OCTOBRE 2020
NO 3093 – OCTOBRE 2020
200 CLASSEMENT
CÔTE D’IVOIRE
Ouattara-Bédié : le dernier combat
les
MALI
PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES
Goïta démasqué
ENQUÊTE
Les ambitions contrariées de M. Dangote
GUINÉE
Alpha vs Cellou : bras de fer à Conakry
BLACK LIVES MATTER
JEUNE AFRIQUE N O 3 0 93
Patrice Talon « J’ai pris le risque d’être impopulaire » Une interview exclusive du chef de l’État béninois.
Algérie 420 DA • Allemagne 9 € • Belgique 9 € Canada /A 12,99 $CAN • Espagne 9 € • France 7,90 € Grèce 9 € • DOM 9 € • Italie 9 € • Maroc 50 MAD Pays-Bas 9,20 € • Portugal continental 9 € • RD Congo 10 USD Suisse 15 CHF • Tunisie 8 TND • TOM 1 000 XPF Zone CFA 4800 F CFA • ISSN 1950-1285
Une colère noire vue d’Afrique
FOCUS INFRASTRUCTURES GUINÉE
RECONSTRUCTION DE LA RN1
À l’heure du désenclavement
La réhabilitation de l’axe stratégique reliant Conakry au reste du pays et à la sous-région – notamment à Bamako – a démarré en mai 2019. Ce projet titanesque est mené par un attelage inédit entre le chinois CRBC et le français Egis.
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L
DIAWO BARRY, DE CONAKRY À MAMOU
YOUSSOUF BAH POUR JA
Travaux effectués par China Road and Bridge Corporation à Khouria, près de Coyah, au nord-est de Conakry, en septembre 2020.
a route de Conakry à Bamako, longue de 966 km, est la voie d’approvisionnement la plus courte pour la capitale malienne depuis la côte atlantique. Mais, du fait des conditions de circulation en Guinée, les logisticiens préfèrent faire arriver leurs marchandises de Dakar (distant de 1 259 km) ou d’Abidjan (1117 km). Au début de 2019, seuls 3 % du fret malien passaient encore par le corridor guinéen. Installé au volant de son véhicule maculé de boue, un transporteur habitué des 245 km du tronçon Conakry-Mamou de la route nationale 1 (RN1) se plaignait, le 14 septembre, d’avoir mis huit heures pour parcourir les 135 km entre la capitale et Kindia. Trois heures auraient suffi d’ordinaire, maisles pluies diluviennes tombées ces dernières semaines sur le macadam dégradé ont entraîné plusieurs accidents, embouteillages et obligations de contournement. Bitumé pour la dernière fois en 1992, le début de la RN1 est un axe crucial mais étroit – 6 m de largeur – qui, via la ville-carrefour de Mamou, relie la capitale guinéenne à quatre des huit régions administratives du pays ainsi qu’au Liberia, à la Côte d’Ivoire et au Mali, traversant des massifs montagneux fortement arrosés pendant la saison des pluies. Pour ceux qui l’empruntent, la route est une succession de « calvaires », appellation locale recouvrant toutes sortes d’obstacles à la circulation : ponts cassés, trous et véhicules immobilisés. Quand un camion tombe en panne ou se renverse (ce qui est très fréquent), la circulation est coupée dans les deux sens. D’où la décision, prise au plus haut sommet de l’État, de lancer le chantier de reconstruction de la RN1 et d’une partie de la RN2, entre la ville de Coyah, à 50 km de Conakry, jusqu’à Dabola, 370 km plus à l’est. « Lorsque le président Alpha Condé a enclenché la modernisation du port de Conakry, permettant d’accueillir d’importants navires de charge et d’accroître les volumes des échanges régionaux, il était logique que la composante routière soit prévue », fait valoir Moustapha Naïté, ministre des Travaux publics. Si le président a posé la première pierre en avril 2018, les travaux de la RN1 n’ont démarré que un an plus tard, le temps de finaliser le financement – ficelé en décembre 2018 – et l’organisation du projet. C’est China Road and BridgeCorporation(CRBC),grandgroupepublic
chinois, qui a été retenu pour réaliser ce gigantesquechantier,souslecontrôledufrançaisEgis, chargédevérifierlabonneexécutiondestravaux par l’Administration de contrôle des grands projets (laquelle est rattachée à la présidence de la République guinéenne). Ce duo sino-français est rare dans le secteur des travaux publics. Les groupes des deux pays, rivaux sur de nombreux appels d’offres, n’ont pas l’habitude de travailler ensemble : les Chinois préfèrent collaborer avec des compatriotes; et les Français s’impliquent surtout dans des chantiers routiers avec contrat de concession, de gestion ou d’entretien, et généralement avec des partenaires européens ou locaux. Avec cet attelage original, Conakry espère se prémunir contre les malfaçons parfois constatées sur les ouvrages des groupes de BTP chinois réalisés sur le continent (souvent peu onéreux, mais aussi de moins bonne facture).
L’accord-cadre signé avec Pékin permet de mobiliser jusqu’à 20 milliards de dollars
Pour financer les 357,3 millions d’euros nécessaires à la reconstruction de la route, la Guinée s’est appuyée sur un accord-cadre signé en septembre 2017 avec Pékin, permettant de mobiliser jusqu’à 20 milliards de dollars pour la réalisation d’infrastructures grâce à des prêts à taux réduit, et à la possibilité d’utiliser à cette fin les royalties dues par les groupes miniers de l’empire du Milieu actifs en Guinée. Dans le cas de la reconstruction de la RN1 et de la RN2 de Coyah à Dabola, l’État guinéen finance 15 % du projet avec son budget national de développement ; les royalties dues à la Guinée par le minier chinois Chalco, qui exploite la bauxite de Boffa, en assurent les 85 % restants. Les versements de Chalco au titre des royalties se font directement à son compatriote CRBC, sans passer par le Trésor public guinéen. « Sur le chantier, c’est ce dernier qui coordonne tout : gestion financière, études techniques et exécution des travaux. Le groupe de BTP chinois paie tout le monde, y compris la mission de contrôle d’Egis », explique un connaisseur du chantier. La fin des travaux – lesquels devaient initialement durer trente-trois mois – est toujours prévue pour février 2022. « Nous ferons tout pour respecter le délai contractuel », affirme l’ingénieur principal Chang Chiao Yun, lors d’un entretien devant la principale base-vie de CRBC, construite en pleine brousse dans la localité de Kolentin, à 30 km du centre-ville de Kindia. Mais le groupe public aura fort à faire pour tenir ce calendrier : la pandémie de coronavirus (ayant perturbé la logistique et provoqué
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PUBLI-INFORMATION
UMS, le leader du transport et de la logistique minière en Afrique de l’Ouest
Depuis 2002, United Mining Supply (UMS) est le fournisseur de solutions de logistique intégrée de référence en Guinée et dans la sous-région pour les entreprises minières et industrielles.
UMS, L’EXCELLENCE COMME EXIGENCE Normes et certifications : ISO 9001 Management de la qualité – Activités de transport et logistique des équipements et marchandises divers pour les sociétés minières, industrielles et pétrolières ICMI Normes internationales de transport de cyanures.
JAMG - PHOTOS : D.R.
En cours d’obtention pour 2021 : ISO 14001 Management environnemental. ISO 18001 Management de la santé et de la sécurité au travail
S
on offre de services sur-mesure et clé-en-main, son respect des normes HSEQ internationales ainsi que son équipe de près de 4000 employés formés en continu, en ont fait un partenaire de choix dans le Consortium SMB-Winning. Avec une flotte de plus de 600 camions, UMS est notamment en charge du transport routier d’un des plus grands projets miniers du monde à Boké, ayant notamment transporté près de 43,5 millions de tonnes de bauxite en 2019.
En s’engageant aux côtés de ses clients, UMS garantit de réaliser leurs prestations dans le respect des engagements clients et en conformité avec les différentes réglementations. Chez UMS, nous cherchons en permanence à améliorer l’impact social et environnemental de nos activités. Dans le cadre de sa démarche Éthique et Conformité, UMS est engagé dans un
processus de système de management de la qualité, piloté par l’équipe HSSE et la direction d’UMS.
UMS, principal actionnaire des plus grands projets miniers du continent africain Au sein de la SMB, UMS est partenaire à 27%, en charge du transport du minerai par voie terrestre, coordonnant en parallèle le travail de plus d’une vingtaine d’entreprises guinéennes prestataires, dont plus de 1 300 camions participent au projet. Avec 43,5 millions de tonnes de bauxite exportées en 2019, la SMB est le premier exportateur africain de bauxite à destination de la Chine. En parallèle, UMS est également partenaire de Winning Consortium Simandou (WCS), le nouveau consortium en charge de l’exploitation des blocs I et II de Simandou, le plus grand gisement de fer inexploité au monde.
UNITED MINING SUPPLY Immeuble WAZNI, Tombo 1, BP 2162 Conakry, Republic of Guinea +224.625.49.34.81 contact@ums-international.com
FOCUS INFRASTRUCTURES GUINÉE
RN1
SÉNÉGAL
MALI
BAMAKO
GUINÉEBISSAU Sériba Labé
Tougué
plusieurs susSiguiri Boké Pita pensions des Kamsar Diabola travaux de mars Kouroussa Fria à septembre 2020) Mamou Mandiana Kindia et les grandes pluies Boffa Faranah Kankan (dont la vigueur a, au Coyah cours des trois mois d’été, CONAKRY surpris les ingénieurs et Forécariah les techniciens chinois) ont Kérouané SIERRA Kissidougou LEONE entraîné un retard d’au moins huit mois. Résultat : un quart des Beyla 355 KM D’UN CHANTIER travaux seulement a été réalisé au lieu Macenta STRATÉGIQUE de la moitié. « Le chantier se poursuit Sérédou alors que les véhicules circulent, ce qui Tronçon en reconstruction Lola occasionnedesralentissementsimportants, Nzérékoré 200 km LIBERIA surtout en période d’hivernage », regrette Amadou Ly, chef de mission adjoint pour Egis, qui ne voit plus comment éviter un retard. vouloir aller trop vite, CRBC risque de bâcler le travail », s’alarme un professionnel des travaux Doter les services d’entretien d’un budget publics à Conakry, qui connaît bien l’axe routier. substantiel est absolument essentiel Face au trafic actuel sur la RN1, estimé à Actuellement, les travaux de terrassement ont 20 000 véhicules par jour (tous types confonété suspendus jusqu’à l’arrêt des grandes pluies. dus, des motos jusqu’aux poids lourds), l’ouSur un total de près de 1900 employés (envivrage ne tiendra pas au-delà de cinq à sept ans ron 400 Chinois pour 1 440 Guinéens), seuls sans entretien et sans respect des critères quelque 200 d’entre eux travaillaient au début d’exploitation – en particulier des charges de septembre, et essentiellement au niveau des autorisées sur les camions, souvent largedifférentes centrales à béton disséminées le ment dépassées et peu contrôlées. À l’horizon long du parcours entre Coyah et Dabola. Sur les de 2035, le nombre de poids lourds empruntant trente-neuf ponts que compte l’axe, treize sont la RN1 devrait osciller entre 1,2 et 2,3 millions déjà empruntés par les automobilistes et douze par an. Ce volet maintenance n’est pas pris en sont en phase de finition. Le plus long d’entre compte dans le contrat avec eux (128 m) a été construit dans la localité de CRBC, lequel n’a pour objet Kolente en amont de l’ancien, vétuste, sur que la seule reconstruction lequel deux camions ne pouvaient se croiser. de la voie. « La route, comme CRBC s’est attaqué aux tâches les plus diffitoute autre infrastructure ne ciles : décapage de montagnes, ou encore dynasaurait être construite une mitage de roches pour faire passer la nouvelle fois pour toutes », rappelle le voie. Bientôt, la pente raide de Yombokouré ministre Moustapha Naïté, qui – surnommée « lakharaya » (« virage de l’auestime la dotation financière delà ») – et celle de Labota ne seront plus que de consacrée à la maintenance mauvais souvenirs. À ces endroits « il n’y avait routière pour l’ensemble des pasunjoursansaccident»,rappelleAmadouLy. axes insuffisante à ce jour. La rectification du tracé par la suppression des Cette année, à peine un dixième du réseau courbes et des virages a réduit la distance totale routier national a été entretenu. « Si la mainde 370 km à 355 km. La nouvelle voie, de structenance n’est pas effectuée au moment opporture semi-rigide, aura une largeur utilisable de tun, (même avec des chantiers d’urgence pour 10 m – 7 m de chaussée et 1,5 m d’accotement –, préserver la circulation), il faudra tôt ou tard à et25mdedégagementserontautotalaménagés nouveau lever des fonds pour une reconstrucpour faciliter la visibilité et aménager le stationtion intégrale », reconnaît le ministre. Pour ce nement. CRBC a annoncé une reprise effective dernier, doter les services d’entretien des routes du chantier sur la voie pour le mois d’octobre, et d’un budget et d’équipements substantiels compte étoffer ses équipes et appuyer sur l’acrelève de la plus haute importance stratégique, célérateur en travaillant vingt-quatre heures afin de placer durablement les axes routiers guisur vingt-quatre. De quoi inquiéter Egis qui ne néens sur la carte logistique ouest-africaine. compte que 14 techniciens sur place. « À force de
CÔTE D’IVOIRE
À L’HORIZON 2035, LE NOMBRE DE POIDS LOURDS EMPRUNTANT CET AXE DEVRAIT OSCILLER ENTRE 1,9 ET 2,9 MILLIONS PAR AN.
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FOCUS INFRASTRUCTURES GUINÉE
CONNECTIVITÉ
Le pari audacieux d’une fibre optique publique Après six ans de travaux, les pouvoirs publics disposent d’une infrastructure à louer aux opérateurs privés. Conakry veut y croire, malgré les revers que ce modèle a rencontrés dans d’autres pays de la région.
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QUENTIN VELLUET
anoussy Dabo aura dû s’armer de patience… et d’une visière de protection anti-Covid-19. Le directeur général de la Société guinéenne de gestion du backbone national (Sogeb), qui s’estimait déjà « fin prêt » en avril, a enfin pu inaugurer officiellement la commercialisation de l’infrastructure de télécoms, le 11 septembre. Ce haut cadre de la fonction publique, ex-secrétaire général au ministère délégué du Budget, suit depuis 2014 les travaux d’un projet titanesque décidé en 2012 et dont les derniers tests concluants ont été retardés par la pandémie. Les deux boucles de fibre optique enterrées doivent permettre aux opérateurs de télécoms Orange, MTN et Cellcom, ainsi qu’aux fournisseurs d’accès à internet comme MouNa ou SkyVision d’acquérir de la capacité auprès de la Sogeb afin de proposer de l’internet fixe haut débit à leurs clients. Le nouveau réseau court sur plus de 4 300 km et suit les grands axes routiers du pays : de Conakry à la région minière de Boké, en passant par Mamou – principal nœud du réseau – jusqu’à la région forestière de Nzérékoré et au-delà, dans le sud-est du pays. La Guinée compte l’un des plus faibles taux d’accès à internet du continent, avec 18 utilisateurs pour 100 habitants en 2017, selon l’Union internationale des télécommunications (IUT), contre près de 47 % en Côte d’Ivoire, 46 % au Sénégal et près de 65 % au Maroc, leader sur le continent. L’infrastructure installée par le
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chinois Huawei a coûté 238 millions de dollars financés par un prêt concessionnel alloué en 2012 par la Banque d’exportation et d’importation de Chine (China Exim Bank). Il devra être remboursé d’ici à trente ans à compter de 2021. Jugé inconsidéré – voire absurde – par certains spécialistes du secteur, ce coût paraît raisonnable aux yeux d’un spécialiste qui a suivi le dossier de près. « Une grosse partie de l’enveloppe n’est pas consacrée directement à la construction des mètres linéaires du backbone (dorsale internet). Le coût comprend également la construction du bâtiment de la Sogeb, l’interconnexion d’administrations dans un réseau fermé ou encore une partie safe city [vidéosurveillance, gestion de l’éclairage public] », explique-t-il. « En vitesse de croisière, nous devrions sécuriser entre 30 et 40 millions de dollars de revenus annuels, sachant que le remboursement du prêt s’élève à environ 9 millions de dollars par an après les charges », estime Sanoussy Dabo. « À terme, la Sogeb deviendra un important contributeur pour l’État, ne serait-ce que par les impôts et les dividendes qu’elle lui assurera », précise le dirigeant guinéen.
« L’ÉTAT VA SE DÉSENGAGER DU CAPITAL AU FUR ET À MESURE, MAIS N’EN SORTIRA PAS TOTALEMENT. »
Encore faut-il que la Sogeb trouve de nouveaux actionnaires rapidement. « Conformément aux dispositions prévues par le cadre Ohada, l’État va se désengager du capital au fur et à mesure, mais n’en sortira pas totalement », indique Sanoussy Dabo. Le fonds Africa50, consacré aux infrastructures et promu par la Banque africaine de développement et les États du continent, « est chargé de faire appel aux futurs actionnaires africains ou étrangers », poursuit ce membre du bureau politique du RPG, le parti présidentiel.
Examen du catalogue des prix proposés par la Sogeb
Dans la sous-région de l’Ouest comme en Afrique centrale, d’autres projets ayant adopté plus ou moins la logique de délégation de services publics sont aujourd’hui dans une impasse. « Au Bénin, le choix a été de nationaliser les actifs télécoms du pays et de les concéder à un gestionnaire délégué privé en contrepartie d’une redevance. Cela dure depuis trois ans, et toujours rien, pas de délégataire, pas d’opération, pas de tarifs de gros », se désole un spécialiste français de la fibre optique. De son côté, la Côte d’Ivoire, qui a dépensé plus de 120 milliards de F CFA (190 millions d’euros) depuis 2001 dans l’installation de 7 000 km de fibre par l’intermédiaire de l’Agence nationale du service universel des télécommunications -TIC (Ansut), attend toujours un délégataire afin de pouvoir définir ses prix et lancer les opérations. Financé par la Banque mondiale, le Central African Backbone (CAB), qui relie Libreville à Brazzaville, a coûté 13 milliards de F CFA, mais n’a pas
COMMUNIQUÉ
LE CONSORTIUM SMB-WINNING, UN SUCCÈS MINIER ET LOGISTIQUE Fondé en 2014, le Consortium SMB-Winning est devenu en quelques années le principal producteur et exportateur de bauxite du continent africain. En 2019, le Consortium a exporté 43,5 millions de tonnes de bauxite.
vers la façade maritime du pays. À ce jour, le Consortium SMB-Winning orchestre le travail de plusieurs centaines de camions, 40 navires « capesize », 33 barges et 45 remorqueurs. UNE EXPERTISE ET DES INVESTISSEMENTS IMPORTANTS DANS LES INFRASTRUCTURES Le Consortium a également construit les deux terminaux de Katougouma et Dapilon – rattachés au Port de Boké. Enfin, en mars 2019, le Consortium a posé la première pierre d’une voie ferrée de 135 kilomètres s’étendant de la
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a réussite du Consortium SMB-Winning repose sur une logistique parfaitement rodée, fondée sur la complémentarité entre les acteurs du Consortium SMB-Winning. L’évacuation du minerai nécessite une expertise des infrastructures et des transports routiers, ferrés, fluviaux et maritimes afin de garantir que la bauxite extraite en Guinée puisse être commercialisée sur le marché mondial à un prix compétitif. L’utilisation de barges sur le fleuve Rio Nuñez – un système inédit dans l’exploitation minière guinéenne – a permis une meilleure évacuation du minerai
préfecture de Boké à la préfecture de Télimélé, dans le cadre du projet Boffa-Boké. Tous ces travaux d’infrastructure ont pu être réalisés dans les délais prévus. En parallèle, le Consortium SMB-Winning participe à la construction et à la rénovation d’infrastructures publiques, notamment de routes communautaires. À moyen terme, les voies ferrées servant à l’évacuation du minerai ont vocation à élargir leur usage au transport de marchandises conventionnelles et de passagers. Dans le cadre du Projet Boffa-Boké, le Consortium développe également un corridor de croissance agricole le long de la voie ferrée de 135 kilomètres, ce qui a permis notamment l’introduction de la culture sous serre dans la région de Boké.
SMB Immeuble Wazni, Tombo 1 BP 2162 Conakry
FOCUS INFRASTRUCTURES GUINÉE
CONNECTIVITÉ
été entretenu du côté congolais faute de contrat de délégation rédigé dans les règles de l’art. « Ce n’est pas le métier des gouvernements de gérer ni de commercialiser une telle infrastructure », tempête le dirigeant d’un cabinet de conseil spécialisé. « Quand un pays choisit de construire un réseau entier avant de le commercialiser, l’objectif est de louer aux opérateurs les zones où le trafic est le plus important et de garder à la charge de l’État celles financièrement inintéressantes, comme relevant de l’aménagement numérique du territoire. Le tout étant de le faire à un prix abordable », explique un autre expert.
Pour l’heure, le catalogue des prix proposés par la Sogeb aux opérateurs est examiné par l’Autorité de régulation des postes et télécommunications (ARTP). Il sera rendu public dès que l’institution l’aura validé, soit « d’ici à la fin de septembre 2020 », espère le directeur général de la Sogep. En attendant, la capacité louée par les opérateurs est réglée sous la forme d’un forfait dont le montant reste inconnu. Mais si une partie du backbone n’est pas rentable, pourquoi les pouvoirs publics guinéens ont-ils opté pour une infrastructure publique plutôt que de se tourner vers le régulateur pour inciter les opérateurs à déployer des
MAMADOU CELLOU DIALLO POUR JA
Sanoussy Dabo, directeur général de la Société guinéenne de gestion du backbone national (Sogeb).
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réseaux privés ? « Ils auraient conçu leur propre backbone et auraient créé une entente illicite qui n’est pas favorable aux utilisateurs », anticipe Sanoussy Dabo.
Nécessité de disposer d’un régulateur fort
Pour l’expert, choisir le modèle privé n’est pas non plus la panacée : « Dans ce cas de figure, il faut disposer d’un régulateur fort capable d’imposer aux opérateurs privés le déploiement du réseau dans des zones qui ne sont pas financièrement intéressantes puis les forcer à “dégrouper” auprès de réseaux publics locaux », explique-t-il. Un argument qui rejoint celui de la Banque africaine de développement, autre sponsor du CAB en Afrique centrale, pour qui « les opérateurs historiques ont tendance à être politiquement puissants et résistent généralement à la mise en œuvre des principes de [dégroupement] ». Les réticences de Maroc Telecom à « dégrouper » ses infrastructures, malgré les demandes incessantes de son concurrent Inwi, ont entraîné une amende de 3,3 milliards de dirhams en février 2020, ainsi qu’une injonction à libéraliser l’accès à son réseau. Le débat sur la propriété publique ou privée des réseaux de fibre est d’ailleurs loin d’être tranché, dans un pays comme les États-Unis, où des centaines de villes sont propriétaires des infrastructures de connexion haut débit. « Stockholm, contrairement à New York, a décidé il y a vingt ans […] de construire des lignes de fibre optique neutres et les a louées à des opérateurs privés. Résultat : une concurrence intense, des prix bas et une couverture universelle », rappelle Susan Crawford, professeure à Harvard et ex-conseillère du président Obama. Loin des polémiques et des incertitudes sur le modèle suivi, Sanoussy Dabo se montre pour sa part particulièrement confiant. « La demande est pressante de la part des opérateurs. Et l’intérêt des actionnaires commence à s’exprimer », assure le directeur général de la Sogeb.
MESSAGE
We are Innovation Made in Africa
Sèmè City, la Cité Internationale de l’Innovation et du Savoir, est le symbole de la détermination du Bénin de valoriser le savoir en tant que nouveau moteur de croissance, et de positionner le pays sur la carte mondiale de l’économie du savoir.
Sèmè City
Une rentrée haute en couleur sur le campus Sèmè One C’est fait ! Le 21 septembre dernier, plusieurs centaines d’étudiants ont effectué leur rentrée dans Sèmè One. Ce bâtiment ultramoderne est la première infrastructure de la Cité Internationale de l’Innovation et du Savoir : Sèmè City. Projet phare de « Bénin Révélé », le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG) 2016-2021, Sèmè City a l’ambition de promouvoir l’ « Innovation Made in Africa » au service d’un développement durable et inclusif. Elle veut offrir un cadre favorable à la promotion du savoir, de l’innovation et de l’entrepreneuriat à travers une écocité intelligente prévue pour être construite par phases jusqu’à l’horizon 2030. Sèmè City n’a pas attendu de posséder ses propres infrastructures pour commencer à remplir ses missions. Depuis trois ans, Sèmè City, à partir d’une annexe de la présidence de la République, offre aux étudiants, chercheurs et entrepreneurs, en partenariat avec des partenaires privés internationaux, un lieu unique pour apprendre, s’entraider et dépasser ses limites. www.semecity.com
MESSAGE
Salle de classe de Sèmè One Etudiants de la première promotion 2019-2020 de Africa Design School
Sèmè One, le 1er campus d’innovation de Sèmè City Ce bâtiment multifonctionnel de 4500 m2, innovant et intelligent, est à la pointe des plus grands hubs africains de ce type. Sèmè One a été réalisé en 9 mois par des entreprises locales et par près de 250 ouvriers, à partir d’une bâtisse inachevée. Il comprend 970 m2 d’espaces de formation, 540 m2 de bureaux, 375 m2 d’espaces de co-working ou encore 600 m2 d’espaces de réunions, networking et conférences. Il est notamment composé de salles de classe modulables, d’un auditorium, d’espaces dédiés à la recherche et d’un centre de langue et d’informatique. « Le choix du design n’est pas fait au hasard. L’objectif était d’accueillir dans un même lieu des étudiants, des chercheurs et des entrepreneurs afin de favoriser des synergies. Concevoir un bâtiment aussi coloré pour permettre l’émulsion des cervaux est pour nous gage d’innovation.» Halim Assouma, Responsable planification et gestion des constructions à Sèmè City.
Des formations innovantes pour les métiers de demain Sèmè City propose une offre éducative adaptée aux besoins de l’économie réelle : des formations académiques d’excellence, des formations de pointe ainsi que des cursus professionnalisants répondant aux besoins économiques du Bénin et de la sous-région.
Epitech, une école de référence en innovation et expertise informatique, propose depuis trois ans au sein de Sèmè City un programme de licence. À la rentrée 2020, Epitech Bénin accueille 134 étudiants et célèbrera en 2021 sa première promotion de diplômés. Plus de 500 personnes ont par ailleurs pris part aux sessions de découverte et ateliers d’initiation organisés par l’école (Coding Club, Hackathons, Epitech Challenge…). « Les étudiants ont mis à profit leurs compétences au développement d’applications contre la covid-19, telles que le chatbot de sensibilisation par SMS déployé par les étudiants d’Epitech en collaboration avec l’Unicef dans le cadre de la Task-Force Innov Covid-19. » Johanne Bruffaerts, directrice du développement Epitech Bénin.
Africa Design School, portée par l’école de Design Nantes Atlantique, propose le premier programme de licence en Design en Afrique de l’Ouest. Africa Design School entame sa deuxième année d’exercice, et poursuit son objectif de former des designers africains aptes à participer à la résolution des défis du continent. Elle accueille 66 étudiants au sein des filières Design Numérique et Design Graphique. Plus de 400 personnes ont par ailleurs participé aux sessions de découverte et ateliers d’initiation organisés par Africa Design School depuis sa création (design thinking, interfaces graphiques, objets connectés, WomenTech Makers, UX Design…).
X-TechLab est une plateforme dédiée à l’utilisation des techniques du rayonnement X. Ces techniques, grâce à leur capacité d’informer sur les propriétés des matériaux, sont des outils indispensables notamment dans les domaines de la santé, l’énergie, l’agriculture et l’environnement. En 2019, 65 participants de 8 pays d’Afrique Subsaharienne ont été formés au X-TechLab. Au cours de cette session, la détermination d’une nouvelle molécule (jamais synthétisée avant) par le Dr Hyacinthe Agnimonhan de l’Université d’Abomey-Calavi permet d’ouvrir le champ des possibles notamment dans le traitement de la maladie d’Alzheimer. La prochaine session de X-TechLab se tiendra avec un mix de cours en présentiel et en ligne du 16 au 27 novembre. Les inscriptions sont ouvertes en ligne jusqu’au 30 septembre sur xtechlab.co.
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Devenez Partenaire de Sèmè City FOCUS Un appel à construire aujourd’hui l’Afrique de demain « Former des apprenants pour des emplois qui n’existent pas encore ; coacher des entrepreneurs pour surmonter les difficultés et se réinventer si nécessaire ; rendre les programmes accessibles au plus grand nombre grâce à des plateformes numériques ; construire une écocité démonstratrice de solutions intelligentes pour villes africaines… C’est un cadre inédit avec des enjeux stimulants que propose Sèmè City aux institutions académiques reconnues pour l’excellence de leurs modèles pédagogiques, aux acteurs de l’expérimentation et de la recherche scientifique, aux structures d’accompagnement de l’entrepreneuriat innovant et aux constructeurs de villes durables et intelligentes.
Sèyivè Sevean Afoutou, promotrice d’Ashaki, une entreprise spécialisée dans le développement personnel à travers le savoir-vivre, le savoirêtre et le bien-être, | The Academy 2 & WIN (Programmes d’incubation de Sèmè City)
Ensemble, nous créons les conditions pour permettre aux jeunes talents d’innover, même dans des circonstances difficiles, de se révéler et d’acquérir les compétences pour répondre aux exigences de développement du continent.» Claude Borna, directrice générale de Sèmè City.
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Potagers urbains installés par Ecocity sur le toit d’un immeuble à Cotonou
Application mobile de contact tracing X-Over
Des startups innovantes et pas que dans la tech ! Le programme Win (What I Need) est le premier programme d’incubation de Sèmè City lancé en partenariat avec le cabinet PwC. Les 15 porteurs de projet dont l’incubation s’achève en Octobre ont bénéficié pendant plus de 6 mois d’un accompagnement stratégique, opérationnel et financier de Sèmè City. L’objectif étant de les aider à structurer leur projet d’entreprise. Ils ont pu ainsi solidifier les bases de leurs modèles d’affaires et déployer des offres à forte valeur ajoutée, à l’instar de :
et conçu par la jeune béninoise Sevean Afoutou. La mission d’Ashaki est de transmettre le savoir-vivre et le savoir-être à la jeunesse africaine en valorisant les richesses qui émanent de sa culture. C’est durant les sessions de coaching de « The Academy » à Sèmè City que la porteuse de projet et sa collaboratrice Colombe Tohon ont pu développer pendant 6 mois leurs compétences d’entrepreneures. Elles ont, par la suite au sein du programme WIN, fait évoluer le projet, tissé des partenariats stratégiques et agrandi l’équipe pour aujourd’hui proposer un espace dédié et les tous premiers ateliers de l’offre ABC d’Ashaki (Art de vivre, Bien- être, et Culture).
Ecocity, une startup d’agriculture urbaine qui raccourcit la chaîne de valeur pour accompagner simplement tous les agriculteurs bio, qu’ils soient amateurs ou professionnels. C’est au sein du programme WIN que trois porteurs de projets Constant Ayihounou, Oluwafèmi Kochoni, Noël Obognon ont combiné leurs forces et procédé à une refonte de leurs projets individuels pour créer une proposition de valeur unique : Ecocity. Les offres d’Ecocity sont clé en main, elles incluent non seulement les intrants (boutures, graines) mais aussi l’accompagnement sur mesure. Ecocity remet des aliments bio dans l’assiette de tous les béninois, via de la production de masse comme familiale, et contribue à reverdir nos villes. Espace Ashaki, espace dédié à l’Art de vivre, au Bien-être, et à la Culture made in Africa. Il a été pensé
La Cité Internationale de l’Innovation et du Savoir
Dans le cadre de la Task Force mise en place par Sèmè City et l’UNFPA pour soutenir les efforts du gouvernement dans la lutte contre la Covid-19, plusieurs startups ont bénéficié d’un accompagnement stratégique et technique, dans le but de développer des solutions innovantes contre la Covid-19. La vocation de cette TaskForce est également d’accroître la résilience économique des entrepreneurs et acteurs de l’écosystème d’innovation. X-Over Cette startup s’est mobilisée pour développer et tester une application de contact tracing pour la lutte contre la Covid-19. Cette application est aujourd’hui en cours d’adaptation pour être utilisée par l’UNFPA dans le cadre d’autres programmes de santé. « Nous avons bénéficié d’un accompagnement rapide et de qualité, ce qui nous a permis d’aller très vite dans le développement de la solution. Sèmè City a également contribué à la mobilisation de partenaires financiers comme l’UNFPA autour du projet. » Donald Tchaou, porteur du projet X-Over. KEA Propose aux patients non seulement une plateforme de téléconsultation mais également un système d’autodiagnostic de la Covid-19. « Avec l’appui technique et institutionnel de Sèmè City nous avons mis en œuvre une solution de digitalisation et de dématérialisation de tout le processus de dépistage de la Covid-19 permettant d’accompagner la stratégie de crise du Ministère de la santé. » Dr Vèna Arielle Ahouansou, fondatrice de KEA. Sèmè City, L’Innovation Made in Africa.
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