Ja 2815 dossier sante du 21 au 271214

Page 1

algérie sellal : l’homme à tout faire de boutef

jeuneafrique.com

Hebdomadaire international indépendant • 55e année • n° 2815 • du 21 au 27 décembre 2014

emploi

jeunesse

emploi

diplomatie

diplomatie

emploi

éducation

armée jeunesse

emploi

emploi

paix sociale

emploi

jeunesse

emploi jeunesse diplomatie

emploi

cohésion nationale

jeunesse diplomatie

religions

religions

emploi

décentralisation

jeunesse

emploi

emploi

jeunesse armée fiscalité

jeunesse

jeunesse

jeunesse

armée

fiscalité

fiscalité

fiscalité état de droit

religions jeunesse décentralisation

état de droit décentralisation

armée

décentralisation

décentralisation

armée

armée

jeunesse

armée

finances publiquesarmée

fiscalité

finances publiques

armée armée jeunesse

armée

fiscalité

décentralisation

armée

armée

fiscalité

décentralisation

décentralisation

jeunessearmée armée

emploi

paix sociale

décentralisation

emploi

jeunesse paix sociale

paix sociale

armée

paix paix

paix sociale

armée

jeunesse

armée

paix paix

diplomatie jeunesse

religions

finances publiques armée

religions

diplomatie armée diplomatiejeunesse

tunisie

fiscalité

religions jeunesse

armée

armée

armée

armée

armée fiscalité armée

emploi

diplomatie

diplomatie

jeunesse

armée

diplomatie emploi

emploi

finances publiques

finances publiques

paix

jeunesse

décentralisation

jeunesse

jeunesse

armée

jeunesse

diplomatie emploi sociale emploi

décentralisation fiscalité décentralisation

emploi

jeunesse

emploi

fiscalité fiscalité emploi emploi emploi

paix sociale

armée

paix sociale

emploi jeunesse diplomatie

religions

emploi

finances publiques

emploi

jeunesse

religions Cohésion

emploi

armée

paix sociale

Cohésion

fiscalité

diplomatie

Spécial 16 pages

religions

jeunesse

diplomatie

diplomatie

diplomatieemploi

armée

armée

cohésion nationale état de droit

décentralisation

emploi

emploi

emploi

paix jeunesse sociale

état de droit

L’appel du large

jeunesse

jeunesse

armée diplomatie

MAROC

jeunesse

jeunesse

emploi

jeunesse

Le pLus

paix sociale

jeunesse

cohésion nationale

emploi

emploi

de Jeune Afrique

emploi

diplomatie

côte d’ivoire ouattara-bédié : enquête sur un « couple » au pouvoir

jeunesse

diplomatie

armée

jeunesse jeunesse

religions

paix sociale

diplomatie

paix

paix

jeunesse

emploi

urgence(s)! cohésion nationale

Les 12 défis des nouveaux dirigeants, ou comment éviter la catastrophe édition INTERNATIONALE

France 3,50 € • Algérie 200 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 € Espagne 4 € • Éthiopie 65 birrs • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1 100 MRO • Norvège 45 NK • Pays-Bas 4 € Portugal cont. 4 € • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 6 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1 700 F CFA • ISSN 1950-1285



ERICK CHRISTIAN AHOUNOU

15

l’ONU, à l’initiative des Occidentaux et avec l’aide des voisins de Tripoli. Le 19 décembre, le G5 Sahel, qui réunit le Tchad, le Niger, le Mali, la Mauritanie et le Burkina, a lancé un appel aux Nations unies pour qu'une force internationale soit créée afin, entre autres, « de neutraliser les groupes armés ». Pourtant, les réticences sont encore nombreuses. Les diplomates africains et arabes ne manquent pas de rappeler à Paris qu’avant de « nettoyer » le Sud-Ouest libyen, il faudrait penser à stabiliser le Nord, en proie au chaos. Un diplomate français fait d’ailleurs cet aveu : « On ne comprend pas grand-chose à ce qu’il se passe au Nord. Et on n’est pas les seuls. »

p Idriss Déby Itno et Jean-Yves Le Drian, au forum de Dakar, le 16 décembre.

Or pour beaucoup de pays – y compris pour la France –, il est hors de question de « refaire » le coup d’Harmattan, où l’on « taperait » les ennemis sans prévoir les suites. « On ne va pas refaire ce que le monde entier nous reproche,glisse un collaborateur de Le Drian. On ne va pas taper en Libye pour que tout ce beau monde se retrouve en Algérie. » Ce n’est pas pour rien – ni même pour embêter son ennemi préféré – qu’Alger est à la pointe de l’opposition à une intervention armée. « Ils craignent que les jihadistes qui auront été chassés du Sud libyen ne se réfugient dans le sud de l’Algérie », précise un diplomate sahélien. Alger n’était pas représenté à Dakar pour le dire. Ramtane Lamamra, le ministre algérien des Affaires étrangères, était annoncé. Quelques heures avant l’ouverture du forum, il a fait savoir qu’il ne serait finalement pas là. En son absence, Le Drian a eu tout le loisir de préciser que « la question libyenne est devant nous » et de rappeler, non sans ironie, à son « ami » Idriss Déby Itno, après sa sortie sulfureuse, qu’il préside actuellement le Conseil de sécurité de l’ONU et qu’il a donc toute faculté d’agir. Une manière de rappeler le continent à ses responsabilités – l’un des thèmes majeurs du forum. Car « pour l’heure, peste un conseiller du ministre, on reste dans l’incantation, à l’ONU, il ne se passe rien ». l


94

Dossier

Santé

Technologies

Les promesses de

la m-santé Prévention des épidémies, lutte anticontrefaçon, suivi des patients… les services spécialisés sur mobile se multiplient. Mais leur défaut de modèle économique freine encore leur progression.

Fanny Rey

S

i le Nigeria a réussi à endiguer Ebola, du moins jusqu’à présent, c’est en partie grâce aux télécoms. Un décret présidentiel a autorisé la surveillance des appels et des SMS afin de localiser et de suivre médicalement les utilisateurs potentiellement contaminés et leurs contacts. L’application américaine eHealth a par ailleurs permis de recenser les cas avérés et de transmettre les données collectées au ministère de la Santé. Au-delà de cette illustration d’actualité, voilà une dizaine d’années que le potentiel de la m-santé croît à mesure que se développe le

n o 2815 • du 21 au 27 décembre 2014

marché de la téléphonie mobile – environ 70 % de la population possède un portable. Sur fond de pénurie de personnel et d’infrastructures médicales, ce n’est pas un hasard si l’Afrique concentre le plus de projets de m-santé au monde. Un foisonnement éclectique, ciblant patients comme professionnels et se positionnant aussi bien sur la prévention, le diagnostic et l’observance que sur la formation voire la microassurance (depuis janvier, Safaricom propose par exemple une assurance santé aux Kényans dépourvus de couverture maladie). « En matière de m-santé, les marchés émergents et en développement sont en avance sur les pays jeune afrique


IntervIew

Farid Fezoua, PDG

Novartis tourne la page du tout générique

débat

Les cliniques marocaines, un investissement comme un autre ?

95

AlcAtel-lucent

de GE Healthcare Afrique

StratégIe

industrialisés. C’est souvent pour eux le seul moyen d’accéder à un service ou à une information, faute de personnels et d’infrastructures suffisants, analyse Florence Gaudry-Perkins, directrice des affaires internationales chez Alcatel-Lucent. En juin 2013, un millier d’initiatives de m-santé ont été recensées dans le monde, dont 363 en Afrique, selon GSM Association (GSMA). » Et les exemples emblématiques ne manquent pas, à commencer par Masiluleke, lancé en Afrique du Sud en 2008 pour lutter contre le VIH, via l’envoi massif de SMS « qui ont entraîné 1,5 million d’appels à la ligne d’assistance téléphonique nationale », indique Florence Gaudry-Perkins. jeune afrique

p Toute la difficulté consiste à faire dialoguer professionnels de santé et ingénieurs télécoms.

Autre réussite significative, le projet ghanéen mPedigree permet aux utilisateurs de vérifier que leurs médicaments ne sont pas contrefaits, grâce à un code à envoyer gratuitement par SMS. En Tanzanie, le gouvernement suit en temps réel le nombre de tests antipaludéens disponibles dans les centres de santé primaire via l’application SMS for Life (lire p. 102). Autant de services simples qui ont prouvé leur efficacité et essaimé. Bémol. Avec un bémol de taille : la plupart sont

des initiatives pilotes et peinent à trouver un modèle économique car elles se heurtent au problème du financement, comme le souligne l l l n o 2815 • du 21 au 27 décembre 2014


96

Dossier Santé

Le mobile au chevet de l’Afrique

PRÉVENTION Envoyer des messages aux femmes enceintes et aux jeunes mères a permis de

réduire de 30 %

la mortalité infantile au Mali

sources : orange healthcare, PWc

DIAGNOSTIC Grâce aux solutions de santé mobile, 2 fois plus d’habitants des zones rurales peuvent accéder aux soins

TRAITEMENT Au Kenya, la santé mobile a permis d’améliorer de 11% le taux d’adhérence aux traitements contre le sida

Et pourtant… Lentement mais sûrement, la santé mobile se structure. « Depuis 2010, on y va. On est dos au mur, on n’a pas le choix », moyenne entre une 8 Distance résume Line Kleinebreil, vice-présidente personne et le centre médical km le plus proche de l’Université numérique francophone mondiale (UNFM). Une dynamique encouragée par la création il y a quatre ans de la mHealth Alliance, sous l’impulsion de la Fondation des Nations unies, de la Fondation 62% Vodafone et de la Fondation de la population africaine vit en Rockefeller. « L’idée est d’inciter zone rurale les États à recourir aux technologies mobiles pour récolter des données sur l’état sanitaire de la population », poursuit-elle. Un mouvement conforté par le lancement, sous l’égide de l’Union internationale des nté e sa obil télécommunications (UIT) et 1 Africain sur 2 m de l’Organisation mondiale de doit parcourir chaque la santé (OMS), du programme jour 10 km pour s’approvisionner mondial Be Healthy, Be Mobile, en eau en 2012, focalisé sur les maladies potable non transmissibles (MNT) telles que le diabète, le cancer et les pathologies cardio-vasculaires, afin d’agréger les D’ici à 2017, la santé mobile pourrait générer en meilleures pratiques. Il compte huit Afrique 1,2 milliard $ de chiffre d’affaires pays cibles, dont le Sénégal, Maurice et la Tunisie.

l l l Thierry Zylberberg, directeur d’Orange Healthcare. En mars, la division santé de l’opérateur a lancé au Cameroun My Healthline, un service offrant des conseils personnalisés sur la contraception, le VIH, la sexualité et les infections sexuellement transmissibles. Envoyée par SMS (0,25 euro), la question est ensuite transmise anonymement à un service médical, dont la réponse est acheminée dans l’heure par l’opérateur. « Nous disposons d’un véritable modèle économique, note Thierry Zylberberg. Ce qui est loin d’être le cas pour la plupart des services expérimentés sur le continent. »

ramadan. Dans le cadre de ce partenariat, un

ambitieux projet sur le diabète a démarré au Sénégal en novembre, après une phase pilote menée lors du ramadan. « Il s’agit d’envoyer des messages à la population pour la sensibiliser à la prévention du diabète, aux diabétiques pour leur apprendre à gérer leur maladie, et aux professionnels pour améliorer le dépistage et la prise en charge », explique Marie Ka-Cissé, chef de la division MNT au ministère de la Santé sénégalais. En septembre, la Pan-African mHealth Initiative de la GSM Association a complété le dispositif au niveau de la nutrition des mères et de leurs enfants.


S’il note une structuration de l’offre, Thierry Zylberberg demeure sceptique quant aux retombées de ces programmes institutionnels : « Nous n’avons pas encore observé d’application pratique de ces protocoles sur le terrain. » Pour Line Kleinebreil, ce constat est révélateur des difficultés à faire dialoguer les professionnels de santé et les opérateurs. Selon la vice-présidente de l’UNFM, ces derniers participent plus volontiers lorsqu’ils ont l’exclusivité, car ils peuvent utiliser le projet à des fins marketing pour se différencier de leurs concurrents. pRioRité. Pour que la m-santé décolle, beaucoup

doit encore être accompli en matière d’interopérabilité. « C’est un univers très fragmenté, il y a tout un travail intersectoriel à réaliser pour rapprocher les parties prenantes, créer des partenariats », estime Florence Gaudry-Perkins. Avant de pouvoir véritablement parler de révolution, « reste aussi à rassembler davantage de preuves cliniques de l’efficacité des services proposés pour dépasser les statistiques sur le nombre d’appels, poursuit-elle. L’OMS et les ministères de la Santé veulent des évaluations plus approfondies, faute de quoi il sera difficile de convaincre les partenaires qu’il s’agit d’une priorité pour l’investissement ». l

Le paRi Réussi d’e-diabète

«

A

u départ, ça faisait un peu ciné-club », plaisante Line Kleinebreil, vice-présidente de l’université numérique francophone mondiale (uNFM). Cinq ans après la première session d’e-diabète, l’instigatrice de cette opération peut se frotter les mains : quelque 50 000 professionnels de santé y ont pris part gratuitement. Le programme de formation continue, qui cible généralistes, infirmiers et internes, a démarré en septembre 2009 grâce au partenariat noué entre l’uNFM et le réseau en afrique francophone pour la télémédecine (raft). depuis, chaque deuxième jeudi du mois, une cinquantaine d’établissements se connectent simultanément dans toute l’afrique subsaharienne francophone. Et c’est parti pour une session interactive d’une heure dirigée à distance par un diabétologue africain bénévole. Le cours, qui se prolonge par une discussion avec l’animateur local, peut être réécouté en ligne gratuitement. « En cinq ans, le partenariat uNFM-raft a acquis une vraie notoriété. Chaque mois, 1 500 à 2 000 professionnels y assistent et obtiennent une attestation. Et ils sont de plus en plus nombreux à se reconnecter après la session collective. » La clé du succès ? « un logiciel suisse se contentant du bas débit, une réunion en équipe et la possibilité de suivre le cours en différé. » après avoir étendu cette initiative à la pédiatrie en 2012 (30 000 professionnels sensibilisés), l’uNFM travaille à la mise en place F.R. d’un programme consacré à Ebola. l

jeune Afrique


Dossier Santé interview

Farid Fezoua

PDG de General Electric Healthcare Afrique

« Le continent est un laboratoire pour valider des hypothèses technologiques » le George W. Bush Institute, très actif en Afrique, et le Pepfar [Plan présidentiel d’urgence contre le sida] ; et un second d’un montant de 20 millions de dollars pour développer des programmes de formation destinés aux professionnels de santé. Outre la conception et l’équipement technologiques, notre action doit s’inscrire, plus en amont, autour de la formation et des services de maintenance.

Le patron Afrique du leader mondial de l’imagerie médicale mise sur la formation et l’innovation. Son objectif : diagnostiquer et dispenser les premiers soins jusque dans les zones les plus reculées.

Comment élargissez-vous votre présence en afrique ?

D

epuis sa nomination en juin 2012, le numéro un de General Electric (GE) Healthcare Afrique, la branche santé du conglomérat américain pour le continent, a deux credo : promouvoir les partenariats pour proposer des solutions durables en amont et en aval de la vente de ses équipements et miser sur la formation, le réseau de distribution et les services de maintenance pour étendre la diffusion de ses technologies. Muet sur les investissements de GE Healthcare en Afrique comme sur ses résultats, Farid Fezoua est en revanche intarissable sur les formations, l’un de ses axes stratégiques de

n o 2815 • du 21 au 27 décembre 2014

marc shoul pour j.a.

98

développement, qui se déploient dans les champs de la cancérologie et de la santé materno-infantile. jeune afrique : Début août, lors du sommet États-unis-afrique, Ge a annoncé un investissement de 2 milliards de dollars [1,5 milliard d’euros] d’ici à 2018. Dans quelle mesure la branche santé du groupe est-elle concernée ? fariD fezoua : À Washington,

aucune donnée chiffrée sur la distribution de cette somme n’a été communiquée. Mais pour le volet santé, nous avons annoncé deux investissements : un premier de 500 000 dollars dans le cadre de la lutte contre le cancer en Éthiopie, en partenariat avec

p « Certaines de nos innovations ont été retenues par l’OMS », assure ce Français d’origine algérienne.

Historiquement, nous sommes bien implantés au Nigeria, en Algérie, en Afrique du Sud et en Égypte. Et ces trois dernières années, nous avons bien progressé en Afrique subsaharienne, notamment en Afrique de l’Est. Nous accordons une attention toute particulière à la formation de cadres et de spécialistes locaux. GE s’est engagé à ce que l’Afrique soit gérée depuis l’Afrique. Comment poursuivez-vous votre développement sur le continent ?

Nous souhaitons étendre nos implantations dans plusieurs pays et sous-régions clés. En Angola, par exemple, nous avons un projet important de modernisation d’une quarantaine d’hôpitaux publics. Notre développement s’appuiera également sur l’extension de notre réseau de distributeurs locaux, en mettant l’accent sur le qualitatif et sur une gestion plus structurée. alger a été choisie pour accueillir votre premier centre de formation aux technologies de pointe en matière d’oncologie et de cardiologie. Prévoyez-vous d’en ouvrir d’autres sur le continent ?

Dans le cadre de notre partenariat avec le ministère algérien de la Santé, nous avons établi un l l l jeune afrique


FOTOLIA

DR

Communiqué

➲ Lutte contre les endémies en Afrique Centrale

Vers une harmonisation de la recherche dans le domaine de la santé

ans le souci de promouvoir l’éthique en santé dans les pays d’Afrique centrale, l’ Organisation de Coordination pour la lutte contre les Endémies en Afrique Centrale (OCEAC) a initié en 2011 un projet de mise en place d’un comité d’éthique institutionnel multi-pays, le projet EMCIR, cofinancé par l´EDCTP (European Developing Countries Clinical Trials Partnership). En 2006 et 2011, une analyse de la situation réalisée par l’OCEAC et l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), avait révélé que seuls deux pays, le Cameroun et le Gabon, parmi les six membres de la CEMAC, disposaient de comités nationaux d’éthique opérationnels.

lois sur l´éthique de la recherche. Au Gabon, le CNE est secondé par le comité institutionnel au sein de l’Hôpital Albert Schweitzer de Lambaréné. En République Centrafricaine, il existe plutôt un comité scientifique qui donne des avis scientifiques et éthiques sur les

En Guinée Équatoriale, un CNE est en voie d’implémentation. Il compte 11 membres ; son règlement intérieur est en cours d’élaboration. Au Tchad, un comité national de bioéthique a été mis sur pieds depuis 2010, par arrêté du Ministre de l’enseignement supérieur, avec l’appui de l’UNESCO ; il compte 14 membres. En République du Congo, il existe deux comités institutionnels, dont le Comité d’Éthique de la Recherche en Science de la Sant é ( C E RS S A ) , q u i compte 15 membres.

Mettre en place un comité d’éthique commun aux pays d’Afrique centrale

Placé sous la coordination d´une équipe technique et la supervision du Secrétaire Exécutif de l´OCEAC, la mise en place du Comité d’Éthique de la Recherche et de la Santé en Afrique Centrale (CERSAC) a deux objectifs : • mettre en place un comité d’éthique de la recherche et de la santé commun aux pays d’Afrique centrale, • fournir une assistance à la mise en place ou au renforcement des comités nationaux d’éthique au Tchad et en Guinée Equatoriale. RÉUNION DE LANCEMENT ET SESSION DE FORMATION DU COMITÉ D’ETHIQUE POUR LA RECHERCHE EN SANTÉ.

Au Cameroun, le Comité National d’Éthique (CNE) de la recherche pour la santé humaine compte 19 membres. Il fonctionne depuis 1987, même s’il n’existe pas encore de

projets de recherche. En République Démocratique du Congo, il existe un comité institutionnel depuis 2003, dont le rôle est de faciliter l’opérationnalité des projets de recherche.

C’est dans ce cadre que le CERSAC a été créé et lancé lors de sa première réunion, tenue du 18 au 21 mars 2014, au siège de l´OCEAC à Yaoundé. Le rôle du CERSAC est de protéger les personnes impliquées dans la recherche en santé en Afrique centrale. Á

ORGANISATION DE COORDINATION POUR LA LUTTE CONTRE LES ENDÉMIES EN AFRIQUE CENTRALE

www.oceac.org

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR SAUF MENTION.

D


100

Dossier Santé l l l état des lieux des besoins et mis en place sept formations focalisées sur les ultrasons et les scanners. Environ 140 praticiens du privé ont été formés la première année. Nous avions comme objectif d’en former un millier mais nous avons été très occupés par les demandes du ministère… En parallèle, 215 cadres de santé algériens ont bénéficié de notre expertise de formation en management. Nous envisageons effectivement de développer des projets similaires dans deux autres pays d’Afrique subsaharienne, mais il est encore trop tôt pour en dire davantage. En Algérie, nous avons aussi mené avec succès une mis­ sion d’optimisation des services d’urgence auprès du plus grand centre hospitalier universitaire du pays. Nous allons étendre cette expérience à la wilaya d’Alger, voire plus largement dans le pays.

En Afrique subsaharienne, la diffusion de technologies à moindre coût constitue aussi un élément clé de votre stratégie…

Ces trois dernières années, l’Afrique a été un laboratoire pour valider un certain nombre d’hypo­ thèses dans le domaine de la tech­ nologie. Il ne s’agit pas simplement de la réduire à des équipements ou d’en simplifier l’utilisation mais de l’adapter à l’environnement et aux compétences des profes­ sionnels de santé. Pour travailler dans les zones rurales, nous avons imaginé le Vscan, un échographe tenant dans la paume de la main. Autre exemple de cette « innova­ tion inversée » : un équipement

Healthcare en Afrique Présent dans

40

pays

2500 employés Plus de

1000

établissements de santé clients Plus de

25000 équipements distribués

d’anesthésie destiné aux salles de chirurgie rurale, lancé à Nairobi en novembre 2012. Ce produit est robuste, simple d’utilisation, aussi fiable que les appareils occiden­ taux. Il offre une autonomie de plus de six heures et permet de se déplacer. Le Vscan, la couveuse Lullaby et notre système de photo­ thérapie à LED, pour soigner la jaunisse du nouveau­né, ont été retenus par l’Organisation mon­ diale de la santé [OMS] pour leur caractère innovant. Depuis 2013, vous avez multiplié les partenariats emblématiques avec des ministères de la Santé subsahariens. Avec quels résultats ?

En dix­huit mois, nous avons noué des partenariats très divers, répondant à différents défis. Concernant la mortalité materno­ infantile, par exemple, nous nous sommes rapprochés du ministère de la Santé au Ghana, en propo­ sant des technologies adaptées comme le Vscan. Ensemble, nous avons mis en place un cursus pour former les sages­femmes et les personnels de santé. En Tanzanie, nous avons distribué cinq Vscan et mis en place la formation de quatorze sages­femmes, ce qui a entraîné une hausse spectaculaire du nombre de visites prénatales. Et au Nigeria, un protocole d’ac­ cord signé en mai dernier va per­ mettre un transfert de savoir­faire et de technologies et donc aider le gouvernement à développer ses infrastructures de santé. Il va aussi se traduire par la formation d’un millier d’employés cliniciens

dans dix États du pays. Au rythme actuel, nous aurons formé 600 pro­ fessionnels de santé d’ici à la fin de l’année. Quels sont les critères qui guident vos partenariats avec, d’un côté, les établissements de soins que vous équipez et, de l’autre, les investisseurs ?

Il y a des critères de qualité et d’intégrité, pour les opérateurs médicaux comme financiers, et d’autres plus techniques. Les investisseurs doivent être capables d’évaluer les risques à prendre en Afrique. Les partenariats public-privé sontils la solution pour développer le secteur hospitalier en Afrique ?

Oui, mais ils pourraient être plus efficaces s’ils étaient bien structurés. Ils s’inscrivent sou­ vent dans une réglementation très complexe alors qu’il faudrait des projets pilotes simples et ciblés, permettant de structurer une solution économiquement viable. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a un intérêt croissant des opérateurs privés pour les projets de santé en Afrique, ce qui peut donner de beaux résultats comme au Nigeria, grâce au consortium entre l’American Hospital d’Abuja, GE Healthcare et le capital­inves­ tisseur Édifice Capital, en février dernier. Celui­ci va permettre de mettre sur pied le premier hôpital spécialisé en cardiologie du pays. C’est ce type de partenariat qui fera la différence. l Propos recueillis par FAnny REy


➲ Lutte contre les endémies en Afrique Centrale

Une politique pharmaceutique commune pour les pays de la CEMAC

epuis 2005, l’Organisation de Coordination pour la lutte contre les Endémies en Afrique Centrale (OCEAC), a été mandatée par les Chefs d’Etat de la Communauté Économique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC) pour conduire un processus d’harmonisation des Politiques Pharmaceutiques Nationales (PPN). Les objectifs sont d’établir des systèmes de régulation efficaces pour mieux contrôler le secteur pharmaceutique et donc le médicament, d’utiliser plus efficacement les ressources disponibles dans la zone CEMAC, de faciliter la circulation des produits pharmaceutiques à l’intérieur de la Communauté et d’améliorer l’accès aux médicaments de qualité et de meilleur coût pour l’usage local et l’exportation.

Une analyse de la situation effectuée en 2007 a permis de faire un état des lieux dans les six pays de la CEMAC. Ses résultats ont permis aux acteurs

et aux partenaires concernés de procéder, lors d’une première réunion organisée par l’OCEAC, au choix des thèmes prioritaires à harmoniser. Il s’agit notamment du le système d’assurance qualité, notamment le contrôle de qualité, de l’inspection, de la pharmacovigilance et de l’homologation des médicaments. Le système d’approvisionnement, la politique des prix et le développement des ressources humaines sont également concernés. En vue de coordonner les activités de ce processus, un Programme d’Harmonisation des Politiques

Améliorer l’accès aux médicaments de qualité et de meilleur coût

CÉRÉMONIE DE LANCEMENT DE LA PPC (POLITIQUE PHARMACEUTIQUE COMMUNE).

Pharmaceutiques Nationales (HPPN) a été créé au sein de l’OCEAC. Les activités ciblées sont menées avec une pleine participation des pays et l’appui des partenaires, parmi lesquels le bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, l’Union Européenne, le Nouveau Partenariat Africain pour le Développement (NEPAD) et le Ministère français des Affaires étrangères. Un certain nombre de documents ont été élaboré et soumis aux instances de décisions de la CEMAC. En juin 2013 à Libreville, au Gabon, le Sommet Extraordinaire des Chefs d’État a adopté un Acte additionnel au Traité de la CEMAC, portant Politique Pharmaceutique Commune (PPC). En vue de son application, le Conseil des Ministres de l’Union Économique de l’Afrique Centrale (UEAC) a adopté plusieurs textes qui règlementent les lignes directrices sur l’approvisionnement en médicaments essentiels, les procédures d’inspection pharmaceutique, la pharmacovigilance et l’harmonisation des procédures d’homologation des médicaments à usage humain dans l’espace CEMAC. Le lancement de la PPC a été organisé en février 2014 à Libreville, lors de la Conférence des Ministres en charge de la santé des pays de la CEMAC, sous le Très Haut Patronage du Président de la République gabonaise, Président en exercice de la CEMAC. Des plans quinquennaux de mise en œuvre et des plans d’actions prioritaires bisannuels seront élaborés pour permettre l’exécution de la PPC par les pays, sous la coordination régionale de l’OCEAC. Á

ORGANISATION DE COORDINATION POUR LA LUTTE CONTRE LES ENDÉMIES EN AFRIQUE CENTRALE

www.oceac.org

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR SAUF MENTION.

D

FOTOLIA FOTOLIA

AP2010/ SUNDAY ALAMBA

DR DR

FOTOLIA

Communiqué


Dossier Santé

102

Stratégie

Novartis tourne la page du tout générique Déterminé à devenir leader sur le continent d’ici à 2020, le laboratoire suisse mise sur une montée en gamme de ses produits.

V

oilà bientôt trois ans que Novartis mûrit son (re)positionnement africain. Le troisième groupe pharmaceutique du continent ne se cantonne plus à la Malaria Initiative, qui a permis au géant suisse de distribuer à prix coûtant plus de 600 millions de traitements antipaludiques depuis 2001. Fini aussi le temps du tout générique.« C’estune porte d’entrée logique, mais ce n’est pas l’ambition, à long terme, des laboratoires pharmaceutiques », analyse Sylvain Hanssen, directeur du bureau londonien de la société de conseil en stratégie Alcimed. Exit aussi le volet prophylactique, Novartis ayant vendu, en avril, sa division vaccins à GlaxoSmithKline (GSK), qui lui a cédé sa division oncologie. « On s’éloigne des marchés de première nécessité pour mettre en place les bases du marché futur, poursuit l’analyste. Dans les trois ans qui viennent, les investissements seront centrés sur les nouveaux produits. » « Pour élargir notre empreinte africaine, nous devons déployer nos traitements innovants en vente libre (antalgiques, compléments alimentaires, traitements

dermatologiques…), ainsi que les médicaments soignant le diabète, l’épilepsie ou les maladies cardiovasculaires », confirme Mahesh Karande, responsable de l’activité du groupe en Afrique. campagne numérique. Côté organisation,l’activitédulaboratoire se structure autour de quatre hubs: le Nigeria, le Kenya, l’Afrique du Sud et la Côte d’Ivoire. « Novartis souhaitesedévelopperdansd’autres marchés clés d’Afrique subsaharienne, à savoir l’Angola, l’Éthiopie, le Cameroun et le Ghana », poursuit Mahesh Karande. Déjà implanté industriellement en Égypte, en Algérie et en Afrique du Sud, le groupe envisage également d’augmenter le nombre de ses usines, sans en dire davantage à ce stade. La nouvelle feuille de route de Novartis se traduit aussi par un recours accru aux technologies de l’information et de la communication. Ainsi, après l’initiative SMS for Life visant à réduire les stocks d’antipaludiques, le groupe a lancé, en septembre 2013, dans le cadre de l’organisation Malaria No More, une campagne numérique mondiale de collecte de fonds permettant

RepèRes

No 1 mondial En juin 2014, Novartis est passé devant Pfizer

58 milliards de dollars

C’est son chiffre d’affaires en 2013, dont 9 milliards de dollars pour Sandoz ; 22 % des ventes sont réalisées dans la zone AsieAfrique-Océanie Le marché pharmaceutique africain devrait doubler entre 2016 et 2020, pour atteindre

45 milliards de dollars source : iMs HealtH

Novartis

 Chercheurs du groupe sur la malaria, à Nairobi.

de financer des tests et des traitements antipaludéens pédiatriques – 3 millions de traitements destinés aux enfants ont ainsi été financés. Ce repositionnement permettrat-il pour autant à Novartis de se hisser en tête des laboratoires sur le continent d’ici à 2020, comme il l’a annoncé ? « Six ans, c’est court. Homologuer les médicaments nécessite des frais importants, avec un retour sur investissement qui peut courir sur du long terme, souligne Marc Livinec, conseiller dans la société d’assurance et de crédit Euler Hermes. Mais le groupe a les moyens de ses ambitions. » En matière de concurrence, des choix stratégiques ont été faits. « Sanofi se concentre plutôt sur l’Afrique du Nord, GSK sur l’Afrique de l’Est et l’Afrique centrale. Si des pays comme le Ghana et le Nigeria explosent économiquement, l’objectif de devenir le premier laboratoire pharmaceutique en Afrique prendra alors tout son sens pour Novartis », analyse Sylvain Hassen. empreinte. Pour réussir son pari,

le géant suisse entend continuer à s’appuyer sur l’activité générique de sa filiale Sandoz. En Zambie, cette dernière a mis en place, en août 2012, en collaboration avec le ministère de la Santé, des health shops, dont le but est d’offrir aux habitants des villages reculés l’accès à des médicaments essentiels déconditionnés – ce qui pourrait potentiellement bénéficier à 2,5 millions de personnes d’ici à 2017. Une façon pour Sandoz, déjà premier fournisseur sur ce créneau en Afrique de l’Ouest francophone, d’étendre son empreinte au sud du Sahara, après avoir ouvert, en 2013, des bureaux au Sénégal, au Kenya, en Éthiopie, au Nigeria, au Ghana et en Zambie. Cette même année, 380 de ses génériques ont été homologués sur le continent, ses ventes ont bondi de 20 % et le nombre de ses salariés basés au sud du Sahara a doublé. l Fanny rey

n o 2815 • du 21 au 27 décembre 2014

jeune afrique


FOTOLIA

DR

Communiqué

➲ Lutte contre les endémies en Afrique Centrale

La CEMAC se dote d’un plan d’urgence face au virus Ébola

D

epuis sa résurgence en Guinée (Conakry) au début de 2014, l’épidémie de fièvre hémorragique à virus Ébola s’est propagée rapidement dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest. En République démocratique du Congo, une flambée liée à une autre souche du virus a également été enregistrée. D’autres pays en dehors du continent, comme les États-Unis ou l’Espagne, ont aussi connu des cas de contamination de personnes en provenance des pays affectés. L’épidémie perdure depuis près d’un an et se révèle très morbide et meurtrière, avec à ce jour près de 15 000 cas et plus de 5 000 morts. Elle constitue une menace réelle pour tous les pays du monde. Toutefois, grâce à la mobilisation dans les zones d’épidémie et au niveau international, qui au départ était timide et qui prend progressivement de l’ampleur, on assiste à une intensification des activités sur le terrain pour endiguer sa propagation.

en Afrique de l’Ouest, l’Organisation de Coordination pour la lutte contre les Endémies en Afrique Centrale (OCEAC) a été chargée par les Ministres de la Santé des pays de la CEMAC, d’organiser, sous l’égide de la Commission de la CEMAC, des cadres de concertation. Dès le mois de mai, un atelier a réuni les experts des pays membres à Yaoundé, au Cameroun, pour élaborer des plans nationaux de contingence et d’urgence. En septembre, à Brazzaville, sous le très haut patronage du Président de la République du Congo, une

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR SAUF MENTION.

Limiter les risques de propagation et se préparer à la riposte

conférence des Ministres en charge de la Santé des pays de la CEMAC a abouti à l’adoption d’un plan d’urgence sous régional de prévention et de préparation à la riposte face à l’épidémie. Ce plan est composé d’une phase d’urgence couvrant une période de six mois (octobre 2014 à mars 2015) et d’une phase de consolidation qui s’étend jusqu’à décembre 2017. Il comprend sept axes stratégiques : la coordination des activités, la surveillance épidémiologique, la surveillance sentinelle, la communication et la mobilisation sociale, la préparation à la prise en charge des cas, la prévention et le contrôle de l’infection, la collaboration transfrontalière, et la recherche. Les instances de décisions de la CEMAC ont approuvé ce plan sous régional et ont appelé les pays et les partenaires à participer aux financements des activités. Á

La Communauté Économique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC) a très tôt pris conscience du danger du risque de propagation de cette épidémie sur son territoire. La mobilisation est d’autant plus grande que, entre 1994 et 2005, le Congo et le Gabon ont connu des flambés meurtrières de la maladie à virus Ébola. Dès l’apparition de l’épidémie OUVERTURE DE LA CONFÉRENCE DES MINISTRES DE LA SANTÉ SUR EBOLA LE 18 SEPTEMBRE 2014 À BRAZZAVILLE.

ORGANISATION DE COORDINATION POUR LA LUTTE CONTRE LES ENDÉMIES EN AFRIQUE CENTRALE

www.oceac.org


Dossier Santé q La clinique Badr, à Casablanca.

Hassan ouazzani pour J.a.

104

débat

Les cliniques marocaines, un investissement comme un autre? Un projet de loi veut ouvrir le capital des établissements privés au-delà du monde médical. Le but : développer une meilleure offre de soins. Mais d’aucuns craignent un abandon des actes les moins rentables.

C

est le dossier chaud du moment. Après avoir été approuvé en mai par le secrétariat général du gouvernement, le projet de loi relatif à l’exercice de la médecine est soumis à l’examen des députés. L’article 60 fait particulièrement débat : il ouvre le capital des cliniques à des investisseurs étrangers au monde médical. Une source au ministère de la Santé indique que le projet « devrait être adopté d’ici à la fin de l’année ». Avant d’être porté par le ministre Houcine El Ouardi, le projet, loin d’être nouveau, l’a été par ses prédécesseurs, Mohamed Cheikh Biadillah puis Yasmina Baddou, qui, lors du Printemps arabe, avait dû faire machine arrière. Les autorités le justifient par de « lourdes exigences d’efficacité, de qualité et d’efficience du système de soins » qui « imposent la diversification des modes d’exercice de la médecine et de nouveaux modes de financement et de gestion des structures de soins privés, qui deviennent de véritables entreprises ». Mais nombre de professionnels s’inquiètent des effets de n o 2815 • du 21 au 27 décembre 2014

cette réforme sur l’offre de soins pour les citoyens. « Après avoir détruit le système public de santé, l’État fait appel aux investisseurs privés non médicaux », dénonce Mohamed Naciri Bennani, président du syndicat national des médecins du secteur libéral. Et certains praticiens craignent que ceux-ci se concentrent uniquement sur les actes rentables, pour une population aisée souvent urbaine,

deux facS privéeS à rabat et à caSablanca Depuis la rentrée 2014, les étudiants en médecine ont le choix entre cursus privé et cursus public. les fonds émiratis, à travers les fondations à but non lucratif Cheikh Zaid ibn soltan et Cheikh Khalifa ibn Zaid, ont permis l’ouverture des universités abulcasis à Rabat et Mohammed-Vi à

Casablanca, associées à un hôpital. Recrutés par concours, les étudiants reçoivent une formation similaire à celle dispensée dans le public pour environ 10 000 euros par an. Ces établissements accueilleront également de futurs infirmiers et techniciens de santé. l M.c.

au détriment des populations éloignées des centres de soins et surtout des plus pauvres. « Quel investisseur acceptera d’installer un établissement dans une zone enclavée, avec une population vulnérable, où le médecin ne pourra pas effectuer un minimum d’actes par jour faute de patients? » interroge Jaâfar Heikel, médecin épidémiologiste et président du Collège national des médecins gestionnaires. Une inquiétude partagée par Mohammed Chahbi, directeur de la clinique de l’œil à Casablanca. Selon lui, la question n’est pas l’offre de soins – le taux d’occupation des lits ne dépasse pas les 60 % –mais bien la solvabilité des patients, dans un pays où les dépenses de santé sont faibles (110 euros par an et par habitant, contre 177 euros en Tunisie ou 266 euros en Jordanie). D’autant que beaucoup de professionnels redoutent une hausse du prix de l’acte médical. Le docteur Chahbi défend une autre voie: « La profession encourage les partenariats public-privé et appelle l’État à assumer son rôle de régulateur dans l’offre de soins. » Starting-blockS. S’ils observent

la plus grande discrétion, les investisseurs sont déjà dans les startingblocks. En 2012, le groupe émirati Tasweek Real Estate Development & Marketing avait fait part de son projet de construire un complexe de tourisme médical à Marrakech. Et la société d’aménagement Zenata, filiale de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), recherche un opérateur pour son futur pôle santé. On connaît également les intentions du groupe Saham de déployer des centres de santé en Afrique. Des assurances – sa spécialité – aux cliniques en passant par les médicaments, il entend couvrir toute la palette des services. L’assureur Axa se dit intéressé, mais sous réserve de rentabilité. « En tant qu’investisseur institutionnel, nous considérons la santé comme n’importe quel autre secteur », avoue Michel Hascoët, président du groupe au Maroc. l Marie cadoux, à Casablanca jeune afrique


FOTOLIA FOTOLIA

DR DR

Communiqué

➲ Lutte contre les endémies en Afrique Centrale

Coordonner les actions contre le paludisme dans les pays de la CEMAC

elon le dernier Rapport mondial sur le paludisme, publié le 9 décembre 2014, près de 97 pays dans le monde sont affectés par le paludisme, dont 18 pays d’Afrique qui enregistrent 80 % des cas. Deux d’entre eux, le Nigeria et la RDC, comptent à eux seuls 40 % des cas. Parmi les 16 autres pays africains, figurent les pays membres de la Communauté Économique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC) : Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale et Tchad. L’Organisation de Coordination pour la lutte contre les Endémies en Afrique Centrale (OCEAC), organe exécutif de la CEMAC, a collaboré avec ces pays et leurs partenaires à l’élaboration et à la revue des plans stratégiques de lutte contre le paludisme. Au cours de la dernière décennie, la majorité des pays ont mis en œuvre des interventions prioritaires et multiformes dirigées contre le parasite (plasmodium) et le moustiq ue vecteur (anophèle). Les résultats sont encourageants : la mortalité et la morbidité liées au paludisme ont reculé de près de 50 % entre 2000 et 2013 dans la zone, et de plus de 70 % entre 2004 et 2012 sur l’île de Bioko, en Guinée Équatoriale. Toutefois, à l’exception de la Guinée Équatoriale et du Gabon, les résultats obtenus dans la plupart des régions de la CEMAC restent loin des objectifs Roll Back Malaria, qui visent à réduire de 75 % le taux d’incidence des cas de palu-

disme d’ici à 2015, et à éliminer la maladie d’ici à 2030. Les Plans nationaux de lutte contre le paludisme (PNLP) font appel à la plupart des outils connus, comme les moustiquaires imprégnées, les combinaisons thérapeutiques, les tests de diagnostic rapide, le traitement préventif des femmes enceintes, la chimio-prophylaxie du paludisme saisonnier (CPS) et, dans certaines zones, les pulvérisations

intra-domiciliaires (PID). Mais leur mise en œuvre sur le terrain rencontre de nombreux obstacles qui, de plus, varient selon les pays. Les revues de performance des PNLP font ressortir certaines faiblesses, notamment au niveau : des ressources financières des États, des ressources humaines affectées à la lutte contre le paludisme, de la coordination des actions, de la sensibilisation et la mobilisation sociale, du suivi/évaluation et de la recherche opérationnelle et de la coordination des partenaires. Il existe en outre des facteurs susceptibles de limiter ou d’annuler l’impact des interventions, comme la résistance du parasite et des vecteurs aux traitements, la faible adhésion des individus aux interventions, la dépendance aux ressources extérieures, les catastrophes et troubles sociopolitiques, sans oublier l’absence de coordination transfrontalière.

Coordonner les efforts et les interventions pour garantir un succès durable

Face à tous ces défis, les pays et les partenaires ont validé un plan de lutte contre le paludisme en zone CEMAC. La mise en œuvre des interventions majeures dans un contexte sous régional pourrait en effet garantir un succès durable et permettre aux pays, voire à certaines régions, d’envisager la pré-élimination de la maladie à moyen terme. Á LA MOUSTIQUAIRE IMPRÉGNÉE D’INSECTICIDE EST UN BON MOYEN DE LUTTER CONTRE LE PALUDISME.

ORGANISATION DE COORDINATION POUR LA LUTTE CONTRE LES ENDÉMIES EN AFRIQUE CENTRALE

www.oceac.org

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR SAUF MENTION.

S


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.