Algérie-Maroc Bataille pour l’Union africaine
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 57e année • no 2919 • du 18 au 24 décembre 2016
jeuneafrique.com
57
LE PLUS
RD Congo Sanctions anti-Kabila : jusqu’où iront-elles ?
de Jeune Afrique
TCHAD
JEUNE AFRIQUE
16 pages
CRÉDIT PHOTO
Double choc
N 0 2919 • DU 18 AU 24 DÉCEMBRE 2016
EXCLUSIF
Dans la tête de Macky Sall
Relations avec la France, législatives de 2017, biens mal acquis, CPI, Gambie, pétrole, Union africaine, terrorisme… Ce qu’en pense réellement le président sénégalais. ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE DE L’OUEST France 3,80 € • Algérie 250 DA • Allemagne 4,80 € • Autriche 4,80 € • Belgique 3,80 € • Canada 6,50 $ CAN • Espagne 4,30 € • Éthiopie 67 birrs • Grèce 4,80 € • Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1 2 00 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 1 900 F CFA • ISSN 1950-1285
Femmes d’affaires
99
MICHAEL ZUMSTEIN/AGENCE VU
Focus
Financement Le parcours des combattantes
Sur le continent, elles ne constituent que 30 % à 35 % des entrepreneurs.
Pour celles qui veulent créer leur entreprise, les difficultés sont nombreuses. La plus grande : réunir les fonds nécessaires. Les banques vont-elles enfin s’intéresser au formidable potentiel que les futures patronnes représentent ? RÉMY DARRAS
E
lles représentent 50 % de la force de travail du continent, elles participent activement à la vie économique et génèrent 70 % des revenus domestiques. Les femmes africaines sont largement présentes au sein de secteurs comme l’agriculture – dont elles constituent les deux tiers de la main-d’œuvre –, le commerce et les services, ou dans des microentreprises et des coopératives (plus que dans des PME), souvent dans le secteur informel, « où elles exercent des activités à faible valeur ajoutée et aux rendements marginaux », rappelle l’indice 2015 de l’égalité du genre en Afrique, publié par la Banque africaine de développement (BAD). JEUNE AFRIQUE
petites entreprises, contrôlées par des Si leur impact sur la société est majeur femmes, ne recueillent que 7 % du total et s’accroît, les femmes doivent toujours des crédits consentis », d’après l’étude se battre pour se faire une place parmi « New Deal, New Game for Women in leurs homologues masculins et devenir Africa », de Roland Berger, parue en de véritables actrices décisionnaires septembre. à tous les échelons écoCe n’est pas seulement nomiques. Il y a 30 % à Faute le fait de préjugés, mais 35 % d’entrepreneuses d’informations aussi un problème d’inen Afrique, 60 % en Côte et de réseaux, formation et d’insertion d’Ivoire. Cependant, dans un réseau d’affaires, quand elles veulent créer elles ne savent assurent les spécialistes. leur entreprise, elles renpas à qui contrent d’importantes « Les femmes savent moins s’adresser. difficultés, à commencer où chercher l’information, alors que les solutions à par l’accès aux financements. « En Ouganda, 38 % des sociétés leurs problèmes de financement existent. Elles ne savent pas vers quel guichet enregistrées appartiennent à des femmes se tourner ni quel produit choisir, du mais seulement 9 % des facilités financapital à court ou à long terme ou du cières leur sont accordées. Il en est de crédit-bail… », commente Oulimata même au Kenya, où 48 % des micro- et N 0 2919 • DU 18 AU 24 DÉCEMBRE 2016
100
Focus Sarr, conseillère régionale de l’ONU Femmes pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, une ancienne de la Société financière internationale (IFC). Certaines s’enregistrent même en tant qu’ONG – « auxquelles on n’accorde pas de facilités ».
[responsabilité sociétale des entreprises] Ces initiatives ont notamment démonau lieu de devenir la clé du business », tré que les femmes étaient de meilleures regrette Oulimata Sarr. gestionnaires que les hommes. « Elles sont Ayant néanmoins compris le potentiel plus sûres de leurs choix d’investissement, de l’entrepreneuriat féminin et souremboursent et épargnent mieux car elles tiennent plus compte de leurs responsahaitant les accompagner dans leurs bilités. Et elles craignent aussi beaucoup démarches, certaines banques déploient plus d’échouer… On constate très peu de des offres et des lignes de crédit spécidéfaillances », remarque la Congolaise. CRÉDITS. Autre barrière : les formalités fiques. Rawbank a ainsi mis en place en 2010 le programme Lady’s First en pour obtenir un prêt. Elles doivent fournir RD Congo, destiné aux PME dirigées des historiques de crédits qu’elles n’ont pas BOARDS. Si les femmes doivent lutter sur par des entrepreneuses. À l’époque, en leur possession ou montrer des titres le front de l’entrepreneuriat, elles doivent seules 23 d’entre elles disposaient de de propriété pour les hypothèques, alors aussi, pour peser dans la société, s’impocomptes sur un total de 160 000 clients. que, dans certains pays, elles n’ont pas le ser aux tables des conseils d’administration. Les Africaines y font Elles sont aujourd’hui droit de posséder de terres. En RD Congo par exemple, il leur faut requérir l’aval déjà bonne figure, meil3 700 sur 350 000, grâce Elles sont de leur mari pour enregistrer leur raison aux formations dispenleure en tout cas que leurs plus sûres sociale. Et puis, faute de formation, elles sées et à l’accompagnehomologues des autres de leurs maîtrisent très mal les domaines compcontinents. D’après les ment assuré. « Un progrès choix. Et elles table et managérial. données fournies en août important par rapport à Autant de handicaps qui expliquent dans le rapport « Women 2010, mais encore bien épargnent Matter » (« les femmes que « les banques ne puissent pas évaluer trop insuffisant à l’échelle mieux. comptent »), du cabinet leur bilan et leur fournir des garanties tandes 84 millions d’habitants de la RD Congo », reconaméricain McKinsey, sur gibles », indique Patience Barandenge, resles 210 sociétés africaines cotées dans ponsablenationaledumarchédesfemmes naît Patience Barandenge. Dans ce pays, entrepreneurs au sein de Rawbank, en les femmes tiennent les rênes de 23 % 24 Bourses (notamment au Maroc, en RD Congo. Ce qui découragera les candes entreprises enregistrées. Côte d’Ivoire, au Sénégal et en Tunisie), D’autres « banques de femmes » se 5 % des femmes sont directrices exécudidates d’aller plus loin. « Finalement, les femmesdeviennentméfiantesàl’égarddes sont créées, inspirées de ce qui se fait en tives et 15 % occupent une place dans un institutions financières. Elles craignent conseil d’administration. Mieux qu’en Afrique anglophone, tel The Affirmative Finance Action for Women in Africa Asie, en Amérique latine et même en d’être mal reçues. Le modèle des banques s’appuie sur une logique financière très (Afawa) Fund, (« discrimination posiEurope pour les directrices exécutives. masculine construite sur la confiance, or tive en matière de financement pour les Avec des résultats éloquents, poursuit peu d’établissements prennent le temps femmes d’Afrique ») de la BAD, doté de McKinsey : « Les sociétés dont le conseil d’administration compte plus de 31 % de tisser ce type de lien avec les femmes », 300 millions de dollars (environ 268 millions d’euros) ; l’Alitheia Identity Fund, analyse Anne Valko Celestino, experte en de femmes ont, toutes choses égales par questions de genre à la BAD. ailleurs, un Ebit (bénéfice avant intérêts au Nigeria et en Afrique du Sud ; ou le « Dès lors, on les cantonne à la microWomen’s Investment Club, au Sénégal, et impôts) supérieur de 20 %. Pour celles finance, alors qu’elles ont besoin d’oudont les conseils sont à 100 % masculins, doté pour le moment de 500 000 dollars, tils et de conseils plus sophistiqués. la tendance est plutôt contraire : l’Ebit monté par une cinquantaine de femmes Nous sommes reléguées au domaine est inférieur de 17 % à celui des autres. » et appelé à investir dans des entreprises social, réduites à être un objet de RSE Mais, pour que les femmes s’insèrent tenues par leurs consœurs. véritablement dans les boards, deux approches s’affrontent. « Celle, volontaire, qui passe par la définition d’un quota, TOUJOURS MOINS PAYÉES comme le prône Muthar Kent, ex-PDG Question dans son édition 2016 de Coca-Cola. Ou bien celle du “pipeline”, tandis qu’elles ne qui permettrait aux femmes des conseils rémunération, le « Rapport sur le perçoivent que 20 % de fortes inégalités d’administration d’être des modèles pour développement des revenus les plus les plus jeunes et de les coopter », anapersistent sur le humain en Afrique », élevés, d’après le du Programme des lyse Oulimata Sarr. Selon elle, les femmes continent puisque Pnud. « Si les femmes Nations unies pour prennent une bonne partie des décisions « pour chaque dollar participent davantage d’achat dans les familles et peuvent donc le développement gagné par un homme au marché de l’emploi, mieux percevoir les besoins du marché. (Pnud). Un écart de dans les secteurs leurs perspectives de l’industrie Des positions qu’elles doivent prendre 30 % qui n’est « que » d’obtenir des postes à tous les niveaux de la pyramide. Chez manufacturière, de 10 % en France par bien rémunérés ne se Rawbank, seuls 35 % des 1 480 salariés des services et exemple. En Afrique de sont pas améliorées sont des femmes, et seulement 24 % du commerce, une l’Ouest, les femmes pour autant », d’entre elles sont cadres, détaille Patience femme ne gagne que représentent 70 % des commente le rapport. Barandenge. R.D. 70 cents », rappelle revenus les plus bas N 0 2919 • DU 18 AU 24 DÉCEMBRE 2016
JEUNE AFRIQUE
101
INTERVIEW
Zohra Driss
Propriétaire de l’hôtel Riu Imperial Marhaba
VINCENT FOURNIER/JA
« Les jeunes sont déterminées à arracher les places » Discrétion, précision, efficacité… Selon l’entrepreneuse, les Tunisiennes s’impliquent davantage que les hommes dans leur travail. Et méritent qu’on leur fasse confiance.
S
ous les feux de l’actualité lorsqu’une attaque terroriste a ciblé, en 2015, l’hôtel Riu Impérial Marhaba dont elle est propriétaire, Zohra Driss est une personnalité du monde des affaires élue députée en 2014. Pour JA, elle livre son sentiment sur la place des femmes dans les entreprises. JEUNE AFRIQUE : Il est encore rare de voir une femme à la tête d’une société en Tunisie, pourquoi ? ZOHRA DRISS : Malheureusement, on
fait généralement plus confiance aux hommes qu’aux femmes, même dans la famille. On léguera plus facilement une entreprise à un homme, on capitalisera plus sur les études des garçons, comme si on avait plus envie qu’ils réussissent. La partition de l’héritage en faveur des descendants mâles conforte cet état d’esprit. Cependant, la répartition des rôles évolue: les femmes deviennent chefs de famille, gèrent l’éducation des enfants et le budget familial. Cela arrange les hommes qui désertent certaines responsabilités. Qu’apportent les femmes dans l’univers professionnel ?
Leur approche est différente, plus discrète mais efficace. De façon générale, à un poste de direction, une femme s’implique plus qu’un homme, car elle sait qu’à fonction égale on attend plus d’elle. Tous reconnaissent que son rendement est meilleur, qu’elle est plus précise, plus travailleuse et aussi plus fidèle à l’entreprise que ses homologues masculins. Souvent, les femmes souffrent d’un manque de visibilité. Vu les nombreuses charges qui leur incombent, elles n’ont ni le temps ni le désir de se mettre en avant. « Si les femmes avaient plus de pouvoir, cela irait mieux » : adhérez-vous à cette idée fréquente ?
Oui. Nous sommes dans une société d’hommes malgré l’émancipation de la femme. Ils perçoivent son efficience et la craignent au point de ne pas vouloir la laisser apparaître. Si le principe de parité n’avait pas été adopté sur les listes électorales, bien peu de femmes seraient actives en politique. Le monde peut être géré par des femmes, elles y arriveront, la prise de conscience est là, les jeunes sont plus déterminées à arracher les places. Mais attention aux déséquilibres
et aux écarts qui se creusent. En Tunisie, 67 % des diplômés sont des femmes et ce pourcentage augmente. En face, chaque année, 110 000 jeunes, essentiellement des hommes, postulent à un emploi sans réel bagage. Ce qui risque d’en faire des électrons libres susceptibles d’être happés par un courant ou un autre. Tandis que les femmes au cursus scolaire plus long ne peuvent trouver un compagnon à leur niveau. Préserver les équilibres est une question de volonté politique. Quelles sont les priorités pour les Tunisiennes dans le monde du travail ?
Il faut encore une fois une volonté politique mais aussi sociale ; il s’agit de faire confiance aux femmes. Le monde des affaires et de la politique est plus exigeant à l’égard des Tunisiennes. Avec les mêmes qualifications, elles doivent travailler plus et démontrer sans cesse qu’elles sont méritantes. Permettre l’accès des femmes à l’entrepreneuriat revient aussi à leur faciliter l’accès au capital. Cela demande un travail sur les mentalités, qui progressent lentement. Il faut conserver l’espoir et l’envie de faire. Propos recueillis par FRIDA DAHMANI, à Tunis
COMMENT ELLE VOIT L’AVENIR DE L’HÔTELLERIE Le tourisme est prometteur. Partir en vacances est aujourd’hui fondamental pour les individus, d’où l’impératif de sécurité. EnTunisie, il y a eu un avant- et un après-26 juin 2015 : l’attentat d’El Kantaoui a été un JEUNE AFRIQUE
électrochoc et, depuis, les avancées en matière sécuritaire sont considérables – au point que le pays, selon Scotland Yard, est plus sûr que la France, la Belgique ou l’Égypte. Il faut continuer dans ce sens mais il est
aussi primordial que les pays arabes retrouvent une certaine paix. L’autre point épineux est la dégradation de l’environnement. Pour donner envie aux touristes de venir visiter le pays, il faut mettre le holà aux
négligences. C’est aussi une question d’éducation, de culture : les Tunisiens doivent prendre conscience que ce pays est leur bien commun, et que ce ne sont pas seulement les gouvernants qui en ont la responsabilité. » N 0 2919 • DU 18 AU 24 DÉCEMBRE 2016
Focus
102
Cinq femmes puissantes Malgré les préjugés, ces dirigeantes ont réussi à percer le plafond de verre pour se faire une place dans une sphère dominée par les hommes. CHRISTELLE MAROT
Nadia Fettah Alaoui,
Maria Ramos,
À
M
directrice générale d’Absa, Afrique du Sud
la tête de Saham Finances depuis 2013, Nadia Fettah Alaoui poursuit son offensive dans le secteur de l’assurance en Afrique. Depuis son arrivée, Saham a procédé à des acquisitions au Nigeria, en Angola, au Kenya, au Rwanda et à Maurice. Saham Finances compte aujourd’hui 3 000 employés. Diplômée dE HEC Paris, Nadia Fettah Alaoui a démarré sa carrière chez Arthur Andersen. Elle a fondé le groupe Maroc Invest Finance en 2000 avant de rejoindre CNIA cinq ans plus tard (aujourd’hui Saham Assurance).
Massogbé Touré Diabaté Epse, PDG de Sita, Côte d’Ivoire
DR
directrice générale déléguée de Saham Finances, Maroc
aria Ramos, 57 ans, dirige l’une des plus grosses banques d’Afrique du Sud, Absa, qu’elle a entrepris de restructurer en profondeur. Mais à ses débuts, elle a été confrontée à la discrimination. Alors simple employée d’une succursale de province, elle n’avait pas accès aux programmes de formation – réservés aux hommes – et a dû convaincre qu’elle aussi y avait droit. Multidiplômée, elle a été économiste pour le Congrès national africain (ANC), directrice générale du Trésor et présidente de Transnet avant de rejoindre le secteur privé.
ÉRIC LARRAYADIEU/AFRICA CEO FORUM POUR JA
À
GIANLUIGI GUERCIA/AFP
52 ans, elle est la fondatrice et présidente du groupe agro-industriel Sita, spécialisé dans la transformation de noix de cajou en Côte d’Ivoire. Sita emploie près d’un millier de personnes, essentiellement des femmes. Le groupe détient également des filiales dans la transformation de riz, l’hôtellerie, le transport et le crédit. Massogbé Touré Diabaté Epse appartient par ailleurs au conseil d’administration du patronat ivoirien. Engagée en faveur de la promotion de l’entrepreneuriat féminin, elle est notamment responsable régionale de l’organisation panafricaine New Faces New Voices.
Marie Odile Sene Kantoussan,
Kadi Fadika-Coulibaly,
S
S
directrice générale de CGF Bourse, Sénégal
directrice générale de Hudson, Côte d’Ivoire
E
TA
N 0 2919 • DU 18 AU 24 DÉCEMBRE 2016
pécialiste de la finance d’entreprise, Kadi Fadika-Coulibaly est la directrice générale du courtier ivoirien SGI Hudson & Cie depuis 2012. Elle a commencé sa carrière chez Hudson en tant qu’analyste avant de faire un passage à la RBC Banque Royale au Canada. Hudson se hisse au second rang des sociétés de Bourse agréées avec un volume traité de 120 milliards de F CFA (183 millions d’euros environ) en 2015. Kadi FadikaCoulibaly est titulaire d’un MBA de l’université Howard, à Washington, et d’une maîtrise en ingénierie économique de l’université de Toulouse. DR
RIM
A FA /CG LL DIENG
F
BO
U
BI
RS
pécialiste d’ingénierie financière entrée chez CGF Bourse en 1999, Marie Odile Sene Kantoussan en est la directrice générale depuis 2012. Fondée en 1998, CGF est la première société de gestion et d’intermédiation du Sénégal et compte parmi les N HA leaders en zone UEMOA. Elle a à son MA actif la structuration d’opérations phares sur le marché obligataire du Sénégal, comme celles du Port autonome de Dakar, de Shelter Afrique, ou de la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao. En 2015, CGF Bourse a traité un volume de 65 milliards de F CFA (99 millions d’euros).
JEUNE AFRIQUE