2 minute read

Samuel Abu Jinapor

Ministre ghanéen des Terres et des Ressources naturelles

Pourfendeur des mines illégales

Advertisement

À 39 ans, Samuel Abu Jinapor doit relever le défi de l’exploitation aurifère informelle. Une pratique séculaire mais de plus en plus préjudiciable à l’environnement et à l’économie du Ghana Pour y parvenir, il croit à la ténacité et à l’application, y compris musclée, de la loi.

Au Ghana, le terme « galamsey » désigne l’exploitation illégale et à petite échelle de l’or, dont le pays regorge. Une activité séculaire qui, avec le temps, a fini par peser dangereusement sur l’environnement, l’économie et la santé de ceux qui en vivent. Ils sont nombreux : le galamsey emploie directement plus de 1 million de Ghanéens en milieu rural, fait vivre des millions de personnes et contribue à hauteur de 43 % à la production aurifère totale Mais plus de 85 % des opérations minières à petite échelle se déroulent dans le secteur informel et illégal de l’économie et restent non réglementées. Une situation qui ne peut plus durer, selon le président Nana AkufoAddo, qui a nommé, en mars 2021, celui qui devra mettre de l’ordre dans la production du métal le plus précieux du monde, dont le Ghana est le premier producteur africain et le sixième mondial. Samuel Abu Jinapor a pris la tête du ministère des Terres et des Ressources naturelles pour s’attaquer à cette problématique complexe.

Élégant et détendu, il se veut à la hauteur du défi que lui a confié son parrain politique « J’ai trouvé une industrie minière robuste et très active, […] mais entravée par de nombreux défis, dont celui de l’exploitation minière illégale à petite échelle », raconte Jinapor

Si cette activité de galamsey fournit un moyen de subsistance à de nombreux « galamseyeurs », mais aussi à des ressortissants chinois sans papiers, elle a également causé de graves dommages à l’environnement, entraînant la destruction de terres agricoles et la pollution de nombreux plans d’eau. Récemment, l’importation d’équipements lourds tels que des excavatrices a intensifié l’impact environnemental dans la plupart des régions. Par ailleurs, elle a privé l’État de recettes estimées à 2,3 milliards de dollars (2,16 milliards d’euros) en 2016.

Optimiste et déterminé, Jinapor est convaincu que la plupart des mesures qu’il a prises depuis son entrée en fonction finiront par porter leurs fruits. « Un grand travail a été fait, estime-t-il. Nous avons pu construire un cadre qui nous aidera à résoudre cette question. » Réaliste, il ajoute : « Nous sommes conscients que, même si nous continuons à faire des efforts pour réformer l’industrie, les gens continueront à bafouer les règles. C’est pourquoi nous faisons appliquer la loi en déployant des soldats pour réprimer les petits exploitants miniers illégaux. »

Énorme coût politique Jinapor, qui a commencé sa carrière comme assistant en communication de l’ancien président John Kufuor, est conscient du fait que la lutte contre l’exploitation minière illégale a un coût politique énorme. Il sait que son patron, Nana AkufoAddo, a perdu de très nombreuses voix dans les régions occidentales du Ghana après avoir lancé une campagne de répression contre les mineurs illégaux lors de son premier mandat.

Mais il sait aussi qu’il doit tenir bon et continuer à s’engager auprès des chefs traditionnels et des communautés locales. « La coopération entre les autorités traditionnelles et les dirigeants politiques est absolument cruciale », affirme cet avocat de formation de 39 ans.

« Je considère la situation comme un défi national, qui nécessite une détermination nationale, sans esprit de parti. Malheureusement, de nombreuses formations ont politisé la question », déplore-t-il. « Dans tout ce que vous faites, en particulier lorsque vous traitez des ressources et de l’argent dont dépendent bien des gens, il y a ceux qui vous applaudiront et ceux qui seront directement affectés », assure ce père de quatre filles qui estime faire « ce qu’il faut » pour accomplir sa mission.

Kent Mensah

This article is from: