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Société Générale, S.A. au capital de 1 066 714 367,50 € – 552120222 RCS PARIS – Siège social : 29, bd Haussmann, 75009 PARIS. Crédit photo : Vitaly Yurasov – Juin 2020.
LES VOIX DU MONDE DIANKÉ
Une histoire africaine au féminin
Le premier podcast natif de fiction ouest-africain Série audio en 12 épisodes disponible sur rfi.fr et sur les plateformes de diffusion (Apple Podcast, Deezer, Spotify, TuneIn) Sur l’antenne de RFI du 27 juillet au 13 août, du lundi au jeudi à 19h10 TU
DOSSIER FINANCE
Au Maroc, Bank Al-Maghrib a enjoint aux banques de ne pas distribuer de dividendes. Ici, le siège d’Attijariwafa Bank, à Casablanca.
BANQUES
Touchées mais 142
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Les répercussions économiques du Covid-19 sont déjà tangibles dans le secteur bancaire en Afrique francophone, mais les établissements financiers restent majoritairement profitables. La crise n’est pas à l’ordre du jour.
D HAKIM JOUNDY/ATTIJARIWAFA BANK
OLIVIER HOLMEY
ans les premières semaines de la pandémie de coronavirus, en mars, l’agence de notation Fitch a improvisé dans l’urgence un classement des plus sommaires. Trois couleurs pour classer la résilience probable des secteurs bancaires africains face à la crise économique qui se dessinait: vert pour marquer la stabilité, jaune pour des pertes, rouge pour une situation de crise. « C’était un moyen pour nous d’appréhender une situation en rapide évolution », se souvient Mahin Dissanayake, responsable de l’analyse des banques d’Afrique subsaharienne au sein du bureau londonien de l’agence. Ce classement officieux, bien moins sophistiqué que son système de notation habituel, lui a en tout cas permis de parvenir à une conclusion inquiétante: « Au départ, nous avions quelques pays en vert, mais, très vite, il n’en restait plus aucun. » Selon cette analyse du début de la crise sanitaire, c’est toute l’Afrique francophone qui était teintée en jaune par Fitch. Ces inquiétudes se sont vite concrétisées. Alors même que les premiers cas de Covid-19 n’ont été déclarés au Maghreb que le 25 février, et en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale le 11 mars, les résultats bancaires du premier trimestre révélaient déjà une sévère inflexion. Le marocain Attijariwafa Bank, premier établissement en Afrique francophone, annonçait au 31 mars un coût du risque en hausse de 82,5 % et un résultat net en recul de 23,8 %, à 1,1 milliard de dirhams (100 millions d’euros). Des résultats « marqués par les premiers impacts de la crise », expliquait la banque, laissant entendre que le pire était encore à venir.
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BANQUES
Le panafricain Ecobank, piloté depuis le Togo, affichait pour sa part un résultat net en hausse de seulement 1 %, ainsi qu’un triplement de son coût du risque. « L’année s’annonce exceptionnellement trouble », écrivait son PDG, Ade Ayeyemi, le 23 mars. Il faudra attendre encore quelques semaines avant de connaître les résultats du deuxième trimestre, bien plus marqué par la pandémie. Mais, selon Fitch, qui reçoit chaque mois les données internes d’un certain nombre de ses clients africains, la plupart des banques du continent ont vu leurs bénéfices chuter de 20 %, sinon plus, au cours des derniers mois. Toutes ne sont pas pour autant logées à la même enseigne, puisque l’impact économique de la pandémie – conjugué à la chute soudaine des cours du pétrole – varie selon les pays. Le FMI s’attend à ce que toutes les économies de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) – hormis celle de la GuinéeBissau – continuent de croître, mais à un rythme bien moins soutenu qu’en 2019. À l’inverse, tous les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) – à l’exception de la République centrafricaine – devraient voir leur économie reculer cette année. Les banques du Gabon et du Cameroun, pays exportateurs de pétrole, pourraient donc être bien plus touchées que celles de Côte d’Ivoire et du Sénégal, pays importateurs. Et celles du Maghreb encore davantage, puisque le Maroc et l’Algérie, qui hébergent les cinq plus grandes banques d’Afrique francophone, pourraient voir leur PIB chuter respectivement de 3,7 % et de 5,2 %, toujours selon le FMI.
Du casse-tête d’impulser des changements dans une période aussi tumultueuse
Les banquiers et analystes financiers interrogés s’accordent pourtant à dire qu’une crise bancaire n’est pas à l’ordre du jour. Et ce en partie grâce aux mesures prises par les autorités pour soutenir les établissements. Ainsi, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) a baissé les taux directeurs et doublé les injections de liquidité hebdomadaires, passant à 500 milliards de F CFA (762 millions d’euros), tout en assurant qu’elle se tenait prête « à prendre toutes les mesures complémentaires nécessaires » pour soutenir la stabilité financière. La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a elle aussi augmenté le montant alloué chaque semaine aux banques, passant de 4 410 à 4 750 milliards de F CFA (7,24 milliards d’euros). Elle a également
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autorisé les banques à reporter les échéances de remboursement sur les prêts accordés aux entreprises, et ajouté 1 700 sociétés à son dispositif de garanties, permettant aux banques d’accéder à des ressources complémentaires de 1 050 milliards et aux firmes concernées de négocier de meilleures conditions pour leurs emprunts. Au Maroc, Bank Al-Maghrib a enjoint aux banques de ne pas distribuer de dividendes, afin de conserver des fonds suffisants pour faire face aux difficultés à venir. Certains acteurs du secteur appellent les banques centrales à aller plus loin, en repoussant l’application des règles prudentielles bâloises, références du secteur, qui obligent les banques à conserver de plus en plus de fonds propres en regard de chaque crédit. Au-delà du casse-tête de mettre en œuvre de tels changements en une période aussi tumultueuse, ces règles pourraient, à court terme, se révéler
LE FMI S’ATTEND À CE QUE TOUTES LES ÉCONOMIES DE L’UEMOA, HORMIS CELLE DE LA GUINÉEBISSAU, CONTINUENT DE CROÎTRE.
Services en ligne La crise, catalyseur de la digitalisation
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ela fait des années que la plupart des banques du continent ambitionnent d’étoffer leur offre de services en ligne, sans toujours réussir à concrétiser ce projet. En limitant les interactions physiques entre agents bancaires et clients, les mesures de lutte contre la propagation du Covid-19 ont soudainement remis cet objectif au sommet des priorités.
En l’espace de quelques semaines, le groupe ivoirien NSIA a vu ses activités bancaires digitales croître de manière impressionnante. Selon Jean Kacou Diagou, son fondateur, le trafic en ligne de NSIA a doublé depuis que les mesures de confinement et de distanciation physique ont été décrétées en Afrique de l’Ouest. Dans le même temps, sur le terrain, les effectifs et la clientèle des agences se sont
EGNAN KOULA/EPA/MAXPPP
NSIA a, dès mars, réduit ses charges en reportant certains projets non urgents, se focalisant sur l’offre numérique. Ici, une agence d’Abidjan.
contre-productives pour l’économie, en réduisant la capacité de prêt des banques. « On serre les boulons à un moment où l’on voudrait au contraire qu’il y ait plus de crédits », résume Denis Chemillier-Gendreau, président fondateur de Finactu, cabinet de conseil financier implanté à Casablanca. La Banque centrale tunisienne doit se prononcer sur un possible report d’application de certaines règles prudentielles, selon JeanMarc Velasque, consultant chez Sopra Banking Software. En Afrique de l’Ouest, Jean Kacou Diagou, le fondateur du groupe de bancassurance NSIA, plaide pour que la BCEAO se penche sur cette même question. « Le calendrier prévu aurait dû être décalé, mais, pour l’instant, la Banque centrale fait la sourde oreille », nous explique-t-il. « Le respect des règles prudentielles de la BCEAO risque de casser le rythme du soutien des banques [à l’économie réelle] », estime le tycoon ivoirien.
Un secteur bien moins affecté que l’hôtellerie ou les hydrocarbures
L’entrepreneur ajoute que les banques ivoiriennes ont pris d’elles-mêmes un certain nombre de mesures, en concertation les unes avec les autres, pour atténuer les risques liés à la pandémie. Ainsi, NSIA comme d’autres ont réduit leurs charges dès le mois de mars, en reportant certains projets non urgents, et se sont focalisées davantage sur leur offre numérique, particulièrement importante en ces temps de distanciation physique. « Nous ne verrons pas
À la recherche de nouveaux relais de croissance
« La crise a un effet accélérateur. En ces temps difficiles où les établissements financiers cherchent des relais de croissance, c’est l’occasion de se positionner sur de nouveaux créneaux digitaux », constate Jean-Marc Velasque, chargé du conseil aux entreprises
chez Sopra Banking Software, qui accompagne 300 banques africaines. Ces dernières le sollicitent actuellement beaucoup sur ces développements de services en ligne. Au-delà de l’urgence de subvenir aux besoins des clients en période de pandémie, la concurrence accrue des opérateurs de mobile money et la sous-bancarisation du continent offrent aux banques deux arguments de poids pour des dépenses accrues dans ce domaine, et ce même en période de coupes budgétaires. O.H.
NICK CORREIA/GETTY IMAGES
réduits sensiblement. « Depuis mars, on a réorienté nos activités vers ce canal afin de désengorger nos agences et travaillé davantage en ligne », explique le patron ivoirien.
nécessairement des pertes sur l’année », rassure pour sa part Mahin Dissanayake, « car, malgré tous les défis, les banques d’Afrique subsaharienne restent très profitables ». Les banques marocaines ont été en mesure de participer à hauteur d’environ 2,5 milliards de dirhams à un fonds national créé en mars pour financer la lutte contre les effets du Covid-19, selon Fitch. Un signe que le secteur bancaire est moins touché par la crise que d’autres, tels que l’hôtellerie ou les hydrocarbures. Reste à savoir si les institutions financières soutiendront comme auparavant ces pans de l’économie qui en ont le plus besoin. Tunde Kehinde, cofondateur de Lidya, une plateforme nigériane de financement de PME, en doute : « Si la pandémie venait à resurgir, seuls les secteurs dits essentiels seraient autorisés à fonctionner. Nos algorithmes doivent le prendre en compte quand nous décidons des sommes à allouer aux clients. » Il explique que Lidya prêterait moins aujourd’hui qu’il y a six mois à une société de restauration. Il est trop tôt pour juger du degré de frilosité des banques sur ce point. Si la crise devait perdurer, malgré le soutien des autorités, le nombre de créances non performantes pourrait augmenter drastiquement, et certaines banques se trouveraient en difficulté, en particulier les plus petites. Selon Mahin Dissanayake, on ne pourra se rendre compte de l’impact de cette période sur les banques qu’en fin d’année, voire en début d’année prochaine. « Mais, pour l’heure, conclut-il, nous sommes loin d’une crise. »
Au sommet des priorités se trouve le développement de l’offre en ligne.
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BOURSE BRVM
Edoh Kossi Amenounve
Directeur général
« Notre marché a montré sa résilience face à la crise » Patron de la Bourse régionale des valeurs mobilières depuis 2012, il croit en l’intégration des places financières africaines et estime que leur rôle sera crucial dans la relance de nos économies. PROPOS RECUEILLIS PAR NADOUN COULIBALY, À OUAGADOUGOU
CommentlaBRVMréagit-elleàlacrise sanitaire et économique du Covid-19?
Edoh Kossi Amenounve : La BRVM, à l’instar des autres Bourses en Afrique et dans le monde, n’a pas été épargnée par la crise liée au Covid-19. Toutefois, notre marché a été moins volatil que la plupart des Bourses américaines, européennes, asiatiques et africaines, en particulier au cours du mois de mars, qui a connu une forte propagation de la pandémie.
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BRVM
A
lors que les Bourses mondiales se sont effondrées à la suite de la pandémie de Covid-19, le directeur général de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) ouest-africaine, implantée à Abidjan, revient pour JA sur le rôle des places financières dans l’après-pandémie. Élu le 1er avril 2020 président de l’Association des Bourses des valeurs africaines (Asea), le dirigeant togolais plaide pour l’intégration financière et la libre circulation des capitaux sur les marchés du continent.
Le Togolais est aussi, depuis avril, président de l’Association des Bourses des valeurs africaines.
En effet, l’indice BRVM Composite a reculé de 15 % de janvier à mai 2020, avec une baisse de 8 % au cours du mois de mars, contre, entre autres, des reculs de 12 % de la Bourse de Johannesburg ; – 18 % au Nigeria ; – 20 % à Casablanca; – 26 % en Égypte; et – 17 % pour le CAC 40 ; – 13 % à New York ou encore – 23 % à Bombay. Cette résilience de notre marché témoigne de la confiance des investisseurs dans les fondamentaux de nos économies et de leur anticipation, à ce stade, d’un impact certes significatif mais limité de la crise. La
croissance des économies de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) devrait ralentir, à 2,5 % en 2020, selon le FMI, contre 6,6 % en 2019. A contrario, des récessions sont attendues dans les autres régions d’Afrique subsaharienne et du monde. Comment envisagez-vous son rôle dans la riposte à la crise ?
La BRVM joue un rôle important dans la stratégie de riposte à la crise liée au Covid-19, en facilitant la mobilisation de ressources par les États de l’Uemoa et le secteur privé, en vue
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BOURSE
d’atténuer les impacts de la pandémie et de limiter sa propagation. Avec un besoin estimé à 5 284 milliards de F CFA (plus de 8 milliards d’euros), au 31 mai 2020, les États de l’Union ont mobilisé sous forme d’emprunts obligataires 498,2 milliards de F CFA (759 millions d’euros) sur le marché. Par ailleurs, les investisseurs pourront consacrer une partie de leurs ressources à soutenir les levées de fonds effectuées par les PME présentes dans les secteurs stratégiques comme la santé, l’innovation technologique, l’énergie, les services financiers, en vue de leur admission au troisième compartiment de la BRVM. En 2018, vous aviez lancé un programme d’élite censé accompagner les entreprises de la sous-région, choisies en fonction de leur potentiel de croissance, vers la cotation. Deux ans plus tard, où en êtes-vous ?
Le programme Elite BRVM Lounge, prévu pour deux ans, est une déclinaison régionale du programme Elite développé par le London Stock Exchange. Sur le plan local, ce programme vise à préparer les PME à fort potentiel à l’accès au financement à long terme sur le marché de capitaux, à travers leur introduction au troisième compartiment de la BRVM. Nombre d’entre elles y postulent, mais les places sont limitées à dix entreprises par cohorte. À ce jour, nous avons lancé trois cohortes, ce qui nous permet d’intégrer 30 PME issues de tous les pays de l’Uemoa, à l’exception de la GuinéeBissau. Avec ce programme, nous avons une meilleure visibilité sur le pipeline de PME engagées à se faire coter au terme du processus. Celles-ci vont intégrer le troisième compartiment dans les années à venir. Les premières admissions, notamment celles des PME issues de la première cohorte, sont attendues dans les prochains mois. Vous avez été porté à la tête de l’Asea. Quelles sont désormais vos priorités?
Mon accession à la présidence de l’Association s’est faite en pleine
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crise sanitaire du Covid-19. Dès ma prise de fonctions, je me suis aussitôt attelé à coordonner les actions des Bourses africaines afin de préserver l’intégrité de nos marchés ainsi que la confiance des investisseurs. Des mesures d’ordre sanitaire, opérationnel et réglementaire ont aussi été prises par quasiment toutes les Bourses du continent pour protéger leur personnel, poursuivre leurs opérations à distance et faciliter la tenue des réunions des organes sociaux des entreprises cotées ainsi que la publication de leurs informations périodiques. Elles sont restées ouvertes et ont connu, pour certaines, l’accroissement de leurs volumes de transactions. À l’avenir, je souhaite piloter l’exécution de la stratégie post-crise des marchés de capitaux africains pour la relance des économies du continent en mettant l’accent sur la mobilisation des ressources locales, le développement de l’investissement responsable et la libre circulation de l’épargne au niveau continental. Que peuvent faire les Bourses africaines pour l’intégration économique de l’ensemble des pays du continent à l’heure où l’on s’achemine vers la Zone de libre-échange continentale africaine (Zleca) ?
Ce projet vise à accroître le commerce intra-africain de plus de 50 % en supprimant les barrières tarifaires puis non tarifaires. À terme, la Zleca doit permettre de créer un marché de plus de 1,2 milliard d’individus
pour un PIB global estimé à environ 3 000 milliards de dollars. Dans ce contexte, il apparaît que la concurrence dans le secteur privé sera rude, et seules les entreprises bien préparées réussiront à survivre en tirant leur épingle du jeu. Les Bourses africaines ont donc un rôle important à jouer dans cette préparation des entreprises, en leur facilitant l’accès aux ressources à long terme en vue de financer leur développement et d’assurer leur pérennité. Sur cette base, l’intégration des Bourses du continent se révèle primordiale, afin de faciliter l’accès à un marché plus large pour les émetteurs et les investisseurs, ainsi que la circulation des capitaux entre nos pays, et d’améliorer la liquidité des Bourses. En ma qualité de président de l’Asea, je pilote actuellement avec le comité exécutif un important projet de connexion des Bourses de Johannesburg, du Caire, de Casablanca, de Lagos, de Nairobi, de Maurice, et de la BRVM. Ce projet dénommé AELP (Projet de liaison pour les échanges africains) est financé par la BAD à travers un fonds coréen et va faciliter les transactions boursières à l’échelle continentale en donnant un accès unique aux investisseurs. Il verra le jour au début de 2021. Pour que la Zleca produise les effets escomptés, l’intégration commerciale doit s’accompagner d’une intégration financière facilitant la libre circulation des capitaux dans le secteur bancaire et sur les marchés. Vous avez récemment regretté que les Bourses du continent ne soient ni liquides ni profondes. Comment y remédier ?
AVEC LA ZLECA, LA CONCURRENCE DANS LE SECTEUR PRIVÉ SERA RUDE. SEULES LES ENTREPRISES BIEN PRÉPARÉES RÉUSSIRONT À SURVIVRE.
De mon point de vue, la liquidité et la profondeur d’un marché de capitaux – qui font son attractivité – ne se décrètent pas. Elles se créent à l’intérieur d’un cercle vertueux entraînant de nouvelles cotations grâce à une information financière transparente et à l’éducation des investisseurs. L’intégration des Bourses africaines constitue un moyen d’y parvenir, mais la route est encore longue.
COMMUNIQUÉ
FONDS DES NATIONS UNIES POUR LA POPULATION - UNFPA
© Cienpies snf/Adobestock
L’UNFPA, PORTEUR D’ESPOIR AU SAHEL Questions à Monsieur Mabingue Ngom Directeur régional de l’UNFPA en Afrique de l’Ouest et du Centre
La période historique que nous venons de vivre avec le développement d’un virus mondial, ne peut faire oublier le sort des populations du Sahel dont la survie est une affaire quotidienne. La solution militaire a longtemps été privilégiée pour pacifier la zone.A-t-elle atteint ses limites ? Les dernières attaques survenues récemment au Mali, au Niger et au Tchad causant des pertes regrettables, illustrent à suffisance l’importance de faire face à la situation sécuritaire en mettant en œuvre d’autres solutions différentes de celle militaire. Si on n’agit pas sur les causes profondes de ces conflits et actes terroristes, si on ne donne pas immédiatement aux jeunes, l'accès aux services sociaux de base, à savoir l’accès à l’école, l’accès à un emploi décent, l’accès aux soins en santé dans un hôpital, l’accès à un état-civil, ou si on n’assure pas la bonne gouvernance à travers la démocratie et la bonne gestion des ressources publiques, cela équivaudrait à donner « un grand coup d’épée dans le sable ».
wcaro.unfpa.org/fr
L’objectif de votre opération est de«fournir des preuves » de la fragilité du Sahel ? Quelles sont-elles en quelques mots ? L'évolution croissante de la part de la population jeune, la pression exercée sur les ressources telles que la terre ou l'eau, ainsi que les services sociaux de base, les taux de chômage élevés et l'urbanisation rapide sont autant de facteurs contribuant à maintenir les conflits dans la région. De plus lors d'un conflit, les structures familiales et sociales sont souvent perturbées, et les services éducatifs et sociaux interrompus. Les adolescents peuvent devenir sexuellement actifs lorsque peu de services de protection sont disponibles, et les filles en particulier sont vulnérables aux agressions et exploitations sexuelles. Ces risques augmentent leur vulnérabilité aux infections sexuellement transmissibles, aux grossesses non désirées et aux avortements à risques.Par ailleurs, Selon les enquêtes, jusqu’à 40 % des femmes déplacées dans différents contextes souhaitent éviter une grossesse mais elles verront pas ce besoin qui pourtant est un droit fondamental, satisfait. Il faudrait en effet assurer la disponibilité
des produits et services de santé reproductive.La conséquence est sans surprise, de très fort taux de natalité difficilement soutenables pour les économies ainsi que des taux de mortalité maternelle non négligeables.
Vous comptez donc organiser un Symposium de haut niveau durant lequel les résultats de cette réflexion empirique devraient être présentés aux Chefs d’États de la région puis à l’Assemblée Générale des Nations Unies, en septembre prochain. Quelle stratégie allez-vous adopter pour «alerter»le monde ? Notre objectif est d’engager avec les gouvernements et les partenaires un dialogue politique basé sur des données et des évidences, qui pourront nous éviter de nous polariser sur un débat purement théorique et idéologique. Les recommandations pour une action efficace et durable incluent le développement et la mise en œuvre de politiques qui prennent en compte la dimension démographique ainsi que le développement du capital humain. Les résultats de cette réflexion empirique fourniront des preuves pour un programme global sur la population, la paix et la sécurité qui contribuera à aborder la fragilité actuelle du Sahel de manière holistique en se concentrant sur les causes structurelles de l'extrémisme au lieu de la solution militaire qui est actuellement utilisée et qui a montré ses limites. De même, il est prévu que les conclusions et recommandations du symposium soient présentées respectivement en Novembre et Décembre 2020 lors du Forum de Dakar sur la Sécurité et du Dialogue Atlantique de Marrakech.
JAMG - PHOTO : D.R. Sauf mention
Depuis quelques décennies le Sahel traverse des conflits armés, et une dégradation des conditions climatiques dans un environnement économique très extrême. Cette insécurité permanente est de nature à compromettre les perspectives de son développement. C’est dans ce contexte que l’UNFPA a engagé une réflexion inédite approfondie sur la relation entre la démographie, la paix et la sécurité.
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CAPITAL-RISQUE
Le néerlandais XSML voit plus grand en Afrique centrale S’il reste sur le segment des TPE et PME, l’investisseur achève sa troisième levée de fonds de 85 millions de dollars et vise une expansion géographique autant que sectorielle. frican Rivers Fund III, le troisième fonds de XSML, sera clôturé, fin 2020, avec une dizaine d’investisseurs et un objectif de levée de 85 millions de dollars, dont 53 millions sont déjà engagés, assurent les dirigeants de la société de capital-risque. XSML, qui s’est fait une spécialité d’investir dans les PME d’Afrique centrale, met l’accent sur les pays où il a démarré son activité en 2010 (RD Congo, Congo et Ouganda), ainsi que sur l’Angola, où un bureau sera bientôt ouvert pour venir appuyer ceux de Kinshasa et de Kampala. « Il existe un vrai intérêt des investisseurs internationaux, institutionnels ou commerciaux, qui demandent un retour sur investissement, mais veulent aussi avoir un impact en favorisant l’emploi et des secteurs sous-développés comme la santé, dans des pays souvent oubliés par les autres fonds », fait valoir Barthout van Slingelandt, l’associé-gérant de XSML. Le capital-investisseur compte les institutionnels Bio, CDC, FMO, IFC et Proparco, ainsi que le privé AHL Ventures comme partenaires financiers. Depuis sa création, XSML a investi dans une cinquantaine d’entreprises, dont la plupart se trouvent en RD Congo et en Ouganda, créant quelque 2 000 emplois. La société affiche 70 millions de dollars d’actifs sous gestion. Les entreprises qu’elle cible exercent principalement dans l’accès à l’éducation, la santé et la distribution. Environ un tiers des entrepreneurs soutenus sont des femmes ou comptent des femmes dans leur
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équipe dirigeante. Le premier investissement de XSML était un centre d’appels de Kinshasa géré par des femmes.
Attendre que l’orage passe
« Le principal critère pour notre engagement est le promoteur lui-même, son investissement, son expérience, et son intégrité, qui nous assurent qu’il pourra traverser les périodes difficiles », déclare Barthout van Slingelandt. Une période difficile, la crise actuelle en est une. Plusieurs entreprises du portefeuille de XSML en RD Congo – situées dans le quartier de la Gombe à Kinshasa, en confinement pendant deux mois complets – ont vu leur activité s’arrêter quasi totalement. En Ouganda aussi, les trésoreries des hôpitaux et des supermarchés ont été durement impactées par la pandémie. Pour soutenir les sociétés qu’il accompagne, XSML a allongé les délais de remboursement et utilisé des ressources séparées d’assistance
XSML a investi dans QuickPrint, une société d’imprimerie numérique de Kinshasa, en RD Congo.
XSML
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JEAN-BAPTISTE MONDZE
technique, sous forme de subventions ou de prêts sans intérêts, pour augmenter les fonds de roulement. L’impact sur les sociétés de capital-risque varie, selon lui, en fonction des modes de financement. « Les fonds qui ont des participations majoritaires dans l’actionnariat des entreprises courent le plus de risques, en particulier dans les secteurs gravement impactés, comme le tourisme ou l’aviation, qui ont des marges faibles », explique Barthout van Slingelandt. « L’effet immédiat est un allongement d’au moins trois mois des plans d’investissement à cause des incertitudes du marché. Il s’agit de conserver sa trésorerie et d’attendre que l’orage passe », détaille le dirigeant. Ce dernier estime que ceux qui réalisent la majorité de leurs investissements en dette sont mieux protégés. Parmi les secteurs qui devraient tirer leur épingle du jeu, celui des sociétés de services de livraison en ligne, encore peu nombreuses sur le continent, a la faveur de l’associé-gérant de XSML, qui pourrait chercher des opportunités d’investissement dans ce secteur en Afrique centrale.
COMMUNIQUÉ
Le Marché des Titres Publics de l’UEMOA : une opportunité pour les investisseurs institutionnels, catalyseurs d’une nouvelle dynamisation
Découlant directement de la mise en œuvre des politiques de développement, les interventions des Etats sur le Marché des Titres Publics (MTP) se sont accrues ces dernières années. De 2014 à 2019, le volume annuel des émissions est passé de 2 516 à 3 420 milliards FCFA. Un volume prévisionnel émis de 4 361 milliards est attendu cette année, dans un contexte où les États doivent faire face à la pandémie de la COVID-19 et ses conséquences.
L’un des défis majeurs sur le MTP demeure l’élargissement et la diversification de la base des investisseurs, hors secteur bancaire, ainsi que la dynamisation du marché secondaire. Dans cette optique, un ensemble de réformes est en cours dans le but de rendre le marché plus attractif pour les investisseurs institutionnels régionaux et étrangers : assurances, caisses de retraite et fonds de pension, sociétés de gestion d’OPCVM, institutions de prévoyance et de sécurité sociale, caisses de dépôts et de consignation.
Des rendements attractifs Sur le MTP, seuls les huit États de la zone UMOA sont autorisés à émettre des titres de dette souveraine. Ces émetteurs dans leur quasi-totalité se sont soumis volontairement à un système de notation financière par des agences internationales (Moody’s, S&P, Fitch) et locales (WARA, Bloomfield). En fonction de l’émetteur et de la maturité visée, le taux de coupon varie entre 5,75% et 6,50%. De ce fait, les titres publics de la zone constituent une niche d’opportunités de placements pour les investisseurs institutionnels. Ils offrent des rendements attractifs et variables selon l’émetteur, et la maturité offerte peut varier de 1 mois à 12 ans. Ces titres bénéficient d’un profil de risque historiquement faible dû à la qualité de la signature des émetteurs.
Harmonisation fiscale en vue Les titres publics sont défiscalisés par l’administration fiscale du pays émetteur. Cependant, au sein de l’Union, la pratique de chaque administration fiscale est variable en ce qui concerne les titres d’autres pays de l’UEMOA. Des réformes sont en cours afin d’harmoniser le traitement fiscal des titres publics au sein de l’Union. Avec l’arrivée des investisseurs institutionnels, l’AUT définira, en collaboration avec les États, une stratégie d’émission adaptée à ces acteurs, focalisée sur des titres publics et présentant des caractéristiques totalement adaptées à leurs besoins et aux exigences auxquelles ils font face, notamment le respect du code CIMA pour les compagnies d’assurances. L’investisseur institutionnel, quel que soit le territoire sur lequel il est établi, souscrit aux adjudications par l’intermédiaire d’une banque ou d’une SGI de son choix, implantées sur le territoire de l’Union. Rejoignez ces précurseurs d’une nouvelle donne sur le MTP ! Aperçu des taux de rendement moyens sur la maturité cinq ans en 2020 dans l’UEMOA 6,72 6,58 6,56 6,55 6,43 6,27 6,17 6,14
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JAMG - PHOTO : D.R.
L’Agence UMOA-Titres (AUT), créée par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en 2013, accompagne les Etats de l’Union dans la mobilisation de ressources financières nécessaires au financement de leurs politiques de développement, à des coûts maîtrisés, et conseille ces derniers notamment dans la gestion active de la dette et de la trésorerie, tout en mettant en place des projets visant le développement du marché régional.