JA 3089 DU 31 MAI 2020 GF BURKINA FASO

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JUIN 2020

NO 3089 – JUIN 2020

GRAND FORMAT

GUINÉE Interview exclusive Alpha Condé : « Mes adversaires ont une mentalité de putschistes » ALGÉRIE Tebboune et l’armée : l’heure de la reprise en main

SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS.COM

Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays

BURKINA FASO Mobilisation générale

S’il maintient un haut niveau de vigilance face à la pandémie, mais aussi contre le terrorisme, le pays tout entier se concentre désormais sur la relance de l’activité économique et la préparation de la présidentielle et des législatives du 22 novembre. no3089H

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BURKINA FASO Spécial 30 pages

BTP

CES GRANDS

CHANTIERS QUI VONT CHANGER LE CONTINENT

CAMEROUN Le crépuscule des Fotso

JEUNE AFRIQUE N ° 3 0 8 9

Si la pandémie est encore loin d’être vaincue, le continent, contrairement aux prévisions catastrophistes, s’est distingué dans bien des domaines. Réactivité, solidarité, élaboration de solutions locales, implication de ses élites… En ces temps où tous les sujets sont sur la table et où le monde entend se réinventer, l’« Afrique d’après » semble porteuse de promesses.

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Une nouvelle Afrique ?

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SPÉCIAL COVID-19

France 7,90 € Algérie 420 DA Allemagne 9 € • Belgique 9 € Bénin 7,32 € • Congo 7,30 € • DOM 9 € Espagne 9 € • Guinée 7,30 € Italie 9 € Maroc 50 DH • Pays-Bas 9,20 € • RD Congo 10 $ US Royaume-Uni 8,5 £ Rwanda 7,30 € • Sénégal 2000 XOF Suisse 15 CH • Tunisie 8 DT • Zone CFA 4800 F CFA ISSN 1950-1285

RD CONGO Marthe Tshisekedi, la gardienne du temple


GRANDFORMAT

SOPHIE GARCIA/HANSLUCAS.COM

Pour tout comprendre de l’évolution d’un pays

BURKINA FASO Mobilisation générale

S’il maintient un haut niveau de vigilance face à la pandémie, mais aussi contre le terrorisme, le pays tout entier se concentre désormais sur la relance de l’activité économique et la préparation de la présidentielle et des législatives du 22 novembre. no3089 – JUIN 2020

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146 ENJEUX

Le Faso face au Covid

ÉDITORIAL

152 Exécutif

Damien Glez

La méthode Dabiré

155 En débat Montrer les muscles ou tendre la main?

158 Élections

Éloge de l’entre-deux

T

iède, le Burkinabè ? Pondéré, il avance avec autant de prudence que de résilience. Et 2021 pourrait être une année de renouveau pour le modeste Faso. Pays de consensus et de mesure, le Burkina Faso exhale, ces derniers mois, un parfum d’entre-deux. Un entredeux politique, alors que s’allonge la liste des candidats à la présidentielle et que l’insurgé assourdi se désintéresse ostensiblement des scrutins à venir ; un entre-deux judiciaire, alors que l’évolution des symptomatiques dossiers Thomas Sankara et Norbert Zongo semblent décliner un cha-cha-cha de pas en avant et de pas en arrière ; un entredeux sécuritaire, alors que de récentes attaques terroristes viennent d’infirmer la théorie d’une anesthésie du jihad par la pandémie mondiale. En matière de coronavirus, justement, le citoyen est engoncé entre pessimisme et optimisme. Comme dans la fable de l’homme qui tombe du cinquantième étage d’un immeuble en se disant, à chaque niveau, « jusqu’ici tout va bien », le Burkinabè lambda a entendu l’augure d’une hécatombe ingérable pour un système de santé indigent. Mais il écoute aussi les discours sur l’Afrique miraculée, possiblement sauvée par sa pyramide des âges ou son climat. D’entre-deux est également qualifiée la batterie de mesures prises par le gouvernement pour contrer la propagation du Covid-19 : couvre-feu sans confinement, comme pour un virus noctambule ; sévérité dans l’application dudit couvre-feu, tandis que le masque obligatoire semble être contrôlé avec laxisme ; fermeture et réouverture de lieux de commerce ou de culte, au gré des pressions de lobbyistes.

Bien sûr, tout est question de timing et de paris parfois moins populistes qu’il n’y paraît. Qui nierait qu’un masque nécessite un budget, tandis que le fait de rester chez soi n’est lié qu’à une bonne volonté justement source d’économie ? « Tâtonnement », hurlent les réseaux sociaux, qui, en matière de mesures d’accompagnement, ne voient que rarement midi à leur porte. « Amateurisme », voire « culpabilité », renchérissent ceux qui devinent plus que de l’approximation dans le compte rendu du décès d’une élue d’opposition, Rose Marie CompaoréKonditamdé, première victime officielle du Covid-19, le 18 mars.

Au carrefour de son histoire

Après tout, ces mandats présidentiel et parlementaires qui tirent à leur fin n’étaient-ils pas, par nature, ceux d’un entre-deux historique ? Après la transition inconstitutionnelle de 2015, improvisée à la suite de l’insurrection populaire, est venue une sorte de transition républicaine, avec le raccommodage de la IVe République. La page politique des années Compaoré est toujours en train de se tourner, la majorité actuelle étant largement composée de piliers de l’ancien régime tout autant qu’une partie des bancs de l’opposition. Entre-deux, entre le solde d’un passé encore vivace et le renouveau annoncé, le Burkina Faso ne doit-il pas envisager les scrutins à venir comme le véritable carrefour de son histoire contemporaine ? Considérons que le Pays des hommes intègres a eu un quinquennat pour purger et régénérer sa classe politique. Il se doit de voter massivement, en 2020, pour faire de 2021 « l’année de son année » tant fantasmée.

Un parfum de campagne

160 Vie des partis Entretien avec Simon Compaoré Président du MPP Le CDP resserre les rangs Interview de Zéphirin Diabré Chef de file de l’opposition

166 ÉCONOMIE

Comment Ouaga résiste

170 Stratégie Entretien avec Harouna Kaboré Ministre du Commerce et de l’Industrie

174 Mines L’or tient ses promesses

176 Entrepreneuriat Des patrons proactifs Le Larlé Naaba, Hamidou Ouédraogo, Inoussa Maïga

180 SOCIÉTÉ

Il était une fois… 60 ans d’indépendance Entretien avec Frédéric Titinga Pacéré Avocat et écrivain

186 Sport Ces athlètes qui gagnent Marthe Koala, Iron Biby, Hugues Fabrice Zango

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ENJEUX

Plus de peur que de mal


Grâce à son système de santé et à la riposte rapide de l’exécutif, le Burkina, qui est l’un des premiers pays africains à avoir été touchés par le coronavirus, semble avoir réussi à en limiter la propagation. Et s’attelle maintenant à accélérer la timide reprise de l’activité.

O Opération préventive de désinfection sur le grand marché de Rood Woko, à Ouagadougou, le 31 mars.

OLYMPIA DE MAISMONT/AFP

NADOUN COULIBALY, à Ouagadougou

uagadougou a détecté officiellement le 9 mars ses deux premiers cas de Covid-19: un pasteur et son épouse ont été testés positifs à leur retour d’un rassemblement évangélique auquel ils avaient participé à la fin de février à Mulhouse, dans l’est de la France. Le Faso devenait ainsi le quatrième pays d’Afrique de l’Ouest à être touché par la pandémie, après le Nigeria, le Sénégal et le Togo. Près de trois mois plus tard, il s’en sort plutôt bien. Le nombre de cas déclarés reste inférieur à 1000 (809 au 21 mai), dont moins de 100 patients nécessitant un traitement, 661 guéris et « seulement » 52 décès. Si le pays a plutôt bien résisté à la propagation de la maladie, c’est en partie dû à la rapidité de la riposte. Dès le 3 mars, les autorités annonçaient l’élaboration d’un plan de lutte contre l’épidémie budgétisé à plus de 9 milliards de F CFA (plus de 13,7 millions d’euros). Puis, le 16 mars, elles prenaient des

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GRAND FORMAT BURKINA FASO ENJEUX

mesures drastiques pour limiter la propagation Par ailleurs, un fonds spécifique a été activé, du Covid-19 : fermeture des établissements alimenté à hauteur de 5 milliards de F CFA, scolaires, liaisons terrestres et aériennes suspour aider les PME du secteur de la pharmapendues (à l’exception du fret), déclaration de cie et du biomédical à produire localement la l’état d’alerte sanitaire, mise en quarantaine chloroquine. des villes touchées (Ouagadougou, Bobo« À ce stade, nous ne pouvons pas affirmer Dioulasso, Boromo et Dégougou), couvre-feu que le nombre de guérisons est lié à l’usage de 19 heures à 5 heures, fermeture des marchés, de l’hydroxychloroquine, précise cependant des bars, des restaurants et des Brice Wilfried Bicaba. Nous attendons les lieux de culte, restriction des rasrésultats de l’étude en cours menée par les semblements (notamment pour les chercheurs du CNRST, qui vont nous donner funérailles), des transports publics des orientations précises. » et du trafic interurbain. Les experts estimant que le pays a passé le pic de la pandémie, les mesures resLe 29 avril, le coordonnateur de la cellule de trictives sont progressivement alléréponse à l’épidémie, le professeur Martial gées, avec la réouverture des bars, Ouédraogo, a été démis de ses fonctions à la des restaurants et des maquis, la suite d’une controverse autour du décès de levée de la quarantaine et la reprise la première victime officielle du Covid-19, la du transport interurbain. députée d’opposition et vice-présidente de « Quand on observe l’évolution l’Assemblée, Rose Marie Compaoré. Pour cerROGER NEBIÉ, de la courbe de la maladie, il y a tains Burkinabè, à commencer par le mouveDÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DU CNRST eu un moment où le Burkina était ment du Balai citoyen, c’est toute la chaîne l’un des pays les plus touchés, en de gestion de la lutte contre le Covid-19 qui nombre de cas, en Afrique de l’Ouest. Nous devrait être sanctionnée. avons pris des mesures sanitaires restrictives, « En tant qu’opposition républicaine, nous comme l’isolement des villes touchées ou avons dit notre disponibilité à apporter notre encore la fermeture des marchés. C’est l’efficacontribution pour lutter contre ce fléau qui cité de cette réponse qui a permis de contenir frappe l’ensemble de la nation et sur lequel il l’épidémie en réduisant la chaîne de transmisest hors de question de jouer un jeu politique. sion communautaire. Cela a permis de ralentir Mais, du point de vue de la gouvernance glola courbe et, in fine, de faire baisser le nombre bale de la crise, nous avons le sentiment que de nouveaux cas », explique le docteur Brice le gouvernement a voulu gérer tout seul, Wilfried Bicaba, coordonnateur du Centre des opérations de réponse aux urgences sanitaires (Corus). Un groupe d’analyse, de réflexion et de recherche composé d’acteurs éminents du Les chiffres du Covid-19 au Burkina monde médical, associé au Haut Conseil scientifique, oriente les choix stratégiques pris par Décès 52 Cas déclarés 809 Guérisons 661 l’exécutif pour infléchir la courbe de la maladie. « Nous allons soumettre de nouvelles propositions au Comité national de coordination de la lutte contre la pandémie, qui les fera valider 15 lits de réanimation par les pouvoirs publics », ajoute le Dr Bicaba. Comme le Sénégal ou le Maroc, les autorités burkinabè ont décidé de recourir à la chloroquine, à travers deux essais cliniques menés conjointement par des chercheurs burkinabè et béninois. « Les essais sur la chloroquine sont en cours, et nous attendons bientôt le rapport de l’équipe de recherche, explique Roger Nebié, délégué général du Centre national dont 8 au CHU de Tengandogo, de la recherche scientifique et technologique contre un seuil critique estimé de 79 (CNRST). Mais le protocole sur l’Apivirine a été repris à la suite des observations du SOURCES : AUTORITÉS SANITAIRES NATIONALES, OMS comité d’éthique du ministère de la Santé. »

LES ESSAIS SUR LA CHLOROQUINE SONT EN COURS, NOUS AURONS BIENTÔT LE RAPPORT DE L’ÉQUIPE DE RECHERCHE.

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Polémiques



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déplore Zéphirin Diabré, le chef de file de l’opposition (lire p. 165). Nous avons dénoncé des tâtonnements et beaucoup d’incohérences, poursuit-il. Tout d’abord, alors qu’on voyait venir la crise depuis l’Asie et l’Europe, la préparation n’a pas été optimale. Ensuite, la gestion du volet sanitaire a posé beaucoup de problèmes, notamment en ce qui concerne la détection des cas. » De son côté, Eddie Komboïgo, le président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, lire p. 162), estime qu’en confinant les grandes agglomérations (dont Ouaga et Bobo), principaux centres de consommation, et en coupant la chaîne d’approvisionnement des opérateurs économiques dans les régions on a asphyxié les économies locales. « C’est un échec et une faillite de l’exécutif, qui doit en tirer les conséquences. Le gouvernement a agi dans la précipitation en prenant des mesures drastiques, comme la fermeture des marchés et des yaar, alors que notre économie est alimentée à plus de 80 % par le secteur informel », dénonce Eddie Komboïgo.

Fonds de relance

Alors que les indicateurs macroéconomiques du Burkina étaient au vert et que le pays affichait depuis 2016 un rythme de croissance soutenu, avec une hausse moyenne du PIB de 6 % par an (lire pp. 166-168), les prévisions et les plans établis pour les mois – voire les années – à venir sont entièrement bouleversés. Comme pour tous les pays du monde… Selon les prévisions du ministère de l’Économie, le Covid-19 devrait coûter quatre points de croissance au Faso pour l’année 2020. « Les conséquences attendues de cette pandémie sur notre économie sont la réduction du taux de croissance de 6 % à 2 % en 2020, la baisse estimée à 306 milliards de F CFA des recettes publiques, soit un déficit budgétaire de 5 %, et le ralentissement général des activités économiques, tous secteurs confondus, avec pour conséquence des tensions de trésorerie de l’État », a déclaré, le 2 avril, le président Roch Marc Christian Kaboré. Ce dernier a annoncé l’activation d’un fonds de relance pour les entreprises en difficulté doté d’une enveloppe de 100 milliards de F CFA, mais qui n’est pas encore opérationnel. L’exécutif burkinabè évalue l’effort public de soutien économique et social à plus de 394 milliards de F CFA, ce qui représente 4,45 % du PIB du pays. « Même si l’activité a repris, les conséquences de cette crise seront

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durables. D’autant que nombre de partenaires étrangers ne vont pas rouvrir leurs frontières de sitôt. Mais c’est justement l’occasion de mettre l’accent sur la production locale ! » plaide l’universitaire Seydou Ouédraogo, directeur de l’institut indépendant Free Afrik, un centre d’études stratégiques sur l’économie et la sécurité situé à Ouagadougou.

Pas de répit dans les labos

«

L

’épidémie de coronavirus a mis en première ligne la recherche burkinabè. Ses laboratoires de R&D [recherche et développement] et d’analyse sont impliqués dans notre dispositif de réponse à la pandémie et jouent un rôle central dans le rendu des résultats », explique Brice Wilfried Bicaba, coordonnateur national du Centre des opérations de réponse aux urgences sanitaires (Corus). Dès l’annonce des premiers cas, au début de mars, c’est le Laboratoire national de référence grippe (LNR-G), situé à Bobo-Dioulasso, qui a été chargé des tests. Puis les autorités sanitaires ont progressivement fait monter en puissance les capacités de diagnostic du pays. « Nous sommes passés d’un seul centre d’analyse à sept actuellement, qui sont chacun capable de réaliser plus de 190 tests par jour », précise le coordonnateur du Corus. Établissement spécialisé du Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST), l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) abrite sur son site ouagalais le Laboratoire national de référence pour

la mise au point et la réalisation des tests de dépistage du Covid-19, lequel est en mesure d’effectuer jusqu’à 94 tests en deux heures. « S’y ajoutent le laboratoire biomédical de l’IRSS, qui a été rénové, le laboratoire du CHU [centre hospitalier universitaire] de Tengandogo et celui du CHU de Yalgado-Ouédraogo, sans oublier le Laboratoire national de santé publique (LNSP) », indique Brice Wilfried Bicaba. Bras armés de la riposte burkinabè, ces centres permettent au pays d’atteindre une capacité de réalisation de 1 000 tests diagnostiques par jour, si nécessaire. Outre ses deux laboratoires essentiels dans la lutte contre le nouveau coronavirus, l’IRSS comprend également une unité de production de chloroquine, U-Pharma, qui a repris du service à la fin d’avril après plusieurs années d’arrêt. « Quelque 500 millions de F CFA [762 000 euros] ont été mobilisés pour la fabrication locale de cette molécule, autour de laquelle des essais cliniques sont en cours, et nous attendons l’arrivée de la matière première pour démarrer la production de chloroquine », assure Roger Nebié, le directeur général du CNRST. N.C.


COMMUNIQUÉ

GROUPE KASTOR AFRICA

La cité de l’espoir, « The place to be » Au Burkina Faso, la promotion immobilière connaît un essor depuis quelques années. Au centre de la ville de Ouagadougou et dans les alentours, l’habitat illégal prolifère de façon exponentielle, les infrastructures et les équipements font défaut, les loyers s’envolent, de même que le prix des terrains.

Exerçant dans le BTP, la promotion immobilière et foncière dont les principales activités portent sur l’aménagement des sites, la construction et la commercialisation des logements collectifs et individuels ; le Groupe Kastor Africa agit pour désengorger Ouagadougou. Il s’est donné l’objectif de réduire la naissance des zones dite « non lotis », qui sont les causes d’insalu-

brités et des maux sociaux. Le but est de contribuer d’une part à l’amélioration du parc national de logements décents et d’autre part de promouvoir le développement urbain. À l’image de son fondateur et leader, la société est constituée d’une jeune équipe motivée, dynamique, créative et expérimentée. Son engagement de et ses valeurs permettent aussi d mettre à disposition des habitantts de la capitale et de sa périphéri e des logements optimisés donnantt l’avantage d’un cadre de vie aménagé définit par la législation et les normes nationales.

GROUPE KASTOR AFRICA - AGENCE PRINCIPALE

Email : infos@kastorimmob.com - Tél. : (+226) 25 65 40 05/70 20 31 16/70 20 32 51

www.www.kastorimmob.com

JAMG - PHOTOS: D.R.

À 33 ans, Monsieur Issouf Joseph ZAGRE est l’un des plus jeunes promoteurs de la place avec la création en 2014 du Groupe Kastor Africa.


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OLYMPIA DE MAISMONT POUR JA

EXÉCUTIF

La méthode Dabiré

Dans son bureau, à la primature.

En poste depuis janvier 2019, le chef du gouvernement mène une politique prudente et rigoureuse. Sa feuille de route: préserver la stabilité et réussir les élections.

S

NADOUN COULIBALY

i certains analystes n’ont pas manqué de souligner son « mutisme » dans la gestion de la crise du Covid19, laissant le devant de la scène au chef de l’État (lire pp. 146-150), Christophe Joseph Marie Dabiré, 71 ans, n’en a pas moins imprimé sa marque dans la conduite de l’action gouvernementale depuis sa nomination à la primature, le 21 janvier 2019. Économiste, ancien ministre de la Santé (1992-1997), des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique (19972000), puis commissaire chargé du Commerce à la commission de l’Uemoa (2007-2017), le Premier ministre burkinabè est tout aussi expérimenté

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que réservé. Pourtant, selon le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, Harouna Kaboré, Christophe Dabiré est un véritable chef d’orchestre. « Il donne des orientations précises sur le traitement de nos dossiers. Ses relations avec les différents ministres reposent sur des rapports structurés, et cela nous permet d’engranger des résultats. Dès lors qu’il considère certaines revendications comme légitimes, il nous demande d’y apporter des solutions », souligne le ministre. « Sa méthode, c’est la connaissance, le dialogue et l’écoute », ajoute l’un de ses collaborateurs.

Négociateur

Résultat, il a su contenir les grèves des syndicats qui minaient le pays depuis le début du quinquennat.

« Concernant la fronde sociale, en tenant compte des capacités réelles de l’État, je me suis engagé à ce que les protocoles d’accord déjà signés soient mis en œuvre. Et je demande à mon gouvernement de ne prendre aucun nouvel engagement tant que la remise à plat des rémunérations des agents publics de l’État n’est pas effective », explique Christophe Dabiré. Ce dernier entretient une relation empreinte de complicité avec Roch Marc Christian Kaboré. Contrairement à Paul Kaba Thieba, son prédécesseur à la primature qui était novice en politique et ne disposait que du seul soutien du chef de l’État, Christophe Dabiré bénéficie d’un réel capital sympathie auprès du parti présidentiel et des


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Siège du Groupe Building Business International


GRAND FORMAT BURKINA FASO EXÉCUTIF

syndicats. Ce technocrate connaît bien les acteurs et les rouages de la vie politique, économique et sociale. « On lui reconnaît aussi de solides qualités de négociateur. D’aucuns se rappellent sa gestion de la crise universitaire et de la santé en 1997, lorsqu’il était ministre de la Santé, puis de l’Enseignement supérieur », souligne un observateur politique. S’il a su apaiser le dialogue social, le Premier ministre doit encore résoudre l’épineuse question de la remise à plat des salaires des fonctionnaires et de la réduction de la masse salariale, qui a augmenté de 85 % entre 2016 et 2019, pour atteindre 836 milliards de F CFA (plus de 1,27 milliard d’euros). Il va notamment devoir convaincre les syndicats du bien-fondé de l’impôt unique sur les traitements et salaires (IUTS) dans le secteur public. Cette mesure controversée pourrait mettre fin à l’accalmie actuelle… et placer le Premier ministre face à une crise

sévère. « Dabiré est un homme de dialogue à qui on a fixé des limites objectives. Il a hérité des revendications sociales et gère la situation pour qu’elle n’explose pas. Il essaie de ne pas faire de vagues en restant dans la ligne tracée par le parti et le président du Faso », glisse un proche du chef de l’État. « Je vois mal le Premier ministre, à son âge, se mêler d’une quelconque bataille ou s’engager dans une politique volontariste pour faire bouger les lignes. Il gère les choses avec beaucoup de prudence », poursuit un patron burkinabè.

IL A SU APAISER LE DIALOGUE SOCIAL, MAIS DOIT ENCORE RÉSOUDRE LA QUESTION DE LA RÉDUCTION DE LA MASSE SALARIALE.

Alors que la plupart de ses indicateurs étaient au vert, avec un taux de croissance moyen supérieur à 6 % de 2016 à 2019, l’économie burkinabè va, comme celles de tous les autres pays, pâtir de la crise sanitaire liée au Covid-19. Aussi, au-delà des bons résultats obtenus dans la gestion des finances publiques, le chef du gouvernement sait qu’il doit désormais accélérer la concrétisation des différents volets du Plan national de développement économique et social (PNDES, lire p. 168). Son action est d’ores et déjà fragilisée par la crise sécuritaire (lire p. 155) et la fronde sociale. « La performance de Christophe Dabiré est tributaire du palais de Kosyam, décrypte le politologue burkinabè Abdoul Karim Saidou. Or le président Kaboré n’est pas dans une logique de rupture. Je pense que le Premier ministre a un agenda réaliste et modeste, son objectif est de préserver la stabilité du pays et de réussir les élections de 2020. »

CARRÉ D’AS

MWIN-NOG-TI LUC HIEN, le dircab Administrateur civil, ce commis de l’État a été chargé d’études, chef de service, puis conseiller à la présidence du Faso à partir de 2016, avant sa nomination en tant que directeur de cabinet de Christophe Dabiré, à tout juste 40 ans.

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YVONNE ROUAMBA GUIGMA, la technocrate Ex-directrice générale de la Fonction publique, la secrétaire générale a participé à la relecture des textes fondamentaux de la fonction publique et des différentes réformes de l’État, de ses sociétés, ainsi que des Établissements publics de l’État (EPE). Elle connaît bien la primature pour en avoir été la conseillère en gestion des ressources humaines.

MAGLOIRE SOMÉ, l’expert du monde syndical Professeur d’histoire contemporaine et des religions à l’université Joseph-Ki-Zerbo, Magloire Somé joue un rôle central auprès du Premier ministre en tant que conseiller spécial dans le dialogue social. Réputé pour sa rigueur et son intégrité, fin connaisseur du monde syndical, l’universitaire est au cœur des négociations avec les travailleurs sociaux.

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Le Premier ministre a réorganisé son cabinet le 6 novembre 2019 et s’est entouré d’administrateurs et de technocrates expérimentés.

DRAMANE MILLOGO, l’économiste Économiste de formation, Dramane Millogo, 56 ans, gère les dossiers relatifs à l’industrie, au commerce et à l’artisanat. En sa qualité de conseiller spécial, il préside également l’Autorité de régulation de la commande publique (Arcop), l’organe chargé de la gestion des contrats publics.


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EN DÉBAT

Montrer les muscles ou tendre la main ? DAMIEN GLEZ

«

M

obilisation »: le terme est lâché. Quelle guerre mémorable a été gagnée sans l’engagement au front de toutes les forces vives en âge de combattre? Qu’y a-t-il de plus digne qu’un peuple agressé qui se dresse, au-delà d’un corps militaire de métier, armé d’un patriotisme enfanté par des tripes citoyennes autant que par des discours? Qui hésiterait encore à dire que le Burkina Faso est en situation de guerre après le péché terroriste originel du 15 janvier 2016 et l’inexorable dégradation sécuritaire qui s’est ensuivie? Avec plusieurs centaines de morts au compteur, au nom d’aucune idéologie recevable, n’est-il pas temps de passer de la résilience autocentrée à l’engagement solidaire? Si c’est à l’unanimité que l’Assemblée nationale adoptait, le 23 janvier, une loi permettant à tout citoyen de se porter volontaire pour lutter aux côtés des forces de défense et de sécurité, certains observateurs voient d’un mauvais œil l’armement de civils dans des régions mal contrôlées par les corps habillés. Qu’elles soient mises en place par l’État, comme les Comités de défense de la révolution (CDR) des années 1980, ou autogénérées, comme les récents groupes Koglweogo, les milices ont déjà démontré le risque que présente une autodéfense qui se mue en règlements de comptes locaux.

salvatrices – c’est selon –, la proximité bienveillante de l’ancien président du Faso avec la sphère terroriste d’alors aurait immunisé le pays de la violence. C’est au moment où la carte des zones géographiques vivement déconseillées ressemble à un buvard imbibé d’hémoglobine que Roch Marc Christian Kaboré s’apprête à remettre son pouvoir entre les mains d’un corps électoral effarouché. Dans la campagne présidentielle complexe qui se profile, en vue du scrutin du 22 novembre, l’affable « président diesel » devra proposer autre chose qu’une compassion compassée aux allures d’impuissance. Commandant en chef des armées, il devra esquisser une stratégie volontariste et ferme, depuis l’isolement qui caractérise la position d’un chef d’État en de telles circonstances décisionnelles. Et sans prospective fiable, cette quadrature du cercle sahélien soldant l’alternative « mobilisation vs négociation » en un inévitable coup de poker politique. À six mois de la présidentielle, faites vos jeux. Rien ne va plus.

Philosophie « compaoriste »

Si l’armée est fragile, et ses ersatz contestables, faut-il alors desserrer le poing pour tendre la paume? L’exemple vient du Mali – pays jumeau dans l’adversité du moment –, où le président, Ibrahim Boubacar Keïta, annonçait en février un dialogue avec certains chefs jihadistes. Même si la version burkinabè de cette tactique se heurte, selon l’opposant et politologue Augustin Loada, à l’absence d’interlocuteurs terroristes identifiés et joignables, elle fait partie intégrante d’une philosophie « compaoriste » en quête de réhabilitation. C’est précisément quelques mois après la chute de Blaise Compaoré que le débordement de la crise malienne avait conduit aux premières attaques jihadistes sur le sol burkinabè. Compromission abjecte ou « relations publiques » no3089 – JUIN 2020

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ACTEUR DU DÉVELOPPEMENT ET DE LA RÉSILIENCE DES ENTREPRISES BURKINABÈ Après trois années de plein exercice, le Plan Stratégique de la Mandature (PSM) 2016- 2021 de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso connaît un niveau d’exécution satisfaisant. La revue à mi-parcours indique un taux global de réalisation de 59 %. En ce qui concerne le niveau de réalisation des activités annuelles, 2019 a connu un taux d’exécution physique de 80,46 % contre 79,68 % réalisé en 2018 et 74 % en 2017.

C

es indicateurs traduisent une avancée constante dans la mise en œuvre du plan d’actions opérationnelles et augurent de bonnes perspectives en vue d’une transformation structurelle de l’économie burkinabè. En effet, pour accompagner le développement du secteur privé, la Chambre de Commerce et d’Industrie a orienté son action vers cinq axes stratégiques que sont 1 l’amélioration de la gouvernance et la mobilisation de l’intelligence consulaire; 2 le développement du capital humain et la facilitation de l’accès au financement du secteur privé; 3 le développement de l’intelligence économique et du portefeuille de services d’appui-conseils aux entreprises; 4 le renforcement de l’accompagnement de proximité des entreprises dans les régions ; et 5 le développement et le renforcement de l’offre en infrastructures et en équipements économiques.

Le renforcement de la compétitivité des entreprises étant une priorité, de grands projets d’investissements ont été initiés sur l’ensemble du territoire national et

dans les représentations de l’Institution dans les pays voisins. Les infrastructures critiques en cours de réalisation (ou déjà achevées et en exploitation) sont :

• Le port sec multimodal de Ouagadougou dont la délimitation du site, le recensement et la sensibilisation des populations touchées par le projet sont achevés ;

Maquette de la 2e phase du port sec de Bobo-Dioulasso.

• Le port sec de Bobo-Dioulasso (Boborinter) dont les travaux d’extension et de réhabilitation (phase 2 du projet) ont été lancés le 15 octobre 2019 pour près de 10 milliards de F CFA ;

• Le campus consulaire exécuté à plus de 80 % pour un coût total de près de 4 milliards de F CFA ; • Les sièges des Délégations Consulaires Régionales (DCR de la Boucle du Mouhoun, du


COMMUNIQUÉ

• Le parking pour véhicules poids lourds d’Akassato (Abomey-Calavi/ Cotonou) pour 1,5 milliard de F CFA, etc. Au titre du développement du capital humain, l’Institution consulaire s’est investie pour la formation de plus de 906 apprenants dans ses différents centres de formation, l’information et la sensibilisation des acteurs économiques sur des thématiques d’intérêt, plus de 42 sessions de formation organisées au profit de 889 opérateurs économiques et plus de 140 sessions d’information et de sensibilisation pour environ 4 305 chefs

chefs d’entreprises ont pris part à des évènements économiques majeurs comme la TICAD 7 à Yokohama au Japon, le premier forum économique Chine-Afrique à Changsha en Chine, le forum Russie-Afrique à Sotchi, le forum d'affaires Turquie-Burkina Faso à Ouagadougou, le forum AFRICALLIA à Abidjan, le forum d’affaires du Traité d’amitié et de Coopération entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, etc. Ces manifestations ont réuni plus de 400 hommes d’affaires.

UN SECTEUR PRIVÉ RÉSILIENT Malgré la conjoncture internationale et sous- régionale difficile, exacerbée par une situation sécuritaire préoccupante, le secteur privé burkinabè s’est montré dynamique et résilient.

Le rapport sur l’état du secteur privé en 2019 a été remis officiellement au Chef de l’État (à droite) par M. Mahamadi SAVADOGO, Président de la CCI-BF.

d’entreprises, la promotion de l’entrepreneuriat avec l’accompagnement au développement de leurs entreprises de 51 promoteurs, et enfin l’alphabétisation économique de 850 commerçants. Sur le plan diplomatique, l’Institution a orienté ses actions vers les pays à fort potentiel économique tels la République populaire de Chine, la Russie, le Japon et la Turquie où des conventions de collaboration ont été signées dans l’optique de faciliter et de raffermir leurs échanges économiques et commerciaux avec les entreprises burkinabè. Dans ce registre, plus d’une centaine de

En effet, alors qu’il était annoncé une faible performance du Burkina Faso en termes de croissance économique, la contribution du secteur privé à la mobilisation des recettes fiscales et douanières a atteint le seuil de 1 500 milliards de F CFA en 2019 après 1 400 milliards de F CFA en 2018 et 1 248 milliards de F CFA en 2017. Plus de 5 920 771,35 de tonnes de marchandises dont 824 792 tonnes d’acheminement direct ont été traitées sur les différentes plateformes logistiques de l’institution. La formation brute du capital fixe du secteur privé a été de 718 milliards de F CFA en 2019 soit une variation absolue de +94 mil-

liards de F CFA par rapport à 2018. Quant aux investissements directs étrangers nets, ils se sont situés à 112,1 milliards de F CFA en 2019, en légère hausse par rapport à 2018 où ils étaient de 111,5 milliards de F CFA. Ce dynamisme a suscité la création de 13137 nouvelles entreprises contre 12511 en 2018, soit une hausse de 5 %. Dans une synergie d’actions avec le Gouvernement et l’ensemble des acteurs du secteur privé, l’année 2020 verra l’achèvement ou l’accélération des grands chantiers de la mandature et le renforcement des acquis. Le lancement officiel de la Société d’Accompagnement et de Financement de l’Entreprise (SAFINE SA), créée par la Chambre de Commerce et d’Industrie et ses partenaires, interviendra dans les semaines à venir. De même, Ouagadougou accueillera du 27 au 29 mai prochain plus de 500 chefs d’entreprises d’une vingtaine de pays d’Afrique et du reste du monde à l’occasion du 10e anniversaire d’AFRICALLIA, le forum international de mise en relations d’affaires. L'ouverture du campus consulaire et de la représentation de la CCI-BF à Dakar ainsi que le lancement des travaux de construction du siège national de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Burkina Faso sont également des priorités pour cette année. Unis et solidaires, les acteurs du secteur privé burkinabè s’inscrivent résolument dans une dynamique de résilience et de proactivité. Pour sa part, la Chambre de Commerce et d’Industrie poursuivra la mise en œuvre de son Plan Stratégique de Mandature avec en ligne de mire le renforcement des performances des entreprises nationales en vue de leur intégration dans les chaînes de valeur internationales. w Avenue de Lyon, 01 BP 502 Ouagadougou 01 Tél. : (+226) 25 30 61 14 (+226) 25 30 61 15 Fax : (+226) 25 30 61 16 E-mail : info@cci.bf

www.cci.bf

JAMG - PHOTOS : D.R.

Centre Sud, du Centre-nord, du Plateau central et de la Maison de Commerçant de Tenkodogo. Les sièges des DCR de l’Est, du Sud-Ouest et des Cascades sont en cours pour un coût global de 2,1 milliards de F CFA ;


GRAND FORMAT BURKINA FASO

ÉLECTIONS

Comme un parfum de campagne À moins de six mois des scrutins présidentiel et législatif, les partis commencent à élaborer leurs programmes, et les états-majors à choisir leurs candidats.

S

i l’opposition a dénoncé « des tâtonnements et des incohérences » dans la gestion de la crise sanitaire et regrette que l’exécutif n’ait pas pris plus de précautions pour la reprise des activités économiques, qu’elle estimait toutefois nécessaire, la classe politique est en revanche unanime sur le maintien du calendrier électoral, qui prévoit des élections présidentielle et législatives le 22 novembre. Depuis le début de mai, l’enrôlement des électeurs a repris, et les états-majors des partis politiques préparent leurs programmes. L’opposition ira aux élections en rangs dispersés, certes, mais convaincue de rallier à sa cause les mécontents du quinquennat Kaboré, notamment les déçus de la gestion de la crise sécuritaire et, désormais, ceux de la gestion de la pandémie. Pour les deux scrutins, le président sortant et le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) devront affronter des partis et des personnalités fortes, dont Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition et président de l’Union pour le changement (UPC, lire p. 165), Eddie Komboïgo, président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, lire p. 162), et Gilbert Noël Ouédraogo, leader de l’Alliance pour la démocratie et la fédération-Rassemblement démocratique africain (ADF-RDA). Sans oublier quelques individualités comme l’ex-Premier ministre Kadré Désiré Ouédraogo (CDP) ou

158

no3089 – JUIN 2020

SIA KAMBOU/AFP

NADOUN COULIBALY

Roch Marc Christian Kaboré, ici dans la salle d’audience du palais de Kosyam, briguera un second mandat.

encore Ablassé Ouédraogo (Le Faso autrement). Le MPP et ses alliés, qui s’appuient sur un meilleur maillage du territoire, disposent d’une longueur d’avance. Ragaillardi par un bilan économique plutôt positif (lire pp. 166-168) et un plan quinquennal qui a permis au pays d’afficher un rythme de croissance soutenu malgré la crise sécuritaire et les luttes syndicales, Roch Marc Christian Kaboré n’a pas perdu son aura. « Il apparaît plus que jamais comme le rassembleur qui, plus que les autres, est capable de réunir les Burkinabè. Donc il peut être réélu, mais il lui faudra une alliance pour gouverner », commente un observateur. Pour prétendre à un second mandat, le président sortant devra convaincre qu’il est capable de ramener la sérénité et la stabilité. « Pour l’instant, déclare-t-il à Jeune Afrique,

L’INSÉCURITÉ, LA RÉCONCILIATION ET LA CRISE SANITAIRE SERONT LES PRINCIPAUX THÈMES DE LA BATAILLE ÉLECTORALE À VENIR.

je ne suis pas sur le terrain en train de faire de la politique. Ma mission est d’être au-dessus des partis. Je dois continuer à avancer sur les questions sécuritaires et de développement. Pour le reste, il appartiendra aux Burkinabè, le moment venu, d’apprécier notre bilan. N’eût été l’insécurité, qui a chamboulé nos priorités, on aurait fait des progrès plus importants. » Si les états-majors des différents partis sont encore discrets sur leurs programmes, la campagne devrait se concentrer sur l’insécurité et la réconciliation, mais aussi sur la crise sanitaire. « Le thème des dernières journées parlementaires de l’UPC portait sur la réconciliation », confirme l’universitaire et analyste politique Abdoul Karim Saïdou. « Il ne faut pas surestimer les critiques distillées sur la gestion de l’épidémie, qui sont le fait de citadins. À l’intérieur du pays, les gens sont surtout affectés par l’insécurité », rappelle l’économiste Seydou Ouédraogo, directeur de l’institut Free Afrik. Depuis les premières attaques jihadistes à Ouagadougou, en janvier 2016, la menace sécuritaire, un temps cantonnée dans le Nord, s’est étendue à une large partie du territoire et s’est doublée d’attaques intercommunautaires. Le pays compte désormais près de 1 million de déplacés.



GRAND FORMAT BURKINA FASO

VIE DES PARTIS

Simon Compaoré Président du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP)

« Nous devons coûte que coûte organiser les élections » Propos recueillis à Ouagadougou par NADOUN COULIBALY

C

onfirmé au début de mars à la présidence du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP, au pouvoir), dont il assurait l’intérim depuis le décès, en août 2017, de Salifou Diallo (le président de l’Assemblée nationale avec qui Roch Marc Christian Kaboré et lui-même avaient fondé le parti, en mars 2014), Simon Compaoré, 67 ans, assure vouloir aider le chef de l’État à parachever la mise en œuvre de son programme présidentiel et à briguer un nouveau mandat, mais aussi à consolider le leadership du MPP sur l’échiquier politique national à l’issue de la présidentielle et des législatives prévues le 22 novembre. Fidèle compagnon de Roch Marc Christian Kaboré, avec qui il s’engage en politique, d’abord au sein de l’Association des étudiants voltaïques en France (actuelle Union générale des étudiants burkinabè) lorsqu’il étudiait l’économie à l’université de Dijon, puis au sein de l’Union des luttes communistes reconstruites (ULCR), Simon Compaoré a été de tous les combats politiques des trente dernières années au Burkina. L’ancien maire de Ouagadougou (1995-2012) et ex-ministre de la Sécurité intérieure (2016-2019) sait que la bataille pour les scrutins de 2020 sera ardue. Jeune Afrique : Quelles sont vos priorités à la tête du MPP ?

Simon Compaoré : Mon élection est une étape de la vie de notre parti. Le bureau, mis en place en mars 2017,

160

no3089 – JUIN 2020

était en fin de mandat. Ce troisième congrès ordinaire [à l’issue duquel il a été élu, le 7 mars] a également pris acte de la stratégie électorale adoptée par le bureau politique national sortant. Nous avons renouvelé ce dernier, en attendant de revoir les statuts et les règlements intérieurs, après la prochaine présidentielle. Ce qui aboutira à la mise en place d’une nouvelle direction du parti. D’ici là, notre mission est d’aider le gouvernement à poursuivre et à mettre en œuvre le programme présidentiel et, surtout, de préparer la victoire du MPP aux élections couplées à venir. Comment comptez-vous « assurer » la réélection du président Kaboré ?

Notre stratégie électorale aborde la manière dont nous devons nous organiser, la structure à mettre en œuvre pour piloter la campagne électorale depuis le niveau national jusque dans les provinces et les villages. Pour la présidentielle, nous savons qui est notre joker, à savoir le président Roch Marc Christian Kaboré. Nous escomptons faire élire notre candidat dès le premier tour. Et pourquoi pas avec un score confortable d’au moins 60 % des voix. C’est une ambition réaliste. On

NE PAS TENIR CES SCRUTINS CRÉERAIT UN VIDE JURIDIQUE À MÊME DE DÉSTABILISER LES INSTITUTIONS.

se prépare sur le terrain pour relever ce défi. Nous avons également défini les critères de choix des candidats aux législatives. Pour ce scrutin, nous visons là aussi la majorité, et, pour nous permettre d’avoir les coudées franches, nous espérons avoir plus d’élus qu’en 2015 [55 députés MPP élus, sur un total de 127 sièges]. Qui est votre principal challenger, l’Union pour le progrès et le changement (UPC, lire p. 165), principal parti d’opposition avec 33 députés, ou le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, lire p. 162), qui tente de se reconstruire ?

Nous les prenons l’un et l’autre très au sérieux. C’est pourquoi nous nous mobilisons sur le terrain pour maximiser nos chances de succès auprès de l’électorat. Il revient au terrain de commander la manœuvre.

Craignez-vous une alliance de l’opposition ?

Cela n’est pas une priorité pour nous. Nous abordons ces échéances avec sérénité et confiance. Nous nous attendons à une bataille de longue haleine. Cette campagne sera difficile pour nous. Mais nous exposerons nos acquis et nos faiblesses, nous allons nous expliquer, et ce sera aux Burkinabè de juger et de trancher. S’agissant, par exemple, de la fronde sociale, c’est sous le mandat du président Kaboré que les fonctionnaires, toutes catégories confondues, ont bénéficié d’évolutions substantielles de leurs salaires. La situation sécuritaire, qui continue de se dégrader, n’est-elle pas un frein à l’organisation des élections ?


SOPHIE GARCIA POUR JA

MALGRÉ LA MULTIPLICATION DES ATTAQUES, NOTRE PAYS A CULTIVÉ UNE RÉSILIENCE HORS DU COMMUN.

À son domicile, à Ouagadougou, le 11 mars.

Nous ne sommes pas le seul pays confronté à une telle crise. La situation est difficile, je le reconnais, mais, pour la bonne marche de notre démocratie et la stabilité du Burkina, nous devons coûte que coûte organiser les élections. Ne pas tenir ces scrutins créerait un vide juridique et institutionnel à même de déstabiliser les institutions. Nul ne peut prévoir les conséquences d’un tel scénario sur la vie politique. Que répondez-vous quand l’opposition critique la mauvaise gestion de la crise sécuritaire ?

La situation sécuritaire actuelle n’arrange personne, pas même l’opposition. Nous avons besoin de tranquillité pour que le développement soit au rendez-vous. Mais c’est de bonne guerre que l’opposition nous critique. Encore faut-il savoir apprécier les efforts consentis et les conditions difficiles auxquelles sont confrontées nos forces armées. Et malgré la multiplication des attaques meurtrières, je

dois dire que notre pays a cultivé une résilience hors du commun. Comment les déplacés internes, dont le nombre est estimé à plus de 850 000, vont-ils pouvoir participer aux scrutins ?

Je puis vous assurer que nous sommes déterminés à ne laisser personne sur le bord de la route. La participation des déplacés internes pour l’élection du président du Faso et pour celle des députés est une question dont nous discutons avec l’opposition politique. Nous sommes d’accord sur le fait que ces déplacés internes doivent voter. Le consensus est clair sur ce sujet. La grande interrogation reste de savoir comment les faire participer. Faut-il les enrôler dans leur ancienne circonscription électorale ou faut-il les enregistrer dans leur lieu de résidence actuel ? On pense majoritairement qu’il est plus simple de les faire exercer leur droit là où ils sont. Pour l’élection des députés, étant donné que les

déplacements se font d’une commune à une autre, l’incidence est marginale. Par contre, pour les élections des conseillers municipaux, prévues en 2021, l’enjeu sera important, et nous espérons donc que les choses se seront calmées. Et qu’en est-il du référendum constitutionnel censé permettre le passage à la Ve République, qui aurait dû être organisé en mars 2019 ?

L’an dernier, lors du dialogue politique, nous avions en effet convenu de consacrer la nouvelle Constitution à travers un référendum. Mais je ne sais pas quand celui-ci aura lieu. Nous avions laissé le choix du moment à la discrétion du chef de l’État. Il avisera en temps opportun. Pour l’heure, la classe politique accorde la priorité à la tenue des élections couplées de novembre. L’écriture d’une nouvelle Constitution fait partie du programme présidentiel et a été élaborée, il reste maintenant à l’adopter. Elle le sera, tôt ou tard.

no3089 – JUIN 2020

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GRAND FORMAT BURKINA FASO VIE DES PARTIS

Le CDP resserre les rangs

SOPHIE GARCIA | HANSLUCAS.COM

Le Congrès pour la démocratie et le progrès, de l’ex-président Blaise Compaoré, a choisi son champion et compte bien revenir sur le devant de la scène à l’occasion des scrutins de novembre.

Eddie Komboïgo, dans son bureau, à Ouagadougou.

À

quelques mois des élections présidentielle et législatives, prévues le 22 novembre, l’horizon s’éclaircit pour le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Affaibli par la chute et l’exil en Côte d’Ivoire de Blaise Compaoré, à la suite de l’insurrection populaire d’octobre 2014 contre la tentative de révision de la Constitution, l’ancien parti majoritaire a également été fragilisé en interne par la fronde des cadres favorables à l’ex-Premier ministre Kadré Désiré Ouédraogo (KDO), 66 ans, contre Eddie Komboïgo, 56 ans. À la tête du parti depuis mai 2015, ce dernier entend incarner le grand retour du CDP sur la scène politique burkinabè, même si le mouvement n’a jamais vraiment quitté celle-ci puisqu’il constitue encore la troisième force politique du pays, avec 18 députés élus en 2015 sur 127 sièges. Surtout, avec 9 567 comités de base et 368 sous-sections, le parti conserve de solides bases locales dans toutes

162

no3089 – JUIN 2020

COMME PERSONNE AU SEIN DU RÉGIME ACTUEL N’A LE COURAGE DE NÉGOCIER AVEC EUX, NOUS ALLONS TENDRE LA MAIN AUX TERRORISTES. EDDIE KOMBOÏGO

les régions du pays et compte bien reprendre du poids dans l’hémicycle à l’occasion des prochaines législatives. Et pourquoi pas prétendre au palais de Kosyam ? Le 10 mai, c’est à une très large majorité (133 voix contre 21 à Yahaya Zoungrana), que les membres du haut conseil du parti, ceux du bureau exécutif national et les secrétaires provinciaux ont désigné Eddie Komboïgo comme candidat à la présidentielle – un choix que doit

encore entériner Blaise Compaoré, président d’honneur du CDP, avant la convocation d’un congrès du parti pour investir officiellement le candidat Komboïgo. « Avec cette désignation, le CDP laisse la tempête derrière lui. Eddie Komboïgo a su maîtriser le parti et apparaît comme l’homme de la situation. Cela ne signifie pas pour autant qu’il saura surmonter les obstacles liés au positionnement du CDP sur la scène politique nationale, notamment sur la question de la réconciliation », avertit l’analyste politique Siaka Coulibaly. Fini donc les querelles de leadership entre les partisans du président du CDP et ceux de l’ancien Premier ministre, dont le parti estime qu’il aura désormais à jouer sa carte aux législatives. « Selon moi, KDO n’est plus une option pour l’ancienne majorité présidentielle, remarque toutefois Siaka Coulibaly. En revanche, il n’est pas exclu qu’un rassemblement général de la famille politique de Blaise Compaoré s’opère d’ici aux élections couplées de novembre. »

Priorité à la réconciliation

L’expert-comptable Eddie Komboïgo, qui ne faisait pas partie des principaux cadres du CDP jusqu’en 2015, est désormais adulé par la jeunesse du parti et semble avoir réussi le pari d’unifier le CDP avant les scrutins cruciaux de cette année. Et même s’il ne dévoile pas encore son programme, qui doit être validé par le mouvement, il en livre quelques orientations : « Nous sommes prêts pour la bataille. Dès que les mesures sanitaires en vigueur seront levées, le CDP repartira de plus belle sur le terrain. La réconciliation et la sécurité seront notre priorité. Et comme personne au sein du régime actuel n’a le courage de négocier avec eux, nous allons tendre la main aux terroristes. » NADOUN COULIBALY


COMMUNIQUÉ

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COMMUNIQUÉ

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Formation de producteurs sur les bonnes pratiques agricoles

29 ans au service de l’Homme et de la Plante ITINÉRAIRE TECHNIQUE PLUS ADAPTÉ Au Burkina Faso, le secteur agricole, fer lance de l’économie, génère près 3 % du PIB et représente 82 % de la population active. Saphyto, acteur majeur de ce secteur, est toujours en quête de solutions innovantes. Elle a développé en 2019 quatre nouveaux insecticides et fongicides, à base de molécules nobles, respectant l’Homme et la Plante. Saphyto a également développé plusieurs programmes de fertilisation, permettant aux producteurs d’accroître significativement, et à peu de frais, le rendement jusqu’à 86 % pour la culture du cotonnier et 75 % pour la culture de la tomate. De telle performance qui lui ont valu le titre d’entreprise la plus dynamique du secteur de l’agriculture.

SAPHYTO, AUPRÈS DES COMMUNAUTÉS

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En plus de la fabrication et de la fourniture de solutions agricoles, Saphyto veille à la bonne utilisation de ses solutions, par les producteurs. En effet, elle a lancé depuis 2014, le programme de formation dénommé «Applique Bien ». Ce programme offre aux producteurs, au plus près de leurs champs, des formations sur les bonnes pratiques agricoles et la bonne utilisation des produits phytosanitaires. À travers « Applique Bien », Saphyto forme en moyenne, chaque année et gratuitement, 5 000 producteurs au Burkina et au Niger.

Désinfection du marché central de Bobo-Dioulasso en riposte au Covid-19

UNITÉ DE PRODUCTION NOUVELLE GÉNÉRATION Déjà doté d’un outil industriel unique en Afrique de l’ouest, Saphyto a décidé en 2020 d’augmenter son potentiel de production. Sa capacité passera ainsi de 6,5 millions de litre/an à plus de 10 millions de litre/an d’insecticides. Ce nouvel outil donnera à Saphyto une plus grande productivité avec une augmentation du potentiel de près de 53 %, mais surtout lui permettra de rester fidèle à l’une de ses valeurs clé, à savoir, être la plus respectueuse possible de l’Homme et de l’environnement.

À travers son département Hygiène Publique, Saphyto est engagée, avec ses partenaires, à la sensibilisation des populations rurales et urbaines sur la prévention de maladie vectorielle comme mme le paludisme ou la dengue. Elle est également aux côtés des colleectivités par la désinfection à titre gracieux d’espaaces public, en soutien au plan de riposte du Burkkina contre le Covid-19.

ƒ Trophée Entreprise la plus dynamique du secteur de l’agriculture au Burkina Faso en 2019

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Créée en 1991, la Société Africaine de Produits Phytosanitaires et d’Insecticides (Saphyto) est aujourd’hui leader au Burkina Faso et un acteur majeur en Afrique de l’ouest dans la fourniture de solutions agricoles et d’hygiène publique. Son expertise et son professionnalisme lui ont valu d’être désignée, en 2019, Entreprise la plus dynamique dans le secteur de l’agriculture pour la qualité de ses produits, au Burkina Faso.


GRAND FORMAT BURKINA FASO VIE DES PARTIS

Zéphirin Diabré Président de l’UPC, chef de file de l’opposition « L’alternance de 2015 n’a pas apporté de changement » Propos recueillis par AÏSSATOU DIALLO

S

elon le président de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), principal parti d’opposition (33 députés), l’échiquier politique semble s’être clarifié. Mais pour que le pays parvienne à une réconciliation, le président Kaboré doit tendre la main à ses prédécesseurs dans le cadre d’un dialogue national inclusif.

Pourquoi faut-il une réconciliation?

Notre pays traîne nombre de vieux contentieux. Certains se sont sentis lésés par l’ancien régime et d’autres par l’insurrection. Dans le contexte actuel d’insécurité, des pans entiers de nos populations, tels les Peuls, s’estiment stigmatisés. Beaucoup de raisons nous obligent donc à aller vers cette réconciliation. Pour l’opposition, c’est une question éminemment politique, qui conditionne l’avenir du pays.

JeuneAfrique:Comptetenudelacrise sanitaire, le maintien des élections en novembre n’est-il pas risqué?

Zéphirin Diabré : Pour nous, le calendrier électoral doit être maintenu. Plusieurs indices laissent à penser que la crise sanitaire n’est pas de nature à remettre en cause les scrutins. Les gens se rendent au travail, les marchés ont rouvert, et ce sera bientôt au tour des écoles. Si on peut faire tout cela, on peut aller voter un dimanche. La Commission électorale nationale indépendante a recommencé l’enrôlement des électeurs depuis le 8 mai en prenant les mesures nécessaires – distanciation sociale, gel hydroalcoolique –, et les opérations se déroulent bien. Le même dispositif pourrait être mis en place le jour des élections.

UN PAYS NE PEUT PAS VIVRE DANS LA SÉRÉNITÉ QUAND DEUX DE SES ANCIENS CHEFS D’ÉTAT SONT EXILÉS.

Cette démarche doit être largement inclusive et associer toutes les forces vives. L’opposition à fait des propositions en ce sens. Il faut que l’on s’asseye entre Burkinabè, y compris avec les anciens chefs d’État en exil, Blaise Compaoré et Yacouba Isaac Zida, sinon cela n’aura pas de sens. Un pays ne peut pas vivre dans la sérénité quand deux de ses anciens présidents sont exilés. Il est clair que la fracture entre l’ancien système en exil et l’actuel exécutif est importante, le second passant son temps à accuser le premier d’être de connivence avec les terroristes. Ce sera l’occasion d’un grand déballage, afin que l’on sache la vérité. Et à toutes les étapes, il faudra que tous les acteurs qui ont joué un rôle important dans ce pays soient présents. Vous êtes-vous réconciliés avec le CDP et d’autres partis de l’ex-majorité, qui étaient vos adversaires en 2014?

Le conflit autour de l’ancien article 37 de la Constitution fait désormais partie du passé. Des partis de l’ancien régime siègent aujourd’hui avec l’UPC au sein de l’opposition. D’autres partis de l’ex-majorité sont aux côtés du MPP et gèrent le pouvoir. Cela veut dire que le pardon et la réconciliation sont bel et bien possibles.

SOPHIE GARCIA POUR JA

Sur quel thème allez-vous faire campagne?

Nous avons eu une alternance en 2015, mais elle n’a pas apporté de réel changement. Ce thème reste donc d’actualité, même si de nouveaux défis sont apparus : celui de la sécurité, du vivre-ensemble, etc. Aujourd’hui, je suis le seul candidat à pouvoir rassembler tous les bords politiques. Avec moi, la réconciliation est possible. Demain, je peux gouverner en invitant à mes côtés le MPP et le CDP.

Comment y parvenir?

Alors que le vote de la diaspora a cristalliséledébatpendantdesmois,comment expliquez-vous le faible taux d’enrôlement?

Les documents demandés aux Burkinabè établis à l’étranger étaient difficiles à obtenir pour la plupart d’entre eux, qui n’avaient pas la possibilité de revenir au pays. Nous pensons que cela était volontaire pour qu’il n’y ait pas une grosse affluence. Et 50 000 personnes enrôlées sur un potentiel de 2 millions d’électeurs, c’est très faible. Le pouvoir en place pensait peut-être que leur vote allait lui être défavorable.

no3089 – JUIN 2020

165


GRAND FORMAT BURKINA FASO

ÉCONOMIE

Elle plie mais ne rompt pas Malgré les attaques terroristes et les grèves qui l’ont contraint à des ajustements budgétaires, le pays est parvenu à maintenir une croissance soutenue, jusqu’à l’épidémie de Covid-19. Et s’emploie à franchir le cap sans trop de dégâts.

La mine d’or exploitée par le canadien Endeavour Mining, à Houndé.


C ANNE MIMAULT/REUTERS

ALAIN FAUJAS

est peu dire que la pandémie bouleverse l’économie du Burkina Faso, comme celle de ses voisins. Alors que la crise économique et sociale pointe, un retour sur la situation qui prévalait au début de mars s’impose. Malgré la dégradation du climat sécuritaire, le pays semblait alors assez résistant pour poursuivre sur sa lancée. La croissance restait forte, autour de 5,9 %, grâce à une bonne campagne agricole. L’inflation était contenue à 2,9 %. Le déficit budgétaire revenait à 3 % du PIB, tandis que la dette plafonnait à 42,5 % à la fin de 2019. Le FMI applaudissait « des performances satisfaisantes » et « des efforts louables » en matière de budget et de gestion. Le gouvernement avait notamment promis qu’il n’y aurait aucune augmentation de la masse salariale de la fonction publique, hormis celle destinée aux forces de sécurité, très sollicitées par la lutte contre le terrorisme. L’année dernière, le Burkina Faso s’était déjà illustré comme étant l’un des pays du continent qui collectent le mieux les impôts : ils constituaient 19,3 % de son PIB en 2019 (18,8 % en 2018), ce qui le classe dans le peloton de tête derrière les Seychelles, la Tunisie, l’Afrique du Sud et le Maroc. En matière de dette, l’agence Standard and Poor’s (S&P) indiquait à la fin de l’année dernière que « les notes du pays étaient soutenues par [ses] prévisions d’une activité économique vigoureuse dans les années à venir ». L’agence américaine s’attendait « à ce que les investissements publics se poursuivent dans les infrastructures. Ceux-ci dynamisent l’activité du secteur privé en décongestionnant les principaux goulets d’étranglement, tels que l’approvisionnement en électricité, et en améliorant l’efficacité des circuits

d’approvisionnement, en particulier dans les secteurs agricole et minier ». Sur la base de son hypothèse d’un maintien de la stabilité politique intérieure, l’agence S&P estimait alors « que la croissance du PIB réel resterait résiliente aux chocs sécuritaires récents ». Mais le Covid-19 est passé par là. En raison du confinement de la population et de la fermeture des frontières qui ont affecté aussi bien le tourisme que les productions minière et cotonnière, la croissance devrait perdre quatre points en 2020 et tomber à 2 %. Les autorités ont dû abandonner leur volonté d’assainir les finances publiques. La hausse des dépenses pour lutter contre le virus et contre l’aggravation de la pauvreté, au moment où les recettes fiscales et douanières se tarissent, explique que le FMI prévoie – et accepte – que le déficit budgétaire repasse de 2,7 % à 5 % du PIB en 2020. « Il faut saluer la politique du gouvernement, qui a vite pris les bonnes mesures, analyse Arthur Minsat, chef de l’unité Afrique au Centre de développement de l’OCDE. Outre le confinement, le port du masque ou encore la fermeture des écoles et des marchés, qui ont permis de limiter le nombre des décès à 52, au 21 mai, il a mis en place des politiques destinées à amortir l’impact économique et social de cette mise à l’arrêt. Le budget 2020 révisé consacre 4,5 % du PIB pour financer, par exemple, la recherche sur le Covid-19, l’exonération de TVA sur les produits et les services médicaux, l’allègement des factures d’eau et d’électricité, la suppression des taxes d’apprentissage ou encore les subventions – de 30 milliards de F CFA [près de 45,7 millions d’euros] – pour les intrants pour l’alimentation et pour le bétail. »

Le spectre de la récession

Cela ne suffira pas à éviter la crise. Pour la première fois, les émigrés burkinabè en Côte d’Ivoire ne pourront pas envoyer d’argent à leur famille. Les bras manqueront pour la récolte du coton, vitale pour le monde agricole (lire pp. 170-172). Les exportations de bétail sont entravées. Le secteur aurifère est tétanisé (lire p. 174). Dans ce contexte, la remontée des inégalités est inévitable, le gouvernement ne disposant plus des moyens de poursuivre une politique sociale vigoureuse. Le pire est donc à venir. « Avec 2 % de prévision initiale de croissance en 2020 et une croissance démographique toujours aussi forte, c’est une récession en croissance par habitant que va connaître le Burkina Faso, estime la Sénégalaise Soukeyna Kane, directrice des opérations de la Banque

no3089 – JUIN 2020

167


GRAND FORMAT BURKINA FASO ÉCONOMIE

REPÈRES

Un cadre budgétaire maîtrisé

168

no3089 – JUIN 2020

2018

2019

PIB réel (à prix constants) Inflation (moyenne annuelle)

6,3 0,4

6,0 2,0

5,9 2,9

Solde global

Total des recettes courantes dont recettes fiscales

–7,8 19,4 17,3

– 4,7 18,7 18,8

–3,0 19,9 19,3

Total des dépenses dont dépenses d’investissement

29,9 11,6

27,5 10,2

25,8 7,0

Solde extérieur courant

– 9,7

–8,1

– 8,3

Dette publique totale

38,4 24,1

42,5 24,2

42,5 23,4

(en % du PIB)

dont dette extérieure

Des IDE en forte hausse

2 707

(en millions de dollars)

1 745

Stocks Flux entrants

75 34,15 2005

(en %)

354 34,62 2010

231,80 2015

480

2018

SOURCES : AUTORITÉS NATIONALES, FMI, CNUCED

mondiale pour le pays. Face à cette nouvelle crise, nous sommes en train de rebâtir notre action autour de trois piliers: protéger les vies, protéger les moyens de subsistance et protéger le futur. » Protéger les vies signifie d’abord muscler les projets de santé en cours en les réorientant vers la prévention et la prise en charge des malades. Il s’agit aussi de soutenir financièrement les personnes confinées et les travailleurs de l’informel sans filets sociaux, ainsi que de se soucier des 2 150 000 Burkinabè qui subiront une insécurité alimentaire. « Nous adapterons notre action, explique Soukeyna Kane, car elle ciblait jusqu’à présent les zones rurales les plus pauvres. Il nous faut désormais nous tourner vers les populations urbaines et appuyer le gouvernement, qui se porte à leur secours. » Protéger les moyens de subsistance et donc les emplois, « c’est un vrai défi, poursuit-elle, car le secteur privé n’est pas assez solide pour les sauvegarder. Ce n’est pas parce que les entreprises seront dispensées d’impôts qu’elles pourront payer des salaires ». Enfin, protéger le futur demandera réflexion et imagination. « Il faut repenser le jour d’après et inventer comment remettre en marche l’économie, souligne Soukeyna Kane. Nous devons réfléchir aux apports des nouvelles technologies dans cette crise en matière d’éducation à distance. Il s’agira ensuite d’étendre cette digitalisation à la médecine ou à l’administration afin de leur donner plus d’efficacité et permettre au pays de rebondir. » Le Burkina Faso va avoir besoin d’un appui sans faille de la part de la communauté internationale. Ce soutien lui est assuré. Le FMI lui a accordé le 13 avril « une facilité de crédit rapide » de 115,3 millions de dollars (106 millions d’euros) pour soutenir sa balance des paiements, et a accepté d’alléger le service de sa dette de 11,9 millions de dollars pendant deux ans. La Banque mondiale reprogramme des ressources et a préparé un projet pour soutenir la réponse au Covid-19. L’enveloppe renforcée pour le cycle de l’IDA19 (juillet 2020 à juin 2023) permettra d’aider le pays davantage. L’Alliance pour le Sahel, la Banque africaine de développement, la Chine, la France et l’Union européenne, notamment, ont également annoncé des aides importantes sous la forme de dons ou de prêts. Le futur dépendra de la vitesse à laquelle seront tenues ces promesses et à laquelle seront réalisés les projets en cours d’élaboration pour sortir le Burkina Faso de la tourmente.

2017

UN PLAN 2016-2020 PLUTÔT CONCLUANT Le Plan national de développement économique et social (PNDES 2016-2020), d’un montant global de 15400 milliards de F CFA (plus de 23,5 milliards d’euros), a commencé à porter ses fruits puisque l’indice de pauvreté est tombé à 40,1 % en 2019, contre 43,7 % en 2017. Voici les principaux progrès réalisés en quatre ans. • ÉDUCATION Construction de quatre lycées professionnels, à Manga, Kaya, Tenkodogo et Zorgho. Ouverture de centres de regroupement des élèves affectés par l’insécurité. • EAU, ASSAINISSEMENT En milieu rural, 317 forages neufs et 158 réhabilités. En zone urbaine, 140000 ménages raccordés. • AGRICULTURE Prix subventionnés pour 7000 t d’engrais, 2300 t de semences améliorées, 6700 matériels de traitement et 35500 kits de protection contre les nuisibles. Attribution de 4000 équipements à traction animale. Aménagement de périmètres pour 94000 producteurs, dont 30400 femmes. • ÉNERGIE Achèvement de la centrale de Fada N’Gourma (7,5 MW). Installation de 14 minicentrales avec stockage dans des centres médicaux dotés d’une antenne chirurgicale. • INFRASTRUCTURES ET TÉLÉCOMS Plus de 100 km de nouvelles routes, portant à 26,2 % la proportion des routes bitumées. Déploiement de 736 km de fibre optique. A.F.


COMMUNIQUÉ

EKS ENTREPRISE KANAZOE SALIFOU - EKS SA

UNE STRATÉGIE DE CROISSANCE basée sur la diversification

Entrepreneur précoce, Salifou Kanazoé a diversifié ses activités au fil des années. Outre le BTP, il est présent dans les mines, le transport, l’immobilier et les matériaux de construction. Son prochain projet est la création d’une cimenterie de taille moyenne.

S

alifou Kanazoé est né en 1979 dans la famille du richissime El Hadj Oumarou Kanazoé. À 20 ans, il était déjà entrepreneur puisqu’il était à la tête d’une société de transport d’hydrocarbures, qu’il gérait en parallèle avec les projets de construction de routes dans l’entreprise de son père.

Un vivier de talents Cette entreprise, qui réalise un chiffre d’affaires moyens de 10 milliards de F CFA par an, fait partie des leaders du moment au Burkina Faso et a à son actif le bitumage de plusieurs routes. EKS SA emploie environ 500 personnes de plusieurs nationalités, et en particulier des cadres de haut-ni-

veau expérimentés dans leurs domaines d’activités. Ainsi, ce sont des ingénieurs tunisiens qui assurent la direction technique. L’entreprise dispose d’un parc d’engins lourds très important d’une valeur estimée à plusieurs dizaines de milliards de F CFA. Grâce à la société EKS Logistic, Salifou Kanazoé est présent dans les secteurs des mines et des transports. Cette société a un atout important : un parc diversifié d’engins lourds, particulièrement bien adapté aux besoins en transport, en levage et en manutention.

Un projet de cimenterie Salifou Kanazoé a également investi dans l’immobilier par le biais de la société EKS Immobilier qui contrôle plusieurs propriétés à Ouagadougou et à l’intérieur du pays. Enfin, il a ouvert une carrière de granite, située à Doulougou dans la province de Bazèga, et étudie un projet de création d’une cimenterie de taille moyenne d’un coût global de 12 milliards de F CFA. Cette unité verra le jour dans la ville de Bobo et sera équipée par l’espagnol Cemegal.

OUAGADOUGOU 06 BP 9211 OUAGADOUGOU 06, BURKINA FASO TÉL. : (+226) 25 43 02 25 - EMAIL : KANAZOE@EKSGROUPE.COM

JAMG - PHOTOS : ADOBESTOCK.COM

Il abandonne tôt l’école pour se concentrer sur son activité de rêve : l’entrepreneuriat dans le domaine du bâtiment et des travaux publics (BTP) avec la création de l’Entreprise Kanazoé Salifou SA (EKS SA), une société anonyme qu’il administre depuis plus 20 ans.


GRAND FORMAT BURKINA FASO

STRATÉGIE

Harouna Kaboré Ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat

« Le Faso Dan Fani, ce n’est pas que de la cotonnade! »

M

Propos recueillis à Ouagadougou par NADOUN COULIBALY

ême si l’or blanc reste son deuxième produit d’exportation et représente encore 4 % de son PIB, le Burkina a perdu sa place de premier producteur africain de coton et n’occupe plus que le quatrième rang à l’issue de la campagne 2018-2019, derrière le Bénin, le Mali et la Côte d’Ivoire (voir infographie p. 172). Outre les actions entreprises en amont pour remotiver les cotonculteurs, le gouvernement mise aussi sur l’aval de la filière. D’un côté, il mobilise les investissements pour accélérer l’industrialisation et, de l’autre, il valorise et protège la production textile artisanale locale, en particulier le Faso Dan Fani, le « pagne tissé de la patrie ». Et cette stratégie est en train de gagner d’autres secteurs agro-industriels.

Afreximbank et la Banque africaine de développement (BAD). Il va permettre de créer plus de 12000 emplois directs. Au-delà de cette initiative, nous préparons avec des partenaires stratégiques l’implantation d’une filature et d’un parc industriel textile dans la région des Hauts-Bassins. En parallèle, grâce à l’installation d’une deuxième usine, l’unique filature du pays, Filsah (Filature du Sahel), va doubler ses capacités pour les porter à environ 10 000 tonnes par an.

Harouna Kaboré : Le projet a atteint une maturité technique, juridique et financière suffisante. Nous sommes aujourd’hui dans la phase de mobilisation des fonds nécessaires au démarrage, cette année, des travaux de construction des trois unités industrielles prévues à Ouagadougou, à Koudougou et à Bobo-Dioulasso. Ce projet, d’un coût d’environ 200 milliards de F CFA (près de 305 millions d’euros), suscite l’intérêt de nombreux investisseurs, parmi lesquels

170

no3089 – JUIN 2020

SOPHIE GARCIA POUR JA

Jeune Afrique: Où en est l’industrialisation de la filière coton, notamment dans le cadre du projet A Star Textile, fruit d’un partenariat entre l’État burkinabè et le groupe turc Ayka Textile ?

Le 16 mars, à Ouagadougou.

Vous avez engagé en 2019 un processus de labellisation du Faso Dan Fani. Pourquoi ?

Le Faso Dan Fani n’est pas que de la cotonnade ! C’est un produit stratégique dont nous évaluons le potentiel de revenus annuels à plus de 50 milliards de F CFA. C’est un secteur artisanal pourvoyeur d’emplois et de revenus pour des millions de jeunes et de femmes qui participent à la transformation de notre coton dans l’habillement. Derrière ce pagne, il y a toute une économie. Nous nous sommes aperçus que la contrefaçon prenait de l’ampleur, et nous avons voulu recadrer cela en élaborant un cahier des charges, en organisant les artisans et, surtout, en nous entendant sur ce qui doit être considéré comme un pagne tissé burkinabè. Sur cette base, nous avons décidé de protéger le Faso Dan Fani comme une marque collective en élaborant un catalogue de 400 motifs créés par les tisseuses de toutes les régions du pays, et qui a été enregistré


COMMUNIQUÉ

Prix Africain du Développement 2019 Kigali célèbre les bâtisseurs africains

Les recipiendaires posent avec leurs trophées Padev

E

n présentant des Africains comme modèles pour d’autres Africains, à l’initiative d’organisations de la société civile réunies autour de la Fondation 225 et de Safam Com International, les Prix Africains du Développement (PADEV) se sont imposés comme un baromètre de l’excellence pour les décideurs africains. M. Kouadio Koffi, President de la fondation 225 et promoteur du prix Padev

> Le Prix Apollinaire Compaoré du Jeune Entrepreneur, du nom de l’opérateur économique et président du patronat burkinabè, Apollinaire Compaoré, a été attribué au malien Fousseyni Maïga, PDG du groupe Arc-en-ciel, et à l’ivoirien Euloge Kuyo, DG du groupe First Magazine. > Dans la catégorie du Prix des Meilleurs Maires de l’Union Africaine et de la CEDEAO, quinze personnalités ont été primées. Le vice-maire en charge du Développement économique de la ville hôte, Kigali, Parfait Busabizwa, a reçu le prix du Meilleur ManagerAfricain des Collectivités Locales. La liste des gagnants inclut également le Ministre Bacongo Cissé de la Côte d’Ivoire, dont les actions au sein de la commune de Koumassi ont permis d’assainir les finances et de résorber les questions de salubrité et de sécurité ; les maires Issouf Doumbia (Bingerville), Aboubacar Fofana (Man), Laure Baflan Donwahi (Mayo) et Chantal Fanny (Kaniasso), tous de la Côte d’Ivoire. Ont également été récompensés : Moctar Mamadou, maire de la ville de Niamey au Niger, Aboubacar Hema (Banfora) et Dissan Boureïma Gnoumou (Houndé) au Burkina Faso. Le Prix Africain du Mérite et de l’Excellence a distingué 35 lauréats dans différents secteurs d’activités. Ainsi, Daouda Azoupiou, Ministre Burkinabè des Sports et des Loisirs s’est vu décerner le titre de Meilleur Manager des Sports et Loisirs et son compatriote, l’homme d’affaires Marcel Zoma,

a été reconnu comme le Meilleur Promoteur Africain des Œuvres Sociales. De son côté, Mahamoudou Bonkoungou, PDG du groupe EBOMAF, a reçu le Grand Prix Africain du Développement. Le prix du Meilleur Artisan Africain de la Gestion Halieutique est revenu au docteur Rokia Maguiraga Kane, Ministre malien de la Pêche et de l’Élevage. Dans le domaine de l’entrepreneuriat féminin, l’ivoirienne Mariam Diaby, fondatrice de la communauté en ligne Nappys de Babi, a reçu le Prix de la Meilleure Promotrice Africaine de l’Entrepreneuriat Féminin.

BENOIT KANYANDEKWE, BENOIT KANYANDEKWE,

meilleur architecte africain 2019 meilleur architecte africain 2019 L Congola Le ais de la RDC, Benoit Kan nyandekwe, fondateur et PDG de B.K Arch d hitects a reçu le prix du Meilleur Architecte Africain pour l’année 2019. Sa A rréputattion a franchi les frontières de son pays natal. Son cabinet, qui em mploie plus de 65 spécialistes à tra avers le monde, conduit à bien des projets architecturaux de réfférence en Afrique et au MoyenOrient. La réussite de B.K Architects rep pose sur une compréhension en pro ofondeur des cultures, mentalités et compétences locales.

Au vue du succès éclatant des précédentes éditions, le Rwanda a conclu avec la Fondation 225 et son président, Koffi KOUADIO, une convention pour l’organisation de l’événement sur les 4 prochaines éditions. Le rendez-vous 2020 est pris pour Kigali du 19 au 21 juillet prochain au Marriott Hôtel Kigali.

www.fondation225.org

JAMG - PHOTOS S : D.R R.

Du 30 août au 2 septembre 2019, Kigali a accueilli la 14e édition des PADEV, décernés dans trois grandes catégories :


CHUTE DE LA PRODUCTION… ET DU PODIUM

(production de coton-graine, en tonnes, dans la zone Uemoa) Burkina Faso Bénin Côte d’Ivoire Mali 682 940

679 689

auprès de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi). Désormais, l’appellation Faso Dan Fani ainsi que les motifs sont protégés. Il n’est donc plus possible de les utiliser sur des pagnes confectionnés de manière industrielle. Il faut désormais obtenir un agrément pour produire du Faso Dan Fani labellisé et estampillé « made in Burkina ». Dans d’autres filières, certains groupes nationaux se sont dits menacés par la fraude. Que faire ?

En effet, à cause de la fraude, nos industriels rencontrent des difficultés à écouler leurs marchandises, ce qui a engendré une crise chez l’unique sucrier national, SN Sosuco, ainsi qu’au sein des huileries SN Citec. Afin de les soutenir, nous avons adopté des mesures conjoncturelles qui reposent sur l’intensification de la surveillance du marché et sur les contrôles des prix. Nous avons par exemple signé un protocole d’accord avec les distributeurs, ce qui a permis d’absorber les stocks d’invendus de SN Sosuco et de SN Citec.

588 200

548 695

Togo 728 644 611 759

647 300

678 000 656 529

597 985

513 560

468 940

451 209

446 666

Sénégal

413 238

393 367

310 081

435 265

328 155

303 320 114 500

81 000

108 291

117 167

137 255

26 545

20 300

15 160

16 380

15 121

2014-2015

2015-2016

2016-2017

2017-2018

2018-2019

Comment mobiliser les investissements industriels malgré le contexte sécuritaire ?

Nous avons fait évoluer nos instruments de promotion pour mieux accompagner et rassurer les investisseurs privés étrangers avec, entre autres, la création en 2018 de l’Agence burkinabè des investissements (ABI), l’adoption d’une stratégie nationale d’industrialisation et l’instauration d’un nouveau code des investissements qui encourage

l’installation d’unités agroalimentaires. Pour accompagner ce mouvement, nous avons octroyé en 2019 plus de 34 milliards de F CFA de financements aux PME grâce à une convention avec les banques. Nous avons par ailleurs investi 7 milliards de F CFA dans l’installation d’une usine, dans la zone industrielle de Kossodo, qui sera une référence dans la sousrégion en matière de transformation des produits agricoles et de formation pratique.

LA SONABEL RAYONNE GRÂCE AU SOLAIRE Pour la Société nationale burkinabè d’électricité (Sonabel), l’avenir s’annonce photovoltaïque. Si le solaire ne représente encore que 6 % du mix énergétique national, son développement et les importations depuis le Ghana et la Côte d’Ivoire ont permis à la Sonabel de doubler son offre entre 2015 et 2020, pour atteindre une puissance de 630 MW. « Grâce aux projets solaires en cours, notre objectif est d’atteindre une capacité installée de 1 000 MW d’ici à 2022 et d’entrevoir la fin

172

no3089 – JUIN 2020

des délestages », explique le ministre de l’Énergie, Bachir Ismaël Ouédraogo. Une première centrale solaire d’une capacité de 33 MW – l’une des plus grandes d’Afrique de l’Ouest – est opérationnelle depuis novembre 2017. Construite à Zagtouli, dans la banlieue ouest de Ouagadougou, par le français Cegelec, filiale de Vinci Énergie, et par le fournisseur allemand de panneaux SolarWorld, elle a nécessité un investissement de 47,5 millions d’euros, financé par l’Union

européenne et l’Agence française de développement (AFD). Son extension va permettre de porter sa capacité totale à 50 MW. « L’appel d’offres est lancé, et les travaux, financés par la Banque européenne d’investissement, dureront quatorze mois. Il reste désormais à savoir comment stocker toute cette énergie. Des études sont en cours », explique Baba Ahmed Coulibaly, le directeur général de la Sonabel. Au début de février ont démarré à Pâ (Ouest) les travaux d’un deuxième parc,

d’une capacité de 30 MW. Développé dans le cadre d’un partenariat publicprivé, le projet a été confié par l’État au groupe français Urbasolar, qui l’exécute avec son partenaire local, la PME Projet Production solaire. Son coût est estimé à 21,5 milliards de F CFA (32,8 millions d’euros), apportés par Urbasolar via un pool financier qui réunit notamment Proparco (filiale de l’AFD pour le secteur privé) et la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). NADOUN COULIBALY

SOURCES : PR-PICA

GRAND FORMAT BURKINA FASO STRATÉGIE


© D.R.

COMMUNIQUÉ

UNE AMBITION PANAFRICAINE Résolument engagé dans le développement économique et industriel de la sous-région ouest africaine, CIM METAL GROUP poursuit ses investissements dans des secteurs clés de l’économie avec l’ambition d’incarner un modèle de réussite africaine dans le négoce, la logistique et l’industrie.

La logistique, un catalyseur des échanges

JAMG

Actif dans le transport routier et ferroviaire via les filiales KANIS LOGISTIQUES, SOKAF et SODI, le groupe compte aujourd’hui près de 1 000 camions et 200 wagons opérationnels. Actif dans le transport du minerais (Zinc, manganèse, clinker, etc), des hydrocarbures et les marchandises, le Groupe est un acteur régional incontournable qui assure la liaison vers les Pays de l’Hinterland et contribue à la dynamique des échanges sous-régionaux.

« Cim Metal Group, nous construisons l’avenir. »

Zone Industriel de Kossodo, BP 13140 Ouagadougou 10, Burkina Faso Email: cimfaso@cimmetalgroup.com Tél. : (+226) 25 35 50 30 / (+226) 25 35 50 40 - Mobile: (+226) 63 02 22 22

L’industrie, un vecteur de création de la valeur Convaincu que l’industrialisation du continent est un challenge prioritaire, CIM METAL GROUP a lancé un vaste programment d’investissement dans les industries du ciment et de la métallurgie. Deux unités de ciment de dernière génération sont opérationnelles au Burkina avec une capacité de production de 2,6 millions de tonnes par an, de même qu’une fonderie dans la zone industrielle de Ouagadougou. En Côte d’Ivoire, c’est la plus imposante unité de production de ciment de la sous-région qui a démarré son exploitation en 2019 avec une capacité de production de 3 millions de tonnes. D’autres projets sont en cours aussi bien dans le domaine du ciment que de la métallurgie mais pas seulement, au Togo, au Mali et au Ghana.

© Marcin Kilarski/Adobestock.com

Le négoce, un pilier fondateur À travers ses filiales KANIS COMMIDITIES, CIM METAL GROUP demeure un des principaux négociants de produits de première nécessité comme le riz et le sucre, sur toute l’étendue du Faso, et au-delà dans des Pays de la Sous-région. Fort de partenariats privilégiés avec des producteurs mondiaux, le groupe entend consolider d’avantage ses positions d’acteur de référence du secteur.

Avec des investissements de l’ordre de 400 milliards de F CFA, plus de 24000 emplois directs et indirects crées dans toute la sous-région, CIM METAL GROUP est un acteur économique de référence soucieux d’exercer ses activités selon les meilleurs standards mondiaux.

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GRAND FORMAT BURKINA FASO Lire aussi: « Or: croissance record pour les exploitations burkinabè » www.jeuneafrique.com

INDUSTRIES EXTRACTIVES

Médaille d’or de la résilience Ébranlées par l’insécurité et la crise sanitaire, les compagnies minières ont ralenti leur activité. Pourtant, les perspectives restent positives grâce à la bonne tenue des cours mondiaux.

a minima, se contentant de traiter les stocks de minerai déjà extraits sur le site, pour une production d’environ 1 t par trimestre. En raison du transport par hélicoptère des équipes sur le site depuis la ville de Fada et de la construction d’une piste d’atterrissage, les coûts d’exploitation de la compagnie ont été multipliés par six.

ANNE MIMAULT/REUTERS

Vitalité

Le gisement détenu par Endeavour Mining à Houndé (Ouest) est entré en production en décembre 2017.

C

NADOUN COULIBALY

es cinq dernières années, le Burkina Faso a considérablement augmenté sa production d’or, qui est passée de 35 tonnes (t), en 2015, à 52,6 t, en 2018, puis à 50,3 t, en 2019, hissant le pays au quatrième rang des producteurs d’or du continent. Les miniers sont cependant inquiets. « Les activités d’exploration subissent de plein fouet les conséquences de l’insécurité et du Covid-19 », explique le président de la Chambre des mines du Burkina (CMB), Tidiane Barry. La plupart des opérations d’exploration, qui sont essentielles au renouvellement du potentiel minier, sont ralenties, voire totalement gelées. Le développement de la mine de la junior canadienne Orezone Gold à Bomboré (Centre) est également freiné par la crise sanitaire, l’opérateur ayant réduit ses effectifs sur le site de 700 personnes à 30.

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no3089 – JUIN 2020

Quant à la production de la mine de la Société d’exploitation minière en Afrique de l’Ouest (Semafo) à Boungou (Est), elle a été suspendue pendant plusieurs mois. Le 6 novembre 2019, une embuscade contre un convoi de cinq cars transportant du personnel vers la mine, et pourtant escorté par l’armée, a causé la mort de 38 personnes. Depuis, le producteur d’or canadien a été racheté par son compatriote Endeavour Mining pour 640 millions de dollars (585 millions d’euros). Au début de février, il a repris ses activités à Boungou, mais

AVEC QUATORZE MINES INDUSTRIELLES DÉSORMAIS EXPLOITÉES, LE BURKINA TABLE SUR UNE PRODUCTION DE 60 TONNES EN 2020.

Malgré ce climat d’insécurité persistant, le secteur minier burkinabè maintient sa vitalité. Il bénéficie notamment de la très bonne tenue des cours mondiaux de l’or, qui ne s’est pas démentie depuis le début de l’année. « Notre secteur minier demeure résilient. Pour 2020, nous pensons voir une hausse globale de notre production d’or, estime Toussaint Bamouni, directeur exécutif de la CMB. Celle-ci devrait atteindre environ 60 t, avec l’entrée en production des mines de Sanbrado (de l’australien West African Resources) et de Niankorodougou. » Ce dernier site – détenu à 90 % par le canadien Teranga Gold Corp., via sa filiale Wahgnion Gold Operations, et à 10 % par l’État – a nécessité un investissement de 244 millions de dollars. Sa production s’élève à 3,6 t par an. « Nous assistons à des développements importants le long des ceintures aurifères les plus prolifiques du Burkina Faso, où les sociétés ont connu de grands succès dans l’exploration, explique Adama Barry, directeur national de Teranga Gold. C’est le cas en particulier dans la ceinture de roches vertes de Houndé, où nous enregistrons de bons résultats et espérons construire notre troisième mine. » À la fin de 2019, le secteur a atteint un chiffre d’affaires cumulé de 1 540 milliards de F CFA (plus de 2,3 milliards d’euros). Le Burkina compte désormais quatorze mines d’or industrielles en phase d’exploitation, dont les plus emblématiques sont celles des canadiens Iamgold, à Essakane, et SemafoEndeavour, à Mana.


COMMUNIQUÉ

2iE forme des ingénieur(e)sentrepreneur(e)s

Basé à Ouagadougou (Burkina Faso), l’Institut International d’Ingénierie de l’Eau et de l’Environnement (2iE) œuvre pour une meilleure adéquation entre la formation des talents, la recherche et les nouveaux besoins des économies africaines. 2IE EN BREF ཛྷ 50 ans au service de l’Afrique : plus de 8000 diplômés, dont 95 % travaillent en Afrique ཛྷ 1400 étudiants en formation dont 30 % de filles

Ses diplômes sont accrédités et reconnus en Afrique et à l’International. L’école met à disposition des élèves des possibilités de mobilité simple et de double diplôme grâce aux accords conclus avec plusieurs grandes écoles d’ingénieurs en Europe.

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Issu de la fusion des institutions inter-états EIER (École des Ingénieurs de l’Équipement Rural) et ETSHER (École des Techniciens Supérieurs de l’Hydraulique et de l’Équipement Rural), 2iE a une gouvernance innovante organisée autour de 16 États membres et de partenaires privés, académiques, scientifiques, financiers.

OFFRE DE FORMATION 2iE offre une gamme complète de formation : Ingénieur Bac+5 conférant le grade de master ; diplôme de bachelor en ingénierie délivré après les 3 premières années d’étude ; formation doctorale internationale ; classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE). L’école offre également des parcours professionnels en 1 an, de niveaux : Bac+6, mastères spécialisés (assainissement-noncollectif, Génie sanitaire et humanitaire) et Bac+3, bachelors technologiques (Équipement et maintenance des installations hydrauliques ; Gestion et maintenance des parc de matériels de TP ; Géotechnique ; Énergie renouvelable ; Topo-SIG-Télédétection).

RECONNAISSANCE INTERNATIONALE APPUI AUX ENTREPRISES 2iE propose aussi des formations et des prestations adaptées aux besoins des entreprises : □ Formation professionnelle en ligne : Management et gestion des infrastructures et services □ Formation professionnelle continue à la carte ou sur catalogue □ Prestations d’expertise et d’analyses de laboratoire

TROIS SPÉCIALITÉS ཛྷ

Génie de l’eau, de l’assainissement et des aménagements hydroagricoles ;

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JAMG - PHOTOS : D.R.

2iE est un environnement international et multiculturel avec plus de 30 nationalités tant dans le corps professoral qu’estudiantin, avec une forte stratégie de partenariat.


GRAND FORMAT BURKINA FASO

ENTREPRENEURIAT

L’art de prendre les devants Du BTP à l’hôtellerie, en passant par l’agriculture et la microfinance, portraits de patrons emblématiques et fédérateurs qui ont toujours un temps d’avance – voire plus.

LE LARLÉ NAA AABA

Chef du développement rural

SOPHIE GARCIA / HANS LUCAS

D

éputé de 1992 à 2014, chef coutumier réputé influent et ministre du Mogho Naaba (le roi des Mossis), Victor Tiendrébéogo a célébré le 1er mars le trentième anniversaire de son accession au trône. Il est le Larlé Naaba, le chef administrateur du quartier de Larlé (dans le nord-ouest de la capitale), et, depuis qu’il a quitté les bancs de l’Assemblée, celui que l’on appelle aussi le Naaba Tigré (« chef de l’abondance ») consacre son temps à son exploitation agricole et au développement rural. Entre autres… Il est 9 heures, ce matin-là, au palais du Larlé Naaba. Comme chaque jour, le chef évacue ses dernières audiences avant d’embarquer dans un véhicule flambant neuf. Direction sa ferme, située à 50 km de Ouaga, à Dapélogo, où il improvise une visite guidée. « On produit du lait, avec un cheptel de 250 têtes, pour une capacité de 85 litres par jour, mais on envisage d’atteindre 1000 l/jour d’ici à trois ans. Cela nous permet de produire du yaourt, du beurre et du fromage “made in Burkina” », explique le Larlé Naaba. Il cultive aussi du maïs (6000 t/an), des produits maraîchers et du jatropha. « On produit aussi notre propre fourrage, poursuit-il. La principale difficulté ici, c’est l’eau. Mais, à force de persévérance, j’ai fini par en trouver, avec vingt forages solaires à très haut débit. » Et d’ajouter qu’il est en train d’investir 100 millions de F CFA (152000 euros) dans un barrage artificiel pour permettre à l’exploitation d’avoir une totale maîtrise de l’eau. Également exportateur de bétail (300 têtes par an vers la Côte d’Ivoire), le Naaba Tigré réinvestit ses revenus, estimés à environ 200 millions de F CFA par an, dans sa communauté et dans sa ferme, qui compte 150 permanents et environ 500 occasionnels. Il a par ailleurs créé Belwet Microfinance, qui a déjà permis d’octroyer 250 000 microcrédits, et prévoit d’augmenter son capital à 500 millions de F CFA. Le « chef de l’abondance » espère pouvoir bientôt mobiliser les 450 millions de F CFA nécessaires à la construction d’un centre de formation agropastoral et sylvicole. « Mon ambition, dit-il, c’est de démontrer aux jeunes que l’agriculture est un secteur rentable. » Et force est de constater que ses réalisations font école, à l’instar de son modèle d’élevage de volailles, surnommé « 10/1 », qui permet d’avoir un retour sur investissement de l’ordre de 100000 F CFA au bout de six mois d’exploitation. L’État s’en est inspiré et a injecté plusieurs milliards de francs CFA pour le vulgariser auprès des petits producteurs. NADOUN COULIBALY

Le « chef de l’abondance » dans son exploitation agricole, à Dapélogo.

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no3089 – JUIN 2020


COMMUNIQUÉ

UN GRAND INVESTISSEUR CAISSE NATIONALE DE SÉCURITÉ SOCIALE

dans la mise en œuvre de la politique de l’habitat au Burkina

La Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) est un Etablissement public de prévoyance sociale (EPPS). Sa mission essentielle est de gérer le régime de sécurité sociale applicable aux travailleurs salariés et assimilés au Burkina Faso. À ce titre, elle recouvre des cotisations sociales auprès des employeurs et paie des prestations sociales aux assurés.

Directeur Général de la CNSS

NOS PRESTATIONS Les prestations de la CNSS sont regroupées en trois grandes branches : • une branche «prestations familiales» chargée du service des prestations familiales et des prestations de maternité ; • une branche «risques professionnels» chargée de la prévention et du service des prestations en cas d’accident du travail et de maladies professionnelles ; • une branche «pensions» chargée du service des prestations de vieillesse, d’invalidité et de survivants. Le service des prestations est complété par une action sanitaire et sociale.

LA CNSS, UN GRAND BÂTISSEUR Au-delà de sa mission première, la CNSS intervient dans la construction d’infrastructures immobilières notamment les logements sociaux, les villas et les auberges. Dans la plupart des centres urbains et bon nombre de chefs-lieux de provinces, elle accompagne ainsi la politique de l’habitat définie dans le PNDES à son axe 2 : «développer le capital humain» en vue d’un accès à des logements décents et aux bâtiments publics. Nos immeubles de rapports composés de villas, d’appartements, de magasins, de stu-

Nos infrastructures réalisées pour accompagner les fêtes de l’indépendance depuis 2008 : • une auberge en cours de réalisation à Banfora pour cette année 2020 comprenant en moyenne 24 chambres, un bâtiment administratif, une salle polyvalente, un bar restaurant, un local technique et des vestiaires ; • des auberges réalisées à Tenkodogo en 2019, à Manga en 2018, à Gaoua en 2017, à Kaya en 2016 et à Dori en 2013 ; • 24 villas F4 à Dédougou en 2015 ; • 100 villas à Koudougou en 2012 ; • 150 logements sociaux à Bobo-Dioulasso en 2010 ; • 20 villas à Ouahigouya en 2009 ; • 65 villas, une salle de conférence et une auberge à Fada N’Gourma en 2008.

W Vue de profil des bungalows dans les auberges • la Direction régionale de Fada N’Gourma (en cours) ; • la Direction régionale de Dédougou (en cours).

NOS FUTURS CHANTIERS La CNSS a en projet la construction d’infrastructures au profit de la population burkinabè. Les chantiers suivants seront lancés très bientôt : • un centre de gériatrie, au profit des personnes âgées à Bobo-Dioulasso ; • un centre commercial, de 10 niveaux à la ZACA à Ouagadougou. L’objectif visé de ces investissements productifs est de renforcer la sécurité financière de l’institution afin de garantir le paiement des prestations à long terme.

NOS INFRASTRUCTURES EN COURS DE RÉALISATION Afin d’offrir un meilleur cadre d’accueil à nos partenaires sociaux tout en permettant aux travailleurs d’être dans de bonnes conditions, la CNSS a entamé la construction de nouveaux sièges pour ses directions régionales que sont : • la Direction régionale de Ouagadougou (en finition) ; • la Direction régionale du Nord (en cours) ;

W Siège social de la CNSS

La CNSS, les Vertus de la Solidarité CAISSE NATIONALE DE SÉCURITÉ SOCIALE DU BURKINA 01 BP 562 - OUAGADOUGOU 01, BURKINA FASO Tél. : (+226) 25 30 60 78 à 80

www.cnssbf.org

JAMG - Ph hotos : D.R.

W Monsieur Lassané SAVADOGO,

dios, d’espaces, de bar piscine. On dénombre entre autres : • 276 appartements et villas à la Direction régionale de Ouagadougou ; • 39 villas à la Direction régionale de Bobo-Dioulasso ; • 50 villas à la Direction régionale du Nord ; • 62 villas à la Direction régionale de Fada N’Gourma ; • 39 villas à la Direction régionale de Dédougou.


HAMIDOU OUÉDRAOGO

Businessman tous risques

S

il avoue que ses affaires ont été sérieusement affectées par l’épidémie de Covid-19 – qui a causé des pertes de plus de 400 millions de F CFA (près de 610 000 euros) en trois mois pour sa seule enseigne hôtelière, Ramada Pearl Hôtel –, Hamidou Ouédraogo veut se montrer résilient. « Depuis la fermeture des frontières, notre établissement est vide, ce qui occasionne des pertes de plus de 100 millions de F CFA par mois, mais nous continuons à supporter les charges de nos 130 collaborateurs »,

INOUSSA MAÏGA

L’agripreneur 2.0

D

onner une image moderne et positive de l’agriculture aux jeunes, tel est l’objectif que s’est fixé Inoussa Maïga. Après avoir créé, en 2014, la société de production audiovisuelle Mediaprod, le journaliste de 34 ans a lancé Agribusiness TV en mai 2016. À travers des reportages en français et en anglais, la web TV met en avant des exploitants et des transformateurs innovants de moins de 40 ans. Elle enregistre plus de 53200 abonnés sur YouTube et affiche plus de 12 millions de vues. « Beaucoup

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explique-t-il. Malgré la crise sanitaire et économique, le PDG du groupe Ramada confirme qu’il compte investir 8 milliards de F CFA (mobilisés auprès de banques locales, dont Coris Bank et Banque Atlantique) dans un nouvel hôtel de 86 chambres, à Ouaga 2000. À la tête de la Chambre de commerce et d’industrie de la région Centre depuis novembre 2016, El Hadj Hamidou Ouédraogo, 57 ans, débute comme ouvrier du bâtiment au début des années 1980. Il se met ensuite à son compte, crée son entreprise d’importation et de négoce de carreaux pour la construction, ce qui lui vaut le surnom de HamidouCarreaux. Devenu rapidement l’un des poids lourds du secteur, son groupe s’est diversifié. Il a investi plus de 6 milliards de F CFA dans la construction de deux hôtels, l’un dans le quartier de Koulouba, à Ouagadougou, et l’autre à Manga, dans le Centre-Sud, sa région d’origine. La branche matériaux de construction du groupe a de même pâti de la crise sanitaire, qui a entraîné une chute de 30 % de la demande, mais Hamidou Ouédraogo maintient le cap et prépare l’après-crise. « Aujourd’hui, explique-t-il, j’envisage de céder le carreau à mes enfants pour me concentrer sur l’hôtellerie et l’immobilier. » Sa filiale Ramada Immobilier est engagée dans la construction d’une cité de 2500 logements sur 320 ha. Dans le cadre de ce programme de 70 milliards de F CFA, 100 maisons ont déjà été livrées, dont le coût d’acquisition est compris entre 10 et 70 millions. Autodidacte doté d’un flair certain en matière de marchés émergents, il étudie la possibilité de construire une usine d’aliments pour bétail, ainsi que des unités de fabrication de sacs pour les mines, un projet industriel estimé à 3,5 milliards de F CFA. NADOUN COULIBALY

de gens voulaient savoir où acheter les produits, l’idée nous est venue de créer Agribusiness Shop, explique Inoussa Maïga. D’une dizaine au départ, en février 2018, nous proposons aujourd’hui plus de 200 produits. » La possibilité de payer via Orange Money et de se faire livrer dans toute la sous-région séduit la clientèle. Parmi les produits phares, on trouve la poudre de cacao de Côte d’Ivoire, que la société fournit aux pâtisseries et aux supermarchés de Ouaga. Agribusiness Shop réalise un chiffre d’affaires de 4 millions de F CFA (plus de 6 000 euros) par mois, qui a chuté de 25 % en avril. « Avec la fermeture des frontières, il était devenu impossible

d’importer les prroduits ou de les livrer. Et pour la a télévision, tous les tournages à l’extérieur de Ouaga avaie ent été suspendus », explliquet-il. Mais depuiis la levée des restrrictions, il a relanc cé ses projets : le e recrutement de journalistes est en cours pour diversifier la production audiovisuelle , tandis qu’est prrév u e l ’o u ve r t u r e d’une deuxième e boutique à Ouaga. SOPHIE GARCIA POUR JA

OLYMPIA DE MAISMONT POUR JA

GRAND FORMAT BURKINA FASO ENTREPRENEURIAT

AÏSSATOU DIALLO


COMMUNIQUÉ

UNE ENTREPRISE CITOYENNE ET À RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE

UNE MISSION DE SERVICE PUBLIC : encadrement du monde rural, appui-conseil au développement de la production cotonnière et des cultures associées ;

UNE MISSION INDUSTRIELLE ET COMMERCIALE : collecte, transport, égrenage du coton graine et commercialisation de la fibre et des co-produits. une offre de fibres aux caractéristiques technologiques prisées par les filateurs.

au plus haut point, de la préservation de l’environnement (création d’un Département en charge des Questions Environnementales et Sociales) ;

Ces deux missions principales font de la SOFITEX, une Wilfried YAMEOGO entreprise viDG de la SOFITEX tale pour l’économie et l’agriculture du Burkina Faso au vu du flux d’argent injecté en milieu rural à travers la culture du coton. La SOFITEX constitue, ainsi, un acteur majeur en tant que vecteur de monétarisation de l’économie du Burkina Faso et un puissant levier d’amélioration des conditions de vie des populations en milieu rural.

Ce label est également présent en amont de la production cotonnière, car SOFITEX dispose d’une unité de traitement des semences qui permet aux cotonculteurs d’avoir des semences de meilleure qualité.

• la culture d’entreprise et le professionnalisme ; • la bonne gouvernance, la bonne gestion et la bonne organisation de ses activités.

• une démarche qualité corroborée par une conquête permanente de la qualité pour « un label coton burkinabè » ;

Au cœur d’une économie encore largement dominée par l’agriculture, le coton ou « l’or blanc du Burkina » est le seul produit qui fait vivre directement environ 4 millions de Burkinabè. Il contribue également à 17,5 % des recettes d’exportations ainsi que à 4 % du PIB. Il demeure une culture stratégique rentable pour nos populations laborieuses en mobilisant tant en amont qu’en aval de nombreux autres secteurs d’activités qui bénéficient directement ou indirectement de ses effets induits, tels que les huileries, les filatures, les assurances, les transports, les impôts, les hydrocarbures, les finances, les fournisseurs d’intrants agricoles, etc..

• une éthique de développement durable qui place le capital humain au centre des préoccupations de l’entreprise (amélioration des revenus et des conditions de vie des cotonculteurs et développement des ressources humaines) et qui se soucie,

Il convient de souligner que depuis le retour à la culture du coton conventionnel intervenu en mars 2016, une nette amélioration de la longueur de soie du coton burkinabè se dégage et offre assurément des gages de reconquête du « label coton burkinabè ». Un label qui se distingue par

Consciente que le coton constitue le moteur du développement agricole et économique du Burkina Faso, la SOFITEX se donne comme vision les valeurs principales suivantes :

En outre, la SOFITEX dispose d’un laboratoire de classement instrumental et manuel de la fibre, le seul du genre en Afrique, accrédité à la norme ISO 17 025 par le Système Ouest Africain d’Accréditation (SOAC). Ce laboratoire assure le classement de toute la fibre produite au Burkina Faso et des sociétés cotonnières de la sous-région qui en expriment le besoin. La SOFITEX, créatrice de richesses et de la valeur ajoutée en milieu rural et partant dans ses sept régions cotonnières où sont implantées ses quinze usines d’égrenage, joue indéniablement une réelle partition dans la lutte pour la sécurisation des revenus des d cotoncult l teurs et l’amélioration des performances de la production p céréalière au Burkina Faso.

Références technologiques de la fibre SOFITEX SOIE MOYENNE

29,54

RÉPARTITION DE LA LONGUEUR DE LA SOIE

1.1/16

1.3/32

1.1/8

1.5/32

1.3/16

1.7/32

1.1/4

1.1/4

0,7

6,1

21,6

39,9

19,1

9,3

2,7

0,6

UNIFORMITÉ DES LONGUEURS

TÉNACITÉ MOYENNE

ALLONGEMENT MOYEN

81,2

30,7

5,7

MICRONAIRE MOYEN

4,3

RÉPARTITION DES MICRONAIRES

≤ 3,5

] 3,5 ; 3,6]

] 3,6 ; 4,2]

] 4,2 ; 4,9]

> 4,9

0,1

0,2

35,3

64,2

0,3

Zone Industrielle de Bobo-Dioulasso - 01 BP 147 Bobo-Dioulasso 01 - Burkina Faso Tél. : (+226) 20 97 00 25 - Fax : (+226) 20 97 00 23 - Email : dg@sofitex.bf

www.sofitex.bf

JAMG - PHOTOS : D.R.

La SOFITEX, leader de la production cotonnière au Burkina Faso a pour missions majeures :


GRAND FORMAT BURKINA FASO

SOCIÉTÉ

Frédéric Titinga Pacéré Avocat, écrivain et chef traditionnel

« Il n’y a que quelques milliers de terroristes, nous sommes 20 millions de Burkinabè » Construction de la nation, révolution de 1983, diversité culturelle, rôle de la chefferie traditionnelle, lutte contre le jihadisme… Un acteur et témoin privilégié de l’Histoire raconte soixante ans d’indépendance.

À son domicile, dans le quartier ouagalais de Tanghin.

E

Propos recueillis à Ouagadougou par AÏSSATOU DIALLO

n novembre 2019, à la suite de l’appel à la « mobilisation générale des fils et filles de la nation » lancé par le président Kaboré au lendemain d’une nouvelle attaque jihadiste, c’est un Frédéric Titinga Pacéré alors âgé de 76 ans qui a demandé son incorporation dans l’armée. Élan patriotique pour les uns, plaisanterie pour les autres tant cela paraissait insolite. Mais qui connaît le personnage ne doute aucunement de la sincérité de cette démarche. Premier avocat du pays, ancien expert indépendant des Nations unies pour la RD Congo, écrivain, poète, chef de Manéga – son village, situé à 50 km au nord-ouest de Ouagadougou, dans le PlateauCentral –, Frédéric Titinga Pacéré est un acteur et un témoin privilégié de l’histoire de la Haute-Volta, puis du Burkina Faso. Le 15 juin 2019, il a lancé l’« Appel de Manéga » pour restaurer la paix et la cohésion sociale. À ses côtés étaient présentes 100 personnalités, un hommage au centième anniversaire de la création de la Haute-Volta, en 1919. Maître Pacéré est également un fervent défenseur des valeurs traditionnelles,


notamment de la société mossi, dont il est l’un des leaders. Il a fondé le Musée de Manéga, qui met en valeur les traditions sacrées des cultures du pays et fait la part belle à la « bendrologie » (de « bendré », instrument à percussion), qui s’intéresse au langage des tam-tams. À l’approche de la célébration des 60 ans de l’indépendance du pays, le 5 août, Me Pacéré a longuement reçu Jeune Afrique chez lui, dans le quartier populaire de Tanghin, à Ouagadougou, pour raconter l’histoire de son pays et rappeler le rôle des sociétés traditionnelles dans la lutte contre le terrorisme. Jeune Afrique: Quel souvenir gardez-vous du jour de la proclamation de l’indépendance de la HauteVolta, le 5 août 1960?

FrédéricTitingaPacéré:J’ai grandi sous la colonisation. À cette époque, la formation était orientée pour servir les intérêts du colonisateur. Nous apprenions que nos ancêtres les Gaulois avaient les yeux bleus. Un jour, lorsque j’étais à l’école primaire, à Koudougou, un inspecteur français est venu pour un contrôle de connaissance. Il a demandé: « Quels sont les fleuves de Bretagne? » Nous avons répondu sans difficulté. Puis il nous a demandé de citer un fleuve de la Haute-Volta. Aucun des 60 élèves n’a pu le faire. La colonisation, c’était aussi la période 1960-2020 des travaux forcés. Une année, dans l’Oubritenga, 350 personnes furent arrachées à leur d’indépendance terre pour aller travailler dans les champs de coton du commandant du Soudan français. Seules dix sont revenues vivantes… Le jour où la Haute-Volta devait accéder à son indépendance, j’ai fait le trajet de Koudougou à Ouagadougou, malgré mon jeune âge, pour assister à la cérémonie. Sur la place, le ministre des Affaires étrangères, ou du moins celui qui avait assumé ce rôle, Moussa Kargougou, a entonné l’hymne de la Volta – qui, sous la révolution, en 1984, fut remplacé par le Ditanyè [L’hymne de la victoire, aussi appelé Une seule nuit]. Nous avons chanté et applaudi avec lui, et, à minuit, l’indépendance fut proclamée. Nous étions inquiets parce qu’on se disait qu’on était incapables de fabriquer une aiguille, à plus forte raison de nous diriger en tant que nouvelle nation. Le pays avait été partagé, et ses richesses, exploitées sous la colonisation. Mais la Haute-Volta regorgeait de compétences qui avaient occupé des fonctions importantes dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest, comme Moussa Kargougou, Gérard Kango Ouédraogo ou encore Léopold Kaziendé. Il y avait donc des signes d’espoir.

SOPHIE GARCIA POUR JA

60 ANS

no3089 – JUIN 2020

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GRAND FORMAT BURKINA FASO SOCIÉTÉ

La Haute-Volta regroupait des populations aux cultures très différentes. Comment la nation a-t-elle pu être construite?

Depuis sa reconstitution, il n’y a jamais eu de conflit entre les 67 groupes ethniques du pays. Dans la vie traditionnelle, il n’y a pas de conflit possible, ni interethnique, ni interreligieux, ni interrégional. Dans le cadre d’une justice traditionnelle, il n’y en a pas un qui a raison et un autre qui a tort ; on recherche le consensus à travers une médiation. Par exemple, certaines ethnies interdisent le mariage au sein d’un même groupe, car le choix d’un ou d’une conjointe à l’extérieur instaure une fraternité entre les groupes. Et lorsque le Mogho Naaba [roi des Mossis de Ouagadougou] sort le vendredi pour la « cérémonie du faux départ », le grand imam de Ouagadougou, ou la délégation qui le représente, est là pour faire des bénédictions. À ses côtés, il y a le chef suprême des Nioniossé [pluriel de l’ethnie Nionioga], ainsi que le Baloum Naaba [ministre de l’Intérieur du Mogho Naaba] et le représentant de la spiritualité fondamentale des Mossé, qu’on appelle Mowango. Chaque vendredi, toutes ces religions se retrouvent au même endroit et participent au même rituel. Bel exemple de cohésion et d’œcuménisme…

Le problème actuel est dû à l’inféodation à des forces du mal extérieures qui, qu’elles relèvent de la religion ou non, tiennent à nous diviser. Certains, comme les Peuls ou les musulmans, sont stigmatisés. C’est dommage qu’aujourd’hui on apprenne aux Bobos qu’ils sont Bobos, aux Mossis qu’ils sont Mossis… Dans certains villages qu’ils ont attaqués, les terroristes exigent l’enseignement de l’islam et interdisent celui du français. Pourtant, au

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no3089 – JUIN 2020

XVIIIe siècle, le Mogho Naaba Roulgou, qui était musulman, continuait à respecter les religions traditionnelles. Moi-même, il y a quelques mois, à la cour de Manéga, j’ai nommé un chef peul. Il participe à tous les Conseils de ministres et aide à la médiation en cas de conflit. Vous avez connu plusieurs chefs d’État. Quels souvenirs personnels vous ont marqué?

1987, la fin de la révolution Le 15 octobre 1987, Thomas Sankara est assassiné à Ouagadougou lors d’un coup d’État qui met fin à la révolution burkinabè et amène Blaise Compaoré à la tête du pays. Sénégal tourisme : état d’urgence

Hebdomadaire international indépendant • 55e année • No 2820 • du 25 au 31 janvier 2015

jeuneafrique.com

CÔTE D’IVOIRE « NOUS N’ÉPARGNERONS PERSONNE »

DOSSIER mInES Spécial 10 pages

édition AFRIQUE SUBSAHARIENNE

L’indépendance supposait d’abord la reconstitution. De 1932 à 1947, la Haute-Volta n’existait plus. Elle avait été démembrée, partagée entre la Côte d’Ivoire, le Soudan français [aujourd’hui le Mali] et le Niger. Le Mogho Naaba Saaga a été l’artisan de la reconstitution du pays. Il s’est allié aux autres chefs traditionnels – au roi du Yatenga, à celui de Tenkodogo et à ceux d’autres peuples qui composaient la Haute-Volta – et il s’est entouré d’intellectuels tels que Nazi Boni, Ouezzin Coulibaly, Maurice Yaméogo, Dim Dolobson, Philippe Zinda Kaboré, Henri Guissou… Tous ont lutté pour la reconstitution, puis contribué à l’accession à l’indépendance.

RUPTURES

France 3,50 € • Algérie 200 DA • Allemagne 4,50 € • Autriche 4,50 € • Belgique 3,50 € • Canada 5,95 $ CAN • Danemark 35 DKK • DOM 4 € Espagne 4 € • Éthiopie 65 birrs • Finlande 4,50 € • Grèce 4,50 € • Italie 4 € • Maroc 23 DH • Mauritanie 1100 MRO • Norvège 45 NK • Pays-Bas 4 € Portugal cont. 4 € • RD Congo 5,50 $ US • Royaume-Uni 3,50 £ • Suisse 6 FS • Tunisie 3,30 DT • USA 6,50 $ US • Zone CFA 1700 F CFA • ISSN 1950-1285

Quelles personnalités ont permis au pays d’accéder à l’indépendance?

BURKINA

Une interview de Fatou Bensouda, procureur de la CPI

Les mystères

de Ouaga

Trois mois après la chute de Blaise Compaoré, enquête dans les coulisses de la transition. Les grandes manœuvres en vue de la présidentielle, prévue en octobre, ont bel et bien commencé…

Janvier 2015, le début d'une longue année de transition… … après que Blaise Compaoré a été contraint de démissionner, le 31 octobre 2014, au lendemain d’un soulèvement populaire contre son projet de modification de la Constitution.

Thomas Sankara n’était pas de ma génération. Son père et moi avons travaillé ensemble pour la création d’un centre de prise en charge d’enfants abandonnés… Jusqu’au jour de l’inauguration de la dalle de Manéga, en 1996, à laquelle il était présent, il ne s’était pas remis de l’assassinat de son fils. Sankara et moi avions de bonnes relations, malgré les problèmes que j’ai eus en tant que doyen des avocats sous la révolution, qui, avec la création des tribunaux populaires, n’a pas voulu s’encombrer de la justice classique. Les avocats, les notaires et les huissiers étaient considérés comme des symboles de l’Occident chrétien et de la bourgeoisie comprador. J’ai rencontré Sankara à plusieurs reprises pour la Fédération des écrivains de l’Afrique de l’Ouest. C’était un passionné de culture. Il m’a dit un jour: « Mes devanciers ont créé le Fespaco [Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou]. Moi, Thomas Sankara, je vais créer le Fesimo, le Festival international de la musique de Ouagadougou. Pourquoi? Parce que je suis un guitariste, un musicien moderne comparé au guitariste traditionnel du Larlé Naaba. Lorsque le musicien traditionnel joue à côté d’un feu avec des enfants assis autour, on l’entend au maximum à 100 mètres. Mais moi, avec ma guitare et un amplificateur, je peux me faire entendre d’un grand public. Si en plus je fais venir la radio et la télé, on m’entendra et on me verra très loin, en temps réel. Il faut allier le moderne et le traditionnel. Vous, votre devise c’est: “Si la termitière vit, elle ajoute de la terre à la terre.” Je veux ajouter de la terre à la terre en créant ce festival. » Il m’a demandé de préparer une conférence inaugurale, mais il est malheureusement mort avant son lancement. Son successeur, Blaise Compaoré, et moimême sommes de la même région. J’ai été son avocat. C’est moi qui ai rédigé l’article 37 qui instaure la limitation des mandats présidentiels et dont la tentative de modification a conduit à la chute de Blaise Compaoré. Je ne sais pas pourquoi, mais toutes mes demandes de rendez-vous auprès du chef de l’État quand il était question de modifier cet article ont été


COMMUNIQUÉ LA SOCIÉTÉ NATIONALE BURKINABÈ D’HYDROCARBURES (SONABHY)

UNE ENTREPRISE CITOYENNE au service de l’économie et du consommateur Burkinabè

La SONABHY a plus de trois décennies d’existence (35 ans en 2020). L’entreprise est reconnue pour l’excellence de son expertise sur les marchés pétroliers internationaux. De manière très bénéfique pour l’ensemble du Burkina Faso,l’entreprise se charge de l’importation,du transport,du stockage et de la commercialisation des produits pétroliers. Au niveau régional,elle est souvent citée en exemple pour son efficacité.

MISSIONS HAUTEMENT STRATÉGIQUES

CERTIFICATION

Sur tout le territoire et aux termes de son Kiti de création, la SONABHY a pour objet :

La SONABHY est certifiée ISO 9001 – Version 2015

L’importation et le stockage des hydrocarbures liquides et gazeux ;

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Le transport, le conditionnement, la vente et la distribution de ces produits ;

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La construction d’infrastructures de stockage en vue de garantir au Burkina Faso une sécurité énergétique suffisante ;

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L’appui à la recherche d’énergie de substitution ainsi qu’à la vulgarisation des techniques d’utilisation ou de consommation d’énergie ;

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NOS PERSPECTIVES (Investissements prévus) DÉPÔT DE BINGO x

Extension du dépôt d’hydrocarbures liquides ;

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Extension du dépôt de gaz par la construction d’une sphère de 4000 tonnes.

DÉPÔT DE PENI

Et généralement, toutes opérations industrielles, commerciales, financières, mobilières ou immobilières se rattachant directement ou indirectement à l’objet ci-dessus.

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Construction du dépôt d’hydrocarbures liquides de PENI ;

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Extension du dépôt de gaz par la construction d’une sphère de 2000 tonnes.

DÉPÔTS RÉGIONAUX

L’État accorde à la SONABHY un monopole de droit pour l’importation et le stockage des hydrocarbures liquides et gazeux. Le transport et la distribution sont assurés par des sociétés privées.

VISION DE LA SONABHY

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Construction d’un 3e dépôt dans l’Est du pays ;

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Création de centres emplisseurs de bouteilles de gaz dans chacune des régions du pays.

INTERCONNEXIONS SOUS–RÉGIONALES

Un spécialiste régional de l’approvisionnement en produits pétroliers au service de l’économie et du consommateur burkinabè.

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Projets d’interconnexions par pipelines avec certains pays côtiers limitrophes (à l’étude).

01 BP 4394 Ouagadougou 01 - Tél.: ( + 226) 25 43 00 01/ 25 43 00 34/ 25 31 56 31/32 01 BP 1104 Bobo-Dioulasso 01 - Tél. : (+226) 20 97 01 97 - Fax : (+226) 20 97 12 70 E-mail : info@sonabhy.bf/sonabhy@sonabhy.bf /sonabhy.bobo@sonabhy.bf

www.sonabhy.bf

JAMG - PHOTOS : D;R.

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GRAND FORMAT BURKINA FASO SOCIÉTÉ

refusées. Mais cela tient plutôt aux initiatives de son entourage. Comme cela est arrivé à d’autres dirigeants, ce sont les personnes qui gravitent autour de lui qui, en ne voyant que leurs propres intérêts, lui ont causé du tort. Quel rôle la chefferie traditionnellepeut-ellejouerdanslarésolution de la crise sécuritaire?

IL N’Y A PAS DE CONFLIT POSSIBLE DANS LA VIE TRADITIONNELLE, NI ETHNIQUE, NI RELIGIEUX, NI RÉGIONAL.

Jadis, le mogho [« royaume », « territoire national »] était organisé de telle sorte qu’il y avait un chef de guerre tous les 50 km dont le rôle était d’assurer la protection des habitants. L’une des devises de Ouagadougou était : « On entre à Ouagadougou par la ruse et non par la force. » Au fil du temps, cette organisation a été bouleversée. Sous la colonisation, les naaba et chefs coutumiers ont été relégués au rôle d’auxiliaires de l’administration. Puis, dès les premières heures de l’indépendance, Maurice Yaméogo a supprimé la loi

Mais ils ont toujours une grande influence…

L’idée n’est pas de reconstituer la chefferie coutumière pour en faire un dédoublement du pouvoir moderne, mais qu’elle apporte son appui aux forces de défense et de sécurité dans un cadre légal. Chez moi, par exemple, comme il est de coutume dans le mogho, un étranger qui arrive doit obligatoirement loger chez une tante, c’est-à-dire chez une femme qui est originaire de son village à lui. S’il s’agit de commerçants, ils sont hébergés par le Sann Naaba, le ministre chargé des Étrangers, qui doit toujours avoir une case disponible pour les recevoir – case qu’il laisse accessible à tous pour qu’on ne puisse pas y cacher des armes. Lorsqu’un étranger arrive, le Sann Naaba le conduit chez le chef, où il doit ouvrir son sac et expliquer les raisons de sa présence. Tout cela est efficace pour contrôler les déplacements et traquer l’ennemi. Les chefs coutumiers peuvent aussi coordonner leurs actions, organiser des fouilles du territoire et faire remonter des informations aux maires ou aux préfets.

MARC VAN MUYSEN / ARCHIVES JA

Le pays subit des attaques terroristes depuis cinq ans. Craignez-vous qu’une partie du territoire n’échappe au contrôle de l’État?

4 AOÛT 1984 – UN NOM EN V.O. Le jour de la célébration du premier anniversaire de la révolution, Thomas Sankara rebaptise la Haute-Volta en Burkina Faso et les Voltaïques en Burkinabè. Il associe ainsi les trois langues qui, avec le français, ont le statut de langues nationales. En mooré, langue des Mossis, ethnie majoritaire du pays, « burkina » signifie « intègre ». En bamanankan, langue des Bambaras et des Dioulas, « faso » signifie « patrie ». Quant au gentilé « Burkinabè » (invariable, « homme intègre »), il est construit grâce au suffixe « bè », désignant « l’homme, l’habitant », en foulfouldé, langue parlée par les Peuls.

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qui organisait les chefferies des cinq royaumes du pays, en réaction à la tentative de coup d’État [en 1958] du Mogho Naaba Kougri. La révolution sankariste est ensuite venue tirer un trait sur toute la chefferie traditionnelle au motif que celle-ci incarnait le passéisme et la bourgeoisie. Aujourd’hui, les chefs traditionnels ont un rôle symbolique.

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Burkinabè signifie « homme intègre », et la devise de l’homme intègre est: « Mieux vaut la mort que l’humiliation. » Les Burkinabè se sacrifieront pour leur patrie. L’an dernier, alors que le pays était attaqué, humilié, j’ai demandé mon intégration dans l’armée, malgré mon âge. Même si les forces du mal semblent dominer la situation pour le moment, cela ne durera pas. Il n’y a que quelques milliers de terroristes, et notre pays compte 20 millions d’habitants. Comment voyez-vous l’avenir du Faso?

Il sera radieux, à condition que nous soyons humbles, tolérants et moins exigeants. Il ne faut pas que chacun tire sur la corde pour obtenir des indemnités, des avantages, etc. Nous devons permettre à nos gouvernants, quels qu’ils soient, de travailler pour le bien-être de tous.


COMMUNIQUÉ

SOCIÉTÉ NATIONALE D’ÉLECTRICITÉ DU BURKINA FASO

Comment la SONABEL démocratise l’accès à l’électricité Lancée en décembre dernier, la phase pilote du Projet de Développement des Connexions à l’Electricité a déjà engrangé des résultats encourageantts. Avec plus de 2000 branchements réalisés à Tenkodogo, la Société Nationale d’Électricité du Burkina (SONABEL) veut dupliquer à grande échelle le projet pour amener le courant électrique dans les zones les plus reculées et les moins favorisées du Pays. M. Baba Ahmed Coulibaly, Directeur Général de la SONABEL t

l’électricité, notamment pour les populations démunies qui peinent à mobiliser les sommes nécessaires pour se connecter au réseau électrique national. « Nous avions constaté que malgré le développement de la production d’électricité, des lignes de transport et de distribution, les populations pauvres étaient exclues du réseau connecté, faute de moyens financiers. Ce projet leur permet ainsi, dans sa phase 2, de financer le raccordement en payant à tempérament sur cinq voire dix ans, sans taux d’intérêt le coût de connexion au réseau électrique », souligne M. Coulibaly. Prévue jusqu’en 2030, cette initiative inédite, au Burkina, entend réaliser au moins 100000 nouveaux branchements par an. Décrit par ses concepteurs comme une réponse aux promesses présidentielles de réaliser l’accès à l’électricité pour tous les burkinabè, ce projet va catapulter les indicateurs d’accès à l’électricité marqués par des disparités criantes

55, Avenue de la Nation 01 BP 54 Ouagadougou - Burkina Faso Tél. : (+226) 25 30 61 00 / 02 / 03 / 04 - Fax : (+226) 25 31 03 40

entre les grandes agglomérations qui ont franchi le cap de 68 % de taux d’électrification contre seulement 5 % en milieu rural. Pour pérenniser le projet, la SONABEL veut lever des ressources auprès des bailleurs de fonds traditionnels comme la Banque Africaine de Développement, l’Agence Française de Développement, la Banque Mondiale, l’Union Européenne ou encore la Coopération japonaise. « Nous allons créer un fond de connexion autonome, doté d’une enveloppe de 50 milliards de FCFA, pour soutenir le projet », annonce Baba Ahmed Coulibaly. Alors que 20 % des 3,5 millions de Ouagalais vivent dans la banlieue en zones non viabilisées, le PDCEL va, de concert avec les communes, connecter ces zones à habitat spontané. Il s’agit d’offrir une réponse sur mesure à l’électrification des quartiers, non lotis en installant des minis-réseaux

qui alimenteront des compteurs électriques. « Ces installations électriques vont suivre le tracé des rues qui vont demeurer en cas de viabilisation pour alimenter les particuliers. On aura ainsi des clients ordinaires dans ces zones », assure le Directeur Général. Avec le PDCEL, les réseaux connaîtront des restructurations et des extensions. La problématique de la gestion de ce réseau se posera donc et la SONABEL est en train d’étudier des solutions « smart grid » avec des transformateurs et compteurs intelligents. « D’ores et déjà, près de 2 000 compteurs intelligents ont été installés chez les grands consommateurs permettant une facturation à bonne date et une souplesse d’exploitation. Nous allons passer progressivement aux compteurs intelligents chez les particuliers pour améliorer la qualité de services », plaide M. Coulibaly.

www.sonabel.bf

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Pour une phase pilote ce fût un véritable succès. Cinq mois après son lancement à Tenkodogo, le PDCEL, inspiré du modèle ivoirien d’accès à l’électricité pour tous, a permis aux populations de Tenkodogo de se raccorder de façon aisée au réseau électrique national. En effet, sur un coût moyen de connection de 200000 FCFA, une avance de 3000 FCFA suffit pour obtenir le raccordement, le reste de la créance étant payable sur une période allant jusqu’à cinq ans. La pratique habituelle demandait le paiement intégral en une seule fois du montant. Cette offre fait déjà des émules. « Nous avons réalisé plus de 2 000 branchements. L’engouement est tel que nous allons faire la même chose dans d’autres localités », explique Baba Ahmed Coulibaly, Directeur Général de la SONABEL. Conçue et financée dans sa phase pilote par la Nationale de l’électricité sur fonds propres à hauteur de 12 milliards de FCFA, cette initiative vise à démocratiser l’accès à


GRAND FORMAT BURKINA FASO

SPORT

Ces athlètes qui gagnent Peu performant dans les disciplines collectives, le Faso se console avec les trajectoires individuelles de quelques champions de très haut niveau.

D

DAMIEN GLEZ

epuis la qualification surprise des Étalons en finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football de 2013, les supporters burkinabè ont rarement vu leurs équipes nationales briller à l’international. En football comme dans les autres disciplines, le Pays des hommes intègres doit composer avec tant de priorités budgétaires que le ministère des Sports et des Loisirs dispose de peu de moyens pour pérenniser les infrastructures, les compétitions, les formations ou les bourses. Il reste alors l’incarnation individuelle, comme celle de l’ex-champion d’Afrique de boxe Nabaloum Dramane, dit Boum-Boum, ou celle de l’as du ballon rond Bertrand Traoré, qui figure dans l’actuel top 30 des footballeurs les mieux rémunérés de France. Pourtant, dans des sports moins médiatisés, trois athlètes burkinabè collectionnent les médailles et les records: Marthe Koala, Iron Biby et Hugues Fabrice Zango.

MARTHE KOALA

A

u début de février, au meeting Elite de Metz en salle, Marthe Yasmine Koala bat le record burkinabè du 60 mètres haies avec un temps de 8 secondes 13, remportant par la même occasion l’épreuve de la compétition. En dehors des distances en haies, l’athlète est une spécialiste des épreuves combinées, en particulier de l’heptathlon, qui, sur deux jours, associe 200 m et 800 m, saut en hauteur, saut en longueur, 100 m haies, lancer de poids et lancer de javelot. Née le 8 mars 1994 à BoboDioulasso, orientée vers l’athlétisme dès son arrivée au collège, en 2005, Marthe Koala intègre l’équipe nationale en 2009. Après le baccalauréat, elle prend la direction de l’île Maurice pour entrer au Centre international d’athlétisme, où elle bénéficie de conditions d’entraînement de haut niveau et suit un cursus universitaire dans le management des sports. Patiente et disciplinée, c’est à partir de 2014 qu’elle

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accumule les récompenses, dont des médailles d’or en heptathlon – depuis les championnats d’Afrique de Marrakech, en 2014, aux Jeux africains de Rabat, en août 2019, en passant par le TNT Express Meeting de Kladno (République tchèque), en 2018. Elle a par ailleurs décroché l’or au 100 m haies et saut en longueur lors des Jeux de la Francophonie d’Abidjan, en 2017. Parfois confrontée à des conditions décourageantes, comme l’obtention tardive d’un visa européen en 2017 ou, la même année, l’annulation d’une épreuve aux Jeux de la Francophonie d’Abidjan par manque de participants, Marthe Koala ne se laisse pas abattre. Présente dans de nombreuses compétitions internationales, elle attend toujours de décrocher un titre mondial ou olympique, mais a déjà participé aux Championnats du monde (Pékin en 2015, Londres en 2017) et aux Jeux olympiques (Rio en 2016). D.G.

HASSAN AMMAR/AP/SIPA

Coureuse polyvalente

La spécialiste de l’heptathlon lors d’une épreuve de saut en longueur.


Le champion du monde de log lift s’entraînant chez lui, à Bobo-Dioulasso.

IRON BIBY

Colosse au grand cœur

ANTHONY DIBON/ICON SPORT

D.G.

Au Meeting de Paris, en février.

OLYMPIA DE MAISMONT / AFP

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remier Burkinabè à figurer au Guinness Book des records, en 2019, pour avoir soulevé 82 fois une personne de 60 kg en une minute, Cheick Ahmed al-Hassan Sanou, 27 ans, a remporté le 6 avril 2019 à Leeds, au Royaume-Uni, le titre de champion du monde de log lift (discipline qui consiste en un « porté d’épaule » de charges en forme de tronc d’arbre) en soulevant un poids de 220 kg, après en avoir été champion du monde ex aequo en 2018. Le colosse bobolais de 1,90 m, 187 kg et 66 cm de tour de bras espère un jour tirer un avion de la compagnie nationale Air Burkina. Complexé par sa corpulence pendant son enfance, Cheick Sanou part étudier l’administration des affaires au Canada à l’âge de 17 ans, en même temps qu’il occupe des postes de vigile. À 21 ans, il découvre le powerlifting (« force athlétique »), une discipline proche de l’haltérophilie, mais où les charges sont plus lourdes et les gestes d’une amplitude plus réduite. Rapidement, il impressionne et se qualifie pour des compétitions internationales. Devenu « Iron Biby », il domine aujourd’hui ce sport de force grâce à un entraînement quotidien de trois à quatre heures et à une alimentation aussi pantagruélique qu’étudiée – il lui arrive de dévorer huit poulets par jour. Même s’il utilise des bancs classiques de musculation, l’« homme de fer » aime construire son propre matériel d’entraînement à partir de pneus de tracteurs, de pierres d’Atlas ou de bûches démesurées. Il tient aussi à transmettre sa passion aux enfants de son quartier, et, sensible à la situation de la jeunesse du pays, « l’homme le plus fort du monde » entend ouvrir un centre sportif à Bobo-Dioulasso. D’ici là, son objectif est d’atteindre un porté d’au moins 230 kg en compétition de log lift.

HUGUES FABRICE ZANGO

Triple sauteur doctorant

L

e 2 février, lors du M e eting de Paris, Hugues Fabrice Zango a réalisé une performance de 17,77 mètres, battant son propre record d’Afrique du triple saut en salle et devenant ainsi le quatrième meilleur « performeur » mondial de tous les temps dans la discipline (laquelle consiste à couvrir la plus longue distance possible en sautant à partir d’une marque fixe après une course d’élan et en exécutant une séquence de trois sauts). Ce sacre est loin d’être inédit pour l’athlète, qui a obtenu son premier titre d’envergure aux Jeux de la Francophonie de Nice, en 2013, et a été le premier Burkinabè à remporter une médaille aux Championnats du monde d’athlétisme – le bronze à Doha (Qatar), en septembre 2019. Et c’est avec l’or qu’il a conclu les Jeux africains 2019 de Rabat, les Championnats d’Afrique

2018 d’Asaba (Nigeria) et les Jeux de la Francophonie 2017 à Abidjan. Né à Ouagadougou, le sportif de 26 ans fait la fierté d’un pays qui possède très peu d’infrastructures d’athlétisme et qui n’avait jamais enfanté, dans ce domaine, de champion de niveau mondial. Réputé sérieux, rapide et « élastique », l’athlète de 1,80 m garde la tête froide. Déjà titulaire d’un master en ingénierie électrique, le sociétaire de l’Artois Athlétisme (Pas-de-Calais, nord de la France) pense à sa reconversion et prépare un doctorat à Lille dans cette discipline académique. Reste que Hugues Fabrice Zango conserve une marge de progression, incarnée par le record en salle de son coach français, Teddy Tamgho – 15 centimètres de plus que son élève –, et il espère s’imposer davantage lors des Jeux olympiques de Tokyo, en 2021. D.G.

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