JA 3083 du 9 au 15 février 2020 dossier assurances

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SAHEL

SAHRAOUI, LE PÈLERIN DE LA TERREUR

TOGO PRÉSIDENTIELLE 2020 Faure contre tous Spécial 24 pages

HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3083 DU 9 AU 15 FÉVRIER 2020

Bouteflika. L’histoire secrète, l’ouvrage de notre collaborateur Farid Alilat, sort ce 19 février. En exclusivité, de larges extraits pour mieux comprendre les ressorts intimes de celui qui a régné, deux décennies durant, sur le plus grand pays d’Afrique, avant d’être contraint de quitter le pouvoir il y a près d’un an.

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France 3,80 € Algérie 290 DA Allemagne 4,80 € Autriche 4,80 € Belgique 3,80 € Canada 6,50 $ CAN Espagne 4,30 € Éthiopie 67 Br Grèce 4,80 € Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € Italie 4,30 € Luxembourg 4,80 € Maroc 25 DH Martinique 4,60 € Mayotte 4,60 € Norvège 48 NK Pays-Bas 5 € Portugal cont. 4,30 € RD Congo 5 $ US Réunion 4,60 € Royaume-Uni 3,60 £ Suisse 7 FS Tunisie 4 DT USA 6,90 $ US Zone CFA 2000 F CFA ISSN 1950-1285

MONNAIE UNIQUE La bataille de l’eco 12 pages

ALGÉRIE

Il était une fois

Bouteflika


DES EXPERTS DE CONFIANCE

www.ccr-re.com STORY BUILDING - CREDIT PHOTO : GERALDINE ARESTEANU


Candidat à la présidence De la fédération des SOCIÉTÉS D’aSSURaNCeS De DROIT NaTIONaL aFRICaINe (FaNaF) C É S A R

plus loin

E K O M I E

ensemble allons

EKOMIE-AFENE César, l’expérience de l’avenir pour une FANAF plus forte. Porté par 40 années d’expérience dans le milieu de l’assurance, M. EKOMIE-AFENE César est convaincu du besoin de défendre au mieux les intérêts particuliers de chacun des adhérents de la FANAF. Ce visionnaire et travailleur acharné est le candidat parfait pour une Organisation plus forte.

L a

f o r c e

t r a n q u i l l e


GETTY IMAGES, MONTAGE JA

Dossier Assurances

RÉGULATION

Les compagnies doivent augmenter leur capital pour être mieux à même d’indemniser leurs clients dans les 14 pays membres de la Cima : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée-Bissau, Guinée Équatoriale, Mali, Niger, Sénégal, Tchad, Togo.

À qui profitent les nouvelles règles du jeu ? 76

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L’entrée en vigueur en 2019 du relèvement du capital minimum a transformé le paysage dans la zone Cima: alors que certains groupes panafricains ont renforcé leur présence, les petits acteurs locaux souffrent de cette mesure, et les géants mondiaux préfèrent se recentrer sur les grands marchés. OMER MBADI, à Yaoundé

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e 12 novembre 2019, Wafa Assurance prenait le contrôle du camerounais Pro Assur en acquérant la majorité des parts de Pro Assur Vie (89,4 %) et de Pro Assur SA (65 %), couronnant ainsi une année riche en rachats dans l’industrie continentale de l’assurance. Présent au Cameroun depuis trois ans sur le marché de la vie, l’assureur marocain, filiale du géant bancaire Attijariwafa Bank, prévoit de fusionner ses deux filiales dans cette branche. Cette opération souligne à quel point l’entrée en vigueur, le 31 mai 2019, dans les 14 pays subsahariens de la Conférence interafricaine des marchés d’assurances (Cima, voir illustration ci-contre) du relèvement du capital minimum des compagnies à 3 milliards de F CFA (4,6 millions d’euros) est un casse-tête pour de nombreux groupes locaux. À l’instar de Pro Assur, plusieurs d’entre eux ont préféré, faute de fonds propres suffisants, jeter l’éponge en vendant leurs compagnies à des groupes internationaux – panafricains ou occidentaux. « Ils n’arrivent pas à dégager des revenus suffisants. Et leurs actionnaires locaux, n’ayant pas perçu des dividendes depuis des années, rechignent à mettre au pot », analyse Protais Ayangma Amang, fondateur du cabinet de conseil spécialisé P2A (prévoyance-assurance-assistance). « Certains d’entre eux étaient

incrédules devant la volonté du régulateur de faire appliquer cette mesure du capital minimum en utilisant ses pouvoirs de sanction et ont trop tardé à se mettre en ordre de bataille », souligne un membre de la Commission régionale de contrôle des assurances (CRCA), l’autorité de tutelle de la Cima. Fin 2019, environ 15 % des compagnies n’avaient absolument rien fait pour se conformer à leur nouvelle obligation de capital minimum. En octobre de la même année, lors d’une session spéciale en marge de la dernière rencontre ministérielle de la zone Cima, à Douala, la CRCA a infligé des blâmes aux contrevenants et leur a accordé deux mois pour se mettre en règle, et ce en dépit des pressions politiques émanant des « petits pays » – notamment le Niger, le Bénin et la Guinée-Bissau, dont les marchés sont modestes – qui réclamaient plus de souplesse auprès du régulateur. Les compagnies engagées dans un processus de mise en conformité (25 % à 30 % de l’effectif ), mais n’ayant pas encore atteint le niveau de fonds propres demandé, ont, elles, fait l’objet d’un examen approfondi de la part de la CRCA. Une attention particulière a été accordée à celles en cours de fusion ou qui ouvrent leur capital. Les compagnies avaient jusqu’au 31 décembre 2019 pour montrer patte blanche. « Nous avons dû effectuer certaines vérifications. En particulier que les augmentations de capital par incorporation des réserves ne s’appuyaient pas sur

FIN 2019, ENVIRON 15 % DES COMPAGNIES N’AVAIENT ABSOLUMENT RIEN FAIT POUR SE CONFORMER À LA NOUVELLE OBLIGATION. jeuneafrique no 3083 du 9 au 15 février 2020

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Dossier Assurances RÉGULATION

NSIA

des profits fictifs. Et nous avons demandé que certains groupes détaillent leurs capitaux, filiale par filiale, sans faire le “coup de l’accordéon”, qui consiste à comptabiliser plusieurs fois le même capital dans plusieurs filiales », indique encore le membre de la CRCA.

JEAN KACOU DIAGOU

Le fondateur de NSIA et figure du secteur réclame un agrément à l’échelon régional de la zone Cima.

CONTRAINTS DE RÉDUIRE LA VOILURE SUR LES PETITS MARCHÉS, ALLIANZ ET AXA RESTENT PRÉSENTS SUR LES PRINCIPAUX PAYS DE LA ZONE. 78

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« Ce système entraînera le risque d’une surcapitalisation »

Ce dernier point a remis sur la table la question de l’agrément régional unique, réclamé à cor et à cri par les groupes panafricains. « Il est aberrant d’exiger le même montant pour des marchés aussi différents par la taille et le volume d’activité », s’offusque un ancien dirigeant français d’un groupe d’assurances en Afrique. « Si nous continuons avec un système qui demande un agrément pays par pays, cela posera le problème de la taille critique des sociétés et le risque d’une surcapitalisation, argumente Jean Kacou Diagou, figure du secteur et fondateur de NSIA. Si la démarche favorisait une ouverture des marchés permettant de consolider nos compagnies en une, deux ou trois sociétés de taille industrielle sur la zone Cima, alors j’y serais vraiment favorable, mais cela ne semble pas à l’ordre du jour. J’aurais préféré un capital minimum beaucoup plus important pour ceux qui veulent travailler dans l’ensemble de la zone Cima, plutôt que cette logique nationale. » Le mouvement de consolidation du capital a toutefois permis à certains acteurs panafricains de se renforcer sur divers marchés. En plus de l’offensive camerounaise de Wafa Assurance, une autre illustration emblématique de cette tendance est la reprise par Sunu de cinq filiales vie (Bénin, Burkina Faso, Mali, Togo et Centrafrique) d’Allianz en mars 2019. Et la fusion entre les nouvelles acquisitions et les branches du groupe dans certains de ces pays est pratiquement achevée. « Des groupes comme Saham, NSIA et Sunu ont anticipé cette augmentation du capital en constituant des réserves. Elles ont de véritables logiques industrielles et

vont continuer à investir », estime le consultant français. Tous n’ont pas été aussi offensifs ou perspicaces. Le gabonais Ogar, obligé de fermer boutique au Togo et en Côte d’Ivoire, a ainsi péché par impréparation. « Il n’a pas constitué les réserves nécessaires. Il a été mal accompagné dans cette aventure ouest-africaine par sa maison mère, BGFI Bank », analyse notre spécialiste français. S’étant replié sur son marché domestique, le leader des assurances à Libreville a dû consentir à l’entrée dans son capital du sénégalais Amsa Assurances, à hauteur de 22 %, pour se mettre en conformité. L’attitude des groupes internationaux non africains est quant à elle contrastée. « À l’instar d’Allianz, leur désintérêt pour les petits pays sera croissant à mesure qu’on relèvera le capital minimum, considère notre analyste. À 3 milliards de F CFA, certains marchés comme le Togo et le Niger, trop étroits, ne sont plus rentables pour ces acteurs mondiaux, surtout sur des marchés incertains comme la vie. À ce problème de rentabilité s’ajoute celui de la réputation dû à des problèmes de gouvernance à la fois politique et d’entreprise. » Contraints de réduire la voilure sur les petits marchés, l’allemand Allianz et le français Axa continuent toutefois d’assurer leur présence sur les principaux pays de la zone (Côte d’Ivoire, Sénégal, Cameroun et Gabon notamment), escomptant à terme un retour d’investissement plus intéressant qu’ailleurs sur le continent. Par ailleurs, le britannique Prudential a tiré parti de l’appel de l’américain Beneficial, en quête de ressources pour se développer, pour prendre, en mars 2019, une participation majoritaire dans certaines de ses filiales. En droite ligne de son expansion dans les pays anglophones du continent, le colosse londonien a ainsi profité de l’aubaine pour effectuer une percée dans le monde francophone en prenant le contrôle des filiales vie de Beneficial en Côte d’Ivoire et au Togo, ainsi que de ses deux branches camerounaises.


COMMUNIQUÉ

« Notre ambition est de nous positionner en assureur de référence et partenaire de confiance sur le marché gabonais »

Entretien avec monsieur Stephen Moussirou, Directeur Général d’Assinco Assinco est une compagnie d’assurances IARD et crédit caution, créée en 1997, avec un capital social de 6 milliards de FCFA. Notre société est filiale du Groupe BGFIBank et membre du réseau international Globus. Assinco est leader du marché gabonais sur l’IARD depuis deux ans en termes de primes encaissées et de fonds propres. Le Conseil d’Administration, la Direction Générale et l’ensemble du personnel attachent beaucoup d’importance à la conformité règlementaire et au respect des meilleures pratiques du secteur. La satisfaction des assurés est au centre du dispositif SMQ (Système de Management par la Qualité).

Pendant le deuxième semestre de 2019, nous avons inauguré notre nouveau siège Odyssée, R+10 en front de mer au cœur du centre des affaires de Libreville.

Quelle est votre stratégie de développement ?

Quelle importance accordez-vous à l’innovation ? Pour Assinco, l’innovation est une préoccupation fondamentale et s’inscrit également dans le processus d’amélioration continue, inhérent à la démarche qualité. A titre d’illustration, nous avons notamment mis sur le marché les produits et services suivants : •

La Protection saphir : un produit de bancassurance en partenariat avec Loxia. Il s’agit d’un package de garanties responsabilité civile (RC) chef de famille, Individuelle accident et assistance, avec des capitaux réduits.

La Carte de fidélité Odyssée : un programme qui permet aux assurés de bénéficier de réductions auprès d’un réseau de fournisseurs partenaires.

En outre, un nouvel espace clients est disponible sur notre site internet. Il permet à nos assurés de consulter leurs relevés de polices, dates d’échéances, primes, etc. ; ainsi que l’évolution de leurs dossiers de sinistres selon les étapes de nos procédures de gestion. Tout ceci a été concrétisé grâce à l’expertise et l’implication continue de nos collaborateurs. Au cours de cette année 2020, nos équipes poursuivront cette dynamique pour satisfaire les attentes de nos assurés.

© Junial Enterprises/Adobestock.com

L’orientation claire de notre gouvernance pour toutes les filiales de notre Groupe en 2019 était l’accélération de la transformation. Pour 2020, il est nécessaire de rétablir la performance d’Assinco et l’efficacité opérationnelle au niveau des hauts standards d’excellence du Groupe BGFIBank.

Pour cela, nous travaillons afin de croître davantage, renforcer la maîtrise des risques et consolider le capital humain. Notre ambition est de nous positionner en assureur de référence et partenaire de confiance sur le marché gabonais.

Immeuble ODYSSEE, BP7812, Libreville Tél. : +241 11 79 67 00 / 11 72 19 25 Email : commercial@assinco-sa.com / assinco@assinco-sa.com

JAMG - Photos : D.R. sauf mention

Pouvez-vous nous présenter la société ?

www.assinco-sa.com


Dossier Assurances RÉGULATION

L’appui des fonds privés et de développement institutionnels est crucial pour la capitalisation du secteur, mais ces derniers se montrent pour le moment frileux. Le burkinabè Bakou Partners a certes étudié certains dossiers, mais n’est pas allé plus loin. En dehors du groupe camerounais Activa, qui a attiré IFC (groupe Banque mondiale) et le français Proparco (groupe Agence française de développement), il n’y a pas eu de soutien majeur aux compagnies d’assurances en Afrique. En cause, la faible rentabilité de l’industrie ainsi que la concurrence très forte sur les grands marchés. « Nombre de compagnies ont des charges fixes considérables. Le seuil de rentabilité souhaitable devrait se situer entre 10 % et 15 % des capitaux propres. Cependant, pour des petites compagnies, on est souvent à moins de 1 %, quand on ne se trouve pas carrément dans le rouge. C’est la raison pour laquelle, dans certains groupes de bancassurance, la branche bancaire soutient l’activité de la branche

assurances », observe notre spécialiste français. La digitalisation pourrait permettre des gains de productivité, mais les compagnies les plus modestes sont justement en retard dans ce domaine. La prochaine session de la CRCA, qui aura lieu fin février, pourrait déboucher sur des retraits d’agréments pour les plus récalcitrants, et des validations ou rejets des alliances s’étant constituées par fusion ou ouverture de capital. Elle devrait ainsi mettre un point final au processus de mise en place de l’obligation de capital minimum de 3 milliards de F CFA. Mais les difficultés de cette démarche vont laisser des traces. « Certaines compagnies qui y sont parvenues sont désormais dans une situation financièrement fragile, particulièrement celles appartenant à des groupes familiaux de taille modeste. On peut craindre de la casse lorsqu’il faudra passer au minimum de 5 milliards de F CFA », s’inquiète Protais Ayangma Amang. Selon le calendrier de la Cima, ce dernier objectif doit pourtant être atteint fin mai 2021.

AFRICA RE A LE VENT EN POUPE L’agence de notation spécialisée dans l’assurance AM Best a confirmé le 16 janvier la note « A » d’Africa Re, avec une perspective stable. Une nouvelle qui atteste de la bonne santé du premier réassureur africain. « Cette compagnie est gérée selon les standards mondiaux de cette industrie. Ce qui est rare sur le continent. En outre, elle a eu la sagesse d’élargir son champ d’intervention au Moyen-Orient », observe un analyste. Une bonne gouvernance et une meilleure image qui ont attiré ces dernières années des géants mondiaux à son tour de table, tels Axa, Allianz ou le canadien Fairfax. Sous la houlette du Rwandais Corneille Karekezi, aux manettes

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depuis 2011, le réassureur a conforté sa solidité financière et réalise plus de 90 % de son activité sur le continent. En progression, son chiffre d’affaires en 2018 s’est situé à 797,4 millions de dollars (+ 6,7 %), tandis que ses fonds propres sont demeurés stables, à 917 millions de dollars (+ 1,6 %). Et il reste bénéficiaire (31,2 millions de dollars en 2018) en dépit d’une érosion des taux de change. Prochain objectif, atteindre le milliard de dollars de chiffre d’affaires annuel dans trois ans, dans le cadre de son nouveau plan stratégique. Une ambition qui doit être portée par une croissance annuelle au-delà de 6 %. O.M.

LE SOUTIEN DES FONDS D’INVESTISSEMENT INSTITUTIONNELS ET PRIVÉS EST CRUCIAL POUR LA CAPITALISATION DU SECTEUR, MAIS CES DERNIERS SE MONTRENT FRILEUX.

Corneille Karekezi, PDG du premier réassureur du continent, en mars 2019.

HENRY JOËL/ACF2019

Une rentabilité insuffisante pour séduire les investisseurs


COMMUNIQUÉ

« L’amélioration de l’expérience client est au cœur de notre stratégie » Entretien avec Théophile MBORO ASSOGHO, Directeur Général d’AXA Gabon

Vous avez pris les rênes de la filiale le 25 juin 2018. Quel premier bilan pouvez-vous dresser ?

Comment expliquez-vous cette bonne performance ? Elle s’explique avant tout par notre priorité absolue de placer le client au cœur de notre activité. Toutes les énergies de nos collaborateurs ont été mobilisées dans ce sens et je salue leur engagement. Nous avons aussi parié sur l’innovation en matière de produits. En novembre 2019, nous avons lancé une assistance automobile. AXA Gabon est la seule compagnie dont l’offre assure la couverture totale de l’ensemble du territoire national. Par ailleurs, au début du mois de février, à l’occasion du prochain congrès de la Fédération des Sociétés d'Assurances de Droit National Africaines (FANAF), nous allons présenter « Click and Flash », un produit d’assurance automobile en ligne. Au travers de ces diverses initiatives et innovations, nous avons pour ambition d’améliorer l’expérience client en allant bien au-delà de notre rôle de simple régleur de sinistres et en devenant un réel partenaire pour nos clients.

Comment voyez-vous l’avenir ? Grâce au rachat du groupe XL Catlin par AXA, nous avons pu intégrer le segment de l’Oil & Gas et disposons désormais d’une offre complète dans tous les domaines d’activité et notamment les risques industriels et l’assistance (couverture maladie, évacuation sanitaire, etc.). AXA Gabon est désormais engagé dans une nouvelle étape de son développement. L’objectif est de devenir le leader du marché gabonais de l’assurance à moyen-terme.

AXA GABON - SIÈGE Boulevard de l’Indépendance BP 4047 Libreville-Gabon Tél. : (+241) 11 79 80 80 / 077 71 71 06 Email : axa-assurances@axa.ga

www.axa.ga

JAMG - Photo d’en-tête : © Adobestock.com

Les premiers résultats sont perceptibles. En 2019, le chiffre d’affaires d’AXA Gabon a atteint 13 milliards de FCFA, soit une progression de 24 % par rapport à 2018, et le résultat a été bénéficiaire.

Nous souhaitons venir en aide aux personnes vulnérables et prouver notre volonté d’appartenance à la communauté sociale. Nous ciblons des actions dans les domaines de la maternité et de l’enfance. Ainsi, nous avons financé plusieurs équipements destinés à l’hôpital Albert Schweitzer (six couveuses, des chambres pour les parents qui accompagnent leurs enfants malades, un plateau technique chirurgical, etc.) ainsi que des bibliothèques pour enfants. © D.R.

Dès mon arrivée, je me suis attaché à repositionner AXA Gabon et à restaurer la confiance de l’ensemble des parties prenantes, salariés et courtiers notamment, en vue d’un développement fort et rentable. Cette stratégie repose fondamentalement sur la priorité accordée à la satisfaction de nos clients grâce à l’application de quatre principes de base : simplicité, flexibilité, réactivité et proximité.

Vous attachez une importance particulière à la Responsabilité sociale des entreprises (RSE). De quelle façon ?


Dossier Assurances

CATASTROPHES

ROBERTO CACCURI/CONTRASTO-REA

Les inondations, souvent dévastatrices (ici dans la région des lacs de Fès), ont fait 24 morts en septembre 2019, dans le sud-est du royaume.

Les Marocains enfin indemnisés Depuis le 1er janvier, un régime de couverture contre les cataclysmes d’origine naturelle ou humaine protège les victimes, qu’elles soient ou non assurées. EL MEHDI BERRADA, à Casablanca

onfronté régulièrement à des désastres d’origine naturelle, en particulier à des inondations, le Maroc a pris son temps pour mettre en place un système d’accompagnement et d’indemnisation des victimes : les discussions ont duré près d’une décennie. Dernière catastrophe en date, la montée des eaux de plusieurs rivières dans le sud-est du royaume, qui a entraîné le décès de 24 personnes en septembre 2019, a remis en lumière le besoin crucial d’assistance financière pour les victimes, dossier toujours en gestation à l’époque. Ce n’est que le 1er janvier, soit quatre longues années après avoir été votée, que la loi 110-14 est enfin entrée en

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vigueur, instituant un régime de couverture des conséquences des événements tragiques naturels ou de grande ampleur. Sont concernées les personnes victimes d’inondation, de tremblement de terre, mais également celles qui sont victimes de terrorisme, d’émeutes ou de mouvements populaires. Un prêt de 275 millions de dollars de la Banque mondiale accordé au Maroc en décembre 2019, destiné à appuyer les politiques de développement pour la gestion des risques de catastrophes, n’est sans doute pas étranger à cette mise en place effective. Le 30 décembre dernier, deux textes d’application ont enfin été publiés par le département des Finances au Bulletin officiel. Le premier fixe le montant des primes d’assurance relatives aux catastrophes

naturelles ainsi que celui de ses franchises et plafonds, alors que le second texte statue sur les modalités de fonctionnement de cette garantie.

Une commission d’État, première étape de la procédure

Le caractère catastrophique d’un événement doit être établi par une commission convoquée par le Premier ministre et présidée par le ministre de l’Intérieur. Il doit ensuite être signifié par un acte administratif publié dans le Bulletin officiel, au maximum trois jours après les faits. Dans le cas d’émeutes ou d’actes de terrorisme, les assurances doivent attendre qu’un décret ministériel complémentaire confirme la gravité de la situation. Deux systèmes de couverture sont prévus. Le premier, dit



Dossier Assurances CATASTROPHES

L’AFRIQUE SUBSAHARIENNE, PARTICULIÈREMENT À RISQUE Liste des 15 pays africains les plus risqués selon l’édition 2019 du WorldRiskIndex*, qui évalue l’exposition, la vulnérabilité et la capacité des États à faire face aux catastrophes naturelles. Rang mondial

Risque : très élevé élevé moyen

11 14 20 22 23 24 25 28 29 31 34 35 36 38 39

Cap-Vert Djibouti Comores Niger Guinée-Bissau Nigeria Cameroun Bénin Gambie Tchad Burkina Faso Togo Mali Angola Madagascar

Une garantie à la fois matérielle et humaine

Position des pays du Maghreb 70 99 102

assurantiel, est réservé aux détenteurs de contrats d’assurance, qui devront régler une surprime consacrée à la couverture d’événements catastrophiques. Le second, dit allocataire, concerne les personnes non assurées et est financé par le Fonds de solidarité des victimes d’événements catastrophiques (FSEC, lire ci-dessous).

Algérie Maroc Tunisie

* Réalisé par l’Université de la Ruhr, à Bochum, et par l’ONG allemande Bündnis Entwicklung Hilft.

La loi précise qu’en cas de catastrophe tous les dommages aux biens et aux personnes – incluant les automobiles et les atteintes corporelles – seront couverts. Un certain nombre de compagnies d’assurances listées dans le Bulletin officiel doivent donc dorénavant proposer des contrats comportant une garantie contre les catastrophes naturelles qui couvre simultanément les personnes et les biens assurés. Par conséquent, les contrats signés à partir du 1er janvier intègrent ces nouvelles dispositions, et, en contrepartie, l’assuré devra payer entre 1,5 % et 8 % de primes supplémentaires, selon les cas. Les modalités d’indemnisation sont clairement définies. Les victimes, qu’elles soient assurées ou non, devront s’inscrire au registre du FSEC. Cette démarche devra impérativement être effectuée dans les quatrevingt-dix jours suivant la déclaration de la catastrophe au Bulletin officiel.

Pour la composante assurantielle, la victime aura vingt jours, à compter de la date de l’événement, pour déclarer le sinistre à son assureur. Dans les deux mois suivant la réception de la demande, la compagnie notifiera au demandeur le montant de l’indemnisation ou de l’avance consentie. L’assuré devra alors lui faire savoir s’il accepte ou non l’indemnisation proposée, par le biais d’une lettre recommandée, dans un délai de trente jours. Si les deux parties s’accordent sur un montant, celui-ci sera versé vingt et un jours plus tard. En ce qui concerne les dommages corporels, le législateur a décidé de suivre la même procédure que celle en vigueur pour les victimes d’accidents de la circulation. Pour les dommages matériels, l’indemnisation sera calculée sur la base du capital assuré, sans pour autant dépasser les plafonds de garantie selon une liste préétablie par la loi. L’indemnisation globale par événement ne peut ainsi être inférieure à 2 milliards de dirhams (188 millions d’euros) quand la catastrophe a pour origine un agent naturel, et à 300 millions de dirhams (28 millions d’euros) quand l’événement est dû à une action humaine violente. La loi prévoit également que le plafond d’indemnisation par année ne soit jamais inférieur à 4 milliards de dirhams pour les catastrophes naturelles, et à 600 millions de dirhams lorsqu’il s’agit de terrorisme.

Créé en 2019, le Fonds de solidarité contre les événements catastrophiques (FSEC) a pour objet d’indemniser les victimes non assurées. Le 4 juin 2019, le roi Mohammed VI a nommé à sa tête Abderrahim Chaffai (photo), qui doit veiller à ce que l’ensemble du système soit efficace et mène à bien

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sa mission. Professionnel reconnu du secteur, il est passé notamment par CNIA Saada Assurance et Zurich Assurance, avant de prendre la direction générale de Wafa Assurance, puis celle de Vidal Assurance. Un premier versement de l’État a permis au FSEC de démarrer ses activités avant de commencer à recevoir les

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participations des compagnies d’assurances. Une taxe parafiscale de 1 % qui s’ajoute à la taxe d’assurance a été mise en place par la loi 110-14 et sera la source principale de financement du fonds. Son directeur général a indiqué que le FSEC aurait la possibilité de s’endetter en profitant de la garantie

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UN PROFESSIONNEL RECONNU POUR LANCER LE FONDS DE SOLIDARITÉ

de l’État. Le fonds peut également recevoir des dons, des legs ou des subventions. E.M.B.


COMMUNIQUÉ

I-Way, acteur 100% digital des assurances I-Way est une entreprise tunisienne opérant dans l’ingénierie des logicielles depuis 2005. Spécialisée dans le secteur des assurances, elle a su évoluer avec les tendances du marché Européen et Africain. I-way souhaite, aujourd’hui, partager une expertise confirmée en tissant de nouveaux liens de partenariat.

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Parlez-nous de votre entreprise qui a su évoluer avec l’air du temps ? I-Way a débuté dans la prestation principalement, pour de grands comptes européens, tels que BNP-Paribas, Deutsche Bank, Société Générale Investment Banking, La Poste Française et bien d’autres. Après plusieurs expériences en Europe capitalisées dans le domaine des assurances santé et conduites avec le groupe Owlliance, I-Way, qui s’est structuré ensuite en groupe, décide, en 2009, de se concentrer sur le R&D en développant une suite progicielle spécifique au secteur de l’assurance santé. Comment vous êtes-vous démarqués avec le développement de votre solution propriétaire ? La genèse d’un nouveau régime d’assurance maladie en Afrique a donné naissance à un marché émergent, une opportunité que nous avons saisie en créant notre premier produit « I-Santé ». « I-Santé » est un progiciel développé avec des technologies de pointe, capable d’assurer une gestion 100 % digitale de tous les processus métiers. Depuis 2011, les plus grandes mutuelles tunisiennes et plusieurs compagnies d’assurances nous font confiance. Nous avons complété notre offre avec le produit « I-Santé Meta », une licence d’exploitation de la plateforme «I-Santé» et d’un service d’accompagnement à la maîtrise d’ouvrage et conduite de changement. Un deuxième produit est né de cette solution, « I-Santé BPO » qui est une offre de délégation de gestion des processus et activités métiers de l’assurance santé. En 2019, après notre alliance avec le Groupe PROWAY, deux grands comptes ont intégré notre portefeuille :

ùLa CNAM tunisienne, en pleine transformation digitale qui nous a confié le pilotage, en mode AMOA, le projet de la dématérialisation de son système de gestion des circuits de soins, permettant ainsi la connexion en temps réel de plus de 20 000 professionnels de santé et la délivrance de 3,5 millions de cartes de santé « Labess » aux assurés. ùLa Caisse d’assurance maladie libyenne, qui s’apprête à migrer vers le service délégation de gestion des factures de soins, pris en charge en Tunisie. Après cette « success story » quel est votre prochain challenge ? L’alliance I-WAY & PROWAY compte déjà des dizaines de clients en Afrique sub-saharienne, Centrale et en Afrique de l’Est. Aujourd’hui, notre vision est clairement portée vers les pays du sud. À ce titre, nous marquerons notre présence par un stand au plus grand salon africain des assurances organisé par la FANAF à Libreville, du 17 au 20 février 2020. De toutes ces expériences, laquelle vous marque le plus ? Nous avons décentralisé une partie de notre production et contribué ainsi au développement régional. Après l’ouverture du site R&D à Sfax, nous avons créé un centre de gestion à Sejnane, où 15 personnes, exclusivement des femmes se sont spécialisées dans le traitement des contrats d’assurance santé. Cette pépinière est aujourd’hui confirmée comme un modèle unique, parfaitement adapté au contexte socio-culturel africain. Cette orientation axée sur l’intérêt et l’engagement sociétal est notre plus grande satisfaction. C’est dans cette continuité que nous espérons devenir un acteur incontournable de l’inclusion sociale en Afrique.

JAMG

D.R.

Entretien avec Amine Khalifa Turki, Managing Director de I-Way.


Dossier Assurances

STRATÉGIE

L’assurtech dans les starting-blocks QUENTIN VELLUET

a greffe prend petit à petit. Ces derniers mois, les acteurs traditionnels africains et étrangers du secteur ont tour à tour fait des annonces d’investissement ou de partenariat pour développer des offres de micro-assurance sur le continent. Parmi eux, le sudafricain Sanlam s’est allié en juillet à MTN pour intégrer ses produits d’assurance-vie aux offres de l’opérateur de télécoms. De son côté, le groupe ivoirien NSIA s’est associé à la filiale togolaise de Maroc Telecom pour proposer des assurances aux zémidjans, les conducteurs de taxis-motos. Si ces mastodontes investissent le segment, c’est parce qu’une myriade de start-up démontrent depuis une dizaine d’années qu’il est possible d’être rentable tout en proposant des primes d’assurances à très bas coûts. Parmi elles, Bima, une start-up créée et installée en Suède, qui se concentre sur les marchés émergents, dont une dizaine sur le continent. Grâce à un modèle entièrement basé sur le téléphone mobile, ce cabinet de courtage en assurances, fondé en 2010 par Gustaf Agartson et lancé en 2011 au Ghana, a réussi à séduire 31 millions de clients à faibles revenus à travers le monde. L’idée est simple : Bima noue des partenariats avec des opérateurs de télécommunications pour proposer à leurs clients des produits de microassurance payés par le biais d’un crédit téléphonique. Pour l’opérateur, cela représente une rentrée d’argent supplémentaire et un levier de diversification. La start-up, elle, laisse à

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son partenaire le soin de lui présenter les profils les plus intéressants. Grâce à des coûts fixes peu élevés, elle est en mesure de proposer des assurances-santé ou des assurances-vie pour des primes de 0,02 dollar en moyenne par jour. Depuis sa création, Bima a réussi à lever près de 300 millions de dollars, dont 107 millions lors de son dernier tour de table, mené par le géant Allianz. « Au-delà des financements, lorsqu’un groupe de cette taille investit dans une jeune pousse, il lui apporte sa marque – donc de la notoriété et de la confiance –, mais aussi un nouveau portefeuille de prospects et [dans le cas de l’assurance] la prise

LES RÉGULATEURS SE METTENT À LA PAGE Faisant fi des lourdeurs administratives et notamment du recours au papier, les nouveaux modèles d’affaires se heurtent parfois à la réglementation, nécessitant un travail de réflexion entre start-up et régulateurs. Le cas s’est présenté avec Bima. Lorsque la start-up était présente au Sénégal – elle vient d'en partir –, en partenariat avec Tigo, elle a dû faire comprendre à la Conférence interafricaine des marchés d’assurance (Cima) l’intérêt de son modèle 100 % mobile, qui ne prévoit pas de fournir les conditions de vente ni les contrats en version papier. Un accord a donc été passé entre le régulateur et l’entreprise, prévoyant la possibilité pour les clients qui le veulent de se rendre en agence récupérer des exemplaires physiques.

BIMA

Inspirés par des start-up qui ont montré que le marché était prometteur, les géants du secteur s’essaient à la micro-assurance à travers des partenariats.

en charge des risques », explique un connaisseur du secteur. Rares sont pourtant les start-up de l’assurance à boucler des tours de table aussi importants que ceux de Bima. Sa principale rivale, la britannique MicroEnsure, présente au Ghana, au Kenya et en Tanzanie, n’a levé que 10,4 millions de dollars depuis 2005. De son côté, la sud-africaine Naked Insurance, fondée en 2016, n’en a levé que 3 millions. En juin 2019, sa compatriote Inclusivity Solutions a, quant à elle, conclu un tour de table de 1,6 million de dollars. Au total, en 2019, les assurtechs n’ont capté que 0,9 % des levées de fonds africaines, soit environ 18 millions de dollars, selon un rapport du fonds de capital-risque Partech.

Les pays anglophones plus favorables aux jeunes pousses

« J’aimerais pouvoir investir dans des assurtechs africaines, mais toutes les entreprises que je trouve sont trop jeunes et trop petites pour les tickets que nous injectons », explique Susan Holliday, experte senior à l’IFC. Selon elle, la pérennité de ces nouvelles


DE 2007 À 2016, L’AFRIQUE A CONNU UNE CROISSANCE ANNUELLE DU TOTAL DES PRIMES DE 9,5 %.

Le suédois Bima a séduit 31 millions de clients à faibles revenus dans le monde. Ici, au Ghana.

modèles dans certains marchés moins matures, avec une pénétration du téléphone mobile supérieure à 90 % », observe Solenn Marquette, ex-cadre de Bima et aujourd’hui directrice des opérations de Susu, une toute jeune start-up fondée en France par Bola Bardet (photo), qui a évolué au sein de la banque américaine JP Morgan. Cette Béninoise est parmi les rares entrepreneurs africains francophones à avoir investi le segment. Son entreprise propose de l’assurance-santé aux membres de la diaspora qui souhaitent couvrir leur famille sur le SU continent. Pour y parvenir, Susu vient de lancer sa première filiale en Côte d’Ivoire et use des mêmes recettes que ses consœurs: de la technologie, avec le recours au paiement à distance, et un suivi médical numérisé qui lui permettent d’éviter les déplacements pour le démarchage et les prélèvements ; le choix du support mobile, qui simplifie le produit et les souscriptions; une externalisation des risques à travers un partenariat la SU

entreprises dépend aussi des partenariats qu’elles pourraient nouer. Fort d’un écosystème bancaire plus solide et de la présence de grandes entreprises, certains pays sont donc plus enclins que d’autres à faire émerger des jeunes pousses: « Beaucoup de choses se font en Afrique du Sud, au Kenya et en Tanzanie. En revanche, malgré l’étendue de leur marché, les Nigérians ne créent presque rien, l’Afrique francophone non plus », o b s e r v e l ’a n a l y s t e américaine. La demande n’en est pas moins réelle, et le marché en croissance. Selon un rapport publié par le cabinet de conseil en investissements américain FT Partners Research, de 2007 à 2016, l’Afrique a connu une croissance annuelle du total des primes d’assurance de 9,5 %. Avec un taux de pénétration de l’assurance de seulement 3 % sur tout le continent, c’est encore tout un marché qui reste à conquérir. « Les grands groupes saisissent l’opportunité de tester de nouveaux

liant à un acteur traditionnel, en l’occurrence Allianz. Le géant allemand des assurances n’est pas le seul à faire appel à la souplesse des start-up pour conquérir de nouveaux publics. Son concurrent français Axa fait partie du tour de table de MicroEnsure aux côtés d’Omidyar Network – le fonds d’investissement du créateur d’eBay –, d’IFC et de Sanlam.

De l’automobile à la santé : secteurs différents, même formule

En Afrique de l’Ouest, en revanche, malgré quelques initiatives, le modèle de la micro-assurance issu de start-up demeure timide. Au Cameroun, l’assureur Activa et l’opérateur de télécoms Orange ont créé en 2015 une coentreprise de micro-assurance dont le modèle repose, lui, sur celui d’Orange Money et baptisée Activa Makala. Deux ans plus tard, en Côte d’Ivoire, la start-up Baloon, créée par le Français Bertrand Vialle, s’est lancée dans l’assurance-automobile avec pour ambition de s’étendre et d’atteindre les 7 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2020. L’ex-dirigeant du courtier Gras Savoye en Afrique a depuis reproduit sa formule au Sénégal, au Cameroun, au Niger, au Burkina Faso, au Gabon, au Mali ainsi qu’au Bénin. Il a également étendu son offre à la santé et aux voyages. Afin de dynamiser l’écosystème, la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (Fanaf ) a annoncé la tenue d’un concours en 2020, qui récompensera la jeune pousse la plus innovante parmi dix candidats. Rendez-vous en février pour découvrir peut-être la prochaine success-story régionale.

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COMMUNIQUÉ

EXCELLENCE ET SOLIDITÉ au service des assureurs en Afrique

du secteur sur le continent, et a mis en place la Fondation Africa Re pour mettre en œuvre différents projets de responsabilité sociale d’entreprise.

Certains assureurs et réassureurs non-africains sont actionnaires d’Africa Re. Comment expliquez-vous cela ?

Africa Re a été créée il y a plus de 44 ans. ans Quelle était sa mission et quel chemin avez-vous parcouru depuis ?

La première mission confiée à Africa Re en 1976 était de mettre un terme à la fuite des capitaux en fournissant la capacité et l’expertise technique pour la rétention sur le continent d’une partie des primes de réassurance afin qu’elles soient investies dans l’économie africaine. La deuxième mission consistait à développer l’industrie de l’assurance et de la réassurance en Afrique. Africa Re est aujourd’hui le plus grand réassureur en Afrique et au Moyen-Orient, ainsi que le premier réassureur africain à être noté par des agences de notation internationales. C’est la seule institution financière africaine (excepté ATI) qui s’est vu attribuer les notations A- et A par Standard & Poor’s et AM Best respectivement. Africa Re a pu retenir sur le continent une prime cumulée de plus de 8,4 milliards $EU.

La mission d’Africa Re est de promouvoir le développement de l’industrie de l’assurance et de la réassurance en Afrique. Veuillez nous parler des initiatives menées par Africa Re à cet égard.

Africa Re a apporté une assistance technique précieuse à des milliers de professionnels des assurances sur le continent dans les domaines de la formation, du développement de carrière et des initiatives pour le renforcement des capacités. La Société offre actuellement une formation en ligne gratuite appelée Programme pour les Jeunes Professionnels des Assurances (YIPP). Africa Re a en outre créé les Prix d’Excellence dans les Assurance en Afrique pour récompenser les meilleurs acteurs

La recommandation faite par la Banque Africaine de Développement au moment de la création d’Africa Re était que son avènement « ne devra en aucun cas mettre un terme aux liens commerciaux entre les marchés d’assurance et de réassurance africains et internationaux », afin que la Société puisse « s’intégrer au réseau international existant ». Les actionnaires stratégiques non-africains d’Africa Re, qui détiennent 25 % du capital, lui fournissent une expertise internationale nécessaire pour améliorer l’image de la Société et renforcer sa capacité et son efficience opérationnelle.

Quel est selon vous le rôle qu’Africa Re pourrait jouer dans la toute nouvelle Zone de Libre-Echange Continentale Africaine (ZLECA ) ?

Africa Re soutiendra les activités économiques favorisant les succès de la ZLECA en fournissant une capacité en réassurance précieuse pour la circulation des biens et services des entreprises africaines sur le continent.

Denombreuxpaysafricainssontentrain decréer leurs propres compagnies nationales de réassurance. Que pensez-vous de cette tendance ? Cela ne va-t-il pas être une entrave à l’accomplissement de la mission d’Africa Re ?

Non. Cette tendance ne constituera pas un obstacle pour l’accomplissement de la mission d’Africa Re car la capitalisation des réassureurs africains reste insuffisante pour couvrir tous les risques du continent. En effet, environ 70 % des primes de réassurance quittent le continent chaque année. Toutefois, force est de constater que la tendance actuelle dans l’industrie mondiale de la réassurance est aux fusions et acquisitions. Le continent ne devrait pas opter pour des fragmentations nationales ou régionales qui n’ajoutent rien à l’indépendance économique de l’Afrique.

African Reinsurance Corporation / Société Africaine de Réassurance Plot 1679 Karimu Kotun Street, Victoria Island, P.M.B.12765 Lagos, Nigeria Tél. : (+ 234) (1) 280 09 24-5 / (+ 234) (1) 461 68 20/8 - Fax : (+ 234) (1) 280 0074

www.africa-re.com

JAMG - PHOTOS : D.R.

Entretien avec le Directeur Général du Groupe Africa Re , Corneille Karekezi



Dossier Assurances

INSTITUTIONS

Présidence de la Fanaf Duel en Afrique centrale CÉSAR EKOMIE-AFENE

THÉOPHILE GÉRARD MOULONG

PCA de Nelson Re et de NSIA Gabon, Cameroun, Congo et Sénégal

DG de Saham Cameroun

Deux candidats très expérimentés

Les deux postulants ont en commun une expérience de presque quarante ans dans le secteur. César Ekomie-Afene a débuté à l’Union Assurances Gabon qu’il a dirigée, avant de prendre en main la filiale locale d’Axa puis celle de NSIA. Actuellement président du conseil d’administration de Nelson Re, la branche réassurance de NSIA, ainsi que de ses filiales camerounaise, gabonaise, congolaise et sénégalaise, il a un temps assuré la vice-présidence de la Fanaf. Pur produit de l’Institut international des assurances de Yaoundé, Théophile Gérard Moulong a débuté quant à lui dans le courtage avant d’effectuer sa carrière à la Citoyenne Assurances, qui deviendra successivement Colina, dont

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il a dirigé les filiales togolaise et guinéenne, puis enfin Saham, où il a un temps géré la branche réassurance à Casablanca. Cette élection prend aussi les contours d’un duel entre les deux grands groupes panafricains NSIA et Saham, respectivement d’origine ivoirienne et marocaine. Si les deux candidats s’accordent sur l’urgence de faire progresser le taux de pénétration de l’assurance, bloqué à 2 % en zone Cima et à 3 % dans le continent, ils divergent sur la stratégie à suivre. Le Camerounais considère l’assurance-vie comme la priorité des priorités et insiste sur l’innovation dans la création des produits, les canaux de distribution et l’indemnisation des clients. Il souhaite aussi un traitement différencié des pays dans le relèvement à 5 milliards de F CFA du capital minimum des sociétés présentes en zone Cima, actuellement planifié en mai 2021 (lire pp. 76-80). « Il est possible d’envisager un calcul indiciel du capital social exigé aux compagnies plus en adéquation avec l’environnement économique », estime-t-il. Son concurrent gabonais mise quant à lui beaucoup sur la micro-assurance et la digitalisation, et compte mettre l’accent sur la formation. Il est également favorable à l’instauration d’un agrément unique pour accélérer la logique d’intégration au sein de la Cima. « La démarche n’est pas aisée, car elle comporte des préalables comme l’harmonisation fiscale et une réflexion sur les modalités de transferts des devises », précise-t-il toutefois. Quant aux sujets de convergence, Théophile Moulong et César Ekomie-Afene militent tous deux pour l’accroissement du nombre d’assurances obligatoires et la mise en place de mécanismes de coassurance et de réassurance à l’échelon régional pour améliorer la rentabilité de l’industrie. DR

E

DR

n vertu d’une règle implicite, le président de la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines (Fanaf ) vient alternativement d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale. Le 19 février, c’est donc un ressortissant de cette dernière région qui devrait logiquement être élu pour succéder au Sénégalais Adama Ndiaye. Il ne veut pas le reconnaître, mais le Gabonais César Ekomie-Afene, 66 ans, est bien décidé à briser le quasi-monopole camerounais sur le poste : les trois derniers présidents de la Fanaf issus d’Afrique centrale venaient de Yaoundé. Volontiers cocardière, la presse gabonaise ne manque d’ailleurs pas de relever ce détail que l’intéressé n'estime toutefois « pas fondamental ». Ekomie-Afene devra pourtant faire face à un candidat qui vient justement du Cameroun, Théophile Gérard Moulong, son cadet de un an, actuel patron des branches vie et non-vie de Saham Cameroun. Celui qui préside l’Association des sociétés d’assurance du Cameroun (Asac) entend pérenniser la mainmise de son pays sur ce poste stratégique.

OMER MBADI, à Yaoundé


Le leader panafricain de l’assurance. Fort de son appartenance à un groupe séculaire de référence, de son expertise et de son rayonnement continental unique dans 33 pays; Sanlam Pan Africa ambitionne de se hisser au rang de leader sur ses différents territoires d’implantation. Son offre complète de produits dédiée aussi bien aux Entreprises qu’aux Particuliers & Professionnels ouvre de nouvelles perspectives permettant d’asseoir sa position et de créer de la valeur durable pour l’ensemble de son écosystème en Afrique.

www.sanlampanafrica.com


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