JA3093 du 27 septembre 2020 TOP 200 FINANCE

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OCTOBRE 2020

BÉNIN PATRICE TALON

« J’ai pris le risque d’être impopulaire »

Une interview exclusive du chef de l’État

Ouattara-Bédié, le dernier combat

les

PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES

NO 3093 – OCTOBRE 2020

CÔTE D’IVOIRE

200 CLASSEMENT

ALGÉRIE

Corruption, mode d’emploi

AFFAIRE BEN BARKA De Gaulle-Hassan II : la conversation secrète

DJIBOUTI

TÊTE DE PONT DU CONTINENT

JEUNE AFRIQUE N O 3 0 93

BLACK LIVES MATTER

Une colère noire Pour les Africains du continent, l’assassinat de George Floyd a été le catalyseur d’une prise de conscience majeure : le combat existentiel contre le racisme n’est plus l’affaire de la seule diaspora, mais aussi (et avant tout) la leur. Enquête sur une révolution en marche.

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Spécial 16 pages



FINAANCE SPÉCIAL

30 PAGES

STRATÉGIE Digitalisation à marche forcée

ASSURANCE Sanlam cherche la bonne formule

INTERVIEW James Mwangi, directeur général d’Equity Bank

BANQUE MOBILE M-Pesa ne pèse pas encore lourd en dehors du Kenya

PERSPECTIVE BMCE Bank of Africa sous pression au sud du Sahara

FONDS DE PENSION Le sud-africain PIC doit se racheter une conduite

RÉSEAU Qui forme le premier cercle d’Alain Francis Nkontchou, PCA d’Ecobank? DÉVELOPPEMENT Demain, le renouveau des banques agricoles ANALYSE Les secrets de la résilience de Mauritius Commercial Bank

CLASSEMENTS

200

Les

PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES

100 PREMIERS

Les

ASSUREURS

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SPÉCIAL FINANCE

STRATÉGIE

Digitalisation à marche forcée

La crise du Covid a fait prendre conscience aux groupes africains de la nécessité d’accélérer la numérisation de leurs activités et d’offrir davantage de services en ligne à leurs clients. Un plan d’action qui répond aussi aux attentes des pouvoirs publics.

A

OLIVIER HOLMEY

d e Aye ye m i e n e s t convaincu : dans le secteur bancaire africain, il y aura un avant- et un après-Covid. « Le coronavirus est le plus grand accélérateur de notre époque », répète à l’envi le directeur général d’Ecobank. « Avant la pandémie, chacun savait qu’à terme il aurait à se passer d’argent liquide », déclare-t-il lors d’une intervention publique à la fin de juin. Mais cette notion était encore abstraite. « S’il y a une chose positive qui doit ressortir de cette période, c’est que les gens ont fait l’essai du numérique et ont été conquis. » Du jour au lendemain, l’imposition du confinement et des règles de distanciation

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GETTY IMAGES

Confinement et distanciation obligent, les clients des banques ont dû changer leurs habitudes en quelques semaines à peine: l’agence physique, si elle n’appartient pas encore au passé, se voit désormais délaissée au profit de l’application mobile.

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SPÉCIAL FINANCE

STRATÉGIE

physique a en effet radicalement transformé les liens qui unissaient les banques à leurs clients. Ces bouleversements, semblables à ceux qu’ont eus à gérer les établissements d’Europe et d’ailleurs, ont tout particulièrement affecté les banques d’Afrique, bien moins équipées pour servir leur clientèle à distance. L’agence physique est encore le centre névralgique des activités bancaires sur le continent, où la numérisation des services n’en est qu’à ses linéaments. Même Ecobank, pourtant pionnier du numérique en Afrique francophone, s’est retrouvé face à un défi considérable lorsqu’il a dû fermer un grand nombre de ses agences au début de la pandémie. Deux tiers des collaborateurs de la banque ont dû soudainement se mettre au télétravail, et le nombre de transactions dans ses agences a chuté de 64 %. Mais, en parallèle, ses clients même les plus réfractaires au digital ont afflué sur les autres plateformes de la banque : son application mobile, Ecobank Pay, comme son site destiné aux entreprises, Omni. Les engagements numériques d’Ecobank ont ainsi augmenté de 56 % au premier semestre.

Une chance autant qu’un casse-tête

La banque marocaine BCP a quant à elle vu ses canaux digitaux attirer 20 % de trafic en plus. D’autres établissements financiers ont connu une hausse encore plus importante. « Pratiquement toutes nos activités sont passées en numérique depuis mars », nous confie Jean Kacou Diagou, le fondateur du groupe de bancassurance ivoirien NSIA. Le trafic en ligne de NSIA a doublé dès les premières semaines de la crise, en même temps que ses agences se sont vidées, détaille-t-il. C’est aussi le cas de Standard Bank, la banque panafricaine. Avant la crise, une majorité des demandes de prêts particuliers se faisaient en agence, et une petite partie seulement en ligne. C’est désormais l’inverse. James Mwangi, le directeur général du géant kényan Equity Bank, se dit « sidéré » par la vitesse à laquelle ses clients ont changé leurs habitudes. « Ils estiment que la distanciation physique ne peut pas être respectée en agence, évitent de payer en liquide – puisque les billets changent trop souvent de mains – et même de toucher les boutons des distributeurs de billets, relate-t-il. Nous devons nous adapter à leur prise de conscience des risques sanitaires. » Les transactions digitales représentent aujourd’hui 83 % du trafic total géré par Equity Bank.

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DES USAGES NUMÉRIQUES EN HAUSSE Une fois la vie revenue à la normale après la crise du Covid-19, le mobile banking et la banque en ligne devraient voir leur utilisation augmenter, selon les personnes interrogées par McKinsey en avril 2020. LE MOBILE BANKING

Nigeria

+ 44 % Maroc

+ 17 % LA BANQUE EN LIGNE

Nigeria

37 % Maroc

18 %

Cet afflux vers le digital est une chance pour les banques du continent, qui ont ainsi pu assurer la continuité de leurs activités au plus fort de la crise. Mais c’est également un casse-tête, car il s’accompagne d’une demande des clients pour des services numériques plus performants. Au Maroc, par exemple, 37 % des personnes sondées en avril par la société de conseil McKinsey sur leurs besoins immédiats déclaraient vouloir que leur banque améliore son site internet et y rende disponibles tous ses services. Une requête que l’on retrouve dans le reste de l’Afrique francophone. « Nous avons systématisé notre offre digitale », dit Jean Kacou Diagou au sujet de la réponse que son groupe, présent dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest, a apporté à ces attentes nouvelles.

Des outils voués à se pérenniser

Des attentes qui ont vocation à se pérenniser au-delà de la pandémie, selon tous les acteurs du secteur. Au Maroc, première place bancaire d’Afrique francophone, le sondage de McKinsey révèle que près d’une personne sur cinq compte utiliser plus fréquemment les sites internet et les applications mobiles des banques, même après la crise. Au Nigeria, ce chiffre s’élève à 44 % pour ce qui est des applications mobiles. L’agence n’appartient pour autant pas encore au passé: seuls 9 % des personnes sondées au Maroc disent ne plus vouloir se rendre sur place pour s’entretenir avec leur banquier une fois la crise passée. Mais la transformation digitale est en tout cas bel et bien en marche. « Nous observons une accélération importante vers les services bancaires numériques ainsi que vers le paiement mobile, et cela devrait se poursuivre », analyse François Jurd de Girancourt, associé chez McKinsey. Celle-ci est encouragée par les régulateurs, conscients de l’importance des paiements dématérialisés dans la lutte contre la propagation du Covid-19. Ainsi, en avril, la BCEAO a annoncé la mise en œuvre de mesures, décidées en concertation avec les établissements financiers, visant à limiter les contacts physiques entre les personnes. Parmi ces mesures, la gratuité des transferts d’argent électroniques pour des montants inférieurs à 5000 F CFA (7,60 euros); la gratuité des paiements de factures d’eau et d’électricité, via la téléphonie mobile, pour les montants inférieurs à 50 000 F CFA ; la suppression par les émetteurs de monnaie électronique des commissions payées par les commerçants ; et l’assouplissement des conditions d’ouverture



SPÉCIAL FINANCE

STRATÉGIE

des comptes de monnaie électronique, désormais permise sur la base des seules données de la téléphonie mobile. Au Maroc, aussi, les pouvoirs publics ont collaboré avec les banques, ainsi qu’avec les opérateurs de télécoms, pour parer au plus pressé. Un fonds spécial pour la gestion du Covid a ainsi recueilli des dons par SMS, puis les a distribués en communiquant un code aux téléphones portables de personnes dans le besoin, permettant à ces dernières de retirer l’argent dans un distributeur de billets. L’État togolais a quant à lui transféré une aide sociale directement sur les comptes de mobile money des personnes qui travaillent dans les secteurs informels de l’économie et sont particulièrement touchées par la crise. Autant d’innovations qui ont contribué à étendre, et à normaliser, l’utilisation de nouveaux outils bancaires.

L’État au centre du jeu

Selon certains acteurs de la filière, l’aide apportée par les États et les régulateurs financiers reste pourtant trop limitée. « La BCEAO n’a rien fait pour soutenir le secteur bancaire », tranche Jean Kacou Diagou. Plus mesuré, Yoann Lhonneur, directeur associé au sein de Devlhon Consulting, évoque des pistes pour la suite. « Tout en restant dans leurs prérogatives, les pouvoirs publics peuvent assumer différents rôles clés, avance-t-il: un rôle de stratège pour le marché, de modernisateur rapide de la réglementation bancaire, de maître d’œuvre des pôles bancaires publics réellement adaptés pour le financement des petites et moyennes entreprises ; et enfin comme “impulseur” sur les fintechs et l’innovation. » Les plateformes techniques, les data centers et la cybersécurité sont autant de domaines qui exigent des infrastructures technologiques importantes mais indispensables à la modernisation des banques. L’appui des États permettrait d’accélérer leur déploiement. Pour y parvenir, les banques s’engagent généralement sur des projets d’envergure. Mais la mise à niveau des systèmes internes et de l’offre aux clients peut prendre des années. Dans l’urgence de la pandémie, les banques axent leurs priorités sur les projets de numérisation qui peuvent porter leurs fruits beaucoup plus vite. « Il y a une accélération des chantiers plus petits », nous explique Yoann Lhonneur, « avec des applications et des technologies front, back-office ou de cybersécurité moins lourdes qu’avant, dont certaines sont développables localement : on voit à Abidjan, à Casablanca,

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à Dakar ou à Accra des sociétés capables de le faire. Certaines banques ne souhaitent pas s’engager sur des projets au long cours. Le Covid incite à concevoir de nouveaux types de projets, plus agiles. » D’autant que les résultats bancaires en berne limitent les fonds disponibles. « Les banques ne vont pas pouvoir démultiplier leurs budgets, les projets plus complexes vont par conséquent forcément ralentir », avance Jean-Marc Velasque, chargé de conseil au sein de Sopra Banking Software, qui accompagne près de 300 banques en Afrique. En mai, Attijariwafa Bank a élaboré un chatbot (robot logiciel pouvant dialoguer avec un consommateur) capable de répondre entre autres aux questions que se posent les clients sur les mesures prises face au Covid‑19. Cette avancée technologique – une première au Maroc – permet de satisfaire un besoin, tout en restant abordable. De même, l’automatisation des systèmes de notation de crédit est particulièrement demandée par les banques en cette période, car elle est susceptible de réduire leurs coûts. Ainsi, Banque Atlantique Cameroun a fait appel en août à TurnKey Lender, spécialiste en intelligence artificielle, afin de numériser ses procédés en la matière. Et CredoLab, autre société de notation digitale, a annoncé avoir levé 7 millions de dollars cet été. Lancé au Kenya, au Nigeria et en Afrique du Sud en 2019, CredoLab entend bien accompagner les banques dans leur politique de numérisation post-Covid. Les projets d’envergure déjà engagés ne sont pas non plus suspendus. C’est le cas, par exemple, de la nouvelle banque 100 % numérique d’Orange et de NSIA, qui propose notamment des microcrédits et vise 10 millions de clients sur cinq ans et une extension au Sénégal, au Mali et au Burkina Faso. Elle a vu le jour, comme prévu, en juillet. « Le lancement a été confirmé malgré la pandémie, d’autant plus que le secteur numérique marche plutôt mieux actuellement », justifie Jean Kacou Diagou. Un engouement qui devrait permettre de moderniser le secteur bancaire en Afrique, mais aussi d’accentuer la compétition sur les canaux digitaux.

LES PLATEFORMES TECHNIQUES, LES DATA CENTERS ET LA CYBERSÉCURITÉ EXIGENT DES INFRASTRUCTURES TECHNOLOGIQUES IMPORTANTES MAIS INDISPENSABLES À LA MODERNISATION DES BANQUES.


La Banque africaine de référence mondiale Implantée dans 20 pays en Afrique, et également au Royaume-Uni, aux États-Unis et en France, UBA (United Bank for Africa) connecte des particuliers et des entreprises à travers toute l'Afrique grâce à des services bancaires à la clientèle de détail, de commerce et des entreprises, des paiements et des transferts dʼargent transfrontaliers innovants, ainsi que le financement du commerce et des services bancaires auxiliaires.


SPÉCIAL FINANCE

INTERVIEW

RICCARDO GANGALE/BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES

Il devrait quitter la direction générale d’Equity Bank dans deux ans. Mais, d’ici là, le Kényan compte bien renforcer encore le géant est-africain.

James Mwangi Equity Bank

« Nous sommes la banque la plus inclusive du monde » Face aux exigences de l’après-Covid, le patron historique du groupe panafricain adapte sa stratégie, au cœur de laquelle se trouve la RD Congo, future filiale phare du réseau. NICHOLAS NORBROOK

À

58 ans, James Mwangi va bientôt entrer dans la dernière partie de sa carrière au sein du leader du secteur bancaire kényan. D’ici à deux ans, il a prévu de quitter son poste de directeur général d’Equity Bank et de prendre la présidence de sa fondation. En trente ans,

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il aura gravi un à un les échelons d’un groupe qui, aujourd’hui, compte 14 millions de clients et est entré de plain-pied dans l’ère du numérique, accordant de plus en plus de place à l’intelligence artificielle dans ses process. Pour Jeune Afrique, il livre son analyse des défis que poseront les mois à venir pour des économies africaines bouleversées par la pandémie de Covid-19. Mais il reste optimiste, estimant qu’Equity Bank possède des

fondations solides qui lui permettront de sortir renforcé de cette période difficile. Jeune Afrique : Cette crise frappe de plein fouet les économies du continent. Quel est son impact sur les résultats d’Equity Bank ? Et qu’anticipez-vous pour l’année à venir ? JAMES MWANGI : Le résultat finan-

cier d’Equity n’est plus notre principale préoccupation. Le plus important est, à l’heure actuelle, de veiller à la sécurité des clients, en particulier à ce que les protocoles sanitaires soient respectés. Nous sommes en train de reconfigurer tout l’environnement bancaire. Nous avons pris conscience que la reconnaissance faciale devient elle aussi un problème car on ne peut pas demander à quelqu’un de retirer son masque. Nous avons donc opté pour la biométrie en permettant à nos clients d’activer des opérations à partir de leur téléphone. Même des choses aussi élémentaires que les files d’attente ont commencé à nous



SPÉCIAL FINANCE

INTERVIEW

poser des problèmes. La meilleure chose à faire pour Equity est de s’adapter à ces exigences et d’aider nos clients à se remettre du choc.

subies par les entreprises. Si les entreprises ferment, notre situation empirera encore car elles ne pourront pas rembourser leurs crédits.

Comment agissez-vous ?

Est-ce qu’Equity Group va devoir recourir à une augmentation de capital si la récession économique se poursuit ?

Par exemple, en différant le remboursement de crédits pour les établissements privés. Ces derniers ont beau être fermés, car l’année a été déclarée perdue par le gouvernement, ils doivent malgré tout payer leurs enseignants, alors que les parents n’ont pas versé les frais de scolarité. Grâce à cette mesure, les écoles et les enseignants, qui ont eux aussi des prêts chez nous, vont pouvoir traverser cette crise. Cela a obligé Equity à emprunter pour combler ce choc de trésorerie et à faire des provisions sur les prêts concédés, car nous ne savons pas si les écoles rouvriront. Il ne s’agit donc pas seulement de nos profits mais aussi de la survie de nos clients. Et cela devient une aventure assez coûteuse, lorsqu’il s’agit de prendre soin de 14 millions de clients. C’est pour cette raison que nous avons demandé à nos actionnaires de renoncer à 100 millions de dollars de dividendes cette année. C’est le modèle tout entier qui a été remis en question. Donc, concernant notre résultat, sur la période de janvier à juin, nous avons perdu 24 % de bénéfices après impôts. Nous avons dû supprimer les frais de transaction sur la plateforme mobile pour inciter les gens à l’utiliser et ne pas pénaliser ceux qui ont de faibles revenus. Cela représente 2 millions de dollars par mois, et cette seule décision a fait baisser nos revenus hors crédit de 3 % au cours du premier semestre. Sur notre portefeuille de crédits, nos provisions ont été multipliées par 15 jusqu’en juin pour prendre en compte le risque accru de défaut. Toutes les mesures prises ont pour but de protéger nos clients contre les chocs entraînés par les politiques (confinement des populations de Nairobi et de Mombasa, arrêt des usines…) appliquées pour contenir la propagation du virus. Nous sommes les mieux placés pour atténuer les secousses

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Sur les résultats des six premiers mois, nos revenus bruts ont augmenté d’environ 17 %, ce qui montre que la dynamique est toujours là. Le groupe a réussi à réduire ses coûts, nous donnant plus de latitude. La non-distribution des dividendes a fait grimper nos fonds propres au-dessus de 20 % [du total de leur bilan], quand le minimum légal requis est de 14 %. Cette importante

NOUS AVONS DEMANDÉ À NOS ACTIONNAIRES DE RENONCER À 100 MILLIONS DE DOLLARS DE DIVIDENDES CETTE ANNÉE. marge de manœuvre nous a permis d’emprunter et d’être optimiste sur notre capacité à surmonter cette crise – dont nous pensons qu’elle durera deux ou trois ans –, sans avoir besoin de lever des capitaux. En RD Congo, où vous avez acheté, en 2015, ProCredit, ainsi que la Banque commerciale du Congo (BCDC) en 2019, vous voulez mettre en place un modèle qui s’adresse à la fois au bas de la pyramide et aux grands comptes, pouvez-vous nous l’expliquer ?

En trente ans, nous sommes devenus peut-être la banque la plus inclusive du monde. Nous avons commencé avec un million de personnes dans les camps de réfugiés, pour

lesquelles nous effectuions les transferts sociaux en provenance de l’ONU et du gouvernement. Puis, au fil des ans, nous avons permis à beaucoup d’obtenir des diplômes, à certains de créer des entreprises. Cela nous a appris qu’un modèle bancaire inclusif est possible si l’on est capable de bien segmenter les clients et si, pour chaque segment, on fournit les produits appropriés. C’est notre ambition en RD Congo avec BCDC, qui existe depuis cent onze ans et n’a que 200 000 clients (à hauts revenus) dans le secteur minier ; et avec ProCredit – et son million de clients – que nous avons orienté vers les particuliers et les toutes petites entreprises. L’idée est de fusionner les deux et de dire aux entreprises minières: « envoyez-nous vos salariés et vos contractants ». Nous pensons qu’Equity Congo peut devenir, d’ici à la fin de l’année, la plus importante banque de RD Congo et, d’ici à cinq ans, plus importante qu’Equity au Kenya. En 2015, quand nous avons acheté ProCredit, la banque avait un bilan de 150 millions de dollars, il est désormais de 900 millions de dollars. Et le potentiel de BCDC est encore plus grand. À cela, il faut ajouter le dynamisme de la RD Congo, renforcé par la transition politique en cours et l’intérêt renouvelé de la communauté internationale. Après avoir envisagé en 2020 de vous implanter au Rwanda, en Tanzanie, en Zambie et au Mozambique, vous avez préféré vous concentrer sur l’acquisition de la BCDC en RD Congo. Pourquoi ?

Vous faites référence à l’acquisition un temps envisagée des filiales d’Atlas Mara. Quand vous considérez notre acquisition en RD Congo, sa valeur est plus importante que les quatre autres réunies. Se focaliser sur un pays était plus simple. Par ailleurs, la qualité des actifs d’Atlas Mara n’était pas aussi bonne, et les économies dans lesquelles ces banques évoluent sont moins porteuses. Enfin, nous n’étions pas capables d’anticiper l’impact du Covid sur ces opérations.



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PERSPECTIVE

BMCE Bank of Africa sous pression au sud du Sahara

Alors que les besoins en fonds propres brident le développement de son portefeuille de crédits depuis des années, la banque va aussi être amputée de certains de ses revenus par la crise du Covid.

ARLETA CHOJNACKA/CIT’IMAGES

aura, lui, la possibilité de prendre des parts du capital à hauteur de 1 milliard de dirhams. « Les fonds propres de BMCE-BOA demeurent relativement modestes, malgré une légère amélioration consécutive aux injections de capitaux en 2019. Cette situation limite la capacité de la banque à absorber les pertes potentielles, ce qui pourrait créer un nouveau besoin d’injections de capitaux dans un environnement difficile », note Moody’s dans son analyse.

Équation compliquée

Le groupe est implanté dans 31 pays, dont 20 situés en Afrique. Ici, son siège de Dakar.

C

EL MEHDI BERRADA, À CASABLANCA

omme en 2017 et en 2019, le groupe BMCE Bank of Africa (13,9 milliards de dirhams – 1,3 milliard d’euros – de PNB) a sollicité ses actionnaires pour renflouer ses fonds propres. Au début d’août, la banque a proposé aux porteurs d’actions de convertir les dividendes qu’ils ont perçus au titre de l’exercice achevé en décembre 2019 en nouvelles parts du capital, soit environ 1 milliard de dirhams. Pour encourager l’ensemble du tour de table à participer, les actionnaires historiques, FinanceCom, RMA et SFCM ont annoncé leur contribution avant même l’entame de la collecte. En plus du pressant besoin de financement pour son plan stratégique, le groupe implanté dans 31 pays – dont

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20 situés en Afrique – doit répondre aux exigences des différents régulateurs. En 2018, la banque avait estimé son besoin en fonds propres à environ 6,5 milliards de dirhams pour ne pas entraver le développement de son portefeuille de prêts. En juin 2019, le groupe britannique CDC avait apporté 1,9 milliard de dirhams pour prendre 5 % du capital de la banque marocaine. « L’argent injecté par CDC n’aura servi qu’à combler l’impact de la réforme IFRS 9 » (entrée en vigueur en 2018, la norme modifie en profondeur les règles actuelles de classement et d’évaluation des actifs financiers), fait savoir un analyste financier. Le groupe BMCE devra chercher 2 milliards de dirhams supplémentaires entre 2021 ou 2022 si la situation économique ne s’arrange pas. Selon nos informations, le personnel

« La banque doit poursuivre son développement, augmenter sa rentabilité opérationnelle, alors que dans le même temps elle est pénalisée par un niveau trop faible de fonds propres. C’est une équation compliquée liée aux contraintes réglementaires qui vont peser sur elle au moins jusqu’en 2022 dans les pays de la région Uemoa », explique Yoann Lhonneur, directeur associé du cabinet Devlhon Consulting, pour qui la BMCE-BOA demeure néanmoins un établissement robuste. La période est d’autant plus délicate pour la banque qu’à la surveillance du niveau des ratios prudentiels s’ajoutent les terribles conséquences de la crise du Covid-19. Toutes les analyses prédisent un ralentissement économique important sur le continent, lequel se traduira notamment par une détérioration de la qualité des emprunteurs. Cette perspective inquiète la banque, dont le portefeuille de crédits au sud du Sahara connaît déjà une hausse des créances en souffrance. Elles sont passées de 8,2 % en 2017 à 9,1 % l’année dernière. Certes, ce niveau reste en deçà de



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PERSPECTIVE

la moyenne du secteur en Afrique subsaharienne (11,4 %) selon les statistiques de Moody’s, mais il est probable qu’en raison de la conjoncture économique globale, la dégradation se poursuive au cours des prochains exercices. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’agence américaine a changé les perspectives de sa notation, en les passant de « stables » à « négatives ».

Absence de garanties

«Conscientsdecettetendance, lesmarchés subsahariens ont montré ces dernières années un moindre appétit pour le risque », a constaté Yoann Lhonneur. Avantde procéderà desaugmentations de capital entre 2017 et 2019, la banque avait déjà en partie fermé le robinet des crédits en ne sélectionnant que les dossiers les plus sûrs. Connu pour être élitiste, BMCE-BOA finance en priorité les projets gouvernementaux et détient

LA CONCURRENCE DES SOCIÉTÉS TECHNOLOGIQUES QUI FOURNISSENT DES SERVICES FINANCIERS EST DE PLUS EN PLUS VIVE. aussi de grandes parts sur le marché des fonctionnaires. Cette sélectivité permet à la banque de générer en Afrique subsaharienne 33 % de ses revenus, alors qu’elle n’y distribue que 25 % de ses crédits. Cette année, en l’absence de garanties, les banques financent encore moins que d’habitude les petites et moyennes entreprises, en très grande difficulté. Traditionnellement, dans cette zone, BMCE-BOA investit fortement dans les bons du Trésor, peu rémunérateurs

mais présentant un risque quasi nul. Son produit net bancaire provient davantage de commissions sur des opérations d’import-export que des intérêts obtenus grâce aux prêts qu’elle octroie. La crise actuelle devrait ainsi se révéler particulièrement coûteuse pour la banque marocaine, au sein de laquelle l’optimisme habituel est néanmoins toujours de mise. Selon nos sources, les résultats enregistrés cette année reflètent déjà l’ensemble de ces difficultés. « Parallèlement au contexte du Covid-19, la banque est confrontée à une concurrence de plus en plus diversifiée, venant des banques ou des sociétés technologiques qui fournissent des services financiers. Cette situation provoque une tension sur les prix et donc sur la rentabilité globale, alors que dans le même temps les coûts de la banque ne peuvent pas être réduits d’autant », conclut Yoann Lhonneur.

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SPÉCIAL FINANCE

RÉSEAU

Qui forme le premier cercle d’Alain Francis Nkontchou?

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LES FINANCIERS INTERNATIONAUX

ECOBANK

epuis qu’Alain Francis Nkontchou, 57 ans, a été nommé président du conseil d’administration d’Ecobank, son discours n’a pas varié sur le fond. L’ancien banquier d’affaires, cofondateur de la société d’investissement Enko Capital, attend du secteur financier qu’il accompagne mieux les économies africaines. « Les banques doivent gagner en agilité », estime-t-il : prêter sur le plus long terme (au-delà de cinq ans), mieux apprécier les risques, ne pas se contenter de prendre des actifs en garantie, intégrer dans leurs analyses les flux de trésorerie, etc. C’est avec le directeur général d’Ecobank, le Nigérian Ade Ayeyemi, qu’il entend parachever la transformation du groupe, entamée il y a cinq ans. Au programme: développer le numérique, améliorer les services, redresser une fois pour toutes la filiale nigériane, miser sur l’éducation et la santé, et, à moyen terme, distribuer des dividendes aux actionnaires, qui en sont privés depuis quatre exercices d’affilée. Au-delà de ses compétences et de son expérience à l’international, le Camerounais, qui a longtemps évolué dans le monde feutré et très lucratif des banques d’affaires, apportera surtout à l’état-major d’Ecobank le bénéfice d’un réseau réunissant les meilleurs spécialistes de la finance mondiale.

Titulaire d’un doctorat obtenu à Supelec et d’un master en finance de l’École supérieure de commerce de Paris, Alain Nkontchou s’est épanoui au sein des salles de marchés de JP Morgan, puis de Crédit Suisse, spéculant sur l’évolution du cours des devises, des matières premières, et sur les conjonctures macroéconomiques. Au cours de cette période, il a fréquenté l’Argentin Daniel Pinto, aujourd’hui coprésident et directeur des opérations de JP Morgan, et a sympathisé avec Gaël de Boissard (1), fondateur de la société d’investissement 2b Capital Ltd, qui, avant l’arrivée de Tidjane Thiam à Crédit Suisse, avait espéré prendre la tête de la banque helvète. Il a également noué des amitiés fortes avec les ex-traders JeanPhilippe Blochet, cofondateur du hedge fund Braven Howard, et Alexandre Mouradian (2), ancien de la société d’intermédiation Tradition Securities & Futures, qui depuis a créé la fondation Spinoza et se consacre à sa passion pour l’école de peinture de Pont-Aven (Bretagne, France). Alain Francis Nkontchou se rapproche aussi dans les années 1990 de la famille française

de Nonancourt, qui possède la maison de champagne LaurentPerrier, très présente en Afrique. De 1999 à 2009, il siégera même au conseil d’administration de cette dernière à l’invitation de son PDG et ancien compagnon de la libération, Bernard de Nonancourt. Des amis auxquels il faut ajouter Philippe Rosio, PDG de la société immobilière cotée Inea, et l’ingénieur des Mines et ancien patron de la société industrielle SouriauSunbank, François Calvarin. Ce dernier a siégé jusqu’en février au conseil général de la Banque de France. Plusieurs de ces amis ont aidé Alain Francis Nkontchou à lancer le premier fonds d’investissement de 10 millions de dollars d’Enko, en 2008. C’est aussi avec Jean-Philippe Blochet, Alexandre Mouradian et son oncle Charles Fondjo, retraité de Socapalm, qu’Alain Francis Nkontchou a créé au Cameroun l’exploitation agricole Domayo Farming.

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R. YOUNG/REX SHUTT/SIPA

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JULIEN CLÉMENÇOT

PIERRE-YVES DHINAUT

Nommé, le 30 juin, président du conseil d’administration de la banque panafricaine Ecobank, le Camerounais, cofondateur d’Enko, dispose d’un entourage qui réunit les meilleurs experts de la finance mondiale. JA vous dévoile son carnet d’adresses.

LES PARTENAIRES AFRICAINS

Jusqu’à la création d’Enko, Alain Francis Nkontchou s’était tenu à l’écart du continent. Ce natif de Yaoundé a fait ses études à Paris, puis sa carrière à Londres. De son propre aveu, son réseau africain est donc limité et circonscrit à la


Albert Zeufack, économiste en chef pour l’Afrique de la Banque mondiale, Parmi les entrepreneurs africains, il apprécie particulièrement le Nigérian Karim Kola, formé à Londres et fondateur du groupe Shoreline (présent dans les secteurs de l’énergie, du trading et des infrastructures), et le Sénégalais Amadou Ngom, cofondateur du groupe français de conseil S&H, spécialiste des RH et de la finance, qui, en 2019, a ouvert des bureaux à Abidjan et à Dakar. Enfin, dans la capitale britannique, il côtoie également les Nigérians Babatunde Soyoye (3) et Tope Lawani, fondateurs de la société d’investissement Helios, qui est en train de fusionner avec le canadien Fairfax Africa Holdings.

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DR

sphère économique. Lorsqu’il est recruté en 2015 par Ecobank pour en intégrer le conseil d’administration, sa candidature est appuyée par le Togolais Gervais Koffi Djondo, cofondateur de la banque panafricaine en 1988. S’il ne revendique pas de proximité particulière avec les autres administrateurs de la banque, il entretient de bonnes relations avec Ade Ayeyemi, le directeur général actuel. Donald Kaberuka, cofondateur de la banque d’affaires SouthBridge avec Lionel Zinsou, compte aussi parmi les personnalités du secteur financier dont il se sent proche. Kaberuka avait été consulté au lancement d’Enko lorsqu’il était président de la BAD. Nkontchou s’est récemment rapproché du Camerounais

UNE FRATRIE NKONTCHOU INFLUENTE

La famille Nkontchou s’est particulièrement illustrée dans le secteur financier. Quand Alain Francis Nkontchou a choisi de faire carrière à la City, son frère cadet et partenaire au sein d’Enko, Cyrille Nkontchou (4), s’est établi à Johannesburg. Diplômé de Sciences Po Paris et de Harvard, l’ancien directeur de la recherche de la banque Merrill Lynch pour l’Afrique subsaharienne a fondé en 2000 la société de conseil en acquisition et en levée de fonds Liquid Africa, puis, en 2007, le distributeur d’intrants RMG Concept.

Il a également créé, en 2013, en parallèle d’Enko, Enko Education, afin de développer un réseau panafricain d’établissements privés d’enseignement secondaire. Un projet auquel collabore leur sœur Mireille Nkontchou. William Nkontchou, benjamin de la fratrie, diplômé de l’École des mines, de Polytechnique et de Harvard, est quant à lui directeur général à Paris, au sein de la société d’investissement Emerging Capital Partners (ECP). Des responsabilités qui lui valent de siéger au conseil d’administration du groupe bancaire Oragroup. Moins connue, Caline Nkontchou Kamya, avocate aux barreaux de Paris et du Cameroun, est associée au sein du cabinet Lizop & Associés et conseille son frère Alain.


SPÉCIAL FINANCE

DÉVELOPPEMENT

Demain, le renouveau des banques agricoles

Encore modeste, l’empreinte de ces établissements publics dévolus au financement d’un secteur clé pourrait s’étendre, portée par la digitalisation et le soutien des bailleurs de fonds.

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ESTELLE MAUSSION

n les pensait mortes, mais elles n’ont pas encore dit leur dernier mot. Ces derniers temps, des signaux témoignent d’un réveil des banques agricoles sur le continent. En mars 2019, le gouvernement burkinabè a lancé à Ouagadougou la Banque agricole du Faso (BADF), dotée d’un capital de 14,8 milliards de F CFA (21,8 millions d’euros), avec l’ambition d’ouvrir des bureaux à Bobo-Dioulasso et à Dédougou. À Dakar, la Caisse nationale de crédit agricole du Sénégal (CNCAS), devenue la Banque agricole (BA), a mis en service en février une application de services financiers pour les paysans (AgriCash), avant d’octroyer en juillet 7 millions d’euros aux riziculteurs de la vallée du fleuve Sénégal. En Afrique de l’Est, la Tanzania Agricultural Development Bank (TADB) a, en août, soutenu à hauteur de 17 millions de dollars des coopératives productrices de café, quand l’Agricultural Finance Corporation (AFC) au Kenya doit voir ses moyens augmenter de 14 millions de dollars au cours des trois prochaines années afin de renforcer son soutien au secteur agricole. Ce frémissement tranche avec la disgrâce dans laquelle sont tombées ces banques dévolues au financement de l’agriculture, ces dernières décennies. Créés pour beaucoup au sortir des indépendances, ces établissements publics, conçus comme les bras armés des États, ont été abandonnés à partir des années 1980, critiqués pour leur inefficacité, leurs déficits à

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répétition et leur manque de transparence. Plus récemment, la liquidation en 2014, dix ans après sa création, de la Banque pour le financement de l’agriculture (BFA) en Côte d’Ivoire a confirmé les difficultés de ce type d’institution. Après avoir annoncé la création d’une banque agricole en 2011, le Cameroun y a finalement renoncé en 2018. Au Bénin, si le projet reste d’actualité, le gouvernement souhaite au préalable restructurer les filières de production. En Afrique de l’Ouest, seules résistent la BA sénégalaise, la Banque nationale de développement agricole (BNDA) du Mali – soutenue par l’Agence française de développement (AFD) – et la Banque agricole du Niger (Bagri). Quant à la Land and Agricultural Development Bank d’Afrique du Sud, elle a lancé en juin une restructuration de sa dette – impliquant le rééchelonnement des échéances et l’obtention d’un crédit de 174 millions de dollars – pour éviter la faillite. La fragilité des banques agricoles est connue. S’adressant à une population rurale aux faibles revenus et présentant souvent peu ou pas de garanties,

ELLES DEVRAIENT AVOIR UN STATUT D’INSTITUTIONS FINANCIÈRES SPÉCIALISÉES ET ÊTRE SOUMISES À DES RÈGLES SPÉCIFIQUES DE PROVISIONNEMENT.

elles s’exposent à des niveaux de risque et de défauts élevés, impossibles à concilier avec les contraintes prudentielles imposées par les autorités bancaires. Elles se concentrent alors souvent sur les productions d’exportation, en sécurisant les opérations à travers la « tierce détention » des stocks, délaissant les cultures céréalières, fruitières et vivrières, pourtant en demande de fonds. Sans le soutien de l’État et l’apport régulier de « capital patient » par l’intermédiaire des bailleurs continentaux ou internationaux, elles ne peuvent tenir l’équilibre financier. « Elles devraient bénéficier d’un statut d’institutions financières spécialisées, – comme les organismes de leasing – et être soumises à des règles spécifiques de provisionnement, car les activités qu’elles financent ne parviennent pas à être amortissables mensuellement toute l’année », avance Cédrick Montetcho, responsable des investissements en Afrique de l’Ouest pour le compte du néerlandais Oikocredit.

Tenir l’équilibre financier

« Malgré leurs limites, elles restent un modèle sur lequel il faut compter, car elles disposent d’une force de frappe et sont alignées sur la stratégie de long terme des États », souligne Pierre Casal Ribeiro, manager chez CIDR Pamiga, qui promeut la microfinance dans l’ouest et dans l’est du continent. Depuis l’adoption en 2014 de la déclaration de Malabo par l’Union africaine, les États se sont engagés à consacrer au moins 10 % de leur budget au secteur agricole. Les banques spécialisées dans ce domaine apparaissent comme l’une des solutions politiques à l’urgence de développer un secteur qui assure des moyens de subsistance et des emplois à une part importante de la population. En parallèle, elles demeurent les interlocutrices privilégiées des grands bailleurs du continent. La BAD – qui a fait de l’agriculture une de ses priorités – et la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) ont multiplié les mécanismes de financement des



SPÉCIAL FINANCE

DÉVELOPPEMENT

ROMUALD MEIGNEUX/SIPA

Le CAM, en développant une offre globale et adaptée aux particularités du secteur, s’est imposé comme un modèle de réussite.

campagnes agricoles et les instruments de couverture de risques, majoritairement déployés par l’intermédiaire des banques agricoles. Dans ce contexte, un acteur, le Crédit agricole du Maroc (CAM, 10,5 milliards d’euros de total de bilan et 8 milliards d’euros de crédits distribués en 2019), s’est imposé comme un modèle de réussite. Bénéficiant du soutien de l’État (actionnaire à 75 %) et s’appuyant sur un portefeuille d’activités diversifié, le groupe a développé une offre globale (assurance, affacturage, prêts, microcrédits, garanties) et adaptée aux particularités du secteur. Ainsi, s’il propose des services bancaires classiques aux grosses exploitations (20 % du monde agricole du royaume en 2017), il a lancé en 2006 une filiale de microcrédit (la Fondation Ardi) pour les petits exploitants (40 % du monde agricole), puis, en 2010, une autre de mésofinance

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(Tamwil El Fellah) pour les exploitants de taille moyenne (40 % du secteur), cette dernière étant associée à un fonds de garantie, avec une couverture partielle du risque par l’État.

Besoins croissants

Le CAM a aussi mis en place des systèmes d’évaluation pour assurer un suivi régulier et une connaissance fine du client, gages d’une meilleure gestion du risque. À la fin de 2019, Tamwil El Fellah comptait plus de 90 000 clients pour un encours de financement de 851 millions de dirhams (77,6 millions d’euros), respectivement + 19 % et + 13 % par rapport à la fin de 2017. La Fondation Ardi rapportait, elle, un encours de financement de 295 millions de dirhams. En juin, le groupe marocain a annoncé prendre une participation de 40 % dans Atlantic Microfinance for Africa Sénégal (Amifa), de son compatriote

BCP, pour développer le monde rural au Pays de la teranga. Ne constituant aujourd’hui qu’un acteur parmi d’autres du financement de l’agriculture, les banques agricoles sont appelées demain à occuper une place plus importante. Cela en raison de plusieurs facteurs. D’une part, les besoins de financement sont croissants et loin d’être satisfaits, malgré l’essor des institutions de microfinance et des fintechs. D’autre part, l’amélioration des instruments de financement et de garanties couplée à la digitalisation facilitent le travail des banques tout en réduisant leurs coûts. Enfin, la pression croissante pour développer le potentiel agricole africain, renforcée par la crise liée au coronavirus, plaide pour davantage d’action publique, notamment à travers les banques agricoles, mais aussi par une meilleure coordination de l’ensemble des acteurs : un rôle tout indiqué pour ces dernières.


LA MEILLEURE BANQUE DU MOYEN-ORIENT POUR

LA RESPONSABILITÉ

D’ENTREPRISE


SPÉCIAL FINANCE

ANALYSE

Les secrets de la résilience de Mauritius Commercial Bank Leader à Maurice et banque africaine la mieux notée par Moody’s en 2019, MCB, bien que chahutée cette année, continue à envisager son avenir avec sérénité.

P

AURÉLIE M’BIDA

«

our devenir centenaire, il faut commencer jeune. » Un secret de longévité, tiré de la sagesse populaire russe, que MCB s’est employé à appliquer. La première banque mauricienne, et la plus ancienne, vient de souffler ses 182 bougies. Preuve que le suivi d’un « régime » adapté, engagé dès les premières années, y contribue. « La banque est bien dirigée, avec des banquiers expérimentés et une solide gestion des risques », observe un analyste, bon connaisseur de la place portlouisienne. Selon lui, compte tenu de son ancienneté et de sa taille, MCB doit sa réussite à l’histoire de Maurice et à son économie diversifiée. Tout comme l’île de l’océan Indien, la banque a su tirer parti de sa situation géographique et attirer les capitaux étrangers avec son système bancaire offshore et avec d’autres secteurs économiques clés: les services, l’agro-industrie – avec notamment la transformation de son sucre – et le tourisme haut de gamme. Rien d’étonnant alors à ce que l’établissement dirigé par Alain Law Min ait obtenu de Moody’s, en juillet 2019, la meilleure note parmi l’ensemble des banques commerciales du continent. La notation de MCB passant de Baa3 à Baa2. « L’agence de notation a mis en exergue les améliorations de nos mesures de rentabilité et de la qualité des actifs, ainsi que le niveau élevé de liquidité et de capitalisation solide », commente le DG du groupe mauricien. Et les performances de MCB l’an dernier en témoignent. Le total de

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bilan fait un bond de plus de 20 %, à 428 milliards de roupies (10,8 milliards de dollars). Tandis que les dépôts des clients atteignent 7,7 milliards de dollars (+ 10 %). Et le produit net bancaire s’est affiché à 443 millions de dollars, grâce notamment à une hausse de 25 % du produit des placements de la banque sur l’exercice 2018-2019. Des résultats qui lui ont aussi permis de damer le pion à ses consœurs SBM Bank ou encore Absa (ex-Barclays Bank Mauritius). Mais si le groupe, qui dispose de bureaux de représentation à Paris, à Johannesburg et à Nairobi, semble solide, il n’en est pas moins ébranlé par la crise du Covid-19, qui rend nécessaire un ajustement de son modèle. Au printemps, la perspective de notation de MCB a été revue de stable à négative par les agences de notation. « Les perspectives négatives sont motivées par un affaiblissement potentiel du profil de crédit du gouvernement mauricien, et par extension un affaiblissement de la capacité à soutenir MCB », justifiait Moody’s, le 8 avril. Qui poursuit : « La perturbation économique induite par le coronavirus pèsera probablement sur la qualité des actifs et la rentabilité de la banque, des risques qui sont aggravés par les fortes concentrations d’emprunteurs et la

LE GROUPE EST ÉBRANLÉ PAR LA CRISE DU COVID-19, QUI REND NÉCESSAIRE UN AJUSTEMENT DE SON MODÈLE.

récente chute des prix du pétrole ». Une situation préoccupante pour une banque qui détient une part de marché des dépôts de clients de près de 50 % et qui, en dehors du pays, est experte en financement de projets dans l’énergie et les matières premières. « Avec la crise, Maurice doit faire face à des défis de taille. Les perturbations causées sur l’activité économique et le tourisme ainsi que des conditions extérieures défavorables impliquent que la croissance du PIB est attendue à son plus bas niveau depuis les années 1980 », constate Mahin Dissanayake, responsable de l’analyse des banques africaines au sein de Fitch Ratings. « Ajoutez un risque accru de sortie des capitaux provenant du secteur bancaire offshore et vous pouvez entrevoir la pression sur les indicateurs financiers que pourrait subir une banque résiliente comme MCB. »

Confiance et ambition

Pour ses dirigeants, toutefois, le péril est à relativiser. « De nombreuses banques à travers diverses juridictions subissent une évaluation défavorable par les agences de notation en raison des retombées néfastes de la pandémie », tient à préciser Alain Law Min. « Même si l’ampleur et la durée des turbulences sur le marché restent incertaines, nous sommes convaincus que nous pourrons rétablir notre performance financière », ajoute-t-il. Le dirigeant se montre d’autant plus confiant que, au début de juillet, la banque a levé une facilité de 100 millions de dollars mise en place par la banque d’investissement MUFG Securities – filiale du géant Mitsubishi UFJ Financial Group. Une ligne de crédit qui devrait servir les ambitions de MCB, notamment en Afrique. « Cela montre que nous continuons de nous attirer le soutien des banques internationales », conclut Alain Law Min.


Total bilan 2.13 USD milliard

PNB 203

USD millions

Part de marché

27

%

VOIR GRAND POUR LE CONGO Voir grand pour le Congo traduit le mieux ce que nous avons démontré depuis notre création et ce que nous voulons pérenniser : notre leadership sur le marché bancaire de la République Démocratique du Congo. Chacun de ces mots, pris conjointement, expriment à la fois ce que nous aimons être, des leaders et ce que nous aimons faire ou entreprendre. Ils résument à la fois un programme d(actions et un critère de jugement de l’action individuelle et collective des Rawbankers. Notre vision repose sur le fait que nous entendons réellement et clairement : produire un service innovant et de qualité ; attirer et fidéliser des employés compétents ; attirer et sécuriser des partenaires de qualité.

A travers cette vision, nous voulons promouvoir : le partage mutuel de la responsabilité pour atteindre des objectifs durables ; la collaboration et la communication efficaces ; l’implication de chacun dans la démarche de l’entreprise ; l’interdépendance et l’esprit d’équipe, deux facteurs clés de notre succès ; la motivation et plus particulièrement l’auto motivation. Cette vision traduit aussi nos pratiques de gestion, de management et de leadership. Elle exprime enfin la culture RAWBANK à savoir l’entrepreneuriat


SPÉCIAL FINANCE

ASSURANCE

MIKE HUTCHINGS/REUTERS

En mars 2018, le premier assureur africain rachetait le pôle assurances du marocain pour plus de 1 milliard de dollars.

Sanlam cherche la bonne formule Deux ans après avoir jeté son dévolu sur le marocain Saham Finances, le géant sud-africain tarde à tirer le meilleur parti de cette acquisition. Mais sa direction reste optimiste.

U

AURÉLIE M’BIDA

ne grosse valorisation, une vaste empreinte géographique, une pléthore de personnalités… Quand Sanlam et Saham Finances annoncent leur mariage en mars 2018, les ingrédients d’un événement à marquer d’une pierre blanche sont réunis. Le premier assureur africain, qui se prévaut, au moment de l’opération, d’un chiffre d’affaires concernant la vente de services financiers de 58,7 milliards de rands (4,5 milliards de dollars) au titre de l’année écoulée, signe un chèque de

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1,05 milliard de dollars pour acquérir la totalité des parts dans la branche assurances du groupe Saham, de Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie et du Commerce du Maroc depuis 2013. « En 2018, Saham Finances a la plus grande couverture de marchés en Afrique (26 pays lors de l’acquisition) – hors Afrique du Sud –, et Sanlam bataille avec Old Mutual pour la place de leader en Afrique australe. Lorsque vous combinez Sanlam et Saham Finances, vous arrivez à la plus grande opération du secteur des assurances en Afrique, en dehors des réassureurs », rappelle un analyste financier. Sur le papier, le mariage est

quasi parfait car les deux groupes présentent des métiers complémentaires. L’assureur chérifien se positionne historiquement sur le créneau non-vie et le sud-africain sur celui de l’assurance vie. En fusionnant, sous la houlette de l’entité Sanlam Emerging Markets (SEM), chacun pouvait garder sa spécificité et poursuivre son développement tout en profitant de synergies comme l’optimisation de la réassurance et l’amélioration de la diversification des gammes de produits. Mais deux ans après la conclusion définitive du deal, la fusion des deux groupes n’est pas totalement aboutie. « Chacune des deux entités


PUBLI-REPORTAGE

BEAC

Banque des États de l’Afrique Centrale

La BEAC, acteur privilégié de l’inclusion financière dans la CEMAC

Les économies de la mmunauté EconoCom mique et Monétaire dee l’Afrique Centrale (CCEMAC) sont affectées deepuis mars 2020 par un double choc : la crise saniitaire liée à la pandémie dde la Covid-19 et la m déppréciaation des termes de l’échannge een raison de la chute du prix du péétrole brut, principal d exportation dde la Zone. Selon les produit d’exportation études des services de la BEAC, les conséquences économiques et financières de la Covid-19 sur les pays de la CEMAC seraient de plusieurs ordres, notamment : (i) une dégradation importante des comptes macro-économiques, (ii) une baisse des financements extérieurs, (iii) une perturbation des échanges intracommunautaires, (iv) une fragilisation de la stabilité externe et financière et (v) un risque de montée des tensions inflationnistes. Pour limiter les effets potentiels de ces crises sur les économies de la CEMAC, le Comité de Politique Monétaire (CPM) de la BEAC a adopté deux importantes séries de mesures depuis mars 2020. La première série a porté sur l’assouplissement des conditions monétaires (I), alors que la seconde a concerné des décisions historiques visant à soutenir durablement la liquidité du marché monétaire et à impacter plus directement les conditions de financement des Étatss sur le marché des valeurs du Trésor, et du secteur productif (II).

ASSOUPLISSEMENT DES CONDITIONS MONÉTAIRES En ce qui concerne l’assouplissement des conditions monétaires, la BEAC a adopté des décisionsvisant à rassurer le secteur productif en général,et les établissements de crédit en particulier, de son soutien au maintien de la chaine de production dans un contexte caractérisé par de nombreuses incertitudes.Ainsi,les mesures suivantes ont été prises : › révision à la baisse de ses principaux taux d’intérêt direecteurs. Le taux d’intérêt des appels d’offres es (TIAO) a été réduit de 25 points dee base, revenant de 3,50 à 3,25 %. % S’agissant du taux de la faacilité de prêt marginal, celui-ci a été réduit de 100 points de base, de 6,00 % à 5,00 % ; LES PAYS DE LA CEMAC : CAMEROUN CENTRAFRIQUEE CONGO GABON GUINÉE ÉQUATORIALE RIALE TCHAD

› acccroissement de 260 milliards dee F CFA du montant de liquiidités à injecter sur le marché c monétaire. La Banque Centrale a ainsi porté le montant m des injections de liqu quidité sur le marché monétaire tai de 240 milliards de F CFA à 500 5 milliards de F CFA et s’est engagée à relever ce montant en cas de besoin ;

› élargissement de la gamme des effets privés admis comme collatéral des opérations de politique monétaire ; › révisionàlabaissedesdécotesapplicablesauxeffetspublicsadmiscommecollatéral pour les opérations de refinancement à la BEAC. Outre ces mesures, la BEAC a (i) assoupli les conditions d’émission des valeurs du Trésor, (ii) porté aux instances compétentes la proposition de rééchelonner d’un an le remboursement du capital des crédits consolidés de la Banque Centrale sur les États ; et (iii) mis à la disposition de la BDEAC une ligne de 90 milliards de F CFA pour financer les projets d’investissements publics, initiés par les Etats membres de la CEMAC, notamment dans le cadre des mesures de riposte face à la Covid-19.

MESURES D’INTERVENTION DIRECTE DE LA BANQUE CENTRALE Au titre des interventions directes, la BEAC a pris deux mesures supplémentaires destinées à soutenir durablement la liquidité du marché monétaire et à impacter plus directement les conditions de financement des Etats, sur le marché des valeurs du Trésor, et du secteur productif. Ces mesures ont consisté au déploiement sur le marché monétaire : (i) des injections de liquidités à plus longue échéance ; (ii) et des mesures d’interventions exceptionnelles directes. Les injections de liquidité à long terme visent principalement à offrir aux établissements de crédit les ressources stables dont ils ont besoin pour compenser la perte des dépôts de la clientèle induite par la crise et couvrir leurs emplois à moyen et long termes, notamment en ce qui concerne l’offre de crédits à la clientèle et la souscription aux titres émis par les Trésors publics. Ainsi dans un premier temps, la BEAC s’est proposée d’injecter 150 milliards de F CFAen organisant une série de trois opérations d’injections de liquidité à maturité longue, d’un montant unique de 50 milliards de F CFA et pour une maturité de 12 mois chacune. La première adjudication s’est effectuée le 17 août 2020 avec un taux de souscription de 105,3 %,pour un montant global de 50 milliards de F CFAmis en adjudication.La seconde opération est prévue le 14 septembre 2020 et la troisième le 12 octobre 2020. Au titre des interventions exceptionnelles sur le marché monétaire, le BEAC a décidé d’un programme de rachat des titres publics sur le marché secondaire pour un montant maximal de 600 milliards de F CFA, à raison de 100 milliards de F CFA par État dans la limitede leurs besoinsdefinancement.Ceprogramme apourobjectif d´offrir un filet de sécurité aux États pour leur permettre d’accroître les ressources mobilisées sur le marché des valeurs du Trésor de la CEMAC et favoriser par ce biais un assouplissement de leurs conditions de financement. Dans ce cadre, la BEAC ciblerait uniquement les émissions de titres survenues à compter de la période de la crise sanitaire de la Covid-19, pour permettre aux États de disposer de nouvelles ressources. Dans l’ensemble, les mesures adoptées par la BEAC depuis mars 2020 pour atténuer les effets potentiels de la crise sanitaire liée à la Covid-19 permettent de maintenir la liquidité du système bancaire à un niveau confortable, dans un contexte caractérisé par de nombreuses incertitudes. La poursuite de leurs mises en œuvre devrait permettre d’assurer la continuité de financement du secteur productif et des États.

BP 1917 - Yaoundé,Cameroun Tél.: (+237) 222 23 40 30/ 222 23 40 60 Fax : (+237) 222 23 34 68 Email : communication@beac.int

Banque des États de l’Afrique Centrale

www.beac.int COBAC : www.sgcobac.org

©DIFCOM - PHOTOS : D.R.

ABBAS MAHAMAT TOLLI, Gouverneur de la BEAC et Président de la COBAC


SPÉCIAL FINANCE

ASSURANCE

est restée dans sa compétence métier, même si les synergies s’esquissent, par exemple avec le partage d’expérience de Saham en gestion des sinistres », observe Yoann Lhonneur, directeur associé du cabinet Devlhon Consulting. « Sanlam est davantage reconnu pour les produits vie, et Saham les produits non-vie, à savoir des assurances traditionnelles relatives à l’automobile, à l’habitation… Toutefois, l’intégration apporte une vraie capacité à servir la clientèle des multinationales », poursuit-il. La situation est bien prise en compte par le géant sud-africain, qui entend mener à bien ses objectifs, initialement fixés à 2020. « L’intégration des entités de Saham est toujours en cours, et nous nous concentrons sur les synergies dans l’expansion des activités vie (life insurance) sur les marchés de Saham historiquement dominés par l’assurance générale (general insurance) », explique à JA Heinie Werth, le directeur général de SEM.

Repenser les implantations

Longtemps cantonné à l’Afrique australe, Sanlam s’est massivement implanté dans les pays francophones grâce à cette fusion. Un gain qui s’est matérialisé dans les comptes du groupe sud-africain qui, après la consolidation des résultats de Saham, a dégagé des revenus en progression de près de 30 % l’an dernier, à 84,25 milliards de rands. L’assureur, qui compte désormais des filiales au Maroc, en Algérie, en Tunisie, en Côte d’Ivoire ou encore au Sénégal, doit néanmoins encore batailler pour atteindre son ambition de figurer parmi les leaders dans chacun de ces pays. En Côte d’Ivoire – son premier marché subsaharien francophone –, Allianz, Sunu, Axa et NSIA se partagent l’essentiel du marché aux côtés de Sanlam. Et, bien que ce dernier reste leader sur le segment non-vie avec 52 milliards de F CFA (79 millions d’euros) de chiffres d’affaires en 2018, son pendant vie est largement devancé. « Saham était historiquement très fort en IARD (incendies, accidents et risques divers), mais sur le segment

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vie, Sunu Assurances Vie Côte d’Ivoire [48 milliards de F CFA contre 24 milliards pour Saham en 2018] et Allianz Vie [27 milliards de F CFA] sont de loin les mieux implantés », nous confie un expert en assurances en Afrique de l’Ouest. Celui-ci note également que le changement de direction réalisé à la fin de 2018 et l’arrivée du Burkinabè Roland Ouedraogo en remplacement de l’architecte du développement de la filiale ivoirienne, Joël Ackah, a sans doute provoqué un « léger trou d’air, avec des pertes de portefeuilles. » Sanlam doit par ailleurs parachever la rationalisation de sa présence dans les pays où le groupe sud-africain et Saham s’étaient tous deux développés. Le processus a été entamé au Rwanda l’an dernier, où Sanlam a décidé de fusionner ses deux filiales Soras Assurance et Saham Rwanda, axées sur le segment vie. Mais aussi au Kenya, au mois de juillet, où il a cédé la filiale locale héritée du groupe marocain au profit de l’assureur mauricien MUA. Au Nigeria, la redéfinition de l’implantation est également en cours. Avant le rachat par Sanlam, Saham détenait une participation minoritaire dans Unitrust et une autre, majoritaire, dans Continental Re. De son côté, Sanlam disposait d’une part minoritaire dans FBN Insurance. « Une fois le rapprochement réalisé, et afin d’éviter les doublons, le groupe a cédé sa participation au niveau d’Unitrust en 2019. Et au vu de l’importance du marché, il a renforcé sa position dans FBN Insurance, montant à 100 % au capital », explique-t-on au siège de Casablanca. Pour l’heure, reste donc encore le cas de Continental Re. Un investissement « qui n’a pas donné

DANS L’IMMÉDIAT, L’URGENCE POUR SANLAM N’EST PAS DE VENDRE OU D’ACHETER DES ACTIFS, MAIS BIEN DE SÉCURISER SES ACTIVITÉS.

les résultats escomptés compte tenu de la situation économique du pays et qui a nécessité l’injection de nouveaux capitaux en 2018 », estime Godfrey Chingono, directeur adjoint assurances pour l’agence sud-africaine GCR Ratings. « D’autres filiales ont des fondamentaux qui s’affaiblissent et qui ont besoin de capitaux », complète l’analyste sud-africain. En 2019, Sanlam a utilisé 48 millions de dollars pour recapitaliser ses activités en zone Cima, « mais avec peu de perspectives de retour sur investissement. Des coupes restent donc possibles », explique l’analyste.

Plus forts face à la crise

Mais à l’heure où la crise du coronavirus mobilise toute l’attention du groupe, il est probable que la direction de Sanlam se concentre dans l’immédiat sur la gestion des affaires courantes. Sanlam traverse en effet « la période la plus difficile à laquelle le groupe a été confronté depuis de nombreuses décennies », a reconnu Paul Hanratty, le nouveau DG du groupe, à l’occasion de la présentation des résultats intérimaires. Au cours des six premiers mois de 2020, Sanlam a d’ailleurs affiché un résultat opérationnel en baisse de 39 %, à 3,5 milliards de rands contre 5,8 milliards en juin 2019. « Dans l’immédiat, l’urgence pour un groupe comme Sanlam n’est pas de vendre ou d’acheter des actifs, mais bien de sécuriser ses activités », estime Patrick Vernet, expert dans le secteur des services financiers en Afrique, qui souligne la décision, intervenue en mai, de suspendre le plan d’expansion de l’assureur en Égypte et en Éthiopie. Ralentie par la crise économique, la fusion des activités héritées de Saham avec celles de Sanlam reste néanmoins pleine de promesses, assure la direction du groupe sud-africain. Pour lui donner plus de visibilité, ce dernier vient d’adopter une marque commune : Sanlam Pan Africa. Déclinée en Sanlam Pan Africa Vie et Sanlam Pan Africa Non-Vie, pour des activités toujours gérées respectivement depuis Le Cap et Casablanca.



SPÉCIAL FINANCE

BANQUE MOBILE

M-Pesa ne pèse pas encore lourd en dehors du Kenya

Si la plateforme de services financiers a accumulé les erreurs à l’international, son hégémonie domestique lui offre la latitude de repenser sa stratégie en vue de succès durables hors de ses bases.

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QUENTIN VELLUET

BLOOMBERG VIA GETTY IMAGES

’est un retour en force en forme de pari. Quatre ans après avoir retiré M-Pesa du marché sud-africain, l’opérateur de télécommunications Vodacom a annoncé en juillet le lancement d’un nouveau service de paiement par mobile. L’offre sera conçue en partenariat avec Ant Financial Services Group, un groupe chinois qui commercialise le puissant service de mobile money Alipay, créé par le fondateur du site d’e-commerce Alibaba, Jack Ma.

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En 2016, une mauvaise lecture du marché (les Sud-Africains sont relativement bien bancarisés), couplée à une erreur dans le choix de son partenaire bancaire (Nedbank, qui cible les classes moyennes et aisées), avait eu raison de M-Pesa au pays de Nelson Mandela. Cette fois-ci, la filiale africaine de Vodafone retente donc l’aventure sans s’appuyer sur M-Pesa, dont elle est pourtant devenue cette année le coactionnaire aux côtés de Safaricom, afin de justement favoriser son développement. Cet échec révèle une facette que l’application dirigée par le Kényan

Sitoyo Lopokoiyit a du mal à assumer: M-Pesa peine dans un certain nombre de marchés à adapter sa stratégie. Résultat: ses échecs ne se limitent pas seulement à l’Afrique du Sud. Présent actuellement dans sept marchés africains, le service aux 41,5 millions d’utilisateurs à travers le continent a aussi dû battre en retraite en Albanie, en Roumanie, en Inde et en Afghanistan.

Complexe de supériorité?

Est-ce un complexe de supériorité hérité de son histoire kényane ? À Nairobi, M-Pesa a profité, depuis sa création en 2007, de la domination

M-Pesa est présent dans sept pays en Afrique, et compte 41,5 millions d’utilisateurs à travers le continent.

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SPÉCIAL FINANCE

BANQUE MOBILE

de l’opérateur Safaricom – qui captait plus de 84 % des parts de marché sur le mobile au moment de son lancement, et en détient encore 70 % – et de la bienveillance du régulateur. En Inde, l’application a séduit moins de 10 millions de clients en six ans, alors qu’au moment de son lancement Vodafone en comptait plus de 200 millions. En analysant les causes de cet échec, Mona Shina, professeur de l’université d’État de Kennesaw, aux États-Unis, a conclu qu’avant de cesser ses activités, en juillet 2019, le management de M-Pesa avait accumulé les erreurs stratégiques : pas de partenariat avec des géants comme SoftBank ou Alibaba, à la différence du principal concurrent, Paytm; une sous-estimation de l’appréhension des petits commerçants à s’acquitter de nouvelles taxes, ce qui freine la formalisation de leur activité; et un mauvais ciblage des régions prioritaires, reculées et donc économiquement peu dynamiques. En Albanie, où Vodafone est pourtant leader, l’application lancée en 2015 dans un marché déjà familier du paiement électronique a mis la clé sous la porte en 2017. Outre l’exiguïté du pays qui n’incite pas ses habitants à s’envoyer de l’argent, la technologie USSD, utilisée par M-Pesa, était déjà localement considérée comme obsolète.

Aligner les feuilles de route

Au Ghana et en Égypte, où Vodafone occupe une position de challenger, le service financier commercialisé sous le nom Vodafone Cash peine là encore à s’imposer. Lancée en 2016 au Ghana, l’application, qui revendique 1,1 million d’utilisateurs, n’arrive pas à rivaliser avec le tout-puissant MoMo (9 millions d’utilisateurs), de MTN. En Égypte, pays où le secteur bancaire est mature et les consommateurs familiers des services financiers, la plateforme plafonne également, avec 1 million d’utilisateurs actifs. « Se reposer sur un opérateur leader est la recette du succès d’un service de mobile money. Cela lui permet de travailler à partir d’une large base de clients, de canaux USSD et de réseaux de distribution préexistants

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pour créer des points de dépôt et de retrait d’argent », souligne un analyste du secteur. Les succès rencontrés en Tanzanie, où la plateforme a été lancée en 2008, ainsi qu’au Lesotho, en RD Congo et au Mozambique, depuis 2013, confirment cette analyse. Elle y bénéficie partout de la puissance des filiales de Vodacom et d’une forte demande de la part des populations non bancarisées pour des services de transferts et de paiement. Additionnées, les activités hors du Kenya enregistrent donc un succès tout relatif avec un total de 14,7 millions de clients représentant environ 38 % de la base clients totale de M-Pesa. Les chiffres d’affaires cumulés de l’application (4 milliards de rands, soit environ 200 millions d’euros) pèsent un peu moins du quart des revenus totaux générés en 2019 (16,2 milliards de rands en progression de près de 30 % par rapport à 2018). « Le Kenya fait de l’ombre à nos filiales africaines, qui sont pourtant elles aussi des success-stories », soutient néanmoins Chris Williamson, qui dirige les activités de M-Pesa en Tanzanie (6,7 millions de clients), au Mozambique (4,4 millions), en RD Congo (2,8 millions), au Lesotho (800000). « Notre priorité est d’aligner toutes les feuilles de route des produits en cours de conception dans l’ensemble de nos activités (transfert, paiement…) et de continuer de développer l’écosystème M-Pesa dans tous les pays », indiquait la filiale de Vodafone dans le communiqué de ses résultats pour l’exercice 2019. M-Pesa entend désormais profiter de l’essor de l’hébergement en ligne (cloud computing) en réinventant un modèle conçu il y a treize ans dans un continent encore faiblement connecté. « Nous devons être plus ouverts. Les éditeurs doivent pouvoir créer leur produit sur notre plateforme. Il faut analyser notre stratégie

comme une boîte de vitesses d’automobile. L’objectif est de passer les rapports selon l’avancement des marchés et selon la pénétration et la connaissance des services financiers chez nos consommateurs », résume Chris Williamson. Pour y parvenir, M-Pesa a développé avec Huawei une nouvelle plateforme et a décidé de la relocaliser d’Europe en Afrique afin de gagner en réactivité.

Pléthore de partenariats

Au Kenya, où le service a noué pléthore de partenariats avec des banques comme Commercial Bank of Africa, Kenya Commercial Bank ou encore Absa, l’objectif de devenir une application du quotidien est en passe d’être accompli. À travers M-Pesa, l’utilisateur peut non seulement échanger de l’argent et recharger son crédit téléphonique mais aussi payer ses factures, toucher son salaire, épargner, investir, payer certains commerçants, régler ses déplacements en bus ou auprès d’un chauffeur privé, ou encore créer des tontines. Le but ultime étant pour Chris Williamson la démocratisation du paiement marchand en face-à-face : « C’est là que nous percevons le plus important potentiel de croissance, mais c’est aussi le segment le plus difficile à digitaliser et qui nécessite de fournir aux commerçants des raisons convaincantes d’abandonner le cash. » Il faudra en tout cas trouver d’autres arguments pour accomplir en Afrique ce que M-Pesa n’a pas su faire en Inde et qui y a précipité sa chute. En 2019, l’Afrique subsaharienne comptait 144 services de finance par mobile utilisés par près de 100 millions de comptes actifs. M-Pesa n’est donc pas le seul à vouloir tirer son épingle du jeu, mais la marge de progression reste largement suffisante pour que le service ait le temps de faire la différence.

NOTRE AMBITION EST DE FOURNIR AUX COMMERÇANTS DES RAISONS CONVAINCANTES D’ABANDONNER LE CASH.



SPÉCIAL FINANCE

FONDS DE PENSION

Le sud-africain PIC doit se racheter une conduite

Resté sans directeur général pendant dix-huit mois depuis la démission de Dan Matjila – accusé de collusion avec l’ancien président Zuma –, le principal gestionnaire d’actifs du continent compte sur son nouveau patron, Abel Sithole, pour redorer son blason et définir une nouvelle stratégie.

L

e 15 juillet 2019, l’homme à la barbe grise qui se présente devant une commission d’enquête parlementaire à Pretoria n’a pas l’allure d’un puissant financier. Il est pourtant à la tête du fonds de pension des fonctionnaires sud-africains (GEPF), le plus grand fonds d’Afrique. Abel Sithole doit s’exprimer sur une affaire qui fait grand bruit. La société publique PIC, seule gestionnaire des quelque 2 000 milliards de rands (100 milliards d’euros) d’actifs détenus par le GEPF, est accusée d’avoir investi dans des transactions impliquant des personnalités proches de son précédent directeur général, Dan Matjila, et de l’ancien président Jacob Zuma. Au cours de l’audition, Abel Sithole se montre circonspect. Tout en dénonçant l’opacité de PIC, qui n’aurait pas consulté le GEPF avant de décider des investissements les plus controversés, il estime que le gestionnaire ne s’est rendu coupable d’aucune malversation. Un témoignage qui n’aura pas convaincu la commission d’enquête. En mars, dans un rapport remis au président, Cyril Ramaphosa, cette dernière dénonce de « graves malversations au sein de PIC, un piètre système de gouvernance, une surveillance inadéquate, une confusion quant au rôle du conseil d’administration et de ses différents sous-comités, un mauvais traitement des employés et un mépris des procédures établies ». Une longue liste de maux qui entachent cette institution, restée sans DG depuis la démission de Dan Matjila en novembre 2018. Une personnalité forte est alors attendue pour redresser le gestionnaire

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PIC

OLIVIER HOLMEY

Abel Moffat Sithole a été nommé directeur général de PIC le 27 mai 2020.

de fonds le plus important du pays. En mai 2020, le choix se porte finalement sur Abel Sithole. Cette figure encore peu connue du grand public s’étant montrée indulgente envers PIC pendant la commission d’enquête saurat-elle réformer cet organisme en crise?

Dans la fosse aux lions

Interrogé après la nomination du nouveau PDG, Reuel Khoza, président du conseil d’administration de PIC, annonce la couleur: « Quand le devoir vous appelle, il y a ceux qui répondent présents, même s’il s’agit d’entrer dans la fosse aux lions. » Pour Abel Sithole, les défis sont en effet de taille. « La méfiance et la peur sont fortes », disait l’an dernier Ramabu Motimele, un cadre supérieur des ressources humaines, au sujet de l’atmosphère régnant au sein de PIC. Qui plus est, la commission parlementaire admet n’avoir traité dans son rapport qu’une partie des investissements douteux de l’organisation, laissant ainsi planer le doute sur le reste de son portefeuille.

Enfin, le débat fait rage autour du rôle que PIC doit jouer en Afrique du Sud. La pandémie a aggravé une situation économique déjà inquiétante, faisant chuter le PIB du pays de 16,4 % au deuxième trimestre. En ces temps où l’argent se fait rare, les sommes mirobolantes gérées par PIC attisent toutes les convoitises. Or, ces dernières sont privées – quand bien même PIC appartient à l’État –, puisqu’elles sont détenues par les retraités de la fonction publique. L’intérêt public, désireux que l’argent du GEPF contribue à sauver Eskom, géant malade de l’électricité, et d’autres sociétés étatiques en crise, se heurte donc aux intérêts privés, lesquels voudraient que PIC fasse simplement fructifier les capitaux du fonds de pension. « Nous traversons la pire crise économique depuis un siècle », nous résume Duma Gqubule, économiste et ancien collaborateur de Cyril Ramaphosa au sein de la commission sur le Black Economic Empowerment. « Il est indécent d’accumuler des avoirs aussi importants dans un pays qui compte autant de pauvres. PIC doit jouer un rôle dans la reprise. » Y compris en soutenant Eskom, qui croule sous une dette de 450 milliards de rands. Un avis que ne partage pas Morne Mostert, directeur d’un institut de recherche au sein de l’école de commerce de l’université de Stellenbosch. « Les sociétés publiques, dont PIC, ont servi de terrain de jeu aux politiques souhaitant se remplir les poches », soutient-il. Pour mettre un terme aux affaires de corruption, il faudrait donc que le gestionnaire de fonds s’affranchisse de toute influence politicienne etappuiesastratégieexclusivementsur des indicateurs financiers. « Accepter


de venir en aide à Eskom serait un aveu d’échec », selon Morne Mostert. Ce dernier connaît bien Abel Sithole, autrefois chercheur en politique publique, pour l’avoir côtoyé au sein de l’école de commerce où il enseigne. Il nous décrit le nouveau patron de PIC comme une personne réfléchie, ouverte d’esprit et déterminée. Il vante également le parcours d’Abel Sithole, qui a été commissaire au sein de l’Autorité de réglementation du secteur financier, et gestionnaire de fonds du groupe privé Metropolitan, après avoir suivi des études de mathématiques et d’anglais à l’Université Lawrence d’Appleton, dans le Wisconsin (États-Unis), puis d’administration des affaires à l’université du Witwatersrand. « En entreprise il a acquis son sens des affaires, à l’université son discernement, et dans la fonction publique sa connaissance des objectifs du pays », souligne Morne Mostert. « Ces compétences lui seront extrêmement

utiles dans son nouveau rôle. » D’autres sont moins élogieux à son égard. Le passé d’Abel Sithole au sein du GEPF l’associe aux erreurs de l’ère Matjila, selon Tahir Maepa, directeur général associé de PSA, l’influent syndicat de la fonction publique. « Il prétend n’avoir rien vu, rien entendu des malversations de l’époque », explique à JA le syndicaliste, « mais il aurait dû demander des comptes à PIC. C’est un affront que d’avoir nommé cette personne. »

Mélange des genres

On ignore tout ou presque des intentions d’Abel Sithole. Celui-ci ne s’est pas exprimé publiquement depuis sa prise de fonctions. Au cours de son audition devant la commission d’enquête parlementaire, il a néanmoins exprimé le souhait que PIC soit moins exposé aux aléas de l’économie nationale en investissant davantage à l’étranger. Une idée qui a fait bondir

ceux qui voient dans l’organisation un recours face à la récession actuelle. La composition hétérodoxe du conseil d’administration de PIC en fait également un mystère. Y siègent depuis quelques mois des grands noms du capitalisme sud-africain comme Maria Ramos, ancienne PDG d’Absa, et Reuel Khoza, ancien président du conseil d’administration de Nedbank, mais aussi des représentants de PSA et de Nehawu, un autre syndicat du pays. On imagine difficilement ces différents directeurs s’accorder sur la conduite à suivre. Une chose est certaine, selon Duma Gqubule: PIC est trop important pour que le gouvernement donne carte blanche à ses dirigeants. Cyril Ramaphosa devrait bientôt promulguer une loi censée rendre PIC plus indépendant. Mais il a lui aussi évoqué l’idée que le gestionnaire de fonds vienne en aide à Eskom. Un mélange des genres qui maintient le doute sur l’avenir de l’organisation.


DÉVELOPPEMENT DE SEA-invest en CÔTE D’IVOIRE et au SÉNÉGAL Le groupe SEA-Invest est un des leaders mondiaux de la manutention et de la logistique des vracs solides, liquides et de la chaîne de froid. Il opère dans 25 ports (huit pays) pour un tonnage annuel manutentionné de plus 100 millions de tonnes et compte 5 000 employés. Fortement présent en Europe notamment en Belgique et en France, SEA-Invest s’engage, aux côtés des Autorités Portuaires, activement dans le développement de plusieurs ports en Afrique de l’Ouest notamment au Sénégal (Dakar) et en Côte d’Ivoire (Abidjan et San Pedro). Le Terminal Vraquier Abidjan vient d’achever les travaux d’approfondissement de ses 3 quais d’une longueur de 700 m, avec un tirant d’eau de 12 m permettant d’accueillir des navires de plus de 50 000 tonnes.

www.sea-invest.com

Nouvelle installation de déchargement automatisée des vracs ciment et engrais par convoyeurs aériens au Port de SAN PEDRO...

ACTIVITÉS EN CÔTE D’IVOIRE En Côte d’Ivoire, le groupe est actif depuis 12 ans. Plusieurs filiales réparties par secteur d’activité dans le pays à travers :  TERMINAL VRAQUIER ABIDJAN (TVA) pour la gestion du terminal vraquier avec le traitement de plus de 5,5 millions de tonnes en 2019 de vracs solides industriels (minerais, intrants à la fabrication du ciment) et l’objectif de traiter 7 millions de tonnes à l’horizon 2022.  SEA INVEST LOGISTIQUE (SIL) spécialisée dans les activités d’entreposage avec 35 000 m2 d’entrepôts sous douane en zone de VRIDI.  SEA INVEST SHIPPING AGENCY (SISA) qui fournit des services d’agence maritime et d’assistance aux navires, pour environ 250 escales de navires par an.  SEA TRUCK met à disposition une flotte de 72 camions tracteurs et 74 camions bennes pour le transport de produits miniers avec plus 300 000 tonnes transportées chaque année. PETROSEA LOGISTICS (PSL) spécialisée dans la logistique pétrolière au service de la filière offshore à travers la gestion d’une base supply de 5 hectares en joint-venture avec la compagnie nationale pétrolière (PETROCI).  ABIDJAN MANUTENTION spécialisée dans la Manutention, l’Ensachage et l’Entreposage de produits agri bulk tels que les engrais et les produits agroalimentaires.


... La porte d’entrée du nouveau corridor logistique pour les marchandises industrielles à destination de l’Ouest de la Côte d’Ivoire, du Mali, de la Guinée et du Libéria.

 SEA INVEST LOGISTIQUE Yopougon (SILO) en charge de la gestion de la future base logistique ultra moderne de 16 ha au PK23 sur l’autoroute du Nord où 60 000 m2 d’entrepôts seront érigés.  SAN PEDRO MANUTENTION (SPM) en charge du traitement des matières premières en vrac (engrais, ciment) dans la région de San Pedro.  SAN PEDRO LOGISTIQUE (SPL) avec un projet en cours de construction d’une base logistique de 1,6 hectares spécialisée dans le traitement des engrais industriels. En Côte d’Ivoire, les développements réalisés se chiffrent à hauteur de 150 Millions € et plus de 100 Millions € sont en cours d’investissement. 1 000 emplois directs et indirects ont été créés.

PRÉSENCE AU SÉNÉGAL

Base pétrolière PETRO-SEA LOGISTICS (PSL).

 SEAINVEST SÉNÉGAL qui assure des activités de manutention portuaire dont le traitement des navires à l’export d’ilménite  TERMINAL PÉTROLIER DE DAKAR (TPD) spécialisée dans la gestion du déchargement des navires pétroliers dans le port de Dakar dont les récents investissements réalisés font de cette plateforme un des terminaux les plus modernes de la sous-région  TERMINAUX VRAQUIERS DU SÉNÉGAL (TVS) en charge de la gestion de 4 millions de tonnes de vracs industriels par an (charbon, ilménite, attapulgite, intrants à la fabrication du ciment, engrais, souffre) Au Sénégal, le groupe a investi 50 Millions d’€ depuis 6 années et un programme ambitieux d’investissement est en cours de déploiement à l’horizon 2020. La filiale compte 800 emplois directs et indirects.

Au Sénégal, SEA INVEST est présente depuis 2012 à travers 4 filiales actives dans le secteur portuaire :  SEA INVEST SENEGAL AGENCY (SISA) qui propose des services de consignation de navires pétroliers et vraquiers.

Une politique d’investissements soutenue couplée à un savoir-faire dans la gestion de terminaux portuaires et une volonté de faire émerger une expertise locale sont au coeur de la stratégie de développement du groupe sur le continent

Manutention Logistique Skaldenstraat 1 / 9042 Ghent - Belgium - Tél. : +32(0) 9 255 02 11 - Fax : +32(0) 9 259 08 94 Email : info@sea-invest.be

JAMG © SEAINVEST

San Pedro Logistique (SPL) et sa base logistique en constructionde 1,6 ha, dédiée au traitement des engrais.


SPÉCIAL FINANCE

CLASSEMENT DES 200 PREMIÈRES BANQUES

Temps suspendu

2019 a été une année de franc redémarrage et de regain d’optimisme. Un élan stoppé net par la crise sanitaire, augurant de lendemains difficiles pour le secteur bancaire.

commerciale et du crédit dans de nombreuses régions du continent. Ainsi, en 2019, dans l’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine), les crédits à la clientèle des 150 établissements de la zone ont-ils progressé de 10,1 %, selon la BCEAO. Cette hausse était même de 22,4 % pour les prêts à moyen terme, le signe notamment du dynamisme de l’investissement des entreprises et des ménages en Afrique de l’Ouest.

EMMANUEL CROSET / AFP

Vulnérabilité

En Afrique du Sud, économie la plus financiarisée du continent, le total des actifs du secteur bancaire a progressé en un an de 8,63 %. Ici, le siège de Standard Bank, à Johannesburg.

D

PIERRE-OLIVIER ROUAUD

e s e sp oir s envolé s… L’année 2019 aurait pu s’apparenter à un exercice de consolidation, ou même de réelle reprise, pour le secteur bancaire africain, qui devait se confirmer cette année. Le contexte économique, plutôt favorable l’an dernier, avait fait oublier les fortes turbulences financières et monétaires des années passées, notamment en Égypte, au Nigeria et en Afrique du Sud. La crise sanitaire mondiale du Covid-19 en a décidé autrement. Elle est venue doucher tous les espoirs de relance du secteur, comme en témoignent les premiers résultats semestriels de 2020, en forte baisse pour de nombreux établissements financiers du continent. Notre classement exclusif des 200 premières banques africaines pour l’année 2019 ne porte évidemment encore ni stigmates ni prémices de cette crise historique, dont les effets s’annoncent à la fois douloureux et durables.

160

no3093 – OCTOBRE 2020

L’an dernier, l’Afrique dans son ensemble a connu une hausse de son PIB de 3,9 % selon la BAD. Ce niveau de croissance correct se traduit dans notre classement. Les 200 premières banques du continent recensées par Jeune Afrique ont connu une hausse de 8,8 % de leurs bilans, exprimés en dollar, en 2019. À cela s’ajoute un rebond spectaculaire de 16,7 % de leur produit net bancaire, à plus de 83,7 milliards de dollars, un niveau jamais atteint. Après une piteuse année 2018, où ces deux chiffres s’étaient affichés en net recul (voir infographie page suivante), il s’agit, là, d’une reprise, qui, outre les facteurs monétaires, traduit aussi une hausse de l’activité

LE PNB DES 200 PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES S’ÉLÈVE À PLUS DE 83,7 MILLIARDS DE DOLLARS, UN NIVEAU JAMAIS ATTEINT.

En Afrique du Sud, économie la plus financiarisée du continent (le pays place six acteurs dans le top 10 de notre classement), le total des actifs du secteur bancaire a progressé en un an, à la fin de 2019, de 8,63 %, et l’encours de crédit de 7,75 %, selon les données de la South African Reserve Bank. Au Maroc, l’encours des crédits était lui aussi en hausse de 5,3 % à la fin de 2019, selon Bank Al-Maghrib, en dépit d’un secteur immobilier toujours assez morose. Mais toutes les zones n’affichaient pas d’aussi bons résultats, et en décembre 2019, avant la crise sanitaire donc, l’agence Moody’s, dans sa revue générale des banques africaines, s’inquiétait d’un retour à une certaine vulnérabilité du secteur et avait dégradé sa note, passée alors de « perspective stable » à « négative ». Les incertitudes concernaient, par exemple, la zone Cemac, restée en marge de la reprise avec une distribution totale des crédits à l’économie en baisse de 3,6 % l’an dernier, à 7 815,6 milliards de F CFA, selon la BEAC. La gabonaise BGFI Bank (54e), leader de la zone, voit ainsi son total de bilan reculer légèrement et perd trois places. Plus au sud, l’Angola, en 2019, était aussi resté englué dans une crise profonde, née du contre-choc pétrolier de 2015, et de ses problèmes de gouvernance. Ses onze opérateurs financiers placés dans le classement voient tous leurs actifs reculer, à commencer par le leader national Banco Angolano Investimentos (BAI, 48e), qui perd onze places.



SPÉCIAL FINANCE

CLASSEMENT DES 200 PREMIÈRES BANQUES BILANS RECONSTITUÉS

(Cumul des bilans du TOP 200, en milliers de dollars US) 2 000 1 500

1 579,2

1 497,5

1 471,4

1 746,9

1 608,8

GAINS EN AFRIQUE AUSTRALE

(Pourcentage par région du cumul des bilans du TOP 200)

1 755,4

1 000

Afrique australe

500

46 %

Afrique de l’Ouest

14 %

0

2014

2015

2016

2017

2018

2019

ACTIVITÉ COMMERCIALE EN NET PROGRÈS (Cumul des PNB du TOP 200, en milliards de dollars US)

100

69,8

65,4

60

64

74

83,7 69,9

Maghreb

33 %

40

Afrique de l’Est

6%

20 0

2014

2015

2016

2017

Concernant notre classement, comme les années précédentes, cinq pays dominent largement : Afrique du Sud, Égypte, Algérie, Maroc et Nigeria. Réunies, les banques de ces pays sont au nombre de 72 dans le « Top 200 ». Elles comptent, surtout, pour près de 79 % du total de bilan ! Le leader continental incontesté reste le sud-africain Standard Bank Group, en dépit de ses déboires avec sa filiale londonienne ICBCS. Dans le top 20, le leader nigérian Access Bank Group se distingue de par sa croissance, avec une hausse de 44 % de son bilan. Ce bond, qui se traduit par un gain de cinq places dans le classement, est consécutif à l’acquisition de son compatriote Diamond Bank l’an dernier, qui en fait désormais le premier acteur au Nigeria. Les dix-sept

2018

2019

banques de ce pays connaissent toutes, d’ailleurs, une croissance de leur bilan. Même constat pour les neuf banques du Maroc, où Attijariwafa Bank reste leader. Depuis sa base au Togo, Ecobank, dont le bilan progresse modérément (+ 5 %) garde, lui, son rang de premier opérateur sur la zone franc et même dans toute l’Afrique subsaharienne, hors Afrique du Sud. Sur le plan stratégique, au-delà de la dynamique commerciale relativement bonne et du renforcement des ratios prudentiels (Bâle I, II voire III pour les pays les plus avancés), l’exercice 2019 aura été marqué par la poursuite des grandes tendances des dernières années. À commencer par la digitalisation. Selon une enquête de la Banque européenne d’investissement parue en février 2020, plus de 82 % des

Afrique centrale 1 %

banques africaines ont déployé ou sont en train de déployer des solutions d’e-banking ou de mobile banking. Autre tendance, par ailleurs, les banques internationales, à l’image de la Banque nationale du Canada à Maurice ou de BNP Paribas en Tunisie, ont continué leur désengagement progressif ou ciblé du continent, même si ces opérations sont moins frappantes que le retrait continental de Barclay’s, achevé en 2018. Dans ce contexte, l’un de nos poids lourds, le groupe marocain BCP (9e) a finalisé en octobre 2019 le rachat de la Banque de Madagascar et de l’océan Indien (BMOI) auprès du français BPCE. Le monde post-Covid des années 2020 pourrait toutefois conduire à une recomposition du secteur financier africain d’une tout autre ampleur.

SOURCE : JEUNE AFRIQUE

80


COMMUNIQUÉ

Brussels Airlines fait face à la crise « Change is in the air » Lorsqu’il est devenu évident que le Covid-19 se mondialisait et que la demande de billets s’effondrait, Brussels Airlines a décidé de suspendre toute son activité aérienne afin de préserver sa trésorerie et ses emplois et de mettre ses avions au service des vols de rapatriement et de fret, avant de proposer un nouveau mode de voyage.

Kenechi Ugwoke, Senior Manager Sales Steering et Kata Racz, Senior Manager Sales Product & Program

Kenechi Ugwoke à gauche et Kata Racz à droite

Comment Brussels Airlines s’est-elle préparée à la crise du Covid-19 ? Kata Racz : Lorsqu’au début du mois de mars, le Covid-19 a frappé le nord de l’Italie, nous avons aussitôt annulé tous nos vols vers cette région et, quand il s’est répandu dans toute l’Europe, nous avons immédiatement pris des mesures radicales afin de sauvegarder les emplois et notre compagnie. À la mimars, nous avons arrêté tous les vols, à part quelques-uns en Europe et des vols de rapatriement en provenance de l’Afrique. Kenechi Ugwoke : Il est rapidement devenu évident que les vols ne seraient plus les mêmes, c’est pourquoi nous avons

E @brusselsairlines

revu tout le déroulement du voyage afin de protéger la santé de notre personnel et de nos passagers. Pour limiter les contacts physiques à l’aéroport, l’enregistrement en ligne et l’utilisation d’une carte d’embarquement numérique sont conseillés. L’embarquement se fait par étape afin de maintenir une distance de sécurité. Le port du masque est obligatoire dès l’âge de 6 ans, à partir du moment où les clients entrent dans l’aéroport jusqu’à leur arrivée à destination. Nos avions sont désinfectés avant chaque vol et du désinfectant est aussi proposé à tous les passagers à l’embarquement. Notre service à bord est adapté pour limiter les contacts physiques et nous avons temporairement suspendu notre service de duty free. Les filtres HEPA à bord de tous nos avions éliminent 99,9 % des particules et renouvellent à 100 % l’air dans la cabine toutes les trois minutes. De plus, une politique de modification des réservations très souple permet aux clients de reporter leur voyage sans frais s’ils se sentent malades ou si leurs projets de voyage changent (voir conditions sur brusselsairlines.com). Quelles ont été les principales activités de Brussels Airlines durant la pandémie ? K.R. : Nous avons effectué des vols de rapatriement à la demande des gouvernements belge et allemand et de l’Union européenne. Nous avons également

effectué des vols de fret, transportant essentiellement des produits pharmaceutiques et médicaux vers plusieurs de nos escales africaines. Les vols qui retournaient vers la Belgique transportaient des denrées périssables comme des fruits et des légumes. C’était la première fois dans l’histoire de Brussels Airlines que nos avions ne transportaient que du fret. Nous nous sommes également rendus en Chine, qui ne fait pas partie de notre réseau, pour ramener des masques en Europe. Quelle est la stratégie de Brussels Airlines pour l’avenir ? K.U. : Nous avons maintenant repris nos vols commerciaux depuis et vers l’Afrique avec un programme réduit, adapté à la demande du marché et aux restrictions de voyage toujours en vigueur. Pendant la crise, il est devenu évident que nous devons être prêts à changer afin de rester un choix attractif pour nos clients. Sous la devise « Change is in the air », nous voulons montrer que Brussels Airlines réfléchit à comment s’adapter à un monde en rapide évolution. Nous consultons non seulement des spécialistes de différents domaines pour savoir comment réduire davantage notre impact sur l’environnement mais également nos clients afin de rendre leur expérience plus fluide malgré les nouvelles mesures de sécurité. ■

www.brusselsairlines.com

JAMG - © D.R.

ENTRETIEN AVEC :


SPÉCIAL FINANCE

CLASSEMENT DES 200 PREMIÈRES BANQUES

Rang 2019

Société

Pays

Président, PDG ou DG

Chiffre d’affaires*

Résultat net*

1

1

Standard Bank Group

Afrique du Sud

Sim Tshabalala

161 840

7 856

2

2

FirstRand Banking Group

Afrique du Sud

Alan Pullinger

118 702

6 693

3

3

Standard Bank of South Africa

Afrique du Sud

Lungisa Fuzile

105 311

5 085

4

4

National Bank of Egypt

Égypte

Hisham Okasha

100 440

11 449

5

5

Absa Bank

Afrique du Sud

René Van Wyck

82 487

3 323

6

6

Nedbank Group

Afrique du Sud

Mike Brown

81 315

3 558 2 419

7

7

Attijariwafa Bank

Maroc

Mohamed El Kettani

54 890

8

8

Banque Misr

Égypte

Mohamed El Etrebi

49 313

339

9

9

Banque centrale populaire (groupe Banque populaire)

Maroc

Kamal Mokdad

44 463

1 836

10

10

Investec Group Ltd

Afrique du Sud

John Green & Mimi Ferrini

38 118

636

11

12

Rand Merchant Bank

Afrique du Sud

James Formby

37 265

ND

12

11

BMCE Bank of Africa

Maroc

Othman Benjelloun

32 541

1 428

13

14

First National Bank of South Africa

Afrique du Sud

Jacques Celliers

29 805

ND

14

15

Banque nationale d’Algérie

Algérie

Miloud Ferahta

29 193

786

15

13

Banque extérieure d’Algérie

Algérie

Ibrahim Semid

27 273

1 038

16

18

Commercial International Bank

Égypte

Hussein Abaza

24 064

1 343

17

16

Ecobank Transnational Inc.

Togo

Ade Ayeyemi

23 641

1 622

18

17

Commercial Bank of Ethiopia

Éthiopie

Bacha Gina Fanfa

22 086

ND

19

24

Access Bank Group

Nigeria

Herbert Wigwe

19 582

760

20

19

Crédit populaire d’Algérie

Algérie

Mohamed Dahmani

18 904

644

21

20

Zenith Bank

Nigeria

Ebenezer N. Onyeagwu

17 390

732

22

30

Access Bank Nigeria

Nigeria

Herbert Wigwe

17 292

638

23

21

First Bank of Nigeria

Nigeria

Adesola Adeduntan

16 998

795

24

22

Qatar National Bank Al Ahli

Égypte

Mohamed El-Dib

16 735

844

25

23

Zenith Bank Nigeria

Nigeria

Ebenezer N. Onyeagwu

14 892

584

26

25

United Bank for Africa Group

Nigeria

Kennedy Uzoka

13 717

949

27

29

MCB Group Ltd

Maurice

Pierre Guy Noël

12 514

537

28

26

Arab African International Bank

Égypte

Hassan Abdalla

12 017

378

29

28

Crédit agricole du Maroc

Maroc

Tariq Sijilmassi

11 956

420

30

31

Société générale Maroc

Maroc

Ahmed El Yacoubi

11 487

511

31

32

MCB Ltd

Maurice

Alain Law Min

11 375

467

32

33

United Bank for Africa Nigeria

Nigeria

Kennedy Uzoka

11 334

413

33

34

Guaranty Trust Bank

Nigeria

Segun Agbaje

10 299

634

34

-

WesBank

Afrique du Sud

Chris De Kock

9 833

ND

35

35

Groupe Bank of Africa

Sénégal

Brahim Benjelloun-Touimi

9 615

549

36

40

Capitec Bank

Afrique du Sud

Gerrie Fourie

9 570

1 185

37

39

KCB Group

Kenya

Samuel Makome

8 788

824

38

36

Banque de développement local

Algérie

Mohamed Krim

8 779

397

39

45

Kenya Commercial Bank

Kenya

Joshua N. Oigara

8 610

501

40

41

CIH Bank (ex-Crédit immobilier et hôtelier)

Maroc

Lotfi Sekkat

7 743

258 315

41

38

Banque marocaine pour le commerce et l’industrie

Maroc

Laurent Dupuch

7 338

42

42

SBM State Bank of Mauritius

Maurice

Nayen Koomar Ballah

6 918

251

43

43

Atlantic Business International

Côte d’Ivoire

Habib Koné

6 816

303

44

49

Equity Bank Group

Kenya

James Mwangi

6 589

440

45

54

Bank of Alexandria

Égypte

Dante Campioni

6 483

374

46

47

Al Barid Bank

Maroc

Redouane Najm-Eddine

6 450

203

47

52

Faisal Islamic Bank of Egypt

Égypte

Abdulhamid Aboumoussa

6 220

ND

48

37

Banco Angolano de Investimentos

Angola

José Massano

6 064

441

49

53

Ecobank Nigeria

Nigeria

Patrick Akinwuntan

5 933

455

50

46

Crédit du Maroc

Maroc

Bernard Muselet

5 852

241

*EXPRIMÉS EN MILLIERS DE DOLLARS US

164

no3093 – OCTOBRE 2020

CHIFFRES 2019 – ND : NON DÉTERMINÉ

Rang 2020


COMMUNIQUÉ

De La Rue International

AVIS D’EXPERT

De La Rue House Jays Close,Viables, Basingstoke Hampshire, RG22 4BS Email: currency@delarue.com

www.delarue.com

De La Rue : Aider à la reconstruction des économies post-Covid L

a crise financière provoquée

depuis plus de 200 ans. DLR a

par la COVID-19 a entraîné

participé à la production de billets

des défis économiques dans le

de 140 des 195 pays du monde et

monde entier. Il n’a jamais été aussi

a constamment innové en matière

important de disposer de billets de

de technologie de pointe, comme

banque hautement sécurisés et de

en témoignent le filigrane et le fil

percevoir les recettes des droits

de sécurité emblématique. Nominée

d’accise pour la reprise économique,

pour plus de 100 prix internatio-

en particulier dans les régions où

naux, DLR a conçu 35 % de tous les

Damian KWIATKOWSKI, Directeur Commercial Monde

les organisations terroristes se

nouveaux billets de banque émis

financent par la contrefaçon et les

dans le monde au cours des cinq

marchandises illicites.

dernières années.

de ses références croissantes en

La société britannique De La Rue

Nous participons à la production de

de pointe.

(DLR) travaille avec les gouver-

plus de 40 % des billets Africains

nements, les banques centrales et

en dehors des zones du franc CFA

les organisations commerciales en

et sommes le seul fournisseur de

leur fournissant un large choix de

billets de la Banque d’Angleterre.

DLR est à l’avant-garde de la lutte contre la contrefaçon et la fraude depuis plus de 200 ans.DLR a participé à la production de billets de 140 des 195 pays du monde

matière de solutions numériques

Notre usine au Kenya est le seul site commercial à produire des billets de banque sur le continent. C’est un exemple de notre engagement en faveur des investissements locaux, de la création d’emplois et du transfert de connaissances. DLR est le seul fabricant à imprimer des billets en polymère ainsi qu’à produire le substrat en polymère. Pour garantir la sécurité de l’ap-

solutions sur mesure en matière

Notre premier client pour les billets

de devises et d’authentification

de banque jusqu’à nos jours est l’île

permettant aux pays d’exercer

Maurice depuis 1860.

3 continents.

DLR Authentification aide les gou-

DLR est cotée et soumise aux règles

l’économie.

vernements du monde entier à

de la Bourse de Londres et du

s’assurer que les taxes sont payées

régulateur britannique, ce qui lui

DLR est à l’avant-garde de la lutte

sur les produits soumis à accises.

permet d’offrir une transparence

contre la contrefaçon et la fraude

Le Cameroun et le Ghana font partie

sans précédent à ses clients.

divers commerces, aux entreprises de vendre et le développement de

provisionnement, nous disposons d’installations accréditées ISO sur


SPÉCIAL FINANCE

CLASSEMENT DES 200 PREMIÈRES BANQUES

Rang 2019

Société

Pays

Président, PDG ou DG

Chiffre d’affaires*

Résultat net*

51

55

Banque internationale arabe de Tunisie

Tunisie

Mohamed Agrebi

5 829

342

52

58

Fidelity Bank

Nigeria

Nnamdi Okonkwo

5 792

228

53

48

HSBC Bank Egypt

Égypte

Jacques-Emmanuel Blanchet

5 632

378

54

51

BGFIBank Holding Corp.

Gabon

Henri-Claude Oyima

5 358

299

55

60

Stanbic IBTC Chartered Bank

Nigeria

Demola Sogunle

5 141

213

56

68

Union Bank of Nigeria

Nigeria

Emeka Emuwa

5 130

144

57

64

Equity Bank Kenya

Kenya

Gerald Warui

4 964

58

58

121

NIC Bank

Kenya

John Gachora

4 840

130

59

57

Arab International Bank

Égypte

Hisham Ramez Abdel Hafez

4 730

100

60

74

Banque nationale agricole

Tunisie

Habib Ben Hadj Kouider

4 646

234

61

71

Banque de l’habitat

Tunisie

Amel Medini

4 596

187

62

72

First City Monument Bank

Nigeria

Ladi Balogun

4 572

– 208

63

78

Al Baraka Bank Egypt

Égypte

Ashraf Ahmed Mustafa El Ghamrawy

4 524

117

64

75

Oragroup SA

Togo

Ferdinand Ngon Kemoun

4 505

251

65

50

Banco de Fomento de Angola

Angola

Jorge Albuquerque Ferreira

4 500

263

66

67

Co-Operative Bank of Kenya

Kenya

Gideon M. Muriuki

4 470

472

67

63

Banco Económico (ex-Banco Espírito Santo Angola)

Angola

Sanjay Bhasin

4 367

ND

68

80

Egyptian Gulf Bank

Égypte

Nidal El Kassem Assar

4 256

121

69

44

Banco de Poupança e Crédito

Angola

Antonio Andres Lopes

4 149

-31

70

77

Société tunisienne de Banque

Tunisie

Lotfi Debbabi

4 072

213

71

66

National Bank of Kuwait-Egypt (ex-Alwatany Bank of Egypt)

Égypte

Yasser El Tayeb

4 003

192

72

70

Bank Audi Egypt

Égypte

Mohamed Abbas Fayed

3 969

126

73

86

Absa Bank Mauritius (ex-Barclays Bank of Mauritius)

Maurice

Ravin Dajee

3 889

132

74

83

Société générale Côte d’Ivoire

Côte d’Ivoire

Aymeric Villebrun

3 681

257

75

76

Diamond Trust Bank Kenya

Kenya

Nasim Devji

3 777

250

76

82

AfrAsia Bank

Maurice

Sanjiv Bhasin

3 715

98

77

69

Land and Agricultural Development Bank of South Africa

Afrique du Sud

Konehali Gugushe

3 625

83

78

96

Abu Dhabi Islamic Bank-Egypte (ex-Nat. Bank for Dev.)

Égypte

Nevine Loufty

3 716

194 283

79

84

Absa Bank Kenya (ex-Barclays Bank of Kenya)

Kenya

Jeremy Awori

3 668

80

91

Attijari Bank Tunisie

Tunisie

Saïd Sebti

3 572

192

81

65

Banco BIC

Angola

Fernando Teles

3 569

559

82

93

Housing & Development Bank

Égypte

Hassan Ghanem

3 374

200

83

62

Banco Millennium Atlântico (ex-Banco Privado do Atlantico)

Angola

Daniel Santos

3 283

136

84

87

Sterling Bank

Nigeria

Abubakar Suleiman

3 241

240

85

98

Suez Canal Bank

Égypte

Hussein Ahmed Ismail Refaei

3 237

78

86

89

Amen Bank

Tunisie

Ahmed El Karm

3 217

140

87

81

HSBC Mauritius

Maurice

Chris Murray

3 200

58

88

103

Export Development Bank of Egypt

Égypte

Mervat Soltan

3 163

112

89

85

Société générale Algérie

Algérie

Eric Wormser

3 150

184

90

88

Crédit agricole Egypt

Égypte

Pierre Finas

3 143

195 116

91

97

First National Bank of Namibia

Namibie

Sarel J. Van Zyl

3 139

92

92

Stanbic Holdings (ex-CFC Stanbic Bank)

Kenya

Greg Brackenridge

2 969

131

93

95

Standard Chartered Bank Kenya

Kenya

Kariuki Ngari

2 955

281

94

90

Ahli United Bank Egypt

Égypte

Nevine El-Messeery

2 941

ND

95

99

Banque Atlantique-Côte d’Ivoire

Côte d’Ivoire

Arsène Coulibaly

2 881

123

96

100

CRDB Bank

Tanzanie

Abdulmajid Mussa Nsekela

2 837

225

97

106

National Microfinance Bank

Tanzanie

Ruth Zaipuna

2 819

223

98

101

Bank Windhoek

Namibie

B. R. Hans

2 812

180

99

118

Arab Tunisian Bank

Tunisie

Ahmed Rjiba

2 777

97

100

108

Investment & Mortgages Bank

Kenya

Kihara Maina

2 680

198

*EXPRIMÉS EN MILLIERS DE DOLLARS US

166

no3093 – OCTOBRE 2020

CHIFFRES 2019 – ND : NON DÉTERMINÉ

Rang 2020



SPÉCIAL FINANCE

Rang 2020

Rang 2019

Société

Pays

Président, PDG ou DG

Chiffre d’affaires*

Résultat net* 237

101

104

Banco Comercial e de Investimentos

Mozambique

Paulo Sousa

2 630

102

94

African Banking Corp. Holding

Botswana

Sanjeev Anand

2 627

231

103

107

Banco Internacional de Moçambique

Mozambique

Manuel Marecos Duarte

2 582

266

104

102

Ecobank Côte d’Ivoire

Côte d’Ivoire

Paul-Harry Aithnard

2 556

143

105

115

Standard Bank Namibia

Namibie

Junius Vetumbuavi Mungunda

2 504

185

106

112

First National Bank of Botswana

Botswana

Steven Lefentse Bogatsu

2 439

256

107

109

Commercial Bank of Africa

Kenya

Jeremy Ngunze

2 392

207

108

110

Standard Chartered Bank Maurice

Maurice

Mathieu Mandeng Batoum

2 359

75

109

127

Awash International Bank

Éthiopie

Tsehay Shiferaw

2 315

120

110

120

Banque de Tunisie

Tunisie

Habib Ben Saad

2 283

131

111

113

Gulf Bank Algérie

Algérie

Rabih Soukarieh

2 201

141

112

116

BNP Paribas El Djazaïr

Algérie

Fabien Riguet

2 193

145 204

113

114

GCB Bank

Ghana

Raymond Sowah

2 191

114

117

Ecobank Ghana

Ghana

Daniel Sackey

2 153

104

115

138

Rawbank

RD Congo

Mustafa Rawji

2 133

203

116

122

Union internationale de banques

Tunisie

Mondher Ghazali

2 250

150

117

111

Banque Al Baraka d’Algérie

Algérie

Mohamed Seddik Hafid

2 150

80

118

123

Coris Bank International

Burkina Faso

Idrissa Nassa

2 072

100 137

119

129

Absa Ghana (ex-Barclays Bank of Ghana)

Ghana

Abena Osei-Poku

2 060

120

119

African Bank

Afrique du Sud

Basani Maluleke

2 054

ND

121

136

NSIA Banque Côte d’Ivoire

Côte d’Ivoire

Léonce Yace

2 041

117

122

124

Citibank Nigeria

Nigeria

Akinsowon Dawodu

1 996

53

123

131

Afriland First Bank

Cameroun

Alphonse Nafack

1 986

110

124

134

Attijariwafa Bank Egypt

Égypte

Hicham Seffa

1 969

ND

125

159

Wema Bank

Nigeria

Ademola Adebise

1 961

121

126

125

BGFI Bank Gabon

Gabon

Loukoumanou Waïdi

1 934

109

127

140

Standard Bank Mozambique

Mozambique

Adimohanma Chukwuma Nwokocha

1 922

140

128

128

Société ivoirienne de banque

Côte d’Ivoire

Daouda Coulibaly

1 880

123

129

130

CBAO Groupe Attijariwafa Bank

Sénégal

Mounir Oudghiri

1 879

144

130

132

Union National Bank Egypt

Égypte

Ihab El Sewerky

1 841

65

131

153

Fidelity Bank Ghana

Ghana

Julian Kingsley Opuni

1 839

161

132

56

Bank of Khartoum

Soudan

Faisal Abass Fadl

1 836

ND

133

152

Stanbic Bank Uganda

Ouganda

Patrick Mweheire

1 796

121 148

134

145

Absa Bank Botswana (ex-Barclays Bank of Botswana)

Botswana

Keabetswe Pheko-Moshagane

1 747

135

142

Dashen Bank

Éthiopie

Alemu Asfaw

1 744

ND

136

137

Banco Sol

Angola

Miguel Coutinho Nobre

1 714

214

137

163

Misr Iran Development Bank

Égypte

Amr Algarhy

1 693

39

138

139

Société générale de banques au Sénégal

Sénégal

Jean-Marc Mancel

1 668

130

139

133

Investec Bank Mauritius

Maurice

Craig McKenzie

1 637

51

140

166

Stanbic Bank Ghana

Ghana

Alhassan Andani

1 621

93

141

148

Bank of Africa – Bénin

Bénin

Sadio Cissé

1 575

71

142

143

Ecobank Burkina

Burkina Faso

Cheickh Travaly

1 559

74

143

144

Société générale Cameroun

Cameroun

Marème Mbaye Ndiaye

1 556

120

144

160

Stanbic Bank Botswana

Botswana

Samuel Minta

1 523

63

145

165

Banque de développement du Mali

Mali

Bréhima Amadou Haïdara

1 520

63

146

147

Banco de Desenvolvimento de Angola

Angola

Abrahão Pio dos Santos Gourgel

1 506

268

147

155

Bank of Africa – Burkina Faso

Burkina Faso

Abdel Mumin Zampalegre

1 483

73

148

175

Bank One

Maurice

Mark Watkinson

1 477

40

149

150

BNP Paribas South Africa

Afrique du Sud

Vikas Khandelwal

1 473

4

150

146

Standard Chartered Bank Botswana

Botswana

Mpho Masupe

1 456

41

*EXPRIMÉS EN MILLIERS DE DOLLARS US

168

no3093 – OCTOBRE 2020

CHIFFRES 2019 – ND : NON DÉTERMINÉ

CLASSEMENT DES 200 PREMIÈRES BANQUES


COMMUNIQUÉ

Safritel Canada Inc.

AVIS D’EXPERT

5201 Duke Street, Scotia Square, Halifax, Nova Scotia B3J 1N9 PO Box 34096 Email : jpmuleba@safritel.com Tél. : +1.902 797-0752

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Des solutions innovantes adaptées aux besoins de nos clients Pouvez-vous vous présenter ?

Pour quelles raisons ?

Safritel est une société canadienne

Le développement accéléré des nou-

créée en 2011 et spécialisée dans la

velles technologies et l’implantation

conception de solutions innovantes

de la 5G ouvrent des perspectives

dans les domaines des technologies

intéressantes en Afrique dans plu-

de l’information et des communi-

sieurs secteurs, notamment la santé,

cations (TIC), de la cybersécurité et

l’éducation, la justice, l’agriculture,

Jean-Pierre MULEBA,

de la biométrie. Nous sommes une

le secteur bancaire et la téléphonie

filiale d’Afrique Invest Canada (AIC),

numérique.

directeur général de Safritel

qui rassemble un groupe d’investisseurs internationaux.

Il est clair cependant que les nouvelles technologies posent aussi

La société dispose d’un important

un vrai problème de protection des

centre de recherche-développement

données, des équipements et des

et d’intelligence artificielle à Mon-

utilisateurs. Nous avons développé

tréal, qui travaille avec plusieurs

une véritable expertise en matière

grandes universités canadiennes

de cybersécurité grâce à des parte-

En matière de cybersécurité, nous proposons une offre complète de protection à nos clients africains.

concurrentiel réside dans notre capacité à développer des applications innovantes adaptées aux nécessités de nos clients : administrations, entreprises, banques, universités, etc. Grâce à un partenariat avec Avast Software, nous avons mis au point des logiciels intégrés de cybersécurité qui sont régulièrement mis à jour. Par ailleurs, nous avons fait le choix de nous implanter directement en Afrique en créant des data cen-

(Mac Gill, Toronto, Ottawa, etc.) et

nariats conclus avec des opérateurs

ters locaux qui offrent également

emploie près de 300 développeurs.

internationaux de renom comme,

un support complet à nos clients

Le siège de la société est installé à

par exemple, Avast Software, Cisco

24h/24 et 365j/365. Le premier a été

ou Polycom. Nous avons également

établi à Addis-Abeba en février 2020

développé une offre très compétitive

suite à un accord de coexistence

en matière de biométrie.

d’entreprises entre Safritel et la

Halifax et la direction commerciale à Toronto. Nos solutions ont été appliquées avec succès dans plusieurs pays de

Quelle est votre valeur ajoutée par rapport à la concurrence ?

référence en matière de technologies

Comme les autres acteurs du mar-

avancées (Corée du sud, Inde, Israel

firme éthiopienne Talent en partenariat avec Avast. Deux autres data centers seront inaugurés d’ici la fin de l’année 2020 à Nairobi (Kenya) et

ché, nous proposons aussi des

à Kinshasa (République Démocra-

et Japon notamment). Actuellement,

solutions standard de nouvelles

tique du Congo) en partenariat avec

nous nous intéressons à l’Afrique.

technologies. Mais, notre avantage

Avast Software et Polycom (Poly).


SPÉCIAL FINANCE

CLASSEMENT DES 200 PREMIÈRES BANQUES

Rang 2019

Société

Pays

Président, PDG ou DG

Chiffre d’affaires*

Résultat net*

151

157

Nedbank Namibia

Namibie

Lionel Matthews

1 451

61

152

141

Standard Bank Mauritius

Maurice

Laksham Bheenick

1 446

47

153

189

Banque nationale d’investissement

Côte d’Ivoire

Youssouf Fadiga

1 410

61

154

181

Banque Zitouna

Tunisie

Ezzedine Khoja

1 404

61

155

170

Bank of Baroda Kenya

Kenya

A. Saravanakumar

1 402

66

156

156

Natixis Algérie

Algérie

Frederic Le Serre

1 372

82

157

168

Standard Chartered Bank Ghana

Ghana

Mansa Nettey

1 333

104

158

162

Banque internationale du Cameroun pour l’épargne et le crédit

Cameroun

Philippe Wattecamps

1 306

90

159

-

Development Bank of Nigeria

Nigeria

Anthony Okpanachi

1 300

103

160

185

Cooperative Bank of Oromia

Éthiopie

Wondimagegnehu Negera

1 296

55

161

164

Union bancaire pour le commerce et l’industrie

Tunisie

Pierre Bérégovoy

1 275

91

162

154

Standard Bank de Angola

Angola

Luis Teles

1 243

81

163

177

Calbank

Ghana

Frank Brako Adu Junior

1 233

104

164

169

Ecobank Sénégal

Sénégal

Serge Ackre

1 220

74

165

179

Abyssinia Bank

Éthiopie

Mulugeta Asmare

1 216

102

Banque commerciale du Congo

RD Congo

Yves Cuypers

1 210

93

Zenith Bank Ghana

Ghana

Daniel Asiedu

1 182

172 85

166

-

167

173

168

171

Banque intern. pour le comm. et l’ind. de la Côte d’Ivoire

Côte d’Ivoire

Yao Kouassi

1 179

169

194

Banco de Negocios Internacional

Angola

Mário Abilio Palhares

1 175

73

170

172

Banco Caixa Geral Totta de Angola

Angola

Daniel Chambel

1 122

50

171

176

National Bank of Kenya

Kenya

Paul R. Russo

1 096

62

172

192

United Bank

Éthiopie

Taye Dibekulu

1 102

ND

173

174

Grindrod Bank

Afrique du Sud

David Polkinghorne

1 091

9

174

186

Mercantile Bank

Afrique du Sud

Karl R. Kumbier

1 086

66

175

167

Stanbic Bank Zambia

Zambie

Leina Gabaraane

1 086

124

176

191

Prime Bank

Kenya

Bharat Jani

1 082

43

177

182

Société commerciale de banque Cameroun

Cameroun

Mohammed Mejbar

1 078

85 107

178

190

Banque de Kigali

Rwanda

Diane Ngendo Karusisi

1 060

179

183

Ecobank Mali

Mali

Coumba Sidibé Touré

1 054

63

180

193

First Capital Bank

Malawi

Dheeraj Dikshit

1 052

105 80

181

184

Ecobank Zimbabwe

Zimbabwe

Moses Kurenjekwa

1 050

182

200

Trust Merchant Bank

RD Congo

Olivier Meisenberg

1 048

68

183

199

Nib International Bank

Éthiopie

Genene Ruga

1 045

50

184

188

Bank of Africa-Côte d’Ivoire

Côte d’Ivoire

Vincent Istasse

1 041

60

185

-

Bank of Africa – Mali

Mali

Redouane Toubi

987

55

186

-

Ecobank Bénin

Bénin

Komi Lazare Noulekou

987

48

187

-

Oromia International Bank

Éthiopie

Obbo Abie Sano

986

74

188

-

Centenary Rural Development Bank

Ouganda

Fabian Kasi

963

182

189

-

Standard Chartered Bank Zimbabwe

Zimbabwe

Ralph Watungwa

948

70

190

-

Citibank N.A. Kenya

Kenya

Martin A. Mugambi

944

52 25

191

197

Steward Bank

Zimbabwe

Lance Mambondiani

941

192

198

Sasfin Bank

Afrique du Sud

Roland Sassoon

940

17

193

-

Absa Bank Uganda (ex-Barclays Bank of Uganda)

Ouganda

Mumba Kalifungwa

925

109 ND

194

195

195

-

196

196

Wegagen Bank

Éthiopie

Araya G. Egziabher

924

Bank of Africa – Sénégal

Sénégal

Alioune N’Dour Diouf

915

51

Banco Comercial do Atlântico

Cap-Vert

Francisco Costa

888

35

197

-

Absa Bank Zambia (ex-Barclays Bank of Zambia)

Zambie

Mizinga Melu

868

66

198

-

African Banking Corp. Botswana

Botswana

Jitto Kurian

857

50

199

-

National Bank of Commerce

Tanzanie

Theobald Sabi

856

82

200

-

Zambia National Commercial Bank

Zambie

Hendrik G. Mulder

852

114

*EXPRIMÉS EN MILLIERS DE DOLLARS US

170

no3093 – OCTOBRE 2020

CHIFFRES 2019 – ND : NON DÉTERMINÉ

Rang 2020


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traitement des transactions mo-

souscrit à un service bancaire en ligne

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ou sur mobile pendant la Covid-19

sibles 24/7 permettant notamment

processing certifié PCI-DSS.

(BCG, Mai 2020). Face à ce nouveau

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La transformation digitale des

paradigme, les banques doivent accé-

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SPÉCIAL FINANCE

CLASSEMENT DES 100 PREMIERS ASSUREURS

Recomposition sous contraintes

U

PIERRE-OLIVIER ROUAUD

n fort élan. Comme dans le domaine bancaire, l’année 2019 a été, dans un monde encore pré-Covid, une période de reprise dans le secteur des assurances. Ô combien ! Selon notre classement exclusif, le chiffre d’affaires des 100 premiers opérateurs du secteur, exprimé en devise américaine, a fait un saut de 19,4 % à 48,9 milliards de dollars. Du jamais-vu. Ce niveau d’activité fait plus qu’effacer la chute de 9,8 % de l’exercice 2018 et dépasse tous les précédents. Ce bond s’explique, pour partie, en raison de plus-values financières enregistrées par le géant sud-africain Sanlam. Au-delà, la croissance moyenne au sein du classement est également vigoureuse, à près de 7 %. C’est là le reflet d’une activité bien orientée dans la plupart des zones du continent pour le secteur de l’assurance en 2019. Au Nigeria, le volume des primes en 2019 a ainsi bondi de 15,55 %, selon la Nigerian Insurers Association (NIA). Au Maroc, l’an dernier, le chiffre d’affaires des entreprises d’assurance et de réassurance a atteint 46,7 milliards de dirhams (4,8 milliards de dollars), en hausse de 8,4 %, selon l’Acapcs, le régulateur. Quant aux entreprises regroupées dans la Fanaf (Fédération des sociétés d’assurances de droit national africaines), soit plus de 210 sociétés dans 29 pays, les derniers chiffres disponibles portant sur 2018 faisaient état d’un progrès de 6,7 % de l’activité.

172

no3093 – OCTOBRE 2020

Sur le plan géographique, seuls 21 pays du continent sont représentés dans notre top 100, témoignage, une fois encore, de la faible pénétration des métiers de l’assurance dans l’économie africaine : la valeur moyenne des primes atteint environ 1,3 % du PIB per capita sur le continent, contre 3,3 % pour les autres économies émergentes de la planète et 9 % dans les pays de l’OCDE. Davantage encore que dans le domaine bancaire, l’Afrique du Sud, de loin le plus important marché du continent, affiche une domination écrasante dans le classement. Les 17 acteurs de la nation Arc-en-Ciel, à eux seuls, comptent pour près de 70 % du chiffre d’affaires total, Sanlam en tête. Comme dans les éditions précédentes, Maroc et Kenya sont à l’honneur (15 opérateurs chacun) suivi du Nigeria (9 opérateurs) et de la Tunisie (7 acteurs). Une autre caractéristique de ce classement est sa grande stabilité parmi les leaders. Il y a peu de mouvements internes dans les rangs des différents grands acteurs. Les douze premiers figuraient déjà en tête de notre classement l’an dernier dans un ordre à peine différent.

requis des assureurs s’élève depuis mai 2019 à 3 milliards de F CFA (5 millions d’euros), un triplement du niveau antérieur, et doit grimper à 5 milliards de F CFA à partir de mai 2021. Décriée par les acteurs de taille modeste ou ceux présents seulement sur des marchés peu profonds comme le Tchad ou le Niger, la mesure est en bonne voie d’application : elle serait engagée à ce jour par plus 85 % des opérateurs.

Le marocain Wafa a acquis le camerounais Pro Assur et ses filiales Pro Assur Vie et Pro Assur SA.

Débats vifs et nombreux

L’année 2019 a pourtant été une période de forte actualité dans le secteur, à commencer sur le front des règles prudentielles. Au sein de la Cima (Conférence interafricaine des marchés d’assurance), le durcissement des règles de capital minimum dans les 14 pays de la zone s’est poursuivi. Même si ces règles ont suscité des débats vifs et nombreux, à la lumière de la crise du Covid qui va déferler sur le secteur en 2020 et bien au-delà, le régulateur, en veillant à renforcer le bilan des assureurs, a pris là une sage décision. Selon les directives de la Cima, édictées en 2016, le capital social

MYMA

La belle reprise de 2019 va se briser sur la crise sanitaire dans un secteur où les règles prudentielles pénalisent les plus petits.


À noter qu’au Nigeria, le régulateur (National Insurance Commission) qui lui aussi avait requis, pour juin 2020, un doublement ou un triplement des fonds propres des assureurs, a reculé l’échéance de six à quatorze mois, à la suite de la crise sanitaire.

Jeu actif

Dans ce contexte, le jeu des acteurs a été actif, et les recompositions nombreuses l’an dernier. NSIA, le groupe de l’Ivoirien Jean-Kakou Diagou, a recapitalisé à la fin de 2019 treize filiales d’assurances dans sept

LA FRILOSITÉ DES ACTEURS TRADITIONNELS AINSI QUE LES CONTRAINTES TECHNIQUES ET RÉGLEMENTAIRES TENDENT À RETARDER L’ACCÉLÉRATION DE LA DIGITALISATION. pays (Gabon, Sénégal, Congo, Mali, Cameroun, Togo et Bénin). De son côté, le marocain Wafa (10 e) a acquis le camerounais Pro Assur et ses filiales Pro Assur Vie et Pro Assur SA. Pour sa part, l’assureur panafricain Sunu (non consolidé dans notre classement), conduit

par son fondateur Pathé Dione, a pris le contrôle de cinq filiales (Bénin, Burkina, Mali, Togo et Centrafrique) du groupe allemand Allianz. Autre opération remarquée, le britannique Prudential plc a fait son entrée dans l’espace francophone en prenant une participation majoritaire en juillet 2019 dans Beneficial, présent au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Togo.

« Disruptrices » start-up

Dans ce contexte, l’année 2020 aura dû être celle de l’accélération de la digitalisation et aurait dû voir l’envolée des « insurtech » et de la M-assurance. Certes les initiatives en ce sens fusent – émanant des opérateurs mobiles (MTN, Telkom, Orange avec NSIA…) – du secteur financier ou encore des jeunes pousses qui prétendent « disrupter » le monde un peu rigide de l’assurance. En pleine crise sanitaire, la start-up ghanéenne Bima, avec ses solutions de micro-assurance, notamment de santé sur mobile, vient de faire une nouvelle levée de fonds de 30 millions de dollars. Cette jeune entreprise en plein boom avait déjà levé plus de 100 millions de dollars auprès d’investisseurs comme Allianz. La frilosité des acteurs traditionnels, les contraintes techniques et réglementaires, bien plus importantes que dans la mobile money, tendent à retarder ce tournant majeur. Selon une enquête de la Fanaf, moins de 15 % des assureurs travaillent ainsi concrètement sur le créneau de la distribution via mobile. La crise du Covid, elle, qui s’annonce sanglante pour le secteur, va surtout retarder ce virage. Combien de temps faudra-t-il attendre pour que notre classement soit bousculé par de nouveaux acteurs venus du digital ?

no3093 – OCTOBRE 2020

173


SPÉCIAL FINANCE

Rang 2020

Rang 2019

Société

Pays

Président, PDG ou DG

Chiffre d’affaires*

Résultat net* 626

1

1

Sanlam

Afrique du Sud

Ian Kirk

10,511

2

2

Indequity Group Ltd

Afrique du Sud

Lourens Jansen van Rensburg

4,521

778

3

3

Old Mutual Life Assurance Co.

Afrique du Sud

Iain Williamson

3,755

494

4

5

Discovery Health

Afrique du Sud

Adrian Gore

3,061

470

5

4

Liberty Group

Afrique du Sud

David Munro

3,000

259

6

7

Momentum Metropolitan Holdings (ex-Mmi Holdings)

Afrique du Sud

Hillie Meyer

2,604

171

7

6

Santam

Afrique du Sud

Lizé Lambrechts

2,550

165

8

8

Saham Finances

Maroc

Emmanuel Brulé

1,147

48

9

9

RMI Holdings

Afrique du Sud

Herman Bosman

1,071

311

10

10

Wafa Assurance

Maroc

Mohamed Ramsès Arroub

912

67

11

11

African Reinsurance Corp.

Nigeria

Corneille Karekezi

845

100

12

12

Munich Reinsurance Co. of Africa

Afrique du Sud

Nico Conradie

777

ND

13

20

Compagnie d’assurances et de réassurances

Tunisie

Abdelmonem Kolsi

705

18

14

13

Rma (ex-Rma Watanya)

Maroc

Zouheir Bensaïd

702

84

15

14

Saham Assurance Maroc

Maroc

Christophe Buso

559

51

16

15

Metropolitan Life

Afrique du Sud

Peter Doyle

502

ND

17

19

Misr Insurance Co.

Égypte

Adel Ahmed Mousa

477

55

18

16

Hollard Insurance

Afrique du Sud

Saks Ntombela

479

40

19

18

Mutuelle Attamine Chaabi

Maroc

Information non communiquée

445

ND

20

17

Axa Assurance Maroc

Maroc

Philippe Rocard

442

35

21

66

Sunu Assurances Vie Côte d’Ivoire

Côte d’Ivoire

Saliou Bakayoko

327

14

22

22

Compagnie centrale de réassurance

Algérie

Hadj Mohamed Seba

298

26

23

25

Avbob Industries

Afrique du Sud

J. F. Rademan

296

3

24

23

Jubilee Holdings

Kenya

Patrick Tumbo Nyamemba

285

39

25

24

Atlanta Assurances

Maroc

Mohamed Hassan Bensalah

272

25

26

27

Britam Holdings (ex-British American Investments Co.)

Kenya

Benson I. Wairegi

271

53

27

26

Bryte Insurance Co. (ex-Zurich Insurance Co. South Africa)

Afrique du Sud

Edwynn O’Neil

249

ND

28

28

Leadway Assurance Co.

Nigeria

Tunde Hassan-Odukale

248

30

29

29

Société nationale d’assurances

Algérie

Nacer Sais

243

18

30

30

Botswana Insurance Holdings

Botswana

Catherine Lesetedi-Letegele

241

41

31

38

La Marocaine Vie

Maroc

Philippe Vial

233

10

32

39

Misr Life Insurance Co.

Égypte

Ahmed Abdelsalam

224

65

33

35

Britam Kenya (ex-British American Investments Co. Kenya)

Kenya

Jackson Theuri

220

ND

34

37

The Rand Mutual Assurance Co.

Afrique du Sud

Bisnath Jay Singh

213

140

35

33

Sanad Assurances

Maroc

Abdelilah Laamarti

212

10

36

32

Swan Group

Maurice

Louis Rivalland

209

18

37

34

Société centrale de réassurance

Maroc

Youssef Fassi Fihri

208

29

38

36

Compagnie algérienne des assurances

Algérie

Youcef Benmicia

206

21

39

42

Jubilee Insurance Kenya

Kenya

Nizar Juma

191

-1

40

40

Uap Holdings

Kenya

Peter Mwangi

184

-32 ND

41

41

Zep-Re (Pta Reinsurance)

Kenya

Hope Murera

179

42

43

Cic Insurance Group

Kenya

Tom Gitogo

173

3

43

47

Kenya Reinsurance Corp.

Kenya

Jadiah M. Mwarania

171

39 29

44

45

Clientele Life Assurance Co.

Afrique du Sud

Basil William Reekie

162

45

46

Allianz Maroc (ex-Zurich Assurance Maroc)

Maroc

Joerg Weber

149

9

46

52

Conduit Capital

Afrique du Sud

Sean Riskowitz

146

– 46 16

47

54

Aiico Insurance

Nigeria

Babatunde Fajemirokun

137

48

50

Société tunisienne d’assurances et de réassurances

Tunisie

Hassene Feki

134

8

49

59

Continental Reinsurance Co.

Nigeria

Femi Oyetunji

131

16

50

56

Custodian & Allied Insurance

Nigeria

Wole Oshin

129

16

*EXPRIMÉS EN MILLIERS DE DOLLARS US

174

no3093 – OCTOBRE 2020

CHIFFRES 2019 – ND : NON DÉTERMINÉ

CLASSEMENT DES 100 PREMIERS ASSUREURS


COMMUNIQUÉ

GROS PLAN SUR MAURICE

Étant à ce jour « Covid-free », l’île Maurice jouit-elle d’un écosystème robuste pour assurer la protection de vos actifs ? Considérée comme porte d’entrée de l’Afrique, Maurice a su s’imposer comme centre financier international de substance, profitant du flux croissant des échanges commerciaux et transferts de capitaux sur le continent. La Covid-19 a engendré son lot de défis mais le pays est aujourd’hui Covid-free à la suite de l’implémentation des mesures de contrôle strictes. S’appuyant sur quatre axes stratégiques Maurice s’est positionnée en tant qu’acteur majeur sur le marché régional :

)

Yogesh Gokool

Protection du patrimoine privé

Directeur des services bancaires internationaux

Pour les structures de détention d’actifs des clients privés, Maurice coche toutes les cases: stabilité financière et politique, confidentialité et réduction des risques. Maurice propose une infrastructure robuste pour la structuration du patrimoine. Elle permet aux clients de choisir les structures de holding les mieux adaptées à leurs avoirs privés afin de protéger et faire fructifier leur patrimoine familial et préserver les investissements existants pour les générations futures.

%

Un cadre réglementaire favorables aux investissements

Système bancaire sophistiqué et experts fiduciaires

Maurice met à disposition un centre financier attractif au niveau fiscal, et permet une structuration et une gestion efficientes des investissements régionaux. Les 44 accords de promotion et de protection des investissements (APPI) signés facilitent la réduction des risques, en garantissant le libre rapatriement des capitaux investis et des bénéfices générés, et protègent les investisseurs contre l’expropriation.

L’île demeure un centre financier pleinement intégré offrant l’accès à des actifs et marchés diversifiés grâce à une forte présence de fiduciaires. Le système bancaire mauricien, constitué de 20 banques, dont des institutions internationales, demeure solide et bien réglementé. Le pays fournit un accès à toute une gamme de produits et de services spécialisés, incluant : • Accès aux marchés de capitaux, levée de dette et de fonds propres ; • Cotation sur un marché boursier reconnu ; • Administration de fonds et comptabilité ; • Planification et structuration du patrimoine ; • Services fiduciaires ; • Services de conseil, fusions et acquisitions.

"

Plaque tournante pour le commerce international Classée 13e à l’international et 1er en Afrique en termes de facilité à faire des affaires par la Banque mondiale dans son rapport de 2020, Maurice est depuis longtemps une juridiction sûre en matière d’investissements transfrontaliers. Membre de blocs commerciaux régionaux tels que la SADC et le COMESA, Maurice bénéficiera grandement du déploiement de l’accord de Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) qui jette les bases pour que l’ile devienne le centre de trésorerie pour le commerce en Afrique et vise à créer un marché africain intégré en utilisant le pays comme tremplin.

www.afrasiabank.com

Alors que d’autres régions du monde sont toujours aux prises avec les retombées de la pandémie de Covid-19, Maurice demeure, en Afrique, le centre financier de référence, domicile privilégié d’un certain nombre de Lions Africains. Force est de constater que plus d’un siècle après sa parution, réfuter la fameuse citation de Mark Twain qualifiant Maurice de paradis sur terre n’est toujours pas chose aisée…

JAMG - Photos : D.R.

$


SPÉCIAL FINANCE

Rang 2020

Rang 2019

Société

Pays

Président, PDG ou DG

Chiffre d’affaires*

Résultat net* 11

51

48

Swan Life (ex-Anglo Mauritius Assurance Society)

Maurice

Louis Rivalland

128

52

61

Axa MansaRD Insurance (ex-Guaranty Trust Assurance)

Nigeria

Kunle Ahmed

120

8

53

51

Enterprise Group

Ghana

Keli Gadzekpo

112

21

54

75

African Trade Insurance Agency

Kenya

John Lentaigne

112

28

55

67

Compagnie d’assurances des hydrocarbures

Algérie

Widad Belhouchet

107

3

56

53

Compagnie algérienne d’assurance et de réassurance

Algérie

Youcef Benmicia

106

26

57

62

Compagnie commune de réassurance des États de la Cima

Togo

Jean-Baptiste Kouame

105

9

58

57

Mutuelle agricole marocaine d’assurance

Maroc

Abed Yacoubi Soussane

105

ND

59

55

Trustco Group Holdings

Namibie

Quinton Van Rooyen

102

50

60

64

Nico Holdings

Malawi

F. L. Mlusu

102

20

61

65

Jubilee Insurance Uganda

Ouganda

Deepak Pandey

99

8

62

58

Saham Assurance Côte d’Ivoire

Côte d’Ivoire

Roland Ouedraogo

97

8

63

60

Apa Insurance

Kenya

Ashok Kumar Mepa Shah

91

5

64

63

Credit Guarantee Insurance Corp. of Africa

Afrique du Sud

Charles Nortje

91

ND

65

98

State Insurance Co. of Mauritius

Maurice

J. M. C. Gilles Chaperon

89

15

66

49

Mauritius Union Assurance Co.

Maurice

Bertrand Castères

89

12

67

69

Compagnie internationale d’assurance et de réassurance

Algérie

Mohamed Hakim Soufi

85

ND

68

71

Swan Insurance Co.

Maurice

Louis Rivalland

82

8

69

72

Heritage Insurance Co.

Kenya

Godfrey Kioi

79

6

70

70

Santam Namibia

Namibie

Franco Feris

74

6

71

73

Compagnie d’assurances transports

Maroc

Bachir Baddou

72

ND

72

78

Waica Reinsurance Corp. - Sierra Leone

Sierra Leone

Ezekiel Abiola Ekundayo

70

10

73

74

Compagnie méditerranéenne d’assurances et de réassurances

Tunisie

Hakim Ben Yedder

69

9

74

77

Sanlam Kenya (ex-Pan Africa Insurance Co.)

Kenya

Patrick Tumbo Nyamemba

68

1

75

76

Liberty Kenya

Kenya

Mike Du Toit

66

7

76

84

Suez Canal Insurance

Égypte

Ahmed Hussein Shehab

63

4

77

80

Groupe des assurances de Tunisie

Tunisie

Mohamed Dkhili

62

5

78

83

Assurances Maghrebia

Tunisie

Habib Ben Hassim

62

6

79

87

Tanzania Reinsurance Co.

Tanzanie

Rajab Kakusa

61

3

80

85

Apa Life Insurance

Kenya

Catherine Karimi

58

1

81

82

Saham Assistance Maroc

Maroc

Yahia Chraibi

58

ND

82

89

Société tunisienne de réassurance

Tunisie

Lamia Ben Mahmoud

58

4

83

88

Maroc Assistance Internationale

Maroc

Mouhssine Cherkaoui

57

ND 7

84

96

Nem Insurance

Nigeria

Tope Smart

54

85

81

Groupe Sonam Assurances

Sénégal

Souleymane Niane

53

7

86

90

Nsia Vie Côte d’Ivoire

Côte d’Ivoire

Janine Kacou Diagou

52

ND 10

87

91

Mutual Benefits Assurance

Nigeria

Olusegun Omosehin

51

88

68

Fidelidade Angola (ex-Universal Seguros)

Angola

Armando Mota

46

1

89

86

Swaziland Royal Insurance Corp.

Swaziland

Zama P. Ngcobo

46

10

90

-

Allianz Assurances Vie Côte d’Ivoire

Côte d’Ivoire

Vamara Sanogo

45

ND

91

93

Ghana Reinsurance Co.

Ghana

George Mensah

44

5

92

95

Alliance Assurances

Algérie

Hassen Khelifati

44

4

93

94

Saham Assurance Vie Côte d’Ivoire

Côte d’Ivoire

Philippe Attobra

44

0 ND

94

-

Allianz Assurances Côte d’Ivoire

Côte d’Ivoire

Guellemapieh K.M. Koné

43

95

-

Mutuelle Assurances de l’enseignement

Tunisie

Lassaâd Zarrouk

43

1

96

92

Salama Assurances Algérie

Algérie

Mohamed Benarbia

43

ND –2

97

-

Kenindia Assurance Co.

Kenya

James Macharia

42

98

-

Wapic Insurance (ex-Intercontinental Wapic Insurance)

Nigeria

Adedayo Arowojolu

42

1

99

79

Jubilee Insurance Tanzania

Tanzanie

Dipankar Acharya

41

2

100

-

Assurances Réassurances omnibranches

Madagascar

Lantonirina Andrianary

39

2

*EXPRIMÉS EN MILLIERS DE DOLLARS US

176

no3093 – OCTOBRE 2020

CHIFFRES 2019 – EN ITALIQUE : CHIFFRES 2018 – ND : NON DÉTERMINÉ

CLASSEMENT DES 100 PREMIERS ASSUREURS



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