dangereuxpour la santé, àconsommer avec modérationtandis qu’une centaine de femmes étaient violées par desmilitaires desforcesdedéfenseetdesécurité.
Présidentedel’Association desvictimes, parents et amisdu28septembre(Avipa), qu’elle afondéepeu après,Asmaou Diallo s’estbattue sans relâche pour que lesresponsablessoient traduitsenjustice.Un«combat laborieux », mené sous le régime de transition de Sékouba Konaté, puis sous la présidence d’Alpha Condé.
C’estfinalement un militaire, Mamadi Doumbouya, l’actuel dirigeant de latransition, qui apermisque le procèsait enfin lieu. «Il était tempsd’ouvrirles yeux desGuinéens sur ce qu’il s’estpassé ce jour-là, se félicite Asmaou Diallo.Cenesont que quelquesmilitaires qui sont devant lesjuges.Pourtant, si le procès se déroule bien, c’estlaGuinéequi gagnera. Lesgens saurontqu’il n’estplus possiblede commettreles mêmeserreurs. »
Prix Martin-Ennals (l’équivalent du Nobeldes droits de l’homme) en 2015,Asmaou Diallo se bat aussi pour que lessurvivantsdecedrame soient reconnus et indemnisés,notamment les femmesviolées,dont beaucoup ont étérépudiées par leur famille après le drameetlivrées àelles-mêmes. Pour la présidentede l’Avipa, letravail de l’association se poursuivra après le procès,mais différemment. «J’aiperdu mon fils, je ne pourrai jamais le retrouver. Mais, lorsque justice aura étérendue, j’aurailaconscience tranquille», conclut-elle.
Marième SoumaréALIOUNE TINE
FAISEUR DE PAIX
Bien malgrélui,Alioune Tine, 73 ans, sera encoreune fois sur le devant de la scènepourdissuader un chef d’État sénégalais–Macky Sallenl’occurrence –debriguer un troisièmemandat.Si, àquatorze mois de la présidentielle,ce dernier n’atoujourspas clarifié ses inten tions, sonsilence susciteuncertain embarraschez plusieursacteurs de la sociétécivile,dontAlioune Tine. «Jesuis très gêné de me tenir ànouveau auxcôtés desjeunes,dix ans après[avoirvécuune situation similaire], pour reparler de cette question », confiele militant des droitshumains, qui, le 27 octobre, alancé avec desONG l’initiative «Jàmm aGën 3e mandat»(«Mieux vaut la paixqu’un troisième mandat»).
L’ex-directeur régional d’Amnesty International pour l’Afrique de
KARIM EL AYNAOUI INFLUENCE PUISSANCE 10
Connudepuisune vingtaine d’années déjà, Karim El Aynaouifait toujours autant parler de lui. Le président exécutif de l’un desthink tanks lesplusinfluents du moment, le Policy Center for the NewSouth (PCNS), sis àRabat, estinvariablement décrit comme «l’undes profils lesplus prometteursdesagénération ».Ilcumule ce rôle,entre autres,aveccelui de membre de conseils stratégiquesouscientifiques auprès de nombreuses institutions, comme l’Autorité marocainedumarché descapitaux ou encore l’Institut français desrelations internationales (Ifri).
Mais, depuis2014, Karim El Aynaouiest surtout doyendelaFacultédegouvernance,sciences économiquesetsociales(FGSES) de l’Université Mohammed-VIPolytechnique (UM6P). Il ahéritédece poste lorsque l’École de gouvernance et d’économiede Rabat, dontil étaitle directeur, aété intégréeàl’UM6P.
l’Ouestetl’Afrique centrale s’était en effet déjà opposé,en2011-2012, àune troisième candidatured’Abdoulaye Wade (le président sortant s’était finalement incliné dans lesurnes). «Aujourd’hui, il serait incongru quejem’exclame “Macky dégage!” alorsqu’avec lesdirigeantsactuels nous avions militépour le départde Wade », explique Alioune Tine,par ailleursexpertindépendant, chargé par l’ONU d’évaluer la situation des droitsdel’homme au Mali.
Depuisplus de trenteans, ce docteur en linguistique qui aforgé sa conscience politique, àlafindes années 1970,ausein de la Ligue démocratique (LD/MPT) s’efforce d’apaiser lestensions en Afrique de l’Ouest. En juin, il acontribué àdésamorcer lacrise entrele gouvernement sénégalais et les leadersdeYewwi Askan Wi (la principalecoalition de l’opposition), qui réclamaient le rétablissement de leur liste de candidatstitulaires aux législativesdu31juillet, invalidée parleConseil constitutionnel.
Un an plus tôt, le fondateur d’AfrikajomCenter,unthink tank spécialisédans lesquestions de gouvernance,avait fait la navette entrelaprésidence,les leaders religieux et l’opposition pour obtenirla fin desmanifestations déclenchées,enmars2021, par l’arrestation d’Ousmane Sonko. Violemment réprimées,elles avaient fait quatorze morts.
Alorsque le climat politique risque de se tendre d’iciàlaprésidentielle,Alioune Tine appelle àlalibération de détenus politiquesetplaide po que Karim Wade et l’ex-maired Dakar,KhalifaSall, frappés d’ peine d’inéligibilité, recouvrent leursdroitsciviques(ils ont respectivement été condamnésàsix et cinq ansdeprison, et àde fortesamendespour «enrichissement illicite» et «escroquerie portant sur
desfonds publics »). Le plaidoyer d’Alioune Tine semble avoir étéentendu. Le 28 septembre, le chef de l’État ademandé àson ministredelaJustice «d’examiner dans lesmeilleursdélaisunschéma d’amnistie pour despersonnes ayant perduleur droit de vote ». HermannBoko
Depuis que MoulayHassanest entréàlaFGSES,en 2020,Aynaoui estl’interlocuteur privilégié pour ce quiatrait au parcoursacadémique du prince héritier Un rôle sensible,qu’il honoreenétant en contact régulier avec le prince, rapporteunproche.
En plus d’êtrel’une destêtes d’affiche du monde universitaire marocain, ceconseiller privilégié de Mostafa Terrab (le patrondugroupeOCP) estavant tout économistedeformation. Titulaired’undoctorat en économie de l’UniversitédeBordeaux,passé parla Banquemondiale et par labanque centrale du Maroc (Bank Al Maghrib),ilatout du parfait haut commis de l’État. Taiseux et discret, Karim El Aynaoui estaussi avareensorties médiatiquesqu’il estdotéd’unimpres sionnant réseau relationnel, commeentémoigne la liste desinvités de marque qu’il reçoit aux Atlantic Dialogues, la conférence annuelle du PCNS. Dans ce thinktank,conçu pour êtreun« outil d’influenceà
l’échelle internationale », Aynaoui,spécialiste reconnu de l’économie marocaineet de la macroéconomie despaysémergents, passe pour un fervent défenseur de la coopération Sud-Sud.À ce perfectionniste qui aplusieurscordes àson arcon prêtedeplusgrandes ambitions:remplacer Abdellatif Jouahri àlatêtede Bank AlMaghrib ou AhmedLahlimi Alami àcelledu Haut-Commissariat au Plan.«Des projetsréalistes, maispas pour tout de suite»,commententles uns; «des plans sur la comète », rétorquentles plus sévères, qui,sans remettreenquestion ses compétences,lui reprochent d’êtreune personnalité«controversée» et «peu diplomate».Lui dément touteambition politique,son uniqueobjectifétant de «continuer à travailler dansledomaine despolitiquespubliques, de la réflexionacadémique et sur lesdéfis du développement du Marocetdunouveau Sud ».
RymBousmid
JULES ALINGETE LE ROBIN DES BOIS CONGOLAIS ?
Lorsqu’il estnomméàla tête de l’Inspection générale desfinances (IGF)delaRDCongo,en2020, qui connaît JulesAlingeteKey? Cetexpert-comptableamenésa carrièreàl’ombre de cetteagence, puis au sein de plusieurscabinets ministériels,jusqu’à celui de l’Éco nomie nationale,oùilest directeur adjointlorsque Félix Tshisekedi le choisit.
Pour cet homme de 57 ans, originaireduMaï-Ndombe(ouest du pays), la mission s’annonce aussi largeque périlleuse :à lui de lutter contre la corruption, une des promesses phares du président.
Alingetes’y attaque tous azimuts, révolutionnant la méthode.Sanglé dans sonabacost àla Mobutu, sourcils froncés, il répond volontiersaux questions desjournalistes et rend publicslaplupart de ses rapports.Les entreprises publiques sont auditées; lessommes provenant de certaines taxes, décortiquées.Certains mastodontes congolais jusque-là intouchables
sont missur le bancdes accusés. Du «contrat du siècle »concluen 2008 avec la Chine àlagestion de la Gécamines, l’em blématique société minière, sous Albert Yuma (2010-2021), l’IG dénoncelaperte de de dollarsdurant la dencedeJosephKabi
Lesrapportsparaphé Alingetefontaussi tomber des figures de la viepolitique.Comme Matata Ponyo,l’ancien Premier ministre, misencausedans le scandale Bukanga-Lonzoetun tempsinquiétépar la justice;ou Eteni Longondo,ex-ministre de la Santéetsecrétaireadjoint de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS),mis en causepour détournementsde fonds destinés àlaluttecontrele Covid-19.Mais lesdeuxhommesfinissent parêtre blanchis et libérés.ÀlaGécamines,
rsonne t finalement inquiété, stion stères celle ses ont pas fondamentalement roche de r, et de démo cratiquesduCongo(AFDC), du président du Sénat Modeste BahatiLukwebo,Alingetes’est toujoursdéfendu d’avoirappartenu àune quelconquechapelle.Reste queson agence estdirectement rattachéeauchefdel’État,avecqui il échangerégulièrement.Alorsque la RDC entredans une annéeélectorale au coursdelaquelle le candidat Tshisekedi fera campagne, Jules Alingetetient l’occasion de fairela preuve de sonindépendance. Anna Sylvestre-Treiner
LeCameroun,paysbilingued’Afrique centraleestsituéaucœurduGolfede Guinée;sasuperficie,475000km2 pour unepopulationdeplusde27millions d’hommesetdefemmesauxtraditions richesetvariées.
Destinationtouristique,leCameroun présenteunegrandediversitéde ressourcesdueàlavariétédesonrelief, desonclimat,desafaune,ainsique desaflore.LeCamerounc’estégalement unaccèsàlamer,debellesplagesvierges etsurtout,plusieursPortsdontun, eneauprofonde.
Laforêtcamerounaiseconstituel’undes atoutsmajeursdupays;ellereprésente, àelleseulel’ensembledelaforêt équatorialeducontinent,etrenferme desessencesfortrecherchées.
LeCamerounc’estégalementune agriculturericheetdiversifiéequifait decepays,legrenierdel’Afriquecentrale. Ilestprésentécommeunscandale géologiquedufaitdesonsous-sol richeauxmineraisdivers.
LeCameroun,c’estaussi,unejeunesse bienformée,unpaysautauxdescolarité supérieuràlamoyenneenAfrique subsaharienne.
LeCameroun,c’estégalementunclimat desaffairesfavorabledufaitd’uncadre juridiqueetréglementairesincitatif.
LeCamerounc’estsurtoutunpaysaux institutionssolides,unestabilité politiquequirassure.
C’estceCameroundynamique,pacifique etfierquis’ouvreàtous,etdontlaporte d’entréeestl’AgencedePromotion desInvestissements.
AGENCE DE PROMOTION DES INVESTISSEMENTS CAMEROUN
B.P.:20771 Yaoundé www.investincameroon.net
SCIENCES, RECHERCHE, INNOV AT ION
MARAM KAIRE
L’AFRIQUE SUR ORBITE
MaramKaireavait déjà la tête dans les étoileslorsqu’il n’était qu’ungamindeDakar, s’échappant après le dîner pour observer le ciel.Enmai 2021,ilya inscrit sonpatronyme en devenant le premier Sénégalais àdonner son nom àunastéroïde.
Quand l’objetcéleste 35462est découvert par le Français Alain Maury, en 1998,MaramKaire n’aque 20 ans.Après Polytechnique Dakar,il entame ses étudesd’ingénieur àParis,etila «rangé dansune boîte» sa passion d’enfance: l’astronomie.«Tout avait commencéen 1986,quandj’avais apprisaux informations que la navetteaméri caine Challenger s’était désintégrée. Avantcela, je ne savais même pas ce qu’était l’espace», raconte-t-il. Il dévore alorsles livres des
astrophysiciensHubert Reeves et Robert Jastrowet, à14ans, construitson premier télescope, àpartir de planchesdécoupéeset de lentillesdejumelles.
«Une phrasedemon père résonne encore dans ma tête.Quand je lui ai dit que je voulais êtreastronome,ilm’a réponduque je n’aurais jamais de travail au Sénégal,qu’ici ça n’existait pas. Ça aété un déclic :j’avais le choix entreabandonner ma passion etêtrecontraint de vivreàl’étranger. J’ai décidé de mebattre pour queles autres, après moi, n’aient pas à choisir.»
Le virage estpris en décembre2005. Celuiqui estalors ingénieur en France rentre àDakar afin de «vulgariserl’astro nomie».IlcréeAfrica Space,constructeur
de microsatellites et fournisseur d’imageries satellitaires.Surtout, il lance l’Association sénégalaisepour la promotiondel’astro nomie,qui propose aux Sénégalais« de 4à 99 ans »des «baladessous lesétoiles »ouàbordde Spacebus.
S’ensuivral’organisation de trois missionsauSénégal, sous la houlettedela Nasa.« Uneprouesse dans un pays quine
compte pas d’astronomesprofessionnels! Pour n’importequi,ça aurait étéinfaisable, mais Maram l’afait!» s’exclame l’astrophysicienÉric Lagadec, qui a participéàdeuxdeces missions.
Unedétermination récompensée lorsque lesastrophysiciens français qui ont travaillé avec Maram Kairedemandent que l’astredécouvert par Mauryporte sonnom
LBACHIR BENMOHAMED L’ENNEMI DES PANDÉMIES
Directeur du laboratoirederecherche en immunologie de l’UniversitédeCalifornie-Irvine,ce chercheur marocain natif de Tagante(villageamazigh situéà18kmde Guelmim) estlacoqueluche desmédias américains depuis qu’il abreveté un vaccin universel efficacecontre toutes lesformes de coronavirus. Car, tient-il àrappeler, la pandémie de 2020 estloind’êtrela dernière.
Lbachir BenMohameds’apprêtedonc avec sonéquipe de neuf chercheurs àlancer lesessais cliniques de ce vaccin, pour lequel lesÉtats-Unis ont investi19millions de dollars(4millions pour sondéveloppementet 15 millions pour les essais cliniques). Grâce àses travaux
«Tuhonores l’astronomie, il estnormal qu’elle t’honore», écrira ce dernierà Kaire quandildonnerason nomaucorpscéleste de 10 km de diamètrequi graviteautour du Soleil, entreMarsetJupiter. Ce fut une «immense surprise, que j’ai reçue avec beaucoup d’humilité », commente l’intéressé.
«Cettereconnaissance,Maraml’a amplement méritée, mais ellevaau-delàde sa personne, ellevaut pour tout le Sénégal », estime Éric Lagadec.
Pour Maram Kaire, l’enjeu estbien là :«Je veux que lesjeunes de mon pays puissent devenir astronomesou astrophysicienss’ils le souhaitent. Ce sera possible le jour où le Sénégalsera devenu une nation spatiale. »
Manon Laplace
PATRICK ELOUNDOU PHARMA AFRICA
Dansunenvironnement très concur rentiel et encore largement dominé parles laboratoires pharmaceutiques étrangers, Patrick Eloundou afait le pari de fabriquer dans sonpays, le Cameroun, desmédicaments dequalité, conformes aux normes internationales.
Un défi qui aprisforme en 2019 avec la création de Tebimosa Pharmaceuticals.SituéeàMfomakap, danslabanlieue de Yaoundé, l’usine s’étend sur 3000m2.Elle produit quotidiennement 2millionsde compriméscontrelepaludisme,les mycoses et lesversintestinaux, ainsi que desgels désinfectants.
L’entrée de Tebimosa sur le marché desanticancéreux,en2020, arendu cesmédicaments disponibles,à un coût sept foisinférieuraux prix usuels–fruit d’une collaboration avec le laboratoiretunisien Cytopharma, qui en détient les brevets.
Patrick Eloundou et Tebimosa Pharmaceuticals pourraient-ils ravir au sous-continentindien sa premièreplace d’exportateur sur le marché africain du médicament? Pour l’anciendirecteur desfilialesde
Delpharm, Unither et PetersSurgical, ce marché,aujourd’huiévalué àprès de 500milliards de FCFA (environ 762millions d’euros), estentoutcas une aubaine pour lespaysafricains, qui pourraient en fairel’undes piliers deleurdéveloppement.
Diplômé de la facultédepharmacie deGrenoble (France), Eloundou envisagedecréer un laboratoire exclusivement consacréà l’étude des plantesutiliséesdans la médecine traditionnelleafricaine,d’oùsorti raientdes médicaments manufacturés.Pour ce faire, lesbénéfices de Tebimosasontréinvestis dansla recherche et le développement.Pour Patrick Eloundou, le cap estclair : «L’Afrique ne doit plus dépendrede l’étrangerpour se soigner. » Franck Foute, àYaoundé
et àses recherchessur l’herpès simplex,le scientifique figure, en 2022, sur la liste desnominésduprixWarren Alpert, quedécernent chaque annéelaHarvard Medical School (à Boston)etlaWarrenAlpertFoundation.
Rien ne prédestinait pourtant ce ouldchaab (« fils du peuple »), né en 1968 au Marocdans un milieu populaire–son père aété berger,puis mineur dans le norddelaFranceavant d’ouvrir une petiteépicerie àGuelmim–,à devenir une star de l’immunologie,à la tête de l’undes laboratoires de recherche lesplus importantsd’Amérique du Nord
Après une licence en biologie àlafacultédes sciences d’Agadir, puis un doctorat àl’Institut Pasteur,à Paris,
le chercheur fait un postdoctorat àl’Universitéde Californie (États-Unis), dont il agravitousles échelons. Aujourd’hui, il espère créerauMaroc le premier institut d’immunologie d’Afriqueafin d’aider lespays du continentàaffronter lesépidémiesinfectieuses, présentes et futures:« Au coursdeces vingt dernières années,beaucoup d’entreelles, commeEbola, ont débutéenAfrique,souligne-t-il. Je suis prêt àfaire béné ficier le Marocdemes vingt-cinqannées d’expérience, acquisesenEuropeetaux États-Unis, pour fairedupays la locomotive de l’Afriqueenmatière de recherche,de développement etdeproduction de vaccins. »
FadwaIslah
RACHID YAZAMI CHARGÉ ÀBLOC
À69ans, cet ingénieur diplômé de l’Institut national polytechnique de Grenoble (INPG),issud’une famille modestedeFès,areçudenombreuses récompenses, dont le prix Charles-Stark-Draper (équivalent du Nobel pour lesingénieurs) pour ses travaux de recherche sur les batteriesrechargeables. Un symposium sur la fabrication et le recyclagedurablesdes batteriessecondaires portant sonnom amême étéorganiséàlafindenovembre, en Thaïlande,enprésence de neuf Prix Nobel.
Sa découverte de l’anode graphitepour la batterie lithium-ion, qui estaucœur de la transition éner gétique,a révolutionné le monde.Lescientifique marocain ne compte pass’arrêter là :avecson équipe, àSingapour, il aprésenté, en septembre, uneinnovation permettant de recharger lesbatteriesélectriques de voitures en moins de six minutes.Une performance qui aété au cœur desdébatslorsducongrès international BatteriesEvent,enoctobre.
Rachid Yazami –qui vit entreSingapour,Grenoble et le Maroc–reste fidèle àses racines.Il afondé,àFès, un Centre d’excellence sur lesbatteries(CEB), qui apour but deformerdes ingénieurscompétentsdans ce domaine, et afait don de plusieursbrevets àson
TTribune YannGwet
A
alyste politique Ces Africains qui bousculent eprêt-à-penser
LestandardRSS.Les licences «Creative Commons ». La fameuseplateformeReddit. Toutes cescréations, et d’autres encore, portent la marque d’Aaron Swartz. Cettefigure de l’internet libre, qui,en2013,s’est donnéla mortàl’âge de 26 ans, encourait une peine de trente-cinq ans de prison et une amende de 1million de dollarsaumomentdesamort. Soncrime ?Avoir misencirculation plus de 4millions d’articles universitairesillégalementtéléchargés surlesite(payant) de la bibliothèque numériqueJSTOR.
Au-delà de sontalent, de son engagement et de ses réalisations, deux choses frappent chez cet informaticienprécoce : soncouragemoral et sonindépendance d’esprit. Dans une
interview,en2010,ilexpliquait le sentiment de frustrationqu’avait suscitéchez lui un système éducatif qu’il jugeait rigide,autoritaire, dépourvu d’ambition.
S’il fait peudedouteque «l’École »enaaliénéplusd’un, la manière dont Aaron Swartz réagissait àcette frustration était éloquente:« Je me suis misàlire deslivressur l’histoiredel’éducation, la manièredont le système éducatif fut développé,des alternativesàcesystème,lamanière dont lesgens pourraient vérita blement s’instruireplutôt que de simplement répétercequ’on leur aenseigné.Cela m’aconduit àm’interroger et àdéconstruire tout. Après la remise en cause de l’écoledans laquelle j’étais,jeme penchai surlasociétédontcette
école était le produit,les entreprises danslesquellesl’institution scolaire enverrait ses élèves,et enfinl’État qui avait édifié toute cette infrastructure. »
Passage révélateur de la densité intellectuelle du personnage, mais aussideson caractèresubversif. Avec lesaffaires Snowden et Assange, le grand public adécouvert le sort réservéàceux qui persistent àpenser hors des sentiers battusetqui ont le talent de traduireleursidées en actes.
Car«changer leschoses », c’estremettre en causel’ordre établi, contesterlalégitimitédes institutions de pouvoir.Quel que soit le domaine –scientifique, culturel, artistique –, et quelle que soit l’intention desdissidents, toutedémarchedont l’issue
pays natal. «Aveclatransitionénergétique,l’industrie marocaine aura un gros besoin de main-d’œuvreformée àces technologies, qui connaisse le fonctionnement des batteries, le circuit de fabrication ainsi que lesnormes de sécurité,explique-t-il. Le CEB permettra de répondre àcettedemande.»
Le chercheur discutepar ailleursavecdifférents partenaires de laconstruction,auMaroc,d’une usine GigaFactory de production de batteriesetdesystèmes derechargeultrarapides. S’il se réalisait, ce projet permettraitauroyaume de devenir un hub pour le continentafricain, où, pour le moment, aucun pays ne produit de batteriesaulithium.
FadwaIslah
conduitàfairetable rasedel’ordre dominant estfondamentalement politique et avocation àsusciter une réponseforte destenantsdu statu quo.
Uneépoque étrange
Lesexemplesabondent. D’une certaine manière, d’ailleurs, le test ultime pour distinguer lespersonnalités véritablement «révolutionnaires »des autres,c’est l’attitude desautorités àleur endroit.Il seraitnaïf de penser que tous ceux qui sont dans le collimateur du pouvoirsont nécessairement porteursd’un«vraichangement », certes. Mais il ne fait aucundoute que ceux qui sont adoubés par lesstructuresdepouvoir sont jugés hautement «compatibles ». Imagine-t-on Edward Snowden ou Julian Assangeinvités àla Maison-Blanche,récompensés par le gouvernement américain ?
L’Afrique ason patrimoine de game changers. Ceux-ciont souvent émergéàdes périodes où l’Histoireétait en mouvement (indépendances, luttes pour le multipartisme,etc.). Après la guerrefroide, l’Histoires’est figée –lechercheur en sciences politiquesaméricain Francis Fukuyama pensant alorsqu’elle était terminée.EnAfrique,les classeséduquées se sont «professionnalisées»:prioritéàla
carrièreetausuccèsindividuel. La mondialisation aencouragé cettetendance,offrant visibilité, statureetlauriersaux profils les plus lisses, lesplusdociles, lesplus inoffensifs.
Dansces conditions, àquoi bon «changer leschoses »?Lecynisme estd’époque.Une époque étrange, où lessupposés« leaders »africains, de demain ou d’aujourd’hui, sont cooptés, misenbouteille et
Africains qui refusedepasser sa vie entreNetflix et TikTok et s’obstine àfaireentendre une voix politiquement incorrecte.
L’émergence despuissancesque lesstratègesaméricainsqualifient de «révisionnistes »est fascinante pour deux raisons. D’abord, ces puissancescontestent l’ordre dominant. Sans surprise, ellessont férocement combattues, ce qui confirme qu’ellesincarnent bien une possiblealternative àl’ordre actuel. Ensuite, leur existence crée un espace.Toutd’uncoup, desoptions existent,denouvelles alliancessenouent, desidées qui avaient disparu de l’ordre du jour réapparaissent dans les discussions, un nouvelhorizon se dessine.
proposés au public par diverses structures dont la raison d’être est la défensedel’ordre en place.
Nous en étions là jusqu’à ce que, contre touteattente, l’Histoirese remetteenmouvement. Il yaeu l’émergencedelaChine,del’Inde, et d’autres puissancesdétermi nées às’imposer sur la scène internationale et àredéfinir l’ordre mondial, le réveil d’une Russie que l’Occident croyait avoir enterrée après l’effondrement de l’URSS, et l’arrivéesur le devant de la scène d’une générationdejeunes
«Lemonde ancien se meurt, le monde nouveau tarde àapparaître, et dans ce clair-obscur surgissent lesmonstres », avait prévenu le philosopheet théo ricien du marxisme Antonio Gramsci. Lestempsqui viennent seront troublés. Mais il yafortà parier que,dans cettepériodede bouillonnement historique, de nouvellesfigures émergeront en Afrique,déterminées,indépendantes d’esprit,capablesdepenser un monde complexeetdecréer les conditions de ruptures libératrices. Aujourd’hui, comme hier, chacun saura lesreconnaître.
Unegénération de jeunesrefuse de passer sa vie sur Netflix ou TikTok.
LUTTE CONTRE LE CONSERV AT ISME, DROIT DES FEMMES MARIE-PAULE OKRI
LA VOIX DES VIES BRISÉES
Elle passe unegrandepartiedeses journées, et parfoisdeses nuits, les yeux rivéssur sesmessages ou suspendue au téléphone.Elle répond aux questions de parentsdontunenfant aété abusé, écoute lestémoignagesd’adolescentes violées ou ienrassureune femmeque sonmari violente tente, tant bien quemal,delamettreàl’abri –laCôted’Ivoirenedispose quedehuitplaces d’accueil pour femmes battues, et desstructures privées sont en cours de création Âgée d’àpeine 30 ans, Marie-Paule Okri recueille sans faiblir tous cesrécitsde viesfracassées.Cofondatrice de la Ligue ivoirienne desdroitsdes femmes, ou Ligue225,née sur lesréseaux sociauxen avril 2020 et qui compte environ 200 bénévoles,elle incarne un féminisme
SONIA TERRAB SUR LES TRACES DE SIMONE DE BEAUVOIR
Sa tribune danslemensuel Femmes du Maroc, lorsqu’une Marocaine avait étéarrêtée pour «avortementillégal », en 2019, avait défrayé la chronique.Sur le modèle du «Manifeste des 343»(paru en 1971 dans Le Nouvel Observateur àl’initiative de Simone de Beauvoir et appelant àlalégalisation de l’avortement en France), SoniaTerrab s’étaitnotammentassociéeàla romancière LeïlaSlimani et avait rassemblé 490 signatures.
Trois ans et demi plus tard, le Collectif 490, dit MoroccanOutlaws, qu’elle acofondé,vient de déposeràlaChambre desreprésentants une pétitiondemandant unemodification de l’article 490ducodepénal, qui punit d’emprisonnement lesrelations sexuelles horsmariage. Ce dépôt,symbolique,«est déjà une victoireen soi, qui montreque tout estpossible », explique la jeune femme,qui, en plus d’accompagner lesactions coup-de poing, gère la stratégie digitale du Collectif 490. Ainsi,enseptembre, quand le décèsd’une adolescenteàlasuited’un avortement clandestin avait soulevéune vague d’indignation, SoniaTerrab avait décrétéune
journée de deuil avec,commemot de rallie ment,lehashtag #Meriem,prénomleplus donné au Maroc.
Rentréedans sonpaysen2014après avoir vécu en France,laMeknassie se démène sur tous lesfrontspourfaireévoluer lois et mentalités.Après une brèvecarrièredejournaliste, elle estaujourd’hui tout àlafois militantedes droitsdes femmes, romancièreetréalisatrice Pourtant, elleavoue n’avoirdécouvert le combat féministe qu’en2017,lorsdelaréalisation d’une sériedocumentaireproduitepar le programme Jawjab, incubateur de la sociétédeproduction de Nabil Ayouch. La sortie de Marokkiates, où la réalisatricedonnait la parole àdes Marocaines sur dessujetstabous, coïncidait avec la naissance du mouvement #MeToo :«J’ai commencé àpenser ma féminité,j’airepassé le film de ma proprevie,etje me suis souvenue desparolesdefemmesqui me racontaient des histoires terribles.»
Avec cette nouvellepétition contre la pénali sation desrelations extraconjugales, l’objectif estde«rassembler tous lesargumentsdes
combatif et n’hésite pas interpeller lesresponsablespolitiquespour queles dossiers desvictimes ne soient pasmis de côté parl’administration ou parlajustice.
La Ligue s’estrapprochéed’autresassociations ivoiriennesdeluttecontreles violencessexistes. Ellesforment aujourd’hui un largecollectif. «Nous travaillons en synergie,pourdonnerplus de poids ànotre action », se réjouitMarie-Paule Okri,qui multiplie aussi lesvoyages dans la sous-région pour rencontrer d’autres associations féministes. Elle compte même se présenteren candidateindépendanteaux élections législativesde2026. L’Assembléenecompte que 12 % de femmes. «Jesais ce que ça fait de ne pas être écoutée », sourit-elle FlorenceRichard
conservateursetdeles retournercontreeux ». Pour SoniaTerrab,l’article490 n’estque le premier d’une longue liste de textes àrevoir ou à abroger.«Onest continuellement et quotidiennementsujettesàdes discriminations,rappelle t-elle.Onn’est pas làpour fairelalibération sexuelle,maispour changertoutesles lois liberticidesrelativesaux droitssociétaux.»
JeanneLeBihanLAETITIA KY AFROFÉMINISTE ÀTOUT
CRIN
En 2022, Laetitia Ky aétabliunrecorddu monde.Celui du plus grand nombredesauts réalisés en moinsde30 secondesau-dessus de ses propres cheveux, modelésencorde àsauter.Unrecordinsoliteet, dit-elle,«un honneur ». Mais cetteIvoirienne de 26 ans aunmessage plus politique àfairepasser depuis qu’elle s’estfait connaîtresur les réseaux sociaux grâce àses impressionnantes sculptures capillairesréaliséessur sa tête avec du fil de fer –une idéeinspirée de certaines coiffures africainesremontant àlapériode précoloniale.
Devenue célèbreen2017, Laetitia Ky a rapidement comprisque l’utilisationdeses cheveux commemoded’expressionlui offrait d’infiniespossibilités pour faire entendre sa voix.Luttecontreles violencessexuelles, droit àl’avortement, célébration de la beauté desNoires–etdeleurscheveux,évidemment –, Laetitia Ky défend sa pensée féministe sur différentes plateformes(6,2millions d’abonnés sur TikTok,prèsde500000 sur Instagram).
Qu’elle fasse naîtreautour de sonvisage un voile fait de cheveux tissés pour défendrela cause desIraniennesoubien qu’elle se photographie,les cuisses couvertes de peinture rouge, pour revendiquer le droit àl’hygiène menstruelle,l’artiste déconstruit lesnon-dits liésàlacondition de la femme
Pour sa premièreexposition, Laetitia Ky a représentéson pays àlaBiennale de Venise, en avril Au même moment sortait son premierlivre, Love and Justice, qui retrace sonparcoursetprésenteses œuvres.«L’un desmoyens lespluspuissantspourlutter
ENQUÊTE
contre la violenceest d’utiliserlepouvoir de la parole.Nos voix peuvent changer desvies», a fait savoir l’artiste,qui apartagéseizehistoires d’agressionssexuellesconfiées pardes anonymes. Savoir s’accepter, défier lescanons de beauté en refusant l’épilation ou le port du soutien-gorge, lutter contre lespréjugés, protégerles femmes de la violence de genre: autant de thèmes sur lesquels elle revient sans cesse–toujoursenutilisant ses cheveux commeoutil politique.Ouvrant ainsi la voie à desdébatssur dessujetsencoretabous. Marième Soumaré
SALIMA MUKANSANGA SIFFLET ET BALLON ROND
SurWhatsApp, elle vous accueille avec gentillesseavant de conclureles salutations d’usage par un « Fine,al-hamdou lillah! », ce qui n’est pas si courant au Rwanda. En ce 26 octobre, àl’approche du Mondialdefootball au Qatar (20 novembre-18 décembre), Salima Radhia Mukansanga devient une femme pressée. À peine le contactétabli, la voici qui énumèreles activités qui l’attendent avant ce rendez-vous crucial :« Tests de fitness,sessions et tests théoriques, examens médicaux…» Pas question de fairelamoindre entorse àladisciplineque ce défi lui impose.AuQatar,cette Rwandaisefera en effet partie d’un trio inédit. Avec la Française Stéphanie FrappartetlaJaponaiseYoshimi Yamashita, elle sera l’un des105 arbitres que la Fifa aretenuspour la compétitionreine.Elles seront sixfemmes, dont trois arbitres assistantes :une premièredans une Coupedumonde masculine Àl’occasiondeladernièreCouped’Afrique desnations (CAN), au Cameroun, Salima Mukansanga avait déjà marqué l’histoiredu ballon rond en arbitrant la rencontreentrele Zimbabwe et la Guinée,le18 janvier,àYaoundé
La jeune femme avait pourtant commencé sa carrièresportive par le basket-ball, avantd’abandonner sonrêvedepratiquer ce sport en professionnelle fautedestructures adéquates dansson pays. Initiéeaufootball par sonpère, elleafinalement opté pour l’arbitrage, et, depuisl’obtention de son diplôme, en 2008,a participé ànombredecompé titions internationalesféminines:Mondialdes moins de 17 ans, CAN,Jeux olympiques… Digne représentante d’un pays qui afait de l’égalitéhomme-femme l’un de ses mantras, elle déclarait au quotidien français L’Équipe, au lendemain de la CAN :« Je voudrais ouvrir d’autres portes,etmontrer auxAfricainesqu’elles peuvent yarriveraussi.»Le20novembre, elle aura gagné sonpari. Mehdi Ba
ÉCONOMIE
MIKA DIOL LE TEMPS, C’EST DE L’ARGENT
La guerredes prixdumobile money fait rageauSénégal et en Côte d’Ivoire, pour le plus grand plaisir desconsommateurs, qui, àlafaveur desbaissestarifaires et en particulier depuis que Wave acassé lesprix destransactions, s’estiment lesgagnants de cetteconcurrence acharnée. Teln’est paslecas desagentsde distribution du mobile money, qui gèrent lesquantités d’argent liquide échangéesquotidiennement et qui constituent donc le centrenévralgique du secteur.Depuisplusieursmois, ces intermédiaires n’hésitent plusà exprimer leur mécontentement face àl’effondrement destaux de commissions, qui leur permettaient jadis de vivre. C’estce manque àgagner que l’entrepreneur sénégalais Mika Diol, 45 ans, pensepouvoir combler en proposant àces agentsdedevenir desfranchisés de sa société, KaliSpot.
Créée en 2019, la start-up alevédes fonds, en août dernier, auprès de 500 Global, un investisseur réputé de la Silicon Valley. Objectif :installer un réseau de distributeurs automatiquesdebillets de banque au Sénégal, en Côte d’Ivoire, puis dans la sous-région de l’Ouestetdu Centre.Connectés àl’internet mobile en 3G et raccordables àdes panneaux solaires,les guichetsdeKaliSpot sont disponiblesàtouteheure,ettous les joursdelasemaine. Surtout, ils sont compatiblesavec lessystèmesdes principaux acteursdumobile money,cequi permet àtout détenteur d’un portefeuille OrangeMoney, Wave ou autrederetirerde l’argent lorsqu’il le souhaiteet indépendamment deshoraires d’agence.
Pour installer rapidement ses distributeursdebillets en Afrique de l’Ouesteten Afrique centrale,Mika Diol espère convaincreles agents du mobile money qu’investir dans desappareils KaliSpot leur apportera un complément de revenu. De quoi rétablir un certain équilibredans la chaîne de valeur d’une industrie qui pèse 701milliards de dollars sur le continent et dont le Sénégalais compte capterune partsignificative.
Quentin VelluetNELLYCHATUE-DIOP REINE DU CRYPTO
Éduquer lesAfricains et leur diaspora àlafinance en utilisant la cryptomonnaie :c’est l’ambitieux défi que s’estfixé la Franco CamerounaiseNellyChatue-Diop en 2019. Conçue comme une plateforme financière, Ejara permet d’épargner et d’investir soit en actions, soit dans desmatières premières,soit en cryptomonnaies grâce àunportefeuille mobile money.L’entrepriserapproche ainsi le monde descryptomonnaies (connectéausystème bancaire, puisqu’il faut un compte bancairepour en acheter) despopulations nonbancarisées.
Avant de regagner le Cameroun, en 2020,cetteingénieureen informatique et télécommunications, forméeenFrance, avait construit l’essentiel de sa carrièreenEurope. Experteenanalysede données,elle aoccupédes postes de conseil, de management et de direction au sein desgroupes Darty, Casino ou encoreBetclic Àmesureque la pénétration du bitcoin et de sesdérivés progresse, Ejara permet aux utilisateursdecréer un portefeuille crypto-décentralisé. Sur un continent où 80 %delapopulation n’estpas bancarisée,mais où l’adoption du mobile money
connaît une croissance annuelle àdeux chiffres, nombreux sont ceux qui voient dans cettealternative au secteur financier traditionnel une menace.Ils sont tout aussi nombreux àconsidérer qu’elle peut contribuer à l’intégration économique du continent.
Fortedecetteperspective, Ejara adéjà levé2 millions de dollarsen2021etobtenu une licence de prestataire de servicessur actifs numériquesauprès de l’Autorité
LAUREEN KOUASSI-OLSSON STRATÈGE DU LUXE
françaisedes marchésfinanciers. En octobre, la jeune pousse aconclu un deuxième tour de table àhuit chiffres. Elle compte de nombreux spécialistesdes cryptomon naiesparmi sesinvestisseurs, dont leslondoniens Anthemis Group et CoinShares,ainsi que Pascal Gauthier, fondateur de la start-up françaiseLedger, leader mondial de la conservation et de la protection descryptoactifs.
Quentin Velluet«Vous avez desbombes créativesdevant vous, et vous n’en faites rien!»LorsduCreative Africa Nexus (Canex), en septembre, Laureen Kouassi-Olssonn’a pasmâchéses mots devant la ministreivoirienne de la Cultureetleprésident d’Afreximbank. Il yadeuxans,cette trentenaire, quiaconnu une première vie dans le private equity chez Lehman Brothers,Proparco et Amethis, s’estdonné une mission :aider lescréateursducontinent àentrersur le marché mondialduluxe, considéré parbeaucoup comme inaccessible. En unmot :sublimer l’exception africaine.
Depuis la fondation de sa société, Birimian, en avril 2021,cebourreau de travail adéjàsoutenu une vingtaine d’entrepreneursgrâceàson «programmed’accélération », qui portesur lesvoletsfinancement et conseil. Sept autres entrepreneursl’ont étépar le biais de sa collabora tionavecOrangeBank Africa, lancéeenseptembrelorsd’unévénement àAbidjan auquel aassisté la directrice générale du géant destélécoms, ChristelHeydemann :signeque LaureenKouassi-Olsson, alumni de l’EM Lyon et de la Harvard BusinessSchool, cibleles acteursdepremier plan. Sa stratégie :multiplier lespartenariatspour consolider le rôle de Birimian dans le paysageduluxeencorebalbutiant en Afrique.
En quelquesmois, l’entrepreneusefranco-ivoirienneaconvaincu XavierMarin, l’ancienpatron d’Eurazeo (32,5 milliards d’euros d’actifs sous gestion),delarejoindre. Elle apar ailleursétofféson comité d’investissement de pointures tellesque Frannie Léautier,associéede SouthBridge, Thomas Delattre,de l’Institut françaisdelamode, ou encore FrédéricMaus,patrondeWSN,qui promeut de nouveaux créateurslorsdes FashionWeeks. Cettefinancière pourtantpeu prolixequand il s’agit de parlerdes résultats de sa sociétés’affaireaupremier tour de table de irimianVentures, sonfonds de 30 millions de dollars.L’occasiond’accueillir un nouvel investisseur institutionnel,panafricain cette fois, pour renforcer l’ADN continentalde Birimian, dont leséquipes sont installées àAbidjan.Résolument tournée vers le continentqui l’avue grandir et qu’elle a retrouvé en 2016, LaureenKouassi-Olsson élargir rapidement sonchamp tion au Ghana et au Sénégal. De renforcer encoreletissu créatif cain.
Aurélie Benoit
ALEX ASSANVO LE ZORRO DU CACAO
Il estl’undes visages du combat que mènent Abidjan et Accrapour unemeilleure rémunération de leurscacao culteurs. Àlatêtedel’Initia tive cacao Côte d’Ivoire-Ghana depuis le début de 2021,Alex Assanvo, Ivoirien originairede Treichville, coordonne l’action desdeuxpays, respectivement premier et deuxième producteursmondiaux d’or brun, pour rééquilibrer le rapport desforcesauseindelafilière cacaoyère.Cen’est pasune minceaffaire. L’industrie mondialisée du chocolat, qui représente130 milliards de dollarsdeventes par an et fait intervenir une multitude d’acteurs(producteurs, broyeurs, traders,
Pouvez-vous vous présenter ?
HPS est un groupe créé en 1995 àCasablanca (Maroc) et spécialisé dans l’édition de solutions de paiements. Nous proposons aux acteurs du monde des paiements (émetteurs de cartes, banques, clients,entités financières, etc.) PowerCARD,unensembledesolutions via une plateforme digitalequi permetderéaliser des transactionsdemanièresimple, fluide et sécurisée. Notreplateforme est utilisée par plus de 450 entités dans plus de 90 pays. L’essentielde notrechiffred’affaires (plusde90%) est réalisé àl’international (Afrique, Moyen-Orient, Asie, Europe et Amérique du nord). HPS compte parmi ses clients8des 25 premières banques mon diales. Le groupe est présent sous la forme de filiales dans plusieurs pays (Afrique du sud,Émirats Arabes Unis, France,Maurice et Singapour) et emploie plus d’un millier de collaborateurs, dont 85 %sont Africains.
Comment l’activité a-t-elle évolué au cours de la périoderécente ? Comme dans le reste du monde, la pandémie du Covid-19 aeupour effet d’accélérer la moderni sation des systèmes de paiementenAfrique. Les paiements sanscontact et lee-commerce enregistrent des croissances très rapides. Lestaux de progression varient selon les pays mais le phénomène concerne désormais le continentdans son ensemble. Un autrephénomène intéressant concerne la mise en place par les banques centrales de plusieurs pays africains de dispositifs d’interopérabilité entreleMobile Money déve loppé par les opérateurs de télécommunications et le Mobile Banking opérépar les banques. Cetteinteropérabilité est un facteur d’inclusion financière. Enfin, on constate queles nouveaux usages ont aussi malheureusement stimulé le développement de la fraude.Les banques doivent se prémunir de façon de plus en plus efficace pour contrer les fraudeurs.
Comment intervenez-vous ? HPS propose des solutions technologiques globales pour accompagner nos clients,qui incluent la protection contrelafraude. Nous sommes en mesure d’installernotrelogiciel dans leurs data center mais nous proposons aussi un modèle «SoftwareasaService »(SaaS). Dans l’offreSaaS, HPS est responsable de toutes les questions relativesaulogiciel,à l’hébergement, àlamaintenanceetàlasécurité. C’est unesolution avan tageuse pour le client :lecoût d’investissement est réduit car le client souscrit un abonnement;
des services supplémentaires peuvent êtreintroduitsaisément; et l’équipe informatique peut se concentrer sur d’autres projets de natureplus stratégique
Quelle est votrevision en matière de Responsabilité Sociétale et Environnementale (RSE) ?
La RSE est au cœur de la stratégie de développement du groupe. Nous avons été certifiés par la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) et nous souhaitons obtenir une certification internationale d’ici 2024. L’engagement du groupe se traduit par une série d’actions concrètes via la Fondation HPS et au sein du groupe (maison mèreet filiales). Nous sommes très attachés àlaquestion du genre. Actuellement, 35%denos collaborateurs sont des femmes. Le conseil d’administration comprend trois femmes sur les dix membres. Notre objectif est d’atteindrelaparité aux différents échelons au sein du groupe.
Quels sont vos projets en Afrique ? Nous allons poursuivrenotredéveloppement en Afrique et étendrenotreprésence géographique. Notreobjectif est d’êtreprésent dans tous les pays d’Afrique àbrève échéance et nous étudions actuellement des projets d’acquisition. La dynamique de modernisation des systèmes de paiement en Afrique va se poursuivre àunrythme accéléré. Nous entendons continuer àêtreunacteur de cette transformation.
«Nous souhaitons installer notre plateforme digitale de paiements dans tous les pays d’Afrique»bdeslam Alaoui Smaili, o-fondateur et directeur général du groupe HPS HPS
chocolatiers…), s’esten effet développée au détriment desplanteurs. Maillon faible de la chaîne,ces derniersne touchent que 6%environ des revenus du secteur,unpour centageenbaisse constante depuis lesannées 1970.
Pour changer la donne,les deux voisins ont noué une alliance, «l’Opepducacao », qui, depuis 2019, impose une prime de 400dollarsla tonnedecacaoensus du prix fixésur lesmarchés àterme lorsdel’achat desfèves.Une démarche dont le bilanest mitigé:s’ilslasoutiennent sur le papier,les acheteursont trouvé desmécanismespour contourner la prime tout en recourant àd’autresfournisseursenAfrique (Cameroun et Nigeria), mais aussien Amérique du Sud.
Parallèlement àcettebataille pour une meilleurerémuné ration desplanteurs, tous les acteurs, publicsouprivés, géants(Mars,Mondelez, Barry Callebaut,Olam,Cargill…) ou entreprises de tailleplus modeste (Cémoi,coopéra tives…),s’efforcent de rendre la cultureducacao plus durable en luttant contre la défores tationetcontreletravail des enfants. Un enjeu majeur en Côte d’Ivoire, qui aperdu la majoritédeson couvert forestierdepuis les années1960 et où près de 800000 enfants mineurstravaillentdans la cacaoculture.
Passé par la GIZ (l’agence allemandedecoopération), puis par l’organisme de certification Fairtrade,puis par Mondelez et Mars avant de rejoindre l’Initiative Côte d’Ivoire-Ghana, Alex Assanvo croitaux vertus du dialogue pour faireprévaloirl’intérêt desplanteurs. L’Initiative,qui arécemment haussé le ton, compte aussi sur la future adhésion de Yaoundé et d’Abuja pour se renforcer. Le plus dur resteàfaire. Estelle Maussion
ZIED ET OMAR GUIGA SUR LA ROUTE DU SUCCÈS
LesTunisiens ZiedetOmar Guiga ne sont pas lespremiersàavoir eu l’idée de construiredes voitures made in Africa. Mais Wallyscar,qu’ils ont fondée en 2006,est l’une desrares entreprises africainesà concevoir,fabriquer, vendre, exporteretassurer un service après ventesur d’autres continents–jusqu’à l’île Saint-Martin, aux Caraïbes,oùles deux frères ont vécu dans leur enfance.
La carrosserie en fibredeverredumodèle de référence,leSUV Iris, ne surprend plus lesautomobilistestunisiens. Elle séduit jusqu’auMoyen Orient, où Wallyscar réalise30% de sonchiffre d’affaires,qui aatteint 21 millions d’euros en 2021.
Zied(42 ans), «fan »demotorisation, et Omar(37 ans), «fondu »dedesign, proposent desvéhiculesbon marché,aux contoursaffirmés, comme la Wallys 619, au style rétro, la moins chèredumarché (moins de 10 000 euros). «Onaime ou on déteste,mais on ne restepas indifférent », lance l’aîné. Wallyscar sortira très prochainement cinq nouveaux modèlessur autant de segmentsdifférents.
Pour pérenniser leur entreprise, qui procure120 emplois, directs et indirects,les frères Guiga misent sur la frugalité. Près de 60 %des piècesdu modèle Iris sont ainsi fabriquées en Tunisie.Les entrepreneursregardent de loin la frénésie desmoteurs électriques:«Latechnologie électrique est plus polluantequ’un moteur essence sur une petitecitadine,assurent-ils. Il faut beaucoup d’eaupour extrairelelithium, indispensable aux batteries. Or le continent manque d’eau. »Cela ne signifie pas pour autant qu’il faille fabriquer desvoitures surles modèlesd’il yaquaranteans. ZiedGuiga est très attentif au progrèsdes moteursàhydrogène,une vision qui aséduit le KIA (fonds souverain koweïtien), actionnairedepuis 2019.
Le choix d’une production en série mais en petitequantité(1800 véhicules par an) ne permet pas une expansion infinie,ceque lesfrèresGuiga ne recherchent d’ailleurspas. Mais ils lorgnent horsdes frontières tunisiennes et commencent àintéresserlemarché international. Des entrepreneurs et desfinanciersmoyen-orientaux ont fait appel àleur expérience pour dupliquer la réussitedeWallyscar chez eux.
Ziedaime àrappeler la genèse du projet. En 2004, sur lesîlesdeWallis et Futuna, il tombeenarrêt devant une Jeep Grandin Dallas, célèbrevoiture de plagesans toit et àlacarrosserie minimaliste.Les jourssuivants, il discute avec sonconcepteur,René Boesch. Quatreans plus tard, le prototypeIzis, voituredeplagedeWallyscar,créelebuzz au Mondial de l’automobile,à Paris. Quatorze ans plus tard, lesfrèresGuiga ont acquis une renommée internationale
MathieuGaltier,à Tunis
CUL TURE
BAUDOUIN MOUANDA LA VIE EN COULEURS
De la sériephotographique sur lessapeursde Brazzaville,qui le fit connaîtreen2008, le Congolais Baudouin Mouanda agardé la joie,l’énergieetla couleur.Son exposition àlaScam (à Paris, jusqu’au 17 mars2023) et àlaCOP27 s’attaque,certes, àun sujet bien plus dramatique –leréchauffement climatique –, mais sans pathos, jouant àlafois sur la dynamique desteintes vivesetsur l’élégance de poses soigneusement mises en scène.
N’ayantpuaccéder,pendantles inondations, aux rues et auxquartiersbrazzavillois envahispar la pluie et encombrés de câbles électriques arrachés, Baudouin Mouandas’est rendusur place après coup,invitantles habitantsàposeraveccertains de leursbiens dans un sous-sol inondé. Composant avec lesreflets d’une eaucalme, l’artistepropose, avec Cieldesaison, une série de portraits àlafois sereins et annonciateursdedésastres àvenir. «Ces photographies rappellent àtout un chacun la
nécessitédepréserver et de respecterl’environne ment,sous peine de [subir des] représaillesnaturelles»,indique l’artiste,qui areçupour ce travail le prix Roger-Pic –lejurysaluant «untravail remarquable,nécessaire, documentant et interrogeant le réel avec humanité, singularité et humour ». Les connaisseursy liront aussides références stylistiquesaux grands peintres populaires desdeux Congos.
Photouin, comme il estparfoissurnommé,a commencé sa carrièreen1993etn’a depuis cesséde s’intéresseràl’histoiredeson pays, ycompris àses heures lesplus sombres.Exposéaux Rencontres de Bamako (Mali) et aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles(France), il areçude nombreux prix et collaborerégulièrement avec la presse,dont Jeune Afrique. Membre du collectif Afrique in Visu, Mouanda estaussi unpasseur qui s’engageauquotidien, utilisant sonart comme un levier de développement. Il s’implique notamment
àMadibou, un arrondissement de Brazzaville,oùil crée Classpro-culture, un centre culturel destiné à «contribuer àl’épanouissement despopulations » parlebiais de «lieux de loisirstels qu’une biblio thèque,une salle de cinéma, une salle de spectacle, une galerie photo ». Ce centre, qui devrait ouvrir en juillet prochain, travaillera en étroiteliaison avec douzeétablissementsscolaires sur lethème de l’environnement. Il se veut aussi un lieu de vie pour l’ensemble deshabitants
Nicolas MichelYAMEN MANAÏ IL ÉTAIT UNE FABLE…
Né en 1980 àTunis, Yamen Manaïest un homme de prix Auteur de quatre romans (La Marchedel’incertitude,La Sérénade d’Ibrahim Santos, L’Amas ardent et Belabîme), il aremporté huit récompenses littéraires.Avec L’Amas ardent, unesuperbefable écologique sur la disparition desabeilles, l’auteur aobtenu,en2017, le Comard’or, le GrandPrix du roman métis et le Prix descinq continents de la Francophonie. Pour Belabîme, il s’estvu attribuer le Prix Orange du livreenAfrique en 2022.
Certes,lavaleur d’un livre ne se mesurepas aunombre de récompenses reçues.Il n’empêche :YamenManaï estunauteur àsuivre. Son écriture,vive, précise, portée parune sainecolèrecontreles injustices,l’hypocrisiesociale ou lesatteintes àl’environnement, estmiseauservice d’histoiresoriginales et de personnages attachants.
Adepte de contes philoso phiques, ce Tunisien estun
lecteur éclectique.Parmi ses auteursfavoris,ilciteaussi bienNaguib Mahfouz que DanielDefoe, Tawfiq al-Hakim qu’Émile Zola, Amin Maalouf que J.M.G. Le Clézio
S’ilafait desétudes scientifiques, iln’a jamaisoublié cettenouvelle,écriteaulycée, qui lui avait valu lesencoura gementsdeses professeurset une premièrepublication dans le journal de l’établissement. Il s’estlancé dans l’écriture à l’âgede24 ans, àlafindeses études d’ingénieur,pour faire entendreune voix singulière. «Paradoxalement,cesont les moins bons livresqui m’ont encouragéàécrire.Je me suis dit qu’il yavait une place entre le chef-d’œuvre et la médio crité, souffle-t-il en riant. Les grands auteursme coupent
dansmon élan :il me suffit de reliredeux paragraphes de Cent ans de solitude pour que je revienne sur terre. Ils me donnent juste enviedeme prosterner!»
Modeste malgré le succès de ses derniersromans,le jeune hommeneplaceque de mincesespoirs dans l’avenir de lalectureetde l’écriture,y compris dansson paysnatal, quesaprose égratigne.«Une dictature n’apas vocation à renforcerlalecture, dit-il. Au fil desans,j’aivules librairies et lesbibliothèquesfermer, j’ai constatéunrecul, affreux, du lectorat. Un Tunisienlit en moyennedeux livres dans sa vie,etle dernier c’estau lycée! »Raison de plus pour découvrir sonœuvre. Nicolas Michel
de
Centrale
Le marché des valeurs du Trésor de la CEMACaenregistréses premières émissions (Cameroun et République Centrafricaine) en novembre2011. Grâce aux réformes engagées par la Banque Centrale, le marchés’inscrit aujourd’hui dans une dynamique d’approfondissement de ses compartiments primaireetsecondairemaisaussi de son environnement.
Avec l’entrée progressive des autres États de la CEMACsur ce marché, la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) a engagé dès 2017 des actions de plusieurs ordres visantàdynamiser le marché et amener la zone vers les objectifs assignés au projet d’institution d’un marché régional des titres publics. En parallèle, la BEACaégalement finalisé en 2018la réforme de sa politique monétaire.
Réajustement du corpus réglementaire
Parlasuite, la Banque Centrale, avec le concours de l’ensemble des acteurs, s’estinscrite dans une dynamique d’approfondissement du marché des valeurs du Trésor de la CEMACàtravers le réajustement du corpusrèglementaire.Cela s’est traduit par :
-L’élargissement du statut de SVTaux sociétés de bourse.
-Larévision desdroits et obligations des SVT. -L’élaboration des Instructions portant sur les nouvelles opérations de marché :émission des titres par syndicationà domicile, réouvertures de lignes de titres, institution d’un Cadreper manent de concertation des six Trésors publics de la CEMAC, etc.
-L’implémentation du dispositif informationnel (Calendriers trimestrielsdes émissions, Bul letinTrimestriel du Marché des Titres Publics, Statistiques mensuelles du marché des valeurs
du Trésor,Tableaux hebdomadaires du marché des valeurs du Trésor,etc.).
Forte hausse du volume des titres en circulation
Une décennie après ces premières émissions, la dynamique d’approfondissement est per ceptiblesur le marché primaire avec uneforte hausse du volume des titres en circulation. À finnovembre 2019, l’encours du marché des valeurs du Trésor aatteint la barresymbolique de 2000 milliardsdeF CFA(2001,44 milliards de FCFA).
En outre, l’analyse de l’évolution de l’encours des valeurs du Trésor de la CEMACpar rapport au PIB montreque les États ont de plus en plus recours au marché pour financer leurs besoins. Au 31 août 2022, l’encours destitres émis représente 7,8 %duPIB de la CEMACcontre2,8 %en décembre2018(lors de la mise en œuvredu nouveau cadredepolitique monétaire) et 0,1 % en décembre2011.
Intérêt du secteur privé non bancaire
Pour ce qui est du marché secondairedes valeurs du Trésor,l’encours s’est également inscrit sur une tendance haussière. En outre, les placements des investisseurs institutionnels et des personnes physiques représentent 15,4 %de l’encours des titres à finaoût 2022 contre0,1%
lors de la miseenœuvredunouveau cadrede politique monétaire. Cetteévolutiondénote l’intérêt croissant du secteur privé non bancaire pour ce marché, eu égardnotamment aux perspectives de rendement offertes,aumécanisme de gestion de risque de crédit mis en place par la BEAC, àlanégociabilité des OTAetBTA,à leur admission en collatéral au compartiment des interventions de la Banque Centraleetàleur utilisation comme garanties des opérations interbancaires. La répartition de l’encoursdes titres par naturedes détenteurs finaux montre qu’au 31 août 2022, les SVTetautres banques détiennent 78,8 %des valeurs du Trésor en cir culation, contre99,9 %enjuin 2018.
Le marché des valeurs du Trésor de la CEMAC engagé dans une dynamique d’approfondissement
KOYO KOUOH DE L’ART DE GÉRER UN MUSÉE
Depuis 2019, Koyo Kouoh dirige l’un desplusimportantsmusées d’Afrique,le Zeitz Mocaa, au Cap (Afrique du Sud), sur le front de mer,dans d’ancienssilosrénovés. Auparavant,cetteCamerounaise, néeen1967,avait multiplié les missions de commissaired’exposition un peupartout sur la planète.
Célèbrepouravoir créé et, pendant longtemps, animé le centred’art RawMaterial, àDakar, elle s’estillustréepar deschoix curatoriauxoriginaux et pointus danslecadredeplusieursévéne ments de dimension internatio nale :laContemporaryAfrican Art Fair 1-54 (à Londres), la Biennale internationale EVA(en Irlande), et,plus récemment, la Triennale de la photographie de Hambourg (enAllemagne). Auparavant,elle avait participéaux grands rendezvous culturels africains que sont lesRencontres de Bamako et la Biennale de Dakar.
Lorsqu’elle aprislatêteduZeitz Mocaa, Koyo Kouoh adûaffronter deux crises majeures :celledela pandémie de Covid-19, dansunpays où le confinement aété particulièrement strict,etdes problèmes
de gestion interne.Contraintede réduiredemanièredrastique la programmation du musée,elle enaprofitépour en réformer la gouvernance.«Laparticipationau nouveau conseil d’administration estdevenue payantepour quesoit garanti un apport financier autogé néré»,nous confie l’intéressée.«Le conseil s’estpar ailleursdiversifiée accueillant de nouveaux membres tels queHasnaine Yavarhoussen, le collectionneuretphilanthrope malgache,Atose Aguele, un indus triel et collectionneur nigérian aussi puissant que discret, et Jody Allen, une philanthropeaméricaine.Gavin Jantjes, un artistesud-africain quiaune longue expérience en matièred’institutions d’art, ysiège également.Nous avonsenoutre créé un GlobalCouncil, qui réunit descollectionneurs, desartistes et desprofessionnelsdésireux de contribuer àl’essor du musée.Les plasticiennes Julie Mehretu et Wangechi Mutusontmembres de ce GlobalCouncil,que préside le collectionneurcamerounais Acha Leke.»
Pour fairefonctionner le musée, Koyo Kouoh s’appuie désormais sur
trois piliers:leconseil d’administration,censéapporterletiersdes ressources;les revenus internes (billetterie,restaurant, boutique, événements privés);enfin, l’argent généré par lespartenariatspassés avec desONG,des fondations ou dessponsors. Ce modèle pourrait inspirer lesinstitutionsappelées à fleurir sur le continent.
Quoi qu’il ensoit, le Zeitz Mocaa fera parler de lui cette annéepuisqu’il propose,jusqu’en septembre2023, une exposition ambitieusesur la figuration noire: When We SeeUs:ACenturyof BlackFiguration in Painting, qui rassemble 207œuvres, réaliséespar 67 artistes issus de 28 pays.
Nicolas MichelALICE
DIOP LA VIE TIENT ÀUNFILM
En mars2020, àlacérémonie descésars, l’actrice Aïssa Maïga dénonçaitlemanque dediversitédans lesmilieux du cinémafrançais. Deux ansetdemi plus tard, une réalisatrice française d’origine sénégalaise redessine lescontoursduseptième art, sans coups de gueule ni prises de position chargéesd’émotion.C’est en utilisant le langagedelacaméra qu’Alice Diop(43 ans) se distingue.
Àla Mostra de Venise,elle aobtenu le Liond’argent Grand Prix du jury pour sonpremier long-métrage, Saint-Omer, qui représentera la France aux Oscars.Une France où, sous sonregardacéré,une jeune Noirepeut
DIÉBÉDO FRANCIS KÉRÉ ARCHI-ÉCOLO
Créativité, durabilité et fonctionnalité.Trois mots qui caractérisent le travail de l’architecte burkinabè Diébédo Francis Kéré,installé àBerlin,enAllemagne.
Sesconstructionsécologiques–écoles, hôpitaux, lieux de culture,bâtimentspublics–,adaptées auxbesoins actuels et pour lesquellesilutilise des matériauxlocaux,sont, pour la plupart, réaliséesavec l’implication descommunautés quienseront béné ficiaires.Cettevision, engagée,deson métier avalu à Francis Kéré d’obtenir,enmars, la plus prestigieuse récompensedesadiscipline :leprixPritzker.«Il émancipeettransforme descommunautéspar le biais de l’architecture», ont estimé lesmembres du jury.
Si cettedistinction asoudain placé le discretFrancis Kéré sous la lumièredes projecteurs, il faisait déjà la fiertéduBurkina Faso,oùilconstruitdes infrastruc tures dansdes villages depuis une vingtaine d’années.Il estégalementsollicité àtravers le continent, duMali au Kenya, et aobtenu de nombreuses récompenses,dont le GlobalAward forSustainable Architecture, en 2009.
Né en 1965 àGando,dans le centre-estdupays, Kéré étudie àl’Universitétechnique de Berlin. C’estlà, au coursdesadernièreannéed’études, qu’il réaliseson premier projet d’envergure, qui guidera la suitede sa carrière. En 2004, grâce àune levée de fonds et àlaparti cipation deshabitants, il construit une école primaire dans sonvillagenatal, ce qui lui vaut, la même année, le prixAga-Khan d’architecture. Plusieursprojets suivront, au Burkina Faso,comme le village-opéra de Loango, à quelqueskilomètres de Ouagadougou, dont l’édification acommencé en 2010,àl’appel du cinéaste allemand Christoph Schlingensief (décédé cetteannée-là). Le
projet, qui attireles touristes, prévoit la réalisation d’un opéra entouréd’habitations, d’un dispensaireetd’une école.Cette dernière, déjà fonctionnelle,est construite avec desbriques de terre, et sontoit surélevépermet à l’air de circuler,rafraîchissant naturellement lespièces. L’énergie estéconomisée grâce àlalumièredujour.De larges auventsservent d’abris pour résisterà destempératuressouvent très élevéesetfaireface aux intempéries. En 2020,Kéréaachevélaconstruction de l’Institut de technologie,àKoudougou.
L’architecte enseigne par ailleursenAllemagne,en Suisse et aux États-Unis.En2017,il aconçu un pavillon d’été pour laSerpentineGallery, àLondres.Unexercice auquel d’autres architectesrenommés, tels que Zaha Hadid et Oscar Niemeyer,s’étaient pliés.
Parmi ses chantiers en cours figurent le Benga Riverside Residential CommunityProject, au Mozambique,constitué d’un ensembledelogementset d’une école (depuis 2014), le Gœthe-Institut de Dakar (lancé en 2018),etl’Assembléenationale du Bénin(en 2019)
Aïssatou Diallo
être universitaireets’exprimerdans unfrançaischâtié. Voilà, en partie, ce quedépeintcefilm inspiré de l’histoire vraiedeLaurenceColy, une Noireéduquée et lettrée,accusée d’avoirtué sa fille, et qui comparaît devant une cour d’assises sous lesyeux d’une autre jeune femmenoire, romancière, enceinte. En redistribuant lescartesetles rôles, Alice Diop asuimposer descorpsnoirsàl’écran, leur redonnerchair pour atteindrel’universel.
Lorsque cettenative d’Aulnay-sous-Bois, àla périphérie de Paris –oùelle agrandijusqu’à ses 10 ans, àl’ombredes grands ensembles de la Cité des 3000 –, pose sa caméradans lesbanlieuesfrançaises, elle ne filme pas les quartiers et lesviolences qui font lemieldes extrêmes. Elle s’attarde plutôt sur leurshabitants,pour explorer leur complexité, leur
diversitéetleur intimité,loindes stéréotypes sociaux ou raciaux auxquels on lesréduit trop souvent. Dans Vers la tendresse (César du meilleur court-métrage en 2017), la réalisatrice déconstruitlamasculinitédes hommesdes cités pour se concentrer sur le rapport àl’amour de quatre jeunes garçons auxquels tout un chacun peut s’identifier. Lorsque,cinqans plus tard, elle signe Nous, sonquatrièmedocumentaire–autitre fédérateur –, Alice Diop dresse un portrait de laFrance desbanlieues en suivantletracé du RER B, ligne de train quirelie le nord et le suddeParis…etqu’elle a emprunté une bonnepartiedesa vie.Parce quec’est bien d’un trajet au long cours qu’ilest question dans sonœuvre.Avec, pour pointdedépart,l’intime; et pour destination, l’universel.
ÉvaSauphie
Tribune
Fouad Laroui Écrivain marocain
Pour un Africain, consulter les classementsinternationaux desuniversités s’apparente àunactedepur masochisme. Qu’il s’agisse du fameux palmarès de Shanghai ou de celui du Times HigherEducation (THE), il lui faut patienter pour voir apparaîtreune universitéqui ne soit pas améri caine,européenne ou asiatique. Tout au plus peut-il s’amuser, maigreconsolation, àconstater que l’ordren’est pas le même vu d’Asie ou d’Angleterre. Shanghai proclame Harvard meilleureuniversitédu monde depuis vingt ans alorsque le THE la classe deuxièmederrière… Oxford. Et nous?Nousregardons les trains passer.
Bien sûr,ces classementssont parfois contestés, surtout par ceux qui yfigurent en mauvaiseplace. Il esteffectivement curieux qu’une institution comme l’ENS de la rue d’Ulm, àParis, qui forme la crème de la crème deschercheursfrançais, ne soit pas dans le pelotondetête. Cela estdûaux critères choisis : Shanghai comptabilise, entre autres,lenombred’articlespubliés dans lesrevues Natureet Science, ce qui pénalisela«petite »etfranco phone ENS.
«Vol
»des cerveaux
Quoi qu’il en soit, lesuniversités africainesont fortàfairepour se hisser dans cesclassements ou simplement yapparaître. En réalité, le problème estdouble Premièrement, comment attirer leschercheursles plus brillants –autrement dit, comment
concurrencerl’Europeetles ÉtatsUnis?Pour le moment, c’estmission impossible.Deuxièmement, comment retenir leslocaux lesplus prometteurs? Leur formation coûte beaucoup d’argent àdes pays aux ressourcesfinancières limitées. Des milliersdemédecins et d’ingénieurs quittent chaque annéel’Afrique pour s’installer en Europeouen Amérique.Cetransfertnet d’argent –cequ’acoûtéleur formation –ne figuredans aucune statistique. Il s’agit pourtant de centainesde millions de dollars.
d’élite?
En maidernier,leprésident américain JoeBiden avait autorisé desmilliersdeRusses àentrer et às’installeraux États-Unis sans formalités –c’étaitdit explicite ment –àcondition qu’ils soient titulaires d’un masteroud’un doctoratensciences,enparticulier en physique nucléaireouenintel ligence artificielle. Cetteinitiative sensationnellen’était que la conti nuationdelaguerrepar d’autres moyens :enl’occurrence, par le «vol »des cerveaux de l’adversaire. En consultant la liste deslauréats du prix Abel, le Nobeldes mathé maticiens,ons’aperçoit que sur lesdix dernierslamoitié sont des
Américains naturalisés de fraîche date. Quel paysafricain pourrait concurrencer lesStates dans ce jeu où lesmises sont faramineuses?
Harvard dispose àelle seule d’un capital(endowment)deprèsde 60 milliards dedollars, plus que le produit intérieurbrut du Ghana ou de la Côte d’Ivoire…
Deux solutions
L’affaireest-elle donc désespérée? Pas nécessairement. Contrevents et marées, plusieurspaysafricains se sont donné comme but l’excel lence en matièred’enseignement supérieur et de recherche.Certaines universités sont de véritables game changers dans ce domaine :elles font desefforts énergiquespour promouvoir leursélémentsles plus prometteursetpourfairerevenir ceux qui font de bellescarrières àl’étranger
Àcourtterme,deuxpolitiques peuvent êtremises en place. La première consisteà se concentrer sur desdomainespertinentspour le pays. Par exemple,leNigeria pourrait ambitionner un rôle de leaderdanslarecherche en pétro chimie,leMaroc danslafilièredu phosphate, la RDCdans lesfilières métallurgiques. La deuxième politique seraitdecréer un statut de chercheurs «associés» :ceux-ci resteraient àl’étranger maisvien draientrégulièrement enseigner ou diriger desthèses dans leur pays natal. Combinées,ces deux approchespourraientconstituer un premier pas dans la conquêtede l’excellence… et desclassements.
Bientôt des universités
Comment attirer les chercheurs lesplus brillants et retenir les profils prometteurs ?
AVIS D’EXPERT
Dans une perspectivederelance et de diversification de l’économie,une nouvelle loirelativeà l’investissement aété publiée le 28 juillet 2022. Le nouveau texte prévoit de nouveaux régimes d’incitation àl’investissementetlaréorganisation du cadreinstitutionnel. L’ambition de ce nouveau texte est de promouvoir les secteurs d’activité àforte valeur ajoutée, de valoriser l’innovation et le développementdurable et davantagerenforcer la capacité d’exportationdel’économie algérienne.
Desdispositifs d’incitation plus lisibles
Lesinvestissementséligibles peuvent désormaisbénéficier de régimes d’incitation dans certainsdomainesd’activitéà l’instar des secteursdes mines, des énergies renouvelables ou encore des technologies de l’information et de la communication. En outre, il estmis l’accent sur deszones géographiques auxquellesl’Étataccorde un intérêtparticulieroudans le contexte d’investissements dits «structurants », àhaut potentiel de création de richesses et d’emplois. L’objectif est clair :adapter le cadrejuridique des investissements àl’environnementéconomique actuel et palier auxinsuffisances du cadrelégislatif ayantjusqu’ici freiné l’intégration de l’économiealgérienne aux chaînes de valeurs.
Que cela soit en phase de réalisation ou d’exploitation, lesinvestissements éligibles bénéficieront d’exonérations de droits de douane, de TVA, d’impôtsur les sociétésoudetaxefoncière. La durée des avantages, et afortioriles délaisderéalisation de l’investissement, sontfixés de trois àcinq ans en phase de réalisation et de cinq àdix ans en phase d’exploitation. Ces durées ne pourrontêtreprorogées qu’exceptionnellementd’un an ou deux lorsque la réalisation de l’investissementdépasse un certain tauxd’avancement. Surcedernier point,onpeutsaluer la prise en compte de la réalité bureaucratique algérienne bien que lesdélais réels d’achèvement desphases de réalisation des projets en Algérie dépassenttrèssouvent les 5années.
Uncadreinstitutionnel amélioré
La principale réforme de ce nouveau cadrelégislatifréside dans le remaniement des prérogativesdes institutionsenchargede l’investissement et du renforcementdeleur rôle d’accompagnementdes investisseursavecnotamment la résurrection des
LPA-CGR avocats
136 av.des Champs-Elysées 75008 Paris Tél.:33(0)1 53 93 30 00 paris@lpalaw.com
Samir Sayah
LPA-CGR avocats
«Laprincipale réforme de ce nouveau cadrelégislatifréside dans le remaniement des prérogatives des institutions responsables de l’investissement et la résurrection des “guichets uniques”afinde tenter d’en finir avec les lourdeurs administratives locales. »
«guichets uniques»afindetenterencoreune fois d’enfiniravec les lourdeursadministratives. Ainsi les formalités administratives devraient-elles êtrefacilitéesaveclerenforcement de l’Agence nationaledepromotion de l’investissement qui se voit attribuer de nouvelles missions. L’Agencejouera notamment le rôle de guichet unique pour les investissements structurants ainsi que pourl’ensemble des investissements étrangers. Le dispositif s’appuieraégalementsur des guichetsdécentralisés permettantunsuivi des investissements au niveau local.
La réforme s’appuie égalementsur l’institution d’une haute commission nationaledes recoursliés àl’investissement, chargée de statuer,dansundélai d’un mois, sur les recours introduits par les investisseurs.
On notera enfin la volonté réaffirmée de l’Etat de stabiliser le cadrejuridique des investissements àtravers une disposition prémunissantles investisseurscontreles abrogations et les modifications du régime sous lequel ils ontréalisé leursinvestissements. Pour autant, le cadrelégislatif et règlementaire des investissements aété modifiéà de nombreuses reprises depuis 2001. Ilconviendradoncd’êtreattentif àlaportée réelle de cette disposition.
DÉFENSE DE L’ ENVIRONNEMENT
IRÈNE WABIWABETOKO ET SANDRA IDOSSOU DAMES NATURE
D’un côté,les étendues menacées du deuxième poumon vert de laplanète. De l’autre, lesloquesdeplastiques qui parsèment lespaysages béninois. Irène Wabiwa Betoko (RD Congo) etSandra Idossou (Bénin) ne se connaissent pas. Àquelque2000 km l’une de l’autre,ellesmènent pourtant un même combaten faveur de la préservation de l’environnement.
Unecausepour laquelle Irène Wabiwa Betoko arejoint l’ONG Greenpeace il yaplusdedouze ans. Pour elle, la luttepasse par la sauvegarde du bassin forestier du Congo, deuxième forêttropicaleaumonde après l’Amazonie. Sonengagement acommencésur lesbancsde l’UniversitédeKinshasa, quand elle étudiait le droit international. «Mapremièremotivation, en tant qu’avocate, était de défendreles droitsdes communautés locales,qui n’ontpas la possibilitédesefaireentendre. La sauvegarde de l’environne ment en fait partie », explique t-elle.À peine diplômée, la Congolaisefonde,en2008, avec descamaradesd’école,le
Conseilpour ladéfense environnementale par la légalité et la traçabilité (Codelt). «Il s’agissait de voir si la législation nationale était adaptéeaux enjeux en matièredeprotectiondelaforêt et, lorsqu’elle ne l’étaitpas, de soumettre des propositions de lois », précisela militante-juriste.
Deux ans plus tard, elle rejoint Greenpeace et ferraillecontre la coupedeboisillégale et la prédation foncière.«J’airéalisé qu’auseind’une structure comme celle-là desenjeux locaux pouvaient avoir un écho national et international», assure-t-elle.
Sandra Idossou, elle,se bat horsdetoutechapelle, convaincueque «chacun peut agir àson échelle et faireévoluer la société».Ledéclic survient en 2017.«J’avais vécu pendant dix ans au Rwanda, où la préservation de l’environnement est prisetrèsausérieux. Je m’imaginais que c’était la norme.À mon retour au Bénin, j’ai réaliséque le rapportàlanaturedeKigali était l’exception », raconte-t-elle. Elle lance d’abordune pétition visantàinterdirel’emballage
desalimentsdansdes «sachets plastiquestoxiques ». Puis lève des«armées de bénévoles»afin de collecter le plastique qui se déverse partout dans la capitale béninoise. Ils sont quelques dizaines, lorsdes premières mobilisations,en2017.Cinqans plus tard,plusde500 volontaires se mobilisent àl’occasion de la Journée mondialedu nettoyage.
«Jen’aijamais vraiment décidé d’êtremilitante,mais que fairequand un gouvernement ne faitpas appliquer ses propres règles?AuBénin, il suffitde regarder autour de soi. La loi interdisant lessachets plastiquesnon biodégradablesn’a strictementrien changé!»
Le constat d’Irène Wabiwa Betoko n’estpas moinssévère. «Quand deshectares de forêt sont toujoursmonnayéscomme une vulgairemarchandise, le combat se mène évidemment contrel’État. Il faut êtrelucide : en RDC, ce sont les autorités censéesprotégernos espaces naturels etfairerespecter la loi qui la violent impunément et bradent nosforêts. »
Manon LaplaceRÉSEAUX SOCIAUX
CRAZY SALLY VLOGUEUSE EN VOGUE
Où sont les Noirs?.C’est le titredudocumentairedelajournalist militante RokhayaDiallo,sorti en 2020.Lemanque de représen tivitédes personnesnoiresetracisées touche,enFrance,tousle aspects de la vie publique etartistique.Cevide, l’influenceuse Salima JeannePoumbga,connue sous le pseudonyme Crazy Sally(ou juste Sally),ledénonce depuis la création de sa chaîne YouTube, en 2018.
e t s
Sespremières vidéos s’adressent avant tout àun publicfrançais afrodescendant. Elle ydonne des astucespoursoigner descheveux crépus et évoque les problèmes liés àson ethnicity tag –les sempiternellesquestions qu’on lui pose sur sesorigines(sa mère estmarocaine;son père,camerounais). «Cela renvoieà l’idéereçue –etdébile–selon laquelle êtremétisse estunavantage, explique-t-elle.Cettesociétéfait tout pour nous fairecroirequ’on estplusbeauquand on estmétisparce qu’ona la peau plus claire. »
La vlogueuses’attaque aussi, àtravers un prisme juridique,àdes sujetspluspolitiques, comme lesdiscriminations envers lesNoirsoucomme le blackface –tout en développant un contenu plus divertissant surles réseaux sociaux,comme l’influence,«massive et souvent trop oubliée»,delaculturenoiredans la mode.
L’artoratoireest la matrice de la vidéaste depuisses étudesdedroit àl’UniversitédeStrasbourg.En2018, elle yavait remporté un concoursd’éloquence sur le thème «Faut-il fairedesavie uneœuvre d’art? ».
À26ans, Sallycompte près de 900000 abonnéssur compte Instagram et s’estlancéedans l’entrepreneuriat d’influence.Son dernierprojet:montrer, àtravers desdocumentaires portant sur sesvoyages en Afrique,que le continent ne se réduit pas aux images de pauvreté et de guerreque propagent lesmédias occidentaux.Les deux premiersépisodes de sa série Motherland, tournésauSénégal et en Côte d’Ivoire, ont étédiffusés sur YouTube, et le troisième,tourné au Cameroun,sur la plateforme françaiseBrutX.Unautre opus, consacréàlaRDduCongo,sortira prochainement.
JeanneLeBihanKHABY LAME LE MUTIQUE DE TIKTOK
CetItalien d’origine sénégalaiseest devenu une star d’internet sans direunmot.Samarque de fabrique :des vidéos muettes,qui tournent dérision desastucespas toujourssiastucieus et plutôt ridicules, publiées sur internet.Àla fin de chaque parodie,lejeune homme hausse lesépaulesavecunsourireironique et désabus paumestournéesversleciel. Un gestequi l’ar célèbre.
Depuisjuin, KhabyLame(22 ans) estl’internautele plus suividuréseau TikTok,avecplus de 151 millions d’abonnésdans le monde.Lejeune homme agrandià Chivasso, dans la banlieue de Turin, en Italie,lorsque sa famille aquittéleSénégal,où il estnéetoùilapassé la premièreannéedesavie.Avant le confinement imposé lorsdelacriseliéeauCovid-19,ilenchaînait lespetits boulots.Puis, auchômageetdans un pays calfeutré, il a diffuséses premièresvidéosdepuis sa chambre.
Depuis l’ouverturede soncompte TikTok,le 15 mars2020, sa vie achangé Celui que l’Italie surnomme fenomeno vit désormais de nactivitéd’influenceur. Égérie marque HugoBoss, il aété éàlaMostra de Veniseen2021, Festival de Cannes en 2022. Une npour le jeuneItalien qui ntacté par Hollywood. Son nt luiafacilitél’obtention de la ienne.« Il n’estpas justequ’une ans ce pays depuis autant d’années, qui agrandi dans la cultureitalienne et n’ajamaisenfreintlaloi n’ait toujourspas droitàla citoyenneté»,avait-il déclarépeu de tempsauparavant.
L’influenceur arécemment adoptédes positions plus politiques. Il aposté un message antiraciste après que descris de singe ontété adressés àdes joueursdel’équipe de football de Napleslorsd’unmatch, et s’estaffiché aux côtésdelamilitanteougandaiseVanessa Nakate. Marième Soumaré
GRUPO
PEFACO –LYDIA LUDIC
LE NUMÉRO 1 DES JEUX EN AFRIQUE
Cetinvestissementpour l’Afriqueétaitjugétrès audacieux. Avec mes associés, nous l’avons tenu sur nos fondspropres, avec une foi inébranlable dansle développement de ce grand Continentetunefermevolonté d’offrirdesopportunitésd’une vie meilleure au plus grand nombre.
En étant un percepteurd’un impôt volontaire qui n’existait pas auparavant, nous participonsà la croissance du pays. En créant desmilliers d’emplois, nous soutenons la population.Enintensifiantnos investissements, nous pérennisons notre Groupe
En cette année d’anniversaire, je souhaite remercier de façon spécialelesAutoritésduTogoqui nous ont accordénotrepremière licence,celles de tous lesautres paysqui nous ont faitconfiance parlasuite,notrefidèleclientèle, nos collaborateurs dévoués qui depuisvingt-cinqansparticipent pleinement àlaréussite de notre Groupe.
Lemêmeenthousiasme,lamême vigueur et la même rigueurs’appliquent aujourd’hui dans la modernisation de nos filiales, l’accueil d’une nouvellegéné rationdeclient et la formation de la relève d’encadrementpour conforternotreplacedenuméro1 des jeux en Afrique.
Donation de Lydia Ludic au profitd'unorphelinat.
Vuedelafaçade d’une salle de jeux de Lydia Ludic. Vueintérieured’une salledejeuxdeLydiaLudic.Notre Groupeala capacitéhumaine, managériale, financière et technologique pour aborder lesvingtcinq prochaines années avec la séréniténécessaire pour renforcer sa présenceenAfrique.
Cela faitvingt-cinq annéesque mon Groupeinvestit en Afrique. Dans les années 1990, ma vision de notre développement était claire :créer un grandGroupe avec desfiliales citoyennes, socialement responsables, dynamiques, sérieuses et modernes. Aujourd’hui, Grupo Pefaco estl’un des plusgrands groupesaumonde danslesecteur desjeux.
LYDIA LUDIC By GRUPO PEFACOAVEC LE CONCOURS LYDIA LUDIC TALENTS
LES ARTISTES AFRICAINS ÀL’HONNEUR !
En réponse auxconséquenceséconomiquesetsociales de la crise sanitaireduCOVIDde2020,lesfilialesLydiaLudicdeGrupoPefaco ont multiplié les initiatives de soutien aux populations les plus défavorisées. Dans les filiales d’Afrique de l’Ouest, le Président FrancisPerezainitiéleconcoursLydiaLudicTalentspourvaloriser et favoriser la création artistique. Avec la première saison, la peinture était àl’honneur. Voici les peintres gagnants :
BÉNIN :
•Ogoudjobi Attere Lionel (1er)
•Kakpodjo Aissi Albéric (2e)
•BalloO.Yannick (3e)
BURKINAFASO :
•Ouedraogo Moussa (1er)
•Sié Palenfo (2e)
•Maïga Moussa (3e)
CÔTED’IVOIRE :
•Gnohité (1er)
•GueuGoneti(2e)
•Ange Kouamé (3e)
TOGO :
•LatéMéliLawson-Hellou(1er)
•TéyiEnyonam Lawson (2e)
•Daona Deotanta (3e)
« Il est de plus en plus demandéaux entreprises d’engagerleurs responsabilités sociales dans leur gestion au quotidien. En redistribuant les bénéfices de l’entreprise àlacommunauté, la société Lydia Ludic et Jack se rejoignent immanquablement. Ils partagentlesmêmesvaleurssociales », fait savoir Gnohité avant d’ajouter quel’artistequ’il est, àtraversson œuvre va en croisade contrelespréjugésconcernantlesjeuxduhasard.«C’estvraique dansl’imageriepopulaire,cesjeuxontunemauvaiseréputation.En tant qu’artiste,ilest possibled’inverser la tendance en valorisant ces jeuxqui en définitiveparticipent àlaprospérité financière des citoyens dès lors que celaneconstituepas un actedélictueux» (Extrait articleparudans rezoivioire.net).
La deuxième saison avalorisé la création musicale dont les artistes gagnantssont :
BÉNIN :
•Agbado Serdinos(1er)
•Adonon Cyrus (2e)
•Adebiaye Charles(3e)
BURKINA FASO :
•Kodombo Rosine (1er)
•GuigmaPCamilleMelkior(2e)
•Lompo LamourdiaJacques
Dit Le Parolier (3e)
CÔTE D’IVOIRE :
•Nin Wlou (1er)
•Max Melo (2e)
•ThibaultDally (3e)
TOGO :
•KodjoviEtouassignon(1er)
•Akouvi Kewou(2e)
•Kassigni Kotchiadjo Fanidji (3e)
Oeuvre« Jack » de l’artiste Gnohité.
Le tour de la question
COP27
Que restera-t-il du sommet de Charm el-Cheikh?
Les militantes ougandaises Vanessa Nakate et Joan Namaggwa, aux côtés d’autres activistes écologistes du monde entier, en marge de la COP27, à Charm el-Cheikh, en Égypte, le 11 novembre.
Paroles d’abonnés
En Guinée, au procès du massacre du 28-Septembre, Toumba Diakité, l’ex-aide de camp de Moussa Dadis Camara, a reconnu les faits, mais il écarte toute responsabilité personnelle. Est-il crédible?
NON 35 %
OUI 65 %
OUI : 65 %
Mitigé : le mot revient dans tous les commen taires sur la dernière Conférence des parties sur le climat, dont la 27e édition s’est tenue à Charm el-Cheikh, en Égypte. Alors que le sommet cristallisait les espoirs du continent africain, il est temps de compter les points.
Du côté des annonces officielles, les envolées ont été rares. Les chefs d’État qui se sont succédé à la tribune, les 7 et 8 novembre, n’ont rien livré de transcendant. Ce que résume cet internaute : « Le début de la COP27 a donné le coup d’envoi du festival annuel des prises de position de personnes qui ne pensent pas réellement que le changement clima tique soit un problème. »
Certes, les dirigeants africains ont appelé les pays riches à verser les financements promis. Mais ce sont les promesses des pays du Nord qui étaient scrutées, en vain. Et même la société civile n’a pu meubler ce silence Interdits de manifester dans les rues de la cité égyptienne, les acti vistes du climat ont été cantonnés à des événements parallèles. Comme la militante ougandaise
Vanessa Nakate, qui a épinglé les diri geants mondiaux pour leur soutien à de nouveaux projets d’exploitation d’énergies fossiles « malgré les aver tissements de la science ».
Remédier à la double peine Pourtant, des engagements signi ficatifs ont bel et bien été pris pour remédier à la double peine des pays pauvres. Faiblement industrialisés, ces pays contribuent peu au réchauf fement climatique, mais en subissent fortement les conséquences. Ainsi de l’« historique » accord sur les pertes et dommages, avec la création d’un fonds destiné à compenser les dégâts climatiques que subissent les pays en voie de développement. Mais aussi de l’encourageante annonce de Joe Biden au sujet du doublement de la contribution américaine pour l’adaptation des pays africains au dérèglement climatique. Ou de celle du Royaume-Uni, qui a décidé de tripler ses financements d’ici à 2025. Ne comptant plus sur l’Occident pour financer le sacro-saint principe de pollueur-payeur, la BAD a également lancé son projet de « Green Bank » . Aurélie M’Bida
Il n’a jamais varié dans ses déclarations malgré les tentatives de déstabilisation des parties adverses.De plus, ses dires ont été corroborés par des victimes. Lamine Sylla Côte d’Ivoire
NON : 35 %
Au cœur du système, comment peut-il arguer en ignorer le fonc tionnement? Crédibilité zéro.
Laurent Foucher FranceNOTRE RÉPONSE
C’est évident, Toumba a secouru les leaders politiques au stade. Et, lors du procès, il s’est montré convaincant et coopératif. En revanche, il apparaît comme un militaire aux méthodes brutales. S’il a facilité l’accession de Dadis au pouvoir, il a fini par être mis à l’écart. Il n’est pas exclu que cette disgrâce l’ait dissuadé de se battre pour Dadis le 28 septembre 2009 Il faudrait donc des preuves plus solides pour attester de son implication dans le massacre.
30 décembre2006 Saddam, le destin au bout d’unecorde
Arrêté par les Américains en décembre 2003, le raïsdéchu, jugé par un tribunal spécial irakien, est exécutétrois ans plus tard. Voici le récit qu’en fit alors Cherif Ouazani dans JA.
Saddam Hussein est en pyjama quand les Américains le remettentà despoliciers en civil. Les nuitssont fraîches, il garde son épais manteau. Dès sonarrivéesur leslieux,une violentealtercation verbalel’oppose àses nouveaux et éphémères geôliers, qu’il traitede terroristesetdevaletsdel’occupant. Un haut fonctionnaires’enprend àlui :«Tout ceque nous endurons aujourd’hui estdetafaute! Tu nous as détruits. Tu nous as accablésde misèreettunous as fait vivredans le dénuement.
–J’aidétruit vosennemis, iraniens et américains. Je vous aisauvésdela misèreetsortis du dénuement.
–Droit vers l’enfer! –Dieutemaudisse!»
En montant sur la plate-forme où estdressée la potence,Saddam n’a rien perdudeson orgueil.«L’Irak n’estrien sans moi!» lance-t-il à un responsable,leseulparmi les personnesqui l’entourent àne pas porter de cagoule.Durantla diffusion desimages tournées par une caméra «officielle », sonvisage sera flouté.
Saddam estenchaîné,pieds et poingsliés. Dès qu’il gravit les marchesleconduisant àlapotence, il ne prêteplusattention àcequi l’entoure. « Ya Allah! »implore-t-il. Aucune crainten’est perceptible sur sonvisage. Détail :iln’y apas un seul bourreaumaiscinq. Saddam refusedemettreunbandeau sur lesyeux.Les images officielles
s’arrêtent quand il estplacé debout sur la trappe, la corde au cou.
Un clercpsalmodie quelques versetsduCoran. Saddam récitela profession de foi desmusulmans,
–Moqtada!Moqtada!Moqtada! crient en chœur desmembres de l’assistance
Hayaroujoula! », rétorque Saddam, que l’on pourrait traduire par «C’est comme ça que vous êtes deshommes? », dans le sens bédouin du terme.
«L’homme estentraind’être exécuté»,lance Mounqidh al-Faroun, le procureur qui avait requis la peine de mort lorsdu procès.Ilmenace de quitter la salle, ce qui provoquerait la suspension de l’exécution. Le conseiller national àlasécurité, Mouwaffaq Roubaï, le raisonne.
Saddam entame ànouveau la chahada :«Iln’y adeDieu que Dieu et Mohammed…»Latrappes’ouvre. On ne luiaura pas laissé le temps d’achever la formule.Les images de l’agonie sont furtivesetfloues. Un plan fixemontrelecadavredans un linceul. Le visageest tuméfié. Conséquence de la pendaison?
la chahada.Quatreflashs crépitent. Lesphotosprises pard’autres téléphonesportablesferont la une desjournaux de la planète. Alorsque le clercânonne,uncri fuse:«Pour MohamedBaqer Sadr[un grand ayatollah, oncle de Moqtada Sadr, pendupar Saddam en avril1980 pour «intelligence avec l’Iran»].
Tracesdecoupspost-mortem, fruit de l’acharnement d’une partie de l’assistance sur la dépouille?Les circonstancesdel’exécution sont accablantes pour le gouvernement irakien et ses protecteursaméri cains. Même si l’exécution aeu lieu avant l’aube, la communauté sunniteretiendraque l’ex-dictateur aété exécutéunjour sacré[Aïd el-Kébir]. Elle aété le reflet de la justice qui aprononcé la sentence, caractériséepar un amateurisme criant. Uneparodie de procès et une exécution comme on en voit dans les mauvais westerns.
TRAINING &ENGINEERING GROUP -TEG
TRAINING &ENGINEERING GROUP ou TEG, est non seulement une histoirederéussite, il fournit un exempleédifiant d’une expertise de haut niveau et àforte valeur ajoutée mise àladisposition des clients du groupe. Àlafaveur d’une offred’expertise diver sifiée, ce bureaud’études pluridisciplinaireaacquis une dimension internationale et uneréputation reconnues. Une notoriété qu’il doit au professionna lisme de ses équipes et àlaconduitedeprojets en matièred’éducation en général et de sécurité des examens nationaux, en particulier.Cederniersecteur stratégique est l’un des chantiers sur lesquels TEG s’attèle en priorité àl’heureactuelle. Manifestement ce domaine revêt pour des raisons objectives une importancecruciale. D’abord, du fait de la mobilisation par la majorité des pays africains d’importantes dotations budgétaires pour ce secteur névralgique. Ensuite, pour assurer un déroulement optimal des examens dans toutes leurs étapes. Enfin, pour garantirla fiabilitédusystème éducatif et notamment la qualité des diplômes délivrés.
Le General Manager de TEG, Nidhal CHAAWA, tireaujourd’hui unegrande satisfaction par le savoir-faire acquis par le Groupe et sa capacité reconnue en matièredepilotage d’importants projets dans ce domaine. Une mission complexe et stratégique que TEG
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est en mesuredes’acquitter avec aptitude, s’agissant de la supervision du processus des examens nationaux, de Aà Z. Pour garantir des diplômes de qualité, la sincérité des épreuves et lutter contretoutes formes de fraude, TEG met àprofitson expertise, ne laissant rien au hasard. La conduite de ce genrede projets est loin d’êtreune sinécure. Elle représente pour le Groupe TEG un véritablechallenge, un objec tif de haute importance, qu’il doit accomplir confor mément aux standards internationaux
Sécuriser les examens nationauxetassurer le développement du systèmenational d’examens implique l’assurance de missions interdépendantes, àcommencer par la participation àlaconception, à la préparation et àl’organisation des exame passant par àlasécurisation de toutes les opé qui se rapportent àlapréparation matérielle préparation pédagogique des examens nation
Pour réussir dans ses missions,leGroupe TE puie sur une équipe de plus de 900 experts q opté pour une approche inédite de relation dont les caractéristiques essentielles sont le re pect strict des engagements, une volonté san faille d’établir desrelations sur le long terme, e uneexpertisedetrèshaut niveau.
Email : bureau.teg@gmail.com www.etudes.tegcenter.com
Entretien express avec M. Nidhal CHAAWA, General Manager de TEG,
de haut niveau et sans faille.
M. Nidhal CHAAWAQuels sont les atouts sur lesquels TEG compte le plus ? N.C. : je suis persuadé que notre pointfort trouve sonreflet dans notresouci d’être en phaseavec les standards internationauxles plus strictesetd’êtreàl’écoute de desideratas de nosclients dans les différents domaines d’intervention. Aujourd’hui on est parvenu àconstruireune confiance et un label. Qui plus est, 80 %de nos clients noussollicitent pour d’autres projets et 76 %denos clients nous recommandent Comment expliquer votre implication dans la conduite de projets complexescomment la sécurisation des examens ? N.C. : Notrebureauseprévaut d’un savoir-fairereconnu dans ce domaine stratégique et délicat. Il est bien outillé pour piloter ce genredemissions parce que ses équipes sont animées par un esprit de responsabilité et de rigueur.Ce domaine d’interventionnous com mande l’assurance d’une expertise dh i ens, en rations et àla naux. Gs’apqui ont n client esns et
Post-Scriptum Fawzia Zouari
De la négritude à l’africanité
Dans son dernier livre, Entretiens avec AiméCésaire (HC éditions, Bordeaux, 2022), la journaliste et écrivaine martiniquaise Marijosé Alie offre un éclairage intime sur la vision du monde du célèbre poète. Mais ce n’est pas tout. Elle raconte également l’amitié qui a lié le couple mythique Aimé Césaire-Léopold Sédar Senghor.
On voit les deux hommes, cheminant côte à côte dans le Paris d’avant-guerre, discuter de leur condition de dominés et se chercher une identité culturelle commune Ils avancent le concept de « négritude ». Césaire déclare que seul ce concept est capable de le sortir du statut de colonisé auquel il est réduit au regard du monde, lui, le Martiniquais « à l’identité indéfinissable ».
Senghor écoute et sourit. Il est enraciné, lui, dans le continent comme un baobab. Pas de doute sur son appartenance Il accepte toutefois de porter avec son ami le concept de « négritude » pour reven diquer le fait d’être noir, pour faire reconnaître le destin d’un « peuple noir », uni et solidaire.
Mais la négritude suffit-elle à définir le continent? Senghor lui-même craignait que ce concept ne soit une « tour » ou une « muraille » s’il impliquait que l’on rompe les
liens culturels avec le monde occi dental. Quid des liens avec l’Afrique du Nord? Puisque, s’il jette un pont au-dessus de l’Atlantique, le concept de négritude oublie d’évoquer les passerelles qu’il faut bâtir à l’intérieur même du continent.
Vous l’aurez compris, c’est une Maghrébine qui parle. Et qui réclame qu’un mouvement plus large que la négritude permette de cimenter le continent d’un bout à l’autre; une idée nouvelle qui désignerait l’Afrique dans sa totalité négroberbère; qui refuserait de faire l’impasse sur une histoire et une géographie communes, et sortirait tout autant les Subsahariens de leur condition de Noirs que les Maghrébins des appartenances arabes et orientales dans lesquelles ils se sont enfermés.
Oui. On attend celui ou celle qui viendrait « recoudre » le continent, du cap Bon tunisien au Cape Town sud-africain; qui déclinerait la palette entière des couleurs, des peaux,
des idiomes, traditions, religions et coutumes; qui rappellerait que l’Afrique, c’est le Noir, le Blanc et le Brun, le swahili, le kabyle et le haoussa, les contes des griots et les saillies de Jha, l’olivier et le dragon nier, Élyssa et la reine Nzinga, l’émir Abdelkader et Amadou Hampâté Bâ, les palabres et les fdawis,le malouf, la kora et le N’goni, les femmes en boubou, en mélia et en minijupe; celui ou celle qui dira : « Quand le monde voudra assumer toute sa diversité, il s’appellera l’Afrique. »
Reconjuguer l’avenir
Cette conscience, nouvelle, que le continent doit être considéré dans son intégralité nous est plus que jamais nécessaire. Elle pourrait proposer une sortie de l’histoire actuelle, celle d’un monde tourmenté, égoïste et déshumanisé, désorienté par un système économique mondia lisé. Elle pourrait rebattre les cartes et reconjuguer l’avenir.
Il ne s’agit pas de prêcher la théorie du « Tout-monde » chère à Édouard Glissant. Je parle d’un continent d’avant le monde, d’un continent d’avant les continents. De l’Afrique, par qui adviennent les naissances et s’écrivent les chants premiers. Celle qui parle la langue de la sagesse millénaire et qui sait vénérer la nature. Celle qui légitime les différences et les unit dans un même creuset de valeurs fondamentales. L’Afrique berceau de toutes les identités, et donc la seule à pouvoir imposer l’idée d’une « identité universelle ». Tout cela peut s’appeler : l’africanité.
Voilà. Je crois que nous sommes sur la voie…