Ja 2833 34 du 2604 au 090515 plus cameroun

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maroc la chute des golden boys

numéro double en vente deux semaines

N° 2833-2834 • du 26 avril au 9 mai 2015

jeuneafrique.com

Hebdomadaire international indépendant • 55e année

LE PLUS

de Jeune Afrique

CAMEROUN

Mobilisation

générale Spécial

SÉNÉGaL macky face au casse-tête du mandat

mÉdiaS être caricaturiste en afrique

doSSier empLoi et formatioN Spécial 12 pages

20

pages

JEUNE AFRIQUE

N O 2833-2834 • DU 26 AVRIL AU 9 MAI 2015

EnquêtE

ExCLusivE

Les Corses Grandeur et décadence d’une tribu au cœur de la françafrique édition générale France 6 € • Algérie 350 DA • Allemagne 8 € • Autriche 8 € • Belgique 6 € • Canada 11,90 $ CAN • Côte d’Ivoire 2500 FCFA • DOM 8 € Espagne 7,20 € Éthiopie 95 birrs • Grèce 8 € Italie 7,20 € • Maroc 40 DH • Mauritanie 2000 MRO • Norvège 75 NK • Pays-Bas 7,20 € • Portugal cont. 7,20 € RD Congo 11 $ US • Royaume-Uni 6 £ • Suisse 11,80 FS • Tunisie 6 DT • USA 13 $ US • Zone CFA 3200 F CFA • ISSN 1950-1285


1,3 million

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600 000 followers sur Twitter

MercI de faire partie de notre communautĂŠ. Et continuez : en 2015, des surprises vous attendent.

Le premier mĂŠdia digitaL africain


Le pLus

de Jeune Afrique

panorama Dans la citadelle assiégée

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société civile Même pas peur numérique Fantasy à l’africaine musée national La machine à explorer le temps

cAmeroun

mobilisation

ASAEL Anthony/hEmiS.fr

générale

Face à Boko Haram, les camerounais resserrent les rangs. Pendant qu’une nouvelle génération émerge, prête à assurer la relève et à assumer son rôle dans le développement du pays.

jeune afrique

n o 2833-2834 • du 26 avril au 9 mai 2015


Bolloré Africa Logistics, acteur majeur du développement au Cameroun

C

’est une grande première en Afrique centrale : des bus élec­ triques transportent gratui­ tement étudiants et enseignants. Depuis mai 2014, 630 000 per­ sonnes ont été transportées par les 2 Bluebus à l’université de Yaoundé 1. Un 3ème vient d’être offert par le Groupe Bolloré. Ces bus électriques roulent à l’énergie propre grâce à une technologie ré­ volutionnaire, la batterie LMP (Lithium Métal Polymère) mise au point par le Groupe Bolloré, cou­ plée à des panneaux photovol­ taïques qui utilisent l’énergie solaire. Un véritable tournant dans l’exploitation des énergies renouvela­ bles au Cameroun.

350 000 passagers transportés depuis mai 2014 par l’InterCity entre Yaoundé et Douala. Les clients de Camrail plébiscitent ce nou­ veau mode de transport ex­ press entre les deux plus grandes villes du Cameroun. Un service confortable et fiable, accessible 4 fois par jour, dont 2 trains au départ de chacune des métropoles. Avec l’InterCity dont les tickets sont désormais acces­ sibles par paiement mobile, la mobilité interurbaine en toute sécurité est un pari gagnant.

Avec 5000 collaborateurs, Bolloré Africa Logistics est l’un des premiers employeurs privés du Cameroun. Il développe une politique de développement durable ambitieuse et participe au développement économique du Cameroun. Bolloré Africa Logistics est présent au Cameroun à travers le rail (Camrail), la manutention portuaire (DIT) et la logistique (Bolloré Africa Logistics Cameroun). Siège social : Vallée Tokoto ­ Zone des professions maritimes / B.P : 4057 Douala­République du Cameroun Tél : (237) 233 501 212 / Fax : (237) 233 422 666 www.bollore­africa­logistics.com / www.facebook.com/bolloreafricalogisticsaucameroun


Le Plus de Jeune Afrique

LE PLUS

de Jeune Afrique

CAMEROUN

Mobilisation

générale

Prélude François Soudan

De Bia à Biya

jeune afrique

L

es commandos d’égorgeurs jihapériode électorale. Le réveil a donc été distes qui ont fondu sur ce gros brutal, à la mesure d’une brûlure qui, village frontalier de l’Extrêmeconfusément, dans l’inconscient collectif Nord du Cameroun, le 17 avril des Camerounais, menace l’unité Nordpeu après minuit, avaient un double Sud et la coexistence religieuse du pays, objectif. Razzier le maximum de têtes son existence même en somme. de bétail et décapiter un maximum de villageois. Mission accomplie. Lorsque D’où l’élan de solidarité, de natiol’armée camerounaise est arrivée bien tarnalisme et de patriotisme inédits relevé divement sur les lieux, les bœufs avaient depuis quelques mois et qui surprend disparu et dix-neuf cadavres jonchaient nombre d’observateurs, pour qui le les ruelles maculées de sang. Pas sûr Cameroun était définitivement figé dans que les sectateurs d’Abubakar Shekau l’immobilisme, la morosité et l’autoavaient aussi conscience du symbole dénigrement, dans l’attente anxiogène que représentait l’homonymie entre de l’après-Biya. Le Sud redécouvre cet leur cible – les hameaux de Jamais, depuis l’indépendance, Bia – et le nom d’un président que leur gourou a voué aux le Cameroun n’a été confronté gémonies, mais cette doulouà un tel degré de violence. reuse piqûre de rappel après Extrême-Nord oublié et martyrisé ; le un mois d’accalmie sonne comme un avertissement : l’hydre Boko Haram est peuple – toutes tendances politiques loin, très loin d’être éradiquée. confondues – se sent en osmose avec une armée hier critiquée pour l’embourgeoiJamais, depuis l’indépendance en sement de ses cadres ; le chef de l’État 1960, le Cameroun n’a été confronté à lui-même bénéficie d’un état de grâce et ce type d’agression. Des épisodes de d’un niveau de mobilisation qu’il n’avait rébellion interne, certes, des accrochages plus connus depuis trente ans. avec les forces nigérianes autour de la De ce climat d’unité nationale peut certes sortir le pire : la xénophobie, la péninsule de Bakassi, une sanglante tentative de coup d’État en 1984, sans manipulation politicienne, les règledoute, mais le niveau de violence pratiqué ments de comptes internes en cas d’échec par les Mad Max de Boko Haram laisse sur le front, l’occultation opportuniste des problèmes économiques et sociaux. Mais pantoise une population brusquement tirée de sa léthargie par des images d’apoaussi le meilleur : une volonté sincère calypse. Longtemps, ce traumatisme a de revivre ensemble et d’opposer à la été vécu, tant par l’opinion que par le barbarie de Boko Haram la fierté d’apparpouvoir, sur le mode du déni. Comme si le tenir à un Cameroun, terre de tolérance fléau qui s’abattait sur les communautés et modèle de coexistence. Parions sur septentrionales allait de pair avec leur le deuxième pôle de l’alternative, et le sacrifice des martyrs de Bia n’aura pas étrangeté, leur marginalisation et la tenété vain. l dance délétère qu’avait l’administration à ne s’apercevoir de leur existence qu’en jeune afrique

n o 2833-2834 • du 26 avriL au 9 mai 2015

n o 2833-2834 • du 26 avriL au 9 mai 2015

panorama Dans la citadelle assiégée p. 76 interview achille mbembé, historien

p. 82

société civile même pas peur

p. 84

opposition Jurassic park

p. 86

économie

ronron… ronron…

p. 89

transports ticket gagnant pour l’intercity

p. 92

numérique Fantasy à l’africaine reportage tous au fast-food

p. 94

p. 95

musée national la machine à explorer le temps p. 98 musique Hip hip-hop hourra ! p. 100

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le plus de Jeune afrique

panorama

Dans la citadelle Accaparé par son périlleux combat contre Boko Haram, le pays peine à engager les réformes vitales pour son économie. Et se perd en luttes intestines.

S

url’aciervertolivedesoncasque,ila gravé le prénom de ses filles, Grâce et Jeanne. Pour sa femme ce sera plutôt un tendre Douyem [« mon amour », en langue bassa, parlée dans le centre du Cameroun]. Engagé dans la guerre que mène l’armée camerounaise contre la secte islamiste Boko Haram,

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gEorgES DouguEli, envoyé spécial

le sous-officier Jacques Minyem souffre chaque jour un peu plus d’être séparé de sa famille. Il commence à trouver le temps long depuis que son unité a été déployée dans l’Extrême-Nord, en appui d’un régiment d’artillerie. Ce matin, il a juste envie d’être loin, le plus loin possible de cette terre brûlée par le soleil et ravagée par la fureur des hordes terroristes. Le moral flanche, malgré la beauté quasi lunaire du paysage qu’il scrute à longueur de journée à travers ses jumelles. Il ne sait plus vraiment depuis combien de temps il campe sur le flanc de cette montagne qui surplombe le repaire de l’ennemi, invisible, établi de l’autre jeune afrique


t Les militaires déployés dans l’Extrême-Nord ne se sentent pas soutenus par leurs compatriotes.

côté de la frontière, au Nigeria. « Vous pensez qu’à Yaoundé et à Douala ils savent à quel point nous nous sacrifions pour défendre notre pays ? » s’enquiert le trentenaire auprès des journalistes de passage, incapables de lui répondre. Ce sentiment d’absence de considération de la part de leurs compatriotes semble frapper toutes les unités de l’armée régulière camerounaise. Les militaires veulent se sentir aimés et soutenus même si, depuis l’indépendance, le peuple a davantage appris à craindre l’uniforme qu’à le respecter. Dès lors, comment demander à la population de se mobiliser pour soutenir l’effort de guerre ? jeune afrique

fauve chatouilleux. Depuis les révolutions

arabes, les manifestations de cette nature sont purement et simplement interdites. Le projet est donc très vite menacé par un pouvoir suspicieux de nature, subitement dressé sur ses pattes arrière, tel un fauve chatouilleux prêt à bondir. Quant à l’opposition, plus sclérosée et autiste que jamais, elle préfère tirer à boulets rouges sur ces médias « instrumentalisés » par le pouvoir. Finalement lll

assiégée

Plusieurs journalistes, de retour de la ligne de front, ont tenté de répondre à ce défi. Réunis autour de Guibai Gatama, patron de l’hebdomadaire L’Œil du Sahel, ils ont organisé le 28 février une « grande marche patriotique » (lire p. 84), inspirée de celle du 11 janvier à Paris, après l’attaque terroriste contre le journal satirique Charlie Hebdo. Sauf qu’à Yaoundé la classe politique se méfie de ces marées humaines qui peuvent déferler en vagues incontrôlables.

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Noel Quidu

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GeorGes douGueli pour j.a.

Le Plus de J.A. Cameroun

rassuré par les bonnes intentions des organisateurs, le gouvernement autorise le rassemblement, quelques heures seulement avant son lancement. En partance pour un « court séjour privé » à Genève, en Suisse, le président Paul Biya reporte néanmoins son voyage de quelques jours. Méfiance, soupçons, luttes partisanes… Le Cameroun ressemble à une citadelle assiégée. Les théories du complot, véhiculées par certaines chaînes de télévision, prospèrent sur fond d’arrière-pensées politiciennes. Face au phénomène Boko Haram, des hommes politiques irresponsables agitent le spectre de l’ennemi intérieur. Jouant à se faire peur, ils prétendent qu’il s’agit d’une rébellion opérant depuis le Grand Nord… Une allégation vite reprise par Cavaye Yéguié Djibril, le président de l’Assemblée nationale, qui se garde bien d’en apporter la moindre preuve. « Beaucoup sont parmi nous ! Certains font même preuve d’activisme pour montrer aux autorités qu’ils travaillent contre la menace. Ils collaborent pourtant avec l’ennemi. Dénonçons-les ! » martelait-il le 11 juin 2014. lll

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perchoir. Trois mois plus tard, Cavaye, lui-même

originaire de l’Extrême-Nord, s’insurge pourtant contre une autre figure politique, plus zélée que lui. Dans son « Appel de la Lékié [un département de la région du Centre] », publié en septembre 2014, Henri Eyébé Ayissi, le fougueux ministre délégué à la Présidence chargé du contrôle supérieur de l’État, s’élève contre « les stratégies sournoises des complices nationaux de Boko Haram et leurs tentatives de déstabiliser les institutions avec l’appui de certaines puissances ». Avant d’ajouter : « Cette secte agit sans doute à partir de l’étranger, mais elle a des relais locaux. Nous appelons à ce que la guerre totale soit menée contre ces derniers. Nous entendons, pour ce faire, travailler sur le terrain afin que les populations coopèrent avec les autorités. Qu’elles renseignent sur tout comportement suspect. » Ambiance… n o 2833-2834 • du 26 avril au 9 mai 2015

p L’ennemi s’est établi de l’autre côté de la frontière, au Nigeria.

Bien que jugés stigmatisants pour la population du Grand Nord, ces propos ne font pas réagir le chef de l’État. Cavaye est reconduit en mars 2014, entamant ainsi sa vingt-deuxième année au perchoir, tandis qu’Henri Eyébé Ayissi conserve son portefeuille. Les tenants de la méthode forte ont d’ailleurs été confortés par le vote, en décembre 2014, d’une loi antiterroriste controversée. Largement dominé par le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), le Parlement est resté sourd aux critiques de la société civile dénonçant un texte fourre-tout aux sanctions disproportionnées. C’est le cas pour le secteur des médias, où l’infraction d’« apologie du terrorisme » est passible d’une peine allant de quinze à vingt ans d’emprisonnement pouvant être accompagnée d’une amende de 25 à 50 millions de F CFA (d’environ 38 000 à 76 000 euros). Dans le même temps, la vieille antienne du complot occidental anime les conversations : un ennemi extérieur tenterait de déstabiliser le pouvoir. Visée, la France doit même démentir à deux reprises, par la voix de son ambassadrice Christine Robichon, les allégations lui prêtant une complicité avec Boko Haram. bonnes intentions. La guerre contre les jiha-

« cette secte a des relais locaux », s’indigne un ministre plein de fougue.

distesbouleverseégalementl’ordredespriorités.Les dossiers économiques sont peu à peu relégués au second plan. Le pays a pourtant encore beaucoup d’efforts à faire pour être en phase avec les objectifs définis pour 2035 dans le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE, lire pp. 89-91). Cinq ans après la publication de ce dernier, les performances économiques du Cameroun stagnent en deçà des 7 % de moyenne annuelle visés. Les résultats obtenus en matière d’attractivité pour les investissements étrangers, de développement de la production locale ou de maîtrise de la dépense publique sont également mitigés. Le DSCE n’ayant pas produit les effets escomptés, il a fallu donner une nouvelle impulsion à l’économie. D’où le Plan d’urgence pour l’accélération de la croissance économique, doté de près de 1 000 milliards de F CFA, lancé par le gouvernement début 2014 pour que la hausse du PIB dépasse 6 %. Les autorités ont rendu publics leurs objectifs: amélioration du climat des affaires, mesures incitant les entreprises à embaucher de jeunes diplômés… Sans véritable bond en avant, pour l’instant, puisque la croissance s’est arrêtée à 5,1 % en 2014 selon le FMI. Et aucune amélioration n’est attendue cette année. Les réformes susceptibles de favoriser la création de richesse restent donc à mettre en œuvre, tant pour lutter contre les lenteurs administratives et la corruption que pour améliorer le fonctionnement de l’appareil judiciaire. Encore faudrait-il remettre l’économie, éclipsée par la guerre contre le terrorisme, au cœur des préoccupations. l jeune afrique


camtel

RELEVER LES DÉFIS DE LA MODERNISATION DES TÉLÉCOMMUNICATIONS AU CAMEROUN Entreprise à capitaux publics à 100 %, Cameroon Telecommunications s’affirme dans son rôle de bras séculier de l’État en matière de développement des services de télécommunications innovants. Dotée d’une infrastructure modernisée et fiabilisée, Camtel dessert l’ensemble du territoire national en proposant des offres Voix et Data avec un excellent rapport qualité-prix, pour le bonheur des consommateurs locaux, et celui de la coopération sous-régionale en expansion.

UN RICHE POTENTIEL INFRASTRUCTUREL ACQUIS La fibre optique de Camtel est la dorsale qui sert de support fiable à toutes les parties prenantes du secteur au Cameroun, y compris les opérateurs, les institutions, les entreprises et les privés. À ce jour, Camtel a déployé plus de 8000 km de fibre optique qui desservent les dix chefs lieux de région, une soixantaine de chefs lieux de départements et d’arrondissements, plusieurs centaines de localités rurales et des pays de la Cemac parmi lesquels, le Tchad voisin. Le déploiement de cette infrastructure s’inscrit dans le cadre du projet Backbone National en fibres optiques, entré dans sa phase III depuis le mois de février 2015. Cette phase vise la construction d’un linéaire de 4000 km supplémentaires. L’objectif étant de bâtir un réseau de plus de 20 000 km à moyen terme.

Cameroon Telecommunications

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Au-delà de cette extension qui a pour ambition de satisfaire les clients finaux grâce à la création des axes de redondance permettant par ailleurs la sécurisation du réseau national, le Backbone National est une infrastructure qui participe de la politique des pouvoirs publics dont l’objet est la lutte contre la vie chère à travers une réduction drastique des coûts des communications. Cette infrastructure sert également au développement de l’Intranet gouvernemental qui met

en œuvre le vaste programme de gouvernance numérique, la construction du réseau d’interconnexion des universités, le développement d’une télémédecine en essor, ainsi que l’expansion du téléenseignement. Le déploiement des télécentres communautaires polyvalents de nouvelles générations dans de nombreuses zones périurbaines et rurales est aussi tributaire de l’installation de la fibre optique. À terme, Camtel, avec l’appui du gouvernement de la république, devra conforter le Cameroun comme l’unique Hub numérique de la sous région Afrique Centrale. La mise en œuvre imminente d’autres grands projets de connexion par câbles sous marins (ACE, MAIN ONE, etc.) est là pour l’annoncer. À partir de la côte camerounaise de Kribi, en effet, l’Afrique sera bientôt reliée directement à l’Amérique Latine par un câble d’une très importante capacité. DES SERVICES DE QUALITÉ Après la voix par le CTPhone et le fixe, l’offre de l’entreprise s’est rapidement enrichie de l’Internet d’abord, et par la suite de divers autres services qui ne s’encombrent plus de complexes. Ce qui s’accompagne d’un accroissement constant du nombre d’abonnés de Camtel. Entre l’Adsl, les liaisons spécialisées, l’Evdo (Internet de 3G+), etc., le programme NBN, National Broadband Network, a permis d’apporter des innovations majeures à ces offres. Désormais, Camtel booste la performance avec la sécurité par la vidéosurveillance urbaine, l’efficacité grâce à la vidéoconférence, la curiosité à travers l’IP Centrex, la précision donnée par l’IPTV, connue comme une télévision intelligente, ou encore la diversité qu’offre le TriplePlay, accessible grâce à la technologie FTTH (Fibre to the Home et Fibre to the building) qui donne droit sur une même ligne fixe, au téléphone, à l’Internet et à la télévision haute définition. Plus de 3 000 salariés au sein de Camtel sont mobilisés quotidiennement sur tous les fronts. Le but restant d’atteindre un objectif : consolider son chiffre d’affaires à travers une gouvernance toujours plus améliorée, et une franche détermination à reprendre certaines parts du marché. Les multiples partenaires à l’international contribuent efficacement à la perpétuation de la presque hégémonie de Camtel, et la contestation de son leadership dans ce secteur n’est vraiment pas à l’ordre du jour. ●

Réalisation DIFCOM/Paris - Photos Camtel

Camtel a 17 ans. Depuis sa création suite au décret N°98/198 du 8 septembre 1998 de Monsieur le Président de la République du Cameroun, l’entreprise n’a pas cessé de poursuivre sa mission de modernisation du secteur des télécommunications. Détentrice du monopole de la téléphonie fixe, elle effectue sa première mutation en 2005, en introduisant le CTPhone (un fixe sans fil) basé sur la technologie Cdma, qui se présente aujourd’hui comme un outil rassurant de lutte contre le désenclavement numérique prôné par le gouvernement camerounais. C’est en 2014, que l’opérateur historique des télécommunications au Cameroun a obtenu une licence de téléphonie mobile qui devra lui permettre de se positionner comme le 4e opérateur de téléphonie mobile.


Un compagnon pour les particuliers, un partenaire pour l’industrie Devenue incontournable au Cameroun, Tradex poursuit son développement régional et sa diversification sectorielle. L’un des objectifs à moyen terme de l’entreprise, spécialisée dans la distribution de produits pétroliers, est d’accroître ses services à l’industrie ainsi que sa présence sur les grands projets d’infrastructures. Créée en 1999 avec la Société nationale des hydrocarbures (SNH) pour actionnaire de référence, Tradex poursuit son développement pour devenir un acteur majeur dans les maillons clés du secteur pétrolier africain. Spécialisée à l’origine dans le négoce, l’entreprise a commencé en 2002 à diversifier ses activités dans l’approvisionnement et les opérations de soutage (maritime, aviation). Elle s’est ensuite insérée dans le marché de la distribution en 2006. Ambitieuse, elle a étendu ses activités hors des frontières camerounaises pour devenir aujourd’hui l’un des principaux acteurs de la commercialisation de produits pétroliers en zone CEMAC.

COMMUNIQUÉ

Un réseau de distribution de plus en plus dense Tradex a poursuivi ces deux dernières années sa politique d’expansion. Elle compte aujourd’hui 54 stationsservice au Cameroun contre 32 en décembre 2011. Six nouvelles stations ont été installées en 2014. Cela lui a permis d’atteindre une part de marché d’environ 22%, contre 14% deux ans plus tôt, ce qui fait de ses stations les plus performantes du secteur, y compris face aux multinationales pétrolières.

Une présence africaine accrue Présent au Tchad depuis 2004 à travers une filiale locale, Tradex a lancé dans ce pays en 2014 son réseau de

distribution, avec deux stations-service implantées. Elle dispose également d’une vingtaine de stations-service en Centrafrique depuis 2006. Elle assure par ailleurs les exportations de produits pétroliers vers la République Centrafricaine. Toujours à l’affût des opportunités, Tradex est ouverte à tout investissement sur le continent africain, principalement dans la sousrégion Cemac, mais également en zone UEMOA.

Un partenaire clé pour les projets structurants En avril 2012, Tradex est devenue le fournisseur de carburant de Camair Co, la compagnie aérienne nationale du Cameroun, entrant dans le club restreint des entreprises agréées pour les soutes aviation. Un mois plus


Le DG de TRADEX prêche par l’exemple à la pompe .

Un allié des industriels TRADEX est fournisseur exclusif sur de nombreux autres chantiers stratégiques, tels que celui du port en eau profonde de Kribi, des barrages de Memve’ele et Mekin, sur de multiples projets routiers, sur le projet de mine de diamants de Mobilong ou encore sur le second pont sur le fleuve Wouri. Elle est également un partenaire de confiance pour les plus grandes entreprises présentes au Cameroun, exerçant dans les secteurs aussi stratégiques que la fourniture de l’énergie électrique, l’exploration et la production des hydrocarbures, la marine marchande, le BTP, l’exploitation minière et l’agroindustrie. Δ

Perrial Jean Nyodog directeur général de TRADEX DES INNOVATIONS AU SERVICE DES CONSOMMATEURS Comment se positionne TRADEX sur ses marchés ? Nous avons ouvert notre première station-service au Cameroun en 2006. Nous sommes entrés dans un secteur dans lequel nous n’avions pas d’expérience face à une concurrence musclée. Neuf ans après, nous occupons la deuxième place dans la distribution au Cameroun avec une part de marché d’environ 22 %. Nous possédons la moitié du réseau de stationsservice en Centrafrique et menons une activité soutenue auprès des clients industriels et des consommateurs. Au Tchad, où notre activité est en croissance, nous avons ouvert en fin d’année 2014 nos deux premières stations-service dans la ville de N’Djamena. Comment se comporte votre activité de soutage ? Elle se comporte très bien. Le soutage est, dans l’ordre chronologique, la première activité qui consacre la diversification des activités de TRADEX. Nous avons dans notre portefeuille les principales compagnies qui interviennent dans la recherche pétrolière au large du Cameroun. Nous ravitaillons des installations pétrolières offshore,

les grands bâtiments marins dont la taille et le tirant d’eau ne permettent pas l’accostage au port de Douala, ainsi que les navires travaillant dans les eaux internationales. Un autre volet de notre activité est le soutage aviation, dans le cadre duquel nous approvisionnons les avions de la compagnie aérienne nationale, ainsi que ceux intervenant dans le cadre de missions humanitaires en Centrafrique. Quelles sont vos prévisions de croissance à court et moyen terme, et envisagez-vous de vous déployer au-delà de la zone Cemac ? Nous allons poursuivre l’implantation de notre réseau en zone Cemac, aussi bien au Cameroun qu’en Centrafrique et au Tchad. Dans le même temps, nous examinons toutes les opportunités pour l’extension de nos activités dans les autres pays de la sous-région et au-delà. Dans cette optique, la Côte d’Ivoire, de par sa position de leader en zone Uemoa, serait un challenge intéressant pour notre entreprise. Nous voulons également faire un développement important dans la distribution du gaz qui est la dernière activité développée, avec notre marque Tradex Gaz.

TRADEX

BP1468 Douala - Cameroun Tél. : (237) 233 43 63 75 / 233 43 63 76 Fax : (237) 233 43 63 80 Courriel : tradex@tradexsa.com Site internet: www.tradexsa.com

DIFCOM - PHOTOS : DR

tôt, elle avait remporté un contrat de fourniture de produits carburants et lubrifiants avec CWE, l’entreprise chinoise chargée de la construction du barrage hydroélectrique de LomPangar. Depuis, Tradex continue d’étoffer sa présence auprès des entreprises et sur les chantiers stratégiques. Elle fournit depuis 2014 des produits pétroliers et lubrifiants à la China Communications Construction Company Ltd (CCCC), pour ses projets de construction d’une section de l’autoroute urbaine Yaoundé– Nsimalen et de la route Kumba/Mamfe.

Un accompagnement de qualité lité au service des investisseurs.


Le Plus de J.A. Cameroun IntervIew

achille Mbembé « faire la guerre est devenu un boulot comme un autre » L’Europe ne veut pas de la jeunesse sahélienne ? Le jihad lui tend les bras. Analyse de l’historien et politologue camerounais. jeune afrique : Le Cameroun est en guerre contre Boko Haram. une partie de la jeunesse originaire de l’extrêmenord s’est engagée dans les rangs de cette secte. Pourquoi un tel phénomène dans un pays qui n’a jamais connu de tensions religieuses ? aCHiLLe MBeMBé : Ces jeunes n’ont

rien à perdre. Ils ont le choix entre l’émigration et la guerre, qui offre, elle aussi, une mobilité sociale. Il n’y a pas si longtemps, ils pouvaient aller en Libye, dans les pays du Golfe ou en Europe. Mais les possibilités d’émigrer s’amenuisant, il ne leur reste plus qu’à se faire enrôler sur les marchés régionaux de la violence. La foi ne joue ici qu’un rôle assez mineur. Ce choix est avant tout pragmatique, dénué de tout sentimentalisme. Faire la guerre est devenu un boulot comme un autre, l’un des mécanismes de la mobilité sociale.

u L’auteur de Critique de la raison nègre, 57 ans, vit en Afrique du Sud et aux États-Unis.

dramatique des sols, amenuisement des pâturages viennent se greffer à d’intenses conflits fonciers. Parce que la crise est transfrontalière, sa solution sera forcément régionale. Il ne faut pas un plan d’urgence, mais un plan à long terme incluant, entre autres, une profonde réforme agraire, la lutte contre la désertification, la refonte des chefferies et des lamidats, la décriminalisation des

La France n’est pas notre ennemie, et nous ne sommes pas ses laquais. Le gouvernement camerounais a annoncé un plan d’urgence pour réduire les écarts de développement entre le Grand nord et le reste du pays. La solution à la crise qui secoue le Sahel est-elle avant tout économique ?

Il faudra juger sur pièce. Les seuils de tolérance sont aujourd’hui largement dépassés. Les vieilles structures sociales, héritées de la conquête musulmane au XIXe siècle et renforcées ensuite aussi bien par la colonisation française que par le nouvel État indépendant, sont essoufflées. Surpeuplement, érosion n o 2833-2834 • du 26 avril au 9 mai 2015

échanges transfrontaliers et un réaménagement des rapports de pouvoir entre les musulmans et les populations non islamisées. quel est le principal danger pour la stabilité du Cameroun ?

Le pays doit être repris en main pour être effectivement gouverné. Il faut mettre en place un gouvernement dynamique, entreprenant, ouvert sur le monde et son époque. Reprendre le projet d’unité nationale, relancer la lutte contre le tribalisme, moderniser

Vincent Fournier/J.A.

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l’administration, « débureaucratiser » la vie publique et replacer le Cameroun au cœur de la politique continentale. C’est à ces tâches que doivent s’atteler, dès aujourd’hui, les Camerounais. que vous inspire l’émergence d’un discours antifrançais dans certains médias camerounais ?

C’est une perte de temps. La France n’est pas notre ennemie, et nous ne sommes pas ses laquais. Il faut assumer notre indépendance en bonne intelligence avec les grandes puissances. Ce dont les Camerounais ont besoin, c’est de se projeter dans le futur, de se mobiliser afin de donner une nouvelle trajectoire au pays. Tout le reste n’est que littérature. Entre le Cameroun et la France, il est possible de forger des liens où chacun est responsable. Comme avec l’Allemagne, les États-Unis ou la Chine. Encore faut-il que nos dirigeants inspirent le respect au reste du monde. Ils n’y parviendront qu’en bâtissant un projet crédible pour leur pays et pour l’Afrique et en cessant de profiter de la paranoïa ambiante pour cacher leurs insuffisances. l Propos recueillis par GeorGeS douGueLi jeune afrique



Le Plus de J.A. Cameroun

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Société civile

même pas peur unis pour le cameroun, un collectif apolitique, a rassemblé plus de 20 000 personnes contre Boko Haram. Entraînant finalement dans leur mouvement le pouvoir et l’opposition.

« Nous ne devons pas être identifiés comme des organisateurs de marches pour le compte de ministres qui se cachent. C’est contraire à notre éthique professionnelle. » De son côté, le collectif se défend de représenter la profession et fait face aux rumeurs, qui vont bon train. On l’accuse d’avoir accepté de l’argent du pouvoir. Certains titres de presse parlent même de 3,2 milliards de F CFA (environ 4,6 millions d’euros). « Nous avions mis en place des contributions citoyennes en nature. Nous avons ainsi pu collecter les gadgets distribués gratuitement », rétorque Guibai Gatama.

jean pierre kepseu

« miLLiardaires ». Les membres d’Unis

L

p Marche patriotique, le 28 février, boulevard du 20-Mai à Yaoundé.

e 28 février, les drapeaux camerounais, tchadien et nigérian ont envahi Yaoundé. Dans la ville peu habituée aux grandes manifestations, plus de 20 000 personnes ont défilé en scandant des slogans hostiles à Boko Haram. À l’origine de ce mouvement, un collectif baptisé Unis pour le Cameroun, composé en grande partie de journalistes. Si des manifestations contre l’organisation islamiste avaient déjà eu lieu ces dernières semaines, aucune n’avait dépassé le millier de participants. Particularité de celle-ci, tout signe d’appartenance partisane était strictement interdit. « tocsin ». « Nous voulions expliquer

aux gens les réalités du terrain et faire table rase des fausses idées », explique Guibai Gatama, directeur de l’hebdomadaire régional L’Œil du Sahel. Meneur du collectif et initiateur du projet, ce natif de l’Extrême-Nord a perdu des proches lors des combats. « Pour la plupart des Camerounais, la guerre se déroulait au loin, voire à l’étranger. Il fallait sonner le tocsin de l’éveil citoyen », poursuit Raoul Simplice Minlo, journaliste à la télévision nationale CRTV. « La société n o 2833-2834 • du 26 avril au 9 mai 2015

pour le Cameroun préfèrent rire de ces attaques et s’appellent entre eux « les milliardaires ». Il n’empêche : leur statut a évolué. « Les citoyens ont l’impression que nous pouvons changer les choses », souligne Polycarpe Essomba. « Il sera désormais difficile de rester à l’écart », confirme Guibai Gatama. De fait, lors de leur première réunion après la marche, les membres ont décidé d’étendre leur action à l’ensemble du pays. Les journalistes sont prêts à aller au bout. Et à se battre pour d’autres causes telles que la citoyenneté ou le rejet du tribalisme. « Mais pas seuls, espère l’avocate Alice Nkom, qui les observe avec attention. D’autres doivent prendre le relais, notamment à Douala. Mais le pouvoir ne donnera certainement pas les autorisations. Peut-être est-il temps de

civile traditionnelle et l’opposition ont abandonné ce type de mobilisation depuis longtemps », observe Polycarpe Essomba, directeur de la radio Afrik 2. Pendant un mois, les membres d’Unis pour le Cameroun ont mobilisé sans autorisation. Ce n’est que quatre jours avant la date fatidique qu’ils ont demandéauxautoritésle Les journalistes sont prêts à se battre sésame obligatoire pour pour d’autres causes, comme toute manifestation. Une stratégie payante, la citoyenneté, le rejet du tribalisme… puisque ces dernières, face à l’ampleur annoncée de l’événement, passer à la vitesse supérieure, c’est-à-dire n’ont eu d’autre choix que de laisser faire. constituer un fonds pour les populations D’abord effrayés par l’émergence du Nord et ne pas s’en tenir à une marche d’une nouvelle forme d’action, les parpour soutenir l’armée, qui, elle, a des tis d’opposition ont fini par rejoindre le moyens financiers. » défilé. Certains ministres ou diplomates, Initiateur du plus gros rassemblement dont l’ambassadrice de France, Christine apolitique de ces dernières décennies, Robichon, y ont même participé. Unis pour le Cameroun ne peut plus Mais depuis cette date, une avalanche avancer masqué. S’il a mis les autorités et de critiques s’abat sur les organisateurs. l’opposition devant le fait accompli, il n’y Certains journalistes ne voient pas l’iniparviendra sans doute pas une seconde tiative d’un bon œil. Denis Nkwebo, fois sans difficultés. Ce qui ne semble pas président intérimaire du Syndicat décourager le collectif : « Nous sommes national des journalistes du Cameroun prêts à prendre des coups », conclut Éric (SNJC), estime que ses confrères ont Benjamin Lamère. l violé la déontologie de la profession. mathieu oLivier, envoyé spécial jeune afrique


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Le Plus de J.A. Cameroun

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politique

Jurassic park Ils survivent aux défaites électorales, aux frondes internes, à l’usure du temps. Bienvenue au pays où les chefs de l’opposition n’ont pas la moindre intention de laisser leur place aux jeunes.

R

enouveler et, si possible, rajeunir le personnel politique. Cette formule est loin d’être appliquée au Cameroun, où le président a soufflé ses 82 bougies en février. Un immobilisme bien souvent dénoncé par ses adversaires. « Le gouvernement ne comprend pas vraiment le monde dans lequel nous vivons », déplore Joshua Osih, 45 ans, premier vice-président national du Social Democratic Front (SDF), le premier parti d’opposition. Pourtant, la situation n’est pas plus reluisante dans son propre camp: John Fru Ndi, le leader et fondateur du SDF, est aux commandes depuis un quart de siècle… plafond de veRRe. Le SDF a gardé au

fil des ans une organisation sclérosée. Cramponné à son fauteuil de Chairman, Fru Ndi résiste au changement. À plusieurs reprises, de jeunes ambitieux ont bien failli lui confisquer la présidence du parti. Mal leur en a pris. Ils ont été poussés vers la sortie grâce à l’article 8.2. Une disposition statutaire fourre-tout qui exclut automatiquement ceux dont « l’activité politique [est] susceptible de nuire à la réputation, aux intérêts et à l’efficacité du parti ou pouvant le discréditer ». Mieux vaut donc ne pas déplaire au patron. Kah Walla, 48 ans, exprésidente de la commission chargée des stratégies, en sait quelque

il s’entoure de membres de sa famille. Lorsque Ndam Njoya décide en 2008 de céder son siège à l’Assemblée nationale, il choisit… son épouse, Patricia Tomaïno Ndam Njoya. Sitôt élue, elle est promue porte-parole des députés UDC. « Si l’on accepte qu’il y ait des couples de paysans agriculteurs, ou encore des couples d’avocats, de magistrats, d’enseignants et autres, acceptons aussi qu’il y ait un couple qui fasse de la politique », rétorque-t-elle à ses détracteurs.

chose.ElleapréférérejoindreleCameroon People’s Party (CPP). Résultat : elle a été investie candidate à la présidentielle de 2011. Outre Joshua Osih, deux autres vice-présidents quadragénaires (Grégoire sans souRcilleR. Dakolé Daïssala, Birwé et Scholastique Mahop) ont atteint lui, n’a confiance en personne. À 72 ans, ce plafond de verre sur lequel se sont le président du Mouvement démocrafracassés leurs prédécesseurs. En attentique pour la défense de la République dant la rupture, ils garnissent la vitrine (MDR) s’impose comme le seul meneur démocratique du parti. Dans ce paysage policet homme à poigne, qui ne tique hérité des années convoque jamais de congrès, 1990, les mêmes visages défilent. Comme si régner dirige crânement sa petite affaire. ad vitam aeternam était devenu la règle d’or. Adamou Ndam de ses troupes. Malgré une forte baisse du Njoya, 72 ans, préside l’Union démonombre d’adhérents, il continue à régner cratique du Cameroun (UDC) depuis sans partage. Cet homme à poigne, qui sa création en septembre 1991. Le secret ne convoque jamais de congrès permetde longévité ce chef intransigeant ? Un tant l’élection d’un nouveau chef, dirige contrôle absolu. Et pour faciliter sa tâche, crânement sa petite affaire. À la faveur d’une alliance avec la majorité, le MDR a souvent été appelé au gouvernement. Lorsqu’il n’y avait qu’un seul poste à pourvoir, il lui revenait de droit. Quant au flegmatique Bello Bouba Maïgari, de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), il subit sans sourciller la mauvaise humeur de ses jeunes cadres. Troisième lors de l’élection présidentielle de 1992, avec 19,2 % des suffrages, il a vu sa popularité s’éroder au fil des années sans, visiblement, tirer les leçons de ses défaites successives. Au contraire, il s’obstine à garder les

SeYllou/afP

u John Fru Ndi, 73 ans, est aux commandes du SDF depuis un quart de siècle.

n o 2833-2834 • du 26 avril au 9 mai 2015

jeune afrique


87

JEAN JACQUES INGOLAT

JEAN pIERRE kEpSEU

Mobilisation générale

D.R.

p Adamou Ndam Njoya (ci-dessus), 72 ans, préside l’UDC depuis sa création, en 1991, et Dakolé Daïssala (en haut à g.), 72 ans, est devenu le chef du MDR sans élection.

p Bello Bouba Maïgari, 68 ans, tient les rênes de l’UNDP depuis quinze ans.

rênes de son parti depuis quinze ans. À 68 ans, celui qui a été Premier ministre du 6 novembre 1982 au 22 août 1983 – il avait alors 35 ans – ne songe pas une minute à passer la main. Plusieurs cadres prometteurs ont claqué la porte pour lancer leur propre parti. Mais leurs résultats électoraux restent médiocres : si la jeunesse est séduite, elle

vote peu. Selon un journaliste proche de l’opposition, « les jeunes n’ont pas assez d’argent pour s’implanter sur tout le territoire. Lors d’une élection, chaque formation doit mobiliser et entretenir 48000 scrutateurs pour être présente dans chaque bureau de vote. Les petits partis n’en ont pas les moyens », conclut-il. gérontocratie. L’essentiel est ailleurs.

« Je préfère avoir 5 % d’une affaire qui marche plutôt que 100 % d’une structure qui n’avance pas, estime Alain Fogué, fondateur du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC). Je suis entré en politique pour gouverner. Et pour atteindre cet objectif, il n’est pas nécessaire d’être aux commandes. » Dans son

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parti, nul n’est indispensable. Pour tenter d’accéder au palais d’Etoudi, le président du MRC dispose d’un mandat de cinq ans, renouvelable une fois. « En général, les échecs des leaders de l’opposition dans leur conquête du pouvoir deviennent un prétexte pour s’accrocher, car ils estiment que leur mission n’est pas accomplie », explique un politologue. Les jeunes politiciens n’auraient-ils donc d’autre choix que jouer les faire-valoir ? Joshua Osih nuance : « Contrairement à la gérontocratie qui nous gouverne en s’imposant au peuple, celle de l’opposition peut être considérée comme choisie. Quand on n’est pas d’accord, on peut toujours démissionner. » l georges Dougueli

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Cameroun Mobilisation générale

Abel Aimé menobA

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économie

ronron… ronron…

p Le complexe portuaire comptera à terme une vingtaine de terminaux.

Chute des cours du pétrole, effort de guerre, climat des affaires pesant… le pays fait face à de nombreux obstacles. Et le port de Kribi, censé dynamiser la croissance, est loin d’être terminé.

B

onnenouvellepourleCameroun. En tenant bon face à Orange et à MTN, deux géants de la téléphonie mobile qui cherchent à renouvelerleurslicences,legouvernement a donné un peu d’air frais aux finances de l’État. Plus de 150 milliards de F CFA (près de 230 millions d’euros) vont tomber dans l’escarcelle des pouvoirs publics, qui aurontainsilesmoyensdedonneruncoup de fouet à un secteur des technologies de l’information et de la communication moribond – avec un taux de pénétration d’internet bloqué à 7 % – et, dans la foulée, à l’économie nationale. Car le Cameroun n’arrive toujours pas à se conformer aux ambitions affichées dans son Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), qui doit permettre au pays d’accéder à l’émergence

jeune afrique

en 2035. Alors que le PIB devait progresser de 6,1 % en 2014, sa hausse s’est finalement arrêtée à 5,1 %, selon le FMI. Ce qui est « insuffisant pour entraîner un véritable décollage de l’économie et réduire la pauvreté », reconnaît un rapport récent du ministère des Finances, qui estime que le Cameroun dispose du potentiel « pour atteindre chaque année des taux supérieurs à 10 % ». flou artistique. Les dépenses liées à la

sécurité, qui affectent aussi bien l’activité touristiquequeleséchangescommerciaux avec le Nigeria, conjuguées à la chute des recettes pétrolières – malgré une production en hausse en 2014 –, ne devraient pas améliorer le contexte à moyen terme. Même si, dans le même temps, la baisse des cours des hydrocarbures allège

l’exorbitante ardoise des subventions au carburant,estiméeà330milliardsdeFCFA rien que pour l’année dernière. Incité à participer à l’effort de guerre contre Boko Haram, le secteur privé s’acquittedecet«impôtinformel»enrongeant sonfrein.Certes,une partiedesentreprises profitent des généreuses exonérations offertesparlaloisurlesincitationsàl’investissement. Mais leurs patrons déplorent la pesanteur du climat des affaires, comme l’illustre la dégringolade de dix places du pays dans le dernier classement « Doing Business 2015 » de la Banque mondiale. Le Cameroon Business Forum, qui rassemble les représentants du secteur privé et des pouvoirs publics sous l’autorité de la Société financière internationale (IFC, groupeBanquemondiale),adéjàdésignéle coupable de cette inertie ambiante: l’hôte du palais d’Etoudi… Pour relancer une machine – au mieux – ronronnante, le gouvernement compte lever pour la première fois un eurobond de 1,5 milliard d’euros afin de financer n o 2833-2834 • du 26 avril au 9 mai 2015


le plus de J.a. Cameroun un Plan d’urgence pour l’accélération de la croissance économique. Même si son contenu a été dévoilé, l’initiative renforce le flou artistique qui entoure la politique économique, et plus généralement la gouvernance du Cameroun aux yeux des milieux d’affaires. En dehors de la santé, avec la construction et la réhabilitation d’hôpitaux, et de quelques projets de logements sociaux, « les autres volets du plan d’urgence présentent des niveaux de maturité très faibles », déplore Emmanuel Nganou Djoumessi, le ministre de l’Économie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire. ville balnéaire. L’un des principaux

freins à la croissance réside dans les insuffisancesrécurrentesduportdeDouala(lire ci-dessous), par où transitent 95 % des produits exportés. « L’un des sites portuaires les plus désastreux au monde », selon un

l’objectif de ces projets pharaoniques est de créer 10 000 emplois directs. armateur, exaspéré par les problèmes de congestion à répétition des terminaux. Entre l’ensablement du chenal d’accès et l’absenced’infrastructuresdemanutention modernes adaptées à l’intensité du trafic, le temps de passage des marchandises est de vingt-deux jours. « Il est cinq fois plus long à Douala qu’à Durban », selon une étude de la Banque mondiale. Pour inverser la tendance, le pays compte sur les équipements en cours de construction à Kribi, dans le sud du pays. Cette petite ville balnéaire est au

centre du plus grand chantier à ciel ouvert d’Afrique centrale. La première phase de la construction de ce complexe industrialoportuaire, entamée en 2011, s’est achevée avec la réception des premiers terminaux courant 2014. Certains quais sont déjà opérationnels, même si l’attribution des concessions se fait encore attendre. Au total, une vingtaine de terminaux seront construits. En plus d’un centre de stockage d’hydrocarbures géré par la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP) et le canadien Blaze Energy, deux plateformes industrielles verront également le jour. La première, destinée à l’exportation du gaz liquéfié, sera gérée conjointement par GDF-Suez et la Société nationale des hydrocarbures (SNH); la seconde assurera latransformationduminerai defer en provenancedugisementdeMbalam-Nabeba, situé à la frontière congolaise et exploité par l’australien Sundance. Dans le même temps, Rio Tinto Alcan (RTA) maintient son projet d’aluminerie, d’une capacité annuelle de 1,2 million de tonnes, dont le coût est estimé à près de 9 milliards de dollars (environ 8,5 millions d’euros). Plus d’une trentaine d’industriels, dans les secteurs de la métallurgie, de la pétrochimie, du ciment, de l’agro-industrie ou de la logistique, ont déjà sollicité une réserve foncière. Un projet de zone économique spéciale (ZES) de plusieurs milliers d’hectares suscite déjà l’intérêt d’opérateurs chinois. L’ensemble de ces projets pharaoniques devrait permettre la création de 10000 emplois directs, et la ville nouvelle de Kribi compterait 100 000 habitants. Pour le plus grand bénéfice de l’économie.

q Portiques de déchargement qui équiperont le futur port en eau profonde.

Fernand KUISSU

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« Selon nos projections, le pays va gagner 1,5 point de croissance chaque année, une fois le complexe totalement opérationnel », affirme un proche du dossier. Une estimation plutôt optimiste, fondée sur l’objectif de faire de Kribi un « port d’éclatement » (où les conteneurs acheminés par des navires principaux sont chargés sur de plus petits navires), censé capter une partie du trafic maritime transitant par le golfe de Guinée. Encore faudrait-il lever très vite les doutes concernant les voies d’évacuation terrestres. Pour ne pas faire de Kribi un « port de stockage » semblable à celui de Douala. l Omer mbadi, à Douala

dOuala, pOrt en eau trOuble

L

e projet suscite tous les espoirs. « Kribi va résoudre les problèmes de congestion de Douala et contribuer à son enrichissement », affirme, optimiste, un responsable du comité de réalisation et de suivi du futur port. Selon lui, le plan de modernisation qui attribue aux quais de Douala une fonction commerciale et à ceux de Kribi le double rôle de complexe industrialon o 2833-2834 • du 26 avril au 9 mai 2015

portuaire et de plateforme d’éclatement pourrait renforcer les capacités maritimes du Cameroun. Le port de Kribi devenu opérationnel, les routes maritimes dans le golfe de Guinée devraient se trouver largement modifiées. Et ce terminal de transbordement pourrait détrôner PointeNoire,Tema et Abidjan, qui se partagent aujourd’hui le trafic dans la sous-région. Pour y parvenir, les

responsables du projet souhaitent jouer sur les prix. « Nous imposerons une baisse des tarifs aux futurs gestionnaires des terminaux qui aura obligatoirement des répercussions sur les frais de passage à Douala », poursuit l’expert. Des études indiquent qu’une réduction de 10 % à Kribi induira une baisse de 7 % sur les prix en vigueur à Douala. Une bonne nouvelle pour la compétitivité d’un port jusqu’alors critiqué pour

ses insuffisances. À charge pour sa communauté portuaire d’être à la hauteur du défi en réalisant les investissements nécessaires. Les cadences de travail ne risquent certainement pas de faiblir à Douala, « surtout si des barges capables de contenir des centaines de conteneurs sont mises en ligne entre Douala et Kribi », estime un opérateur local. l Omer mbadi jeune afrique


Mobilisation générale

patrons en stage commando Mobiliser des capitaines d’industrie pour doper les exportations ? C’était l’idée du Gicam. Elle tarde hélas à se concrétiser.

L

annonce avait fait grand bruit. En janvier 2014, le Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), premier syndicat des chefs d’entreprise du pays, avait proposé la mise en place d’un « commando de capitaines d’industrie »*. Autrement dit, des champions nationaux capables de relancer la croissance. Leur mission ? Améliorer les taux d’exportation vers les pays émergents en élargissant la palette des produits exportés. Cette initiative devait s’appliquer en priorité aux secteurs de l’agroalimentaire, de l’industrie du bois, des technologies de l’information et de la communication, du tourisme, du textile et de la confection.

ENCORE LOIN DES OBJECTIFS PIB (en milliards de $,

CROISSANCE

SOURCES : FMI – CNUCED – « DOINg BUSINESS », BaNqUE MONDIalE – INStItUt NatIONal DE la StatIStIqUE DU CaMEROUN

en prix courants, éch. de gauche) 35

29,6 5,6

30 25

26,6

23,7

26,5

31,7

15

0

BALANCE DES COMPTES COURANTS

28,8

5,1

5

5%

– 4,2 %

4,1

CLIMAT DES AFFAIRES

4%

10 5

+ 1,85 %

6%

4,6

20

INFLATION en 2014

(variation du PIB réel, en %, en prix constants)

158e sur 189

3,3

(– 10 places)

* Estimations 2010

2011

2012

2013

2014*

2015*

3%

IDE

(en millions de $)

BALANCE COMMERCIALE (en milliards de F CFA) 0

2010

2011

2012

2013

– 200 – 400

– 312,4

– 600 – 800

– 596,1

– 1000 – 1200

* Estimations jeune afrique

– 1 076,2

– 1 142,7

2013

572

2012

526

2011

652

2010

538

2014*

– 1 054,4

voLonté poLitique. Un an après cette

belle offensive, le « commando » tarde à se former. « Quelques actions très positives ont été menées », nuance Alain Blaise Batongué, secrétaire exécutif du Gicam, qui cite pêle-mêle les programmes de mise à niveau des entreprises proposés par son syndicat, le plan Agropoles (favorisant la production et la création d’emplois en zones rurales). Sans oublier l’aménagement du territoire destiné à promouvoir les PME et PMI, mis en place en 2013 par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural. « La réussite de cette initiative, qui n’a pas encore atteint son rythme de croisière, dépend d’une réelle volonté politique. Il faudrait davantage agir sur les services publics concernés. » Quoi qu’il en soit, le Gicam espère remporterlemêmesuccèsqu’AhmadouAhidjo en son temps. Le premier président du Cameroun indépendant s’était appuyé sur ungrouped’entrepreneursafindefavoriser l’émergence d’un capitalisme local. Pour l’heure,l’économieattendencorelesVictor Fotso, Joseph Kadji Defosso ou Abdoulaye Fadil de demain. l o.M. * 100 Propositions pour l’émergence du Cameroun, sous la direction d’André Fotso et de Roger Tsafack Nanfosso. Éditions CLÉ, Yaoundé, 2014, 422 pages. n o 2833-2834 • du 26 avril au 9 mai 2015

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Le Plus de J.A. Cameroun main-forte aux hôtesses pour ranger les plateaux-repas. Leur présence rassure. Si bien que de grandes enseignes comme Cotco, Addax ou Les Brasseries du Cameroun achètent des abonnements annuels à leurs employés. « Je suis plus tranquille pour les enfants », confirme À nouveau sur les rails depuis un an, le train express qui relie Pauline en regardant sa progéniture douala à Yaoundé est plébiscité par les usagers. s’amuser avec les tablettes louées à bord pour 1 000 F CFA. Autre avantage de n ce jour de Pâques, le train pratiquent pourtant les prix les plus bas. taille selon cette mère et sa copine : est bondé. L’Intercity, la ligne Sur l’Intercity cependant, si les tickets « Nous évitons les énormes bouchons express Douala-Yaoundé, vient aux entrées et sorties des villes, les gares de première sont vendus à partir de de dépasser la cité industrielle sont en plein centre. » 9 000 F CFA, ils sont trois fois moins Restent deux points noirs. Le pred’Edea et file vers la capitale éconochers pour les étudiants. mier : la restauration. « La nourriture mique, où il entrera en gare dans une « La sécurité n’a pas de prix », affirme laisse à désirer », confirme Pauline, qui demi-heure. Casquette sur la tête, Robert Annick Laure, une habituée, faisant préfère emporter son propre Fah, cadre dans une banque, dévore les repas. Autre bémol, le système journaux posés sur la tablette. Face à lui, deux points noirs : le système de réservation, non informadeux de ses trois enfants se sont assoupis, de réservation, qui n’est pas tisé. « Le même siège peut être indifférents au bruit et à la fraîcheur de la climatisation. Après un coup d’œil sur vendu plusieurs fois », se plaint informatisé, et la restauration. les bambins, le père de famille reprend Robert. La compagnie prévoit de sa lecture. Ses voisins de banquette, eux, remédier à ce problème. Pour autant, allusion aux accidents récurrents qui préfèrent dormir. Un peu plus loin, des endeuillent l’axe routier Douala-Yaoundé Robert ne compte pas changer de mode passagers regardent en silence les vidéos (lire p. 93). C’est sans doute l’argument le de transport, « quel que soit le prix ». musicales diffusées à bord. plus convaincant avancé par la société. Encore quelques petits détails à régler et À chaque extrémité du train, des agents l’Intercity remportera tous les suffrages. l L’express devait ensuite effectuer d’une entreprise de gardiennage prêtent omEr mbadi son deuxième et dernier trajet de la journée. Mais, avec près de trois heures de retard au départ de la capitale, la q À la gare ferroviaire seconde rotation a dû être annulée. de Yaoundé, le terminus. « C’est assez exceptionnel », assure un peu gêné un employé de la compagnie des chemins de fer. TransporTs

ticket gagnant pour l’intercity

E

locomotivEs. Relancé en mai 2014,

après dix-huit années d’interruption liée aux diverses crises économiques qu’a traversées le pays, l’Intercity connaît un véritable succès. Plus de 325 000 personnes l’ont déjà emprunté. « Nous atteignons des taux de fréquentation de 80 % en première classe et de 65 % en seconde », précise d’un air satisfait Hamadou Sali, le président du conseil d’administration de la Cameroon Railways (Camrail), la filiale du groupe Bolloré. Pour améliorer ces chiffres, l’opérateur prévoit d’augmenter le trafic. Il vient d’acquérir dix nouvelles locomotives. Coût de l’investissement : 20 milliards de F CFA (environ 30 millions d’euros). De quoi satisfaire une clientèle essentiellement issue des classes moyenne et supérieure. Elle choisit l’Intercity malgré les tarifs très compétitifs proposés par d’autres moyens de transport et au détriment des compagnies de cars, qui n o 2833-2834 • du 26 avril au 9 mai 2015

Jean Pierre KePseu

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jeune afrique


Mobilisation générale

L’axe du mal La nationale 3 est l’une des routes les plus dangereuses au monde. Et ce ne sont pas quelques radars qui feront ralentir les chauffards.

jean pierre kepseu

q Chaque année, on déplore une centaine de victimes.

C

omme chaque matin à la sortie de Douala, la nationale 3, qui relie la capitale économique à Yaoundé, est complètement embouteillée. Une file interminable de véhicules de toutes tailles avancent au ralenti pour éviter l’énorme cratère fangeux qui déforme la chaussée et oblige les chauffeurs à se disputer une mince bande de bitume. À cette allure, ils ont le temps de contempler, jalonnant les bas-côtés à intervalles réguliers, une plaque défraîchie rappelant qu’« ici quatre personnes ont perdu la vie » ou, quelques centaines de mètres plus loin, une petite croix noircie par les gaz d’échappement, sur laquelle neuf noms sont inscrits. épaves. Chaque année, le Cameroun

déplore une centaine de morts sur cet « axe lourd » de 240 km, classé en 2014 par l’ONU comme l’une des voies les plus dangereuses au monde. Le code de la route est depuis longtemps tombé aux oubliettes, et les radars cachés dans les broussailles n’ont pas plus d’effet dissuasif sur les chauffards que les épaves de minibus qui finissent de rouiller dans les fossés. Quelques fous du volant se font certes flasher au-delà des 110 km/h autorisés, mais, à en juger par le ton peu amène qu’ils emploient avec la maréchaussée, on sent bien que ces contrevenants n’ont pas l’intention de jeune afrique

payer l’amende de 25000 F CFA (38 euros environ) pour excès de vitesse. Entre passages en force et coups de frein intempestifs, l’autocar qui rallie la capitale taille sa route, en évitant au mieux les ornières et les grumiers qui menacent en sens inverse. Dans les deux sens, le rythme des poids lourds surchargés qui défilent ne faiblit pas. Jusqu’à ce que l’un d’eux se couche en travers de la route… et provoque à nouveau un embouteillage monstre qui mettra de longues minutes à se résorber. Conscients des insuffisances récurrentes constatées sur le principal axe routier du pays et de leurs effets néfastes sur la bonne santé économique du Cameroun, les pouvoirs publics ont lancé un vaste projet de réfection. Le chantier, engagé fin 2014 et prévu par tranches, porte sur la construction d’une autoroute 2×2 voies. Coût : 750 millions d’euros, apportés pour 85 % par China EximBank et le solde, par l’État. Une dizaine de kilomètres ont été réalisés à ce jour, mais, à cette cadence, les Camerounais vont devoir prendre leur mal en patience. Et continuer à serrer les dents avant de pousser un soupir de soulagement une fois à destination. Comme cette passagère qui, à peine arrivée à Yaoundé, n’a pas assez de mots pour féliciter le chauffeur du car. Telle une miraculée ! l O.M.


Le Plus de J.A. Cameroun

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Numérique

Fantasy à l’africaine La société Kiro’o Games lance Aurion, un jeu vidéo entièrement conçu au pays. Séduira-t-il les marchés américain et européen ?

tâche de séduire un public occidental qui bénéficie déjà d’une offre abondante. L’histoire se veut donc exotique, mais accessible à toutes les cultures. Le personnage principal, Enzo Kori-Odan, prince de Zama, cherche en compagnie de sa fiancée, Erine Evou, à retrouver son trône, usurpé par son beau-frère. Contraint à l’exil, le couple royal va parcourir le monde et, au fil de ses aventures, « acquérir des compétences guerrières » qui aideront Enzo à récupérer son héritage. « Aurion est assez différent des autres jeux de fantasy, explique Olivier Madiba. Il n’y a pas d’elfe, de nain ou de ninja… On a développé une thématique aux racines africaines. Le défi, c’est de rendre ce jeu universel. »

aurion

« open space ». En réunissant assez

p Un graphiste au travail dans « la grotte », les locaux de la jeune entreprise, à Yaoundé.

T

apis dans leur « grotte » à Yaoundé, les dessinateurs et les développeurs de Kiro’o Games se préparent à conquérir le monde… En tout cas celui des jeux vidéo ! Le financement du premier volet de leur saga Aurion : l’héritage des KoriOdan étant bouclé, ils vont pouvoir se lancer à l’assaut du marché dans les mois qui viennent. L’idée d’Olivier Madiba, aujourd’hui à la tête de Kiro’o Games et de sa vingtaine d’employés, a germé en 2003, alors qu’il était encore sur les bancs de l’université de Yaoundé. Il a fallu patienter dix ans, au gré des formations et des investissements, pour que le studio devienne enfin opérationnel. « Nous avons eu des difficultés d’accès à internet et à l’électricité. Au début, nous avons même dû dormir sur place pendant deux mois », se souvient cet entrepreneur de 29 ans, qui indique l’emplacement de son ancien lit de camp, à quelques centimètres de son bureau. Malgré le parrainage du ministère des Arts et de la Culture, la reconnaissance tarde à venir. « Beaucoup ne comprennent pas ce que nous faisons. Certains croient encore qu’on a ouvert une salle de jeu », s’amuse le jeune homme. Cela n’a pas empêché Kiro’o Games de franchir les étapes les unes après les autres. Pour boucler le financement, l’équipe n o 2833-2834 • du 26 avril au 9 mai 2015

a lancé mi-2013 un appel à contribution auprès de la communauté des joueurs, leur proposant d’acheter des parts du jeu selon un système proche du crowdfunding (financement participatif ). En ce début d’avril, la société a réussi à rassembler les 120 millions de F CFA (plus de 182 500 euros) nécessaires. Une somme relativement faible dans cet univers, mais qui a permis de poursuivre le développement du jeu et de commencer à le faire connaître. « Les joueurs qui l’ont testé en avantpremière sur des sites spécialisés ont apprécié. Les commentaires sont très élogieux », se réjouit Olivier Madiba, qui entrevoit déjà le succès… en dehors du continent. « Il y a un marché en Afrique, mais il n’est pas organisé. On vise surtout les Européens et les Américains », reconnaît-il. Ce jeu vidéo de fantasy à la mode africaine aura la lourde

de soutiens auprès de ses utilisateurs, le premier volet d’Aurion a reçu début mars le feu vert pour une commercialisation via la plateforme américaine Steam, une référence dans le milieu. Une avancée de taille dans la conquête du marché américain, avant d’attaquer la scène continentale. « Nous cherchons un partenaire dans la production de disques pour pouvoir être distribués au Cameroun, au Nigeria, en Afrique du Sud ou au Ghana », explique le dirigeant de Kiro’o Games, qui ambitionne de faire de sa société « le premier éditeur de jeux vidéo en Afrique ». « Nous verrons ensuite si nous étendrons notre activité aux secteurs des jeux mobiles et du dessin animé, tout en poursuivant la saga Aurion. » Avant cela, le premier chantier sera plus terre à terre : Kiro’o Games a prévu de changer de locaux. Objectif : quitter la « grotte » et s’offrir un open space. Et, pourquoi pas, des panneaux solaires et une meilleure connexion à internet. l MaThieu olivier

aurion

t Erine Evou, la fiancée d’Enzo Kori-Odan, prince de Zama, l’aide dans sa lutte pour récupérer son trône. jeune afrique


Cameroun Mobilisation générale

95

fernand Kuissu

fernand Kuissu pour J.a.

t Dans le quartier Ngousso, à Yaoundé, le Yé-Lô tire son nom de la sauce jaune qui accompagne le taro.

tendance

tous au fast-food Chaque jour, les jeunes se ruent dans les enseignes de restauration rapide et bon marché. Au menu : burgers, kebabs, sandwichs… Mais aussi de plus en plus de plats traditionnels.

P

our savourer la cuisine camerounaise, rien ne valait autrefois un bon poisson grillé dégusté en terrasse, accompagné d’une Guinness glacée. Désormais, il suffit d’entrer dans l’un des nombreux fast-foods qui ont envahi les rues de Yaoundé, offrant aux jeunes pressés une nourriture bon marché et un service rapide. Plusieurs milliers d’entre eux viennent s’y restaurer chaque jour. Du menu international classique (burgers, sandwichs…) aux plats camerounais typiques, l’offre est variée. « Nos clients sont demandeurs de produits locaux, précise Marlène Dassié, responsable marketing chez Regal Fast Food. Nous avons commencé par les beignets aux haricots, avant de proposer un plus large choix. » Au menu de ces restaurants au design résolument moderne : de l’eru, un mélange de légumes venu du NordOuest ; du taro, tubercule pilé jusqu’à obtenir une pâte grisâtre dégustée avec une sauce jaune à base d’huile de palme ; sans oublier les grands classiques camerounais, du ndolé au kondré en passant par l’ekwang. « Nous servons jeune afrique

environ 500 plats les jours ordinaires, et le double voire le triple les jours de fête », se réjouit Marlène Dassié, dont l’entreprise, qui a ouvert une première enseigne le 20 décembre dernier à Essos (Yaoundé), envisage de s’étendre aux autres quartiers de la capitale, ainsi qu’à Douala ou à Bamenda. Les clients sont également de plus en plus nombreux à passer commande par

plupart des clients de demeurer fidèles à leur enseigne. « Je viens au moins une fois par semaine », témoigne une étudiante croisée au Santa Lucia. « Les clients se sont approprié l’endroit et y invitent leurs proches, sourit Marlène Dassié. Nous avons même quelques célébrités, comme le rappeur Valsero. » grand buffet. Pour fidéliser la clien-

tèle, certains fast-foods misent aussi sur les divertissements. Le Regal Fast Food propose ainsi des animations avec DJ en fin de journée, tandis que le Yé-Lô, qui tire son nom de la fameuse sauce jaune accompagnant le taro, prodJ, espace lounge viP, jeux vidéo… pose un accès internet, un espace « lounge VIP », un Pour fidéliser la clientèle, certains billard et des jeux vidéo. proposent même des animations. Inauguré fin 2014, il célébrait également, le 8 mars téléphone depuis leur bureau – plusieurs dernier, la Journée de la femme autour dizaines chaque jour pour Regal Fast d’un grand buffet. Food – et certains réfléchissent déjà Et la direction du Yé-Lô voit grand. à instaurer un système de commande Objectif : conquérir le reste du pays, sur internet. Une trentaine de minutes et exporter son concept dans toute suffisent ensuite aux fast-foods pour la zone Cemac. Avec ses pizzas et ses assurer la livraison à moto. kebabs mâtinés d’ingrédients locaux Que ce soit au Santa Lucia, au Djaff ou pour répondre aux demandes multiples chez Tchop et Yamo (« Mange et prends de la clientèle, ainsi qu’un bon vidéodu plaisir »), dans le quartier Mvogprojecteur pour assurer le spectacle les Mbi, les salles ne désemplissent pas. soirs de match, la chaîne semble avoir Mieux vaut s’armer de patience pour trouvé la recette du succès. l se restaurer. Ce qui n’empêche pas la Mathieu Olivier n o 2833-2834 • du 26 avril au 9 mai 2015


Banque des États de l’Afrique Centrale

BEAC

Banque des États de l’Afrique Centrale

Pilier de la coopération monétaire et socle de l’intégration économique en Afrique Centrale

L

a Banque Centrale des six États qui constituent la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale, la CEMAC :

Cameroun, Centrafrique, Congo, Gabon, Guinée Équatoriale et Tchad. Établissement public international africain, la BEAC a été créée dans le cadre des accords de coopération monétaire signés à Brazzaville, au Congo, les 22 et

Garant de la politique monétaire La BEAC émet le franc de la coopé-

23 novembre 1972.

ration monétaire en Afrique Centrale

Depuis cette date, la BEAC accomplit les missions

libératoire sur le territoire de l’ensemble

suivantes au service des pays de la CEMAC : ● définition et conduite de la politique monétaire de

l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC ou Union) ;

(F CFA), ayant cours légal et pouvoir des six pays de l’UMAC et elle en garantit la stabilité. En outre, la BEAC est chargée de définir et de conduire la politique moné-

● émission de la monnaie fiduciaire ;

taire de l’UMAC, de conduire la politique

● conduite de la politique de change de l’Union ;

de change, de promouvoir la stabilité

● gestion des réserves officielles de change des États

membres ; ● supervision des systèmes de paiement et de règlement ; ● promotion de la stabilité financière dans l’Union.

PUBLI-INFORMATION

financière, de détenir et de gérer les réserves officielles de change des États membres, de promouvoir et de veiller au bon fonctionnement des systèmes de paiement et de règlement.


Partenaire fiable et engagé au service

tique monétaire pour améliorer l’intermédiation financière et l’approfondissement des marchés de capitaux, facteurs favorables au financement des investissements. D’ores et déjà, depuis 2010, après

des États-membres, des acteurs éco-

avoir porté sa participation dans le capi-

nomiques et des populations de la CE-

tal de la BDEAC de 6 % à 32 %, la BEAC

MAC, la BEAC est également un organe

a lancé en novembre 2011 le marché

engagé dans le développement et l’intégration économique en Afrique Centrale. Sans préjudice de son objectif de stabilité financière, elle apporte son soutien aux politiques économiques générales élaborées par les États-membres. Elle prend aussi une part active à la promotion et au renforcement des marchés de

des titres publics émis par adjudication et fait adopter par le Comité ministériel de l’Union Monétaire de l’Afrique Centrale (UMAC), en octobre 2012, deux règlements CEMAC relatifs au taux effectif global et à l’usure. Elle a relevé, en mars 2013, le plafond réglementaire des créances totales de la BEAC sur chacun des États de la CEMAC, puis a consa-

capitaux en Afrique Centrale pour mieux

cré, en octobre 2013, l’élargissement de

appuyer le développement et l’intégra-

la gamme des actifs admissibles comme

tion économiques dans la CEMAC. À

collatéral des opérations de politique

cet effet, elle encadre et favorise les

monétaire.

émissions de titres publics par les États membres et œuvre à la construction d’un système bancaire sain et solide. La BEAC entretient des relations bilatérales étroites avec plusieurs de ses homologues africains et participe activement au rayonnement de l’Association des Banques Centrales Africaines

Enfin, la BEAC a approuvé, en décembre 2014, deux projets de règlements CEMAC pour redynamiser le marché interbancaire à travers, d’une part, le dispositif d’encadrement des opérations de pension livrée et, d’autre part, l’institution d’un marché des titres de créances négociables. Ces diverses actions visent à renfor-

(ABCA) dont elle accueillera en août

cer l’efficacité de la politique monétaire

prochain la 38ème session ordinaire.

commune et à garantir par conséquent

S’appuyant sur l’esprit de solidarité et de discipline de ses États membres, la BEAC est résolument engagée à appor-

le financement non inflationniste des économies de la CEMAC. Elles vont se poursuivre en 2015 avec,

ter son concours à l’émergence écono-

notamment :

mique des États de la CEMAC au béné-

I- le lancement d’une base des données

fice de leurs populations.

économiques, monétaires et financières

Le plan d’action 2015

(BDEMF) ; II- la création d’une centrale des bilans,

Dans ce cadre, et compte tenu de

pour améliorer l’information sur les en-

l’évolution des économies de la CEMAC

treprises et ainsi encourager leur finan-

en 2014 (lire le mot du Gouverneur ci-

cement ;

contre), la BEAC engagera cette année ses actions suivant trois objectifs :

Lucas Abaga Nchama Gouverneur de la BEAC L’année 2014 aura été marquée par une reprise au ralenti de l’économie mondiale et le repli des cours des matières premières exportées par les pays de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC), singulièrement le pétrole.Cependant, en dépit de cette évolution, l’expansion économique de la CEMAC s’est poursuivie grâce au dynamisme du secteur non pétrolier et des investissements publics, avec un taux de croissance du PIB réel estimé à 4,4 % en 2014, contre 1,6 % en 2013. Dans cette perspective, et sans préjudice de ses missions statutaires, la BEAC continuera de soutenir le développement des économies de la CEMAC en général, et les politiques d’émergence engagées dans les différents États de la Communauté

III- l’instauration d’une méthodologie moderne de gestion de la liquidité ban-

I- la promotion continue des systèmes et

caire sur le marché monétaire pour une

moyens de paiement modernes pour une

régulation optimale du refinancement du

inclusion financière accrue ;

système bancaire par la Banque Cen-

II- le suivi de la stabilité du système fi-

trale, afin de garantir un environnement

nancier sous régional ;

non inflationniste, indispensable à une

III- la poursuite de la réforme de sa poli-

durable des pays de la CEMAC.

croissance économique harmonieuse et

Banque des États de l’Afrique Centrale

BP 1917, Yaoundé, Cameroun Tél. : (+237) 222 23 40 30/222 23 40 60 Fax : (+237) 222 23 34 68

www.beac.int

Réalisation DIFCOM - Photos : D.R.

Acteur du développement et de l’intégration économique en Afrique Centrale


Le Plus de J.A. Cameroun Culture

La machine à explorer le temps Après cinq ans de travaux, le Musée national a rouvert en janvier, à Yaoundé. De l’âge de pierre à l’histoire contemporaine, il offre une large palette d’œuvres à admirer. Et exalte l’unité du pays.

S

es murs, qui abritent toute l’histoire du Cameroun, vontils enfin livrer leurs secrets ? Après cinq années de travaux, le Musée national a rouvert en janvier. Située dans l’ancien palais des gouverneurs, construit en 1930, la bâtisse a été rénovée pour offrir aux visiteurs un voyage dans le temps. « Elle symbolise la régénération et la renaissance de la culture camerounaise. L’héritage culturel, socio-économique et politique du pays est conservé », s’enthousiasme Ama Tutu Muna, ministre des Arts et de la Culture. La restauration des 5 000 m2 et l’acquisition des objets exposés auraient coûté entre 3 et 4 milliards de F CFA (entre 4,6 et 6 millions d’euros), selon la ministre. Avant de franchir le perron, dans les jardins où Ahmadou Ahidjo, le premier président du Cameroun indépendant, accueillait ses hôtes, une série de statues en bronze attire le regard : guerriers, musiciens ou chasseurs rendent hommage au peuple bamoun et à son histoire, vieille de 700 ans. Conjuguant passé et présent, ces colosses semblent veiller sur leur souveraine, la reine Njapndounke, célèbre pour avoir régné dix ans en lieu et place de son fils, jugé trop jeune. cithare. Si la royauté bamoune occupe

une place centrale dans l’histoire du Cameroun, c’est une autre figure nationale qui s’offre à la vue des visiteurs dès les premières salles. Celle de Paul Biya, président sans âge, dont le portrait invite les curieux à « un voyage dans le Cameroun profond », selon les termes de l’une des guides. Une balade à la connotation politique, donc. « La culture est le ciment de l’unité », disait le président, et cette citation est fièrement inscrite au fronton du musée. Ici, le fauteuil en bois d’un chef de l’aire culturelle Grassfields (régions de l’Ouest et du Nord-Ouest) occupe majestueusement un angle de la salle. Plus loin, des mannequins arborent fièrement les tenues traditionnelles des habitants de l’Extrême-Nord. Dans une autre pièce, une cithare vieille de 158 printemps se laisse admirer, entre une cloche censée n o 2833-2834 • du 26 avril au 9 mai 2015

Jean Pierre KePseu

98

u Le Bieri (ou Byeri), lié au culte des ancêtres, joue le rôle de médiateur entre les vivants et les morts.

avoir guéri le bégaiement d’un enfant et un mvett, instrument dont l’apprentissage nécessite vingt et une années de pratique aux musiciens des peuples forestiers. « Le Cameroun possède la civilisation la plus ancienne d’Afrique centrale », s’enorgueillit la guide en énumérant les vestiges des âges de pierre et de fer présentés au public et découverts lors des travaux de construction du pipeline reliant le Tchad au Cameroun. « Nous voulions montrer que la culture occidentale n’a aucun lien avec la nôtre, qui date de plusieurs siècles et ne saurait être abandonnée », explique la ministre Ama Tutu Muna. Des exemplaires de la Constitution aux œuvres d’art les plus anciennes, des découvertes archéologiques aux pièces de poterie en passant par une exposition de photographies de ces cinquante dernières années, tout est fait pour présenter les quatre aires culturelles cohabitant au Cameroun comme l’aboutissement d’une histoire à la fois différente et commune. Des cartes rappellent les nombreuses évolutions de la superficie du

territoire, passée de 790 000 km2 en 1911, alors que le pays était colonisé par les Allemands (1884-1916), à 475 440 km2 actuellement. La plus ancienne, réalisée par les colons allemands, est de celles qui comptent. Elle a permis au Cameroun d’obtenir gain de cause devant la Cour internationale de justice dans son différend territorial avec le Nigeria à propos de la péninsule de Bakassi, en 2002. panthère. Les attributs du pouvoir

sont disposés partout. À même le sol, au pied d’un trône décoré de deux défenses en bois précieux, une peau de panthère symbolise la puissance du roi. À quelques mètres, plus modeste mais non moins symbolique, se trouve le fauteuil du président de l’Assemblée nationale du Cameroun occidental, sur lequel s’est assise la reine Élisabeth II d’Angleterre lors de sa visite en 1959, un an avant l’accession à l’indépendance. Si les premières salles sont consacrées à la vie quotidienne, racontée par les instruments de musique ou les ustensiles de cuisine, la suite laisse la part belle aux jeune afrique


Mobilisation générale

Jean Pierre KePseu

99

p L’édifice est situé dans l’ancien palais des gouverneurs, au centre de la capitale.

ou le réhabilité Félix-Roland Moumié, attributs de la noblesse traditionnelle. Le qui ont lutté au prix de leur vie pour ngiii, masque en bois issu de la société l’indépendance du pays. Des sportifs secrète de l’aire fang-béti (régions de et des musiciens y figurent également, l’Est, du Sud et du Centre), est l’un des objets phares de la collection : mêlant la dont le saxophoniste Manu Dibango, face d’une antilope avec celle d’un lion, il qui a fait don d’un de ses instruments symbolise le Nnom Ngiii, le chef des chefs au musée. Les photographies immortaet ses prétendus pouvoirs surnaturels. lisent aussi Julienne Keutcha, première Coïncidence ? L’actuel détenteur du titre femme députée du pays, ou la poignée n’est autre que Paul Biya, élevé à ce rang par les chefs traditionnels l’un des objets phares de ces du Sud, sa région natale, en 2011. collections : le ngiii, un masque Omniprésent, Paul Biya côtoie Ahmadou Ahidjo sur les en bois, mi-antilope mi-lion. actes officiels fondateurs de la République exposés dans les anciens de main historique qu’échangèrent, le appartements privés du premier pré10 décembre 2010, l’opposant John Fru sident camerounais. Dans des salles Ndi et son rival Paul Biya, vingt ans après plus exiguës, une longue succession de le retour du multipartisme. photographies montre son visage et celui Dans l’ancien palais des gouverneurs, de sa femme, Chantal, qui ne quittent le Cameroun narre son passé pendant pas une seconde le visiteur des yeux. que le gouvernement cherche, lui, à Apparaissent tour à tour des persons’inscrire dans le présent et l’avenir en nages bien connus des Camerounais. On couvrant les murs de clichés à la gloire y remarque des nationalistes, comme de ses grands projets, comme l’inaul’incontournable Ruben Um Nyobé guration d’une centrale électrique ou jeune afrique

celle du pipeline Tchad-Cameroun en 2004. Tel un symbole, c’est un long couloir qui ramène le visiteur à son point de départ. Ici, l’histoire reste à écrire. Barrages hydroélectriques, port en eau profonde de Kribi, centrale à gaz : tous ces programmes censés porter le pays vers le développement se succèdent en images comme autant de promesses. écoliers. Ama Tutu Muna ne s’en

cache pas. « C’est la politique de Paul Biya que j’ai essayé de promouvoir en ce lieu », avait expliqué la ministre lors de la journée portes ouvertes organisée le 6 novembre 2014, jour anniversaire de l’accession au pouvoir du président. Dans l’antique bâtiment rénové, qui devrait bientôt être agrémenté d’une grande salle de spectacle, certaines pièces sont loin d’être bondées. Seule une vingtaine de visiteurs arpentent quotidiennement les expositions, estiment les guides. Sans oublier les cars d’écoliers, qui vont vite former l’essentiel du public. l Mathieu olivier n o 2833-2834 • du 26 avril au 9 mai 2015


Le Plus de J.A. Cameroun

100

Musique

hip hip-hop hourra!

jean pierre kepseu

Les rappeurs camerounais vivent une véritable success-story. Leur recette ? Ils utilisent les langues du pays, évoquent le quotidien de leurs compatriotes et s’adressent directement à la jeunesse.

E

n juin 2014, le rappeur Stanley Enow était sacré révélation de l’année aux MTV Africa Music Awards, à Durban (Afrique du Sud). Une première pour le Cameroun. Le natif de Bafoussam (dans l’ouest du pays) n’est pas le seul à avoir conquis la planète rap (lire p. 102). À Yaoundé, « Le Monstre » Jovi va de succès en succès et collabore avec les plus grands, du Français Youssoupha à l’Américain Akon. Qu’il vienne des scènes branchées de l’African Logik et de La Case des Arts à Yaoundé ou des clubs tendance de Douala, le rap camerounais est à la mode. Et Stanley Enow marche sur les traces d’Ak Sang Grave ou de Krotal. « Il y a eu un déclic : les jeunes s’identifient davantage [à la musique] quand on parle de n o 2833-2834 • du 26 avril au 9 mai 2015

p Un concert de rap lors de la Fête de la jeunesse, en février à Douala.

leur vie quotidienne », souligne Aston, responsable du label Fast Money Records. Le rap camerounais aurait-il trouvé son vrai visage ? authEntiquE. Après avoir longtemps imité le style occidental, se contentant dans les années 1980 et 1990 de reprendre les standards de groupes américains (Run-DMC, Public Enemy…) ou français (IAM), beaucoup de rappeurs ont pris leurs distances. « Notre marque de fabrique consiste à utiliser toutes les langues parlées au Cameroun. On peut prendre un mot chez les Bamilékés et lui donner du sens dans tout le pays », explique Jovi. Selon lui, les artistes camerounais ont tout intérêt à éviter les clichés venus d’ailleurs : « Quel est l’intérêt d’un

clip avec un jet privé et des filles siliconées si ton texte essaie de dire qu’au pays les routes sont mauvaises ? » Plus authentique sans tomber dans le folklorique, le rap camerounais gagne ses lettres de noblesse dans les festivals, ainsi que sur les radios et les télévisions nationales, qui jusqu’ici ne diffusaient que les hits mondiaux. « Mon premier single est sorti sur un site étranger avant même que les programmateurs ne le remarquent en allant sur le Net télécharger du Chris Brown ! se souvient, amusé, Jovi. L’essentiel, c’est que tout cela change : un étranger ne pourra jamais traduire ce que le peuple vit ici. » Malgré une plus grande reconnaissance, les temps restent difficiles pour les artistes, qui manquent de ressources jeune afrique


Mobilisation générale financières et techniques, mais aussi de moyens de diffusion et de détection des talents. « Aujourd’hui, mieux vaut connaître un politicien si l’on veut avoir sa chance, regrette Aston, qui milite pour la création d’un département spécialisé au sein du ministère des Arts et de la Culture. Il y a un fossé entre les décideurs et les jeunes. Cela retire au hip-hop toute possibilité de débouché professionnel. » piratage. D’autant que les rappeurs

souffrent toujours de leur image de « voyous », même lorsqu’ils sont diplômés de l’université et qu’ils exercent une autre activité, faute de pouvoir vivre de leur musique. On est bien loin du fantasme bling-bling… La vente de disques reste très faible en raison du piratage, et les artistes ne survivent que grâce aux clubs où s’organisent les concerts. Mais, là aussi, hormis pour quelques stars locales, la plupart des soirées sont financées à perte. « Cela ne sert à rien de demander aux jeunes de payer à l’entrée si c’est pour

sociaux pour faire passer leurs idées. avoir une salle vide », déplore Mihney, « La Toile ouvre la voie aux artistes. Sans qui a signé chez Fast Money Records. elle, notre musique ne sortirait pas du Et si les rappeurs se sentent délaissés par les autorités – « Le gouvernement n’a pays », témoigne El Kana, produit par pas vu le business que le hip-hop pouvait Fast Money Records. générer », estime Jovi –, eux s’intéressent Le web se révèle pourtant une arme à la politique. Et le disent en chanson. Le à double tranchant, tant la concurrence premier titre de Valsero, « Ce pays tue étrangère y est grande. « Internet oblige les jeunes », donnait le ton. Ses deux albums, « Quand dans un clip l’eau du robinet Politikement instable et est marron, tout le monde comprend Autopsie d’un État mort, n’ont fait que le confirle message », s’amuse Jovi. mer… Steve Roland Etogo Akpe, alias One Love, appelait les musiciens à remplir certains criquant à lui début février à l’unité du tères, indépendants de leur culture. Les internautes ne se disent pas : “Pour un peuple dans un clip intitulé « Boko Haram, tu ne nous peux pas ». Camerounais, ce n’est pas mal” », explique La politique n’est jamais très loin. Jovi. L’ère du numérique a accentué l’exi« Quand dans un clip j’ouvre un robinet gence de qualité et d’originalité dans un et que l’eau qui en sort est marron, les univers de consommation rapide. Mais Camerounais comprennent ce que je le protégé d’Akon en est persuadé : avec veux dire. Le message passe, même s’il son mélange de cultures, l’Afrique, et n’y a pas d’attaque politique directe », en particulier le Cameroun, a tout le précise Jovi. Et les artistes ont su profiter potentiel pour garder le rythme. l de la puissance d’internet et des réseaux Mathieu Olivier, envoyé spécial

Le Cameroun, pays de l‘eau et du feu… Des longues plages

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de Kribi aux paysages lunaires des Kapsikis, ce paradis sur terre demeure le « pays béni des dieux ». … Préface Gaston

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101


Lire aussi les interviews de Jovi

Le Plus de J.A. Cameroun

et de Stanley Enow

On ne zappe pas ces rappeurs Impossible de passer à côté d’eux, ils illuminent la scène hip-hop camerounaise. L’un a créé son propre label, les deux autres connaissent des débuts fulgurants.

Tilla « La Marraine »

Jovi « Le Monstre »

R

N

epérée par Jovi, qui s’est empressé de la faire signer pour son label, New Bell Music, Tilla s’est fait remarquer en participant l’an dernier au remix de l’un des plus grands succès du patron, « Et P8 Koi ». Passionnée de musique depuis l’enfance, cette jeune femme de 24 ans, originaire de Bamenda, met sa voix grave au service d’un mélange de rap, de dancehall et de musique populaire. « Pantana », son premier single, a été enregistré en collaboration avec Reniss et Shey, deux artistes qui sont sous le même label. Elle a ensuite sorti, fin 2014, le titre « Girls », écouté plusieurs milliers de fois sur Soundcloud et salué par le milieu camerounais. Surnommée The Godmother (« la Marraine ») dans son

pays, Tilla est aujourd’hui considérée comme la référence féminine du rap « camer ». Même si certains l’annoncent sur le départ pour les États-Unis. l m.O.

Stanley Enow L’étoile montante

dukong Godlove Nfor, alias Jovi, est aujourd’hui l’un des plus célèbres représentants du rap « camer ». À mille lieues de la tendance bling-bling affichée par les cadors du hip-hop mondial, celui qui se fait aussi appeler « Le Monstre » prêche, à 31 ans, l’authenticité de la musique camerounaise. Célèbre en RD Congo, en Côte d’Ivoire,auBéninetauTogo,cenatifde Douala,influencéparl’AméricainJay-Z et les Français Akhenaton et Booba, s’est également fait connaître des grands noms de la musique urbaine auxÉtats-UniscommeenEurope,avec lesquelsilcollaborerégulièrement.Dès ses premiers singles, sortis en 2012, « Pitié », enregistré avec le Congolais Tabu Ley Rochereau, et « Don 4 Kwat », Jovi a imposé sa marque dans le milieu camerounais. En anglais, en français, en langue locale ou même en argot, les textes de ce diplômé en sciences sociales parlent de la vie quotidienne. Depuis les locaux de son label New Bell Music, à Yaoundé, il espère bien faire du Cameroun le fer de lance du hip-hop africain. l m.O.

u Cameroun, son nom est sur toutes les lèvres. Sacré révélation de l’année aux derniers MTV Africa Music Awards, Stanley Enow a vu sa cote de popularité monter en flèche ces derniers mois. Juste récompense pour un artiste dont le titre « Hein Père » a fait le tour de la planète, retenant au passage l’attention des stars du milieu. Ainsi que celle des jeunes de son pays. Pour beaucoup en effet, ce single a rapproché toute une génération de Camerounais de ces rappeurs qui mettent des mots sur leur vie quotidienne. Comme le fait ce natif de Bafoussam, diplômé en communication à l’université de Douala en 2011 et ex-animateur radio. Depuis ce succès, Stanley Enow a enregistré fin 2014 un titre avec le Ghanéen Sarkodie et a signé en avril le clip le plus cher de l’histoire du hip-hop camerounais pour sa chanson « King-Kong ». Il compte désormais sur son nouvel album, attendu mi-2015, pour gravir de nouveaux sommets. Jusqu’aux États-Unis? l m.O. n O 2833-2834 • du 26 avril au 9 mai 2015

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lobal Works Sarl est une Entreprise d’Ingénierie de la Construction spécialisée en études Techniques-VRD-Projets RoutiersTerrassements-Electricitécourant fort &faible-Hydraulique-Plomberie-VMCClimatisation-Economie-APS/APD/PE/ DAO/DCE-Expertise-Contrôle-AuditConseil-Assistance. Ses Filiales : en Guinée Equatoriale & au Gabon. ●

Mercure Business Facilitator. Conseil et intermédiation Le facilitateur de vos investissements

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onseil et intermédiaire d’affaires, nous disposons d’un réseau de professionnels compétents et expérimentés. Notre mission est de faciliter le développement de vos investissements au Cameroun et dans les pays d’Afrique centrale. Nous effectuons : Ì La mise en relation avec les différents décideurs, Ì L’introduction dans leurs cercles privés, Ì L’accompagnement dans l’obtention des agréments, licences, permis, autorisations diverses et marchés, Ì Le soutien aux démarches, Ì La facilitation d’installation, Ì L’intermédiationcommerciale,

Ì La représentation de marques, etc. Notre implantation sur le terrain nous permet d’assurer efficacement des prestations de qualité, et de procéder à la mise à jour régulière des opportunités et des débouchés. Forts de notre expérience, nous sommes au plus près des donneurs d’ordre et des décideurs. ●

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Makend IT-Consulting. Conseil en Informatique

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tabli en Allemagne depuis 2011 dans la ville de Munich et bientôt (Mai 2015) à Douala au Cameroun, Makend IT-Consulting conseille des entreprises à l’échelle internationale. Notre expertise en communication web (Marketing en ligne, Géolocalisation, Technologie) permet d’améliorer votre performance. ●

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Le Carrefour des PME. Nos prochaines parutions Ì PME

Côte d’Ivoire, UEMOA Ì PME TIC, Infrastructures Avenue Akwa Nord, Près Hopital Ad-Lucem BP: 12673 Douala Cameroun globalworksbtp@gmail.com Tél. : (+237) 233 47 09 70 (+237) 677 85 93 42 www.globalworks-btp.com

JEUNE AFRIQUE • PUBLI-INFORMATION

Contactez-nous pour votre prochaine communication dans le magazine Jeune Afrique.

PME@jeuneafrique.com +33 1 44 30 19 87 / 77 06


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