JA 3095 DU 1ER DECEMBRE 2020 DOSSIER EMPLOI & FORMATION

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DÉCEMBRE 2020

INTERVIEW EMMANUEL MACRON

« Entre la France et l’Afrique, ce doit être une histoire d’amour »

NO 3095 – DÉCEMBRE 2020

OBJECTIF

SPÉCIAL DAKAR 16 PAGES

ISMAÏL OMAR GUELLEH « Comment Djibouti est devenu incontournable » Un entretien avec le chef de l’État

SAHARA Mourir pour Guerguerat ? TCHAD Test électoral crucial SPÉCIAL 20 PAGES

JEUNE AFRIQUE N O 3 0 95

Algérie 420 DA • Allemagne 9 € • Belgique 9 € Canada /A 12,99 $CAN • Espagne 9 € • France 7,90 € Grèce 9 € • DOM 9 € • Italie 9 € • Maroc 50 MAD Pays-Bas 9,20 € • Portugal continental 9 € • RD Congo 10 USD Suisse 15 CHF • Tunisie 8 TND • TOM 1 000 XPF Zone CFA 4800 F CFA • ISSN 1950-1285

GOUVERNANCE

L’Afrique en quête d’un nouveau leadership Qu’il semble loin le temps des Senghor, Houphouët, Sankara, Bourguiba ou Mandela… Confrontée à des défis de plus en plus complexes, l’Afrique a pourtant plus que jamais besoin de dirigeants visionnaires, intègres et courageux, capables de les relever. 20 PAGES


DOSSIER EMPLOI ET FORMATION ÉCOLES DE COMMERCE

Les meilleurs masters à la loupe

Le coronavirus ayant vidé les campus, les business schools sont passées à l’enseignement à distance. Avec une grande efficacité.

L

QUENTIN VELLUET, YOUNESS RHOUNNA, CHRISTOPHE LE BEC

es circonstances dans lesquelles ce classement annuel des masters des écoles de commerce francophones du continent a été réalisé sont exceptionnelles : de Rabat à Douala, les campus sont quasi déserts en cette mi-novembre. On se croirait au beau milieu des grandes vacances. En réalité, les cours se poursuivent pour la plupart de manière virtuelle. Face à la pandémie de Covid-19, pour éviter de devenir des clusters de contamination – comme certaines de leurs congénères européennes –, les business schools ont travaillé d’arrache-pied pour se transformer en établissements d’enseignement à distance. Les écoles que Jeune Afrique a interrogées sur le sujet se sont équipées d’outils, en premier lieu de visioconférence générique (Microsoft Teams est plébiscité par la plupart, davantage que Zoom) et de plateformes d’enseignement à distance telles que Blackboard Collaborate à l’ISM de Dakar et à l’ISCAE au Maroc, Python à Dauphine Tunis ou Webex à la MDI d’Alger, alliant différents moyens de collaboration et de partage de supports de cours. Plus atypique, à Douala, l’Institut universitaire du Golfe de Guinée organise des cours radiophoniques, et ses étudiants peuvent interagir avec le studio de l’école depuis lequel ils sont diffusés.

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À Tunis, la Mediteranean School of Business a opté pour un enseignement hybride (présentiel/distanciel) avec des caméras thermiques à suivi automatique améliorant la qualité vidéo des cours pour les étudiants restés chez eux. Les écoles ont investi massivement pour aider leurs professeurs à tirer le meilleur parti de ces outils. Elles ont aussi accompagné leurs étudiants, y compris parfois en les aidant à obtenir une meilleure connexion internet à leur domicile. L’ISM de Dakar revendique ainsi la formation de 400 enseignants à Blackboard Collaborate, ce qui leur a permis d’assurer plus de 2000 cours auprès de plus de 4500 personnes, avec un taux de connexion de 87 % en licence et de 92 % en master – et un taux de satisfaction de plus de 80 %. En attendant d’être débarrassés du virus, les établissements ont pour la plupart repoussé les stages à des jours meilleurs, et favorisent l’implication des élèves sur les réseaux sociaux. Ils les poussent aussi à imaginer des projets digitaux, notamment associatifs, pour créer malgré tout un esprit collectif au sein des promotions. Ces circonstances exceptionnelles n’ont pas bouleversé les notes des établissements sur chacun des critères du classement 2020 de JA par rapport à 2019. La plupart des bonnes écoles en présentiel ont réussi à être de bonnes écoles à distance.


DR

Le programme grande école de la Rabat Business School est l’un des deux meilleurs masters de notre palmarès maghrébin.

NOTRE MÉTHODOLOGIE Ce palmarès 2020 compare des parcours diplômants de niveau bac + 5 en management, commerce, gestion et administration des affaires ayant récompensé une première promotion il y a au moins trois ans. Les écoles ont elles-mêmes choisi le parcours qu’elles souhaitaient faire évaluer. Le classement a été établi à partir des réponses à une liste de plusieurs dizaines de questions envoyée à 57 écoles de pays francophones d’Afrique subsaharienne et d’Afrique du Nord. Ont été analysées l’attractivité et la sélectivité des écoles, leur ouverture à l’international, la qualité de leur pédagogie – avec, comme l’an passé, une attention particulière portée sur la recherche appliquée – et les liens qu’elles cultivent avec les entreprises. Cette année étant marquée par la pandémie de Covid-19, nous avons également cherché à évaluer à quel point les établissements ont su rapidement mettre en place des mesures préventives ainsi que de l’enseignement à distance. Certains établissements réputés ne figurent pas dans les tableaux finaux pour diverses raisons. Depuis plusieurs années, HEM au Maroc indique ne pas vouloir y participer. À Casablanca, l’Esca a préféré se concentrer sur une rentrée difficile sous le sceau de la crise sanitaire. Le Cesag au Sénégal n’a pas non plus souhaité participer à notre enquête. Enfin, certaines données fournies par les antennes locales d’écoles françaises ont été pondérées, afin de garantir une comparaison équitable.

AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Domination sénégalaise

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ourquoi changer une équipe qui gagne ? Cette année encore, le trio de tête des meilleurs masters en Afrique subsaharienne reste inchangé, et le Sénégal domine. Les établissements dakarois, BEM, l’IAM et l’école de management du groupe ISM conservent

leurs quatre étoiles, confirmant leur position d’écoles d’excellence dans la région. À l’ISM, qui ne cache pas ses ambitions panafricaines, les étudiants profitent de l’arrivée d’Omar Thiam à la tête de l’école de management, fondée par Amadou Diaw. Recruté chez BEM en octobre

CLASSEMENT AFRIQUE SUBSHARIENNE École

BEM

IAM

Groupe ISM

Supdeco Dakar

Sénégal

Sénégal

Sénégal

Sénégal

Institut universitaire du Saint-Jérôme BBS (BGFI Golfe de Guinée Business School Bank)

Notes Pays Diplôme

Master en sciences de gestion

Master in Business Administration

Master in Business Administration

Programme grande école

Cameroun

Cameroun

Gabon

Master comptabilité contrôle audit

Master recherche en sciences de gestion

Master 2 banque & ITB

Attractivité/ sélectivité Ouverture à l’international Pédagogie Professionnalisation Services aux étudiants

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DOSSIER EMPLOI ET FORMATION

ÉCOLES DE COMMERCE

2019, l’ex-directeur de l’innovation, du développement et des relations avec les entreprises a pour mission d’imaginer de nouveaux programmes et de consolider la réputation de l’édifice aux murs orange. De son côté, le groupe familial Sup de co, voisin de l’ISM à Dakar, maintient ses trois étoiles, tandis que quelques bouleversements interviennent en Afrique

centrale. Reconnue depuis plusieurs années pour sa forte connexion au marché de l’emploi et pour sa capacité à professionnaliser ses étudiants, BBS, créée en 2011 par la banque gabonaise BGFI, perd une étoile en 2020, notamment à cause d’un faible rayonnement international et de critères de sélection trop souples malgré le concours.

À l’inverse, SaintJérôme Management Sciences and Business School et l’Institut universitaire du Golfe de Guinée, deux institutions camerounaises, progressent. Implantée à Douala et dépendante de l’université catholique du même nom, la première gagne des points sur son ouverture à l’international grâce aux efforts qu’elle déploie

pour l’accompagnement des étudiants étrangers sur les plans administratif et matériel (le logement notamment). Ouverte en 1993, la seconde s’améliore également à l’international tout en progressant sur sa sélectivité et son attractivité. Elle ne dispose néanmoins d’aucun partenariat avec des écoles étrangères accréditées. Q.V.

MAGHREB

Nouvelle donne au Maroc

L

’environnement des écoles de commerce maghrébines a préservé son dynamisme en cette année scolaire 2019-2020. Rabat Business School crée la surprise dans notre nouveau palmarès en intégrant, grâce à la qualité de son programme grande école, le duo de tête aux côtés de l’Iscae. Créé en 2010, l’établissement, rattaché à l’Université internationale de Rabat et dirigé par Olivier Aptel, fournit depuis 2017 un important travail tant sur la qualité de l’accueil de ses étudiants – il a investi 100 millions de dirhams (9,1 millions d’euros) dans la construction d’un nouveau bâtiment de 12 000 m2 inauguré en décembre 2019 – que sur la rigueur de ses enseignements. L’école vient d’ailleurs de décrocher la prestigieuse

accréditation AACSB et rejoint le club très restreint des écoles maghrébines disposant du précieux label que l’Esca avait décroché en 2018. Une autre belle progression est à noter du côté de l’Algérie, où MDIAlgiers Business School décroche deux étoiles supplémentaires par rapport à l’an passé. L’école dirigée par Brahim Benabdeslem se démarque notamment par son ouverture à l’international. Sa compatriote, l’Esaa, maintient quant à elle sa note tandis que l’école publique marocaine ENCG de Settat fait son entrée dans ce classement 2020 grâce à son master de recherche en sciences de gestion. Mais où est passée l’EM Lyon Business School de Casablanca ? L’an passé, la branche marocaine de l’école de management lyonnaise

faisait partie du trio de tête (avec l’Iscae et l’Esca) de notre classement des meilleurs masters du Maghreb, après une année qui avait été marquée par une volonté de se faire connaître au delà des frontières chérifiennes grâce notamment à une communication tous azimuts et l’installation de bureaux de représentation dans certains pays. Mais en 2020, plus rien. Engagé dans l’ouverture de son capital aux investisseurs privés, le groupe – six implantations dans le monde – a dû gérer des remaniements imprévus à plusieurs postes de direction puis faire face à la pandémie et à son lot de mesures sanitaires contraignantes. Résultat, l’EM Lyon a préféré passer son tour cette année pour notre classement. Rendez-vous en 2021. Q.V.

CLASSEMENT MAGHREB École

Mediterranean Rabat Business School ISCAEetCasablanca Rabat School of Business

HECI

ENCG Settat

MDI-Algiers Business School

ESAA

Université Dauphine Tunis

Adalia Institute

Maroc

Algérie

Algérie

Tunisie

Maroc

Notes Pays

Maroc

Maroc

Tunisie

Maroc

Diplôme

Programme grande école (Master in Management)

Parcours grande école

Master of Program Management

Master of Business Administration

Attractivité/ sélectivité Ouverture à l’international Pédagogie Professionnalisation Services aux étudiants

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Master système Master en management Master recherche en Master en sciences Executive Master’s in d’information de l’entreprise de l’innovation sciences de gestion de gestion Business Administration étendue (SIEE) et marketing digital


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DOSSIER EMPLOI ET FORMATION

ACCRÉDITATION AACSB

Le sésame des écoles de commerce

Au terme d’un long processus de certification, ce label américain garantit un encadrement de qualité et permet à ses membres de nouer des partenariats et des échanges internationaux.

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EL MEHDI BERRADA, À CASABLANCA

epuis le 20 novembre dernier, la business school de l’université internationale de Rabat est entrée dans le cercle très fermé des écoles accréditées par l’Association to Advance Collegiate Schools of Business (AACSB). Elle n’est que la deuxième institution marocaine à avoir obtenu cette accréditation après l’ESCA (en novembre 2018), et seulement la 7e sur le continent (lire ci-contre). Un label élitiste que décerne l’association américaine fondée en 1916. « L’accréditation AACSB distingue l’ensemble de la formation offerte par l’établissement mais aussi tous les processus de fonctionnement: sélection des étudiants, recrutement des professeurs, liens internationaux, recherche, solidité financière… Mais ce n’est pas tout, l’accréditation veille à ce que l’institution respecte les promesses faites aux étudiants et présente une stratégie cohérente », nous explique le Dr Olivier Aptel, directeur général de la Rabat Business School, fier de l’obtention de ce Graal. Que ce soit pour l’ESCA, pour la Rabat Business School ou pour les quelque 800 autres écoles de commerce accréditées à travers le monde – soit 5 % des écoles de commerce existantes selon AACSB –, le chemin n’a pas été simple. « S’engager dans un processus d’accréditation est d’abord une démarche volontaire pour une institution… Nous avons travaillé à transformer notre organisation et à répondre aux exigences des 15 standards. C’est coûteux mais très vertueux ! » fait valoir Thami Ghorfi,

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président de l’ESCA, la première école en Afrique francophone à avoir pris l’initiative et gagné le sésame. Les 15 critères, très divers, sont répartis en quatre catégories : stratégie et innovation, recrutement des étudiants et du staff enseignant, méthodologie et enseignements, recherche et projets.

Au bout de cinq ans, l’accréditation est à renouveler

Le processus prend en moyenne entre trois et sept ans et commence par une adhésion à l’association d’un coût de 3 300 dollars annuels. Par la suite, l’école adresse une demande

LES SEPT CERTIFIÉES

The American University in Cairo (Égypte) Lagos Business School, Pan-Atlantic University (Nigeria) Gordon Institute of Business Science, University of Pretoria (Afrique du Sud) University of Cape Town (Afrique du Sud) University of Stellenbosch Business School (Afrique du Sud) ESCA École de Management (Maroc) Rabat Business School (Maroc)

d’éligibilité et si l’AACSB l’approuve, l’école rentre littéralement en chantier. Dans un premier temps, un coach est désigné pour aider l’établissement à produire un rapport d’autoévaluation, dans lequel l’AACSB dit si l’école est compatible ou non avec les standards exigés et comment y remédier si nécessaire. « Une institution accréditée donne des cours et des notes, mais elle évalue surtout les compétences. C’est ça le point fort. Il nous a été demandé de mettre en place un système de mesure, de façon régulière, des compétences pour chaque programme et chaque cours », explique le Dr Olivier Aptel. D’ailleurs, il nous raconte que les auditeurs de l’association ont effectué plusieurs visites sur place lors desquelles ils ont interrogé chaque partie prenante de l’école, et même les alumnis (anciens élèves). Le directeur de la Rabat Business School sait que, pour l’instant, peu d’étudiants africains sont sensibles aux accréditations et à leurs apports, mais les entreprises connaissent l’AACSB et lui font confiance. Selon Aptel, le taux d’employabilité de son école, qui atteint 94 % au plus tard dans les six mois, s’améliorera grâce à l’accréditation. Ce label d’excellence assure pour l’étudiant un enseignement de pointe et un bon encadrement, mais l’impact le plus important pour les écoles, c’est la création potentielle d’alliances. « L’AACSB fonctionne comme un club, et c’est parfait pour développer des partenariats ou des échanges, et aussi pour faire de la recherche commune », indique Dr Olivier Aptel, qui nous explique que l’obtention de l’accréditation est synonyme de travail supplémentaire. Chaque année, les écoles doivent fournir un rapport intermédiaire avant de postuler pour un renouvellement de l’accréditation au bout de cinq ans. À l’avenir, les deux écoles marocaines espèrent faire tache d’huile. « Nos efforts ont été très vertueux. Nous attendons que d’autres écoles de la région nous emboîtent le pas, notamment en Afrique francophone », indique le président de l’ESCA, Thami Ghorfi.


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Canada


DOSSIER EMPLOI ET FORMATION

UNICITI

MAURICE

Le campus Pierrefonds, de l’université Uniciti, est très prisé des étudiants étrangers.

Une stratégie de hub éducatif qui a fait ses preuves

Des infrastructures idéales pour étudier, un climat politique apaisé, une qualité de vie agréable… L’île ne manque pas d’atouts pour séduire les grands établissements internationaux.

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RABIN BHUJUN, À PORT-LOUIS

est par l’intermédiaire de sa sœur, étudiante en bachelor de gestion hôtelière à l’école Vatel de Maurice, que le Malgache Fidélino Safara a découvert et choisi l’île pour y poursuivre ses études en master de droit privé de l’université Paris-2. « Le diplôme est français, même si vous étudiez à Maurice », fait-il valoir. La Zimbabwéenne Désirée Phiri a quant à elle découvert, en consultant les offres de formation à la fin de son lycée, qu’elle pouvait obtenir à l’île Maurice le même bachelor en tourisme et management de l’université de Curtin, sans avoir à voyager jusqu’à Perth, en

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Australie-Occidentale. Le coût et l’accessibilité de l’île Maurice depuis son pays d’origine l’ont décidée, ainsi que la possibilité d'y découvrir une autre forme de tourisme. Développée au tournant des années 2010, la stratégie de hub éducatif mauricien a un double objectif. D’une part, permettre aux jeunes locaux d’obtenir une formation de qualité, sans devoir se rendre à l’étranger. D’autre part, favoriser l’essor d’un nouveau pilier économique, en y attirant des professeurs et des étudiants internationaux. Depuis 2009, plusieurs universités et écoles étrangères ont installé des antennes à Maurice. L’université du Middlesex, implantée au nord de Londres, a été la pionnière de ces établissements, avec sa

consœur indienne Amity University, dont le campus principal est situé à côté de New Delhi. Ont suivi l’African Leadership College (ALC), qui se présente comme le Harvard de l’Afrique, Curtin University, qui se revendique comme la meilleure université d’Australie occidentale, mais aussi, côté francophone, la faculté de droit de Panthéon-Assas (Paris-2), l’École d’ingénieurs nationale des sciences appliquées (Ensa) de Nantes, ainsi que l’école hôtelière Vatel, toutes trois installées dans la smart city Uniciti. En dix ans, le nombre d’étudiants étrangers est passé de moins de 600 à près de 4000 (lire encadré). Et ce n’est pas fini. Les établissements basés à Uniciti tablent sur une augmentation de leurs effectifs d’étrangers de 25 % à 50 %. D’autres, à l’instar d’ALC ou Amity, espèrent doubler voire tripler l’admission d’étudiants originaires du continent africain. Pour attirer les grandes écoles, Maurice met en avant plusieurs atouts. « La stabilité politique et la sécurité », fait valoir Jeremy Charoux, directeur du Charles Telfair Campus, où est installée Curtin University. « Étudier dans une île où se mélangent les influences asiatiques, africaines et européennes dans un climat tropical est unique », ajoute Karim Haidar Amade, directeur marketing d’ALC.

Des formations qui s’appuient sur le bilinguisme

« Maurice dispose d’infrastructures favorisant les études », explique quant à lui Kiran Bhujun, vice-chancelier d’Amity University Mauritius, qui se désole des difficultés de certains de ses étudiants bloqués au Nigeria à cause du Covid-19 et qui ne peuvent participer aux cours ni aux examens en ligne, les délestages intempestifs empêchant tout accès stable à internet. « Quand on étudie à Maurice, on le fait dans les conditions optimales », affirme cet ancien directeur de la division enseignement supérieur du ministère de l’Éducation du pays. Les formations proposées par les établissements d’origine francophone s’appuient sur le bilinguisme de l’île. Steena Kistnen, la directrice générale d’Uniciti,


Rabat Business School obtient l’accréditation AACSB ( seulement 5% des Business Schools dans le monde sont accréditées AACSB )

rbs.info@uir.ac.ma +212 5 30 11 20 48 +212 5 30 10 30 88


DOSSIER EMPLOI ET FORMATION

MAURICE

indique que les enseignements de Panthéon-Assas et de l’Ensa Nantes sont dispensés en anglais. Ce qui aide à attirer des étudiants francophones, comme les Malgaches, souhaitant évoluer dans un contexte anglophone tout en décrochant un diplôme français. Depuis le tournant des années 2010, l’essor des smart cities permet aux institutions étrangères de s’installer, tout en offrant aux étudiants un cadre de vie où ils peuvent aussi bien étudier, se loger, travailler et profiter de loisirs. Uniciti se trouve ainsi à une dizaine de minutes de la plus importante station balnéaire de l’ouest de l’île. Les étudiants peuvent travailler dans les centres commerciaux, établissements hôteliers et entreprises de la région et se loger dans l’une des 140 chambres d’étudiants d’Uniciti, qui en offrira 50 de plus au début de 2021. Dans le nord de l’île, à proximité de la côte, Beau Plan Smart City offre le même cadre et le même type de résidences à ceux fréquentant l’ALC. Tandis que, dans le Centre, Moka Smart City permet aux étudiants de Curtin Mauritius d’être en contact avec la Cybercité d’Ébène, centre névralgique de la finance et de

la technologie. Le campus mauricien de l’université australienne termine d’ailleurs la construction de nouvelles résidences d’étudiants. Amity finalise, elle, l’achat d’un terrain où seront construites son université ainsi que des résidences d’étudiants.

Des exonérations d’impôts très incitatives

L’État propose une multitude d’incitations fiscales aux institutions étrangères. Celles classées au Top 500 mondial du classement de Shanghai (Academic Ranking of World Universities – Arwa) bénéficient d’une exonération d'impôts pendant les huit premières années d’activité dans l’île. Elles sont aussi dispensées de payer la TVA sur la construction d’un campus ou l’achat d’équipements informatiques. D’autres exemptions sur l’achat de terres et de bâtiments s’appliquent également aux écoles et lycées étrangers ouvrantdesantenneslocales.Tous les établissements implantés disent veiller à la qualité de l’enseignement, notamment en s’assurant que celui-ci soit dispensé par un certain nombre de professeurs étrangers venus de

11 % D’ÉTUDIANTS ÉTRANGERS Le nombre d’étudiants étrangers à Maurice est passé de 596 en 2010 à 3740 à la fin de 2019, ce qui représente quelque 11 % des effectifs. Près de 9 étudiants étrangers sur 10 sont formés dans les établissements d’enseignement supérieur privé à Maurice. S’ils viennent de 73 pays différents, 80 % des étudiants étrangers sont originaires, dans l’ordre, d’Inde, de Madagascar, du Nigeria, d’Afrique du Sud, de Tanzanie, du Kenya, de France et du Zimbabwe. Les établissements d’enseignement supérieur publics et privés de l'île accueillent au total environ 34000 étudiants par an depuis ces deux dernières années. R.B.

DU MANAGEMENT AUX TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION EN PASSANT PAR LE DROIT, LE TOURISME ET LA MÉDECINE. l'école d’origine. La Commission pour l’enseignement supérieur de Maurice affirme, de son côté, avoir renforcé depuis le début de 2020 sa mission de contrôle-qualité des universités et des écoles internationales, y compris en ce qui concerne le bien-être des étudiants mauriciens et étrangers. Pour passer un nouveau palier, le hub éducatif doit toutefois relever un défi de taille: la diversification de l’offre de formation. Des quelque 34000 étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur, les 11 % d’étrangers suivent principalement des formations classiques, allant du management aux technologies de l’information et de la communication en passant par le droit, le tourisme et la médecine. Or Steena Kistnen, d’Uniciti, regrette que les cursus dans des secteurs émergents, comme l’économie océanique, la robotique, l’intelligence artificielle ou la biotechnologie, ne décollent toujours pas. Alors que le pays table sur ces créneaux pour assurer la nouvelle phase de son développement économique. Pour changer la donne, les responsables universitaires mauriciens cherchent à identifier des tandems associant des formations pointues et des entreprises spécialisées pour les attirer sur l’île. Ce qui permettra alors au hub éducatif mauricien de se démarquer d’autres destinations d’études en Afrique ou en Asie.



DOSSIER EMPLOI ET FORMATION

RWANDA

Entrepreneurs en herbe à l’ALU L’université panafricaine African Leadership University accueille à Kigali des étudiants de tout le continent. Objectifs de sa méthode pédagogique: développer l’autonomisation et l’innovation.

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MARGOT CHEVANCE, À KIGALI

«

i vous apprenez quelque chose, partagez-le. » Le professeur rwandais Daniel Namanya assène son message à une trentaine d’étudiants fraîchement arrivés sur le campus de l’African Leadership University (ALU), à Kigali. La rentrée a été reportée à janvier en raison de la pandémie, mais une poignée d’élèves vient pour une mise à niveau en anglais. Ils viennent d’Angola, du Sénégal, du Rwanda, du Congo… Dans deux mois, ils suivront, aux côtés de 400 camarades, le programme sur le leadership commun à tous en première année. « L’Afrique a besoin de solutionneurs de problèmes, explique Gaidi Faraj, le doyen. Nous préparons nos élèves à un futur incertain. On ne veut pas qu’ils soient conformistes. On les pousse à se connaître, à identifier leurs passions. » Trônant au sommet d’une colline, au cœur de la Kigali Innovation City, le hub technologique de la capitale rwandaise, l’université panafricaine

L’ALU EN BREF

Création en 2017 à Kigali 1100 élèves originaires de 40 pays du continent 4 programmes d’études de premier cycle: sciences informatiques, entrepreneuriat, défis mondiaux, commerce international 1 programme de MBA 158

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mise sur une approche pédagogique alternative fondée sur l’apprentissage des « métacompétences ». Des aptitudes telles que savoir diriger les autres, gérer des tâches complexes, développer son esprit critique ou encore savoir communiquer pour avoir un impact. Après l’île Maurice, qui a reçu le premier campus en 2015, le choix du Rwanda pour abriter le deuxième établissement en 2017 n’est pas un hasard. « Le pays reflète une Afrique qui marche et il a une vision similaire à la nôtre, futuriste. L’entrepreneuriat est au cœur de son système », détaille Gaidi Faraj, ancien élève de l’Université de Californie, à Berkeley, maintenant à la tête du campus rwandais. Kigali s’est métamorphosée en ville ruche où fourmillent start-up, incubateurs et jeunes talents de la high-tech.

« Une marque à laquelle les décideurs font confiance »

À l’intérieur du bâtiment en briques rouges d’allure moderne, les citations de leaders africains ornent les murs, accolées à des fresques futuristes aux couleurs vives. Les paroles de Nelson Mandela, Patrice Lumumba, Thomas Sankara, semblent résonner dans les allées désertées, Covid-19 oblige. Ici les salles de classe s’appellent des « laboratoires d’apprentissages », un immense fab-lab occupe le rez-dechaussée, et un centre de bien-être permet de se reposer et de réfléchir. La formation s’élève à 4 000 dollars l’année. Elle peut être financée par des bourses ou un système de prêts sans intérêts. Nghombombong Minuifuong, étudiant camerounais inscrit en dernière année du programme de commerce

international, a choisi ALU pour cette approche pratique de l’éducation. « On nous demande de développer des stratégies, de résoudre des problèmes pour des entreprises », précise l’élève de 29 ans qui devrait être diplômé en février prochain. Il a ainsi dû développer en classe une stratégie d’expansion en Afrique de l’Est pour un fabricant kényan de trampolines. Et effectué un stage obligatoire dans une entreprise camerounaise, dont il retient les techniques de marketing, les clés pour pénétrer un nouveau marché… Autant d’outils qu’il met désormais à profit dans Bongalo, la start-up spécialisée dans la réservation de logements à l’étranger qu’il a lancée il y a deux ans. « ALU, c’est aussi une marque à laquelle les décideurs font confiance. C’est un grand réseau où l’on trouve des solutions entre Africains, et pour le continent. » À cette approche pragmatique s’ajoutent les qualités humaines valorisées par l’université. « Cette année, j’ai appris à être davantage empathique », raconte Hannah Christa, élève rwandaise de 20 ans qui suit le programme « défis mondiaux ». Une capacité qu’elle a immédiatement mise en œuvre dans son travail de bénévole au sein de la Fondation Imbuto de la première dame, Jeannette Kagame, qui intervient dans l’éducation. « On apprend à suivre ses passions, remarque la jeune femme à l’allure de basketteuse. Les miennes sont le sport et l’éducation. Mes professeurs m’épaulent pour affiner un projet de carrière qui allierait les deux. » L’étudiante rêve d’intégrer le comité olympique. « Et ici on me répète chaque jour que c’est à portée de main ! »


COMMUNIQUÉ

Mission laïque française

Ouverture d’un centre de développement professionnel des métiers de l’éducation à Abidjan

Qu’est-ce que le Centre de développement professionnel (CDP) Pierre~Deschamps ? La création de centres de développement professionnel par la Mission laïque française est une réponse à l’enjeu crucial d’une compétence des personnels qualifiée et certifiée, qui garantisse la qualité de l’éducation. Ces centres reçoivent l’appui de PROPARCO, groupe AFD, ce qui permet d’amortir les coûts des formations proposées. Conformément aux statuts de la Mlf, ils sont au service des personnels de l’association et de ses partenaires pour renforcer la culture de leurs établissements, ainsi qu’à

Email : cdp@cdp.mlfmonde.org / Melissa.canat@mlfmonde.org

ceux des établissements francophones privés, non homologués, qui souhaitent s’appuyer sur le savoir-faire-éducatif français.

Ce centre de formation s’adresse :

- aux enseignants du lycée international Jean Mermoz ; - aux enseignants faisant partie du réseau d’écoles partenaires privées de la Mission laïque Côte d’Ivoire et ceux d’établissements français privés en Côte d’Ivoire ; - aux étudiants ; - aux enseignants débutants d’établissements privés ivoiriens ou plus largement de l’Afrique subsaharienne ; - aux enseignants confirmés d’établissements privés ivoiriens ou plus largement de l’Afrique subsaharienne ; - aux personnels d’encadrement ; - aux formateurs, référents pédagogiques.

La mise en place de centres de formation destinés aux enseignants de la Mlf et d’autres établissements privés, au Maroc et en Côte d’Ivoire, contribuera à améliorer la qualité de l’éducation en permettant à plus de 7000 enseignants de bénéficier sur 5 ans d’une formation qualifiante et/ou diplômante axée sur la pédagogie. Ce projet pourrait ainsi permettre de soutenir jusqu’à 5000 emplois.

www.cdp.mlfmonde.org

JAMG - PHOTO : D.R.

La Mission laïque française (Mlf) vient de lancer le tout premier centre de développement professionnel des métiers de l'éducation et de la formation à Abidjan à destination des enseignants de la langue française. Le centre de développement professionnel Pierre~Deschamps (CDP) a ouvert ses portes le 1er septembre 2020 dans le quartier de Cocody, à Abidjan. Il est situé dans l’enceinte du lycée international Jean-Mermoz, qui est déjà un centre d'accueil de sessions de formation pour des professeurs d'écoles privées ivoiriennes en double partenariat avec le CNED et la Mlf.


DOSSIER EMPLOI ET FORMATION

MANAGEMENT ET TECH

Télétravail un jour, télétravail toujours La crise du Covid-19 a obligé de nombreuses entreprises à recourir au travail à distance. Au point que certaines d’entre elles comptent le pérenniser.

«

rès sincèrement, nous étions timides sur le sujet. Les collaborateurs étaient intéressés, mais personne ne se sentait d’y aller ». Sanaa Benchekroun le concède, l’idée d’instaurer le télétravail quasi intégral à des milliers de collaborateurs de Majorel ne tentait pas vraiment ses collègues de la direction, ni les équipes qu’ils dirigent depuis Casablanca. Le Covid en a finalement décidé autrement. Depuis mars, la directrice des ressources humaines pour la France, les Pays-Bas et la région Afrique du spécialiste des services externalisés supervise un vaste plan de télétravail valable pour près de 4 500 collaborateurs, soit environ 60 % des effectifs de Majorel sur la région. Aux côtés des télécoms et de l’enseignement supérieur, l’outsourcing est l’une des activités économiques qui a le plus eu recours au télétravail ces derniers mois sur le continent. Et ce qui était conçu comme une mesure d’urgence avec le contexte de la crise sanitaire a finalement été pérennisé au sein de groupes comme Majorel, Outsourcia ou Intelcia. « Indépendamment des situations sanitaires sur nos marchés, nous avons établi comme règle de garder 50 % de nos effectifs en télétravail, et nous nous préparons à le pérenniser », assure Saad Berrada, DRH d’Intelcia, où 12000 collaborateurs sont concernés par la mesure. À Oujda, le groupe vient par exemple d’ouvrir un site de moins de 100 positions où le télétravail est considéré comme mode de travail

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no3095 – DECEMBRE 2020

principal. Cela permet de recruter un total de 450 personnes dont les contrats prévoient 80 % de travail à distance.

Un recrutement plus précis avec vérification des outils à domicile

Recruter de tels profils nécessite néanmoins pour l’employeur d’être plus intrusif dans son processus de recrutement: « Avec l’accord des candidats, nous envoyons des agents chargés de vérifier la conformité de leur domicile avec le télétravail », explique Saad Berrada. Bureau à disposition, qualité de l’isolation sonore et de la connexion internet sont les critères évalués. Oujda demeure un site test pour Intelcia, qui laisse le choix à la plupart de ses collaborateurs de travailler à distance ou non. Car la pratique nécessite de mettre en place un dispositif complexe : « Durant la transition en urgence, il a d’abord fallu recueillir l’accord de nos clients pour le télétravail de nos conseillers, qui gèrent Inauguration du site d’Agou, à Lomé, le 8 juillet 2019.

MAJOREL

T

QUENTIN VELLUET

parfois des données confidentielles », explique le dirigeant d’Intelcia. Pour rassurer les partenaires, le groupe marocain, tout comme son concurrent Majorel, a mené un travail de sensibilisation auprès des collaborateurs et fait signer des engagements dans ce sens (pas de photos des écrans, pas de prises de notes sur papier). La question de l’équipement est également un casse-tête. Depuis la crise, trouver du matériel informatique et parfois même des bureaux et des fauteuils s’est révélé compliqué alors que de nombreuses entreprises cherchent elles aussi à équiper le domicile de leurs collaborateurs. « On a fait face à une vraie pénurie d’équipement, et c’est d’ailleurs toujours le cas sur le continent », affirme le DRH d’Intelcia. Pour fournir les outils de travail adéquats à ses employés, son entreprise a eu recours à trois modes: la fourniture et la prise en charge intégrale (outils de travail et connexion internet), la location (en cas d’urgence et de pénurie) et enfin la subvention (20 %-25 %), couplée à des prêts gratuits (sur quatre à douze mois) pour des équipements dont l’entreprise avait négocié les prix en amont auprès des fournisseurs.


Safritel Canada Inc.

5201 Duke Street, Scotia Square, Halifax, Nova Scotia B3J 1N9 - PO Box 34096 Email : jpmuleba@safritel.com Tél. : +1.902 797-0752

AVIS D’EXPERT

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Des solutions pour digitaliser les systèmes judiciaires

S

afritel propose d’accroître l’accessibilité des citoyens à la justice à tout moment, de n’importe où et depuis n’importe quel appareil : ordinateur, téléphone portable, tablette ou iPad.

Safritel a formé un groupe d’ingénieurs et de professionnels du droit à la digitalisation du système judiciaire, au développement d’applications juridiques, à la cybersécurité, à l’audit du système de sécurité de l’information, à la protection des données, à la communication dans le cloud et à l’investigation numérique. Safritel prévoit une deuxième session de formation en RDC avec des avocats, des juges, du personnel judiciaire et des enquêteurs de police en février 2021. Celle-ci couvrira les modules suivants: salle d’audience digitale, identification numérique des participants à

l’audience numérique, accès libre-service aux dossiers et aux dossiers judiciaires, dépôt électronique des tribunaux, blockchain pour la gestion des preuves, planification de l’administration des tribunaux en ligne, système de gestion des affaires numérique, comparution à distance au tribunal par vidéoconférence,enquête criminelle numérique, protection des données et confidentialité, pénétration de tests informatiques, gestion de la cybersécurité et de la sécurité de l’information. Les informations sur les dates de formation seront disponibles sur le site Web de Safritel en décembre 2020. La 3e formation sera organisée pour les membres du public, les étudiants en droit et les journalistes. L’objec-

tif est de permettre la consultation des procès en ligne, la présentation de tous Jean-Pierre les documents judiMULEBA, ciaires de manière directeur général numérique depuis de Safritel n’importe où et à partir de n’importe quel appareil, la comparution devant le tribunal par vidéoconférence, ou à distance depuis n’importe quel endroit, la fourniture des preuves électroniques, etc. Les solutions de libre-service numérique de Safritel accéléreront également la prestation des services judiciaires en utilisant des formulaires électroniques et la possibilité d’accéder aux dossiers numériques des tribunaux sans avoir à se rendre aux tribunaux pour demander des copies de documents.


DOSSIER EMPLOI ET FORMATION

MANAGEMENT ET TECH

Sur le plan technique, l’architecture a été recréée à distance. Chaque collaborateur peut accéder à son poste sur site via un VPN, ce qui, sur le plan sécuritaire, garantit l’absence de transfert de données à l’extérieur de l’entreprise. Il a fallu accompagner le changement notamment auprès des managers de proximité, privés du

contact physique avec leurs équipes. Les rendez-vous réguliers comme les « cafés matin » ont été digitalisés, et des formations au management à distance ont été distillées. Pour Intelcia, comme pour Majorel, les conclusions dressées par cette expérience sont plutôt positives. Dans 80 % des cas, la qualité des services

ANDELA L’EXTRÉMISTE Comme pour toute nouvelle tendance, il y a ceux qui ont choisi l’extrême. Depuis mars, l’entreprise spécialisée dans le placement de codeurs africains pour le compte des géants de la Silicon Valley, Andela, a choisi de passer au 100 % télétravail. En quelques semaines, l’entreprise, installée à New York, s’est ainsi délestée de tous ses locaux aux États-Unis, mais aussi au Nigeria et en Ouganda, et a donné certains de ses équipements (fauteuils, bureaux) à ses 1000 collaborateurs. Q.V.

rendus est restée équivalente à celle d’avant la crise sanitaire. « Ce serait une hérésie de dire que ce mode de travail convient à tout le monde. Certains décrochent et ont besoin de revenir, ne serait-ce que ponctuellement, sur site pour être coachés. Mais la majeure partie des conseillers a été plus performante qu’en présentiel », résume Saad Berrada. Pour sa consœur Sanaa Benchekroun, qui a mené une enquête de retour d’expérience auprès des collaborateurs, cela s’explique par un meilleur équilibre entre vie privée et vie professionnelle – le gain de temps passé dans les transports est par exemple un des principaux avantages –, qui réduit le stress. « Globalement, nos collaborateurs ont vécu une belle expérience. Malgré le manque de relations humaines, cité parmi les inconvénients, il y a un souhait général d’instaurer le télétravail à raison de deux ou trois jours par semaine », conclut-elle.

CEDS

10 rue Sextius Michel 75015 Paris Tél. : 01 53 92 03 34 Contact : fgabay@inseec.com

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Présentation du CEDS Inseec.U Le CEDS du groupe Inseec U. est le Centre d’études diplomatiques et stratégiques créé en 1986 par le Professeur Pascal Chaigneau et dont le Directeur des études est Fouad Nohra. Le CEDS dispense des formations aux diplomates, cadres politiques, fonctionnaires et officiers supérieurs en stratégie et en relations internationales. Le CEDS dispose de formations de second et troisième cycle dont un PhD en relations internationales et diplomatie et un DBA en stratégie. Il propose également des « Master in Public Administration » (M.P.A.) en diplomatie, stratégie et résolution de conflits. Entretien de Florence Gabay, Directrice déléguée du CEDS, Vice-presidente de l’institut Robert Schuman et commissaire régionAfrique aux Nations-Unies - COSCOC. Définir en 2020 la diplomatie ? La diplomatie est avant tout une pratique

qui nécessite des compétences multiformes. Elle évolue très vite, avec les initiatives prises par les acteurs de la société civile, mais également avec l’engagement des dirigeants d’entreprises aux côtés des diplomates. C’est pourquoi, il faut développer une connaissance experte de l’action diplomatique, appuyer celle-ci sur un savoir pluridimensionnel certes, mais suffisamment développé de l’évolution du monde politique. Votre rôle en tant que Directrice déléguée du CEDS ? Faire vivre le CEDS et son travail de recherche sur les questions de médiation, de résolutions de conflits, de démocratie participative, de prospective au regard des grands chamboulements internationaux liés aux évolutions économiques, environnementales et sociales, le devoir de

mémoire, d’entraide et de lutte contre toutes les formes d’oppression à travers le monde. Vous avez été nommée commissaire Florence GABAY, aux Nations-Unies, quel sera votre rôle ? Directrice du CEDS J’ai été nommée en tant que Commissaire région Afrique aux Nations-Unies pour le COSCOC, comité diplomatique et de surveillance des climats scolaires aux Nations-Unies. Je vais tacher de proposer des solutions qui visent à améliorer les climats scolaires sur le continent africain. Le CEDS dispose du statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations Unies depuis 2005, et a conclu en 2017 un partenariat avec l’UNESCO.


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