sankara enquête sur un assassinat
francophonie comment l’afrique a perdu la bataille
Hebdomadaire international indépendant • 55e année • n° 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
jeuneafrique.com
RD CONGO
L’équilibriste À deux ans de la fin du mandat de Kabila, le pays avance sur un fil, à l’image de son président. Voyage au cœur d’un géant en kit de reconstruction.
Spécial 28 pages
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Kinshasa
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Le pLus
de Jeune Afrique
Politique Kabila fait durer le suspense
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interview Augustin Matata Ponyo, Premier ministre Économie Bukanga Lonzo: il était une ferme rePortages Nord-Kivu, Province-Orientale: nouveau départ
RD CONGO
Diamant brut jeune afrique
Frans Lanting/DPa/aBaCaPrEss
Avec ses millions d’hectares de terres arables, de mètres cubes de minerais précieux et ses ressources humaines, le pays a tout pour décoller. À condition bien sûr que les conflits cessent, que la gouvernance s’améliore vraiment, que les investisseurs reviennent. Et que l’avenir politique s’éclaircisse enfin.
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Prélude François Soudan
On marche sur la tête
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ais à qui pensait donc Joseph Kabila lorsqu’il a prononcé cette petite phrase – c’était à dakar, le 29 novembre, lors du sommet de la Francophonie : « nous sommes nombreux qui, si nous pouvions arrêter le temps, aurions souhaité retarder son départ » ? à lui-même, l’œil fixé sur l’horloge de son second mandat, dont le compte à rebours s’arrêtera en 2016? ou à abdou diouf, le secrétaire général sortant ? à diouf, bien sûr. et un peu à lui, tout de même, si l’on en croit Le Soft de Kinshasa, journal qui lui est proche et dont l’édition du 1er décembre présente le discours présidentiel, avec photo de l’orateur, sous ce titre dont la congolité subliminale n’échappera à personne : « il existe des personnes irremplaçables ».
N’en déplaise à ses détracteurs, Joseph Kabila ne s’est jamais pris pour un homme irremplaçable, mais il aimerait bien, c’est vrai, disposer d’un peu de temps supplémentaire pour finir son job. d’où la suspicion permanente et jusqu’ici théorique qui l’entoure (il ne s’est jamais exprimé sur le sujet et n’a d’ailleurs vraisemblablement pas encore décidé de ce qu’il allait faire) de chercher à bricoler la constitution ou d’user de tout autre moyen qui lui permettra de repousser le jour où, inévitablement, il lui faudra troquer ses habits de chef de l’État pour ceux de gentleman-farmer dans son ranch de Kingakati. cette soupçonnite aiguë, entretenue par une opposition dont le sens de la nuance n’a jamais été la qualité première, prend parfois des formes étonnantes. il a suffi, par exemple, que le mythique gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, tombe malade peu de temps après avoir été reçu par Kabila – et se soigne depuis entre Londres et Bruxelles –, pour que la rumeur dépeigne ce dernier sous les traits de caligula, l’empereur empoisonneur. autre étrangeté, qui mérite, celle-ci, qu’on s’y arrête : la levée de boucliers suscitée par le lancement, le 21 novembre, de l’office national d’identification de la population, l’onip. Dans un pays où le dernier recensement remonte à la fin des années 1980 et où les cartes d’électeur, qui ne concernent qu’une jeune afrique
frange de la population, tiennent lieu de cartes d’identité, l’établissement d’un fichier permanent d’état civil relève de l’opération de salut public. Mieux : il s’agit là d’une nécessité démocratique, dont l’exigence devrait en bonne logique être partagée à la fois par l’opposition et la communauté internationale, lesquelles ont à raison souligné que les précédentes consultations s’étaient déroulées sur la base de listes électorales souvent douteuses. placée sous la direction d’un ancien ministre etuniversitairerespecté,adolpheLumanu,l’opérationdevraitcoûterundemi-milliarddedollars, financés à 25 % par un prêt chinois (prêt à 2 % remboursablesurtroisdécennies),etêtreréalisée par Huawei, le géant de shenzhen. à l’issue de ce processus, l’onip pourra dire aux congolais combien ils sont (entre 68 et 72 millions, selon les évaluations), qui ils sont, faire procéder à la distribution de cartes d’identité sécurisées et à l’établissement d’un fichier électoral incontestable. impossible, a priori, d’imaginer que les prochaines élections présidentielle – avec ou sans Kabila – et législatives puissent se dérouler sans cet indispensable travail préalable.
Politique Kabila fait durer le suspense
Mais nous sommes en RD Congo, où l’on marche sur la tête autant que sur ses pieds et où le climat de défiance est tel que ce qui devrait être une revendication de l’opposition devient une pièce à charge de plus dans le procès d’intention instruit quotidiennement contre le pouvoir. adolphe Lumanu a beau dire que l’opération devrait prendre une année « une fois levée l’hypothèque des contraintes financières », ce qui pourrait permettre de respecter l’échéance de la fin 2016, on ne le croit pas. ce ne serait qu’une manœuvre, une de plus, une sorte de plan B concocté par le machiavélique Kabila au cas où il devrait renoncer à modifier la constitution, afin de s’éterniser. pourtant, même si le calendrier devait glisser de quelques semaines ou de quelques mois pour permettre la tenue d’élections enfin transparentes, tant il est possible que le recensement dans les vingt-six provinces soit effectivement plus complexe que prévu, pourquoi serait-il scandaleux et antidémocratique d’en discuter ? à Kinshasa hélas, cela fait longtemps que l’anathème a remplacé le dialogue. l
nord-Kivu goma au purgatoire p. 80
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p. 58
interview Augustin Matata Ponyo, Premier ministre p. 60 Constitution les évêques en ordre de bataille p. 64 ÉleCtions entretien avec Apollinaire Malumalu, président de la Ceni p. 67 AnAlyse ÉConoMique tout ce qui brille n’est pas or p. 70 Agro-industrie il était une ferme…
p. 74
Bye-bye groupes armés, bonjour groupes miniers p. 82
ProvinCe-orientAle le réveil de Kisangani p. 86 entretien avec Jean Bamanisa, gouverneur p. 88 triBune Jean goubald Kalala, artiste, musicien p. 98
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le Plus de Jeune afrique
Politique
Kabila fait durer le suspense La RD Congo poursuit sa reconstruction avec un certain dynamisme, malgré les incertitudes qui planent sur la nomination d’un gouvernement de cohésion nationale et l’éventualité d’une révision constitutionnelle avant 2016.
Pierre Boisselet,
envoyé spécial
s
ur la scène politique congolaise, l’événement le plus important de ces derniers mois pourrait bien s’être déroulé à des milliers de kilomètres de Kinshasa. Dans les conversations qui animent l’élite nationale, il y a un avant et un après-31 octobre 2014. Ce jour-là, le président burkinabè Blaise Compaoré fuyait son pays sous la pression de la rue après vingt-sept ans de règne, pour avoir voulu de modifier la Constitution afin de briguer un nouveau mandat. Or c’est précisément l’option que défendaient jusque-là présent la plupart des proches du chef de l’État congolais, Joseph Kabila – à cette nuance près qu’ils souhaitaient passer par un référendum. L’objectif n’en étant pas moins clair :permettre au président de se représenter en 2016, ce dont l’empêche l’actuelle loi fondamentale. n o 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
Prudent de nature, le chef de l’État a toujours pris garde à ne pas se prononcer lui-même sur cette question. La situation politique ne devrait pas le pousser à aller à l’encontre de son tempérament. Elle ne devrait pas non plus précipiter la nomination du « gouvernement de cohésion nationale », qu’il a annoncée il y a déjà plus d’un an. rivaux. Ce climat d’incertitude est peu pro-
pice à l’adoption de grandes décisions, qu’elles émanent du Premier ministre, des opérateurs économiques ou des bailleurs de fonds internationaux. Néanmoins, dire que le pays est à l’arrêt serait injuste. Le climat des affaires s’améliore et, d’un bout à l’autre du pays, les entrepreneurs reconnaissent qu’il y a du changement. Les orientations prises ces dernières années commencent à porter leurs fruits. À Kinshasa, l’ordre et la propreté gagnent du terrain, de façon visible, du moins sur les principaux axes. jeune afrique
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Stringer/reuterS
qui n’a jamais connu de transition pacifique et démocratique depuis l’indépendance, le risque de voir éclater de nouveaux troubles ne laisse pas d’inquiéter. Une crainte qu’entretiennent les conseillers du président… pour mieux plaider l’intérêt de maintenir ce dernier dans ses fonctions, d’une manière ou d’une autre.
Dans la majeure partie de la province martyre du Nord-Kivu, la paix, encore fragile, progresse (lire pp. 80-81). Ailleurs, de grands projets agroindustriels et miniers voient le jour, dans le Bandundu (lire pp. 74-76) ou dans la ProvinceOrientale (lire pp. 86-90). Reflets de cette tendance, les indicateurs macroéconomiques sont bons. Et ils constituent un véritable fil conducteur pour Augustin Matata Ponyo (lire interview pp. 60-62). Ce qui n’empêche pas le Premier ministre d’avoir de profonds sujets de désaccord avec certains poids lourds de la majorité, désormais ses rivaux dans la course de fond qu’est devenue la conquête de la primature… Sans pour autant le porter aux nues, une frange importante de la population ainsi que la communauté internationale, dont il parle le langage, respectent le chef du gouvernement pour son sérieux.Pour la première fois depuis longtemps, le pays avance donc. Mais dans une RD Congo jeune afrique
p Le président congolais, lors du 20e sommet de l’Union africaine, à Addis-Abeba (en janvier 2013).
souplesse. À ce titre, la stratégie qui consisterait à laisser le processus électoral s’embourber afin de retarder l’élection d’un successeur pourrait bien revenir sur le devant de la scène. Le président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), l’abbé Apollinaire Malumalu, se défend, évidemment, d’envisager un tel plan (lire pp. 67-68). Mais le recensement administratif et l’organisation de scrutins locaux, sensés se dérouler au préalable, seront très longs et complexes à mettre en œuvre… Reste à savoir quelle sera la réaction des Congolais à la stratégie qui sera adoptée. « L’argent ne circule plus ! » entend-on dire de plus en plus souvent à Kinshasa, sans d’ailleurs parvenir à identifier les raisons de cette complainte. Dans l’immense Congo, les clivages au sein de la société sont sans doute trop profonds pour voir émerger une alternative consensuelle. L’opposition et la société civile, qui demeurent fragmentées malgré des tentatives de rapprochement, n’ont du reste pas démontré leur capacité à mobiliser les foules. On ne peut pas en dire autant de l’Église catholique, qui, par le passé, a déjà affronté le pouvoir. Or ses évêques ont rarement été en désaccord aussi flagrant avec le clan présidentiel que ces derniers mois (lire p. 64). Face à ces incertitudes, les réactions des partenaires étrangers sont contrastées. Malgré l’extraordinaire potentiel de la RD Congo, les entreprises occidentales restent très timorées, jugeant souvent les risques trop élevés. La stabilité du pays est évidemment leur première préoccupation, et celle de leurs gouvernements. Mais aux yeux de ces derniers, le respect des textes en vigueur en est la garantie – ce qui n’exclut pas forcément un peu de souplesse sur d’autres points. À l’opposé, les pays émergents, Afrique du Sud en tête, veulent croire en la réussite de Kinshasa (lire pp. 76-78). À la mesure de ses moyens somme toute modestes, Pretoria fait de réels efforts pour consolider l’État congolais et ses dirigeants. L’exemple le plus spectaculaire de cette foi des Sud-Africains en l’avenir de la RD Congo est leur association au projet hydroélectrique de Grand Inga – arlésienne dont la première phase pourrait être enfin lancée en 2015. Une perspective qui inspire à leur ambassadeur à Kinshasa, Joseph Ntshikiwane Mashimbye, un certain lyrisme : « Ce pays n’est pas “le cœur des ténèbres”, il pourrait devenir la source de lumière de tout le continent. » l n o 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
Le Plus de J.A. RD Congo
Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.
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IntervIew
augustin Matata Ponyo « je continue de travailler comme si de rien n’était » Il obtient de bons résultats économiques. Mais les Congolais se plaignent de ne pas en bénéficier dans leur vie quotidienne, et son propre camp le critique. Pas facile d’être Premier ministre !
L
e Premier ministre se trouve dans une situation paradoxale. Bien que membre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, parti présidentiel) et chef du gouvernement depuis deux ans et demi, Augustin Matata Ponyo Mapon est en effet relativement épargné par les critiques de l’opposition la plus radicale, qui, comme n o 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
une partie de la population, en particulier à Kinshasa, reconnaît qu’il travaille de manière efficace. Ses meilleurs ennemis se recrutent, eux, dans son propre camp et dans celui de l’« opposition républicaine » chère au président du Sénat, Léon Kengo wa Dondo (Premier ministre de Mobutu de 1982 à 1986 et de 1988 à 1990, passé de la mouvance présidentielle à
l’opposition modérée), où nombreux sont ceux qui ne se privent pas de l’attaquer, notamment en déplorant le trop faible impact des bons chiffres de l’économie sur le quotidien des Congolais. Surtout, la nomination d’un « gouvernement de cohésion nationale », annoncée par le président Joseph Kabila en octobre 2013, se fait toujours attendre… De quoi aiguiser les appétits et, donc, les critiques des candidats à la primature. Apprécié des diplomates européens mais pratiquement dépourvu d’alliés au sein de la majorité, Augustin Matata ne dépend que d’un seul homme : le président. jeune afrique : Cela fait plus d’un an que l’on attend la nomination d’un gouvernement « de cohésion nationale ». qu’est-ce qui bloque ? jeune afrique
Économiste avant tout…
5 juin 1964
Naissance à Kindu, dans le Maniema (Est)
1988
Licencié en économie monétaire et internationale de l’université de Kinshasa (Unikin)
Braun Underwriting Office SA ASSURANCES DES BIENS
1988-2000
Économiste à la Banque centrale du Congo (BCC)
2001-2003
Conseiller économique au ministère des Finances
2003-2010
Directeur général du Bureau central de coordination (BCECO), agence gouvernementale sous tutelle du ministère des Finances
2009
DEA en économie du développement à l’Unikin
2010-2012
PLATE-FORME D’HÉBERGEMENT, D’EXPLOITATION & DE GESTION DES DONNÉES
Ministre des Finances et président du caucus africain, qui réunit les ministres des Finances d’Afrique subsaharienne au FMI et à la Banque mondiale t À la primature, à Kinshasa, le 14 octobre.
Augustin MAtAtA Ponyo MAPon :
La nomination d’un nouveau Premier ministre ne relève pas du bon vouloir de ce dernier. C’est le chef de l’État qui le désigne, et il doit composer avec des données que nous ne connaissons pas. Notamment parce que le prochain gouvernement sera une alchimie, avec une entrée de l’opposition républicaine et de certains membres de la société civile. Mais, depuis un an, je continue à travailler et reste concentré sur la feuille de route définie par le chef de l’État.
Pourquoi des indemnités de sortie ontelles été payées aux 36 ministres de votre gouvernement fin septembre, alors qu’ils sont toujours en fonction et touchent donc leur salaire ?
Tout d’abord, il faut reconnaître que, même si elles sont entrées dans la jeune afrique
Depuis le 9 mai 2012 Premier ministre
pratique, ces indemnités peuvent choquer. Je les ai bloquées pendant plus de huit mois, alors que mes ministres me les réclamaient. Il était question que le nouveau gouvernement soit nommé au 15 septembre [date de la reprise de la session parlementaire]. Mes ministres sont donc revenus me réclamer leurs droits parce que, plusieurs fois par le passé, la nouvelle équipe avait refusé de procéder au versement desdites indemnités. Elles ont donc été payées. J’ai entendu des critiques sur cette question au Parlement [le Premier ministre a notamment été « chahuté » lors de la présentationdu budget,pendant la séance du 15 octobre]. En revanche, personne n’a rappelé que les membres du Sénat, présidé par Léon Kengo wa Dondo, ont aussi perçu leurs indemnités de sortie alors qu’ils sont toujours en place. l l l
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Le Plus de J.A. RD Congo Le futur gouvernement devra être très politique. Or, vous passez plutôt pour un technocrate. Avez-vous le profil pour le diriger ?
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Si par « politique » vous entendez savoir mentir, faire dans la duplicité… On peut dire que je ne le suis pas. Mais je crois qu’on peut faire de la politique avec un sens de l’éthique. Je suis devenu Premier ministre par la volonté du chef de l’État, sans coup bas ni mensonge, parce qu’il a estimé que je pouvais remplir ma fonction. Je reste fidèle à cette façon de travailler pour diriger le gouvernement aujourd’hui et demain, si le chef de l’État me renouvelle sa confiance. Un Premier ministre doit pouvoir gérer des forces contradictoires, même si c’est plus difficile.
Nous sommes attachés à ce que le président a dit : « Nous ne sommes qu’à mimandat. Il reste du temps, il faut travailler. » Le Fonds monétaire international [FMI] a suspendu l’un de ses programmes avec la RD Congo en 2012. Depuis, plusieurs missions du Fonds sont venues dans le pays, mais le programme n’a pas été rétabli. Où en est-on ?
Aujourd’hui, les performances économiques de la RD Congo sont de loin supérieures à tout ce qui a été réalisé depuis 1960, y compris dans les périodes où nous suivions un programme du FMI. Cette institution a une mission : aider les pays à stabiliser leur cadre macroéconomique. Or notre taux d’inflation est inférieur à 1 % depuis janvier, notre taux de change n’a
Nous construisons des écoles, équipons des hôpitaux. Sur fonds propres. Êtes-vous favorable à la révision de la Constitution ?
Je croyais que je n’étais pas un politique ! [Rires] Je suis chargé de l’exécution du programme du chef de l’État. Décider de réviser ou de ne pas réviser la Constitution relève du président, de son parti et du Parlement. Le cas échéant, en tant que chef du gouvernement, je serai appelé à assurer l’exécution des options qui seront levées.
pas bougé depuis quatre ans, nos réserves de change ont augmenté, nous devrions atteindre un taux de croissance de 8,9 % cette année et prévoyons plus de 10 % l’année prochaine… Le FMI est comme un médecin dans le domaine économique et, en l’occurrence, si vous suivez vous-même les prescriptions nécessaires, vous n’avez pas besoin de lui. Renouer avec le FMI n’est donc plus votre objectif ?
Parmi les bailleurs de fonds étrangers, les États-Unis se sont clairement prononcés contre une révision de la Constitution. Celle-ci pourrait-elle avoir des conséquences négatives pour l’économie du Congo ?
Nous voulons d’un programme appuyé par le FMI, je ne dis pas le contraire. Mais cela ne nous empêche pas de faire notre devoir. Ce programme, le Fonds l’a interrompulorsquej’étaisministredesFinances, alors que toutes les conditions macroéconomiques étaient remplies. Il a buté sur un contrat minier, estimant que le respect des règles de bonne gouvernance n’était pas clairement établi. Or ce contrat n’était pas inclus dans les critères du programme. La réaction du FMI a été excessive.
Lesquels ?
Mais les causes sont toujours là : dans ses rapports, le FMI continue de s’inquiéter de la qualité de la gouvernance, de la transparence, de la gestion des entreprises publiques, du code minier…
Ça, c’est le point de vue des États-Unis. Est-il partagé par les autres bailleurs ? D’autres partenaires, moins importants sur l’échiquier international, ont des points de vue plus nuancés, voire différents.
Ce n’est pas à moi de vous le dire ! Mais je constate que beaucoup de pays sont dans des cas similaires au nôtre. Le Congo-Brazzaville, le Rwanda, le Burundi… Apparemment, cela vous intéresse moins.
Nous vous interrogeons sur le pays dont vous dirigez le gouvernement… n o 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
Non, ce n’est pas ce que l’on me dit quand je suis à Washington. D’ailleurs, le FMI est disposé à reprendre le programme tout de suite. Mais nous leur répondons, nous, qu’il faut attendre la nomination du
gouvernement de cohésion nationale. Un programme est un engagement bilatéral. Donc, ceux qui le signent doivent être en mesure de le respecter à l’avenir. Le budget de l’État que vous avez présenté s’élève à 9 milliards de dollars [7,2 milliards d’euros], soit 1 milliard de plus que l’année dernière. Cependant, les besoins du pays sont bien plus importants. Comment faire pour dégager plus de ressources ?
Chaque pays a le budget qu’il mérite, et qui est aussi le résultat des actions passées. Par exemple, quand la Gécamines était une entreprise publique, elle a produit jusqu’à 450 000 tonnes [de cuivre et de cobalt] et toutes ces recettes allaient au Trésor public. Aujourd’hui, la production du secteur représente plus de 1 million de tonnes, mais les entreprises sont privées. Et ceux qui nous reprochent maintenant de ne pas engranger assez de rentrées fiscales sont parfois les mêmes qui ont privatisé le secteur ! Cela dit, les recettes ont augmenté, à des taux de 20 % à 25 % par an. En 2001, lorsque j’étais conseiller du ministre des Finances, le budget n’était que de 300 millions de dollars. Dire que rien n’a été fait serait injuste. Presque tout le monde reconnaît que vous obtenez de bons résultats macroéconomiques, mais une partie de la population se plaint de ne pas en bénéficier dans sa vie quotidienne. Que lui répondez-vous ?
Il ne faut pas tomber dans le piège du pessimisme et de la facilité des politiciens. La stabilité du cadre macroéconomique, c’est un événement social majeur. Lorsque les prix sont stables, qui sont les bénéficiaires ? Les plus pauvres, ceux qui touchent leur salaire en francs congolais [et pas en dollars]. Dès lors, quand vous augmentez leur salaire, ce qui est fait chaque année, leur pouvoir d’achat augmente réellement. Par ailleurs, nous créons plusieurs dizaines de milliers d’emplois par an. Croyez-vous que ceux qui sortent du chômage sont mécontents ? Enfin, nous développons des projets agro-industriels, nous construisons des écoles, nous équipons nos hôpitaux… Tout cela, nous le faisons sur fonds propres. Et tout cela, c’est de la vie quotidienne. l Propos recueillis à Kinshasa par PIeRRe BOISSeLeT et TRÉSOR KIBANGULA jeune afrique
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Constitution
Paroles d’évangile Opposante historique au pouvoir, l’église reprend du service. Par deux fois cette année, elle s’est dite fermement opposée à une révision constitutionnelle qui menacerait l’alternance politique.
E
ntre l’État congolais et l’Église catholique, les relations n’ont jamais été vraiment bonnes. Mais depuis la contestation des résultats des élections de 2011 par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), elles sont particulièrement tendues. Cette année, les évêques ont à deux reprises dit leur opposition à toute tentative de « tripatouillage » de la Constitution du 18 février 2006. Une première fois, en juin, dans une déclaration solennelle publiée à l’issue de l’assemblée plénière de la Cenco, ils ont contesté l’éventualité d’une modification de l’article 220, qui permettrait au chef de l’État de briguer un troisième mandat en 2016, critiquant par ailleurs le projet de révision du mode d’élection des députés provinciaux – qui pourraient être désignés au scrutin universel indirect, et non plus direct. Une seconde fois, le 14 septembre, dans une lettre pastorale publiée à Rome, où ils étaient en visite, ils ont rappelé que « l’article 220 a été verrouillé par le constituant lui-même, justement pour échapper à cette modification ». Ajoutant : « Cet article pose les bases de la stabilité du pays et de l’équilibre des pouvoirs dans les
institutions.Lemodifierseraitfaire marche arrière sur le chemin de la construction de notre démocratie et compromettre gravement l’avenir harmonieux de la nation. » Puis ils ont demandé aux curés et catéchistes de lire leur message à tous les fidèles, et annoncé qu’ils suspendaient leur participation au Comité d’intégrité et de médiation électorale (Cime). clés. Pour Théodore Mugalu, le chef de la
Maisoncivileduprésident,lesdéclarations de la Cenco sont nulles et non avenues. « Il n’y a pas d’article verrouillé dans la Constitution, affirme-t-il. Si c’est le cas, qu’on montre les clés avec lesquelles on les a verrouillés! Seul Dieu a ce pouvoir. » Lambert Mende, le porte-parole du gouvernement, suggère quant à lui à la Cenco de se transformer en parti politique, estimant qu’elle n’est pas dans son rôle. Pis, alors que le pays veut « se libérer mentalement de l’emprise étrangère » sur les questions de souveraineté nationale, il remarque que, « à en juger par le lieu qu’ont choisi les évêques congolais pour signer et diffuser leur lettre épiscopale, il est évident qu’encore une fois des acteurs majeurs de l’histoire [du] pays ont voulu faire plaisir à des agents
d’influence étrangers ». Cette bataille rangée n’est cependant pas comparable à celle qui opposa, au début des années 1970, le pouvoir au clergé, lorsque ce dernier tenta de résister à la politique du « recours à l’authenticité » de Mobutu Sese Seko (qui imposait aux Zaïrois l’abandon des prénoms et noms étrangers). En 1972, le cardinal Malula dut s’exiler à Rome face à l’ire du Léopard, qui prit une série de mesures radicales : confiscation du patrimoine de l’église, nationalisation des écoles catholiques et de l’université Lovanium (actuelle Université de Kinshasa), interdiction d’enseigner la religion, installation de comités du parti unique dans les grands et petits séminaires… La tension finit par retomber, notamment grâce à la visite du pape JeanPaul II au Zaïre, en mai 1980. Quant à la participation active des membres du clergé en politique, on se souvient de celle de Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kisangani (aujourd’hui cardinal-archevêque de Kinshasa), dans les années 1990. Il dirigea la Conférence nationale souveraine avant d’être élu à la tête du Haut Conseil de la République, le Parlement de transition, jusqu’à l’arrivée au pouvoir de Kabila père, en 1997. À l’époque, dans un texte cosignéparl’undeseshomologuescongolais, Mgr Emery Kabongo Kanundowi (secrétaire particulier de Jean-Paul II de 1982 à 1987, désormais chanoine de la basilique Saint-Pierre), Mgr Monsengwo avait écrit : « Ce régime est arrivé par la guerre. C’est un pis-aller. » l TshiTEngE lUBABU M.K., à Kinshasa
Serviziofotograficoor/cPP/ciric
q Le pape François recevant les évêques congolais, au Vatican, le 11 septembre.
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jeune afrique
OGEFREM
BIEN PRÉSENT DANS LA RÉVOLUTION DE LA MODERNITÉ
Créé par l’Ordonnance Présidentielle n°80/256 du 12 novembre 1980 et transformé en établissement public par le Décret n°09/63 du 3/12/2009, l’Office de Gestion du Fret Multimodal, « OGEFREM » en sigle, est un Conseil National des Chargeurs, c’est-àdire un organisme chargé de défendre les intérêts des importateurs et exportateurs (chargeurs) vis-à-vis des transporteurs maritimes (armements) et des prestataires des services connexes (transitaires, agences maritimes, agences portuaires, autorités portuaires, routières, ferroviaires). • Promouvoir la productivité nationale dans le secteur du transport multimodal par des mécanismes de régulation appropriés et par des actions spécifiques en ayant constamment en vue la recherche de l’efficacité et de la rentabilité de toute opération depuis le producteur jusqu’au consommateur ; • Assurer l’assistance aux chargeurs et promouvoir le commerce extérieur de la République Démocratique du Congo ; • Fournir au Gouvernement, dont il fait office de conseil, les supports nécessaires à l’élaboration d’une politique nationale efficiente en matière des transports et en assurer l’exécution. En effet, l’OGEFREM s’est approprié la vision politique du Chef de l’État, son Excellence Joseph Kabila Kabange, axée sur la Révolution de la modernité, matérialisée par de nombreuses réalisations dont notamment : I. La construction, sur fonds propres, d’un imposant immeuble ultra moderne de onze niveaux, qui abrite le siège de l’OGEFREM à Kinshasa, lequel a été inauguré le 19 novembre 2013 par le Président Joseph Kabila. II. La réhabilitation et l’équipement des bureaux du Conseil d’Administration, situés au 7ème étage de l’immeuble Botour au centre-ville de Kinshasa. III. La réhabilitation, l’agrandissement et l’équipement conséquent du bâtiment administratif de la Direction Provinciale Ouest, basée à Matadi dans la province du Bas-Congo. IV. L’inauguration en date du 2 février 2012 du bâtiment qui abrite les bureaux et la résidence du Chef d’agence de Kasumbalesa dans la province cuprifère du Katanga. V. L’acquisition d’une autogrue et des camions remorques pour l’exploitation effective des plateformes multimodales
(parc à Bois et parc à Véhicules de Boma) dans la province du Bas-Congo. VI. L’organisation et la tenue avec franc succès à Kinshasa en octobre 2013, des assises de la 9ème session de l’Assemblée Générale de l’Union des Conseils des Chargeur Africains (UCCA), à l’issue desquelles l’OGEFREM, à travers son DG Anatole Kikwa, a été porté à la présidence de cette prestigieuse organisation africaine dont il assume actuellement le mandat de deux ans. VII. La construction en cours à Lubumbashi d’un immeuble ultra moderne de trois niveaux qui abritera le siège de la Direction Régionale Katanga-Kasai ainsi qu’une villa pour le Directeur Régional. VIII. La réhabilitationen cours des bureaux incendiés situés au rez-de-chaussée de l’immeuble BOTOUR à Kinshasa. IX. L’OGEFREM est également engagé sur le projet de construction d’un important port sec à Kasumbalesa, dont les études de faisabilité sont en cours. Il s’emploie aussi à réhabiliter son Hôtel Mbingu à Matadi dans le cadre d’un partenariat public-privé avec le financement de l’entreprise chinoise Zhengwei Technique Corporation (SZTC). X. L’OGEFREM vient d’obtenir le label d’excellence du Conseil des chargeurs le plus dynamique d’Afrique, à l’occasion de la 25ème session du Forum de Crans Montana, tenue à Genève le 17 octobre 2014.
Toutes ces réalisations prouvent à suffisance que l’OGEFREM est engagé de pleins pieds dans la Révolution de la Modernité prônée par son Excellence Joseph Kabila Kabange.
Départ du Président Kabila Kabange et le Directeur Kikwa Mwata Mukambo après l’inauguration de l’immeuble de l’OGEFREM.
Office de gestion du frêt multimodal - 9, avenue TSF, Commune de la Gombe - Kinshasa, RDC -
DIFCOM : Photos D.R.
L’OGEFREM a pour principales missions de :
www.ogefrem.cd
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MARKETING BANCAIRE
Le Client acquiert la place qu’il mérite L’expérience démontre que le Client apprécie quand ses besoins sont pris en compte. Il développe une relation à long terme avec le partenaire capable de lui apporter une vraie valeur ajoutée… Exemple par la BCDC (Banque Commerciale Du Congo) qui, plus que jamais, place le Client au centre de ses préoccupations. ENTRETIEN avec Pauline Badila
À
la BCDC, Pauline Badila (photo) dirige les activités du Contact Center actif pour l’ensemble des agences du pays, dans une démarche commerciale tant réactive que proactive.
Quelle définition donnez-vous à la notion de Centre de Contact ? « Globalement, notre centre de contact est le point focal de la relation bancaire Retail. En d’autres termes, il est essentiellement destiné à répondre aux besoins, attentes et questionnements de la clientèle des particuliers. Il fonctionne comme un centre de services et constitue une porte d’entrée de la banque, accessible par téléphone et par e-mail. » Quel est le contexte de l’émergence d’un tel centre de services ? « La BCDC a très souvent fait œuvre de pionnier tout au long de son histoire. C’est dans ce contexte de recherche constante de la qualité que nous avons institutionnalisé voici deux ans le BCDC Contact Center. Après une montée progressive en puissance, il constitue aujourd’hui un des piliers de l’activité de banque de détail (retail banking) à l’échelle nationale. Si l’agence bancaire reste un lieu de contact essentiel, il ne peut pas suffire dans un pays de la taille de la RDC. Les services bancaires doivent devenir accessibles indépendamment de l’agence où le compte est domicilié, offrant ainsi davantage de confort aux clients. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont à cet égard d’importants leviers de valeur ajoutée en termes de qualité de service. Les progrès actuels peuvent prendre diverses formes : monétique, SMS banking, Internet banking… De son côté, et de manière complémentaire, le Contact Center répond aux attentes des clients en optimisant de manière conviviale et personnalisée l’accessibilité aux produits et services de la banque. »
« La BCDC a l’intelligence du marché qu’elle connaît depuis si longtemps ! » Très concrètement, quels types de services propose le Centre de Contact BCDC, avec quels moyens et quels résultats ? « Bien que plus spécifiquement destiné aux clients particuliers du marché Retail Banking, notre centre de contact est au service de toute la banque, clients et collaborateurs. Les possibilités offertes par ce canal de communication sont étoffées en permanence : informations générales sur les produits et services, suivi d’une commande, réclamation, assistance technique, signalement de la perte ou du vol d’un moyen de paiement, prise de rendez-vous, etc. Quinze opérateurs polyvalents sont à l’écoute des clients, traitent avec eux leurs questions et problèmes bancaires, et les assistent dans leurs démarches. En moyenne, nous traitons 9500 appels par mois et de plus en plus de clients ont recours à nos services. En interne également, nous entendons optimiser la qualité de la communication. Le centre de contact apporte aux services administratifs et au réseau un support efficace. » Le centre de contact BCDC est-il également un outil dit « de vente » ? « Bien sûr, et c’est non seulement un outil de vente et de prospection mais également, et de plus en plus, un instrument d’écoute et de “market intelligence”. La BCDC privilégie en effet l’écoute attentive du marché et n’hésite pas à sonder ses clients et ses collaborateurs avant de prendre une orientation. Nous procédons aussi à des enquêtes de qualité auprès de nos clients. »
Et demain ? « La BCDC a l’intelligence du marché qu’elle connaît depuis si longtemps ! Et notre démarche marketing évolue en adéquation avec les besoins et les exigences tout à fait justifiées de nos clients… Dans ce contexte, notre Contact Center se développe et sera tout naturellement de plus en plus sollicité. Optimiser les moyens de communication, simplifier les démarches, proposer des solutions et répondre aux attentes, telles sont les exigences auxquelles doit satisfaire le concept de banque de détail de la BCDC et de son Contact Center en particulier. L’histoire ne fait donc que commencer… »
En RDC, les clients peuvent joindre la BCDC au n°099 60 18 000. Le Contact Center est également joignable par e-mail : callcenter@bcdc.cd Horaires d’accès : du lundi au vendredi de 08h à 19h. Le samedi de 09h à 13h.
rD Congo Diamant brut
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Élections
Abbé Apollinaire Malumalu « en tant que citoyen, je souhaite que la Constitution soit respectée » Faut-il organiser les scrutins locaux avant la présidentielle et les législatives de 2016 ? Non, selon l’opposition, qui redoute un report de ces échéances nationales. Oui, dit le président de la Ceni.
q Le prêtre est à la tête de la Commission électorale nationale indépendante depuis juin 2013.
A
pollinaire Malumalu Muholongu, 53 ans, est un prêtre catholique du diocèse de Beni-Butembo, dans le Nord-Kivu, sa province natale. De retour à Butembo en 1997 après avoir obtenu un doctorat en sciences politiques à Grenoble (où il fut curé de 1993 à 1996) et un DEA à Lyon, c’est en 2003 que l’abbé fait son entrée dans la vie politique congolaise. Il est alors nommé expert au service d’études stratégiques attaché au cabinet du chef de l’ÉtatetdésignémembredelaCommission électorale indépendante (CEI), qu’il présidera jusqu’en 2011. Depuis son retour, en juin 2013, à la tête de l’institution (rebaptiséeCommissionélectorale nationale indépendante, Ceni), il s’attelle à organiser les élections urbaines, municipales et locales de façon qu’elles se tiennent dès 2015. Une démarche très critiquée par certains partis d’opposition, qui craignent un report de la présidentielle prévue en 2016. jeune Afrique : La Conférence épiscopale nationale du Congo [Cenco, lire p. 64] s’était prononcée contre la désignation d’un membre du clergé catholique à la tête de la Ceni. n’avez-vous pas violé sa « consigne » ? ApoLLinAire MALuMALu: Je n’ai jamais
jeune afrique
Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.
été candidat à ce poste. Je suis revenu à la Ceni parce que j’ai été choisi par les confessions religieuses, l’une des composantes de la société civile chargées de désigner l’un de ses membres [lire encadré p. 68]. Les huit confessions devaient élire la personnalité la plus compétente pour les représenter, sur des critères bien définis. J’ai obtenu 7 voix sur 8, le suffrage de l’Église catholique étant le seul à ne l l l
n o 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
Le Plus de J.A. RD Congo l l l pas se porter sur moi. Cela dit, je reste prêtre diocésain. Il appartenait à l’évêque [du Nord-Kivu] de décider si je pouvais être membre de la Ceni ou pas. Après s’être concerté avec ses pairs, il a accepté.
Et que répondez-vous à ceux qui vous accusent d’être proche du président Kabila et de vouloir faciliter sa réélection ?
La plateforme Sauvons la RDC estime que le cycle engagé en novembre 2011 avec la présidentielle et les législatives devait se poursuivre avec les sénatoriales et l’élection des gouverneurs. Pourquoi avoir décidé de faire passer avant les élections urbaines, municipales et locales ?
p Avec Didier Reynders, le ministre belge des Affaires étrangères, à Bruxelles, en janvier.
10 provinces du pays, hors Kinshasa]. On ne peut pas faire comme si de rien n’était! Le passage de 21 à 88 villes et de 97 communes urbaines et non urbaines à 601 constitue un énorme bouleversement sur le plan local. Dans ces conditions, pour stabiliser le pays, nous estimons que la tenue d’élections locales est une urgence.
La loi électorale, telle qu’elle a été modifiée pour les scrutins de 2011, porte sur toutes les élections, et c’est pure cécité que de penser que 3 scrutins en 2015 les locales n’étaient pas • 14 juin. Élection prévues. Nous sommes des conseillers des dans un État fortement communes, des secteurs décentralisé. Pourtant, et des chefferies (suffrage universel direct) de nombreux conseils • 29 août. Élection des municipaux n’ont jamais conseillers urbains, été élus et l’on continue bourgmestres et chefs de à nommer l’exécutif secteur (suffrage indirect) de ces collectivités [en • 15 octobre. Élection avril 2012, le gouvernedes maires et de leurs mentacréédescentaines adjoints (suffrage indirect) de nouvelles entités: au moins 3 villes et 10 communesdanschacunedes
Ne risquent-elles pas de retarder l’organisation de la présidentielle ?
SOuRCE : CENI
Il faut éviter de vouloir trop personnaliser les choses. Je n’ai jamais travaillé avec Joseph Kabila dans un cadre qui ne soit pas institutionnel ! En outre, les décisions de la Ceni sont prises de manière collégiale avec les autres membres du bureau, qui sont issus de la majorité, mais aussi de l’opposition parlementaire. Alors de quoi parle-t-on ?
NICOLAS MAETERLINCK
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Pour le moment non. En revanche, pour les élections des députés nationaux, le législateur a introduit dans la loi organiqueunedisposition selon laquelle le recensement administratif doit êtrefaitpréalablementàla tenue du scrutin. Très tôt, sans ambages et en toute transparence, la Ceni a attiré l’attention des responsables politiques sur
ce problème. Ils ne peuvent pas dire qu’ils ne savent pas. Il leur appartient de revenir, ou pas, en arrière. C’est-à-dire de revenir à la délimitation des circonscriptions électorales en fonction du nombre d’électeurs, telle qu’elle existait auparavant, et non en fonction du nouveau rescensement. Si l’on n’accepte pas de la déconnecter des législatives, la présidentielle risque d’être rattrapée à son tour par ce problème. Que pensez-vous du débat sur une éventuelle révision de la Constitution ?
C’est un débat légitime, mais il ne doit pas se transformer en procès d’intention. Il faut arrêter d’agiter la population, d’écrire des livres sur le sujet… En tant que citoyen, je souhaite que la Constitution soit respectée et je note que pour l’instant, concernant les articles verrouillés [portant notamment sur la limitation du nombre de mandats présidentiels], personne n’a pris l’initiative de leur révision. Tout le reste n’est que spéculation. l Propos recueillis à Kinshasa par TRÉSOR KIBANGULA
TREIzE… à LA CENI COMME à LA CèNE Depuis la loi du 27 avril 2013, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) compte 13 membres: 6 désignés par la majorité (dont 2 femmes), 4 par l’opposition (dont 1 femme) et 3 par la société civile. parmi ces derniers, l’un doit être élu par les n o 2813 • du 7 au 13 décembre 20144
associations d’éducation civique et électorale, un autre par les associations de défense des droits de la femme, le dernier par les 8 confessions religieuses du pays. le bureau de la Ceni, élu le 7 juin 2013, est composé quant à lui de 6 membres. présidé par
l’abbé Malumalu (société civile), il compte 3 représentants de la majorité – andré pungwe, du parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (ppRD), onésime Kukatula, du parti lumumbiste unifié (palu), et Chantal Ngoyi, du
Mouvement social pour le renouveau (MsR) – et 2 de l’opposition: Jean-pierre Kalamba, de l’union pour la démocratie et le progrès social (uDps), et Micheline Biye Bongenge, du Mouvement de libération du Congo (MlC). l CÉCILE MANCIAUx jeune afrique
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DémocRatique
Du congo cong go
Vers un Congo émergent
Après la réhabilitation et la modernisation du Domaine agro-pastoral de la N’Sele (DAIPN), la mise en œuvre du premier parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, le Gouvernement lance
endredi 26 septembre 2014, une nouvelle page de l’histoire de la jeunesse sportive congolaise. Révolution de la modernité oblige ! Accompagné d’une importante délégation, dont le Gouverneur de la Ville de Kinshasa, André Kimbuta Yango et le Ministre en charge du sport, Banza Mukalayi, Matata Ponyo Mapon, Chef du Gouvernement, se rend à Matete, l’une des communes de l’Est de la capitale congolaise, où la pression démographique reste importante. Motif de ce déplacement : lancer le démarrage du PROSTAM (Projet de construction des stades municipaux).
le « PROSTAM ». Objectif : Construire des stades municipaux à Kinshasa afin de moderniser le sport en RDC et contribuer à un meilleur encadrement de la jeunesse congolaise.
De gauche à droite : Maquette du stade municipal de Barumbu. Maquette du stade municipal de Matete. Lancement du PROSTAM à Matete par Matata Ponyo Mapon, Premier Ministre de la RDC.
V
Inspiré de la vision du Président Kabila pour un Congo émergent, ce projet du Gouvernement porte sur la pratique du football notamment dans la ville de Kinshasa, mais a des ambitions nationales. Il vise la conversion, dans ce secteur du sportif, de l’économie informelle en activités professionnelles et régulières, à la fois mobilisateur de la jeunesse et créateur d’emplois rémunérés et pérennes. Le PROSTAM, c’est une promesse de Joseph Kabila à la jeunesse congolaise et aligne les sports comme une composante majeure de la santé publique. Sortant des sentiers battus, de par son originalité, sa modernité et sa capacité mobilisatrice, le PROSTAM se veut être le point de départ pour la modernisation
des sports et la création d’une vraie industrie sportive, source importante de financement de l’économie au Congo-Kinshasa. Au démarrage, 4 sites communaux pilotes sont identifiés : Delvaux, Barumbu, Matete, Bandalungwa et N’Djili. Ces espaces représentent globalement les 4 districts que compte la capitale congolaise. Impératifs d’équilibre spatial et de représentativité obligent ! Conscient du potentiel économique ou social important que représente l’industrie sportive pour la RDC, le football étant le sport le plus pratiqué par les congolais, le Gouvernement s’attaque sur plusieurs fronts. Stimuler la cohésion nationale, éradiquer systématiquement des pratiques clandestines de football – observées sur des terrains de fortune et sans le moindre encadrement, professionnaliser davantage la ligue ou la fédération nationales, constituer une pépinière pour différents talents nationaux dans un système d’excellence ! Tels sont les défis que se lance le Gouvernement à qui Joseph Kabila avait confié la mission de moderniser le pays et d’améliorer les conditions de vie des populations. Avec le lancement de ce projet, l’optimisme est permis au regard des résultats attendus dont la création d’emplois : environ 6.250 emplois seront effectifs par la construction des 5 premiers stades municipaux.
Coût global de réalisation du PROSTAM environ 10.000.000 USD. Les coûts varient entre 850.000 et 1.200.000 USD. Pour Matete (près de 1 million USD), Barumbu (841 mille USD) et Delvaux (850 mille USD). La durée de construction de ces stades est de 3 mois en saison sèche, et près de 4 à 5 mois en saison de pluies, pour une capacité d’accueil estimée à environ entre 2 700 à 3 000 personnes.Pour les stades omnisports municipaux, les coûts varient entre 2 à 3 millions des dollars américains. Pour N’Djili (3.050.000 USD) et Bandalungwa (2.200.000 USD). Estimation de la durée : 6 à 8 mois (toutes les saisons comprises) pour une capacité d’accueil au-delà de 3 000 personnes.
Primature de la réPublique démocratique du congo E-mail : cabinet@primature.cd - http://www.primature.cd/public/
DIFCOM/DF - PHOTOS : DR
République e
Le Plus de J.A. RD Congo Économie
Tout ce qui brille n’est pas or Un cadre économique solide, une croissance élevée, des comptes assainis… Beaucoup d’indicateurs sont au vert. Mais pour les Congolais, la réalité est moins rose.
s
i riche, et pourtant si pauvre ! C’est tout le paradoxe de la RD Congo qui, depuis ces dernières années, affiche un taux de croissance parmi les plus élevés du continent, en même temps que l’un des indices de développement humain (IDH) les plus faibles au monde – elle se place en avantdernière position, juste devant le Niger. « Le pays est confronté à un défi majeur: mettre son économie au service de sa population », résume la note de conjoncture publiée par la Banque africaine de développement (BAD) et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) au premier semestre 2014. En visite à Kinshasa en juin, les experts du Fonds monétaire international (FMI) ont ainsi estimé que la RD Congo bénéficiait désormais d’un cadre macroéconomique « solide », même si ses habitants
n’en ressentent pas les effets dans leur vie quotidienne et que la croissance devrait s’essouffler. Alors que l’on table sur + 8,7 % pour 2014, elle devrait perdre 0,2 point l’an prochain, repasser sous la barre des 8 % en 2016 et au-dessous des 7 % à l’horizon 2019 – ce qui n’en demeure pas moins un excellent résultat. menace. « Si les indicateurs sont bons
depuis 2010, c’est essentiellement grâce aux investissements réalisés dans le secteur minier. Tout dépend donc de la demande internationale en minerais : un repli de cette dernière pourrait entraîner une baisse des investissements directs étrangers [IDE], explique un économiste du FMI. Par ailleurs, une possible résurgence des conflits dans l’est du pays continue de faire peser une menace sur les finances publiques et le climat des affaires. »
Ces deux dernières années, le gouvernement a tout de même sérieusement assaini les comptes de l’État et amélioré l’environnement des affaires. Le déficit budgétaire a été ramené à 1 %, et les dépenses ont été réorientées pour mieux répondre aux impératifs de reconstruction du pays (routes, électrification…) – ce qui, au passage, a permis au secteur du BTP de contribuer fortement à la croissance économique du pays. bouchées doubles. Les pouvoirs
publics s’attaquent dorénavant à la dédollarisation de l’économie : une phase essentielle pour lutter contre l’inflation, toujours douloureuse pour des populations déjà fragilisées. Après avoir atteint 23 % en 2010, le taux d’inflation se maintient enfin à moins de 1 % depuis 2013. Mais si les spéculations attendues sur le prix du ciment se confirment, il
Climat des affaires mitigé Investissements directs étrangers
Classement dans le « Doing Business 2015 »
Flux d’IDE entrants, en millions de dollars, en 2013
2 098
RD Congo
2 038
Congo
856
Gabon
Rang sur 189 pays (évolution par rapport au classement 2014)
144e (+19)
Gabon
572
538
Cameroun
Classement dans le rapport 2014 du Pnud
Tchad
Cameroun
158e (+10)
Congo
178e (+7)
Angola
181e (-2)
- 4 285
RD Congo
184e (-1)
Angola
Tchad
185e (+4)
Développement humain DÉVELOPPEMENT HUMAINmédiocre MÉDIOCRE
Rang sur 187 pays classés (évolution par rapport à l’IDH 2013)
Gabon Congo Angola Cameroun
112e (-1) 140e (0) 149e (0)
PIB par habitant
Moyenne en Afrique subsaharienne
Moyenne en Afrique subsaharienne
50 ans
152e (0)
Tchad
185e (-1)
RD Congo
186e (0)
n o 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
Espérance de vie
56,8 ans
412 $ 3 237 $
Population vivant au-dessous du seuil de pauvreté
87 %
Avec moins de 1,25 $ par jour
SOURCES : PNUD, RAPPORT SUR LE DÉVELOPPEMENT HUMAIN 2014
70
jeune afrique
SOURCES : FMI, OCTOBRE 2014 – CNUCED, JUILLET 2014
Diamant brut Investissements soutenus Investissements directs étrangers (en milliards de $) Flux entrants Stocks
1,687
3,312
2,098
Total des investissements (en % du PIB) 25 20 15
4,528
3,532
5,631
2012
5
2013
pourrait déraper à nouveau et grimper à plus de 4 % en 2015. Afin de consolider les finances publiques, d’importantes mesures ont également été prises pour élargir l’assiette fiscale et améliorer les recettes de l’État, notamment dans le secteur des industries extractives. Plusieurs niches et exonérations ont été supprimées depuis l’an dernier. Et le gouvernement a aussi mis les bouchées doubles pour simplifier la vie des opérateurs économiques, en faisant disparaître quelque 245 taxes et en créant un guichet
21,3
21,6
14,2
14,9
15,3
6,1
6,4
6,3
2012
2013*
10
0
2011
20,3
Publics Privés 000 Total
2014**
* Estimations ** Prévisions
unique, ce qui réduit le délai de création d’une entreprise de cinquante-huit jours à trois jours. urgence. En dépit de toutes ces avan-
cées, la RD Congo ne décolle pas des profondeurs du classement « Doing Business 2015 » de la Banque mondiale. En cause : la fraude et la corruption, ainsi que des problèmes récurrents dans l’octroi des permis de construire ou dans le recouvrement des taxes et impôts. Toutefois, le train de réformes engagées lui a permis
de se hisser cette année au 47e rang de l’Indice Ibrahim de la gouvernance africaine (IIAG), sur 52 pays classés – elle gagne ainsi 4 places par rapport à 2013. Enfin, la situation sécuritaire dans l’Est a contribué à faire chuter les IDE à 2,1 milliards de dollars (environ 1,7 milliard d’euros) l’an dernier, soit une baisse de 36 % par rapport à 2012. Concentrés principalement dans le secteur minier, ces investissements s’orientent désormais vers les hydrocarbures (en plein développement depuis 2012) et, de plus en plus, vers les infrastructures énergétiques et routières ainsi que l’agriculture (lire pp. 74-76). Inscrite au rang des priorités, la relance des activités agropastorales, qui emploient les trois quarts de la population active, est l’un des principaux leviers pour résoudre les problèmes d’emploi et de pauvreté. Une urgence, alors qu’un Congolais sur deux est au chômage et que plus de 85 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, avec moins de 1,25 dollar par jour. l Olivier cASlin
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COMMUNIQUÉ
DIRECTION GÉNÉRALE DES DOUANES ET ACCISES
Une administration des douanes au service de la nation La Direction Générale des Douanes et Accises en sigle DGDA est une régie financière dirigée par un Directeur Général, assisté de deux Directeurs Généraux Adjoints, nommés par l’Ordonnance n°10/034 du 28 mai 2010 du Président de la République. Aux termes du décret n°011/06 du 25 janvier 2011 portant institution de son cadre organique, la DGDA comprend : • Une administration centrale avec 16 Directions ; • 12 Directions Provinciales ; • 5 Représentations à l’étranger (Bruxelles, Mombasa, Douala, Dar-es-Salaam et Kampala).
1. MISSIONS DE LA DGDA
3. PROGRAMME DE RÉFORME ET MODERNISATION DE LA DOUANE
> Mission fiscale : perception des droits de douane et accises, de la TVA à l’importation etc…;
Dans le cadre du programme de réforme et modernisation douanières, outre la mise en place d’un nouveau cadre juridique (nouveaux codes des douanes et des accises), des Guichets Uniques de dédouanement des marchandises ont été installés à travers le territoire national, dans le but notamment de réduire les délais et les coûts des opérations de dédouanement grâce à l’automatisation.
> Mission économique : Renforcement de la compétitivité du pays, Protection de l’industrie domestique contre la concurrence déloyale et le commerce illicite et informel ;
Directeur Général de la DGDA Déo RUGWIZA.
> Mission sécuritaire : Protection de la société des consommateurs et de la Communauté internationale ; Protection de l’environnement.
2. PERCEPTION DES DROITS ET TAXES DUS AU TRÉSOR PUBLIC
En matière de renforcement des capacités, les actions de formation prioritaires de la DGDA portent notamment sur le Code des Douanes, le Code des Accises et le Système de dédouanement automatisé de gestion des procédures SYDONIA (ASYCUDA). Au cours de différentes sessions organisées en interne, les Agents et Cadres de la DGDA ont suivi des enseignements sur la gestion des outils importants dans l’organisation des contrôles douaniers pour cibler les envois à risque et sur l’éthique professionnelle en vue de lutter contre les antivaleurs résumées dans l’acronyme : CFDTI.
La mobilisation des recettes des douanes et accises, par la Direction Générale des Douanes et Accises de la République Démocratique du Congo a connu une
> C : comme Corruption ; > F : comme Fraude ;
ascension fulgurante depuis une dizaine d’années.
> D : comme Détournements ;
En effet, de 2004 à 2013, les recettes ont été multipliées par 16,47 allant de 104.033.414.851 FC en 2004 à 1.713.914.158.610 milliards FC en 2013 soit un taux d’augmentation de 1647 %.
> T : comme Tracasseries ; > I : comme Impunité. Pour plus d’automatisation et d’accélération des procédures de dédouanement, la DGDA a migré de SYDO-
DIRECTION GENERALE DES DOUANES ET ACCISES
Le Directeur Général des Douanes congolaises Monsieur Déo RUGWIZA MAGERA et le Commissaire Général de l’Autorité Tanzanienne des Recettes Monsieur Rished BADE échangeant les signataires
En plus des douaniers, la Direction Générale des Douanes et Accises a également assuré la formation aux partenaires et usagers de la douane sur le logiciel SYDONIA WORLD (ASYCUDA).
4. LES ACCORDS D’ASSISTANCE MUTUELLE ADMINISTRATIVE (AAMA) ET PROTOCOLES D’ACCORD DE COLLABORATION SIGNÉS ENTRE 2004 ET 2013. Dans le cadre du partage d’informations et de renseignements entre les services, la DGDA a signé de 2004 à ce jour, 11 AAMA avec : la Belgique ; la République du Congo ; l’Afrique du Sud ; la Zambie ; l’Ouganda ; le Zimbabwe ; le Kenya ; le Rwanda ; le Burundi ; la Tanzanie et la Centrafrique.
5. TROPHÉE DE BONNE GOUVERNANCE DÉCERNÉ À MONSIEUR DÉO RUGWIZA MAGERA. En date du 12 décembre 2013, sous le haut patronage du Président de la République et la supervision du Premier Ministre représenté par le Ministre de la
Fonction Publique, l’Observatoire du Code d’Éthique Professionnelle en sigle « OCEP », a décerné le prix de la bonne gouvernance édition 2012, à Monsieur le Directeur Général des Douanes et Accises, Déo RUGWIZA MAGERA. L’Observatoire du Code d’Éthique Professionnelle est un Service technique et moral du Gouvernement né de la volonté politique du Chef de l’État de moraliser la gestion de la chose publique et de lutter contre les antivaleurs dans le chef tant des Agents Publics de l’État que des Usagers des services publics. L’ambition de la Haute Direction de l’Administration des douanes de la RDC est de poursuivre son programme de Réformes et de Modernisation avec pour but de faire de la douane un véritable instrument de facilitation du commerce, d’incitation et de croissance économique. Fait à Kinshasa, le 4 novembre 2014
DIRECTION GENERALE DES DOUANES ET ACCISES Immeuble DGDA, Place LE ROYAL, Bld du 30 juin, Kinshasa/Gombe. B.P 8248 KIN Tél. : +243 15 03 07 00 - Fax : +243 15 03 07 03 Email : info@douanesrdc.com -bco@douanesrdc.com www.douanes.gouv.cd
DIFCOM/FC - Photos : DR
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Trophée de la bonne gouvernance.
Le Plus de J.A. RD Congo
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agro-industrie
il était une ferme Les politiques de soutien aux petits agriculteurs ayant montré leurs limites, l’État investit dans l’intensif. Visite du site de Bukanga Lonzo, exploité par le consortium sud-africain Africom.
A
vec sa casquette, son short et ses chaussettes remontées au-dessus des bottes, Joan Jonker a des allures de pionnier. Bougon de prime abord, ce Boer (fermier sud-africain blanc néerlandophone) a la poignée de main franche et voue une véritable passion à son travail. Il n’avait pourtant jamais imaginé que celui-ci le conduirait jusqu’en RD Congo… La première fois qu’il y a mis les pieds, c’était il y a seulement quelques mois, pour repérer le site de Bukanga Lonzo, dans le Bandundu (Ouest, province voisine de Kinshasa). À l’époque, il fallait faire preuve de hardiesse : il n’y avait rien du gigantesque projet qu’il supervise aujourd’hui en tant que directeur des opérations. Pas même la piste de terre d’une trentaine de kilomètres qui permet désormais de relier le parc industriel à la route goudronnée – sur laquelle il faut encore parcourir 220 km vers l’ouest n o 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
pour se rendre à Kinshasa. Ce sont ses hommes qui l’ont construite. Et à voir les 4x4 déraper lorsqu’elle est sèche, on se demande bien par quel miracle elle sera praticable après de gros orages. Un mois après l’inauguration du parc agro-industriel par le président congolais, de petits
Un pa rc pi lo te gr an de ur natu re ha Superficie totale: 75 000 Investissement de l’État: 83 millions de dollars (67 millions d’euros)
Nombre d’employés: 300 s: Premiers semis et plantation , soja ïs, ma 10 000 ha de tembre canne à sucre, etc., en sep s: Premières récolte
février-mars 2015
plants de maïs pointent déjà, parfaitement alignés. Et pour cause : ici, la production est presque entièrement mécanisée. Les semeuses, d’énormes engins qui peuvent charger jusqu’à 6 tonnes d’engrais, sont guidées par satellites et reliées, via les réseaux téléphoniques, à un serveur informatique. moissonneuses. Depuis son pré-
fabriqué, Joan Jonker peut superviser l’ensemble de sa ferme. « Hier, en utilisant ce système, j’ai pu corriger la vitesse de certaines semeuses qui n’allaient pas à la bonne allure. C’est très important parce que, sinon, les plants ne seront pas à une distance optimale les uns des autres. » Grâce à leur éclairage et au GPS, ces machines peuvent continuer de fonctionner après la tombée de la nuit, particulièrement noire dans cette région éloignée de tout centre urbain. Même pour ces fermiers qualifiés venus d’Afrique du Sud (douze expatriés au total), où l’agriculture est l’une des plus mécanisée de la planète, la technologie déployée à Bukanga jeune afrique
pierre boisselet pour J.A.
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p Guidés par GPS, tracteurs, planteuses et avion épandeur continuent de fonctionner après la tombée de la nuit. Au centre, Joan Jonker.
Lonzo est à la pointe de ce qui se fait aujourd’hui. Il a d’ailleurs fallu tout importer. Les machines, bien sûr : des tracteurs, des moissonneuses et même un avion (également guidé par GPS), qui survole les champs à basse altitude en épandant des insecticides avant de se poser sur une piste d’atterrissage de 2,5 km construite pour les besoins de la ferme. Mais aussi des engrais et semences, stockés sous un hangar géant. « Je pense que nous n’aurions
pu trouver assez de semences dans tout le Congo », s’amuse Jonker. Au total, l’État a investi 83 millions de dollars (près de 67 millions d’euros) en fonds propres dans ce parc agro-industriel pilote, dont il a confié l’exploitation au consortium sud-africain Africom. vallonnés. Pour Joan Jonker, qui sil-
lonne la ferme à bord de son pick-up et communique en afrikaan à la radio, ce type de grand projet agricole n’est pas
une nouveauté. Originaire des plateaux du Gauteng (la région de Pretoria et de Johannesburg), il a aussi travaillé en Namibie. Il n’avait cependant jamais participé à un programme d’une telle ampleur. Du nord au sud, l’exploitation s’étend sur 58 km, légèrement vallonnés, et couvre une superficie de 75 000 ha. Pour la première année, seuls 10 000 ha ont été plantés. Mais après les premières récoltes de maïs, de soja, de l l l
Le Plus de J.A. RD Congo canne à sucre et de légumes (attendues en février-mars 2015), le parc agro-industriel devrait se tourner vers d’autres productions, comme l’élevage de volailles et de porcs. Un abattoir et une usine de conditionnement sont même prévus. Pour irriguer l’exploitation, une retenue d’eau sera construite sur une rivière adjacente. « Elle immobilisera 45 millions de litres. C’est plus que les réserves d’eau potable de la ville de Kinshasa », annonce fièrement l’exploitant. D’ici à cinq ans, ce bassin devrait même permettre de faire de la pisciculture. Dans un pays doté du deuxième fleuve le plus puissant du monde, il est tout de même paradoxal d’élever des poissons dans un bassin artificiel à l’intérieur des terres. Mais ce paradoxe vaut pour l’agriculture congolaise dans son ensemble… Alors qu’elle possède un potentiel en terres arables considérable (80 millions d’ha) et que le secteur emploie les trois quarts de la population active, la RD Congo est importatrice nette de nourriture (pour 1,5 milliard de dollars en 2014). lll
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’Augustin Matata Ponyo, le Premier ministre, a défendu – voire imposé à certains de ses ministres réticents – sa stratégie de parcs agro-industriels. Car Bukanga Lonzo n’est que le premier d’une vingtaine de sites pour lesquels le gouvernement prévoit d’investir 5,7 milliards de dollars sur sept ans. En creux, cette politique souligne aussi l’échec des politiques classiques de soutien aux petits agriculteurs. petit déjeuner. Les problèmes de l’agriculture congolaise sont d’ailleurs visibles chaque matin dans le parc de Bukanga Lonzo, situé au cœur d’une région pourtant jugée très fertile par les experts qui ont travaillé sur le projet. À l’aube, des dizaines de jeunes s’y pressent dans l’espoir de se faire embaucher. Mais Joan Jonker s’est vite rendu compte d’une difficulté qu’il n’avait pas prévue : « Au cours de la journée, de très nombreux travailleurs s’évanouissaient. On s’est aperçu qu’ils souffraient de malnutrition. On a donc décidé de construire un réfectoire pour
leur donner un petit déjeuner, avant de commencer la journée. » Le fermier dit aussi avoir augmenté leur salaire, de 75 à 105 dollars mensuels. « Certes, ces travailleurs n’ont pas l’habitude des grandes fermes, comme les SudAfricains. Mais on peut les former. Et puis, ils ne se mettent pas en grève pour un oui ou pour un non, comme chez nous ! » Pour l’instant, les effectifs restent modestes (environ 300 ouvriers), mais ils devraient exploser une fois que la production de légumes – qui ne peut pas être aussi mécanisée que celle des céréales – sera lancée. À terme, l’exploitation devrait devenir la ferme maraîchère la plus vaste du continent et employer, à elle seule, quelque 6 000 personnes. Toutes ne pourront bien sûr pas être logées sur place. Mais déjà, à côté des préfabriqués où résident les cadres, des bâtiments sont en construction. Dont un centre médical et une église. Et ce n’est qu’un début. « La prochaine fois que vous viendrez, il y aura sans doute une petite ville », sourit Joan Jonker. l pierre BOiSSeLet
ils sont sur un petit nuage Avec l’Afrique du Sud, les relations sont au beau fixe, aussi bien sur le plan commercial que politique. Et chacun a intérêt à ce que la lune de miel se prolonge.
«
u
n éventuel changement de Constitution devra émaner des représentants élus de ce pays. Aucun État tiers n’a voix au chapitre. » Le commentaire auquel se livre Joseph Ntshikiwane Mashimbye, l’ambassadeur d’Afrique du Sud en RD Congo, dans sa résidence kinoise de la rive du fleuve Congo, devrait plaire aux conseillers du président Joseph Kabila. D’autant qu’ils ne sont guère habitués à tant de mansuétude. Les États-Unis sont ouvertement opposés à l’éventualité d’une révision constitutionnelle ; les Européens, plus discrets, n’en pensent pas moins. C’est dire si la position beaucoup plus conciliante de Pretoria est appréciée à Kinshasa… À l’image de la longévité professionnelle de ce diplomate sud-africain (présent en RD Congo depuis mars 2010 et dont les fonctions ont été prolongées, au moins jusqu’à la fin de 2015), les relations bilatérales sont au beau fixe, et ne se limitent pas à une convergence de vues lll souverainiste.
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ALEXANDER JOE/AFP
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p Entente cordiale entre Joseph Kabila et Jacob Zuma (en octobre 2013, à Kinshasa). jeune afrique
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Le Plus de J.A. RD Congo Sur le plan économique, les SudAfricains sont très présents en RD Congo, de l’agro-industrie (lire pp. 74-76) aux télécoms (Vodacom), en passant par le secteur clé des mines. Leurs groupes Randgold Resources et AngloGold Ashanti, en partenariat avec l’État, ont notamment investi une somme colossale (2,5 milliards de dollars, environ 2 milliards d’euros) dans la mine d’or de Kibali (Province-Orientale). Les échanges commerciaux restent très déséquilibrés, à l’avantage de Pretoria. Et l’offensive des investisseurs sud-africains contraste avec la frilosité de leurs pairs occidentaux, qui s’inquiètent des risques d’instabilité politique et juridique. « Le climat des affaires est loin d’être parfait, reconnaît Mashimbye. Mais si vous attendez qu’il le devienne, vous n’entreprendrez jamais rien. Mieux vaut contribuer à résoudre les problèmes. D’ailleurs, la situation s’est nettement améliorée depuis mon arrivée à Kinshasa. Lorsque d’autres investisseurs viendront, il ne leur restera plus que les miettes du gâteau qui sera sur la table des Sud-Africains ! » Pretoria est également devenu un allié précieux sur les plans militaire et diplomatique. Pour venir à bout des rebelles de l’est du pays, l’Afrique du Sud a pesé de
lll
tout son poids en faveur de la ville sud-africaine de Sun la création d’une « briCity a-t-elle été l’hôte de Premier gade d’intervention » la conférence du même fournisseur au sein de la Mission nom, qui mit fin à la de la RDC, de l’Organisation guerre en RD Congo, Pretoria assure des Nations unies au début des années pour la stabilisa2000. Et en 2011, tion en RD Congo Pretoria a assuré la de ses importations, (Monusco). Dotée logistique du scruloin devant la Chine (15,1 %) d’un mandat offensif tin qui aboutit à la et la Belgique (7,9 %) inédit, elle compte des réélection de Joseph soldatssud-africainsaux Kabila. Sans cette assistance technique, il aurait côtés de Tanzaniens et de été encore plus controversé. Malawites. Pour les Sud-Africains, la RD Congo sphère d’influence. Les liens entre se situe à la frontière nord de leur sphère les deux pays sont encore confortés d’influence, celle de la Communauté par les relations personnelles qu’ont de développement de l’Afrique australe nouées les présidents Joseph Kabila et (SADC). Aussi, même s’ils disent voir Jacob Zuma. Selon la presse sud-afrid’un bon œil les contributions de tous les caine, le neveu de ce dernier, Khulubuse pays au développement économique de Zuma, posséderait d’ailleurs des intéla RD Congo, ils se méfient du poids que rêts importants dans le pétrole du lac pourraient y prendre certains concurAlbert – un sujet sur lequel notre diplorents, à commencer par le Rwanda (non mate s’abstient de tout commentaire… membre de la SADC). Quoi qu’il en soit, l’axe Pretoria-Kinshasa Misant sur la reconstruction de l’État s’inscrit dans un cadre stratégique beaucongolais, l’Afrique du Sud forme des coup plus large. Du temps de Mobutu et militaires, des fonctionnaires et des diplode Mandela, Pretoria était déjà impliqué mates. Les Sud-Africains sont en outre dans les médiations en RD Congo. Ainsi impliqués dans le projet hydroélectrique de Grand Inga, dont la puissance potentielle (42 gigawatts, l’équivalent de plus de 20 réacteurs EPR) permettrait de fournir enTre prOvinciAuX… de l’électricité à une grande partie du La coopération entre la rD congo et l’afrique du Sud passe aussi continent, à commencer par leur pays, par les collectivités territoriales. ainsi, en octobre 2012, les gouvernorats qui souffre d’un important déficit énergétique. Avec la première phase du projet, du Katanga (rDc) et du Gauteng (afrique du Sud) ont signé un traité de Inga III, dont les travaux pourraient être collaboration multisectorielle. cette coopération bilatérale renforcée entre lancés en 2015, l’Afrique du Sud devrait les deux provinces a permis de lancer des programmes conjoints dans les récupérer 2 500 MW de puissance d’ici domaines de la santé, de l’éducation et de la formation technique. Elle cinq à dix ans – le temps que les turbines vise par ailleurs à développer les investissements dans l’industrie et les entrent en service. De quoi cimenter une pME, ainsi que dans les secteurs des mines, des infrastructures, des cÉcile MAnciAuX relation sur le très long terme… l transports, du tourisme et de l’agriculture. l
21,4 %
pierre BOisseleT
Dites a vos proches ce qui compte le plus ###$%"&('"!$'&
Je suis Théthé Nzoka Rizicultrice Kingabwa RDC
Nous avons appris que l’Afrique peut nous aider. SE DÉVELOPPER ENSEMBLE.
S
i HEINEKEN se développe en Afrique depuis plus de 100 ans, c’est parce que nous avons compris toute l’importance de travailler avec des partenaires locaux. C’est d’ailleurs tout le sens de notre ambition : faire produire avant 2020 sur le Continent Africain 60% des matières premières agricoles dont nous avons besoin. Aujourd’hui de nombreux projets sont en plein essor. Le sorgo au Nigeria, au Burundi et en Sierra-Leone ; l’orge en Egypte, en Ethiopie et en Afrique du Sud ; le maïs au Rwanda et le riz en République Démocratique du Congo (RDC). En RDC nous avons lancé avec l’appui du gouvernement Néerlandais et de l’ONG EUCORD notre projet riz en 2009. Un vaste programme de formation a été mis en place pour former les cultivateurs et des dizaines de milliers d’entre eux en
ont déjà bénéficié. Entre 2009 et 2012, la production du riz et le rendement par riziculteurs ont augmenté de 62%. Et à Kinshasa, le revenu moyen a quant à lui progressé de 323%. Durant la même période, HEINEKEN a réinjecté plus de 26 millions d’euro dans l’économie locale. HEINEKEN aussi a récolté les fruits de cette collaboration réussie avec les communautés locales. Une chaîne d’approvisionnement optimisée et durable de nos matières premières, la réduction de nos coûts de transport et de distribution ainsi que de notre empreinte carbone. Nous nous développons réellement ensemble.
Nombreux sont ceux qui pensent que l’Afrique a besoin d’aide. Nous avons appris que l’Afrique peut nous aider.
Le Plus de J.A. RD Congo Nord-Kivu
Goma au purgatoire Jadis, c’était un paradis. Depuis que la rébellion du M23 a été vaincue, la capitale provinciale sort de l’enfer. L’activité économique redémarre, mais la population reste sur le qui-vive.
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Lac Édouard OUGANDA
Nord-Kivu
’
est une petite route, qui part du centre-ville de Goma pour descendre vers les hôtels et les restaurants chics de la rive du Kivu. S’il n’est pas encore goudronné, le bandeau de terre fraîchement refait est à nouveau praticable. Au bout du chemin, Le Chalet. En ce soir de semaine, ce bar-restaurant très couru, avec vue imprenable sur les eaux du lac, est déjà bondé. On y croise toutes les nationalités et les autorités de la capitale provinciale. On y échange en français, en anglais et en dollars. Dans cette bulle, on pourrait croire que la ville, prise par les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23) il y a tout juste deux ans, a retrouvé sa prospérité d’antan. Jusqu’au milieu des années 1990 et le début d’un cycle de guerres qui peine à se terminer, Goma était un petit paradis pour les expatriés et un lieu de villégiature prisé par l’élite du pays. Avec ses abondantes ressources naturelles (lire pp. 82-84), son climat tempéré, sa faune variée et ses terres fertiles, cette région située au pied du volcan Nyiragongo possède tous les atouts nécessaires à un développement économique diversifié et rapide. Frontalière avec le Rwanda et à moins de 75 km de l’Ouganda, la capitale provinciale a toujours été une ville d’échanges, de passage, de commerce… Mais un coup d’œil au parking du Chalet donne une idée de l’origine des consommateurs aisés qui se bousculent dans l’établissement : il déborde de 4 x 4 blancs, siglés « UN ».
Lac Albert
ProvinceOrientale
Goma
RWANDA Lac Kivu
Sud-Kivu
Maniema
250 km
BURUNDI
LacTanganyika TANZANIE
Katanga
en novembre 2013 et, depuis, elle a fait de Goma son quartier général. La plupart des réfugiés qui survivaient aux abords de la ville ont pu rentrer chez eux. Gage de stabilité, la présence de la Monusco a aussi fait venir les gros salaires d’un bon millier de fonctionnaires onusiens. Elle a relancé l’hôtellerie, la restauration, les services et, surtout, l’immobilier. Dans le centre-ville, qui compte plus de 1 million d’habitants, une belle maison peut facilement se louer plus de 2 000 dollars (environ 1 580 euros) par mois. Une aubaine pour les propriétaires, même si cela a chassé quelques-uns des (rares) Congolais qui pouvaient y prétendre. « C’est un plus conjoncturel,
confirme Singoma Mwanza, le président de la section Nord-Kivu de la Fédération des entreprises du Congo (FEC). Mais je mets aussi en garde ceux qui veulent lancer des projets immobiliers : la présence [de la Monusco et des fonctionnaires onusiens] est temporaire. Elle pourrait ne pas durer plus de trois ans… » D’ailleurs, les Casques bleus ne règlent pas tous les problèmes. Dans certains quartiers règne une insécurité meurtrière, qui a provoqué des manifestations d’habitants inquiets. Mal équipées, les forces de l’ordre semblent impuissantes à la juguler (la police ne dispose que d’une seule jeep en état de marche pour toute la ville). Quand elles n’en sont pas carrément à
q La Monusco : un gage de stabilité… et de gros salaires qui affluent.
aubaine. Après l’humiliation subie lors
de l’invasion des rebelles, la Mission de l’organisation des Nations unies pour la stabilisation en RD Congo (Monusco) a réagi. Avec le renfort de soldats venus d’Afrique du Sud, de Tanzanie et du Malawi, et en appui d’une armée congolaise remaniée, elle a pu vaincre le M23 n o 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
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diamant brut de ce patron peu porté à l’optimisme, vient tout de même d’investir plus 1,5 million de dollars pour créer une petite usine de séchage de café afin de pouvoir exporter la production locale.
q Le lac Kivu, à Goma, vu depuis l’hôtel Ihusi.
déficit abyssal. Le Nord-Kivu reste
jtkiwi.wordpress.com
principalement agricole. Cependant, les grandes richesses minières, qui ont pendant longtemps échappé au secteur formel et au contrôle des pouvoirs publics, repassent peu à peu sous leur contrôle et devraient contribuer à la relance économique de la province dans les années à venir. Pourtant, si l’on excepte les filières minière et pétrolière (le britannique Soco explore dans la région), les investissements étrangers demeurent extrêmement rares dans le Nord-Kivu. « Outre les troubles, il y a un gros problème de sécurité juridique, déplore un diplomate européen en poste à Goma. Les entreprises étrangères redoutent l’arbitraire la province a non seulement repris, mais et le manque de professionnalisme de la justice, qui est en plus mauvais état a dépassé le niveau d’avant 2012. C’est ici qu’à Kinshasa. Rebâtir un État, avec notamment visible dans le secteur de la finance, avec l’ouverture de quatre étades forces de l’ordre et une justice bien blissements bancaires ces derniers mois. formées et équipées, reste un préalable « Pendant la crise, les banquiers s’étaient à la normalisation de la province. » réfugiés avec leurs devises de l’autre côté Et il y en a d’autres. À commencer par de la frontière [au Rwanda] et il n’y avait la mise à niveau des infrastructures. plus ici que les fonds nécessaires pour L’état des routes entre Goma et les riches de petites transactions, rappelle Naasson territoires de Masisi et de Rutshuru est Kubuya Ndoole, le maire de Goma, qui a déplorable – sans compter que les barété nommé à cette époque. Aujourd’hui, rages routiers imposant des taxes non ils sont revenus et leurs fonds aussi. Ils légales sont encore nombreux. Surtout, le peuvent financer l’économie. » déficit énergétique est abyssal. La société nationale d’électricité (Snel) n’alimente certains quartiers aujourd’hui, en centre-ville, que quelques heures par mois, une belle maison se loue ce qui oblige les entreprises à avoir recours à de coûteux plus de 2 000 dollars par mois. groupes électrogènes. Selon Julien Paluku, le gouverneur du Cependant, là aussi, il y a de l’esNord-Kivu, qui parle de « boom éconopoir. La fondation américaine Howard mique », les revenus fiscaux de la proBuffett a annoncé le financement de vince ont été multipliés par trois depuis deux barrages d’une puissance de 16 MW le début de l’année : la réouverture des à Rutshuru. Cela pourrait permettre voies de communication (notamment d’améliorer la situation, sans pour autant vers l’Ouganda) a été profitable – résultat, résoudre définitivement le problème. La également, de compromis et d’assoupiste de l’aéroport de Goma, en cours plissements accordés aux entrepreneurs de rénovation, devrait enfin pouvoir locaux pour le paiement des taxes. « On accueillir des avions cargos et des vols sent qu’il y a du changement au niveau long-courriers à partir de décembre. du gouvernement de Kinshasa, reconnaît Même dans un climat apaisé, Goma Menelas Kyriakides, un entrepreneur doit désormais surmonter les mêmes d’origine grecque installé ici depuis pludifficultés que les autres grandes villes sieurs dizaines d’années. Mais ici, nous du pays. l sommes si loin… » Coffeelac, l’entreprise Pierre boisselet
l’origine : les abords des camps militaires et policiers, qui disposent d’armes plus ou moins bien contrôlées, font partie des endroits les moins sûrs de la capitale provinciale. anonymat. Surtout, le spectre de la
guerre hante les esprits. En octobre et en novembre, dans la région de Beni (à 300 km au nord de Goma), des groupes rebelles ont massacré plus de deux cents civils. Un drame que la Monusco et les soldats congolais ne sont pas parvenus à empêcher. Un tiers de la province échapperait au contrôle des autorités. Et la crainte qu’une rébellion menace à nouveau Goma est dans toutes les têtes. « Nous sommes contre tous les mouvements armés, assure un membre influent de la communauté tutsie, au sein de laquelle le M23 recrutait principalement. Mais j’ai peur que, dès le départ de la Monusco, les affrontements reprennent. Il n’y aura pas de solution durable tant que nous aurons autant de réfugiés dans les pays voisins… » Notamment au Rwanda, accusé d’avoir soutenu les rebelles du M23. « Ils ont goûté aux richesses de la région. Ils ne pourront pas s’en détourner », affirme un entrepreneur qui préfère garder l’anonymat, au cas où… Ces risques hypothétiques n’ont pas empêché un certain redémarrage de l’activité économique. Ainsi, selon le président de la FEC, la production dans jeune afrique
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d’approvisionnement. Deux facteurs qui, additionnés, ont largement perturbé les trafics des différents groupes armés et fait chuter la production minière qu’ils contrôlaient. Selon un rapport publié en juin dernier par l’ONG Enough Project, ils auraient ainsi perdu la main sur près Reconquête des sites d’extraction, transformation sur place des de deux tiers des sites de production de minerais précieux… pour en finir avec les trafics et attirer les cassitérite, de coltan et de wolframite investisseurs, Kinshasa, aidé par l’ONU, emploie les grands moyens. de la zone. Cela étant, la loi Dodd-Frank a aussi e l’or, de la cassitérite, du Pour caricatural qu’il soit, ce schéma se eu des effets pervers pour l’ensemble du coltan, de la wolframite… Le perpétue bel et bien dans le Nord-Kivu. secteur minier. « En demandant aux comsous-sol de la province du Mais les choses sont peut-être en passe pagnies de prouver l’origine des minerais Nord-Kivu regorge de minede changer. extraits [dans] l’est du Congo et dans les rais précieux et stratégiques, essentiels pays environnants avant qu’un système aux industries de pointe, notamment effets pervers. La Mission de l’Orgapermettant de fournir de telles preuves ait aux technologies numériques. Pourtant, nisation des Nations unies pour la staété mis en place, [elle a] fait fuir des achedepuis des années, cette manne échappe bilisation en RD Congo (Monusco) et teurs étrangers, dont beaucoup préfèrent presque en totalité au secteur formel et, les FARDC ont progressivement repris aujourd’hui s’approvisionner ailleurs », donc, au Trésor public. ont déploré 70 chercheurs spéSelon un scénario dénoncé à longueur cialistes de la région dans une Une fois les zones sécurisées, de rapports par les organisations internalettre ouverte, le 2 octobre. des équipes d’experts mènent tionales, les groupes armés qui sévissent Toutefois, selon plusieurs resdans l’est du pays et certains éléments des ponsables onusiens et indusdes inspections à l’improviste. Forces armées de la RD Congo (FARDC) triels du secteur, le circuit de exploitent ces ressources pour leur propre le contrôle de ce territoire depuis 2013. certification se met progressivement compte, obtenant ainsi les fonds nécesEn outre, l’article 1502 de la loi amérien place. Des « équipes conjointes » de saires pour continuer d’alimenter, pour caine Dodd-Frank, adoptée en 2010, certification ont été créées, qui associent les uns, des conflits vieux de vingt ans, oblige désormais les entreprises cotées notamment des experts du ministère pour les autres, leur fortune personnelle… aux États-Unis à dévoiler leur chaîne congolais des Mines, de l’Office l l l Nord-Kivu
Bye-bye groupes armés, bonjour groupes miniers
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jeune afrique
PUBLI-INFORMATION
« La culture de l’excellence »
MME AZIZA MULSUM, Mandataire Spéciale Groupe SHENIMED et MR MWANZA SINGOMA, Directeur Général Groupe SHENIMED.
De gauche à droite : Mr MICHA VANWINKELHOF, Business Development & Finance Strategy Groupe SHENIMED, Mr DAVID THORN, GENERAL MANAGER EAST & CENTRAL AFRICA REGION JTI, Mr MWANZA SINGOMA, Directeur Général Groupe SHENIMED, Mr MARTIN MBURU, OPERATION DIRECTOR EAST & CENTRAL AFRICA REGION JTI.
Le groupe SHENIMED, déjà connu depuis plus de 25 ans en tant que leader dans la distribution de produits tabacicoles, se diversifie depuis 2013 avec le lancement de 3 nouvelles Entreprises dans des secteurs phares de l’économie de la RD Congo : SHENIMED, une société créée suivant l’acte authentique passé devant le notaire de la ville de Kinshasa le 19 juillet 1995 est une société de droit Congolais. La commercialisation des cigarettes dont la gamme actuelle est composée des 9 marques (Portsman, Club, Monte Carlo, Aspen, Camel, LD,..) en partenariat avec la firme internationale, la JTI, est sa principale activité. Grace à ce partenariat de plus de 25 ans, l’expertise de son patronat et le professionnalisme de ses employés, elle s’est fait une grande renommée et est actuellement comptée parmi les sociétés les plus civiques du pays. Elle compte à ce jour plus de 350 agents et assure la survie de plus de 4500 familles au travers de ses Revendeurs, Colporteurs, Transporteurs, Consultants, Experts nationaux et étrangers. Sa vocation est de devenir leader dans son secteur d’activité.
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DAKOTA AVIATION, vient renforcer l’offre de transport aérien, fret et passagers, avec pour ambition de relier, tous les territoires enclavés, aux grandes métropoles de la RD Congo.
CEAC, Compagnie d’Elevage et Agro-industrielle du Congo, toujours avec sa devise « Produisons l’avenir » se déploie dans les activités d’Elevage, Production, Distribution et Commercialisation ; et aspire à devenir le leader du secteur agro-industriel dans l’Est de la RD Congo. Aujourd’hui C.E.A.C accélère sa capacité à répondre aux besoins des consommations locales en investissant dans la fromagerie, la fabrication et le conditionnement d’eau minérale et de lait, ainsi que l’abattage d’élevage.
Le Plus de J.A. RD Congo l l l international des migrations (OIM) onusien et de l’Institut fédéral allemand pour la géologie et les ressources naturelles (BGR). À mesure que les FARDC et la Monusco reprennent le contrôle du territoire, leurs investigations s’étendent. « Ces équipes ne peuvent se déplacer que lorsque la Monusco donne son feu vert en matière de sécurité, ce qui exclut donc du processus les sites où les groupes armés sont encore très actifs », explique un cadre de la mission onusienne. Une fois les zones sécurisées, « ces inspections sont menées à l’improviste, poursuit notre interlocuteur. Et, sur place, on ne doit trouver ni enfants ni hommes en armes, y compris des membres des FARDC ». Au total, une trentaine de mines ont d’ores et déjà été certifiées au Nord-Kivu. L’obligation de transformer le minerai avant exportation, imposée par le gouvernement en 2010, a constitué un frein supplémentaire à la certification. Elle était plus facilement applicable au Katanga, où le secteur est beaucoup plus structuré (ce qui n’a pas empêché des protestations dans cette province) qu’au Nord-Kivu, où l’exploitation est presque exclusivement artisanale.
confiance. Il n’empêche. Preuve de la
confiance de certains opérateurs miniers dans ce nouveau système, plusieurs investissements importants ont été réalisés. C’est par exemple le cas de l’entreprise à capitaux russes African Smelting Group, qui a déjà investi plus de 2,5 millions de dollars (environ 2 millions d’euros) dans la construction de la première fonderie de l’histoire du Kivu à Sake (lire l’article ci-contre). À partir du premier semestre 2015, elle entrera en activité et permettra de transformer la cassitérite (extraite sur le territoire de Walikale) en lingots d’étain pur à 99 %, qui seront ensuite exportés. African Smelting Group table sur une production de 550 à 600 tonnes d’étain par an. La simple opération d’enrichissement des minerais permettant d’obtenir une autorisation d’exportation, une dizaine de sociétés à capitaux congolais, burundais, russes, chinois ou italiens sont déjà enregistrées et actives dans la province. Il faudra cependant que le système de certification prouve son efficacité sur le long terme pour rétablir la confiance et attirer de plus gros investisseurs. l pierre boisselet n o 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
Yvette Mwanza Un moral d’acier Directrice exécutive d’African Smelting Group
pierre boisselet/j.a.
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l
es femmes dirigeantes dans les mines, c’est déjà rare. Qu’Yvette Mwanza soit parvenue à se faire une place de choix dans celles du NordKivu, qui ont longtemps été sous la coupe des chefs de guerre, c’est exceptionnel. Calme, souriante, imposante… Dans son pagne à fleurs, cette femme de 45 ans dégage une force tranquille. Il faut sans nul doute des épaules solides pour assumer un parcours aussi atypique. Présidente du comité « mines » de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) du Nord-Kivu et directrice exécutive d’African Smelting Group (à capitaux russes), Yvette Mwanza dirige quelques-uns des projets les plus importants du secteur, avec la construction d’une fonderie de cassitérite à Sake (à 20 km de Goma, en
direction des riches territoires du Masisi et du Walikale), qui produira ses premiers lingots l’an prochain. Coût de cette usine: 2,5 millions de dollars (environ 2 millions d’euros). Et le groupe russe ne compte pas s’arrêter là, puisqu’il prévoit de porter ses investissements à 21 millions sur cinq ans. Originaire du BasCongo (ouest du pays), Yvette Mwanza avait 20 ans lorsqu’elle est arrivée à Goma avec son père, magistrat, nommé au tribunal de grande instance de la capitale provinciale. Étudiante en médecine, elle est sur le point d’obtenir son diplôme lorsque la première guerre du Congo éclate, en 1996. « Il ne me restait plus qu’un an de stage à faire pour devenir médecin, mais ces événements ont profondément bouleversé ma vision des choses… » Elle se réfugie
au Rwanda pendant une dizaine d’années pour fuir les violences, s’engage dans des associations féminines et suit une formation à l’entrepreneuriat. De retour à Goma en 2006, elle épaule son père, qui avait commencé à travailler comme conseiller juridique auprès d’investisseurs russes, à l’époque essentiellement présents dans la maintenance aéronautique. Avant de se tourner, avec elle, vers les industries extractives. Aujourd’hui, Yvette Mwanza se bat pour que le secteur formel (« qui fait beaucoup d’efforts pour se blanchir », assure-t-elle) reprenne le contrôle des mines du Nord-Kivu. Objectif: que cette manne recommence à profiter à l’État, en même temps qu’à son groupe. Et qu’elle cesse d’alimenter des factions rebelles. l p.b. jeune afrique
PUBLI-INFORMATION
DÉMOCRATIQ DÉMOCRATIQUE QUE UE
DU CONGO Pour un meilleur écoulement des produits de du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo : bientôt un marché international de Kinshasa dans la zone économique spéciale de Maluku
Futur Marché des produits frais à Kinshasa.
Bientôt un marché international à Kinhasa
L
e gouvernement annonce la construction du Marché international de Kinshasa pour garantir un meilleur écoulement des produits agricoles et d’élevage sortis du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo. La nouvelle de construction de ce grand marché des produits frais a été donnée, hier mercredi par le Conseiller principal du Premier ministre chargé de l’Agriculture et développement rural. Le coût des travaux pour réaliser cette plateforme moderne est de 95 millions de dollars américains et sera érigée dans le site de la Zone économique spéciale (ZES) sur un espace de 7 hectares au sein des 15 hectares alloués au marché international de Kinshasa, a précisé monsieur John Mususa Ulimwengu. Pour le Conseiller principal, le Marché international de Kinshasa n’est pas un simple projet, mais une entreprise dans laquelle le gouvernement entend voir les privés aussi prendre des actions.
Dans sa forme, le marché international de Kinshasa est une société bâtie sous le principe économique de partenariat public-privé (PPP) et qui aura le statut d’une entreprise, cotée dans un premier temps à la bourse de Johannesburg, en attendant la création d’une bourse des valeurs à Kinshasa. Ce qui dénote du sérieux que le gouvernement imprime au projet de parc agroindustriel de Bukanga Lonzo se veut véritablement ambitieux, intégré et intégrant. Et, le Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, dans la vision tracée par le chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, a réuni tous les moyens nécessaires pour que ce projet atteigne dans le plus bref délai sa vitesse de croisière. En effet, les premiers produits du parc agroindustr iel de Bukanga Lonzo
sont attendus au plus tard mars 2015. Dans la stratégie de maîtriser toute la chaîne de production alimentaire, à savoir : la production, la transformation et la distribution, le gouvernement pense déjà à mettre en place un circuit pour un meilleur écoulement qui rapproche producteur, grossistes, détaillants et consommateurs. Outre les produits qui sortiront de Bukanga-Lonzo, ceux des autres producteurs sont les bienvenus dans ce marché à condition de réunir la condition qualité-quantité. Car, ici tous sera vendu en gros afin de permettre aux petits détaillants de ne pas mettre la clé sous le paillasson. Au marché international de Kinshasa, acheteurs et vendeurs locaux et internationaux seront réunis quotidiennement pour faire du business commerce de gros et de détail. Cette plateforme est constituée de plusieurs bâtiments dont trois blocs principaux pour la vente des fruits et légumes, de pomme de terre et oignons et un petit supermarché constitué d’un bloc de vente des poissons, des poulets, de la viande et des œufs. Chaque bloc est doté d’un store room (dépôt) et d’une chambre froide. Le principe ici étant de vendre des produits frais. Le Conseiller principal du Premier ministre a ajouté que ce programme du marché international de Kinshasa va s’accompagner de renforcement de capacités de production des poissons notamment le tilapia. grande La mise en œuvre de grande cette c chaîne de production, de transformation et transfo fo de distribution ne se limitera pas pa seulement par Bukanga-Lonzo et ga son marché. À côté de tous to les parcs agro-industriels à travers le territoire national, ils seront érigés s des marchés pour l’écoulement l’écoulemen des produits, a conclut John Mususa.
PRIMATURE DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO E-mail : cabinet@primature.cd - http://www.primature.cd/public/
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RÉPUBLIQUE R ÉPUBL UBLIQUE
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Le Plus de J.A. RD Congo Province-orientale
le réveil de la belle endormie Un pouvoir central qui s’intéresse à son sort, des autorités provinciales qui lancent un programme de rénovation urbaine… À Kisangani, les choses bougent enfin.
P
our le visiteur qui s’y rend pour la première fois, Kisangani ressembleencoreàungrandvillage. Lors de l’atterrissage à l’aéroport de Bangoka (qui n’a désormais d’international que le nom, puisque aucune liaison commerciale avec l’étranger n’est plus assurée), rien n’indique que l’on débarque dans l’une des plus grandes capitales provinciales de la RD Congo, une ville qui compte environ 1 million d’habitants. À l’extérieur de l’aérogare, point de taxis… Comment rejoindre le centreville, situé à 17 km ? « Les passagers sont prévoyants. Ils préviennent la famille ou les amis pour que quelqu’un vienne les chercher en voiture », répond un agent de la Régie des voies aériennes (RVA). Lui, c’est sur sa moto qu’il fait régulièrement l’aller-retour pour venir percevoir le « go pass », la taxe imposée à tous les voyageurs dans les aéroports congolais (10 dollars, soit environ 8 euros, pour les vols intérieurs, 50 pour les vols internationaux). Bangoka n’y échappe pas. D’autant que la capitale provinciale a un besoin urgent de réhabiliter ses installations aéroportuaires et ses édifices publics, dont la plupart datent de l’époque coloniale. « ville MARTYRe ». Sur fonds propres,
les nouvelles autorités provinciales ont engagé un vaste programme de rénovation urbaine. Objectif : « Tenter de revêtir Kisangani de ses plus beaux atours », explique un conseiller de Jean Bamanisa, gouverneur de la ProvinceOrientale depuis le début de 2013 (lire interview pp. 88-90). Kisangani n’a toujours pas pansé ses plaies depuis les derniers conflits armés, comme celui de la « guerre de six jours ». En juin 2000, des combats ont opposé, au cœur même de la ville, les armées régulières rwandaise et ougandaise, qui soutenaient deux factions rebelles congolaises rivales. Quatorze ans plus tard, les impacts des tirs d’armes lourdes et automatiques marquent encore les murs de certaines résidences de la Tshopo et du quartier Plateau-Boyoma, deux des secteurs les n o 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
plus touchés par ces affrontements sans précédent. Bien que l’agglomération ait été épargnée par les rébellions qui ont meurtri l’est du pays ces dix dernières années, la paix retrouvée n’a pas été suffisante pour relancer le développement économique et social. Mais désormais, Kisangani compte bien se débarrasser du statut de « ville martyre » qui lui colle à la peau. RAS-le-BOl. De par sa position straté-
gique, Kisangani est un pôle économique majeur pour la RD Congo. La ProvinceOrientale est en effet frontalière de trois pays enclavés (Ouganda, Soudan du Sud et Centrafrique). Et, située à la confluence de la rivière Lualaba (qui prend le nom de Congo à partir de Kisangani, en se gonflant de la Tshopo et de la Lindi), la capitale provinciale est le port de départ et le terminus de la voie fluviale navigable entre l’est et l’ouest du pays, qui la relie à Kinshasa. Pourtant, Kisangani stagne. À l’image de ce gigantesque immeuble inachevé qui s’élève au milieu d’un terrain vague, derrière le stade Lumumba, entre la commune populaire de la Tshopo et celle de Makiso, siège des institutions provinciales. C’est l’ébauche d’un nouvel hôtel pour le gouvernement provincial, projet pharaonique lancé par Médard Autsai, gouverneur de la province de février 2007 à mars 2012. Décrié pour SOUDAN DU SUD
CENTRAFRIQUE
Province-Orientale Congo
Lindi
Lac Albert
Tshopo
Kisangani Lualaba
Équateur KasaïOriental
OUGANDA Lac Nord- Édouard
Kivu
Maniema
300 km
SudKivu
RWANDA Lac Kivu
sa mauvaise gouvernance, ce dernier a démissionné de son poste après s’être fait élire député national aux législatives de novembre 2011. « Avec Autsai, la ville a perdu cinq ans ! déplore un député provincial. Alors qu’à Kinshasa, Lubumbashi, Matadi et même Goma les autorités s’évertuaient à remettre leurs collectivités sur le chemin de la reconstruction, lui n’a fait que privilégier ses intérêts personnels en s’achetant des maisons et en détournant les deniers publics au profit de sa formation politique, le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie [PPRD]… » Devant le ras-le-bol de la population, le PPRD a fini par lâcher son responsable provincial, lui demandant de se contenter de son siège de député national. Quelques mois plus tard, cela n’a d’ailleurs étonné personne de voir une assemblée provinciale pourtant dominée par les élus de la majorité élire un gouverneur se revendiquant indépendant, laissant sur le carreau Jean-Pierre Daruwezi, ancien numéro un de l’Agence nationale de renseignements (ANR), le candidat soutenu par le PPRD. Un camouflet pour Joseph Kabila, qui fait dire à la plupart des observateurs que Kisangani, comme l’ensemble de la Province-Orientale,estentraind’échapper au pouvoir. Pourtant, le chef de l’État y a toujours été bien élu. Lors des élections présidentielles de 2006 et de 2011, les Boyomais (les habitants de Kisangani) ont voté massivement pour le candidat Kabila. Mais aujourd’hui, la population a de plus en plus l’impression que, une fois élu, le président l’oublie. Même Raymond Mokeni (lire p. 90),lepatrondespatronsde la province, réputé très proche de Joseph Kabila, ne cache plus son exaspération. jeune afrique
Diamant brut
PHOTOS : Gwenn DubOurTHOumieu POur j.a.
Le nouveau centre de conférences, l’ancien hôtel des Chutes, l’inauguration du pont Tshopo-II et la cathédrale, sur la rive du Congo.
« Combien de fois le chef de l’État est-il revenu à Kisangani [depuis sa réélection, en 2011]? » confie-t-il, visiblement agacé. visibilité. Quelque 1 200 km plus à
agit pour le développement de la ville… Ainsi, fin octobre, Joseph Kabila est venu célébrer la réhabilitation du pont Tshopo-II, qui relie Kisangani à la partie nord de la Province-Orientale et, à l’ouest, à l’Équateur. Quelques jours plus tard, Justin Kalumba, le ministre des Transports et Voies de communication, venait poser la première pierre des travaux de modernisation de l’aéroport de Bangoka, en grande partie financés par la Banque africaine de développement (BAD).
l’ouest, Kinshasa semble avoir entendu le message. « Si nous restons invisibles sur le terrain, la sanction sera sévère dans les urnes lors des prochains scrutins », reconnaît un élu du PPRD. Avant d’accuser le nouveau gouverneur de faire ombrage au chef de l’État : « Il s’approprie toutes les actions du gouvernement central. » Ce que Jean Bamanisa Nombre de tronçons de voirie dément, réaffirmant son « attaattendent d’être asphaltés. chement à la vision de développement du pays imprimée Allô, Kinshasa ? par le président ». Pas suffisant pour rassurer ceux qui le soupçonnent Seulement voilà, de nombreux projets, de caresser des ambitions nationales et moins prestigieux mais tout aussi urgents, d’être « un opposant déguisé en membre pâtissent de cette stratégie de visibilité à de la majorité ». tout prix. Comme nombre de tronçons de En coulisses, cette dernière a lancé la voirie urbaine qui attendent le déblocage d’un financement de Kinshasa pour l’opération « changement de cap » : il être asphaltés. « La réhabilitation de plufaut désormais marquer clairement sa sieurs artères principales de Kisangani présence, montrer aux Boyomais qu’on jeune afrique
relève du gouvernement central dans le cadre du contrat chinois, explique un responsable local de l’Office des routes. Depuis quelques mois, l’exécution de ce contrat semble être suspendue, donc les travaux aussi. » Résultat : quand il pleut, ces axes deviennent impraticables. Même les taxis-motos et les taxis-vélos toleka [« avançons », en lingala], qui assurent le transport urbain, préfèrent les éviter. En attendant des jours meilleurs, les Boyomais tiennent bon. Chaque jour, sous le très chaud soleil tropical, le marché central se remplit, les écoles, l’université et les instituts supérieurs accueillent leurs élèves. Et le soir, lorsque le temps se rafraîchit, ils sont nombreux à se retrouver autour d’une Primus (la bière locale) sur les terrasses ou à se déhancher dans les night-clubs au rythme du ndombolo. D’autres écoutent les textes revendicatifs d’Alesh. Dans son tout nouveau titre, le jeunerappeurboyomaischanteLumumba, lehérosnational,qui avaitfaitdeKisangani son fief et le berceau du patriotisme congolais. l trésor KibANGUlA, envoyé spécial n o 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
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Le Plus de J.A. RD Congo Province-orientale
Jean Bamanisa « Mon modèle, c’est Moïse Katumbi » À la fois homme d’affaires et gouverneur, il suit les orientations du chef de l’État tout en cultivant son indépendance. Et apprécie qu’on le compare à son très dynamique homologue du Katanga.
A
vec une superficie équivalente à celle de l’Espagne et seize fois supérieure à celle de la Belgique, la ProvinceOrientale est la plus grande des provinces de RD Congo. Pourtant, elle a longtemps été oubliée des programmes de reconstruction nationale et peine à se développer. Depuis qu’il a pris ses fonctions, début 2013, son gouverneur, Jean Bamanisa Saïdi, 50 ans, compte bien y remédier. Entrepreneur dans l’âme (il a créé sa première entreprise à l’âge de 21 ans), il mise sur le partenariat public-privé pour relancer l’économie. Son « plan d’actions de développement » ne fait cependant pas l’unanimité au niveau national, au sein de la Majorité
Devant le nouveau pont, sur la rivière Tshopo, à Kisangani.
Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.
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Bio express 7 avril 1964 Naissance à Kisangani
la restauration et la distribution des produits pétroliers (Petro-Baje)
1982-1985 Diplôme d’humanités scientifiques et études de biologie à l’université de Kisangani
30 juillet 2006 Élu député national de la circonscription de Kisangani
1987 Création de Baje, société spécialisée dans l’entretien des bâtiments, qui a depuis donné naissance à plusieurs filiales dans l’immobilier, l’étude de projets,
31 octobre 2012 Élu gouverneur par l’Assemblée provinciale
présidentielle (MP), où beaucoup lui reprochent sa double casquette de gouverneur et d’homme d’affaires. Surtout, bien que Bamanisa répète qu’il « partage la vision de développement du chef de l’État », de nombreux membres de la MP le considèrent comme un opposant. D’une part parce que, après la démission
22 janvier 2013 Investi par ordonnance présidentielle
« forcée » (lire pp. 86-87) de son prédécesseur, Médard Autsai, il a été élu par l’Assemblée provinciale au détriment du candidat soutenu par le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, au pouvoir). Ensuite parce que son épouse, Caroline Bemba, est la sœur du leader du Mouvement de libération
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du Congo (MLC), sous l’étiquette duquel elle a été élue à l’Assemblée nationale en 2011… Mais, si l’on veut déballer les « affaires de famille », pourquoi ne pas préciser, aussi, que la nièce de Bamanisa est mariée au demi-frère d’Olive Lembe Kabila, la première dame ? jeune afrique : Vous vous êtes toujours présenté en candidat indépendant (aux législatives de 2006 et 2011, aux élections au gouvernorat en 2012). quel est votre positionnement politique ? jean Bamanisa: Les clivages gauche-
droite, opposition-majorité, tels qu’on peut les retrouver dans les vieilles démocraties, ne sont pas encore une réalité en RD Congo, un grand pays de plus de 70 millions d’habitants, avec une pluralité d’ethnies et de tribus, où nous avons besoin de la participation de tous. Cela dit, je me suis toujours senti proche du président Joseph Kabila, qui semble avoir trouvé ces deux dernières années l’équipe et les hommes qu’il faut pour relancer le développement du pays. Au sein de la majorité présidentielle, je me reconnais davantage dans les idées du MSR [Mouvement social pour le renouveau, deuxième force politique de la majorité], même si je n’en suis pas membre. Certains vous accusent de jouer double jeu, de ne pas vraiment être proche de la majorité, et vous reprochent d’avoir nommé ministre provincial une élue du mLC, parti auquel appartient votre épouse. que leur répondez-vous ?
En nommant un membre de l’opposition au gouvernement provincial, nous avons été des précurseurs de l’ouverture politique en cours. Aujourd’hui, après les concertations nationales de l’an dernier, un gouvernement de cohésion nationale n’est-il pas attendu à Kinshasa ? Trouvez-vous pertinent que l’on vous compare de plus en plus souvent à moïse Katumbi, le gouverneur du Katanga ?
Si je peux apporter à la ProvinceOrientale autant qu’il a pu apporter au Katanga, j’en serai ravi. Moïse Katumbi, en tant qu’entrepreneur et que dirigeant, est un modèle dont la RD Congo a besoin. Un dirigeant qui ne vit pas sur le dos du Trésor public, mais qui apporte un esprit de développement lll et d’ouverture. jeune afrique
40 ANS AVEC VOUS ET POUR VOUS 40 YEARS WITH YOU AND FOR YOU
Albert Kasongo Mukonzo, Directeur Général de l’OCC
Bâtisseur de la confiance dans les affaires
C
onséquence du développement industriel et de l’intensification croissante du commerce international, l’Office Congolais de Contrôle puise ses sources lointaines dans la branche locale d’une multinationale suisse, leader mondial dans l’inspection. Créé le 10 janvier 1974, l’OCC est aux termes du Décret n° 09/42 du 3 décembre 2009 fixant ses nouveaux statuts, un Établissement public à caractère scientifique et technique. Son objet social consiste à « procéder
en tant que tierce partie à l’évaluation de conformité, en l’occurrence l’inspection, la certification, les essais ou analyses et à la métrologie, en se référant aux standards nationaux, régionaux et/ou internationaux. » À cet effet, l’Office effectue notamment : • le contrôle de tous produits fabriqués localement ; • le contrôle de qualité de tous produits et marchandises, à l’importation et à l’exportation au niveau du guichet unique ; • les essais ou analyses des échantillons des produits importés ; • le contrôle technique de tous appareils et travaux ; • la vérification et l’étalonnage des instruments de mesure ; • la certification de la qualité des produits autres que les matières précieuses, des systèmes et du personnel ; • les contrôles techniques. Les missions de l’OCC, qui est aussi par ailleurs Commissaire d’avaries, s’inscrivent dans le cadre de l’infrastructure qualité au niveau national. Ses services sont nécessaires à diverses fins, notamment : • démontrer que les produits, processus, services, produits de base et personnels sont conformes à des spécifications, des prescriptions dans le cadre de règlements nationaux, régionaux ou internationaux, des spécifications d’acheteurs ou des accords commerciaux ; • établir et surveiller l’application des exigences relatives à la protection de la santé et de l’environnement ainsi qu’à la sécurité des biens et des personnes ; • protéger les consommateurs par le contrôle des pratiques commerciales déloyales ; • aider à la mise en quarantaine des marchandises et produits nocifs, des organismes nuisibles et pathogènes lors de leur entrée dans une économie. Moyens opérationnels • Un réseau mondial des mandataires, membres affiliés du Groupe VERITAS/ Bureau BIVAC BV ; • Un réseau national de laboratoires ; • Un partenariat avec plusieurs organismes de normalisation, de métrologie et d’accréditation aux plans national, régional et international (ISO, CEI, ARSO, SADCSTAN, SADCAS, COFRAC, AFSEC, CAFMET, etc.) ;
www.occ-rdc.cd
DIFCOM/FC - Photos : DR
Le Plus de J.A. RD Congo l l l Quelles sont les retombées du forum des bailleurs de fonds que vous avez organisé en octobre à Kisangani ?
Nous avons voulu attirer l’attention des opérateurs économiques sur les diverses opportunités d’investissement qui se présentent chez nous. Car, il faut le reconnaître, la Province-Orientale était un peu oubliée ces dernières années. L’État n’ayant pas les ressources suffisantes pour réaliser ses projets, notre politique consiste à constituer un portefeuille propre du gouvernement provincial : concrètement, nous voulons créer des entreprises dans le cadre de partenariats public-privé [PPP], afin d’attirer les bailleurs de fonds. Ainsi, nous avons commencé par racheter à l’État l’ex-complexe sucrier de Lotokila et, bientôt, Codenord, l’exusine de traitement de coton, dans le
Bas-Uele. Nous allons également créer des entreprises de préservation de la forêt, pour une gestion saine des ressources forestières de la province [dont la moitié de la superficie est couverte par la forêt équatoriale]. Le PPP s’étendra à d’autres domaines, en particulier aux infrastructures routières, selon le principe de BOT [build, operate, transfer, équivalant à une délégation de service public]. Enfin, une plateforme logistique verra le jour à nos frontières, notamment à Aru, Mahagi et Kasini : plutôt que d’aller à Dubaï ou à Hong Kong pour acheter des marchandises, les entrepreneurs présents dans notre province pourront s’approvisionner dans de grands dépôts que nous installons sur ces sites, et qui seront aussi les points de sortie de nos matières premières (or, bois, coton, café).
Où en est la rétrocession de 40 % des recettes de l’État aux provinces, prévue par la loi de décentralisation ?
Jusqu’ici, nous n’avons bénéficié que de moins de 1 % de nos crédits d’investissement, ce qui ne nous a évidemment pas permis d’atteindre un grand nombre de nosobjectifs.Nousrappelonsaugouvernement central que nous sommes ses bras… Pourriez-vous être candidat à l’élection présidentielle de 2016, ou intéressé par un portefeuille dans le gouvernement central ?
Je ne serai candidat qu’aux élections provinciales et ne suis pas preneur d’un ministère à Kinshasa. Et si on me nomme, je dirai non, car j’estime que j’ai encore une mission à poursuivre dans ma province. l Propos recueillis à Kisangani par TrÉsOr Kibangula
raymond Mokeni, le papa des patrons Président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), Province-Orientale
U
«
n homme a vocation à être debout. Celui qui ne l’est pas est négligé par les autres. » Lorsque Raymond Mokeni parle de son handicap, son ton est grave. Il n’avait que 5 ans lorsqu’il a été frappé par la poliomyélite. Soixante-trois ans plus tard, l’amertume ne s’est jamais éteinte : « C’est une maladie qui vous avilit, qui vous met en état d’infériorité, même si vous êtes bien meilleur que les autres. » Malgré une enfance difficile (« je n’ai qu’une vague idée de mon père », confie-t-il, et il n’a commencé ses études primaires qu’à l’âge de 9 ans), Raymond Mokeni n’a jamais baissé les bras et a préféré se battre. Si bien que, depuis plus de trente ans, le patron des patrons de la province, c’est lui. Président de la Fédération des entreprises du Congo (FEC) de la ProvinceOrientale, il est considéré n o 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
trésor kibangula/J.a.
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par ses pairs comme le patriarche, leur « papa ». Petit-fils d’un colonel belge et d’une Congolaise, Mokeni ne supporte pas que ses compatriotes le considèrent comme un muzungu (un « Blanc »). « Ma pigmentation n’est qu’accidentelle, insiste l’homme d’affaires. Si je suis métis, c’est parce que ma grand-mère était la plus belle fille du village et qu’un officier belge en est tombé amoureux. De leur union, ma mère est née avec une peau altérée de blancheur », commente-t-il, assis dans
son bureau, au cœur de la ville de Kisangani et de « sa » province, comme il aime à le répéter. Natif de Titule, un petit village de l’Équateur, Raymond Mokeni est allé étudier, avec l’aide des frères maristes, dans trois des principales villes du pays : à Kisangani, à Lubumbashi, puis à Kinshasa, où il a décroché un diplôme en polytechnique. Dès sa sortie de l’université, il se lance dans les affaires. Et rapidement, en 1976, avec le soutien financier d’une
banque de Kinshasa qui lui accorde un crédit, il crée Boyoma électricité (Belect), une entreprise spécialisée dans la vente de matériels électriques et électroniques à Kisangani et dans toute la province. Deux ans plus tard, il ouvre une menuiserie, puis fonde Eau Ato, spécialisée dans l’assainissement et le traitement des eaux. « Au-delà de son implication économique, Mokeni exerce aussi une forte influence politique dans la province. Il y est un peu l’œil et les oreilles de Joseph Kabila », fait remarquer un observateur. Ce que le « patriarche » réfute catégoriquement, soulignant qu’il n’est « qu’un simple opérateur économique » et que l’on ne peut pas le considérer comme un proche du président: « Je n’ai jamais ni mangé ni bu avec lui », assure-t-il, en reconnaissant toutefois que le chef de l’État l’écoute. Normal. Il n’est pas T.K. patriarche pour rien. l jeune afrique
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gwen dubourthoumieu pour J.A.
q Le camp Bahuma, à Kisangani, le 10 octobre.
Province-orientale
Et maintenant, le drapeau blanc? Un centre de regroupement pour les combattants des Forces démocratiques de libération du Rwanda, disséminés dans les provinces de l’Est, a été aménagé à Kisangani. Après avoir longtemps tergiversé, les intéressés ont enfin pris le chemin de leur nouveau campement.
k
isangani n’a pas vraiment eu le choix. La décision est venue de Kinshasa. La capitale de la Province-Orientale accueillera les combattants des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) qui acceptent de déposer les armes. Malgré les critiques de la société civile locale, opposée au projet, le gouvernement n’a pas cédé, et un centre de regroupement des rebelles rwandais a déjà été aménagé au sein de l’ex-camp militaire Base – rebaptisé depuis camp Bahuma, en hommage au défunt général qui dirigea l’offensive de l’armée congolaise contre les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23) dans le Nord-Kivu, en novembre 2013 –, avec l’appui logistique de la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco). n o 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
AucampBahuma,«vingtbaraquements d’une capacité de 40 lits chacun sont prêts pour accueillir 800 personnes, commente Bil Tchagbele, responsable de l’information publique de la Monusco à Kisangani. Un dispensaire pour les soins urgents et
alors qu’ils veulent rentrer chez eux », ne cessait de répéter La Forge Fils Bazeye, l’un des porte-parole des FDLR. Pour les responsables de ce groupe armé actif dans le Nord-Kivu et le SudKivu depuis près de vingt ans, le désarmement de ses combattants devait être précédé par Vingt baraquements, une salle de des garanties d’ouverture loisirs, un dispensaire… Il y a de la d’un dialogue politique avec Kigali. Une « condiplace pour huit cents personnes. tion inacceptable » pour les unesallededivertissementsontégalement autorités rwandaises, qui considèrent les prévus ». Jusqu’à la fin novembre, ce n’était FDLR comme un « mouvement d’idéopourtant pas suffisant pour convaincre logie génocidaire ». « Le processus de les rebelles rwandais de s’y rendre. La désarmement volontaire des FDLR est méfiance persistait. « Nous n’avons pas été un casse-tête pour les Nations unies et consultés. Il est hors de question que nous pour les États de la région », reconnaît un envoyions nos hommes et leurs familles diplomate occidental basé à Kinshasa. à des milliers de kilomètres du Rwanda « Il y a eu trop de tergiversations dans jeune afrique
Lire aussi le désarmement des FDLR expliqué à ceux qui ont raté le début
la gestion de ce dossier », explique-t-il, faisant allusion notamment à cette « réunion malheureuse » organisée en juin, à Rome, entre certains leaders des FDLR et les représentants de la communauté internationale travaillant sur la situation sécuritaire dans la région des Grands Lacs. Sans compter les « tâtonnements » du gouvernement congolais, qui avait d’abord indiqué que les combattants FDLR désarmés seraient regroupés dans le camp naval d’Irebu, dans l’ouest du pays, avant d’opter pour Kisangani. « Il ne faut surtout pas que la relocalisation de ces rebelles rwandais sur le territoire congolais ressemble à un traquenard. Les envoyés spéciaux des Nations unies, des États-Unis et de l’Union européenne doivent plutôt obliger Kigali à ouvrir un espace politique au Rwanda, préconise Juvénal Munubo, député de Walikale, dans le Nord-Kivu. De cette manière, beaucoup seront encouragés à rentrer chez eux, en espérant pouvoir y exercer des activités politiques. Rien n’empêchera la justice de traquer en même temps certains de ces
FDLR qui ont commis des crimes graves au Rwanda et en RD Congo. »
Diamant brut
s’impatientait, pendant que Kinshasa temporisait… Et la stratégie a payé. Fin novembre, une visite au camp ultimatum. En attendant, l’option Bahuma a convaincu les responsables militaire suggérée par le Conseil de des FDLR, qui ont assuré que le désarsécurité des Nations unies dans l’une mement et le cantonnement pouvaient reprendre : dès le 26 novembre, le moude ses résolutions reste sur la table. « Mais aucune action d’envergure n’a été engagée vement de leurs hommes depuis Goma contre les FDLR, alors que ces combatvers le nouveau camp de Kisangani a comtants demeurent une menace pour les mencé; ils seront rapidement rejoints par les effectifs qui se trouvaient déjà dans populations locales », déplore Me Omar les camps de transit saturés de Kanyabayongo et « Ce que nous voulons, c’est Walungu, lesquels accueill’ouverture politique à Kigali leront d’autres hommes pour pouvoir rentrer chez nous. » prêts à déposer les armes. la ForGe Fils Bazeye, porte-parole des FDLR L’auront-ils tous fait avant l’échéance du 2 janvier ? Kavota, porte-parole de la société civile Peut-on entrevoir la fin de la « lutte armée » dans le Nord-Kivu. des rebelles rwandais en RD Congo? Pour Début juillet, la Communauté de déveLa Forge Fils Bazeye, désarmer dans les loppement d’Afrique australe (SADC) a temps n’est pas la priorité. « Ce qui nous décidé d’accorder une dernière chance préoccupe, dit-il, c’est l’ouverture politique aux FDLR : un ultimatum de six mois, à Kigali afin que nous puissions rentrer jusqu’à début janvier 2015. Depuis, rien ni chez nous. C’est tout. » l personne, ou presque, n’avait bougé. Kigali trésor KiBaNGula
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Gwenn Dubourthoumieu pour J.A.
RD Congo Diamant brut
p La scène, installée dans l’ex-Athénée royal. province-orientale
Ça se passe comme ça, à L’espace ngoma Créée en 2006, cette salle de spectacle est le point de ralliement des artistes boyomais. En pratique, elle sert aussi de maison de la culture et rayonne bien au-delà de Kisangani.
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nefind’après-midi,àKisangani. pris conscience de l’existence d’une Le soleil luit encore féroceindustrie culturelle, se souvient Olivier ment. À l’heure où les bars Maloba. Nous avons enfin compris que les accueillent leurs premiers artistes pouvaient vivre de leur métier. » clients, les comédiens, eux, ont pris Dès son retour à Kisangani, le trio rasl’habitude de se retrouver chaque jour à semble des comédiens boyomais autour l’Espace Ngoma. S’il n’y a pas de spectacle d’un projet commun. Après quelques tous les soirs, il y a toujours une Primus désistements, notamment celui de Bwana (la bière locale) à se partager, à l’ombre, Tcheko, l’Espace Ngoma voit le jour en sur une terrasse aménagée à la va-vite 2006 et prend ses quartiers dans l’enceinte devant le bâtiment. Rythmée par la rumba abandonnée de l’ancien Athénée royal et quelques titres de musique urbaine – une salle de sports, à l’origine. en vogue, l’ambiance est conviviale. « Dans un centre culturel, il y a toujours saynètes. Depuis, le centre culturel français ayant fermé ses portes au début un café d’artistes », note Olivier Maloba, chargé de projet et directeur artistique des années 1990, L’Espace Ngoma fait office de maison de la culture et, comme du Théâtre des Amazoulous, centre de création, d’échanges et de montage des la plupart des activités artistiques en RD spectacles (Taccems). On ne s’éloigne pas, en tout cas, Des comédiens congolais, de la vocation première de rwandais ou burundais participent l’Espace Ngoma: constituer un « centre d’attraction » à des festivals de théâtre en ville. pour les artistes boyomais (originaires de Kisangani). Congo, bénéficie du soutien financier de L’idée de créer ce point de rassemblel’association belge Africalia. « Avant, le ment est née au milieu des années 1990. prix de location des salles dans la ville Des comédiens de la Province-Orientale, décourageait plus d’un comédien de dont Magloire Bolunda, Bwana Tcheko et monter sur scène. Aujourd’hui, nous ne Olivier Maloba, ont participé au Festival sommes plus confrontés à ce blocage, international de l’acteur, à Kinshasa, aux puisque, avec L’Espace Ngoma, nous côtés du célèbre Mutombo Buitshi. « C’est avons une salle de spectacle à notre disà l’issue de cet événement que nous avons position », se réjouit Alpha Boningoli, jeune afrique
étudiante en médecine et coordonnatrice de la compagnie théâtrale Chic Choc. Mieux, le centre se définit désormais comme le « pôle culturel est » du pays, et, chaque année depuis 2009, organise des festivals de théâtre dans la ville, ouverts non seulement à tous les artistes de la Province-Orientale, mais aussi à ceux des provinces voisines, voire de Kigali (Rwanda) ou de Bujumbura (Burundi). Après le triomphe, cette année, d’un groupe de Bunia, sacré « meilleure compagnie » du Festival Ngoma, ce dernier pourrait s’exporter en 2015 à Goma, la capitale du Nord-Kivu (lire p. 80-81). Fidèle à sa vocation de « théâtre populaire et de sensibilisation », le Taccems s’apprête par ailleurs à lancer son « Bateau de la démocratie ». Dès l’an prochain, avec l’appui de l’Union européenne, un groupe de comédiens naviguera ainsi entre Kisangani et Bumba le long du fleuve Congo, s’arrêtant dans chaque village pour présenter des saynètes axées sur l’éducation civique. Pendant ce périple fluvial, l’art n’abandonnera pas pour autant les Boyomais, puisque Kisangani compte d’autres acteurs culturels très actifs, comme l’Alliance franco-congolaise (Afraco) ou les Studios Kabako, impliqués dans la promotion de la danse contemporaine. l trésor KIBanGULa n o 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
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RÉPUBLIQUE R ÉPUBL UBLIQUE
DÉMOCRATIQ DÉMOCRATIQUE QUE UE
DU CONGO
Renforcement de la coopération avec le Royaume des Pays-Bas
L Ü SEM le Premier ministre de RDC, Matata Ponyo Mapon accompagné de son homologue SEM Mark Rutte.
a visite de trois jours, soit du 29 au 31 octobre 2014, du chef du gouvernement congolais a été très fructueuse. En témoigne, après son annonce à Noordwijk, une mission économique hollandaise a séjourné dans la capitale congolaise, le 10 novembre 2014, conduite par Liliane Ploumen, Ministre du commerce extérieur et de la coopération au développement. Objectif : explorer les voies en vue de nouer des partenariats d’affaires entre les deux pays. Preuve de l’intérêt grandissant du Royaume des Pays-Bas pour la République démocratique du Congo (RDC). Sous le leadership du Président Joseph Kabila, une priorité essentielle a guidé les pas de Matata Ponyo Mapon : identifier et convaincre des partenaires néerlandais dotés d’une réelle expertise notamment dans le domaine de l’agro-industrie, pour le développement des parcs agro-industriels mis en place en RDC.
Après l’Allemagne, c’est au tour des Pays-Bas de vibrer au rythme de l’opération de séduction « Invest in DRC » menée par le Gouvernement conduit par Matata Ponyo. En effet, pour ce dernier, la RDC se présente à ce jour, grâce aux redressements opérés ainsi qu’aux nombreuses réformes menées (ou encours), comme la destination d’affaires auprès des autorités néerlandaises, des acteurs du secteur privé également. Point de départ de cette visite : la tenue d’un business forum, le 29 octobre 2014 à Noordwijk, centré sur la consolidation des relations économiques entre les Pays-Bas et la RDC. « Les Pays-Bas sont pour la République Démocratique du Congo, confrontée de manière récurrente à des conflits armés, un des acteurs majeurs qui ne cesse de défendre sa cause pour le retour définitif de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région des Grands lacs.», lançait le Premier ministre Matata aux participants dudit Forum. Un forum à l’initiative de la Fondation Netherlands-African Business Council (NABC), en collaboration avec les autorités néerlandaises et congolaises. Etape suivante, A ce titre, a-t-il déclaré, Des propos confirmés par le rapport « Doing Business » publié par la Banque mondiale, le 29 octobre 2014, intitulé « Au-delà de l’efficience », renseignant qu’entre juin 2013 et juin 2014, la RDC figure parmi les cinq économies africaines épinglées comme les meilleures réformatrices. Un pays dont le taux de croissance 2014 est projeté à 8,7 %. S’agissant du cadre macroéconomique, il est stable. Les principaux indicateurs démontrent que le taux d’inflation à fin octobre s’est situé à 0,057 %, tandis que le taux
« Les Pays-Bas sont pour la République Démocratique du Congo, un des acteurs majeurs, pour le retour définitif de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans la région des Grands lacs ». Matata Ponyon Mapon, Premier ministre de RDC.
SEM le Premier ministre de RDC, Matata Ponyo Mapon convainc les hommes d’affaires néerlandais pendant le Business meeting aux Pays-Bas.
PUBLI-INFORMATION
« Je reste persuadé que votre participation à ce Business meeting va permettre de réécrire une nouvelle page des relations d’affaires et d’intensifier la collaboration économique entre la République Démocratique du Congo et le Royaume des Pays-Bas. ». Matata Ponyon Mapon, Premier ministre de RDC.
d’inflation à fin d’année est projeté à 1,096 %, contre un objectif de 3,7 %. Le marché de change demeure stable sur tous les deux segments. Quant aux réserves internationales, elles ne font que croître. « Je reste persuadé que votre participation à ce Business meeting va permettre de réécrire une nouvelle page des relations d’affaires et d’intensifier la collaboration économique entre la République Démocratique du Congo et le Royaume des Pays-Bas. À l’instar de la société néerlandaise Heineken/Bralima, l’un des fleurons de l’industrie brassicole en RDC, j’invite vivement les investisseurs des Pays-Bas à explorer les marchés congolais. (…). L’avenir d’un Congo émergent dépendra également de vos investissements », a conclu le Premier ministre.
Lors de son séjour aux Pays-Bas, le Premier ministre congolais avait multiplié des rencontres avec des officiels néerlandais, des représentants du secteur privé, des acteurs clés de la diaspora et des
relations néerlando-congolaises. En dehors des visites qu’il a effectuées dans différentes entreprises et sites agro-industriels, Matata Ponyo Mapon a aussi échangé avec le collectif des organisations non gouvernementales hollandaises, opérant sur le territoire congolais.
Visite effectuée au siège de Tomatoworld par la délégation congolaise.
Lors de cette rencontre, les ONGs hollandaises ont salué les performances du gouvernement, avant de discuter de la décentralisation, de la gestion des ressources naturelles, de l’implication des populations dans la gestion des défis liés à leur développement, de la nécessité de préserver et de promouvoir la transparence.
PRIMATURE DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO E-mail : cabinet@primature.cd - http://www.primature.cd/public/
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Poursuivant son offensive économique à La Haye, Matata Ponyo s’est rendu au bureau de Mark Rutte, le jeudi 30 octobre 2014, un tête-à-tête avec son homologue hollandais, sanctionné par un message d’espoir échangé entre les deux Premiers ministres. Mark Rutte a exprimé son désir et affirmé la volonté du Royaume des Pays-Bas de voir davantage des opérateurs hollandais évoluer en RDC et a obtenu, de la part de son homologue congolais, un engagement ferme d’œuvrer davantage en faveur d’un climat d’affaires davantage propice et sécurisant aux nvestissements.
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DU CONGO
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Le Plus de J.A. RD Congo
Tribune
Opinions & éditoriaux
le printemps de la jeunesse
e Jean Goubald Kalala Artiste, musicien
n RD Congo, les jeunes ne mangent plus à leur faim. Ils peinent à poursuivre des études. Certains ont dû les interrompre faute de moyens financiers, d’autres n’ont jamais emprunté le chemin de l’école. Bientôt, beaucoup seront contraints de survivre dans la rue. Ils deviendront vendeurs d’eau ou taxis-motards. À moins qu’ils ne rejoignent, hélas, les rangs des kuluna, ces brigands armés de machettes qui sèment la terreur dans la capitale et dépouillent les passants. Le mal est profond. Dans les familles, la cohésion d’antan a volé en éclats. Jadis chef de foyer, le père ne parvient plus à subvenir aux besoins des siens. Fonctionnaire ou agent de l’État, il est sous-payé… quand il est payé. C’est donc désormais à la mère que revient la charge de nourrir la famille – grâce à de petits commerces, à des activités informelles et, surtout, à la débrouille. Ce qui n’est pas sans entraîner un déséquilibre dans les ménages. L’équation se complique encore lorsque l’État se désiste, se désinvestit de l’éducation, laissant à ces parents déjà mal rémunérés la responsabilité du versement des salaires – pourtant insignifiants – des enseignants. Concrètement, on demande à celui qui gagne 60 000 francs congolais par mois, soit environ 65 dollars [50 euros], de payer pour son enfant un minerval (droit d’inscription) équivalent à 300 dollars. Dans ces conditions, comment peut-on envoyer ses enfants à l’école ? Sachant qu’une famille congolaise en compte en moyenne trois ou quatre…
deviennent de plus en plus riches, la population, elle, devient de plus en plus pauvre. Quelques-uns s’octroient des salaires démesurés et se complaisent dans le luxe, ne laissant que des miettes à leurs administrés, qui souffrent, se débattent pour survivre et n’en peuvent plus. Une injustice bien visible qui n’émeut plus personne. Le temps du redressement est venu. Il faut un projet de société, un plan pour assurer l’avenir des générations futures, pour arrêter l’hémorragie.Tout Congolais se doit de porter sur les jeunes un regard bienveillant. Ils ont besoin de nous, de notre soutien et de l’implication de chacun. Mais l’impulsion doit venir d’en haut. On ne dirige pas un grand pays comme la RD Congo sans une vision. La culture du Nzambe akosala (« Dieu agira », en lingala) a montré ses limites et, aujourd’hui plus que jamais, les dirigeants doivent mettre en place une stratégie de développement pour les jeunes. La jeunesse congolaise n’en demande d’ailleurs pas plus. Elle est talentueuse et prête à se mettre au travail, pour son propre dévelop-
Cette nouvelle génération est prête à se mettre au travail. Cessons de lui briser les ailes, de lui voler son avenir !
Où est passé l’État ? La question s’impose. La jeunesse semble perdue. Abandonnée. Les milliers de shegué ou « moineaux » qui vivent dans les rues de Kinshasa et des autres grandes villes congolaises n’attendent pourtant qu’un petit geste. Eux aussi ont droit à un avenir. Comme les « fils et filles de » qui, de leur côté, sont envoyés à l’étranger pour poursuivre leurs études dans les meilleures écoles et universités. Chaque jour, le ravin se creuse davantage entre le peuple et ses dirigeants. Ces derniers n o 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
pement et celui de son pays. Cessons d’entraver son épanouissement au profit d’intérêts égoïstes. Cessons de lui briser les ailes, de lui voler son avenir. Cessons aussi de croire en ces pasteurs qui, chaque jour, accusent des enfants de « sorcellerie », les privant ainsi délibérément de leur innocence. Jetés dans la rue à l’âge de 7 ans, parfois beaucoup plus jeunes, ces ndoki se retrouvent du jour au lendemain sans toit et sans famille, obligés de faire la manche, ou pis, de vendre leur corps, pour survivre… Pendant que les « hommes de Dieu », eux, profitant des mabonza et autres dîmes récoltées en échange d’exorcismes et de prétendues bénédictions ou délivrances, s’offrent 4x4 et villas. Triste réalité congolaise ! l jeune afrique
PUBLI-INFORMATION
L’AGENCE CONGOLAISE DES GRANDS TRAVAUX
pour la réalisation des projets structurants en République Démocratique du Congo
Boulevard du 30 juin à Kinshasa.
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réée le 26 août 2008, l’Agence Congolaise des Grands Travaux (ACGT) est un service public à caractère technique, placé sous la tutelle du Ministère ayant les infrastructures, les travaux publics et la reconstruction dans ses attributions.
Elle présente en 2014 une expérience de vingt deux projets de travaux de routes et bâtiments réalisés pour un montant global de 736.177.961,89 USD, grâce au financement du Trésor public et du programme sino congolais, et de seize projets d’études pour un montant de 6.397.074,89 USD.
Face aux défis de la reconstruction de la RDC et répondant à l’appel du Chef de l’État, l’ACGT œuvre pour le développement des projets aux moyens des financements extra budgétaires innovants, tels les projets en Partenariat Public-Privé pour participer à la modernisation des infrastructures en RDC. Quelques grands projets PPP en développement à l’ACGT sont ceux de modernisation de la Route Nationale Kasomeno – Kasenga-Chalwe (91km), de la route de Mokambo (70 km) et de l’autoroute centre ville – aéroport international de Ndjili (23 km). L’ACGT prend les mesures de renforcement qui s’imposent pour qu’elle dispose des équipements modernes et des compétences stratégiques requises en vue d’accomplir ses missions selon la qualité. Le projet de mise en œuvre de la démarche qualité, qui a commencé par une formation des cadres de direction en septembre 2014, vise à terme la mobilisation et l’engagement de tout le personnel de l’ACGT dans une démarche participative en restructurant son organisation et en améliorant son fonctionnement au quotidien ; une forte sensibilisation est en cours sur les enjeux de la qualité et du professionnalisme.
Hôpital du cinquantenaire à Kinshasa.
Pont Banunu sur le boulevard Lumumba à Kinshasa.
DIFCOM/FC - Photos : DR
Forte de cette expérience, elle ambitionne de devenir un grand bureau d’ingénierie, dynamique, compétitif, capable d’assurer la conception et le pilotage des grands projets structurants d’infrastructures en RDC et en Afrique, particulièrement dans les secteurs des infrastructures routières, ferroviaires, portuaires, aéroportuaires, énergétiques, sociales, sanitaires, touristiques, sportives, de bâtiments et autres infrastructures publiques.
le Plus de J.a. rD congo Tourisme
un cinq-étoiles au firmament Avec ses 190 chambres, dont 24 suites, et sa table gastronomique, le grand Hôtel, mythique établissement kinois, retrouve son lustre d’antan… Design et high-tech en plus.
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est un établissement de légende qui va rouvrir ses portes, le 15 janvier, à La Gombe. Rénové de fond en comble, le Grand Hôtel de Kinshasa sera rebaptisé pour l’occasion Pullman Kinshasa Grand Hôtel – ou Pullman Grand Hôtel Kinshasa, le choix n’est pas encore fait –, du nom de l’enseigne haut de gamme du groupe Accor. Objectif: rendre à l’établissement cinq étoiles son luxe d’antan, le design et le high-tech en plus. Inauguré en 1971, le premier palace du pays a connu son heure de gloire sous les couleurs de l’InterContinental, avant d’être défraîchi par les ans. En 2011, il a été repris par la Société des grands hôtels du Congo, détenue à parts égales par l’État congolais et le holding luxembourgeois African Hospitality (filiale d’African Equities, propriété de Philippe de Moerloose, le patron du consortium belge SDA-SDAI, spécialisé dans la distribution de véhicules et d’équipements sur le continent). Les deux partenaires ont investi 28 millions de dollars(environ22,5millionsd’euros)dans les travaux de rénovation, qui ont débuté
p La façade de verre et d’acier, côté rue, redessinée par Axcess-Congo.
à la mi-2012. La gestion de l’établissement a été confiée au groupe français Accor, qui conforte ainsi sa présence sur le créneau haut de gamme en Afrique centrale et en Afrique de l’Est – ces derniers mois, il a signé deux autres contrats de gestion d’hôtels sous l’enseigne Pullman, à Nairobi et à Addis-Abeba. bar lounge. Pour le moment, seule
la rénovation de l’aile principale du bâtiment, inaugurée début octobre, est entièrement achevée. Sous la houlette du cabinet d’architecture kinois Axcess-Congo (AXS-CD, filiale de Pygma Group), les 190 chambres, dont 24 suites, ont été remises au goût du jour, avec toutes les prestations et le confort qu’exige aujourd’hui la clientèle d’affaires
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internationale, « cœur de cible » des promoteurs du projet. L’établissement dispose désormais d’une cuisine ultramoderne, d’une capacité de 2 000 couverts par jour, qui alimente un restaurant gastronomique, une brasserie et un bar lounge surplombant la ville depuis le neuvième étage. La livraison des nouvelles salles de conférences est annoncée pour le courant de 2015. African Hospitality est également propriétaire, avec le groupe britannique Lonrho, d’une autre adresse légendaire de l’hôtellerie congolaise: le Grand Karavia de Lubumbashi. La gestion de cet établissementcinqétoilesdequelque200chambres, entièrement rénové en 2010, pourrait également être confiée au groupe Accor. l
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Le Plus de J.A. RD Congo
myriam asmani pour tar
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t Le groupe emploie plus de 2 000 personnes (ici la boîte de nuit de La Gombe, à Kinshasa). Loisirs & business
L’empire de la nuit Le Lushois Augustin Kayembe règne sur une quarantaine de night-clubs à travers le continent. Son enseigne, Chez ntemba est devenue une institution. Plongée dans l’univers des boules à facettes.
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in, Lubumbashi, Jo’burg, Le Cap, Lusaka, Luanda… Avec 39 night-clubs ouverts dans 11 pays d’Afrique centrale et australe, Chez Ntemba est une véritable institution. Pourtant, le patron de cette multinationale de la nuit, qui emploie environ 2 000 personnes (une cinquantaine par club), n’a pas été formé dans les grandes universités occidentales. Son école a été celle de la rue. « Mes parents n’avaient pas l’argent pour m’y envoyer », explique Augustin Kayembe, aujourd’hui âgé d’une cinquantaine d’années – par coquetterie, il ne sera pas plus précis. Sa success-story à la sauce moambe a commencé dans les années 1980, sur les trottoirs de Lubumbashi. Adolescent, Augustin Kayembe rêve de travailler à la Gécamines, mais, pour gagner sa vie, il vend des boissons fraîches à la sauvette, avec sa glacière pour tout équipement, dans les rues de la capitale katangaise. L’activité se développe mieux que prévuetluipermetd’ouvrir unshebeen n o 2813 • du 7 au 13 décembre 2014
– un petit débit de boisson informel – pour vendre des bières Simba, que les habitués surnomment Kantemba Yetu (« Notre coin », en swahili), qui devient Chez Ntemba. expansion. Le jeune Lushois ouvre alors
qui représente alors 80 % des titres diffusés Chez Ntemba. Cette programmation lui vaut en Zambie un surnom dont il est fier: The King of Rumba. Mais, déjà, Augustin Kayembe voit plus grand. C’est en Afrique du Sud qu’il poursuit son expansion. Lorsque l’apartheid prend fin, il s’y installe (aujourd’hui encore sa résidence principale est à Johannesburg), et des générations de Sud-Africains affluent dans ses clubs pour découvrir la musique congolaise dont ils ont si longtemps été sevrés. D’abord dans le centre-ville de Johannesburg, dans le quartier réputé mal famé de Hillbrow, puis dans celui, beaucoup plus chic, de Melrose. Aujourd’hui, c’est au Malawi que se trouve le plus grand de ses clubs, avec une capacité d’accueil de près de 3 000 personnes.
un bar, puis sa première boîte, en 1987. Mais les exactions perpétrées par les soldats de Mobutu en 1991 le poussent sur les chemins de l’exil, vers Lusaka. Un mal pour un bien car, en Zambie, ses affaires prospèrent. Il y ouvrira successivement 17 établissements. après Lubumbashi, kolwezi Toutes les villes importantes et Goma, il va « ambiancer » y auront droit. Si on se bouscule dans ses à Bukavu et à kisangani. clubs, « c’est grâce à Dieu », affirme ce fidèle de la Synagogue Church of Ce n’est que sur le tard que Kayembe all Nations (Scoan) du pasteur nigérian TB revient « ambiancer » les nuits congolaises. Joshua. Mais c’est aussi grâce à la musique Géré par DJ Franck, son club de Kinshasa, qui y est programmée. Il y a bien sûr les dans le quartier chic de La Gombe (rondtubes de l’époque, comme ceux des Sudpoint Forescom), est inauguré en 2000. Le Africaines Brenda Fassie ou Yvonne Chaka succès est rapide. Après les Chez Ntemba Chaka et, surtout, la musique congolaise, de Lubumbashi, Goma et Kolwezi, il jeune afrique
diamant brut
myriam asmani pour tar
t The King of Rumba devant son premier hôtel, ouvert à Johannesburg en 2013.
ouvrira un nouvel établissement à Bukavu dans les prochaines semaines et, en 2015, à Kisangani. stars « vendues ». Mais la RD Congo vaut aussi à Augustin Kayembe de nombreux problèmes. Le premier d’entre eux,
ce sont « les combattants », ces opposants exilés, radicaux et volontiers violents. Présents, notamment, en Afrique du Sud, ces hommes l’accusent d’être proche du président Joseph Kabila et d’organiser des concerts avec des stars congolaises « vendues », selon leur expression, comme
Koffi Olomidé ou Werrasson. « Tout cela est faux, se défend Kayembe. Je n’ai jamais rencontré Kabila et je n’ai pas d’amis ni de famille en politique. Le seul dont je suis très proche, c’est le gouverneur du Katanga [Moïse Katumbi]. C’est un frère. Mais c’est parce que nous avons grandi ensemble à Lubumbashi. » Il en faudra plus, toutefois, pour freiner son ascension. Kayembe investit désormais dans l’hôtellerie. Après l’ouverture en 2013 d’un premier Chez Hotel Inn (trois étoiles) dans son fief de Melrose Arch, à Johannesburg, il veut se lancer sur ce créneau à Lubumbashi et à Kinshasa. Et ses clubs font toujours le plein. Les playlists se sont un peu diversifiées. On y programme aussi des artistes nigérians, ghanéens, les tubes internationaux… « Tout le monde chante aujourd’hui ! » résume Kayembe. Mais sa marque de fabrique restera,encore pour longtemps, la rumba congolaise. l Pierre BOisseLet
La Standard Bank possède une expérience particulière qui répond aux besoins des sociétés minières, des multinationales, des Nations Unies (ONU) et des organisations internationales opérant en RDC. Notre département d’investissement et des services bancaires met un accent sur les secteurs industriels qui sont les plus pertinents pour les marchés émergents (mines et métaux, télécoms et media, hydrocarbures,…) Cela fait déjà plus de 7 ans que la RDC reconnait la Standard Bank parmi ses acteurs les plus dynamiques. Récompenses et distinctions Elue « meilleure Banque » en RDC : • En 2013 par Global Finance dans son classement 2013 des meilleures banques au monde. • En 2011 par le magazine Global Finance.
standardbank.com
• En 2007 et 2008 par le magazine The banker, pour ses résultats financiers et ses réalisations globales.
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