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Démocratie en chantiers
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BÉNIN
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HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL NO 3085 DU 23 AU 29 FÉVRIER 2020
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MALI
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À un an de la présidentielle, les élections communales seront un vrai test politique pour Patrice Talon. Et l’occasion de faire le point sur les réformes engagées par son gouvernement.
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Un test et des promesses Alors que les réformes structurelles ont porté leurs fruits sur le plan économique, les prochaines élections locales sont l’occasion d’évaluer, à un an de la présidentielle, la refonte totale du système politique engagée en 2019 par Patrice Talon. jeuneafrique no 3085 du 23 au 29 février 2020
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72 ENJEUX Démocratie en chantiers
80 Diplomatie
François Soudan
Entretien avec Aurélien Agbénonci Ministre des Affaires étrangères
84 Vie des partis
Cinquante nuances de majorité
Bénin Inc. l y a quatre ans, à la veille du premier tour de l’élection présidentielle de 2016, la plupart des observateurs doutaient des capacités de Patrice Talon à exercer le plus exigeant des jobs : celui de chef d’État. Comment, pouvait-on lire ou entendre, un homme d’affaires, certes doué mais centré sur sa propre réussite, pourrait-il travailler dans une perspective d’intérêt général et placer le service de la chose publique au-dessus de son destin, de sa fortune et de sa vanité personnelles? Un mois plus tard, au lendemain du second tour et de l’accession du natif de Ouidah au palais de la Marina, les mêmes se désolaient de voir un électorat jugé décidément bien immature préférer celui qui n’était à leurs yeux qu’un séducteur populiste, sorte d’avatar local de Silvio Berlusconi, plutôt qu’un brillant agrégé d’économie, don, qui plus est, de la France au Bénin. C’était il y a quatre ans, et les cassandres ont dû, depuis, ravaler leurs prédictions passablement méprisantes, l’intéressé ayant apporté la preuve qu’un manager pouvait être pourvu de convictions, d’un idéal et d’un vrai sens de l’État.
I
Rationalisation
Certes, Patrice Talon ne peut prétendre à la sainteté. Ce fils de cheminot qui rêva d’être pilote d’avion est un personnage volontiers transgressif, parfois autoritaire, mais il a une idée plutôt claire de ce qu’il veut faire, se fixe un cap et sait s’y tenir. Dans le marigot de la politique béninois, complexe, scissipare, quasi incestueux à force de retournements d’alliances, la navigation à vue est une condition de survie. Alors, forcément, ce type de personnalité et de gouvernance, déterminées à mettre un terme aux dérives d’une vie publique où le « modèle »
Opposition : du maximalisme anti-Talon au pragmatisme électoraliste démocratique est trop souvent synonyme d’hystérie permanente, cela tranche et cela dérange. C’est donc au forceps et au prix d’une crise postélectorale inédite, en avrilmai 2019, que Patrice Talon a mis en œuvre son projet de rationalisation d’un paysage politique béninois jusqu’alors quasi illisible. Sa méthode est certes directive, mais il la revendique d’autant plus facilement que, sur les plans économique et social, les résultats du PDG de Bénin Inc. sont peu contestables. Par rapport à 2015, le taux de croissance a bondi de 2,1 % à 6,4 %, et le pays est enfin sorti de la liste des 25 États les plus pauvres de la planète. Au classement de l’indice de développement humain, et même si ses performances restent inférieures à la moyenne continentale, le Bénin est le premier de la zone Uemoa et le quatrième d’Afrique de l’Ouest. Quinze places gagnées au classement de Transparency International et quatre sur celui de « Doing Business » démontrent que la lutte anticorruption y est une réalité – certes imparfaite – et un corollaire indispensable des chantiers infrastructurels. Des zones d’ombre subsistent, bien sûr, notamment dans le domaine clé de l’éducation, où le Bénin peine à retrouver son statut, patiné, il est vrai, de « Quartier latin de l’Afrique francophone ». Et nul doute que Patrice Talon, qui n’est pas exempt de défauts et auquel il arrive de commettre des erreurs, peut parfois confondre l’engagement avec l’impulsivité. Mais, à un an de la prochaine échéance présidentielle, le parcours au pouvoir accompli par ce seigneur de l’or blanc devenu chef de l’un des États les moins aisément gouvernables du continent prouve que l’on peut conjuguer ambition personnelle et ambition pour son pays au sein d’une même vision. Ce n’est pas si fréquent.
88 ÉCONOMIE Un grand PAG en avant
95 Stratégie
Interview de Romuald Wadagni Ministre de l’Économie et des Finances
100 Infrastructures
Eau et gaz à tous les étages
Objectifs numériques
103 Agro-industrie
Le champion du coton
106 SOCIÉTÉ Patrimoine en instance
111 Couleur locale
Gobi langage
114 Initiatives
Portraits de meneuses responsables
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jeuneafrique no 3085 du 23 au 29 février 2020
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Grand format BÉNIN
ENJEUX Patrice Talon et Louis Vlavonou, le président de l’Assemblée, devant le siège de l’institution, à Porto-Novo, le 27 décembre 2019.
PR BÉNIN
Démocratie 72
Après les législatives contestées de 2019 et les profondes réformes institutionnelles engagées par le chef de l’État, les communales du 17 mai constituent, à un an de la présidentielle, un test crucial pour la majorité comme pour l’opposition. jeuneafrique no 3085 du 23 au 29 février 2020
en chantiers jeuneafrique no 3085 du 23 au 29 fĂŠvrier 2020
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Grand format BÉNIN ENJEUX
MATTHIEU MILLECAMPS, envoyé spécial
À
la fin de mai 2019, au palais de la Marina. Patrice Talon reçoit les ambassadeurs étrangers. Il évoque devant eux les violences postélectorales qui ont endeuillé son pays, quelques jours auparavant, à l’issue des législatives. Soudain, il se met en colère. « Arrêtez de parler du Bénin comme d’un “modèle de démocratie” ! Depuis trente ans, vous parlez de “modèle de démocratie”, alors qu’avec le temps nous avons perverti toutes les règles du jeu démocratique, lance-t-il en se tournant vers les diplomates occidentaux. Vos pays ont englouti des sommes colossales, des milliards, dans des projets qui n’ont jamais vu le jour, parce que les fonds ont été détournés par des politiciens. Si c’est cela que vous considérez comme un “modèle de démocratie”, si c’est cela que vous voulez pour nos peuples, alors nous, nous n’en voulons pas ! » Cet épisode souligne combien le président béninois fait fi des procès en autoritarisme qui lui sont intentés. Après avoir engagé dès le début de son mandat une réforme structurelle de l’économie à marche forcée à travers le Programme d’actions du gouvernement (PAG 2016-2021, lire pp. 88-97), Patrice Talon s’est attelé l’an dernier à lancer les réformes du système politique et institutionnel qu’il tentait de mettre en œuvre depuis 2016. La charte des partis et le nouveau code électoral ont été amendés, et la révision de la Constitution a été adoptée par le Parlement le 1er novembre 2019. En quelques mois, le président béninois a mis la démocratie de son pays en chantier. Sans prendre de gants, comme pour les travaux menés actuellement dans les rues de la capitale pour faire place à la nouvelle route qu’il a décidé de tracer, où il n’a
pas hésité à faire abattre quelques arbres centenaires, à préempter des terrains et à faire déguerpir les propriétaires récalcitrants manu militari.
« Un incident de parcours »
Seuls l’Union progressiste (UP) et le Bloc républicain (BR), deux partis se réclamant de la mouvance présidentielle, ont été autorisés à participer aux législatives du 28 avril 2019. Résultat, sur les 83 sièges de l’hémicycle, l’UP en a remporté 47 et le BR 36. Mais le taux de participation, de 27,12 %, a été l’un des plus bas de l’histoire du pays, et des violences ont éclaté au lendemain du scrutin, qui ont profondément ébranlé le pays, y compris dans les rangs du gouvernement. « Nous en avons tiré les leçons pour que ce ne soit qu’un incident de parcours, assure Séverin Quenum, le ministre de la Justice. Le dialogue politique convoqué par le président de la République [en octobre 2019] a fait plusieurs recommandations, et l’Assemblée nationale a, depuis, adopté des modifications du code électoral permettant de résoudre le type de problèmes qui se sont posés lors des dernières législatives. » Si, pour l’exécutif, la page semble désormais tournée, certaines plaies restent à vif. L’amnistie qui a levé les poursuites et condamnations portant sur des actes commis lors des violences postélectorales en 2019 a permis de ramener de la sérénité sur la scène politique – notamment en facilitant le retour de l’ancien président, Thomas Boni Yayi (lire pp. 85-86). Mais elle a aussi ses détracteurs, y compris au sein de la majorité. Mathieu Adjovi, influent député de l’Union progressiste (UP), a voté en faveur de ce texte adopté à l’unanimité. Cependant, il avoue l’avoir fait à reculons. « Ce qui s’est passé à Cotonou ces jours-là est grave. Des incendiaires tournaient dans la ville
CONSTITUTION: LES PRINCIPALES MODIFICATIONS La révision de la Constitution adoptée par le Parlement le 1er novembre et promulguée le 7 novembre 2019 est la première modification de la Loi fondamentale béninoise depuis 1990. Retour sur les principaux changements, dont certains ont été approfondis par la réforme de la loi électorale du 13 novembre 2019. • Des élections générales à partir de 2026. Pour mettre un terme au cycle coûteux des élections et à un sentiment de campagne électorale permanente, à partir de 2026, les scrutins présidentiels, législatifs, municipaux, communaux et locaux seront tous organisés la même année, en deux temps: les élections législatives,
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municipales, communales et locales se tiendront en janvier, et la présidentielle, en avril. La durée de tous les mandats électifs sera désormais de cinq ans. • Un vice-président de la République à partir de 2021. En prélude à l’instauration d’élections générales, cette réforme vise à éviter, en cas de vacance, la tenue d’une présidentielle anticipée qui désorganiserait la pérennité des élections générales. Le vice-président sera élu sur le même ticket que le chef de l’État (comme c’est le cas, par exemple, au Nigeria), à la majorité absolue des suffrages, lors d’un scrutin à deux tours. Il pourra cependant être démis sur décision du président.
• Des mandats nationaux strictement limités. Le nombre de mandats présidentiels est restreint à deux, qu’ils soient successifs ou non, et les députés ne peuvent exercer plus de trois mandats parlementaires, successifs ou non. • Une meilleure représentativité des femmes au Parlement. Le nombre de sièges à l’Assemblée nationale passe de 83 à 109, dont 24 sièges exclusivement réservés aux femmes, de façon qu’au moins 22 % des parlementaires soient des femmes (contre 8 % actuellement). • L’abolition de la peine de mort FIACRE VIDJINGNINOU, à Cotonou
COMMUNIQUÉ
« JNP a l’ambition de devenir une marque sous-régionale » Entretien avec monsieur Arnauld Akakpo, Président-Directeur Général de Jehovah Nissi Petroleum (JNP)
Au cours des treize dernières années, la société a connu une forte croissance et nous avons déployé une stratégie ambitieuse de développement au Bénin mais aussi dans la sous-région. En 2019, le capital social de JNP a été porté de 1 à 6,5 milliards de FCFA afin de permettre d’appuyer cette expansion.
Quelle est votre « valeur ajoutée » ?
Elle réside d’abord dans la proximité avec nos clients. Toutes nos stations-services offrent une large gamme de services : supérettes et supermarchés, vidange, lavage de voitures, etc. Nous accordons une importance particulière à la formation de notre personnel afin que celui-ci soit en mesure de fournir un service de qualité. La société est certifiée ISO 9001 version 2015 depuis 2018. Nous sommes la seule société pétrolière de la sous-région qui ait obtenu ce label et d’autres certifications sont en cours.
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Valable
Autrre exemple : la société a créé le JNP Pass qui est une carte de paie ement sécurisée offrant plusieu urs avantages (contrôle de la con nsommation, émission de facturres, protection en cas de vol, etcc.). Avec une simple photograph hie de la carte sur smartphone, le client peut effectuer un paiement danss toutes nos stations-services.
2/2020 jusqu'à 13/1
Il y a aussi la disponibilité permanente…
Effectivement, nous nous différencions également par notre volonté de garantir une disponibilité permanente de nos produits sur tout le territoire national. Nous avons mis en place un réseau de 500 boutiques et kiosques dédiés à la vente de lubrifiants et de produits dérivés (graisse, huile à frein, etc.), en partenariat avec le groupe émirati ENOC. Un dépôt de gaz a été installé dans le nord du Bénin, d’une capacité de 300 tonnes de GPL. C’est le seul qui existe dans cette partie du territoire.
Quels sont vos projets d’investissements ?
Cette année, nous allons mettre en n service dix nouvelles stations-serrvices supplémentaires et un nou-veau terminal pétrolier d’une capacité de 62 000 m3. Nous avons un projet de construction n d’une unité de blending de lubri-fiants en partenariat avec ENOC.
Le G Groupe AKAD INT TERNATIONAL a re eçu le prix « Quality Choice Prizze » décerné le 7 juillet 2019 à Be erlin en A Allemagne.
Nous pensons que le business mom del de JNP peut être répliqué avecc succès dans la sous-région. La société est déjà présente au Togo avec trois stations-services et douze autres seront inaugurées d’ici la fin de l’année. Six stations-services sont en construction à Abidjan et nous avons des projets dans d’autres pays. D’ici 2025, nous aurons un réseau d’environ 200 stations-services dans la sous-région.
Le réseau JNP
Malanville Banikora Kandi Kerou Tanguiéta Porga Nikki Bembereke Sinende Natitingou Djougou Bodi Manigri Bassila N’Dali Perere Koubou Parakou Tchaourou
Save Savalou Dassa Cove Wome Bohicon Come Cocotomey Allada Abomey Calavi Ouidah Azove Cotonou Porto-Novo Agoue Lokossa Pahou Grand Popo
Quartier Wansirou, Parcelle 191 - Lot 351 - BP 1 334 - PARAKOU - République du Bénin Tél. : +229 97 50 27 23 - Fax : +229 23 61 42 46 - Email : secretariatakadparakou@groupeakad.com
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JAMG - PHOTOS : D.R.
Pouvez-vous nous présenter la société ?
Jehovah Nissi Petroleum (JNP) est une filiale du groupe béninois Akad & Ithiel holding, basé à Casablanca (Maroc) et doté du statut Casablanca Finance City (CFC). Créée en 2007, JNP est spécialisée dans l’importation, le stockage et la distribution de produits pétroliers raffinés (essence, gazole, fioul, bitume, kérosène, etc.). Nous disposons du plus grand réseau de distribution du Bénin avec 128 stations-services.
soneb
MESSAGE
Société Nationale des Eaux du Bénin
Notre objectif stratégique est d’assurer de meilleurs services d’eau potable et assainissement à tous en zone urbaine
Pouvez-vous présenter la Société ? La Société Nationale des Eaux du Bénin (SONEB) est une entreprise publique, placée sous la tutelle du Ministère de l’Eau et des Mines (MEM). Elle a pour objet la captation, le transfert, le traitement et la distribution de l’eau potable ainsi que l’évacuation des eaux usées et intervient en milieu urbain et péri-urbain à l’échelle du territoire national. La SONEB est une société anonyme unipersonnellle à caractère industriel et commercial qui dispose de la personnalité civile et de l’aunomie financière. Elle exerce ses activités ton conformément aux règlements de l’Acte Uniforrme de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA) reatif au droit des sociétés commerciales et la groupements d’intérêt économique. Quelle est la stratégie en matière d’investissements ? Notre stratégie est pleinement en phase avec la vision du Chef de l’État SEM Patrice Talon, à travers son Programme d’Actions du Gouvernement (PAG/2016-2021), qui vise l’atteinte d’ici 2021 de l’accès universel et durable de la population aux services d’eau potable ; soit neuf ans avant le terme fixé à 2030 pour l’ODD#6. La SONEB est pleinement mobilisée pour atteindre
E www.facebook.com/Sonebcom D www.twitter.com/sonebcom M Webm Soneb
cet objectif audacieux en mettant en œuvre : (i) des investissements structurants couvrant toutes les villes du pays, et (ii) une réforme institutionnelle visant à rendre l’entreprise plus moderne et performante. Ainsi, la Société met en œuvre un ambitieux plan d’investissements dont le financement est déjà mobilisé à plus de 54 % à fin 2019. Depuis 2016 en effet, le volume d’investissements a été multiplié par cinq pour atteindre plus de 60 milliards de FCFA en 2019 et ce rythme sera maintenu en 2020 et en 2021, preuve de l’engagement très fort du Gouvernement. Cette dynamique a été rendue possible par une contribution croissante des bailleurs de fonds mais surtout par la montée en puissance des sources privées qui financent la majorité (+60%) de nos investissements. Où en êtes-vous en termes de réalisations concrètes ? Depuis 2016, plus de 860 000 personnes supplémentaires en zone urbaine et péri-urbaine ont été raccordées au réseau d’eau potable. Le taux d’accès national en milieu urbain est de 62 % à fin 2019 avec un bond substantiel attendu cette année 2020, au regard des projets en exécution notamment dans les grandes villes du pays. Nous travaillons également pour assurer une gestion optimale et intégrée des ressources en eau exploitées pour nos réseaux, suivant les politiques nationales du climat et de gestion durable de l’eau. Enfin, la SONEB est également active dans le domaine de l’assainissement des eaux usées en milieux urbain et périurbain sur toute l’étendue du territoire national. Deux stations de traitement des boues de vidange sont en construction en collaboration avec le ministère du cadre de vie qui a conduit par ailleurs d’importantes réformes de la filière (collecte, traitement et évacuation).
www.soneb.bj 92, Avenue du Pape Jean Paul II - 01 BP 216, Cotonou- Bénin Tél. : (+229) 21 31 53 13 / 21 31 22 72 - Fax : (+229) 21 31 11 08
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Entretien avec monsieur Camille Dansou, Directeur Général de la Société Nationale des Eaux du Bénin (SONEB)
Grand format BÉNIN ENJEUX
en quête de bâtiments à brûler… Aujourd’hui, on sait qu’ils ne seront jamais inquiétés, et leurs victimes jamais remboursées », regrette ce proche de Patrice Talon, qui est également le président de la très puissante Association interprofessionnelle du coton (AIC). « Alors que le ministre de l’Intérieur avait affirmé que la consigne avait été passée de ne pas utiliser les armes contre les manifestants, il y a eu des morts par balle, déplore Fidèle Marcos Kikan, directeur d’Amnesty International Bénin. Dès le début, nous avons réclamé une enquête, afin d’anticiper justement l’éventuelle impunité de ceux qui, au sein des forces de l’ordre, ont tiré et de ceux qui ont donné les ordres. »
Mercato politique
Le dialogue politique des 10, 11 et 12 octobre 2019 a surtout constitué un « cheval de Troie » pour faire passer les réformes que le président Talon avait tenté en vain d’engager au cours des deux premières années de son quinquennat. Lors de la précédente législature, le Parlement avait en effet refusé de statuer à deux reprises, en avril 2017 puis en juillet 2018, sur le projet de révision constitutionnelle élaboré par l’exécutif. Adoptée à l’unanimité le 1er novembre, la loi sur la modification de la Constitution – que l’opposition estime « unilatérale » – instaure des changements majeurs (lire encadré p. 74) : création d’un poste de vice-président, instauration d’un système de parrainage pour les candidats à la présidentielle, limitation stricte du nombre de mandats présidentiels et législatifs, organisation d’élections générales à partir de 2026. Quant aux réformes introduites par la charte des partis politiques et par le nouveau code électoral, leur objectif principal est de limiter le nombre de formations politiques (il y en avait plus de 200) tout en leur donnant plus de poids, ce que viennent renforcer notamment les dispositions de la loi sur le financement des partis. La recomposition partisane donne d’ailleurs lieu à un véritable mercato politique, y compris au sein de l’opposition, où la perspective des communales du 17 mai pousse les caciques locaux à rejoindre l’un des 12 partis officiellement reconnus. Lesquels ont jusqu’au 11 mars pour déposer leurs dossiers et la liste de leurs candidats pour les communales, qui sera rendue publique le 23 mars. D’ici là, des consignes ont été passées auprès des différentes administrations pour « faciliter » l’enregistrement des candidats. « Les législatives nous ont laissé un goût d’inachevé. C’était en déphasage complet avec ce que le Bénin avait connu jusqu’ici, avec le principe démocratique qui veut que majorité comme opposition puissent participer à un scrutin, reconnaît Emmanuel Tiando, président de la Commission électorale nationale autonome (Cena). Pour les communales, un certain nombre de points ont
été améliorés, notamment la possibilité pour les partis de corriger les erreurs qui auront pu être identifiées. En outre, le récépissé de conformité remis aux partis par le ministère de l’Intérieur n’est plus à l’ordre du jour. C’était là deux écueils majeurs. »
« Fin des candidatures indépendantes »
S’il faut considérer que l’absence de l’opposition aux législatives n’aura été qu’un « incident de parcours », les communales du 17 mai seront donc le véritable test qui permettra de mesurer l’impact de ces réformes sur la recomposition politique. Encore faut-il que les principales formations y participent effectivement (lire pp. 85-86). À cet égard, une disposition prévoit que seules les listes ayant recueilli au moins 10 % des suffrages valablement exprimés au plan national sont éligibles à la répartition des sièges au sein des conseils communaux. « C’est la fin des candidatures indépendantes. Et c’est une très bonne chose : les partis auront désormais leur mot à dire sur le choix des candidats; et le renforcement de notre système partisan est une nécessité reconnue par tous », se réjouit Luc Atrokpo, maire de Bohicon et président de l’Association nationale des communes du Bénin (ANCB). L’édile, qui est membre du bureau politique de l’Union progressiste, reconnaît cependant qu’il faudra que les partis déploient « des efforts de pédagogie » en amont du scrutin pour éviter les éventuelles déconvenues. En effet, sur le papier, cette barre de 10 % des suffrages est gage de prééminence des partis sur les barons locaux et permet de limiter mécaniquement le vote régionaliste, voire ethnique, en obligeant les candidats à s’inscrire sur des listes présentes sur l’ensemble du territoire. En revanche, elle a aussi son revers. Par exemple, qu’adviendra-t-il d’un maire confortablement élu dans sa localité, mais dont la victoire serait annulée car le parti auquel il appartient a fait moins de 10 % au niveau national ? « Et imaginez que, à la suite d’une contestation, la Cour suprême décide d’annuler les résultats d’un scrutin dans une localité et que, de ce fait, le parti dont dépend cette liste passe sous la barre fatidique. Va-t-il perdre toutes les mairies qu’il a remportées? » s’inquiète le juriste et analyste politique Steve Kpoton. En fixant ce seuil de 10 %, le législateur a aussi profondément transformé les enjeux du scrutin communal. Au lendemain du vote, si tous les partis qui le souhaitent auront effectivement pu participer au scrutin, les résultats refléteront la cartographie des rapports de force politiques au niveau national. Les maires des 77 communes du pays constitueront, avec les députés, le réservoir de parrainages pour les futurs candidats à la présidence de la République. Raison de plus pour considérer les élections de mai prochain comme un « tour de chauffe » un an avant la présidentielle de 2021. Certains évoquent même « le vrai premier tour »…
L’OBJECTIF EST DE LIMITER LE NOMBRE DE PARTIS, TOUT EN LEUR DONNANT PLUS DE POIDS.
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MTN Bénin, plus que jamais engagé à améliorer la qualité de ses services. MTN Bénin investit considérablement dans l’acquisition d’équipements de dernière génération pour, non seulement, son extension du réseau, mais aussi son renforcement et sa modernisation.
Un investissement de 71 milliards de francs FCFA. MTN a confié à Ericsson, la compagnie suédoise de réseaux et de télécommunications, l’extension et la modernisation du réseau à travers le Bénin. L’opération, d’une valeur financière de 120 millions de dollars US (71 milliards FCFA), a fait l’objet d’un accord de partenariat, signé le 24 octobre 2019, entre MTN Bénin et Ericsson. Au terme du projet de modernisation de son réseau qui durera 5 ans, plus de 865 sites seront modernisés et 200 nouveaux rajoutés afin de permettre aux abonnés de bénéficier du meilleur de la téléphonie mobile au Bénin. Rappelons que le projet de modernisation est dimensionné pour accueillir des technologies futures et révolutionnaires.
Bientôt la technologie 5G. Premier opérateur mobile privé à avoir lancé au Bénin la 3G, puis la 4G+, MTN Bénin, grâce a son projet de modernisation, ambitionne d’offrir la technologie 5G à ses plus de 5.5 millions d’abonnés actifs. Fidèle à sa vision d’offrir un monde moderne connecté, MTN Bénin entend fournir une qualité de service irréprochable et ainsi renforcer sa position de numéro 1 de la téléphonie mobile au Bénin.
« Tant que nous existons, nous allons continuer à donner le maximum, à donner le meilleur de nous-mêmes ».
Plus de 100 tonnes de matériels déjà réceptionnés. Aussitôt l’accord de partenariat signé, MTN Bénin, joignant l’acte à la parole, réceptionne le premier lot de matériels à l’aéroport Cardinal Bernardin GANTIN de Cotonou. 107 tonnes de matériels ont été déchargés sous les regards attentifs du Directeur général, Stephen BLEWETT, du Directeur technique Atul KATYAL et de leurs équipes.
Plus de 200 nouveaux sites physiques à construire. De décembre 2019 à janvier 2020, une soixantaine de sites ont déjà été modernisés pour une meilleure qualité du réseau dans les zones de Cotonou, Bohicon, Abomey -Calavi, Pahou, Seme-kpodji, Godomey, Ouidah. A la fin de l’année 2020, 185 sites seront modernisés et 34 sites physiques seront construits. Au terme des cinq années de ce nouveau déploiement technologique, le taux de couverture national 3G passera de 78% à 97%. La 4G+ couvrira 61% du territoire national. Taux national de couverture à la fin de la modernisation
96%
97% 61%
2G
3G
4G+
MTN Benin distingué au Bénin CEO Awards Prix du Meilleur CEO de l’année 2019 et Prix du Meilleur CEO, Entreprise pourvoyeuse d’emplois et œuvrant pour le bien-être du personnel décernés au Directeur Général Stephen BLEWETT.
Prix du Meilleur CEO, Entreprise de solutions de paiement électronique pour MTN Mobile SA décerné au Directeur Mobile Money, Virgile TOFFODJI.
Avec vous, nous sommes le réseau N°1 au Bénin. Notre couverture réseau s’étend. Encore plus de sites 3G et 4G++ sur toute l’étendue du territoire pour vous offrir une meilleure qualité de service. Grâce à nos équipements dernière génération, nous sommes aussi prêts pour la 5G.
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DIPLOMATIE
Aurélien Agbénonci
Ministre des Affaires étrangères et de la Coopération
« Face à Abuja, ni confrontation ni victimisation » pays. Il y a une part de vérité, mais nombre d’opérateurs actifs dans ce secteur, sinon la majorité, sont du Nigeria…
Propos recueillis à Cotonou par MATTHIEU MILLECAMPS
ans le salon de sa résidence cotonoise, décoré avec goût d’un mélange d’œuvres d’art contemporaines et de statues traditionnelles, Aurélien Agbénonci n’a exposé qu’une poignée de photos, choisies avec soin. Sur l’une, on le voit serrer la main du pape François, aux côtés du président Patrice Talon, souvenir d’« une rencontre marquante », en mai 2018. Sur un autre cliché, l’ancien haut fonctionnaire des Nations unies pose fièrement à la droite de Kofi Annan. « Il disait : “Le rôle des grandes nations n’est pas d’opprimer les petites, mais de les aider à participer au jeu du monde.” Cette phrase m’est restée », se souvient Aurélien Agbénonci en prenant le cadre dans ses mains. Et aujourd’hui ces mots trouvent un écho particulier pour le ministre béninois des Affaires étrangères, dont le pays doit faire face aux conséquences de la décision unilatérale prise le 20 août 2019 par le Nigeria de fermer ses frontières terrestres – dont les 700 km qu’il partage avec le Bénin. Depuis, les autorités nigérianes interdisent toute importation et exportation de marchandises avec les pays voisins, officiellement pour combattre, entre autres, la contrebande de riz et de carburant.
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Jeune Afrique : Le Nigeria a fermé sa frontière avec le Bénin en août et refuse depuis de la rouvrir. Les arguments avancés par Abuja vous semblent-ils justifiés ?
Aurélien Agbénonci : Il faut d’abord souligner la brutalité de la décision et l’absence d’information préalable, alors que de nombreux accords interdisent que de telles choses arrivent. Il faut aussi rappeler que le premier argument avancé était celui d’un exercice de sécurité. Ce n’est que quelques jours plus tard que les autorités nigérianes ont évoqué la réimportation de riz asiatique qui mettrait en péril des programmes de développement de la filière dans leur
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Le 20 janvier, à Londres, Muhammadu Buhari a aussi évoqué la nécessité de lutter contre le trafic d’armes…
Je défie la partie nigériane de prouver que des armes arrivent du Bénin! Dès notre arrivée à la tête de ce pays, nous avons mené une profonde réforme du secteur sécuritaire. Aujourd’hui, le Bénin est l’un des rares pays d’Afrique de l’Ouest où il n’y a pas de barrages sur les routes, mais où les frontières sont sérieusement surveillées. Les armes de petit calibre ne transitent pas par le Bénin, je suis formel. Pourquoi ne pas avoir porté plainte devant les instances internationales ?
LE NIGERIA REPRÉSENTE 20 % DU PIB DU BÉNIN, DONT IL EST LE PREMIER PARTENAIRE COMMERCIAL. Au principal postefrontière entre les deux États, celui de SèmèKraké, les recettes des douanes béninoises sont nulles depuis le mois de septembre 2019, alors que celles-ci collectent en temps normal environ 300 millions de F CFA (plus de 457000 euros) par mois.
Nous ne sommes ni dans la confrontation ni dans la victimisation. Nous prenons acte, nous nous adaptons et nous avançons. Par ailleurs, la Cedeao [Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest] s’est bien sûr saisie de la situation. Elle a constaté que cette fermeture ne pénalise pas que le Bénin, mais aussi tous les pays qui se trouvent sur le tracé [Niger, Togo, Ghana, Tchad, Cameroun]. Le dialogue est-il au point mort?
Nous avons engagé un dialogue tripartite le 14 novembre 2019, à Abuja. Une autre réunion a eu lieu le 25 novembre. Il avait été convenu que des équipes mixtes de sécurité seraient mises en place pour juguler les trafics illicites et que, lorsque ces mécanismes seraient en place, on pourrait retrouver une situation normale. Mais pour l’instant, effectivement, c’est le statu quo. À la fin de novembre, l’ambassadeur de l’Union européenne (UE) auprès du Bénin a été déclaré persona non grata. En réponse, l’ambassadeur du Bénin auprès de l’UE s’est vu retirer son accréditation. Le Bénin peut-il se permettre un tel bras de fer ?
CHARLES PLACIDE POUR JA
Nous avons connu des élections législatives qui, du fait de l’absence de réel consensus entre acteurs politiques, ont entraîné des violences. Or, au moment où nous essayions de ramener de la sérénité au sein de la classe politique, l’exreprésentant de l’UE a ouvertement tenu des propos inacceptables. Il est inadmissible de suggérer à des opposants d’adopter des positions radicales ! Nous ne pouvions pas tolérer cette forme d’incitation à la violence. Cependant, un seul individu ne peut pas remettre en cause ce que des décennies ont bâti. Nous continuons à travailler avec l’équipe de l’UE restée en place à Cotonou, aucun programme n’a été arrêté. Komi Koutché, Sébastien Ajavon, Lionel Zinsou… Plusieurs opposants, actuellement à l’étranger, affirment être victimes d’une instrumentalisation de la justice. Cela n’écorne-t-il pas l’image du pays ?
Les droits de l’opposition sont garantis par la Constitution. Aucun opposant n’est poursuivi, pourchassé ou enfermé. Nous ne sommes pas dans un régime de pensée unique ! Il se trouve que certaines personnes qui ont commis des actes délictueux ou qui veulent justifier leur refus de répondre d’actes de gestion se disent opposants. Pourquoi certains opposants vivent dans le pays sans être inquiétés ? L’ancien président Nicéphore Soglo, personne ne l’inquiète, alors qu’il n’y a pas plus violent dans les propos que lui. L’ancien président Thomas Boni Yayi est revenu. Enfin, en ce qui concerne la corruption et la reddition des comptes, il n’y a ni partisans ni opposants: si vous violez la loi, vous répondez devant la loi.
Les violences postélectorales ont aussi entaché l’image du Bénin…
Nous regrettons que l’on ait voulu ternir l’image de notre pays, de notre démocratie, par des actes de violence nourris et financés par des individus qui ne pensaient qu’à eux-mêmes. Mais nous avons réagi en convoquant un dialogue politique, qui a abouti à une réforme constitutionnelle (lire pp. 72-77). Aujourd’hui, les choses se passent dans la sérénité, et le pays est au travail. L’enlèvement de touristes français dans le parc de la Pendjari et la mort de leur guide béninois, Fiacre Gbédji, en mai 2019 font craindre que la menace terroriste ne descende vers le sud. Comment faire face ?
C’est dans les périphéries que naissent et se développent les vulnérabilités. Il n’y a ni no man’s land économique ni no man’s land culturel. Même ceux qui ferment les frontières le savent. C’est pour cela que nous avons signé des accords sur la gestion transfrontalière des populations avec le Burkina Faso, le Niger et désormais le Togo, afin d’organiser et de structurer la coopération.
IL EST INADMISSIBLE QU’UN REPRÉSENTANT DE L’UE SUGGÈRE À DES OPPOSANTS D’ADOPTER DES POSITIONS RADICALES !
Vous avez été haut fonctionnaire aux Nations unies. Quel est votre regard sur la remise en cause du multilatéralisme, entre lescoupsdementondeVladimirPoutineet les tweets de Donald Trump ?
J’ai la chance de travailler avec un président qui croit au multilatéralisme, sans lequel les États de la taille du nôtre n’auraient pas voix au chapitre. On ne peut pas laisser le champ libre à des postures égoïstes, populistes et totalement dangereuses. S’il ne doit en rester que trois ou quatre pour plaider pour le multilatéralisme, le Bénin en sera.
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Dynamisation des institutions nationales de promotion du secteur privé au Bénin
Depuis le 6 avril 2016, le Gouvernement du Président Patrice TA ALON a entrepris des réformes profondes qui visent la réorganisationn et la structuration de tous les secteurs de l’économie nationale pouur faciliter l’intervention du secteur privé considéré comme le principal acteur de la création de richesse. M. Alain HINKATI, Président du Conseil d’Administration APIEX / Administrateur Provisoire CCI du Bénin
Parmi les réformes conduites au Bénin ■
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La révision du code du travail : assouplissement des dispositions relatives aux conditions d’embauche et plafonnement des dédommagements en cas de rupture de contrat ; L’adoption d’un nouveau code des investissements : avantages spécifiques pour les secteurs prioritaires ;
L’année 2019 a été l’année de la concrétisation des réformes relatives à la rationalisation et à la modernisation des institutions nationales d’appui au secteur privé. Les réformes ont touché trois (3) principales institutions : ■
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L’Agence de Promotion des Investissements et des Exportations (APIEX) ; La Chambre de Commerce et d’Industrie du Bénin (CCI du Bénin) ; Le Centre d’Arbitrage, de Médiation et de Conciliation (CAMeC).
L’adoption d’une loi de promotion des micros, petites et moyennes entreprises définissant le régime des aides et soutiens de l’état aux MPME ; L’adoption d’un cadre juridique unifié pour le Partenariat Public et Privé ;
L’APIEX a été restructurée pour devenir la porte d’entrée des investisseurs au Bénin.
La prise d’une loi régissant les zones économiques spéciales et ayant vocation à favoriser le développement de pôles de compétitivité de l’économie nationale ;
La réforme a consisté à créer un Comité Interministériel de Promotion des Investissements qui fédère l’ensemble des principaux ministères impliqués dans les relations avec les investisseurs privés. L’APIEX a été
L'opérationnalisation des tribunaux de commerce.
PUBLI-INFORMATION
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Assurer les services de formalisation des entreprises ;
Contrôler et apprécier les études techniques relatives aux dossiers de demandes d’agrément ; Jouer le rôle d’Autorité administrative ou de guichet unique de formalités pour les entreprises désirant s’installer dans les zones économiques spéciales du Bénin ;
La CCI du Bénin s’est dotée d’une application web de ges-
treprises. La plateforme permet plus largement le par-
Les réformes conduites sous l’Administration provisoire ont porté sur :
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Le Parcours de L’entrepreneur ; Les Evénements de Promotion.
Faciliter la mise en œuvre des réformes pour l’amélioration du climat des affaires.
La CCI du Bénin a été modernisée pour devenir un véritable cadre de concertation de l’État avec la communauté des opérateurs économiques
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Le Rendez-Vous Mensuel des Experts ; Les Réunions Thématiques ;
tion de la relation client dénommée AHILIDO qui donne
Grâce au nouveau directeur M. Laurent GANGBES, près de 52000 nouvelles entreprises ont pris leur essor, soit une progression annuelle d’environ 20%. Le montant total des investissements au titre des agréments déjà accordés au Code des investissements en deux ans est évalué à environ 155 milliards de FCFA soit une progression moyenne de plus de 60 % par an. Ces investissements directs en cours de réalisation permettront la création de plus de 5000 emplois.
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Informer et accompagner les entreprises dans leurs projets d’accès aux marchés étrangers ;
En deux ans, les mesures prises dans le cadre de la réforme de l’APIEX ont permis la délocalisation de l’agence au centre de Cotonou dans un immeuble moderne offrant une meilleure visibilité.
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SERVICES D’APPUI AUX ENTREPRISES
La révision des textes statutaires pour améliorer la représentativité des élus ;
L’adoption du système de vote électronique à l’occasion des élections consulaires du 18 Décembre 2019 : il s’agit d’une première expérience en Afrique qui a connu un franc succès avec un taux de participation de 90 % ; La réorganisation du Secrétariat Général de la CCI du Bénin pour en faire une véritable direction générale. Dans ce cadre, un nouvel organigramme, mettant l’accent sur les fonctions découlant des missions statutaires de la Chambre, a été adopté et renforce la responsabilité fiduciaire du Secrétaire Général. Un manuel de procédures opérationnelles, administratives, comptables et financières a été réalisé et mis en utilisation pour corriger les insuffisances, incohérences et imprécisions qui avaient facilité par le passé des pratiques de mauvaise gouvernance au sein de la CCI du Bénin. L’administration provisoire a également réalisé un bilan de compétences du personnel existant, ce qui a permis de se séparer des agents dont les profils n'étaient plus jugés adéquats et de recruter des nouvelles compétences plus à même de relever les nouveaux défis ; La conclusion de plusieurs partenariats avec des ordres professionnels ou des institutions nationales et internationales qui ont favorisé la dynamisation des services d’appui aux entreprises.
accès aux usagers sur les informations basiques des entage d’informations, l’établissement de partenariat et la connexion des besoins des membres de la CCI du Bénin avec les opportunités créées ou collectées par la Chambre.
www.ahilido.bj
Le Centre d’Arbitrage, de Médiation et de Conciliation (CAMeC) de la Chambre de commerce et d’Industrie du Bénin a été relogé et réformé pour mieux assurer la promotion des modes alternatifs de règlement des litiges en matière commerciale. À l’occasion de la réforme de la CCI du Bénin, le Centre d’arbitrage, de médiation et de conciliation créé il y a une quinzaine d’années, et qui végétait quelque peu, a été relogé pour une meilleure visibilité. Un nouveau barème simplifié des frais d’arbitrage, de médiation et de conciliation a été adopté et consacre une réduction de plus de la moitié des frais précédemment payés par les usagers du centre. Pour rendre le dispositif particulièrement incitatif, le nouveau barème a exonéré de tout frais, tout litige en médiation dont le montant est inférieur à dix millions de F CFA. La réforme ainsi effectuée, fait des tarifs du CAMeC, les plus compétitifs des pays de la sous-région. Un plan de communication a été réalisé et sera mis en œuvre à partir de 2020 en vue d’une véritable promotion des modes alternatifs de règlement des litiges commerciaux au Bénin.
APIEX
Immeuble APIEx/ANAEP Lot 368, Face Hall des Arts – 01 BP 5160 Cotonou (Bénin) Tél. : (00229) 21 31 86 50 - Fax : (00229) 21 31 86 59 E-mail : contact@apiex.bj
CCI du BÉNIN
01 BP 31 Recette Principale, Avenue du Général de GAULLE Tél. : +229 21 31 43 86 / 21 31 20 81 / +229 21 31 32 99 Email : info@ccib.bj
www.ccib.bj
JAMG - PHOTOS : DR
positionnée comme le fer de lance de ce comité. Elle est chargée, en plus de l’accueil des investisseurs, de cinq missions :
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VIE DES PARTIS
Cinquante nuances de majorité
Si les députés, tous issus de la mouvance présidentielle, votent presque comme un seul homme, cette unité n’est que de façade et pourrait voler en éclats lors des prochaines élections locales. MATTHIEU MILLECAMPS
ous derrière Talon… mais chacun pour soi. Deux partis, l’Union progressiste (UP) et le Bloc républicain (BR), se revendiquant de la mouvance présidentielle se partagent la totalité des sièges à l’Assemblée nationale. Leurs candidats se retrouveront cependant face à face lors des communales du 17 mai. De quoi alimenter certaines rancœurs, parfois anciennes. Et si, dans l’hémicycle, les députés UP et BR votent comme un seul homme, dans les couloirs de l’auguste bâtisse de Porto-Novo, les piques assassines fusent. L’UP, « le parti majoritaire de la majorité » – comme il est d’usage de dire ici, précise un fonctionnaire un brin tatillon –, a d’autant plus à perdre dans les élections communales que certains de ses leaders affichent une confiance sans faille, affirmant être sur le point de prendre la majorité des communes du pays. « Nous sommes le parti majoritaire, et il nous faudra conforter cette position. Cela ne sera pas facile partout, d’autant que la situation n’est pas identique à celle que nous avons connue lors des législatives », tempère d’ailleurs l’un des nombreux ministres membres de l’UP. Créée en grande partie sur les fondations de l’Union fait la nation (UN), de Bruno Amoussou (qui fut notamment l’un des principaux inspirateurs de la charte des partis politiques qui a tant bousculé la scène politique), l’UP rassemble la plupart des poids lourds ralliés de longue date ou plus récemment au président, Patrice Talon.
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« Nous portons des valeurs de partage et de solidarité, assure Orden Alladatin, président de la Commission des lois. Certes, les deux partis soutiennent le président, mais, à l’Assemblée, les débats sont vifs, et les amendements, nombreux, et ce sur tous les textes. » Alladatin est issu des rangs de l’UN, tout comme Louis Vlavonou, le président de l’Assemblée. Un élu du « Sud », contrairement à l’usage qui prévalait jusqu’alors, selon lequel lorsque le président de la République est du sud du pays, celui de l’Assemblée est choisi parmi les députés du Nord. « L’UP, ce sont essentiellement des gens venus de l’UN, parti dont le principe était simple : le pouvoir doit aller aux gens du Sud, vitupère un élu du Bloc républicain. Aujourd’hui, Sacca Lafia [le ministre de l’Intérieur] leur a certes permis d’élargir leurs bases au Nord, mais, si vous regardez bien, l’UP, ce sont des dinosaures, des gens de l’ancienne école, dont certains se détestent cordialement tant ils ont participé par le passé aux gouvernements successifs… » Dans le viseur du député, Bruno Amoussou, 80 ans, et Abraham Zinzindohoué, 71 ans, qui fut l’un des cofondateurs de l’UP… après avoir été proche de Nicéphore Soglo, puis ministre sous Thomas Boni Yayi.
L’hémicycle, en décembre 2019.
CONFIANTS, CERTAINS LEADERS DE L’UP AFFIRMENT QU’ILS VONT LARGEMENT REMPORTER LES COMMUNALES.
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Différences idéologiques
Plus diplomate, Abdoulaye Gounou Salifou, député de Natitingou (extrême nord-ouest du pays) et président du groupe BR au Parlement, préfère insister sur les différences idéologiques et, surtout, sur
RÉPARTITION DES 83 SIÈGES À L’ASSEMBLÉE NATIONALE
36 47 pour le Bloc républicain (BR)
pour l’Union progressiste (UP)
PR BÉNIN
le positionnement vis-à-vis du chef de l’État. « Nous avons une optique clairement plus libérale. Et nous soutenons Patrice Talon, mais de manière critique, pas dans une acceptation aveugle, insistet-il. Contrairement à ce que l’on peut croire, Patrice Talon écoute, et il peut être convaincu si l’argumentaire est solide. » Et puis, il y a le Parti du renouveau démocratique (PRD), d’Adrien Houngbédji, l’ancien président de l’Assemblée. Tout comme l’ensemble des partis d’opposition, le PRD n’a pas pu présenter de candidats lors des législatives d’avril 2019. « Nous avons été infiltrés par un parti concurrent qui a sciemment créé un doublon : l’un de nos candidats était aussi sur une autre liste, et notre liste a été exclue. » Depuis, les règles ont changé: si un doublon est identifié, c’est le candidat qui est exclu, non plus le parti. S’il assure que son parti « n’est pas dans l’opposition », Adrien Houngbédji n’en reste pas moins amer et ne cache pas son envie de revanche lors des communales. Le PRD pourra notamment compter sur ses fiefs dans l’Ouémé, en particulier SèmèKpodji et Porto-Novo. Mais il veut croire que ces élections locales permettront, aussi, de panser les plaies. « Étant donné les conditions dans lesquelles cette Assemblée a été élue, c’est un problème qu’elle puisse représenter la démocratie béninoise pendant encore quatre ans », confie celui qui assure vouloir désormais « passer la main à une nouvelle génération ».
Du maximalisme anti-Talon au pragmatisme électoraliste Après avoir fait cause commune contre le régime de Patrice Talon au sein de la « Résistance », les partis d’opposition, tous exclus des législatives d’avril 2019, sont à présent engagés dans des calculs stratégiques en prévision des élections communales du 17 mai. À la radicalité affichée par certains répond le pragmatisme plus ou moins assumé par d’autres. Installés sur la terrasse de la résidence d’Alassane Soumanou, ancien ministre de l’Enseignement de Boni Yayi, une partie des membres du bureau politique des Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE) sont à pied d’œuvre. Choix des candidats, organisation des sections locales, collecte des pièces administratives nécessaires… Téléphone à l’oreille et carnet en main, à la fin de janvier, le secrétaire national exécutif du parti, Paul Hounkpè, son trésorier, Aziz Yarou Brisso, ou encore le secrétaire national à la jeunesse,
El-Farouk Soumanou, s’affairent à poser les bases des listes FCBE pour les communales. Une scène qui aurait semblé impossible il y a seulement quelques semaines.
Crise interne
Privé de participation aux législatives pour n’avoir pas rempli les conditions requises par les autorités électorales et alors que son président d’honneur, Thomas Boni Yayi, a été assigné à résidence pendant des semaines, puis en exil, le parti s’est en effet déchiré, subissant une crise interne d’une virulence inédite. D’un côté, les tenants d’une ligne radicale, qui refusent tout compromis avec le pouvoir quitte à boycotter le dialogue politique, voire les scrutins. De l’autre, les « pragmatiques », qui se sont vu qualifier de « traîtres » pour avoir accepté de se plier aux exigences imposées par le ministère de l’Intérieur – en particulier en excluant du bureau politique l’ancien ministre
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YANICK FOLLY / AFP
Les ex-présidents Thomas Boni Yayi et Nicéphore Soglo, à Cotonou, le 19 avril 2019.
Komi Koutché, actuellement poursuivi par la Cour de répression de l’enrichissement illicite et en exil aux États-Unis.
Réconciliation
Depuis qu’il est rentré à Cotonou, à la fin de décembre 2019, Boni Yayi a multiplié les rencontres avec les deux camps. Et, jusqu’au 20 février, de part et d’autre, on célébrait la réconciliation. « C’est le parti qui l’a remporté, les militants, et même le pays », assurait Théophile Yarou. Le secrétaire national exécutif adjoint des FCBE – et chef de file des pragmatiques – faisait mine d’avoir le triomphe modeste, mais, dans les faits, c’était bien sa ligne qui semblait l’avoir emporté : les FCBE vont aux élections. « Les tensions étaient trop fortes, le président a compris qu’il y avait un danger à laisser les cadres se chamailler sur la place publique, assurait-il. L’imminence des communales a joué dans l’accélération du processus. » Et surtout la crainte d’une hémorragie. Au début de janvier, plusieurs élus locaux des FCBE, soucieux de se maintenir, ont rejoint le Bloc républicain (BR, pro-Talon). « Notre parti est le premier parti d’opposition, sans doute aussi le plus populaire. Nous devons tout faire pour qu’il ne disparaisse pas, concédait même Nourénou Atchadé, ancien porte-parole des
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FCBE et tenant de la ligne dure au sein du parti. Alors, oui. Nous voulons participer aux communales, si on nous laisse y participer. » La scène politique n’étant jamais exempte d’un ultime coup de théâtre, Thomas Boni Yayi a finalement changé son fusil d’épaule. Le 20 février, dans un long texte, il a plaidé pour la tenue d’un congrès extraordinaire avant le scrutin, pour « s’en remettre aux militants » sur la question de la participation aux élections. Théophile Yarou, lui, assure que, quelles que soient les conclusions de ce congrès, « il y aura bel et bien des listes estampillées FCBE aux communales », et qu’elles sont déjà constituées. S’il continue de dénoncer « un contexte de déni de la démocratie et de l’État de droit », le parti
LES TENSIONS ÉTAIENT TROP FORTES, LE PRÉSIDENT A COMPRIS QU’IL Y AVAIT UN DANGER À LAISSER LES CADRES SE CHAMAILLER SUR LA PLACE PUBLIQUE. THÉOPHILE YAROU, secrétaire national exécutif adjoint des FCBE
Restaurer l’espoir, de Candide Azannaï, a lui aussi entamé les démarches pour pouvoir présenter des candidats. Quelques semaines après avoir sévèrement brocardé les FCBE parce qu’elles s’étaient pliées aux formalités administratives, Candide Azannaï est donc rentré dans les rangs des légalistes. Il avait pourtant été l’un des partisans de la ligne dure au sein de la « Résistance » et n’a pas manqué d’adresser sa « reconnaissance » au leader autoproclamé du mouvement, l’ancien président Nicéphore Soglo. Mais si ce dernier continue de multiplier les sorties tonitruantes, son parti, la Renaissance du Bénin (RB), n’aura aucun candidat aux communales, au risque de disparaître de la scène politique. C’est ce qui est arrivé à l’Union sociale libérale (USL), devenue une coquille vide. Ce parti créé en 2018 par Sébastien Ajavon, candidat malheureux à la présidentielle de 2016 et condamné par contumace à vingt ans de prison pour trafic de drogue (et qui a obtenu le statut de réfugié politique en France en avril 2019), refuse en effet d’exclure l’homme d’affaires de ses instances dirigeantes. Et la majeure partie de ses cadres ont d’ores et déjà rejoint les rangs de l’un ou de l’autre des partis officiellement reconnus. M.M.
COMMUNIQUÉ
NOUVEAU DÉPART À LA SBEE Le Gouvernement du Président Patrice TALON souhaite que « l’énergie électrique soit comme le sang qui coule dans les veines de chaque Béninois ». Des sociétés d’État, dont la SBEE, ont été placées sous contrat de gestion pour améliorer leur performance. la nouvelle équipe de la SBEE s’active pour produire un diagnostic de la société et proposer un plan de restructuration de l’entreprise.
M. Jacques Paradis,
nouveau directeur général de la SBEE
UNE VISION
D’importantes réformes ont donc été lancées, comme la déclinaison du contrat-plan entre l’État et la SBEE. La mise en œuvre du contrat de gestion est également effective depuis le 4 novembre dernier pour un mandat de quatre ans.
Faire de la SBEE une société d’électricité moderne et modèle, respectant les normes internationales. Huit experts, associés à d’autres cadres de la SBEE, forment le nouveau comité de direction. A sa tête, Monsieur Jacques Paradis, Directeur Général de la Société Béninoise d’Énergie Electrique. Des séries de prises de contact au sein du personnel de la société ont été réalisées sur l’ensemble du territoire national. Depuis le démarrage de ce contrat de gestion,
Une réunion du comité de direction présidé par monsieur Paradis
www.sbee.bj
La nouvelle équipe est réunie autour d’un objectif commun, celui de satisfaire la clientèle. Les huit directions régionales sont à l’œuvre auprès de cette dernière. Des moyens sont donc donnés aux directeurs régionaux pour leur permettre d’accomplir la mission de la SBEE.
La centrale électrique thermique à Maria Gleta inaugurée le 29 août 2019
DES VALEURS Selon Jacques Paradis, une société performante sait placer ses employés au centre de l’action. Le succès réside dans l’expression du potentiel de chaque salarié et dans le développement des compétences de chacun. Seul le client pourra juger si l’entreprise est ou n’est pas performante.
2020 L'année 2020 a commencé sous de meilleurs auspices. D’une part, Jacques Paradis a annoncé le raccordement de petites et moyennes entreprises, dont les besoins en consommation sont compris entre 140 et 160 Kva. La SBEE s’apprête par ailleurs à lancer les travaux du projet de renforcement et d’extension des réseaux électriques de la commune d’Abomey-Calavi et du Département de l’Atlantique financé par l’Agence Française de Développement (AFD), l’Union Européenne et la Banque Européenne d’Investissements. La SBEE a posé 35000 compteurs en moins de deux mois. Enfin, rappelons que depuis octobre 2019, les clients ayant des compteurs prépayés peuvent recharger leurs compteurs par le service électronique.
JAMG - PHOTOS : D.R.
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e Programme d’Actions du Gouvernement (PAG), couvrant la période 2016-2021 inclut quatre grands axes en matière d’énergie : l’expansion de la filière thermique, afin de garantir un accès compétitif à l’électricité ; le développement des énergies renouvelables ; la restructuration de la Société Béninoise d’Énergie Électrique (SBEE) et la maîtrise de la consommation d’énergie par le biais de la mise en œuvre d’une stratégie d’efficacité énergétique.
Direction Générale Avenue du Gouverneur Général PONTY 01 BP 123 - Cotonou - BÉNIN Tél. : (+229) 21 31 21 45 - Email : lnfo@sbee.bj - Facebook : @SBEE - Société Béninoise d’Energie Electrique
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ÉCONOMIE
UngrandPAG ALAIN FAUJAS
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es équipes du Fonds monétaire international (FMI) qui se succèdent à Porto-Novo et à Cotonou ne sont pas avares de compliments sur la situation économique du Bénin. Dans son rapport publié en juin 2019 sur le pays, le Fonds souligne que ses « administrateurs félicitent les autorités d’avoir mis le ratio de la dette publique sur une tendance baissière ». En novembre 2019, après un séjour de deux semaines dans la capitale économique, le chef de la mission du FMI pour le Bénin estime que « les résultats obtenus dans le cadre du programme appuyé par le Fonds ont été très satisfaisants jusqu’à présent. Tous les critères quantitatifs de performance à fin juin 2019 et le repère structurel du programme à fin septembre ont été respectés ». Cette bonne gouvernance se traduit dans les indicateurs économiques (voir « Repères » p. 90). La croissance est forte, tirée par l’activité agricole, portuaire, ainsi que les services, et son rythme s’accélère régulièrement: de + 4 % en 2016 (en prix constants) à + 6,4 % en 2019 selon le FMI, qui prévoit une stabilisation autour de + 6,7 % à partir de 2020. L’inflation semble maintenue sous les 2 % grâce à de bonnes récoltes vivrières. Les recettes fiscales rentrant mieux, le déficit budgétaire est contenu sous le plafond des 3 % du produit intérieur brut (PIB) fixé par l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). Quant au poids relatif de la dette publique, il devrait baisser à partir de cette année et présente peu de risques.
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Le port de Cotonou.
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GWENN DUBOURTHOUMIEU POUR JA
Une croissance forte, des investissements soutenus, un déficit et une dette maîtrisés… Le Programme d’actions du gouvernement a remis le pays sur les rails. Mais les performances qu’il a permis d’enregistrer sont-elles pérennes ?
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Projections
2018 2019 2020 2021 PIB réel à prix constants Inflation (moyenne annuelle)
(en %)
6,7 1,0
6,4 1,7
Solde global (dons inclus)
– 4,0 18,6 22,5
– 2,7 19,2 22,3
6,7 2,0
6,7 2,0
– 2,5 19,3 21,7
– 2,0 19,3 21,3
Investissement public
Investissement brut
28,4 7,7
28,4 7,2
28,3 6,6
28,7 6,5
Solde courant
– 8,3
– 7,8
– 7,1
– 6,5
3,7
6,4
4,2
4,4
56,1
54,1
52,0
49,8
(en % du PIB)
Recettes publiques (dons compris) Dépenses publiques et prêts nets
(dons compris)
Balance globale des paiements Dette totale de l’administration centrale
Deuxième taux de croissance de l’Uemoa (pour l’année 2019 – estimations)
PIB réel à prix courants (en milliards de dollars) Croissance du PIB à prix constants (en %)
24,03
9,23 4,9
3,8
M
ali
r
To go
5,3 5,36 5,2
1,46
Gu
Bu
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6
Ni ge
6,2
né
6,4
17,19
14,18
Sé
Développement humain en progrès (Pour l'année 2017, sauf indication contraire)
Population
11,2 millions d’habitants,
dont 46,8 % d’urbains
PIB par habitant (en dollars de 2011, en parité de pouvoir d’achat, PPA) 2 064 dollars, inférieur à la moyenne de 3 489 dollars en Afrique subsaharienne Indice de développement humain (IDH, Pnud 2019) : 0,520, soit le 163e rang mondial sur 189 pays classés, mais mieux que ses voisins de l’Uemoa, dont la moyenne est de 0,470
Espérance de vie 61,2 ans, supérieure à la moyenne de 60,7 ans en Afrique subsaharienne Population vivant au-dessous du seuil de pauvreté (moins de 1,90 dollar par jour, en 2015)
49,5 %
Durée de scolarisation d’un Béninois âgé de 25 ans : 3,6 ans, au lieu d’une durée attendue de 12,6 ans, inférieure à la moyenne de 5,6 ans en Afrique subsaharienne
SOURCES : AUTORITÉS NATIONALES, FMI, BANQUE MONDIALE, PNUD
7,4
10,46
e-B iss au
43,03
ni n
La stratégie des autorités béninoises incarnée dans le Programme d’actions du gouvernement (PAG 2016-2021) « Bénin révélé » est claire. Pour pallier le retard sévère du pays en matière d’infrastructures (énergie, routes, ports, aéroports), les budgets successifs ont fait la part belle aux investissements publics. Le Bénin est l’État membre de l’Uemoa qui consacre en moyenne la plus importante partie de son PIB à l’investissement. Il ne suffit plus d’être le producteur africain numéro un de coton. Il faut diversifier l’économie. Pour cela, le chef de l’État attend des efforts budgétaires et des réformes libérales engagées qu’ils séduisent les investisseurs, afin que s’amorce une transition vers une économie tirée par le secteur privé. Avec l’objectif non dit d’être plus que jamais la porte d’entrée et le fournisseur incontournable du voisin nigérian. Cette politique se heurte à des vents contraires. « Les investisseurs privés ne se bousculent pas pour venir au Bénin, constate Dominique Fruchter, économiste à la société d’assurance-crédit Coface. L’environnement des affaires n’y est pas extraordinaire et se situe même au-dessous de la moyenne régionale. La corruption, une réglementation un peu trop lâche, une protection insuffisante des actionnaires minoritaires effraient. Certes, des textes améliorant la situation ont été adoptés, mais leur mise en œuvre est lente. » Le contraste est en effet important avec son voisin le Togo, qui se distingue comme étant l’un des dix pays les plus réformateurs au monde, selon le rapport « Doing Business » 2020 sur le climat des affaires publié par la Banque mondiale en décembre 2019, et qui s’est hissé au 97e rang sur les 190 pays analysés. Le Bénin, lui, même s’il progresse de quatre places par rapport au classement 2019, n’apparaît encore qu’au 149e rang (voir encadré et infographie p. 97). « Il faut toujours du temps pour que les investisseurs se laissent convaincre, rappelle Atou Seck. Le Bénin doit aussi renforcer sa formation professionnelle et améliorer son cadre réglementaire. » Des événements passés ou à venir inquiètent également. « Les violences qui ont suivi les législatives d’avril 2019 et l’interdiction de l’opposition sont toujours présentes dans les mémoires [lire pp. 72-77], tout comme l’enlèvement des deux touristes français dans le Nord [en mai 2019], déclare Dominique Fruchter. Les élections municipales prévues
Un décollage à cadence soutenue
Bé
Efforts budgétaires et réformes libérales
REPÈRES
d’ C Ivo ôt ire e
« L’économie se porte bien, analyse le Sénégalais Atou Seck, responsable des opérations de la Banque mondiale au Bénin depuis août 2019. Trois facteurs expliquent sa bonne croissance: le boom de la production cotonnière, la hausse des recettes portuaires et le dynamisme de la construction. » Les réformes impulsées par le président Patrice Talon y ont aussi contribué : libéralisation du secteur cotonnier (lire p. 103), assouplissement du droit du travail, meilleure protection du droit de propriété (lire p. 97), renforcement et numérisation des administrations fiscale et douanière, bonne gestion de la dette publique – qui a valu le prix Global Markets 2019 au ministre de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni (lire interview pp. 95-97).
COMMUNIQUÉ
« Notre solution d’automatisation TGMS offre une forte valeur ajoutée aussi bien à l’État qu’aux usagers de la route »
Entretien avec Yaovi Dakato KOSSI, fondateur et directeur général de HOMINTEC
HOMINTEC est un cabinet africain d’accompagnement à l’innovation, créé en 2011 à Cotonou. Notre objectif est d’apporter des solutions innovantes adaptées à la situation spécifique de l’Afrique et de l’ensemble des marchés émergents,grâce à la mise en œuvre des nouvelles technologies de rupture. Avec pour chef de fil son Directeur général M. KOSSI, HOMINTEC est portée par plus de 200 collaborateurs directs. Notre principal atout réside dans la qualification de notre personnel (ingénieurs, techniciens, etc.) qui nous permet de concevoir des innovations réellement créatrices de valeur ajoutée.
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Quels sont les avantages de l’utilisation du TGMS ? De façon globale, l’automatisation des postes de péage permet d’annuler, sinon de réduire significativement les pertes de recettes liées à une gestion manuelle. À titre d’exemple, nous avons observé à Ekpe, le plus grand poste de péage du Bénin une augmentation substantielle des recettes. Par ailleurs, c’est un outil de traçabilité complète. L’État obtient des données fiables et précieuses sur les différents flux de trafics (catégorie de véhicules, poids, etc.) qu’il peut exploiter dans de multiples domaines (statistiques, maintenance, sécurité, planification de nouvelles infrastructures, etc.).
Après deux années de recherche, le département consacré à l’automation des procédés et à la régulation a conçu et développé une application dénommée Toll Gate Management Systems (TGMS) qui assure une gestion automatisée des postes de péage/pesage. Cette solution assure la gestion des cabines, une supervision locale, une supervision globale et la mise à disposition de données du trafic routier.
Un autre avantage réside dans la possibilité d’adaptation du TGMS aux spécificités de chaque poste de péage. Certains postes, par exemple, sont munis de voies mixtes (voitures particulières et poids lourds) et le logiciel est capable de distinguer les deux catégories de véhicules. C’est une solution avantageuse pour les différents types d’utilisateurs des autoroutes.
Le TGMS a été déployé dans 12 postes de péage au total dont 7 au Bénin, 3 au Togo et 2 en Guinée équatoriale. Nous sommes actuellement en discussion pour l’implémentation de cette application dans plusieurs autres pays africains.
Enfin, TGMS est un exemple de projet entrepreneurial innovant et créateur d’emplois. HOMINTEC, leader béninois dans ce secteur pointu mais en encore vierge en Afrique qu’est l’automation, ouvre la voie à d’autres start-up.
HOMINTEC - COTONOU - C/1805 - 2e rue à droite avant fin pavé Tél. : (+229) 91 33 22 22 - Email : contact@homintec.com
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en mai 2020 et la présidentielle en 2021 pourraient donner lieu à des relâchements budgétaires. »
Résilience face au blocus nigérian
Ce qui complique le plus la stratégie du gouvernement, c’est le Nigeria. Pour protéger ses productions nationales, notamment le riz, et éviter que son carburant subventionné ne profite aux Béninois, ce pays géant garde sa frontière terrestre avec le Bénin fermée depuis le 20 août 2019. Il prétexte que la contrebande et les bas prix qui en résultent génèrent une concurrence déloyale et privent ses budgets de recettes douanières importantes. Le Niger et le Tchad sont aussi pénalisés par ce blocus, mais moins que le Bénin, dont 20 % du PIB dépendent du commerce avec les 190 millions de consommateurs nigérians. Le protectionnisme d’Abuja n’est pas une nouveauté, mais il entre en contradiction avec le projet de marché commun de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Cela oblige le Bénin à se remettre en question: le FMI, qui tablait avant la fermeture de la frontière terrestre sur un taux de croissance de 6,7 %, a revu ce dernier à la baisse, à 6,4 %. Il est une sorte de pays structurellement « contrebandier », ce qui explique en partie la surprenante résilience de son économie face au blocus nigérian : les 700 km de frontière sont tout sauf hermétiques, et les trafics n’ont pas cessé… Certaines conséquences du blocage sont positives. « Par exemple, explique Atou Seck,
le prix de l’essence vendue au Bénin au coin de la rue est passé de 325 à 525 F CFA [d’environ 0,50 à 0,80 euro], plus proche de celui de l’essence “formelle”, qui est de 550 F CFA. L’augmentation de la consommation de l’essence formelle a entraîné un peu plus de rentrées de taxes pour le budget de l’État, qui contrebalance la réduction des droits de douane. » Reste que, au lieu de tirer la couverture chacun de son côté – le Nigeria protégeant ses produits et ses droits de douane, et le Bénin, son import-export florissant et ses prix « au noir » –, les deux pays auraient intérêt à s’entendre sur des règles communes et sur les moyens de les faire respecter. Le cas du riz est emblématique. Le Bénin est le premier importateur mondial de riz thaï, qu’il exporte avant tout au Nigeria, lequel entend se protéger de cette invasion en installant des barrières douanières, qui aggravent le problème. Le droit de douane sur le riz importé est de 70 % au Nigeria et de 7 % au Bénin. Cette différence constitue une énorme tentation pour les contrebandiers, les commerçants et les consommateurs nigérians. La solution serait que les deux pays s’entendent sur un tarif extérieur commun, comme cela est prévu par la Cedeao. Sa taille peut dispenser le Nigeria de jouer la carte communautaire à court terme. Sa vulnérabilité devrait inciter le Bénin à sortir plus vite de l’informel et de la contrebande, et à appliquer des règles claires qui rassureraient investisseurs, entrepreneurs et États partenaires.
PORTO-NOVO ET ABUJA ONT INTÉRÊT À S’ENTENDRE SUR DES RÈGLES COMMUNES ET SUR LES MOYENS DE LES FAIRE RESPECTER.
PORT DE COTONOU : ATOUTS ET ALÉAS Audits, formation, dématérialisation des procédures, management belge… Depuis que sa gestion a été confiée, en 2018, au belge Port of Antwerp International (PAI), le Port autonome de Cotonou (PAC) fait l’objet d’un plan d’investissement de 350 milliards de F CFA (457 millions d’euros) et est soumis par le gouvernement béninois à une politique de résultats destinée à améliorer rapidement l’efficacité de sa gestion, de ses prestations et de sa rentabilité. « Un contrat de délégation assez unique d’une activité régalienne », expliquait l’expert en
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questions maritimes Yann Alix à Jeune Afrique, en juillet 2019. Cotonou doit affronter désormais une épreuve imprévue : la baisse du trafic du port depuis la fermeture de la frontière terrestre nigériane, le 20 août 2019. Selon des chiffres que JA s’est procurés, le tonnage total s’est établi à 10,09 millions de tonnes en 2019, accusant une baisse de près de 2,5 % par rapport à 2018. Alors que Cotonou affichait d’excellentes performances au premier semestre, frôlant les 6 millions de t (contre 5,5 t à la même période en 2018), les effets de la
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décision du président Buhari se sont fait particulièrement ressentir au dernier trimestre de 2019, avec un volume moyen de 550 000 t/mois (contre plus de 1 million t/mois entre avril et juin 2019). Seul le trafic roulier a augmenté, avec une hausse de 22 %. Une situation « conjoncturelle », explique-t-on du côté du port. D’ailleurs, en janvier, le PAC a enregistré un volume record à l’export de 190 000 t, dû en partie à la hausse des exportations de balles et de graines de coton, et de noix de karité. Cotonou souhaite continuer à capter et à fidéliser le trafic
du Niger et des autres pays de l’hinterland, et profiter de cette fenêtre pour mener les travaux du terminal 5, qui débuteront d’ici au mois de mai. Le port veut rentabiliser ses espaces d’entreposage en mettant en place des concessions. Ces domaines qui sont rentrés dans son patrimoine lui ont permis d’augmenter de manière importante son capital, de 16 milliards à 234 milliards de F CFA. Ce qui lui donne une capacité d’endettement et d’investissement élargie. Une zone logistique de 40 ha dans l’enceinte portuaire est à l’étude. RÉMY DARRAS
MESSAGE
LE L CHOIX DU FUTUR Leader L national de l’industrie agroalimentaire, la SOBEBRA est l’un des plus gros employeurs du secteur privé et un important contributeur de l’État béninois. Elle est aussi une entreprise innovante qui allie performance et développement durable.
3 questions à SÉBASTIEN YVES-MÉNAGER, Directeur Général de la SOBEBRA L’entreprise qui accompagne les communautés dans des projets d’éducation, de formation, de reboisement, d’agriculture, fait le choix du futur. Mais cette évolution permet aussi de faire des économies substantielles sur les consommations d’eau, d’énergie, de carburants, elle est désormais devenue une obligation pour toute entreprise.
L’année 2020 sera une année test qui permettra de confirmer la bonne tenue de notre marché. Les réformes profondes menées au cours des quatre dernières années ont permis à la SOBEBRA de se solidifier. Nous évoluons dans un marché compliqué dans lequel le secteur informel est très fortement ancré dans le commerce national. Un secteur diamétralement opposé au nôtre et qui trop souvent fait fi des notions de qualité et de respect des bonnes pratiques fiscales ou douanières. Ces réformes ont accéléré la mise à niveau de nos usines et permettront d’obtenir en 2020 les certifications aux normes FSSC22000Q, ISO45001, ISO14001 et ISO50001. Ces normes sont à la fois ambitieuses et indispensables pour que nos unités de production soient alignées avec notre stratégie de développement et notre vision à long terme. Ces réformes représentent des investissements importants qui permettent à l’entreprise d’améliorer les conditions de travail, de garantir la sécurité alimentaire de nos produits mais aussi d’évoluer vers des usines beaucoup plus vertueuses pour la planète en réduisant nos consommations et nos émissions polluantes.
Les soucis éthiques, sociaux, environnementaux sont au cœur de votre démarche. Pourquoi ? Aucune entreprise aujourd’hui ne peut élaborer une stratégie de développement sans tenir compte du respect des règles d’éthique, de participation à la vie sociale ou de protection de la planète. L’entreprise la moins polluante a la meilleure image, l’entreprise qui prend soin de ses salariés a moins d’accidents du travail, l’entreprise qui respecte les lois dure dans le temps.
La Société Béninoise de Brasseries (SOBEBRA) PK 2.5 route de Porto Novo
Plus de 600 emplois directs répartis sur deux sites de production Cotonou et Possotomé et un site logistique à Parakou, 200 000 emplois indirects à travers son réseau de distribution. Comment envisagez-vous le développement de la SOBEBRA à l’avenir ? Notre société a su se renforcer, former ses collaborateurs, améliorer ses outils de production, pris des engagements éthiques, environnementaux et sociaux, travaille en permanence pour l’amélioration de la qualité et l’innovation de ses produits. Ce socle solide permet d’être optimiste pour notre avenir. Les réformes que nous avons entreprises depuis quatre ans assurent aux produits de la SOBEBRA une gamme, une qualité et une compétitivité uniques au Bénin, à nos collaborateurs et partenaires un avenir tracé et serein. Nous sommes à l’écoute de nos clients et travaillons au quotidien pour leur apporter les meilleurs produits partout sur le territoire béninois. Notre implication aux côtés des communautés les plus fragiles, notre implication dans le sport avec la fédération béninoise de cyclisme, notre participation active dans une société de valorisation des déchets, nos projets agricoles et apicoles sont autant de raisons qui me permettent d’avoir confiance en l’avenir.
Tél. : + (229) 97 97 46 62 Whatsapp : +229 60 91 61 61 Email : infos@sobebra.bj
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Votre entreprise a amorcé 2020 d’un bon pied. Quels sont vos grands chantiers pour cette année ?
Les appels d’offres des institutions internationales incluent déjà ces obligations de conformité dans le choix de leurs partenaires, les consommateurs, sont de plus en plus nombreux à faire le choix d’un produit issu d’une entreprise vertueuse et investie dans la responsabilité sociale. Les notions de traçabilité, d’environnement, de RSE, d’éthique sont désormais au cœur des décisions d’achat. La SOBEBRA en est un acteur engagé au Bénin.
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STRATÉGIE
Romuald Wadagni
Ministre de l’Économie et des Finances
« Nous allons attirer des entreprises qui veulent délocaliser » Propos recueillis à Cotonou par MATTHIEU MILLECAMPS
e lui parlez pas de politique, il n’aime pas ça. Romuald Wadagni parle vite et va à l’essentiel. « Techno » revendiqué et prompt à rappeler son passé dans le privé (notamment au sein du cabinet Deloitte), ministre de l’Économie et des Finances depuis avril 2016, il joue un rôle central dans la politique d’assainissement des finances publiques et dans la transformation de l’économie béninoise, à travers la mise en œuvre du Plan d’actions du gouvernement (PAG 2016-2021) « Bénin révélé ». À 43 ans, il assume pleinement son pari libéral, option dont il assure qu’elle est la seule à même d’attirer les investisseurs pour créer de l’emploi et réduire la pauvreté. Sur ce dernier front, le chemin est encore long (près d’un Béninois sur deux vit avec moins de 1,90 dollar par jour). En revanche, en ce qui concerne les principaux indicateurs macroéconomiques, les signaux sont au vert, malgré la décision unilatérale du Nigeria de fermer ses frontières terrestres en août 2019 (lire pp. 80-81). Entretien avec un homme pressé de « révéler » les potentialités de son pays.
Jeune Afrique : Le budget 2020, adopté à la fin de décembre, est en hausse de 5,8 % par rapport à 2019, à près de 1987 milliards de F CFA (environ 3,03 milliards d’euros). Cette hausse est-elle « soutenable » ? Romuald Wadagni : Notre taux de crois-
E.AHOUNOU/AID POUR JA
N
sance est supérieur à 6 % depuis trois ans, et nous sommes engagés dans une réforme structurelle, notamment à travers un plan d’investissements ambitieux qui soutient cette croissance. Nous faisons par ailleurs des efforts constants pour mobiliser plus de ressources propres, pour compter sur nous-mêmes. Nous sommes passés de 745,7 milliards de F CFA à 1 098,2 milliards de 2016 à 2019, soit une hausse de près de 50 %. Et cela alors qu’aucun impôt nouveau n’a été créé – nous en avons même supprimé une dizaine – et que les taux d’imposition n’ont pas augmenté. Comment êtes-vous parvenus à augmenter cette part des ressources propres ?
Par la modernisation de nos régies, d’abord. Nous avons dématérialisé les procédures, nous allons vers la digitalisation des paiements, etc. Dans les faits, le Bénin est le seul pays de la région où les entreprises soumettent en ligne leurs états financiers. Nous avons ainsi les données qui permettent de faire des analyses de risques, de mieux cibler les contrôles. Avec peu de moyens, nous avons beaucoup plus d’efficacité dans le recouvrement. Et puis, en dématérialisant les procédures, on évite aussi les contacts entre
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l’usager et l’administration fiscale. Cela évite les possibilités et les tentations de pratiques problématiques…
Quelles mesures ont été les plus efficaces pour améliorer cette attractivité ?
C’est un tout. Nous avons réglé la question de l’énergie, nous avons simplifié la fiscalité, revu le code des marchés publics, réalisé une importante réforme du code du travail. Et, désormais, nous nous sommes lancés dans une vraie réforme de l’enseignement, qui vise, à terme, à ce que 70 % des Béninois soient formés dans des filières professionnelles techniques. L’objectif est d’avoir une main-d’œuvre qualifiée, à bon prix. Avec tout cela, nous allons attirer de la délocalisation.
Qu’en est-il des grands équilibres budgétaires ?
Le déficit est maîtrisé, l’inflation également, la qualité de la dette est bonne. En particulier parce que nous nous sommes dotés de mécanismes de financement innovants qui nous permettent de profiter des possibilités de levées de fonds à des coûts intéressants sur les marchés internationaux et d’utiliser des mécanismes d’atténuation du risque pour gérer notre dette de manière dynamique, moderne et efficace. Le respect du critère de convergence de l’Uemoa visant à maintenir le déficit public au-dessous de la barre des 3 % du PIB n’est-il pas un frein pour une économie en phase de décollage ?
En 2016, nous avions fait un plan sur cinq ans qui montrait que nous rentrerions dans les critères de convergence à partir de 2019. Nous l’avons rempli. Si l’on doit reposer la question de la pertinence de ces critères, on doit le faire ensemble, en tenant compte des enjeux nouveaux pour la sous-région : la sécurité, les changements climatiques, etc. En attendant, tant que ces critères sont là, nous tenons à les respecter parce qu’il y va de la crédibilité de notre pays et de la sous-région. Les efforts déployés pour attirer des investisseurs ont-ils payé ?
C’est un pari que nous gagnons chaque jour ! Il suffit de voir nos performances économiques actuelles. Par le passé, avec une crise telle que celle que nous connaissons avec le Nigeria, nous n’aurions pas été capables de tenir. Cela montre la résilience de notre économie et que nos efforts de diversification sont payants. Le britannique Blue Skies s’est récemment installé au Bénin. Le singapourien Olam vient également de signer un accord pour s’y implanter. Une société chinoise veut y délocaliser la fabrication de mèches et de perruques pour les femmes… De nombreux projets se mettent en place chaque jour, parce que nous avons fait les réformes qu’il faut.
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CDD renouvelables presque indéfiniment, plafonnement des indemnités de licenciement, limitation de la durée du droit de grève… Ne craignez-vous pas d’être allés trop loin en matière de flexibilité du droit du travail (lire p. 97) ?
NOUS SOMMES EN TRAIN DE TRANSFORMER NOTRE ÉCONOMIE. À TERME, L’ÉTAT RESTERA DANS SON RÔLE DE RÉGULATEUR, MAIS IL DOIT LAISSER LE SECTEUR PRIVÉ JOUER SON RÔLE DE CRÉATEUR DE RICHESSE.
Notre droit du travail devait être modifié. Certaines entreprises préféraient faire venir des salariés sous contrat de droit étranger parce qu’elles ne voulaient pas avoir affaire à nos tribunaux prud’homaux… Ce que l’on oublie de dire, c’est que nous avons prévu des cadres de dialogue social et que cela marche : on se parle, on traite les sujets… La pratique a montré que, quand vous mettez en place les mécanismes de dialogue et qu’il n’y a pas d’abus, la flexibilité crée de l’emploi. Quand vous êtes formé, que vous avez une compétence, vous savez que vous avez une valeur sur la place. Qu’en est-il de ceux qui n’ont pas les compétences requises par les entreprises ?
Année après année, la part du budget que nous accordons aux dépenses sociales prioritaires augmente. En 2020, la dotation budgétaire atteint près de 464 milliards de F CFA. Nous avons mis en place un ensemble de services sociaux. C’est notamment le système Arch [Assurance pour le renforcement du capital humain, dont la phase pilote a été lancée en juillet 2019], pour permettre aux personnes pauvres ou extrêmement pauvres d’avoir accès à la formation, à l’assurance maladie, à la microfinance, etc. L’objectif, c’est de ne laisser personne sur le bord de la route. Nous sommes engagés dans une transformation profonde de notre économie telle que, à terme, l’État restera dans son
rôle de régulateur. Il doit veiller à assurer une égalité des chances (égalité des chances, pas nécessairement de traitement), mais il doit laisser le secteur privé jouer son rôle de créateur de richesse. L a fe r m e t u re d e s f ro n t i è re s t e r restres avec le Nigeria change-t-elle les perspectives ?
La part des recettes imputable à la fermeture des frontières est estimée à 48,6 milliards de F CFA, soit un peu plus de 10 % des recettes brutes de la douane et moins de 5 % des recettes totales de 2019. C'est un impact relativement limité. Cependant, il faut que le Bénin ait une économie mieux préparée pour profiter de la chance d’avoir ce voisin et ne pas être un simple point de passage. C’est le sens de nos réformes. On peut devenir une terre d’attache, même pour des entreprises du Nigeria, qui doivent
pouvoir produire, au Bénin, pour le marché nigérian. Plus important encore, cette fermeture concerne tous nos voisins. Au sein de la Cedeao, nous avons les accords de libreéchange. Nous travaillons actuellement sur un accord – que je qualifierai de politique – sur une monnaie unique. Cette fermeture doit nous pousser, désormais, à construire une politique agricole et industrielle commune. J’en suis profondément convaincu. Quels sont les atouts de chacun ? Quelles filières développer et où ?… Il faut le faire de façon intégrée, collectivement, pour produire à la bonne échelle et pour augmenter les échanges de produits à valeur ajoutée entre nos États. Lorsque l’on y sera parvenu, on réduira la pauvreté, on donnera du travail aux jeunes et on pourra même se renforcer monétairement, puisque l’on préservera nos devises par la maîtrise de nos importations.
AMÉLIORATION DU CLIMAT DES AFFAIRES quant à eux de 132 millions de dollars en 2016 à 208 millions de dollars en 2018 (selon la Cnuced), et leur part dans le PIB est passée de 1,8 % en 2016 à 5,8 % en 2018. Les réformes engagées ont permis au Bénin de progresser de quatre places dans le classement « Doing Business » 2020 de la Banque mondiale par rapport au classement 2019 (voir infographie). D’autres réformes structurelles sont en cours, qui devraient améliorer de façon significative la notation du pays. Parmi les mesures clés, celles relatives à une meilleure protection du droit de propriété et à l’amélioration de la gestion du foncier (numérisation des titres fonciers, réduction des délais de délivrance des actes de transfert de propriété, dématérialisation des relations avec les notaires, etc.), ainsi que l’assouplissement du droit du travail, en particulier concernant les conditions d’embauche (mesures fustigées par les syndicats comme étant antisociales et « précarisantes »), les contrats de travail à durée déterminée (CDD), désormais renouvelables sans limites, les
Encore des efforts à faire pour faciliter le business
Rang sur 190 pays classés dans le rapport « Doing Business » 2020 (rang dans l’édition 2019) Togo Côte d’Ivoire Ghana Sénégal
SOURCE : BANQUE MONDIALE
À moyen terme, les perspectives de croissance du pays sont tributaires de sa capacité à relancer l’investissement privé et à attirer les investissements directs étrangers (IDE), d’autant qu’il est prévu que plus de 60 % du PAG soit financé par le secteur privé. Une plus grande participation de ce dernier passe par la poursuite des efforts engagés dans les domaines des infrastructures et de l’énergie, indispensables à l’essor des activités. Elle passe aussi par l’amélioration de la gouvernance économique: mise en place d’un guichet unique pour la création d’entreprise, modernisation du système de passation des marchés publics, révision des prix de cession du domaine privé de l’État, mesures en faveur de l’autosuffisance énergétique, création de zones économiques spéciales avec des avantages pour les investisseurs, révision du cadre légal des partenariats public-privé (PPP), dont les règles ont été unifiées, etc. Avec le dispositif des PPP, le rythme de l’investissement privé s’accélère, et sa part a augmenté de 40 % de 2016 à 2019. Les flux entrants d’IDE sont passés
97e (137) 110e (122) 118e (114) 123e (141)
Nigeria
131e (146)
Niger
132e (143)
Mali
148e (145)
Bénin
149e (153)
Burkina Faso
151e (151)
Guinée Guinée-Bissau
156e (152) 174e (175)
indemnités dues en cas de licenciement plafonnées à neuf mois de salaire, ou encore le droit de grève, dont la durée totale est limitée à deux jours au maximum dans un même mois et à dix jours au maximum par an. FIACRE VIDJINGNINOU
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Eau et gaz à tous les étages
Nombre de projets ont été engagés pour améliorer l’accès aux services de base. Et les résultats semblent à la hauteur des investissements. FIACRE VIDJINGNINOU, à Cotonou
ccès universel à l’eau potable en 2021. C’est le pari que le Programme d’actions du gouvernement (PAG) entend relever, neuf ans avant l’échéance fixée par les Nations unies pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD). D’ores et déjà 70 % de la population béninoise a accès à des sources d’eau potable améliorées. En trois ans, le programme mis en place pour l’accès universel et équitable à l’eau potable en milieu urbain a permis d’améliorer la capacité de stockage de plus de 143600 m³, mais aussi d’étendre le réseau de distribution de 176 km et celui d’adduction d’eau de 47 km. À Abomey-Calavi, deuxième ville la plus peuplée du pays après Cotonou, la capacité actuelle de production d’eau a plus que doublé en trois ans, passant de 617 m³/h à 1 500 m³/h, et le réseau de distribution a été augmenté de 103 km de canalisations.
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« Depuis 2016, nous avons donné accès à l’eau à près de 900 000 personnes dans les villes. À l’horizon 2021, grâce aux travaux en cours, plus de 2 millions de Béninois supplémentaires auront accès à l’eau potable en ville », se satisfait Abdoulaye Bio Tchané, ministre d’État chargé du Plan et du Développement, qui souligne que plus de 400 milliards de F CFA (près de 610 millions d’euros) ont été mobilisés depuis trois ans pour ce programme.
Forages et adduction
En milieu rural, six projets structurants sont en cours, pour un investissement de 234 milliards de F CFA, qui incluent près de 200 forages à gros débit et 110 chantiers d’adduction d’eau dans les villages, dont 24 seront livrés en avril, qui alimenteront plus de 223 500 personnes. L’objectif est d’approvisionner en eau potable 4,5 millions de personnes supplémentaires dans les campagnes d’ici à 2021.
Cotonou, Porto-Novo, Parakou ou Bohicon… Les rues des neuf principales villes du Bénin sont en travaux. La première phase du projet Asphaltage – 195 km de voiries sur les 646 km du projet global – est entrée dans le « dur ». Démarrés en août 2018, les travaux affichaient un taux de réalisation de 56 % au 31 octobre 2019. L’objectif est de passer de 10 % de voiries urbaines bitumées ou pavées actuellement à 30 %. De quoi transformer la vie des Béninois urbains. Aux critiques portant sur le coût élevé du projet – 1 milliard de F CFA (plus de 1,5 million d’euros) au kilomètre linéaire –, le ministre chargé du Cadre de vie, José Tonato, répond que « le projet ne consiste pas seulement à asphalter. Il implique l’aménagement d’espaces verts, des équipements de sécurité, de mobilier urbain et de l’éclairage public solaire ». Ce projet s’adosse à un autre chantier qui porte sur la salubrité et la gestion des déchets solides ménagers. Lancé en 2019, il est encore dans sa phase préparatoire de sélection des PME qui seront chargées d’assurer la collecte des déchets et le nettoyage ; le gouvernement table sur la création de 1 500 emplois directs. Cotonou, particulièrement choyée, bénéficie en outre d’un programme spécial sur l’assainissement pluvial, pour environ 238 milliards de F CFA. Destinés à « maîtriser durablement les inondations cycliques et désastreuses » dans la capitale économique, les travaux doivent démarrer cette année. F.V.
Sèmè City, la Cité Internationale de l’Innovation et du Savoir ouvre son 1er campus à Cotonou Au Bénin, Sèmè City, la Cité Internationale de l’Innovation et du Savoir a pour objectif de promouvoir un écosystème d’innovation créateur de richesse et d’emplois, à travers un hub de programmes de formation, recherche et entrepreneuriat inédits en Afrique de l’Ouest. Le Bénin souhaite ainsi développer un lieu unique pour former une nouvelle génération de talents, les équiper pour l’avenir et favoriser un modèle de croissance inclusive et durable fondé sur l’innovation « Made in Africa ». Cette éco-cité se construit par phases successives sur 200 hectares à Sèmè-Podji, zone péri-urbaine située en bordure de mer, à 5 km du Nigéria, à proximité d’une forêt classée et d’une zone côtière ainsi que de grands axes routiers. Sèmè City compte déjà près de 150 apprenants et 250 entrepreneurs dans ses premiers programmes qui ont démarré en 2019.
1er programme de licence en design numérique en Afrique de l’Ouest (délivré par l’École de Design Nantes Atlantique).
Laboratoire offrant des formations pratiques aux techniques de rayonnement X.
Programme de licence proposé par Epitech, école de référence en innovation et expertise informatique.
1er incubateur de Sèmè City, dédié aux start ups et PME innovantes, animé en collaboration avec PwC.
En 2020, les activités de Sèmè City prennent vie au sein de Sèmè One à Cotonou dans des espaces multifonctionnels d’environ 7000 m2. Ce nouveau campus pourra accueillir une vingtaine de programmes de formation, de recherche, d’entrepreneuriat et de renforcement de capacités ainsi qu’un parc d’innovation ouverte.
Sèmè City recherche des partenaires nationaux et internationaux disposant de projets pertinents qui s’inscrivent dans une approche de contribution au développement durable et inclusif. • Promouvoir des formations d’excellence adaptées aux évolutions des métiers et pourvoyeuses d’une main-d’œuvre qualifiée et caractérisée par un esprit d’entreprise • Stimuler la recherche scientifique orientée vers des besoins peu ou mal desservis notamment à travers des collaborations entre le monde universitaire et le secteur privé • Renforcer les capacités des entrepreneurs et plus spécifiquement soutenir et accélérer l’émergence de startups innovantes, futures locomotives pour la création d’emplois. Les potentiels partenaires intéressés par le développement de projets au sein du premier campus de Sèmè City sont invités à nous contacter à l’adresse mail suivante : semecity@presidence.bj
N O S PA R T E N A I R E S
| semecity.com | facebook.com/semecity | @semecity
Les déficits de production et d’accessibilité en matière d’énergie électrique sont encore plus lourds. En effet, le taux d’électrification du pays n’était encore que de 43 % en 2017 et de seulement 18 % en milieu rural (contre 6,3 % en 2015). Le gouvernement mise sur la fourniture de gaz pour alimenter les ménages et approvisionner, grâce à un pipeline offshore, les centrales du pays, dont celle, thermique, de Maria-Gléta II (127 MW) d’Abomey-Calavi, inaugurée en août 2019. Construite pour un montant de 180 millions de dollars par le consortium danois composé de Burmeister & Wain Scandinavian Contractor (BWSC) et de MAN Energy Solutions, cette dernière fonctionne jusqu’à présent au fioul. Le 24 juillet 2019, le gouvernement a signé avec le français Total un contrat pour l’installation d’une unité flottante de stockage et de regazéification (FSRU). Le terminal servira à importer au Bénin environ un demi-million de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an, pour une durée de quinze ans, à compter de 2021. Bien que partie prenante du projet de gazoduc d’Afrique de l’Ouest, le Bénin, comme la plupart des pays de la sous-région, est victime d’un approvisionnement irrégulier dû au manque d’infrastructures de transport et de distribution de gaz, et de systèmes de tarification peu attrayants. « L’accès au GNL permettra au Bénin de faire face à la demande énergétique nationale croissante et d’accroître la part de gaz naturel dans le mix énergétique du pays, réduisant ainsi son intensité carbone », assure Laurent Vivier, directeur gaz de Total.
EN 2017, LE TAUX D’ÉLECTRIFICATION AU BÉNIN N’ÉTAIT QUE DE 43 % ET DE SEULEMENT 18 % EN MILIEU RURAL (CONTRE 6,3 % EN 2015). 102
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RODRIGUE AKO/PR BÉNIN
Grand format BÉNIN ÉCONOMIE
Deux mille kilomètres de fibre optique, couvrant plus de 80 % du territoire, ont été installés.
Objectifs numériques À la fin de janvier, la ministre du Numérique et de la Digitalisation, Aurélie Adam Soulé Zoumarou, a rappelé les principaux axes de réalisation de l’agenda 2020 du secteur pour « accélérer l’inclusion numérique », au premier rang desquels l’accès à internet haut et très haut débit pour tous. D’ores et déjà, 2 000 km de fibre optique ont été déployés, qui couvrent plus de 80 % du territoire. Le gouvernement va par ailleurs poursuivre l’installation de points numériques communautaires (connectés au haut débit, 50 Mbps) dans plusieurs centres urbains. Il continue également la mise en place de salles numériques dans les établissements d’enseignement, dont 24 ont été ouvertes en novembre 2019. Ces classes offrent à plus de 25 500 élèves l’accès aux données nécessaires à un bon apprentissage et leur permettent d’interagir sur la plateforme du programme avec plus de 1850 enseignants sur divers sujets. Cette année, 26 classes supplémentaires devraient voir le jour, dont pourront bénéficier 70 000 élèves du primaire et du secondaire. Pour le supérieur, la connexion au réseau haut débit de dix sites universitaires (soit 93 000 étudiants) doit venir renforcer le Réseau béninois d’éducation et de recherche (RBER). Côté business, le fonds gouvernemental d’appui à l’entrepreneuriat numérique créé pour accompagner les start-up est
désormais opérationnel. Enfin, après deux ans de mise en place, le projet de portail de l’administration publique, Smart Gouv, entre dans sa phase active : il va permettre la dématérialisation des formalités d’obtention de pièces administratives (dont, pour commencer, le permis de conduire, le certificat de conformité administrative, le certificat de nationalité, l’extrait de registre de commerce, l’attestation de prise en charge des retraités, etc.).
Haut débit : un luxe…
Ces projets contribuent à l’amélioration des indicateurs du pays, tels que l’indice de connectivité mobile mesuré par l’association professionnelle des opérateurs mobiles, la GSMA – « le Bénin est le deuxième pays d’Afrique, après la Sierra Leone, et le dixième au niveau mondial à avoir le plus amélioré » sa connectivité, souligne la ministre du Numérique. Toutefois, selon le dernier rapport de l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep), si le taux de pénétration de l’internet mobile est passé de 40 % en 2017 à plus de 48 % en 2018, le haut débit reste encore un luxe. Sur les 9,4 millions d’abonnés à l’internet mobile, moins de 8 % bénéficient de la 4G, 34 % sont à la 3G, et 58 % des abonnés à l’internet sont restés au stade de la 2G. FIACRE VIDJINGNINOU
AGRO-INDUSTRIE
dans les temps et en quantité suffisante, des intrants et des semences de qualité. « Le prix des intrants n’a pas augmenté depuis 2016 », ajoute Mathieu Adjovi, le président de l’AIC, qui souligne par ailleurs que les rendements à l’hectare (ha) se sont améliorés, pour passer de 900 kg/ha en 2015 à 1,12 t/ha actuellement. Par ailleurs, afin d’assurer le transport du coton, ainsi que des autres productions agricoles, et de faciliter les échanges commerciaux, plus de 120 km de routes ont été aménagées et bitumées, et 13000 km de pistes rurales ont été réhabilitées. Depuis le début des réformes en 2016, la filière ne reçoit plus aucune subvention de l’État ; pourtant, les cotonculteurs gagnent mieux leur vie. En effet, le montant fixé pour le prix payé aux producteurs est au-dessus du prix moyen pratiqué par les autres pays de la sous-région : il est passé de 260 000 F CFA/t (396 euros/t) pour la campagne 2017-2018 à 265 000 F CFA/t (404 euros/t) pour la campagne 20182019 et celle en cours. Selon les données du ministère des Finances, pour la campagne 2017-2018, 92 milliards de F CFA ont été versés aux producteurs (soit « environ 4 millions d’individus impactés »), et les transformateurs ont touché plus de 44 milliards de F CFA. Le Trésor public a, quant à lui, engrangé des recettes directes de l’ordre de 11 milliards de F CFA en 2019, dont 5,7 milliards à travers le prélèvement d’une taxe de 10 F CFA/kg au cordon douanier et 5,3 milliards sous forme de patentes et de diverses taxes.
Graine de champion En quatre ans, le pays a doublé sa production de coton et supplanté tous ses concurrents ouest-africains. Avec notamment de meilleurs rendements et plus de revenus pour les producteurs et pour l’État.
FIACRE VIDJINGNINOU
près avoir plafonné pendant des années au- dessous de 350 000 tonnes (t), la production de coton du Bénin a redécollé, grâce aux réformes engagées par Patrice Talon, ancien magnat de la filière, dès son accession à la présidence. En quatre ans, le pays s’est hissé au rang de premier producteur ouest-africain de coton-graine, avec une récolte record de 678 000 t à l’issue de la campagne 2018-2019 (voir infographie), en hausse de plus de 123 % par rapport à 20152016. L’Association interprofessionnelle du coton (AIC) table sur une production de coton-graine de 850000 t pour la campagne en cours et compte tenir le cap pour qu’elle atteigne 1 million de tonnes en 2022.
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Aucune subvention
Lire aussi l’interview de Mathieu Adjovi : « Quand le coton va, tout va », sur www.jeuneafrique.com
L’une des premières actions engagées en 2016 par le nouvel exécutif pour relancer la filière a été de rétablir dans ses fonctions l’AIC – instance faîtière réunissant producteurs, égreneurs et distributeurs d’intrants –, qui avait été supprimée en avril 2012 au profit du ministère de l’Agriculture. Le secteur privé a donc repris en main la gestion de la filière et est parvenu, pour les trois dernières campagnes, à mettre à la disposition des producteurs,
RÉCOLTE COTONNIÈRE RECORD (production de coton-graine, en tonnes) Bénin
Burkina Faso
Côte d’Ivoire
548 695
588 200
451 209
310 081
Sénégal 728 644 611 759
678 000 656 529
597 985
513 560
446 666 393 367
647 300
Togo
468 940 413 238 435 265
328 155
303 320 114 500
81 000
108 291
117 167
137 255
26 545
20 300
15 160
16 380
15 121
2014-2015
2015-2016
2016-2017
2017-2018
2018-2019
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SOURCE : PR-PICA
DEPUIS 2016, LE SECTEUR PRIVÉ A REPRIS EN MAIN LA GESTION DE LA FILIÈRE ET FOURNIT LES INTRANTS DANS LES TEMPS.
Mali
682 940
679 689
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MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE ET DES FINANCES RÉPUBLIQUE DU BÉNIN
Promouvoir une fiscalité moderne au service du développement économique et social du Bénin La Direction générale des impôts (DGI) du Bénin est engagée depuis plusieurs années dans un vaste processus de réformes contenues dans le Plan d’orientation stratégique de l’administration fiscale (POSAF) 2017-2021. Ces réformes visent en particulier à améliorer l’environnement des affaires et à renforcer l’attractivité du pays. La loi de finances pour la gestion 2020 s’inscrit parfaitement dans cette stratégie. RÉFORME DE LA FISCALITÉ FONCIÈRE La loi de finances pour la gestion 2020 comporte plusieurs mesures de simplification de la méthode de liquidation de certains impôts. Dans le même temps, elle réduit de façon remarquable le nombre d’impôts de natures différentes que comporte le Code général des impôts (CGI). En particulier, la liquidation de la contribution des patentes est allégée. Plusieurs impôts (14, en l’occurrence) ont été fondus pour laisser place à de grands ensembles. C’est le cas d’une dizaine de taxes qui figuraient sous diverses dénominations, mais qui sont désormais regroupées sous le nom de « taxe sur les produits spécifiques ». Toujours dans le but d’améliorer le climat des affaires, différents impôts aux-
quels le foncier est assujetti ont reçu un bain de jouvence. Trois impôts existants (la contribution foncière des propriétés bâties, la contribution foncière des propriétés non bâties et la taxe foncière unique) sont désormais regroupés sous une seule dénomination : la taxe foncière unique (TFU). Cette réforme apporte à la fois lisibilité et simplicité. À travers cette réforme, il est également envisagé d’effectuer quelques ajustements, notamment : – l’allègement du dispositif d’octroi de l’exemption temporaire sur les propriétés bâties ; – la précision des règles d’appréciation administrative de la base d’imposition ; – l’institution du système déclaratif en vue d’accroître le rendement des impôts fonciers. Ces suppressions d’impôt n’ont aucun impact négatif sur les recettes des collectivités locales parce que celles-ci conservent l’essentiel des modalités de liquidation des anciens impôts fonciers. UN INTERLOCUTEUR FISCAL UNIQUE La simplification du calcul de la patente et son intégration dans le système déclaratif ont permis de mettre en place un interlocuteur fiscal unique. Deux principaux impôts perçus au profit des communes (la patente et la licence) sont désormais col-
◗ Taxe sur les tabacs et cigarettes ◗ Taxe sur les boissons ◗ Taxe sur les produits de pharmacie et cosmétiques ◗ Taxe sur les huiles et corps gras alimentaires ◗ Taxe sur le café ◗ Taxe sur les sachets en matière plastique ◗ Taxe sur le marbre
◗ ◗ ◗ ◗ ◗ ◗
Taxe sur les lingots d’or Taxe sur les pierres précieuses Taxe sur la farine de blé Taxe radiophonique et télévisuelle Taxe d’enlèvement des ordures Contribution foncière des propriétés bâties ◗ Contribution foncière des propriétés non bâties
PUBLI-INFORMATION
POURSUITE DE LA DIGITALISATION
Enfin, depuis le mois de janvier 2020, les automobilistes peuvent payer la taxe dont ils sont redevables sur les véhicules à moteur grâce à la téléphonie mobile. La DGI a développé à cet effet une application téléchargeable dans le store et compatible avec le système Android. Les deux sociétés de GSM du pays qui accompagnent le projet ont mis en place la possibilité de payer également à l’aide d’un module USSD avec n’importe quel type de téléphone. Le système est complété par un module de contrôle mobile qui sera mis à la disposition de la police républicaine à partir du 1er mars 2020.
Au cœur des réformes engagées par la Direction générale des impôts (DGI) depuis 2018, se trouve la digitalisation, qui a pour objectif de contribuer à simplifier et à accélérer les procédures tout en optimisant les recettes fiscales. Des avancées importantes ont été concrétisées en matière de déclaration et de paiement des impôts et taxes : une solution « gagnant-gagnant » aussi bien pour l’État que pour les contribuables, les entreprises et les particuliers. Les entreprises moyennes – c’est-àdire celles dont le chiffre d’affaires est supérieur à 50 millions de F CFA et inférieur à 1 milliard de F CFA – ont désormais l’obligation, depuis l’année 2019, de déclarer et de payer leurs impôts en ligne (https://eservices.impots.bj). Les grandes entreprises – celles dont le chiffre d’affaires dépasse 1 milliard de F CFA – étaient déjà astreintes à cette obligation à compter de l’exercice 2018. De plus, depuis février 2020, toutes les entreprises utilisatrices des téléprocédures ont l’obligation de faire la déclaration unique des impôts sur salaires et des cotisations sociales. À cet effet, elles doivent remplir le formulaire unique de déclaration disponible sur la plateforme d’e-services et le site internet de la DGI
ALLÈGEMENT DE LA PROCÉDURE DE CRÉATION D’ENTREPRISE Avant le 1er février 2019, les entreprises nouvellement créées avaient l’obligation de souscrire une déclaration d’existence dans le centre des impôts compétent, au plus tard le dernier jour du mois suivant le démarrage effectif de leurs activités. De plus, les promoteurs d’entreprise qui désiraient mener leurs activités au Bénin devaient suivre une procédure longue et complexe et ce, dans plusieurs structures étatiques.
formalisation des Entreprises (GUFE) et au niveau des services de l’Agence de promotion des investissements et des exportations (APIEx), il fallait se rendre dans le centre des impôts compétents avec les copies des actes de création de l’entreprise: registre de commerce, attestation d’immatriculation à l’IFU, etc. Il fallait également remplir le formulaire de déclaration d’existence et y joindre les copies des documents de création. Ensuite, il fallait convenir d’un rendez-vous avec les agents des impôts afin qu’ils effectuent une visite de site pour localiser physiquement et avec précision le siège de l’entreprise. Avec la suppression de la déclaration d’existence, cette démarche qui rallongeait la procédure de création fait partie du passé. UN APPUI À L’INVESTISSEMENT Une autre mesure importante concerne le remboursement des crédits de TVA. À compter du 1er janvier 2020, lorsqu’une entreprise a acquis des biens d’équipement pour une valeur supérieure à 40 millions de F CFA, au titre d’un bimestre civil, elle peut se faire rembourser son crédit de TVA en un mois. Le certificat de détaxe signé par le ministre de l’Économie et des Finances (MEF) est délivré lorsque l’examen du dossier est concluant. En cas de rejet, le requérant est saisi par écrit. Le certificat de détaxe est retourné au Trésor public pour un remboursement immédiat par virement sur le compte bancaire de la société. ■
En effet, après la création de l’entreprise au niveau du Guichet unique de
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(www.impots.finances.gouv.bj) au plus tard le 10 du mois suivant celui auquel la déclaration se rapporte. Cette réforme à déjà permis d’engranger une cotisation additionnelle d’environ 1 milliard de FCFA, après un mois seulement d’application.
*Obligatoire depuis 2019.
lectés via une plateforme d’e-services. L’interlocuteur fiscal unique vient sonner le glas des tracasseries subies par les entrepreneurs pour obtenir leur attestation fiscale puisque toutes les formalités sont accomplies dans un seul centre.
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SOCIÉTÉ
Patrimoine eninstance
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FIACRE VIDJINGNINOU
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Si les autorités préparent activement le retour d’objets et d’œuvres pillés pendant la colonisation, elles mettent un point d’honneur à le faire avec patience et discernement.
remier pays africain à avoir demandé à la France, en 2016, de lui restituer son patrimoine, le Bénin attend que vingt-six œuvres lui soient remises par le Musée du Quai-Branly. Une « restitution sans délai de vingt-six objets » annoncée par le chef de l’État français, Emmanuel Macron, lors de son voyage à Ouagadougou, au Burkina Faso, en novembre 2017. Mais le processus de transfert de propriété marque le pas, loin des envolées optimistes de départ. Le terme de « restitution » est de moins en moins utilisé. Le programme commun de travail entre le Bénin et la France, signé en décembre 2019, porte plutôt sur la « circulation d’œuvres d’art, notamment sous forme de prêts et d’expositions ». En recevant, le 23 novembre 2018, le rapport qu’il avait commandé sur la restitution du patrimoine culturel africain à Bénédicte Savoy et à Felwine Sarr – lequel a recensé 90000 œuvres d’art et objets d’origine africaine exposés ou entreposés dans des musées français –, Emmanuel Macron avait déjà donné le ton, souhaitant que l’on dépasse le principe des restitutions pour considérer toutes les formes possibles de circulation des œuvres (expositions, échanges, prêts, dépôts, etc.). Les musées français sont favorables à cette « circulation » des œuvres et objets plutôt qu’à leur « restitution », sauf dans le cas où ils proviennent d’un « pillage flagrant »… Ce qui est le cas des vingt-six pièces que le Musée du QuaiBranly s’est engagé à restituer au Bénin – parmi lesquelles des portes sacrées du palais d’Abomey, des totems et des sceptres –, pillées en 1892 par le général français Alfred Dodds dans le palais du roi Béhanzin après de sanglants combats.
Ces trois statues royales du Dahomey (XVIIIe siècle), exposées au musée du Quai-Branly, à Paris, font partie des œuvres qui doivent être restituées au Bénin.
CHRISTOPHE PETIT TESSON/EPA/MAXPPP
Une vitrine pour le tourisme
Toutefois, alors que le ministre français de la Culture, Franck Riester, annonçait le 4 juillet 2019 un retour « rapide » de ces objets, sans même attendre l’inscription de la restitution dans la loi, les autorités béninoises ont immédiatement tenu à temporiser. « Notre réponse, c’est “patience, gardez-les encore un petit peu, le temps que nous soyons vraiment prêts” », a en effet déclaré José Pliya, le directeur de l’Agence nationale de promotion des patrimoines et du tourisme (ANPT). Le tourisme est l’un des principaux volets de développement économique, et, afin d’accueillir les œuvres dans des conditions optimales, le pays tient à ce que le chantier du nouveau musée, qui a démarré à la fin de 2019 dans l’enceinte des palais royaux d’Abomey, soit achevé (a priori pour la fin de 2021). Consacré à l’épopée des amazones et des rois du Dahomey (sur 3000 m², dont 600 pour la salle d’exposition), il sera une première dans la sous-région et une véritable vitrine pour le pays. Bien que la France attende encore l’adoption de la loi relative à l’encadrement de ces restitutions, Franck Riester a rappelé lors de sa visite à Cotonou, le 16 décembre 2019, que l’opération pourrait intervenir « dans le courant de l’année 2020, peut-être au début de l’année 2021 ». Le même jour, tout en saluant cet engagement, le ministre béninois du
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Grand format BÉNIN SOCIÉTÉ Lire aussi l’enquête : « Restitution des œuvres d’art : pourquoi la France traîne les pieds », sur www.jeuneafrique.com
Tourisme, de la Culture et des Arts, Jean-Michel Abimbola, a demandé l’« ouverture d’une discussion élargie » en ce qui concerne certaines œuvres. À l’instar de la France, le Bénin a commencé à toiletter ses textes législatifs et réglementaires. Le 27 janvier, les députés ont adopté un projet de loi portant sur l'autorisation d’adhésion du Bénin à la convention internationale Unidroit, qui, depuis 1995, réglemente les questions relatives aux biens culturels volés ou illicitement exportés. Au ministère béninois de la Culture, on considère que cette adhésion est une « avancée majeure » pour le pays. Non sans laisser poindre quelques notes d’irritation concernant, par exemple, le caractère étrangement unilatéral de
l’établissement, par la seule partie française, de la liste des vingt-six œuvres à restituer au Bénin. En attendant les restitutions majeures et « officielles », quelques collectionneurs privés français sont passés à l’action. Ainsi, le 17 janvier, le Collectif des antiquaires de Saint-Germain-des-Prés a donné vingt-huit pièces (quelques sabres et, principalement, des récades, sceptres symbolisant le pouvoir et l’autorité des souverains du royaume du Danhomè) au Petit Musée de la Récade, ouvert en décembre 2015 au sein du Centre art et cultures de Godomey, à Abomey-Calavi (en périphérie de Cotonou)… dont le propriétaire est lui-même un collectionneur privé français.
Alain Godonou
Directeur du programme « Musées » à l’Agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme (ANPT)
Le Bénin a-t-il été associé à l’établissement de la liste des vingt-six œuvres que la France s’est engagée à lui restituer? Cette liste a été établie unilatéralement par la partie française avant de nous être communiquée. Le 16 décembre 2019, lors de la visite de travail au Bénin du ministre français de la Culture, Franck Riester, notre pays a posé ce problème d’absence de concertation. Nous avons alors demandé que soient inclus dans cette liste quelques objets emblématiques, en particulier la statue du dieu Gou et deux objets-reliques des Amazones. La partie française n’a pas encore répondu à cette requête. Les vingt-six œuvres représentent les prises de guerre qui ont été faites dans les palais 108
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royaux d’Abomey et que le général Dodds, chef du corps expéditionnaire français, a remis au retour de sa mission pour rendre compte de sa victoire sur le roi Béhanzin. Mais, bien évidemment, les soldats français n’ont pas pris que vingt-six objets! Le pays a-t-il dressé un inventaire des collections de ses œuvres à travers le monde? Nous n’avons pas encore entamé ce travail d’inventaire. Nous devons d’abord mettre à jour notre cadre juridique et réglementaire sur le patrimoine, qui doit fixer les statuts de nos différentes catégories de biens culturels mobiliers et les modalités de leur inscription à l’inventaire national. Juridiquement et formellement, nous n’avons pas encore d’inventaire
national. C’est l’un de nos grands chantiers, et notre Agence a inscrit la réalisation technique et matérielle d’un inventaire général national dans le plan de travail de 2020. Dans le cadre des restitutions, la question de la sécurité des œuvres est souvent évoquée. Comment comptez-vous régler ce problème? La sécurité des biens s’entend du point de vue des infrastructures et du point de vue juridique. Du point de vue des infrastructures, deux grands musées inscrits au Programme d’actions du gouvernement sont en construction : le Musée de l’épopée des Amazones et des rois du Danhomè, à Abomey, sur le site des palais royaux, ainsi que le Musée international
DR
« Deux grands musées sont en construction » de la mémoire et de l’esclave, à Ouidah, dans le fort portugais. Les deux projets, conçus avec tous les équipements et les dispositifs modernes, seront terminés avant la fin de 2021. Par ailleurs, la réhabilitation du musée Sénou-Adandé de PortoNovo doit s’achever avant la fin de cette année. Du point de vue juridique, l’Assemblée nationale a adopté le 27 janvier la loi portant l'autorisation d’adhésion à la convention internationale Unidroit, qui réglemente les questions de trafic illicite de biens culturels [lire pp. 106-108]. C’est en s’appuyant sur cette convention que notre pays peut plaider son bon droit devant les juridictions internationales.
Propos recueillis à Cotonou par FIACRE VIDJINGNINOU
COMMUNIQUÉ
LE MEILLEUR CHOIX D’ENTREPRISE DE MANUTENTION ET DE COMMISSIONNAIRE AGRÉE EN DOUANE L’objectif de la SOBEMAP est de : se repositionner comme leader de la manutention au port de Cotonou.
LA SOBEMAP EN QUELQUES MOTS La société Béninoise des Manutentions Portuaires est une société d’État à caractère commercial et industriel dotée d’une autonomie financière et forte d’une expérience de 50 ans sur la plate-forme portuaire de Cotonou. Trois domaines d’expertises sont concernés : la manutention, le transit (port, terrestre et aéroport) et la consignation maritime.
LES AVANTAGES ET FACILITÉS OFFERTS AUX CLIENTS ▷ Des tarifs très compétitifs ; ▷ La célérité dans la fourniture des prestations ; ▷ L’exécution des opérations de bout en bout du navire jusqu’au magasin du réceptionnaire au Bénin et/ou dans les pays sans façade maritime ; ▷ L’entreposage dans les magasins-cales avec franchise et/ou tolérance pour les marchandises en sac ; ▷ La sécurisation des marchandises ; ▷ Le respect des exigences en matière d’hygiène, de Sécurité et de l’Environnement (HSE) ; JAMG - Photos : D.R.
▷ La possibilité d’accord de partenariat gagnant-gagnant.
SOBEMAP, LA FORCE D’UN PARTENAIRE ! 01 BP 35 Cotonou - Bénin Tél. : (+229) 21 31 40 06 / (+229) 21 31 39 83 - Fax : (+229) 21 31 53 71 E-mails : sobemap@sobemap.com ; dircomark@sobemap.com
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La SOBEMAP est certifiée ISO 9001 : 2015
MESSAGE
La solidarité idarité nat nationale, priorité de la Loterie Nationale du Bénin Éducation, santé, sport, culture, protection de l’enfance… En plus des gains qu’elle distribue, la Loterie Nationale du Bénin (LNB) est une entreprise citoyenne qui déploie une large gamme d’actions au bénéfice de toute la population du pays. La LNB est résolument engagée en faveur du développement économique et social du Bénin. Le financement des œuvres sociales ou investissements à caractère social, culturel et sportif constitue l’un des maillons essentiels de la mission assignée à la Loterie Nationale du Bénin (LNB) par l’État béninois depuis sa création en mars 1967. DES INVESTISSEMENTS SOCIOCOMMUNAUTAIRES Au fil des années, sur l’ensemble du territoire national, la société des jeux a contribué au bien-être des populations avec des empreintes indélébiles qui lui donnent tous ses attributs de société d’État à caractère social. La solidarité nationale est une réalité et aucune couche de la société n’est lésée. La LNB n’hésite pas à voler au secours des personnes en difficultés. Elle a offert diverses infrastructures : puits, maisons des jeunes et de la culture, modules de classes, stades, centres de santé, etc. Autre exemple : la LNB est venue en aide aux sinistrés lors de catastrophes naturelles comme, par exemple, lors du drame survenu dans l’arrondissement de Datori en juillet 2018. Elle a livré des aliments et des matériaux de construction de première urgence.
PROTÉGER LES ENFANTS Une initiative originale de la LNB permet de garantir aux enfants la libre circulation sans accident et sans incidents, en équipant plus de 500 traverseurs. Leur mission est d’aider les enfants à traverser les routes et les autres artères sur toute l’étendue du territoire national en matériels. « Nos enfants sont notre avenir » est le slogan qui figure sur les gilets des traverseurs. Avec cette action, la LNB démontre, une fois de plus, qu’elle fait mieux qu’apporter des bénéfices à la nation : elle protège les enfants avec succès. Elle contribue ainsi à garantir l’avenir de la nation. Cette initiative a été saluée par la population béninoise et constitue l’une des réussites de la LNB.
La LNB entend rester fidèle à sa devise : « Les lots aux gagnants, les bénéfices à toute la nation ». Angle Avenue Clozel et Boulevard de France 01 BP 998 - Cotonou, Bénin Tél. : +229 21 31 43 00 - Fax : +229 21 31 22 58
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AU BÉNÉFICE DE TOUS La multiplicité des interventions ne doit pas masquer le fait que toutes les actions entreprises font l’objet de processus de sélection préalables, rigoureux et complexes. L’objectif est d’assurer un impact maximum sur les personnes concernées.
Grand format BÉNIN SOCIÉTÉ
COULEUR LOCALE
Gobi langage FIACRE VIDJINGNINOU
ayant supplanté sa fonction sociale, il s’est désormais mis à la portée de tous. Quelques vendeurs ambulants se sont opportunément postés sur la place voisine pour vendre des gobis à ceux qui sont encore tête nue et pour tenter les fans de mode portant déjà un bonnet mais désireux d’en enfiler un plus chic ou mieux assorti à leur tenue. C’est l’attroupement. Et la preuve que le gobi a la cote.
Bonnet à codes
Symbole de prestance, indispensable à toute cérémonie, le gobi est à l’origine un accessoire caractéristique des Gouns (populations de la région de Porto-Novo) et des Baatonous (du Nord-Bénin). De forme cylindrique, souple et parfois orné de codes, ce bonnet est un marqueur social et le véhicule de messages, selon la façon dont il est porté. Dans son essai Le Couvre-chef à Porto-Novo. Le gobi : sens et significations, Charles Dossou Ligan, docteur en sociolinguistique, décrypte le sens du port du gobi chez les Gouns de la capitale. Lorsque le bout du bonnet est rabattu à gauche, il souligne « le privilège » (c’est-à-dire respect dû à celui qui le porte). Rabattu à droite, il traduit « la joie de vivre » (position dominante lors des fêtes et réjouissances). Balancé en avant, il exprime « la volonté d’aller de l’avant » ou « l’assurance de venir à bout d’un problème » (position affichée lors de négociations ou de médiations). Rabattu sur la nuque, il joue la provocation et marque l’indifférence face aux critiques. Méfiance cependant, car le sens du bout du bonnet varie et ne porte pas en effet les mêmes messages chez les Baatonous. Pour eux, « tourné vers la droite, le gobi signifie que l’on est orphelin de père et, tourné vers la gauche, que l’on est orphelin de mère, explique l’historien Léon Bani Bio Bigou. Lorsque son porteur atteint une certaine “maturité sociale” et que ses parents sont vivants, le gobi devrait en principe être orienté vers le haut. Enfin, la position vers l’arrière est réservée aux chefs, elle veut dire qu’ils sont au sommet et n’ont rien à prouver. »
Accessoire démocratisé
U
n samedi soir à Porto-Novo, quartier Dodji. Au mariage de Stéphanie et de Luc, la fête bat son plein. Chez les hommes, le code vestimentaire varie peu. Ici, ni costume ni cravate. Soit l’on porte le majestueux agbada (grand boubou traditionnel yorouba), soit l’on arbore un goodluck (tunique), coutumier dans la partie méridionale du Bénin. Et, comme le marié, la plupart des invités ont enfilé leur gobi, un couvre-chef masculin généralement confectionné à base de pagne tissé, brodé ou non. Jadis symbole d’appartenance à certaines aires culturelles du sud et du nord du Bénin, ce petit bonnet est plus que jamais à la mode. Son rôle purement esthétique
Mais aujourd’hui, pour beaucoup, seule l’esthétique compte. En particulier dans le sud du pays, où la plupart des jeunes ne se préoccupent plus des messages du gobi, qu’ils portent en dépit du sens historique et culturel, à raison de 1 000 F CFA (1,50 euro) pour les modèles standards, jusqu’à 50 000 F CFA pour les modèles haut de gamme, voire 100 000 F CFA pour les plus luxueux, selon la qualité du tissu, les finitions, la personnalisation des motifs, etc. Attention toutefois car, chez les Baatonous, les règles restent strictes. Si, par méconnaissance des traditions ou par effet de mode, vous trichez sur l’orientation du gobi, on risque de vous rappeler à l’ordre rapidement. « Ici, on connaît ceux qui peuvent se targuer d’être chefs », conclut Léon Bani Bio Bigou. jeuneafrique no 3085 du 23 au 29 février 2020
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« Nous voulons favoriser la fluidité des opérations commerciales tout en assurant un contrôle rigoureux »
Un entretien avec le Dr Charles Inoussa Sacca Boco, Directeur Général des Douanes et Droits Indirects (DGDD)
Le Gouvernement béninois, dans le souci de créer les conditions favorables à une meilleure pratique du commerce extérieur, a engagé la modernisation de l’Administration des douanes avec l’aide de partenaires techniques extérieurs. Tour d’horizon des principales réformes mises en place ou en projet.
connexes ; la prise en charge et l’enlèvement des marchandises ; le paiement électronique et le versement ; et les statistiques et les indicateurs de performance. Avec le Groupe Webb Fontaine nous avons procédé également au lancement officiel du programme national des Opérateurs Économiques Agréés(OEA),lemardi14mai2019.Aucoursdel’année2019,troisdossiers de demande de statut « simplification des procédures douanières » ont été reçus par la cellule de gestion des demandes d’agrément. De plus, environ 1700 personnes visitent le site Web de la DGDDI mensuellement. Des initiatives pour promouvoir le site Web sont en place et sa refonte est à l’étude avec l’assistance technique de Webb Fontaine.
Pouvez-vous établir un bilan des réformes engagées par la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects (DGDDI) au cours de ces dernières années ? L’année 2019 a été marquée par la poursuite des réformes institutionnelle, informatique et le Programme deVérification des Importations de Nouvelle Génération (PVI-NG) avec l’appui de nos partenaires techniques Webb Fontaine et Benin Control. Grâce à l’appui du partenaire Webb Fontaine, le Guichet Unique du Commerce Extérieur (GUCE) est accessible sur le site www.guce.gouv.bj. L’application Mobile WEBB TRACKER est opérationnelle depuis juin 2018. La dématérialisation du processus de dédouanement sera faite de manière progressive, en six étapes : le pré-dédouanement ; le dédouanement ; la dématérialisation et l’intégration des procédures
Qu’en est-il du Programme de Vérification des Importations ? le Programme de Vérification des Importations Nouvelle Génération (PVI-NG) mise en œuvre par notre partenaire technique Benin control en collaboration avec la DGDDI a permis de maîtriser l’évaluation en douane des marchandises à travers la délivrance des Attestations de Vérification Documentaire (AVD) et la certification des poids des produits liquides, gazeux et solide qui est devenue effective. Autre exemple de réforme, le suivi électronique des véhicules d’occasion en transit est désormais une réalités. Quatre (04) lectures électroniques sont préconisées sur le parcours et permettent la délivrance effective des Attestations de Suivi Electronique, une à la sortie des parcs de vente, une à l’entrée du parc de regroupement,une à la sortie du Parc et une dernière à la frontière de sortie du Pays.
COMMUNIQUÉ Pour ce qui est du tracking des marchandises en transit,la DGDDI a mis sur pied un comité bipartite constitué des fonctionnaires des douanes et du partenaire BC pour sa mise en œuvre. Le scanning des marchandises est une réalité aux recettes des douanes de Cotonou Port et de Hilla Condji.
Avez-vous également progressé en termes de certifications ? La DGDDI a migré, en septembre 2018, de la norme ISO 9001 version 2008 vers la norme ISO 9001 version 2015. Au cours de l’année 2019, elle a fait l’objet d’un audit de qualité interne en mai, d’une revue de direction en septembre, et de l’audit de surveillance n°2 au cours du même mois de septembre, qui a permis de maintenir son certificat.
de l’Ouest), la Banque Mondiale et l’Organisation Mondiale des Douanes (OMD) appuient les douanes béninoises dans la mise en œuvre des réformes. CesinstitutionsontpermisenparticulieràlaDGDDId’améliorerlasélectivité des contrôles au bureau des douanes Cotonou-Port en cohérence avec les objectifs du programme de gestion automatisée des risques. La douane béninoise s’est dotée du Réseau douanier national de lutte contre la fraude (nCEN), un système développé par l’OMD pour assister les administrations douanières dans la collecte et le stockage des informations relatives à la lutte contre la fraude au niveau national.
Par ailleurs, l’interconnexion entre les administrations douanières du Bénin et du Niger est devenue une réalité le 26 janvier 2019. Le projet d’interconnexion entre les douanes togolaise, burkinabè et nigériane est en cours.
En définitive, pensez-vous que tous ces efforts ont porté leurs fruits ? Bien sûr, les réformes engagées ont eu beaucoup d’impacts positifs sur le Bénin. Le rapport Doing Business 2020 de la Banque Mondiale, rendu public le 24 octobre 2019, montre que le Bénin a gagné 4 places dans le classement sur le commerce transfrontalier. Au centre, Charles Inoussa Sacca Boco, le DGDDI, en compagnie des membres du Ministère de l'Économie et des Finances, Orou HermannTAKOU, Directeur du Cabinet et Oscar SAÏZONOU, Conseil Technique.
Quelle est votre stratégie en matière d’exploitation des données ?
Malgré la fermeture des frontières nigérianes, les douanes béninoises ont pu mobiliser, pour le compte du Trésor Public au 31 décembre 2019, 380,794 milliards de FCFA pour une prévision de 423 milliards de FCFA, soit un taux de réalisation de 90,07 %. Cette différence par rapport à l’objectif est imputable à la fermeture des frontières intervenue le 20 août 2019. Cependant, grâce aux différentes mesures mises en place par l’Administration des douanes, les effets de cette fermeture des frontières ont été atténués au cours du quatrième trimestre de 2019.
Nous avons adopté une approche nouvelle consistant à faire des données un instrument d’usage courant et de modernisation. L’idée est d’utiliser les données pour intervenir dans le plus grand nombre de domaines. Ainsi, nous avons au cours de l’année 2019 mis en place un service dédié au traitement et à l’analyse de données. La réconciliation entre différentes bases (internes et externes) et suivi de l’évolution des différents flux ; la production des éléments quantitatifs indispensables aux différents tableaux de bord et rapports nécessaires font partir des travaux quotidien du service.
Afin de renforcer les compétences de l’équipe d’analyste de données, nous avons sollicité des appuis techniques de nos partenaires pour le renforcement de capacités sur les modèles de simulations (TRIST) et sur l’utilisation du logiciel STATA.
En dehors des partenaires techniques Webb Fontaine et Bénin Control, votre administration est-elle accompagnée par d’autres structures dans la mise en œuvre des réformes ? Plusieurs institutions internationales, telles que le Département des Finances Publiques du Fonds Monétaire International (FMI), le Centre Régional d’Assistance Technique pour l’Afrique de l’Ouest (AFRITAC
Les douanes béninoises ont lancé ce 14 mai 2019, au profit des opérateurs économiques, le programme national des opérateurs économiques agréés (OEA).
Direction Générale des Douanes et Droits Indirects 01 BP 400 - Cotonou, Bénin Tél. : +229 21 31 55 48 - Fax : +229 21 31 67 86 E-mail : douanes_béninoises@yahoo.fr
www.douanes-benin.net
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Je ne vais pas oublier l’analyse de risque et de la sélectivité qui en 2019 a enregistré un taux d’orientation en circuit rouge de 27 %, de 71 % pour le circuit jaune et 2 % pour le circuit vert.
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INITIATIVES
Meneuses responsables
Décoratrice écocitoyenne, chef d’une entreprise numérique, réalisatrice… Portraits de trois Béninoises pleinement accomplies dans leur vie professionnelle et engagées.
Après une vingtaine d’années à sillonner le continent pour dispenser des formations, Sandra Idossou est rentrée au bercail, à Cotonou, et s’est attelée à « soigner le profil écologique du pays ». Une mission qu’elle mène avec passion, et avec un certain panache. Réputée touche-à-tout, Sandra Idossou, artiste-peintre et décoratrice d’intérieur, a lancé le concept Kouleurs d’Afrik, qui valorise l’artisanat africain. Diplômée en hôtellerie et tourisme, elle continue d’écrire des chroniques sur la destination Bénin. Elle est surtout connue pour son cabinet, ServiceMag, au sein duquel elle a parcouru 21 pays africains en tant que consultante et formatrice sur la qualité de services. ServiceMag accompagne par exemple, depuis une dizaine d’années, des institutions publiques et privées au Rwanda dans l’amélioration de « leurs capacités à répondre aux différents besoins de leurs usagers ».
Pétition
En juillet 2017, Sandra Idossou se « pose » à Cotonou et découvre l’immense défi écologique que son pays – transformé en un vaste dépotoir de sachets plastique non biodégradables – va devoir relever. Elle joue de toutes ses relations pour sensibiliser les autorités et lance une pétition (qui
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ERICK-CHRISTIAN AHOUNOU
Sandra IDOSSOU Avant-garde verte
recueillera plus de 6 500 signatures) demandant l’interdiction de ces sachets qui défigurent le paysage urbain et appauvrissent les sols. Depuis la promulgation de la loi sur les déchets plastique, en janvier 2018, Sandra Idossou se rend dans les différentes régions du pays pour sensibiliser le public à l’adoption de comportements responsables. À travers son initiative #SachetHéloué, elle met le numérique au service de l’écocitoyenneté et, depuis deux ans, elle multiplie les activités d’eco running, qui ont lieu quasiment tous les mois et qui associent la pratique du sport au ramassage des déchets plastique jonchant le littoral et les rues des villes. Depuis la première édition en juin 2018, les rangs des participants grossissent et permettent de ramasser parfois plus de 1 tonne de déchets en quelques heures. FIACRE VIDJINGNINOU
Cornélia GLÈLÈ Action ! Journaliste et blogueuse de cinéma reconnue, réalisatrice de films documentaires primés et, désormais, directrice d’un festival international… À seulement 22 ans, Cornélia Laurence Glèlè est déjà tout cela. Depuis la fin de ses études secondaires, il y a cinq ans, elle met autant de passion et de talent à donner plus de visibilité au cinéma africain – en particulier à ses productions féminines – qu’à défendre la cause des femmes. Parallèlement à de premiers stages au sein de télévisions et de radios béninoises, dès 2017,
Cornélia Glèlè a créé le blog ecranbenin.net, consacré au cinéma africain en général et béninois en particulier. Avec ses critiques et ses interviews de réalisateurs, il est reconnu par les cinéphiles comme par les professionnels, et Cornélia Glèlè participe à la couverture d’événements tels que le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), au Burkina Faso, le festival Cinéma et Migrations d’Agadir, au Maroc, et la Berlinale Talents, en Allemagne.
Docs et festival
Rédactrice à Africiné Magazine depuis 2018 et lauréate du Talents Press Recognition Award au Festival international
de film de Durban 2018 (Afrique du Sud), la jeune femme a validé l’an dernier son master en journalisme audiovisuel et cinéma à l’Institut supérieur des métiers de l’audiovisuel (Isma) de Cotonou. En tant que réalisatrice, elle a déjà deux films documentaires à son actif. Le premier, Les Tam-Tams du silence, tourné en 2016 dans la région d’Agonlin (centre du Bénin), est consacré aux messages que portent les tam-tams dans cette partie du pays, notamment dans les moments de deuil. Le second, BlancNo i r e t He u re u x, tourné à Cotonou en 2017, raconte, ou plutôt déconstruit, le regard de la société sur
plusieurs entrepreneurs béninois, à commencer par celle de Maëlle Acakpo, chef pâtissière à Cotonou. « En moins d’un an, elle est passée d’un simple chef local aux Rencontres gastronomiques d’Agadir, au Maroc, où elle était le seul chef d’Afrique subsaharienne », souligne Vanessa Mbamarah. Femme de cœur, la businesswoman a également créé la fondation Ztallion, qui, depuis 2015, milite au profit des veuves et des orphelins. À son arrivée au Bénin, en 2009, elle venait de perdre sa mère et devait prendre en charge, seule, sa fille, son frère et ses deux sœurs. Une expérience qui, dit-elle, a contribué à forger le « fighting spirit » qui l’habite. F.V.
les albinos. Sélectionné dans plusieurs festivals, notamment en Tanzanie, en France et aux ÉtatsUnis, il a remporté le prix du meilleur film documentaire au First Short Yaoundé, au Cameroun, en 2018. L’année 2019 fut tout aussi remplie pour
ERICK-CHRISTIAN AHOUNOU
Nigériane installée au Bénin depuis 2009 et désignée en 2017 comme « modèle de réussite » par la plateforme Google Digital Skills (destinée à renforcer les capacités de demandeurs d’emploi et d’entrepreneurs africains), Vanessa Mbamarah, fondatrice et directrice générale de Ztallion, est devenue l’un des partenaires de référence de Google en Afrique francophone. Spécialisée en communication digitale, son agence appuie chaque année plus de 1000 jeunes entrepreneurs au Bénin, au Burkina Faso, au Togo, au Niger et au Nigeria. Elle les accompagne dans la création de leur site internet, la mise en place de leur stratégie numérique, leur utilisation des médias sociaux, notamment pour les aider à clarifier leur message, à réussir leur marketing et à développer leurs activités. Depuis trois ans, le géant américain a placé Vanessa Mbamarah à la tête de la communauté Google Business Group et du Women Will Chapter de Cotonou, où elle collabore avec le ministère du Numérique, et, surtout, avec MTN Bénin, pour aider les entreprises à comprendre et à intégrer l’utilisation des outils numériques. En 2019, Ztallion a contribué aux success-storys digitales de
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Vanessa MBAMARAH Stratège du digital
Cornélia Glèlè. Fin avril, elle a fait partie du jury du Mooov Filmfestival, en Belgique. Le mois suivant, elle a modéré les sessions du « Women 7 » organisé par l’Unesco, à Paris, auxquelles ont pris part sept ministres du G7 et des personnalités telles que l’actrice britannique Emma Watson. Enfin, elle est la fondatrice et directrice du Festival international des films de femmes (FIFF) de Cotonou, dont la première édition s’est tenue du 13 au 17 septembre 2019, avec la participation de grands noms africains du septième art tels que l’actrice et réalisatrice ivoirienne Akissi Delta ou la critique franco-burkinabè Claire Diao. F.V.
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Bolloré Transport & Logistics est un acteur majeur du transport et de la logistique internationale. À travers ses infrastructures et ses investissements, Bolloré Transport & Logistics rapproche les hommes, contribue au bien-être des personnes, favorise les économies locales et innove pour offrir le meilleur à ses clients dans un monde en mouvement.