JA3119 du 29 novembre 2022 GF DJIBOUTI

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Qu’enest-il de la flotte ?

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gnies africaines cation. Nous nos activités tune activi raphique de r desliaisons Europe, le Dans asde de a r

des appareils d’autres compagnies et de renforcer notreoffre. En définitive, grâceàcette certification, Ivory Jet Servicesvaaborder une nouvelleétape de sondéveloppement, particulièrement en Afrique qui estuncontinent prioritairedans notre stratégie. Nous envisageons d’accroître notreprésenceenAfriquede l’Estmais aussi en Afrique de l’Ouest. C’est un marché en expansion, avec de vrais besoins, et nousallons ouvrir prochainement une base opérationnelleà Abidjan.

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JAMG -P HOT OS DR
COMMUNIQUÉ
«L’obtention du label AOCeuropéen va nous permettred’enclencher une nouvelleétape de notredéveloppement »
Entretienavec
XavierCoffi, directeur général et accountable manager de Ivory Jet Services
«Notreposition
...

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ENJEUX p. 188 | ÉCONOMIE p. 200 | SOCIÉTÉ p. 214

Contre vents et marées

Quarante-cinq ans après son indépendance, la petite République de 1 million d’habitants conforte son rôle de carrefour régional, où la tradition du « vivre-ensemble » qui fait tant défaut à ses voisins semble intacte.

CHIB A/AFP
YA SUY OS HI
JEUNE AFRIQUE N°3119 DECEMBRE 2022 185 POUR TOUT COMPRENDRE DE L’ÉVOLUTION D’UN PAYS
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Édito François Soudan

avec le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud sont excel lentes, ne peut que se satisfaire des succès de cette contre-offensive, tout en s’alarmant du déficit d’aide de la communauté internationale, réticente à financer le rétablissement de l’autorité de l’État et des services publics sur les territoires reconquis.

IOG ou le sens de l’équilibre

S’il est un bénéfice difficilement contestable que Djibouti retire du long règne d’Ismaïl Omar Guelleh (IOG), c’est de ne plus être un pays défini par les frontières de ses voisins. Cette République jugée improbable le jour de son indépendance, il y a quarante-cinq ans, a acquis une identité propre, une viabilité économique de plus en plus évidente et une singularité respectée, toutes choses qui ne s’ac quièrent qu’avec le temps.

Mais cette patiente construction de la souveraineté djiboutienne ne signifie pas pour autant que son million de citoyens soit à l’abri des convulsions régionales. Quand on est entouré de deux pays meurtris par une guerre civile l’Éthiopie et la Somalie –, d’un troisième franche ment hostile l’Érythrée –, et que l’on fait face à un quatrième plongé en plein désastre humanitaire le Yémen –, mieux vaut ne dormir que d’un œil.

En ce mois de décembre 2022, les nuits d’IOG sont heureusement un peu plus sereines. À l’Ouest, après deux années de guerre fratricide, l’accord de cessez-le-feu entre le gouvernement éthiopien et les insurgés tigréens conclu le 2 novembre à Pretoria et confirmé dix jours plus tard à Nairobi est

un soulagement pour Djibouti. Débouché privilégié de l’Éthiopie, le port de la capitale avait beaucoup souffert de l’insécurité, tout comme le trafic ferroviaire, et les affronte ments interethniques qui déchi raient le grand voisin menaçaient de se métastaser jusqu’aux rives du golfe de Tadjourah.

IOG, qui a toujours veillé à entretenir de bons rapports avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, n’a jamais manifesté la moindre complaisance envers les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), tout en prônant le dialogue Une position dont le bien-fondé est désormais confirmé par les faits.

Au Sud, où la campagne antiShebab menée par le gouverne ment de Mogadiscio monte en puissance, le contingent djiboutien de la Mission de l’Union africaine en Somalie (Atmis) joue un rôle de premier plan. IOG, dont les relations

Au Nord enfin, rien de nouveau : si la position exacte de l’Érythrée quant au processus de paix au Tigré d’où son armée ne s’est toujours pas retirée demeure un mystère, son attitude belliqueuse à l’égard de Djibouti ne se dément pas. Entre autres gracieusetés, le pays du président Issayas Afeworki abrite un camp d’entraînement de rebelles djiboutiens, dont la dernière incursion violente remonte au début d’octobre.

Accords avec Paris

Et la France? Question récurrente, tant l’ombre de l’ancienne puissance coloniale a longtemps plané sur le destin de Djibouti mais qui, désormais, se pose de moins en moins. Ainsi que l’explique un bon connaisseur des rapports entre les deux pays, « l’influence française, au moment de l’indépendance, en 1977, était triple : culturelle, écono mique et militaire. Sur les deux premiers plans, la régression est évidente. L’anglais est de plus en plus pratiqué au détriment du français. Et commercialement, les Français ont systématiquement un à deux trains de retard sur les Chinois, les Turcs et les Émiratis ».

Reste le militaire, terrain sur lequel la France n’est plus la seule à avoir planté son drapeau. Révisés tous les dix ans, les accords entre Paris et Djibouti le seront une nouvelle fois en 2024, raison pour laquelle le chef d’état-major des armées, Thierry Burkhard, a effectué mi-novembre une visite de travail. Ce général quatre étoiles a sans doute pu mesurer le chemin parcouru depuis l’époque où il commandait une demi-brigade de la Légion sur la base opérationnelle de Djibouti. Courtisés de toute part, ses interlocuteurs ont bien conscience que les rapports de force ont changé. Les négociations s’annoncent ardues.

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Il a toujours veillé à entretenir de bons rapports avec l’Éthio pien Abiy Ahmed.

ENJEUX

IOG en « bon père de famille »

Face au conflit en Éthiopie et aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine, le président Ismaïl Omar Guelleh veut consolider la cohésion de ses concitoyens. Quitte à jouer la carte de la « djiboutinité ».

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En avril 2021, le président Ismaïl Omar Guelleh (IOG) était réélu, sans surprise, pour un cinquième mandat avec plus de 97 % des suffrages exprimés, sur la promesse de « continuer ensemble » et de « finir le travail » engagé depuis 1999 Il y a dix-huit mois, le pays sortait de la pandémie de Covid-19 la tête haute, après avoir reçu un satisfecit de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour sa gestion efficace de la crise sanitaire Djibouti continuait surtout d’afficher une stabilité politique aussi rare dans la Corne de l’Afrique que précieuse pour l’économie du pays, qui, durant les vingt-deux années de règne d’IOG, a vu la valeur de son PIB multipliée par sept, pour dépasser les 3 milliards de dollars en 2020.

Tous les voyants semblaient donc être au vert pour un président qui, à 73ans,pouvaitenfins’atteleràl’unde ses derniers grands chantiers, certainement le plus attendu par la population : celui de la redistribution des fruits de la croissance économique, notamment en direction de la jeunesse, cette fameuse « génération IOG » qui, l’année dernière, l’aurait supplié de rempiler

Valse des étiquettes

Depuis février, pourtant, la guerre en Ukraine bouleverse l’ordre des prio rités, dans le monde en général et à Djibouti en particulier, réveillant la menace d’une nouvelle crise alimentaire, d’autant plus urgente à régler que l’ensemble de la sous-région est déjà fragilisé par près de cinq années de sécheresse

Dans un pays qui a vu fondre son maigre cheptel au soleil et dont les produits alimentaires de base sont pour une très large part importés, le sujet est vite devenu une préoccupation pour la population et, donc, pour l’exécutif. D’autant que, en juin,

OLIVIER CASLIN, ENVOYÉ SPÉCIAL Le chef de l’État a recentré ses priorités sur la lutte contre le chômage, sur la santé, l’éducation et le logement. Comme ici, en 2018, lors du lancement d’un programme d’appartements sociaux dans la commune populaire de Balbala (Djibouti-Ville), qui ont été livrés en février dernier
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PA TRICK ROBERT
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l’Éthiopie voisine, son principal four nisseur, a tenté d’augmenter les tarifs de ses exportations vivrières pour compenser son manque de devises, lié au financement du conflit qui, depuis deux ans, oppose l’État fédé ral à la province du Tigré… Une valse des étiquettes impossible à soutenir pour Djibouti, confronté à la plus forte inflation de ces vingt dernières années, à 11,6 %. Le pays s’est donc ravitaillé ailleurs pour un temps, avant qu’Addis-Abeba envoie en juillet son ministre des Finances pour apaiser la situation entre ces deux partenaires si dépendants commer cialement l’un de l’autre.

Malgré les chocs extérieurs, IOG a veillé à ce que soit créé un espace budgétaire pour des dépenses sociales supplémentaires, « en bon père de famille », comme le souligne un diplomate. Pour contenir la flambée des prix des denrées ali mentaires et de l’énergie, le gouvernement n’a pas eu d’autre choix que de sortir son portefeuille. D’un côté, il a subventionné les produits de première nécessité comme le sucre, l’huile et le riz, ainsi que le gasoil et le pétrole lampant, tout en exerçant un contrôle strict des prix De l’autre, il a accordé d’importantes exonérations pour soutenir les importateurs, tout en mettant entre parenthèses l’application de la TVA de 10 % sur les denrées alimentaires et les carburants. En tout, l’État a dépensé cette année 4 millions de dollars pour juguler l’inflation (ramenée à 4 % ces dernières semaines, contre à peine 1,8 % en 2020).

Marche forcée

Les finances publiques sont donc plus que jamais sous tension, et le budget, établi à 143 milliards de francs djiboutiens (environ 1,1 milliard d’euros) pour 2022, a déjà été rectifié en prévision d’une baisse des recettes estimée à 5 milliards de francs cette année. Dans l’immédiat, Djibouti n’a donc pas d’autre choix que de chercher à faire des écono mies, de l’ordre de 10 milliards de francs, selon la primature.

Malgré une économie qui tourne au ralenti on attend un taux de croissance autour de 3 %, contre plus de 7 % en moyenne sur la dernière

décennie –, IOG tente de tenir le cap sur le rééquilibrage social qu’il a fixé pour ce mandat.

En 2023, la capitale accueillera un hôpital universitaire dernier cri. La politique du logement se poursuit à travers le territoire, même si, selon les experts, « il faut encore trouver 75 000 nouveaux logements d’ici à 2035 ». Surtout, les 5 000 emplois promis lors de la dernière campagne présidentielle ont bien été créés, « à près de 85 % », précise une source proche de la présidence. L’un des principaux défis du pays étant de réduire le taux de chômage, qui touche 60 % d’une population dont les trois quarts ont moins de 35 ans.

La plupart de ces nouveaux emplois ont été créés dans les dif férentes filiales gérées par l’autorité portuaire de Djibouti, qui, malgré un contexte international incertain, maintient le développement à

En ces temps moroses, Ismaïl Omar Guelleh a également su habilement jouer du calendrier et profiter du 45e anniversaire de l’indépendance de Djibouti le 27 juin pour célébrer l’unité du pays. En réponse à ceux qui pouvaient craindre une externalisation des conflits communautaires qui, ces derniers mois, ont opposé Afars et Somalis d’Éthio pie, IOG a avancé le concept inédit de « djiboutinité », au nom d’une mémoire commune symbolisée par le Mémorial du barrage de Balbala, qu’il a inauguré le jour de la fête de l’indépendance.

Musée national

Ce premier site consacré à la courte histoire du pays en appelle d’autres, alors que Djibouti semble démarrer un véritable travail de mémoire : il récupère ses vestiges paléolithiques pour remplir le futur musée natio nal, ainsi que les nombreux docu ments pour garnir les rayonnages des Archives et de la bibliothèque nationales ouvertes au public cette année.

marche forcée de ses terminaux et de ses plateformes logistiques à travers le pays. Dans le même temps, les pouvoirs publics comptent bien voir le secteur privé jouer sa partition en matière de création d’emplois. Pour ce faire, ils continuent de mettre en œuvre les réformes engagées pour transformerenprofondeuretmoder niser l’économie : notamment en programmant la privatisation partielle de Djibouti Télécom pour, à terme, mettre fin à l’un des derniers monopoles existant en Afrique en matière de télécommunications, mais aussi en remettant de l’ordre au sein du ministère du Budget et du Fonds souverain de Djibouti (FSD) lequel va contribuer au dévelop pement du numérique, à celui des infrastructures et des dispositifs à même d’assurer au pays son indé pendance énergétique, ainsi que l’autosuffisance alimentaire.

Un proche de la présidence explique que « la présence d’IOG à l’intronisation du nouveau sultan de Tadjourah [le 26 octobre] doit aussi être perçue comme un message de paix et d’unité nationale ». Deux piliers sur lesquels pourront s’appuyer Ismaïl Omar Guelleh et sa majorité, regroupée au sein du Rassemblement populaire pour le progrès (RPP), pour mener la campagne des élections législatives, prévues en février Alors que l’opposition radicale a déjà annoncé qu’elle les boycotterait et que les « partis légaux » s’apprêtent à faire une nouvelle fois de la figuration, le principal enjeu du scrutin pourrait bien venir de l’émergence ou non d’un dauphin à l’actuel président.

Si son état de santé semble aujourd’hui rassurer les milieux bien informés, la question de sa succession plane toujours au-dessus des discussions. En 2026, le chef de l’État ne pourra pas se représenter. Il aura en effet dépassé la limite d’âge fixée à 75 ans par la Constitution, qu’il s’est à plusieurs reprises engagé à respecter depuis son discours d’investiture, en mai 2021.

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En réponse à ceux qui pouvaient craindre les conflits communautaires, IOG a avancé le concept inédit de « djiboutinité ».

Reconduit dans ses fonctions en mai 2021, au lendemain de la réélection d’Ismaïl Omar Guelleh (IOG) pour un cinquième mandat, Abdoulkader Kamil Mohamed, 71 ans, dirige le gouvernement dji boutien depuis mars 2013 Dans un contexte régional et international particulièrement complexe, il a pour mission de coller au plus près à la feuille de route tracée par IOG pour ce quinquennat, tout en préparant le campprésidentielauxélectionslégis latives prévues en février 2023.

Jeune Afrique : Quels sont les effets, pour Djibouti, des crises sécuritaire et alimentaire qui bouleversent la sous-région ces derniers mois?

AbdoulkaderKamilMohamed:À peinesortisdelapandémiedeCovid19, dont les conséquences avaient été trèslourdespourlepays,nousdevons maintenant subir la crise alimentaire provoquée par la guerre en Ukraine mais aussi par le conflit en Éthiopie, qui reste notre principal parte naire commercial dans la région La situation est donc très tendue pour Djibouti.

Nous avons dû vite diversifier nos sources d’approvisionnement pour ne pas dépendre de notre seul voisin, notamment sur certaines denrées alimentaires de base comme les fruits et les légumes, que nous avons fait venir, pendant quelques mois, d’Égypte ou du Kenya ce qui nous a permis de maintenir des prix sup portables pour la population.

Comment a réagi le gouvernement pour faire face à l’urgence de cette situation?

Nous avons d’abord vérifié l’état de nos stocks, pour nous rendre compte que nous disposions de très peu de réserves. Le conflit du pain, qui avait secoué certains pays d’Afrique du Nord en 2011, est encore dans toutes les têtes ici… Nous avons donc très vite décidé de subventionner les produits alimentaires ou énergétiques de première nécessité, tout en appli quant un contrôle des prix très rigoureux pour être certains d’éviter toute augmentation. C’est ainsi que nous sommes parvenus à juguler certains des principaux effets inflationnistes de cette crise.

Ça n’est pas toujours facile, mais les comptes publics sont encore bien tenus, et nous tentons de faire des économies partout où nous le pouvons. La priorité du ministère du Budget est justement d’identifier les différents postes qui doivent nous permettre d’économiser au minimum 10 milliards de francs djiboutiens [56,5 millions d’euros] sur notre prochain budget. C’est un défi très sérieux pour notre pays.

Dans ce contexte, disposez-vous de moyens financiers suffisants pour soutenir à la fois la consommation et l’investissement?

Les investissements sont le plus souvent réalisés sur financement extérieur, et, grâce à une croissance économique à 7,5 % ces quinze dernières années, oui, nous disposons des moyens financiers pour faire face à cette crise.

Quelles ont été les principales réalisations de votre gouverne ment depuis le début du nouveau quinquennat, en mai 2021?

Tout cela a dû peser très lourd dans les finances publiques…

En effet, le budget a souffert. D’autant que, dans le même temps, nous avons perdu une part de nos recettes fiscales puisqu’un certain nombre de ces produits alimentaires et énergétiques bénéficiaient d’im portantes exonérations.

Nous avons pu poursuivre l’avancée des chantiers d’infrastructures lesplusimportants,notammentdans le domaine du transport maritime Nous avons également réceptionné la première usine de dessalement d’eau de mer du pays. Notre objectif, en plus de garantir notre sécurité alimentaire, est d’assurer aussi le plus rapidement possible notre indépendance en eau et en énergie.

Sur le plan de la fourniture en eau, une seconde unité de dessalement

Nous avons les moyens
de faire face
la crise
Parmi les dossiers les plus cruciaux : l’indépendance énergétique et l’autosuffisance alimentaire. JEUNE AFRIQUE N°3119 DECEMBRE 2022 192 GRAND FORMAT DJIBOUTI
Lutte contre l’inflation, équilibre budgétaire, infrastructures, emploi… Le Premier ministre fait le point sur les priorités du quinquennat. Abdoulkader Kamil Mohamed «
financiers
à
»

est déjà prévue, et, en matière énergétique, une nouvelle centrale thermique verra le jour sur le futur site industriel de Damerjog, situé au sud de la capitale. Elle sera alimentée par le gaz éthiopien destiné à être exporté à l’international depuis nos installations portuaires, ce qui nous oblige encore à dépendre de fournisseurs extérieurs. D’où notre volonté de nous orienter vers l’utilisation des différentes énergies vertes dont dispose Djibouti : solaire, éolienne, géothermique et marémotrice.

L’objectif annoncé par le président Guelleh de fournir au pays une énergie 100 % renouvelable d’ici à 2030 peut-il être tenu?

Tout à fait. Nous avons beaucoup avancé dans ce domaine. La ferme éolienne du Goubet va être inauguréeavantlafindecetteannée,etnous attendons la livraison de la première hydroliennedupays.Selonlesétudes réalisées ces trois dernières années, nous pourrions récupérer entre 20 et 30 MW rien que dans cette zone.

En parallèle, nous développons des centrales solaires dans chaque région du pays, et nous poursuivons noseffortssurlagéothermieetl’énergie marémotrice pour alimenter, à terme, la capitale. Je pense pouvoir

dire aujourd’hui que l’indépendance énergétique du pays, constituée de sources 100 % renouvelables et bon marché, sera l’une des grandes avancées de ce quinquennat.

Où en sont les autres grands dossiers annoncés par le président lors de sa réélection?

Sur la formation et l’emploi, la jeunesse et la question du genre défi niescommeprioritairesparlechefde l’État –, d’importants efforts ont déjà été consentis. Plus de 5000 emplois sont en cours de création dans les différentes filières liées au transport, et notre ambition reste de pouvoir fournir un emploi à tous les jeunes Djiboutiens.

Nous devons donc assurer leur for mation et, entre autres, développer les filières technique et scientifique, qui nous permettront de dispo ser d’une main-d’œuvre qualifiée capable de répondre auxbesoins déjà exprimés par le marché du travail djiboutien, tout en assurant à plus long termeledéveloppementéconomique du pays.

Autre secteur identifié comme prioritaire : le numérique. Est-ce dans ce contexte que doit être comprise l’ouverture annoncée du capital de Djibouti Télécom?

Tout à fait! Le numérique est déjà partout,etildoitpermettreàDjibouti de réaliser tout son potentiel écono mique À nous de faire savoir que nous sommes aujourd’hui le pays d’Afrique le plus câblé avec le reste du monde Nous travaillons notamment au développement d’une fonction publique dématérialisée, avec une administration sans papier et des services disponibles à distance, comme c’est déjà le cas dans de nombreux pays.

Les élections législatives doivent se tenir en février 2023. Quel sera l’enjeu pour la majorité présidentielle?

Ce scrutin sera l’occasion de montrer à la population les avancées qui ont pu être faites ces dernières années, notamment en matière d’éducation et de santé. Sur ces deux secteurs, Djibouti a réalisé un véritable bond en avant, avec laconstruction de nouvelles écoles à travers le pays, la formation des enseignants et la construction d’un nouvel hôpitaldanslacapitalel’annéeprochaine. Nousallonségalementprofiterdeces élections pour expliquer ce que nous comptons mettre en place dans les prochaines années, toujours dans le respect de la feuille de route définie par le président.

PRÉSIDENCE
DE DJIB OUTI
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Tadjourah célèbre son nouveau sultan

Le 26 octobre, les Afars ont assisté à l’intronisation d’Ali Habib Ahmed, leur dardar.

Un titre millénaire, dépassant de loin le rôle de chef spirituel qui lui est officiellement attribué. Reportage.

Q«ue ceux qui sont debout s’assoient. Que ceux qui sont assis se taisent. » C’est par ces mots que commence le kukta, ce discours immuable qui, depuis bientôt onze siècles, annonce aux Afars de Tadjourah l’intronisation de leur nouveau sultan. À cette phrase, ils doivent répondre simplement : « Oui, nous avons entendu. » La dernière fois qu’elle a été prononcée, c’était en 1985, lors de l’intronisation d’Abdoulkader Houmed Mohamed, décédé en France, en 2019.

Passée la période de deuil traditionnel allongée par la pandémie de Covid-19 –, Houmed Barkat Siraj, le haut représentant du miglis (le conseil des sages), a pu, le 26 octobre, prononcer par trois fois la formule rituelle, comme le veut l’usage, pour être certain que les Afars de Tadjourah et des alentours ont bien entendu le nom de leur 34e sultan.

Le nouveau dardar du plus ancien des cinq sultanats afars existant entre Djibouti, l’Éthiopie et l’Érythrée se nomme donc Ali Habib Ahmed. Il est secondé par son vizir, Houmed Abdoulkader Houmed, lequel, toujours selon la tradition, est le fils du sultan précédent : il s’agit de respecter l’équilibre et l’alternance entre deux des principales tribus du sultanat, les Dinité, tribu dont est issu le 34e sultan, et les Bourhento, celle de son prédécesseur. Chacune de ces deux tribus a désigné son candidat,

qui a été « validé » par le miglis au début du mois de juin. Les sages ont également profité de cette occasion pour fixer la date de l’intronisation. Ce 26 octobre, la vacance du pouvoir traditionnel a donc officiellement pris fin.

C’est un événement majeur et exceptionnel pour l’ensemble de la communauté de Tadjourah et des autres sultanats afars, qui, par-delà les frontières, ont bien entendu envoyé leurs représentants assister à la cérémonie Ils n’ont pas été les seuls à faire le déplace ment jusque dans la ville blanche et millénaire de Tadjourah, la plus ancienne cité de Djibouti. Le chef spirituel des Issas, l’ougass de Dire Dawa, est venu rendre hommage au nouveau sultan, ainsi qu’Ismaïl

Omar Guelleh (IOG), le président de la République, arrivé de la capitale en hélicoptère le matin même, en compagnie de la première dame, Kadra Mahamoud Haid. Une présence que certains Afars ont jugée « surprenante », se souvenant de l’ancien chef de l’État djiboutien, Hassan Gouled Aptidon, qui avait préféré de pas assister à la précédente cérémonie d’intronisation

En cette année 2022, où le pays célèbre le 45e anniversaire de son indépendance, et quelques semaines seulement après l’attaque d’un poste-frontière par la branche armée du Front pour la restauration de l’unité et la démocratie (Frud) lequel, dans la nuit du 6 au 7 octobre, a causé la mort de plusieurs soldats djiboutiens, à quelques heures de

COULEUR LOCALE
OLIVIER CASLIN POUR JA Ali Habib Ahmed (à dr.), et son vizir, Houmed Abdoulkader Houmed.
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route seulement de Tadjourah –, le pouvoir politique et institutionnel est donc venu à la rencontre de l’autorité coutumière et religieuse reconnue dans tout le nord du pays. La veille, une bonne partie du gouvernement et des différents corps constitués et diplomatiques était arrivée par bateau de DjiboutiVille. Comme un symbole supplé mentaire de cohésion nationale

Bœuf roux

Mieux vaut être matinal pour ne rien rater d’un cérémonial réglé au fil des siècles comme du papier à musique et qui démarre aux premiers rayons du soleil, juste après la première prière du jour Les sept clans qui composent le sultanat de Tadjourah sont mis tour à tour à contribution, tout au long des différentes étapes de la cérémonie.

La première tâche de la journée consiste à aller déterrer les deux tambours, appelés dinkâra. Symboles du pouvoir du sultan et de son vizir, ils ont été percés puis enfouis sous terre à la mort du précédent sultan, dans la résidence de ce dernier. Les fûts de cuivre sont ensuite emportés jusqu’à la plage pour être lavés dans l’eau de mer, alors qu’un peu plus loin, sur le sable, les membres d’un autre clan égorgent le bœuf roux dont la peau sera ensuite utilisée pour recouvrir les deux tambours. Pendant ce temps, les futurs sultan et vizir s’apprêtent à leur domicile, avant de rejoindre la hutte de purification le dass –, construite quelques jours auparavant sur la grande place de la ville, où se déroule la cérémonie

Au fil de la matinée, les chapiteaux montés pour l’occasion se remplissent. Et la foule se rassemble autour de ceux désignés pour poser les peaux sur les deux fûts oxydés. Une opération délicate qui nécessite un savoir-faire dont seuls ceux qui ont assisté à la précédente cérémonie d’intronisation se souviennent.

Tout le monde ayant les yeux rivés sur les tambours, personne ne

fait vraiment attention à l’arrivée du sultan et de son vizir, lesquels s’engouffrent rapidement dans le dass. Derrière les nattes commence le rituel de purification. Leurs têtes sont rasées, lavées à l’eau bénite, puis enturbannées par les différents clans affectés à ces tâches.

À l’intérieur du dass, les hommages au futur sultan se multiplient à mesure qu’il prend doucement conscience de son nouveau rôle. À l’extérieur, les premiers groupes de danseurs au sabre font le tour de la place dans un mouvement saccadé, au rythme des chants entonnés par de jeunes filles vêtues de longues robes tradi tionnelles blanches ou dorées.

À 10h30, le futur 34e sultan et son vizir sortent de leur cabane, prêts à affronter une assistance compacte, surchauffée par l’attente et la température qui monte. Ils fendent

la foule, couverts de leur long manteau de laine le cansaari et protégés des morsures du soleil par leurs ombrelles. Celle du sultan est dorée; celle du vizir, argentée. Au micro, passant du français à l’afar, Mahmoud Ali Youssouf, le ministre des Affaires étrangères, joue le maître de cérémonie, le temps que les deux hommes rejoignent leurs sièges à la tribune d’honneur Une fois qu’ils sont assis, la cérémonie proprement dite commence. Elle débute par la lecture chantée du Coran, suivie de l’hymne de la République djiboutienne. Vient ensuite le moment où, au nom du miglis, Houmed Barkat Siraj prononce donc le kukta, qui offi cialise la nomination du nouveau sultan.

Ce dernier rejoint alors son domicile, accompagné de son vizir et précédé par une foule portant à bout de bras les dinkâra, symboles de son pouvoir tout neuf. Le temps de traverser la vieille ville, les deux tambours sont posés au sol et, dans le brouhaha de la liesse populaire, ils font entendre pour la première fois leurs roulements, inaugurant le règne du dardar Ali Habib Ahmed, 34e sultan de Tadjourah, désormais et jusqu’au jour de sa mort.

OLIVIER CASLIN POUR JA
Leurs têtes sont rasées, lavées à l’eau bénite et enturbannées par les différents clans.
JEUNE AFRIQUE N°3119 DECEMBRE 2022 197 GRAND FORMAT DJIBOUTI
Des jeunes filles dansant autour de la hutte de purification, le dass

«Mon ambition est de projeter le groupe NTT sur l’ensemble du continent africain »

: NyckossTommyTayoro, président dugroupe NTT

Quereprésenteaujourd’hui legroupeNTT?

NTT est un groupe créé en 2010 à Djibouti.Ilrassemble actuellement 10 sociétésprésentes dans une largegamme desecteurs:aviation privée d’affaires, télécommunications, énergie solaire,communica tionet événementiel,commerce de pétrole brut et deproduitsraffinés, promotion immobilière,catering aé roportuaire, etc. Legroupe emploie 200collaborateurs.

Quelleaétélogiquedecréation dugroupe?

Jesuis denationalité ivoirienne et me suis installé en 2010 à Djibouti.

Dans un premier temps, j’ai créé la société Star Management,dédiée à l’organisation d’événements.J’ai ainsi lancé le plusgrand festival d’Afrique del’Est, le « DjibUrban Festival » qui a permis defaireve nir degrandes vedettesinternatio nales à Djibouti (Booba, La Fouine, etc.).Puis, j’ai diversifié mon activi té avec lacréation, en 2013 d’une compagnie dans l’aviation privée d’affaires,Ivory Jet Services, spé cialisée dans le transport deper sonnalités VIP et les évacuations médicales.J’ai commencé avec un avion que nous avons modifié afin depouvoir le transformer en avion médicalen 45 minutes, un Falcon 50, puis la flottes’est agrandie (4 appareils actuellement). C’est une belle « success story » qui a été rendue possible grâce autravail d’une équipe de collaborateurs trèsperformants.Cetteréussite m’aconduit à créer en 2018 une société de catering aéroportuaire Djibouti étant l’un des pays les plus ensoleillésdumonde(360jourssur 365) en raison deson climat chaud et sec, le gouvernement adécidé depromouvoir l’énergie solaire afin de contribuer à l’autosuffisance énergétique.Jemesuisintéressé à cesecteur et j’ai créé Solar 7 en 2013.Djiboutiestunpaysjeune,en pleine expansion, et il y adenom breuses possibilités d’affaires.Ma stratégie aconsistéà saisir pro gressivementles opportunitésqui

se sont présentées : ladiversifi cation a été logique.Jesuis avant tout un rêveur.Aufil des années, mes rêvessont devenus réalité

Vousavezdesambitions dedéveloppementenAfrique Pouvez vousnousendireplus?

Legroupe aatteint aujourd’hui une taille critique qui lui permet de se projeter davantage à l’international, principalement en Afrique. Dans le secteur del’aviation privée d’affaires, nous avons une flotteet un savoir fairequi nous permettent denous positionner surl’ensemble du continent.Nous allons ouvrir une base opérationnelle à Abidjan dans lesprochains mois afin d’as seoir notreprésenceen Afrique de l’Ouest.

».

Avez vousd’autressecteurs envue?

Oui.Dans l’énergie solaire, nous avons démarré trèstôtetnous avons acquis un important savoir faire.Nous proposonsune gamme complète deproduits de hauteperformanceet deservices dequalité pour accompagnerles clients quirecherchentune réduction deleur facture énergétique, tout en ayant un impactminimal

«Jesuisavant tout un rêveur.Au fil des années, mes rêvessont devenus réalité
Nyckoss Tommy Tayoro président du groupe NTT

sur l’environnement.Notreproduit phare,lelampadairesolaire,n’exige pas degrandstravaux pour dispo ser d’un réseau électrique fiable : l’installation simplifiéeetla gestion automatique assurent un parfait éclairage nocturne tant dans les rues des villes que dans leszones rurales.Notreoffreest particuliè rement bien adaptée aux besoins dumarché africain comme del’en semble des pays en développe ment.Nous avons obtenu plusieurs contrats sur le marché national, notamment surla routenationale

1, entre Djibouti et l’Éthiopie, et sur la routenationale 2, entre Djibou ti et le Somaliland. Forts de cette expérience, nous avons commen céà attaquer le marché africain et espérons signer prochainementles premiers contrats.

Vousêtesunpassionné defootballetcelavousaconduit àfranchirunpasdécisif…

Jesuispropriétaireetprésident du clubdefootball professionnel djiboutien l’Association sportive ArtaSolar 7depuis 2017.J’aimis en placeune stratégie de développe mentbaséesurnotrecentredefor mationetlerecrutement degrands joueurs africains.L'international franco-camerounais Alexandre Song,ancienjoueur d’Arsenalet du FC Barcelone, nous a rejoints.Le joueur ivoirien Salomon Kalou, qui a fait partie del’équipe de Chelsea qui a gagné laChampions League en 2012, a étéégalement recruté. D’autres joueurs ont été embau chés

Le cluba enregistré une progres sion remarquable puisqu’il a rem porté le championnatnational de football 2021 et 2022 et lacoupe de Djibouti en 2019,2020,2021 et 2022. Nous avons désormais en ligne demireunsacre d’ArtaSolar 7 aux championnats africains et une participation à lacoupe dumonde des clubs.Mais cequi me tient surtout à cœur c’est depromou voir la pratique dufootball auprès dela jeunesse.Ladirection du club œuvre chaque jour afin d’installer cet état d’esprit et véhiculer lesvaleurssportives communes.

CONTACT

GroupeNTT

ImmeubleDamal,Djibouti. RépubliquedeDjibouti Tél.:+25321352244

Nouveausiège TO7 network en construction. Le CEO M. Tayoro devant l’usine deproduction Delic’air M.Tayoro etSalomonKalou lorsdelaconférence depresseannonçantla signaturedel’international IvorienauclubArtaSolar7.
COMMUNIQUÉ
JAMG -P HOT OS DR
«Cequi me tient surtout àcœur, c’est de promouvoir la pratique du football auprès de la jeunesse ».
JAMG -© NTT

ÉCONOMIE

Une logistique qui se déploie en toute logique

Incontournable sur la côte est-africaine, Djibouti entend tirer parti des crises sanitaire et politico-sécuritaire pour renforcer son rôle de hub, notamment vers l’Éthiopie.

JEUNE AFRIQUE N°3119 DECEMBRE 2022 200 GRAND FORMAT DJIBOUTI

La révolution du transport maritime, engagée à tra vers le monde depuis le début de la pandémie de Covid-19, n’a pas grippé les ambitions de l’autorité portuaire de Djibouti. Celle-ci y voit même une occasion de renforcer le rôle de plateforme que ses terminaux et zones franches ont vocation à jouer à l’échelle de la sous-région.

« L’objectif est de nous rendre encore plus indispensables », résume Aboubaker Omar Hadi, président de l’Autorité des ports et zones franches de Djibouti (APZFD) depuis 2011 et tout-puissantpatrondelaGreatHorn InvestmentHolding(GHIH),quigère l’ensemble des infrastructures du pays, des ports aux corridors routiers et ferroviaires, en attendant le futur aéroport de fret.

Première constatation : le hub portuaire de Djibouti n’est pas sorti affaibli de la pandémie. Il semble même avoir confirmé l’intérêt des armateurs comme celui des char geurs pour les portes orientales de l’Afrique Une érosion régulière des trafics,liéeàlaguerreenÉthiopie,est bien sûr observée chaque semestre. « Avec le problème de devises que connaît Addis-Abeba, nous avons vu fondre entre 15 % et 18 % du trafic en deux ans », reconnaît Aboubaker Omar Hadi. Djibouti n’en est certes plus à viser, comme il n’y a encore pas si longtemps, le million annuel de conteneurs traités. Mais, avec près de 700 000 boîtes manuten tionnées sur son sol en 2021, c’est « le » grand port de la Corne et le seul, aujourd’hui encore

Autoroute maritime Asie-Europe

D’autant que les autorités portuaires de Djibouti ont su jouer la carte des services, en matière de traitement des marchandises comme en direction des équipages et des navires. Le port renoue avec la tradition d’escale de soutage, qui avait justifié sa créa tion à l’époque coloniale, et attend la livraison prochaine de l’unique chantier naval sur cette façade maritime Il a surtout repris à son compte les méthodes et les outils technolo giques utilisés dans les grands ports d’Asie pour s’imposer comme une escale fiable, et donc incontour nable, sur « l’autoroute maritime » qui relie la Chine à l’Europe.

Pari réussi pour Djibouti, salué pour ses efforts notamment numé riques :lesexpertsdelaBanquemondiale l’ont élu premier port africain en 2021 pour sa productivité et son efficacité. Des signaux captés cinq sur cinq par les compagnies maritimes, dont les activités de transbordement redémarrent, depuis le début de 2022, sur les terminaux de Doraleh. En effet, réduit à néant par le Covid-19 ainsi que par le positionnement anarchique des conteneurs à l’échelle mondiale (après avoir pourtant pesé il y a quelques années un tiers des volumes traités), le trans bordement de conteneurs reprend à Djibouti. Il représente 4 % de l’ensemble des trafics enregistrés depuis le début de cette année. Et c’est bien

VINCENT FO URNIER POUR JA
JEUNE AFRIQUE N°3119 DECEMBRE 2022 201 GRAND FORMAT DJIBOUTI
Le terminal à conteneurs du port de Doraleh.

la direction que comptent prendre les autorités Ne serait-ce que pour permettre au port de se maintenir longtemps surlescartesmaritimes des grands armateurs, tout en compensant une partie des pertes enregistrées en raison de la crise sécuritaire en Éthiopie. L’autorité portuaire peut même envisager de voir ses vastes terre-pleins stocker durablement des marchandises prépositionnées, avant qu’elles partent vers des marchés sous-régionaux ou continentaux. Pour cela, les promoteurs de GHIH ont décidé de suivre la logique de la logistique. « Être capable de livrer en 48 heures plutôt qu’en six semaines », résume Aboubaker Omar Hadi. Avec ses vastes zones franchesquinedemandentencore qu’à se remplir, Djibouti dispose de la place et de l’emplacement pour tenir ce rôle de distributeur régional,grandouvertauxventsdu commerce et de la mondialisation.

Interconnexions avec Addis

Pour autant, depuis maintenant trois décennies, le pays n’en oublie pas sa raison d’être. En effet, malgré le conflit qui sévit dans le Tigré depuis 2020, l’Éthiopie absorbe encore chaque année entre 70 % et 80 % de toutes les marchandises manutentionnées à Djibouti, pour qui la conquête logistique de l’hinterland passe par le resserrement desesliensavecsonprincipalmarché, selon un intérêt bien compris de part et d’autre.

Depuis les quelques bisbilles tarifaires et douanières de juillet, les deux pays multiplient les signes d’intégration en interconnectant leurs systèmes de transport routier et ferré, et en investissant ensemble dans les différents ports secs établis le long de l’axe Addis-Abeba Djibouti. Dans le même temps, les autorités portuaires poursuivent leurs investissements dans la baie de Damerjog, située au sud de la capitale, d’où sera, entre autres, exporté le gaz éthiopien. De quoi accentuer davantage l’avance de Djibouti face à la concurrence annoncée des autres ports de la sous-région.

À la rescousse de la Corne de l’Afrique

Après avoir fait transiter le matériel de lutte contre le Covid-19 destiné à la sous-région, le port de la capitale a réceptionné le premier navire chargé de blé ukrainien à rallier le continent. Et confirme son rôle de plaque tournante humanitaire.

Le 30 août, le port de Djibouti a été au cœur de l’actualité avec la réception dans ses vieux bassins du Brave Commander. Le vraquier battant pavillon libanais avait quitté le port ukrainien de Pivdenny le 17 août au matin, avec à son bord 23 000 tonnes (t) de blé destinées à l’Éthiopie, première livraison du genre pour l’Afrique. Déchargée en moins de 72 heures à Djibouti, la cargaison est arrivée le 7 septembre en Éthiopie, permettant à 1,5 million de personnes touchées par la situation dans le Tigré de s’alimenter pendant un mois.

Cinq ans de sécheresse Selon les Nations unies, depuis le 22 juillet et la levée de l’embargo, unetrentainedenaviresontréussià quitter la mer Noire pour livrer près de1milliondetonnesdecéréalesen Europe,enAsie, auMoyen-Orient… Seul le Brave Commander a rallié l’Afrique, dont l’approvisionne ment d’urgence est pris en charge par l’ONU à travers son antenne du Programme alimentaire mondial (PAM), sur financement de l’Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid). Cette dernière a débloqué 68 millions de dollars pour l’achat de 563000 t de céréales ukrainiennes. Un deuxième chargement, de 37 000 t de blé cette fois, a pu rejoindre le Yémen courant septembre. C’est tout ce que la région a reçu jusqu’à présent, alors que les Russes menacent un peu plus chaque jour de fermer le robinet.

La situation est pourtant dramatique dans cette région du globe

politiquementinstable,quienoutre doit faire face à l’une des plus terribles sécheresses de son histoire. « Plus de 22 millions de personnes sont directement concernées par la malnutrition dans la région », estime Claire Nevill, responsable de la communication du PAM dans la sous-région. L’Éthiopie, la Somalie et le Kenya sont particuliè rement touchés par les risques de famine, tout comme Djibouti, où, selon les responsables de l’agence onusienne, près de 16 % de la population serait en situation de stress alimentaire. Sans pluies fortes et régulières depuis bientôt cinq ans, le pays aurait perdu plus d’un tiers de son cheptel. Un contexte forcé ment inquiétant, qui a poussé les pouvoirs publics djiboutiens à tirer la sonnette d’alarme pour demander officiellement le soutien de la communauté internationale.

Dès le 22 février, le gouverne ment djiboutien déclare l’état de sécheresse En mars, les premiers millionsdedollarsdedonsapportés par les bailleurs de fonds internationaux commencent à être mobili sés, lesquels permettent, quelques semaines plus tard, d’amorcer les distributions de vivres à travers le pays. Grâce au fichier national mis en place ces dernières années par les services du ministère des Affaires sociales, 30000 ménages en très grande difficulté ont vite été identifiés. Aujourd’hui, près de 23000d’entreeuxontreçuuneaide. « La situation est désormais sous contrôle », assure Barisso Abdi, du ministère des Affaires sociales, qui estimequelapopulationaétérassuréeparlaréponsedugouvernement.

JEUNE AFRIQUE N°3119 DECEMBRE 2022 202 GRAND FORMAT DJIBOUTI

Aux nombreuses distributions de nourriture effectuées « physique ment » sur le terrain par le PAM et les agents du ministère s’ajoutent celles exécutées « virtuellement ». Grâce à unecartecréditéede10000francsdji boutiens (56,50 euros) par mois, son détenteur peut acheter des produits de premièrenécessitédans desmaga sinsaccréditésparl’agenceonusienne dans chaque chef-lieu de région. « Le commerçant envoie ensuite la fac ture au PAM », explique Barisso Abdi. Une formule qui permet de limiter les possibles distorsions tarifaires sur les marchés locaux. Surtout au moment où les premiers effets de l’inflation commencent à se faire sentir.

« Le coût du panier alimentaire moyen fourni par le PAM a aug menté de 68 % en un an », précise Lina Mustapha, depuis l’antenne de l’organisation à Djibouti, qui doit également s’occuper des 4000 réfu giés originaires des différents pays de la sous-région et regroupés dans les camps d’Obock et d’Ali-Sabieh. « Sans ressources financières supplé mentaires, nous pourrions avoir des

difficultés à nourrir tout le monde », estiment les responsables régionaux du PAM, qui concèdent avoir eu par fois des difficultés à sensibiliser les donateurs à une problématique qui ne concerne « que » 100 000 per sonnes contre 11 millions en Éthiopie « dans un pays, qui plus est, perçu depuis l’extérieur comme étant en sécheresse permanente », ajoute Lina Mustapha.

Base sous-régionale du PAM

Le PAM a fait de Djibouti sa base sous-régionale depuis 2017. Aux portes de la capitale, non loin du port et de ses zones franches, il dispose d’une humanitarian logistic base (HLB, base logistique humanitaire) constituée de deux entrepôts pour lesvivres,médicamentsetautrespro duits non alimentaires, ainsi que de quatre silos d’une capacité de 10000 t chacun, construits pour réceptionner lescéréales.LaHLB,dontlaconstruc tion a coûté 30 millions de dollars, est également utilisée par les différentes agences onusiennes qui travaillent dans la sous-région… Faisant de

Djibouti un passage obligé de l’aide internationale destinée à la Corne de l’Afrique

Programme alimentaire mondial

Plus de 1 million de tonnes de mar chandises en tout genre ont transité par la HLB en 2021, avant d’être char gées sur l’un des 350 camions estam pillés PAM qui sillonnent en continu le corridor éthiopien jusqu’auSoudan du Sud. « Nous pouvons également servir le Yémen et la Somalie si nécessaire », affirme Lina Mustapha, à l’ombre des silos, qui, en ce mois de novembre, abritent un peu plus de 20000 t de blé indien.

Olivier Caslin

« Sans davantage de ressources financières, nous pourrions avoir des difficultés à nourrir tout le monde.»
WFP
JEUNE AFRIQUE N°3119 DECEMBRE 2022 203 GRAND FORMAT DJIBOUTI
Le vraquier Brave Commander, venu d’Ukraine avec à son bord 23 000 tonnes de blé, à quai, à Djibouti, début septembre.

L’AFROSAI, la voix des ISC africaines, Djibouti 2022

notammentles Chefsd’ISC1 membresdu ComitéDirecteur de l’organisation,des organes exécutifs,des Commissionstechniques, des auditeurs externes et des Organisations Sousrégionales composéesdes sous-groupes linguistiques.Cesontles délégations venant de plus 25 pays africains qui ontfait le déplacement de Djiboutiainsi que lesreprésentants de l’Agence allemandedeCoopération Internationale (GIZ), partenairetechnique et financier traditionnel de l’AFROSAI.

La 58ème réunion du ComitéDirecteur de l’Organisation Africaine des Institutions Supérieures de Contrôle des Finances Publiques (AFROSAI) s’est tenue du 11 au 13 octobre2022 àDjibouti, àl’hôtel Kempinski, sous les auspices de la Cour des Comptes de Djibouti.

LaRépublique de Djibouti aabritéla 58ème réunion du ComitéDirecteur de l’Organisation Africaine desInstitutions Supérieures de Contrôle des Finances Publiques en abrégé AFROSAI. Cette réunion s’est tenue du 11 au 13 octobre2022à Djibouti, àl’hôtelKEMPINSKI, sous les auspices de la Cour des Comptes de Djibouti.

Cetteréunion annuelle et statutaire avaitpour objectifs, outreles activités redditionnelles classiques de ses différents organes(examen et validation des rapports des organesstatutaires), l’examen en vue de leuradoption, de documents règlementaires encadrantle fonctionnementdeces organes.Ilyapar ailleurs étéquestion de fixer le cap des activités àmener pour la premièreannéeducycle stratégique 2022/2027.

La réunion de l’AFROSAI de Djibouti avula participation de plus de quatre-vingts délégués,

Cetterencontrequi s’est déroulée dansle calme et la convivialitéqui luisontcoutumiers aporté les fruits de ses promesses.Eneffet,les membres du ComitéDirecteur ontadoptéles documents soumis àson examen :les rapports des différents organes, les termes de référence et les plans d’actions des Commissions techniques,ainsi queles textes de fonctionnement internedel’Organisation quiont étéactualisés au regarddes nouveaux statuts.Ces statuts, adoptés en mars 2022 àDakar au Sénégalont pour objet de moderniser le fonctionnement de cetteorganisation qui se veut êtreunmodèle de bonne gouvernance.

Il convient de rappeler quel’AFROSAI est une Organisation continentale,autonome,indépen dante, professionnelle,inclusiveetapolitique dotée de la personnalitéjuridique qui regroupeles Institutions Supérieures de Contrôle des Finances Publiques d’Afrique (ISC).

ParISC, il faut entendre touteinstitutionpublique d’un État ou Organisation supranationale,qui, quelle que soit sa dénomination, sa composition ou son organisation -exerce, en vertudelaLoi ou autreacteformel de l’État ou de l’Organisation supranationale,lecontrôle supérieurdes finances

publiques de cetÉtatoudecetteorganisation supranationale, et ce de façon indépendante ainsiqu’avec ou sans compétencejuridictionnelle

2022 autour de l’Organisation mère, l’Organisa tion Internationale des Institutions Supérieures de Contrôle des Finances Publiques (INTOSAI) à l’occasion de son XXIVème Congrès.

LesISC de l’AFROSAI se sontretrouvéesdenouveau àRio de JaneiroauBrésil du 07 au 11 novembre 1. ISC :INSTITUTION SUPÉRIEURE DE CONTRÔLE DESFINANCES PUBLIQUES

ENTRETIEN AVEC Mr

Quel est le rôle de L’AFROSAI ?

LesInstitutions Supérieures de Contrôle desFinances Publiquesaidentleurs gouvernements respectifsàaméliorer la performance, accroître la transparenceet garantir la responsabilité.

Parailleurs, elles ontunrôle prépondérant danslesuivi de lamise en œuvredes objectifsdedéveloppementdurable àl’horizon 2030des Nations Unies,del’Agenda2063 de l’Union Africaine ainsi que danslalutte contre les Flux Financiers Illicites. Il faut rappeler l’engagementdes gouvernements du monde àpromouvoir des Institutions Supérieures de Contrôle des Finances Publiques dotées des capacités et des ressourcesgarantissantl’exercice indépendant, efficace et performant du contrôle externedes finances publiques, telqu’exprimé par l’AssembléeGénérale de l’Organisationdes Nations Unies dans ses divers instruments,notammentles RésolutionsA/66/209du22décembre2011 et A/RES/69/228 du 19 décembre2014. Àcet égard, les ISC d’Afrique doivent disposer des capacités professionnelles, institutionnelles et organisationnelles re quises.C’est cettequête de développement des capacitésdes ISC africaines qui fonde l’intervention de l’AFROSAI L’AFROSAI apar ailleurs un rôle fédérateur dans la gestion et le partage des connaissancesetlacoopération rapprochée entre ses membres.C’est également un cadrede coopération et d’échange entreles Organi

sations sous-régionales qui la composent en vue de mutualiser l’expertise disponible dans les sous-régions

Enfin, l’AFROSAI s’emploie àl’érection d’une plateforme ouverte,collaborativeet efficace pour faciliter la dissémination des produitsdéveloppésdanslesSous-régionsà l’échelledel’Organisation et avec l’INTOSAI. Ce qui permettradeconsolider les bonnes pratiquesausein de l’Organisation dansun contexte africain.

Quelles sont les perspectives de développement de l’AFROSAI àmoyen terme ?

Le PlanStratégique de l’AFROSAI pour lessix prochaines années fixelecap pour la périodede2022 à2027. Ce Plan stratégique est un programmed’action commun àl’ensemble de la communauté africainedesauditeurspublics,detoutesles activités de l’Organisation, en matièrede

programmesdedéveloppementdesISC,de partaged’expérience, de mobilisationdes ressources, ainsi qu’à la façon dont opère l’Organisation Internationale.

Àcetitre, il poursuittrois objectifs:

• l’AFROSAI apporte une réponserégionale aux défiscommuns de ses membres dans la quêtededéveloppementdes capacités ; c’est ainsi qu’elle ainscrit au titre de ses missions d’agir comme porte-parole et défenseur des intérêts de ses membres au niveau continental en vue du plaidoyer pour leur indépendance;

• l’AFROSAI améliorelaperformance organisationnelle desISC membres,la transparenceetlavisibilitédel’AFROSAI, en tantqu’Organisation faitière et inclusive des ISC africaines ;

• l’AFROSAI facilite la coopération professionnelle auxniveauxrégional et international,envue du perfectionnementdes ISC membres

Quels sont les objectifs de la réunion de Djibouti ? La réunion de Djibouti s’inscritdans la modernisation du fonctionnementde l’AFROSAI. LesStatuts de l’Organisation ont étémoderniséstrèsrécemmentetadoptésà DakarauSénégal, en mars 2022. C’est donc une réunion statutairequi apour objet d’évaluer la performance desorganesde l’Organisation et d’adopter ses plans d’actionsetbudgétaire pour l’année àvenir.

BoulevarddelaRépublique -B.P.:3331- DJIBOUTI Tél. :(253) 21 35 77 75 -Facebook www.courdescomptes.dj

COMMUNIQUÉ DIFC OM/DF -P HO TO S:D R.
MamadouMaye, PrésidentduComitéDirecteur de l’AFROSAI et Chef de l’ISCduSénégal.

Au paradis de la finance islamique

Grâce à une forte implantation jusque dans les zones reculées et à des produits mieux adaptés aux besoins locaux que ceux des établissements traditionnels, Saba Islamic Bank, Salaam African Bank et East Africa Bank ont largement contribué à améliorer le taux de bancarisation.

Depuis une quinzaine d’années, la finance islamique a le vent en poupe dans la Corne de l’Afrique. Illustrant cette dynamique en marche dans la sous-région, le Global Islamic Finance Award (Gifa) 2022 a été remis, le 14 septembre, à Abiy Ahmed, le Premier ministre éthiopien, récompensé par le jury « pour la mise en place d’un

environnement général des affaires à la fois incitatif et spécifique pour la finance islamique ». Et c’est à Djibouti, qui accueillait cette année ce grand rendez-vous international, que le chef du gouvernement éthiopien est venu recevoir son prix des mains du président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh (IOG), lui même honoré en 2017 pour avoir fait de son pays « l’une des principales

places fortes de la finance islamique en Afrique », comme l’a rappelé le Pakistanais Humayon Dar, concep teur du Gifa, en 2011.

Il faut dire que le secteur ne cesse de gagner du terrain à Djibouti. Si, en 2006, date de la mise en place des premiers produits spécialisés, la finance islamique concentrait à peine plus de 1,5 % de l’ensemble des actifs bancaires du pays, ce taux

SALAAM BA NK
JEUNE AFRIQUE N°3119 DECEMBRE 2022 206 GRAND FORMAT DJIBOUTI
Le siège de Salaam African Bank, à Djibouti.

dépasse aujourd’hui les 26 %. Une progression qui se poursuit, avec le développement des nouveaux services régulièrement proposés à leur clientèle par les trois banques islamiques présentes dans le pays : Saba Islamic Bank (SIB, filiale du groupe yéménite éponyme), Salaam African Bank et East Africa Bank. Les deux premières ont d’ailleurs surfé sur la vague pour lancer, ces deux dernières années, leurs filiales assu rance : Tamini, détenue à 100 % par Salaam, et Atic, propriété de Saba, qui en détient 15 %, et d’une autre enseigne yéménite.

Gestion prudente«à la papa»

En constante progression, la finance islamique gère actuellement plus de 3 000 milliards de dollars d’actifs à travers le monde, contre 200 milliards en 2001 Basée sur « des critères d’équité et de justice sociale », ainsi que le souligne le Premier ministre djiboutien, Abdoulkader Kamil Mohamed, elle a démontré,

en 2008, qu’elle savait mieux résister aux aléas financiers que des produits bancaires classiques. « C’est une finance vertueuse, qui répond à des impératifs sociaux et moraux, et ne laisse surtout rien au hasard », explique Ali Daoud Houmed, directeur de la Banque centrale de Djibouti (BCD).

de développement durable (ODD), définis par les Nations unies en 2015

Partie de Damas et de Bagdad au tournant du millénaire, la banque islamique a débarqué dans la Corne de l’Afrique avec les banques yémé nites et somaliennes, avant de trouver un terreau particulièrement fertile à Djibouti, géographiquement très bien positionné entre l’Orient et l’Afrique. « Les crédits accordés ressemblent à un contrat passé entre deux partenaires, le banquier et son client, mobilisés autour d’un projet commun », précise encore Ali Daoud Houmed, qui estime ce type de produits financiers « particulièrement adapté aux besoins des Djiboutiens ».

Adepte, donc, d’une gestion prudente « à la papa », la finance islamique revendique également sa soutenabilité, en adéquation notamment avec 11 des 17 objectifs

La finance islamique a ainsi large mentcontribuéàaméliorerletauxde bancarisation du pays, passé de 5 % en 2009 à près de 30 % aujourd’hui. Grâce à ses produits innovants et performants, elle pourrait aussi, à terme, sortir de la sphère privée pour jouer un rôle significatif dans le financement d’infrastructures

Le gouvernement du Djibouti coopère avec l’African Risk Capacity et la Banque Mondialepour améliorer la gestion et le financement contrelesrisques climatiques

Face àl’augmentation de la fréquenceetdel’intensité des chocs climatiques, Djibouti prend des mesuresimportantes afin de renforcersarésilience financière. Le gouvernement arécemment lancédes démarches pour devenir signataire de l’African RiskCapacity (ARC) et souscrire àune assurancesouveraine permettant de protéger sa population contreles risques d’inondation et de sécheresse.

L’ARC propose àses États membres une approche innovantepour répondreaux défis de financementcausé par lescatastrophes climatiques. Cette institutionspécialisée de l’Union Africaine offrenotamment des solutions d’as suranceparamétriquepermettant de financer la réponse d’urgenceainsi que des activitésderenforcement des ca pacités visant àmieux organiserl’appuiaux populations affectées. L’ARC porteune attention particulièreàl’inclusion

des groupesvulnérables, en particulier lesfemmes, dans lesactivitésdegestions des risques

La Banque mondialeetlefond GRIF ont accordéunfinancement de 2millions de dollarsafin de prendreencharge la souscriptiondecettepoliced’assurance, dans le cadredu projet pour la réduction des risques, l’inclusion et la valorisation des économiespastorales(DRIVE).

Ahmed MohamedMadar, Secrétaire exécutif chargé de la gestion des risques et des catastrophes, affirme l’engagement du gouvernement djiboutien àintensifier lesefforts afin de mieux financer la réponse aux catastrophesnaturelles :«Actuellement,tout estréuni pour que notrepays puisse fairepartie du poolassurancedel’ARC »

Selon DavidMaslo, Directeur du développement commercial d’ARCLtd, «Depuis2014, ARCLtd aassuréplus d’un milliard de dollarsUSderisque climatiqueetversé 125 millions de dollarsà ses États Membres sinistrés. Le mécanisme al’ambition de couvrir 150 millionsd’Africains par an dès 2025» ■

JA MG -©D .R COMMUNIQUÉ
DavidMasloDirecteur du développementcommercial| ARCLtd -Email :dmaslo@ltd.arc.int www.arc.int
GRAND FORMAT DJIBOUTI
Le secteur gère actuellement plus de 3000 milliards de dollars d’actifs à travers le monde, contre 200 milliards en 2001.

publiques, comme elle l’a déjà fait en Turquie ou dans certains pays musulmans d’Asie du Sud-Est. Au point que certains l’imaginent déjà prendre un jour le relais financier de quelques partenaires bilatéraux de Djibouti.

Démystifier la sphère financière En attendant, la finance islamique poursuit son chemin à Djibouti. Parmi les treize établissements ban caires qui y sont présents, les trois banques islamiques pèsent lourd,

puisqu’elles représentent ensemble 25 % des dépôts et, surtout, 37 % des crédits accordés, soit plus du double d’il y a cinq ans. « Elles sont plus accueillantes et moins sélectives que les enseignes traditionnelles », constate encore le directeur de la Banque centrale. Elles sont surtout plus présentes à travers le pays, notamment dans ses zones reculées En 2013, les banques islamiques ne disposaient que de 5 agences bancaires sur les 18 alors implantées dans tout Djibouti; aujourd’hui, elles

en possèdent 22 sur 50. De même, elles comptent 54 distributeurs de billets sur les 114 installés dans le pays, contre 5 sur 31 il y a dix ans.

« Les banques islamiques ont créé une véritable proximité avec les populations », confirme Ali Daoud Houmed. Elles ont ainsi permis de démystifier la sphère financière auprès du plus grand nombre, tout en collant à la réalité du terrain, restant fidèle à un adage cher à la finance islamique : « Penser global, agir local. »

QUESTIONS À…

Isman Ibrahim Robleh

Ministre du Budget

« Il faut sortir de la vision court-termiste »

JeuneAfrique:Le budgetdel’Étataété largementmisàcontributioncesderniers moispourcontenir l’inflation.Quellessont aujourd’huilespriorités devotreministère?

IsmanIbrahim Robleh:Nous menons la bataille sur deux fronts. Il s’agit d’optimiser nos recettes intérieures, tout en cherchant à identifier les sources possibles d’économie. En matière de rentrées d’argent, après avoir élargi l’assiette fiscale en 2021, le gouver nement cherche cette année à imposer dans la pratique la TVA, mise en place en 2009 mais encore trop rarement appliquée. Un important effort de pédagogie est nécessaire auprès de la population, qui, dans sa très grande majorité, travaille dans le secteur informel et est, de ce fait, difficilement imposable. Il est essentiel que chacun comprenne

bien l’importance de l’impôt et fasse preuve de « civisme fiscal ». C’est en sortant de l’économie informelle que chaque citoyen contribuera à garantir au pays de meilleures recettes, qui lui donneront les moyens de poursuivre sa politique sociale.

Commentéconomiser?

Nous tentons de réduire les coûts de fonctionne ment de l’État partout

où cela est possible Mais pour parvenir à faire des économies, le gouvernement doit aussi veiller à la pertinence de ses investissements, ainsi qu’à la gestion rigoureuse des financements par les régies publiques. Aussi, le ministère du Budget plaide pour une nouvelle conception, établie sur des programmes ciblés, avec des résultats fixés et des moyens financiers identifiés, afin de sortir

d’une vision budgétaire court-termiste.

Quels seraient les prin cipaux avantages de cette approche?

Planifié en cohérence avec le Plan national de développement [PND] 2035, ainsi qu’avec les actions engagées par nos différents partenaires techniques et financiers, ce budget-programme garantirait une meilleure efficacité de l’utilisation des fonds.

Pour relever un tel défi, il faut donc sortir de la logique du budget annuel au profit d’une vision sur trois à cinq ans, qui permet de projeter dans le temps l’action du gouver nement et de l’inscrire dans la durée C’est un véritable changement de comportement qui, selon les services du ministère, assurerait des gains énormes à l’État.

Propos recueillis par Olivier Caslin

OLIVIER CASLIN POUR JA
JEUNE AFRIQUE N°3119 DECEMBRE 2022 208 GRAND FORMAT DJIBOUTI
Dans son bureau à Djibouti, en octobre.

AVEC LA TUILE SUNSTYLE,

DJIBOUTI PREND DE LA HAUTEUR

son partenaire,

Avec le développement d’internet et du marché des smartphones, les métropoles africaines ont vu leurs besoins énergétiques exploser, mettant en tension les réseaux électriques existants et imposant les groupes électrogènes qui aggravent la pollution de l’air. Aussi, de même que l’Afrique aenjambél’analogique pour choisir le numérique, l’énergie renouvelable de demain pourrait tendrevers un modèle d’autoproduction systématique appliqué àchaque construction, àchaque infrastructure,àchaque zone de parkingoude stockage, sans attendrel’arrivée des «usines »à mégawatts. Jusqu’àprésent,l’exploitation du gisementsolaireurbain aété freinée par le panneau solairedifficilement compatible avec les toits terrasses et au rendement contrarié par sa propension às’encrasser.À contrario,latuile solairephotovoltaïque,multi fonctionnelle, dont la puissance énergétique n’apas àrougir de la comparaison, s’adapte à

toutes les configurations et pourrait devenir l’outil indispensable pour permettrede réduirelepoids économique de l’énergie tout en diminuant les émissions de CO2. C’est en tous les cas le pari qui est en train d’êtretenu àDjibouti avec le démarrage du chantier par Somelec visant àrendrelaBCIMR, filiale de la Bred, premièrebanque de la place plus autonome d’un point de vue énergétique. Plus de 600 tuiles solaires photovoltaïques seront bientôt installées sur le toitdeson siègesocial pour unepuissance de près de 80 kWc. ÀDjibouti où l’on construitbeaucoup mais où l’énergie électrique demeurerareet chère, la solution SunStyle proposée par Somelecautraversdesondépartement«Green Technologies»,vise àcréer un nouveau modèle énergétique, économique,écologique mais aussi architectural. Le challenge àrelever ne se résume pas simplementaux réductions de coûts ou àsoulager la pression sur le réseau. Il s’agit plus d’inspirer une nouvelle politique

d’aménagement urbain où chaque nouveau projet de construction et de rénovationse verrait dans l’obligationdeprévoir un volet minimum d’autoproduction énergétique, sur ses toitures, sesmurs ou ses parkings pour obtenir son autorisation ouson financement

Sunstyle International 140, av.des Champs Elysées 75008 Paris-France Email :contact@sunstyle.fr www.sunstyle.com

COMMUNIQUÉ
JAMG -P HOTOS DR W SunStyleInternational,filialeduGroupeAkuoEnergyproducteurindépendantd’énergierenouvelable,sedéveloppe enAfriqueetnotammentàDjibouti.Co-conceptriceetfabricantedestuilessolairesphotovoltaïqueséponymes,SunStyle Internationalestconvaincuequeledéveloppementdel’électricitévertesejouesurlestoitsdesvillesafricaines.Elle s’apprête avec la société Somelec,àcouvrir la toiture de la BCIMR, filiale àDjibouti du Groupe Bred BanquePopulaire SOMELEC GREEN TECHNOLOGIES Imran HASSAN Directeur Général, Hassan MOHAMED,PrésidentFondateur &PierreM.TERRIER, Directeur du Développement

DJIBOUTI,UNPOINT STRATÉGIQUE ET UN HUB COMMERCIALINCONTOURNABLE

Djibouti est située àl’entrée du détroit de Bad-el-Mandeb, sur une voie maritime où des milliers de navires empruntent chaque année. Parlebiais de Great Horn Investment Holding (GHIH), l’organe d’investissement de l’Autoritédes Portsetdes Zones Franches de Djibouti (APZFD), lepays ainvesti dans de grands projets d’infrastructure de rang mondial.

v Djibouti ShipRepair Yards(DSRY)

Le chantier navalqui sera misàdisposition,proposera desservices d’entretien, de maintenance et de réparationdegros navires. Ce projet s’est avéré nécessaire pourpermettre au pays afin d’en tirer profit. Financé conjointement par GREATHORN INVESTMENT HOLDING(GHIH) et la société néerlandaise de financement du développement(FMO).Ils’agit pour ce dernier en charge des travaux d’installation de cette infrastructure d’importance capitale, de mettre en placeun«dry dock»(cale sèche), capable de soulever et de maintenir hors de l’eau les navires gros porteurs de 217m de long, 37m de largeetde10m de hauteur

Ce projet de construction, dont le coût de réalisation est estimé à200 millionsdedollarsseraopérationnelenjuin2023.Celui-ciboosteraégalement l’économiedupays, avec uneprévisiond’environ1800 postes àpourvoir

v Le transportmultimodalMer-Air

Djibouti s’est lancé dans la création d’un modèle de transport logistique multimodal Mer-Air afin d’offrir une nouvelle alternative plus compétitive à l’acheminement de marchandises vers leurs pays de destination.Levolume de nouvelle synergie des transport Mer-Air était de 64,4 tonnes en2021, tandis qu’enseptembre 2022, il est de 221,5tonnes,soit une augmentation de 243 %.

Cettenouvelle solution logistiquemultimodale permet aux importateursafricains d’améliorerleurs systèmesdegestiondelachaîne d’approvisionnement en combinant rapidité, coût et qualité de service. Actuellement, plus de 850000 tonnes de marchandise destinées àl’Afrique sont transportées par voie maritime et aériennevia les ÉmiratsArabes Unis, dont plus de la moitié en provenance de la Chine.Lefret maritime et aérien couvre36paysafricains, 53 villes et une population de plus de 88 millions d’habitants.

Deuxfois moins cher que le transport aérienetdeux fois plus rapide que le transport maritime, le service Mer-Air àDjibouti fait partie d’une solution logistique multimodale reliant lesmarchés africains et asiatiques.

Actuellement, 12 destinations et 11 pays parmi lesquels l’Éthiopie, Somalie, Ouganda, la RDC, Togo, Nigeria, Soudan, Algérie, Maroc, Lybie, et Afrique du Sud, sont desservis. Dans l’avenir,d’autres pays africains seront approvisionnés grâce àcetransport logistique multimodal Mer-Air et via nos ports et zonesfranches

«Letransport Mer-Air,via Djibouti,permettra d’économiser au moins 8heures par voie aérienneet5 jours par voie maritime car non seulement Djibouti est sur la route maritime, maisaussi la plupart des vols àdestination des paysd’Afrique passepar Djibouti », souligne AboubakerOmar Hadi, présidentdel’APZFD

v RedSea Power

JusteaumomentdesassisesdelaCOP27,laRépubliquedeDjibouticontinue de développeretdemettre en œuvre une série d’initiatives en matière d’énergierenouvelable. Àcetitre,elle alancé son premier projet d’énergie renouvelable,qui portesur le développement de l’éolien et dont la première phase est prévue pour être achevée et inaugurée avant la fin d’année 2022

Ce projet contribuera àfaciliter une transitionversune énergiepropre à Djibouti en fournissant une énergie durable, en remplaçant la production d’énergiethermique nationale et àréduireladépendancedupays àl’égard de l’importationd’électricité.

Aprèsl’usine de dessalement de Doraleh, la républiquedeDjibouti continuedemettre «lamer en bouteille ». La construction d’une autre usine de dessalement est prévue àGhoubet. Ce projet fournira de l’eaupropre à partir de l’énergie solaire, sans émissiondeCO2

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Djibouti Télécom joue l’ouverture

Encore en situation de monopole, l’opérateur historique s’apprête à élargir son tour de table. Un coup d’essai qui pourrait inspirer d’autres champions du secteur public

Déjà annoncé e plusieurs fois par le passé, l’ouverture du capital de Djibouti Télécom semble cette fois bien confirmée. « Le processus est en cours, pour une décision qui devrait interve nir avant la fin de l’année », assure Ilyas Moussa Dawaleh, le ministre de l’Économie et des Finances. L’opération porte officiellement sur 40 % du capital, « mais nous ne sommes pas dogmatiques », reprend le grand argentier du pays, sous entendant que l’État pourrait vendre davantage. « L’objectif est de trouver un partenaire stratégique prêt à apporter toute son expertise pour assurer la transformation digitale de Djibouti. »

La mariée est belle et ne manque pas de prétendants. L’opérateur unique engrange chaque année une centaine de millions de dollars de bénéfices sur un marché limité, certes, mais captif, et qui, surtout, dispose à sa porte d’une douzaine de câbles sous-marins (bientôt quinze, selon les autorités djiboutiennes) qui connectent le pays et, au-delà, la Corne et l’Afrique au reste du monde « Des infrastructures exceptionnelles sur lesquelles le moment est venu de capitaliser », insiste Ilyas Moussa Dawaleh. Djibouti Télécom connecte déjà les réseaux éthiopien, somalien et yéménite aux autres continents et veut en faire de même en direction du Kenya et de la région des Grands Lacs. Pour jouer à terme le rôle de « hub numérique » qu’ils visent, Djibouti et son opérateur souhaitent développer dans le même temps des

activités connexes, en particulier dans le stockage des données.

Une deuxième licence?

Ainsi, depuis 2013, le pays abrite le Djibouti Data Center (DDC), situé à quelquesdizainesdemètresdelastation internationale d’atterrissage des câbles, gérée par Djibouti Télécom. Deux autres projets de ce type sont attendus prochainement, le premier danslacapitale,ledeuxièmeàObock, dans le nord du pays, puisque le projet présenté en 2019 par le français Telsam, associé à Djibouti Télécom et à Électricité de Djibouti (EDD) semble avoir survécu à la pandémie de Covid-19.

Avec cette ouverture du capi tal, autorisée par une loi de décembre 2021, l’État djiboutien

espère donc donner les moyens nécessaires aux ambitions de l’un des seuls fleurons de son économie capable,àl’égaldesesports,derayon ner à l’international.

L’injection de nouvelles ressources financières va permettre à l’opéra teur de remettre ses infrastructures àniveauetd’êtreainsienbonneplace dans la compétition qui s’ouvre, en même temps que le marché des télé communications, dans la Corne de l’Afrique et dans son propre pays, puisque le gouvernement entend accorder une deuxième licence « dès 2025 ». Il sera alors temps de tirer les premiers enseignements de l’opération en cours et d’en mesurer les effets«pourlepays,pourlesconsommateursetpourl’opérateur»,conclut Ilyas Moussa Dawaleh.

PA TRICK ROBERT
JEUNE AFRIQUE N°3119 DECEMBRE 2022 211 GRAND FORMAT DJIBOUTI
Dans les locaux de Djibouti Télécom, lors de l’installation de la 4G, en 2018.

SGTD Doraleh Terminal,

Une stratégie de développement àlahauteur de ses ambitions

Aubout de 4ans de gestion,la SociétédeGestion du Terminal àconteneurs de Doraleh (SGTD) aété classéedeux années de suite1ère en Afrique subsaharienne et 19e dans le monde selon une étude de la Banque Mondiale publiéele25mai 2022, qui fait référenceà l'indicedeperformancedes ports àconteneurs mondiaux (CPPI). Situé àl'embouchure du détroit de Bab el Mandeb,aucarrefour des grandes routes commerciales du monde, le terminal àconteneurs de Doraleh est l'élément clé d'un ambitieux projet de développement national qui vise àfaire de Djibouti un hub commercial et logistique de classe mondiale entre l'Asie, l'Afrique et le restedumonde.

La SociétédeGestion du Terminal àconteneurs de Doraleh (SGTD) est l'opérateur du terminal àconteneurs le plus moderne et le plus

développé d'Afrique de l'Est, leader en matière de commercerégional et de gestion de la chaîne d'approvisionnement. Lancéen2009, il s'agit de l'un des plus grands projets d'infrastructure portuaire entrepris par l'Autoritédes PortsetZones Franches de Djibouti (APZFD).

PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT

Le terminal SGTD de Doraleh apour objectif de faire de Djibouti un pôle international de commerceetdelogistique pour l'Afrique. En effet, la sociétéamis en placedes stratégies innovantes pour apporter plus de bénéficesauterminal et plus de compétitivitéaux économies djiboutienne et éthiopienne, l'Éthiopie étant le principal partenaire du pays. Lesdeux pays ont des économies fortement interconnectées. Le

Un Terminal en eau profonde et àgrande capacité

terminal étant la principale porte d'accèsàl'Éthiopie, un géant dont le marché représente120 millions d’habitants –deuxième pays le plus peuplé d’Afrique.

Djibouti, fort de sa position géographique et encouragé par le succèsopérationnel du terminal, al'ambition de se positionner dans l'industrie du transbordement en Mer Rouge dans le but d'attirer toutes les opportunités de la région pour dynamiser l'économie nationale et régionale.

Lesbonnes performances opérationnelles, les récents investissements dans la capacitédestockage et des équipements de manutentions (notamment les 4portiques de grande capacité) devraient entraîner une augmentation du traficdetransbordement aveclapossibilité

de pouvoir opérer les grands navires de type «Ultra Large Container Vessels (ULCV)»dedernière génération jusqu’à 22 000 EVP.

Cesprojets de développement permettront àSGTD de consolider sa position de leader et de poursuivre sa croissanceenpositionnant le terminal comme un hub régional attractif pour recevoir davantage de volumes internationaux.

Société de Gestion du Terminal àconteneurs de Doraleh Djibouti, République de Djibouti -BP:2081 Email :customercare.dct@dct.dj -Tél. :(+253) 21 317

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JAMG -P HOT OS DR SGTD Doraleh Container Terminal, un service de classe mondiale ! Un développement dynamique en espace et en connectivité (par routes et par rail)
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WWW.SGTD-TERMINAL.COM No1 en Afrique subsaharienne* No3 en Afrique, après Tanger Med et Port Saïd* No19 au niveau mondial en 2021 (61e en 2020) *S our ce «C ontainer Po rt Pe rformance Index » CPPI, Wo rld Bank et HIS Markit,
2021
317
2020,

Malika Louback, molécules de béton et Louboutin

Ingénieure en science des matériaux et top-modèle internationale, « la Djiboutienne », comme on l’appelle, a conquis le monde de la mode. Rencontre.

Lorsque ses professeurs de collège demandaient à Malika Louback le métier qu’elle voudrait faire plus tard, elle répondait, sans l’ombre d’une hésitation : « Ingénieure et mannequin djiboutien. » Elle sera l’une et l’autre. Si, dans le premier cas, la spécialité semblait peu lui importer à l’époque (elle sera ingé nieure en matériaux et ingénierie des surfaces), dans le second, la précision lui a toujoursparu essentielle.Lorsde ses premiers castings, à la fin de 2019, Malika Louback ne cessait de répé ter : « Je ne suis pas éthiopienne, je suis djiboutienne » Et fière de l’être Au point de donner des cours de géo graphie à ses camarades de plateau entre deux séances photo. Trois ans plus tard, toute l’industrie de la mode sait placer son pays sur une carte

Il faut dire que Malika Louback est rapidement devenue « la reine », une identité à laquelle son prénom la prédestinait. Un peu sur le tard, certes, pour une carrière de mannequin qu’elle commence à l’âge où certaines stars des podiums pensent déjà à raccrocher Mais à 27 ans, et en moins de trois ans, elle est devenue l’une des top-modèles les plus sollicitées à travers le monde Comme si les grands noms de la mode ne pouvaient plus se passer de son allure altière et de ses jambes sans fin. Très vite, les stylistes du monde entier se l’arrachent Son premier shooting lui fait prendre encore un peu plus de hauteur que ses 177 cm

en la faisant grimper sur une paire de Louboutin. Elle enchaîne ensuite les catwalks pour Saint Laurent, à Paris, et Jil Sander, à Milan, avant de décrocher en septembre 2020, un an à peine après le début de sa carrière, la couverture de Vogue France. Une révélation pour beaucoup. « Tout le monde s’est demandé qui était cette fille », s’amuse la jeune femme qui désormais additionne les miles à mesure qu’elle auditionne à travers le monde.

Scientifiques de père en fille Aupoint qu’elle adûmettreson autre carrière entre parenthèses Car, tête bien faite posée sur une silhouette qui, à l’évidence, inspire les créa teurs, Malika Louback est également ingénieure. Celle qui se rêvait « aussi intelligente que papa », scientifique spécialisé en hydraulique, a rejoint son modèle.

Douée pour les mathématiques comme lui, elle n’hésite pas une seconde quand, à 18 ans, après avoir obtenu son baccalauréat au lycée français Joseph-Kessel de Djibouti, elle décide de quitter son pays pour la première fois. Le cœur gros, elle laisse derrière elle son enfance heureusedanslequartierduHéron,entre plage de sable blond et grands fonds marins. Il y a pourtant des occasions quinesemanquentpas,commecelle, pour Malika, d’aller poursuivre ses études supérieures en France du côté de Lyon, plutôt qu’à Paris, qu’elle trouve alors « trop brutale ». Elle évite

la case « prépa » et préfère se mettre à niveauenpassantundiplômeuniversitaire de technologie (DUT) en génie industriel et de maintenance dans la capitale rhodanienne. DUT qu’elle complète par une licence en physique, à l’université de Saint-Étienne (60 km au sud de Lyon). Le temps de se faire à la vie d’étudiante, loin de chez elle, et dotée pour la première foisd’unecartede créditquiluiouvre l’accès à tout ce qu’une grande ville peut offrir. Elle découvre le cinéma etlesfast-foodsd’abord,lesbouchons ensuite; elle multiplie les cours de danse et, surtout, les promenades le nez au vent, le long du Rhône

Bien sûr, elle qui aime tant « être connectée aux gens » comprend vite que l’entraide et la chaleur humaine chères aux Djiboutiens n’ont pas le même sens en France Mais, entourée de ses deux sœurs, Sonia, l’aînée, et Marie-Aswan, la benjamine, elle prend vite goût à son existence lyon naise. Elle avoue adorer cette vie, qu’elle poursuit pendant trois ans en intégrant Polytech à l’université Lyon-1. « Comme l’École polytechnique, mais sans l’aspect militaire », précise Malika Louback, qui en sort avec un diplôme d’ingénieur en matériaux et ingénierie des surfaces. Histoire de continuer de s’amuser à manipuler les molécules de béton notamment –, un peu comme elle le faisait du temps de Kessel (son lycée de Djibou), lorsqu’elle distillait des clousdegirofleetdujasminpourcréer son propre parfum, Abracadabra.

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VERSA CE VIA BESTIMA GE
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Campagne de la maison de haute couture italienne Versace pour sa collection « Holiday 2021 ».

Le monde de la mode n’a en effet jamais été très éloigné de Malika Louback. Elle a juste attendu le bon moment pour se lancer. À 14 ans, son corps de liane attire déjà l’attention d’une créatrice djiboutienne, qui la fait monter sur une estrade pour la première fois. Une expérience sans lendemain, malgré l’insistance de la styliste à lui faire rencontrer des amis agents à Paris. La jeune fille préfère « finir son lycée », comme elle choisira, quelques années plus tard, de prolonger ses études d’ingénieur malgré, là encore, quelques propositionsdecontrat.Elleattendra d’obtenir son diplôme pour franchir

enfin le pas, à rebours des avis unanimement négatifs de ses amis, qui la considèrent comme trop âgée pour réussir…

« Un peu plus qu’un cintre » Ce n’est pas l’opinion de Nicolas Karayannis, de l’agence américaine IMG, qui ne met que quelques heures à répondre au courriel que Malika Louback lui envoie, un soir, alors qu’elle rentre d’un chantier. Dès leur premier rendez-vous, Karayannis comprend que la brillante jeune femme ne sait pas où elle met les pieds, mais il voit aussi immédiate ment son potentiel atypique, dans la

lignée de la nouvelle vague de man nequins aux origines exotiques et à la beauté ethnique, comme l’Indienne Ashley Radjarame ou la Sénégalaise Maty Fall Diba.

Dans ce paysage international de la mode en pleine recomposition, où tout le monde connaît désormais « la Djiboutienne », Malika Louback s’est rapidement fait une place au soleil des projecteurs. Plus important encore, elle sait qu’elle a ouvert laporteàsesjeunescompatriotes,qui la considèrent aujourd’hui comme leur « grande sœur ». Et elle voit déjà plus loin. Sûre de sa force comme de sesformes,elles’estimeàdesannées lumière des tops classiques, et préfèresedéfinircommeune« mégamodèle », qu’elle décrit comme étant « unpeuplusqu’uncintre ».Déjà,lors des premières prises de vue, elle avait bluffé son monde en étalant, sans arrogance, sa confiance devant l’ob jectif, en affichant une énergie et un bonheur qui n’avaient rien à voir avec de l’insouciance. « J’étais plus stressée pour ma soutenance de mémoire [sur l’analyse de la déformation des sols] », confie-t-elle.

Malika Louback dit avoir puisé sa joie de vivre, sa liberté de penser et d’êtreauprèsdesesparents :sonpère, donc, et sa mère, Moumina Houmed Hassan, passée par l’Unicef, avant d’êtrenomméeministredjiboutienne de la Femme et de la Famille (de 2016 à 2022), et aujourd’hui ambassadrice Un autre exemple à suivre pour la jeunefemme,mêmesiellen’envisage pasencoredeperpétuerl’engagement politique de sa mère. Pour l’instant, elle préfère continuer à vamper dans les défilés, tout en poursuivant, aidée par son père, ses propres projets d’ingénierie, dans le but de participer, à plus long terme, au développement de son si cher pays.

SDIANA CIARA VOL O/WIREIMA
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GE/GETTYIMA GES
Le 25 février, dans les coulisses du défilé Etro, pendant la Fashion Week de Milan, en Italie.
JEUNE AFRIQUE N°3119 DECEMBRE 2022 216 GRAND FORMAT DJIBOUTI
Elle préfère«finir son lycée», comme elle choisira de prolonger ses études, malgré des propositions de contrat.

Avec son nouvel hôpital général, la CNSS renforce son oore de santé.

"Fair la publique fé ale dans la sa s, co and nombr au dé de 'il la l'A ale lle de s de la SS

Ce s al meilleur s à 20 spécialit Financé al par la Banque Africaine de Développement et par la Banque Islamique de Développement, ce projet d’hôpital s’inscrit dans le cadre du Projet d’Appui au Renforcement des Compétences dans le Secteur de la Santé (PARCSS). Il deviendra, à terme, un Centre Hospitalier Universitaire afin de proposer les formations de spécialisations pour les étudiants djiboutiens et étrangers.

NOUVEL

40 médecins spécialisés

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Entièrement financé par la solidarité des Djiboutiens, le futur Hôpital Général la CNS aux ins at se te Dieu en sa obleh

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