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Quel aOUTI venir ? Le chef de l’Ét m

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Le pLus

de Jeune Afrique

Politique Présidentielle en ligne de mire

71

Économie Hors les transports, des résultats mitigés inteRVieW Aboubaker Omar Hadi, président de la DPFZA AmÉnAgement Le nouveau visage de la capitale

dJibouti

Quel avenir?

© vincent fournier/J.A.

À cinq mois de la présidentielle et dans un environnement chaotique, le pays confirme sa position de plateforme militaire et commerciale. Beaucoup reste cependant à faire en matière de développement et de démocratisation.

p Le chef de l’État, Ismaïl Omar Guelleh. jeune afrique

n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015


COMMUNIQUÉ

COMPAGNIE DES GAZ DE LA MER ROUGE

C

rée en 1996, à l’occasion du rachat d’Air Liquide Djibouti, la Compagnie des Gaz de la Mer Rouge (CGMR) s’est développée en investissant dans de nouveaux domaines d’activités stratégiques, en relation avec son métier d’origine : les gaz industriels, médicaux et spéciaux. En 2006, création de la CGMR FZCO, filiale de la compagnie en Zone Franche. Elle est aujourd’hui la centrale d’achat du groupe ainsi qu’une plateforme commerciale pour la sous-région. En 2014, le groupe CGMR s’installe dans son nouveau siège social et ouvre son Showroom, confirmant son leadership dans ses différents domaines d’activités : les protections individuelles et collectives, la sécurité incendie, les équipements médicaux ainsi que le négoce de produits et matériels de soudage et oxycoupage.

Le groupe CGMR est aujourd’hui présent dans cinq domaines majeurs : • Industrie – production et fourniture de gaz industriels et médicaux. • Matériel médical – installation et maintenance des équipements médicaux. • Travaux sur VRD – installation et maintenance des différents réseaux de distribution • Sécurité – fourniture et installation de matériels de détection et extinction d’incendie, commercialisation d’équipements de protection individuelle, expertises en sécurité et protection. • Centrale d’achats – hub de commerce international et showroom à la Zone Franche de Djibouti. Conscient de sa mission nationale d’accompagner le développement social et la préservation de l’environnement, le groupe CGMR soutient activement la société Ecotech, une startup djiboutienne spécialisée dans le recyclage et la valorisation des déchets.

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LE PLUS

Le Plus de Jeune Afrique

Prélude

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Sincérités successives

C

Décembre 2011. Réélu quelques mois plus tôt pour un troisième mandat de cinq ans, Ismaïl Omar Guelleh (IOG) assure dans nos colonnes qu’il s’agit là du dernier, avant d’ajouter, en toute discrétion, que cet ultime quinquennat sera mis à profit pour préparer sa succession : « Je vais essayer d’identifier celui qui pourra le mieux remplir cette lourde tâche. » En février 2013, IOG récidive, toujours

Quelle lecture faire du chemin parcouru par cet homme de 68 ans, entre le « je n’irai pas » dit et répété ces dernières années et une candidature non encore annoncée, mais hautement probable ? À première vue, celle, classique, d’un chef d’État s’accrochant à un pouvoir qu’il exerce depuis près de dix-sept ans. Analyse séduisante mais sommaire et finalement fausse. D’abord parce que la Constitution djiboutienne, sans tripatouillage aucun, donne le droit à IOG d’être candidat : nul besoin, donc, d’avancer masqué. Ensuite parce que personne ou presque, à l’intérieur de ce petit pays comme à l’extérieur, ne mène campagne pour son éviction du

dans J.A. : « Je pense avoir mérité le droit au repos, je me donne trois ans pour m’organiser. » Un an plus tard, en mars 2014, le président confirme : Personne ou presque, à l’intérieur « Je maintiens que je suis en train d’ac- comme à l’extérieur du pays, ne mène complirmonultime campagne pour son éviction du scrutin. mandat à la tête de l’État, je suis fatigué et je connais mes prochain scrutin présidentiel. Bien au limites. Je crois que ma mission est en contraire. À Djibouti, les chancelleries passe d’être accomplie. » Et lorsque des pays qui y possèdent des bases J.A. insiste, objectant qu’on n’a jamais ou des facilités militaires sont unavu un chef d’État se faire construire un nimes à redouter le saut dans l’inconnu nouveau palais pour en remettre les clés que représenterait son effacement du à son successeur au lendemain de son pouvoir. inauguration, IOG répond : « Eh bien, je serai celui-là ! » Pourquoi alors ce paradoxe : avoir si longtemps promis de se retirer pour Février 2015. Pour la première fois, finalement rester dans la course ? Pour dans le cadre d’un grand entretien qui connaît Ismaïl Omar Guelleh, la accordé dans son bureau du nouveau réponse est simple. À chaque étape, palais, le président djiboutien sort son il a été, dans ses certitudes et dans ses joker. Question : « Vous n’ignorez pas doutes, un homme sincère. Et c’est que, quand vous répétez que vous ne parce que, à tort ou à raison, il estime serez pascandidatdans unan, personne ne pas avoir identifié celui qui, après ne vous croit. » Réponse: « Wait and see. lui, sera en mesure de protéger cette Vous n’obtiendrez rien d’autre de moi. » République improbable, née pour mouNeufmoisplustard,alorsqu’approche rir un jour de juin 1977 et devenue l’échéance de l’élection présidentielle depuis un miracle permanent, qu’il d’avril 2016, nul ne doute plus qu’Ismaïl s’apprête à briguer les suffrages des Omar Guelleh sera candidat à sa suc- Djiboutiens. Sans enthousiasme et par cession pour un quatrième mandat. sens du devoir inaccompli. ● Jeune AFrique

n o 2862 • du 15 Au 21 noVembre 2015

Quel avenir?

Panorama Présidentielle en ligne de mire p. 74 DiPlomatie amitiés bien ordonnées p. 80 tribune naguib ali taher, conseiller à la présidence p. 83 Économie Des résultats mitigés

transPorts l’emprise du milieu

p. 86

p. 90

© VinCent Fournier/J.A.

François Soudan

est l’histoire d’un glissement, ou d’une évolution circonstancielle de pensée, dont J.A. a été le témoin et le vecteur privilégié.

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de Jeune Afrique

interview aboubaker omar Hadi, président de l’Autorité des ports et zones franches (DPFZA) p. 92 environnement vol au secours du francolin somali

p. 94

amÉnagement le nouveau visage de la capitale

p. 96

Questions à… amina abdi aden, secrétaire d’État au Logement

p. 100


74

Le Plus de jeune Afrique

djibouti

PrĂŠsidentielle e


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n ligne de mire

Un pays en paix, de solides soutiens étrangers, des projets d’infrastructures à tout-va… ismaïl omar guelleh a beaucoup d’atouts en main pour le scrutin de 2016. L’opposition, revigorée, cherche encore son champion. samy ghorbal,

© ABOU hAllOytA

l

t Manifestation de soutien au chef de l’État, le 1er novembre, à Djibouti.

envoyé spécial

es grandes manœuvres ont commencé. Même si le casting des candidats n’est toujours pas officiellement connu, les esprits sont déjà tournés vers l’élection présidentielle d’avril 2016. Au pouvoir depuis 1999, le président Ismaïl Omar Guelleh (IOG), 68 ans, semble bien parti pour se succéder à lui-même pour un quatrième mandat qui devrait aussi être le dernier. Contrairement à ses homologues d’Afrique centrale, il n’a rien à craindre de la rue : la Constitution a été révisée en 2010 pour supprimer la limitation du nombre de mandats à deux. À l’époque, cette initiative avait été justifiée par la « peur du vide ». Il fallait laisser au chef de l’État djiboutien le temps d’achever les grands chantiers qu’il avait entrepris et de préparer la relève. Cinq ans plus tard, la situation n’a pas vraiment changé. Réélu très confortablement en 2011 avec 80 % des voix, il risque néanmoins d’être confronté à une opposition revigorée. Créée quelques semaines avant les législatives de février 2013, l’Union pour le salut national (USN), une coalition de huit partis –dontcertainsnesontpasreconnusparlepouvoir–, avait réalisé une percée en décrochant 10 des 65 sièges au Parlement, marquant au passage un très bon score dans la capitale. Un résultat suffisant pour suggérer une certaine usure du Rassemblement populaire pour le progrès (RPP), le parti présidentiel. Mais pour que l’opposition, qui n’a pas encore officiellement annoncé sa participation au scrutin, puisse espérer profiter de ce succès l’an prochain, elle doit se trouver une stratégie et un candidat unique (lire encadré p. 78). tranquillité. D’ici là, le président Guelleh reste

le grand favori. Il peut déjà compter sur les milieux d’affaires, qui ne jurent que par la stabilité qu’il représente pour Djibouti, îlot de tranquillité dans une corne de l’Afrique déchirée par les conflits n O 2862 • dU 15 AU 21 nOvemBre 2015


Le Plus de J.A. Djibouti (Somalie, Érythrée-Éthiopie, Soudan du Sud, et maintenant Yémen). IOG a su tirer parti avec intelligence des circonstances (les attentats du 11 septembre 2001 et le regain d’intérêt américain pour la zone) afin de diversifier les partenariats militaires de l’État, et de sortir de son tête-à-tête stratégique avec la France, longtemps restée le seul pays à disposer d’une base sur son territoire. Aujourd’hui, c’est l’embouteillage ! Aux 1900 Français et aux 5000 Américains présents sur ce territoire de 23000 km2 s’ajoutent des contingents italien, espagnol, allemand, japonais… Et bientôt chinois, puisque Pékin ouvrira très prochainement une base navale à Obock, dans le nord du pays (lire J.A. n° 2860-2861). « Pour les Djiboutiens, l’engagement pour la paix et la réconciliation nationale sont les premières choses à mettre à l’actif du président Ismaïl Omar Guelleh », rappelle Mahmoud Ali Youssouf, ministre des Affaires étrangères et secrétaire général adjoint du RPP. IOG est derrière les accords de paix signés en décembre 1994 et en mai 2001 avec l’ex-rébellion du Front pour la restauration de l’unité et la démocratie (Frud) qui ont mis un terme au douloureux épisode de la guerre civile. « Le président n’a jamais abandonné son bâton de pèlerin, que ce soit à l’intérieur du pays ou dans la région, poursuit le ministre. Les chantiers de développement qu’il a lancés et qui ont transformé le visage de Djibouti n’auraient jamais vu le jour s’il n’y avait eu, au préalable, la paix. » vertige. À l’heure du bilan, les efforts déployés

© abou halloyta

76

p Mohamed Ali Houmed, le président de l’Assemblée nationale, est un représentant du Frud, l’ex-rébellion. (Le 3 novembre.)

par IOG pour remodeler et dynamiser l’économie de Djibouti et l’inscrire dans la mondialisation risquent également de peser dans la balance. Le pays, longtemps dépendant de la rente – portuaire et stratégique –, est en passe de devenir une plateforme régionale de transport et de logistique (lire pp. 90-92). Il s’est ouvert aux investissements directs étrangers, arabes puis chinois (lire pp. 86-88), qui se sont matérialisés par l’extension et la modernisation du port à conteneurs, la construction de nouveaux terminaux et d’un terminal pétrolier, pendant que Tadjourah s’équipait d’un Pour la première fois de port minéralier. son histoire, la république Nouvel aéroport, nouvelle est sortie de sa logique zone franche, remise en service du chemin de fer vers de parti unique. Addis-Abeba, pipelines, centrales géothermiques : les grands projets structurants se comptent par dizaines et débordent de la capitale pour atteindre l’ensemble des régions (lire pp. 96-100). Les chiffres, qui s’égrènent en milliards de dollars, donnent le vertige, même si les retombées en matière d’emplois se font toujours attendre dans certaines couches de la société. Djibouti réussit enfin à exploiter sa position géographique privilégiée et à tirer profit du n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

boom de l’Éthiopie voisine, en passe de devenir l’économie la plus attractive du continent. « Le pari de l’intégration économique avec l’Éthiopie était courageux, car Djibouti a longtemps cultivé un certain isolationnisme, de peur d’être subjugué par son grand voisin, observe un diplomate européen. Psychologiquement, il fallait se défaire de cette mentalité de “citadelle assiégée” afin d’exploiter les immenses opportunités offertes par ce marché. » Le seul regret concerne l’attitude de la France : idéalement placée au départ pour donner naissance à ce mouvement et l’accompagner, elle n’a pas voulu suivre. « Le président Guelleh est d’abord allé voir son ami Jacques Chirac, au début des années 2000, pour lui demander que la France finance un nouveau port, explique un conseiller d’IOG. Le chef de l’État français a poliment décliné, en répondant que les entreprises tricolores n’en avaient pas les moyens. IOG est donc allé frapper à la porte du cheikh Maktoum de Dubaï, qui ne s’est pas fait prier. » L’ultime chantier – peut-être le plus délicat à mener – ne porte pourtant pas sur l’économie, mais sur la démocratisation du pays. Les rapports entre le pouvoir et l’opposition ont longtemps été heurtés et restent crispés, en dépit de la signature le 30 décembre 2014 de l’accord-cadre sur le dialogue politique, qui a permis aux dix députés de l’USN d’intégrer le Parlement élu en 2013. L’opposition avait en effet suspendu sa participation pour ● ● ● jeune afrique


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Le Plus de J.A. Djibouti ● ● ● dénoncer les irrégularités qui avaient émaillé ce scrutin. Pour la première fois de son histoire, la République de Djibouti est aujourd’hui sortie de la logique du parti unique de fait, avec l’avènement d’une Assemblée pluraliste. Autre nouveauté : l’élection à sa tête d’un représentant du Frud, en la personne de Mohamed Ali Houmed. Certes, l’ex-rébellion appartient à la majorité présidentielle (UMP), mais le symbole reste puissant, car c’est la première fois que la fonction échappe au RPP. Les dix députés de l’opposition ne s’y sont pas trompés, puisqu’ils ont voté sans ciller en faveur de Mohamed Ali Houmed. Le nouveau locataire du perchoir veut doter le pouvoir législatif des moyens juridiques, matériels et humains adéquats pour enraciner une démocratie parlementaire à Djibouti. Le règlement intérieur sera refondu pour tenir compte de l’arrivée de l’opposition dans l’hémicycle. Un site web doit voir le jour et même, à terme, une chaîne parlementaire. Enfin, un nouveau bâtiment de bureaux destiné aux députés sera construit sur un terrain adjacent au Palais du peuple.

Le rôle du président de l’Assemblée ne s’arrête pas là : il supervise les négociations sur la mise en œuvre des dispositions de l’accord-cadre au sein d’une commission paritaire de huit membres (quatre élus de la majorité et quatre de l’opposition). Si les volets relatifs au statut de l’opposition et au code de bonne conduite sont pratiquement bouclés, les discussions achoppent toujours sur la nature et la mission de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Les représentants de l’USN veulent qu’elle se substitue au ministère de l’Intérieur et gère l’ensemble du processus électoral pour en garantir l’impartialité. La majorité regimbe. « L’opposition doit faire preuve de réalisme et développer une approche constructive, exhorte Mohamed Ali Houmed. L’organisation des élections est un défi logistique qui ne peut être relevé en quelques mois. Les discussions doivent se poursuivre pour que chacun saisisse l’enjeu réel de cet accord-cadre qui transcende l’échéance d’avril 2016. En réalité, ce processus a pour vocation de transformer les conditions de l’exercice de la démocratie djiboutienne… ». ●

y aller ou pas?

a

vec la disparition d’Ismaïl Guedi Hared, décédé le 23 septembre au Val-de-Grâce, à Paris, l’opposition djiboutienne a perdu un sage. À 76 ans, l’ancien directeur de cabinet du président Hassan Gouled Aptidon ne pouvait plus briguer aucun mandat. Mais il était écouté et, avec sa capacité à fédérer, il représentait un facteur d’équilibre sur la scène politique. Il avait été l’un des promoteurs des négociations sur l’accord-cadre du 30 décembre 2014. Son héritage est aujourd’hui contesté. L’Union pour le salut national (USN), coalition de huit partis, est divisée sur la stratégie à adopter pour la présidentielle d’avril 2016. Elle doit en principe présenter une candidature unique, jouant la carte de l’unité pour augmenter ses chances. « Pas de Ceni, pas d’élections », scande l’USN à longueur de meetings. Ses militants ne font aucune confiance au pouvoir, qu’ils accusent d’avoir truqué les législatives. Si le blocage des négociations sur la « nouvelle Ceni » se poursuit, faut-il pour autant boycotter 2016 ? Les expériences passées n’ont guère été probantes, et l’opposition n’a jamais été aussi influente (et courtisée, y compris par les ambassades) que depuis qu’elle s’est unie et a participé au scrutin législatif de 2013. Mais elle doit encore se trouver un porte-drapeau. n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

dr

78

p Daher Ahmed Farah, le leader du MRD, ne peut se présenter car il possède la double nationalité belgo-djiboutienne.

Daher Ahmed Farah (DAF), le leader du Mouvement pour le renouveau démocratique et le développement (MRD), tribun hors pair et chef de file officieux de l’USN, a longtemps fait figure de candidat naturel. Rentré à Djibouti en 2011, mais préférant conserver sa citoyenneté belge acquise après un long exil à Bruxelles, il est de facto hors jeu. « L’homme du refus », qui

considère le scrutin de 2016 comme joué d’avance, semble vouloir capitaliser sur son intransigeance pour préserver ses chances en 2021. Il n’aurait alors pas forcément intérêt à ce qu’un autre nom émerge, comme celui du Dr Abaté Ebo Adou. De là à soutenir un boycott pour avril prochain… Il n’y a qu’un pas. Que l’USN franchira – ou non. ● Samy Ghorbal jeune afrique



Le Plus de J.A. Djibouti

amitiés bien ordonnées

les effectifs des Forces françaises stationnées en République de Djibouti (FFDJ) à 1 400 hommes. Son rôle stratégique dans la sécurisation du détroit de Bab El Mandeb, sa stabilité politique et les facilités qu’il offre aux armées occidentales comme aux marines japonaise et chinoise expliquent la cour intense dont fait l’objet Djibouti. Le constat vaut aussi pour les pays arabes. Sollicitée, la République a accepté de participer à la coalition internationale mise sur pied par l’Arabie saoudite contre les rebelles houthis du Yémen. Sans toutefois intervenir directement, mais en mettant à disposition ses infrastructures. Réalisme oblige, la question n’a pas vraiment fait débat dans le pays, en dépit de la présence d’une forte diaspora yéménite, souvent bien intégrée.

Recep Tayyip Erdogan, John Kerry, Ban Ki-moon, Shinzo Abe… les visiteurs de poids se bousculent au portillon djiboutien, soucieux de bénéficier de sa position stratégique.

accrocs. Excellentes avec Riyad, où le Orhan Karsli/anadOlu agency

80

p IOG (à g.) recevait le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn le 9 février.

D

jibouti serait-il en passe de devenir également un hub diplomatique? Signe de l’intérêt croissant des grandes puissances et des nations émergentes, les visites se succèdent à un rythme soutenu depuis le début de l’année. Le pays a accueilli le président turc Recep Tayyip Erdogan en janvier, le Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn est venu trois jours – une première – le mois suivant, et, en mai, le secrétaire d’État américain John Kerry s’est à son tour déplacé. Avant cela, Djibouti avait reçu le Premier ministre japonais Shinzo Abe en août 2013 pour l’un de ses rares déplacements en terre africaine et Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies,

président Guelleh s’est rendu mi-octobre, les relations avec Abou Dhabi et Doha ont connu en revanche quelques accrocs. Le Qatar, qui s’est improvisé médiateur dans le conflit frontalier qui oppose depuis sept ans Djibouti à l’Érythrée, a déçu en refusant de faire pression sur Asmara pour un règlement négocié. Donnant parfois le sentiment de faire double jeu. Le contentieux avec les Émirats, d’abord essentiellement commercial puisque lié à l’affaire Boreh (lire p. 90), a viré à la crise diplomatique en avril, lorsque Abou Dhabi a jugé bon de rappeler son consul adjoint et de ne plus délivrer de visas aux ressortissants djiboutiens. Djibouti, de

en octobre 2014, ainsi que plusieurs délégations chinoises. Autant de marques d’intérêt contrastant avec le manque d’attention de la France, l’ex-puissance tutélaire, avec laquelle les affinités linguistiques et culturelles sont pourtant les cet intérêt international marqué plus fortes. Après avoir fait contraste avec le manque faux bond deux fois, JeanYves Le Drian, le ministre d’attention de la France. français de la Défense, a fini son côté, s’est abstenu de toute mesure par se rendre dans le pays qui abrite la de rétorsion et travaille à résoudre cette plus grande base militaire extérieure tricolore les 26 et 27 juillet, mettant fin à incompréhension par des moyens diploune disette ministérielle de onze longues matiques. Plusieurs pays arabes amis années côté français. œuvreraient discrètement pour dissiper Il en a profité pour officialiser le départ, le malentendu. ● à terme, de 600 soldats, ce qui ramènera samy Ghorbal

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Djibouti Le Plus de J.A.

Tribune

Les raisons d’espérer naguib ali Taher Conseiller à la présidence

l

e 27 juin 1977, lorsque Djibouti, le dernier confetti de l’empire français, parvient à s’extraire du joug colonial, ils ne sont pas légion ceux qui croient à la viabilité de sa souveraineté. Même la France de Giscard, généreuse sur la forme, a pris soin de « verrouiller » l’accès à cette dernière grâce à la garantie apportée par les pays arabes et au maintien d’une base militaire de quelque 4 500 personnes. La crainte du moment concerne bien sûr les poussées de fièvre irrédentiste des voisins de la nouvelle nation, l’Éthiopie et la Somalie. Mais aussi la peur que ce petit territoire, vigie de la mer Rouge et du détroit de Bab El Mandeb, ne bascule dans le camp communiste et ne rompe l’équilibre issu de la guerre froide. Trente-huit ans après, les Cassandre qui attendaient que le pays cède à la convoitise de ses deux grands voisins ont perdu leur pari. La faute sans doute à une population qui a su préférer la quête et la construction de sa propre identité aux sirènes des affinités limitrophes. Mais que ce fut dur ! Il a fallu traverser une guerre civile, une récession économique, un ajustement structurel… À chaque étape, la jeune nation a dû faire preuve de persévérance pour que l’essentiel – la survie du pays – ne puisse être remis en question. Ses responsables ont également dû se montrer clairvoyants pour que le pessimisme ambiant ne taraude la conscience nationale et ne bouche l’horizon.

sur fond d’une crise économique sans précédent. Le deuxième président de la République, Ismaïl Omar Guelleh, prend alors les rênes d’un pays au bord du gouffre. La tâche s’avère compliquée. L’État-providence, premier pourvoyeur d’emplois, fait illusion. Le mérite du nouveau chef de l’État est d’identifier rapidement les facteurs d’inertie et de blocage pour proposer un nouveau projet de société. Fini le système éducatif élitiste hérité de l’époque coloniale, place à l’éducation pour tous. L’État investit enfin dans les ressources humaines, en quantité et en qualité. Il est loin le temps ou un lycée pouvait suffire pour l’ensemble de la République ! Fini aussi le système traditionnel et coutumier qui enfermait la femme dans un rôle mineur et subalterne. Le nouveau projet de société favorise l’insertion socio-économique et politique de la Djiboutienne. Et le nouveau code de la famille consacre ce processus d’émancipation. Fini, enfin, le mirage de l’État-providence, la gestion jacobine de l’État-centralisateur et le monopole du parti unique. Des réformes institutionnelles et démocratiques d’envergure

À force de persévérance, la jeune nation a su construire sa propre identité.

Dans les années 1990, l’incurie de l’État est telle que les Djiboutiens nagent dans l’incertitude quant à leur avenir. Une sorte de mal-être aux conséquences désastreuses ronge leur psyché. Même si l’État a évité la déflagration qui a emporté les régimes du Derg en Éthiopie et de Siad Barré en Somalie, la situation reste tendue et la présidentielle de 1999 se déroule dans un climat de tension sociale et politique, jeune afrique

consacrent le multipartisme, amorcent la décentralisation et créent les conditions d’une dynamique économique sans précédent. Le pays réussit à capitaliser sur sa position géostratégique et lance de grands travaux d’infrastructures. Résultat : la croissance avoisine aujourd’hui les 6 % et les Djiboutiens traversent une période d’optimisme. Ils rêvent que cette embellie se répercute sur leurs conditions d’existence. Ils se projettent à nouveau dans l’avenir, et espèrent intégrer, à moyen terme, le club très convoité des pays émergents. ● n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

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Le choix d’un service de qualité « Aéroport international de Djibouti, secteur VIP, 15h00 précise svp. » C’est en ces termes que le secrétaire de Mr Tayoro Nyckoss Tommy nous invite à rencontrer le fondateur d’IVORY JET SERVICES, première compagnie aérienne privée basée à DJIBOUTI et sa région. À notre arrivée, c’est entre deux rendez-vous que l’homme d’affaires, dynamique et ▲ TAYORO NYCKOSS TOMMY CEO/Président Directeur Général d’Ivory Jet Services

souriant, nous reçoit. Interview…

COMMUNIQUÉ

Pouvez-vous nous présenter IVORY JET SERVICES en quelques mots ? T.T.N. : « IVORY JET SERVICES à officiellement été inaugurée lors du dernier salon d’aviation privée, le MEBA à DUBAI. Notre présence y était primordiale aux vues de notre stratégie commerciale. Le projet est pourtant plus ancien puisqu’il est à l’étude depuis 2011, mais comme je ne fais jamais les choses à moitié, nous avons d’abord réalisé les études de marchés et business plans, afin de bien cerner les enjeux. Aujourd’hui, Ivory Jet services est la seule compagnie aérienne Djiboutienne à proposer des vols d’affaires VIP et d’évacuation sanitaire d’urgent : MEDIVAC (EVASAN) sur la région. J’ai d’ailleurs fait appel à l’expertise d’Arnaud Poisson, PDG d’Antaris Aviation pour concevoir au mieux la flotte d’IVORY JET SERVICES. Pour les vols VIP il était primordial d’offrir le meilleur service possible à nos clients. C’est pourquoi notre flotte a immédiatement accueilli un Falcon 50. Non seulement l’appareil est l’un des plus fiable au monde, mais mon désire était de proposer à nos clients d’at-

teindre leur destination sans contrainte de distance ni de confort. Ainsi sur tous nos vols vous pourrez trouver le must du voyage privé : Un service à bord de qualité optimal : repas à la carte préparé par nos plus grands chefs, téléphone satellitaire, télévision et multimédia… Chaque vol est assuré par un équipage ultra-qualifié. *D’autre part la flotte est enregistré sous AOC de San Marin, ce qui permet de n’avoir aucune restriction sur les destinations.» Pourquoi avoir implanté IVORY JET SERVICES à DJIBOUTI ? T.T.N. : « C’était une évidence ! Vous allez me dire que c’est étonnant dans un pays d’à peine un million d’habitants, surtout réputé pour ses bases militaires internationales. Mais on oublie souvent de mentionner que la dynamique gouvernementale Djiboutienne, a amené la nation à une croissance économique de presque 6 % pour l’année 2013. De quoi faire pâlir plus d’un pays Européen. Ici l’État a lancé il y a quelques temps déjà un vaste programme de développement visant à dynamiser ses


DIFCOM / Creapub - Photos : D.R.

▲ Vue de l’intérieur du Falcon

activités portuaires et attirer les investissements internationaux. L’ambition étant de transformer le pays en plateforme régionale de services commerciaux, logistiques et financiers. Enfin, géographiquement parlant, l’implantation de notre flotte ici tombe sous le sens. Nous sommes les seuls opérateurs de ce type dans la région à opérer avec ce type d’avions. Et Djibouti est à la croisée de l’Afrique, du moyen orient et même de l’Europe. Ici le marché de l‘aviation d’affaire connait une croissance exponentielle. » Votre flotte est composée de quel type d’appareils ? Et quels sont leurs avantages ? T.T.N. : « À l’heure où je vous parle IVORY JET SERVICES met à disposition de ses clients 7 jours sur 7 et 24 heure sur 24, un Falcon 50. La société vient également de faire l’acquisition d’un Falcon 900 qui effectuera ses premiers vols commerciaux début janvier 2016. Ces deux appareils nous permettent d’offrir à nos clients VIP (Hommes d’affaires, Diplomates…ndlr) une prise en charge immédiate pour des destinations telles que : Dubaï, Abu Dhabi, Riyad, Bahreïn mais aussi Londres, Munich, Paris, Istanbul et l’Inde. Notre centre de réservation est ouvert jour et nuit, vous pouvez aussi réserver en ligne sur notre site internet : www.ivoryjetservices.com. Notre Falcon 50 à l’avantage de pouvoir transporter nos clients en vol d’affaire sur de longues distances, dans des conditions de confort exceptionnel et ceci moins d’une heure après la réservation. Un autre avantage du Falcon 50 réside dans la polyvalence de son utilisation. Le nôtre dispose d’une capacité « quick change » qui permet en moins de 30 minutes de passer du mode VIP, au mode de vol médicalisé. Ainsi nous pouvons réaliser sur un même avion des évacuations sanitaires urgentes vers les principaux hôpitaux du globe, avec un délai de prise en charge optimisé. Ce qui n’est jamais un luxe en cas d’urgence. La région manquait cruellement de ce type de

service. Le Falcon 900, quand à lui à strictement les mêmes caractéristiques de modularité mais son autonomie de vol est supérieure au 50. Nous avons aussi une grande expertise en affrètement d’avions. Par exemple, si vous désirez voyager en délégation diplomatique, nous vous proposons une gamme d’avions gros porteurs selon vos critères de confort, protocoles et de distance. Ainsi nous ne sommes jamais sans réponses devant l’exigence de nos clients. Enfin, bel avantage, nous avons à l’Aéroport international de Djibouti, notre propre aérogare spécialisée, ce qui nous offre une flexibilité et une rapidité d’action incomparable. » Et l’avenir d’IVORY JET SERVICES, vous pouvez nous en toucher un mot ? T.T.N. : « Vous savez, nous répondons aujourd’hui à une forte demande en matière de transport de voyageurs VIP et d’évacuation sanitaire. Le marché de l’aviation d’affaire était le « Talon d’Achille » de la région et nous avons relevé le défi avec force et conviction. Nous avons d’ores et déjà dépassé nos objectifs et nous comptons atteindre en cette fin d’année les 600 heures de vol. À l’avenir, vue la mondialisation et l’accélération des échanges commerciaux internationaux, nous prévoyons l’acquisition de nouveaux appareils afin d’optimiser notre réponse à la demande. Nous envisageons bientôt l’arrivée d’un Challenger 605 et peut-être d’autres aéronefs, nous verrons, vous comprendrez que je ne puisse vous répondre plus précisément, nous avons notre stratégie. » IVORY JET SERVICES semble promue à un belle avenir tant par sa géolocalisation à l’est de continent Africain qui en fait un pionnier à Djibouti. Mais aussi par l’intelligence de son offre de services de vols VIP et d’évacuation sanitaires d’urgence, une véritable révolution pour la région.

▲ Les pilotes Ivory Jet Services entament leur montée à bord du Falcon

Toute notre expérience à votre service

La flexibilité dans vos voyages

La qualité d’un service en vol

Une couverture régionale

Pour plus d’informations: IVORY JET SERVICES Plateau du serpent, 31 boulevard du maréchal Foch Tél. : +253 21354232 contact@ivoryjetservices.com www.ivoryjetservices.com


86

© Patrick robert Pour J.a.

t L’agriculture et l’élevage ne représentent qu’une faible part du PIB. (Ici des chameaux destinés à l’exportation, à Damerjog.)

Économie

Des résultats mitigés

Malgré les nombreux projets d’infrastructures en cours, le pays n’assure toujours pas son avenir. Il frôle même le surendettement. Seule solution : se diversifier davantage.

l

e sable doré de Djibouti n’abrite toujours pas de pétrole, mais, ces dernières années, il attire les investissements directs étrangers (IDE). Sans autre richesse à monnayer que sa situation géostratégique, la petite République a réussi le tour de force d’accumuler plus de 1,5 milliard de

dollars (1,2 milliard d’euros) de capitaux étrangers à fin 2014, contre une quinzaine de millions vingt ans auparavant. Entre-temps, les investisseurs émiratis ont financé la construction d’un port à Doraleh. Depuis 2006, et malgré la crise qui a bousculé la planète financière deux ans plus tard, le port tire la

croissance économique du pays. Il ne sera bientôt plus le seul puisque plus de 6 milliards de dollars ont été investis dans des projets en cours de réalisation ou en passe d’être lancés : construction d’un terminal minéralier à Tadjourah et d’un port au Goubet, rénovation de la voie ferrée entre Djibouti et AddisAbeba (lire p. 96-100), construction d’une unité de dessalement et d’une centrale électrique dans la capitale, doublement de l’interconnexion électrique avec l’Éthiopie, etc. En attendant le futur aéroport international projeté au sud de la capitale ou la toute nouvelle ● ● ●

ImpôtS C’eSt tOut !

«

H

istorique ! » titrait en une le quotidien djiboutien La Nation, le 14 juin, jour de l’inauguration des assises nationales sur la fiscalité. Pour la première fois, les secteurs public et privé du pays se sont assis autour d’une table pour dépoussiérer un monument national qui met l’économie en péril : le système fiscal. Pendant deux jours et en présence des représentants des principaux bailleurs de fonds du pays, le président de la République et son gouvernement ont écouté les entrepreneurs de la Chambre de commerce de Djibouti et

n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

répondu à leurs multiples doléances. Cela faisait presque un demi-siècle que les patrons attendaient qu’on leur donne la parole. L’échange, resté courtois, a avant tout été fructueux. Plus d’une centaine de recommandations ont été émises afin de réadapter la politique et l’administration fiscale au contexte économique présent. « Il n’y avait pas eu de débat sur le sujet depuis la définition du système actuel, à la fin des années 1940, rappelle Mohamed Omar Ibrahim, spécialiste en fiscalité de la

Chambre de commerce. Il était alors plutôt léger et cohérent, puis s’est complexifié au fil du temps. Il faut lui redonner cette simplicité. » D’autant que les nombreux projets de zones franches obligent le gouvernement à se pencher sérieusement sur la question s’il veut attirer les entreprises et les investissements étrangers, comme ont su le faire Singapour ou Maurice, modèles déclarés de Djibouti. Quatre thématiques étaient au cœur des discussions : la simplification du système, donc, mais également

la rationalisation des nombreuses exonérations, l’équité fiscale, notamment sur le foncier, et la plus que nécessaire modernisation de l’administration. Même la question de la fiscalité locale a pu être débattue, alors que le pays attend toujours que la décentralisation soit menée à son terme. « Ce n’est que le début d’un long processus », tempère Mohamed Omar Ibrahim. Il faudra ensuite sensibiliser les administrateurs pour qu’ils appliquent le droit fiscal et les opérateurs économiques pour qu’ils O.C. le respectent. » ● jeune afrique


COMMUNIQUÉ

Office National de l’Eau et de l’Assainissement de Djibouti « Ensemble préservons nos Ressources »

LES PROJETS DE L’ONEAD EN 2016 è Approvisionnement en eau potable et assainissement en milieu rural et des centres secondaires de Tadjourah, d’Arta et d’Ali-Sabieh (avec le soutien de Banque africaine de développement).

Pose du premier tuyau lors de la cérémonie de lancement officiel du projet d’aqueduc Éthiopie-Djibouti, à Ali Sabieh le 22 mars 2015.

è Réhabilitation et extension du système d’alimentation en eau potable de la ville de Djibouti – phase 2 du projet financé par le Fonds arabe de développement économique et social (FADES).

è PIN – Amélioration de la distribution et du rendement du réseau potable de la ville de Djibouti (avec le soutien du Fonds koweïtien pour le développement économique arabe). è Assainissement liquide de Balbala (avec le soutien de l’Union européenne ; exécution Agence française de développement). Forage de Adigala (région d’Éthiopie).

è SHARE – Amélioration de l’accès à l’eau potable en milieu périurbain à Djibouti et dans les chefs-lieux de régions ; étude préparatoire à une intervention en milieu rural (avec le soutien de l’Union européenne). è Approvisionnement en eau potable, projet transfrontalier Éthiopie-Djibouti (République de Djibouti/République fédérale d’Éthiopie).

ONEAD

Office National de l’Eau et de l’Assainissement de Djibouti Boulevard de la République - BP : 1914 - Djibouti, République de Djibouti Tél.: (+253) 21 35 11 59 (standard) - Tél.: (+253) 21 35 31 07 (secrétariat) - Fax : (+253) 21 35 44 23

www.onead.dj

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR

è Production d’eau potable par dessalement d’eau de mer et énergie renouvelable (avec le soutien de l’Union européenne).


Le Plus de J.A. Djibouti ● ● ● ligne de chemin fer attendue pour nationale ne peut dépasser 30 % du PIB. relier les mines éthiopiennes aux quais Or elle représente déjà près de 50 % et de Tadjourah. pourrait culminer jusqu’à 81 % en 2017 ! Plus d’un tiers de la somme nécessaire Fragilisés également par le déficit récurà tous ces travaux aurait déjà été réuni, rent de la balance commerciale (27,8 % essentiellement grâce au partenariat du PIB en 2014), les grands comptes tissé ces deux dernières années avec publics vont donc subir une intense la Chine, Pékin remplaçant peu à peu pression dans les années à venir. Seul un meilleur taux de recouvrement Dubaï comme premier contributeur financier du pays (lire p. 90-91). Djibouti en l’amélioration de la production profite pour aligner ses énergétique favorisera l’émergence meilleurs taux de croissance depuis longtemps. d’une industrie manufacturière. Après les 6 % atteints en des recettes fiscales pourrait redonner un 2014, l’économie locale devrait progresser de 6,5 % cette année et de 7 % en peu d’air à la politique budgétaire, mais il risque de stagner, malgré les récents 2016, selon le FMI. Avant, peut-être, de efforts du gouvernement (lire encadré marquer le pas. p. 86). surchauffe. En établissant son modèle Les bailleurs de fonds s’inquiètent égade développement sur le crédit et l’emlement de voir la quasi-totalité des IDE prunt, l’économie djiboutienne, dont la consacrée au seul secteur des transports capacité à créer de la richesse reste strucet de la logistique. Si les activités liées turellement limitée, risque la surchauffe, à la construction vont en profiter pour et le pays le surendettement. « Les proquelques années encore, une diversijets d’infrastructures et leur entretien fication plus vaste de l’économie reste nécessaire. L’arrivée programmée de vont alourdir les charges fixes dans le nouvelles capacités en eau et en énergie budget de l’État », prévoit un expert de la Banque africaine de développement devrait permettre d’alléger le coût des (BAD). L’institution financière estime facteurs de production et de favoriser que le seuil de soutenabilité de la dette l’émergence d’un secteur manufacturier

… ENCORE TROP PEU INCLUSIVE… PIB par habitant en dollars (est.)

UNE ÉCONOMIE AU BEAU FIXE… Taux de croissance (en % du PIB)

8

2000

7%*

7

6,5%* 6%

6

1500

1 522,9

1 592,9

dénuement. Ce nécessaire rééquili-

brage entre ville et campagne doit enfin aider les pouvoirs publics à réduire le dénuement qui frappe toujours la population. Dans sa dernière étude publiée en février, le FMI estime que 42 % des Djiboutiens vivent dans un état d’extrême pauvreté. « C’est certainement le défi le plus important auquel est confronté le gouvernement », reprend notre expert de la BAD. Avec celui du chômage, qui concerne près d’un Djiboutien sur deux. Pour créer du travail dans le pays, l’État – qui emploie à lui seul 41 % des actifs – doit aider le secteur privé à sortir de l’informel. Là encore, d’importants efforts restent à fournir, Djibouti ayant même perdu deux places au classement « Doing Business » 2016 de la Banque mondiale, et se retrouve 171e des 189 économies étudiées. ● Olivier caslin

… ET STRUCTURELLEMENT FRAGILE… 1 944,7

1 805,2 1750

aujourd’hui inexistant, tout en soutenant une agriculture dont la contribution au PIB reste marginale, pénalisée par les conditions climatiques extrêmes du pays. Le développement d’un vrai secteur primaire permettra également d’étendre les activités économiques au-delà de la capitale, qui, entre le port et les bases militaires étrangères, concentre toujours plus d’emplois.

Taux d’endettement public (en % du PIB) 79,4%*

80

1 691,7

70

69,8%*

60 5

4,84%

1250

5%

* estimation

4 2012

2013

2014

2015

50

1000

2016

2012

… MAIS QUI SÉDUIT LES INVESTISSEURS Évolution du stock d’IDE sur 20 ans (en millions de $) 1994 2004

2008

2012

2014

2013

2014

20 15

2015

2016

20 20 100

752

1 066

1 505

5

30

8,4%

-10

8,1%

0 2012 n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

8,1%

8%

0

2014

2015

* estimation 2012

2016

2013

-23,3%

-20 -30

2013

55,8%* 48,4%

40

19,7% IDE (en % du PIB)

10

49,2%

-20,3%

2014

2015

2016

-21,8%* -27,4%* -27,8%*

Balance commerciale (en % du PIB)

SOURCES : FMI, CNUCED

88

jeune afrique


Horizon Djibouti Terminals Nous savons rester modestes et reconnaissants devant les progrès réalisés, heureux et fiers de ce que nous accomplissons, aussi loin que se trouve la ligne d’horizon. Nous sommes attentifs à l’épanouissement de nos employés parce qu’ils constituent l’atout majeur de notre entreprise. Tout en veillant scrupuleusement à la protection de l’environnement, nous perfectionnons sans cesse nos équipements ultra-modernes afin de satisfaire une demande croissante. Horizon Djibouti Terminals met tout en œuvre pour satisfaire les exigences de ses clients et étendre ses services bien au-delà de l’horizon.

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Le Plus de J.A. Djibouti

©Vincent Fournier/J.A.

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p Le futur terminal minéralier du Goubet est financé par China Exim Bank à hauteur d’une cinquantaine de millions d’euros. TransporTs eT logisTique

L’emprise du Milieu En bisbille avec Dubaï, le pays semble lui préférer les investisseurs chinois. Au grand dam des Occidentaux, qui craignent de perdre leur influence et de voir d’importants chantiers leur échapper.

t

ransport et logistique sont les deux mamelles de l’économie djiboutienne. Les investissements se concentrent d’ailleurs dans ces secteurs, pour lesquels le pays ne manque pas d’atouts. Situé au cœur du golfe d’Aden et point de passage obligé des grandes routes maritimes internationales, Djibouti est devenu la porte d’entrée de l’Éthiopie, ainsi qu’un hub idéal pour le ravitaillement de l’hinterland est-africain. Dix des dixsept nations enclavées du continent appartiennent au Marché commun de l’Afrique orientale et de l’Afrique australe (Comesa), dont la petite République est également membre. La frénésie des grands travaux d’infrastructures ne connaît donc aucun répit. Seul changement notable, les opérateurs de l’empire du Milieu ont détrôné, au fil des années, les investisseurs de Dubaï, à

n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

Boreh est soupçonné d’avoir détourné des centaines de millions de dollars lors de l’arrivée de DP World sur le terminal à conteneurs de Doraleh. Djibouti veut maintenant résilier le contrat de concession accordé à l’opérateur émirati, propriété du gouvernement de Dubaï. procès. Les racines du malaise entre Selon plusieurs proches du dossier, les deux États semblent pourtant plus certaines promesses non tenues auraient lointaines, avec pour toile de fond « l’afégalement terni les relations : « Les Émiratis ont fait miroiter des investissements porte d’entrée de l’Éthiopie, considérables dans le silDjibouti est aussi un hub idéal pour lage de l’installation de DP World. Mais les difficultés ravitailler l’hinterland est-africain. financières provoquées faire Boreh ». Président de l’Autorité par la crise immobilière de 2008 ont des ports et zones franches entre 2003 obligé Dubaï à repousser l’extension de et 2008, Abdourahman Boreh fait l’objet Doraleh, ainsi que la construction des de poursuites lancées par les autorités terminaux de Tadjourah et d’Obock. » djiboutiennes pour corruption et évasion Raison pour laquelle Djibouti se serait fiscale. Toujours en procès à Londres, tourné vers Pékin. l’origine du décollage du pays au milieu des années 2000. Les relations avec les Émirats arabes unis ont subi un sérieux coup de froid en avril après qu’un policier djiboutien a giflé un officiel émirati à l’aéroport d’Ambouli.

jeune afrique


Quel avenir ? Aujourd’hui, la Chine est présente sur tous les fronts, à travers les lignes de crédit de ses banques et les réalisations de ses entreprises de BTP. Et bientôt militairement, puisque l’empire du Milieu s’apprête à ouvrir une base navale à Obock pour mieux affirmer ses ambitions de puissance maritime internationale. Symbole de cette arrivée spectaculaire à Djibouti, China Merchants Holdings International a fait son entrée, fin 2012, au capital du Port de Djibouti en acquérant

23,5 % des parts pour 185 millions de dollars (environ 140 millions d’euros). « Djibouti est un point stratégique dans la nouvelle route de la soie chinoise », se félicite Mahmoud Ali Youssouf, le ministre des Affaires étrangères. oléoduc. Comme pour répondre

aux Occidentaux qui redoutent de voir Djibouti « tomber dans l’orbite de Pékin », le diplomate souligne l’effet d’entraînement engendré par ce partenariat. Et

met en avant le projet d’un oléoduc pour produits pétroliers raffinés de 550 km qui s’étirera entre Damerjog et la ville éthiopienne d’Awash. Un projet de 1,5 milliard de dollars pour une capacité journalière de 240000 barils. Le consortium chargé de réaliser ce pipeline sera détenu à 50 % par la société américaine Black Rhino, filiale du géant Blackstone. « Vous voyez bien que les Chinois ne sont pas les seuls à venir ici », insiste en souriant le ministre. ● Samy Ghorbal

c’est dans l’air Relancée début août, air djibouti va doper les capacités logistiques du pays. Notamment en permettant les connexions entre mer et ciel.

©dr

l

e pays retrouve sa compagnie nationale. Contrainte de mettre la clé sous la porte en 2002 après quarante ans de bons et loyaux services, Air Djibouti a fait les gros titres de la presse mondiale début août avec la reprise de ses activités. Principale raison de cet engouement soudain qui ressemble fort à un joli coup de pub : son nouveau patron, Bruce Dickinson. L’ancienne légendeduheavymetalsemble aussi à l’aise aux commandes d’unecompagnieaérienneque devant le micro du groupe Iron Maiden. Reconverti en piloteinstructeur sur Boeing 737 et Boeing 757, le Britannique dirigeCardiffAviation,baséeau Paysde Galles (Royaume-Uni). Or cette société a été chargée de la gestion de la nouvelle entité d’Air Djibouti, détenue à hauteur de 70 % par l’Autorité des ports et des zones franches de Djibouti (DPFZA), et à 30 % par l’Aéroport international de Djibouti(AID).Lacompagniea

p L’ex-chanteur Bruce Dickinson dirige Cardiff Aviation.

pris son envol le 3 août à destinationdeHargeisa,enSomalie. Pour l’instant, elle transporte uniquement du fret, mais les premières liaisons régulières pour passagers devraient débuter au cours du premier trimestre de 2016, avec les dessertes de la sous-région, des pays du Golfe, ainsi que de Londres et de Paris. puzzle. Le transport aérien a

longtemps été la pièce manquante du puzzle logistique SHERATON DJIBOUTI HOTEL

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djiboutien. Il représente désormais un axe de développement prioritaire pour l’Autorité des ports, qui a débuté, avec le soutien financier des banques chinoises, la construction de deux nouveaux aéroports, l’un dans la capitale, l’autre à Obock. La livraison de ces équipements, qui ne coûteront donc rien à l’État, est attendue courant 2018, pour un investissement total de 600 millions de dollars. « Nous visons

une multimodalité de type C-Air, explique Aboubaker Omar Hadi, le président de la DPFZA. Les marchandises seront acheminées par voie maritime jusqu’à Djibouti, puis par voie aérienne vers les pays limitrophes, avec un rayonnement possible en Afrique de l’Ouest. Ce modèle éprouvé est deux fois moins cher que l’aérien pur et trois fois plus rapide que le transport maritime classique. » Pour atteindre ses objectifs, le pays peut compter sur l’appui de son secteur privé. Ivory Jet Services, société spécialisée dans l’aviation d’affaires et le transport médicalisé, vient de lancer ses activités. Dirigée par Tommy Tayoro Nyckoss, le gendre du président Ismaïl Omar Guelleh, elle a démarré ses services cette année, avec un Falcon 50 « charter VIP » susceptible d’être transformé en avion médicalisé en seulement 45 minutes. Un second appareil devrait renforcer la flotte avant la fin de l’année. ● S.G.

91


Le Plus de J.A. Djibouti t « Nous avons enregistré une croissance de 22 % de nos rotations », affirme le responsable.

docks, les hangars et les usines implantées dans la zone franche. Des privés investiront dans la fourniture d’énergie, car les besoins additionnels sont estimés à 3 500 mégawatts. La livraison d’une centrale thermique à charbon, construite par les Chinois, est attendue d’ici à deux ans. Nous voulons aussi que les ports de Tadjourah et du Goubet disposent de leur propre zone franche et d’un site de production électrique. © Vincent Fournier/J.A.

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IntervIew

Aboubaker omar Hadi « nos vrais concurrents sont à Djeddah et à Salalah » Réputé pour son travail à la tête de l’Autorité des ports et zones franches, le président du DPfZA a une nouvelle mission : créer un gigantesque complexe logistique de 3 500 hectares.

A

rchitecte de la transformation économique de Djibouti bénéficiant de toute la confiance du président, Ismaïl Omar Guelleh, Aboubaker Omar Hadi est l’une des personnalités les plus influentes du pays. Sa gestion de l’Autorité des ports et zones franches (DPFZA) de Djibouti depuis 2011 lui vaut une réputation de travailleur infatigable. Après avoir effectué une partie de sa carrière à Lagos, ce quinquagénaire originaire de Dikhil, « la ville de l’unité », doit aujourd’hui relever un défi colossal : la création d’une zone franche de 3 500 hectares, susceptible de générer 340 000 emplois dans les dix ans à venir. jeune Afrique : La zone franche de Djibouti devrait passer de 17 à 3500 hectares dans un futur proche. Ce projet est-il justifié économiquement, sachant que l’investissement total avoisinera les 3,5 milliards de dollars ? n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

AboubAker omAr HADi : Notre pays est pionnier dans ce domaine en Afrique, puisque l’ancêtre de la zone franche, le port franc de Djibouti, remonte à 1954. Nous avons des atouts : une stabilité politique et monétaire, une économie

Pensez-vous que la croissance du trafic va suivre ? Sur quels marchés comptezvous vous positionner ?

Le ralentissement de l’économie mondiale n’a pas affecté notre activité, puisque nous avons enregistré une croissance de 22 % de nos rotations, à l’import et à l’export. Nos marchés « naturels » sont d’abord l’Éthiopie et le Soudan du Sud, mais d’autres pays sont maintenant ravitaillés à partir de Djibouti, par exemple le Yémen, la Somalie, voire le Kenya. Djibouti est devenu un véritable port de transbordement, avec des installations performantes qui permettent de réduire les coûts et les délais. Nos vrais concurrents se trouvent à Djeddah [Arabie saoudite] et à Salalah [Oman].

quel sera l’impact, en matière d’emploi, de cette future « méga-zone franche » ?

Considérable, puisque les estimations parlent de la création de 340 000 emplois dans les dix ans à venir. Un chiffre vertigineux, quand on sait que la popula-

La zone franche portuaire rencontre un grand succès: elle affiche complet! libérale et des infrastructures portuaires modernes et très développées. La zone franche portuaire, implantée au début des années 2000, a rencontré un grand succès puisqu’elle affiche complet ! Nous recensons 168 sociétés de 39 nationalités différentes. Nous avons donc décidé d’anticiper et de changer d’échelle, en travaillant sur un projet très ambitieux, un espace de 3 500 hectares qui englobera les trois ports situés à Doraleh. Les marchandises pourront circuler entre les

tion active djiboutienne totale s’élève à 350 000 personnes. Djibouti devrait donc former 34 000 travailleurs chaque année ! C’est là que risque de se trouver le goulot d’étranglement. Nous allons prendre en charge nos cadres, mais l’État doit assurer le relais en s’appuyant sur les financements internationaux disponibles. Et tout cela ne sera sans doute pas suffisant. Il faut donc s’atteler à la tâche dès maintenant. ● Propos recueillis par SAmy GHorbAL jeune afrique


Le secteur bancaire à Djibouti : une place financière sûre, moderne et attractive

La Banque Centrale de Djibouti a pour principales missions de veiller sur la convertibilité de la monnaie nationale, le Franc Djibouti qui a été créé en 1949. Librement convertible et lié au Dollar américain par une parité fixe, le Franc Djibouti puise sa stabilité linéaire qui le caractérise depuis plus de 65 ans dans les fondements de son système d’émission du type « currencyboard ». Son principe de fonctionnement est des plus simples : chaque Franc Djibouti émis doit être entièrement couvert par un dépôt en dollars américains auprès de l’un des correspondants à New-York. C’est ainsi que la Banque Centrale de Djibouti est chargée de la gestion des réserves officielles en devises du pays pour garantir un taux de couverture de son émission largement positif. Quant à l’achat de devises, il est libre et s’effectue contre simple dépôt de Francs Djibouti. Cette absence de contrôle de change et une application stricte et contrôlée des dispositions réglementaires et prudentielles des établissements de crédit, ont fait de Djibouti une place financière dynamique attractive et sécurisante où les opérateurs de la sous-région logent leurs principales opérations. Le secteur financier, profitant largement de la vigueur de la croissance économique du pays depuis plusieurs années, connaît une forte expansion. Le nombre d’opérateurs financiers en activité ne cesse d’augmenter et compte désormais 11 banques commerciales, un Fonds étatique de financement des PME/PMI, 2 institutions de microfinance et 18 bureaux de change et de transfert de fonds. La multiplication d’opérateurs a permis d’enrichir la panoplie de produits et services financiers offerts par la place djiboutienne.

Pour accompagner au mieux ce foisonnement du secteur financier, les autorités nationales ont procédé à une refonte de la législation bancaire et financière en janvier 2011, de sorte à l’adapter aux attentes de la profession.

NOTRE CORRESPONDANT EN EURO • Banque de France CENTRAL BANK OF DJIBOUTI SWIFT : BCDJDJJDXXX IBAN N° FR76 3000 1000 6400 5245 024 BANQUE DE FRANCE SWIFT CODE : BDFEFRPPCCT

NOS CORRESPONDANTS EN DOLLARS US • BNP PARIBAS – New York Branch Central Bank Of Djibouti - SWIFT : BCDJDJJDXXX IBAN N° FR53 3000 4056 5800 0004 1015 D42 BNPPARIBAS – PARIS SWIFT CODE : BNPAFRPPXXX • Federal Reserve Bank of New York CENTRAL BANK OF DJIBOUTI - SWIFT: BCDJDJJDXXX ACCOUNT N° 0210 83 682 FEDERAL RESERVE BANK OF NEW YORK SWIFT CODE : FRNYUS33XXX • Citibank – NA New York CENTRAL BANK OF DJIBOUTISWIFT : BCDJDJJDXXX ACCOUNT N° 36252795 CITIBANK–NA NEW YORK - SWIFT CODE : CITIUS33XXX

Banque Centrale de Djibouti Boulevard Saint-Laurent du Var - BP 2118 - Tél. : (253) 35 27 51 / (253) 31 20 00 Fax : (253) 35 62 88 / (253) 35 12 09 Télex : 5838DJ - SWIFT : BCDJDJJDXXX E-mail : bndj@intnet.dj - www.banque-centrale.dj


Le Plus de J.A. Djibouti EnvironnEmEnt

Fini de voler? Exposé aux prédateurs sous un couvert végétal de plus en plus clairsemé, le francolin somali, symbole national, risque de disparaître. À moins que l’État ne préserve son écosystème. rythme des réchauffements terrestres, pour couvrir un peu moins de 900 hectares aujourd’hui, soit une superficie six fois plus petite qu’il y a cinquante ans. Et la plupart des arbres qui la composent sont malades, victimes des assauts de l’armillaire, un redoutable champignon. Les épisodes exceptionnels de chaleur qui se sont succédé ces dernières décennies, outre qu’ils ont desséché les sols, n’ont pas aidé les genévriers. Ces arbustes ont la faculté de capter l’eau des cumulus mais, depuis une trentaine d’années, le plateau nuageux est remonté d’un cran, devenant inaccessible.

t Il ne resterait qu’environ 1 300 individus, répartis dans les régions septentrionales du pays

cicatrices. Certaines pratiques, comme

le surpâturage, ont également entraîné des dommages quasi irréversibles sur un écosystème très sensible. Les troupeaux de chèvres, qui, auparavant, séjournaient quelques semaines seulement dans le massif, y vivent désormais à l’année. Ils dévorent et piétinent les jeunes pousses, empêchant la régénération des plantes. répartis entre le massif de la forêt du Day Un phénomène qui accentue l’érosion et les monts Mabla, distants de 90 km et des sols. situés dans les régions septentrionales Pour sortir de ce cercle vicieux et de Tadjourah et d’Obock. enrayer l’hécatombe, le Programme de mobilisation des eaux de surface et de Danger. L’espèceesthautementmenacée gestion durable des terres a replanté plus par la disparition du couvert végétal qui la de 5 000 genévriers. Un effort louable, rend vulnérable aux prédateurs tels que mais encore très insuffisant. l’aigle, le caracal (lynx) ou encore le varan, Il faudra du temps pour effacer les cicafriand de ses œufs. « Le francolin est un trices héritées de la colonisation. Celle-ci, patrimoine en danger, note le naturaliste, qui a démarré à la fin du XIXe siècle, a également conseiller technique du projet créé un mouvement de sédentarisation des populations que l’indépendance a encore amplifié. arbres malades, sécheresse, La faune locale, jadis riche et surpâturage, érosion… il faut variée, a alors été décimée, sauver la forêt brumeuse du Day. essentiellement par les chasseurs venus d’ailleurs. « Les de l’Union internationale pour la conserpeuples de la corne de l’Afrique sont des vation de la nature (UICN). C’est l’un des nomades, ils considèrent que les animaux marqueurs de la biodiversité. Et son sort sauvagesappartiennentàDieu.Lesgrands est intimement lié à celui des milieux où il mammifères de la région n’étaient pas s’épanouit, particulièrement fragilisés. Le farouches. Les colons européens les ont sauver suppose donc une action globale. » quasiment exterminés en trente ans », En d’autres termes: il faut commencer par explique Houssein Rayaleh, qui compte sauver la forêt brumeuse du Day. bien éviter un sort aussi tragique au Seul vestige d’un massif primaire de francolin. ● genévriers, cette forêt s’est contractée au samy ghorbaL A.L. Drewitt

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«

L

a nature peut vivre sans l’homme, mais l’homme ne peut pas vivre sans la nature. Lorsque les gens l’auront compris, ils réaliseront peutêtre que la défense de l’environnement et de la biodiversité n’est pas une lubie, mais un impératif. » Houssein Rayaleh, plus connu à Djibouti sous le surnom d’Assamo, lutte pour ne pas se laisser décourager. Cet ancien instituteur devenu ornithologue a consacré sa vie à la protection de la nature. Une gageure dans un pays qui, selon lui, n’a pas spécialement la fibre écologique. Son combat pour la conservation du francolin somali, espèce endémique de la République de Djibouti, lui a valu d’être récompensé, en 2009, par le prix du Worldwide Conservation Fund, la fondation environnementale de Disney. Cet oiseau marcheur de la famille des gallinacés, qu’il aimerait voir rebaptisé francolin de Djibouti, est devenu un symbole national depuis qu’il orne les pièces de 250 francs. Il peut vivre une quinzaine d’années, et sa population totale est estimée à 1 300 individus, n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

jeune afrique


COMMUNIQUÉ

Électricité de Djibouti

QUAND LʼÉNERGIE VIENT DU VENT, DE LʼEAU... dans lʼambition de la République de Djibouti dʼêtre le premier

épuisement programmé des réserves dʼénergies fossiles, la nécessité de préserver lʼenvironnement et les menaces du réchauffement climatique dû à lʼeffet de serre imposent de faire toute leur place aux énergies renouvelables : lʼéolien, lʼhydraulique, la géothermie… La République de Djibouti fait partie des pays qui ont opté pour les énergies renouvelables.

pays africain à

65 % DʼÉLECTRICITÉ DʼORIGINE HYDRAULIQUE

consommer 100 % dʼénergie verte à lʼhorizon en 2020.

DEPUIS 2001, UNE LIGNE À HAUTE TENSION RELIE DJIBOUTI ET LʼÉTHIOPIE.

Lʼinterconnexion électrique avec lʼÉthiopie, effective depuis mai 2011, était un pas significatif. Elle trouve son utilité dans le constat suivant. La consommation dʼénergie de Djibouti est la plus forte à la période estivale, de mi-juin à mi-octobre. À lʼinverse, cette période correspond à la saison fraîche en Éthiopie où, même dans des conditions hydrauliques moyennes, il est possible de produire plus dʼénergie que ce qui est nécessaire pour satisfaire la demande locale. La création dʼune ligne de transmission de 230 kV double terne de 283 km entre le poste de Dire-Dawa et Djabanʼas sʼinscrit dans le cadre dʼune politique axé sur le renforcement de lʼintégration régionale à travers la réalisation dʼouvrages communs.

Électricité de Djibouti ÉTABLISSEMENT PUBLIC 47, boulevard de la République BP : 175 - Djibouti République de Djibouti Tél. : 00253 21 35 28 51 (DIRECTION) Fax : (253) 21 35 43 96 E-mail : directionedd_68@ edd-dj.com

Pour gérer et renforcer lʼinterconnexion avec lʼÉthiopie, EdD sʼest doté dʼun dispatching national qui a pour rôle de gérer le contrôle du système électrique de Djibouti et dʼassurer la répartition entre la capitale et les différentes régions. Financée par lʼUnion européenne à hauteur de 12 millions dʼeuros avec une participation de 2 millions dʼeuros dʼEdD, cette infrastructure vient dʼentrer en service.

En termes de bilan énergétique, 65 % de lʼénergie utilisée par EdD est dʼorigine hydroélectrique, importée par lʼinterconnexion avec l›Éthiopie. Le projet dʼune seconde ligne dʼinterconnexion est en cours dʼétude. Dans un autre domaine, EdD et son partenaire Qatar Petroleum International (QPI) vont construire un parc éolien de 60 MW dans la région du Ghoubet. Lʼétude financée par les deux parties à hauteur de 90 000 euros a montré le potentiel du site, où la vitesse moyenne de vent se situe entre 9 et 10 m/s . Enfin, la République de Djibouti présente un grand potentiel pour le développement de la géothermie. Le gouvernement multiplie les actions pour mettre en valeur ce potentiel, ainsi que les facilités offertes par le code dʼinvestissement au secteur privé dans ce domaine. Grâce à ses réalisations et ses projets dans les énergies renouvelables, Électricité de Djibouti est en mesure de faire face au développement des infrastructures urbaines, portuaires, ferroviaires et hôtelières en cours.

UN IMPACT POSITIF SUR LA POPULATION Prise en charge à hauteur de 3 millions de dollars par Électricité de Djibouti (EdD), lʼinterconnexion électrique avec lʼÉthiopie est financée par un prêt de 26 millions de dollars de la Banque africaine de développement. Sa mise en service a un impact positif sur les conditions de vie de la population, notamment un accès plus facile à lʼélectricité et la réduction de la facture électrique de 30 %. DISPATCHING NATIONAL DE DJIBOUTI.

DIFCOM/DF - PHOTOS : DR

EdD sʼinscrit


Le Plus de J.A. Djibouti aménagement

Passé recomposé Renaissance du chemin de fer, construction de quartiers résidentiels, rénovation du patrimoine… L’État ne lésine pas sur les moyens pour rendre à la capitale son lustre d’antan et attirer les visiteurs. u La nouvelle gare est située à Nagad, à 10 km au sud du centre-ville de Djibouti.

© abou halloyta

crédit photo

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a

près une pause que beaucoup croyaient éternelle, les rails du chemin de fer qui relie Djibouti à Addis-Abeba en 784 km depuis 1917 chantent à nouveau. Aucun convoi n’avait emprunté ces voies depuis 2002, moment où les perspectives semblaient prometteuses, entre l’éveil de l’Éthiopie et les projets portuaires en gestation dans la baie de Djibouti. Mais, faute d’entretien et d’investissements, les tarifs et les délais d’acheminement étaient beaucoup trop élevés pour attirer le chaland. « Une tonne de fret transportée par rail coûtait le double de celle qui empruntait la route. Et, surtout, elle mettait trois fois plus de temps », se souvient un transitaire djiboutien. L’arrivée d’un repreneur aussi solide que sont tendus les flux de marchandises entre les deux capitales ces dernières années a finalement permis de débloquer n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

la situation et de relancer la machine. Financées à hauteur de 440 millions d’euros par China Exim Bank et réalisées par China Civil Engineering Construction Corporation, la modernisation et l’électrification de la ligne, entamées en 2013, arrivent à leur terme. Fin août, un premier convoi a circulé sur les 82 km du

terminer les finitions de la nouvelle gare multimodale, dont la livraison est prévue dès novembre. sillage. Au-delà du millier d’emplois,

directs et indirects, créés le long du tracé, le retour du train à Djibouti a surtout valeur de symbole tant il est ancré dans l’imaginaire local. Avec le port, la voie ferrée a longtemps au-delà du millier d’emplois créés, été le poumon économique le retour du train est un symbole, du pays, en même temps tant il était ancré dans l’imaginaire. qu’une ligne de vie pour sa population. Dans le sillage tronçon djiboutien. Le coup d’essai s’est du train, c’est tout Djibouti qui pourrait révélé un coup de maître et tout le monde retrouver un peu de son lustre passé. Ce semble plus que jamais motivé pour n’est d’ailleurs pas un hasard si les autofinir les travaux au plus vite afin que les rités ont choisi d’implanter la « nouvelle » services puissent bien démarrer avant gare principale dans la zone d’extension la fin de l’année, comme annoncé. Au urbaine de Nagad, plutôt que de conserver sud-est de la capitale, dans le secteur le site d’origine, situé au cœur de la vieille de Nagad, les ouvriers s’activent pour ville. La renaissance du train s’inscrit ● ● ● jeune afrique


L'Assurance Maladie Universelle : une offre de soins élargie pour tous les Djiboutiens. Spécialiste en économie sociale, Mme Hana Farah Assoweh est à la tête de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale depuis janvier 2014. A peine nommée, elle a été mise à l’épreuve pour mettre en œuvre l’une des plus ambitieuses reformes de la politique sociale du Président de la République, monsieur Ismail Omar Guelleh, en matière de santé : L’Assurance Maladie universelle (AMU). Un an plus tard seulement, les premiers résultats sont à la hauteur de l’espoir suscité ! Désormais, la couverture santé est élargie à l’ensemble des catégories socioprofessionnelles. Ils sont affiliés à l’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) et cotisent selon leurs moyens pour recevoir des soins selon leurs besoins. Les personnes en situation d’extrême précarité sont exonérées de cotisation et bénéficient des soins sur le volet solidarité de l’AMU dans le cadre d’un Programme d’Assurance Sociale de Santé (PASS). Les premiers bénéficiaires de ce régime solidaire, sont déjà pris en charge dans la région d’Arta en attendant son extension à l’ensemble du territoire nationale. Grâce à l’AMU, la CNSS injecte plus de solidarité et d’équité dans l’offre des soins en République de Djibouti.

Mme Hana Farah Assoweh DG de la CNSS

AMU, une couverture sanitaire pour tous AMO(1)

PASS(2) Première bénéficiaire du PASS

Personnes actives Fonctionnaires, Conventionnés, Travailleurs indépendants, retraités

Toutes Personnes sans revenu

(1) - Assurance Maladie Obligatoire (2) - Programme d’Assurance Sociale de Santé

le Plus de l’AMU

Avant AMU

Service Communication CNSS

Prestations des soins de santé universelles Prise en charge intégrée des maladies de l’enfants. Santé de reproduction. Programme élargi de vacccination. Tuberculose Paludisme VIH Sida Épidémies

4 Principes fondamentaux de l’AMU - Solidarité - Contributif - Tiers-payant - Mutualisation des risques

- Prestations de soins de santé de base Consultations curatives (enfants & adultes) Délivrance des médicaments essentiels Accouchement Césarienne Analyses biologiques et chimiques Examens radiologiques - Prestations de soins de santé spécialisées ( Pédiatrie, gynécologie, soins dentaires, Ophtalmologie , urologie, gastro-enterologie…) Analyses médicales complémentaires Scanner - Prestations de soins hospitaliers Frais hospitalisation Frais pour certaines chirurgies

Avec la CNSS, votre avenir est pleinement assuré.


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Le Plus de J.A. Djibouti en effet dans celle, plus générale, de versés en totalité par l’État, faute d’une l’agglomération, illustrée par le nouveau fiscalité autonome à laquelle réfléchit le schéma directeur d’aménagement et gouvernement mais qui continue de se d’urbanisme concocté par les pouvoirs faire attendre. Une taxe pour lutter contre publics. Le précédent datait de 1998 et le stationnement sauvage sera instaurée était, depuis longtemps déjà, caduc. en 2016 par la mairie, dirigée depuis 2012 par Houssein Abdillahi Kayad, élu sous la La capitale concentre aujourd’hui plus de 450 000 habitants, soit un Djiboutien bannière d’une liste indépendante. Une première expérience qui pourrait sur deux. Dont une majorité vit à Balbala, l’ancien bidonville devenu ces dernières en appeler d’autres, puisqu’une véritable années une excroissance monstrueuse de réflexion sur la fiscalité locale a été lancée la ville. Au rythme actuel, la conurbationpourraitabriter en raison de conflits sans fin entre plus de 700 000 personnes les ayants droit, des immeubles en 2028. Certains secteurs, comme le cœur historique s’abîment dans la poussière. de la presqu’île de Ras Dika, sont saturés, alors que tout autour se au niveau national. Elle pourrait déboumultiplient les développements urbains cher sur un triplement du budget munianarchiques, dans des zones trop étalées cipal. « Nous avons connu des avancées et trop peu densément peuplées – moins notables en matière de décentralisation, de 120 habitants par hectare – pour être même si nous n’en sommes encore qu’à correctement aménagées. mi-chemin, note l’édile. Nous avons restructuré les comités de quartier et les assotentation. La création de la municipalité ciations de riverains, et leur avons donné de Djibouti est très récente, les premières un nouvel élan. Ils sont nos relais sur le élections locales s’étant tenues en 2006. terrain et gèrent de manière transparente La ville est dotée d’un budget d’une cenles aides diverses tout en nous remontant les doléances de la population. » taine de millions de francs djiboutiens, ●●●

Les autorités sont confrontéesà untriple défi. Elles doivent aménager et planifier pourrationaliserledéveloppementurbain; remédier au déficit de logements tout en résorbant l’habitat précaire (lire p. 100); et, enfin, mettre en œuvre une politique d’embellissement du cadre de vie en donnantunenouvellejeunesseàunpatrimoine architectural complètement décrépit. L’État a donné l’exemple en rénovant le foncier qui lui appartient. Mais beaucoup d’immeubles du parc privé s’abîment toujoursdanslapoussièreenraisondeconflits d’héritage sans fin entre les ayants droit. En atteignant des sommets, la valeur des terrains du centre-ville aiguise les rivalités. Et la tentation de construire en hauteur est fortement réfrénée par la municipalité, qui délivre les permis au compte-gouttes pour les bâtiments de plus de dix étages dans l’espoir de préserver le cachet unique de Djibouti. Elle a moins de scrupules en périphérie. De nouvelles zones résidentielles sont sorties de terre comme des champignons après la pluie pendant la dernière décennie. Haramous s’est par exemple recouvert en quelques années d’ensembles résidentiels aussi confortables ● ● ●

Le nouveau visage de la capitale Zone de développement touristique de Khor Ambado

Usine de dessalement

Zone à haute valeur patrimoniale

Extention de la zone portuaire

Transports Train Transp. léger sur rail

Secteur ouest Nouveau campus universitaire

Ras Dika Boulaos

Autoroutes et rocades 2 km

Réserve naturelle de Haramous

Balbala Corridor écologique

Nouvelle centrale éléctrique de Jaban’as

Futur aéroport

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AddisAbeba

Pôle d’interconnexion des transports de Nagad

Secteur est

jeune afrique



Le Plus de J.A. Djibouti qu’impersonnels. Des villas gigantesques, cachées derrière de hauts murs en béton, attendent encore leurs occupants. Les équipements publics sont inexistants le long des larges avenues tirées au cordeau et abruties de chaleur faute d’une quelconque verdure. « L’embellissement de la ville est pourtant une obligation si l’objectif est d’en faire un centre touristique, estime un professionnel. Dans les années 1980, avant l’émergence de Dubaï, Djibouti drainait une clientèle importante provenant des pays limitrophes. Pour faire revenir les gens, et surtout développer le tourisme d’affaires, il faut aménager des promenades, créer des espaces verts. » ●●●

StanDinG. Les projets ne manquent pas,

tel l’aménagement de la corniche « de Venise », face au vieux port de commerce. Cette bande de terre gagnée sur les eaux du golfe s’est imposée au fil des années comme le lieu de rendez-vous privilégié de la jeunesse locale. À l’écart des quartiers chauds traditionnels qui ont fait la réputation des nuits djiboutiennes dans les corps de garde. L’offre devrait également pouvoir s’appuyer rapidement sur deux immenses centres commerciaux, copiés sur les fameux malls si appréciés au MoyenOrient, et sur plusieurs hôtels de standing dont les travaux ont déjà démarré pour certains. Le chantier le plus avancé est celui de « l’œil de l’Afrique », construit, à une échelle plus réduite, sur le modèle des fameuses palmes dubaïotes. Ses promoteurs, l’entrepreneur local Saïd Del Waïs, patron du groupe Halt, associé pour l’occasion au richissime homme d’affaires chinois Hei Liehui, s’adressent aux classes aisées émergentes du pays et de la sous-région, ainsi qu’aux futurs expatriés des extensions à venir de la zone franche portuaire adjacente. Le marché ne devrait donc pas être aussi étroit que l’annoncent les détracteurs du projet. En 2006, l’hôtel Kempinski, construit par le groupe émirati Nakheel, suscitait les mêmes commentaires sceptiques. Beaucoup craignaient que le palace, qui avait coûté la bagatelle de 150 millions de dollars, ne disparaisse sous le sable une fois terminée la réunion des chefs d’État de l’Afrique de l’Est qui avait justifié sa réalisation. Bientôt dix ans plus tard, l’établissement ne désemplit pas et semble avoir largement contribué à replacer Djibouti sur la carte des visiteurs internationaux. ● SamY GHOrbaL n O 2862 • du 15 au 21 nOvembre 2015

questions à amina abdi aden

« nous allons révolutionner l’accès à la propriété » La secrétaire d’État chargée du Logement compte réduire l’habitat précaire et soutenir les classes moyennes. jeune afrique: La ville de Djibouti a connu une croissance urbaine importante, mais accuse toujours un déficit en logements. quels sont les axes pour y remédier ? amina abDi aDen : Le logement

représente en effet la priorité du gouvernement, comme en témoigne la création, en 2011, du secrétariat d’État que je dirige. Le président, Ismaïl Omar Guelleh, a fixé l’objectif de voir tous les Djiboutiens logés dans des conditions décentes. Selon les estimations, cela signifie qu’il faut construire entre 2 500 et 3 000 logements par an, le social aidé représentant environ 60 % de ce total. Nous avons inauguré en 2014 un programme de construction de 25000 logements sur cinq ans, en travaillant dans deux directions. D’abord encourager la promotion immobilière pour les logements destinés à une classe moyenne qu’il faut donc rendre solvable à travers des mécanismes de financements bancaires adaptés. Ensuite, et c’est là que le gouvernement intervient, développer les programmes sociaux pour construire des logements destinés aux ménages à revenus modestes. Cela passe par des mesures d’aides ciblées, la mise à disposition de parcelles aménagées ou de matériaux destinés à l’édification des maisons. L’habitat précaire constitue un problème récurrent. Comment comptezvous y faire face ?

Le programme Djibouti zéro bidonville vise à résorber l’habitat insalubre. L’idée est de transformer les conditions de vie sans léser les habitants : nous nous interdisons de les déplacer ou de les « faire déguerpir ». Ce problème concerne une grande partie de la ville et constitue malheureusement un héritage colonial. Une grande part de la population a été installée sur des sites ne disposant pas des aménagements nécessaires

© abou halloyta

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et, jusqu’en 1977, l’accession à la propriété foncière lui était interdite. Entre 1985 et 1997, des infrastructures vitales ont été réalisées dans ces quartiers, mais la transformation du bâti n’a pas suivi, faute de moyens. Notre programme ambitionne donc de compléter ce qui a été fait à différentes époques. Vous souhaitez également fonder une banque de l’habitat ?

Oui. C’est l’outil qui nous a fait le plus cruellement défaut jusque-là : une institution capable d’accompagner aussi bien la promotion immobilière que les particuliers aux revenus modestes. Le secteur bancaire existant ne le permet pas, car les taux pratiqués sont inadaptés. Pour créer cet organisme, nous allons bénéficier du concours des institutions financières arabes comme le Fonds saoudien [pour le développement] ou le Fades [Fonds arabe de développement économique et social], avec des crédits concessionnels très avantageux. Le taux d’emprunt de cette future banque sera plafonné à 5 %. Une telle création va révolutionner les conditions d’accès à la propriété à Djibouti. ● Propos recueillis à Djibouti par S.G. jeune afrique



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