Algérie-Maroc Bataille pour l’Union africaine
HEBDOMADAIRE INTERNATIONAL INDÉPENDANT • 57e année • no 2919 • du 18 au 24 décembre 2016
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LE PLUS
RD Congo Sanctions anti-Kabila : jusqu’où iront-elles ?
de Jeune Afrique
TCHAD
JEUNE AFRIQUE
16 pages
CRÉDIT PHOTO
Double choc
N 0 2919 • DU 18 AU 24 DÉCEMBRE 2016
EXCLUSIF
Dans la tête de Macky Sall
Relations avec la France, législatives de 2017, biens mal acquis, CPI, Gambie, pétrole, Union africaine, terrorisme… Ce qu’en pense réellement le président sénégalais. ÉDITION INTERNATIONALE ET AFRIQUE DE L’OUEST France 3,80 € • Algérie 250 DA • Allemagne 4,80 € • Autriche 4,80 € • Belgique 3,80 € • Canada 6,50 $ CAN • Espagne 4,30 € • Éthiopie 67 birrs • Grèce 4,80 € • Guadeloupe 4,60 € Guyane 5,80 € • Italie 4,30 € • Luxembourg 4,80 € • Maroc 25 DH • Martinique 4,60 € • Mauritanie 1 2 00 MRO • Mayotte 4,60 € • Norvège 48 NK • Pays-Bas 4,80 € Portugal cont. 4,30 € • Réunion 4,60 € • RD Congo 6,10 $ US • Royaume-Uni 3,60 £ • Suisse 6,50 FS • Tunisie 3,50 DT • USA 6,90 $ US • Zone CFA 1 900 F CFA • ISSN 1950-1285
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LE PLUS
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POLITIQUE Impopulaire mais nécessaire
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SÉCURITÉ N’Djamena bunkerisée INTERVIEW Mbogo Ngabo Seli, ministre des Finances PORTRAIT Mohamed Ibni Mahamat Saleh, au nom du père
TCHAD
Double choc
ABDOULAYE BARRY POUR JA
Boko Haram, chute des cours du brut, crise financière… Le pays traverse une passe difficile. La rationalisation des dépenses et le plan d’urgence suffiront-ils pour qu’il retrouve le chemin de la croissance ?
JEUNE AFRIQUE
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Le Plus de Jeune Afrique
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Prélude
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Double choc
François Soudan
Première ligne
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n première ligne, le Tchad l’est à Pourtant, de cette crise peut venir le salut si le Tchad parvient dans la douleur double titre. Sur le front sécuritaire bien sûr. Même si aucun attentat à s’extraire du « tout pétrole » et à divern’est venu endeuiller N’Djamena sifier son économie. Après le Plan national de développement, dont les résultats depuis juillet 2015, plusieurs ont été déjoués, comme autant de rappels de la résilience sont mitigés, la Vision 2030 privilégie le volontarisme pour s’engager dans cette des kamikazes de Boko Haram. La capitale tchadienne est aussi l’épicentre de l’opédirection. Reste que les effets en matière ration française Barkhane de lutte contre d’emplois et de revenus d’une politique au sein de laquelle le développement de les jihadistes au Sahel, et les forces armées nationales – 70 000 hommes –, considél’agriculture, de l’élevage, du coton et de rées comme les plus opérationnelles de la la gomme arabique compensera la baisse de rentabilité des bassins pétrolifères de région, forment le fer de lance d’une guerre contre le terrorisme qui concerne l’Afrique Doba et de Bongor ne se feront sentir qu’à de l’Ouest, l’Afrique centrale mais aussi, moyen terme. au-delà, le théâtre européen. Aucun pays africain, à l’excepDe cette crise peut venir le salut tion de l’Érythrée, ne consacre si le Tchad parvient dans la douleur un tel pourcentage de son PIB à la défense (entre 6 % et 7 %), à s’extraire du « tout pétrole ». effort d’autant plus lourd qu’il n’est que très marginalement assumé par D’ici là, s’il veut apaiser le climat social, les alliés occidentaux et arabes du Tchad. le gouvernement tchadien devra impéraTant que le baril de pétrole – dont les tivement montrer l’exemple. Améliorer un revenus représentent 70 % du PIB – flirtait recouvrement fiscal notoirement défaillant avec les 100 dollars, voire les dépassait, le (après tout, lever l’impôt est la première source de diversification), lutter contre président Idriss Déby Itno pouvait faire face à la fois au coût de son engagement mililes détournements et la corruption à tous taire, à celui des grands chantiers structules niveaux – douane, trésor, fonction rants et aux revendications sociales. Quitte publique, armée – et offrir à la population à puiser au passage dans un Fonds des le spectacle d’un État modeste, la baisse de générations futures lancé il y a quinze ans 50 % des indemnités allouées aux députés n’étant qu’un premier pas. mais dont les mécanismes n’ont jamais pu être respectés. À maintes reprises dans le passé, Idriss L’effondrement des cours de l’or noir Déby Itno a démontré qu’il savait avoir (à 55 dollars le baril mi-décembre 2016) la main lourde. Les Tchadiens attendent a fait chuter de 45 % les recettes de l’État. donc de lui les mesures qui s’imposent Là aussi, le Tchad est en première ligne. pour qu’austérité rime avec bonne De tous les pays pétroliers de l’Afrique gouvernance. centrale, ce petit producteur est sans nul Quant à ceux pour qui le Tchad est un maillon essentiel de la lutte contre doute le plus affecté. Beaucoup de projets en phase d’exécution ont été gelés, les grèves la menace fantôme du terrorisme – se multiplient, et les syndicats sont vent Européens, Américains, Arabes, bailleurs de fonds internationaux –, sans doute debout contre les seize mesures d’austérité drastiques édictées par le gouvernement. seraient-ils bien inspirés de l’accompagner La grogne est perceptible, et le climat est dans cette période à hauts risques, avec lourd, même si la stabilité du régime n’est beaucoup plus de conviction et d’efficacité qu’ils ne le font aujourd’hui. pas vraiment menacée. JEUNE AFRIQUE
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POLITIQUE Impopulaire mais nécessaire
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TRIBUNE Haro sur le Tchad bashing, par SouhaTouré p. 65 SÉCURITÉ N’Djamena bunkerisée p. 66 OPINION De l’inefficacité de la peine de mort
p. 68
ÉCONOMIE Interview de Mbogo Ngabo Seli, ministre des Finances p. 72 Le plan d’urgence décrypté
p. 74
Entretien avec Saleh Kebzabo, chef de file de l’opposition p. 77 PORTRAIT Mohamed Ibni Oumar Mahamat Saleh, au nom du père p. 83
LIRE AUSSI notre reportage à Moundou, au cœur de la filière coton
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Le Plus de Jeune Afrique
POLITIQUE
Impopulaire mais
sa nĂŠcessaire
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l ne semble pas si loin, le temps où Idriss Déby Itno passait en revue son armée, canne sculptée en main, avec une allure impériale. Après la chute de Mouammar Kadhafi, en octobre 2011, certains ont vu en lui « le » nouveau leader régional. Le Tchad s’est de fait rapidement imposé comme la grande puissance militaireduSahelàtraverssesdifférentescampagnes au Mali, en Centrafrique et, plus récemment, au Nigeria et au Niger contre Boko Haram. L’élection du pays au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, en janvier 2014, en tant que membre non permanent pour deux ans, a fait office de consécration. À l’époque, c’est-à-dire hier, l’argent du pétrole commençait à couler à flots dans les ministères, tours et bâtiments ultramodernes poussaient comme des champignons dans N’Djamena, qui a profité du retour à la paix pour se donner enfin une allure de capitale. Le8août2016,trèsélégantdanssonbouboublanc, ceint d’une écharpe jaune, Idriss Déby Itno avait une allure fière et souveraine lors de son discours d’investiture devant un parterre de chefs d’État et de décideurs africains et européens allant du Rwandais Paul Kagame au ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian. Il venait d’être réélu pour un cinquième mandat, après avoir rassemblé près de 60 % des suffrages exprimés contre 12,8 % à son principal adversaire, Saleh Kebzabo, de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR). Un résultat sans appel, bien que contesté par l’opposition. Pourtant, « le boss » a semblé quelque peu crispé et fatigué à l’heure de prêter serment. Butant sur certains mots, toussotant parfois, il a appelé au rassemblement tout en prévenant de la difficulté des décisions à venir.
Le pays est confronté à la fois à une crise financière sans précédent et aux attaques de Boko Haram. Idriss Déby Itno est contraint d’entamer son cinquième mandat sous le signe de l’austérité. Et de convaincre qu’il n’a pas d’autre choix.
Lors du discours d’investiture du chef de l’État, le 8 août à N’Djamena.
envoyé spécial
BRAHIM ADJI/AFP
FRANÇOIS-XAVIER FRELAND,
CONTRÔLES. Depuis, alors que le Tchad doit faire face à l’une des pires crises économiqueet financière de son histoire (lire pp. 72-81), le climat social est explosif. Il suffit de se promener dans le centre-ville de N’Djamena pour comprendre que quelque chose ne tourne pas rond. Les rues sont désertes, seuls les incessants contrôles de police, parfois musclés, à chaque rond-point donnent encore une illusion de mouvement. Lesgruesdes grands chantiers, comme celui du futur siège du ministère des Affaires étrangères, sont à l’arrêt. L’hôtel Hilton, immense palace inauguréendécembre2015,estauxtrois-quartsvide. Les autorités ont même temporairement suspendu la construction de la Cité internationale des affaires. Il faut dire que dans ce pays où, depuis le début de la production pétrolière, en 2003, l’or noir représente un cinquième du produit intérieur brut (PIB), la chute des cours des hydrocarbures a provoqué un immense manque à gagner et un énorme choc financier. Pour ne rien arranger, alors que les caisses sont vides, l’État reste contraint à d’importantes dépenses sécuritaires pour lutter contre les N 0 2919 • DU 18 AU 24 DÉCEMBRE 2016
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Le Plus de JA Tchad
Une réélection sans surprise au 1er tour Pourcentage de suffrages exprimés obtenus par les 5 premiers candidats, sur 13, à la présidentielle du 10 avril 2016
Idriss Déby Itno
59,92 %
Mouvementpatriotique du salut (MPS)
Saleh Kebzabo
Union nationale pour le développement et le renouveau 12,77 % (UNDR), chef de file de l'opposition
Mbaiherem Laoukein Kourayo
Conventiontchadienne pour la paix et le
10,61 % développement (CTPD)
Joseph Djimrangar Dadnadji 5,04 %
Cadre d’action populaire pour la solidarité et l'unité de la République (CAP-SUR)
Delwa Kassiré Coumakoye 1,99 %
Rassemblement national pour le développement et le progrès (Viva-RNDP)
jihadistes. Les flux commerciaux transfrontaliers avec le Cameroun et le Nigeria, ses principaux partenaires, sont pour la même raison très fortement perturbés, ce qui entraîne à la fois une chute des recettes douanières et une flambée des prix alimentaires. En outre, considéré comme un îlot de stabilité dans une région volatile, le pays doit assurer l’accueil des réfugiés venant des États voisins (Nigérians, Nigériens, Camerounais, Centrafricains, Soudanais), en plus de celui de ses propres populations déplacées, dans le sud du pays et près du lac Tchad (lire p. 67). FICTIFS. Fin 2015 déjà, malgré l’approche de la présidentielle, le gouvernement avait annoncé des mesures d’austérité, notamment le gel du recrutement des fonctionnaires. L’échéance électorale passée, pour sauver l’État de la faillite, le Premier ministre, Albert Pahimi Padacké – nommé en février et reconduit à la tête du gouvernement le 8 août –, a rendueffectivesdèslami-septembreseize«mesures d’urgence»aussidrastiquesqu’impopulaires,parmi lesquelles deux ont particulièrement déchaîné les passions: la suspension de la bourse annuelle de 360000 F CFA (environ 550 euros) allouée aux étudiants pour l’année académique 2016-2017, ainsi que la réduction de moitié des indemnités dans la fonction publique pendant dix-huit mois (au lieu d’une coupe de 80 % initialement annoncée). « En tout, nous avons déjà fait une économie de 100000 milliards de F CFA. Il fallait bien dégraisser le mammouth! précise Abdoulaye Sabre Fadoul, ministresecrétairegénéraldugouvernementchargé des Réformes et des Relations avec les institutions. Ces mesures d’austérité permettent de faire des économies tout en rendant les services de l’État plus performants. Par ailleurs, un audit a été lancé pour démasquer les agents fictifs et restructurer l’administration centrale. » Ces mesures ont rassuré
les principaux bailleurs de fonds, en particulier le FMI qui, le 11 novembre, a approuvé le décaissement de 36 milliards de F CFA au profit du Tchad. En revanche, opposition et syndicats sont vent debout contre ces « décisions prises sans concertation ». Ce dernier a d’ailleurs été visé par une motion de censure déposée le 19 octobre par une vingtaine de députés de l’opposition, UNDR en tête. Un mois plus tard, après que le Conseil constitutionnel a ordonné au bureau de l’Assemblée à la mettre à l’ordre du jour, Albert Pahimi Padacké est venu répondre aux questions des parlementaires sur le bilan financier des grands chantiers, la gestion de l’argentdupétrole,laprésencedel’arméetchadienne à l’extérieur du pays. Mais en l’absence d’une grande partie des députés de la majorité, la motion n’a pas été soumise au vote, le quorum n’étant pas atteint. Dans la rue, les manifestations se succèdent, souventsuiviesd’arrestationset,au siègedel’UNDR, Saleh Kebzabo enchaîne les meetings et les formules chocs (lire son interview p. 77). De leur côté, enseignants et magistrats reconduisent la grève pour demander le versement de plusieurs mois d’arriérés de salaires. La rentrée scolaire n’a d’ailleurs toujours pas eu lieu… Pour faire face à cette vague de contestation, le président Déby a reçu personnellement les principaux représentants syndicaux de la magistrature. « La gestion de Déby n’est pas bonne, le régime tremble, il y a trop d’abus et de corruption », tempête l’éternel opposant Moussa Medella Youssouf, ancien ministre de Goukouni Weddeye et ex-rebelle du Front de libération nationale (Frolinat). Avant d’ajouter : « Mais Déby doit rester au pouvoir, car, sans lui, le pays sombrerait à nouveau dans le chaos. » Les récents heurts communautaires à N’Djamena et à la frontière avec le Niger rappellent de tristes souvenirs et mettent en péril la fragile unité du pays.
VERS UN ÉTAT FÉDÉRAL ?
L
ongtemps chantre d’un État unitaire, Idriss Déby Itno (IDI) s’est finalement rallié à l’idée d’un système fédéraliste – réclamé depuis longtemps par une partie de l’opposition –, où chaque région bénéficierait d’une plus grande autonomie et pourrait s’administrer elle-même. Il en a même fait l’une de ses promesses de campagne avant la présidentielle d’avril. Dans la foulée de son discours d’investiture, il a signé, en août, un décret portant création d’un Haut Comité N 0 2919 • DU 18 AU 24 DÉCEMBRE 2016
chargé des réformes institutionnelles (HCRI). Même si l’on est encore loin d’une telle transformation, une révision de la Constitution est annoncée, qui devrait intégrer les propositions issues d’un Forum national de validation des réformes, placé sous la supervision de ce Haut Comité. « La majorité de nos communes ne fonctionnent pas comme elles devraient et ont des relations difficiles avec les administrations qui assurent leur tutelle, précise Abdoulaye Sabre Fadoul,
ministre secrétaire général du gouvernement et président du HCRI. Le chef de l’État n’a pris aucun engagement ferme concernant le fédéralisme, mais il a proposé d’ouvrir le débat avec toutes les forces vives de la nation, en vue d’un grand chantier de modernisation des institutions. » Un projet taxé d’« opportuniste » par l’opposition, qui y voit un moyen de séduire une population lassée par la corruption et l’immobilisme de l’administration centrale.
Lors de la conférence nationale souveraine de 1993, les débats avaient été houleux entre pro- et anti-fédéralisme, dont IDI. À l’époque, les partisans de l’unité estimaient qu’une telle réforme accentuerait les divisions interethniques après vingt ans de guerre. Le choix s’était alors porté sur la création d’un État unitaire, mais fortement décentralisé avec quatre niveaux de collectivités territoriales (régions, départements, communes et communautés F.-X.F. rurales). JEUNE AFRIQUE
Double choc
TRIBUNE
Tchad bashing, une balle dans le pied dans la lutte contre le terrorisme SOUHA TOURÉ Journaliste béninoise
E
n Afrique aussi, l’élection de DonaldTrump soulève un certain nombre de questions, notamment en matière de sécurité. En effet, la survie sécuritaire de l’Afrique, et particulièrement de la bande sahélo-saharienne, dépend depuis de nombreuses années de la coopération militaire avec des puissances occidentales, en particulier les États-Unis et la France. Cette survie est aujourd’hui remise en cause par la volonté annoncée du nouvel homme fort américain de se concentrer sur la relance économique de son pays, mais aussi par une échéance électorale française à l’issue de laquelle le Front national, anti-interventionniste, pourrait jouer un rôle majeur. Alors que Boko Haram accuse un net recul et multiplie les raids meurtriers avec l’énergie du désespoir, leTchad, leader de la task force chargée d’éliminer la menace terroriste dans la région, doit
les dispositifs militaires qu’elle déploie en Afrique (Barkhane et Sangaris, notamment) et le Sahel n’est pas la seule zone d’influence de l’armée tchadienne, engagée sur de nombreux fronts. Un activisme qui porte ses fruits. Plus de 1000 Tchadiens enrôlés dans les effectifs d’Abubakar Shekau, le leader contesté de Boko Haram, viennent d’abandonner sa cause, affaiblissant davantage la secte. Pas suffisant, pourtant, pour redorer le blason du Tchad aux yeux de la communauté internationale. Le régime de N’Djamena n’a pas bonne presse. Les quatre réélections d’IDI à la tête du pays sont venues à bout de la patience de la plupart des observateurs et médias internationaux, qui ne jurent que par l’alternance. Si cet idéal est partagé par de nombreux Tchadiens, comment expliquer que ces derniers plébiscitent IDI à chaque scrutin présidentiel depuis 1996 ? Sans doute ont-ils compris qu’en ces heures sombres marquées par l’insécurité, la crise pétrolière et le réchauffement climatique, la realpolitik était préférable à la défense d’idéaux dont la mise en application pourrait s’avérer hasardeuse, voire désastreuse. Le Sahel est en proie à des maux que ne réglera pas l’angélisme de la limitation du nombre de mandats, mais que peut combattre un homme d’État volontaire, au franc-parler bien connu. Garant d’institutions militaires et diplomatiques fiables dans la lutte contre les groupes jihadistes, IDI doit pouvoir être certain qu’elles continueront de fonctionner une fois qu’il aura quitté ses fonctions. La communauté internationale a montré à de nombreuses reprises qu’elle pouvait sacrifier ses exigences d’alternance sur l’autel de la sécurité et de la stabilité dans les régions du monde qui constituent de véritables poudrières, comme le Moyen-Orient. Alors pourquoi ne pas en faire autant auTchad et accompagner ce pays dans sa volonté de porter le combat pour la sécurité sous-régionale? Face à l’hydre du jihadisme, les médias ne seraientils pas mieux inspirés de changer leur regard et de traiter la situation sécuritaire du Sahel en fonction non plus de l’idéal, mais de la réalité du terrain? Persister dans leTchad bashing à l’heure où, aux États-Unis comme en Europe, on assiste au triomphe de politiques isolationnistes, c’est ajouter un second boulet au pied d’un pays qui est pourtant le fer de lance de la lutte contre un fléau qui nous concerne tous: le terrorisme.
En cette période d’insécurité, la realpolitik est préférable à la défense d’idéaux. plus que jamais pouvoir compter sur une aide internationale renforcée. Une coopération que rend, hélas, encore plus incertaine le bashing dont est victime le pays. Officieusement, la Libye de Mouammar Kadhafi a longtemps joué le rôle de gendarme dans le Sahel. C’est donc sans grande surprise qu’après la chute du régime, la sous-région a sombré dans l’insurrection armée, menée par des groupes jihadistes particulièrement actifs dans le Nord-Mali, au Nigeria, au Cameroun et au Tchad. S’il peut paraître excessif, voire déplacé, de regretter le « Guide » libyen, une évidence s’impose: le Sahel a besoin d’un leader. Une place laissée vacante depuis 2011 et que N’Djamena s’efforce de mériter malgré l’absence de concurrence sérieuse, les dirigeants des pays de la région ne semblant guère intéressés par une telle charge. Si, dans son combat contre la secte islamiste, le Tchad peut compter sur l’aide du Nigeria, du Niger, du Cameroun et du Bénin, sous la bannière de la Force mixte multinationale dont le quartier général est basé à N’Djamena, c’est bien le pays d’Idriss Déby Itno (IDI) qui tient les rênes et s’impose comme le nouveau gendarme du Sahel. La puissance militaire duTchad et l’efficacité de ses troupes sont bien connues. N’Djamena est aujourd’hui le premier partenaire de la France dans JEUNE AFRIQUE
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SÉCURITÉ
N’Djamena bunkérisée Contrôles routiers, fouilles à l’entrée des lieux publics, barbelés autour des administrations… Un an et demi après les attentats qui l’ont frappée, la capitale reste en état d’alerte.
D
es hélicoptères militaires survolent la ville en permanence. Régulièrement, les Rafale français décollent de l’aéroport situé au cœur même de la capitale. Les avions de chasse vont et viennent dans un vacarme assourdissant, à faire trembler les façades des hôtels mitoyens. De temps en temps, on entend le grésillement des drones qui volent dans le ciel bleu. N’Djamena vit au rythme d’une guerre contre le terrorisme, dont l’épicentre se situe à quelques kilomètres seulement des frontières du pays, de l’autre côté du fleuve Chari et du lac Tchad. L’opération Gama Aiki, lancée en juin et menée conjointement par les armées de la force multinationale mixte (Tchad, Cameroun, Niger, Nigeria et Bénin), épaulées par les troupes françaises de Barkhane, fait rage dans le nord du Nigeria. Maiduguri, le fief de Boko Haram, n’est qu’à 200 km de N’Djamena,
de 80 blessés. Le chef de l’État avait alors juré que ces crimes « ne resteraient pas impunis » et que les auteurs répondraient de leurs actes. « Depuis, plus de 11 000 policiers, dont 4 000 à 5 000 rien qu’à N’Djamena, ont été mobilisés sur tout le territoire pour déjouer les attaques terroristes, précise Ahmat Mahamat Bachir, le ministre de la Sécurité publique. Nous avons renforcé et mieux armé l’unité spéciale antiterroriste, composée de 120 hommes, ainsi que le reste du groupe d’intervention rapide [3 000 membres]. » En effet, force est de constater que les avenues de la capitale sont désormais truffées de dispositifs de contrôle policier, au grand dam de
et, depuis que la secte islamiste sévit dans la région, 12 attentats terroristes ont frappé le territoire tchadien, provoquant la mort de 177 personnes. L’an dernier, par trois fois, les fous de Dieu venus du Nigeria voisin ont frappé le cœur même de N’Djamena : le 15 juin 2015, deux jours avant le début du ramadan, une double attaque-suicide contre le commissariat cenAprès les attaques de juin 2015, tral et l’école de police a le président a juré que ces crimes fait 38 morts, dont 4 kamikazes, et une centaine de ne resteraient pas impunis. blessés ; le 29 juin, dans le quartier Ndjari, 5 autres « illuminés », certains habitants, qui déplorent les abus selon l’expression d’Idriss Déby Itno et la perte de temps engendrés. Le com(IDI), se sont fait exploser, entraînant missariat central a été « bunkérisé » et, dans la mort 5 policiers et l’un de leurs devant son entrée principale, les contrôles sont particulièrement stricts. informateurs; le 11 juillet, devant la porte sud du marché central, un kamikaze Ministères, principaux bâtiments admidéguisé en femme et portant la burqa nistratifs et grands hôtels se sont barricaactionnait sa ceinture d’explosifs. Bilan : dés. Au Novotel La Tchadienne, qui offrait encore une quinzaine de morts et plus autrefois l’une des plus belles vues sur le
BRAHIM ADJI/AFP
Patrouille de soldats et de policiers, le 15 juin 2015, devant le quartier général de la police de N’Djamena.
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Double choc
OLIVIER LABAN-MATTEI/UNHCR
fleuve, les clients se baignent désormais face à un mur de béton. Devant le moindre restaurant, des militaires ou des vigiles montent la garde. « C’est nouveau pour les Tchadiens. Autrefois, tout était ouvert, on avait tendance à laisser la clef sur la porte, il n’y avait pas tous ces agents de sécurité… C’est difficile de s’y faire », confie Adam, un habitué de l’hôtel-restaurant La Résidence. INFILTRATION. « Même si l’on n’est
jamais à l’abri de rien, N’Djamena est peut-être aujourd’hui l’une des villes les plus sûres du monde. Nous avons pris les mesures qu’il fallait pour réprimer durement ce phénomène qui gangrène toute l’humanité, et les résultats sont là », se réjouit le ministre de la Justice, Hamid Mahamat Dahalob. Après l’adoption d’une loi portant répression des actes de terrorisme, le 5 août 2015, celle de la réforme du code pénal, le 12 décembre dernier, abroge la peine de mort sauf pour les cas de terrorisme (lire tribune p. 68). Selon le ministère de la Justice, à la suite des attaques de 2015 dans la capitale, plusieurs attentats ont été déjoués et 340 personnes ont été interpellées et inculpées. Parmi elles, 10 ont été condamnées à mort et exécutées, dont le Nigérian Bana Fanaye, chef exécutif de Boko Haram au Tchad. La plupart des autres sont incarcérées à Koro-Toro, dans la tristement célèbre prison d’isolement que certains surnomment « le bagne de Déby », en plein désert, dans le nord du pays. Reste qu’avec la crise financière et malgré les efforts de l’État pour assurer le paiement des salaires des fonctionnaires de police, les risques d’infiltration sont pris très au sérieux par le gouvernement et ses partenaires. La présence à peine dissimulée de soldats français dans les restaurants du centre-ville rappelle au passage que N’Djamena est aussi la base principale de l’opération Barkhane. Cependant, preuve que la peur a peut-être changé de camp, les autorités constatent l’augmentation du nombre de Tchadiens enrôlés par la secte qui décident de quitter le jihad et de rendre les armes. Selon les chiffres donnés en novembre par le ministère de la Sécurité publique, 1 200 dissidents de Boko Haram, femmes et enfants compris, auraient déjà rejoint la légalité. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND JEUNE AFRIQUE
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Groupe de civils nigérians secourus par les autorités tchadiennes sur les îles du lac Tchad et arrivant à Baga Sola pour rejoindre le camp Dar-es-Salaam, situé à quelques kilomètres.
Un berceau d’humanité Les réfugiés et déplacés sont toujours plus nombreux. Un afflux que l’État doit gérer alors que les ressources s’amenuisent.
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ls viennent du Soudan, à l’est, de la Libye, au nord, de Centrafrique, au sud, du Cameroun, du Niger ou encore du Nigeria, à l’ouest. Le pays compte aujourd’hui près de 600 000 réfugiés étrangers sur son sol, en particulier dans la région du lac Tchad, où se concentre la lutte contre Boko Haram. « Nous sommes obligés de les nourrir, de leur trouver des vêtements, de soigner ceux qui ont des plaies, explique Dimoya Souapébé, préfet du département de Kaya, sur les rives du lac. Cela dans un contexte économique particulier, où la hiérarchie interdit toute réquisition de fonds… Ce n’est pas facile, mais il faut le faire pour rassurer les autres éléments de Boko Haram qui veulent abandonner les armes et rentrer. » En effet, après avoir accueilli pendant de longs mois les flots de réfugiés qui fuyaient la secte islamiste, la région du lac accueille depuis la fin de l’hivernage des membres de Boko Haram en reddition. Fin novembre, ils étaient un millier. Un contingent qui s’ajoute aux 5 000 civils réfugiés dans cette même région, sans compter les milliers d’habitants des îles contraints de rejoindre la rive tchadienne pour échapper aux assauts réguliers des jihadistes. Autant de nouveaux venus avec lesquels les populations autochtones doivent partager des ressources déjà affectées par les mauvaises conditions climatiques.
Dans l’ouest et le sud du pays, les conflits autour de l’utilisation du bois de chauffe et des champs sont désormais récurrents. MŒURS FÉODALES. Selon une étude
commandée par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, ces bouleversements ont aussi provoqué des mutations au sein des populations du lac, aux mœurs jusqu’alors très féodales. « Ce qui était perçu comme le modèle de réussite sociale s’est écroulé, souligne l’auteur de l’étude, Frédéric Romba Millet. Désormais, l’homme modèle est celui qui détient un savoir acquis à l’école. C’est pour cela qu’il faudra encourager la scolarisation des jeunes, pour qu’ils soient les leviers du changement dans la région. » Les agences de l’ONU et les ONG s’inquiètent cependant de la diminution de l’aide internationale. « En ce moment, les fonds vont prioritairement en Syrie et en Irak, ce qui complique les choses pour nous », confirme un diplomate onusien. D’autant que sur les centaines de milliers de personnes « en situation de déplacement » recensées au Tchad, très peu envisagent un retour vers leur pays d’origine. Ce qui implique que les efforts de l’État tchadien, des populations locales et des organisations internationales pour assurer leur sécurité et leur vie au quotidien doivent continuer, malgré la conjoncture. MADJIASRA NAKO, à N’Djamena N 0 2919 • DU 18 AU 24 DÉCEMBRE 2016
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TRIBUNE
La peine de mort sur le banc des accusés
THÉOPHILE YOMBOMBÉ MADJITOLOUM Député RNDT-Le réveil (majorité) des Monts-deLam (LogoneOriental, sud du Tchad)
A
oût 2015. LeTchad annonce l’exécution de dix membres de la secte islamiste Boko Haram arrêtés après les attaques contre le pays. Quelques mois plus tôt, un nouveau projet de code pénal avait envisagé la suppression de la peine de mort, finalement maintenue dans la loi portant répression des actes de terrorisme. Ce n’est pas une bonne option. Prévue par l’article 4 du code pénal de 1967, la peine de mort a été maintenue et appliquée par les différents régimes qui se sont succédé. Or toutes les exécutions qui ont eu lieu auTchad depuis son indépendance ont relevé de motifs plus politiques que juridiques. Ce n’est pas une bonne option. Les membres de la secte Boko Haram ont multiplié les attaques autour du lacTchad et à N’Djamena. Ils ont tué et enlevé des civils (femmes et enfants), se sont livrés à des pillages et à la destruction. La nation a peur. Le relais des revendications et des exactions des terroristes par les médias plonge les populations dans une « hyperpsychose », à laquelle le gouvernement « hyperréagit » par le durcissement de l’arsenal juridique. Parmi les arguments le plus souvent avancés en faveur de la peine de mort figure celui de son utilité: elle est censée protéger la population des éléments dangereux, en l’occurrence des membres de la secte Boko Haram, et agir de façon dissuasive à l’égard des futurs kamikazes.
cas d’homicide, qu’il soit volontaire ou non, une indemnisation des parents de la victime sous forme de diya ou « prix du sang ». Cette pratique s’est généralisée en raison de la faiblesse de l’autorité de l’État et du rôle joué par les chefs de communautés. Les affrontements ethniques du quartier Nguéli, à N’Djamena, et les actes de « légitime défense » qui se sont déroulés au mois de novembre 2016 à Miandoum, dans le Logone-Oriental, où des communautés ont tenté de se faire justice en causant la mort de plusieurs hommes, peuvent-elles être définies dans un concept de la loi sur le terrorisme ? La justice peut-elle s’en saisir dans le cadre de ladite loi ? Condamner à mort l’auteur d’un crime, aussi odieux soit-il, est-il la solution? Les autres peines ne sont-elles pas suffisamment « efficaces » ? Et si le condamné à mort était en réalité innocent? Plusieurs raisons militent en faveur de l’abolition de la peine de mort. D’abord, parce qu’elle n’a en rien empêché une augmentation des
Une sanction irréversible qui s’appuie sur une justice faillible.
Le 12 décembre, l’Assemblée nationale a adopté une réforme du code pénal qui prévoit notamment l’abrogation de la peine de mort sauf pour les cas de terrorisme.
Le caractère expéditif de l’arrestation, de l’inculpation, de la mise en accusation, de la condamnation et de l’exécution de ces islamistes n’a laissé aucune possibilité de pourvoi en cassation ou de demande de grâce, contrairement aux dispositions de l’article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, que leTchad a ratifié le 9 juin 1995, qui prévoit que la peine de mort « ne peut être appliquée qu’en vertu d’un jugement définitif » et que « tout condamné à mort a le droit de solliciter la grâce ou la commutation de la peine » – principe soutenu par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples. Outre le cas, du reste récent, du terrorisme, les traditions en vigueur auTchad prévoient en
N 0 2919 • DU 18 AU 24 DÉCEMBRE 2016
actes de terrorismes dans la zone du lacTchad, ce qui met sérieusement en doute son caractère dissuasif. Ensuite, parce qu’elle est irréversible, alors qu’elle s’appuie sur une justice faillible (l’exécutif présidant le Conseil supérieur de la magistrature) et que le risque d’exécuter des innocents demeure réel : enquêtes bâclées, faible droit à la défense, exécutions hâtives… Elle exclut tout processus de guérison et de réinsertion sociale, et est à cet égard l’aveu d’un échec de la société à se montrer solidaire envers ceux de ses membres les plus marginaux. Le système judiciaire a pour mission d’éduquer et de corriger les personnes reconnues coupables de crimes, non de les supprimer. Accepter la possibilité que de présumés terroristes soient exécutés est en contradiction avec le principe fondamental de la dignité humaine inaliénable prôné par la Constitution duTchad et par les instruments internationaux qu’il a ratifiés. La pire sanction que les communautés et la justice pourraient infliger à ces hommes serait de les rééduquer, de les soigner et de les aider à aimer la vie. JEUNE AFRIQUE
SOCIÉTÉ DE RAFFINAGE DE N’DJAMENA
Fleuron de l’industrie pétrolière du Tchad
COMMUNIQUÉ
Située à 40 kilomètres au nord-est de la capitale N’djamena, la société de raffinage de N’Djamena (SRN) est une joint-venture entre la CNPC international ltd. (CNPCI) et la Société des Hydrocarbures du Tchad (SHT). la Société de Raffinage de N’Djamena (SRN) a adopté les normes et règles internationales avancées de conception et de construction de la raffinerie, qui est conçu pour atteindre une capacité de traitement de pétrole brut jusqu’à 7,3 millions de barils par an. Elle a été mise en production le 29 juin 2011 par S. E. le Président de la république Idriss Deby Itno.
Certification et écologie
La Société de Raffinage de N’djamena (SRN) est aujourd’hui une entreprise moderne de raffinage du pétrole qui a plus de 600 employés depuis 2013. Le Centre de contrôle de la qualité de l’Entreprise a passé avec succès la certification ISO9001:2008 du système de qualité internationale. Au début de l’année 2015, nos Systèmes Hygiène, Sécurité et Gestion de l’environnement ont également été certifiées par la même institut international. S’appuyant sur des produits d’excellente qualité et sur l’efficacité du travail acharné de l’équipe marketing, le marché de produits pétrolier sde N’Djamena s’est graduellement agrandi et satisfait non seulement les consommations locales mais également les exportations vers le Soudan, le Cameroun, la République centrafricaine, le Nigeria et d’autres pays voisins.
Ressources humaines :
La Société de Raffinage de N’Djamena est fière de ses valeurs fondamentales d’honnêteté, intégrité et respect. Ces valeurs sont les pierres angulaires sur lesquelles elle traite et gère ses ressources humaines. La vision des Ressources Humaines est : - d’atteindre l’excellence organisationnelle par le développement du potentiel du personnel, d’aider à l’embauche des employés nationaux avec la réalisation du programme de nationalisation des postes et d’alimentation d’énergie indépendante, - de créer un lieu de travail harmonieux dans la diversité culturelle. Le succès de la SRN dépend de ses ressources humaines qui sont bien disciplinées et très motivées. Elles ont pour objectif de concevoir un programme et une politique de Ressources Humaines saine,
équitable et concurrentielle qui pourra attirer, retenir et motiver les employés afin d’optimiser l’efficacité de ses opérations.
la Responsabilité Sociale des Entreprises doit faire partie intégrante de ses exploitations et objectifs d’excellence en affaires.
La société favorise l’embauche des nationaux. De plus en plus d’ingénieurs tchadiens, de techniciens et d’opérateurs, après avoir terminé des programmes de formation distincts, commencent à occuper leurs postes au sein de la raffinerie et à contribuer au développement de l’entreprise.
La Société de Raffinage de N’Djamena œuvre pour le développement des communautés. Elle accompagne les petites structures et l’autonomisation des plus défavorisés, par exemple les associations de femmes veuves et orphelines, les soutiens sportifs des jeunes filles etc…
II. Gasoil : Faible teneur en soufre, conforme aux normes Euro.
Œuvres sociales :
Produits :
IV. Hydrocarbures liquides : Faible teneur en soufre, utilisé comme un carburant écologique de haute qualité.
COMMUNIQUÉ
La SRN ambitionne d’être une société responsable et prend en charge des actions afin de créer un impact positif à l’égard de l’environnement, des actionnaires, des employés, des clients, des fournisseurs et autres intervenants. Elle s’est engagée à être reconnue comme une bonne entreprise citoyenne œuvrant pour la Responsabilité Sociale des Entreprises et projette d’ajouter une valeur significative pour ses actionnaires. Sa mission première est de permettre au plus grand nombre possible de personnes d’accéder à l’énergie dans un monde de demande croissante. En terme pratique, cela signifie que
La Société de Raffinage de N’djamena (SRN) a démarré ses activités au cours du mois de Juillet 2011. Il s’agit là, de la construction et de la mise en service au Tchad, de la première raffinerie traitant du pétrole brut des champs Rônier et Mimosa issus du bassin de Bongor. S’appuyant sur la qualité supérieure des produits et l’esprit créateur d’une équipe marketing, la raffinerie élargit progressivement son espace du marché des produits pétroliers. En plus de répondre au besoin local, ses produits sont également exportés vers d’autres pays de la sous-région tels que le Soudan, le Cameroun, la République centrafricaine et le Nigeria.
Les principaux produits sont : I. Essence : 90# et 93#, faible teneur en soufre et sans plomb.
III. Kérosène : Fraction étroite, haute densité, haute valeur calorifique, combustion performante, difficulté de se coaguler en coke, il favorise l’économie du carburant et prolonge la durée de vie de l’équipement.
V. Polypropylène : Granule de PP en deux qualités : tréfilage et moulage par injection. Il possède des qualités telles que poids léger, bonne propriété mécanique, forte résistance à la corrosion, excellente propriété diélectrique, facilité de prendre forme et il peut être transformé en produits plastique industriels ou de grande consommation très variés à travers des opérations comme tréfilage, moulage, extrusion, injection et d’autres méthodes. La SRN gère et fourni également de l’électricité à N’Djamena la capitale par la centrale électrique de Lamadji.
Les résultats et défis de la SRN expliqués par son DGA, Seid Idriss Déby Est-ce que l’arrivée d’une raffinerie a permis de mieux valoriser la production de brut tchadien ?
Comment se passe l’organisation et la gestion de la raffinerie, entre vous et les partenaires chinois ?
DGA : Bien évidemment, nous utilisons annuellement 550 000 tonnes de brut, une quantité non négligeable, alors que la raffinerie n’atteint que 65 % de sa capacité maximale et ce en satisfaisant largement au besoin des marchés. Vous conviendrez avec moi de ce fait que, si la demande du marché augmente, cela impliquerait automatiquement une augmentation de l’utilisation du brut tchadien. Il faudra aussi noter que la gamme de produits est conditionnée par la nature du pétrole brut et le processus de traitement. Aujourd’hui nos produits répondent entièrement aux besoins du marché local. Si la nature du brut change, nous pourrons bien après des analyses et tests, développer des nouveaux types de produits.
DGA : Vous savez, la construction de la raffinerie est la résultante de la volonté des deux Chefs d’État, à savoir le Président Idriss Déby Itno du Tchad, et Hu Jintao de la Chine qui, d’un commun accord, avaient pris l’initiative en 2007. Nous sommes une société de droit tchadien, détenue respectivement à hauteur de 60 % par la CNPC, et à 40 % par l’État représenté par la SHT (Société des hydrocarbures du Tchad).Nous avons un conseil d’administration composé de 5 membres, avec un président et un vice-président nommés respectivement par la partie chinoise et la partie tchadienne. Par ailleurs, nous accordons une importance capitale aà la nationalisation des postes et notre engagement s’inscrit dans la droite ligne de la politique de nationalisation, prônée par le Chef de l’État, Son Excellence Idriss Déby Itno. Des efforts ont été faits dans ce sens, mais beaucoup reste à faire. Nous demeurons confiant sur la coopération sino-tchadienne, quant à l’accompagnement de cette dynamique. Notre partenariat ne souffre d’aucune difficulté particulière ; bien entendu de temps à autres nous avons besoin de nous réunir pour nous concerter sur des questions importantes qui concernent la vie et le développement de la raffinerie et ceci afin d’être sur la même longueur d’onde que nos partenaires et partager nos points de vue respectifs.
DGA : Nous proposons du gasoil, de l’essence, du kérosène, du GPL (Gaz de Pétrole liquéfié), ainsi que du polypropylène. Il est utile de rappeler que la raffinerie considère le marché local comme une priorité absolue. Dans des situations antérieures où le marche local n’arrivait pas à absorber tous les produits sortant de la raffinerie alors que cette dernière devait impérativement maintenir une capacité minimale de production, nous étions obligés d’exporter les excédents aux marchés voisins. Depuis la dernière révision générale de l’usine, la demande nationale est en forte hausse et presque tous nos produits sont vendus localement, sauf pour le polypropylène qui présente une demande locale faible et qui est souvent acheminé vers les pays voisins tels que la RCA, le Cameroun, le Nigeria et le Soudan. Quel est l’impact de cette raffinerie sur l’économie tchadienne, en termes de création de richesse et d’emplois ? DGA : La SRN assure incontestablement la sécurité énergétique du pays, du fait que les produits pétroliers cités précédemment sont tous produit localement. De ce fait, nous observons aussi un impact positif dans le secteur du transport, sur l’économie des foyers, ainsi que sont la création d’emplois directs ou indirects. La SRN, a permis de mettre à la disposition de la population, des produits raffinés de qualité et de quantité suffisante, et ce, avec un tarif raisonnable et un service hautement spécialisé. Les premiers produits ont conquis rapidement les clients et le marché, érigeant ainsi une bonne image de notre société. Grâce à la mise en opération de la raffinerie, de nombreux emplois ont été créés à titre illustratif, nous comptons aujourd’hui environ 251 emplois nationaux directs et plus de 250 indirects travaillant dans cette raffinerie. Des programmes de formation ont été élaborés et mis en place en vue de renforcer la capacité des ingénieurs et techniciens nationaux dans tous les domaines de l’industrie de raffinage.
Est-ce que la création de cette raffinerie a permis la mise en place d’un véritable secteur pétrolier dans le pays, aussi bien dans l’amont que dans l’aval ? DGA : La SHT fait partie du consortium, elle joue un rôle prépondérant dans le secteur pétrolier en amont. Voyez-vous, avec l’avènement du pétrole au Tchad, nous avons vu naître un grand marché interne du brut produit par notre pays et vendu localement. La SRN, depuis sa mise en service, fournit différents produits pétroliers aux consommateurs locaux ; nous avons par exemple les industriels œuvrant dans le domaine de l’agriculture, du transport, les compagnies de service, ainsi que les utilitaires des ménages. Nous avons déjà ici, un secteur promettant, les produits finis étant destinés aussi à l’exportation, ils enclenchent indubitablement de façon progressive le développement de l’industrie pétrochimique nationale et donc du secteur aval. De même, nous pouvons observer la création de beaucoup d’emploi au niveau national, tout en assurant la sécurité énergétique du pays, le développement des grandes sociétés de distribution ainsi que la création de ses différentes chaînes, et enfin la réduction du coût des produits pour le bénéfice de la population. ■
SOCIÉTÉ DE RAFFINAGE DE N’DJAMENA S SITE DE DJERMAYA Département de Haraz Al Biar BUREAU DE N’DJAMENA Rue de Marseille - BP 6550 – N’Djamena, Tchad Tél. : (+235) 22 52 00 32 Fax : (+235) 22 52 00 37 Email : Publicrelations@tdnrc.com
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Quels produits proposez-vous et exportez-vous sur d’autres marchés que le Tchad ?
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Le Plus de JA Tchad ÉCONOMIE
Mbogo Ngabo Seli « Il fallait agir pour éviter une situation plus chaotique » Le ministre des Finances et du Budget revient sur les seize mesures de réforme adoptées il y a trois mois pour permettre au pays de surmonter la crise.
D
iplômé en communication, c’est pourtant dans les finances que Mbogo Ngabo Seli a fait l’essentiel de sa carrière. Cadre à la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), directeurgénéral adjoint de Société générale Tchad, puis directeur de cabinet de différents ministères, il était ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme et de l’Habitat dans le précédent gouvernementPadacké.Nomméle14août grand argentier d’un pays sans le sou, Mbogo Ngabo Seli aborde les particularités de la crise financière et économique
En total déséquilibre PIB (en milliards de $, en prix courants, éch. gauche) Croissance (en %, en prix constants, éch. droite) 15
8
6,89
5,69
6
13,95 12,95
4
12
1,77 10,44
10,90 9
11,58
-1,11 2013
2014
Inflation (en %)
2015
2016
0,22
1,68
-9,24
-9,02
2013
2014
2017
Déficit budgétaire
(en % du PIB)
SOURCE : MINISTÈRE DES FINANCES, FMI, OCT. 2016
2,3
3,68
5,21
0,002 -8,69
-7,76
2016
2017
-12,41 2015
2 0 -2
à laquelle le Tchad est confronté et qui justifient les mesures drastiques prises dès la fin août par le nouveau gouvernement pour y faire face. JEUNE AFRIQUE: L’année 2016 a été rude. Quelles sont les perspectives pour 2017? MBOGO NGABO SELI : 2016 a été une
année difficile, c’est même un euphémisme ! Elle s’est caractérisée par une baisse record du prix du baril [négocié à 43 dollars, soit environ 40 euros, minovembre, il est remonté à plus de 50 dollars début décembre… contre 105 dollars en 2012], annihilant les investissements dans le secteur pétrolier, et avec un effet de contagion aux autres secteurs. Il faut aussi souligner que notre pays n’est sorti que très récemment d’un cycle de plusieurs décennies d’instabilité politico-militaire et qu’il est aujourd’hui encore obligé de faire face à une situation sécuritaire extrêmement précaire à ses frontières. Ce double choc pétrolier et sécuritaire a entraîné une chute drastique des recettes et a conduit notre pays dans l’impasse budgétaire actuelle. Le ralentissement de la croissance a débuté en 2015 et devrait s’accentuer pour 2016 [voir infographie ci-contre]. Il était donc indispensable que le gouvernement prenne les mesures appropriées pour amortir les effets de cette crise et, surtout, éviter une situation plus chaotique encore. 2017 ne s’annonce pas forcément sous de meilleurs auspices. Nous envisageons toutefois de l’aborder avec sérénité, en poursuivant les réformes structurelles engagées en 2016, notamment pour l’amélioration et la sécurisation des recettes non pétrolières, ainsi que pour l’amélioration de la gouvernance fiscale et douanière.
Dette totale (en % du PIB)
30,34
39,21
42,61
45
2013
2014
2015
2016
N 0 2919 • DU 18 AU 24 DÉCEMBRE 2016
39,29 2017
Quelles sont les grandes tendances du budget 2017 ?
Il est élaboré dans un contexte macroéconomique difficile, eu égard
à l’environnement international, marqué par l’incertitude sur les cours du pétrole. Toutefois, une reprise probable est envisagée, avec un taux de croissance de 2,3 % en 2017. Le projet de loi de finances 2017 transmis à l’Assemblée nationale prévoit des recettes et des dépenses estimées respectivement à 11 % et à 14,9 % du PIB. Mais ce plan a été établi sur la base d’hypothèses prudentes, avec un niveau de prix du baril à 42,90 dollars. On peut donc espérer que le déficit budgétaire, de l’ordre de 3,9 % du PIB, pourrait être entièrement financé si les cours remontent. Nous comptons en outre sur les innovations fiscales pour garantir un niveau souhaitable de recettes, sans pour autant compromettre l’activité économique. Par ailleurs, des mesures sont prises pour ramener le train de vie de l’État dans des proportions raisonnables et adaptées à ce contexte particulier. L’Administration est à l’arrêt depuis trois mois pour retards dans le paiement des salaires. Comment la situation peut-elle s’améliorer ?
Je tiens à préciser qu’au moment où nous avons cet entretien [fin novembre], les salaires de septembre ont déjà été soldés et que nous recherchons les moyens pour régler dès que possible ceux du mois d’octobre. La situation n’en reste pas moins très difficile, à notre plus grand regret, en raison de la baisse drastique des recettes pétrolières et des contreperformances des recettes hors pétrole, mais aussi du fait d’une masse salariale qui a explosé. C’est la raison pour laquelle le gouvernement a pris seize mesures d’urgence, dont la réduction de 50 % des indemnités versées aux fonctionnaires et un audit des diplômes au sein de la fonction publique. Un audit de la solde est également mené actuellement et des instructions ont été données pour la mise en œuvre rapide des recommandations issues du rapport de la Commission interministérielle chargée de l’assainissement du personnel de l’État [Cimape]. Ces différentes actions devraient permettre un rétablissement de l’équilibre budgétaire et le retour au paiement régulier des salaires à bonne date. Le pays n’a quasiment pas enregistré de recettes pétrolières cette année. Est-ce « l’adieu au pétrole », comme l’a JEUNE AFRIQUE
ABDOULAYE BARRY POUR JA
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Dans son bureau, le 5 décembre à N’Djamena.
indiqué le chef de l’État en mai, lors du lancement de la campagne agricole ?
Le président Déby Itno n’a jamais cessé de prôner un retour aux deux mamelles de notre économie que sont l’agriculture et l’élevage. La crise que nous vivons depuis la fin de l’année 2014 et le très faible niveau de recettes pétrolières enregistré en 2016 nous confortent dans l’idée qu’il est plus qu’urgent de nous diversifier et de rendre notre secteur privé national moins
dépendant de la commande publique et du secteur pétrolier. En quoi les seize mesures permettrontelles de redresser les finances publiques?
Ces mesures touchent des secteurs à forte consommation budgétaire. Compte tenu de la baisse des ressources, il était indispensable de prendre à la fois des mesures budgétaires et des réformes structurelles. Toutefois, elles ne suffiront
pas à elles seules à relancer le pays. C’est pourquoi le chef de l’État a, par exemple, demandé de revoir la taille de l’organigrammedelaprésidencedelaRépublique. Par ailleurs, les frais de mission des hauts responsables de l’État ont été considérablement revus à la baisse [les per diem ont été divisés par trois]. Les exemples de mesures prises dans les autres pays pétroliers exposés aux mêmes contraintes que le Tchad sont là pour
COMMUNIQUÉ
UN MATHÉMATICIEN POUR RÉSOUDRE L’ÉQUATION COTONTCHAD Universitaire spécialiste de la Cryptographie, Monsieur IBNI OUMAR (ci-contre) a été appelé par le Chef de l’État depuis l’automne dernier pour redresser la plus importante société du pays, la CotonTchad-Société Nouvelle. Ce jeune et ta-
lentueux enseignant se trouvait jusqu’alors en France. Considéré comme un « or blanc », le coton est l’un des principaux piliers de l’économie tchadienne, faisant vivre directement et indirectement près d’1/3 de la population. Pour Monsieur IBNI OUMAR, pour résoudre
l’équation CotonTchad, il faudra changer nécessairement de modèle où le cout de revient de la fibre est plus important que celui de vente et où les subventions de l’État liées aux différentiels des prix du coton et des intrants n’arrivent pratiquement pas, ou quand elles arrivent, elle le sont tardivement. Un business plan complètement défaillant depuis plusieurs années et ce malgré la restructuration entamée. À l’avenir, il faudra absolument passer par un autofinancement. COTONTCHAD SN BP. 1116 - N’DJAMENA www.cotontchad-sn.com
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Le Plus de JA Tchad nous convaincre que la situation que nous vivons n’est pas exceptionnelle et qu’un ajustement était indispensable pour juguler la crise. Plusieurs programmes ont été engagés pour améliorer la gouvernance. Pourtant, les mauvaises pratiques persistent. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?
Cette question est au cœur des préoccupations. Le renforcement de la bonne gouvernance et de l’État de droit constitue, avec la diversification de l’économie, l’un des piliers du nouveau plan quinquennal de développement, qui est en cours de finalisation. Des programmes d’amélioration de la gouvernance sont en cours, d’ailleurs financés pour la plupart par nos partenaires. Un code de transparence budgétaire et de bonne
gouvernance en matière de finances publiques vient juste d’être adopté, sous forme de loi, par l’Assemblée nationale.
chiffre à 148,4 millions de dollars, soit 91,818 milliards de F CFA. Rapporté à notre budget national, cet appui représente du PIB en 2015, contre un peu plus de 10 % Le Fonds monéde nos ressources, ce taire international qui n’est pas néglien 2014. Dans le même temps, (FMI) a procédé geable. De plus, les investissements publics ont chuté de mi-novembre à un l’amélioration signifidécaissement de cative de notre relation 36 milliards de F CFA avec le FMI est un signal de 702,5 à 375,9 milliards (près de 55 millions d’eufort, qui devrait permettre de F CFA aux autres partenaires techros) au titre de la facilité élargie de crédit. N’est-ce pas minime au niques et financiers d’appuyer le Tchad regard des besoins ? dans ses efforts d’ajustement budgétaire pour assainir ses finances publiques et Il est vrai que la somme qui vient d’être faire face à la question sécuritaire sousdécaissée peut paraître infime, mais régionale. l’accès du Tchad aux ressources du FMI durant la période du programme actuel se Propos recueillis à N’Djamena par MADJIASRA NAKO Le déficit budgétaire s’est creusé à
12,4 % 9%
46,5 %
Le plan d’urgence à la loupe
F
in 2015 déjà, malgré l’approche de la présidentielle, le gouvernement avait annoncé des mesures d’austérité, dont le gel du recrutement des fonctionnaires. Idriss Déby Itno lui-même, bien que candidat, a averti dans son message à la nation du 31 décembre que 2016 allait être « une année difficile ». C’est donc sans surprise que « seize mesures de réforme d’urgence » ont été adoptées dès le 31 août, en Conseil des ministres extraordinaire, dans le but de réduire les charges, d’augmenter les recettes et d’améliorer l’efficacité de la dépense publique et le rendement des services de l’État. Mais même si elles étaient attendues, ces mesures font grincer bien des dents. Concrètement, les députés ont dû renoncer à la moitié de leurs émoluments, les ministres à 80 % de leurs indemnités hors salaire, les frais de mission à l’intérieur du pays et à l’étranger ont été divisés par trois. Les effectifs des cabinets de la présidence et de la primature ont été revus à la baisse, tout comme les traitements accordés aux chefs N 0 2919 • DU 18 AU 24 DÉCEMBRE 2016
coutumiers. Les bourses des étudiants ont été suspendues (à l’exception de celles des élèves des écoles professionnelles), de même que l’acquisition de nouveaux véhicules pour l’État. Les nombreux organismes sous tutelle sont soit fusionnés, soit dissous…
et les centrales syndicales. La principaled’entreelles,l’Union des syndicats du Tchad (UST), avait d’ailleurs pris parti contre la réélection du chef de l’État en s’engageant dans le mouvement de la société civile pointant « les vingt-six années de mauvaise gestion » du président sortant. AMÈRE. Si les économies se « Ce n’est pas aux travailleurs chiffrent déjà en dizaines de de payer pour l’incurie des milliards de F CFA, l’efficagouvernants! » a lancé Michel Barka, président de l’UST. cité de ces mesures d’austérité n’est pas encore perceptible. Depuis, lesdits travailleurs se D’autant que les résultats du mettent en grève une semaine à chaque début de mois, chaque fois Les économies se que les salaires chiffrent déjà en dizaines n’ont pas été payés. de milliards de F CFA. L’opposition s’est engouffrée dans dernier trimestre – et peutla brèche et a déposé, miêtre ceux du début de 2017 – octobre, une motion de censure contre le gouvernement risquent d’être marqués par la (lire pp. 62-64). paralysie de l’Administration. Au sein de la majorité, on En effet, les agents et employés s’efforce d’expliquer que ces de la fonction publique, dont les indemnités sont réduites mesures sont indispensables. de moitié pour dix-huit « La pilule est amère, mais il mois, refusent d’accepter faut bien l’avaler si nous vouces mesures et enchaînent lons sauver la situation d’ici les mouvements de grève. à six mois », insiste Mahamat Le climat était déjà très Zene Bada, le secrétaire génétendu depuis le début de ral du Mouvement patriotique du salut (MPS, au pouvoir). l’année entre le gouvernement
L’Association tchadienne des anciens élèves de l’ENA de France, dirigée par le ministre de l’Aménagement du territoire, David Houdeingar, a proposé au gouvernement d’ajuster certaines mesures. Elle estime par exemple que la dissolution de l’Office national de radio et télévision (ONRTV) (lire p. 81) n’était pas une bonne option. « La tendance à l’autonomisation des organismes audiovisuels s’observe dans le monde entier, car ce mode de fonctionnement leur permet d’atteindre leurs objectifs plus efficacement. Il serait donc judicieux de maintenir l’ONRTV en office », conseillent les énarques. Ils suggèrent surtout de privilégier les recettes fiscales, jusqu’à présent mal recouvrées, pour renflouer les caisses de l’État. Il s’agirait notamment d’explorer de nouvelles sources de recettes, par exemple dans l’immobilier ou les visas, et de revoir les exonérations fiscales aux entreprises, qui représentent un manque à gagner estimé à 300 milliards de F CFA (457,35 millions d’euros). M.N. JEUNE AFRIQUE
PUBLI-INFORMATION
Caisse Nationale de Prévoyance Sociale 50 ans au service de la sécurité sociale La Caisse Nationale de Prévoyance Sociale du Tchad a célébré, du 5 au 10 décembre dernier, ses 50 ans à travers différentes activités (trois journées portes ouvertes, des conférences-débats et un marathon de la prévoyance sociale). Son directeur Idriss Abdoulaye Kala-Kala, dresse un bilan de ses réalisations et évoque les perspectives.
Quelle vision avez-vous pour la CNPS et la sécurité sociale ? La Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) est née le 4 mars 1966 sur les cendres de la Caisse de compensation des allocations familiales (créée par les autorités coloniales en 1956). Placée sous la tutelle du ministère de la Fonction publique et du Travail, et avec un conseil d’administration tripartite (État, patronat et syndicats), elle gère trois branches : les prestations familiales et maternités (les toutes premières prestations instituées au Tchad depuis 1956) ; les accidents de travail et maladies professionnelles et les pensions de vieillesse, d’invalidité et de décès. Ces trois branches sont toutes financées en grande partie par les cotisations sociales (7,5 % pour les prestations familiales et maternité, 4 % pour les accidents de travail et maladies professionnelles et 8,5 % pour les pensions, dont 3,5 % à la charge de l’employé) ; viennent ensuite le rapport des placements et les revenus des immeubles. Depuis sa création, la CNPS s’est évertuée à accomplir sa noble et lourde mission sociale qui consiste à offrir des prestations sociales aux travailleurs et leurs familles conformément à la législation en vigueur. Notre vision est d’améliorer l’offre des services, d’étendre le système de sécurité sociale et faire de la CNPS un outil de développement économique du Tchad.
La CNPS vient de célébrer ses 50 ans autour du thème « bilan et perspectives ». Quels sont les acquis ? L’État tchadien a depuis toujours inscrit la sécurité sociale au centre de ses préoccupations en matière de politique sociale. La CNPS compte aujourd’hui environ 200000 travailleurs assurés, plus de 9 800 pensionnés et 11804 bénéficiaires au total avec des droits indirects. Elle a, à son actif, plusieurs réalisations rendues possibles grâce à la vision du Président de la République, SE Idriss Déby Itno : le relèvement du plafond des cotisations sociales de 130000 à 500000 F CFA, le relèvement de l’âge d’admission à la retraite de 55 à 60 ans révolus, le relèvement du plancher et du plafond du salaire cotisable respectivement à 60000 et 500000 F CFA, le relèvement du montant mensuel des allocations familiales par enfant et par mois de 600 à 2000 F CFA, le relèvement du taux imposable des cotisations sociales de 14,5 à 20 %, la revalorisation des pensions suite à une étude actuarielle en 2012, la construction d’un nouveau siège, etc. Quel bilan faites-vous de votre gestion depuis votre arrivée à la tête de la CNPS ? Nous avons réussi à réaliser le recensement physique et l’enrôlement biométrique des pensionnés et rentiers et à procéder à la réforme structurelle de la Caisse en 2016. Nous entendons également mener à terme le processus de décentralisation des activités de la Caisse. Au stade actuel, les structures de recouvrement sont complètement déconcentrées. Les quatre agences des provinces procèdent aux recouvrements dans leur zone d’activités. Une mission se rendra dans les agences très prochainement afin de s’assurer des dispositions prises pour rendre effective la liquidation des prestations. Quels sont les challenges à relever ? Il y a d’abord la révision du cadre juridique. En 50 ans, la Caisse n’a pas pu faire asseoir un code de sécurité sociale digne de ce nom, qui respecte les normes internationales, notamment la Convention 102. Le système de sécurité sociale au Tchad, prévu par le la loi n° 07 de mars 1966, n’a guère évolué ; il ne tient que sur des dispositions transitoires ou d’exception. Un nouveau code de sécurité sociale est en chantier et nous estimons qu’une fois adopté, il fera certainement le bonheur de différents partenaires.
L’autre grand défi concerne le traitement des dossiers. Si dans la sous-région, ce délai est de quarante-cinq jours, au Tchad, nous avons déjà fait mieux en le ramenant à vingt-cinq jours. Aujourd’hui, 80 % des dossiers que nous recevons sont traités en moins d’un mois. Les dispositions sont prises pour améliorer sensiblement et substantiellement le délai de traitement. Troisième challenge : la modernisation du paiement des prestations sociales, aujourd’hui payées par trimestre. Nous œuvrons pour la mensualisation des paiements des pensions. Par ailleurs, même si nous arrivons aujourd’hui à payer toutes les échéances des pensions en 72 heures, nous envisageons de le faire, dans un proche avenir, en un seul jour. Quelles sont les autres perspectives pour les prochaines années ? En plus de l’extension de la sécurité sociale et de la réforme systémique, la CNPS a plusieurs autres projets à réaliser : un programme social d’alphabétisation, une étude sur la demande immobilière au Tchad, la construction d’un centre commercial de haut standing, l’élaboration d’une stratégie de diversification des placements et des prises de participation, la construction d’une clinique moderne, la création d’un centre d’imagerie biomédicale, etc. Un message à l’endroit de vos partenaires et de l’ensemble de la population tchadienne… Ils peuvent compter sur la CNPS. La Caisse prend une nouvelle dimension, elle va toucher plus de monde. Avec les moyens modernes de gestion dont elle s’est dotée, elle va servir des prestations de meilleure qualité. La CNPS œuvrera pour devenir un véritable outil de développement économique de notre pays.
www.cnpstchad.com
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Saleh Kebzabo « La solution économique est d’abord politique! » Après avoir appelé fin août à un dialogue entre les forces sociopolitiques pour sortir le pays du gouffre, le chef de file de l’opposition expose ses principaux griefs. Et ses solutions.
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résident de l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) et, à ce titre, coordinateur du Front de l’opposition nouvelle pour l’alternance et le changement (Fonac), le député Kebzabo se remet difficilement de sa défaite à la présidentielle du 10 avril, dont il conteste encore les résultats. L’ancien journaliste, entré en politique en 1992, a été plusieurs fois ministre et candidat à la magistrature suprême. À 69 ans, il n’a rien perdu de sa combativité et reste le leader incontesté de l’opposition. C’est dans son agréable villa, à N’Djamena, qu’il a reçu Jeune Afrique – dont il fut collaborateur, à la fin des années 1970 – pour faire le point sur la crise financière et sociale que traverse son pays. JEUNE AFRIQUE : Si vous étiez au pouvoir, quelles mesures prendriez-vous pour relancer l’économie ? SALEH KEBZABO : D’abord,
un contrôle des finances publiques ! Le Tchad fait partie des pays cités dans le scandale des Panama Papers, pour plus de 10 milliards de dollars. J’ai demandé des audits autour des grands travaux présidentiels, pour récupérer l’argent qui s’est évaporé dans les paradis fiscaux, mais on ne nous écoute pas.
lieu. Je crois qu’ils ne le savent pas eux-mêmes. Que faire pour sortir de la dépendance au pétrole ?
Nous constatons que le Tchad d’avant le pétrole vivait mieux que celui d’aujourd’hui. Il faut gérer les ressources pétro-
les besoins courants, en particulier les salaires, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Que préconisez-vous pour diversifier l’économie tchadienne ?
On ne peut pas parler d’économie dans notre pays. Les rares industries qui existent datent de l’époque de François Tombalbaye ou de Hissène Habré. Je n’ai cependant pas de rêves démesurés avec de grandes industries, on n’a pas besoin de ça ici ! Mais les Tchadiens pourraient se lancer dans la petite transformation, notamment dans le secteur de l’élevage, qui est, je crois, la principale richesse du pays. On continue d’exporter notre viande au Cameroun et en Libye, alors que nous n’avons même pas une simple tannerie. On pourrait récolter du lait, s’organiser
Je n’ai pas de rêves de grandes industries, on n’a pas besoin de ça ici. lières autrement, en créant notamment une commission nationale autonome, composée de gens capables de résister financièrement aux tentations. Il faut aussi réorganiser nos systèmes de recettes douanières, de taxes et d’impôts pour couvrir
pour le vendre au niveau national, le transformer… Mais on ne fait rien. Il faut aussi creuser du côté des énergies renouvelables pour faire baisser de manière drastique le coût de l’électricité. Les investisseurs qui viennent au Tchad se rendent vite compte que leurs plans d’investissement sont plombés par les coûts de l’énergie, et ils s’en vont. Enfin, notre pays n’offre aucune garantie, et l’État se comporte comme un prédateur. Pourtant la communauté internationale continue de soutenir financièrement le Tchad, c’est une preuve de confiance…
Oui, mais leur qualité est souvent douteuse. Elles ont surtout permis l’enrichissement personnel. On n’a jamais eu les coûts exacts des infrastructures prévues pour le sommet de l’Union africaine, qui n’a finalement jamais eu JEUNE AFRIQUE
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De nouvelles infrastructures bien concrètes – des routes, des hôpitaux, etc. – ont tout de même été réalisées…
Les problèmes du Tchad sont structurels, ils ne sont pas financiers. On pourra donner tout l’argent qu’on veut à l’État, il ne s’en sortira pas. Idriss Déby Itno n’a aucune vision, ni politique ni économique, il fait tout au jour le jour. Le mal du pays vient de là. La solution pour l’économie est d’abord politique ! Le moins que Déby puisse proposer, ce n’est pas seize mesurettes, mais un dialogue inclusif, qui mène à de nouvelles élections dans les prochains mois. Propos recueillis à N’Djamena par FRANÇOIS-XAVIER FRELAND N 0 2919 • DU 18 AU 24 DÉCEMBRE 2016
Le GROUPE 3A, sous la houlette de son Président Directeur Général, ALI AHMED ALI, regroupe trois grandes entreprises dénommées
OGL Oilfield and General Logistics, spécialisée dans la logistique pétrolière
3A Énergie qui s’occupe de la branche énergie
Route bitumée réalisée et réceptionnée.
Grue en action de déchargement.
Location, vente et entretien général des groupes électrogènes.
réé en 1997, ENCOBAT S.A. est l’une des grandes entreprises du Tchad, spécialisée principalement dans les travaux de construction, bâtiments, génie civil et plates-formes pétrolières. ENCOBATS.A.estune filialeduGROUPE 3A qui détient par ailleurs une autre filiale : « Oilfield General and Logistics » (OGL), spécialisée dans la logistique pétrolière 3A Énergie est spécialisée dans l’importation et la vente, avec projet de montage, de Groupes Electrogènes . Partenaire officiel de AMMIMER ENERGY (Algérie) au Tchad dans le cadre du projet de la construction d’une Centrale Hybride de 30 MW ( 30 MW solaire et 30 MW Diesel) à N’Djamena (Tchad) . Elle sera financée à 100 % par General Electric. Après dix-huit ans d’expérience, ENCOBAT S.A. s’est imposée comme étant
l’une des grandes entreprises nationales du Tchad. Dotée de ressources humaines pluridisciplinaires, ingénieurs, techniciens spécialisés et hautement qualifiés et également dotée d’une grande maîtrise dans l’exécution des travaux. Ella a su, à chaque fois, effectuer les travaux qui lui étaient demandés avec compétence, rapidité et sérieux. ENCOBAT S.A. dispose de moyens matériels conséquents et d’équipements de pointe de dernière génération. Ces nombreux matériels sont répartis dans les six bases d’ENCOBAT S.A. à savoir : N’Djamena, Moundou, Sarh, et Komé, auTchad ainsi que Yaoundé au Cameroun et a ouvert une filiale dénommé MENCOBAT dans le domaine de location et levage à Casablanca au Maroc. ENCOBAT S.A. est consciente et soucieuse de l’implication de l’homme
dans l’environnement et des dangers éventuels engendrés. Pour accompagner les actions humaines, les installations sont désormais assorties d’indicateurs mesurant les performances et la préservation des hommes et de l’environnement, reflétant ainsi son caractère citoyen, exprimant ses responsabilités sociales et mettant en exergue sa contribution au développement durable. Dans le cadre de sa vision de développement, le Groupe 3A, au travers de sa filiale ENCOBAT S.A., s’est installé au Cameroun avec pour mission la construction de routes bitumées dont 45 km de longueur dans le Littoral et d’Aménagements de Périmètres Hydro Agricoles de 2 900 Ha dans le Nord et l’Extrême Nord du Cameroun. Avec cette vision de développement, ENCOBAT S.A. compte bien élargir ses activités dans toute la sous-région.
C
PUBLI-INFORMATION
Encobat SA, Entreprise de Construction de Bâtiments et Travaux Publics
ALI AHMED ALI,
Direction générale de 3A HOLDING GROUP.
Président Directeur Général.
matériel d’éclairage, broyeurs, compresseurs. Niveleuses, Tractopelles, Chargeurs, Bulldozers, pipe liner, Compacteurs.
logistique pétrolière, manutention, route, etc. United Hydrocarbon : Piste, installation camp, plateforme pétrolière, logistique,forage, etc.
Génie Civil : Bâtiments, Travaux Publics, Pistes Rurales Levage : Grutage Manutention : Colis, caisses, pipes, divers colis... Transport et convoi exceptionnel : Adaptés pour les pipes, divers colis, conteneurs, colis extra larges Logistique pétrolière : Approvisionnement en eau, transfert d’eau de production, pétrole brut, eaux traitées, autres fluides... Autres prestations : Mise à disposition des engins pour autres prestations, éclairage, électricité, traitement des déchets etc.
ÉNERGIE
NOTRE VISION
Mise au point du système solaire ; Fourniture de centrales électriques ; Location, vente et entretien général des groupes électrogènes.
Expansion sous régionale, amélioration des conditions de vie des populations, promotion de l’emploi des jeunes.
PARC
NOS PRINCIPAUX CLIENTS
Grues de 25 t à 200 t Chariots élévateurs (2,5 t à 5 t) Télescopiques (5 t à 8 t) Plateaux (33 t à 50 t) Portes chars (50 t à 100 t) Citernes à eau (20 000 L à 36 000 L) Vacuum trucks (12 000 L à 25 000 L) Groupes électrogènes,
GARDIENNAGE ET SÉCURITÉ Sécurité des sites pétroliers, des bâtiments, des biens, etc.
État du Tchad : Route, bâtiments, forage, etc. Esso : Plateforme pétrolière, pistes, installation camp, service chauffeur, etc. Pétrotchad : Installation camp, béton, piste d’atterrissage,
NOS FORCES Utilisation des équipements à la pointe de la technologie ; Mixage d’une main d’œuvre locale et expatriée qualifiée ; La diversification de nos activités.
NOTRE CRÉNEAU Servir et satisfaire le client est le but de notre existence.
NOTRE DEVISE La passion d’entreprendre et la vision pour le futur.
AGENCE PRINCIPALE : Route Nationale de Toukra - B.P 5375 - N’Djamena, Tchad Tél. : +(235) 62 93 47 37 / 62 93 47 34 -Encobat@encobat3a.com - www.encobat3a.com
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NOS ACTIVITÉS
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Lire aussi : « Salma Khalil, l’art d’être une femme »
Une femme libérée Ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Madeleine Alingué a la délicate mission d’expliquer les choix de l’exécutif et de piloter la refonte de l’audiovisuel public.
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as facile d’être porte-parole du gouvernement en pleine crise financière, lorsqu’il faut annoncer et expliquer les décisions impopulaires prises par l’exécutif. « Elle est un parfait fusible! » dit d’elle un député. Mais face à l’adversité, Madeleine Alingué pense tout simplement aux conseils de son illustre père, Jean Alingué Bawoyeu, qui fut le premier Premier ministre d’Idriss Déby Itno (de mars 1991 à mai 1992) : « Travail, abnégation, service de l’État. » « Madeleine », elle, est la première femme dans l’histoire politique du Tchad à qui le rôle de porte-parole du gouvernement a été confié, charge qui lui échoit depuis qu’elle a été nommée, le 14 août, ministre de la Communication. À 51 ans, cette pieuse protestante dévoreuse de livres d’histoire, admiratrice de
Cheikh Anta Diop et du président panafricaniste ghanéen Kwame Nkrumah, a pris l’habitude de relativiser. « Je suis une adepte du “Yes we can” de Barack Obama, confie-t-elle. L’énergie positive, l’espoir, c’est fondamental en politique. » Une énergie positive que la dynamique et quadrilingue quinqua cultive aussi à travers ses allers-retours entre le Tchad, où elle passe le plus clair de son temps, la Colombie, où vit son mari, et New York, où étudient ses deux enfants. Néele11septembre1965dansunmilieu à la fois privilégié et cultivé, Madeleine Alingué a grandi dans les quartiers huppés de « Fort-Lamy », comme elle dit, utilisant à dessein le nom originel de la capitale tchadienne. « Mon père est issu de la génération des indépendances, il a participé à la construction de l’État, c’est un homme Après des années à l’étranger, Madeleine Alingué est rentrée au Tchad en 2010.
d’action, très respectueux des hiérarchies, rappelle-t-elle. La première fois que je suis allée à l’école, j’avais tellement peur que je suis tombée et me suis cassé une dent. » Elle avoue avoir aujourd’hui encore une certaine appréhension lorsqu’il lui faut affronter les questions de la presse, des députésoudes ministres. « C’est un monde encore un peu macho… Mais je suis là justement pour faire évoluer les choses, car je suis à la fois une grande rêveuse et une battante. » Son parcours le prouve. Après un bac littéraire décroché à l’âge de 17 ans, elle se lance dans des études de lettres à Paris,obtientune licence d’anglais, une autre de chinois et, en 1989, décide de parfaire son cursus universitaire à Pékin. « C’était juste au moment des événements de Tian’anmen, il y avait l’espoir d’un mondemeilleur,c’étaittrèsexaltant.»Elley rencontre son mari, Hector, un Colombien qu’elle suit quelques années plus tard à Bogota, où elle devient professeur en relations internationales à l’Universidad Externado de Colombia. « C’est là que j’ai pris conscience de la force de mes racines africaines, explique-t-elle. À travers ces hommes et ces femmes issus de l’afro-descendance. En fait, en Amérique latine, je me suis libérée du vieux complexe colonial. » Elle anime alors une émission consacrée à la diaspora sur la radio universitaire. Mais, les années passant, son pays lui manque. DIVERSITÉ. Elle rentre à N’Djamena en
ABDOULAYE-BARRY POUR JA
2010, seule, avec la ferme intention de se rendre utile, se fait embaucher par l’Office des migrations internationales (OIM) avec la délicate mission d’assurer le retour de plus de 120 000 Tchadiens qui avaient fui les combats en Libye. En parallèle, elle anime à nouveau une émission consacrée la diaspora, cette fois-ci sur Radio Tchad, la radio nationale. Le palais la remarque. En 2014, elle est nommée secrétaire d’État aux Affaires étrangères, puis, en 2015, « conseiller-expert » de la mission permanente du Tchad auprès du Conseil de sécurité des Nations unies, à New York. « Mon rêve de diversité était comblé, j’étais entourée de gens du monde entier, très compétents et ouverts. C’est peut-être là que j’ai appris à régler les conflits! » assure celle qui fut aussi la directrice adjointe du cabinet du chef de l’État, début 2016, avant d’être nommée aux Affaires étrangères dans le premier gouvernement Padacké, mi-février. FRANÇOIS-XAVIER FRELAND N 0 2919 • DU 18 AU 24 DÉCEMBRE 2016
JEUNE AFRIQUE
ABDOULAYE BARRY POUR JA
Le bâtiment neuf de l’ex-office.
L’ONRTV est mort, vivent la radio et la télévision publiques ?
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u de l’extérieur, le futur d’améliorer le fond », précise la siège de l’audiovisuel ministre de la Communication, public a fière allure. Avec Madeleine Alingué, chargée de mener à bien le nouveau projet. sa grande tour de verre centrale et sonailerondeenproue,lebâtiment « L’audiovisuel public compte enviconstruit par le groupe tchadien ron 680 employés, avec beaucoup Almanna (d’Abakar Tahir Moussa), de personnel contractuel, des douassocié à des architectes italiens, blons, des gens incompétents… n’est pas sans rappeler la Maison C’était devenu une usine à gaz ! Nous avons installé une commisde la radio, à Paris. Son inaugurasion de gestion provisoire, qui va tion n’est prévue qu’en mars 2017, remettre à plat les compétences mais il est déjà devenu un repère à de chacun : l’objectif est d’opérer N’Djamena, où les hauts buildings une restructuration en mettant se comptent encore sur les doigts les professionnels à la place qui de la main. Même si l’on ne sait leur est due. » Plusieurs partenaplus très bien ce qu’il abritera. En riats sont toujours en cours avec effet, le 15 septembre, le gouvernedes chaînes de télévision ou de ment a dissous l’Office national de radio internationales, radio et télévision du « Avec comme le groupe Tchad (ONRTV, créé en 2006). Dans le 680 employés, France Médias monde (RFI, France 24), afin contexte d’austérité beaucoup de de mieux former les budgétaire actuel, contractuels techniciens et d’améle mauvais fonctionnement général liorer le contenu éditoet des rial des programmes. de l’Office, des soupdoublons… çons de malversaDu côté des perC’était une tion, une gestion du sonnels, notamment personnel complexe usine à gaz. » des journalistes, qui et un effectif plés’étaient déjà mis en thorique – sans parler du peu de grève en juillet, on s’inquiète de bénéfices générés par la redevance probables licenciements et du rataudiovisuelle (RAV) – ont poussé tachement de la direction générale de l’ex-ONRTV au ministère de la l’exécutif à revoir entièrement son Communication, en dénonçant organisation. le risque d’un contrôle accru du L’ONRTV affichait un déficit de plus de 5 milliards de pouvoir sur les médias. « Qu’on ne se méprenne pas, nous sommes francs CFA (7,6 millions d’euros) dans un processus d’assainisseet avait déjà reçu une subvention publique de 700 millions de mentdelagestiongénérale,précise la ministre. Pour le reste, à chaF CFA, hors redevance. « Avoir cun de faire son autocritique. » construit un bel immeuble n’est F.-X.F. pas contradictoire avec le besoin JEUNE AFRIQUE
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PORTRAIT
Au nom du père Nommé PDG de CotonTchad SN début octobre, Mohamed Ibni Oumar Mahamat Saleh, fils du leader de l’opposition disparu en 2008, est de retour au pays. Pour lui, c’est la meilleure façon d’honorer l’héritage paternel.
Mohamed Saleh a accepté le poste proposé par l’exécutif tchadien.
DR
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a voix est basse, le geste mesuré. Dans son bureau de PDG, Mohamed Ibni Oumar Mahamat Saleh, 34 ans, en tenue traditionnelle, repose un parapheur. Coton Tchad SN, la société publique à la tête de laquelle il a été nommé le 6 octobre, est dans une situation délicate. « En raison des difficultés avec les banques, nous essayons de mettre en place un crédit offshore pour sauver la campagne. Nous nous battons pour qu’elle puisse démarrer, en espérant que la situation va s’arranger et que l’État viendra à notre secours », explique-t-il. Expliquer, démontrer, c’est ce qu’il fait depuis début 2008, en France. D’abord à l’université d’Orléans, où il a obtenu un diplôme de troisième cycle en mathématiques. Puis à l’École pour l’informatique et les techniques avancées (Épita), en région parisienne, où il enseigne le codage et la cryptanalyse depuis 2015. Pourquoi a-t-il décidé de rentrer au pays et d’accepter un tel poste de la part d’Idriss Déby Itno, auquel son père, Ibni Oumar Mahamat Saleh, disparu en 2008, s’est opposé après avoir été son collaborateur ? « C’est un
par la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris, a autorisé une enquête sur la disparition. Sans résultat pour le moment. Dans les rangs du PLD, toujours ancré dans l’opposition, l’effigie d’Ibni Oumar Mahamat Saleh est visible à chaque manifestation. Son fils aîné, Hicham, y prend d’ailleurs régulièrement part.
interne qui nous a conduits à prendre la décision de rentrer », lâche-t-il. En juin 2016, avec sa mère et son frère Hicham, il pose ses valises à N’Djamena. Un autre de ses frères est installé en Afrique de l’Ouest, tandis que le plus jeune est resté en France, où il poursuit ses études. Pendant quelques semaines, les nouveaux venus reçoivent parents et amis dans la concession familiale, près de l’aéroport. Puis Mohamed se rend au village, près de Biltine, à la frontière avec le Soudan. Là, il rend visite à ses cousins et fait construire une mosquée, avant de revenir à N’Djamena. Pour l’heure, Mohamed Saleh dit se concentrer sur la mission qui lui a été confiée : « À l’écoute des anciens de la maison, qui sont les plus expérimentés, je compte mettre en place un modèle économique plus productif. Aujourd’hui, notre entreprise vend de la fibre à perte : son coût de revient est plus important que celui de la vente. Les subventions de l’État n’arrivent pratiquement pas, et, quand elles arrivent, c’est avec du retard. Il faut absolument que nous arrivions à un autofinancement de nos intrants. » En attendant les conclusions de l’audit qu’il a commandé, le jeune PDG travaille à la mise en place d’un système informatique qui permette d’avoir de l’information en temps réel sur les usines, et à l’équipement des camions en GPS. Il va aussi devoir renouveler un personnel vieillissant (30 départs en retraite par an) et, surtout, adapter les effectifs aux nouveaux enjeux. Autant d’équations délicates à résoudre pour le mathématicien.
M.N.
MADJIASRA NAKO
choix de raison. Pour moi, pour mes frères, la meilleure façon de rendre hommage à l’héritage de papa, c’était de rentrer. D’être actifs au Tchad avec nos compétences… Papa n’a jamais aimé l’exil. “Chez nous”, c’est ici », explique le deuxième de cette fratrie de quatre. LOGIQUE INTERNE. Depuis plusieurs
années, des émissaires ont facilité les échanges entre la famille Ibni et le pouvoir tchadien. Il y a eu plusieurs rencontres, et Hicham, l’aîné des frères Ibni, s’est rendu plusieurs fois à N’Djamena, notamment en 2015 suite à une invitation du chef de l’État. « Nous avons traversé des épreuves. Beaucoup de gens ont été là pour nous, mais ils ne pouvaient pas être là tout le temps. Entre nous, nous avons vécu des choses particulières, et c’est une logique
UNE FIN SANS FIN Il aurait eu 67 ans le 31 décembre. Il y a bientôt neuf ans, le 3 février 2008, l’opposant Ibni Oumar Mahamat Saleh était enlevé à son domicile de N’Djamena par des militaires tchadiens, après une attaque des forces rebelles sur la capitale. Depuis, personne n’a revu le porte-parole de l’opposition et secrétaire général du Parti pour les libertés et le développement JEUNE AFRIQUE
(PLD). Une commission nationale d’enquête a conclu en juillet 2008 qu’Ibni Oumar Mahamat Saleh était selon toute vraisemblance décédé. En juillet 2013, la justice tchadienne a rendu un non-lieu. Le 7 février 2012, la famille d’Ibni Oumar Mahamat Saleh a déposé plainte devant le tribunal de grande instance de Paris. Une première décision, confirmée en juin 2013
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Banque des États de l’Afrique Centrale
BEAC
Banque des États de l’Afrique Centrale
Acteur clé dans les relations financières internationales de la CEMAC L’année 2015 a vu la Banque Centrale consolider ses efforts de
Créée en 1972, la Banque des États de l’Afrique Cen-
redressement dans de nombreux
trale est la banque centrale commune aux six États qui
domaines. Mieux, je peux affirmer
constituent la Communauté Economique et Monétaire
aujourd’hui que la BEAC a retrouvé
de l’Afrique Centrale (CEMAC). La BEAC a pour mis-
toute sa crédibilité et se rapproche
sion de définir et conduire la politique monétaire et la
chaque jour des meilleurs standards
politique de change de la CEMAC. Elle émet la monnaie
internationaux. Le travail accompli
fiduciaire, le F CFA (franc de la Coopération Financière
depuis 2010 par le Gouvernement que je dirige, avec le soutien de l’ensemble du personnel, est gigantesque.
en Afrique), gère les réserves officielles de change des États-membres et supervise les systèmes de paiement et de règlement. À ces missions s’ajoute, la promotion de la stabilité financière. La BEAC joue un rôle important dans le paysage économique et financier d’Afrique Centrale et elle entretient d’excellentes relations avec les principales institutions
Lucas Abaga Nchama
Yaoundé, 3 février 2016
PUBLI-INFORMATION
financières internationales.
▲ Malabo, 14 août 2015, photo de famille de la 38ème session du conseil des Gouverneurs de l’ABCA.
De nombreuses rencontres bilatérales
Une crédibilité renforcée r
➢ Audience : le Gouverneur de la BEAC a été reçu par la Directrice Générale du Fonds Monétaire International (FMI), madame Christine Lagarde le 14 janvier 2014 ;
La crédibilité de la BEAC, en tant qu’Institution sousrégionale forte, a favorisé sa désignation par ses pairs pour accueillir plusieurs rencontres internationales :
➢ Visite : le Gouverneur a reçu la Directrice Générale du FMI dans le cadre de sa visite au Cameroun le 8 janvier 2016 ;
➢ Le Conseil des Gouverneurs de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA), à Malabo ;
➢ Diverses rencontres bilatérales avec plusieurs banques centrales d’Afrique, d’Europe, d’Amérique et d’Asie au cours desquelles plusieurs accords et partenariats ont été signés.
➢ La conférence pour la promotion de l’inclusion financonfér cière e en Afrique centrale organisée à Brazzaville ; ➢ Les 23èmes conférences des gouverneurs des banques centrales francophones à Malabo ;
Des relations internationales de plus en plus diversifiées
▲ Le Gouverneur de la BEAC, Lucas Abaga Nchama et la Directrice Générale du Fonds Monétaire International (FMI), madame Christine Lagarde
Depuis 2010, la BEAC tisse et maintient des relations fortes avec les institutions internationales telles que le FMI, la Banque Mondiale ou la Banque Africaine de Développement (BAD) ainsi qu’avec d’autres banques centrales. La Banque Centrale entretient des relations privilégiées avec la Banque de France et la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), avec laquelle elle travaille à l’interconnexion des systèmes de paiement des deux sous-régions. Elle échange régulièrement avec la banque centrale du Maroc dans les domaines du contrôle interne, de gestion la des réserves de change ou de la gestion des ressources humaines. La BEAC a récemment signé des accords de coopération avec les banques centrales de Sao-Tomé et de la RDC et engagé des concertations avec la banque centrale du Brésil et la banque centrale de Chine dans le but de renforcer les échanges entre la CEMAC et ces régions. La BEAC apparaît donc comme l’institution phare de la sous-région à travers son rôle clé dans les relations financières internationales.
Banque des États de l’Afrique Centrale
BP 1917, Yaoundé, Cameroun Tél. : (+237) 222 23 40 30/222 23 40 60 - Fax : (+237) 222 23 34 68
www.beac.int
Réalisation DIFCOM - Photos : D.R.
➢ La BEAC a assuré la présidence de l’ABCA après en avoir assuré la vice-présidence.