JA 3093 DU 27 SEPTEMBRE 2020 GF DJIBOUTI

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OCTOBRE 2020

NO 3093 – OCTOBRE 2020

200 CLASSEMENT

CÔTE D’IVOIRE

Ouattara-Bédié : le dernier combat

les

MALI

PREMIÈRES BANQUES AFRICAINES

Goïta démasqué

ENQUÊTE

Les ambitions contrariées de M. Dangote

GUINÉE

Alpha vs Cellou : bras de fer à Conakry

BLACK LIVES MATTER

JEUNE AFRIQUE N O 3 0 93

Patrice Talon « J’ai pris le risque d’être impopulaire » Une interview exclusive du chef de l’État béninois.

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Le nouveau campus de l’université de Djibouti, inauguré en 2018.

PATRICK ROBERT

DJIBOUTI

Tête de pont du continent

Le pays a conforté son rôle de carrefour logistique régional et affiche de bons résultats malgré la crise sanitaire et économique mondiale. À six mois de la présidentielle, Ismaïl Omar Guelleh semble, sans surprise, en position de force, même s’il est confronté à de nouveaux défis géopolitiques et sociaux. no3093 – OCTOBRE 2020

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Olivier Caslin

ÉDITORIAL

@OlivierCaslin

Une « diplomatie de géant »

D

jibouti croyait bien faire son retour au Conseil de sécurité des Nations unies cette année. Au mois de juin, l’Assemblée générale onusienne en a pourtant décidé tout autrement, en désignant le Kenya comme membre non permanent représentant de l’Afrique pour la période 2021-2022… Une décision encore difficile à digérer pour les autorités djiboutiennes, qui n’en restent pas moins diplomates lorsqu’elles abordent aujourd’hui le sujet. Le pays a certes déjà siégé au Conseil au début des années 1990, mais il estimait avoir assez attendu au regard de l’intense travail mené depuis par sa diplomatie. La réélection de Djibouti à New York eût été en quelque sorte une reconnaissance de son implication dans la lutte contre le terrorisme international et contre la piraterie dans le détroit, ô combien stratégique, de Bab-al-Mandeb, ainsi que dans le processus de négociation en cours en Somalie, ou encore dans la participation de ses forces armées à plusieurs opérations de maintien de la paix sous mandat onusien.

Statut particulier

Force est de reconnaître que, en quarante-trois ans d’indépendance, Djibouti a réussi à se forger une place à part sur la scène diplomatique internationale, sans rapport avec sa petite superficie ni avec la taille de sa population de 1 million

d’habitants. Un statut qu’elle doit sans doute aux premières heures de son existence, lorsque, confronté aux convoitises de ses puissants voisins somaliens et éthiopiens, le président Hassan Gouled Aptidon n’eut d’autre choix que de courir les cénacles internationaux pour tisser les liens diplomatiques qui garantiraient la survie du pays dont il avait la charge. Ainsi, quelques jours seulement après sa naissance, la jeune République adhérait déjà à l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et à la Ligue arabe.

Tradition d’ouverture

La présence aujourd’hui de nombreux contingents militaires sur son territoire et les solides relations entretenues avec des partenaires aussi incontournables dans la région que l’Éthiopie et la Chine suivent la même logique et perpétuent la tradition d’ouverture de Djibouti. « Une diplomatie de géant », selon Sonia Le Gouriellec, universitaire française qui a fait de cette formule le titre du livre qu’elle vient de consacrer à la politique étrangère djiboutienne depuis ses origines jusqu’à nos jours (Djibouti. La diplomatie de géant d’un petit État, Presses universitaires du Septentrion, juin 2020). L’occasion de rappeler le rôle unique joué historiquement par le pays dans un contexte régional mouvementé… Et qu’une désignation au Conseil de sécurité serait justement venue récompenser.

194 POLITIQUE IOG, acte V?

198 Le billet

Recherche opposition désespérément

203 Élections

Entretien avec Ouloufa Ismaïl Abdo Présidente de la Commission nationale de la communication (CNC)

206 ÉCONOMIE

Pétrole, soutage et petits prix

212 Décryptage

Un développement hyperciblé

217 Questions à…

Zakaria Egueh Économiste

218 Baromètre 221 Hôtellerie

De nouvelles étoiles à la chaîne

Suivez toute l’actualité de Djibouti sur www.jeuneafrique.com

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GRAND FORMAT DJIBOUTI

POLITIQUE

IOG, acte V?


PATRICK ROBERT

Ismaïl Omar Guelleh et des étudiantes en médecine, lors de l’inauguration du nouveau campus de l’université de Djibouti, en 2018.


GRAND FORMAT DJIBOUTI

POLITIQUE

Après vingt et un ans à la tête du pays, Ismaïl Omar Guelleh n’a pas encore dit s’il serait candidat à un cinquième mandat en avril 2021. Fort d’un bon bilan sur les plans économique et diplomatique, il lui reste à tenir ses promesses sociales, notamment en matière d’emploi et de partage des fruits de la croissance.

I

OLIVIER CASLIN ra, ira pas ? La prochaine élection présidentielle ne devrait se tenir qu’en avril 2021, pourtant, tout Djibouti est déjà impatient de savoir si le président Ismaïl Omar Guelleh (IOG), au pouvoir depuis 1999, a l’intention de rempiler pour un cinquième mandat, ou non. Et comme rien ne sort encore des salons feutrés du palais de Haramous, plusieurs Djiboutiens – « de la société civile », insiste l’entourage présidentiel – se montrent très actifs ces derniers mois sur les réseaux sociaux pour pousser leur champion à se déclarer. Ce qui semble agacer au plus haut point le principal intéressé, qui semble avoir, de son côté, un agenda différent. Alors qu’un report des scrutins, un temps envisagé, semble aujourd’hui écarté, la question de savoir si IOG a l’intention de se succéder à lui-même ne se pose pas vraiment, faute de dauphin clairement identifié. « Tous ceux qui ont cru, à un moment donné, avoir été adoubés en ont été pour leur frais, constate un diplomate étranger établi à Djibouti. IOG n’a pas préparé sa succession. Certainement à dessein. » Et en admettant qu’il en ait eu l’intention, l’irruption de la pandémie de Covid19 a très certainement bouleversé l’ordre des priorités présidentielles.

Satisfecit de l’OMS

Dans un premier temps, il a d’abord fallu répondre à la crise sanitaire qui menaçait de prendre des proportions inquiétantes dans le pays, ainsi que dans l’ensemble de la sous-région. Le pays a été confiné à partir du 7 mars, pendant que les autorités lançaient une politique de dépistage à grande échelle pour tenter de contenir la propagation du virus dans la population. Les chiffres se sont alors affolés pendant quelques semaines, comparativement à ceux de certains des pays voisins, jusqu’à ce que, à partir de la fin du mois

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d’avril, le nombre de guérisons ne dépasse au quotidien celui des nouveaux cas – avec un bilan, au 20 septembre, de 5 398 cas déclarés, dont 5 333 guéris et 61 décès. In fine, Djibouti fait partie des très rares pays africains à avoir reçu un satisfecit de la part de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour sa gestion de la crise. Un bon point pour IOG, qui sort un peu plus renforcé de cette période pourtant bien délicate à négocier pour nombre de ses homologues. Si bien que, même dans les mabraz, ces cercles privés où aiment se réunir quotidiennement les Djiboutiens pour boire le thé et « brouter » le khat, on se demande ce que le pays gagnerait à changer de guide maintenant. Et l’opposition, toujours aussi désorga-

L’ENDETTEMENT, NOTAMMENT VIS-À-VIS DE LA CHINE, EST FINALEMENT BIEN INFÉRIEUR À CE QUE CRAIGNAIENT LES BAILLEURS DE FONDS EN 2019. nisée (lire p. 198), ne semble pas en mesure de pouvoir proposer une alternative crédible en seulement quelques mois. D’autant plus que, dans la Corne du continent, et au-delà de l’évolution du coronavirus, les contextes nationaux et régionaux restent des plus incertains.

Difficultés inédites

Il paraît donc difficile d’imaginer Ismaïl Omar Guelleh lâcher la barre, au moment même où son pays fait face à des difficultés inédites, entre les troubles internes de l’Éthiopie voisine et une économie nationale encore grippée. « Si le président ne souhaite toujours pas se prononcer publiquement, c’est certainement parce qu’il attend de voir comment vont évoluer les choses d’ici à la fin de l’année, afin d’être en mesure de présenter le programme électoral qu’attend la population », croit


COMMUNIQUÉ

Agence Djiboutienne de Développement Social

Au cœur des peuples depuis 13 ans

Les deux axes majeurs des missions confiées à l’ADDS sont la réduction de la pauvreté et la cohésion sociale. Aujourd’hui la lutte contre la pauvreté intègre la mise en place de programmes de microfinance axé sur les produits financiers des populations vulnérables, c’est-à-dire ceux-là même dont la précarité ne permet pas le recours aux institutions financières classiques. Ce programme constitue l’un des actes majeurs de l’Agence et la cheville ouvrière de l’action du gouvernement en faveur du développement. Par ailleurs, l’ADDS exécute les programmes suivants : • • • • • •

La construction d’infrastructures et la mise à disposition d’équipements lourds ; L’accès aux activités de développement communautaire ; Le renforcement des capacités des acteurs au développement ; Les projets de filets sociaux de sécurité ; L’employabilité des jeunes et le développement de l’artisanat ; Le développement du secteur de la microfinance.

Durant ces treize années d’activité, l’Agence a su capitaliser une expertise reconnue et avérée dans nombre de domaines relevant de son champ d’action. Comme le « Projet de Réduction de la Pauvreté urbaine à Djibouti » (PREPUD), ou le « Projet d’Appui à la Réalisation des Infrastructures socio-économiques dans les Régions ». La mise en œuvre de programmes tels que la prévention de la malnutrition, la réduction du chômage par le biais de la formation, l’accès aux services sociaux de base, la réduction des effets liés aux déplacements de populations migrantes, est également notoire. Faire plus, faire mieux, c’est à cela que s’emploie l’Agence dans la mise en œuvre de ses programmes multisectoriels développés sous la tutelle du Ministère des Affaires Sociales et des Solidarité, en coopération avec les partenaires au développement, associés à chaque projet. $ Avenue Mohamed Djama Elabeh Plateau du serpend, BP 4298 Djibouti, République de Djibouti À ( +253) 21.35.86.55 / ( +253) 35.71.84 Ã addsdjibouti@gmail.com

MÉTHODES ET MOYENS • Une approche participative qui associe tous les acteurs concernés ; • Le programme de « filets sociaux de sécurité » pour soutenir la frange la plus fragile de la population ; • Une direction de micro finance qui supervise les Caisses Populaires d’Épargne et de Crédits ; • Le concept « de Groupe d’Entraide et d’Affinité » qui booste la solidarité, la créativité et l’épargne communautaire.

PROJETS EMBLÉMATIQUES • Le Projet de Promotion de l’Emploi des Jeunes et de l’Artisanat (PROPEJA), financé par la Banque Mondiale, incluant un concours de microprojets et l’intégration des femmes artisanes à la chaine de valeur ; • Le Projet de Développement Urbain Intégré. Objectif : améliorer les conditions de vie des habitants ; • Le fonds de développement communautaire au service du développement humain. Ce projet est spécifique ; • Le Projet Réponse en Développement aux Impacts liés aux Déplacements dans la Corne de l’Afrique. Le but étant d’améliorer l’accès aux services sociaux de base, à élargir les opportunités économiques, à améliorer la gestion environnementale des communautés accueillant des réfugiés. les activités profitent aussi aux réfugiés eux mêmes car Djibouti a pris l’engagement de les protéger par le biais de réformes législatives et par l’adoption du Cadre d’Action Globale pour les Réfugiés (CRRF).

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JAMG - PHOTOS : D.R.

C’est en 2007 que le président Ismaïl Omar Guelleh posait les bases de l’action de son gouvernement dans la lutte contre la pauvreté. Cet engagement fit naître l’Agence Djiboutienne de Développement Social, organe dédié à l’exécution du programme du développement des populations vulnérables.


GRAND FORMAT DJIBOUTI

POLITIQUE

Le billet

Recherche opposition désespérément

À

Olivier Caslin

six mois du scrutin présidentiel, l’opposition politique est toujours portée disparue à Djibouti. Seul visage aujourd’hui clairement identifié dans ce désert, celui d’Ilaya Ismaïl Guedi Hared. La fille de feu Ismaïl Guedi Hared, l’ancien leader de l’Union pour le salut national (USN), disparu en 2015, est officiellement chef de l’opposition parlementaire depuis son élection aux législatives de 2018… Sans que cela lui assure pour autant le leadership de ses différentes composantes à l’extérieur.

Menace de boycott

D’autant que les points de dissension entre les représentants des multiples partis et factions ne manquent pas, avec une ligne de rupture très nette entre, d’un côté, ceux qui sont prêts à se présenter et, de l’autre, ceux qui brandissent déjà une menace de boycott, laquelle a pourtant montré ses limites lors de la présidentielle de 2016 et des législatives de 2018. Pour l’instant, tout le monde attend de connaître la décision de l’actuel locataire du palais de Haramous avant de se positionner. Les plus radicaux, comme Daher Ahmed Farah, toujours exilé en Belgique, et Abdourahman Mohamed Guelleh,

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alias « TX », attendent d’Ismaïl Omar Guelleh (IOG), la garantie d’une élection honnête et transparente, avec la mise en place d’une Commission électorale nationale – « vraiment » – indépendante (Ceni). Mohamed Abdou, chef de file de l’Alliance républicaine pour le développement (ARD) plaide de son côté pour une transition politique, avec ou sans le chef de l’État, le temps de redéfinir les règles du jeu. Quant à l’Union pour la démocratie et la justice (UDJ), d’Ilaya Ismaïl Guedi Hared, elle est prête à retenter le pari de l’accord politique avec le Parti djiboutien pour le développement (PDD), de Mohamed Daoud Chehem, comme en 2018. Ils pourraient être rejoints par Omar Elmi khaireh et son Centre des démocrates unifiés (CDU), avec lequel des discussions ont été entamées.

Un boulevard…

Seule certitude aujourd’hui: l’opposition djiboutienne ne semble toujours pas décidée à faire front commun face au camp présidentiel. Et la performance réalisée par l’USN, qui, en 2013 avait réussi à réunir huit partis d’opposition sous sa bannière, ne semble pas devoir se répéter. C’est donc un boulevard qui s’ouvre à nouveau pour le candidat de l’Union pour la majorité présidentielle (UMP).

savoir l’un de ses conseillers. Malgré des relations de plus en plus imbriquées entre les économies des deux pays, les tensions grandissantes entre les différentes communautés éthiopiennes n’ont pas empêché Djibouti d’afficher un taux de croissance de 7 % en moyenne ces cinq dernières années et de se maintenir à peu près à flot dans la crise actuelle (lire p. 212). Mais faute d’une redistribution suffisante des fruits de cette croissance, la population djiboutienne reste encore sur sa faim, et IOG, qui avait déjà placé son quatrième quinquennat sous un angle social, devra en tenir compte. « S’il se présente, il va devoir vraiment se concentrer sur le dossier de l’emploi », estime un diplomate.

Reçu cinq sur cinq

Depuis sa réélection en 2016, le président s’est déjà attaqué avec un succès certain au problème du logement. Les programmes d’habitat se sont multipliés à travers le pays depuis 2017, décrétée « Année du logement » par IOG lui-même. « Si la pression est moins forte, il manque cependant encore plus de 35 000 logements à l’échelle nationale », constate un expert de l’ONU-Habitat. Le chef de l’État a également respecté certaines de ses promesses de 2016, comme celle de mettre en place un fonds souverain (lire p. 200) pour financer la transformation économique, ou d’accélérer la décentralisation administrative et économique du pays. Avec, chaque fois, la volonté de créer de la richesse, synonyme de création d’emplois, sur l’ensemble du territoire. « Malgré cela, le taux de chômage n’arrive toujours pas à descendre sous la barre des 60 % », regrette un proche collaborateur du président. Le nombre d’entreprises créées localement augmente pourtant chaque année, à mesure que Djibouti progresse dans le classement « Doing Business » de la Banque mondiale, mais pas au point de pouvoir absorber la demande, comme seules pourraient le faire les centaines d’entreprises venues des quatre coins du monde, que les autorités djiboutiennes espèrent voir s’installer au cours des prochains mois dans les vastes zones franches qui bordent la capitale ou celles, plus modestes, construites à Tadjourah, plus au nord. Bonne nouvelle pour le gouvernement, le poids de l’endettement du pays, notamment vis-à-vis de la Chine, est bien inférieur à


COMMUNIQUÉ

Pour une santé meilleure

Le savoir-faire pharmaceutique djiboutien au service de la santé

P

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GRAND FORMAT DJIBOUTI

POLITIQUE

ce que craignaient les bailleurs de fonds en 2019. Djibouti conserve donc une marge de manœuvre financière qui lui permet de poursuivre la politique de grands travaux menée depuis une bonne décennie et que l’irruption de la pandémie n’a fait ralentir que momentanément. C’est le cas notamment à Damerjog (lire pp. 206-210), situé à proximité de la frontière avec la Somalie et où, pour plusieurs centaines de millions de dollars d’investissements, le pays veut s’équiper d’un second complexe

industrialo-portuaire aux proportions aussi pharaoniques que celui inauguré à Doraleh, au nord de la capitale, en 2018. À bientôt 73 ans, Ismaïl Omar Guelleh ne manque donc pas d’arguments pour se faire réélire s’il le souhaite, et son état de santé ne semble pas l’empêcher de pouvoir le faire. Si, en plus, le redémarrage économique postCovid se traduit par la création d’emplois tant attendus par les Djiboutiens, alors IOG a toutes les chances d’être reçu cinq sur cinq en avril prochain.

Un fonds pour le futur

L

e 29 juin, en même temps qu’elles publiaient le décret qui l’instituait, les autorités de la République de Djibouti lançaient leur fonds souverain. Malgré la pandémie qui grippe la planète, « le pays est décidé à investir dans son avenir », soulignait alors la présidence. Moins de quarante-huit heures après les célébrations de la fête nationale, Ismaïl Omar Guelleh (IOG) honorait ainsi l’une des promesses qu’il avait faites à ses concitoyens au lendemain de sa réélection, en avril 2016. Parmi les mesures phares du plan « Vision Djibouti 2035 » figurait en effet la constitution du Fonds souverain de Djibouti (FSD). Doté de 1,5 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros) sur dix ans, ce nouvel outil financera la transformation économique du pays, appelé – selon les vœux présidentiels – à tenir un rôle de hub commercial, logistique, bancaire et numérique pour l’ensemble de la Corne de l’Afrique. Le FSD investira donc en priorité sur le territoire national, mais il compte bien traverser les frontières

pour étendre ses réseaux chez ses voisins dans les secteurs des télécoms, de l’énergie, des nouvelles technologies, des infrastructures et de la logistique, du tourisme, de l’agriculture et de la pêche. Constitué en société anonyme de droit privé, dont le seul et unique actionnaire est, et demeurera, l’État djiboutien, le fonds est placé sous la tutelle directe de la présidence et dirigé par un conseil d’administration de huit membres – dont les représentants des principaux ministères. À sa tête, Mohamed Sikieh Kayad, qui, après un passage à la Banque mondiale, occupe depuis quelques années les fonctions de conseiller économique auprès d’IOG. Ils devront définir les lignes stratégiques que devra suivre la direction générale du Fonds, confiée au Sénégalais Mamadou Mbaye. Ancien de Polytechnique, ce dernier a été directeur exécutif du Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis) du Sénégal pendant six ans. Sa principale mission sera d’assurer le développement du FSD,

PAS QUESTION DE JOUER AU CAPITALRISQUEUR ET DE COURIR APRÈS LES PROFITS À COURT TERME : LE FSD S’INSCRIT DANS LA DURÉE. 200

no3093 – OCTOBRE 2020

notamment à travers l’entrée de partenaires nationaux et internationaux. Pour constituer les réserves financières de départ, l’État a transféré dans le fonds 40 % des parts qu’il détient dans la société Great Horn Investment Holding (GHIH), créée en 2016 pour gérer les infrastructures portuaires et logistiques du pays, ainsi que la totalité de ses actions dans Djibouti Télécom (lire p. 218) et dans la Société de gestion de la jetée du terminal pétrolier (SJTP) de Doraleh. Les pouvoirs publics ont ajouté l’ensemble de leurs parts dans le futur établissement public Électricité de Djibouti, ainsi qu’une dotation en capital de 100 millions de dollars.

Obligé de réinvestir

Viendront aussi alimenter le FSD des flux récurrents issus des contrats de coopération militaire, des zones franches et des redevances liées à l’exploitation du gazoduc ÉthiopieDjibouti en construction. Pas question de jouer au capital-risqueur et de courir après des profits à court terme: le FSD s’inscrit dans la durée – son succès « se mesurera par la constitution de réserves importantes pour les générations futures », insiste la présidence – et, à cet effet, il a obligation de réinvestir la totalité du résultat net de son activité. O.C.



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POUR L'AFRIQUE DE L'EST La République de Djibouti de par sa position géostratégique, sur la corne de l'Afrique à l'entrée de la Mer Rouge et du détroit de Bal-El-Mandeb est devenue un point d'atterrage des câbles sous­ marins mondiaux avec 7 câbles. Djibouti Telecom, opérateur national des télécommunications, a pour ambition de participer dans le secteur qui est le sien à faire de Djibouti un nœud d'importance régionale des autoroutes de l'information en adéquation avec la vision 2035, initié par son Excellence Ismael Omar Guelleh.

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Cette stratégie a conduit la société à investir en 2016 dans les projets de câbles internationaux AAE-1 et SMW-5 visant à couvrir les besoins non seulement de la République de Djibouti mais aussi de l'ensemble de la région, de la corne de l'Afrique (Éthiopie, Somalie, Erythrée), de l'Afrique de l'Est (Kenya, Tanzanie), les pays des grands lacs (Rwanda, Burundi, RDC) mais aussi les pays de l'Océan Indien (Madagascar, Seychelles, Comores, Ile Maurice, Mascareignes).

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GRAND FORMAT DJIBOUTI

ÉLECTIONS

Ouloufa Ismaïl Abdo

Présidente de la Commission nationale de la communication

« À nous d’inspirer confiance »

C

également lors de ce scrutin que nous nous sommes rendu compte que les textes alors en vigueur n’étaient en phase ni avec un multipartisme intégral ni avec l’avènement des technologies de l’information et de la communication.

PROPOS RECUEILLIS PAR OLIVIER CASLIN

réée en 2016 avec pour mission d’assurer le pluralisme de l’information et un accès équitable aux médias en période électorale, la Commission nationale de la communication (CNC) a passé avec succès son baptême du feu lors des législatives de 2018. Depuis l’instauration du multipartisme en 1992, c’était la première fois qu’un organisme indépendant était chargé de contrôler le temps de parole des différents partis dans les médias. À l’approche du scrutin d’avril prochain, rencontre avec sa présidente, Ouloufa Ismaïl Abdo. Jeune Afrique : La CNC s’apprête à encadrer pour la première fois une campagne présidentielle. Estimezvous qu’elle est prête ? Ouloufa Ismaïl Abdo : Oui. Le cadre

législatif et réglementaire de 1992 a été entièrement dépoussiéré, avec l’ajout de textes relatifs au pluralisme politique ou à la déontologie de l’information. Techniquement, nous nous équipons d’un système de monitoring et de minutage qui devrait nous aider à contrôler les temps de parole des différents candidats, et, ainsi, à garantir la transparence et l’équité pour tous. Nous comptons également ouvrir des antennes à l’extérieur de la capitale pour être en mesure de couvrir l’ensemble du territoire. Quelles vont être vos principales missions lors de ce scrutin ?

Nous nous conformerons à nos prérogatives telles que prévues par la loi. La commission veut être la « gardienne de l’information ». Elle se chargera de veiller à l’accès de tous les candidats aux médias publics, que ce

PATRICK ROBERT

La mission d’observation de l’Union africaine avait noté de sérieux manquements aux règles de transparence et d’équité en 2016. Que peut faire la CNC si de tels agissements sont constatés en 2021 ?

LE CADRE LÉGISLATIF ET RÉGLEMENTAIRE A ÉTÉ DÉPOUSSIÉRÉ, AVEC DE NOUVEAUX TEXTES RELATIFS AU PLURALISME ET À LA DÉONTOLOGIE.

Nous ferons en sorte qu’aucun manquement de ce genre ne puisse être observé ou ne soit laissé sans réponse de notre part. Nous avons mis en place des dispositions légales applicables avant, pendant et après la période électorale, pour que la CNC puisse agir immédiatement si un préjudice est constaté, avant d’engager éventuellement des poursuites. Dans le cas contraire, la CNC ne prendelle pas le risque d’être soupçonnée de connivence avec le pouvoir ?

soit dans l’audiovisuel, la presse écrite ou le numérique, sans discrimination. Il y va de notre crédibilité : nous ferons donc tout pour être irréprochables dans le mandat qui nous est confié.

La composition de la commission est à elle seule un gage d’impartialité, car elle représente fidèlement les différentes composantes de la société djiboutienne. Une institution comme la nôtre prend en effet le risque d’être sous le feu des critiques croisées de l’opposition et de la majorité. C’est à nous d’inspirer confiance aux uns et aux autres, afin que nous soyons jugés sur les faits et non sur des a priori.

Qu’avez-vous retenu de l’expérience des législatives de 2018 ?

Que faut-il souhaiter à la CNC au soir du premier tour ?

Une maturité certaine de l’ensemble du personnel politique – de la majorité comme de l’opposition –, sur ces questions d’accès aux médias. Tous ont respecté les règles édictées à l’époque par la CNC. C’est

Que l’ensemble des candidats soient satisfaits des règles édictées et que tous les aient respectées, pour que notre travail soit salué par tous, comme cela a été le cas lors des législatives de 2018.

no3093 – OCTOBRE 2020

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RÉPUBLIQUE DE DJIBOUTI UNITÉ - ÉGALITÉ - PAIX

MINISTÈRE DE LA SANTÉ DE DJIBOUTI

« Djibouti, une performance surprenante dans la lutte contre la pandémie de la covid-19 »

Nous sommes le 30 janvier 2020, et c’est à partir de ce moment que le Ministère de la Santé de ce petit pays d’Afrique de l’Est qui a d’ores et déjà pris la pleine mesure de la gravité de la maladie va sonner le clairon de la mobilisation.

© STARLINE / FREEPIK

Branle-bas de combat au Ministère de la Santé, l’Organisation Mondiale de la Santé vient de qualifier l’épidémie de coronavirus apparue dans la ville de Wuhan en Chine, d’urgence de santé publique de portée internationale.

Une stratégie de communication autour des bons gestes et des mesures barrières est définie, un numéro vert est disponible 24h/24 et 7J/7 pour répondre aux questions de la population. Le 17 mars 2020, le Gouvernement Djiboutien tire la sonnette d’alarme avec la confirmation des deux premiers cas avérés sur le territoire national : Il s’agit de deux ressortissants Djiboutiens l’un en provenance de la France et l’autre de la Turquie. Le Chef de l’État SEM Ismaïl Omar Guelleh, montre l’exemple sur la pratique des gestes barrières.

Très rapidement, un véritable dispositif de lutte se dessine : les réunions avec le corps médical se multiplient, celles avec les partenaires techniques et financiers s’enchaînent au même rythme que les discussions avec les différents départements ministériels. Les taskforces constituées aboutissent rapidement à l’élaboration d’un plan de riposte multisectoriel. Les stocks stratégiques des matériels de protection et autres produits de santé essentiels sont évalués, les futurs sites de prélèvement, de quarantaine et de prise en charge sont également identifiés. Les spécialistes des différentes disciplines s’accordent sur les stratégies de dépistage, d’isolement et de prise en charge d’éventuels malades.

Une folle course poursuite s’engage alors avec les contacts de ces premiers patients. Les brigades d’investigation de la gendarmerie et de la police travaillent en étroite collaboration avec les professionnels de santé. Le Chef de l’État SEM Ismaïl Omar Guelleh impose un confinement général par décret présidentiel afin de limiter la propagation du virus. Très rapidement, les mesures se durcissent et un couvre-feu est annoncé dans la foulée.

Le Chef de l’État préside une réunion de coordination technique.


COMMUNIQUÉ pour encourager la population à effectuer volontairement les tests de diagnostic à la Covid-19. Fait marquant, Djibouti, qui s’est toujours démarquée par sa position avant-gardiste dans la gestion des populations migrantes et réfugiées, a une nouvelle fois montré son attachement tout particulier à ces populations vulnérables en leur permettant au même titre que les nationaux de bénéficier de la gratuité du dépistage et de la prise en charge.

Ministre de la Santé, M. Mohamed Warsama Dirieh inspecte le dispositif de triage des patients de l’Hôpital Général Peltier.

LA CHEVILLE OUVRIÈRE DU DISPOSITIF DE LUTTE

Des ressources domestiques majeures sont consenties pour la réponse contre l’épidémie, l’intersectorialité nécessaire de cette lutte est très tôt comprise par les responsables Djiboutiens. Les aspects sociaux et économiques de l’épidémie ne sont pas en reste. Le Chef de l’État Djiboutien crée le fonds d’urgence et de solidarité Covid-19 le 31 mars 2020 pour la prise en charge des besoins multiformes notamment ceux des populations les plus vulnérables.

Mohamed Warsama Dirieh, Ministre de la Santé

L'homme est d'un naturel calme, il sait concilier les avis et les personnalités. C’est fort de ce tempérament, et après une longue carrière dans l’administration publique, qu’il se voit confier la lourde responsabilité d’un secteur social qui cristallise attentes et espoirs de la population de cette jeune République. Peu enclin aux démonstrations publiques, c'est dans le cadre discret de son cabinet et à travers de fréquentes incursions sur le terrain au plus près des prestataires de soins, qu'il avance sereinement avec pour seul viatique les avis des experts nationaux sur lesquels se fondent les instructions du Chef de l'État pour mettre en œuvre la riposte du pays à la pandémie Covid-19.

Le 18 mars 2020, pour la première fois en tant de paix, le pays ferme ses frontières : tous les vols commerciaux au départ et à l’arrivée de Djibouti sont suspendus. Djibouti démarre une stratégie de dépistage massif inédite à l’échelle du continent : Des moyens exceptionnels sont mis en œuvre pour tester un maximum de personnes tant asymptomatiques que symptomatiques. Résultat : Plus de 8 % de la population totale est ainsi dépistée. En parallèle, dans tous les centres de santé du pays, des unités de prélèvement sont mises en place

Analyse des prélévements dans le laboratoire national mis en place à l’Hôpital Bouffard.

Avec près de 85000 tests réalisés et seulement 61 décès dus à l’infection à Covid-19, le pays qui compte moins d’un million d’habitants se classe parmi les meilleurs du continent pour la lutte contre la pandémie. Les communications de presse régulières du Ministère de la Santé témoignent du niveau de transparence souhaité par les autorités djiboutiennes. Le pays affiche de très faibles taux de positivité et un taux de guérison avoisinant les 99 %, l’un des plus élevés de la région.

LA « RECETTE DJIBOUTIENNE » ? Un leadership exceptionnel au plus haut sommet de l’État Djiboutien, une proactivité exemplaire avec des décisions courageuses prises très tôt, des stratégies de prévention, traitement et dépistage clairement définies…

Campagne de dépistage massif dans la périphérie de la ville de Djibouti.

(+253) 21 35 19 31

contact@sante.gouv.dj

Djibouti veut à tout prix poursuivre ses efforts pour maintenir les résultats actuels à même de garantir la poursuite des grands chantiers qui nourrissent les ambitions du Président de la République, SEM Ismaïl Omar Guelleh pour son pays.

www.sante.gouv.dj

JAMG - PHOTOS : D.R.

La bataille n’est toutefois pas gagnée. C’est parce que la vigilance est de mise que le pays a placé des dispositifs de dépistage au niveau de l’ensemble des points d’entrée sur le territoire : limiter au maximum une réintroduction du virus, éviter la résurgence de l’épidémie tels sont les maîtres mots de la réponse actuellement engagée dans le pays.


GRAND FORMAT DJIBOUTI

ÉCONOMIE

Pétrole, soutage et petits prix Après avoir renforcé son rôle de carrefour logistique, le pays développe ses activités de ravitaillement des navires en fioul, mais aussi ses capacités de stockage. De quoi réceptionner les énormes volumes de brut qu’importe son voisin éthiopien, ainsi que le gaz que ce dernier exporte.

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VINCENT FOURNIER/JA

Le terminal pétrolier de Doraleh.

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ÉCONOMIE

C

«

RÉMY DARRAS

haque anné e, 3,4 millions de barils passent devant Djibouti et jus qu’à 35000 bâtiments empruntent le détroit de Bab al-Mandeb. Or nous ravitaillons 500 bateaux par an, c’est dire le potentiel ! » Abdi Ismail Kahin, le directeur général de Red Sea Bunkering (RSB), filiale à 60 % de l’Autorité des ports et zones franches de Djibouti (DPFZA), n’a pas peur de rêver à haute voix. Depuis sa création, en 2015, l’entreprise djiboutienne de soutage a vu ses livraisons de fioul aux navires au mouillage dans le détroit de Bab al-Mandeb progresser rapidement, pour atteindre 130 000 tonnes en 2019, contre 90 000 t en 2017. Son chiffre d’affaires a progressé dans les mêmes proportions : il est passé d’environ 50 millions de dollars en 2017 à 70 millions en 2019 (de 41,7 à 62,5 millions d’euros) et devrait s’établir à 80 ou 85 millions pour 2020 – en juillet, il atteignait 45 millions de dollars. Dans la petite République, on n’est pas peu fier de renouer avec une activité de soutage qui, en remontant à la percée du canal de Suez, constituait la vocation historique du port – d’abord avec du charbon. « Nous étions alors le cinquième port mondial et le deuxième port français dans le soutage après Marseille », nous rappelait en début d’année Aboubaker Omar Hadi, le président de la DPFZA. Cette vocation s’était perdue dans les années 1970, avec la fermeture du canal et l’émergence de concurrents dans la péninsule Arabique.

Un fioul aux normes

RSB approvisionne aujourd’hui les plus grands armateurs mondiaux, parmi lesquels MSC, CMA-CGM et Maersk, auxquels il s’adresse désormais directement, laissant peu à peu les traders de côté. Et comme sa trésorerie ne lui permettait pas de répondre au mieux à une demande qui ne cesse de croître, il a signé à la fin de janvier une lettre de crédit de 20 millions de dollars auprès de la Trade and Development Bank (TDB), la banque des États du Marché commun de l’Afrique orientale et de l’Afrique australe (Comesa), qui lui offre plus de marge de négociation auprès de ses fournisseurs. Un atout d’autant plus déterminant que le souteur a vu ses commandes doubler en

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décembre 2019 (par rapport à novembre de la même année, mais aussi à décembre 2018), depuis qu’il propose du fioul à basse teneur en soufre (0,5 %, contre 3,5 %), une nouvelle réglementation imposée à tous les armateurs par l’Organisation maritime internationale (OMI) depuis le 1er janvier 2020, et qui vise à réduire les émissions polluantes. « On avait prévu une croissance de 10 % à 15 %, mais pas à ce niveau-là », poursuit Abdi Ismail Kahin, qui était directeur commercial de Shell Djibouti dans les années 2000. Ainsi, RSB a livré 30000 t de fioul en décembre, puis près de 35000 t en janvier. Crise sanitaire oblige, les volumes ont baissé de 15 % en mars et en avril, mais pas de quoi décourager Abdi Ismail Kahin. « Les échanges entre la Chine et l’Éthiopie ont soutenu notre activité », assure-t-il. Surtout, alors que les Européens ont adopté la nouvelle norme en octobre et les Américains en novembre, Djibouti a été l’un des premiers dans la région à commercialiser ce nouveau produit, avant le port de Djeddah, son principal concurrent avec le port omanais de Salalah – lesquels se sont depuis conformés aux nouvelles normes. Djibouti rivalise désormais avec ses voisins en matière de compétitivité. « Quand la teneur en soufre était de 3,5 %, Djeddah était le plus compétitif, et on avait du mal à riposter, car les raffineries saoudiennes produisaient ce fioul lourd qui ne nécessitait pas beaucoup de raffinage (puisque c’était un résidu de la chaîne de raffinage) et qui était subventionné. Pour produire un fioul à basse teneur, il faut réaliser des milliards de dollars d’investissements, ce que n’ont pas fait les pays du Golfe », explique Abdi Ismail Kahin, qui fait par ailleurs valoir l’avantage géographique et sécuritaire de la place djiboutienne. Avec la Bank of Africa (BOA) et la Banque pour le commerce et l’industrie-Mer rouge (BCI-MR, filiale djiboutienne de la Bred), Red Sea Bunkering étudie actuellement les conditions de financement d’un deuxième pétrolier-ravitailleur, plus grand – il sera doté d’une capacité de 25000 t, contre 10000 t pour son bâtiment actuel –, que le souteur devrait acquérir avant la fin de l’année. L’entreprise examine également la possibilité de desservir d’autres ports en Afrique de l’Est et en Afrique australe d’ici à trois ans. Si Djibouti entend capter la demande de fioul des navires qui passent par le détroit, il doit aussi répondre aux besoins en

DJIBOUTI RIVALISE DÉSORMAIS AVEC SES VOISINS EN MATIÈRE DE COMPÉTITIVITÉ.


L’ONEAD, des projets en phase avec la vision du développement du pays OFFICE NATIONAL DE L’EAU ET DE L’ASSAINISSEMENT DE DJIBOUTI

usine de dessalement

Step Douda

Station de pompage Ambouli

PK 20 Compound

LA BCIMR, PARTENAIRE DE VOTRE DÉVELOPPEMENT

· BCIMR, banque leader de Djibouti, membre du groupe français BRED · Leader corporate pour la sécurité des opérations internationales · 1er réseau d’agences intégrées et d’ATM du pays BCIMR - Banque pour le Commerce et l’Industrie Mer Rouge - Société anonyme au capital social de DJF 3.592.500.000, ayant son siège social à Djibouti - Avenue Mahamoud Haid, Plateau du Marabout – Immatriculée au Registre du Commerce de Djibouti sous le N° 952 B. BRED Banque Populaire - Société anonyme coopérative de Banque Populaire régie par les articles L 512-2 et suivants du Code monétaire et financier et l’ensemble des textes relatifs aux Banques Populaires et aux établissements de crédit, au capital de 1 361 627 925,30 euros - Siège social : 18, quai de la Rapée - 75604 Paris Cedex 12 - 552 091 795 RCS Paris - Ident.TVA FR 09 552 091 795 - Intermédiaire en assurances immatriculé à l’ORIAS sous le n°07 003 608.


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DR

ÉCONOMIE

hydrocarbures de son grand voisin éthiopien, qui augmentent de 9 % chaque année depuis dix ans et s’établissaient à 4,2 millions de tonnes en 2018. Dans ce cadre, alors que ses chantiers semblaient sommeiller depuis un an, le pays vient de donner un grand coup d’accélérateur au projet de complexe pétrochimique de Damerjog, situé à une trentaine de kilomètres au sud de la capitale, près de la frontière somalienne.

Tête de pont idéale

Le site comprendra une raffinerie de 2,5 millions de tonnes (du hongkongais Chimbusco), une centrale électrique d’une puissance installée de 2,30 mégawatts (MW), une cimenterie (600 000 t/an), une zone de réparation navale dotée d’une unité métallurgique, le point d’atterrissage d’un gazoduc de 767 km en provenance d’Éthiopie (pour réceptionner le gaz de l’Ogaden destiné à l’export), sans oublier un dépôt pétrolier d’une capacité de stockage de 300 000 m³. Plusieurs opérateurs, comme le groupe français Rubis (déjà présent dans le pays avec un réseau de stations-service repris à Total en 2015), le suisse Mercuria et le nigérian Sahara Group ont déjà montré que s’établir à Damerjog les intéressait: c’est une tête de pont idéale pour accéder aux marchés éthiopien, kényan et sud-africain.

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Le 3 septembre a été posée la première pierre de la jetée, longue de 3 km, du port de vrac liquide, dont la réalisation a été confiée à l’entreprise marocaine Somagec, pour une livraison prévue en 2023. De quoi rassurer les autorités éthiopiennes, qui, contraintes dans leur approvisionnement en pétrole et en gaz par la logistique djiboutienne, faisaient pression sur leur voisin pour accélérer le projet. Aujourd’hui, les infrastructures djiboutiennes sont devenues trop étroites pour répondre à la soif d’hydrocarbures d’Addis-Abeba. Dimensionné, depuis sa construction en 2008, pour douze rotations annuelles, le terminal pétrolier Horizon, filiale du dubaïote Emirates National Oil Company (Enoc), dont les cuves répondent à au moins 95 % des besoins en hydrocarbures du marché éthiopien (le reste provient du Soudan), se trouve aujourd’hui en surchauffe avec près de vingt-huit rotations, obligeant les navires à attendre leur tour. « Cela coûte des dizaines de millions de dollars par an à l’Éthiopie en frais de stationnement », souligne un professionnel. Le projet d’extension d’Horizon – l’ajout d’une capacité de plus de 100 000 m3 aux actuels 370 000 m3 – est toujours en suspens et pourrait être à terme remis en question par l’avancée du chantier de Damerjog… À moins qu’il n’y ait pas trop de deux terminaux pour répondre aux insatiables besoins d’Addis.

Le chef de l’État, lors de la cérémonie de lancement des travaux de la jetée du port de vrac liquide de Damerjog, le 3 septembre.


COMMUNIQUÉ

F FONDATION IOG « DROIT AU LOGEMENT »

DJIBOUTI

Des logements neufs pour les ménages pauvres 1 430 logements neufs dont 1 200 à la capitale et 230 dans les régions de l’intérieur (Dikhil et Obock) ont été attribués aux familles pauvres par la Fondation IOG créé par le Président de la République, un modèle de réussite de l’intégration sociale des plus démunies.

Fondation IOG « DROIT AU LOGEMENT » Immeuble HEEGO, Ville de Djibouti, République de Djibouti Téléphone : (+253) 21 34 26 00

JAMG - PHOTOS : D.R.

F

ondation IOG « Droit au logement » : Une initiative du Président de la République. Ces logements sociaux sont louable. La crise du logement est une crise dont souffre généralement accompagnés des infrastructures de base à savoir bon nombre de pays en raison de des écoles, centres de santé, des centres de nombreux facteurs, notamment la développement communautaire, lieux de culte et « Je suis d’autant croissance démographique, l’expansion du tissu terrains de jeux pour les jeunes. urbain et le flux des populations des zones rurales plus déterminé vers la ville, ce qui provoque une pression sur La construction de 2 000 logements sociaux est à œuvrer en faveur le secteur de l’habitat qui ne peut pas répondre en cours de réalisation dans la capital et dans de l’objectif visant aux besoins croissants de logement, nécessitant les autres districts de l’intérieur (Ali sabieh, une augmentation des ressources et des Tadjourah et Arta) et constitue la première phase à offrir un toit investissements nationaux et étrangers. des 10 000 logements sociaux programmée par la à tous nos fondation IOG. De ce fait, vient l’idée de créer la fondation compatriotes... » caritative de développement « droit au logement » Le programme de la fondation veut apporter dont le but est de concourir à résoudre les une contribution originale dans ses idées, ses Ismaïl Omar Guelleh problèmes de logement, de répondre aux besoins conceptions et ses solutions préconisées. Il Président de la République des couches sociales de faible revenu, et le soutien cherche à obtenir les meilleures idées et les des efforts visant à assurer le logement pour tous, propositions pratiques pour trouver les solutions en étroite collaboration avec le gouvernement, les organisations adéquates au manque de logement et de mettre fin au problème non gouvernementales, et les autres acteurs soutenant l’initiative (chronique) de l’habitat.


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DÉCRYPTAGE

Un développement hyperciblé

A

CÉCILE MANCIAUX

Nouveaux défis

Après le port multifonction de Doraleh (DMPP), en 2017, la mise en service de la ligne de chemin de fer Djibouti-AddisAbeba et la livraison de la première phase de la Djibouti International Free Trade Zone (DIFTZ) en 2018, le pays poursuit ses investissements. Au début de septembre, il a démarré le chantier d’un second complexe industrialo-portuaire, à Damerjog, pour répondre aux demandes en matière de trafic d’hydrocarbures (lire pp. 206210). Il a par ailleurs fait un bond dans le classement « Doing Business » 2019 de la Banque mondiale, passant de la 154e à la 99e place, grâce, notamment, aux facilités introduites en 2017 par son guichet unique, ainsi qu’à de bons résultats dans la protection des investissements. Djibouti est cependant confronté à de nouveaux défis. Malgré une croissance soutenue et quelques progrès sociaux, le chômage et la pauvreté restent élevés. Le pays, qui n’a ni ressources naturelles ni produits

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de projets ont été freinés par la crise sanitaire. Pour aider Djibouti à financer la riposte contre le Covid, le FMI a approuvé au début de mai un prêt en sa faveur de 43,4 millions de dollars, ainsi qu’un allègement de sa dette, qui permettra à l’État djiboutien de dégager jusqu’à 2,3 millions de dollars supplémentaires d’ici à la fin de mars 2022.

spécifiques à exporter, doit diversifier ses activités et pouvoir compter sur les contributions extérieures pour financer son développement. C’est l’une des raisons qui ont motivé la création de zones franches (pour attirer des centaines d’entreprises dans les télécoms, le numérique, la finance…) et l’essor du tourisme (lire p. 221), même si nombre

Croissance solide 2017 2018 2019 2020 2021 Projections (Évolution annuelle, en %)

PIB réel (à prix constants)

5,4 Moyenne en Afrique subsaharienne 2,7

8,4 3,2

7,5 3,1

– 1,0 – 3,2

10,0 3,4

Inflation (moyenne annuelle)

2,0

3,3

3,5

2,0

– 0,8

(En % du PIB)

Solde global (base engagement) – 4,5 – 2,8 – 0,8 – 4,5 – 1,3

Recettes Dépenses

23,8 28,3

23,1 25,9

21,7 22,5

18,6 23,1

18,2 19,5

Dette publique totale

70,9

69,2

66,0

72,9

67,1

IDE

6,0 165

5,6 170

5,6 187

3,8 130

5,5 212

(en millions de dollars)

Dépenses publiques liées au Covid-19

14,7

(pour 2020, selon taux de change au 20 avril : 1 000 francs djiboutiens = 5,63 dollars) En % du PIB

En milliards de francs djiboutiens

5 0,8 Frais supplémentaires de santé (fournitures, salaires…)

4

3,5

2,2

0,6

0,7

0,4

Soutien aux entreprises

Soutien aux ménages

Autres (stocks alimentaires, ciblage de la précarité)

2,4 Total

SOURCES : AUTORITÉS NATIONALES ET FMI, MAI 2020

dossant son développement à ses infrastructures portuaires et logistiques, Djibouti a engagé d’énormes investissements pour renforcer son rôle de carrefour régional. Cette stratégie, conjuguée à des réformes visant à améliorer le climat des affaires, a alimenté une croissance forte et pérenne (7 % par an en moyenne de 2014 à 2019), tirée par l’essor des échanges commerciaux, notamment avec l’Éthiopie. Mieux, la dette est maîtrisée (autour de 70 % du PIB), le déficit budgétaire global a diminué (de 15,7 % à 2,8 % du PIB de 2015 à 2018), l’inflation est faible, et, malgré la pandémie de Covid, la croissance devrait repartir à 10 % dès 2021, selon les projections du FMI.


COMMUNIQUÉ

MINISTÈRE DE L'ÉNERGIE CHARGÉ DES RESSOURCES NATURELLES

DJIBOUTI

futur hub logistique et énergétique régional

© CSONIA/ADOBESTOCK.COM

Situé au croisement de la mer Rouge et de l’océan Indien, sur la deuxième route maritime la plus importante du monde où passe chaque année plus de 38 % du trafic maritime mondial et 10 % des exportations mondiales de pétrole, Djibouti s’active à renforcer son statut de hub logistique et énergétique régional. Plusieurs projets serviront à concrétiser cette ambition.

Alentours des lacs Abbe et Assal, un fort potentiel de production d’énergies renouvelables

DR

Site du forage géothermique de Fiale

L

e pays a inauguré en 2006, son premier terminal pétrolier, unique en son genre dans toute cette partie de l’Afrique. Il est opéré par Horizon Terminals, filiale d’Emirates National Oil Company (Enoc), et dispose d’une capacité de stockage 370 000 m³.

Un terminal de grande capacité Le 3 septembre dernier, le chef de l’État djiboutien, Ismail Omar Guelleh, a lancé les travaux de construction d’un port pétrolier et gazier à Damerjog, au sud du pays. Composé d’une jetée offshore reliée à une zone terrestre et destinée à servir de multiples utilisateurs finaux pour le chargement et le déchargement des produits pétroliers, ce complexe portuaire industriel est doté d’une capacité de passage annuelle de 13,5 millions de tonnes pour un stockage total de 800 000 m3. Il est conçu pour devenir la plus vaste plateforme d’hydrocarbures du pays et de toute la région avec l’arrivée du gaz éthiopien qui sera acheminé par gazoduc depuis la région de l’Ogaden.


MINISTÈRE DE L'ÉNERGIE CHARGÉ DES RESSOURCES NATURELLES

La 1ère centrale duale de Djibouti

Aboutissement de l’interconnexion nationale Le projet du poste de transformateur de Ghoubet, qui a nécessité un investissement de 9,95 milliards de DJF, entièrement financé par EDD, comprend la construction d’un nouveau poste de transformation 230/63/20KV à Ghoubet ; la réalisation d’une ligne double ternes de 230 kV (74,3 km) entre le poste de Jaban’as et le futur poste de Ghoubet ; et l’extension du poste de Jaban’as. Confié au chinois

La société Électricité de Djibouti (EDD) a entrepris un vaste programme de développement énergétique pour répondre aux besoins à court et moyen termes, à travers l’élaboration d’un projet de construction d’une centrale bi-énergie de 100 MW en deux phases de 50 MW chacune, à Damerjog (au sud du pays), ainsi que le réseau nécessaire pour la transmission de l’énergie produite. La première phase fonctionnera en utilisant du fioul lourd en attendant l’arrivée du gaz d’Éthiopie. La construction de cette centrale sera financée par le Fonds arabe pour le développement économique et social (FADES) à hauteur de 98 millions de dollars USD. Le projet comporte également la réalisation d’une ligne double circuit 230 kV. Le coût de ce projet est évalué à 30 millions de dollars USD apportés par le Fonds saoudien de développement (FSD).

Shanghai Electric Group (SEG), ce projet permettra, à court terme, de fournir de l’électricité aux industries de cette zone et aux villages avoisinants. Il reliera également le réseau électrique nord avec le reste du réseau national. Situé au cœur du pays, le poste Ghoubet sera en effet connecté par une ligne vers Tadjourah pour assurer prochainement l’interconnexion entre le réseau nord et Djibouti-ville.

Visite du ministre au poste transformateur de Ghoubet

DR

Le gouvernement a créé en 2000, la Société internationale des hydrocarbures de Djibouti (SIHD) qui a pour mission l’importation et la commercialisation des produits pétroliers ainsi que le développement du secteur des hydrocarbures en République. La SIHD a également pour objectif d’assurer l’importation des hydrocarbures et dérivés dans les meilleures conditions de prix à Djibouti.

VALORISER LES RESSOURCES MINÉRALES POUR MIEUX LUTTER CONTRE LA PAUVRETÉ La stratégie du Ministère de l’Énergie chargé des Ressources Naturelles (MERN) consiste à promouvoir le potentiel des ressources minérales en incitant les investisseurs privés nationaux et étrangers à investir dans ce secteur. À cet effet, un nouveau code minier est entré en vigueur en 2019. Djibouti dispose d’un riche potentiel en ressources minérales : • Sel. Situé au sud de Djibouti, le lac Assal est le lac le plus salé du monde avec une salinité de 35 grammes/litre, soit 10 fois plus que la teneur en sel de la mer Rouge. Après la construction de son premier port minéralier en 2017, Djibouti compte désormais se positionner comme un véritable producteur et exportateur du sel. • Or. L’exploration aurifère a débuté en 2012 avec la participation de la société Thani-Stratex qui a entamé des explorations de surface. Les résultats des recherches ont

permis d’identifier les sites prioritaires pour effectuer des explorations plus poussées. En 2020, la société a entamé des forages d’explorations sur un nouveau site et les résultats seront dévoilés en décembre prochain. • Bromure de sodium et soude caustique. En 2017, le MERN et la société Salt Investment ont signé un avenant au contrat de la concession de l’exploitation du sel du Lac Assal. L’objectif est de mettre en place une usine d’extraction du bromure de sodium (52 000 tonnes par an). En 2020, la société Salt Investment a signé avec le gouvernement un contrat pour la deuxième phase du projet. Celle-ci consiste en la mise en place d’une nouvelle usine qui produira 60 000 tonnes de soude caustique et de chlore par an. Ces produits intermédiaires serviront à extraire le bromure de sodium et permettront à la société de ne plus importer ce produit de l’étranger.


COMMUNIQUÉ

« Djibouti peut facilement gagner le pari des énergies renouvelables »

Un mégaprojet gazier, dont l’investissement global avoisine les 4 milliards de dollars USD, est prévu. Il comprendra trois éléments :

YONIS ALI GUEDI, Ministre de l’Énergie chargé des Ressources Naturelles

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UN PROJET GAZIER DE GRANDE ENVERGURE

ENTRETIEN

• Le gazoduc transfrontalier Djibouti-Éthiopie dédié au transport du gaz naturel depuis les gisements situés en Éthiopie vers la localité de Damerjog à Djibouti. La capacité annuelle sera de 4 milliards de m3 de gaz naturel en phase I, de 8 milliards de m3 en phase II et de 12 milliards de m3 en phase III.

Quelle est votre stratégie globale en matière d’énergies renouvelables ? La République de Djibouti est engagée dans un programme énergétique ambitieux qui s’inscrit dans le droit fil de la vision 2035 du gouvernement, dont l’objectif principal est de faire de Djibouti une économie émergente. Nous pensons que l’ambition de Djibouti de passer au tout renouvelable est tout à fait réalisable ! Avant 2024, 100 % de l’énergie utilisée sera d’origine renouvelable, grâce à la concrétisation des projets en cours. C’est l’engagement du Président de la République, M. Ismaïl Omar Guelleh. Comment comptez-vous atteindre cet objectif ? Le ministère de l’Énergie chargé des Ressources Naturelles (MERN) a mis en place COMMUNIQUÉ des stratégies harmonisées pour le développement du secteur de l’énergie. Celles-ci devraient permettre d’accélérer la réalisation de l’objectif consistant à utiliser 100 % d’énergie verte en provenance principalement du solaire, de l’éolien et de la géothermie, complétant ainsi les importations d’hydroélectricité en provenance d’Éthiopie. Actuellement, le taux d’accès à l’électricité est de 60 % à Djibouti (70 % en milieu urbain). Bien que l’objectif soit d’atteindre un taux de 100 % d’ici 2030, nous ambitionnons de franchir la barre des 90 % d’ici 2024. L’augmentation de ce ratio passera par la réalisation des projets d’énergie renouvelable et d’électrification en cours.

• L’usine de liquéfaction de gaz naturel de Damerjog. Une centrale électrique à gaz sera construite dans la même zone afin d’assurer les besoins en énergie de l’usine, le surplus sera éventuellement injecté dans le réseau électrique public après accord des parties prenantes. La capacité annuelle de production de l’usine sera de 3 millions de tonnes de GNL (7 Mt en phase II et 10 Mt en phase III).

De quelle façon ? Le Programme d’électrification durable (PED) prévoit à lui seul, pendant la période 2019-2023, le raccordement de près de 14 000 foyers, soit environ 98 000 Djiboutiens résidant dans les zones périurbaines comme Balbala et dans les régions de l’intérieur. L’amélioration des infrastructures de transport et de distribution existantes ainsi que les progrès de l’électrification rurale grâce aux énergies renouvelables contribueront également à faire progresser le taux d’accès à l’électricité. Aujourd’hui, grâce à l’interconnexion hydroélectrique avec l’Éthiopie, plus de 60 % de l’électricité distribuée est d’origine renouvelable. Parallèlement, le gouvernement a lancé une série d’études pour identifier et quantifier les ressources énergétiques exploitables et mobilisables afin de passer au tout renouvelable. Nous pensons que le pari des énergies renouvelables peut être facilement gagné.

• Le terminal gazier destiné à charger le GNL à bord des méthaniers en vue de son exportation, vers la Chine principalement.

Banquise de sel du lac Assal

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Comment l’énergie durable peut-elle contribuer à réduire la pauvreté ? La lutte contre la pauvreté et la précarité est une priorité incontournable. Le gouvernement compte intégrer les politiques énergétiques durables dans des programmes économiques inclusifs, équitables mais aussi sensibles à la problématique du genre. C’est pourquoi une des principales priorités de la feuille de route est d’élargir l’accès universel à l’énergie. Dans cette optique, le gouvernement encourage des initiatives énergétiques décentralisées dans les zones rurales. Tout comme dans les zones urbaines également où, dans le cadre d’un développement économique inclusif, le pouvoir public prend des mesures pour favoriser l’accès des populations vulnérables à l’électricité. Qu’en est-il de la sécheresse ? Le gouvernement a décidé d’intégrer l’énergie durable dans la planification de la résilience face à la sécheresse, en favorisant l’accès des communautés aux services sociaux tels que la santé ou l’éducation. L’énergie durable peut ainsi jouer un rôle dans la régénération d’un écosystème économique local et éviter l’exode des populations. Nous encourageons, par des mesures incitatives, les investissements privés dans l’énergie durable dans les régions et en zone rurale. Notre objectif est d’offrir à nos concitoyens une énergie abondante, à bas prix, accessible sur l’ensemble du pays et surtout propre.


COMMUNIQUÉ

MINISTÈRE DE L'ÉNERGIE CHARGÉ DES RESSOURCES NATURELLES

ÉOLIEN En 2019, le MERN a signé avec Red Sea Power Limited SAS un contrat de concession pour la construction et l’exploitation d’un parc éolien d’une capacité de 60 MW à Ghoubet. Ce projet sera finalisé en 2021. BIOMASSE Le MERN a signé en août 2020 un contrat de concession avec la société CREC-DJB S.A.S pour la mise en place d’un parc d’énergie renouvelable (PER) dans la zone industrielle de Damerjog. Cette unité produira 40 MW, dont 35 MW seront vendu à l’EDD, à partir des déchets solides municipaux (DSM) en utilisant la pyrolyse comme procédé de transformation et de production d’électricité.

Un important projet de parc éolien est en cours à Ghoubet

Pose de la 1er pierre du port pétrolier et gazier de Damerjog

MINISTÈRE DE L’ÉNERGIE CHARGÉ DES RESSOURCES NATURELLES 47, Bd de la République, BP 175 Djibouti Ville Tél. : (+253) 21 32 54 31 - (+253) 21 32 54 34 cabinet@energie.gouv.dj

www.mern.dj

JAMG © D.R.

SOLAIRE Djibouti possède également un important potentiel solaire. Plusieurs centrales photovoltaïques sont opérationnelles depuis 2011 : une centrale de 302,4 Kwc raccordée au réseau et située au Centre d’étude et de recherche de Djibouti (CERD) ; trois autres centrales photovoltaïques hors-réseau dans les zones rurales : 101,92 KWc à Adailou dans la région de Tadjourah, au nord ; 158,08 KWc à As Eyla dans la région de Dikhil, au sud ; et une unité de 60 KWc à Ali Addeh dans la région d’Ali-Sabieh. En outre, la société française Engie a soumis une offre spontanée, le 26 février 2020, pour le développement, la construction et l’exploitation d’une centrale photovoltaïque au Grand Bara, dont la première phase aura une capacité de 30 MW. Cette proposition s’inscrit dans le cadre de la loi sur les PPP, permettant de mettre en place un partenariat entre le gouvernement djiboutien et Engie.

DR

GÉOTHERMIE Les différents champs géothermiques de Djibouti ont été jugés capables de fournir un approvisionnement en énergie de base à faible coût, fiable et renouvelable avec un potentiel dans une fourchette comprise entre 350 et 650 MW. Les régions du lac Assal et Ghoubbet, au sud de Djibouti, seraient susceptibles de produire 150 MW. Actuellement, l’Office djiboutien de développement de l’énergie géothermique (ODDEG) travaille à la réalisation d’une centrale géothermique à GallaKoma, près de Ghoubet. L’ODDEG est également impliqué dans le développement d’une centrale géothermique à Hanlé (6 MW). De son côté, la société EDD mène trois forages sur le site de Fiale.

© VISIVASNC/ADOBESTOCK.COM

UN POTENTIEL RICHE ET DIVERSIFIÉ


GRAND FORMAT DJIBOUTI

QUESTIONS À

Zakaria Egueh

Économiste

« Les PPP peuvent résoudre la question de la dette » centrale solaire à Grand-Bara et l’autre pour une centrale de valorisation énergétique des déchets.

PROPOS RECUEILLIS PAR RÉMY DARRAS

D

jibouti fait partie des vingt pays africains pour lesquels les créanciers du Club de Paris ont annoncé au début d’août le gel du paiement de la dette contractée entre le 1er mai et le 31 décembre 2020 afin d’atténuer l’impact de la crise sanitaire. Passé par la Banque africaine de développement (BAD) et l’Autorité des ports et zones franches de Djibouti (DPFZA), Zakaria Egueh connaît bien les économies de la Corne de l’Afrique. Pour JA, l’économiste analyse les mesures prises par l’État pour atténuer le poids de la dette, notamment à travers les partenariats public-privé (PPP).

Zakaria Egueh: En octobre 2019, le FMI a passé en revue les comptes nationaux, comme chaque année. Jusqu’à présent, plusieurs secteurs de l’économie n’avaient pas été pris en compte, comme les nouveaux ports et les zones franches. Aussi, après réévaluation, la dette se situe-t-elle désormais autour de 70 % du PIB [lire p. 212]. Mais elle reste un fardeau, alors que de nouveaux projets attendent d’être menés à bien pour améliorer la compétitivité du pays et attirer plus d’investisseurs privés. Les PPP deviennent d’autant plus pertinents que les besoins en

DR

Jeune Afrique: Dans son programme Vision 2035, Djibouti est appelé à investir massivement dans les infrastructures. Mais comment le faire sans alourdir encore sa dette?

Les prêts souverains contractés auprès d’Exim Bank of China, notamment pour financer la construction du chemin de fer, pèsent lourd dans le budget de l’État. Cela a-t-il accéléré la mise en œuvre des PPP?

investissements sont supérieurs aux ressources publiques disponibles et qu’il faut des compétences dont le secteur public ne dispose pas toujours, dans le secteur de l’énergie, entre autres.

Ces partenariats se concrétisent-ils?

Le projet le plus avancé est celui du parc éolien du Ghoubet, financé en grande partie par un consortium de capitaux privés, mené notamment par Great Horn Investment Holding [GHIH], qui représente l’État, et Africa Finance Corporation [AFC]. Siemens Gamesa a été chargé de sa mise en œuvre et assurera la maintenance du parc. Par ailleurs, le Conseil des ministres a récemment validé deux PPP, l’un pour une

Les prêts souverains pèsent d’autant plus que les projets ne génèrent pas le flux de trésorerie nécessaire au remboursement de l’emprunt. Dans le cas de projets structurés en PPP, le financement provient majoritairement du privé, et le remboursement repose essentiellement sur leur performance opérationnelle, aussi l’incidence sur les comptes nationaux, et donc sur la dette publique, reste-t-elle limitée, voire nulle.

Dans ce cadre, quel rôle peut jouer le Fonds souverain de Djibouti (FSD), créé en juin?

Le FSD va co-investir dans ces projets en jouant un rôle de catalyseur de capitaux privés. Actuellement, plusieurs entités publiques disposent de fonds importants qui, malheureusement, ne sont pas placés, tels ceux de la Caisse nationale de sécurité sociale. Désormais, tous les établissements publics qui généreront des profits les placeront dans le FSD, c’est-à-dire dans l’économie et dans les projets qui dégagent des revenus, comme GHIH, qui versera ses dividendes, en provenance des zones franches par exemple. no3093 – OCTOBRE 2020

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GRAND FORMAT DJIBOUTI

CONJONCTURE

Baromètre sectoriel TÉLÉCOMMUNICATIONS EN

EN F OR M E

EN BONNE VOIE

LTÉ FICU DIF

ÉNERGIES RENOUVELABLES

ONNE VOIE EN B

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EN

Que ce soit dans le domaine de la géothermie, des énergies éolienne ou solaire, tous les projets dans les énergies renouvelables ont connu cette année de belles avancées. C’est ainsi que le projet d’exploitation géothermique autour du lac Assal, qui doit atteindre à terme une puissance installée de 50 mégawatts (MW), a obtenu plus de 3 millions de dollars de la BAD. Le français Engie a quant à lui signé en 2019 avec le gouvernement djiboutien un contrat pour la construction d’une centrale photovoltaïque (30 MW) dans le désert du Grand-Bara, partie prenante d’un programme plus large d’une capacité de 300 MW. Enfin, un parc éolien de 60 MW verra le jour dans la région du Ghoubet. De quoi réduire la dépendance énergétique de la petite République vis-à-vis de son grand voisin éthiopien, ainsi que le coût de l’électricité.

INDUSTRIE EN

EN F

É CULT FFI DI

OR ME

EN BONNE VOIE

Figurant parmi les derniers opérateurs au monde à être encore en situation de monopole, Djibouti Télécom a entamé sa mutation. Alors que l’Éthiopie attend elle aussi la privatisation d’Ethiotel et l’ouverture de son marché des télécoms à la concurrence, l’opérateur djiboutien met désormais le cap sur un business qui s’annonce rentable: celui des câbles sous-marins et des data centers (« centres de données »), qui entendent profiter de la très stratégique position géographique du pays. « En créant davantage de valeur sur son territoire et en participant à des consortiums, le pays a vocation à intervenir de plus en plus sur le marché du négoce de capacités internationales des liaisons internet. Pour vendre des capacités de New York à Sydney, il sera peut-être un jour plus facile de passer par Djibouti », expliquait à JA l’avocat Rémy Fekete, conseiller de l’opérateur, en 2019.

Malgré le bon développement de l’unité de raffinage et de conditionnement d’huile de palme de la société Golden Africa (du Yéménite Fouad Hayel Saeed), inaugurée en décembre 2018, et le démarrage de l’usine de transformation de bromure de sodium du chinois Salt Investment, à la fin de 2019, la mutation du pays en plateforme industrielle – au cœur de la Vision 2035 du président Guelleh – est au stade embryonnaire et prendra encore du temps. RÉMY DARRAS

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no3093 – OCTOBRE 2020


COMMUNIQUÉ

Des ambitions à la hauteur des atouts et potentialités du pays À la faveur d’importants trains de réformes et la mise en œuvre de projets structurants, Djibouti ambitionne de devenir un Hub financier à rayonnement international. La Banque Centrale de Djibouti (BCD) est engagée dans un vaste programme de réformes pour transformer en profondeur et développer le secteur financier Djiboutien.

Dans le même temps et, aux fins de soutenir le financement des PME/PMI, a été mis sur pied un Fonds de Garantie des crédits et la mise en garantie des valeurs mobilières a été instituée.

Les premières réformes initiées au début des années 2000 visaient à ouvrir le marché et libérer son potentiel. Ainsi, le toilettage des textes opéré a permis, d’une part, d’éliminer les dispositions constituant des barrières à l’entrée du secteur bancaire et, d’autre part, d’introduire de nouvelles activités telles que la finance islamique, la microfinance, les banques d’investissement et d’affaires, etc.

Enfin, il s’agit aujourd’hui d’inscrire l’expansion de notre secteur financier dans le sillage des évolutions technologiques et numériques.

Les réformes engagées par la suite avaient pour objectifs de consolider les acquis, asseoir la crédibilité et la réputation de la place financière, renforcer l’inclusion et la stabilité financière. Dans cette voie, ont été entreprises diverses actions comprenant, entre autres : • le renforcement des capacités de la supervision et des dispositifs de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme ; • la refonte et la modernisation de la Centrale des risques ; • l’adoption d’un cadre juridique et réglementaire pour les activités de Mobile Banking.

Sur un autre plan, les solides atouts et avantages dont dispose la République de Djibouti sont aussi déterminants pour hisser le secteur financier vers ses ambitions. Il s’agit, entre autres, de : • son système monétaire stable en vigueur depuis 1949 ; • un cadre macroéconomique performant ; • un environnement général des affaires incitatif ; • des infrastructures de communication de dernière génération ; • une liberté totale de mouvement des capitaux et l’absence de contrôle de change ; • un cadre fiscal incitatif consacrant l’exonération des produits financiers et des investissements productifs, etc. Ces atouts essentiels ont longtemps conféré une solide réputation à la place financière Djiboutienne, où les opérateurs de la sous-région viennent domicilier leurs opérations et loger leurs avoirs, ce qui préfigure déjà d’un statut de plateforme financière pour la sous-région que nous entendons élargir à l’échelle continentale, voire internationale.

Banque Centrale de Djibouti - Avenue Saint Laurent du Var - BP2118 Djibouti - Tél. : (+253) 21 35 27 51 - Courriel : bndj@intnet.dj

www.banque-centrale.dj

JAMG - PHOTO : D.R.

Les réformes entreprises se sont avérées concluantes ; le secteur financier s’est vu densifié en nombre d’opérateurs et diversifié en termes d’activités et de produits financiers. Ne comptant que seulement 2 banques conventionnelles et 5 auxiliaires financiers en 2006, ce secteur se compose aujourd’hui de 36 institutions financières, toutes formes juridiques et activités confondues, pour une population de moins d’un million d’habitants. Le taux de bancarisation est passé, depuis lors, de 5 à 26 %.

C’est dans ce cadre que la Banque Centrale de Djibouti a lancé un important chantier de modernisation de l’architecture et des infrastructures financières nationales pour introduire les technologies de pointe dans le domaine bancaire et financier.


COMMUNIQUÉ

Fonds souverain de Djibouti (FSD) Pour le développement d’un « made in Djibouti » Le 14 septembre 2020, S.E.M le Président de la République ISMAÏL OMAR GUELLEH a procédé au lancement officiel du Fonds souverain de Djibouti j ((FSD)) dont la création fait suite à la loi du 29 9 mars 2020 et aux décrets d’application promulgués le 24 juin 2020. La création du FSD est un instrument nouveau de développement économique accéléré, une mesure pharre de la « vision 2035 » qui guide l’action gouvernementale et oriente la stratégie économique de Djibouti sur le long terme : devenir un hub commercial, logistique, portuaire et numérique incontournable.

Comme l’a souligné le Chef de l’état dans son discours, « Il s’agit d’optimiser nos moyens pour investir dans l’économie réelle, les enttreprises, la compétitivité, le secteur privé, le développement d’un « made in Djibouti ». Le FFonds aura aussi la responsabilité de soutenir la gestion et la stratégie des entreprises publiq ques du secteur concurrentiel. Il devra représenter l’État actionnaire et en accroître la co ompétitivité. »

« Le fonds est un outil clé de notre ambition » S.E.M le président de la République ISMAÏL OMAR GUELLEH

www.presidence.dj

Misant sur le long terme, le FDS a vocation à réinvestir ses gains danss des projets nationaux ou situés dans le Corne de l’Afrique, en ciblant particulière ement les secteurs des télécoms, de l’énergie, des infrastructures et nouvvelles technologies, de la logistique, de l’agriculture et de la pêche e. Institué sous forme d’une société anonyme de droit privé dontt le seul actionnaire es est et demeurera l’Étatt de Djibouti, le Fonds app partient à tous les Djiboutiens.

Photos : D.R.

Le FSD est « un fonds d’investissement national et d’épargne intergénérationnelle investissant daans des projets ayant un impact positif sur l’économie et sur la gestion à long terme des réserves financières pou ur les générations futures », comme le précise l’article 2 de la loi du 29 mars 2020.


GRAND FORMAT DJIBOUTI

HÔTELLERIE

De nouvelles étoiles à la chaîne

La capacité d’hébergement de la capitale est encore insuffisante, mais plusieurs grandes enseignes, comme le français Accor, s’apprêtent, malgré la crise sanitaire, à ouvrir des établissements. réalisés sous le contrôle du département Ingénierie d’Accor. À terme, le groupe prévoit d’ouvrir plusieurs enseignes Ibis dans les régions de l’intérieur (comme Dikhil et le lac Abbé).

Le Kempinski, propriété du dubaïote Nakheel.

VINCENT FOURNIER/JA

Cible prometteuse

L

RÉMY DARRAS

a pandémie ne fait pas peur au groupe Accor. Trois établissements de la chaîne hôtelière française s’installent à Djibouti à la suite d’un partenariat signé au début de septembre à Dubaï avec le groupe diversifié Kamaj (1000 employés), actif dans les secteurs de l’immobilier, de la sécurité privée et de la distribution (avec notamment le Grand Marché de Riyad, composé d’une centaine de boutiques). Cela faisait longtemps que le patron de Kamaj, l’homme d’affaires djiboutien Houssein Mahamoud Robleh, assistait aux conférences spécialisées dans l’hôtellerie en quête d’un associé. Il avait même engagé des discussions avec l’américain Marriott, présent à Djibouti avec un hôtel sous enseigne Sheraton. Déjà propriétaire de deux établissements dans le pays, Kamaj verra le premier d’entre eux, Les Acacias (70 chambres, ouvert en 2013 dans le quartier résidentiel du Héron), devenir un quatre-étoiles Novotel dès la

fin de cette année. En 2021, après rénovation, l’hôtel Plein Ciel (racheté l’an dernier), situé devant le palais présidentiel, passera quant à lui sous la bannière MGallery by Sofitel. Enfin, près de l’ancienne gare de Djibouti, dans le quartier du Plateau-du-Serpent (qui accueille de nombreuses ambassades), démarreront en mars 2021 les travaux d’un troisième établissement – comprenant des appartements – sous enseigne Pullman Living. L’investissement, qui devrait s’élever à environ 20 millions de dollars, sera financé par la Banque pour le commerce et l’industrie-Mer Rouge (BCIMR, filiale de la Bred) et Bank of Africa (BOA). Les travaux seront

LA CAPITALE ATTIRE UNE CLIENTÈLE « CAPTIVE » DE COMMERÇANTS ET D’HOMMES D’AFFAIRES INTERNATIONAUX PRÊTS À PAYER LE PRIX FORT.

Pour les promoteurs de projets hôteliers, Djibouti peut apparaître comme une cible prometteuse. La capitale attire surtout une clientèle « captive » de commerçants et d’hommes d’affaires étrangers prêts à payer le prix fort, compte tenu de la lourdeur des frais de gestion (électricité, maintenance, etc.) des établissements, mais aussi d’une offre restreinte. Djibouti ne dispose actuellement que de deux établissements internationaux, qui affichent rapidement complet. Le Kempinski est la propriété du dubaïote Nakheel. Le Sheraton est détenu par le milliardaire éthiopo-saoudien Mohammed al-Amoudi (également propriétaire du fastueux Sheraton d’Addis-Abeba) – sa rénovation a été engagée l’an dernier, et des lodges vont être développés sur l’île Moucha, au large de la capitale. Aux côtés de ces deux palaces, beaucoup de petits établissements indépendants, au charme souvent suranné. Cela a encouragé d’autres acteurs à s’intéresser à ce marché prometteur, comme le groupe d’hôtellerie Onomo (détenu par la famille française Ruggieri et dirigé par le Sénégalais Souleymane Khol, ancien dirigeant d’Accor pour l’Afrique). Le chantier du futur Onomo côtoie celui du prochain Novotel. Sur le front de mer, près du centre commercial Bawadi Mall, un hôtel Ayla (220 chambres), porté par des Émiratis, devrait concurrencer le Sheraton. Enfin, un Best Western devrait se construire sur la route de l’aéroport, ainsi qu’un Radisson Blu sur la Corniche, si la crise sanitaire n’est pas fatale à ces projets.

no3093 – OCTOBRE 2020

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DJIBOUTI Entre dynamisme et ambition Inauguration de DIFTZ

JAMG - PHOTOS : DR

DIFTZ DIFTZ:: Djibouti Djibouti International International Free Free Trade Zone Trade Zone Situé sur deux des routes maritimes les plus Situé sur deux des routes maritimes les fréquentées du monde, l’emplacement plus fréquentées du monde, l’emplacestratégique de Djibouti en fait un point ment stratégique de Djibouti en fait un d’entrée important sur les marchés afripoint d’entrée important sur les marcains pour les infrastructures mondiales, chés africains pour les infrastructures l’initiative « Belt&Road » de la Chine. mondiales, l’initiative «Belt&Road » de la Djibouti bénéficie d’une position géograChine. phique sure et sert de nœud important Djibouti bénéficie d’une position géograpour la route maritime de la soie du phique sure et sert de nœud important e 21pour siècle « reliant l’Asie, l’Afrique et l’Eula route maritime de la soie du 21e rope par la mer ». siècle «reliant l’Asie, l’Afrique et l’Europe D’une superficie de 48,2 km2, DIFTZ est par la mer» actuellement le plusde grand D’une superficie 48,2parc km2industriel , DIFTZ d’Afrique. est actuellement le plus grand parc inLadustriel zone franche internationale de Djibouti d’Afrique. présente de nouvelles opportuniLa zonedonc franche internationale de Djités dynamiques du bouti présentepour doncles de entreprises nouvelles oppormonde entier qui cherchent pénétrer le tunités dynamiques pouràles entreprises marché africain. DIFTZ concentrera en du monde entier quisecherchent à pénéparticulier sur le développement trer le marché africain. DIFTZ d’indusse concentries telles la logistique, la trera enque particulier sur lalemarine, développeconstruction, l’automobile et l’électricité ment d’industries telles que la logistique, domestique. la marine, la construction, l’automobile Leetprojet est mené par une coopération l’électricité domestique. mondiale d’exLe projetapportant est menéplus pard’un une siècle alliance monpertise dans le commerce et lasiècle logistique. diale apportant plus d’un d’expertise dans le la logistique. L’ambition et commerce l’excellenceetmènent à un L’ambition avenir brillant.et l’excellence mènent à un

DDIP : Djibouti Damerjog Industrial Park

A

u cours de l’année 2018, DDIP a fait des progrès impressionnants dans la construction de la zone libre de DAM en complétant le centre de service intégré et le cadre routier dans la zone pilote. Pendant ce temps, dans le cadre de la planification industrielle visionnaire, DDIP a fait appel à des partenaires stratégiques dans plusieurs secteurs tels que la pétrochimie, les centrales électriques, l’approvisionnement en eau, les matériaux de construction, etc. En 2021, les infrastructures et les installations de la zone pilote seront prêtes et accueilleront des entrepreneurs locaux et des partenaires internationaux pour se joindre à la nouvelle ère de développement : Lancement de la construction d’infrastructures de l’entrée principale et des installations Inauguration du centre de promotion et de service (PSC) et installation de la centrale électrique 100 Kw Pv. De multiples accords de coopération stratégiques ont déjà été signés avec nos partenaires internationaux.

avenir brillant.

www.dpfza.gov.dj - www.ghih.dj


COMMUNIQUÉ

DJIBOUTI PORT COMMUNITY SYSTEMS (DPCS)

Un contributeur essentiel à la transformation digitale de la région Intégration Régionale DPCS offre aux importateurs/exportateurs éthiopiens utilisant les ports de Djibouti, une visibilité quasi instantanée de leur marchandise en transit à travers le corridor routier et les ports de Djibouti. La plateforme digitale présente des outils comme : Suivi des opérations du navire (amarrages, chargé, déchargé…etc) Suivi des camions à travers le corridor Djiboutien Suivi des formalités de la marchandise (import/export) Sortie/Entrée de la marchandise dans les ports (gate-in/gate-out) de Djibouti Suivi conteneurs Vérification des factures portuaires Ces outils de transparence et de suivi permettent à la communauté logistique éthiopienne de mieux planifier, de vérifier les coûts et d’être plus réactive dans ses opérations concernant les marchandises en transit.

Djibouti Port Community Systems fournit un ensemble complet de services numériques aux communautés portuaire et logistique de Djibouti, et vise à tirer parti de la technologie pour simplifier, connecter et fluidifier les formalités.

D

PCS offre une plateforme digitale unique d’échanges de documents électroniques entre les transporteurs privés et publics (compagnies maritimes, agents, transitaires, manutentionnaires, terminaux, dépôts), les importateurs et les exportateurs de l’hinterland (pré- et post-acheminement par route et rail), les autorités portuaires, l’administration douanière et les autres organismes publics. Créé par l’autorité des ports et des zones franches de Djibouti, DPCS est partie intégrante de sa politique de transformation de Djibouti en un hub logistique d’excellence. Son objectif est d’accroître l’efficacité des processus et d’éliminer les goulots d’étranglement de la chaîne logistique par le biais des technologies innovantes.

E-Manifeste, e-DO, e-GatePass, la soumission électronique des documents permet à la communauté logistique de gagner en temps et en coûts sur les opérations. La gestion intelligente, partagée et instantanée des informations relatives aux chaînes logistiques (module Business Intelligence) offre aux investisseurs et à la communauté commerciale des outils d’aide à la décision ainsi que des analyses sur le marché régional. DPCS offre des solutions clés en mains et innovantes tout en combinant la maîtrise des processus métiers et l’excellence technologique.

Chemin de fer djibouto -éthiopien

Djibouti Port Community Systems FZE 13e étage, Tour DIFTZ (Djibouti international free trade zone) - Djibouti BP197 www.dpcs.dj


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