DÉCEMBRE 2020
INTERVIEW EMMANUEL MACRON
« Entre la France et l’Afrique, ce doit être une histoire d’amour »
NO 3095 – DÉCEMBRE 2020
OBJECTIF
SPÉCIAL DAKAR 16 PAGES
ISMAÏL OMAR GUELLEH « Comment Djibouti est devenu incontournable » Un entretien avec le chef de l’État
SAHARA Mourir pour Guerguerat ? TCHAD Test électoral crucial SPÉCIAL 20 PAGES
JEUNE AFRIQUE N O 3 0 95
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GOUVERNANCE
L’Afrique en quête d’un nouveau leadership Qu’il semble loin le temps des Senghor, Houphouët, Sankara, Bourguiba ou Mandela… Confrontée à des défis de plus en plus complexes, l’Afrique a pourtant plus que jamais besoin de dirigeants visionnaires, intègres et courageux, capables de les relever. 20 PAGES
ENQUÊTE
GOUVERNANCE
À la recherche d’un nouveau leadership Qu’il semble loin le temps des Mandela, Houphouët, Bourguiba, Senghor, Sankara… Confrontée à des défis de plus en plus complexes, l’Afrique manque cruellement de dirigeants visionnaires, intègres et courageux capables de les relever. Et d’inspirer les foules.
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34 Religions Un islam aux multiples visages En attendant le pape noir
37 Pandémie Ces milliardaires qui veulent guérir l’Afrique
NICOLAS ORTEGA POUR JA
3O Dirigeants Trois styles, trois méthodes
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ENQUÊTE
GOUVERNANCE
N
«
MARWANE BEN YAHMED
ous avons choisi de risquer de nouvelles voies pour être plus heureux. Nous avons choisi de mettre en place de nouvelles techniques. Nous avons choisi de rechercher des formes d’organisation mieux adaptées à notre civilisation, rejetant de manière abrupte et définitive toutes sortes de diktats extérieurs, pour créer ainsi les conditions d’une dignité à la hauteur de nos ambitions. Refuser l’état de survie, desserrer les pressions, libérer nos campagnes d’un immobilisme moyenâgeux ou d’une régression, démocratiser notre société, ouvrir les esprits sur un univers de responsabilité collective pour oser inventer l’avenir. » Ces mots, qui résonnent plus que jamais aux oreilles des Africains, ont été prononcés par Thomas Sankara le 4 octobre 1984 devant l’Assemblée générale des Nations unies. Un des derniers grands leaders, avec Nelson Mandela bien sûr, qui ont marqué l’histoire « récente » du continent. Vision, intelligence, courage, empathie avec son peuple, audace, sens du devoir et de l’intérêt général : « Thom-Sank », que ses concitoyens surnommaient affectueusement « capitaine-peuple », ce qui en dit long sur sa popularité, incarnait à la perfection ce que l’on attend d’un dirigeant politique. Un profil qui ne fait guère plus florès de nos jours, et pas seulement en Afrique : le temps des de Gaulle (France), Churchill (Grande-Bretagne), Lee Kuan Yew (Singapour), Lumumba (Zaïre), Houphouët (Côte d’Ivoire), Senghor (Sénégal), Bourguiba (Tunisie) ou Nasser (Égypte) semble bien loin… Soyons honnêtes : si nous sommes affligés par la pénurie mondiale en matière de leadership – voire par l’indigence ou l’incompétence crasse de certains chefs d’État actuels tels Donald Trump (États-Unis) ou Jair Bolsonaro (Brésil) –, reconnaissons tout de même que le monde a considérablement changé et que la tâche est désormais bien plus ardue. Avoir une vraie vision et le courage de la mettre en application ne suffit plus. D’abord, les défis auxquels nos dirigeants sont confrontés sont bien plus complexes et difficiles. Si jadis il était question, en Afrique, de se battre successivement pour l’indépendance, la construction d’un
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État-nation, la démocratie puis la souveraineté économique, dans un environnement mondial assez lisible, aujourd’hui la liste des enjeux et des écueils à surmonter donnerait des frissons à un carcajou. Effets de la globalisation, révolution numérique, changement climatique, aspirations croissantes d’une jeunesse de plus en plus nombreuse, nécessité pour le continent de trouver sa place dans le monde, terrorisme, soif de changement, besoins grandissants des populations… Dans un contexte des plus compliqués: tout va plus vite, tout est plus « transparent ». L’émergence et la toute-puissance des réseaux sociaux, à la fois miroir grossissant et miroir déformant, caisse de résonance et tribunal populaire, est une entrave de plus pour nos dirigeants. Le moindre de leurs faits et gestes est dévoilé, commenté, critiqué. Last but not least, le leadership ne peut plus être « vertical ». Le paternalisme, comme le management à l’ancienne, où le chef était suivi par ses troupes sans que ces dernières ne se posent de questions, n’est plus de mise. Il faut « emmener les autres avec soi », être « inspirant », – terme très à la mode –, « donner du sens », convaincre, expliquer, se justifier. Penser « bien-être » et non plus seulement croissance ou développement. Bref, il n’est plus permis de dire « c’est comme cela et pas autrement », fût-ce frappé au coin du bon sens…
Urgence de la situation
ÉRADIQUER L’INCOMPÉTENCE ET LA MÉDIOCRITÉ, ET CRÉER UN VÉRITABLE CERCLE VERTUEUX AU SERVICE DES POPULATIONS.
Si le leader politique, le vrai, donc à ne pas confondre avec l’homme fort, l’autocrate, ou le zaïm dans le monde arabe, semble être une espèce en voie d’extinction comme tant d’autres – à l’exception, peutêtre, de Paul Kagame, au Rwanda, et de Mohammed VI, au Maroc, tous deux bénéficiant de circonstances intérieures trop particulières (le génocide des Tutsis pour le premier, la royauté pour le second) pour servir d’étalon –, l’Afrique n’en a jamais eu autant besoin. Soixante ans après les indépendances, il est hélas toujours question de construire des États et des nations qui répondent aux besoins de leurs citoyens. États dont la construction se heurte aux crises sociopolitiques récurrentes et dont on perçoit les difficultés des populations à se les approprier. Tout comme d’élaborer un nouveau mode de gouvernance (et de dévolution du pouvoir) qui fasse consensus, sans lequel la démocratisation lancée depuis les années 1990 aura bien
sorte que ce qui a été mis en place survive aux hommes qui en sont à l’origine. Cette quête effrénée de femmes et d’hommes capables d’aider l’Afrique à relever les immenses défis qui s’offrent à elle ne concerne cependant pas la seule sphère politique. Elle s’étend inévitablement au monde de l’entreprise, le secteur privé étant le seul à pouvoir absorber la main-d’œuvre et les cerveaux qui déferlent chaque année sur le marché du travail, le plus à même de s’adapter à la compétition internationale et d’apporter son écot en matière de transformation de nos économies ou de développement pérenne. Mais aussi à la société civile et à nos élites intellectuelles ou morales. Objectif commun: promouvoir de nouvelles valeurs, à partir de notre histoire et de notre culture, libérer les énergies, réelles mais engoncées dans trop de carcans, proposer des initiatives porteuses de progrès. « Nous ne pouvons laisser à nos seuls ennemis d’hier et d’aujourd’hui le monopole de la pensée, de l’imagination et de la créativité ! » disait Sankara. Trente-trois ans après son assassinat, il est grand temps de mettre en pratique ses préceptes…
du mal à passer un nouveau cap. Il suffit, entre autres, de lister le nombre de processus électoraux contestés ou contestables, pour mesurer l’urgence de la situation. Un autre type de leadership, celui qui éradiquerait l’incompétence et la médiocrité et créerait ainsi un véritable cercle vertueux au profit de l’excellence et de l’efficacité au service des populations, est donc désespérément attendu. Cela se traduirait par une utilisation plus rationnelle des compétences qui existent, car elles existent, en mettant les hommes et les femmes qu’il faut à la place qu’il faut, pour atteindre les objectifs fixés et obtenir des résultats. Ainsi le continent ne serait plus contraint de subir des politiciens manquant de vision et dépourvus de qualifications appropriées uniquement parce que ceux-ci cochent les critères de leur appartenance au sérail – comme si cette consanguinité était gage de stabilité –, au clan, à la région ou à l’ethnie, de leur allégeance au chef. Des dirigeants qui, par ailleurs, font tout pour ne pas laisser de nouveaux talents émerger, de crainte qu’ils ne soient susceptibles de leur succéder, alors que l’essence même du leadership consiste à préparer l’avenir et à faire en
Africa in Motion
Accélérer l’avenir numérique du continent Par Fadi Pharaon, Président d’Ericsson Moyen-Orient et Afrique
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Comment l’Afrique peut adopter le numérique rapidement et rejoindre l’ère de prospérité socio-économique ?
Les TIC sont le catalyseur de la transformation numérique, les réseaux mobiles étant l’ingrédient crucial pour accroître la compétitivité économique de l’Afrique à l’échelle mondiale.
ENQUÊTE
DIRIGEANTS
Trois styles, trois méthodes
Chacun à sa façon, le souverain chérifien et les présidents béninois et rwandais incarnent en Afrique une forme de leadership reconnue, à défaut de faire l’unanimité. Analyse de ces trois cas d’école.
Patrice Talon Président du Bénin
Le manager en chef
FADEL SENNA/AFP
Mohammed VI Roi du Maroc
Le roi imam Si le modèle de gouvernance marocain demeure l’un des plus originaux au monde, c’est à l’existence d’un régime monarchique dont le souverain tire sa légitimité originelle en qualité de Commandeur des croyants qu’il le doit. Toute l’intelligence de Mohammed VI a été de pressentir que, face à l’extrême dangerosité de l’islamisme radical, ce concept, ainsi que le rite malékite sur lequel s’accordent les Marocains, ne devait pas rester immobiles, et qu’une politique de prévention-répression purement sécuritaire ne pouvait en aucun cas suffire. Le Maroc est aux portes de l’Europe, ce qui est un avantage mais aussi un danger, car c’est de ce vieux continent en plein processus de sortie de la religion que souffle le grand vent de la mondialisation sur le royaume et c’est par lui que pénètre une modernité qui, quand elle est vécue comme une agression culturelle, fait le lit de l’extrémisme. D’où le double choix acté très tôt par le successeur de Hassan II de moderniser l’islam et d’islamiser la modernité en s’appuyant sur la commanderie des croyants.
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Prise en charge et formation continue des imams, des oulémas et des mourchidates, restructuration de l’enseignement religieux, création d’un Institut de formation et d’une Fondation des Oulémas africains axée sur la propagation du malékisme au sud du Sahara: les choix ont été audacieux, mais somme toute conformes au caractère d’un souverain qui, tout en avançant ses pions avec prudence, sait prendre des risques calculés, comme on l’a vu dans la gestion de la pandémie de Covid-19, qui a durement frappé le Maroc, ou tout récemment dans l’ablation du kyste de Guerguerat, au Sahara. Alors que la police marocaine démantèle presque chaque mois une nouvelle cellule terroriste, ce jihad éclairé pour un islam dynamique et innovant demeure plus que jamais à l’ordre du jour afin d’éviter le basculement dans un islam de rupture et de radicalité. L’expérience est-elle reproductible ailleurs? En partie, oui. Mais Mohammed VI bénéficie pour la mener d’un avantage qu’il est le seul à posséder : le temps long d’un monarque de droit divin que nul ne met en équation. F.S.
En Afrique de l’Ouest, Patrice Talon détonne. Et le président béninois le sait. Son image de « président-patron », il en a fait une marque de fabrique, un slogan politique même, dès la campagne présidentielle qui l’a conduit au pouvoir. Celle d’un homme qui, avant de prendre ses quartiers au Palais de la marina, en 2016, n’avait côtoyé le marigot politique que depuis « l’autre côté », celui du privé. Un homme qui a construit sa fortune grâce à ses talents de manager et son flair d’investisseur et qui a décidé, à l’orée de la soixantaine, de s’engager en politique. Mais, ici comme dans les affaires, en brûlant les étapes. Pour le premier mandat électif que Patrice Talon a sollicité auprès de ses concitoyens, il a visé au plus haut. Dans son exercice du pouvoir également, le président a joué de sa fibre managériale. Tel un capitaine d’industrie, il a fixé « ses » objectifs, ambitieux, dans un Plan d’action du gouvernement devenu l’alpha et l’oméga de l’exécutif. Le Bénin doit se « révéler », c’est son credo, et les réformes – libérales, comme il se doit pour ce fervent adepte du développement par l’initiative privée – doivent être menées à leur terme. Et qu’importe si cela suppose de limiter le droit de grève ou de mettre en pièces une opposition quasi moribonde à l’orée de la fin de son premier mandat. Les indicateurs économiques sont bons, c’est
ENQUÊTE
DIRIGEANTS
Paul Kagame Président du Rwanda
Le « boss »
Sa devise pourrait tenir en un mot, à même de résumer la devise du pays qu’il préside depuis vingt ans: agaciro, qui signifie « dignité » en kinyarwanda. Pour Paul Kagame, les Africains doivent « comprendre que le temps
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VINCENT FOURNIER POUR JA
s’est ensuivi, Patrice Talon a aussi pu observer que certains de ses alliés du moment, répartis dans les deux partis de la mouvance présidentielle, pourraient bien décider de briser le statu quo de crainte de perdre leurs bases militantes ou leurs bastions locaux. Après avoir démarré son mandat bille en tête, persuadé qu’il était alors de ne pas en solliciter un second, Patrice Talon a marqué une inflexion dans son discours ces derniers mois. La grande tournée qu’il mène dans tout le pays, aux allures de précampagne électorale, en est le signe le plus patent. Partout, il s’emploie à se montrer empathique, à l’écoute. Calcul électoraliste ou prise de conscience du fait que l’on ne dirige pas (tout à fait) un État comme on gère une entreprise? M.M.
VINCENT FOURNIER/JA
ce qui compte. Talon est un modèle de gouvernance pour certains, fatigués des jeux politiques dans lesquels les mêmes visages reviennent sous des étiquettes différentes. Il crispe, également, et il l’assume. Mais s’il affirmait à Jeune Afrique, à la fin de septembre, avoir « pris le risque d’être impopulaire », un virage semble se dessiner ces derniers mois dans la rhétorique et la posture du « patron-président ». C’est que, contrairement à la promesse qu’il avait faite lors de la campagne de 2016, Patrice Talon devrait, sauf surprise, briguer un second mandat. Pour cela, et même si l’opposition semble bien en peine de mettre face à lui une candidature forte, il lui faudra donc à nouveau solliciter l’adhésion des électeurs béninois. Après l’épisode des violences postélectorales de 2019, et le dialogue politique qui
du baby-sitting est révolu et que nous ne grandirons jamais tant que nous estimerons avoir un besoin éternel de baby-sitters européens, américains, asiatiques ou autres ». Après avoir hérité, en 1994, d’un pays en miettes, laissé exsangue par le génocide contre les Tutsi, l’ancien maquisard impulse, pierre après pierre, la reconstruction du Rwanda et la réconciliation d’un peuple déchiré. Avec un objectif pour les siens: tracer leur propre voie sans se laisser dicter leur conduite par le paternalisme occidental. Aucœurduprojetprésidentiel,l’éclosion d’une Afrique débarrassée des clichés qui lui collent à la peau en promouvantunegouvernanceambitieuse: lutte contre la corruption, reddition des comptes à tous les échelons administratifs, plans d’urbanisme rigoureux, protection de l’environnement, digitalisation tous azimuts, mis en place d’une mutuelle de santé, volontarisme économique, réduction de la dépendance à la coopération internationale, promotion du tourisme et d’une économie de services… Au fil des années, le
petitRwanda estdevenuunpoidslourd de la scène africaine dont les indicateurs de développement et la modernisation spectaculaire sont salués par les grandesinstitutionsinternationales,les investisseurs et les partenaires. Une métamorphose à marche forcée qui génère aussi son lot de controverses. Car la gouvernance Kagame, fondée sur une adhésion collective de la population régulièrement mise en doute à l’extérieur, repose sur un leadership intransigeant. Pour les ONG de défense des droits de l’homme et l’opposition en exil, le « miracle rwandais » ne serait qu’un trompe-l'œil bénéficiant exclusivement à une minorité d’apparatchiks aisés, tandis que les libertés fondamentales du plus grand nombre seraient sacrifiées. Des critiques face auxquelles le « boss » oppose invariablement la même ligne de défense : « Nous sommes ouverts à tous les conseils en matière d’évolution démocratique, à condition qu’ils soient de bonne foi, mais nous n’aimons pas les prescriptions, encore moins les ordres. » M.B.
ENQUÊTE
RELIGIONS
Un islam aux multiples visages
T
LAURENT DE SAINT PÉRIER
andis qu’au Mali l’imam Dicko fait et défait les présidents, au Nigeria, on guette les rares imprécations de Shekau, le maître takfiriste de Boko Haram. Au Sénégal, l’imam Dame Ndiaye appelle des milliers de concitoyens à manifester contre les caricatures du Prophète, et, dans le Sahel livré aux groupes armés, les sermons enregistrés de l’insaisissable Hamadoun Koufa nourrissent une fièvre jihadiste qu’au Maroc Ahmed Abadi, le « prêcheur du roi », est chargé de combattre par le verbe. Une même ardeur anime ces acteurs aux objectifs souvent ennemis, celle de l’islam, puissant moteur de mobilisation dans une ère mondialisée où les religions sont devenues le dernier repère des identités désorientées et l’une des rares voies de contestation politique dans les États autoritaires. Portés par satellites et fibres optiques, les images et les mots des leaders islamiques s’invitent dans des millions de foyers, mais l’islam de l’Afrique est animé depuis la conquête par des figures charismatiques, apaisantes ou excitantes, contestataires ou conservatrices. Des saints fondateurs de confréries soufies aux prêcheurs zélés des empires jihadistes ouest-africains, des prédicateurs savants des universités de Tombouctou, de Fès, de Tunis et du Caire aux charlatans incultes, tous ont leurs héritiers contemporains. En Algérie se détachent ainsi quatre figures qui illustrent l'éventail de la
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prédication islamique sur le continent. Celle, traditionnelle, du cheikh de la tariqa soufie Alawiyya, Khaled Bentounes, qui, en costume cravate, dispense jusqu’en Europe son message de paix et de tolérance. Celle, plus officielle, du vénérable Abou Abdessalam, qui incarne à la télévision publique l’orthodoxie malékite. L’imam Mohamed Ali Ferkous tient, lui, le minbar du salafisme, n’hésitant pas à excommunier contestataires politiques ou militants féministes sur son site web. Champion des fatwas insolites à dominante sexiste, le cheikh Chamseddine, dit Chamsou, est adulé comme une star. Et régulièrement interdit d’antenne pour ses dérapages. Si le maniement du message islamique confère un charisme qui touche à la grâce, bien des prêcheurs populaires lui associent d’autres dynamiques pour séduire. Complotisme, critique politique, dénonciation de l’Occident, de la mondialisation, des « faux croyants » sont développés par les adeptes de la virulence verbale pour mieux apparaître comme les seuls détenteurs de La vérité. Le chercheur sénégalais Seydi Diamil Niane
DANS LE SECRET DES RÉSEAUX SOCIAUX S’EST DÉVELOPPÉ UN DISCOURS INSIDIEUX QUI SE NOURRIT DE LA MISÈRE SOCIALE DE SES CIBLES.
ANNIE RISEMBERG / AFP
Des saints fondateurs de confréries soufies aux prêcheurs jihadistes, en passant par les savants et les charlatans, tous ont leurs héritiers sur le continent.
cite ainsi le peu érudit cheikh Oumar Diagne « qui se démarque en traitant les gens de francs-maçons facilement et sans preuve ». Autre figure montante, le salafiste Oumar Sall « attaque même les fondements des confréries soufies, notamment la tijaniyya et le mouridisme, ce qu’aucun salafiste ne s’était encore aventuré à faire ». Au Mali, l’imam Mahmoud Dicko est parvenu à s’ériger en arbitre politique, décisif dans le renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta, en août 2020. Pour Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute de Dakar, il incarne le succès de leaders légitimés par la référence religieuse mais dont le discours de contestation, essentiellement politique, parvient à fédérer de nombreuses sensibilités: « lors des manifestations, il a surfé sur les thématiques qui cristallisent les frustrations populaires sans convoquer la religion. Il est ainsi parvenu
Au Mali, l’imam Mahmoud Dicko est parvenu à s’ériger en arbitre de la vie politique. Ici, le 28 août 2020, à Bamako.
à travers Facebook, WhatsApp ou Telegram, les communicants de l’État islamique ont ainsi attiré des milliers de jeunes Nord-Africains dans le jihad oriental. Les savants interrogés sont unanimes pour attribuer la prospérité de ces discours aux ruptures dans la transmission des pratiques traditionnelles qui, d’une part, ne savent plus répondre aux questions d’une jeunesse connectée au monde et d’autre part se perdent avec les migrations.
Des cheikhs itinérants
à mobiliser aussi bien les caciques de la gauche antilibérale et anti-hégémonique que les adeptes des confréries et les islamistes. Ce discours islamo-nationaliste et antisystème mobilise de plus en plus au Sahel, où les digues entre islam traditionnel et islam politique commencent à céder. » La tendance est aussi à l’adoption de voix locales, plus familières des préoccupations de leurs concitoyens et qui maîtrisent maintenant les outils technologiques. Les réseaux trans nationaux, comme ceux des salafistes madkhalis ou des Frères musulmans, disposent de relais nationaux assez efficaces, et l’aura de stars régionales, comme le cheikh égyptien d’Al-Jazira, Youssef al-Qaradawi, s’est étiolée. Celui-ci est d’ailleurs interdit d’antenne en Tunisie et en Égypte. Mais l’âge d’or des prêcheurs cathodiques a laissé la science de la communication en héritage aux prédicateurs
contemporains. « Dans les années 1990, explique la socio-anthropologue Sophie Bava, ces prêcheurs sont passés de sermons abstraits et impersonnels à une expression empathique, populaire, émotive et factuelle en résonance avec l’actualité et les attentes de leurs publics, et qui a été calquée sur l’art du prêche évangélique américain. » À tel point que le prêcheur égyptien Amr Khaled, pur produit de l’orthodoxie religieuse d’Al-Azhar, peut être qualifié de « télévangéliste islamique » tant son style, son enthousiasme et jusqu’à son costume pastichent ceux des pasteurs populaires américains. La modernité a amené une autre forme de charisme, plus sournoise et plus obscure, qui se développe dans le secret des réseaux sociaux et se nourrit de la misère sociale de ses cibles. Alliant tapage médiatique, spectacles visuels extrêmes et prosélytisme
Certes, la baraka héréditaire du chef de la confrérie est encore révérée, et des figures comme celle du calife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, au Sénégal, gardent une influence sociale et politique puissante. « La mouridiya s’est adaptée à la migration dès les années 1970 en dépêchant des cheikhs itinérants auprès de la diaspora. En retour, ces cheikhs, qui maintiennent le lien, se sont nourris de l’expérience du monde, ouvrant la confrérie à la modernité. Au Burkina et au Mali, les confréries étaient beaucoup moins adaptées et moins armées pour faire face à la propagande jihadiste », rappelle Sophie Bava. Pour le renommé cheikh Khaled Bentounes, qui dirige la Alawiya algérienne, la présence, l’écoute et la capacité de servir sont les clés du charisme d’un chef spirituel : « La déférence au cheikh est encore sensible chez les adultes, mais ce qui touche les jeunes c’est qu’on cherche à les comprendre, qu’on leur parle un langage qu’ils comprennent, et qu’ils réalisent que notre tradition est un phare pour le présent et l’avenir. Les gens viennent chercher auprès de moi une direction, une espérance en ces temps d’incertitudes. Le vide dans ces domaines peut amener le pire à s’y enraciner ».
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ENQUÊTE
RELIGIONS
En attendant le pape noir
Si aucun évêque ou cardinal africain ne semble aujourd’hui exercer une influence prépondérante au niveau mondial, quatre noms commencent cependant à s’imposer sur le continent.
«
adis, quand le cardinal congolais Laurent Monsengwo Pasinya ou celui camerounais Christian Tumi s’exprimaient sur un sujet, tout le monde écoutait! », se souvient un religieux originaire de RD Congo en poste au Vatican. « Aujourd’hui, force est de constater qu’aucun évêque ou cardinal africain n’a une telle influence, ni à Rome ni sur le continent », regrette le jésuite camerounais Ludovic Lado, spécialiste des questions de gouvernance, et notamment de l’Église catholique. Installé à N’Djamena, ce religieux en délicatesse avec les autorités de son pays, qu’il n’hésite pas à critiquer sévèrement, note une forme de « dépersonnalisation » de l’influence catholique dans la politique en Afrique, qui pèse moins qu’avant, et désormais surtout par le biais de certaines conférences épiscopales ou organisations de fidèles, essentiellement en RD Congo et au Burundi. « On n’entend plus guère les évêques du Congo Brazzaville et du Cameroun critiquer les autorités politiques comme il y a quelques années », relève-t-il. Néanmoins, les deux mêmes noms reviennent quand on interroge les connaisseurs de l’Église catholique sur les pasteurs catholiques africains actuellement les plus influents : le Ghanéen Peter Turkson et le Congolais Fridolin Ambongo. « Mgr Turkson est une figure clé à Rome. Malgré quelques maladresses de communication – notamment sur les relations avec l’islam en 2012 –, il a gagné la confiance du pape François, qui l’a nommé à la tête du nouveau dicastère pour le service du développement humain intégral, sorte de super-ministère du Vatican créé par
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ses soins en 2016. À 72 ans, il est chargé à la fois des questions de justice et de paix, mais aussi d’écologie et d’action caritative, clés pour le souverain pontife » fait valoir notre religieux congolais installé à Rome.
Franc parler apprécié
Quant à Mgr Ambongo, créé cardinal en 2019, il a succédé au cardinal Monsengwo à la fois comme archevêque de Kinshasa, mais aussi et surtout comme membre représentant le continent au Conseil des cardinaux du pape, où il a été nommé en octobre dernier. « Tout le monde pensait qu’après Monsengwo, le pape François choisirait pour son conseil un évêque ou un cardinal du continent originaire d’un autre pays que la RD Congo, plutôt anglophone ou lusophone, en suivant une logique d’alternance géographique ou linguistique. Mais il a fait le choix d’une personnalité qu’il apprécie, qui fait preuve comme lui d’un franc-parler qui fait sans doute défaut à nombre d’ecclésiastiques africains », analyse notre religieux congolais.
Plusieurs fidèles catholiques interrogés par JA évoquent aussi le cardinal guinéen Robert Sarah, qui bénéficie de l’estime d’une bonne partie du clergé subsaharien, plutôt conservateur sur les questions liturgiques. Mais son radicalisme doctrinal et ses critiques récurrentes des positions d’ouverture du pape François lui valent aussi quelques inimitiés. Certains lui reprochent également de s’être éloigné du continent en s’installant à Rome en 2001. Mais aussi d'être appuyé par des associations catholiques ultra-conservatrices européennes et américaines, qui auraient fait de lui leur champion contre le pape François. S’il est encore trop jeune – 53 ans – et pas assez connu à Rome pour être reconnu comme un leader catholique de premier plan, il faudra néanmoins suivre l’archevêque de Bangui Dieudonné Nzapalainga, apprécié par le pape François pour son implication pour la paix en Centrafrique. Créé cardinal en novembre 2016 par le souverain pontife, il est considéré par beaucoup comme une figure montante du catholicisme.
En octobre, l’archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo, a été nommé membre du Conseil des cardinaux du pape, succédant ainsi au cardinal Monsengwo.
ANDREW MEDICHINI/AP/SIPA
J
CHRISTOPHE LE BEC
THEO WARGO/GETTY IMAGES FOR GLOBAL CITIZEN/AFP
Patrice Motsepe, troisième fortune d’Afrique du Sud, est coutumier des actions philanthropiques avec sa fondation.
Ces milliardaires qui veulent guérir l’Afrique Face au coronavirus, les pouvoirs publics ont conduit la riposte. Mais les grandes fortunes du continent ont pris leur part à l’effort collectif, anticipant même parfois les initiatives publiques.
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CHRISTELLE MAROT
atrice Motsepe, Nicky O p p e n h e i m e r, A l i k o Dangote, Tony Elumelu, Strive Masiyiwa, Othman Benjelloun, Aziz Akhannouch… Dans la lutte contre la pandémie de Covid-19, les grandes fortunes privées africaines sont venues en renfort des États. Au Nigeria, le magnat du ciment Aliko Dangote, homme le plus riche du continent dont la fortune est estimée à 10 milliards de dollars, est sur le front depuis le début et organise la riposte. À travers sa Coalition contre le Covid19 (Cacovid) avec l’appui de la Banque centrale du Nigeria, il a donné l’élan pour collecter 30 milliards de nairas (67 millions d’euros), auprès d’une centaine de donateurs locaux pour financer plus de 2100 lits de réanimation, 600 000 kits de test dans tout le pays et distribuer de la nourriture. Une initiative très médiatisée qui mobilise une cinquantaine d’entreprises. Aliko Dangote a déboursé personnellement 2,2 milliards de nairas (5 millions d’euros). Mais le plus gros contributeur reste le banquier Tony Elumelu avec 3,5 milliards de nairas (7,8 millions d’euros). Parmi les autres donateurs
privés : le fondateur de Globacom et troisième fortune du continent Mike Adenuga, avec 1,5 milliard de nairas (3,3 millions d’euros), ainsi que l’industriel Abdul Samad Rabiu, le patron d’Access Bank Herbert Wigwe, le pétrolier Femi Otedola et la vice-présidente de Famfa Oil, Folorunsho Alakija, avec environ un milliard de nairas chacun (2,2 millions d’euros).
Envoyé spécial de l’UA
En Afrique du Sud, l’impulsion est venue du président Cyril Ramaphosa, avec la création d’un Fonds de solidarité abondé pour près d’un tiers, avec 1 milliard de rands (54 millions d’euros), par la famille Oppenheimer. La famille Rupert, la deuxième plus riche d’Afrique du Sud, a de son côté promis de débourser 1 milliard de rands pour venir en aide aux travailleurs. Patrice Motsepe, troisième fortune d’Afrique du Sud et président de la société minière African Rainbow Minerals, a choisi, lui, de mobiliser ce milliard de rands à travers sa propre fondation, en partenariat avec des organisations religieuses, des syndicats, des ONG, des chefs traditionnels et les autorités locales, « avec pour objectif premier de sauver des vies, de ralentir la propagation du virus », via l’achat de
désinfectants, d’équipements de protection et la fourniture d’eau. Nommé, de son côté, envoyé spécial Covid-19 de l’Union africaine, le magnat zimbabwéen des télécoms Strive Masiyiwa mobilise au niveau local les chefs de communauté, leaders religieux, députés et maires. Il a financé 100000 kits pour tester les personnes les plus vulnérables au Zimbabwe, ainsi que 45 ventilateurs pour unités de soins intensifs aux hôpitaux publics du pays. Au Maroc, les milliardaires Othman Benjelloun, patron de Bank of Africa, et Aziz Akhannouch, à la tête du distributeur de carburants Afriquia, ont ouvert le bal dès le mois de mars, mettant à contribution leurs sociétés avec des dons de 1 milliard de dirhams chacun (100 millions d’euros) pour alimenter le Fonds spécial marocain de lutte contre le coronavirus. Toujours en Afrique du Nord, après avoir été au départ vertement critiqué pour son manque d’implication, appelant sur Twitter à reprendre le travail au plus vite, Naguib Sawiris a fini par mettre la main à la poche, via sa fondation, à hauteur de 100 millions de livres égyptiennes (5,4 millions d’euros) en avril, afin de soutenir le ministère égyptien de la Santé et les familles dans le besoin.
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ENQUÊTE
Tribune
Des moralistes plutôt que des affairistes Yann Gwet
Essayiste camerounais
L
e 6 novembre, le président Biya fêtait le 38e anniversaire compte que l’économiste nigériane n’avait aucune intention de de son accession à la présidence du Cameroun. Ses céder à leur chantage, ils exigèrent une rançon. L’otage fut partisans lui tressèrent des lauriers. Ses opposants, dans finalement libérée et raconta aux enquêteurs qu’elle avait, selon les médias comme dans l’opinion publique, laissèrent les dires des malfaiteurs, été ciblée parce que sa fille avait éclater leur agacement à l’égard d’un événement qui, « refusé de payer les importateurs de pétrole » dans le cadre pour beaucoup, marque le début de la descente du pays vers les d’une opération d’assainissement d’un secteur pétrolier nigérian abysses. Je suis de ceux qui estiment que la parenthèse Biya en proie à une corruption endémique. Le reste du livre relate une aura été malheureuse pour « l’Afrique en miniature ». Mais le bilan longue énumération de menaces directes, de tentatives du président camerounais n’était pas dans mon esprit le d’intimidations et de pressions exercées à l’endroit d’une ministre 6 novembre. Tôt ou tard, celui-ci sera remplacé. Une autre ère coupable de mener la guerre contre la corruption. s’ouvrira. Mais le successeur de M. Biya, quel qu’il soit, sera-t-il À l’image de Lee Kuan Yew à la hauteur des défis de l’époque? Ce livre révèle ainsi le coût, exorbitant, de tout projet de transforCette question va au-delà du Cameroun. L’actualité africaine mation véritable en Afrique. Il rappelle aussi que la matière est particulièrement sinistre: crise économique, répression première du leadership est le courage. Courage d’agir, comme politique, révoltes populaires, terrorisme, conflits armés, l’illustre l’expérience du Dr Okonjo-Iweala, mais aussi courage des massacres à grande échelle, etc. Ces événements tragiques idées et de la vision. Au moment de l’accession de Singapour à témoignent d’une crise de leadership profonde à l’échelle du l’indépendance, il eût été facile pour son continent. Ils appellent à une réflexion sur la leader, l’illustre Lee Kuan Yew, de céder aux manière de transformer nos pays, mais exigences de la communauté chinoise, qui également sur le type de leaders capables LE COURAGE D’AGIR réclamait un statut particulier pour sa langue, d’incarner l’impératif de changements ENVERS ET CONTRE parlée à l’époque par 80 % de la population. radicaux. Nombre de nos leaders africains auraient Une plainte revient sans cesse dans la TOUT, ADOSSÉ cédé aux sirènes du tribalisme pour mieux en bouche des opinions publiques africaines: la À DES CONVICTIONS récolter les dividendes politiques. Pas le corruption. Elle est omniprésente, souvent leader de Singapour. Conscient de l’imporassumée, toujours désastreuse pour nos ET À UNE VISION, tance de l’égalité dans une société multiéconomies, la cohésion de nos commuEST AU FONDEMENT ethnique, de la nécessité d’unir des nautés, le contrat social de nos sociétés. communautés diverses et de préserver toutes Dans son livre Fighting Corruption is DU LEADERSHIP. les chances de succès de son pays dans un Dangerous, la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala monde en pleine mutation, ce descendant raconte l’enlèvement de sa mère, en 2012. d’immigrés chinois affirma, malgré la pression de sa « commuSes ravisseurs avaient pris la peine de s’assurer qu’ils avaient nauté » d’origine, la stricte égalité de toutes les langues officielles bien entre leurs mains « la mère [de la] ministre des Finances » de Singapour (tamil, malais, chinois, anglais) et imposa progressiavant de la jeter dans leur voiture, et firent savoir à son fils, vement l’anglais comme langue véhiculaire. chargé des négociations, que le prix de la libération de leur mère Difficile de dire d’où vient, chez ceux ou celles qui la était la démission publique de Ngozi Okonjo-Iweala – qui devait possèdent, la vertu du courage. Tout aussi difficile de savoir si on par la même occasion annoncer son retour aux États-Unis, d’où peut l’enseigner ou la cultiver. Les théories abondent. Mais l’on elle avait été débauchée. Lorsque les ravisseurs se rendirent
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sent bien que le courage d’agir, envers et contre tout, procède de justifiait de laisser prospérer le mal. Il fallait l’éradiquer – y convictions fortes. Si l’on n’est pas fermement convaincu à la fois compris au moyen d’une violence dont la légitimité tenait à ce de la justesse et de l’absolue nécessité de la cause pour laquelle qu’elle était au service du bien. Évidemment, ce manichéisme on s’engage, alors il est impossible de faire s’accommode mal de la gestion de sociétés preuve du courage nécessaire face à une humaines nécessairement complexes. Mais il LE MONDE QUI VIENT procure le carburant indispensable pour inévitable adversité. Contrairement au courage, dont la source des systèmes fondamentalement NOUS SERA HOSTILE. casser prête à discussion, la question des convictions corrompus et injustes. – ce que d’aucuns appelaient jadis une MAIS, SOUVENT DANS idéologie – est moins floue. Grâce à une Droit de la force L’HISTOIRE, LES L’ancien leader ghanéen nous quitte à une certaine expérience du monde, une relation aux idées, un tempérament spécifique, PÉRIODES TRAGIQUES période de mutation historique. La parenthèse libérale ouverte après la Seconde Guerre certains parmi nous développent des RÉVÈLENT DE mondiale se referme. Nous revenons en convictions fortes, épousent une vision du quelque sorte au XIXe siècle. C’est le retour monde et une volonté de la défendre. Ceux de GRANDS DESTINS. progressif des grands empires et des grands nos leaders qui, pour reprendre la formule de affrontements; un monde régi par le droit de la Marx, ne se contenteront pas « d’interpréter force, l’unilatéralisme, la realpolitik. Le monde qui s’en va nous diversement le monde » mais le « transformeront » sont ceux dont était relativement favorable. Celui qui vient nous sera hostile. le courage sera adossé à une vision politique du destin de l’Afrique « Nous entrons dans l’avenir à reculons », comme disait Paul et à la certitude que les Africains méritent mieux, doivent prétendre Valéry. Mais, bien souvent dans l’Histoire, les périodes tragiques à mieux et peuvent faire mieux. révèlent de grands destins. Il faut espérer qu’émergeront des L’ancien président ghanéen Jerry Rawlings, décédé récemment, personnalités africaines à la hauteur d’une époque qui appelle nous offre l’exemple d’un leadership à bien des égards excepdes moralistes plutôt que des relativistes, des révolutionnaires tionnel. L’homme n’était certes pas parfait, mais en plus d’être un sophistiqués plutôt que des technocrates réformateurs, des gens soldat et un authentique révolutionnaire, c’était un moraliste qui ont davantage le sens de l’Histoire que celui des affaires. (comme le sont tous les authentiques révolutionnaires). Rien ne
Bien plus que de l‘eau. Le traitement des eaux pharmaceutiques et dans les Établissements de soins et de santé. Parce que la maîtise de la qualité de l‘eau est un élement indispensable à votre industrie pharmaceutique ou dans vos établissements de santé, BWT répond à ces exigences avec une expertise de haut niveau, un savoir-faire technologique à la pointe du progrès et un accompagnement de proximité à chaque étape. Grâce à cette offre globale, BWT sécurise votre eau mais également votre performance énergétique en vous apportant... bien plus que de l‘eau !
Financement du ticket modérateur des Gabonais les plus démunis : une mesure innovante en faveur de l’inclusion sociale Lors de son adresse à la nation, le 17 avril 2020, le Président de la République, Chef de l’État, Son Excellence Ali Bongo Ondimba, a annoncé la prise en charge, pendant six mois, du financement du ticket modérateur des Gabonais les plus démunis. Une mesure innovante qui a eu un impact majeur sur la politique de santé du Gabon. La mise en œuvre du dispositif, appelé Fonds Personnel du Chef de l’État, d’un montant de 2,1 milliards de FCFA, au bénéfice des Gabonais Économiquement Faibles (GEF), a été décidée durant la période d’urgence sanitaire relative à la lutte contre la COVID 19 au Gabon. Dans cet important message, en plus de l’effort général consenti par l’Etat pour faire face à la pandémie, le Président de la République, toujours soucieux du sort des Gabonais les plus vulnérables, a souhaité, dans un énième élan du cœur, prendre personnellement à sa charge, le financement du ticket modérateur des concitoyens les plus démunis. Cet instrument spécial et inédit a été en vigueur pendant la période allant du lundi 27 avril au lundi 26 octobre 2020. Pour rappel, la prise en charge ordinaire des soins de santé des assurés de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS) se fait à hauteur de 80 %, 90 % ou 50 %,
COMMUNIQUÉ
sur la base du tarif conventionné qui est le prix d’une prestation pratiqué dans les structures publiques. L’assuré s’acquitte, pour sa part, du ticket modérateur qui est de 20 %, 10 % ou 50 % selon les prestations. Toutefois, il faut relever que l’assuré, qui se rend dans une structure qui pratique des prix plus élevés que le secteur public (structures sanitaires privées), s’acquitte non seulement du ticket modérateur, mais aussi du dépassement d’honoraires, c’està-dire du montant excédant le tarif conventionné.
Le rôle clé de la CNAMGS La grandeur de cet élan de solidarité commandait la mise en place d’un cadre opérationnel efficace à la hauteur des aspirations profondes du donateur. La CNAMGS s’est ainsi employée, lors de travaux préparatoires, à mettre en
place une organisation coordonnée permettant la matérialisation de la volonté du Président de la République, Chef de l’État, sur toute l’étendue du territoire national. Dès le samedi 18 avril 2020, la CNAMGS a élaboré un plan d’action basé sur trois axes majeurs : l’organisation d’un cadre opérationnel efficace, l’orientation des assurés et l’efficience dans la gestion, notamment par l’ouverture d’un compte bancaire dans un établissement commercial. Ce compte dédié a exclusivement servi au paiement des prestations de santé du ticket modérateur des GEF. Le 27 avril 2020, par une communication publiée dans le quotidien « L’Union » ainsi que sur sa page Facebook, la CNAMGS a annoncé le démarrage effectif de la mesure annoncée par le Président de la République. À cette date, plus d’une centaine de structures sanitaires privées et publiques avaient signé les protocoles d’accords. L’adhésion de plusieurs
autres structures, motivées par les retours satisfaisants, a permis d’enregistrer des incorporations supplémentaires pendant les mois suivants.
LA MESURE A DONNÉ UNE NOUVELLE IMPULSION À LA DÉMATÉRIALISATION DES PROCÉDURES
Le taux de couverture sanitaire a été satisfaisant sur toute l’étendue du territoire national, au regard du nombre de structures ayant signé le protocole d’accord. Il faut relever que toutes les structures sanitaires publiques ont été intégrées automatiquement dans la mise en œuvre de la mesure. Au total, près de 3 milliards de FCFA de factures de prestations de santé avaient été déposées au titre du ticket modérateur à la date du 25 octobre 2020. Les médicaments ont représenté le principal poste de dépenses (68 % du total). En définitive, 629 192 assurés ont bénéficié de la mesure présidentielle. Un autre aspect important concerne l’optimisation de la dépense publique. Le ticket modérateur a été payé uniquement sur la base d’un contrôle de conformité administrative, alors que la part tiers-payant, fait en plus l’objet d’un contrôle médical des prestations par les praticiens contrôleurs vacataires recrutés à cet effet sur l’ensemble du territoire national. À la date du 30 septembre, plus de 200 millions de FCFA d’économies avaient été réalisées sur les prestations contrôlées.
629 192 ASSURÉS ONT BÉNÉFICIÉ DE LA PRISE EN CHARGE DU TICKET MODÉRATEUR Par ailleurs, la prise en charge totale des soins de santé par l’intervention du Fonds Présidentiel (ticket modérateur) et de la CNAMGS (tiers-payant) a révélé une diversité d’irrégularités, provenant aussi bien des assurés (prêt de carte, utilisation d’ancienne carte GEF, etc.), que des prestataires de santé (surfacturation, prescription de complaisance, fausses hospitalisations, etc.). Face à ce phénomène, un état récapitulatif nominatif des abus et de leurs auteurs par structure médicale, a été transmis à la Direction Générale des Établissements et des Prestations de Santé. Celle-ci, ayant participé aux réunions de concertation entre
la CNAMGS et les Prestataires de santé, s’est chargée de sensibiliser les praticiens indélicats.
Un encouragement à poursuivre les réformes La gestion du fonds personnel du Président de la République, Chef de l’État, confiée à la CNAMGS, a donné une nouvelle impulsion à l’activité de cet organisme. L’ambition visée porte vers un régime d’assurance maladie
et une garantie sociale toujours plus proche de ses assurés. Cette vision devrait être matérialisée par la mise en œuvre des actions suivantes : la réévaluation du financement de la prise en charge du ticket modérateur des GEF dans le cadre des filets sociaux (SIHG) ; la prise en charge des soins primaires par la CNAMGS ; l’amélioration du panier de soins ; la participation à la réorganisation des pharmacies hospitalières ; l’allégement de la procédure de règlement des factures des prestataires ; le renforcement des contrôles ; et la réorganisation de la CNAMGS.
UN IMPACT DE GRANDE AMPLEUR
L
a prise en charge du financement du ticket modérateur a eu un effet positif sur plusieurs plans :
•
Concernant les assurés, la mesure a permis de réintégrer une partie importante de la population qui s’était exclue du circuit classique de soins. Le dispositif a permis de soigner non seulement les pathologies aigues mais a également été l’occasion de faire des bilans biologiques et des examens radiologiques liés à des affections médicales anciennes ou chroniques. L’accueil des assurés chez les prestataires conventionnés s’est considérablement amélioré en raison du règlement régulier du ticket modérateur, d’une part, et des conditions de réception mises en place chez les différents prestataires pour limiter la propagation du Covid-19, d’autre part. ce qui est des prestataires •dePour santé, l’engouement, ajouté au contexte de la pandémie, a été tel que les structures sanitaires ont dû mettre en place des mesures supplémentaires d’accueil des clients,
notamment par l’installation des tentes à l’extérieur de leurs structures, le recrutement de personnel ou encore le service de commandes en ligne. Certains prestataires, qui avaient suspendu les prestations CNAMGS depuis plusieurs mois ou années, ont accepté d’accompagner la CNAMGS dans la mise en œuvre de la mesure, à la suite des retours positifs des autres prestataires sur la gestion mise en place. La CNAMGS a été incitée à améliorer •plusieurs procédures et règles de
gestion, notamment : la mise à jour régulière de la grappe familiale des assurés afin de limiter les fraudes au statut ; la gestion de l’approvisionnement des structures sanitaires en feuilles de soins ; la mise en ligne de la liste des médicaments remboursables ; la mise en place de procédures administratives et financières allégées pour la liquidation des factures en 72 heures ; la relance de l’activité de dématérialisation des feuilles de soins ; la mise en place d’une Hotline ouverte au public ; etc.
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Un bilan largement positif
ENQUÊTE
SCIENCE
La revanche des blouses blanches
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POOL FOR YOMIURI/AP/SIPA
Confrontée au coronavirus, l’Afrique s’est découvert un vivier insoupçonné de médecins et de scientifiques de haut niveau dont les recommandations ont été suivies par la plupart des exécutifs. OLIVIER MARBOT
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Bien qu’il soit critique sur l’impréparation de son pays face à la pandémie, le virologue congolais Jean-Jacques Muyembe (à dr.) a été nommé coordinateur de la riposte au Covid en RD Congo.
MOTSHWARI MOFOKENG/REALTIME IMAGES/ABACA
ite et fort. C’est ainsi que la majorité des pays africains ont réagi à l’arrivée de la pandémie de Covid19, annonçant très tôt des mesures draconiennes – fermetures de frontières, couvre-feux, annulation par le Sénégal des commémorations de son indépendance, le 4 avril -, alors même qu’aucun malade n’avait encore été recensé sur leur sol. Et cette tendance semble perdurer : le 9 novembre, le roi du Maroc annonçait que son pays serait le premier au monde à lancer un programme de vaccination massive des personnes les plus exposées au virus, tandis que le reste de la communauté internationale attend prudemment que les différents remèdes en phase de test aient fait l’objet d’une validation officielle. Le leadership, en ce domaine comme dans bien d’autres, est d’abord assumé par les dirigeants politiques, qui prennent et assument des mesures souvent impopulaires, et parfois coûteuses sur les plans économique et sanitaire. Mais sur quelles bases scientifiques s’appuyer? L’Afrique pré-Covid, bien sûr, savait pouvoir compter sur quelques personnalités et autorités incontestables. Denis Mukwege, encore auréolé de son prix Nobel. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et sa branche africaine, installée à Brazzaville. L’Institut Pasteur de Dakar et les très réputées équipes de recherche
Nomagugu Simelane-Zulu (à g.), membre du conseil exécutif du KwaZulu-Natal pour la santé, et Zweli Mkhize, le ministre sud-africain de la Santé, en mai 2020, à l’hôpital King-Edward-VIII, à Durban.
sud-africaines de Zweli Mkhize et de Salim Abdool Karim… La bonne surprise, si l’on ose dire, est que les longs mois de la crise liée au Covid ont permis de faire émerger d’autres noms, de découvrir d’autres talents. Le Camerounais Christian Happi par exemple, référence mondiale de la génomique dont bien peu de ses compatriotes avaient entendu parler. L’Ivoirienne Mireille Dosso et les Sénégalais Amadou Sall et Ousmane Faye, tous chercheurs à l’Institut Pasteur, l’épidémiologiste camerounais Yap Boum, le Congolais
Jean-Jacques Muyembe Tanfum, la Botswanaise Matshidiso Moeti, directrice Afrique de l’OMS, beaucoup plus présente au quotidien que son patron, l’Éthiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus. Vétéran de la lutte contre Ebola en Afrique de l’Ouest, spécialiste de la lutte contre le Covid au Tony Blair Institute, OB Sisay ajoute à la liste John Nkengasong, le patron de l’Africa CDC (la branche santé de l’Union africaine): « Dans cette période, c’est lui dont le leadership m’a le plus inspiré. L’OMS a été très présente, bien sûr, mais je dirais que le CDC a été très proactif,
R A T S P O SÉROP Aujourd’hui, avec les traitements, une personne séropositive peut avoir des enfants sans transmettre le VIH.
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ENQUÊTE
a vraiment mené la lutte, surtout compte tenu de ses moyens limités. » Quant au professeur Mohammed Amine Serghini, de l’université Ibn Zohr d’Agadir, il n’hésite pas un instant lorsqu’on lui demande de citer la personnalité médicale le plus remarquable en cette période de Covid: « Le leadership le plus visible a été celui de Didier Raoult, même sur notre rive de la Méditerranée. » Un Français donc, mais sans doute le plus africain des médecins hexagonaux… Pas de déficit de compétences, donc, et c’est une bonne nouvelle. Mais lorsqu’il s’agit de passer du diagnostic à la prescription, les scientifiques proposent et les politiques disposent. Globalement, et grâce à la mise en place dans beaucoup de pays de task forces et d’équipes de riposte associant les autorités médicales, le dialogue s’est bien déroulé. « On a vu les présidents et les Premiers ministres réagir très vite, généralement en écoutant les médecins, estime OB Sisay. Au Liberia, en Sierra Leone et au Ghana en particulier… »
Modèle africain
La Tanzanie fait à cet égard figure de contre-exemple absolu, son président ayant décrété, contre l’avis des scientifiques, que le virus serait vaincu par la prière et déclaré que les tests fournis par l’OMS transmettaient la maladie. « Dans ce genre de cas extrême, souligne Inès Pousadela, qui a analysé l’action des associations face au virus pour l’alliance Civicus, c’est la société civile qui a joué un rôle correctif face à la désinformation officielle. Nous espérons que la leçon sera tirée et que les associations seront mieux associées à la riposte lors des futures crises. » D’autres ratés, moins spectaculaires, ont été observés. Denis Mukwege a ainsi quitté la commission de riposte mise en place en RD Congo, dont il jugeait la stratégie inadaptée. Parfois, remarque aussi le professeur Mohammed Serghini, « les responsables politiques qui prenaient la décision ont fait primer la sécurité et la sûreté nationale sur les
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RIJASOLO/AFP
SCIENCE
Test PCR à l’Institut Pasteur de Madagascar, à Antananarivo, en avril 2020.
maintenant, plus les pays testent et arguments sanitaires. Cela amène à plus ils identifient de cas, les chiffres se poser la question: à quel point cerbruts ne devront donc pas être la seule tains politiques entendent-ils et comdonnée prise en compte au moment prennent-ils les scientifiques? » de tirer des leçons. L’attelage, toutefois, a le plus souPour OB Sisay, une autre concluvent bien fonctionné, et certains dirision apparaît néanmoins : ceux qui, geants politiques ont pris des mesures au début de la pandémie, hésitaient qui, au-delà de leur efficacité pure, entre le « modèle chinois » illustraient une tentative de et le « modèle européen » leadership exemplaire en avaient tout faux. « Le précette période difficile. On tendu modèle chinois, soupense au président burkiligne-t-il avec agacement, ce nabè Roch Marc Christian n’est rien d’autre que ce que Kaboré et à certains de ses nous avions fait en Afrique ministres renonçant à plude l’Ouest face à Ebola: limisieurs mois de salaire en ter les déplacements, isoler signe de solidarité. L’Afrique face les malades… C’est notre S’il est encore trop tôt pour au Covid-19, les expérience des épidémies distribuer les satisfecit et leçons d’une précédentes qui nous a perdéterminer quels dirigeants pandémie, éd. mis de réagir efficacement ont apporté la réponse la Licht, oct. 2020 et je dirais même que c’est plus pertinente à la crise, il plutôt le reste du monde qui devrait faut ajouter que le bilan sera de toute s’inspirer du modèle africain. Mais façon difficile à tirer. Paradoxalement, bien sûr ce n’est pas le cas, et on contic’est souvent dans les pays les mieux nue à nous traiter avec condescenéquipés et les plus efficaces que le dance. » Une analyse que partage le nombre de malades et de morts est journaliste Prince Bafouolo, dont le le plus important, comme en Afrique livre L’Afrique face au Covid-19 vient du Sud et au Maghreb. On le sait de sortir en France: « Nous avons toujours l’impression que les solutions à nos problèmes doivent venir d’ailleurs, c’est historique et culturel, c’est ancré dans notre éducation. Tout ce qui est bien vient toujours de l’extérieur du continent. C’était encore le cas lorsque certains voulaient copier le « modèle chinois » de riposte au virus et c’est à nous de nous ôter cette idée de la tête. » De trouver en soi ce fameux « leadership », en somme.
NOTRE EXPÉRIENCE DES ÉPIDÉMIES PRÉCÉDENTES NOUS A PERMIS DE RÉAGIR EFFICACEMENT.